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Full text of "Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter;"

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NOUVELLE 

BIOGRAPHIE  GÉNÉRALE 

« 

DEPDIS 

LES  TEMPS  LES  PLUS  RECULÉS 

JUSQD'A  NOS  JOURS. 


TOME  TRENTE-HUITIÈME. 


NicoUe.  —  Ozerof. 


TtlH)ORAPinE  LE  H.   FIRMfN  DIDOT.   —  HESNIL  (EVftE). 


0 


NOUVELLE 


BIOGRAPHIE   GÉNÉRALE 


DEPUIS 


LES  TEMPS  LES  PLUS  RECULÉS 

JUSQU'A  NOS  JOURS, 

> 

AVEC  LES  RENSEIGNEMENTS  BIBUOGRAPHIQUES 

BT   l'indication  DBS  80UHCB8  A  CONSULTBR; 
PUBLIÉE    PAR 

HM.  FIRHm  DIDOT  FRÈRES, 

sous   LA   DlHBCnON 

DE  M.  LE  D'  HOEFER. 


Zomt  '<^xenU=%mtième. 


PARIS, 

FIRMIN  DIDOT  FRÈRES,  FILS  ET  C«,  ÉDITEURS, 

IMPRIIIKDRS-I.IBRAIRKS  DB  l'IHSTITUT  DR  FRANCK, 

nuK  JACOB, M 


M  DCCC  LXU. 
Les  Mitenn  se  réseryent  le  droit  de  tradacUon  et  de  reprodaction  à  l'étranger. 


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UBR./^RY  OF  THE 
LELAIW  SUHrORD  JR.  U::!VER8n-. 

a. 3492.0. 


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Sas, 


NOUVELLE 


BIOGRAPHIE 

GÉNÉRALE 

DEPUIS  I£S  TEDS  US  PLUS  RECDIÉS  JUSOITA  tOS  JOOBS. 


N 


icicoLLB  (Sire),  actear  et  autear  lorraio, 
%ivait  à  Metz  dans  le  quiozièine  siède.  Il  était 
curé  de  Tëgliae  Saint- Victor  de  Metz,  et  malgré 
ses  fonctions  il  passait  pour  le  meillear  acteur  de 
révèché  messin.  Aussi  lorsque ,  ea  1437,  Coo- 
rard  Bayer,  éTèque  de  Metz,  fit  exécuter  dans 
la  semaine  sainte  les  Mystères  de  la  Passion, 
le  bon  curé  de  Saint-Victor  Ait  charité  non-sea- 
lement  d'arranger  l'œuvre  en  patois  lorrain,  mais 
aussi  de  la  construction  du  théâtre,  de  la  mise  en 
scène,  des  répétitions;  il  fit  plus,  il  joua  le  rAle 
du  Christ  à  l'édification  générale;  un  autre  prêtre, 
Jean  de  Hicey,  chapelain  de  Métranges,  fut  non 
moins  applaudi  dans  la  même  pièce ,  où  il  repré- 
sentait le  personnage  de  Judas.  La  même  année  le 
sire  Nicolle  arrangea  pour  ses  compatriotes  le 
mystère  de  la  Vengeance^  et  y  représàitalehéros 
de  la  pièce»Titu8.  Ajoutoos  que  Nicolle  avant  de 
monter  sur  les  tréteaux  les  sanctifiait  par  la  célé- 
bration d'une  grande  messe.  On  le  voit,  le  spec- 
tacle était  alors  considéré  comme  un  acte  reli- 
gieux. Nicolle  ne  s'est  pas  borné  à  arranger  les 
cenTres  des  auteurs  dramatiques  du  temps;  il  a 
composé  et  représenté  plusieurs  mystères;  mais 
leurs  manuscrits  sont  perdus  on  enfouis  dans 
quelque  bibliothèque  de  la  Lorraine.    A.  D^s. 

Emile  Horlee,  Lu.  mIm  «n  seine  depuis  te  m^iiltértt 
jHs^am  Cid,  dans  la  Retme  de  ParU»  t.  XX 111,  n*  »i 
•an.  lus.  —  Besln.  Biog.,de  la  MouUt. 


xicoLLB  {fiharleS'Doiminique\  instituteur 
français,  né  à  Pissy-Poville  (Seine-Inférieure),  le 
4  aoôt  1758,  mort  à  Soisy-sous-Enghien  (Seine- 
et-Oise,  le  2  septembre  1835.  Il  commença  ses 
études  au  collège  de  Rouen ,  et  vint  les  terromer 
à  iParis,  au  collège  de  Salnte-Bart)e,  où  il  était 
professeur  et  préfet,  lorsque  la  révolution  éclata. 
Chargé  alors  de  l'éducation  du  fils  de  M.  de 
Cboiseal-Gouffier,  il  conduisit  en  1790  cet  élève 
orès  de  son  père,  ambassadeur  de  France  à  Cous- 
tantinople.  Il  l'accompagna  trois  ans  après  à 
Saînt-Pétersboorg,  où  il  fonda  un  pensionnat  qui 

ROCT.  aiocR.  céiféii.  ^  t.  xxxvm. 


attira  bientôt  les  enfants  des  premières  familles 
nobles  de  cette  capitale  et  dans  la  direction  du- 
quel il  fut  secondé  par  d'autres  ecclésiastiques 
français,  notamment  par  l'abbé  Piene  Nicolas 
Calandre,  mort  vicaire  général  de  Paris,  le  18  juil- 
iet  1839.  Le  due  de  Richelien,  fondaleuf  et 
gouverneur  d'Odessa,  appela  dans  cette  ville  l'abbé 
Nicolle,  qui  reçut  de  l'empereur  Alexandre  le 
titre  de  visiteur  de  toutes  les  églises  catholiques 
de  la  Russie  méridionale.  Nicolle  y  devint  le  di- 
recteur du  lycée  Richelien,  et  fit  paraître  un  ad- 
mirable dévouement  pendant  une  peste  alTreuse 
qui  désola  Odessa  en  1812.  Quelques  affaires  le 
ramenèrent  ea  1817  à  Paris,  et  Louis  XVIII  le 
nomma  l'un  de  ses  aumôniers  honoraires.  De  re- 
tour en  Russie,  l'abbé  Nicolle  y  éprouva  tant  de 
tracasseries  de  la  part  du  clergé  russe,  jaloux  de 
ses  succès,  qu'il  donna  sa  démission,  et  revint 
en  France,  où  il  reçut  en  1820  le  titre  de  mem- 
bre du  conseil  royal  de  l'instroclion  publique. 
Le  27  février  1821  il  devint  recteur  de  l'Académie 
de  Paris,  et  coopéra  avec  son  frère  à  restaurer 
une  maison  d'éducation  destinée  à  remplacer 
l'ancien  collège  de  Sainte-Barbe,  et  qui  estdevenue 
le  collège  RoUin.  Au  rectorat  de  l'abbé  Nicolle  se 
rattache  un  fait  curieux  de  rhistoirede  rinstruo- 
tion  publique  en  France.  Le  18  novembre  1822 
il  présidait  pour  la  première  fois  la  séance  de 
rentrée  de  la  faculté  de  médecine,  où  Desgenettes 
prononça  l'éloge  funèbre  du  docteur  Halle,  titu- 
laire comme  lui  de  la  chaire  d'hygiène.  Les  étu- 
diants n'avaient  jamais  vu  l'abbé  Nicolle,  qu'ils 
connaissaient  cependant  de  réputation,  comme 
l'ami  particulier  du  duc  de  Ridhelieu ,  alors  fort 
impopulaire  en  sa  qualité  de  ministre  respon- 
sable. Cette  figure  émne,  ornée  d'un  franc  rabat, 
qu'on  voyait  an  fauteuil  présidentiel,  au  lieu  de 
la  figure  mAle  et  peu  craintive  de  Cuvier,  exciia 
d'abord  des  chuchotements  et  des  murmures. 
Là  où  il  fallait  imprimer  le  respect  à  un  audi- 
toire hostile  et  quasi  séditieux,  l'abbé  flatta  par 


MCOLLE  —  maymer 


faiblesse ,  promettant  sa  bienyéSanoa  à  «ette 
foule  inrlisciplinée  qui  n^en  voulait  pas  et  qui  ré- 
pondait par  des  clameurs  furibondes  au  discours 
obséquieux  que  le  recteur  Hi  débitait  avec  timi- 
dité. Desgeneltes  vint  ensuHe,  et,  loindt  les  cal- 
mer, ne  fit  qu*exaspérer  les  passions  Inineuses 
qui  animaient  rassemblée.  Une  phrase,  où  Pora- 
teur  faisait  allusion  à  la  fin  chrétienne  du  profes- 
seur Halle ,  fut  maladroitement  répétéa  par  lui 
jusqu'à  trois  fois,  et  commentée  par  des  gestea» 
aux  marques  croissantes  d*une  improbation  scan- 
daleuse. Jamais  mauvaise  comédie  n'avait  mis  en 
jeu  tant  de  sifflets.  A.  quelques  jours  de  là,  l'É- 
cole de  Médecine  fut  licenciée,  et  d'illustres  pro- 
fesseurs en  furent  exclus  pour  toujours,  à  Tex- 
œptton  de  Desgenettes  et  d'Astoise  Dubois,  qui 
y  rentrèrent  après  la  révolution  de  1830.  La 
place  de  recteur  ayant  été  supprimée  en  1824, 
l'abbé  NicoUe  conserva  ses  fonctions  au  Conseil 
royal  de  Tlnstruction  publique,  et  fut  admis  à  la 
retraite  le  17  août  1830.  Ofticier  de  la  Légion 
d*Hoaneor  depuis  mai  1625,  il  devint  en  1827 
ehiooine  honoraire  èe  Paris  et  vicaire  général  de 
ce  diooèae.  Rendu  à  k  vie  privée,  il  «'occupa 
de  rédiger  ses  idées  sur  i'éducatioa,  et  les  publia 
sous  le  titre  de  :  Plan  d'éducation,  ou  prejtt 
d'un  coUéifê  nouveau;  Paris,  1833,  in-8*. 

H.  FlSQUET. 

Fnpfpai.  FU  êB  tûUbé  Ificùlle:  iSt7,  lo-lt.  —  De 
BcMreptlre»  ilMiM  tiar  laMé  JÙcoUei  litl.  1ii-a*. 

HICOL1.E  {Gabriel- Henri) j  jeumatisie  fran- 
tais,  frère  du  précédent,  né  le  23  mars  1767,  à 
Fresquienne  (Seine-Inférieure),  mort  à  Paris,  le 
Savril  lS29.0eiiime8on  finèrealMé,flfit  ses  études 
à  Paris,  an  ootlége  de  Sainte- Bai4»e,  et  se  destinait 
à  l'instruction  publique,  lorsque  la  lévolulim^ 
eu  détruisant  les  étabKasements  univeraitaires, 
renversa  également  sesfnrojeCa.  Il  s^aasooU  alors 
avec  quelques  amis  peur  lutter  oafttre  les  exoès 
de  J'anardiie,  et  deeelte  eeatitien  mquimtplu* 
sieurs  journaux,  lous  rédliQés  dans  le  but  de 
leslaurcr  la  mogaarehie.  Henri  IlioQlle,que  Lacrs- 
telleplaceà  cMé  des  Berlin,  des  Duasaull  «l  des 
Fiévée,  eoopéra  aurtont  à  la  rédaction  du  JounuU 
/rançaUf  ou  tableau  politique  de  ParUj  qui 
parut  du  l  s  novembre  1792  au  1"  juin  1793«  in- 
caroéré  en  janvier  comase  contre- révolutionnaire, 
puis  mit  en  MKité  par  te  Cooveatioo,  qui  recon- 
nut, par  un  décret  du  l*«  février  1793,  que  sa 
détention  était  attentatoke  à  la  Hbeité  de  la 
presse,  il  prit  part  à  la  pubHcetion  du  Cemrier 
universel^  et  fonda  «nsuile  VÉelttèr^  jeurnal 
<|o'il  faisait  parvenir  à  ses  abonnés  de  province 
par  une  voiture  qui  devançait  le  courrier  ordi- 
naire en  transportent  aussi  des  voyageurs.  Les 
opinions  qu'il  y  professait  le  firent  proscrire  le 
18  vendémiaire  an  nr  (6  octobre  179&)  et  le  18 
fructidor  an  V  (4  septembre  1797).  Un  nom  sup- 
posé lui  permit  de  ae  soustraire  anr  mandata 
d'arrêt  lanoés  contre  lui,  et  les  lois  d'aannistie 
le  sauvèrent  Redevenu  libre,  il  ae  fit  libraire 
Mtenr;  mais  le  oommerce  ne  lui  ftit  pu  bvo- 


mbte.  Eé  tstl  il  songea  à  relever  de  ses 
ruines  une  institution  qu'avaient  formée  à  Paris 
d'anciens  élèves  de  Sainte-Barbe ,  et  qui,  après 
avoir  été  florissante,  ae  trauvaH  bien  déchue. 
Secondé  par  l'abbé  son  frère,  refenn  de  Russie, 
Nicolte  devint  le  directeur  de  cetle  maison,  à  la- 
quelle ils  donnèrent  le  nom  de  Sainte- Bai  be,  en 
mémoire  de  l'école  où  tous  deux  avaient  étudié. 
Vuniversité  l'érigea  plus  tard  en  collège,  et  le 
nom  de  Sainte-Barbe  ayant  été  conservé  à  l'insti- 
tution fondée  par  De  Lanneau  (  Voy,  De  Lan- 
MEAo),  celui  de  collège  Rollin  a  été  imposé  à  la 
faodatton  de  Nioolle. 

NicoUe  n'a  laissé  aucun  ouvrage  ;  mais  comme 
libraire  éditeur  il  a  donné  une  immense  collection 
de  livRsdassiques,  connus  sous  le  nom  d'éditions 
stéréotypes,  et  remarquables  alors  par  leur  ex- 
trême correction.  Le  premier  il  conçut  le  plan 
de  la  Bibliothèque  latine,  ou  réimpression  des 
commentaires  allemands  sur  les  auteurs  clas- 
siques latins;  après  la  publication  de  quelques 
volumes.  Il  lui  fallut  renoncer  à  cette  entreprise, 
pour  éviter  une  concurrence  fàcAieuse  avec  celie 
de  Lemaire.  Les  Dictiûnnairet  français- latin 
et  lattn'françttis  de  Noël,  le  Dictionnaire  greC' 
:  français  de  Planche,  etc.,  forent  imprimés  pour 
la  première  fois,  en  1807,  par  les  soins  de  Nicotte. 

H.  F. 

JfMiet  »ur  C.  i7.  IfUoltê.  ISA,  in-v». 

HIGOLLB  DB  UL  GftOIX.  Vof,  jL*CROtX.    ' 

RiGOLLeT  (Joiepfi- Nicolas  )  ^  astronome 
français,  né  le  24  juillet  1 786,  à  Cluses,  en  Savc^e» 
mort  le  1 1  septembre  1843,  à  Washington.  Dans 
sa  première  «fifonoe  il  conduisait  les  vadies  an  pâ- 
turage ou  travaHlait  à  des  ouvrages  mécaniques. 
A  douse  ans  il  commença  d'apprendre  à  lire; 
ses  progrès  furent  si  rapides  qu^il  ne  tar^a  pas 
à  être  admis  au  coHége  de  Cluses.  En  1806  il 
ne  Tendit  à  Cbambéry,  et  servit  de  tépétlteur  et 
de  secrétaire  au  professeur  de  mathématiques. 
Recommandé  par  ce  dernier  à  Tochon  et  à  Bou- 
vard, ses  compatriirtes  fl  partit  pour  Paris,  où 
il  fit  le  meHleur  usage  des  moyens  d^nstrwAlon 
mis  à  sa  poiléc.  Attadié  à  l'Obsetratoire  comme 
secrétaire  bHiliolhécaire  (1817),  Il  fut  naturalisé 
F^rançms  en  1819,  entra  en  1823  au  bureau 
des  longitudes,  et  reçut  en  1825  la  croix  de 
la  Légion  d'âonneur.  Il  renspKt  également  les 
fonctions  de  professeur  de  mailiématiqoes  au 
collège  Loois-le-Grand  et  d'examinateur  des 
ispirants  aux  écoles  de  marine.  Mafhron^u- 
•ement  le  désir  de  faire  une  prompte  fortune 
sVmpare  de  son  esprit  :  il  se  mit  à  jouer  à  la 
tiourse,  ëty  encouragé  par  le  bonheur  de  ses  pre- 
mières tentatives,  il  hasarda  dans  les  spéoola- 
tions  dé  l'agio  tout  ce  qu'il  possédait.  La  révo- 
lution de  1830,  en  déterminant  une  baisse  soudaine 
dans  les  fonds  publics,  le  mina  complètement. 
Au  mois  de  décembre  1831,  il  s'embarqua  à 
Brest  pour  les  États-Unis.  Bien  accueilli  du  mi- 
nistre de  la  guerre  Poinsett,  11  se  chargea  d'une 
miBSiott  tdeâufiqne  destinée  à  l'exploration  des 


I^IGOLLET  —  KICOLO 


^utes  ecmtrées  qii  «létendent  à  r^ooert  do  liit- 

«ssipi  et  désignées  générakincÉC  sow  lenani  de 

FoMgésL  Après  y  a?^  csMscré  plosiem  aa- 

■ées,  il  mettaiC  en  ordre  les  nalériaox  de  œ 

«rand  trafail,  lon^D'i  awaïut,  à  rage  decm- 

quaale-fl^  ans.  Ob  a  de  loi  :  Mémoire  9ur  la 

Mkratiom  de  la  Lmme^  io  ea  iSld  à  l*Acad,  des 

sdeoœs  «I  ÎBiiré  dans  la  Conaoïu.  4m  tempe 

de  laaa;  -  £«<lre  à  Jf.  On^regmôi,  ftonycutfr, 

4«r  ie$  asMurwweê  qui  otU  pour  baee  les  pro- 

ifatilUés  de  la  durée  délavée  kmmaine;  Pa- 

m,  iai6,  in^;  deax  éditiODS  daos  la  même 

anaée;— (aveeleoaloael  Broosseaad  ),  Mémioire 

tmr  la  inejww  <f ««  are  de  paraUèie  moffen 

taire  le  pôle  et  Céqaaieur;  Paris,  18M,  io-S*, 

pl.;  —  MéeMUne  sur  un  nouveau  calcul  des 

laUludas  du  wtoml  Jeuy  et  de  Barcelone^ 

pour  eervir  de  eupplémemt  am  Traité  de  la 

Base  da  système  mélriqoe;  Paris,  1«S8,  in-b*; 

—  (avec  Reyoaud  ),  Cours  de  mathémaUgues 

à  Vueage  de  la  miorine  ;  Paris,  lft30,  2  tel. 

iii-8-;  U  a  rédigé  le  t.  II,  ^traite  de  la  géoBtté- 

trie,  de  la  tiigonocnétrie  et  d*applâoa(loiis  di- 

▼enes.  JU  passe  pour  Taotear  de  la  brodiiire  ane* 

nyme  qqi  parai  en  1836  sar  tes  décowertes 

4aos  la  iuae  finies  par  Herscbell  au  cap  de 

Bonae-Espéraoee.  Il  a  aassi  laissé  de  volmil- 

oen  naimscrîts»  entre  autres  oo  dictieiuiaire 

•des  dialeolea  et  «b  neoail  des  chants  notés  des 

tribus  Miennes.  P.  L. 

Tke  jâmariemm  mimamdt  (1SU|.  —  Alton,  Jmât. 
Uofr.  4iti^  l<t7.  —  QuÊTJird,  froÊCM  iiUér. 

9iCQhUi  {Jasper  ),  général  anglais,  né  vens 
1780,  BM>it  k  4  mai  1849,  près  Beadiag.  Inlvé 
«a  1793  daas  la  earrièra  des  armes,  il  gagna  ses 
prawèra  grades  dans  les  Indes,  où  il  assista  k 
Ja  fasIaiUe  d'Argain  et  an  siège  de  Gawakmr. 
Nommé  major  en  ii/fx^  il  revint  en  AngieteiTC^ 
aervitavec  Gathcart  à  l'année  dn  Hanovre,  et 
aoconspa^sa  à  Bnenea-Ayres  le  général  Craw- 
iurdf  qai  le  dmisit  en  U09  pour  son  principal 
lientenaat.  il  prit  eneore  pari  aux  expéditions 
de  La  Gorogne  ea  Espagne  et  de  Walcberea.  £n 
1816,  il  lut  renvoyé  aux  Indes.  Ayant  obtenu  de 
lord  ICoira  le  oommandeasent  d'un  «orps  de  «ci- 
payes,  il  s'empara  d'Almorab,  et  se  disliogna  par 
âes  talents  militaires  daas  la  ipierre  coatre  les 
Piadaris  (  1817  );  en  tHi»  Il  eontritea  à  la  prise 
de  Bliur^ur  et  en  1830  il  devint  msior  géné- 
ral. A4>rès«voir  passé  sept  ans  dans  son  pajs« 
il  gouverna,  de  1838  à  1843,  Ja  présidence  de 
Madcaa.  En  1841,  il  avait  obtenu  le  giade  de 
lieutenant  général.  IL 

iUmUrtUed  Uméon  wew»,  1S49. 

aiGOi4>  {Piicolas  Isooard,  dit),  composi- 
teur dramatique  fiançais,  né  à  Malte,  en  177ô,  de 
parents  français,  mort  à  Paris,  le  23  mars  1818. 
On  l'cavoya  tout  jeune  faire  ses  éludes  à  Paris, 
où  il  passa  les  eiamens  nécesbaires  pour  être 
reçu  aspirant  de  marine;  mais  les  événements 
de  la  révolution  de  1789  ayant  modifié  les  m- 
tentioDs  de  son  père,  celui-ci  le  rappela  à  Malte, 


I  ea  1790,  et  le  plaça  dans  «ne  maison  de  oom- 
I  roeroe.  Cette  nouvelle  carrière  ne  convenait 
l  guère  au  jeune  Isouard  qui,  passionné  pour  la 
musique,  se  sentait  déjà  entraîné  vers  cet  art 
par  an  penchant  irrésistible.  Un  vienx  mattie  de 
contrepoint  et  d^ocompagnement,  nommé  Mi- 
chel-Ange VéNa,  aya^  reconnn  ses  heureuses 
dispositions  aaturèlles,  le  prit  ea  affection  et  hd 
enseigna  les  éléments  de  la  composition.  Azo- 
pardi,  maître  de  chapelle  des  chevalierB  de 
Tordre  de  Malte,  lui  fit  ensuite  travailler  la  fngne. 
Le  père  d'Isouard  s*aperoevant  alors  que  son 
fils  consacrait  la  plus  grande  partie  de  son  temps 
à  la  musique,  le  sépara  de  ses  maîtres,  et  fenvoya 
à  Palerme  dans  une  autre  maison  de  commerce; 
mats  Isouard  troava  dans  cette  ville  le  moyen 
de  continuer  ses  études,  sous  la  direction  d'A- 
mendola,  qui  forma  son  goût  en  loi  faisant  ac- 
compagner les  œuvres  des  compositeurs  les  plus 
célèbres.  Ses  parents,  persistant  à  le  diriger  vers 
le  commerce,  le  firent  partir  pour  Ifaples,  où  il 
ftrt  employé  chez  des  tanquiers  allemands.  Son 
n^nrdans  la  patrie  de  Léo,  de  Durante,  de 
Seariatti ,  de  Pergolèse,  de  dmarosa,  décida  de 
sa  vocation.  Résistant  au  désir  de  sa  famille, 
il  termina  son  éducation  amsicale  sous  la  diree- 
tioa  de  Sala,  et  abandoana  le  commerce  pour  se 
lifiar  enlièremeat  à  la  culture  de  Tart  qu'il  avait 
étudié  avec  tant  de  persévérance.  Après  avoir 
reçu  de  Ouglieimi  des  eonseUs  anr  la  coupe  des 
morceaux  de  muaiqae  dramatique,  il  obtint  pour 
le  théâtre  de  Fkcence  le  livret  d'un  opéra  ioti- 
talé  ^MWfo  ai  maritatU  et  partit  pour  cette 
ville,  oè  Pouvrd|K  fut  lapréseaté  dans  le  oonnnt 
de  l'année  1794.  Il  avait  signé  sa  partition  .ie 
son  nom  de  baptême  en  italien,  le  nom  de  Ifieolo 
lut  paraissant  plus  masical  qne  celtti  d* Isouard, 
La  pièee  ne  néusait  pas.  Le  jeuoe  eomposltear, 
un  instant  découragé,  sembla  regretter  d'avoir 
quitté  le  nanuneree;  cependant  il  se  décida  à 
pounuivre  la  carrièia  artistiqae,  et  se  nndit 
Tannée  suivante  è  Livomve,  où  il  écrivit  ArtO' 
seree,  opéra  ea  trois  actes,  qui  lut  pins  heureux. 
Ce  «ttocès  lui.  valut  la  protection  de  M.  de  Aohan, 
^rand  Goaltre  de  Tordre  de  Malte,  qui.  Tayaut 
rappelé  dans  sa  patrie,  l'honora  de  la  croix  de 
SainUDooat,  le  nomma  organiste  de  la  chapelle 
de  Saint-Jean  de  Jérusalem  et  lui  confia  ensuite 
les  {onctions  de  maître  de  chapelle  de  Tordra. 
Cette  nouvelle  position  fournit  au  musicien  Toc- 
casion  d'écrire  beaucoup  de  morceaux  pour  l'é- 
glise.  Après  Toccupation  de  Tlle  de  Malte  par 
les  Français,  en  1798,  Tordre  des  chevaliers  de 
Saint-Jean-de-Jérusalem  ayant  été  supprimé, 
Isouard  se  trouva  sans  empIoL  Le  théâtre  qui 
avait  été  établi  à  Malte  lui  ofirait  une  ressource. 
11  écrivit  pour  cette  scène  la  musique  de  phi- 
sieum  opéras  traduits  du  français,  tels  que  i2e- 
naud  d'Àst,  Le  Bca-bier  de  Séville,  l'Im- 
promptu à  la  campagne t  Le  Tonnelier,  Les 
Deux  Avares,  et  de  quelques  autres  sur  des 
Uvrets  italiens.  On  cite  parmi  ces  derniers  ceux. 

1. 


N\CX)LO 


ayant  pour  titre  Ginevra  di  Seoxia,et  //  Barone 
d'Alba  Chiara.  Le  général  Yauboîs,  qni  por- 
tait de  rintérêt  à  Isouard ,  lui  conseilla  d*aUer 
s'établir  à  Paris,  et  lui  proposa  de  remmener 
avec  lui.  Isouard  accepta,  et  suivit  le  général  en 
qualité  de  secrétaire.  Dès  son  arrivée  à  Paris, 
en  1799,  il  trouva  dans  la  personne  de  Rodolphe 
Kreutzer  un  ami  dévoué,  qui  lui  aplanit  les  dif- 
/ieultés  du  début  au  théAtre,  et  dans  le  courant 
de  la  même  année  il  fit  représenter  Le  Tonne- 
lier, ancien  opéra-comique  dont  il  avait  refait  la 
musique  et  que  Deirieu  avait  parodié  sur  de 
nouvelles  paroles.  La  pièce  ne  réussit  pas.  Ni- 
colo,  que  nous  ne  désignerons  plus  que  par  ce 
nom,  qu'il  avait  adopté  et  qu'il  conserva  dans 
toutes  ses  autres  productions  musicales,  n'eut 
pas  plus  de  bonheur  avec  La  Statue,  ou  la 
Femme  avare,  opérette  en  un  acte,  qu'il  donna 
Tannée  suivante.  11  écrivit  alors,  en  collabora- 
tion avec  Kreutzer,  Le  petit  Page,  ou  la  prison 
d*État,  opéra-comique  en  un  acte,  et  Flaminius 
à  Corinthe,  qui  fut  représenté  au  mois  de  février 
1801,  au  grand  Opéra.  A  ces  deux  ouvrages 
succéda  V  Impromptu  de  campagne,  traduit 
de  l'opéra  comique  italien  qu'il  avait  fait  jouer 
précédemment  à  Malte  et  auquel  il  avait  ajouté 
de  nouveaux  morceaux.  Dans  le  même  temps 
Il  travailla,  avec  Méhul,  Kreutzer  et  Berton,  à 
la  partition  du  Baiser  et  la  quittance,  et  com- 
posa à  l'occasion  du  traité  de  paix  d'Amiens  une 
cantate  qui  fut  exécutée  au  théâtre  de  POpéra- 
Comique.  Nioolo,  dont  le  talent  avait  été  peu 
apprécié  jusque-là,  ne  tarda  pas  cependant  à  se 
faire  une  réputation.  Plusieurs  petits  ouvrages 
remarquables  par  le  charme  des  mélodies,  entre 
autres  Miehel'Ange,  représenté  en  1802,  Le  Mé" 
decin  turc,  en  1803,  et  surtout  L'Intrigue  aux 
fenêtres,  en  1805,  le  placèrent  au  nombre  des 
compositeurs  les  plus  aimés  du  public  parisien. 
Les  circonstances  d'ailleurs  le  favorisaient  sin- 
gulièrement. Cberul)ini  depuis  ses  Deux  Jour- 
nées  (1800)  n'avait  plus  rien  donné  à  l'Opéra- 
Comique.  La  musique  de  Méhul  avait  une  sévé- 
rité de  style  qui  ne  convenait  guère  aux  oreilles, 
encore  peu  exercées,  des  habitués  de  ce  tliéAtre; 
aussi,  malgré  tout  sqn  talent,  Méhul  n'était-il 
pas  toujours  heureux,  et  dans  ses  moments  de 
découragement  il  ne  travaillait  pins,  fioiëldieu , 
après  avoir  écrit  ses  partitions  de  Zoraim  et 
Zulnare,  de  Beniowski,  du  Cali/e  de  Bagdad, 
et  de  Ma  Tante  Aurore,  avait  quitté  la  France 
pour  80  rendre  en  Russie,  ou  il  allait  faire  un 
long  séjour.  Kreutzer  composait  principalement 
alors  pour  le  grand  Opéra.  Berton  se  trouvait 
donc  à  peu  près  le  seul  rival  dont  Nicoio  eût  à 
redouter  la  concurrence  active.  Nicoio  ne  négli- 
geait rien  d'ailleurs  de  tout  ce  qni  pouvait  con- 
tribuer à  lui  assurer  des  succès.  Lié  avec  tes  lit- 
térateurs qni  avaient  le  plus  d'influence  au 
thé&fre,  notamment  avec  Hoffmann  et  Etienne , 
passant  pour  ainsi  dire  sa  vie  au  milieu  des  au- 
teurs et  des  acteurs ,  cédant  aux  exigences  des 


uns  et  aux  caprices  des  autres,  il  parvenait  à  se 
faire  donner  pour  les  mettre  en  musique  les 
meilleurs  livrets  d'opéras-comiques  dont  les  rMes 
étaient  confiés  aux  sujets  les  plus  réputés  de  la 
troupe.  Son  activité  était  telle  qu'après  avoir 
donné  L* Intrigue  aux  fenêtres,  il  composa,  dans 
l'espace  de  cinq  ans,  c'est-à-dire  de  t806  à  18 il, 
treize  autres  ouvrages,  parmi  lesquels  on  re- 
marque surtout  Les  Rendez  •  vous  bourgeois^ 
Cendrillon  et  Le  Billet  de  loterie.  Ses  parti- 
tions se  ressentaient,  il  est  vrai ,  de  la  rapidité 
avec  laquelle  il  les  écrivait;  mais  si  les  con- 
naisseurs relevaient  souvent  dans  ses  ouvrages 
d'impardonnables  négligences,  elles  n'en  pas- 
saient pas  moins  inaperçues  de  la  foule.  Le  suc» 
ces  des  opéras  en  France  dépendait  bien  plu» 
alors  de  l'intérêt  des  pièces  que  de  la  musique^ 
qui  n*était  qu'un  accessoire  pour  la  plupart  de» 
spectateurs.  Il  fallait  avant  tout  qu'un  chanteur 
fût  acteur.  Elleviou,  Martin,  Gavaudan,  Huet, 
Mnies  Gavaudan  et  Saint-Aubin  faisaient  les  dé- 
lices du  public  de  rOpéra-Ck>mique,  et  avec  de 
pareils  interprètes  Micolo  ne  pouvait  manquer 
de  réussir. 

Nicoio  était  en  pleine  possession  de  la  faveur 
publique,  lorsqu'en  1812  Boiëldieu  revint  de 
Russie.  Le  retour  de  ce  compositeur,  dont  les 
œuvres,  restées  à  la  scène  depuis  dix  ans,  n'a- 
vaient cessé  d^être  entendues  avec  plaisir,  chan- 
gea la  position  de  Nicoio.  Celui-ci  sentait  qu'il 
allait  avoir  à  lutter  contre  un  adversaire  plus 
fort  que  lui,  et  ne  voulait  point  se  laisser  éclipser. 
Tous  deux  étaient  soutenus  par  des  amis  et  des 
partisans  exclusifs,  dont  les  critiques  et  les  In^ 
trigues  les  excitaient  sans  cesse  l'un  contre 
l'autre.  Ils  devinrent  bientôt  ennemis  irréconci- 
liables. A  partir  de  ce  moment  le  talent  de  Ni- 
coio prit  un  caractère  pins  élevé.  Joconde  et 
Jeannot  et  Colin,  représentés  dans  le  courant 
de  l'année  1814,  furent  les  fruits  de  cette  rivalité, 
et  quoique  ces  deux  ouvrages  n'aient  pas  eu  à 
l'époque  de  leur  apparition  la  même  vogue  que 
Cendrillon,  ils  n'en  sont  pas  moins  considérés 
aujourd'hui  comme  les  meilleures  productions 
du  compositeur.  Nicoio  écrivit  encore  quelques 
autres  ouvrages;  mais  sa  santé,  altérée  par  l*abu» 
des  plaisirs,  auxquels  il  s'était  livré  dans  ces  der- 
nières années,  l'obligea  bientôt  de  suspendre 
tout  travail,  et  il  expira,  le  23  mars  1818,  à  l'Age 
de  quaranfe-deux  ans.  Dans  ses  derniers  mo* 
ments,  il  eut  le  diagrin  d'apprendre  la  nomiAa- 
tion  de  son  rival,  Boiëldieu,  à  l'Institut  de  France, 
en  remplacement  de  Méhul,  alors  qu'il  s'était 
présenté  en  même  temps  que  lui  comme  candi- 
dat. Nicoio  laissait  inachevée  la  partition  d'Ala- 
din,  ou  la  lampe  merveilleuse;  cet  opéra  fut 
terminé  par  Benincori  et  représenté  ensuite,  le 
6  février  1822,  à  l'Académie  rgyale  de  Musique  (1). 
En  1814,  après  la  Reslauration,  Nicoio  avait  re- 

(1)  Renlncorl  n*eat  pas  non  plus  la  satlsfactlbn  de  Tolr 
exécntcr  cette  pièce  ;  Il  mourut  quelques  Joun  aTâOt  la 
première  repreieaiallou. 


9 


T9IC0L0  —  NICOLOPOULO 


10 


pris  la  croix  de  Saiot-Donat,  que  beaucoup  de 
pereoones  ont  coufoodue  avec  la  décoration  de 
Tordre  de  Malte. 

Si  les  Rende^wnu  bourgeois  ont  dû  leur 
▼ogoe  soutenue  principalement  au  comique  de  la 
pîtee  d'HolTmann,  Rioolo,  dans  plusieurs  autres 
onvraf^es,  a  fait  preuve  d'un  mérite  musical  réel 
et  de  plus  de  savoir  qn*on  ne  lui  en  accorde  gé- 
néralement Ses  œavres  ne  peuvent  sans  aucun 
doute  soutenir  la  comparaison  avec  celles  de 
DoiéldieUy  qui  brillent  par  plus  de  verve,  de  grâce 
et  d*élégance;  mais  on  y  trouve  une  fouie  de 
mélodies  d'une  allure  francbe  et  séduisante,  qui 
les  rendit  promptement  populaires.  Pamfi  les 
morceaux  les  plus  remarquables  des  meilleures 
partitions  de  Nicoto,  nous  citerons  :  dans  Cen- 
driiiont  le  quatuor  d'Introduction  dans  lequel 
la  chanson.  Il  était  un  p*tit  homme^  vient  se 
marier  au  motif  des  deux  sœurs,  Arrangeons 
nos  dentelles,  et  à  l'air  de  basse.  Ma  chère 
enfant^  soyez  tranquille;  le  duo,  Aht  quel 
plaisir!  ahî  quel  beau  Jour;  l'air.  Conserves 
bien  cette  bonté,  et  le  duo,  Vous  Caimez  donc 
avec  tendresse?  Dans  le  Billet  de  loterie, 
l'air  devenu  classique,  Non,  je  ne  veux  pas 
chanter.  Dans  Joeonde,  l'air  que  chantait  Mar- 
tin, J*ai  longtemps  parcouru  le  monde;  le 
duo.  Ah!  monseigneur,  je  suis  tremblante; 
Jes  couplets,  Parmi  les  filles  du  canton;  le 
quatuor,  Qtiand  on  attend  sa  belle;  la  ro- 
mance. Dans  un  délire  extrême,  £nfin,  dans 
Jeannot  et  Colin,  le  duo,  Tous  mes  plaisirs 
étaient  les  siens;  la  romance,  Oh!  Jeannot 
me  délaisse,  et  l'air,  J*ai  perdu  Vami  de  mon 


Voici  la  liste  des  diverses  productions  musi- 
cales de  Nicolo  :  Musique  d'églisb  :  Cinq  messes 
à  voix  seule,  avec  accompagnement  d*orgue, 
composées  pour  la  chapelle  des  dievaliers  de 
Malle;  —  Des  psaumes  à  quatre  voix;  —  Des 
motets  i  plusieurs  voix,  avec  accompagnement 
d'orgue  ou  d'orchestre;  —  Addition  d'instru- 
ments à  vent  au  Requiem  de  Jomelli;  —  Mu- 
sique roua  LB  TBiATaa  :  Awiso  ai  maritati^ 
opéra  représenté  à  Florence  (1794);  —  ArtO" 
serce,  id.,  en  trois  actes,  à  Livourne  (179&)  ;  — 
Minaldo  d'Asti,  id.,  à  Malte;  —  //  Barbiere 
di  SevigUa,  id.  ;  —  Llimprovisata  in  campa* 
$na^  id.',"  Il  Barone  dPAlba  Chiara,  id. ;  — 
Le  Tonnelier,  un  acte,  à  ropéra-Comiquc,  à 
Paris  (1799);  —  La  Statue,  ou  la  femme 
avare,  on  acte,  au  même  théAtre  (1800)  ;  —  Le 
petit  Page,  ou  la  prison  d'État,  un  acte,  en 
eollaboration  avec  Kreutzer,  id.  (1800)  ;  —  Fis- 
minius  à  Corinthe,  en  un  acte,  avec  Kreuteer, 
an  grand  Opéra  (1801);  —  Vimpromptu  de 
campagne,  un  acte,  refait  avec  des  morceaux 
Dooveanx,  à  rOpéraCoroiqoe  (  1 801)  ;  —  Michel- 
Ange,  un  acte,  au  même  théAtre  (1803);  —  Le 
Baiser  et  la  QuUtance,  trois  actes,  en  société 
avccNéhuI,  Kreutzer  et  Boiêldieu,  id.  (1807); 
—  Les  Confidences,  deux  actes,  id.  (1803);  — 


\  Le  Médecin  turc,  un  acte,  id.  (1803)  ;  —  Léonce, 
ou  le  fils  adoptif,  deux  actes,  id.  (1805)  ;  — 
La  Ruse  inutile,  deux  actes,  id.  (l^^)»  — 
V Intrigue  aux  fenêtres,  un  acte,  id.  (1805); 

—  Idala,  trois  actes,  id.  (1806)  ;  ~  La  Prise 
de  Passaw,  deux  actes,  id.  (1800);  —  Le  Dé- 
jeûner  de  garçons,  un  acte,  id.  (1806)  ;  —  Les 
Créanciers,  ou  le  remède  à  la  goutte,  trois 
actes,  id.  (1807);  —  Les  Rendez-vous  bouT" 
geois,  un  acte,  id.  (1807);  —  Un  Jour  à  Paris, 
trois  actes,  id.  (1808)  ;  —  Cimarosa,  deux  actes, 
id.  (1808);  ^  V Intrigue  au  sérail,  trois  actes, 
id.  (1809);  —  <7en</ri/toii,troisactes,  id.(18t0); 

—  Le  Magicien  sans  magie,  deux  actes,  id. 
(181 1)  ;  —  i;a  Victime  des  arts,  deux  actes,  en 
collaboration  avec  Soliéet  Berton  fils,  id.  (1811); 

—  U  Billet  de  loterie,  un  acte,  id.  (181 1);  — 
La  Fête  du  village,  un  acte,  id.  (1811);  — 
Lullgel  Quinault,  un  acte,  id.  (1812);  —  Le 
Prince  de  Catane,  trois  actes,  id.  (1813);  ^ 
Les  Français  à  Venise,  un  acte,  id.  (1813);  — 
Joeonde,  trois  actes,  id.  (1814);  —  Jeannot 
et  Colin,  trois  actes,  id.  (1814).  —  Le  Siège  de 
Mézières,  un  acte,  en  collaboration  avec  Chera- 
bini,  Catel  et  Boiêldieu ,  id.  (1814)  ;  —  Les  deux 
Maris,  un  acte,  id..  (1816);  —  Vune  pour 
l'autre,  trois  actes,  id.  (1816);  —  Aladin,  ou 
la  lampe  merveilleuse ,  grand  opéra  en  cinq 
actes,  laissé  inachevé  par  Nicolo,  qui  n'avait  écrit 
que  la  musique  des  deux  première  acte».  L'ou- 
vrage fut  terminé  par  Benincori  et  représenté  à 
l'Opéra,  le  6  février  1822.—  Musique  DEcnAMBRE  : 
ffébé,  cantate,  sur  des  paroles  de  M.  de  Rohan; 

—  Canzonettes  avec  accompagnement  de  piano; 

—  Duos  dans  la  manière  de  Clari  et  de  Steffani; 

—  Cantote  pour  la  paix  d'Amiens.  Ces  divere 
morceaux  n'ont  point  été  publiés.  Nioolo  possé- 
dait une  bibliothèque  lAnsicale  bien  choisie,  dont 
une  partie  a  été  acquise,  après  sa  mort,  pa^  le 
Conservatoire  de  musique  de  Paris. 

Dieudonné  Denre-Babon. 
FéUs,  UoçrapkêÊ  umiteraeUê  de$  miuieient.  —  Pa- 
trta,  UUMre  ée  l'art  mmieai  §n  FrwÊee.  —  L'Opéra» 
Comique,  $€$  progrès,  wa  trop  ffrand»  extmtton,  par 
M.  L.  Méocan,  ouvrage  pabUA  dana  le  Joamal  ia  Mène»' 
tret,  aDDéea  IBM  et  IMI. 

NiGOLO  (Gelatio),  Vog.  FBaa*BB  (Sfe- 
fano  de). 

NICOLOPOULO  (  Constantin  ) ,  philologue 
grec,  né  à  Sroyrne,  en  1786,  d'une  famille  origi- 
naire d'Andritsena  en  Morée,  mort  à  Paris, 
le  15  juin  1841.  U  commença  ses  études  à 
Smyrne  et  les  acheva  à  Bukarest  sous  l'habile 
helléniste  Lampros  Photiades.  Jeune  il  se  fit 
connaître  par  des  poésies  en  grec  moderne.  Il 
possédait  très-bien  aussi  la  littérature  grecque 
ancienne,  et  il  donna  plus  d'une  fois  d'utiles  con- 
seils aux  plus  savant*  philologues  de  son  temps. 
11  vint  jeune  en  France  et  vécut  du  produit  de 
quelques  leçons  particulières;  il  enseigna  en- 
suite la  littérature  grecque  à  l'Athénée  de  Paris, 
et  finit  par  être  attaché  à  la  bibliothèque  de 
llnstitut.  Patriote  iélé,il  servit  la  cause  de  l'in- 


il  NICOLOPOULO 

dépendance  graeqae  et  contriboa  à  la  renai»- 
laoce  des  lettre»  heUéniques  par  plusieon  pnbli- 
catioos  en  proee  et  en  Ten.  Il  aTait,  à  force  d'é- 
conomie et  en  s'imposant  de  dores  prirationay 
f^twi  une  riche  collection  de  livres  ;  il  les  des- 
tinait à  U  ville  d'Andritsena;  en  1840  U  obtint 
une  pension  de  retraite.  Il  se  disposa  à  partir 
ponr  la  Grèce,  et  expédia  dans  ce  pays  plosiears 
caii^ses  de  livres;  mais  en  t)attant  sor  son  bras 
les  volumes  ponr  en  ôter  la  poossière,  il  se  fit 
une  meortrissore  qui  s'agi^ava  bientôt  d'une 
manière  alarmante.  Nicolopoolo  transporté  è 
rii6tel-Dieu  y  socooinba  à  l'Age  de  cinquante- 
cinq  ans.  Il  n'avait  pas  Cut  de  testament  et  ne 
laissait  pas  dliéritiers.  Le  Domaine  iit  vendre  à 
▼il  prix  le  reste  de  m  biUiolbèqM.  «  Comment» 
disait  à  ce  sujet  le  journal  ia  Presse,  ne  s'est- 
il  pas  trouvé  parmi  les  agents  du  Domaine 
quelque  employé  ayant  fait  sa  sixième  et  pou- 
vant comprendre  la  suscrtption  testamentaire 
des  livres  de  ce  bienfaiteur  de  la  Grèce  :  Pra* 
priété  sacrée  d'Àndriisenùf  don  d^Agaiho» 
phron  ^Uolopoulo,  •  Le  cbef-d'oenvre  de  Ni- 
oopoolo  est  une  Ode  sur  le  printemps  (  grec 
avec  la  traduction  française  littérale  en  regard); 
Paris,  1817,  in-a*".  Il  fut  le  collaborateur  de 
plusieurs  journaux  littéraires  et  de  la  Eevue 
encyclopédique  9  à  laquelle  il  fournit  entre 
antres  articles  une  Ifoiice  sur  la  vie  et  les 
éerUs  de  Rhigas,  U  entreprit  lui-même  une 
revue  périodique  en  grec  moderne»  intitulée 
VAbeiUe,qm  eut  trois  livraisons,  1819-21  ;  plus 
tard  il  publia  à  ses  frais,  et  pour  être  distribuée 
gratis  aux  étudiants  d'Athènes  et  d'Égine,  une 
autre  revue  philologique,  intitulée  y  upiler  Pan' 
hellénten;  il  en  parut  une  livraison;  Paris, 
1835,  in-S".  Il  a  mis  en  tète  du  Dialogue  sur 
la  révolulion  grecque  de  Greg.  Zaiyk,  un  IHs^ 
cours  adressé  à  tous  Us  Jeunes  Grecs  sur 
Vimportance  de  la  lUiérature  ei  de  la  pM^ 
losophie  grecques  (  en  grée  ).  Il  revit  le  texte 
grec  de  rsoclide  de  F.  Peyimrd  ;  Paris,  1814- 
1818  et  de  VAhnageste  de  Ptolémée  poMié  par 
Pabbé  Halma  ;  1817.  Amateur  passionné  de  mu- 
sique et  élève  de  Fétis ,  Nicolopou W  fut  réditeur 
de  Ylntroductsên  à  la  théorie  ei  à  la  pratique 
de  la  musique  ecclésiastique  (EXwytàyii  cU  xà 
QcAipy|ttaiÀv  xeà  npsmutèv  ri|c  inOniniacmauic  |MV- 
an^c)  de  Cbrysanthe  de  Bledyle,  ci  des  Doxa^ 
liia,  recueil  d'hymnes  notées  derÉgKse  grecque» 
recueillies  et  mises  en  ordre  par  Grégoire  Lam- 
padariM»  1821,  in-a'.  Il  était  membre  correfr» 
pondant  de  l'Institut  arcbéelogicpM  de  Bonoe. 

L.  J. 


—  NICOLSON 


12 


Lm  Prtim^  te  ta  dteembre  tMi.  —  Qaérvd, 
JU<Mr.— FSUs,  5i«9rapJW«  MAloerwite  étt  miuIcteiM. 

■ic»M»6i  (  Giooannà'Baitista  ),  géograpl» 
italien»  né  le  14  octobre  1610»  à  Paterao  (Sicile), 
mnrt  le  I9  ianvier  1870,  à  Rome.  U  entra  ùêsa 
tes  ordres  eidevint  docteur  en  théologie.  Après 
avoir  passé  quelques  améee  à  la  cour  de  l'em- 
pereur  Léopold  !<%  puis  à  eeUe  de  Ferdinand» 


Maximilien ,  margrave  de  Bade,  il  vint  se  fixer 
à  Rome,  oè  il  obtint,  par  le  crédit  des  Borghèse^ 
d'être  attaché  comme  chapelain  à  l'égKse  Sainte-^ 
Marie-Majeure.  De  bonne  heure  il  s'était  ap. 
pliqué  à  l'étude  des  maihématiqnes  et  de  b 
géojjprapfaîe,  et  il  avait  été  chargé,  dès  1682,  par 
la  Congrégation  de  la  Propagande  de  dresser  un» 
carte  dn  monde  chrétien  à  l'usage  des  missioii- 
naires.  Il  posaédait  à  fond  plusieurs  langwa 
modernes,  et  il  n'était  pas  moins  rmarqoafale 
par  la  variété  de  ses  connaiasanees  que  par  ses 
éloqnence  et  la  prudence  de  an  conÂiite.  On  a 
de  lui  :  lii  Teorica  dsl  gloào  terrestre;  Rome» 
1642,  ni>12;  —  Guida  alla  studio  geogra^; 
ibtd.,  18612,  in-4<*;  —  flereules  SieuhsSf  rim 
studium  geoqraphicum  ;  iftsd.«  1670-1671 , 
2  vol.  in-fol.,  en  italien.  Ses  ouvrages  inédits 
sont  nombreux  ;  ilscomprennenl  Orbie  deserifH 
tio  in  X  magnas  tabulas  distrikmta;  Eecl^ 
skutiesB  ditionis  descriptio;  Regmi  I9eapoli~ 
tani  descriptio;  Ragguaglio  dei  wiaggio  im 
Germania;  Interessi  d^  regnanti  if  J?mnoyM^ 
deir  Asia  et  delT  Africa;  des  oomédiet;  de» 
poèmes  ;  des  traités  de  matMmaliqnes,  de  fort»* 
fieation,  de  théologie,  etc.  P. 

Moogittr*.  J»f.  SiaUtt. 

1IIC9L8  (  Wilikm  ),  poète  latin,  né  vers 
1860,  à  Londres.  Il  fit  ses  études  à  l'université 
d'Oxford,  et  y  sut  mériter  l'affection  du  célèbre 
Edward  Pocoke.  Sous  le  règne  de  Jacques  II, 
il  eut  è  souffrir  des  persécutions  dirigées  contre 
l*Église  anglicane.  L'évèque  Norton  lui  donnn 
la  cnre  de  Stockport,  dans  le  comté  de  Chester, 
et  ce  ftat  probablement  là  qull  termina  sen 
jours.  On  a  de  lui  un  poème  latin  De  inventis 
litteris  (  Londres,  1711,  in-8*),  divisé  en  six 
livres  et  écrit  en  vers  élégiaques  pleins  d'élé- 
gance. Après  avoir  foit  remonter  l'origine  de» 
lettres  alphabétiques  à  Dieu  lui-même,  qui  ea 
apprit  l'usage  aux  hommes ,  il  présente ,  dan» 
des  tableaux  rapides  et  animés,  la  marche  et 
les  progrèsde  la  littérature  et  des  sciences  èhes 
les  divers  peuples.  K. 

Jeta  grwManm  Hptiauimm,  m%,  ->  rreyttg.  jêêpO' 
ratm  lUUr.,  11,  MU-issT. 

iriG»L8.  Foy.  NiCBou. 

HiGOLSOR  OU  nicBOLsoa  (  WilUam},  s»> 
vant  prélat  anglais,  i^  en  1655,  à  Orton  prèn 
Cariisie,  mort  le  14  février  1727,  à  Denry,  ea 
Iriande.  Fils  d'un  ecdésiastiqtte,  il  fat  destiné 
à  suivre  la  même  carrière.  U  venait  de  termfawr 
son  éducation  à  runiverallé  d'Oxford  lorsque  rir 
losepà  ^illiamson,  un  des  secrétaires  d'État, 
l'envoya  à  Leipilg  pour  y  étndier  à  ees  frais  lea 
iM^nes  dki  Nord  ;  à  son  retour  il  visiin  In  Franee. 
Aussitôt  qn'U  eut  reçu  les  ordres  (1681),  H  de* 
vint  chapelaia  de  l'évèque  de  Garlisle,  Edward 
Bainb6w»  qui  hii  donna  presque  en  même  tenpn 
une  préb«Bde  à  Garlisle  et  l'archidiaoBaat  de  cette 
viHe,  vacant  par  la  asort  de  Thomas  Musgrave 
(166(2).  Le  33  juin  1702  il  succéda  è  son  protcc^ 
teursar  le  siège  deCailialn,  et  Gum^mI**  Inchoi» 


It  KIGOLSON  — 

lit  fA  17 1&  pour  grand  amnAnier.  Transféré  m 
1718  à  l'é^èehé  de  Derry,  U  fui  âevé  le  d  fé- 
▼rier  1727  à  la  dignité  d'archev^iie  de  Caabel  ; 
mai»  il  moaratanbitemeDt,  cinq  JMiraa|iràsv  On 
a  de  loi  :  Mnglish  kistorieai  Hbraty;  Le»- 
drea»  1696-1699,  3  toI.  in-S**  ;  —  Scottsh  àis- 
tùrictti  Hbraryimi.,  1702,  ia-8*  ;  --  BrisA  Msr 
tarieal  librarjf  ;  ibid.,  1724»  ia-a*'  Lcea  racoeilB, 
qui  akeadeni  cd  pcécJeHX  renseigiieineiits  sar 
rhiatûire  et  lea  anliquités  des  treie  leyeiMies, 
oat  été  réwia  et  plnaieurs  foia  iéte(iriinéB;  la 
metUeuf e  édilioa  est  celle  qa*a  donaée  T.  lùmm 
i  1776,  iii-4<>>.  Hicûhen  publiai  ta  1702  uae 
ItUre  à  Wbil»  KeoMlt  pe«r  aerrlr  de  défense 
à  oet  ouvrage  centra^  Fr.  AHeitary;  ^  layes 
marekiarunk,  or  Morder  kmwA;  ifaid.,  1766^ 
1747,.  ia-^*.  U  «ausai  fiMirnidanx  mémoirefi 
MO.  PkiUm^kual  IronseclioM,  et  il  a  lédigé 
ftmr  Y£n$iuk  àUom  de  PHt  (  Oxiord,  168»- 
168a^  3  TOI.  ÎA-fol.  )  ka  dcacripliao  de  la  Pe^ 
logae»  du  Danemark  et  de  ^'empire  é'Alteniagae. 
Son  aeveu,  Joêêpk  Aieo/Aoa,  a  fait  oeage  poer 
VHùiory  of  Cui^berlamd  déa  aombretUL  maté- 
nanx  qu'il  lai  araii  légués.  F.  L. 

Wûoé^MMnm  Olroik.ll.  -  Barrit  cl  Wara»  /rttei^ 
L  ~  Chalnecv  Gourai  kiovr^  DIcL 

51GOL.SOA.  Voy.NlCHOLâON. 

KIGQ9IAQCB  (  ]N(»6ii:xxo<:)*  poëte  tragîqiie 
grec,  né  à  Alexandrie  en  Xioade,  vivait  daoa  le 
cinquième  siècle  avant  J.-€.  Contemporain  d'EO' 
ripide  et  de.  Théognia,  U  lutta  contre  ces  deux 
poètes  et  remporta  la  victoire  contrairement  à 
l'atteate  générale.  On  peut  iplérer  du  langage 
de  Suidas  que  la  pièce  qui  obtint  le  prix  était 
sur  le  Ai^et  à*Œdipe.  D'après  Suiilas  Nicomaque 
composa  douze  tragédies  ;  mais  il  faut  retrancher 
de  cette  liste  deux  comédies;  il  reste  les  pièces 
guivaates:  Alexandre^  £riphyle,  GewyoneSy 
Aletides^  Né^plolème^  Les  Mystens,  Œdifiê, 
la  Desiraeikon.  d'ilion  ou  PolyxàM^  Tyn- 
dari^  Alcméou  et  Teucer.  Ces  trois  dernières 
tragédies  fement  une  trUogie.  Les  deex  au- 
tres pièces  mentionnées  pai;  Suidaa»  EUiiduMi  et 
Mra>£at9MU(M&  »  appartiennent  pretoMmaeDl; 
aiaai  qu'une  antre  cenédie^  intilalée  NsuiMQtta, 
â  «a  fiUoaamqae»  poétede  la comédili  noikveil». 
Il  reslB  ganlgaai  iiragmeals  de  eea  pièces. 

11  existaU  «a  aatia  CiieeiaeqMe»  poêle  éarao» 
tienne  comédie  el  ceateraponia  de  Ptiévéerale 
(420aTaat  J.-G^.  y. 

M  Mttt  KwéfuqeQC.  "-  MelMke,  Frmamtmta 
fr»eon0n,.ToL  U  p.  IK  cic.,  MO,  efc  ;  V,  p.  W8^«ta*. 
ptc  —   noV%e^  Fragm.  poet,  com.  grae^  dans  la 

Btbnti/lèQU» Creeqmt &e  M.-V.  Didot,  —  Wagneri^^Togai. 

afae.  AnacëuM  ■•  mètm  tfiK  ». 

jlMtOMa^iTB  è$  Çéfti^iéu le n ,  mafnéiMitiGien 
grée,  aé  à  Gérasa,  e»  Araète,  vivait  dans  le  pre- 
Brier  siècle  apvès  J.-C.  R  éerrvit  sur  Varithmé- 
tiqoe  et  la  masHpie,  et  so»  nom  devint  uaeex- 
yrewioB  eoeMaeiic  peer  désigner  rnt  savant 
aaalNninHrf>n.  «  Tms  comptez  comme  mt  NI- 
cmnaqae  et  Mrasa  »,  est-il  dit  dans  le  Philo- 
patrie,  meeneqnea  exercé  indirectement  par 


NICOMAQUE  14 

rinlermédiaire  de  Boêoe,  son  abréviatear,  une 
grande  influence  «ur  les  études  seientifiques  en 
Europe,  au  qoinaième  et  au  seizième  siècle.  U 
appartenaH  à  l'école  de  P^thagore,  et  fl  éerfvH 
une  v»e  de  ce  philosophe  ;  elle  n'existe  plus.  Le 
grand  envrage  de  Nieomaqiie  sor  rarHhmétiqne 
est  égaleroeat  perdu  ;  H  reste  de  lui  'ApiO{jLiiTixfïc 
sifforfttriK  P^^  ^  (  Pnir0(htett&ii  à  l'étude  de 
Vmrithmétitiue  ea  deux  livres),  puhfiéc  par 
Cbrisliifr  Wecher;  Parts,  ld38,  in-4<';  et  réim- 
primée par  Ast  à  la  suite  des  Thtûlogumena 
ariiJtmeticx  attribuéa  à  Jambtique;  JUîpztg, 
1817,  inrâ**;  —  'E^X^P'^^^^  ^l^'^^c  ^âÀéap 
(  Manuel  «i'AarvMmte  en  émt»  iivre$  ),  puMK 
poQK  la  première  fois  per  Meursras  dans  ses 
itacforaetw^eri^mtMica»,  Leyde,  1616,  fn-4^; 
réimprimé  par  Meibomins  avec  une  traduction 
latiae  dtea  ses  Awt^uv  mttsieet  aueiores  sep- 
twm;  Amsterdam,  1632,  ia-4^  Le  père  Lami 
l^insére  dans  soa  édition  des  Œuvres  de  Meur- 
sim.  Kkomaque  avait  aussi  composé  des  ^oXo- 
Yoû(ie>ra(  àptO{nrnxij:'(  Théohgoumènes  (Tarithr 
métique  ),  dana  lesquels  il  recueillait  les  rapports 
mystiques  des  naml»res.  Cet  ouvrage  est  perdu, 
et  il  tt^a  guère  lieu  d-ea  regretter  la  perte,  si  Ton 
en  cralt  Pliotias,  qui  le  juge  très^sévèrement. 
Atliénée  mentionne  oa  tnûté  Ilepi  éoptfiv  Atfvir- 
t{«»v  (  Sur  le»  Fêles  des  Égyptiens),  par  un  R i- 
comaque  qui  eât  peut-être  le  mdme  que  U  Gé' 
rménàên.  Y. 

PhoUiM^  Jttlioea«ea.  -  PMrlcina,  BWMkeca  Crmea, 
TOI.  V,  p.  6».  »  UonoMiia,  Miblé0ifr.  Léxic«tu  — 
Montucla,  Histoire  des  mathémaUçues,  t.  I,  p.  StS.  — 
Sinttb.  DietUmary  of  oreêk  and  roman  biographe . 

1IIC9MAQVB,  célèbre  peintre  grec,  lils  et  dis- 
ciple  d'Aristodème,  né  à  Thèbes,  vivait  dans  fa 
seconde  moitié  du  quatrième  siècle  après  J.-O. 
Cieéron  le  place  à  c6té  d*Apelle  et  de  Protogène  ; 
Pioèarque  eecnpare  ses  peintures  aux  vers  d'Ho- 
mère, et  dit  que,  outre  la  force  et  la  grâce,  elles 
avaient  le  mérite  éa  II  feclHté  et  semblaient 
avoir  coûté  peu  die  petne.  Vitruve  le  mentionne 
parmi  les  artistes  qui  eat  manqué  d'atteindre  le 
plus  haut  point  de  renommée,  non  par  défaut 
d'art  et  d'babileté,  mats  h  cause  de  drconstaa- 
oesaectdeateNes.  Cependant,  d'après  mt  curieux 
récit  de  Pline,  on  peut  croire  que  Hieomaqoe 
aurait  (tonné  plus  de  perfitetSon  à  ses  ouvrages 
sit  y  avait  consacré  plas  de  temps.  Cliargé  par 
le  tyran  Aristrate  d^  peindra  le  monument 
élevé  au  poêle  Tétestès,  il'  tarda  tellement  à  se 
mettre  à  Toeuvre  qoe  fe  tyran  s*irrita  dtt  délai; 
mais  enfin,  commençant  son  travail*  quelques 
jours  avant  le  diemier  terme  qui*  loi  était  ass^ 
gtté,  n  remplit  ses  engageroenta  avec  antaal 
d'habileté  que  de  promptitude.  P!U»e  ctte  les 
ouvrages  suivants  deNicomaque  :  rBnlèvemeni 
(te  Proserpine^  dan&  le  temple  de  Minerve  au 
capitule,  au^essnsdtt  sanctiiailre  de  ]a  Jeonesaa; 
une  Yictotre  sur  un  quadrige  dédié  par 
PlancQs  dma  le  Capitule  ;  Apollon  et  JHone; 
Cybèle  ta  mère  des  VUur  assise  sur  un 
Hon  ;  des  Bacchantes  surprises  par  des  Sa- 


15  ISICO^UQUE 

tyreâ  ;  une  Scylla-^^m  le  temple  de  ta  P«tx  ; 
00  tableau  inaclieTé  des  Tyndarides^  et  qui  o'en 
était  pas  vaoiuB  regardé  comme  une  des  oeuvres 
les  plus  admirables  de  Nîcomaque.  Ce  peintre 
eut  pour  disciples  son  frère  Aristide,  son  fils 
Aristodès,  Pbiloiène  d*Érétrie  et  Nicophane. 
Stobée  rapporte  un  propos  intéressant  de  Nioo- 
maque.  Un  amateur  remarquant  quil  ne  pouvait 
lien  Toir  de  beau  dans  VHélène  de  Zeuxis. 
«  Prenez  mes  yeux,  répondit  Nicomaque,  et 

TOUS  Terrez  une  déesse.  »  Z. 

nine,  Hist,  nat..  XXXV,  7,  lo.  il.  -  Cieéron,  Brut., 
18.  —  Plotarqoe,  Timol..,  t€.  ^  Vllrttve,  III.  —  Stobée, 
Sermon.,  81.  —  Junlot,  Cmlalogu$  arti/leum,  -  SmlUi , 
iheUonurif  oS  çnek  and  roman  Hograpkif, 

NiooMàDB  1er  (N(xo(ii^  ),  roi  de  Bithynie, 
Sli  aîné  de  Zipoétès ,  régna  depuis  278  avant 
J.-C.  jusqu*à  250  environ.  11  succéda  à  son  père, 
et,  suivant  la  coutume  des  despotes  orientaux,  il 
commença  son  règne  en  ordonnant  de  mettre 
à  mort  ses  frères.  Deux  furent  tués;  on  troi- 
sièroe»  nommé  Zipoétès,  échappa  anx  meurtriers, 
rassembla  un  grand  nombre  d'adhérents  et- se 
maintint  indépendant  dans  une  partie  de  la  Bi- 
thynie.  Ainsi  alTaibli  à  Tintérieur  et  menacé  d'une 
invasion  par  Antiochus  Kr,  roi  de  Syrie ,  Ni- 
comède  se  fortifia  par  une  alliance  avec  la  ville 
d'Héraclée  et  avec  Antigène  Gonatas.  Il  trouva 
bientôt  des  auxiliaires  plus  puissants.  Les  Gau- 
lois,dans  leur  marche  rapide  vers  TOrient,  avaient 
atteint  le  Bosphore  et  assiégeaient  Byzance.  Mi- 
eomède  persuada  à  ces  vaillants  barbares  de 
Tenir  en  Asie  se  mettre  à  sa  solde.  Les  Gaulois, 
sous  les  ordres  de  dix-sept  chefs,  dont  les  deux 
principaux  étaient  Léonnorius  et  Lutarius,  Ira- 
Tersèrent  le  Bosphore,  défirent  Zipoétès,  qui  fut 
mis  à  mort,  et  forcèrent  Antiochus  à  se  retirer.  Ni- 
comède,  devenu  maître  incontesté  de  la  Bithynie, 
eat  le  bonheur  ou  l'habileté  de  ne  pas  se  brouiller 
avec  les  redoutables  auxiliaires  qu'il  avait  intro- 
duits en  Asie,  et  il  passa  dans  la  paix  et  la  prospé- 
rité le  reste  de  son  règne,  qui  dura  vingt-cinq 
ans.  Voulant,  comme  les  antres  rois  grecs  d'Asie, 
perpétuer  son  nom  par  la  fondation  d'une  nou- 
velle capitale,  il  en  choisit  judicieusement  l'em- 
placement dans  le  voisinage  de  la  colonie  méga- 
xienne  d'Astacus.  Nicomédie,  fondée  en  264,  de- 
vint rapidement  et  resta  pendant  plus  de  six 
siècles  une  des  villes  les  plus  riches  et  les  plus 
florissantes  d'Asie.  La  date  de  la  mortdeNicomède 
est  inconnue  ;  mds  fabbé  Sévin  la  place  avec  vrai- 
semblance vers  Tannée  2&a.  Nicomèdefut deoxfois 
marié.  De  sa  première  femme,  Ditizela  (suivant 
Tzeizès,  qui  rapporte  sa  mort  tragique  causée  par 
la  morsured'nn  chien},ouClonsingis  d'après  Pline, 
Il  eut  deux  fils,  Prusias  et  Zielas^  et  une  fille,  Ly- 
sandra.  Sa  seconde  femme,  Etazeta,  lui  persuada 
de  mettre  de  c6té  les  droits  des  enfants  du  pre- 
mier lit  et  de  laisser  le  trône  aux  fils  qu'il  avait 
d'elle.  Ces  fils  étant  encore  enfants,  Nicomède, 
par  un  testament  confia  leur  tutelle  aux  rois 
Ptolémée  et  Antigone  Gonatas  et  aux  villes  d'Hé- 
raclée, Byzance  et  Cius.  Toot  cet  arrangement 


—  NICOMÈDE 


16 


resta  inutile,  et  Ziélas  se  mit  paisiblement  en 
possession  du  trône.  L.  J. 

Memnon,  c.  is,  is—  to,  i>,  dana  les  Fragmenta 
hUtor.  grmeorum  (éd.  DMot).  t.  III,  p.  sw,  etc.  - 
«OAtln,  XXV,  t.  -  TxeUds,  ChU.,  111.  MO»  MO.  >  Strabon, 
XII,  p.  US.  «  Élleone  de  Bjzaoce,  au  mot  NtxopLiQdsMC. 
—  Bàsèbe.  Chnm,  -  PaoMnlai,  V,  «.  —  PUne,  Hitt. 
nat..  VII,  M;  VlII,4«;XXXVI,*._Tlte-Uve.XXXVIII. 
16.  —  SéTio ,  dans  iea  Mémoire*  de  r académie  des  int- 
criptions,  L  XV.  -  Droyaen ,  HeltenUmut ,  vol  II. 

NIGOM&OB  II,  Épiphane,  roi  de  Bithynie, 
fils  de  Prusias  U  et  quatrième  descendant  du 
précédent,  né  vers  176  avant  J.-C,  mort  vers 
'91.  Encore  enfant,  il  accompagna  son  père  à 
Rome,  et  fut  favorablement  accueilli  par  le  sénat 
Quelques  années  plus  tard  ses  talents  et  son 
jimbition  excitèrent  la  jalousie  de  Prusias,  qui 
l'envoya  à  Rome  comme  otage.  Là  encore  il  se 
distingua,  et  se  plaça  très«haut  dans  la  faveur  da 
sénat,  devant  lequel  il  défendit,  en  155,  les  droits 
de  Prusias  contre  les  prétentions  d'Attale  II,  roi 
de  Pergame.  Ces  succès  ne  firent  qu'accroître 
les  soupçons  de  Prusias,  qui  envoya  Menas  à 
Rome,  en  149,  avec  la  mission  secrète  d'assas- 
siner Nicomède.  Menas,  voyant  le  crédit  dont  le 
jenne  prince  bithynien  jouissait  à  Rome,  pensa 
que  sa  mort  ne  resterait  pas  impunie;  Il  préféra 
tout  révéler  à  Nicomède ,  et,  d'accord  avec  An- 
dronlcns,  ambassadeur  d'Attale ,  il  le  pressa  de 
détrôner  son  père,  qui  s'était  rendu  par  aet  vices 
l'oiijet  de  la  haine  et  du  mépris  des  Bithyniene. 
Nicomède  prêta  facilement  l'oreille  aux  sugges- 
tions de  Menas  et  d'Andronicos.  U  quitta  secrète- 
ment Rome,  débarqua  en  ÉpireyOÙ  il  prit  ou- 
Tertement  le  titre  de  roi  et  se  rendit  à  la  cour 
d'Attale,  qui  lui  promit  de  le  soutenir  par  les 
armes.  Prusias,  abandonné  par  tons  ses  sujets, 
invoqua  vainement  l'appui  du  sénat.  Les  habi- 
tants de  Nicomédie  ouvrirent  les  portes  de  leur 
ville  au  jeune  prince ,  et  le  Tieux  roi,  qui  s'é- 
tait réfugié  près  de  Tautel  de  Jupiter,  fut  égorgé 
par  l'ordre  exprès  de  son  fils,  en  149. 

Le  règne  qui  commença  par  ce  parricide  dura 
cinquante-huit  ans,  et  comme  il  fut  tranquille, 
il  a  légué  peu  d'événements  à  l'histoire.  Nicomède, 
qui  avait  vu  les  Romains  de  près,  savait  qu'il  était 
incapable  de  leur  résister,  et,  quoique  amUtieax, 
il  ne  hasarda  que  rarement  de  leur  déplaire  par 
des  tentatives  d'agrandissement.  Ce  conflit  entre 
l'ambition  et  la  crainte  se  remarque  dans  tout 
ce  que  nous  connaissons  de  la  conduite  de  Ni- 
comède. En  131  il  assista  la  république  dans  la 
guerre  contre  Andronicus;  mais  en  103,  voyant 
Rome  dans  un  imminent  danger  par  suite/  de 
l'invasion  des  Cimbres,  il  caisit  cette  occasion  de 
faire  entendre  des  plaintes  très-vives  sur  les 
exactions  des  fermiers  romains  de  Timpôt  en 
Asie,  et  refusa  d'envoyer  les  secours  que  lui 
demandait  Marins,  fin  même  temps  il  s'unit  à 
Mithridate  VI  pour  s'emparer  de  la  Paphlagonie, 
et  malgré  les  ordres  du  sénat  il  s'appropria  ce 
royaume,  en  ne  donnant  que  la  souveraineté  nomi- 
nale à  un  de  ses  fils.  Quatre  ou  cinq  ans  plus  tard. 


17 


NiœMËDE  —  NICOSTRATE 


18 


Tcre  96»  il  imagina  de  joindre  la  Cappadoce  à  set 
États  en  épousant  Laodicey  Tea^e  d'Aiiarathe  VI. 
Qooiqa'il  eût  an  moins  qaatr^vingts  anSyil  exécola 
flooproietde  mariage;  mats  il  ne  lai  fctpas  aussi 
ladle  de  se  mettre  en  possession  de  la  Cappadoce, 
qae  Mithridatehii  disputa  .et  loi  enleva.  Nioomède 
s'adressa  alors  au  sénat,  et  réclama  la  Cappa- 
doce pour  un  jeune  Imposteur  qu'il  faisait  passer 
pour  le  fils  d'Ariarathe  et  de  Laodioe.  Cette  prin- 
cesse  elle-même  alla  soutenir  à  Rome  les  droits 
de  son  prétendu  fils.  Le  séqat,  sans  s'arrêter  à 
cette  imposture,  déclara  Nioomède  et  Mlthridafè 
mai  fondés  dans  leurs  prétentions  rivales  sur 
la  Cappad6oe ,  et  leur  ordonna  de  laisser  cette 
province  indépendante.  Il  prescrivit  aussi  à 
Nicomède  d'évacuer  la  Paphlagonie»  qui  ne  lui 
appartenait  pas  plus  que  la  Cappadoce.  Le  vieux 
roi  de  Bitiiynie  céda ,  et  termina  son  long  règne 
en  paix  avec  la  toute-puissante  république.  L.  J. 

Applen.  JfiMrMoftf.^T.  -  Polybe.  XXXII,  M.  — 
JmUb,  XXXIV,  4;  XXXVII,  4;  XXXVIII,  1,  -  S.  • 
ZoMns,  IX,  ts.  ~  Tlte-Uve,  ÊpU,j  L  —  Straboo, 
XIII,  p.  fS»;  XIV.  p.  6M.  -  Dlodore  de  Sicile^  JLXXII, 
XXXVI,  Excêrpta,  —  vucodU  ,  lamoçraphU  greevm, 
▼»!.  II.  p.  IH.  —  CUDton,  FaHi  keUmiei,  vol.  III,  p.  41S. 

HicoMàoB  III ,  Philopator,  roi  de  Bithynie, 
fils  du  précédent  et  de  sa  femme  Nysa,  mort 
en  74  avant  J.-C.  Mitliridate,  d*abord  l'allié  puis 
Vennemi  de  son  père,  voulait  s'emparer  de  la 
Bithynie.  Il  prétendit  que  Nioomède  UI  était 
le  fils  d'une  concubine,  et  sous  ce  prétexte  il 
poussa  un  autre  fils  de  Nicomède  lit,  Socrate, 
surnommé  le  Bon  (  ô  Xpn^o;  ),  h  envahir  la 
Bithynie  avec  une  armée  qu'il  lui  fournit  Nico- 
mède, incapable  de  lutter  contre  ce  redoutable 
compétiteur,  invoqua  l'appui  des  Romains.  Deux 
légats  du  sénat,  L.  Cassius  et  M.  Aquilius,  vin- 
rent le  replacer  sur  son  trône,  en  90,  sans  que 
Milhridate  et  Socrate  osassent  faire  aucune  ré- 
sistance. Fiers  de  ce  facile  succès,  les  deux  le- 
dits poussèrent  le  pacifique  Nicomède  à  envahir 
et  à  mettre  au  pillage  le  royaume  de  son  ad- 
versaire. Nicomède  se  prêta  malgré  lui  à  des 
représailles  qui  avaient  pour  but  d'enrichir  les 
officiers  romains  aux  dépens  du  Pont  et  contre 
lesquelles  Hithridate  protesta  vainement  auprès 
do  sénat  Poussé  à  bout,  le  roi  du  Pont  prit  vi- 
IQonreuaement  l'offensive  en  88,  et  eut  bientâl 
contraint  Nicomède  à  s'enfuir  à  Pergame  et  de 
là  en  Italie.  A  la  suite  de  ces  événements  s'en- 
gagea la  premièro  grande  lutte  entra  Mitbridate 
et  la  république.  Nicomède  en  fut  le  témoin 
passif,  et  profita  de  la  victoire  des  Romains. 
SylU  stipula  avec  Mithridate  en  84  que  le 
royaume  de  Bithynie  serait  rendu  à  son  légitime 
sonveiain.  Nicomède,  rétabli  sur  le  trAne,  régna 
encore  près  de  dix  ans ,  sans  que  rien  troublit 
la  paix  et  la  prospérité  de  ses  États.  C'est  à  peine 
s'il  est  encore  question  de  lui  dans  rhistoire.  En 
Hi  un  jeune  Romain  vint  de  la  part  du  préteur 
M.  Minucius  Thermus  réclamer  l'assistance  de 
la  flotte  bitfaynienne,  et  fut  accueilli  par  Nico- 
mède avec  la  plus  grande  faveur.  Ce  jeune 


homme  était  Jules  César;  quand  il  fut  devenu 
plus  tard  le  premier  homme  de  l'État,  ses  en* 
nemis  rappelèrent  avec  les  plus  injurieuses  im"> 
putations  la  faveur  dont  if  avait  été  l'objet  à  la 
cour  de  Bithynie  (  voy.  Césae  ).  Nioomède 
mourut  sans  enfants,  et  légua  son  royaume  au 
peuple  romain.  Mithridate  réclama  l'héritage  au 
nom  d'un  imposteur  qu'il  donnait  pour  le  fils  du 
roi  de  Bithynie;  mais  la  guerre  qu'il  provoqua 
par  cette  revendication  se  termina  par  sa  ruin<\ 
complète  (  roy.  MmaiOATS  ).  L.  J. 

Memnon,  e.  M.  tl.  SI.  — Joalla,  XXX VIII.  t.  l.  - 

—  Applen^  JUéfArM.,  1,  10,  11,  IS-IS.  60,  7t.  —  TIte- 
Ute.  BpU.»  LXXIV,  LXXVI,  LXXXIIl,  XCIII.  -  Plu- 
Urqoe.  Sulta,  II,  14;  £>«..  I.  -  BpUt.  Mitkr.  ad 
ATMGt  dias  vaut,  tfr  SaUutte,  IV.  p.  no,  édit  de  Ger- 
lach.  ->  befcbel.  Doetrina  Ifum,,  II,  p.  444, 441.  —  Vta- 
eonU,  IconographU  grec^tu,  val.  Il,  p.  loi.  —  OrelU, 
Onowuuticon  TuU,,  p.  4M.  -  CUnton,  FaUi  helieniei, 
VOL  III,  p.  41S410. 

HicoMfoiB  (Georges  de).  Voy,  Georges. 

HIGON.  Vof.  Nixon. 

MiGOpaaHBs,  pemtre  grec,  vivait  vers  300 
avant  J.-C.  Il  fut  le  contemporain  (  plus  jeune) 
et  le  successeur  d'Apële.  Pline  dit  que  pour  l'é- 
légance ,  l'agrément  et  la  beauté,  peu  de  peintres 
peuvent  lui  être  comparés  {elegans  et  con" 
cinnuSf  Ua  tU  vemuitaie  ei  pauci  comparent 
tur)\  mais  c'était  une  beauté  molle,  affectée. 
Nicophanes  corrompit  l'art ,  plus  pur  et  plus 
noble,  des  anciens  maîtres,  et  il  mérita  d'être 
compté  au  nombre  des  pemtres  obscènes  (  xop- 
voYpeiçoi }»  Pline  cependant  lui  attribue  l'éléva- 
tion et  la  gravité  de  l'art  (  cothurntu  H  et  gra^ 
vitas  artis  )  ;  mais  cette  contradiction  s'explique 
ou  par  une  altération  do  texte  ou  par  un  manque 
de  jugonent  assez  commun  chex  Pline.  Il  est 
question  dans  Plotarque  (  De  aud.  pœt.  )  d'un 
peintre  licencieux  nommé  Cbacrephanes.  Comme 
il  n'en  est  parlé  nulle  part  ailleurs,  Sillig  suppose 
que  le  texte  de  Plutarque  est  fautif  et  qu^il  faut 
lire  Nicophanes.  Y. 

Plloe,  Mit.  NOt,  XXXV,  10.  >-  AUénée,  XIIJ,  p.S6T. 

—  SlUlg,  Catatogus  afti/Uum, 

KiGOPBO!!   (  NixGçÂyv  )   (  Suidas    l'appelle 

probablement  par  erreur  NixéçpcDv,  fîkophron), 

poète  comique  athénien,  vivait  vers  400  avant 

J.-C.  H  fut  le  contemporain  d'Aristophane,  vieux 

et  presque  au  terme  de  sa  carrière.  Bien  qu'A- 

théhée  prétende  qu'il^  appartenait  à  l'ancienne 

comédie,  il  semble  qu'il  était  plutôt  uo  poète 

de  la  comédie  moyenne.  On  connaît  les  titres 

de  six  de  ses  pièces,  qui,  à  part  une  seule,  sont 

sur  dea  sujets  mythologiques;  ce  sont  'A8a»vic 

(iâcroRti)  ; — *El  ?8ou  &vite>v  iVÉchappédes  en- 

/ers  )  ;  —  'AfpoôiTVK  ywal  (  Naissance  d^Âphrth 

dite)\—  Uavdupa  (  Pandore  )  ;  —  Xtifoyàotopic 

(  Les  Artisans  )  ;.—  ScipS}vi«  (  Les  Sirènes  ).  Y. 
Mdoektf,  Fraipm,  poêi,  eaimie.,  ?ol.  I,  p.  IM.  etc., 
vol.  11,  p.  S48.  ete.  —  Bolhe,  Fragm.  eom,  grme,  (  édic. 
A.  F.  Dtdot  ). 

NiGOSTftATB  (  NixéorpOTOc  ),  poéto  comiquo 
athénien ,  le  plus  jeune  des  trois  fils  d'Aristo- 
phane, vivait  dans  le  quatrième  siècle  avant 
J.-C.  11  appartenait  à  une  période  de  transitioa 


19 

entre  ta  eomédie  moyenne  et  la  Doavelle.  Plu- 
sieurs de  ses  personiia^es  sont  de  œ  dernier 
genre;  ainsi  il  intit  en  scène  un  loldat  fiinfaron, 
un  usurier,  un  cnisiiiier.  Photius  rapporte,  on  ne 
sait  d'après  qocUe  autorité ,  que  Mioostrate,  en- 
flammé d'amour  ponr  nne  certaine  Tetti^idKa, 
se  précipita  dn  haet  dn  cap  de  Lsucade.  On 
eemnatt  les  titres  de  dbc^neuf  des  ooraédies  de 
Kioostrate.  Trois  de  celles-ci,  'AvcuUo;  (An^ 
t^Uus),  Olvovtwy  {JBmfèim)^  et  BMçbvoç 
(Pajidr9sus)f  ont  été  attiihnées  à  nn  antre  fila 
d'Aristopbase^  nommé  PhUétérus.  Les  autres  co- 
médies de Nicoetrate sont  :  "ASpot  ( £a  Déliemte}; 
'AyxtçûmL  ( L* Amante)  ;  *AirKXauv6(xevoc  (  V£n^ 
itPé) ;  BttotS^;;  (  Les  Bms);  4mi6oXoc  (Le  Co- 
Imnniafewr);  'Exéni  (Bécmte);  'Hated^ç 
(  Hésiode  )  ;  'lepofâvtT];  (  VUiirophantt  )  ; 
KXtvTi  (  Le  Lit  )  ;  Mayeipo;  {Le  Cuisinier  )  ; 
*Opv(tttùrfiç  (  VOïseUur);  narpuMot  ( Ln  Pa- 
iriotex) ;  IDoOto;  (Plutus)  ;  Svpoc  {le  Syrien) ; 
ToMorJk  (  V Usurier);  ^audoonYiioiTiac  (  Le 
fmnx  Esclave  ),  Suidas  a  confooda  ce  Micostrale 
avec  un  acteur  tragiqne  qui  fivait  avant  420.  Y. 

Fabrtciua,  BtbUaih,  grttea,  foU  U,  p.  «71.  —  Mei^ 
neke,  Historia  critiea  eom.  graecor.,  p.  S4«»e1c.  —  Bo- 
tfie  .  Fragm.  poet.  corn.  gnee.  (éd.  k.^¥.  DMot).  ~ 
Btdc.  Ccira.  â»r  iMtm,  SHeàUtunat,  val.  lU,  p.  4I0l 

HicoT  (  Jean  ),  sieur  de  Yillimaui  ,  diplo- 
mate et  éradit  français,  né  à  Nîmes,  en  1630, 
mort  à  Paris,  le  5  mai  1600.  il  était  fils  d'un 
notaire  de  Nlraea,  qui  ne  lui  laissa  guère  en 
movraat  qu*une  bonne  éducation.  Nicot  se  sentit 
à  l'étroit  dnns  sa  ^ille  natale;  il  vint  à  Paris,  j 
perfectionna  ses  études  et  ses  façons ,  fit  con- 
naissance avec  quelques  seigneurs  lettrés,  ou  du 
moins  qui  affichaient  de  Tétre ,  et,  aidé  par  son 
naturel  insinuant,  obtint  d'être  présenté  à  la 
cour.  Il  sot  si  bien  y  plaire  que  Henri  11  lui 
accorda  une  partie  de  sa  confiance  et  Tadmit 
dans  son  conseil.  François  il  conserva  à 
Nicot  la  faveur  dont  il  avait  joui  près  du  roi 
Henri  ;  il  le  chargea  même  d'une  ambassade  au- 
firès  de  Sébastien,  roi  de  Portugal  rl560).  H 
réussit  dans  sa  mission  ;  mais  ce  qui  lui  assura 
Fimmortalité  ce  ne  (brentni  ses  talents  diptoma- 
tiqups,  ni  son  esprit  remarquable,  ni  ms  con- 
naissances sérieuses ,  oe  fut  d*avoir  introduit  en 
France  ta  plante  dont  l'toiploi  est  universelle- 
ment connu  sous  le  nom  de  iabetc. 

L*étymologie  du  mot  iabac  ou  tabaca  dérive, 
selon  toute  probabHHé,  dn  nom  de  Ttièaeo  (1), 

(U  Cette  «UiMiloglc  9êK  coQiailét.  Lorsque  Cbrktopbe 
Golonb  aborda  pour  la  première  foi»  à  Cuba,  en  octobre 
lin,  H  ebargea  denx  boaiaea  de  mo  équipage  d>ipl«irFr 
Ir  paya^  •  Ce*  tm^^yéa  utMWRèrfnt  ••  cneai»,  dit  te  «^ 
Mbire  ■M%ileDr  dana  $mm  >avnal.  an  RBan<l  naoïbre 
a*lndlens,  hommes  et  femmes  ,  qui  teftalenl  en  main  an 
petit  ll%on  allumé ,  compose  tfiterbra  dont  tN  aupirateot 
le  parfum ,  aelotf  leur  cootume.  m  LIHèqoe  de  CMapa, 
Bartbélemy  de  Las  Casa*.  eeatrroporalA  de  Colomb, 
du,  dans  son  HUMrw  générale  des  Indes  ■  q«r  le  tlsoo 
ilfêBlÉ  par  Colomb  cal  •■eeapAee  4e  mansqaalon  (  pipe 
probablement  )  bourré  d*unc  (euUlc  sécbe  que  les  In- 
diens allument  par  un  bout ,  tandis  qu'ils  aiwent  ou  hn- 
ment  par  fantre  estrémtlé.  Cca  nMus^iieioos  aoas  ap- 
pae  ks  tadicM  «.  C'est  encore  ce  nom  que 


r^iœSTRATE  —  I9IC0U-CH0R0N 


20 

Tune  des  Antilles,  dans  laquelle  ponr  ta  pre- 
mière fois  les  iUpagnota  en  apprirent  Tusage; 
mais  les  indigènes  nommaient  généralement  cette 
plante  petun  (1).  Quoi  quUl  en  soit»  le  tabac» 
dont  Cbriâlophe  Colomb  et  Las  Casas  avaient 
eu  connaissance»  fui  introduit  en  Europe  au  com- 
mencement du  sei4ième  siècle.  £a  16 1 8,  Cortèa 
envoya  des  graines  de  cette  plante  à  Charles- 
Quint;  mais  il  ne  parait  pas  que  l'on  ait  donné 
alors  à  sa  culture  ou  à  son  emploi  ta  moindre 
attention  ;  car  un  négocUnt  flamand  qui  reve- 
nait d'Amérique»  rencontrant  Nicot  à  Bordeaux, 
erut  lui  Cure  un  présent  de  quelque  valeur  en 
lui  donnant  des  graines^  de  pétun.  Mict)t  en  en- 
voya quelques-unes  à  Catherine  de  Médids  et 
lui  offrit  ta  plante  elle-même  et  ses  produits  lora 
de  son  retour.  11  en  offrit  aussi  au  grand  prieur» 
d'où  vint  qu'elta  fut  nommée  kerïke  du  grand 
prteur,  et  herbe  à  la  reine  ou  Médicée.  Le 
cardinal  de  Sainte- Croix,  nonce  en  Portugal» et 
Nicolas  Tenabou,  légat  en  France,  ayant  les 
premiers  introduit  cette  plante  en  Italie,  don- 
nèrent aussi  leur  nom  au  tabac  qui  fut  appelé 
kerbe  sainie  ou  sacrée  (3).  La  culture  série«ise 
en  France  n'en  .commença  qu'en  1626.  Nicot 
ne  se  doutait  guère  qu'un  jour  (1861)  elle  rap- 
porterait à  son  pays  cent  cinquante  millions  de 
contributions  indireUfs!  Les  t)otanistes  ont 
donné  à  la  plante  importée  par  Nicot  le  nom  de 
nicaHana. 

On  a  de  Nicot  deux  ouvrages  :  Aimonii  mo- 
jfucAi»  f  lit  anlea  Ammtmii  nomine  circum- 
ferebatur,  hisCorix  Francorum ,  lib.  lY,  etc.  ; 
Paris,  1566,  isk'h"  ;  —  Trésor  de  la  langue 
française,  tant  ancienne  que  moderne;  au^ 
quel  entre  autres  choses,  sont  les  mois  pro- 
pres de  marine ,  vénerie  al  fauconnerie  »  etc.» 
ramassés  par  Aimar  Ranconnet  »  suivi  d'une 
grammaire  frauçoise  et  latine  de  J.  Mas- 
set,  et  du  Recueil  des  vieux  proverbes  de 
la  France ,  ensemble  le  Nomenclator  de  Ju- 
nius,  mis  par  ordre  alp/iabétique ,  et  creu 
d'une  Table  particulière  de  toutes  les  dic' 
lions;  Paris»  1606,  in-foL  ;  Rouen*  1618,  in-4^ 

L~z — B. 

Ménard»  Hist.  de  Nîmts ,  t.  v.p.  soe.  ~  Goigct^  Itfém, 
mss.  —  Raynal,  Hitt.  pKUOiophiqut  des  deux  Indes-  — 
9,  Hœfer,  INet.  dé  èetîméqme  prati§me. 

l HiGOV-CNOROif  ( Stephano-Lamie)^  ooaa- 
positeur  français,  né  k  Paris,  le  sa  avril  laocu 
A  l'âge  de  huit  ans ,  fl  entra  comme  enfant  de 
chœur  à  PégKse  de  Chàtenay,  près  Paris,  et  reçut 
les  premières  leçons  de  musique  d'un  vieux  eh»> 
rittte  de  l'Opéra,  nommé  DeUtois.  Celni-ci,  an 


les  babllaats  de  la  Havane  denucat  mn.  ctgaMm.  Le 
de  taiae  serait  donc  plus  ancien  chez  les  Indigènes  qne 
chez  Ira  Européens  et  antérieur  à  la  déeoaverte  de  nie 
deTalidlro. 

(1)  U'eà  le  noat  de  fcfMiia,  donné  par  Jnaslen  à  nn 
eenre  de  solanéea  ortglaalrea  du  flr^U  et  ayant  brau- 
eoup  d^ffinlté  avec  In  l^ieotUma  (  Laurent  de  Jassleu. 
Centra  PtasHarum  >. 

n»  Toj.  M.  te  D*  F.  Hoefer»  HkÊknmaitré  ê»  èoCn- 
niine,  p.  473. 


31 

boot  (Tdq  an,  le  ooodoisU  chez  Ghoroo,  qat, 
diaimé  des  heureuses  dispositions  de  Veabal, 
Mmit  aussitôt  au  nombre  de  ses  élèves  dans 
réoole  i|ii*il  Tenait  de  fiMider  sons  la  dénominn- 
tkm  d'École  roffolé  et  spéciale  de  chani. 
Après  avoir  termiaé  se»  études  musicales,  te 
jeune  artùle  devint  professeur  dans  eet  établis- 
lement,  qui  fut  transfonné,  en  1824,  en  inh' 
tiiuiiaH  rofiaU  de  muxique  clauique  etreli- 
fieuse^  et  y  leniptit  enl832,  les  fonctions  d'ins- 
pecleur  igénéral  des  études.  Il  avait  éponsé  la 
fille  deCboron.Alamortde  ce  maître  (1834)»  il  prit 
la  direction  de  aon  école  qui,  malgré  les  éminents 
aervices  qo'eUe  avait  rendus,  fut  supprimée  Tan- 
née suivante.  Plusieurs  artistes  qui  s'y  étaient 
fimnés,  entre  antres  MM.  Duprez,  Dietscb, 
Adrien  de  La  Page,  Hlppolyte  Monpou,  Scnda, 
Wartd,  Mne  Stolz,  s'étaient  déjà  dirigea  vers 
les  diverses  branches  de  l'art  où  ils  allaient  bien- 
tôt se  Caire  une  réputation.  De  son  côté,  M.  Mk 
eon-Cboron  se  consacra  au  prolessorat  et  à  la 
compositMm  appliquée  particulièrement  au  genre 
reltgieax  et  k  celui  qui  convient  aux  maisons 
d'éducation.  Un  oonconrs  pour  la  composition 
des  chants  religieux  et  historiques  ayant  été  ou- 
vert en  1847,  il  y  obtint  trois  médailles  d'or  et 
deux  de  bronze.  Il  a  écrit  on  grand  nombre 
d'ouvrages,  remarquables  par  la  correction  de 
l'harmonie  et  par  la  pureté  de  la  mélodie ,  les 
parties  vocales  étant  parfaitement  renfermées 
dans  rétendue  des  voix  et  écrites  avec  beaucoup 
de  goât  et  de  soin.  Son  instrumentation,  claire  et 
étégantn ,  est  toujours  appropriée  au  siyet  qu'il 
traite.  M.  Nicou-CU>ron  avait  reçu  des  levons 
d'harmonie  de  Reicba;  mais  c'est  bien  plutôt  par 
hii-méHie  ^  en  étudiant  les  grands  maîtres  et  en 
profitant  dea  excellents  préceptes  que  Cheran 
avait  transmis  à  ses  élèves,  qu'il  s'est  acquis , 
comme  compositeur  et  comme  professeur,  une 
réputation  justement  méritée.  Il  professe  depuis 
de  nombcenacs  années  dans  plusieurs  étahUsse- 
mcnts,  nais  sans  avoir  une  position  oCScielle. 
Parmi  ans  élèves  particuliers,  il  faut  signaler 
GaveanirSabatier  pour  avoir  obtenu  leç 
tes  plus  brillants. 

lalîsle  dea  prindpanx  ouvrages  de  M.  Ni- 
con^ChoTOA  :  Tnis  messca  solennelles,  A  tr^ 
et  qnain  voix, avec  orchestra;  —  Xrois  messes 
brèvca,  A  deoxon  trois,  voios.,  avec  argue;  -^ 
Tiuis  naeanis  pour  une  seule  vois,  avec  orgue, 
Tane  pomr  soprano  ou  ténor, la  seconde  pour  me»- 
xosofMann an  hirylon ,  et  la  troisième  pour  coo- 
tnilo— basse;  — MesMOQnMrtante,iktfoisvoix, 
avecempe  on  oicliestm; — Messe  de  laNativité, 
à  trois  Toix ,  arec  orgue  ou  orchestre  ;  —  Messe 
de  rorpbéon,  à  trois  ou  quatre  voix  ég^es,  avec 
ou  sans  accompagnement;  —  Mesae  à  l'unision, 
aveecfgne; — Mesae  de  Dnmont,  traîtéeencon* 
trepoM,  A  trais  voix  et  orgjae;  —  Messe  des 
Moila^  Aqnaire  voix  é^es  et  orchestre;  >- Trois 
oratufiue  r  de  Roél,  de  Piqnes  et  de  la  Pente- 
côte,  chœurs  et  sûIûs  avec  orgue  ou  orchestre 


NICOU-€HORON  —  KICQUET 


23 

—  lu  Prestiges  de  rAnrmofiie,  cantate  sacrée 
à  six  Toix,  sans  aœompagnement  ;  —  Quatre  can- 
tates à  l'usage  des  maisons  d'édncation,  A  deux  et 
trois  voix  avec  piano  ou  orchestre  ;  ~  Recueil  de 
douze  chœurs ,  poéslo»  morales»  à  trots  et  quatre 
Toix,  sans  accompagnement;  —  Trois  chœurs, 
poésies  morales,  k  quatre  voix  sans  accompagne- 
ment; ^  Un  très-grand  nombre  de  motets  pour 
tous  tes  usages  de  l'église  et  pour  tous  les  genres 
de  voix  avec  accompagnement  d'orgue  ;  —  Re- 
cueil de  344  cantiques  pour  une  seule  voix  avec 
orgue;  —  Marche  relîgieuse  à  grand  orchestre, 
composée  sor  le  motif  de  VAdeste  fidèles;  — 
Méthode  combinée  de  solfège  et  de  chant;  ^ 
Douze  grandes  vocalises  pour  soprano  et  té- 
nor, etc.,  etc.  D.  DENifs-BAnozi. 

Documenta  partietdiers^ 

NIGQVBT  (  Honorât  \  auteur  ascétique  fran- 
çais, né  le  29  août  1585,  à  Avignon,  mort  le  23 
mai  1667,  à  Rouen.  Admis  en  1602  chez  fes  Jé- 
suites, il  professa  la  rhétorique  et  la  philosophie 
pendant  plusieurs  années;  ses  supérieurs,  ins- 
truits de  son  mérite  «  l'appelèrent  à  Rome,  où 
on  Ini  confia  les  doubles  fonctions  de  censeur  des 
Hvres  et  de  théologien  du  prévôt  général.  De 
retour  en  France,  il  s'adonna  à  ta  chaire,  et  cher- 
cha moins  à  plaire  qu'à  toucher  et  édifier  ses 
auditeurs.  Puis  0  dirigea  successivement  les  coI« 
léges  de  sa  compagnie  è  Caen ,  à  Bourges  et  A 
Rouen.  Dans  cette  dernière  ville  il  établit,  sous 
le  nom  ^ Œuvre  de  ta  Miséricorde^une  société 
charitable  destinée  à  Tenir  eh  aide  aux  indigents 
et  aux  malades.  On  a  de  hii  :  Le  Combat  de 
Genève^  ou /alsifications  faites  pour  Genève 
eu  la  translation  firançoise  du  Nouveau  Tes- 
tament ;  Là  Flèche^  1621,in-8*;  Alençon,  1638, 
în-8*;  —  Apologie  pour  Jtordre  de  Fonte^ 
vrauld;  Paris,  1641,  in^S";  ^  Histoire  de 
tordre  de  Fontevrauld;  Paris,  1642,  in-4**; 
Angers,  1642b  16^6,  in-4*;  elle  fut  composée  à 
la  prière  des  religieuses  de  œt  ordre  et  dédiée  à 
leur  supérieure  générale  Jeanne  •  Baptiste  de 
Bourbon  ;  —  Gloria  Beati  Roberti  de  Arbris- 
selto;  La  Flèche,  1647,  in-i2  :  la  vie  ât  ce  per- 
sonnage se  trouve  déjà  en  français  dans  l'ouvrage 
précédent;  —  Titulus  sanct»  CrudSf  seu  /its- 
toria  et  mysterium  tituli  Crueis  ;  Paris,  1648, 
1675,  in-8'';  Anvers,  1670,  in- 12;  —  PAysto- 
gnomia  humana  lib,  lVdisHncta;Ljùiï,  1648, 
in-4*;  —  De  sancto  angelo  Gabriele;  Lyon, 
1653,  10-8";  —  La  Vie  de  Nicolas  Gilbert^ 
instituteur  de  Pordre  de  VAnnonciade  ;  Paris, 
1655,  inr8*;  —  La  Vie  de  sainte  Solange, 
vierge  et  martyre;  Bourges»  1655»  in-8*;  — 
Le  Serviteur  de  la  Vierge,  outraUé  de  la  dé- 
votion envers  la  mère  de  IHeu;  Rouen,  1659, 
1665, 1669,  in-12  ;  —  Stimulus  ingrati  animi; 
Rouen,  1 66 1 ,  in-8*  ;  ~  Nomenclator  Marianus, 
sine  nomtna  Virginie  Maria;  Rouen,  1664, 
hi4*;  —  Iconohgim  Manama;  Ronen»  1667, 
in-8*.  II  a  laissé  en  manuscrit  un  recueU  intitulé 
Ctogia  seu  Nomeaeiàtee  soMCteewm  ei  celé- 


9S  NICQUET  —  NICUESA 

àriorum  in  Eeclesia  scrlpiorum,  et  qne  pos- 


34 


sédait  la  bibliothèque  du  nofidat  de  Rouen.  P.  L. 

Sotwfll,  BtbL  MHpc  Soe.  /nu,  no-3Sl.  -  Ulonir. 
BiM.  kUt.  de  ta  France.  -  Acliard,  Diet    kUt.  4e  la 

Provence.  —  Barjavel,  Bioffr,  du  f^aucUue. 

AIGUBSA  (  Diego  de),  l'un  des  premiers  dé- 
couvreurs de  l'Amérique,  né  en  1464,  dirparu  en' 
1510  ou  1511.  Il  possédait  dans  sa  patrie  un 
riche  patrimoine;  mais,  entraîné  par  Taroonr  des 
afentures,  il  suivit  Aroerioo  Vespucci  et  Alonzo  de 
Ojeda  lors  de  leur  voyage  au  golfe  d'Urata,  en 
1501.  Détaché  sur  un  navire  qui  aborda  à  Puerto 
del  Retreie,  qu'avait  déjà  découvert  Rodrigo  de 
Bastidas»  et  où  Christophe  Colomb  n*atterrit  que 
le  26  novembre  1503  (1),  il  revint  à  Cuba,  et  y 
acquit  de  grandes  propriétés.  Il  alla  en  Espagne 
en  1508  pour  se  faire  confirmer  dans  ses  pos- 
sessions et  obtenir  le  droit  de  faire  de  nouvelles 
découvertes.  Il  y  retrouva  Ojeda,  qui  sollicitait 
dans  le  même  but  Ojeda  (voy.  ce  nom)  obtint 
du  roi  de  Castille  la  concession  des  terres  qui 
s'étendaient  depuis  le. cap  La  Vêla  jusqu'à  la 
moitié  du  golfe  deUraba  (la  Nueva-Àndalucia), 
La  partie  située  depuis  Tautre  moitié  du  golfe 
jusqu'au  cap  de  6racias-à-Dios  fut  donnée  à  Diego 
de  Micuesa  sous  le  nom  de  CasUlla  del  Oro, 
La  rivière  de  Darien  séparait  les  possessions  des 
deux  conquistadores.  Ferdinand  mit  en  même 
temps  à  leur  disposition  111e  de  Jamaîca  d'où  ils 
devaient  tirer  les  ressources  qui  leur  seraient 
nécessaires,  à  la  charge  par  eux  de  verser  au 
trésor  royal  le  quint  de  leurs  bénéfices  durant 
dix  années ,  le  roi  se  réservant  au  bout  de  ce  temps 
de  disposer  à  son  gré  des  terres  découvertes. 
Les  deux  conquistadores  partirent  ensemble  de 
San-Lucar  en  1509;  mais  arrivés  à  Espafiola 
CHaïti),  ils  eurent  des  différends  si  graves  qu'a- 
près plusieurs  provocations  mutuelles,  ils  sépa- 
rèrent leurs  intérêts.  Ojeda,  qui  avait  tous  les 
torts,  partit  le  premier,  débarqua  près  de  Carta- 
gêna  (nova)  et  vit  périr  presque  tous  ses  gens 
sous  les  coups  des  Indiens.  11  errait  avec  une 
poignée  des  siens  dans  les  mangliers  {rhizophora 
mangte)  de  lacOte,  lorsqu'on  signala  l'arrivée 
de  Diego  de  Nicuesa  avec  sept  caravelles  portant 
chacune  cent  hommes.  Nicuesa  oublia  ses  griefs 
contre  Ojeda,  et  tous  deux  ne  pensèrent  plus 
qu'à  venger  la  mort  de  leurs  compatriotes.  Leur 
première  action  fut  de  cerner  et  brûler  durant  la 
nuit  le  village  de  Yurbaco  composé  de  plus  de 
cent  cabanes;  hommes,  femmes,  enfants,  tons 
périrent  dans  les  flammes  ou  sous  le  fer  des  Cas- 
tillans (2).  Après  cet  exploit,  les  deux  aventuriers 
espagnols  se  séparèrent  de  nouveau.  Diego  de 
Nicuesa  s'embarqua  à  Cartagéoa  pour  se  rendre 
à  Yeragua.  Trahi  par  un  de  ses  officiers,  Lopé 
de  Olaôo,  iî  ne  fut  pas  suivi  par  sa  flottille,  et 
poussé  par  une  tempête,  dut  échouer  sur  une  lie 

(1)  Le  srand  navisitear,  Ignorant  lei  déoooTcrles  pré- 
eédentet,  doona  à  ee  port  le  oon  de  Bseribanot.  IHcKp 
de  Nlcuen  lai  doooa  pliu  tard  celai  de  Nombrt'dt-Dtof, 
qol  prévalut  longtemps. 

(t)  Seloa  Berrera  alz  eafuits  forent  aanvés  et.tapUtéa. 


déserte  où  beaucoup  de  ses  compagnons  mou- 
rurent. Olano,  qui,  débarqué  à  l'embouchure  dn 
Rio  de  fiélen  (1) ,  avait  aussi  perdu  ses  navires 
et  quatre  cents  dès  siens ,  n'était  pas  dans  une 
meilleure  position  que  son  chef.  U  lui  envoya 
pourtant  un  brigantîA  pour  le  transporter  en 
terre  ferme,  et  se  confia  à  sa  miséricorde.  Ni- 
cuesa lui  fit  grâce.  Pressé  par  la  faim  et  la  ma- 
ladie qui  chaque  jour  lui  enlevaient  quelqu'un  des 
siens  (2),  Nicuesa  résolut  de  s'avancer  vers  l'est 
Il  embarqua  la  plus  grande  partie  de  son  monde 
sur  trois  embarcations  construites  à  la  hftte,  et 
laissa  le  reste  sous  le  commandement  do  capi- 
taine Alonzo  Nunez  {vog.  ce  nom).  Nicuesa  fit 
aiguade  à  Porto  Bélo,  où  il  retrouva  une  ancre 
abandonnée  par  Christophe  Colomb.  Vingt  Es- 
pagnols s'étant  aventurés  dans  nntérieor  do  pays 
y  furent  tués  par  les  indigènes.  Nicuesa  se  porta 
à  sept  lieues  plus  loin,  dans  un  port  des  Indiens 
Chuchureyes,  qui  paraissaient  hospitaliers;  il  y 
forma  un  établissement  fortifié,  qui  fut  appelé 
Nombre-de-Diot  (nom  de  Dieu)  (3).  Nicuesa  prit 
possession  du  pays  au  nom  du  roi  d'Espagne  ;  mais 
les  naturels  eurent  peu  d'égards  pour  cette  forma- 
lité banale,  et  bientôt  le  conquistador  se  vit  bloqué 
dans  un  étroit  espacede  terrain  :  deux  cent  quatre- 
vingt-cinq  de  ses  compagnons  furent  tués ,  et  le 
peu  qui  lui  en  restait,  obligé  de  se  tenir  sans  cesse 
à  l'abri  des  flèches  empoisonnées  des  Indiens, 
fut  réduit  à  manger  des  crapauds,  des  gre- 
nouilles, des^ézards  et  de  Pécorce  de  palmier, 
dont  ils  faisaient  des  gâteaux  (palnUtos).  Il 
était  dans  le  plus  grand  des  dangers,  lorsqu'un 
certain  nombre  de  soldats ,  reste  de  l'expédition 
du  bachelier  Encisa,  Rodriguez-Enriquez  de  Gol- 
menarès,  lui  amena  soixante  hommes  et  dçox 
bâtiments  chargés  de  vivres  ;  mais  ayant  relàêhé 
à  Santa-Marta  (  Gayra  ),  il  se  laissa  surprendre 
par  les  Indiens,  qui  lui  tuèrent  quarante-six 
hommes.  Il  gagna  Darien  avec  les  survivants 
(15  novembre  1510).  Nunez  de  Balboa  y  fomenta 
une  révolte,  et  lorsque  Nicuesa  se  présenta  de- 
vant Darien,  on  loi  signifia  qu'il  n'eût  pas  à  dé- 
barquer. Mourant  de  faim  et  sans  vêtements 
ainsi  que  ses  soixante  compagnons ,  il  offrit  de 
se  rendre  à  discrétion,  quoiqu'il  fût  dans  les  li- 
mites de  son  gouvernement  Ses  sopplicatloiis 
ne  furent  pas  écoutées;  descendu  à  terre  clan- 
destinement, il  fut  bientêt  arrêté,  et  sans  l'inter- 
vention de  Balboa  il  eût  été  rais  à  mort.  Son  sort 
ne  fut  guère  meilleur;  on  le  jeta  à  bord  d'un 
mauvais  brigantin  avec  dix-sept  hommes  qui  lui 
étaient  restés  fidèles.  On  n'en  entendit  plus 
parler  (4).  11  avait  découvert  deux  cent  soixante 


(i)  Rio  de  Bélen  on  de  BethUem»  alnat  Dooiné  par 
Coloml»,  qui  y  mouilla  le  S  Jaovier  iMt. 

(l|  Trente  d'entre  eu  «qui  cberetaalent  des  Ttwes,  ren- 
contrant le  cadavre  d'un  Indien  te  mangèrent,  qooiqoll 
fût  d^ll  corrompu:  lia  en  muorarenK  Rerrera). 

(S)  KicoeM  ayant  aperçu  ce  port  et  aea  rivages,  en- 
chanté de  leur  beauté,  s'écria  :  «  Paremoa  à  qnl  el  wmkta 
de  Dios!m  (Herrera).x 

(4)  Selon  qnelqaea  auteort  espagnols.  11  pnt  gagner  Citta* 


25  KICUESA  - 

milles  de  pays,  à  partir  de  Kombre-de-Dios  jas- 
qa'aux  it>chers  de  Darien.  Pedrarias  Davila  ▼en- 
gea  la  mort  de  Nicuesa  en  infligeant ,  en  juillet 
]âl4,  une  amende  de  quelques  millions  castil- 
lans à  Nunez  Balboa.  A.  de  Lacazr. 

Herrers,  jfonu  OrbU,  etc..  déc.  1,  llb.  vu,  cap.  xiT" 
XTi  ;  Ub.  VllI,  eap.  i-vxu.  —  Le  P.  Caaila,  HUtoria  co- 
ngra^ea  de  ta  Nutca-Andalucia.  —  F.-L.  de  Goroera, 
UiUoria  gentral  de  tas  Indiat,  etr.,  Ub.  Il,  cap.  LYin. 

-  P.  Martyr,  déc.  111,  lib.  VI.  —  WashtagSon  Irviog, 
Bist.  de  CàrMophe  Colomb  (trad.  par  Defaucoopret  flls} 
Paru,  ta».  4  TOI.  ln-8*  ),  t  IV,  p.  7M4. 

KIDBB,   HIBDBft  OQ   RTDBB   (Jean),  Ta- 

meox  théologien  allemand,  né  à  la  fin  du  qua- 
torùème  siècle,  mort  en  1438  suivant  Cave,  ou 
en  1440  suivant  Écbard.  Après  avoir  pris  en 
1400  l'habit  de  Saint-Dominique  à  Cohnar,  il 
aUa  étudier  la  philosophie  et  la  théologie  à  Vienne 
en  Autriche,  et  reçut  la  prêtrise  à  Cologne.  En 
1414  il  assista  au  condie  de  Constance.  Il  re- 
tooma  ensuite  ii  Vienne,  où  il  expliqua  l'Écriture 
sainte,  et  devint  prieur  des  couvents  de  son 
ordre  à  Nuremberg  et  à  Bàle.  En  1428  il  accom- 
pagna dans  la  Franconie  le  général  des  Domini- 
cains, et  le  succès  qu'il  y  obtint  par  ses  prédica- 
tions le  fit  députer  au  concile  de  Bàle  (1431)  ;  il 
en  fut  un  des  plus  remarquables  théologiens. 
Choisi  par  cette  assemblée  pour  travailler  à  la 
conversion  des  hussites,  il  employa  d'abord  la 
doocenr  et  la  persuasion,  leur  écrivit  des  lettres 
pleines  d'encouragement  et  de  conseils,  se  rendit 
loi-même  au  milieu  d'eux  à  Egra,  et  les  déter- 
mina à  présenter  leurs  griefs  an  concile.  Les 
conférences  qui  s'ouvriren^  avec  les  députés  de 
la  Bohème  n'aboutirent  à  aucun  bon  résultat. 
Dâos  une  seconde  mission,  à  laquelle  il  prit  part 
ainsi  que  dix  autres  nonces,  Nider  fut  loin  de 
déployer  le  même  esprit  de  charité  et  de  con- 
dliatioD  :  il  fut  l'un  des  chefs  spirituels  de  cette 
croisade  qui  mit  la  Bohème  à  feu  et  à  sang,  qui 
brûla  les  villes  et  les  villages,  dévasta  les  cam- 
pagnes et  extermina  par  milliers  les  taboristes. 
De  retoor  à  Bile,  il  finit  par  se  séparer  du  con- 
die, et  alla  jusqu'à  loi  refuser  l'accès  de  son  cou- 
vent Parmi  les  nombreux  écrits  de  Nider,  on 
remarque  :  Prxeeptarium  divinx  legis,  seu  de 
decem  pra9cep/i«;  Cologne,  1472,  in-ibl.;  c'est, 
an  rapport  de  Brunet,  le  plus  ancien  livre,  avec 
date,  qui  ait  des  signatures;  réimpr.  à  Strasbourg, 
1476;  à  Paris,  1507,  1515,  etc.;  —  itfantia/e 
eonfessorum;  Paris,  1478,  in-fol.;  ibid.,  1489, 
lSl3yin-4*;  _  Tractaitu  de  lepra  morali; 
Paris,  1473,  in-fol., et  1489,  ^-4"*;  1514,  in^"*; 

—  Contra  perfidos  Judœos;  Essling,  1475, 
In-fol.;  —  Consolaiorium  timoratx  conscien- 
Ux;  Paris,  1478,  in-4'»;  Rome,  1604,  in-8*;  — 
Aurei  sermonei  (oiius  anni  ;  Spire,  1479,  hi-fo1., 
pluueors  éditions;—  Alphabetum divini amo- 
rtj;Alost,  1487,  in-8°;  Paris,  1516, 1526,  in-4«; 
ce  traité  de  l'élévation  à  Dieu  est  divisé  en  quinze 


«A  t1  nranratet  oâ  nn  tombeaa  Inl  fat  élevé.  Herrera  sle 
«atte  dovMe  elrcooataDce. 


KIEBUHR 


26 


tables,  composées  chacune  de  vingt-deox  échelles, 
dont  chaque  degré  commence  par  une  lettre  de 
l'alphabet  ;  il  a  été  faussement  attribué  à  Ger- 
son;  ^Sermones;  Strasbourg,  1489,  in-fol.; 

—  JHsposiiorium  moriendi;  s.  1.  n.  d.,  in-4'^; 

—  De  modo  bene  vH>endi;  Paris,  1494,  in-l6; 

—  De  re/ormaiione  religiosorum;  Paris, 
1512,  in-12;  —  De  contracHbus  mercatorum; 
Paris,  1514,  m-S'';  —  Formiearium,  seu  DUL' 
logus  ad  vitam  chrisiianam  exemplo  condi^ 
iionum  formicjB  incitativus  ;  Strasbourg,  1517, 
io-4'';Paris,  1519,in-4<'; Douai,  1602,  in-8%etc. 
«  Nider  a  recueilli  dans  ce  dernier  ouvrage,  dit 
Cbaudon,  tous  les  contes,  toutes  les  opinions  ri- 
dicules sur  les  revenants,  les  faotOmes,  les  in- 
cubes et  les  succubes,  la  divination ,  les  sorti- 
lége^,  les  exorcismes,  les  diables  et  leurs  ma- 
lices ,  rapportés  par  les  anciens  et  par  ses  con- 
temporains. Il  avoue  iogéouement  que  tout  ce 
qu'il  a  dit  des  sorders  et  des  magiciens  dans  le 
dnquième  et  dernier  livre  du  Formicariunif  il 
l'avait  appris  d'un  juge  de  Berne  et  d'un  moine 
bénédictin  qui ,  avant  sa  conversion ,  avait  été 
sorcier  et  très-babile  baladin  et  escamoteur.  » 
Jacques  Lenfant  attribue  à  Nider  un  traité  De 
visionibus  et  revelationibus  (Strasbourg, 
1517),  dont  il  parle  comme  d'un  ouvrage  rempli 
de  singularités.  K. 

BxoTliu,  Annalêt  êcelet.  —  Eehard  et  Qnétlf,  BM. 
êcriptor,  ord.  Prtedieat.^  I,  iSî.  —  Touron,  Hi$t.  du 
hommes  Ul.  d»  l'ordre  de  SainUDominique.  -  Daplo. 
516/.  des  avleurs  eeetés.^  X^e  sUcte.  —  J.  Lenfant, /Tiff. 
du  concile  de  Coiulance,  Ub.  V.  —  Branet,  JUamiel  du 
libraire,  —  Qulcherat.  Procès  de  Jeanne  d'Arc,  IV,  sot. 

NIBBUBB  (  Carsteiu),  célèbre  voyageur  al- 
lemand, né  le  17  mars  1733,àLudwigswôrth,  dans 
le  pays  de  Haroein  (Hanovre),mort  le  26  avril  1 815. 
Fils  d'un  paysan  aisé,  il  cultiva  lui-naème  pendant 
quelque  temps  les  terres  qu'il  avait  héritées  de 
son  père.  En  1753  un  ptocès  survenu  dans  son 
canton  fit  constater  qu'il  ne  s'y  trouvait  pas  un 
seul  arpenteur,  ce  qui  donna  au  jeune  Niebuhr 
le  désir  d'apprendre  cette  proftrssion.  Il  se  rendit 
à  Hambourg,  et  y  apprit  le  latin  et  les  matliéma- 
tiques,  qu'il  alla  ensuite  étudier  à  Gœttiogue.  Il 
venait  d'entrer  dans  le  corps  des  ingénieur^  ha- 
novriens,  lorsqu'il  reçut  en  1758  l'offre  de  faire 
partie,  comme  matbématiden ,  de  l'expédition 
que  le  gouvernement  danois  se  proposait  d'en- 
.voyer  en  AraNe.  Il  employa  les  dix-huit  mois 
qui  lui  furent  accordés  pour  s'instruire  dans  l'em- 
ploi qu'il  devait  remplir,  à  se  familiariser,  sous 
la  direction  de  Tobie  Mayer^  dans  la  méthode 
d'observer  les  longitudes.  Le  7  janvier  1761  il 
partit  de  Copenhague  sur  une  frégate  royale,  en 
compagnie  de  l'orientaliste  von  Haven ,  du  na- 
turaliste Forskaal ,  du  roédedn  Cramer  et  du 
peintre  Baurenfeind;  il  avait  refusé,  comme  ne 
le  méritant  pas,  le  titre  de  professeur,  qu'on  lui 
avait  destiné,  et  n'avait  voulu  accepter  que  celui 
de  lieutenant  du  génie.  Arrivés  aux  Dardandles, 
les  cinq  voyageurs  s'embarquèrent  sur  un  navire 
marchand  pour  Constantinople ,  et  passèrent  de 


37 


NIEBUHR 


28 


iàaa  Caire,  «è  •»  fanal  naÊM  te  10  noTemiire. 
lis  exammèreiK  af«o  «olo  les  nMqaMi  île  ocMe 
v9/kB  ainsi  que  le*  Pyramides,  gagnèrent  eamite 
Siiez  en  trafertaat  te  cUmIm  do  Sinan,  et  ptr* 
tirent ,  en  eeptemkre  17e%,  pour  Djedda.  Le  î9 
décembre  ils  déterquèrent  à  Lolieia.  De  là  ito 
pénétrèrent  dans  riaténeiir  de  TArabie  henreuse, 
explorant  te  paya  ehaani  aèlon  sa  spécialité. 
Leur  santé  souffrait  iKaoeuap  da  climat;  v<ob 
HaTen  succomba  te  ^S  mai  1763,  Ferskaal  te  10 
juillet.  Après  avoir  reçu  de  llman  de  Moka  on 
excellent  aoeueil,  tes  tron  survivants  s^embar- 
«tuèrent,  le  23  aoOt,  pour  tes  Indes  orientales; 
Baurenfeind  tnoarat  en  route.  Miebahr  et  Othr- 
ner  arrivèrtntle  11  aeptemlira  à  Bon^y;  ils 
y  firent  on  s^our  protoogé  et  eiaminèrent  les 
curiosités  des  environs.  Le  11  février  1764  Cra- 
mer fut  emporté  par  te  matedie.  Niebotir,  resté 
aeul  de  toute  Texpédition ,  visita  Surate  et  Kl as^ 
kat,  et  partit  ensuite  pour  la  Perse;  débarqué 
à  Boocbir,  te  4  février  1765,  il  visita  Chiras  «t 
les  ruines  de  Peraépolis,  passa  ensuite  par  Bas- 
eora,  Bagdad ,  Mosaoul  et  Alep,  parcourut  111e 
de  Chypre,  traversa  te  Palestine,  gagna  Damas, 
puis  Constentinople  par  TAnatolte,  et  arriva 
«nfin  à  Copenhague  en  novembra  1767.  GrAœ 
4-  sa  déKcatesae  scrupuleuse,  ce  long  voyage 
avait  coAté  à  peine  une  centaine  de  mille  franca. 
En  récompense  de  son  désintéressement,  il  re- 
çut do  gouvernement  danois  Tautonsation  de 
pnblter  à  son  profit  la  relation  de  Texpédition; 
de  plus  le  gouvernement  se  cbaiigea  des  frais 
des  planches.  Nommé  en  1768  capitaine  du  génie, 
HietMihr  devint  dix  ans  après  conseiller  de  justice 
à  Meldorf  dans  te  pays  de  Ditraare.  Les  deveire 
de  son  emploi,  qn*il  ranpttssait  avec  la  cons- 
cience qu'il  mettait  dans  tout  ce  qu'il  faisait, 
l'éloignèrent  pendant  quelque  tf  mps  de  ses  tra- 
vaux sur  tes  pays  qn'H  avait  paroooros  ;  mats 
il  parvint  plus  tard  à  les  reprendre.  Kln  1808  il 
reçut  te  titra  de  consôller  d*État;  six  ans  au- 
paravant il  avait  été  nommé  assedé  étranger 
de  l'In&titut  de  France.  On  a  de  hii  :  Betekrei^ 
bung  von  Arahien  (Description  de  TArabie); 
Copenhague,  1772,  in-4'*;  traduite  très-fautive- 
ment en  français  par  Mourier,  ibid.,  1773,  in-4r*; 
Amsterdam,  1774,  et  Paris,  1779  :  un  extrait  en 
a  paru  à  Biel,  1790,  <tt-8*;  —  Beisebesehrei' 
bimg  naeh  AraMen  une  den  umlktntwlfn  Làn^ 
âf.rn  (Voyage  en  Aralite  et  les  pays  voisins)  ; 
Copenhague,  1774-1778,  ^  vol  io-4*;  un  troi- 
sième volume  supplémentaire  a  fiara  à  Ham- 
bourg, en  1837  :  cet  ouvrage,  aussi  remarquable 
que  le  précédent,  contient  sur  TOrient  les  détails 
les  plus  exads  et  les  plus  précieux  ;  le  dernier 
volome  contient  une  ditaine  d^excelleots  Mé- 
moires  géographiques ,  historiques,  archéologi- 
ques et  autres,  qui  avaient  paru  précédemment 
dans  te  Deuisches  Jftiseicm.  C^est  encoce  à 
rfiebuhr  qu'on  doit  l'édition  des  travaux  de  son 
»mpagnon  Forskad  (voy.  ce  nom).  O. 
.  B.-G.  mebabr,  Ubm  Kanteni  lifMnkr  (Kld.  isiT, 


t»^).  "  Itaeler.  Métnobretur  C.  MéMkr  (tais  lei  Mé- 
ém  %\écmAémàM  eu  Im$erifUoiu,  ■nnée  104). 


HIBBCHB  {Barthold'Georges  ),c£^bre  his- 
torien allemand,  (ils  du  précédent,  né  à  Copen- 
hague, te  77  août  1776,  mort  à  Borni,  le  2  jan- 
vter  1831.  Salimilte  était  originaire  du  pays  de 
Dithman,  dans  teHotstein.  Ce  fut  dans  ce  dis- 
trict du  Dithmars  à  Meldorf  que,  deux  ans  «près 
te  nalsaance  de  Bartbold ,  son  père  aHa  remplir 
l'emploi  judiciaire  et  administratif  de  land" 
schreibtr  (  greffier  ).  Le  futur  historien  passa  son 
enfance  et  son  adolescence  dans  cette  petite  ville, 
loin  des  distractions  et  privé  par  te  fîiUesse  de 
sa  santé  des  bruyants  amusemente  de  son  âge. 
Tout  son  temps  appartenait  %  Pétude.  Un  litté- 
rateur instruit,  Botes,  qui  vint  s'établir  à  Meldorf 
en  1781  comme  gouverneur  (landvagt)^  lui  fut 
très-utile.  W^  Botes  loi  enseigna  te  français. 
Son  père  lui  apprit  Tangtais,  la  géographie,  les 
éléraents  des  mathématiques  et  do  latin.  Ses 
progrès  forent  si  rapides  que  Boîes  le  représen- 
tait en  1783  comme  un  prodige  de  savoir  jové> 
nile.ffiebuhr  ne  fit  que  passera  l'école  publique 
de  Meldorf  (1789-1790).  Il  reçut  avec  plus  de 
profit,  pendant  quatre  ans  (1790- 1794),  les  leçons 
du  phitelogae  Jaeger.  Cette  période  si  fructueuse 
de  son  éducation  fut  interrompue  par  un  séjour 
de  trois  mois  à  Hambourg  (1792),  dans  une 
sorte  d'école  commerciale,  tenue  par  un  ami  de 
son  père,  te  professeur  Biïsch;  mats  il  revint 
vite  aux  leçons  de  Jaeger.  n  passait  d^à  pour 
nn  excellent  paléographe  ;  Fréd.  Monter  et  Heyné 
te  prièrent  de  collalionner  pour  eux  flivers  ma- 
nuscrits. Pour  le  sentiment  et  l'intelligence  de 
l'antiquité,  il  dut  beaucoup  aux  entretiens  de  l'il- 
lustre traducteur  Voss,  qui  venait  de  temps  en 
temps  visiter  Carsten  Ntehuhr.  Des  études  pour- 
suivies avec  tent  d'ardeur  et  de  succès  te  prépa- 
raient parfaitement  à  la  tAcfae  d'tnterpiète  et 
d'historien  de  l'antiquité.  Son  père  aurait  pré- 
féré pour  lui  une  carrière  plus  active;  mais  voyant 
que  le  jeune  homme,  avec  sa  constitutîoQ  débile 
et  nerveuse,  était  peu  propre  aux  lointains  voya- 
ges,  il  te  laissa  libre  de  suivre  ses  inclinations. 
11  fut  cottvemi  que  Barttiold  irait  adiever  ses 
études  à  Kiel  et  à  GeeAtîogue. 

Hiebuhr  pawa  près  de  deux  ansi  l'université 
de  Kiel  (1794-1796).  Il  se  perfectionna  dans 
l'histoire  et  les  langues  anciennes,  fit  une  étude 
approfondie  de  la  philosophie  de  Kant  et  du  droit 
romain,  et  forma  des  relations  avec  des  hommes 
de  mérite,  tels  que  Hegewisch,  Jacobi,  Schlos^er, 
tes  deux  Stolberg,  Cramer,  Reinhold,  Bagges- 
sen,  Thibaut  et  te  comte  Moltke.  Le  fait  le  plus 
remarquable  de  son  séjour  à  Kiel  fut  un  ioddent 
domestique  qui  mérite  d'être  noté  parce  qu'il  eut 
sur  sa  carrière  une  grande  influence.  Il  connut 
chez  le  docteur  Henster,  professeur  de  médecine, 
une  jeune  dame  du  Dithmars ,  veuve  d'un  fils 
du  docteur,  et  cette  connaissance  devint  bientôt 
une  amitié  qui  ne  devait  finir  qu'avec  sa  vie.  U 
aurait  désiré  l'épouser  ;  mais  te  trouvant  Iné- 


mEBUHR 


90 


feraalable  dans  le  ^foea  qu*clie  dmàH  fait  à  la 
woti  de  «OB  mari  de  ne  pas  se  remarier,  il  la 
pria  de  loi  désigner  une  femiBe.  M"**  Hensler, 
afvè»  qnelqiie  hâitatioo,  indiqua  sa  propre  sœur, 
Amâie  Béhrena  qni  habitait  Heydt,  chef-lien 
éa  Dilhraars.  Niebobr  respecta  religiemeBMnt 
s  ee  choix  ;  mais  le  moment  n'était  pas  Tcnn  de 
féaliaer  son  projet  de  mariage.  Il  n^aTait  enoore 
BEI  fortune  ni  position.  Kn  janvier  1796  le  comte 
de  SdnmmelmaBA,  ministre  des  finances  en  Oa- 
nemari,  lui  proposa  la  place  de  secrétaire  parti- 
cnfier.  Son  père  se  bâta  d'accepter  cet  emploi 
pour  le  jeune  étudiant,  qui  entra  en  fonctions  au 
nois  de  mars  1796.  Sa  timidité  et  ses  habitudes 
stodieufles  lui  firent  trouver  désagréable  sa  po* 
sitiott  de  secrétaire  d*un  ministre,  et  il  T'échangea 
bientôt  contre  celle  de  secrétaire  de  la  biMio- 
tbèque  royale  de  Gopenhague,  qu'il  occupa  de  mai 
1797  à  anil  1798.  Il  donna  vers  ce  temps  une 
preuve  coriense  de  se^  connaissances  dans  la 
bibiiograpfaie  ancienne.  Le  général  Bonaparte, 
par  le  traité  de  Tolentino  conclu  avec  le  pape 
Pie  TI,  avait  stipulé  la  cession  à  la  France  de 
cinq  cents  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  Ya- 
ttcm.  niebahr  rencontrant  chez  M.  de  Schim- 
melroann  Groovelle,  envoyé  de  la  république 
française  à  Copenhague,  parla  avec  tant  de  sa- 
Totr  des  manuscrits  qu'il  fallait  cboisn*,  que 
Groavdie  lui  demanda  un  mémoire  ii  ce  sujet  Le 
mémoire  rédigé  en  trois  jours  fut  aussitôt  trans- 
lus  à  Charles  Delacroix,  ministre  des  relations 
extérieures  en  France;  M.  de  Golbery  Ta  publié 
dans  le  t.  TU  de  sa  tradodion  de  VHistoire 
romaine.  Niebobr  pensait  que  les  trésors  de 
Tantiquité  hiutilement  enfouis  dans  le  YaticaQ 
serment  plus  accessibles  dans  la  bibliothèqoe 
nationale  de  Paris;  mais  bien  que  dans  o^ 
dreonstance  il  s'associAt  par  ses  conseils  à  un 
acte   du  gouvernement  français ,  il  n*éprouvait 
aocane  sympathie  pour  la  politique  et  les  vie- 
toires  de  la  république.  Ses  vœux  étaient  plotAt 
pour  la  grande  adversaire  de  la  France,  pour 
l'Angleterre.  11  obtint  un  congé  en  avril  1798,  et 
après  avoir  visité  en  compagnie  de  Hensler  et 
de  sa  belle-fine  les  villes  de  Heydt  et  de  Meldorf, 
9  s'embarqua  pour  FAngleterre.  11  passa  trois 
mois  4  Londres,  etserendit  ensuite  à  Edimbourg, 
00  il  fat  accueils  avec  empressement  par  un  an* 
ôen  capitaine  de  vnssean,  de  la  fimnlle  des  Scott 
de  Norfwnrgshire,  qui  avait,  trente-dnq  ans  ao- 
paraTant,  reçu  à  son  bord  réebohr  le  voyageur. 
ÏA  pendant  une  année  11  se  livra  avec  ardeur  à 
son  goût  pour  l'étude ,  et  l'on  remarque  qu'il 
s'adonna  de  prélërence  aux  sciences  naturelles  et 
à  U  diimie.  En  quittant  Edimbourg,  il  consacra 
enoore  trois  mois  à  visiter  les  priocipaleB  villes 
d'An^eterre,  puisTcrsIa  fin  de  1797  il  revint  dans 
le  fioUtein.  En  avril  1800,  il  obtint  à  Copenha- 
gue la  place  d^aasesseur  au  conseil  du  commerce 
et  de  la  banque  et  de  secrétaire  de  la  direction 
do  consolât  «fricaio,  et  le  mois  suivant  il  épousa 
BefareoB.  Le  jmne  émdit»  forcé  de  con- 


sacrer loote  son  atlenVoi  à  des  «ullières  dn 
finance  et  de  commerce,  s'aoqoMa  de  ses  fonc- 
tions avec  «ne  habileté ,  un  nèle  et  on  désintéres- 
sement qui  hii  méritèrent  reetirae  et  raffection 
de  ses  eoHègues  et  deees  sopérieurs  etqm',  suivant 
ce  quli  rapporte  dans  tes  lettres,  lui  gagnèrent 
même  les  coboiv  des  joilii.  Au  printemps  de 
1803  11  remplit  «ne  importante  mission  fman- 
cière  en  Allemagne  et  visita  à  cette  occasion 
Hambourg,  Leîpsig,  Francfort,  Ca^sel.  A  son 
retour,  il  fut  nommé  diredeor  de  la  banque  et  du 
bureau  des  Indes  orientales.  Malgré  l'importance 
de  ses  fenctioos,  il  trouvait  quelques  moments 
de  loisir  pour  l'étode.  En  1804  il  envoya  à  son 
père  la  traduction  d'un  fragment  de  l'histoire 
arabe  de  la  conquête  de  TAsie  sous  les  premiers 
califes  par  Elwockidi.  II  ne  négligeait  pas  l'his- 
toire ancienne.  Ce  fut  à  cette  époque  qu'il  ébau- 
dia  dans  une  dissertation  sa  théorie  sur  les  km 
agraires  chez  les  Romains,  qui  occupa  plaa  tard 
une  place  essentielle  dans  son  grand  ouvrage.  En 
se  livrant  k  ces  travaux,  il  regrettait  vivement  de 
ne  pouvoir  consacrer  à  Pinvestigation  des  pro- 
blèmes historiques  que  de  rares  moments  dé- 
robés aux  détails  minutieux  de  la  comptabilité. 
Il  aurait  ahné  une  société  dliommes  inetraita, 
et  presque  toutes  ses  retations,  noos  dit-il,  étaient 
avec  des  marchands,  des  banquiers  et  des  juifii. 
Aussi  quand  Stein,  ministre  des   finances  en 
Prusse,  lui  oRKt  la  place  de  directeur  de  la  bon- 
que  de  BerUn ,  il  accepta  la  proposition,  et  se 
démit  de  tous  ses  emplois  à  Copenhague.  Un 
des  motifs  qui  le  décidèrent  était  son  antipathie 
contre  la  politiqoe  française  (1).  Il  se  rendit  à 
Beriin  au  mois  d'octobre  I806,au  moment  oè  la 
Prusse  venait  de  déclarer  la  guerre  à  ta  France, 
quelques  jours  avant  la  bataille  d^léna.  A  peine 
était^  installé  à  la  banque  qu'U  falhit  fuir  d'a- 
bord à  Stettin,  puis  à  Dantzig,  à  Keenigsberg,  à 
Memd,  à  Riga.  Au  mUieu  des  épreuves  de  cette 
Alite  précipitée,  voyant  sa  femme  malade,  ter- 
rifié par  la  dmte  de  la  cause  k  laquelle  fl  avait 
fié  sa  destinée,  I^buhr,  avec  son  tempérament 
nerveux  et  son  caractère  impressionnable,  tomba 
dans  un  désespoir  prcfond.  «  Heureux,  écrivait- 
il,  ceux  qui  n'ont  pas  d*enfants  I  Peut-être  U 
serait  bon  pour  des  nations  entières  de  périr 
avec  cetle  génération...  Noos  verrons  bientât 
comment  les  Français  gouverneront  le  monde. 
Ce  qoe  nous  ne  verrons  pas  dans  sa  consomma- 
tion, mais  ce  que  nous  pouvons  déjà  apercevoir 
dans  son  commencement,  cTest  la  dégénération 
de  llntelligence ,  l'extinction  du  génie,  de  tous 
les  sentiments  d'indépendance  et  de  liberté  ;  le 
règne  do  vice  et  de  la  sensualité  sans  même  le 

(I)  n  TeiMlt  <reo  dooncr  k  preove  dMi  ooe  tndoe- 
tloB  de  Is  première  PhUii^lque  de  Dénoethéne  dddiee  à 
remperear  Aleiandre  ;  Hambourg,  ISOS,  la-8*.  Les  notée 
•ont  rempnei  d'alloaloos  anx  clrconatancn  du  momeiit 
et  contiennent  des  appela  Indirects  à  une  coalition  contre 
la  France.  Cette  traduction  reparut  enr  ISSI.  avec  qoel- 
qaea  noiet  DooTeUcs»  mala  tou^mrt  dînâtes  cootre  la 
France. 


81 


NIEBUHR 


19 


déguisemeot  de  lliypoerUie,  la  décadence  da 
goût  et  des  lettres.  » 

Niebnbr  ne  8*arrachait  à  son  accablement 
qa*en  se  plongeant  dans  les  travanx  littéraires, 
et  il  profitait  de  son  séjour  à  Riga  après  la  ba- 
taille de  Friedland  (  join  t807  )  pour  étudier  le 
russe  (1).  Il  ayait  songé  un  moment  à  entrer  au 
service  de  la  Russie.  Le  traité  de  Tilsitt,  qui 
laissait  subsister  une  partie  de  la  Prusse,  et  le 
retour  de  son  ami  Stein  aoi  affaires  le  décidè- 
rent à  garder  sa  position  dans  les  finances.  Les 
mesures  hardies  et  habiles  au  moyen  desquelles 
Stein  fit  face  à  une  situation  presque  déses- 
pérée ne  peuvent  être  exposées  ici;  il  suffit 
de  remarquer  que  Niebuhr  ne  lea  approuva 
pas  toutes.  Conservateur  timide  et  un  peu  trop 
attaché  aux  choses  anciennes,  il  fit  des  objec- 
tions à  la  manière  trop  radicale  suivant  lui  dont 
fut  elTectuée  l'abolition   du   servage  (octobre 

1807  )  ;  il  en  résulta  quelque  embarras  dans  les 
rapports  des  deux  amis.  Il  était  difficile  qu'un 
homme  d*État  énergique  et  pratique,  plein  de  con- 
fiance et  de  ressources  comme  Stein,  s*entendtt 
parfaitement  avec  un  grand  érudit  qui  vivait  trop 
volontiers  dans  le  passé  et  ne  prévoyait  que 
malheurs  dans  Tavenir,  bien  que  cet  érudit  fût 
un  excellent  financier.  Le  premier  ministre,  pen- 
sant que  ses  talents  seraient  plus  utiles  à  i*é- 
tranger  qu*à  Kœnigsberg,  l'envoya  négocier  un 
emprunt  en  Hollande.  Niebuhr  était  parfaitement 
propre  à  cette  mission,  qui  dura  plus  d*un  an 
(  jusqu'en  avrff  1809),  et  qui  aurait  réussi  sans 
la  défense  faite  par  Napoléon  au  roi  de  Hollande 
d'autoriser  l'emprunt  D'Amsterdam,  où  il  con- 
sumait son  habiteté  dans  une  négodationimpos- 
sible,  Niebuhr  voyait  avec  elTroi  Stein  et  Scbam- 
horst  disposés  avec  Taide  de  l'Autriche  à  re- 
commencer la  lutte  contre  la  France  (juillet 

1808  );  il  écrivit  lettre  sur  lettre  contre  un  pa- 
reil projet.  Phocion,  disait-il,  avait  prudemment 
averti  les  Athéniens  de  se  soumettre  à  Philippe, 
et  Jérémie  avait  donné  un  admirable  conseil 
au  petit  nombre  de  rebelles  qui  doutaient  de  la 
mission  divine  de  Nebuchadnazzar  et  qui  recher- 
diaieot  l'appui  de  l'Egypte.  Les  exemples  de 
Phocion  et  de  Jérémie  n'auraient  pas  arrêté 
Stein  ;  mais  ses  projets  furent  révélés  au  gou- 
vernement français,  et  il  dut  donner  sa  démis- 
sion (décembre  1808)  et  s'éloigner  de  la  Prusse. 
Niebuhr,  plus  désolé  que  jamais  et  obligé  de 
quitter  la  Hollande,  alla  passer  quelque  temps 
dans  le  Holstein.  Là  il  apprit  la  téméraire  ten- 
tative de  Schill,  qui  lui  parut  devoir  décider  du 
sort  de  la  Prusse.  L'orage  fut  moins  terrible 
qu'il  qe  pensait,  et  la  redoutable  année  d'Eck- 
mûhl  et  de  Wagrara  n'apporta  aucun  nouveau 
dommage  à  la  monarchie  de  Frédéric-Guillaume. 
Niebuhr,  un  peu  rassuré,  se  rendit  i  Kœnigsberg, 
et  fut  nommé,  en  décembre  1809,  conseiller 

(1)  En  décembre  ISOT  Cartlen  Nlebohr  éerIvaU  qve 
•on  flU  MvaU  vlogt  bogact,  et  U  eit  proknMe  que  celui- 
cl  i^outa  encore  à  la  liste. 


privé,  directeur  de  la  dette  nationale  et  de  la 
monfiaie.  Mais  s'il  avait  eu  de  la  peine  à  s'en- 
tendre avec  Stein,  il  ne  s'entendit  pas  du  tout 
avec  Hardenberg,  et  voyant  qu'il  ne  pouvait  pas 
faire  adopter  ses  plans  de  finances ,  il  donna  sa 
démission  (  1810  ),  et  reçut  en  échange  de  la  di- 
rection de  la  dette  et  de  la  monnaie  la  place 
d'historiographe  du  roi ,  vacante  par  la  mort  de 
Jean  de  MuUer.  Vers  la  même  époque  il  fut  élu 
membre  de  l'Académie  de  Berlin  et  nommé  pro- 
fesseur d'histoire  ancienne  à  l'université  nouvel- 
lement créée  dans  cette  ville.  Il  commença  en 
1810,  et  continua  pendant  près  de  trois  ans  le 
cours  qui  a  servi  de  base  à  l'immortel  ouvrage 
que  nous  apprécierons  pins  tard.  Dès  lors  la 
nouveauté  de  la  méthode  et  la  grandeur  des 
résultats  annoncèrent  une  œuvre  de  Tordre  le 
plus  élevé.  Le  succès  de  son  cours  redoubla 
l'ardeur  de  l'illustre  érudit,  qui  pour  la  première 
fois  pouvait  s'appliquer  sans  réserve  à  ces  re- 
cherches, à  ces  spéculations  auxquelles  le  dispo» 
saient  admirablement  sa  mémoire,  son  imagina- 
tion et  son  immense  savoir.  Les  philologues,  les 
jurisconsultes,  les  historiens  les  plus  distingués 
de  la  Jeune  université,  groupés  autour  de  lui  dans 
une  sorte  de  petite  académie,  l'assistaient  de 
leurs  conseils.  Il  a  proclamé  étoqoemment  dans 
la  préface  de  sa  première  édition  tout  ce  qu'il 
devait  à  Savigny,  à  Buttmann,  à  Heindorf,  à 
Spalding,  qu'il  perdit  en  1811  (1).  Ces  trois  an- 
nées furent  les  plus  belles  et  les  plus  fécondes  de 
sa  vie.  «  Ce  fut  une  bien  belle  époque,  dit-il , 
que  celle  de  rouverturé  de  l'université  de  Ber- 
lin ;  alors  s'écoulèrent  dans  l'enthousiasme  et  la 
félicité  les  mois  pendant  lesquels  j'esquissai  pour 
mes  leçons  et  j'achevai  pour  la  publication  ce 
qu'embrassent  les  premiers  volumes  ^e  cette 
histoire  :  avoir  joui  de  ce  temps,  avoir  parti- 
cipé aux  événements  de  1813,  c'en  est  assez  pour 
rendre  heureux  la  vie  d'un  homme  quand  même 
elle  n'est  pas  restée  exempte  de  quelques  tri&les 
sensations.  »  (Pré face  de  l'édit.  de  1827,  trad. 
de  Golbéry).  Les  désastres  de  l'armée  française 
en  Russie  provoquèrent  en  tousse  un  mouvement 
national  auquel  Niebuhr  s'associa  vivement.  Lui, 
le  philosophe  érudit,  l'homme  de  la  vie  studieuse 
et  retirée,  il  prit  le  fusil  et  fit  l'exercice  comme 
un  jeune  recrue.  Le  gouvernement  pensa  que  ses 
talents  pouvaient  être  mieux  employés,  et  Stein, 
devenu  le  grand  agent  de  l'alliance  russe-prus- 
sienne et  dn  soulèvement  de  l'Allemagne,  l'appela 
à  partager  ses  fonctions.  Mais  Niebuhr,  avec  son 
caractère  peu  pratique  et  irritable,  ne  comprit 
rien  aux  ménagements  de  Stein  pour  la  politique 
ambitieuse  de  la  Russie,  et  ne  le  trouvant  pas 

(1)  «  Il  y  a  »  dlt-ll,  noe  IniptratloD  qui  naît  4t  la  pré- 
Bcnce  et  de  la  société  de  penonnet  aiinéet  ;  une  In- 
fluence Immédiate  par  laquelle  les  Moset  se  rérélenl  * 
nous,  réfetllenl  le  zèle  et  la  force,  éelalrdsaent  notre 
vue;  c'est  i  cette  Inspiration  que, dans  tonte  ma  Yie, 
J'ai  dft  ce  quMI  y  eut  de  mieux  en  mol.  Ainsi  Je  dois  aux 
amU  au  milieu  desquels  )*al  repris  des  travaux  trop 
longtemps  abandonnés ,  on  faiblement  ponnulTls,  k  sue» 
céa  qulls  penvent  avoir  obleno.  • 


33 

assez  bon  Prassîen,  il  se  sépara  de  lai  aa  bout  de 
deux  oa  trois  mois.  Pendant  la  grande  crise  de 
1814- 181  S,  qui  changea  la  face  de  l'Europe,  il  n*eut 
qu'on  râle  insignifiant.  Une  mission  en  Hollande 
(férrier  1814),  des  leçons  de  finances  et  d'admi- 
ustntion  doonées  au  prince  royal  de  Prusse, 
une  petite  brochure  intitulée  :  Droits  de  la 
Prusse  contre  la  cour  de  Saxe,  un  mémoire 
sur  la  liberté  de  la  presse,  et  une  défense  des 
fiocié(é&  secrète»  qui  avaient  préparà  en  Alle- 
migne  le  mouvement  de  Tindépendance  sont  les 
seoles  traces  de  sa  participation  aux  aflaires 
publiques.  Dana  aa  vie  privée  il  fut  douloureu- 
sement atteint  en  1815  par  la  mort  de  son  père 
et  par  celle  de  sa  femme.  Dans  cette  même 
année  le  gouvernement  lui  ofTrit  Tambassadc  de 
Rome.  Il  partit  pour  l'Italie  en  1816,  après  avoir 
épousé  Marguerite  Hensler,  nièce  et  fille  adoptive 
de  M"*'  Hensler.  Sur  sa  route  il  s'arrêta  à  Vé- 
rone, et  exhuma  de  la  bibliothèque  de  cette  ville 
les  InsMutes  de  Gaïus,  contenues  dans  un  ma- 
noscrit  palimpseste  qui  avait  été  jusque-là  à 
peine  signalé  et  imparfaitement  examiné.  Il  ar- 
ma à  Rome  en  octobre  1816,  et  y  séjourna  pen- 
dant près  de  sept  ans.  Il  semblait  qu'un  poste 
qui  le  plaçait  sur  le  théâtre  de  l'histoire  qu'il 
avait  entrepris  de  raconter  devait  lui  convenir 
parfaitement;  il  n'en  fut  rien.  11  trouva  une 
Aome  qui  n'était  pas  celle  de  ses  études  et  de  ses 
rêves,  et  il  ne  pardonna  jamais  à  la  cité  moderne 
<le  ressembler  si  peu  à  l'ancienne.  Toute  sa  cor- 
respondance de  cette  époque  est  empreinte  d'une 
maovaise  humeur  excessive  à  l'égard  des  Ro- 
mains et  des  Italiens  en  général.  Ses  fonctions 
diplomatiques,  qui  avaient  pour  principal  objet  la 
coodusion  d'un  concordat  avec  la  cour  pontifi- 
cal', ne  contribuèrent  pas  à  lui  rendre  le  séjour 
de  Rome  agréable ,  quoiqu'il  fût  en  bons  rap- 
ports avec  le  cardinal  Consalvi,  secrétaire  d'État. 
D'abord  il  resta  quatre  ans  sans  recevoir  de  son 
^Temement  dlnstmctions  définitives;  puis 
quand  il  eut  à  peu  près  mené  les  affaires  à  bon 
terme,  le  premier  ministrede  Prusse,  Hardenberg, 
vint  k  point  à  Rome  recueillir  l'honneur  de  la 
conclusion  du  concordat.  Comme  dédommage- 
ment, Niebuhr  reçut  l'ordre  de  l'Aigle  Youge  de 
seconde  classe,  auquel  l'empereur  d'Autriche 
ajouta  la  décoration  de  première  classe  de  l'ordre 
deLéopold. 

Sa  mission  n'avait  pins  d'objet;  le  climat  de 
Rome  ne  convenait  pas  à  sa  jeune  femme;  il  sou- 
pirait après  ces  sociétés  savantes  de  TAllemagne, 
qu'il  regrettait  amèrement  de  ne  pas  retrouver  à 
Rome  ;  il  demanda  son  rappel,  et  obtint  un  congé 
d'un  an  (  1822  ).  Il  passa  l'automne  de  cette  an- 
aée  à  Albano  et  à  Tivoli,  et  au  printemps  de 
1S23  il  ne  rendit  à  Maples  pour  visiter  son  ami 
M.  de  Serre,  l'illustre  orateur  français,  alors 
ambassadeur  dans  cette  ville.  Il  partit  ensuite 
poor  Berlin.  En  route  il  s'arrêta  dans  la  vieille 
^Uye  de  Saint-Gall,  et  y  découvrit  les  poésies 
latines  de  Merobaude. 

KOCV.    BfOCK.   CÉNlvR.  —  T.   XXWm. 


NlEBLIia  84 

De  retour  à  Berlin ,  api^s  une  si  longue  ab- 
sence, il  s'y  trouva  dans  une  position  assez  diffi- 
cile. Il  n'avait  aucun  goût  pour  une  place  sub- 
ordonnée ,  et  le  roi  de  Prusse  ne  songeait  pas 
à  lui  donner  un  poste  important  dans  la  direc- 
tion des  affaires.  Lui-même,  avec  son  caractère 
et  ses  idées,  était  peu  propre  à  occuper  un  grand 
emploi  politique.  Dans  la  période  précédente  on 
l'avait  vn,  quoique  patriote,  très-opposé  aux 
mesures  qui  pouvaient  assurer  le  prompt  triom- 
phe de  la  cause  de  l'indépendance;  maintenant, 
quoique  libéral  en  théorie,  il  était  très-opposé  aux 
mesures  qui  auraient  introduit  la  liberté  dans 
les  institutions  de  l'Allemagne  et  de  la  Prusse. 
Cette  singulière  contradiction  entre  les  lumières 
de  son  esprit  et  la  timidité  de  son  caractère  le 
condamnait  dans  la  pratique  à  une  sorte 
d'inertie  inquiète.  Il  blÂmait  la  politique  inintel- 
ligente et  réactionnaire  du  gouvernement  prus- 
sien ;  mais  il  ne  voyait  aucun  moyen  d'y  remé- 
dier, a  J'ai ,  disait-il,  la  haine  la  plus  décidée 
pour  le  despotisme,  mais  je  ne  voudrais  pas 
pour  le  combattre  évoquer  le  démon  de  la  révo- 
lution, et  il  vaut  mieux  se  résigner  au  mal  que 
d'oqvrir  les  portes  de  Tenfer.  »  Avec  de  pareils 
sentiments,  n'espérant  rien  des  hommes  au  pou- 
voir et  redoutant  un  mouvement  qui  les  eût  ren- 
versés, il  renonça  tout  à  fait  à  la  politique,  et  se 
réfugia  dans  les  lettres.  Le  roi  se  montra  peu 
empressé  de  le  retenir,  tout  en  lui  offrant  va- 
guement un  portefeuille  de  ministre  (en  18?4)  ; 
maisil  lui  conserva  son  traitement  d'ambassadeur. 

Niebuhr  se  retira  à  Bonn,  où  une  université 
avait  été  récemment  établie  et  où  son  ami  et 
premier  secrétaire  d'ambassade  Brandis  était  pro- 
fesseur. Il  s'attacha  à  l'université  comme  pro- 
fesseur libre,  et  fit  un  cours  sur  l'histoire  ro- 
maine et  sur  divers  sujets  d'histoire  andenne. 
Il  ne  négligea  ancun  moyen  de  contribuer  aux 
progrès  de  la  philologie  et  de  l'archéologie.  Ce 
fut  dans  ce  but  qu'il  fonda  avec  Brandis  et 
Boeckh  le  recueil  périodique  intitulé  Rheini- 
sches  Muséum  (  1827),  et  qu'il  entreprit  une 
nouvelle  édition,  améliorée  et  augmentée,  de  !a 
collection  des  historiens  tïyzantins.  En  même 
temps  il  poursuivait  avec  ardeur  la  révision  ou 
plutôt  la  refonte  complète  de  son  Histoire  ro^ 
maine. 

Le  premier  volume  de  la  nouvelle  édition 
parut  en  1827.  La  publication  du  second  volume 
fut  retardée  par  un  incendie  (7  février  1830  ), 
qui  détruisit  avec  la  maison  de  l'auteur  le  ma- 
nuscrit de  l'ouvrage,  qui  dut  être  refait  de  mé- 
moire. Ce  volume  ne  parut  que  vers  la  fin  de 
1830.  La  préface  est  empreinte  du  profond  dé- 
couragement, du  sombre  désespoir  que  causait 
à  l'auteur  un  événement  récent,  la  révolution  de 
Juillet.  R  Je  n'en  étais,  dit-il,  qu'aux  deux  tiers 
du  travail  (la  préparation  d'un  nouveau  manus- 
crit pour  l'impression  ),  quand  la  démence  de  la 
cour  de  France  brisa  le  talisman  qui  tenait  en- 
chaîné le  démon  des  révolutions.  En  écrivant  le 

2 


u 


I7IEBUF1R 


3& 


reste  <1u  volume  iioiquemcnt  pour  ne  pat;  laisser 
imparCftit  ce  qui  était  commcticé ,  j'ai  eu  mas 
cesse  à  hitter  contre  des  SMâs  et  A»  cmiiiies 
toujours  renaissantes  :  s«as  cesse  je  me  v«\iBis 
menacé  delà  pei4e  de  ma  fiftrtune,  de  mes» biens 
)es  plus  précieux ,  de  mes  rapports  les  plus 
intimes.  J'avais  écrit  le  premier  volume  dans  la 
plus  grande  jouissance  du  présent,  ^ns  la  plus 
parfaite  quiétode  de  l'avenir.  Désormais  si  Dieu 
n'y  porte  un  secours  roiraenleux,  none  cnurons 
à  une  époque  de  despotisme  et  de  bartiaric , 
comme  celle  qui  fimppa  le  raondn  romain  vers 
le  milieu  du  troisième  siècle  de  notre  ère;  nous 
sommes  à  la  veille  de  voir  nnéantir  tout  bien* 
être  y  toute  liberté,  toute  civiltsation ,  toute 
science  (1  ).  »  Sous  Teroptre  de  cette  obsession 
morale,  qu'aggrava  la  révolution  de  fielgiqae, 
sa  santé  s'altéra  rapidement.  Les  muveUes  de 
France  le  tenaient  dans  vue  agitation  perpé- 
tuelle. Le  jour  de  Noël  il  revint  avec  la  fièivre 
d'un  salon  de  lecture  où  il  avait  lu  le  procès  des 
ministres  de  Charles  X.  Il  s'aMta,  et  ne  se  ne- 
leva  plus.  Il  expira  le  2  janvier  .1931.  M""  fiiie- 
buhr  ne  lui  survécut  que  de  quelques  jours.  Il 
laissait  de  sa  seconde  femme  quatre  enfants  : 
trois  filles  et  un  fils,  Marcos,  dont  il  est  souvent 
question  dans  ses  lettres;  ce  fils  est  -arrivé  à  une 
haute  position  en  Prusse,  dans  le  service  civil. 

Depuis  la  mort  de  Nielmhr  diverses  publica- 
.tions  ont  éclairé  tons  les  détails  de  sa  vie  et  de 
•on  caractère.  Un  Allemand  qu'il  avait  recueilli 
à  Rome,  Frands  Lieber»  a  poltiié  les  intéressants 
souvenirs  de  leurs  relations;  sa  belle-nanir  et 
son  amie  la  plus  dévouée.  M"**.  Hensler,  a  publié 
sa  Cmrespandanee.  M.  «de  Bunsen,  son  «mi  et 
ton  émule  dans  les  badles  é^es,  a  joint  à  une 
traduction  anglaise  de  cette  colleotion  de  pré* 
denses  notes  biographiques.  Ces  renseignements 
si  intimes  n'olTrent  rien  que  d'honorable  pour 
l'éminent  émdit  qni  y  parait  quelqoefbie  vif  et 
faritable,  mais  to^joura  généreux,  exempt  de 
petitesse  et  d'égoisoie ,  plein  d'ardeur  pour  la 
cause  de  la  vérité.  Comme  homme  public,  il  «nt 
des  défauts  que  la  Vie  de  Stein,  par  M.  Perta, 
a  clairement  révélés  ;  mais  on  ne  peut  lui  con- 
tester ni  le  patriotisme,  ni  une  parfaite  inté- 
grité, ai  tttt  zèle  infatigable  dans  Taccomplisse- 
ment  de  ses  devoirs  ofGciels. 


(1)  Il  édrlvatt  à  !•  même  épo^e  :  «  (?e«.t  «a 
conviction  que  ptrtlcuH^rcaii'nt  rn  Allemagne  nous 
marchons  rapidement  vers  ta  barbarie  et  f|ii'tl  n>n  est 
IMS  beaucoup  mieux  en  France.  Je  aats  désolé  de  le 
4Ure;  mais  U  est  anMl  clair  pour  mol  que  nous  aonmea 
mrnaeéi  de  dévnstaUona  pareilK'fl  à  ctllcs  d'il  y  a  drua 
cent!  ans,  et  que  hi  On  de  tout  cel:i  arra  le  despo- 
tisme régnant  ao  mlHru  4e  b  ruine  untversctte.  I>ans 
cinquante  ana,  et  probablemmi  iians  beaucoup  «oins  il 
n'y  aura  plus  trace  d'ioaUtutions  libres  ou  de  Itbniéde 
la  prcMC  au  moins  sur  le  continent.  »>  Dan^  la  suite  de 
la  lettre  Nlebtihr  explique  en  quoi  il  diffère  des  roya- 
Hsleii,  qui  k'atlaekent  à  des  tnstituUons  d<ierèpttes  «t 
usées,  t^ndU  qn  11  voudrait  régénérer  ces  Insllluttom  et 
leur  infuser  une  vie  nouvelle.  Celle  lettre^  r>t  Leile, 
bien  quil  soit  tmpoislble  d'en  tirer  des  conclusions  pra- 
Vques. 


Macaiilay  a  ilit  de  >'tehiilir  «  qu'il  aurait  Hé 
le  premier  écrivain  «le  Kon  temps  ai  son  ta- 
lent pour  communiquer  tes  vérités  avait  étéien 
pro|K>rtioa  <le  son  talent  pour  les  déeonvnr  «^ 
(  ê*tT/ace  des  Loys  of  ancmH  Rime).  En«fiet 
ce  quiimanqne  à  ^iobuhr,  c*est  l'art  id'^Mpnrttinn, 
et  œ  grare  défaut,  qui  le  rend  iNIKcile'è  cen»- 
prendre,  l*a  souvent  empêché  d*MreMen  ftiq^  «t 
estimé  4i  son  v^rMaUe  priK.  Un  antre  «ndheiir 
pmft'  sa  réputation,  «'«st  que  son  graml,  sm'nm- 
qne  ouvrage,  son  Histwieromûime^  m  resté 
inachevé.  «  Je  ne  demande  à'Dien,  disnl*!!, 
que  4^  m*ac«order  une  vie  esses  loagne  ponr 
que  je  finisse  oh 'Gibbon  ctmmenee.  >  Ce^vem 
ne  Mt  pas  exaneé.  Bien  loin  d^tteindre  4e  aiède 
des  Antooins,  Niebulir  ne  dépassa  pas  la  pre- 
mière guerre  punique ,  dans  «es  trais  volâmes» 
dont  le  troisièine  n'a  pas  même  reçu  les  der- 
niers soins  (le  rantenr.  Il  n*a  donc  laissé  qn*u» 
fragment;  mais  ce  fragment  est  Itnwvre  «liisto- 
riqne  la  plus  origmale  de  notre  époque.  Pour 
Tappréder  a^'ec  justice,  il  lant  se  leprtsealer  ce 
qu^était  Thistoire  romaine  avant  Mielmhr.  Les 
historiens  ou  plutM  les  eempilaten»  modernes 
qui  avaient  raconté  IMiistoire  romaine  n'avaient 
bit  qu'abréger  ou  délayer  Tite-Liive;  les  plus 
^rudits  avaient  emprunté  des  notions  aocessoirts 
è  Denys  d'Halicamasse  et  à  Plutarqoe.  Tous 
avaient   accepté  comme  des  faits  historiques 
sous  la  forme  rationnelle  que  leur  donnait  Tite- 
Live  les  fiables  et  les  légendes   des  premiers 
siècles  ;  ils  n'avaient  vu  avec  kri,  dans  l'histoire 
romaine,  que  le  développement  de  la  cMnrnnne 
de  Rome,  et  n'avaient  pas  étendu  leurs  rocher- 
dies  jusqu'aux  autres  tribus  italiennes  qui,  après 
avoir  disputé  à  la  dté  du  Tibre  l'hégémonie  de 
la  Péninsule,  l'aidèrent  à  conquérir  le  monde.  ▲ 
oôté  de  ces  hirtoriens,  dont  les  meillenra  sont 
Catrou  et  Hook,  des  érwUts  pU»  pénétrants  été»- 
▼èrent  des  doutes  sur  les  événements  racontés 
dans  les  cinq  première  livras  de  Tite-Live,  évé- 
nements que  rhistorien  lui-même  décJare  incer- 
tains an  début  de   son  sixième  livre.  Dès  le» 
premières  années  du  dix-septième  siècle,  da- 
vier, signalant  oe  passage  de  Vite-Lrve,  en  oon» 
dut  que  les  auteurs  latass  n'ont  pnooos  trans- 
mettre rien  ou  prasque  rien  d 'assuré  sur  les  évé- 
nements qui  précédèranl  la  prise  de  Reine  par 
les  Gaulois.  11  ajouta  que  l'histoire  romnine  n 
été  en  parrtie  fabriquée  par  des  Grecs,  qui  l'ont 
remplie  de  rêveries  et  de  mensonges.  Pimzonius, 
reprenant  l'idée  ingénieuse  ^deChàvier,  démontra 
avec  beaucoup  de  savoir  et  de  sagacité  que  les 
récits  des  historiens  romains  se  contredisent 
souvent  et  sont  toujours  en  ce  qui  cniceme  les 
premiers  siècle^  dénués  de  preuves.  Il  supposa 
que  l'histoire  romaine  prévient  en  grande  partie 
de  comimsitions  poétiques  anjourd'hiii  perdues. 
Cette  belle  hypothèse,  ne  trou\'ant  pas  les  es- 
prits pn'parés  à  la  recevoir,  resta  stérile  jus- 
qu'tiu  moment  où  Niebubr  la  recueillit  et  la  fé- 
couda.  Sur  d'autres  points,  le  scepticisme  de  du- 


17 


NIEBOilR 


fier  et  de  PeriEonios  {sa^n  do  teiTMi.  Btyie  le 
gliasi  dans  «on  Dictionnaire,  Lévesqse  de 
PwùUy  l'iAtrodaisIt  daiiKies  Mémoires  de  V.A- 
eadémie  d«  û»ertf)lt(m«,  0t  posant  les  Yéri* 
taWes  principeB  de  la  critique  flus  oette  ma- 
tière, il  difSiii(^  Irès-nerttenNnt  te  tradition 
de  rkifttoire.  Bevifort  ;poiMRa  enore  |ilaft  loin 
ïtê  eondiraions  oégiÉives  de  ^001%,  et  étendit 
j«gq8*«  l'eMpédition  de  «Pyritai  «la  période  dou- 
teuse de  rhiâ&oiie(fo«i»e;41  «Maya  nSmc^de 
reconstruire  «ette  èiitfoire  -snr  des  iMnes  filn 
cdlides;  mais  iln^aliootit  A  .atim  résoitat  «a- 
tisfaisint.  CtiarioB  LévoBqoe,   «fpii    vint  npifès 
fieaufiDrt,  n'ajoute  fien  aux  ebjaotionâ  ëe  son 
prédéce6Kei]r,eC  fat «ncore «loinsilMniieox dana 
sa  tentative  de  reoonstaiction.  Ainsi,  no  mo- 
ment où  parut  Niebotir  lliisloire  soniaine  se 
trouvait  ^placée  entre  «me  «er^nUté  oomplai- 
saote  et  un  sceptici^ime  inotilo;  l'illustre  énidit 
altemand  lui  ouvrit  -une  voie  nouvelle  et  fé- 
conde. S'il  rejeta  at»oIament  la  foi  InDpIfdte  de 
Bollio  et  de  Catrou,  il  n'eut  janMÎs  l'idée  de  se 
renfermer  dans  les  négations  de  Pooilly  et  d^ 
fiesufort  Ceux  qui  ne  voient  dans  son  œuvre 
ifue  le  scepUdsme  moi^eot  qu'ils  n'y  ont  rien 
compris.  Détruire  pour  détruire  répugnait  è  son 
esprit  sooveranneoiedt  affinnatif  et  conserva- 
teur. 11  ne  songea  pas  même  à  se  borner  à  de 
timides  tentatives  de  reconstniciion  partielle  :  il 
se  proposa  de  retrouver  la  véritable  histoire  ror 
maine  mal  comprise  et  défigurée  par  les  écri- 
vains du  siècle  d'Auguste.  L'entrepiise  était  har- 
die ;  elle  ne  paraîtra  présomptueuse  qu'à  ceux 
qoi  ne  connaissent  pas  l'immensité  de  son  sa- 
voir ou  ne  ae  wndent  |Mis  compte  de  l'efiica- 
cilé  de  sa  inéttiodi»..  De  son  savoir  il  a^été  assez 
question  dans  aettenoUce  pour  qu'il  soit  inutile 
d^nsi&ter  sur  ce  «psdot.  Un  critique  anglais  a 
dit  dans  lie  i'kilological  Muséum,  t  I,  p.  271.: 
«  Tandis  que   l'horizon   s'étendait  de  plus  en 
plus  devant  lui,  il  ne  se  rétrécissait  jamais  der- 
rière lui;  ce  'qu'il .possédait  une  fois  il  Je  gardait 
taujoors;  œ  qu'il  avait  .<^tpris  une  fois  ilcvicnait 
une  partie  de  naa  esprit  À  un  instruoumt  pear 
i'acquf&ilioa  de  nouvelles  oanBaJssanoes;4l  eat 
oa  des  Ivès^rares  exemples  d'un  homme  doué 
d'une  mémaine  si  tenace  ffo'elle  isemblait  inca- 
pable Ile  rien  oublier,  «t<d'iin«sprtt  si  «igourevx 
qnelaindjétreaecablépar:lets»votr,  iUe  domi- 
nait et  le  Maiotenaît>e6BStammentau  service  de 
l'énergiie  xféalriee  de  ia  pensée.  »  En  effet  pour 
répondre  à  sa  mélliodf,  il  faJJnit  non-senlemeBA 
qu'il  eùl  un  savoir  immenëe,  mais  -qu'il  l'eût 
coostanmoent  tout  «atiar  ot  dans  tans  «es  dé- 
tails, présent  à  sa  pensée.  W  oaaaidère  les  an- 
nales d€S|wi;|pteSy  non  comme  une  Buocf«!^ion  de 
faits  rattaic&éa  entre  eux  ptir  l'ordre  chronolo- 
gique, mais  comme  un  ensemble  organisé  et 
vivant  cil  tout  se  tient,  et  dont  toutes  les  parties 
sont  sobordoDoées  k»  unes  -aux  autres,  et  dé- 
terminées les  unes  par  les  autres  ;  de  sorte  que 
ai  Ton  possède  avec  certitude  quelques-unes  de 


I  crs  parth»,  on  fient  par  «ne  tadocttou  JégHime 
retrouver  les  autres.  On  a  justement  comparé 
nette  méthode  Àhi  méttiade  soienlKiqoe  de  On- 
vier.  De  même  qœle  «aturaligte,  au  nom  de  la 
correspondance  motaeMet  des /organes*  et  de  leur 
aaaoQurs  nécessaire  à  la  même  aotion  définitive 
par  'ime  réaction  réciproque,  reenastroit  avec 
des  «fragments  osseux  le«queietle  d*an  animal 
fossile,  de  mtme  Miabuiff,  afv«c  des  faits  épars, 
RNiUiés,  dégmdés,  nassnscile  one  époqoe.  Un 
detjp9emien  résnltsts  ile  BB:méthode  compara- 
tive lot  de  restltncr  aan'Aôte  «leur  véritable  ca- 
factkre  'et  d'étaldir  une  distinction  profonde 
entre  la  légende  et  IHiiatoire.  Oelle  distinction, 
que  M.  fQtotK  a  portée  au  detnier  'point  de  pré- 
oiaioo,  est  •devenue  ta  tnse  de  te  >criliqoe  his^ 
toviqae;  amot  Niebubc,  elle  «tait  éîé  rare- 
ment entrevue  et  if avait  jamaÎB  «été  appliquée. 
Lesprétendus  récits  hiatociqoes  des  premiers  siè- 
oleâ  de  la  Grèce  et  de  Rome  nVtateot  que  des 
légendes  données  pour  de  l'histaire,  et,  ce  qui 
est  pire,  déguisées  en  histoire  an  moyen  de  re- 
tranchements et  de  falsiicatians.  Un  des  plus 
grands  mérites  de  Niebuhr  fot  de  faire  cesser 
cette  confusion.  Son  étude  particulière  des  lé- 
gendes romaines  le  conduisit  à  penser  qu'elles 
provenaient  en  grande  piirtie  d'anciennes  compo- 
sitions poétiques  perdues.  Cette  hypothèse  est 
très-vraisembloblo  ;  mais  quand  même  on  la  re- 
jetterait, le  système  de  Niebulir  subsisterait  tou- 
jours. Après  avoir  séparé  dans  la  masse  de  faits 
que  lui  présentaient  les  annales  romaines  les  fic- 
tions des  faits  authentiques,  il  entreprît  avec  ces 
fhitSy  roalheurensemenl  peunorobroiix,  de  recons- 
tituer une  histoire  très-difléreote  ide  celle  de 
Tite-Live.  Pour  la  période  royale  il  ne  pré- 
tendit pas  (fbtenir  plus  qve  des  faits  généranx  ; 
mais  dès  qu'il  arriva  à  la  république  il  souBnt 
que  l'on  pouvait  restituer  une  narration  suivie 
et  véridiquc  avec  ses  principales  particularités. 
Dans  sa  restitution,  il  tnsistasor  deux -points  que 
Tlte«Live  avait  traités  légèrement  et  que  Denys 
d'Halicamesse  avait  exposés  sans  critique  et  sans 
ioteUrgenoe  *.  I  histoine  «des  autres  peuples  de 
l'ilaKe  et  jliistoine  de  la  oonstHation  romoine. 
L'ethnograpliie  dci'andenne  Italie  est  si  confuse, 
si  iraparfisitement  connue  qoe  colle  partie  du 
livue  de  Niebuhr  laisse  beaucoup  à  désirer  ;  mais 
enfin  il  a  ouvert  la  voie  et  forcé  les  historiens 
qui  l'ont  suivi  h  s^oconper  avec  soin  des  divers 
peuples  italiens.  Ses  vues  si  neuves  et  si  fécondes 
snr  ia  constitution  romaine  sont  sans  doute  sou- 
vent oantestat>les;  mais  on  ne  les  réfuterait  pas 
en  montrant  qu'elles  sont  contredites  par  Tite- 
Live  et  Denys  ;  car  ces  deux  auteurs  jugeaient 
^u  passé  ])ar>ce  qu'ils  voyaient  de  leur  propre 
iemps,  lorsque  tout  avait  prison  aspect  complè- 
tement difTérent.  Niebuhr  a-t-il  vu  ce  que  Tite- 
Live  et  Denys  d'Halicamasse  n*avaient  pas 
aperçu?  A-t-il  mieux  connu  l'ancienne  consti- 
tution romaine  que  deux  historiens  qui  vi- 
vaient sous  Auguste.'  Ce  sont  des  questions  dé- 


39 


NIEBUHR 


40 


licates;  pour  le»  résoudre  il  faudrait  discuter  les 
principales  hypothèses  de  Niebuhr  sur  la  dis- 
tinctioQ  des  dients  et  des  plébéiens,  sur  le  sens 
des  mots  populus  et  plels,  sur  les  lois  agrai- 
Tes,  etc.  Ces  controverses  dépasseraient  de  beau- 
coup les  limites  d*uDe  biographie.  Nous  avons 
iiù  nous  borner  à  donner  une  idée  générale  de 
ion  grand  ouvrage.  Quant  à  ses  vues  particu- 
culières,  on  les  trouvera  supérieurement  expo- 
sées et  quelquefois  rectifiées  dans  VHistoire 
loinaine  d'Arnold  ;  M.  Lewis  a  soumis  toutes 
ses  théories  à  un  contrôle  extrêmement  minu- 
tieux et  sévère.  Ihne,  Schwegler,  Moromsen  en 
ont  refuté  plusieurs  ;  mais  ces  réfutations  par- 
tielles ne  portent  point  atteinte  à  sa  gloire  ;  car 
ce  qui  est  admirable  chez  lui,  c'est  plus  encore 
la  méthode  que  les  résultats  ;  et  cette  méthode 
a  pleinement  triomphé.  Au%si,  quel  que  soit  le 
sort  de  ses  hypothèses,  la  postérité  confirmera 
les  éloges  que  lui  a  donnés  le  plus  illustre  de 
ses  successeurs  dans  l'histoire  critique  de  l'an- 
tiquité :  «  Aucun  bOmme  qui  prend  mtérèt  aux 
études  historiques,  dit  M.  Grote,  ne  peut  pro- 
noncer ce  grand  nom  sans  vénération  et  saus  re- 
connaissance. Si  nous  ne  regardons  dans  Nie- 
buhr  que  son  érudition  atx>ndante,  exacte,  effi- 
cace, il  occupe  une  place  au  premier  rang  et 
peu  d'auteurs  peuvent  être  mis  à  côté  de  lui  ; 
mais  quand  noos  considérons,  en  outre ,  son 
étonnant  génie  pour  combiner  des  faits  épars, 
sa  perspicacité  pour  découvrir  des  analogies  ca- 
chées et  pour  séparer  les  points  principaux  d'é- 
vidence de  cette  foule  d'accessoires  sous  lesquels 
ils  sont  souvent  ensevelis,  sa  puissance  de  dé- 
duction pour  recomposer  l'ancien  monde  avec 
des  fragments  d'histoire;  quand   nous  voyons 
ces  rares  facultés  opérant  sur  la  Taste  masse 
de  matériaux  que  son  érudition  leur  offrait,  il 
nous  semble  unique  même  |)armi  tant  de  com- 
patriotes et  contemporains  éminents.  » 

Les  ouvrages  de  Nietwihr  sont  :  Hœmische 
Geschiehte;  Beriin;  1811,  2  Toi.  in-a"*.  Cette 
élnuche  de  son  histoire  romaine,  dans  laquelle 
l'auteur  avançait  plusieurs  opinions  quil  aban- 
donna plus  tard,  entre  autres  l'origine  étrusque 
des  Romains,  a  été  traduite  en  anglais  par 
M.  Walter;  Londres,  1827;—  FrontonU  re- 
HqtUXf  ab  A.  Maw  primum  editx,  cum  notis 
variorum  edidit  B,  G,  Ntebuhriut  ;  accC' 
dunt  C  Àurelii  Sffmmachi  octo  orationum 
fragmenta;  Beritn,  1810,  in-8°;  —  tieerOt 
Pro  Fonteio  et  Habïrlo;  Rome,  1820,  in-8^  ; 
^*Flavii  Merobaudts  Cartnina;  Saint-Gall, 
1823  ;  V  édit,  Bonn,  1824  ;  ~  Ueber  die Nach- 
riehten  von  den  Comitien  der  Centurien 
im  zweiten  Bûche  Ciceros  de  Republica  (Sur 
les  renseignements  sur  les  comices  par  cen- 
turies dans  les  sept  livres  de  fa  République 
de  Cicéron  ).  Niebuhr  avait  cru  trouver  de 
nombreux  renseignements,  sur  la  oon^tution 
romaine  dans  le  traité  De  Bepublica  de  Ci- 
céron récemment  découvert  par  Mai  ;  mais  il 


fut  déçu  dans  son  espérance ,  et  ne  tira  de  la 
République  que  matière  à  une  courte  brochure 
Svar  les  comices  par  centuries  ;  —  Roemische 
Geschiehte  :  c'est  moins  une  seconde  édition 
de  son  Bistoire  romaine  qu'un  nouvel  ou- 
vrage; le  premier  volume  parut  à  Berlin,  1827; 
le  second  à  Berlin,  1830  ;  le  troisième  fut  publié 
par  M.  Classen  sur  les  papiers  de  Tauteor  ;  les 
deux  premiers  volumes  ont  été  traduits  en  anglais 
par  J.-C.  Hare  et  Connop  Thiriwall;  1828-1832; 
le  troisième  a  été  traduit  par  W.  Smith  et 
L.  Schmitz.  Niebuhr  témoigna  sa  reconnaissance 
à  Hare  et  à  Thiriwall  en  leur  dédiant  le  premier 
volume  de  sa  collection  des  historiens  byzan- 
tins; leur  traduction  est  d'une  grande  fidélité,  et 
Niebuhr  a  dit  qu'elle  était  tout  à  fait  telle  qu'il 
l'avait  conçue  et  écrite;  le  même  ouvrage  a 
été  traduit  en  français  par  M.  de  Golbéry  ;  Stras- 
bourg et  Paris,  1830-1840,  7  vol.  in-8«;  six  vo- 
lumes répondent  aux  trois  volumes  de  Nie- 
tMihr;   le  septième  est  une  sorte  d'appendice 
composé  de  diverses  dissertations  critiques  de 
Niebuhr  ;  du  chapitre  de  Wachsmuth  Sur  les 
sources  de  Vhistoire  romaine,  et  de  celui  de 
Huellmann  sur  les  changements  que  subit  l'or- 
ganisation des  comices  au  cinquième  siècle  de 
Rome.  Les  leçons  que  Niebuhr  fit  à  l'université 
de  Bonn,  et  qui  sont  en  partie  une  introduction 
et  en  partie  un  supplément  de  son  grand  ou- 
vrage, ont  été  publiées  sous  le  titre  de  Bisto- 
rische  und  Philologische  Vortraege  (Leçons 
d'histoire  et  de  philologie)  et  comprenant  les 
sections   suivantes   :    Roemische  Geschiehte 
(Histoire  romaine,  jusqu'à  la  chute  de  l'em- 
pire d'Occident,  publiée  par  M.  Isler);  Berlin, 
1846-1848,   3  vol.  iu-a*";  ~  Allé  Geschiehte 
(Histoire  ancienne,    publiée  par  Marcns  Nie- 
buhr); Berlin,  1847-1851,  3  vol.  m''S<*; —Alte 
Laender  und   Voelkerkunde  (Géographie  et 
Ethnographie  anciennes,  publiées  par  M.  Is- 
ler); Berlin,  1851,  in-8*.  —  Les  Leçons  sur 
r Histoire  romaine  ont  été  traduites  en  anglais 
par  le  d'  Sclimitz;  Londres,  1848-1852,  3  vol. 
in-a**.  Les  Leçons  de  Niebuhr  sur  Vhistoire 
romaine  et  Vhistoire  grecque  sont  remar- 
quables ;  mais  comme  elles  n'ont  pas  été  rédi- 
gées avec  soin,  elles  laissent  Toir  à  nu  les 
défauts  de  l'auteur,  sa  tendance  excessive  aux 
hypothèses,  ses  assertions  hasardées,  son  dédain 
arbitraire  pour  ce  qui  contrarie  ses  théories,  ses 
jugements  durs  et  mal  motivés  contre  certains 
hommes.  C'est  ainsi  qu'il  traite  avec  une  Injuste 
sévérité  Alexandre  et  César.  Niebuhr  qui  avait 
TU  Napoléon  n'aimait  pas  les  héros.  Les  disser- 
tations critiques  inséi^  par  Niebuhr,  dans  les 
Mémoires  de  V Académie  de  Berlin  et  dans 
le  Rhdnisches  Muséum  ont  été  recueillies  avec 
la  Biographie  de  son  père,  publiée  séparément 
en  1815,  et  d'autres  opuscules  sous  le  titre  de 
Kleine  historischê  undphilologische  Schriften 
(Mélanges  d'histoire  et  de  philologie  ) ;  Bonn, 
1828-1843    2  vol.  in-8*.  Quelques  récits  em- 


41 


r^lEBUUR  —  NIEDERMEYER 


42 


pniDlés  aux  âges  héroïques  et  légendaires  de  la 
Grèce  et  rédigés  par  Niebnhr  poar  Tamusement 
et  l'instruction  de  son  fils  Marcns,  ont  paru  sons 
«titre  :  Grieehische  HerœngeschUhte  {His- 
toires héroiques  de  la  Grèce);  Hambourg, 
1842,  in-S*".  Ce  petit  livre,  destiné  à  un  enfant, 
nais  remarquable  par  l'intelligence  des  légendes 
grecques,  a  donné  lieu  à  un  admirable  article  de 
Grote  dans  le  WeUminster  Review,  Dans  la 
collection  byzantine  de  Bonn,  Niebubr  a  donné 
Agathias  Mffrinxus,  1  vul.  in-S*"  ;  —  Dexippus^ 
EunapitUf  etc.,  avec  Bekker.  Léo  Joubert. 

Franx  Lieber,  Heminitcênees  of  em  inUreourte  with 
Gmr§e  Berthold  niehukr;  londres,  18S8,  In-lS  ;  Ira- 
doit  en  allemand  par  Thibaut;  Heldelbcfff,  18S7.  — 
LebensMehrichten  ikber  B.  G.  Niebukr,  aus  Brtefen 
dettObe»  u.  auê  trinnerungen  niner  Freunde;  Bain- 
boorg,  ia99-lW8,  »  vol.  In-S*.  —  De  Golbéry,  Notieet 
turjftebuhr,  dans  le  Ul  et  le  VU*  vol.de  latraducUon. 
-  G-.  H.  PerU,  Das  Uben  de»  JiRnUterê  Frei/ierm  vom 
SMn,  -  Blaekwood'i  Magasine,  lanvler  1M9.  *^<ir- 
t€rl9  Review,  ^ol  XXVII.  p.  UO  ;  XXXIl,  p.  «7  i arti- 
cles d'Arnold);  LV ,  p.  SU.  —  Edinburgh  RevUw, 
]olllet',  181t.  —  fFestminster  Beoieuf,  mal  1841  (ar- 
ticle de  Grote);  décembre  1S43.  —  Dttbner,  dana  la 
Revue  de  phUologie,'  Parla,  1841,  U  I,  p.  168  (  r«f u- 
titton  péremptoire  et  auez  mde  dea  attaques  ha- 
sardées contre  Nlebohr  par  M.  Leclerc  dana  aon  livre 
laUtnlé  :  i>ef  Journaux  eke%  le»  Bomair,»  ).  —  A. 
Polnon,  Examen  de  divers  poM»  du  gomemement  et 
de  radministratiùn  de  ta  répubUqtu  romaine  et  de 
Touvrage  de  H.  ffiebuhr;  Parla,  1887.  -  W.  Ihnf, 
Fùrtchungen  ouf  dem  Gebiete  der  BômUe^en  VerJa$F- 
$unç»gexhiehte  { Becherckes  sur  la  constitution  ro- 
autiiw);  Francfort,  1847.  -  C.  Uwls,  yin  Inquiry  into 
Uu  eredibilitp  o/  the  earlg  roman  htstory  .■  Londrei, 
18U.  ~  The  natlonai  Beeiewt  octobre  18M. 

siBDKK.   Voy.  BaOVERlOS. 

BilBDBB.   yày.  NlDER. 

HIBDRBBB  (Jean),  instituteur  suisse,  né  en 
1770,  à  Appenzell,  mort  en  1843.  Il  exerçait  les 
fteïtions  pastorales  lorsque,  séduit  par  les  idées 
de  Pestalozzi ,  il  entra  dans  rétablissement  de 
ce 'dernier  comme  professeur  de  sciences.  U  a 
laissé  :  Pestalozzis  ^rzUhungsunternehmung 
im  Verhxltniss %ur  ZeitcuUur{Là  Méthode 
de  Pestalozzi  dans  ses  rapports  avec  Tesprit  du 
siècle)  ;Stattgard,  1812-1813,  2  vol.  in-S*". 

Sa  femme.  Rosette  Nibobrer,  née  en  1779,  à 
Berne,  fonda  d'après  les  mêmes  principes 
one  maison  d'éducation  pour  les  filles,  et  pu- 
blia :  Blieàe  in  das  Wesen  der  weihlichen 
Brziehutiç  (Conp  d'œil  sur  l'éducation  des 
femmes);  Berlin,  1828,  in-8*;  —  Dramatv- 
iche  Jugendspiele  (Théâtre  de  la  jeunesse); 
Aarau,  1838,  2  vol.  K. 

Piercr.  Untv.  Lex.,  XI  (  éd.  1860  ). 

xiBDBBMBTBB  {Louts),  musicien  compo- 
siteur, né  le  27  avril  1802,  à  Nyon,  canton  de 
Vaod  (Suisse),  mort  le  14  mars  1861,  à  Paris  (l). 
Son  père,  natif  de  Wurzbourg,  s'était  fixé  et 
marié  en  Suisse;  doué  lui-même  de  beaucoup  de 
talent  naturel  pour  la  musique,  il  fut  le  premier 

(ï)  Quoique  né  en  Solasp,  d'un  père  allemand,  Nle- 
dcrmryef,  descendant  par  aa  mère  d*nne  famille  fran- 
ç>tie  et  protestante  qui  fut  obligée  de  quitter  la  France 
lors  de  U  révocation  de  l'édtt  de  N<intci,  avait  fait  re- 
eofloattre  depuis  Jongtempi  ses  droits  à  la  nationalité 
fiançalae. 


maître  de  son  fils.  Celui-ci,  à  Têge  de  quinze  ans, 
fut  envoyé  par  ses  parents  à  Vienne,  où  il  reçut 
pendant  daix  ans  des  leçons  de  piano  de  Mos- 
chelès  et  décomposition  de  Forsler.  Après  avoir 
publié  dans  cette  ville  quelques-uns  de  ses 
essais,  consistant  en  morceaux  pour  le  piano^ 
il  se   rendit  à  Rome»  y  coutinua  Tétudc  de 
la  composition,  sous   la  direction  de  Fiora- 
vanti,  maître  de  la  chapelle  pontificale,  et  alla 
ensuite  à  Naples,  où  Zingarelli  se  chargea  de 
compléter  son  éducation  musicale.  Co  fut  pen^ 
dant  son  séjour  à  Naples,  que  le  jeune  artiste 
écrivit  son  premier  opéra  intitulé  II  Reo  per 
amore^  qui  fut  représenté    au   théâtre  del 
Fondo;  il  avait  alors  dix-huit  ans.  En  1821,  il 
était  de  retour  en  Suisse.  C'est  de  cette  époque 
que  date  Tune  des  plus  charmantes  inspirations 
de  sa  jeunesse  et  qu'un  plein  succès  devait  plus 
tard  couronner  :  nous  voulons  parler  de  la  mu- 
sique du  Lae,  qu'il  composa  sur  les  paroles  de 
M.  de  Lamartine,  et  dans  laquelle  le  musicien 
sut  se  montrer  aussi  rêveur,  aussi  coloriste  que 
le  poète.  L'année  suivante,  Niedermeyer  vint 
à  Paris,  où  il  se  fit  d'abord  remarquer  par  plu- 
sieurs bonnes  compositions  pour  le  piano ,  et 
dut  ensuite  à  l'amitié  et  à  la  protection  de  Ros- 
slni,  qui  l'avait  connu  à  Naples,  de  pouvoir  faire 
recevoir  au  Théâtre-Italien  un  opéra  en  deux 
actes,  Casa  nel  bosco^  dont  le  livret  était  tra- 
duit de  l'opéra-comique  intitulé  :  Vne  Nuit  dans 
lajorêt.  Cet  opéra  fut  représenté  au  mois  de 
juillet  1828.  L'ouvrage   était  très-mélodique; 
mais  telle  était  alors  la  fureur  du  dilettantisme 
qne  les  habitués  du  Théâtre-Italien  ne  voulurent 
Jamais  comprendre  qu'un  compositeur  portant  le 
nom  germanique  de  Niedermeyer  pût  faire  autre 
chose  que  de  la  musique  savante.  Rossini  eut 
beau  chercher  à  étayer  de  son  suffrage  la  par- 
tition nouvelle,  en  affirmant  qu'elle  pouvait  bien 
être  savante  sans  qu'il  y  parût,  mais  qu'avant 
tout  elle  était  chantante,  sa  voix  ne  fut  pas 
écoutée,  et  La  Casa  nel  boseo  n'eut  que  peu 
de  succès.  Doux/ timide  et  modeste,  NiedcF 
meyer  était  peu  fait  pour  ces  luttes  iocessantetf 
auxquelles  doit  s'attendre  tout  compositeur  dra^ 
matique  à  ses  débuts  dans  la  carrière.  Il  eut  bien* 
tôt  en  dégoût  cette  existence  d'intrigue  qui  ré- 
pugnait à  sa  dignité  d'artiste,  et,  malgré  la  répu- 
totion  qu'il  s*était  déjà  faite  par  la  publication  de 
divers  morceaux  de  musique  instrumentale  et 
vocale,  Il  partit  en  1833  pouf  Bruxelles,  où  il  prit 
un  intérêt  dans  llnstitution  fondée  par  M.  Gag- 
gia,  et  y  remplit  pendant  dix-huit  mois  les  fonc- 
tions <ie  professeur  de  piano.  Une  semblable 
position  n'offrait  guère  de  ressources  à  un  com- 
positeur; aussi  Niedermeyer  finit-il  par  com- 
prendre qu'U  dépensait  ainsi  sans  profit  pour  sa 
gloire  les  plus  précieuses  années  de  sa  jeunesse, 
et  se  décida-t-il  à  revenir  à  Paris  tenter  de  nou- 
veau les  chances  du  théâtre.  Le  succès  du  lAïc 
et  de  plusieurs  autres  morceaux  de  musique  dra- 
matique remarquables  par  Texpresiûon  et  la 


43 


PilEDERMKYEa 


44 


grâce  de  bi  mélodie  avait  <Faillear»  oempiéte- 
ment  justifié  le  mérite  Hif^ngiaé  de  Taiilstie. 
Enfin,  les  porte»  de  fAndémio  royale  éa  mu- 
aique  s'ovvriren*  pom  Ricricimeyerv  H,  le-  3 
mars  1837,  il  fit  repréaenler  suraette^aène  Sirm- 
delta,  opéra  en  ciiu|aetea,  parole» de  MM.  ÉmJe 
Beschamps  et  Émiiien  PacUiK  Gettc  prande  par- 
tition, sur  laquette  le  compeaileur  avaii  fimilé  do 
légitimes  eepéranees.  Art  d*alMni  aeoaeiMitt  amc 
quelque  fkoideup  par  le  puUir,  qoir  sembla  ee» 
damner  cette  enivre  oonetieBtieuse^  aouiéei  de 
mélodiea  originales»  eMpmaa  par  It  fini»  la  M»- 
catesse  et  Té  égaaee  d»  la  Ibraw,  mais  qui  ne 
flattait  pas  le  ^ût  marqué -de  ITépoqve  peur  h» 
effets  bruyants  de  rinstivoMwlallaa».  Plus  lanii 
en  1843,  StradeHUj  réàmà  e»  tnaia.  acÉcs,.  ift» 
parut  au  théâtre,  et  8oo».eetta-  oMnrtlIe  foniie 
Touvrage  obtiob  un  asees.  grand  noHifaretda  fe> 
présentationa.  FiasieiM».  maaeeau»  dB'oM.opéra 
ont  eu  et  ont  CKora  beaaeoupi  da  suoeè»  daos 
les  concerts.  A«  mais  dk  «àécenè»  lfiA4v  Nie- 
derraeyer  demia  au  mlnia  tfaéitre  avaa  M.  Théo- 
dore Anne-,  Mbrte  Stmiart,  c»  cio^  aotesi, 
dont  la  partitiett  conticat,  entae  autres  mor- 
ceaux remarquables,  une  romaim*  remplie  de 
charme  et  qui  est  devemift  populaire.  L'amaée 
suivante,  le  goavememeoÉ  lendit  jvstiee  au  ta- 
lent et  au  caractère  de  Taftiste  en  le  nooMnaat 
chevalier  de  la  Légien  d'Honneur.  En  1846,  il 
ftat  appelé  par  Rosslni  à  Bologne,  pour  travail- 
ler sous  sa  directioB  à  ran-angemant  pour  la 
scène  française  de  La  Donna  del  bago,  qui«  au 
moi»  de  décembre  de  la  même  année,  fui  repréo 
sentéean  ^rand  Opéra,  soua  le  tttre  de  MoUrt 
Bruce.  Enfin,  au  mois  de  mai  iftâa^.Mieder- 
meyer  donna  k  ce  théâtre  La  Fronde,  opéra 
en  cinq  actes,  parelea  de  MM.  Maquet  et  Jules 
Lacroix.  Dans  ee  dernier  ouvrage,  le  com- 
positeur ajouta  de  nouvelles  qualité»  à  caHes 
qu'on  lui  connaissait  déjà.  Le  pnorier  acte 
presque  tout  entitr,  le  final  du  quatrième  acte 
révélaient  une  vetve  et  use  puissance  drama- 
tiques qu'on  n'avait  pas  encore  appréciées  chez 
cet  artiste.  Cependa«DleftrepréseDtaÉMiiis  furent, 
on  ne  sait  pourquoi,  bnuqucmealinfeerrompues. 
Il  est  vrai  de  iHre  que  NiederraejFer  dédaigna 
ItRs  ressorts  dent  en  se  sert  toujorn^  pour  pré- 
parer des  auooèa  an  théèlre  eu  réparer  des 
ehuteew  La  partition»de  Lu  FroMde  n'en  est  pas 
moins  considérée  CMome  la  meilleure  qui)  ait 
écrite,  et  TesHme  descoaQaisaeurs  lui  odrit  itm 
ample  cempeneation  dea  i^iustieea  de  Ik  foule. 
Vers  le  même  temps,  Nfedermejer  avait 
conçu  ridée  de  fonder,  à  Tinstar  de  l*iineienue 
institution  créée  par  Chorso  sons  la  Eestau- 
ratlon  et  supprimée  h  la  suite  de  la  révolu- 
tion de  1830,  une  éeole  de  musique  reUgpeuse, 
destinée  à  fonacr  par  fétndedes  chef»-d*<Bavre 
des  grands  roattiics  des  aeiaième,  dix-sep- 
tième et  dix  -  huitième  sièdes ,  dm  chanteurs, 
des  organistes ,  des  maMrea  de  chsyiJk  «i  des 
•compositeurs  de  musique  sacrée.  Avec  l'appui 


de  FoFteul ,  alers  auoistre  de  l'iaatruction  pu» 
blique  et  des  ciilAes,  il  ebUut  une  subvention 
de  l'Éfcnt  O^t.  «k  dK»  le  eeuMut  de  L'année 
I8ôa  il  ouinÉ  aan  école,,  an  s'adjoignaot. 
]ML  Dietacht,  cosMne  inspecteur,  dea  éludes.  Cei 
étahiiscemeut»  nlué  »  Paria.,,  rue  Naute-Fou- 
taiiie*Saint-6aorges,  el  dana  lequel  L'éducaiiou 
littéraire,  poussée  juaqu'en  treiaième,  marcha 
de  fiNMBl  avec  les  étude»  musicales,  ne  tard»  pae 
à.pHospérac  et  à  produire  de»  sujets  distingués 
qui  eut  été  placé».  da«»  dîvcne»  aathédratoa  oh 
égtisee  de  Fnnce. 

Constamment  préoccupé  dapui»  lora  dea  soins 
que  réclame  sou  école,  Riediermeyer  ne  négligea 
rian  de  ce  qiii  pouvait  contribuer  à.  améliorer 
le»  études»  G'eal  ainsi  que,,  peu  aatisfait  de  la 
manière  tout  à  Ihit  arbitraire  dont^  le  plain^hant 
esl  eénéraleraealacaomf»agii„  il  se  livra  à.  de 
sérieux  travauK  sur  ceUe  iotéraaaanto  partie  de 
Tact  religieux,  el^  qn'H  publia  eu  18^,  en  col- 
IaiK>ralioa  avec  IL  Jl.  d'Ortigoe,  un  Traité 
d^aecompaynement  éupkùn^fmmê^  fondé  sur 
de  nouveaux  principes,  qui  n'eut  pas  tardé  à  se 
répandra  eu  Franua  ei  à  l'étranger»  Ce  fiit  aussi 
dans  le  but  da>  propager  dana  teutea^  lea  classes 
le  gpftt  de  la  bonne  musique  religiense,  qu'il  fonda» 
en  185d,  le  journal  La  Maiirise^  dont  il  âuaa- 
deona  eu  I86fi  la  direction,  ocoiiée  maintenant 
èM.  d*Ortigue.  Il  s'occupait  de  terminerun  grand 
ouvrage  sur  l'accompaipiement ,  pour  orgue ,  du 
plain-chant  des  offices  de  r«*glise.,  qui  devait 
paraître  prochainement,  lorsque  la  mort  vint  su- 
bitement le  frapper,  dans  sa  ciaqoanhyaeu- 
vième  année. 

Iliedermeyer  a  laissé  un  fils  et  deux  filles, 
auxquels  il  n'a  légué  pour  toute  fortune  qu'on 
nom  sans  tache. 

Nous  afven«  indiqué  pins  haut  les  uovrages 
que  Miedermcyer  a<  donnés  au  théâtre.  Ce  oom- 
poaiteur,  dent  lé  talent  a  plo»  d'un  trait  de 
wsBcmblance  avec  odni  de  Schubert,  ^  écrit  eu 
outre  beaucoup,  da  morceaux  de  chant  détachés, 
entre  autres  des  mélodies  fort  remarquahles.  Les 
prindpale»  sont  :  Le  Lae,  Ltaolememi,  Le  Soir^ 
L'Àuionma,  La  Voix  AnuMMie,  sur  dé»^  poésûes 
de  M.  de  Lamartine;  la  Ronde  du  Sabdai^ 
Oceami'noxj  la  Mer^  Puie^'iai^ba^, taule 
dme,  paroles  de  Victor  Hui^o  ;  La  i\9€ô  de  Léo- 
note,  l/ne  Scène  dans  leo  Apetmîns^  et  plu- 
sieurs autres  morceaux  sur  de»  paroles  ne 
M.  Emile  Deschamps.  Il  a  mis  eu  musique  l'ode 


(i  )  inie  lubvenfton  dr  B.oeo  tnom  IM  d'abord  arcordée  à 
t'éUbito^camt  pot  le  ninUlr*  (Tkuit,  mt  i«  cratUt  ée.% 
beaui-arts.  Par  uq  décret,  en.  dale  du  IS  novembre  18.3 
trente-»li  dcml-bour^A  de  100  tranc*  cbdciinr  (  la  pris 
annart  de  la  penaton  étant  de  l,0o#  IHnc»!  lahetic  en- 
iditc  (véées«ar  ira  tonds  du  badgef  dea<«llei,  et  RtlAtt  à 
la  dtipMlIloo  desévéques.  Plus  taril,  un  «rrété  lninlsl^• 
riel,  du  !*■  JoUlet  IwU,  fofula  trois  premiers  prfK  pour 
b  compoaiUoB  muatcaie ,  l'orgue  et  l'aocpmpairoeinent 
du  9l»(D-cliaDt.  Enfla,  ma  autre  arrêté,  en  date  du  u 
avrti  ISST,  décida  qa«^  des  diplômes  de  mjftre  de  cha- 
pelle et  d'orgaoistc  seraient  déitvr^^.  après  examen,  aux. 
élèves  qui  auraient  acbcvé  leurs  éludes. 


45 


NIEDERMEYER  —  NIEL 


4(S 


de  Minzoni  It  cinque  mafgio ,  Le  Poêle  mou* 
raH/,  d(!  Millevoye ,  el  L^ Ame  du  PuryaUnre^ 
<ie  Casimir  Delavi^e.  On  a  de  ffiedermeyer  plu- 
sfMr»  messes»  dont  une  à  grand'  ordiestre,  qui 
aHéf;x^iitéedeax  Ans  à  Saiot-Eustache  et  dans 
d'autres  église» ,  et  tin  grand  nombre  de  mor» 
eeani  de  musique  religieuse'  peur  le  chant  et 
psur  l'orgue^  Dans  la  musique  qull  a  écrite  pemr 
le  piaoo,  o*  remarque  parttburèrement'  un  ron^ 
derà  brillant  aff  ee  aooampa^^eiiiMit  de  quatuor^ 
des  faolaisies^  des  airs  Tariez  sm*  des  thème»  de 
Rossini,  Web^r,  Meyerbeer,  BeKini ,  etc.,  ele. 

D.  DaiiNE-B\Roir. 
MiA.  Ito9ran*f»  mdmnèHàntm  mmsUtéttÊL  —  GMtO*- 

Urûin,  mu$ieale^  ete.  —  Vspcreau,  Mctionuaire  »u^ 
etnel  (U$  Ondémporains.  —  Documents  particuliers. 

*  MAL  (  Adolphe  ),  RMféehal  de  PiMice,  né 
à  Noret  (Haole-Garonne),  te  4  octobre  I802i 
Admis  à  l'Éeoie  polytechnique  en  162 1 ,  et  à  TÊcole 
d'appiieaUok  du  génie-  en  I6'2ft  ,  il  hit  ooimné 
facotenaatcfi'  1827,  et  eapitame  en  193  t.  La  part 
qa  il  eut  à  la  prise  de  Gonstantine,  en*  I8à7,  Itd 
vaiat  legratle  de  chef  de  bataillon.  Lieulenant- 
«olaaal  e»  l^M),  et  oolunel  en  1846,  il  fol  atfeicbé 
à  l'eipéditimi  de  Rome,  enqiiaUté  de  chef  d'état- 
flaajoi;  d»  génie.  Laa  senrices  qu'il  y  rendit  lui 
méntèreat  le  grade  de  général  de  brigade,  le 
13  joillet  1849.  Il  avait'  été  chargé  de  porter  les 
dflfsde  9eme  an  pape  Pie  IX,  à  Gaète,  et  le 
pape  loi  remit  les  insignes  de  commandeur  de 
I  ordre  de  Saint  •  Grégoire.  A  son  retour  en 
France  «M.  Niel  prit  la  direction  dn  génie  an 
■ûaistère  de  la  guerre,  et  entra  en  même 
temps  aii\  comités  supérieuns  du  génie  et  des 
&>rtifieatioM  ainsi  qn'àU'  conseil  d'Etat  en  ser- 
vice extraordHtaim.  Ptxmra  au  grade  de  gé- 
nérai de  division,  le  30  avril  t8&8,  il  fit*  par^ 
^,  ce  1864,  cemme  commandant  en  chef  do 
Snùt,  do  corps  expéditionnaire  envoyé  dans  la 
BaMi^ie  «ms  les  ordres  du  général  Oaragney- 
d'HflHnrs.  Ai  oeUe  qualité  il  dirigea  les  opéra- 
liyas  do  sié^e  de  Bomarsondv  dent  h»  fortifica- 
tÛM»  60  granit  paraissaieol^à'  Féprewve  du  boulet, 
€l  qui,  promptenient  démantelée,,  se  rendit  le 
16  août  :  les  troupes  étaient  débarquées  le  8.  La 
proinptitnde  de  ee  résultat  vahil  an  général  Niel 
ia  croi!i  degrand  offftbier  ^  U  Lésion  d'Hbnneor, 
ieîsaoM  1854^,  et  le  litre  d^aide-de  caiitp  de 
l'emperoar,  le  8  janvier  IS&St  A  la  même  époque 
n  «  rendit  en  Grimée  avee  la  mission  <l'e%amt« 
iMr  la  sitoatioa  de  l'armée  et'  de  donner  son 
Mis  sur  hss  opérations  b  suivre.  Il  se  pitHionça 
psor  un  Investissement  pins  complet  de*  la  place 
éesébastopol  et  l'attaque  dn  cdté  de  M^lâ^kolR 
Cbai^  le  5  moi  du  commandement  eo- chef  du 
9^ie  à  rarniée  d'Orient,  à  la  place  du  général 
Hizst,  qui  venait  d*étre  tué,  il  dlrigea-les  travaux 
da  siég«  jusqu'à  la  prise  do  la  ville.  «  Jamais, 
^i^f  dMB  snn  rapport  sur  la  prise  de  Malakoff^ 
le  corps  du  génie  n'avait  euà  exécuter  des  tra- 
^aoi  aussi  difficiles  et  aussi  multipliés,  et  dans 
40CUB  siège  U  n'avait  éprouvé  d'aussi  grandes 


pertes.  Nos  cheminements,  exécutés  en  grande 
partie  dans  le  roc  au  moyen  de  la  poudre,  pré- 
sentent on  développement  de  plus  de  80  kilo- 
mètres. On  a  employé  80,000  gabions,  60,000 
fhscioes  et  près  d'un  million  de  sacs  à  teire. 
Trente  et  un  officiers  du  génie  ont  été  tués, 
trente  truis  ont  été  blessés.  »  Le  s  septembre, 
Mttiakofr  ftjt  enlevé.  Le  général  Niel  obtint  en 
récompense  le  IStre  de  grandicioix  de  la  Légion 
d'Houneur  et  celui  de  clievalier  commandeur  de 
l^irdre  du  Bain. 

En  1857,  il  soutint,  en  qualité  de  commissaire 
dhgouvemement;  U  discussion  du  code  de  justice 
militaire  au  corps  législatif,  et  repoussa  l'intro- 
dnction  des  circonstances  atténuantes  dans  ce 
eode.  Le  9  juin  il  Ait  créé  sénateur.  Chargé  de 
demander  oHQcieltement  la  main  de  la  princesse 
GlotiMe  de  Savoie  pour  le  prince  Napoléon,  il 
accompa<;na  ce  prince  à  Torin,  et  fit  un  travail 
sur  la  topographie  militaire  du  Piémont  qui  dut 
servir  dans  la  campagne  d'Italie.  Api)eléau  com- 
mandement'du  4^  corps  de  l'armée  des  Alpes, 
en  avril  1859,  ît  entra  en  Italie.  Son  corps  prit 
part  à  la  bataille  de  Magenta  et  surtout  à  la 
bataille  de  Solferino.  Placé  à  la  droite  de  l'armée, 
il  devait  marcher  sur  Guidizzolo ,  se  reliant  par 
sa  gauche  au  corps  do  maréchal  Mac-Mahon , 
et  par  sa  droite  an  maréchal  Caurobert,  envoyé 
à  Médole.  Bientôt  aux  prii^es  avec  l'ennemi ,  il 
enlève  Ceresara,  Rebecco,  et  déblaye  la  route  de 
Goito.  Pendant  que  le  premier  et  le  deuxième  coros 
combattent  à  Soiferino  et  à  Cavriana,  le  général 
Nîel,  pivotant  sur  la  Casa-NoT^,  conçoit  le  projet 
de  s'emparer  de  Guidizzolo  pour  couper  la  re- 
traite, soit  sur  Goïto,  soit  $%ur  Volta,  aux  corps  en- 
nemis qui  occnpaienl  la  plaine;  mais  il  n'a  pas 
assez  de  forces  disponibles ,  et  il  en  fait  deman- 
der au  maréchal  Canrobert.  Celui-ci  avait  l'ordre 
de  surveiller  un  corps  autrichien  qui  devait  ar- 
river de  Mantoue,  et  qui  ne  parut  pas  ;  il  ne  crut 
pas  pouvoir  disposer  de  ses  Ibrces  ;  mais  il  fit  cou- 
vrir ^intervalle  qui  le  séparait  du  4®  corps.  Soi- 
ferino et  Cavriana  furent  enlevées  par  le  fet  le 
2*  corps.  Les  divisions  du  corps  du  général 
Niel,  appuyées  trop  tant,  ne  parvinrent  qu^après 
une  lutte  de  douze  heures  à  0(xuper  définitive- 
ment leurs  positions.  A  quatre  heures,  le  ma- 
réchal Canrobert  fit  avancer  une  division  sur  Re- 
becco  et  ponssa  une  brigade  entre  Casa^Nova  et 
Baèfe.  Le  général  Niel  put  reprendre  son  mou- 
vement ofTensir,  et  le  généial  Trocini  arriva  jus- 
:  qu'à  demi  distance  de  la  Casa  Nova  à  Guidizzolo. 
Au  moment  où  le  général  Niel  allait  essayer  son 
mouvement  sur Tolta  et  Goito,  malgré  l'heure 
avancée^  un  orage,  précédé  de  tourbillons  de 
poussière  et  accompagné  d'une  pluie  torrentielle 
et  d^ëclaîrs,  écluta  au-dessus  des  deox  armées, 
Les  Autrichiens  en  profHèrent  pour  opérer  leur 
retraite.  Le  plandn  général  Niel  échoua  ;  mais  le 
champ  de  bataitlè  restait  à  l'armée  française,  et 
le  général  Niel,  qni  «  s'était  couvert  de  gloire  », 
suivant  les  expressions  de  la  dépèche  envoyée  à 


NIEL  —  MELLY 


43 


Paris,  fut  élevé  à  la  dif^ité  de  marécKal  de 
France  à  Cavriana,  le  25  juin  1859.  C'était  le  seul 
chef  des  corps  de  l'armée  d'Italie  qui  n'eût  pas 
encore  ce  titre.  Le  inarérhal  Niel  ayant  dit  dans 
son  rapport  que  le  3*  corps  n'avait  donné  son  appui 
au  4®  que  sur  la  tin  de  la  journée,  le  maréchal 
Canrobert  crut  devoir  réclamer;  des  lettres 
furent  échangées  et  publiées,  et  l'empereur  fit 
insérer  dans  le  Moniteur  une  note  qui  constate 
que  «  dès  son  arrivée  au  village  de  Médole,  le 
général  Canrobert  envoya  les  premières  troupes 
de  la  division  Renault  sur  la  route  de  Ceresara, 
avec  la  mission  de  couvrir  la  droite  du  4*  corps. 
La  présence  de  ces  troupes  a  donc  eu  pour  ré- 
sultat, dès  di\  Iteures  du  matin,  d'enlever  au 
général  Niel  toute  appréhension  sur  les  attaques 
qu'il  pouvait  avoir  à  craindre  sur  son  flanc  droit, 
qui  n'était  gardé  que  par  trois  de  ses  bataillons. 
Il  est  donc  juste  de  reconnaître  que  le  maréchal 
Canrobert  avait  déjà  donné  un  appui  très-utile 
au  4*  corps  avant  l'heure  où  la  division  Renault 
vint  occuper  le  village  de  Rebecco  pour  permettre 
an  général  Niel  d'en  retirer  une  partie  de  la  di- 
vision de  huiy,  en  même  temps  que  la  première 
brigade  de  la  division  Trocha  venait  combattre 
au  milieu  des  troupes  du  4^  corps.  »  Après  la 
paix,  le  maréchal  Niel  rentra  en  France  par  Gênes. 
Le  22  août  1859,  il  reçut  le  commandement  du 
6" arrondissement  militaire  formé  des  il",  12' 
13*  et  14«divisions  militaires,  et  dont  Toulouse  est 
le  quartier  général. 

M.  le  maréchal  Niel  a  publié,  avec  l'autorisation 
du  ministre  de  la  guerre  :  Siège  de  Sébastopol; 
journal  des  opérations  du  génie;  Paris,  !858, 
in-8°.  L.  LocvET. 

Baron  de  Bauneoart,  Camp<tçnet  de  Crimée  et  d'I^ 
talUt.  —  Les  Homme*  du  Jùur„  18S9  tn  18.  —  H.  CasUlle, 
Portraits  historiques.  -MoniUur,  l8Si,  185S,  18t9. 

NiBLLT  (  Joseph-Marie,  baron  ),  amiral  fran- 
çais» né  à  Brest,  le  9  septembre  1751,  mort  le 
13  septembre  1833-  II  appartenait  à  une  ancienne 
famille  de  marins  distingués.  Il  était  à  peine 
&gé  de  huit  ans  que  son  père  le  prit  avec  lui 
sur  le  vaisseau  Le  Formidable  ;  tous  deux  as- 
sistèrent à  la  sanglante  bataille  que  le  comte  de 
Brienne-Conflans  perdit  si  maladroitement  dans 
les  eaux  de  Quit)eron  (19  et  20  novembre  1759). 
Ils  échappèrent  au  désastre  qui  ndna  pour 
longtemps  la  marine  française,  et  le  jXne  Nielly 
continua  l'apprentissage  du  rude  métier  de  ma- 
rin. £n  1771,  après  douze  années  de  navigation, 
il  n'était  encore  que  timonier.  Dégoûté  du  service 
royal,  il  passa  dans  la  marine  marchande  et 
dès  1774  était  capitaine  de  L* Adélaïde^  sur  la- 
quelle il  fit  durant  quatre  années  d'heureuses 
campagnes;  mais  le  14  mars  1778  il  fut  pris  par 
les  Anglais,  et  condait  à  Jersey.  Avec  sh  de 
ses  campagnons,  il  réussit  à  s'emparer  d'un  bâti- 
ment hollandais,  et  aborda  à  Bréhat.  La  har- 
diesse de-  son  évasion  fit  du  bruit  :  le  ministre 
Sartine  crut  devoir  nommer  Nielly  lieutenant  de 
frégate  (  20  septembre  1778  ).  Il  fut  chargé  du 


service  dangereux  de  convoyer  les  bAliment^ 
qui  approvisionnaient  les  ports  du  littoral,  et  ac- 
complit cette  mission  avec  tant  d'habileté  que 
malgré  le  nombre  des  croiseurs  anglais,  il  ne  per- 
dit pas  uue  seule  de  ses  conserves.  11  était  lieu- 
tenant de  vaisseau  et  chevalier  de  Saint  Louis  lors- 
qu'éclata  la  rcvolution.  En  mai  1791,  ilaocomplit 
heureusement  une  mission  importante  à  Saint-Do  - 
mingue.  Capitaine  de  vaisseau  (r' janvier  1793),. 
il  eut  fréquemment  à  soutenir  dans  la  Manche 
des  combats  acharnés  contre  les  Anglais ,  aux- 
quels il  enleva  la  frégate   Tamise  et  le  navire 
Dublin.  Le  16  novembre  suivant,  promu  contre- 
amiral,  il  partit  de  Brest  avec  cinq  vaisseaux,  trois 
frégates  et  trois  corvettes  poar  assurer  Tarrivage 
d'un  immense  convoi  que  le  contre-amiral  van 
Stabel  amenait  des  États-Unis.  Chemin  faisant  il 
prit  la  frégate  anglaise  Ca«<or  (de  40),  la  corvette 
Alerte  (  de iO  )  et  trente-quatre  bAtiroenls  mar- 
cliands  richement  chargés.  Le  10  prairial  an  u 
Nielly,  qui  venait  de  laire  remorquer  à  Rochefort  le 
trois  ponts  Le  Révolutionnaire,  qu'il  avait  ren- 
contré démâté  et  coulant  bas  après  le  comlMit  de 
la  veille,  livré  par  Villaret-Joyease  à  l'amiral 
Howe,  entendit  une  terrible  canonnade  dans  le 
(nord-ouest  ;.  C'était  encore  les  deux  flottes  qui  re- 
commençaient la  lutte  engagée  les  jours  précé- 
dents. Cn  brouillard  épais  sépara  lescomlnUants. 
Nielly  reconnut  bientôt  qu'il  était  presqu'aa  mi- 
lieu des  rangs  anglais,  qui  comptaient  trente-cinq 
vaisseaux  :  toute  résistance  eût  été  inutile.  Il  se 
borna  à  manœuvrer  avec  une  telle  précaution 
qu'il  traversa  la  flotte  ennemie  sans  coup  férir  et 
vint  rallier  Vil laret,  qui  lui  confia  aussitôt  le  com- 
mandement de  sa  troisième  division.  Un  troisième 
combat,  plus  acharné  qne  les  précédents,  s'enga- 
gea. Les  pei  tes  des  Français  furent  bientôt  consi- 
dérables; mais  l'amiral  Howe  dut  céder  le  ciiamp 
de  bataille,  et  deux  jours  après  le  convoi  de 
l'amiral  van  Stabel  venait,  sain  et  sauf,  alléger 
la  disette  qui  désolait  la  t^rance.   De  l'aveu  de 
tous  les  hommes  compétents ,  le  courage  et  l'ha- 
bileté des  manœuvres  de  Nielly  décidèrent  des  ré- 
sultats de  la  journée  mémorable  du  13  prairial 
an  II  (r^  juin  1794). 

Chargé  du  commandement  de  la  flotte  qui 
sortit,  le  27  fructidor  de  la  même  année,  du  port 
de  Brest,  et  croisa  à  l'embouchure  de  la  Manche 
Jusqu'au  15  brumaire  (6  novembre),  Nielly  s'em- 
para du  vaisseau  Alexander  (  de  74),  monté  par 
l'amiral  Bleing-Rodney,  de  trois  autres  bâtiments 
de  guerre  et  de  onze  navires  de  commerce.  Le 
Directoire  lui  confia  en  décembre  1796  la  troi- 
sième division  de  l'escadre  destinée  à  afrranchir 
l'Irlande.  L'escadre  était  sous  les  ordres  de  Mo- 
rard  de  Galles  {vqy.  ce  nom  ).  Des  tempêtes 
continuelles  firent  manquer  cette  expédition,  et 
Nielly  n'échappa  aux  plus  grands  dangers  que  par 
une  rare  énergie.  Il  devint  successivement  com- 
mandant d'armes  â  Brest,  président  du  conseil  de 
révision  pour  la  marine,  commandant  du  port  de 
1  Lorient ,  préfet  du  premier  arrondissement  ma- 


49 


KIELLY  —  NIEMCEWICZ 


60 


ritiine  (  i^  thermidor  an  yiii,  —juillet  1800)  ;  il 
reodit  de  grands  services  dans  cet  emploi  ;  mais 
ayant  déplu  au  ministre  de  la  marine  Decrès, 
il  fot  brutalement  mis  à  la  retraite,  en  septem- 
bre 1804.  En  janvier  1815  Louis  XVIU  le  créa 
baron  et  \ioe-amiral  ;  il  mourut  à  quatre-vingt- 
deux  ans. 

Son  fils,  Patriee-Joseph'Marie-Théodore,  né 
i  Brest,  le  30  novembre  1781,  mort  à  Nantes,  le 
20  avril  1799,  avait  débuté  par  être  mousse  dès 
l'âge  de  neuf  ans.  Quatre  ans  après  il  fut  fait  pri- 
Mnnieraux  combats  des  10-13  prairial  an  u  (juin 
1794),  où  son  père  se  distingua  si  brillamment. 
Rendu  à  la  liberté  en  mai  1795,  le  jeune  Mielly 
était  parvenu  au  grade  de  lieutenant  de  vaisseau 
lorsqu'il  eut  la  jambe  emportée,  en  mars  1799,  à 
bord  de  la  frégate  La  Cornélie.  Il  mourut  des 
suites  de  sa  blessure  :  il  n'avait  pas  dix-huit 
ans.  A.  DE  L. 

rtdoirti  €t  ConçuUes  des  Français,  etc.,  t.  IV,  VII, 
VIJI.  "  Gérard,  A^tei  des  plu$  iUustret  marins  fran- 
çais (Parte,  lau,  In-is),  p.  Sll-31t.  -  Le  Bis,  Diet. 
tncfclopédiquê  de  la  France.  —  i>.  Lerot,  Biof/raphie 
àrttpsme.  —  Ogée,  INcC  Mst .  de  Bretaifue,  1. 1*',  p.  itl. 

HiBH  (  Thierry  ),  historien  allemand,  né  à 
Niem,  dans  le  diocèse  de  Paderbom,  dans  le  se- 
cond qnart  du  quatorzième  siècle,  mort  vers 
1417.  Après  avoir  obtenu  en  Italie  le  doctorat 
en  droit  et  en  tliéologie,  il  reçut  en  1381  une 
prébende  à  Bonn  ;  en  1364  il  fut  nommé  cha- 
noine à  Lucques.  Appelé  quelques  années  après 
à  la  cour  pontificale,  il  y  obtint  l'office  de  proto- 
notaire  apostolique,  et  fut  chargé  de  plusieurs 
négodations  diplomatiques,  entre  autres  près 
la  cour  de  Constantinople.  En  1394  il  fut 
nonuné  évèqoe  de  Verden,  et  en  1396  évéque 
de  Cambrai.  Il  fut  un  des  membres  les  plus  ac- 
tifs du  concile  de  Constance.  On  a  de  lui  :  De 
tchismate  M^ri  III  ;  Nuremberg,  1532,  in-fol.  ; 
les  éditions  suivantes  de  cet  important  ouvrage 
contiennent  an  quatrième  livre  ;  elles  parurent 
àBâle,  1560  et  1566,  in-fol.;  Nuremberg,  1592, 
in^"*;  Strasbourg,  1609  et  1619,  in-8'';  —  His- 
toria  Johannis  XXI II  pontificis;  Francfort, 
1628,  in-4®;  reproduit  dans  les  Seriptores 
Muoniei  de  Meibom  et  dans  VHist.  condlH 
Consiantiensis  de  Hardt;  —  Vitœ  pontificum 
rumanerum ,  a  Nicolao  IV  tuque  ad  Urba- 
num  F,  dans  le  t.  L*^  de  VHist.  medii  xvi,  d'£o- 
card;  ~  Invectiva  in  Johannem  XXI  11^  dans 
VHist.  de  Hardt;  ^  Le  neeessitate  rtforma» 
tionis  Bcelesias,  dans  le  même  ouvrage.     O. 

Pntjea,  jitUt  «ntf  If  eues  aut  dem  Henagtkitm  Bre» 
n«n  niitf  yerden,  t.  vu,  p.  i7i.  ~  BoUlo,  CesekicAUdes 
CmeUinm  zu  KostnUz, 

xiEXANH  (  Àuguste-Chrétien-HenH  >»  pu- 
blidste  allemand,  né  le  30  janvier  1761,  à  Ai- 
toua,  mort  le  22  mai  1832,  k  Kiel.  Il  étudia  les 
lettres  et  le  droit  à  léna,  fut  reçu  docteur  en 
philosophie  à  Goettingue,  entra  eu  1785  dans 
renseignement,  et  professa  à  Altona  la  philoso- 
phîe,  puis  la  statistique  et  Tadministration.  On 
ft  de  lui  :  Grundsœtze  der  Siaatstoirthschaft 


(  Principes  d'économie  politique};  Altona,  1796; 
—  et  trois  recueils  périodiques  :  Schleswig' 
hoisleinische  Provinzialberiehte  (  Altona, 
1787-1800, 181 1-1818),  Schleswig'htolsteinisehe 
Vaterlandskunde  (  ibid.,  1801  ),  et  Vàterlxn- 
dische  WeltbericAte  (  ibid.,  1820-1822).  K. 
JHèuer  J9ekroloç  der  Deutseken^  188t, 

NiBMARN  (  Jean-Frédéric  ),  médedn  alle- 
mand, né  en  1764,  à  Hadmersieben  (Anhait* 
Dcssau  ),  mort  le  6  septembre  1846,  à  Merse- 
bourg.  Reçu  docteur  en  1787,  à  Halle,  il  prati- 
qua d'abord  la  médecine  k  Halk)erstadl,  puis  à 
Mersebourg,  devint  conseiller  de  santé  en  1800, 
et  prit  sa  retraite  en  1841.  Il  était  membre  de 
plusieurs  Académies  du  Nord  et  de  l'Allemagne. 
On  a  de  lui  :  Taschenbueh  /uer  ffausthier- 
«rztej  jErzte  und  Œkonomen  (  Guide  des 
vétérinaires,  des  médecins  et  des  économes  )  ; 
Halberstadt,  1804-1805,  et  1813,  2  vol.;  — 
Anleitung  sur  Visitation  der  Apotheken 
(Instruction  pour  la  visite  des  officines}; 
Leipzig,  1807,  1810,  1831,  in-8'';  —  Hand^ 
buch  der  Siaatsarzneiwissenscha/t  (  Ma- 
nuel de  médecine  l^le);  Leipzig,  1816, 
2  Tol.  gr.  in-8*;  —  Symbiotikon  ;  Leipzig, 
1818  in-8'';  ^  Taschenbueh  der  Staatsarz- 
neiwissenschq/t  (  Guide  de  médecine  légale  )  ; 
Leipzig,  1827-1829,  2  YoL  10-8**;  —  Taschen- 
bueh der  Veterinœrwissenscha/t  (  Guide  de 
l'art  vétérinaire)  ;  Leipzig,  1830,  in-8<*.  Il  a  édité 
avec  des  notes  Pharynacopœa  batava  (Leipzig, 
1811,  1824, 2  vo1.gr.  in-8'').  P. 

CaUtMik.  Médian.  Sckri/st.-Lex. 

AiBMCBWicz  (  Julien- Ursin  ),  homme  d'É- 
tat et  littérateur  polonais,  né  en  1757,  Skoki ,  en 
Lithuanie,  mort  à  Montmorency,  près  Paris,  le 
21  mai  1841.  Élevé  au  corps  des  cadets  k  Var- 
sovie, il  prit  du  service  dans  l'armée,  qull 
quitta  en  1788  avec  le  grade  de  major.  Élu  en 
1788  membre  de  la  diète,  il  s'y  fit  le  défenseur 
de  toutes  les  mesures  qui  pouvaient  régénérer 
son  pays  ;  par  sa  parole  éloquente ,  par  ses  ex- 
cellents articles,  publiés  dans  la  Gaseta  na^ 
rodowa,  dont  il  était  un  des  rédacteurs,  Il 
exerça  bientôt  une  grande  influence,  qui  fut 
encore  augmentée  par  le  renom  que  lui  valu- 
rent ses  Chants  historiques^  où  il  célébrait  les 
héros  de  la  Pologne.  En  1794  il  fit  la  campagne 
contre  les  Russes,  comme  aide-de-camp  de 
Kosciusko;  blessé  et  fait  prisonnier  à  la  bataille 
de  Macieîowicé,  il  recouvra  sa  liberté  à  l'avé- 
nement  de  Paul  P',  et  se  retira  aux  États-Unis. 
Il  revint  en  Pologne  en  1807,  et  fut  nommé  se- 
crétaire du  sénat  et  membre  du  conseil  de  l'ins- 
truction publique  ;  malgré  ses  attaques  satiri- 
ques contre  le  gouvernement  russe,  dans  ses 
Lettres  lithuaniennes,  publiées  pendant  la 
campagne  de  1812,  il  fut  jusqu'en  1821  main- 
tenu dans  ses  fonctions  par  l'empereur  Alexan- 
dre, qui  l'appela  aussi  à  présider  le  comité  de 
constitution.  Dans  les  années  suivantes  il  fut 
élu  président  de  la  Société  des  sciences  de  Yar- 


4>1 


MEMCEWICZ  —  NIEMOJOWSKI 


52 


f;ovie.  A  le  rv.sohtWon  de  1930  il  entra  dan»  le 
consefi  Mipciieitr  (iVdftiimstratfoii',  et  ivprH  en 
iitétnc  temps  soû  eti»(»tei  de  secrétaire  «ia  se- 
m^;  en  1631  il  qufttt»  son'  (lay»,  s^ovrna  qeel^ 
<]tie  teiRfis  à  Lomlfes ,  e4  vint  enfln  se  fixer  à 
l'&ris.  Nitmcewic^b  est  oi»  des  poètes  polonais 
les  plus  remarquaMe»  ;  ses  comédies,  comme  ses 
fîibles,  sontrerapKes  d^'espritet  de  sel.  On  a  de 
1m  en  polonais  :  Oétes  écrite»  en  quittant  V An- 
gieterre  en  1787  ;  —Casimir  le  Grande  drame; 
—  le  Retour  du  nonce;  Varsovie,  1791 ,  co- 
médie ;  —  Odes  à  Varmée  polonaise  pendant 
Ar  campagne  de  179?^*^  Notice  sur  Wa^ 
xhingtoH  ;  ~  f^iadistas,  roi  de  Potogne,  sous 
Varna';  Varsovie,  1307 ,  tragédie;  —  Les  ^a* 
gef  du  roi  Jean  Sobiesfti;  Varsovie,  1809,  oo» 
liiédie;  —  Lettres  lithuaniennes,  7  vol.  ;  — 
VÉgoiste,  coméfiié;  —  Chants  kistari^Hes  de 
ta  Pologne  ;V9rsoih^  181  A,  tcaduits  en  français 
parForster,  sous  le  titre:  La  vieille  Pologne  ; 
Paris,  1833,  ita-4*';  souvent  réimprimé;  une 
traduction  allemande^en  a  été  donnée  par  Gaiidy  ; 
Leipzig,  1833  ; — le  Règne  de  Slgismond  Ili,  roi 
dé  Po^o^ne;  Varsovie,  1819;  etBi*eslatt,  1836, 
3vol.  ;  —  Fables  et  Contes;  iMd.,  1820  et 
1822,2  vol.  in-8°;  —  Recueil  de  mémoires 
historiques  sur  Vaneienne  Pologne  /Varsovie, 
1H22,  ô  vol.;  Berlin,  t82&;  —  Les  deux  Sie^ 
cieck  ;  Varsovie,  1819,  roman  historique  ainsi 
que  Jean  de  Tanezgn  ;  Varsovie ,  1 325,  3  vol. 
in- 12  ;  dans  nn  autre  roman,  Lepba  et  Sivra, 
Kicmcewicz  a  dé^jcint  la  situation  mallieureuse 
des  juifs  en  Pologne;  diverses  traductions  du 
français  et  de  Tanglais.  Ses  Œuvres  littéraires 
«ot  été  recueillies  en  12  vol.  ;  Leipzig,  1840; 
parmi  les  nombrem  écrits  qu'il  a  laissés  en  ma- 
nuscrit, on  n'a  encore  publié  que  ses  Notes  sur 
ma  captivité  à  Saint-Pétersbourg  ;  Paris,  1 843. 

O. 

Cùnvertatlong^Lexikon.  —  Bnglith  C^cUipmdia. 

KiBMfiTBR  { Auguste- H ermann  ),  poète  et 
théologien  protestant  allemand,  naquit  let^^^Rep- 
fembre  1754,  à  Halte, oii  son  père  était  (lastetir,  et 
mourut  dans  la  même  vill(%  le  7  juin  1 828.  Sa  mère 
«tait  la  petite- fille  du  célèbre  Auguste-Hermann 
Francke,  le  fondateur  de  la  maison  des  Orptie- 
lins  et  d'autres  institutions  de  charité  de  la  vttle 
de  Halle.  Après  avoir  étudié  la»théologie  sous 
Semler,  Ndsselt  et  Griesbacli ,  il  fut  nommé  en 
1779  professeur-  extraordinan^e  de  tHéolop^ie  et 
ea  1784  professeur  onihiaire  et  inspecteur  du* 
aéminaire  théologîque  de  sa  ville  natale.  En- 
1799  il  fbt  chargé  <le  la  direction  des  étaMisse- 
ments  de  charité  fondés  par  Francke.  Il  apporta 
le  plus  grand  dévouement  à  leur  administration, 
«t  quand,  à  l'époque  de  l'invasion  de  la  Prusse 
par  les  armées  fhtnçaises,  ces  étaUissementa 
furent  menacés  dans  leurs  intérêts  et  méttie  daas 
leur  existence,  le  zèle  avec  teqoel  il  travailla  k 
les  sauver  lut  poussé  si  loin  qu'il  devint  suspect 
scux  vainqueurs.  Niemeyer  Ait  déporté  à  Pont-à- 
Moosson,  en  mai  1807,  comme  an  bomme  dan» 


gcreux.  Sa  ca)itivité  ne  Ait  cependant  ni  dnrsni 
longue.  Le  9  octobre  de  la  même  année  i)  étant 
de  retour  dans  sa  ville  natale.  En  1809,  il  fbt 
nommé  chancelier  et  recteur  perpétuel  de  Tuni- 
versité  de  Halle. 

Sans  avoir  ouvert  des  vues  nouvelles  dans  les 
sciences  théologiques,  il  s'acquit  une  répntfttioo 
méritée  par  la  variété  de  ses  coonaissaneea  et 
par  le  bon  esprit  dans  lequel  il  maiatint  son 
enseignement.  De  ses  nombreux  ouvrages,  H 
ftmt  -citer  les  suivants,  comme  les  plus  impôt'» 
tanis  :  Chttrahteristik  drr  Bibel;  HaRe, 
1775-1782.5  vol.  in-8";  6*  édit,  1830.  Ow- 
vrage  intéressant  et  bien  fait,  mais  dépassé  de- 
puis longtemps  par  les  travaux  postérieurs  ;  — 
Gedichte;  Halle,  1778,  in-8";  —  Banébueh 
fur  christ liche  Religions  lehrer  ;  HWle,  1790, 

2  vol.  ln-8";  6*  édît.,  1827;  —  Grundsàtse  der 
Erzichung  und  des  Unteirichts  ;  Halle,  1799, 

3  vol.  in-8*;9«  édit.,  1834-4839;  —  Leitfaden 
der  Pâdagçgik  und  Dldaclik;  Halle.  1802, 
in-8'  ;  -^Ansichten  der  deutschen  Pàdaçogik 
und  ihrer  Gesckiehle  im  18  Jahrhxindert  ; 
Halle,  1801,  in-8*  ;  —  Ùrigtnaistellen  Sriech, 
und  romisch.  ClassikerUber  die  Théorie  der 
J^rsteftting;  Halle  et  Berlin,  1813,  in-S*";  — 
Geistliche  Lseder,  Oratorien  und  vermiscbit 
Gedichte  ;  Halle,  1814,  in.  8*"  ;  •  Beobachfun^ 
gen  ouf  Reisen  in  und  ausser  Deutschland  ; 
Halle,  1820-1826,  5  vol.  in-8°.  Le  quatrièmn 
contient  le  récit  de  sa  déportation  en  Franco  ;.  — 
Theotogische  Sncyklopàdie  und  Melhodol,  ; 
Leipzig,  1830,  in-8°.  M.  N. 

Heraog,  neai-SneifklêpdiUe  fur  prétest.  Théologie. 

KifeMOJowsKi  (  Joseph  ),  général  po4«MiaiSy 
né  vers  1760,  dans  la  grande  Pologne,  tué  en 
1813,  à  Pololzk.  Issu  d'une  famille  ancienne  et 
starosté  de  Szrem,  il  fut  un  des  patriotes  éner- 
giques qui  en  1794  se  mirent  à  la  tête  de  leurs 
(iaysaRs  et  obligèrent  le  roi  de  Prusse  à  lever  le 
siège  de  Varsovie.  Après  s'être  emitaré  de  Szrem^ 
il  fut  confirmé  par  Kosciuszko  dans  la  dignité 
de  général  du  palatinat  de  Posuanie,  et  s'avança 
jusqu'aux  por'es  de  Tliom.  Lorsque  rinsurrec^* 
tion  eut  été  comprimée  par  les  trois  puissanoés 
alliées,  il  fttt  emprisonné  dans  une  forteresse,  et 
ne  recouvra  la  liberté  qu'en  payant  une  forte 
rançon.  En  1808  il  prit  du  service  dansTarmée 
frtinçaise^  commanda  l'avant-garde  au  combat  de 
Dirsclien,  et  f«l  tué  à  la  bataille  de  Polotzk.  K. 

vtEHiQtmvnsiÈ  (  Vincent),  patriote  polo- 
nais, né  e»  1784,  à  SUipia  prèsKalisch,  moit  en 
1834.  H  était  de  lafannille  dn  précédent.  Après 
avoir  étudié  le  droit  dans  les  universités  d'Alle- 
magne ,  il  occupa  un  emploi  dans  t'administra- 
tion  du  grand-duel  lé  de  Varsovie  (1806)  et  fut 
député,  par  le  choix  de  ses  concitoyens,  au  con- 
seil général  de  son  district  (1808).  Élu  nonce  de 
Kaltsch  en  1818,  il  se  rangea  aussitôt  du  cêtéda 
Topposition  et  plaida  avec  chaleur  dans  la  diète 
4e  1820  1&  cause  des  institutions  natlobales. 
«  La  charte  constitutionnelle,  dit-Il  alors,  est 


sz 


KIEMOJOWSKI  —  NIEPCE 


54 


ont'  propriété  du  peuple  ;  le  souverais  n*a  le  droit 
ni  iW  to  détruire  ni  de  la  changer.  I9oas  avons 
perd»  U  liberté  de  la  presse  ;  nous  n'av<ms  plos 
i\e  \\h&/ié  individuelie,  le  droit  de  propriété  est 
violé,  on  Ttni  nous  priver  encore  de  la  respon- 
sabilité de«  ministres.  Que  non»  restera4-il  de 
notre  «harte?  Renonçons  plutôt  à  ces  débris  de 
Bosi;aranlies  ;  qirils  cessent  de  sArvirde  pié^te  à 
eeu\  qui  s'y  fient  de  boBne  Toi.  »  Ne  s'en  tenant 
pas  à  CCS  coiirageaiics  paroles,  il  dressa  Tacte 
d'aecaaatiiMfc  contre  le»  ministres  ai^iiatairas  des 
•rdoonanoes  nsurpatriees.  Son  iofliMBce  sur  les 
disensaion»  inquiétait  le  goovemement  msse. 
On  loi  istima  l'ordre  de  ne  plu»  se  présenter 
devant  le  souverain  et  en  néine  temps  de  s'abs* 
leair  de  paraître  à  la  diète.  Niemojowski,  dé- 
TOQé  à  la  patrie  et  à  la  liberté,  se  rendit  néan- 
moittsà  Varsovie,  le  7  mai  I82ô,  pour  rowrerlMra 
de  U  session  :  à  peine  arrivé  aux  harrièreft  de  la 
ville,  il  fut  arrêté,  reeendnit  cliaa.  lui  el  gifdé 
à  vue  par  on  détaehement  de  soldat»  entrele- 
nas  à  ses  frais.  Cette  séquestration  dura  plu»  de 
cinq  années.  En  vain  s'adressa-t-U  à  l!eiiipereur 
et.Jin  exposa- t-il  avec  énengie  l'outrage  fuit  a«i 
lois  en  sa  personne  ;  la  réponse  qu'il  en  obtint 
fut  courte  :  «  Le  tsar  sait  oe-qni  est  airivé;.  les 
aatnrilé»  ont  agi  confermémeot  à.  fii  «atonie  ; 
il.itniKMe  silence  et  ordonne  am  ministres  de 
reliieer  tente  plainte  de  la  part  du  suppliant.  » 
La  révolution  du  19  novemface  1830;  Ift  rendit  à 
la  btwrté.  Ifiemojowski  vint  à  Varao^  eempt 
à  diverse»  reprises  le  ministèrade  Tintérieur»  et 
fut,  après  le  renversement  de  lu  dictattîre,  on 
<les  cinq  membres  dn  gouvemement  national. 
Jeté  de  nouveau  en  prison,  il  fut  condamné  ea 
1324  à  la  déportation  en  Sibérie;  nat»  sn santé, 
éfMiisée  par  une  maladie  aignè,  ne  put  suppor^ 
ter  le»  fatignes  du  transpert^  et  il*  maumt  en 
conte.  C'était  naUttérateur  c^  talent;  on  connaît 
de  lui  de»  fables ,  des  épif^rammes,,  plusieurs 
Messéniennes  trad.  de  C.  Deiavigee,  et  des  ar- 
ticle» polémiques  dans  le»  jouniaua  polonais.  K. 
si£aoJOWS&i  iBQnavenèure)^  frère  de 
piéaéiieDt,néen  17S7,  è  Kaliscli,  meri  en  IBâS^ 
à  Parâ.  Il  débuta  à  la  diète  de  1S20,  et  se  di»- 
tiagon,  comme  son  frère,  par  le  défense  des 
droits  do  peuple  et  par  sa  fermeté,  au  roilieotdes 
persécutions.  En  182â  on  lui  iotenla  un  procès 
criminel,  et  le  sénat,  sans  en  attendre  l'issue, 
qui  démontra  son  innecanoei^  »*erapi«SfSa  de  cas- 
ser son    élection.  Il   trouva  le  moyen  d^re 
encore  uliJe  dons  la  direction  générale  du  crédit 
territorial,  fonction^  que  se»  concitoyen»  lui  coo- 
tiereot  deux    Ibis,  d'un  vote  unanime.  Piendanl 
la  révAlution  polonaise,  il  fut  roiniâtre  de  la  ju»' 
tice  et  de  Fintérieur,  et  présida  tecomité  insurrec- 
tûmnel  des  provinoes  russes;  mais  à  la  suite  d'un 
démêlé  avec  Malaaowski  au  sujet  du  servage,  qu'il 
vottLnl  abolir  en  Lithuaoie,  il  donna  sa»  déna»- 
sion  et  ne  siégea  plus  à  ta  diète  que  comme  rn- 
préseatant  de  Kaliscli.  Le  17  avril  1831,  il  devint 
Tice-président  de  la  république,  et  occupa  oe  poste 


jusqii*ao  moment  oti  le  général  Keukovrieckt 

traita  de  ta  capitulation  de  Varsovie  (  7  septen>> 

bre  ).  Après  avoir  tenté  encore  quelques  efforts 

pour  continuer  la  résistance,  ii  se  réfugia  en 

Prusse  et  de  là  à  Parisw  On  a  de  lui  :  Des  der'-> 

nkers  épéttementi  de  la  réwltUion  poêcnatie; 

Pari»,  1838,  in-8^  K. 

Mogr.  wniv.  et  portât,  dèi  CoH*»np.   —  L.  ChoMlo, 
ùa  Mnt'»9mK  UiHâtrée*  -^  Pierer.  Vuimtjtmà'Lucl^Mk, 

mwMmcm  (  Jonepk'-NMpàowê  ),  chiaiisla 
français,  inwiratettr  de  II  photographie ,  né  le 
7  mars  174I&V  àChAlonS'-sup^aâne,  mort  le  5  joil;> 
le^  tSJl.dans  les  environ»  docette  villes  II  appar» 
tenait  à  une  famille  distiagufe  dans  la*  magistrat 
tnre,  et  son  père,  Clfeiide  Nlepee,  était  conseiller 
dn  roi  et  receveur  des  consignations  au>»  baittiage 
et  chancellerie  de  CMAans.  Sa^  jeunesse  »*écoola 
paisiblement  auprès  de  ses  parents.  Doux  ,  spi- 
rituel, m  peu  caustique,  m»  peo  peëte  et  par 
conséquent  asser  iasoneteo?!,  il*  se  laissait  vivra 
sans  se  demander  o6  il  aHaiL  Loffsq«ie  éclata  la 
révolution,  il  céda*  àTentralnement-giviéni^  et  sa 
fit  soMat;  entré  le  lO  mai  1793'  comme  soue- 
lieutenant  dans  le  42*  régiment  d'tnàinlerie{  ci- 
devant  Limousin),  il  devint  lieutenant,  le  a  mai 
1793,  fit  une  campagne  dans  lltede  Sar daigna 
et  prit  part  à*  deux  batailles  en  Halie.  Le  18  v««* 
tOeean  n  (  8  mars  1794),  il  fut  adjoint  à  radju* 
dant  général  Frottier  ;  mais  une  maladie  épidé^ 
mique  dent  il  fut  atteint,  jointe  à  Tetitrèmefé»- 
blesse  de  sa  vue,  le  força  de  quitter  I»  car- 
rière des  armes.  Le  30  Boven»bre  1795,  il  fbt 
nommé  adminiâtrateur  du  disirict  de  Nice,  qui 
appartenait  alors  à  la  Franee^  et  garda  ce»  tone» 
lions  josqu'en-  tèot.  A  cette- date  Niepce  revînt 
avec  sa  femme  et  son  fils  au  foyer  paternel.  Il 
partagea  d'abord  les  travaux  de  son  fl-ère  alaé, 
qui  s*occapait  demécaniqne  ;  ensemble  ils  imagi- 
nèrent plusieurs  machines,  fort' ingénieuse»  dn 
reste,  mais  dentii»  ne  tinèrent  auoaii  partit  la 
1808  ils  prireot  un  brevel  diniientioa  (lour  une 
maebine  (  le  pyréotûphore  ),  qui  lear  valut  les 
compifHMBts  de  Caraot',  puis  ils  construisirent 
noe  pompe  bydrostatiqne.  Quittant  la  méca- 
nique pour  la  clùmie,  ils  a'apptiqoèrent  à  la  ca\- 
tuvedo  pastel  (tSfi),  et  parvinrent  à  en  extraire 
une  fécule  ooloranta  d*uoe  beanlé  comparable  à 
oeife  de  nndlgo>  Malgré  le  départ  de  soa  frère, 
il  continua  de  se  livrer  aux  recherche»  scienti- 
âqace.  »  LaHIbograpMe  venait  d*étre  inventée, 
dit  M  Kacao.  IW  le  monde  voulait'  en  faire  : 
Kiepee  fit  comme  tout  le  monde.  Mai»  il  hn 
était  difficile,  dan»  sa  retraita,  de  se  procurer  des 
pierres  oonveaables ,  d'ailleurs  très-coftteose». 
En  se  promenant,  il  avait  remarqué  sur  la  ronte 
des  cailloiHL  dfestiné»  b  être  broyés  et  dont  la 
nature  loi  sendri»'  se  tapproeber  de  celie  des 
pierre»  lithographiques.  H  raaaassa  les  phis  gros 
qa'il  put  trouver  et  coromanç^  à  l'aide  (te 
nombreux  vernis  qu'il  composa,  une  série  d'es- 
sais infructueux.  L'homogénéité  de  ce»  pierre» 
étant  imparfaite,  il  en  résultait  des  inégalilé» 


ûô 


JSIEPCE 


56 


dans  raction  des  acides.  Mais  Niepce  n'était  pas 
homme  à  s'arrêter  deTant  ces  difficultés  :  elles 
le  condaisirent  seulement  à  chercher  une  sub- 
stance plus  homogène;  alors  il  essaya  de  l'étain. 
Puis,  vers  1813,  il  lui  prit  fantaisie  de  remplacer 
le  crayon  lithographique,  comme  il  avait  rem- 
placé la  pierre,  et  alors  une  idée  étrange  s'empara 
de  lui:  il  voulut  que  ce  fût  la  lumière  qui  flt  elle- 
même  le  dessin.  Dès  ce  moment  il  n'eut  plus  d'autre 
pensée.  Qu'on  se  figure  maintenant  cet  homme 
relégué  au  fond  d'une  province,  loin  de  tons  les 
conseils  et  de  tous  les^enseignements,  réduit  k 
ses  propres  moyens,  livré  à  une  idée  sans  cesse 
présente,  qui  ressemblait  à  de  la  folie,  voulant 
fixer  l'image  syr  le  miroir,  faire  un  dessin  avec 
un  rayon  de  lumière!  » 

ïroublé  par  les  événements  de  lgl4  au  mî- 
Ueu  de  ses  travaux,  Niepce  en  reprit  le  cours 
avec  une  ardeur  toujours  croissante.  Ses  pro- 
grès dès  lors  furent  constants.  En  1822  il  ob- 
tint sur  étaîn  poli  ou  sur  verre  des  copies  fidèles 
de  gravures  à  l'aide  d'un  Ternis  bitumineux  de 
sa  composition;  en  1824  il  réussit  définitive- 
ment à  fixer  sur  des  écrans  préparés  les  images 
de  la  chambre  noire.  Si  les  résultats  étaient 
imparfaits,  on  pouvait  déjà  déclarer  le  problème 
résolu.  Dans  l'automne  de  1827  ,  il  se  rendit  en 
Angleterre  pour  rendre  visite  à  son  frère  atni. 
Ayant  fait  à  Kiew  la  connaissance  d'un  savant 
distingué,  Francis  Bauer,  il  lui  apprit  qu'il  avait 
découvert  le  moyen  de  reproduire  et  de  fixer 
d'une  manière  permanente  l'image  de  tout  objet 
par  l'action  spontanée  de  la  lumière,  et  lui 
montra  plusieurs  spécimens  d'images  fixées  sur 
étain  poli  et  d'épreuves  sur  papier  obtenues  d'a- 
près ces  planches.  A  la  prière  de  F.  Bauer,  il 
adressa,  le  8  décembre  1827,  à  la  Société  royale 
de  Londres  un  mémoire  sur  sa  découverte  en 
même  temps  que  des  épreuves  ;  mais  comme  il 
ne  voulut  pas  donner  son  secret,  on  lui  rendit 
tout  et  la  communication  n'eut  pas  d'autres 
suites.  Au  commencement  de  cette  même  année, 
Niepce,  songeant  à  faire  aux  aris  l'application 
de  sa  découverte ,  était  entré  en  correspon- 
dance avec  un  graveur  habile,  M.  Lemaltre; 
elle  dura  jusqu'à  la  fin  de  1829.  Dans  ces  let- 
tres, insérées  dans  La  Lumière  (1851 ,  n°'  2  à  8)» 
on  le  voit  quitter  l'étain  pour  le  cuivre,  revenir 
à  l'étain,  dont  la  blancheur  lui  semblait  plus  con- 
venable, et  employer  le  plaqué  d'argent  dont  on 
se  sert  encore  aujourd'hui.  C'est  là  qu'on  trouve 
l'origine  de  ses  relations  avec  l'un  des  inven- 
teurs du  Diorama^  Daguerre.  «  Cerooosieury 
racontait  en  1827  Niepce  à  M.  Lemaltre,  ayant 
été  informé,  je  ne  sais  comment,,  de  l'objet  de 
mes  recherches,  m'écrivit  l'an  passé,  dans  le 
courant  de  janvier,  pour  me  faire  savoir  qu'il 
s'occupait  du  même  objet  et  pour  me  demander 
si  j'avais  été  plus  heureux  que  lui  dans  mes  ré- 
sultats. Cependant,  à  l'en  croire,  Il  en  aurait 
déjà  obtenu  d'étonnants,  et  malgré  cela  il 
me  priait  de  lui  dire  d'abord  si  je  croyais  ia 


chose  possible.  Je  ne  vous  dissimulerai  pas 
qu'une  pareille  incohérence  d'idées  eut  lieu  deme 
surprendre,  pour  ne  rien  dire  de  plus.  «Au  bout 
d'une  année,  en  1827,  Niepce  reçut  une  seconde 
lettre  de  Daguerre,  qui,  en  lui  demandant  où  il 
en  était,  le  priait  de  lui  envoyer  une  épreuve. 
Niepce  fit  alors  un  voyage  à  Paris,  et  eut  une  en- 
trevue avec  Daguerre  ;  celui-ci  ne  lui  montra 
aucun  de  ses  essais,  ce  qui  n'empêcha  pas  Niepce 
de  lui  communiquer  quelques-uns  des  siens. 
Quelque  temps  après,  Toyant  ses  progrès  cons- 
tamment entravés  par  le  mauvais  état  de  la 
chambre  noire,  il  proposa  à  Daguerre,  qui  avait 
perfectionné  cet  appareil ,  d'associer  leurs  tra- 
vaux. Un  traité  fut  passéentre  eux  à  Chàlons,  le 
14  décembre  1829.  D'après  cet  acte,  qui  n'est 
pas  suffisamment  connu,  il  est  établi  d'une  ma- 
nière incontestable  que  Niepce  est  Vinventeur  de 
la  photographie.  •  M.  Niepce,  y  est-il  dit,  a  dé- 
couvert le  moyen  de  reproduire  spontanément  les 
images  reçues  dans  la  chambre  noire.  »  Après 
la  signature  du  traité,  il  s'était  engagé  à  «confier 
à  Daguerre,  sous  le  sceau  du  secret,  qui  de- 
vait être  conservé  à  peine  de  tous  dépens,  le 
principe  sur  lequel  reposait  sa  découverte  et  lui 
fournir  les  documents  les  plus  exacts  et  les 
plus  droonstanciés  sur  la  nature,  l'emploi  et  les 
différents  modes  d'application  des  procédés 
qui  s'y  rattachaient  (  art.  3  )  ».  Il  apportait  à 
titre  de  mise  en  société  «  son  invention,  re- 
présentant la  valeur  de  la  moitié  des  produits 
dont  elle  était  susceptible  »,  et  de  son  côté  Da- 
guerre apportait  seulement  «  une  nouvelle  com- 
binaison de  chambre  noire,  ses  talents  et  son 
éducation  »  (art.  5). 

A  peu  de  temps  de  là  rÇepce  mourut,  pauvre 
et  ignoré,  dans  une  modeste  maison  de  campa- 
gne près  de  Chàlons.  Le  7  janvier  1839  Daguerre 
communiqua  à  l'Académie  des  sciences  le  résultat 
des  travaux  qu'il  avait  continués  ;  la  chambre 
des  députés  lui  accorda  une  pension,*  et  la  dé- 
couverte s'appela  daguerréotype  «  Daguerre 
est  mort  à  son  tour,  dit  M.  Lacan.  Nous  serons 
juste  enrers  lut  comme  envers  son  prédéces- 
seur. H  a  perfectionné,  simplifié,  vulgarisé  ce 
que  Niepce  a  inventé;  mais  il  a  recueilli  tout 
l'honneur  de  l'oeuvre  commune. 

Ernest  Lacan,  dans  le  Moniteur  du  i<  Janvier  itSS.  - 
Lu  Lumière,  1881. 

NIKPGB  DB  BAIRT-TIGTOB  {Clatlde-Fétix- 

Abet),  neveu  du  précédent,  a  beaucoup  contribué 
par  ses  travaux  au  perfectionnement  de  la  pho- 
tographie. Né  le  26  juillet  1805,  à  Saint-Cvr, 
près  Chàlons-sur-Sa6ne,  il  suivit  la  carrièri* 
militaire,  et  sortit,  en  1827,  de  l'école  de  Sau- 
mur,  avec  le  grade  de  maréchal-des-logis  ins- 
tructeur. Il  eut  de  bonne  heure  un  goût  pro- 
noncé pour  les  sciences,  et  s'attacha  particulière- 
ment à  en  saisir  tous  les  points  d'application. 
En  1842,  pendant  qu'il  était  à  MonUuban,  il  se 
mit  à  étudier  les  matières  colorantes  sous  11  n- 
fluence  des  acides:  une  tache  de  jus  de  citron. 


ù7 


NIEPCK 


58 


i]a'il  essayait  d'enlever  sur  son  pantatoQ  de  ga- 
rance» avait  été  ToccasioD  de  cette  étude.  Â  la 
même  époque,  le  ministre  de  la  guerre  avait 
déddé  que  les  revers,  les  collets  et  les  parements 
de  tretxe  régiments  de  cavalerie  seraient  de  cou- 
leur orangée,  de  roses  ou  cramoisis  qu'ils  étaient. 
En  essayant  à  cet  effet  d'abord  l'œillet  dinde, 
puis  le  bois  de  fustel,  M.  Niepce  découvrit  un 
procédé  très-économique ,  mentionné  honorable- 
ment dans  le  rapport  du  jury  de  CexposUion 
des  produits  de  Findustrie  et  des  arts  de 
Poitiers  (  août  1842  ).  Le  ministère  l'adopta,  à 
la  suite  des  expériences  concluantes  qui  avaient 
été  faites  devant  une  commission  présidée  par 
M.  Chevreul.  H.  Niepce  céda  son  procédé  avec 
le  désintéressement  le  plus  complet.  Lieutenant 
depuis  1841,  il  fut,  en  184S,  incorporé  avec  son 
grade  dans  la  garde  municipale.  Il  était  à  peine 
depuis  deux  ans  à  Paris,  lorsqu'il  présenta ,  le 
2&  octobre  1847,  à  l'Académie  des  sciences  son 
beaa  mémoire  Sur  Faction  des  vapeicr<,qui,  sur 
un  rapport  de  M.  Chevreul,  fut  insérédans  le  Be- 
cueil  des  savants  étrangers  (1).  Le  même  jour, 
M.  Niq)ce  annonçait  à  l'Académie  ses  premiers 
essais  de  photographie  sur  verre,  obtenus  à  l'aide 
d'une  oooche  d'amidon.  Dans  l'intervalle  éclata 
]a  révolution  de  Février,  qui,  par  le  licenciement 
de  b  garde  municipale,  le  mit  en  non-acUvité. 
11  ne  reprit  qa'avec  plus  d'ardeur  ses  études  pho- 
tographiques, et  dès  le  12  juin  1848  il  communi- 
qua à  l'Académie  ses  procédés  de  photographie 
sur  verre,  qui  ont  donné  depuis  de  si  beaux  ré- 
sultats. Quelques-unes  de  ces  épreuves,  qui  mar- 
quent une  des  grandes  phases  de  l'mvention  de 
Nioépbore  Niepce,  ont  figuré  à  l'exposition  uni- 
verselie.  En  juillet  1848  M.  Niepce  quitta  mo- 
mentanément Paris  avec  le  10^  régiment  de  dra- 
gons, où  il  venait  d'être  réintégré  comme  lieute- 
nant ffororoé  capitaine,  le  11  novembre  suivant, 
il  revint,  en  avril  1849,  À  Paris  servir  avec  le 
même  grade  dans  la  garde  républicaine.  Depuis 
iors  tous  ses  moments  de. loisir  sont  consacrés 
à  réiode  si  intéressante  des  phénomènes  que 
peuvent  produire  tous  les  corps  de  la  nature  sous 
l'influence  de  la  lumière.  Pour  mettre  ce  savant 
et  naodeste  officier  à  même  de  poursuivre  plus 
librement  ses  travaux,  l'empereur  le  nomma, 
le  19  février  1854,  commandant  do  Louvre, 

(1)  Ce  rapport  remarquable,  précédé  d'ane  uTante  Id- 
tradvctlott,  se  termine,  en  prenant  oecaslon  do  traTall. 
de  H.  nirpce,  poar  appeler  l'attention  des  sa? ants  far 
les  potola  aulvanta  :  l*>  ■  rattractiun  élective  avec  la- 
<rncUe  one  mène  rapenr  peut  être  Oxée  par  dlfféreuts 
e«rp»  ;  1*  raUracUon  éleeUve  de  certaines  ? apears  qal 
ae  Iment  an  pépier  bUoc  de  préférence  ans  parties 
Botres  d'une  encre  grasse,  ainsi  qne  cela  arrWe  à  la  fa- 
pmr  de  Tadde  asotiqae ;  t*  la  rapidité  areebqiuile 
peavcnt  réaflr  une  vapeur  et  Sre  corps  solides  auaal 
compactes  qne  le  aont  les  métanx,  comme  on  l'observe 
entre  la  vapeur  de  Tammonlaque  et  le  cuivre  ;  k*  la 
distaDce  à  laquelle  une  vapeur  qui  a«  dégage  de  la  ma- 
tière d'une  Image  est  susceptible  de  reproduire  cette 
Image  sur  un  plan  où  la  vapeur .  ylenl  à  se  condenser  ; 
I'  rtafluenoe  très-diverse  qne  différents  solides  pour- 
raient exercer  sur  Téconomle  animale,  après  avoir  été 
ctpméa  A  bim  oième  vapeur.  • 


après  loi  avoir  donné  le  grade  de  chef  d'esca- 
dron et,  en  1849,  la  croix  de  chevalier  de  la  Lé- 
gion d'Honneur.  Frappé  des  expériences  de  Bec- 
querel et  de  John  Herschel,  qui  avaient  essayé 
de  reproduire  les  images  avec  les  couleurs  du 
spectre  solaire  (  héliochromie),  il  entreprit  une 
série  de  recherches  originales  sur  lesflammes  co- 
lorées et  présenta  successivement  à  l'Académie 
trois  mémoires  sur  l'héliochromie.  Beaucoup  de 
savants  et  d'artistes  ont  pu  admirer  ces  merveil- 
leuses Images  qui  reproduisent  les  objets  avec 
leurs  couleurs  naturelles.  Mais  ces  images  sont 
instables  ;  elles  s'aflaiblisseot  et  disparaissent 
peu  à  peu:  la  lumière  reprend  vjq  qu'elle' avait 
cédé.  11  reste  donc  un  pas  de  plus  à  faire.  Si 
H.  Niepce  parvient  à  fixer  et  rendre  ces  images 
permanentes,  il  aura  résolu  l'un  des  pi  us  grands 
problèmes  de  la  science.  En  attendant,  cet  émi- 
nent  esprit  investigateur  est  parvenu,par  ses  étu- 
des sur  les  résines,  à  perfectionner  le  procédé 
de  Nioéphore  Niepce.  En  substituant  an  vernis  de 
bitume,  jusqu'alors  employé,  un  bitume  de  Judée, 
dissous  dans  la  tienzine  additionnée .  d'essence 
d'amandes  amères,  il  obtint  un  vernis  non-seu- 
lement très-focfle  ii  étendre,  mais,  au  lieu  de  huit 
heures  d'exposition  ^  la  lumière,  il  suffit  de  vingt- 
cinq  minutes  à  une  heure  au  plus  dans  une  cham- 
bre obscure  pour  recevoir  l'image  du  modèle. 
Puis,  le  bitume,  altéré  ou  modifié  parla  lumière, 
résiste  assez  aux  acides  qui  mordent  sur  le 
métal  mis  k  nu  pour  qu'il  soit  possible  de  gra- 
ver à  l'eaa-forte  une  plaque  métallique  soumise 
au  procédé  perfectionné  (1).  Si  les  planches 
gravées  jusqu'à  présent  par  les  procédés  de 
M.  Niepce  de  Saint-Victor  ont  en  général  né- 
cessité Tapplication  intelligente  de  morsures  ré- 
pétées dans  certaines  parties,  il  n'en  est  pas 
moins  certain  que  la  gravure  héliographique 
peut  se  prêter  à  toutes  les  applications  de  la 
photographie.  Il  sera  intéressant  de  donner 
ici,  pour  la  première  fois ,  la  liste  complète  des 
travaux  que  M.  Niepce  de  Saint-Victor  a  publiés 
jusqu'à  ce  jour  (1880)  :  Procédé  de  teinture 
pour  changer  les  couleurs  rose ,  cramoisie , 
aurore  et  écarlate  en  couleur  orangée  : 
donné  au  ministre  de  la  guerre  au  mois 'de  dé- 
cembre 1841  ;  appliqué  dans  l'armée  en  1842; 
—  Mémoire  sur  Faction  des  vapeurs  de  cer- 
tains corps,  tels  que  Fiode,  le  soufre  et  le 
phosphore,  présenté  à  l'Académie  des  sciences 
le  25  octobre  1847  :  on  y  trouve  la  première 
annonce  (le  la  photographie  sur  verre  ;  le  rapport 
sur  ce  mémoire  a  été  inséré  dans  le  Recueil 
des  savants  étrangers  ;  ^  Koie  sur  la  pho' 
tographie  sur  verrcy  présentée  à  l'Académie 
des  Sciences ,  le  12  juin  1848  j  —  Note  sur 
des  images  du  soleil  et  de  la  lune  obtenues 
parla  Photographie  sur  verre,  présentée  à 
l'Académie,  le  3  juin  1850;  *  Note  sur  la  Pho^ 
tographie  sur  verre  et  sur  quelques  faits 

(t)  Rapport  de  M.  QievreuL 


40 


NIEPCK  —  NfEREMBERG 


60 


t  I 


nauvtamx  («éance  de  T  Académie  du  19ao6t 
1660);  —  IfMe  smr  %m  mouteau  procédé 
pour  okiêtiir  des  immçes  phoingmpMqwei 
^wr^klmqmé  d^argtnit  9ani  iode  ni  mercure 
(Séasee  de  FAcadémie  du  30  neptembre  Ift&O); 
— io"  Mém9tresnrJ:*^béièoekromi€,  eomnuHii- 
«Bé  4e  2  jaiNi  16âl  à  TAcadéinie  des  tciew 
*- .!«  êiémaire^ur  rkéUoekramiê  y  présanfé  le 
9^émsr  4tt2  à  l'AiMidénie;  ^^  Mémoire  rar 
rtkéUoohrrnnèe;  id«,  4e  «  déoembretlSâS;  ^ 
JVote  j«ir  ia  reproituéUm  des  iwmges  paria 
sapeur  d'iode;  id.,  le  M  «wre  iS53;  — 
1^  Méwnoire  $ur  la  yiawine  MtogmipfciTiie 
9ur  pionche  d'aoèer  ;  id^  k  13  mai  »8&3  ;  — 
Jiote  Mir  un  mouoeau  vernis  kélio§raphhfue 
pour  la  gravun  smr  ader  ;  id.,  le  30  œtotm 
ilik;  —  rea  avril  'ia&4  :  I>éooui>erte  tfun  nou- 
veau/n<  grégooia  (voir  Too^rage  da  général  ^ 
cot };  — -  3«  Mémoire  sur  la  gravure  sur  acier^ 
ivrésenté  à  l'AcadéaMe,  le  2  octobre  18M:;*-  Aio^e 
«ur  «ff  notiMMi  preo^^  de  morsure  pour 
la  gravure  héiiôgrapàéqut^;  id.,  12  inarR 
1856;  —  dfi  Mémoire  sur  ta  gramire  héHogra* 
phique;  id.,  8  oetobra  1855;  —4e  MémxÀre 
sui  la  gravure  héUographique;  id.,  2  no- 
vembre 1858; —  i^  Mémoire  sur  une  mw- 
velle  aciUm  de  la  lumière;  id^  18  novembre 
1857^  .  3«  Mémoire  sur  une  nouvelleactUM 
de  la  lumière;  id.,  l«'  mai*  1857  ;— 3*il#é- 
mofre  sur  factiom  de  la  lumière  ;  id.,  29  no- 
vembre 1858  ;  —  4«  ^moiresurVaclUm  de  la 
lumière^  id.,  20  déocnabre  1858  ;•—  âfote  sur 
Vobteniion  d'épreuves  pkotogrophi^uesrouge^ 
vertOj  vioêette  ot  èleue,  et  aor  une  i^hotogra- 
phie  obtenue  avec  un  tube  dans  de  la  glace 
(action  de  lumière  conservée);  id.,  11  avril 
1859  ;  -^  Mémoire  sur  la  thermographie^ 
id.,  23  mai  1859;  —  Mémoire  sur  Vaetion 
de  la  Iwmière  sur  Im  matières  amylacées,  en 
collaboration  «vec  M.Oorviaart,  id.,  3  «eptembre 
1849  ; — I>fote  sur  VacHon  delà  Vumièresur  Us 
vins,  id.,31  novembre  1959; — Note^ur  Tce- 
tion  de  la  ktmière€t  de^ékdrioité,  id.,17  lé- 
vrier f«60.  X. 

Klepec  et  SalBt- Victor,  R»ek»rch0»  pkotffntphi^m», 
nilTle*  de  ConsidératUmi  par  M.  Cbevreul,  avec  oae 
Préjacc  biographique.,  par  M.  Ë.  Lacan.  —  Documents 
partievtiert. 

NiBPPBiiG.  Vog.  Nc»raac. 

RiEMniBBftS  (Jean-Busibe  ne),  savant 
jéaaite  espagnol,  né  en  1595,  à  Madrid,  où  il  est 
mort,  le  7  avril  1658.  Son  père  était  Tyrolien,  sa 
mère  Bavaroise.  Il  étndiait  le  droit  à  Salamanque 
lorsqu'il  renonça  au  monde  pour  entrer  dans  la 
Compagnie  de  Jésus  ;  un  ordre  du  nonce  apos- 
tolique )e  rendit  à  ses  parents ,  qui,  n'ayant  pn 
réttssir  À  le  détoorner  de  sa  vocation,  le  laissè- 
rent libre  de  la  suivre.  A  peine  eut-il  achevé 
son  noviciat  qu'il  fni  chargé  d'une  mission  dans 
les  montagnes  de  l'Algarria  (  Castille  nouvelle  ). 
Rappelé  à  Madrid,  il  proressa  au  collège  impé- 
rial l'histoire  naturelle,  puis  rÉcritiire  sainte. 
£n  1C42  il  renonça  à  renseignement  par  suite 


d'nne  attaque  de^nralysle,  qui  le  priva  presque 
entièrement  de  l'usage  de  la  langue  et  des  mains- 
C'était  m  homme  anatère,  laborieux  et  d'nne 
piété  ardente;  il  consacrait  ses  journées  à  la 
prière  on  à  la  confession,  et  rédigeait  pendant  la 
nuit  MB  ouvrages.  On  a  de  lui  :  Ohms  y  dias , 
manual  de  senores  y  principes;  Madrid, 
1828,  WM,  ln-4*;  —  Sigalion,'sive  de  sapten- 
Ha  myf Mns  M,  Vfil;  Madrid,  1629,  in.8<»  ;  — 
Vida  de  S.  Ignatio  ;  Madrid,  *f631 ,  in-8*  :  sou- 
vent réimprimée;  — -  Deadoratione  in  spirHu 
et  veritate  lib.  îr;  Anvers,  163!  ;  —  De  nrte 
voiuniatis  Hb.  VI;  Lyon,  HI91,  in  8*  ;  trad.  en 
françM  {VArt  de  conduire  la  votonéé;  Pari^, 
1867,  in4*)  par  Louis  ¥idel,  qui  prétend,  dnns  la 
préfoee,  que  le  P.  de  Mieremherg  amnit  demeuré 
pins  de  vingt  années  en  France  ;  ^  Viéa  divina  y 
eemino  real  para  la  perfection  i  MadfMl,  1633, 
in-4<»  ;  trad.  en  latin  par  Martin  Silienins  ;  *  Wis^ 
toria  naturx  maxèma  peregrina  Hb.  XV f; 
Anvers,  1635,în4bl.,  fig.  Getreité,  dédiéMroolnlt^- 
duc  d'Olivarès,  concerne  su rtont  l'hislaire  na* 
turdledes  Indes.  «  On  y  remarque,  selon  Cn** 
vier,  t)eauooup  de  superstition  et  peu  decriHqiie; 
l'auteur  y  entre  dans  ées  ^isenssions  nélapiif- 
siques,  qui  tiennent  aux  idées  dn'noTea  âge, 
dominantes  encore  è  nette  épeqne,  anrtoot  dan 
les  collèges  des  jésuites.  NéanoMiios  il  y  a  des 
observations  intéressantes  sur  les  anisinnfx  et 
sur  des  plantes  nouvelles.  Ainsi  on  y  ytA  la  sa- 
rigue, leTisoache,  lecoendon,  le  raton,  le  bison, 
la  vigogne,  l'onistitl ,  des  ^nseaux  4e  paradis ,  le 
casoar  sans  casque  et  le  serpent  à  sonnettes. 
Nieremberg  n*^  pas  seulement  pris  les  figures 
des  auteurs  .manuscrits,  il  a  encore  wnfauuté 
celles  de  Clusius  (L'Échise);  mais  je  foapçeone 
qne  la  plupart  de  .ces  figures  sont  tii^s  des 
manuscrits  d'Hemondez.  »  A  la  suite  <ie  ce  re- 
cneil  on  en  trouve  un  antre,  de  moindre  impar- 
lanoe.  De  miris  et  miracuiosis  naturis  in  Eu- 
ropa,  et  qui  renferme  U  description  des  mer- 
veilhes  naturelles  qu'il  avait  obaervées  <ians  le 
cours  de  ses  Toyagas  ;  —  Practica  del  cale- 
dsmo  romane  y  doctrina  chrieiiama  ;  Madrid , 

1640,  in-4<*,  trad.  en  italien;  «—  rksopoUlicus, 
sive  brevis  eluddatio  et  ratiomaledivimorum 
operum  atque  providentia  tiumanortem;Au- 
vers,  1641,  in^"^;  ~  Prodigiodelmmor  divino 
y  finesa  de  Dios  con  ios  hombres;  Madrid, 

1641,  in-4*';  —  Stromata  saerst  Scripiurx; 
Lyon,  1642,  in-fol.  :  dictionnaire  historique  des 
personnages  de  la  Bible,  suivi  d'un  recueil  de 
sentences  morales  intitulé  Gnomogigphica;  — 
Corona  virtuosa  y  virtud  coronata ,  sive  de 
vèrtutibusin  principe  reguisitis  ;'illaiûnd,  1643, 
in-4°  :  ses  exemples  sont  tous  empruntés  aux 
yies  des  princes  de  TAntriche  nu  de  TEspagne  ; 
—  De  la  dêvocion  y  patrocinio  de  S.  Miguel 
protectorde  Bspana;  Madrid,  1643,  in-4"  ;  — 
Doctrinse  asceticœ ,  sive  instituiionitm  spiri- 
tualiumpandectx;  Lyon,  1643,  in-fol.,— Cau^a 
y  remedio  de  Ios  maies  pubUeos;  Madrid, 


61 


KIEREMBERG  —  WIETO 


6Î 


1642,  in-8»;  —  ha  curiosa  filosofia  y  tesoro 
de  maravillas  de  la  naturalcza;  Madrid, 

1643,  iB-4";  —  Claros  varones  de  la  compa- 
nia  âeJesns;  Madrid,  1643,  4  vol.  in4ol.;  ce 
recueil  biographique  est  très-estime;  le  P.  Alonso 
de  Aadrada  y  a  ajouté  èo  1666  dem  tuI.  de 
plus  ;  —  Gloria  de  S.  Ignacio  y  de  S.  Fran- 
cisco Jùzrner;  Madrid,  1645,  in-fol;—  Homi- 
lix  eaienatsty  cum  Brotematum  euriosm  lec- 
awkis  decadUms  XXII;  Lyon,  1646,  in-rot.  ;  — 
Traiado  de  la  constancia  en  la  virtud;  Ma- 
drid, 1647,îii-4<»;  —  Epistolx;  Madrid,  1649, 
éditioii  faite  par  les  soins  d*Emmanuel  de  Fana 
y  Souxa  ;  —  Imitaeion  de  Christo  de  Thomas 
de  Ketnjns;  Anvers,  1650,  mS°; —  Vida  del 
B,  Francisco  de  Borja,  à  la  lête  des  œuvres  de 
œ  saint,  qu'il  édita  à  Madrid,  1651, 3  vol.  in  fol.  ; 
*.  J>e  immaculata  conceptione  Virginis  Ma^ 
r\9;  Valence,  1653,  in-4*;  —  Diferencia  de,lo 
temporal  p  etemo;  Madrid,  1654,  in-24;  trad. 
en  arabe  par  le  P.  Fromage,  qui  a  également 
fait- passer  dans  cette  langue  quelques  autres 
traités  deT^erembcrg;  —  Trophxa  Mariana 
lit.  VI;  Anvers,  1655.  in  fol;  —  Cielo  estrel- 
ladodf  Maria;  Madrid,  1655,  in  fol.;—  Théo- 
ria  de  solita  veritate  conceptx  Deiparm  abs- 
que  labe  originali;  Valence,  1656,  in-8*;  — 
Exceptiones  concilii  Tridentini  pro  omni- 
tnnda  puritate  Deiparx  expensi;  Anvers, 
1656,  in-8**;  —  Doctor  Evangelicus;  Lyon', 
1659,  in-fol;  —  Opéra  part  henica  ;'Ly  on,  1659, 
in-fol.  :  collection  de  tout  ce  qu*il  avait  écrit  sur 
le  dogme  de  Timmaculée  conception  de  la  Vierge  ; 
—  Succus  prudentix  sacropoliticx ;  Lyon, 
1659,  in- 12;  —  Hieromelissa  bibliotheca  de 
dortrina  Euangelii,  imitatione  Christi  etpcT' 
ffttione  spirituali;  Lyon,  1659,  in-fol.;  —Silva 
catechistica;  Lyon,  1659,  in-4';  —  Sylloge 
axiomatum  et  institutionum  spiritualium  ; 
Lyon,  1659,  in-4*;  ces  quatre  derniers  ouvrages 
reprodoiscBtySons  des  litres  différents,  plusieurs 
des  écrits  ascétiques  deTfieremberg.  Le  P.  Boîl- 
kit  a  extrait  de  cet  auleor  des  Maximes  chré- 
tiennes et  spiritvelles  (Lyon,  r7l4,  2  voL 
in-i2).  P. 

Sotwdl.  Bttl.  seript.  voc.  Jêsu.  —  Fit  du  P.  de  Jfie" 
rwmt\L  I y.  a  la  Uie  de»  Opéra  ptirihemict^  —  Antonio. 
Nmei  sm.  Uîtpamu,  1,  •».  —  Morérl.  Grund  Dta. 
àist.  (é*ilt.  ns».  )  —  Franckenan,  Bibi.  Hispana,  tl9.  — 
Covirr,  HM.  det  scêenus  naturetlet ,  II. 

*iiiBmiTZ  (Gustave),  Kttératenr  allemand, 
né  en  1795,  à  Dresde.  Après  avoir  secondé  son 
père  dans  la.  direction  dHitie  école  gratuite,  il  lui 
succéda  en  1832,  et  fut  chargé  en  1841  de  l'école 
d'AotoDstadt,  dans  ta  même  ville.  Ses  premiers 
essnis  tittéraires  parurent  en  1830  dans  le  Mer- 
evre  de  Philippi.  En  1833  il  commença  une  série 
de  cootes  moraux  à  U  manière  du  chanoine 
Schmid,  et  depuis  cette  époque  il  n'a  cessé  de 
consacrer  sa  plume  à  rinstmction  de  la  jeun(*sse. 
Noos  dterottS  de  tut  :  Jttgendbibliothek  (Biblio- 
thèque des  enfants);  Bcriin,  1840-1860.  21  ca- 
hier» par  an;  -—  Jpgendschriften ;  Leipzig, 


1846-1852, 22  voL  en  detix  séries;^-  deuxakna- 
nachs  populaires ,  Sxchsiseher  ^olkskalender 
(Leipzig,  1842-1849)  ;  —  et  Deuùscher  Volkaka- 
lender  (  ibid.,  1850  et  aim.  suiv.).  IL 

nerer,  Vniversai'Lexikom, 

3UKTUXMMEM  iFrédériC'Emmmnvel) ,  phi- 
losophe alienand,  jié«B  I706,à  fieilstein,diiiis 
le  Wurtemberiç,  nnort  en  1846.  Nwnmé  en  1793 
professeur  de  philosophie  etdeihéelo^àléMi, 
il  reçut  en  1803  une  ohaire  à  Wartzbouig,  de» 
vint  en  1807  membre  du  conseil  «ufiéritior  de 
l'imtructien  publique  à  Monich,  fui  élu  plus  tard 
■Mmtire  de  TAcadéroie  des  scienees  de  cette 
ville  et  obtint  en  1829  l'-empUM  -de  premier  con- 
seiller du  eoosistoire  supérieur.  >U  s'est  signalé 
par  sa  lutte  contre  rmtroduetion'des  principes 
exclusivement  utilitaires  en  matière  d  éduoatii 
On  a  de  lui  :  Vtrsnch  eéner  AbleHung'ées 
raUschen  Gesetzes  aus  den  Formeu  der  rvt- 
nen  Vernut{ft  (  Essai  d'iine  déduction  de  ia  loi 
morale  des  principes  delà  raisoofiure);  léna;' - 
1793;  ~  Ueber  BêHgiM  aU  Wéssenschajf 
(  Ia  Religion  coasidérée  corame  sdenee)  ;  Nea- 
streliu,  i795;  «—  Versuch  einer  Begrûndung 
des  vernunftmassige»  Offenbarungsgkmbens 
(  Essai  de  fonder,  coofomiément  à  la  raison,  la 
croyance  i  ta  révélatioa  )  ;  Leipzig,  1798  ;  —  Der 
Streit  des  Philanttiropismus  und  BumaniS' 
I  mus  (La  Lutte  entre  le  pfailanthropisme  et  l'ha* 
maoïsme)  ;  léna,  1 808  ;  -—  Philosophisckes  Jour- 
nal; léna,  1795-1800,  10  vol.;  depuis  le.  do- 
quième  voL,  en  collaboration  avec  Fichte.      O. 

iiHiTO  (David) ,  savant  rabbin  italien,  né  à 
Veniae,  en  1664,  mort  à  Londres,  en  1728.  D'ori- 
gine portugaise,  il  fut  pendant  quelques  années 
médecm  à  Livourne,  oà  ses  coreligiannaires , 
en  raison  de  ses  profondes  oonnaissanees  de  la 
Bible  et  du  Talmud,  le  nommèrent  un  de  leurs 
juges;  en  1701  il  fut  appelé  comme  président 
de  la  synagogue  de  Londres.  'On  a  de  lui  :  Pa&- 
calogia,  overo  discorso  délia  Pasca,  in  cui 
si  asseynanQ  4e  ragioni  délie  dUcrepanze 
circa  il  tempo  di  eelebrar  la  Pasca;  Cologne 
(Londres),  1702,  in-8*;  UvoniBe,  1765,  in-<8«; 
—  Délia  dioina  Previdentia;  Londres,  174)4, 
in4%  et  1716,  in-8*;  —  Los  trienfos  de  la  po* 
brevta;  Londres,  1709,  in-4*;  —  Matla  Dan 
(La  Tribtt  de  Daa);  Londres,  1714,  in-4*;  en 
hébreu  et  eu  espagnol,  réimprimé  à  Metz  en  hë- 
bren  seulement;  ouvrage  ayant  pour  but  de 
prouver  contre  les  Karaltes  la  valeur  de  la  tra- 
dition orale,  déposée  dans  le  Talmud,  la  Mis-  , 
chna,  etc. ;  —  Notitic  reconditœ  de  processu 
inquisitionum  in  Bispania  et  Lusitania  ad- 
versus  Ulos  gui  carceribus  illarum  detinen' 
tur;  Londres,  1722,  in-8«,  en  espagnol  et  en 
portugais.  Kieto  a  laiâsê  en  manuscrit  quatre  vo- 
lumes d'une  Concordance  du  Talmud.        O. 

Wotr,  Bièliotheea  Metraiea.-  Rosii,  bibUoteca  gim- 
dtHea  àntlerittimm. 

3IIETO  (  Don  Vicente),  général  espagnol,  né 


XrETO  —  NIEUHOFF 


en  1769,  fusillé  à  Suipaclia  (  haut  Pérou),  le 
15  décembre  iSiO,  Il  prit  fort  jeune  la  carrière 
des  armes ,  et  fit  les  campagnes  des  Pyrénées  et 
de  Catalogne  (  17931 795  )  contre  la  république 
française.  Il  était  capitaine  lorsque  son  régiment 
fut  envoyé  dans  les  possessions  espagnoles  de 
TAmérique  du  Sud.  Il  combattit  sous  les  ordres 
de  don  Santiago  Liniers  contre  les  Anglais ,  à  la 
Plaza  del  Retiro  (12  août  1807  ),  à  Buenos-Ay- 
res  (juillet  1808  )  et  contribua  aux  succès  qui 
précédèrent  la  reprise  de  Monte-Video  et  la  ca- 
pitulation du  général  Whitelocke  (6  juillet 
1808).  Après  Texpulsion  des  Anglais,  Nieto  fut 
récompensé  de  ses  services  par  le  grade  de  co- 
lonel. Lorsqu*en  août  ISOft  on  apprit  en  Amé- 
rique Tabdication  de  Charles  IV  en  faveur  de  son 
fils  Ferdinand  VII,  renvahissement  de  la  pénin- 
sule hispanique  par  l'armée  française,  et  le  des- 
sein de  Napoléon  d'asseoir  son  frère  Joseph  sur 
le  trône  d^pagne,  en  conservant  néanmoins  cette 
monarchie  dans  toute  son  intégrité ,  trois  partis 
se  trouvèrent  en  présence  :  le  parti  espagnol  roya- 
liste, qui  s'empressa  de  jurer  serment  de  fidélité 
à  Ferdinand  VU  ;  le  parti  patriote,  composé  des 
indigènes  et  qui  voulut  profiter  des  circonstances 
pour  s'affranchir  du  joug  de  la  métropole  ;  enfin, 
un  troisième  parti,  à  la  tête  duquel  se  trouvait  Li- 
niers, penchait  pour  reconnaître  Joseph  et  éviter 
ainsi  la  guerre  civile.  Ce  dernier  parti,  composé 
d'éléments  divers,  n'avait  aucune  racine  dans  la 
oopulation  américaine;  il  8*absorba ïÀesaiùi  dans 
(es  deux  autres.  Mieto  avait  pris  rang  parmi  les 
royalistes  ;  aussi  lorsque  le  lieutenant  général  don 
Baltazar  Hidalgo  de  Cisneros  débarqua  à  Monte- 
Video  en  qualité  de  vice- roi  nommé  par  la 
junte  centrale  d'Espagne ,  Liniers  fut-il  mis  à 
récart,  et  Nieto,  promu  brigadier,  reçut  le  gou> 
▼emement  de  Monte- Video  et  peu  après  fut  en- 
voyé à  la  tète  d'une  expédition  dans  la  province 
de?  Charcas.  A  son  retour,  il  fut  nommé  maré- 
chal de  camp  et  président  de  l'audiencia  de 
Chuquisaea.  Lorsqu'en  mai  1810  la  guerre  civile 
éclata,  Mieto,  privé  de  ses  fonctions,  joignit  ses 
troupes  à  celles  du  général  don  José  de  Cor- 
dova  et  de  don  Francisco  de  Paulo-Sanz,  inten- 
dant de  Potosi  ;  mais  c^s  trois  chefs  royalistes, 
battus  successivement  par  les  indépendants  à 
Santiago,  à  Cotagoïta  (  17  octobre  ),  à  Tupiaza, 
(  17  novembre  )  et  enfin  à  Suipacha,  tombèrent 
entre  les  mains  du  général  patriote  don  Anto- 
nio Balcarce,  et  furent  immédiatement  fusillés 
par  les  ordres  du  docteur  Juan  José  Castelli, 
membre  de  la  ;un^a  guhernativa  (1). 


(I)  Cette  Innte,  qui  Mégealt  à  Buenos- Ayres,  avait  pro- 
noncé le  ■(>rment  d'allégeance  à  Ferdinand  VU;  elle  ne 
reprétentait  que  falbleiBeot  l'élément  patriote  par,  ef  te 
bornait  A  exiger  des  réfonnes  el  une  constltntloa.  Il  est 
étrange  an  sarplus  qne  le  precier  moaTement  réTola- 
tionnaire  du  Peron  tire  aon  origine  de  la  fidélité  en- 
tbooxlaste  des  habitants  du  cruel  et  Inepte  Ferdi- 
nand Vil.  Ce  qn'on  désignait  aussi  alors  sous  le  nom  de 
royalistes  n'était  que  des  foDctlonnalrea  dépossédés  «t 
mécontents,  qui  soutenaient  leurs  propres  Intérêts  au 


CI 


iJon  Gregorio  Funés,  Emayo  de  la  /listoria  rid: 
dêi  Paraguay,  huenos-4yre»   p  Tueuman  (  BaéiiuH 
Ayres,  I8i7,  s  toI.  1,  llie  vol.  —  W.  B.  Stevenson,   ^v 
historicai  and  dacriiaive  narrative  ofm  years  of  rési- 
dence in  Soutà  America,  etc.  (  Londres,  1815,  S  vul. 
lo-S"  ),  t.  III.  -  Frédéric  UeroiK  ,  Pérou  et  Bolivie 
dans  VVnioers  pUtoresque^  p.  481.  —  Caldcleagh,  Tra- 
vett  in  South  America,  1. 1,  p.  SSt. 

RiBVHOFF  (iean),  voyageur  allemand ,  né  à 
Usen  (Westphalie),  en  1630,  perdu  sur  l'Ile  de 
Madagascar,  le  29  septembre  1672.  Il  abandonna 
sa  patrie  pour  se  mettre  au  service  de  la  Com- 
pagnie hollandaise  des  Indes  occidentales.  Il  > 
fut  employé  à  bord  de  plusieurs  navires  comme 
snbrécargue  (  commis  chargé  de  la  partie  com- 
merciale d'une  expédition  ou  même  de  la  car- 
gaison d'un  seul  bâtiment  ).  Les  Hollandais  s'é- 
i  tant  emparés  de  la  partie  du  Brésil  comprise 
I  entre  le  Maranbam  et  le  rio  San-Francisco,  Jean 
i  Nieuhoff  passa  dans  cette  partie  de  l'Amérique 
I  méridionale,  fit  quelques  voyages  dans  les  con- 
I  trées  voisines,  et  y  demeura  jusqu'en  1649,  épo- 
j  que  oii  les  Portugais  reprirent  Rio-de-Janeiro. 
Il  entra  alors  dans  la  compagnie  néerlandaise 
I  des  Indes  Orientales,  qui  le  plaça  au  nombre  de 
ses  princi|)aux  agents  et  l'envoya  à  Batavia 
(30  mai  16Ô4).  Les  administrateurs  de  la  Com- 
pagnie désiraient  surtout  s'ouvrir  les  ports  delà 
i  Chine,  que  les  Portugais  fréquentaient  seuls.  Une 
i  ambassade  auprès  de  l'empereur  Chun-Chi  fut 
1  résolue  :  NieuhofT  fut  adjoint  à  Pieter  van  Goyer 
1  et  à  Jakob  de  Kcyser  pour  remplir  cette  mission, 
I  qui  mita  la  voile  de  Batavia,  le  14  juin,  et  arriva  à 
I  Kan-Tung(Can/oii)le  17  mars  1656.  Les  envoyés 
'  hollandais  étaient  à  Nanking  le  17  juillet  suivant. 
!  Ils  y  furent  arrêtés  pac  de  nombreuses  forma- 
I  lilés  ;  cependant,  malgré  l'opposition  des  PP.  jé- 
suites, qui,  avec  le  rang  de  mandarins,  étaient  les 
membres  tout-puissants  du  tribunal  des  sciences, 
ils  purent  parvenir  jusqu'à  Pé»King.  Ils  eurent 
beaucoup  de  peine  à  détruire  les  préventions  ré- 
pandues par  les  Portugais  et  les  missionnaires 
catholiques.  Le  P.  jésuite  Adam  Schaal  se  mon- 
tra surtout  leur  adversaire,  tout  en  leur  servant 
de  truchement  auprès  des  autorités  chinoises; 
ils  furent  enfin  reçus  par  l'empereur  en  se  con- 
formant aux  cérémonies  absurdes  et  humiliantes 
pratiquées  à  la  Cour  Céleste.  Soumis  à  une 
claustration  complète  pendant  leur  séjour  à  Pé- 
King  ils  ne  purent  étudier  que  très-sommaire- 
ment les  mœurs  chinoises.  Ils  obtinrent  quel- 
ques promesses ,  une  armistice  de  huit  ans , 
mais  aucun  traité  sérieux.  Ils  durent  quitter  Pé- 
King,  le  16  octobre,  dans  des  voitures  fermées 
et  escortés  par  de  nombreux  cavaliers,  qui  les 
cernaient  à  chaque  station.  On  les  reconduisit 
de  la  sorte  jusqu'à  Canton  (28  janvier  1657),  et 
on  pressa  leur  embarquement.  Le  31  mars  ils 
descendaient  à  Batavia.  Nieuhoft  fut  chargé  de 
porter  au  grand  conseil  de  la  Compagnie  le 
mauvais  résultat  de  la  mission  de  ses  ambassa- 


nom  de  la  couronne  absolue,  et  la  réiolutlon  deréalaler 
à  l'Influence  napoléonienne. 


65 


NIEUHOFF  —  NIEUPORT 


6S 


deors.  Am'Té  le  6  juillet  1658  à  Amsterdam ,  il 
reprit  ses  fonctions  maritimes  et  commerciales, 
et  en  1659  H  visila  les  comptoirs  d'Amboine,  de 
Malaoca,  de  Samatra,  et  ime  partie  des  ports  de 
rinde.  En  1662 ,  il  fut  nommé  gouverneur  des 
possessions  néerlandaises  dans  Plie  de  Céylan, 
d'où  il  fîit  rappelé  en  1667.  Il  eut  à  soutenir  au 
sujet  de  sa  gestion  de  longues  discussions  avec 
le  conseil  de  Bâta? la,  qoi  le  renvoya  en  Hol- 
lande, le  17  décembre  1670.  NieuhofTse  disculpa 
complètement  devant  les  directeurs  généraux 
de  sa  Compagnie,  et  reçut  une  nouvelle  mission 
(décembre  1671)»  spécialement  destinée  k  orga- 
niser des  comptoirs  pour  la  traite.  Le  6  avril 
1679,  il  relâcha  au  cap  de  Bonne-Espérance,  et 
le  29  septembre  suivant  il  descendit  à  terre  h  Ta- 
matave  (lie  Madagascar  )  pour  traiter  avec  quel- 
ques chefs  madécasses;  mais  il  ne  reparut  plus 
à  son  bord.  On  ignore  quelle  fut  sa  fin. 

On  a  delfienhoft^une  relation  de  sa  mission  en 
Chine,  publiée  d'abord  en  hollandais,  Amsterdam, 
1666,  in-fol.  avec  fig.,  et  trad.  en  français  par  J. 
Le  Carpentier,  sons  le  titre  de  Ambassade  de  la 
Compagnie  hollandaise  des  Indes  orientales 
au  grand  khan  de  Tartarie,  empereur  de  la 
Chine,  avec  la  description  de  ce  pay«;Leyde,, 
1666,  in-fol.  avec  fig.;  trad.  en  allemand,  1666, 
1669  et  1675,  in-fol.,  fig.  ;  trad.  en  latin,  par 
G.  Homius,  Amsterdam,  1668;  trad.  anglaise 
par  Ogilvy,  Londres,  1671.  Cet  ouvrage  de 
I9ieohofr  eut  un  grand  succès  lors  de  sa  pu- 
blication; des  extraits  s'en  rencontrent  dans 
presque  toos  les  recueils  de  voyages.  Thévenot 
en  dit  Péloge;  mais  Macartney,  qui  fut  amt>a8- 
saJear  anglais  en  Chine  en  1792,  le  déclare 
rempli  d'erreurs.  Ce  livre  est  resté  cnrieux,  sur- 
tout à  cause  des  nombreuses  gravures  qui  111- 
lostrent.  On  a  encore  de  Nieuhoff  (en  hollan- 
dais) :  Vogage  curieux  au  Brésil  par  mer  et 
par  lerre;  Amsterdam,  1682 , in-fol.,  fig.;  — 
Vcgages  par  mer  et  par  terre  à  différents 
lieux  desindes  orientales ^  avec  une  deserip- 
tien  de  la  ville  de  Batavia  (en  hollandais); 
Amsterdam,  1682,  1693,  in-fol.,  avec  fig.  Ces 
deux  ouvrages  ont  été  trad.  en  diverses  langues. 

A.  DE  L/tCktE, 

Tliévenot,  Bfeueit  de  Fopûifet,  t.  II.  —  Macartnejr, 
r^mœ  dans  nnd«,  dans  to  Cktnê,  elc.,  t.  I,  préfaee , 
p.  vixx  (tnû.  de  Castera  ). 

siEULARDT  {Àdriaan)^  peintre  belge»  né  à 
Anvers,  mort  à  Amsterdam,  en  1601.  Il  se  dis* 
tingoa  comme  peintre  de  paysage  et  de  marine. 
Fuyant  les  cruautés  que  les  Espagnols  commet- 
taient dans  la  Belgique ,  il  emmena  sa  famille 
à  Amsterdam,  où  il  se  fiia.  Deux  de  ses  fils,  Jean 
et  Willem,  furent  ses  élèves  ponr  le  dessin. 

xiBULASiaT  (/an),  peintre  belge,  fils  du 
précédent,  né  à  Anvers,  en  1579.  Après  avoir  ap- 
pris le  dessin  avec  son  père,  il  suivit  les  leçons 
de  peinture  de  deux  de  ses  compatriotes  réfugiés 
comme  lui,  Pierre  Fransr  et  François  Badens  :  il 
devint  fort  habile,  surtout  dans  la  peinture  en 

Rouv.  Bioca.  cénfo.  —  t.  xxxvni. 


petit.  II  a  laissé  une  série  de  sujets  tirés  de  la 
Bible  et  des  paysages  justement  estimés  ;  on 
ignore  l'époque  de  sa  mort. 

ifiBULANDT  (Gtill/am),  frère  du  précédent, 
né  à  Anvers,  en  1584,  mort  à  Amsterdam,  en 
1635,  fut  peintre  et  graveur.  Il  entra  de  bonne 
heure  dans  Patelier  de  Roland  Savery,  qu'il  quitta 
pour  faire  le  voyage  d'Italie.  11  resta  trois  ans 
à  Rome,  où  il  reçut  les  conseils  de  Paul  Bril, 
dont  il  prit  ta  manière.  De  retour  à  Amsterdam, 
ses  ouvrages  y  forent  très- recherchés.  Ils  repré- 
sentent des  ruines  d'anciens  monuments,  des 
arcs  de  triomphe,  des  temples,  des  mausolées,  etc. 
Il  gravait  au  burin  et  àTeau-forte  avec  beaucoup 
d'intelligence  et  de  légèreté.  Il  a  laissé  quelques 
poésies,  qui  ne  sont  pas  sans  mérite.     A.  de  L. 

J.-C.  Weyerman,  De  Sekilderkonst  der  Nedertan- 
dersy  1. 1,  p.  tlS-SlS.  —  Deacamp* ,  La  Fie  deâ  peintret 
flamands ,  hoUandois ,  etc.,  t.  I,  p.  tio ,  Sis. 

NIBUPOORT  {Guillaume-Henri) f  historien 
hollandais,  né  vers  1670,  mort  vers  1730, 'à 
Utrecht.  Il  suivit  à  Nimègue  les  cours  de  Gérard 
Noodt,  prit  le  diplôme  de  docteur  endroit,  et  oc- 
cupa une  chaire  à  l'académie  d*Utredit.  Il  a  pu- 
blié :  Rituum  qui  olim  apud  Bomanos  obti- 
nuerunt  suceincta  explicatio:  Utrecht,  1712., 
1716, 1723, 10-8"*  :  cet  abrégé  des  antiquités  ro- 
maines, destiné  à  l'éclaircissement  des  auteurs 
classiques,  eut  pendant  le  dernier  siècle  beau- 
coup de  succès,  et  passa  par  un  grand  norobse 
d'éditions,  à  Bantzen, Berlin,  Strasbourg,  Dres- 
de, etc.  Othon  Reitzius  l'accompagna  d'im  double 
appendice  (Utrecht,  1734,  fai-S»).  J.-D.  Schœp- 
flin  y  ajouta  des  figures  et  des  notes  (Strasbourg, 
1738,  in-8«).  Haymann  le  traduisit  en  allemand 
(1786),  et  l'abbé  Desfontahies  en  français  {ExpH- 
cation  -des  cérémonies  et  coutumes  des  Ro* 
mains:  Paris,  1741, 1750,  etLyon,  1829,in-12jt; 
—  Historia  reipublicx  et  imperii  BomanO' 
rum,  ab  urbe  condita  ad  imperium  Augustin 
contexta  esC  mionumeniis  veterum;  Utrecht, 
1723,  2  vol.  in -8°,  avec  une  dissertation  préli- 
roinalre  sur  les  anciens  peuples  de  l'ItaHe  et  sur 
l'établissement  des  Romains.  K. 

Sax.  Onmnast,,  VI.  —  Réteraond,  Smppl.  à  JOcher. 

NiBUPOBT  (  Charles-François- Ferdinand' 
Florent-Antoine  de  Preud'houmb  d'Haillt,  vi- 
comte ob),  mathématicien  belge,  né  à  Paris,  ^e 
1 S  Janvier  1 746,  mort  à  Bruxelles,  le  20  août  1 827. 
Il  appartenait  à  une  ancienne  famille  de  Flandre, 
et  fut  inscrit  dès  son  enfance  snr  les  contrôles 
de  l'ordre  des  Chevaliers  de  Saint-Jean-de-Jé- 
rusalem.  Ses  études  terminées  au  collège  Louis* 
le-Grand  à  Paris,  il  entra  an  service  de  TAu- 
triche  comme  lieutenant  du  génie.  Il  se  rendit 
.plus«tard  à  Malte,  tint  la  mer  plusieurs  années, 
et  obtint  une  commanderie  dans  la  Brie.  Déjà  il 
se  livrait  avec  ardeur  À  l'étude  des  sciences  sé- 
rieuses, des  mathématiques  surtout.  Il  se  lia 
avec  d'Alembert,  Bossot,  Condorcet  et  autres 
savants  distingués,  et  fit  paraître  plusieurs  Mé' 
m^eSf  qui  lui  valurent  d'être  admis  (  14  cote- 


67 


NiEUPORT  —  NŒUWENTYT 


es 


bre  1777  )  paniii  les  premierg  membres  de  TA- 
cadémie  de  BnixeUes  (fondée  par  Marie«Thé- 
rèse),  dont  il  devint  directeur  a|>rès  U  réana- 
nisation  de  cette  mciëté  (1816).  ¥m  1796  r«pdre 
4e  Malte  le  aommft  4on  représentant  près  la 
oourde  BrnxeUes,  et  le  transira  à  kcomanande- 
lie  de  YaillaatiioAC,  ^rès  Nivelle».  La  révolotiûii, 
en  loi  enlevant  ses  pensions ,  le  réduisit  i  un 
état  voisin  4e  la  misère;  cependant  il  ne  solli- 
cita rien  des  geaveraementa  qui  fivceessivemeat 
administrèrent  les  Pays-Bas;  H  accepta  seole- 
nent,  lors  de  la  création  de  riiistitutde  France, 
le  titre  de  correspondant  dece  corps  savant.  En 
1815,  un  noovean  royaume  des  Pays-Bas  ayant 
élé  con$(titoé  à  ia  suite  des  revers  qui  frappè- 
rent la  France,  Nieuport  prit  place  dans  la  se- 
conde chambre  des  États  généraux,  et  le  roi  Guil- 
laume V  rattacha  à  sa  peraonne  en  qualité  de 
chambellan,  le  décora  du  Lion  belgique  et  lui 
accorda  une  pension  bonoraUe.  La  vie  sobre  et 
active  do  vicomte  de  Nieupert  lui  permit  d'aï- 
teindre  sans  infirmités  l'âge  de  quatre» vingt- 
im  ans.  D'une  grande  probité,  mais  d'un  carac- 
lère  despotique,  tranetaÎMrt,  entier  et  qnetqoe  peu 
misanthrope,  il  se  fit  plus  estimer  <)n'aimer, 
surtout  des  littérateurs  et  des  artistes,  dont  il 
contestait  Tutilîté.  Parmi  les  nombreux  écrits 
dé  Nieuport ,  nous  citerons  :  dans  le  t.  n,  des 
Mémoires  de  VAceulêmiê  (ancienne)  de  Bruxel" 
les,  1777-1815  ;  Essai  analytique  sur  la  mé- 
canique des  roules;  Sur  les  €aurbes  que  dé- 
erit  un  corps  qui  s*approche  on  s^éloiqne  en 
raison  donnée  d*un  pîoinl  qui  parcourt  une 
Ugne  droile;  Sur  la  Manière  de  trouver  le 
facteur  qui  rendra  une  équation  différen- 
tieiie  complète;  —  ^ans  le  tome  X  des  mêmes 
Jfémoires:  Sur  les  co'développées  des  courbes, 
avec  quelques  Béflexions  sur  la  méthode  or- 
dinaire d'élimination  ;  Sur  la  Propriété  pré- 
tendue des  voûtes  en  chaînette,  etc.  ;  ->  Mé- 
langes mathématiques,   ou   mémoires  star 
différents  sujets  de  mathématiques,  tant  pu- 
res qu*appliquées  ;  Braxelles,  1794-1799, 2  vol. 
in-4'';  —  Sur  V Intégralité  médiate  des  équo" 
lions  différentielles  d'un  ordre -quelconque, 
et  entre  un  nombre  quelconque  de  variables 
(suite  aun  Mélanges);   Bruxelles,  M02,  in-4'; 
—  Essai  sur  ia  théorie  ^  raisonnement; 
Bruxelles,  1805,  in- 12;  —  dans  les  Mémoires 
de  V institut  des  Pays-Bas  :  Sur  la  Mesure 
des  arcs  elliptiques;  trad.  en  hollandais,  avec 
noies,  par  van  Alentove;  -—  dans  les  Mémoires 
de  r Institut  de  France  :  Sur  V Équation  gé- 
nérale des  polygones  ;  Sur  un  Problème  pré- 
senté par  d*Alembert,  etc.;  —  dans  les  Mé- 
moires de  V Académie  (nouvelle)  de  Bruxelles  : 
1816-1827,  tome  1"  :   Esquisses   d*une  mé' 
ihode  inverse  des  formules  intégrales  défi- 
nies ;  Sur  une  propriété  générale  des  ellipses 
et  des   hyperboles  semblables;  Sur  VÉqui- 
abre  des  corps  qui  se  balancent  librement 
sur  un  fU  flexible  ;  »  Sur  un  cas  de  la  théo- 


rie des  .probabHiiés  au  jeu;  In  Platonis 
opem  et  Fidnianam  inlerpretationem  oni- 
madversiones  ;  Mé/Uxione  sur  des  su>tioms 
fondamentales  en  géométrie;  —  dans  Je  t  U 
des  mêmes  Mémoires  :  Sur  la  Pression  qu'um 
même  corps  exerce  sur  pèusieurs  appuis  à  la 
fois  ;  Sur  la  Métaphysique  du  prisKipe  de 
djfféremiatian  ;  —  dans  tes  nêaaes  Mémoires^ 
t  III  :  Sur  une  Question  relative  au  calcui 
des  probabilités;  la  mort  vint  empêcher  Kiea- 
port  4*acfatver  ce  travail ,  qui  fut  terminé  par 
Pierre-Germinal  Dandelin,  l'un  de  ses  collègues. 
Le  dernier  ouvrage  de  Riaoï^rt  est  intitolé  Um 
peu  de  tout,  ou  Amusenentê  d'un  sexagénaire, 
dédié  à  Guillaume  T^  de  Nassau,  roi  des  Paya- 
Bas;  Bruxelles,  18IA,  iu^\  Ce  sont  des  dia- 
cours  intimes  aor  les  raalhématii|nes,  la  phik^ 
Sophie,  etc.  ;  U  s'y  tronve  même  ^etquesfiQéaies 
grecques  et  latines.  L-a    b. 

Le  prliiM  de  Gavre,  Étopa  tOê  fSLmHr,  viéOMf»  de 
JUeuport.  en  t6te  du  t.  IV  4t*Mém,d$  F^écad,  (  nra- 
Tellc)  des  Scieneet  et  Belics- Lettres  de  SruxéUes  {pro- 
noncé dans  la  séance  do  fi  octolH'c  IBffT).  <—  QoétiMl, 
Correspondemee  maM^matigas,  ti  V«  —  (G^eriê  d€S 
CtmUmporains  (Mona,  isstjl 

NIBCWEHTTT  {Bcrmard),  mathéraaticieo 
hollandais,  né  le  lO  août  1654,  à  Westgraafdyk, 
village  de  Nord-HoUaade,  mort  le  30  mai  4718, 
à  Purmerende,  près  d'Amsterdam.  Fils  d'un  paa- 
teur,  il  fut  destiné  au  ministère  évang^ue; 
mais  comme  il  avait  peu  dlndination  pour  ia 
théologie,  on  le  laissa  libre  de  se  choisir  one 
autre  carrière.  Dès  sa  première  jeunesse,  il  mon- 
tra du  goût  pour  les  sciences;  il  «'attacha  d'a- 
bord à  bien  former  son  jugement  et  à  raisonner 
juste,  suivant  en  cela  les  principes  de  Descsailes, 
dont  la  philosophie  lui  plaisait  beauooop.  Puis  il 
étudia  en  même  temps  les  matbématiques,  la 
médecine  et  le  droit,  et  ses  progrès  furent  très- 
rapides.  «  IVatorellement  fraid,  dit  Niceron»  il 
ne  laissait  pas  d'être  très-an^^éable  en  conversa- 
tion; ses  manières  engageantes  lui  gagnaient 
l'afTeolion  de  tout  le  nsonde,  et  il  ramenait  son- 
vent  parjà  à  Kon  avis  des  personnes  qui  en 
étaient  fort  éloignées.  »  Il  s'était  acquis  une 
grande  estime  dans  la  vîHe  de  Purmerende,  où 
il  résidait,  et  il  accepta  de  ses  concitoyens  les 
emplois  de  conseiller  et  de  bouiigmestre.  Niea- 
wentyt  apporta  plus  de  cèle  qoe  de  talent  véri- 
table à  soutenir  les  théories  de  Descartes,  et  ses 
écrits  sdentifiques,  qnoiqoe  aujourd'hui  sans 
valeur,  obtinrent  une  renonimée  passagère,  parce 
qoe  leur  auteur  se  déclara  l^un  des  premiers 
adversaires  du  calcul  infinitésinsal  ;  ses  objec- 
tions, que  Montuda  assure  n'être  qu'un  tissu 
d'èbsurditSs,  l'engagèrent  dans  une  discussion 
avec  Leiimiz,  BemouUi  et  Hennann,  d'où  il  ne 
sortit  pas  à  son  avantage.  On  a  de  lui .  Consi- 
derationes  circa  analysées  ad  quantitates 
infinité  panax  appiicatx  prinetpia  et  calculi 
differentialis  usum  in  resoivendis  proble- 
mafibus  geometricis  ;  Amsterdam,  1694,  in-8*; 
—  Anaiysis  infinitorum  seu  eurvilineorwn. 


NIÉUWENTYT 

propriêiatés  ex  polygowmtm^aiura  deduct»; 
ibid.,  f695,  in-4*;  il  s'y  efforce  de  remédier  aux 
dlllieaUé«  qu'il  aTtil  troavéee  dans  le  eyslème 
des  infiniineote  petHs;  —  Ccnnd^raiwnv  M- 
eundm  eirea  caleuli  di/JéreniialU  prineifHa; 
ibid.,  1696,  iD-8'*.  Dans  les  ourrages  précédeoto 
il  avait  taxé  de  fausseté  le  calcul  infioitésiiBal» 
«en  ce  qu*on  y  aonsidère  coname 4gM^ 9  dit 
MootuclQ,  des  grandeurs  qui  n'ootqnione  difié^ 
reoce  infiniment  petite  à  la  vérité,  mais  oéan- 
moins  réelle;  il  fallait,  suivant  liû,  que  ces  diffé- 
rences fussent  abMiument  nulles,  et  comme 
alors  il  ne  saurait  plus  y  avoir  entre  elles  au- 
cun rapport,  il  rejetait  entiàrenient. les  secondes 
différences  et  celles  des  ordres  ultérieurs.  Peu 
après  il  prétendit  consolider  le  calcul  de  Leib- 
niz ;  il  employait  pour  cela  un  nouveau  principe 
mathématique,  dont  il  tirait  des  conséquences 
fort  singulières  et  qui  le  menait  à  expliquer  le 
mystère  de  la  création.  »  Leibniz  répondit  dans 
les  Acia  emditorum  (1695,  p.  31 0  et  3A9  )  ;  mais 
Kîeuwentyt,  peu  satisfait  des  explications  dugrand 
philosoplie,  écrivit  lesOonjii/ero/ioAessec«n£te, 
dissertation  qui  lui  attira  de  vives  attaques  de 
la  part  de  Jean  BemoolK  {Acia  erud'U.,  1697, 
p.  125)  et  de  Jacques  Hermann  {Responaio  ad 
Ctmsiderationes;  BAIe,  1700,  in-8'');  —  un 
traité  «nr  le  nouvel  usage  des  tables  des  sinns  et 
des  tangentes,  dans  le  Jmtm.  lUtér,  de  La 
Haye,  \nk;^  Met regt  Gebruik  der  Wereli^ 
beêehottwingen  (Le  véritable  usage  de  la  con- 
templation de  Tunivers);  Amsterdam,  1715, 1720, 
1727,  iQ-4'  ;  trad.  deux  fois  en  allemand,  quatie 
fois  en  anglais,  et  en  français  par  le  médecin 
Moguez  sons  ce  titre  :  V Existence  de  Dieu  dé- 
montrée par  les  merveilleê  de  la  nature,  en 
trois  parties,  où  ton  traite  de  la  structure 
du  corps  de  V homme,  des  éléments,  des 
astres  et  de  leurs  divers  effets  (Paris,  1725,  et 
Amsterdam,  1760,  in*4<*  ).  C'est  un  ouvrage  excel-. 
lent,  mais  que  le  style  trop  diffus  et  des  répéti- 
tions nombreuses  rendent  d'une  lecture  rebu- 
tanle;  Chateaubriand  en  a  donné  un  extrait  dans 
ie  Génie  du  Christianisme  { r«  part,  liv.  V)  ; 
—  nne  rélîitation  de  Spinosa,  en  hollandais; 
Amsterdam,  1730,  ln-4*.  P.  L. 

VEtÊTopÊ  ioratttet  VIII,  fH.  —  BibUoth.  bremetuti, 
II,  sia.  —  Hieenm.  Mémoin$»  XUIet  XX.  -  MraUMlA, 
Jiist.  d€»  matMém.,  11. 

;  Hi«i7WBnJKB»KB  (Le  eomtei4/>Ve</A'mi- 
iien  oe),  statuaire  français,  né  à  Paris,  le 
16  avril  1611,  issu  d'une  famille  noble  de  la 
Hollande.  Api^  avoir  (ait  différents  voyages , 
dans  lesquels  se  développait  son  goût  naturel 
pour  les  arts,  il  revint  à  Paris  où  il  se  livra,  en 
amateur,  à  la  sculpture.  Il  se  fit  connalire  bien- 
tôt par  une  statue  équestre  de  GmUuume  dit 
le  Taciturne,  prince  d* Orange, dont  le  modèle 
en  pJJAtre  parut  au  salon  de  1843;  cette  statue, 
destinée  au  roi  des  Pays-Bas,  et  qui  est  à  La 
Baye,  se  fait  remarquer  par  son  élégante  correc- 
tion et  par  rbabileté  avec  laquelle  tous  les  dé-    . 


—  NIEUWLAND 


70 


tails  sont  rendus.  M.  da  Nieuwerkerke  exécuta 
ensuite  :  une  statue  en  marbre  de  Descartes, 
exposée  an  salon  de  1646,  et  destinée  à  la  ville 
de  Tours;  —  une  statue  en  bronxe  du  même  pM- 
losopbe,  fondue  sur  le  modèle  de  la  première, 
pour  la  ville  de  La  Haye-Descartes  en  Toa- 
raine,lieude  sa  naissance;  —  une  statue  équestre 
d'i^aMle  la  Catholique  entrant  k  Grenade 
(  salon  de,  1647  )  ; .--  £a  Rosée,  gracieuse  statoetlA 
(même  salon);  — V empereur  Napoléon  lU, 
statue  équestre  en  bronze  pour  la  ville  de  Lyon, 
et  une  autre  pour  I<iapoléon- Vendée;  -—  nne  sta< 
toe^  en  pierre»  de  Ça/t;ia< ,  pour  le  tombeau  de 
ce  guerrier  dans  l'église  de  Saint- Gratien  (Seine- 
et^Oi^)  ;  —  Plusieurs  bustes  en  marbre,  ieur 
tr'autres  les  portraits  du  marquis  de  Mor" 
temart,  du  docteur  Leroy  d'Étiolles^  de  la 
marquise  de  B..,,  ôeM^^  M.  de  M.,  de  la 
princesse  Murât,  ôumaréchal  Bosquet,  etc. 

M.  le  comte  de  NieuwerLerke  a  été  nommé , 
le  25  décembre  1649,  directeur  f^énéral  des  nm- 
séea  nationaux,  fonctions  qu'il  remplit  encore 
aqjourd'boi,  ainsi  que  celles  d'intendant  des 
beaux-arts  de  la  maison  de  Tempereur.  Le  19  dé- 
oerabre  1653,  l'Académie  des  l)eiauxarts  de  l'in»- 
tittti  l'a  appelé  à  occuper  la  place  d'académicien 
libre,  rendue  vacante  par  la  mort  d'Aristide  Du- 
mont.  U  a  reçu  une  médaille  de  troisième  classe  à 
l!exposition  uuiverselle  de  1855.  Chavalier  de  la 
Légion  d'Honneur  depuis  le  23  août  1848,  il  fut 
promu  au  grade  d'officier  de  l'ordre,  le  4  juin 
1851,  et  à  celui  de  commandeur,  le  30  décembre 
1655.  G.  OE  F. 

Doa/mmti'iHMrtieuUtn, 

iilBiJWLAiiD  (Pierre),  poète  et  mathémati- 
cien hollandais,  né  le  5  novembre  1764,  à  Dim- 
roermeer,  hameau  près  d'Amsterdam,  mort  le 
14  novembre  1794,  à  Leyde.  Fils  d'un  charpen- 
tier, il  se  fit  remarquer  à  cause  de  son  étonnante 
précocité  :  à  cinq  ans  il  avait  lu  la  Bible  entière 
et  en  récitait  de  loi^gs  passages;  à  sept  ans  il 
avait  fait  de  nombreux  extraits  des  livres  de  son 
père,  qui  possédait  quelques  connaissances  en 
géométrie  ;  il  composaitun  poème £ur  les  insectes, 
et  démontrait  le  théorème  du  carré  de  l'hypo- 
ténuse ainsi  que  le  binême  de  Newton  dès  qu'on 
l'eut  mis  sur  la  voie  des  premiers  degrés.  Le 
professeur  van  Swioden  lui  ayant  demandé  s'il 
lui  serait  possible  de  déterminer  le  contenu  en 
pouces  cubes  d'une  figure  en  bois  placée  sur  une 
horloge,  l'enfant .  répondit  :  «  Donnez-moi  une 
pièce  du  même  bois ,  je  la  réduirai  à  un  pouce 
cube,  dont  je  comparerai  le  poids  à  celui  de  la 
statue.  >•  Il  avait  une  faculté  de  compréhension 
merveilleuse.  Il  lui  suffisait  de  feuilleter  un  livre 
pour  en  savoir  le  contenu  ou  de  jeter  les  yeux 
sur  un  sermon  pour  en  rendre  compte.  Il  cal- 
culait sans  tracer  jamais  un  cliiffre;  il  composait 
des  poèmes  entiers  sans  écrire  un  seul  vers. 
Doué  d'un  gt^nie  universel,  il  n'apprit  pas  avec 
moins  de  facilité  le  mécanisme  des  langues  que 
lui  enseigna  JérOme  de  Bosch  ;  outre  les  languea 

3. 


71 


NIEUWLAND  —  NIFO 


7^ 


anciennes,  dans  lesquelles  il  lui  arritait  soutent 
de  s'exprimer,  il  possédait  à  fond  le  français, 
l'allemand,  Tanglais  et  Titalien.  Veuf  d*une  char- 
mante femme,  quMl  perdit  en  178K,  et  prîté  peu 
de  jours  après  d'une  fille,  son  unique  enfant, 
NIewIand  résolut,  pour  calmer  sa  douleur,  de 
s'éloigner  de  son  pays.  Il  refusa  pourtant  de 
passer  aux  États-tJnis,  où  on  lui  offrait  une  place 
avantageuse,  et  se  rendit  à  Gotha  auprès  du  ba- 
ron de  Zach,  avec  lequel  il  entreprit  des  ot)ser- 
vations  astronomiques.  RoTenu  à  Amsterdam,  il 
fut  nommé  membre  de  la  commission  chargée 
de  déterminer  les  longitudes  sur  mer  et  de  faire 
construire  les  cartes  hydrographiques.  En  1789, 
il  enseigna  dans  cette  ville  l'astronomie  et  la  na- 
vigation, et  il  venait  d'être  appelé  à  Leyde  pour 
y  remplir  la  triple  chaire  de  physique,  d'astro- 
nomie et  de  mathématiques  (1793),  lorsqu'une 
mort  prématurée  l'enleva  au  monde  savant.  On 
a  de  lui  :  Dissertatio  pMlosophicthcritica  de 
Musonio  Rujo,  philosopho  stoieo;  Amster- 
dam, 1783,  in-4*;  —  Poésies  hollandaises; 
ibid.,  1788,  in-80;  la  seconde  édition  (Harlem, 
1797,  in- 8*)  est  plus  complète;  on  y  remarque 
le  poëme  d'Orion  et  Télégîe  sur  la  mort  de  sa 
femme;  —  (avec  van  Swinden),  Dissertations 
sur  la  construction  des  octants  de  Hadley 
et  sur  la  détermination  des  longitudes  en 
mer  par  les  distances  de  la  lune  au  soleil  et 
aux  étoiles  fixes;  ibid.,  1788,  in-8%  en  hollan- 
dais; «  Discours  sur  les  moyens  d^accéUrer 
les  progrès  de  Vart  nautique;  ibid.,  1789, 
in-4*,  en  hoU.  ;  —  De  ratione  desciplinarum 
atm  ratione  elegantiorum  qux  vocantur  H- 
terarum  comparata  et  ex  utraque  natura  il- 
lusirata;  Leyde,  1793,  in-4*  ;  —  Zeevartkonde 
(L'Art  de  la  navigation)  ;  Amsterdam,  1 793,  ^-8*  ; 
le  1. 1^  de  ce  traité  a  seul  paru  ;  •—  Traité  de  la 
méthode  de  Comelis  Douwes  pour  trouver 
la  latitude  par  deux  hauteurs  observées  en 
d'autres  instants  que  celui  de  midi,  inséré 
en  allemand  dans  VAstronomische  Jahrbuch 
de  Bode  (1793,  in-8*'),  et  en  hollandais  dans  les 
Zeemanstn/elen  de  Douwes  (1800,  in-8*');  •— 
un  Almanach  nautique,  entn*pris  par  ordre 
de  l'amirauté  hollandaise,  et  rédigé  avec  le  con- 
cours de  van  Swinden  et  de  van  Keulen.  Nieuw- 
land  a  communiqué  au  recueil  de  la  Société  de 
La  Haye  un  grand  nombre  de  mémoires,  entre 
autres  les  suivants  :  De  la  Valeur  relative  des 
différentes  branches  des  connaissances  hu- 
maines; De  VÉtat  des  sciences  comparé  à 
celui  des  bdles-lettres  ;  Des  Moyens  d'éclai' 
rer  le  peuple  et  de  rendre  plus  communs  le 
Jugement,  le  bon  esprit  et  le  goût;  De  la 
Sensibilité;  idées  des  anciens  sur  Vétat  de 
Vdme  après  la  mort,  trad.  en  partie  de  Bosch 
et  de  Wyttenbach;  Du  vrai  et  du  faux  Génie, 
trad.  de  Hottinger;  De  VVtxlité  générale  des 
mathématiques;  De  la  Forme  du  globe;  De 
la  Séléno'topographie  de  Schrater  ;  De  Vor- 
bUe  des  comètes;  De  VAugmentation  et  de 


la  Diminution  périodique  de  la  lumière  de 
quelques  étoiles  fixes;  Du  Système  chimique 
de  Lavoisier»  Dans  la  dernière  année  de  sa  vie 
il  avait  entrepris  des  Recherches  sur  la  cause 
physique  de  VincUnaison  des  orbites  plané- 
taires,  ainsi  qu'une  Méthode  de  ealctû  pour 
ramener  ce  phénomène  au  système  de  ta 
force  attractive;  on  en  trouvera  les  premiers 
résultats  dans  l'annuaire  de  Bode.         K. 

ffieuwt  atçem.  Konst  en  ijettfr-Boàe;  Harlrni,  1T*4, 
n«  4».  —  P.  Mlcbell,  lets  ter  WagedarkUnit  von  P.  Aieuur- 
kmd,'  Amatrrdam,  im,  in-8»,  flg.  —  J.-H  TanSwtr- 
den,  Ijskrtde  op  P.  JVievwland;  Ibid.,  17M,  In-S*.  — 
J.  Lniac,  De  Socrate  dve,  41-45,  t08-tll.  —  D.  Wyttcn- 
tecb,  nia  AnAïUteiili,  1SS-1S4.  —  Watenaar,  ContiniMf. 
d€  rhUt.  de  Hollande,  iwrt  XLV.XLVll,  L  et  LU.  — 
S»i,  Onomaatieon,  vili,  417. 

NiFAiiiiTS  (  Chrétien),  théologien  allemand, 
né  à  Lelingen  (  Dtthmarsie),  le  11  mars  1629, 
mort  le  5  juin  1689.  U  fut  successivement  sur- 
intendant des  églises  luthériennes  de  Corhach^ 
d'Eisenberget  de  Ravensberg.  On  a  de  lui  :  De 
pneumatiees  exisfentia  ;  ^of^ock,  1655,  in-é**; 
—  De  gentUium  in  Vetere  Testamento  ad 
regnum  cœlorum  ooca/ione  ;  Rostock,  1653» 
in-4°  -  ~  Centuria  thesium  pansophicarum  ; 
Giessen,  1658,  in-4*;  —  Commentarius  in 
Joannem  Anti-Grotianum;  Giessen,  163S» 
ic&9et  1684,  in-4*'  ;—  Metaphysica  contracta  ; 
Giessen,  1662,  in-8o;  —  Oslensio  quod  Caro- 
lus  àtagnus  in  quam  plurimis  fidei  articulis 
formaliter  non  fuerit  papista  ;  Francfort  ^ 
1670,  in8*';  —  Carolus  Magnus  exhtbitus 
eon/essor  veritatis  evangelicw  in  Augustana 
eonfessione;  ibid.,  1679,  in-8*^;  —  Justinus 
philosophus  exhtbitus  veritatis  evangelicx 
testis  et  confesser;  ibid.,  1688,  in-8<*;  —  un 
grand  nombre  de  dissertations  théologiques.  O. 

Moller,  cmtrta  Uterata,  t.  II.  —  npptng,  MemutrUt 
theotoçorum. 

RIPO  (Augustin),  en  latin  Niphus,  philo- 
sophe et  commentateur  italien,  né  vers  1473,  à 
Jopoli,  dans  la  Calabre  (  bien  que  lui-même  signât 
Seasanus,  comme  s'il  était  né  à  Sessa  dans  la 
terre  de  Labour),  mort  vers  |e  milieu  du  seizième 
siècle.  A  peine  avait-il  fait  quelques  études  qu'il 
fut  forcé,  pour  échapper  à  de  mauvais  traitements» 
de  s'enfuir  de  la  maison  paternelle.  A  Naples  il 
rencontra  un  habitant  de  Sessa,  qui  l'amena 
chez  lui  pour  être  précepteur  de  ses  enfants.  En 
instruisant  ses  élèves  il  s'instruisit  lui-même,  et 
plus  tard  il  les  accompagna  à  Padoue,  où  il  suivit 
un  cours  de  philosophie.  En  quittant  l'université 
de  Padoue,  il  se  rendit  à  Sessa,  puis  à  Naples,  où 
il  devint  professeur  de  philosophie.  Sa  célébrité 
commença  par  un  traité  De  intellectu  et  dx- 
montôt»,  dans  lequel  il  soutint,  suivant  le  senti- 
ment d'Averroès,  qu'il  n'y  a  qu'une  Àme  univer- 
selle, une  seule  intelligence,  etqn'il  u'existe  point 
d'autres  substances  spirituelles,  à  l'exception  de 
celles  qui  président  au  mouvement  des  deux. 
Ces  doctrines,  empreintes  de  ce  vague  néo-pla- 
tonisme,  de  ce  panthéisme  alexandrin  alors  as- 


rs  NÏFO  —  NIGER 

sez  répandu,  scandalisèrent  à  bon  droit  les  théolo* 
{iens;  mais  Tévèqae  de  Padoue  intervint,  et  Nifo 


en  fut  quitte  pour  promettre  qu'il  corrigerait  son 
livre.  Il  prouva  plus  tard  son  orthodoxie  en  écri- 
vant contre  le  traité  philosophique  de  Pompo- 
nace.  En  loi  3,  Léon  X  l'appela  comme  professeur 
à  l'Académie  romaine.  Nifo  fut  ensuite  créé  comte 
palatin,  et  reçut  la  permission  de  porter  le  nom 
et  les  armes  de  la  maison  de  Médicis.  Plusieurs 
de  ses  ouvrages  en  effet  sont  signés  Àttgtutintis 
Niphu  Mediees.  Malgré  ces  faveurs,  il  ne  resta 
pas  à  Rome.  Il  alla  professer  à  Pise,  puis  à  Bo- 
logne, et  enfin,  à  partir  de  1625,  à  Saleme,  où  il 
passa  le  reste  de  sa  vie.  On  ignore  la  date  de  sa 
niort.  Nifo  avait  peu  de  gravité  dans  ses  mœurs, 
et  ses  ouTrages  contiennent  des  passages  lieen- 
cieoi  auxquels  Bayle  a  fait  des  emprunts  oom- 
plaisants  dans  la  notice  qu'il  a  consacrée  à  Nifo. 
G.  Naudet,  Bayle  et  Niceron  ont  donné  sur  ce 
philosophe  érudit  des  détails  amusants,  que  nous 
ne  reproduirons  pas,  nous  contentant  de  citer 
quelques  lignes  de  Nteeron  qui  le  caractérisent 
asseï  bien.  «  Niphus,  dit-il,  avait  TairTort  gros- 
sier et  assez  mauvaise  mine;  il  parlait  cepen- 
dant de  bonne  gr^ce,  surtout  quand  il  se  mettait 
k  plaisanter;  le  talent  qu'il  avait  d'amuser  par 
ses  contes  et  ses  bons  mots  lui  avait  procuré  de 
Paccès  auprès  des  grands  seigneurs  et  des  dames 
de  considération ,  qui  se  faisaient  un  plaisir  de 
l'entendre.  *  Niceron  mentionne  de  lui  quarante- 
<Tiiatre  ouvrages,  qui  n'ont  presque  aucun  intérêt 
aajoord'hni;  ils  consistent  en  grande  partie  en 
commentaires  sur  Aristote  et  sur  Averroès.  Les 
traités  originaux  de  Nifo  n*out  guère  plus  d'im- 
portance que  ses  commentaires;  il  suffit  d'en  ci- 
ter quelques-uns;  savoir  :  De  intellectu  libri 
sexet  de  Dxmonibus  libri  très;  Venise^l503, 
Iâ27,  in-fol.;  la  première  édition  est  de  1492; 
—  De  immortalitate  anima ,  advenus  Pe^ 
trum  Pomponàtium;  Venise,  1518,  1524,  in- 
fol.  Dans  cet  ouTrage ,  entrepris  par  l'ordre  de 
Léon  X,  Nifo  s'est  proposé  de  démontrer  que, 
solvant  les  principes  d' Aristote,  l'Ame  est  immor- 
telle;— Opuscula  moralia  etpoiUica;  Paris, 
1645,  in-4^  L.  J. 

Paal  Jove,  Eloçia,  d«  tt.  -  Toppl ,  BMUtthtca  napo- 
letana.  —  Nsudé ,  notice  inr  Nifo,  en  tête  des  OpuKula 
monUu.  <—  Baylr,  Dietkmnaire.  —  Nioeron,  Mémoires 
fi«r  Mrrtr  à  ehUtoin  du  komwui  UlUMtres,  t.  IVIII. 
-TlnboMbl,  Storia  delta  Utteratura  italiana,  t  VU, 
Ptft  I,  p.  SM.  -  Gingaené.  HiUotn  tittéralre  dfltalie. 

xiGBL,  évêque  d'Ély,  né  en  Normandie,  mort 
1<^  30  mai  1169.  Son  oncle  Roger  fut  évéque  de 
Salisbory  et  chancelier  d'Angleterre  :  son  frère, 
Alexandre,  évéque  de  Lincoln.  On  croit  que 
^  sa  Jeunesse  il  eut  pour  maître  Anselme  de 
1m.  Devenu  trésories  du  roi  Henn  1*%  il  se 
coadGa  raflection  de  ce  prince,  qui,  à  la  mort 
<]'Hervey.  le  présenta  lui-même  pour  évéque  au 
dergé  d'Ely.  Un^  telle  présentation  éUit  un  ordre 
auquel  on  n'osait  désobéir.  Nigel  fut  élu.  Mais  11 
<e  soocia  peu  de  gouverner  son  évéché',  et  ne 
<rûtta  pas  la  cour.  Les  historiens  de  l'ï^gHae 


74 

!  d'Angleterre  ne  Tantent  pas  ses  moeurs.  Pour 
\  yivre  dans  l'opulence,  il  commit  un  grand  nombre 
d'usurpations  sur  le  domaine  des  églises,  des 
abbayes;  et  son  odieuse  conduite  ayant  été  dé- 
i  noncée  à  Thomas,  archevêque  de  Cantorbéry, 
I  celui-ci  lui  adressa  de  sévères  remontrances. 
I  Henri  mort  fut  remplacé  par  Etienne.  Le  crédit 
'  de  Nigel  ne  fut  pas  aussi  grand  près  du  nouveau 
roi.  Il  se  révolta  contre  sa  disgrâce,  et  entra 
dans  les  conspirations  des  seigneurs  ligués  contre 
Etienne.  Dépouillé  de  ses  biens,  Il  fut  alors 
chassé  du  royaume,  puis  rétabli  dans  son  église 
pour  être  ensuite  suspendu  par  Adrien  IV,  comme 
coupable  de  nouvelles  déprédations.  Nigel  avait 
un  fils  naturel ,  nommé  Richard ,  qui  fut  dans 
la  suite  évêque  de  Londres.  On  sait  qu'une  des 
grandes  afTaires  de  Grégoire  VII  avait  été  la  ré- 
forme des  mœurs  de  l'épiscopat  anglais.  Ce  qu'on 
nous  raconte  de  Nigel  prouve  assez  que  cette 
réforme  n'avait  pas  été  complète.  B.  H. 

UiU.  lut.  de  ta  France,  t,  XIII,  p.  408.  ^  ^ngUa  mo- 
cru,  t,  I,  p,  97.  —  jtngl.  Mtt.  scr^t.f  u  l,  p,  166. 

mCBLLIJS.    Foy.  ErII ENALD. 

KIGBR  (C.  Pescennius) ,  empereur  romain, 
mis  à  mort  en  194  après  J.-C.  Il  appartenait  à 
une  famille  distinguée  de  l'ordre  équestre.  Son 
père  se  nommait  Annius  Fuscus  et  sa  mère 
Lampridia.  Il  entra  au  service  militaire,  et  resta 
longtemps  dans  le  grade  de  centurion.  Sous 
Marc  Aurèle  il  obtint  un  avancement  rapide; sous 
Commode  il  fut  élevé  au  consulat  et  nommé 
commandant  des  armées  de  Syrie,grâce  principale- 
ment, dit-on,  à  la  protection  de  Narcisse,  l'athlète 
favori  de  l'empereur.  L'assassinat  de  Pertlnax 
et  la  mise  en  vente  de  l'empire  par  ses  meuF- 
triers  excitèrent  dans  les  provinces  et  à  Rome 
une  immense  indignation  (  voy,  Dmius  Jdlu- 
Nvs).  Le  peuple  romain  fit  un  appel  aux  grands 
commandants  militaires.  Les  vœux  se  tournèrent 
surtout  vers  Pescennius  Niger.  On  savait  qu'il 
maintenait  un  excellent  ordre  parmi  ses  soldats 
et  qu'il  les  empêchait  d'opprimer  les  liabitants. 
Son  élection  par  l'armée  de  Syrie,  qui  eut  lieu  à 
la  nouvelle  de  la  mort  de  Pertinax,  aurait  obtenu 
un  assentiment  facile  si  un  formidable  rival  ne 
l'avait  devancé  en  Italie.  Septime  Sévère,  pro- 
clamé empereur  par  les  légions  d'Illyrie,  profita 
de  sa  position  rapprochée  du  siège  de  l'empire  pour 
se  saisir  de  la  capitale  et  s'imposer  à  un  sénat 
mécontent,  mais  soumis.  L'Orient  et  l'Occident  se 
trouvèrent  donc  encore  une  fois  en  lutte,  et  ce 
fut  l'Occident  qui  l'emporta.  Tandis  que  Niger, 
plongé  dans  une  aveugle  sécurité,  perdait  son 
temps  à  Antioche,  il  apprit  que  Septime  Sévère 
s'avançait  vers  l'Asie  à  la  tête  d'une  puissante 
armée.  Alors  il  se  hâta  d'occuper  la  Thrace  et  le 
nord  de  la  Grèce ,  de  jeter  de  fortes  garnisons 
dans  Byzance  et  dans  les  villes  les  plus  impor- 
tantes de  l'Asie,  et  de  fortifier  les  défilés  du  Tau- 
rus.  En  même  temps  il  ouvrit  des  négociations 
pour  un  partage  amiable  de  l'empire.  Sévère  re- 
jeta durement  ses  offres.  Une  première  rencontre 


75 


WIOER  —  WIGHTINGALE 


76 


eat  lien  à  Cyzique  entre  les  généraux  des  deux 
empereurs  et  se  termina  par  la  défaite  et  la  mort 
d*Émiliea,  principal  lleatenant  de  Niger.  Ce  prince 
livra  en  personne  une  seconde  bataille  près  de 
Nicée  en  Bithynie,  et  fut  vaincu.  Une  troisième 
bataille  s'engagea  sur  le  littoral  du  golfe  d'Issus. 
Niger,  vaincu  avec  une  perte  de  vingt  mille  hom- 
mes, et  hors  d'état  de  continuer  la. lotte,  s'enfuit 
vers  TEuphrate.  It  fut  arrêté  et  conduit  à  Sévère, 
qui  le  fil  mettre  à  mort,  en  194.  Sa  femme,  ses 
fils  et  toute  sa  famille  partagèrent  son  sort.  Sa 
tète,  placée  au  bout  d'une  pique,  fut  promenée 
sous  les  murs  de  Byzance,  qui  tenait  pour  Niger 
et  qui  continua  encore  longtemps  une  résistance 
désespérée.  Septime  Sévère,  impitoyable  pour  la 
famille  du  vaincu,  ne  traita  pas  mieux  sa  mé- 
moire. Il  l'accusa  d'être  avide  de  gloire ,  dissi- 
mulé, dépravé  dans  ses  mœurs.  Mais  ce  juge- 
ment est  empreint  de  la  haine  d'un  rival.  Dion, 
plus  impartial,  paile  de  Niger  comme  d'un  homme 
qui  n'était  très-remarqudble  ni  pour  le  bien  ni 
pour  le  mal,  et  qui  ne  méritait  ni  beaucoup  de 
blâme  ni  beaucoup  d'éloge.  Ses  principales  qua- 
lités étaient  militaires,  et  l'on  dit  qu'il  avait  pris 
pour  modèles  Camille ,  Annibal  et  RTarius.  Spar- 
tien  fait  de  lui  le  portrait  suivant  :  «  Pescennius, 
dit-il,  était  d'une  haute  taille  et  d'une  belle 
figure.  Ses  cheveux  étaient  rejetés  avec  grâce 
▼ers  le  sommet  de  sa  tête.  Il  avait  la  voix  si 
sonore,  qu'on  Tentendait  en  plein  air,  à  mille  pas 
de  distance,  lorsque  le  vent  n'était  pas  con- 
traire. 11  avait  le  Tisage  modeste  et  toujours 
Termeil ,  mais  le  cou  si  noir  que  fa  plupart  des 
auteurs  attribuent  à  cette  particularité  son  sur- 
nom de  Niger  (  noir).  II  était  du  reste  fort  blanc 
et  chargé  d'embonpoint.  Il  aimait  beaucoup  le 
vîn,  mangeait  peu,  ne  connaissait  les  plaisirs 
de  l'amour  qu'autant  qu'il  le  fallait  pour  avoir 
des  enfants...  Il  fut  donc  un  excellent  soldat,  un 
tribun  parfait,  un  général  éminent,  un  gouver- 
neur plein  de  fermeté ,  un  consul  distfngué ,  un 
homme  illustre  dans  la  guerre  et  dans  la  paix , 
on  empf*reur  malheureux.  Il  aurait  servi  utile- 
ment l'État  s'il  avait  consenti  à  la  position  de 
subordonné  sous  Sévère.  »  Ces  éloges  parais- 
sent mérités,  et  peut-être  le  reproche  qui  les 
termine  n'est  pas  exact  Niger,  élu  empereur^  ne 
pouvait  pas  rentrer  avec  sécurité  dans  une  con- 
dition privée  ;  en  acceptant  de  redevenir  citoyen 
privé,  il  aurait  ajourné  son  sort  et  n'y  aurait  pas 
échappé.  li.  J. 

Mon  CiBSlos.  LXXn.  8;  ttXIII,  IS,  14;  LXXIV,  6,  8.  - 
8t»«rtieD.  Juitanust  9  ;  Hevérus.  é-9  ;  Peicenn.  Niger,  — 
4arellaft  Victor,  De  Cmêar.,  10  ;  fptt..  10.  —  Eutrope» 
VIII,  10.  -^  Tliiemont.  Histoire  dn  empereuri,  1. 111. 

SI6BB  (Brutidius) ,  historien  latin,  vivait 
dans  le  premier  siècle  après  J.-C.  On  n'a  presque 
aucun  détail  sur  sa  vie  et  ses  ouvrages.  Tacite 
parle  d'un  Brutidius  Niger,  édile  en  22  et  un  des 
accusateurs  de  D.  Silanus.  Cet  édile  délateur 
parait  être  le  même  que  le  Brutidius  dont  parle 
Juvénal  dans  son  récit  de  la  chute  de  Séjan  et 
le  même  aussi  que  l'historien  Brutidius  Niger 


dont  Sénèque  le  rhéteur  dte  deux  passages  re^ 
latifs  à  la  mort  de  Cicéron.  y. 

Tacite,  y#nmites,  III,  66.  —  Juvénal,  X,  Si.  —  Sénèqa«, 
Suasoriay  7. 

KI6BE.  Voy.  LBNOW,  NeGRI,  NfiRl,  NfiBO,  et 
SCBWARTI. 

NIGETTI  (  Matteo),  architecte  et  sculpteur 
italien,  né  à  Florence,  vers  1560,  mort  en  16M. 
Il  fut  élève  de  B.  Buontalenti  sous  lequel  il  di- 
rigea la  coDStructiiNi  du  palais  Stroui.  £n  t404, 
sur  les  dessins  de  Jean  de  MMUlicis,  il  oommença 
la  fameuse  chapelle  sépulcrale  des  Médiois  ((?a- 
pella  de'  Prtncipi)^  dont  il  dessina  aossi  le» 
splendides  ornements  destinés  à  être  exécutés  ea 
pierre  dure.  En  1621,  il  éleva  le  premier  cloître 
de  l'église  de  Santa-Mavia-degli-Aogiuli,.et  bientôt 
après  la  foçade  de  l'église  d'Ognissanti ,  compo- 
sition assez  incorrecte  qui  lui  fait  peu  d'honneur. 
La  ville  de  Pise  iiû  doit  la  décoration  de  la  cha- 
pelle  de  la  Vieigia  daiw  l^église  Saint- Nicolas. 
Nigetti  scuipt»  avee  takat  les  pierre  précieuses 
et  les  pierres  dures,  et  en^cite  parmi  ses  plu& 
beaux  ouvrages  en  ce  genre  le  tabernacle  de  l'é- 
glise San-Lorenzo  de  Florence.         £.  B— n. 

MlUzia,  Vemorle  degU  architetti  atUichi  e  moderni, 
—  Faniozxl,  Nuova  Guida  di  Firenze.  —  Ticoul,  Msio- 
nario.  —  Baldlnuccl,  JNotixie. 

*2fi«HTiNGALB  (  FMreMce  )*,  dame  anglaise 
qui  s'est  fait  connaître,  durant  la  dernière  guerre 
de  Crimée,  par  son  dévouement  pour  les  blessés 
anglais ,  née  à  Florence,  en  1823.  Elle  descend 
d^une  vieille  famille  du  Yorkshire.  Son  éduca- 
tion ne  fut  pas  restreinte  aux  arts  d'agrément; 
elfe  étudia  ranliquité  classique ,  les  sciences ,  la 
littérature  et  apprit  à  parler  plusieurs  langues 
vivantes.  Ces  études  Carminées ,  elle  fit ,  snîTant 
l'usage  des  riches  familles  anglaises,  un  long 
voyage  sur  le  continent  et  pénétra  même  jus- 
qu'en Egypte.  Ce  fut,  paralt-il,  durant  ces  voyages 
qu'elle  forma  le  projet  de  se  vouer  au  service 
des  hospices.  Quatre  années  après  son  retour, 
elle  alla  s'établir  à  Kaiserswerth ,  sur  le  Rhin, 
dans  un  hôpital  où  sont  formées  des  sœurs  de 
charité  protestantes  ;  elle  y  continua,  pendant  un 
séjour  de  trois  mois ,  des  études  de  chirurgie  et 
de  médecine.  Elle  s  offrit  ensuite  pour  diriger 
l'hospice  de  Harley-Street  à  Londres,  et  consacra 
une  bonne  partie  de  sa  fortune  à  la  réorganisa- 
tion de  cet  établissement.  En  1864  commença 
pour  elle  un  nouveau  rôle;  l'afHuence  des  ma. 
lades  et  des  blessés  avait  jeté  le  désordre  dans 
le  service  des  hôpitaux  de  l'armée  anglaise  de 
Crimée.  Miss  Nightingale ,  abandonnant  pour  la 
troisième  fois  une  position  fortunée,  offrit  aussi- 
tôt de  s'embarquer  pour  l'Orient  ;  son  exemple  et 
celui  de  nos  sœurs  de  charité  am*mèrent  le  zèle 
de  plusieurs  dames  anglaises ,  qui  la  suivirent. 
Elle  arriva  à  Constantinople ,  le  5  novembre ,  et 
passa  aussitôt  à  Scutari,  où  étaient  établis  les 
liôpitaux  anglais  ;  elle  prit  sur  tous  ces  malades 
une  heureuse  influence,  releva  leur  courage,  et 
rétablit  l'ordre  par  de  sages  conseils.  L'arrivée 
de  miss  Stanley  et  de  cinquante  nouvelles  tn- 


77 


rïIGHTIlfGALE  —  lïIHUS 


71 


firmûfu  (mirais)  M  pennit  de  passer  è  Ba- 
laklata,  où  eHe  «riva  le  4  mai  185^.  Elle  s'oc* 
cvpait  de  réorgaMser  Je  serTÎce  de  l'IiMpice, 
yMBwt  la  fièvre  de  Cnnée  vint  interrampre  sea 
travaox  et  mettf»  84  vie  en  danger.  Lorsqo'eUa 
eut  recoovré  la  saaté,  les  médecMia  loi  preseri- 
nmH  apt  voyage  <■  An|f;let«rte;  maia  (aie  ne 
voolut  pas  oatifnttr  à  quitter  soa  poste»  el  K- 
prit  le  so«i  de  ses  malades;  ene  oe  Teviot  qa^à 
la  fio  de  Ift56^  La  fcine  lai  fit  leraetlre,  h  son 
fdemr,  vue  parore  de  diamants  »  et  nne  letlre 
antographe  qui  contenait  des  éloges  mérités. 
Miss  Nightiagale  a  publié  en  1852  oo  écrit  sar 
rinaëlatioo  de  Kaiserswerlb.  A.  H-^. 

Men  cf  Xhè  tfnw.  '—  Blïs.  Jameson,  SÎAvrt  ofCkarieif. 

—  Bracebridgp,  Àddretê  to  the  Meeting  at  Mheratone. 

MHSiDiiTS.  Yoy,  Figglqs(P.)l 

9icni ,  poète  latin  du  quinaièffle  siècle,  est 
nnteor  d'an  oovrage  sur  la  Rhétie^  intiÉulée  Rhe^ 
tiùy  $i9eéesitu  etf  muri^u^  Mheiorum;  à  la 
suite  sont  des  poésies  et  fables  latines*  A.  F.  D. 

SI6USOL1  (etoranai-ilfarto),  médtecia 
ilaliai,  né  en  1648,  à  Ferrare,  où  il  est  mort,  le 
10  décembre  1727.  Il  était  fils  de  Girolamo  Ni- 
grisiiH-,  balHie  médecin,  mort  en  1689,  et  dont 
on  a  on  recueil  intitulé  :  Progymnamnaia 
(Gnastalla,  1665).  Après  avoir  été  pendant 
trois  ans  premier  médecin  de  Comaechio,  il  re- 
Tint  à  Ferrare ,  M  chargé  de  foire  les  dissec- 
tions anatomiqwes,  et  remplit  successivement 
les  chaires  de  médecine  ihéorique ,  de  médecine 
pratique  et  de  pliilosoptaie.  On  a  de  lui  ;  DeiV 
anaicmia  ekirwrgïca  deiie  gtandttle  ;  Ferrare, 
1681-1682,  2  vol.  in-8",  sous  le  nom  de  GUio 
de  Paearù;  —  Àd  Anchoram  sauctatorum 
obgervaiiones  ;  ibid.,  1687,  ln-8** ,  sous  le  nom 
de  Jean  Conrad  Weber;  —  Febris  China 
ChifUB  ejppugnata;  ibid.,  t687,  1700,  in-4*  : 
cet  ouvrage  se  composa  d'extraits  ametés  de 
traités  français  sar  la  gaérison  des  fièvres  par 
le  qainqniBft;  —  ÀnmofnU  Tractatus  varU  de 
wwrbis;  ibid.,  1690,  in-8*  l  compilation  sem- 
biabie  à  la  précédente;  -^  Lettera  séprw  Pin- 
mtaiane/atUi  da  topi  neile  campm§ne  di  Romm 
Tanna  1090  ;  ibid.,  1693,  in-é"*;  comme  eseap^e 
de  In  fileondité  cistnionlinaive  des  rats ,  raatenr 
préiMd  qn'avanl  mène  de  naître  ils  enranteof 
dan&  le  ventre  de  leur  mère  ;  —  Considéra^ 
sroni  tnlorne  alla  ^enerasione  de'  viventi  e 
particoidurmente  de'  mosiri;  ibid.,  1712,  inr4''; 
la  deoûème  partie  de  ce  livre,  qui  devait  traiter 
des  monstres,  n'a.  point  paru;  —  De  Onoera- 
foie;  ibid.,  1720.  ia-4<>;  —  PbarmaeçpcBX 
terrariensu  prodromiL%i  ibid.,  1723,  in-4*; 

—  Consigli  medicii,  ibid.,  1726, 2  vol.  in.4'.  P. 
Maaget,  BM.  meHea,  m,  4u.  ^  Vlceion,  Mém^TUL, 

Misnoni  (6iu/to),  émdit  Malien,  né  en  1 553, 
à  Gènes»  mort  le  17  jaoviec  1625,  àMilan.  lie»- 
tra.  à  dix-buit  ans  dans  la  Coiipagnie  de  Jéens^ 
prafosa  la  rbélorique,  la  piiilosepëie  et  la  tbéo* 


logie>  et  devint  successivement  préfet  des  études 
au  collège  de  Milan,  recteor  des  collèges  de  Vé- 
rone, de  Crémone  et  de  Gènes,  et  supérieur  âe 
la  maison  professe  de  G^es  et  de  celle  de  Mi- 
lan. On  a  de  hii  :  Oraiiones  XXV;  Mtian,  1606, 
in-4*;  Mayeoee,  1610,  in-8*  ;  —  Sur  la  Manière 
de  bien  gouverner  Vétat;  Milan,  1610,  in-4**, 
en  italien;  —  ReguUt  emnmmnes  SocietaHe 
Jesu^cemmeninriis  asceticis  illustratxi  MUte, 
1613,  1616,in-4<'  ;  Cologne,  1617,  in-é*"  ;  —  2M^ 
sertatio  suàeesiea  de  eaèéga  ve/ertivt;  Milan, 
1617,  in-12;  3^  édit.,  DiUSngen,  1621,  io-8''  :  die 
peaferme  des  détails  cnrieux  sur  la  chaossore 
d'où  rempeteur  Caligala  tira  son  surnom ,  et  a 
été  réimptimëe  pla sieurs  fois  (Amsterdam, 
1667,  et  Leipaig,  1733,  in-12}y  avec  un  travail 
analogne,  Cakme  anHquus  et  nufshcus^  dn 
Benoit  Baèduin;  —  Tractatus  OMcetici  X; 
Milaa,  1621,  ia8<*;  Cologne,  1624,  in-4°  :  «es 
traités  avaient  d'aèord  paru  isolément  ;  •—  i>e 
librerum  amatorwrum  lectiane,  juniorUms 
maxime  vétanda;  Milan,  1622,  el  Cologne, 
1630,  iB-12  ;  ^  Pisser fcUéo  de  mUa  et  ait' 
Uàsmi^/uga;  Milan,  1626,  in-S*",  sous  l'ana- 
gramme de  Livius  Normgiu»;'—  Historica 
dissertatio  de  S.  Jgnalio  Lojola  et  B,  Caj»- 
tano  Tkissneop  institutore  ord,  elericarum 
reguL;  Cologne,  1630,  et  Naples,  1631,  in-4''; 
—  Les  Emblèmes  de  f  académie  part Aénienne 
du  collège  romain  de  la  Société  de  Jésus  ^  en 
italien,  impr.  à  Rome,  1694,  in-4°.  *  P. 
Soiirel,  De  Script,  ord.  joc.  Jêstu 

Kl  BUS  (Barthold),  savant  controversiste 
allemand,  né  en  1589,  à  Wolpe  (duclié  de 
Brunswick),  mort  le  10  mars  1657,  k  £rfurt 
Né  de  parents  peavres,  il  entra,  après  avoûr  ter- 
miné ses  études  de  collège,  au  service  de  Com. 
Martin,,  professeur  de  théologie  à  Helmstiedt,  qui 
lui  fit  obtenir  une  bourse  qui  lui  permit  de 
suivre  les  cours  de  l'université.  La  vue  des  dis- 
putes violentes  auxquelles  s'y  livraient  les  théo- 
logiens- protesttînts  commença  dès  lors  à  lui 
inspirer  dn  dégioM  pour  le  luthéranisme.  £n 
1616  il  accompagna  deosL  jeune»  genlishommca 
à  l'université  de  léna,  et  devint  quelque  tentpa 
après  précepteur  anpiia  do  due  Bernhard  de 
Saxe-Weiroar.  £n  1622  U:  at  rendit  è  Colegae, 
embrassa  hs  catlioliciome,,  et  entra  dans»  les  or- 
dres ;  après  avoir  dirigé  dans  cette  ville  le  col- 
If^  des  prosélytes,  ii  fui  en  1629'  nommé  abbé 
d'Ilfeld.  A  l'approche  de  l'armée  suédoise, il  se 
retira  en  Hollande;  il  devint  plus,  tard  étè^pe 
de  My  re  et  suffragani  de  l'asdievdquede  Mayence. 
On  a  de  loi  :  DM/miationee  io^scar  pHehnstaedt, 
1612,  in-^^  ;  —  Ba  retrumputHeoTum  formés; 
ibid.,  1614^  in-4<';  —  Mpisteia  phUoiogiea 
exeutiens  narruHonem  P&»ip^  Meim  de  naeé- 
gatienef  Hanauy  16^2,  iB-4*^;  —  Ars  Nava^ 
dicto  Serwpturx  unico  hterandi  e  pontificiis 
piurimaê  in  parie»  tuthermsorum ,  détecta 
mm  niMH  el  snfpet^o  theologis^  Beimstetem- 
sibus  Hilàesheinir,  1633  :  oovrage  qui  entraîna 


79 


NIflUS  —  I9IR0N 


80 


Vaufteor  dans  une  violente  polémique  avec  Geor- 
ges Calixte;  —  Epigrammata  ;  Cologne,  1642, 
ia*l2;  ^  Àntieriliau  de  fabrica  cruei»  do- 
vUniCês;  Cologne,  1644,  in-8*;  —  De  cruce 
epistola  ad  Bartholintan ;  Cologne,-  1047, 
in-8'  ; — hypodichma  quo  diluuniur  nonnuUa 
contra  caiholicos  dUputata  in  Corn.  Mar- 
tini tractatu  de  analffsi  logica;  Cologne, 
16^,  in-8o  ;  —  Dractatus  chorographictu  de 
nohnullU  Àsix  provincUs  ad  Tigrim^  Eu- 
phratem  et  Mediterraneum  et  Ruàrum  ma- 
ria; Cologne,  1658,  in-8*'.  Nihus,  qui  a  en- 
core fMiblié  quelques  autres  ouvrages  de  con- 
troverse contre  Wedel,  Homejus,  etc.,  a  aussi 
édité  plusieurs  écrits  de  Léon  AUace  (voy.  ce 
aom),  auxquels  il  a  joint  des  dissertations  de  sa 
leçon,  telles  que  :  Adnotationes  de  commu' 
nione  Orientalium  sub  uniea  tpede,  etc.  O. 

Bayle,  DM.  -  WItte,  /Harlum.  —  Vouliu,  Bpidoim. 
«  Aolermaod,  Smppiément  à  JOcber. 

NiKiTiN  (Àthanase\  voyageur  russe,  mar- 
chand de  Tver,  mort  à  Sraolensk ,  en  1472,  est 
auteur  d'un  des  plus  anciens  voyages  dans  l'Inde. 
U  rentreprit  en  1466,  y  consacra  six  anées ,  et 
en  a  laissé  une  relation  fort  curieuse  que  Karam- 
2in  a  découverte  dans  les  archives  do  monastère 
de  Troitza  et  qu'il  a  publiée.  «  Nikitin,  dit  cetécri- 
Tain,  descendit  le  Volga  depuis  Tver  jusqu'à  Astra- 
khan, passa  devant  les  villes  tatares  d'OusIan  et 
ée  Berekzane,  se  rendit  d'Astrakhan  à  Derbent, 
-visita  Bokara,  Mazandéran,  Amol,  Kachan,  Or- 
mue,  Maskate,  Guzurate,  et  fut  ensuite  par  terre 
jusqu'au  Bender,  où  se  trouvait  la  capitale  du 
sultan  du  Khorozan  ;  il  vit  la  Jérusalem  des  In- 
des, c*est^-dire,  à  ce  qui  parait,  le  célèbre  temple 
d*Élora.  Il  nomme  des  tilles  qo*on  ne  trouve  sur 
aucune  carte,  n*omet  rien  de  ce  qui  est  remarqua- 
ble ,  admire  le  contraste  établi  entre  le  luxe  des 
grands  et  la  misère  du  peuple ,  blAme  non-seo* 
lement  la  superstitkm,  mats  encore  les  mauvaises 
■MBurs  des  habitants,  qui  professent  la  religion 
des  brames,  regrette  toujours  la  Russie,  et 
^nt  le  sort  de  ses  compatriotes  qui,  attirés 
par  le  bruit  des  richesses  de  Tlnde,  seraient 
tentés  d'aller,  sur  ses  traces,  dans  ce  prétendu 
paradis  du  commerce,  abondant ,  à  la  vérité,  en 
gingembre  et  en  couleurs ,  mais  pauvre  en  ob- 
jets nécessaires  à  la  Russie.  Enfin,  il  retourna 
à  Ormuz,  et  se  rendit,  par  Ispahan,  Sultanieh  et 
Trébisonde  dans  la  ville  de  Caffa,  où  il  termina 
yhistoire  de  son  voyage,  qui  ne  lui  rapporta 
sans  doute  d'autre  avantage  que  le  plaisir  de 
le  décrire;  car  les  pachas  de  Turquie  lui  enle- 
vèrent la  plus  grande  partie  des  marchandises 
qu'il  avait  apportées.  Cet  intéressant  voyage 
prouve  qu'au  quinzième  siècle  la  Russie  avait 
déjà  ses  Tavemier  et  ses  Chardin,  moins  édai- 
ses,  il  est  vrai,  mais  aussi  hardis  et  aussi  entre- 
]irenants  qu'eux,  et  que  les  Indiens  entendirent 
parler  d'elle  avant  de  connaître  les  noms  de 
Portugal,  de  Hollande  et  d'Angleterre.  Alors  que 
\asco  de.Gama  ne  songeait  encore  qu'à  la  pos- 


sibilité de  se  frayer  une  route  autour  de  l'Afrique 
pour  parvenir  jusqu'à  Tlndoustan,  un  simple 
négociant  de  Tver  commerçait  déjà  sur  la  cdte 
du  Malabar,  et  s'entretenait  avec  les  indigèoea 
sur  les  dogmes  de  leur  religion.  » 

Depuis  Karamzin ,  le  voyage  ^e  Mikitin  a  été 
inséré  dans  le  SoJitslUi  Sbomik ,  le  recueil  des 
Chroniques  russes  (  t.  VI  ),  les  légendes  du  peu- 
ple russe  par  Sakharof  et  en  l8à6  dans  les  Mé^ 
moires  de  V Académie  des  sciences  de  Saint' Pé- 
ter shour  g,  Jazikof  en  a  traduit  quelques  frag- 
ments en  allemand  {Dorpater  Jarbucher; 
1835,  IV,  481. 502).  Pc«  A.  G— R. 

BanUcb-Kameiuki,  Diet,  hUt.  des  hommes  itlustrtt 
de  to  Auuie,  —  Gretcb,  tstai  sur  ChUt.  de  ta  Utt: 
russe, 

nikolaI  (Isaak)f  peintre  hollandais,  né  à 
Leydeo,  en  15S6,mortdans  la  même  ville,  en  1619. 
Il  fut  élu  bourgmestre  de  sa  ville  natale  en  1576. 
C'était  l'époque  où  il  peignit  ses  meilleurs  ta- 
bleaux qui  ornent  les  principaux  monuments  de 
Leyde.  Celui  qui  décore  la  salle  du  tribunal  est 
cité  comme  fort  remarquable.  Les  œuvres  de  ce 
peintre  se  distinguent  par  un  dessin  pur  et  une 
bonne  composition.  Il  laissa  trois  (ils,  qui  furent 
ses  élèves  et  suivirent  aussi  avec  succès  la 
carrière  des  arts.  Leurs  productions  ont  été 
souvent  confondues  avec  celles  de  leur  père. 

L'aîné,  Jakob-liaakst,  alla  se  |)erfectionner 
en  Italie.  Il  se  maria  à  Naples,  et  revint  dans 
sa  patrie  en  1617.  Après  avoir  longtemps  tra- 
vaillé à  Leyde,  il  se  relira  à  Utrecht,  où  il  mourut 
en  I6S9. 

Le  second,  Klaas-Isaaksz ,  se  fixa  à  Ams- 
terdam, où  il  a  exécuté  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages. 

Le  troisième,  Willem^Isaaksz,  graveur  es- 
timé, mourut  en  1612,  à  Délit,  où  il  était  capi- 
taine d'arquebusiers.  A.  de  L. 

Dcacimps,  Fie  du  peintres  hoUandt^,  1 1*',  p.  87. 

NiKOLBr  (  Pficolas  -  Pétrovitch  ) ,  poète 
russe,  né  en  1758,  mort  en  1816,  avait  été  élevé 
dans  la  maison  de  la  célèbre  princesse  Dachkor. 
Frappé  de  cécité  à  l'âge  de  vingt-sept  ans ,  il 
chercha  dans  la  culture  des  lettres,  dont  celle-ci 
lui  avait  inspiré  l'amour,  une  consolation  à  son 
malheur,  et  publia  divers  travaux,  dont  le  meil- 
leur est  une  tragédie  en  doq  actes,  intitulée  So- 
rena ,  jouée  devant  l'Impératrice  Catherine  en 
1781.  Pce  A.  G— H. 

Greich,  Estai  eut  rklst.  de  la  UU.  russe. 

KiKON,  patriarche  russe,  né  en  1605,  à  Ye- 
lemanof,  près  Nijni-Novgorod ,  mort  à  Jaroslaf, 
le  17  août  1681.  Il  appartenait  à  une  pauvre  fa- 
mille de  paysans,  et  fut  pendant  dix  ans  prétro 
à  Moscou  avant  d'éknbrasser  l'état  monastique , 
dans  lequel  sa  femme  consentit  à  entrer  en  même 
temps  que  lui.  Après  avoir  vécu  quelques  an- 
nées comme  un  ermite  sur  les  bords  de  la  mer 
Blanche,  il  passa  dans  on  monastère  proche  du 
Béloozéro,  .en  fut  élu  igoumène  ou  prieur; 
obligé  par  sa  charge  d'aller  à  Moscou,  fl  fut  re- 


81 


ISIKON  —  NIL 


83 


marqué  da  tzar  Alexis ,  qui  le  nomma  archi- 
maiidrile  d'an  roooastère  de  cette  ville,  et  peu  de 
temps  après  métropolite  de  MoTgorod.  A  ce 
po6te  élevé  Mikon  eut  occasion  de  montrer 
toute  la  force  de  son  caractère  à  Tépoque  de 
rémeute  qui  éclata  à  Novgorod.  En  1653,  il 
fat  nommé  patriarche,  et  aborda  la  grande  ré* 
forine  cléricale ,  si  souvent  tentée  avant  lui.  Il 
le  procura  la  plus  grande  quantité  possible 
de  manuscrits  très^andens,  d'après  lesquels  0 
se  proposait  de  faire  une  vérification  totale  des 
livres  d'église  :  à  sa  demande,  le  patriarcbe  de 
CottstaDtînople  loi  fournit  près  de  dniq  cents  textes 
origioaux ,  dont  quelques-uns  remontaient  aux 
premiers  siècles  do  christianisme.  Nikon  voolait 
rendre  à  l'Église  russe  sa  pureté  et  son  indé- 
pendacoe.  Pour  atteindre  ce  but,  encore  désiré, 
il  œ  craignit  pas  d'entrer  en  lutte  avec  le  tzar  lui- 
même  (I).  Quel  était  précisément  l'obiet  de  ses 
contestations  avec  le  tzar  ?  C'est  ce  que  l'histoire, 
arrêtée  par  une  rigoureuse  censure»  n'a  pas  en- 
core parfaitement  à^lairci. 

Un  moine  de  Tordre  de  Saint-Basile  (2)  pré« 
tend  que  Nikon  tendait  à  assimiler  son  autorité 
à  celle  du  pontife  romain ,  opinion  à  laquelle 
s'est  récemment  rangé  un  écrivain  distingué. 
•  L'Église  de  la  petite  Russie  s'étant  intimement 
rapprochée  du  patriarcat  de  Moscou ,  fait  obser- 
ver M.  Gerebtzof  (3) ,  après  l'annexion  de  ces 
prorioces  à  la  Russie,  l'académie  de  Kief  devint 
nne  succursale  des  écoles  de  ce  patriarcat.  La 
scolastiqae  occidentale  et  la  philosophl?  défigurée 
d'Ariittote  (4)  régnaient  déjà  à  cette  époque 
dans  tous  les  diocèses  occidentaux^  et  une  polé- 
mique ardente  se  faisait  entre  certains  prélats 
orthodoxes  de  ces  provinces  et  les  jésuites.  Dans 
les  écrits  de  ces  derniers,  le  pouvoir  temporel  et 
sécolier  du  pape  en  particulier  et  la  parfaite  in- 
dépendance de  l'Église  du  pouvoir  de  FÉtat,  en 
général,  étaient  préconisés.  Nikon  était  doué 
d'une  intelligence  supérieure  et  d'une  assurance 
parfaitentent  juste  dans  se.*  propres  talents;  il 
est  clair  qu'étant  tra  raillé  par  les  écrits  des  jé^ 
mites,  il  a  pu  être  un  moment  tenté  d'ambition- 
DO'  un  pouvoir  pontifical  avec  tout  ce  qui  s'en- 
suit. »  Selon  Kulczynski ,  la  véritable  cause  de 
les  démêlés  avec  le  tzar  et  de  sa  disgrAce  fut  sa 
conversion  au  catholicisme.  Nikon,  assore-t-il, 
en  visitant  un  jour  des  captifs  polonais,  trouva' 
O  leurs  mains  une  image  du  bienheureux  Jo- 
siphat,  la  leur  arracha,  et  la  foula  aux  pieds  en 
proférant  d'indignes  paroles.  Frappé  incontinent 
de  paralysie ,  le  patriarche  reconnut  sa  laote  en 
Biéine  temps  que  la  vérité  catholique,  et ,  ayant 
onbrassé  ceUe^d,  fut  miraculeusement  guéri  (5). 


(1)  OiMirlalof.  Biâtaind*  IhiMie. 
<»  kalcxyukl.  Spécimen  EeeUiim  Butheniae  s  Pa- 
ris, I8S9. 

(S)  EM$ai  mr  rhUMn  de  la  eivUiMotion  en.  imuief 
Park,  ina.  II,  114. 

(H  Uéagûrée  par  ulnt  Tbomaft  d'Aqatai. 

(1)  Ce  faK  eit  Dcntionaé,  loiu  le  n*  149,  dans  les  mi- 


Cette  version  acceptée,  on  comprend  le  dé- 
goût que  Nikon  éprouvait  pour  sa  résidence 
patriarcale, et  il  n'est  pas  invraisemblable  qu'il 
ait  déclaré  au  simulacre  de  concile  qui  voulait 
le  juger  en  1664  :  «.  Vous  n'en  avez  pas  le  droit; 
il  n'y  a  que  le  pontife  romain  seul  qui  ait  puis- 
sance sur  moi.  » 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  le  concile, 
convoqué  et  dirigé  par  le  tzar  Alexis,  qui  dé- 
pouilla, en  1667,  Nikon  de  sa  dignité  patriar- 
cale, n'était  pas  apte  à  le  faire  et  a  montré  une 
insigne  lâcheté  en  se  pliant  au  caprice  du  souve- 
rain irrité  ;  il  est  à  remarquer,  en  outre,  qu'un 
des  griefs  qu'il  lui  a  éfTectivement  reprochés  était 
d'incliner  vers  les  dogmes  latins  (i;. 

Réduit  à  vivre  dans  un  cachot  au  pitin  et  à 
i'ey ,  Nikon  demeura  dans  des  monastères  éloi- 
gnes pendant  les  treize  dernières  années  du 
règne  d'Alexis.  A  sa  mort,  son  fils  Théodore  le 
rappela  de  l'exil,  et  voulut  le  réinstaller  sur  son 
siège  patriarcal  ;  mais  le  noble  vieillard  expira 
en  chemin  (2),  et  sa  réhabilitation ,  que  les  pa- 
triarches orientaux  s'empressèrent  d'envoyer, 
avec  la  même  facilité  qu'ils  avaient  sanctionné 
son  inique  déposition,  n'eut  lien  qu'après  le  dé- 
cès de  cet  prélat,  qui  était  vraiment  au-dessus 
de  son  siècle. 

Outre  ses  travaux  sur  la  Bible  et  les  livres  li* 
turgiques  qu'il  oollationna  sur  les  originaux 
grecs  et  hébreux,  Nikon  a  laissé  :  une  Chronique 
qui  renferme  toutes  les  annales  russes  connues 
jusqu'en  1630;  elle  a  été  publiée  par  l'Académie 
des  Sciences  de  Pétersbourg  (1767-1792,  8  vol. 
io-S");  —  une  Table  (SkniàX) (Tétudes  dog- 
matiques; Moscou,  1656,  in  4*;  —  des  Sermons 
ou  plutôt  des  Mandements  ;  Moscou,  a.  d. 
(1664)  ;  réimpr.  par  Novikof,  dans  son  Ancienne 
Biblioth.  russe  (2«  éd.,  t.  VI);  — le  Para- 
dis  intellectuel,  qui  contient  la  description  des 
monastères  du  MontAtiios  et  de  Valdai  ;  Valdal , 
in-4*  ;  —  une  Épitre  circulaire  pour  la  fondation 
d'un  monastère  sur  le  lac  d'Onega,  dans  le  t.  IV 
de  VHistoire  de  la  Hiérarchie  russe;  —  un 
Cccnon^  ou  livre  de  prières,  pour  attirer  les  ras- 
kolniks  à  l'Église;  s.  1.  n.  d.,  in-4o.  Sa  corres- 
pondance avec  le  tzar  et  les  pièces  relatives  à 
sa  condamnation  sont  inédites.  Pc«  A.  GALrrzin. 

If  an  Choucberln.  Fie  du  trés-êaint  patriarche  Ni- 
kon; Saint-Pétertbonrg.  1817.  —  Apolloi.  fie  du  po' 
triarckê  Nikon  ;  Moecou,  183».  —  Nikon,  HM.  de  rÊgtise 
russe,  —  Oreteh,  Essai  sur  Phixt.  de  la  UU.  en  Russie, 

—  Hiit.  de  Bussie  de  Taticblebef.  Leclrrc  et  Levcsque. 

—  Gagarin,  La  Russie  eera-t-eUe  catholique  ?  —  Études 
polU.etrelig,  mr  la  Russie,  trad.  de  raUemand,  p.  lis. 

—  Revue  enc^elopidique^  oct.  istl,  Xll,  tM.  —  La  Ras- 
hal;  Parla,  iSS». 

HIL  (  Saint  )  [  NctXo;  ] ,  surnommé  l'Ascète 
et  le  Moine f'  écrivain  religieux,  vivait  dans 


racle*  prooTéa  par  la  bteUficatlon  de  Josaphat,  arche- 
vêque de  Polotik,  martyrtsd  à  "Wltepsk,  en  I6t3. 

(1)  Diet.  hist,  des^éericahu  ecclésiast.  russes,  par  le 
métropolite  Eugène  :  Salnt-Péterabourg.  ittT,  II.  itt. 

(S)  f^of.  le  rédt  de  ta  dernière  heure  dans  les  Pii^ 
rinaçet  aux  lieux  saints  rutses.pài  André  UouraTUf. 


KIL  —  PÏIMEEGEN 


84 


le  cinquième  siècle  de  Tère  chréfienBe.  Il  ap- 
parteaait  à  ane  des  plus  nobles  faniHles  de 
Cottttantiiiopte,  et  il  fut  élevé  à  la  dignité  â'é- 
parqne,  «o  gooTerneor,  été  sa  Tille  natale.  Mats 
convaineii  de  la  vanité  <ffes  cliosies  humaines  et 
pénétré  do  sentiment  des  choses  divioes,  il 
abandonna  son  rang,  ses  dignités,  et  se  retira 
avec  son  fils  TMoébr/edans  on  monastère  da 
mont  Sin»;  tandis  que  sa  femme  et  sa  fille 
s'enfermèrenl  daas  m  convent  d'Egypte.  Son 
fils  péril  dans  une  attaque  du  couvent  par  les 
Ai'abes.  Saint  Nilédwpfn  aux  barbares,  et  vécut 
jasqu'en  4&0oo45t. 

Saint  Nil  est  Tautrar  de  beamonp  dTou- 
vrages  théologiques  ;  quelques- nns  sont  penftis 
ou  inédils,  et  ne  sont  connus  qne  par  des  ex- 
traits de  PIMioa;  d*aatres  ont  eo  plusieurs  #1?- 
tions  séparée»  ;  mois  c'est  de  nos  jours  seoTe- 
ment  qu'on  en  a  formé  un  recueil  qui  n'est  même 
pas  très-complet.  La  meilleure  édition  des  Œu- 
vrea  mêlées  de  saint  Nil  est  celle  de  Suarès 
{Saneti  Patfit  n^êtri  NUi  abbaCis  Tractatus, 
sêu  apuscula  ex  eodicibus  manuscriptis  Va- 
tieanis,  Cassinensibtu  y  Barberinis  et  Al- 
txmpskmii  entia,  J.  -  itf.  Suarttïva  grasce 
nune  pwimwn  eMit,  iatine  vertu  ac  notis 
Ulustravit  )  ;  Rome,  1673,  in-fol.  Les  plus  im- 
portants ouvrages  de  saint  Nil  sont  ses  Con- 
sëits  spirituels  (  flapaivivetç  )  sur  la  manière 
de. vivre  chrétiennement,  c'est  un  abrégé  de 
théMogie  pratique,  et  son  Manuel  cTÉpiciète 
(  'EimcTTCbo  iYx«p(?iov  ),  arrangé  à  l'usage  des 
chrétiens.  Schweighsnser  a  donné  ce  Manuel 
dans  le  cinquième  volume  de  son  édition  d'Épic- 
tète.  I^es  lettres  de  saint  Nil,  qui  sont  on  de  ses 
plus  précieux  ouvrages,  et  qui  traitent  en  général 
des  mêmes  sujets  que  les  Conseils  spirituels^ 
furent  publiées  par  Possinus,  Paris,  1657,  in-4°; 
une  meilfeinie  édition,  avec  une  traduction  latine 
par  Léo  Allatius,  parut  à  Rome,  166S.  in-fol. 
Une  édition  des  Œuvres  complètes  de  saint 
PHI  (  5.  P,  N.  Nili  abbatis  Opéra  quœ  repe- 
rtri  potuervmt  omnia,  variorum  curis  olim^ 
nenipe  Leonis  Altatiiy  Pétri  Possini,  etc.^ 
seorsim  édita,  ntmc  prijnum  in  unum  col- 
lecta et  ordinata  ;  curante  J.-P.  Migne)tà  été 
publfée  à  Paris,  f 860,  gr.  in-S". 

Plusieurs  autres  écriTains  byzantins  ont  porté 
le  nom  de  Nil  (  Nsi>oc}  (1)  ;  mais  coRwie  ils  ont 
fort  peu  d'importance,  nous  renvoyons  pour  ce 
qui  les  concerne  à  la  dissertation  de  Léo  Alla- 
tius citée  en  soorceei  à  la  Biblioikèqué  grecque 
de  Fabrieius.  L.  J. 

PhoUos,  Cod.,  tT<.  —  Nlcéphore,  m$t,  eccles.,  XIV, 
S4h  —  Le»  AUflUoi,  Diatribe  éAjWitet  «anum  scriptU, 

• 

(1)  Un  IfiL  môtropomatn  de  Rhodes  vert  1360  a  écrit 
deni  oitvrag^es,  dont  le  plus  Iniportant  est  une  htstuire 
det  neuf  eonetles  «rcuméniqaM  publies  par  Ju*tel, 
comme  un  appendlre  dn  Nomoamon  de  Photiua,  et  par 
Hardontn.  dans  le  t.  V  de  ses  Concilia,  Ce  SU  t«t  anaal 
auteur  de  quelques  traités  grammaitcaux,  dont  F..  P««^ 
mw  a  parlé  dans  sa  dissertai  Ion  De  llfUo  ftrammmtitrf 
ttdhue  ignoto,  eiusque  inrammaiica  a/tf«fii«  ffrcunn*»^ 
ticU  icrivtiSi  Brelau.  iSSt.  Id-'*». 


&9m»  redit,  des  Uttret  de  salot  AUl,  et  ddos  Fatnfchts, 
Mô/lolVcs  grmea,  vol  X,  p.  t.  tte.«  «dit.  «t  Haricsii  — 
Cave,  HUi.  JM.  -  TUlenont ,  arda,  pamr  servir  é 
rhist  cccles.,  t.  XIV.  -  Dom  Cellier,  Hist.  des  auteurs 
sacréseteectéHatt.,LXm.'~  Rtcbard et Glraod.  BUOotlL 
smeré».  —  HQttmewA,  MtoUographisefèas  Lue. 

RiLSOii  ( /enn-^joie  ),  peintre  et  giavcut 
allemand,  né  h  Augsbourg,  en  1721,  nort  en 
I78&.  Fils  d'André  NUfon,  habile  pemtre  en 
miniatnre ,  il  s'adonna  à  cette  mène  branche 
de  VWt  sons  In  direction  de  son  père,  de  L. 
Blaid  et  de  Spcrliog,  et  eut  à  faire  les  por- 
traits de  beaucoup  de  personnages  de  marque. 
U  cultîva  |)ln8  tard  avec  succès  Ift  gravnve; 
nommé  en  1764  peintre  de  la  cour  de  l'électeur 
paMbi^  il  fnt  éln  deux  ans  aprè^  membre  de 
l'Acoidémie  des  beanx-arts  de  Vienne.  En  1769 
il  devint  directeur  de  l'éoole  de  dessin  de  sa  ville 
naiale.  Il  a  gravé  sur  ses  propres  dessins  :  les 
portraits  de  Ferdtmamd^  marquis  de  Bade,  de 
Jean-  Georges  111,  électeur  de  Saxe,  de  Muuriee. 
prince  d'Anlialt,  du  pape  Clément  Jt///,  dn  czar 
Pierre  le  Grand ,  de  l'empereur  François  /«*, 
de  l'impératrice  Marie-Thérèse,  etc.  ;  Les  Sai- 
sons ;  Les  Mois;  Les  Éléments;  Les  Beures 
du  jour  ;  La  Poésie  et  la  Peinture  ;  Danton 
et  Ph^llis;  L'invention  de  la  Igvv;  Vues  de 
jaréins  (  13  pi.),  etc.  O. 

C-A.  Nllson,  Summlunç  belekrtnder  jévfsâtsm  (  A^gs- 
bourg»  1831  ).  —  Ilagirr,  Aûnstler-Ijexieon» 

*NiLsoB  (Sven)^  naturaliste  suédois,  né  à 
Schonen,  le  8  mars  1787.  Agrégé  dès  1812  à  In 
faculté  des  scieuces  naturelles  à  Lnnd,  il  dasaa 
la  collection  du  mnsée  zoologiqoe  de  cette  villes 
et  plus  tard  celle  de  Stockholm ,  et  devint  en 
183L  proresXenr  d'histoire  naturelle  à  Lund. 
On  a  de  lui  :  Ornitkologia  suecica;  Stock- 
holm, 1817-1821,  2  voL;  —  Skandima9isà 
Fauna;  ibid.,  1820-1863,  4  vol.»  comprenaoi 
les  Mammifères^  les  Oiseaux,  ks  Avkphàhkee 
et  les  Poissons;  les  deux  premiers  volume» 
ont  eu  une  seconde  édition^  l'un  en  1830,  Tairtre 
en  1836;  à  cet  excelleiift  ouvrage  sont  joints 
vingt  cahiers  de  planchea; —  Historia  wollus- 
corum  Sueciss;  ibid.»  1822;  ^  Petre/acêa 
suecana  formationis  eretacex;  ibid.,  1827, 
in-fol.  ;  —  Prodromus  ichthgolegise  scanda^ 
nicx;  ibid.,  1832  -,  —  Skandiikaviska  dforéema, 
urinvanare  (  Les  Habitants  primitifs  da  Btaed 

de  la  Scandinavie);  ibid.,  1838-1843.       Ou 
ConveruUums-Lexiken. 
NILOFER.  Toy.  HOLOPBIBA. 

NiMEEGBM  (Êliejk»),  peiptre  hollandais^ 
né  à  Niroègue,  en  1667,  mort  vers  1787.  Fils 
d'un  bon  peintre,  décédé  en  1679,  il  reçut  enauile 
les  leçons  d'un  frère  aine,  qui  monriii  fort  jeune» 
Privés  de  ce  dernier  appui,  on  vit  Élie  van  Ni- 
meegen  et  son  frère  Tobie  continuer  vaillam* 
ment  leurs  études^  et  bientôt  lenrs  ouvragea 
parurent  à  côté  de  ceux  des  maîtres.  Élie  fut 
fturtotti  recherché  pour  U  peinture  ornementale. 
11  ne  pouvait  suffire  à  ses  travaux  :  fl  a-'ns- 
socia  d'alwrd  son  neveu,  dont  il  fit  son  gendre  r 
puis  800  fils  ;  et  les  oeuvres  de  ces  trois  artistes 


85 

restent  confondaes  :  e'est  à  Rotterdam  que  s'en 

tiroufe&t  lu  plus  grand  nombre,  dans  les  galeries 

Waditendonk^  Mtevelt,  SohoonliOTen,  Tan  dtr 

W«rr,  Paets,  Flink,  etches  les  prlncipanx  bour- 

gtoie  de  la  tille;  —  à  La  Haye,  ite  décorèrent 

Im  galeries  des  boinismestves  Rnisoh    et  de 

Bie.  Élie  van  Nîmeegea  pe^naH  avec  un  égal 

ifiérHe  Thistoira,  rarchiteature,  le  paysage  et 

la  fleurs.  Sa  fiJle  cadette  &  laissé  d'excellente 

tableaux  de  fleurs.  A.  de  £.. 

DeMamps,  fit  dm  PêMim*  hottoMàoU,-^  Ut,  p.  ifi. 

SUA,  plus  oonnoe  sou»  le  nom  de  la  Nina 

du  DanU,  peèteese  sicilienne»  vivait  vers  la  fin 

du  treiziènie  siècle.  On  n'a  pas  sur  eUededëtails 

iNographique»;  on  ignore  même  si  son  nom  de 

ma  est  on  dimiantif  de  Caêtêrina  ou  de  i»- 

toute.  Les  biograf)hes  italiens,  qui  ne  nous  ap- 

piennent  rien  de  certain  ni  de  proliable  sur  la  F»- 

Dille  et  la  ville  natale  de  Nina»  nous  disent 

qa'eOe  était  très^beile».  très-verUieoae,  qu'elle 

Kit  la  premièfe  femme  qui'  écrivit  dos  vers  en 

langue  vulg»ipe  (itelîen).  Gresdmbeni  i^onte 

qu'elle  ne  voulut  que  personne  se  vant&t  de 

800  aroeor»  si  ee  n'est  on  po^.  Danle  de  M»- 

JUK)  en  Toscane»  poète  alors  célèbre^  mai»  qui  a 

«iéconiplétemeiiliédipeé  par  son  gsad  heroo- 

lyme,  sédoit  par  la  réputation  de  beanlé  et  de 

géfliede  la  jeune  ^dlienne,  loi  adressa,  sans  se 

faire  connaître»  une  déelaraliond'amour  en  vers. 

Sina  y  répondit  par  on  sonnet  atraable,  gra« 

eieut,  simple,  qni  vaut  mieux  que  la  plupart  des 

poésies  de  ce  temps,  beaucoup  mien  surtout  que 

les  sonnets  pénibles  et  entorUilés  de  Dante  de 

Najdoo.  Crescimbeni  a  cité  ce  sonnet;  en  void 

le  commencement  : 

Quai  >etie  yoi,  il  esn  proferenn 
Qie  hte  a  nie  mius  ▼oI  mostrare  ? 
Molto  m'ageczerta  ▼Mtra  parvenu, 
Percbe  meo  cor  podesse  dichiarare. 

(  Qui  étes-vous  »  vous  qui  sans  vous  montrer 
HK  (aites  une  si  chère  déclaration?  Beaucoup 
m'agréerait  votre  présence,  pour  que  mon  cœur 
pût  se  déclarer  ).  Dante  de  Majano  répondit  à 
tette  invitation  par  plusieurs  poésies  dans  les- 
«loeiies  il  célèbre  en  se  nommant  les  charmes  et 
le  savoir  de  Nina.  Comme  les  deux  poètes  vi- 
cient fidrtioin  Ton  de  l'autre  et  qu'ils  ne  se  virent 
jvnaig,  cet  échange  detendres  déclarations  n'a- 
vait rien  de  compromettant  pour  la  belle  Sici- 
iieDoe,  et  elle  porta  sans  que  son  honneur  en  souf- 
frit le  nom  de  la  Nina  du  Dante.         L.  J. 

Creidmbenl,  Storia  délia  volgar  poe»ia,  t.  Iir.  ~  Al- 
Ivel,  JUnv  amtiçuA.—  G.  Mgusa,  Elogia  Sieula.  — 
Moniritorr,  MMéothgcm  SinlM.  -  Oitolanl»  Biovtvfki 
^»  «omM  UiHttri  deUo  5<«iM«,  t.  I.  —  Tlratmiebl. 
StÊrtmdetkt^  UUemtftrm  UaUana^  t.  IV,  p.  861.16».— 
filigomé,  Ui$t9irm  littéi^aêre  ^UmUe.  1. 1,  p.  M8»  MO^ 

Bisms  (  ffenni)^  médeein  français,  né  le 
It  février  1722  ».  à  Poix  (  Champagne  ),  mort  le 
30  oelobre  ISOO,  k  Paris.  Reçu,  docteur  à  Vnn- 
^sHé  de  Rehns,  H  fit  phieieurs'  campagnes  en 
Allemagne  et  en  Espagne»,  et  occupa  jusqu^en 
t7ftft  les  fonctions  de  médecitt  de  rarlîllerie  et 
dlnspectenr  des  hApitlM]%  mINtlires.  fl  Ait  aussi 


NIMEEGEN  —  NIKO  8» 

l'un  des  méclecins  consultants  de  Louis  XT.  On 
lui  doit  une  Traduction,  des*  ouvrages  de  Cehe 
sur  la  médecine  {l^ris,  1753,  2  vol.  in-12  ). 

Boalliot,  Biogr.  Àrdennaiu. 

mâa  de  cvetara  (  Don  Juan  ),  peintre  es- 
pagnol, né  à  Madrid,  le  8  février  1632,  mort  à 
SCEilaga,  le  8  décembre  1698.  Son  père,  don  Lui/.» 
était  capitaine  des  gardes  du  vice- roi  d^Aragon,. 
révéqoe  de  Bnilaga,  don  Antonio  Henriquez.  Cé^ 
prélat  se  chargea  de  la  f)ïmille  de  son  gentir- 
liommé  Avori,  et  l'emmena  dans  son  diocèse.  Ce 
ftit  donc  à  Malaga  que  le  jeune  Nino  fiY,sea 
études  :  dès  lors  il  tenait  plus  souvent  Te  crayon 
que  ta  plume.  Parvenu  en  philosophie,  il  se 
fivra  avec  tant  d'ardeur  au  dessin  que  Tévé- 
que  »  qui  l'aimait  comme  son  fils,  ne  voulant  pas 
contrarier  sa  vocation,  le   confia  aux   soin& 
d'un  capitaine  flamand,   que  Quilliet  nomme 
n  Manrique,  peintre  en  crédit  à  Malaga  et  Ton 
des  meilleurs  élèves  de  son  compatriote  Ru- 
bens  (1)  ».  Les  progrès  de  Nino  furent  rapides. 
En  1645  son  protecteur  le  confia  au  marquis 
de  Montebelto,  l'un  des  amateurs  les  plus  dis- 
tingués de  Madrid,  qui  le  mît  bientôt  en  état  de 
suivre  les  leçons  d'Alon/o  Cano.  Ce  célèbre  maître 
fe  prit  en  amitié,  et  travailla  souvent  avec  lui. 
Cano  composait  et  ITiâo  exécutait.  C*est  ainsf 
qu'ils  décorèrent  les  Augustins  de  Cordoue  et  de 
Grenade  (1652  1667).  En  1676  Mino  revint  à 
Malaga  où  il  fit  beaucoup  de  tableaux  d'église  et 
de  portraits,  genre  dans  lequel  fl  réussissait  fort 
bien.  Sa  touche  dénonce  une  certaine  timidité; 
mais  ses  compositions  ont  un  caractère  aimable 
et  son  coloris  a  de  la  fraîcheur.  Il  est  demeuré 
on  des  meilleurs  représentants  de  l'école  his- 
pano-flamande. Tous  les  monuments   religieux 
de  Malaga»  et  quelques-uns   de  Cordoue,  de 
Grenade,  de  Madrid  et  de  Séville» possèdent  de 
ses  tableaux  qui  se  rencontrent  aussi  dans  les 
galeries  les  plus  complètes.  On  cite  surtout  de 
ce  maître  trois  chefs-d'œuvre  admirés  à  Mar 
taga  :  dans  l'église  de  la  Charité  La  Foi  ou  Le 
Triomphe  de  la  Croix,  remarquable  par  l'ex- 
pression des  nombreuses  figures  qui  y  sont  re- 
présentées et  par  leur  l)onne  disposition,  la 
Charité  entourée  des  persounages  qui  se  sont 
le  plus  distingués  par  cette  vertu.  Ce  fablean 
est  le  digne  pendant  (Tu  précédent;  —  et  à  la 
cathédrale  le  Saint  Michel  devenu  populaire 
par  les  nombreuses  copies  et  la  gravure.  Séville 
possède  aussi  un  grand  nombre  de  tableaux  de 
Nino,  entre  autres  une  Sainte  Famille,  attri- 
buée quelquefois  à  Rubens.  On  a  dé  lui  à  Paris 
une  peinture  allégorique  représentant  La  Guerre 
faisant  place  à  la  Paix  et  à  V Étude,  A.  on  L. 

Raphaël  Wcngs,  Otroi  (  Madrid,  17S0  ).  —  Fellppe  de 
Guevara,  Im  Commantariot  de  la  pintura  (Madrtd« 
rrss  ).  -  PoiR,  nav«  en  e$patta.  ^  Don  Adltonht  0a- 
lomlno  de  Velasco,  El  fifiaeo  ftetarieo  l  Cordova,  ms. 
S  Tol.}.  —  f^iage  artUHeo  d  varUu  putMlM  i»  Bp- 


(1)  11  doit  y  avoir  qQel<|ue  errenr  dans  ee  non  de  Mim- 
rigue;  car  dam  les  biographies  espagnoles  oa  flaoïaad» 
on  ne  trouve  aaeiio  artiste  ainsi  nommé. 


S7 


Nmo 


88 


palUtt  etc.  { Madrid,  tSM  ).  —  Coio  Beraudet,  Diecio- 
nario  historico  de  las  mai  ilustret  profetorei  dM  las 
betluê  arUt  eu  Etpalka,  —  Quilllet ,  Dictionnaire  des 
Peintres  espaçnoln  1%19).  —  MarUno  Lopes  Agnado,  El 
real  Mutto  (  Madrid,  188S  ) . 

KiNO  {Pedro-Àlonto),  surDorainé  el  Negro 
{ le  Noir  ),  navigateur  espagnol,  né  à  Moguer 
(Andalousie),  en  1468,  murt  vers  1505.  Il  avait 
déjà  fait  plusieurs  expéditions  à  la  c6te  occiden- 
tale d'Afrique  lorsqu'il  accompagna  Christophe 
Colomb  dans  son  troisième  voyage.  Les  naviga- 
teurs découvrirent  successivement  les  lies  de 
Trinidadt  de  Margarila,  Coche  ^  Cubagna, 
les  embouchures  de  t'Ortnoco,  et  abordèrent  sur  le 
nouveau  continent  dans  une  contrée  que  Colomb 
nomma  tierra  de  Paria  (l),  du  nom  que  lui 
donnaient  les  indigènes.  Ils  côtoyèrent  ensuite 
Tespace  de  cinquante  lieues  jusqu'à  la  Punta  de 
Araya,  et  revinrent  en  Espagne  (2).  Voulant  aller 
chercher  de  l'or  et  des  perles  pour  son  propre 
compte,  AIonzoNino  demanda  et  obtint  du  grand 
conseil  de  Castille  la  permission  d'aller  à  la  dé- 
couverte de  nouveaux  pays,  «  à  condition  qu'il  ne 
pénétrerait  pas  dans  les  contrées  déjà  reconnues 
par  Colomb,  et  qu'il  n'en  approcherait  même 
pas  à  la  distance  de  cinquante  lieues.  »  Luis 
de  La  Guerra,  riche  marchand  sévillan,  et  son 
frère,  le  pilote  Christobal  de  La  Guerra,  se  joi- 
gnirent à  Nino.  Ils  armèrent  une  caravelle 
montée  par  trente  hommes,  et  mirent  à  la  voile 
de  San-Lucar  vers  la  fin  de  mai  1499.  Après 
une  heureuse  traversée  de  vingt-trois  jours  (3), 
ils  se  trouvèrent  en  vue  des  côtes  de  Paria  et 
de  Maracapana.  Les  indigènes  leur  ayant 
montré  des  dispositions  pacifiques,  ils  atterrirent, 
nonobstant  les  ordres  de  la  cour»  et  firent  une 
ample  provision  de  bois  de  Brésil  {palo  Brasil). 
De  là  ils  visitèrent  le  golfe  (  nommé  par  Ojeda  ) 
de  las  Perlas,  les  Iles  de  Mai^rita,  de  Coche,  et 
de  Cubagna.  Reçus  avec  amitié  par  les  Guai- 
queries  (  Caraïbes),  ils  recueillirent  une  grande 
quantité  de  perles,  qu'ils  échangèrent  contre 
des  miroirs,  des  couteaux,  des  chapelets  et 
autres  babioles^  Nino  poussa  ensuite  sa  naviga- 
tion jusqu'à  la  Punta  de  Araya,  et  aborda  sur  la 
côte  des  Cumanagotas.  Ces  Indiens  allaient  nus. 
Us  se  couvraient  les  parties  naturelles  seulement 
avec  nne  espèce  de  calebasse  retenue  par  un  cor- 
don à  la  ceinture.  Ils  portaient  des  peries  en  col- 
liers et  suspendues  au  nez  et  aux  oreilles.  Ils  les 
cédèrent  avec  empressement  pour  des  sonnettes, 
des  bracelets  et  des  épingles,  dont  ils  parurent 
faire  grand  cas.  Nino  continua  sa  route  le  long 
de  la  côte  jusqu'à  l'endroit  où  est  située  main- 
tenant la  ville  de  Coro  (province  de  Yéné- 
tuéla).  II  mouilla  dans  une  baie  magnifique,  où 
il  fut  bien  accueilli  par  les  naturels,  qui  lui  don- 

(0  Connqe  depvte  aoua  lea  différente*  d^nomloationa  de 
Tierra^$rmê,  jmeva'CastiUa  et  CattUla  dêl  OrOi  c'est 
ai^oiird'hai  la  proviooe  de  véoéxuéla. 

(%  #^«y.  pour  lea  détatls  de  ce  premier  Tojage  de  Nlfio 
en  Amérique  Tartlcle  Colomb  (  Ckristopke)» 

(I)  Elle  fat  longtempi  cUéc  comme  mlraculeiiae  i  cauae 
de  aa  rapidité. 


nèrent  leurs  perles  en  échange  d'objets  dépende 
valeur.  De  là  il  cingla  vers  un  gros  village  nommé 
Cnriana  (  ou  Cumana),  descendit  à  terre,  et  y 
passa  vingt  jours.  Pendant  ce  temps  les  Indiens 
lui  fournirent  du  gibier,  du  poisson,  du  mais 
en  abondance.  Leurs  terres  étaient  bien  culti- 
vées. Leurs  moeurs  simples  annonçaient  pour- 
tant nne  certaine  civilisation.  Ils  possédaient 
tous  les  vases,  pots,  plats,  etc.,  utiles  à  la  vie 
ménagère,  et  portaient  des  ornements  en  ar  re- 
présentant des  oiseaux,  des  grenonilles,  et  divers 
insectes,  qu'ils  se  procuraient  dans  la  province 
de  CauehiétOf  distante  de  six  journées  de  na- 
ligation.  Niîk)  s'y  rendit.  Les  Caucliiétos  vinrent 
au-devant  de  lui  dans  des  canots,  et  lui  offrirent 
de  Tor,  des  ornements  en  coquillages  et  en  plumes, 
des  singes,des  perroquets,  des  vi  vres,mais  nervou- 
lurent  pas  céder  leurs  perles.  Les  Espagnols  re- 
prirent la  mer,  et,  s'avançant  toujours  à  l'ouest, 
tentèrent  an  nouveau  débarquement;  mais  ils  fu- 
rent forcés  de  seretirer  devant  plus  de  deux  mille 
guerriers  entièrement  nus  qui  les  assaillirent  à 
coups  de  flèches  et  de  pierres  et  les  poursui- 
virent jusqu'à  leur  navire,  dont  l'artillerie  put 
seule  repousser  leurs  ennemis.  Ils  retournèrent 
alors  à  Cumana,  où  ils  continuèrent  pacifique- 
ment leurs  échanges.  Ils  y  recueillirent  plus 
de  cent  cinquante  marcs  de  belles  perles,  dont 
quelques-unes  étaient  grosses  comme  des  ave- 
lines. Nino  remonta  à  Boca-del-Drago,  puisa 
La  Punta  de  Araya,  où  il  découvrit  la  fameuse 
saline  qui  porte  ce  nom.  Il  mit  ensuite  à  la  voile 
pour  l'Espagne,  et  après  deux  mois  de  traversée 
entra  dans  un  port  de  Galice,  le  0  février  1500, 
avec  une  riche  cargaison  d'or,  de  perles,  de  bois 
de  Brésil,  etc.  Mais  à  peine  débarqué,  il  fut  ac- 
cusé, ainsi  que  son  frère,  d'avoir  caché  des  perles 
et  par  conséquent  fraudé  le  ^iiin^  du  roi  (l). 
Hernando  de  La  Vega,  gouverneur  de  Grajai,  le 
fit  arrêter  en  vertu  de  l'édit  qui  avait  défendu 
à  tout  navire  d'approcher  à  plus  de  cinquante 
lieues  des  terres  découvertes  par  Colomb.  Kino 
vit  une  partie  de  sa  fortune  confisquée,  et  mourut 
avant  que  son  procès  ne  fût  jugé  (2).  Quoique  le 
voyage  de  Nino  ait  eu  pour  but  un  trafic  lucratif 
plutôt  qu'un  intérêt  national,  il  servit  à  mieux 
faire  connaître  les  côtes  de  la  Nouvelle-Cas- 
tilie.  Son  succès  et  les  richesses  que  Nino  rap- 
porta en  Espagne  excitèrent  d'ailleurs  chez  ses 
compatriotes  le  désir  de  faire  des  entreprises 
semblables.  A.  db  L. 

(1)  La  part  du  tréaor  royal  a*6IeTBlt  an  dnqalème  bmt 
dea  richemea  proTenant  du  Nmiveao  Monde. 

(1)  SU  faut  en  croire  WaabUigtoo  Inrinf,  qui  l'appâte 
anr  Laa  ctaaa,  le  motif  de  l'arreatatlon  de  Nlfto  tôt  toot 
antre.  Dèbarqaé  ft  Cadix,  an  lien  de  ae  rendre  à  Madrid 
pour  rendre  compte  de  aa  mUalon,  U  alla  Totr  aa  famille 
à  Huelva,  te  contentant  d'écrire  au  roi  qn'lt  avait  une 
grande  quantité  d'or  inr  aea  ? alaseaux.  1^  roi,  en  fnierre 
avec  la  France,  arait  alors  un  beaoin  preaaant  d'arvent; 
U  lui  ordonna  donc  de  payer  Immédiatement  als  mUitons 
de  maravedla  que  la  conr  d'Bapagne  devait  à  Colomb  ;  ce 
fut  alora  que  l'on  découvrit  que  lea  prétendus  monceaux 
d'or  n'étalent  que  dea  prlaosnlera  Indien*,  dont  la  vente 
devait  produire  lea  béûéflcr a  annoncés  par  NiAo. 


89 


NIPÎO 


90 


Miflburla  de  Redoaer,  U  ffouceëu  iVoiute,  etc.  (  Parti, 
If»  ),  cliap.  CTifx-cxxui.  —  Lopei  de  Gomera,  ffUf. 
çenmU  de  bu  Indttu  (Medlna,  1U&.  to-fol.).  Itb.  Il, 
cap.  LXXT.  -  Brnionl,  L'UUt.  du  ffouveam  Monde,  etc. 

Genève,  117»,  ln-«»),  lib.  1.  cap.  x.  —  Mulloz.  Hist. 
éd  Jfu€wâtMndo,  Ikb.  VH.  -  Pierre  Martyr,  Dé  Ifavi- 
fotkmé  H  Terra  dé  itoro  repertU  (1B8T,  lii>4*)  • 
dér.  I,  Ub.  IX.  ^  IM  Casas.  HM.  Ind,,  llb.  I, 
cap.  cxxtix.  —  Don  José  Oviedoy  Banos  l/tolorta  de  la 
•mfvMa  V  pàbtoeiM  de  ta  proMncéa  de  yemwela 
(Madrid,  17»),  part.  1».  llb.  I,  eip.  ir.  —  Antoolode  Her- 
ivrs,  Hist.  gênerai  de  lot  kecàot  de  loi  CoeÈeitano»  en  la* 
istat  y  Tierra  JIrme  del  wiar  Oeeano  (Madrid,  nao, 
4  TOI.  tn-4*K  dec  I.  llb.  IV,  cap.  ▼.  -  Le  P,  Caulin,  Hût. 
eoroQrmÂea  de  la  JVueva'jéndulueia  |1TT9),  llb.  II. 
cap.  fii.  —  vraRhlngton  Irring,  HUt.  de  la  tfie  et  des 
roifaçes  de  CkriMtopke  Coiomib  { trad.  de  Detencoepret 
ftlsi  Parla,  lltt. 4 vot.  In»*), t.  Il, p. r4, 180;  t IM.  p.  It4. 
-  Van  Teoae,  HUt.  çénérule  de  ta  MarM,  t.  II.  p.  i M. 

mîïo  {Àndrèt)^  navigateur  espagnol,  né 
vers  1475,  mort  après  1532.  Les  premiers  évé- 
nements  de  sa  Tîe  sont  ignorés.  On  ne  com- 
mence à  le  connaître  qn'en  1514 ,  iÉ  Panama,  où 
il  possédait  déjà  une  réputation  d*liabile  marin. 
Il  avait  navigué  sous  le  pavillon  portugais  dans 
les  quatre  parties  du  monde  connu  alors.  Il 
était  à  Panama  en  octobre  1515,  et  suivit  don 
Diego  de  AltHtez  dans  une  e?[pédition  que  ce  ca- 
pitaine fit  dans  la  province  de  Chagres  (  à  dix 
lieues  de  Panama  )  ;  ils  y  firent  un  riche  butin  ; 
mais  à  leur  retour  ils  furent  attaqués  à  Tuba- 
namâ  par  une  multitude  d'Indiens  ;  ils  perdirent 
beaucoup  des  leurs,  et  durent  faire  un  long  dé- 
tour pnar  gagner  Darien.  Albitez  résolut  de 
solliciter  un  gouvernement  dans  la  mer  du  Sudé 
A  cet  effet  il  envoya  Nino  en  Espagne  pour 
suivra  ses  intérêts  auprès  du  conseil  royal,  et 
lui  donna  deux  mille  pesos  d'or  pour  son 
Toyage.  Nino  réussit  dans  sa  mission,  et  obtint 
pour  Albitez  le  droit  de  construire  une  ville 
dans  la  baie  de  Nombre-de-Dtos(l). 

Le  gouvernement  espagnol  avait  un  grand 
désir  de  découvrir  une  nouvelle  route  pour  aller 
aa\  Moliiqnes.  Niiko  prétendit  la  connaître,  et  se 
fit  donner  une  commission  royale  en  vertu  de 
laquelle  il  était  autorisé  à  exécuter  un  voyage 
de  mille  lieues  vers  l'ouest,  avec  licence  de 
s'éearter  de  deux  cents  lieues  an  sud ,  afid  de 
découvrir  un  détroit  par  leqnel  il  pôt  péné- 
trer dans  la.  mer  du  Nord  et  arriver  aux  Iles 
des  Épiceries  (les  Moluqiies),  sans  rencon- 
trer les  Portugais,  et  reconnaître  alors  celles  de 
ces  Iles  qui  étaient  dans  les  limites  des  posses- 
sions espagnoles  déterminées  par  le  pape.  11  fut 
convenu  que  la  moitié  des  frais  de  Texpédl- 
tion  serait  payée  par  le  roi  et  l'autre  par  Ntôo  ; 
que  la  vingtième  partie  des  profits  serait  affec- 
tée à  la  rédemption  des  captifs  et  à  des  œu- 
vres pies  et  le  reste  partagé  entre  le  roi  et 
le  pilote.  Gil  Gonzalez,  d'Avila,  trésorier  d*His- 
paôola,  fut  nommé  capitaine  général  de  Tar^ 
mada,  qui  se  composait  de  quatre  navires.  Nino 
mit  à  la  voile  de  l'Ile  de  Tararéqiii  dans  la  baie 
de  San- Miguel,  le  21  janvier  1522.  Les  navig%- 

(1)  Cette  ville  acquit  rapidenent  une  grande  Impor- 
tance; mab  le  climat  y  était  «1  homide,  si  malsain,  que 
le»  baMUou  dorent  ae  réfugier  à  Porto-Bello  eo  lS4t. 


leurs  s'avancèrent  à  Touest  l'espace  de  cent 
lieues.  Obligé  de  prendre  terre  pour  radouber 
ses  navires,  Gonzalez  laissa  à  son  pilote  le  soia 
de  cette  opération,  et  s'aventnra  dans  l'intérieur 
du  pays.  Aussitôt  que  Nino  put  reprendre  lanavi* 
galion,  il  parcourut  près  de  cinq  cent  cinquante 
lieues,  espérant  trouver  un  passage  par  lequel 
il  pût  pénétrer  dans  la  mer  du  Nord  (  océan 
Atlantique)  et  arriver  aux  Moluqnes;  il  s'é- 
leva jusqu'au  17*'  et  demi  de  lat.  nord  sans  ren- 
contrer le  canal  qu'il  cherchait.  II  revint  alors 
sur  ses  pas,  après  avoir  cdtoyé  plus  de  trois  cent 
dnquante  lieues  d'un  pays  jusqu'alors  inconnu, 
et,  le  17  avril,  retrouva  Gonzalez  pressé  par 
trois  ou  quatre  mille  Indiens,  sur  les  bords  de 
la  baie  de  Saint- Vincent.  Les  navigateurs  disper- 
sèrent leurs  ennemis  dans  plusieurs  combats,  et 
longeant  ensuite  la  côte  depuis  le  cabo  Blaneo 
jusqu'à  Chorotega,  ils  reconnurent  les  haies  des 
Papagayos,  de  Nicaragua,  le  fleuve  de  la 
Posesion,  et  le  golfe  de  Fonséca,  que  Gonzalez 
nomma  ainsi  en  l'honneur  de  Juan-Rodriguez  de 
Fonseca,  évéque  de  Burgos  et  président  du  Conseil 
des  Indes  ;  il  découvrit  aussi  une  lie  de  ce  golfe  à 
laquelle  il  donna  le  nom  de  Petronilla,  qui  était 
celui  d'une  de  ses  nièces.  Les  Espagnols  se  ren- 
dirent par  le  port  de  Nicoya  au  grand  lac  de  Nicara- 
gua, lis  reconnurent  que  ce  lac,  qui  a  environ  cent 
cinquante  lieues  de  circonférence,  et  dont  l'ex- 
trémité méridionale  n'était  qu'à  trois  on  quatre 
lieues  de  la  mer  du  Sud,  communiquait  avec 
celle  du  Nord  qui  en  était  à  plus  de  cent  lieues 
et  que  ses  eaux  avaient  un  flux  et  un  reflux 
comme  l'Océan.  Ils  l'appelèrent  Mare  diUee,  Le 
volcan  de  Masala  aussi  excita  vivement  la  cu- 
riosité des  Castillans,  qui  s'imaginèrent  qu'il  con- 
tenait de  l'or  en  fusioii.  Jaloux  de  s'en  assurer,  le 
P.  Bia  de  Iniesta  s'y  fit  descendre  à  l'aide  de 
sangles.  Pour  savoir  quel  métal  il  y  bouillonnait, 
il  y  plongea  une  cailler  attachée  à  une  chaîne  ; 
la  eueiller  et  la  chaîne  furent  fondues.  Le  F. 
Iniesta  fut  forcé  de  passer  la  nuit  sur  la  mar- 
gelle du  volcan,  dont  on  voyait  le  feu  vif  à 
cent  cinquante  toises  de  profondenr.  On  le  re- 
tira le  lendemain  à  moitié  rôti  et  non  sans  de 
grandes  difficultés.  Après  avoir  pareoum  la 
•  côte  et  l'intérieur  du  pays  sur  une  étendue 
de  deux  cent  vingt-quatre  lieues  et  baptisé 
lrettte*deux  mille  deux  cent  soixante  indivi- 
dus ,  les  voyageurs  se  dtrigSrent  sur  Panama , 
laissant  à  la  contrée  qu'ils  venaient  d'explorer  le 
nom  de  Paradis  de  Mahomet,  à  cause  de  l'a- 
bondance et  de  la  tranquillité^  qui  y  régnaient. 
Ils  débarquèrent  vers  ta  fin  de  décembre  1522, 
rapportant  la  valeur  de  112,664  pièces  de  huit 
tant  en  or  qu'en  perles.  Nino,  se  trouvant  sufli- 
samment  riche,  retourna  dans  sa  patrie;  mais  il 
n'y  jouit  pas  longtemps  de  ses  richesses;  il 
mourut  jeune  encore,  des  suites  de  ses  grandes 
fatigw>s.  Il  a  laissé  sur  ses  voyages  des  notes 
qui  ont  été  recueillies  par  quelques  historiens 
ses  contemporains.  A.  de  L. 


SI  MKO  — 

Iwrqiieimida»  Biotuvekia  lnâ.i.]lh.  XlX««flp.  xar.  *- 
AdIobIo  de  Henren,  MisL  (Miserai  de  Iqs  ■hiàhoi  de  /M 
CtuUUanta  en  las  islas  y  tierra  firme  dtl  mar  Oceano 
(-Madrid.  17S0,  k  toL  i»-^),  d*c.  I.  06.  X.'cap.  K,  n, 
SIC  XM  ;  dée.  II«  .Ub.  A.  mp.  os,  •!▼«  vi,  m,  Kiu  ;  Ub.  Il, 
ap.  J,  u.  .u,  jua  auv;  JU».  Ul.c«p.  ti;,  fi  ;  Ub.  iv, 
«ap.  V  et  TXi;  d«c.  Iir^  Ub.  IV,  cap.  vi  et  vil 

HIMOBI.  VOU.  LeNGLDS. 

H  IN  178  «  le  fondateur  mythique  du  royaume 
d*A5syrie  oadeMinive,  est  placé  tour-à-tour  dans 
le  vingtième,  vingt  et  unième  et  vingt-deuxième 
siècle  avant  J.-G.  11  est  au  moins  inutile  de  dis- 
cuter la  chronologie  d*un  prince  dont  la  Fabuleuse 
existence  échappe  à  toutes  les  recherdies  bis- 
toriques.  Sa  vie  est  racontée  tout  au  long  par 
Diodore  de  Sicile,  qui  n*a  fait  que  copier  Ctésias, 
et  Ctésias  n'avait  fait  que  transcrire,  en  les  al- 
térant, des  traditions  mythiques.  Le  résumé  et 
la  discussion  du  récit  de  Ctésias  concernant 
Ninus,  sa  femme  Sémirarois  et  son  fils  Ninus  11 
iNi  Ninyas  seront  mieux  placés  à  l'article  Séroira- 
mis  (  voy.  ce  nom).  L.  J. 

Dlodore  de  Sicile,  II,  1.  ete. 

Hiiras  II  ou  iriHTAB.  Voy,  Séiiiiuhis. 

HriocAU  DB  TOcaNAT  { Matthieu- Jeonr 
Baptiste  ) ,  littérateur  français,  aé  le  âO  dé- 
cembre 1767,  au  Mans,  mwci  le  7  février  1644, 
à  Paris.  11  était  fils  d*un  ancien  inspecteur  des 
manufoctures,  mort  en  1816,  au  Mans,  et  qui, 
•en  sa  qualité  de  secrétaire,  avait  rédigé  pendant 
plusieurs  années  les  GompteSîreodns  de  la  So- 
ciété des  Arts  de  la  Sartlie.  U  entra  dans  ks 
bureaux  de  la  banque  de  Fisao^  sous  Tempirc^ 
et  devint  chef  de  division.  Kn  ceilaboration  avec 
Desaugiers,  Georges  Duval„ Armand  Goofifé,eM:^ 
il  A  écrit  pluflieurs  vaudeviUes,  tels  'que  L'abbé 
Pellegrin  {1601);  Ze  Congé  iïSQZl,  âiarmmi' 
tel  iAW%\,Ârl6quiB  tyran  dmuestique  (1805), 
Le  vieux  Ckasêeur  (1806)  et  Monsieur  ^ai&- 
tOÊêr  (1807).  P. 

H.  ûeaportes.,  BibUggr.  du  nMtmt 

Kiao  (  Jneeph  ) ,  honme  pefitique  frasçais , 
né  à  RodMfort,  en  1751,  mort  •dans  tla  même 
Tille,  en  1828.  H  était  ingénieur  do  la  marine  à 
Rochefort  lorsque  éclata  la  révolution.  Ji  accepta 
les  nouveaux  principes  avec  enHunisiasme ,  et 
Alt  élu  maire  de  Rochefort,  le  12  ioltiet  t7«â.  11 
déploya  le  plus  grand  zèle  pour  la  mise  en  dé- 
fense de  cette  place  importante  et  pour  Tnppro- 
▼isionnementde  ses  aMenaux.  Ses  concitoyens 
le  dépotèrent  à  l'Asseiriblée  législative  (septembre 
1791),  puis  à  la  Gonvention  nationBle  (2  sep- 
tembre 1792).  <c  Jnsqnes-là,  dit  un  de  ses  bio- 
graphes, homme  doux,  de  moMirs «ssentietle- 
ment  affables  et  sociales,  il  revêtit  tout  à  coup 
des  formes  terribles.  »  Se  laissant  dominer  par 
les  dangers  de  la  situation ,  il  vota  la  mort  de 
Louis  XVi  sans  sursis,  et  s'exprima  ainsi  sur 
l'appel  au  peuple  :  m  Si  la  Convention  nationale,  cé- 
dant à  quelques  consciences  timorées,  fait  un  ap- 
pel au  peuple  du  jugement  du  scélérat  Louis  XVI, 
le  déchirement  de  la  république  sera  assuré.  » 
£nvo:é  en    mission   dans    les   départements 


TffQUILLE  93 

de  rouest ,  et  dans  «en  'dn  Nord  et  du  ^w-de- 
Calais,  on  uVut  aucun  acte  d'ii^instiee  ou  de 
ccuauté  à  lui  reprocher.  Il  ne  prit  aucune  part  à 
la  grande  -hitte  entre  les  Girondina  et  les  monta- 
gnards. £n  1794,  rassemblée,  considérant  qu*ea 
sa  qualité  d*ingéu>eur  constructeur  Niou  pouvait 
êtae  d*une;grande  utilité  dans  le  service  .mari- 
time ,  le  chargea  de  tiMer,  fwr  ion»  les  mioyen» 
possibles ,  la  construction  «  le  radoub,  et  l'ar- 
mement dies  bâtiments  vde  «l'État  dans  les  ports 
de  Lorient,  Nantes,  Rochefort,  Bordeaux, 
Rayonne.  Investi  de  pouvoirs  illindtés,  il  sut, 
8ana«mployer  la  violence,  réoijganiaer  en  partie 
la  marine.  R  était  à  Toulon  lors  de  l'insurrection 
de  cette  ville,  en  mai  1793.  H  y  courut  les  plus 
grands  dang(>rs,  et,  malgré  son  énergique  oppo- 
sition, ne  put  empêcher  la  trahison,  qui  livra  la 
flotte  et  les  arsenaux  français  aux  forces  étran- 
gères. Passé  au  Ck>nseil  des  Anciens  en  1795,  il  y 
siégea  jusqu'au  20  mai  1798.  Le  Directoire  rem- 
ploya en  qualité  de  commissaire  à  Londres  pour 
l'échange  des  prisonniers,  et  en  1800  le  nomma 
membre  du  conseil  des  prises.  Il  occupa  cette 
position  jusqu'à  la  chute  de  Napoléon.  Exilé  par 
la  loi  d'amm'stie  du  12  janvier  1816,  il  se  retira 
à  Bruxelles;  mais  dès  1818  il  obtint  de  rentrer 
dans  .sa  patrie,  où  il  mourut  loin  des  aiïaires  pu- 
bliques. H.  L— R. 

Ijê  McnUtur  univerul^KDL i*>- (1793), n*>  27, \ki\  an  m, 
n»«  141, 161,  SU;  an  iv,  n"  »,  ï5;  an  v^  n»  1«;  an  vi, 
D««^8S.  sef  :  an  tu,  «•  SSl.  —  Biographie  mndeme 
(Paris,  MM).  —  Petiès  BioçrupHêe  conveuUotmeUe 
(  Paru,  1S19).  —  Galerie  hùtûrigue  deâ  Contemporaint 
{  Mons,  I8t7).  —  J.  Rainguer,  Biographie  saintonveaise. 

RIPHON T ,  évoque  de  Novgorod ,  mort  à 
Kief,  le  13  avril  1156.  Il  est  considéré  œroroe 
un  des  continuateurs  de  la  Chronique  de  JS'es- 
tor,  Hcrberstein  a  inséré  dans  ses  Commen- 
taires UDA&érïe  de  Questions,  dont  quelques-unes 
sont  des  plus  étranges.,  qui  lui  furent  soumises 
avec  les  réponses  qu'il  y  a  faites,  réponses  qui 
servent  jusqu'à  présent  de  règle  au  clergé  russe. 
Le  catalogue  de  la  bibliothèque  manuscrite  du 
isomte  Tolstoï  porte,  sous  les  no*  204  et  2149deux 
sermons  attribués  à  cet  évêque.    P^^  A.  Gn. 

XaUchtcbef,  Uist.  de  ausfie,  t.  U.  —  Dict.  M$t.  des 
écrivains  eceUs.  russes. 

HIFHUS.  Voy.  NlFO. 

HiQOiLLB  (F.),  agent  politique  françai8,né 
en  Suisse,  en  1742,  mort  à  Sinamari,  en  1804.  U 
était  homme  d'affaires  dans  sa  patrie,  lorsqu'en 
1788  il  vint  prendre  une  part  active  aux  trou- 
blée de  la  France.  Il  eut  Tart  de  se  faire  l'in- 
termédiaire des  manœuvres  qu'employaient  ré- 
ciproquement la  cour  et  les  clubs.  Les  républi- 
cams  vantaient  son  activité  et  son  courage  an 
10  août,  lorsque  Bertrand  de  Molleville  le  désignait 
comme  un  agent  royaliste  des  plus  sûrs  et  des 
plus  dévoués.  Après  la  chute  de  Louis  XVI,  il 
fut  chargé  par  la  commune  de  Paris  de  la  saisie 
des  biens  mobiliers  des  émigrés.  Sans  se  mon- 
trer trop  rigoureux ,  ifsut  se  faire  une  honnête 
fortune,  et  cela  sans  devenir  suspect.  11  eut 


M  NIQUILLE 

pu  vivre  franqaiUe;  mais  le  génie  de  Piotrigue 
remportant,  il  accepta  la  place  dinspecteur  gié- 
Déni  de  la  police.  Tantôt  écarté,  tantôt  rappelé, 
fl  parut  dévoué  particulièrement  au  directeur 
Barrafi,  qui  l'employa  dans  diverses  affaires  ae- 
crètes.  Ajprès  le  18  brumaire  an  tui»  il  fut  incar- 
eéré momentanément  à  la  Conciergerie ,  mais,  à 
ce  que  Ton  crut,  pour  rendre  compte  des  opi- 
nions des  républicains  qui  y  étaient  détenus; 
cependant,  à  la  suite  de  Texplosionde  la  machine 
infernale  ^3  nivôse  an^ix,  7A  décembre  1800), 
il  fol  arrêté  de  nouveau  et  déporté  à  la  Guyane» 
où  il  mourut  sans  qu'on  ait  bien  su  quel  parti  il 
avait  servi  rédlement.  H.  L— a. 

Moniteur  général ,  ann.  1791,  n»  US.  —  Bertrand  de 
Mollrfiile,  JUém.  -  Biographie  tnodeme  (  Paris,  1806.). 

J  NISARD  (  Jeati' Marie- Nicolas- Auguste  ) , 
bunaniste  français,  né  en  1805,  à  Châtillon* 
sur-Seine.  II  fit  ses  études  à  Paris,  au  collège 
Ste-Barbe,  depuis  collège  Rollin,  et  embrassa 
de  bonne  heure  la  carrière  de  Tensei^^nement. 
Le  21  septembre  1832,  il  fut  reçu  agrégé  pour 
les  classes  supérieures  des  lettres.  En  1838 
il  fat  chargé  provisoirement  d'une  des  classes 
de  rhétorique  au  collège  Bourbon,  et  an  mois 
de  septembre  1 840  il  devint  professeur  titulaire. 
En  1S34  il  fut  nommé  recteur  de  Tacadémie  de 
Grenoble,  et-  en  1857  Inspecteur  de  l'académie 
et  la  Seine.  Depuis  1847  il  est  doctenr  es  let- 
tres et  chevalier  de  la  Légion  d'Honneur.  On  a 
de  loi  :  £xamen  des  poétiques  (VArUtote, 
fBoraee  et  de  Boileau;  Paria,  1847,  ro-8<», 
thèse  de  doctorat;  —  la  traduction  de  VArt 
poétique  d^H^nee  et  celle  des  Œuvres  de  Tir- 
gile,  ians  la  Collection  des  auteurs  latins  po- 
Uiée  par  son  f rfere  palné. 

«RisamD  (Jean^Marie-Napoléon' Désiré), 
écrivain  français,  frère  do  précédent  né  le  30 
narslSOe,  ^  diAtillon-sur-Seine  (Cdte-d'Or).  Il 
itsesétndes  à  Unstitotlon  Satnte-Barbe,  dirigée 
par  l'abbé  NicoHe ,  et  en  Ait  un  des  plus  brillants 
âives.  En  1828  11  entra  dans  la  rédaction  du 
Journal  des  Débats^  qui  était  alors  un  des 
en^es  les  plus  prononcées  de  l'opposition.  En 
juillet  1830  il  défendit,  le  fusil  à  la  main,  la  cause 
delà  liberté,  «  sans  trop  d*ardenr  belliqueuse, 
a-t-il  dH  lid-fnêroe,  mais  par  nn  simple  sentiment 
du  devoir  »;  ses  trois  frères  s'étaient  joints  à  lui 
uni  qo*nn  oncle,  qui  fut  tué  pendant  l'action. 
Partisan  oonTaincu  du  nouvel  ordre  de  choses, 
H  le  soutmt  aux  Débais  «  d'abord  avec  ferveur, 
dit  M.  Satnte-Beove,  ensuite  par  la  force  de 
rhabitnde  et  avec  la  verve 'du  pupitre,  h  la  Gn 
arec  an  commencement  de  dégoût  et  d'impuis- 
sance». Le  doute  lui  vint  sur  bien  des  points, 
pnocipalement  sur  la-politique  étrangère,  qu'il 
aurait  voulu  plus  hardie  et  plus  digne  de  la 
France.  Las  d'être  «  l'un  des  rhétoriciens  du 
Rouvemement  de  Juillet  »  et  d'aiguiser  •  de 
pénibles  subtilités  monarchiques  »,  il  prit  part, 
vers  la  fin  de  1831,  à  la  rédaction  littéraire  du 


—  NISA&D 


M 


\ 


National,  que  dirigeait  Arnaud  Carrel;  il  s'était 
senti  attiré  vers  lui  par  la  sv^périorité  de  l'écri- 
vain, par  les  grandes  qualités  de  l'homme  et  par 
la  communauté  des  opinions  littéraires.  Ce  fut 
^ors  qu'il  conçut  le  dessein  de  se  faire  le  champion 
du  passé  et  de  la  tradition  en  littératuFe.  «  Ce  des- 
sein il  l'embrassa  dans  son  étendue,  il  le  poursu^ 
vit,  dit  M.  Sainte-Beuve,  avec  instance,  sur  divers 
points,  y  revenant  sans  eesse  à  propos  de  tout  ». 
Sa  foi  devint,  selon  sa  propre  expression,  une 
foi  vive,  inquiète,  agressive,  comme  toute  foi 
disputée,  il  attaqua  l'école  romantique  dans 
le  feuilleton  du  National  et  dans  ses  livres , 
et  lança,  en  1839,  contre  la  littérature  facile  un 
manifeste  qui  n'a  rien  perdu  de  son  à-propos 
et  qui  a  fait  passer  dans  la  langue  de  la  criti- 
que le  mot  de  littérature  facile.  M.  Jules  Janin 
y  (it  une  spirituelle  réplique.  Peu  de  temps  après, 
M.  Nisard  fut  nommé  par  M.  Guizot  maître  de 
conférences  de  littérature  française  à  l'École 
normale  (1835).  Depuis,  sa  position  grandissait 
de  jour  en  jour  :  il  devint  chef  du  secrétariat  au 
ministère  de  l'instruction  publique  (1836),  maître 
des  requêtes  au  conseil  d'État  (juillet  1837), 
chef  de  la  division  des  sciences  et  des  lettres  (l  6  fé- 
vrier 1838),  dépoté  pour  l'arrondissement  de 
Châtillon  (1842-1848),  et  professeur  d'éloquence 
latine  au  Collège  de  France  à  la  place  de  Bur- 
nouf  (7  juillet  1844).  Dans  la  chambre,  il  parut 
rarement  à  la  tribune,  et  ne  fit  aucune  opposition 
à  la  politique  du  gouvernement* 

La  révolution  de  Février  ne  laissa  à  M.  ^- 
sard  que  sa  chaire  au  Collège  de  France.  Peu 
de  temps  après,  il  se  présentait,  en  concur- 
rence avec  Alfred  de  Musset ,  aux  suffrages  de 
l'Académie  française:  élu,  le  28 novembre  185Û, 
en  remplacement  de  l'abbé  de  Feletz,  il  fut 
reçu  le  22  mai  1851  par  M.  Saint-Marc  Girardin , 
qui  le  félicita  surtout  d^avoir  apporté  dans  ses 
devoirs  de  critique  une  raison  fenne ,  un  esprit 
vif,  un  goAt  sûr  et  délicat.  Après  être  resté  pen- 
dant quatre  ans  à  l'f  eart  des  agitations  politiques, 
il  reconquit,  à  la  suite  du  coup  d'État  de  1851, 
une  haute  position  :  nommé  inspecteur  général 
de  l'enseignement  supérieur  (9  mars.  1852), 
puis  secrétaire  du  conseil  impérial  de  l'instruc- 
tion publique ,  il  eut  une  grande  part  à  la  réor* 
ganisation  de  l'École  normale,  et  le  23  no- 
vembre suivant,  il  succéda  à  M.  Villemain  dans 
la  chaire  d'éloquence  française ,  à  la  Faculté  des 
lettres.  Le  nouveau  professeur  y  défendit  les 
saines  doctrines  littéraires  avec  Fautorflé  de  la 
conviction,  du  savoir  et  du  talent.  Des  troublrs 
éclatèrent  à  son  cours  en  1H55  et  donnèrent  lieu 
à  un  procès  qui  prit  devant  ta  police  oorrection- 
nelle  les  proportions  d'un  événement  {lolitique.  A 
la  fin  de  I857,  M.  Nisard  fut  appelé  aux  fonctions 
de  directeur  de  l'École  normale,  qu'il  occupe  en- 
core. Il  a  été  nommé  commandeur  de  la  Légion 
d'Honneur,  le  16  juin  1856.  «  M.  Nisard,  écri- 
vait en  1836  M.  Sainte-Beuve,  parle  au  nom  du 
sens  et  du  goût  avec  instruction ,  esprit  et  talent. 


95 


N  ISARD  —  NrSSOLE 


1]  prebd  intérêt  à  toutes  sortes  de  choses,  et  y  porte 
une  expression  abondante,  redondante  quelque- 
fois, mais  facile,  claire,  sensée,  une  foule  d'ob- 
servations morales,  qui  plaisent  à  beaucoup 
d^esprits  modérés  et  distingués ,  qui  enchantent 
beaucoup  d'esprits  solides.  Un  académicien  lui  a 
trouvé  du  nerf;  les  savants  lui  trouvent  de  la 
grâce.  » 

On  doit  à  M.  Nisard  :  Études  de  mœurs  et 
de  critique  sur  les  poètes  latins  de  la  dé' 
cadence;  Paris,  1834,  2  vol.  in-8*;  V  édil., 
suivie  de  jugements  sur  les  quatre  grands  his- 
toriens latins;  ibid.,  1849,  2  vol.  in-s*.  k  On 
y  apprend,  dit  M.  Sainte-Beuve,  beaucoup  de 
détails  piquants  de  mœurs  et  à  connaître  toute 
cette  poésie  du  second  âge.  Mais  j'eusse  mieux 
aimé  un  livre  plus  historique,  plus  suivi ,  plus 
astreint  â  son  sujet  »  moins  conjectural  en  induc- 
tions sur  le  caractère  des  poètes,  moins  plein  de 
préoccupations  très-modernes.  »  —  «  Tant  de 
savoir,    d'esprit    et   de  véritable   talent,  dit 
M.  Daunou  dans  le  Journal  des  Savants,  j^n- 
Tier  1835,  démentirait  assez  hautement  toute 
préoccupation  et  toute  prédiction  de  décadence. 
C'est  à  nos  yeux  l'un  des  meilleurs  livres  de 
critique  littéraire  qu'on  ait  publiés  depuis  bien 
des  années  :  voilà  pourquoi  nous  l'avons  cru 
capable  de  supporter  lui-même  une  franche  cri- 
tique. 11  contribuera,  nous  n'en  doutons  point, 
À  retarder  ou  même  à  prévenir  cette  décadence 
dont  il  signale  les  symptômes,  ce  qu'amèneraient 
en  effet  les  étranges  doctrines  qu'il  repousse.  11 
affaiblira  de  plus  en  plus  leur  iniluence,  déjà  fort 
amoindrie,  à  ce  qu'il  semble,  depuis  qu'on  a  pu  la 
juger  par  leurs  produits.  »  —  n  Rarement,  dit 
M.  Viilemain,  parlant  du  même  ouvrage,  on  a 
parmi  nous  cette  critique  savante,  spirituelle,  et 
orthodoxe  avec  indépendance.  Un  intérêt  vif,  qui 
naît  de  la  sensibilité  artistique  de  l'écrivain,  re- 
nouvelle sous  sa  plume  bien  des  questions  vieil- 
lies. L'auteur  des  Éludes  a  de  l'âme,  du  talent, 
du  caprice,  qualité  ou  défaut  fort  utile  pour  ani- 
mer les  jugements  littéraires...  J'avoue  que  le 
siècle  est  fort  occupé,  et  il  faut  le  curieux  sa- 
voir de  M.  Nisard,  son  style  nerveux  et  piquant, 
sa   polémique  spirituelle   et  amusante,  même 
contre  les  vieux  livres,  pour  faire  lire  aujour- 
d'hui deux  volumes  sur  Stace,  Sénèque,  Lu- 
cain,  etc.  Mais  enGn  le  problème  est  résolu,  et 
l'ouvrage  restera  comme  une  œuvre  de  critique 
sincère  et  de  vrai  talent.  >•  —  Histoire  et  Des- 
cription  de  la  vilte  de  Nimes;  Paris,  1835, 
in-8'',  pi.  :  ce  livre  devait  faire  partie  d'un  recueil 
considérable,  dont  la  publication  a  été  abandon- 
née; ^Hé/an^es;  Paris,  1838,  2  vol.  in-8*;  sou- 
venirs de  voyages  et  études  de  critique  et  d'his- 
toire littéraire  ;  —  Précis  de  V histoire  de  la 
littérature  française   depuis  ses  premiers 
monuments  jusqu*à  nos  jours;  Paris,  1840, 
in-12  :  inséré  en  premier  lieu  dans  la  première 
édition  du  Dictionnaire  de  la  Conversation;^ 
V Éloge  de  la  folie,  trad.  d'Érasme;  Paris, 


96 


1842,  in-18,  précédé  d'une  longue  et  belle 
étude  sur  la  vie  et  les  écrit»  d'Érasme;  —  His- 
toire de  la  littérature  française;  Paris,  1844- 
1861,  4  vol.  in-s»  ;  c'est  le  meilleur,  le  plus  dis- 
tingué d'exécution  et  le  moins  contestable  de 
ses  ouvrages;  —  Études  sur  la  renaissance; 
Paris,  1855,  in-f8  :  réimpression  des  articles  sur 
Érasme,  Thomas  Morus  et  Mélanchthoo,  qui 
avaient  déjà  paru  dans  la  Revue  des  Deux 
Mondes;— Souvenirs  de  voyages;  Paris,  1856, 
iVi-18;  —  Études  de  critique  littéraire  ;  P^- 
ris,  1858,  in-18  :  on  y  retrouve  le  manifeste 
de  1833;  —  Études  d'histoire  et  litférature; 
Paris.  1859,  in-18.  M.  Nisard  a  dirigé  la  publica- 
tion de  la  Collection  des  auteurs  latins  avec 
la  traduction  en  français  (  Paris,  1839  et  inn 
suiv.,  27  vol.  gr.  in.8°  à  2  col.  ).  11  a  en  outr<- 
fourni  des  articles  au  Journal  des  Débats^  au 
National,  à  la  Revue  de  Paris,  à  la  Reime 
des  Deux  Mondes,  aux  Revues  Contemporaine 
et  Européenne,  etc.  ;  deux  nouvelles  :  La  Lai- 
tière d'Arcueil,  dans  la  Revue  de  Paris,  et 
Mary,  dans  Paris- Londres  (183S),  et  la  tra- 
duction de  Macbeth,  dans  \e  Thédtie  choisi  de 
Shakespare.  P. 

Salole-Beare,  Écrivains  eritiquet  contempcraifft , 
dans  la  Hevue  des  Deux  Mondr»  (l^*  dot.  ISSO,  crude 
reproduite  arec  des  addlt.  dans  Iri  Portraits  eontemp. 
(  t.  II  ),  du  même  auteur.  —  Désiré  Nisard  ,  Lettre  am 
directeur  de  la  Rrviie  des  Deux  Mondes ,  IS  nov.  183  :. 
—  Maurice  Pellette  ,  Les  Critiques  eontemp.  M.  Désire 
fii$ard;  Paris,  iSit,  ln-8«.  -  Bourquelot  et  Manry, 
LiUér^  franc,  eontemp.  —  Vapereau.  Dict.  unie,  des 
Contemp. 

l  NiSABD  (  Marie  Uonard-Charles  ),  litté- 
rateur, frère  des  précédents,  né  le  10  janvier 
1808,  à  Châtillon-sur-Seine.  Après  avoir  été  pen- 
dant trois  ans  employé  dans  une  maison  de  com- 
merce, il  se  tourna  du  côté  des  lettres,  et  pu- 
blia en  1829  une  Épttre  aux  anti-romanti' 
ques.  De  1831  à  1848  il  fut  attaché  à  la  maison 
do  roi  Louis-Philippe,  et  en  1852  il  entra  au  mi- 
nistère de  l'intérieur  comme  membre  de  la  com- 
mission du  colportage.  Il  est  chevalier  de  la  Lé- 
gion d'Honneur.  On  a  de  lui  :  Caméra  lucida , 
portraits   contemporains    et    tableaux    de 
genre;  Paris,  1845,  in- 8*;  —  Le  Triumvirat 
littéraire  au  seizième  siècle;   Paris,    1852, 
in-S**,  études  sur  J.  Scaliger,  Juste  Lipse  et 
Casaubon;  —  Les  Ennemis  de  Voltaire;  Paris, 
1853,  in-8^,  trad.  do  latin  pour  la  première  fois  ; 
—  Histoire  des  livres  populaires  depuis  le 
quinzième  siècle  jusqu'en  1852;  Paris,  I85i, 
2  vol.  in-8"  fig.;  —  Mémoires  du  P.  Garasse; 
Pari.s,  1861,  in-18.  Il  a  traduit  pour  les  Clas- 
siques latins  de  son  frère  les  poèmes  erotiques 
d*Ovide,  Martial ,  et  une  partie  des  œuvres  de 
Cieéron  et  de  Tite-Live,  et  il  a  donné  des  articles 
dans  le  Dictionnaire  de  la  Conversation ,  la 
Revue  nouvelle,  le  Journal  de  rinstruction 
publique,  VAthenxum  français,  etc. 

Vapereao  ^  DicL  tuiiv.  des  Contemp.  —  Uttér.fr,  eon- 
temp. 

mssoLB  ^Guillaume),  botaniste  français. 


97 


WSSOLE  —  NITHARD 


9S 


Dé  le  19  avril  1647,  à  MootpeUier,  où  il  moarut, 
CD  1734.  Élevé  au  collège  des  Jésuites  de  cette 
Tille,  il  s'adoDoa  à  l'étude  de  la  médecine,  et 
cultiva  oarticolièrement  la  botanique.  Ses  heu- 
reuses recherches  et  quelques  écrits  sur  This- 
loire  naturelle  lui  acquirent  une  grande  répu- 
tatioB.  Le  grand  nombre  des  plantes  ^'il  a 
découvertes,  et  dont  il  a  donné  des  descriptions 
fort  exactes,  engagèrent  Toumefort  à  lui  dédier 
quelques  plantes,  qUi  depuis  ont  formé  le  genre 
pelées  Nisfotia.  Membre  de  la  Société  royale 
des  Sctenoes  de  Montpellier  dès  1706,  il  a  publié  : 
ÉlabiiisemeHt  de  quelques  nouveaux  genres 
de  plantes  (  ooriaria  jasminoides,  C.  fiooidea  et 
partheniasirum)  (1711);  ^  Deserijftion  du 
BïeinoideSf  plante  qui  sert  à  préparer  le  tour- 
jKiol;  —  Description  de  Talypom  monspe- 
lianam  (1713);  ^  Dissertation  botanique  sur 
torigine  et  la  nature   du  kermès  (1714). 
NIsMle  découvrit  le  premier  que  le  kermès  ou 
graine  d'écarlate  provient  d'un  insecte  qui  se 
fixe  et  meurt  sur  la  feuille  du  quercw  eocci» 
fera  (chêne à  cocheniile),  tandis  qu'on  l'attri- 
huait  à  une  sorte  de  gale  ou  excroissance  que 
l'on  aperçoit  sur  cet  arbre  ;  ^  Description  de 
i'araehidnoides  americana  (pistache  de  terre) 
(1723);  —  Dissertation  sur  le  phaseolus  pe- 
ngrious,  et  sur  le  phaseolus  indiens  (1730); 
—  Description  du  luCTa  Ârabum.  —  Obser- 
wtkons  sur  le  coriaria  myrtifolia  (  redoul  à 
feoiUes  de  myrte).  Nissole  avait  projeté   de 
donner  un  catalogue  de  toutes  les  plantes  du 
Languedoc, d*y  ajouter  toutes  les  curiosités  na- 
turelles de  cette  province,  et  de  corriger  les 
descriptions  mal  rendues  ou  exagérées  par  les 
auteurs  qui  ont  écrit  sur  ces  matières  ;  mais  cet 
ouvrage  est  resté  faiachevé.  Il  a  pour  titre  :  Ap" 
pendix   ad   Bctanieon  Monspeliense    Ma- 
gnolU. 

HI8SOLB  (  Pierre),  frère  du  précédent,  né  le 
8  mars  I6069  ^  Montpellier,  où  il  mourut,  le 
i  avril  1726,  succéda  àson  père,  en  février  1681^ 
<Uns  la  plaoe  d*anatomiste  royal  de  la  Cuïulté  de 
iDédecine  de  Montpellier.  Il  a  inséré  plusieurs 
Observations  chirurgicales  dans  les  Mémoires 
dt  la  Soeiélé  royale  des  sciences  de  cette  ville. 

H.  FisQuer. 

BiograpkU  (InédUe  )  40  FHéraulL 

SITAKD,   HITBARD  OU   NIDHARD  (  Jean' 

Sœrard  ),  cardinal  et  homme  d'État  allemand, 
ué  le  8  décembre  1607,  nu  chAteau  de  Falken- 
stdD  ea  Autriche,  mort  à  Rome,  le  30  janvier  1 68 1 . 
Katré  dans  Tordre  des  Jésuites,  il  enseigna  la  phi- 
lûiophie  et  le  droit  canon  à  Graetz  ;  il  fut  plus 
M  appelé  à  la  cour  impériale,  et  devint  confes- 
lenr  de  rarcbiduchesse  Marianne ,  qu'il  suivit  en 
^ngne  lorsqu'elle  épousa  le  rot  Philippe  IV. 
^kmmé  faïqnisiteur  gtoéral,  après  la  mort  de  ce 
pnnce  il  fut  placé  à  la  tète  du  gouvernement  ; 
«on  incapacité  lui  valut  l'animadversion  publU 
<iue-  Aussi  son  ennemi,  don  Juan  d'Autriche,  en 
^'approchant  de  Madrid  avec  un  millier  de  sol- 

IfOOV.  BlOCa.  6ÉNÉB.  ^  T.  XXXTIII. 


dats,  obtint-il  facilement  en  1669  Texil  de  Ni- 
thard.  Ce  dernier  se  retira  à  Rome;  nommé 
plus  tard  ambassadeur  d'Espagne  auprès  de  la 
cour  pontificale,  il  fut  élevé  au  caitlinalat  en 
1672.  11  a  publié  plusieurs  opuscules  pour  la  dé- 
fense du  dogme  de  l'immaculée  Conception; 
une  Instruttione  politica  rédigée  par  lui  est 
en  manuscrit  à  la  bibliothèque  de  Dresde.  Si 
Mitard  s'est  montré  inférieur  au  poste  élevé 
que  son  ambition  lui  avait  fait  rechercher,  il 
Ait  en  revanche  toujours  plein  de  désintéresse- 
ment. O.  V. 

Eggt,  Purpura  docta,  t.  III.  —  Bayle,  Dietiannaire* 
—  Bonhonrs,  Histoire  de  la  iorttê  du  P.  tfitard,  — 
Coie.  Mémoir€ê.  —  ùt\Sz,Comp€iMo, 

NiTHAED ,  historien  français ,  mort ,  suivant 
le  P.  Pétau ,  en  853.  Il  était  fils  du  célèbre  An- 
gilbert,  gouTemeur  de  toutes  les  côtes  de  la 
France  maritime,  premier  chapelain  du  palais , 
abbé  de  Saint-Riquier,  et  de  Bertlie,  fille  de 
Cliarlemâgne.  A  la  mort  de  son  père,  Nithard 
hérita  de  son  gouvernement ,  et  servit  Charles 
le  Chauve  dans  les  diverses  entreprises  qu'il 
forma,  dès  le  commencement  de  son  rè^e, 
pour  repousser  les  assauts  de  ses  frères  Lothaire 
et  Louis.  11  s'employa  dans  la  suite  à  les  conci- 
lier ;  mais  vainement  :  tous  les  traités  de  paix 
conclus  entre  ces  princes  étalent  de  simples 
trêves,  auxquelles  succédaient  de  promptes 
ruptures.  Voyant  l'insuccès  de  ses  laborieux  ef- 
forts, Nithard  prit  alors  en  dégoût  le  service 
des  princes,  quitta  la  cour,  et  se  confina  dans 
une  retraite  qui  nous  est  inconnue.  Le  P.  Pétau 
et  Baluze  nous  désignent  Tabbaye  de  Prum,  où, 
disent-ils ,  Nithard  fut  reçu  par  l'abbé  Marcward. 
Mais  cette  conjecture  est  combattue  par  Ma- 
billon,  ainsi  que  par  les  auteurs  de  V Histoire 
littéraire  de  la  France.  Estril  plus  vraisem- 
blable qnll  devint  dans  la  suite  abbé  de  Saint- 
Riquier?  Harinlfe,  historien  de  cette  abbaye, 
l'affirme  :  un  ancien  ^nnotateur  d'Hariulfe  re- 
produit cette  assertion,  en  modifiant  simple- 
ment la  date  de  l'événement.  Les  auteurs  de 
V Histoire  littéraire  prétendent  qu'il  ne  fut  ni 
rooUie  ni  abbé,  puisqu'on  exhumant  plus  tard 
son  corps  on  acquit  la  preuve  qu'il  était  mort 
d'une  blessure  reçue  dans  les  combats.  Mais 
au  neuvième  siècle  presque  tous  les  abbés  de 
noble  race  étaient  en  même  temps  ducs,  comtes, 
gouverneurs  de  province,  et  se  servaient  vail- 
lamment de  répée  pour  défendre  leurs  droits 
ou  violer  ceux  d'autrui.  C'est  ce  que  ne  pou- 
vaient ignorer  les  auteurs  du  Gallia  Ckris^ 
tiana  :  aussi  n'ont-ils  pas  cru  devoh-  refuser  à 
Nithard  la  place  que  les  anciens  chroniqueurs 
avaient  réclamée  pour  lui  parmi  les  abbéa  de 
Saint-Riquier. . 

Nithard  doit  surtout  sa  renommée  à  son  écrit 
qui  a  pour  titre  :  De  dissensionibus  ftliorum 
Ludovici  Fii,  écrit  souvent  publié,  et  notam- 
ment dans  le  tome  VU  du  Recueil  des  Histo^ 
riens  des  GatUes.  B.  Hauréau. 


NITHARD  —  NITSCe 


ICO 


rua  mutardi  a  P«lè«lo,  a9aieU  de$  aut.  des  Go»- 
lei,  t  Vil.  —  Hist.  litiir.  de  la  France,  l.  V,  p.  tM. 
—  Gallia  ChHsi.,  t.  X.coi.  itM. 

NiTOcais  {  NCiwxpic)»  reine  de  Babylone, 
irivait  vers  la  fia  du  septi^e  siècle  avant  J.-€. 
EUe  a*e$t  roentionoée  qœ  par  Hérodote,  qui  lui 
attribue  la  oonstraction  de  diver»  monument» 
à  Babylooe  et  dans  le  voisinage.  Suivant  cet 
tiistorien,  elle  changea  le  cours  de  l'Eupbraie  au- 
dessus  de  Babylone,  jeU  un  pont  sur  ce 
fleuve  et  garnit  les  deux  rives  dW  quai  en  bri- 
ques. Hérodote  ajoute  qu'elle  Tut  ensevelie  au- 
dessus  d'une  des  portes  de  la  ville  et  que  Darius 
fit  ouvrir  son  tombeau.  Les  historiens  modernes 
ont  beaucoup  disputé  sur  Tidentité  de  cette  Mi- 
tocris  dont  l'existence  participe  à  Tobscurité  qui 
enveloppe  toute  i'iùstoiro  de  Tantlque  Orient; 
mais  comme  Hérodote  parle  d'elle  peu  après  la 
prise  de  Ninive  par  les  Mèdes  (606)  ;  Topinion 
la  plus  vraisemblable  est  que  Nitocris  était  la 
femme  de  Nebuchadnezzar,  qui  monta  sur  le 
trâne<  en  604;  et  la  mère  ou  la  grand 'mère  de 
Labynet  ou  Belshazzar  (  Baltbasar  ),  dernier  roi 
de  Babylone.  Y. 

Hérodote,  I,  isc-iM.  -  OlatoB,  Foiti  heUmM,  I,  ars. 

''iiiTOGRis,  refne  myfliiqoe  d'Egypte,  régna, 
suivant  la  chronologie  d'Ératostliène,  de  Tan  du 
do  monde  3570  à  3576.  Nitocris  veut  dire  Neiih 
(  que  les  Grecs  identifiaient  avec  Minerve  )  viC' 
terieuse^  et  plusieurs  reines  d'Egypte  portèrent 
ee  ttom  ;  mais  11  en  est  une  qui  devint  parti- 
ealièrenieiit  céMbre ,  bien  qu'elle  n'appartint  pas 
à  l'époque  historique.  Hérodote  rapporte  qn'elle 
était  Égyptienne  de  naissance  et  la  seule  femme 
sur  une  Kste  de  trois  cent  trente  monarques  égyp- 
tiens que  lui  montrèrent  les  prêtres.  «  Cette 
femme,  qui  régna  en  Egypte,  continue  l'histo- 
rien ,  s'appelait  Nitocris,.  comme  la  reine  de  Ba- 
bylone. Les  prêtre!»  racontent  qu'elle  vengea  son 
frère,  qui  avatt  été  tné  parles  Égyptiens,  tandis 
qu'il  régnait  sur  eux.  Ses  sujets,  après  l'avoir 
tué,  placèrent  ItHocris  sur  le  trône.  Pour  le 
venger,  elle  fit  périr  beaucoup  d'Égyptiens  :  s'é- 
tant  fait  faire  une  longue  chambre  souterraine, 
sous  prétexte  d'inaugurer  un  édifice,  elle  invita  à 
dtner  un  grand  nombre  d'Égyptiens  qu'elle  savait 
aomplices  du  crime,  et  les  reçut  dans  cette  salle; 
an  milieu  do  repas ,  elle  fit  Introduire  l'eau  du 
fleuve  par  un  grand  canal  secret.  Voilà  ce  qu'Us 
racontent,  ajoutant  qu'après  son  action ,  pour 
échafTper  à  la  vengeance  de  ses  snjets,  elle  se 
jeta  dans  une  chambre  pleine  de  cendres.  »  Ce 
récit  a  tout  le  caractère  d*nn  mythe,  lequel  se 
rattache  'probablennent  à  la  période  sothiaqiie, 
base  de  la  ehronologre  égyptienne.  En  effet,  Ni- 
tocris, cette  Neith  victorieuRe»  à  la  ftgnre  d'une 
rougeur  éclatante,  qui  finit  sa  vie  en  se  jetant  sur 
de  la  cendre,  termine  par  sa  mort,  dans  la  \h\e 
de  Manéthon,  le  cycle  sothiaque.  Or,  on  sait  que 
dans  la  mythologie  égyptienne,  à  la  fin  de  cha- 
que période  sothiaque  ou  caniculaire ,  un  oiseau 
pourpre  (  le  phénix  )  venait  en  Egypte  et  se  brû- 


lait sur  un  bAcber.  Ces  deux  mythes  offrent 
une  ressemUance  frappante  et  rappellent  les 
mythes  analogues  d'Herôole  et  de  Sardanapato. 
On  a  de  fioftes  raisons  de  croire  que  Nitocris 
n'est  pas  un  personnage  hisloriqne,  qooiqne 
M.  de  Bunsen  ait  essayé  de  la  ratlnolîer  à  fhis- 
toiro  (1).  Elle  resta  très-célèbr&dani  les  légendes 
égyptiennes.  Même  du  temps  des  «mpereors 
Tomams,  on  voit  son  nom  mentionné  comme 
eehii  d'une  des  héreines  de  l'Orient  Biott  Cas- 
sius  et  Tempereur  Julien  la  placent  à  oêté  de 
Sémiramis.  Jules  l'Africain  et  Eusèbe  la  repré- 
sentent, d'après  Manéthon ,  comme  une  femme 
d'un  grand  génie  et  d'une  merveilleuse  benuté, 
et  lui  attribuent  la  construction  de  la  troisiène 
pyramide.  L.  J. 

Hérvdetc,  II,  IW.  —  Dtoo  Caulm,  LXII,  6.  -  JnMca, 
€>tat.,  p.  iw,  lar.  -  JnlM  Africain  et  Eusèbe  dans  Sya- 
celle,  p.  sa,  19.  -  C.  MUUer,  Eratoithenit  Fragmenta 
chromtoQica ,  à  U  suite  d'Hérodote  (éd.  A. -F.  Dldot } 
—  Bumen,  j£gyT^en$  Stelle  in  der  ff^eitçeseéMUe , 
vol.  11,  p.  M0-t4l. 

RiTSGii  (  Paul'FrédériC'Âchai  ) ,  aichéo- 
logoeaUeinandy  né  à  Glaucba,  le  16  Boni  17â4, 
mort  à  Bibra,  le  19  février  1794.  Il  étudia  la 
th<^ologieetia  philologie  à  Leipzig,  et  il  fut  soc- 
cessivement  pasteur  à  Aber,  Niederwensdi  et 
Bibra.  On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'ouvrages 
estimés  sur  l'antiquité;  les  principaux  sont  : 
Einleitung  in  été  cUusischen  Sehri/tsteUer 
der  Griechen  und  Jtômer  (  Introduction  à  la 
connaissance  àes  auteurs  classiques  )  ;  Leipzig, 
1790-1791, 2  vol.  in-8'»  ;-*  Gesehichte  der  Be- 
rner zur  Evklàrung  ihrer  cUutisehenSehrtfts- 
ieiler  (Histoire  des  Romains,  pour  rintelltgenoe 
deleurs écrivains  classiques);  Leipiig,  1787-1790^ 
2  vol.  in- 80;  — Atsehreitntng  der  hauslicheA, 
goUesdienstliehen  j  »Htlichen,  politischen, 
kriegriichen  und  wis$enscka/tliehen  Zus^ 
iands  der  Griechen  (Description  de  l'état  do» 
mestiqoe,  religieux,  moral,  politique,  militnire 
et  scientifique  des  Grecs);  Erfurt^  1791, in-8''; 
édition  refondue  par  Kopke  et  Hopfher ,  1806 , 
2  vol.  in-8«;  —  Beschreibung  des  Zustamde 
der  BOmer  (Descriptfon  de  l'état  domestique, 
sd'entifique,  etc.,  des  Romains);  Erfurt,  1794, 
2  vol.  in-8*;  3"  édit,  refondve  par  Kopke  et 
Ernesti  ;  Erfurt,  1807-181 1, 4  vol.  in^*»  ;  —  A'eues 
mythologisches  Wùrterbitch  (Nouveau  DictifNin. 
de  mythologie  ),  Leipzig,  t793;  2«  édît.,  rema- 
niée par  Klopfer,  1820  et  1821,  2  vol.  in-S»;  ^ 
Wôrierbuek  der  alten  Géographie  (Discours 
de  Géographie),  continué  et  édité  par  HopfneT; 
Halle,  1794,  in  80  ;  —  BnifDur/der  alten  Geo- 
graphie  (Essai  de  Géographie  ancienne); 
11*  édit.,  1637;  -^  Farieivn^en  ufteréiecla^ 
sisehen  JHcàter  der  Bômer  (Leçons  tnr  les 

(1)  Bunsen  bit  de  Hltoerto  ta  dernière  souveraine  de 
la  sixième  dynastie,  et  prétend  qu'elle  régna  pendant 
six  ans  à  la  place  iv.  son  inari,  aflUMlné,  et  non  pak 
de  son  ft*re,  comme  le  prt'tend  H*rodrtle.  Ce  mari  se 
nommait  Mentliuopis  (le  Mendcsnpbls  de  MsneUioo). 
et  Bunsen  suppose  qu'il  était  le  fils  00  le  peUt-flla  du 
Mcerls  des  Grecs  et  des  Romains. 


101 


ISITSCH  ~  ISIVELLE 


102 


poët«8  classiques  de  ftome);  Leipug,  1792  et 
1793,  2  vol,  iQ-8*';  là  partie  relative  à  Horace 
est  Mule  de  Nitsch;  le  reste  afifartient  à  £iclk- 
ftUdt  M.  M. 

SchUobUgrott,Jlttroio0.  1794, t.. Il,  p.  1M-I9k  -  Con- 
tirsatton»  lAxîbm. 

NITISCH  {CharleS'Lovis),  théologien  pro- 
teàtaot,  né  à  Wiltemberg,  le  6  août  17âl ,  mort 
dans  la  même  viUe.  le  5  décembre  1831 .  Son  père 
était  pasteur^  et  Je  dirigea  vers  la  même  voca- 
lioo.  Après  avoir  achevé  ses  études  k  l'Acadé- 
mie  de  sa  viUe  natale,  il  entra  comme  institu- 
teur dans  KM  Camille  qù  habitatt  près  de  Leipzig. 
£o  nSi  il  fut  nommé  prédicateur  à  Bencha, 
puis  sorintendant  à  Borna  (178â)  et  à  Zeitz 
(1789)  et  eo  1789  surinlendiànt  général  et  prs- 
Tesseiir  à  WiUeroberg.  En  1813  sa  carrière  aca- 
liémique  lot  brisée.  Mais  en  1817  il  fut  nommé 
directenr  du  séminiïire,  des  pré^cateurs,  fondé  à 
WiUemberg.  Il  suivit  d'abord  en  théologie  la 
t'^odance  de  Spaldiog  et  de  ZoHikofer.  La  tliéo- 
iugje  de  Kant  ayant  porté, selon  lui,  un  coup 
mortel  à  Tancienoe  Uiéologie,  il  crut  qu'il  était 
nécessaire  d'ouvrir  une  nouvelle  voie  i^  la  sdence 
de  la  religion.  Pendant  quarante  ans,  il  travailla 
à  jeter  les  tNises  d*uDe  nouvelle  apologétique  du 
cliristianisme.  Sans  qu'on  puisse  attribuer  uoe 
très-grande  valeur  k  ses  vues,  il  faut  recon- 
naître  cependant  qu'il  débarrassa  la  théologie  du 
littéralisme,  en  distinguant  la  forme  historique 
souslaquelle  le  christianisme  est  présenté,  du  fond 
même  de  la  religion  clirétienne,  et  eo  conduisant 
/es  IhéoIogicBS  à  faire  jaillir  des  faits  et  des  doc- 
trines positives  les  idées  qui  y  sont  contenues. 
Ses  principaux  écrits  sont  :  De  révélations  re- 
ligionU  exUrna  eademque  puMica;  Leipzig, 
1818,  in-g"*;  —  Veber  dos  Heilder  Welt,  des- 
sen  Beçrundttng  und  Forderung  (Sur  le  SaUit 
du  monde,  sa  base  et  ses  progrès);  Wittem- 
berg,  1817,  io-8°;  —  Ueber  dos  heilder  Kir- 
eàe  (Sot Je  salut  de  1  Église);  Wittemberg,  1822, 
in-&*  ;  -.  Ueber  dos  Heil  der  Théologie  durch 
Vnlerscheidung  der  Of/enbarung  und  Aeli- 
çion  aU  Miiiel  und  Zweck  (Sur  le  Salut  de  la 
théologie  par  la  distinction  de  la  révélation,  qui 
m  le  moyen,  et  de  la  religion,  qui  est  le  but)  ; 
Wittemberg,  1830,  in  8";  —  De  Discrimina- 
txone  revetationis  imptratorix  eididacticœ; 
Wittemberg,  1831 ,  2  vol.  in-8o.  M.  M. 

Boppc  Detikmmi  NUuch*»i  Halle,  ISSX,  ia-8>. 

*  xiTEScii  (GewgeS'Guii.laume),  philologue 
allemand,  fils  du  précédent,  ué  en  1790,  à  Wit- 
temberg. Il  fut  nommé  en  1814  co-rectenrdu 
lycée  de  Wittemberg,  et  obtint  en  1827  la  cluiire 
de  littérature  ancienne  à  ruoiversité  de  Kiel.  H 
a  consacré  sa  vie  à  l'élude  approiondie  des  qucs- 
hODs  qoi  ae  rattachent  aux  poésies  homériques; 
ses  ingénieuses  recherches  ont  sur  beaucoup  de 
points  rectifié  les  faypotlièses  de  Wolf.  On  a  de 
lui  :  Erklârende  Anmerkungen  zu  Honiers 
Odgnee  (Remarques  explicatives  sur  l'Odyssée 
d'Honère);  Hanovre  1826-1840,  3  vol.  in-8*; 


—  Prxparatio  indagandx  per  Homeri  Odgt- 
seam  interpolationis  ;  Kiel,  182S  ;  — >  Afeto- 
temata  de  historia  Homeri  maximeque  de 
seriftorum  carminum  xtale;  Hanovre,  1830- 
1837,  2  vol.  in^**  ;  —  Die  Sagenpoesie  der 
Griecken  (La  Poésie  épique  des  Grecs  ;)  Bruns- 
wick, 1862,  2  vol.  in-8*; — plusieurs  mémoires; 
l'article  Od^saée  dans  VEncyclopédif  d'Erschet 
Gruber,  et  une  dissertation  Sur  les  Traditions 
héroifmes  chez  les  Grecs  dans  les  Kieler  phi- 
iiUogische  Sludiem  (  année  184 1  ).  O. 

ComienaUotU'LexikttR. 

■ITBLLB  (Jean  ob MonraoïiEiicT,  sire  ne), 
né  en  1422,  mort  le  26  juin  1477.  Il  était  Talné 
des  deux  tils  issus  du  premier  mariage  de  Jean  II 
de  Montmorency  et  de  Jeanne  de  Fosseux.  Avec 
son  frère  Lonis  de  Fo»seax  il  eut  part  à  l'expé- 
dition que  Charies  VU  conduisit  en  1449  contre 
les  Anglais  en  Normandie.  Le  nouveau  mariage 
que  leur  père  contracta  avec  Marguerite  d'Orge- 
raont  (1454)  changea  tout  à  fait  ses  dispositions 
à  leor  égard  ;  les  cboses  s'aigrirent  à  un  tel  point 
que,  par  antipatliie  pour  leur  belle-mère ,  ils  se 
jetèrent  l'un  et  l'autre  dans  le  parti  du  comte 
de  Cbarolais  et  portèrent  à  la  bataille  de  MonC- 
Ihéry  les  armes  contre  leur  souverain  légitime. 
Montmorency  fut  si  indigné  de  leor  conduite 
qu'après  avoir  bit  mutilement  sommer  Talné  de 
ses  fils,  Jean  de  Nivelle,  de  rentrer  dans  le  de- 
voir, il  letraita  de  «  chien  »,  et  le  priva  de  tous  ses 
biens  pour  les  donner  à  Guillaunie,  qu'il  avait 
eu  de  sa  seconde  femme.  Cest  de  là ,  dit  le 
P.  Anselme,  qu'est  venu  le  proverbe  si  connu  : 
«  Il  ressemble  an  chien  de  Jean  de  Nivelle,  qui 
fuit  quand  on  l'appelle.  »  Ce  seigneur  se  retira  à 
la  cour  du  duc  de  Bourgogne,  qui  le  combla  de 
biens  et  d'honneur.  11  devint  le  chef  de  la  bran- 
che des  Montroorency-Nivelle ,  qui  s'éteignit  en 
1070.  P.  L. 

AMelme,  Gronda  <tff.  ée  la  cotcrowie.  —  Art  de  vé- 
ri/Ur  tel  datés. 

tiiyfELi»  {Gabriel'Ifieolas)t  controversiste 
français,  né  en  1687,  à  Paris,  où  il  est  mort ,  le 
7  janvier  1761.  11  était  fils  d'un  avocat.  Jeune 
encore,  il  fut  nommé  prieur  oommcndatalre  de 
Saint-Géréon,  dans  le  diooèse  de  Nantes.  Après 
avoir  terminé  l'étude  de  la  Uiéologie  au  sémi- 
naire de  Saint  Magloire,  il  continua  d'y  résider, 
et  devmt  nn  des  agents  les  plus  zélés  du  parti 
des  ofipelants ;  il  rédigea  des  mémoires,  visita 
les  ecclésiastiques  de  Paris,  et  entretint  d'activé» 
relations  dans  les  provinces.  Forcé  de  quitter 
Samt-Magloire,  il  se  retira  en  1723  dans  le  cloî- 
tre extérieur  du  Val-de  Grâce,  et  subit  en  1730 
quatre  mois  de  détention  à  la  Bastille,  il  conti- 
nua néanmoins  de  s'occuper  des  mêmes  mor 
tières.  On  cite  de  lui  :  La  ConstUulion  Unige- 
nitus  déférée  à  V Église  universelle  ^  ou  re- 
cueil général  des  actes  d'appel  interjetés  au 
futur  concile  général  de  celle  conslilulion 
et  des  Lettres  Pastoralis  officii;  Cologne,  Pà?, 
4  vol.  in-foh  ;  il  (^outa  k  cette  coUectiony  déjà 

4. 


103 


NIVELLE  —  NIVERNAIS 


104 


toluminense,  des  préfaces  historiques,  des  obser- 
vations et  des  analyses  d'onrrages  considéra- 
bles. Il  a  rédigé,  d'après  les  mémoires  de  Tabbé 
Bouclier,  la  Relation  de  ce  gui  ^esi  passé 
dans  les  assemblées  de  la  faculté  de  théoUh 
gie  au  sujet  de  la  constitution  Unigenitos 
(7  vol.  in- 12),  et  il  a  travaillé  aux  Hexaplesou 
les  six  Colonnes  sur  la  constitution  Unige- 
nltus  (1714  et  ann.  suiv.,  7  vol.  in-4*},  au  Cri 
de  la  foi  (1719,  3  vol.  in-12).  En  outre,  il  a 
édité  deux  ouvrages  posthumes  de  Petitpied  : 
Examen  pacifique  de  Vacceptation  et  du 
fond  de  la  constitution  Unlgenitqs  (1749, 
3  vol.  in- 12)  et  Traité  de  la  liberté  (17!>4, 
2  vol.  in- 12).  P.L. 

JHerohffe  âtê  d^fentêurt  de  ta  vérité  (SappU. 

NITBLLR.  Voy.  HoBN  {PhUipoe  OB). 

HITBLLB    DB    LA    CBAIJMBB.    F0|f.     Lk 

Cbausséb. 

NiTBBHAit  (  lauiS' Jules- Barbon-MkHcifUr 
Màzarini,  duc  OB),  ministre  et  pair  de  France, 
né  à  Paris,  le  16  décembre  1716,  mort  dans  la 
même  ville,  le  2&  février  1798.  H  était  petit-fils 
de  Philippe- Julien  Mandni,  duc  de  Nevers 
(voy.  Nevbbs).  Le  jeune  duc  était  d'une  com- 
plexion  très-faible,  et  cela  rend  plus  surprenantes 
dans  sa  vie  trois  circonstances  en  eflet  remar- 
quables :  on  le  maria  à  Tflge  de  qoime  ans;  on 
le  destina  au  service  militaire;  et  pourtant  il  a 
vécu  jusqu'à  l'âge  de  quatre-vingt-deux  ans. 
Quoique  marié  si  jeune  et  dans  un  siècle  si  cor- 
rompu, le  duc  de  Nivernais  offrit  le  modèle  le 
plus  pur  de  la  tendresse  conjugale.  Sa  femme^ 
M}^  de  Pontchartrain ,  sœur  du  comte  de  Mau- 
repas,  fut  l'objet  de  son  affection  la  plus  vive. 
Les  vers  qu'il  lui  adressa,  sous  le  nom  de  Délie, 
sont  peut-être  ce  qu'il  a  composé  de  plus  délh- 
cat  et  de  plus  parfait.  Il  entra  au  service  à  dix- 
huit  ans,  fit  ses  premières  armes  en  Italie,  sous 
Villars,  et  devint  colonel  du  régiment  de  Limosin, 
à  la  tète  duquel  il  se  distingua  dans  les  premières 
campagnes  de  la  guerre  d'Allemagne  (1741). 
La  faiblesse  de  sa  santé  ne  lui  permettant  pas 
de  suivre  la  carrière  des  armes,  il  quitta  le  ser- 
vice après  la  campagno  de  1743,  en  Bavière, 
reçut  le  titre  de  brigadier  des  années  du  roi,  et 
vfait  prendre  siège  à  l'Académie  française.  Cette 
compagnie  l'avait  élu  en  son  absence  pour  rem- 
placer Massillon  ;  bientôt  après,  l'Académie  des 
inscriptions  et  beltes-lettres  l'appela  également 
au  nombre  de  ses  membres.  11  avait  vingt-sept 
ans.  Rendu  aux  douceurs  de  la  vie  privée,  le 
duc  de  Nivernais  se  proposa  un  antre  but  d'ap- 
plication :  il  consacra  aux  études  spéciales  de  la 
carrière  diplomatique  les  cinq  années  qui  sui- 
virent, entremêlant  à  ses  travaux  sérienx  des 
compositions  littéraires,  et  beaucoup  de  poésies 
dont  s'enrichirent  les  recueils  du  temps. 

Le  duc  de  Nivernais  fut  désigné,  en  1748, 
pour  aifer  à  Rome,  en  qualité  d'ambassadeur 
extraordinaire;  il  occupa  ce  poste  jusqu'en 
1752;  il  y  fut  le  protecteur  des  arts,  et  eut  l'hon- 


neur d'empêcher  la  condamnation  du  livre  de 
Montesquieu ,  V Esprit  des  lois ,  dénoncé  à  la 
congrégation  de  l'Index.  Créé,  à  son  retour, 
chevalier  des  ordres  du  roi,  il  ne  pamt  échanger 
qu'avec  contrainte  le  rôle  de  serviteur  de  l'ait 
contre  celui  d'homme  de  cour.  Nul  n'avait  ce- 
pendant à  un  plus  haut  point  les  qualités  qui 
d'ordinaire  font  la  forhum  des  courtisans.  Il  ne 
resta  pas  longtemps  dans  cette  situation,  trop  faite 
pour  lui  déplaire.  La  gravité  de  la  situation  po- 
litique porta  le  gouvernement  à  faire  choix  da 
duc  de  Nivernais  pour  l'ambassade  de  Berlin,  ea 
1755;  mais  déjà  l'Angleterre  avait  pris  les  de- 
vants, et  il  n'était  plus  temps  de  négocier  contre 
elle;  Frédéric  s'était  décidé  au  parti  le  plus  con- 
forme à  ses  hitérêts,  et  le  jour  même  de  la  ve- 
nue du  diplomate  fkviçais  à  Berifai  le  traité  d'al- 
liance entre  la  Prosse  et  la  Grande  Bretagne  se 
signait  à  Londres  (12  janvier  1756).  La  seule 
utilité  possible  de  ce  voyage  ne  fut  point  négli- 
gée; le  duc  de  Nivernais  enricliit  les  archives  de 
France  de  précieux  documents  sur  l'état  poli- 
tique et  physique  de  b  Prusse. 

De  retour  à  Paris,  il  reprit  avec  activité  ses 
occupations  littéraires,  et  il  se  montra  fort  as- 
sidu aux  séances  de  l'Académie,  quil  a  souvent 
représentée  comme  directeur.  Après  les  malheurs 
de  la  guerre  de  Sept  Ans,  le  duc  de  Nivernais  fut 
chargé  d'aller  négocier  à  Londres  les  conditions 
de  la  paix ,  qui  au  prix  de  mille  efforts  fut  si- 
gnée le  10  février  1763.  Malgré  les  circonstances 
défavorables,  le  diplomate  firançais  sut  intéres- 
ser le  cabinet  de  Saint-James;  et  en  partant  il 
laissa  parmi  les  Anglais  la  plus  hante  idée  de 
sa  moralité  et  de  ses  talents.  On  peut  dire  que 
lord  Chesterfield  a  exprimé  l'opinion  commune 
de  la  haute  société  de  Londres  à  cette  époque 
en  proposant,  dans  une  de  ses  Lettres  à  son 
ftlSf  le  duc  de  Nivernais  comme  le  modèle  d'un 
gentilhomme  accompli.  «  Lorsque  vous  voyez, 
dit-il,  une  pertonnê  généralement  reconnue  pour 
brillor  par  ses  manières  agréables  eî  sa  bonne 
édncaitioD,  et  regardée  comme  un  gentilhonune 
accompli,  tel,  par  exemple,  que  le  duc  de  Niver- 
nais, qu'il  soit  l'otfet  de  votre  attention,  et  qn'il 
devienne  pour  vous  un  stget  d'étuden.  Remar- 
quez de  quelle  manière  il  s'adresse  à  ses  supé- 
rieure, comme  il  vit  avec  ses  égaux ,  et  comme 
il  traite  ses  inférieure.  Réfléchissez  sor  le  tour 
de  sa  conversation ,  lorsqu'il  fait  ses  visites  du 
matin,  durant  le  repas  et  dans  les  |daisira  du 
soir.  Imitez-le  sans  en  être  le  mime,  pour  re- 
produire sa  ressemblance  élégante,  et  non  sa  co- 
pie servile.  Vous  tronverez  qu'il  a  soin  de  ne 
rien  dire  et  de  ne  faire  jamais  rien  qu'on  poisse 
traiter  de  légèreté  ni  de  négligence,  rien  qui 
puisse  en  aucun  degré  mortifier  l'amour-propre 
ou  blesser  la  vanité  d'autrui.  Vous  apercevrez , 
au  contraire,  qu'il  rend  sa  compagnie  agréable 
en  faisant  que  les  personnes  qui  l'approchent, 
soient  satisfaites  d'elles-mêmes.  U  ténîoigne  le 
respect,  les  égards,  l'estime  et  l'attention ,  sui- 


105 


MVERNAIS  —  MVERS 


106 


Tant  qu'il  convient  de  marquer  chacun  de  ces 
seotiments;  il  les  sème  avec  soin  et  les  recueille 
eo  abondance.  » 

La  mort  de  son  père,  en  1769,  appela  le  duc 
de  Nivernais  à  prendre  oi  main  l^administration 
des  domaines  de  son  duché  :  cet  événement  fut 
dans  la  province  une  véritable  solejinité,  oon- 
Mcrée  par  divers  actes  de  sa  haute  munificence 
i  r^rd  de  plusieurs  villes  ou  communes. 
Étranger  à  la  politique  depuis  sa  dernière  ambas- 
sade, le  duc  de  Nivernais  prit  parti  contre  le  mi- 
nistère dans  sa  lutte  avec  le  parlement  et  une 
^rtie  de  la  pairie  »  en  1771,  et  se  prononça  avec 
fermeté  contre  le  pariemeni  Maupeou.  En  1787 
il  consentit  à  foire  partie  du  conseil  comme  mi- 
nistre d*État ,  et  y  si^ea  pendant  le  ministère 
de  Brienne  et  de  Nedier  Jusqu'en  juillet  1769. 
Loin  de  se  soustraire  par  T^igration  aux  pé- 
rils qu'il  vit  fondre  sur  les  siens  •  et  qui  allaient 
l'atteindre  loi-même,  il  Ibt  du  petit  nombre  des 
amis  de  Loois  XVI  qui  lui  rntèreot  dévoués; 
et  il  expia  sa  fidélité  sous  les  verrous  de  1793, 
eoosenrant  dans  sa  captivité  une  sérénité  d'Ame 
qu'attestent  sea  stances  touchantes  à  l'abbé  Bar^ 
tbélemy,  faititplées:  AnaeharsU  en  prison,  et 
satraductiqn  du. poème  italien  de  Riehardet, 
écrite  à  celte  époque. 

U  perte  de  ses  titres  et  de  la  plus  grande 
partie  de  sa  fortune  n'altéra  pas  sa  douce  philo- 
Sophie;  son  courage  civique  ne  reçut  pas  davan- 
tage d'atteinte  des  périls  quil  avait  courus.  Sans 
nncone  contre  son  pays,  il  ne  s'éloigna  point 
des  affaires  pqbliques  :' devenu  candidat  à  la 
législature  en  1795,  il  présida  rassemblée  élec- 
torale du  département  de  la  Seine,  sous  le  nom 
de  Hto^tn  Maneini. 

Il  guda  jusqu'à  la  fin  l'aménité  de  ses  ma- 
lAktH,  Six  heures  avant  sa  mort,  ne  pouvant 
plus  écrire,  il  dictait  encore  des  vers  pleins  de 
sentinients  affectueux  pour  son  médecin. 

U  doc  de  Nireniaîs  avait  été  marié  deux  fois. 
Sa  première  femme  mourut  en  i782.  Il  épousa 
en  secondes  noces  Marie-Thérèse  de  Brancas, 
reove  du  comte  de  Rochefort,  qui  mourut  peu 
de  temps  après  leur  union.  11  ne  laissa  pas  de 
fils,  et  survécut  à  ses  deux  gendres,  le  comte  de 
Gisor^  tué  à  la  bataille  de  Crevelt,  et  le  duc  de 
Briasac,  massacré  à  Versailles  en  1792.  Les  pro- 
dections  du  doc  de  Rivemats  ont  été  rassem- 
1^  et  publiées  par  lui-même,  1796 ,  8  vol. 
i&-8*,  contenant  :  ses  Fabtei,  au  nombre  de 
^x  cent  dnqoaajte;  —  traduction  en  vers  fran- 
(^  de  r^saaé  iur  F  homme,  de  Po|)e,  des 
1",  î*  et  15*  livres  des  Métamorphoses  d'O- 
vide, du  4'  chant  du  Paradis  perdu,  du  Joseph 
de  Métastase,  de  l'épisode  de  Médor  (de  l'A- 
rioste).  du  Riehardet  de  Forteguerri;  —  des 
imitations  de  Virgile,  de  Properce  etd'Anacréon  ; 
-  des  réflexions  sur  le  génie  d'Horace,  de  Dès- 
Préaux  et  de  J.-B.  Rousseau;  —  un  morceau 
ettimé  sur  l'âégle;  —  des  traductions  de  VA- 
çricote  de  Tadte,  et  de  VEssai  de  Walpole  sur 


les  jardins  anglais;  —  des  Recherches  sur 
ta  religion  des  premiers  Chaldéens;  —  les 
Vies  de  quelques  troubadours,  d'après  les  ma- 
nuscrits de  Sainte-Palaye;  »  divers  mélanges 
en  prose.  On  a  imprimé  séparément  les  Fables, 
en  2  vol.  in-ô",  plosiairs  fois  réimprimés.  Les 
Œuvres  posthumes  du  duc  de  Nivernais,  pu- 
bliées par  François  de  Neulchftteau,  1807,  2  vol. 
in-S' ,  précédées  d'un  éloge  de  l'auteur,  embras- 
sent sa  correspondance  diplomatique,  ses  dis- 
cours et  dissertations  académiques,  et  de  petits 
essais  de  drames.  Dupik  afné. 

Praaçois  de  NeufchAteaa,  Éloge  du  due  de  Mvrr- 
naia  ta  tête  de  s»  OSwm  p0$tkume$,  —  Dopln,  Élogo 
du  due  de  Mvemais  vrononeé  à  rjéeaOémte /raneâùe, 
te  tl  JwÊVier  1840.  dans  le  Beeueit  de  FAcadémie.  — 
Salnle-Bcnfe,  Causeries  du  hmdi,  l.  XIII. 

HIVBK8  {Guillaume-Gabriel),  prêtre  et 
musicien  français,  né  en  1617,  dans  un  village  des 
environs  de  Melun,  mort  dans  les  premières  an- 
nées du  dix-huitième  siècle.  Il  fut  d'abord  placé 
comme  enfant  de  choeur  à  Melun,  et  apprit  la  mu  - 
sique  à  la  collégiale  de  cette  ville.  Il  alla  ensuite 
faire  ses  études  au  collège  de  Meaux,  pm's  se  ren- 
dit à  Paris,  et  entra  au  séminaire  de  Saint  Sulpice 
pour  y  suivre  un  cours  de  théologie.  Entraîné 
par  son  goftt  pour  la  musique,  il  prit  alors  des 
leçons  de  ciavedn  de  Chambonnlère,  et  parvint 
en  peu  de  temps  à  acquérir  un  talent  qui  lui 
valut  d'être  nommé,  à  l'&gede  vingt-trois  ans, 
organiste  de  Sahit-Sulpice.  Deux  ans  après,  il 
entra  en  qualité  de  ténor  à  la  cliapelle  du  roi. 
Eo  1667,  l'Une  des  places  d'organiste  de  cette 
chapelle,  étant  devenue  vacante,  fut  donnée  à 
Nivers,  qui  n'en  continua  pas  mohis  de  remplir 
les  mêmes  fonctions  àl'église  Saint-Sutpice  (1). 
Quelques  années  plus  tard,  il  fht  nommé  maître 
de  la  musique  de  la  reine  et  organiste  de  la 
Maison  royale  des  demoiselles  de  Saiot-Cyr, 
lorsque,  en  1686,  M"*  de  Maintenon  fonda  cet 
établissement.  Ce  fut  Nivers  qui  tint  le  clave- 
cin  quand ,  pour  la  première  fois ,  les  demoi- 
selles de  cette  institution  représentèrent  devant 
lercrf  ÏBsther  (\t89)  tiVÀthalie  (1691)  de 
Racine,  dont  les  chœurs  avaient  été  mis  en  mu- 
sique par  Moreau  (  voy.  ce  nom).  On  ignore 
l'époque  précise  è  laquelle  Nivers  cessa  d'exis- 
ter ;  mais  on  a  la  preuve  qu'il  vivait  encore  en 
1701,  par  une  approbation  quil  donna  dans  la 
même  année  h  une  nouvelle  édition  de  son  Gra- 
duel et  de  son  Antiplionaire  romains,  imprimés 
chez  Chr.  Baliard.  11  avait  alors  quatre*  vfaigt- 
quatre  ans.  Ce  savant  et  laborieux  musicien  a 
laissé  un  grand  nombre  d'ouvrages.  On  con- 


cis il  f  avait  tona  tea  Jonn  neiae  et  téprea  A  la  cha- 
pelle de  Lonla  IIV,  oi»  da  moloa  nne  oaeaae  baaae  pen- 
dant laquelle  os  duatalt  on  on  deai  noteta,  et  des 
vêprea  en  mnalqne  notna  aoleonellca.  Co  aernoe  était 
trea-fatlgant }  anaal  y  a? «11-11  quatre  maltrea  de  eliapeUe 
aenrant  par  qnarUer,  et  un  nombre  douille  de  clian- 
tenra.  Le  nombre  de  cea  demlera  était  de  aolxante , 
dooac  pour  ebaqoe  partie,  la  musique  û'eg\he  françalie  à 
eette  époque  étant  éorifie  i  einq  parties.  Les  organlatea 
faisant  par  trimestre  le  service  de  la  cliapelle  étaient 
J.  Tomelln«  G  «G.  Nivers,  J.  Buteme,  et  (1.  Lcbégue. 


107 


NIVERS  —  NIZA 


108 


natt  de  lui  :  Za  gamme  du  Si,  nouvelle  mé- 
thode pour  apprendre  à  solfier  sans  muaU' 
ces  ;  Paris»  1646,10-8**.  Ce  livre,  <kmt  il  a  para 
plusieurs  éditions  sous  des  titres  diflàérenls»  a 
puissamment  contribué,  par  son  peu  d'étendue 
fli  par  la  simplicité  de  sa  méthode,  à  la  réforme 
de  la  solmisation  par  muancas  qui  é^t  encore  en 
vogue  du  temps  de  Mivers,  malgré  les  efforts 
que,  depuis  la  seconde  moitié  du  seiiième  siècle, 
divers  autres  mosicteoa  avaient  faits  pour  Tabo- 
lir  ;  —  Méthode  certaine  pour  apprendre  U 
plain-fihant  de  V Église  i  Paris,  1667  ;  -^Traité 
de  la  composifion  de  musique  ;  Paris,  1667, 
in-8**  ;  —  Dissertation  sur  le  chant  Grégorien  ; 
Paris ,  1683 ,  in>8*  :  Nîvers  a  donné  dans  cette 
dissertation,  ainsi  qoe  dans  les  ouvrages  soi* 
vants,  une  preuve  de  sa  parfaite  connaisaame  du 
chant  ecclésiastique;  —  Chants  d*église  à  Vu- 
sage  dé  la  paroisse  de  Saint-Sulpiee  ;  Parisi 
1656,  in-12;  ~  Graduale  romanum,  juxta 
missale  Pii  Q^inU  penlificis  maximà  auiho- 
ritate  ediium;  eujus  modulatio  eoncinnê 
disposita  ;  in  usum  et  gratiam  wionalivtm 
ordinis  Sancti'Àugustinif  etc.  i  Paris,  1658, 
in-i"; —  Àntiphonarium  romanum  juxta 
Breviarium  Pii  Quinti^  etc.;  Paris,  1658, 
in-4*  ;  —  Passiones  D.  N.  J,  C.  eum  benedie- 
tione  cerei  paschalis;  Paris,  1670,  in-4*;  -- 
Leçons  de  Ténèbres  selon  Vusage  romain\  Paris, 
in-4*.  Ce  recueil  et  le  précédent  ont  été  réunis 
en  un  seul  livre  ayant  pour  titre  :  Les  Passions 
avec  TExuItet  et  les  Leçons  de  Ténèbres  de 
M.  Pfivers;  Paris ,  1689,  in-4*;  ^  C  fiants  et 
Motets  à  Vusage  de  Véglise  et  communauté 
des  Dames  de  la  rogaie  makson  de  Saint- 
Louis,  à  Saini-Cgri  Paris,  1692»  inc4^  Une 
seconde  édition  de  cet  ouvrage,  mis  en  ordre  et 
augmenté  de  quelques  motets  par  Clérem- 
baiilt,  aété  publiée  à  Paris,  en  1723,  2  vol. 
in-4*';  —  lit;re  d*orgue^  contenant  cent  pièces 
de  tous  les  tons  de  Véglise;  Paria,  ]666»iD-4*'; 
—  Deuxième  Livre  d'orgue ,  etc.;  Paris,  1671, 
in-4*  ;—  Troisième  Livre  d^orgue\  etc.  ;  Paris, 
1675,  in-4*.  D'autres  livres  de  pièces  d'orgue  du 
même  auteur  ont  paru  àdes  époques  plus  récentes. 
Ces  pièces,  correctement  écrites,  dans  oa  style 
qui  rappelle  celui  des  oi^ganistes  allemands  du 
dix-septième  siècle,  justifient  la  réputation  dont 
Nivers  a  joui  de  aoa  teasps  comme  compositeur. 

D.  Denns-Baron. 

Boordelot,  HUMn  d»  ia  Mutiquê.  —  De  U  Horde, 

Buoi  nar  la  Musique.  —  (  horon  et  Fayolle.  Dietion-^ 

naire  hi$toHiti4  4et  âhitMens.  —  Patrta,  HUtoire  de 

rart  wuuieal  en  fnmta.  -  WtUà,  Biofr.  min.  des  lSt^. 

mUL  (  Mareos  mt),  missioniiaire  italien, 
découvreur  do  Sonora,  vécut  entre  1510  et 
1570.  11  étaU  à  Nice  et  apparteuat  à  l'ordre 
des  Pranciscaîna  tersqu'il  fot  envoyé  en  miasion 
dans  la  Nouvelle-Espagne,  que  gouvernait  alors 
don  Antonio  de  Heudoia.  Ce  vice-roi,  cédant 
aax  instances  de  son  ami,  le  vénérable  évèqae 
de  Chîapa,  Bartolomé  de  La  j  Casas,  consentit  à 


envoyer  quelques  religieux  dans  la  I9ouveUe-Ga- 
lice  pour  assurer  les  indigènes  que  les  Espagnol 
ne  voulaient  ni  leur  faire  la  guerre  ni  les  réduire 
à  l'esclavage,  mais  seulement  les  convertir  à  la 
religion  catholique.  Marcoe  de  Niza  fut  nommé 
chef  de  cette  mission  toute  pacifique,  qui  d'ail- 
leurs avait  été  bien  accueillie  par  les  Indiens. 
Il  partit  de  Mexioe  le  7  mars  1539,  en  compa- 
gnie du  P.  Uonoralo;  et  de  Estevanico  de  Oran- 
tes  (1).  Il  s'arrêta  à  Pétallan,  où  il  laissa  malade 
le  P.  Honorato,  qui  bientôt  ne  put  résister  à  la 
faligue  et  mourut.  Il  se  fit  alors  précéder  par 
Estevanico  et  une  centaine  d'I^ens  convertis, 
chargés  de  Ini  préparer  nnt  réception  bienveil- 
lante. Après  avoir,  dnrant  sept  joars,  traversé 
une  vaate  plaine  (2),  bordée  d*an  côté  par  les 
Gonlillèrea  et  de  l'aolre  par  la  mer,  il  séjourna 
quelque  temps  à  Vaeapa^  •  ^le^oat,  selon  loi, 
les  haiilanÉs  avaient  de  U  vaisselle  d'or  et  se 
paraient  d'omemtnAa  de  ce  métal  au  nei  ei  aux 
oreilles».  Ce  fut  là  qu'i  reçut  un  messtagede 
Estevanico,  qui  TinvilaitàvenirprtslKrrÉvan- 
giledans  un  pays  nommé  Cibola  ou  Céùoia  (3), 
oè  il  y  avait  sept  grandes  villas  bâties  en  pier- 
res (4)  et  dont  les  maisons  étaient  doréea  et  or- 
nées de  turquoises.  MiKa  se  mit  en  marche,  et 
traversa  le  territoire  dès  Pintados,  dont  il  re- 
laarqiia  les  conuatssanoes  en  agriculture  et 
dans  la  fabrication  des  étoffes.  U  continua  à 
marcher  vers  Test  durent  vingt  jours,  au  milieu 
de  déserts  immenses.  Il  approchait  enfin  de  Ci- 
bola lorsqu'il  apprit  qu'Eatevanico  et  tous  ses 
prosélytes  avaient  été  massacrés.  Nita  gravit 
une  hauteur  d'où  il  découvrit  Cibola,  qui  lui 
sembla  plus  grande  que  Mexico  et  bâtie  fort  ré- 
gulièrement en  maisons  de  pierre  de  deux  et 
trois  étages.  Aidé  de  ses  Indiens,  il  âeva  une 
espèce  de  pyramide  sur  laquelle  il  planta  une 
croix  et  prit  possession,  pour  le  roi  d'Espagne, 
du  pays  environnant  et  des  royaumes  de  Ton* 
téac,  d'Acùs  et  de  Matala,  dont  ë  avait  ea- 
tendu  parler  dans  la  grande  vallée.  U  ravini 
alors  sur  ses  pas,  et,  après  une  longue  et  pé- 
nible marché,  arriva  à  Àbra,  au  débouché  des 
Cordillères,  où  latraditiondesaept  villes  se  renou- 
vela pour  Ini  d'après  le  récit  des  Indiens^  at  dout 
il  prit  encore  possession  en  élavnnl  deux  croix. 
De  là  il  gagna  Compostela,  et  envoya  an  viea'roi 
un  récit  merveilleux  de  ses  déoouyertca».  Il 
vanta  la  fertilité  et  les  richesses  des  pays  qnll 
avait  parcourus  ainsi  que  ladvilhalion  de  leurs 

(I)  Ce  dernier  était  ■»  noir  qui  éuit  psnrena  à  l'a- 
Awpper  «Trc  Atraro  NoRei,  nwnommé  Cabega  «le  Vaea, 
de  la  déaaatreuae  expddlUoo  btte  par  doD  PanQIo  Rar- 
▼acs  en  Floride.  Il  avait  prix  le  noin  de  aon  maître  de 
Omitea.  Aprèa  avoir  reço  à  Mciloo  une  certaine  UlalVDe- 
tloa,  Batevao  ou  lalcvanico  te  SI  recevoir  rbei  les 
Frandacatim,  et  te  montra  fort  dévoué  *  la  rcUsion  chré- 
tl«one,  poor  laqvielle  11  anccomba.  It  avjlc  été  qoeiUon 
de  le  placer  ao  nonbre  dea  bleShewcQt;  mda  sa  conteur 
y  Mltrobitacle. 

(1)  La  vallée  de  Sonora. 

(19  AuJoord*t)Dl  Crenadt. 

(%(  l.a  province  de  TtesyM. 


109 


MIZA 


110 


habitant^.  11  eidta  ainrt  rainbitk»  et  la  co- 
pMité  de  Coiièg  et  celle  ée  Menëeca,  qui  en  ré- 
solareiit  la  oeaqaêfe;  maie  chacon  voulait  se 
l'ippropner  à  l'exclustoo  de  Tautre.  Mendoza 
fut  le  piM  dâUgepI  :  iaodia  q«e  Certes  aoUicilaît 
esEspigne,  il  dons»  Terdreà  dun  Francisco 
Vaiqett  de  Coroaado  (1),  gouverneur  de  la 
Xenvelle-Galice,  de  marcher  sur  Cibola  à  la 
tête  de  enl  daquante  cavaliers,  deux  centa  fou- 
tMeins  et  quelques  pièces  de  campaf^e  (2). 
Marne  de  Sfiaa  gaida  cette  expédition,  qui  partit 
deCaliacaa  en  avril  1^40.  Après  avoir  frandii 
iee  ries  de  Petatlan,  de  CiaaiM,  de  Les  Gedroa 
et  de  Los  Coraçone»  (3),  les  explorateurs  ar- 
rivèrent paisiblement  jusqu'à  la  vallée  de  So> 
non.  Là  les  indigènes  lenr  tuèrent  plusieurs 
hoames  avec  des  flèches  empoisonnées.  Nica 
setnxnpa  de  roule,  et  TexpédMeo  erra  pinaieors 
jours  eor  des  déserts  de  saUe  avant  d*arriver  à 
imniisseaQ,  nomiié  Nexpa.  Elle  gravit  ensnite 
une  chaîne  de  montagnes  et  ce  ne  ftit  que  le 
24  juin  qu'elle  put  s^oumer  sur  les  bords  d'une 
beHe  rivière,  qui  reçut  le  nom  de  rio  de  San* 
Juan.  Deux  jours  après  les  Espagnols  traver- 
sèrent sur  des  radeaux  le  Rio  de  tas  Brisas, 
puis  à  gué  VArroiû  del  Pinar  (ruisseau  des 
Pins)  ;  mais  leore  provisions  étaient  épuisées  :  il 
leor  fannt  vivre  «t'herbes  et  des  cadavres  détruis 
de  leurs  compagnons.  Le  30  juin,  ils  trouvè- 
rent an  nouvel  obstacle  dans  le  Rio  Vermejo  (  ri- 
vière Vermeille).  Céntimiant  à  se  diriger  au  nord- 
est,  ils  parvinrent  enfin  à  Cibola.  fis  trouvè- 
rent rette  vlHe  beaucoup  moins  importante  que 
de  !(iza  ne  l'avait  affirmé. Vasques  Coronado  dft 
positivement  qae  c'était  on  assemblage  de 
àiaamièm.  Huit  cents  guerriers  en  rorroaient 
sariement  la  garnison;  aussi  les  Espagnols 
pwent-ils  l'enlever  aasex  Mlement.  Coronado 
lut  doana  le  nom  de  ennada,  en  Phonneur 
de  Antonio  de  Hkndoza^qui  était  né  dans  hi 
viHe  de  ce  nom,  en  fSspagne.  Les  conquérants 
^'emparèrent  aussi  de  cinq  autres  villes,  eons- 
tniitss  en  pierre,  il  est  vrai,  mais  qui  ne  com^ 
taieat  pas  pins  de  deux  cents  haletions  ch»* 
<^e.  Il  y  avait  loin  de  là  aux  merveiliea  annon- 
ces perde  Iliaa.  Coronado  pénétra  alors  dans 
le  Tueayàn,  et  reconnut  les  sept.  viRee  dont  le 
Franciscain  avait  parlé.  Les  haMtants  en  étaient 
prvsqoe  civilisés  ;  mais  ils  se  montrèrent  hostiles. 
U  capitaine  espognol  fbt  obNgé  d'en  prendre 
oiw  d'assaut,  Penatajada,  assez  régulièrement 
fortiHée  et  devant  laquelle  il  fut  blessé.  Ntza  eût 
Toohi  s'arrêter  là  ;  mais  ce  ne  fut  pas  l'avis  de 
^^oroaado,  et  ^expédition  remonta,  vers  lenord,  le 
^  de  Huex,  éooft  les  rives  étaient  très-fertiles. 
^  indigènes  y  cultivaient  surtout  te  coton. 
Apr^  avoir  visité  quinte  TiHes,  les  Espagnols, 

(t)  Torqoemada  écrit  atec  raison  Corwado;  oato  Il6r> 
'm  appelle  ee  capitaine  Comadà. 

:i|  Torqnemada  porte  le  nombre  des  Etpagnols  à  plut 
w»Ute 

(I.  Aiail  appelée  parce  qu'à  crt  endroit  lea  aaUuela 
«ilrtrentaoi  BapagnoU  des  cœurs  d'animaux. 


arrtlés  par  la  neige,  campèrent  à  Acnoo,  où  ils 
soulTrirent  beaucoup  du  froid.  Ils  sedirii^èrettt  en- 
suite sur  TigueiL,  cité  importante^  qu'ils  incendiè- 
rent etdoat  ilaextenninèrentles  haMtantaaprèS'Ua 
siège  de  quarante-cinq  jours.  Coronado  y  fut  blessé 
à  la  tète.  Jusqui^^là  les  eonquMoéore^  n'a- 
vaient pas  trouvé  d'or  et  lea  Franciscains  ne  compt> 
taient  que  de  rares  oonvertis,  d'une  foi  douteuse. 
Usne  se  découragèrent  pourtant  pas,  et  franche- 
rente  v*douze  jours  les  quatre-vingtHlix  lienea  de 
plaines  sablonneuses  qui  séparent  Ciquiqne  de 
Qurrira.  Abandonnés  par  teoin  guides,  Nîz^s'ar* 
réta  là  avec  la  plupart  de*  antres  explorateura, 
tandis  que  rintrépMe  Coronado,  suivi  de  trente 
cavaUers^  voulant  découvrir  ÏEl*Dwraéo  an- 
noncé si  souvent  par  les  Indiens,  s*avaoça  encore 
durant  un  mois  vers  le  nord,  traversa  le  Rio  de 
Sa»l¥dro»3r-SaD4*jd>lo,  pénétra  dans  la  pro- 
vince d*Jlarae,  vers  le  40*  de  lat.  Il  y  trouva  on 
riche  pays  d'habitants  belliqueux  qui  adoraient 
le  soleil  et  ne  vivaient  que  dn  produit  de  lenr 
chasse.  On  était  à  la  fin  d'àoèt;  le  clief  espagnol 
crut  devoir  rejoindre  ses  compaguons,  qui, quoi- 
que  fort  diminués  en  nombre,  voulaient  rester 
dans  le  pays  et  y  former  un  établissement.  Bn 
effet  dix-seipt  y  restèrent,  entre  autres  deux  Fran- 
ciscains, Juan  de  Padllla  et  Luis  de  Escalona  ; 
mais  le  P.  de  Kiza  suivit  (I)  Coronado,  et  revint 
à  Coliacan,  après  un  voyage  estimé  par  Gomara 
à  trois  mille  mHles.  Selon  la  relation  de  Ntza,  «  fl 
avait  vu  le  long  de  la  côte  des  vaisseaux  dont 
la  proue  était  ornée  de  figures  d'or  et  d'argent, 
et  dont  les  capitaines  donnèrent  à  entendre  par 
des  signes  qu'ils  avaient  été  trente  jours  sur 
mer;  ce  qui  fit  croire,  afoute-t-il,  qu'ils  venaient 
de  Chine  et  connaissaient  l'Amérique  depuis 
longtemps  (2)  ». 

L'année  suivante  le  P.  Marcoa  et  un  autre  cor- 
deKer  firent  un  noùvean  voyage  dans  le  Sonora  ; 
mais  ils  n'ont  laissé  aucun  détail  sur  cette  troi- 
sième excursion.  Les  expéditions  de  Niaa  et  de 
Coronado,  tout  en  reoviant  lea  limites  eonnuea 
au  nord-est  de  la  nauvette-Kapegne,  ne  prodni- 
sirent  aucun  résultat  sérieux  et  ne  détruistreat 
pas  les  fables  qui  eîrautaient  sur  les  pays  si- 
tués entre  le  Rio  Glla  et  le  Cokirada  Les  récita 
mensongers  de  ces  voyagemf*B  sur  l'existence  dn 
grand  royaume  de  'Diiarra«,  de  l'immense  viMe 
de  Quivira  sur  les  bores  dn  lac  fantastique  de 
Teguayo  trouvèrent  rapidement  créance.  On  ne 
douta  même  plus  de  l'existence  de  l'EI-DoradOy 
que  l'on  plaça  même  sous  le  4 le  degré  de  lati- 
tnde.  Aussr  d'autres  aventurière  se  preesèreal» 
ifs  de  reprendre  les  tentatives  de  Ntza.  De  nom- 
breases  catastrophes  purent  seules  les  décoann 
ger.  On  trouve  la  lîelatione  dtl  révérende 
Prad.  Marcos  da  Nitza  dans  le  recueil  de  Ra- 

mu8io,t.  ni,  p.  298  etsuiv.  Hackloyt,  dam  ses 

• 

(1)  Ce  fut  prudent  de  sa  part,  car  qoelqnt  teapa  apris 
aea  collègues  foiant  égocipài 
(t)  Gomara,  Ul».  vi,  cap.  xvu-us;«  et  Galvaao.  aoao' 

1542. 


111 


NIZA  —  MZAMl 


112 


Voyages,  etc.,  t.  Ilf,  p.  366-373,  a  aussi  publié 
A  Relation  of  the  rev.  faiher  friar  Mar- 
cosdeNiça^  Umehing  hi$  dUecvery  of  thé 
Kingdome  of  Cevola ,  or  Civola ,  sUuated 
aboui  30**  oflaL  io  the  If,  of  Pi.Spain,  Ra- 
mnsio  a  donné  aussi  la  Relatione  ehe  mando 
Franceseo  D.  Vasqun  di  Coronado,  capUano 
générale  délia  gente,che  fu  mandata  in  nome 
di  sua  maestà  al  paese  novamente  seoperto, 
quel  chesuecesse  nel  viaggio  dalli  ventidue 
d^Aprile  di  questo  anno  MDXL,  que  parti  da 
Culiacan  per  innanzi  et  di  quel  ehe  trovo 
nel  paese  dove  andava  (  Viaggi,  etc.,  Venise, 
1606,  3  Tol.  ÎQ-fol.,  t.  III,  p.  301-303  ).  Avant  de 
se  rendre  à  la  Nouvelle-Espagne,  Niza  avait  ha- 
bité le  Pérou  ;  aussi  a-t-il  écrit  plusieurs  ou- 
vrages sur  ce  pays;  nous  citerons  encore  de  lui 
les  ouvrages  suivants,  qui  n'ont  jamais  été  pu- 
bliés :  Mtosffceremonias  de  los  Indios ;  --Las 
dos  Cineas  de  los  incas  y  de  làs  Scyris  en  las 
provincias  d$l  Perû  y  de  Quito;  —  Car  tas 
informativas  de  to  obrado  en  ias  provindas 
del  Perû  y  de  Quito.  —  Relation  de  Jrère 
Marcos  de  iVisa  :  trad.  en  français  ;  Paris,  1838 , 
in-8*.  A.  ne  L. 

p.  de  CMtafleda  de  Nagefa ,  Relatkm  du  f^cpage  dé 
Ctbola  {Collection  de  donmaU»  tnédtU  nw  rhu- 
toire  ancienne  de  l'Amérique,  pub.  par  M.  Henri  Ter- 
nam-Compans).  Hçrrera.  Historia  gengnU  de  lai  Indins^ 
décVl,  lib.  VII,  XI  et  XII.  -  Qomara,  La  Historia  de 
las  Indios,  Ub.  vi,  eap.  xxn-xix  (édlt.  de  Médina  dci 
Canpo,  1U9,  golh.).  —  Antonio  Galvam,  Traetado 
dos  dêseobriwtentos  antigos  e  modemos,  etc.,  anno 
IMt.  —  Torqaeaada,  Monarqtiia  Indiana,  Ub.  IV. 
cap.  XI  (Sértlle,  i«u,  S  vol.  In-fol.).  -  Jean  Laec,  No- 
vus  orMf.  etc.  (  Leyde,  1693,  In-lol.  ).  —  De  La  Renan- 
éitrt,  Mexique,  dan«  Y  Univers  ptttoresquet  p.  IM.  — 
W.  Presoolt.  /list.  de  la  conquêie  du  Mexiçuâ  (trad. 
d'Am.  Plchot  ;  Rpria,  1S46,  Svot  In-S»),!.  111,  p.  tU. 

Hizim  (  ÀboU'Mohammed  ben^Yousouf 
Cheikh  Nizam  ed  JHn  Djemal  ed  Din  Motar- 
razi  GAencl/eu'i),  poète  persan  de  premier  ordre, 
né  h  Ghendjé,  dans  la  province  d'Arran ,  vers 
1100,  mort  en  1180,  dans  la  même  ville.  Après 
avoir  mené  pendant  quelque  temps  une  vie  con- 
templative avec  son  frère,  Nizàmi  se  voua  à  la 
poésie,  n  vécut  à  la  cour  de  divers  princes 
seidjoukides,  à  Ispalian,  Hamadan ,  etc.  A  la  fin 
de  sa  vie,  il  se  retira  dans  sa  ville  natale,  et  ce 
ne  fut  que  sur  les  instances  du  prince  atabek  d*Ad- 
zerbéidjsn ,  Kizil  Arslan,  qn*il  faisait  quelques 
rares  visites  à  la  cour  de  ce  souverain.  Nizâmi 
est  le  fondateur  de  Tépopée  romantique  persane. 
Il  a  écrit  un  JHvan^  on  recueil  de  poésies  ly- 
riques, par  ordre  alphabétique.  Ce  divan,  comp- 
tant plus  de  vingt  mille  vers,  n*a  pas  encore  été 
imprimé;  —  une  épopée  romantique,  intitulée 
Histoire  de  Wéissé  et  RanUn,  et  qui  est  per 
due.  On  Ta  du  reste  attribuée  aussi  à  un  autre 
NizÂmi,  surnommé  Arousi  Samarcandi^  qui  a 
vécu  près  de  cinquante  ans  avant  le  nôtre.  Après 
ces  deux  ouvrages,  d'importance  secondaire,  Ni- 
/àmi  a  composé  cinq  poèmes  hors  ligne,  qui  ont 
tbndé  sa  renommée,  et  qui  après  sa  mort  ont  été 
réunis  en  une  collection,  sous  le  titre  arabe  de 


Khamseh  (le  Cinq),  tandis  que  les  Persans  lui 
donnent  le  nom  de  Pendeh  Kendj  (  les  Cinq 
Trésors  ).  C'est  d'abord  le  Makheen-out  errdr, 
ou  Magasin  des  secrets,  poème  didactiqne, 
dans  lequel  des  doctrines  morales  alternent 
svec  des  anecdotes,  des  MAe»,  et  d'autres  con- 
tes à  l'appui  des  enseignements  de  l'auteur. 
Tout  le  texte  persan  du  Makbsen  a  été  poWiè 
par  Bland ,  Londres,  1844.  Une  vingtaine  d'apo- 
logues et  d'anecdotes  en  ont  été  extraits  et 
imprimés  avec  une  traduction  anglaise  dans 
le  vol.  II  des  Asiatie  Miscellanies  ;  Calcutta, 
1786,  in-8".  Un  autre  choix  a  été  faH  sons  le 
titre  :  Abou  Mohammed  Nisami  poetm  Narra- 
tiones  et  fabulx,  persicee  codice  manuscripto 
nunc  primum  editm,  subjuneta  versione  la- 
tina  et  indice  verborum;  Leipzig,  1802,  in-4^ 
L'auteur  de  ce  choix,  qui  a  gardé  l'anonyme,  est 
L.*Fr.  H.  HaîD.  Le  second  poème,  qui  fait  par- 
tie de  la  collection  dii  Khamseh,  est  le  «  Khos- 
rou  et  Chirin  »,  poème  romantique.  Il  a  pour 
objet  l'amour  du  roi  persan  Khosronlfouchirvan 
le  Grand  avec  la  chrétienne  Clûrin,  qu'on  croit 
;  une  princesse  byiantine,  dont  le  nom  véritable, 
i  altéré  en  persan,  était  Ir^e.  Niz&mi  l'avait  com- 
posé pour  l'atabek  Ohems  ed  Din  Moliammed 
,  d'Azerbéidjan.  Ce  poème  n'a  pas  encore  été 
I  imprimé.  M.  HammerPurgstall  l'a  tradnit  li- 
I  brement  en  allemand;  Vienne,  1812,  2  vol. 
'  in- 12.  11  y  a  fondu  les  traits  les  plus  remarqua- 
bles d'autres  poèmes  romantiques  persans  et 
turcs  du  même  genre,  tels  que  ceux  de  Ferhad 
et  Chirin,  Yousoufet  Zouléika,  ainsi  que  les 
scènes  les  plus  importantes  de  Léila  et  Med' 
jnoun,  seconde  épopée  romantique  de  Nîzàmi. 
Léila  et  Medjnoun,  le  troisième  poème  de  la 
collection,  traite  de  l'amour  de  Medjnoun,  en- 
fant du  désert  d'Arabie,  avec  la  belle  Léila. 
Il  a  été  dédié  au  prince  de  Chirvan,  Djelal  ed 
Din  Abonl  Modhdffer.  JI.  Hammer  le  compare 
à  VOrlando  Furioso  d'Ariosle.  Le  texte  persan 
de  ce  poème  n'a  pas  été  non  plus  imprimé  ; 
mais  nous  en  avons  une  tradoetion  anglaise 
de  James  Atkinson,  sous  le  titre  :  Leila  and 
Mtnjnun,  a  poem,  from  the  original  qf  ffi- 
zarni;  Londres,  1836,  in-8*.  Une  espèce  de 
Heptaméron,  qui  a  po  donner  IMdée  do  Déca- 
méron  de  Boccace,  et  de  Vffeptaméron  de  Msr» 
guérite  de  Navarre,  est  le  Htft-Peigher,  ou 
les  Sept  Figures  de  beautés  de  Nizâmi.  11  oon> 
tient  l'histoire  du  prince  persan  Behranghoar 
et  celle  de  sept  princesses  ses  maltresses.  Ce 
forent  nne  Indienne,  uiieTartare,nne  Russe, 
une  Mauritanienne,  nne  Grecque,  une  Kliorasa- 
nienne  et  nne  Persane.  Behranghourleiir  bâtit  un 
palais,  dans  lequel  chacune  d'elles  eut  son  pa- 
villon particulier.  Le  principal  de  ces  contes  est 
le  quatrième,  que  M.  François  d'Erdmann  a  pu- 
blié en  persan  et  en  allemand  sons  le  titre  :  Die 
Schœne  vom  Schlosse,  Mohammed  Nisamed- 
din  dem  Gentscher  nachgebidet  ;  Kasan,  1 832 , 
10-4**.  Un  autre  conte  a  été  publié  par  lui  sous 


113 


NIZAMI  —  KOAH 


114 


le  titre  :  Behramgur  und  die  Russische  fïir- 
MteiUoehter^  durcà  kritUch  phiMagUch»  An- 
merkungen  erlxuterS;  Kasan,  1S36.  Le  tioi- 
sième  de  un  contes  a  formé  le  sujet  d*aiie  co- 
médie Halieime  de  Gozziy  que  ScbiUer  a  imitée 
sous  le  nom  de  Tintramdoehter,  princesse  de 
Chine»  conte  tragi-comique.  Le  comte  de  Caylos 
a  également  emprunté  plusieurs  contes  aux  Beft» 
Peigher  de  NizAmi.  Il  se  rattaclie  un  intérêt 
historique  au  cinquième  ouTrage  du  Klumaèli, 
qui  est  VIskender^Nameh,  ou  histoire  fabo- 
leose  d'Alexandre  le  Grand,  d'après  la  rédaction 
dn  Pseodo-CalNStbène.  Ce  poème,  appelé  aussi 
Chara/'Nameh,  sedifiseen  deux  parties,  parmi 
lesquelles  ia  première,  épique,  porte  le  nom 
de  Khired*Nawuh,  tandis  qu'on  donne  le  nom 
A'Ikbal'  ffameh  à  la  seconde  partie,  plus  di- 
dactique dans  la  princesse  Roucheng.  Nous  re- 
ounnaitsons  Roxane,  fille  de  Darius,  et  épouse 
d'Alexandre.  A  l'expédition  indienne  d'Alexan- 
dre le  Grand  Niaâmi  en  a  rattadié  nue  autre,  di- 
ri^ée  en  Chine,  dont  il  fait  disserter  les  man- 
darins STec  les  philosophes  grecs.  Ce  qu'il  y  a 
de  remarquable  dans  Ylskendar  Nameh,  c'est  la 
mention   des  Russes,  de  leurs  incursions  en 
Arménie  et  dans  le  nord  de  la  Perse ,  d'où  ils 
furent  repousses  par  Alexandre  le  Grand.  Il  y 
a  là  toute  une  réyélation  historique  sur  les  re- 
lations des  Russes  avec  les  Perses  depuis  Je  on- 
xième  on  douzième  siècle.  Le  texte  persan  de 
la  première  partie  de  VIskender  Nameh  a  été 
poMié,  aTcc  un  choix  de  ses  commentateurs, 
par   Bedr  Ali  et  Mir  Haséin  Ali;  Calcutta, 
1819,  in-4*,  et  3*  édit.  1835.  Des  fragments 
en  ont  été  donnés  en  allemand  par  Frédéric 
Ruckert;  Eriangen,  1828.  Sons  le  nom  d*Bxpé* 
dition  d^ Alexandre  le   Grand  contre    les 
RusseSf  Louis  Spitznagel  a  donné  cet  extrait 
historique,  dont  nous  avons  signalé  l'impor- 
tance. Cet  extrait  a  été  refondu  et  augmenté  de 
quelques  antres  morceaux  par  J.-R.  Charmoy, 
tom.  I*';  Pétersbourg,  1829,  in-8*>.  A  cet  extrait 
se  ratladie  la  contre-partie,  intHulée  :  De  BxpC'  ^ 
ditione  Sassùrum  in  Berdaam  (Armeniam  ) 
versus^  amiùre  JVlsmnio,  etc.,  par  Fr.  Rrd- 
mann,  part.  F*;  Kazan,  1836,  in-8*;  part.  II, 
ibid.,  1838,  in-8*;  et  part.  III,  ibid.,  1833,  Hi-8^ 
Qnaot  à  Vlkbal  Namehf  ou  3*  part,  de  l'/s- 
kender  Nameh^  le  texte  persan  a  été  publié 
par  Sprenger;  Calcutta,  1852.         Ch.  R. 

novletctoli,  rêêi  àêi  poëUt  ptrsmu,  pabnéet  psr 
WertcafeM.  *  Bammer,  tHêUHrê  dm  bMêi'UUrm  «n 
Hrm  {en  aOeiMMl).  —  ïFlentr  Jakrbûeker.  —Jeta 
OWnmttof  l«  KaumUfuU, 

mzzoLi  (  Mario\  plus  connu  sons  le  nom 
latinisé  de  Nizolius,  philologue  et  phîlosoplie 
HahcD,  né  è  Rrescello,  dans  le  duché  de  M odène, 
en  1496,  mort  dans  la  même  Tille,  en  1566.  Sue- 
cesstremeot  professeur  à  Bresda  (1522),  oh  l'a- 
▼ait  appelé  le  comte  de  J.-P.  Gambara  ;  à  Parme 
(1547),  età  SaUonetta  (1562),  Nizzoli  fut  un  des 
émdit^  qoi  par  leur  savoir  et  leurs  idées  con- 
tribuerait à  ta  renaissanee  des  lettres.  Comme 


philologue  son  meilleur  ouvrage  est  un  Lexi* 
que  deCicéron,  qui  parut  d'abord  sons  le  titre 
de  Observaiiones  in  M.  TulltumCieeronem; 
Pratalboino  (  terre  du  comte  Gambara  ),  1535, 
in-fol.  :  ouvrage  excellent  pour  le  temps,  malgré 
des  défauts  que  Henri  Estienne  a  relevés  avec 
sévérité.  Aide  Manuce  en  donna  une  édition  sons 
le  titre  de  Thésaurus  Ciceronianus ,  Venise, 
1570,  in-fol.  ;  beaucoup  d'antres  éditions  suivi- 
rent, panni  lesquelles  on  remarque  celle  de  Jac- 
ques Cellarius,  Francfort,  1613,  in-fol.,  et  celle 
de  Facciolati,  Padooe,  1734.  Comme  philo- 
sophe Nizzoli  est  connu  par  un  ouvrage  contre  1» 
scolastique,  qui  parut  sous  le  titre  de  De  veris 
principiis  et  vera  raiione  pMlosophandi 
contra  pseudo-philosophos  libri  quatuor; 
Parme,  1553,  in-4o,  et  que  Leibniz  fit  réim- 
primer à  Francfort,  1670,  in-4o.  «  Lesfanxphi- 
fosophes,  dit  Fontendle,  étaient  tous  les  scolas- 
tiques  passés  et  présents,  et  Nizolius  s'élève  avec 
la  dernière  hardiesse  contre  leurs  idées  mons- 
trueuses et  leur  langage  barbare,  jusque-là  qu'il 
traite  saint  Thomas  lui-même  de  borgne  entre 
des  aveugles.  La  longue  et  constante  admira- 
tion qu'on  avait  eue  pour  Aristote  ne  prouvait, 
disaitril,  qne  la  multitude  des  sots  et  la  durée 
de  la  sottise.  »  Les  éloges  que  Fonteoelle  ac- 
corde h  Nizzoli  seraient  suspects  s'ils  n'étaient 
confirmés  par  M.  B.  Hauréau,  un  des  écrivains 
de  notre  temps  qui  connaissent  le  mieux  la  sco- 
lastique. Nizzoli  parmi  les  philosophes  du  moyen 
âge  n'approuve  que  les  nominalisies  ;  11  vent 
ramener  toute  la  philosophie  à  la  définition  des 
mots  et,  comme  on  l'a  dit,  à  une  grammaire 
bien  faite.  Cette  doctrine  est  étroite,  mais  elle 
était  bonne  à  imposer  soit  aux  dialecticiens  de 
la  scolastique ,  soit  aux  néoplatoniciens  de  la 
renaissance.  L.  J. 

TIraboMhl ,  BibtMkêea  ModcMM.  —  Pontenelle , 
Étoffe  é€  LetbmU».  *  B.  Haaréaa,  dans  le  DMUmnairt 
dêi  tdmees  pkUoÊO^iqmet. 

HOka  (Mordecai'Manuel) ,  journaliste  amé- 
ricain, né  le  19  juillet  1785,  à  Philadelphie,  mort 
le  22  mars  1851,  à  New-York.  Il  appartenait  à  la 
religion  juive.  Dans  sa  jeunesse  il  s'occupa  dln- 
dustrie  et  de  commerce;  puis  11  étudia  le  droit, 
et  fit  jouer  quelques  pièces  de  théâtre  à  Char- 
lestoB.  Nommé  consul  au  Maroc  en  1813,  il 
revint  aux  États-Unis  en  1819,  et  s'établit  à 
New-York,  od  il  fonda  successivement  The 
national  advocate^  The  New- York  enquirer 
(1826),  The  evening  star  i\Mk)  f  The  Union 
(1842),  The  Times  and  Messenger  (1843), 
journaux  de  l'opinion  démocratique,  et  qui  ob- 
tinrent tous  une  large  circulation.  Il  a  publié 
dans  les  derniers  temps  de  sa  vie  un  recueil  de 
ses  meilleurs  articles  sous  le  titre  de  Gleamings 
from  a  gathered  harvest.  On  a  encore  de  loi  : 
Travels  in  Bngland ,  France ,  Spain  and  the 
Barbary  states  front  1813  to  1815;  New-York, 
1820,  in-8^  P.  L. 

Cfehp.  of  ameriean  Uteraturt,  11. 


115 


WOAILLE  —  NOAILLES 


116 


HOA.ILLB  (  Jacqnes'Barikélemy  »  cbevalnr 
•c  ) ,  ItoBtfii»  poUk^ue  et  nagistjal  Iraoçais ,  aé 
à  Beaoeaire,  le  14  af  ril  I7â8,  mort  à  GMiioble, 
le  37  octobre  liS38. 11  était  avaab  la  ré^ulion 
avocat  an  parlemeat  de  TouloMe,  ioge  de  la 
iiiattriae4ies  poiila^e  BeaucaaKi  et  meratMV  des 
dtata  du  LaoguedM»  JKoaille  Ait  asses  bearenx 
peur  échapper  aàs  prosmptniw  de  la  terreur. 
£b  oatabre  17d6,  ii  fat  élu  député  du  Gard  an 
GoaseH  é»  Ciii^oCenls  :  il  »'y  laontra  nadea 
^ÊÊ^NÊi  les  pkis  emportés  des  jacobias  et  du 
ûirectoûre.  Le  8  jasTier  1796,  il  parla  avec  force 
«■  finveiir  des  pareata  des  émigréfi.  Le  19  août 
y  lot  éla  secrétaÎK,  et  le  2&  proposa  une  am- 
nistie pour  tous  les  délits  politiques.  Le  3  dé- 
cembre il  s'opposa  avec  véhémence  k  un  projet 
tendant  à  réprimer  la  licence  de  la  presse 
périodi<|oe.  Persuadé  que  la  création  d'uBJoumaA 
privilégié  (  U  TacÂygrapke  )  était  ua  moyeo 
<ioe  le  Directoire  devait  employer  pour  com- 
primer redprit  public,  Moaille  iocHlpa  vivement 
les  «  officieusL  menins  qui  voulaient  établir  le 
régime  des  despotes  »,  et  chercha  à  populariser 
son  opinion  en  rappelant  les  services  qu'avait 
rendus  la  presse  à  la  révolution,  il  attaqua  sur- 
tout Chénier  et  Louvet,  qu'il  nomma  des  apoS' 
iats  de  la  liberté.  Le  1 9  mai  1797,  il  dénonça 
Tagiotage  qui  avait  dilapidé  les  biens  nationaux 
et  menaçait  de  s'étendre  à  oeux  de  Belgique. 
Il  prit  part  avec  la  même  chaleur  à  tontes  les 
discussions  importantes  qui  avaient  pour  but  d'en* 
traver  la  marche  da  pouvoir  directorial  ;  aussi 
fut-il  compris  dans  la  proscription  du  18  fruc- 
tidor an  V  (4  septftmbfie  1797)  et  déporté  à 
Oléron  (janvier  1798  ;.  Âmoistîé  en  décembre 
1799«  les  consuls  le  nammèrent  juge  au  tribunal 
«ivil  de  Nîmes  (L80(>);  il  y  siégea  jua%u'en  1807. 
Le  département  du  Gard  l'élut  alors  député  au 
Corps  législatif  où  il  fit  partie  de  la  commission 
de  législation.  En  cette  qualité  il  lit,  en  1810,  le 
rapport  sur  le  projet  du  troiaièBie  livre  dn  nou- 
veau Code  pénal,  En  1814,  ii  se  mUia  au  parti 
monarchique  :  Louis  XYIU  f  anoblii  (  1 1  oc- 
tobre 1814)  et  le  cenfima  dans  lee  fonc- 
tions de  président  de  la  cour  royale  de  NUnes, 
qn'il  remplissait  depuis  loeglanps.  £n  18I^  il 
passa  au  même  titre  à  ta  cour  d'Angers,  y  de- 
vint procureur  générai  »  et  en  1823  fut  nonMné 
premier  président  de  la  cour  royale  de  Grenoble. 
Il  était  officier  de  la  LégMMi  d'honneur  depuis 
1813.  On  a  de  ce  nagtstnl  qnelques  opuscules 
sur  des  questions  judiciairea»       H.  L— b. 

Jlopr«pAte  miodwrm  (  Ptrtt«  IMS^.  Arnratt..  Jay,  Joay 
et  NonriD»,  Biogr.  tiouv.  Aa  uMtnap.  — ^  Biographie 
nuMUmt  (  Paris ,  1818  ).  ^  Le  Moniteur  untvertel, 
an  nr.  n«*  fU.  SM,  Sil;  an  ▼,  n*"  tb.  ISI,  181,  9H, 
!••;  ana.  t8l^  d«*  lU,  m^no;  aDD.  MiS^  ■•  ift;  aea. 
iSlt,  p.  inS;aBa.  181 1,  ■•  9S;  ana.  iMS»  p.  1170. 

n^AiLLiB,  nom  d'une  illustre  maison  ori- 
ginaire du  Limousin,  et  qui  dès  ie  onzième 
siècle  possédait  la  terre  et  le  château  de  Noailles, 
situés  entre  Brives  et  Turenne.  La  filiation  de 
cette  famille  est  authenliquement  prouvée  par 


un  arrêt  du  parieraent  de  Paria  rendu  en  1628. 
La  tige  pnocipele ,  fondée  au  douzième  siècle 
par  Pierre  de  NoaiUes,  s'éteignît  en  1479,  en  la 
personne  de  Jean  n ,  qui  inetitaa'  pour  héritier 
son  neveu  Aienr,  chef  de  la  sfcende  branche, 
divisée  plus  tard  en  deux  rameaux  et  arrivée 
directement  jusqu'à  notre  époque;  Celle  maieon 
a  fourni  on  grand  noaabge.  et  personnege»  ie« 
marquaUes ,  surtout  dans  la  carrière  des  armes. 
MOAILLBB  (  AntomB  UB  ) ,  amiral  de  Franee^ 
né  le  4  seplembre  1&04,  mort  le  1 1  mara  1662,  à 
Bordeaux.  Il  était  Tahié  des  dix-neuf  enfants  de 
Louis  de  NeaiUes,  mort  en  l&i9,  et  de  Cathe* 
rine  de  Pierre- Buflière.  En  lâSO  il  accompagaa 
en  Espagne  le  vicomte  de  Turenne,  son  parent, 
qui  allait  épouser,  au  nom  de  François  ]«r,  u 
princesse  Êléooore  d'Antioebe ,  sœur  de  Charles- 
Quint,  il  fut  ensuite  obaaèeHaa  des  enfants  de 
France,  et  leur  aurait  servi  de  gonvemenr  s'il 
n'avait  prétéré  de  suivre  la  carrière  de»  aines; 
on  lut  donna  la  chasge  d'amiral  dea  mers  de 
Guienne.  Après  avoir  pris  part  à  la  seconde  ex- 
pédition d'Ualie  et  eombattu  à  Cérisoles,  il  fut 
en  1547  nonuné  amtml  de  France  à  la  pUce  de 
Claude  d'Annebeut,  tombé  en  disgrâce  auprès 
du  nouveau  roi  Henri  II.  Envoyé  en  ambaasade 
en  Angleterre  à  la  lin  de  1  5â3,  il  se  mêla  acti- 
vement aux  complets  ourdis  contre  Blarie  Tudor 
qui  préparèrent,  quoique  d'une  manière  oc* 
enite,  l'avéoement  de  la  princesse  Elisabeth; 
il  fut  remplacé  à  la  cour  de  Londres  par  son 
frère  Fnaçoia  de  Moailles,  et  couronna  sa  car- 
rière diplomatique  par  la  négociation  de  la 
trêve  de  Vaucelles  (  5  lévrier  1&56),  qui  mé- 
nagea pour  cinq  années  la  paix  entre  l'empereur 
et  la  Franee.  A  son  retour  il  chassa  les  hugue- 
nots de  le  ville  de  Bordeaux  qu'ils  avaient  prise 
et  dont  il  était  depuis  longtemps  gouverneur. 
Sa  mort  fut»  dit-on»  h&lée  par  le  poiaon.  La 
rciatiea  de  son  ambassade  en  Angleterre  a  été 
imprimée  avec  celle  de  son  frère  (oof.  ci«apiès>. 

P.  L— V. 

HnM ,  Grand  Diet.  àisL  •*  MoaiSac,,  Cùmmmtmiru, 
IHr.  s.  —  AwkbtusaOes  é»  MM.  d«  NoaUiés. 

B^AiLLBS  (  FrançoU  un  ),  dipkMaate  fran- 
çaiB,  frère  du  préoédeni,  né  à  BfoaiUes  (  Li- 
meusâa),  le  2  juillet  1519,  mort  à  Bayonne,  le 
19  septembre  1M5.  Voué  aux  autels ,  il  obtint 
d'abord  quelques  bénéfices,  et  fui  pourvu  de  l'é» 
véché  de  Da\  en  décembre  1555.  Appréciant  ses 
talents  et  son  habiU»té  dans  les  affinres ,  Henri  II 
l'attira  à  la  cour,  l'admit  dans  ses  conseils  cl  hii 
confia  diverses  négociations.  Il  renvoya  en  Ait 
pierre  en  1558  penr  succéder  comme  amiias- 
sadeur  à  son  frère  Antoine ,  et  Noaillea,  à  son 
relanr  de  cette  ambassade,  conseilla  au  roi  de 
faire  le  siège  de  Calais,  dont  le  duc  de  Guise 
s'empara  en  effet,  le  8  janfier  155a.  Cette  même 
année,  il  fut  nommé  ambassadeur  à  Yeaise,  où, 
sachant  faire  respecter  le  nom  et  la  puissance 
du  roi  son  maître,  il  fit  juger  contre  l'ambassa- 
deur de  Phil^pe  11  en  faveur  de  ta  France  in 


117 


rCOAILLES 


118 


préséance  sar  r^spa^iae.  Quelques  aimées  après 
(lô72),  il  passa  au  même  titre  à  Constaoti- 
nople,  et  durant  son  ambassade  près  la  Porte 
Ottomane,  il  visita  les  lieux  saints,  parcourut 
la  Syrie,  et  explora  TÉgypte.  Ses  courses  profi- 
tèrent à  la  France.  Ses  libéralités  »  Jointes  à  une 
conduite  noble  et  ferme,  réreillèrent  parmi  les 
populations  chrétiennes  qu'il  traversa  les  sym- 
patliies  pour  le  nom  français,  qu'avaient  lait 
naître  les  croisades.  Pour  donner  d'ailleurs  une 
idée  de  la  considération  dont  François  de  NoaiUes 
jouissait  chez  les  étrangers ,  il  nous  suffira  de 
dire  qne  lorsque  Sélim  II,  après  une  ruptofe 
avec  les  Vénitiens,  vint  mettre  le  siège  devant 
Candie,  les  deux  puissances  acceptèrent  comme 
médiateur  l'ambassadeur  français,  qui  rétablit  la 
paix  entre  elles.  Ces  services  étaient  trop  éclà- 
tants  pour,  ne  pas  appeler  ta  calom^'ie.  On  ac- 
cusa son  orthodoxie  auprès  du  souverain  pon- 
tife; mais  François  n'eut  pas  de  peine  à  se  jus- 
tifier et  à  prouver  qu'il  avait  toujours  cherché  k 
prémunir  ses  diocésains  contre  les  erreurs  nou- 
velles. En  apprenant  que  Bfontgommery  s'était 
emparé  d'Orthez  (  13  août  I  !;69),  il  avait  quitté  son 
arat)assade  et  était  venu  se  fixer  pendant  quelque 
temps  au  milieu  de  son  troupeau,  auquel  il  sut 
prodiguer  tous  les  soins  d'un  pasteur  actif  et  vigi- 
lant. Il  n'en  continua  pas  moins  à  être  consulté 
par  Catherine  de  Médids,  par  Charles  IX  et  par 
Hrari  III  dans  toutes  les  occasions  importantes. 
Ce  fut  lui  qui  leur  donna  le  conseil  de  déclarer  la 
goerre  à  l'Espagne ,  comme  im  moyen  de  calmer 
les  dissensions  politiques  et  religieuses  qui  dé- 
solaient la  France.  Lorsqu'on  lô84.  après  la  mort 
de  Guillaume  d'Orange,  les  états  des  Pays-Bas, 
pour  se  garantir  de  Toppresslon  des  Espagnols, 
qui  leur  avaient  enlevé  déjà  Bruges  et  Gand ,  en- 
voyèrent des  députés  supplier  Henri  III  de  les 
accepter  pour  sujets ,  François  de  Noailles  n'hé- 
sita point  à  engager  ce  prince  à  profiter  d'une 
proposition  aussi  avantageuse  ;  mais  malheureu- 
sement il  ne  parvint  point  à  le  persuader,  et 
les  Espagnols ,  pour  déjouer  un  tel  projet,  ré- 
pandirent l'or  à  pleines  mains  et  pressèrent  la 
doc  de  Guise  de  se  déclarer  pour  la  ligue.  A 
cette  époque,  une  maladie,  dont  François  de 
noailles  portait  le  germe  depuis  longtemps ,  se 
développa  soudain.  Sentant  approcher  sa  fin ,  il 
le  fit  tiansporter  de  Canbo  à  Bayonne,  et  y 
monnit,  avec  la  réputatloD  d'un  des  pins  grands 
bummes  de  son  siècle.  Recueillies  par  Pabbé  de 
Tertot,  ses  négociations  ont  été  imprimées  (Pa- 
ns, 1763,  3  ^K  ia^n).  H.  F. 

Gallia  eàristiana,  1 1.  —  Monlezon,  Histoire  de  la 
Caieogne,t.  V. 

loaiLLBS  (  GHlet  db  ),  frère  da  précédent  ,né 
^  Noailles,  en  1524,  mort  à  Bordeaux,  le  i*^  sep- 
trmbre  1597.  Conseiller  au  parlement  de  Bor- 
deaux, CB  1547,  il  devint  quelques  années  après 
maître  des  requêtes,  et  suivit,  comme  son 
frère,  la  carrière  diplomatique.  Il  fut  successi- 
vemeat  ambassadeur  en  Angleterre,  en  Pologne, 


pour  l'élection  du  duc  d'Anjou,  et  à  Constanti- 
nople.  La  cour  récompensa  ses  services  en  lui 
donnant  le  prieuré  de  La  Réole,  rarchiprêtrà  de 
Gignac,  les  abbayes  de  Saint- Amand  de  Coii  et 
de  rUe-en-Mcdoc ,  et  enfin  en  lô62  la  coadjn- 
torerie  de  Dax.  Il  devint  en  1585  titulaire  de  ce 
siège.  Ses  emplois  et  ses  Voyages  ne  lui  per- 
mirent pas  de  se  montrer  dans  ce  diocèse;  il  né- 
gligea même  de  se  faire  sacrer,  se  démit  en  1597» 
et  se  retira  à  Bordeaux.  H.  F. 

Citilia  christiana,  t.  J.  —  H.  4o  tempi,  Le  Clergé  de 
France ^  1. 1  et  II.  —  Moolezun ,  Hlst  dt  la  Gatgogne, 
t.  V. 

R«Mt,LBS  (Benri  ne),  fils  d'Antoine  de 
NeaiMes,  né  le  5  joillet  1554,  à  Lowlres,  mort 
en  mai  1623.  t>  tettemi  s«r  les  fonts  baptismaux 
par  la  reine  Marie  Tudor  et  l'évêqoe  Gardtner. 
Pendant  le»  trembles  de  la  Ligne,  il  servit  la 
cau<«>  rivale  dans  l'Asvergne  et  le  Roiiergue, 
placés  sons  son  ge«v«rnement.  Il  fbt  pourvu 
des  tiharges  de  gentilhomme  de  la  ehambreet  de 
conseiller  d'État.  '£n  cansidératton  des  services 
qu'il  avait  rendas  à  Henri  IV,  ce  prinee  érigea  la 
terre  d'Ayen  en  comté  an  mois  de  mars  1593. 

Son  fils,  François,  né  le  19  juin  1584.  mort 
le  15  <1éeenibre  1645,  à  Paris,  commanda  égale- 
ment dans  le  Roneigne  et  dans  le  haat  et  tias 
pays  d'Auvergne;  il  remplit  une  ambassade  à 
Rome  et  se  distingna  pendant  les  guerres  de  re- 
ligion. 

Amelme.  HitL  généàt.  de»  gr.  e^fMert  de  la  cou- 
ronne,  IV  et  IX. 

HOAILLES  (  iinne,  comte,  puis  duc  de), 
fils  de  François  de  Noailles,  mort  le  15  février 
1678,  à  Paris.  Sons  le  r^ede  Louis  XIV,  il  fut 
pourvu  de  différentes  charges ,  celles  entre  au- 
tres de  gouverneur  du  RoussiUon ,  lieutenant 
général  d'Auvergne,  sénéchal  de  Rouei^gne  et 
premier  capitaine  des  gardes  du  corps  (1648). 
Au  mois  de  décembre  1663,  il  obtint  rérection 
du  comté  d'Ayen  en  duché-pairie.  Il  avait  épousé, 
en  1646,  Louise  Boyer,  dame  d'atours  de  la 
reine  Anne  d'Autriche,  morte  en  1697,  «  très- 
saintement,  comme  elle  atait  vécu  » ,  selon  Tex- 
pression  de  Saint-Simon.  De  ce  mariage  sont 
issus  Anne-Jules  et  Louis^Antoine  { voy,  ei- 
après);  Jacques ,  né  en  1653,  et  mort  en  1712, 
chevalier  et  bailU  de  Hal^;  Gaston-Jean-Bofi- 
liste-Louis  (  vop.  ci-après);  Jean*François , 
né  en  1658  et  mort  en  1696,  maréchal-do  eaanp. 

Morérl,  Grand  J>ict,  Met,  —  Satot-Simom  iUeiteire»,U 

NOAILLES  (Anne-Jules,  duc  0£  >,  maréchal 
de  France,  fils  du  précédent,  né  le  5  février 
1650,  à  Paris ,  mort  le  2  octobre  1708,  k  Ver- 
sailles. Connu  d'abord  sous  le  nom  de  cornue 
d'Ayen,  il  fut  nommé,  en  1661,  capitaine  des 
gardes  écossaises  du  roi  en  survivance  de  son 
père  ;  en  1667  il  avait  déjà  fait  trois  campagnes,  et 
en  1668,  dans  la  conquête  de  la  Franche-Comté , 
il  commanda  les  quatre  compagnies  des  gardes 
du  corps.  Aide-de-camp  de  Louis  XIV  en  1672, 
il  donna  les  plus  grandes  preuves  de  courage 
aux  sièges  dUtrecht  et  Maestricht;  on  le  cnit 


119 


NOAILLES 


120 


tué,  et  le  roi  le  regretta  publiquement.  «Après 
s'être  trouvé  à  la  prise  de  Besançon  ainsi  qu'à 
la  iMitatlIe  de  Senef  (1674),  il  Tenait  d^ètre  créé 
roaréchal-de-camp  lorsque  «  au  siège  de  Valen- 
clennes,  il  sauva  peut-être  la  vie  au  roi  en  le 
conjurant  de  s'éloigner  d'un  lien  trop  exposé  au 
canon  ;  un  boulet  passa  an  même  instant  que 
Louis  changeait  de  place ,  à  l'endroit  même  où 
il  s'était  trouvé  (1)  ».  Un  peu  avant  la  mort  de 
son  père ,  il  devint,  par  démission  de  celui-d, 
duc  de  Noailles,  pair  de  France  et  gouver- 
neur du  RoussUkm.  Lorsqu'on  voulut  détruire 
le  calvinisme,  on  lui  confia  le  commande- 
ment en  chef  du  Languedoc  avec  tous  les  hon- 
neurs et  privilèges  des  gouTemenrs  de  cette 
province  (  39  mai  1682  ).  Dès  son  arrivée  il 
fut  accueilli  avec  toutes  les  marques  de  l'es- 
time publique.  Dévoué  au  roi ,  mais  ahnant  le 
peuple,  très-l)on  catholique,  mais  avec  des 
principes  déchanté  etde  moMdéralion,  il  se  fit  un 
devoir  d'exécuter  les  ordres  de  la  cour  et  de  ména- 
ger les  sijjets.  An  milieu  des  circonstances  les  plus 
difficiles,  il  se  montre  sage,  bienfaisant,  affable, 
s'efTorçant  de  calmer  les  justes  appréhensions  des 
religionnalres.  On  ne  lui  laissa  pas  le  choix  des 
moyens  d'exécution.  L'exercice  du  cuKe  interdit  à 
Montpellier, plusieurs  temples  démolis,  des  pas- 
teurs emprisonnés,  les  enfantsen  bas  âge  arrachés 
à  leurs  parents,  des  conversions  obtenues  par  la 
crainte,  le  commerce  de  Nîmes  inquiété,  tels 
furent  les  premiers  actes  qu'il  fit  exécuter,  par- 
fois de  vive  force,  et  qui  eq  pleine  paix  trou- 
blèrent la  provmce.  Cette  persécution  systéma- 
tique exaspéra  les  protestants  et  leur  mit,  en 
quelques  endroits  du  Languedoc,  les  armes  à 
la  main.  Noailles  suspendit  de  tout  son  pouvoir 
les  effets  de  la  répression  :  il  promit  une  am- 
nistie aux  rebelles  du  Vtvarais  qu'il  aurait,  sui- 
vant son  expression,  préféré  d'envoyer  aux  pe- 
tites maisons  que  dans  les  citadelles.  L'impi- 
toyable Louvois  lui  dicta,  dans  sa  lettre  du 
1"  octobre  1683,  un  autre  plan  de  conduite. 
Après  avoir  écarté  l'idée  d'une  amnistie,  il  lui  or- 
donnait «  d'établie  des  troupes  dans  tous  les 
lieux  quil  jugerait  à  propos ,  de  faire  subsister 
lesdites  troupes  aux  dépens  du  pays ,  de  se  saisir 
des  coupables  pour  leur  faire  leur  procès ,  de 
raser  les  maisons  de  ceux  qui  avalent  été  tués 
les  armes  à  la  main  et  de  ceux  qui  ne  revien- 
draient pas  chez  eux  après  qu'il  aurait  été  pu- 
blié une  ordonnance,  de  raser  les  dix  principaux 
temples  du  Vivarals ,  et  en  un  mot  de  causer 
une  telle  désolation  dans  ledit  pays  que  l'exemple 
qui  s'y  ferait  contint  les  autres  religionnalres 
et  leur  apprit  combien  il  était  dangereux  de  se 
soulever  contre  son  roi.  »  Ce  fut  sur  les  ins- 
tances de  Noailles  que  la  cour,  suspendant  pour 
quelques  mois  l'effet  de  ces  iniques  représailles, 
consentit  à  envoyer  Tabbé  Hervé  avec  douze 
missionnaires  pour  suppléer  en  Languedoc  à  la 

(DMlUot,  Mém.  poKt.  a  mUlt.,  rh.  !•'. 


disette  d'ecclésiastiques  zâés  et  suffisamment  ins> 
tmits.  Bientôt,  soit  pour  ménager  son  crédit, 
soit  par  déconragement  ou  faiblesse ,  il  se  borna 
à  mettre  simplement  en  pratique  le  système  de 
la  cour  pour  la  destruction  du  calvinisme.  «  On 
ne  voulait  plus  rien  ménager,  dit  l'abbé  Millot; 
OD  voulait  forcer  les  huguenots  à  devenir  catho- 
liques ;  on  voulait  que  la  terreur  déddftt  et  mnl- 
tipliAt  les  conversions.  Enfin  on  avait  résolu  d'en- 
voyer les  troupes,  au  lieu  de  missionnaires, 
partout  où  il  restait  des  partisans  de  l'hérésie  et 
de  loger  chez  eux  les  soldats  jnsqu*à  ce  que  de 
tels  hdtes  les  fissent  obéir  aux  pieuses  volontés 
du  roi.  »  La  correspondance  de  Noailles  avec 
Louvois  ne  fut  plus  dès  lors  que  le'  journal  de 
ses  opérations  militaires;  il  s*y  conforme  au  lan- 
gage du  ministre ,  et  loin  de  l'éclairer  avec  fer- 
meté sur  le  véritable  état  des  choses,  on  le 
-voit,  lui  si  Judicieux  et  si  passionné  pour  le  bien 
pulilie,  ignorer  en  grande  partie  les  violences 
auxquelles  donna  lieu  la  dragonnade  qu'il  était 
chargé  de  diriger.  Après  la  révocation  de  Tédit 
de  Nantes ,  Il  fit  exécuter  avec  autant  de  fer- 
meté que  de  prudence  les  ordres  terribles  de  la 
cour  (1). 

Rappelé  en  1689,  le  duc  reçut,  en  récom- 
pense de  ses  services,  le  cordon  bleu,  la  com- 
mission de  lever  un  régiment  de  cavalerie  qui 
porterait  le  nom  de  Noailles,  et  le  commande- 
ment de  l'armée  destinée  à  opérer  contre  l'Es- 
pagne; son  brevet  portait  que,  par  la  connais- 
saiice  particulière  qu'il  avait  acquise  du  pays^ 
il  pouvait  y  servir  plus  utilement  qu'un  autre. 
Dès  le  25  juin  1682  il  avait  pris  rang  de  lieute- 
nant général,  et  en  1684  il  avait  secondé  le  doc 
de  Créquy  dans  le  siège  de  Luxembourg.  Les 
contrariétés  qu'il  eut  à  essuyer  de  la  part  de 
Louvois  et  le  peu  de  troupes  que  l'on  mit  à  sa 
disposition  l'empêchèrent  d'abord  de  rien  entic- 
prendrede  remarquable.  D'après  ses  instructions 
il  se  contenta ,  autant  ponr  aguerrif  ses  soldats 
que  pour  tenir  l'ennemi  en  haleine,  de  pousser» 
an  retour  de  la  belle  saison,  une  incursion  ou 
deux  en  Catalogne,  tantôt  vers  le  Lampourdan, 
tantôt  vers  la  Cerdagne^  de  se  ravitailler  aux 
dépens  des  habitants ,  de  ruiner  les  campagnes 
et  de  raser  les  petites  places.  Peu  de  faits  d'ar- 

(1)  Volel  la  toManoe  de  en  ordres.*  Lt  moitié  des  bleos 
des  raUgloooalret  qnl  forUraleiit  da  royaoae  devait  être 
donnée  au&  dénonelateun  (  17  notcmbre  i€Si }.  —  Les 
eabnlB  dea  reNgtonnalrea.  depuis  lige  de  cinq  au  fus- 
qoTa  edot  de  nelie  acoomirtls,  devaient  être  enlevés  à  lenrs 
pères  ptinr  être  élevés  dans  la  religion  eatlwllque  (lt  Jan- 
vier 1686).  —  Défense  aux  religionnalres  d*avotr  des  do- 
meiillqnes  antres  que  catholiques,  à  prine  de  flétrissare 
et  dfs  galêrea  (  OBême  d«te).  —  Coodamnniion  aux  ga- 
lérea  pcrpétaellrs,  avec  eonaacalloo  de  biens,  des  noo- 
veaut  convertis  qnl ,  en  état  de  aMtadIe ,  auraient  refusé 
de  recevoir  les  sacrements  de  rÉgllse  (  M  m^l  idM  ).  ^ 
Les  nooveaai  catholiques,  qui  seraient  pria  sortant  da 
rojwonM  sana  penobston,  seraient  condamnés,  les 
hommes  ant  galèrei  perpétnelles ,  les  femmrs  a  être 
rasées  et  recloaes  pour  le  reste  de  leurs  Jonrs ,  avec  con- 
flscatinn  dea  biens  ;  mêmes  peine*  pour  ceox  qnl  directe- 
ment on  indlrectenent  auraient  contribué  a  Tévaslon 
(  même  date  ).  ■  . 


tn 


NOAILLES 


132 


mes  dam  cette  guerre  méritent  d*ô(re  signalés , 
si  ce  n*est  la  prise  de  Campredon  (  1689)  et 
d^'n^  (1091).  Le  27  mai  1693,  il  fut  un  des 
sept  généraux  qui  obtinrent  le  bftton  de  mare* 
chai.  Aussitôt  il  ouvrit,  conjointement  avec  la 
flotte  du  comte  d'Estrées,  le  siège  de  Roses, 
Tîlle  bien  fortifiée,  dont  la  prise  avait  coûté  en 
1645  près  de  huit  mille  hommes;  il  s'en  empara 
en  qiielques  jonrs^  et  ne  perdit  qu'une  soixan- 
taine de  soldats.  La  campagne  de  1694  mit  le 
sceau  h  sa  réputation  militaire  :  il  battit  le  duc 
d'Escalone  au  passage  du  Ter  (27  mai),  et  oc* 
copa  successivement  Palamos,  Girone,  Ostal- 
Tkh  et  Castel-FoUit;  le  manque  de  renforts  et 
de  subsides  Tempécha  d'achever  la  conquête  de 
U  Catalogne  par  le  siège  de  Barcelone  ou  de 
Lerida,  ainsi  que  l'y  engageait  le  roi. 

Malheoreusement  les  succès  du  duc  furent 
eumprorais  par  la  situation  désastreuse  où  le 
pla^  rincurie  des  ministres.  Le  mécontente- 
ment et  le  désordre  se  glissèrent  parmi  ses 
tronpes;  dénuées  de  tout,  elles  se  livrèrent  au 
pillage,  aux  profanations,  à  des  exactions  de 
toutes  sortes.  Le  duc  manda  au  roi  avec  douleur 
qu'elles  avaient  mis  à  sac  vingt-deui  églises; 
Louis  ne  pourvut  pas  à  leurs  besoins,  mais  il 
s'empressa  d'indemniser  les  églises  dévastées. 
La  ficence  effrénée  des  vainqueurs  provoqua 
un  soulèvement  général  parmi  les  Catalans, 
^foailles ,  las  de  présenter  des  plans  qu'on  n'a- 
doptait pas,  désobéi  de  ses  propres  lieutenants, 
malade  d'ailleurs,  redoutant  surtout  de  perdre 
les  Ikveurs  du  maître,  demanda  son  rappel,  et 
résigna,  en  Juin  169&,  le  commandement  entre 
les  mains  du  duc  de  Voidôme.  En  1700,  lors- 
que le  doc  d'Anjou  alla  prendre  possession  du 
trône  d'Espagne,  il  fut  désigné ,  ainsi  que  le  duc 
de  Beauvilliers  pour  l'accompagner  jusqu'à  la 
frontière.  Ce  fut  le  dernier  acte  public  de  sa  vie; 
La  vive  douleur  que  lui  causaient  les  désastres 
de  la  France  abr^ea  ses  jours,  suivant  l'abbé 
Millot,  ainsi  que  le  chagrin  de  voir  son  frère,  Tar- 
dierAque  de  Paris,  en  butte  à  la  persécution  pour 
le  lîTre  de  Quesnel.  Il  ressentit  le  contre-coup 
des  préventions  du  roi  contre  ce  prélat,  comme  il 
le  marquait  à  son  fils  dans  sa  correspondance. 
«  Je  suis  ici,  disait-il  »  dans  la  foute,  avec  nulle 
dtttinction  ni  marque  de  longs  services  rendus; 
mais  je  n'ai  pas  manqué  de  zèle  ni  d'attaclie- 
ment.  »  Saint-Simon,  le  représente  comme  un 
courtisan  achevé,^  qui  mourut  de  gras  fondu  ». 
n  Jamais  homme  plus  renfermé ,  plus  mysté- 
rieux ,  ni  plus  profondément  occupé  de  la  cour; 
poini  d'homme  si  bas  pour  tous  les  gens  en 
place,  point  d'homme  si  haut  dès  qu'il  le  pou- 
vait, et  avec  cela  fort  brutal...  Le  roi,  qui 
était  l'idole  à  qui  il  offrait  tout  son  encens, 
dant  devenu  dévot,  le  jeta  dans  la  dévotion  la 
plus  afflchée.  H  communiait  Ions  les  huit  jours 
et  quelquefois  plus  souvent...  Avec  tout  cela 
ce  n*étaK  ni  un  méchant  homme  ni  un  malhon- 
nête homme»  ety  quoique  très-avare  de  crédit. 


il  n'a  pas  laissé  de  faire  des  plaisirs  et  de  rendre 

des  services.  Il  plaisait  au  roi  par  son  extrême 

servitude  et  par  un  esprit  fort  au-dessous  du 

sien,  à  Mniede  Maintenon  aussi,  an  contraire 

de  sa  femme,  qu'ils  n'aimaient  point  et  dont  ils 

craignaient  l'esprit ,  les  menées ,  la  hardiesse.  » 

La  duchesse  de  Noaillbs  ,  née  Morie-Fran- 

çoùe  de  BournonvilUf  née  le  15  août  1654  et 

morte  le  16  juillet  1748,  parvint  jusqu'à  l'extrême 

vieillesse;  c'était  une  femme  d'un  rare  mérite, 

magnifique ,  libérale ,  l>onne  et  douce,  qui  compta 

beaucoup  d'amis ,  Fénekm  entre  autres ,  et  qui , 

à  force  d'esprit  et  d'adresse ,  gouverna  à  son 

gré  tous  les  ministres  et  tous  les  gens  en  place  » 

«  et  tout  cela  sans  bassesses  ».  De  ce  mariage 

sont  issus  vingt  et  un  enfants,  parmi  lesquels 

on  renuurque  Àdrien'Maurice  (  Vof.  ci-aprts.  ) 

P.  L— T. 

MorérI ,  Grand  DIet.  kM,  —  Pioard.  Ckrùnol.  mlM., 
Itl.  —  De  QalDcy.  Hitt.  tnUUaire,  —  Satnl^mon,  Mé- 
moiraf ,  I,  Il  et  iV  { MU.  Cliéruel  |.  -  Millot ,  Jftfmoim 
polUiqwM  et  miUtahres  pour  server  à  FkM,  de  Lauù  Xir 
et  de  Louis  X^ ,  llv.  I  à  VIll.  -  De  Conrcdiei,  Diei. 
hUt  dee  çénéramx  frtmçaU.  —  Ch.  de  La  Rue,  Oraieon 
funèbre  d'Mnne^ules  de  NoaUleSi  Parte,  iTOt,  tn-4«. 

ROâiLLBS  { Adrien  '  Maurice  f  duc  db), 
mar«k:hal  de  France,  fils  du  précédent,  né  le 
39  septembre  1676,  à  Paris ,  où  il  est  mort,  le 
24  juin  1766.  Dans  sa  jeunesse  il  porta  le  titre 
de  comte  d'Ayen.  Il  avait  à  petue  quatorze  ans 
lorsqu'il  entra  dans  la  carrière  des  armes  :  ad- 
mis en  1692  dans  les  mousquetaires,  il  devint 
en  1693  cornette,  puis  capitaine  dans  le  régiment 
de  Noailles  (cavalerie),  et  fit  sa  première  cam- 
pagne sous  les  yeux  de  son  père,  en  Catalogne, 
où  il  assista  au  siège  de  Roses,  à  !a  bataille  du 
Ter,  à  la  prise  de  Palamos  et  de  Girone.  A  la  fin 
de  1694  il  fut  nommé  colonel,  conduisit  son  régi- 
ment en  Flandre  et  servit  sons  le  maréchal  de 
Boufllers  jusqu'à  la  paix  de  Ryswick  (septembre 
1697  ).  L'année  suivante  il  épousa  une  nièce  de 
M*"*  de  Maintenon,  Françoise  d'Aubigné,  fille 
du  comte  Chartes  d'Aubigné,  et  dont  la  main 
était  un  objet  d'ambition  pour  les  premières 
maisons  dn  royaume.  Le  roi  avait  eu  grande 
envie  de  la  donner  au  prince  de  Marslllac,  petit- 
fils  du  duc  de  La  Rochefoucauld  ;  mais  la  mar« 
quise,  déjà  liée  d'amitié  avec  le  maréchal  et  le 
cardinal  de  Noailles ,  proposa  le  comte  d^Ayen, 
et,  après  quelques  difficultés ,  ce  choix  fut  a(^. 
Le  mariage  fut  conclu  à  Versailles,  le  l«r  avril 
1698.  Une  lettre  de  Mn^de  Mahitenon  àM>n«de 
Saint-Géran  peint  la  satisfaction  qu'elle  ressen- 
tait de  cette  alUancer  :  «  J'établis  ma  nièce  ;  la 
chose  est  faite  :  ainsi  dépêehezrvous  ;  il  me  faut 
▼ite  un  compliment.  Il  en  coûte  à  mon  frère 
cent  mille  livres,  à  mol  ma  terre,  au  roi  huit 
cent  miUe  lirres.  Vous  voyex  que  la  gradation 
est  a»ser  bien  observée  (1)...  Voilà  une  belle 
alliance':  îe  maréchal  en  mourra  de  joie.  Son  fils 
est  sage;  il  aime  le  roi  et  en  est  aimé;  il  craint 

(1)  Oatre  ces  lUwralitéi,  le  eomte  d'Ayea  reçut  encpre 
dn  roi  les  gou? erneneoti  du  Bouullloo  et  da  BeirL 


123 


NOAILLKS 


124 


Dicn,  et  fi  en  sera  béni  ;  il  a  on  beaa  régiment, 
et  00  y  joindra  des  pensions  ;  il  aime  son  métier, 
et  il  8*y  dîRtingoera.  Enfin  je  suis  fort  contente 
de  cette  affaire.  »  Elle  n*eut  pas  lieu  de  s'en 
repentir,  et  trouva  dans  le  comte  d*Ayen  les  soins 
et  rafTection  d*un  fils;  aussi  pour  prix  de  ses 
sentiments  lui  montra-t-elle  les  routes  secrètes  de 
la  oonr  et  fit-elle  valoir  à  propos  les  services 
qu'elle  le  mit  à  portée  de  rendre  à  l*État.  Au 
mois  de  décembre  1700,  il  accompagna  jusqu'à 
Madrid  le  duc  d'Anjou,  qui  allait  prendre  pos- 
session du  trône  d'Espagne ,  et  rejoignit  en 
1701  les  drapeaux  de  Villeroi  dans  le  Luxem- 
bourg. Nommébrigadier  en  janvier  1 702,  il  marcha 
avec  l'armée  d'Allemagne  et  combattit  à  Frede- 
lingen,  à  la  prise  de  Brisach  et  de  Landau,  et  k 
Hochstedt.  U  devint  maréchal  de  camp  le  36  oc* 
tobre  1704. 

Un  brevet  du  21  janvier  1704  lui  avait  permis 
de  porter,  sur  la  démisaioD  de  son  père,  le  titre 
de  duc  de  Noailles.  Envoyé  l'année  suivante  à 
l'armée  d'Espagne,  il  y  servit  durant  sept  cam- 
pagnes consécutives,  et  gagna  péniblement,  dans 
cette  guerre  de  montagnes,  remplie  de  marches 
et  de  contre-marches,  de  siège»  et  d'engagements 
partiels,  la  réputation  d'un  capitaine  prévoyant, 
sage  et  résolu  è  la  fois.  Comme  son  père,  il  eut 
sans  oesae  à  lutter  contre  le  mauvais  vouloir  et 
l'incurie  des  ministres,  l'indiscipline  de  ses 
troupes ,  les  pilleries  des  fournisseurs,  l'antago- 
nisme des  cours  de  Madrid  et  de  Versailles  ; 
tantôt  général,  tantôt  diplomate,  il  commença, 
manqua  et  reprît  encore  des  opérations  mili- 
taires ou  des  négodaftions,  dont  on  motif  misé- 
rable, la  jalousie,  le  besoin  d'argent  ou  l'intrigue, 
éloignait  sans  cesse  rbeureiise  issne.  Dana  cette 
lutte  sans  gtoire,  où  la  France  épuisa  ses  der- 
nières ressoopees ,  il  ent  le  mérite  de  servir  le 
roi  avec  un  entier  dévouement  et  de  l'éclairer 
plus  d*niie  IoIb  sur  ses  véritables  intérêts.  H 
serait  trop  fastidîeox  d'entrer  dans  les  détails 
de  la  conduite  guerrière  et  diplomatique  du  duc 
4e  Noailles,  dont  l'abbé  Miiloe,  son  biographe,  a 
bissé  d'ailleora  des  mémoires  si  complets;  on 
résnroé  rapide  caffira  à  en  f^lre  apprécier  les 
traits  pHneipaax.  Après  avoir  dès  1705  ravr> 
taillé  Roses,  il  joignit  en  1706  le  maréchal  âe 
Tessé,  remporta  qoelqoes  avantages  sur  les 
partisans  de  l'archiduc  et  fit  rentrer  dans  l'ô* 
béisfiance  une  partie  de  la  Catalogne;  la  levée 
du  siège  de  Baroèlooeet  la  retraite  des  Français, 
pendant  laquelle  il  combattit  avec  vafeur  à  PSar- 
rière-garde ,  mirent  à  néant  les  promesjtes  de 
celte  campagne,  si  bien  commencée.  On  reconnut 
néanmoins  les  talents  qu'il  y  avait  déployés  par 
le  grade  de  liealenant  général  { 39  mai  1706),  et 
on  lui  donna  le  commandement  d'une  armée  de 
réserve,  dite  du  fioussillon,  dont  les  cadres,  plss 
d'à  moitié  dégarnis,  ne  lui  permirent  d'entre- 
prendre aucune  diversion  utile.  Ses  plus  redou- 
tables ennemis,  suivant  une  expression  du  duc 
d'Oriéans,  c'étaient  la  faim  et  la  misère.  Aussi 


passa-til  les  deux  années  suivantes  à  couvrir  la 
rrontière,  à  lever  des  contributions  sur  les  vil- 
lages sans  défense,  à  fortifier  des  postes  isolés, 
et  à  envoyer  à  Torcy  et  à  Chamillard  des  plans 
que  la  détresse  du  trésor  rendait  impraticables. 
En  1709  il  tailla  en  pièces  la  garnison  de  Fi- 
guières  et  lui  enleva  cinq  cents  prisonniers  ;  puis, 
par  une  manœuvre  hardie,  déjà  exécutée  avec 
succès  en  1640  pardon  Juan  d'Autriche,  il  par- 
vint jusques  sous  les  murs  de  Girone,  dont  il  se 
disposait  à  faire  Te  siège  lorsque  la  cour  le  rap- 
pela dans  le  Roussillon.  On  l'y  retrouve  en  1710 
fort  occupé  de  réparer  les  désastres  causés  par 
le  rigoureux  hiver  qui  venait  de  s'éoouler.  Comnoe 
il  campait  au  Boulon  au  delà  de  Perpignan,  il 
reçut  le  25  juillet  du  duc  de  Roquelaure,  com- 
mandant en  Languedoc,  la  nouvelle  du  dôbar- 
quement  d'une  flotte  de  vingt-quatre  vaisseaux 
anglais  dans  cette  province  ;  un  seul  jour  avait 
sufii  à  l'ennemi  (KHir  s'emparer  sans  résistance 
des  ports  de  Cette  et  d'Agde  et  pour  menacer 
Béziers.  Le  duc  de  Noailles,  frappé  de  rimmi- 
nence  du  danger,  n'attendit  aucun  ordre,  et 
amena,  par  une  marche  forcée ,  au  secours  de 
Béziers,  neuf  cents  chevaux,  mille  grenadiers  et 
un  train  d'artillerie;  après  s'être  concerté  avec 
Roquelaure,  il  occupa  Agde,  tomba  à  l'impro- 
viste  sur  les  Anglais,  qui  s'étaient  retranchés  à 
Cette  et  les  chargea  avec  tant  d'impétuosité  qu^l 
les  força  en  quelques  heures  de  se  rembarquer 
et  de  mettre  au  ()lus  vite  à  la  voile.  On  ne  p^- 
dit  qu'un  soldat  dans  ce  coup  de  main,  conduit 
avec  une  diligence  rare  à  cette  époque.  «  Le 
peuple  de  Paris,  écrivit  à  son  neveu  M<nede 
Maintenon,  dit  que  si  vous  êtes  arrivé  le  jour 
que  Ton  marque,  le  diable  voud  a  porté.  »  Le 
roi  de  son  côté,  meilleur  juge  en  ces  matières, 
lui  adressa  de  grands  éloges.  «  Votre  sèle  et 
votre  bonne  volonté,  dit-il,  vous  ont  tait  vaincre 
des  difficultés  qui  auraient  paru  insurmontables 
à  beaucoup  d'autres.  Jamais  marche  de  troupes 
n'a  été  faite  avec  plus  d'activité  et  de  vigjlanne, 
et  il  n'est  presque  pas  croyable  que  voua  ayez 
pu  arriver  du  camp  où  vous  étiez  ap-delà  de 
Perpignan  en  moins  de  trois  joure»  surtoot 
conduisant  avec  l'infanterie  douze  pièces  de 
canon.  » 

De  retour  en  Roussillon  (6  août  1710),  Noailles, 
ayant  appris  que  les  conférences  de  Gertruydem- 
bêrg  étaient  rompues,  insista  plus  que  jamais 
auprès  de  la  cour  de  Versailles  pour  taire  ap- 
précier l'importance  de  la  possession  de  Gi- 
rone. La  déroute  de  Saragosse  ajourna  toute 
reprise  d'hostilités.  LauIs  XIV,  dc^cidé  à  obtenir 
la  paix  à  tout  prix,  chargea  le  duc  d 'amener  son 
petit-fils  à  ses  vues  (septembre  }710).  La  mis- 
sion était  délicate  et  tout  à  (ùi  contraire  aox 
sentiments  personnels  de  Noailles.  D'après  ses 
instructions  il  devait  presser  PhiUppe  V  de  sa- 
crifier sa  couronne,  s'il  n'était  plus  en  état  de  la 
soutenir,  et  de  se  contenter  en  échange  d'Un 
fiûbleapanag0y  tel  que  la  Sicile  et  la  Sardaigne; 


125 


EGAILLES 


12& 


ée  hii  déclaier  rabMdon  fomd  de  ta  France, 
de  diftstper  ses  iUaMoiia,  de  laisser  entrevoir 
enfin  èk  possibilité  d'une  gnerre  entre  raïeol  et 
le  pHit-às  si  ee  dernier  ne  renonçait  à  aucune 
de  ses  prétentions.  Le  doc  rejoignit  la  oonr 
d'Espagne  an  OBoment  oti ,  diassée  de  Madrid 
par  Tarcbiduc  d'Autriche  Tiotoricoit ,  elle  venait 
eherdier  un  asile  à  Valladolid.  Ce  teC  en  vain 
qa'il  plaida  la  eanse  de  ia  pai\  :  en  dépit  des 
laisoas  qn'il  pot  allégneret  des  meilkeûfs  qu'il 
fit  pressentir,  Philippe  V  ne  Tonint  jimais  s'a- 
vouer vaincu;  il  persista  à  comhaCtre,  assurant 
qne  l'opinion  publique  était  pour  lui  et  qu'avec 
cinqiianèe  mille  soldats  fidèles  rien  n'était  dé- 
aespéré.  La  senle  chose  déoisive  quli  put  tirer  de 
lui  fut  la  promesse  de  fafa^  tout  ce  qu'on  vou- 
drait pourvu  qu'on  lui  laissât  l'Espagne  et  les 
Indes. 

Pour  se  oonformer  au  désir  de  Philippe, 
Noailles  rapporta  Ini-mème  à  Louis  XIV  la  ré- 
ponse de  ce  prince  et  Kinforma  au  naturel  de 
de  l'état  des  choMS.  Il  ranima  les  espérances,  il 
inspira  des  résolutions  vigonreuses,  et  le  siège 
de  Girone  fut  de  nouveau  décidé.  Au  début  de 
riitYer,  et  lorsque  Yendôme  reprenait  l'ofTensive 
dans  la  Castille.il  pénétra  en  Catalogne  (15  no- 
vernlHY  17 10)  ;  mais,  par  sinte  do  mauvais  temps, 
il  n'arriva  devant  Girone  que  le  15  décembre. 
Les  phiies  continuelles,  te  débordement  des  ri- 
Tières,  la  défense  opiniâtre  des  aesiégés,  la  ri- 
goeur  de  la  saison ,  rien  ne  la  découragea  :  it  sur- 
monta tous  les  obstacles,  et  reçut  le  25  janvier 
l'tt  la  capitulation  de  cette  place,  où  son  père 
éUàt  entré  en  maître  dix-sept  ans  auparavant. 
Cette  expédition,  qui  fut  aussi  utile  au  rélablis- 
nement  de  la  paix  que  la  victsire  de  Villaviciosa, 
lui  valut  la  grandesse  d'Espagne,  que  le  roi  lui 
peniiit  d'accepter.  De  concert  avec  Vendôme,  il 
dressa  le  plan  de  la  campagne  suivante.  En 
même  temps  il  reçut  de  son  gouvernement  l'ordre 
de  S€  rendre  une  seconde  fbis  auprès  de  Ph^- 
lippe  V  et  de  le  décider  à  la  poix.  Sa- négociation 
dura  plus  de  six  mois,  et  eut  peu  d'effet;  il  de« 
mamte  son  rappel,  et  fit  donner  au  marquis  de 
Boonaee  le  titre  d'ambassadeur  qu'on  lui  avaft 
oflert  D'après  Saint-Simon,  qui  ne  l'aimait  pas, 
il  eut  «  on  ordre  sec  et  précis  »  de  revenir,  et  Ait 
très> froidement  reçu  par  le  roi,  M^^de  Mainte- 
non  et  la  Danphine.  Ltntrigoe  suivante  aurait, 
dit-on ,  suffi  à  motvver  celte  prompte  disgrftoe. 
Pmdant  son  séjour  à  la  cour  d'Espagne,  Iloailles 
avait  afp  de  concert  avec  le  marquis  d'Aguillir 
pour  donner  une  mattresse  à  Philippe  Y,  qui 
s'éloignait  de  plus  en  plus  de  sa  femme,  attaquée 
depuis  longtemps  des  écroucAes,  qui  la  condui- 
sireot  au  tondwan  ;  ils  espéraient  par  cette  fulfe 
de  jouer  eux-mêmes  dans  la  monarchie  le  rôle 
de  la  princesse  des  Ursins.  «  Ils  prirent  le  roi  » 
raeonte  Saint-Simon,  par  le  foible  qu'ils  lui 
connaissaient  sur  sa  santé  et  lui  firent  peur  de 
gagner  le  mal  de  la  reine.  Ce  soin  pour  sa  cou- 
servatioo  iat  aasec  bien  reçu  pour  leur  donner 


espérance  ;  Ils  continuèrent',  elle  augmenta  ;  ils 
plaignirent  le  roi  sur  ses  ttesotos ,  ils  battirent 
la  campagne  sur  la  force  et  les  raisons  de  né- 
cessité; en  on  mot,  ils  loi  proposèrent  une  mat- 
tresse.  Tout  allait  bien  jusque-là ,  mais  le  mot 
de  mattresse  eff&roncha  ia  piété  du  roi ,  et  les 
perdit.  •  Quoi  qoli  en  soit  de  la  véracité  de 
cette  intrigue,  5oaHtes,  frappé  d'une  sorte  de 
défsTair,  ne  fnt  plus  employé  qu'à  la  mort  de 
Louis  XIV,  et  noua  dès  lors  des  relations  ac- 
tives avec  le  doc  d'Orléans  et  son  parti. 

Après  la  mort  du  roi ,  le  duc  de  Noailles  entra 
dans  le  conseil  général  que  le  régent  avait  ins- 
titué de  sa  propre  autorité  pour  veiller  à  la  di- 
rection suprême  des  affaires.  Cette  haute  faveur 
lui  permit  de  déployer  dans  tout  son  jour  l'apti- 
tude adnrinistvative  dont  il  avait  donné  maintes 
prei rves  au  milieu  des  opérations  de  guerre  et  de 
cabinet.  Appelé  à  présider,  sous  le  maréchal  de 
Yilleroi ,  te  conseil  des  finances  (74  septembre 
1715),  il  supporta  à  peu  près  seul  le  fardeau  de 
ce  ministère ,  le  plus  lourd  et  le  plus  dangereux 
de  tous.  Passionné  pour  le  bien  public,  il  s'ap- 
pliqua à  juger  de  tout  par  lui-même,  examina 
les  détails  sans  perdre  les  prinripes  de  vue,  et 
ne  sépara  point  les  intérêts  de  la  couronne  de 
ceux  de  la  nation.  La  pénurie  du  trésor  royal 
était  telle  que  Ton  constata  tout  d'abord  on  dé- 
ficit de  77  millions  pour  les  dépenses  courantes  » 
une  quantité  énorme  de  dettes  exigibles,  et  le 
revenu  de  deux  années  consomé  d'avance.  Sur 
la  proposition  ou  avec  le  concours  de  Noailles , 
on  réduisit  l'intérêt  des  rentes ,  on  supprima  une 
foule  d'offices  privilégiés ,  on  régla  les  pensions, 
on  ordonna  la  révision  des  comptes,  on  diminua 
les  tailles ,  on  réforma  les  troupes  et  la  maison 
du  roi,  on  autorisa  l'exportation  des  grains. 
Une  mesure  mauvaise  en  soi,  mais  qui  parut  né- 
cessaire, fut  l'altération  des  monnaies;  l'État  en 
retira  enriron  72  millions  de  bénéfice.  En  1716, 
le  doc  eut  la  pins  grande  part  à  la  conversion 
des  bons  royaux,  tombés  dans  te  discrédit,  en 
billets  de  l'État,  et  h  l'établissement  d'une 
chambre  de  justice  chargée  de  sévir  contre  les 
traitants  et  de  rechercher  l'origine  des  fortunes 
mal  acquises  (1).  Dans  le  conseil  du  commerce, 
qu'il  présida  également  et  qui  fut  de  création 
postérieure,  il  parvint  à  foire  supprimer  plu- 
sieurs prohibitions  onéreuses  ainsi  que  l'ImpOt 
des  t  sois  pour  livre.  L'esprit  d'ordre  et  de  sa- 
gesse dont  ii  était  animé  (2)  l'éclaîra  de  bonae 

(1)  Ce  rlgonreai  mojen  n*étatt  pas  aiHiveaii,  puisque 
Salljr  et  Coibert  Pavaient  déjà  Mnpiojé  avec  anccéa.  La 
etiaobre  siégea  de  mars  1716  à  Jiila  1717  t  eUe  taas 
4,iT0  penonikps,  ia  plupart  sans  palrimoioe  et  sans  oala- 
aaner,  et  sur  la  totaJIte  de  leurs  biens  estimés  i  près  de 
800  mUllons.  elle  leur  en  M%%»  its,  toutes  dettes  payées. 
Les  frats  de  juitloe  s'elrTéreiit  sealemeat  a  1,tOO  mlUe 
livres.  Ceai  du  tribunal  établi  eo  1661  par  Coibert  avaient 
été  de  16  millions  en  bnit  années. 

(1)  Le  Mémoire  <fn*il  lut  en  Juin  1717  an  conseil  det 
finances  est  la  meilleure  prenve  qu'on  peut  donner  de  sa 
capacité  et'de  la  droiture  de  ses  vues.  An  nombre  des 
moyens  qu'il  croyait  propres  à  rétablir  les  finances ,  U 


127 


KOAILLES 


128 


heoi'e  sor  réxtréine  péril  où  les  opérations  har- 
dies de  Law  allaient  jeter  TÉCat;  après  avoir 
applaudi  à  la  création  de  la  banque  générale  pro- 
posée en  mai  1716  par  le  financier  écossais,  il 
a'unit  au  chancelier  Daguesseau  pour  le  com- 
battre et  partagea  son  honorable  dingrAce  :  forcé 
de  résigner  ses  fonctions  de  président,  il  de- 
meura simple  membre  du  conseil  de  régence 
(28  janvier  1718).  Biais  le  crédit  dont  il  jouissait 
toujoure  auprès  du  duc  d'Orléans  inspira  de 
l'ombrage  au  cardinal  Dubois,  qui  finit  en  1722 
par  le  faire  exiler  dans  ses  terres.  Il  ne  fut 
rappelé  qu'en  novembre  1723,  après  la  mort  de 
ce  personnage  (1). 

Pendant  dix  ans,  Noailles  ne  revint  point  anx 
affaires;  la  confiance  et  l'estime  qa*avait  placées 
en  lui  le  cardinal  de  Fleury  lui  permirent  néan- 
mohis  de  s'y  mêler  dans  une  certaine  mesure.  Le 
cardinal  était  dévoué  à  sa  famille,  et  tons  deux 
paraissaient  cordialement  unis.  Lorsque  la  guerre 
éclata  contre  l'empereur  (1733),  il  offrit  ses  ser- 
vices, et  fut  attaché  k  l'armée  d'Allemagne  sous 
les  ordres  du  maréchal  de  Berwick.  Cliargé  en 
1734  de  l'attaque  des  lignes  d'EttUngen,  il  les 
força  aisément,  et  rejoignit  Tarmée  sous  les  rem* 
parts  dePhilipsbourg.  Après  la  mort  de  Berwick, 
on  lui  remit  la  conduite  des  opérations  ainsi  qu'à 
d'Âsfeld  ;  l'un  et  l'autre  reçurent  le  même  jour 
le  bftton  de  maréchal  et  le  commandement  en 
chef  (14  juin  1734).  Philipsbourg  capitula  au  bout 
de  cinq  semaines  ;  mais  cette  campagne  n'abou- 
tit à  aucun  résultat  important  Le  partage  de 
l'autorité  n'avait  produit  que  jalousie  et  impuis- 
sance. D'Âsfeld,  défiant  et  entêté,  affectait  de 
ne  point  consulter  son  collègue;  Noailles,qui 
devait  lui  obéir  et  le  redresser  à  la  fois,  se  plai- 
gnait sans  cesse.  Sa  correspondance  à  celte 
époque  prouve  qu'il  n'avait  rien  perdu  de  son 
activité.  «  Jamais,  dit  Millot,  général  n'écrivit 
plus  au  milieu  des  camps;  sa  tente  pouvait  se 
comparer  au  cabinet  d'un  ministre  et  quelque* 
fois  d'un  homme  de  lettres.  »  La  retraite  du  ma- 
réchal d'Asfeld  lui  permit  enfin  d'agir  seul;  il 

propote,  dans  les  cm  de  DéecMlté,  une  ImpodUon  gé- 
nérale tnr  toat  le  eorpa  de  l'État,  et  en  teospa  ordinaire 
la  taille  proportionnelle.  Ce  rapport  remarquable  a  été 
Inaéré  loat  entier  par  ForbonnaU  dana  lea  iUekerekêi 
sur  têt  jlnoncea  de  France  (BSle,  17IS,  l  vol.  In-4*). 

(I)  Dubois  raceosa  vagnement  de  n'avoir  pas  été  étran- 
ger aai  Intrlgnea  de  la  dneheiae  du  Maine;  aa  bante 
poalUon  et  ion  tnfluenee  étalent  dea  molUi  auMsanta  d'é- 
lolgnement  Lors  de  l'entrée  de  Dobob  an  conseil  de 
régence,  presque  tons  lea  nenbrca  a'abatlnrent  tout 
d'abord  d'7  stéger  avee  lui;  une  dlapnte  s'éleva  qui  se 
termina  par  dea  lettrée  de  caebeL  Le  Jonr  même  qu'elle 
commença,  Moallles  ayant  rencontré  le  nonvean  mi- 
nistre au  Louvre,  lui  dit  :  «  Cette  Jonmée  sera  fameuae 
dans  l'histoire,  Monalenr  :  on  n'oubliera  pas  d'j  mai^ 
qner  que  votre  entrée  dana  le  eonaell  en  a  lait  déserter 
les  grands  dA  rojaume.  ■  Lorsque  la  majorité  du  roi  fut 
déclarée,  TetU  de  MoalUea  eesa.  Dés  quil  reparut  à  là 
eour,  le  régent  rembraïaa  tendrement,  et  lui  protesta 
qve  tt  dlsgrâee  éUlt  le  fait  de  ce  ewnfUm  de  eardinnU. 
m  Bé  bien,  que  dlrona^nonsf  »  aJonts-t-U  avee  une 
sorte  d'embarraa.  Noallles  répondit  en  homme  d'esprit  : 
Pqx  virti,  r«v»<es  d^funeiis.  Le  lendemain  de  cette  cn- 
tfcvoe,  le  régent  mourut  d'apoplexie. 


.  ramena  ks  troupes  dans  l'Alsace,  et  y  passa 
l'hiver.  Au  moment  où  il  espérait  recueillir  au- 
delà  du  Rhin  le  fruK  de  ses  travaux,  on  jugea 
qu'il  servnnit  plus  utilement  en  Italie  sous  les 
ordres  du  roi  de  Sardaigne ,  à  qui  les  traités 
donnaient  le  pouvoir  de  généralissime  (34  fé- 
vrier 1735).  Arrivé  à  Turin  le  9  mara,  il  reçat 
les  marques  de  distinction  les  plus  flatteoses, 
et,  plus  adroit  ou  plus  heureux  que  Coigny  et 
Broglie,  ses  prédécesseun ,  il  parvint  à  voir  ses 
plans  approuvés  du  roi.  Dans  l'espace  de  quel- 
ques semaines ,  il  occupa  les  chAteaux  de  Goa- 
zagne  et  de  Regglolo,  gagna  le  tombal  de  Ré- 
vère, traversa  le  Mincio  et  prépara  le  blocus  de 
Mantoue,  le  dernier  refuge  des  Impériaux  en 
Italie.  L'armistice  conclu  directement  par  le  car- 
dinal de  Fleury  avee  l'empereur,  et  sans  le  con- 
cours des  alliés ,  l'obligea  de  suspendre  les  hosti- 
lités. On  eut  recoon  à  lui  pour  négocier  les  ar- 
rangements nécessaires  à  la  conclusion  delà  paix, 
mifision  qui,  selon  ses  expressions,  n'était  ni 
facile  ni  agréable,  puisqu'il  lui  fallut  des  ména- 
gements infinis  et  autant  de  prudence  qœ  de 
fermeté  non -seulement  pour  amener  l'évacuation 
de  l'Italie ,  mais  pour  satisfaire  les  intérêts  et 
l'orgueil  blessé  des  rois  de  Sardaigne  et  d'Es- 
pagne, que  l'on  avait  gagnés  par  des  promesses. 
La  mort  de  l'empereur  Charles  VI  alluma  une 
guerre  aussi  furieuse  que  celle  qui  avait  suivi  la 
mort  de  Charies  II ,  roi  d'Espagne.  Dès  que  la 
France  y  prit  part,  le  due  de  Noallles,  dont 
TAge  ne  ralentissait  pu  l'ardeur,  fut  envoyé  sur 
les  frontières  du  noitl  (21  août  1743)  et  mit  tous 
ses  soins  à  les  garantir  de  l'invasion  dont  elles 
étaient  menacées.  Il  commença  dès  lora  avec 
Louis  XV  et  continua  pendant  quelques  années 
une  correspondace  particulière,  pleine  de  zèle  et 
de  franchise ,  et  dans  laquelle  il  traita  d'une  fa- 
çon exacte,  quoique  un  pen  diffuse,  les  matières 
les  plus  importantes  de  la  guerre  et  de  l'admi- 
nistraUon.  Il  lui  conseilla  même,  dans  un  long 
mémoire,  de  ne  point  donner  de  successeur  au 
cardinal  de  Fleury,  de  ne  jamais  prendre  ni  fa- 
vori ni  premier  ministre,  et  de  gouverner  au- 
tant que  possible  par  lui-même.  Le  roi  goûta  les 
raisons  du  maréchal,  et  voulut  qu'il  eût  entrée 
au  conseil  avec  le  rang  de  ministre  d'État  (  10 
mare  1743).  Appelé  le  i*'  avril  suivant  an  com- 
mandement de  l'armée  d'Allemagne,  il  prit  ses 
mesures  avec  beaucoup  d'habileté  :  paf  les  di- 
vers postes  quil  occupa,  il  resserra  et  «fTama 
tellement  les  alliés  dana  leur  camp  que  Geor- 
ges II,  roi  d'Angleterre,  ayant  entrepris  dans 
une  marche  nocturne  de  se  rapprocher  de  Franc- 
fort, se  trouva  bientôt  enfermé  dans  la  plaine 
étroite  de  Dettingen,  ayant  d'un  cêté  des  colline», 
des  bois  et  des  marais  et  de  l'autre  le  Mein  dé* 
fendu  par  des  batteries.  On  pouvait  regarder  la 
victoire  comme  infaillible  ;  l'intempestive  bra- 
voure du  duc  de  Graramont,  neveu  du  mare- 
chai,  fit  échouer  le  projet  le  mieux  concerté  et 
occasionna  un  combat  sanglant,  oh  la  perte  fut 


139 


NOAILLES 


130 


égaJe  et  qui  ne  décida  rien  (27  juin  1743). 
Noailles  laissa  cinq  mille  hommes  sar  le  champ 
de  bataille,  repassa  le  Mein,  et  se  tint  à  portée 
de  soutenir  le  maréchal  de  Coigny.  Ce  fut  à 
cette  époque  que,  frappé  de  la  position  critique 
des  années  françaises.  Il  demanda  au  roi,  pour 
le  seconder,  le  comte  de  Saxe,  dont  il  avait  ap- 
précié le  génie  militaire  an  siège  de  Philipsbourg; 
mais  le  roi  désapprouva  momentanément  ce 
choix,  en  reprochant  au  comte  son  humeur  légère 
et  peu  souciante,  son  amlntion  d'être  souverain 
et  surtout  sa  qualité  de  huguenot. 

Une  suite  d^opérations  malheureuses  isola  la 
France,  et   faillit  l'exposer  à  supporter  seule 
tout  relTort  de  la  coalition.  Noailles,  qui  avait 
toqjours  Toreille  du  roi,  lui  remontra  vivement 
combien  l'on  devait  avoir  de  sujets  d'alarmes  : 
la  désorganisation  et  le  petit  nombre  des  trou- 
pes, rabsence  d'hommes  capables  dans  les  af- 
faires, le  peu  de  crédit  dans  les  cours,  les  fron- 
tières menacées  d'une   invasion.  D'après  les 
conseils  da  maréchal,  Louis  XV  résolut  de  raf- 
fermir les  courages  ébranlés   en  se  montrant 
enfin  à  la  tète  des  armées  ;  comme  l'année  1743 
était  déjà  avancée,  il  ajourna  son  projet  à  la 
campagne  prochaine.  En  attendant,  et  pour  que 
la  guerre  offrit  des  chances  de  succès,  Noailles 
travailla  activement  à  recruter  des  alliés  parmi 
les  princes  d'Allemagne.  Non-seulement  il  eut 
la  principale  part  à  toutes  les  négociations  dont 
Cbavigny  fut  chargé  i  Francfort,  mais  il  saisit 
avidement  Toccasion  de  renouer  avec  le  roi  de 
Prusse  une  alliance  qu'il  eut  le  bonheur  de 
voir  réussir,  en  dépit  des  intrigues  de  la  cour. 
Après  le  renvoi  d'Amelot  (26    avril  1744), 
Louis  XV  avait  déclaré  qu'il  tiendrait  lui-même 
le  portefeuille  des  affaires  étrangères  ;  il  per- 
sista six  mois  dans  cette  résolution,  on  plutôt  il 
en  laissa  tout  aussi  iougtemps  la  direction  an 
maréchal  (1).  Ce  dernier,  sans  cesser  de  con- 
duire les  grandes  négociations  qui  étaient  sur 
le  tapis,  avait  pris  dès  le  f  avril  le  comman- 
dement de  l'armée  de  Flandre  ;  il  occupa  Menin 
et  ladlita  au  roi,  qui  vint  au  camp  dans  le  mois 
de  juin,  la  prise  d'Ypres  et  de  Fumes.  A  la  fin 
de  juillet,  il  se  rendit  dans  l'Alsace,  province 
qw  le  prince  Charles  de  Lorraine  venait  d'en*» 
vahir,  se  concerta  avec  les  ducs  de  Belle- Isle  et 
de  Coigny,  atteignit  les  Autrichiens  dans  les  en- 
virons de  Haguenan  et  leur  livra  un  sanglant 
comlnt,  qui  dura  toute  une  journée  (  23  août  )  ; 
le  lendemain,  lorsqu'il  se  remit  en  marche,  il  ap- 
prit qoe  Vennemi  était  en  sûreté  au  delà  du 
Rhin.  Cette  opération,  dont  on  avait  espéré  un 
grand  effet,  lui  attira  beaucoup  de  critiques  et 

(f)  D^âprèc  Mlllot,  toate  la  eorreipondanee  de  ce  dé- 
parteaicRt  paisatt  par  w»  maint;  tl  remettait  lea  dépé- 
cliea  ft  va  premier  eomate,  da  ThHt,  qol  répoDdatI  ani 
■lalstTea.  Le  eonste  d'ArgeBson,  ministre  de  la  guerre, 
e»«dtalt  ce  qal  demandait  la  algnalare  d'un  aeerétaire 
d'Ebi.  eo  même  temps  II  écrivait  *  Pemperenr  Char- 
les vit,  A  LoolB  XV,  à  Frédéric  II,  ans  généraiix  llranfabi, 
des  ktlres  et  des  mémoires  iert  decalUés. 

«OUV.   tlOCK.  QiaxfM,  —  T.  XXXVIII. 


de  désagréments;  il  soumit  sa  conduite  au  ju- 
gement des  rois  Louis  XV  et  Frédéric  II,  qui 
parurent  y  donner  leur  approbation,  et  insista 
beaucoup  sur  la  nécessité  d'être  déchargé  du 
fardeau  des  aCTaires  étrangères.  On  lui  donna 
pour  successeur  le  marquis  d'Argenson ,  frère 
atné  du  ministre  de  la  guerre  (  18  novembre 
1744). 

Après  avoir  suivi  le  roi  au  siège  de  Fribourg, 
Noailles  se  trouva  également  è  se^  eûtes  à  la 
bataille  de  Fontenoy  (1745)  :  tout  occupé  du 
salut  de  l'État,  il  consentit  à  seconder  le  comte 
de  Saxe,  et  lui  servit  même  de  premier  aide  de 
camp.  Le  1*'  avril  1746  il  se  rendit  à  Madrid  avec 
le  titre  d'ambassadeur  extraordinaire;  cbaiigé  de 
regagner  la  confiance  de  Philippe  Y,  qui  avait  lien 
d'être  mécontent  de  la  politique  française  à  l'égard 
de  la  Sardaigne,  il  parvint  à  l'apaiser,  et  régla  en 
même  temps  les  mesures  à  prendre  pour  l'éta- 
blissement destiné  à  l'infant  don  Pliilippe  en 
Italie.  Il  prit  congé,  le  7  juin  suivant,  de  la  cour 
d'Espagne ,  après  avoir  reçu  la  Toison  d'or 
pour  le  comte  de  Noailles,  son  fils,  qui  l'avait 
accompagné.  Il  rejoignit  ensuite  Louis  XV  en 
Flandre,  et  contribua  par  ses  conseils  aux  succès 
militaires,  faisant  moins  office  de  général  que  de 
ministre  et  continuant  de  rédiger  des  plans  de 
campagne  pour  les  maréchaux  de  Belle-Isle,  de 
Saxe  et  de  Lowendahl  ou  des  mémoires  étendus 
pour  la  réforme  du  gouvernement.  Depuis  la 
paix  d'Aix-la-Chapelle  (1748),  il  ne  donna  plus 
son  attention  qu'aux  affaires  du  conseil,  où  il 
siégeait  toujours,  en  sa  qualité  de  ministre  d'É- 
tat. Les  avis  qu'il  y  donna  n'y  furent  plus  que 
rarement  suivis  ;  ce  fut  pourtant  lui  qui  proposa 
l'expédition  do  Minorque,  par  laquelle  on  dé- 
buta si  heureusement  dans  la  guerre  de  1756. 
Voyant  diminuer  son  influence,  succombant 
d'ailleurs  sons  le  poids  de  l'âge  et  des  infir- 
mités, il  demanda  sa  retraite  dans  une  lettre 
touchante  adressée  au  roi  (38  mars  1756). 
«  Mes  forces,  dit-il,  ne  répondent  plus  à  mon 
sèle.  Je  sens  tous  les  avant-coureurs  de  la  dé- 
crépitude, qui  m'annoncent  que  je  ne  dois  plus 
m'occuper  que  du  dernier  avem'r  et  du  soin  de 
m'y  piîSparer.  »  Il  termina  sa  longue  carrière  à 
l'Ag^  de  quatre-vingt*huit  ans. 

Le  maréchal  de  Noailles  a  été  l'un  des  hom- 
mes les  plus  remarquables  de  son  siècle.  A  une 
belle,  âme  et  à  un  esprit  supérieur,  il  joignait 
beaucoup  d'amabilité  et  de  culture,  l'amour  du 
roi  et  de  la  patrie,  le  zèle  du  bien  public,  une 
ardeur  prodigieuse  pour  le  travail.  H  est  rare  de 
rencontrer  cher  un  seul  homme  tant  de  talents 
et  de  connaissances.  Saint-Simon,  l'ennemi  par- 
ticulier de  sa  famille,  a  tracé  deux  fois  de  lui 
un  portrait  où  il  donne  carrière  à  ses  ressenti- 
ments et  à  sa  verve  caustique.  Nous  préférons 
citer  le  passage  suivant  extrait  des  Màmoires 
secrets  de  Duclos,  et  qui  dans  sa  malignité 
même  offrira  on  correctif  nécessaire  aux  louan- 
ges souvent  exagérées  de  l'abbé  MiUot.  «  A  l'é- 

5 


izt 


NOAïm.ES 


132 


gard  du  dac  de  Noaitles,  en  le  décoin|x>8aat , 
ou  en  aurait  fait  plusieurs  hommes,  dont  quel- 
t|lie9^uns  auraient  eu  leur  prix.  Il  a  boawcoiip 
He  tontes -fioHes  d'esprit,  une  éloquence  natureite, 
fiexfMe  et  aftfortie  aux  différentes  matières;  sé- 
duisant dans  la  conversation,  prenant* le  ton  de 
tous' ceux  à  qui  il  parle,  et  souvent  par  là  leur 
faisant  adopter  ses  idées,  quand  ils  croient  lui 
communiquer  les  leurs;  une  imaginâtiDn  vive  et 
fertHe,  toutefois  plus  féconde  en  projets  qu'en 
moyens.  Il  n'a  de  suite  que  pour  son  intérêt 
IMersonnel,  qu'il  'ne  'perd  jamais  de  vue.  Ses 
eonnaissances  «ont  étendues ,  variées  et  peu 
profondes.  Il  «ccueillefort  les 'gens  de  lettres 
let  s'en  est  servi  utilement  pour  rfes  mémoires. 
Dévot- ou  libertin,  suivait  les  oiroonitances,  il 
Be  fit  disi^paoier  en  Espagne^n^  proposant  une 
maîtresse  à  Philippe  V.  Il  suivit  ensuite  Bl™^  de 
Mairttcnon  à  Pëglise  et  entretint  une  fille  d*Opéra 
au  oonomencement  de  la  régence 'pour  être  un 
ton  régnant.  Le  désir  de  plaire  à  tous  les  partis 
lui  a  fait  jouer  des  rôles  emDarrassants ,  sou- 
vent ridicules  et  quelquefois  humiliants.  Citoyen 
lélé'  quand  son  intérêt  propre  le  )ui  peratet,  il 
ft'apfyKqua  à  rétablir  les  finances,  et  y  serait 
peut-iètre  parvenu  si  te  régent  F«ût  laissé^  cou- 
HDuer  ses  opérations.  »  On  doit  nu  duc  de 
NoaiHes  la  conservation  d'une  partie  âe  ce  que 
Louis  XIV  «vait'écrit' lui-même  sur  divers  évé- 
nements de  son  règne  (t).  Oe  iot  dans  iesiAer- 
Mères  aiittées  4e  sa  «vieillesse,  loin  du  tumnite 
6t  lies  affaires,  qu'il  fit  sa  principale  occnpaliuo 
de  mettre  en  ordre  cette  prodigiciise  quantité 
de'tnanuscrits,  formant  envi  ion  tOO  vol.  in-fol. 
et  d'où  rabbé  lllllot  a  extmit'ses  Mémoires  j>9- 
ItHqnes  et  >m*iU€ùres.  '  Cet  ouvrage,  dans  lequel 
Tédtteur  a  conservé  dans  toulelear  intégritéies 
pièces  les  plus  curieuses ,  -parut  -pour  la  pre- 
mière fois  en  1777  (6  vol.  iD-;l2  )  et  6it  réim- 
primé dans  lACoHection-déBMiémoires  pour 
jervir  à  VMsMre  de  Fmnee,  de  Mièkand  et 
Poujoulat. 

De  Françoise  d'Aublgné,  sa  femme,  le  duc  de 
Mouilles  eut  six  enfiiUts  :  L99tis  (  voy.  ei-aprèi^, 
Philippe  (voy,  'Moogrt'),  Froniçoise-Adé» 
taïde ,  comtesse  d^Aimagnoc;  >Amaàte-Ga- 
brielle,  mariée  au  fils  du' maréchal  de  Villars  ; 
Marie-Louise^  duchesse  de^Oauinolit^  et A/ari^ 
Ànne-Prançoise,  comtesse  de  La  ■>farck. 

P.  bouiST. . 

MniOt,  Minuant.  -  Morért.  Cirand  Dict  AW.  - 
La  Cbcinaye  Deabote,  Dictionnaire  de  -ta  '  nable$se.  '- 
VulUire,  SiécU  de  Louit  XI y  et  SUcU  de  iMuis  XV. 


(1)  M  Un  ftoir,  en  liu,  raconte  Millot,  LouU  Tenroya 
dans  son  cbinet  chercher  des  papiers  écrit»  de  sa 
main ,  qull  voolatt  Jfter  aa  fea.  II  en  farAta  d'ubord 
ploalcurs.  qui  IntércMatent  la  réputation  de  différentcc 
personne»;  il  allait  brAler  tout  le  reste,  noies,  nié- 
moires,  morceaux  de  sa  composition  sur  la  guerre  ou 
la  politique  :  le  due  le  pria  Instamment  de  les  lui 
donner,  et  II  obtint  eette  KcSee.  »  Il  endépOf^a  le^  ort» 
gliiaux  en  1749  k  la  Bibliothèque  du  Roi.  Votuire.  au- 
quel il  les  avait  comniuniqués  en  partie,  en  In.séra  des 
Iriigments  dans  le  cfa.  xxviii  du  Siicle  de  louU  XIF. 


—  Salnt-<Mnion .  Mémêtrti,  -«  Duetoa ,  'Mémeirtt  se- 
crets. —  CourceUca,  Dict.  du  généraux  français.  ->- 
Mlgnet,  ^Négociations  relatives  d  ta  succeuton  d'Es^a- 
pne.  -  De  laines,  Utm. 

NOAii.L«5  ('/.oNij-vliffoJne  de), 'uandinéi 
français,  frère  du  précédent,  né  le  27  iroti  1651, 
au  château  de  Teissières,  près  d*Aurili«c,  mo^t 
à  Paris,  le  4  'mai  1729.  Il  fut  de'bmme  heure 
destiné  à  la  «arrière  ecdésiastiqve  etr^Hnirvu  de 
la  domene  d'Aubrac,  diocèse  de  Rodez,  où  il 
introduisit  plus  tard  la  règle  de  Chancelade. 
Docteur  de  Sorlxmnele  14  mars  1676,  après 
avoir  fait  avec 'distinction  sa  licence, '11  devait, 
par  sa  naissance  et  par  le  crédit  de  sa  famille, 
«rriver  promptement  aux  premières  dignités  de 
TÉgiise.  £n  mars  1679  le  roi  le  nomma  à  repê- 
ché de  Cahors,  et  le  transféra  en  juin  f660  à 
celui  de  Chftlons^sur 'Marne,  une  des  -  pairies  ec> 
olésiastiques.  «  M.  de^otiilles,  dit  Saint-Simon, 
porta  à  Chàlons  son  ianocence  baptisméle,  et  y 
garda  une  résidence  exacte,  uniquement' appli- 
qué aux  visites,  au  gouvernement  de  son  dfooèse 
et  à  toutes  sortes  de  bonnes  cenvres.»  ll^ssi^la 
à  rassemblée  générale  du  clergé  tenue  en  16Si, 
au  sujet  de  la  régale,  et  à  celle  où  furent  adoptés 
les  quatre  fameux  articles  du  19  Tuars  1682.  il 
avait  contré  dans  ces  deux  diocèses  une  piété 
si  exemplaire  et  une  si  grande  attention  à  faire 
fleurir  dans  le  clergé  la  science,  la  régularité  et 
les  bonnes  mœurs,  qu'à  la  mort  de  M.  de  Harlay, 
Louis  Xrv  n'hésita  point  à  l'appeler,  te  19  août 
1695,  è  l'archevêché  de  Parfis.  Au  sujet  de  cette 
nomination,  «  il  nrrrva  ,'pour  la  première  fois, 
que  le  'P.  'de  La  Chaise  ne  Ait  point  consulté. 
W"^  de  Maintenon  osa,  peut-être  aussi  pour  la 
première  foh,  en  faire  son  nflalre.  Elle  montra 
au  roi  des  lettres  pressantes  de  MM.  Thrberge  et 
Brfsacier,  supérieurs  des  missions  étrangères, 
que,  pour  contrecarrer  les  Jésulte^^,  dont  le  crédit 
la  gênait,  elle  avait  mis  à  la  mode  auprès  du 
roi. 'Il  lui  Importait  que  rarchevéque  de  Paris 
ne  fût  point  à  eux,  pour  qu'il  fût  à  elle.  M.  de 
Noailies  lui  était  un  bon  garant;  en  un  mot,  elle 
remporta,  et  M.  de  Chilons  fut  nommé  à  son 
insu  et  à  Ilnsu  du  P.  de  La'  Chaise.  Le  camou- 
flet était  violent;  aussi  les  Uésoltes  ne  Tont-ils 
jamais  pardonné  à  ce  prélat,  il  était  pourtant  si 
éloigné  d'y  avoir  part,  que  malgré  les  mesures 
qu'il  avait  prises  pour  s*en  éloigner,  lorsqu'il  se 
vit  nommé,  il  ne  put  se  résoudre  à  accepter,  et 
qu*il  ne  baissa  la  tête  sons  ce  qull  jugeait  être 
un  joug  trop  pesant  qu'à  force  d'ordres  réitérés, 
auxquels  enfin  il  ne  put  résister.  »  M.  deNodilles 
accepta  donc;  mais,  comme  il  Favait  prévu,  il 
perdit  dans  ce  nouveau  diocèse  la  tranquillité 
dont  il  avait  Jusqu'alois  joui.  "Étant  évêque  de 
Châlons,  il  avait  cette  même  année  renouvelé 
Tapprobation  que  Félix  Vialart,  son  prédéc^- 
seur,  aivait  donnce,  le  9  novembrel671,  aux  Hé- 
flexions  morales  sur  le  Piooveau  Testament  du 
P.  Quesuel  de  TOratoire.  Devenu  archevêque 
de  Paris,  il  censura,  lo  60  août  1696,  un  livre  de 
i*abbé  de  Barcos,  intitulé  :  Exposition  de  ta 


fS3  NOAILLES 

foi  de  r Église  romaine  iauekmit  la  grâce  et 
la  prédestination.  Mais  après  avofr,  dans  la 
première  partie  de  cette  ordonnance,  oondaniBé 
les  errears  da  iivre  de  Jansénios,  il  s'étetfdit 
kwsaemettt  dana  la  seconde  partie  pour  prou- 
ver la  grAce  «Ifieaee  par-ede-méme  et  la  prédes- 
tlkiatioi»  gratdle,  et  il  y  fit  défense  de  donner  à 
qui  q«e  ee  fût  le  nom  isf^  et  janséniste,  si  œ 
n*est  à  ceux  qui  seraient  convaincns  d'avoir  ensei- 
pié  quelqu'une  des  dnq  propositions  dans  le  sens 
aatarel,  selon  les  nouveaux  brefs  d'Innocent  XII. 
dès  ee  moment  la  guerre  s'alluma  entre  lui  et 
les  jésuites,  et  en  1698  parut  une-sorte  de  libelle 
sous  le  titre  de  :  Probtème  eeclésiastifine,  con- 
sistant à  savoir  auquel  il  ràllalt  croire  ou  \de 
M.  de  NoaiUes,  «rchevèqae  de  -Paris,  eondam- 
liant  VBsposition  de  fo>bl,  tomme 'renouve- 
lant les  dogmes  de  Jan^énius,  ou  de  "M.  de 
Noailles,  évéque  de  CbAlons,  approuvadt  les 
Réflexions  morales  du  P.  Quesnel  qui  oontien- 
«eut  toftt  le  venin  de  ces  dograts.  Cbmrae  cette 
brochirre  était  anonyme,  fes  Jésuites  forent  tout 
ffabonl  soupçonnés  d'en  être  les  ailleurs;  on 
assurait  d'ailleurs  qu'à  la  lectore  de  Toiidon- 
nanee  archiépiscopale,  le  P.  de  la  Gtiaise  s'était 
pris  à  dire  :  «  Qu'il  ferait tmlre  à  M.  de  Noailles 
jusqu'à  la  lie  le  vase  de  la  colère  de  la'Socîélé.  « 
La  paternité  du  Problème  Hit  même  attribuée 
an  P.  Doncin;  mais  on  'apprit  fort  longtemps 
après  que  sou  véritable  -auteur  était  un  bénédic- 
tin, dom  Thierri  de  Vlaixnes,  janséniste  des 
plus  outrés  ^JdM  le  chancelier  d'Aguesseau.  Ti- 
vemeùt  .piqué,  M.  de  Noailles  obtint,  le' 16  jan- 
vier 1699,  un  arrêt  du  parlement  qui  condam- 
aaSt  ce  HbéHe  à  être  lacéré  et  brûlé,  et  un  arrêt 
serabMble  ftit  rendu  à  Rome,  te'9  juillet  1700. 
Dans  Pintervalle,  il  avait, 'le  9  mai  1696,  pris 
séance  au  parlement  comme  duc  de  Saint-^oud 
et  pair  de  France,  et,  le  !••  Janvier  1698,  le  roi 
Vavait  normné  prélat  commandeur  de  l'ordre  du 
Saint-Esprit.  Il  voulut,  dans  l^afTaire  'du  qùié- 
tisme,  se  .porter  médiateur  entre  Bossuet  et 
Fénelon  qui  avait  été  son  condisciple  au  collège 
du  Plessis;matsirfut  bientôt  subjugué,  par  l'as- 
cendant du  premier.  Celoi-ci  fait  bien  connaître 
quelles  étaient  les  dispositions  de  i'archrvéque 
de  Paris,  quand  il  écrivait  à  son  neveu,  le' 10  juin 
1697  :  ««  M.  de  Paris  craint  M.  de  Cambrai  et 
me  craint  également.  Je  le  contrains,  car  sans 
moi  tout  irait  à  l'abandon,  et  M.  de'Caihbrai 
l'emporterait....  MM.  de  Paris  et  de  Chartres 
scmt  faiMes,  et  n'agiront  qu'autant  qu'ils  seront 
poussés.  »  Aussi  M.  de  ^loailles  et  Fénelon  de- 
meurèrent-ils toujours  depuis  en  froideur.  Dans 
l'assemblée  de  1700,  qu'il  présida  et  où  sa  fa- 
veur, sa  piété  et  son  savoir  lui  acquirent  beau- 
coup de  réputation  ,'il  donna  de  nouveatix  sujets 
de  noécootentement  aux  jésuites ,  en  admettant 
la  dénonciation  <lu  livre  du  canlinal  Sfondrati, 
Sodus  prxdestinationis,  et  en  faisant  condam- 
ner cent  vingt -sept  propositions  extraites  de  dif- 
férents casuistes,  parmi  lesquels  étaient  plusieurs 


134 


jésoites.  La  pourpre  qu'il  reçût  d'Innocent  XII, 
le  2t  juin  f700,  à  la  nomination  de  Louis  XIV, 
loin  de  désarmer  l'envie,  ne  fit  que  l'exciter. 
Lorsque  ce  prince  lui  remit  la  barrette,  le  Ti  juil- 
let suivant,  il  lui  adressa  les  profMs  les  plus 
obligeants  ;  mais  bientôt,  dominé  par  Tinflueiice 
des  jésuites,  |1  se  montra  fort  indisposé  contre 
lui.  M.  de  Noailles  alla,  cette  même  année,  à 
Rome,  au  conclave  où  Ait  élu  Clément  XI  qui,  le 
18  décembre,  lui  donna  le  èhapeau  avec  le  titre  «le 
Sainte-Marie  sur  la  Minerve.  Peu  après  son  re- 
tour, en  1701,  on  proposa  un  problème  théolo- 
gique qu'on  appela  le  Cas  de  conscience  par 
excellence.  «  Pouvait-on  donner  les  sacrements 
à  un  homme  qui  aurait  signé  te  formulaire  en 
croyant  dans  ie  fond  du  cœur  que  te  pape 'et 
même  l^lise  peuvent  «e  tromper  sur  le  fait  ?•» 
Quarante  docteurs  se* prononcèrent  pour  rifflr- 
mative.  'Le  cardinal  de  Noailles  ordonna  qu'on 
ctùi  le  droit  d'une  foi  divine,  et  le  fait  d'une  foi 
humatBP;'ies  autres  é^éques  et  notamment  Fé- 
nelon exigèrent  la  foi  divine  pour  le  fait.  Clé- 
ment XI  crut  terminer  la  querelle  en  publiant 
(16  juillet  1705)  la  bulle  Vineam  DominiSa- 
baôthy  par  laquelle  il  ordonna  de  croire  le  fhit 
sans  expliquer  si  c'était  d'une  foi  divine  ou  d'une 
foi  humaine.  X'assemblée  du  clergé  reçut  cette 
biille,  mais  avec  la  clause  «  que  les  évêques  l'ac- 
cej^tdieiit  par  voie  de  jugement  ».  Suggérée  par 
le  cardinal  qui  présidait  l'assemblée,  et  insérée 
le  3  août  au .  procès-verbal  d'acceptation,  cette 
clause  hidlsposa  contre  lui  Clément  XI.  Quoique 
ni  le  pape  ni  le  clergé  de  France  n'eussent  or- 
donné de  signercette  bulle,  le  cardinal  crut  néan- 
moins devoir  exiger  la  signature  des  commu- 
nautés religieuses  de  son  diocèse.  Toutes  se  sou- 
mirent; mais  les  religieuses  de  Port- Royal  ajou- 
tèrent seulement  cette  réserve  :  «  Sans  déroger 
à  ce  qui  s'e^t  passé  à  notre  égard,  à  la  paix  da 
l'Église,  sons  Clément  IX.  »  Mal  interprétée  à 
la  cour  de  France,  cette  restriction  ne  fut  point 
désapprouvée  à  Rome;^roàis,  au  défaot  lies  fou- 
dres de  l'Église,  on  edt  recours  aux  coups  d'au- 
torité. Le  cardinal  avait  dit  souvent  que  Port- 
Royal-des-Champs  était  le  séjour  de  Tinnocence 
et  de  la  piété  ;  il  avait  assuré  aux  religieuses  qu'il 
ne  contribuerait  jamais  à  leur  destruction;  mais 
il  ne  stit  point  leur  tenir  parole,  et  prétendit  alors 
que  Port-Royal  n'était  plus  que  le  séjour  de  l'o- 
piniâtreté. Le  décret  de  suppression  fut  rendu 
le  11  juillet  1709,  et  un  arrêt  du  conseil  (22  jan- 
vier 1710),  dont  l'exécution  fut  prompte,  or- 
donna la  démolition  d^  Cantique  monastère  où 
reposaient  les  dépouilles  des  Lemaistre,  des 
Arnauld,  des  Racine  et  de  tant  d'illustres  person- 
nages, (c  Après  la  destruction  de  Port-Royal,  la 
cardinal  n'en  fut  pas  mieux  avec  les  molinistes, 
mais  beaucoup  plus  mal  avec  les  jansénistes, 
ainsi  que  les  Jésuites  se  l'étaient  proposé.  » 

Cette  même  année  (17  mars),  il  fut  nommé  pro- 
viseur de  Sorbonne.  Clément  XI  avait  rendu 
(13  juillet  1708}  un  décret  contre  lellvreduP.  Quea- 

5. 


185 


NOAILLES 


1S6 


nel,  mais  qui,  de  l'avis  da  parlement,  ne  fut  point 
reça  en  France.  Les  fond  res  lancés  contre  Quesnel 
ne  produisirent  leur  effet  qu'en  1713,  après  la  pu- 
blication de  la  bulle  Unigenitus^  sollicitée  en 
partie  par  le  P.  Letellier,  confesseur  du  roi. 
Antagoniste  déclaré  des  Réflexions  morales ^ 
ce  jésuite  était  mal  personnellement  avec  le  car- 
dinal, et  il  chercha  à  soulever  le  corps  épiscopal 
contre  lui  à  l'occasion  d'un  mandement  du  pré- 
lat. Une  lettre  de  Tabbé  Bochart  de  Saron  rendit 
publique  l'intrigue  du  P.  Letellier,  qui  avait  en- 
voyé aux  évèques  des  lettres  toutes  faites  contre 
le  cardinal,  avec  ordre  de  les  lai  renvoyer  si- 
gnées, pour  être  remises  au  roi.  Le  cardinal,  au 
désespoir,  en  demande  justice  an  roi,  an  duc  de 
Bourgogne,  à  MJ*^  de  Maintenon,  son  alliée  (1), 
et  n*est  écouté  de  personne.  Opprimé  par  un  jé- 
auite,  M.  de  Noailles  s'en  prit  à  la  Société  tout 
entière,  et  lui  ôta  le  pouvoir  de  prêcher  et  de 
confesser  dans  le  diocèse  de  Paris.  Sur  ces  en- 
trefaites parut  la  bulle  Unigenitus  (8  septembre 
1713),  qui  proscrivait,  sous  YÎngt-quatre  quali- 
fications respectives ,  cent  une  propositions  du 
livre  du  P.  Quesnel.  La  guerre  n'en  fut  dès  lors 
que  plus  acharnée.  Une  partie  de  la  nation  ac- 
cueillit d'abortl  peu  favorablement  le  décret  pon- 
tifical, et  une  assemblée  d'évêques  fut  convoquée 
à  Paris.  Le  23  janvier  1714,  quarante  d'entre  em 
furent  d'avis  de  l'accepter;  sept,  à  la  tête  des- 
quels se  mit  le  cardinal  de  Noailles ,  président  de 
l'assemblée,  ne  voulurent  ni  de  la  bulle  ni  des 
correctifs  que  l'on  proposait.  Louis  XIY,  croyant 
alors  que  sa  conscience  l'obligeait  à  écouter  son 
confesseur  contre  son  archevêque,  défendit  à 
celui-ci  de  paraître  à  la  cour,  et  reoToya  dans 
leurs  diocèses  les  évêques  ses  adhérents.  Le 
cardinal,  exilé  de  Versailles,  n'en  eut  que  plus  de 
partisans  à  Paris.  Beaucoup  de  personnages  des 
grands  corps  de  l'État  se  joignirent  à  lui  contre 
Rome  et  la  cour;  la  Inille  rencontra  nne  forte 
opposition  au  parlement  et  n'obtint  pas  d'abord 
la  pluralité  des  suffrages.  La  91^  proposition 
condamnée  paraissait  surtout  si  vraie  aux  n»a- 
gtstrats  que  la  proposition  contraire  aurait  été, 
à  leur  avis,  une  hérésie  politique  dans  tous  les 
gouvernements  :  «  La  crainte  d'une  excommu- 
nication injuste,  disait  Quesnel,  ne  doit  pas  nous 
empêcher  de  faire  notre  devoir.  »  Le  parlement 
pensait  que  si  cette  maxime  était  fausse ,  aucun 
souverain  ne  serait  en  sûreté  contre  un  suget  fk- 
natique.  La  bulle  fut  cependant  enregistrée  le  16 
février  1714,  mais  avec  des  modifications  qui 
déplurent  fort  à  la  cour  de  Rome  et  aux  moli- 
nistes.  Dix  jours  après  (25  février  1714),  le  car- 
dinal publia  un  mandement,  par  lequel,  tout  en 
renouvelant  la  condamnation  du  P.  Quesnel,  il 
défendait  provisionnellement  d'accepter  la  bnlle. 
Quelque  bizarre  que  fût  cette  démarche,  elle 
ne  laissa  pas  que  d'embarrasser  un  assez  grand 
nombre  de  docteurs  de  Sorbonnc,  convoqués 

(1))  Son  neteo  avilt  époué  M»*  d'Aobigné,  nièce  de 
M"*  de  NalQtenoo. 


pour  l'acceptaflon,  et  elle  donna  lieu  à  des  scènes 
tumultueuses,  à  des  exclusions,  à  des  lettres  de 
cachet,  à  des  exils,  à  des  enlèvements  qui  pen- 
sèrent atteindre  le  cardinal  lui-nême.  Grâce  à  ces 
moyens,  l'enregistrement  eut  lieu  à  la  Sorbonne 
le  5  mars.  Quant  aux  évêques  auxquels  le  roi  fit 
expédier  la  bulle,  cent  dix  l'acceptèrent  purement 
et  simplement  ;  quinze  suivirent  Texerople  da 
cardinal  on,  du  moins,  ne  l'acceptèrent  qu'avec 
des  explications  ;  mais  tous,  à  l'exception  de  Pierre 
de  la  Broue,  évêque  de  Mirepoix,  condamnèrent 
le  P.  Quesnel.  Après  avoir  Tainement  essayé  de 
ramener  à  l'unité  par  la  donceor  les  évêques 
récalcitrants  et  surtout  le  cardinal,  Louis  XIV 
pensa  aux  votes  de  rigueur,  et  il  fut  question  de 
les  déposer  tous  dans  un  concile  national.  Il  avait 
même  envoyé  à  Rome  le  conseiller  «V État  Amelot 
pour  se  concerter  à  cet  égard  avec  le  pape,  lors* 
que  la  mort,  qui  le  surprit  (  1"  septembre  1715), 
changea  complètement  la  face  des  alTaires.  Le 
roi  avant  de  mourir  fit  appeler  les  cardinaux 
de  Bissy  et  de  Rohan  pour  leur  demander  si 
dans  toutes  ces  disputes  il  n'était  point  entré 
de  passion,  et  s'ils  ne  lui  avaient  rien  fait  faire  ao 
delà  des  bornes.  Us  l'assurèrent  que  non,  et  que 
c'était  le  pur  zèle  de  la  religion  qui  les  avait 
animés.  M.  de  Noailles  écrivit  plusieurs  lettre» 
pour  avoir  la  liberté  de  Toir  le  roi  dans  cet  état; 
mais  ses  ennemis  l'en  empêchèrent,  et  firent 
mettre  dans  la  lettre  que  le  chancelier  écrivit  eo 
réponse  à  celles  du  cardinal,  que  le  roi  serait 
bien  aise  de  le  voir,  pourvu  qu'if  acceptât  U 
Ckmstitution,  condition  que  le  roi  n'avait  poiot 
imposée.  L'un  des  premiers  actes  du  duc  d'Or- 
léans, régent  du  royaume,  fut  d'exiler  le  P.  Le- 
tellier et  de  placer  M.  de  Noailles  à  la  tête  da 
conseil  de  conscience.  «  Un  changement  im- 
mense, dit  Saint-Simon,  se  fit  en  vingt- quatre 
heures  dans  l'opinion  publique  contre  la  Cons- 
titution ;  quinze  jours  y  mirent  le  comble.  L'herbe 
croissait  à  l'archevêché;  il  n'y  paraissait  que 
quelques  Nicodèmes  tremblants  sous  Peffroi  de 
la  synagogue.  En  un  moment  on  s'en  rappro- 
cha, en  un  autre  tout  y  courut.  Les  évêques 
qui  s'étaient  le  plus  prostitués  à  la  cour,  cenx 
du  second  ordre  qui  s'étaient  le  plus  fourrés 
pour  faire  leur  fortune,  les  gens  du  monde  qui 
avaient  eu  le  plus  d'empresaement  de  plaire  et 
de  s'appuyer  sur  des  dictateurs  ecclésiastiques 
n'eurent  pas  honte  de  grossir  la  cour  du  cardi- 
nal de  Noailles,  et  il  y  en  eut  d'assez  impudent» 
pour  essayer  de  lui  vouloir  persuader  qu'ils  l'a- 
vaient toujours  aimé  et  respecté,  et  que  leur 
conduite  avait  été  innocenté.  Il  en  eut  lui-même 
honte  pour  eux;  il  les-  reçut  tous  en  véritabk 
père,  et  ne  montra  quelque  froideur  qu'à  ceux 
où  la  duperie  aurait  été  trop  manifeste ,  mais 
sans  aigreur  et  sans  reproches,  peu  ému  au  reste 
de  ce  subit  changement  qu'il  voyait  être  la  preuve 
d'un  autre  contraire,  si  la  cour  venait  à  cesser 
la  faveur  qu'elle  lui  montrait.  »  Les  jésuites  ce- 
pendant continuaient  à  intriguer,  à  écrire,  à  par- 


IS7 


NOAILLES 


138 


1er  plus  TÎolemmeDt  que  jamais ,  en  sorte  que  le 
cardinal,  qni  avait  laissé  les  pouvoirs  à  un  petit 
nombre  d'entre  eax,  se  trouva  à  twut  de  mena- 
^ments  avec  eux  et  interdit  tous  ceux  de  son 
diocèse,  à  l'exG^tion  des  PP.  GaUlard,  de  La  Rue, 
Lignières  et  de  Trévoux  (12  novembre  1716). 
Les  évèqoes  opposés  à  la  bulle  se  décidèrent  à 
en  appeler  an  futur  concile  (l'^mars  1717)  ;  le 
cardinal  en  appela  lui-même,  le  3  avril  suivant; 
mais,  comme  il  ne  voulait  point  d'éclat,  il  tint 
son  appel  secret  et^ne  le  pobiia  que  le  24  sep- 
tembre 1718.  A  cette  époque,  un  revirement 
complet  s'était  opéré  dans  le  gouvernement, 
quant  anx  affaires  ecclésiastiques,  et  le  conseil 
de  conscience  .«présidé  par  Moailles  venait  d'être 
supprimé.  Le  régent,  qui  détestait  toutes  ces  que- 
rf  lies,  ordonna  le  silence  aux  deux  partis,  et  cette 
ioi ,  tant  recommandée  et  toujours  violée,  ne  fut 
obàcrrée  par  aucun.  La  cour  de  France  et  la  cour 
de  Rome  se  consumaient  inutilement  en  négo- 
ciations, lorsque  le  système  des  finances  calma 
les  esprits  et  tourna  leur  activité  vers  les  espé- 
rauces  que  donnait  la  fortune.  Law  fit  lui  seul 
cje  que  Louis  XIV,  le  pape  et  tant  d'évêques  n'a- 
vaient pu  faire.  Ces  moments  favorables  furent 
<;mployés  à  réunir  l'Église  de  France.  Le  cardinal 
«le  Noailles  se  prêta  à  tout;  U  rétracta  son  appel, 
et  son  mandement  de  rétractation  fut  affiché,  le 
21  août  1720.  Trois  mois  auparavant,  il  avait 
refusé  des  dimissoires  pour  les  ordres  sacrés  au 
ministre  Dubois,  alors  tout  puissant,  et  dont  il 
connaissait  les  vices  d'esprit  et  de  cœur  et  les 
mœurs  si  relâchées.  Et  l'on  peut  juger  des  fu- 
reurs où  ce  refus  fit  entrer  Dubois,  qui  de  sa  vie 
ne  le  pardonna  jamais  au  cardinal  de  Noailles. 
Enfin,  après  bien  des  démarches  et  des  négocia- 
tions, il  donna  (il  octobre  1728),  un  mande- 
ment par  lequel  il  accepta  purement  et  simple- 
ment la  bulle.  Tels  furent  les  derniers  sentiments 
de  ce  prélat,  qui  laissa  le  diocèse  de  Paris  agité 
par  dea  discussions  fâcheuses,  qu'il  regretta  sans 
doute  d'avoir  fomentées.  Ses  charités  étaient 
immenses,  et  sa  fortune  personnelle  ainsi  que 
les  revenus  entiers  de  son  siège  étaient  consa- 
crés à  soulager  les  misères  de  son  diocèse  et 
aux  embellissements  de  sa  cathédrale.  Théolo- 
gien savant,  il  était  plein  de  candeur,  de  fran- 
chise et  de  modestie,  et  ses  ennemis  ne  purent 
refuser  de  lui  reconnaître  les  meilleures  inten- 
tions. Le  chancelier  d'Aguesseau  le  représente 
dans  ses  Sfémoires  comme  un  homme  accou- 
tumé à  se  battre  en  fuyant,  et  qui,  dans  sa  vie, 
a  plus  fait  de  belles  retraites  que  de  belles  dé- 
fenses. On  a  de  lui  des  Heures  à  l'usage  du  dio- 
cèse de  Paris,  une  Conduite  pour  la  confession 
et  la  communion,  un  grand  nombre  de  Mand&- 
ments  et  d^nstructions  pastorales,  et  pin- 
ceurs Écrits  contre  la  boUe  Unigenitus. 

Son  frère  Noaijlles  {Jean'Baptiste- Louis» 
Gaston  ns),  né  au  château  de  Teissidres,  le 
7  juillet  1669,  mourut  à  Chàlons- sur- Marne,  le 
17  septembre  1720.  Sacre  évoque  de  Chàlons 


le  20  mai  1696,  il  prit  séance  au  parlement 
comme  pair  de  France,  le  30  jnillet  suivant.  Il 
fut  aussi  successivement  dont  d'Aubrac,  abbé  de 
Montiéramey  et  de  Hautvilliers ,  et  se  signala  pap 
son  opposition  à  la  bulle  Unigenitus,  H.  Fisquet. 

GalUa  chrMiana,  1. 1,  VIII  et  IX.  —  Journal  de  Dor- 
■anne.  —  D'Avrtgny ,  Mém.  ckronoi.  —  Mut.  dé  Port' 
Aoya/.  —  Salot'Stmoo ,  Mim,  —  VUlefore ,  Anfcdotet 
mr  la  eonUit^Aion  Uoigenltas.  —  De  Bauaset,  Hi$i.  de 
Fénttan.  —  Ctdendrier  eccUt.,  pour  ni7.  —  Picot.  3lem. 
pour  98rvir  à  VhUt.  ecclés.  du  dix-huUiéwie  siéde. 

NOA1LLB8  {Louis^  duc  DE),  msréchal  de 
France,  fils  du  précédent,  d'abord  appelé  comte, 
puis  duc  d'Ayen,  né  le  21  avril  1713,  mort  à 
Saint-6ermain-en-Laye,  le  22  août  1793.  Il  entra 
aux  mousquetaires  en  1729,  fut  nommé  mestre 
de  camp  du  régiment  de  Noailles  (cavalerie) , 
le  4  mars  1730,  sur  la  démission  de  son  père,  et 
capitaine  en  survivance  de  la  compagnie  écos- 
saise des  gardes  du  corps  du  rpi  (23  décembre 
1731).  Kn  1733,  il  assisU  au  siège  de  Kehl,  à 
l'attaque  des  lignes  d'EUlingen  et  au  siège  de 
Philisbourg.  U  suivit  son  père,  qui  commandait 
en  chef  l'armée  d'Italie  et  fut  présent  à  la  prise 
de  Gonzague,  de  Reggiolo,  et  de  Révéro  ;  il  fut 
créé,  en  février  l937,  duc  d'Ayen,  titre  sous  le- 
quel il  est  plus  généralement  connu ,  parce  qu'il 
le  porta  longtemps,  et  devint  brigadier  des  armées 
le  l*^"^  janvier  1740.  En  1742,  il  servit  dans  l'ar- 
mée ^e  Bavière,  sous  les  ordres  des  comtes 
d'Harcourt  et  de  Saxe,  mais  presque  toujours 
dans  la  réserve.  Le  14  mai  1743,  il  fut  envoyé  à 
l'armée  du  Rhin  avec  le  grade  de  maréchal  de 
camp,  et  combattit  à  Dettingen.  Aide  de  camp  du 
roi  (!•'  mai  1744),  il  prit  part  en  Flandre  aux 
sièges  de  Menin,  d'Ypres,  de  Fumes,  et  en  Al- 
sace au  combat  d'Haguenau,  à  la  prise  de  Fri- 
bourg,  etc.  En  1745.  il  combattit  à  Fontenoy  et 
devant  Tournay  et  Oudenarde.  En  juillet  1747» 
il  était  à  la  bataille  de  Lawfeld.  Promu  lieute- 
nant général  (  20  décembre  1748  ),  créé  cheva- 
lier du  Saint-Esprit  (1er  janyier  1749),  le  duc 
d'Ayen  se  démit  de  son  régiment  de  cavalerie  en 
faveur  de  son  fils,  et  entra  en  jouissance  du  gou- 
vernement de  Saint-Germain-en-Laye  par  la  dé- 
mission de  son  père  (23  décembre  1754).  Il 
devint  également  capitaine  titulaire  de  la  com- 
pagnie des  gardes  en  1756,  et  la  conserva  jus- 
qu'en 1776.' En  juillet  1757,  il  assistait  à  la  ba- 
taille d'Uastembeck ,  contribua  à  la  conquête  du 
Hanovre,  et  gouverna  Casse!  jusqu'à  la  fin  de  la 
campagne.  Il  était  de  service  auprès  de  Louis  XV 
lorsque  ce  monarque  fut  légèrement  blessé  par 
Damiens  (5  janvier  1759).  Heurté  rudement  par 
ce  malheureux  au  moment  où  il  porta  un  conp 
de  canif  au  roi,  le  duc  d'Ayen  l'arrêta  le  premier, 
et  présida  à  son  premier  interrogatoire,  qui  fut 
accompagné  de  tortures  extra-judicalres. 

Après  la  mort  de  son  père  (24  juin  1766), 
il  devint  duc  de  Noailles  et  gouverneur  gé- 
néral du  Roussilloo.  Il  reçut  enfin  le  bâton  de 
maréchal  de  France,  le  24  mars  1775;  mais 
aucun  fait  saillant  ne  vient  légitimer  la  hanta 


139 


NOAILLES 


140 


fortaneimilitaire  qu'il  ne  (levait  qu'à  la  faveur 
dont  joaissait  sa  famille.  S'il  faui'  en  croire 
lescbroaiqueartido  Uwps»  Louift  XV.luijconfia 
plttâenrs  fois  dea  nïMioDS  inlimei^iet  fort  déli- 
cates pour  racQomplisseo^at  desquelles  uamo* 
narque  se  montre  rarement  ingrat.  Louis  de 
Noailles,  d'ailleurs^  avait  toute  la  faveur*  du  roor 
narque  et  lui  parlait  avee  plus  de  liberté  qu'au- 
cun autre;  il  a  laissé  la  répulation  d'im  homme 
de  bon  goût  et  d'un  esprit  vif  et  mordant.  Parmi 
le^  nombreuses  saillies  que  l'on  cite  de  lui,  la 
suivante  fera  apprécier  son  caractère  :  <i  IjOuisXV 
lui  disait  un  jour  que  les  fermiers  généraux  sou- 
tenaient l'État  —  Oui,  sire, départit  le  maréclial,. 
comme  la  corde  soutient. le  pendu!  »  On  lui  at- 
tribue on  opuscule  satirique  contre  les  jouîtes , 
intitulé  :  Uurmes  de  saint  Ignace^  j\ar  M.  L. 
D.  d:.A,  (M.  le  duc  d'Ayen.);  ^^f^^t  in^l2.  Le 
maréchal  de ^oaille»  ne  voulut  point  émigrer,et 
se  retira  à  Saint-Germain,  eu  le  cliagrin  delà 
mort  de  Louis  XVI  attrista  ses  derniers  jours. 
En  mourant  il  légua  trente-six  mille  francs  aux 
pauvres  de  cette  petite  ville. 

Sa  veuve,  Cai/ierine-FroaçaiserCharlotle 
de  Cossé-Briasac,  née  le  la  janvier  1724,  fut 
guillotinée  à  Paris,  le  4  tlitTroidor  an  ii  (22  jpiUet 
1794).  Sa  belle-fiile,  Henriette- Anne-Louise d'A- 
guesseau«  duchesse  d^Ayen,  née  le  12  février 
1737,  et  sa  petite  fille,  Anne- Jeanne- Baptiste- 
Adrienne-  Pauline-Louise-  Catherine-Dominique, 
vicomtesse  de  Noailles,  née  le  1 1  novembre  1758, 
partagèrent  son  malheureux  sort  sous  «  la  pré- 
vention d'avoir  participé  aux  conspirations  et 
complots  formés  dans  la  maison  d'aj:i*ét«  du 
Luxembourg  ».  Elles  furent  du  nombro  des  der- 
nières victimes  de  la  terreur.        A.  i>'£---c. 

Journal  hittorique  du  rég/u  œ  LauU  Xf^  (  Paris,  J7M, 
Sa-ll),  p.  63,  %•  part.  —  Baroo  d'Espagnac,,//iff.  de 
Maurice,  comte  de  Saxe  (Parts,  ITTI,  i  toI.  ifUit).  t.  I, 
p.^aiS  300.  -. Le  Bas,  DM^euetalopédlqmideiaJYmmee. 
—  U  Moniteur  univartel,  du.7  au  9>(horml(lur  an.ii, 
n*  SIO.  —  Voltaire ,  Précis  du  règne  de  Louis  XV, 
clMip.  Lxvii.  —  Cfironoloçie  militaite,  t-  V,  p.  990.  - 
VTaroquier,  TaMeau  hittorèquê  de  la.  nobUsêe-  de 
France,  p.  rri. 

%OMiLhKS.{Jean-PatU'Frajtjçpis^  duc  dr), 
général  français,  fils. du.  précédent,,  né  à  Paris, 
le  2j6  octobre  1239 ^  mon  le  20  octobre  I824,  à. 
Fontenay-Trésigoy  (Seine-etfMarne).  Pourvu  en 
175d  du  gouTerncment  de  Saint- Germain-en- 
Laye,  il  devint  la.mènie  année,  colonel  .du  ré- 
giment de  Moaillea-CAvalerie  (dragons),  et  en 
1769  ca(\itaine  en  survivance  de  la  compagnie 
écoAsaise.dea  gardes  du  corps  du  roi,  dont  il  ftit 
titulaire  en  177G.  11  lit  à,  la  tète  de  ce  corps  les 
quAtre  dernières  campagnes  de  la  guerre  de  Sept 
AaSf.et  fut-promu  brigadier  de  cavalerie  le  15 
juiltet  17G2^  mais  la^  paix  conclue  Tannée  sui- 
vante le  rendit  à  des.  loisirs  qu'au  milieu  d*tine 
existence  élevée  il.  savait  consacrer  à  1  étude 
des  scienca&.  .Oivera  mémoinc  estimésy  qyiUl  pu- 
blia sur  la  chimie  el^ur  la  .physique  expérimen- 
tale, lui.o«vrireal.en.i777  le&,portes  de  TAca- 
dénue.des  aciencea  Lié  dès  Jora  avec  la  plupart 


des  littérateurs  et  des  philosophes  du  dix-hui- 
tième siècle,  il  fut  Tun  des  seigneurs  les  pins 
spirituels  delacourdeLouis  XV  et  de  Louis  XVI, 
où  il  brilla^  comme  son  père,  par  dès  mots  heu- 
reux, par  des  vers  faciles  et  par  le  charme  de 
sa  conversation.  11  devint  successivement  maré- 
chal de.  camp  (3  janvier  1770),  chevalier  de  la 
Toison  d*Or  (23Avril  1780),  inspecteur  général 
militaire,  commandant  en  Flandre ,  et  lieutenant 
général  {ï''  janvier  1784).  Le  marquis  de  Ségur 
l'ayant  nommé  en  1781  membre  du  conseil  de  la 
guerre  qu'il  forma  à  son  entrée  au  ministère,  K- 
général  lut  dans  ce  conseil  plusieurs  mémoires  qui 
firent  introduire  diverses. améliorations  dans  le 
régime  militaire,  notamment  la  réforme  de  faire 
coucher  trois  soldats  d'infanterie  dans,  un  même 
lit.  Émigré  en  Suisse  en  1791»  il  a'empressa  de 
revenir  à  Paris  dès  qu!il  apprit  que  les  joni> 
du  roi  élaient  menacés,  ne  quitta  pointée  prince 
toute  la  semaine  qui  précéda  le  10  août  1792, 
et  resta  auprès  de  lui  pendant  cette  journée. 
Réfugié  de  nouveau  en  Suisse,  il  se  choisit  une  re- 
traite paisible  à Rolle  (  canton  de  Vaud;  ;  il  y  passa 
trente  années- au  sein  de  IVtudeet  environné  de 
la  considération  publique.  La.mort  de  son  père» 
arrivée  le  22  août  1793,  le  fit  siKxéderan  titre  de 
duc  deNoailles,  comme  le  24  juin  1766,  il  lui  aTait 
déjà  succédé  dans  celui  de  duc  d'Ayen,  et  de  duc 
à  brevet  d'honneur.  Rappelé  dans  sa  patrie  par 
la.  restauration,  il  fut  compris,  comme  héritier 
de  l'un  des  anciena  duchés  pairies  du  royaume, 
dans  l'ordonnance  du  4ju>n  1814,  qui  constituait 
la  nouvelle  chambre  des  pairs;  mais  il  n'y  sié- 
gea.que  peu.de  temps,  et  ses  infirmités  et  ses 
habitudes  le  ramenèrent  bientôt  dans  sa  retraite 
de  RoUe,  La  perte  qu'il, fit  en  1823  de  sa.seeoode 
femme»  la  comtease  deGolofkin,  dame  russe» 
le  décida  à  venir  lialuter  auprès  de  ses  enfants. 
A.  la  réorganisation  de  Tlnstitut  de  France  en 
1816,  il  y  futi  inscrit  avee  le  titre  d'académicien 
libre ,  comme  ayant  été  dès  1777  honoraire  de 
l'ancienne  Académie  des  sciences*  On  lui  doit  la 
carie  d'Allemagne,  connue  sous  le  nom  de  ChaU" 
cAardy.la. meilleure  qui  existe»  et  la  seule  qii'on 
ait.  coasuUée.  daui  toutes  les  guerres  dont  ce 
pays  a  été  le  tliéMre.  De  son  premier  mariage 
avec  la  fille  du  chancelier  d'Aguesseau»  M.  de 
Noaillea  eut  cinq  filles  dont  la  seconde  épousa  le 
général  La  Fayetb»  et  une  autre  le  vicoiiUe  de 
Noailles,  son  cousin  {votfez  ci-après);  de  son 
second  mariage,  il  n'eut  pas  d*enfants,  et  son  titre 
pajssa  à  Paul  deNoailles,  son  petit-neveu,  qui 
avait  été  substitué  à  sa  pairie  io  12  janWer  1823. 

H.  F. 
Moniteur  tiniv.,  Éloge  du  duc  de  Noallles  pronnncé  .i 
la  chsmbre  dctt  pain,  par  M.  te  prince  de  Poix  (IVoailtei- 
BtoMlir  ),  le  s  (errtrr  ittS.  '^Ot.CaoiCiii'OU  HUÊuofné^, 
desputruie  FranCCt  t.  VJIt 

NoaiLiJBS  {Enunanuel'Marie-Louis,  mar- 
quis oEi),  diidomale  français,  frère  du  précédent» 
né  à  Paris,  le  12  décembre  1743,  mort  au  cliâ- 
teaude  Maintenon  (Eure-et-Loir),  enseptemlirc 
1822.  Entré  de  bonne  heure  au  service»  il  fut 


141 


NOAILLES 


I4S 


fait  en  décembre  1762  gouverneur  de  Vannes  et  [  Néanmoins^  le  13  juin,  il  proposa  par  esprit  de 


d'Aiuray,  et  devint  en  1768  ministre  plénipoten- 
tîaîK  en  basse  Allemagne,  et  en  1770  ambassa- 
dmr  auprès  des  états  généraux  àei  Provinces- 
Unies.  En  1776  il  passa  à  Vambassade  de  Lon- 
dred,  et  le  18  mars  177H  notifia  à  Georges  Ul 
le  traité  dfainance  défensive  signé  à  Paris,  le  6 
février  précédent,  entre  la  France  et  les  États- 
Unis  d'Amérique.  Cette  notification  fit  cesser  ses 
fôttotiûna  À  Londres.  Hn  1 7^3,  il  fut  nommé  am- 
bd£sadear  auprès  de  l'empereur,  roi  de  Hongrie 
et  de  Bohême,  et  remplissait  encore  ces  fonc- 
tiOB»-  lorsque  la  révolution  éclata.  Le  24  mars 
1792,  il.aeUicita  son  rappel,  déclarant  qpe  sa 
présence- à,  Vienne  lui  semblait  inutile.  Sur  le 
rapport  qui  fut  fait  de  sa  conduite  à  TAssemblée 
nationale,  Briche»  dépntédù. Bas-Rhin,  proposa 
de  le  mettre  en  état  d'accusation  comme  traître. 
Ln  déenst.en  ce  sens  fut  rendu  de  14  avril,  mais 
rapporté  le  19  du.  méine  mois  à  la  suite  d'une 
a&i^ez  loogoe  discussion.  Q^ic^que  temps  après 
son  retour  de  Vienne,  M.  de  Noailles,  qui  n'avait, 
pa»  jugé  à  propos  de  demeurer  à  l'étranger,  fut 
arrêté  et  tenu  en  prison  jusqu'au  9  thermidor 
ao  II.  A  cette. époque,  il  se  retira  à  Maintenon, 
et  mit  toa&ses  soins  à  embellir  ce  ch&teau,  plein 
de  souvenirs  chers  à  sa  famille.  Premier  gen- 
tilhomme de  la  chambre  de  Monsieur,  depuis 
Looi&  XVIII,  en  janvier  1773,  il  avait  été  fait 
brigadier  de  cavalerie  le  l'^'  mars  1780,  et  ma- 
ncfaal  de  camp  le  i"  janvier  1784.  M.  le  duc 
di^  I<CoaiUes,  actuellemeiit  vivant,  est  son  petit- 
fils.  H.  F. 

Jiomitf  tmftu  «Tiil  iTtt  et  otlobre  iStii  ~  Udtcsnaje- 
D.-ikboi*,  ùictiùnn.  de  ta  noblesse.  —  De  Courccil«s«  Oiet. 
da  pair*  de  tr.,  t.  VIII. 

NOAI LLES  {Louis-Marie,  vicomte  ub),  homme 
politique  et  général  français,  cousin  des  précé- 
dents (il  était  le  second  fils  du  maréchal  de 
Mouchy  ) ,  né  à  Paris,  le  17  avril  1756,  blessé 
mortellement  devant.  La  Havane,  le  9  janvier 
1804  U  entra  fort  jeune  dans  la  carrière  militaire, 
et  se  distingua  surtout  par  les  améliorations  qu'il 
apfiorta  dans  l'instruction  et  Parmemeiit  des  di- 
vers régûnenls  d'infanterie  dans  iesquetsil  servit. 
1)  était  colonel  des  chasseurs  d'Alsace  et  grand- 
bailli  d'éfiéft,.  lorsque,  déminé  par  son  penchant, 
pour  le»  prmoipei;  libéraux,  i^ demanda,  et^ob^ 
tint  Tautorisalion  d'aller  se  battre  en  Amérique 
poflr.  réiBancipation .  des*  l^atsrUnis*.  il  brilla,  à. 
c^  de  La  Fayette»  donti  il>  devinl  l'ami  et  le 
beatj-frfere,  et  \¥%shington  fit  plnsieur»  fois  l'é- 
iuge  de  soB  courage  et.  de  son  inlelUgence..  A 
r«îpoqitc  de^U.réwilntfen,  il<en  accepta  le»  prin»^ 
ripes  avec  chaleur  et  franchise^  et  compta  parmi- 
les  plus  fervents  défenseurs  de  la  cause  popu- 
laire. Député  par  la  noblesse  du  bailliage  de 
Nemoors  aux  états  généraux  (  mai  1789)^  il' se 
montra  d'klx>r(I  partisan  du  vote  par  ordre  et* 
du  re/o  qui  dbnnait  à  chaqpe  ordre  le  pouvoit* 
d*empteher  la  mise,  à'  exécution  des  mesures» 
sflbptées  par  un  on  même  deux  d'entre  eux. 


concorde  à  le  cbambre  de  la  noblesse  de  se 
réunir  à'celle  du  tiers  état,  et  n'attendit  pas 
l'invitation  royale  de  réunion  (27  juin^  pour  ve- 
nir prendre  place  dans  les  rangs  dû  tiers  état  et 
d'une  partie  du  clergé,  déjà  constitués  en  Assem- 
blée nationale,  It  y  siégea  sur -les  bancs  de 
la  gauche  parmi  les  progressistes.  Ce  fut  Itii 
qui,  au  14  juillet,  vint  annoncer  à  TAsseniblëe, 
séant  alors  à  Versailles,  le  soulèvement  d^.  Paris, 
et  la  prise  de  la  Bastille.  Dans  là  nuit  du  4  août , 
rendue  si  mémorable  par  rabolttion.dès.dtoits 
féodaux,  au.  moment  où  l'Assemblée  venait, 
sur  le  rapport  de  Target,  de  confiiTner,  d'une 
façon  assez  pâle,. les  luis  protectrices  de  la  sû- 
reté des  personnes- et  des  propriétés,  le  vicomte 
de  Noailles  s'élança  à  la  tribune,  et  s'écria  que 
cette  mesure  était  complètement  insufllsante 
pour  faire  cesser  l'effervescence  générale,  calmer 
les  esprits,  et  arrêter  les  insurrections  qui  déso- 
laient le  pays  ;  que  le  seul  moyen  de  pacifier  le 
peuple  était  de  satisfaire  enfin  à  ses  l)esoins  et 
d'alléger  les  charges  de  toutes  natures  qui  l'é- 
crasaient. Il  proposa  en  conséquence  de  voter 
«  1°  que  l'impôt  sera  payé  par  tous  les  indi- 
vidus du  royaume,  dans  la  proportion  de  leur 
revenu  ;  2?  que  toutes  les  charges  publiques  se- 
ront à  l'avenir  également  supportées  par  tous; 
3**  que  tous  les  droits  féodaux  seront  rache- 
tables  par  leâ  communautés  en  argent,  ou  échan- 
gés sur  le  prix  d'une  juste  estimation;  4^  qne 
les  corvées  seigneoriaIe.s,  les  mainmortes  et 
autres  servitudes  personnelles  seront  réduites 
sans  rachat  ».  Appuyée  énergiquement  par  le  duc 
d'Aiguillon,  cette  proposition  fut  votée  avec  en- 
thousiasme, et  grâce  à  la  généreuse  initiative  dé 
M.  de  NoailIes,<^n  quelques  heures  des  abus  et 
des  privilèges  de  toutes  espèces  furent  al)oHs;  le 
vieil  arbre  féodal  fut  ainsi  déraciné,  et  cette 
révolution  était  bien  autrement  utile  que  la  prise 
de  la  Bastille  (l), 

Le  vicomte  de  If  ûailTes  rendit  de  grands  services 
dans  le  comité  militaire.  Le  16  septembre  it 
présenta  un  rapport  sur  la  reorganisatlon.de 
l'armée.  Dans  le  courant  de  mai  1790,  à  la  suite 
d*une  discussion  politique  de  peu  d'importance, 
mais  dans  laquelle  il  avait  apporté  toute  la  cha- 
leur de  son  caractère,  il  se  battit  au  pistolet  avec 
Bftmave,  dont  il  estimait  d'ailleurs  la  personne 

(f)  Le  Tlcomle  de  Roaillfs  ne  rtt^pas  applaudi  de  tout. 
La  génâraUU'ileU  nvMtmë  et)  <ki)clrrgé'Iob  repraelia' 
a  d*avolndéinoU  ri6dlAceAV.-«l.  d'dtffolr  fQKmé  le  plao  de 
reeonstrucUon  ;  d'avoir  fait  de  U  popularité  aux,  dépens, 
de  la  majorKé  de^a  caste  ;  d'avoir  provoqué  une  Salott- 
BmAMIcoit  du-  prapalelts»  el)df*dcoU»iftétuMee%  elo.  ». 
La  cour  DonuBi*  Ut  nuit  dii.4.iioAl,.Ja  nMit.  liet.  d«pe«. 
(M"*  Campan  ,  Membres,  t.  Il,  p.  6S).  Quelques  parti- 
san» des  anciens  abns  ont  ansat  contesté  Is  genéroalte 
de  M.  dtoH«.iMI<»cn  ■  ppeifu^wirt  ltiik»tnictlon.  des-prK 
Tllég«s.ct«  d«K  drolta>réodniu;i.  atepîe.'cnlct.de  fanUlle, 
son  sacrifice,  disrnt-ll9,. était  hien  léger  auprès  de  celui 
des  seigneurs  optilents  qae  sa  nwtlon  frappait.  Nûailles 
ne4h  qne-reacdMenà  Iftaunrtraneo  do  lai  Heakpante  fé- 
néralA  do  U  Gî^j«an««  oliarget  enraro  œcutftt  par  soa, 
père. 


143 


et  partageait  les  opinions;  aussi, après  avoir  es- 
suyé le  feu  de  son  adversaire,  Noailles  tira  en 
l'air,  et  on  les  réconcilia.  Le  5  juin  1790  il  fit  à 
la  Société  des  Jacobins,  dont  il  était  membre  as- 
sidu ,  la  motion  de  défendre  à  tous  tes  membres 
de  ce  club  de  porter  des  étoffes  étrangères,  ce 
qui  fut  adopté.  Le  19  du  même  mois  il  contri- 
bua à  faire  supprimer  les  titres  et  qualités  nobi- 
liaires ainsi  que  les  livrées.  En  juillet  il  fit  un 
nouveau  rappoK  sur  la  force  et  l'organisation  de 
l'armée,  et  quelques  jours  après,  en  parlant  des 
projets  bostiles  des  puissances  étrangères  et  des 
moyens  qu'on  avait  à  leur  opposer,  il  démontra, 
avec  éloquence,  que  la  France  serait  invincible 
si  elle  demeurait  unie.  En  septembre,  il  dénonça 
des  manœuvres  pour  agiter  les  gardes  suisses 
et  fit  interdire  à  toute  corporation  ou  association 
de  correspondre  avec  les  régiments  français  ou 
au  service  de  la  France.  Cependant  plus  tard  il 
fit  rapporter  ce  décret,  dans  le  but  d'inspirer  aux 
militaires  l'amour  de  la  constitution.  En  no- 
vembre, dans  un  discours  vébément  au  sujet  des 
événements  de  ^ancy,  il  s'éleva  contre  la  con- 
duite du  marquis  de  Bouille  et  blâma  La  Fayette 
de  s'y  être  associé  en  invitant  les  gardes  natio- 
nales de  la  Meurtlie  et  de  la  Moselle  h  marcher 
contre  les  insurgés.  11  prit  ensuite  la  parole 
oontre  le  privilège  de  la  Compagnie  des  Indes. 
Le  22  décembre,  il  fit  décréter  l'organisation  de 
la  gendarmerie  nationale.  Le  26  février  1791 , 
l'Assemblée  le  choisit  pour  son  président.  En- 
voyé en  mission  en  Alsace,  à  son  retour,  le 
6  avril,  il  parut  à  la  tribune  du  club  des  Amis  de 
la  Constitution  (les  Jacobins)  et  rassura  cette 
société  sur  l'esprit  politique  des  contrées  qu'il 
Tenait  de  visiter.  Le  19,  il  accusa  M.  de  Mont- 
morin,  ministre  des  affaires  étrangères  à  Tocca- 
sion  des  mouvements  de  troupes  des  puissances 
▼oisines  dont  ce  fonctionnaire  paraissait  mal  ins- 
truit. A  A  quoi  servent  donc,  s'écria-t-il,  les 
agents,  les  espions,  les  ambassadeurs,  si  ce  n'est 
pour  savoir  ce  qui  se  passe  sous  leurs  yeux  et 
en  informer  leur  gouvernement?  >  Le  ô  mai  il  lut 
un  discours  long  et  raisonné  sur  la  création  des 
assignats  de  cinq  livres.  Le  29  du  même  mois, 
il  fut  envoyé  à  Colmar  pour  y  étouffer  nne  in- 
surrection :  il  y  réussit.  Arrivé  à  Paris,  le  lende- 
main de  la  fuite  de  Louis  XVI  (21  juin  1791) ,  il 
prêta  avec  un  grand  empressement  le  serment  de 
fidélité  à  la  nation.  Lors  du  retour  de  la  famille 
royale,  une  foule  exaspérée  ayant  entonré  les  fugi- 
tifs à  leur  descente  de  voiture,  la  reine  se  trouva 
séparée  brusquement  de  son  escorte  ;  elle  courait 
un  véritable  dangnr,  lorsque  le  vicomte  de  Noail- 
les, aidé  de  son  ami,  le  duc  d'Aiguillon,  l'enleva 
dans  ses  bras  et  la  mit  à  l'abri  des  insultes.  Le 
5  septembre,  il  parla  longtemps  sur  la  situation 
politique  et  militaire  de  la  France,  prouva  qu'on 
ne  prenait  pas  assez  de  précautions  contre  une 
attaque  spontanée,  et  indiqua  un  plan  pour  as- 
surer la  sûreté  de  l'État  et  ramener  la  confiance 
intérieure,  qu'il  désigna,  avec  tant  de  raison, 


NOAILLES  144 

comme  l'arme  la  plus  sûre  contre  toute  agres- 
sion étrangère.  A  la  fin  de  la  session,  il  se  ren- 
dit aux  armées,  et  fut  nommé  maréchal  de  camp 
le  28  novembre  1791.  A  cette  époque,  il  écrivit 
de  Sedan  une  lettre  très-sage  et  tràs-modérée  à 
l'occasion  du  droit  dont  Louis  XVI  avait  fait 
usage  en  refusant  de  sanctionner  le  décret  oontre 
les  émigrants.  En  mai  1792,  il  commandait  sous 
La  Fayette  la  chaîne  des  avant-postes  du  camp 
de  Valenciennes;  mais  après  la  déroute  de  BIron 
à  Quiévrain  et  l'assassinat  de  Dillon  à  Tournay, 
il  fut  attaqué  par  le  duc  de  Saxe-Teschen  avec 
des  forces  supérieures,  et  fut  battu  à  Gliswel. 
Attristé  par  les  assassinats  et  les  déroutes,  sans 
combats,  qui  ensanglantaient  et  déshonoraient  le 
drapeau  français;  voyant  la  trahison  et  la  dé- 
sertion dans  les  rang?,  les  dut»  anarcbisant 
l'armée,  les  volontaires  ne  se  levant  pas,  un  mi- 
nistère nul ,  l'entourage  du  roi  soupçonné  de 
correspondre  avec  les  puissances  étrangères, 
la  dénonciation  érigée  en  système,  nne  assem- 
blée divisée  et  hostile  au  gouvernement,  des 
municipalités  factieuses  agitant  un  peuple  om- 
brageux et  affamé,  il  désespéra  de  sa  patrie, 
donna  sa  démission,  et  passa  en  Angleterre  et 
de  là  aux  États-Unis.  Après  la  tourmente  révo- 
lutionnaire, il  sollicita  et  obtint  sa  radiation  de 
la  liste  des  émigrés,  et  reprit  du  service.  En  1 803, 
il  fut  envoyé  à  Saint-Domingue  avec  le  grade  de 
général  de  brigade.  11  défendit  avec  un  grand 
courage  le  môle  Saint-Nicolas  contre  les  Anglais, 
et  réussit  malgré  la  croisière  ennemie  à  gagner 
avec  sa  garnison  l'Ile  de  CuIm.  En  se  rendant  à 
La  Havane,  il  rencontra  une  corvette  anglaise 
qu'il  enleva  à  l'abordage;  mais  il  fut  frappé  mor- 
tellement, et  mourut  quelques  jours  plus  tard. 
Ses  soldats  enfermèrent  son  cœur  dans  une 
botte  d'argent  qu'ils  attachèrent  à  leur  drapeau. 
Le  vicomte  de  Noailles  fut  vivement  regretté 
de  tous  ceux  qui  l'avaient  connu. 

De  sa  femme,  née  en  1760  et  guillotinée  à 
Paris,  le  4  thermidor  an  ii  (22  juillet  1794),  il 
laissa  un  fils,  le  comte  Alexis  de  Noailles,  et 
une  fille,  qui  épousa  le  marquis  de  Vérac 

A.  D'E— c. 

Rabaot,  Précis  hiMtoriçuê  de  la  BétoliAUm  fnuiiÇaUt, 
p.  IM.  —  BaUly,  Mémoires,  t.  Il,  p.  tl7,  tlt.  —  Fcirié- 
rea,  Mém.  L I.  p.  18t.  —  DuUure,  Eequtstes  kut.  de  la 
Révotutionfrançaiie  (ParU  s  vol.  ln-«*}.  C  !•'.  chap.  VI, 
p.  tsi-tlt.  —  LoaU  Blaoç,  Histoire  de  la  RévoltUitm 
française,  t.  Il,  chap.  xv,  p.  4S4-489.  —  Alezandrt  de 
Laneth,  Uiêt.  de  VJssemblée  eontUtuanUt  1. 1.  p.  m- 
07.  —  Barâre,  JUém.,  p.  tSS.  —  Thiera,  Hist.  de  la  Bero- 
Imtion française.  X  l«r,  Uv.  II,  p.  tOI-lM;  IW.  IV.  p.  mt. 
—  BerU-and  de  MolicvUle,  HM.  de  la  Révolution'françaiie 
{  Paris,  tsoo-lios,  14  voL  iii-8«).-Le  même,  Mem.  particf»- 
Herspowr  servir  dr hist.  dela/tndmrégnsdeiAmisXf^l 
(Loadre«,  nn,  t  voL  la-S*). 

NOAILLES  (Louis 'Joseph 'Alexis,  comte 
ob),  homme  politique  français,  fils  du  précédent, 
né  le  1*'  juin  1783,  à  Paris,  où  il  mourut»  le 
14  mai  1S3S.  11  fut,  après  la  mort  de  sa  mère, 
qui  périt  sur  l'échafaud  avec  une  partie  de  sa 
famille,  élevé  avec  soin  par  la  duchesse  de  Do- 


ras ,  sa  tante.  £lle  lui  inspira  les  sentiments  les 


U3 


ISOAlLLES 


146 


plus  religieux  et  les  plus  monarchiques;  aussi 
lorsqu'en  1809  la  fortune  de  Napoléon  éprouva 
ses  premières  atteintes  en  Espagne ,  et  que  ses 
démêlés  avec  le  pape  Pie  Vil  vinrent  aider  les 
eoDemis  du  gouvernement  impérial  dans  une 
guerre  de  sacristie  et  de  salon  qu'ils  lui  faisaient 
sans  trop  de  mystère,  Alexis  de  Noailles  fut  arrêté 
et  jeté  en  prison,  comme  accusé  d'avoirrépandu 
la  bulle  d'excommunication  que  Pie  VU  avait 
folminée,  le  1 1  juin  1809,  contre  les  auteurs,  fau- 
teurs et  complices  de  Tusurpation  de  ses  Etats, 
balle  qui  s'appliquait  implicitement  à  Napoléon. 
Croyant  servir  les  Intentions  de  son  maître  en 
cherchant  à  rallier  à  sa  cause  un  gentilhomme  de 
vieille  race,  le  ministre  Fouché  lui  offrit  alors 
la  liberté,  s'il  Toulait  prendre  du  service  dans 
i'araiée  et  se  rendre  à  Vienne,  comme  aide  de 
camp  de  l'empereur.  Le  ptisonnier  refusa,  et  l'on 
assure  même  que,  sur  la  menace  d'y  être  con- 
duit par  la  gendarmerie,  il  répondit  au  ministre 
de  la  police  :  «  Faites  plus,  ordonnez  qu'on  m'y 
mène  la  corde  au  cou.  »  Il  demeura  sept  mois 
en  prison,  et  s'y  lia  d'une  manière  intime  avec  le 
général  Malet,  qui,  dans  la  prévision  de  la  réus- 
site de  son  audacieuse  conspiration  en  1812,  le 
porta  sur  la  liste  des  membres  de  son  gouverne- 
ment provisoire.  Rendu  à  la  liberté  par  le  crédit 
de  son  frère  Alfred,  il  n'était  plus  alors  en  France, 
et  avait  été  forcé  de  s'expatrier  en  131 1.  il 
s'était  réfugié  d'abord  en  Suisse,  auprès  du  duc  de 
Noaillet,  son  parent.  Napoléon,  apprenant  que  le 
comte  tramait  le  rétablissement  des  Bourbons , 
demanda  son  extradition  à  l'autorité  spéciale 
<iu  canton  de  Vaud ,  et  le  mit  dans  la  nécessité 
<ie  quitter  ce  pays.  Après  avoir  sondé  les  dispo- 
âtioas  de  la  cour  de  Vienne,  et  celles  de  fem- 
pereur  Alexandre,  il  se  rendit  à  Stockholm  en 
avril  1812,  et  y  reçut  le  plus  bienveillant  accueil 
da  prince  royal  Bemadotte.  Il  passa  de  là  en 
Angleterre,  et  vint  à  Hartwell  offrir  ses  services 
i  Louis  XVI II,  qui  le  chargea  d'une  mission  im- 
portante à  la  cour  de  Russie,  avec  des  pouvoirs 
trèiétendus.  Après  un  séjour  de  quatre  mois  h 
Saint-Pétershoarg,  il  rapporta  à  Hartwell  des 
lettres  d'Alexandre  sur  les  événements  militaires 
àt  1812.  Un  ao  après,  il  était  sur  le  continent, 
et  faisait  la  campagne  de  l'Elbe  contre  les  armées 
françaises,  comme  aide  de  camp  d'un  autre 
Français ,  Bemadotte,  qui  avait  aussi  le  malheur 
àe  eomlMttre  sous  des  drapeaux  ennemis  de  la 
France.  Il  fut  ensuite  enToyé  en  Bohême,  auprès 
des  empereurs  d'Autriche  et  de  Russie,  après  la 
bataille  de  Grossbeeren  (août  1813),  puis  vers 
le  maréchal  BIQcher,  pendant  sa  marche  sur 
Halle.  Sa  conduite  valeureuse  à  la  bataille  de 
Iieiptûck,  si  désastreuse  pour  la  France ,  lui  va- 
lot  de  nombreux  témoignages  de  gratitude  de 
^  part  des  souTerains  étrangers,  qui  le  déco- 
f^t  de  leurs  principaux  ordres.  Bemadotte 
l'envoya  oe  jour-là  à  Blilcher  pour  lui  deman- 
<ier  des  renforts;  ce  maréchal  semblait  hésiter 
à  les  loi  aoconleri  quand  un  boulet  passa  au  mi- 


lieu d'eux  :  «  Voici,  dit  M.  de  NoalUes,  un  par- 
lementaire qui  sera  sans  doute  plus  éloquent  que 
moi.  »  Le  marédial  sourit,  et  détacha  deux  bri- 
gades. Franchissant  le  Rhin  avec  les  alliés,  le 
comte  revit  en  1814  son  pays  pour  prendre  part 
à  son  invasion,  et  combattit  à  Brienne  et  à 
Fère-Champenoise.  Le  comte  d'Artois  le  lit  venir, 
à  Vesoul  j  auprès  de  lui ,  et  le  choisit  pour  aide 
de  camp.  M.  de  Noaiiles  accompagna  ce  prince 
à  Nancy,  et  le  précéda  de  quelques  jours  à  Paris, 
tombé  au  pouvoir  de  la  coalition.  Le  22  avril 
1814,  il  fut  nommé  commissaire  du  roi  dans  la 
19*  division  militaire,  d'où  on  le  fit  passer  à 
Vienne  pour  y  seconder  le  prince  de  Talleyrand 
dans  ses  travaux  diplomatiques  :  il  figura  au 
congrès  comme  l'un  des  ministres  plénipoten- 
tiaires de  la  France.  Dans  cette  mission ,  il  sut 
mériter  l'estime  des  princes  étrangers ,  et  reçut 
d'eux  de  nouveaux  témoignages  de  gratitude  et  de 
bienveillance.  Les  événements  de  18 1 5  l'ayant  sur- 
pris à  Vienne,  il  fut  chargé  au  mois  d'avril  d'aller 
porter  à  Gand  à  Louis  XVI II  la  déclaration  des 
puissances  européennes  contre  Napoléon,  qui,  par 
un  décret  rendu  le  12  marsà  Lyon,  l'avait  nomina- 
tivement excepté  de  l'amnistie  des  Cent-Jour$,avec 
son  collègue  le  prince  de  Talleyrand,  le  duc  de 
Raguse,  MM.  de  Vitrolles,  Lyncli  et  quelques  au- 
tres. Rentré  en  France  avec  la  famille  royale,  en 
juillet  1815,  il  fut  immédiatement  nommé  président 
du  collège  électoral  de  l'Oise,  et  ce  département  et 
celui  du  Rhône  l'élurent  député.  Nommé  ministre 
d'État  et  membre  du  conseil  privé  (19  septembre 
1815),  M.  de  Noallles  vota  constamment  avec 
la  fameuse  majorité  de  cette  chambre ,  et  pré- 
sida en  1818  et  en  1824  le  collège  électoral  de  la 
Corréze,  et  sept  foiit  le  conseil  général  de  ce  dé- 
partement, qui  l'élut  député  à  la  chambre  septen- 
nale de  1824.  A  cette  époque,  attaché  d'abord 
au  char  de  M.  de  Villèle ,  il  montra  parfois  quel- 
ques Telléités  d'indépendance,  et  finit  par  rendre 
son  opinion  insaisissable  et  son  classement  im- 
possible dans  cette  chambre.  Breveté  colonel 
d'état-major,  il  fut  à  l'avènement  de  Charles  X 
nommé  aide  de  camp  de  ce  prince ,  bien  qu'il  eât 
fait  opposition  au  ministère.  Pendant  la  session 
de  1827,  il  exprima  ses  sympathies  pour  la  cause 
des  Grecs;  en  flétrissant,  dans  un  discours  véhé- 
ment la  politique  des  hommes  d'État  <urcopAi/ef, 
il  se  fit  applaudir  an  dedans  et  au  deliors  de  la 
chambre.  Cette  attaque  générale  lui  valut  au  mois 
de  novembre  d'être  réélu  par  les  suffrages  des 
constitutionnels.  Ses  premiers  actes,  àl'ouvertnre 
de  la  session  de  1828,  désabusèrent  bientôt  les  li- 
béraux. Membres  de  la  commission  de  l'adresse, 
M.  de  Noaiiles  s'opposa  de  toutes  ses  forces  à  l'épi- 
thète  de  déplorable,  si  justement  infligée  à  l'an- 
cienne administration,  qu'il  avait  lui*mêmefrap« 
pée  naguère  d'une  réprobation  éloquente  ;  et  ce 
fut  à  cette  occasion  qu'Augustin  Périer,  député 
de  l'Isère,  lui  adressa  cette  vive  apostrophe  : 
«  Allons,  monsieur,  il  faut  opter  entre  les  fonc- 
tions die  député  et  le  rôle  de  courtisan.  Souve- 


U7 


NOAILLES 


nez-vous  qu'il  y  a  six.  mois  à  |ieine  noufi  rimes 
ensemble  un  voya^  daas  le  DaupbiDé,  et  que 
TOUS  m'ubligeÀte»  souvent  de  calmer  votre  irri- 
tation contre  le  ministèrt;  que  vous  craignez  au? 
jourd'hui  de  qualifier  trop^  dur^mMit.  »  M»  de 
Noailles  ne  tint  aucaQ.ooinpte  de  oes  iiaroloâ^et 
.se  rallia  de  plas4>n  plu» A  PanoieMe  miy^rilÀ. 
Le  7  août  1830  il  prêta  serment  au  nouié^u. 
gOUTcrnemeat,  en  annonçant  quMl  ne  le  faisait 
que  par  dévouement  et  pour  édiapper  à  l'anar- 
cliie  ;  mais  il  ne  fut  pas  réélu  aux  élections  qui 
suivirent,  et  rentra  dans  la  vie  privée,  où  il  con- 
sacra sa.  fortune  àja  pratique  des  bonnes  œu- 
vres. 

Le  comte  Alexis  de  Noailles  se  distinguait  par 
des  connaissances  étendues  sur  la  littérature  an^ 
cienue  et  sur  celle  de  plusieurs-nations  de  Tfiur 
rope,  dont  il  pariait  très-bien  les  langues*  U 
avait  épousé  Cécile  de  Boisgelin ,.  veuve  de  Ga^ 
briel  Raymond,  comte  de  Bérenger,  tué  à  Dresde, 
la  30  avril.  18 13,  et  a  laissé  deux  enfants  de  ce 
mariage.  H.  Fisquest. 

De  CourceUes,  Hitt.  Qénial.  de*  pairs  de  France, 
t.  Vlll.  -.  Rioçr.  des  dépvtés  de  la  chambre  septennale» 
—  Utoçr.  univ.  et  port,  des  Contemporains.  —  Moniteur 
tinte..  1909»  1811^  isat*. 

HOAJLL£S  {Alfred' iJDuU'Dominiçti&'Vin'' 
cent  de  Paul  ne)»  frère  du.  précédent,  né  à 
Paris,  en  17&6,  tué  le  28  novembre  1812,  au  pas- 
sage de  la  Bérésina.  Attaché  en  1804  à  la  mis- 
sion  de  Portails  fils  à>  Ratisbonnov  il  quitta  via 
diplomatie  pour,  la  carfière  militaire.  Aide  de 
camp  du  maréchal  Bertliier,.  H  le  suivit  en  Es- 
pagne,, et  fui.  fait  prisonnier  pires  de  Girone. 
Échangé  six,  mois  après,  il  reprit  ses  fonction» 
à  Tarmée  d'Allemagne,  et  fut  k  cette  éfwque 
chargé  de  plusieurs  missions  iinportanles.  Le 
grade  de  colonel  allait  lui  être  donné,  qoandiil 
périt  dans  la  retraite  de  Aucsie^ 

ROAJILLES  (  Rosalie  Gàartolte-AnioiMU»* 
Léoniine  orMouchy  ne),. femme  du  précédent;, 
née  à  Paris,  le  22  juillet  1791»  morte  à  Mouchy- 
le-Châtel  (Oise),  le  1 2 septembre  18âtl.  Mariéeà 
son  cousin,  le  15  avrU  1609,  elle  reeta  veuve  Mec 
une  seule  fille,  et  ne  reparut. dans  le  monde 
qu'après  avoûriaalievé  r.é4uoalàonidcK>ettB  eoOint; 
Aax>  charmes,  d'uni  es^irit  avssii  fin;  qws .  déh'cat 
ell«i  joigotit  des  couiais8aooes<  vanias^  eè  une 
instivction  plusétendoeetraieuK  réOéQhi^n&Mi. 
nelâitnove.ondiQaiMiQeat obeziltefiknnea  Un^ 
detses  onoks^  M.  de  Poix^quisfub  tonte  sfti  vie* 
uBibibliophileaiiflsi ardent qo'éelairé,  loiini^in» 
le*goAI  des  bonfr  et  beani.liFrea.  A  aftonrl;  ar< 
rivée-inapinéouMit,   le*  ifT"  aeût  lata^  M?^'  de- 
NoaiUea  pritt  lacplMw  qoliUoesuiaiti  dans  .la^  5o.. 
ciééé  dÈibtUiophàlaSifrmnçaiâx  Ge-fbb  eHe<qui» 
rédUgea  \m.IfùUeû  néanolègiqpe  consacrée*  è  aon 
ORfiBipat'oakle.aoeiété»  et  elle  iil.auMii  lantltt 
lutt  NaiiOê'aÊêûz  IttigiM'  sopHteie' Adélaïde  v. 
denhaase  de  Bouiigt9ie,.dmiptainedeRrencev 
si  aioiéo  de*  Louià-  MW,  et  qui  lui  fui  si^  vite  en*- 
le«^i  Gette*notiee  servait  d'jntvodufilioa  à.  des 
lettres  de  cette  princesse  que  possédait  M***"  de 


148 


Noaillcs,  et  qM*el!e  |NibUa  dans*  les  Mélanges  de 

la  société  des  bibliophiles  françAis.  H.  F. 

De  Courcelles.  Mût,  géneuL  d£s  pairs  de  Fr„  U  VIU. 
—  Docum.  partie. 

;iiroAiLLEs  {Paul,  duc  he),  historien  fran- 
çais, né  le  4  janvier  1802,  à  Paris,  Après  avoir 
complété  son  éducation  par  un  assez  long  voyage 
à  travers  les  principales  contrées  de  l'Europe, 
il  fut  appelé  par  ordonnance  royale  de  12  jan- 
vier 1823  au  droit  de  succession  des  titres  et  de 
la  pairie  de  son  grand-oncle  Jean-Paul-François; 
il  prit  séance  au  Luxembourg  le  â  février  1827, 
seulement  avec  voix  consultative  ;  mais  il  n'y 
parut  presque  point  pendant  les  courtes  sessions 
qui  précédèrent  la  révolution  de  Juillet.  De  cette 
époque  date  sa  carrière  politique.  N'ayant  oc- 
cupé sous  la  restauration  ni  emploi  ni  charge 
à  la  cour,  il  accepta  les  faits  accomplis  en  1830 
et  prêta  serment  à  la  dynastie  nouvelle  (i).  Le 
19  avril  1831  il  aborda  pour  la  première  fols  la 
tribune,  à  Toccasion  du  projet  de  loi  relatifau 
bannissement  de  Charles  X  et  de  sa  fàmillt»,  et  dé- 
clara qu'il  jugeait  cette  proposition  aussi  dange- 
reuse qu'impolitique.  J!)ans  la  session  suivante 
il  protesta  en  faveur  de  l'hérédité  de  la  pairie  au 
nom  du  principe  aristocratique,  sans  lequel  à  ses 
yeux  la  société  tom1)erait  en  ruines  (23.décembre 
1831),  et  s'éleva  avec  force  contre  le  bannisse- 
ment des  Bourbons  de  la  branche  aînée  (  1 2  jaur 
vier  1832).  Sans  renier  aucun  de  ses  anciens 
sentiments,  qu'il  ne  croyait  pas,  disait-il,  »  ior 
compatibles  avec  ses  devoirs  nouveaux  »,  il 
traita  la  plupart  des  grandes  questions  politiqueji 
avec  une  remarquable  ind(^pendance.  Il  blAma 
l'état  de  siège,  faisant  appel  au  respect  de  la  li- 
berté individuelle  (février  1833),  se  prononça 
contre  la  résolution  du  ministère  de  traduire  les 
insurgés  de  Paris  et  de  Lyon  devant  la  chambre 
des  pairs  (22  janvier  1835),  s'abstint  d*y  siéger 
durant  le  cours  du  procès,  combattit  la  loi  sur. 
les  fortifications  de  Paris  (^5  mars  1841),  et. 
préconisa,  dans  ses  discours  sur  là  politique 
étrangère ,  l'alliance  russe  comme  préférable  à 
l'alliance  anglaise,  x  M.  de  Moaillès  a  le  double 
mérite,  écrivait  en  1842  M.  de  Ce5:ena,,de  ne  pas 
s'effacer  dans  une  couleur  politique^  indécise 
et  de  n'empnmter  sa.  force  ni -à  la  violence  dû 
langage  ni  à  l'exagération  des  doctrines.  E&prit: 
prudent,  réfléchi,. observateur,  il  s'est  attaché, 
au  principe  de  la  légitimité  comme  à  la  t>arrière 
la  plus  puissante  et  la  plus  logique  à  opposer 
aux  théories  révolutionnaires.  ».  Rendu  à  la  Tift 
privée  par  les  événements  de  1848,  M.  de 
Noailles  n'en  est  plus  sorti  et  s',est. consacré  tout. 
entier  à  Tétude  des  lettres.  ÉUi^.le  U  janTîer 
t849,  membre  de  l'Académie  française  en  rem- 
placement de  GhÂteauhriand^  il  fut  admis  le  6 
décembre  suivant  etteçp  par' M.  Patin.  Marié  ea 

(1)  U&4  août  liao  u  WMI'  à  Ghwtat  Xs  «iH  n*  so  tro>«  • 
valt»  nittt  ok  »âret6  ^  RMriiMiikkK  un-  asile*  daos»  smm  • 
cbiUau.  de  M«inteoai\,.sttué  à  quelques  ilcufi5  deo-LlQ 
TlUr.  Le  vJrux  roi  y  p-tsm  la  milr,  et  ce  fui  de  Ià.qvi*il  se 
mit  eanarche  pour  Cherbourff. 


U9 


NOAILLES  —  KOBILl 


150 


1 S23  avec  Alice  de  Rochechouiirt-Mortemart,  filld 
du  duc  de  Morteinart ,  mort  eu  18 12,. il  a  deux 
fiU,  Jules,  duc  cHAyen,  né  ea  1826,  et  Henri 
deJSoailleSf  né  en  1830.  Od  a  de  M.  de  Noailies  : 
Saini'Cyr,  Histoire  de.  la  maison  royale  de 
Saint' Louis  établie  à  Saint-Cyr.  pour  Véduca- 
{ion  des  demoiselles,  nobles,  du  royaume; 
Paris,  lS43,in-80y  pU  2*  édit.,  augnientée,  18ô6, 
ÎQ.g»;  —  JSloge  de  Scifâon,  de  Dreux ^  mar- 
quis de  Brézéf  prononcé  à  la  Chambre  des 
Pairs  :  Paris,  1846,  ia^8*  ;  rauteur  avait  lu  dans 
la  même  assemblée  en  1837  ua  éloge  de  M.  de 
Chabrol,,  qui  n'a  pas  .été  réiropncné;.—  Histoire 
de  M^^  de  Maintenon  et  des  principaux  évé- 
nements du  règne  de  Louis. XI V:.Pm$f  1848 
et  ann.  suiv.»  t.  1  à  IV,  io-8*^.  n  Dans  un  cadre 
de  plua  en  plus  élargi,.dit  M.  Patin,  la  biographie 
de  M»e  de  Maintenon  est  devenue  une  histoire, 
et  une  histoire  «  en  certains  points  importants, 
très- approfondie  du  r^ede  Louis  XJV.  » 

CL  Sanut  etjSalot-Edait*  Biof/r»  des  hcmmai  du  four, 
II,  1'*  part.  —  A.  de  Ceaena,  JVotiùe  dans  le  Biograpfie 
vnticrMi,  mal  184t. —- Vapere**,  DUt.  unit.  deiOantemp. 

noAiLLKS.  Voy.  Moçcht. 

*  HORACE  {  Charles- Auguste) ,  économiste 
allemand;  né  à  K(£lledlt,  le  18  juin  1810.  Après 
avoir  étudié  lès  mathématfqnes  et  les  sciences 
physiques,  il  exerça  les  fODCtions  de  professeur 
à  i'école  de  commerce  établie  à  Effnrt  par  son 
père;  en  1843  il  fonda  à  Berlin  arec  son  frère 
Frédéric-Edouard  une  institution  analogue ,  qui 
ces9a  en  1848.  En  185?  il  fût  nommé  secrétaire 
de  la  cbaml>re  de  commerce  à  Budwetss.  On  a 
de  lui  :  Der  Handel  in  Compagnie  (Des  Asso- 
ciations commerciales) ;  Weimar,  1842  ;  —  Die 
LHn^industriê  in  Deutschland  (L'Industrie 
linière  en  Allemagne);  Hambourg,  1850;  — 
Gewerbs-und  Bandelstatistik  des  Kreises 
Jfuiweiss  (Statistique  industrielle  et'  commer^ 
dale  du  cercle  de  Budweiss),  1853. 

;'HOBAC&  {Frédéric  Edouard  ), économiste 
allemand,  frère  du  précédent,  né  à  Grefeld,  le  28 
février  1815.  Aprè&  avoir  pendant  cinq  ans  dirigé 
avec  son  frère  Técole  de  commerce  qu'ils 
avaient  ouverte  à  Berlin,  il  fut  en  1849  placé  à 
la  tête  de  Pécole  industrielle  de  Ghemnitz.  On  a 
de  lui  :  Der  Kaufmann  als  Lehrlîng,  Commis 
une  Chef  (Le  Commerçant  apprenti,  commis 
et  dTef9  ;  Leipzig,  1842-1844,  2  vol.;  —  Ueber 
Weehsel  und'  Wechsélrecht  (  Les  Lettres  de 
change  et  la  législation  qui  les  régit);  Berlin, 
1845;  —  Systematisches  Lehrffuch  der  Han- 
déUwissenschaft  (Manuel  systématique  de  la 
•science  dta  commerce);  Berlin,  l{r48^1849, 
2  vol.  Il  a  aussi  donné  une  édiflon-  augmen- 
tée de  romrrage  de  son  père  :  VollStxndlges 
Tasthenbuch  der  Afiinz-Mùns-und'Gewichts- 
rerhxltnisse  aller  Lscnder  (  Manuel' complct'des 
monnaies,  des  poids  et'  mesnres  de  tous  les 
pajs);  183^  etlWl,  2-voL  C 

CùAttriaiiQ9S  Irxicon. 

aoEâXAH  (Ibn).  Voy..Zt\w>m. 


NOBiLi  (Le  P.  Roberlo  de*),  en  latin  de  No- 
BiLwus,  missionnaire  toscan,  aé  à  Monte-Pul- 
ciane,  en  septembre  1577,  mort  à  Meliapour 
(côte  de  Cororoandel),  le  16  janvier  1656.  il 
élait  parent  du  pape  Marcel  II  et  neveu  du  ce: 
lèbre  cardinal  Bellarmin.  Il  fil  ses  études  à  Rome 
et  à.  Naples,  et  dès  r&ge  de  vingt  ans  fit  profes- 
sion chez  les  Jésuites,  qui  renvoyèrent  en  mis* 
sion  dans  lés  Iodes.  Aussitôt  son  arrivée  en  Asie,, 
il  s'appliqua  à  l'étude  des  langues  sémitiques  et 
apprit  en  très-peu  de  temps  le  badaga ,  le  ben- 
gali ,  le  maJabare ,  le  tamoul ,  idiomes  les  plus 
répandus  dans  l'Inde.  Il  alla  ensuite  prêcher 
la  foi, catholique  dans  les  royaumes  de  Maduré, 
de  Macava,  de  Maîssour,  de.Tanjaour  et  autres 
nababies  de  llnde  méridionale  en  deçà  du 
Gange.  Entraîné  par  son  zèle  et  remarquant  l'in- 
fluence que  les  brahmanes  exercent  sur  les  autres 
castes  indiennes,  il  ne  craignit  pas  de  se  faire 
brahmane  lui-même  (1).  Il  en  prit  le  costume, 
la  marque,  et  en  afferta  le  régime,  les  pénitences- 
et  les  usages.  Il  réussit  de  la  sorte  à  convertir 
au  christianisme  un  certain  nombre  d'indigènes; 
mais  plusieurs  de  ses  collègues  l'accusèrent  de 
se  prêter,  lui  et  ses  disciples,  à  des  pratiques  qui 
se  rapprochaient  .fort  de  ridolâtrie.  L'affaire  fut 

(1)  De  tootca  Its^mUsiont  qii\>n  aéiairt  es  dans  ces  par* 
tic»  éiclgnée»  dt  l*BiiroHf  Mlon  Maalieiii^  aucune  n'a  été- 
plus  coiis<awio«nt  et  piiu  gtoériOenieiit  appUudle  oac 
celle  de  Robert  de*  Kobili,  parce  que  c'e«t  elle  qui  a 
produit  les  (ruIL^  les  plus  abonda oLn  et  iea  plus  durables. 
«•Gej^nlte  Italien  laia  id/une- méièode  slutulière  pour 
readrc  soa JViDliilére  eUlMtfe.-  AyacKobsorv^que-  les Ja-^ 
dlons  avalent  une  averstun  extrême  pour. les  Européens, 
et  une-Ténératlan  extraordinaire  pour  les  brahmanes, 
qu'ils  crojctenli descendre  des  dieu»  et'.aux<|«elsilh  ren- 
dolent  iineobébsaacf  aveugle». il  Xcignlt  d'être  nn.bracb- 
mane  étraagcr.;  ilse.pelysgyu^  Je  vl^iigci  U  Imlla'la  tU*  aiu* 
tèrc  dt'S  taniaiis  (  péulteols  ),  et  vint  en  effet  a  .bout  de 
persuader  li  ce  peuple  crédule  qu'il  élolt  rn  effet  an 
roeiubre  de  cet  ordce  vénàré,  IL  convcrill  par  ce  stra>- 
tagèoie  douze  brahmanes  célèbres  au  ehrlslUinbroe» 
dont  l'exemple  engagea  un  nombre  prodigieux  d'Indiens 
d'éCôuter  les  InsCru^ltons^et/  û'mï^fiitf  la»  doctrtfte  que 
Itor  asaonçatt  cecelèbM  mlss^mniocek.  *»  Apcè-t  la  mort 
de  de'  NobUi  on  négligea  pondant  quelque  temp^  cette 
pratique  ;  mais  elle  fot  reprise  plus  tard  par  quelques 
missionoatrrs  fMsi«atset'port«ftals.Ce8<hnM  b»abint««S' 
priUquentao  surpbistles'  terrtUestausiédtéttqnt'S'Isapo-. 
sait  la  caste  qulls  veuknl  imitée.  Ils  nient  hardiment 
qu'Us  soient  Européens,  et  se  donnent  seulement  jiOfxr 
des  habnantsdcspays-du  Iford^l). 

A^MSddélsitat .  Norbaiti, .  4a#)»»  scst AÊèmt  Als*srif«r# » 
ajimte  les  solvants  ::«  NobUk^q^e  les  Jésuites  xegardent,. 
après  François-Xavier,  comme  le  plus  grand  apôtre  des 
I»dea^  s»dOttra  ^es peines  incrAyaMc»  poor  «'Instruire  de 
l»ireUaÉoB(  de»  coutafliQSiekiletlailsnflttrida' Materez  H 
fil  plus,  11  imposa  sUence  iiceuxjqol.  s'oppnsoleni  *  sa- 
mission,  et  surtout  i  ceux  qui  regardolent  son  caractère 
de  brahmane  comme  une-  Impostarn)  en  leur>mon<nnt' 
un  vieu  titrai  eoipairliMUa^  d«a»leiiifi  ll'avolt  parlai- 
temeol  iwlié  les.  carjcUre».  du  ii^js,, lequel  pprtell  que 
les  brahmanes  de  Rome  éteiept  be.iiicoup  plus  ancieat 
que  ceux 'de  riDde,  et  que^o»-  Jésuites  descendofent  en 
droite  .ligne  dudisii  llrama«  »'Le<l\  Jouveeciidens  1  //•» 
foire  qu'il  a  dénuée,  de  MnjoftUo^  nipRortc..r  la  luiKinse 
de  son  confrère**  qqe  quelques  Imtieii.H  <*i>-<inl  disputé  à> 
Robert  de*  NoWn  rsulbentictté»  de-  son-  titre  enfnmé.  U 
déclara  avea,sarntat<s,  duvoDt  -les  JuKimanesidé  •Madasé^s 
qu'il  descendott«rlu..dlcu  nrdOfw  '•LeJBl.Pj.clte^çfiUie  cpib 
duite  «  comme  un  trait  dVsprli  » 

(l)  vrbano  llrrri ,  État  prci*nt  lUi'ljgliM  rp«WM««  p,  17^ 


151 


NOBIL!  —  NOBLE 


152 


f>ortée  à  Rome  ;  le  P.  Nobili  s'y  fit  appuyer  par 
les  inquisiteurs  de  Goa  et  par  Parchevèqae  de 
Crangaoor.  Il  gagna  sa  cause  :  le  pape  Gré- 
);oire  XV  autorisa  les  brahmanes  convertis  à 
«continuer  de  porter  leurs  signes  et  vêtements 
diKtinctifs  de  caste.  Cette  tolérance  eut  un  bon 
•eiïet,  et  augmenta  considérablement  le  nombre 
des  néophytes.  Le  P.  Nobili ,  accablé  par  les  fa> 
ligues,  plus  encore  que  par  l'Age,  se  retira,  en 
1651,  dans  le  collège  de  Meliapour,  où  il  mourut. 
Il  a  écrit,  selon  Sotwell,  dans  les  diverses 
tangues  Indiennes,  quil  connaissait  si  bien  :  Ca- 
techismus  ad  Gentilium  conversionem  in 
partem  V  divUtu;  —  Sdentia  animxi  liber 
4n  quOf  prxter  eatholicx  fidei  veritates  ad 
4inimam  pertinentes,  omnes  Orientis  errores, 
circa  fatum  et  transmigrationem  animarum, 
confutantur  ;  —  Àpologia  contra  probra  qux 
cdversus  legem  Dei  ab  ethnicis  objiciuniury 
ubi  eadem  objecta  in  eorum  sectas  apte  re- 
iorquentur;  —  JÀber  de  Signis  verx  legis 
utilisiimus;  —  Lucerna  spiritualis;  —  De 
Vita  xterna;  —  De  Fide  pro  instituendis 
pueris;  —  Compendium  catechismi;  —  Dia- 
logus  in  quo  transtnigratio  animarum  im- 
pugnatwr;-^  Regul»  perfectionis ;  —  Vita 
B,  V.  Marix  venu  tamulico ,  qwe  in  omni- 
bus locis  et  ab  omni  hominum  génère  can- 
tari  sotetf  pro  consolatione  animarum  sua- 
rum;  —  des  Opuscula  et  des  Conciones 
varix^  etc.  M.  Weiss  attribue  au  P.  Nobiii 
VJSzourvédam^  d'après  l'opinion  des  Hindous  de 
Pondichéry.  VEiourvédam  est  une  imitation 
moderne  des  Yédas.  A.  db  L. 

Sothwell,  BibUotkeea  Soeietatit  Jetu,  p.  7tv-7ii.  - 
Fraocit  ElIU,  daos  le*  jéskMe  HeieorcAei,  t.  XI V.-  Jou- 
Tcncjr,  HiU.  des  Jésuitei.  -  Lettre*  éd^/lantetf  t.  X, 
p.  71  («dit.  de  1781).  "  Hotbeim,  HUt,  ecclésiastique, 
t.  VII,  p.  IS.  —  Le  P.  Norbert,  Mémoires  historiques  sur 
Us  mtofloiu  du  Malabar,  t.  II,  p.  I4l. 

MOBLB  ou  HOBBL ( Constantin), navigateur 
hollandais,  né  vers  1616,  mort  après  1674.  Sa 
famille  était  originaire  de  la  Provence;  et  avait 
émigré  en  Hollande  à  la  suite  des  guerres  de  re- 
ligion. Noble  voulut  suivre  la  carrière  qu'avaient 
parcourue  sec  ancêtres,  et  entra  très-jeune  dans  la 
marine  néerlandaise.  Embarqué  comme  mouf^se, 
après  de  nombreuses  et  pénitiles  campagnes  dans 
toutes  les  parties  du  globe,  il  était  arrivé  de 
grade  en  grade  à  celui  de  contre-amiral,  et  se 
trouvait  en  rade  de  Batavia  sous  les  ordres  de 
Tantiral  Ballhazar  Sort  (  vog,  ce  nom  ),  lorsque 
Jan  Maatzuiker,  gouverneur  général  de  la  Com- 
pagnie hollandaise  des  Iodes  orientales,  résolut 
de  mettre  un  terme  à  la  piraterie  qui  d^lait  les 
mers  de  Chine  et  du  Japon  (  1661  ).  Déjà  le  fa- 
meux Coxinga  (  en  chinois,  Tching-Tchin-Kong) 
avait  enlevé  aux  Hollandais  la  magnifique  lie  de 
Tai-wan  (Formose),  après  un  siège  de  neuf 
mois  (  21  avril  1661,  —  30  janvier  1662  ),  malgré 
la  présence  d'une  flotte  commandée  par  van 
Caenw,  qui,  méprisant  les  conseils  et  les  proies- 
ations  de  Nol)el,  s'était  enfui  à  ^iam  sans  avoir 


combattu.  L'amiral  avait  été  destitué  et  Mobd 
récompensé  ;  mais  Tai-wan  avait  succombé  et  la 
puissance  hollandaise  avait  reçu  un  grave  échec 
Coxinga,  partisan  desMing,  expulsé  de  sa  patrie 
parles  Tartares'Mant choux  (Ta-Tsin  ),  auxquels 
il  faisait  avec  succès  une  guerre  maritime,  n'était 
pas  au  surplus  un  ennemi  à  dédaigner;  il  con- 
duisait plusieurs  centaines  de  jonques  bien  ar- 
.  mées  et  montées  par  vingt-cinq  mille  soldats. 
Nobel  proposa  donc,  avant  d'entreprendre  une 
ex|)édition  tardive  et  douteuse,  de  s'assurer  de 
l'aide  des  nouveaux  conquérants  du  Céleste  Em- 
pire. Son  avis  fut  adopté  par  le  grand  conseil , 
qui  lui  donna  plein  pouvoir  pour  engager  une 
négociation.  Nobel  s'adressa  k  Sin  la-Moug,  gou- 
verneur tartare  de  la  province  de  Fo-kien  :  il 
lui  offrit  de  mettre  à  sa  disposition  les  forces 
de  la  Compagnie  pour  exterminer  les  Chinois 
rebelles,  à  la  condition  toutefois  que  les  Hollan- 
dais auraientle  droit  de  trafiquer  etde  posséder  un 
comptoir  dans  les  ports  de  Canton,  Sing-tchéoa, 
Hok-Siéou   (Tchang-Chéou-Fou),   Hing-po  et 
Hing-Syéou.  Sin-la-Mong  accepta  la  première 
partie  de  la  proposition  ;  quant  â  la  seconde,  il 
déclara  qu^il  devait  en  référer  à  l'empereur  lui- 
même,  mais  qu'il  espérait  une  solution  favora- 
ble. Nobel  fit  part  de  cette  réponse  à  sa  Compa- 
gnie, qui  résolut  de  brusquer  les  événements. 
Bort  reçut  l'ordre  de  mettre  à  la  voile  le  29  juin 
1662  avec  douze  b&timeuts  de  guerre,  et  attaqua 
avec  succès  les  pirates  dans  plusieurs  de  leurs 
repaires.  Il  remonta  ensuite  le  Tcliang  jusqu'à 
Hok-Syéou,  et  envoya  prévenir  le  gouverneur 
de  Fo-Kien  de  son  arrivée  et  de  ses  opératioaa^ 
Ce  mandarin  i^nvita  à  venir  le  trouver  en  per- 
sonne. Bort  ne  crnt  pas  convenable  de  quitter 
sa  flotte  ;  il  chargea  son  vice-amiral,  Jan  van 
Kampen,  d'accompagner  Nobel  et  de  traiter  pour 
le  mieux.  Us  s'embarquèrent  le  18  septembre 
avec  une  suite  nombreuse  sur  deux  riches  jon*- 
ques,  que  le  gouverneur  mit  à  leur  disposition, 
reçurent  partout  de  grands  honneurs,  et  le  4  oc- 
tobre eurent  une  entrevue  avec  le  gouverneur, 
qui  les  accueillit  d'abord  fort  bien  ;  mais  ce  haut 
fonctionnaire  ayant  appris  le  lendemain   que 
Bort  s'était  éloigné  de  Hok-Siéou  sans  l'avertir, 
il  en  témoigna   un  vif  mécontentement,    prit 
prétexte  de  ce  manque  d'égards  pour  rompre  les 
conférences,  et  dès  le  8  il  congédia  les  deux  en- 
voyés, avec  des  présents,  il  est  vrai,  mais  sans 
réponse  positive.  Nobel  demeura  à  HokSiéon, 
pour  y  surveiller  les  intérêts  de  ses  compatrio- 
tes; il  y  fut  arrêté,  le  6  janvier  1663.  Bort  et 
Kampen,  qui  combattaient  durant  ce  temps  les 
insurgés  avec  des  succès  variés,  se  plaignirent 
vivement  de  cet  attentat  au  droit  des  gens,  et 
menacèrent  d'employer  la  force  pour  obtenir  la 
liberté  de  leur  représentant  ;  mais  la  mauvaise 
saison  les  empêcha  d'agir  immédiatement,  et 
ils  dorent  regagner  Batavia.  Us  se  présentèrent  de 
nouveau  devant  Hok-Siéou,  le  26  juillet  suivant, 
avec  des  forces  imposantes*  Au  même  instant  le 


153 


WOBLE 


fS4 


successeordeCoxingaleurfitofTrir  de  joindre  leurs 
armes  aai  siennes  pour  chasser  les  Mandclioux, 
leur  promettant  la  restitution  de  Formose  et  des 
conditions  de  commerce  magnifiques.  Le  gou- 
Temeur  de  Fo-Kien,  craignant  cette  alliance,  se 
hâta  de  renouer  des  relations  avec  les  Hollandais 
et  derelâcher  Nobel,  dont,  au  sorphis,  la  captivité 
ayait  été  fort  douce.  Il  s*embarqua  le  t*'  jnSirg 
1664,  et  descendit  à  Batavia  le  21.  Il  avait  pris 
pari  aux  attaques  inutiles  de  Lou-Loy  et  de  For- 
mose, à  la  prise  de  l'Ile  d*Émouî  et  à  la  déraite 
de  la  flotte  des  pirates;  mais  ces  opérations  n'é- 
taient profitables  que  pour  les  Mandchoux,  qui 
laissaient  aux  Néerlandais  tout  le  poids  de  la 
guerre.  Les  membres  du  conseil  de  la  Compa- 
gnie, dégoûtés  de  la  duplicité  de  la  cour  de  Pé* 
king,  avaient  résolu  de  cesser  toute  démarche 
pour  l'amener  à  de  meilleurs  sentiments;  mais 
Nobel  les  fit  clianger  d'avis.  Malgré  le  pea  de 
succès  de  la  mission  de  NieuhofT  (  voy,  ce  nom  ), 
une  nouvelle  ambassade  extraordinaire  fut  dé- 
cidée. Cette  fois  elle  devait  chercher  à  tout  prix 
à  obtenir  une  audience  de  Tempereur  lui-même  : 
il  s'appelait  Khang-hi,  et  n'avait  que  seize  ans. 
Pieter  van  Hoorn,  conseiller  intime  et  tréso- 
rier général  de  la  Compagnie,  fut  choisi  pour 
remplir  cette  importante  mission,  ^obel,  qui  avait 
été  nommé  directeur  des  relations  commerciales 
arec  la  Chine,  lui  fut  adjoint  comme  premier 
conseiller.  Un  nombreux  personnel  les  accom- 
pagnait avec  de  riches  présents.  Le  grand 
conseil  n'avait  rien  négligé  pour  donner  à  son 
ambassade  un  caractère  solennel,  propre  à  la 
faire  dignement  accueillir;  néanmoins  à  peine  ar- 
rirés  à  Hok-Siéou  (5  août  1665),  les  Hollan- 
dais eurent  à  subir  plusieurs  avanies,  et  ce  ne 
fat  qu*à  force  de  cadeaux  qu'ils  purent  obtenir 
de  continuer  leur  route  (22  octobre).  Ils  ren- 
contrèrent tant  de  malveillance  et  de  difficultés 
sur  leur  passage  que  ce  fut  seulement  le 
20  juin  1669  qu'ils  entrèrent  dans  Péking.  Con- 
sentant à  se  soumettre  au  kéon-léou  et  à  toutes 
les  cérémonies  ridicules  et  humiliantes  en  usage 
à  la  cour  du  Céleste  Empire ,  ils  furent  reçus  par 
Khang-hi  dès  le  lendemain  de  leur  arrivée. 
L'emperear  accepta  leurs  présents,  leur  en  fit 
d'autres  et  les  invita  à  plusieurs  ffttes  données 
dans  son  palais  ;  mais  quant  à  la  demande  de 
libre  commerce ,  ils  ne  furent  pas  plus  heureux 
que  Nîeuhoff  et  durent  se  retirer,  le  5  août,  em- 
portant seulement  une  lettre  pour  le  gouverneur 
général  de  la  Compagnie,  lettre  qui  contenait  des 
conditions  si  dérisoires,  si  inacceptables,  qu'elle 
était  plus  outrageante  qu'un  refus.  La  diploma- 
tie chinoise  avait  encore  une  fois  triomphé  de 
l'insistance  européenne.  Les  Hollandais  accu- 
sèrent avec  quelque  vraisemblance  les  mission- 
naires jésuites  du  peu  de  succès  de  leurs  démar- 
ches. Quoi  qnll  en  soit,  les  ambassadeurs  eurent 
i  subir  de  nouveaux  affronts  durant  leur  retour. 
Ils  n'arrivèrent  à  Hok-Siéou  que  le  2  novembre, 
s'y  embarquèrent  le  28,  relàcll^rc^t  à  Poulo-Ti- 


mon,  près  Malacca,  le  t4  décembre,  et  débar- 
quèrent enfin  à  Batavia ,  après  un  voyage  de 
quatre  ans  et  demi.  La  fin  de  la  carrière  de  No- 
bel est  restée  inconnue.  La  relation  de  ses  am- 
bassades a  été  recueillie  par  Arnold  Montands 
et  publiée  par  Olfert  Dapper,  sous  ce  titre  :  Ge- 
denkwaerdig  Bedrifder  Aederlandsche  Maets- 
chappife  op  de  Kusie  en  in  het  Keiserryk 
van  Taising  of  Sina  (Expédition  mémorable 
des  Néerlandais  sur  l'empire  et  dans  l'empire  de 
Taising  ou  de  Chine),  suivie  de  Beschryving 
van  het  Keiserryk  van  Taising  of  Sina  (  Des- 
cription de  l'empire  de  Taising  on  de  Chine); 
Amsterdam,  1670,  2  vol.  in-fol.  Cet  ouvrage 
contient  des  détails  très-intéressants;  il  ent  dn 
succès  et  fut  traduit  en  allemand ,  puis  en  an- 
glais par  Ogilly,  sous  le  titre  suivant,  plus 
approprié  au  sujet  :  Atlas  Sinensis,  on  Rela- 
tion de  deux  ambassades  de  la  Compa- 
gnie  des  Indes  orientales  au  vice-roi  Sin-la- 
Mong  et  au  général  Tay^Sing-Lipo-Vi  et  à 
Kan-chi,  empereur  de  la  Chine  et  de  la  Tar- 
tarie  orientale,  avec  le  récit  des  secours  que 
les  Hollandais  donnèren  t  aux  Tartares  contre 
Coxinga  et  la  flotte  chinoise,  et  une  descrip- 
tion géographique  plus  exacte  qu'on  n'en  a 
jamais  vue^  de  rempire  chinois  en  général  et 
de  chacune  de  ses  principales  provinces; 
Londres,  1671,  infol.,  fig.  Des  extraits  des  Am- 
bassades de  Nobel»  van  Tampen  et  van  Hoorn 
ont  été  publiés  dans  plusieurs  recueils  français 
et  étrangers.  L'amiral  Balthasar  Bort  a  aussi 
écrit  sur  le  même  sujet  dans  son  Voyage  naer 
de  Kuste  van  China  en  Formosa,  by  cen 
gestelt  en  berymt  door  Matthias  Cramer; 
Amsterdam,  1670.  A.  de  L. 

Becueil  desvoffoeei  qvi  ont  servi  à  rétabUuement  de 
la  compagnie  des  Indes  orientales  (Rouen,  I7ss,  JO  toi. 
In-lt,  avec  cartes,  plans  et  fif.  ),  t  IX,  Formote 
négli^ ,  p.  srT-8î8.  —  Prétest ,  Histoire  des  voyagts, 
L  v.  —  On  Boys,  Fies  des  ffouvemeurs  hollandais.  — 
Ungtet-Dtifresnoy,  Méthode  povr  étudier  ^histoire.  — 
Pauthler,  la  Chine,  dîna  r Univers  pittoresque. 

NOBLE  DE  LALAVZIÈRB  (Jean-François), 
littérateur  français,  né  le  24  août  1718,  à  Mar- 
seille, ou  il  est  mort,  le  16  décembre  1806.  Après 
avoir  achevé  ses  études  à  Paris,  il  obtint  une 
sous  -  lieutenance  dans  les  gardes  françaises 
(  1740),  et  prit  part  aux  campagnes  de  Flandre; 
ayant  perdu  un  œil  à  Fontenoy,  il  quitta  le  ser- 
vice (  1746).  Il  fut  élu  en  1763  premier  consul 
d'Aries,  et  revint  en  1 788  se  fixer  à  Marseille.  On 
a  de  lui  :  Mémoire  sur  cette  question  :  Quels 
sont  les  moyens  de  détruire  les  obstacles  qui 
s'opposent  à  la  navigation  de  Fembouchure 
du  Rhône?  inséré  en  1780  dans  le  recueil  de 
Tacad.  de  Marseille  ;  —  Abrégé  chronologique 
de  C histoire  d'Arles,  jusqu*à  la  mort  de 
!  Louis  XIV;  Marseille,  1807,  in-4''  pi.  P. 
Quérard,  France  tittér. 

NOBLE  (Mark),  biographe  anglais,  mort  le 
26  mai  1827,  à  Banning  (Kent),  li  fut  recteur 
^e  Barming,  bénéfice  que  Geoi^es  III  lui  avait 


155 


NOBLE  —  NOCEY 


156 


accordé  en  1784.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages, 
vous  citerons  ceux  qui  ont  un  intérêt  historique, 
teis  que  :  Memoirs  ùf  the  prôtectorate  honse 
ofCromwell  ;  Birmingham,  1784,  2  toI.  in-8*; 
i*édît.,  Londres,  1787;  —  Memoirs  <ff  the 
illustrions  hovse  of  Mediei,  with  genealo- 
gical  tables;  Londres,  (797,  in-8*;  ^-  T/re 
Lî9es  tff  the  mglish  régicides;  ihid.,  1798, 
'2  -viôl;  \niè^  ;  —  Bistary  o/the  collège  ofarms  ; 
tbKI.,  1805, 1n'4*  ;  —  Va  continoaiion  de  la  Bio- 
^apMcal  hiilory  of  Bngland  de'Granger; 
f  80ô,  3  ^1.  '\û'%'°.  Il  était  membre  des  s«K)iétés 
des  'Antiquaires  de' Londres  «t  d'Edimbourg,  et 
lia  travailté  pendant  longtemps  k  VArefueo- 
'logia.  K. 

Centtemun'i  MagattiMf  ittTs 

NOBL'B  (Li).  Fby.  Le  Nobls. 
-lffOBi.BTZ  (Le).  Vay,  Le  Nobletz. 

'ROBLirVILLB(OE).   Voy.  KKUtKVVT, 

NOBLOT  (  Charles)  f  géographe 'français,  né 
le  17  mai  1668,  au  Tîllaged'Aisy  (Bourgogne).  On 
ne  connaît  rien  de  sa  vie;  on  sait  seulement,  par 
une  note  de  Lenglet-Dufresnoy,  quMl  travaillait  à 
Paris  et  qu'il  y  demeurait  encore  en  1742.  Nous 
citerons  de  lui  :  Géographie  universelle,  MstO' 
rique  et  ckronologiqutf  anïsienneet  moderne; 
Paris,  1725,5  vol.  tn-12,  avec  cartes  :  nL^ouvrage 
est  sagement  et  sensément  écrit,  dit  Lenglet-Du- 
fresnoy ;  il  contient  même  des  remarques  assez 
curieuses.  ^  Jl  y  ade  nombreui* renseignements 
sur  la  géographie  ecclésiastique ,  d'après  Vabl>é 
€ommanTllle;  une  seoontie  édition,  corrigée,  était 
8008  presse  en  1742;  la  mort  de  Taoteur  en  ar- 
rêta la  publication;  ^  Les  Tablettes  chrono- 
logiques fte  "Marcel ,  réduites  en  ordre  alpha- 
bétique et  continuées  jusqu^à  'nos  jours;  Pa- 
ris, 1729,  in-12;  '^  Tûtbleauthivnonde  ancien 
et  moderne  en  trois  parties;  Paris,  1730, 
in- 12;  la  troisième  renfeune,  aous  ie  litre  de 
Bemarques  curieuses,  unelénlede  notes  com- 
pilées par  ordre  alphabétique  sur  toutes  sortes  de 
sujets;  —  Bibliothèque  des  poêles  latins  et 
français;  Paris,  1731,  in-12  ;  compilation  en- 
nuyeuse, interrompue  au  milieu  de  la  lettre  £  ; 
—  L'Origine  et  les  progrès  des  atts  et  des 
sciences;  Paris,  1740,  in-i2;  il  en  attribue 
Thonneuc,  non  aux  Égyptiens,  mais  aux  Hé- 
breux, .p. 

Lengtet-DAfrcinoj,  Méthode  pour  étudier  la  géo- 
graphie, I,  846.^  Qaérard,  Traneelittér, 

ifocBTi  (  Giovanni  -  Bernardino  ) ,  littéra- 
teur italien,  né  le  22  juin  1625,  à  Messine.  Il 
descendait  de  l'ancien  ne-' famille  florentine  des 
comtes  Noceti.  Reçu  docteur  en  droit  à  Rome 
(1653),  il  fut  quelque  temps  vicaire  général  de 
son  oncle,  Tévèque  de  Teano ,  puis  archidiacre 
de  Messine  (1670).  Innocent  XII  lui  donna  le 
titre  de  prélat  domestique.  On  a  de  lui  :  Rime; 
Naples,  1670,  in-4°;—  In  honorem  sancti  Phi- 
lippi  Nerii  rhylhmus  ;  Rome,  1703,  in-fol.  et 
in-4°  :  ce  poème,  imprimé  avec  un  grand  Inxe 
typographique,  a  été  publié  de  nouveau  à  Pa- 


ïenne (  1705,  in-fol.  )  et  trad.  en  vers  Italiens 
(Rome,  1706  ) ;  —  Dogmi  di'amore  e  di  dolore, 
meditazione  poeW«ï;'Wlenne,  1707,  in-4'.  Il 
a  laissé  en  Tnanoscrit  des  poésies  latines  et  ita- 
liennes, des  sermons,  Astronomie^  observa' 
iiones^  etc. 

Un  autre  Sicilien, 'îfoccTi  (Çhenxrdo),  s'est 
distingué  vers  la  flndu  quinzième  siècle  par  la 
connaissance  des  plantes  et  la  composition  des 
médicaments.  Pascal  et  Boceone  ont  dtéavet 
éloge  son  Bxpositio  super  libro  simplieium 
medicinarum  (Naples,  1511,  in-4*') .         *P. 

M«ag1tore.  BM  iteula,  1.  -  f9Mca.l,Bibl:mêdiea,  tu. 

ifoCBTi  (Carlo),  Httérateor  italien,  né  vers 
1695,  à  Pontremoli,  mort  en  1759,  à  Rome.  Admis 
chez  les  Jésuites,  11  enseigna  la  théologie  an 
collège  Romain,  et  devint  en  1756  coadjateor 
du  P.  Turano  dans  les  fonctions  de  pénitencier 
de  Saint- Pierre  et  d'examinateur  des  évêques. 
Il  cultiva  avec  succès  la  poésie  latine  et  entre- 
tint des  relations  avec,  plusieurs  savants  et  lit- 
térateurs de  son  temps.  On  a  4e  lui  :  Eclogx, 
impr.  avec  celles' de  Rapin;  Rome,  1741,  in-S»; 
—  De  Iride  etÀurora  boreali  carmina  ;  Rome, 
1747,  in-40  :  cette  édition,  donnée  par  Boscovicb, 
a  été  reproduite  sans  les  notes  dans  les  Poemata 
didascalica  du  P.  Oudin  ;  Honcher,  dans  ses 
MoiSj  a  imité  le  second  de  ces  poèmes  ;  —  Ve- 
ritas vindicata ;'Kome  etXucqoes,  1753,2vol.; 
c'est  une  critique  de  la  Theologia  christiana 
du  P.  Concina,  moine  dominicain,  qui  avait  dé- 
claré la  guerre  an  probabilisrae  et  au  relâche- 
ment des  doctrines  des  Jésuites.;  —  àe»  polies 
latines  et  italiennes  dans  un  •  recoèil  de  l'aca- 
démie des  Arcades.  P- 

Budlk,  HUt.  det  poètes  latins  dêpuU  la  ResuOstanee.  - 
TlrabAKhl .  Storia  'deUa  Ittter.  liai 

NOCBT  OU  imck  (  Claude  se),  seigneur  de 
F0NTEW4T,  né  en  1627,  mort  le  4  mars  1714,  à 
Paris.  Il  était  d'une  bonne  famille  de  Normandie. 
Son  éducation  avait  été  fort  négligée.  «  Il  est 
Traî,dit-il,quedans  la  suite  j'ai  passé  une  partie 
de  ma  vie  dans  la  cour,  ou  j'ai  trotnré  des  gou- 
verneurs qui  ont  aidé  à  mlnstruîre  :  ce  sont  les 
moqueurs  qui,  sans  aucune  bonne  Intention, 
m'ont  donné  quelque  counaissance  de  ce  qm 
rendait  les  tommes  ridicules.  »  Il  servit  quelque 
temps  à  l'armée  de  Flandre  etftit  mis  en  q«sli» 
de  soos-gonvcrocor  auprès  du  duc  de  Chartres, 
depuis  duc  d'Ortéans  et  régent  de  France.  On 
a  dehii  :  Lettres  sur  l'éducation  des  princes; 
Edimbourg  (Parts),  1746,  in-12. 

Son  fils,  maître  de  la  garde-robe  du  régeût  et 
l'iin  des  favoris  de  ce  prince,  mourut  à  soixante- 
qumze  ans,  en  1739.  C'était  un  homme  de  beau- 
coup d'esprit,  plein  de  feu  et  d'imagination, 
très  enclin  à  la  raillerie.  Il  avait. plu  au  doc 
d'Orléans,  dit  Saint-Simon,  «  par  la  haine  Je 
tonte  contrainte ,  par  sa  philosophie  todt  éptcii- 
rtenne,  par  une  brusquerie  qui,  quand  elle  n  al- 
lait pas  à  la  brutalité ,  ce  qui  arrivait  ass«2 
souvent,  était   quelquefois   plaisante  sous  le 


j 


157 


NOCEY  —  NODAL 


lâS 


masque  de  franchise  et  de  liberté  ;  d'ailleurs 
on  assez  boonAte  mondain.  »  ^près  avoir  été 
intinienieat  lié  avec  le  cardinal  Dubois,  il  lui 
inspira  de  Fombrage,  et  fot  exilé  en  iT22,  à  Blois  ; 
l'année  suivante  le  régent  le  rappela  et  lui  donna, 
en  dédommagement  de  cette  passagère  disgrâce, 
dnqaaéfe  mille  livre»  d^argentet  cinq  mille  écus 
de  pension.  M.  de  Noce  'épousa  M"*^  de  La 
Mësangère/lttle  de  la  célèbre  marquise  de  La 
Sablière.  'P.  L. 

Moréri.  Grand  Met.  AtoT.  —  Salnt^Steon. 'iMmolTM. 

H««BBT  (./(Mn  ),  peintre  et  graveur  français, 
né  à  ffaney,  en  16t2,  mert  à  Paris,  4e  vi  oo- 
verobre  1672.  il  M  élève  de>son  compatriote 
Jean  Leclerc  (1),  et  passa  piosienrs  aimées 
en  Italie.  !Les  lettres  ide  Poussm  nous  le  mon- 
trent en  1643  et  1644  occupé  à  faire  des  «opies 
pourlkL^Chanteloo.  Poo8siii.'4oo)eurs  mécon- 
tent de  la  négligence  et  des  frétenttons  des 
jfQDeft«ftistes  qu'ihftâsâit  travailler,  écrivait  h. 
propos  de  ces  copies,  4  «oût  16i3  :  «  Oe  qui  est 
extrêmement  fâcbcux,  c'est  qu'il  (Nocret)  s'est 
mis  en  tête  de  ne  pas  finir  les  portraits  qu'il  a 
commencés,  n'alléguant  pas  d'eutre  excuse' si- 
non qu*il  a' trouvé  à  gabier  daivntage  ^en  les 
faisant  à  moins  de  to  et  70  écus.*  Quant  émoi, 
je  demaire  muet^quaid  -Je  <vois  des  gens  de  ce 
calibre  prétendre  A  de  si  grandes  réeeropenses 
pour  ee  qu'ils  «ont.  *  -^Aevenuem  France,  Mo- 
cret  s'y  flt  rapidement  «ve  répolation,  iurtout 
comme  peintre  de  fortiait.  Le  21  janvier  1645 
il  est  rais  en  possession  d^n  logement  au  '  Lou* 
vie.  Le  10  décembre  1649  U^  ut  nonsmé  peintre 
et  vntet  de  cliambre  du  roi.  »  Il  obtint  enceve 
trois  brevets  de  M.  le  duc  d'Orléans,  l'un  do 
fantre,  Itautre  dcTalet  de<ehambre  et  le  troi- 
«ème  dr  oonthyieùr  de  la  maison  xle  feu  madame 
'Hennetlevi^Angléterre  (2).  Yxl  l057ii4icoompa-> 
goatni  Portugal  l'arobassadeur  de  France  M.  de 
Commiases,  et  y  ât  les  portraits  du  roi  Al- 
phonse VI,  de  lIoAmt  don  Pedro  et  de  l'infimle 
Catheene. 

A  son  retoar^il  fut  chargé  d'importants  tra- 
vaux de'idéceralien.ponT  les  palais  de  Saint- 
Clood  et  4es  Tuileries.  L'Académie  le  reçot  au 
nombre  de  ses  membres  le  3  ro^rs  1063,  et  le 
désigna  ta.inÉm&\année  pour  faire  partie  de  la 
déptttation>  de  tieife  de  ses  membres  chargés  de 

(1).  Dm  GMaet,.  Jé6M»lM9««^rr«(iM,6S4-«êl,  etid'«- 
pTéfl  lui  Miln.dm».lrtM«9rAp*4«  rfe  te  MosrJJk,  NI, 
I<«1.  M3,4onoti»t  SétaïUco  Le  Glere  «pottr  •arittrcS 
Aocret,  dont  Us  écriftot  le  oom  NavcrcL  Ltor  afir 
matlcn  e«t  éfidemneot  erronée.  SébMUon  Le  Qerc .  le 
P^re,  Bé  à  Met/,  vers  16S7,  reçu  académicien  le  16  août 
irrt,  rnoamt  le  fs  octobre*  1714.  II  avait  donc  lingt- 
doq  ant  de  iBoliu  que  Nocret  {voir  U  Uste  ehrom^ 
loçiçHe  des  membre*  de  F  Académie  de  peinture  et  de 
seu/pture  depifiM  boh  oriulne,  le'  février  1«*8,  }u$qu*a 
«o  nrpprefKo»,  S  août  1TT8.  dans  les  Archivée  de  F  Art 
/runfmU,lUïh 

m  GoBlet  de  Saint -Of orges,  ntémofre  hMorique 
detprineipena  emjrraget  de  M.  Hocret  te  pire,  dans 
*4  M*m,  inédits  fur  la  vie  et  les  ouvraçet  des  mem- 
'"'^  de  VAe^d,  rùfuU  de  pHnture  et  Oe  sculpture. 


solliciter  du  parlement  l'enregistrement  iiei 
statuts  et  lettres  patentes  de  1663,  qui  mirent  fin 
aux  querelles  de  l'Académie  et  des  maîtres  ju- 
rés (1).  Elle  le  nomma  professeur  le '29  jtnii 
1664  et  adjoint  à  recteur  le  3  septembre  1067. 
Gniliet  de  ^aint-Oeorges  nous  a  conservé  l'a- 
nalyse de  l'un  des  cinq  disceurs  académiques 
faits  par  ^'ocret  en  sa  qualité  de  professeur  de 
l'Académie,  a  11  a  été ,  dit-il ,  le  premier  des 
professeurs  qui  dans  son  mois  il'exercice  ait 
laissé  un  dessra  au  crayon posrr'Siervir  à  l^strue- 
tion  des  étudiants.  »  —  Pèllbien  vante  le  savoir 
et  ta  rare  sagacité  deNocnet scnrtoutes'Ies  paities 
de  son  art. 

M.  Bobert  Dnmesnila  signalé  une  estamrpe 
signée  /.  Nocret  inv.  et  fecit  qui ,  jusqu'à  lui , 
avait  échappé  aux  recherches  des  cbalcograpiies. 
Dom  Bernardin  Pitrron  a  consacré  quelques 
vers  à  Nocret  dans  son  Tetnplum  Veiense  SO" 
crum^  142,  143.  Enfin,  de  Marelles  le  cite  en 
ces  termes  dans  le  Livre  des  peintres  et  gra- 
veurs : 

Jean  Nocret  nepf  ut  être  avec  Faultre  et  Grandiiomvr, 
Sans  être  distingué' eormoie  un  pefntre  fsedlettt  t 
11  fait  paraître  en  tout  on  cartalualr  gtlant. 
Qui  veut  que  dans  Parla  parUmt  on  le  foaoaiaa. 

Le  musée  de  Versailles  possMe  de  J.  Nœret  «n 
tableau  représentant  la  famille  deLouis  XIV^ 
qui  était  laBeiennement  placé  au  palais  de  Saint- 
Cloud. 

aoem^  (N.....)>  pelntEe  de  portrait,  fils 
' 4n.préeédent ,  né it>  Paris, \en  1667,  mort*  dans  la 
même  vIMe,  le  Sdéœmtrre  1719,  fut  reçu  à  rAaa- 
demie,  le  31  mars  1674,'6ar  la  présentation  d'an 
portrait  de  son  père.  11  fot  'premier  valet  de 
chambre  de  Idonsieor,  dnc  d'Orléans.  Les  ât* 
chites  de  l*Àrt  français,  en  'reproduisant  te 
billet  de  >logemeikt  au  Louvre,  qu'il  obtiat  le 
27  jnfai  1668,  le  -nomment  J>aeques;  la  Liste 
chron9loçiqfie  des  memùrës  de  l^Âemiêmie^ 
publiée  également  dans  les  Arch^es  de  VArt 
français,  lui  donne  les 'noms  de  (^karles^Jean. 
Nagler  entfin, t.  1X,'250,  l'appelle  Oharles.  1>èl9 
sont  «les  00Éis  renseigntneflts  que  nous  ayons 
sur  oet«rtiSte  "'H.  'H--tî. 

MémfHres  midUt  ttn'  'tgs  'Wiemlfns  de  VAntdemie 
ro^mie  de  peinture  et  de  sculpture.  «*  L.  Ouaaleax,  Xas 
AriiUes  français  à  ettrançer.  —  Aobert  Oamcsol^  te 
Peintre- graveur  franc.  —  Magler,  KûnsUer~Lex. 

novkh  {Gonialoei  Bartàhmé  Garcia  nç), 
navigateurs  espagnols,  nésà'Ponte-'Vedra  (  Gali- 
ce). Ils  étaient  frères  et  vivaient  dans  la  première 
partie  du  dix-septième  siècle.  Lorsque  Jacques  Le 
Maire  et  Villem  Cornelisz  Schouten  (  to^.  ces 
noms)  eurent  découvert,  par  65*  36  lat.  sud 
(24  janvier  1616),  le  canal  qui  sépare  la  Terre  de 
Feu  (  Tierra  del  Fuoco  )  de  celle  des  Ëtats 
.{Staien-island)  eiqui  porte  le  nom  de  détroit 
de  Le  Maire,  les  Espagnols  virent  avec  une 
grande  appréhension  que  les  Hollandais  (  qui , 
maigre  les  difQcultés  sans  nombre  du  détroit  de 

(1)  Dict,  de  VAcad,  des  beaux-arts. 


159 


NODAL  —  NODIER 


KO 


Magellan,  inquiétaient  chaque  jour  davantage  leur 
commerce  dans  la  mer  du  Sud,  )  allaient  pouvoir, 
en  moins  de  vingt-quatre  heures,  passer  d'un 
Océan  dans  l'autre,  lis  résolurent  d'examiner  s'il 
ne  serait  pas  possible  de  fermelrce  nouveau  pas- 
sage au  moyen  de  forteresses  construites  sur  les 
deux  rives.  Philippe  UI  fit  équipera  cet  effet 
deux  caravelles,  la  Nuestra-Senora-de-Atocha 
et  la  JSuestra'Senora'del'Buen-Suceso,  de 
quatre-vingts  tonneaux  chacune  et  portant  qua- 
rante hommes  et  quatre  canons,  avec  des  vivres 
pour  dix  mois.  Les  frères  Nodal,  marins  habiles 
de  Galice,  en  reçurent  le  commandement.  Dans 
leurs  équipages  étaient  plusieurs  navigateurs 
hollandais  expérimentés ,  entre  autres  Jan  van 
Moore  qui  avait  servi  sous  Schouten;  Di^o 
Ramirez  de  Arellano  les  accompagnait  comme 
premier  pilote  et  cosmographe.  L'expédition  mit 
à  la  voile  de  Lisbonne,  le  27  septembre  1618; 
elle  séjourna  à  Rio-de-Janeiro  do  15  novembre 
an  6  décembre,  et  longea  ensuite  la  c6te  orien- 
tale de  TAmériquedu  sud.  Garcia  de  Modal  re- 
connut lé  premier,  par  des  sondes  réitérées,  Té- 
lévation  progressive  et  régulière  du  fond  de  l'o- 
céan Atlantique  austral,  entre  les  35*  et  44*  de 
lat.  sud,  à  partir  de  quarante  lieues  en  mer  jusqu'à 
la  côte.  A  cette  distance  il  ne  trouvait  encore  que 
quatre-vingt-quinze  brasses.  Le  6  janvier  1619  il 
découvrit  près  du  port  Désiré  une  lie  qu'il  nomma 
de  Los  Reyes  (1).  Continuant  sa  route,  il  faillit  se 
perdre  sur  un  dangereux  banc  de  rochers  à  fleur 
d'eau,  los  baxos  de  Bttevan^  qui  s'étend  à  cinq 
lieues  de  la  côte  entre  48^'  39'  et  48^  50 .  Le  19 
janvier  les  Nodal  arrivèrent  près  do  détroit  de 
San-Sebastian,  et  le  22  au  détroit  de  Le  Maire, 
qu'ils  nommèrent  San'Vicente  parce  qu'ils  y 
étaient  entrés  le  jour  de  la  fôte  de  ce  saint  (2). 
Ils  relAchèrent  dans  une  baie  qui  reçut  le  nom 
de  bahia  del  Buen  Sueeso,  et  s'y  procurèrent  de 
l'eau,  du  bois  et  du  poisson  en  abondance.  Après 
avoir  déterminé  la  lat.  du  cap  Hom  (par  56**  9*  sud), 
dont  ils  changèrent  le  nom  en  celui  de  Sem-Il- 
defonsOf  ils  découvrirent  le  10  février,  par  56° 
40*  sud-ouest  de  ce  cap,  un  groupe  de  petites 
lies  rocailleuses,  auxquelles  Us  donnèrent  le  nom 
de  leur  pilote  en  chef  Diego- Ramirez.  <(  La  dé- 
couverte de  ces  lies,  dit  le  capitaine  Bumey,  est 
l'événement  le  plus  remarquable  du  voyage  des 
Nodal,  attendu  qu'elles  furent,  durant  un  siècle 
et  demi,  la  terre  la  plus  méridionale  connue  qui 
fût  marquée  sur  les  cartes  (3).  »  . 
Les  navigateurs  espagnols  suivirent  la  côte 

(I)  Ile  dês  itoff,  à  cause  da  Jour  de  n  découverte.  Elle 
a  étv  débaptisée  par  leaAoglala  qui  l^ppelleot  Penguin'S' 
island. 

(t)  La  posMrUé  loi  rfaUtaa  le  nom  de  soo  déconvrenr 
Le  Maire;  celai  de  Saint- f^incfiU  n'a  étéconsenré  qne 
pour  désigner  l'un  des  caps  septentrlonaui  slfoés  sur 
la  côte  ouest  de  la  Terre  de  Feu. 

(9)  Snlrant  VMlas  espagnol  rùgal^  publié  en  IIM,  111e 
du  milieu,  la  pins  grande»  est  située  par  §6*  M' lat.  sud, 
et  par  1*  1»  longitude  ooest  du  cap  Horn.  Selon  les  ob- 
srrraUons  plus  récentes  du  eap^  Colnctl.  eUe  aérait  par 
S6P  M*  sDd  et  k  Tlngt-dcn  lleaet  ouest  du  cap. 


occidentale  de  la  Terre  de  Feu ,  cl  entrcrent  1;* 
25  février  dans  le  détroit  de  Magellan ,  d'oà  ils 
débouqoèrent  le  13  mars,  ayant  fait  ainsi  le  tour 
de  la  Terre  de  Feu.  Leurs  relations  avec  les  na- 
turels qui  habitaient  les  rivages  des  deox  dé- 
troits furent  des  plus  amicales.  Ils  firent  alors 
voile  pour  l'Europe ,  et  atterrirent  le  9  juillet  1619 
à  San-Lucar,  sans  avoir  perdu  un  seul  homme 
durant  une  traversée  de  neuf  mois  douze  joars 
accomplie  sous  des  climats  ïÀea  dilTérents,  ce 
qui  fait  l'éloge  de  Tintelligence  et  de  l'hamani  é 
des  deux  capitaines  galiciens.  Ce  voyage  acbera 
la  découverte  de  l'Ainériqne  du  Sud.  Le  projet 
qni  avait  été  conçu  d'ouvrir  par  cette  route ,  an 
détriment  des  autres  nations,  un  commerce  di- 
rect entre  l'Espagne  et   les    Philippines  fut 
at>andonné,  sur  l'opposition  des  administrateors 
du  commerce  de  Panama,  qui  représentèrent  la 
voie  de  llsthme  de  DaAen  comme  plus  sûre  et 
plus  commode.  Les  frères  Nodal  ont  publié  ud 
récit  de  leur  voyage  :  Reladon  del  viage  qw 
hizieron  los  capitanes  BarL  Garda  de  Nodal 
y  Gonzalo  de  Nodal,  hermanos,  naturales 
de  Ponte»  Vedra^  al  descubrimiento  del  tstre- 
cho  nuevo;  Madrid ,  1621 ,  in-4*',  avec  carte. 
C'est  un  véritable  journal  de  bord.  On  y  trooTe, 
à  côté  de  bonnes  remarques  sur  les  veots, 
les  courants,  les  fonds,  les  marées,  etc.,  beau- 
coup d'erreurs  dans  les  estimes,  qui  la  plu- 
part ne  sont  données  qu'approximativement.  On 
doit  croire  que  les  frères  Nodal  ne  possédaient 
que  des  instruments  imparfaits.  Il  a  paru  en 
1632  à  Amsterdam  une  contrefaçon  fort  inour- 
recte  de  leur  ouvrage  ;  elle  est  vraisemblablement 
de  Jan  van  Moore,  qui  s'y  donne  le  principal 
r61e,  et  n'y  nomme  même  pas  seâ  chefs.  £b 
voici  le  singulier  titré  d'après  De  Brosses  :  Re- 
lation des  deusC  caravelles  que  le  roi  d^Es- 
pagne  envoya  de  lÀsbonne,  Fan  1618,  au  mis 
d'octobre,  sous  la  conduite  du  capitaine  don 
Jean  Moore,  pour  vUiter  et  découvrir  le 
passage  de  Le  Maire,  devers  le  sud,  lesquelles 
retournèrent  en  Séville  au  mois  d'août  1619, 
et  firent  (sic)  le  rapport  aU  roi  de  tout  ce 
qui  leur  était  advenu  :  Beaucoup  de  faits  con- 
tenus dan»  cette  relation  tiennent  du  roerreil- 
leux  plutôt  que  de  la  vérité. 

A.  ni  Lagaxe. 

Jan  Uet,  NmmM  er^,  ele.  (Leyde,l6S8»  lo^ToL).  Ub.  Vin. 
cap.  XII.-  Herrera,  Novut  or&U,  p.  TS.  -  Fraactooo  m 
Sellas  7  Lovera.  DescHpelon  çtograâca  f  àerrottfioilf 
la  regim  anttral  maçalUmiea  (  Madrid,  16M,  m  XVli), 
dêl  Passage  del  Magre.  —  De  Broaoca,  Histoire  des  ne- 
vlgatlems  aux  terres  australes  (iTSa,  t  vol  ln-4*),  cbap. 
Mègeltanlfi.  -  Fréd.  Ucrolx.  PataganU ,  Terre  de  Feu 
et  Iles  Mahuines,  dans  VUnivers  p<M.,p.M. 

NODiBft  (  CAar/ei),  littérateur  français,  né  à 
Besançon ,  le  29  avril  1783  (1) ,  mort  à  Paris,  ie 

(i)  Il  y  a  loeerUtode  snr  la  date  de  la  naUsanee  de 
Charles  Nodier.  Soif ant  M.  Salnte-Reure,  qui  tenait  mo 
rensetgneaaent  de  Nodtcrlal-n)éme,doQtla  nemoifeéUB 
pea  précise, U  naqnU  à  Besaocou,  le  tt  avrU  17M,  cCeetie 
date  a  ét^aceeptée  par  M.  Mérimée.  M.  Wdss,  son  sm 
d*enfaiic«,  le  fatt  naître  en  i7Si.  Nooi  aTou  adopté,  m»» 


Wi 


NODIER 


163 


27  janvier  1844.  Son  père,  avocat  distingué, 
ancien  professeur  k  l'Oratoire,  fut  longtemps  son 
seal  professeur.  L'éducation  de  reofantfut  assez 
libre.  Les  auteurs  français  du  seizième  siècle 
forent^  dit-OD«  l'objet  de  ses  premières  prédilec- 
tions, et  l'on  prétend  qu'à  huit  ans  il  lisait  Mon- 
taigne. Les  vieux  livres  et  les  éditions  rares  de- 
vaient être  un  de  ses  goûts  les  plus  décidés.  En 
1790  son  père  fut  nommé  maire  oonstitution- 
Del  de  Besançon,  et  l'année  suivante  président 
do  tribiraal  criminel  :  «  fonctions  terribles ,  dit 
M.  Mérimée,  qu'il  accepta  sans  les  connaître,  et 
qu'il  o'eut  pas  le  courage  d'abdiquer  quand  il  les 
eAt  comprises  ».  —  «  Associé  à  toutes  les  pensées 
de  son  père,  ajoute  le  même  écrivain,  vivant  au 
miliea  d'un  cercle  d'bommes^instrnits,  que  cbar- 
maient  son  inteUigence  et  sa  vivacité,  traité  par 
«u\  comme  un  égal ,  Charles  Nodier  admettait 
toutes  les  tbéories  nouvelles  avec  la  candeur 
de  son  âge.  A  douze  ans  il  haïssait  la  tyrannie 
comme  un  Caton  d'Utique;  il  discourait  sur  les 
droits  do  peuple  comme  l'un  des  Gracques.  C'é- 
tait ainsi  qu'on  lui  faisait  repasser  son  histoire 
romaine.  Malgré  son  Age,  par  une  exception 
singulière,  il  fut  élu,  en  1792,  membre  d'une  des 
pins  fougueuses  sociétés  populaires,  eelledes  Amis 
de  la  Constitution,  qui  venait  de  s'établir  dans 
sa  ville  natale.  J'ai  retrouvé  son  discours  de  ré- 
ception, qui  fut  imprimé  alors,  et  ce  n'est  pas 
sans  surprise  que  je  l'ai  lu...  Ma  surprise  ne  fut 
pas  à  voir  un  enfant  de  douze  ans  donner  des  con- 
cis à  la  nation,  au  roi,  à  Dieu  même.  Mais,  ce 
qu'on  ne  s'attendrait  pas  à  trouver  dans  une 
<envre  semblable ,  c'est  un  style  travaillé,  de 
Fart  dans  le  choix  et  l'agencement  des  mots,  une 
entente  de  la  période,  enfin  une  manière  d'écrire 
où  déjà  se  devine  l'auteur  original.  »  Pour  cette 
époque  de  la  vie  de  Charles  Nodier,  nous  avons 
dans  ses  Souvenirs  une  source  abondante  mais 
fort  trouble.  L'auteur  nous  raconte  qu'au  mois 
d'octobre  son  père  l'envoya  à  Strasbourg  pour  y 
recevoir  des  leçons  de  grec  d'Euloge  Schneider, 
plus  connu  comme  terroriste  que  comme  hellé- 
niste, et  qui  était  alors  accusateur  public  près  le 
tribunal  criminel  du  Bas-Rhin.  Schneider  le  reçut 
très-bien,  mais  il  fut  arrêté  peu  après,  et  l'enfant 
partagea  même  son  sort.  Remis  en  liberté  par 
l'ordre  de  Saint-Just  et  de  Le  Bas,  il  se  rendit  au- 
près de  Pichegru,  qui  le  prit  aussitôt  pour  sécré- 
tant, pour  confident  et  pour  aide  de  camp  (  ou 
plutôt  secrétaire  ).  Qu'y  a-tril  de  vrai  dans  ces  ré- 
miniscences, et  dans  bien  d'autres  qu'il  est  inutile 
de  rapporter  ?  Nous  l'ignoronset  probablement  No- 
dier ne  le  savait  pas  bien  lui-même.  Tout  se  con- 
fondait dans  son  esprit  ;  toutdevenait  romain.  •«  Je 
ne  sais,  dit  M.  Mérimée,  si  toutes  les  fictions  de 
l'homme  de  lettres  furent  volontaires,  si,  en  s'a- 
bnndonnant  à  son  imagination ,  il  ne  crut  pas 
qaelqoefbt&  consulter  sa  mémoire.  Tels  que  ces 
preneurs  d'opium  de  l'Asie,  moins  sensibles  aux 

co  la  regardant  encore  comme  doutcuie,  une  troisième 
<3aie«  duanée  par  M\  Quérard. 

MOT.    nOCft.   CÉNÉK.    —  T.  XXXVUI. 


impressions  extérieures  qu'aux  hallucinations  du 
breuvage  enivi^nt,  il  s'était  accoutumé,  dans  la 
solitude,  à  vivre  parmi  les  créations  de  sa  fan- 
taisie comme  au  milieu  des  réalités.  Souvent  ses 
brillantes  rêveries  se  confondirent  à  son  insu 
avec  les  souvenirs  moins  attachants  des  scènes 
du  monde  qu'il  avait  traversées.  Poète ,  il  ne 
pouvait  comprendre  le  travail  ingrat  du  chroni- 
queur. »  Cette  excuse  des  innombrables  erreurs 
reprochées  à  Charles  Nodier  est  un  peu  trop  in* 
dulgente,  et  même,  en  l'acceptant,  il  est  certain 
que  les  Souvenirs  de  l'auteur  ne  peuvent  servir  en 
rien  à  sa  biographie.  Il  parait  que  vers  1796  il 
passa  quelques  mois  à  la  campagne  avec  un  vieux 
gentilhomme  nommé  M.  de  Chantrans,  ancien 
officier  du  génie,  homme  d'esprit  et  de  savoir.  Il 
s'occupa  d'histoire  naturelle  et  surtout  d'ento- 
mologie; il  lut  aussi  quelques  volumes  de  Sha- 
kespeare, et  l'on  assure  que  cette  lecture  eut 
sur  lui  une  influence  durable.  Nodier,  avec  son 
imagination  vive,  légère,  recevait  très- vite  les 
impressions  et  les  oubliait  non  moin»  vife.  Son 
savoir  assez  étendu  ne  forma  jamais  dans  son 
esprit  un  ensemble  organisé  et  fécond ,  et  resta  à 
l'état  de  notions  éparses  ou  de  mélange  confus 
et  mobile.  Au  sortir  de  l'école  centrale  de  Be- 
sançon ,  où  il  avait  eu  Droz  pour  professeur, 
Nodier  fut  nommé  bibliothécaire  adjoint  de  la 
bibliothèque  de  cette  ville.  Deux  ou  trois  ans 
plus  tard,  il  perdit  sa  place,  et  se  rendit  à  Paris. 
Là  il  publia  des  ouvrages  très-divers  :  c'étaient, 
d'abord  Les  Proscrits  et  Le  Peintre  de  Salti» 
bourg ,  imitations  du  Werther  de  Gœthe,  très- 
faibles  comme  invention,  très-factices  comme 
expression  de  sentiment ,  mais  qui  contiennent 
de  jolies  pages  descriptives;  puis,  une  BiàtUh 
thèque  enfomologique ,  qui,  ditH>n,  fut  re- 
marquée comme  un  modèle  de  méthode.  Vers 
le  même  temps  il  écrivit  dans  Le  Citoyen  fran* 
eaiSy  journal  bientôt  supprimé,  à  raison  d'une 
sorte  d'opposition ,  tenant  à  quelques  restes  d'o- 
pinion républicaine.  Le  jeune  écrivain,  usant  avec 
l'ardeur  de  son. âge  des  nombreuses  distractions 
que  Paris  lui  offrait,  se  trouva  lié  avec  quelques 
jeunes  gens  républicains  ou  royalistes  que  réu- 
nissait une  haine  commune  contre  le  premier 
consul.  Comme  plusieurs  d'entre  eux  il  composa 
des  vers  contre  Napoléon.  Une  pièce  de  lui,  fntl- 
titulée  la  IS'apoléone ,  circula  manuscrite  et  ano- 
nyme, et  obtint  un  grand  succès  dans  les  sociétés 
où  l'on  n'aimait  pas  le  gouvernement  Cette  Napo- 
léone,  mélange  incohérent  de  royalisme  et  de 
républicanisme,  contient  des  vers  assez  éner- 
giques, comme  les  suivants,  par  exemple  : 

Qu'one  foule  paalUantree 
BrAle  aax  pieds  de«  tyrans  son  encens  odlenx» 

Biempt  de  la  (avenr  du  crime, 
Je  marche  taas  coatratnte  et  ne  crains  qae  les  dieux*. 

On  ne  me  verra  point  mendier  l'esclavage 

Et  pa3rer«d*aa  coupable  hommage 

Une  Intime  célébrité. 
Quand  le  peuple  gémit  sous  sa  chaîne  nouvelle, 
Je  m*lndigne d'un  maître,  et  mon  âme  fidèle 

Aesplre  cneor  la  liberté. 

6 


S68 


NODIER 


164 


La  Napoléone  se  termine  |>ar  ces  rers  : 

ATant  que  tes  t^gaux  dCTlennent  trs  fscUvet, 
Il  fant.  Napoléon,  que  l'éUte  des  bra^ea 
Monte  à  Téchafaud  de  Sldney. 

Lt  pièce  s'imprima,  et  le  libraire  Dabia,  qai  la 
mit  en  vente  avec  d'autres  écrits  du  même  f^nre, 
fut  arrêté.  Nodier  se  hftta  de  se  nommer,  pour 
détoomer  de  dessus  la  tète  du  libraire  compro- 
mis les  rigueurs  du  pouvoir.  Heureusement 
Fouché,  ancien  oratoriâ  comme  le  père  de  No- 
dier, ne  traita  pas  en  conspirateur  sérieux  un 
jeune  imprudent;  il  se  borna  à  une  réprimande, 
et  le  fit  partir  immédiatement  pour  Besançon.  Il 
parait  qu'il  ne  fut  pas  même  arrêté,  et  que  tout 
ce  qu'il  a  raconté  de  sa  captivité  en  1803  est  un 
roman.  De  retour  à  Besancon,  et  nullement  cor- 
rigé, Nodier  se  lia  avec  des  jeunes  gens  qui 
avaient  les  opinions  de  ses  amis  de  Paris.  La 
police  surveillait  ces  sociétés  peu  dangereuses, 
et  de  temps  en  temps  arrêtait  comme  avertisse- 
ment un  des  jeunes  gens  suspects.  Un  soir  No- 
dier apprit  Tarrestation  d'un  de  ses  amis ,  et  se 
croyant  menacé  lui-même,  il  s'enfuit  dans  les 
montagnes.  Là  il  passa  plusieurs  mois ,  herbo* 
risant,  ramassant  des  insectes ,  trouvant  facile- 
ment l'hospitalité  qu'il  payait  en  récits  amusants 
et  t*n  leçons  d'histoire  naturelle,  et  rédigeant,  au 
milieu  de  toutes  ces  courses,  un  Dictionnair9 
d€i  onomatopées.  Cette  vie  errante  et  la  manie 
de  se  croire  proscrit  finirent  par  attirer  l'atten- 
tion de  l'autorité.  La  police  saisit  ses  papiers  et 
les  remit  au  préfet  du  Doubs,  Jean  de  Bry.  Le 
préfet  n'y  trouva  que  des  vers,  des  chapitres  de 
roman,  des  observations  d'entomologie  et  de 
grammaire.  Il  se  hâta  de  faire  prévenir  le  oons- 
piratenr  qu'il  n'avait  rien  à  craindre,  lui  fournit 
même  les  moyens  de  revenir  i  Besançon,  et  lui 
permit  d'aller  ouvrir  un  cours  de  littérature  à 
D6\e,  Peu  après  son. arrivée  dans  cette  ville,  il 
•e  maria.  Sous  l'empire  on  le  voit  à  Amiens  se- 
crétaire du  chevalier  Croft,  philologue  anglais , 
très-occupé  de  travaux  sur  les  classiques  fran- 
çais, puis  vers  1811  è  Laybach,  en  lllyrie,  bi- 
bliothécaire, directeur  du  Télégraphe  Ùlyrien, 
qui  se  publiait  en  quatre  langues,  le  français, 
l'italien,  l'allemand  et  le  slave.  Un  peu  avant  son 
départ  pour  l'Illyrie,  il  publia  ses  Questions  de 
littérature  légale,  petit  traité  fort  agréable  et 
assez  solide,  où  il  examine  les  cas  où  l'imi^tion 
d'un  auteur  est  permise  et  ceux  où  elle  doit  être 
flétrie  comme  un  plagiat.  L'évacuation  des  pro- 
vinces illyriennes  par  les  Français  ramena  No- 
dier à  Paris.  Il  reprit  aussitôt  ses  travaux  litté- 
raires, et  suppléa  un  moment  au  feuilleton  du 
Journal  de  V  Empire  GeofTroy  mourant  A  la 
chute  de  Napoléon,  l'auteur  de  La  Napoléone  se 
trouva  très-royaliste,  non  sans  quelques  rémi- 
niscences républicaines.  11  donna  dans  les  Dé- 
bats et  La  Quotidienne  des  articles  violents,  et 
les  fit  valoir,  non  moins  que  ses  prétendues  per- 
mutions sous  l'empire,  comme  des  titres  à  la 
faveur  du  nouveau  gouvernement.  Il  publia  dans 


le  même  but  une  Histoire  des  sociétés  seerèleSf 
amalgame  confus  de  beaucoup  de  fictions  et  d'oa 
|ieu  de  vérité.  L'auteur  raconte  que  pendant  tonte 
la  durée  de  l'empire  une  société  dite  des  Phi- 
ladetpkes,  composée  de  jacobins  et  de  ohonans, 
de  royalistes  et  de  républicains ,  et  dirigée  par  le 
colonei  Oudrt,  prépara  le  retour  des  Boorbons. 
Le  colonel  Oudet,  personnage  mystérieux,  dis^ 
parut  mystérieusement  en  1809,  assassiné  pro- 
bablement par  l'ordre  de  Napoléon.  Malet,  héri- 
tier des  projets  «t  des  fonctions  d'Ondet,  périt  en 
1812.  Quant  aux  autres  chefa  yivants  des  Pbila- 
delphes,  l'auteur  ne  les  nomme  pas,  de  peor  de 
les  compromettre.  Voilà  ce  que  Nodier  racontait 
d'un  ton  sérieux  en  1815,  lorsque  des  milliers  de 
contemporains  pouvaient  attester  le  mcnsoo^ 
de  ses  récits.  Ses  services  royalistes  n'étaient 
pas  très-réels,  et  la  Restauration  mit  peu  d'enk 
pressement  à  le  récompenser.  A  cette  époque  il 
multiplia  ses  publications,  qui,  malgré  leuroombre 
et  leur  succès,  ne  lui  fournissaient  que  des  res- 
sources insuffisantes;  car  il  avait  des  goàts 
coûteux  et  fort  peu  d'ordre.  Enfin,  en  décembre 
1823,  il  fut  placé  avec  le  titre  de  bibliothécstre, 
à  la  direction  de  la  bibliothèque  de  Monsieur 
(  bibliothèque  de  l'Arsenal }.  Sa  vie  dès  lors,  saB& 
devenir  tout  à  fait  rangée,  s'ordonna  un  peu.  Son 
salon  è  l'Arsenal  devint  le    reudex-vous  des 
jeunes  écrivains  qui  tentaient   cette  révolution 
littéraire  que  l'on  appelait  le  romantisme.  So- 
dier  fut  pour  eux  le  patron  le  plus  aimable  et  le 
conseiller  le  plus  indulgent  L'excellent  souvenir 
que  les  écrivains  les  plus  distingués  de  cette  école, 
Victor  Hugo,  Sainte-Beuve,  Alfred  de  Blusset. 
ont  gardé  de  leur  spirituel  b6te  de  l'Arsenal,  est 
pour  celui-ci  un  des  titres  les  plus  durables  au- 
près de  la  postérité.  Nodier,  avec  son  talent 
flexible  et  superficiel,  excellait  à  donner  uoe 
forme  agréable  anx  tentatives  hardies  et  étranges 
des  romantiques.  Lui-même,  vieil  admirateur  de 
Shakspeare  et  de  Gœthe,  pouvait  passer  pour  on 
des  précurseurs  de  cette  école.  Les  œuvres  quil 
écrivit  dans  cette  période  littéraire  de  la  restao- 
ration  et  des  premières  années  du  gouvernement 
de  Juillet,  Trilby,  Smarra,  Mademoiselle  de 
Marsan,  La  Fée  aux  miettes,  Inès  de  las 
Sierras ,  sont  les  produits  d'une  imagination  peu 
vigoureuse,  incapable  d'abontir  h  des  créations 
réelles,  mais  vive,  délicate,  saisissant  avec  une 
facilité  merveilleuse  les  couleurs  et  les  nuances. 
Son  style  excellent  tient  du  dix-huitième  siècle 
pour  la  clarté,  du  dix-neuvième  pour  la  couleur. 
Sa  plume  habile,donnantderintérét  et  do  charme 
aux  sujets  les  plus  arides,  à  des  discussions  de 
linguistique  et  de  bil»liograpbie ,  k   des  cata- 
logues de  libraire,  dissimulait  tes  lacunes  et  le 
peu  de  solidité  de  son  savoir.  Aucun  savant  as- 
surément n'adopta  son  système  sur  la  formation 
du  langage,  qu'il  attribue  à  l'imitation  des  bruits 
naturels,  réduisant  ainsi  tous  les  mots  à  des  ono- 
matopées ;  mais  la  spirituelle  finesse  avec  laquelif 
il  développa  ses  théories  leur  concilia  les  sof- 


16d 


NODIER 


166 


Grages  d'amatears  disUogné».  Da  reste,  si  Nodier  ) 
fut  UD  philologae  peu  profond  et  trop  paradoxal,  { 
il  faut  reconnaître  qu*il  roèla  à  ses  paradoxes 
beaucoup  d'aperçus  ingénieux,  exprimés  avec  une  ; 
âeganee  dout  les  grammairiens  ont  eu  rarement 
le  secret.  De  même  en  bibliographie,  sMI  n*est 
pas  un  guide  bien  sûr,  il  est  un  guide  très-at- 
trayant. Aucun  bibliophile  n*a  contribué  autant 
que  lui  h  répandre  parmi  les  gens  du  monde  le 
goôt  libéral  des  vieux  et  beaux  livres.  Un  homme 
si  bien  doué  du  côté  de  I*esprit,  et  qui  apportait 
dans  ses  rapports  litténiires  une  cordialité  si  facile, 
devait  aTOir  de  nombreux  amis  sous  tous  les 
réginoes.  Le  gouvernement  de  Juillet  conserva  à 
Nodier  la  place  qu*il  ayait  reçue  de  la  restaura- 
tion, et  y  ajouta  en  1843  la  croix  d'officier  de  la 
Légion  d'honneur.  On  oubliait  sa  ferveur  royaliste 
de  1815,  qnll  oubliait  lui-même;  cardans  ses 
Souvenirs  et  son  Banquet  des  Girondins, 
prodpctiotts  intéressantes  mais  équivoques ,  qui 
sont  pkitdt  de  Thistoire  falsifiée  que  du  roman , 
Il  re^nt  avec  hésitation  et  incohérence  au  répu- 
Uicanisme  de  sa  jeunesse.  En  1833  il  fut  reçu 
membre  de  TAcadémie  française.  Bien  qu'il 
n'eût  jamais  obtenu  de  ces  grands  et  durables 
succès  qui  placent  et  mamtiennent  un  écrirain  au 
premier  rang,  Il  s'était  fait,  par  la  qualité  quel- 
quefois exquise  et  par  la  variété  de  ses  livres, 
une  position  élevée  que  tout  le  monde  respec- 
tait 11  était  aimé  de  ses  confrères.  On  n'i- 
gnorait pas  ses  défeuts;  mais  on  les  excusait 
Aussi  sa  mort  prodoisi^elle  une  vive  im- 
preseioii.  Les  journaux  d'opinions  les  plus  con- 
tnûrea  forent  d'accord  pour  le  louer;  M.  Etienne 
prononça  sur  sa  tombe ,  au  nom  de  l'Académie , 
desparolet  de  regret  et  d'admiration.  Le  conseil 
municipal  de  la  Seine  donna  gratuitement  à  per- 
pétuité le  terrain  de  sa  sépulture.  La  ville  de 
Besançon  lui  Tota  une  statue.  L'Académie  de 
cette  Tille  mit  son  éloge  au  concours.  Enfin  No- 
dier eut  rheureose  fortune  d'avoir  pour  succes- 
seur à  PAcadémie  française  M.  Mérimée,  dont  le 
discours  de  réception  est  une  biographie  aussi 
indulgente  que  spirituelle.  Ce  discours  se  ter- 
mine  par  ces  mots.  •<  Si  l'on  se  rappelte  à  quel 
degré  Nodier  possédait  la  connaissance  gramma- 
ticale de  notre  langue,  ses  origines  et  ses  trans- 
formattons,  on  déplore  amèrement  qu'il  n'ait  pas 
après  lui  quelqu'un  de  ces  grands  ou- 
dans  lesquels  la  science  du  passé  devient 
la  règle  du  présent  et  le  guide  de  l'avenir.  Il  ne 
lofSt  pas ,  a  dit  La  Rochefoucauld ,  d'aroir  de 
grandes  qualités ,  il  faut  en  avoir  l'économie. 
Cette  économie  a  manqué  peut-être  à  Nodier  : 
esclave  du  caprice,  pressé  souvent  par  la  né- 
cessité, il  travaillait  au  jour  le  jour»  cédant  sans 
cesse  aux  sollicitations  des  libraires,  qui  osaient 
tout  demandei  h  un  homme  dont  la  bonté  ne  sa- 
vait riea  refuser...  Modeste  jusqu'à  rhumilité, 
sa  seule  faute  fut  de  ne  pas  employer  tous  les 
dons  précieux  qu'il  avait  reçus  en  partage.  La 
postérité,  dont  il  ne  s'est  point  assez  occupé. 


conservera  sa  mémoire;  la^  faveur  qni  de  nos 
jours  accuellit  ses  ouvrages  ne  les  abandonnera 
pas  :  le  moyen  d'être  sévère  pour  celui  qu'on  ne 
peut  lire  sans  l'aimer  !  » — Sans  admettre  tout  à  fait 
cette  bienveillante  appréciation,  sans  croire  que 
la  postérité  s'occupera  beaucoup  de  ses  ouvrage^ 
nous  pensons  que  son  nom  vivra,  et  que  son  ai^ 
mable  et  intéressante  figure  gardera  une  place 
distincte  et  élevée  dans  l'histoh^  de  la  littéra- 
ture française  du  dix-neuvième  siècle. 

Les  ouvrages  de  Charles  Nodier  sont  :  DU- 
sertalion  sur  Vusage  des  antennes  dans  les 
insectes,  et  sur  Vorgane  de  Vouie  dans  ces 
mimes  animaux;  Besançon,  1798,  in-4*;  — 
Pensées  de  Shakespeare^  extraites  de  ses  ou- 
vrages; Besançon,  1801,  m-S**;  —*  BUfUogra'' 
phie  entomologique ,  ou  catalogue  raisonné 
des  ouvrages  relatifs  à  V entomologie  et  aux 
insectes ,  avec  des  notes  critiques  et  Vexpo" 
sition  des  méthodes;  Paris,  1801,  in-8o;  -. 
Le  dernier  Chapitre  de  mon  roman;  Paris, 

1803,  in- 12,  petit  roman  licencieux  dans  le 
genrede  Faublas  ;—  Le  Peintre  de  Sallzbourg  ; 
journal  des  émotions  d'un  cœur  souffrant, 
suivi  des  Méditations  du  cloître;  Paris,  1803, 
in- 12;  —  Les  Essais  d'un  Jeune  harde;  Paris, 

1804,  in- 12;  —  Les  Tristes,  ou  mélanges  tirés 
des  tablettes  d'un  suicidé;  Paris,  ISOd,  hi-8*; 

—  Stella,  ou  les  proscrits,  suivie  de  la  Lettre 
d'un  solitaire  des  Vosges ,  de  la  Filleule  du 
seigneur,  de  la  Vision  et  de  Fanchette; 
Paris,  1808,  in- 12;  —  Dic/tonncitre  rai- 
sonné des  onomatopées  françaises,  adopté 
par  la  Commission  d'Instruction  publique 
pour  les  bibliothèques  des  lycées  ;  Paris,  1808, 
in-8®;  —  Archéologie,  ou  système  universel 
et  raisonné  -des  langues^  Prolégomènes  ;  Pa- 
ris, 1810,  in-8*  :  prospectus  d^un  ouvrage  qui  n'a 
jamais  été  fait;  —  Questions  de  littérature  lé" 
gale  :  du  plagiat;  de  la  Supposition  d'auteur; 
des  Supercheries  qui  ont  rapport  aux  livres; 
Paris,  1812,  in-8®;  seconde  édition,  augmentée; 
1828,  in-8^;  «  Dictionnaire  de  la  langue 
écrite;  Paris,  1813,  in-8*  :  c'est  encore  un 
prospectus  d'un  ouvrage  qui  n'existe  pas  ;  — 
Histoire  des  sociétés  secrètes  de  l'armée;  Pa- 
ris, 1815,  in-S";  —  Jean  Sbogar;  Paris,  1818, 
in- 8*;—  Thérèse  Aubert ;  Paris,  1819,  in-12; 

—  Adèle;  1820,  in-12  ;  —Lord  Ruthwen,  ou  les 
vampires;  1820,  2  vol.  m-12;  —  Le  Vampire ^ 
mélodrame  en  trois  actes  et  en  prose;  1820, 
in-8'';  —  Bertram,  ou  le  chdteau  de  Saint- 
Aldi^and,  tragédie  en  cinq  actes  de  Maturin, 
traduite  librement  en  prose;  1821  ;  —  Prome- 
nade de  Dieppe  aux  montagnes  d'Ecosse; 
1821,  in-12;  —  Voyages  pittoresques  et  ro- 
mantiques dans  l'ancienne  France;  Paris, 
1820  et  années  suivantes,  gr.  in-fol.,  avec 
J.  Taylor  et  A.  de  Caillenx  ;  —  Smarra,  ou 
les  démons  de  la  nuit,  songes  romantiques; 
1821,  in-12;  —  Tniby,oule  lutin  d'Argail ; 
Paris,  1822,  in-12;—  Essai  critique  sur  le 

6. 


167  NODIER  < 

fjaz  hydrogène  et  les  divers  modes  d'éclai- 
rages artificiels;  1823,  in-S*  :  ayec  M.  Amédée 
^ۈoi\^ Dictionnaire  universel  de  la  langue 
française;  Paris,  1823,  2  ▼ol.  în-8",  a?ec 
M.  Verger.  Quérard  prétend  que  ce  Diction- 
naire est  l'oavrage  de  M.  Verger  et  que  Nodier 
n*a  fourni  qu'une  préface;  ^  Bibliothèque  sa- 
crée  greeque'latine ,  comprenant  le  tableau 
chronologique,  biographique  et  bibUogra^ 
phique  des  auteurs  inspirés  et  des  cniteurs 
ecclésiastiques,  depuis  Moise  jusqu*à  saint 
Thomas  d'Aquin^  ouvrage  rédigé  diaprés 
Mauro  Boni  et  Gamba i  Paria,  1826,  in-8o  .. 
compilation  faite  avec  peu  ffe  soin,  et  où  l'on  a 
relevé  de  singulières  erreurs ,  une  entre  autres 
sur  ïtConviviumr  Virginum  de  saint  Methodius, 
que  Nodier  prend  pour  un  ouvrage  en  vers;.  — 

—  Mélanges  tirés  d'une  petite  bibliothèque, 
ou  variétés  littéraires  et  philosophiques; 
Paris,  1829,  ln-8*;  —  Histoire  du  roi  de 
Bohême  et  de  ses  septchdteauX\  Paris,  1830, 
in-8'*;—  Souvenirs, Épisodes  et  Portraits, 
pour  servir  à  rhistoire  de  la  révolution 
et  de  Vempire;  1831,  2  vol.  in-8'';  —  La 
Fée  aux  miettes ,  roman  imaginaire;  1832, 
in- 12;  —  Mademoiselle  de  Marsan;  1832, 
in- 8®;  —  Souvenirs  de  jeunesse;  1832, 
in-8''',  —  Le  dernier  Banquet  des  Girondins, 
étude  historique,  suivie  de  Recherches  sur 
Véloquence  révolutionnaire  %  1833,  in-8°;  — 
Inès  de    las    Sierras;  Paris,  1837,  in-8'*; 

—  Les  quatre  Talismans,  conte  raisonnable; 
tmri  de  La  Légende  desceur  Béatrix;  Paria, 
1838,  2  Tol.  in-8*';  —  La  Neuvaine  de  la 
Chandeleur  et  Lgdie,  nouvelles;  1839,  in-8''; 

—  Description  raisonnée  d'une  jolie  colleC' 
iion  de  livres  (Nouveaux  Mélanges  tirés 
d* une  petite  bibliothèque);  iM3,  in*8'*; — 
Trésor  des  fèves  et  Fleur  des  pois  ;  Le  Génie 
Bonhomme;  Histoire  du  chien  de  Brisquet; 
Paris,  1844,  in-8*;  -^Journal  de  l'expédition 
des  Portes  de  Fer,  rédigé  par  Charles  Nodier 
sur  les  notes  du  duc  d'Orléans;  1844 ,  in*8^;  — 
Franciscuê  Columna,  nouvelle  postluime  ;  1844, 
in-12.  Pour  compléter  la  bibliographie  de  No- 
dier, il  faudrait  énumérer  plusieurs  publications 
auxquelles  il  n'a  fourni  que  son  nom ,  plusieurs 
éditions  et  une  foule  d'articles  de  jonmaux  et  de 
revues;  mais  ces  travaux  sont  plus  nombreux 
qu'importants.  On  en  trouvera  l'indication  dans 
La  France  littéraire  de  Quérard  et  dans  La 
Littérature  française  contemporaine,  de 
MM.  Louandre  et  Bourquelot.  Une  partie  de 
ses  ouTrages  a  été  recueillie  sous  le  titre  peu 
exact  à'Œuvres  complètes;  Paris,  1832-1834, 
12  Tol.  in- 12.  Ses  Souvenirs  et  un  choix  de  ses 
romans  ont  été  réimprimés.  L.  J. 

Sainte-Benve,  Portraitt  tUtérairês,  t.  II.  —  Loraénle, 
GaUrU  tfet  Contemporaine  Ulmttns,  t  vil.  ^  F.  Wry, 
Ifotiee  en  tète  de  la  Description  raisonnée.  »  J.  Janln. 
Notice  en  tête  de  FrancUeut  Columna,  —  Gratel-Du. 
pleasto.  Notice  bMéograpàiquê  :  lSi4,  In-S*.  -  Mériinée, 
XNmwrf  dêréeeftêon  à  rjeadému/rançaUe,  dans  le 


-  ^'ODOT  168 

neemeU  de  tjiead.,  iBM-lBis.   —  étlenae ,  ttipoMe  k 
M.  Ménmée,  dana  le  même  RecaeU. 

HODOT  (François),   littérateur   français, 
mort  dans  les  premières  années  du  dix-huitième 
siècle.  Attaché  à  l'administration  militaire,!  il 
occupa  l'emploi  de  commissaire  des  vivres  pen- 
dant les  guerres  du  Piémont.  Voilà  à  quoi  se 
bornent  les  renseignements  sur  sa  vie.  Il  a  pu- 
blié :  Le  Munitionnaire  des  armées  de  France, 
qui  enseigne  à  fournir  les  vivres  aux  troupes 
avec  toute  ^économie  possible;  Paris,  1697, 
in-8°  ;  —  Histoire  de  Mélusine,  chef  de  la 
maison  de  Lusignan,  et  de  ses  fils,  tirée 
des  chroniques  du   PoUou;    Paris,    1698, 
in-12;  —  Histoire  de  Geoffroi,  surnommé  à 
la  Grand* Dent,  sixième  fils  de  Mélusine; 
Paris,  1700,  in-12  :  c'est  une  suite  du  précédent 
livre.  L'histoire  de  Mélusine  a  été  écrite  au 
quinzième  siècle  par  Jehan  d'Arras  ;  Nodot  en  a 
maladroitement  retouché  le  style,  et  a  su  rendre 
par  ses  additions  la  fable  moins  attachante  que 
celle  du  naïf  chroniqueur  ;  —  La  Rivale  tra- 
vestie, ouaventures  arrivées  au  camp  de  Comr 
piègne;  Paris,  1699,  in-12,  —  Relation  de  la 
cour  de  Rome,  ok  Von  voit  le  vrai  caractère  de 
cettecour,  ce  qui  concerne  le  pape,  ce  que  c'est 
que  le  conclave,  etc. \  Paris,  1701,  in-12;  — 
Nouveaux  Mémoires,  ou  observations  faites 
sur  les  monuments  de  l'ancienne  et  de  la 
nouvelle  Rome,  avec  les  descriptions  des 
cartes  et  des  figures  ;  Paris,  1706, 2  vol.  |n-l2. 
Nodot,  qui  avait  fait  de  bonnes  études  et  qui 
avait  quelque  connaissance  <]e  la  philologie,  dé- 
buta dans  le  monde  savant  par  la  pubUcatioa 
de  fragments  inédita  qui  oompli^taient  le  Sa* 
tiricon  de  Pétrone;  il  les  imprima  dans  une  édi- 
tion latine  qu'il  donna  de  oe poète  (Paris,  1693, 
in-8'*;  Rotterdam,  1693,  itt-l2).  Ces  fragments 
ou  plutôt  ces  suppléments  étaient  extraits  d'un 
manuscrit  qu'un  officier  français  au  service  de 
l'Autriche  avait,  dit-on,  trouvé  en  1686  à  Bel- 
grade. 11  s'éleva  à  ce  sujet  entre  les  savants  une 
controverse  très-vive  :  tandis  que  Charpentier 
déclarait  les  fragments  authentiques,  Leibniz, 
Cramer,  Bentley,  Perizonius  et  d'antres  critiqaes 
n'y  virent  qu'un  tissu  de  gallicismes  et  d'ex- 
pressions barbares.  Nodot ,  dont  la  bonne  foi 
dans  cette  circonstance  n'a  pu  être  bien  établie, 
répondit  à  ses  nombreux  adversaires  dans  un 
écrit    intitulé    Contre-critique   de    Pétrone 
(Paris,  1700,  in-12  ).  Dès  1694  il  avait  publié 
une  traduction  entière,  sinon  élégante,  de  Pé- 
trone, avec  le  texte  latin  (  Paris,  2  roi.  in.i2, 
et  Cologne,  2  vol.  in-6*  ),  traduction  qui  a  été 
plusieors  foisréimpr.  k  Paris  (1698,  1709, 1713, 
1799,  2   vol.  )  et  à  Amsterdam  (1736,  1756, 
2  ToL);  les  premières  édit.  ne  portent  pas  le 
nom  de  l'auteur,  on  plutôt  elles  le  dissimulent 
sous  celte  devise  piaoîée  sur  le  frontispice  :  Nodi 
solvuntur  a  Nodo  (vog,  Pétronb).      P.  L. 

HM.  im.  de  la  France,  î.  -  Lenglet-Dufresuoj.  BiM: 
det  romani. 


169 


NOÉ 


170 


soé,  on  plas  exactement  Noad,  fils  de  La- 
mecb,  patriarche  de  TÉcriture,  qui  fut  seul  sauvé 
avec  sa  ramille  pour  repeupler  la  terre.  Il  avait 
trois  fils,  Sem,  Cbam  et  Japhet  ;  après  la  sortie 
de  Tarclie,  Dieu  les  bénit,  et  leur  dit  :  «  Croissez 
et  muUipliez,  et  remplissez  la  terre  !  »  Moé,  qui 
était  laboureur,  planta  la  vigne;  mais  te  jus  du 
ralsia  enivra  le  patriarche,  qui,  étendu  au  mi- 
lieu de  sa  tente,  ne  songea  plus  à  couvrir  sa 
nn^ité.  Cbam,  l'ayant  vu  en  cet  état,  ne  rougit 
pas  d*en  rendre  témoins  ses  frères  ;  mais  ceux- 
ci,  plas  respectueux,  jetèrent  un  manteau  sur 
leur  père,  en  s'approdiant  de  loi  k  reculons, 
sans  le  regarder.  Le  patriarche,ayant  appris  après 
son  réveil  ce  qui  s'était  passé,  bénit  JSem  et 
Japbet,  et  maudit  Canaan,  le  fils  de  Cbam,  en  le 
TOiiaot  k  la  servitude.  Noé  vécut,  après  le  dé- 
loge trois  cent  cinquante  ans,  dit  la  Bible  ;  et 
toute  sa  carrière  fut  ainsi  de  neuT  cent  cin- 
quante ans.  Sa  .postérité  se  répandit  sur  la 
terre  :  les  Sémites  dominèrent  en  Asie,  les  des- 
cendants de  Japbet  vinrent  s*établir  en  Eu- 
rope ;  plusieurs  peuplades  issues  de  Cham  furent, 
iprès  des  guerres  sanglantes,  chassées  par  les 
Sémites  et  forcées  de  se  réfugier  en  Afrique,  ce 
qui  a  fait  prendre  les  nègres  pour  la  progéni- 
ture do  fils  maudit  de  Noé.  Mais  cette  terrible 
malédiction  ne  se  trouve  évidemment  dans  TÉ^ 
criture  que  pour  constater  le  droit  que  les 
Israélites  sémites,  sous  la  conduite  de  Moyse,  pré- 
tendaient avoir  sur  la  terre  de  Canaan.  L'unité 
d'origine  des  races  humaines,  qui  résulte  du 
redt  bibMqne,  ne  s*accorde  pas  facilement  avec 
les  recherclies  phfrsiologiqoes.  La  croyance  au 
délu^  universel  se  retrouve,  il  est  vraf,  dans 
les  traditions  des  peuples  païens;  mais  il  est 
bfea  difficile  d'accorder  les  dates  et  les  faits; 
la  science  se  refuse  en  outre  à  toute  explica- 
tioQ  d'un  pareil  ptiénomène,  et  peut-être  le  récit 
bihiique  repose-t-il  sur  la  tradition  relative  h 
na  cataclysme  partiel  grossi  par  l'imagination, 
et  tel  qu'on  en  trouve  mentionnés  plusieurs  dans 
Hùstoire  primitive.  L.  L—r. 

Cenéw.  VI.  -  Wlaer.  Btbi,  Beal-Lsxikon. 

HoÉ  00  noTBftS  (  Bugues  ns  ),  conseiller 
de  Charles  Vil,  roi  de  France,  né  au  quator- 
zième siècle,  mort  vers  1448.  11  tirait  son  nom 
de  la  terre  de  Moé,  en  Languedoc,  près  de 
Muret  (t).  Hugues  de  Noyers,  vers  1411,  fut 
Bommé  gouverneur  de  Charles^  comte  de  Pou* 
tlneq,  qui  depuis  monta  sur  le  trône,  sous  le 
Mm  de  Charles  VU.  Attaché  dès  lors  au  parti 
^  ce  prince,  il  devint  premier  écuyer  du  corps 
H  maltav  de  l'écurie  du  dauphin.  Pendant  la  ré- 
goice  de  Charles,  il  fut  continué  dans  cet  emploi, 
qui  comptait  parmi  les  grandes  charges  de  la  cou- 
ronne. Hugues  assista  comme  témoin  à  l'entrevue 
<le  Montereau  (10  septembre  1419),  mais  il  ne  prit 
point  de  part  active  à  l'assassinat  de  Jean-Sans- 

(f)  Cinimi  de  Carbonne,  •rrond.  de  Muret  (  Haale- 
^ronoe  ).  ii  ne  faut  pn  confondre  celte  famtUe  avec 
K»MlgBcun  de  Xfoyere  etde  Vendeovre  en  Cbampagne. 


Peur.'  II  expia  cette  honnête  abstention  par  la 
perte  de  son  office,  qui  fut  dévolu  à  Pierre  Fro- 
tier,  l'un  des  meurtriers.  Peu  après,  le  régent 
lui  donna  en  Languedoc  deux  emplois  lucratif^ 
l'un  ,  civil ,  visiteur  général  des  gabelles ,  ad- 
joint au  lieutenant  général  des  finances;  et 
l'autre,  militaire,  celui  de  capitaine  châtelain  de 
Roquemaure.  Hugues  de  Noie  ,  non  content  de 
ces  deux  charges ,  y  réunit  encore  diyers  émo- 
luments, tirés  des  finances  languedociennes.  H 
ne  tarda  point  à  reTenir  à  la  cour,  sans  perdre 
pour  cela  ses  différentes  places,  quMI  exerçait 
par  délégués.  Il  continua  jusqu'au  terme  de  sa 
vie  d'assister  le  roi  son  élève  de  ses  conseils  et 
de  son  influence.  V.  Y. 

VaUet  de  VlrlvlUe,  Chranl^fUê  de  Jean  Raoulet,  k  la 
anlte  de  Jean  Charller.  HiU,  de  CharUt  m  (Blblloth. 
Janet) ,  iss»,  ln-16  .  t.  III ,  p.  141  et  snlv.  { 

Koé  (  LouiS'Pantaléon,  comte  ne  ),  pair  de 
France,  né  en  1731,  mort  le  26  février  1^6,  à 
Paris,  appartient  à  la  même  famille  que  le  pré- 
cédent. Il  sniTit  la  carrière  des  armes,  et  par- 
vint au  grade  de  maréchal  de  camp;  il  prit  sa 
retraite  à  l'époque  de  la  révolution.  En  1811» 
Louis  XVIU  l'éleva  à  la  dignité  de  pair  de 
France. 

Son  fils,  Louis- Pantttléon-Jude*Amédée,  né 
le  28  octobre  1777,  au  château  de  l'Isle  de  No^ 
(Gers  ),  émigra  en  1791,  et  entra  au  service  bri- 
tannique de  rinde.  Il  entra  en  1818  à  la  cham- 
bre des  pairs  par  droit  d'hérédité  et  y  siégea 
jusqu'à  la  chute  de  la  dynastie  d'Orléans.  Il  fut 
gentilhomme  de  ta  chambre  (1821  )  et  grand-offi- 
cier de  la  Légion  d'honneur  (1845).  11  mourut 
le  6  février  1858,  â  Paris.  On  a  de  lui  des  Mé" 
moires  relatifs  à  V expédition  partie  du  Ben- 
gale en  1800  pour  aller  combattre  en  Egypte 
Varmée  d'Orient;  Paris,  1826,  în-B^, avec  grav. 
et  cartes. 

Le  fils  atné  de  ce  dernier,  Guillaume,  est  co- 
lonel de  caTalerie;  un  autre  fils,  Amédée,  s'est 
fait  la  réputation  d'un  spirituel  dessinateur,  sous 
le  pseudonyme  de  Cham  (  voy.  ce  nom  ).        P. 

Biographie  nouvelle  de»  Contauporain»  { ISfo). 

NOB  { Marc- Antoine  oe),  prélat  français, 
né  en  avril  1724,  au  château  de  La  Gremenau* 
dière ,  aujourd'hui  commune  de  Sainte-Soulle 
(Charente-Inférieure),  mort  à  Troyes,  le 
22  septembre  1802.  Troisième  fils  de  Marc- 
Roger  de  Noé,  baron  de  L'Isle,  sénéchal  des 
quatre  vallées  d'Aure,  et  de  Marie- Charlotte- 
Colbert  de  Saint-Mars,  il  fit  ses  études  à  Paris, 
sous  le  professeur  Lebeau ,  et  sa  théologie  en 
Sorbome.  Au  sortir  de  sa  licence,  il  devint 
successivement  grand  vicaire  d'AIbi  ^  puis  de 
Rouen ,  sous  M.  de  La  Rochefoucauld ,  tour  à 
tour  archevêque  de  ces  diocèses,  et  en  octol>re 
1756,  abbé  commendataire  de  Simorre ,  au  dio* 
cèse  d'Auch.  Député  en  mai  1762  à  l'assemblée 
générale  du  clergé  de  France,  M  de  Noé  fut  ap- 
pelé, le  5  janvier  1763,  à  Tévéché  de  Le^car  et 
sacré  le  12  juin  suivant.  Ce  siège  lui  donnait  la 


171 

préftirlencc  des  états  de  Béarn  et  le  titre  de 
premier  conseiller  au  parlement  de  Pau.  Il  en 
regardait  les  revenus,  qui  étaient  de  27^000  li- 
vres, comme  le  patrimoine  des  malheureux  ;  on 
le  vit  en  faire  la  di&trikMition  à  des  infortunés 
réduits  aux  extrémités  de  l'indigence  par  TefTet 
d'une  terrible  épixootie.  U  ouvrit  alors  deux 
caisse^,  Tune  à  celui  qui  pouvait  donner,  Tautre 
à  celui  qui  ne  pouvait  que  prêter,  versa  30,000 
livres  dans  la  première,  et  confia  15,000  li- 
vres à  la  seconde.  Son  exemple  fut  suivi,  et 
des  malheurs  que  toute  la  prudence  humaine 
n*aurait  pu  détourner  furent  réparés.  Député 
eo  1789  aux  étals  généraux  iiar  les  états  parti- 
culiers de  Béarn,  il  protesta  contre  la  réunion  des 
trois  ordres,  se  retira  dans  son  diocèse  dès 
qtt*il  crut  que  les  instructions  de  ses  commet- 
tants étaient  compromises  et  ne  fit  point  partie 
de  l'Assemblée  constituante.  Bientôt  le  siège 
de  Leecar  fut  suptirimé,  et  un  bénéilictin,  ^r- 
thélemi- Jean- Baptiste  Sanadon,  professeur  de 
littérature  an  collège  de  Pan,  fut  sacré  évéque 
des  Basses- Pyrénées,  où  est  placé  Leaear,  et  l'é- 
vèché  fut  fixé  à  Oleron.  M.  de  Noé,  qui  n'avait 
point  quitté  Lescar,  protesta  contre  cette  innova- 
tion, et,  cédant  à  la  violence,  passa  en  Espagne. 
La  guerre  le  contraignit  de  quitter  Saint-Sébas- 
tien, où  il  avait  trouvé  un  asile,  et  de  se  réfugier 
en  Angleterre.  En  1801,  il  donna  sa  démission 
pour  faciliter  rexéeution  du  concordat,  et  de 
retour  en  France  fut  nommé,  le  9  avril  1802,  à 
l'évêchédeTroyeiv.  Son  esprit  conciliateur  avait 
su  déjà  faire  cesser  toutes  les  dissidences  et 
nllier  tous  les  cœurs  dans  ce  diocèse,  lorsque  la 
mort  l'enleva,  cinq  mois  après.  Le  sorlendennain 
de  son  décè^,  on  apprit  que  Bonaparte  l'avait 
désigné  à  Pie  VII  pour  le  cardinalat  L*éloge  de 
M.  de  Noé  fut  proposé  au  concourt  par  le  musée 
de  l'Yonne  et  la  Société  académique  de  l'Aube 
réunis,  qui  décernèrent  le  prix  en  1^04  à  Luce 
de  Lancival  et  l'accessit  à  M.  Hombert  Ce  pré- 
lat aimait  les  lettres  et  les  avait  cultivées  avec 
succès  :  il  savait  l'hébren  et  le  grec,  et  avait 
étudié  k  fond  les  grands  modèles  de  l'antiquité. 
C'était  à  eux  qu'il  devait  cette  élégance  de  style 
et  cette  pureté  qui  font  le  charme  du  peu  d'où- 
TFBges  qu'il  a  laissés.  On  a  de  M.  de  Noé  : 
Discours  prononcé  à  Auch  en  1781  pour  la  dis- 
tribntion  des  guidons  du  régiment  du  roi  dra- 
gons, que  M.  de  Viella,  son  neveu,  commandait 
en  l'absence  de  M.  de  La  Fayette,  qui  faisait  alors 
la  guerre  en  Amérique.  Ce  discours,  rempli  de 
patriotisme,  est  le  chef-d'œuvre  de  Tauteur  ;  ^ 
DiMCoun  sur  tétat  futur  de  V Église  \  1788, 
in- 12,  U  avait  été  composé  pour  être  prononcé 
à  l'assemblée  générale  du  clergé  de  1785  ;  mais 
oo  sut  qui!  contenait,  des  idées  singulières  et 
qu'il  y  était  question  d'un  renouvellement  de 
la  défection  de  la  gentilité^  d'un  nouveau 
règne  de  Jésus^Christ.  Cette  doctrine,  quoique 
revêtue  de  couleurs  séduisantes,  se  rapprochait 
trop  du  millénarisme  pour  pouvoir  élre  soof- 


NOÉ  —  NOEUD  EN 


172 

ferte,  et  l'on  invita  M.  de  Noé  à  ne  point  pro- 
noncer ce  discours,  que  son  frère  fit  imprimer 
plus  tard  en  le  faisant  suivre  d'un  Recueil  de 
passages  sur  l'avènement  intermédiaire  de  Jé- 
sus-Christ et  de  Remarques  fourmes  par  le  P. 
Lambert ,  dominicain ,  défenseur  ardent  de  ce 
système  ;  —  Traduction  d'un  discours  de  Pé' 
riclès,  conservé  par  Thucydide  et  inséré  dans  la 
traduction  d'Isocrate  4t  l'abbé  Auger;  —  di- 
vers mandements.  On  a  réuni  les  Œuvres  de 
M.  de  Noé  ;  Londres,  1801,  in- 12,  et  M.  Auguis 
en  a  donné  une  édition  nouvelle  et  plus  com- 
plète; Paris,  1818,  in-8*.  Cette  dernière  édition 
contient  notamment  un  Éloge  d'Évagoras,  par 
Isocrate  ;  un  Extrait  de  C Éloge  des  guerriers 
morts  dans  la  guerre  du  Péloponèse,  et  est 
précédée  d'une  Notice  historique  sur  M.  de  Noé. 
On  regrette  de  n'y  point  trouver  V  Oraison  fu- 
nèbre de  don  Philippe^  infant  d* Espagne,  due 
de  Parmet  prononcée  à  Paris  en  1766,  un  Pané^ 
gyrique  de  sainte  Thérèse,  prêché  à  Toulouse, 
et  un  Sermon  sur  Vauméne.  M.  de  Noé  fut  un 
des  quatre  évèques  qui  en  1765  refusèrent  leor 
adhésion  aux  actes  de  l'assemblée  du  clergé,  au 
sujet  de  la  bulle  Vnigenitus;  mais  on  ne  voit 
de  sa  part  aucune  démarche  en  faveur  du  jan- 
sénisme. H.  FiSQOET. 

Loce  de  Lancival,  Éioge  de  M.  d*  Noé  ;  Paris,  180S, 
ln-8*.  »  Aagols,  NoUcc  kistor.,  en  létc  de  aes  œuvres.  -> 
France  pontificale. 

noé  (  Jean  de  la  ).  Vof.  Mékard. 

MŒHDBN  {{reorges -Henri),  érudit  anglais, 
né  le  23  janvier  1770,  à  Gœttingue,  mort  le  13 
mars  1826,  à  Londres.  Filsd'un  médecin  de  Gœt- 
tingue ,  il  fit  ses  études  à  runiversité  de  cette 
ville,  et  s'y  appliqua  surtout  aux  littératures  an- 
ciennes, sous  la  direction  du  savant  Ueyne,  qu'il 
aida  dans  son  édition  d'Homère.  En  1701  il  de- 
vint précepteur  dans  une  famille  anglaise,  qu'il 
suivit  à  Londres.  En  1793  il  entra  au  collège 
d'Eton  pour  y  surveiller  l'éducation  des  fils  de 
sir  W.  Milner,  el  fit  avec  l'un  d'eux  un  voyage 
en  Allemagne  et  en  Prnsse.  11  continua  de  de- 
meurer dans  cette  famille  jusqu'en  1811,  époque 
où  il  obtint  au  concours  une  des  places  de  bi- 
bliothécaire du  British  Muséum.  Peu  de  temps 
après  il  fut  appelé  à  Weimar  pour  y  donner  des 
soins  aux  enfants  du  prince  héréditaire  (i818). 
Noehden  présida  en  1823  la  Société  asiatique  de 
Londres;  U  était  depuis  1796  docteur  en  philo- 
sophie et  en  droit.  U  a  laissé  quelques  écrits  es- 
timés, tels  que  :  Asix  Uerodotex  difficUsora; 
Gœttingue,  1792,  iB-4";  —  De  Porphyru  schi>^ 
liés  in  Homerum;  Gœttingue,  1797,  ln-4*;  ^ 
SchHler*s  Fiesco  and  Don  Carlot;  Londres, 
1797;  —  German  and  English  grammar; 
Londres,  1800,  in-8"  ;  le  meilleur  travail  de  ce 
genre  que  l'on  connaisse  ;  il  a  eu  six  ou  sept 
éditions;  —  German  and  English  dictionary; 
ibid.,  1814,  2  vol.  in-12  ;  —  Gœthé's  Observa- 
tions on  the  last  supper  of  Leonardo  da 
Vinci  t  with  a  pre/atory  essay  and  notes; 


173 


WOEHDEN 


ibj(!l|  IS2I,  iii-8';  —  Estay  on  the  Pforthwick 
coins;  \tM.,  i  livr.;  la  mort  interrompit  la  po- 
Mication  de  (%t  onTrage ,  qui  valut  à  l'auteur  ta 
ilirection  du  département  des  médailles  au  Bri* 
tisli  Mosenm.  Il  a  laissé  en  manuscrit  une  tra- 
duction partielle  de  Vffisto'tre  des  beaux-arts 
de  Winckelroann  et  une  Introduction  to  ii«- 
niismatoloçif,  K. 

Nau  NekTotog  éer  Dn^wchm^  \m.  —  jtnmtai  M«> 
ÇTïïfkf.  —  Ztitgmossen,  n*  17. 

XOBL,  abbé  de  Saint-Nicolas  d'Angers,  mort 
«a  1096.  Successeur  de  Tabbé  Aimon,  Noël 
parait  ravoir  remplacé  en  lOSO.  C'est  durant  son 
gooTemement  que  le  pape  Urbain  11  vint  à  An- 
fjtn,  et  consacra  Téglise  de  Saint-Nicolas.  Ce- 
pendant Tabbé  Noél  touchait  alors  au  terme  de 
sa  Tîe  :  il  mourut  en  efîet  quelques  jours  après 
avoir  reçu  la  glorieuse  visite  du  souverain  poo- 
tile.  C'est  ce  que  nous  apprennent  les  titres  de 
i'abbaje,  et  quelques  méchants  vers  de  Bau- 
drj  de  Boargveil.  Les  auteurs  d^  V Histoire 
littéraire  de  la  France  attribuent  à  Juhet 
d'AHins,  abbé  de  La  Couture,  au  Mans ,  une 
Histoire  des  miracles  de  saint  Nicolas,  é^^e 
de  Myre,  dont  an  fragment  considérable  se 
troQTe  dans  le  num.  496  des  manuscrits  de 
^t-Gemiain.  Cette  attribution  est  erronée,  et 
roQvrage  doit  être  restitué  à  l'abbé  Noël.  Quel- 
ques extraits  du  manuscrit  de  Saint-Germain, 
publièi  dans  le  Gallia  christiana^  le  démon- 
trait clairement  B.  H. 

fiiA  m.  de  to  France,  t.  VIII.  —  Callia  chrUt., 
tXlv.eol.  418,  «70, 

50BL  {Etienne),  physicien  français,  né  en 
1^1,  en  Lorraine,  moi*t  vers  1660,  à  La  Flèche. 
H  entra  jeune  chez  les  Jésuites ,  professa  avec 
distioclion  à  La  Flèche,  et  fut  recteur  de  divers 
collèges  de  la  Société ,  celui  de  Clerroont  entre 
autres  (  aujourdlàui  Louis-le-Grand  ).  Quoique 
P^patéticien,  il  n'était  pas  fort  éloigné  des  sen- 
tiQents  de  Descartes,  avec  lequel  il  ne  cessa 
'^'«ïtreteair  d'amicales  relations.  C'est  ce  qu'on 
^«tpar  divers  mémoires  qu'il  a  composés  sur 
^  rapports  de  la  physique  nouvelle  avec  Tan- 
«oJDc,  sur  la  comparaison  de  la  pesanteur  de 
'«r  avec  la  pesanteur  du  vif  argent ,  sur  le 
P'«ia  de  la  nature  contre  l'opinion  du  vide,  etc. 
^  1M«  il  fit  parvenir  à  Descartea,  par  llnter- 
j>ï«yiaire  du  P.  Mersennê,  ses  deux  derniers 
tfailés,  Aphorismi  physici  eiSolJlamma. 

^^^^  WlWâcçiie  lorraine.  —  Bailiet,  f  to  de  Des- 

■ORL  {François},  jésaite  missionnaire 
«»ge,né  en  1651,  à  Helstrud,  village  du  Hai- 
'""t,  mort  en  1729.  Entré  en  1670  au  noviciat 
^Toornsy,  il  fat  en  1M4  envoyé  en  Chine,  ou 
•'  pMsa  une  grande  partie  de  sa  vie.  Il  se  rendit 
J«i\  fois  à  Rome,  pour  y  traiter  au  sujet  des 
ttremowîM  chinoises.  Il  passa  ses  dernières 
«wc«  à  Ulhs.  On  Si  de  lui  î  Offservationeg 
^mematicx  et  physicx  in  Jndia  et  China 
^ocac  Qb  anno  ig84  usque  ad  anntm  1708  j 


—  WOEL  174 

Prague,  1710,  tn-4'*.  Cet  intéressant  recueil  con« 
tient  des  oteervations  sur  les  éclipses  du  so- 
leil, de  la  lune  et  des  satellites  de  Jupiter,  les 
latitudes  et  longitudes  de  beaucoup  de  lieux  de 
la  Chine,*  les  ascensious  et  déclinaisons  des 
étoiles  australes,  des  détails  curieux  sur  l'as- 
tronomie des  Chinois,  entre  autres  la  liste  des 
déoommations  qu'ils  donnent  aux  étoiles  ;  elle  a 
été  reproduite  et  présentée  comme  nouvelle  par 
de  Guignes  dans  le  t.  X  des  Mémoires  des  sa- 
vants étrangers  (voy.  Journal  des  savants^ 
juillet  1821);  l'ouvrage  du  P.  Noël  renferme 
encore  un  résumé  de  la  métrologie  chinoise; 

—  Sinentis  imperii  classici  VI  ^  nimiruni 
adultorum  schola  immutahile  médium ,  lÀ» 
ber  sententiarum^  Menctus,  Filialis  obset' 
vantia  et  parvulorum  schola  e  sinico  in  la- 
tinum  traducti;  Prague,  1711,  in-4^;  Ploquet 
a  publié  une  version   française  de  cette  tra- 
duction; Paris.  1784-4786,  7  vol.  in-18,  mais 
sans  les  notes  de  Noël.  Ce  dernier  s'est  attaché 
à  rendre  avec  la  plus  grande  exactitude  le  sens 
de  ces  livres  consacrés ,  que  tous  les  lettrés 
chinois  doivent  savoir  par  cœur;  dans  ce  but  il 
a  beaucoup  trop  délayé  le  texte  original,  qui 
est  extrèiriement  concis;  il  y  a  intercalé  très- 
souvent  les  remarques  et  explications  des  com- 
mentateurs;  il  a  ainsi  substitué  aux  sentences 
brèves  et  aphoriatiques  des  moralistes  chinois 
des  phrases  longues   et  souvent  diffuses;  — 
Philosophia  sinica,  cognitionem  primi  entis, 
eeremonias  circa  defunetos  et  ethicam  juxta 
sinarum  mentem  complectens  ;  Prague,  1711, 
10-4**;  l'auteur  a  eu  le  tort  de  présenter  les  doc- 
trines chinoises  comme  se  rapprochant  singulière- 
ment des  principes  du  christianisme  ;  «-  Opus» 
cula  poetica  ;  FraticïoTt,  il  il,  in-8«;  compre* 
nant  ;  Vita  Jesu  Christï;  Epistolx  Marions 
(  souvent  réimprimées)  ;  Vita  S,  Ignatii  de 
Loyola,    et    Tragœdiœ;    —    Theologix     P. 
Francisci  Suarez  summa;   Cologne,    1732, 
in-fol.  ;  à  cet  abrégé  des  vingt-trois  volumes  de 
Suare/,  Noël  a  joint  un  résumé  du  traite  de  Les- 
sius  Dejustitia  etjure,ei  de  celui  de  Sanchez 
De  matrimonio  ;  —  Memoriale  circa  veH" 
tatemjacti,  cui  innititur  decretum  Alexan- 
dri  vil,  editum  die  23  martii  1656;  ce  tableau 
de  l'état  des  missions  en  Chine,  rédigé  en  commun 
avec  le  P.  Castner,  a  été  traduit  en   français 
dans  les  Lettres  édifiantes;  —  Observations 
astronomiques  faites  en  ChinCy  Insérées  dans 
les  Observations  physiques  et  mathémati' 
gués  envoyées  des  Indes  et  de  la  Chine  à 
V Académie  des  Sciences;  Paris,  1692,  in-4''; 
—    Responsio  ad  libros  nuper  editos  super 
controversias  sinenses;  ce  mémoire,  écrit  en 
collaboration  avec  le  P.  Castner,  fut  remis  au 
papo  en  (704;  il  se  trouve  en  manuscrit  à  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris.  O. 

r.nethalA,  Uetures.  t.  Ml.  p   fSl.  -  Bakn,  BiMiOtk, 
«fff  érrirams  de  la  Compagnie  de  Jetus. 

KOKL  {Jean- Baptiste )t  homme  politique 


175 


NOËL 


f7e 


français»  né  à  Remiremont  (l),  le  24  juin  1727, 
guillotiné  à  Paris,  le  18  frimaire  an  ii  (8  dé- 
cembi«  1793)  (2).  Il  était  jurisconsulte  et  offi- 
cier principal  du  chapitre  noble  de  dianoi- 
nesses  de  sa  TÎtle  natale,  lorsqu'on  1788  il  fut 
député  à  rassemblée  provinciale  de  Lorraine. 
Nommé  procureur-syndic  de  Remiremont  en 
1789,  ses  concitoyens  le  choisirent,  en  septembre 
1792,  pour  représenter  le  département  des  Vosges 
à  la  Convention  nationale.  Lors  du  jugement  de 
Louis  X  Vt,  il  fut  un  des  sept  membres  de  cette 
assemblée  qui  se  récusèrent.  Noél,  s'inspirant 
d*nn  sentiment  dimpartialité  dont  on  ne  saurait 
trop  faire  Téloge,  «  déclara  que  son  fils  venant 
d*étre  tué  à  l'armée,  il  ne  pouvait  juger  l'homme 
que  l'on  regardait  comme  la  cause  de  la  guerre  ». 
La  conduite  de  Noël  fut  toujours  celle  d'un 
bomme  de  bien,  et  dans  une  mission  qu'il  ac- 
complit dans  le  centre  de  la  France  il  fut  assez 
heureux  pour  arracher  à  la  proscription  plu- 
sieurs membres  de  la  municipalité  de  Tours 
accusés  d'indivisme  par  Léonard  Bourdon.  Ami 
et  partisan  des  girondins,  il  fut  arrêté  peu  après 
leur  chute.  Traduit  devant  le  tribunal  révolu- 
tionnaire, le  18  frimaire  an  ii,  il  s'y  vit  condam- 
ner à  mort  «  comme  coupable  de  conspiration 
contre  Kunité  de  la  république  ».  Le  même  jour 
il  monta  à  l'échafaud  avec  un  grand  courage. 
Sur  la  demande  dePerrin  (des  Vosges),  ses  biens 
confisqués  furent  rendus  à  sa  famille  (  22  ger- 
minal an  m,  14  avril  179ô).  H.  L— r. 

Biographie  moderne  (rarii*  IMM}.  -^  PetUe  Biogra- 
phie eonventionneUe  (Paru,  1815).  —  Le  Moniteur  uni- 
tel,  an  II  U7WJ,  n"*  trr,  St-,  an  m,  n*  tM. 

MOEL  (Nicolas),  médecin  français,  né  le 
27  mai  1746,  à  Reims,  où  il  est  mort,  le  11  mai 
1832.  n  étudia  la  médecine  à  Paria,  et  il  venait 
de  recevoir  ses  premiers  grades  lorsqu'à  la  fin 
de  1776  il  partit  pour  l'Amérique  septentrionale 
avec  les  Français  qui  allaient  se  ranger  sous  les 
drapeaux  de  Washington.  Nommé  par  le  Con- 
grès chirurgien  major  de  l'armée,  il  servit  en  la 
même  qualité  à  bord  du  vaisseau  de  guerre 
Bostofif  et  dirigea  ensuite  le  service  des  hôpi- 
taux de  terre  ei  de  mer  qui  furent  établis  à  Phi- 
ladelphie. Aussitôt  que  la  paix  eut  été  signée,  il 
retourna  en  France  (1784),  et  devint  chirurgien 
en  chef  de  l'hôtel-Dieu  de  Reims  (1785).  La 
révolution,  qu'il  accueillit  avec  plaisir,  lui  rendit 
cette  vie  active  pour  laquelle  il  semblait  être  né. 
D'abord  attaché  à  l'armée  du  nord  (1792),  il  en- 
tra, en  1793,  au  conseil  de  santé  des  armées,  et 
fut  chargé  de  visiter  comme  inspecteur  général 
les  hôpitaux  militaires  de  la  Belgique,  de  la  Bre- 
tagne et  de  la  Vendée.  £n  1795  il  reprit  Texer- 
cice  de  ses  anciennes  fonctions,  à  Reims,  et  y 

(1)  Et  non  à  jéimeront,  comme  écrit  la  Biographie  mo- 
dame  (Paris,  1806). 

(t)  Cest  k  tort  qne  la  Biographie  Mlctiaud  et  le  Dio- 
iimma^re  hi$torUim  (édit.  de  isn)  Indiquent  son  snp- 
pUce  an  •  octobre  1798.  La  Galerie  historique  des  Can- 
temporaint  (Mons,  1817)  lait  également  erretir  en  don- 
nant à  la  mort  de  J.-B.  NoM  la  date  du  18  décembre  1788. 


fonda  à  ses  frais  une  école  de  médecine  gratate, 
qui  subsista  jusqu'en  1808,  et  un  jardin  bota- 
nique. En  1881  il  reçut  la  croix  de  la  Légioa 
dMionneur.  Noël  n'avait  été  reçu  docteur  eo 
médecine  qu'en  1805,  à  l'âge  de  soixante  ans 
environ.  On  a  de  lui  :  Traité  historique  eiprO' 
tique  de  Vinoculation  ;  Reims,  1789,  iu-S*;  — 
Analyse  de  la  médecine  et  Parallèle  de  cette 
prétendue  science  avec  la  chirurgie  ;  Rdma, 
1790,  in-8*;  •.-  JHssertcction  sur  la  nécessité 
de  réunir  les  connaissances  médicales  et  chi- 
rurgicales; Paris,  1804,  in-80;  —  Réfutation 
(tun  mémoire  sur  Vhygiène  publique  de 
Reims;  Reims,  18..,  in-8^;  —  Noël  à  sa  corn- 
citoyens;  ibid.,  1826,  in-8^;—  Observations 
et  réflexions  sur  la  réunion  de  la  médecine 
à  la  chirurgie;  ibid.,  1828,  in-8*.  P.  L. 
Henrton ,  Annuaire  néerotogi^ue. 

KO  KL  (François-Joseph- Michel),  littératear 
français,  né  en  1755,  à  Saint-Germain -en-Laye, 
mort  le  29  janvier  1841,  à  Paris.  Il  était  6U 
d'un  marchand  fripier;  grâce  aux  heureuses  dis- 
positions dont  il  était  doué,  il  obtint,  par  la  pro- 
tection d'un  personnage  influent  à  la  cour,  une 
bourse  gratuite  au  collège  des  Grassms,  d'oik  il 
passa  dans  celui  de  Louis-le-Grand.  Ses  étude» 
furent  excellentes,  et  il  remporta  plusieurs  prix 
dans  les  concours  de  Puniversité.  Dans  l'embtr- 
ras  du  choix  d'une  profession ,  il  prit  les  ordres 
mineurs,  et  porta  la  soutane  jusqu'à  l'époque  de 
la  révolution.  Après  avoir  été  maître  de  quartier 
à  Louis-le-Grand ,  oii  il  avait  eu  Robespierre 
pour  condisciple,  il  y  fut  cliargé,  très-jeune  en- 
core, de  la  chaire  de  sixième,  et  occupa  ensuite 
celle  de  troisième,  employant  ses  loisirs  à  des 
travaux  littéraires,  dont  quelques-uns  attirèrent 
l'attention  de  l'Académie  française.  Nous  citerons 
de  lui  :  \  Éloge  de  Gresset  (Paris,  1786,  in -8*); 
l'ode  sur /a  Mort  du  duc  Léopold  de  Brunswick 
(1787,  in  8*),  VÉloge  de  Louis  ^7/(1788,  In-So), 
et  VÉlogedu  maréchalde  Vauban  (1790,  in-8«) . 
Lorsque  la  révolution  éclata,  Noël  en  adopta  les 
principes,  et  les  défendit  avec  une  certaine  cha- 
leur dans  un  journal  du  jour,  intitulé  La  Chro- 
nique. 11  cessa  dès  lors  de  porter  le  petit  collet, 
se  démit  de  sa  chaire  et  obtint,  au  mois  d'avril 
t792,  une  place  de  premier  commis  au  départe- 
ment des  relations  extérieures  (1).  Ses  liaisons 
avec  les  principaux  chefs  do  mouvement  le  lan- 
cèrent, un  peu  malgré  lui  peut-êtVe,  dans  U  car- 
rière politique.  Après  avoir  été,  à  la  suite  du 

(1)  Bn  1781 ,  aprèa  l'arrestaUon  du  rot  k  Varennea, 
rAoemblée  nationale,  ayant  décrété  qu'elle  ferait 
choix  d'un  gouverneur  pour  le  dauphin ,  procéda  à  la 
formation  d*une  llate  préparatoire  de  candldata.  Elle  7 
ompprit  quatre-vingt-neuf  penonnea,  parmi  leaqueUe* 
Moél  flgure  avec  Bernardin  de  Saint-Plerre,  Bigot  de 
Préamcneu.  Bougalnvllle ,  CemtU ,  Condorcet,  Dader, 
Duclii,  Fleurleu,  François  (de  Nenfebâtean),  Gayton- 
Mortcan,  Hérault  de  Séchellea,  Ueépéde,  Ucretelle, 
Malcsherbea.UoUlen,  Monge,  Morel-Vlodé,  Necker,  Pas' 
toret,  Quatremére  de  Qulocy,  Boucher.  Saint- Martin,  de 
Ségor,  Servan,  Vabb*  SIcard .  et  de  Vor^eon^.  On  a*it 
qu'il  ne  tut  paa  donné  de  aulte  à  la  nonUiatloa. 


177 


NOËL 


178 


10  Aoât,  chargé  d'anc  mission  diplomatique  à 
Londres,  il  6t  rendit  k  La  Haye  comme  ministre 
pléDÎpotentiaire,  et  y  essuya,  en  février  1793,  de 
si  graves  iusultes  qu'il  (ut  obligé  de  revenir  à 
Paris  ainsi  qu'un  autre  agent  français,  Tliain- 
Tille.  Aussitôt  traduit  devant  les  administrateurs 
de  police,  il  subit  im  interrogatoire  minutieux  ;  on 
examina  ses  papiers,  et  on  finit  par  lui  délivrer 
on  certiGcat  de  civisme ,  constatant  qu'il  était 
a  bon  patriote,  bon  citoyen,  et  qu'il  avait  rem- 
pli exactement  les  fonctions  qui  lui  avaient  été 
délégua  ».  Cette  incarcération  dura  un  mois  à 
peine.  Ce  fut  à  Robespierre,  son  ancien  condis- 
ciple, dont  il  avait,  dit-on,  eu  le  courage  de  blA- 
mer  les  actes,  qu'il  dut  sa  mise  en  liberté,  et 
peut-être  faut-il  attribuer  à  un  excès  de  xèle 
patriotique  la  publication ,  £ûte  dans  la  même 
année,  de  sa  singulière  Lettre  sur  ^antiquité 
du  bonnet  rouge  comme  signe  de  liberté. 

Rentré  en  grâce  auprès  du  comité  de  salut  pu- 
blic, Noël  partit  te  11  mai  1793  pour  Venise  en 
qualité  de  ministre  plénipotentiaire  ;  il  y  resta 
josqn'en  janvier  1795,  et  remplacé  par  Lalle- 
mand,  il  fut  nommé,  le  22  février  suivant,  membre 
adjoint  de  la  commission  executive  d'instruction 
publique.  Il  retourna  à  La  Haye  comme  ministre 
(octobre  1791%).  A  peine  arrivé,  il  déclara  l'in- 
tention formelle  du  J)irectoire  de  soutenir  par 
tous  les  moyens  possibles  la  république  des  Pro- 
vinces-Unies, félicita  les  États-Généranx  de  s*être 
réunis  en  assemblée  générale,  et  réclama  l'ex- 
pulsion des  émigrés  français  du  territoire  batave. 
Ensuite  il  demanda  deux  millions  de  florins  à  la 
nouvelle  république»  dont  la  transformation  d'État 
lédératif  en  État  unitaire  était  en  grande  partie  son 
ouvrage  (octol)re  1796),  présenta  une  note  à 
l'As8eml>lée  nationale  pour  inviter  le  peuple  à  ac- 
cepter la  constitution  (juillet  1797),  dénonça  à 
son  gouvernement  les  actives  et  secrètes  menées 
que  Louis  XVIII  entretenait  en  France,  et  célébra 
par  des  réjouissances  publiques  la  journée  du 
18  fructidor.  Au  mois  de  mai  1797,  il  avait 
é^Msé  MUe  Bogaërt,  fille  d'un  riche  banquier 
de  Rotterdam.  Remplacé  le  20  octobre  1797  par 
Chartes  de  la  Croix ,  il  fut  en  1798  chargé  au 
ministère  de  l'intérieur  de  la  division  importante 
des  prisons,  hôpitaux,  octrois  et  secours  pn- 
Uics.  La  révolution  du  18  brumaire  ne  fut  point 
nuisible  aux  intérêts  de  Noél.  D'abord  appelé 
•a  Trtbunat,  il  en  sortit  presque  aussitôt  pour 
accepter  le  poste  de  commissaire  général  de  po* 
ficeà  Lyon  (5  «lars  1800);  il  rétablit  l'ordre  et 
la  sécurité  dans  cette  ville  au  milieu  des  cir- 
constances les  plus  difficiles,  et  mérita  de  la  part 
du  premier  consul  l'éloge  d'avoir  été  celui  des 
préfets  de  police  qui  eût  déployé  le  plus  d'ac- 
tivité dans  un  temps  où  elle  était  si  nécessaire. 
Ifommé  préfet  du  Haut-Rhin  (30  novembre 
1801  ),  il  fut  l'année  suivante  rendu  à  sa  véri- 
table carrière  et  désigné  comme  un  des  trois 
Inspecteurs  généraux  de  l'instruction  publique 
(il  juillet  1802),  titre  qn'U  échangea  en  1808  i 


contre  celui  d'inspecteur  général  de  l'université. 
En  cette  qualité,  en  1809  il  entra  au  conseil  qui 
existait  alors,  et  qui  fut  supprimé  en  1815.  De- 
puis il  fut  maintenu  dans  l'exercice  de  ses  fonc- 
tions d'inspecteur  général  par  les  gouvernements 
de  la  restauratiob  et  de  Juillet.  Quelques  mois 
avant  sa  mort ,  il  reçut,  sur  la  proposition  de 
M.  Yillemain,  la  croix  d'officier  de  la  Légion 
d'iionneur. 

Il  y  a  peu  d'écrivains  français  qui,  au  miliea 
d'une  vie  agitée  et  dans  Texercice  de  fonctions 
importantes,  aient  composé,  traduit,  revu  ou  édité 
un  aussi  grand  nombre  d'ouvrages  que  Noâ. 
Quelques-uns  sont  estimés  ;  mais  l)eaucoup  d'an- 
tres ne  sont  que  des  compilations,  fréquemment 
réimprimées  il  est  vrai,  parce  que  l'auteur  avait, 
grâce  à  une  haute  position ,  toutes  les  facilités 
pour  les  faire  mettre  à  l'usage  des  lycées  et  des 
collèges.  En  voici  la  liste  :  Le  nouveau  Siècle 
de  Louis  XIV^  avec  des  notes  et  des  éclair' 
cissements;  Paris,  1793, 4  vol.  in-8*  :  c'est  un 
choix  curieux  de  chansons,  d'épigrammes  et  de 
vers  satiriques  sur  Louis  XIV  et  sa  c/>ur  ;  Noèl 
et  ses  collaborateurs  Cantwel ,  Soulès  et  Sau- 
treau  de  Marsy  annonçaient  dans  la  préface  le 
projet,  resté  sans  exécution,  de  continuer  ce  re- 
cueil pendant  le  règne  suivant;  —  Éphémérides 
politiques,  littéraires  et  religieuses^  présen- 
tant pour  chaque  jour  de  Vannée  un  tableau 
des  événements  remarquables  qui  datent  de 
ce  même  jour  dans  V histoire  de  tous  les  siè- 
cles et  de  tous  les  pays;  Paris,  1796-1797, 
4  vol.  in-8°;  2«  et  3*  édit ,  corrigée»  et  augmen- 
tées (avec  Planche),  1803-1812,  12  vol.  in-8*; 
—  Priapeia  veterum  etrecentiorum;  Paris, 
1798,  in-8*'  :  recueil  obscène,  publié  sans  nom 
d'éditeur; —  (avec  Planche)  Dictionnaire  de 
la  Fable ,  ou  mythologie  grecque ,  latine, 
égyptienne,  etc.  ;  Paris,  1801;  4*  édit.,  1823, 
2  vol.  in-8*  ;  toutes  les  mythologies  se  trouvent 
rassemblées  et  comparées  dans  ce  dictionnaire, 
qui  à  l'époque  de  son  apparition  était  le  plus 
complet  des  ouvrages  de  ce  genre;  —  (avec  de 
la  Mare)  Àlmanach  des  prosateurs;  Paris, 
1802-1809,  7  vol.  pet.  in-12;  —  (avec  Dela- 
place)  Conciones  pœticsB,  ou  discours  choisis 
des  poètes  latins  anciens,  avec  des  arguments 
latins,  des  analyses  en  français,  la  meilleure 
traduction  ou  imitation  en  vers  d'un  certain 
nombre  de  ces  discours^  et  des  modèles 
d'exercice  de  Rollin,  La  Rue,  Binel,  etc.; 
Paris,  1803,  1819,  in-12;  recueil  utile,  qui  fut 
adopté  par  l'université  à  Tusag^  des  classes  de 
seconde  et  de  rhétorique;  ->  (avec  le  même) 
Leçons  Jrançaises  de  littérature  et  de  mo- 
rale; Paris,  1804,  2  voL  fn-8« ;  27e  édit.,  1947, 
2  vol.  in-8^.  C'est  un  choix,  asser  mal  fait,  en 
prose  et  en  vers,  des  meilleurs  morceaux  de  la 
tangue  française  dans  la  littérature  des  deux  der- 
niers siècles,  avec  des  préceptes  de  genres  et  des 
modèles  d'exercices.  Ce  recueil,  dont  l'idée  a  été 
avec  raison  revendiquée  en  faveur  de  l'abbé  de 


179 


NOËL 


Levizac,  fu^  loitë  sans  regtrîciioa  par  DussauU 
€td*autrei  critiques,  et  deviot  le  plus  populaire 
des  ouvrages  de  Noël  ^  pendant  prés  d'un  deini- 
âièele  le  succès  en  a  été  aussi  grand  dans  le 
inonde  qne  dans  les  collèges.  Noël  s^empressa 
d'exploiter  une  Teine  aussi  heureuse,  et  publia 
successiTement  sur  le  même  plan  et  sous  le 
.  même  titre  des   Leçons    latines   anciennes 
(  1808;  2  vol.  in-S*;  4^  édit.,  1836),  avec  Delar 
place;  des  Leçons  latines  modernes  (1818, 
1836,  2  Tol.  In-S^"),  avec  le  même  ;  des  Leçons 
4jmglaises  (1818-1819.  2  vol.  in-8«;  2«  édit, 
1833),  avec  Cbapsai;  des  Uçons  italiennes 
{1854-1826,  2  vol.  ioS' ), , avec  sa  fille;  des 
Leçons  grecques  (1825,  2  vol.  m-8"),  avec  D^ 
laplace;  des  Leçons  allemandes  (  1827,  3  vol. 
m-8"  ),  avec  Stceber,  et  des  Leçons  de  phitûso* 
paie  morale  (  I8J3,  in-S*»)  ;  —  Abrégé  de  la 
mythologie  universelle^  ou  dictionnaire  de  la 
fable;  Paris,  1804,  iB.|2;  3»  édit.,  1816;  — 
Dictionnaire  historique  des  personnages  de 
Vantiquitét  des  dieux^  héros  de  laFàble^  des 
villes ^  fleuves^  montagnes,  etc.;  Paris,  1806, 
1824,  in-8*  ;  précédé  d*un  Essai  sur  les  noms 
propres  chez  les  peuples  anciens  et  modernes; 
—    Dictionarium   laiino-gallicum ;    Paris, 
1807,  in-8'';  nottv.  édit.,  1834;  comp<^  sur  le 
plan  du  Lexicon  de  Facciolati;  ~  Nouveau 
Dictionnaire  français- latin;   Paris,  1808, 
1834,  m-8»;  —  Gradus  ad  Parnassum,  ou 
nouveau  dictionnaire  poétique  latin-Jran- 
<rot«;  Paris,  1810,  1826,  1843,  in-8o.  Ces  trois 
dictionnaires,  stéréotypés  clicz  Le  Normant,  ont 
eu  de  nombreux  tiragei;  depuis  longtemps  ils 
ont  été  dépassés  par  les  travaux,  plus  exacts  et 
plus  complets,  des  auteurs  modernes;  —  (avec 
Delaplace)  Manuel  du  rhétoricien,  ou  choix 
de  dUcours  de  Bossuet,  Fléchier,  Alassil" 
Ion,  etc.  ;  Paris,  1810,  in-i2  ;  —  (avec  Chapsal  ) 
Nouvelle  grammaire  française;  Paris,  1823, 
2  vol.   in-12;  46e  édit.,  1864  :  cet  ouvrage, 
dont  la- vogue  n'est  pas  épaisée,  a  donné  lieu  à 
de  nombreuses  critiques,  la  plupart  justiliées  par 
les  négligences  et  les  erreurs  dont  il  est  rempli. 
Noël  a  compilé,  avec  le  même  auteur,  un  Corrigé 
des  exercices  français   sur    Vorthographe 
(1824,in.l2;  46eédit,  1862),  —  un ilôréyé  de 
la  Grammaire  française  (1826,  in-l2;  35' édit., 
1864); — un  Nouveau  dii^ionnaire  de  la  langue 
française  (1826,  in-8^  14e  édit.,  1852)  ;  —  des 
Leçons  d'analyse  grofumaticale  (  1827,  in-12; 
26e  édit,  1 862); — des  Leçons  d'analgse  logique 
(  1827,  in-12;  22e  édit,  1854);  -  un  Nouveau 
traité  des  participes  (\%29,  in.l2;  14e  édit, 
1864};— etunCoiirsdemy^Ao%t«(1830,  in-12; 
13e  édit,  I8i4).  Cesdivers  ouvrages  sont  encore 
en  usage  dans  les  éUblissements  d'instructioii 
élémenUire;  —  (avec  L.- J.  CarpenUer)  Phi- 
lologie française^  ou  dictionnaire  étymoUh- 
giqne,  crUujue,  historique,  anecdotique,  etc.; 
Paris,  1831,  1839,  2  vol.  in-80;  —  (avec  le 
«Dérne)  Nouveau  dictionnaire  des  origines. 


180 


inventions  et  découvertes;  Paris,  1827,  2  vol. 
in-8«;  one  seconde  édit,  reyue  et  augroeiitéê 
d«  plus  de  800  articles,  en  a  été  foite  par  Puis- 
sant  fils  (1833  et  ann.  soiv.,  4  vol.  in-8*);  on 
en  a  publié  en  1828  une  contrefaçon  en  Belgique, 
avec  un  supplément;  -^  (ayec  J.-B.  Fellcns) 
Nouvelle  grammaire  latine ;Paim,  1836, 1842, 
in-12  !  les  mêmes  collaborateurs  ont  donné  pour 
complément  à  ce  livre  des  Exercices  latins 
(  1842,  in-12)  et  un  Cours  de  thèmes  (  1842, 
1*1-12).  On  doit  à  Noël  un  certain  nombre  de 
traductions  du  latin  et  de  l'anglais,  qu'il  a  faites 
seul  ou  en  société,  notamment  Journal  d^un 
voyage  fait  dans  Vintérieur  de  V Amérique 
septentrionale  d'Anbnrey  (  1793,  2  vol.  !n-8o), 
avec  des  notes;  —  Nouvelle  géographie  «n»- 
iW5e//edeGuthrîe(I797, 3  vol.  in-s»  et  aUas), 
et  Poésies  de  Catulle  et  de  Gallus  (I803, 

2  vol.  in-8«  ).  Il  a  aussi  publié  comme  éditeur 
Voyages  et  mémoires  de  BenUfwski  (1791, 

3  vol.  in-8'»  );  —  Facetiarum  Poggii  libellns 
(1799,  2  vol.  in-8«);  —  Œuvres  diverses  de 
Vabbé  de  Radonvilliers  (1807,  3  vol.  in-8*), 
dans  lesquelles  il  a  inséré  deux  traductions  qui 
lui  appartiennent,  celle  des  trois  premiers  livres 
àeV Enéide  et  celle  de  Comélina Népos ;  —  Je- 
lémaque  de  Fénelon  (  18»2,  4  vol.  in-l8);  — 
Œuvres  de  Boileau  (1824,  in-12);  etc.  Il  a 
aussi  achevé  la  version  de  Tite-Live  et  de  Ta- 
cite, laissée  incomplète  par  la  mort  do  traduc- 
teur Bureau  de  La  Malle  (18101824,  17  vol. 
îii-8%  et  1827,  6  vol.  io-8»  ),  et  il  a  revu  le« 
traductions  faites  par  Binet  àe»  Œuvres  de 
Virgile  (  1823)  et  d? Horace  (  1827  ).  Enfin,  cet 
infatigable  écrivain  a  fourni  des  articles  de  litté- 
rature et  de  politique  à  la  Chronique  de  Paris, 
au  Magasin  encyclopédique  (  1795  k  1806),  à 
la  Nouvelle  Bibliothèque  des  romans,  etc. 
Il  a  légué  à  son  fils  Charles  Nocl  de  nombreux 
manuscrits,  parmi  lesquels  se  trouve  unetradnc- 
tion  de  Dion  Cassios.  p.  L. 

Journal  des  Débota,  S  fé?  rier  1841.  —  G.  8amit  et 
Saittt-Rdrae,  Biofr.  de»  hommcM  eu  Jûur.  —  Miog.  wtkt, 
«i  portât,  des  Contemp.  -  Qu«nrd,  France  lUtérmire, 

NOBL  i>B  LA  MO»i:«iËBB  (Simon- Borthe" 
lemy* Joseph),  naturaliste  et  voyageur  français, 
né  le  16  jain  1766,  à  Dieppe,  mort  le  22  février 
1822,  k  Drontiietm  (Norvège).  La  pèclie  fut  la 
principale  occupation  de  sa  vie;  dès  sa  plus 
tendre  enfance  il  ae  livra  avec  une  sorte  de  pas* 
sion  à  la  pratique  de  Tart  dont  itiicvait  si  doc- 
tement formuler  la  théorie.  Il  ac<tuit  aussi  des 
connaissances  a^sez  grandes  en  stati8tN|ae  et  en 
histoire;  il  ealtiva  même  les  lettres,  et  fat  pen- 
dant quelques  années  le  principal  rédacteur  dn 
Journal  de  Rouen,  Mais  depuis  la  révolution 
il  étudia  la  pêche,  au  double  point  de  vue  de  l'his- 
toire  naturelle  et  de  Téconomie  maritime,  et  ses 
consciencieux  travaux,  les  plus  exacts  et  les  phw 
complets  qu'on  possède  en  France  sur  semblable 
matière,  lui  valurent  les  cmplofs  d'inspecteur  de 
la  navigation  et  d'inspecteur  général  des  pêches 


m 


NOËL 


182 


mariUmes.  Après  avoir  exploré»  pendant  l'au- 
tomne de  1818,  le  littoral  de  la  France,  il  fut 
chargé  d'entreprendre,  aux  frais  dé  l'État,  un 
Toyage  sur  les  eûtes  septentrionales  de  la  Nor- 
Tëge  dans  le  bat  d^obseryer  les  grandes  pé- 
cberies  et  d'étudier  divers  points  dMiistoire 
natareile.  Il  s*einharqua  au  mois  de  décembre 
1819,  passa  l'hiver  en  Ecosse,  visita  en  1820 
les  Iles  SbetlandyCt  quitta  en  1821  Drontheira 
poor  se  rendre  au  cap  Nord;  au  retour  de 
cette  excursion,  qui  dura  six  mois,  il  éprouva,  à 
la  suite  d'une  fièvre  nerveuse  des  plus  malignes, 
un  affaiblissement  général,  qui  le  conduisit  en  peu 
de  mois  au  tombeau.  Il  était  membre  des  Acadé- 
foies  de  Pétersbourg,  de  Turin,  de  New-York ,  etc. 
On  a  de  lui  ;  Prospectus  de  P histoire  naturelte 
du  hareng  et  de  sa  pêche;  Rouen,  1789,  in-4*; 
—  Premier  Essai  sûr  le  département  de  la 
Seine-In/érieure^ouvrage  topographique,  his» 
tùrique  et  pittoresque;  Second  Essai,  etc.; 
Roaen,  1795-1797,  2  vol.  in-8";  —  Histoire 
naturelle  de  Véperlan  de  la  Seine- Inférieure; 
fioaen,  179à,  io-S**;  —  Examen  comparatif 
du  pouvoir  des  Parques  Scandinaves  et  grec- 
qwsiurOdin  et  Jupiter;  1799,  ln-8«;  --.  Tor 
bleau  historique  de  la  pèche  de  la  baleine; 
Paris,  an  viii  (1800),  ln-8*;  —  Lettres  sur 
les  avantages  quHl  y  aurait  à  transporter 
et  à  naturaliser  dans  les  eaux  des  rivières, 
des  lacs  et  des  étangs  ceux  des  poissons  qui 
ne  se  trouvent  que  dans  les  unes  ou  dans  les 
a«/ref; Rouen,  1801,  in-8<>;— -  Tableau statis- 
tipte  de  la  navigation  de  la  Seine  depuis  la 
mer  jusqu'à  Rouen ^  contenant  des  vues  sur 
le  système  de  son  embouchure  ancienne  et 
noderne;  Rouen,  1803,  în-8**;  —  Mémoire 
nr  les  dij/érents  bateaux  et  barques  em- 
ploifés  à  la  pêche  du  hareng  par  les  nations 
turopéennes  ;  dans  le  Recueil  des  savants  étran- 
9frs  (t  1, 1806);  —  Mémoire  sur  la  motte  de 
Pougard  ;  dans  les  Mémoires  de  VAcad,  cet- 
tique  (t.  IV,  1809);  —  Histoire  générale  des 
pèches  anciennes  et  modernes  dans  les  mers 
^  Ut  fleuves  des  deux  continents;  Paris, 
Inpr.  roy.,  1815,  t  I,  2  part  in-4'.  Cet  ou- 
vnge  forme  le  meilleur  titre  de  la  réputation 
de  Noël.  Il  devait  former  10  vol.  et  contenir  des 
itcherches  sur  les  pêcheries  depuis  les  temps 
^ens  jusqu'à  nos  jours,  lliistoire  des  phoques, 
^  morses,  des  laroentins,  des  cétacés,  des 
poisMOH  cartilagineux  et  osseux,  avec  les  vues  et 
réOexioQs  de  l'auleur  sur  Tétat  présent  et  futur 
des  pèches.  Le  seul  volume  qui  a  paru  renferme 
ln>is  périodes  qui  embrassent  un  espace  de  plus 
^  vingt  siècles,  sous  les  titres  de  Pêche  an* 
tienne  (grecque  et  romaine),  Pêche  du  moyen 
dge  et  Pêche  moderne.  Il  a  été  traduit  en  russe 
par  Oretskofski,  aux  frais  de  l'Académie  des 
«oeoces  de  Pétersbourg.  Ce  que  Noél  y  avance 
an  sQjet  de  Tart  de  saler  et  d'encaquer  le  ha- 
reng, dont  il  dispute  la  découverte  au  Flamand 
Beuckels  ponr  l'attribuer  à  des  marins  français. 


donna  lieu  à  une  discussion  assez  vive  entre 
lui  et  M.  Raepsaet,  membre  de  l'Académie  de 
Bruxelles,  Il  appuya  son  opinion  de  documents 
authentiques  dans  trois  longs  et  savants  articles 
imprimés  dans  les  Annales  maritimes  (1816, 
1817  et  1819).  Les  derniers  écrits  de  Noël  sont  : 
Observations  sur  la  pêche  du  germon  dans 
la  mer  occidentale  de  France,  dans  les  Ann. 
marit.  de  1817;  —  V Amérique  espagnole  ou 
Lettres  civiques  à  M,  de  Pradt;  Paris,  1817, 
in-8^;  —  Voyage  dans  le  nord  de  VEurope^ 
dans  les  Annales  des  voyages  (t.  1,  1832).  II  a 
fourni  des  articles  à  V Histoire  naturelle  des 
poissons  de  Lacépède,  au  Magasin  encyclopé' 
dique  de  Millin,  des  poésies  légères  au  Journal 
de  Normandie,  etc.  Un  Mémoire  sur  Vhistoire 
ancienne  de  la  Normandie,  qnll  avait  envoyé 
à  TAcadémie  de  Rouen,  obtint  en  1823  une  men- 
tion honorable.  P.  L. 
Jnnalet  marit.  tt  eofontatet,  189,  n*  IV,  p.  V7S  SSC 

noBL  DBS  QrBBsonNiÈBBS  {François- 
Marie-Joseph),  iioète  et  littérateur  français,  né 
à  Yalenciennes  (Nord),  le  28 février  1753  (1), 
mort  le  28  mars  1845.  Son  père  était  conseiller 
do  roi.  A  sa  sortie  du  collège  de  Douai,  il  fut 
nommé  chef  de  bureau  à  la  direction  militaire  de 
Brest  Plus  tard  il  devint  commissaire  général 
aux  approvisionnements  militaires.  Il  s'expa- 
tria, et  vint  résider  à  Londres.  La  mort  tragique 
du  duc  d'£ngliien ,  qu'il  connaissait  depuis  son 
enfance  et  auquel  il  conservait  un  vif  atta- 
chement, lui  inspira  une  élégie  de  plus  de 
deux  cents  vers,  qu'il  publia  en  Angleterre, 
sous  ce  titre  :  La  Vision,  poème  sur  la  mort 
de  S.  A.  R.  Monseigneur  le  duc  d*Bnghien; 
1809,  in-8»;  réimprimée  à  Paris, 'en  1819. 
Il  revint  en  France,  À  l'époque  de  la  seconde 
restauration.  Ayant  conservé  jusqu'à  la  fin  de 
sa  longue  carrière  ses  facultés  intellectnelles,  il 
continuait k  cultiver  la  poésie.  A  l'âge  de  quatre- 
vingt-cinq  ans,  il  adressa  au  duc  d'Orléans  des 
vers  sur  le  mariage  de  ce  prince.  Il  avait  publié, 
en  1827  :  Coup-d'œil  sur  la  philosophie 
éthique  ou  doctrine  morale,  in -8».  G.  de  F^. 

Notice  histor.  et  bloçr.  sur  M.  Nott  des  Querson- 
niires,  etc. .  pM*  ranlrar  do  Médecin  de  Vâçe  de  retour, 
1844.  —  Calerie  des  eetUenairet  oneiMu  et  moderms, 
par  Lejoacourt,  184t.  la-8>.  —  Moniteur  da  S  avril  1841. 

MOËL  {François-Jean- Baptiste),  archéo- 
logue français,  né  le  7  juillet  1783,  à  Nancy,  où 
il  mourut,  le  28  mars  1856.  D'abord  notaire 
dans  cette  ville,  puis  avocat  à  la  cour  impériale, 
il  s'occupa  sans  cesse  de  l'étude  de  l'histoire 
de  sa  province.  11  était  correspondant  de  la  So- 
ciété des  antiquaires  de  France.  Noos  citerons 
de  lui  :  J>es  Domaines  et  de  l'État  constitu- 
tionnel de  la  Lorraine;  Nancy,  1830,  in>8''  : 
l'auteur  a  pour  but  de  prouver  que  le  domaine 
était  aliénable  en  Lorraine  et  inaliénable  dans  le 
Barrois;  —  Recherches  historiques  sur  tori' 

(1)  D'»prè«  les  registres  de  la  parolMC  de  Saint-Géry  à 
Valeoclennes.  et  noa  en  lits,  comme  on  Ta  dit  et  répété. 


183 


jNOEL  -  ^OEL  DES  VERGERS 


18i 


gine  du  notariat  dans  le  ci-devant  duché  de 
Lorraine,  et  Réflexions  sur  les  droits^  les  de- 
voirs  et  les  prérogatives  des  notaires  ac- 
tuels, etc.;  Nancy,  1831,  io-8o.  11  fit  paraître, 
sous  le  titre  oommon  de  Mémoires  pour  servir 
à  l'histoire  de  Lorraine,  une  série  d'ouvrages, 
numérotés  de  1  à  6,  ayant  chacun  un  titre 
particulier,  et  publiés  à  Nancy,  183S-1645,  7  toI. 
in- 80.  Il  a?ait  réuni  de  nombreux  documents 
relatifs  à  l'histoire  de  Lorraine,  vendus  en  détail 
depuis  la  mort  du  collecteur,  et  dont  il  donna 
la  description  sons  ce  titre  :  Catalogue  raisonné 
des  collections  lorraines  {livres,  manuscrits, 
tableaux,  gravures,  etc.  )  de  M.  IS'oël,  etc.  ; 
Nancy,  18&0-1853,  3  vol.  in-S"*  :  le  troisième 
volume  a  eu  une  seconde  édition,  Nancy,  1866, 
in-80,  qui,  outre  des  dissertations  historiques  et 
des  notes  biographiques,  contient  une  table  des 
auteurs,  des  lieux  et  des  faits,  et  la  Loi  de  Beau- 
mont,  avec  sa  traduction  en  français.  On  assure 
que  M.  de  Barante  a  utilisé  dans  son  Histoire 
des  ducs  de  Bourgogne  une  partie  des  docu- 
ments rassemblés  par  Noél.  La  liste  complète 
de  ses  écrits  se  trouve  à  la  page  801  du  tome  II 
du  Catalogue.  £.  Regnàrd. 

BenseiQnewuntt  parUeuUart. 

ÎNOBL  (AUxiS'Nicolas),  peintre  et  dessi- 
nateur français,  né  à  Clichy-la-Garenne ,  près 
de  Paris,  le  2  octobre  1792.  Joseph  Noèl,  son 
père,  et  David  furent  ses  maîtres.  Sa  carrière 
d'artiste  fut  interrompue  par  six  années  passées 
comme  militaire  dans  le  l***  régiment  de  ma- 
rine, dans  lequel  il  fit  les  campagnes  de  1812, 
1813  et  1814.  Rentré  dans  la  vie  civile,  il  reprit 
la  peinture.  Déjà,  en  1808, 1810  et  1812,  il  avait 
donné  quelques  tableaux  aux  expositions  du 
Louvre.  Mais  bientôt  il  se  livra  plus  particu- 
lièrement à  la  lithographie,  et,  mettant  à  profit 
les  matériaux  qn'il  avait  amassés  dans  ses  nom- 
breux voyages  comme  marin,  comme  soldat  et 
comme  artiste,  il  publia,  en  1818,  un  Voyage 
pittoresque  et  militaire  en  France  et  en  Al- 
lemagne; ln-8°  obloflg,  avec  texte;  en  1824, 
des  Souvenirs  pittoresques  de  la  Touraine; 
grand  in-S**,  de  cinquante  vues  lithographiées  avec 
cinq  cents  pages  de  texte;  en  1828,  des  Souvenirs 
pittoresques  du  Poitou  et  de  V Anjou,  texte 
et  vues;  in-4**;  —  en  1834,  les  Papillons  d^EU" 
rope  et  de  Vélranger;  in-8*.  M.  Noël  a  fait  en 
outre  plus  de  quarante  dessins  pour  {'Histoire 
des  arbres  forestiers  de  l'Amérique  septen' 
trionale,  et  un  grand  nombre  de  vues  pour  le 
voyage  de  Duroont-d'Urville.  Il  est  auteur  d'un 
Panorama  de  Paris,  gravé  par  Salathé,  et 
de  nombreux  dessins  et  vignettes  pour  difTé- 
rentes  publications.  Comme  peintre,  on  a  de 
lui  :  Vue  du  chdteau  d'Ussé,  exposé  au  salon 
de  1824  ;  —  Vue  de  la  porte  du  chdteau  d^Am- 
boise,  iâ.;  —  Tombeau  de  Roland,  à  Ronce» 
vaux,  salon  de  1827  ;  —  Abbaye  de  Saint- Be- 
noit ,  en  Poitou,  id.  ;  ^  Vue  de  Bernay,  en 
Poitou,  id.;  —  Zes  Bords  de  la  Loire,  id.;  — 


'  Vue  d'une  ardoisière  près  d'Angers,»]oûA6 

1831  ;  —  Baigneuses  efjrayées  par  une  meute 

;  poursuivant  un  sanglier,  id.;  des  vues  de 

;  V Abbaye  de  La  Celle  (Seine-et-Marne),  da 

\  fort  Mingan  dans  la  rade  de  Brest,  des  Ponts- 

;  de-Cé  et  du  chdteau  (  Maine-et-Loire),  saloo 

I  de  1835;  —  Vue  du  couvent  de  VoscreMenski, 

souvenir  de  Moscou,  salon  de  1834  ;  —  Vue 

,  de  r hospice  du  grand  Saint-Bernard,  saloa 

;  de  1836;  —  iiitcten  Cirque  de  Poitiers,  salon 

1  de  1839;  —  JPor^^  vierge^  id.  ;  —  Passage  de 

I  troupes  dans  une  forêt,  id.  ;  —  Vue  de  Jéru- 

I  salem,  id.;  ~  Vue  de  la  tour  de  César,  à 

Provins ,  id.  ;  —  Vue  du  cratère  de  l^Etna, 

salon  de  1842;  —  Objets  d^antiquité,  salonde 

1850;  —  un  assez  grand  nombre  d'aqoareiles 

et  de  sépias.  M.  Noèl  est  membre  de  la  LégioD 

d^bonneor.  G.  de  F. 

Journal  de»  Beaux- Art»,  Il  soAt  1B41. 

l  fcoBL  DBS  YBB6BRS  { Joseph-Morin- 
Adolphe),  né  à  Paris,  le  2  juin  1805.  Son  grand- 
père  avait  été  anobli  par  Louis  XYI.  Son  père, 
qui  fut  président  de  la  chambre  du  commerce  et 
membre  de  la  chambre  des  députés ,  lui  fit  faire 
de  fortes  études,  et  il  s^appliqua  d'abord  plus 
particulièrement  aux  langues  orientales,  à  b 
géographie  et  à  l'histoire.  Membre  du  ooo^l 
de  la  Société  asiatique  et  secrétaire  général  delà 
Société  géographique,  il  a  publié  divers  mémoires 
dans  les  recueils  de  ces  deux  sociétés.  Après 
avoir  voyagé  en  Orient  et  fait  de  nombreuses  ex- 
cursions en  Italie,  où  il  fut  chargé  par  le  mi* 
nisire  de  l'instruction  publique  de  l'organisatioa 
du  Corpus  générale  inseriplionum  Latina- 
rum,  dont  la  publication,  ordonnée  par  le  gouver- 
nement, était  confiée  à  MM.  Didot  par  M.  Ville- 
main,  alors  ministre  de  rinstruction  publique,  Il 
étudia  plus  particulièrement  Pépigraphie,  soas 
la  direction  de  M.  le  comte  Borghesi,  le  plus  grand 
épigraphiste  de  notre  époque ,  et  s'adonna  plus 
spécialement  à  cette  science,  alors  peucultivéeen 
France.  Il  a  coopéré  à  la  direction  et  à  la  rédac- 
tion de  la  Nouvelle  Revue  encyclopédique  et 
de  VAthensBum  français,  recueils  très-estimés. 
Les  fouilles  qu'il  a  fait  exécuter  en  Étrurie  ont 
produit  d'importants  résultats  pour  Tbistoire 
de  l'art ,  et  il  en  a  donné  connaissance  à  TAa- 
démie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  dont  il 
fait  partie  comme  correspondant.  L'impression 
de  son  ouvrage  sur  l'Êtrurie  s'achève  en  ce 
moment.  En  1860  il  a  été  appelé  à  laire  partie 
d'une  commission  chargée  par  ordre  de  l'en- 
perenr  de  la  publication  complète  des  œuvres 
épigraphiques  de  Borghesi. 

M.  Noél  Des  Vergers  a  publié  pour  l'explica- 
tion du  cours  d'arabe  au  Collège  de  France  :  La 
Vie  deMaJiomet  par  Abuiféda,  texte,  traduc- 
tion et  notes,  in-8«,  1837  ;  V Histoire  de  V Afri- 
que et  de  la  Sicile  par  Ebn-Khatdoon,  1S41; 
{^Histoire  de  l'Arabie,  âmsV Univers  pittores- 
que; d'importantes  notices  dans  V Encyclopédie 
moderne,  relatives  à  l'antiquité  romaine  et  aux 


m 


NOËL  DES  VERGERS  —  NOGARET 


186 


langues  orientales,  et  dAos  la  Nouvelle  Bio- 
graphie générale  les  Ties  des  principaax 
empereurs  romains.  La  Vie  de  Marc-Àurèle, 
d*«prè8  les  monameato  épigraphiques,  a  été 
Tâmprimée  en  I  toI.  in^S*,  en  1860.  —  Cbera- 
lier  delà  Légion  d'honneur  depuis  1845,  M.  Noèl 
Des  Vergers  unit  à  une  rare  modestie  on  savoir 
aosii  solide  que  varié. 

Doe.  partie, 

HOELTiHG  {Jenn-  Henri'Vinceni),  érudit 
allemand,  né  en  1735,  à  Schwarzenbeck ,  mort 
a  1806w  II  enseigna  depois  176t  la  philosophie 
et  réloqoence  au  gymnase  de  Hambourg.  On  a 
de  lui  :  Gedanken  von  dem  Sinfiusse  der 
Yernunfilehre  in  der  Ausleçungskunsi  (  Idées 
sur  rinfluence  de  la  philosophie  sur  Texég^se)  ; 
Hambourg,  1761,  in-v  ;  —  Memoria  Joh.Chr. 
ÏFo//fi;ibid.,  1770,  infol.;  —  Vita  J,  Kle- 
feckeri;\ÏMâ.,  1775,  in-foL;  —  VolUtândige 
Ciceronianitche  Chrestomathie  (Chrestoroa- 
thie  cicérunieone  complète)  ;  Ibid.,  I780,  in-8*; 

-  YitaJ.'Mart.  Mulleri ; ïïnd.,  1781, infol. ; 

—  J.-G.  Bûsch  ;  ibid.,  1 801  ; — on  grand  nombre 
de  sermons  et  de  discours,  plusieurs  opuscules 
tiiéologiques  et  philosophiques,  etc.       O. 

nieu ,  Hamlmrçer  CeUUrUn-Uxikon. 

XOBSSBLT  {Jean- Auguste),  théologien  aile- 
nund,  né  à  Halle,  le  2  mai  1734,  mort  le  10  mars 
1&07.  Il  enseigna  depuis  1757  la  philosophie  et 
ia  théologie  dans  sa  ville  natale,  et  devint,  en 
1779,  directeur  du  séminaire.  On  a  de  lui  :  De 
tera  state  ac  doetrina  seripiorum  Tertul- 
'i««i;HalIc,  1757-1759  et  1768,  in-4*;  —  Ver- 
tkeidigung  der  Wahrheit  tgid  Gôttliehheit 
der  christlichen  Religion  (Défense de  la  vérité 
«tde  la  divinité  de  la  religion  chrétienne)  ;  Halle, 
1766, 17Ç7, 1769,  1774  et  1783,  in-8»  ;  —  Opus- 
^la  ad  inlerpreialîonem  Scriplurx;  Halle, 
17771787,  2  parties  in-8*;  —  HUtoria  Pa* 
raphraseon  Brasmi  in  Kovum  Testamentum; 
Berlin,  1780,  in-4'*;  »  Ànweisung  zur  Kennt- 
ffiu  der  besten  Bûcher  in  allen  Theilen  der 
Théologie  (  Instruction  pour  la  connaissance  des 
"ailleurs  livres  écrits  sur  toutes  les  branches 
delà  tbéologieh  Leipzig,  1779,  1780,  1791  et 
1800,  in-8**  ;  —  un  grand  nombre  de  disserta- 
*wos  et  de  programmes.  O. 

HicDieyer,  Leben  PfoessêU  (Berlin,  ISM}.  -  RoUr- 
"BBd,  Supplément  à  JOcber. 

Korr,  hérésiarque,  né  au  commencement 
do  troisième  siècle,  à  Sm)rne.  d*après  sahit  Hip- 
^Jie  et  Théodoret,  ou  à  Éphèse,  selon  saint 
£pipliane.  11  habiUit  cette  dernière  ville  lors- 
<|oe,  marchant  sur  les  traces  de  Praxéas  en  Oc- 
«dent,  il  enseigna  que  les  trois  personnes  de  la 
Trinité  n'étaient  que  les  trois  actions  diverses 
d'un  même  principe,  qu'il  n'y  avait  en  Dieu 
qu'une  seule  personne,  qui  prenait  Untôt  le  nom 
"Je  père,  tantôt  celui  de  ais,  selon  les  nécessités 
et  les  drconslances.  Interrogé  par  les  prêtres 
^  Itglise  d*Éphèse  s'il  éUit  vrai  qu'il  soutint 
(iQe  pareille  doctrine,  que  personne  n*avait  en- 


core avancée  en  Orient,  il  le  nia  formellement; 
mais  s'étant  attiré  quelques  disciples,  il  devint 
plus  hardi  et  enseigna  publiquement  son  hérésie. 
Les  prêtres  le  firent  de  nouveau  comparaître 
devant  eux  avec  plusieurs  de  ses  partisans;  mais 
cette  fois  Noet  demeura  obstiné  dans  ses  er- 
reurs, et  persista  à  en  faire  l'apologîe.  A  l'impiété 
il  joignit  l'extravagance;  il  prélendit  être  Moïse, 
et  donna  h  l'un  de  ses  frères  le  nom  d'Aaron. 
Chassé  de  l'Églisecomme  hérétique,  il  continua  de 
répandre  ses  erreurs,  que  le  concile  d'Alexandrie 
condamna,  en  261,  en  la  personne  de  Sabellius, 
J'nn  de  ses  principaux  disciples.  Ses  sectateurs 
furent  appelés  JS'oétiens,  et  saint  Hippolyte 
écrivit  on  traité  contre  lui ,  sous  le  titre  de  : 
£l<  n^v  afpcfftv  Norrou  ttvo;.  H.  F. 

Dom  CeUller.  HM.  çénér.  det  mUeun  $aeréi  et  te- 
eléf.,  t.  If,  p.  Ml.  -  Fleory,  Hist.  ecelét.f  Uv.  s,  cb.  St. 
—  Ploquet .  DictUmn.  des  Mrésies. 

K06ABET  (  Guillaume  ne  ),  chancelier  sous 
Philippe  le  Bel,  né  vers  1260,  à  Saint-Félix  de 
Caraman.  Il  s'adonna  dans  sa  jeunesse,  avec 
un  égal  succès,  aux  armes  et  à  l'étude  du  droit; 
car  à  cette  époque  les  nobles  qui  désiraient 
avoir  accès  au  parlement  devaient  être  avant 
tout  versés  dans  la  jurisprudence.  Mous  le  trou- 
vons en  1291  docteur  en  drùU  et  professeur 
es  lois  à  l'université  de  Montpellier  ;  il  y  était 
encore  en  1293;  mais  en  1300  le  roi  l'anoblit; 
deux  ans  après  il  le  nomma  chevalier  de  son 
hôtel,  et  lui  confia  la  charge  de  deux  cents  hom- 
mes d'armes.  Nogaret  joua  un  rôle  considérable 
dans  la  querelle  du  roi  de  France  avec  Boni- 
face  vni.  Ce  pape,  irrité  de  voir  sa  médiation 
repoussée  par  Philippe  IV,  déclara  à  ce  monar- 
que, par  la  bulle  Vnam  sanctam^  que  tout 
homme  est  sujet  du  pontife  romain ,  que  toute 
puissance  sur  la  terre  relève  de  sa  suzeraineté. 
Cette  prétention  n'obtint  d'autre  réponse  que 
la  défense  de  faire  sortir  du  royaume  toute  espèce 
de  valeurs  et  la  saisie  du  temporel  de  tous  les 
bénéficiers  qui  étaient  allés  à  Rome  sans  autori- 
sation expresse  du  roi.  A  cette  nouvelle,  la 
colère  de  Boniface  ne  connut  plus  de  bornes  : 
il  excommunia  le  roi  de  France ,  et  trop  faible 
lui-même  pour  lui  déclarer  la  guerre,  il  poussa 
le  comte  de  Flandre  k  la  révolte.  C'est  alors 
que  Guillaume  de  Nogaret,  avec  Sciarra  Co- 
lonne, ennemi  personnel  du  pape,  partit  pour 
l'Italie,  dans  le  dessein  de  surprendre  le  souve- 
rain pontife  et  de  l'arrêter.  Parvenus  en  Tos- 
cane, les  deux  chefs  de  l'expédition  recrutent 
des  hommes  d^annes,  se  ménagent  à  prix  d'ar- 
gent des  intelligences  dans  Anagni ,  où  s'était 
retiré  Boniface,  s'introduisent  bientôt  dans  cette 
ville,  et  courent,  avec  le  peuple  soulevé,  s'em- 
parer du  château.  Le  pape,  revêtu  de  ses  habits 
pontificaux  et  assis  sur  son  trône,  essaya  vaine- 
ment de  leur  imposer:  sa  dignité  fut  méconnue; 
Colonna,  tout  à  son  ressentiment,  l'accabla  d'in- 
jures, s'emporta  jusqu'à  le  souflleter,  et  l'eût  tué 
indubitablement  sans  l'intervention  de  Nogaret. 


187 


NOGARET 


188 


Cependant  les  habitants  d*Anagni,  honleax  de 
leur  conduite,  se  tournèrent  bientôt  contre  les 
agents  dn  roi  de  France,  les  chassèrent  de  la 
Tille  ;  ils  tirèrent  le  pape  de  la  prison  où  depnis 
trois  jours  on  PsTait  laissé  sans  nourriture,  et 
le  recondoisirent  à  Rome.  C'est  dans  le  courant 
de  cette  même  année  1304  que  les  seigneuries 
de  Vannages  et  de  Calvisson  furent  données 
à  Nogaret,  ainsi  que  la  garde  du  sceau  royal, 
«Ion  quelques  auteurs  ;  mais  le  père  Du  Chesne 
déclare  formellement  que  cette  charge  ne  lui 
fut  confiée  qu'en  1307.  La  mort  de  Bontfiice  VIIT, 
arriTée  onze  mois  après  son  emprisonnement  à 
Anagni,  n'arrêta  nullement  les  poursuites  di- 
rigées contre  hii  par  Philippe  le  Bel.  L'empres- 
sement de  Benoit  XJ  à  casser  la  bulle  d'excom- 
munication de  son  prédécesseur  et  à  le?er  l'in- 
terdit qui  pesait  sur  la  France  ne  fléchit  point 
ce  monarque.  Il  demanda  plus  instamment  que 
jamais  la  condamnation  de  Boniface,  et  chargea 
Nogaret  d'exposer  dans  plusieurs  mémoires  la 
conduite  Tîolente  de  ce  pape  et  l'hérésie  de 
sa  doctrine.  Cependant  le  pape  Clément  Y,  qui 
avait  tout  intérêt  k  ménager  le  roi  de  France, 
n'osait  flétrir  la  mémoire  d'un  de  ses  prédéces- 
seurs ;  il  différa  longtemps  de  se  prononcer,  fit 
Intenrenir  les  puissances  étrangères,  et  à  force 
de  remontrances,  de  supplications  et  de  conces- 
sions, il  obtint  le  désistement  du  roi.  Nogaret  fut 
à  son  tour  absous  en  1309,  par  une  bulle  à  la 
condition  de  passer  en  Terre  Sainte  pour  com- 
battre les  infidèles,  et  la  même  année  Philippe 
le  Bel  reconnut  son  zèle  en  le  nommant  chance- 
lier, charge  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort,  en 
avril  1S13.  Entièrement  dévoué  à  Philippe  le  Bel, 
Nogaret  exécuta  aveuglément  ses  ordres  en  toutes 
droonstanoes.  C'est  ainsi  que  le  22  juillet  1306 
il  avait  contribué  dans  le  Languedoc  à  l'arresta- 
tion des  juifs  qui  forent  dépouillés  de  leurs  biens 
an  profit  dn  trésor  royal  et  par  la  suite  expulsés 
du  royaume;  et  en  1307,  avec  Réginald  de  Roye, 
il  avait  arrêté  les  Templiers  de  la  maison  cen- 
trale de  Paris  avec  leur  grand  maître  Jacques  de 
Molay,  qui,  snr  l'invitation  de  Philippe  lui-même, 
était  arrivé  de  Chypre. 

Guillaume  de  Nogaret  laissa  deux  fils,  Ray- 
tnond  et  Guillaume ,  que  Louis  le  Hutin  prit 
sous  sa  protection.  La  maison  d'Épemon  pré- 
tend descendre  du  frère  de  Nogaret.  De  Thon 
cependant  donne  à  entendre  dans  ses  mémoires 
que  cette  prétention  est  chimérique.  S.  Rollàkd. 

Joan  Vlllant,  llv.  S.  «  GuUlaame  de  Nangis.  Mé- 
moires. -  Premei  dm  iijf.  de  Boolface  Vlll,  etc.  — 
Raynal,  dnjui^  eecUs.,  panlna.  —  Dom  Vatoselte,  HiH. 
du  Languedoc,  tome  IV.  —  SlamondI,  Uiaolr»  du  Fran- 
çaU. 

KOGARET  {Jean  de),  seigneur  de  Là  Yà- 
LETTE,  mort  le  18  décembre  1575.  Issu  d'une 
famille  languedocienne  qui  complaît  au  quator- 
zième siècle  des  capitouls  à  Toulouse,  il  devint 
mestre  de  camp  de  la  cavalerie  légère  ,  lieu- 
tenant général  an  gouvernement  de  Guienne,  et 
assista  aux  batailles  de  Dreux  i  de  Jaroac  et  de 


Montcontour  ;  des  intrigues  de  cour  l'empêchè- 
rent de  servir  en  1573,  au  siège  de  La  Rochelle, 
n  avait  épousé,  en  1551,  une  sœur  du  maréchal 
de  Bellegarde. 

HOGAKBT  {Bernard  de),  marquis  <1e  La 
Yalettb,  amiral  de  France,  fils  dn  précédent,  né 
en  1553,  mort  le  11  février  1592,  au  siège  de  Ro- 
quebrune  (Provence).  Sa  vie  ne  présente  que  des 
faits  militaires.  Nommé  mestre  de  camp  général 
de  cavalerie  (  1578)  et  gouverneur  de  Saluces 
(  1580  ) ,  il  se  signala  dans  les  guerres  du  Pié- 
mont, et  obtint,  par  le  crédit  du  duc  d'Épemon, 
son  frère  puîné ,  le  gouvernement  dn  Dauphiné 
(  1583  ),  puis  celui  de  la  Provence  (  1587  ) ,  et  la 
charge  d'amhtii  de  France  (  7  décembre  1588  ). 
Pendant  la  Ligue ,  il  resta  fidèle  au  roi,  oonchit 
une  alliance  offensive  et  défensive  avec  Lesdi- 
guières,  battit  en  plusieurs  rencontres  le  doc  de 
Savoie,  qui  avait  franchi  la  frontière,et  reprit  snr 
lui  Digne,  Beynes,  les  forts  de  Marseille  et  d'au- 
tres petites  places.  Il  assiégeait  Roquebrane,  dans 
les  environs  de  Fréjus  ^  lorsqu'il  fut  tué  d'un 
coup  d'arquebuse;  il  n'avait  que  trente  neuf  ans. 
De  Thon  a  fait  de  lui  ce  bel  éloge  :  /n  periculis 
imperterriius,  in  advertis  constans^  in  pra- 
speris  moderatus.  Sa  fortune  fit  moins  d'oi vieux 
que  celle  de  son  frère,  parce  qu'il  avait  moins  de 
faste  et  d'ambition  et  phis  d'ordre  dans  sa  con- 
duite. P.  L. 

Morérl,  Grand  Dtet  hUt.  —  Bioçr.  ToutouMinê.  — 
De  Tlioo,  Hist.  sui  tempori»*  —  GalcbeDon ,  Hùt  ,deia 
Savoie,  II.  —  If oitrademua,  Hitt.  de  la  Provence,  8*  part. 
—  Anselme,  Grands  officieri  de  la  couronne.  —  Jean 
Robelin ,  Discours  en  rkonneur  de  Bernard  de  JToça- 
ret;  1S97,  iD-9»i  —«Honoré  Uwnoj,  Diseaun ée  te  oie 
et  des  faiU  héreHqptes  de  La  f'aUttei  MeU,  icsi. 
ln-4«,  réimpr.  i  la  salle  des  Mémoires  de  Secousse  sur 
le  maréchal  de  Bellegarde  (17«t.  ln-ll|.  —  H.  MarUa, 
Histoire  de  Ftamee. 

ROGAftBT  {Jean^Louis  nB),duc  n'ÉFERROif, 
frère  du  précédent,  né  en  mai  1554,  dans  le  Lan- 
guedoc, mort  le  13  janvier  1642,  à  Loches,  près 
d'Angouléme.  Il  fit  ses  premières  armes  daa< 
TArmagnac,  au  combat  de  Mauvesin  (1570),  oà 
n  sauva  la  vie  à  son  père.  On  le  vit  au  siège  de 
La  Rochelle  (1573)  parmi  les  seigneurs  attachée 
à  la  personne  du  duc  d'Anjou  ;  puis  il  suivit  le 
roi  de  Navarre  en  Normandie;  mais,  se  repentant 
bientôt  de  cette  fausse  démarche ,  il  reparut  à 
la  cour,  où  11  avait  eu  soin  de  se  ménager  des 
protecteurs.  Sa  belle  figure,  ses  manières  hau- 
taines et  doucereuses  h  la  fois,fixèrent  Tatten- 
tion  de  Henri  III,  qui  lui  fit  partager  l'indigne 
faveur  de  Qnélus,  de  Maugiron  et  de  Joyeuse. 
La  Valette  (ce  fut  le  nom  quil  porta  jusqu'en 
1581)  entra  l'un  des  premiers  dans  la  Ligue, 
dont  l'anéantissement  des  protestants  était  le 
prétexte.  Il  se  distingua  en  1577  à  la  prise  de 
Chartres  et  au  siège  d'Issoire,  et  devint  en  1579 
mestre  de  camp;  envoyé  eu  ambassade  au- 
près d'Emmanuel-Philibert,  duc  de  Savoie,  il  né- 
gocia avec  tant  d'adresse  qu'il  fil  renoncer  ce 
prince  à  son  dessein  d'att&quer  les  Genevois.  Ëo 
1580  il  fut  blessé,  au  ?iége  de  La  Fère.  HiMiri  Ilï 


189 


KOGAREÏ 


190 


le  combla  d'honoeort  et  de  richesses,  en  cher- 
ciuot  DéanmoîDS  à  tenir  la  balance  égale  entre 
loi  et  son  autre  fa?ori ,  Joyeuse.  «^  Le  mardi 
n  DOTembre  1581,  dit  L'Étoile,  La  Valette  Tint 
w  pariement,  oè  ftirent  en  sa  présence  entéri- 
lées  les  lettres  d'érection  de  sa  chatellenie  d'É- 
penon,  que  k*  roi  avoit  achetée  pour  lai  dn  roi 
de  Navarre,  en  duché-pairie  -.  portoient,  les- 
dites  lettres,  qu'en  considération  de  ce  que  La 
Talette  deroit  être  beau/rère  du  roi,  il  précé- 
deroît  tous  antres  ducs  et  pairs  après  les  princes 
«Ile  duc  de  Joyeuse»  (1).  En  eCfet,  la  main  de 
Christine  de  Lorraine,  la  dernière  des  sœurs  de  la 
reine,  était  destinée  au  duc  d'Épemon  ;  et  cette 
princesse  étant  trop  jeune  pour  être  mariée  im- 
médiatement,  on  domia  d'avance  au  mignon  les 
300,000  écos  qui  lui  étaient  promis  pour  sa  dot 
Aq  milieu  de  la  désorganisation  dn  royaume , 
les  deux  favoris  exercèrent  tout  ce  qui  restait 
de  pouvoir  à  Henri  111.  Tous  les  revenus  de  la 
couronne  allaient  s'engoofTrer  dans  de  folles  or- 
fpes  et  dans  de  scandaleuses  largesses.  En  peu 
d'années,  Tavide  d'Épemon  réunit  an  gouveme- 
neot  des  Trois-Évéchés  (1583)  ceux  do  Boa- 
tonnais  (  1583),  de  rAngoomois,  de  la  Saintonge, 
de  l'Aunis,  de  la  Touraine,  de  rAnjou  et  de  la 
Normandie  (1587);  enfin  il  avait  succédé  en 
1&81  à  Strozzi  dans  la  charge  importante  de  co- 
lonel général  de  finfanterie,  qui  fut  érigée  pour 
loi  eo  charge  de  la  couronne  (décembre  1584). 
LorM|ue  les  projets  de  la  Ligue  commencèrent 
à  effrayer  le  parti  des  politiques  et  le  roi,  ce  Ait 
d'Épemon  qui  fut  chargé  de  négocier  une  al- 
NsBce  avec  le  roi  de  Navarre.  Vivement  attaqué 
loi«méme  par  les  Guise  et  par  la  Ligue,  il  espé- 
rait trouver  dans  ce  prince  un  puissant  alHé; 
mais  sa  mission  n'eut  aucun  succès,  et  il  dut 
marcher  en  1588  contre  les  huguenots  de  la 
Provence,  h  la  tète  d'une  armée  de  17,000 
hommes.  L'année  suivante,  il  dispersa  à  Gien  et 
à  Cfa&Ullon- sur-Loire  un  rassemblement  de  U- 
punn.  La  mort  ou  la  disgrAce  de  tous  les  an- 
tres mignons  de  Henri  m  rendit,  è  cette  époque, 
le  doc  d'Épemon  senl  maître  de  la  faveur  de  ee 
prince,  qui  lui  donna  en  1587,  à  la  mort  du 
ànc  de  Joyeuse,  le  gouvernement  de  Korroandie, 
le  plna  considérable  du  royaume,  et  la  charge  d'a- 
miral, qu'il  fut  bientôt  obKgé  de  cédera  son  frère. 
Xais  s'il  montrait  les  talents  que  l'on  trouve 
nrement  dans  un  fevori,  il  usait  des  bienfaits 
^  son  maître  avec  une  hauteur  qui  provoquait 
^es  ressentiments  universels.  Tous  les  efforts 
<les  ligueurs  et  de  Guise  se  dirigèrent  bientôt 
contre  loi  (%),  et  ils  réussirent  enfin  à  le  renver- 
Kr.II  avait  d'ailleurs  lui-même  fatigué  le  roi  par 
son  orgueil  et  par  son  avidité  ;  il  lut  avait  fait 
regretter  de  s'être  exposé  à  tant  d'impopularité 

(1)  Renri  IV  dérogea  en  IKW  à  cette  dbposlUoa. 

M  Us  llcoeort  loi  ■valent  donné  le  non  de  Gaveaton, 
Cmcoq  coDse  loi  et  favori  d'Édooard  II,  roi  d'Angle- 
^  A  direnea  reprtsoi  lia  tentèrent  de  reolever,  par 
~  on  par  vlolinee.» 


pour  un  homme  dont  il  pouvait  se  passer.  Peu 
de  semaines  après  l'eùtrée  triomphale  dn  favori  à 
Rouen,  Henri  III  lut  retira  une  grande  partie  de 
ses  dignités  et  de  ses  gouvernements,  et  l'exila  à 
Loches,  prèsd'Angooléroe  (mal  f5S8).  Le  due  se 
croyait  en  sûreté  dans  cette  ville,  quand,  le  10  aoOt 
1586,  te  maire,  avec  une  troupe  de  fanatiques  li- 
gueurs, vint  l'assiéger  dans  sonchftteau  pour  s'as- 
surer de  sa  personne,  et  ce  fut  à  grand'peine  qn'ii 
échappa  à  ce  danger.  L'année  suivante,  le  roi, 
qui  venait  de  se  détiarrasser  par  un  assassinat 
de  la  crainte  que  lui  inspirait  le  doc  de  Guise, 
se  trouvait  à  Btois  et  semblait  avoir  oublié  le 
duc  d'Épemon.  Cependant ,  le  premier  renfort 
qu'il  reçut  Ait  un  corps  de  quinie  cents  arque- 
bnsiers  k  cheval,  de  six  ceots  fantassins  et  de 
cent  vingt  gentilshommes  que  lui  envoya  son 
^deo  mignon ,  qui  avait  dans  Kintervaile  re- 
poussé les  propositions  du  roi  de  Navarre.  Un 
service  aussi  important  remit  le  duc  en  grand 
crédit.  Placé  avec  Biron  à  la  tète  de  l'armée 
royale  qui  se  dirigeait  sor  Paris,  H  investit  Jar- 
geau,  emporta  Montereau  et  força  Pontoise  à  se 
rendre. 

Après  la  mort  d'Henri  III  (1**  août  1589)^ 
d'Épemon  refusa  de  signer  l'acte  par  lequel  un 
grand  nombre  de  seigneurs  promirent  de  re- 
connaître Henri  IV  dès  qu'il  se  serait  converti 
au  catholicisme.  Il  s'en  retourna  dans  son  goo- 
vemement  d'Angoulême,  enunenant  un  corps  de 
troupes  considérable ,  an  moment  où  le  roi  en 
avait  le  plus  grand  besoin.  Néanmoins  le  Béar- 
nais lui  pardonna,  et  lui  laissa  le  gouvernement 
de  Provence.  Mais  le  duc  laissa  bientôt  deviner 
qu'il  songeait  beaucoup  moins  à  faire  recoonat- 
ire  l'autorité  d^  Henri  IV  dans  cette  province 
qu'à  s'y  créer  lui-même  une  souveraineté  indépen- 
dante. Cruel  jusqu'à  la  férocité  envers  les  vain- 
cus ,  orgueilleux  avec  la  noblesse ,  impitoyable 
pour  le  peuple,  il  ne  se  maintint  pas  longtemps. 
Lesdiguiîères,  envoyé  par  le  roi  contre  loi,  orga- 
nisa une  révolte  générale  ;  l'ambitieux  seigneur  fut 
déclaré  ennemi  publie,  et  tous  les  partis  se  rén- 
nirent  contre  lui.  Il  avait  pourtant  trouTé  moyen 
de  réunir  une  armée  et  de  eontmuer  les  hostilités 
contre  Lesdignières  ;  ei  le  jeune  docdeGulse,  ré- 
concilié avec  le  roi,  ayant  été  envoyé  contre  hii 
(1 595) ,  avec  la  promesse  que  le  gouvernement  de 
la  province  lui  serait  donné,  d'Épemon,  sonomé 
de  sortir  de  sa  province,  répondit  à  la  menace 
qu'on  lui  fit,  que  le  roi  viendrait  l'en  tirer  loi- 
même  :  «  Avant  d'abandonner  une  contrée 
que  j'ai  défendue  au  prix  du  sang  de  mes  amis, 
de  mes  parents  et  du  mien  propre,  je  jouerai 
quitte  ou  double  ;  je  me  jetterai  entre  les  bras 
du  Savoyard^,  de  l'Espagnol ,  du  diable  même , 
et  quand  je  n'en  pourrai  plus,  sur  mon  épée... 
Si  le  roi  vient  en  personne ,  je  lui  servirai  de 
fourrier,  non  pour  marquer,  mais  pour  brûler 
tous  les  logu  de  son  passage.  »  Cette  réponse  du 
duc  n'était  pas  une  vaine  menace.  Dévoué  au 
souvenir  de  Henri  III,  et  zélé  catholique,  il  avait 


191 


NOGARET 


192 


pea  de  oonsidération  pour  le  roi,  et  ne  se  sen- 
tait aacun  scrupule  de  porter  les  armes  contre 
loi.  En  efTet,  le  10  novembre  1595,  il  conclut  un 
traité  avec  Philippe  II,  roi  d'Espagne,  et  s'enga- 
gea à  Taire  pour  le  compte  de  ce  prince  la  guerre 
au  roi  et  aux  hérétiques  de  France;  mais  il  était 
tellement  odieux  à  tout  le  pays  quMl  lui  fallut 
bientôt  battre  en  retraite  devant  Guise.  La  sou- 
mission de  Marseille  entraîna  la  sienne  propre. 
U  sortit  le  27  mai  1596  de  la  Provence  pour  n'y 
phis  rentrer,  et  il  alla  trouver  le  roi,  qui  lui  ac^ 
corda  en  dédommagement  une  somme  de  60,000 
écus.  Quelques  années  plus  tard,  le  roi  lui  donna 
le  gouvernement  du  Limousin;  mais  comme  il 
voyait  en  lui  un  représentant  du  parti  espagnol, 
un  serviteur  qui  ne  s'était  jamais  soumis  fran- 
chement, il  ne  l'associa  à  aucun  de  ses  grands 
projets.  11  projetait  même,  lorsqu'il  fut  assas- 
siné ,  de  lui  ôter  sa  charge  de  colonel  général 
4le  l'infanterie. 

Ici  commence  dans  la  vie  de  d'Épemon  une 
nouvelle  période;  sa  puissance,  fondée  peut-être 
sur  un  crime,  va  briller  encore  d'un  grand  éclat  : 
on  sait  qu'il  était  à  côté  de  Henri  IV  lorsque 
ce  prince  fut  assassiné  par  Ravalllac.  Dans  ce 
moment  d'efTroi,  d'Épemon  couvrit  le  roi  de 
son  manteau ,  en  s'écriant  qu'il  était  seulement 
blessé,  ferma  la  voiture,  et  fit  ramener  le  corps 
au  Louvre.  Aussitôt  il  s'empara  de  toute  l'auto- 
rité royale,  et  l'exerça  comme  sienne.  Le  lende- 
main du  meurtre  (15  mai  1610),  il  fit  assembler 
le  parlement,  et  entrant  par  une  porte  intérieure, 
en  pourpoint  et  la  main  sur  son  épée  :  «  Elle  est 
encore  dans  le  fourreau  cette  épée,  dit-il,  mais 
'il  faudra  qu'elle  en  sorte  si  l'on  n'accorde  pas  à 
l'instant  la  régence  à  la  reine  mère.  »  Le  duc 
de  Guise  entra  par  la  même  porte,  et  fit  une 
demande  semblable.  Le  parlement  obéit,  et,  cé- 
dant à  une  influence  violente,  prononça  ainsi 
sur  une  matière  qui  n'était  pas  de  sa  compé- 
tence. Chacan  était  plein  de  terreur  et  de  re- 
gret; mais  le  soupçon  se  mêlait  aussi  à  ces 
sentiments.  On  se  demanda  si  ceux  qui  profi- 
taient du  crime  n'en  avaient  pas  été  les  auteurs. 
L'Espagne  se  trouvait  délivrée  d'un  grand  dan- 
ger; Marie  de  Médicis  était  Espagnole  de  cœur, 
et  d*Épemon  passait  pour  le  représentant  de  la 
politique  espagnole  ;  il  savait  que  sa  personne 
n'était  pas  agréable  au  roi,  et  que  Henri  parlait 
souvent  de  lui  avec  irritation  et  avec  mépris.  Sa 
mémoire  n'a  pu  être  justifiée  du  soupçon  de  com- 
plicité du  crime. 

La  reine  reconnut  l'important  service  que  lui 
avait  rendu  l'ancien  mignon  de  Hmri  III,  en  le 
confirmant  dans  ses  anciennes  dignités  et  en  lui 
en  accordant  de  nouvelles.  Le  doc  allait  ordinaire* 
ment  au  Louvre  accompagné  de  7  à  8CK)  gentils- 
hommes. Comme  le  capitaine  de  la  porte  refu- 
sait un  jour  de  l'y  laisser  entrer  en  carrosse, 
droit  qui  était  réservé  aux  seuls  enrants  de 
France  ot  au  premier  prince  du  sang,  il  fit  don- 
ner des  coups  de  bftton  à  cet  officier.  Cette  hu- 


meur hautaine,  irascible,  qui  entretenait  la  di- 
vision à  la  cour,  et  perpétuait  les  intrigues,  fit 
enfin  baisser  son  crédit.  En  1618,  il  se  trouvait 
à  Saint-Germain-l'Auxerrois  le  jour  de  PAques, 
lorsque,  voyant  avec  déplaisir  le  garde  des  sceaux 
prendre  place  avant  les  ducs  et  pairs,  il  le  saisit 
rudement  par  le  bras,  et  le  contraignit  à  se  reti- 
rer. U  en  résulta  une  querelle,  qui  l'obligea  enfin 
de  partir  pour  son  gouvernement  de  Metz. 

Il  n'en  continua  pas  moins  ses  menées  contre 
Luynes,  le  nouveau  favori,  et  ce  fut  lui  qui,  en 
personne,  vint  préparer  l'évasion  de  Marie,  exilée 
à  Blois  (22  février  1619),  et  qui  dicta  les  condi- 
tions de  la  paix  signée  à  Angoulême  entre  elle 
et  le  roi.  La  haine  qu'il  portait  à  Richelieu  l'em- 
pêcha  cependant  de  revenir  ensuite  à  la  cour; 
mais  en  dédommagement  de  la  dignité  de  con- 
nétable qu'il  espérait  obtenir,  et  des  gouverne- 
ments de  Saintonge  et  d'Angoumois,  il  reçut  le 
gouvernement  de  la  Guienne  (27  août  1622), 
devenu  vacant  par  la  mort  du  duc  de  Mayenne 
et  qui  jusqu'alors  avait  été  réservé  aux  princes 
du  sang.  Là  il  se  fit  de  nouveaux  ennemis  do 
parlement  et  de  l'archevêque  de  Bordeaux,  d'Es- 
coubleau  de  Soordis.  Ses  longs  démêlés  avec  le 
parlement  eurent  pour  cause  la  réception  que 
lui  fit  cette  compagnie,  qui,  se  fondant  sur  ce 
qu'il  n'était  pas  né  prince,  ne  voulut  pas,  à  son 
entrée  à  Bordeaux,  lui  rendre  les  mêmes  hon- 
neurs qu'à  ses  prédécesseurs.  Sa  querelle  avec 
l'archevêque,  tout  aussi  peu  fondée  en  principe , 
fut  poussée  à  un  tel  point  qu'en  1632  ce  prélat 
eut  à  supporter  le  coup  de  canne  que,  dans  on 
moment  de  fureur,  osa  lui  donner  le  gouverneur 
sous  le  portail  de  son  église,  en  présence  de  son 
cleiigé  et  des  nombreux  spectateurs  attirés  par 
l'éclat  de  cette  scène  scandaleuse.  Après  de  tels 
excès,  on  devine  Cscllement  de  quelle  nature  dut 
être  l'administration  du  duc  d'Epemon  dans  la 
province  de  Guienne,  jusqu'au  moment  où,  fai- 
sant droit  aux  plaintes  nombreuses  qu'on  ne 
cessait  de  lui  adresser,  Louis  XllI  l'exila  à  Cou- 
tras(l63d)eti'obligea  d'écrire  une  lettred'excuses 
an  prélat  et  d'écouter  à  genoux  la  réprimande 
sévère  qu'il  lui  fit  avant  de  l'absoudre.  Le  duc 
reprit  alors  l'exercice  de  sa  charge,  et  sut  con- 
server son  indépendance  entre  les  partis  en  re- 
fusant de  se  joindre  aux  ennemis  de  Richelieu. 
Mais  en  1638  il  fut  obligé  d'accepter  pour  lieu- 
tenants en  Guienne  le  prince  de  Condé,  et  en 
1641  il  fut  relégué  à  Loches,  où  il  mourat,  dans 
sa  quatre-vingt-huitième  année,  peu  de  jours 
après  le  duc  de  Sully,  dont  il  avait  longtemps 
été  le  rival.  Son  corps  fut  inhumé  dans  la  cha- 
pelle du  château  de  Cadillac. 

Le  duc  d'Épemon  avait  épousé,  le  25  aoôt  1 6S7, 
Marguerite  de  Foix,  comtesse  de  Candale,  qui 
mourut  en  1 593,  en  lui  laissant  trois  fils.  Henri^ 
comte  OE  Canoale  et  duc  n'ÉPERifoif,  tué  le 
U  février  1639,  devant  Casai  (voy.  GAimALE); 
Bernard,  qui  suit,  puis  Louis ,  qui  fut  cardinal 
{voy.  La  Valette).  11  eut  aussi  plusieurs  en- 


J9S 


rïOGARET 


194 


faDts  natards,  parmi  lesquels  on  remarque  Jean- 
louis^  chevalier  oe  La  Yalettb,  lieutenant  gé- 
néral de  l'armée  navale  des  Vénitiens  en  1645, 
mort  en  1650,  en  Guienne;  et  Louis  de  La  Va- 
lette, évèque  de  Carcassonne,  mort  le  10  sep- 
tembre  1679. 

Girard  (Galil.1,  n»  du  due  d'EtpetTum,-  Parli,  ins. 
la-fol.  ;  tTM,  k  vol.  In-ll.  —  DeThou,  Ultt,  rai  temp.  — 
Snlly,  Éemumte»  ro^aleâ,  -  Slinnondi,  Uixt.  des  t'ran- 
çsU,  XX  à  XXllI.  -  Polraoo.  Hist.  duriffne  de  Henri  IK 
-  M IcbelH,  Hewri  /^  et  AieheUeu,  —  Buto,  Hist.  de 
France  semé  Louit  Xill.  -  Le  Bas ,  Diet.  enepel.  de  la 
France,  avec  addit. 

HO«ABBT  {Bernard  de),  duc  d-Épbrnon, 
fils  puîné  du  précédent,  né  en  1&93,  mort  le 
35  juillet  1661  y  à  Paris.  Il  fut  longtemps  connu 
sous  le  nom  de  doc  de  La  Valette,  et  prit  celui 
de  duc  d'Épemon,  en  1642,  à  la  mort  de  son 
père.  Pourvu,  dès  1610,  de  la  charge  de  co- 
iooel  général  de  llnfanterie,  en  survivance 
de  son  père,  il  servit  aux  sièges  de  Saint-Jean- 
d'Angéli  et  de  Royan  (1621),  à  Tattaque  du  Pas* 
de-Suze  (1629),  et  en  Picardie  (1636).  Â  cette 
dernière  date  il  passa  en  Guienne,  et  s'efforça  de 
refouler  les  Espagnols  au  delà  des  Pyrénées.  En 
1638,  il  prit  partà  Tattaquede  Fontarahie;  mais 
Condë  ayant  rejeté  sur  lui  le  mauvais  succès  de 
cette  entreprise,  Richelieu,  qui  le  haïssait,  le  fit 
condamner  à  mort,  pour  crime  de  trahison 
(24  mai  1639).  Le  Jugement  fut  exécuté  en  ef- 
figie :  La  Valette  s'était  prudemment  enfui  en 
Angleterre,  où  on  lui  donna  les  insignes  de  la 
Jarretière.  Aprfei  la  mort  du  roi,  il  rentra  en 
France,  et  ftit  réhabilité  par  arrêt  du  parlement 
(16  juillet  1643).  Rétabli  aussitôt  dans  le  gouver- 
nement de  Guienne,  il  le  conserva  jusqu'à  sa 
mort,  à  l'exception  d'une  période  d'environ  six 
ans  (1654-1660),  où  il  occupa  celui  de  Bour- 
gogne, qu'il  rendit  à  Condé  lors  de  la  paix  des 
Pyrénées.  Sa  conduite  comme  gouverneur  fut 
en  tons  points  conforme  au  modèle  que  lui  offrait 
en  ce  genre  sa  famtQe.  H  ne  se  signala  guère  que 
par  ses  vices,  sa  liaoteur  et  sa  rapacité.  U  avait 
épousé,  en  1622,  Gabrielle  fille  légitimée  de 
Hoiri  IV  et  de  la  marquise  de  Vemeuil  ;  avant 
néme  son  mariage  il  l'avait  battue  devant  toute 
U  cour,  et,  en  1627,  il  l'empoisonna.  Sa  seconde 
femme,  Marie  du  Camtwut,  nièce  du  cardinal 
de  Ridielieu,  ne  fut  pas  moUis  malheureuse  avec 
loi.  Il  s'était  affolé  d'une  bourgeoise  d'Agen, 
Nanon  de  Lartigue,  qui  avait  trouvé  l'art  de  lui 
plaire  avec  peu  de  beauté  et  un  esprit  fort  mé- 
diocre, en  l'admirant  tout  le  jour  et  en  le  traitant 
de  prince.  Elle  avait  fait  avec  lui  une  fortune 
de  plus  de  deux  millions  de  livres;  il  la  menait 
partout  avec  lui  ;  la  reine  même  la  recevait  chez 
.Hle.  Il  ne  se  distribuait  de  grâces  dans  l'in- 
Cu)terie,dont  d'Épemon  était  colonel  général, 
ni  dana  ses  gouvernements,  que  par  la  volonté 
de  cette  favorite.  Il  eut  de  son  premier  mariage 
louis-CharUs-^aston^  mort  sans  postérité,  le 
28  janvier  1656  {vop.  Canualb). 

La  laroille  de  La  Valette  «'éteignit  dans  la 

ROOV.  Blocs.  CÉNÉB.  —  T.  XXXVUI. 


personne  de  la  soeur  deee  dernier,  Ànne*Louise'- 

Christine,  qui  se  retira,  après  la  mort  de  son 

amant  le  chevalier  de  Fiesque,  dans  le  couvent 

des  Carmélites  du  faubourg  Saint-Jacques;  elle 

y  mourut,  le  22  août  1701.  P.  L. 

Anselme,  Grands  ttf/teiert  de  la  couronne,  —  M"^  de 
Motteville,  Leiiet,  de  Retz,  Mémotres. 

NOGARBT  (  FrançoiS'Félix) ,  littérateur 
français,  né  le  4  novembre  1740,  à  Versailles, 
mort  le  2  juin  1831,  à  Paris.  Fils  d'un  premier 
commis  du  ministère  de  la  maison  du  roi,  il 
entra  en  1761  dans  les  mêmes  bureaux,  et  cu- 
mula plus  tard  son  emploi  avec  celui  de  biblio- 
thécaire de  la  comtesse  d'Artois.  A  l'époque  de 
la  révolution,  il  obtint,  au  bout  de  trente  années 
de  services,  une  pension  de  1,600  fr.  (1791). 
Après  avoir  dirigé  en  province  des  ateliers  de 
salpêtre,  il  fut  attaché  par  le  ministre  Benezeoh 
au  département  de  llntérieur  (  1795)  et  nonuné 
par  Lucien  Bonaparte  seul  et  unique  censeur 
dramatique.  Fooché  le  destitua  en  1807,  et  sa 
pension,  réduite  à  1,200  fr.,  devint  son  unique 
ressource.  Il  se  consola  d'être  pauvre,  infirme  et 
oublié,  en  cultivant  les  lettres;  jusqu'à  sa  mort  il 
conserva  la  mémoire,  l'esprit  et  la  galté,  et  dans 
ses  dernières  années  le  seul  titre  dont  il  sem* 
blait  jaloux  était  celui  de  doyen  de  la  littérature. 
Né  en  quelque  sorte  à  la  cour,  Félix  Nogaret  y 
avait  puisé  cette  légèreté  de  principes,  ce  liber* 
tinage  d'esprit  qui  caractérisent  les  hommes  de 
son  temps.  Il  avait  des  connaissances  variées , 
comme  le  prouvent  ses  relations  avec  BufToOy 
Adanson  et  Montucla.  Il  écrivait  avec  aisance 
sur  des  sujets  frivoles  ;  son  style  est  assez  na- 
turel et  quelquefois  piquant.  Palissot ,  dans  ses 
Mémoires,  lui  accorde  des  éloges  exagérés,  et 
le  marquis  de  Langle  se  montre  trop  sévère  en 
l'accusant  de  ne  travailler  «  que  pour  ses  amis, 
peu  difficiles  en  fait  de  goût  et  de  correction  ». 
Nous  citerons  de  ce  fécond  écrivain  :  Lettre 
d^un  mendiant  au  public^  contenant  quel' 
ques'unes  de  ses  aventures  et  des  réflexions 
morales;  Paris,  1764,  1765,  in-S*"  :  attribuée 
à  Nougaret  ;  ~  V Apologie  de  mon  goût  ;  Paris, 
1771,  in-8*  :  cette  épttre  sur  l'histoire  naturelle, 
dédiée  à  Buffon,  obtint  l'approbation  de  Vol- 
taire en  même  temps  que  celle  de  Fréron  et  de  La 
Beaumelle;  —  Les  Vœux  des  Cretois;  Paris, 
1776,  in-S*',  sous  l'anagramme  àeXan  fer  ligoté; 
—  Le  Prodigue  récompensé  ^  comédie  en 
prose;  Versailles,  1774,  in-S*»  ;  —  Fruit  de  ma 
quéte^  ou  Vouverture  du  sac;  Paris,  1779, 
{ii.8*  ;  —  VAristénète  français  ;  Paris,  1780, 
in-18;  Versailles,  1797,  2  vol.  in-18;  4''  édit., 
Paris,  1807,  3  vol.  m- 18.  Aux  lettres  traduites 
ou  imitées  du  grec  l'auteur  en  a  ajouté  plusieurs 
de  sa  composition.  Dans  cet  ouvrage,  supé- 
rieur à  la  version  donnée  par  Lesage ,  il  a  su 
respecter  la  pudeur  des  femmes.  Le  succès  qu'il 
obtint  flatta  tellement  Félix  Nogaret  que  dans 
la  suite  il  prit  souvent  le  nom  A^Aristénète  k 
la  tête  de  ses  productions.  —  Le  Fond  du  sac, 

7 


tu 


IVOGABET 


196 


ou  rtttani  det  babMes  dé  M.  JC***,  membre 
éveillé  de  V Académie  des  dormants;  Venise, 
(Paris),  1780,  2  vol.  in- 18,  fig.;  la  seconde  édi- 
tion de  ce  recaeU,  qui  contient  des  morceaux 
en  prose  et  en  vers ,  et  que  Ton  a  attribué  au 
marquis  de  Ximenès,  a  été  réimprimée  sous  ce 
titre  :  Le  Fond  du  sac  renouvelé,  ou  bêgarru- 
res  et  passe-temps  critiques  de  VAristénète 
français  (Paris,  1806,  3  vol.  pet  in-12);  — 
Lettre  et  Monologue  iun  jaloux  sur  les  opus- 
cules de  Parny ;  Paris,  1782,  in>12 ;  —  Fie- 
iimu.  Discours,  Poèmes  lyriques  et  autres 
pièces  adonhiiamiles ;  Uemphis,  1787  (Paris, 
1787  ),  2  part  in-8*  :  la  prenûère  partie  est  com- 
posée de  onze  petites  pièces  en  un  acte  et  en  vers 
libres,  auxquelles  l*auteiir  donne  le  nom  de  poè- 
mes lyriques;  —  Le  Miroir  des  événements, 
ou  la  belle  au  plus  offrant,  histoire  à  deux 
visages  ;  Paris,  1790,  in-8*  :  roman  politique; 

—  Ode  à  la  nation  ;  1792,  in-S**  ;  —  La  Terre 
est  un  animal,  opuscule  philosophique; 
Versailles,  1795,  in-18  fig.;3«  édit,  Paris»  1805, 
in- 12;  réimprimée  dans  le  t.  III  du  Fond  du 
sac  renouvelé;  à  la  fin  de  ce  petit  écrit,  Taoteur 
reproche  au  publie  de  lui  ayoïr  souvent  attri- 
bué  les  médiocres  compilations  de  Noogaret; 

—  VAme  de  Timoléon,  ou  principes  républi- 
cains, philosophiques  et  moraux;  Paris,  1798, 
în-8*  ;  —  Contes  en  vers  ;  Paris,  1798,  2  vol. 
ln-18  ;  5*  édit,  1810  :  quoique  mis  à  llndex  à 
Vienne,  ces  contes  ne  sont  pourtant  pas  licen- 
cieux ;  un  des  meilleurs.  Le  Sttbre,  avait  été 
goMé  par  Louis  XVI;  ^  L* Antipode  de  Mar* 
nwntel,  ou  nouvelles  fictions,  ruses  d'amour 
et  espiègleries -de  VAristénète  français;  Pa- 
ris, 1800,  1801,  2  vol.  in-18;  réimpr.  dans  les 
édit  de  VAristénète  français  de  1805  et  de 
1807  ;  —  Xe  Danger  des  extrêmes j  essai  cH- 
^i^iie  sur  quelques  écrivains  ensemble  ;  Paris, 
1800,  In- 12  fig.  ;  -"  Podalire  et  Dirphée,  ou 
la  couronne  tient  à  la  jarretière;  Puis,  1801, 
2  vol.  in- 12  et  in-8^,  fig.  ;  ^  la  Gorgé  de  Mirsa, 
autore  Corxbo  Aristenete,  cum  notis  et  corn- 
mentarîis;  Paris,  1801,  în-12;  —  Le  Réveil 
d^Adam,  mélodrame;  Marseille,  1804,  in-12  ; 

—  .Sur  les  spectacles;  Paris ,  1604,  in-6**;  — 
Aristénète  au  Vaudeville  ;  Paris,  1806,  in-18  ; 

—  VBnfant  posthume,  contenant  les  Comr 
pères  et  les  Bambins  ;  Paris,  1807,  in-12;  — 
ÉpUre  à  la  lumière  considérée  comme 
corps;  Paris,  1808,  in-12;  —  L'Oracle  de 
Delphes,  pièce  de  vers  pour  la  naissance 
du  roi  de  Rome,  insérée  dans  les  Hommages 
poétiques  d'Eckard  et  Locet;  —  Apologues 
et  nouveaux  contes  en  vers;  Orléans, 
1814,  inl8;  —  Bouquet  au  roi;  Paria,  1824, 
în-8*;  —  Derniers  Soupirs  d^un  rimeur  de 
quatre-vingt-neuf  ans,  ou  versiculets  sur  la 
métaphgsico-néologo-romantieologie;  Paris, 
1829,  in-8*;  -*  La  Femme  créée  avant 
Vhomme;  Le  Dîner  de  Vours  et  autres  passe- 
temps  inédits  iPnÎA,  1830,  in-8*;  —  VŒuf 


frais,  ou  Erato  gallina  puerper a, petit  conte 
en  guise  de  préambule  au  dialogue  ci-après  : 
Les  Soleils  éclipsés,  prononcé  du  vieux  clas- 
sique Aristénète  sur  les  productions  téné- 
breuses de  Victor  Hugo  et  les  Ostroyolks 
ennemis  de  la  langue  et  du  bon  sens;  Paris, 
1830,  in-8*  :  à  la  suite  de  sa  signature  il  a  ajouté 
ces  mots  :  «  Scenicus  olim  censor,  belligerator 
adhnc,  sed  cœcus  et  snrdus,  defectus  annis  et 
desertus  viribus  ;  »  —  Guerre  à  Morphée,  ou 
le  triomphe  de  Vinsomnie,  en  vers  libre$; 
Paris,  1830,  io-8*.  Nogaret,  comme  on  le  voit, 
mourut  la  plume  à  la  main,  et  malgré  le  poids 
de  l'Age  et  des  infirmités  il  retrouva  quelque 
verve  pour  se  mêler  activement  à  la  lutte  en- 
gagée par  les  romantiques.  À  la  liste  de  ses 
écrits ,  déjà  longue  et  qui  n'est  pas  complète,  H 
faut  i^outer  plusieurs  opuscules  publiés  sans 
date,  des  articles  littéraires  et  des  vers  insérés 
dans  les  recueils  du  temps,  et  trois  ou  quatre 
romans  inédits.  Peu  de  temps  avant  sa  mort, 
Nogaret  s'occupait  de  faire  un  choix  de  ses  pro- 
ductions pour  en  former  une  édition  en  quinxe 
volumes.  On  lui   attribue  encore  La  Capuci- 
nade,  histoire  sans  vraisemblance  (  1765, 
in-12  ),  roman  graveleux  de  Noogaret,  qui  fit 
mettre  l'auteur  à  la  Bastille,  et  les  Mémoires 
de  Bacbaumont  l'accusent  d'avoir  été  l'un  des 
continuateurs  de  La  Pucelle  de  Voltaire  poor 
l'édition  obscène  qui  parut  peu  de  temps  après 
en  Hollande.  P.  L. 

DiDtel,  Biogr.  de  SeUiê-tt-Oise,  —  M«0r.  tiniv.  et  por- 
tât, des  Conteai^,  *  Patluot,  Mémoires  littéraires.  - 
BachaolDont.  Mémoires  secrets  —  De  Lanirle,  Nécro- 
loge  des  auteurs  vtvants.  —  Debray,  Tabietteeda  écri- 
vains français.  —  Barbier,  DM.  des  Anontme*.  - 
Qoérard,  La  Framce  Ittt 

HOGABBT  (  Jacques  RiLMEL  OE  ) ,  homme 
d'État  français,  né  à  Carcassonne,  en  1760,  mo<t 
à  Braxelles,  le  31  mars  1819.  U  était  avocat  du 
roi  dans  sa  vUle  natale  en  1789.  II  accepta  avec 
eonviction  les  nouveaux  principes  et  fut  élu  dé- 
puté aux  étaU  généraux  pour  le  tiers  état  de 
la  sénéchaussée  de  Carcassonne.  Il  s'y  fit  peu  re- 
marquer à  la  tribune,  mais  travailla  beaucoup 
dans  le  comité  des  finances.  Il  se  montra  op- 
posé à  la  division  de  la  France  par  départements, 
craignant  qu'elle  n'apportât  brusquement  une 
grande  perturbation  dans  l'adtaninistration  et 
dans  ta  perception  des  hnpOta.  Après  la  tenta- 
tive de  fuite  de  Louis  XVI,  Nogaret  Ait  envoyé 
en  mission  dans  la  Bretagne»  oîi  des  troubles 
graves  venaient  d'édater  Oûn  1791  )  ;  U  réussit 
à  les  calmer  sans  employer  ta  rigueur.  A  son 
retour  l'Assemblée  nationale  le  mit  au  nombre 
de  ses  secrétaires.  En  septembre  1792,  il  tut 
réélu  à  ta  Convention  par  les  électeurs  de  l'Aude. 
Lors  du  jugement  de  Louis  XVI,  U  vota  en  ces 
termes  :  «  Louis  est  convaincu  de  oonspinâon 
contre  la  liberté.  Dans  tous  les  temp^  un  paroi 
crime  mérite  ta  mort  :  je  la  pr«ionce  ;  mais  je 
veux  que  la  nation  sanctionne  oe  jugement  » 
11  se  prononça  pMulte  contre  le  sursis.  Il  pnt 


197 


NOGAKET  —  NOGARI 


198 


une  part  asses  adiré  &  U  discusdoB  de  la  eons- 
titation  de  1793,  h  la  Tente  des  biens  des  émi- 
grés, à  la  création  des  assignats ,  à  la  réparti- 
tion des  impdts  H  à  d'antres  importantes  me- 
sures financières.  H  combattit,  mais  rafinement, 
la  confiscation,  le  maiinram  et  la  banqueroute. 
Devenu  membre  du  comité  de  salut  public,  il 
s'opposa  aux  arrestations  arbitraires,  alors  si 
multipliées,  et  proposa  d'Instituer  une  commission 
paternelle  de  citoyens  éclairés  qui  statuât  en 
dernier  ressort  sur  la  culpabilité  des  prévenus 
amnt  de  les  envoyer  devant  les  tribunaux.  Le 
19  aoôt  1793,  il  fit  le  rapport  sur  l'emprunt 
forcé  d'un  milliard,  et  plus  tard  dénonça  Fabre 
d^Êglantine  comme  coupable  d'avoir  fîdsifié  un 
décret  concernant  la  Compagnie  française  des 
Indes.  Chargé  en  1795  d'une  mission  en  Hollande, 
Kogaret  tint  l'assemblée  an  courant  des  succès 
de  Picbegm  et  de  leurs  conséquences.  Il  entra 
à  son  retour  au  Conseil  des  Cinq  Cents,  où  11  s'oc- 
cupa encore  beanooop  des  eontribntions  pobU-' 
qoes  et  de  mesures  financières.  En  février  1 796,  le 
Directivire  l'appela  au  ministère  des  finances.  Ce 
poste  était  diflîcile  à  remplir  :  les  désordres  pn>> 
doits  par  la  tourmente  ^volutionnaire  dans  la 
perception  des  revenus  nationaux  et  dans  les 
dépenses  publiques  étaient  loin  d'être  réparés  : 
il  Callail  subvenir  aux  besoins  pressants  et  quo- 
tidiens des  nombreuses  armées,  et  le  passage  des 
assignats  au  nnméraîre  vint  encore  compli* 
qner  la  situation  ;  Nogaret,  dans  de  telles  cir- 
constances, devait  encourir  la  responsabilité  de 
t4Mt  le  mal  qu'il  ne  pouvait  empêcher,  et  il  ne 
manqua  pas  en  effet  de  s'attirer  de  graves  re» 
procheB  et  de  se  faire  de  nerobreax  ennemis.  Thi- 
baodeas,  GenisKieo,  Antonelle,  Charles  Duval  et 
antres  l'attaquaieni  avec  une  grande  violence  è 
la  tribone  et  dans  la  presse  :  ils  l'aocosaleot 
même  d«  s'entendre  avec  les  fooniisseurs  ;  il  n'en 
était  rien,  car  Nogaret  se  retira  du  ministère  avec 
oneaisance  fort  modeste,  à  la  suite  du  renouvel- 
lement partiel  du  Dhvetoire  (30  prairial  an  vu, 
18  juin  1799  ).  On  lui  dut  la  première  idée  du 
cadastre  et  une  meilienre  répartition  des  contri- 
hitioBë.  S'il  ne  put  réparer  tous  les  effets  de 
désordres  qui  avaient  précédé  son  administm- 
tioB,  du  moins,  malgré  la  difficulté  des  temps, 
U  n'augmenta  pas  le  déficit  Remplacé  par  Robert 
UDdet(lO  juUlet  1799),  il  vécutdans  l'obscurité 
"^s  le  consulat  et  Tempire;  il  ne  reparut  sur 
la  Kène  politique  que  pendant  les  CentJours,  où 
il  Mcepla  la  préfecture  du  Calvados  (mai  1815). 
Destitué  après  la  seconde  restauration  (  8  juil- 
let 1815  ),  il  fut  forcé  de  s'exiler  par  suite  de  la 
lot  dite  (Vamniatie  (  12  janvier  1816  ),  et  se  ré- 
fugia è  Bruxelles,  où  il  mourut.  On  a  de  lui  : 
i»et  #^naiieet  de  la  république  française; 
1801,  in-s»;  —  Dm  Change,  du  eour$  des  ef- 
fets jmbUe»  et  de  Vtntirit  de  VargenS;  1807 
et  1810,  in-8%.^  plusieurs  Mémoires,  Rap- 
porU  et  Opinions  sur  des  questions  financières 
^  d'économie  politique.  H.  L— a. 


LBMomUeur  mémnti,  aoB.  I7t»-i79t.  —  te  Bu, 
DUcionmairê  encjfetcpédiptê  de  la  fronce,  —  Biogra- 
phie modems  (  Paris,  181S).  —  Arnaiilt,  Jay,  Jouy  et 
IforrtDs,  BUHfTopkiê  nouvMe  de»  CorUemparatu  (  Pa- 
rte. ISM). 

iiO€aRBT  (  Pierre-Barthélemi' Joseph ,  ba- 
ron de),  homme  politique  (ïvnçais,  né  le  28  juiB 
1762,  à  Marvejols  (Loaère),  mort  le  1**^  septem- 
bre 1841 ,  k  Paris.  Il  étudia  le  drott,  et  fut  ad- 
mis au  barreau  dans  la  vue  de  succéder  à  soa 
père,  qui  avait  une  charge  de  conseiller  à  la 
cour  des  aides  de  Montpellier.  Mais  la  révolu- 
tion étant  survenue,  il  en  adopta  les  principes, 
et  devint  un  des  administrateurs,  puis  procu- 
reur général  syndic  du  département  de  l'Avey- 
ron,  où  résidait  habituellement  sa  famille  (1790). 
L'année  suivante,  il  siégea  à  l'Assemblée  législa- 
tive, et  y  vota  avec  le  parti  modéré.  Il  ne  revint 
aux  afTaires  que  sous  le  Directoire.  Élu  mem- 
)  bre  du  Conseil  des  Cinq  Cents  en  Tan  vi,  il  en 
fit  partie  Jusqu'au  18  brumaire,  et  accepta  à  cette 
époque  la  préfecture  de  l'Hérault  ;  H  la  conserva 
pendant  quatorze  ans,  et  lorsqull  la  quitta,  en 
janvier  1814,  il  reçut  le  titre  de  maître  des  re- 
quêtes an  conseil  d'État  Après  avoir  brigué 
sans  succès  les  suffrages  des  électeurs  de  l'Avey- 
ron,  il  réussit  à  entrer  à  la  chambre  des  députés, 
en  1828;  constamment  réélu  depuis  lors,  il  la 
présida  comme  doyen  d'âge  depuis  1837.  II  fut 
créé  baron  sous  Pempire.  P. 

Biogr.  fumv.  du  ConUmp.  —  Biogr.  wtodeme.—  Biogr, 
de»  députa, 

HOGARBT.  Voy,  CATOALB  et  La  VALETTE. 

ROGABi  (  Paride  ) ,  peintre  de  l'école  ro- 
maine, né  à  Rome,  mort  à  l'âge  de  soixante- 
cinq  ans,  sous  le  pontificat  de  Clément  Vin 
(1592-1605).  Élève  et  imitateur  de  Raflaellino  da 
Reggio,  il  a  surtout  peint  la  fresque  avec  une 
grande  habileté  de  main.  Ses  ouvrages  en  ce 
genre  sont  nombreux  à  Rome;  les  principanx 
sont  :  Saint  Sylvestre  au  mont  Soracte  et  la 
Construelion  de  saint  Jean  de  latran  dans 
cette  basilique,  et  diverses  autres  compositions  à 
Sainte-Marie-Majeore,  à  Sahite-Suzanne,  à  Saint- 
Jérôme  -  des  -  £sclavons ,  à  Santa  -  Maria  -  in- 
Trastevere,  et  au  Vatican,  à  la  voûte  de  la 
salle  ducale,  dans  la  Galerie  des  cartes,  et  à  la 
troisième  loge  de  la  cour  des  loges.  A  âainte- 
Marie-Majeore ,  on  voit  un  bon  tableau  de  No- 
gari,  représentant  Sainte  iMde,  £.  B— n. 

Unxl,  SUnria  pittwrlea.  -^  Bi^Uone,  ^lf«  deT  pil- 
tori,  ete„  dmi  trs  al  tMt.  —  Tlcocil,  DisUmario,  ~ 
Pliioleti,  Foticaïuf  lUuttraio,  -  Pistulesl,  i)e»eriUoim 
dtRoma. 

NOGARi  (  Giuseppe  ),  peintre  de  l'école  vé- 
nitienne, né  à  Venise,  en  1699,  mort  en  1763. 
Il  fut  élève  d'Antonio  Balestra,  et  peignit  avec 
un  égal  talent  le  portrait,  le  tableau  de  genre 
et  l'histoire.  Parmi  ses  ouvrages  de  grande  pro- 
portion, on  cite  le  Saint  Pierre  qu'il  peignit 
pour  la  cathédrale  de  Bassano,  tableau  qui  rap- 
pelle à  la  fois  le  style  du  Balestra ,  et  celui  du 
Piazzetta.  Cet  artiste  fut  longtemps  employé  à 
la  cour  de  Turin  et  à  celle  de  Modène.  Le  mu- 


109 


JNOGARr   -  NOHEN 


:eoo 


fiée  de  Dresde  possède  de  nombreux  ouvrages 
de  Mogari ,  plusieurs  tètes  de  TieiHard ,  une 
Madone  et  un  Saint  Pierre,  Ces  tableaux  sont 
passés  en  Allemagne,  lorsqu'en  174(i  le  duc  de 
Modène  François  III  vendit  la  plus  grande  partie 
de  sa  galerie  à  l'électeur  de  Saxe.  A  la  même 
époque  Nogari  exécuta  une  copie  de  la  Nuit  du 
Corrége,  destinée  à  remplacer  l'original,  que  11- 
talie  allait  perdre.  Cette  copie,  après  être  allée  en 
France  orner  la  chapelle  Fescti,  est  revenue  à 
Modène,  où  elle  se  trouve  dans  la  galerie  avec 
un  autre  tableau  de  Nogari,  un  Homme  tenant 
une  coupe,  £.  B— 5. 

ZaaettI,  JMla  plUwra  f^tn^iAona»  —  Unil,  Storia 
fUtoriea,  —  Camport,  CU  ÂrUitt  nêçti  staU  esterut. 
—  OrlandI ,  Àbbecedario.  —  Catalogua  de  Drude. 

ROGAROL*  {Isottà),  Italienne  célèbre  par  son 
savoir  et  son  esprit,  née  à  Vérone,  vers  1420, 
morte  en  1466.  Elle  était  fille  de  Léonard  Noga- 
rola  et  de  Blanche  Borromée.  A  cette  époque,  où 
la  renaissance  des  lettres  se  préparait,  une  ardeur 
extraordinaire  pour  Tinsti  uction  s'était  emparée 
des  classes  les  plus  distinguées  de  la  société. 
.  Isotta,  qui  appartenait  à  une  des  premières  fa- 
milles de  Vérone,  se  fit  remarquer  par  un  savoir 
qui  sembla  admirable  aux  contemporains,  si  on 
en  juge  par  les  éloges  dont  elle  fut  comt>lée.  Elle 
assistait  aux  réunions  de  doctes  personnages 
qui  se  tenaient  chez  Louis  Foscarini,  patricien 
de  Venise  et  podestat  de  Vérone.  Un  jour  on 
débattit  dans  cette  assemblée  la  question  de  sa- 
Toir  qui  d*Adam  on  d'Eve  avait  été  le  plus  cou- 
pable ?  Isotta  plaida  pour  Eve,  et  déduisit  ses 
raisons  dans  nn  dialogue  qui  parut  près  d'un 
siècle  après  sa  mort  :  Dialogus  guo  utrum 
Adam  vel  Eva  magis  pexcaverit^  quxsthota- 
tu  noto,  sed  non  adeo  explieata  continetur; 
Venise  (Aide),  1563,  in  4*.  C'est  la  seule  pro- 
duction d'Isotta  Nogarola  qui  ait  été  publiée  ; 
plusieurs  bibliothèques  d'Italie  contiennent  d'elle 
des  liarangues  et  des  lettres  inédites.  Elle  ne  se 
""  maria  pas,  et  mourut  à  un  âge  peu  avancé,  à 
trente-huit  ans,  selon  Philippe  de  Bergame  ;  mais 
cette  date  parait  fausse. 

On  a  quelquefois  confondu  Isotta  Nogarola 
avec  Isotta  degli  Atti,  d'abord  maîtresse,  puis 
femme  de  Sigismond-Pandolphe  Malatesta,  sei- 
gneur de  Rimini.  Isotta  degli  Atti  mourut  en 
1469.  «  Si  l'on  en  croit  les  poètes  de  son  temps, 
dit  Ginguené,  elle  avait  autant  d'esprit  et  de 
talents  que  de  beauté  :  c'était  en  poésie  une  au- 
tre Sapho  ;  mais  ils  disent  aussi  qu'elle  était  en 
Tertu  et  en  sagesse  une  autre  Pénélope,  et  le 
premier  rôle  qu'elle  avait  joué  auprès  de  Sigis- 
mond  Malatesta  nous  apprend  à  juger  de  l'une 
de  ces  comparaisons  par  l'autre.  »  Z. 

Marrd,  rerona  Uimtrata.  -  TtraboichU  Storia  délia 
latteraêura  Italiana,  t.  VI.  part.  II.  p.  lis.  -  Giaffaené. 
autolra  hUéraire  de  fltatU,  t.  III,  p.  UT,  SIS 

KOGBBRA  (GiambatlUta),  littérateur  italien, 

né  en  i7l9,  à  Berbeno(Valteline),  où  il  est  mort, 

le  7  novembre  1784.  Admis  en  173&  chez  les 

Jésuites»  il  prononça  en  1763  ses  vœux  définitifs, 


professa  la  rhétorique  à  Milan  et  l'éloquence  sa- 
crée à  Vienne,  et  Ait  employé  par  son  ordre  à 
écrire  contre  ceux  qui  en  provoquaient  la  des- 
truction. Ses  efforts  devinrent  l^tôt  innttles; 
on  lui  enjoignit  de  ne  plus  écrire,  et  affligé  di* 
se  voir  réduit  au  silence,  il  se  retira  en  178?. 
dans  sa  ville  natale.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  De  Véloquence  sacrée  moderne  ;  Milan, 
1763;  —  Discours  de  Démosthène,  traduits 
et  enrichis  de  notes;  Milan,  1763;  — De  Vin- 
faillilnlité  de  V Eglise  chrétienne;  Bassaoo, 
1776;  —  Décousis  eloquentix;  Bassano,  1786; 
—  Réflexions  s%ir  les  nouveaux  sysièmts 
d'enseigner  les  belles- lettres  ;  Bassano,  1787. 
Tous  les  écrits  de  Noghera  ont  élé  recueillis,  en 
17  vol.  in-8*  (  Bassano,  1790  ).  P« 

DizUmario  iMtorieo  bauameie, 

iiOGUKZ  {Pierre),  médedn  français,  né  vers 
1685,  k  Sauveterre  (Béam).  Après  avoir  exercé 
pendant  plusieurs  années  son  art  dans  Ille  de 
Saint-Domingue,  il  revint  à  Paris,  et  fut  nommé 
démonstrateur  d'histoire  naturelle  au  Jardin  du 
Roi.  L'époque  de  sa  mort  n'est  pas  connue.  On 
a  de  lui  :  UAnatomie  du  corps  de  V homme  en 
abrégé;  Paris,  1733,  1736,  in-i3  :  ouvrage  oom* 
pilé  en  grande  partie  d'après  celui  de  James 
Keill  ;  —  Sanctorii  a  Sanctoriis  De  statica  me- 
dica  aphorismorum  sectionibus  Vil  distinc- 
torttmexplanalio,  nofis  aucta;  Paris,  1735, 
3  vol.  in-13.  Il  a  traduit  de  l'anglais  :  Traité  sur 
Vopération  de  ta  taille  par  U  haut  appareil 
(1734,  in-13),  de  Cheselden;  —  Relation  du 
succès  de  Vtnoculation  de  la  petite  vérole 
dans  la  Grande-Bretagne  (1735,  in- 13)9  de 
JavMêJann;  — L'Existence  de  Dieu  démontrée 
par  les  merveilles  de  la  nature  (  1735, 1740, 
in-4*),  de  Nieuwentyt,qui  avait  écrit  cet  ouvrage 
en  hollandais;  —  Traité  des  vertus  médicales 
de  Veau  comintiiie  (1736,  in- 13),  de  Smiih,  et 
Géographie  physique  (1735,  in-4<*)  de  Wood- 
ward.  P.  L. 

n«xelroerls,  Dicl.  kUt,  de  la  tiÊédeeine. 

nosvnm { Antoine) ,  historien  français,  né 
à  Toulouse,  où  il  est  mort,  vers  1570.  On  ignore 
les  particularités  de  sa  vie.  Il  a  composé  plu- 
sieurs ouvrages  médiocres ,  parmi  lesquels  nous 
citerons  :  Eridographie  en  rimes;  Toulouse, 
1553,  in-4*;—  Histoire  tolosaine  ;  \b»d.,  1569, 
pet  in-fol.;  elle  s'arrête  en  1333,  à  la  mort  de 
Philippe-Auguste;  malgré  les  formes  ampoulées 
du  style,  on  7  trouve  beaucoup  de  détails  inté- 
ressants. Sans  l'annoncer,  Pfoguier  a  reproduit 
servilement  tout  ce  que  «es  devanciers  Nicola» 
Bernard  et  Etienne  de  Ganno  avaient  raconté 
des  annales  de  Toulouse.  P.  L. 

Biogr.  rotrloniaine.  II. 

HOBBif  (Jean),  historien  allemand,  ne  à 
Hirschfeld»  vers  le  milieu  du  quinzième  siède, 
a  écrit  en  allemand  une  Chronique  de  la  Hesse 
depuis  Jules  César  fusqu'en  1630^  publiée  en 
1733  par  Senkenlwrg,  (ivi  l'a  reproduite  dans  ses 
Seleeta  juridicact  Mstorica,  t.  V,  ainsi  qu'une 


JOl 


I90HEN  — 


Genealogia  comitum  hennebergensium ,  en 
manuscrit  à  la  bibliothèque  de  Dresde.      O. 

Feller,  Mcmuatmita  inedUa. 

NOiilTBL  {Charles- François  Oubr,  mar- 
quis de),  diplomate  français,  né  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-septième  siècle,  mort  le 
31  mars  1685.  Fils  d'un  magistrat,  il  suivit  la 
carrière  de  la  robe,  fut  nommé  conseiller  au  par- 
lement de  Metz,  puis  en  1661  à  celui  de  Paris, 
et  reçut  on  peu  plus  tard  le  titre  de  conseiller 
d'État.  Il  employait  ses  loisirs  à  Tëtode  des 
belles- lettres  et  des  antiquités,  goût  qni  lui 
lit  visiter  l'Italie  et  TOrient.  Lorsqo'en  1670 
Louis  XIV,  après  avoir  été  sur  le  point  de  décla- 
rer la  guerre  à  la  Porte,  se  décida,  sur  les  ins- 
tances de  Colbert ,  à  envoyer  à  Constantinople 
un  nouvel  arolNissadeur  à  la  place  de  Delabaye, 
intrigant  incapable,  il  chargea  Nointel  de  la 
mission  difficile  d*aiter  rétablir  les  rapports  de 
bonne  harmonie  entre  la  France  et  le  Divan. 
«  Nointel,  dit  M.  Th.  Lavallée  dans  son  article 
sur  les  Relations  de  la  France  avec  FOrient, 
dans  la  Revue,  indépendante  (  novembre  1643), 
reçut  de  Colbert  les  instructions  les  plus  détaillées 
et  les  plus  sages.  Il  devait  demander  le  renouvel- 
lement des  capitulations  avec  les  changements 
suivants  :  que  le  droit  de  douane  fût  réduit  de 
cinq  à  trois  pour  cent  ;  que  les  saints-lieux,  occu- 
pés par  les  Grecs,  fussent  rendus  aux  Latins  ;  que 
les  étrangers  qui  n'avaient  pas  d'ambassadeur  à 
la  Porte  ne  pussent  naviguer  dans  les  mers  ottoma- 
nes que  ious  la  bannière  française;  que  les  mar* 
diandises  françaises  qni  venaient  des  Indes  eus- 
sent libre  passage  par  la  mer  Rouge  età  travers  l'E- 
gypte :  il  regardait  TÉgypte  comme  la  vraie  route 
des  Indes, et  voulait  par  là  ruiner  le  commerce  des 
Anglais  et  des  Hollandais  en  Asie.  »  Le  22  octobre 
5ointel  entra  dans  le  port  de  Constantinople  avec 
trois  vaisseaux  de  guerre  ;  il  avait  fait  demander 
si  les  iMtteriesdu  sérail  lui  rendraient  le  salut; 
$ur  une  réponse  négative,  il  s'avança  sans  faire 
Jai-inéme  le  salut  habituel.  Les  Turcs  specta- 
teurs étaient  dans  l'exaspération;  un  coup 
de  mousquet  partit  et  blessa  un  matelot  fran- 
çais. Le  commandant  de  l'escadre,  d'Aprémont, 
allait  engager  le  comliat,  lorsque  sur  le  c6nseil 
de  llnlerprète  Fontaines,  la  sultane  vralidé, 
«'adressant  à  la  galanterie  des  Français,  demanda 
le  salut  pour  elle-même;  aussitôt  les  navires 
français  se  pavoisèrent  de  leurs  plus  riches 
pavillons,  et  toutes  leurs  pièces  détonnèrent  en 
honneur  de  la  sultane ,  ce  qui  mit  fin  à  ce  fA* 
cbeax  incident  Nointel  ne  devait,  selon  ses  ins- 
tructions,  communiquer  ses  demandes  qu'an 
soKan  en  personne,  pour  lui  faire  connaître  les 
vexations  que  le  grand  vizir  KupruU  avait  dans 
ces  derniers  temps  prodiguées  aux  envoyés  de 
la  France  ;  mais  il  lui  fut  impossible  d'obtenir 
une  audience  du  sultan  avant  d'avoir  remis  à 
Kupnili  les  trente-deux  articles  dans  lesquels 
Haient  formulées  ses  réclamations.  Knpruli  les 
traita  d'exorbitantes ,  et  feignit  de  ne  pas  les 


NOINTEL  20Î 

croire  émanées  du  gouvernement  français; 
Nointel  fut  obligé  de  s'engager  à  produire  dans 
six  mois  une  lettre  de  son  souverain  conforme 
aux  demandes  qu'il  avait  présentées.  Ce  ne  fut 
qu'alors  qu'il  obtint  d'être  reçu  en  audience  so- 
lennelle ;  il  fit  au  vizir  une  longue  allocution  ;  Ku- 
pruli  ne  lui  répondit  que  par  des  épigrammcs. 
Nointel  fut  ensuite  amené  en  présence  du  sul- 
tan ;  les  chambellans  qui  lïntroduisirent,  trou- 
vant qu'il  n'inclinait  pas  la  tête  assez  profonde- 
ment,  la  lui  courbèrent  si  brusquement,  qu*il 
fit  nne  chute  par  terre  (1).  Peu  de  jours  après 
il  reçut  du  vizir  la  proposition  de  renouveler 
simplement  les  anciennes  capitulations  ;  il  s'em- 
porta alors  en  menaces;  Kupruli  lui  répliqua 
que  les  traités  de  commerce  que  la  Porte  accor- 
dait à  ses  alliés  étaient  une  grâce  qu'il  fallait 
accepter  comme  elle  était  accordée,  et  qu'on  ne 
les  avait  jamais  obtenus  que  par  la  douceur;  que 
du  reste  s'il  n'était  pas  satisfait,  il  n'avait  qu'à 
retourner  dans  son  pays.  Ce  langage  insolent, 
dicté  au  vizir  par  Panajoti,  premier  secrétaire 
du  Divan  et  vendu  à  l'Autriche,  fut  transmis  k 
Paris  par  le  chevalier  d'Arvieux  ;  il  excita  chez 
Louis  XIV  un  violent  courroux.  Bientôt  il  ne 
fut  question  en  Europe  que  de  la  guerre  à  ou- 
trance que  la  France  allait  entreprendre  contre 
les  Turcs  (2).  A  la  nouvelle  qne  des  armements 
se  préparaient  à  Toulon ,  Kupruli  se  montra 
plus  traitable;  mais  voyant  bientôt  après  la 
France  occupée  de  la  guerre  contre  la  Hollande, 
il  mit  dans  les  négociations  la  plus  grande  len- 
teur. Cependant  ayant  appris  les  succès  écla- 
tants des  armées  françaises,  il  s'alarma  et  signa 
enfin,  le  5  juin  1673,  de  nouvelles  capitulations, 
plus  avantageuses  pour  la  France  que  celles  de 
1604.  Les  droits  de  douane  en  effet  étaient  ré- 
duits de  cinq  à  trois  pour  cent  ;  les  catholiques 
redevenaient  possesseurs  des  lieux -saints  et 
recevaient  le  droit  d'y  aller  librement  en  pè- 
lerinage. Quant  au  passage  par  la  mer  Rouge, 
il  ne  put  être  obtenu  à  cause  de  l'opposition 
persistante  de  l'iman  de  La  Mecque.  Trois 
mois  plus  tard  Nointel  entreprit  un  long  voyage 
aux  Echelles  du  Levant,  pour  y  étudier  com- 
ment le  commerce  et  l'influence  de  la  France 
pourraient  encore  y  être  étendus.  Après  avoir 
visité  les  lies  de  l'archipel,  Rhodes  et  Chypre, 
il  parcourut  la  Syrie,  la  Palestine,  la  Morée  et 
le  reste  de  la  Grèce.  Il  recueillit  beaucoup  de 
bas-reliefs,  de  médailles,  d^inscri plions,  etc.,  qui 
se  trouvent  aujourd'hui  en  grande  partie  dans 
les  collections  publiques  de  Paris.  Il  fit  aussi 
prendre  par  le  peintre  Carrey  (voy,  ce  nom), 
qu'il  avait  emmené  avec  lui ,  un  grand  nombre 
de  dessins  d'après  les  monuments  de  l'antiquité, 
pUisdedeux  cents,  entre  autres,  dans  le  château 

(1)  Cette  clrconslAnce .  dont  ne  parlent  pas  les  histo- 
riens français,  est  rapportée  dam  la  Beiation  du  résident 
Impérial  CaMoova. 

:i)  C'e&t  a  cette  occasion  que  LeIbnU  (roy.  ce  nom  ) 
adresM  à  Lools  XIV  son  Proftt  tur  la  etUonUation  de 
t'Éçifpte  par  le»  Européen», 


303 


NOINTEL 


d'Athènes  (1).  Signalons  encore  qu'il  fit  célébrer 
avec  grande  pompe  les  fêtes  de  Noël  (1673)  dans 
la  fameuse  grotte  aux  stalactites  d'Antiparos,  où 
de  mémoire  d'homme  personne  n'avait  osé  se 
hasarder.  Rappelé  à  Constantinople  au  commen- 
cement de  167Ô,  pour  y  travailler  à  U  paix  entre 
la  Porte  et  la  Pologne,  Nointel  ne  put  empêcher 
que  la  garde  du  saint-sépulcre  ne  fût  remise 
aux  Grecs.  A  l'avénemeut  du  nouTcau  vizir 
Kara  Mustapha ,  il  chercha  à  le  pousser  à  la 
guerre  contre  l'Autriche  et  lui  fit  à  cet  effet  re- 
mettre les  plans  des  forteresses  de  Raab  et  de 
Comom  ;  le  vizir  était  assez  disposé  à  écouter 
ces  suggestions,  mais  il  se  brouilla  peu  de 
temps  après  avec  l'ambassadeur  français,  qui, 
deyant  être  reçu  en  audience  solennelle,  ne 
Toulut  pas  accepter  que  son  tabouret  fût  placé 
au-dessous  du  sofa  où  le  vizir  Kara  Mustaplia 
allait  prendre  siège  (2).  Nointel  quitta  immédia- 
tement Constantinople^  et  alla  habiter  une  mat- 
son  de  campagne.  Quelques  mois  plus  tard,  il 
célébra,  par  de  grandes  réjouissances,  les  vic- 
toires de  Louis  XIV  en  Flandre  ;  Kara  Musta- 
pha en  prit  prétexte  pour  se  déclarer  insulté  par 
ces  démonstrations  de  joie,  et  ordonna  à  Noin- 
tel de  revenir  dans  son  hôtel  à  Constantinople, 
et  de  n'en  point  sortir.  Cette  défense  fut  levée 
par  la  suite,  bien  que  Nointel  persistât  jusqu'à 
la  fin  dans  ses  prétentions  au  sujet  du  tabuuret. 
En  1679  il  fut  rappelé,  sur  les  plaintes  des  né- 
gociants des  Échelles,  auxquels  il  avait  emprunté 
de  fortes  sommes,  pour  entretenir  »on  grand 
train  de  maison  et  pour  l'acquisition  de  beau- 
coup d^objets  d'antiquité  et  de  curiosité.  Ses 
dettes  furent  payées  par  le  gouvernement  fran- 
çais ;  mais  à  son  retour  en  France  il  se  vit  ac- 
cueilli très-froidement  et  fut  même,  dit-on,  exilé 
pendant  quelque  temps.  11  mourut  à  Paris,  d'une 
attaque  d'apoplexie.  O. 

Flauan,  HUtoirB  de  ta  diplomatie  françaUê^  L I V.  — 
Chardin,  f^OMoge.  —  D'ArviMii,  Mémaireâ.  —  U  GrolXt 
Mémoires. 

roiiItbl  (De).  Foy.  Cholct  (Jean). 

iioimtillb(De).  Voy.  Dcrey. 

ROI  a  (Jean  Le),  prêtre  janséniste  «  né  à 
Alençon,  en  1622,  mort  à  Nantes,  le  22  avril  1692. 
Fiis  d'un  conseiller  au  présidial  d'AIençon,  il  de* 
vint  en  1652  chanoine  théologal  de  Séez,  et  se 
livra  avec  succès  au  ministère  de  la  chaire,  tant 
en  Normandie  qu'à  Paris.  Son  caractère  ardent 
et  emporté  lui  suscita  de  fâcheuses  affaires. 
Soupçonné  avec  quelque  raison  d'être  favorable 

(1)  Le  cabinet  des  estampes  de  la  BlbUolbéqne  Impé- 
riale de  Parla  possède  un  prteleui  recneU  de  dessins 
pris  par  Carrey  dsns  le  Partbénon  avant  la  détériora- 
tion de  ce  temple. 

|t)  Ld  vlzlr  ajaot  malnteDa  qne  Nointel  serait  plaoé  aa- 
dessous  de  lui,  l'ambassadeor  déclara  que  Kara  Musta- 
pha pouvait  disposer  du  tabouret,  raats  non  de  sa  per- 
sonne. Il  fut  alors  »alsl  par  deni  huissiers,  qui  le  Jetè- 
rent en  bas  de  Testrade,  en  s'écriant  :  «  Déeampe, 
ghtaour  1  *  Ce  fait»  omis  par  les  hMorlcns  françah,  est 
relaté  dsns  1rs  lîapporti  un  résident  Impérial  Klnds- 
berg 


—  NOIR  204 

au  jansénisme,  il  prêchait  le  carême  à  Argentan^ 
lorsi|ue  des  catholiques  exaltés  s'avisèrent  d'éle- 
ver dans  im  carrefour  de  la  ville  une  statue  Ae 
la  Vierge  foulant  aux  pieds  un  énorme  serpent 
qu'ils  disaient  être  le  théologal  de  Séez,  et  defant 
laquelle  ils  allaient  chaque  soir  chanter  les  lita- 
nies où  ils  inséraient  ces  paroles  :  Virgo  extir- 
pairix  jansemistaruvL.  Quelques-uns  se  ren- 
dirent même  en  procession  itisqu'à  Séez  en  tai- 
sant entendre  le  même  chant.  De  pareilles  scènes 
n'étaient  que  risibles  ;  mais  l'abbé  le  Noir  essuja 
bientôt  des  affaires  qui  passèrent  le  ridicule. 
Brouillé  avec  M.  Ronxel  de  Médavy,  évêque  de 
Séez,  qui  avait  donné  un  mandement  pour  la  po- 
Irfication  du  Formulaire,  il  l'accusa  de  plu- 
sieurs erreurs,  notamment  d'avoir  laissé  paraître 
uo  ouvrage  intitulé  :  Lf.  Chrétien  champêtre, 
dont  un  laïque  était  l'auteur,  et  où  on  lisait  eo 
termes  exprès  :  «  qu'il  y  avait  quatre  iier^nncs 
divines  qui  devaient  être  l'objet  de  la  dévotioD 
des  fidèles,  savoir  :  Jèsas-Christ,  saint  Joseph, 
sainte  Anne  et  samt  Joachim  ;  que  Notre  Seignt'or 
était  dans  le  saint-sacrement  de  l'autel,  comme 
un  poulet  dans  la  coque  d'un  œuf.  »  Le  théolo- 
gal présenta  requête  à  Louis  XIV,  en  raccom- 
pagnant d'une  dénonciation  de  plusieurs  propo- 
sitions qu'il  croyait  hérétiques,  fl  publia  à  ce 
sujet  des  écrits  ^  oii  il  franchissait  toutes  les 
homes  de  la  modération.  M.  de  Médavy,  nommé 
archevêque  de  Rouen ,  ne  fut  pas  à  l'alni  de  U 
plume  mordante  de  i*abt)é,  qui  prit  également  à 
partie  M.  de  Hariay,  devenu   ai^evêf|ue  de 
Paris.  Des  commissaires,  désignés  pour  le  juger, 
le  condamnèrent,  le  24  avril  1684,  à  faire  amende 
honorable  devant  l'église  métropolitaine  de  Paris 
et  aux   galères  à  perpétuité.  Quelques  jours 
après ,  les  jansénistes  répandirent  une  sorte  de 
complainte  latine  dans  laquelle  on  disait  «  qu'il 
était  >iotr  de  nom ,  mais  blanc  par  ses  'vertu> 
et  par  son  caractère  ».  L'arrêt  ne  fut  point  exé- 
cuté dans  toute  sa  rigueur.  Le  pauvre  abbé  le 
Noir  fut  conduit  d'abord  à  Saint«Malo ,  puis  en 
1686  dans  les  prisons  du  château  de  Brest ,  et 
enfin  en  1690  au  château  de  Nantes.  On  a  de 
loi  :  une  traduction  de  V Échelle  du  cloître, 
ouvrage  attribué  à  «aint  Bernard  ;  .»  les  At^n- 
toges  incontestables  de  f  Église  sur  les  cal- 
vinistes; Paris  et  Sens,  1673,  ln-12;  —  les 
Nouvelles  Lumières  politiques,  ou  C Évangile 
nouveau  ;  1676  et  1687,  în-12  :  ouvrage  qui  ar- 
rêta la  publication  d'une  traduction  française  de 
VHistoire  du  Concile  de  Trente,  par  le  car- 
dinal Pellavicini ,  et  qui  eut  une  troisième  édi- 
tion, sous  le  titre  de  :  Politique  et  Intrigues  de 
la  cour  de  Rome  ;  1696,  in-12  ;  —  V Évêque  de 
cour  opposé  à  Vévêque  apostolique;  Cologne, 
1682, 2  vol.  in-12  ;  —  Lettre  à  M^  la  duchesse 
de  Guise  sur  la  domination  épiscopalc  et  sur 
l'usage  des  lettres  de  cachet  surprises  par  quel- 
ques évêques  pour  opprimer  les  ecclésiastiques 
du  second  ordre;    1679,    inl2;  —  plusieurs 
antres  brochures,  remarquables  surtout  oar  la 


SOÔ 


NOIR  —  NOISETTE 


liardiesse  avec  laquelle  il  attaque  non-seulemeiit 
là  doctrine ,  mais  encore  les  mœore  de  ses  su- 
périeurs ecclésiasUqaes.  Il  y  décide,  entre  autres, 
qii*un  évêque  coupable  de  quelque  crime  est 
ipso  facto  déchu  de  l'épiseopat^  quoiqu'il  ne 
Boit  ni  jugé,  ni  condamné,  ni  déposé  canoniqoe- 
nent.  Un  tel  principe  est  très-dangereux  et  con- 
traire à  toutes  les  anciennes  lois  de  l'Église. 

H.  FiSQUET. 

^uppiém.  aar  Néerot,  if«  Pcrt'RofM,  nss.  —  Dicttonn, 
kùt,  des  auUurt  teclét.  —  FcUer,  DieL  kUt. 

KOIB  (Le).  Fojf.  Lbroir. 

KOIR.ET  (Jean-Adolphe),  calculateur  fran- 
çais, né  en  1769^  mort  en  1832,  à  Paris.  Il  fut 
employé  dans  les  inreaus  de  la  Banque  de  France 
et  publia  divers  ouvrages  utiles  au  commerce 
et  aux  administrations,  notamment  :  Tartfgé-' 
nnal  de  la  réduction  des  anciennes  mon- 
naies  en  francs  ;  Paris,  1810,  in- 18  ;  —  Comptes 
faHM  de  l'escompte  à  4  0/0  par  an  depuis  i 
franc  Jusqu'à  1  million;  Paris,  1810,  in-12; 
—  Tari/ ou  CoMptes  faits  de  multiplication 
et  de  division  en  francs  ;  Paris,  1811,  in-S"; 
ce  barème ,  exécuté  sur  les  principes  du  calcul 
flérirnal,  présente  126,000  comptes  faits  soit  en 
francs  ou  en  foute  autre  espèce  de  monnaie, 
*o\i  en  poids  ou  mesures  nouveaux  ou  anciens, 
français  ou  étrangers;  —  Aperçu  d'une  mé- 
thode trèJ-abrégée  de  faire  l'escompte  ;  Paris, 
)83f.,  inS».  K. 

QncFard.  Frante  Uttér, 

l n oiRViEV  {Louis- François  fiîk^Tîii  oe), 
écriTain  ecclésiastique  français,  né  à  Sainte-Me- 
nehoold  (Marne),  le  5  juin  1792.  Après  avoir 
fait  ses  humanités  au  lycée  de  Reims,  il  vint  à 
Paris  en  1810,  et  fut  nommé  Tannée  suivante 
professeur  au  séminaire  de  Saint-Nicolas-du- 
Chardoanet,  où  il  enseigna  successivement  les 
classes  de  seconde  et  de  rhétorique.  En  1816 
il  se  rendit  &  Rome,  y  reçut  la  prêtrise  en  mars 
1816,  et  suivit  avec  surcès  pendant  quatre  années 
les  cours  de  théologie  à  l'irniversité  de  la  Sa- 
piencc.  A  son  retour  en  France,  il  devint  aumô- 
nier de  l'Éooie  polytechnique,  et  exerça  ces  fonc- 
tions jusqu'en  1826.  A  cette  époque,  Charies  X 
l'appela  auprès  de  son  petit-fils,  le  duc  de  Bor- 
deaux, en  qualité  de  sons- précepteur.  La  révo- 
lution de  1830  le  surprit  en  Allemagne,  oit  il 
voyageait  pour  des  motifs  de  santé.  Obligé,  bien- 
tH  après,  de  chercher  un  climat  plus  doux,  il 
retourna  à  Rome,  où  pendant  deux  ans  il  con- 
sacra ses  loisirs  à  Tétude  de  la  langue  hébrûque 
et  de  l*Écriture  sainte.  Revenu  en  France  en 
1833,  il  y  vécut  dans  la  retraite  et  prêcha  quel- 
ques stations  dans  différentes  paroisses  de  Pa- 
ns. En  1840,  M.  AITre,  archevêque  de  Paris,  le 
nororaa  curé  de  Saint-Jacques-do-Haut-Pas,  et 
à  la  fin  de  1848  M.  Sibour  le  fit  passer  à  la  cure 
ch»  Saiot-Lonis-d'Anlîn  qu'il  administre  encore 
Aujourd'hui.  Ona  de  M.  de  Noiriieo  :  La  Bible  de 
l'En/ance,  ou  histoire  abrégée  de  ^Ancien  et 
du  1%'oupeau  Testament;  Paris,  1836,  in-18,  et 


plusieurs  autres  éditions  ;  — -  Histoire  abrégée  de 
la  religion  chrétienne,  depuis  l'Ascension  de 
JésuS'Chrisl  jusqu'au  dix-neuvième  siècle  (P^ 
ris,  1837,  in-18);'  Souvenirs  de  Tusculum, 
ou  entretiens  philosophiques  près  de  la  maison 
de  campagne  de  Cicéron  (Paris,  1833,  in-12); 
—  Le  Consolateur  des  affligés  et  des  malades 
(Paris,  1836,  in- 12);  —  Motifs  de  la  conver- 
sion d'un  protestant  (1837,  in- 12);  —  expo- 
sition abrégée  et  preuves  de  la  doctrine  chré" 
tienne  (Paris,  1842, in-18);  refondu  complète- 
ment, sons  le  titre  de  :  Exposition  des  dogmes 
principaux  du  christianisme  {Pans,  1853  et 
1858,  in-12);  —  Le  Catéchisme  expliqué  aux 
enfants  de  huit  ans  (Paris,  1858,  in-12);  — 
Catéchisme  philosophique,  à  l'usage  des  gens 
du  monde  (Paris,  1860,  in-12).M.deSacya  fait 
réloge  de  ce  dernier  ouvrage  dans  le  Journal 
des  Débats  du  30  avril  1861.  H.  F. 

Docwn.  partie. 

jxoiROT  (Joseph-Mathias ,  abbé),  phflo- 
sophe  français,  né  à  Latrecey  (  Haute-Marne  ), 
le  24  février  1793.  Fils  d'un  commissaire  ter- 
rier du  duc  de  Penthièvre,  il  fit  ses  études  au 
collège  de  Langres,  puis  au  grand  séminaire  de 
Dijon.  Ordonné  prêtre  en  1817,  il  professa  aux 
collège^  du  Puy  et  de  Mouliod,  et  occupa  pendant 
vingt-cinq  ans  la  chaire  de  philosophie  au  collège 
royal  de  Lyon.  Son  enseignement  eut  un  grand 
éclat.  A  la  fois  catholique  et  rationaliste,  il  place 
la  vérité  révélée  au-dessus  des  lumières  na- 
turelles ;  mais  admettant  une  autre  source  de 
vérité  que  la  tradition  historique,  il  reconnaît 
à  la  raison  humaine  le  pouvoir  de  s'élever  par 
elle-même  à  la  connaissance  des  principales 
vérités  morales  et  métaphysiques.  On  cite  parmi 
ses  élèves  MM.  Ozanam,  Ponsard,  de  Laprade, 
de  Parieu,  H.  Fortoul ,  Gourjn ,  etc.  M.  l'abbé 
Noirot  a  été  nommé  1[  9  mars  1852)  Inspecteur 
général  de  renseignement  primaire,  puis  inspec- 
teur général  de  l'enseignement  secondaire  (1853) 
et  recteur  de  l'Académie  de  Lyon  (22  aoftt  1854). 
Retraité  le  22  octobre  1856,  il  est  depuis  le 
29  août  1850  officier  de  la  Légion  d'honneur. 
Ses  Leçons  de  philosophie,  déjà  publiées  par 
M.  Gourju,  l'ont  été  de  nouveau  par  H.-J.-B. 
Tissandier;  Paris,  et  Lyon,  1352,  in-8^    H.  F. 

Doamt.  partie. 

noiSETTB  (  Louis-Claude),  agronome  iVan- 
çais,  né  le  2  mai  1972,  à  Chfltillon,  près  Paris , 
mort  le  9  janvier  1849,  à  Paris.  11  était  fils  d*un 
jardinier,  qui  dirigea  les  cultures  de  Brunoy, 
lorsque  ce  domaine  fut  acquis  par  le  comte  de 
Provence.  Atteint  par  la  réquisition  de  1793,  il 
fut  incorporé  dans  on  régiment  d'infhnterie  et 
obtint  son  congé  en  1795.  Nommé  aussitôt  jar- 
dinier du  Val-de-Grâce,  il  donna  ses  soins  au 
jardin  de  botanique  et  aux  serres  de  œt  hôpital  ; 
mais  sa  place  ayant  été  supprimée  vers  1798,  il 
prit  à  loyer  quelques  terrains  du  faubourg  Saint- 
Jacques,  et  commença  de  travailler  |)our  son 
propre  compte.  Vers  1806,  il  fonda  un  établisse- 


aor 


NOISETTE  —  NOLA 


208 


ment  qui  ft*enricliit  bientôt  de  toutes  les  plantes 
remarquables  que  possédait  alors  l^horticultare 
française,  entravée  par  le  défaut  de  relations 
inaritiines.  Peu  de  temps  après  il  suivit  en  Au- 
tricbe  le  prince  d'Ësterfaazy,  qui  l'avait  chargé 
des  plantations  de  ses  vastes  domaioes.  Sous  la 
restauration  il  fit  un  voyante  en  Angleterre,  et  ac- 
quit à  son  retour  à  Fontenay-au\-Roses  un  ter- 
rain destiné  à  une  pépinière  d'arbres  fruitiers; 
cet  établissement  fut  transféré  en  1836  à  Mont- 
xouge.  A  la  même  époque  (1823),  il  s'occupa  de 
r^ve  du  bétail  dans  une  ferme  située  dans  les 
environs  de  Coulange-la-Vineuse  (Yonne).  On 
doit  à  Noisette  l'introduction  ou  la  première  cul- 
ture d*un  grand  nombre  de  plantes  rares  de  l'A- 
mérique ou  des  Indes.  11  faisait  partie  de  plusieurs 
sociétés  agricoles  et  liorticoles  de  la  France  et 
de  rétrangfT  ;  plusieurs  d'entre  elles  lui  ont  dé- 
cerné des  prix  et  des  médailles.  Le  8  mai  1840 
il  fut  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 
On  a  de  lui  :  Le  Jardin  fruitier;  Paris,  1813- 
1821,  in-4*,  pi.  :  cet  ouvrage ,  contenant  l'his- 
toire, la  description  et  la  culture  des  arbres 
fruitiers ,  des  f^sierset  des  meilleures  espèces 
de  vignes  d'Europe,  a  été  rédigé  par  le  docteur 
L.-A.  Gautier  ;  une  3*  édition,  considérablement 
augmentée,  a  paru  en  1832-1839,  2  vol.  gr.  in-s^*, 
avec  159  pi.  col.;  —  Manuel  complet  du  Jar- 
dinier maraîcher t  pépiniériste ,  botaniste, 
fleuriste  et  paysagiste;  Paris,  1825-1827, 
4  vol.  in-S",  avec  un  Supplément  (  1828,  in-S»); 
rédigé  par  Boitard  le  naturaliste  ;  ^  Catalogue 
général  des  arbres,  arbustes  et  plantes  cul- 
tivés par  L.  Noisette  ;  Paris,  1826,  in-d"*  ;  — 
Manuel  du  jardinier  des  primeurs,  ou  Fart 
de  forcer  les  plantes  à  donner  leurs  fruits 
ou  leurs  fleurs  dans  toutes  les  saisons  ;  Pa- 
ris, 1832,  in- 18,  fig.  rédigé  par  BoiUrd;  — 
(avec  Malepeyre,  fiossio  et  Boitard  )  V Agricul- 
teur praticien,  -ou  revue  progressive  d^agri- 
culture,  de  jardinage,  d*économie  rurale  et 
domestique  ;  Paris,  1839-1847,  8  vol.  hi-8°.  Il 
a  mis  en  ordre  etpublié  avec  Boitard  V Annuaire 
populaire  de  la  France  (Paris,  1840-1841, 
2  vol.  in- 16),  et  avec  Hocquart  Le  Jardinier 
pratique  (  1846,  in- 18),  et  il  a  fourni  des  notes 
on  des  articles  au  Bon  jardinier  (depuis  1817), 
an  Dtc^toniiaire  d'agriculture  de  François  de 
NenfchAteau  (  1827),  an  Journal  des  connais- 
sances utiles,  aux  Annales  .de  Flore  et  Po- 
mone,  etc.  P.  L. 

Roaiwlon,  iVo(ie«  ti^crolof .  iw*  L.  NoUttU  { Paris , 
1S4S,  tn-8^,  eitr.  dct  jinna  lêt  delà  Soc.  oantrate  iFUor- 
ticuUun  de  Pariii  1849. 

jfOiZBT  i  Pierre),  littérateur  français,  né 
vers  1550,  dans  la  Thiérache  (Picardie).  Il 
était  prêtre,  docteur  en  droit  cItII  et  canon,  et 
recteur  de  l'université  de  Reims,  où  il  professa 
longtemps  la  philosophie  et  la  jurisprudence.  On 
a  de  lui  :  Antitopica  {sive  locorum  contra* 
rietates)  de  morali  Artstotelis  philosopMa; 
Beims,  1589,  in-8*;  —  La  Christianopédie  ; 


Reims,  1612,  in-t2,  sorte  de  catéchisme  appuyé 
sur  des  passages  tirés  de  l'Écriture.        K. 

Marlot,  HUt.  âê  la  métropole  ào  Rêlmi,  II.  ML  - 
BooUlot,  Bioçr.  ardennaUe. 

R oiZBT-  SAINT  -  1»AI7L  (  Jeott  •  Fraçnoii- 
Gaspard) ,  écrivain  militaire  (Vançais ,  ne  le  2 
novembre  1749,  a  Hesdin  (  Picardie )i  nrartle 
3  aoôt  1837.  Élève  de  l'école  de  Méxières,  il  fit, 
dans  l'arme  du  génie,  les  premières  campagnes  de 
la  révolution.  Nommé  chef  de  brigade,  le  8  ven- 
tôse an  i  y  (  février  1 796),  il  ftit,  en  l'an  vil,  appelé 
au  commandement  de  la  place  d'Arras,  qu'il  ooe- 
serva  jusqu'à  la  seconde  rentrée  des  Bourbons;  oo 
lui  donna  alors  le  grade  honorifique  demaréebil 
decamp(l*' aoôt  1815).  Détachéen  1801  sons  les 
ordres,  de  ramval  Latonche-Tréville ,  il  avait 
mis  Boulogne  en  état  de  défense  et  s'était  fait 
remarquer  dans  les  attaques  dirigées  par  Nelson 
contre  cette  ville.  Hsk  1809  il  entra  au  Corps  lé- 
gislatif comme  député  dn  Pas-de-Calais.  Oo  a  de 
lui  :  TraiU  complet  de  fortification  ;  Paris, 
1792,  in-8«;  3*  édit.,  augmentée  ;  ibid.,  1818, 
2  vol.  in-8*,  pli  :  le  marquis  de  Montalembert 
publia  sur  oe  traité  deux  mémoires  insérés  dans 
son  grand  ouvrage  VArt  ito/eiis(/(tX,1793}; 
—  Éléments  de  fortification  à  rusage  des 
é^a/s-majorsiiefonii^;  Paris,  1812,in-8".  P- 

Fastes  delà  Ugloa  d'homuar,  lit.  —  QaCnrd,  Fract 
IttUr. 

NOLA  (Giovanni  Màruano,  dit  GiovanntDà), 
sculpteur  et  arcliitecte  italien ,  né  à  Nola,  près 
de  Naples,  mourut  octogénaire  dans  le  coarant 
du  seizième  siècle.  Élève  d'Agnolo  Aniello  Fiore, 
maître  très-renommé  à  Naples  à  la  fin  du  quin- 
zième siècle,  il  s'adonna  d'abord  à  la  sculpture 
en  bois»  puis  il  se  rendit  à  Rome,  où  il  ne  pot 
obtenir  de  travaux  de  Michel- Ange.  De  retoor 
à  Naples,  il  y  fut  chargé  de  nombreux  travaux 
pour  les  églises,  les  places  et  les  palais.  Il  prit  part 
aux  décorations  des  fêtes  splendides  qui ,  soas  la 
direction  du  poêle  Sannazar,  eurent  lieu  à  Naples 
à  l'occasion  de  l'entrée  solennelle  de  Charles- 
Quint.  Une  circonstance  bien  différente  luiroarnit 
l'occasion  d'exécuter  les  tombeaux  des  trois  mal- 
heureux frères  Giacomo,  Ascanio  et  Slgismoado 
Sanseverino,  empoisonnés,  le  5  novembre  1M3, 
par  la  femme  de  leur  oncle.  On  peut  reprocher 
un  peu  trop  de  symétrie  à  ces  monuments,  uni- 
formément composés  de  la  statue  du  jeune  mort 
assise  sur  un  sarcophage;  ils  sont  placés  dans  la 
chapelle  de  leur  famille,  à  droite  du  choeur  àfi 
l'église  de  San-Severino.  Le  mausolée  de  Pierre 
de  Tolède,  commandé  à  Giovanni  da  Nola  par  le 
vice-roi  lui-même,  et  placé  dans  l'église  Saiot- 
Jaoqaes-des-Espagnols,  est  l'oauvre  la  plus  ioi- 
portante  de  cet  artiste.  Sur  le  soubassement  le 
vice-roi  est  agenouillé  auprès  de  sa  femme,  dont 
il  est  séparé  par  un  casque  posé  à  terre  ;  aoi 
quatre  oohks  sont  des  statues  des  Vertus  qui,  par 
leurs  proportftms,  leurs  formes,  leorb  draperies, 
leur  expression,  sont  au  nombre  des  plus  belles 
figures  allégoriques  qu'ait  vues  uaitrele  seixièoie 


209  NOLA  —  KOLl 

«iède.  £o  t530,  Giovanni  avait  exécuté  dans 
réglise  Sainte-Claire  le  tombeau  et  la  touchante 
«tatoe  d'Antonia  Gandino,  jeune  fille  ravie  à  Tâge 
de  quatorze  ana  à  ses  parents.  E.  B— n. 

Oeogoara,  Storia  d«Ua  Meuttmra.  —  Orlandl,  dbbéct- 
dario.  "  G.  Galantl,  tiavo^i  •  conUmi. 

BOLAHT.  VO^.  FaTOUVILLB  (De). 

50LASQrB  (Satn (-Pierre).  Voy.  Pierre. 

ROLDB  (  Adolphe-Frédéric) t  médecin  alle- 
mand, né  à  Neubrandebourg,  le  1*'  mai  1764, 
mort  le  2  septembre  1813.  Après  avoir  enseigné 
pendant  quinze  ans  la  médecine  à  Rostock ,  il 
devint  en  1806  professeur  au  collège  médical  de 
Bronswick  et  directeur  de  la  maison  d'accouche- 
ment ainsi  que  médecin  de  la  cour;  en  1810  il 
obtint  une  chaire  à  Halle,  où  il  fut  en  même 
temps  nommé  directeur  de  la  clinique.  On^a  de 
loi  :  Gallerie  der  alteren  und  neueren  Gt- 
sunriheitslehrer  fur  das  schône  Geschlecht 
(Galerie  des  anciens  et  nouveaux  conseillers 
d'hygiène  pour  le  beau  sexe);  Rostock,  1794- 
1801, 2  vol.  in-8*;  —  Semerkungen  aus  dem 
Gebiele  der  ffeilkunde  und  Anthropologie^  in 
Jiostock  gesammeli  (Observations  médicales  et 
anthropologiques,  recueillies  à  Rostock;  ;  Erfurt, 
1807,  îD  S**  ;  —  Die  neuesten  Système  teuUcher 
QthurUhelfer  (Les  Systèmes  ies  plus  nouveaux 
^is  en  Allemagne  sur  les  accouchements); 
ibid.,  1808,  in-8*  ;  — une  quinzaine  de  mémoires 

et  dissertations.  O. 

Meiuel.  GeWirUs  TeuUchland.  —  Rotermund,  Sup- 
pkmMt  i  JAcher. 

HOU  (t)  {Antonio  Dà),  connu  dans  les  fastes 
maritimes  portugais  sous  les  noms  à*Antoniotto 
Uso  ni  MàRB),  navigateur  génois,  né  vers  1419, 
mort  vers  1466.  Il  apJMrtenait  à  une  famille  pa- 
tricienne, et  reçut  ane  bonne  éducation.  Il  se 
trooTs  compromis  plusieurs  fois  dans  des  agi- 
tations politiques,  et  dut  enfin  quitter  sa  patrie. 
Il  s'expatria  en  1449,  et,  séduit  par  la  réputa- 
tion de  l'infant  don  Henrique ,  duc  de  Viseu  et 
àt  Cofilbam,  qui  par  tous  les  moyens  encoura- 
geait les  découvertes  et  attirait  les  meilleurs 
nurins  de  l'I^urope,  Noli  se  rendit  en  Portugal 
arec  trois  bAtiments  bien  équipés.  L'infant  le 
f^  avec  honneur,  et  l'attacha  même  à  sa  per- 
sonne. Reconnaissant  son  habileté,  il  ne  tarda  pas 
^  l'emptoyer  pour  étendre  et  préciser  la  connais- 
«tteedes  côtea  de  l'Afrique  occidentale.  Noli  fit 
plDsieiirs  expéditions  dans  ce  bot;  mais  les  ré- 
nltats  ne  nous  en  sont  pas  connus.  Ils  devaient 
^re  satis&isants,  puisqu'on  mars  1455  il  com- 
nundait  encore  deux  navires  destinés  à  de  nou- 
velles explorations.  Entre  l'embouchure  du  Sé- 
0^  et  le  cap  Vert,  près  du  rio  Condamel,  il 
fit  la  rencontre  do  célèbre  Vénitien  Alvizio  Cada- 
Nosto,  qoi  cherchait  aussi  des  terres  nouvelles. 
Il»  unirent  leurs  fortunes,  et  continuèrent  à  s'a- 
»«iicer  ver»  le  and.  Us  doublèrent  le  cap  Vert, 

(J)  Ce  nom  ae  trovre  souTent  écrit  da  NoUe  dans  les 
jwneik  portogaU.  maU  celai  ô'Dsodtmare  a  prévalu, 
^mpoarqaol  le»  relation»  dea  Tovagra  de  Cada-Mottu 
»«  donnent  paa  le  ooin  de  If  oU  à  son  compagnon. 


no 

découvrirent  le  golfe  de  Corée,  lièrent  des  re- 
lations amicales  avec  deux  peuplades  riveraines, 
qu'ils  nonlmèrent  les  Barbarins  et  les  Serères, 
et  à  soixante  milles  au  delà  du  cap  Vert  ils  firent 
aiguade  à  l'embouchure  d'un  cours  d'eau  qui  fut 
appelé  Barbasini:  Les  navigateurs  entrèrent  en« 
suite  dans  un  magnifique  fleuve,  le  Gambra 
(Gambie);  mais  ils  trouvèrent  les  tribus  voisines 
très- hostiles.  Us  eurent  plusieurs  fois,  malgré 
leur  artillerie,  beaucoap  de  peine  à  repousser  les 
nombreuses  ahuries  (grandes  pirogues)  qui  ve- 
naient journellement  assaillir  leurs  navires  et 
les  couvrir  de  projectiles  meurtriers  ;  toute  des- 
cente fut  impossible.  La  fatigue ,  les  maladies  et 
les  combats  avaient  singulièrement  diminué  les 
équipages  portugais;  leurs  chefs  crurent  devoir 
céder  à  leurs  vœux,  et  mirent  le  cap  ^ur  le  Por- 
tugal ,  où  ils  débarquèrent,  en  juin  1455.  Us  y 
reçurent  les  félidlations  de  don  Henrique,  qui 
Tannée  suivante  mit  sous  leurs  ordres  trois  ca- 
ravelles afin  de  continuer  leur  entreprise.  Ils 
mouillèrent  sous  le  cap  Blanc,  dans  la  baie  do 
Lévrier,  et  gagnant  le  large,  découvrirent  les  iles 
du  cap  Vert  parmi  lesquelles   ils  relevèrent 
Buoria^Vista  et  Sant-Yago,  Il  ne  parait  pas 
qu'ils  aient  visité  le  groupe  de  cet  archipel  qui 
se  trouve  au  nord -ouest.  Revenant  vers  le  con- 
tinent, ils  reconnurent  la  pointe  des  deux  Pal- 
mes (cap  Lof),  et  remontèrent  la  Gamble  l'espace 
de  soixante  milles.  Us  furent  assez  bien  accueil- 
lis par  le  roi  nègre  et  idolâtre  Batti-Mansa  ;  mais 
ies  fièvres  forcèrent  les  Portugais  à  reprendre 
la  mer.  Ils  s'arrêtèrent  dans  une  grande  et  belle 
rivière,  qu'ils  appelèrent  Casa-Mansa  (  du  nom 
du  souverain  du  pays).  A  vingt  milles  plus  loin 
ils  doublèrent  le  cap  Rosso  (t).  La  terre  courait 
alors  au  sud-est.  Ck>nUnnant  à  la*c6toyer,  ils  re- 
connurent le  fleuve  Santa-Anna  (2),  puis  le 
iXtastSanto- Domingo  (3).  Us  s'avancèrent  jus- 
qu'à l'embouchure  du  Jeha  ^4),  qu'ils  prirent  pour 
un  golfe.  Leurs  équipages,  épuisés  et  décimés,  les 
forcèrent  à  renoncer  à  toute  découverte  ulté- 
rieure. A  leur  retour,  à  trente  milles  de  la  côte, 
ils  découvrirent  l'archipel  dea  Bissagos,  dont  ils 
ne  décrivirent  que  les  deux  plus  grandes  lies 
(Formosa  et  CarofAe);  ils  ne  purent  s'aboucher 
avec  les  nègres  qui  habitent  ce  groupe.  On  ne 
sait  rien  de  plus  sur  Koli,  auquel  les  historiens 
et  les  géographes  n'ont  pas  assez  fait  partager  la 
gloire  dont  ils  ont  environné  CadaMosto.  Ces 
deux  noms  doivent  être  inséparables  en  ce  qui 
touche  les  découvertes  faites  sur  la  côte  occiden- 
tale africaine  depuis  le  cap  Vert  jusqu'au  Rio 
Grande  et  celles  des  archipels  do  cap  Vert  et  des 
Bissagos,  c'est4-dire  dans  l'espace  compris  entre 

(I)  Cap  B<m9êt  à  canse  de  la  eoaleur  des  rochers  qol  le 
forment.  C*eat  anJoard*hnt  le  cap  Roxo, 

(î)  Aujourd'hui  Rio  Cacken,  qui  a  aur  se*  rives  un  éta- 
hUaseonent  portngata  aimex  Important.  Il  y  a  un  antre  Rio 
Sanla-Anna  an-detaoua  do  cap  Santa-Marla. 

(S|  U  iiio  CataHna  des  cartes  modernes,  à  en? Iroa 
60  milles  do  cap  Ruxo. 

(4)  U  Ak>  Graniiê. 


su 


JSOLl  — 


le«  15"  et  11"*  degrés  de  lat.  nord.  Il  n'existe  de 
Noli  qu^on  Tragmeot  de  manascrit  qae  Grobei^ 
de  Hemsoê  a  recueilli  dans  ses  Annali  di  qeo- 
grafia  et  di  siaiistica  (Gènes,  1802, 2  toI.  in-8*, 
avec  cartes);  encore  ce  fragment  est-U  sons  le 
nom   û'Antonielio   Usodimare.    Raphaël  So- 
prani  a  découvert  dans  les  archives  de  Gânes  un 
manuscrit  intitulé  Itinerarium  Antonii  Usus- 
maris,  civis  januensis,  1455;  mais  Groberg, 
Walkenaër  et  Malte-Bnm ,  après  avoir  scrupu- 
leusement examiné  ce  manuscrit,  n*y  ont  reconnu 
aucun  caractère  d'authentidté;  sauf  quelques  let- 
tres du  navigateur  génois ,  le  surplus  n'est  qu'une 
compilation  sans  intelligence  des  relations  pré- 
cédentes. Il  se  pourrait  néanmoins  que  cet  itiné- 
raire fût  le  récit  des  expéditions  de  Noii  anté- 
rieures à  son  association  avec  Cada-Mosto  ^ 
1456  et  alors  qu'il  n'avait  fait  encore  que  recon- 
naître des  plages  déjà  découvertes.  La  date  1455, 
que  porte  le  manuscrit  de  Gènes,  rend  cette  sup- 
position assez  vraisemblable.  MM.  Alexandre  de 
Humboldt,  de  Santarem  et  Eyriès  se  sont  livi^ 
à  des  recherches  fort  intéressantes  pour  prouver 
que   l'on  doit  identifier  Antoniotto  Usodimare 
avec  Antonio  de  Noli.  Leurs  savants  travaux  ont 
complètement  éclairci  ce  point.        A.  ne  L. 

LuiKi  Cada-Mosto.  La  prima  NavigazàOM  per  rO^ 
eeano  aile  terre  de'  negri  delta  bassa  Etiopia  (Vicence, 
1M7,  Jn-4«>,  cl  Mlljin.  1619)    —  f^mvaXo,  Navigaxiane  e 
riaggii,  t.  l»'.  -  Crina:u4,  Novus  Orbis  revimum  ac 
intularvm    reUrtàut  incognitarum,  etc.  (BAle,  1531, 
iD-fol.).  —  Mathartn  de  Rcdouel,  L«  noureaii  AJonde, tic. 
(Paris  1R13).  —  J.  Temporal,  Deaeripfion  Mstoriaie  de 
VAfriqw  (1958},  i.  Il,  p.  87S-ST7.-  WalkenaBr.  AnnaUs 
des  voyages,  ann.   l«07,  l  vu,  p.  t«.  —  Le  même,  fJû- 
toire  (lénerate  des  voyaget,  L  L  —  Baron  Alexandre  de 
Bamboldt.  Hist.  de  la  géographie  du  nouveau  con- 
tinent, t,  11,  p.  161.  -  Raphaël  Sopraal,  Dieti.  de»  a»- 
Uurt  liguriens,  -  Zurla,  Dei  Fiaggi  «  deUe  Scoperte 
Afrieané  di  Cada-JUosto  o  eolse,  isifi,  ln-8»).  —  KUlb, 
Cesehiehte  der  Entdeckvnffsreiren  'Msyence,  1841),  t.  I. 
—  vicomte  de  Santarem,  Hecherchet  sur  ta  priorité  de 
la  découverte  des  pays  situés  sur  Us  côte  occidentaie 
^JfHvte,  au  delà  du  cap  Boiador,  etc.  (Parla.  18«I, 
In-S»).  -  VanTenac,  UUl,  générale  de  ta  marifu,  t.  U. 
p.  18S. 

Bot<i0i  (Denis),  érudit  français,  né  en  1648, 
à  Paris,  où  il  est  mort,  le  lo  avril  1710. 
Avocat  au  parlement  de  Paris,  il  quitta  de  bonne 
heure  le  barreau,  et  tourna  ses  études  vers  Vin 
ariture  sainte.  Il  avait  formé  une  riche  collec- 
tion d'éditions,  de  traductions  et  de  oommen- 
taires  de  la  Bible  ;  le  catalogue  en  fut  imprimé, 
et  il  la  légua  après  sa  mort  aux  pauvres  de  sa 
paroisse.  Sous  ranagrarooie  de  TV.  fndès  (  De- 
nis N.),  théologien  de  Salamanqne,  il  a  publié  : 
Lettre  où  Von  propose  la  manière  de  corri- 
ger la  version  grecque  des  Septante,  avec  des 
éclaircissements  sur  quelques  difficultés; 
Paris,  1708,  in-s^"  :  cet  écrit  donna  lieu  à  des 
Réflexions  des  PP.  de  Tourneminc  et  Souciet, 
dans  le  Journal  de  Trévoux  (juin,  1709),  i 
auxquels  Noiin  répondit  par  des  Observations 
(même  recueil,  janvier,  1710);  —  Deux  Disser-  \ 
talions,  Vune  sur  les  Bibles  françaises,  et  ' 
Tautre  sur  féclaircisstment  de  la  Disserta-  ' 
tion  anonyme  de  Vabbé  de  longuerue  et  des  | 


NOLÎJX  2,2 

Lettres  choisies  de  Simon  touchant  les  anti- 
quités des  Chaldéens  et  des  Égyptiens;  Paris, 
1710,  in-8**;  dans  la  première  il  ne  lait  guère 
qu'abréger  V Histoire  des  traductions  fran- 
cises de  V Ecriture  de  Lallooette ,  et  dans  U 
secoode  il  examine  une  question  de  plagiat;  - 
Lettres  sur  la  nouvelle  édition  des  Septanlef 
par  J,-Ern.  Grabe,  dans  le  /oum.  des  Sav. 
(Suppl.,  décembre  1710).  p.  L. 

MorérI,  Grand  Dict  hist. 

NOLiN  (Jean-Baptiste),  graveur  fançais,Dé 
«i  1657,  à  Paris,  où  il  est  mort,  en  1725.  U  fiit 
élève  de  Poilly,  et  fit  quelque  séjour  à  Rome 
pour  se  perfectionner  dans  son  art.  Les  princi- 
pales productions  qull  a  laissées  sont  :  La  Mul- 
tiplication des  pains  de  Raphaël,  VAdorafion 
des  bergers  de  Poussin,  Le  Renouvellement 
d'alliance  avec  les  Suisses,  tapisserie  de  Le 
Brun,  le  Frontispice  du  Glossaire  de  Du  Caoge 
(1678),  \b  portrait  d'Isaac  LemaistredeSiKy 
(1684),  et  une  série  de  Vues  du  château  de 
Versailles  pour  le  Cabinet  du  roi.  Il  se  lim 
au  commerce  d'estampes  et  ouvrit  une  boatiqoe 
dans  la  rue  Sainl-Jacques,  à  renseigne  de  la 
place  des  Victoires,  Il  se  mit  aussi  à  vendre  des 
cartes  géographiques ,  et  il  en  grava  un  grand 
nombre ,  qui  sont  encore  recherchées  des  anna- 
teurs  pour  leur  netleté  et  les  ornements  dont  il 
les  accompagnait  ;  on  remarque  notamment  ceM 
qui  portent  le  nom  de  71î//einon  ( Nicolas  de  Tra- 
lage),  la  carte  de  France  en  6  feuilles  (1692). 
qui  porte  en  encadrement  les  portraits  en  mé- 
dailles de  tous  les  rois  jusqu'à  Louis  XIV  ;  celle 
dn  globe  terrestre,  en  7  feuilles,  dont  quatre 
d'ornements ,  etc.  NoIin  prenait  les  titres  de 
«  graveur  dn  roi  et  de  géographe  du  duc  d'Or- 
léans, »  titres  usurpés  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la 
plainte  portée  contre  lui,  en  1 705,  par  Guillaume 
Delisle,  qui  réussit  à  le  faire  condamner  comme 
plagiaire  de  ses  ouvrages. 

Son  fils>  Jean-Baptiste  Nolin,  né  en  1086» 
à  Paris,  mort  le  1*''  juillet  1762,  cootinoa  le 
même  commerce.  U  publia  des  cartes  et  des 
atlas,  cités  en  partie  par  Lenglet-Dufresnoy,daDS 
sa  Méthode  pour  étudier  la  géographie. 

Un  écrivain  du  même  nom ,  Tabbé  Nouh,  né 
en  Lorraineet  chanoine  de  Saint-Marcel,  à  Paris, 
se  distingua  dans  le  dernier  siècle  par  son  fpût 
pour  les  plantes.  C'est  à  lui  que  Ton  doit,  d'a- 
près De  Grâce  et  Ddaunay,  antem*s  do  Bon 
Jardinier,  l'introduction  dans  nos  jardins  de 
plusieurs  arbustes  étrangers.  Delille  parie  de  lai 
dans  le  second  chant  des  Géorgiques  françaises. 
Il  fut  le  premier  directeur  de  la  pépinière  fon- 
dée, sur  sa  demande,  à  Paris  dans  le  faubourg  du 
Roule ,  et  destinée  à  la  culture  des  arbres  et  t^ 
gétaux  exotiques;  il  eut  pour  successeur  le  bo- 
taniste Dupetit-Thooars.  Nolin  est  en  général 
qualifié  de  décorateur  des  jardins  du  roi.  On  a 
de  lui  :  Essai  sur  Vagriculture  moderne,  dans 
lequel  il  est  traité  des  arbres,  des  arbris- 
seaux, oignons  de  fleurs  et  arbres  fruitiers' 


2f3  WOLIN  — 

Paris,  i7dâ,  10-12,  publié  «ousie  Toilede  l'ano- 
Djme  et  en  société  avec  Tabbé  Blavet.    P.  L. 

Ba»n,  OI«t.  des  çravevrt.  —  l^nglet-l>oftre«»oy,  AW- 
tkodejKfHr  étudier  la  çeùtrapMe.  —  De  GrAre,  ^ima- 
Mc*  d»  Aph  Jardinier,  17M-I79f . 

soiXB  (Henri),  physideii  allemand,  tivait 
ao  eommenoeinent  du  seizième  aiècle.  11  ensei'- 
pa  b  phikMophie  an  gymnase  de  Steinfurt,  puis 
à  runiversité  de  GieMen,  et  devint  enlin  pasteur 
à  Darmetadt.  Tous  ses  loisirs  étaient  consacrés 
i  l'étude  des  sciences  naturelles,  sur  lesquelles 
fl  écrivit  plasieiirs  ouvrages,  remplis  d'hypo- 
tbèaes  6iDgnlière8,dan8  le  goût  des  idées  de  Pa- 
ncelse,  qoHl  re^rdait  comme  son  mattre.  On 
a  de  loi  :  Verm  pàysices  compendium  tiovum  ; 
Steinfurt,  16tft,  iii-8*;  —  ir<  €i  perpropriam 
indagalionem  et  per  revelaiUniêm  aliqtUd 
ducendi;  ibid.,  1617  ;  ^  TÂeoria  pkilMopMM 
ktmUicxi  Hanau,  1617,  in-8*  ;  —  Sanclua- 
ftttm  naiur»  quod  est  phgsica  hermetica; 
Francfort,  1619,  in-ft*  ;  -^  Via  sapienlix  trina  ; 
Steinfurt,  1620,  in-6«.  O. 

BdDmMiB,  EinUitung  in  die  Hitioria  Uteraria^etc; 
ftftie  III,  p.  US. 

ROLLEEKNS  { JoMeph-Françùis) ,  peintre 
flamand,  né  à  Anvers,  en  1688,  mort  à  Londres, 
k  21  janvier  1748.  Il  était  élève  de  Cillemans, 
et  vint  s*établir  fort  jeune  en  Angleterre,  où  le 
eoiDte  de  Tilney  et  lord  Cobham  à  Stowe  l'occu- 
pèrent beaucoup.  Il  avait  surtout  étudié  les  ou- 
vrages de  Watteau  et  de  Panini,  et  peignit  dans 
le  même  genre  des  Paysages ,  des  Scènes  de 
bergers,  des  Fêtes  pastoxales,  des  Jeux  d'en- 
Mit  etc. 

KOLLBKBNS  (Joseph),  sculpteur  anglais, 
fiU  du  précédent,  né  le  11  août  1737,  à  Londres, 
où  il  est  mort,  le  23  avril  1803.  Son  instruction 
trait  été  bien  négligée  :  on  lui  apprit  à  lire  et  à 
écrire,  et  dans  la  suite  il  ne  s*inquiéta  jamais 
d'en  savoir  davantage.  Placé  à  treize  ans  chez 
le  sculpteur  Scbeemakers ,  il  gagna  divers  prix 
aux  concours  de  la  Société  des  Arts.  Ce  fut  en 
1760  qu'il  se  rendit  à  Rome  :  il  y  exécuta  quel- 
ques beaux  ouvrages,  qui  lui  attirèrent  les  suf- 
frages d'amateurs  éclairés,  notamment  les  bustes 
de  Garrick  et  de  Sterne ,  et  deux  groupes  en 
narfore,  Timoclée  en  présence  d'Alexandre 
et  Mercure  et  Vénus  gourmandant  V Amour. 
Tout  en  poursulTant  ses  études ,  il  s'adonna  à 
no  genre  de  travaux  plus  lucratifs,  et  où  il  se 
distingua  par  une  incroyable  dextérité;  nous 
vonlops  parier  de  la  restauration  des  statues  et 
o^ets  d*art;  il  transforma  son  atelier  en  une 
véritable  fobrique  d'antiques,  et  nul  ne  fut  plus 
tdroH  que  lui  à  rajuster  une  tète ,  un  torse  ou 
des  membres.  Une  Minerve  ainsi  accommodée 
ptr  lai  fot  achetée  au  prix  de  25,000  fr.  pour 
vnecoltectiondu  Yorkshire.  Après  un  séjour  d'en- 
^ron  dix  ans  en  Italie ,  séjour  qui  lui  fut  profi- 
table de  toutes  les  manières,  il  revint  s'établir 
•  Londres,  et  fut  élu  membre  de  l'Académie  des 
I)<anx-art8.  Peu  d'artistes  ont  joui  d'une  vogue 
si  durable  et  si  excessive.  Ce  fut  pendant  long- 


NOLLET 


214 


temps  une  mode  d'aller  poser  clinz  ^'(>llekclis; 
il  avait  parfois  jusqu'à  quatre  séances  par  jour. 
Les  grands  seigneurs  se  donnaient  rendez -vous 
dans  son  atelier  pour  s'y  amuser  de  ses  façons 
brusques,  de  ses  saillies,  de  ses  grossièretés 
même  ;  il  ne  manquait  pourtant  à  l'occasion  ni 
de  tact  ni  de  finesse.  NoUekens  avait  choisi,  afin 
de  s'enrichir  plus  sûrement ,  les  deux  branches 
productires  de  son  art ,  les  bustes  et  les  tom- 
beaux ;  dans  ce  dernier  genre,  on  dte  ceux  de 
M""  Howard  (à  Corby  Castle)  et  des  capitaines 
Manners,  Bayne  et  Blatr  (à  Tabbaye  de  West- 
minster). Travailleur  infatigable,  il  n'a  pas  né- 
gligé la  grande  sculpture,  etc.  ;  outre  les  mor- 
ceaux dont  il  a  été  questi^m,  il  a  encore  exécuté 
le  groupe  Cupidon  et  Psyché,  et  la  Vénvs  de 
Eockingham,  qui  passe  pour  son  chef-d'œuvre. 
Cet  artiste,  qui  était  d'une  avarice  sordide,  avait 
amassé  une  fortune  prindère  (  plus  de  cinq  mil- 
lions de  fr.  )  ;  illa  légua  en  mourant  à  deux  de 
ses  amis.  P.  L— t.  • 

Thomas  Smith,  Noileken»  ont  Ml  timet  ;  Lond.«  ISN, 
1  Toi.  lo-a*. 

ROLLCT  (  Dominique)^  peintre  belge,  né  li 
Bruges,  en  1640,  mort  à  Paris,  en  1738.  On  ne 
connaît  pas  le  nom  de  son  maître;  mais  son 
genre  est  celui  de  yan  der  Menlen,  avec  lequel 
il  hitta  souvent  avec  suceès.  Noilet  fut  reçu 
dans  la  Société  des  peintres  de  sa  ville  natale, 
le  19  juin  1687.  MaximiKen,  électeur  de  Bavière, 
alors  gouyemeur  des  Pay^-Bas,  l'attacha  à  sa 
personne  avec  une  forte  pension.  Noilet  suivit 
ce  prince  dans  sa  fortnne,  bonne  ou  mauvaise. 
Tint  avec  lui  à  Paris,  et  l'accompagna  ensuite 
en  Bavière  et  ne  revint  en  France  qu'après  la 
mort  de  son  protecteur.  Noilet  peignait  l'histoire 
et  les  batailles;  ce  dernier  genre  est  celui  dans 
lequel  il  a  le  mieux  réussi.  «  Ses  paysages,  dit 
Descamps,  sont  très-variés  ;  les  arbres  sont  bien 
toutfhés  et  de  fort  bonne  couleur.  Ses  batailles, 
ses  campements,  ses  sièges  de  ville,  ses  marches 
d'armées,  sont  traités  avec  feu   et  avec  une 
grande  vérité.  On  ne  peut  avoir  plus  de  facilité; 
ti  semble  de  près  que  quelques-uns  de  ses  ta- 
bleaux ne  soient  qu'à  moitié  faits.  A  peine  la 
toile  ou  le  panneau  est-il  couvert  de  couleur; 
mais  à  une  certaine  distance  on  est  frappé  de 
l'harmonie  et  de  la  chaleur  qui  régnent  partout. 
Son  dessin  est  correct  et  spirituel.  »  Quoique 
NoHet  ait  demeuré  longtemps  à  Paris,  la  plupart 
de  ses  ouvrages  sont  en  Allemagne,  en  BJavièra, 
en  Belgique.  On  dte  particuKèrement  de  lui  :  à 
Bruges,  dans  l'église  Saint- Jacques ,  plusieurs 
sujets  tirés  du  Nouveau-Testament,  et  aux  Carmes 
de  la  même  ville  :  Sa^t  Louis  reçu  par  tes 
Cqrmes  9ur  ta  Terre  Sainte.  A.  ne  L. 

Deseamps,  La  Fie  des  peMtrts  ftmnanét.i.  Il,  p.  iVf . 

ifOLLBT  (/ean-iin^oine),  physicien  français,, 
né  le  la  novembre  1700,  à  Pimpré,  village  du 
diocèse  de  Noyon,  mort  le  25  avril  1770,  à  Paris. 
Ses  parents  étaient  de  pauvres  cultivateurs;  à 
déraiit  des  biens  de  la  fortune,  ils  voulurent  lu» 


215 


KOLLET 


316 


assarer  TavanUge  d'une  bonne  éducation ,  et  »  i 
sur  le  conseil  du  curé  de  leur  village,  ils  le  pla- 
cèrent au  collège  de  Clemoont,  puis  à  celui  de 
Beauvais.  Lea  succès  qu'il  eut  dans  le  cours  de 
ses  humanités  le  déterminèrent  à  l'envoyer  à 
Paris  pour  y  éludier  la  plûlosophie.  Destiné  à 
l'état  ecclésiastique,  le  jeune  Noilet  obéit  sans 
répugnance  à  la  volonté  de  sa  Tamille,  devint 
Jicencié  en  théologie  et  fut  chargé  de  surveiller 
l'éducation  des  enfants  de  Taitbout,  greffier  de 
1»  ville.  A  peine  eut-il  reçu  le  diaconat  qu'il  sol- 
licita une  dispense  pour  prêcher* 

Bientôt  l'amour  des  sciences  l'emporta  chez 
lui,  et  il  se  livra  à  l'étude  de  la  physique  avec 
une  ardeur  d'autant  plus  exclusive  qu'il  en  avait 
été  éloigné  depuis^  longtemps.  Conjointement  avec 
Dufay,  il  choisit  l'électricité  pour  sujet  de  ses 
recherclies,  et  ne  tarda  pas  à  se  distinguer  par 
le  nombre  et  la  nouveauté  de  ses  expériences 
accomplies  dans  le  laboratoire  de  Réaumur,  qui 
l'avait  mis  généreusement  à  même  de  disposer 
<le  ses  machines  et  appareils.  Il  fut  le  premier  à 
reconnaître  que  les  corps  aignisés  dégagent  des 
<»urants  lumineux,  mais  ne  manifestent  pas  à 
d'autres  égards  cette  puissance  électrique  tirée 
•des  corps  émonssés;  que  la  (ùœéede  linge  et  de 
bois  brôlé  ainsi  que  la  vapeur  d'eau  étaient  de 
meilleurs  conducteurs  que  la  fumée  de  gomme, 
de  térébenthine  ou  de  soufre  ;  qu'un  tube  excité 
ne  perdait  rien  de  l'électricité,  même  en  étant 
placé  au  foyer  d'un  miroir  concave  qui  réflédiis- 
sait  les  feux  du  soleil;  que  le  verre  et  d'antres 
4x>rps  non  conducteurs  étaient  plus  fortement  in- 
fluencés dans  l'air  que  dans  le  vide;  qu'un  mor- 
ceau de  laine  imbibé  d'essence  de  térébenthine 
dégageait  le  fluide  électrique  en  abondance;  enfin 
que  l'électricité  accélère  l'évaporation  iiatu- 
rêlle  des  fluides  et  que  l'effet  en  est  plus  rapide 
encore  quand  on  enferme  les  fluide  dans  des 
récipients  non  électriques.  En  répétant  les  ex- 
périences de  Boze  sur  le  dégagement  du  fluide 
électrique  dans  les  tubes ,  Mollet  constata  qu'il 
n*y  avait  pas  d'accélération  sensible  lorsque  le 
calibre  du  tube  excédait  un  pouce  et  demi  de 
diamètre;  il  observa  pourtant  que  si  le  tube 
était  très-étroit,  le  fluide  électrique  se  divisait 
en  plusieurs  courants  qui  en  augmentaient  la  vi- 
tesse, et  offrait  un  aspect  brillant  au  milieu  des 
ténèbres.  Il  électrisa  pendant  plusieurs  jours  une 
certaine  quantité  de  terreau  où  l'on  avait  semé 
des  graines,  et  crut  s'apercevoir  que  ces  graines 
giermaient  plus  vite  qu'à  l'ordinaire.  Il  soumit  à 
une  semblable  épreuve  des  chats,  des  pigeons, 
des  moineaux,  et  slmagina  de  même  les  avoir 
rendus  plus  légers  et  plus  agiles,  concluant  de 
là  que  l'électricité  active  à  un  remarquable 'd^ 
gré  la  transpiration  insensible  de  ces  animaux. 
On  doit  ajouter  que  ces  expériences ,  fréquem- 
ment renouvelées  depuis,  n'ont  pas  corrotwré 
les  inductions  de  Noilet,  et  qu'entre  autres  choses 
les  tentatives  faites  pour  accroître  au  moyen 
de  l'électricité  le  développement  des  végétaux 


ont  manifestement  échoué.  Il  ne  fut  pas  plus 
heureux  dans  l'hypothèse  qu'il  émit  touchant  la 
nature  du  fluide  électrique  :  selon  lui  ce  fluide 
possède  un  double  mouvement  d'afflux  et  d'ef- 
flnx,  en  vertu  duquel  il  attire  on  repousse 
toute  chose  légère,  et  c'est  afln  de  l'aspirer  ou 
de  l'émettre  plus  aisément  que  chaque  corps 
est  pourvu  de  denx  différentes  sortes  de  pores. 
Celte  hypothèse  singulière  n'a  jamais  été  admise 
par  les  savants. 

Ces  nombreux  travaux  acquirent  bien  vite  i 
l'abbé  Noilet  une  célébrité  qu'il  n'ambitionnait 
pas.  £n  1734  il  se  rendit  à  Londres  en  compa- 
gnie de  Diifay,  de  Duhamel  et  de  Jnssieo  ;  son 
mérite  le  fit  admettre  dans  la  Société  royale  des 
sdenoes  sans  quMl  eOt  brigué  cet  honneur.  Deux 
ans  plus  tard  il  passa  en  Hollande  (1736),  et  se 
lia  avec  Desaguliers,  S' Gravesende  et  Musacheo- 
broek,^ont  l'amitié  constante  ne  fit  pas  moins 
l'éloge  de  son  cœur  que  de  ses  connaissances. 
De  retour  à  Paris,  il  reprit  le  cours  de  physique 
expérimentale  qu'il  avait  ouvert  en  1735  et  qu'il 
continua  de  faire  Jusqu'en  1700.  Cet  enseigne- 
ment particulier,  entrepris  aux  frais  de  Kollet, 
donna  lieu  dans  la  suite  à  d'autres  cours  du 
même  genre  pour  la  chimie,  l'anatomie,  l'his- 
toire naturelle,  etc.  £n  1738  ce  savant  fut,  sur 
la  proposition  du  comte  de  Maurepas,  nommé 
par  le  cardinal  de  Fleury  à  une  chaire  publique 
de  physique  expérimentale,  créée  ex  près  pour  lui. 
La  voix  publique  l'avait  déjà  désigné  pour  occu- 
per un  siège  à  l'Académie  des  sciences.  Au  com- 
mencement de  1 739,  il  fut  jugé  digne  de  suc- 
céder à  BufTon,  qui  venait  de  quitter  la  place 
d'adjoint  mécanicien  pour  celle  d'adjoint  bota- 
niste ;  il  devint  en  1742  associé  après  la  mort  de 
Privât  de  Molières,  et  en  novembre  1758  il 
remplaça  comme  pensionnaire  Réaumur,  son 
maître  et  son  ami.  Au  mois  d'avril  1739,  Noilet, 
appelé  à  la  cour  du  roi  de  Sardaigne,  donna  des 
leçons  de  physique  au  duc  de  Savoie^  et  mêla 
son  nom  à  celui  des  fondateurs  de  l'université  de 
Turin.  Après  avoir  donné  des  leçons  publique^ 
à  Bordeaux,  il  répéta  en  1744,  en  présence  du 
dauphin,  ses  expériences  les  plus  curieu.ses,  aux- 
quelles le  roi  et  la  famille  royale  assistèrent  sou- 
vent Le  dauphin,  qui.  l'honorait  de  son  amitié 
et  qui  aurait  désiré  être  utile  à  sa  fortune, 
l'engagea  d'aller  faire  sa  cour  à  un  homme  en 
place.  L'abbé  Noilet  trouva  dans  ce  personnage 
un  protecteur  des  plus  froids,  qui,  ayant  jeté  un 
coup  d'dsil  distrait  sur  ses  ouvrages,  lui  dit  qu'il 
ne  lisait  guère  ces  sortes  de  livres.  «  Monsieur, 
répliqua  l'abbé,  voulez- vous  permettre  que  je 
les  laisse  dans  votre  antichambre?  H  s'y  trou- 
vera peut-être  des  gens  d'esprit  qui  les  liront 
avec  plaisir.  » 

En  1749  Noilet  entreprit  un  second  voyage  en 
Italie;  l'électricité  n'y  fut  pas  le  seiil  objet  de 
ses  recherches ,  H  eut  l'occasion  de  fùre  sur  les 
arts  et  Tagriculture  des  observations  remplies 
d'intérêt.  Appelé  en  1753  à  la  chaire  de  pby- 


217 


NOU.ET  —  NOLTEN 


21» 


sique  expérimentale  qui  venait  d'être  établie  aa 
collège  de  Navarre,  il  Toccupa  avec  tant  d*éclat 
et  de  capacité  qu'en  1757  il  obtint  le  titre  de 
maître  de  phy&iqoe  et  d'histoire  naturelle  dea 
enfants  de  France.  Quelques  années  après  il  fut 
chargé  d'enseigner  ces  sciences  aux  élèves  de 
récole  du  génie  de  Mézières  (  1761  ).  «  Ni  TAge 
ni  Talsanee  qu'il  devait  à  ses  talents,  dit  Grand- 
Jean  de  Fouchy,  ne  ralentirent  son  goût  pour  le 
travail...  L'abbé  Nollet  avait  celte  simplicité  de 
UMPurs  qui  semble  tenir  aux  sciences  auxquelles 
il  s'était  livré.  Toujours  calme,  toujours  tran- 
quille, la  physique  seule  avait  le  droit  de  l'ani- 
mer ;  il  en  parlait  en  homme  passionné.  Avec 
les  vertus  de  son  état,  il  avait  une  bienfaisance 
modeste,  dont  la  mort  seule  a  trahi  le  secret.  On 
connaissait  sa  tendresse  pour  sa  famille  :  des 
lettres  trouvées  dans  ses  papiers  ont  révélé  le 
bien  qui!  faisait  à  des  étrangers.  » 

On  a  de  l'abbé  Nollet  :  Programme  ou  idée 
générale  d'un  ciwr«  de  physique  expérimen- 
tale; Paris,  1738,  in-12;  —  Uçont  de  phy- 
sique expérimentale;  Paris,  1743  et  ann.  suiv., 
6  vol.  in  13;  4*  édit.,  1754,  6  vol.  in-12.  Cet 
ouvrage  a  été  souvent  réimprimé  :  les  éditions 
de  17&9,  et  celles  qui  sont  postérieures,  sont 
les  plus  estimées.  «  On  y  admire,  dit  Grandjean 
lie  Foochy,  une  méthode  inconnue  jusqu'alors, 
une  netteté  singulière  dans  les  idées  et  dans  la 
manière  de  les  exprimer.  Nollet  eut  l'art  d'assu* 
jettirtoat  à  l'expérience,  de  soumettre  les  véri- 
tés intellectuelles  au  jugement  des  sens  »  Bien 
qu'il  soit  regardé  à  tort  comme  le  père  de  la 
physique  expérimentale  en  France,  honneur  qui 
appartient  à  Pierre  Polinière ,  il  sut  donner  à 
ses  démonstrations  plus  de  charme  et  d'intérêt, 
et  il  fit  faire  à  la  science  de  véritables  progrès  ; 
—  Sssai  sur  Vélectricité  des  corps  ;  Paris, 
1747*  in- 12;  en  1749  il  publia  une  Réponse  à 
la  critique  de  cet  essai  ;  —  Recherches  sur  les 
causes  particulières  des  phénomènes  élec* 
triques;  Paris,  1749,  1754,  in-12;  —  Lettres 
sur  rélectricUé;  Pari»,  1753,  17C0,  3  vol.in-12; 
^  Discours  sur  les  dispositions  et  sur  les  quo' 
Hiés  quHl  faut  avoir  pourjaire  du  progrès 
dans  l'étude  de  la  physique  expérimentale; 
Paris,  1751,  in-4»;  —  VArt  de  faire  les  cha- 
peaux; Paris,  1765,  in-fol.  pi.,  faisant  partie  de 
redit  in  folio  des  Descriptions  des  arts  et  mé- 
tiers faites  ou  approuvées  par  les  membres  de 
l'Acadi^mie  des  sciences,  et  de  Tédit.  in-4*,tmpr. 
à  Neufchâtel  ;  —  VÀrt  des  expériences,  ou  avis 
aux  amateurs  de  physique  sur  le  c/ioix,  la 
construction  et  Vusage  des  instruments^  etc.  ; 
Paris,  1770,3  vol.  in-12,  fig.;  3»  édit.,  1784, 
3  vol.  in-12.  On  doit  encore  à  l'abbé  Nollet  une 
série  d'importants  mémoires  sur  différents  su- 
jets depliyMque,  insérés  de  1740  à  1767  dans  le 
rectidl  de  l'Académie  des  sciences  ;  nous  citerons 
lei  suivants  :  Sur  les  instruments  propres  aux 
expériences  de  Vair,  en  trois  parties  (  i740- 
1741);  Sur  la  manière  dont  se  forment  les 


glaçons  qui  flottent  sur  les  grandes  rivières 
(1743)  ;  Sur  Vouie  des  poissons  et  sur  latrans» 
mission  des  sons  dans  Ceau  (1743);  Éclair- 
cissements- sur  plusieurs  Jaits  concernant 
Vélectricité  (1747-1748),  en  quatre  parties;  Ex- 
périences de  Vélectricité  appliquée  à  des  pa- 
ralytiques (1749),  avec  Sauveur  Morand  ;  Com- 
paraison raisonnée  des  plus  célèbres  phé- 
nomènes de  Vélectricité  (1753),  tendant  à  faire 
voir  que  les  phénomènes  connus  alors  pouvaient 
se  rapporter  à  un  petit  nombre  de  faits  qui 
étaient  comme  la  source  de  tous  les  antres; 
Nouvelles  expériences  faites  avec  les  rayons 
solaires  rassemblés  tant  de  réflexion  que 
par  réfraction  (1757)  ;  Sur  les  effets  du  ton* 
nerre  comparés  à  ceux  de  Vélectricité  (1764), 
et  Expériences  sur  la  poudre  à  canon  em- 
ployée  en  différents  états  (1767).  Il  y  a  aussi 
quelques  mémoires  de  ce  savant  dans  les  Phi- 
losophical  transactions  de  la  Société  royale 
de  Londres.  P.  L. 

GrandloiD  de  Foochy,  ÉlOffê  de  J^A,  fMlet,  dans  lot 
Mémoires  de  fjrad.  de»  «c.,  ITIO.  —  Néerologe  de$ 
homwtet  eélibret  de  France,  1771.  —  The  EnçlUek  cy- 
elopmdia,  édit.  Kntght. 

ROLPB  (Pierre),  graveur  hollandais,  né  en 
1601,  à  La  Haye.  On  ne  connaît  aucune  des  cir» 
constances  de  sa  vie  ;  il  travaillait  à  La  Haye  et 
florissait  de  1630  à  1670.  Il  cultiva  d'abord  la 
peinture;  mais  ses  ouvrages  en  ce  genre,  fort 
m^liocres  apparemment,  sont  tombés  dans  l'ou- 
bli. Comme  graveur  il  acquit  l)eaucoup  de  ré- 
putation ;  ses  planches,  fort  estimées  encore  au- 
jourdliui ,  et  exécutées  soit  à  l'eau-forte  soit  au 
burin  avec  une  intelligence  parfaite,  attestent  quMI 
possédait  le  génie  de  son  art.  Son  œuvre  se  com- 
pose d'une  centaine  de  pièces  gravées  d'après 
Pierre  Polter,  Quast,  Breenberg,  Rubens,  etc. 
On  remarque  les  suivants  :  V Adoration  des 
Mages ,  de  Rubens  ;  Les  Mois  (8  pi.),  de  Polter; 
La  Rupture  de  la  digue  Saint-Antoine  hors 
d* Amsterdam  de  W.  Schellinckx,  qui  passe 
pour  un  véritable  chef-d'œuvre;  La  Vie  des 
paysans  (  10  pi.)  et  Les  Gueux  (18  pi.)  de 
Quast;  huit  Paysages  de  Nieulandt.         K. 

BaMfi,  DM,  des  graveuTtm  —  Aberedario  de  MarteUe. 
—  Huber  et  aost.  Manuel  de  t  amatemr,  V. 

2COLTR9I  (Jean-Arnold) y  en  latin  NoUe- 
ntus,  théologien  allemand,  né  le  16  avril  1683» 
àSparemberg(WeMphalie),  mort  le  2  mars  1740, 
à  Berlin.  Il  appartenait  à  une  famille  hollandaise 
que  les  persécutions  du  duc  d'Albe  dispersèrent 
dans  le  nord  de  l'Allemagne.  Après  avoir  étudié 
la  théologie  à  Franeker  et  à  Duysbourg,  il  fut 
appelé  par  Télectrice  douairière  Sophie  à  exer- 
cer les  fonctions  pastorales  à  Hanovre  (1709). 
Dix  ans  plus  tard  il  vint  occuper  la  cliaire  de 
théologie  deFrancfort-sur-roder  (1718).  Nommé 
chapelain  do  roi  en  1720,  il  entra  dans  les  con- 
seils ecclésiastiques,  et  fut  chargé  de  surveiller 
l'éducation  des  jeunes  princes.  Nous  citerons  de 
loi  :  De  judiciis  sanctorum  in  mundum  et 
angelos;  Brème,  1718,  in-4*;  —  Argumentun^ 


219  WOLTEN  — 

pro  veritate  religionU  chrùtianee,  ex  mira' 
^ulis  desumtum;  Francfort-snr-l'Oder,  17 1  S, 
iii-4*  ;  —  !n  prophetiam  Ziphanix;  îbid.,  17 19- 
17Î0,  fii-4o;  —  Miscellan-Predigten  (Sermons 
choisis);  ibid.,  1737,  ia-4o;  _  plosieors  mor- 
ceaux dans  la  Biblioth.  Bremensis,  entre  au- 
tres une  corieuse  leltrede  1734,  où  il  rend  compte 
du  miracle  chimîqiie  opéré  à  Berlin  à  IMmita* 
Uon  de  celai  de  saint  Janvier  à  Naples.      K. 

Heiinf ,  Beitr.  iur  r.eseh.  d«r  refcrm.  Ktrehn  in  Bran- 
denburç,  I,  eo.  —  Ckavfepié,  Ncuvtau  Dlet.  hktt. 

HeLTBif  [Jean-Frédéric) ,  philologue  alle- 
Tnaad,  né  le  15  juin  1A94,  à  Eirobeck,  mort  le 
15  juillet  1774.  Fils  de  Paul  Nolten,  poëte  latin 
distingué,  qui  defint  recteur  à  Scinmingen ,  il 
fut  nommé  en  1747  recteur  de  Técote  de  cette 
TiUe.  On  a  de  lui  :  De  barbarie  imminente; 
1715,  in^";—  Ltxikon  latin»  lingux  anti^ 
batbarum  ;  Helmstaedt,  1740,  in-8*  ;  réimprimé 
à  Venise,  en  1743;  une  Bouvelle  édition,  aug- 
mentée, parut  à  Leipzig,  1744,in-8°;  une  seconde 
partie  fut  publiée  en  1768,  d'aprèsles  manuscrits 
de  l'auteur  ;  les  deux  réunies  parurent  à  Berlin , 
1790,  2  Tul.  in-8*,  par  les  soins  de  Wichmann  : 
cet  ouvrage  est  encore  un  excellent  guide  pour 
ceux  qui  désirent  écrire  le  latin  avec  pureté. 

Son  frère  iRodolphe^Augiute),  né  le  28  jan- 

irier  1703,  à  Scbœningen ,  mort  le  16  septembre 

1752,  a  publié  plusieurs  ouvrages  de  droit  et 

d*érudition,  dont  les  principaux  sont  :  Com- 

pectus  Ihesauriantiquitatum  germanicarum; 

Leipzig,  1738,  in-4^;  —  Commercitim  litera- 

rium  clarorum  vtrontm,  cum  prxfatione  de 

potioribus  epiitolarum  coUeetionibus  ;  ibid., 

1737-1738,  2  vol.  in-8";  —  Degenuinis  hista- 

rim  Rtusicx  fontibus;  Leipzig,  1739,  in-4^. 

f  1  a  donné  aussi  une  édition  de  la  Chronique  de 

Wol/enbûltel  de  Woltereck;  Helmstœd,  1747, 

in-fol.  ;  enfin,  il  a  aidé  Gobel  à  publier  les  Œuvre* 

de  Conring.  O. 

Ballrnftad.  Fita  NoUeiiH  (HelnsUedt  ;  17M,  lii-4«).  * 
SlToitmmn^  Jettttebende  Celéhrten^  t.  XI.  —  Meaiel, 
ÊMcikon.  —  Cb.  OcMOloB,  Dui  Meiferreckt,  t.  I,  p.  4t. 

NOHBRET  (Saint- Laurent  ),  auteur  drama- 
tique français,  mort  à  Boulogne,  près  Paris,  au 
mois  d*août  1833.  Il  occupait  une  place  impor- 
faute  dans  Padministratiou  des  ponts  et  chaus- 
sées, et  il  était  jeune  encore  lorsqu'il  termina 
une  carrière  qu'il  avait  marquée  par  de  nom- 
breux succès  sur  les  scènes  de  genre.  H  avait 
un  talent  particulier  pour  la  chanson.  Parmi 
ses  vaudevilles,  écrits  en  société  avec  Désan- 
giers,Théau!on,  WafQard,  Dartois,Saintien,  etc., 
et  qu'il  signait  du  nom  Saint 'Laurent,  nous 
citerons  le  Coiffeur  et  le  Perruquier,  Les  Cou- 
êurièreSf  Le  Mardi  gras^  Le  Bandit,  Bona- 
parte lieutenant  d'artillerie  ,  Les  Cartes  de 
visite,  et  Le  Mari  par  intérim, 

HcDrioD,  jtnnuaire  neero/O0.,  II.  — >  LUlér.  franc. 
€onUmp. 

icoHiifoÉ,  roi  de  Bretagne,  né  vers  la  fin  du 

huitième  siècle,  mort  en  851 .  Personne  n'ignore 

que  les  Bretons  insulaires  diassés  de  leur  |)ays 


NOMINOË 


220 


par  les  Angk>-Saxons,  après  plus  d*un  siècle  de 
luttes  hénnques,  s'en  vinrent,  par  bandes  succès 
sives,  chercher  un  refuge  dans  la  presqulle  ar- 
moricaine, où  leur  nombre  s'accrut  tellement  que 
dès  le  sixième  siècle  le  nom  de  Bretagne  était 
donné  à  leur  nouvelle  patrie.  Cantonnés  sur  un 
territoire  dont  faisaient  partie  les  deux  cités  des 
Osismes,  des  Curiosolites  et  une  grande  partie 
de  l'antique  pagta  Venetensis,  les  Bretons  se 
trouvèrent  bientôt  en  contact  avec  les  Francs, 
qui  depuis  497  avaient  conclu  avec  les  cités 
armoricaines  Talliance  la  plus  étroite.  As.si:ûcttis 
à  la  suprématie  des  rois  mérovingiens,  les  prin- 
ces de  la  petite  Bretagne  réussirent,  à  force 
de  courage,  et  grftce  aux  moyens  de  défense  de 
toutes  espèces  qu'offrait  leur  pays,  à  conserver 
jusqu'à  la  fin  du  huitième  siècle  une  réelle  in- 
dépendance. Mais  dans  la  dernière  moitié  du 
règpe  de  Charlemagne  les  clioses  changèrent 
de  face.  En  786,  Ândulf,  grand-mattre  de  la 
maison  impériale,  entra  dans  rArroorique,  à  la 
tête  d'une  armée  formidable ,  et  battit  successi- 
vement les  divers  petits  souverains  du  pays. 
Toutefois,  ce  fut  en  799  que ,  ;po«r  to  première 
fbis ,  dit  l'Annaliste  de  Metz ,  les  Francs  réus- 
sirent à  dompter  les  Bretons  jusqu'alors  invin- 
cibles :  tota  Britannorum  provincia,  quod 
nunquamantea  fuerat,a  Francis  subjugala 
est.  Cette  victoire  si  complète  ne  découragea 
pas  les  vaincus  :  ils  reprirent  les  armes  eo  809, 
puis  en  81 1,  et  l'année  même  où  mourut  Char- 
lemagne  ils  choisissaient  pour  chef  de  guerre 
un  tyern  nommé  Jamithin. 

Louis  le  Débonnaire  était  à  peine  assis  sur  le 
trdne,  qu'il  lui  fallut  à  son  tour  marcher  contre 
les  Bretons  révoltés.  Deux  fois,  en  818  et  en 
824,  l'empereur  fut  obligé  de  conduire  dans  la 
Bretagne  toutes  les  forces  de  ses  États.  En  826 
nouvelle  révolte,  et  elle  menaçait  de  devenir 
générale,  lorsque  les  Francs  réussirent,  par  ruse, 
à  s'emparer  du  Pentyern  Wlomarch,  qu'ils  tuè- 
rent sur  place.  A  la  suite  de  cet  événement,  les 
principaux  chefs  bretons  furent  conduits,  par  les 
comtes  préposés  à  la  garde  de  leurs  frontières, 
&  l'assemblée  d'Ingelheim,  où  l'empereur  reçut 
leur  serment  de  fidélité.  Or,  parmi  les  Bretons 
qui  venaient  renouveler  au  fils  de  Chariemagne 
des  promesses  tant  de  fois  oubliées  se  trouvait 
un  jeune  prince  dont  aucun  fait  d'armes  n'a- 
vait encore  illustré  le  nom.  Ce  jeune  homme 
avait-il  séduit  le  monarque  par  quelque  qualité 
extérieure,  ou  bien  le  haut  rang  de  sa  famille  le 
désignait-il  à  la  bienveillance  de  Louis  ?  L'histoire 
ne  le  dit  pas  ;  mais  elle  nous  apprend  que  No- 
minoé  (c'était  le  nom  du  tyern  armoricain)  fat 
nommé  duc  des  Bretons  à  ce  même  placite 
dingelheim  (826).  L'emperenr,  en  leur  don- 
nant un  chef  national,  se  flattait  sans  doute  de 
rendre  moins  odieuse  leur  sujétion  à  l'empire.  £t 
en  effet  pendant  quatorze  ans,  grftce  à  l'habile 
fermeté  de  Nominoé,  la  Bretagne  put  être  maio> 
tenue  dans  le  devoir.  Mais  Dieu,  qui  se  joue  des 


•221 

Taiiis  desseins  de  rbomuie,  réservait  àNomÎAoé 
de  tout  autres  destinées  :  l'iodépendaaçe  com- 
plète qa*af tient  en  vain  rêvée  pour  leur  i>ay»  lea 
Warocb,  les  Morvan,  les  Wioroarch,  lui»l'éla  de 
remperenr  débonnaire ,  il  la  devait  domiei*  un 
joDrà  la  Bretagne! 

£a  acceptant  la  mission  de  lieutenant  de 
rempereur  dans  son  pays,  Nominoé  prenait  en 
maifl  la  tàcbe  la  plus  diCadle.  D'une  part,  il  lui 
ItUait  faire  accepter  son  autorité  par  on  grand 
nombre  de  petits  diefs  bretons  à  peu  près  in* 
dépendants  dans  leurs  domaines; d'autre  part, 
il  devait  mettre  un  frein  à  la  brutale  avidité 
des  seigneurs  francs  des  comtés  de  Rennes  et 
de  fiantes,  lesquels  depuis  les  campagnes  de 
799,  818  et  824  prétendaient  traiter  la  Bretagne 
en  province  conquise.  Avec  une  babileté  incom- 
parable et  une  fermeté  qui  ne  se  démentit  ja- 
mais, Nominoé  linit  par  atteindre  ce  double  but. 
Mais  des  deux  c6tés  de  graves  obstacles  vin- 
mt  plus  d'une  fois  À  la  traverse  de  sa  poli- 
tique. La  généreuse  confiance  de  l'empereur 
appajait  d'ordinaire  les  efforts  de  son  iieute- 
dsdL  Une  fois  cependant,  en  l'an  830,  le  mo- 
narque se  laissa  surprendre  par  Jés  calomnieuses 
attusalions  de  Bernard,  comte  de  Barcelone, 
que  la  reine  Juditb  avait  fait  nommer  chambel- 
lan do  palais  impérial.  Le  comte,  qui  voulait  ob- 
tenir pour  l'une  de  ses  créatures  le  gouvernement 
de  la  Bretagne,  mettait  en  avant  je  ne  sais  quelle 
eonspiration  tramée  contre  l'empereur,  conspi- 
ration où  Nominoé  devait  jouer,  disait-il,  un  rôle 
important.  Louis  le  Débonnaire,  trompé  par  ces 
faox  rapports,  partit  d'Aix-la-Chapelle,  le  mer- 
credi des  Cendres,  pour  aller  se  mettre  à  la  tAte 
de  ses  troupes  daias  la  marche  de  Bretagne.  La 
{^rre  contre  les  tenaces  Bretons,  au  milieu  des 
marécages  et  des  broussailles  de  l'Arawrique, 
o'arait  jamais  été  en  grande  faveur  parmi  les 
Francs.  De  plus,  dans  cette  circonstance,  l'ardeur 
avec  laquelle  Bernard  pressait  son  maître  d'en- 
trer en  campagne  fit  supposer  aux  grands  de 
l'empire  que  le  comte  de  Barcelone  méditait 
d'antres  projets  que  ceux  dont  il  entretenait  le 
nooarque.  Les  uns  pensaient  qu'il  se  flattait 
d'arriver  au  trône  d'Aquitaine;  d'autres  qu'il 
poussait  Tambitlon  Jusqu'à  vouloir  usurper 
l'empire.  Quoi  qu^U  en  seit^  les  soupçons  prirent 
vie  telle  consistance,  que  tontes  les  troupes  qui 
accompagnaient  l'empereur  se  débandèrent.  Les 
sûtes  de  cette  désertion  furent,  on  le  sait,  fa- 
^à  Louis  le  Débonnaire.  Emprisonné  par 
set  trois  fils,  Lothaire,  Louis  et  Pépin ,  l'Infor- 
toaé  DHmarque  ne  reprit  l'exercice  de  son  au- 
torité que  pour  subir,  trois  ans  plus  tard,  l'af- 
^t  d'une  nouvelle  déposition  (  833  ).  La  fidé- 
lité de  Nominoé  dans  ces  graves  circonstances 
ae  se  démentit  pas  un  seul  instant,  et  dans  ses 
actes  de  donation  au  monastère  de  Salnt-Sau* 
venr-Redon ,  dont  nous  dirons  quelques  mots 
tout  à  l'heure,  il  ne  craignit  pas  de  déclarer 
qu'il  faisait  cette  pieuse  aumône  en  vue  des 


NOMmoÉ 


223 

tnbulaiions  infligées  à  son  souverain,  et 
dans  Vespokr  que  ùieu^  se  laissant  fléchir 
par  les  prières  de  saint  Coniooion  et  de  ses 
moines  y  daignerait  venir  en  aide  à  Vempe^ 
reur» 

Que  ces  sentiments  fussent  sincères  dans  le 
cœur  de  Nominoé ,  on  est  autorisé  à  le  croire» 
puisque  le  prince  conserva  jusqu*au  bout  la 
fidélité  qu'il  avait  jurée  à  son  bienfaiteur.  Toute- 
fois, dans  ces  protestations  de  dévouement  à  la 
personne  de  l'empereur  se  révèle  clairement 
la  pensée  arrêtée  de  ne  point  s'engager  avec  les 
successeurs  du  monarque. 

Cependant ,  encouragés  par  les  troubles  qui 
désolaient  l'empire^  les  comtes  des  marches  de 
Bretagne  entreprirent ,  en  834,  une  expédition 
dans  ces  contrées,  espérant  sans  doute  entraîner 
Nominoé  à  des  représailles  qui  le  perdraient 
dans  l'esprit  de  l'empereur.  Mais  le  rusé  Breton 
ne  se  laissa  pas  prendre  au  piège.  En  835,  les 
mêmes  provocations  s'étant  renouvelées,  le  lieu- 
tenant impérial  réussit  à  faire  rentrer  sur  leur 
territoire  un  certain  nombre  de  seigneurs  qui 
s'étaient  laissés  entraîner  à  repousser  la  vio- 
lence par  la  violence.  Cette  modération  obtint 
un  plein  succès.  L'empereur,  auquel  Nominoé 
avait  envoyé  des  ambassadeurs  pour  exposer  les 
faits,  approuva  hautement  la  conduite  du  prince; 
et,  malgré  une  irruption  des  Francs  en  Bre- 
tagne vers.  837,  et  des  représailles  qui  faillirent 
faire  éclater  un  nouvel  orage  sur  l'Armorique, 
ce  pays  put  conserver  la  paix  jusqu'à  la  mort 
de  Louis  le  Débonnaire,  en  840. 

A  la  première  nouvelle  de  cet  événement,  No- 
minoé, qui  se  pouvait  croire  dégagé  de  tous  ses 
anciens  serments,  eut  sans  doute  la  tentation  d'exé- 
cuter sans  retard  le  projet  qu'il  méditait  depuis 
tant  d'années.  Mais,  patient  comme  l'est  tout  vrai 
politique,  il  crut  devoir  attendre,  pour  se  dé- 
clarer, que  les  circonstances  se  fussent  plus 
nettement  dessinées.  «  Charles  le  Chauve,  dit  Ni- 
thard,  ayant  fait  demander  au  prince  s'il  avait 
l'intention  de  le  reconnaître  pour  roi,  reçut  une 
réponse  alBrmatiye.  Le  Breton  alla  même  plus 
loin  :  il  envoya  des  présents  au  nouveau  sou- 
verain, et  s'engagea  par  serment  à  lui  demeurer 
fidèle  (  Carolo  munera  misit  ac  sacramento 
fldem  deinceps  servastdam  Uli  firmavit). 
Mais,  quelques  mois  plus  tard ,  la  guerre  civile 
ayant  éclaté  entre  Lothaire,  Charles  et  leur  neven 
Pépin,  Nominoé  jugea  que  le  moment  était  venu 
de  lever  la  bannière  de  l'indépendance.  Allié  à 
Lantbert,  auquel  Charles  le  Chauve  avait  refusé 
le  comté  de  Nantes,  le  duc  des  Bretons  envoya  des 
troupes  soutenir  les  prétentions  de  son  collègue, 
et  lui-même,  peu  de  temps  après,  ravageait  le 
territoire  de  Rennes,  où  Charles  s'était  montré  un 
instant  à  la  tête  d^une  armée  (  843).  »  L'année 
suivante,  les  Bretons ,  commandés  par  leur  vail- 
lant chef,  passaient  la  Loire,  entraient  dans  le 
Poitou ,  et  mettaient  à  feu  et  à  sang  tout  le 
pays  de  Mauge.  Le  monastère  de  Sahit  Flo- 


223 

rcDt  de  Glonne  (depuis  Saint-Florent-le-Yieil ) 
était  alors  en  grande  vénération  parmi  les  Poi- 
tevins. Nominoé  y  fit  on  pèlerinage,  et  se  mon- 
tra plein  de  vénération  pour  les  moines.  Tonte- 
fois,  comme  il  les  savait  tout  dévoués  aux  princes 
carlovingiens,  il  leur  ordonna  de  placer  sur  le 
lieu  le  plus  élevé  de  Tédifice,  sa  statue,  le  visage 
tourné  vers  Paris,  eo  signe  de  â^.  Les  moines 
obéirent;  mais  quelques  jours  après  ils  étaient 
obligés  de  jeter  bas  la  statue  du  Breton  pour 
élever  à  sa  place  l'eftigie  de  Charles  le  Chauve, 
tournée  avec  un  geste  menaçant  vers  la  Breta- 
gne. A  cette  nouvelle,  Nominoé  revint  préci- 
pitamment dans  le  pays  de  Mauge,  et,  oubliant 
cette  lois  le  respect  dû  aux  choses  saintes,  il 
pilla  Saint-Florent  et  y  fit  mettre  le  feu. 
'  A  peine  de  retour  dans  leur  pays,  les  Bretons 
apprirent  que  Charles  le  Chauve,  k  la  tête  d'une 
arnnée  formidable,  marchait  pour  les  combattre. 
Ce  fut  près  du  monastère  de  Ballon,  non  loin  du 
confluent  de  TOust  et  de  la  Vilaine,  que  les 
deux  armées  se  rencontrèrent.  La  bataille  dura 
deux  jours  entiers,  et  malgré  rinfériorité  de 
leurs  forces,  les  Bretons  remportèrent  la  plus 
éclatante  victoire.  Charles  le  Chauve  prit  la 
fuite,  laissant  derrière  lui ,  sans  chef  pour  la 
commander,  son  année,  à  demi  détruite. 

Ce  prince  Tannée  suivante  fit  mine  de  vou- 
loir recommencer  la  lutte.  Mais  la  défaite  de 
Ballon  avait  jeté  la  terreur  parmi  les  Francs,  et 
le  monarque,  peu  rassuré  lui-même,  jugea 
plus  prudent  de  faire  la  paix  avec  Nominoé. 
Celui-d ,  reconnu  pour  chef  de  la  Bretagne 
indépendante,  résolut  de  faire  sanctionner 
par  une  consécration  religieuse  les  droits  qu'il 
avait  acquis  au  trône  en  délivrant  son  pays.  Il 
y  avait  alors  dans  le  pays  des  Vénètes  un  saint 
homme,  nommé  Conwoïon,  et  qui  sous  Louis 
le  Débonnaire  avait  fondé,  dans  un  lieu  désert 
nommé  Roton  (  Redon  ),  une  abbaye  dont  l'em- 
pereur, après  de  longues  résistances ,  avait  fini 
par  sanctionner  les  privilèges.  Ce  fut  à  ce  véné- 
rable personnage  que  le  roi  des  Bretons  confia 
la  mission  d*Aller  solliciter  pour  lui  près  du 
pape  Léon  IV  l'autorisation  de  poHer  un  cercle 
d'or,  n  comme  les  autres  chefs  de  la  nation 
bretonne  en  avaient  usé  avant  l'oppression 
des  Francs.  »  Le  pape  accorda  cette  demande,  et 
Nominoé  fut  sacré  roi  des  Bretons  dans  la  ca- 
tliédrale  de  Dol. 

Les  vœux  de  Nominoé  étaient  donc  comblés. 
Mais,  comme  il  arrive  souvent,  l'habileté,  la 
sagesse  dont  le  prince  avait  jusqu'alors  donné 
tant  de  preuves  semblent  tout  à  coup  l'aban- 
donner à  l'apogée  de  sa  fortune.  L'abbé  de  Re- 
don, dans  SCS  entretiens;  avec  le  roi  breton, 
s'était  plaint  parfois  de  la  conduite  peu  cano- 
nique de  quatre  prélats,  qui ,  conférant  à  prix 
d'argent  les  ordres  sacrés,  se  rendaient  ainsi  cou- 
pal)les  de  simonie.  Or,  comme  ces  quatre  prélats 
appartenaient  à  la  race  franque  et  que  Nominoé 
comptait  peu  sur  leur  dévouement,  il  résolut 


JNOMUNOÉ 


224 

de  se  débarrasser  de  ces  évèques  en  les  (aisaot 
condamner  par  le  saint-siége.  Saint  Conwoioo, 
qui  ne  soupçonnait  pas  les  intentions  cachées  de 
son  «ouverain,  présenta  au  saint  père  la  requête 
dont  il  était  chargé,  et  la  culpabilité  des  i^nliR 
évèques  fut  reconnue.  Biais  le  souverain  pontire 
ayant  déclaré  que  leur  condamnation  ne  poo- 
vait  être  prononcée  que  dans  une  assemblée  de 
douze  évèques,  Nominoé,  exaspéré,  se  dédda  à 
recourir  à  la  violence.  Feignant  de  n'agir  que 
d'après  les  conseils  de  saint  Conwoïon,  il  con- 
voque une  assemblée  ecclésiastique  à  son  châ- 
teau de  Coêtlou.  Ses  émissaires  avaient,  à  l'a- 
I  vance,  jeté  la  terreur  dans  Târoe  des  quatre 
prélats  simoniaques.  Sous  le  coup  de  menaces 
terribles,  les  accusés  répétèrent  en  quelque 
sorte  les  paroles  qu*on  leur  avait  dictées,  et, 
déposant  les  insignes  de  leur  dignité  ecclésias- 
tique,  ils  sortirent  de  la  salle.  Délivré,  de  celte 
façon  expéditive ,  des  prélats  qui  lui  faisaient 
ombrage,  Nominoé  les  remplaça  par  quatre 
évèques  bretons;  et  comtaie  Tarcbevèque  de 
Tours  pouvait  s'opposer  à  cette  nomination ,  le 
prince,  de  son  autorité  privée,  érigea  l'évèdié 
de  Dol  en  archevêché  et  en  métropole.  Ce  n'est 
pas  tout  :  des  deux  territoires  de  Saint-Brieoc 
et  deTréguier,  qui  jusque-là  avaient  dépeodode 
l'évèché  de  Dol,  il  fit  deux  diocèses  disUncts. 
Cette  immixtion  violente  du  pouvoir  temporel 
dans  le  spirituel  se  ^concilie  dilBdlement  arec 
la  sagesse  et  la  modération  dont  Koroiooé 
avait  fait  preuve  jusqu'alors.  Mais,  je  le  ré- 
pète, ayant  atteint  le  but ,  le  prince  s'aban- 
donnait sans  scrupule  à  ses  passions,  et  pré- 
tendait tout  courber  sous  sa  volonté.  L'expul- 
sion d'Actard,  évèque  de  Nantes,  qui  n'était 
nullement  simoniaque,  mais  auquel  Nominoé 
faisait  un  crime  de  n'avoir  pas  voulu  assister  à 
son  sacre;  cette  expulsion  d'un  prélat  sans  re- 
proclie,  qu'il  avait  remplacé  par  un  prêtre  in- 
digne ,  épuisa  enfin  la  patience  du  clen^é  g^llo- 
franc.  Un  concile  réuni  à  Tours  menaça  des 
foudres  de  l'Église  l'audacieux  contempteur  dft> 
lois  ecclésiastiques,  le  sacrilège  profanateur  des 
saints  autels.  «  Réfléchissez,  lui  écrivaient  les 
pères  du  Concile,  réfléchissez  au  compte  terrible 
que  vous  aurez  à  rendre  à  Dieu  :  les  temples 
dévastés,  livrés  aux  flammes;  le  patrimoiDe 
des  églises,  celui  des  pauvres,  enlevé  par  votre 
ordre;  la  pudeur  des  femmes  indignement  ou- 
tragée; des  familles  entières  dépouillées  de  leur 
héritage,  ce  n'est  là  qu'un  faible  cnyon  des 
maux  que  vous  avez  accumulés!  Vous  avei 
chassé  de  leurs  sièges  des  évèques  légitimes, 
et  à  leur  place  vous  avez  mis  des  mercenaires, 
pour  ne  pas  dire  des  larrons  ti  àeslfrigands!» 
Ces  vigoureuses  remontrances  n'arrêtèrent 
point  Nominoé.  Se  roîdissanl contre  les  anathèroes 
de  PÉglise,  il  continua  de  se  laisser  emporter  par 
la  colère  ou  par  la  haine,  sans  souci  de  la  pru- 
dence ni  de  la  justice.  Ce  sont  là  des  pages  qu  on 
voudrait  arracher   de    l'histoire   d'un  griw 


335 

homme.  Au&si  ai-je  hftte  de  laisser  de  c6té  cette 
triste  afTaire  «les  évèques  simoniaqoes  et  de  la 
métropole  de  Dd,  pour  arriver  aux  glorieuses 
expéditioDS  pendant  lesquelles  devait  s'achever 
b  carrière  do  héros  breton. 

La  guerre  de  rindépendance  terminée.  No* 
roinoé  résolut  de  se  faire  conquérant  et  de  joindre 
à  ses  Etats  les  comtés  de  Nantes  et  de  Rennes , 
qoi  jusqu'alors  avaient  appartenu  aux  princes 
francs.  En  849  les  Bretons  envahissent  l'Anjou, 
et  s'emparent  de  la  ville  d'Angers.  Rennes  et 
Nantes,  où  Charies  le  Chauve  avait  placé  de 
nombreuses  garnisons,  tombent  au  pouvoir  de 
Nominoé,  qui  fait  démanteler  ces  deux  places.  De 
là  le  prince  pénètre  dans  le  Maine,,  avec  «  une  in- 
didt)l6  furie  » ,  dit  la  chronique  de  Fontenelle. 
Qttdqoes  mois  plus  tard ,  Tannée  même  de  sa 
mort,  Noroinoé,  toujours  victorieux,  s'avance 
jusqu'au  coeur  de  la  Gaule.  Laissant  Vendi^me 
derrière  lui,  il  se  mettait  en  marche  pour  le  pays 
chartrain ,  lorsque  la  mort  vint  le  surprendre. 
Cet  événement ,  on  le  pense  bien ,  excita  une 
Tive  sensation  et  une  joie  universelle  parmi  les 
France  Le  peuple  y  vit  une  punition  dn  ciel, 
irrité  contre  le  persécuteur  des  saints  et  le 
spoliateur  des  églises.  Cette  croyance  est  consi- 
gnée dans  la  plupart  des  chroniques  contempo- 
raines. Les  uns  prétendent  que  le  héros  breton 
tomba  sous  le  glaive  d'un  ange;  d'autres  racon- 
tent qu'on  jour  le  prince,  se  disposant  à  monter 
à  cheval,  saint  Maurille  lui  apparut,  et  qn'après 
lui  avoir  reproché  s^  crimes  il  le  frappa  à  la 
télé  et  rétendit  sans  vie.  Ce  qu'il  y  a  de  ceriain, 
c'est  que  le  libérateur  de  l'Armorique  mourut 
dans  un  moment  où ,  plein  d'énergie,  il  se  pré- 
parait à  courir  à  de  nouvelles  conquêtes.  Le 
corps  du  prince,  rapporté  en  Bretagne,  fut  en- 
terré dans  l'ubhaye  de  Saint-Sauveur  de  Redon, 
(iont  il  avait  été  le  fondateur. 

Délivré  du  vainqueur  de  Ballon ,  Charles  le 
Chaove,  ei^pérant  faire  oublier  de  nombreuses 
défaites  par  une  victoire ,  rassembla  son  armée 
a  toute  hftte,  et  frandiit  la  frontière  bretonne. 
Mais  Erispoé  avait  hérité,  sinon  du  génie,  du 
nioins  de  la  vaillance  de  son  père.  Les  Francs 
furent  donc  complètement  l)attus ,  et  les  con- 
qaéle&  de  Nominoé  restèrent  aux  mains  de  son 
successeur. 

Dans  un  travail  remarquable,  un  jeune  écri- 
nin  faisait  naguère  remarquer  que  la  Bretagne 
<le  1789  avait  conservé  les  limites  conquises  par 
i'épée  de  Nominoé.  H  y  a  plus  :  la  constitution 
ecclésiastique  des  diocèses  bretons  était  restée, 
jusqu'à  la  révolution ,  ce  que  Nominoé  l'avait 
l^ite  en  848.  Aux  seules  créations  du  génie  est 
f^servé  le  privilège  de  durer  si  longtemps,  c'et^t- 
^  dire  plus  de  neuf  cents  ans!  A.  or  Cocrson. 

f^itde  saint  Canwoion,  dans  le  Recueil  des  histo- 
riens de  Franre^  t.  VI,  p.  818  et  inlv.  —  CartuUtire  de 
/ktoi,  dan»  la  collection  des  doeaments  Inédits.  —  Nl- 
Uant.dam  le  Hecueii  des  hiU.  de  France,  t.  VII,  p.  18. 
-  CAroRigKe  de  Nantes .  dans  le  l*'  vol.  des  Prewes 
de  n.  Mortcf,  1. 1,  p.  iss.  —  Annalci  de  Saint-'Bertln, 

MKJV.  uoca.  céifta.  —  t.  xxxviii. 


I90MIN0Ë  —  NONIUS  MARCELLUS 


2M 


dans  les  Monum.  kist,  Cerm.  de  Pertz,  1. 1,  p.  440-444.  <« 
CAron.  de  Réglnon,  dans  l*crlz,  t.  I,  p.  870.  •  Strmond, 
Ccneil,  Gall.,  111.  p.  69.  —  Chronique  d^AçwUaine,  dan 
Pertz,  t.  il,  p.  188.  —  ChrùRiquM  de  Fontenelle^  dant 
Perts,  11.  p.  808.  —  histoire  des  peuplée  bretons  par 
M.  Auréllen  de  Courson .  Paris,  1848,  t.  I,  p.  sn  à  844.  ~ 
Arthur  de  la  Borderie, ffuftofin  de  Pasiociatie^  bretonne, 
isso.  t.  II.  p.  81  à  80. 

.  NOMSZ  {Jean)^  poète  hollandais,  né  en 
1738,  à  Amsterdam,  où  il  est  mort,  le  25  août, 
1803.  Doué  par  la  nature  d'un  véritable  talent, 
il  se  fit  connaître  par  le  poème  épique  ou  plutôt 
historique  de  Guillaume  /«''  ou  la  FondiUion  d€ 
laliberlé  hollandaise  (Amsterdam,  1779,in-4*% 
ouvrage  qui  renferme  des  passages  d'une  grande 
beauté ,  mais  d'un  intérêt  exclusivement  natio- 
nal. Comme  auteur  dramatique,  il  a  fait  preuve 
de  hardiesse  et  d'originalité  surtout  dans  les  tra- 
gédies de  Cora,  Zoroastxf ,  La  Duchesse  de 
Coralli  et  iifarte  de  Lalam  ;  la  dernière  devint 
très -populaire,  et  dut  une  longue  suite  de  repré^ 
sentations  à  l'actrice  (1)  chargée  d'interpréter  le 
rôle  de  l'héroïne.  Le  désordre  de  sa  conduite  et  le 
versatilité  de  ses  opinions  politiques  le  firent  tom- 
ber de  bonne  heure  en  discrÀlit.  11  passa  ses 
derniers  jours  dans  un  hôpital,  et  il  y  mourut  fort 
oublié  de  ses  contemporains.  On  cite  encore  de 
lui  :  Mélanges,  Amsterdam,  1782,  in-4^  où  l'on 
trouve  des  satires  et  des  contes ,  dont  le  tsyle 
ne  manque  pas  de  vivacité  ;  — Héroides  patrUh 
tiques;  ibid.,  1787,  in-8«  ;  —  les  monographies 
historiques  de  Mahomet,  de  Charles-Quint,  de 
Philippe  II  et  du  due  d'Albe  ;  —  Principes 
pour  Vacteur  dramatique  et  pour  le  specta- 
teur ;  —  des  comédies ,  telles  que  L'Homme 
de  confiance.  Le  vieil  Habit ,  etc.  Il  a  traduit 
du  français  Athalie,  Soliman  II,  Le  Cid,  Ba- 
iazet,  Zaïre,  Le  Tartufe,  les  Fables  de  La 
Fontaine  (  4  vol.  in^*")  ,'etc.,  et  il  a  travaillé  à 
quelques  feuilles  littéraires.  K. 

De  Vries.  HUt.  de  la  poésie  holland^ll,  SM  M7. 

NONivs  MAftCELLUS,  grammairien  latin, 
vivait  probablement  dans  le  quatrième  ou  dans 
le  cinquième  siècle  après  J.-C.  Son  histoire  per- 
sonnelle est  tout  à  fait  inconnue.  Il  est  imposa 
sible  de  fixer  la  date  et  le  lieu  de  sa  naissance. 
L'important  ouvrage  qui  nous  est  parvenu  sons 
son  nom  porte  le  titre  de  Nonii  Marcelli  Péri- 
patetici  Tuburticensis  de  compendiosa  doe- 
trina  per  litteras  ad  filium.  Cette  épithèle 
de  Tuburticensis,  que  les  manuscrits  donnent 
avec  de  fortes  variantes,  est  insuffisante  pour  la 
détermination  de  sa  ville  natale,  car  elle  pour- 
rait s'appliquer  à  un  natif  de  Tibor  en  Italie,  oe 
de  Tnbursicca  en  Niimidie,  ou  de  Tubursicnra 
'  dans  la  province  proconsulaire  d'Afrique.  La 
date  de  sa  vie  ne  peut  être  fixée  qu'approxima- 
tivement  :  il  cite  Apulée  et  Aulu-Gelle,  qui  vi- 
vaient au  deuxième  siècle  après  J.-C.  ;  il  est 
cité  par  Priscien,  qui  vivait  an  sixiènne  siècle; 
c'est  donc  entre  le  second  et  le  sixième  siècle 

(1)  H»  WalUer-Zièsenls.  née  le  18  avril  1761.  à  Rot- 
terdam, morte  le  88  avril  1817;  elle  passe  pour  une  des 
pltti  remarquables  tragédiennes  de  la  Hollande. 

8 


fS7 


NOJVIUS  MARCELLUS  —  NONKOS 


338 


qu'il  faut  placer  Pexisfence  de  Nonias  Marcellus  ; 
tous  les  aiigumenls  poor  préciser  cette  vague 
approYiraatioo  sont  peu  coucluants  et  n^aboutis- 
sent  qu'à  de  douteuses  proturbilités.  Le  traité 
de  Nonius  Marcellus,  auquel  plusieurs  éditions 
donnent  le  titre  inexact  de  De  proprietate  Ser* 
moniSf  se  divise  en  dix-huit  chapitres,  dont  les 
dôme  premiers  sont  en  réalité  des  traités  sépa- 
rés, composés  à  différentes  époques,  et  sans 
liaison  entre  eux.  Chaque  chapitre  est  une  com- 
pBation  confuse,  formée  de  notes  recueillies  dans 
dt^mrs  livres.  L'intknié  et  une  courte  analyse  di  s 
ehapitres  donneront  une  idée  de  ce  tr^té  utile, 
quoique  mal  arrangé  :  chapitre  1*^  De  projpne" 
ieie  sermonum ,  sorte  de  glossaire  de  vieux 
mots  rassemblés  sans  aucun  ordre;  —  ch.  II. 
De  konestis  et noveveierum  dieiiSf  collection 
par  ordre  alphabétique  de  mots  que  les  anciens 
écrivains  employaient  dans  un  sens  différent  de 
l'acception  admise  du  temps  de  Noniiis  Mar- 
cellus; —  ch.  III.  De  indiscreliâ  ^enerl^ics, 
rpcueil  de  mota,  tels  que  finis,  calx^  papaver, 
AfMit  le  genre  varie  dans  les  meilleures  autorités; 
—  ch.  IV.  De  vera  siçnificatione  uerborum, 
recueil  par  ordre  alphabétique  de  mots,  tels  q«e 
aquoTy  condueere,  Itutrare,  qui  s'offrent  avec 
des  diversités  de  sens  dans  le  même  écrivain  ou 
dans  des  écrivains  différents  ;  —  cii.  V.  De  dif* 
fereniïïs  verborum ,  recueil  de  synonymes,  fels 
que  auêpicium  et  auguriuniy  urbs  et  civiiaMf 
tvperstUio  eireligio ;—ch.  YI.  De improprUs, 
recueil  de  mots  qui  ne  sont  pas  employés  dans 
leur  sens  littéral,  mais  dans  un  sens  fignré,comroe 
par  exemple  (iber,fuciis,rottrum;  ^  th.  Vil. 
De  contrariis  generibus  verborvm ,  recueil 
de  verbes,  ordinairement  déponents,  qui  quelque- 
fois prennent  la  forme  acUve,  et  de  verbes  or- 
dinairement actifs  qui  prennent  quelquefois  la 
forme  déponente  (oagas  pour  vagaris,  contem^ 
'  pla  pour  conêempiare,  pnssagtittr  poorprap- 
sngit  >;  —  ch.  Vin.  De  mutata  deciimaiione, 
recueil  de  noms  qui  ont  plosiemrs  formes  dans 
leur  déclinaison  ;  comme  t/iner,  iter  ;  lacte^ 
iae;  poema,  poematum  ;  perviaa,  perviemB; 
wenati,  senatuis,  genatus  peur  le  génitif  de 
senatus  ;  —  di.  IX.  De  generibtu  et  easibus, 
recueil  de  passages  dans  lesquels  un  cas  est 
substitué  à  un  autre,  tels  quefattidit  mei^  non 
ego  sttm  digntn  saHUis  ;  ->  ch.  X.  D«  nrn- 
tatiâ  conjugatianibus ,  recueil  de  verbes  qui 
se  conjuguent  tantdt  suivant  une  conjugaison , 
tantôt  suivant  une  autre,  tels  que  Servit  et  fer- 
vet,  eupiret  et  euperet ,  laiit  et  lavât  ;  — 
ch.  XI.  De  indUcretis  adverbiis,  recueil' 
d'adverbes  qui  se  présentent  quelquefois  sous 
une  forme  différente  de  la  forme  usitée,  comme 
amiciteTf  amplittr^  fidèle^  memoret  pugni- 
tuSf  largitus; —  ch.  XII.  Dedoctorum  inda 
glne,  péle-méle  confus  de  mots  et  d'explications 
qui  sert  de  supplément  aux  chapitres  précé- 
dents. Les  six  chapitres  suivants  :  XIH-XVIII 
forment  on  recueil  dans  le  genre  de  ronomcu- 


tUon  de  Jolîus  Pollux,  et  contiennent  cbacuo 
une  série  spéciale  de  termes  techoiqucB.  Us  sont 
intitulés  :  De  génère  navigiomm.  De  génère 
vettimkentortimj  De  génère  vasorwn  wipfh 
culorum ,  De  génère  vel  colore  vettmenio- 
rtcm.  De  génère  eiborum  vel  pomorum,  De 
génère  armorum^  De  propinquitate.  Ces 
traités  ou  plutôt  cette  suite  de  recueils,  qaoiqoe 
rédigés  sans  beaucoup  de  savoir  et  de  critique, 
sont  précieux ,  parce  qu'ils  contiennent  nae 
foule  de  fragments  d'anciens  poètes  ou  bisto- 
riens  latins  aujourd'hui  perdus,  tels  que  Acdos, 
Afrantus,  L.>ndronieus,  CscilUis,  Ënnius,  No- 
nins,  Paeuvi'os,  Turpilius,  Cak»  et  Varron. 

L'édition  princeps  de  Nonius  Marcellus  est, 
suivant  les  meilleures  autorités  bibliograpbiqoes, 
on  volume  in-foK,  sans  date,  sans  nom  de  lieu 
ou  d'imprimeur,  mais  qui  a  été  imprimé  à  Rome 
par  Georges  Laver,  vers  1470-  La  première  édi- 
tion datée  est  de  1471,  et,  comme  la  précédente, 
die  ne  porte  de  nom  ni  de  lieu  ni  d'imprimeor. 
La  première  édition  critique  fut  celle  de  Janius, 
Anvers,  1  ô65,  itt-8°,  suivie  de  celle  de  Godefroy, 
Paris,  1586,  m -8*",  et  des  deux  éditions  de  Mer- 
der,  Paris,  1583,  1614,  in-8%  dont  la  seconde, 
qui  contient  une  nouvelle  récension  du  texte,  a 
été  réimprimée  à  Leipzig,  1835,  Ui-8*.  Qoelqne 
soit  le  mérite  de  cette  seconde  édition  de  Mer- 
cier, elle  a  été  surpassée  par  l'excellente  édition 
de  Gerlach  et  Rotii ,  Bàle,  1643,  in-8'.  L.  J. 

JfotMa  mtermria.  en  tête  de  Immonde  Lrtpttf.  !«• 
—  Préface  de  l'édition  de  Grriach  et  Rotli.  —  ÛMno,  »l- 
trige  zttr  CrUeh,  Mnd  Bôm.  /Mteratnrçesekt^  p.Mi- 
Vahlen,  .^natecCarum  JVonianorKm  libri  dmn;  l^^V^» 
«•6«L  -  SmtUi,  DteUomrg  of  çre^k  ami  romt»  bictn- 
pAf ,  BU  met  MÊarmihu, 

^•iiMira.  Voy.  NnHEz. 

«•RS^B,  poète  grec,  ilorissait  à  la  fin  da 
quatrième  siède  ou  au  commencement  da  ris- 
quième.  Il  était  né  à  Panopolis  (  auiourd'iiDt 
AkMnm),  sur  les  bords  du  Nil.  C'est  lui  qo' 
l'a  dit,  et  il  n'a  dit  de  lui-mftme  que  cela.  Sil 
n'était  trop  téméraire  de  tirer  des  œuvres  d'un 
poète,  et  d'un  poète  héroïque  surtout,  des  in- 
ductions en  faveur  de  sa  biograpliie,  oo  pour- 
rait deviner  à  certains  épisodes  des  0ioDSf5td- 
ques  que  Nonnoe,  élevé  à  Alexandrie,  «  où  » 
comme  le  dît  Bessnet,  «  on  guérissait  de  l'i- 
gnorance » ,  avait  étudié  la  jurispnidence  à  Bé- 
ryle,  qn'il  avait  visité  Tyr,  et  vécu  à  Athènes, 
poor  laquelle  éclate  son  penchant.  Ces  écoles 
orientales,  moittpliées  sous  l'influenoedes  gnnds 
écrivainn ,  et  la  domination  de  la  belle  Un^ 
qui  virifialt  les  études,  se  peuplaient  alors  d'E- 
gyptiens ;  et  sans  doute  quand  Monnos  revint  à 
Panopolis,  centre  de  la  Thébûdie,  pour  y  pra- 
tiquer et  y  enseigner  peut-être  le  christianisa*/ 
il  y  porta  une  expérience  acquise  aux  grands 
foyers  de8  lettres  et  de  l'érudition.  Quoi  qu'»'  ^ 
soit,  on  ne  sait  rien  de  certain  sur  sa  vie;  " 
Ton  ne  connaît  bien  de  lui  que  ses  deux  pro- 
ductions poétiques. 

D'abord ,  en  raison  de  la  dissemblance  àes 


239 


IfQNNOS 


280 


sujets  qalls  tnitent ,  de  siTintft  philologiies , 
témoins  de  leur  renaissance,  avaient  décidé 
qu'eUes  ne  pouvaient  appartenir  no  même  éeri- 
vaiD.  Mieax  lues  esMiite ,  et  mieax  confronta, 
leur  style  identique  a  servi  de  preave  à  Taffir- 
matiun  contraire,  et  elles  sont  reconnues  aujour- 
d'hui rceuvre  incontestable  d'un  seul  auteur,  le 
Psoupolitain  Nonnoa. 

Le  premier  de  cea  deux  ouvragea  (  Les  DiO' 
nifsiaques  )  raooote,  en  quarante-huit  chants, 
les  aventurea,  lea  matitutiona  et  les  triompbea 
de  Baccfans,  avant  et  depuia  sa  naiasanae,  jus- 
qu'à son  apothéose.  C'est  une  eonatante  allé^rie 
de  la  marche  du  génie  civilisateur  à  travers  le 
monde  antique.  Nonnos  t  a  déployé  toute  la 
ficliesse  de  son  imagination,  sue  grande  éru- 
dition mythologique ,  et  Télégance  et  l'harmonie 
d'un  rbytbme  qu'il  avait  perfectionné.  Sur  ce 
dernier  point  il  a  été  nommé,  par  le  célèbre 
God.  Hermann*  le  cher  de  l'école  métrique  d'où 
sont  sorti»  Cohitbos,  Tryphiodore,  Musée,  Pro- 
mus, et  les  plus  illustres  épigrammatiatea  de 
l'AnUiolc^  à  cette  même  époque.  «  Si  le  vers 
néroîque,  dit  le  savant  philologue,  avait  perdu 
sa  diçDtté  originelle ,  Il  retrouva  du  moioa  avec 
^Qooofi  son  rhytlime  élégant  et  nombreux. 
Ms  lors  il  fut  soumis  à  des  règles  ai  sévères 
qu'il  fallut,  avaat  de  s'attaquer  à  l'épopée,  en 
étudier  sérieusement  te  science.  »  On  reprocite, 
il  eit  vrai,  au  poêle  égyptien  trop  de  minu- 
tieux détails,  quelques  répétitiona,  un  excèa  de 
luie  dans  ses  tableaux.  Mais  cette  abondance 
in^  jette  un  grand  jour  sur  les  cultes,  lea 
OMMrs  et  les  coutumes  de  l'antiquité,  et 
^ent  m  aide  aux  sciences  et  aux  arts,  dont 
il  a  célébré  l'origine.  Enfin,  on  y  trouve  l'a- 
bu»  do  genre  descriptif,  qui  s'est  tant  déve- 
loppé de  nos  jours.  Mais  k  c6té  de  certaines 
l'êtes  do  maovais  goût  qui  a  signalé  l'avant* 
«leniier  âge  de  la  poésie  hellénique,  il  fiuit  re- 
marquer le  coloris  merveilleux,  la  fécondité  des 
épithèlea ,  te  pureté  régulière  de  l'hexamètre,  te 
ncbesae  du  style  et  une  constente  harmonie, 
<iui  sont  les  qualités  propres  à  ce  réformateur. 

Le  second  de  ses  ouvrages  est  te  Pawophraêt 
di  rÉPQHQiie  Melon  saini  Jean,  aoasi  digne 
d'attention,  pour  sa  fidélité  à  suivre  pas  à  pas 
le  te&te  inspiré ,  qne  les  Dionptiaçues  se  dis- 
tinguent par  les  écarte  de  l'imagination,  et,  sur 
un  plan  très-symétrique  néanmoins,  par  le» 
épisodes  digresaite  du  chantre  de  Bacchus. 
U  Paraphroie  n'est  même,  pour  ainsi  dire, 
mi'iine mè/o^te  (c'est son  titre  grec), répéti- 
tion de  l'Évangile,  où  éctete  toute  te  ferveur  du 
^rétien.  De  cea  deux  compositions  si  diverses 
<»  a  voulu  conclure  que  l<Ionnos  éteit  païen 
^oaod  U  écnvit  Les  DkonyMktques  ^  et  qu'il  éteit 
^verti  an  christianteme  quand,  plus  fard 
'««s  sa  vie,  il  mit  en  vers  {'ÉvangiU  selon 
^int  Jean, 

Ce  fut  seulement  dans  la  seconde  moitié  du 
soaèmc  siècle  que  le  manuscrit  des  Dtonysia- 


qtuSf  rapporté  de  Tamite  par  Samtemn,  te 
voyageur  bibliopliHe,  fut  livré  aux  presses  de 
Ptentin  à  Anvers  par  Falkenborg.  AuasitM  tes 
émdite  d'outre- Rhin  s'occupèrent  sérieueeroent 
de  ce  poème.  Scaliger,  Cauter,  Cunœns,  Heîn- 
snis,  s'étudièrent  successivement  à  en  retrouver 
tes  véritables  leçons;  et  ils  en  portèrent  des  jnr 
gemeite  sévères  que  justifiait  en  quelque  sorte 
l'ëtot  de  malilationdes  mannserite.  Il  fut  repn^ 
doit  avec  toutes  ses  obscurités  et  ses  lacunea  en 

1605,  et  en  1610  accompagné  de  te  traduction  te- 
tine,  bien  négligée^  de  Labinus  Eilbartus,  suivi 
lui«méineen  1625,  ou  plutétdéfignréypar  Boitet, 
qui  semble  n'avoir  vu  le  texte  grec  qu'è  travers 
le  latin  si  imparfait  de  son  devaneter.  Enfin,  le 
silence  régnait  dans  la  république  des  lettres 
sur  l'épopée  de  Nonnos,  oubliée  depuis  phis 
de  cent  cinquante  ans,  lorsque  Dupute,  dans 
son  étrange  ouvrage  sur  VOrigine  des  Cultes  ^ 
retova  de  nouveau  la  valeur  méconmie  des 
IHonifSiaques,  Bientôt,  M.  DievarolT,  président 
de  l'Académie  de  Pétersboorg,  et  M.  Gnefe, 
professeur  de  belles-lettres  dans  la  même  rérd- 
dence ,  réhabilitèrent  la  mémoire  du  Panopolt- 
tain ,  le  premier  en  publiant  en  allemand ,  sous 
le  titre  de  Supplément  à  Vhistoirede  la  poésie 
grecque  9  quelques  fragmente  de  son  ceuvre,  le 
second  par  son  édition  du  texte  grec,  donnée 
à  JLeipaig,  ifil9  et  1826,  1  vol.  m-8«.  Ce  fut 
ahisi  que  de  nombreuses  corrediona,  dues  anx 
conjectures  du  grammairien  plus  qu'à  la  colleo- 
tion  de  rares  manuscrite,  commencèrent  à 
rendre  plus  facile  te  lecture  du  poème.  Trente 
ans  plus  lard,  l'édition  qui  a  paru  aoos  te 
n''  XLV  de  la  Bibliolhèque  hellénique  de 
MM.  Didot  a  fait  le  reste.  L'auteur  de  cet  articte 
s'éteit  chargé  de  cette  publication,  qn*il  aciieva 
en  1866.  Occupé  députe  loqgleinps  à  interpréter 
en  français  et  à  commenter  cette  denuère  des 
épopées  grecques,  il  en  expliqua  et  combla  les 
lacunes,  coordonna  te  texte  et  en  aplanit  les 
dificultés.  U  fit  précéder  son  travail  d'une  in- 
troduction déveteppée  sur  te  vte  de  Nonnos, 
comme  sur  te  nature  de  son  telent,  et  son  in- 
fluence sur  son  aiècle.  Enfin,  il  a  appliqué  te 
même  système  d'études  et  de  recherches  à  te 
Paraphrase  de  VEvangile  selon  saint  Jean, 
dont  il  vient  de  livrer^  à  l'impression  te  tra- 
duction française,  suivte  du  texte  grec  et  de  ses 
corrections. 

Les  éditions  des  Dionysiaques  sont  :  X'*  édi- 
tion prtnc0p<,  grand  in-8<*,  Anvers,  1569,  cIme 
Ptentin,  donnée  par  Falkenburg,  texte  grec  seul; 
2*  même  texte,  reproduit  par  Lectius  dans  son 
édition  des  poêles  grecs ,  2  vol.  in-fol. ,  Genève, 

1606,  accompagné  de  la  traduction  latine  de  La> 
binus  Eiltiartua en  regard;  3^  même  te\te  et  même 
traduction,  avec  une  préface  de  Cumeus  (  Van 
der  Riihn  ),  petit  in-8*,  Hanau,  1606,  et  Leyde, 
1610;  4^  le  texte  grec  seul,  parGrœfe,2  vol.  in  8*, 
Leipzig,  1819  1821.  Les  commentaires  annon- 
cés sur  la  vte  de  Taoteur  et  sur  les  variantes 

8. 


931 


NONKOS  —  NONNOTTE 


2» 


du  poëme  n*oiit  pas  été  terminés,  et  ii*ont  ja- 
mais para;  &**  Nonnos,  La  Dionfft laques  oa 
Bacchus^  poëme  en  XLVIU  chants,  grec  et  fran- 
çais, précédé  d'une  introduction,  suivi  de  notes 
littéraires,  géographiques  et  mythologiques, 
d*un  tableau  raisonné  des  corrections  et  de  ta- 
bles et  index  complets,  rétabli,  traduit  et  com- 
menté par  le  comte  de  M. ,  Paris,  1856  (Finnîn 
Didot  ),  séparément,  et  en  6  vol.  in* 32  sous  le 
titre  de  Baccfms,  avec  introduction,  traduc- 
ti«n  et  commentaires  Trançais. 

On  compte  vingt-cinq  éditions  de  la  Para- 
phrase de  VÉvangUe  selon  saint  Jean  dans 
le  seizième  siècle,  deux  dans  le  dix-septième, 
deux  de  nos  joure.  Les  principales  sont  : 
1"*  princepSf  Venise,  1!>11,  Aide;  2*  par  He-'  j 
gendorpbinus,  1518;  a' Bogardus,  1{>41-1542;  < 
4*  Bordatus ,  Paris,  1561  ;  5*"  Hedeneccius ,  1571; 
6*  H.  Stephanus,  1578;  7**  Nausias,  1593; 
S^  Sylburgius,  1596;  9*  Nie.  Abramus,  1623; 
10*  D.  Heinsius,  sous  le  titre  â*Arisiarchus 
Saeer ,  1627  ;  11*  Fr.  Passovius,  texte  grec  seul , 
Leipzig,  1834  ;  12*  Nonnos,  Paraphrase  de  l'E- 
vangile selon  saint  Jean ,  traduite  pour  la  pre- 
mière fois  en  français  par  le  comte  de  M.,  texte 
grec,  et  traduction  séparée,  Paris,  1861. 

C'c  DE  Marcellos. 

Oawarofr,  iW^niu  de  Panopotis,  1817,  ln-4*. 

NONif OTTB  (  Donat  ),  peintre  français ,  frère 
du  suivant,  né  à  Besançon,  le  10  janvier 
1707,  mort  à  Lyon,  le  5  février  1785.  A  vingt 
et  un  ans ,  il  vint  à  Paris ,  entra  dans  l'atelier 
de  Lemolne,  devint  un  de  ses  première  élèves,  et 
le  seconda  dans  plusieurs  travaux  hnportants, 
entre  autres  dans  les  peintures  de  la  chapelle 
de  la  Vierge  à  Saint-Sulpice ,  et  du  plafond  du 
salon  d'Hercule,  au  palais  de  Versailles.  11  ne 
tarda  pas  à  s*essayer  dans  quelques  créations 
importantes,  et  parmi  les  tableaux  d'histoire 
qu'il  composa  on  remarqua  la  Surprise  de 
Besançon  par  les  protestants  en  1575.  Mais 
après  la  mort  de  Lemolne,  privé  d'appui.  Il  se 
mit  à  peindre  des  portraits,  qui  plaisaient  sur- 
tout parle  coloris  En  1741  l'Académie  royale 
de  peinture  l'admit  au  nombre  de  ses  membres. 
Il  alla  s'établir  à  Lyon  en  1754,  et  fut  nommé 
peintre  de  celle  ville,  qui  lui  doit  l'établissement 
de  son  importante  école  gratuite  de  dessin. 
Malgré  son  peu  de  fortune,  il  soutint  seul  cette 
école,  pour  laquelle  il  fut  ensuite  aidé  |)ar  Ma- 
thon  de  Lacour,  riche  amateur.  Parmi  ses  por- 
traits, celui  du  sculpteur  Le  Lorrain  fut  gravé 
par  J.-N.  Tardieu,etcelni  àe Gentil  Bernard 
par  Daullé.  Nonnotte'  cultiva  iiussi  les  lettres  : 
il  donna  quelques  notices  aux  Académies  de 
Lyon  et  de  Rouen,  dont  il  était  membre.  L'école 
de  Lyon  conserve  plusieurs  de  ses  écrits ,  enlre 
autres  :  un  Traité  complet  de  peinture ,  une 
Vie  du  peintre  Lemoine  et  un  Discours  sur 
Vavantage  des  sciences  et  des  arts.  Plusinirs 
de  ses  manuMsrits  se  trouvent  aussi  à  la  Biblio- 
thèque de  Besançon.  G.  db  F. 


MéWÊOiret  de  tAcad.  de  tifom,  t  II.  *  Journal  iet 
arts,  avril  1788. 

noNROTTB  (Claude-Françoks  ),  littérateur 
français,  frère  du  précédent,  né  en  1711,  à  Be- 
sançon, où  il  est  mort,  le  3  septembre  1793.  Ait- 
mis  de  bonne  heure  chez  les  Jésuites,  il  fit  d'ex- 
cellentes études ,  embrassa  la  carrière  de  la 
chaire  et  prêcha  successivement  à  Paris,  à  Ver- 
sailles  et  à  Turin.  Il  serait  sans  doute  oublié  si 
Voltaire  n'avait  pris  soin,  en  répondant  à  ses  at- 
taques, de  lui  donner  quelque  célébrité.  Ce  fut 
Nonnotte  qui  en  1762  entreprit  la  lutte  en  pu- 
bliant, sous  le  titra  d'Erreurs  de  M.  de  Vol- 
taire^ une  critique  inhabile  et  souvent  sans  por- 
tée de  y  Essai  sur  l'esprit  et  les  mœurs  des 
nations»  On  a  prétendu  que  toute  l'édition  fut 
proposée  à  Voltaire  pour  mille  écus  par  le  li- 
braire Fez,  qui  craignait  de  ne  pas  s'en  défaire, 
et  que  ce  dernier  se  moqua  de  la  propositioa. 
Cette  assertion   ne  repose  sur  aucun  fonde- 
ment :  le  livre  eut  un  grand  débit  et  fut  réiin- 
primé  plusieurs  fois.  Voltaire,  dont  on  connail 
rirriUbilité  extrême,  s'empressa  de  répondre  cl 
d'écraser  son  faible  adversaire  sous  le  poids  du 
ridicule.  «  Un  ex-jésuite,  nommé  Nonnotte . 
dit- il,  savant  comme  un  prédicateur  et  poli 
comme  un  homme  de  collège,  s'avisa  d'imprimer 
un  gros  livre;  cette  entreprise  était  d'aataot 
plus  admirable  que  ce  Nonnotte  n'avait  jamai» 
étudié  l'histoire.  Pour  mieux  vendre  son  livre, 
il  le  farcit  de  sottises,  les  unes  dévotes»  1^*^ 
autres  calomnieuses ,  car  il  avait  ouï  dire  que 
ces  deux  choses  réussissent.  »  Dans  cette  vio- 
lente réplique,  intitulée  Éclaircissements  his- 
toriques ^  il  n'épargne  à  son  contradicteur  ni 
les  imputations  de  nrauvaise  foi  et  d'ignorance, 
ni  les  épithètes    injurieuses»  et  lui  ailresse  en 
terminant  cette  apostrophe   :  «  Si  tu  n'arab 
été  qu'un  ignorant,  nous  aurions  eu  de  la  cha- 
rité pour  toi;  mais  tu  as  été  un  satirique  in- 
solent, nous  t'avons  puni.  »  Pendant  près  de 
vingt  ans  Voltaire,  enveloppant  le  malheureux 
Nonnotte  dans  la  haine  qu'il  avait  vouée  à  Fré- 
ron  et  à  La  Beaumelle,  ne  cessa  de  l'accabler  de 
plaisanteries  et  de  sarcasmes,  trop  souvent  por* 
tés  jusqu'à  l'outrage.  Après  la  suppression  de 
la  Compagnie  de  Jésus,  Nonnotte  s'établit  à  Be- 
sançon, continua  d'écrire  avec  le  même  zèle  en 
faveur  de  la  religion,  et  fut  admis  en  1781  dan» 
l'Académie  de  sa  ville  natale,  où  il  lut  plusieurs 
dissertations  sur  l'histoire  de  la  Franclie-Comte 
11   était  extrêmement  simple  dans  sa  manière 
de  vivre,  se  plaisait  dans  la  bonne  compagnie, 
et,  quoi  qu'en  ait  dit  Voltaire,  il  possédait  quel- 
que bien  et  une  maison  à  lui.    Il  a  publié  '• 
Examen  critique  ou  Réfutation  du  livre  da 
mceurs;  Paris,  1757,  in-12;  c'est  une  ébauche 
du  livre  suivant  ;  —  Les  Erreurs  de  Voltaire: 
Avignon,  1762,   2  vol    in-12;  5*  édit.,  I7"0, 
trad.  en  italien,  en  allemand  et  en  espagnol  ;  en 
1799  on  y  ajoute  un  nouveau  volume  contenant 
V Esprit  de  Voltaire  dans  ses  écrits  et  l'on- 


33} 


NONNOTTE  —  NOOMS 


^34 


vnge  ainsi  augmenté  a  été  réiinpr.  à  Paria» 
1833,  3  \oI.  iD-12  ;  —  Lettre  d'un  ami  à  un 
ami  sur  les  honnêtetés  littéraires  (  de  Vol- 
taire) ;  1767,  m-8*  ;  cette  défense  de  Nonnotte 
avait  été  précédée  d'une  Réponse  aux  ÉelaiT' 
ossements  Ais/oriTiiet»  insérée  dans  ladeiixiènie 
éHition  des  Erreurs  de  Voltaire;  —  Dic- 
Oonnaire  philosophique  de  la  religion,  oit 
V<m  élahUt  tous  les  points  de  la  doctrine 
attaqués  par  les  incrédules  et  où  Von  ré" 
pond  à  toutes  les  objections;  Avignon,  1772, 
4  Tol.  in-i);  2«  édit.,  augmentée,  Paris,  1834, 
2  vol.  in-8*  ;  trad.  en  italien  et  en  allemand  ; 
oa  a  quelquefois  confondu  cet  ouvrage  avec 
VAnti' Dictionnaire  philosophique  de  Chan- 
thn  ;  —  L'Emploi  de  Vargent  ;  Avignon^  1787, 
i<i-l2;trad.  de  Mafiei;  —  Les  Philosophes  des 
frais  premiers  siècles  de  V Église,  Paris, 
rstf,  in-13;  trad  en  allemand  :  c*est  un  al)régé 
«le  la  vie  cft  des  doctrines  des  Pères  de  l'Église. 
Nonnotte  est  encore  Taiiteur  d'un  écrit  pos^ 
hume  sur  le  Gouvernement  des  paroisses 
(  1802,  in-8<*  ),  et  on  lui  attribue  Principes  de 
critique  sur  Vépoque  de  V établissement  de  la 
religion  chrétienne  dans  les  Gaules  (Avignon, 
1789,  in-f2).  Soos  le  titra  &Œuvres  de  Non- 
no/te  (  Besançon,  1819,  8  vol.  in-S*"  ooin-12), 
on  a  réuni  les  Erreurs  de  Voltaire,  le  Dtc- 
tionnaire  de  la  religion  et  les  Philosophes 
des  premiers  siècles,  ses  principaux  ouvrages. 

P.  L. 

L'^mi  de  la  BeUfian,  t.  XXV,  p.  sas.  -  Mémoire 
"if  f  académie  é»  Besamçan,  lais.  —  SabaUer,  Lu  trois 

sUcUi. 

.soumis  TBéOPBANBS  (  Osofavi^c  Nowoc  ), 

«vmalD  médical  grec,  vivait  dans  le  dixième 
siècle  après  J.-C.  11  composa  par  Tordre  de 
Constantin  Porpbyrogénète  et  dédia  à  ce  prince 
(me  compilation  médicale  intitulée  :  *Eittto(ii^ 
:iic  iatpixj}c  &AâoTK  '^ix^'K  (  Abrégé  de  tout 
l'art  médical).  Ses  principales  sources  sont 
Alexandre  de  Tralles,  Aétius  et  Paul  d'Égine. 
N)n  ouvrage,  quoique  étendu,  ne  contient  pres- 
<|ue  rien  de  neuf.  Sprengel  n'y  relève  qu'une 
t^rticularité  remarquable,  c'est  que  Tliéopbanes 
Connus  est  le  plus  ancien  écrivain  grec  qui  fasse 
(nention  de  l'eau  de  rose  distillée.  VAbrégé  de 
Nimnos  fut  publié  pour  la  première  fois  en  grec 
avec  traduction  latine  par  Jérémias  Martius; 
Slnijvbourg,  1568,  in-8°.  La  meilleure  édition  est 
^^\k  de  J.-S.  Bernard;  Gotha  et  Amsterdam, 
'"94,  1795,  2  vol.  in-8«.  Y. 

Fabrldns,  BiM.  ortee«,  toI.  XII,  p.  aSB.  -  Raller, 
l^meik.medica  praeUea,  toI.  I.  ~  Fretod,  Hitiorp 
•/  A*filtf ,  vol.  I.  —  Sprengel,  Histoire  de  la  médecine , 
«ol  II.  -ChootootjUandft.  der  Bttcherkunde  fur  die 
*ttert  Medie. 

ROODT  (  Gérard  ),  Jorisconsnite  hollandais, 
né  k  Kiinègue,  en  1647,  mort  près  de  Leyde,  le 
I  j  août  1725.  Après  avoir  suivi  lès  cours  de 
i  Dniversité  de  sa  ville  naUle,  il  renonça  à  la 
ihiloiophie  et  aux  mathématiques,  pour  s'a- 
•ionner  à  la  jurisprudence.  Il  se  livra  pendant 


trois  années  à  Nimègue  à  l'étude  du  droit,  qu'il 
alla  continuer  à  Leyde,  à  Utrecht,  et  enfin 
à  Franeker,  où,  le  9  juin  1669,  il  fut  reçu 
docteur.  De  retour  à  Nimègue ,  il  y  obtint  en 
1671  une  chaire  de  droit,  puis  il  devint  pro- 
fesseur en  1679  à  Franeker,  en  1684  à  Utrecht, 
et  deux  ans  plus  tard  à  l'université  de  Leyde 
dont  il  fut  deux  fois  recteur.  Au  savoir  du  ju- 
risconsulte il  joignait  la  connaissance  des  anti- 
quités romaines  et  des  belles-lettres.  Il  mourut 
d'apoplexie,  dans  une  maison  de  campagne  de 
son  gendre,  après  avoir  reço  les  soins  du  cé- 
lébra Boerhave,  son  ami.  Ses  principaux  écrils 
ont  pour  titres  :  Probabiliumjuris  libri  lU, 
dont  le  premier  fut  puMié  en  1674,  et  les  deux 
autres  parurent  en  1 679  ;  —  De  jure  summi  im- 
perii  et  lege  regia;  —  De  retigione  ab  im- 
perio,  jure  gentium,  libéra  :  ces  deux  opus- 
cules, traduits  par  J.  Barbey rac,  sous  ces  ti- 
tras: Des  droits  de  la  puissance  souveraine^ 
et  duvraisens  de  la  loi  royale  du  peuple  ro* 
main,  et  Discours  sur  la  liberté  de  conscience, 
oà  Vonjait  voir  que,  par  le  droit  de  la  na» 
tnre  et  des  gens,  la  religion  n'est  point  sou» 
mise  à  ^autorité  humaine,  ont  été  publiés 
en  1707,  2«  édit,  Amsterdam ,  1714 ,  in-8*,  et 
insérés  dans  le  Recueil  de  discours  sur  di' 
verser  matières  importantes^  Amsterdam, 
1731 ,  2  vol.  in-12;  —  Commentarius  in 
D.  Justiniani  Digesta  sive  Pandectas,  juris 
enucleati,  exomni  veteri  jurecollecti  ;  Leyde, 
1716,  in-4^  Il  donna  de  ses  ouvrages  un  recueil 
(  Leyde,  1716,  in-4''  )  qui  contient  deux  traités 
qui  n'avaient  pas  encore  vn  le  jour  :  De  usu* 
fructu  libri  duo,  et  De  pactis  et  transactiO' 
nibus  ad  edictum  prxtoris,  liber  singularis. 
Des  éditions  plus  complètes  ont  paru  à  Leyde, 
1724  et  1735,  2  vol.  in-fol.;  Naples,  1786, 4  vol. 

in'4^  E.  R. 

J.  Rarbcyrao,  Hl^oriea  vit»  ameiorit  namUlo,  ea 
tète  des  œuvret  de  Noodt,  édlt.  de  179B.  —  Cbaofeplé, 
Nouceau  Diet.  hiU.  et  crU.  -  Terrauon ,  htsL  de  la 
fwritp.  rom. 

KOOMS  (  Rémi  ) ,  surnommé  Zeeman  (  le 
Marin),  peintre  et  graveur  hollandais,  né  à 
Amsterdam,  en  1612,  mort  dans  la  même  ville, 
vers  1672.  Né  de  pauvres  pécheurs,  il  s'em- 
barqua comme  mousse,  et  n'eut  pas  d'autre 
maître  que  la  nature  dans  l'ari  de  peindre.  Ex- 
cité par  son  goût  pour  le  dessin ,  il  consacra 
tons  ses  loisirs  à  retracer  les  objets  qui  frap- 
paient sa  vue  :  il  réussit  ainsi  à  acquérir  une 
grande  facilité  et  une  certaine  correction.  11  es- 
saya ensuite  de  colorier  ses  croquis  ;  il  y  fit  de 
rapides  progrès.  Quelques  amateure  l'encoura*' 
gèrent  alo»  et  lui  procurèrent  les  moyens  de 
se  perfectionner,  etNooms  répondit  si  bien  à  leur 
bienveillance  qu'il  devint  biçntét  un  habile 
peintre  de  marines.  Sa  réputaiion  lui  mérita 
d'être  appelé  à  la  coor  de  Berlin,  où  il  exécuta 
de  nombreux  travaux,  qui  lui  furent  généreuse- 
ment payés.  De  retour  dans  sa  patrie,  et  sans 
quitter  la  peinture,  il  s'exerça  à  la  gravuraà 


285 


JVOOMS  —  WOOUT 


286 


reav-forte,  et  ne  tarda  pifl  à  y  exceller.  Il  gra- 
Tait  d'après  ses  propres  dessins  et  a  créé  ainsi 
une  fouie  de  scènes  maritimes ,  de  combats  na- 
-vais,  de  Tues  de  ports  el  de  cotes,  etc.  Ses  pay- 
sages et  ses  lointains  sont  traités  une  ooe  6* 
nesse  et  une  transparence  admirables.  On  cite 
surtout  de  Nooms  :  Vue  de  la  rMère  de 
VAnuiel;  «ne  Émeute  de  matelots;  I7ii- 
cendie  de  VMtH  de  ville  d'Amiterdam  ;  le 
Lataret  de  cette  Tilie  :  ces  estampes  soat  très- 
recherchées  des  comnisaenrs.       A.  m  L. 

HOORT  (  Olivier  tan  \,  le  premier  nafigatenr 
hollandais  qoi  fit  le  to«r  do  monde,  naquit  à 
Utrecht,  en  1568»  et  mourat  après  leil.  11  aTwC 
fait  déjà  pluaicors  foyages  an  long  coors  tore- 
que  quelques  riches  marchands  le  chargèrent 
de  tenter  une  expédition  dans  la  mer  du  Sud  en 
passant  par  le  détroit  de  Hagellan.  Sa  mission 
n*élait  |Nis  simplement  commerciale  :  il  arait 
ofdrede  faire  autant  de  mal  mm  Eepagnols  et 
am  Portugais  qn'H  lui  serait  possible.  Dans  ce 
double  but  on  mit  sons  ses  ordres  deux  TaiS' 
seaux,  le  Mauritiuê  et  le  Bendrick^Fredric 
et  deux  yachts  VEendraeht  4t  l'Espémnce, 
bien  armés  et  montés  par  denx  cent  quamnte- 
huit  hommes.  On  lui  donna  pour  Tice-amiral 
Jacques  Claaz,  d'Ulpenda;  on  habile  pilote  en- 
fuis, Melis,  qoi  aTait  navigué  nous  Thomas  Ca- 
Tendish,  devait  le  guider.  11  mit  à  la  Toile  de 
Goérée,  le  13  septembre  1698.  Le  10  décembre 
il  relAoha  sur  l'Ile  de  Principe.  Les  Portugais 
feignirent  de  bien  aoooeilHrréquipe,  qu'il  envoya 
à.  terre,  puis  se  jetant  tout  à  coup  sur  les  Hollan- 
dais, ils  en  massacrèrent  trcife  des  principaux, 
parmi  lesquels  le  pilote  Melis,  Corneille  de 
Noort,  frère  de  l'amiral,  et  Daniel  Gerritx, 
commis  de  la  flotte.  OKTier  van  Noort  tenta  de 
venger  la  mort  des  siens  ;  mais  il  trouva  l'en- 
nemi si  bien  retranché  qu'il  dot  se  rembarquer 
après  une  perte  de  dix-sept  trammes  Le  9  fé- 
vrier 1599  Noort  mouilla  dans  la  l»aie  de 
Rio^laneiro  ;  il  chercha  à  s'y  rafraîchir,  mais 
las  Portugais  lui  mirent  onze  hommes  hors  de 
combat  et  le  forcèrent  à  s'éloigoer.  Le  27  février 
les  Hollandais  perdirent  encore  six  des  leurs, 
que  les  Indiens  leur  enlevèrent  sur  la  c6te  du 
Brésil.  Contrariés  par  les  vents,  traqués  par  les 
Portugais  et  les  indigènes,  ils  durent  se  résigner 
è  hiverner  sur  une  Ile  déserte  de  Saftta-Clara. 
Le  21  juin  Noort  reprit  la  mer,  après  avoir  incen- 
dié VSendrachl,  n'ayant  plus  assen  d'hommes 
pour  It  manœurrer.  Le  20  septembre  il  mouilla 
an  port  du  Désir,  où  son  équipage  prit  en  qnel- 
qaea  Jours,  outre  une  grande  quantité  de  cliiens 
marins,  pins  dedoquanle  mUle  pinguins.  Le  29 
il  découvrit  prfes  de  la  cite  de  Patagoniè  une 
Ile,  qu'il  nomma  iU  du  Aoi  ;  il  y  répara  ses  na« 
vires,  et  le  23  Borembn  la.flotfb  pénétra  dam 
le  détroit  de  Magellan ,.  aprèa  trais  tentatives 
infnietQeoscft.  Les  Hollandoio  débarquèrent  sur 
la.oMe  «eptentrionala,  mais  ils  tombèrent  dans 


une  embuscade  de  Patagons,  qoi  en  tuèrent  trois^ 
et  en  blessèrent  un.  Le  7h  ils  reiftclièrent  aux 
Iles  des  Pîngnins,  Santa-Marfti  {Castemme  )  et 
Santa -Madaiena  (  Jaleke  ),  où  ils  vengèrent  la 
mort  de  leurs  camarades  en  exterminant  toute 
une  tribu  de  sauvages  Enoos.  Une  seule  femme 
éehnppa  au  massacre.  Ces  sauvages  étaient  d'une 
taille  ordinaire,  d'un  naturel  farouche,  et  proha- 
Uement  anthropophages.  Ils  étaient  sans  cesse 
en  guerre  oontre  une  autre  peuplade  nommée 
Tirimenen,  qoi  habitait  le  pays  de  Coin,  das 
l'intérieur  des  terres.  Les  Tiriménens  étaient 
desgéantsdedixàonze  pieds,  au  dire  des  Knoes; 
mais  Nbort  n'en  put  voir  aocim.  Le  29  novembre 
les  Hollandais  6rent  du  bois  dans  le  port  Fa- 
mhie;  mais  ils  ne  retrouvèrent  aucune  trace  de 
Pfailippeville,  que  les  Espagnols  y  avaient  oons- 
tmite.  Le  12  décembre  ils  mouillèrent  sous  le  cap 
Froward  et  ensuite  dans  une  belle  tiaie  qui  reçut 
le  nom  d'0lini€r(1).  Le  22  suivant  Noort  relAcha 
dans  une  autre  grande  baie,  qu'il  appela  Mawri- 
tiui.  Le  18  décembre  il  rencontra,  à  son  granil 
étonnement,  deux  navires  hollandais  osounan- 
dés  par  Sebald  de  Weert  (  oosr.  ce  nom  )  qoi 
avaient  hiverné  dans  le  détroit.  Ils  naviguèrent 
quelque  temps  de  conserve  ;  mais  de  Weeri 
n'ayant  pu  doubler  le  cap  Galant,  ils  sa  séparé- 
rent.  Noort  découvrit  ensuite  la  baie  ifienri  ; 
il  n'y  put  pénétrer  à  cause  dea  glaoes  qui 
l'obstruaient,  bien  qu'on  fût  alore  au  milieu  de 
l'été  dans  ces  parages  (  2  janvier  1600).  Le  8  il 
eut  encore  un  combat  à  soutenir  contre  les  sau- 
vage$,  qui  lui  t«ièrent  deux  hommes  et  en  bles- 
sèrent plusieurs.  Les  Patagons  s'emparèrent 
des  mort$,  qu'ils  mangèrent  sans  doute.  Noort 
attribue  le  cannibalisme  des  indigènes  à  Taffreuse 
détresse  qui  règne  sur  ces  malheureuses  côtes  : 
ils  allaient  à  la  chasse  à  l'homme,  comme  les 
autres  peuples  vont  chasser  le  gibier.  Les  Hol- 
landais fbrent  retenus  plusieurs  jours  par  une 
tempête  affreuse  dans  la  baie  Menniste,  où  ils 
faillirent  périr.  Le  26  ils  entrèrent  dans  la  haie 
Guesen  (  des  Gneux  ).  Noort  y  abandonna  son 
vice  amiral  Jacob  Claaz,  qui  s'était  rendu,  à  plu- 
sieurs reprises,  coupable  d'Insubordination.  En* 
fin,  le  29  février  1600,  les  navigateurs  débooquè- 
rent  dans  la  mer  du  Sod,'après  avoir  mis  qiutre- 
vingt-dix-nenf  jours  pour  traverser  le  détroit.  Le 
14  mars  Noort  eut  la  douleur  de  ^Msrdre  de  vue  le 
vaisseau  Handriek^Frèdric,  dont  on  n'entendit 
plus  parler.  Resté  avec  un  seul  yacht,  il  relâcha 
sur  nie  de  la  Mocha,  où  il  fut  bien  accoeilli  des 
indigènes.  Il  longea  ensuite  les  côtes  du  Chili  et 
celles  du  Pérou,  qu'il  ravagea,  débarquant  de 
temps  è  autre  et  bridant  ou  coulant  tous  les 
bâtiments  espagnols  qu'il  pouvait  joindre. 
Le  vice-roi  don  Luîa  de  Telaaoo  envoya  contre 
Noort  une  escadre  aux  ordres  de  son  frêne  don 
Juan  de  Velasco;  mais  l'amiral  néeriandais ,  en 
ayant  en  eonoaissanoe,  cingla   vers  les  Iles  des 

(t)  C'est  ta  baie  de  Solano  dei  BipagnoIA,  lor  la  eOir 
oritntate  ûa  cap  Hollande. 


nt 


NOORT  —  NOOT 


238 


LammB,  où  il  atterrit  le  16  Mptembre;  il  pot 
oonctater  à  ses  dépens  que  les  insnlaires  de  oet 
archipel  méritaient  bien  leur  ifofn.  Le  14  octo- 
bre suivant  Noori  était  dans  les  Philippines,  oh 
fi  incendia  plusieurs  villages  et  détrotsiC  beau- 
coup de  navireft  chinois,  espag^nols  et  portugais, 
mais  sans  faire  grand  butin.  Le  14  décembre, 
cniwant  devant  le  détroit  de  Manille,  il  fiit 
attaqvé  par  deux  gros  vaisseaux  espagnols. 
Apre»  un  combat  qui  dura  tout  le  jour,  il  coula 
an  des  bittinents  ennemis  ;  mais  il  en  hit  très- 
maitraité,et  son  yacht  fut  pris.  I9oort  alla  ms  ré- 
parer à  Palane  (  lie  Boniéo  ),  et  de  là  passa  à 
Java,  où  il  fit  une  riche  cargaison  d'épiées.  Pre-* 
oant  la  route  du  cap  de  Bonne -Eapérance,  qoll 
aperçât  le  24  avril  1691 ,  il  fit  aigiiade  do  26  au 
30  k  Saisie- Hélène,  alors  déserte,  -et  le  26  aoftt 
détMurqna  à  Rotterdam,  après  on  voyage  de  près 
de  trois  années.  Noort  ne  ramenait  que  son 
seni  vaissean  et  seulement  quarante-ltnit  hom- 
mes d'équipage. 

Les  négociants  qui  avaient  commandité  van 
Koort  approuvèrent  hautement  sa  conduite.  Quoi- 
que son  voyage  leur  fût  peu  productif,  ils  con- 
sidérèrent cette  eotroprise  comme  fort  avanta^ 
geuse  à  leur  nation.  En  effet,  les  Hollandais  ac- 
quirent par  elle  la  connaissance  des  mers  du  Sud. 
C'est  arec  justice  que  van  Noort  a  été  placé  par 
les  Bataves  ao  nombre  de  leurs  premiers  navi- 
gateurs ;  son  habileté,  son  courage,  sa  persévé- 
raiicejui  méritent  ce  rang  ;  mais  il  est  triste  qne 
rhistorien  soit  forcé  d'ajouter  que  la  conduite 
de  ce  navigateur  fut  poussée  jusqu'à  la  cruauté, 
sa  prudence  jusqu*à  l'inhumanité.  Chaque  fiage 
de  son  journal  contient  le  rédt  .d'un  drame  san- 
glant. 

Il  a  été  publié  à  Amsterdam  et  à  Rotterdam 
une  relation  du  voyage  de  Olivier  van  Noort  (  eil 
hollandais),  trad.  depuis  en  diiïérentes  langues. 
Voici  le  titre  de  la  traduction  française:  Des- 
cripfion  du  pénible  voyage  fait  autour  de 
Vunivers,  eu  globe  terrestre,  par  Olivier  van 
yoorifOÛtonl  déduitesses  étranfes  aventures 
(  Amsterdam,  1602,  in-fol.  ).         A.  de  L. 

Pnrehat,  ffl0r<mi,  t.  P'.part.  Il,  p. 71.  -^Hi$t.  untrer- 
uUg  (Pwtt,  1781,  SU  TOL  ln-8«),  t  LXXX.  »f.  XXXIV, 
».  1  à  isi  —  itÊCÊKii  dn  f^ofttifes  gui  ont  Mrvt  à.  Vé* 
toMissement  de.  la  Compagnie  des  Indes  orientâtes 
'aoa«ii,  ITM.  10  vol.  In-it  ) ,  t.  II.  p.  Sn,  SSt;  t.  Ht, 
^  i-liS.  —  LaSt.  iVoma  Orbt»,  Ur.  XIII,  cap.  ix  —  il«r-> 
nra,  neaseii  des  markiatioH»idu  détroit  de  ttavaHoH, 
-Stnttago  de  TestHo,  Cuerra  de  ChUe  (  1731),  C^ull.  81. 
—  FrtdMe  Lacroix,  FaCo^onfe.  Terre  d»  Feu,  lies  Ma- 
Irminu^dat»  VOnieer»  pUtoreequOt  p.  M.  —  Vaa  Tenae, 
UisL  tenérale  de  la  Marine,  t.  Il,  p.  sts  et  an. 

«••T  (  H€mp'y'ekarles-Nicolas^  vm  vbm  )\ 
célèbre  hennne  poliliqne  beige,  né  à  Branelles, 
le  7  janvier  173d,  mort  le  13  janvier  t627,  ao 
village  de  Slroonboeck.  Fils  de  l'ammon,  ou 
directeur  de  la  police  de  Bru  telles,  if  étudia 
le  droit  à  Lowain,  et  se  fit  recevoir  avocat  au 
grand  eooaeil  de  Blabant  11  se  signala  pour  la 
pranlèBe  fob  à  rattealion  publique  par  le  Mé" 
tnmre  qn'ii  remit  en  1787  aon  état»  de  Bm- 


bant,  et  oh  il  démontratt  l'inégalité  des  innova- 
tions introduites  dans  les  derniers  temps  par 
reropereor  Joseph  H  dans  l'administration  du 
pay^.  Cet  écrit,  rédigé  d'un  style  déclamatoire 
et  diffus,  fut,  malgré  son  extrême  violence,  una- 
nimement approuvé  par  les  états,  dans  leur 
séance  du  26  avril.  Encouragé  par  ce  succès, 
van  der  Noot  ne  s'occupa  plus  que  d'activer 
l'opposition  provoquée  par  les  mesnres  du  gou- 
vernement autrichien.  Menacé  d'être  arrêté,  il 
s'enfuit  à  Londres,  où  il  chercha  à  gagner  Pitt 
et  plusieurs  autres  hommes  d'État  anglais  à  la 
cause  de  la  délivrance  de  la  Belgique.  Après 
avoir  obtenu  une  procuration  signée  d'un  grand 
nombre  de  membres  du  tiers  état ,  et  qui  le  qua- 
Iftiait  d'agent  plénipotentiaire  du  peuple  bra- 
bançon, il  passa  (mai  1789)  à  La  Haye.  H  fut 
très-bien  accueilli  par  la  princesse  d'Orange, 
qui  le  recommanda  au  grand  pensionnaire  van 
Spiegel  ;  cet  homme  d'Etat ,  auquel  il  exposa 
les  projets  des  patriotes  belges,  envoya  à  ce 
sujet  un  m^oire  ao  ministre  de  Prusse,  le 
comte  de  Herlzberg  ;  il  y  fil  ressortir  Tlmpor- 
tance  quil  y  avait  pour  la  Prusse,  la  Hollande 
et  l'Angleterre,  à  accepter  les  ouvertures  de 
van  der  Noot,  de  peur  quII  ne  s'adressât  à  la 
France.  Le  comte  entra  dans  ces  vues,  et  fit 
assurer  à  van  der  Noot  que  la  Prusse  sou- 
tiendrait les  Belges  s'ils  parvenaient  à  secouer 
la  domination  autrichienne.  Van  der  Noot  ac- 
courot  à  Berthi,  et  obtint  aussitôt  une  audience 
du  ministre  ;  l'insuffisance  de  ses  plans,  sa  for- 
fanterie et  sa  crédulité  forent  bientôt  démêlées 
par  nert2bei-g,  qni  cependant,  pour  ne  pas  le 
rebuter,  lui  donna  quelques  promesses  vagues. 
Tan  der  Noot  s'en  autorisa  pour  annoncer  aux 
patriotes  que,  grâce  à  son  habileté,  les  cabinets 
anglais,  pnissien  et  hollandais  s^étaient  dé- 
cidés à  aider  les  Beiges  dans  leur  lutte  contre 
les  autorités  autrichiennes.  11  se  rendit  à  Bréda, 
et  se  mit  avec  l'abbé  van  Eui)en  à  la  tête  du  co- 
mité  des  émigrés  belges  constitué  en  ce  lieu. 
Dans  l'intervalle  l'avocat  Yonck,  chef  dn  parti 
qui  réclamait  le  renversement  du  gouvernement 
autrichien  an  nom  des  idées  libérales  et  démo- 
cratiques, avait  organisé  la  société  secrète  dé- 
nommée pro  aris  etfocis,  et  avait  rassemblé  à 
Hasselt  un  certain  nombre  de  patriotes,  qui  se* 
préparèrent  à  entrer  en  Belgique  à  main  arnnée. 
Il  communiqua  ses  projets  à  van  der  Noot;  qm, 
se  berçant  du  vain  espoir  d'bbtenirdes  secours 
actih  des  puissances  étrangères,  refusa  d'agir 
en  commun  avec  Vonck,  auquel  il  ne  voulait 
laisser  pfeadre  ancnneînfluence.Ckspendant  le  co- 
mité de  Bréda  se  vit  forcé  bientôt  après  d'accepter 
le  concours  de  Vonck ,  qui  venait  de  charger  le  co- 
lond  van  der  MerscH  de  prendre  le  comman- 
dement de  la  petite  armée  des  patriotes.  Le 
24  octobre  1789  cet  habile  officier  envahit 
avec  ses  troupes  le  territoire  belge  ;  le  même 
jour  van  der  Noot  lançait  on  manifeste  enga- 
geant le  peuple  brabançon  à  secouer  ta  domi- 


339  ^'OOT  — 

nation  deremperear,4(Qi  était  déclaré  décliode 
tous  ses  droits  de  souveraineté  poor  avoir  violé 
la  constitution.  L'adresse  et  le  courage  de  van 
der  Mersch,  joint  aux  fausses  mesures  du  gou- 
vernement autrichien,  amenèrent  en  moins  de 
deux  mois  le  triomphe  complet  des  patriotes  ;  à 
la  tin  de  décembre  les  troupes  impériales 
avaient  évacué  presque  toute  la  Belgique.  Le 
18  de  ce  mois  van  der  Noot,  à  la  tête  du  co* 
mité  de  Bréda,  fit,  au  milieu  des  applaudisse- 
ments, son  entrée  solennelle  à  Bruxelles;  bien 
qu'il  n'eût  à  revendiquer  dans  ces  succès  qu'une 
part  très-minime,  il  fut  reçu  avec  des  honneurs 
tels  qu'on  les  aurait  rendus  à  un  souverain.  Porté 
ainsi  au  faite  du  pouvoir,  malgré  son  manque 
complet  de  talents  politiques  et  diplomatiques,  il 
exerça  une  influence  prépondérante  sur  les  déci- 
sions des  états  confédérés  des  provinces  belges, 
qui  se  réunirent  à  Bruxelles,  le  7  janvier  1790. 
Aussi  ne  faut- il  pas  s*étonner  si  la  constitution 
YOtée  par  eux  ne  répondait  en  aucune  façon 
aux  besoins  du  moment;  parmi  tous  ses  dé- 
fauts un  des  principaux  était  que/ les  états 
s'étaient  en  même  temps  constitués  en  pouvoir 
exécutif;  lorsqu'ils  si^eaient  en  cette  qualité, 
ils  prenaient  le  nom  de  congrès.  Van  der  Noot 
seçut  avec  le  titre  d'agent  plénipotentiaire  une 
autorité  spéciale, mais  mal  définie;  il  la  mit  en- 
tièrement à  la  disposition  du  parti  de  l'aristo- 
cratie et  do  clergé,  et  combattit  h  outrance  les 
tendances  démocratiques  des  adhérents  de 
Vonck ,  qui,  après  avoir  contribué  le  plus  à 
ralTranchissement  de  leur  patrie,  se  trouvèrent 
bientôt  en  butte  aux  persécutions  les  plus  odieu- 
ses; van  der  Mersch,  .qui  les  soutenait,  fut,  k  la 
demande  de  van  der  Koot,  jeté  en  prison  et 
remplacé  par  te  générai  prussien  Sciidnfeld. 
Van  der  Noot  provoqua  ces  mesures  absurdes, 
qui  privaient  le  pays  de  ses  plus  braves  défen- 
seurs, bien  que  depuis  longtemps  il  eût  pu  se 
convaincre  que  la  Belgique  en  était  réduite  à  ses 
propres  forces  et  qu'elle  n'avait  rien  k  attendre 
des  puissances  étrangères.  Mais  il  continua  à  con- 
server sur  ce  pohit  ses  illusions  précédentes,  ce 
qui  le  conduisit  à  faire  repousser  les  propositions 
d'accommodement  très-avantageuses  que  le  nou- 
vel empereur  Léopold  H  soumit  au  congrès.  Ce 
prince  fut  ainsi  obligé  de  faire  au  sujet  de  sa  poli- 
tique vis-à-vis  de  la  Turquie  les  concessions  de- 
mandées par  l'Angleterre  et  la  Prusse;  une  fois 
satisfaites  sur  ce  point,  ces  deux  puissances  n'a- 
vaient plus  d'intérêt  à  soutenir  l'indépendance 
de  la  Belgique,  et  elles  laissèrent  à  l'empereur 
le  cliamp  libre  pour  réintégrer  ce  pays  sons  son 
autorité;^  elles  se  contentèrent  de  stipuler  dans 
\k  convention  de  Reichenbach  (  27  juillet  1790  ) 
que  l'empereur  ne  changerait  pas  l'ancienne 
constitution.  Dans  l'intervaUe  l'incapacité  de  van 
der  Noot  avait  été  cause  en  grande  partie  des 
délaites  presque  continuelles  que  les  troupes 
btiffiê  avaient  essuyées  de  la  part  des  armées 
impériales.  Celles-ci  gagnaient  de  plus  en  plus 


NORBANUS 


940 


du  terrain.  Cependant  van  der  Noot  refuu 
d'accéder  à  un  armistice  proposé  par  les  puis- 
sances médiatrices,  non  pas  qu'il  ne  reconnût 
cette  fois  la  nécessité  de  céder,  mais  parce  que 
la  populace  de  Bruxelles,  qu'il  avait  excitée 
contre  les  vonckistes,  avait  pris  goût  aux  af- 
faires publiques,  et  menaçait  de  massacrer  le 
premier  qui  parlerait  de  négocier.  Cette  obs- 
tination précipita  les  événements  ;  à  la  fin  de 
novembre,  les  Autrichiens  n'étaient  plus  qu'à 
quelques  lieues  de  Bruxelies;  les  membres  da 
congrès  se  dispersèrent.  Van  der  Noot  se  sauva 
en  Hollande ,  où  il  passa  plusieura  années.  En 
1796  il  fut  jeté  en  prison  par  ordre  du  Direc- 
toire, qui  le  punissait  ainsi  d'avoir  persécuté  les 
démocrates.  Relâché  en  1797,  il  revint  dans  son 
pays;  il  passa  les  dernières  années  de  sa  vie 
aux  environs  de  Bruxelles,  dans  la  plus  i^rande 
obscurité.  Avant  de  mourir,  il  brûla  les  nom- 
breux documents  concernant  la  révolutioa  bra- 
bançonne qui  étaient  restés  en  sa  possession.  0. 

Dewtt,  HUtoin  de  la  Belgigme.  •>  MëUûçer  éa 
sciencet  kUtoriquei  dé  Belgique  (  anoéc  isio.  p.  178  )• 

—  .Ad.  BorgoeC,  Lettres  iur  la  revobKUon  brabamçenn» 
(  BrtttcUM,  in4,  t  vol.)  et  tlist,  dês  Belge»  a  la  Mm  du 
dix^uHiême  siècle  (Ibfd.,  ISU.tTol.).  —  Ferd  Ea- 
pédloB  de  Berg,  MéaMiree  et  ÛocueteiUs  pour  servir  à 
fhlst,  de  la  rév.  brabançonne  (  Bruielles,  ts^l,  S  voL  ). 

—  Van  de  Splegel,  Résumé  des  négociations  çul  aecom- 
pagnérent  la  rév.  des  Pa^s-Bas  autrickiens  (  amsier- 
daio,  1S41,  lD-8*).  ~  Gaeiard,  Doc.  sur  ta  ré»,  beige  de 
ITIO.  —  Arendi,  Die  brabantische  BevoluUon  1  dans  le 
Historisehet  Tasehenbuchûe  Raumer,  aoo.  18(1). 

NOP  (  GerHt),  peintre  hollandais,  né  à  Har- 
lem, en  1570. 11  fut  run  des  bons  élèves  d'Henry 
Goltzios,  et  avait  déjà  donné  de  nombreuses 
preuves  de  son  talent  lorsqu'il  se  rendit  en 
Italie.  Il  séjourna  quelques  années  à  Rome,  et 
de  retour  à  Harlem  y  exécuta  plusieurs  ta- 
bleaux dont  van  Mander,  son  contemporain,  fait 
un  grand  éloge.  Nop  mourut  à  la  fleur  de  l'âge, 
vers  1600.  Les  productions  de  Nop  sont  peu 
connues  hora  de  sa  ville  natale.      A.  de  L. 

Charles  van  MkDder,  Het  leven  der  modem  <tft  dees- 
Igtscke  doorluektigke  Nederlandtsehe  etc.  (  Apiterdam, 
1817,  lii-4«).  -  DeMCampa,  La  ^ie  des  peintres  hollan- 
dais,^c,  L  I,  p.  lis. 

NORBASius  (  Caiiu  ),  un  des  chefs  du  parti 
démocratique  dans  les  guerres  civiles  de  Marius 
et  de  Sylla ,  mort  en  81  avant  J.-C.  Tribun  du 
peuple  en  96,  il  accusa  Q.  Servilius  Csepfon  de 
crime  d'État  (majesitu)  pour  avoir  pendant 
son  consulat  (  106  )  pillé  le  temple  de  Toulouse 
et  causé  l'année  suivante  la  défaite  de  l'armée 
romaine  par  les  Cimbres.  Ces  deux  chefs  d'ac- 
cusation étaient  moontestables  ;  et  malgré  l'appui 
déclaré  du  sénat,  malgré  la  puissante  éloquence 
de  l'orateur  L.  Crassus ,  Ca^n  fut  condamné 
par  le  peuple  et  envoyé  en  exil.  Les  troubles 
arrivés  pendant  le  jugement  fournirent  aux  en- 
nemis du  tribun  l'occasion  de  Vaocuser  Ini- 
méme  de  crime  d'État,  en  94.  P.  Snipîcius  Bnfoa 
dirigea  l'accusation  et  le  célèbre  orateur  Maroos 
Anfonius  présenta  la  défense.  Norbanus  fut  ac- 
quitté. Préteur  en  Sicile  pendant  la  guerre  So- 


24t 


NORBANUS  —  NORBERT 


342 


ciâie  (90-88),  fl  maintint  ta  tranquillité  dans 
cette  IJe.  et,  franchissant  le  liétroit  du  Piiare 
eo  8S,  il  força  les  Samnites  de  lever  le  siège  de 
Rhegium.  Lorsque  la  guerre  civile  édata  entre 
Marioset  Sylla,  Il  se  déclara  pour  le  parti  dé* 
loocratiqiie;  mais  il  resta  étranger  aux  excès 
qoi  souillèrent  le  triomptie  de  Marins.,  Consul 
co  83  avec  Sdpion  l'Asiatique,  il  eut  pour  pro- 
vince ritaiie  méridionale,  menacée  par  Sylla,  et 
ooeopa  une  forte  position  sur  le  Vultume  au 
pied  do  mont  Tifala,  non  loin  de  Capoue.  Sylla 
parot  d*abord  vouloir  négocier,  et  envoya  des 
(lépalés  an  consul  ;  cette  mission  était  une  ten- 
tative détournée  pour  gagner  les  soldats  de 
.^rbanos.  Les  ambassadeurs  de  Sylla  furent 
renTojés  avec  des  insultes,  et  les  deux  armées 
ea  vinrent  aux  mains.  Les  nouvelles  levées  de 
Norbaous,  incapables  de  lutter  contre  les  vété- 
rans qui  avaient  vaincu  Mitliridate,  prirent  la 
faite,  et  ce  fut  seulement  sous  les  murs  de  Ca- 
pooe  que  le  consul  rallia  son  armée,  qui,  dimi- 
nuée de  sept  raille  hommes,  était  hors  d*état  de 
tenir  plus  longtemps  la  campagne.  La  bataille 
(la  Vnitame  livra  aux  vainqueurs  Tltalie  méri- 
dionale; il  restait  au  parti  démocratique  le  nord 
de  ritalie.  Norbanus  joignit  en  82  le  consul  Car- 
bon dans  la  Gaule  Cisalpine.  Les  deux  généraux 
livrèrent  bataille  à  Métellus  Pius,  lieutenant  de 
Sylla,  et  essuyèrent  une  défaite  complète,  qui 
porta  le  coup  de  mort  au  parti  de  Bibrius  en 
Italie.  Les  chefs  de  ce  parti  avaient  encore  des 
forces  oonsidéraliles;  mais  la  défection  et  la 
trahison  se  mirent  dans  leurs  rangs.  Albinovanus, 
i^Mivemeur  d*Ariroiniuro,  invita  à  un  tranquet 
Norbanus  et  s^  principaux  officiers;  le  gé- 
■|âral,  soupçonnant  une  perfidie ,  refusa  Tinvita- 
tioa;&es  offiders,  plus  confiants,  furent  égorgés 
pendant  le  repas.  Kortwnus  s'enfuit  à  Rhodes  ; 
mais  Sylla  réclama  son  extradition.  Tandis  que 
iesRhodiens  délibéraient  sur  la  demande  du  dic- 
t^l^iir,  le  consulaire  proscrit  se  tua  lui-même  au 
milieu  de  la  place  publique.  L.  J. 

Clrirmi ,  De  OraU,  II,  4S,  49  j  III.  tl,  M,  M,  40  ;  OraL 
'Wt.,  M;  yerr.,  V,  4.  -  Applen,  Bel.  Cio  ,  I,  SI,  «4,  U, 
«1.  - TileUve,  EpUL,  8S.  -  Vclleliu  P*tercoliu,  II, 
23.  -piaiarqoe,  Smit.,  17.  -  Orose,  V,  M.  -  Floros, 
Jll,  H.  -  Meyer,  Fragmenta  roman,  orator ,  p.  M7, 
i*Mit  —  OruiMao,  CeseMeMU  Bômt^  roU  II.  p  4M. 

aoRBBR6(Ma^Ato5),  savant  orientaliste  sué- 
^,  oé  en  1747,  en  Angerroanie,  mort  à  Upsal, 
^  1 1  janvier  1816.  Reçu  docteur  en  philosophie , 
il  fut  en  1776  adjoint  à  la  faculté  théologique 
dX'psal;  Vannée  suivante  il  partit  pour  Té- 
^^er,  dans  le  but  de  compléter  ses  oonnais- 
^fBoes  des  langues  orientales.  Après  avoir  vi- 
^  TAllemagne,  il  fit  un  séjour  prolongé  à 
^ris,  et  plus  tard  à  Rome  entreprit  des  re- 
cbeithes  dans  les  principales  bibliothèques  de 
ces  deux  vHles.  11  se  rendit  ensuite  à  Cons- 
taiitîDopie,  où  il  devait  être  r^oint  par  Bjôms- 
U»  avec  lequel  il  venait  d*ëtre  chargé,  par  le 
iS^ivemement  suédois,  d*explorer  les  pays  orien- 
liui.  La  mort  de  Bjômstal  ayant  fait  avorter  ce 


projet,  Norberg  continua  à  Constantinople  l'é- 
tude de  Tarabe  et  d'autres  idiomes  de  l'Orient, 
et  se  procura  aussi  des  renseignements  sur  les 
doctrines  des  Sabéens.  De  retour  en  Suède  à  U 
fin  de  1781 ,  il  obtint  la  chaire  de  langues 
orientales  à  l'université  de  Lund  ;  lorsqu'il  prit 
sa  retraite  en  1820,  il  fit  don  à  cet  établisse- 
ment d'un  fonds  de  34,000  francs,  pour 
l'entretien  d*nn  professeur  de  langues  modernes. 
On  a  de  Norberg  :  De  religione  et  lingua 
5a6aM»rtfm;Gœttingne,  1780  ;  —  JHssertationes 
aeademiex;  Upsal  et  Lund,  1773-1814;  —  Co- 
dex  SffHaco' hexaplari$^  ambrosianO''mediO' 
lanensiSf  edilUM  et  latine  verstu  ;  Lund , 
1787  ;  '  Programmata  ;UaÈâf  1793-1801  ;  — 
Codex  Nazarxus,  liber  Adami  appellatus, 
Sffriaee  transeriptus  latineqtte  redditus; 
Lund,  1815-1816, 3vob;^  Leaneoneodicis  Na- 
zaraH;  Lund,  1816,  in-4';  suivi  d'un  Onomas- 
tieùn  codicia  Nazarxi;  Lund,  I817 ,  in'4® 
(  voy,  sur  les  travaux  de  Norberg  au  sujet  des 
Sabéens  ou  Nazaréens  un  article  de  Silvestre 
de  Sacy  dans  le  Journal  des  savants  de 
1819);  —  Rudimenta  etpmologix  grœcas  a 
semUieissuis  originibus  petitœ;Lunà,  1816; 
—  Selecta  opuscula  aeademica  ;  Lund,  1817* 
1819,  3  vol.;  —  Gihan  Numa  GeograpMa 
orientalis^  e  turcico  in  latinum  oerta;  Lund, 
1818,2  vol.;  —  Annales  de  Vempire  turc, 
puiiées  dans  les  actes  du  pays  ;  Cbristtans- 
tadt  et  Lund.  1820-1822,  4  vol.;  —  Norberg  a 
encore  traduit  de  l'aralie  en  suédois  le  Rapport 
sur  la  révolution  du  royaume  circassien  de 
Schil-Effendi,  Stockholm,  1816;  il  a  aussi  tait 
le  Catalogue  des  manttscrits  orientaux  de  la 
bibliothèque  d* Upsal,  inséré  dans  les  iicto 
Sœielatisscientiarumupsaliensis.        G.     . 

BlographUk'  Lexikon, 

NORBKET  (Saint),  archevêque  de  Magde- 
bourg,  né  à  Saoten  (duché  de  Clèves),  en 
1080,  mort  le  6  juin  1134.  Sa  famille  était  une 
des  plus  considérables  de  l'Allemagne,  et,  quoi- 
que destiné  dès  sa  jeunesse  à  l'état  ecclésias- 
tique, il  eut  d'abord  les  mœurs  des  gens  de  sa 
condition.  A  proprement  parler,  suivant  tous  les 
historiens  de  sa  vie,  c'était  alors  un  franc  libertin. 
Nous  le  voyons  commencer  sa  carrière  ecclé- 
siastique sous  l'habit  des  chanoines  séculiers, 
dans  l'église  collégiale  de  Santen.  11  fut  ensuite, 
pendant  quelques  années,  chapelain  de  Tem- 
pereur  Henri  V,  son  parent  ;  mais  plus  grand 
avait  été  le  désordre  de  ses  mœurs,  plus  sacon- 
Tersion  fut  éclatante.  Ayant  subitement  aban- 
donné la  cour,  il  se  confina  dans  une  étroite 
retraite,  fit  une  austère  pénitence,  et  se  rendit 
ensuite  auprès  de  l'archevêque  de  Cologne,  qu'il 
pria  de  lui  conférer  les  ordres  sacrés.  Ordonné 
diacre  et  prêtre  le  même  jour  il  se  mit  à  par- 
courir les  campagnes,  et  alla  prêcher  dans  les 
églises,  sur  les  places,  recherchant  les  mor- 
tifications, conviant  chacim  à  suivre  son  exem- 
ple, et  annonçant  partout,  avec  l'dpreté  des 


243 


«ORBERT  —  WORBLIN 


241 


anciens  prophètes,  Theure  de  Dieu,  Tlieure 
terrible  aux  pécheurs.  On  le  prït  pour  un  fou, 
et  il  fut  déféré  sous  l'accusation  de  fanatisme  au 
ooncilede  Frixiar,  en  1118.  Mois  il  paraît  qu'il 
y  confondit  ses  aoousatenrs.  Cependant  comme 
il  faisait  dans  son  pays  peu  de  prosélytes,  il  le 
qnitta,  traversa  la  France ,  et  se  rendit  auprès 
du  pape  Gélase,  qui  paroeuraii  le  Languedoc. 
Gélase  lui  fît  bon  accueil,  et  lui  permit  de  oon* 
tinneren  tous  lienx  ses  pnédicatinns,  jusqu'alors 
à  peu  près  infructueuses*  Il  obtint  pins  de 
succès  en  fiainaut,  daM  ie  Brabaot.  On  lui  pro- 
posa, dit-on,  révèolié  deCambray;  mais  il  le 
refusa,  par  mépris  pour  les  dignités  el  les  af- 
faires roandaines.  Quelqoe  fenps  après,  en  1 120, 
Barthélémy^  évéqoe  dcLaon,  l'attira  près  de  loi, 
et  le  changea  de  reformer  les  chanoÎDes  réguliers 
de  cette  Tîlle,  dont  les  liabiludes  étaient  fort  re- 
lâotiées.  C'était  une  commission  di  facile.  Norbert 
ne  réussit  pas  à  vaincre  lenr  indiscipline  obsti- 
née. Résister  anx  eonseils  des  gens  de  oe  carac- 
tère, c^est  les  pousser  anx  résolutions  extrêmes. 
On  vit  alors  Norbert  qottter  la  ville  de  Laon, 
et  se  retirer  dans  les  profbndeurs  de  la  forêt  de 
Voas,  loin  d'une  société  qu'il  estimait  en  proie 
à  d'incurables  vices.  Il  avait  bien  choisi  le  lieu  de 
sa  retraite.  C'était  un  affreux  désert;  un  sombre 
marécage,  que  dominaient  de  grands  bois  et  des 
monts  aux  flancs  escarpés.  Il  y  vécut  d'abord 
seul.  Mais  comme  il  en  sortait  de  temps  en 
temps  peur  aller  à  la  ville  Mvrer  quelque  as- 
saut à  l'irréligion,  son  triomphant  ennemi,  il 
en4ratna  bientôt  un  certain  nombre  de  gens  à 
suivre  son  eicemple,  et,  les  ayant  associés  à  ses 
pians  de  réforme,  il  établit  leurs  cellules  près  de 
la- sienne,  et  leur  dictar  des  lois.  Telles  furent  les 
commencements  de  l'institut  célèbre  de  Pré- 
montré. La  difficulté  principale  avait  été  pour 
Neihert  de  réunir  quelques  disciples»  Dès  qu'il 
■e  fut  plus  seul,  on  crut  à  sa  mission,  et  celui 
que  la  veille  on  fuyait  comme  un  insensé,  fut  re- 
oherclié  comme  un  saint  homme.  Quatre  ans 
après  Norbert  avait  soaa  son  gouvernement 
neuf  monastères  où  Ton  observait  «trictemeat 
la  règle  qu'il  avnit  prescrite.  H  avait  donc , 
pour  enployier  l'ancien  langage,  fondé  une  re- 
ligion. A  ce  titre  il  était  devenu  dans  l'Église,  et 
mAme  dan»  TÉtat,  un  personnage  considérable. 
La  conte  de  Champagne  l'ayaot  chargé  d'une 
raiaaion.  auprèa  de  rempereiir,  il  se  rendit  à 
Spire  SB  lioa^  L'archevêché  de  Magdebouiig 
était  aiora  vacant  :  en  même  temps  que  Nor- 
t»eii  se  trouvaient  akm  à  Spire  les  délégués 
de  l'Eglise  de  Mhgdehawig,.  qiii  venaient,  sui- 
vant l'usage,  ooasulter  r-enafiereur  sur  le  choix 
qu'ils  devaieat  faire.  Norbert  lear  fut  proposé. 
On.  raconte  q«e  celai-Gi  manifesta  la  plus  vive 
résialanoa  anx  voeux  de  l'empereur  et  des  dé- 
léguée, et  qu'on  dut  recourir  à  la  violence  pour 
rempêoher  de  fuir  du  côté  de  Laon  et  l'en- 
tralaer  vecs  Magdebourg.  Enfin,  de  force  ou  de 
gré,  il  quitta  sa-  robe  de  chanoine  pour  revêtir 


le  |)alliom,  et  parut  dans  son  église  métropoli- 
taine; oependant  il  conserva  quelque  temps  en- 
core le  titre  d'abbé  de  Prêmontré,  et  ne  se  fit 
remplacer  au  gouvernail  de  cette  abbaye  qu'en 
1 1 28.  Il  assistait  au  concile  de  Reims  en  1 131 ,  où 
il  eut  plusieurs  entretiens  avec  saint  Bernard. 
Animés  de  la  même  passion  pour  la  réforme  des 
ordres,  ils  devaient  s'entendre.  Ils  s'entendirent 
en  effet  sur  toutes  les  questions,  hormis  celle  de 
la  venue  de  l'AntiH^hrist.  Dans  l'emportement  de 
son  zèle,  Norbert  ne  voyait  autour  de  lui  que  des 
impies,  que  des  suppôts  du  noir  abîme;  et  leur 
nombre,  lenr  puissance  l'effrayait  au  point  qu'il 
n'hésitait  pas  à  croire  que  le  mystère  d'iniquité 
allait  prodiainement  s'accomplir.  Suivant  lui, 
l'Antéchrist  était  né  ou  allait  naître.  Tel  n'é- 
tait pas  l'avis  de  saint  Bernard.  La  dernière 
année  de  la  vie  de  Norbert  fut  employée  au  ser- 
vice du  parti  qui,  durant  le  schisme  de  l'Église, 
avait  favorisé  la  cause  d'Innocent  H.  Il  accom- 
pagna l'empereur  qui  se  rendait  à  Rome  pour  y 
installer  ce  pape  et  l'y  protéger  contre  ses  enne- 
mis. C'est  au  retour  de  oc  voyage  qu'il  mourut 
On  a  de  saint  Norbert  un  Sermon  inséré  dans 
la  Bibliotfièquedes  Pères f  édit.  de  Lyon,  t.  XXI, 
p.  lis,  et  quelques  fragment»  d'une  moindre 
importance.  Le  Paige,  dan.<%  sa  BiMwth.  prx- 
monstr,,  lui  attribue  plusieurs  autres  écrite; 
mais  s'ils  ont  existé,  ils  sont  perdus,  ou  ils  ont 
été  considérés  comme  appartenant  à  d'autres 

auteurs.  B.  H. 

Hiigo.  rie  Ot  saint  Norbert.  -  GaU.  ekristUatm, 
t.  IX.  cnl.  64t,  64S.  -  Bibtioth.  Prsemonxtrat .,  p.  S04.  — 
Builandisloii,  Juin,  t.  I,  p.  809.  -  Saint  Benumi,  EpUL, 
1S8.  '  UM.  littérairr  de  la  f'rancr.  t.  XI,  fi.sts. 

HOEBBiiT  (Le  P.).  Voy.  Pabisot. 

HORBUiSi  DE  La  GouRD*iw(«feinii- Pierre), 
peintre  et  graveur  français,  né  le  l^*  juillet 
1745,  à  Misy-Faut- Yonne,  près  Monterean,  mort 
à  Paris,  le  23  février  1830.  Élève  de  Casanova, 
il  obtMit  en  1771  le  grand  prix  de  peinture,  et 
s'adonna  an  genre  qu'avait  cultivé  son  inallre. 
En  1774,  il  accompagna  en  Pologne  le  prince 
Adam  Czartoryski.  Ses  talents  lui  conquirent 
bientôt  une  position  brillante  ;  il  prit  la  direc- 
tion d'une  école  de  peinture,  d'où  sont  sortis 
quelques  artistes  distingués,  et  fut  chargé  de 
travaux  important».  Le  roi  Stani^Us•Augusle 
lui  conféra  la  noblesse,  afin  qu'il  pût  assister  anx 
assemblées  de  la  diète  et  en  reproduire  exacte- 
ment l'aapect.  Il  lui  lit  peindre  la  Hataiiie  de 
Zboraw  sons  Wladislas  IV.  Le  prince  Radrivill 
lui  commanda  pour  son  palais  un  plafond  repré- 
sentant le  char  de  C Aurore  traîné  par  sept  cbe* 
vaux  de  dinMneion  cotoaaale.  Il  fit  en  outre  de 
nombreux  petits  tableaux  dans  le  genre  de  Wat- 
teau  et  à  la  gouache.  Malgré  tous  les  efloria 
qu'on  fit  |iour  le  retenir  en  Pologne,  fforUin  re- 
vint se  fixer  en  Franoe,  en  1804.  Admiraleor 
passionné  de  Rembrandt,  il  exécuta,  à  Timitatîoo 
de  ce  i^ipltre,  quatre-vingt-treize  gravures  à 
l'eau-forte,  qui  n'ont  été  publiées  qu'après  aà 
mort  H.  H— M. 


345 

Catalofniê  du  ttfmyes  f «i  oompotrat  tttwcv  de 
II:  Hortfti»,  par  P.  nilmacber.  184*.  —  L.  UuBsteiis, 
Lr<  Artistes Jf Tançait  à  rétrançer. 


l  X0BBL15  {Sébastien'  Louis  -  Wilhelm), 
peintre  fraoçais,  fils  du  précédent,  né  le  20  té* 
Trier  1796,  à  Varsovie.  Élève  de  Regnault  el 
de  ilcole  des  Beaux-ArU,  il  obtint  le  seœnd 
gnad  prix  en  1823  et  le  premier  en  1825, 
sur  ce  sujet  :  Antigone  reconnaissani  Po- 
lynice.  Ses  principaux  envois  de  Home  furent 
Cgparisse  mourani  sur  son  cer/^  tableau  ex- 
posé au  salon  de  1827,  et  La  Mari  de  Phaiaris. 
De  retour  à  Paris,  il  exécuta  sucoessiveraent  :  La 
Mort  d' Ugolin  ;  une  Bacchante  endormie  ;  Éri^ 
gone  (1833)  ;  —  une  Baigneuse  <  18^);  —  Vision 
de  saint  Luc(  1836  )  ;  —  Jésus^Chrise  guéris* 
fantuM  paraif  tique  (1839)  ;  ^  Jésus  au  jar- 
din des  OHviers  (  1841  )  ;  ^  Saini  Paul  à 
Athènes  (  1844  )  ;  —  i^  trois  Parques  (  1846  )  ; 
l'Etoile  du  maiin  (1847)  ;—  Martyre  de  saint 
Laurent  (  1848)  ;  —  Rachel  pleurani  ses  en* 
/m/f  (1849 };  —  la  Décollation  de  saint  Jean 
(  1860  )  ;  —  Jésus-Christ  et  les  petits  enfants 
(1857);  —deux  cartons  de  la  Vie  de  sainte  Su- 
Maac  (  I8ô9  ).  M.  NorbKn  a  exécoté  des  peki- 
tore;  dans  Téf^ise  de  Saiot>^Loui8-eB-l1le.  H  a 
iait  anMi,  pour  le  musée  de  Y«rsaHles,  une  copie 
de  François  /«r  et  Charies-Quini  visitant 
Saint-Denis,  d*àprès  Gros*  Il  est  ohevalier  de 
la  Légkm  d'Honneur.  6.  na  F. 

Junaaire  des  JrtUtes  français,  tSSS. 

RORDALBiaGBiff  (  Bernard  de  ).  Foy.  Bà- 

ttDOW. 

^OKhtLEMG (Georges-André )f  historien  sué- 
({ois,né  à  Stockholm,  le  3  septembre  1677,  mort 
le  14  mars  1744.  Fils  d*un  n^odant  aisé,  il  étn- 
^  à  Upsal  la  théologie ,  devint  en  1703  aumô^ 
nier  d'un  r^iment  d*artiilerie,  alors  employé  an 
^delhom,  fut  nommé  Tannée  suivante  no- 
taire  du  consistoire  anlique,  et  en  1 705  aumônier 
de  la  garde  royale.  Après  avoir  visité  plusieurs 
Qoirerntés  de  TAIIemagne,  il  fut  promu  en 
l'07  i  l'emploi  d*aumônier  dn  roi  Charles  XII , 
<|o'il  suivit  à  la  gaerre.  Fait  prisonnier  àia  ba« 
taille  de  PoItava,il  Ait  transféré  successivement 
dutt  diverses  villes  de  Tempiré  russe,  et  nere- 
^^onna  sa  liberté  qu'en  1715.  Deux  ans  après, 
Q  Ait  nommé  pasteur  à  Téglise  Sainte-Claire  à 
Stockholm;  chargé,  aux  diètes  de  1719,  de  1728 
^  de  1731,  de  la  direction  des  alTaires  ecdésiafr» 
tûipeg^  il  refosa  h  plusieurs  reprises  la  dignité 
^sfiopale,  par  attachement  pour  ses  ouailles. 
^  a  de  lui  :  Berrattelse  om  det  gamla 
^'  Clara  llostri  i  Stockholm  (Documents  sur 
l'soden  couvent  de  Sainte-Claire  à  Stocktiolm); 
Stockholm,  1727,  in- fq!.;—  Konung  Caris  Xli 
Bhtoria  (Histoira  du  roi  Charles  Xn);  ibid., 
t^«0, 2  Toi.  in-Cbl.  ;  tradniten  français,  La  Haye, 
I742.i74g^  4  vol.  in-4*;  et  en  allemand,  Ham- 
»B%  1745-1751,  3  vol.  in  fol  :  fauteur  y  re- 
Kva  avec  une  certaine  aigrenr  les  nombreuses 
inexactitudes  échappées  à  Voltaire  dans  son 


NORBUN  —  NORDEN  M6 

Histoire  de  Charles  Xîl,  Voltaire,  tirant  part» 
de  ce  que  phisieurs  de  ces  erreurs  n'avaient  au- 
cune importance,  poursuivit  Nordberg  de  ses 
mordantes  épigrammes ,  et  mit  an  jour  les  lon- 
gueurs da  style  tourd  et  diffus  de  fauteur  sué 
dois.  o.  < 


jécta  kistcneo-eeelesiattlea  (Letfntg,  f7S4-ns8,  (.  IX}. 
->  HlneiilDf ,  Bandbveh.  —  Mtooruphisk  Uxikim, 

ifoiiDBff  (John),  graveur  anglais,  né  vers 
1548,  dans  le  Wiltshire,  mort  vers  1626.  Admis 
en  1564  à  f  université  d'Oxford,  il  fbt  reçu  maître 
es  arts  en  15T3;  mais,  n'ayant  pas  réussi  à  se 
frayer  un  chemin  par  lès  lettres,  il  s'adonna  au 
dessin  et  à  la  gravure ,  et  acquit  mtoie  en  ce 
dernier  genre  une  certaine  réputation.  Quelques 
grands  seigneurs,  le  ministre  Cecil  entre  autres^ 
lui  accordèrent  leur  patronage ,  ce  qni  ne  f em- 
pêcha point  de  vivre  dans  la  ^e.  Sa  résidence 
ordinaire  était  tantôt  à  Futtiam ,  tantôt  à  Hen- 
don,  paroisses  voisines  de  Londres.  Vers  la  fin 
de  sa  vie  il  obtint,  pour  lui  et  pour  son  fRs,  le 
titre  d'krpenteur  (surveyor)  du  prince  de  Galles. 
Il  mesura  le  comté  d'Essex  en  1584,  le  Hertfonl- 
shire  et  le  Middiesex  en  1593,  et  exécuta  en 
outre  les  cartes  de  la  Coraonaifle,  do  Hlmipshire, 
dn  Surrey  et  dn  Sossex ,  cartes  reproduites  avec 
des  additions  dans  le  Théâtre  de  J.  Speedet  sur 
lesquelles  il  fut  le  premier  qui  indiqua  les  voies 
de  communication.  Nous  citerons  encore  de  Ini  ^ 
England,  an  intended  •  guide  for  Bnglish 
travellers;  Londres,  1625,in-4^;— Spectiftim 
Britanniœ,  a  topographical  and  historical 
description  ofCornwalt;  1728,  in-4*  :  Impr. 
d'après  un  vieux  ms.  du  Brittsh  Muséum,  cet 
ouvrage,  cité  comme  un  des  meilleurs  de  Norden, 
ne  serait,  selon  le  témoignage  de  Gough,  qu'une 
simple  reproduction  du  recueil  de  RichanI  Carew 
snr  la  Cornooaille;  —  Spéculum  Britannia',  or 
an  historical  and  chorographical  desciiption 
of  Middiesex  and  Hertfordshire  ;  1573,  ln-4% 
réimpr.  en  1637  et  1723  ;  la  seconde  partie,  qui 
contient  le  tableau  du  lïorlhamptonsliire,  parut 
à  Londres,  1720,  in -8^;  —  The  surveyor*s  dia- 
logue; Londres,  1607,  in-4*'  :  c'est  on  bon  traité 
pratique  d'arpentage.  Quant  aux  dessins  qu'il  a 
gravés,  il  est  difficile  d'en  indiquer  le  nombres 
Wood  lui  attribue  quinze  sujets  religieux  en  ex- 
primant  des  doutes  sur  leur  authenticité. 

P.  L— Y. 

Wood,  Mhtnm  Oxam^  I.  ~  Qcnsfi^^JntedUeê  •fbri- 
tish  tapoerapkf.  —  Stratt,  DUt.  qf  ençraxmn, 

NOEIIB0I  (Frédéric-Louis),  voyageur  danois,, 
né  le  22  octobre  1708,  à  Glurkstadt,  mort  à  Pa- 
ris, le  22  septembre  1742.  Fîls  d'un,  lieutenant- 
colonel  d'artillerie ,  il  entra  k  f  école  des  cadeta 
de  Oopenhagne  ;  il  en  sortit  en  1732  avec  le 
grade  de  lieutenant  de  marine»  et  reçut  en  même 
temps  une  pension  pour  aller  à  l'étranger  s'ins- 
truire plus  complètement  dans  sa  prolteion. 
Après  avoir  séjourné  deux  ans  en  Hollande,  H 
visita  Marseille  et  Livourne;  il  y  dessina  les 
plans  de  construction  des  navires  les  plus 


247  HORDEN 

usage  dans  la  Métiiterranée  et  les  envoya  à 
Copenhague.  Il  parcourut  ensuite  Tltalie,  et  s*ar- 
Jeta  longtemps  à  Florence,  où  il  se  lia  avec  le 
baron  Stosch,  qui  le  fit  recevoir  membre  de  i'A- 
cadéroie  de  peinture.  En  1737  il  quitta  cette  ville 
pour  se  rendre  en  Egypte,  dont  il  venait  d'être 
chargé  par  son  gouvernement  de  dessiner  les 
monuments.  Après  avoir  exploré  pendant  quatre 
mois  Le  Caire  et  ses  environs,  il  visita  les 
pyramides,  et  remonta  le  Nil  jusqu'à  Déir  en 
Nut>ie  ;  le  mauvais  vouloir  des  gens  du  pays  Tem- 
pècha  de  pénétrer  plus  loin.  De  retour  au  Caire, 
le  21  février  1738, il  gagna  Venise,  et  de  là,  à 
travers  TAllemagne,  Copenhague.  Très-bien  ac- 
cueilli par  le  roi,  il  fut  nommé  capitaine  de 
vaisseau  et  membre  de  la  commission  pour 
les  constructions  navales.  En  1740,  lors  de  la 
guerre  entre  TAngleterre  et  TEspagne,  il  entra 
comme  volontairedans  la  marine  britannique,  et 
assista  entre  autres  au  siège  de  Carthagène.  11 
revint  à  Londres  en  Tautomne  1741,  et  fut  élu 
membre  de  la  Société  des  sciences.  11  partit 
pour  la  France  dans  l'espoir  d'y  rétablir  sa  santé 
aiïaiblle;  mais  il  mourut  bientôt  après.  On  a 
de  lui  :  Ruins  and  colossal  statues  at  Thebes; 
Londres,  1741,  avec  quatre  planches  ;  ^  Voyage 
d* Egypte  et  de  iViiM«;  Copenhague,  1752- 1755, 
2Tol.in-fo1.,  avec  159  planches:  cet  ouvrage,  pu* 
bliépar  ordre  du  gouvernement  danois,  d'après 
les  papiers  de  Norden,  fut  traduit  en  anglais  par 
Tempelman,  Londres,  1757,  2  vol.  infol.,  et 
1775,  2  Tol.  in-S**;  en  allemand  par  StelTeos, 
Breslau,  1779,  2  vol.  in-S**  ;  le  texte  français  fut 
réimprimé  à  Paris,  179&*1798,  3  vol.  in-i%  par 
les  soins  de  Langlès,  qui  y  introduisit  de  nom- 
breuses corrections  et  additions.  Avant  l'expédi- 
tion française  en  Egypte,  le  Voyage  de  Norden 
était  le  seul  ouvrage  où  fussent  décrits  les  mo- 
numents antiques  de  ce  pays;  c'est  là  où  l'on 
voit  appliquer  pour  la  première  fois  la  méthode 
de  faire  connaître  les  détails  des  grandes  cons- 
tructions par  des  élévations,  des  coupes,  etc. 
Les  cartes  du  cours  du  Nil  fournies  par  Norden 
sont  beaucoup  moins  exactes  que  le  reste  des 
renseignements  qu'il  avait  recueillis.  O. 

Hirnehing.  Bundbuck.  -^  Meaul,  Bibliotheea  Aiito- 
rka,  t  m.—  Vytrup,  lÀUeratur'Lexikùn. 

NORDBNANKAR  (Jean  DE),  marin  suédois, 
né  en  1722,  mort  près  de  Calmar,  le  3  septembre 
1804.  Entré  de  bonne  heure  dans  la  marine,  il 
parvint  au  grade  de  vice-amiral  ;  il  explora  avec 
soin  les  mers  du  nord  et  en  fit  faife  des  cartes 
très-exactes.  11  était  membre  de  l'Académie  des 
sciences  de  Stockholm,  dont  le  recueil  contient 
plusieurs  Mémoires  de  lui,  un  entre  autres,  Sur 
tes  courants  de  la  Baltique,  O. 

IHoçraphUk'Lexikom. 

MORDBNFLTCHT  (Hedwige- Charlotte,  ba- 
ronne de),  femme  auteur  suédoise,  née  le  20  no- 
vembre 1718,  morte  le  29  juin  1763.  Elle  habita 
longtemps  Stockholm ,  et  réunit  dans  sa  maison 
les  littérateurs  les  plu&  distingués  de  son  pays. 


-  KOttES  248 

Elle  se  retira  pins  tard  à  la  campagne  |>our  s'a- 
donner plus  librement  à  la  composition  de  ses 
poésies,  remarquables  par  l'élégance  de  la  forme 
et  par  la  grâce  et  la  tendresse  des  sentiments 
qu'elles  expriment.  Ses  principales  productions 
sont  :  Den  sorjande  Turturdufvan  (Les 
Plaintes  de  la  tourterelle)  ;  Stockholm,  1743, 
in-8«i  —  Taukar  om  Skaldekonslens  ^ylta 
(  Idées  sur  l'emploi  de  la  poésie)  ;  ibid.,  1744, 
in-4°;  —  Quinltgt  Tankespel  (Jeux  dlmagi na- 
tion d'une  femme);  ibid.,  1745-1750,  5  parties, 
in-4*  ;  —  Den  fraisa  Swea  (  La  Suède  affran- 
chie); ibid.,  1746,  m'h"*;  — Àndelige  Skaldti- 
quadem  (  Poésies  religieuses)  ;  ibid.,  1758,  in-S"; 

—  Défense  des  femmes  contre  J,^J,  Rousseau, 
ibid.,  1763; —  Caractères  des  poètes  suédois; 

—  un  Choix  des  poésies  de  M"**"  Nordenflycht 
a  été  donné  par  Fischerstrôm  ;  Stockholm,  1774, 
ln-8\  O. 

Iltttas,  Sckicktiiie  der  schôtun  Bêéekûtute  l»  Sekwt- 
den.  —  HOst,  Vdsifft  over  den  sventke  Digtekioau 
S^jeebw  (Copenhague.  1804).  —  Atterbom,  SvemU 
Siare  och  Skatder.  -  Biograpkisk'LexUUm. 

NORDIM  (Charles-Gustave) j  savant  prélat 
suédois,  né  à  Stockholm,  en  1749,  mort  le  14  mar» 
1812.  Reçu  maître  es  arts  à  Upsal,  il  fut  en  1775 
nommé  lecteur  au  gymnase  d'Hemosand;  il 
étudia  ensuite  la  théologie.  Appelé  à  Stockholm 
pour  travailler  à  un  recueil  de  diplômes  sur  Tbis- 
toire  du  pays,  il  fut  en  1786  élu  membre  de  l'A- 
cadémie suédoise  et  de  l'Académie  des  belles- 
lettres.  11  fut  ensuite  nommé  prévôt  de  l'évèché 
d'Hemosand,  et  député  à  la  diète,  où  il  soutint 
la  politique  du  gouvernement.  En  1792  il  entra 
dans  le  conseil  royal  ;  mais  après  l'assassinat  de 
Gustave  III  il  fut  destitué  et  reprit  ses  fonc- 
tions de  prévôt.  Envoyé  en  1S00  de  nouveau 
à  la  diète,  il  devint  en  1805  évèqued*Hemosand. 
En  1809  il  fit  partie  du  comité  de  constitution. 
11  travailla  beaucoup  à  répandre  le  christianisme 
parmi  les  Lapons,  dont  il  connaissait  très  bien 
l'idiome,  et  fit  terminer  la  traduction  de  ki  Bible 
en  leur  langue.  Il  avait  rassemblé  une  ooliection 
extrêmement  précieuse  de  matériaux  pour  l'his- 
toire de  Suède  ;  elle  formait  près  de  deux  mille 
quatre  cents  Tolumes,  et  fut  achetée  pour  l'uni- 
versité d'Upsal.  On  a  de  Nordin  :  Monumenta 
suio-gothica  vetustioris  xvi  falso  meritoque 
suspecta;  Upsal,  1773;  —  Remarques  sur  tes 
variations  du  langage  suédois,  mémoire  lu  à 
l'académie  de  Stockholm,  et  où  l'auteur  prétend 
retrouver  dans  le  suédois  les  traces,  selon  lui 
nombreuses,  de  la  langpe  laponne.  O. 

Adlerbetb,  imtee  sur  Nordin  (  dans  le  t  X  des  JTe- 
moirei  de  t  Académie  det  bellet-leUres  de  S^têde),  — 
BioçrapkUk-  Ltxiktm, 

If  ORES  (Giasone  Denores  ou  de),  littérateur 
italien,  né  à  Nicosie  (lie  deCliypre),  mort  en 
1590,  à  Padoue.  11  disait  appartenir  à  une  fa- 
mille originaire  de  la  Normandie.  Tout  jeune  il 
fut  conduit  à  l'université  de  Padoue,  et  y  étudia 
les  sciences  et  les  lettres  sous  la  direction  de 


34S 


KORES  —  KORFOLK 


350 


Trifone  Gabrielli ,  célèbre  par  ses  vertus  et  son 
&AToir.  A  peine  reçu  docteur  en  philosophie ,  il 
retoorna  dans  son  tie,  et  y  demeura  jusqu'au 
moment  où  Jes  Tnrcs  s*en  rendirent  maîtres 
(ts70).  Ayant  perdu  tous  ses  biens,  il  se  réfu- 
gia à  Venise,  où  l'aida  à  vivre  la  munificence  de 
quelques  familles  patriciennes.  En  1577,  il  ob- 
tint  du  doge  Sebastiano  Yeniero  rautortsation 
pour  ses  compatriotes  de  s*établir  à  Pola  avec 
beaucoup  de  privilèges,  et  pour  lui-même  la  chaire 
de  philosophie  morale  vacante  à  Padoue  par  la 
mort  de  Robortello.  Ce  fut  dans  cette  ville  qu'il 
composa  presque  tous  ses  ouvrages.  L'affliction 
que  loi  causa  l'exil  de  Pietro,  son  fils  unique, 
qui  fut  banni  pour  avoir  tué  un  noble  vénitien 
dana  une  querelle,  le  conduisit  au  tombeau,  vers 
l'Age  de  soixante  ans.  On  a  de  lui  :  In  episia- 
lam  Horatii  de  Arie  poetiea  ex  quotidianis 
TnfphonU  GaàrUlU  sermonibtu  interpréta' 
tw ,  eum  summa  prsBceptorum  de  Arte  efi- 
eendi  ex  Ili  CiceranU  lib.  de  ùratare  col- 
lecta; Venise,  1533,  Id-8*;  la  seconde  édition 
(Paris,  1554,  in-8*)  ne  contient  pas  l'extrait  dea 
trois  livres  de  Cicéron  ;  —  Brève  trattato  del 
Mondo  e  délie  sue  parti,  simplid  e  miste; 
Venise,  1571,  in-8*  ;  —  In  Ciceronis  universam 
philofophiam  de  vita  et  moribus;  Padoue, 
1576, 1581 ,  in-s**;  — Brève  instituzione  delC 
oltima  republiea  raecolta  in  gran  parte  da 
tntla  la  filosofia  humani  di  Aristotele;  Ve- 
nise, 1578,  ln-4';  —  Trattato  delC  oratore; 
Padoue,  1579,  in-4o;  —  Tavole  del  mondo  e 
delta  ê/era;  Padoue,  1582,  in-4^;  —  Delta 
rrttoriea  lib,  III;  Venise,  1584,  in-4o;  vingt 
discours ,  traduits  des  plus  célèbres  écrivains , 
MTvent  d'exemples;  —  De  conslitutione  par- 
Hum  tmiversœ  philosophi»  Aristotelis  ;  Pa- 
doue, 1584,  in4*;  —  Poetiea,  nella  quai  si 
traita  delta  tragedia,  det  pœma  eroico  e 
délia  comedia;  Padoue,  1588,  in-8^  :  c'est  te 
second  ouvrage  de  ce  genre  publié  en  langue 
italienne  ;  le  premier  était  cehii  d'Antonio  Min- 
tomo.  L'auteur  s'y  élève  avec  force  contre  les 
pastorales,  et  les  traite  de  monstres  produits 
p«r  ât»  gens  qui  ignoraient  lés  règles  de  la  poé- 
ne  ancienne.  Guarini ,  qui  se  trouvait  attaqué 
personnellement,  répondit  dans  //  Verato  (  1 588}  ; 
—  Discorso  intorno  alla  geografia;  Padoue, 

1589,  in-4*;  —  Panegirico  in  laude  délia 
republiea  di  Venezia;  Padoue,  1590,in-4o;  — 
Apologia  contro  Vautore  d'il  Verato;  Padoue, 

1590.  ia*4o  :  l'auteur  mourut  avant  que  Guarini 
eôt  fait  paraître  sa  réplique  {Il  Verato  secondo, 
1593), -«  réplique  si  sanglante,  dit  Bayle,  qu'on 
croit  qu'elle  aurait  pu  faire  mourir  le  censeur 
an  pastorales  >.  On  remarque  dans  tous  ces 
oavrai^es  iMaucoup  de  méthode  et  de  clarté,  une 
profonde  éniditlon,  des  expressions  heureu- 
se, on  style  élevé,  mais  quelquefois  empha- 
tique. 

Son  fils,  Pielro  de  Nores,  s'établit  à  Rome 
l<>raqu'il  eut  été  banni  de  Venise  et  y  devint  le 


secrétaire  de  plusieurs  cardinaux.  Il  laissa  plu- 
sieurs ouvrages  inédits,  notamment  une  HiS" 
toire  des  guerres  de  Paul  IV  ti  une  Vie  de 
ce  pontife.  P. 

A.  RIcooboDt.  De  (ffmnaiio  Patavêno  ecmmtmtarU, 
7»  et  96.  —  Gbillol,  Teatro  àThuornUti  letterati.  -  De 
Thoii,  Éloge».  —  Zeno,  Letten  ai  Fo}Uanini,  —  Mcrron, 
Mémoiret.  XL.  —  Bavie,  Diet.  critique.  —  TlratMsclil , 
SUnia  delta  leUer,  ital^  VU,  s«  paru 

NORFOLK  [John  Howard,  duc  de),  maré- 
chal d'Angleterre,  tué  le  22  août  1485,  à  Bos- 
worth.  Il  descendait  d'une  des  plus  anciennes 
familles  de  chevalerie  de  l'Angleterre  et  avait 
pour  trisaïeul  John  Howard,  qui  avait  exercé  la 
charge  d'amiral  sous  le  règne  d'IEdward  111  ;  son 
père,  Robert  Howard,  avait  épousé  Margaret, 
fille  atnée  de  Thomas  Mowbray,  duc  de  Nor- 
folk. Ce  dernier,  qui  fut  investi  de  l'office  de 
comte-maréchal,  était  arrière  petit- fils,  par  les 
femmes,  de  Thomas  Plantagenet  de  Rrother- 
ton,  comie  de  Norfolk,  fils  du  roi  Edward  I*' 
et  de  Marguerite  de  France  ;  sa  femme  Cathe- 
rine, duchesse  douairière  de  Norfolk,  épousa  en 
secondes  noces,  è  l'âgede  quatre-vingts  ans,  John 
Wydevile,  un  des  fVères  d'Elisabeth,  femme  du 
roi  Edward  IV.  La  famille  des  Howard,  qui  est 
encore  représentée  de  nos  jours,  a  produit  les 
branches  des  ducs  de  Norfolk,  des  comtes  de 
Suffolk,  des  comtes  de  Berkshire,  des  barons 
d'Escrick,  des  comtes  de  CarliMe ,  des  vicomtes 
de  Bindon,  et  des  barons  d*£flingham. 

John  Howard  prit  part  aux  guerres  de  France 
sous  Henri  VI  ;  en  1453 ,  à  la  bataille  de  CasHI- 
Ion,  où  périt  le  célèbre  Talbot,  il  fut  fait  prison- 
nier et  ne  recouvra  la  liberté  qu'au  bout  de  plu- 
sieurs années.  En  1462  il  commanda  ime  flotte 
considérable,  qui  ravagea  les  c6tes  de  la  Bretagne 
et  du  Poitou.  Admis  dans  l'intimité  d'Edward  IV, 
il  devint  l'un  des  chefs  de  Tancienne  noblesse 
et  fut  nommé  trésorier  du  roi  (1468j,  puis  ca- 
pitaine général  des  forces  de  terre  et  de  mer 
(1470).  Après  la  mort  du  comte  de  Warwick , 
il  lui  succéda  comme  gouverneur  de  Calais 
(1471),  et  conduisit  diverses  négociations,  soit  au- 
près, du  duc  de  Bourgogne,  soit  à  la  cour  de 
France.  En  1475,  après  s'être  opposé  à  la  des- 
cente do  roi  en  France,  il  le  décida  à  écouter 
les  propositions  de  Louis  XI,  qui  récompensa 
ce  service  par  une  forte  somme  d*argent.  Peu  de 
temps  après  il  devint  chevalier  de  la  Jarretière 
et  gouverneur  de  la  Tour  de  Londres.  Ce  fut 
peut-être  la  haine  qu'il  avait  vouée  au  parti  des 
^ydevile  qui  le  porta  dans  la  suite  à  se  joindre 
aux  ennemis  d'Edward  V.  A  peine  Richard  III 
fut-il  monté  sur  le  trône  qu'il  lui  donna  le  titre 
de  duc  de  Norfolk  (Juillet  i483),  les  charges  de 
comte-maréchal  d'Angleterre  et  de  lord  grand 
amiral,  et  une  grande  concession  de  terres.  Le 
nouveau  duc  ne  jouit  pas  longtemps  de  ces  avan- 
tages :  chdrgéde  commander,  avec  le  comte  d'Ox- 
ford, Tavant-garde  de  l'armée  à  Bosworth,  il  fut 
tué  au  milieu  de  l'action.  L'année  suivante 
(1486),  à  l'instigation  d'Henri  VII,  le  partement 


-ssi 


NORFOLK 


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4e  comprit,  quoique nitii ,  an  nonibre  des  tral- 
tras,  et  le  coadanma  à  la  praeeription.  P.  L—  y. 

ColUns.  Pterofff,^  G»nlnes,  i/diiw<r<i,  J.  VI. 

NORFOLK  (  Thomas  Howard,  duciiœ),  Ato 
atnéda  précédent*  mort  le  22  mai  lâ94,  ao  châ* 
teaa  de  Framlinghaiii.  Après  la  déroute  de  Bos- 
worth,  où  il  était  À  la  tâte  d'uo  corps  d*archers, 
il  fut  enfermé  à  la  Tour  de  JU)iidre8,  et  y  resta 
trois  ans  et  demi.  Lompi'il  «n  sortit  (I4fi9),  il 
obtiDt  d'Henri  VU  le  titra  de  cmnêe  de  Sur- 
rey,  sous  kupiel  il  est  aussi  dmiui  dans  fliis- 
toire,  et  fiit  chasgé  de  asettre  les  prowiMes 
du  nord  à  l'aim  des  incufsions  coatiauelles 
des  Écosaata.  IfQn-«ealement  il  les  chassa  da 
NortliURiherlandy  mais  il  s^enpara  du  fort  d'Ay- 
tam,  et  lavagae  knra  frontières;  irrité  de  Tao- 
dace  de  son  adfeasaire,  Jacques  lY  «*oiiUia 
jusqu'à  loi  envoyer  un  cartel.  Elevé  en  iôOl  à 
iadîgnité  de  lord  trésorier,  ilMnelat  en  1502 
ira  traité  de  paix  avec  le  roi  d'Écoase,  et^négocia 
•avec  fenperear  Maximiyen  un  afiariagp  entre 
diarlee,  prinoe  d'Espagne,  et  la  princesse  Marie. 
Son  crédit  ne  At  que  grandir  sous  hs  sucoessenr 
d'Henri  Vll,et  malgré  l'IioslUité  déclarée  de  Wol- 
sey,  il  ant  cooserver  les  bonnes  grloaa  dn  roi 
par  son  empressement  à  l«  livrer  les  revenus 
dn  trésor.  Il  lui  vendit  bientôt  un  plus  glorieux 
serviœ.  Henri  VIU  ayant  déclaré  la  gimvre  à 
Louis  XII  (I5U),  ks  roi  d'Écosae  saisit  cetteoo- 
casion  favoraèle  de  rompre  une  paix  qui  loi  pe- 
aait,  et  yoiilot  Cure  nne  poissante  diversion  en 
Ikveur  de  la  France,  son  aJ liée,  en  envahissant  le 
Northomberiand.  Snivid*nBeiieaplva  nombreuses 
armées  q<i*on  eil  jamais  levées  en  Ecosse,  il 
passa  la  Tweed,  prit  d'assaut  pinsienracbAtean 
forts  et  vint  carapvsur  la  ooiline  de  Floddeo, 
le  dernier  des  montsfCbeviot.  Le  comte  de  fiur- 
ray,  qui  résidait  à  >Pootaflract ,  somma  les  gs»- 
tilsbemmes  des  comtés  du  nord  de  rejoindre 
l'étendard  royal  à  Mevroaatia,  et  envoya,  le  4  se^ 
teofibee,  an  rai  un  héraot  d'armes  qui  lui  ofbît 
la  balaiUe  peur  le  vendredi  suivant  Ia  6  il  a»- 
sembla  ses  troopaa ,  en  nombre  de  vingt-six 
mille  hommes ,  et  ao  joor  dit,  le  9 ,  après  evoîr 
tonrné  ia  position  des  Écossais ,  il  les  attendit 
de  pied  ferme  dans  la  plaine,  où  ilseurent  l'in- 
prodenoe  de  venir  l'attaquer.  Ao  bout  d*une 
heurejeoombatfieehaiigeaan  déroateconiplète: 
les  Éeoasais  perdirent  leur  mi ,  qni  tomba  aux 
pieds  de  finrrey,  ia  fleur  de  lear  nobiesae,  dix 
mille  soldats,  tons  lenrs  chevaux  et  leoM  ca- 
nons. Le  vainqueur  dnt  à  ce  triomphe  HMspéré 
sur  nn  ennemi  séculaire  la  restitution  du  titre 
de  doc  de  Norfolk  et  l'addition  dans  son  éeoa- 
son  dn  lion  rouge,  tel  qu'il  se  trouvait  dans  les 
armes  d'Ecosse.  L'ann^  suivante  il  signa  la 
paix  avec  Louis  XII,  ^  accompagné  d'un  cor« 
tége  magnifique,  il  conduisit  à  ^bbeville  la  prin- 
cesse Marie  et  la  remit  entre  les  mains  du  roi 
de  France  (9  octobre  i&i4).  En  1521  il  lut  forcé 
de  présider,  en  qualité  de  grand  sénéchal,  le 
tribunal  des  pairs  qui  condamna  pour  un  crime 


imaginaire  le  doc  de  Budiingham,  bean-père  de 
son  tUs  aîné,  à  avoir  la  tète  tranehée;  en  pro- 
nonçant la  sentence.  Il  ae  pat  s'empêcher  de 
verser  des  larmes.  La  doulenr  qe'il  éprouva  de 
oAte  iniquité  politique,. è  taquelle  l'avait  mé- 
chamment associé  Wolsey,  fol  si  vwlente  qull 
se  démit  en  favenr  de  son  fils  de  la  charge  de 
«rand  brésorier  (1622)  et  qn^ii  se  retira  dans  un 
de  ses  ehâteaox,  où  H  moorut,  vers  TAge  de 
BoixanbMiib-ans.lîn  t520ilavaHélé  créé  comte- 
maréchal  d'Angleterre.  Marié  deux  ifoia,  il  ent 
dix-sept  enfentSy  .parmi  lesquels  nous  cîteroas 
Vhomias,  qui  soit;  Mdward,  amiral  d'Angie- 
terre,  chevalier  deia  «Mrretikre,  mort  en  1^13, 
dansnn  eombat  naval  iiecé  aox 'français  sar  les 
cMes  de  Bretagne;  ^et  'WiUiamt  chef  de  h 
branche  des  Inrans  dTffiagliam  et  comtes  de 
Ifottingbam,  aminl^d'Angiebvre,  mort  le  11  jan- 
vier 167a.  Unede  ses-pctltes-fiMes  fut  la  céièfare 
Catherine  Howasin  ifi<^*  ce  nom),  mariée,  es 
f&40,èHenri  Vllletdésapitéeen  1541.  P.  L— t. 

GoOtas.  Peermfe.  —  Ungud,  Hittarn  of  Sn^tané, 

NOBPeLK  (  rAomos  Howano,  duc  k), 
Iwmme  d'État  anglais,  fils  aîné  dn  préeédent,  aé 
vers  1474,  mort  le  25aoât  1564.  Se  haute  nais- 
sance le  porta  vapidement  à  nn  grade  élevé.  £a 
lôil  il  commanda  un  des  vaisacnox  envoyés 
contre  la  flotte  éeossaise  de  sh*  Andrevr  Bartoo, 
et  prit  une  part  brillante  à  la  ktalaille  oà  périt  ee 
vnHIant  amiral.  Bientdt  aprèa  il  accompagna 
Thomas  Grey,  marquis  de  Dorset,  qni  oondoissit 
nn  corps  anglais  au  aeeours  de  PEspagne  contre 
hii^ranee,  et  le<  marquis  étant  tombé  malade,  il 
eut  le  eommandemcnt  des  Iroapes  anglaises. 
En  février  1513  il  devint  comte  de  Surre^,  en 
même  temps  qne  aon  père  était  réintégré  dus 
le  dudié  de  Norfolk  qui  étdt  sorti  de  la  famiUe 
Howard  par  suite  de  la  proscription  (aUainder) 
de  Jean  1**^,  due  8e  Norfolk.  La  mAnse  année 
il  sneeéda  à  «on  pins  jeune  frère  Edouard  dans 
la  place  de  lord -amiral  d'Angleterre,  et,  sui- 
vant l'expresKÎon  hyperbolique  d'un  tiistorien  do 
tempe,  il  balaya  si  Jtden  les  mers  que  pas  un  ba- 
teau de  'péchenr  fsaoçais  n'osa  s*y  montrer. 
Après  avoir  forcé  ta  flotte  françoMe  de  aeranfer* 
nner  dans  Brest,  il  fit  un  débairqnensent  sor  ks 
cdtes  de  l'Écosae,  etoootribna  à  la  vKtoire  de 
Flodden.  En  152 1  il  tut  nommé  k>rd  député  d'Ir- 
lande. On  prétend  que  le  roi  Henri  VI II  et  le 
cardinal  Wolsey  Téloignèrent  pour  éviter  son 
opposition  aux  poursuites  qne  le  souverain  et  le 
ministre  avaient  résoin  d'exercer  contre  le  duc  de 
Buokingbam,  son  beau-père«  Sa  oourleadminis- 
tFBlNW  fut  rigdureuse  pour  les  révoltés,  mais 
bienfaisante  pour  la  partie  paisible  de  la  popu- 
latkin.  Bn  janvier  152S  il  ^ilta  l'Irtande,  et  dès 
le  mois  de  mai  suivant  il  escorta  en  Espagne 
l'empereur  Charles^îuint.  Il  fut  oonvemi  quels 
comte  de  Surrey  commanderait  les  flottes  réu- 
nies des  Pays-Bas  et  d'Angleterre;  mais,  faute 
d'argent,  l'armement  fut  peu  considérable,  et  Sor- 
rey  se  borna  à  ravager  quelques  points  des  c6tcs 


NORFOLK 


2h4 


de  Brettgne  et  de  Picardk.  £n  riéoeinbre  il  suc- 
céda à  8<m  père  dans  la  place  de  lord  trésorier, 
et  le  6  février  1524  il  fut  nonunê  général  en  cbeC 
de  rarmée  envoyée  contre  TÉcosse.  Le  tnit  de 
cette  expédition  était  plutôt  politicpie  que  mili- 
taire  ;Surrey  le  remplit  parfaitement  en  enlevant 
le  jeone  roi  d'Éoosse  à  la  tutelle  du  duc  d*Al- 
bany  et  en  le  plaçant  sous  le  contrôle  de  l'An- 
gleterre. Le  roi  Henri  Vill  W  récompensa  de 
ce  suceàs  en  ajoolant  de  nonveanx  donuiines  à 
•PS  possesRioni»  déjà  iramenses.  A  la  chute  de 
Wolsey,  qui  avait  été  l'ennemi  de  sa  famille,  Nor- 
folk fot  on  des  lords  qui  si^iènent  les  articles 
d'accusation  contre  le  cardioal,  et  il  eut  part  aux 
dépouiUes  du  ministre  tombé.  Serviteur  zélé 
d'un  prince  qui  savait  si  bien  récompenser,  il 
adhéra  volontlera  et  contribua  même  aux  actes 
royaux  qai  amenèrent  la  rupture  avec  le  saiut- 
siége-  Il  te  maintint  bâillement  dans  la  mesure 
reli^ieiMe  du  roi ,  et  en  consentant  à  se  séparer 
de  Rome  il  ne  devint  pas  protestait.  Quoique 
oncle  d'Anne  Boleyn,  il  fit  arrâter  cette  princesse 
dès  que  le  roi  ea  exprima  le  déiir,  et  présida  .la 
commisaioo  qui  la  condamna  à  mort  De  nou- 
vellen  donations  de  terre  et  la  dignité  la  plus 
élevée  dePÉtat,  celle  de  maréchal  d'Angleterre, 
récompensèrent  son  dévouemeaL  £n  1536,  il 
rendit  nn  service  pins  signalé  en  réprimant  Tin- 
sorrection  que  les  mesures  de  Henri  YIII  contre 
rÉglise  romaine  avaient  provoquée.  Les  insurgés 
do  oanÉé  d*York  et  des  autres  comtés  du  nord 
ne  LMwnptMsnt  pas  moins  de  quarante  mille 
bomniM  »us  les  ordres  de  Robert  Aske.  Le 
doc  4le  Norfolk,  général  de  la  faible  armée  en- 
voyée contre  les  rebelles,  était  au  fond  du  cœur 
favoiable  è  lears  réclamations  religieuses  et  p»- 
litiqoes  ;  il  recommanda  ardemment  la  clémence: 
Henri  VIfl  accorda  une  amnistie  générale  etien 
insargéd  se  dispersèrent.  Une  antre  insurrection 
éclata  dans  le  Cnmberland.  Norfolk  la  réprima 
promftement.  Ce  futpoar  le  roi  une  occasion  de 
sévir  n^ec  rigueur  contre  les  rebelles,  et  même 
de  revenir  sur  la  précédente  amnistie.  Quelque 
temps  après  Henri  YllI,  amoureux  de  Catherine 
Howard ,  nièce  do  duc  de  Norfolk  et  dévouée  à 
l*£glise  romaine ,  songea  à  rompre  son  union 
avec  Anne  deClèves.  Cromwelly  principal  négo- 
dilear  de  ce  mariage,  fit  tons  »es  efforts  pour  en 
empêdKr  bi  rupture.  Norfolk,  qui  le  détestait 
OQoune  un  des. promoteurs  de  la  réforme,  s'irrita 
de  l'opposition  qnll  faisait  4  l'union  du  roi  avec 
Catherine  et  racensade  haute  trabison,  le  13  juin 
1S40.  Cromvrell  succomba,  et  Catherine  Howard 
deviat  reine  d'Angleterre.  Ce  mariage  porta  au 
comlile  la  fortone  des  Howard  ;  mais  leur  chute 
fut  prompte.  La  reine,  condamnée  à  mort  pour 
inconduite  avant  son  mariage,  entraîna  dans  son 
mfortone  beauoonp  de  ses  parents.  Norfolk 
éd&appa  à  ta  disgrâce  par  son  infatigable  con- 
desorôdanoe,  et  garda  son  pouvoir  jusqu'à  la 
dernière  année  du  règne  de  Henri  VIIl.  Le  roi, 
vieilliasant,  craignait  que  le  duc  et  son  fils  Sur- 


rey,  tous  deux  catlioliques^^no  fissent  usasfi  de 
leur  influence  en  faveur  de  Marie,  fille  de  Cathe- 
rine d'Aragpn«  contre  Edouard ,  fils  de  Jeanne 
Seymour.  il  fut  entretenu  dans  cette  crainte  par 
Idchef  delà  maison  de  Seymour,  lord  Hertford, 
ennemi  de  la  puissante  maison  rivale  des  Ho- 
ward. La  lutte  des  d«ttx  grandes  familles  se  ter- 
mina par  l'arrestatien  du  duc  de  Norfelk  et  dn 
comte  de  Surrey  sous  rincuipation  de  haute 
tralH8on( décembre  t&46)..Lafulititédes  cliargea 
produites  contre  les  deux  accusés  n'empêcha  pas 
un  jury  intimidé  d'envoyer  Stfrrey  à  l'édialaiid, 
et  UB  parlement  servile  de  lancer  contre  Nor- 
folk un  bill  tVatlainder  (30  Janvier  1&47).  Le 
jour  même  où  le  parlement  le  frappaii  de  pros- 
cription, le  roi  se  trouva. très-mal,  et*  lordUert- 
ford  comprit  qu'il  (allait  se  hâter  «'il  ne  voulait 
pas  que  son  ennemi  lui  échappât.  Le  lendemain 
le  chauceiiur  informa  les  deux  chambres  que  Sa 
Majesté,  dans  l'intention  de  conférer,  avant  le 
couronnement  d'Edouard,  les  charges  remplies 
par  Norfolk,  avait  désigné  une  commission  de 
lords  pour  signifier  un  assentiment  au  bill  d'at- 
tainder.  La  sanction  royale  fut  donc  signifiée 
aux  chambres,  et  l'on  exi^édia  au  lieutenant  de 
la  Tour  l'ordre  d'exécuter  le  prisonnier  le  m»> 
tin  suivant  ;  mais  le  roi  mourut  dans  la  nuit,  et 
le  toul-puissant  S^ymour  n'osa  pas  ensangtooter 
l'avéoement  do  jeune  Edouard  par  l'exécution 
d'un  des  plus  grands  seigneurs  de  l'Angleterre. 
Le  duc  de  Norfolk  resta  prisonnier  à  la  Tour 
pendant  tout  le  règne  d'Edouard.  II  fut  mis  en 
liberté  le  3  août  1653,  jour  de  l'entrée  solennelle 
de  la  reine  Marie  à  Londres,  et  remis  par  la 
reine  en  possession  de  ses  biens  et  dignités. 
Bientêt  après  le  parlement  raf^rta  le  bill  d'aï- 
tainder  lancé  par  les  charobrea  de  1  &07.  Quinze 
jours  après  sa  mise  en  liberté,  le  duc  de  Norfolk 
présida  la  commission  qui  condamna  à  mort  le 
chef  du  parti  protestant,  John  Dudlc^,  duc  de 
Nortbumberland,  et  ses  principaux  adhérents,  il 
moucut  l'année  suivante»  à  l'âge  de  pluaxle  qua- 
tre-vingts ans. 

Le  duc  deNorfolk  épousa,  en  premièraaaorea, 
Anne,  fille  du  roi  Êdooard.IV,  dont  ileut  un  fils, 
Thomas f  qui  mourut  jeune,  le  4  août  1508;  sa 
seconde  femme  fut  Élisabetb»  fiUe  d'Edouard 
StafTord,  duc  de  Buckingham,  dont  il  eut  deux 
filSy  Henri,  le  célèbre  comte  de  Surrey  (noy.  ce 
nom  ),  et  Thomas^  créé,  sons  Elisabeth,  vicomte 
Howaîrdd'e  Bindon;etunefilley  Marie^  mariée  à 
Henry  Fitzroj,  duc  de  Bichmond»  ils  naturel  de 
Henri  YIH.  X.  J. 

Soroel,  ReetrOi.  --  ilaf»-<rteCi.  —  Hetbrrt,  £(^  mtd 
rwiçn  qf  Htnri  f^l/I.  «  Biiote,  Hittam  of  Sttglaid.  — 
Coillns,  Peerage.  —  Lodge,  FortraUs,  1 1. 

HOEFOLK  {Thomas  Howabd,  due  de),  fils 
du  comte  de  Surrey,  et  petilrfils  du  précédent, 
né  vers  153«,  décapité  le  2  juin  1573.  Il  fut  élevé 
dans  la  religion  protestante  par  sa  tante  la  duchesse 
de  Bichmond,  et  l'on  croit  qu'il  étudia  à  l'univer- 
sité d'Oxford,  où  il  prit  le  grade  de  maître  es 


3G5 


NORFOLK 


2S6 


arts,  le  19  avril  1568.  Il  8e  prononça  avec  toute 
l'irrdear  de  son  âge  pour  les  droits  d'Elisabeth  à 
Ja  couronne,  et  reçut  pour  prix  de  son  dé- 
vouement l'ordredela  Jarretière,  en  lôô8.  Aucun 
seigneur  anglais,  si  Ton  excepte  Leîcestcr,  n*eut 
plus  de  part  à  la  faveur  royale.  En  1667  Char- 
les IX,  roi  de  France,  ayant  rois  à  la  disposition 
d*Éltsabeth  deux  cordons  de  l'ordre  de  Saint- 
Michel  ,  la  reine  les  accorda  à  Leicester  et  à 
Norfolk.  L*ann<^  suivante  le  duc  de  Norfolk  fut 
un  des  trois  commissaires  nommés  par  Eli- 
sabeth pour  examiner  les  accusations  deMurray, 
régent  d'Ecosse,  contre  Marie  Stuart  (  octobre 
1568).  Cette  mission  engagea  le  duc  dans  une 
entreprise  qui  le  conduisit  à  sa  perte.  Beaucoup 
de  personnes  éroinentes  d'Angleterre  et  d'E- 
cosse pensaient  qu'un  mariage  entre  Marie 
Stuart  et  un  grand  seigneur  anglais  serait  un 
excellent  moyen  d'amener  l'union  des  deux  pays 
et  de  faire  cesser  la  funeste  rivalité  des  deux 
reines.  Bien  que  Marie  Stuart  fût  accusée  du 
meurtre  de  Darnley  et  que  Norfolk  eût  précisé- 
ment à  se  prononcer  sur  sa  culpabilité,  il  ne 
repoussa  pas  l'idée  de  l'épouser.  Elisabeth  en 
fut  avertie,  et  ce  fut  un  des  motifs  qui  la  por- 
tèrent à  interrompre  la  procédure  commencée 
contre  Marie  Stuart  Norfolk  revenu  à  la  cour  y 
trouva  de  la  part  de  la  reine  un  accueil  sévère, 
qui  aurait  dû  lui  servir  d'avertissement;  mais 
les  premiers  nobles  du  royaume  et  Leicester 
lui-même  l'engagèrent  à  persister  dans  son  pro- 
jet, et  Murray,  le  régent  d'Ecosse,  l'encoufagea 
par  des  promesses  positives.  Une  lettre  fut  écrite 
à  Marie  Stuart  (1*^  juin  1569)»  au  nom  de  Nor- 
folk, d'Anindel,  de  Pembroke  et  de  Leicester. 
Ces  seigneurs  offraient  à  Marie  de  la  replacer 
surle  trAne,  etde  lui  faire  obtenir  la  confirma- 
tion de  son  droit  au  trône  d'Angleterre,  aux 
con:litions  suivantes  :  elle  ne  contesterait  jamais 
le  droit  d'Elisabeth  ni  d'aucun  héritier  de  son  sang; 
elle  conclurait  une  alliance  perpétuelle,  offensive  et 
défensive  avec  l'Angleterre;  elle  permettrait  à  la 
réformation  anglaise  de  s'établir  en  Ecosse;  elle 
accorderait  une  amnistie  à  ses  sujets  rebelles; 
enfin  elle  épouserait  le  duc  de  Norfolk.  Marie  fit 
à  ces  propositions  une  réponse  satisfaisante,  et 
la  négociation  marcha  rapidement.  Bitihwell ,  le 
mari  delà  reine  d'Ecosse,  ayant,  par  acte  formel 
daté  du  Danemark,  signifié  son  consentement  au 
divorce ,  Norfolk  s'engagea  non  moins  formel- 
lement avec  Marie  (l***  juillet).  Jusque-là  l'entre- 
prise promettait  de  réussir  ;  mais  il  /ut  bientôt 
évident  que  Murray  se  souciait  peu  de  revoir 
Marie  en  Ecosse,  et  que  Elisabeth  se  souciait 
encore  moins  de  voir  un  de  ses  sujets  devenir 
roi  de  ce  pays.  Elle  sut  qu'on  avait  essayé  de 
lui  cacher  une  négociation  importante,  et  elle  en 
connut  tous  les  détails  par  Leicester  (  septembre 
1569).  Elle  témoigna  un  vif  ressentiment  à  Nor- 
folk, et  lui  défendit  sous  peine  de  trahison  de 
persister  dans  son  projet.  Le  duc,  eiïrayé,  aban- 
donna la  cour  ainsi  que  les  comtes  d'Arundel  et 


de  Pembroke  (15  septembre),  et  se  retira  i 
Kenninghall,  dans  le  comté    de  Norfolk.  Aa& 
yeux  d'une  reine  hautaine  et  soupçooneuse  celte 
fausse  démarche  parut  une  révolte.  Si  réelle* 
ment  Norfolk  avait  pensé  à  prendre  les  armes, 
il  renonça  vite  à  cette  idée,  et  dès  qu'il  eut  reçu 
le  message  de  la  reine  qui  le  rappelait  auprès 
d'elle,  il  partité  Les  amis  de  Marie  Stoart  l'ac- 
cusèrent de  faiblesse,  et  prétendirent  que  s'il 
s'était  arrêté  quelques  jours  de  plus  à  Kennins- 
hall,  il  aurait  été  joint  par  toute  la  noblesse 
du  royaume,  et  aurait  obtenu  d'Élisabelb  ef- 
frayée la  liberté  de  la  reine  d'Ecosse.  Aussitôt 
après  son  arrivée  à  la  cour,  il  comparut  defant 
le  conseil  privé,  et  fit  une  confession  fraoche 
et  entière  de  tout  ce  qui  s'était  passé.  11  fut  en- 
suite conduit  à  la  Tour  (11  octobre), et  une 
instruction  très-sévère  commença  sur  tonte  cette 
aiïaire.  Comme  il  n'en  résulta  aucune  charge 
nouvelle  contre  l'accusé,  il  loi  fut  permis,  au 
bout  d'un  an  de  captivité,  de  sortir  de  la  Toor 
et  de  rester  aux  arrêts  dans  ^  maison  son»  b 
garde  désir  Henri  Neville.  Le  ministre  Burghiey 
lui  rendit  plusieurs  Tisites,  et  lui  conseilla  de  se 
marier.  C'était  suivant  lui  le  véritable  moyen 
de  détruire  les  soupçons  de  la  reine.  Malheureu- 
sement Norfolk  persista  dans  son  funeste  projet. 
A  peine  fut-il  rendu  à  la  liberté  qu'il  engagea 
une  correspondance  suivie  avec  Marie  Stuart, 
et  qu'il  entra  dans  des  desseins  concertés  avec 
le  pape  et  le  roi  d'Espagne  et  de  natore  à 
bouleverser  l'Angleterre.  Il  est  difficile  de  dé- 
terminer quelle  fut  l'étendue  de  sa  culpabilité. 
Il  parait  qu'il  refusa  de  se  prêter  i  toute  entre- 
prise contre  Élisal>eth  personnellement,  et  qu'il 
ne  prétendait  que  réclamer  la  mise  en  liberté  de 
Marie  Stuart  et  la  reconnaissance  de  ses  droite 
aux  trônes  d'Ecosse  et  d'Angleterre.  Mais  le  fait 
seul  de  correspondre  secrètement  avec  la  reinf 
prisonnière  et  de  faire  parvenir  de  l'argent  à  ses 
partisans  était  un  crime  aux  yeux  d'Elisabeth. 
Convaincu  de  ce  double  délit,  le  duc  de  Norfolk 
fut  remis  à  la  Tour,  le  7  septembre  1571.  Bien- 
tôt après,  le  complot  auquel  il  avait  été  plus  ou 
moins  mêlé  se  découvrit  par  l'arrestation  de 
Rudolphi,  qui  en  était  le  principal  agent,  et  K'^ 
ministres  résolurent  de  faire  un  exemple.  Telle 
était  l'importance  du  duc  de  Norfolk  qu'araDt 
de  le  frapper  la  cour  prit  de  grandes  précautions. 
Le  précis  des  trahisons  qu'on  lui  imputait  fut 
communiqué  au  lord-maire,  et    par  celui-ci 
aux  habitants  de  Londres.  Toutes  les  chaires 
retentirent  d'invectives  contre  lui.  Le  11  janvier 
1572  il  comparut  devant  une    commission  de 
vingt-cinq  pairs  présidée  par  Georges  Tallwt, 
comte  de  Shrewsbury.  Il  fut  jugé  d'après  des 
|)reuves  écrites,  sans  pouvoir  obtenir  d'être  con- 
fronté avec  les  témoins  à  charge.  £n  vain  H 
invoqua  le  statut  d'Edouard  VI  qui  prescrivait 
que  personne  ne  pût  être  convaincu  de  haute 
trahison  si  ce  n'est  par  le  témoignage  parlé  d'au 
moins  deux  témoins  qui  devaient  être  confrontés 


Î57 


TVORFOLK 


258 


avec  loi.  Les  juges  passèrent  outre,  et  le  condam- 
nèreot  à  roaanimité.  11  entendit  sa  sentence 
aTee  calme,  protesta  qu*il  avait  été  toujours 
tidèle  à  la  reine  et  déclara  qu'il  ne  demandait 
pas  grâce.  «  Je  sois  résigné  à  mourir,  ajouta- 
t-il  ;  je  De  demande  qu'une  chose,  que  la  reine 
soit  bonne  pour  mes  enfants  et  mes  serviteurs, 
et  qu'elle  ait  soin  que  mes  dettes  soient  payées.  > 
Elisabeth  hésita  plusieurs  mois  à  verser  le  plus 
noble  sang  de  l'Angleterre.  Deux  fois,  le  U  fé- 
vrier et  le  7  avril.'  elle  signa  Tordre  d'exécution 
«t  deux  fois  elle  le  retira;  mais  sur  la  mo- 
tion de  la  chambre  des  communes,  qui  déclarait 
Texisteoce  de  Norfolk  incompatible  avec  la  sûreté 
de  la  reine,  l'ordre  fut  signé  une  troisième  fois, 
le  31  mai,  et  mis  à  exécution,  le  2  juin.  Norfolk 
sor  Péchafaud  protesta  qu'il  était  innocent  du 
crime  de  haute  trahison  et  qu'il  mourait  atta- 
ché à  la  religion  réformée.  Thomas,  quatrième 
duc  de  Norfolk,  fut  trois  fois  marié.  Sa  pre- 
mière femme,  Marie,  fille  de  Henri  Fitz-Âlan,  qua- 
lorzième  comte  d'Arundel ,  mourut  en  couches, 
le  26  août  1557,  à  l'âge  de  dix-sept  ans,  lais- 
sant un  fils,  Philippe f  depuis  comte  d'Arundel. 
Sa  seconde  femme,  Marguerite,  fille  de  Tho- 
mas lord  Audley  de  Walden,  eut  deux  fils,  les 
ancêtres  des  comtes  de  Suffolk  et  Carlisle,  et 
deux  fillesy  dont  l'une,  Elisabeth,  mourut  jeune, 
et  l'autre,  Marguerite^  épousa  Richard  Sack ville, 
troisième  comte  de  Dorset.  La  troisième  femme 
do  duc    était  Elisabeth  Leybume,  veuve  de 
Thomas ,  quatrième  lord  Dacre  Gillesland.  L.  J. 

StaU  trUUt.  —  Canderl,  Annale».  —  Hume,  Hittory 
*ff  Engtoiui.  "  LIngard,  Historg  qfEngland.  —  Mignct, 
Histoire  d9  Marie  Stuart.  -  Lodge.  PortraiU,  t.  II. 

aoBFOLK  (Charles  Howard,  doc  de),  pair 
d'Angleterre ,  né  le  13  mars  1746,  mort  le  16  dé- 
cembre 1815.  Son  père,  mort  le  31  août  1786, 
descendait  de  Philippe,  comte  d'Arundel^  fils  de 
Thomas  Howard,  quatrième  duc  de  Norfolk, 
qui  fut  décapité,  en  1572.  Il  avait  siégé  au  par- 
lement y  d'où  son  zèle  pour  la  religion  catho- 
lique ravaît  obligé  de  sortir;  il  était  instruit  et 
avait  écrit  quelques  ouvrages,  notamment  des 
Anecdotes  historiques  de  quelques-uns  des 
membres  de  sa  famille.  Il  hérita  en  1777  du 
titre  doot  son  grand-père  était  rentré  en  posses- 
sion en  1664.  Elevé  dans  la  foi  romaine,  le  jeune 
Howard  résida  quelque  temps  en  France,  et  fut 
connu  après  1777  sous  le  nom  de  lord  Surrey.  En 
1780,  afin  de  jouir  de  ses  droits  politiques,  il 
abjura  publiquement  sa  religion ,  et  fut  élu  dé- 
puté de  Carlisle,  malgré  les  efforts  de  sir  Wil- 
liam Lowther,  son  concurrent,  qui  devint  par 
la  ftuite  son  plus  constant  adversaire.  Dès  son 
entrée  à  la  chambre  des  communes  il  se  ran- 
j;ea  du  parti  de  l'opposition ,  et  contribua,  par 
rioQoetice  que  lui  donnaient  son  rang  et  sa 
fortune ,  à  la  chute  du  ministère  tory  que  pré- 
sidait lord  North.  Sous  l'administration  du  mar- 
rjuis  de  Rockingham ,  il  accepta  les  fonctions 
de  lord-lieutenant  du  Yorkshire  et  de  colonel 

MKJV.  BlOCa.  GÉNÉR.  —  T.   XX \ VIII. 


d'un  régiment  de  milice;  mais  il  refusa  de  sou- 
tenir le  ministère  de  lord  Shelbume,  et  préféra 
s'attacher  au  parti  de  Fox.  Pendant  quelques 
mois  de  l'année  1783  il  occupa  l'emploi  de  com- 
missaire de  la  trésorerie.  A  l'avènement  de  Pitt 
au  pouvoir,  il  rentra  aussitôt  dans  l'opposition, 
appuya  la  motion  de'Dunning  pour  diminuer 
l'influence  de  la  cour,  et  se  joignit  à  ceux  qui 
réclamaient  la  réforme  du  parlement.  Devenu  duc 
de  Norfolk  à  la  mort  de  son  père  (1786),  il 
exerça  dès  lors  l'office,  héréditaire  dans  sa  fa- 
mille, de  comte-maréclial  d'Angleterre,  et  prit 
place  à  la  chambre  haute,  où  il  continua  d'agir 
avec  la  même  indépendance.  Lors  du  fameux 
procès  d'Hastings,  qui  dura  près  de  dix  années 
(1786-1795,  il  déclara  l'accusé  coupable  des 
charges  qui  pesaient  sur  lui, et  cessa  de  se 
mêler  aux  débats  lorsqu'il  vit  que  la  majorité 
était  résolue  à  l'absoudre.  En  1798  il  fut  privé 
des  emplois  de  lord  lieutenant  et  de  colonel  de 
la  milice  pour  avoir  porté,  avec  Fox,  Grey  et 
autres,  un  toast  à  la  majesté  du  peuple,  dans 
le  club  des  whigs,  dont  il  était  président  Ce  ne 
fut  qu'en  1806,  sous  le  ministère  de  Fox,  qu'il 
fut  rétabli  dans  ces  deux  dignités.  Dans  les  an- 
nées suivantes  il  vota  avec  l'opposition  en  faveur 
de  l'émancipation  des  catholiques,  qu'il  regar- 
dait non-seulement  comme  un  acte  de  justice, 
mais  comme  un  objet  de  sûreté  pour  l'État.  On 
le  vit  pourtant  avec  surprise  en  mai  1815,  après 
le  retour  de  Napoléon,  reconnaître  avec  les 
ministres  la  nécessité  de  faire  des  préparatifs 
de  guerre  et  appuyer  de  son  vote  la  propo* 
sition  du  bill  impopulaire  sur  la  taxe  des  pro- 
priétés. Quoique  marié  deux  fois,  il  ne  laissa 
point  d'enfants,  et  ses  titres  passèrent  à  un  pa- 
rent éloigné. 

NORFOLK  {Henry  -  Charles  Howard,  duc 
de),  pair  d'Angleterre,  né  le  12  août  1791,  à 
Londres,  mort  le  18  février  1856.  De  1829  à 

1841  il  fit  partie,  sous  le  nom  de  comte  d'Arun- 
del, de  la  chambre  des  communes,  et  entra  en 

1842  à  la  chambre  des  lords,  où  il  compta 
parmi  les  défenseurs  des  principes  libéraux.  Il 
remplit  à  la  cour  de  la  reine  Victoria  les  charges 
de  trésorier  (1837),  de  grand  écuyer  (1846- 
1852),  et  de  grand  maître  des  cérémonies  (1854), 
et  reçut  en  1848  les  insignes  rfe  l'ordre  de  la 
Jarretière.  Il  professait  la  religion  catholique.  De 
son  mariage  avec  une  fille  du  duc  de  Suther- 
land ,  il  a  eu  deux  enfants.  P.  L^y. 

Gentleman*»  .Vagailne,  1816.  —  Burke,  Peêrage  itf 
England, 

NORFOLK  (  Henri  -  Granville  -  Fi/s  -Alan 
Howard,  duc  de  ) ,  premier  duc  et  pair  d'An- 
gleterre, fils  du  précédent,  né  le  7  novembre 
1815,  à  Londres,  où  il  est  mort,  le  25  novembre 
1860.  Après  avoir  étudié  à  l'école  publique 
d'Eton,  puis  à  l'université  de  Cambridge,  il 
servit  dans  les  gardes  à  cheval,  et  y  obtint  le 
grade  de  capitaine.  En  1837,  il  entra  au  parle- 
ment comme  représentant  du  bourg  d'Arundel» 

9 


JNORFOLK  —  HORIS 


26» 


dépendance^!  diâteaa  féodal  de  iea  pères,  dont 
j(  prit  le  titre  à  la  roort  de  son  aïeul  et  qu'il  a 
|K>rté  pendant  la  plus  jurande,  partie  de  sa  vie 
parlementaire.  Bien  qu'il  lût  Théritler  de  .la  pre- 
mière maison  catholique  d'Angleterre,  il  avait 
été  élevé  par  sa  mère  dans  les  prinqpes  de  TÉ- 
4||i8e  anglicane,  et  son  père,  qui  ne  voulait  être 
catholique  qne  de  nom,  avait  fort  ,peu  veillé  1i 
40O  éducation  TellKieuse.  Un  vqyageqoe  le  jeune 
membre  de  la  chambre  des  communes  fit  en 
France  vers  cette  époque  lui  facilita  les  moyens 
d'entendre  à  Notro*Dame  de  Paris  les  prédica- 
tions du  P.  Laoofdaire  et  du  P.  de  Ravignan, 
et  snt^fugoé  par  ces,grands  orateurs  chrétiens,  il 
de'vint  le  catholique  le  plus  fervent  et  le  plus 
aiaoère.  Les  devoirs  de  la  vie  publique  prirent 
alors  à  ses  .yeux  une  tout  4iotre  importance. 
Son  r6le  i  la  chambre  n'avait  été  qu'on  rùle  pas- 
sif, maisbientôt,  et  quoiqu'il  n'eût  aucuu  goût  poor 
les  lottes  de  la  parole,  encoffom9inapour  celles  des 
partis,  il  intervint  aveo  autant  de  fermeté  que  de 
prudence  dans  louies  les  questions  où  les  inté- 
v4ts  catholiques  étaient  enjeu,  et  la  sincérité 
de  ses  convictions,  unie  à  la  droiture  et  à  Ta- 
méoitédeson  caractère,  lui  conquit  one  place 
distinfluée  dans  la  chambre  des  communes.  Les 
traditions  de  sa  famille  l'associaient  aux  whigs  ; 
il  rompit  avec  eux  lorsqu'ils  présentèrent  et 
firent  passer  la  loi  dite  des  titres  ecclésias- 
tiques à  roccasion  de  la  bulle  de  Pie  IX  (  24 
septembre  1860  )  qui  rétablissait  une  hiérarchie 
épiscopale  catholique  en  Angleterre.  Il  devait  à 
l'infiuence  locale  de  son  père  sa  place  au  parle- 
ment, et  celui-ci  approuvait  et  appuyait  à  la 
chambre  des  lords  la  loi, présentée  par  lord  Pal- 
mersion  et  lord  John  Bussell  ;  mais  son  honneur 
et  sa  conscience  parlèrent  plus  haut  que  la  piété 
filiale.  Après  avoir  combattu  le  bill  av«c  autant 
de  décision  que  de  persévérance,  il  donna  sa 
démission  dès  que  la  loi  Ait  votée.  Les  électeurs 
catholiques  du  comté  de  Limerick  en  Irlande  le 
réélurent  aussitôt;  mais  après  la  dissolution  de 
1652  il  ne  voulut  plus  de  mandat  électoral,  et  ne 
reparut  au  parlement  que  pour  aller  siéger  à  la 
chambre  des  lorda,  comme  duc  de  Norfolk,  à  la 
roort  de  son  .père  (I8&6).  Un  seol  événement 
marqoe  cette  seconde  partie  de  sa  vie  pu- 
blique, œ  fut  le  refus  de  l'ordre  de  ta  Jarretière, 
dont  la  reine  Victoria,  snr  la  proposition  de  lord 
PalmerstoD,  awiit  voulu  rûiveslir.' On  interpréta 
diversement  ce  refus.  Les  nns  y  virent  un  raflioe- 
ment  d'amour-propre;  les  autres  crurent  que, 
catholique  fervent  le  duc  ne  voulait  point  d^n 
ordre  qui ,  fondé  d'abord  à  titre  de  confrérie  re- 
ligieuse, avait  été  détourné  de  sa  destination 
primitive.  Le  lait  est  qoe  le  duc  de  Norfolk 
n'avait  voulu  donner  qu'une  preuve  de  son 
indépendance  politique  en  évitant  de  recevoir 
même  la  fiveiir  la  plus  enviée,  par  l'intermé- 
diaire d'un  ministre  dont  il  désapprouvait  la  con- 
duite. En  18&6  il  dénonça  à  la  chambre  des  lords 
les  procédés  iniques  de  la  commission  chargée 


de  répartir  les  fonds  de  la  sooscriptioo  pour  ler. 
victimes  de  la  guerre  de  Crimée,  et  qui  avait 
scandaleusement  abusé  de  son  mandat  au  détri- 
ment de  la  foi  des  orphelins  catholiques.  Seooiule 
par  sa  femme,  fille  de  sir  Edmond  Lyons  quil 
avait  convertie  au  catholicisme,  il  employât  ooe 
grande  partie  de  sa  fortune  à  des  oeuvres  detlia- 
rité.  il  succomba  à  une  douloureuse  maladie,  qui 
le  fit  languir  pendant  deux  -ans.  Son  titre  est 
passé  à  Hemrif  son  fils  aîné,  néen  1847. 

H.  Tbqoct. 

Cftintie  4e  MMtalembeii,    U   OêrrespcndOMt,  dé- 
oemltre  iS80.  -  Barke.  Peeraçe  o/Ençtand. 

HOB6ATB  (  SdvDard  \  enlumineur  ngliift» 
mort  le  23  décembre  1650.  De  bonne  heareil 
Je  distingua  par  un  goût  marqué  poor  le  UisQB 
et  l'enluminore.  La  connaissance  qoll  avait  ac- 
quise de  la  peinture  Je  fit  employer  par  le  comte 
d'Arundel  à  acheter  poor  sa  galerie,  des  taUean 
et  des  objets  d'art  en  Italie.  H  devint  par  U 
suite  un  des  secrétaires  du  sceau,  et  occapa  U 
charge  de  héraut  de  Windsor.  D'après  Foller,il 
fut  un  des  plus  habiles  enlumineurs  de  sos 
temps,  et  on  l'occupa  à  faire  les  lettres  initiales 
des  patentes  des  pairs  et  des  comnussioiis  des 
ambassadeurs.  On  a  trouvé  one  preuve  cn- 
rieuse  de  son  habileté  dans  le  titre  origîBalde 
la  nomination  de  lord  Alexandre  Stiriing  au 
fonctions  de  commandant  en  chef  de  la  Iloa- 
velle-Écosse.  Dans  la  lettre  initiale  de  ce  di- 
plôme on  voit  le  portrait  du  roi  Charles  1*'  snr 
son  trône  délivrant  an  comte  son  brevet,  et  b 
bordure  représente  en  miniature  les  habille 
ments,  la  manière  de  pécher  et  de  chasser  des 
hatntants  da  pays,  ainsi  que  ses  productions, 
pelota  avec  une  élégance  et  une  perfedioade 
dessin  dignes  du  pincean  de  van  Dyck.       K- 

Ainer.  ryoHkiet.  -  UojA,  Jffnain.  -  Wil(«fc 
^needoU»  tifpuinting, 

.MOBIS  (  Henri  ) ,  théologien  et  archéologoe 
italien,  né  à  Vérone,  le  29  aolllt  1831,  mort  a 
Rome,  le  23  février  1704.  II  descendait  d'noeb- 
mille  anglaise  établie  dans  le  Levant,  pois  ^^ 
la  Yénétie.  U  reçut  au  liaptéme  le  .nom  ^tU- 
rôme,  qu'il  changea  en  celui  de  Benri  lorsqu'il 
entra  ^ans  Tordre  de  Saint -Augusdn.  À^f^ 
avoir  fiait  ses  premières  études  dans  sa  viOeDa- 
talCy  il  alla  suivre  les  cours  de  philosofUile  et  dr 
théologie  chez  les  Jésuites  de  Bimioi.  Lslectiir^ 
de  saint  Augustin  lui  plut  tellement  qu'il  résolot 
d'entrer  dans  l'ordre  qui  porte  le  nom  de  ce  pèf^* 
de  l'Église,  et  fit  profession  à  Rimini  dans  te  eoo- 
vent  des  Ermites  de  Saint-AugusUn.  11  étett  W 
connu  par  son  savoir  et  son  talent;  aussi  le  gé- 
néral de  l'ordre  se  hâta  de  l'appeler  à  Rome,  et 
lui  donna  toutes  sortes  de  facilités  pour  poor- 
suivre  ses  études.  On  dît  que  Horis  trt«""» 
régulièrement  quatorze  heures  par  jour.  Cc'*^^ 
sidnité,  qui  n'éteit  pas  rare  en  Allemagne,  re- 
tatt  bewicoupen  IUlie,  et  valut  au  religieai  w- 
gustin  une  grande  réputation.  Il  la  méritait  P» 
l'étendue  de  son  savoir,  par  un  jogement  sain  » 


301 


NORIS  —  KORUANHY 


262 


des  4>pwMMm  mbdését^  Il  proftMsa  isuceMsiiTe- 
nentà  Pesai»,  à  Péraose  01  à  Paitoc.  &ts lé- 
sailesr«tUqiièraat  comme  aaepeotdtiaméMftnie; 
vais  le  frasd^oc  de  Toscane  le  olioisit  poor  md 
tbéologico,  et  le  a(aiBnia  professear  de  ttiéolo- 
«ie  à  rinvenilé  de  Pise.  La  rdoe  de  Soède 
VaérnU  au  oorabre  de^mMolires  de  irAeadéinie 
ficelle  venil  de  fimder  À  ftame.  Le  ç9pe  Imio- 
cent  Xfi  le  Domasa  caMenrataur  de  la  biblio- 
ttièi|iie  du  Vaticaaet  ie  «réa  «acdioal  «u  1695. 
La  iiouiyre  fomalna'we  Maila  pas  «oaAre  tes 
attaques  des  "Jfoidtes,  qui  ont  ponreohrî  jasqà*à 
sa  mémoire.  L^nriMéet  lal(iTeiird'an|wpe  ré- 
pondent assez  à  cesimpotatioïK.  Les  ooTragts  de 
Heori  Noris  sont  :  BUtofia  petaglana,  tVâk»- 
urêaffn  ée wfnado  ¥  œtfmnanica  inçtta^  Ori- 
pénis  dc  Theadari  MBpiueitenif  Pelayiani 
erraris  ituctantm  fusta  ûamnatio  ej^poni- 
Itir,  €t  Af%âl>Bhem9e  êckhma  dnûrUâhtr',  aë- 
diHt  Vindie^  ^/^mffUsHnianis ,  ffro  libris  a 
S.  Dùclcre  'oontra  PHagiaiws  ae  Semipeia» 
fiamoiserfpÊisi  PjMoue,  1873,  iii4el.;  Leijpzig, 
1677,  in-lbl.;  noofiélleédit.,  «ngmealéede  cinq 
dîaaerlatioRS  Irâitoriqoes ,  Loavain ,  1^2 ,  hi-foi. 
Les  PP.  Macedo  et'Hardouln  attaquèrent  «rec 
vivadlé  «m  ouvrage  ^,  destiné  à  défendre  les 
docCrinesanguatiaieimes^sur  la  grâce,  poavnitfe- 
^voriaer  le  ianBéBi8BRe;Kori8  ré|Mnidit,  mais  'sa 
répodae,  quoique  approuvée  par  la  oourdeRoane, 
n*empèeha  pas  rinquisitien  espagnole  de  mettre 
son  histoire  à  llndeSy  en  1747,  et  de  Yj  mafn- 
teuir  plus  de-dix  ans  malgré  les  réclamations  du 
pape  Benoit  XIV;  —  1H$9ertatio  duplex  de 
dwoburmimmis  IHœUtknU  et  LieMi,  eum 
oftflmiîioeAnmotoyteo  de  votts  deeoinatUms 
imperaimwn  et   exsmrum;  Pariooe,  1675, 
in-é";  »  Cemvlaphia  Piitma  CaH  et  MmcU 
eseêantm  dîuerlMianihu  iiluetrattf;  Yeniae, 
1681,  in4U.  :  cet-eiceellent  tnvaîharchéologiqM 
et  •éfdgrapUqne  a  élé  Inaéré  dans  te  f^lesniems 
mntwq.  iiai,  de  Bnmutnn,  t.  VllI;  —  BpUMu 
eamswêarig,  in  qua  cêilefia  LXX  enmUwm^ 
ab  anno  tkristtmm'epoeàie'nt  nêfuB'Od  os- 
219  1m  wmlgatU  fasiis  àoetennê  perpe- 
deaenpta ,  eorri^n/w,  wupptmitUT  et 
Uhatrantur;  Bologne,  1663,  in^*»  :  idnntu  éi 
Bpochm  w^ro-mceedùnum^  veHutUmrèium 
Syrix  nummiMprmsertimkmœdéuiM  ^epoiU» ; 
mddUkB  /oâtis  omutUat^bam  anonjrmi,  om- 
miumoptmiii  Florence,  1669,  io<4*  :  nçande 
édilkm,  augmentée  des  denx  dissertations  pa- 
biiéeaen  1«9I  :  JDe  JPnfeftnii  iatUtarum  tyolo 
annonnaLlXXlY  ;  De  Cyoio  :patcbali  rattn- 
noie  annoiwmXCV;  Ftocenoe,  1692,  in-ibl.  Las 
Œuvres  eompièies  do  cardinal  Henri  Moris  ont 
été  fMil)liées  par  Maffei,  Pierre  et  /ér4me  Bal- 
teriai  ;  Vérone,  1729-1741 ,  5  ¥oL  in-6*.  Le  qua* 
trième  Toltfme  contient  une  Histoire  des  d<h 
naiistes,  laissée  par  Noris.  L.  J. 

Manchlol.  f^ito  degU  AroaH^  1. 1.  —  ItallFrlnl,  FUda 
Jfaruj  e«  fête  do  IV*  vol  des  OBuvret  eompUU».»^  Rl- 
"   u,x,  ni.  —  QhmCpplé  ,  DieU^  Paaroni.  f  Ito 
U  VI. 


neftis  {Mtittêù),  poète  italien,  né  vers  1640, 
à  Vettiae,oftil'e8t  mort^en  1798.  Peud'écriwiins 
ont  fiiit  preuve  d*nne  llteondité  égale  à  la  sienne. 
Par  te  noinkire  deaes  productions  dramatiques, 
il.peut  être  oompané  à  Ateaandre  Hardy  ou  à 
Lope  de  Vega.  La  ptenièee  qai  atti»  sor  kii 
iVitAentiBn  fut  J?MioMa,  jouée  en  1866;  dans 
«eeUe de  MaiJio il  renonça  àintrodoire  des  rôtes 
boonnns,  ninti  que  l'usage  s*en>était  répandu  en 
Ualte.  U  pasaate  pinagBaade partie  4e sa  vte  à 
tenoor  àa  .grand-duc  de  Toeoane,  «t  «Mmente 
peeaque  aenl  te  f^épertoiie  du  théêtie  de  te  villa 
dl  Pratolteo.  Pendant  cinquante  ans  U  écrivit 
pqur  te  scène,  et  ont  Tteaigne  honneur  d'être 
presque  toujours  applaudi  dans  tes  polndpates 
viUea  dltidfe;«ne«K  dosas  pièces  ne  lui  a  anr- 
aéeo,  et,  oommeon  ne  tesm  point  reeueiUtes,  il 
est  difficile  de  les  •apprécier  à  teur  juste  valeur. 
On  représente  Noris  comme  «n  poète  doué  d'nn 
l^nte  vaste  et  hardi,  mais  d'une  ImaginatiQn 
extravagante  et  d'un  godt  dépravé,  joignant  à 
beaucoup  d'esprit  et  d'éradilion  une  tecilite  pro- 
digieuse .à  mettre  en  jeu  toutes  aortes  de  rimes. 
Ses  écrite  sont  parsemés  en  abondance  de 
traits  piquants  et  passionnés.  D'après  Quadrio, 
il  mourut  en  1708;  mais  d'autres  biographes 
te  font  iffvre  jusqu'en  1713,  année  où  fut  repré- 
sente aon  dernier  opéra,  U  Passkmipertroppo 
</temor0.  P. 

Qindrio ,  Starim  a^synl  ponts,  III,  ••  paît.  —  Dlsêm. 
igtorêeo  àëuanM$, 

l  NORMAMBT  (C<msiemtin''ffenry  Pmtps, 
marquis  na),  diplomate  Mglais,  né  le  15  «nai 
1797.  Il  fit  ses  étedes  à  Harnm>et  à  Cambridge. 
Son  pèie  et  sa  laBoilte  avaient  toujours  aontenu 
les  prtedpes  des  tories;  mate  nrrhié  an  parle- 
ment, «omme  membee  penr  flearborough ,  en 
1818,  il  UBontra  des  «pintens  Ubévales.  Son  pre- 
mier disooors  fut  prononcé  snr  te  question  ca- 
tholique et  en  faveur  des  catholiques,  et  fut 
considéré  comme  très-vemarqoahte.  Il  seconda 
tes  propositions  de  lord  Bossell  pour  te  réforme 
paiteaMntalre.  iiai8fen.apnte,  cédant  à  l'irapres- 
sten  pénilite  qu*il  éprouvait  de  eontsarier  par 
cette  marche  tes  ^iies  de  son  père,  ancien 
ami  de  PHt^il  tentandans  te  vteprivée,  t^  passa 
aor  te  continent.  Il  réaida  âeax  ans  en  ItaKe, 
occupé  d'études  politiques  et  UCtéraires.  A  son 
retour «n Angleterre,  il  rentmè  te chambce des 
oomanones,  comme  aaemhre  pour fligham  Fer- 
rera. Bien  qu'il  sepnéseatAt  mn  des4ioux  les  plus 
insignifiante  dn.pa^is,  U  fit  tons  ses  efforts  pour 
procurer  aux  grandes  vtHes  maaufactnrières  le 
droit  éleotoral.  Ayant  présenté  une  tnotten  pour 
abolir  la  place  de  second  directeur  général  des 
posteSy  il  lut  vivement  combattu  par  les  mi- 
nistres,  ^  déclarèrent  qne  tes  steécures  étaient 
nécessaires  au  maintien  de  rioflueace  de  la  con- 
ronne.  Une  drculairo  fht  mèoso  «adressée  par  le 
secrétaire  d'Étatdo  trésor  aux  memlM'es  do  parti 
■unistériel  ponr  dénoncer  sa  conduite  et  œiîe  de 
dens  de  ses  oolMgnes  (  teed  AMionp  etM.  GEoery) 

9. 


263 


NOR^IATÏBY  —  NORMAND 


364 


comme  factieuse.    Lord   Normanby   Bai«t  la 
chambre  de  cette  accusation,  et  fit  passer  une 
adresse  à  la  couronne  sur  ce  sajet  Peu  après, 
la  sinécure  qu'il  STait  attaquée  fot  supprimée. 
En  avril  1831 ,  il  succéda  à  son  père  à  (a  chamt>re 
des  lords,  sous  le  titre  de  cornue  Mulgrave.  En 
1832,  il  fut  envoyé  comme  gouverneur  à  la  Ja- 
maïque, où  avaient  éclaté  des  troubles  sérieux 
parmi  les  esclaves,  impatients  d'arriver  à  la  li- 
Iwrté.  Peu  après  son  arrivée,  les  soldats,  excités 
par  des  meneurs,  s'étaient  presque  révoltés. 
Lord  Mulgrave  parvint,  par  on  mélange  de  con- 
ciliation et  de  Termeté,  à  calmer  l'etrervescencc 
des  noirs,  et  à  faire  rentrer  les  soldats  dans  J'o- 
béissance.  L'acte  d'émancipation  passa  au  par- 
lement Le  gouverneur  montra  beaucoup  de 
sagesse  et  de  tact  pour  en  accomplir  les  dispo- 
sitions, et  revint  en  Angleterre.  Il  accepta  le 
poste  de  lord  du  sceau  privé,  et  l'occupa  jusqu'à 
la  chute  du  premier  cabinet  Melbourne,  en  1834. 
L'année  suivante ,  lord  Melbourne  étant  xentré 
au  pouvoir,  lord  Mulgrave  fut  nommé  lord  lieu- 
tenant d'Irlande.  Il  l'emplit  ces  fonctions  de 
1835  à  1839,  et  son  administration  fut  marquée 
par  une  justice  si  impartiale,  qu'elle  mérita  les 
éloges  d*0'  Connell  lui-même.  Les  catholiques  et 
les  protestants  furent  traités  avec  la  même  équité, 
et  appelés  également  aux  places  du  gouvernement. 
A  l'avènement  de  la  reine  Victoria ,  il  reçut  le 
titrede  marquis  de  Normanby  (l838).Deretour 
en  Angleterre,  il  remplit  les  fonctions  de  secrétaire 
d'État  pour  les  colonies  pendant  les  derniers 
mois  de  1839,  et  passa  au  département  de  l'in- 
térieur, qu'il  occupa  jusqu'en  1841.  Il  fut  nommé 
ambassadeur  en  France  en  1846„  et  conserva  ce 
poste  jusqu'au  coup  d*État  de  1 851 ,  époque  où  il 
lut  remplacé  par  lord  Cowley.  En  1854  il  fut  en- 
voyé comme  ministre  à  la  cour  de  Toscane;  sa  santé 
demandait  des  fonctions  douces  et  tranquilles. 
Dans  sa  jeunesse,  lord  Normanby  a  écrit  plu- 
sieurs romans,  MatUda  (1825),  Yes  and  no,  a 
iaie  of  thé  day  (1827),  Clarinda ,  The  Con- 
trasta etc.  Ils  fVirent  bien  accueillis  du  public,  et 
sont  supérieurs  à  la  plupart  de»  romans  fasbio- 
nables  par  le  goût,  la  peinture  vraie  des  caractères 
et  le  jugement;  mais  ils  manquent  d'originalité  et 
de  force.  En  1857  il  publia  un  ouvrage  histo- 
rique d'un  intérêt  plus  vif,  car  il  s^agit  d'événe- 
ments tout  récents ,  Une  Année  de  révolution 
{À  year  ofrevolution^  from  a  journal  kept  in 
Paris  in  tfiejyear  1848),  deux  volumes  en  an- 
glais, qui  ont  été  traduits  par  l'auteur  en  français. 
Les  journaux  et  les  revues  anglaises  en  rendirent 
un  compte  très-bvorable.  Il  n'en  fut  pas  de  même 
de  ce  cl^té  du  détroit  II  s'y  trouvait,  sur  les 
partis  et  les  personnagesr  marquants,  beaucoup 
d'anecdotes,  d'appn^ciations  et  de  révélations  où 
le  not)le  lord  disait  ce  qu'il  regardait  comme 
vrai,  à  la  manière  anglaise,  c'est-à-dire,  avec 
franchise  et  indépendance.  Les  journaux,  or- 
ganes des  partis  qui  se  sentaient  blessés,  ou- 
vrirent un  feu  très-vif  sur  l'ouvrage  de  l'ancien 


ambassadeur.  Nous  avouons  que  noos  l'avou 
lu  avec  beaucoup  d'intérêt,  et  que  les  attaques 
et  les  réfutations  un  peu  acrimonieuses  des  io« 
téressés  ne  nous  ont  pas  semblé  avoir  le  doa 
de  persuasion.  Pouitiuoi  ne  pas  encourager  les 
diplomates,  qui  sont  si  habitués  à  la  discré- 
tion ,  et  qui  pourtant  savent  à  fond  tant  de 
choses,  à  enrichir  par  leurs  révélatioDS  sin- 
cères l'histoire  contemporaine?    J.  Cbanct. 

Cyclopmdia,  enoUtk  biOQraphf,  —  Taylor,  NaUonal 
portrait  gallârf.  —  Jtfm  fit  <A«  Time,  «  Capefifiie,  Di- 
plomates européens»  t  IV.  —  Joumatu /rançaii  de  \9tt. 

MORMANBT.  Voy,  SbEFFIBLO. 

NORMAND  (Claude-Joseph)^  médecin  fran- 
çais, né  en  1704,  à  Clairvaux-lès-Vanx-Dain 
(Franche-Comté),  mort  le  25  novembre  1761, 
à  Oêle.  Après  avoir  étudié  la  médecine  à  Mont- 
pellier et  à  Lyon,  il  prit  ses  degrés  à  l'université 
de  Besançon,  et  s'établit  à  Dôle,  où  il  obtint,  en 
1726,  le  titre  de  médecin  pensionné  de  la  ville 
et  en  1741  celui  de  médecin  en  chef  de  l'hôpi- 
tal général.  On  a  de  lui  :  Depestis  MassUiensis 
eontagione  et  remediis;  Besançon,  1722,  in-8^; 
—  Analyse  des  eaux  minérales  de  Jouhe; 
Dôle,  1740,  In-I2;—  Dissertation  historique 
et  critique  de  Vantiquité  de  Déle^  avec  un 
Supplément;  ibid.,  1744-1746,  2  part,  in-ll; 
malgré  de  savantes  recherches,  il  ne  réussit  pas 
à  prouver  que  D61e,  bâti  sur  l'emplacement  do 
Didatium  de  Ptolémée,  ait  été  la  résidence  or- 
dinaire des  comtes  de  Bourgogne  :  celte  assertion 
fut  solidement  réfutée  par  Dunod  ;  mais  les  D6- 
lois,  qui  l'avaient  accueillie  avec  enthousiasme, 
décernèrent  à  l'auteur  des  lettres  de  bourgeoisie 
ainsi  qu'une  médaille  d'or;  —  Observations 
sur  les  maladies  épidémiques  qui  régnent 
depuis  quelques  années  en  Franche-Comté; 
Besançon,  1749,  in-12;  —  iin  dies  critici  de 
morbis  iidem  numéro  sini  in  nostra  reyione 
ae  ubi  eos  observaverat  Hippocrates,  et  cvr 
jusnam  sit  ponderis  in  praxi  medica  eoru» 
consideratio?  1752,  in- 12;  le  prix  sur  cette 
question,  proposée  par  l'Académie  de  Dijon,  ne 
lui  ayant  pas  été  adjugé,  l'auteur  mécontent 
défia  cette  compagnie  de  publier  l'ouvrage  qu'elle 
avait  couronné;  —  plusieurs  Lettres  et  Obser' 
valions  dans  le  Mercure.  P.  L. 

DezelmerU ,  DkU,  hiit,  de  la  Médectm. 

NORMAN  D  (  Charles  -  Pierre  -  Joseph  ),  ar* 
chitecte  et  graveur  français,  né  à  Goyeooourt, 
près  de  Roye  (Somme),  ie  25  novembre  176^, 
mort  à  Paris,  le  13  février  1840.  Il  expo»  an 
Louvre,  en  1800  et  1802,  plusieurs  projets  d'ar- 
chitecture, et  se  livra  plus  particulièrement  à  la 
publication  d'oovrages  avec  planclies,  pour  l'é- 
tude de  l'architecture.  Les  principaux  sont  : 
Ornements,  Arabesques,  3Ieubles,eic.;  Par»*» 
1800,  infol.;  —  iVotipeatf  Recueil  de  divcu 
genres  d^ ornements  et  autres  objets  propres 
à  la  décoration;  Paris,  1803,  infol.;  —  i*«- 
rallèle  de  diverses  méthodes  de  la  perspec- 
tive; Paris,  1819,  1825,  infol.;  —  lyoum» 


265 


NORMAND  —  NORMANT 


266 


ParaUèlê  des  ordres  d'architecture  des  Grecs 
et  des  Romains  et  des  auteurs  modernes; 
Paris,  1819-^1825,  fn-fol.;  —  Fragments  d'or- 
nements dans  te  styte  antique  (avec M.  Beaa- 
valel)  ;  Parja,  1820,  2  vol.  in-fol.  ;  —  Souvenirs 
du  Musée  des  Monuments  français  ^  collec- 
tion de  quarante  dessins  perspectifs  gravés  an 
trait,  etc.  (avec  un  texte  par  Brès)  ;  Paris,  1821, 
ta-fol.  ;  —  Recueil  varié  de  plans  et  de  /a- 
çadeSf  motifs  pour  des  maisons  de  ville  et  de 
campagne^  etc.  ;  Paris,  1823,  in-fol.,  planches 
et  texte;  —  Le  Guide  des  ornemanistes ^  ou 
de  r Ornement  pour  la  décoration  des  bâti- 
ments; Paris,  1826,  in-fol.;  —  Le  Vignole 
des  architectes,  nouvelle  trad.;  Pam ,  1827- 
1828, 2  part,  in-4*,  réimpr.  en  1842;  —  Le  Vi- 
gnole des  ouvriers;  Paris,  1820-1831,  4  part. 
in-4*, pi.,  plusieurs  éditions;  — Modèles  dW" 
jécrerie  choisis  aux  expositions  des  pro^ 
duits  de  l'industrie  (avec  M.  Normand  fils); 
in-fol.,  texte  et  pi.;  —  Les  principaux  Mo- 
numents.  Palais,  Maisons  de  Paris  (avec 
BLM.  Clémence  et  Normand  fils);  100  pi.  avec 
texte. 

jinnuaire  des  artistes  de  18»  €t  S8S6.  —  Jattmal  des 
beanx-arts,  vol.  iSM. 

^HORMAND  iLouiS'Marie\  graveur  fran- 
çais, fib  du  précédent,  né  à  Paris,  le  18  mars 
1789.  Élève  de  Lafitte  pour  le  dessin  et  de  son 
père  pour  la  gravure,  il  a  gravé  quelques  plan- 
ches importantes,  entre  autres  les  lioces  de  Cana, 
d'après  Paul  Véronèse,  et  publié  les  collections 
suivantes  :  Bas^eliefs,  Plan  et  Coupe  de  Varc 
de  triomphe  de  VÊtoile^  d'après  les  dessins 
de  Lafitte,  avec  un  texte  descriptif  par  Isi' 
dore  Guget;  Paris,  1810-1811,  in-4''  oblong; 

—  Entrée  triomphale  du  duc  d*Angouléme 
à  Paris,  d'après  les  dessins  de  Lafitte;  Paris, 
1825,  in-fol.,  23  pi.  avec  texte;  — •  Galerie  mé' 
tallique  des  grands  hommes  français  ;  Paris, 
J82&,  in-4*;  deux  livraisons  ont  seules  paru  ;  — 
Monuments  français  choisis  dans  les  colleC' 
lions  de  Paris  et  dans  les  principales  villes 
de  France,  dessinés  et  gravés  par  Normand 
ils;  Paris,  1829,  in-fol.,  72  pi;  2*  partie, 
1830-1847,  in-fol.  de  12  pi.;  —  Cours  de  des- 
sin industriel;  Paris,  1833,  in-8^,  avec  un 
atlas  in-fol.  de  34  pi;  2<  édit.,  1842  (faite  en 
collaboration  de  MM.  Doulliot  et  Krufll);  «- 
Paris  moderne ,  ou  choix  de  maisons  cons- 
truites dans  les  nouveaux  quartiers  de  la 
capitale  et  de  ses  environs;  Paris,  1834-1838, 
in-4*;2*  partie,  1838-1 842; 3e partie,  184S-18â0; 

—  Manuel  de  géométrie,  de  dessin  linéraire, 
d'arpentage  et  de  nivellement  (avec  K.  Re- 
bout); Paris,  1841,  in- 8°,  avec  24  pi.,  in-fol; 

—  Études  d'ombres  et  de  lavis  appliquées 
aux  ordres  d'architecture,  ou  Vignole  ombré 
(avec  le  même);  Paris,  lS45,gr.  in-fol  oblong. 
il  a  travaillé,  en  outre,  aux  Souvenirs  des  mo- 
numents français,  ^n\  Modèles  d^or/évrerie, 
et  aux  Principaux  monuments  de  Paris,  pu- 


bliés pat  son  père  ;  à  la  Galerie  mythologique 
deMillin  (1811);  à  la  collection  sur  les  Fêtes 
données  à  Voccasion  du  mariage  de  Marie» 
Louise,  aux  Fontaines  de  Paris,  par  Moisy, 
à  la  collection  sur  le  palais  Massimi,  à  Rome^ 
par  Haudebourt  et  Siiys  ;  au  Musée  de  sculpture 
du  comte  de  Clarac;  à  la  collection  du  Baptême 
du  duc  de  Bordeaux  par  M.  Hittorff;  à  la  Si- 
cile moderne,  du  même;  à  la  Revue  moderne, 
par  Letarouiily  ;  à  Tonvrage  de  M.  Blouet,  sur 
la  Restauration  des  thermes  d^Antonin  Ca- 
raealla  ;  à  V École  anglaise,  publiée  par  Audot; 
à  la  Galerie  chronologique  et  pittoresque  de 
Vhistoire  ancienne,  par  Perriu ,  qu'il  a  gravée 
en  entier  ;  à  V Univers  pittoresque,  Enfin,  M.  Nor- 
mand a  donné  des  dessins  de  polytypages  pour 
l'imprimerie  royale,  pour  celles  de  Ftrmin  Didot 
et  de  Thompson.  G.  de  F. 

Looandre,  LUiératur*  eonttmpor,  —  Annuaire  Us 
artistes^  18S«. 

NOBaïAifD  (Le).  Voy,  Le  Norm4nd. 

RORMAXT  {Alexis),  avocat  français,  né  en 
1697,  à  Paris,  où  il  est  mort  le  4  juin  1745. 1!  était 
fils  d'un  procureur  au  parlement  de  Paris,  et  y  prit 
lui-même  une  place  remarquable  parmi  le  barreau. 
Dès  le  commencement  de  sa  carrière  il  enleva  les 
suffrages  de  tous  ceux  qui  l'entendirent.  Anbry, 
Jullien  de  Prunay,  Terrasson ,  Laverdy,  qui 
furent  ses  contemporains  et  ses  émules,  n'effa- 
cèrent point  sa  réputation  ;  Ckxïhin  seul  la  par- 
tagea. Normant,  qui  ne  connais.«ait  pas  la  ja- 
lousie, fut  des  premiers  à  lui  rendre  justfce,'  et 
comme,  au  sortir  d'une  audience,  il  protestait 
qu'il  n'avait  jamais  rien  entendu  de  plus  élo- 
quent :  «  On  voit  bien,  répliqua  son  rival,  que 
vous  n'êtes  pas  de  ceux  qui  s'écoutent.  »  Avant 
de  se  charger  d'une  cause,  il  l'examinait  avec 
sévérité,  et  n'aurait  jamais  consenti  à  la  dé- 
,  fendre  dès  qu'il  en  avait  senti  l'injustice.  Ayant 
conseillé  à  une  dame  de  ses  clientes  de  placer 
sur  une  certaine  personne  une  somme  de 
20,000 livres,  et  quelques  années  après  cette  per- 
sonne étant  devenue  insolvable,  il  se  crut  obligé 
de  restituer  cette  somme  à  sa  cliente,  et  il  la 
lui  légua  par  testament.  Il  devint  le  conseil  des 
maisons  les  plus  illustres  et  l'arbitre  des  plus 
grands  différends.  Ses  plaidoyers  n'ont  pas  été 
publiés.  «  Normant,  dit  Lacretelle,  avait  beau- 
coup plus  pour  mérite  distinctif  une  discussion 
ferme  et  judicieuse  que  cette  vive  sensibilité  de 
l'âme  qui  passionne  toutes  les  idées  et  cette 
richesse  d'imagination  qui  les  pare  d'une  grâce 
toqjours  variée  ;  tout  le  charme  qu'on  pourrait 
désirer  dans  son  talent  se  trouvait  dans  sa  per- 
iionne.  Il  couvrait  la  science  de  l'avocat  de  toutes 
les  grâces  d'un  homme  du  monde  et  de  l'attrait, 
bien  plus  puissant  encore ,  des  sentiments  gé- 
néreux. Bon  et  secourable  à  tous  les  hommes,  il 
ne  se  refusait  pas  à  la  société  des  grands,  au 
mîKen  desquels  il  exerçait  cet  ascendant  flatteur 
qui  appartiendra  toujours  à  trois  avantages  qui 
relevaient  en  lui  le  don  de  plaire  :  une  l>eUe 


2»7 


KORMAfiT  —  PïOKRIS 


Î^H 


figure,  ane  gn&de  réputation  et  un  beau  carac- 

tère.  »  P.  L. 

MtTcate.  de  France,  iulll.  \l\tk  —  l^vooot.  Met. 
liUt,  —  Lacretelic,  OEMPres-Judiciairts,  L  —  Journal  de 
Vaoocat  Barbier. 

horouhjl  (ilj(/bfuo  de), capitaine  portugais^ 
né  au  quinzième  siècle,  mort  le  28  macs  1&40.  Il 
était  neveu  du.  grand  AUmquerque,  et  ce  fut  par 
une  faveur,  pour  ainsi  dire  anticipëe  que  le  roi 
Ëoamanuel  lui  aivait  confié  le  oommandemeot  en 
chef  de  la  forteresse  de  Socotora  à  réppqoeoù  le 
détroit  de  la  mer  Rouge  se  trouvait  sous  la  do- 
mination du  chéick  souverain  do  Goxem.  No- 
ronha  arriva  àSocotora^en  1508  ;  iJ  fut  le  premier 
à  s'élancer  sur  la.  plage.  La  garnison  musulmane 
faisait  résistaoee;  malgré  le.  feu  de  la  mousque- 
terie  et  les  pierres  qui  loi  étaient  lancées  de 
toutes  pacis^  le  hardi  capitaine  s'avança  la  lame 
an  poing,,  renversa  le  gouverneur  et  entra 
dans  le  château  accompagné  de  six  hommes  seu-> 
lement.  Les  Maures  étaient  au  norabrede  quatre- 
"^îps^r  îls  préfénèrent  la  mort  à  Pesclavagef  et 
succorobèreni  tous.  Ce  fui  Tristan  da  Guoha  qui 
remit  solennellement  le  gouvernement  de  la  for- 
teresse À  Morooluiy  qui.  le  garda  jusqu'il  Tan- 
née ISIQ.  A  oette  époque  il  se  rendit  aux  Indes,, 
et  il  venait  de  s'emparer  d'un  navire  musulman 
richement  chargé,  lorsqu'il  périt  durant  une 
tempête,  dans  le  détroit  de  Cambaya. 

Il  y  a  eu  plusieucs^  autres  capitaines  du  même 
nom  au  seizième  siècle.  On  cite  principalement 
I>,  ^nto«<04feiVoroitA4i,vingt-denxième  vice-roi 
des.  Indes.  Ce  fut  lui  qui  triomphavd'Adel  Khan 
(Vidaleao  des  historiens  portugais);  il  le  battit 
dana^une  journée  célèbie,  et  qui  se  prolongea  au 
delàde  ce  que  durent  les  batailles  ordinaires.  11  se 
rendit  maître  également  de  la  cité  de  Mangalor, 
et  il  y  constrwsit  la  forteresse  de  Saint- Sébastien, 
qui  mit  désermais  les  Pontugais  à  l'abri  des  in- 
vasions des  Ganaraa.  D.  Antonio  de  Koronlia  fut 
dans  l'Orient  le  i&éau  des  Turcs;  il  battit  dans 
l'Inde  le  Zamorin  et  d'autres  chefs  hindous,.etaut 
se  (aire  redonlen  partout.  F.  Ù, 

Uêrrm,  DaÂOa,  —  Fera.  Lapes  de  Cwtanheda^  CAro- 
niea  da  Indla.  —  Pedra  Barreto  de  Rcxendr,  Tratado 
dos  Hsof -reyt  da  iMdiafim.  de  la  BIb.  Iiup.  de-  Ptrta). 
—  Piffv  y  SoHsa,  Mia  pvrlHpiicui»  in^M. 

froMMVH  (ffenri  d«).  ?bjr.  Herbiques. 

iKNiBts  (Jokn),  phitosophe  et  théologieR 
anglais,  né  en  1657,  à  Cêllingbome-Kingston 
(Wiltshire),  mort  en  1711,.  à  Bemerlen,  près 
Sarom.  Fils  d\m  pasteur;  il  passa  du  coHége  de 
Winchester  à  l'taiversilé  d*Oxford,  y  prit  ses 
degrés  et  eRiltparrlie,  depuis  1680,  à  litre  à*th 
grégéL  A  peine  aborda  ^41  Tétode  de  la  philoso- 
phie  qu'il  montra  ponr  Platon-  une  prédilection 
marquée  ;  peu  à  peu  il-  s» passionna  k  un  tel  point 
pour  le»  béantes  d«  cet  auteur tKvin,  comme- il 
l'appelait,  qn'iV  saisit  de* èmine'lievre  i'occarion 
de  les  faire  goûter  an  publie  en  traduisant  en 
ani^aifl  VEfffffief  anwrU,  sous  le  tilke^e  ThB- 
PtctwTB  ef  lùve  unveHed  (Londreo,  l«82, 
in«i2}.  Cet  ouvrage  servit  è  le  mettra  en  rapport 


avee  Henry  Mora,  un'des  pins  oâèhr^  nlslODi- 
ciens  de  son  temps,  ainsi  qu'avec  demi  femnifs 
d'un  esprit  orné  et  d'un  canotera  entheosiasif, 
lady  Maaham  et  mistrii»  AsteU.  Il  y  avait  cinq 
ans  qa*iï  était  entré  dans  les  ordres  lorsqu'en 
1689  il  accepta  la  cura  de  NewtoO'A-Lo,  dans 
le  Soraeraet;  en  1 691  il  fut  transféré  dans  celie 
de  -BemertMi.  Forcé  de  suppléer  avec  sa  pliune 
au  faible  revenu  de  sa  paraisse*  il  fut,  enqôelqBe 
sorte,  vietime  de  son  assidoité  an  travail;  des 
infirmités  préeooes  l'assailURnt,  et  il  y  sneonnbi, 
À  rage  densiaquenteMiuatve  ana.  La  piété  de  IXor- 
ris  était  aussi  admirable  qne  son  savoin  Comme 
théologien,  il  a  cherché  à  fonder  fut  la  raisenla 
nécessité  de  la  foi  et  d'une  révélation  sornato- 
ralte.  Comme  philosophe,  il  a  pris  pour  naître 
Malebranche,  «  le<»aiilée4ki  monde  tntellectoel  », 
suivant  son  expression.  Deox  ouvrages  sorloat 
le  font  coonallre  dans  cette  double  qualité.  L'on, 
écrit  ponr'réfMer  Le  Ohriiiiantsme  sans  mift- 
(èrei  de  Toland ,  a  pour  titre  An  Àceounl  of 
reason  and  faiik  in  relation  te  thefny$Uries 
ofchrUtkimty  (Londres,  1697,  in-8>).  «  Il  s'agit 
de  démontrer,  dit  M.  Franck,  non  pas  que  la 
raiso»  noua  trempe ,  car,  s'il  e»  était  ainsiv  il  n'y 
aurait  plus  aucune  différence  entre-  la  vérité  et 
l'erreor,  mais  qu'elte  ne  peut  noue  aufllre  dan»  la 
mesure  où  elle  nous  est  départie,  qu'elle  n^ 
pas  la  même  étendue  que  la  vérité  en  soi  ou  les 
vérités  dont  nous  avons  liesoin  pour  nous  soo- 
teoiret  nous  diriger,  et  qu'aux  connaissances  ins- 
tÎDcfiveâet  démonstratives  dont  nous  loi  sommes 
redevables ,  il  est  nécessaire  que  nous  ajootioDS 
de^  connaissances  révélées.  Nous  n'avons  pas  à 
choisir  entre  la  raison  et  quelque  autre  puissaoce 
qui  la  contredit  dans  ses  assertions  ;  il  s'^t  ses* 
lement  d'examiner  si  tel  ou  tel  dogme  proposé  à 
notre  foi  est  révélé  ou  non ,  s'il  doit  être  re- 
gardé comme  une  ceuvre  de  l'intelligence  i)ii- 
maine  ou  s'il  y  a  des  preuves  historiques  qu'il 
émane  d'une  source'  divino  et  nous  a  été  com- 
muniqué par  de»  moyens  surnaturels.  »  1^  rai- 
son pour  Noms  n^est  pas  autre  chose  que  la 
mesura  exacte  de  la  vérité^  c*eat-à-dire  la  raison 
divine;  celle-là  ne  diffère  de  cette-ci  que  par 
retendue ,  non  par  l'essence.  Dans  son  £^09 
towardi  the  tkeorf  of  ths  Ideaif  or  intêlli" 
gibie  wm-ld  (  Londres,  1701-1704, 2  vol.  in-8''), 
il  expoee  le  système  complet  de  Blaiehraoche 
dans  on  langage  élevé,  elair,  élégant  et  consi- 
dère tour  à  tour  le  monde  intelligiMeen  lui-même 
et  dans  ses  rapports  a?ee  renCendemeiit  humain  ; 
il  y  combat  aver  beaucoup  de  foroe  et  de  lo- 
gique leaassertiona  de  Looiie  et  des  aeasoaKstas. 
Outre  les  ouvrage»  cités,  on  a  encore  de  llorris  : 
Hi^roéUs  upên  ihe  goldem  verte»  9/  ihe  Pp 
tkafwemm;  Oxford.  1682,  in-8*;  -- An  idea 
0/  happinets-;  Londres,  1683^  in-^"  ;  —  A  mur- 
ni9ai  ûf  kna^ei,  or  wJ^g^ism  plaénlp  dis- 
plBjftdand  burietqueà;  ibid»,  1683,  \n^^;  — 
Traetatus  advenus  reprobaiiffmH  abêoMf 
deerelwn;  iMd.,  1686^  itt-4<';  — Foemt  and 


269  NORRIS  — 

doeourset  aceashnally  writien;  Ibid.,  1684, 
jQ^tt;  —  A  eoUêcti^n  of  miseeUanies ,  eomis- 
iinf  <^pùemê^  «nayj»  di»eowrse$itnd  letUrt; 
OiM^  1«67,  iB-fli!';.S*  édit^refoe  etoorrigéOi 
Loadres,  1716^  i»8P;  e'ett  le  plus  populaire  des 
éofiti  de  Merris  :  -^  7%e  Thrortfond  regtUatéon 
ofUne,  a  moral  efjoy;  Oxford,  i68S»  m>4*; 
-Arafon  oMf  reit^on»  or  the  çrmmdâ  imd 
nuauret  of  dévotion  cantidored  Jrom  ibo* 
Mimre  o/  God  amd  the  mUwre  of  mon  ;  Loa^ 
dm,  1689,  iB-8^;  —  UpoM  theemdu€tof'/mh 
mon  Itft  wUh  riifsrençfi  io  tim  stnéy  qfdoar^ 
niMfmd  km>wledgo;\ïiid.,  1690,  i6giyii»«8»; 
ta  réflnkMift  forment  la  subilaBced'aBe-  lettre 
adiMiée  à  ladj  MêMbim;  ^ChrUtian  bheatÊd- 
Mtf  ;  ibid.,  1680,  iii*8*  ;  on  trouve  à  !«>£■  des 
«btenrationadèUcfaèee  sur  l'f  saoé  de  Looke  sur 
reotendencat  huniÉin  ;  en  1691  H  pubKa  une 
4p9|6sie  de  eel  ouTnige  que  les  «éparattotee 
araiait  attaqué  ;,  —  Praetkal  dUcoitnoÊ  upon 
ienrroj  dàome  9mbitet%;  ibid.,  169M696,  4 
vol.  in-8'' ,  réimpr.  ploaienrs  foift;  ^  Two  trea* 
tm  concerninç  thé  diomo  light  ;  ibid.,  1693, 
io-8«;  ces  traités  Yieonent  à  l'appui  d'une  con- 
tmerse  deNorrie  avee  laa  qnakera^  -«  5pM- 
tuoi  eoiMff /,  or  the  fmiher's  adtneo  to  h'u 
chiidreM  ;  im,,  1M4,  in-»**;  —  Uiters  coti^ 
ffrniof  tho  love  o/God;  ibid.,  1696,  170S, 
>n*^  :  cet  exposé  de  la  doetrine  mystique  de  l'a- 
inoiir  dJTia  est  le  résultat- réel  d'une  correspon- 
<laise  échangée  entre  Tauteur  et  mistrisB  Aiitell  ; 
on  y  foit  que  TaMur  est  un  eheintn  pins  snr 
pour  arriver  à  la  perfection,  un  moyen  plus 
efficace  de  s'unir  à  Diisa  que  toutes  les  autres  fàr 
cii^  ensemble  ;  —  A  pMloiophieal  diseourso 
cowernmç  the  natural  immortalitf  of  tke 
i(nU;  ibid.,  1706,  tn^*.  Dodwellfit  une  réponse 
^ee  discours  à  la  fiai  du  livra  intitulé  Tho  no* 
<>rai  mortoHtff  of  the  htanan  touls  (1706)  et 
oô  il  prétend  tirer  de  la  Bible  des  preuves  de  la 
l'Oftilité  de  l'âme;  —  TrealUe  coneerninf- 
^^tkm  prudence;  ibid.,  1710,  in»8";  — 
Trtatise  eoneerning  humility;  ibid.,  in^>«^. 

P.  L—r. 

MimpAte  kritmmm9ta.  —  Cîalmtrny  Gênêrml  btogr, 
^*  Paock,  da0«  U  HM.  dm  êetmcm  phUoi,,  iV. 

inaut  (  Bobert),  voyagenr  anf^,  né-  à 
l'iverfeol,  mort  en  1792.  Pendant  dix-huit  ana 
litlirigea  le  comptoir  de /léda ,  près  de  Garegay» 
^s  une-  des  proviaeea  maaitiaMs  dn  Dabomeyt. 
^  1772.  il  se  rendit  anprèa  du  roiide  œ  paifs , 
9f^  résidait  à  AJboney,  el  lui  iii  préseni  dfoa 
^"^  et  d'une  chaise  i  portenn.  Il  as8i6laȈi 
Plusieors  fiMca  etdivertMseoMiikH  o^  tee^nses 
^^l«aaiaot  avac  les  saaiifiees  bamains,  et  vit. 
j'^^^torprise  la  quantités  d'étoffes  de  soie^  de^ 
i^nceleii  et  de  oollien  d'on,  e|.  d'ommento 
P^^Qsux  qu'on  étala  dan»  cette  oeeasion.  Apsès 
«)oir  acheté  des  esclaves  et  de  l'ivoire,  U  i»- 
^ot  à  8oa  comptoir.  Sur  l'inaitatton  du.vieax 
^  >  q«  monmt  ea  1774.  et  de  son  successeur, 
KorrisTisito  encore  demiaîs  le  Dahomey.  Lainr- 


N0RRMÂNI7 


270 


lation  de  ses  voyages,  trèa-in(éf%ssanie  et  très- 
exacte,  quoique  trop  succincte,  renferme  d*im« 
portantes  obserTations  sur  le  dioMt  et  les  ani- 
mena  de  TAlHqae  oocidtotale';  eHea  pour  titre  : 
Mémoire  ofthe  reiçn  qf  Bos9  Ahadee,  hing 
qf  Dahomfff  an  in  Umd  comitry  qfOnlnefr, 
fo  whkh  are  added  the  author's  joumeg  to 
Àtomey  the  capUal;  Londres,  1789,  in^ê^,  avec- 
une  bonne  carte;  trâd^  en  fhinçaie  par  Wad- 
strœm  (Voffage  au  pagode  Dahomé;  PwiSt 
1790;  io^).  K. 

Waietanaer,  HiJt.  générale  det  voyaoef,  Xf. 

SUMMUMS  (  Mdwin-U  pbiloloi^aBBlais»  né  la 
24  odebre  1799,  à  Tâonton^  Après  s'être  livré 
pendant  dix  ans  aux  soins  d'une  éducation  paB« 
ticulière,  il  obtint  en  1^36  un  emploi  dans.l'ad- 
ministration  civile  de  la  Compagnie  des  Indes,  et 
le  résigna  en  1836.  Saconnaissanœ  étendue  det 
langues  orienlales  le  fit*  admettre  dans  la  méma 
année  à  la  Société  asiatique  de  Londres  avec  le 
tit£e  de  secrétaire.  Depuis  1847  il  est  traducteur, 
du  département  desvaflaices  étrangères.  On  a  de 
lui  ;  Grammar  c/  the  Fulah  language  from 
a  ms.  by  thereo.  Macbrair,  wUh  additions  { 
Londres,  in-8*;  —  Grammar  oj  the  Bomu 
or  Kapuri  langufiçe  ;  ibid.,  i8â3,  in-8*',  d'a- 
près une  série  de  dialogues  envoyés  par  le  voya- 
geur Ricliardson  \  —  plusieurs  ménnoires  insérés 
dans  les  Transactions  of  the  royal  Asiat^ic 
Society,  el  des  articles  dans  le  Penny  Cydopx' 
dia.  et  autres  recueil»  hebdomadaires.  Il  a  en- 
trepris en  1853,  sous  le  iiive  à* Ethnograpkical 
library,  un  recneil  de  voyages  à  travers  les  cou.* 
trées  sauvages  ou  encore  peu  oonnnes,  eti&  a 
publié,  revu  et  augmenté,  en  1855,  Ja  dernière 
édition  de  Natural  history  of  man  de  PricbanL 

Th«  Bnglisà  Cftlopmdia  ledUed  bj  Kalgtl. 

MORBBiAiiN  l  Laurent )t  savant  prélat  sué- 
dois, né  le  24  avril  1651,  à  Strengpaes,  mort  Je 
21  mai  1703.  Après  avoir  étudié  dans  diverses 
universités  de  l'Âllemagne.et  de  la  HoUande ,  il 
devint  en  1 680  secrétaire  du  comte  de  La  Gardie» 
fut  nommé  en  1681  à  Upsal  professeur  de 
langues  orientales.,  et  fbt.  a{>pelé  en  168a  à.le& 
enseigner  à  l'université  de  Lund.  Kn.i664  iiM>^ 
tourna  à  Upsal ,  où  il  occupa  successivement  les 
chaires  de  métaphysique,  de  langue  grecque  et 
de.^ttiéologie.  U  parcourut  enaaite  le*  Danemark* 
et-FAUemagne,  et  fàt  nommé  conservateur  de 
lai  faibliothèque  d'Upsal ,.  inspecteur  des  égtfsea 
de  cette  ville  et  en:  1703  évéque  de  Gottienboorg. 
U  était  legasdé  avec  raisoa  oemme  un  des  pkia 
habies  phildognee  da>la  Suède.  0%a4tt  lui-  v 
De  M^lemiêmo  judaico;  StbckMttty  1«96;  — 
->  itoioriptoe'  coUegihtàectorun^  Imeperii  get^ 
firanini;  ibidi,  t666;  —  Be  Socrate;  ibid., 
1666<3  —  Dêoemore  remano;  ibid.,  1666;  — - 
De  «rtpine  Qo^Aorum,- ibid.,  1667;  — Do 
PoKéene  àiUÊptàetypnieo ;  ibid.,  1666;  —  De 
saatrdoêào  romano*  PiompUiano  ;  Upsal,  1686  ; 
—  De  Scipione  A/ricano;  iMd.,  1688;  — -  De 
Alcibiade demoeratie»;  Ibid.,  1668;<— >JEIe6f* 


271 


KORRMAKN  —  NORTH 


272 


natii  areopagiêieo ;  ibid.,  1689;  —De  cruce 
veteruin;  ibid.,  1692  ;  —  De  catuis  deficientis 
suadx  romanœ  ;  ibid.,  1702  ;  —  De  typogra- 
phia;  HambcHirg,  1740,  îd-S^;  réimprimé  daii.s 
les  Monumenla  iypographica  de  Wolf;  — 
plusieurs  autres  dissertations  recueillies  avec 
ses  oraisons  funèbres;  Stoclcbolm,  1738,  io-^". 
Morrmann  a  aussi  édité  les  Scholia  rhetorica 
de  Phoebammon,  te  De  figuris  sententiœ  et 
elocutionis  d'Alexandre,  les  Discours  et  let^ 
ires  du  moine  Théodule;  deux  Discours  d'A- 
ristide, etc.  O. 

Plpplng*  MemoHm  theotogorum.  —  Manoria  virontm 
In  Sueeia  erudUiêHmorum  (Leipzig.  iTSi).  —  Biogrm^ 
phUk'LêTiMon.  —  A.  Morrellus,  f^ita  jrormaniif  (Stock- 
bolm.  1TS8). 

NORBMA!i<«  -  BflREiTFBLS  (  Charles-Fré- 
déric  Lebrecbt,  comte  db),  général  allemand, 
né  à  Stnttgard,  le  14  septembre  1784,  mort  à 
Missolonghi»  le  3  novembre  1822.  Son  père,  Phi- 
lippe Chrétien ,  comte  de  Norrmann^Ehrenfels , 
descendant  d'une  ancienne  famille  de  l'Ile  de 
Rugen  (né  en  1756,  mort  en  1817),  avait  rempli 
plusieurs  fonctions  dans  l'administration  wur- 
terobergeoise  et  était  entré  en  1803  dans  le  con- 
seil des  ministres  (voy.  Biographie  universelle 
de  Rabbe,  et  Gradmann,  Gelehries  Schwaben  ). 
Charles- Frédéric  prit  du  service  dans  l'armée 
wurtembergeoise ,  et  parvint  en  1809  au  grade 
de  colonel  de  cavalerie;  en  1812  il  commanda 
un  régiment  de  chevau-légers  dans  la  campagne 
de  Russie.  Devenu  en  1813  général  de  brigade, 
il  prit  une  part  active  à  la  guerre  contre  les  al- 
liés; après  la  bataille  de  Leipzig,  il  conclut  une 
capitulation  qui  lui  valut  d*ètre  destitué.  Après 
avoir  pendant  les  années  suivantes  rempli  l'em- 
ploi de  précepteur  auprès  des  princes  de  Hesse- 
Philippsthal,  il  alla  en  1822  en  Grèce,  où  il 
forma  un  bataillon  de  philhellènes ,  avec  lequel 
il  livra  contre  les  Turcs  plusieurs  combats  heu- 
reux; nommé  chef  de  l'état-major  de  Mauro- 
cordato.  Il  fut  emporté  par  une  lièvre  ner- 
veuse. O. 

Taçébûcher  omu  dem  FtUxmçé  der  fFUrtembtrger 
(  Ladwigtboorg,  itSO).  —  BoUmana,  Der  Hellenen  FlrH- 
fkeUikampf  toi  Jahre  iBtt  (  Berae,  isiS).  ~  Convtrta- 
tUnuLexikon. 

RORBT  (Charles),  architecte  français,  né 
en  1756,  à  Bercy,  près  Paris,  mort  en  juin  1832, 
à  Paris.  Élève  de  Ronsset ,  il  fit  partie  de  l'ex- 
pédition d'Egypte  ainsi  que  de  l'Institut  qui  fut 
fondé  au  Caire;  à  son  retour  il  fut  nommé  chef 
du  bureau  des  b&timents  civils  au  ministère  de 
l'intérieur,  et  siégea  au  comité  consultatif  des 
bAtiments  de  la  couronne.  Il  était  membre  de  la 
Société  philotecbniqae.  On  a  de  lui  nne  Rela- 
tion de  Vexpédition  d^ Egypte,  suivie  de  la 
Description  de  plusieurs  monuments  de  cette 
contrée  (Paris,  1799,  in-g"*,  fig.);  —  quelques 
morceaux  dans  La  Décade  égyptienne  (1799- 
1800, 3  vol.  in-4'') ,  et  plusieurs  des  dessins  de 
la  grande  Description  de  V Egypte.    P.  L. 

Ragler,  iKmes  Mlgem,  KAntUer-Uxican. 


NORTH  (Sir  Thomas  ),  érudit  anglais,  moit 
vers  la  fin  du  seizième  siècle.  On  ne  possède 
sur  la  vie  de  cet  écrivain  aucun  reaseigM' 
ment  ;  on  sait  seulement,  d'après  ses  propres  oik 
vrages,  qu'il  était  chevalier,  qu'il  avait  une  con- 
naissance approfondie  des  langues  aDdenoes  et 
modernes,  et  qu'étant  déjà  vieux,  il  fut  obligé 
de  demander  nne  pension  à  la  reine  Éiissbelk 
pour  se  tirer  de  la  gène  où  l'avaient  mis  sen 
voyages  et  ses  travaux.  On  a  de  lui  :  The 
Diall  of  princes,  compiled  by  Anlhony  of 
Guevara  and  englyshed  oui  of  the  freneh; 
Londres,  1557,  1558,  in-fo).,  et  1582,  in-4"; 
cette  dernière  édition  est  augmentée  d'un  line 
intitillé  :  The/avoured  Courtier  et  traduit  aussi 
du  français  ;  —  The  morall  philosophie  o) 
Doni,  drawne  eut  of  the  ancient  writersand 
englyshed  out  of  the  italian  ;  Londres,  1570, 
ln.4*;  —  The  lÀves  of  Piutarch;  Londres, 
1579,  in-4°;  cette  version  peu  exacte  est  faite 
d'après  celle  d'Amyot  et  dédiée  à  Elisabeth;  le 
traducteur  y  a  ajouté  les  vies  de  plusieurs  per- 
sonnages, extraites  d'anciens  auteurs.       K. 

Watt,  BUttiogr.  briUmn. 

RORTB  (Dudley,  baron  ),  poète  anglais,  oé 
en  1581,  mort  le  16  janvier  1666.  Descendant 
d'une  andenne  famille  du  comté  de  Cambridge, 
d'où  sont  sortis  plusieurs  magistrats  émioents,  il 
hérita  en  1600  des  tiU*es  de  son  grand-père.  Si 
l'on  en  croit  son  biographe,  c'était  un  hoinine 
plein  d'esprit  et  de  vivacité,  qui,  après  avoir  dis- 
sipé la  plus  grande  partie  de  ses  biens  à  la  ooar 
du  roi  Jacques  r%  se  retira  à  la  campagne,  et 
y  vécut  d'une  façon  pins  lionorable.  D'autre 
écrivains  le  représentent  comme  un  ooartisan 
raffiné,  sans  principes ,  despote ,  et  d'Iiameur 
fantasque.  £n  1645  il  se  rallia  au  parti  parle- 
mentaire, et  devint  un  des  commissaires  de  l'a- 
mirante.  II  a  laissé  un  volume  de  mélanges  in- 
titulé :  A  Forest  ofvarieiies  (  1645),  en  troi* 
parties,  et  réimprimé  en  1659  ;  la  prose  en  est 
alTectée  et  obscure,  les  vers  sont  plus  na- 
turels. 

noRTH  (  Dudley,  baron), fils  du  précédât, 
né  en  1604,  mort  le  24  juin  1677.  Il  reçut  une 
bonne  éducation  à  Cambridge,  fut  nonunéen 
1616  chevalier  de  l'ordre  du  Baio ,  aerrit  avec  le 
grade  de  capitaine  sous  les  ordres  de  sir  Francis 
Nere,  et  si^ea  au  parlement  pendant  plusiean 
sessions.  A  la  mort  de  Charles  T'  (  1648 },  il 
se  retira  dans  le  Suffblk,  et  s'occupa  dereebercbes 
historiques.  Depuis  1666 ,  il  fit  partie  de  la 
chambre  des  lords.  On  a  de  lai  :  Oàservaiion* 
and  advices  œconomieal;  Londres,  i^^i 
in-12;  —  Passages  relating  to  the  Long  Par- 
lement; —  ffistory  of  the  life  of  Edmrd, 
lord  North,  the  first  baron  ;  —  Light  in  tht 
way  to  paradise,  with  other  oceasionals; 
Londres,  1682,  in-8*,  essais  de  morale  et  de 
religion.  De  sa  femme,  Anne  de  Montagu,  il  ^^ 
dix  enfants,  dont  quatre  qui  suivent  et  se  sont 
reodus  célèbres  à  divers  titres. 


573 


NORTIi 


274 


50RTH  {Francis),  baron  de  Guildford, 
magistrat  anglaîA,  fils  dp  précédant,  né  ie  22  oc- 
tobre 1637,  mort  le  5  septembre  168ô,  à  Wrox- 
lon,  près  Banbury.  De  l'université  de  Cam- 
bridge, il  passa  à  la  Société  de  Middie-Temple, 
oii  il  se  délassa  de  Kétiide  des  lois  par  celle  des 
sciences,  de  l'histoire  et  de  la  musique  ;  il  di- 
sait souvent  que  sans  cette  distraction  il  n'au- 
rait jamais  été  jurisconsulte.  Ses  commence- 
ments furent  pénibles  :  quelques  protecteurs, 
l'attomey  général  Palmer  entre  autres,  lui  en 
aplanirent  les  difficultés.  Rien  ne  lui  coûta 
pour  réussir,  comme  on  peut  le  voir  dans  la  en- 
rieuse  notice  qu'un  de  ses  frères  lui  a  consacrée  : 
ses  manœuvres  tortueuses,  sa  duplicité,  sa 
couardise  morale,  son  égoïsme,  sa  politique  de 
bascule,  son  empressement  à  servir  les  gens 
en  place,  tout  cela  y  est  naïvement  présenté 
comme  autant  de  prudentes  vertus  nécessaires 
à  quiconque  aspire  aux  honneurs  et  à  la  ri- 
chesse. Le  talent  avec  lequel  il  plaida,  dans  un 
procès  politique,  contre  les  prérogatives  du  par- 
lement attira  l'attention  du  duc  d'York,  qui  le 
fit  admettre  au  nombre  des  avocats  du  roi. 
Après  avpir  été  attaché  au  circuit  de  Norfolk, 
il  devint  solicitor  gênerai  (i671);  en  même 
temps  il  fut  créé  chevalier  et  élu  député  de 
Lynn  à  la  chambre  des  communes.  Dans  l'es- 
pace de  quelques  années  il  fut  nommé  atiarney 
gênerai  (  1673)  et  président  de  la  cour  des 
plaids  communs  (1674);  comme  tel  il  par- 
ticipa à  quelques-uns  des  assassinats  juridiques 
les  plus  odieux,  et  s'il  s'apei*çut  que  Oates  et 
Bedloe  étaient  des  imposteurs ,  il  n'en  continua 
pas  moins  à  condamner  les  malheureux  catho- 
liques quils  accusaient.  En  1679  il  entra  au 
conseil  privé,  puis  il  présida  la  chambre  des 
lords  en  l'absence  de  lord  Nottingham,  auquel  il 
succéda  comme  cliancelier  d'Angleterre  (  20  dé- 
cembre 1682);  en  recevant  le  grand  sceau, 
il  fut  élevé  à  fa  dignité  de  pair  avec  le  titre  de 
baron  de  Guild(ford.  Mais  il  n'eut  aucun  cré- 
dit au  conseil  ;  il  sentait  si  bien  son  incapacité, 
qu'il  n'assistait  jamais  aux  réunions  dans  les- 
quelles ses  collègues  discotaient  les  affaires 
étrangères,  et  même,  dans  les  questions  rela- 
tives à  sa  profession,  son  avis  avait  moins  de 
poids  que  celui  d'aucun  homme  qui  ait  jamais 
tenu  1^  sceaux.  A  l'avènement  de  Jacques  il, 
lord  North,  qui  voyait  avec  inquiétude  l'in- 
fluence croissante  de  ses  ennemis,  Sunderland  et 
Jefleries,  voulut  résigner  ses  fonctions  ;  mais  on 
le  dissuada  de  ce  projet,  et  comme  sa  santé 
s'affaiblissait  de  jour  en  jour,  il  lur  fut  permis 
de  se  retirer  à  la  campagne,  où  il  mourut  bientôt, 
à  l'Age  àe  quarante-bult  ans.  «  Guildford ,  dit 
Macanlay,  avait  une  intelligence  lucide,  une 
grande  dextérité,  une  érudition  suffisante  en 
littérature,  et  une  connaissance  plus  que  suffi- 
sante des  lots.  L'avarice,  Tégoisme  et  la  lâcheté 
étaient  ses  vices  principaux  ;  il  n'était  pas  in- 
sensible an  pouvoir  de  la  beauté  ni  ennemi  des  ; 


plaisirs  de  la  table...  Quoique  d'une  famille 
noble,  il  s'éleva  dans  sa  carrière  par  une  adula- 
tion lionteuse  pour  tout  ce  qui  avait  de  l'in- 
fluence dans  les  cours  de  justice.  •  On  a  de  lui  ; 
An  alphabelical  index  of  verbs  neuier,  Impr. 
avec  la  Grammaire  de  Lilly  ;  —  On  the  gra- 
vUalion  of  fluide  considered  in  the  blad- 
ders  oj  fishes^  dans  VAbridgment  of  the  phi- 
los, Trans.  (t  II,  p.  845)  de  Lowthorp;  l'o- 
pinion de  l'auteur  sur  cette  question  parait 
avoir  été  adoptée  par  Boy  le  et  Ray;  —  An 
Answer  to  a  paper  of  sir  Sam.  Morland  on 
his  static  barometerj  inédit;  —  A  philoso* 
phical  essay  on  musie  ;  Londres,  1677,  in-4°  ; 
c'est  un  petit  traité  de  la  génération  des  sons  et 
des  proportions  des  intervalles.  Lord  Nortb 
jouait  fort  bien  de  la  Igra-viole^  sorte  de  basse 
de  viole  montée  de  beaucoup  de  cordes  pour  y 
faire  des  arpèges  et  des  accords,  et  il  a  laissé 
en  manuscrit  quelques  sonates  écrites  à  deux 
parties. 

Roger  Noiib,  IÀV0$  ùf  tkê  Nortki.  —  Campbell.  Uve$ 
qf  th»  ektmceUors,  111.  ~  Collins,  Peerage.-^  Wnlpole,^ 
Bofoi  and  noble  avthort.  —  Mauulay,  Hist.  of  En- 
0taiiil.,1l.  -  Biirnry,  Historf  qf  Af  hs<c. 

NOETH  (Sir  Dudley  ),  frère  du  précédent, 
né  le  16  mai  1641,  mort  le  31  décembre  1691. 
Tout  enfant  il  s'échappa  de  la  maison  pater- 
nelle, et  resta  quelque  temps  au  pouvoir  de 
bohémiens  qui  l'avaient  emmené  avec  eux.  Son 
goût  pour  le  négoce  lui  inspira  la  passion  des 
voyages  :  il  partit  comme  .subrécargue  à  bord 
d'un  l)Atiment  marchand,  et  visita  les  cAtes  de  la 
mer  Blanche,  puis  celles  de  la  Turquie  et  de 
TAsie  Mineure.  A  son  retour  è  Londres,  il  tut 
nommé  sheriff  et  chevalier,  et  oblint,  par  le  crédit 
de  son  frère  aîné,  une  place  de  commissaire  è  la 
trésorerie.  Sous  le  règne  de  Jacques  II  il  devint 
commissaire  des  douanes,  et  se  rendit  très-im- 
populaire en  suggérant  le  plan  d'une  taxe  sur  le 
sucre  et  le  tabac.  Il  siégea  aussi  an  parlement,  et 
s'y  fit  remarquer  par  l'indépendance  de  ses  opi- 
nions. On  a  de  lui  :  Voyage  from  Smyma, 
wilh  an  aecount  of  Turkey,  eontaining  mai^ 
fers  tuile  known  in  Europe  ^  relation  cu- 
rieuse, dont  le  biographe  de  sa  famille  a  publié 
des  fragments. 

RORTH  (John),  émdit  anglais,  frère  des 
précédents,  né  le  4  septembre  1645,  à  Londres, 
mort  en  avril  1683,  à  Cambridge.  Destiné  à  l'é- 
tat ecclésiastique,  il  professa  le  grec  à  Cam- 
bridge, où  il  avait  pris  tous  ses  degrés,  et  suc- 
céda en  1677  au  fameux  Isaac  Barrow,  qui  était 
principal  du  collège  de  la  Trinité  ;  pendant  l'exer- 
cice de  ces  fonctions,  il  continua  la  belle  biblio- 
thèque que  son  prédécesseur  avait  commencé  à 
former.  U  avait  beaucoup  de  connaissances,  et  pro- 
fessait pour  Platon  une  admiration  profonde; 
aussi  a-t-il  donné  une  édition  estimée  decertains 
écrits  de  ce  philosophe  (Cambridge,  l673,in-8*). 
Il  a  travaillé  aux  Fragmenta  Pythagorica  de 
Gale. 

NORTB  (  Roger),  historien  anglais,  frère  dea 


IVORTET 


27^ 


frécédeafs,  né  ven  MSO,  noit  em  1733.  Il 
«tiiiia  la  jumprodenee ,  et  dtmt  chef  d*  lai 
cliaiicâllerie  de  VarcheTéque-  Seldon  ;  mais  H 
OLtwBfÇBL'  p89,  eoiomeon  1'b>  prétenduv  les  fooo» 
iMM-d'atiornef  gênerai  Bm»  lt«  règne  de  Jac- 
ques. IL  Les  deux  mnrragfs  qu'il  a  jaimés  n'ont 
pato  qu'aprèe  sa  mort;  œ  sent  i  Bâsamm  ùt 
am  Snfuirif  in^  ihe^areM  and'veraciip  of 
I  €t  pretendêd  compMê  hisl9ry ,  itnding  te* 
tibiiMeatê^the  itonaur  0/  Ike  '  laté-  Xtn^  Ohmr»- 
l»  //;  Loodresy  17<0}  i»4o;t)^t  uneTéfnta*- 
tiM,  àiu»  poîntd»^ae  très  pailiri,  de>  la^  ODm* 
pètl9'  Méâtofif  de  Kènnet;  —  Th»  Live9  of 
HfmmU  Kwtlk,  banm  GuUford,  lord  Keeper 
cf^  tkB  greaù  MMt;  $ir  DuélBff*  IVorlh  and' 
Jéfm-Novth';  Lewiees,  1740»-i743;  ^  vol.  in-4*; 
i»vied»g^ide  A^iflceau» «été  réhnpnmée  à 
j)trt>(  \BQèi  7  Tol.  i»-«")  eton  adtaBéen*  1829 
UM  seeonde  édition*  d*  l'omrfag»  entier,  en 
.3  ?ol.  in-8*.  «  Lee''portraM»4e*ces  tfoiS'Ifènee^ 
dit  Macaulay,  ont  été  tracés  mioutieusement 
par  Roger  ffoTth,tory  îniDiérant,  écrrram  af- 
fecté et  gédant,  mais  obeervateur.  soigneux,  de- 
tous  ces  menus  détails  qui  Répandent  le  jour 
SUT' le  caractère  des  liororaee.  »  Oocopé'sans 
«esse'  de  reeherolies  sur  la  nuiBlqiie^  il  écrivit 
sur  les  compositeurs  et  amateurs  anglais  les 
plos  célèbres  depuis  1650  jusqu'en  1680  une* 
â^ie  de  notices,  qui  ont  serri  aux  docteurs 
liumef  et  Hswkins.  P.  L— y. 

CointM,  Pêerage,  —  Roger  Rortli,  lÀve»  of  the  Norlht. 
->  Rau,  CteltpmUa.  —  CtaaloMra,  Cwmerml  BèograpH. 

ROATB  (  Frédérie  ),  comte  ne  GoiLuvonn , 
tiomnft  d'État  anglais,  né  le  13  aTriil783,  mort 
165  août  1792.  Une  triste  célébrité «st attachée 
4iu>  nom  de  lord  Nnrth  ;  car  il  Ait  premier  ministre 
àuneépoquecritiqaepour  l'An^terre,  ceUede  la 
gu6rfrd*Amériqpe»  et  il  esCregasdé-comme  seul 
responsabte  des  fevens  et  des  humiliations  qui 
en  furent  leTésiÉÉBt.  U  était  le  fils  atoé  de  Frao- 
•cis,  comte  de  Quildford.  Après  afvoir  fait  d'excel* 
lentes  études  d'abord  à  Elan,  puis  à  l'uniwersité 
d'Oxford,  il  passa  taois  ans  à  voyager,  et  résida 
8ueoe«iveroenl  en  Attemagne,  en  Italie  et  en 
France.  Il  apprit  la  lan^e  de  ces  paysv  et  avec 
beauconpide  soin  le  ftMiçais,  qu'il  paéhiitafec 
facilité  et  correetioo:.  A  oëaervm  auMfli  Je»  llona- 
mes  et  les  moanrs^  detmanièip  à  aequériB  œ'qo» 
madame  de  StadI  appelle  V}Bsprii  aarapésn, 
c'est-à-dire- ees  quaHtéeqiii  ranrient  un:  hoonne 
aussi  agréableà  Pkri8>àiNapleaetàT1«nDei|m 
dans  son  propre:  pays,  ren  apnée  son  retour^  il 
•entMkan  parktnent^  et  dès  lors  il  «e  oonsaera  en- 
tièrement anx  alfiiirea  publiques,  pour  les- 
qncllee  il  iMmtmfaiMÉfii  une  gpwide capacité.  A 
Tin8t*eeptans(inian58^  Il  (àt  nommé  ondes  oom» 
mianiriea)  die  iai  tiéaa»erie,  elv  à  I»  démission 
de  lord  Bute)  m  1766;  if  fut nris  à>ls  tête  delà 
«onraiesion^ilréBignaeeeronotionsà  l'avènement 
-de  l'administratioD  Rockingham;  mais  en  juin 
4766  il  fui  nommé  peyenr  général  de  rarmée, 


et  peo  après  membre  du  eonseil  privé.  La 
mort  dn  oélêbra  €)harie6  Tonvnsbend  ayant 
amené  plusieurs  changements  importants  dans 
\w  haute  administration,  lord  North  devint 
chnaeelier  de  Téchiquier,  poste  auquel  II  arriva 
pttr'llhffnenee  du  parti  des  Bedford  (i767).Att 
commencement  de  1776,  le  due  de  Graflon, 
premier  ministre,  ayant  donné  brasquement  sa 
démission*,  dans  des  cireonstanoes  de  graves  em- 
haras,  Georges  111,  à  cause  des  ambition»  ri*> 
vale»,  trouva  trè»*diffioile  de  former  un  minis- 
tère; Ce  prince,  imbu  des  idées  les  pins  exe- 
gMee*de- sa  prorogative,  et  Menrésolo  h  IVxer- 
cer  dans  toute  sa  plénitude,  ne  voyait  qu'avec 
angoisse^et  terreur  la  domination  dent*  le  m&> 
nafaient  les  Bedford  ^  le  grand  parti  whtfc.  D 
oflHt  à  lord  Nortb.  alors  chancelier-  de  l'échi- 
quieret  directeur  de  la  chambre  des  communes, 
le  poste  de  premier  lord  de  la  trésorerie.  Ce- 
lui-ci accepta,  fl  semble  qn^ilnYavait  làqn'inn 
acte  ordinaire  de  courage  00  de  dévonement 
Mais  Georges  III  le  considéra  eomme  un  im- 
raenseservice,  et  delà  rextrémeaffectiontiu'il  eut 
pour  son  ministre;  pendant  déaxe  ans,  jusqu'à  la 
fameuse  coaliUon  avee  Fe«.  Lerd  Brougbâm  en 
cite  un  trait  remarquable^  qui  en  même  temps 
peint  le  caractère  do  roi.  «  Ayant  achevé  de 
payer  l'arriéré  de  ma  liste  civile,  dit  le  roi  dans 
une  letbre'à  son  ministre  (  septembre  1777  ),  je 
dois  penser  à  vous.  J*ai  compris,  d'après  quel- 
ques insinuations,  que  vous  n*avec  cessé  d'être 
en  dettes  depuis  votre  mariage.  Je  dois  donc 
,  Insister  pour  que  vous  me  laissiez  venir  à  votre 
aide  avec  16,006,  ou  15,006,  ou  même  20,000 
livres  sterling;  si  cela  est  nécessaire.  Tons  ne 
connaitriez  bien  mal,  si  vous  ne  pensiez  pas 
que  de  tontes  les  lettres  qne  j'ar  pu  vims 
écrire  la  présente  est  celle  qui  me  donne  le  plus 
de  satisfaction,  et  je  ne  vous  demande  es  retour 
d'autre  sentiment  que  d'être  bien  persuadé  que 
je  vous  aime  autant  comrtie  bomme  de  mérite 
que  je  vous  estime  comme  Ininistre;  Je  ne  pois 
jamais  oublier  votre  conduite  dans  un  moment 
critique.  »  Cette  libéralité  était  sanadoote-ins- 
pirée  par  l'aflectfon,  mais  il  nous  semUe-qo'll  y 
avait  anssi  de  la  partdn  rel  le  désik*  de  ratta* 
cher  plus  fbrtement  encore  im  ministre  puissant 
à  la  chambre  des  comnranes,  et  qui  plaisait 
à  ses  idées  favorites  de  prérogative  et  à  la  pdi» 
tiqne  ardente,  obatinéeet  aveugle  avec-foqneHeil 
poursuivait  persennellement^es  hoslillftés  contre 
les  colonies  d^Amériqne:  OSMe  guerre  est 'le  iFHt 
importantdo  miniàlèré  dekirdNbrtll'.ll'ya  relati- 
vement à  ce  point  deux*  questions  diflérentes  à 
considérer,  la  question  de  sa  justice  et' la  question 
de  son  avantage.  Le  ministre  eti'bppositlon'en- 
tamèrent  la  dispute  sur  ces  deux  questions. 
L'opposillott  renfermait  alors  les  premiers  ta- 
lents du  pays.  Ses  deux  cheft,  BUrKe*  et  Fox, 
étaient'  Secondés  par  des  lieutenants  dignes 
d'eux.  Barré,  Dunning,  Lee,  et  soutenus  par 
toute  la  phalange  de  raristecratie  ivhi]^,  le  poids 


277 


M)aTH 


97S^ 


imnoense  qu'avait  ropinion  de  lord  Ghatam,  et 
parfois  par  sea  discoars  éloquents,  qui  prodai-' 
saieot  une  aenMtioo  profoode.  L'oppisitioD 
soutint  d'abord  que  le  parlement  britannique 
n'avait  pas  le  droit  de  taxer  les  colonies,  et 
qo'aiasi  une  guerre  qui  avait  pour  but  de  les 
eootraindre  était  injuste;  et  ensuite  que,  le 
parlement  eût-il  ce  droit,  il  n'était  pas  d*uoe 
bonne  politiqne  de  le  faire  triompher  par  la 
guerre.  Lord  flortb  défendait  à  la  fois  la.jasilee 
et  ràpropos  de  lagnerre.  Les  reven,  Les.bvanH 
liatioos  el  les  désastres  vinEent  presque  cliaque 
aanée  donner  on  démenti  à  la  question  d'à-poo- 
pos  et  enflammer  l'orgueil  national  ainsi  que  les 
veogeanocs  de  Topinion  publique.  Si  Georges  III 
conserva  jusqu'au  bout  son  obstination  inflexi- 
ble, il  est  probable  que  lond'  Serth  fut  amené  à 
ilooter  de  iâ  joslioe  et  de  la  justesse  de  ses  Vues 
et  de  ses  mesures,  et  qu'il  ne  persévéra  dans 
cette  guerre  que  par  déférence  amx  délire  do 
roi.  Nous  avons  sor  ce  point  le  témoignage  de 
^a  fille,  lady  Charlotte  Lindsay»  qni,  dans  «ne 
'ettre  intéressante  à  lord  Bronghara»  dit  :  «  Pen- 
•laat  les  trois  dernières  annéeade  son?  ministère, 
inoD  père  eut  on  ardent  désir  de  sa  retirer  ;  mais 
il  se laissagagner  parles  preasantcn  et  fréquentes 
sollicitations  de  Georges  UL  Enfin,  IfaJbtblisae- 
inent  croissant  de  la  roiû<>rité  à  la  cbambre  des 
(tjmoMinea  rendit  évidente  te  nécessité  d'un 
«haagement  dans  le  ministère ,  et  le  roi  fut 
^'Uigié,  bien  à  cuntre*eœur,  d*acoepter  sa  dénris- 
sioo.  Ce  fut  on  grand  soulageroeot  pour  flonies- 
prit;  car,  bien  que  je  ne  croie  pas  qna^on 
r^re  ait  jamais  ea  des  doutes  surla  justice  ne  la 
pierre  d'Amérique,  cependant  je  sais  d'une 
manière  certaine  qu'il  anrait  vooln  kàm  ia  faix 
trois  nna  avant  qu'elle  prit  fin.  » 

Au  seîD  du  parlement,  lord  fiortb  déploya  près- 
qoe  toujours  de  grands  talents  de  discussion  plo- 
t<U  que  de  baute  éloquence,  et  malgré  les  redou- 
tables assauts  qu'il  avait  à  essuyer  de  la  part  de 
^  éloquents  adveisaireSk.  il  séiissit  à  conserver 
«oa  aseendant  et  à  maintenir  les  fianga,  un  pea 
ioecrtainn,  de  sa.ma|orité  par  on  eacellent  juge* 
ioeot,  qni  ne  l'abandonnait  jamais,  par  son  tact 
natorel,  qu'avaient  encore  perfectionné  la  fré- 
<1Bentation  et  une  profonde  connaissance,  des 
iiommest  I*'  M»n  courage  froid  et  résolu^  sa 
parole  facile  et  ses  reparties,  spirituelles,  enfin 
nae  donceor  de  caractère  qne  rien  ne  pouvait 
troubler  :  menaces  constantes  d'accusation  ,4iUa- 
qnes  véhémentes  contre  lui  et  ses  partisans,, 
iolprécations  contre  ses. mesures,  invectives  on*- 
tnjeeantes  contre  sa  capacité,  furent  épuisées- 
contre  Ini  sans  reUche^  et  semblaient  ne  pro-- 
doire  aoeon  efletsur  son  calme  babitnel  et  sursa 
patieneeu  Fardes  réponses  simples  de  forme  et 
justes,  il  émoossait  les  sai casraes  les  pbis  tsan» 
chanU ,  et  par  une  plaisanâeriefine  etèpropos.il 
provoquait  le  f  Ire  contra  ses  adversaires.  «  liais 
!|BeUes  qne fussent  ses  qualités  et  comme  c/eAa* 
ter  et  comme  homme,  dit  justement  lord  Bnaugi- 


Inm ,  rien  ne  peut  justifier  sa  politique  à  l'é- 
gard de  nos  colonies.  Sa  conduite  prouve  qu'en 
lui  l'homme  d'Étal  était  trèfr-inCérienr  ;  et  s'il  eût 
jugé  sainement  ia  folle  obstfnation  des  vues  de 
Georges  UI,  il  anrait  dû  saisir  Toocasion  do  aa 
déniettre  plut6l  que  de  servir  d'ini^rament  à  des 
mesures  qu?il  n'approuvait  point  »  Du  reste,  si 
l'on  peut  imputer  en.  grande  partie  ani  minis*- 
très  les  désastres  et  les  humiliations  qui  mar- 
qiient  cette  époqne^.  1*  blâme  doit  retomber 
ansaii  snr  le  parlemcol^  qui  sanctionnait  iews 
actea,  sor  la.  majaritéi  de  1%  nation ,. qui  s'était 
prononcée  d'abordt  avecpaanion  pour  la  guerre, 
surtout  sur  les  vnea  étioites.dn  roi^  qui  ne  vou. 
lut  jamais  voir  dans  les  Américains  qne  des  su- 
jets rebelles,  qu'il  Callaii  k  tout  prix,  réduire  À  l'o* 
béissance.  Nous  insistons  sur  ce  point;  car  le 
principal  but,  ceramn  l'aiantage  de;  l'histoire, 
doit  être  de  fournir,  des  leçons  au  tempe  pré- 
sent par  le  taUean  des  foutes  et  des  sottises  du 
passé.  La  défaite  de  lord  Cornwallis,  en.  oetofare 
1781,.  amena  la  crise  décisive.  Au  parlement, 
l'opitoaitiott,  dont  le»  forces  s'étaient  augmen- 
tées^  fil  passer  une  adressD  an  rai  pour  demander 
la  paix  avec  l' Amérique;  Les  attaques  contre  Jes 
ministraB  devinrent  incessantes  et  très-énergi- 
qoes  ;  la  maiorité  mînistérieUa  variaitet  déclinait 
de  jour  en  jour.  Cependant  lord  North  ne  se  te- 
nait pas  pour  battu.  Il  soutenait  qu'il  ne  voyait  pas 
encora  clairement  que  le  pariement  lui  eût  retiré 
sa  confiance.  Pour  juger  la  question^,  lord  Cst 
vendisb  présenta,  le  8  mars  1782,  une  sério  de 
résolutions  récapitulant  les  revers  essuyés  de^ 
puis  1T75,  qu^il  attribuait  à  l'Ineapadté  et  aux 
fautes  des  ministres,  et  il  conclut  en  deman- 
dant formellement  leor  renvoi.  Lord  Novtb  se 
défendit  avec  talent,  et  para  le  coup  par  l'a- 
dresse consommée  avec  laquelle  il  mit  en  jeu 
les  craintes  et  les  passions  des  dilTérentes  sec- 
tions de  la  clumbra.  Les  voles  se  divisèrent  ; 
il  y  eut  une  faible  majorité  pour  les  ministres. 
Biais  ce  fut  un  succès  d'un  jour.  Une  motioa 
semblaMo  ayant  été  présentée  peu.dA  temps 
après^  lord  Oîorth  l'interrompit  en  annonçant 
«  qu'il  n'y  arait  plus  d'adminîstratÎQn  »  •  Un 
autre  ministère  fut  formé,  où  BocJûngharo  et 
Shcébnme  aa«ient  la  principale  influence.  Il 
avait  à  clore  une  guerre  désastreuse  et  à  faire 
le  meilleur  traité  de  paix  possible.  Lord.lTorthse 
trouvait  nutureUamentilana  l'oppositàoniet  chef 
d'tme  de  ses-  fractions.  Lord  Dookinghanir  étant 
mort  (  juillet  1782  ),  SHelburne  s'appuya  de  l'al- 
liance de  Pitf ,  qui  fut  nommé  chancelier  da  1^ 
cbiqoier,  malgré  son  extrême  jeunesse».  Toutes 
les  batteries  de  l'opposition/  conduite  par  Fox 
et  lord  North,  forent  mises  ea  jeu  contre  l'ad- 
ministration, et  en  pacUculier  contre  le  traité 
de  1783,  où  l'indépendance  des  ÉtatSrUnis  fut 
reeennne.  Le  ministère  finit  par  sucoomber,  et 
lord  Morth  rentra  victorieux  au  peuvoiiv  ap- 
puyé sur  le  bras  de  Fox.  Il  prit  le  département 
de  l'intérieur,  et  donna,  à  son  collègue  celui  des 


27D 


NORTH  —  KORTHAIMPTON 


280 


affmres  étrangères.  Cette  coalition,  de  scanda- 
leuse célébrité,  réunissait  dans  le  même  minis- 
tère deux  hommes  politiques  qui  depuis  douze 
ans  avaient  épuisé  Tun  contre  Tautre  les  accu- 
sations et  les  outrages.  L'opinion  politique  en  fut 
révoltée,  et  on  Ta  justement  reprochée  à  Fox 
comme  une  faute,  qui  devint  funeste  au  parti 
whig.  Lord  North  conserva ,  dans  sa  position 
nouvelle  le  calme  et  Tesprit  de  plaisanterie  qu'il 
avait  eus  dans  son  précédent  ministère.  Un 
honnête  membre  de  la  chambre  ayant  un  jour 
proposé,  comme  conclusion  à  son  discours, 
d'entretenir,  près  du  fauteuil  du  président, 
un  sansonnet  qui  aurait  été  instruit  à  répéter  le 
cri  de  «  infâme  coalition  »,  lord  North  remar- 
qua avec  beaucoup  de  sang-froid  que  tant  que 
le  digne  membre  leur  serait  conservé  cette  dé- 
pense aux  frais  de  l'État  était  inutile,  puisque 
les  fonctions  du  sansonnet  pouvaient  très-bien 
être  remplies  par  un  subdélégué.  Pendant  cette 
malheureuse  coalition,  lord  North  et  Fox  firent 
des  efforts  pour  mettre  un  frein  aux  prétentions 
du  roi  en  fait  de  prérogative.  Ce  prince,  à  l'oc- 
casion du  fameux  bill  de  Fox  sur  l'Inde ,  qui  avait 
passé  à  la  chambre  des  communes,  usa  de  son 
influence  pour  le  faire  échouer  à  la  chambre  des 
lords.  Fox  s'étant  élevé  contre  ces  menées  se- 
crètes et  inconstitutionnelles,  le  roi  invita  les  mi- 
nistres à'  lui  envoyer  leurs  démissions  (18  dé^ 
cembre  1783  ),  et  ainsi  après  sept  mois  de  règne 
fut  brisé  le  ministère  de  la  coaiiiion,  Pitt  fut 
mis  à  la  tête  du  nouveau  ministère,  et  en  1784 
commença  cette  longue  et  mémorable  adminis- 
tration qui  ne  finit  qu'avec  sa  vie.  Une  fois  hors 
du  pouvoir,  lord  North  prit  peu  de  'part  aux 
discussions  du  parlement.  Cependant,  à  l'époque 
de  la  maladie  du  roi  (  1789  ),  il  sortit  de  sa  re- 
traite, malgré  la  perte  de  la  Tue  et  plusieurs 
infirmités,  et  combattit  le  projet  ministériel  sur 
Iri  régence  avec  le  talent  et  l'esprit  de  ses  meil- 
leures années.  11  succéda  à  la  pairie,  lorsque  le 
comte  de  Guilford,  son  père,  mourut,  en  1790; 
mais  il  contfnua  à  vivre  retiré  au  sein  de  sa  fa- 
mille jusqu'à  la  tin  de  ses  jours.  11  laissa  quatre 
fils  et  trois  filles.  J.  Chanut. 

Taylor,  Nattoftal  porinM  Gallerv,  U  II.  —  Cpeto- 
ptedia,  ençlUh  bioffraphg.  —  May  (  Tbom.  Enkine  ), 
ConUitviknu^  hàiiorg  of  Engiand  ,  ftom  1760  to  18*J0, 
(t  vol.  1861).  —  Xjotù  Brougbam,  Statetmen  qf  the  tinte 
of  Georçe  lll,  —  Lord  Mahon,  Uistorff  of  Europe.  — 
Lodge,  IllustrUntÊ  pertonaçeu  —  MnnoriaU  and  cor- 
retpondênee  «/  CkarUi  Jawtes  Fo* ,  edUed  bjr  lord 
Joho  Rusaell,  8  vol.  1858.  —  Macaolay,  Eisa^s,  article 
Chatam.  —  Revue  det  Deux  Mondes,  f^  décembre  1884 
et  !•'  janvier  1886. 

HORTH  (  Francis  ),  comte  pe  Gcildfoiid, 
fils  du  précédent,  né  le  75  décembre  1761, 
mort  en  1810.  Il  suivit  la  carrière  des  armes,  et 
|)arvint  au  grade  de  lieutenant-colonel.  A  la 
mort  de  son  frère  atné,  Georges-Auguste  (20  avril 
1802  ),  il  lui  succéda  dans  la  pairie,  soutint 
constamment  le  parti  de  l'opposition ,  et  attaqua 
plusieurs  fois  avec  vigueur  la  politique  du  mi- 
nistère. Il  occupa  quelque  temps  les  fonctions 


de  contrôleur  examinateur  des  douanes.  Od  a  de 
lui  une  tragédie  lyrique,  The  KentUh  barons, 
jouée  en  I79i. 

Son  frère,  Frédéric- Augxate,  prit  sa  place  à 
la  chambre  des  lords  et  mourut  en  1827. 11  a  eu 
pour  héritier  de  ses  dignités  son  cousin  le  ré?é- 
rend  Francis  North,  né  en  1772.  K. 

Barke,  Peerage  of  Ençland. 
HOBTH  (  George  ),  antiquaire  anglais,  né  en 
1710,  mort  le  17  juin  1772,  à  Codioote.  Il  prit 
ses  degrés  à  Cambridge,  fut  admis  en  I729()aib 
\  les  ordres,et  obtint  en  1743  dans  le  Herisie 
rectorat  de  Codicote,  où  il  passa  la  plus  graatie 
partie  de  sa  vie.  Il  avait  étudié  à  fond  Tliistnire 
des  monnaies  anglaises, et  ses  écrits  surcetteina- 
tière  le  firent  admettre  dans  la  Société  des  Aoti- 
quaires.  Oncitede  lui  :  AnAnswer  toascandQ- 
tous  libel  intitledlbe  Impertinenceand iinpos* 
ture  of  modem  antiquaries  displayed,  durév. 
W.  Asplin  ;  Londres,  1741 ,  în-4'  ;  cette  répom, 
fort  bien  faite,  fixa  l'attention  des  savants  doot  il 
avait  pris  la  défense;  —  Bemarkson  iome  m- 
jectUTPS  relative  to  a  very  ancienijHece  of  twh 
ney;\b\à.,  1752,  in-4'»  :  c'est  une  réfutation  dfe 
conjectures    émises    par    le  docteur  Charles 
Ciarke.  En  1742  et  en  1765  il  dressa  les  catalo- 
gues du  médaillier  du  comte  d'Oxford  et  de  ce- 
lui du  docteur  Mead.  Parmi  ses  ouvrages  inèlits, 
on  remarque  une  tal)le  de  toutes  les  moDuaies 
d'argent  d'Angleterre  depuis  la  conquae  josqu'^ 
la  république  et  une  Histoire  de  la  Société  dt^ 
Antiauatres,  Il  légua  au  docteur  Askew  i»  M- 
blio^^*'^^  ^  collection  numismatique. 

P.Ir-ï. 

Cbalmen,  General  Biograph.  dietUmarff. 
MORTHAMPTOif  (  Beury  HovrABD,  comte 
DE  ),  pair  d'Angleterre,  né  en  1539,  à  Sbottis- 
ham  (comté  de  Norfolk),  mort  le  15juial6ii 
Son  père,  le  comte  de  Sorrey,et  son  frèi-ealoé, 
Thomas,  duc  de  Norfolk,  périrent  sur  l'édia- 
faud,  l'un  en  1547  et  l'autre  en  1572,  et  sa  fa- 
mille fut  déclarée  déchue  de  ses  biens  et  digni- 
tés. Ce  malheur  immérité  aigrit  son  caractère; 
obligé  de  se  débattre  contre  les  atteintes  de  !> 
pauvreté,  sans  amis,  ne  faisant  à  la  cour  auc^oe 
ligure ,  il  contracta  de  bonne  heure  unebunioir 
hiquiète  et  morose,  qui  enveloppa  sa  vie  de» 
plus  fausses  apparences.  Il  fit  d'excellentes  «^tu- 
dés  à  Cambridge,  demeura  quelques  aon^  ^ 
l'étranger,  et  quoique  vivant  dans  l'intimité  de 
puissants  personnages,  tels  que  le  comte  dls- 
sex  et  ces  deux  Cecil,  il  ne   put  jamais  rien 
obtenir  de   la' reine   Elisabeth;  il  est  vrai  de 
dire  qu'il  professait  la  religion  catholique  et  qu'oa 
le  soupçonnait  d'avoir  été  Tun  des  partisans  se- 
crets de  Marie  Stuart.  Il  trouva  sous  JacqaesT' 
un  ample  dédommagement  à  ses  infortunes.  I>e< 
son  arrivée  au  trône,  ce  prinee  le  fit  entrer  au 
conseil  privé  (1603);  puis  il  le  créa  successive- 
ment en  1604  lord  gardien  des  cinq  ports,  coov 
table  du  château  de  Douvres,  tMirondeMam- 
hiU  et  comte  de  Northaropton  ;  en  1605,  chera- 


381 


NORTHAMPTON  —  NORTBCOTE 


282 


lier  delà  Jarretière;  en  1608,  lord  du  sceau 
privé,  charge  importante,  qu'il  conserva  jusqu'à 
l'époque  de  sa  mort  11  fut  aussi  chancelier  de 
l'aoiTernté  de  Cambridge.  Ce  seigneur  fit,  à 
l'exemple  de  ses  ancêtres  ,  le  plus  honorable 
auge  de  sa  fortune;  un  lui  doit  la  fondation  de 
trais  hôpitaux.  Quelques  auteurs  Tont  accusé, 
mi  fournir  de  preuves  convaincantes,  d'avoir 
iooé  à  la  cour  d'Elisabeth  le  rôle  d'un  vil  flat- 
tear,  d'avoir  trahi  Cecil  pour  Essex,  et  récipro- 
quement ;  oifin,  d'avoir  été  l'un  des  complices 
de  rempoisonnement  de  sir  Thomas  Overbury, 
crime  dont  la  comtesse  de  Somerset,  sa  petite- 
oièce,  fut  reconnue  coupable.  Lord  Northamp- 
tooa  laissé  quelques  ouvrages;  un  seul  a  été 
imprimé  mus  ce  titre  :  À  Defensaiive  againsi 
the  pogton  o/  supposed  prophecies ,  not 
hitkerto  confuted  by  the  penne  of  any  mun  : 
Londres,  1583,  in-4°,  et  1620,  in-fol.  :  ce  re- 
cueil, rempli  d'énidiUon  et  de  bon  sens,  abonde 
en  laits  intéressants,  relatifs  aux  rêves,  aux  ap- 
piritions,  aux  prédictions,  au  commerce  des 
esprits,  à  Tastrologie  judiciaire,  à  toute  cette 
branche  de  prétendues  connaissances  de/utu- 
ns  coR/tn^en^i^fif,  comme  dit  l'auteur.  Parmi 
ses  ouvrages  manuscrits,  on  remarque  An 
^pology  for  the  government  C(f  women  et 
<UK  collection  volumineuse  de  lettres,  de  dis- 
coors  politiques,  de  pensées  détachées,  de  poé- 
sies, etc.,  qui  se  trouve  au  British  Muséum. 

P.  L— V. 

CoUbu,  Peeraife.  ^  Uoji,  IFùrtkUs.  —  Oxford, 
Aoyai  and  noble  authors.  -  OIdys.  BrltUh  Hbrarlan, 
"  ^tawooâ,  Memorials.  -  Lodge,  PortraUs  o/Uiui- 
*^*oti  ptr$on9oei,  III. 

'OBTHAMPTON.  Voy.   Co>PTOK. 

'OtTiGOTB  (James),  peintre  et  littérateur 
«Bgl^,oéle32  octobre  1746,  à  Plymouth ,  mort 
ie  13  juillet  1831,  à  Londres.  Bien  qu'il  prétendit 
descendre  d'une  très-ancienne  famille  du  De- 
foosbire,  il  n'était  que  le  fils  d'un  modeste  hor- 
loger, et  lui-même  passa  sa  première  jeunesse  à 
^  des  montres.  A  l'âge  de  vingt-cinq  ans  il 
«  rendit  k  Londres  pour  étudier  la  peinture,  et, 
^r  l'insistance  d'un  ami  intime,  le  docteur 
Jobn  Modge,  il  obtint  la  faveur  d'être  admis 
Pintii  les  élèves  de  Joshua  Re>nolds  (1771).  Il 
iréqneota  en  même  temps  TAcadémie,  où  il  des- 
^ait  d'après  la  statuaire  et  le  modèle  vivanL 
1^  d'une  obetination  extraordinaire,  iltravail- 
wImos  relâche  ;  mais  jamais  il  n'eut  d'abondance 
^  de  facilité  dans  l'exécution.  «  Parfois,  dit 
^Borger,  il  avait  une  certaine  sincérité,  qui 
^^it  à  sa  peinture  une  appareqpe  très-natu^ 
^  Il  paraît  qu'un  jour  d'une  des  servantes 
<«  Reynolds  il  fit  un  portrait  si  ressemblant 
^'no  perroquet  la  reconnut.  Ce  perroquet,  af- 
wiooné  de  Reynolds  et  qu'il  a  souvent  intro- 
duit dans  ses  tableaux,  n'aimait  point  la  jeune 
^^^f  et  lorsqu'il  vit  le  portrait  il  battit 
«»  ailes  et  s'élança  avec  fureur  contre  la  toile. 
Cest  Northcote  lui-même  qui  raconte  cette 
^''^««dotc.  »  Au  bout  de  dnq  ans  il  quitta  l'ate- 


lier de  son  maître,  retourna  dans  sa  province 
natale,  et,  après  avoir  amassé  une  somme  suf- 
fisante en  peignant  des  portraits,  il  partit  pour 
l'Italie  avec  le  projet,-  comme  il  le  conseilla  plus 
tard  aux  jeunes  artistes,  de  voler  ce  qu'il  pour- 
rait aux  maîtres  italiens.  Il  ne  s'eafitpas  faute, 
et  s'attacha  surtout  à  Titien,  Corrége  et  Raphaël. 
De  retour  en  1780  à  Londres ,  il  attendit  encore 
quelque  temps  avant  de  se  produire,  redoutant 
avec  raison  la  concurrence  d'artistes  aimés  du 
public,  tels  que Gainsborough,  West,  Romney, 
Fuseli,  Barry  et  Opie.  Un  de  ses  premiers  ou- 
vrages, Le  Naufrage  du  vaisseau  le  Centaure 
(1784)  eut  du  succès.  11  exposa  en  pgs  La  Cha- 
rité et  La  jeune  FUie  aux  fruits;  en  1786  La 
Mort  du  prince  Léopold  de  Brunswich  et  La 
Mort  des  en  fants  d' Edouard  f  qm  firent  sen- 
sation; en  1787  La  Mort  de  Wat  Tyler,  im- 
mense composition  historique,  et  VEnterre^ 
ment  des  enfants  4^ Edouard,  Dans  ces  deux 
dernières  années,  il  reçut  de  l'Académie  les  titres 
de  membre  associé  et  de  membre  titulaire.  Sa 
réputation  était  alors  si  bien  faite  que  l'éditeur 
Boydell  s'empressa  de  lui  demander  son  con- 
cours pour  La  Galerie  de  Shakespeare.  Dan^ 
la  suite  Norlhcote,  qui  s'était  de  plus  en  plus 
adonné  au  portrait,  produisit  aux  expositions  do 
l'académie  Le  Débarquement  du  prince  d^O- 
range  à  Torbay  ;  Jacob  bénissant  les  fils  de 
Joseph  ;  Le  Duc  d'Argyll  endormi  dans  sa 
prison  ;  Jael  et  Sisara  ;  Mortimer  et  Richard 
Plantagenet ;  Miranda  et  Caliban ;  plusieuiA 
Chasses t  Le  Jugement  de  Salomon  ;  Le  Mariage 
de  Richard,  frère  d^ Edouard  V,  et  une  Pèche 
miraculeuse,  une  de  ses  dernières  productions 
(1823).  De  lui-même  il  a  laissé  plusieurs  portrait!^, 
dont  un  se  trouve  à  la  galerie  de  Florence.  Il  tra- 
vailla jusque  dans  l'Age  le  plus  avancé,  et  l'on 
peut  dire  que  la  mort  le  surprit  le  pinceau  à  la 
main.  Ce  labeur  continu  lui  fit  gagner  une  foi- 
tune  qu*oh  n'estime  pas  à  moips  d'un  million  de 
francs.  Cet  artiste  possédait  assez  d'habileté  et 
de  vigueur  dans  la  composition  ;  mais  son  in- 
vention était  pénible  et  confuse;  il  manquait 
d'ardeur  et  de  poésie;  ses  derniers  tableaux 
n'ont  plus  même  l'apparence  de  la  vie.  De  bonne 
heure  il  s'était  fait  connaître  comme  écrivain 
par  des  articles  de  critique  sur  l'originalité  en 
peinture,  sur  les  imitateurs  et  sur  les  collection- 
neurs, sur  les  désappointements  du  génie,  par 
des  études  sur  Reynolds  et  sur  Opie,  et  même 
par  des  vers.  Mais  il  n'avait  guère  attiré  l'atten- 
tion du  public  lorsqu'il  publia  en  1813,  sous  le 
titre  de  Memoirs  of  sir  Joshua  Reynolds, 
with  an  analysis  o/his  discourses  (  Londres, 
in-4'*,  avec  supplém.  ),  une  notice  précieuse  en 
ce  qu'elle  renferme  beaucoup  de  renseignements 
sur  ce  grand  peintre.  Plus  tard  il  profita  de  sa 
Uaison  avec  Willam  Haziitt  pour  s'aider  de  sa 
plume  et  de  ses  conseils  dans  la  rédaction  de 
ses  deux,  derniers  ouvrages,  One  hundred  fa- 
bles original  and  selected  (1828,  1832,  iurS*'), 


^2S3 


rtOKTHGOTE—  KemrraUMfiERLAKD 


%4 


ornés  lie  tlMTOiadlM  «vipiettes ,  «t  Ufe  of  Ti- 
fkca  (l«9e,iii-6'>),diiit4fr4o]id«stJAUx  ba- 
nU  rfoMhcoie>a«idl  dM  tebitndM  aimpitfs,  Am- 
gttlesy  piroinionieoBM  même;  il  M  Be  flMria 
pemt.et  légoa  1ms  ms  tieiis  à  une  «oear  qui 
▼fvrit  a^ec  lei.  P.  ~ 


—  nr.  Bttisef,  éMii.A0  fii*itr«  i*  loUu  ttes  4eolu« 
.Ut.  ai9k. 

s^MrriMV  (  hnékd.  «e  )„  «hroniquar  aUe- 
inaiid,.iié  le  21  janvier  llîi,  dane  le  comté  de 
4a  Mawk,  mort  vers  U60.  U  apparteMÎt  i  au» 
famille  «noble.  D'abord  prëeepleur  des  fils  do 
•eemie  KagribeK  île  la  Marck,  il  aliaétodier  la 
ithéelo^eià  -AvigMo»  embrassa  l'état  acdésiaa- 
tiqoe et .fiit.poorm  àt  «divem béaéficeatdaaale 
dieeèae*^  Iiiége.  Om  \loi  delt  «ne  obronique 
4)es  4Mttte3  «de  Ja  Marck.,  kaprinée  par  Heari 
MeibomiiiB  laenôen  (  Or^im»  Jâarcanx;  Ha- 
nau,  iOJ3,Bi«>rci.)  et  biiéfée;ppar  fl.  Meibaouas 
le  JesBe-^aM  Ic't.  l^^iles  Berum  germon^ 
p.  37'7«4il9,  et  son  eatalagae  4es.4Mcbefiftqoes  4le 
GoloBBef(m«nM  reeuél.  H»  4-10  ).  La  obront- 
qne  oamnMBee  au<  tempsiAe  l'empesenr  Olban  III 
etinitiii%Bl358.  -K. 

iHniTWMiiBiitAiiii  (gfwry  PawcY,  eowite 
de),  waréohal  d'Angleterre,  mort  4e  26'iévrler 
14  es,  près  Tadcaster.  Isau  d'une  anoteonefe- 
mille  danoise  établie  «n^ormandie,  et  qui  acoom- 
pagna  Gidllaame  le  Conquérant  en  Angleterre, 
il  possédait  on  grand  nombue  de  seignenries  dans 
les  oomtés  de  Lincdln  et  d*York  ;  c'était,  avec  le 
doc  de  Laneastre,  on  'des  plus  redoutables  et  des 
phis  poissants  Tassaox  du  rojaome.  Après  avoir 
pris  part  aux  guerres d'Édooard  lit  en  France, 
il  reçut  de  ce  prince  fcIBce  de  marédial  d'An- 
gleterre. Gagné  par  les  prédications  de  WyoNffe, 
il  ne  permit  pas  que  les  inqoisitoore  on  la  popu- 
lace de  Londres  loi  fissent  le  moindro  outrage,  et 
Taocompagn  au  parlement  torsqn'en  1376  H  fut 
sommédevenirjostifiersacoDdiiite.  A  l'avènement 
deRichard  11  (1377),  il  devint  comte  de  Hotfbom- 
berland,  avec  cette  faveur  partioaHèrequetootes 
les  terres  dont  il  étaft  en  possession  ou^qu^l  ae- 
qnerrait  dans  la  suite,  il  les  tiendrait  ss^Aonore 
comitof  i ,  comme  des  dépendances  de  ce  comté. 
En  1378  il  «ntra  en  Ecosse  avec  4e  -comte  de 
Notlingbam  et  prifBenrtek.'SixvnsiaprèB  11382), 
les  Écossais  étant  rentrés  dans  celte  ville  par 
surprise,  il  fut  accusé  de  trdhison-par  4e  dnc  de 
Lancastre,  qui  était  wa  ennemi-  :  le  partemert 
le  condamna  à  mort  et  flédara'ses  biens  confis- 
qués; Boais  k:  roi  ayant  cassé  cette  sentence  ar- 
bitraire, Percj  conrat  mettre  le  siège  devant 
Berwicl{,et  s'en-empara  encore.  Lorsqu'il  vitltî- 
chard  distribuer  avec  «ne  prodigailltë  scanda- 
leuse les  revenus  de  l'État  è  ses  fiivoris,  il  fîit 
des  plus  ardents  à  dénoncer  an  conseil  «lenrsdi- 
laiddations,  et,  de  concert  avec  l*'Sdiics  d*York 
et  de  Glooester,  ondes  dnroi,  il  demanda  qu'on 
leorlItraDdregoiigeavantd^pofler^DonTelies  | 


•chargea^  au  peuple.  Cette  conduite  haotaÎBe  io- 
dispaaa  la  oasr  contre  hii.  il  «e  rapprochais 
lors  du  naanifu  duc  de  Lanoastie,  et  veiaixlé 
«nivre  le  noi  dans  l'expédition  prépvée  eostie 
l'irtande.  Il  iat  banni,  et  s'enlîiit  enÉcosss.  Dn» 
la  a(ième*aniife  'il  se  joignit  à  Henri  delaMH- 
tra,  <fni  iwait  de  débiNt|ner  à  Raveaspam,  ém 
es  comté  ^Ifiark  (jasUet  1399),  et  daviattep»- 
■tipal  oomplicede  ses  ambitieux  desseins.  Clw|é 
d'attirer  le  roi  bore  de  lafortensse  de  Convif 
«t  de  le  fUse  pasoanier,  il  lui  parla  kscoaA- 
tiaes  «l'an  prétendu  .aoDonnaodenMat,  taoub 
jasqv'à  Flint,  elle  remit  entre  les  snains  dadsc, 
qni  le  iteiienner  A  la  Toar.  Ao  mois  d'oebibfe 
aniaanl,  ce  dernier  mit  la  couronne  sor  la  IMe 
«t  prit  iemrn  4*Bettri  lY  (1).  Il  réoempean  ie^ 
aervicoade  son  puissant  aMié  en  Inidaaauit  b 
cbaige  de  connétable  pour  la  vie,  et  lUe  de 
Man,  «qui  «fait  appartenu  à  WUliam  Scroop,  à 
titroide  «ef  héidditaire;  il  lui  remit  en  eutrela 
-dlreotionnde  la  guerre  contre  l'Éoosie,  et  m  m 
il  lechoisft  pour  traiterda  mariage  de  Huche. 
sa  flUe  «taée,  avec  Lonis,  d«c  de  Batière.  U 
140f,aya»t  sons  ses  ordres  son  iUs  Hotspsr  (t 
le  comte  de  Harcb,  Percy  remporta  à  HoniklM* 
fiill  me  sanglante  bataille  sur  les  Éoonatf,  d 
Ht  prisomiers  le  eamCe  de  Douglas,  lest  die(, 
le  lils  dn  r^^ent,  quatve^'nngls  cbevalien  d  » 
-grand  naanbre  degenlrlolmnnnes  (lIseflteaAre)- 
Malgré  l'édaC  de  cette  victoire,  ne^sealeinflit  il 
ne  lui  fut  pas  permis  de  disposer  de  ses  prûoo- 
nier9,^ul,  suivant  les  lois  féodales,  loi  appart^ 
naient,  maie  il  ne  put  obteairdu  roi  leradntde 
sir  Edouard  Mortirner,  beau-fk^re  de  mb  il»  d 
retenu  en  ot^ge  dans  le  pays  de  Galles  |arl'*- 
ventarier  Owen  Glendower.  L'amitié  eolre  ^ 
roi  et  «Me  paissante  famUle  était  depiisk^' 
temps  sur  ton  déclin.  Les  Perey  le  reprltieit 
-oamme  devant  la  couronne  aux  secoars  ^"^ 
kA  avaient  prMésdanssa  détresse.  Laarivii^ 
était  Insatiable,  lenr  orgoeil  sansfMn;  iisréda; 
maient  'sans  cesse  des  sommes  consiti^nb'^ 
qui  leur 'étaient  dues  j)oar  la  garde  des  fnlrth^ 
et  les  frais  de  la  -guerre  dHÊcosse,  et  le  roi  œ 
les  payait  que  rarement  et  à  tardives  éehésooes. 
Lear  mécontentement  s'aigrit  jusqu'à  larébdliai 
ouverte.  Irrité  des  refus  d'Henri  IV,  Peitf  ► 
déclara  déHé<de  ses  serments,  attira  dam  «« 
parti  Owen  Glendower,  rendit  la  liberté  à  Dm* 
■glas  et  aux  principaux  selgnenre  écossais,  el^ 
ganisa  oae  confédération  dans  le  bot  ostaisiMj 
•de  oonqoérir  la  couronne  pour  le  roi  Rich«nï  j' 
«u,  si  ce  prince  -élail  mort,  pour  le  wirte  * 
Mareb,  <8on  véritable  héritier  (2).  AnnMin^tde 

(Il  II  nnti  «roclle  d'admettre  qnll  *t rBneoatrt»' 
«e  point  quelqae  opportMon  de  ta  part  <êcae§9om9«^ 
lu  reroy  ;  «^radast  an  témsin  «mos  dlfoe  de  ^^ 
rannrr.  Mais  ceui-ci,  par  leur  perfidie  oiêtnCtf^Uieo 
donné  on  maître;  tenrtf  hommes  d'armcf  éialeot  mor 
diei  $  lia  n'avalent  drae  d*a«tre  paHI  qoe^e  «e  t"*^ 
et  de  arcoader  lea  deaaeliiacde  I^MicaaOw  (Ungard,aHi' 

(I)  D*«pret  ane  ancienne  etaronlqne,  le  V^f^  "^ 


NORTHUUBEflLAMD 


28(> 


te  mettre  à  U  tète  ùes  reMles,  Il  tomba  ma- 
lade à  fierwick,  et  ftit  «Uigé  de  laiaser  le  eom- 
nmdemeBt  à  aoo  'fils  Botepor,  qui  passait  éù 
nAe'iMHir  un  des  die^aliere  les  plus  aecempKs 
de  VEarepe,  Ce  deniier  se  dirigea  è  niardhCB 
fareées  Ters  le  pays  ée  Galles;  mais  Tannée 
leyate-aeliii  donna  pa#4e  temps  de  regoindieeMi 
alilé  Gleml<yw«r,  loi  «oopala  rente  4  HastldieM, 
près  de  Sbrewsbnry,  et  le  fonça  de  eerdlMiilpe 
aeol.  'On  engigeades  dean^rts  Kaelion  arec 
VI  înoroyable  acbamement  (21  jnfHet  H03). 
floispnr,  atteint  d'une  flèche  dans  la  poitrine, 
cnooonifaa  bientôt,  et  dès  cpie  les  rebeUesrooram- 
f  ent  la 'mort  de  leur  ctief,  Ils  se  débanderait  en 
laissant  èinq  mille  des  lenrs  sar  la  place. 

CepoidaDt  le  irieox  ^eomte  s'aTançoH,  è  la 
lile  de  ses  tenanciers,  à  travers  le  comté  de 
Durbam;  mais,  ayant  appris  la  ^destruction  de 
non  parti,  il  congédia  ses  troupes,  et  se  rendit  à 
*Fork,  où  te  roi  le  reçnt  avec  des  marqnes  éri- 
doites  de  mécontentement  On  le  retint  en  pri- 
son jnaqn'à  la  réunion  dn  prodiain  parlement. 
Traduit  en^ésence  des  terds,  dorft  plosienrs 
avaient  secrètement  trempé  dans  ses  projets, 
il  ne  fut  reconnu  conpalile  ni  de  trahison  ni  de 
féloiite,  mais  seolement  de  méfaits  pour  lesquels 
il  devait  payer  une  amende  (février  1404).  5a 
aottfflission  ne  fut  qu'apparente.  L'année  suivante 
il  «a^u  lord  Mowbrey  et  Scroop ,  archevêque 
d^ork,  s^aasora  l'appui  des  .  Écossais  en  leur 
livrant  Berwick  et  chercha  même  à  intéresser 
te  eoor  de  France  en  sa  Ikveur.  Ce  soolèvement, 
qui  coûta  la  vie  à  Tarclievèque,  eut  la  roalhen- 
sensé  tesae  de  loua  etvx  qui  avaient  tronblé  te 
règne  d'Henri  IV,  et  Perey,  hors  d*état  de  résis- 
ter, passa  en  Ecosse.'  Pendant  pins  de  deox  on- 
il  crm  nveeiens  compagnons  d'exil  lantét 
eepnyn.'tantAt  -dans  les  montagnes  de 
«ailes.  ZailéeS'llenviliit  le  Morfhuroberiand, 
-et  snrptit  flosteurs  éhlteanx  ;  attaqué  è  Fim- 
l»r««iste<fBr  Themas  iKokeby,  sHeriff^Itt  comté 
d'Yoft,  il  'ftit  fimniptenient  mte  en  déroute  «t 
périt  sorte  okamp  de  bataille.  9e  Marguerite, 
«lle«de  te«d  Navil,  il  eut  trois  fils,  Smri,  Tho- 
mmiet  aaon/.Xlalné,'pliio«onntt  sons  te^snr- 
jMKn  d^il«tfsp«r  (qifi  signifto'i^jperon  énr-ùiant), 
jcrrit^anos  ttabard  II  oontfmles  "ÉoMsaitt-et  les 
Français;  il  se  oonvrit  de  uteipe  à  HomildoB- 
ffili,  at  fot  tué  en  oosabaCteart  contre  Henri  rv, 
doat  41  avait  reltisé  le  paadno.  Son  >ils,  qvi  s'ap- 
pelait «nssi  Bmry,  fnt  rétabli  dans  ses  lion- 
neors  et  dans  ses  biens  par  Henri  V  ;  lui  et  ses 
snccensenrs  jouirent  des  faveurs  delà  cour  jus- 
qu'au' i^ie  d'.ÉIisat>etli.  V.  L— y. 

voaiacttUHUMÂAWD  (  ifenrsr  PBKCY,neo. 
vième  OQmtr«>B),pnir  d'Angleterre,  né  en  f563, 
nort  le  &  novembre  W31,  (tens  leÂnsex.  Dans 


royaavM  nnlt  «té  itlpoié  ««ire  Cleotfvwer,  ffoMm- 
feerland  rt  Morliawr  «  dans  le  cm  «A  lU  aaritent  St»  ral- 
a«m  de  te  croire  tes  penonnct  prétlltet  dana  les  propbè- 
!•  Merttfr  ».  ^09.  U.  mUs,  Stcunda  teries,  l,  17. 


Tannée  mème^ù  son  père,  soupçonné  d'être  on 
des  partisans  de  Marie  Stuart,  était  affermé  à 
te'Tonr  «t  trouvé  mort  dan»  sa  prison  (1986),  i\ 
fteolut,  afin  de  donner  une  preuve  de  sa  loyauté, 
de  Rembarquer  comme  volontaireavec  te  comll^ 
deXiCieester,  qui  allait  servir  dans  tes  Paj^ltas. 
Dans  le  mème^esprit  d*ndroito<puliiique,  il  te^«f» 
1*S8  l'unies  idus  emprasséstpann  tes  jeunes^ 
■ohtes  à  équipera  «es  *ai8«tes  bOteMote  daii  • 
•ÉBià-neconder  la  (flotte  nwyate'^onftseite'nadou- 
4abte  mmada  «te^PhUippa  IL  «e  «annntè.l^- 
aartdesafbires  et  tout  cÉMeriàViMIe,  il  pur 
^rint  à  regagner  tes  bonnaaugr tues  «Ae*laa«te(^ 
iilisnbeth,  qui  .ted  donna itevDilter  dette  ffam 
dièae  (1908).  In  1001  il  assisirin  «iéiod'OB- 
teude.  Vers  oelto  époqnotl  'noua,  par yerti  inrini? 
4e  Tbonaa  Vewy,  son  parentéteipié^taon  îalan- 
tdant  è  la'teis,  de  secrètes  teiolUgoncas  dtvec  4«' 
TOI  d'Écosae  aortea  moyens  d'aaaurer  èutéwhi 
te  auccesHÎon  dn  tféno'é^Angtaterre.  inssi  dès 
^qne  Jacquaa  iîit  nsooonu  roi  (i<60a),  acooellM-il 
Jeioamte  à  bras  ooverte:  il  te  'fit  admetli^-uu 
«onaeil  privé  et  Flmrestît  de  la  plaoctrès-racher- 
4Shéeète  cour  de-capitaine  dos  gsntilalMmmes 
-pensionnaires.  Sa  teveur  4upn  peu  :  un  itemble 
vevers  «de  fintune  y  mit  bientôt  terme.  La  oous- 
pnvtion  des  poudres  Ait  déoouveife  (ltO&),  et 
le  ealboKque  Thoanss  ^rcy,  4pii  en  «était  un 
des>orgaDisatoors,  entnlna  dans  aa  porte  son 
cousin,  connu  pour  un  zélé  protestant.  La  pa- 
renté ^ni  exialait  «ntre  aux  pamt  une  vaison 
suffisante  pour  mettre  Northumberland  aux  ar- 
rêts -dans  'le  palais  de  Vardievéqne  de  Canter- 
bnry  ;  de'lè  tt  fut  envoyé  à  te  Tonr  et  oorapnrat, 
après  on  délai  de  sept  mon,  devant  lu  diambre 
étoilée  (  jain  lfiON5).  Bien  qu^l  ne  s'élevât  con- 
tre loi  aucune  rtiargepoiAive,  il  Yot  ^condamné, 
pour  avoir  voulu  être  te  âief  des  papistes  et  ol>- 
tenir  te  tolérance,  è  une  amende  de  300,000  fi- 
bres etàla-  prison  perpétuelle.  On  ne  peut  attri- 
buer un  chtitiment  ai  sévère  qu^  te  haine  dn 
ministre  Oecfl,  qui  'voyalt'avec  jnlousicl'iifflnenoe 
croissante  dont  jouissait  te  comte  sur  Pesprit 
faible  et  ehangeaUt  dunri.'DanslaTour  Ilor- 
thnmberiamd  i^bcoiipa  uniquement  de  sctence  et 
de  Hitérature  ;  te  norelire  de  matllématictetts  qui 
formaient  sa  compagnie  orflteaire ,  Iflll ,  Alten, 
Dee,  Warner,  etc.,  hii  avait  fait  donner  le  sur* 
nom  de  Oenry  le  Soreier.  ^n  r6Tl  il  eut  en- 
core à  BdUr  tes  persécutions  de'Ceâl  :  accusé 
d'un  nouveau  complot ,  il  trompa  l'adresse  et 
'te  méchanceté  de  son  ennemi.  En  1621  il  sortit 
de  prison  par  rintercession  îles  mignons  de 
Jacques  le**,  et  se  retira  dans  son  cli&teau  de 
Petworth,ooll  momut,  à  Page  de  soixante -neuf 
ans.  De  la  fille  du  comte  d*Essex  il  edt  quatre 
fils  et  deux  fiiles,  dont  l'une,  Dorothée,  épousa 
*en  ItrfS  Robert  Sidney,  comte  de  Lpicester.  La 
cadette,  Zucy,  née  en  J6D0,  célèbre  par  sa 
beauté  et  par  son  esprit,  détint,  contre  le  gré 
de  son  père,  la  leioiiie  de  lord  Hay,  depuis 
comte  de  Carfiste  (1617);  tous  les  poètes  dn 


287 


NORTHUMBERLAND  —  NORTON 


288 


temps,  Waller  et  Voiture  entre  autres,  chanté-  . 
rent  ses  louanges ,  et  elle  eut  une  grande  part 
aux  intrigues  ainsi  qu'aux  galanteries  de  la  cour 
de  Charles  T'.  Elle  mourut  en  1660.   P.  L— t. 

Collins,  Peerage,  11.  —  Windwood,  JUemoln.  —  Phi- 
llp  Warwick,  Memoirt.  —  Cbrendon.  Hist.  o/  tke  ré- 
bellion. —  Lloffard,  Hisi,  ef  England.  —  Lodge,  Por- 
traits 0/  UhutrUrtu  pertonaots,  111  et  V. 

RORTBUMBBRLAND  (  Algcrnon  Perct, 
dixième  comte  ue  ),  fils  du  précédent ,  né  en 
1602,  mort  Id  13  octobre  1668.  Dans  Tintention 
de  réparer  les  malheurs  qu'avait  éprouvés  sa 
<kmille,  Charles  l*',dès  son  avènement  au  trône, 
le  fit  entrer  au  conseil  privé  et  à  la  chambre 
des  lords,  sous  le  titre  de  baron  Percy  (1625). 
En  1635  il  reçut  l'ordre  de  la  Jarretière  et  en 
1636  il  commanda  une  Ootte  destinée  à  opérer 
contre  les  Hollandais;  cette  expédition,  d'où  il 
se  tira  ayec  bonheur,  lui  valut,  en  1637,  la 
charge  de  grand  amiral  d'Angleterre.  Peu  de 
temps  après,  sans  abandonner  tout  à  fait  le 
parti  de  la  couronne,  il  se  rapprocha  des  parle- 
mentaires, prit  part  aux  conférences  d'Oxford, 
et  ce  fut  entre  ses  mains  qu'en  1645  on  remit 
les  enfants  du  roi.  Après  la  mort  de  Charles  1er, 
il  renonça  à  la  vie  publique  et  ne  voulut  rien 
accepter  de  la  restauration,  il  passait  pour  un 
homme  sage,  intègre  et  prudent.  Son  fils,/o«- 
.9€/ii?,  lui  succéda,  et  mourut  en  1670;  avec  lui 
s'éteignit  cette  famille,  une  des  plus  considéra- 
bles d'Angleterre.  P.  L  *y. 

Clarendon.  Hitiorg  ef  tke  rébellion.  —  Lodge,  Par- 
traité,  v. 

MORTHUMBBRLARD  (^tt^A  Percy,  deuxième 
ducoB),  pair  d'Angleterre,  né  le  14  août  1742,  mort 
Je  10  juillet  1817,  à  Londres.  Il  descendait  par  sa 
mère  de  l'ancienne  famille  des  Percy,  dont  son 
père,  sirHugh  Sroithson,  fut  autorisé,  en  1766,  à 
prendre  le  nom  et  les  armes.  Pendant  la  pre- 
mière moitié  de  sa  vie,  il  porta  le  titre  de  comte 
Percy.  Tout  jeune  il  embrassa  la  carrière  des 
armes,  et  prit  part  à  la  guerre  de  Sept  ans  en 
Allemagne.  Lors  de  la  révolte  des  colonies  d'A- 
mérique, il  commanda  un  corps  de  troupes,  avec 
lequel  il  assista  aux  batailles  de  Lexington  et  de 
Bucker's  Hilly  ainsi  qu'à  la  prise  du  fort  Wa- 
Hbingtun.  Après  avoir  siégé  à  la  chambre  basse, 
il  hérita  de  sa  mère  plusieurs  baronnies,  qui  lui 
donnèrent  le  droit  d'entrer  à  la  chambre  hante 
(5  décembre  1776).  Peu  de  temps  après  il  de- 
vint lieutenant  général  et  colonel  du  cinquième 
régiment  d'infanterie.  A  la  mort  de  son  père  il  lui 
succéda  dans  le  titre  de  duc  de  Northumberiand 
(6  décembre  1786).  Sous  l'administration  de  Pitt 
(ît  de  ses  successeurs,  il  figura  plus  d'une  fois 
parmi  les  membres  de  l'opposition.  Il  était  con- 
seiller privé,  chevalier  de  la  Jarretière  et  mem- 
bre de  la  Société  royale  de  Londres.  Il  fut  marié 
deux  fois;  son  premier  mariage,  contracté  en 
1764  avec  Anne  Stuart,  fille  du  comte  de  Bute , 
fut  dissous  par  aiTétdu  parlement  en  mars  1779, 
et  deux  mois  plus  tard  il  épousa  la  troisième 
fille  d'un  simple  particulier.  Peter  Hurrell. 


MORTHUMBEBLA5D  (Hugh  PcRCY,  troi- 
sième duc  ob),  fils  du  précédent,  né  le  20  avril 
1785,  mort  le  12  février  1847,  à  Alnwick-Caslie 
(comté  de  Northumberiand).  Héritier  des  titres  de 
son  père  en  1817,  il  soutint  en  politique  les  prin- 
cipes du  parti  tory*  Il  fut  chargé  de  représenter 
l'Angletenre  comme  ambassadeur  extraordiniire 
au  sacre  de  Charles  X,  et  déploya  dans  cette  oc- 
casion une  grande  magnificence.  Sous  le  minis- 
tère de  lord  Wellington,  il  exeiça  les  fooctioDS 
de  lord  lieutenant  d'Irlande.  Après  1830  il  se 
retira  tout  à  fait  de  la  vie  publique;  la  goutte, 
qui  le  tourmenta  dans  sa  vieillesse,  lui  fit  perdre 
presque  entièrement  IHisage  de  ses  jaihbes.  Il 
avait  épousé  Charlotte  Clive,  seconde  fille  de 
lord  Powis;  ce  fut  à  cette  dame  que  l'on  confia 
le  soin  de  surveiller  l'éducation  de  la  princesse 
Victoria,  aujourd'hui  reine. 

Son  frère,  Algernon,  né  le  15  décembre  1793, 
lui  succéda  dans  ses  titres;  il  siégeait  depuis 
1816  à  la  chambre  des  lords  sous  le  nom  de  bs- 
ron  Prudhoe.  Entré  de  bonne  heure  dans  la  ma- 
rine royale,  il  fut  nommé  en  iSàO  contre-amiral, 
et  présida  en  1852,  sous  le  premier  ministère 
Derby,  le  conseil  de  l'amirauté.  En  18'»3  il  a 
reçu  les  insignes  de  la  Jarretière.  La  brancfae 
cadette  de  sa  famille  est  également  en  posses- 
sion d'une  pairie,  sous  le  titre  de  comte  de  6e- 
verley.  P.  L— ï. 

Centleman^s  JUaçaiiw,  isn.  -  Tke  Clùbe,  férr.  iW?» 
—  Barkc,  Peerage. 

2VORTHUMBEBLAMD  (  DuCOE).  VOf/.  DCD- 
LCY. 

NORTON  (  Thomas  ),  littérateur  anglais,  mort 
Ters  1584.  Il  pratiqua  le  barreau,  et  ftitavocatde 
la  corporation  des  papetiers  de  Londres.  Vers  la 
fin  de  sa  vie  il  habitait  Sharpenhoe,  dans  le  comté 
deBedford.Contemporain  de  SteroholdetdeHop- 
kins,  il  travailla  à  la  version  notée  qu'ils  donnè- 
rent des  psaumes.  On  a  de  lui  des  traductions  da 
latin,  plusieurs  traités  religieux  (  1569,  iD-8')f 
qui  témoignent  de  son  zèle  pour  le  calvinisme, 
et  les  trois  premiers  actes  d'une  tragédie  intitu- 
lée Fcrrca?  and  Porrtx  (1571),  écrite  en  so- 
ciété avec  son  camarade  d'études  Thomas  Sack- 
ville,  depuis  comte  de  Dorset;  cetie  œuvre, 
réimprimée  avec  des  changements  considérables, 
sous  le  titre  de  Gorboduc,  passe  pour  wt  des 
premières  pièces  régulières  du  théâtre  anglais.  K. 

Wharton,  UUtorg  o/  poeCry.  -  Baker,  Biographie 
dramatiea.  —  BUU,  Speelmeru  of  anelent  poUril,  i>i 
186.  —  Strjrpe.  Jà/\b  of  Parker,  96i,  S7I. 

NOBTOH  (Joi^n),  grammairien  anglais,  TH 
vait  dans  le  dix-septième  siècle.  Il  est  auteur 
d'un  livre,  U  Vade-mecum  des  gens  de  Uttrtiy 
ou  traduction  du  latin  en  anglais  de  Bi.'A.  f^' 
minius^  avec^  des  changements  et  des  notes , 
où  il  pro(K)se  une  réforme  de  Torthographe  d  > 
près  l'étymologie;  ainsi  il  voulait  qu'on  écrivit 
pour  (  pauper)  au  lieu  de  poor,  inlmie  (in»- 
miens  )  pour  enemy  ,  nome  (  nomen  )  l*"^ 
name,  etc.  Cette  tentative,  qu'il  tf avait  pas»- 


289 


NORTON 


2M 


sez  d'éraciHioa  pour  eotreprendre,  passa  tout  à 
fait  inaperçae.  K. 

Gruiger,  Biograph.  dleUamuTf. 

mouton  (  France*  Frckbs  ,  lady  ),  femme 
auteur  anglaise,  morte  eo  1720.  D*oDe  ancienne 
famille  dii  comté  de  Dorset,  elle  reçut  une  édu- 
cation soignée,  et  épousa  sir  Georges  Norton,  du 
Somerset  Elle  composa  sur  ta  mort  d*une  Olle, 
qoi  mourut  peu  de  temps  après  être  mariée,  les 
deux  ouvrages  suiTants  :  Les  Eloges  delà  vertu, 
in-4*y  et  Mémento  mori,  ou  Méditations  sur  la 
mori,  K. 

Prodbovne,  Blogr,  dei  fftnme»  eélébret. 

l  HORTOSi  (  Caroline-Élizabetàf  mistress  ), 
dame  poète  anglaise,  née  en  1808.  Petite-6lle 
par  son  père  do  célèbre  Richard  Brinsley  She- 
ridan,  eUe  est  en  quelque  sorte  un  autre  anneau 
dans  cette  chaîne  de  talents  héréditaires  qui  de- 
pois  un  siècle  a  été  associée  avec  le  nom  de  Sbe- 
ndan.  La  mort  de  son  père  la  laissa  fort  jeune, 
ainsi  que  ses  deux  sœurs  (dc|)nis  duchesse  de 
Somerset ,  et  lady  Dufferin  ),  sous  l'unique  direc- 
tion et  les  soins  de  sa  mère,  qui  était  d'origine 
écossaise  et  fille  du  colonel  Callender  de  Craig- 
forth.  Résidant  tantôt  à  Hamptoncourt,  tantôt 
eo  Ecosse,  les  trois  sœurs  reçurent  tous  les 
avantages  d*une  éducation  soignée.  De  très- 
bonne  heure,  le  génie  poétique,  ou  plutdt  un 
SOût  très-TÎf  pour  écrire  des  vers,  s*éTeilla  chez 
Mrs  Norton.  Encore  dans  l'adolescence,  c'était 
elle  qoi  composait  les  Ters  et  les  pièces  qui  ser- 
vaient k  amuser  les  soirées  de  la  famille.  Ayant 
nçu  en  présent,  de  lady  Westmoreland ,  on 
livre  intitulé  :  The  Dandies*  Bail  (  le  Bal  des 
dandys  ),  sorte  d'ouvrage  alors  à  la  mode  parmi 
les  jeunes  lecteurs,  elle  résolut  de  composer 
qoelqoe  chose  en  ce  genre,  et  bien  qu'elle  con- 
nût fort  peu  les  mœurs  et  les  ridicules  qu'elle 
avait  à  peindre,  elle  écrivit  une  satire  légère  et 
piqnante  sons  le  titre  de  The  Dandies*  Roui , 
y  joignit  des  dessins  comme  illtstrations,  et  en- 
Toya  le  tout,  en  grand  secret,  à  un  éditeur,  ne 
K  réservant  que  cinquante  exemplaires  pour  ses 
jeanes  amies.  Elle  voulut  ensuite  publier  un  vo- 
lame  de  poésies,  auxquelles  sa  sœur  avait  con- 
tribué ;.mais,  hélas!  aucun  éditeur  n'osa  risquer 
les  dépenses  de  publication.  Sans  se  décourager, 
miss  Sheridan  continua  ses  compositions  poé- 
tiques. En  juillet  1827,  elle  épousa  Thon.  Georges 
Cfadpple  Norton ,  frère  de  lord  Grantley,  main- 
tenant recorder  de  Guildford  et  magistrat  de 
police  à  Londres.  Ce  mariage  ne  fut  pas  heureux, 
et  Alt  en  partie  dissous  en  1840,  à  la  suite  d'un 
procès,  d'une  nature  très-délicate  et  très  pénible, 
et  qni  dans  le  temps  fit  beaucoup  de  bruit.  Ce 
fat  après  son  mariage  que  le  nom  de  Mrs  Norton 
commença  à  être  connu  eu  littérature.  Cependant 
die  publia  sons  le  voile  de  l'anonyme  on  poème 
composé  deux  ans  auparavant  :  The  Sorrows 
0/  Rosalie  (Les  Chagrins  de  Rosalie),  avec 
qodqnes  autres  poésies,  et  les  lecteurs  de  goût 
forent  frappés  de  l'éléganca  exquise  de  la  versi- 

ikh;v.  nogr.  ctoÉR.  '—  t.  xxxthi. 


fication,  ainsi  que  du  sentiment  et  de  la  beauté 
des  pièces  lyriques  (1839).  Cet  ouvrage  fut  bien- 
tôt suivi  d'un  antre  volume,  où  le  principal 
poème  a  pour  titre  The  Undying  one  (L'Im- 
mortel), fondé  sur  la  légende  du  Juif  Errant 
(1831).  Elle  raconte  elle-même  qu'elle  Ait  poissée 
à  entreprendre  ce  poème  par  son  oncle  Chartes 
Brinsley  Sheridan,  qoi  avait  encouragé  ses  pre- 
miers efforts  et  voulait  qu'elle  prit  un  essor  plus 
élevé.  Cet  ouvrage  lui  donna  un  rang  parmi  les 
poètes  de  l'époque,  et  la  Quarterlg  Review  la 
compara  à  Byron.  En  183S  elle  publia  un  ro- 
man, The  u)\fe  ond  woman's  Rewetrd;  m 
1840,  The  Dream,  and  other  poems;  eo 
1845,  The  Child  of  the  islands  (L'Enfant  des 
lies),  poëme  qui  a  pour  objet  de  peindre  ki  con- 
dition sociale  de  l'Angleterre,  et  qui  fut  composé 
pour  attirer  Tattention  do  prince  de  Galles, 
«  quand  il  serait  à  l'Age  de  s'occuper  des  ques- 
tions sociales,  sur  la  condition  du  peuple  dans  un 
pays  et  un  temps  où  il  y  a  trop  peu  de  commu- 
nication entre  les  classes,  et  trop  peu  de  témoi- 
gnages de  sympathie  de  la  part  du  riche  envers 
le  pauvre  •.  Ce  n'était  pas  pour  l'antcnr  um 
sujet  nouveau,  ou  choisi  légèrement.  Quelques 
années  auparavant  elle  avait  adressé  au  Journal 
The  Times  plusieurs  lettres,  qui,  comme  ce 
poème,  font  Clément  honneur  à  son  talent  et 
à  ses  sentiments  élevés.  A  Noèl  de  1846,  elle 
publia  deux  contes  en  vers,  sons  le  litre  de 
Àunt  Carrff*s  Ballads  for  Children,  destinés 
aux  enfants,  et  qui  charment  également  par  l'i- 
magination gracieuse  et  les  courtes  esquisses 
des  oiseaux,  des  bois  et  des  fleurs.  Elle  s'essaya 
de  nouveau  dans  le  roman  (1861),  et  publia  en 
trois  volumes  Stuart  of  Dun  leaih ,  a  story  of 
modem  times.  Elle  y  déploie  le  talent  et  la 
sensibilité  qui  la  caractérisent  ;  seulement  il  est 
à  regretter  que  ce  talent,  qui  a  jeté  tant  de  poésie 
et  de  grftce  sur  les  incidents  ordinaires  de  la  vie 
et  en  a  reproduit  les  cx>ntrastes  d'ombre  et  de 
lumière  avec  une  touche  si  artistique,  se  soit 
exercé. sur  un  tableau  trop  complètement  triste 
pour  être  vrai,  et  que  son  habileté  même  à  le 
peindre  rend  doublement  pénible.  Dans  plusieurs 
de  ses  ouvrages,  elle  paraît  dominée  par  un  sen- 
timent profond  des  injustices  et  des  anomalies 
sociales,  particulièrement  en  ce  qui  regarde  la 
position  des  femmes.  Récemment  elle  a  consacré 
son  temps  à  deux  publications  où  elle  a  mis  one 
grantle  force  d'éloquence  :  English  Laws  for 
women  in  the  19*^  century,  1854  (Lois  an- 
glaises pour  les  femmes  au  dix-neuvième  siècle  ) , 
et  Lettre  à  la  Reine  sur  le  bill  de  mariage 
et  divorce  du  lord  chancelier  Cramworth^ 
1855.  C'est  à  ses  plaidoyers  éfoquents  et  à  ses 
efforts  incessants  qu'on  peut  surtout  attribuer 
les  améliorations  récentes  de  la  loi  anglaise  sur 
le  mariage.  Terminons  par  quelques  lignes  de  la 
Quarterly  Review  sur  le  trait  saillant  de  son 
imagination  :  «  Cette  dame,  dit  le  critique,  est 
le  Byron  des  fejpmes  poètes  de  notre  époqpe. 

10 


m 


NORTON  -  NORWOOD 


292 


Ette  a  iMaseosp  et  c«tle  '«»▼•  paMiMi  ^enom-  ^ 
oeOe qui  distingue  la  poésie  ée  ByroD  deodia  ' 
•K  se  lévèlent  la  vue  fim  large  et  rîatinillé  phis 
prtfiMKle  avec  Ttiomne  et  la  aators  de  Wai^ 
^nortli.  £Me  a  ausà  4e  B]nroii  les  heaax  passages 
4et«Bdresee,  la  peMéef6rleel|^aliqiie,  t'expres- 
lioii  pldna  d'énergie.  Ce  a'est  pas  «se  imita- 
tien  artificielle,  iMHUBeresBenibtaMeRatDfelie.  > 
■faremenent  Mrs  ITorlon  n'a  riea  de  la  misaii- 
toefie  ou  d«  déscspaïf  gladal  de  Byron.  Cham- 
ben  cite  comone  admira  blea,  cl  pour  le  seali-  ! 
ment  et  paor  lu  paésîe,  les  Ters  adietsés  à  ta  | 
duchesse  deSuAhertaid,  à  ^  Tailleur  avait  dé-  ; 
dié  ses  paemes.  -  j.  Cbawot. 

Mm  ^ftJke  Umû.  —  En^ith  Cfetopatdtm  { BiognÊfÊig  ) 

n«iiTtJi»  (Jaeqmeê  MAR^oiTy  luiron  bc 
MofraBSEioN  ac),  bisloriei  fiançait,  né  k  Paris, 
Je  IS  juin  1769,  mort  à  Pan,  le  30  jailiet  1954. 
Destiné  à  la  nnagistratore,  il  envoya  sa  démis- 
sion de  eenseilkar  do  ChAtelet  lers  do  praoès  de 
Favras,  dont  il  voulait  racqotttemenL  11  éiaigra 
ensuite,  et  prit  dn  service  dans  le  régimeul  atte- 
mand  du  corote  Ertack.  A  Tiasoe  de  la  campagne, 
il  s'en  alli  en  Suisse,  eii  il  resta  cinq  ans.  H  ren- 
tra en  Pmnoi  deux  mois  avant  les  journées  de 
fradidor.  Une  lot  enjoignit  aua  aneiena  émigrés 
de  sortir  du  pays  :  comme  il  nVSIait  pas  porté  sur 
la  liste  des  émigrés,  ii  resta,  (M  arrêté  et  tradml 
devant  une  eomnussion  miKtairs.  If««  de  Staél 
obtint  pour  kà  on  snniis,et  enfn  le  18  ërnmaire 
it  il  mettre  en  Kberlé.  Il  voua  dès  lors  un  colle 
de  reconnaissance  et  d'admiration  à  Napoléon. 
Ilonnné  chef  d«  secrétariat  partientierdu  piéfet 
de  la  Seine  Frochot,  et  attaché  peu  de  temps 
après  an  général  Leelcre,  il  soivH  «elni-cf  à 
Saint-Domiogne  osnsine  secrétaire  général.  H 
fit  cette  campagne,  échappa  à  trois  attaques  de 
ièvre  jaune,  ferona  les  yeux  à  san  général,  et 
revint  mourant  en  France.  Josépliine  loi  olilint 
l'aulorisatiOB  d'entrer  dans  l^saséo  avec  le  grade 
de  premier  ficulenaiil  au  corps  des  gendarmes 
d'ordonnance  à  liayence.  Il  se  distingua  b  Ma- 
ricnwerder,  où  il  Ait  décoré.  A  la  formation  dn 
royaume  de  WestpbaKe,  il  passa  an  service  dn 
noovean  roi,  et  fonda  le  MmtUtKr  Weitphatien^ 
dont,  il  devint  rédacteur  en  chef,  puis  il  organisa 
le  conseil  d*État,  dont  il  fut  nommé  secrétaire 
général*  Aptes  avoir  élé  snoeeasivenent  secré- 
lairo  général  dn  iiiiniatèic  de  la  guerre  de  West- 
pbalie^  introducteur  des  ambassadeurs,  cham- 
beUan  de  la  reine  et  chargé  d'affaires  à  la  oour 
de  Bade,  il  rentra  es  France  en  1810,  et  fot 
mmwdé  directeur  général,  chargé  de  la  police  des 
États  rorouns,  où  il  resta  jusqu'à  roceupation 
militahie  de  Rome  par  Murât.  Il  parvint  à  y  dé- 
truire te  brigandage  et  la  mendicHé.  Chateau- 
briand hii  reproche  d'avoir  refusé  h  grflce  d'un 
pécheur  à  M**  Récamier.  Norvtns  quitta  Rome 
te  21  janvier  1814.  Pendant  les  Cent  jours  Tem- 
perenr  fot  plein  d'attention  pour  lui,  et  lui  desti- 
norit,  dit-on,  les  fonctions  d'intendant  général  des 
pays  à  conquérir.  La  restauratioD  l'éloigna  des 


affaires.  H  fut  même  cuèé  à  Slsaabouig  pour  la 
publication  d'une  brochure  intitulée  :  Do  ki  guerre 
actuelle  et  de  ses  résultat».  De  retour  à  Paris 
en  1816,  il  consacra  sa  pfaime  à  la  défenoe  de 
lagloive  impériale,  et  attacha  son  nom  b  la  Ato- 
graphU  nomelie  ém   Ctmttmspt/rmws  avec 
Ariûmlt,  Jay  et  Iduy.  Les  articles  Bonaparte 
et  Napoléon  <ie  cette  publication  aoot  notam- 
ment de  hii.  Chargé,  en  août  1690,  de  la  préfec- 
tore  de  la  Dordugne,  il  passa  à  «Mode  la  Loire 
en  mai  1831,  et  rentra  défittîlivcmcnt  dans  la 
vie  privée  en  septembre  1832.  La  fin  de  sa  vie 
fut  éprouvée  par  des  revers  de  Coiluna  qu'il  sup- 
porta avec  courage.  11  a  husné  un  tils,  qui  s'est 
disliqgné  en  Afrique  parmi  les  nauaoes,  parti- 
culièrement à  Zaatcha  et  à  LagbonnL  On  a  de 
Norrins:  £os  JltfiiBeaef  te  JÉbasniieftlk,  poème; 
Parla,  181  b»  in-8*;  —  Tabkam  de  te  révolu- 
tion française^  àepuH  ton  orifine  j9tqn*en 
1814;  F^s,  1819,  in-t2  ;  —  Vlmmorialité  de 
rdme,  poème,  1822;  ^  Partefemlie  de  mil 
kuit  cent  treize;  Paris,  182&,  î  voL  in-S»;  — 
ExtrnHs  de^  ménwvres  relatifs  à  rhistoére  de 
France  depwis  f  année  1787  jufqn^à  lit  révo- 
ittnon;  Pam,  1825,  2  Tcd.  in-r;  —  HUMrt 
de  Bapoléan;  Paris,  1817,  et  ann.  saiv.,  4  voL 
hi-r  ;  9*  éditiaa,  Paris,  1839,  4  vol.  m-8*;  - 
Histoire  de  la  campagne  de  I8I3;  Paris,  1830, 
2  vol.  Hi-8";  —  Essai  sur  la  Rétfoluikm  fran- 
çaise  depiâs  1799  fuspi'é  ravinement  mt 
trône  de  i/mU' Philippe;  ParK  I8S2,  2  vol. 
in-8*;  —  Histoire  de  France  pendant  la  ré- 
pubUqve^  le  consulat^  Venipire  et  la  restait- 
ration  Jusqu'à  la  révolution  de  tS39,  suite 
à   VHistoire   de   France  d'Anquetil;  Firis, 
18391,  hi-8»  ;  —  Poèmes  ;  Pans,  r839,  in-r  ;  - 
Tranetation  des  cendres  de  Napoléon  ;  Paris, 
1840,  hi-8*;  —  Napoléon  et  IHe  fX,  poème 
dithyramilique  en  deux   chanll;  Pan,    IS4S, 
itt-8*.  lia  trayaiNé an  Nainjaune^  k  la  JUimerve, 
à  Vftalie  pittoresque  et  au  Die^i^iMEirv  de 
la  Conversation.  Il  a  laissé  des  Mémoires  né- 
dits.  L.  IjOUTBt. 

Notice  néerolbgique  $tw  M.  U  banm  de  MamthrttM 
d€  Norvtnt,  ^Sarritt  et  SAtot-Sdine,  M^r*.  de»  homma 
dujmtr,  L  U.  i"*  rarttp,  p.  ISD. 

!fORWOO«  (iffcAorrf),  mathéraafîcten  ffl- 
gtais,  vivait  dans  la  première  moitié  dn  dîx-sep 
tième  siède.  On  ne  sait  aucune  des  partScula- 
rites  de  sa  vie.  H  est  principalement  connn 
pour  avoir  l'un  des  premiers  mesuré  en  An- 
gleterre un  degré  du  méridien  avec  quelque 
exactitude.  En  1635,  il  eut  la  patiemse  de  me- 
surer la  distance  de  Londres  à  York,  c'est-à  dire 
plus  de  soixante  lieues,  la  chaîne  à  la  main. 
«  Voici,  dit  Montucla,  quelle  était  sa  m<^tbo<lc. 
Il  mesurait  la  longueur  des  chemins  en  cooser- 
vaot  autant  qu'il  pouvait  la  même  direction  ;  H 
avait  soin  de  déterminer  en  même  temps  par  le 
moyen  de  la  boussole  l'angle  du  ciiemfn  ou  àe 
la  ligne  mesurée  avec  le  méiidien,  aussi  Uen 
que  les  angles  d^mdinaison  à  l'boriaoa  à  chaque 


M 


NORWOOD  —  NOTA 


fois  qvll  montait  oa  desceorfait;  après  quoi  il 

réduisait  les  longueors  trouvées  au  plan  borizoA- 

Met  au  méridte.  Il  «Mura  eniUi,  taitiiK  joars 

de  soMlee  d*été,  les  hairteiirs  do  soleil  k  Loadrea 

et  à  Itofk  avec  no  secteur  de  cinq  pieds  de 

rajoD^et  iltroura  qoe  ces  deux  villes  différaient 

eu  latitude  de  7*  2^,  d'où  il  conclut  que  le  degré 

était  de  367,176  pieds  anglais,  qni  font  57,300 

de  Boe  piede.  »  Norwood  ne  s*étatt  pas  dissimolë 

les  dUBcnltés  de  Tentreprise,  et  il  avoue  lui- 

même  qnll  n'est  pas  arrivé  à  Texaete  vérité.  Il 

est  l'aotenr  d'oavrages  estimés,  entre  autres  : 

Trig0nmneity^  or  the  deetrint  of  friangla; 

Londres.  1631,  f  685,  iB-4%  et  1651, 1667,  1669, 

m-lt^;  —  VoriifeatUm^  or  architecture  mili- 

iar^  ;  Ibid.,   1699,  in-4*;  —  The  Seaman's 

praciicêt  eontaining  the  mensuration  of  a 

âeçreeo/tke  earth;  IMd.,  1637,  1655,  1667, 

1668, 1679,  iii-4*  :  on  de  ses  meilleurs  ouvrages  ; 

—  BpUomt  being  the  application  of  the  doc* 

trine  of  triançies  in  certain  problems  con-' 

cerning  the  use  of  the  plain  sea  chart;  ibid., 

1674,  in-6*;  —  Logarithmic  tables;  s.  d., 

iB-12.  Il  a  aussi  fait  insérer  dans  les  Philoso- 

plaçai  transactions  des  lettres  et  mémoires  sur 

les  marées,  la  mesure  de  Tare  da  méridien,  etc. 

P.  L-T. 
Hattott,  SSaiktatmt.  éiÊtkm&rf.  —  Montoeli,  ffiaf. 

VOBU  (Snlomoa  ),  Bavant  rabMi  itailcB,  né 
dans  Ji  seconde  moitié  dn  aeîiième  siècle,  à 
Hantone,  mort  après  1696.  Il  eansacri  tonte  sa 
vie  à  rétflda  et  à  l'épuration  du  texte  de  la  Bibl^ 
aila  daM  anbuteonsnlter  Menabem  de  Leoaao, 
et  eotrepvit  pinateurs  longs  voyages  pour  raa- 
semfalar  d'anciens  mannscrits  de  l'Aiicien  Tes* 
tamenf  et  de  la  Massore.  Le  résuMat  de  ses  pa- 
tientes recherches  fnt  publié  à  Mantooe,  1742, 
2  vol.,  iii-4%  aoos  le  titre  de  :  Minchad  uai 
(OMation  généreuse).  La  préface  queNonI  avait 
plaoée  en  tète  de  ee  commentaire  sur  l'Ancien 
Testament  ne  fot  pas  imprimée  ;  le  manuscrit  en 
passa  dans  ta  possession  de  Ross!  (vog.  le  Co- 
talogo  ragionato  de  ce  savant).  Le  travail  de 
îlorzi  a  ftiit  fkîre  de  grands  progrès  k  Veié^bse 
bibHqne;  mais  il  n^i  ^os  aujourd'hui  de  valeur. 
On  a  encore  deeet  antenr  :  Consultations  lé' 
gales  ;  Mantooe,  t686.  O. 

etabhoni,  EinteittmQ  M  dat  ^iHê  TesUmmit.  -  Rotni- 
«aucr.  UoHëtmh  fêr  Mb  iJUratmr  dir  HUiie/têm 
ExKsesii. 

909918,  poétesse  grecque,  née  à  Locreit,  dans 
ntalie  méridioDale,  vivait  vers  310  avant  J.-G. 
Il  reste  d'elle  douze  épigraromes  dans  VAnthO' 
logée  grecque.  Ces  petites  productions  ont 
beaocoop  de  grâce  et  de  poésie  ;  elles  nous  ap- 
prennent que  sa  mère  se  nommait  Theophila,  et 
que  IVossis  avait  une  fille  nommée  Melinna. 
Trois  des  épigraromes  de  Nossis  furent  publiées 
pour  la  première  fois  par  Bentley  ;  Wolf  donna 
les  douze  dans  ses  Pœtriarum  octo  frag- 
menta; Hambourg,  1734.  On  Ips  troove  dans 
les    Poe^rkirinn   grxcarum  fragmenta  de 


Schneider,  Giesaen,  1602;  dans  les  jlnalfeia 
de  Bnincà,  woH,  I,  et  dans  ÏAmêhologéa  gnsea 
do  Jaeobs,  t.  k  T. 

FabrMui,  MNiêShMVfffWMi,  vol.  Il,  p.  tSS,  «•  aiBlity, 
OkmwtaOon  upm  tkê  MpùUss  af  PimiarU. 

mMnz  (  GoiHob^Adolphe-EriÊest  db  ),  lit- 
térateur aUamand,  né  le  21  avril  1763»  dans  un 
château  de  la  Lusace  aupérieuie,  mort  le  lâ-aa^ 
tobn  1836.  Après  avoir,  pendant  plasiears  aA- 
aéoB,  exploité  ses  domaines,  il  remplit  plusienis 
fonetiona  éèsvéea  dans  l'administration  de  la 
Hauta-Lnsaoe  ;  «a  1606»  il  fnt  cbaigé  avec  Rein- 
hard  et  Kind  de  k  réviaioa  des  stataU  de  l'na^ 
versité  de  Lsipsig.  Peu  de  temps  après,  il  entra 
dans  le  conseil  secret  du  roi  de  Saxe,  qu'il  (M, , 
par  la  saite,  appelé  à  piésider  ;  en  cette  qnalitéil 
fit  prendre  plusieurs  mesorea  exœllentea.  U  fat 
enfb  nommé  président  da  ceaseil  d^État  Oa  a 
de  Itû  :  Valeria^  poème  rommsêique  ;  Dresde, 
1803,  imMié  ainsi  que  ses  autres  poésies  soos 
le  pseudonyme  d'Arthur  de  Nordstem;  -^ 
Georges;  Leipzig  :  roman  fhit  sur  donse  mata 
doaaés  à  l'auteur;  —  làederkreis  i%t  FteAr 
maurer  (Cliaate  pour  les  francs- mafons);' 
Dresde,  18f^t826,  S  vol.;  —  Irène;  Leipzig, 
1818  :  te  premier  poéma  allemand  éerit  en  oo- 
taves;  —  Gemmen;  Leipzig,  1818;axpttcatiaa 
de  seùee  pierres  gravées  antiques  ;  ^  SànnàU' 
der  der  Chrieien  (  EmUâmes  chrétieaa)  ;  Leip- 
zig, tâl8  :  recaeil  de  poésies  rcligleaaea;  -^ 
Kreie  sûehsischer  àhnfrauem  (  Les  Aïeules  de 
la  maison  de  Saxe^  Dresde,  1819,  poème;  •* 
Brimnerungsblâtier  eines  Msenden  (Souve- 
nirs d'un  voyageur);  Leipzig,  1624;  —  .fia- 
schreibung  der  Meilan^tail  Sonnensckein 
(  Description  de  la  maison  de  santé  de  Soaaen- 
slehi);  Dresde,  1829,  3  vol.  ;  rautear  avait  ooa- 
tribué,  pluaque  toutaatre,  à  la  loailatîoa  de  cette 
maison,  destinée  au  traitement  des  aliénéK;  — 
Geistliche  Gedichte  (Poésies  rettgicosefr)  ;  Leip- 
zig, 1840.  O. 
CoHoenatioiu  •iNrUon. 

ll09TRA»AiaV8.  Vog,  TÏOTBVnJkaC. 

nera  (  Baron  Alberto^ poète  dramalîqtie  ita> 
Ken,  neveu  du  botaniste  Carlo  Allioni,  né  à  Turin, 
le  16  novembre  1775,  mort  dans  la  même  ville, 
le  18  avril  1847.  Il  étudia  son»  le  père  Vincent 
Zailetti,  dominieaiia;  à  Page  de  dix  ans  il 
avait  kl  Molière  et  Goldoni,  et  composait  des  ca- 
nevas de  comédies  qu'il  faisait  jouer  par  ses 
camarades.  Il  fnt  reçu  à  dix-hoitans  docteur  en 
droit  civil  et  canon.  La  perte  d'une  grande  par- 
tie de  sa  fortune  le  contraignit  d'ootuper  pen- 
dant huit  années  un  emploi  subalterne  près  la 
cour  criminelle  de  Turin.  I!fomméen  1811  sub- 
stitut du  procureur  impérial  àTerceil,  Il  se  démit 
en  1814,  à  la  restauration,  mais  se  vit  forcé  peu 
après  d'accepter  la  place  de  substitut-avocat  des 
pauvres  au  sénat  de  Turin.  Le  prince  de  Cari- 
gnan  (  Charles-Albert  )  l'appela  auprès  de  lui 
en  qualité  de  secrétaire  ;  mais  accusé  d'im  libé- 
ralisme outré,  il  dut  quitter  la  cour,  et  perdit  en 

10. 


995 


NOTA  —  NOTHNAGEL 


996 


même  temps  l'emploi  qu'il  occupait  dans  ia 
magistrature.  On  lui  confia  cependant  l'admi- 
nistration du  district  de  Robbio  (1820),  et  suc- 
cessif ement  celle  des  districts  de  San-Remo 
(  1823},  de  Pignerol,  de  Casai  (1833)  et  de  Coni 
(1840).  Il  administra  ce  dernier  district  jusqu'à 
sa  mort.  Nota  a  dans  sa  patrie ,  comme  dans  le 
reste  de  l'Europe,  la  réputation  méritée  d'un 
des  restaurateurs  de  l'art  dramatique  en  Italie- 
La  comédie  italienne,  florissante  au  dix-sep- 
tième siècle ,  abandonna  vers  cette  époque  ses 
règles  ordinaires  pour  la  méthode  diffuse  et  exa- 
gérée du  théAtre  espagnol ,  et  commença  à  dé- 
générer. Carlo  Goldoni  essaya  le  premier  de 
faire  revivre  la  bonne  comédie,  mais  ne  put  faire 
triompher  complètement  son  école ,  qui  conti- 
nua de  se  développer  à  côté  de  l'école  espagnole, 
mais  sans  pouvoir  la  remplacer.  Alberto  Nota 
peut  être  regardé  comme  le  plus  brillant  écri- 
vain de  l'école  de  Goldoni  ;  ses  premiers  essais, 
qui  parurent  en  1802,  furent  assez  mal  accueil- 
lis du  public,  mais  lui  méritèrent  les  encoura- 
gements de  deux  littérateurs  distingués, Parachosi 
etMonti.  Depuis  cette  époque  jusqu'à  sa  mort  il 
a  donné  au  théâtre  plus  de  quarante  comédies; 
on  reproche  aux  premières  (  La  Marchesa  di 
Gange,  Il  PrimogeniUoêilCadeiio,  VOr/ana, 
VAtrabiliare,  etc.  )  d'être  écrites  avec  peu 
d'élégance  et  de  manquer  de  cette  chaleur  et  de 
ce  naturel  qui  font  le  véritable  style  comique. 
En  général  ses  comédies  ont  un  plan  régulier  ; 
à  l'exemple  de  Molière  et  de  Goldoni,  il  cherche 
à  faire  naître  l'intérêt  des  caractères  plutôt  que 
des  situations  ;  du  resté,  il  imita  souvent  ces 
deux  maîtres  {llnuovo  Ricco,  L*Ammalaio  per 
immaginazionef  II  Filoso/o  celebe  ),  non  point 
servilement,  mais  en  créant  d'après  les  mêmes 
caractères  une  pièce  souvent  toute  nouvelle.  Il 
aborda  avec  autant  de  bonheur  la  comédie  histo- 
rique (£a  Duchessa  delta  VaUière,Peirarca  et 
Laura^  Ludovico  Àriosto,  Torquato  Tasso  ). 
Ses  dernières  pièces  (  La  Natalesia,  La  Creola 
délia  Luigiana,  H  Diademo)  sont  écrites  avec 
une  correction  devenue  rare  parmi  les  Italiens, 
mais  elles  manquent  de  verve.  Les  comédies  de 
Nota  que  les  Italiens  admirent  de  préférence  et 
qui  ont  été  le  plus  souvent  traduites  sont  les 
suivantes  :  I  Primi  passi  al  mal  costume 
(  une  des  premières  qu'il  ait  écrites)  ;  —  //  Pro- 
getlista  ;  —  La  Vedova  in  solUtidine;  —  La 
Costanza  rara;  —  La  Fiera  \ — Le  Révolu» 
zioni  in  amore  ;  —  La  Pace  domestica  ;  — 
I  Dilettanti  comici;—  L'Amor  iimido,  etc. 
Ses  œuvres  ont  eu,  de  1816  à  1826,  dix  éditions 
successives;  elles  ont  été  traduites  en  français, 
en  allemand,  en  russe,  en  espagnol,  en  suédois. 
Charles- Albert  lui  donna  le  titre  de  baron  et  la 
décoration  de  Saint  -  Maurice.  Marie- Louise, 
Louis-Philippe,  Frédéric- Guillaume  de  Prusse, 
Othon,  roi  de  Grèce ,  Charles  duc  de  Lucques , 
et  d'antres  souverains  lui  ont  envoyé  des  déco- 
rations et  des  récompenses.  Ch.  N. 


Sfllfl  Sagglo,  Storieo  dtilacommeâht  italUmafim.' 
-  It  Mondo  Uluitrato,  de  Turin,  1847,  p.  tl7.  —  tibluh 
theca  Ualkma  di  JUUano,  toI.  XIV,  p.  S.-  l'ItaiU 
contemporaine,  —  Reouo  enepeUrpédique,  t  XXXVi, 
p.  SM.  ~  ^to  d^Mberto  Itota,  ea  tête  de  Ia  dUltee  édt- 
Ifon  de  ses  œafres. 

MOTARA8  (  Chrysantke  ),  patriarche  de  Jé- 
rusalem ,  né  en  Morée,  vers  le  milieo  da  dix- 
septième  siècle,  mort  à  Constantinople,  en  1732. 
Descendant  d'une  noble  famille  byzantine  et 
neveu  de  Dosithée,  patriarche  do  Jérusalem, 
il  fut  destiné  aux  hantes  fonctions  de  l'Église 
grecque.  Il  reçut  une  instruction  assez  forte,  qn'il 
perfectionna  par  un  voyage  en  Italie  et  en  France. 
A  Paris  il  suivit  les  leçons  de  l'astronome  Cas- 
sini,  et  se  lia  avec  plusieurs  savants  théolo- 
giens. De  retour  à  Constantinople,  il  fut  nommé 
archevêque  de  Césarée,  et  le  8  février  1707 
patriarche  de  Jérusalem.  Quoique  résidant 
rarement  dans  son  diocèse,  Notaras  futonévé- 
que  zélé ,  et  on  lui  dut  la  reconstruction  du  temple 
du  Saint-Sépulcre  en  1719.  Il  monnil  laissant  U 
réputation  d'un  des  prélats  les  plus  pieux,  le» 
plus  bienfaisants  et  les  plus  instruits  qui  aient 
bonoré  l'Église  grecque.  Son  principal  ouvrage 
est  on  recueil  de  traités  en  grec  moderne  Sta- 
tes Rites  et  les  Dogmes  de  V Église  orientale  r 
publié  à  Tergovisk  en  Vabchie,  en  1715  :  on  y 
remarque  d'excellents  traités  Sur  les  DigniUi 
de  l'Église  orientaU;  Sur  r Origine  et  la  Pro- 
pagation du  christianisnse  en  Russie;  Sw 
les  quatre  patriarches  grecs  de  VEmpire  Ot- 
toman et  sur  les  patriarches  de  Russie.  On  a 
encore  de  lui  une  géographie  en  grec  moderne, 
intitulée  :  El(iay(ùjii  cl;  ta  fttùy^OLsità  x»l  o^' 
ptxà  (  Introduction  à  la  géographie  et  à  /« 
sphère);  Paris,  1716,in.fol.  Notaras  publia  en 
1715  VBistoire  des  patriarches  de  Jérusa- 
lem, par  son  onde  Dosithée.  ^  • 

Jaurnal  det  lavantt ,  ann.  1716.  —  jochcr,  C«te*t<»- 
Lexikon. 

NOTGHBR,  abbé  de  Hautvilliers,  au  dioc^ 
de  Reims  <  mort  vers  1099.  On  ignore  en  quel  <- 
année  le  gouvernement  de  l'abbaye  de  HaulTu- 
liers  fut  confié  par  les  suffrages  des  moines  au 
docte  Nolcher  i  il  parait  pour  la  première  m 
avec  le  titre  d'abbé,  en  1093,  au  concile  de 
Soissons,  où  fut  condamné  Roscelin.  En  1095» 
assiste  an  sacre  de  Phlli|)pe ,  évèque  de  Chàlons- 
sur-Marne.  On  a  de  lui  :  Translatio  corpons 
sanctœ  ffclenas.  Il  s'agit  do  sainte  Hélène,  mwe 
de  Constantin,  dont  l'abbaye  de  Hautvilliers  pré- 
tendait posséder  les  reliques.  Pour  soutewr 
cette  prétention,  Notcher  a  composé  un  véritawe 
traité,  en  dix- neuf  chapitres,  dont  Mabillon» 
les  auteurs  du  Gallia  christiana  et  les  Boi- 
landistes  ont  irabllé  des  fragmenU  plu^  od  momt 
étendus.  B.  H. 

Catlia  ekrULt  t  IX.  -  MaMIloo,  Annal.,  "J.J*»^ 
et  ^cfa»  t.  VL  -  BolliDd.,  18  angusU.  -  «'»•  '»'• 
de  ta  France,  t.  Vlll,  p.  ssi. 

NOTHXAUEL  (  Jean-André  -  Benjamin) , 
peintre  et  graveur  allemand,  né  en  1"^^»^^^ 
(  principauté  de  Saxe-Cobourg  ),  mort  vers  im- 


397 


^OTHNAGEL  —  NOTHOMB 


208 


H  Tint  en  1747  se  fixer  à  Francrort,  fat  pendant 
pliisiears  années  employé  comme  dessinateur 
dans  la  fabrique  de  papiers  peints  de  Lenzner, 
dont  II  épousa  plus  tard  la  veuve  et  dont  il  con- 
tioiia  le  commerce.  Il  a  peint  dans  le  genre  de 
Téniers  plusieurs  petits  tableaux  d'intérieor, 
assez  estimés.  Comme  graveur  à  l'eau-forte,  il 
s^est  acqniâ^la  réputation  d'un  des  plus  habiles 
hnitateors  de  Rembrandt.  Parmi  les  soixante- 
six  planches  qu'il  a  laissées  et  dont  Hugen  a 
donné  la  liste  dans  son  Ariistisches  Magazin 
(  Francfort,  1790  ),  nous  citerons  :  VAnge  ap- 
paraissant à  saini  Pierre;  Saint  Pierre  dé- 
livré de  prison;  La  Résurrection  de  Lazare; 
Bélisaire  aveugle;  Un  vieux  Savant  instrui- 
sant un  jeune  homme;  V Enfant  de  troupe 
tenant  un  petU  fiacon  ;  V Avare  auprès  de 
ses  sacs  d'argent;  Un  Ermite  lisant  dans 
une  caverne;  Un  Mendiant  demandant  Vau- 
mâne  chez  des  paysans  ;  Une  Paysanne  avec 
une  hotte;  Une  Paysanne  donnant  à  manger 
à  son  enjant;  Un  Paysan  tenant  danssa  main 
une  pipe  et  un  pot  à  bière;  U Intérieur  d'une 
chambre  de  paysans;  Vieille  Femme  por- 
tant  des  lunettes;  Mendiants  autour  d^un 
feu;  Le  Savetier  et  sa  femme;  Portraits  du 
peintre  Grimmer^  du  docteur  Seukenberg^ 
du  jfuif  Béer,  d'Aly-Êcy,  pacha  d'Egypte,  du 
prince  Madzivil;  Y  Artiste  dessinant;  une 
vingtaine  de  Têtes  de  Turcs,  d*homroes  bar- 
bus, etc.,  quelques  Paysages,  etc.  O. 

Katicr.    KenstUr-LexUum.  —  Heiler,  Lexikon  der 
vûne§tieMit€n  Mup/tnteeher. 

* HOTBoaiB  (Jean- Baptiste),  homme  po- 
litique belge,  né  le  3  juillet  I80ô,  à  Messancy» 
village  da  Luxembourg.  Après  avoir  achevé  son 
éducation  à  l'athénée  de  Luxembourg,  il  étudia 
la  jurisprudence  h  l'uniTersité  de  Uége,  où  il 
fut  reçu  docteur  en  1826  ;  sa  thèse  latine,  con- 
sacrée à  l'hiétoire  du  droit  emphytéotique  chez 
les  Romains,  fut  tellement  remarquée  qu'un  sa- 
vant professeur  de  Tubingue ,  M.  Ztromem,  la 
jugea  digne  d'un  compte-rendu  spécial  dans  la 
Kritisehe  Zeitschrtft  fur  Rechtwissenschqft 
(  Revue  critique  de  la  science  du  droit  ).  Il  s'é- 
tablit d'abord  comme  avocate  Luxembourg,  puis 
à  Bruxelles,  et  consacra  dès  187.8  sa  plume  à 
la  défense  de  l'indépendance  belge  :  il  prit  une 
part  active  à  la  polémique  du  Courrier  des 
PajfS'Bas,  feuille  libérale  qui  comptait  alors 
neuf  mille  abonnés.  Lors  de  l'Insurrection  du 
viagt-dnq  août  1830,  il  se  trouvait  dans  sa  pro- 
vince natale;  à  la  nouvelle  du  combat  livré  aux 
troupes  du  prince  Frédéric ,  il  revint  à  Bruxelles 
(  28  septembre  ) ,  et  fut  désigné  par  le  gouver- 
nemeot  provisoire  pour  remplir  les  fonctions 
de  secrétaire  du  comité  chargé  de  préparer  un 
projet  de  constitution.  Dans  le  plan  qu'il  rédigea 
oonjointement  avec  M.  Devaux,  il  parvint  à  faire 
abaisser  à  vingt- cinq  ans  la  condition  d'éligibi- 
lité des  futurs  représentants  du  congrès  national. 
Cette  danse  lui  permit  de  briguer  ladéputation  ; 


il  se  mit  sur  les  rangs,  et  fut  élu  par  trois  dis- 
tricts du  Luxembourg  (  novembre  1830);  il  opta 
pour  celui  d'Arlon,  que ,  par  reconnaissance,  il 
fit  dc^tacher  en  1831  de  l'Allemagne  pour  être 
annexé  à  la  Belgique.  A  l'ouverture  de  la  ses- 
sion, M.  Nothomb,  le  pins  jeune  membre  de 
l'assemblée,  en  fut  un  des  secrétaires;  en 
même  temps  il  fit  partie  de  la  commission  qui 
dirigeait  le  département  des  affaires  étrangères. 
Fort  opposé  au  parti  qui  demandait  la  réunion 
à  la  France  de  même  qu'à  celui  qui  désirait  la 
république ,  il  soutint  avec  éloquence  la  monar- 
chie représentative,  rinstitution  de  deux  cham- 
bres électives ,  la  séparation  absolue  de  la  so- 
ci^  civile  et  de  la  société  religieuse,  la  liberté 
de  la  presse,  et  vota  pour  l'élection  du  duc  de 
Nemours.  Après  la  dissolution  du  gouvernement 
provisoire  (23  février  1831  ),  il  entra  dans  le 
premier  ministère  du  régent  Surlet  de  Chokier 
en  qualité  de  secrétaire  général  aux  affaires 
étrangères,  poste  qu'il  conserva  jusqu'en  1838. 
Dans  la  discussion  élevée  an  congrès  sur  l'a- 
doption du  traité  des  dix-huit  articles ,  il  établit 
l'identité  qui  existait  entre  la  question  du  terri- 
toire et  la  question  des  finances  :  il  démontra 
que  la  Hollande  devait  reprendre  à  la  fois  ses 
limites  et  ses  dettes  de  1790,  et  que  lui  imposer 
ses  anciennes  dettes  c'était  la  renfermer  dans  ses 
anciennes  limites.  Adjoint  à  M.  Devaox  pour 
des  négociations  secrètes  à  poursuivre  à  Lon- 
dres auprès  de  la  conférence ,  il  contribua  puis- 
samment à  aplanir  les  difficultés  qui  retardaient 
encore  l'arrivée  du  prince  Léopold  de  Saxe-Co- 
bourg.  Après  la  campagne  de  1831,  la  conférence 
insista  pour  l'adoption  des  vingt'qtuitre  at' 
ticles  :  c'était  le  second  traité  qui  stipulait  des 
arrangements  définitifs.  Quand  ce  traité  fut  pré- 
senté à  Paeceptation  des  cliambres,  M.  Nothomb, 
convaincu  que  la  Belgique  étaitmenacée  d'un  par- 
tage, s'abstint  de  voter,  «  ne  voulant,  pas  comme 
Luxembourgeois,  accepter  un  traité  qui  démem- 
brait son  pays  natal  et  ne  pouvant  pas,  comme 
Belge  repousser  un  acte  qui  constituait  la  Bel- 
gique ».  En  1833  il  fit  paraître  V Essai  hUto- 
rique  et  politique  sur  la  révolution  belge, 
ouvrage  remarquable,  traduit  en  itatien  et  en 
allemand  et  réimprimé  trois  fois  dans  la  même 
année.  «  Cette  production  si  distinguée  d'un 
homme  d'État  de  vingt- sept  ans,  dit  M.  de  Lo- 
ménie,  ne  se  recommande  pas  seulement  par  la 
science  des  faits,  la  perspicacité  des  vues  et  la 
logique  des  déductions,  c'est  encore  une  œuvre 
de  style  à  la  hauteur  de  ce  que  nous  possédons 
de  mieux  en  ce  genre.  Les  détails  de  diplomatie 
les  plus  arides  prennent  sous  la  plume  de 
M.  Nothomb  une  physionomie  attrayante  et 
vive;  le  récit  des  négociations  et  des  faits  y  est 
habilement  mêlé  de  considérations  générales 
pleines  d'élévation,  de  pages  éloquentes  et  cha- 
leureuses sur  le  passé,  le  présent  et  l'avenir  de 
la  Belgique,  u 
£n  1836  M.  Nothomb  donna  sa  démission  des 


aa» 


NOTHOMB  —  jSOTKEa 


300 


foBctioas  de  secpétaîre  général  an  département 
des  «ffoires  étrangères,  dont  il  ayait  deux  fois 
seuteott  le  bodget  devant  les  chambres.  Le 
13  janvier  1837,  à  ravéneraent  de  l'administra- 
tMn  cattMAique  dirigée  far  M.  ée  Tbenx,  il  fut 
appelé  an  ministère  des  traTanx  pabMcs  qui  ^w- 
nait  d'être  créé.  Aussitôt  il  porta  toute  son  at- 
tention Mf  les  chemins  de  fer,  fit  arrêter  ■■ 
plan  définitif  pour  le  réseaa  dont  la  Belgique  de* 
^il  être  ODUverle,  et  présida  à  Tinanguration  des 
sections  de  LouTftin,  Tirlemont,  Gand,  Bruges, 
Ostende,  Conrtrai,  et  Saint-Trond.  Lorsqu'il 
quitta  le  ministère  (  18  arril  1840  ),  on  avait 
construit  plus  de  330  kilomètres  de  Toies  fer- 
rées et  nn  grand  nomlire  de  travaux  prëlinù* 
■airss  étaient  en  «Mirs  d'exécution  oo  à  Tétude. 
la  même  temps  qn'il  s-occopait  avec  une  acti- 
vité extrême  <]e6  Intérêts  matériels  du  pays ,  il 
prit  part  en  1838  à  la  dtscnssion  du  traité  des 
winfj^'çuatre  artéoies  :  grâce  A  kii  peut-être, 
la  séparation  des  parties  cédées  du  Limbomig 
et  du  Luxembourg  lut  eonso«Miée,  et  il  rallnt 
qnll  assistât  lui-même  à  Londres  à  la  ceadu» 
sioQ  définitive  de  ce  traité,  qu'il  ne  pouvait  a'em- 
pteber  de  déploiw.  Benvensé  pnr  le  parti  iibénal» 
il  reçut  ime  mission  extraerdinaine  asprès  de  la 
confédération  geitnanique.  Hais  il  ne  demeura 
pM  longtemps  k  FnancfiMiy  et  accepta,  dans  le 
cabinet  formé  par  H.  de  fifuelnaere ,  le  porte- 
fenille  de  llntérienret  du  commerce  (  13  avril 
1 841  )  ;  après  la  retraite  de  ce  dernier  (  1 84t),  il  loi 
Mocéda  comme  président  do  conseil , et  dirigeirleB 
aMsires  jo$qu*aa  15  juin  1845.  A  cette  date 
H.  Nothomb  et  tous  les  ministres  doanèrent  leur 
démission;  une  coalition  parlementaire  amena 
an  pouvoir  M.  Rogier  et  les  libéraux ,  et  M.  No- 
thomb déclara  qu'il  ne  voulait  pins  faire  partie 
d'aucnne  combinaison  ministérielle.  Pendant  sa 
demiène  administration,  il  s'ofTorça  de  Mre 
prévaloir  nne  sorte  de  poKtiqoe  nmle  en  te- 
nant la  balance  exarte  entre  les  prétentions  ri- 
vales du  parti  libéral  et  dn  parti  catholique.  Sa 
longue  lutte  avec  M.  Lebean  et  ses  amis,  qm 
Faceosaient  de  défection  à  leurs  principes ,  eut 
à  cette  époque  iMBiicoup  de  retentissement. 

Depuis  cette  époqoe  M.  Nothomb  s'est  ren- 
fermé dans  la  carrière  diplomatique.  Nommé 
nîiristpe  plénipetentiaire  à  Beriin  (  S  aoftt  1845), 
il  a  opté  pour  ces  fonctions  lors  de  la  promol- 
gstion  de  la  loi  sur  les  incompatibilités.  Deimis 
1840  H  «st  membre  de  rAcadémie  royale  «le 
Belgique. 

HVTH^KB  (iéfM^Ae),  frèns  do  précédent, 
né«nt815,aeonnavancementrapide'daBs  la  ma- 
l$lstrature.  Il  était  procureur  général  près  h  cour 
d'appel  de  Bruxelles  iomqu'll  fut  appelé,  le 
30  mars  1855,  an  mHristèreée  la  justfce.  L'année 
suivante  il  fM  chaiigé  de  souteHn-  la  loi  d'ex- 
tradition en  matière  d'attentat  contre  tes  souve- 
rains étrangers. 

Uvn  dTor  de  lordn  dé  léopofL  -  BibUosr.  acadé- 
aii«Mv.  —  43.  Stttmt  et  9tlBt-lidme ,  Blogr,  de»  homme» 


du  jour,  t.  VI,  !'•  partie,  -  Loménle,  GaieHe  de»  kom- 
mes  Wu»tre»y  V.  —  Conversation»- LextJton.  —  Vape- 
mu ,  Met.  mUv.  de»  eantemp. 

NOTKBR  (  Saint  ) ,  surnommé  Balbclus  (  le 
Bègue  ),  savant  moine  allemand,  né  vers  sdOi^  à 
Elgan,  en  Thnrgovie ,  mort  le  16  avril  Wl.  H 
appartenait  à  l'ancienne  et  noMe  femille  des 
Reiligow.  Entré  de  très-bonne  faenre  an  mo- 
nastère de  Saint'Gall ,  il  y  étndhi  sous  la  direc- 
tion dison  et  de  Marcellus  les  belles- tettrei  et 
les  sciences  profanes  et  sacrées,  n  eut  pour  con- 
disciples Ratpert,  Tutilon,  Salomon,  pinstttd 
évêque  de  Constance,  et  d'autres  hommes  dis- 
tingués, qui  lui  gardèrent  toujonn  la  phis  tendre 
affection.  En  revanche,  il  eut  à  soufVnr  des  per- 
sécutions d*nn  moine  ignorant  et  envienx  do 
nom  de  SIndolphe.  Modèle  de  toutes  les  rertnn , 
il  possédait  toute  l'estime  de  l'cmperenr  Charles 
le  Gros,  qui  lui  offrit  plusieurs  évéeliés,  que 
Notker  refusa,  par  humilité.  Son  temps  était 
partagé  entre  l'exercice  des  devoirs  monastiqnes, 
les  Œurres  de  charité  et  l'étude.  Il  était  en  re- 
lation ayee  tes  hommes  tes  plus  lettrés  de  son 
époque,  entre  autres  avec  Liotward,  évêque  de 
Verceil ,  duquel  il  obtînt  un  exemplaire  des  let- 
tres canoniques  en  grec,  qu'il  copia  avec  le 
plus  grand  soin.  Oh  a  de  lui  :  Liber  de  inter- 
pretibus  divinenrum  Scripturamm  ;  Ham- 
bourg, 1736,  in-8» ,  et  dans  le  1 1  du  Tftesmnrus 
timecdotomm  de  Pez;  —  Uber  sfgvenïiàrum^ 
dans  le  même  recueil;  —  Notatio  rfe  illustri- 
bus  viris ,  même  recueil  ;  —  Marfffrofcyium , 
dans  les  AnUqtae  lectiones  de  Cani^iios;  — 
S.  Fridolini  historia,  dans  les  ScripCorn/ 
Atimannici  de  Goldast;  —  des  Hymnes,  dans 
les  leeUones  de  Cantsras;  des  fragments  de 
son  poème  sur  Saint-GaH  se  trouvent  dans  le 
recudi  prédté  deGoldast;  —  nn  petit  Traité  sur 
la  valeur  des  lettres  en  musique ,  dans  le» 
Scriptûres  de  Gertjert.  On  a  attribué  à  tort  à 
Noticer  les  Gesta  Ûaroli  MagnL  0. 

£kkphard,  Cfffwj  S.  Calli.^  Âcta  Sanctomm  (avrf  J. 
—  OadiD ,  Seriptore»  «eelerioaflel. 

NOTKBS,  surnommé  lé  Physicien ,  savant 
moine  allemand ,  mort  le  12  novembre  975. 
Neveu  d'Ekkehard,  doyen  du  monastère^  de 
Saint-GatI ,  il  entra  de  bonne  heure  dans  ce 
oooventr  et  il  y  resta  toute  sa  vie.  Il  étudia  par- 
ticulièrement la  médecine,  et  la  Chronignêile 
Saint-Gall  loi  attribue  un  grand  nombre  de 
cures  mémorables.  II  était  aussi  peintre;  H  dé- 
cora de  fresques  l'église  de  son  couvent,  et  orna 
de  nnniatores  pMisienrs  manoscrits.  fi  a  composé 
pinsieurs  poésies  reK^enses,  entrenntrcs  I1i]^e 
Jtecfor  metuende  sxcnH ,  qui  se  finmie  encore 
ai^ourd'faui.  Son  xèle  pour  le  roainHea  Révère 
de  la  diecipKne  monastique  loi  TOlot  le  serand 
somom  de  Piperis-yranum.  O. 

Ekbehartf ,  Catm  Smtet^<;mllL 

1MTKBK,  savant  prélat  allemand^  tnnrt  en 
fM7.  Fils  d'nn comte  d'Œttingen  et  d'une  aosu* 
de  l'empereur  Otiion  I^,  il  entra  au  convant 
de  Saint-Gall,  dont  il  devint  pius  tard  do^en. 


Ml 

Il  6it  enarile  plaoéila  tête  d»  récato  da 
Mstère  de  Sta^ot  Appelé  tn  972  à  révéché 
de  UégB,  il  étaUit  Me  biMiolfaèqae  dan  le 
dellM  de  Saéot-Lanbcrt ,  et  f  fooda  aosêi  «ne 
fetle,  d'oè  iortiraot  ptatlean  hemmes  ve- 
BM(|«ihl>i  feifle%ilile  éêOB  tes  «eatimeali  de 
jKtiœ.il  M  mer  le  cbAtaM  de  CMweinoet, 
dMt  le  prapriétMre  iafntait  les  caftireM  par 
m  briydeye,  de  même  qu'il  refosa  de  re* 
CMDiAre  m  ceacilfi  de  Hfoiinm  la  lépalilé  d« 
râectiao  m  «ége  de  Beima  de  Gerbert,  bicB 
qo'U  Ml  aoD  ao^  Il  it  reeooatraire  la  catli^ 
dnie  de  Liège.  Oa  liii  attribue  la  fondation  des 
ésfaes  SMt-âHisehM  et  Sainte-Ciwi.  Il  ttt- 
hMrade  fértificatioM la  ville  de  lÀé^  N  «em- 
Maniqoa  à  Hériger  (  voy.  œ  nom  )  «ne  grande 
^rtie  de»  docnnea!»  ^  ent  aemt  et  base  à 
17/iai0irtf  ifes  évéqmei  dt  lAége^         €. 

&aMlRNw«  fiUfftri  vtta  |  dMw  le  L  I  io  neiicll  de 

Cfaapeaa«tik  ).  —  Jtla  mnOorum  (Itsrier  )^—  £Mta 
chriUtana. 

SOTRKR,  surnoimné  I.abgo  (  le  Lippu  ), 
ou  TErrositcc!»,  savant  moine  allemand ,  né  vers 
if  milieu  du  dixième  siècle,  mort  le  29  juin 
ion.  11  était  neveu  d*Ekkehard  l*',  qui  para- 
phrasa en  latin  le  poème  gcrmaoîqae  du  Wai- 
tliarrus.  11  entra  encore  jeune  dans  le  monastère 
(le&iint-Gatl,  et  s^y  fit  bientôt  remarquer  par 
M  sdeoce  peu  commune;  il  connaissait  à  fond 
le  trivium  et  le  qutuiriviim  ;  la  langue  grec- 
qoe  même  ne  lui  était  pas  étrangère.  11  fut  placé 
à  ta  tète  de  IVcole  du  couvent;  on  conserre  en- 
core aiijonrd^bni  fes  notes  et  corrections  qu^il 
fit  sur  un  poème  latin ^  composé  |)ar  un  de  ses 
élèves  (  voy.  Pertz,  Monumenta,  t.  U  ).  Dans 
s*)!!  enf^eignement  fl  se  servait  souvent  de  la  langue 
iiermanique,  usage  qu'il  chcrdia,  mais  en  vain» 
a  propager  (  voy.  sa  lettre  à  T'évèquc  de  Sion 
publiée  par  Grimro  dans  les  GÔtlinger  gelehrU 
An^igen ,  année  183o).  Son  zèle  pour  sa  langue 
maternelle  le  conduisit  à  Tidée,  alors  entièrement 
DfOTe,  de  traduire  et  d*e\pliquer  en  allemand 
non  pas  seulement  diverses  parties  de  la  Bible , 
w  qoi  avait  'déjà  été  tenté  avant  lui ,  mais  aussi 
les  écrits  des  anciens.  Plusieurs  de  ses  travaux 
^e  ce  genre  nous  ont  été  conservés  ;  ils  sont 
<le  la  plus  haute  importance  pour  fliistoire  des 
îiiiomes  germaniques  (1).  Ce  sont  :  Les  Psau- 
^s ,  dans  les  Deukmàler  de  Hattemer  et  dans 
W  Windberger  Psaimen  de  GralT;  Qucdlim- 
bwrg,  1839;  —  La  Consolation  de  Boëce; 
lleriio,  ig37y  publiée  par  GralT;  —  De  nuptiis 
Mercurii  et  Philologiœ  de  Martianns  Capella  ; 
^rlin,  1&47,  publiée  parle  m^me;  —  Le^  Ca* 
téyùhes  et  C Herméneutique  d'Aristote  ;  Berlin, 
1S37,  aussi  par  les  soins  de  GrafT.  —  Kotker 
a  anssi  écrit  en  latin  une  Rhétorique  dans  la 
ZHfscftrift  de  Haupt ,  t.  IV.  —  Parmi  ses  tra- 
dvctions  perdues  nous  cHcrons  celles  du  livre 

fl)  Qo«lqaes  naruiU  lUeniods  •ni  pr^tcnda  i  lort 
qn  ta  phipart  des  traductions  de  Notker  «Taicnt  éU 
bM»  f«'4'a«ton  Moa  aa  dlrectlM. 


NOTKER  —  NOTREDAME 


SOS 


de  Job,  des  Bucoliques  de  Virgile,  de  f*An- 

{frtenne  de  Térence,  des  Disfiçues  de  CatoUyetc. 

On  hii  attribue  nn  petit  TraUé  de  musique, 

dans  les  SeHp/ores  de  Gerbeit  et  dans  les  DfuJt- 

fnaUr  de  Hagcn,  ainsi  qu'une  Logique  dans 

les  Aideutseke  Biâtter  de  Haupt ,  t.  II.      O. 

Kart  Gceddte.  Deutteke   Dtektvng    fm   MitteJatter 
( nandvre,  iSi* },  p.  la. 

v^RB  i%E),  Vof.  Le Botrb. 

ffOTBmttikJiB  (  Michel  DB),  dit  nosntA- 
B«H»,  célèbre  astrologue  francs,  né  à  Smot- 
Rémi ,  €n  Provence,  le  14  décembre  1503,  mort 
à  Salon,  le  2  juillet  1566.  Le  père  de  Tlostra- 
damus  élatc  notaire,  et  ses  deux  grands-pères 
Médecins;  Pnn  Tel  attaché  an  due  de  Calabre, 
rantve  au  roi  Bené.  Tons  deux  appartenaient  à 
une  Aimitle  jnive,  qui  se  convertît  an  oommen- 
eeinenC  do  sefr-ième  siècle;  Midiel  prétenditt 
qu^ille  lirait  son  origine  de  la  trftn  d*lssachar, 
et  aimait  à  rappeler  que  le  don  de  pfO(4)étie 
avat  longtemps  été  attadié  à  celle  Iribn  (  voy, 
Pttmlipomènes,  liv.  I*,  ch.  12,  v.  32).  Son 
grand-père  maternel  fut  son  premier  maître;  k 
sa  mort,  on  l'envoya  an  cetlége  d*Avignoa,  où  il 
montra  «les  diaposîtions  exceptlonncMes  poor  les 
sciences.  Ses  études  achevées,  il  entra  a  Fécolc 
de  «sédeoine  de  Montpellier.  Il  y  était  en  I5f25, 
quand  une  épidémie  désola  la  ville  et  étendit  ses 
ravages  sur  toutes  les  provinces  environnantes. 
Les  médecins  manquaient;  Noilradamos,  qui 
avivait  encore  qae  vingt-deux  ans,  quitta  l'école, 
et  alla  soigner  les  malades,  notamment  à  Rar- 
bome ,  ToiîilMise  et  Bordeaux.  Il  revint  ensuite 
à  Mkmtpellier,  oA  H  passa  *<se6  examens  de  doc- 
torat avec  nn  succès  qoi  lui  vatat  bientôt  la 
place  de  professeur.  Juief-César  Scaliger,  qui 
habitait  Agen,  le  détermina  è  venir  s'étatHir 
avec  lui  dans  celte  viUe;  il  y  épousa  une  Ceamne 
dont  le  nom  ne  nous  a  pas  été  conservé ,  et  de 
laquelle  U  eut  deux  enfants.  H  les  perdit  bientôt 
ainsi  que  leur  mère ,  et  espérant  trouver  dans 
un  voyage  des  consolations  à  sa  douleur,  il  par- 
courut la  Guyenne,  le  Languedoc,  Tltalie  et  la 
Provence,  on  vers  1544  il  se  remaria,  avec  Pons 
Jumel,  qui  appartenait  à  une  famille  riche  et  très- 
considérée  ;  U  s'établit  alors  k  Salon,  petit  bourg 
sitné  dans  les  environs  d'Aix.  Une  peste  terrîUe 
se  déclara  Tannée  suivante  dans  cette  province, 
et  MostradarnnsfK, preuve  en  cette  circonstance 
d'une  science  et  «rnn  dévouement  qui  lui  méri- 
tèecnC  des  reroerdmeiRS  e€  des  tionneurs  pnlNics. 
La  même  épidémie  ayant  échAé  à  Lyon ,  ?iostra- 
dnmus  y  fat  appelé,  à  la  snîle  d'une  délibération 
solennelle  des  autorités  ;  H  rendit  encore  dans 
cotte  vine  d'immenses  services  et ,  s^  faut  en 
croire  les  chroniqueurs ,  employa  avec  nn  très- 
grand  succès  oontre  le  fléau  un  remède  dont  il 
éHdt  fioTenteur,  et  dunt  il  a  donné  la  composition 
dans  non  lYaité  des  fardemenis,  fl  avait  com- 
mencé d^  à  écrire  1ns  Prophètes  qui  ont  rendu 
son  nom  si  femenx ,  mais  il  hésitait  à  les  mcftre 
au  jour.  Il  s'y  déâda  enfin  en  1 555  (  Lyon,  in-lT); 


S03 


NOTREDAME 


804 


en  Uie  de  ce  Tolume,  qui  ne  contient  encore 
que  sept  centuries,  se  trou? e  une  épttre  dédica- 
toire  adressée  à  César  son  fils.  Ce  recueil  eut 
aussitôt  une  vogue  immense.  Les  uns  regardèrent 
Nostradamuscommeunfouou  un  imposteur;  les 
autres,  et  c'est  le  plus  grand  nombre,  crurent 
très-réellement  qu'il  avait  le  don  de  prophé- 
tie, et  considérèrent  chacune  de  ses  centuries 
comme  autant  d'oracles  dont  ils  s'eflbrçaient  de 
découvrir  le  sens  caché.  Cette  opinion,  qui  a 
été  récemment  soutenue  par  M.  £.  Bareste,  ne 
Taut  pas  la  peine  d'être  discutée.  D'un  autre 
côté,  les  détails  que  nous  possédons  sur  la 
▼ie  de  Nostradamus  ne  permettent  pas  de  sup- 
poser que  son  esprit  fût  vraiment  exalté  ou 
dérangé  au  point  de  se  figurer  qu'il  était  appelé 
à  prédire  l'avenir  ;  nous  avons  pour  cela  des  té- 
moignages trop  irrécusables  de  son  érudition  et 
de  son  intelligence.  11  est  donc  beaucoup  plus 
{probable  que ,  comprenant  bien  son  époque ,  il 
aura  cru,  au  moyen  d'une  supercherie  assez  par- 
donnable, pouvoir  appeler  sur  lui  l'attention 
publique  et  parvenir  ainsi  aux  honneurs  ;  c'est 
avec  cette  restriction  qu^on  peut  le  regarder 
oomme  prophète.  En  effet  Catherine  4e  Médicis, 
qui  joignait  à  tous  ses  vices  une  confiance  sans 
homes  dans  l'astrologie ,  fit  venir  Nostradamus 
à  Paris ,  le  combla  de  cadeaux  et  de  distinctions 
flatteuses,  et  l'envoya  à  Blois  tirer  l'horoscope 
des  jeunes  princes.  Nostradamus  s'acquitta  de 
cette  embarrassante  mission  en  homme  d'esprit; 
et,  encouragé  par  le  succès,  publia  en  jô58  une 
nouvelle  édition,  de  son  recueil  auquel  il  ajouta 
trois  centuries.  La  mort  d'Henri  II,  arrivée  l'année 
suivante,  augmenta  encore  son  crédit  et  sa  ré- 
putation; Nostradamus  avait  écrit  dans  sa  pre- 
mière centurie  (35*  quatrain),  ces  mauvais  vers  : 

Le  lyon  kune  le  vieux  surnoateri 
£a  champ  belllqne  par  singulier  doeile, 
Deu  calge  (Tor  let  yeux  Uiy  creoera  : 
Deux  eUssee  umt,  pub  aworir,  mort  croelle. 

Et  on  crut  y  trouver  très-clairement  prédit  l'é- 
irénement  qui  enleva  la  vie  au  roi.  L'astrologue 
jrencontrait  pourtant  encore  plus  d'un  incrédule, 
et  tout  le  monde  connaît  ce  distique  qui  fut  suc- 
cessivement attribué  à  Jodelle  et  à  Bèu  : 

Boetra  damai  eum  falia  damos,  nam  fallere  noatram  eat; 
Cqb  fataa  damna,  Dtl  nUl  Bostra  damna. 

Nostradamus  prit  le  parti  de  retourner  à  Salon. 
Charles  IX,  visitant  la  Provence  en  1564 ,  Tint  l'y 
Toir,  lui  prodigua  de  grands  honneurs,  le  nomma 
son  médecin  ordinaire ,  et  lui  donna  deux  cents 
écus  d'or,  cadeau  qui  fut  doublé  par  la  reine 
mère.  Tout  cela  n'empêchait  pas  Nostradamus 
d'être  regardé,  à  Salon  même,  comme  un  im- 
posteur; et  nul  n'éprouva  plus  que  lui  la  vérité 
de  cette  commode  maxime  :  «  Nul  n'est  pro- 
phète en  son  pays  •.  Il  fut  enterré  dans  l'église 
des  frères  mineurs  de  Salon  ;  on  plaça  sur  son 
tombeau  on  buste  exécuté  par  César  son  fils  et 
l'épttaphe  suivante  :  Clarissivi  ossa  Michaeus 

BOSTRADAMl    CMIUS  OMMICH    MORTAMCH    JDUICIO 


I    DlClfl,  CUIOS  KNB  niTllIO  CALAMO,  TOTIDS  OfiBIS, 

I     EX  ASTROni»  IMFLEXD  PfJTCRI  EVBIITC5  COK8CU- 

BBIUEIfTUR.     Vixrr    ARMOS     LXII,     MERSES     TI, 

DIES   XVn.    QUIETEK    POSTEU     lirVIDERB.    ARHA 

PoKTiA  Geheixa  Salonia  conjogi.  On  répandit 
presque  aussitôt  le  bruit  que  Nostradamus  s'é- 
tait fait  enfermer  tout  .vivant  dans  ce  caveau,  et 
qu'il  continuait  de  là  à  écrire  des'prophéties^  Les 
libraires  profitèrent  de  cette  circonstance  pour 
^uter  aux  éditions  des  anciens  quatrains  un 
certain  nombre  de  centuries  nouvelles  se  rap- 
portant dès  lors  tout  naturellement  à  des  éréne- 
ments  récemment  accomplis.  On  prétend  que 
Nostradamus  dormait  quatre  ou  cinq  heures 
seulement,  et  qu'il  passait  une  partie  de  ses 
nuits  à  observer  les  étoiles;  s'il  a  trouvé  au 
reste  de  nombreux  contradicteurs  comme  as- 
trologue, personne  n'a  nié  ni  son  inteUigenee  ni 
la  pureté  de  ses  moeurs.  Nostradamus  a  ren- 
contré récemment  dans  M.  E.  Bareste  un  pa- 
négyriste plus  éloquent  qu'éclairé ,  et  ses  pro- 
phéties ont  été  l'objet  d'un  nombre  immense  de 
publications  ;  parmi  les  plus  importantes  nous 
citerons  :  La  Concordance  des  prophéties 
de  Nostradamus  avec  Vhistoire  depuis 
Henry  II  jusqu'à  Louis  le  Grand,  parGuy- 
naud  ;  Paris,  1693,  in- 13  ;  —  La  Clef  de  Nos- 
tradamus isagoge,  ou  Introduction  au  véri- 
table sens  des  prophéties  de  ce  fameux  au- 
leur,  par  un  solitaire  (Jean  Leroux);  Paris, 
1710,  in- 12;  —  Commentaires  du  sieur  de 
Chavigny  sur  les  centuries  et  prognoâtica- 
tions  de  feu  M,  Nostradamus  ;  Paris,  1596, 
in- 13;  —  Jani  Gallid  fades  prior,  historiam 
Mlarumcivilium  quxper  tôt  annos  in  Gallia 
grassata  sunt  breoiter  ab  anno  1534  usque 
ad  annum  1589,  auctore  Michatle  Nostra- 
damOf  cum  notis  Amali  Chavigney;  Lyon, 
1704,  in-4«>  ;  —  Petit  Discours  ou  Commentaire 
sur  les  centuries  de  M,  Nostradamus;  1610, 
in-8";  —  Nouvelles  Considérations  sur  les  si- 
byles  et  les  prophètes  et  particuliirement 
sur  Nostradamus,  par  Th.  Bouys;  Paris, 
1806,  in-8*';  —  Les  Contredits  du  seigneur  de 
Pavillon,  ou  faulses  et  abusives  prophéties 
de  Nostradamus;  1560,  in-12.  Les  prophéties 
de  Nostradamus  ont  été  trè>-souvent  réimpri- 
mées; outre  les  deux  éditions  que  nous  nvons 
citées,  on  ne  recherche  guère  que  celles  de 
Lyon,  1605,  in-12;  de  Leyde,  1650,  in-8*;  et 
d'Amsterdam,  1667,  in- 16.  On  attribue  encore 
à  Nostradamus  :  Traité  des /ardements;  Lyoo, 
1552,  fai  12;  réimprimé  en  1556,  k  Poitiers, 
sous  le  titre  :  Singulières  Receptes  pour  en- 
tretenir  la  santé  du  corps;  —  Le  Bemède 
très-utile-  contre  la  peste  et  toutes  fièvres 
pestilentielles;  Paris,  1561,  in-B"*;—  Opuî- 
cule  de  plusieurs  exquises  receptes  divisé  en 
deux  parties;  Lyon,  1572,  in-16.  Ces  traités 
ont  été  réimprimés  et  publiés  psr  César  Nos- 
tradamus, sous  le  titre  :  Bastimeni  de  plU' 
sieurs  receptes  pour  faire  diverses  senteurs 

f 


SOS 


NOTREDAME 


806 


ef  lavwienU  pour  VembéHUtemeni  de  la 
fàee^  et  conservation  du  corps  en  son  en- 
tier :  aussi  dé  plusieurs  confitures  liquides^ 
et  autres  receptes  secrètes  non  encore  veues; 
iD«8*;  on  en  a  extmit  l'ouvrage  aoivant  :  VEm- 
àeWssement  de  la  /ace  et  conservation  du 
corps  en  son  entier;  ensemble  pour  /aire  di- 
vers  lavements,  par/ums  et  senteurs,  re- 
cueUlU  des  teuvres  de  M.  Nostradamus 
par  messieurs  les  docteurs  en  la  faculté 
de  Basic:  Paris,  ia-32.  Enfin,  Paraphrase 
de  Gatien  sur  V exhortation  de  Menodote  aux 
estudes  des  bonnes  artz,  mesmement  médi- 
ane, traduict  de  latin  en  /rançoffs  par 
M,  Nostradamus;  Lyon,  1557,  in*i2.  Noa- 
tradamna  avait  déboté  dans  l*astn>logie  par  la 
publication  d'nn  Almanach,  qui  «ervit  de  mo- 
dèle à  tons  eeni  qui  depuis  portèrent  le  titre 
à^ Almanach  de  Liégt,  et  à  tous  les  autres  qui 
jusqu'à  nos  jours  se  chargent  de  prédire  les  évé- 
nements et  les  saisons.  La  Bibliothèque  impé- 
riale possède  dans  ses  manuscrits  un  grand 
nombre  de  lettres  inédites  de  Nostradamus  ;  elles 
se  trouvent  mêlées  à  la  correspondance  de  Pei- 
n»c  :  supplément  français ,  n**  98C,  et  /onds 
latin ,  n"*  8589.  Alfred  Frarkuh. 

E.  Jaabert,  ^U  de  M,  Nostradamui ,  apoloçie  «f 
hisMrt ,  H  Us  éloges  que  plusieurs  personnes  lui  ont 
domnèi:  AmftlrrdaiD,  16M,  In-li.  —  Le  BionUre  d*a^lM, 
l^ri«,lSlê,  lo-t*.  —  Mercure  4e  France,  UTralsonc  d'aoAt 
et^e  novembre  1*7».  —  Fr.  Menettrler.  La  Philùsophie 
des  images  éniçtnatiques ,•  Lyon,  i9H,  In-lt.  —  P.*J.  de 
Haltze,  rie  de  M.  Nostradamus;  iTlt.  In-lt.  —  U 
Ooli  du  MalM  et  Du  Verdier.  DibUothifues  françotses  ; 
fuis,  s  voL  la.4*.  -  ntton ,  Histoire  de  la  ville  d'jUac,- 
tCTC,  In- fol.  —  J.  Attrac ,  9Iémoirts  pour  servir  à  fhis- 
toirs  de  la  faculté  de  MontpellUr;  l*jrU,  1767.  ln-4*. 
—  Trooe  de  Cundoolet ,  Aitrétié  de  la  vie  de  Michel 
Nostradamus^  ln-4«,  lan*  date.  —  Ijo  Fie  et  le  Testa- 
ment  de  M.  Noetradamus,  dorteiir  en  médecine,  as- 
tropkile,  eonseUler  médecin  ordinaire  du  roi;  Parb, 
rtl,  In-a».  —  Booehe,  Histoire  de  ^Provence  i  laav, 
t  «uL  iD-foL  —  C  Moatradamus,  L'Histoire  et  Ckro- 
Mifile  de  Provence;  Ljroo.  leii,  ln;rol.  —  Bordelon,  De 
rÀstrotoffie  Judiciaire;  Parla,  1«8»,  in-lt.  ~  AdeloDg. 
Histoire  dé  la  folie  humaine;  Ulpzlg.  178>,  lo-S*. - 
£.  Barcate,  JVostra<iam<u;  ParU,  ISVS,  In-tt.  —  ITAr- 
URoy ,  Mémoires  d'histoire,  de  critique  et  de  litiérar 
tare:  Parte.  I74t,7  vol.  In-lt.  —  Leclcrc,  Bibliothèque 
universaiie  et  historique;  Amsterdam ,  16S7.  In-lS.  — 
9,-Q.  Morboff.  PotghUtor;  1708,4  vol.  ïak»,  -  Bulletin 
du  bibliophile,  u»  de  décembre  1860.  —  G.  Naudé,  apo- 
logie poetr  les  grands  hommes  soupçonnés  de  wsagie; 
Parla,  ISM,  ln-t«. 

VOTRBVAMB  {Jean  os),  frère  putné  du 
précédent ,  procureur  au  parlement  d*Âix ,  mort 
en  1590.  Jean  de  Notredame  se  livra  de  bonne 
heure  à  la  poésie,  et  composa  un  grand  nombre 
de  chansons.  Amateur  trè»-zélé  de  la  littérature 
provençale,  U  avait  réuni  une  riche  collection  de 
fivres  relatifs  à  cette  matière;  et  c*est  avec  leur 
secoara  qn*il  exécuta  les  deux  ouvrages  qui  exis^* 
teot  sons  son  nom.  Le  premier  est  intitulé  :  Les 
vies  des  plus  célèbres  et  anciens  poètes  pro» 
vençaux  qui  ont  ftoury  du  temps  des  comtes 
de  Provence;  Lyon,  1675,  in-d**.  C'est  une 
compilation  sana  grand  mérite  et  que  Millot  re- 
garde comme  «  un  recueil  de  fables  aussi  dé- 
fectueux par  le  fond  que  par  la  forme  «.  11  a 


été  traduit  en  italien  sous  ce  titre  :  Le  vite  de 
pin  celebripœti  proveniali,scrittein  lingua 
franzeze  da  Giov.  di  Nosiradama,  e  trad. 
da  G.'M.  Crescimbeni,  ornate  di  copiosean» 
notazioni,  e  accresciute  di  moltissimi  poeti; 
Lyon ,  1575,  in-8»  ;  et  Rome,  1722,  in-4''.  On  a 
enfin  de  Jean  de  Notredame  un  manuscrit  in-folio 
intitulé  :  Mémoires  de  Jean  de  Nostradamus, 
procureur  au  parlement  de  Provence^  depuis 
Van  1080  Jusqu'en  1494.  Ces  mémoires,  qui 
faisaient  partie  de  la  bibliotlièque  de  Carpen- 
tras,  ont  été  retoucliéa  par  César  de  Notredame, 
neveu  de  Tauteur.  A.  F. 

MlUot,  Bist.  littéraire  des  troubadours;  ParU,  1774, 
S  vol.  In* 11;  t.  !«',  Introd.,  p.  I»U.  -  La  Croix  da 
Maine  et  Du  VerdIer.  Bibltothiques  françaises;  t.  iv, 
p.  481.  -  Lelonff  et  Fontette,  Bibliot.  hist.  de  la  France; 
Paru,  176S,  I  vol.  lo-(oL  ;  t.  III.  p.  S4»,  n«  S8066.  —  Branet, 
Maïuiel  du  Libraire;  Péris,  l  voL  Ib-s»;  t.  111,  p.  HO. 

NOTABDAiiE  (  César  de),  littérateur,  fils  de 
Michel,  né  à  Salon,  en  1555,  mort  en  1629.  Il 
fit  son  droit  à  Avignon,  cultiva  ensuite  la  pein- 
ture, puis  s*occupa  de  poésie  et  d*histoire,  et 
obtint  assez  de  succès  pour  que  Louis  XIII  ait 
cru  devoir  récompenser  ses  efforts  en  lui  con- 
férant le  brevet  de  gentilhomme  ordinaire  de  la 
chambre.  Il  prend  lui-même  en  tète  d'un  de 
ses  ouvrages  les  titres  de  gentilhomme  et  de 
premier  consul  de  la  ville  de  Salon.  Déjà  âgé,  il 
épouM  Claire  de  Grignan ,  dont  il  n*eut  point 
d*enfants ,  et  mourut  de  la  peste  à  Saint-Remy 
près  d'Arles.  C'est  à  lui  que  Michel  dédia  ses 
premières  centuries.  Il  a  publié  :  Discours  sur 
les  ruines  et  misères  de  la  ville  de  Salon  ; 
1598,  in-12;->  Pièces  héroïques  et  diverses 
poésies;  Toulouse,  1608,  in-t2  :  on  y  joint  or- 
dinairement :  Rimes  spirituelles;  les  Perles 
ou  les  Larmes  de  la  sainte  JUagdelaine;  1606, 
in-12;  —  Dymas,ou  le  bon  Larron;  1606, 
in-l2  ;  —  La  Marie  dolente;  —  Le  Tableau  de 
Narcisse;  —  Le  Songe  de  Scipion,  poème 
héroïque;  —  Vers  /unèbres  sur  la  mort  de 
Ch,  du  Verdier,  très-excellent  joueur  de 
luth;  1607.  -^  V Histoire  et  Chroniques  de 
Provence ,  où  passent  de  temps  en  temps  et 
en  bel  ordre  les  anciens  poètes,  personnages 
et  familles  illustres  qui  y  ont  fleurg  depuis 
600  ans  ;  oultre  plusiettrs  races  de  France, 
d^ Italie ,  Hespagne ,  etc. ,  comme  aussi  les 
plus  signalés  combats  et  faits  d'armes  qui 
s'y  sont  passés;  Lyon,  1614,in-fol.  Cet  ouvrage, 
le  principal  Utre  littéraire  de  Notredame ,  a  été 
très-diversement  jugé  ;  suivant  Bouchi^,  «  le  lan- 
gage de  l'auteur  est  ennuyeux,  les  redites  super- 
flues, le  style  poétique  ;  il  n'observe  point  d'ordre 
et  rapporte  bien  des  clioses  inutiles  ».  Pitton  dit 
au  contraire  :  «  Si  nona  retrandions  de  cette  his- 
toire plusieurs  généalogies,  auxquelles  Nostra- 
damus a  trop  facilement  cru,  on  ne  trouvera 
pas  de  quoi  tant  blâmer.  On  reconnaîtra  surtout 
qu'il  est  véritable  et  circonspect  dans  lliistoire 
de  son  siècle  ».  La  bibliothèque  de  Carpentras 
a  possédé  un  manuscrit  de  César  de  Notredame, 


307 


^OTREDA^lre  —  nouailher 


intitulé  :  Nëtêvième  partie  mt  suite  de  VkU" 
toire  et  chronique  de  Provence,  êefmis  te 
commencement  de  (601  jmsqu'en  1618;  ce  to- 
lome,  écrk  en  entier  de  la  main  et  César,  fiot 
envoyé  par  kii  à  Peiresc  en  1629.       A.  F. 

Beiiche. /MM.  #e  ^roiienev;4ii-rol.  ->  Goulet,  BibliÊih, 
fi-attçoéÊe;  l»arli,  17(3,  ln-4i>;t.  XV,  p.  lu.  —  PlUao, 
Hist.  de  ta  ville  dAix;  1676.  In-ioL  -  E.  Bareste,  Ht- 
tradamau;  Paris,  18U,  tn-is.  —  Leiong  et  Fontette, 
BMtath.  hUt.  d9  la  Frcno»;  t.  fli,  p.  4M8,  dm  WMH  et 

asiM. 

JWTEBOAiiB  (Michel  de),  dit  le  jeune^ 
pour  le  dirtiiigiHir  de  Micliel  aoa  père,  mounit 
en  1574.  H  voulut  marcher  sur  les  traoea  de  aoa 
pèi>e,  et  diercha,  conMne  lui,  à  prédire  laveiiir. 
Mais  le  succès  fût  loin  de  oourooner  ses  tenta- 
tives, car  ses  prophéties  se  trouvèrent  toujours 
contredites  par  les  événements.  Sa  persévérance 
dam  cette  voie  hii  fat  fatale.  Au  siège  de  Pouain, 
dans  le  Vrvarais,  Saint-Luc,  qin  oonunaodait 
les  troupes  royales,  désira  savoir  quel  sort  élaii 
réservé  à  œtte  cité.  Michel  répoodif  qu'elle  pé- 
rirait par  te  feu  ;  et  «près  ta  prise  de  la  ville,  on 
le  surprit  incendiant  ltti-uié«ie  différttites  mai- 
sons. Le  lendemaio  Saint-Luc  le  fit  venir,  et  lui 
demanda  s'il  ne  pensait  pas  qu'un  accident  dût 
kN  aiTÎver  k  jour  même  ;  Notredame  ayant  sou- 
tenu que  non ,  Saint-Luc  lança  son  cAieval  sur 
loi  et  le  tua.  Michel  avait  publié  en  1563  m 
TrfUté  d'astrologie,  in- 12.  A.  F. 

DAiablgBé,  Hia^in  Hnivenellê;  4insterdam,  i«t6, 
f  voL  kn  (ol.  —  Lamolbe  Le  Viyer,  Discours  dé  rint- 
tritctlon  de  monseiçnettr  le  Dauphin.  —  (.eclerc ,  m- 
blMh*  unlwnelle  et  kisL  ;  Amsterdim,  levr,  in-is. 

N#TT  {John  ),  Kttérateur anglais,  ne  le 24  di^- 
cembre  1751,  à  Worcester,  mort  en  1826,  à  Clif- 
ton ,  près  Bristol.  Il  étudia  la  chirurgie  à  Bir- 
mingham et  à  Paris ,  et  s'embarqna  pour  la  Chine 
à  bord  d^on  vaisseau  de  la  Compagnie  des  Indes. 
Il  visita  diverses  contrées  de  l'Orient,  se  fami- 
liarisa principalement  avec  la  littérature  persane, 
et  se  fit  connaître,  à  s«n  retour  en v Europe, 
par  quelques  élégantes  traductions  en  vits  des 
poésies  dUafiz.  En  178S  ti  prit  le  di^tdme  de  doc- 
teur, et  bientôt  après  U  accompagna  la  duciiesse 
de  Devonshire  dans  ses  voyages  sur  le  conti- 
nent. £■  1793  il  s'étaUK  dans  les  environs  de 
Bri««tol.  Ses  principaux  «ovrages  sont  :  Alonzo, 
a  poetic  taie;  1772,  to -4*;  —  la  traduction  des 
Baisfrx  de  ^eaa  Second  ;  1775,  iu-a**;  en  1797 
il  traduisit  Les  Baisers  de  Jean  Bonfons,  d*An- 
vein^;  —  Lemora,  en  ekfg;  1775,  «in.4*;  — 
Pocms  fram  Ihe  itaiian  éf  Petrarch  ;  1777, 

nHT  ;— Oripiaa/ pièces  antf  <r«ncIis^io»j  ;  1 780, 
in-8*;  —  The  CintMa,  of  Propertim -,  1782, 
n-8*;  —  Chemical  disseriatiou  mi  the  springe 
ef  Pisa  and  Asctane  ;  1793,  in-8*  ;  —  On  the 
hQtrwells  ^  Bristol  ;  1793,  In-S"  ;  —  CahUlus 
in  engîish  verse,  with  daasical  notes;  1794, 
2  ToL  «-»•-,  —  Tke  Jbni  baok  of  lucretius; 
1:%»,  in-r-,  —  The  Odes  0/  Horace;  I803i 
2  v«l.  in -8»;  —  Sappko ,  afier  o  greek  ro- 
maneei  IB03,  »-t2;  —  Section  from  Pe- 
iravck,  wilM  nat^;  1888,  iB-8'*;  —  Se^acf 


poems  /ram  the  Oetperides  •/  fferrick  ;  l^  0, 
in^*';  ^  A  Ifotolofieal  Campanicn  io  ihe 
Londonpbasrmaeopœiu;  1811,  in-12.  K. 
JnntÊalbÈ09rti^f,mm. 
I  HOTT  (  Sir  Wiliiam  ) ,  Réoéral  aagbis ,  mé  «a 
I  1782,  èCannaartiwn,  où  il  estanort,  lei*"' jnvser 
,  164Â.  En  1880  il  ^rlU  pour  l'Inde <«  quriilé 
de  cadet,  et,  malpré  tes  talents  mililnres  et  ta 
bravoure  dont  il  fit  preuve  dans  plusieurs  caas- 
pannes,  il  Be  parvint  qu'au  grade  de  wajor.  Dé- 
goûté du  service,  il  donna  si  démission  en  1826, 
et  revint  dans  son  pays  natal.  Ayant  perdu  par 
suite  de  Ja  déconfiture  de  la  iianque  de  Calcutta 
la  plus^^nmde  partie  «de  sa  flortime,  il  retourna 
au%  Indes,  et  reprit  soi  épéd  à  Tâge  de  cinqua-Ue 
ans  (iS3i).  On  rendit  plus  de  justice  qu'autre- 
fois à  son  exfiérience  et  surtout  à  son  activité 
infaUgable,  e!  «n  peu  de  temps  il  ofartint  le  grade 
de  major  général  ;  sa  conduite  dans  le  Candaliar 
et  durant  la  guerre  des  A%hans  fut  au-dessus  de 
tout  éloge  et  lui  Ta!  ut  la  complète  approbation 
d'un  juge  difficile,  lord  WeHington.  Le  parle- 
ment lui  décerna  des  remerdmente  publics,  et 
la  reine  lui  accorda  la  grand'croix  ée  Tordre 
du  Bain.  f^. 

UfUis49ervice  gm^He,  Janvier  I8i3. 
nOTTIKGHASi.      Toy.      FIRCH    et    HOWAW» 

(  Charles  ). 
XOTTA A«EL  (  Christophe  ) ,  maHiéinatiGien 

allemand,  né  en  1607,  à  Hilpersfaausen  en  Fran- 
conie,  mort  en  1666.  H  enseigna  depuis  1634 
les  mathémathiques  à  Funiversité  de  Witt^m- 
l)erg.  On  a  de  lui  :  Inslïtutiones  mathematicx; 
Wiltemberg,  1645,  in-8°;  —  Monnaie  forti^- 
calorium  ;  Lubeck,  1659,  in-8»,  avec  pi.  ;  —  De 
htfpothesibus  astronomicis  ;  ^  De  inesperato 
salis  exorlu  qui  Bollandis  conVgit  in  Aova- 
Zembla  anno  1 597  ;  Wiltemberg,  1644.  O. 
Wltten ,  Jttemorim  philosophomm. 

norAiLHEE  (Jacques  ),  ^^maHleur  Irançais, 
né  i  Limoges,  en  1605.  Un  chandelier  «n  éina.1 
ayant  des  amours  et  des  arabe.*«ques  en  relief, 
couleur  or,  porte  cette  inscription  :  Fait  par 
Jacques  Noalher,  rue  Magninie  (  Manigne  ). 
«  Cet  artiste  eut  an  commencement  de  la  déca- 
dence, dit  M.  de  Laborde,  l'idée  de  modeler  en 
relief  d'émail  des  sujets  de  piété;  fl  dépensa 
quelque  talent ,  mais  sans  doute  pins  de  tempf; 
et  d'argent  à  tselte  ingrate  besogne.  »  H  vivait 
eneore  en  1-670. 

novAiLam  (  Pierre) ,  émaiilenr  français,  né 
en  Hi57,  mort  à  Limoges  en  1717.  D' Accourt 
a  cité  de  lui  nu  Saint  Jearh- Baptiste  comme 
étant  «  un  des  plus  anciens  érnau^  et  de^  plas 
beaux  qu'on  poisse  voir  ».  L^émaillerie  renx>n- 
tait  d^à  À  plusieurs  siècles,  et  t^dmiraTfon  de 
d'Agincoort  va  en  outre  fieaucoup  trop  loin. 
Pierre  NeualHMf  signait  PN.  On  a  de  lui  des 
émaux  datés  de  1666.  M.  de  La  Borde  le  juge 
en  ces  termes:  «  Médiocre,  comme  les  émailleurs 
de  sa  famille,  il  appliquait  son  art  aux  objets 
osnels  et  ordinaires  de  la  vie  privée.  » 


m 


KOUAlLffEa  —  I90UET 


310 


wvAiunB  (Jeem* Baptiste),  peintre  et 
MMwr  fraaça»,  né  en  1742,  mort  à  LimogfeSy 
le  2  Dorembre  1<04.  Sous  plus  d'utf  rappost, 
il  rasemMa  à  Scarron,  et  il  ne  fiit  pa»  le  fiavoiî 
de  ia  fortune.  On  a  de  lui  :  Jéstu  portant  sa 
cmx,  émail  de  onae  centimètres  de  hanlenr 
nr  boit  de  lar§eor.  Le  fonél  do  taUeea  eat  mie 
Mde  craix  avec  de»  inscriptions  de  ce  genre  : 
Maladies,  proeèif  jeiûnes,  martyre ,  elc^.. 
Sor  OD  antre  émail ,  pour  nne  confrérie  cle  pé- 
ntents,  il  a  peint  le  Néamt  de  œ  manée,  Seèam 
i'eipFesoon  de  M.  de  La  Borde ,  ses  éoiawi  ont 
ne  a|>parence  de  Terre  4e  laiAerne  nagiciae.  H 
eboiut  lootefeis  des  sogeta  moins  diagraeienx 
qaeaatMedemort,  La  Vierge  à  ta  CMiae  eat- 
treaotres.  Enappsédant  les  Nonaillier,  M.  l'abbé 
Teueradft:  «  Jean  Baptiste,  Bematd,  Jean 
rt  Jowpb  desoendent  une  pente  qoi  «tmiUit 
a  l'eitiDctien  totale  de  Tart.  On  reconoatt  au 
trait  {noertani  et  tonjonis  fortement  accusé  du 
plsB  ipind  nombre  de  leum  «amposiCians  <)n*il8 
ont  dlqné  des  gravures  au  moyen  d'un  carton 
pméà  l'aigDile,  sur  lequel  ils  ont  promené  na 
otfrfe  de  1er.  Feot-être  au  reste  ce  dessin  né* 
gtigén'aceo8e-(*41  qu'une  précipitation  exeeasi^ 
et  le  désir  de  suppléer  par  ta  quantité  de  lenn 
prodHits  à  la  qoiâité  des  grandes  pièces,  mal 
pajée*  et  peu  redrercbées.  Le  portrait  de  Tni^ 
D'»t  pas  sans  mérke.  Lorsqu'ils  le  maniaient, 
^  dfnriers  Nouaitlier  savaient  peindre  correc- 
tement. Oablions  d'aUlenrs  leur  inkabileté;  Us 
étaient  avant   tout  des  peintres  populaires  «t 
^  pinoBceaux  nombreux  sortis  de  lenn  mains 
<^biii9fiit  qu'ils  se  consacrèrent  les  derners 
ao  service  des  confréries,  à  l'exemple  de  lenrs 
horion  prédécesseurs  du  seizième  aiècla.» 

M.  Aunom  (de  LinaKes). 

^Phémétâti  U  ta  généralMdê  Umoçet^  ncs.  — 
Tnicr  EtaU  sur  ie»  émaUteun.  —  Maoïlor  Ardant, 
^"Ri/Jrtin  et  Bmaitlerie  de  Limoges.  —  Texler  onrlcr, 
^'«fiifiçw  ife  la  H atUe- Vienne ,  p.  4rt.  -  l)e1.«borde, 
^^*^  en  éwttaa  4m  Lntvrê. 

SOOALAB  LA  mwMiATB  (  Àleasomdre  bb), 
)|]rhéologBe  français,  né  à  Rennes,  le  1 1  novembre 
t^S  inoit  dans  In  même  ville,  le  ^5  mai  1812. 
H  fit  m  étsdes  dans  sa  vflle  natale,  et  s'y  fit  se- 
«Toir avocat,  mais  sa  santé  ne  W  permettant 
pn  déborder  le  barreau,  il  obtbit  la  place  de 
^  ^  bateau  lie  la  jnsliee  «riminelle  an  mi- 
^^  du  grand -juge.  Ses  forces  s'épuisèrent 
'^mient,  et  il  sncoomba  avant  d'avoir  atteint 
»  tmie^Qataième  année.  Il  élait  membre  de 
rAcadénrie  Gnltfqiie.  On  a  de  lui  :  Étoçe  ée 
^<n,  eannanné  par  fAeadémio  <ie  Rennes; 
7j*9«90  •«  mont  Saint- Sliehet ,  au  mont 
!^^à  ga  Anobe-omn-Fées ,*  Paris,  1811, 
2^^;  —  de  savantea  DieeerlaNtms  insérées 
^  les  JMnsoéreff  de  ia  Société  royale  des 
^^iqmai^its  de  Pranee^  entre  antres  celles  Sur 
f^^neuU  et  les  emhaeolMes;  Sm  La  êoehs- 
2[f-^^i  «MRMBent  druidique  pen  esann; 
^  les  «ntff^Ms  ées  em>irone  de  Bol; 
m   memhir   dm  eM^ran*  de  Sainte 


Sar 


r  Brieuc  appelé  La  Roehe-longue  ;  des  Notices 
nécrologiques  sur  Bernard  ^  inspecteur  gé- 
néral des  ponts  et  chaussées i  sur  Toudic^. 
antre  membre  de  VAcadémie  celtique ,  etc.  ; 
les  Statistiques  des  départements  d'IUe-et- 
Vilaine  et  de  la  Loire-injérieurey  etc.,  etc. 
Il  a  laissé  en  mansserit  un  ouvrage  considérable 
sur  lliistoife  et  la  statistique  des  provinces  rou- 
natnes,  pays  dont  il  s'était  particulièrement  oc> 
CHpéet  aur  toquel  il  a  feumi  des  articles  intéres- 
sants à  piusieura  recueils  littéraires.    L^z— Ew 

Paaiioel,  £iofê  de  Moval  de  Lu  Hmtumee,  duâ  le» 
Mem.  de  ta  SoeiOé  des  jéntiquaires  de  France,  t.  n, 
p.  4S-St.  —  Qnérartf,  Ln  France  iHt,  <-  Mlorcec  de  K«r- 
diaet.  JIWiMf  ntr  tet  éerimUne  d»  Im  BmUitme, 

H«PB  (  U).  Fof .  La  Noce  et  SavvA. 

■OUST  {Jaeques)^  jésuite  français,  né  ma 
Mans,  en  IMA»  awrt  en  l«8a,  à  Paris.  Il  evaîl 
foit  profession  à  l'Age  ée  di^-bnit  ans.  Ses  études 
achevées,  il  enseifpM  les  humanités;  mais^  pré- 
férant ensuite  la  ^prédication ,  il  obtint  de  ses 
chefs  la  peimissioD  de  monter  en  chaire;  se» 
oraisons  fuaèbres  ainsi  que  ses  sermons  forent 
applaudift.  Mais,  ébloui  par  ces  applaudissements. 
Il  osa  dénoncer  en  chairr,  comme  un  ouvrage 
peaBdeux,  le  livre  de  La  fréquente  commu^ 
mon ,  d'Antoine  AmaukL  ft  fut  d'abord  réduit 
au  silence  par  une  réponse  excessivement  dure 
d'Amauld.  Puis,  cité  devant  l'assemblée  des 
évèques,  i  fut  condamné  è  demander  pardon 
publiquement  et  è  genoux  aux  prélats  qu'il  avait 
oOe^aés.  U  subit  sa  pébilence  dans  une  des 
salles  de  Sainte-Genesiève.  Après  cette  mes»- 
venture,  Nouet,  abandonnant,  mais  un  peu  tard, 
le  théâtre  de  ses  premiers  suocès,  devint  succès* 
sivement  recteur  des  collèges  d'Alençon  etd'Ar* 
vas.  Il  occupait  ces  fonctions  quand  il  composa 
la  phis  grande  partie  de  ses  ouvrages.  D'abord 
il  écrivit  un  ybelle  conAre  le  turbulent  théologal 
de  Séez,  l'abbé  Lenoir.  Noos  Ji'aveas  pu  retrou- 
ver cet  opuscule  ^  dont  voici  le  titre  :  ilemerci- 
wunisduconsistoiredeU.  aux  théologiens  d'A-- 
ien^em^  disciples  de  saint  Augustin.  Ensuite  il 
publia  csaftra  les  protestants  :  La  présence  tit 
Jésus'Christ  dans  le  très-saint  sacrement ^ 
pour  sertir  de  réponse  ass  min^tre  qui  a 
écrit  contre  ta  perpétuité  de  ta  foi;  Pans, 
Muguet,  1667,  in-18.  C'est  la  seconde  édition  de 
ce  livre  qne  nous  mentionnons  loi  :  la  date  de 
ia  première  est  inconnue.  Ce  tnûlé  a  lait  assez 
de  bruit  four  qu'on  lui  ait  attribué  la  conver- 
sion de  Turenne,  •oomaoe  nous  l'apprend  le  doc- 
teur Meqpit,  dans  ses  lettres  à  ta  marquise  de 
Sablé.  Cependant  Bfonet  doit  surtout  sa  v^tai- 
tion  è  ses  écrits  ascétiques,  La  premier  pa- 
rut sons  le  titre  de  :  Draité  de  la  dévoiien  à 
Van^e  gardien^  Pana,  1661,  ia-12.  Une  Ira- 
ductian  italienne  de  ce  traité  parai  A  Bologne. 
Le  plus  important  des  ouvrages  de  Nouet  est 
intitnié  i  VM^nems  <;t'4>mijan.  C'est  sans  ce 
titpe  camanuD  qu'il  publia  suocesslMmeat  une 
série  de  Mvmb  spiriHiels,  qui  leorent  tuusun 
grand  saocès  dans  le  vioade  dévot,  sinon  «dans  le 


311 


NOUET  —  nOUGARÉDE  DE  FAYET 


inonde  littéraire.  Le  premier  qui  pamt  est 
V Homme  cTOraUont  sa  conduite  dans  la  vole 
de  Dieu ,  contenant  toute  Véconomie  de  la 
méditation,  de  l'oraison  effective  et  de  la 
contemplation;  Pari»,  Muguet,  1674,  2  vol. 
in*8*.  Nouet  publia  le  second  sous  ce  titre  : 
V Homme  d'Oraison,  ses  méditations  et  en- 
tretiens  pour  tous  les  Jours  de  Vannée,  Le 
libraire  Muguet  donna  plus  tard  cinq  autres 
Ingments  du  môme  ouvrage  en  1677,  en  1678 
«t  en  1683,  in-8'*.  Hérissant  les  réunit  tous  en 
10  volumes  in-8*,  en  1765.  On  les  vit  reparaître 
sous  cette  dernière  forme,  à  Paris,  diez  Laporte, 
en  1780  ;  à  Lyon,  chez  Périsse,  en  1830  et  1845, 
in-12.  Nonet  ajouta  à  cette  série  :  L  Homme  d^O' 
raison^  ses  lectures  spirituelles  pendant  tout 
le  cours  de  Vannée.  Une  des  premières  éditions 
de  ce  dernier  ouvrage  porte  cet  autre  titre  :  Dé' 
votions  vers  notre  Seigneur  Jésus^Christ 
pour  servir  de  lecture  spirituelle  à  V homme 
d'oraixon;  Paris,  Muguet,  1679,  in-4^  £nfin 
les  libraires  Hérissant,  en  1765,  Laporte  «en 
1780,  Périsse  en  1830  et  1845,  Sauvaignat  en 
1834,  donnèrent  en  6  volumes  une  dernière  par- 
tie de  L' Homme d!* Oraison,  intitulée  :  L'Homme 
à^ Oraison,  ses  retraites.  On  a  encore  du  père 
Nouet  :  Méditations  et  Entretiens  sur  le  bon 
usage  des  indulgences  et  sur  les  préparations 
nécessaires  pour  gagner  le  jubilé;  Paris,  Mu- 
guet; 1677  et  1701,  in-4'*  :  ouvrage  dont  ne 
parle  aucun  bibliographe,  mais  qui  porte  le  nom 
du  père  Nouet,  et  qui  ne  nous  semble  pas  in- 
digne de  lui  ;  —  Retraite  pour  se  préparer  à 
la  mort:  Paris,  Muguet,  1679,  in-8*  :  ouvrage 
également  peu  connu;  —  Méditations  spiri' 
iuelles  à  Vusage  des  personnes  qui  veulent 
avancer  dans  la  perfection;  Paris,  Vaton, 
1839,  in-12«  Nous  complétons  enfin  la  liste 
des  CBUvres  du  père  Nouet  en  mentionnant  une 
lettre  qui  se  trouve  dans  le  troisième  volume  de 
Bussy-Rabutin  et  un  opuscule  inédit  dont  void 
le  titre  :  Solitude  de  huit  jours  du  révérend 
père  Jacques  Nouet,  à  la  Bibliothèque  impé- 
rial<>,  Suppl.  français,  n**  3920.  B.  H. 

ji9erUi$ement  tur  queiqua  ierwtons  priekét  d  Parit, 
daitt  les  OBuvreê  4'Araaul4.  L  XXVll.  .  N.  Desporles, 
BW.  du  Ma*tu.  "  B.  lUttréaa,  UM.  UUér.  du  Maine, 
t.  IV,  p.  IfT. 

BTOUBT  (NicolaS'Àntoine),  astronome  fran- 
çais, né  le  30  août  1740,  à  Pompey  en  Lorraine, 
mort  le  24  avril  181!^  à  Chambéry.  Après  avoir 
passé  plusieurs  années  dans  l'ordre  de  Cfteaux, 
il  vint  habiter  Paris,  et  fut  admis  en  1782  à  TOb- 
servatoire,  où,  sous  la  direction  de  Cas&ini,  il 
s'occupa  assidûment  de  calculs  astronomiques. 
En  1784,  il  fut  envoyé  à  Safait-Domingue  pour 
y  dresser  la  carte  des  débouquements  et  de  la 
cote  fkvnçaise.  Lorsque  la  CkMivention  donna  à 
l'Observatoire uneadministration  nouvelle, il  fut, 
avec  Pemy,  Rnelle  et  Bouvard,  un  des  profes- 
seurs de  cet  éUblissement  (1793).  De  1795  à 
1796,  il  fit  snr  le  Rhin,  puis  dans  les  Alpes,  une 
campagne  pénible,  mais  très-utile  à  la  science  : 


SIS 

aidé  de  l'ingénieur  igéographe  Cardinet,  il  forma 
en  Savoie  de  grands  triaugics  qui  oompmaieit 
tout  l'espace  renfermé  entre  Tbonon,  Saint-Jeao 
de  Maurienne,  le  mont  Blanc  et  le  mont  Colom- 
bier. Choisi,  en  1798,  |K>ur  faire  partie  de  Teipé- 
dition  d'Éorpte,  il  commença,  aussitèt  qa*il  fut 
possible  d'opérer,  la  triangulation  qui  dmit 
servir  de  base  à  la  carte  de  cette  contrée,  il  mal 
connue  ;  on  lui  avait  adjoint  dans  ces  difficiles 
travaux  Quenot  et  Méchain  fils.  11  remonta  le  Ml 
jusqu'à  Syène,  et  détermina  les  longitudes  et  la- 
titudes de  trente-six  villes  ou  liens  remarquables, 
malgré  le  climat,  les  dangers  et  les  fatigues  qni 
accompagnent  de  semblables  observations.  D'a- 
près les  premiers  résultats,  un  penhypotbétiqoes, 
de  ses  calculs,  il  estimait  la  valeur  du  degré  à 
56,880  toises,  le  stade  égyptien  à  711  pieds,  U 
coudée  égyptienne  à  21  pouces  23  centièmes,  le 
stade  grec  à  487  pieds  543  millièmes,  et  la  ooo- 
dée  grecque  à  19,5017  pouces.  De  retour  eo 
France  (1802),  il  continua  d'être  attaché  ooffline 
ingénieur  au  bureau  à€  la  guerre  et  reprit  ses 
travaux  topographiques  dans  la  Savoie.  Nooet 
mourut  d'une  altaque  d*apoplexie,  à  Ctiambérj. 
On  a  de  lui  :  Exposé  des  résultats  des  obier- 
valions  astronomiques  faites  en  Egypte  de- 
puis  U  l*'  juillet  1798  jusqu'au  ^août  1800, 
impr.  dans  U  Description  de  VÈgypU,  t.  V*\ 
— -  plusieure  Mémoires  et  Observations,  dans 
la  Décade  égyptienne  (1799-1800),  et  dans  U 
Connaissance  des  temps,  P-  ^' 

Lalande,  Bilbtio^r,  oâtronomique. 

NOUGABBDB  DE  VAr ET  {André' J^an-Sir 
mon,  baron),  magistrat  français,  né  à  Montpel- 
lier, le  20  septembre  1765,  mort  k  Paris,  le 
20  août  1845.  Issn  d'une  honorable  famille  do 
Rouergue,  il  avait  été  depuis  peu  de  temps  nomne 
conseiller  è  la  cour  des  aides  et  finances  de 
Montpellier  lorsque  la  révolution  vint  cbangef 
sa  carrière  et  lui  faire  quitter  la  toge  pour  l'<^ 
Il  entra  dans  le  génie,  et  y  obtint  le  grade  de  lieu- 
tenant; mais  dès  les  premières  années  dueoD- 
sulat  il  avait  repris  la  magUtrature  et  fonplis- 
sait  les  fonctions  d'amliteur  au  conseil  d'tiat. 
Député  au  corps  législatif  par  le  département  de 
l'Hérault  (20  août  1804),  il  y  devint  WesWi 
questeur  et  membre  de  la  commission  de  wgiS' 
lation  civile  et  criminelle.  Il  fut  ensuite  snce^ 
vement  nommé  conseiller  à  vie  de  l'unifersiK 
de  France  (  16  septembre  1808  ).  baron  (ï^JJ^ 
1809),  président  de  chambre  à  la  cour  impenaie 
de  Paris  (8  décembre  1810),  et  maître  desre- 
quéles  (14  avril  1813).  Réélu  an  corps  1^' 
ttf  (10  août  1810),  il  fut  le  rapporteur  de» 
commission  changée  de  l'examen  du  qiiatn«Q« 
livre  du  Code  pâial.  Son  adhésion,  le  e  afrii 
1814,  à  la  déchéance  de  Napoléon  loi  fit  cou- 
ver à  peu  près  tous  ses  emplois  par  Louis  XVIii- 
Une  ordonnance  du  17  février  1815  le  nomma 
conseiller  honoraire  de  l'université,  n««  " 
30  mare  suivant  nn  décret  impérial  lui  restiu» 
le  titre  de  consettler  titulaire.  U  s«»nde  tes- 


NOUGARÊDE  DE  FAYET  —  KOUGARET 


313 

Uaration  le  reodit  à  la  ¥Îe  privée.  On  a  de  Nou* 
g»rède  :  Traduction  de  VOrateur  de  Cicéron  ; 
Psris,  1787,  iii-i2  (en  société  avec  P.  Dam); 
—  Essai  iur  Vhistoire  de  la  puissance  pa- 
ternelle; Paris,  1801,  in- 12;  nooTelle  édition, 
aagroentée  d'an  Essai  ittr  la  filiation  légifime , 
Puis,  1814,  in-8'*;  —  De  la  législation  sur 
le  mariage  et  sur  le  divorce;  Paris,  1802, 
iD-80;  —  Histoire  des  lois  sur  le  mariage  et 
sur  le  divorce  depuis  leur  origine  dans  le 
droit  civil  et  coutumieff  jusqu'à  la  fin  du 
dix-huitième  siècle;  Paris,  1803,  3  toI.  in-8% 
et  1816,  in-8<*;  —  Jurisprudence  du  ma» 
riagef  conférée  avec  le  droit  romain,  le  droit 
canonique  et  le  droit  français,  antérieur  au 
Code  civil,  et  aperçu  du  changement  qu'elle 
doit  éprouver  par  Vabolition  du  divorce; 
Paris,  1817,  in-S®;  —  Histoire  de  la  révolu- 
tion qui  renversa  la  république  romaine  et 
qui  amena  Vètablissement  de  l'empire; 
Paris,  1820,  2  ¥01.  in-8*  ;  —  Histoire  du  siè- 
cle d'Auguste  et  de  Vétablissement  de  ffm- 
ptre  romain  ;  Paris,  1840,  in-8«.     H.  F— t. 

lOUGAlÈDB    DB   FATBT  (AugUStC),   pu- 

blidste  fraoçais,  fils  du  précédent,  né  à  Paris, 
le  6  a?ril  1811,  mort  à  Montpellier,  en  avril 
1853.  Admis  à  l'École  polytechnique,  le  23  oc- 
tobre 1831,  il  devint  en  mars  1852  député  an 
corps  législatif  pour  lo  département  de  l'A- 
Tejron.  On  a  de  lui  :  Du  Duel  sous  le  rap- 
port de  la  législation  et  des  mceurs  ;  Paris, 
1838,  ln-8*;  —  De  V Électricité  dans  ses 
rapports  avec  la  lumière,  la  chaleur  -et  la 
constitution  des  corps;  Paris,  1839,  in-8«;  — 
Mions  générales  sur  les  sciences  mathéma- 
tiques et  physiques;  Paris,  1848,  in-18;  — 
Essai  sur  la  Constitution  romaine  et  sur 
les  rioolutions  qu'elle  a  éprouvées  jusqu'à 
l^étûblissement  du  despotisme  militaire  des 
«ipcreurj;  Paris,  1842,  in-8';  —  Des  an- 
ciens peuples  de  l'Europe  et  de  leurs  pre- 
mières migrations;  Paris,  1842,  in-8^,  a?ec 
ttpt  cartes;  —  De  la  Conquête  et  de  Clovis; 
1*43,  in-s»  ;  —  Des  systèmes  en  histoire,  et 
itotamment  du  système  émis  par  M.  de  Bâ- 
tante dans  la  préface  de  son  Histoire  des 
<)acsde  Bourgogne;  Paris,  1843,  in-8*;  —  No- 
tice sur  la  vie  et  les  travaux  de  M.  le 
(mte  Bi§ot  de  Préameneu;  Paris,  1843, 
io^.  Mottgarède  de  Fayet  était,  par  sa  mère, 
r<rtit-fils  de  cet  ancien  ministre  des  cultes,  sous 
•«  premier  empire;  —  Recherches  historiques 
^r  le  procès  et  la  condamnation  du  duc 
^'Enghien;  Paris.  1844,  2  vol.  in-8'  ;  —  Let- 
tres sur  C Angleterre  et  la  France;  Paris, 
1847-1848,  3  vol.  in-8*';  —  Essai  sur  les 
*««*«  mécaniques  de  la  circulation  du 
w»9;  1842, 10.8";  —  Des  Hypothèses  sur  la 
Imière  et  de-  l'Êther;  1843,  in-8«;  —  /Yon- 
telles  bases  d'une  théorie  physique  et  chi- 
mique. Constitution  intime  des  Corps,  réu- 
n>o»  en  un  même  agent  de  l'électricité,  de 


314 


la  lumière  et  de  la  chaleur;  Paris,  1848» 
ia-fV^  ;  ^  De  la  Constitution  républicaine  à 
donner  à  la  France  et  du  danger  d'une  as- 
semblée unique;  Paris,  1848,  in-S"  ;-^  DusO' 
dalisme  et  des  associations  entre  ouvriers  ; 
1849,  in-8®.  Et  quelques  antres  brochures  poli- 
tiques. H.  F— T. 
^Avr. (Inédite)  d»  i'Hérmttt,  - Doçum.  paHIcuUêrs, 
ifOiJ6ABBT  (Pierre- Jean-Baptiste),  litté- 
rateur et  agent  politique  français,  né  à  La  Ro- 
chelle, le  16  décembre  1742,  mort  à  Paris,  en 
juin  1823.  Il  ne  reçut  qu'une  éducation  fort  or- 
dinaire, mais  il  était  doué  d'une  mémoire  pro- 
digieuse; cette  faculté  naturelle  explique  la 
grande  quantité  d'ouvragea  en  toi^s  genres  qu'il 
a  fait  publier.  Se  trouvant  à  Toulouse  chez  nn 
de  ses  parents,  il  débuta  dès  l'Age  de  dix-huit 
ans  dans  la  littérature  en  fisisant  représenter  sur 
le  théâtre  de  cette  ville  une  petite  comédie  en 
vers  :  L'incertain  (Toofoose  et  Avignon,  1760, 
in-8*  ) ,  parodie  de  Zulica,  imitée  de  L* Irrésolu 
de  De«touches,  et  qui  eut  du  succès.  £n  1763  il 
vint  à  Paris,  et  publia  un  supplément  à  JLa  Pu- 
celle  (de  Voltaire  ).  Il  fut  emprisonné  quelque 
temps  à  l'occasion  de  cet  écrit  ;  mais  cela  le  mit 
en  vogue  auprès  des  libraires,  qui,  exploitant  sa 
misère ,  lui  firent,  pour  de  très-médiocres  som- 
mes ,  composer  tMm  nombre  d'obcénités.  Quel- 
que temps  après  Nougaret  adressa  à  Voltaire 
une  héroïde  :  VOmbre  de  Calas  le  suicide 
à  sa  famille  et  à  son  ami,  dans  les  fers 
(Amsterdam  et  Paris,  1765,  in-8*).  Le  grand 
critique  accueillit  favorablement  cet  hommage, 
et  encouragea  l'auteur  «  à  suivre  une  carrière 
qu'il  commençait  si  bien  ».  11  n'en  fallait  pas 
tant  pour  y  déterminer  le  jeune  Bocbellois; 
mais  il  est  probable  que  la  bienveillance  de 
Voltaire  a  beaucoup  contribué  à  faire  inonder 
la  librairie  parisienne  des  cent  et  quelques  livres 
que  Nougaret  a  fait  paraître  durant  sa  longue 
existence.  Il  avait  déjà  considérablement  écrit, 
et  sans  s'être  enrichi,  lorsque  éclata  la  révolution. 
Ce  n'était  plus  la  saison  des  pastorales  ni  des 
romans  erotiques.  Nougaret  le  comprit,  et  fut 
assez  heureux  pour  obtenir  une  place  dans  les 
bureaux  de  la  commune  de  Paris.  Nous  disons 
heureux,-CAT  sa  position  lui  permit  de  sauver  la 
vie  à'  plusieurs  suspects.  Il  fut  chargé  de  mis- 
sions secrètes  en  province,  et  devint  chef  du  bu- 
reau de  surveillance.  Il  dévoila  quelques  com- 
plot» royalistes  assez  dangereux;  cependant 
Pache  le  congédia  comme  modéré.  Depuis  cette 
époque  il  ne  quitta  plus  la  plume.  Sa  fécondité 
fut  surprenante;  «  mais,  dit  avec  raison  un 
critique  contemporain,  si  dauf  ses  innombrables 
écrits  Nougaret  a  déployé  on  certain  esprit  de 
métier  ou  de  vogue,  la  négligence  de  son  style, 
l'absence  d'études  et  de  pensées  profondes ,  sa 
malheureuse  versatilité  de  principes,  ses  écarts 
en  ont  fait  un  écrivain  fort  médiocre,  souvent 
dangereux  et  dont  les  oravres  ne  passeront  pas 
à  la  postérité/»»  Quoi  qu'il  en  soit,  les  ouvrages 


1315 


1I006ARET 


3i$ 


«le  Noitgaret  •ni  en  presqoe  tous  piorienre  édî- 
tioas.  Or  cite  de  cet  tnfatigible  eompHateur:  La 
Mort  de  Vopéra  comique ,  élégie  pomr  rire  et 
jmwr  pêeurer  ;  ITin,  iii-8^  ;  —  Apollon,  poème  ; 
1791,  m-%'';  —  La  Berbère  de»  Alpes,  pasf»- 
rate;  Lyoa,  1763,  in-r';  «-  Les  ÉoHsses^  ba- 
dioage;  1763  ;  —  £«  Méchant  démasqué;  1763  ; 
—  Lweette,  ou  les  pwo§résâu  Hbertmage;  Ge- 
•ève  et  Paria,  1763  ou  1765,3  val.  te  16;  suite, 
f766,  3  vol.  11-16.  Cet  ouvrage  a  élé  reproduit 
«euB  lea  titica  de  La  Pmffoanne  perwerUê,  eu 
LesMœmm  des  gremdm  «Utoi;  Loodh^aeel  Pi- 
tîa,  f777  et  1797,  4  vol.  iu-ia;  (oe  roma»  a 
été  «QofoBdu  à  tort  avec  le  roBMm  de  Rétif  de 
de  La  Brelone)  ;  -*  Suzette  et  Perrin;  1796, 
a  vol.  in  13  ;  ~  Les  ikmffers  de  la  eéâuctUm 
€t  lès  femx'pci  de  ta  beauté ,  ou  aventures 
^une  viêiageoiee -et  de  son  amant;  1799, 
ia-6*^;  —  Juiietie,  ou  les  malkeurs  d*une 
9ée  coupabie;  Parla.  1921,  3  toI.  iii-12;  ^  La 
Capuctnade,  hialoire  aana  vraisenfibiaBce , 
1765,  ou  1762  iB-t2  :  œ  romaii  Keeneiein  va- 
4ut  à  MD  aulcor  quelques  nnois  de  Bastille  ;  néaa- 
molM,  il  co  6t  panritre  me  aoovelle  édifloo,  sous 
«e  titre  :  Àffentures  gâtantes  de  Jérdwm,  frère 
eapmeèn;  1797,  i0'19;  —  Lettre  é*un  ma»- 
dkmt  aupmblte  (atlribuéeaoasi  à  llDgaret>;t76S» 
i»-r2  ;  —  Les  Passkms  des  d^fHrens  â^es, 
€u  tableau  des  folies  du  siècle;  UtrechI  et 
Pari»,  1766,  iii-8**;  —  Lettre  à  M.  Poisènet 
surlacomédlûdu  Cerele;i7S,.„;  -^  Ainsi  oa 
l^monde,ou  les  foOs  péchés  d'une  marchande 
de  modes;  Amsterdam  et  Paris,  1769,  I77t, 
1779,  fSOl,  ete.,  tn-t2:  succès  de  seaodale;  — 
DeVArtdu  Thédtre  en  général  ;t79»  (on  iTesij, 
2ToI.  iD-t2;-.  La  Bibliothèque  du  Théâtre; 
1769, 4  Tol.  in-12;  —  Aes  Mitle  et  une  Folies, 
«oBtes  français  ;  Amsterdam  et  Paris,  177 1 , 4  Toi. 
in-12  ;  ^  Le  Béton,  4*  ebant  ajouté  à  La  Dun* 
ciade  ât  PaNasot  (Lyon  1771  ^,  et  <|oi  amemi 
eutre  PaHssot  et  NougareC  une  vive  querelle.  — 
Âlmanach/orain,  ou  les  différents  spectacles 
des  boulevards  et  des  /êtres  de  Paris  et  des 
principales  villes  de  fEurope:l773-'i79»,  8  vol. 
m-24;  —  Les  Caprices  de  la  fortune ,  ou  his- 
totre  du  prince  Mentiko/f,  sahrie  d'une  tra- 
gédie sur  le  néroe  suict;  i77$,in-9*;  —  Anec- 
dotes du  règne  de  Louis  XVI,  depuis  1774 
jusqu'en  avril  1776,  ii»-l2;  réimprimé  es 
1791,ea6vol.  iB-12;  —  Anecdoctes  des  beaua>- 
arts;  1776,  2  Toi.  in-f8;  1761,  3  vol.  in-8* 
(anoRynte);  —  Les  Astuces  de  Paris,  anec- 
dotes parisieniies;  Londres  et  Paris,  1776,  deux 
parties,  în-i2,  réimprimées  et  continuées  sous 
difTérents  titres  j  —  Voyages  intéressants  dans 
dijférentes  colonies  françaises, anglaises,  etc., 
réfiigés d*après  les  manuscrits  de  M.  Bourgeois; 
1788,  2  vol.  in-8*;  —  Les  Dangers  des  cir- 
constances, ou  les  nouvelles  Liaisons  dan- 
gereuses; 1789, 4  vol.  in-12  ;  —  ffistoire  des 
prisons  de  Paris  et  des  départements,  con- 
tenant des  mémoires  rares  et  précieux  pour  ser- 


vir à  l'histoire  de  h  révolotfott  fraaçalae  ;  1797, 
4  vol.  în-t2;  —  Voyage  à  la  Guiane  et  è 
Cagenne  ;  1798.  in-6*  ;  —  if  iieed^f es  de  Corn- 
tantinople  on  du  Bas-Empkre  depuis  le  régne 
de  Constantin  Jusqu*à  la  prise  de  Constan- 
tinople  par  Mahomet  ii;  1799,  5  vol.  iB-12; 
réimprimé  sous  le  titre  de  Beautés  de  Vhistokre 
du  Bas^Bmpire;  1811  et  1814,  in-12;  —  Con- 
trat social  des  Répnbliquék,  et  Bssed  sur  les 
abus  religieux,  politiques,  civils ^  ete.,  parmi 
toutes  les  nat^ns,  et  principalement  en 
France;  1800,  in  - 12  ;—  J'ara//èie  de  la  ré- 
volution iT Angleterre  en  1642  et  de  cette  de 
France,  sulvî  de  Poésies  satiriques  relatives 
à  la  révolution  françaUe,d^Épigreunmes  et 
de  Confef;  1801,  in-g**;  —  çluels  sont  les 
mègens  les  plus  propres  à  extirper  findigenee 
du  sol  de  la  république?  1802 ,  Iii-18;  — 
L'Amant  coupable  sans  le  savoir;  1802, 2vol. 
ltt-12;  —  Le  Plaisir  et  P Illusion,  ou  mrm'irfs 
et  aventures  de  Volsange;  1802,2  vol  in  13; 
'^Les  Mœurs  du  temps,  ou  mémoires  de  Ro- 
salie de  Tervttf;  1802,  4  vol.  in- 12  ;  -^  Les 
Enfants  abandonnés;  1803  et  1805;  —  His- 
toire de  la  guerre  civile  en  France  et  drs 
malheurs  qu*elle  a  occasionnés,  depuis  l'épo- 
que de  la  formation  des  états  généraux  en 
1189,  jusqu'au  18  brumaire  de  Van  F///(9do- 
Tembre  1799), etc.;  Paris,  1803,  3  vol.  în-8*;  — 
Les  i>esiinées  de  la  France  sous  la  4«  djrmu- 
tie;  1806,  io-8*  ;—  ffistoire  du  donjon  et  (ht 
château  de  Vincennes;  Paris,  1807,  3  vol. 
in- 8"  ;  —  Anecdotes  militaires,  anciennes  et 
modernes,  de  tous  les  peuples;  1808,  4  vol. 
in-8'j  —  Beautés  de  f  histoire  d'Angleterre  ; 
1811,  ln-12;  —  Les  Enfants  célèbres  chez  les 
peuples  anciens  et  modernes;  Paris,  18(6, 
1834,  2  vol.  in-12,  fig.;  _  Les  Beautés  de 
Chistoired^ Allemagne,  etc.,  jusqu*au  règne 
de  Joseph  11  ;  Paris,  1812  et  1817,  in-f2,  avec 
16  ftg.;  —  ffistoire  abrégée  de  Russie;  Paris, 
1813,  in-i2  ;  <*  Précis  de  V histoire  des  empe^ 
reurs  romains,  depuis  Auguste  jusqu'à  la 
translation  de  l'empire  à  Constantinople,é.t,\ 
Paris,  1813,  tn-12;  —  Beautés  de  Vhistoin  de 
Pologne,  depuis  le  sixième  siècle  jusque»  et  y 
compris  te  règne  de  Stanislas- Auguste  ;  Paris, 
1814  et  1817,  fn-12;  trad.  en  polonais;  — 
Beautés  de  l'histoire  d'Espagne  et  de  Por- 
tugal; Paris,  1814, 10-12  ;—  Les  eis  Foifes 
de  Buonaparte ,  g  compris  la  dernière  ^  qui 
sauva  la  Fnmcv;  Paris,  1815,  in -8^;  — Beau- 
tés et  Merveilles  du  Christianisme,  offrant 
ce  qu'il  y  a  de  plus  intéressant  dans  la  vie  des 
Apôtres,  des  Pères  du  désert,  des  martyrs,  àti 
souverains  pontiiies ,  depuis  la  naissance  <ie  Jé- 
sus-Christ jusqu^à  nos  jours;  Paris,  1816, 1820 
et  1825,  2  vol.  in-12  ;  —  Beautés  de  thistoire 
des  États-Unis  de  V Amérique  septentrio- 
nale, eic,  jusqu'à  la  paix  de  1815,  avec  des 
détails  sur  les  Indiens  de  ces  vas  (es  contrées  ; 
Paris,  I8l6et  1824,  m-n,^  Beautés  de  Vhis- 


817  NOUGARBT  — 

toind^Snèétf  etc.,  8iiî^e»d*iiiie  ifis»^le»  Jkit- 
iar^e  nir  les  viiies  an$ém(iqu€9;.  Faris, 
Igl7,  ÎB-tî;  —  Bemi^éi  </«  Fhiëtoire  de  S»- 
die  «<  (rf«  Aop/«,  ele.  ;  P»rta,  fil  8»,  m-fî;  — 
Jeoirj^  ite  VhkiMrt  de  la  Savoie,  de  ^ 
ff^tf,  du  Piémont,  de  la  Sardaigne  et  de 
Ginet,  ete.;  Paris,  1S18,  m-12;Doavell«  édît, 
augmentée  d'an  Aperçu  de  la  révohttien  de 
1821,  aTeehoit  pi.;  Pari»,  1821,  in-tî;  — 
Betmx  tnUts  de  dévouement  y  d'attathement 
CMju^al^  de  piété  filiale,  etc.,  gui  ont  eu 
Iku  pendant  la  réeolutton  françaiee,  jusqu'à 
près  le  18  rr«etidor(4  septerrfbre  1797),  avee 
la  Diteours  les  pPus  reta/arquablee  pr^noft- 
ces  en  diverses  eirconsMneee,  fes  Pfaido^en 
en  faveur  de  Louis  XVI y  le  Testament  du 
roi  martyr,  la  Lettre  de  Marie- Antoinette  à 
Madame  Elisabeth,  et  vn  grand  nombre  d^a- 
ntcdotes  peu  connues;  Paris,   1819  et   18î8, 
î  toi.  \n  12 ,  avec  8  pl.i  —  Beautés  de  TAis- 
lûire  de  Paris,  etc.;   Paris,  1820,  ÎH-H;  — 
Aventures  les  plus  remarquables  dea  BÊOr 
Tint,  ou  précis  des  nat^firage^  et  des  aeeidemts 
snrnter  les  pius  extraordinaires,  depuis  te 
quinzième  siècle  fwsqu'é  n5s  jours  ;  Paris, 
1820,  ■i-!2,ai!ee  4  pt.;  —  Le  naynal  de  la 
jeunesse,  ou  précis  de  V histoire  in  téretsan  te  de 
l'Hablissement  des  Européens  dans  les  devx 
Inde$,acec  la  description  des  principales  pro- 
dvtUfïns  du  Ntntveau  monde,  etc.;  Paris,  192*1, 
in*  12,  arec  6  gravares;  —  Beautés  de  this- 
taire  de  Prusse,  etc.,  et  des  diverses  contrées 
qui  fimnent  la  monarchie  prussienne,  etc.; 
Paris,  itn,  in-i2  ;  —  Beautés  de  rkistoire 
eu  règne  des  Bourbons  ,  et  Sentiments  de 
vertu  et  de  bienfaisance  de  cette  auguste 
énnastie, avec  les  pri ndpaux  faits  concernant 
tous  les  rois  qui  ont  occupé  le  trône  de  France, 
ourragê  destiné  à  former  te  cœur  de  lajeu- 
9eue;  Paris,  1822,  in- 12 ,  tig;  —  Beautés  de 
fkistcire  ecclésiastique ^  etc.;  Paris,  1822, 
i&l2,  avec  10  pi.  ;  ^  Beautés  de  Vhistoire 
(T Egypte  ancienne  et  moderne,t\c,  Noogaret 
^été  réditetir^s  Contes  et  Poésies  erotiques 
^  Vergier,  dégagés  des  longoeurs  qui  les  défigu- 
niat,  corrigés  et  mis  djuis  nn  meiUear  ordre, 
.^?is  d'un  choix  de  ses  Chansons  bachiques 
ft  gcdanteSf  et  des  plus  jolis  Contes  de  6.  de 
La  Monnojre  ;  Paris,  1801,  2  vol.  in-18.  On  a 
tarent  confondu  quelques  ouvrages  de  J.-B. 
•^ongaret  avec  ceux  de  Félix  Npgaret  (  voffi  ce 
nom  ).  ,  E.  D— §. 

f'tXonUeur  universel ,  ann.  179S.  n«  147  ^aa  T,n*  ffTi. 
-  Erscli  et  Quérard,  La  France  littéraire.  —  Plgoreaa, 
^((K«  Biographie  romatu-Ure.  —  Mahiil ,  Annuaire 
*^troloçifue,  anu.  SSfS.  —  Journal  de  tu  IMfrairie^ 
^in.  -  Ralngoct,  BiographU}  Saintongeaite.  —  Bar- 
^r,OM  des  anonf/met.  —  Biographie  moderne  {iSW). 
^Cekrie  hi$t9rigm»  des  dontemporaim  (laiT). 


NOUR  DJIHAN 


9r8 


(François),  Wstorien  français, 

>é  en  1625,  à  Avignon ,  oh  il  est  mort.  Après 
être  entré  dans  les  ordres,  il  accompagna  Henri 
de  Suarès  à  Rome,  et  obiint  à  son  retour  on  des 


bénéfiees  de  ta  cathédrale  d'Avignon.  V  a  laissé 
une  Histoire  chronologique  de  Féglise,  éves" 
ques  et  arehevesques  d'Asignon  (Avignon, 
1600,  in-4*),  qu'il  dédia  i  là  vierge  Hiarie.  Cet 
ounay,  eiiireîpris  à  h  solKcitation  de  F.-D.  de 
Marinf,  prélat  qui  siégeait  de  sok  temps,  est 
une  compilation  écrite  avec  simpRcîté,  mais  dé- 
pourvue de  toute  critique.  P. 

BarJaTel,  OfoCAisf  du  raveUue. 

ROiTLLBAir  (  Jean-Baptiste),  écrivafn  ascé- 
tique français,  né  le  24  juin  1604,  à  Saint- Brieuc, 
oà  fl  est  mort,  en  1672.  Issu  d'une  fauiflle 
de  robe,  il  fit  ses  études  à  Rennes  et  â  Mantes, 
et  entra  k  Page  de  vingt  ans  dans  la  congréga- 
tion de  roratoire.  Il  prit  possession  en  1639  de 
Farchidfanoné  de  Saiift-Brieoc  et  en  1640  de  la 
théotogale,  quH  conserva  jusque  sa  mort.  Ce- 
lait un  homme  pieux  ,  savant  et  de  mœurs  aus- 
tères, un  vrai  modèle  de  pénitence,  mais  d'un 
caractère  ardent  et  inqufct,  emporté*  par  un  zèle 
réformateur  que  n'arrêtait  aucune  considération. 
Il  rendK  à  M.  de  Yillazel,  son  évèque,  des  ser- 
vices réels  dans  les  missions  de  la  Bretagne^ 
maÎ9  if  ne  trouva  pas  dans  son  successeur, 
M.  de  La  Barde,,  un  protecteur  aussi  Wenveil- 
tant.  A  ift  requête  'en  ehaaceller  Booeliefift,  it 
Ait  interdit  de  In  prédicaHou,  et  sppela'ett  vain  de 
cette  sentence.  If  se  mil  alars  à  pi  êcher  dans  les 
eafrefoora  et  sur  les  diemins.  Exclu  en  1654  des 
feacUoBS  eeelésiastîqnes  dans  ses  diocèse,  H 
se  retim  dÉns  un  lieu  sauvage,  et  cierça  sur  son 
corps,  die  tongues  macérations.  Le  jeAne  presque 
centimi ,  la  fatigue  et  les  austérftés  excessives 
atirégèrent  ses  jours.  Neulleao  a  iseniposé  sur  h 
morale,  la  tbéologîe  et  la  réferae  du  elergé  un 
grand  nombre  d'teîts^  dent  iea  prfncipaoi  sont  : 
Conjuratkm  csmtre  tes  blasphémateurs  ;  Pa- 
ria, 1845,  ln-4*;  —  Pratiques  de  Voraison; 
Salot-Brieuc,  1645;  --V Esprit  du  christia- 
nisme, tiré  de  cent  paroles  choisies  de  Jésus- 
CAr«if;Pariii,  N64  ;  —  LTfdée  du  iraiekrétien  ; 
Paris,  168'*;  —  Politique  chrétienne  dans  les 
exercices  de  piété  de  monseigneur  te  Dioii- 
phin;.  Paris,  f865,  iB-f>;  -*  De  qratia  Bd  et 
Ckristi;  Paris,  166&,  in  4'';  —  Û Amiable 
composition  des  différends  du  temps,  où  il 
maltraite  les  partisans  d'Araauld  et  de  Jansenius; 
—  Yelitationes  contra  Amedeum  Gueme- 
nseum,  doacam,  sterquilinium,  lalrinam  ea* 
suistarum;  1666,  iB-4'*;  —  Diverses  pièees 
tatines  et  françaises  sur  les  libertés  de  VÉ- 
glise  gallicane;  1666,  in-4^  P.  L. 

Le  LoNis.  BM.  hist,  de  la  Pranee.  —  Prller,  met.  hist, 
HOfTB  lUtBAfi  OU  HOOB  MAHAL,  impéra- 
trice mogoie  dellnde,  née  en  Tkirtarie,en  1595, 
morle  à  Lahore,  en  1645.  Elle  était  Irtle  d'un  offi- 
cier tartare  qui  était  parvenu  jusqu'à  la  charge 
de  grand  trésorier  de  l*eii»pereur  Akhbar.  D'a- 
bord maîtresse  de  l'empereur  Djiliaoghyr,  elle 
fut  élevée  au  rang  de  sultane,  en  161 1 ,  et  prit  sur 
son  époux  on  ascendant  dont  elle  ne  IH  us^ge 
que  pour  le  bonheur  de  ses  sujets.  Son  pouvoir 


819 


NOUR  DJIHAN  —  NOUR  ED  DIN 


320 


était  tel  que  son  nom  et  le  litre  de  pddichak  (im- 
pératrice )  furent  ajoutés  sur  les  monnaies  à  ce- 
lui de  l'empereur,  qui,  à  son  honneur,  érigea  de 
magnifiques  palais  et  d'autres  constructions  dans 
les  deux  capitales,  Agra  et  Delhi.  Après  la  mort 
de  Djihanghyr,  elle  Tut  reléguée  à  Lahore,  où 
elle  passa  le  reste  de  ses  jours.  On  lui  attribue 
la  découverte  de  l'essence  de  roses% 

L'Inde.  û»n»  VUniven  pittore«fltt«. 

NOUB  BD  DIS  (  Ahmied)^  géographe  arabe.  On 
ne  sait  rien  de  sa  vie,  si  ce  n*est  qu'il  était  doc- 
teur charéite,  et  fils  de  Hassan  Ali  Zenbel  Al- 
moali.  Le  manuscrit  de  la  bibliothèque  bod- 
leyeone»  coté  892,  contient  un  grand  ouTrage 
géographique  de  sa  composition,  dirisé  en  dix 
livres,  et  intitulé  :  Présent  offert  aux  rois. 
L'auteur  traite  de  la  terre,  de  ses  dirisions,  des 
différents  pays  du  monde,  avec  leur  faune  et 
leur  Uore,  des  religidtas,  etc.         H  R. 

M.  Relniad,  Introdmctkm  à  la  trad.  d*  AUmlfida,      • 
1I017B  BD  DIX  MAHMOUD  (  mt\k  ti  Àdel), 

sultan  de  Syrie  et  d'Egypte,  de  la  dynastie  des 
Atabecks  Zengbides ,  né  le  21  février  lil6  de 
J.-C,  à  Damas,  où  il  mourut,  le  15  mai  1174. 
Fils  d'Omad  ed  Din  Zenghi  (qui,  du  pays  de 
Mossoul,  dont  il  était  le  gouTemeur,  se  rendit 
prince  indépendant  à  force  de  talent  et  de  ▼!&- 
toires  sur  les  chrétiens ,  et  étendit  son  pouvoir 
Jusqu'à  Hems,  Hamahet  Alep),  il  luisuccéda,  le 
25  septembre  1145,  et  hûssa  son  frère  aîné,  Séif 
edDIn  Ghazy,  régner  paisiblement  à  Mossoul, 
tandis  que  lui ,  prêt  à  continuer  rœuvre  pater- 
nelle pour  augmenter  son  héritage,  s'établissait 
k  Alep,  où  il  se  trouvait  plus  rapproché  des  fron- 
tières de  ses  perpétuels  ennemis.  Doué  de  toutes 
les  qualités  de  son  père,  jointes  encore  à  une 
plus  haute  intelligence  de  l'antagonisme  de  l'O- 
rient contre  l'Occident,  Nour  ed  Din  avait  fait 
ses  premières  armes  au  siège  d'Edesse.  Profitant 
de  quelques  troubl^  causés  dans  le  pays  par 
l'assassinat  d'Omad  ed  Din  Zenghi ,  '  Joaselin  » 
comte  d'Edesse,  qui  depuis  la  perte  de  sa  capitale, 
qu'il  n'avait  pas  même  tenté  de  défendre,  rési- 
dait à  Tell-Bascher,  réussit  à  la  reprendre,  grâce 
à  la  faible  garnison  turque  qu'on  y  avait  laissée, 
et  grAce  aussi  à  l'aide  des  habitants,  qui  lui  ten- 
dirent des  échelles  pour  escalader  les  remparts 
pendant  la  nuit.  A  cette  nouvelle,  Kour  ed  Din 
partit  d'Alep,  et  arriva  subitement  80us  les  murs 
d'Edesse,  qu'il  investit  de  toutes  parts.  Les  chré- 
tienity  ne  se  croyant  pas  de  force  à  lutter  contre 
un  pareil  adversaire,  résolurent  de  sortir  de  la 
ville  et  de  se  frayer  un  passage  par  le  fer  en 
cherchant  à  enfoncer  les  bataillons  ennemis. 
Cette  résolution  désespérée  leur  parut  préférable 
aux  horreurs  d'un  siège,  mais  elle  fut  pour  eux  la 
cause  d'une  déroute  complète.  Les  deux  partis 
en  vinrent  aux  mains  à  l'une  des  portes  même 
de  la  ville ,  et  les  chrétiens,  à  la  fois  presiiés  par 
les  soldats  de  Nour  ed  Din  et  par  la  garnison  que 
Josselin  n'avait  pu  débusquer  de  la  citadelle  ^ 
furent  égorgés  en  masse ,  poursuivis  dans  dif- 


férentes directions,  et  presque  tous  extermroés, 
à  l'exception  d'un  millier  environ,  qui  parent  at- 
teindre Samosate.  Indigné  de  la  conduite  des 
habitants  à  son  égard ,  Nour  ed  Dia  abattit  les 
remparts  et  les  tours  d'Edesst*,  détruisit  sa 
citadelle,  et  incendia  les  églises. 

La  prise  d'Edesse  remplit  d'effroi  toute  la  chré- 
tienté, et  ce  fut  surtout  dlms  le  but  de  l'arracher 
aux  musulmans  que  saint  Bernard  prêcha  la  se- 
conde croisade,  qui  eut  ponr  chefs  prindpaui 
Louis  Vif,  roi  de  France,  et  Conrad  III,  empe- 
reur d'Allemagne.  Les  croisés  menaçaient  la 
puissance  de  Noor  ed  Din,  et  avaient  rois  le  siège 
devant  Damas  ;  il  se  réconcilie  alors  avec  Séi 
ed  Din,  son  frère,  et  tous  deux,  à  la  tète  d'une 
nombreuse  armée,  parviennent  k  faire  abandon- 
ner au  bout  de  qpelques  jours  une  entreprise 
dont  les  préparatifs  avaient  occupé  l'Europe  et 
l'Asie.  ^Peu  après  la  levée  du  si^e  de  Damas, 
Nour  ed  Din  s'empara  de  plusieurs  places  im- 
portantes de  la  principauté  d'Antioche,  et  con- 
duit par  ta  fortune  de  ses  armes  jusqu'aux  ri- 
vages de  la  mer,  qu'il  n'avait  jamais  vue ,  il  se 
baigna  dans  ses  flots ,  comme  pour  en  prendre 
possession.  En  1148,  il  rasa  le  château  d'Arima, 
dans  le  comté  de  Tripoli,  puis,  ayant  snrpria  une 
troupe  de  Francs  à  Yagra,  il  en  massacra  un 
bon  nombre,  fit  le  reste  prisonnier,  et  envoya  de» 
captifs  et  une  part  du  butin  en  présent  à  son 
frère  le  sultan  de  Mossoul,  au  khalife  de  Bagdad, 
et  au  sultan  seldjoukide.  C'était  là  moins  un 
hommage  qu'il  voulait  rendre  qu'une  preuve  de 
ses  exploits  qu'il  voulait  donner.  Du  comté  Je 
Tripolf ,  il  passa  sur  le  territoire  d'Antiodie.  Le 
château  de  Harem  couvrait  la  frontière  de  cette 
principauté  du  côté  d'Alep.  Nour  ed  Din  l'atta- 
qua, et  mit  les  environs  à  feu  et  à  sang.  Il  se 
tourna  ensuite  vers  la  place  d'Anab,  à  l'autre 
extrémité  de  la  frontière  fraoque.  Raymond, 
prince  d'Antioche ,  courut  alors  au  secours  de 
cette  forteresse,  mais  dès  qu'il  eut  joint  son  rival 
redoutable,  il  fut  battu  par  lui  et  tué  dans  on 
lieu  appelé  la  Fontaine-Murée,  situé  entre  Apaméc 
et  Rugia  (29  juin  1149).  Pour  mettre  le  comble 
à  sa  gloire  et  pour  célébrer  une  victoire  signalée 
par  la  mort  de  celui  qu'il  regardait  comme  le 
plus  terrible  ennemi  des  musulmans,  Nour  ed  Din 
envoya  la  tète  et  le  bras  droit  de  Raymond  au 
khalife  de  Bagdad.  Voyant  la  principauté  d'An- 
tioche presque  laissée  à  »  merci,  il  la  parcourut 
livrant  aux  flammes  tout  ce  qui  lui  tombait  soos 
sa  main  De  1 149  à  1  lôl,  il  rasa  ou  prit  toutes  les 
places  chrétiennes  de  la  Syrie  septentrionale,  et  sa 
puissance  une  fois  consolidée  dans  la  Syrie  Liban!- 
que,  il  commença  de  jeter  les  yeux  sur  l'Egypte, 
où  les  khalifes  fathimites,  à  l'exemple  des  kha- 
lifes abassides  n'étaient  plus  que  des  espèces  de 
grands  prêtres  sans  action  politique,  sans  au- 
torité matérielle  sur  leur  empire,  et  laissaient  en 
leur  nom  gouverner  d'ambitieux  vixirs,  qui  ne 
reculaient  devant  aucun  moyen  pour  accroître 
leurs  richesses  et  satisfaire  leurs  passions.  Mais 


ut 


NOUR  ED  DIN 


Z29 


poor  devenir  maître  de  l'Egypte,  U  Ini  fallait  Da- 
mas. Celte  Tille»  gouTemée  par  un  simple  émir 
iodépendaiit,  Modjir  ed  Din  Abek ,  soaa  la  ré- 
geDce  d'Anar,  qui  devint  bean  -  père  de  Nour 
«d  Dio,  ne  pourait,  dans  sa  position  ambiguë, 
prendre  une  part  active  dans  la  grande  lutte  contre 
les  chrétiens^  et  devenait  ainsi  an  embarras  pour 
leTaleareoi  promoteur  de  la  guerre  sainte.  Da- 
mas était  d'ailleurs  ja  grande  route  d'Egypte,  c'é- 
tait Tareenal  ftitnr  que  rêvait  le  sultan  d'Alep; 
il  employa  donc  toute  son  habileté  à  enlever 
^«  partisans  au  maître  impuissant  de  Damas,  et 
à  force  de  finesse  et  de  persévérance  il  fut  aassi 
vûoqDeor  dans  cette  guerre  d'intrigues.  Quand 
il  rat  isolé  son  rival,  quand  il  se  fut  fait  désirer 
par  presque  tous  les  habitants  de  Damas,  il  jeta 
iemasqae,  et  marcha  sur  la  ville  à  la  tête  de 
toQtes  ses  troupes.  Modjir  ed  Din  s'adressa  aux 
1  raocs  poor  implorer  leur  secours ,  et  cetlf 
faute  détermina  sa  chute.  Nour  ed  Din ,  plus 
pnxnpt  que  les  Francs,  arriva  devant  Damas 
avant  eux,  y  entra  en  triomphe,  et  les  chré- 
tiens n'eurent  plus  qu'à  rebrousser  chemin, 
tandis  qae  Témir  se  réfugiait  à  Bagdad.  Ces 
«Ténements  se  passaient  en  551  de  l'hégire,  ou 
1156  de  J.-C.  D^  Tannée  suivante  Nour  ed  Din 
allait  mettre  à  exécution  ses  grands  projets, 
<'e$t-à-dire  la  domination  de  l'Egypte  et  l'ex- 
tiodion  des  colonies  franques,  lorsqu'un  épou- 
vaotatde  tremblement  de  terre  ébranla  la  Syrie 
toot  entière.  Les  fortifications  d'Antioche,  de 
Tripoli,  de  Schizovr,  de. Hamah ,  d'Hems »  fu- 
rent tKMilefersées ,  plusieurs  citadelles  croulè- 
rent; presque  toutes  les  villes  se  ressentirent  du 
^^re.  Nour  ed  Din  dut  se  hâter  de  réparer 
1»  malheurs  de  son  pays,  de  relever  ses  forte- 
resses, d'entourer  ses  places  de  nouvelles  mu- 
railles. II  parvint  aussi  à  s'emparer  de  Schizour 
€t  de  Baalbeck.  Une  maladie  dont  il  fut  atlaqué 
^1169  releva  cependant  le  courage  des  princes 
chrétiens,  qui  reconquirent  sur  lui  Césarée  et 
HaraiD,  et  décida  autour  de  lui  quelques  conspi- 
rations. Miran  Naser  ed  Din, son  frère,  vint  mettre 
l«  aége  devant  le  château  d'Alep ,  et  Chyrkouh, 
HooTerneur  d'Hémèse ,  oncle  du  célèbre  Salah 
^  Din ,  essaya  de  s*emparer  de  Damas ,  centa- 
tije  dont  le  détourna  prudemment  son  frère 
M\m  ed  Din  Ayoob.  Dès  que  la  santé  le  lui 
Permit,  Moor  ed  Din  recommença  la  campagne 
<'^}Q(re  les  chrétiens;  mais  Baudouin  III,  roi  de  Je- 
^>'4lem ,  le  battit  complètement  près  du  lac  de 
<i<^nésarelh.  Dans  celte  alTaire,  Nour  ed  Din 
'■^i^it  tous  ses  bagages ,  et  fut  sur  le  point  d'être 
i'T'^dans  sa  tente,  dont  il  eut  tout  juste  le  temps 
^^M)rtiràdemi  vêtu.  Il  ne  put  rallier  ses  troupes 
'1°'^  quatre  lieues  de  là ,  et  appelant  à  son  se- 
«oors  des  renforts  de  toutes  espèces,  il  parvint, 
P^rla  fierté  de  son  attitude,  à  empêcher  les 
francs  d'attaquer  Hémèse,  et  refusa  même 
<)«ites  leurs  offres  de  trêve.  La  liberté  qu'il 
''«nna  en  même  temps  à  plua  dé  six  mille  pri- 
^«wiers ,  la  plupart  Français  ou  Allemands ,  dé- 

WiCV.  BIOGR.  CÉKéR.  —  T.    IXXVUI. 


bris  de  la  seconde  croisade,  Ini  rendit  favorable 
l'emiiereur  Manuel  Comnëne,  et  ce  prince  en 
recevant  ces  captifs  s'éloigna  d'Alep,  dont  il 
venait  de  commencer  le  siège.  Une' fois  ce  péril 
conjuré,  Mour  ed  Din  attaqua  avec  des  forces 
considérables  le  sultan  d'Iconium,  à  qui  il  en- 
leva plusieurs  villes^  nais  pendant  son  absence 
Baudouin  III  exerça  les  plus  grands  ravages  dans 
le  royaume  de  Damas.  Il  s'en  vengea  en  faisant 
prisonnier  en  1 163  Renaud  de  Châtillon,  qui  avait 
dévasté  le  comté  d'Édesse,  et  le  retint  captif  à 
Alep  pendant  seize  ans. 

Les  choses  allaient  cependant  de  mal  en  pis 
en  Egypte,  et  cette  situation  de  plus  en  plus  dif- 
ficile décida  Nour  ed  Din  à  en  tirer  parti.  Plu- 
sieurs émirs ,  devenus  forts  par  la  faiblesse  du 
khalifatfathimite,  se  disputaient  la  prépondérance 
avec  plus  d'ardeur  que  jamais.  Ils  combattaient 
sans  cesse,  et  par  tous  les  moyens,  la  puissance 
du  vizir  en  titre.  Chaver,  qui  au  milieu  de  ces 
révolutions  s'était  élevé  de  l'humble  condition 
d'esclave  à  ce  dernier  poste,  avait  été  vaincu 
et  remplacé  [)ar  Dargham ,  un  des  principaux 
officiers  de  la  milice  égyptienne.  Obligé  de  fuir, 
il  alla  chercher  un  asile  à  Damas ,  sollicita  les 
secours  de  Nour  ed  Dio,  et  lui  promit  des  tributs 
considérables  si  ce  prince  lui  fournissait  des 
troupes  pour  protéger  son  retour  en  Egypte.  Le 
sultan  de  Damas  se  rendit  aux  prières  de  Chaver. 
L'armée  qu'il  résolut  d'envoyer  sur  les  rives  du 
Nil  eut  pour  chef  Chyrkouh,  gouverneur  d'Hé- 
mèse, qui  s'étant  toujours  montré  dur  et  fa- 
rouche dans  ses  expéditions  militaires  devait 
être  sans  pitié  pour  les  vaincus  et  mettre  à 
profit  pour  la  fortune  de  son  maître  les  malheurs 
d'une  guerre  civile.  Chyrkouh,  après  avoir  ré- 
tabli Chaver  dans  sa  dignité,  et  assuré  son 
triomphe,  mit  chaque  jour  un  prix  plus  excessif 
à  ses  services ,  et  força  ce  dernier  à  placer  son 
espoir  dans  les  chrétiens  poor  conjurer  les  me- 
naces qui  lui  étaient  faites.  Assiégé  dans  Bil- 
béis,  il  fut  contraint  d'en  sortir,  pendant  que, 
de  son  côté,  son  maître,  Nour  ed  Din,  d'abord 
vaincu  sur  le  territoire  de  Tripoli,  fondait  sur 
celui  d'Antioche ,  reprenait  la  forteresse  d'Haram 
et  livrait  près  de  ce  lieu  aux  chrétiens  une  grande 
bataille,  où  Raymond,  comte  de  Tripoli,  et  Bohé- 
mond  III,  prince  d'Antioche,  restèrent  ses  pri- 
sonniers. A  la  suite  de  cette  victoire,  les  musul- 
mans s'emparèrent  de  Panéaa  et  firent  plusieurs 
incursions  dans  la  Palestine.  Tous  ces  revers 
des  chrétiens  donnaient  à  Nour  ed  Din  la  faci- 
lité de  suivre  sans  péril  ses  entreprises  contre 
l'Égvpte.  Chyrkouh  avait  reconnu  la  richesse  de 
ce  pays  et  la  faiblesse  de  sou  gouvernement.  De 
retour  à  Damas ,  il  n*eut  pas  de  peine  à  faire 
adopter  au  sultan  le  projet  de  réunir  cette  riche 
contrée  à  son  empire.  Nour  ed  Din  envoya  des 
ambassadeurs  à  Bagdad,  non  point  pour  de- 
mander des  secours  au  khalife,  mais  pour  donner 
un  motif  religieux  à  son  entreprise  (1165).  Le 
khalife  ^6  Bagdad,  à  qui  ses  prédécesseurs  avaient 

11 


323 


JVOUR  ED  DIN  -.  JVOURRIT 


m 


légpé  une  baine  implacable  contre  le  khalife  d'E- 
gypte» parce  que  chacun  d'eux  prétendait  au 
titre  de  vicaire  du  proptiète,  n'hésita  point  à  ee 
i«ndre.  aux  \œux  de  Nour  ed  Din,  et, cédant  à 
Tambition  de  préaider  seul  à  la  religion  mu- 
giilmane,  chargea  les  imans  de  prôcher  la  guerre 
sainte  contre  les  fathimites.  Chyrkouh»  à  la  tête 
d'une  puissante  armée,  traversa  le  désert  pour 
se  rendre  en  Egypte  ^  nais  une  effroyable  tem- 
pête lui  fit  perdre  on  grand  nombre  de  ses  sol- 
dats. Ce  qui  lui  restait  suffit  cependant  pour 
jeter  reffroi  dans  toutes  les  villes  de  TÉgypte, 
et  détermina  Chaver  à  promettre  aux  chrétiens 
d'immenses  ridiesses  s'ils  consentaient  à  venir 
à  son  secours.  Amaury,  roi  de  Jérusalem,  arriva 
alors  en  tgypte»  et  livra  bataille  à  Chyrkouh,  qui 
fut  vaincu  près  du  Caire  et  contraint  de  battre 
en  retraite  (U67).  Le  général  de  IVour  ed  Din 
reprit  bientôt  après  sa  revanche,  et  fit  arborer 
ses  drapeaux  sur  les  tours  du  Caire  en  1 169,  et 
le  vizir  Chaver  paya  de  sa  vie  les  maux  qu'il 
avait  attiràs  sur  son  pays.  Son  autorité  devint 
le  partage  de  Ghyrkouh,  qui  deux  mois  après 
mourut  àufaitement  et  fut  remplacé  par  son  ne- 
veu Salah  ed  Din,  le  fameux  Saladin,  qui -alors 
n'avait  point  encore  de  renommée,  mais  dont  le 
nom  devait  un  jour  occuper  l'Orient  et  l'Occident. 
Noos  ne  raconterons  pas  les  pliases  diverses  de 
la  révolution  qui  mit  fin  à  la  dynastie  des  Fa- 
thimites (voy*  SkhKwn),  nous  dirons  seulement 
que  2<iour  ed  Din,  secondé  par  le  jeune  vizir,  fit 
reconnaître  seul  et  légitime  khalife  Mostadhî 
l'Abbasside,  dont  le  siège  était  à  Bagdad.  Ce  kha- 
life, en  récompense  de  ce  grand  service,  le 
combla  d'honneurs  et  de  titres,  en  sorte  que  le 
nom  de  Nour  ed  Din  fut  préconisé  dans  les  mos- 
quées, non-seulement  dans  la  Syrie  et  dans  l'E- 
gypte, mais  encore  dans  toute  l'Arabie,  avec  ce- 
lui do  khalife  et  jusque  dans  les  villes  de  La 
Mekke  et  de  Médtne.  Cependant  Salah  ed  Din, 
craignant  qu'après  avoir  abattu  les  chrétiens, 
Mour  ed  Din  ne  voulût  l'abattre  lui-mêmn ,  mé- 
nagea les  ennemis  de  l'Ulamisme  ;  cette  conduite, 
qui  cachait  de  plus  ambitieux  projets,  indigna 
le  sultan  de  Syrie,  qui,  dans  sa  colère,  manifesta 
riotention  d'aller  renverser  son  lieutenant.  Or- 
donnant alors  des  levées  considérables  de  troupes 
dans  la  Mésopotamie  pour  laisser  des  garnisons 
dans  les  places  de  Syrie,  il  se  disposait  h  entrer 
en  É^pte,  lorsqu'il  mourut,d'oneesquînancie,  à 
l'ftge  de  cjnquantehuît  ans,  après  en  avoir  régné 
vingt-neuf.  Son  fils,  âgé  de  onze  ans,  lui  succéda  ; 
il  s'appelait  Ismael,  et  fut  surnommé  Al  Malek 
ai  Saieh  ;  mais  Salah  ed  Din  lui  enleva  le  royaume 
de  Damas,  et  Ismael  mourut  tout  jeune ,  sans 
pouvoir  même  assurer  le  trône  d'Alep  aux  princes 
de  sa  famille. 

Le  sultan  Nour  ed  Din  est  une  des  plus 
grandes  figures  de  l'histoire  des  musulmans. 
Élevé  par  des  guerriers  qni  avaient  juré  de  ver- 
ser leur  sang  pour  la  cause  du  prophète,  il  rap- 
pela l'austère  simplicité  des  premiers  khalifes. 


«  Il  unissait,  dit  un  poète  arabe*  rhéroisme  le 
plus  noble  à  la  plus  profonde  humilité.  Qu«Dd  il 
priait  dans  le  temple,  ses  si:gels  croyaieot  voir 
un  aanotuaire  dans  un  autre  sanctuaire.  >  D 
encourageait  les  .sciences,  cultivait  les  lettres, 
et  s'appliquait  à  tîaire  fleurir  la  justice  dans  ta 
Élats.  Ses  peuples  admiraient  sa  démenoi  et 
sa  modération;  les  chrétiens  eux-mêmes ran- 
taient  son  courage  et  son  héroïsme  profane.  Goii- 
laume  de  Tyr  loue  sa  prudence,  sa  justice  si  «a 
bonne  foi.  Religieux  observateur  du  Coraivloia 
d'imiter  le  faste  des  potentats  de  l'Orient,  il  bu- 
nisaait  de  ses  vêtements  Tor,  l'argent  et  la  soie, 
ne  tmvait  point  de  vin  et  ne  souffrait  pas  qu'oo 
en  vendit  dans  ses  États.  A  l'exempie  de  soo 
père  Zenghi,  il  devint  l'idole  des  ffierriers  par 
ses  libéralités  et  surtout  par  son  zèle  à  combattre 
les  ennemis  de  l'islamisme.  Au  milieu  des  arméfs 
qu'il  avait  formées  lui-même,  et  qui  le  respec- 
taient comme  le  vengeur  du  prophète,  il  contint 
l'ambition  des  émirs  et  répandit  la  terreur  parmi 
ses  rivaux.  Faite' au  nom  de  Mahomet,  chaque 
conquête  ajoutait  à  sa  renommée  co(nroe  à  sa 
puissance  ;  de  toutes  parts,  les  peuples,  eatratoes 
par  le  zèle  de  la  religion  et  par  l'asceodant  de 
la  victoire,  se  précipitèrent  au-devant  de  son  aa- 
torité.  Enfin,  l'Orient  trembla  devant  lui;  et  le 
despotisme,  se  relevant  au  milieu  des  mirn^ 
musulmanes  avec  la  confiance  et  la  crainte  qu'il 
inspire  tour  à  tour  à  ses  esclaves,  fut  rendu  aos 
disciples  de  l'Islamisme,  qui  semblaient  Timplo- 
rer  comme  un  moyen  de  salut.  Dès  lors  toutes 
les  passions  et  tous  les  efforts  des  peuples  dr 
la  Syrie  furent  dirigés  vers  un  même  objet,  le 
triomphe  du  Coran  et  la  destruction  des  colonies 
chrétiennes.  La  politique  de  Nonr  ed  Din  n'a  pas 
changé  dans  ce  pays.  H.  Fisqcet. 

Gnilliune  de  Tjr,  HUt.  deg  eroHadet.  -  Mtchaoi 
HUL  dés  crattades.  t.  II.  —  D'Herbelot,  BMMk  or^ 
talé,  f.  IV.  -  Hetnaud,  ExtnUli  tfn  hiMortmfrtèa 
reiati/H  mêx  fuerm  des  eraitadai,  •  Sgri*  H  Bnr*^ 
dans  VVntrnn  piitor. 

NOURBiT  (  Louis  ),  acteur  lyrique  français, 
né  à  Montpellier,  le  4  aoAt  1780,  mort  à  Paris, 
le  23  septembre  1831.  Admis  d'abord  oonime 
enftnt  de  cliœur  à  la  cathédrale  de  sa  ville  na- 
tale, il  se  fit  bientôt  remarquer  par  la  beauté 
de  sa  voix ,  et  recueillit  des  applaudissements 
dans  les  concerts  de  l'Atliénée  deMontpellieriOii» 
quoique  bien  jeune  encore ,  il  se  fit  plusieurs 
fois  entendre.  Le  maire  de  Montpellier,  M.  Gra- 
nier,  amateur  éclairé  et  enthousiaste  des  beauv 
arts,  signala  au  comte  Chaptal,  alors  ministre 
de  llnterieur,  les  dispositions  peu  ocdioalresdu 
jeune  chanteur,  qui,  sur  les  propositk>08  qui  lo* 
furent  faites ,  se  décida  à  venir  à  Paris  pour  y 
compléter  son  éducation  musicale.  Méhal  ayant 
remarqué  sa  belle  voix  de  ténor,  le  fit  entrer 
au  Conservatoire  le  20  mai  t802.  Confié  au\ 
soins  de  Guichard ,  il  devint  ensuite  un  ^ 
meilleurs  élèves  de  Garât,  et  le  S  mars  iSOSil 
débuta  à  l'Opéra  par  le  rôle  de  Beoaiid ,  dans 
VArmide  de  Gluck.  Le  succès  qu'il  obtint  lui 


us 


NOURRIT 


ohit  iiBQiMMenMBt  un  eng^eaiait  po«r  te» 
conèer  Laaei  «bas  md  emploi.  La  iralctiMr  de 
n  Y«h,  Ift  pardé  de  sa  méthade  ne  tardèreat 
pas  à  laiasaBrer  tans  les  sufrnfjea.  G^étaitcbose 
MawUt  à  fOpén  qat  cetCe  manière  lai^  el 
cénacle,  m  Tesaenibianl  eo  rien  aux  cris  ds»- 
ankqaas  de  Laines ,  H  wannnyiaf  une  «égéné» 
niiso  de  Tart  dnciMart,  «pii  ne  devail  aqwadaot 
tteooiapiir  que  ripgt  ans  irtas  tanL  Biais  an  lai 
Kfirocbait  de  nHBfaer  quelquefois  de  chalcw 
dans  les  silnalians  fMilkétk|nes.  Afcès  la  ntraite 
et  LiiasB,  en  1811,  Bioarrit  devIoC  chef  <le  IVm- 
|4otds  Maor,  qn^fiarlagea  enaaitoaTec  Lavigoe, 
clqu*!!  aqirit  aeoi  en  1817.  Les  fôieB  dans  le»- 
qaelsU  a  eu  le  pins  de  sneeès  aanC  ceux  de  Re- 
saud  dans  Armiâe^  d'ùrpàée^  derEanoque 
àa»  Im  €armfm»êf  de  Oalfn  dans  £c  Depin 
iu  vUiage,  de  Lidains  dtoas  £0  Faatate,  de 
Denaly  dans  Les  Bmfadères^  et  d'Aladîn  dans 
U  Lampe  WkerveiUeuee,  Jusq«*à  fëyaqae  de 
sa  relnite,  en  18X,  Naorrit  conserva  le  tiiabre 
par  ^  ajngentin  de  son  organe.  Après  avetr  ob- 
tean  la  peasian ,  qa*il  avait  gagnée  par  vingt-sii 
aioées  de  aerviaeSy  U  se  retira  dans  «ne  maisan 
àe  campagne  qaH  possédait  à  quelques  Henes 
<fe  Paris,  renonçant  à  san  art  ainsi  qu'au  com- 
nercede  diaaaanftsaaqnel  il  s'était  livré  pendant 
le  cours  de  aa  carrière  théâtrale.  II  manrat  à 
rigede  ciaqaaate  et  ou  ans,  laissaait  deux  IHs, 
doat  Kalné  lut  Tobiel  de  rarticle  suivant 

D.  I>CZI!IB*BAmON. 

Célêrié  ôio^tvi^AigM  de$  artUtn  drmmaUqvm 
ia  ihéàtnt  totaux  t  l*arls.  late.  -  FéUs,  Ihogr.  Mirfn. 
«'  HvUeien».  *  CastllRIate,  V  Académie  impériaU 
fcnnifMB,  hUtà*rm  iméra^r»  mwieafe,  etc. 

■•vuiT  (  Adelphe },  célèbre  ehsatenr  fno- 
Ç^i  fils  aîné  àa  précédent,  né  à  Montpellier 
(Hérault),  le  3  mars  1802,  mort  à  Naples,  le 
Inars  1839.  Amené  k  Paris  par  ses  parents, 
ii  Tut  piseé  an  collège  de  Sainte*  Barlie,  d'où  il 
sortit,  à  Page  de  dix^sept  ans,  après  y  avoir 
^Bamé  aes  études  avec  succès.  Son  père, 
^  le  destinait  aa  oonmeroe ,  le  fit  entrer  alors 
^  ia maison  de  MM.  Mathaas  frères,  aég». 
<iurts  comniisaiennaires ,  à  Paris.  Adalphe 
^^*vrit  resta  daoa  cette  maisan  josqa*è  la  Im  de 
^>8,  et  entre  aasaite  dans  les  bureaux  d>in6 
^Mirçnie  d'aaaurances.  Tout  en  rempliaaantses 
^oin  avec  exactitude ,  il  ne  se  sentait  aaeune 
<^saltion  pour  la  carrière  qu*on  voulait  loi 
^  embraaeer.  Il  avait  oomniencé  l*étude  de 
iamuiqne  étant  au  coUéfçe.  La  joste  célébrité 
^  Mo  père  y  les  fréquentes  occasions  d'entendre 
b  chefs^aBiiTre  de  notre  scène  lyrique,  ren^ 
P^WMient  son  Aaaa  d'an  enHiousiasme  qui  dé- 
^  bieatdt  de  aa  vocatloo.  Comme  robatination 
^  tt  (amille  à  l*âoigner  du  théêtie  paiaisaait 
^IJiacible^  fil  s'adressa  d'abard  à  on  vleax  psa- 
j^tçar  de  chant,  qui  consenUt  à  lui  donner  des 
'C'ÇOBs  en  secret.  La  rapidité  de  aes  progrès 
>7aat  néeeidité  un  mailve  plus  habile,  dont  les 
^||ueils  pussent  le  diriger  avec  sécurité  vers  le 
^  qa*il  se  proposait  d'atteindre ,  il  aUa  trouver 


Garcia,  alors  premier  téaer  du  Hiéàtre-ltalien, 
et  se  confia  à  hii.  Bien  que  Garcm ,  qui  était  un 
ancien  ami  de  Nourrit,  éprouvât  quelque  scru- 
pule à  contrarier  les  vues  da  père,  l'ardeur  eC 
la  persévérance  du  lils  finirent  par  le  déterminer 
k  accéder  aux  Tseux  de  celui-ci.  Il  lui  donna 
des  leçons,  et  kirsque,  par  des  exercices  ha- 
bilement gradués ,  il  eut  conduit  sa  belle  voix 
de  ténor  è  an  point  où  son  développement  j» 
pouvait  plus  s'accroître  que  par  le  tempe  et 
l'expérience,  il  «voua  au  père  de  son  élève  œ 
qoll  amnt  fait.  Vaincu  par  les  soNkitations  de  scn 
fils ,  9aufrit  consentit  è  préparer  kri-mème  son 
entrée  dans  la  earrière  théâtrale  ;  B  lui  fit  donner 
des  leçons  de  déclamalîaa  lyrique  par  Baptiste 
alaé ,  acteur  du  Théfttre-Françals  et  profcssear 
aa  Oaoservatoire ,  et  le  10  septembre  1821, 
Adolphe  nourrit  débuta  à  l'Opéra  par  le  réle  de 
Pyhde,  dues  Viphigénie  en  Taurktê,  da 
Gfawk.  Il  n'avait  pas  encore  atteint  sa  riag- 
tiènie  année.  La  beauté  de  sa  voix ,  son  intelli- 
gence de  la  scène ,  sa  diction  chaleureuse ,  lui 
valurent  d^unanfmes  applaudissements.  Un  em- 
bonpoint pi*éoaoe,  les  traits  de  son  visage,  sa 
taille,  sa  démarche,  sae  organe,  hir  donnaient 
une  telle  ressemblance  avec  son  père  qu'on  les 
prenait  facilement  l'un  pour  l'autre.  Cette  par- 
faite ressemblance  fit  plus  tard  naître  lldée  de 
l'opéra  des  Deux  Smlem ,  qui  fet  représenté  en 
1824,  et  dans  lequel  le  père  et  le  fifo,  paraiasant 
ensemble  sur  la  scène ,  pieduisiFent  l'illusiota 
la  plus  complète.  Après  Iphigénie  en  Tauride , 
Adolphe  Nourrit  avait  continué  ses  débuts  dans 
leâ  Buffadéres^  Orokée,  Àrméde.  Les  rtHes 
qu'il  remplit  snocesnvement  dans  ces  ouvrage 
À  dans  un  grand  nombre  d'autres,  tels  qu'Œdipe 
à  Colimne,  la  VestaU,  la  Ator/  dtAbel^  Ut 
Dane&des,  Tarare,  Pemand  Cortez,  ^/adia, 
ou  lu  lampe  mervMUeuse ,  Le  Devin  du  vil' 
lace.  Le  Bostifnol,  furent  pour  lui  roccasion 
de  nouveaux  succès,  et  montrèrent  tour  à  tour, 
dans  des  genres  aussi  divers  qu'oppoaés,  la  va- 
riété d'an  talent  plein  de  charme  et  de  goftt  dans 
la  nanièie  de  phraser,  de  sensibilité  et  d'é- 
nergie dans  l'expresaion  des  sentiments  drama- 
tiques. Il  possédait  toutes  les  qualités  qui  font 
le  grand  acteur  de  la  scène  lyrique  française; 
mais,  magré  les  efforts  de  Garda,  il  hii  man- 
quait encore  cette  flexibilité  d'oiigane  Indispen- 
sable à  un  chanteur  pour  l'interprétation  des 
ouvrages  de  Técole  italienne.  Le  Siège  de  Cth 
rintfii,  de  Hosainl,  et  les  aiitres  opéras  de  ce 
maître,  représentés  à  l'Académie  royale  de  mu- 
sique, exigeaient  qu'un  premier  ténor  possédât 
le  mécanisme  d'une  Tocalfsation  hSgère.  Adolptie 
Nourrit  ne  recula  pas  devant  ces  difficultés,  et 
de  nouvelles  éludes  le  conduisirent  premptement 
à  des  résultats  qnll  n'espérait  peut-être  pas  tal- 
même. 

Aprè«  la  retraite  de  son  père ,  en  1826.  Adetphe 
Nourrit  resta  seul  en  possession  de  rempUoi  #8 
premier  ténor.  Le  talent  de  l'artiste  prit  ahnv 

11. 


3S7 


N0t3RKlT 


328 


un  nouvel  essor.  Pendant  les  dix  années  sui- 
Tantes,  qui  constituent  une  des  plus  remarqua- 
bles périodes  de  l'histoire  de  Topera  moderne, 
parurent  successivement  au  théâtre  Moïse ,  La 
Muette  de  Portici,  Le  comte  Ory,  Guillaume 
Tell,  Le  Philtre,  Robert  le  Diable,  La  Juive, 
Lei  huguenoti.  Nourrit  créa  les  principaux 
rôles  de  ces  chefs-d'œuvre  de  Rosstni ,  d'Auber, 
d'flalevy  et  de  Meyerbeer.  La  difTérence  de 
genre,  la  variété  du  style,  lui  offraient  plus 
d'un  écueil.  Il  surmonta  toutes  les  difficultés. 
Sa  rare  intelligence  lui  faillit  saisir  avec  rapi- 
dité toutes  les  nuances  et  donner  à  chaque  rivie 
le  véritable  caractère  dramatique,  qui  lui  con- 
Tenait.  Les  opéras  de  Robert  le  JHable  et  des 
Huguenots,  avec  leurs  gigantesques  propor- 
tions et  leur  formidable  instrumentation,  avaient 
été  pour  lui  la  plus  rude  épreuve  qu'un  chan- 
teur eût  à  subir.  L'adresse  avec  laquelle  il  se 
servait  de  la  voix  de  tète,  la  puissance  qu'il  don- 
nait aux  sons  de  ce  registre  lui  permettaient 
d'interpréter  ces  admirables  productions  du 
génie  de  Meyerbeer,  avec  moins  de  fatigue  que 
s'il  eût  fait  constamment  usage  de  la  voix  de 
poitrine.  Son  dévouement  à  son  art  lui  donnait 
d'ailleurs  les  forces  nécessaires  pour  soutenir  une 
pareille  lutte. 

Nourrit,  dont  le  talent,  comme  chanteur  et 
comme  acteur,  acquéi-ait  chaque  jour  plus  d'im- 
portance, avait  à  peine  atteint  sa  trente-cin- 
quième année,  lorsqu'au  milieu  de  ses  triomphes 
le  directeur  de  l'Académie  royale  de  musique, 
prévoyant  que  les  forces  du  seul  ténor  sur  le- 
quel reposait  depuis  seize  années  l'avenir  de  son 
^léâtre,  pouvaient  s'épuiser,  songea  à  se  créer 
d'autres  ressources,  et  engaj^ea  Dii{)rez,  qui  re- 
Tehaît  d'IUlie,  où  U  s'était  fait  une  brillante  ré- 
putation. Nourrit,  accoutumé  depuis  lon^i^mps 
à  tenir  sans  partage  le  premier  rang  à  l'Opéra, 
le  pouvait  reconnaître  l'opportunité  de  cette  me- 
sure. Blessé  dans  son  amour- propre,  il  prit  le 
parti,  malgré  les  sollicitatious  de  ses  amis,  d'a- 
bandonner la  place  à  son  rival ,  et  donna  sa  dé^ 
mission.  Sa  représentation  de  retraite  eut  lieu 
le  1*'  avril  1837.  Cette  soirée  d'adieu  fut  pour 
Adolphe  Nourrit  un  triomphe  éclatant  ;  le  pu- 
blic lui  témoigna  par  des  transports  d'enthou- 
siasme et  d'affection  tout  le  regret  que  la  perte 
d'im  tel  artiste  lui  faisait  éprouver.  Immédia- 
tement après  sa  retraite ,  il  quitta  Paris  pour 
se  rendre  à  Bruxelles.  Son  intention  était  de 
voyager  pendant  une  année  en  donnant  des  re- 
présentations en  Belgique  et  dans  les  principales 
Tilles  de  France,  puis  <i^  rentrer  dans  la  vie 
privée  et  de  s'y  livrer  à  des  occupations  d'un 
autre  genre,  auxquelles  de  bonnes  études  litté- 
raires et  des  taleots  variés  l'avaient  préparé.  11 
avait  beaucoup  de  goût  pour  l'art  du  dessin,  qu'il 
cultivait  en  amateur,  et  avait  fait  preuve  d'un 
jugement  exerr^  et  plein  d'idées  neuves  dans  des 
feuilletons  écrits  pour  le  Journal  de  Paris,  à 
Poocasion  d'un  de  nos  salons  de  peinture.  N'ou- 


blions pas  non  plus  qu'on  Ini  devait  les  livrets 
des  charmants  ballets  de  La  Sylphide  et  de  la 
Tempête.  Ses  économies ,  résultat  de  son  es- 
prit d'ordre  et  de  la  simplicité  de  ses  goûts, 
rendaient  d'ailleurs  facile  la  réalisation  du 
sage  projet  qu'il  avait  conçu.  Mais  Adolphe 
Nourrit  se  faisait  illusion  ;  après  les  succès  qu'il 
avait  obtenus ,  il  ne  pouvait  plus  y  avoir  pour 
lui  d'existence  possible  qu'au  théâtre.  Une 
sombre  mélancolie  s'était  emparée  de  son  âme. 
Les  applaudissements  qu'il  recueillit  à  Bruxelles 
jetèrent  un  peu  de  baume  sur  son  esprit  ma- 
lade. Malheureusement  l'état  anormal  de  sa  voix 
vint  bientôt  accroître  son  exaltation  natorelle,qQi 
prit  alors  le  caractère  du  désespoir.  A  Marseille, 
pendant  une  représentatioade  La  Juste,  il  fut 
tout  à  coup  saisi  d'un  enrouement.  Après  avoir 
courageiisemenC  lutté  durant  les  trots  premiers 
actes ,  sa  voix  se  trouva  complètement  paralysée 
an  moment  de  chanter  le  grand  air  Racket, 
quand  du  seigneur,  etc.  Pâle  et  tremblant  de 
douleur,  Nourrit  se  frappa  le  front  avec  l'accent 
du  désespoir,  quitta  la  scène,  et  se  retira  daos 
sa  loge.  Là,  l'œil  en  feu,  le  visage  égaré,  et 
marchant  à  grands  pas  sans  reconnaître  per- 
sonne, il  frappait  les  murs  en  poussant  des  san- 
glots déchirants  :  «  Ah  I  je  suis  perdu  !  je  saU 
déshonoré!  »  s'écria-t-il;  et  au  même  instant  il 
s'élança  veb  la  fenêtre.  Ses  amis  se  précipi- 
tèrent sur  lui,  et  l'entraînèrent  vers  on  fantettil 
sur  lequel  il  tomba  sans  connaissance.  Le  po- 
blic,  instruit  de  ce  qui  se  passait  pendant  l'eo- 
tr'acte ,  demandait  à  tout  moment  des  nouvelles 
de  l'artiste.  Nourrit,  ranimé  par  les  soins  du 
docteur  Forcade ,  était  revenu  à  lui ,  et,  avec  la 
candeur  d'un  enfant  qui  demande  pardon  i  s'ex- 
cusait auprès  de  chacun  dece  qui  venait  d^arriver. 
On  le  décida  à  reparaître  sur  la  scène, *oii  son 
retour  fut  salué  par  les  applaudissements  de  la 
salle  entière.  Ses  amis ,  qui  avaient  diercbé  à 
le  tranquilliser,  se  rendirent  le  lendemain  matio 
à  son  hôtel  pour  savoir  comment  11  avait  passé 
la  nuit  :  «  Bien  mal,  leor  dit-ii,  je  n'ai  pas 
dormi.  La  vie  m'est  insupportable  ;  mais  j  ai  de 
bons  amis ,  une  femme,  des  enfants  qui  me  sont 
cbers  et  à  qui  je  me  dois ,  et  puis  je  crois  à  une 
autre  vie.  Cette  nuit ,  j'ai  demandé  à  Dieu  de 
me  donner  le  courage  dont  j'ai  tant  besoin,  et 
j'ai  puisé  des  forces  dans  la  lecture  de  ce  livre.  > 
En  prononçant  ces  mots ,  il  leur  montra  de  la 
main  un  volume  qui  se  trouvait  sur  «a  table  : 
c'étoit  V imitation  de  Jésus  Christ.  De  Mar- 
seille Nourrit  alla  à  Lyon  et  à  Toulouse ,  où  tes 
triomphes  qu'il  obtint  amenèrent  un  peu  de 
mieux  dans  son  état  de  surexcitation  mentale  ; 
mais  les  émotions  qu'il  avait  éprouvées  lui  avaient 
fait  des  blessures  trop  profondes  pour  pouvoir 
se  fermer.  Sa  santé  s'était  tellement  détériorée 
qu'il  était  devenu  d'une  maigreur  qui  le  rendait 
méconnaissable.  De  retour  à  Paris,  il  réMlntde 
faire  un  voyage  en  Italie,  demanda  un  congé  de 
ses  fonctions  de  professeur  de  chant  dramatique 


339 


NOURRIT  —  NOVA 


330 


ao  Conservatoire ,  et  se  mit  en  route  au  com- 
iMooeineDt  de  l'année  1838.  Après  avoir  suc* 
ceMifement  TÎsité  Turin,  Milan,  Venise,  Flo- 
rence et  Rome,  il  se  rendit  à  Naples.  Nourrit 
avait  apporté  avec  lui  denx  Ubretti  d'opéras  ita- 
lieDs  dont  il  avait  lui-même  tracé  le  plan.  L'un 
de  ces  ouvrages  était  c&lqué  sur  la  tragédie  de 
Polfeuete ,  de  Corneille.  Nourrit  le  moutra  à 
Donizetti,  qui  se  trouvait  alors  à  Naples.  Qe  sujet 
plut  an  célèbre  compositeur,  qui  écrivit  rapide- 
Dfnt  la  partition  qu'on  a  donnée  plus  tard  à  l'O- 
péra de  Paria,  sous  le  titre  français  :  Le»  Mar^ 
tfTS.  Mais  an  moment  où  Nourrit  allait  débuter 
au  théAtre  de  Sao-Cario,  dans  le  r61e  de  Po- 
lyeocte,  la  censure  napolitaine  s'opposa  à  la 
représentation  de  la  pièce ,  aitendu,  disait-elle , 
qu'il  ne  convenait  pas  de  mettre  en  scène  des 
personnages  auxquels  le  catholicisme  rendait  un 
coUe  poMIc.  Cette  décision  porta  un  coup  ter-r 
rible  à  l'artiste.  Les  symptômes  de  sa  maladie 
reparurent  avec  plus  de  force.  Les  applaudisse- 
ments qui  lui  furent  ensuite  prodigués  dans  le 
Giuramenfo,  de  Mercadante,  et  dans  la  Norma^ 
de  Bellini ,  ne  purent  dissiper  les  rêves  bizarres 
de  son  imagination  ;  il  allait  jusqu'à  croire  que 
ces  applaudissements  n'étaient  qn*une  dérision. 
L'idée  (i\e  qui  le  poursuivait  acheva  de  lui 
faire  perdre  la  raison.  A  la  suite  d'une  repré- 
sentation donnée  au  bénéfice  d'un  de  ses  cama- 
rades et  dans  laquelle  il  avait  chanté ,  il  rentra 
chez  loi  dans  une  agitation  extrême,  et  fut  pris 
pendant  la  nuit  d'un  délire  qui  le  porta  à  se 
précipiter  du  haut  de  la  terrasse  de  l'hêtel  de 
Barbaja  dans  la  cour,  où  on  le  trouva  mort,  le 
S  mars  1839,  è  dnq  heures  du  matin.  Sa  femme, 
enceinte  de  son  septième  enfant,  entendant  le 
brait  de  la  chute,  avait  couru  vers  la  chambre 
de  son  mari  ;  mais  il  était  trop  tard ,  et  elle  fut 
la  première  qui  aperçut  le  corps  de  l'infortuné 
Nourrit,  gisant  inanimé  sur  le  pavé.  Cette  femme, 
aussi  difttingnée  par  les  qualités  de  l'esprit  que 
par  celles  do  cœur,  eut  encore  assez  de  force 
d'âme  pour  surmonter  sa  douleur  jusqu'à  ce 
qu'elle  eût  mis  au  monde  le  dernier  fruit  de  Ta- 
mour  de  son  mari  ;  mais  bientôt  après  elle  suc- 
comba elle-même  à  tant  d'épreuves.  Les  restes 
mortels  de  Nourrit,  embaumés  avec  soin,  fu- 
rent transpoHésà  Paris  et  inhumés  avec  pompe, 
après  que  le  Requiem  de  Cherubini,  pour  trois 
VOIT  d'homme ,    eut  été  exécuté  dans  l'église 
de  Saint-  Roeh  par  une  nombreuse  réunion  d'ar- 
tistes do  Conservatoire  et  des  principaux  théâ- 
tres de  la  capitale ,  qui  s'étaient  empressés  de 
venir  payer  un  dernier  tribut  d'hommage  à  la 
mémoire  de  l'artiste  éminent  et  de  l'homme  de 
bien  qni  avait  su  s'attirer  toutes  leurs  sym^m- 
tliies.  '  Dieudonné  Denuk-Baroii. 

GatetU  mcfioa/f  de  Parti  ,  anoée  iSSt.  —  Fétto,  Blo- 
graphie  wHverteUê  de»  ^usMens.  —  Castll-Blaxe,  L'^é' 
mdéwUg  imp.  d«  muêiqmt  hia.  tUtéraire,  MMtoate,  etc. 

srorKRT  (  Guillaume-Antalne)^  dit  6b41i- 
■ORT,  adenr  et  agent  politique,  né  le  10  juin 


17&0,  àLa  Rochelle,  mort  le  13  avril  1794,  à 
Paris.  Après  s'être  exen:é  en  province,  il  débutn, 
le  S  février  1779, au  Thé&tre-Français,  et  obtint 
quelques  succès  dans  les  rôles  d'Orosmane, 
de  Alahomet  et  de  Tancrède.  «  Après  lui  avoir 
vu  jouer  Tendôroe  dans  Adélaïde ,  raconte 
Grimm ,  le  public  a  demandé  Roselli  (  nom 
théâtral  de  Nourry  )  avec  des  cris  d'impatience  si 
furieux  qu'on  a  été  obligé  de  le  faire  paraître 
sur  le  théâtre  tel  qu'il  était  dans  sa  loge ,  en 
mauvaise  redingote,  en  pantoufles,  les  cheveux 
et  les  bas  tout  défaits  ;  c'est  dans  ce  noble  cos- 
tume que  son  rival  Larive  l'a  présenté  à  l'au- 
guste assemblée,qui  en  a  été  ravie  et  qui  a  re- 
doublé ses  cris  et  ses  applaudissements.  »  Ce- 
pendant Nourry  perdit  bientôt  par  ses  excentri- 
cités la  faveur  du  parterre;  on  l'accueillit  avec 
des  sifllets  et  des  huées,  et  il  fut  forcé  de 
quitter  la  scène  (janvier  1782).  Il  rentra  cepen- 
dant au  Théâtre-Français,  où  il  joua  quelques 
années  comme  acteur  pensionnaire.  Il  fit  ensuite 
parh'e  de  la  troupe  de  la  Montansier,  établie  dV 
bord  à  Versailles,  et  en  1789  au  Palais-Royal. 
La  révolution  ayant  éclaté,  il  en  embrassa  la 
cause  avec  chaleur,  et  devin),  m>us  le  nom  de 
Grammont,  adjudant  général  de  l'armée  révolu- 
tionnaire qui  opérait  en  Vendée.  Impliqué  dans 
le  procès  des  hébertistes,  il  fut  condamné  à  mort 
en  même  temps  que  son  fils  flgé  de  dix-neuf  ans; 
tous  deux  montèrent  à  Téchafaud  avec  un  grand 
courage.  P.  L. 

Grimm,  Corrêtpondancê.   —   Raingact.  Biographie 
talntonçeaUe. 

noriRT  (LB).Foy.  Le  Nourry. 

SIOUSCHIBVAM.  VOff.  KhOSROU  Ilf. 

NOVA  (  Jodo  da  ),  nsTigateur  espagnol,  né 
au  quinzième  siècle ,  mort  au  seizième,  il  ap- 
partenait à  la  noblesse  de  la  Galice,  et  vint 
prendre  du  service  dans  la  marine  en  PoitogaL 
Sa  renommée  comme  marin  le  fit  accueillir  par 
D.  Manuel.  Il  était  alcaïde  en  second  de  Lis- 
bonne, lorsqu'il  fut  choisi  en  1501  pour  com- 
mander quatre  voiles  en  qualité  de  capîtom-mor. 
Il  partit  de  Belem,  le  5  mars,  ayant  à  son  bord 
le  célèbre  Amerigo  Vcspucci  (1).  Durant  cette 
première  pariie  de  son  voyage,  il  découvrit  l'Ile 
de  La  Conception,  puis  il  arriva  à  l'aiguade  de 
San-Braz,  et  là  il  trouva  dans  un  seulier,  qui 
avait  été  mis  à  l'abri  des  autans,  une  lettre  de 
Pero  de  Taïde,  qui  annonçait  le  passage  de  Pe- 
dralvarez  dans  ces  parages,  et  qui  conviait  tous 
les  navires  du  roi  de  Portugal  à  se  rendre  aux 
Indes  en  passant  d'abord  par  Montbaça,  où  ils 
trouveraient  d'autres  lettres.  Après  s'être  rendu 
à  Mozambique,  ce  fut  vers  Cananor  que  se  di- 
rigea JoAo  da  Nova;  en*  se  rendant  vers  cette 
partie  de  la  côte,  il  s'empare  d'un  navire,  qu'A 
livre  au  feu.   A  Cananor,  Nova  fut  très-bien 


(f)  M.  Ad.  de  Varabaffena  publié  dao»  le  Panorama  de 
ItU  uae  parUe  de*  InstracHoos  qal  forent  donnée»  à 
JoSo  da  ROTa,  et  qui  loi  enjoignaient  de  faire  de  fcas 
et  dn  bola  a  IIMa  da  Crut,  autrenent  dit  le  BréaiL 


331 


NOVA  —  NOVALIS 


3» 


accoeilH  par  le  radjà,  qui  lut  avom  que  le 
lamorin  de  Caiicut  armait  contre  hii  oae  ar- 
mée navale  de  qtiaraute  gréa  nafim.  9ova 
n*avait  que  trois  cent  cnquante  buimnta  à  bord 
de  sa  flottille;  il  n'en  pairfit  paa  moiBa  pour  fe 
port  de  Cktchia,  allait  de  nonveao  abonler  la  oôte, 
lorsque  ia  flotte  emMfnie  se  présenta  pour  lui 
livrer  le  combat.  L*»rtillerie  européenne  eat  bon 
marelle  de  ees  Orienlaux,  armés  simptoment 
d*arcs  et  d*arbalètea.  Grâce  à  sa  bravoure  an» 
dacieose,  Nova  fonda  les  prenières  restions 
conrnierciales  des  Portuf^is  dans  les  Indes.  Il 
revenait  en  Europe  ehargéde  butin  lorsque  après 
avoir  dépassé  le  cap  de  Bonne-Espérance ,  «  il 
ent,  dit  Banros,  one  autre  bonne  fortune,  qui  hit 
était  réservée  par  Dteu  :  il  renoonfaa  une  très- 
petite  Ile,  à  laquelle  H  imposa  le  nom  de  Snin^o- 
Bétène.  »  11  arriva  à  Lisbonne  le  tl  septembre- 
Nova  retourna  en  Asie;  mais,  oompapion  du 
premier  viee-roi,  il  était  tvuf  attaché  à  Francisco 
d'AIroeïda  pour  aimer  Alboquerque,  et  il  eut  de 
▼ivesaltercations  avec  le  vainqueur  d*Ormoz,  dont 
il  dédaigna  les  ordres  et  qui  jamais  ne  lui  par- 
donna ce  quMl  regardait  comme  une  rébellion  ;  le 
grand  capitaine  en  cette  occasion  ne  snt  pas  se 
modérer  :  il  porta  la  main  sur  son  inférieur,  et 
cet  acte  pensa  lui  aliéner  l*amée.  Tout  s'a- 
paisa néanmoins  ;  mais  le  vaisseau  Flor  de  la 
Mary  que  commandait  Nova,  se  trouvant  alors 
dans  un  état  déplorable,  H  fut  permis  au  capt- 
faine  outragé  de  retourner  aux  Iodes.  Il  lava  sa 
honte  momentanée  par  de  nouveaux  exploits  ; 
c'était  lui  qui  commandait  le  vaisseau  monté 
par  Almeida,  lorsque  celui-ci,  voulant  venger 
son  fils,  livra  son  fameux  combat  naval  aux 
Roomes,  À  la  suite  duquel  la  ville  de  Dabool  fut 
détruite.  Les  grandes  actions  de  Nova  se  con- 
fondent ici  avec  celles  d'Aimdda,  et  les  chroni- 
queurs ne  font  plus  mention  de  lui. 

En  Portugal,  ce  hardi  marin  tvaft  une  renom> 
mée  vraiment  populaire;  on  rappelait  JoAo  Gal- 
legOf  Jean  le  Galicien.  H  ne  fout  pas  le  confon- 
dre avec  un  personnage  portant  le  même  nom 
et  dont  les  aventures  merveilleuses  reviennent 
plus  d*une  fois  dans. les  chroniques  du  seizième 
siècle.  Ferd.  Denis. 

JoSo  de  Barron.  Da  Âtia,  1. 1,  partie  t««,  et  t.  II.  —  An- 
tonio  Galvfio,  Trutmdo  dot  dncubrimmtêi. 

siotaIei*  Voy,  NowAÏKi. 

1IOTALI8  (  Frédéric  ne  HAaneiareBC,  dit  ) , 
célèbre  poète  et  philosophe  allemand,  né  le2  mai 
1772,  à  Widerstcdt,  dans  le  comté  de  Mansfeld, 
mort  à  Weissensfels,  le  25  mars  180t.  Il  a  rendu 
célèbre  le  nom  de  Novalis,  qui  était  cehri  d'une 
terre  appartenant  à  sa  fomille,  en  Tadoptant 
pour  ses  compositions  Ktlératres.  Il  était  issu 
d*une  branche  collatérale  de  l'ithistre  maison 
qui  a  donné  à  la  Prusse  on  chancelier  d'État, 
le  prince  Charles-Auguste  de  Hardenberg.  Les 
premiers  enseignements  reKgieux  qu'il  reçut  de 
ses  parents,  entrés  dans  la  communion  des  frères 
Moraves,  cette  secte  protestante  dont  l'exercice 


offre  certaines  analogîes  v^ec  les  aéwéiîtés  de 
la  Tie  momstique,  la  tendre  piété  de  «a  mère, 
qui  veAla  d'une  manière  particulièpe  à  son 
éducation,  coulrihuèreflC  de  bonne  heure  à  in- 
cliner son  esprit  Ycrs  le  mystidame.  Enfoui  lè- 
Teur  et  maladif,  H  composait  dès  l'âge  de  donae 
ans  des  poésies  que  le  aèle  de  sea  anaâs  nous 
a  conservée».  Les  hiatxsireB  qu^  ranontail  à 
ses  frères,  plue  jeunes  que  lui,  revélaicHt  d^ 
un  caraclère  symboKque  ;  et  daâas  fonrajevi  ils 
se  plais»ent  à  représenter,  sous  sa  dtreclian, 
les  génies  du  del,  de  la  terre  et  des  «an.  Au 
miKeu  de  sa  fomiUe,  el  pfos  tard  au  ùoM^  il 
s^donna  à  l'étude  avec  une  ardenr  a»  daflcns 
de  ses  foraes.  Aux  nniverailés  dléna,  de 
Leiprig,  de  Witicmberg,  il  suivit  tes  ooim  de 
jurisprudence,  dans  ie  but  de  se  préparer  à  une 
carrière  ;  mois  la  scienoe  da  droit  ne  suffisait 
pas  à  satisfoire  «tte  vive  imaginatisB  pailout 
irrésiBlibtenent  cafanlnée  vers  les  tendances 
noQveUesw  II  se  lia  nvec  Ficbte  et  ScheUing, 
qui  ouvraicnl  à  la  philosophie  aae  période  bril- 
lante de  panthéfoine  idéaliste»  avec  Tieck  et 
Frédéris  Scblegel,  qui  retwaspèrent  la  poésie 
allemande  dans  les  sources  tfop  longtemps  ou- 
bliées du  waafm  à^  Comme  en  >éMioign<*nt  les 
ébauches  psrvenues  jusqu'à  nous»  les  efforts 
de  NovaUs  sur  ces  deux  points  eussent  été  di- 
rigés dans  le  même  sens  que  ceux  de  ses  amis. 
A  l'âge  oit  Ton  prend  possession  de  la  vie,  U 
rencontre  d'une  jeune  tille  de  quatorae  ans  d'une 
beauté^  tout  idéale,  Sophie  de  Kuhn,  célébrée 
dans  la  dédicace  d'OAerdingen  en  des  vers  d'un 
sentiment  si  profond,  vint  donner  l'essor  à  soa 
talent  et  remplir  son  eœor  d'enivnates  pro- 
messes de  bonheur.  Mais  le  Iront  de  ces  fiancés, 
qui  semblaient  ciéés  Tun  pour  l'autre,  était 
marqué  du  sesau  fatal  é^s  morts  prématurées. 
Cette  antre  Béafcrix  Radieuse  sous  le  nimbe  da 
la  pureté  et  de  Tanour^  cette  vision  fogUivi! 
montrée  un  moment  à  la  terre,  disparut  bientôt 
pour  revivre  dans  l'œuvre  du  poète  néo-plalo- 
nicie»  de  rAUeaaagne.  La  perte  de  la  jeune 
fille,  la  Bsort  d'Érasme  de  Itardenherg,  le  frère 
chéri  de  Maivalis»  apportèrent  à  son  oiganisation 
déheateoiébrairiement  dont  il  ne  devait  plusse 
relever.  «  11  en  vint,  dit  L.  Tieck,  aon  biographe 
et  son  ami,  à  csnsidérer  le  visible  et  l'invisible 
eommeae  formant  qu'un  seid  monde.  »  Avaat 
de  s^éteindre,  la  flamme  de  sa  vie  ae  ooMcntrait 
dans  une  phis  grande  activité.  Tout  «écrivant 
ses  meillsnres  compositions  littéraires,  tout  en 
étudiant  la  minéralogie  avec  succès,  il  remplU- 
sait  les  fonctions  d'assesseur  et  grand-hailli  de 
Tlmffînge.  Cependant  un  an  apnà  la  osort  de 
Sophie,  en  1798,  iise  laissa  fiancer  avec  Julie  de 
Charpentier,  fille  du  directetir  des  mines  de  Frei^ 
berg,  mais  sans  que  l'amour,  assore-t-oov  quoi- 
que suree  siiyet  délicat  on  soit  réduit  aux  ooiiyec- 
tures,  ait  participé  â  ce  nouveau  profet,  qui  u*élait 
pas  plus  destiné  à  s'accomplir  que  le  premier. 
One  phthisie  pulmonaire,  qui  se  révéla  par  des 


339 


WOVALIS 


m 


rtragrès  ai  npîdes-qa'il  lut  iropiMSÎUe  de  U  oom- 
b>lto«,  wievi  Ffédéric  de  Serdwberg  à  Tâge  de 
fingt-oeuf  ans,  âu  moment  où  il  allait  devenir 
célèbre  et  entrer  dans  lajBaturité  de  aon  talent. 
Ses  écrite,  publiée  «près  8a  mort  par  Twdk 
et  F.  Scfalegel  (NovaUi  Sdir\/ten;  Berlin, 
t802,  2  vol.  in-S*"  )  ont  été  souvent  réimprimés, 
ds  forment  le  commentaire  direct  de  sa  vie 
«t  reiétent  les  émotions  religieuMS,  les  rêves 
«hjmériqaes  d'une  imagination  maladive,  d'une 
4ne  tendre  Itvrée  4  ia  denlenr.  Parmi  les  iMh 
Tim,  nens  pteoerens  au  prcmier  rang  La  Chré" 
tiaUé  ou  VSurepe^  fragment  de  pbiloaophie 
iMtocique  écrit  d'un  Ay\%  limpide  et  vigoa- 
i«a ,  pea  babituel  ebez  notre  auteur,  où  il 
edloie  plue  d'une  fois  Joseph  de  Maistke,  De- 
vançaot  les  jngements  de  toute  une  école  mo- 
<ierae,  il  «se  proelamer,  en  dépit  des  pr^ugés 
de  son  siècle,  l'action  civilisatrice  et  la  valeur 
artistique  du  catholicisme  ;  il  montre  l'unifica- 
tion du  monde  moderne  par  TÉgiise,  et  déplore 
U  iMion  faite  à  la  grande  fraternité  chrétienne 
fwr  rétablissement  de  la  réfiocme.  Malgré  cer- 
taias  passages,  où  le  panthéisme  ne  cherche  pas 
à  se  cacher,  ce  morceau  célèbre  a  passé  long- 
leaps,  a«ix  yeoi.  d'eeprits  prévenus,  pour  un 
féfitable  manifeste  religieux,  et  a  exercé  jusque 
daas  la  famille  de  l'auteur  une  soile  de  prosé- 
lytisme,  en  contribuant  très- probablement  à  la 
conversion  au  catholicisme  de  son  frère  Charles 
<le  Hardeoberg,  ce  qui  n'empêche  pas  queJNo- 
nfis  n'ait  vécu  et  ne  soit  mort  dans  la' religion 
protestante.  Les  dernières  éditions  que  Tieck  a 
(losoees  à  Berlin,  à  partir  de  1837,  ne  contien- 
nmt  plus  ces  magnifiques  pages,  qui  ont  excité 
aotonr  de  la  mémoire  de  Novalis  tant  d'ar- 
deates  sympathies  et  de  colères  aveugles,  y 
compris',  dItTon,  celle  de  Gœthe.  Qoelques- 
oaei  des  idées  émises  dans  La  Chrétienté  ou 
r^vrope  ont  reparu  depuis  dans  les  aperçus 
itbtoriques  du  Globe  et  des  saint-simoniens. 
Le  lyrisme  passionné  de  Tinlini  déborde  dans 
ks  Chants  spirituels^  adoptés  cependant  à  leur 
<iâte  comme  cantiques  dans  plusleinrs  églises 
protestantes;  V Hymne  û  la  Vierge  surtout 
peot  être  mis  en  parallèle  avec  les  plus  suaves 
eflbaions  dn  mysticisme  catholique.  —  Mais 
U  composition  la  plus  vaste  de  Novalis,  celle  à 
h<2aeUe  il  attachait  le  plus  d'importance,  est  le 
roman  d'art  inachevé,  qui  a  pour  héros  le 
uimiesii^er  Henri  d^Oflerdingen^  dont  il 
porte  le  nom.  La  scène  se  passe  donc  au  «loo- 
zième  siècle,  à  l'époque  de  la  lutte  de  la  Wart- 
boo^Le  livre  pourrait  s1ntituler,à  la  façon  de 
certains  traités  de  pbilosopliie  de  f  ichte  :  «  De 
h  destination  do  poète,  w  Le  sqj^  n'est  en 
eCCet  antre  chose  que  l'initiation  à  la  poésie  par 
la  nature.  Un  symboliàme  assez  obscur,  en 
mime  temps  (pi'one  mélancolique  aspiration 
vers  la  norl,  enveloppe  tout  l'ouvrage;  le 
style  est  d'un  éclat  doux  et  voilé.  On  croirait 
assister  aux  tournois  des  héros  d'Ositian  pour- 


suivant leurs  chasses  ftmtastiqaes  à  travers  des 
brouillards  étemels.  Novalis  s'est  identifié  avec 
le  personnage  d'Ofterdingen.  Sa  première  fian- 
cée, dont  le  souvenir  se  retrouve  dans  toutes 
ses  œuvres,  parait  avoir  été  le  type  de  Ma- 
thilde  fa  bien  aim^  du  minnesinger.  Mais  l'om- 
bre pâle  de  Sophie  délaissée  pour  un  autre 
amour  exauça  mal  l'invocation  du  poète.  Ma- 
thilde  n'est  qu'un  masque  manimé  coulé  sur 
un  front  qui  appartient  déjà  à  ta  tombe.  Il  y 
manque  te  regard  et  la  vie.  Une  antre  femme  est 
venue  se  placer  entre  le  jeune  homme  et  sa 
muse,  et  ne  lui  a  plus  permis  de  tracer  que  des 
formes  vagues,  hidécises,  sans  indlvidnalifé.  La 
première  partie,  qui  comprend  les  voyages  et 
les  pressentiments  d*H«nri,  renferme  des  dé- 
tails pleins  d*une  poésie  délicate,  des  scènes  qui 
vous  introduisent  dans  la  vie  secrète  de  la  na- 
ture, des  chants  d'une  grande  perfection  de 
rhythme  et  d'une  extrême  variété  de  tons.  Tout 
cela  a  quelque  chose  de  mystérieux  et  de  pé- 
nétrant comme  un  accord  sympathique,  dont  on 
subit  le  charme,  sans  que  le  raisonnement  et 
l'analyse  soient  toujours  complices  de  cet  en- 
traînement. Ce  qui  mérite  plus  d'attirer  notre 
attention  que  la  fable  du  roman,  ce  sont  les 
données  philosophique»  qui  s'ébauchent  dans 
Oflerdingen  pour  se  développer  ^ans  Les  DiS' 
ciples-de  Sais,  œuvre  d'une  originalité  étrange, 
et  se  poursuivre  dans  les  Fragments.  Le  sys- 
tème de  Novalis  devait  être  une  synthèse  im- 
mense destinée  à  embrasser  Tensemble  des 
sciences  et  des  aris  humains  et  à  les  inter- 
préter les  uns  par  les  autres.  Il  est  bien  permis  de 
douter  que,  même  dans  la  maturité  de  son  ta- 
lent, il  lui  eût  été  accordé  d*arriver  à  l'accom- 
plissement d'un  tel  projet.  Quoi  qu^il  en  soit  de 
ce  monument  giganti^que  et  hardi,  nous  n'avons 
sous  les  yeux  que  des  fragments,  véritables 
ruines  anticipées  qui  s'élèvent  dans  l'isolement, 
et  dont  le  sens  échappe  d'autant  plus  souvent  à 
notre  pénétration  qu'il  n'achève  peut-être  pas 
toujours  de  se  préciser  dans  l'intelligence  de 
l'auteur.  Ce  qui  se  représente  constamment 
dans  les  diverses  partiel  de  son  œovre,  ce  q« 
se  dégage  de  plus  évident  sur  ce  fond  un  peu 
obscur,  c'est  une  sorte  de  naturalisme  catho- 
lique, un  spinosisme  idéalisé,  anneau  intermé- 
diaire entre  Fichte  et  Schelting.  Il  a  pour  base 
le  renonceiYfent  du  moi,  son  anéantissement 
dans  le  principe  de  Pinfini;  notre  moi  n'est 
qu'un  reflet  :  quelque  chose  de  plus  élevé  que 
lui  se  fait  entendre  au-dedans  de  nous  et  nous 
conduit  à  l*tntuition  de  la  vérité.  On  voit  que 
cette  présence  d'un  être  inconnu  engagé  avec 
nous  dans  un  dialogue,  que  cette  tendance  de 
r&me  à  l'absorption  finale  dans  la  substance 
suprême  nous  fait  tomber  par  des  points  déli- 
cats d'un  côté  au  yogbîsme  des  Indiens,  de 
l'autre  à  l'abnégation  surhumaine  de  l'ascétisme. 
Mais  les  traits  les  plus  ciiractéristiqnes  de  la 
doctrine  de  Novalis  se  trouvent  dans  sa  manièro 


335 


NOVALIS  —  KOVARINÎ 


336 


d'envisager  la  natare  :  selon  son  expression, 
•  tous  les  objets  peuvent  se  convertir  au  pain  et 
au  vin  de  laTîe  étemelle  (l)».  La  nature  pos- 
sède par  conséquent  une  existence  en  dehors 
de  ses  phénomènes  visibles,  une  Ame  en  un 
mot,  mais  une  Ame  et  une  existence  subordon- 
nées. Nous  devons  jouer  à  Tégard  de  la  nature 
Je  rôle  de  civilisateurs.  Elle  est  encore  sous  le 
poids  d'une  déchéance  pareille  à  celle  qui  mar- 
que le  front  de  Thomme  biblique  dans  les 
temps  reculés,  auxquels  on  est  convenu  de 
donner  le  nom  d'Age  d^or  ;  une  harmonie  mys- 
térieuse présidait  à  l'ensemble  de  l'univers  :  les 
animaux ,  la  terre ,  les  eaux  obéissaient  à  des 
attractions  qui  aujourd'hui  s'exercent  à  peine 
sur  l'humanité.  L'intelligence  de  l'homme  s'é- 
tant  obscurcie,  une  influence  rude  et  grossière 
s'est  répandue  sur  le  monde  et  a  entretenu 
l'hostilité  entre  les  éléments  qui  le  composent 
C'est  à  nous  à  réconcilier  la  nature  avec  elle- 
même,  avec  le  moi  humain,  avec  l'infini,  à  la 
faire  entrer  dans  sa  part  de  révélation.  Les 
cataclysmes,  les  bouleversements  primitifs,  où 
elle  enfantait  des  races  d'animaux  gigantesques 
aujourd'hui  disparus  de  son  sein  ont  été  des 
degrés  d'initiation  qu'elle  a  dû  traverser  avant 
d^arriver  à  un  état  plus  régulier,  qui  n'est  à  son 
tour  que  le  prélude  d'un  Age  à  venir,  où  elle 
sera  en  communication  plus  immédiate  avec 
nous.  Le  poète  doit  recouvrer  son  pouvoir  sur  le 
monde  matériel.  Le  progrès  des  arts  et  des 
sciences  qui  nous  entraîne  à  des  résultats  in- 
connus concourt  an  même  but  de  pacification, 
de  transfigur&tion.  La  naïve  et  pieuse  inspira- 
tion du  catholicisme  avec  son  merveilleux  sen- 
timent de  l'art,  avec  son  Idéal  mélancolique  et 
réellement  intime,  avec  les  joyaux  inépuisables 
de  ses  légendes,  plutôt  qu'avec  la  sévère  unité 
de  son  dogme,  doit  s'assimiler  la  vie  universelle. 
La  nature  et  l'humanité  marchent  à  leur  déve- 
loppement fuial.  Les  temps,  les  saisons,  les  Ages 
de  la  vie  disparaîtront;  les  distinctions  du  passé, 
du  présent,  d'avenir  tomberont  comme  des  bar- 
rières gênantes  et  inutiles  pour  laisser  régner  l'idée 
pure,  l'abstraction  mathématique  immatérielle. 
Glorifié  comme  le  prêtre  de  l'amour  platoni- 
que ,  Novalis  brilla  d^un  éclat  assez  vif  dans  la 
pléiade  romantique  des  Schlegel.  Ses  œuvres 
obtinrent  le  même  genre  de  succès  que  les  Mé- 
ditations de  Lamartine;  il  fut  le  poète  des  rê- 
veurs et  des  Ames  tendres,  et  une  certaine  m- 
décision  dans  ses  théories  servit  à  lui  concilier 
des  suffrages  bien  divers.  On  le  lit  moins  au- 
jourd'hui, et  son  influence  a  sensiblement  baissée. 
Mais  cette  philosophie,  revêtue  de  couleurs  sé- 
duisantes, s'afQrmant  plutôt  qu'elle  ne  cherche  à 
se  prouver,  gardera  toujours  une  place  dont  il 
faut  bien  tenir  compte,  dans  l'histoire  de  la  vie 
intellectuelle  en  Allemagne. 

Anatole  de  Galuer. 

11)  la  Chrétienté  ou  rEurope. 


L.  Tirck ,  Préface  de  la  S»  édU.  de  Xovafis  Schriftev  • 
Berlin,  iSlS)  -  M«»de  StaSl,  De  PAUsmaç/k».  ~  nu- 
tcriKh-htroldiaekêê  Hanièucà  sum  genealogitck» 
Taschenfmch  der  çneflichen  Hàuuèr;  UoUm.  iSâs.  - 
Comte  de  Montalembert,  dans  les  Mélanges  cathoiiqutt 
eitraUs  de  L' devenir  ;  Parla,  18S1.  —  H.  Heine,  De  fM- 
lemagm.  —  Bartlfck  Diê  éeuUehe  NatUmaHUtretvr 
der  iVeiuatt,  Bniuoschwfllg  ;  iSiS.  —  GenrlAt,  Ct- 
tehichte  der  deuUchen  Diehtung,  —  WCm,  HuUnrt 
dé  la  phitoiophie  ailemande, 

NO V ARA  { Domenica'Maria)^  astroooiiie 
italien,  né  en  1464,  i  Ferrare,  mort  en  i5l4,  à 
Bologne.  Il  enseigna  l'astronomie  à  Ferrare,  à 
Bologne,  à  Pérouse  et  à  Rome;  mais  son  pios 
long  séjonr  fut  à  Bologne,  où  il  eut  pour  étève 
et  pour  associé  dans  ses  observations  le  célèbre 
Kopemik,  qui  était  venu  se  perfectionner  auprès 
des  savants  italiens.  Comme  tous  ses  contempo- 
rains, il  mêla  les  hypothèses  de  l'astrologie  aoi 
calculs  de  la  science  ;  dans  l'inscription  gravée 
sur  son  tombeau,  on  remarque  ces  deux  vers, 
qui  font  de  .son  habileté  un  éloge  exagéré  : 

Qal  respooM  dabat  cœll  Internoncius  ore 
Vcrklico,  laU  aidera  aacra  proèana. 

Les  écrits  qu'il  composa  sont  perdus  on  restés 
inédits;  mais  il  mérite  d'être  signalé,  noo-sevle- 
ment  pour  SToir  été  nn  des  maîtres  de  Kopervil;, 
mais  aussi  pour  avoir  aTanoé  que  depuis  répo> 
que  de  Ptolémée  les  pèles  de  la  terre  avaient 
changé  de  position,  de  sorte  qne  le  pôle  nord  s'é- 
tait rapproché  de  notre  zénith.  Cette  opinioD, 
dénuée  d'arguments  solides,  a  été  réfutée  par 

Snellius.  P. 

BoraelM,  BUt.  pfmnaeU  ferrarUtult,  H.  W.  »  Un- 
boachi,  5<oria  letteraria»  XIV,  tM.—  Ilootacia,  Au(. 
dé$  mathém,t  I.  549. 

NOTAEiNi  {Luiçi) ,  théologien  italien,  oê  oa 
1Ô94,  à  Vérone,  où  il  est  mort,  le  14  janvier  1633. 
11  avait  reçu  au  baptême  le  prénom  de  Girc- 
lamo,  qu'il  changea  en  celui  de  Luigi  lorsqoM 
prit  en  1612  l'habit  des  théatins.  Après  avoir  étu- 
dié la  théologie  et  reçu  la  prêtrise  à  Venise,  a 
revint  dans  sa  ville  natale,  où  il  remplit  difTe- 
rents  emplois  de  son  ordre.  «  Sa  vivacité  oata- 
relle,  dit  le  P.  Niceron,  ne  lui  permettait  pas  de 
polir  ses  productions  :  il  mettait  indistinctement 
sur  le  papier  tout  ce  qu'il  trouvait  dans  ses  re- 
cueils sur  le  sujet  qu'il  avait  à  traiter,  soit  boo, 
soit  mauvais;  l'envie  même  d'employer  toatce 
qu'il  avait  ramassé  le  jetait  souTent  dans  des 
écarts  qui  ne  servaient  qu'à  enfler  bes  livres. 
Aussi  songeait-il  plutôt  à  faire  de  gros  et  nom- 
breux ouvrages  qu'à  en  composer  de  bons.  * 
Nous  citerons  de  lui  :  Electa  sacra;  Venise, 
Lyon  et  Vérone,  1627-1645,  5  vol.  in-fôl.;  I' 
t.  II,  qui,  dans  un  style  diffus  et  mystique,  con- 
tient un  éloge  de  la  Vierge,  a  eu  trois  éditions  ;  — 
Risus  sardonicuSf  hoc  est  d^ta  mvndi  tr- 
titia;  Vérone,  1630,  in-12;  —  ScHediasmata 
sactO'pTofana ;  Lyon,  1635,  in-fol.;  —  Ada- 
gia  ex  SS.  Patrum  ecclesiasticorumque  scrifh 
torwn  monumentis  prompta;  Lyon,  1637,  ? 
tom.  Infol.;  —  Mattxus^  Mfarcus,  Lucas' ft 
Joannes  expensi;  Lyon,  1642-1643,  3  vol. 
in-fol.  ;  suite  de  commentaires  moraux  sur  les 


r 


337 


WOVARINI  —  NOVELLA 


338 


Kvangélîstes  et  les  Actes  des  ap6tres;  —  Pau-  ( 
lus  expensut  ;  Véroae,  1644,  in-fol.;  —  Omnium  \ 
scieniiarum  anima,  hoc  est  axiomaiaphysio-  \ 
iheologiea;  Lyon,  1644, 3  tom.  in-fol.  ;  —  Mose» 
txpensus;  Vérone,  1646-1648,  2  toK  in-fol.  ;  — 
Encyclopxdia  episColaris  ;  Venise,  1645,  in-fol.; 

—  Admiranda  orbis  chrisliani;  Venise,  1680, 

2  tom.  in-fol.  :  cette  compilation,  où  Ton  trouve 

bien  des  choses  fabuleuses,  a  été  éditée  par  les 

soins  de  J.-B.  Bagatta,  moine  théatin.         P. 

Silos,  Hitt.  CUrieorum  reyW.,  S"  partie.  —  Nlceron, 
MéWÊOires,  XL. 

NOTAT  y  hérésiarque,  diacre  de  l'Église  de 
Cartbage,  au  troisième  siècle.  Il  déshonora  de 
bonne  heure  le  caractère  sacré  dont  il  était  re- 
¥ëtu.  En  même  temps  qu'il  flattait  \w  grands 
par  de  basses  complaisances-,  il  s'appropriait  les 
revenus  des  pauvres  ;  il  alla  plus  loin  encore ,  il 
laissa  son  père  mourir  de  faim ,  et  faillit  tuer 
d'un  coup  de  pied  sa  femme,  qui  était  enceinte. 
Cyprien,  évèque  de  Carthage,  le  cita  (249)  de- 
vant un  sjnode  pour  y  faire  rendre  compte  de  sa 
conduite;  mais  la  persécution  de  Dèce,  qui  arriva 
sur  ces  entrefaites^  fit  abandonner  les  pour- 
suites. La  paii.  ayant  été  rendue  à  l'Église ,  No- 
vat  s*nnit  au  laïc  Felidssime,  et,  s'élevant 
contre  la  sévérité  déployée  par  Cyprien,  ils  sou- 
tinrent que  les  lapsi,  c'est-à-dire  les  clirétiens 
qoe  la  crainte  des  supplices  avait  fait  tomber 
dans  l'idolâtrie,  devaient  être  admis  dans  la  corn- 
manion  dès  qu'ils  en  eiiprimaient  le  désir,  et 
sans  être  soumis  à  aucune  pénitence.  Cyprien  fit 
reprendre  alors  (251)  les  poursuites  dirigées 
contre  Ifovat  ;  celui-ci  refusa  de  comparaître  de- 
vant le  synode,  et  s'enfuit  à  Rome.  Les  Pères 
do  ooncUe  continuèrent  en  son  absence  l'instruc- 
tion de  la  procédure,  et  le  déclarèrent  excom- 
monié.  Novat  trouva  à  Rome  Novatien ,  entra 
dans  son  parti,  et  prêcha  au  sujet  des  lapsi 
une  doctrine  diamétralement  contraire  >  celle 
qa'il  avait  précédemment  soutenue  (voyez  Var^ 
tieie  suivant).  On  croit  que  No^ât  mourut  en 
Afrique.  A.  F. 

Lrdere.  BMMhique  univerullê  et  AtotortfiM ,  andée 
lise,  page  fT4.  -  TraTSM,  SUrria  crUiea  dellê  vUê  degli 
ertMiareAi  de  irtpfi'miuto^i  Vcniae,  iTil,  S  ?oL  to-«*. 

—  Flearj,  HUtoïrt  ecel^siOMUque  ;  Bruiellei,  171S,  M  toI. 
ID-IS  :  t.  II,  p.  lis.  —  Macquer,  abrégé  chronotoçique 
de  r  Histoire  eedéstastique  :  Parts,  llf7,  i  ?oL  In-iS; 
L  |«%  p.  M.  "  B.  Radne,  Abrégé  de  Ihinotre  eeelétiaS' 
tiqysi  Utrecht,  174S,  ift  toU  la  -il  \  1. 1,  p.  iw. 

KOTATiBH,  anti-pape,  élu  en  251,  fut  le 
premier  qui  donna  à  l'Église  chrétienne  le  scan- 
dale de  deux  élections  Opposées.  Après  le  sup- 
plice du  pape  Fabien,  le  saint-siége  vaqua  près 
de  quinze  mois,  au  bout  desquels  Corneille  fut 
éln,  le  2  juin  251.  Le  prêtre  Novatien,  qui  par 
son  éloquence  plutôt  que  par  ses  vertus  avait 
acquis  une  grande  popularité,  s'éleva  aussitôt 
oontre  le  nouveau  pontife,  déclara  sa  nonûna- 
tion  irrégulière,  se  fit  élire  lui-même,  et  fut  sa- 
cré par  trois  prélats,  qui^  d'après  Fleury  (tome  II, 
page  220),  étaient  alors  en  état  d'ivresse.  Suivant  | 
Tneagie,  il  notifia  son  élection  aux  évêques  des  I 


sièges  les  plus  importants,  Denis  d'Alexandrie , 
Fabius  d'Anlioche,  et  Cyprien  de  Carthage.  Le 
premier  engagea  Novatien  à  abandonner  volon- 
tairement l'évêché  de  Rome  ;  le  second  le  fit  ex- 
communier dans  un  concile  tenuà  Antioche;  le 
troisième  envoya  à  Rome  des  légats  chargés  de 
recueillir  tous  les  détails  relatifs  à  la  double 
élection.  Ceux-ci,  de  retour  à  Cartilage,  ren- 
dirent compte  de  leur  mission  à  un  concile  natio- 
nal, qui  proclama  seule  canonique  la  nomination 
de  Corneille.  Novatien,  forcé  de  céder,  se  jeta 
du  schisme  dans  l'hérésie.  Il  s'associa  à  Novat, 
et  tous  deux  affectèrent  les  principes  les  plus 
sévères.  Pendant  la  cruelle  persécution  de  Dèce» 
plusieurs  chrétiens,  cédant  à  la  crainte  des  sup- 
plices ,  étaient  tombés  dans  l'idol&trie.  Dès  que 
la  paix  eut  été  rendue  à  l'Église,  ces  lapsi  de- 
mandèrent à  rentrer  dans  le  sein  du  cliristia- 
nisme,  et  on  les  y  admit,  en  les  soumettant  tou- 
tefois à  différents  degrés  de  pénitence  qui  cor- 
respondaient à  l'éclat  plus  ou  moins  vif  qu'avait 
jeté  leur  abjuration.  Novatien  prétendit  que  l'É- 
glise n'avait  pas  le  droit  d'absoudre  un  pareil 
crime;  puis»  renouvelant  l'iiérésie  des  monta- 
nistes  {voyez  Montan),  il  voulut  faire  exclure 
pour  toujours  de  la  communion  chrétienne  tous 
ceux  qui  avaient  commis  des  péchés  pour  les- 
quels l'Église  imposait  la  pénitence  :  l'adultère 
et  la  fornication,  par  exemple;  il  condamnait 
aussi  les  secondes  noces.  On  suppose  que  Nova- 
tien mourut  en  Afrique,  mais  on  ne  sait  à  quelle 
époque.  Il  avait  donné  à  ses  disciples  le  nom 
de  cathares  f  c'est-à-dire  purs;  mais  cette  dé- 
signation ne  prévalut  point.  Le  secte  des  nova- 
tiens  fit  de  rapides  progrès  en  Afrique,  et  elle 
n'était  pas  encore  éteinte  lors  du  concile  de  Ni- 
cée.  On  attribue  à  Novatien  le  Traité  de  la  Tri- 
nité et  le  Livre  des  viandes  qui  se  trouvent 
dans  les  œuvres  de  Tertullien,  et  une  lettre  qui 
est  jointe  à  celle  de  Cyprien.  Les  ouvrages  de 
Novatien  ont  dn  reste  été  publiés  par  John 
Jackson,  sous  ce  titre  :  Novatiani,  preshyterï 
romani,  Opéra  qux  svpersuntomnia,  ad  an- 
tiquiores  editiones  castigata,  et  a  multis 
mendis  expurgata;  Londres,  1728,in-8o.  A.F. 
Pluqnet,  Met  det  kérèstes.  —  Fantln  Deaodoarda, 
INcf.  raiMRRtf  du  gouvermwMnt»  dei  toit  et  det  mtaget 
de  VÉglite,  t  IV,  p.  nr.  -  Perenoès,  Diet,  de  Hogra- 
phie  cArétlenne  et  unttchréUeHHe,  —  AUetz,  Uist.  det 
papet,  I.  l«S  p.  M.  —  Fleury.  Hlst.  ecclét.,  t  II,  p.  il*. 
—  Leclere,  Biblioth.  unlo.  et  kUtorique ,  nnte  168», 
p.  tlk.  -  Langlet-Dafrcanoy,  TabtettM  ehrenoioçitîiet, 
L  11.  p.  Ml. 

•  NOVBLLA ,  femme  italienne  célèbre  par  son 
savoir,  fille  du  célèbre  jurisconsulte  Jean  An- 
dréa, née  à  Padoue,  en  1312,  morte  à  une  date 
inconnue,  mais  postérieure  à  1348.  On  raconte 
qu'elle  était  si  savante  que  quand  son  père  était 
occupé  ou  malade  il  l'envoyait  professer  à  sa 
place.  De  peur  que  la  beauté  de  la  jeune  fille  ne 
causât  des  distractions  aux  étudiants,  elle  faisait 
sa  leçon  cachée  derrière  un  rideau.  Ce  récit  a  été 
traité  de  fable  ;  mais  Christine  de  Pisan ,  qui  le 
rapporte,  le  tenait  de  son  père,  qui,  né  à  Bologne, 


389 


KOVELLA  —  IVOVELU 


340 


«Tait  été  sans  doute  on  des  sodfteors  deKovella. 
Voici  le  (Rssage  de  Christine  de  Ptsan,  td  que 
Oingaené  \e  cite  d'après  un  manuscrit  de  la  Bi- 
bliothèque impériale.  «  Quant  à  sa  belhe  et  noble 
fille  (de  Jean  André),  que  tant  il  ama,  qui  Oft 
nom  Nouvelle,  fist  apprendre  lettres  et  si  arant 
es  drois  que  quand  il  estoit  occupez  d'aucune 
«nsoine,  parquoy  ne  povoft  vacquier  à  Ifre  les 
leçons  à  ses  esooliers,  il  envoyoft  Kon^eRe,  sa 
iHleyen  son  lieu  ffre  aux  escoles  endiaiere,  et 
afis  que  la  beauté  d'elle  n'empescbàt  la  pensée 
des  oyans,  elle  stoH  une  petite  courtine  au  de- 
Tant  d'elle,  et  par  celle  manière  suppléoit  et  ah 
légeoit  aucune  fois  les  occupactons  de  son  père, 
lequel  Paroa  tant ,  que  pour  mettre  le  nom  d'elle 
«n  mémoire,  fist  une  noctable  lecture  d*un  lirre 
de  droit,  que  il  iMmma  du  nom  de  sa  fille  la 
Nouvelle.  »  On  a  prétendu  que  NoveHa  épousa 
Jean  de  Pofigno,  mais  le  fait  est  fan  ;  on  a  dit 
aussi, arec  plus  de  vraisemblance,  mais  sans 
preuves,  qu'elle  avait  épousé  Calderini,  fils  adopttf 
de  Jean  Andréa.  Quant  au  nom  de  Novetlaf  qui 
rappelle  les  Novelles  du  droit  romain ,  on  serait 
tenté  de  croire  que  le  inrofesseur  de  jurispru- 
dence l'avait  donné  à  sa  fiRe  en  témoignage  de 
ses  études  de  prédilection ,  à  peu  près  comme 
Héloîse  et  Abélard  avaient  donné  à  leur  enfant  le 
nom  d'Astrolabe;  l'hypothèse  ne  serait  pas  fon- 
dée ,  car  la  mère  du  jurisconsulte  portait  déjà  ce- 
nom,  c'est  Jean  Andréa  lui  «même  qui  nous  l'ap- 
prend. «  Cette  nouvelle  compilation  de  gloses , 
dh-jl  en  pariant  de  son  commentaire  sur  les  dé- 
crétâtes {Novella  in  deeretales),  s'appelle  No- 
vella,  du  nom  de  ma  mère  et  de  ma  fille.  ».  Z. 

ChristlBe  Ae  ristn,  CU€  des  dame*.  -  Wolf,  RSmUê" 
rmn  grmcarum  qtut  m'oUomê  prota  mm  iatnt/raih 
memta  et  êlegim;  QœUtnsac.  1789,  hi-i».  —  Tiniboschl, 
Starla  dêtla  UUeratura  Ualiana,  t.  V,  P.  Il,  c.  L  — 
Giogiiené,.  IHsMrt  tUtéraire  dritaUt,  t  11,  p.  t99.  - 
fiftvifnj,  CmekMUe  det  RitÊtUcAtn  JOêdOi,  im  ilfltt*- 
ralter,  L  VI,  p.  S7.  etc. 

NOVELL!  { Giovanni' Bat tiita)t  peintre  de 
l'école  vénitienne,  né  en  1678,  à  Castel-Franco 
(  territoire  de  Venise  )»  mort  en  1662.  Bien  qu'un 
des  meilleurs  élèves  de  Palroa  le  jeune,  il  exerça 
la  peinture  par  plaisir,  et  il  a  laissé  dans  sa  ville 
natale  des  tableaux  justement  estimés.  Il  fut  le 
mattredesoneencitoyenPietroDamini.  E.  B— 4V. 

Orlandt,  ÀbàÊeeéario.  —  Lanii,  Steria  ptttoriea.  —  Tl- 
«nil,  DiUonarto. 

■OTBLLi  {^Pietro)f  dit  le  Morrealese^  ar- 
chitMte  et  peinÉve  de  l'éoole  napolitaine,  né  à 
Morreale,  en  1608,  mort  à  Palerme,  en  1647.  Il 
•est  peu  d'artistes  envers  lesquels  ta  renommée 
ait  été  plus  injuste.  N'ayant  jamafs  travaillé 
bors  de  son  lie,  trop  rarement  visitée,  Novelli, 
le  plus  grand  peintre  qu*ait  produit  la  Sicile,  est 
resté  presque  inconnu.  Après  avoir  reçu  le»  pre- 
mières notions  de  fart  de  son  onde  Antonio  An- 
tonelR,  H  entra  dans  TateKeB  de  Yllo  Carrera, 
font  en  cultivant  en  même  temps  les  belles-lettres 
•et  les  mathématiques.  Dès  l'âge  de  dh.-hultans, 
41  donna  les  premiers  gages  de  son  habileté  en 
peignant  à  Morreale  et  dans  Téglise  de  S. -Gio- 


vanni dî  Dio  de  Palerme  des  fresques,  où  parmi 
de  grands  défauts  on  remarque  des  traits  de 
génie.  Deux  ans  plus  tar(l ,  il  peignait  à  fresque 
la  première  moitié  de  la  voftte  de  l'église 
S.-Francesco,  et  bientAt  après,  au  numastère  de  * 
Bénédictins  de  S.-Martino  près  Palerme,  un 
beau  plafond  représentant  Vange  du  Seigneur 
soutenant  -par  les  cheveux  le  prophète  fTo- 
bacac.  Il  passa  ensuite  deux  années  à  Rome  oc- 
cupé à  dessiner  les  plus  beaux  morceaux  an- 
I  tiques  et  modernes.  De  retour  à  Païenne,  il 
I  acheva  la  voûte  de  S.-Francesco. 

Depuis  lors,  les  ouvrages  que  le  Morrealese 
exécuta  à  Palerme  et  dans  le  reste  de  la  Sicile 
sont  presque  innombrables.  Ses  plus  célèbres 
tableaux  à  l'huile  sont  ;  à  Palerme»  à  la  confré- 
rie du  Rosaire»  la  Descente  du  Saint-Esprit  ; 
à  Santa-Marla-di-Valverde^  Notre-Dame  du 
Moni-Carmel  avec  quatre  saints  ;  à  Santa.Zita, 
la  Communion  de  la  Madeleine;  à  Sainte- 
Marie-des-Anges ,  Saini  Pierre  d'Alcantara; 
à  Saint-Charles ,  la  Vierge  avec  saint  Menait 
et  ses  compagnons,  et  une  autre  Madone  avec 
saint  Benoit  et  saint  Louis;  à  l'église  de 
Monte-Santo,  Sainte  Madeleine  de'  Pazzi  ;  k 
Saint-Nicolas  de  Tolentino,  Le  saint  tituloàre; 
à  Saint-François^Xavier,  le  saint;  à  Téglise  des 
Jésuites,  Saint  Philippe  d'Argiro  exorcisant 
un  possédée  œuvre  digoe>de  Murillo,  et  un  Saini 
Paul  I^r  hermile^  qui  rappelle  la  manière  de 
l'Espagnolet;  à  Sainte-Claire,  une  Descente  de 
croix;  à  la  cathédrale.  Saint  François  de 
Paule;  à  Saint-François,  \h  Vocation  de  saint 
François;  à  la  Conception,  la  Vierge  immacu- 
lée ;  à  Saint-Antoiue-de-Padoue,  une  Madone  ;  Ala 
sacristie  de  l'hospice  des  pauvres,  une  Naiiviié 
de  Jésus-  Christ  ;  enfin  au  couvent  de  Saint  Mar- 
tin, le  Martyre  de  saint  Laurent,  La  Nativité^ 
V Annonciation^  la  Madone  avec  sainte  Scho- 
lastique  et  saint  Benoit,  et  ime  vaste  com- 
position représentant  les  ordres  reUgiettx  et 
mililaires  soumis  à  la  règle  de  Saint-Benoit, 

Catane  possède  plusieurs  peintures  à  l'huile 
de  Novelli  :  Trois  hermites^  une  Tête  de  sakU 
Jean^  un  Saint  Christophe,  et  ToHe  déUvré 
par  PAnge,  l'une  des  plus  merveilleuses  pro- 
ductions du  maître,  clief-d'cBovre  qu'on  admii« 
dans  le  vestibule  du  couvent  des  Bénédictins. 

Dans  ces  oeuvres  si  variées^  on  ne  sait  ce  qu'on 
doit  admirer  le  phis  de  la  correction  du  dessin, 
de  la  facilité  du  pinceai^  du  parfait  accord^  et  de 
la  transparence  des  couleurs,  de  la  scieoée  de 
la  perspective,  des  connaissances  anatomiqttes,de 
IMiabile  dégradation  des  lumières  ou  de  l'expres- 
sion des  figures.  On  accuse,  il  est  vrai,  No- 
velli d'avoir  reproduit  trop  souvent  les  mêmes 
types;  mais  ce  défaut  lui  est  commun  avec  les 
plus  grands  maîtres,  et  on  a  adressé  le  même 
reppodie  è- Andréa  del  Sàrto,  au  Frafe,  à  Léo- 
nard de  Vmci  lùi-jnêine  Quelques  critiques  out 
regretté  aussi  qu'il  n'ait  pas  recherché  davan- 
tage la  grftce  et  ta  l)eauté  idéale.  Ce  quil  y  a 


341 


KOVELLl 


M9 


peot-Mre  de  plos  étonnant  dans  le  talent  de  No- 
rdfi,  c*f8t  qull  ait  pn  exécuter  on  si  grand 
Bonilms  d^ouvrages  avec  tant  defioin,  de  fini  et 
d'amoor  dans  Tespace  d*ane  vie  si  courte.  Pen- 
dant les  tronUes  dvils  de  Palerroe  en  1647,  fl 
parcourait  les  mes,  en  qualité  dlngénieor  royal, 
<iaand  une  troupe  de  séditieux  le  blessa  au 
bras  droity  et  trois  jours  après  il  succombait,  à 
l'âge  de  trente- neuf  ans  et  demi.  H  arait  déjà 
fonné  un  grand  nombre  dVIères,  dont  les  plus 
connus  sont  sa  propre  fille  Rosalia^  Jacopo  lo 
Terde,  Vincenio  Marchese,  Francesco  Gizelli, 
et  le  prêtre  Macri,  de  Gîrgentî. 

Novelli  était  aosai  habile  arcbitede,  et  c*e8t  en 
cette  qnatlté  qu'il  Ait  employé  plusieurs  années 
pir  le  sénat  de  Païenne ,  et  qu'il  arait  été  nommé 
par  Philippe  IV  à  cette  place  d*ingénieur  du 
royaume  de  Sicile  qui  fut  l'occasion  de  sa  mort. 
Palerme  In!  doit  la  façade  de  la  maison  des  PP. 
de  l'Oratoire  de  l'OIrvella^  et  aussi,  dit-on,  les 
dessins  de  la  Porta-Felioe.  Enfin,  il  a  laissé  quel- 
({ws  eaux -fortes  très-rares  et  fort  recherchées 
des  amateure.  E.  Breton. 

OrtolnL  Bioçra0a  deçH  momini  ithistri  delta  5 «ctfte. 

-  Laail,  Stmria  pittorieu,  »  OriMtfl,  AtUttéario.  — 
TkMil,  /MséoiMyiOL  -  Mcctilèvo,  Gukéa  di  PmUrma, 

-  Dueriziane  di  CatamtQ, 

XOTBLLI  {Antonio)^  sculpteur  italien ,  né  à 
Caste!  Franco  (Toscane),  en  1600,  mort  à  Flo- 
rence, en  1661.  D'une  hmille  aisée ,  Il  reçut  une 
bonne  éducation ,  unissant  l'étude  des  lettres  à 
celle  de  la  musique,  et  entra  à  quinze  ans  dans 
l'atelier  de  Gherardo  Silvani ,  où  II  fit  de  rapides 
progrès;  en  1622  il  passa  sous  la  direction  d*A- 
pstino  Bugiardini.  Après  la  mort  de  ce  maître, 
il  acheva  le  tombeau  de  la  célèbre  musicienne 
ArcsogeU  Paladini  pour  réglise  de  Santa-Feli- 
dtk.  Vers  1630,  il  sculpta  pofar  la  TÎlla  de  Poggio- 
hnperialeua  colosse  représentant  nn  Vent  déchi- 
ranl  une  vot/e,nn  buste  dupein  tre  Ptusignano, 
nae  Lucrèce ,  et  plusieurs  portraits.  Il  exécuta 
CBsaite  les  ornements  en  stuc  de  la  salle  deila 
slu/a  an  palais  Pitti,  et  deux  statues  en  pierre 
destinées  à  décorer  la  fhçade  du  nouveau  palais 
Stnnzi.  Sur  la  demande  de  Michel-Ange  Buo- 
■arroti  le  jeune ,  il  fit  pour  la  galerie  que  ce 
h'itérateur  distingué  consacrait  dans  son  palais 
à  la  mémoire  de  son  oncle  la  statue  assise  de 
yfcheltAnge^  figure  moins,  bien  réussie  que  ses 
^res  ouvrages,  parce  qu'il  fut  gêné  par  la  di- 
rection dn  BoscÂii  qui  lui  avait  été  hnposée. 

Après  quelques  travaux  de  moindre  împor- 
bnce,  il  sculpta  deux  Mois^  statues  colossales 
commandées  par  la  reine  Marie  de  Médids,  une 
Vénus  de  grandeur  naturelle  pour  Agndla  Galli, 
et  ooe  figure  colossale  de  la  £of,qui  fut  placée 
<lans  la  cour  dn  palais  Pitti.  11  6t  pour  les  cha- 
pelles de  famille  du  Roaso  et  des  Francesdii  les 
statues  des  apôtres  Simon,  André,  Jean  et  Ma- 
^A<eu;  etnn  Christ  ressuscité  pour  le  vestibule 
de  la  sacristie  de  Saint-Marc.  Une  Madeleine  en 
^nart^re,  qui  passe  pour  son  meilleur  ouvrage, 
fut  achetée  par  un  ministre  de  la  reine  de  Suède. 


En  travaillant  aux  belles  fontaines  dn  palais  Rî- 
dolfi,  il  gagna  des  rhumatismer^qui  le  privèrent 
presque  entièrement  de  Tusage  de  ses  membres^ 
il  fut  forcé  de  passer  douze  ans  à  Castel-Franoo 
dans  une  oisiveté  absolue.  Guéri  par  l'usage 
des  eaux  minérales  des  environs  dt  PÙe^  il  revint 
à  Florence,  et  y  exécuta  en  1661,  à  roocasion  du 
roaria^  du  prince  qui  depuis  fut  Cosme  III  avec 
MaigMeri&e  4'Orléans,  «ne  statue  gigantesque 
â*Atlas  portant  le  dol  mr  scm  épmUes, 

GetarliaCe  était  presque  onîverMl;  il  fournit 
utt  grand  nombre  de  modèles  de  cire  poiar  des 
travaux  d'orfiévrerie,  entre  autres  pour  le  graud 
ciboire  d'argent  Àt  l'église  de  la  NuaniaU;  il 
sculpta  le  boas;  il  esaaya  dlmiter  les  Jummbcs 
de  Luea  délia  Robbia,  at  il  fit  ea  ce  genre  une 
VisUaéiom  bieaféussie,  à  partqudque  iufériorité 
dans  oertaines  couleurs;  il  eaéouta  eu  acier  de 
magnifiques  gardes  d'épée;  «I,  ne  qui  n'avait 
guère  de  rapport  avec  ses  anlpes  ouvrages»  il 
fabriqua  des  télesoapes  assez  parCuts  pour  que 
TorricceUi  ait  dit  de  lui  :  &i  oisTescii  GaUlmu 
alter.  Il  fut  boa  musicien;  jouait  de  presque 
tous  les  iastrumentap  et  avait  lui-même  inventé 
un  instrument  À  &4  voix,  une  espèce  d'orgue 
portatif  qu'il  appelait  sordellina.  Enfin,  il  com- 
posa des  poésies  dans  le  genre  léger  appelé  en 
Italie  bornesque,  tels  que  l'éloge  du  sifflet,  ZU' 
folo,  et  de  l'écureuil,  scojatotto,  et  la  Dispute 
de  la  Peinture  et  de  la  Sculpture.  £.  B— n. 

Baldlnacci,  JVotiiie.  —  Fanlozzl,  Ifuova  Guida  di  PI- 
renié. 

HOTBLLi  (Pietro^Antonio),  peintre  et  poète 
italien,  né  en  1729,  à  Venise,  où  il  est  mort,  le 
13  janvier  1804.  II  fiit  élève  de  Pfetro  Toni, 
maître  plus  habile  dans  la  théorie  que  dans  la 
pratique  de  l*art ,  et  demeura  avec  lui  un  assez 
grand  nombre  d'années;  il  conserva  toujours 
pour  lui  la  plus  vive  reconnaissance.  H  peignit 
À  fresque  et  à  l'huile,  et  l'on  trouve  ses  pro- 
ductions, qui  sont  abondantes,  dans  les  palais 
et  les  égBses  de  la  YénéSe  et  des  États  romains. 
Mous  citerons  de  lui  :  La  Descente  du  Saint- 
Esprit  ,  une  Madone ,  à  tJdine;  La  Concep- 
tion,  à  Cadore;  Le  prophète  Elle,  ponr  le 
couvent  de  Saint-ÉIte  dans  le  mont  Liban  ;  la 
Cène,  Saint  Michel  archange,  La  Vierge  et 
Ven/ant  Jésus,  à  Venise.  Cet  artiste  a  gravé  un 
portrait  et  plusieurs  vignettes  pour  les  œuvres 
poétiques  de  l^ibbé  Vîcioi ,  son  ami  intime.  En 
1789  il  restaura  les  ornements  de  l'escalier  d'Or 
du  palais  des  Doges.  Comme  peintre  II  n*eut  ja- 
maisun  talent  bien  remarquable.  Il  cultiva  aussi 
la  poésie,  récita  quelques  morceaux  dans  l'A- 
cadémie des  Arcades,  et  laissa  inédit  un  recueil 
de  Fantasie  pastorali. 

Son  fils  et  son  élève,  Novelli  (fYancesco), 
né  en  1764,  s'adonna  à  la  gravure;  Il  travailla 
à  l'eau-forte  et  au  burin  d'après  Titien ,  Mante- 
gna,  Raphaël,  son  père,  etc.;  on  remarque  dans 
son  œuvre  Disegni  del  Manlegna,  48  pi.  in-fol., 
V Œuvre  de  Rembrandt,  suite  de  copies  faites 


343 


KO  VELU  —  JN'OVES 


344 


avec  Cumano,    des   Groupes  de  figures  de 
femmes,  etc.  p. 

Qaadrl,  Olto  Cforni  In  rênêita.  -  E.  de  Tipahlo» 
Btogr.  degti  Italiani  iUuUri,  VI.  —  Campori.  CH  Ar* 
(Mi  fifgli  Stati  Ettensi. 

novELLis  {Jacques  de).  Voy.  Benuit  Xlf. 

NOTELLO  (Guido),  Voy,  GUIDO. 

NOTBLLO  DA  sAiff-LCCANO ,  ardiîtecte 
napolitain ,  né  vers  1440,  mort  en  1510.  On 
ignore  quel  fut  son  maître  ;  mais  en  le  voyant 
l'un  des  premiers  marcher  vers  la  renaissance, 
on  doit  supposer  qn'il  avait  étudié  à  Rome  dont 
évidemment  les  monuments  antiques  avaient  eu 
sur  son  style  la  plus  lieurense  influence.  On  re- 
garde comme  la  pins  importante  de  ses  entre- 
prises la  restauration  de  l'église  de  San-Dome- 
nico  Maggiore  de  Naples ,  qui  avait  été  ren- 
versée en  partie  par  le  tremblement  déterre  de 
1456.  Le  goût  dont  il  avait  fait  preuve  engagea 
le  prince  de  Saleme,  Robert  San-Severino,  à  le 
charger  de  la  construction  d*un  vaste  palais,  qui 
fut  terminé  en  1480.  Il  est  hors  de  doute  que 
pendant  les  trente  années  qn*il  vécut  encore 
Novello  ne  dut  pas  rester  oisif;  mais  cepen- 
dant on  ne  connaît  à  Naples  aucun  autre  édi- 
fice qui  puisse  lui  être  attribué  avec  certitude. 

E.  B-N. 

0.  Placenza.  Giunta  afto  Notitie  di  BaUtinueet.  — 
L.  Galantl,  Napoli  e  eontomi.  —  NapoU  e  i  luopM  ce- 
Mni  dette  sue  vMnante. 

NOVERRB  (/eaii-Georpes),  chorégraphe  fran- 
çais, né  à  Paris,  le  29  avril  1727,  mortà  Saint- 
Germain-en-Laye,  le  19  novembre  1810.  Fils 
d*un  adjudant  au  service  de  Charles  XII  et  des- 
tiné par  son  père  à  la  profession  des  armes,  son 
goût  passionné  pour  la  danse  l'entraîna  vers  le 
thé&tre.  Élève  de  Dupré,  il  débuta  avec  succès 
devant  la  cour,  à  Fontainebleau ,  au  mois  d'oc- 
tobre 1743.  A  l'Age  de  vingt  et  un  ans,  Noverre 
se  rendit  à  Berlin;  mais  quoiqu'il  y  eût  été  très- 
bien  accueilli  par  Frédéric  II  et  par  le  prince 
Henri  de  Prusse ,  il  ne  tarda  pas  à  revenir  à 
Pari3,  où  il  fut  nommé  maître  de  ballet  à  l'Opéra- 
Comique.  En  1755  il  alla  remplir  les  mêmes 
fonctions  à  l'Opéra  de  Londres  et  ensuite  à  celui 
de  Lyon,  en  1758.  Peu  de  temps  après,  Il  partit 
pour  Stultgard ,  et  y  dirigea  jusqu'en  1 764  les 
ballets  de  la  cour  du  duc  de  Wurtemberg,  qui 
était  alors  l'une  des  plus  brillantes  de  l'Europe. 
Plus  tard,  en'  1770,  il  fut  attaché,  en  qualité  de 
maître  de  ballet,  au  théâtre  de  Vienne,  puis  à 
celui  de  Milan.  De  retour  à  Paris,  il  fut  chargé 
en  1776  de  la  direction  de  la  danse  à  l'Acadé- 
mie royale  de  musique,  et  occupa  cette  place 
jusqu'en  1780,  époque  à  laquelle  il  quitta  défini- 
tivement le  théâtre.  Ayant  obtenu  une  pension 
sur  la  cassette  du  roi,  il  se  retira  à  Saint-Germain- 
en-Laye,  près  Paris,  où  il  mourut,  à  Tàge  de 
quatre-vingt-trois  ans. 

Noverre  s'est  acquis  une  certaine  célébrité 
comme  chorégraphe.  Profitant  des  ingénieuses 
innovations  précédemment  introduites  à  l'Opéra 
par  m"'  Salle  et  poursuivant  la  réforme  dés  cos- 


tumes entreprise  par  cette  virtuose  delà  ilanse, 
n  supprima  le  masque  qui  couvrait  le  visage  des 
danseurs,  fit  disparaître  de  la  scène  les  pannier», 
les  tonnelets  et  autres  ridicules  accoutrements, 
et  donna  le  premier  au  ballet  pantomime  uae 
action  dramatique  en  y  introduisant  TimitatloQ 
vraie  de  la  nature ,  autant  que  le  comporte  ce 
genre  de  spectacle.  Noverre  et  les  Gardd  ap- 
portèrent dans  leur  art  la  même  révolution  qoi 
fut  ensuite  opérée  dans  la  musique  française  par 
Gluck,  Picdnni  et  Sacch'ini.  On  a  de  Koverre 
un  grand  nombre  de  ballets  qui  ont  obtenu  de 
brillants  succès.  Nous  nous  bornerons  à  indiquer 
ici  ceux  qui  ont  été  représentés  à  rAcadémie 
royale  de  musique  :  Médée  et  Jason,  ballet 
pantomime,  en  trois  actes  (1775);  —  Xe5  Ca- 
prices  de  Galathée,  id.  (  1776);  —  Appelles 
et  Campaspe,  id.  (1776);  —Les  Borates, 
id.  (1777);  —  La  FéU  ehinoise/\^,  (1778); 
--  Annetle  et  Lubin,  id.  (1778);  -  l^ 
petits  Riens,  id.   (1778);  ^  La  Toilette  de 
Véniu,  id.  (1779);  —  Médée,  \d,  (1780).- 
Longtemps  déjà  avant  l'apparition  des  ballets 
que  nous  venons  de  citer  sur  la  scène  française, 
Noverre  avait  exposé  ses  idées  sur  la  régânéra- 
tion  de  son  art  dans  un  ouvrage  intitulé  Lettres 
sur  la  danse  et  tes  ballets ,  qui  fut  publié  à 
Lyon,  en  1760,  un  vol.  in-8».  Ce  livre,  dans  le- 
quel l'auteur  traite  de  Topera  français,  offre  des 
vues  aussi  remarquables  par  leur  justesse  qoe 
par  leur  nouveauté  à  cette  époque.  H  eo  a  été 
lait  successivement  plusieurs  éditions  en  France 
et  à  l'étranger;  la  dernière  a  paru  h  Paria,  en 
1807,  sous  le  titre  de  Lettres  sur  les  arts  inù' 
tateurs  en  général,  et  sur  la  danse  en  parti- 
culier, 2  vol.  in-8».  On' a  aussi  de  Noverre  une 
brochure  ayant  pour  titre  :  Observations  sw 
la  construction  d^ftne  nouvelle  salle  d^ Opéra; 
Paris,  1781.  D.  DEimE-BABOK.  ^, 

De  La  Borde,  Essai  sur  la  Musique.  —  C*Ui  Sla<^ 
De  ta  Danu  et  des  Baiiets.  —  Le  même.  L'JcadémU  im- 
périale de  musique,  histoire  iUtérairet  musieaie,  etc. 
—  Fetb.  Biographie  universelle  des  Mutieieru. 

NOVES  (Laure  ns),  et  non  pas  de  Sade, 
plus  connue  sous  le  nom  de  la  belle  Laure, 
néeàVaucluse  ou  à  Lagnes,  en  avril.  1308,  morte 
le  6  avril  1348,  au  même  Uen  ou  à  Arignon. 
Laure  de  Noves,  tel  est  le  nom  donné  par  la  plu- 
part des  biographes  à  la  femme  que  les  vers  de 
Pétrarque  ont  immortalisée.  Ce  n'est  pourtant 
là  qu'une  hypothèse,  et  il  nous  paraît  plus  trai- 
serobtable  que  loin  d^appartenir  à  la  famille  de 
Noves  et  d'avoir  pour  père  Audibert  de  Noves, 
syndic  (échevin)  d^Avigooo,  Laure  était  is^^ue 
des  seigneurs  de  Vaucluse,  qui  tenaient  à  la  mai- 
son d'Adhémar,  d'où  sont  sortis  les  princes  d'O- 
range et  les  comtes  de  Grignan.  Le  système  qui 
la  fait  naître  à  Avignon ,  le  4  Juin  1314,  nous 
semble  inadmissible,  et  son  mariage  avec  un 
certain  Hugues  de  Sade,  le  10  janvier  1325,  doit 
être  mis  au  rang  des  fictions  romanesques  jus- 
qu'à ce  que  des  monuments  authentiques  et 
des  titres  primordiaux  irrccusables  soient  venus 


345 


NOVES  —  NOVI 


i'attesier    d*nne  manière  qoi  dissipe  tous  les 
doutes.  La  Laurc  aimée  du  poète  vécut  et  mou- 
rut Tierge.  C'est  sur  les  rires  de  la  Sorgue,  et 
Boo  pas  dans  T^ise  des  religieuses  de  Sainte- 
Claire  à  Avignon ,  le  lundi  6  avril  1327,  que 
Pétrarque  rencontra  Lanre  pour  la  première 
fois,  et  conçut  pour  elle  cette  passion  forte  et 
constante  qui  ne  saurait  aujourd'hui  être  mise 
en  doate ,  et  qui  fit  en  même  temps  le  bon- 
heur, le  tourment  et  la  gloire  de  la  moitié  de  sa 
w.  Pétrarque  {vop.  cd  nom),  chassé  avec  sa 
famille  de  la  Toscane  par  les  guerres  des  guelfes 
et  des  gibelins,  était  venu  chercher  un  asile  dans 
le  comtat  Yenaissin,  et  s'éteit  fixé  à  Vaucluse. 
11  avait  alurs  vingt-trois  ans.  La  maison  qu'il 
habiUit  était  située  vts-à^vis  de  la  maison  des 
parents  de  Laore,  et  son  rôFe  à  l'égard  de  cette 
O^nie  demaiselie  se  serait  tocyours  réduit  à 
celui  de  panégyriste  de  ses  qualités  estimables. 
Laure,  que  Pétrarque  vit  pour  la  dernière  fois 
le  27  septembre  1347,  mourut  l'année  suivante, 
<l*ane  maladie  de  langueur,  six  mois  avant  une 
peste  terrible  qui  désola  ces  contrées,  et  le  6 
avril  1351  l'illustre  poète,  se  rappelant  que  ce 
jour  luisait  pour  la  troisième  fois  depuis  qu'il 
Tavait  perdue,  fixa  ce  funeste  anniversaire  dans 
on  sonnet  qui  se  termine  par  ces  mots  si  tou- 
chants :  <c  Ah!  qu'il  était  beau  de  mourir  il  y  a 
aujourd'hui  trois  ans  !  »  Suivant  une  note  écrite, 
dit-oD ,  de  la  propre  main  de  Pétrarque  sur  un 
Virgile  manuscrit  conservé  à  la  bibliothèque 
ambrosienne  de  Milan ,  Laure  aurait  été  inhu- 
mée dans  l'église  des  Frères  mineurs  d'Avignon; 
mais  cette  note  est  considérée  par  de  savants 
critiques  comme  entièrement  apocryphe.   On 
prétend  avoir,  en  1533,  découvert  le  tombeau 
de  Lanre,  qui  de  Taveu  général  n'a  fourni  ni  à 
l'intérieur,  ni  à  l'extérieur,  aucune  désignation 
du  Dom  de  la  défunte  ou  de  l'année  de  son  dé- 
cès. Sons  une  dalle  sans  inscription ,  mais  sur 
laquelle  étaient  sculptés  deux  écussons  effacés 
par  le  temps  et  surmontés  d'une  rose,  on  trouva 
quelques  petits  ossements,  et  une  mâchoire  en- 
tière, auprès  de  laquelle  était  déposée  une  botte 
de  plomb,  fermée  avec  un  fil  de  fer.  Cette  boite 
contenait  un  parchemin  plié  et  scellé  de  cire 
verte,  avec  une  médaille  en  bronze  représentant 
une  femme  qui  se  couvre^e  sein,  entourée  d'une 
légende  qui  consistait  en  ces  quatre  lettres  : 
M.  L.  M.  J.  On  rinterpréta  bizarrement  :  Ma- 
donna  Laura  tnorta  jace,  ce  qui  ne  saurait 
être  considéré  comme  une  véritable  découverte 
épigraphique.  Un  sonnet  italien,  signé  Pe/rarca, 
était  sur  le  parchemin;  mais  sa  médiocrité,  son 
prosuame  prouvent  de  reste  que  Pétrarque  n'en 
est  point  l'auteur.  Au  mois  de  septembre  de  cette 
année,  François  l^',  passant  par  ATîgnon,  voulut 
yoir  le  prétendu  tombeau  de  Laure,  à  laquelle 
il  ordonna  d'élever  un  mausolée,  ce  qni  n'a 
iamais  été  exécuté.  Ce  princû  l'Iionora  même  de 
i'épitaphe  suivante,  qui  ne  vaut  pas  celle  que  lui 
ATait  consacrée  son  Pétrarque  : 


346 


En  p«tU  Ueu  comprlf,  vous  pourez  voir 
Ce  qui  eoroprrnd  l>eaucoup  par  renommée, 
Plome,  labear,  U  langue  et  le  aavoir 
Fureot  vaincos  par  l'amant  de  Katmée. 
O  genUUe  Ame  l  étant  tant  eitlrede, 
Qui  te  pourra  louer,  qu'en  se  taisant? 
Car  la  parole  est  toujours  réprimée, 
Quand  le  sujet  surmonte  le  disant 

L'église  des  Cordeliers  et  ce  que  l'on  consi- 
dérait comme  le  tombeau  dç  Laure  ont  été  dé- 
truits pendant  la  révolution ,  et  il  n'en  reste 
plus  auctm  vestige.  Nous  n'approfondirons  pas 
davantage  la  biographie  de  cette  femme,  qui  de- 
puis quatre  siècles  fait  plus  de  bruit  qu'elle  n'en 
a  fait,  à  coup  sûr,  de  son  temps,  et  4ont  l'exis- 
tence a  même  paru  à  certains  auteurs  quelque 
peu  problématique.  H.  F. 

D'OUvler-ViUUfl,  L'illustre  châtelaine  de  raucluset 
iWi.  In-i».  -  J.-J.-F.  CosUlng  de  Poslgnan,  Im  Muse 
de  Pétrarque  dont  Ut  eoUines  de  raucluse,- 181  S,  In-il. 
—  Oe  S»ie ,  Mémoiret  sur  Pétrarque  <!7U,  8  vol.  In-4»J- 

HO VI  (Poûlo  ns),  doge  de  Gènes,  décapité 
à  Gènes,  le  5  juin  1507.  En  1507  les  Génois, 
toujours  inquiets  et  volages,  résolurent  de  s'af- 
franchir, du  protectorat  de  la  France  et  de  se 
donner  à  l'empereur  Maximiiien.  Comptant  sur 
l'appui  de  l'Allemagne,  ils  chassèrent  Jean-Louis 
Fieschi  qui  gouvernait  pour  la  France.  La  no- 
blesse ne  prit  aucune  part  à  ce  mouvement, 
qu'elle  regardait  comme  fort  imprudent,  et  quitta 
la  ville  ;  les  négociants  imitèrent  cet  exemple. 
Le  peuple,  abandonné  à  lui-même,  nomma  huit 
tribuns,  parmi  lesquels  Paul  de  Novi,  riche  tein- 
turier, qui,  selon  Uberto  Folieta,  Bizarre,  Guic- 
oiardini  et  autres  historiens  génois  «  joignait  à 
beaucoup  de  force  de  caractère  et  d'intégrité  une 
aptitude  aux  affaires  et  un  courage  dignes  de  cir- 
constances plus  heureuses» .  Louis XII invitales 
Génois  à  ne  pas  persister  dans  leur  rébellion.  Ceux- 
ci  répondirent  à  ses  propositions  pacifiques  en 
mettant  le  siège  devant  Monaco  et  en  persécutant 
les  nobles,  restés  pariisans  de  la  France.  Louis 
se  décida  à  passer  les  monts  (3  avril  1507)  pour 
en  finir  avec  les  continuelles  séditions  qui  agi- 
taient Gênes  et  forçaient  la  France  à  entretenir 
continuellement  dins  la  Ligurie  des  forces  con- 
sidérables. Le  26  il  attaquables  défilés  de  la  Pol- 
devera  avec  une  armée  de  deux  mille  trois  cents 
chevaux  et  douze  mille  hommes  de  pied.  Les 
Génois  s'enfuirent  presque  sans  combattre.  Ils  je- 
tèrent l'épouvante  dans  la  ville,  qui  ne  pensa  plus 
qu'à  se  rendre  à  discrétion.  Paul  de  Novi  essaya 
de  défendre  le  poste  de  la  Lanterne  (27  avril); 
il  en  fut  délogé  par  l'artillerie  française.  II  s'em- 
barqua pour  la  Toscane,  relâcha  à  Pise  et  de 
là  voulut  gagner  les  États  romains;  une  tem- 
pête le  jeta  en  Corse.  Il  fut  livré  aux  Fran- 
çais, et  Louis  Xir,  en  pardonnant  à  tous  les  Gé- 
nois, l'excepta  d'une  amnistie,  ainsi  que  Démé- 
trius  Giustittianl.  Ces  deux  chefs  furent  décapités  ; 
leurs  membres  furent  exposés  sur  les  portes  de 
la  ville.  A.  nE  L. 

Jaeob  Nardl.  I»f.  Fior.,  t.  IV,  p.  19S.  -  Uberto  Fo- 
liota, /list.,  lib.  XII,  p.  6M-70I.  —  Petrl  BIzarro,  Hlst. 
genuensû  lit>.  xviii,  p.  kn-hn.  —  Fr.  Goicciardinl,  atst^ 


347 


NOVI  —  NOVIUS 


llb.  VII,  p.  37S-87t.  -  Aff.  Gluttloiaol»  Storla  di  /;«- 
nova,  llb.  VI,  p.  iss.  -  Shmondl,  HUt.  des  répub.  Ua- 
Uermes  du  moyen  âge,  t.  X1II«  chap.  ar,  p.  86S>S70. 

50VIDIUS  (AMàroU€)^p9ète\9tin  moderne. 
Dé  à  Forenza  (royaume  demàples),  vivait  dans  la 
seconde  moitié  du  seizième  siècle.  II  passa  la  plus 
grande  partie  de  sa  vie  àftomet  ^  îl  s'adonna 
à  la  culture  de  la  poésie  latine  ;  un  de  ses  pro- 
tecteurs fut  Alexandre  Faiîièse.  Oo  connaît  de 
loi  deux  poëmes^  intitulés  Consoiaiio  ad  Eo- 
manos  (Rome,  1538,  in-i2),  et  Saerorum 
fastorum  lia.  XH  (Revue,  1547,  in-4";  An- 
vers, 1Ô59,  în-12);  oo  Uonve  à  la  tète  de  ce 
dernier  ouvrage  un  calendrier  curieux  pour  la 
connaissance  de  certains  usages  de  l'Église  ro- 
maine, p^ 

Rotermund,  Suvplém.  à  Jôcher. 

■«▼fKor  (^(;o/a4-/vanoi?i/cil),nttér8tear 
rosse»  né  à  Tikhvenskoé,  près  de  Btoacou,  le 
20  avril  1744,  rooK  au  même  ïim,  le  31  juHlet 
1SI8.  Après  avoir  reçn  dans  la  maison  patenielle 
i*é<lucation  fort  médk>cre  que  Iss  gentilshoonnes 
eampa^iafds  donoaient  alors  à  leurs  Us,  il  alla 
à  PéCepsboarg,  à  l'ège  de  dhi-buit  ans,  servir 
dans  les  gardes.  Les  leelorea  q«*it  y  fit  lui  in», 
piraient  une  telle  passion  pour  les  lettres  que, 
pour  e'y  eonsacner  entièrement;  Il  abandonna 
bientâti»  carrière  mRilaire.  Son  premier  es<^ 
Ait  la  création  d*«n  joumnl  satirique  et  Mie  Bim^ 
frapfUe  lUiéraire  russe,  la  première  dans  ce 
geare,  sans  laquelle  plos  d'un  rensel^wmeBl 
serait  maintenant  intuonvable.  Fixé  à  Mosooven 
t769,  il  y  publia,  en  19  vol.  in-a**,  une  Ancûnna 
BibêMkéquê  ruMie,  précienx  recnail  de  (fivera 
deeuroeots  historiques,  dent  anonn  n'est  sans 
valeur;  il  y  prit  la  d'ireeUen  de  k  GtueUe  de 
Mosco/kf  Ibnda  plusieurs  revnes,  onvrit  le  pi^ 
mier  cabinet  de  leeUure  qu'il  y  eut  à  Jâmumm^ 
capitale  qui  en  1753  n'avait  pas  eneora  une 
seule  Hbrairie,  et  se  fit  enfin  hii^mtene  inpii- 
mear  et  libraire,  il  est  difficile  d'énomérer  tout 
œ  qu'il  pépandil  en  Russie  de  livras,,  et  fmn 
bien  pessortir  le  salutaiie  élan  qu'il  iBqprnna  à 
r»  société  russe,  pleine  d'une  wé^m  netwelle 
trop  faiblement  développée.  En  1794,  Novibor 
commença  dans  la  Gasette  de  Mokou  une 
MMoifêde  tordre  det  Jéeuites.  L'inpénalrioe 
it  arrêter  celte  publieatiavet  soigneusement  re- 
chercher ee  qui  es  avait  paru.  <  Considérant» 
perte  son  reserit  à  ce  sujet,  que  neea  avons  ae- 
cordé  notre  ppsteetioaà  cet  ordre,  nous  ne  per- 
mettons à  qui  qoeoe  soit  de  lui  porter  atteinle.  » 
L'année  suivante,  le  même  souveraÎB  ordonna  au 
métropolite  de  Kosooo,  le  célèbre  Platon,  d'exa- 
miner sévèrement  tous  les  Uvrea  qui  sortaient 
des  ateKers  de  Novikof.  Platon  les  divisa  en 
trois  catégories  :  1*  les  livres  Htfféraires  (quW 
ne  saurait  assez  maltiplier  )  ;  ^  les  livres  mys-^ 
tiques  ( pour  ceux-ci ,  dlt^l,  je  n^y  eomprênde 
rien,  et  ne  puis,  par  conséquent,  les  appri^'er); 
3'  les  ouvrages  des  encyclopédistes,  qu'il  regar- 
dait comme  de  dangereuses  et  mauvaises 
àerèes;  puis,  ploa  soucieux  de  bi  sécurité  de 


848 


Novikof  que  de  l'intégrité  de  la  doctrine  dont  il 
était  le  gardien,  il  déètera  à  sa  souveraine  qne 
«  devant  le  trAne  de  Dieu  et  son  thtaie  11  ras- 
surait qu'il  déaîrecait  que  non -seulement  ses 
ouailles,  maisencore  que  tous  les  hommeasoient 
aussi  bons  chrétiens  que  l'était  Novikof  ».  Obli- 
gée d'ajouter  foi  À  oe  témoignage,  l'impératrice  ne 
continua  pan  moins  à  negarder  ^(ovikor  comme 
un  fanatique^  mit  des  entravée  à  aoo  activité, 
et  finit,  en  1791,  sur  des  dénonciations  mn 
édairoies,  par  le  faire  arrêter,  par  mellra  s« 
biens  sons  séquestre  et  le  jeter  en  prison  i 
Schiusselbourg.  Il  y  demeura  quatre  aw.  L'em- 
pereur Paul,  le  jour  même  de  son  avènement  an 
trâne.  rendit  à  Novikof  sa  liberté  et  son  patri- 
moine. Ce  fui  là  qu'il  termina  ses  Joaia»  dann  la 
culture  des  lettres  et  la  société  de  quelques  amis 
fidèles.  Pc^AuGL— n. 

Gretcb .  Esioi  iur  fhUL  de  la  HUér.  russe.  •  Dêe- 
nonnaires  hist.  de  Baotlch-Kameiukl  et  du  Dtftropoine 
■■géoe.  —  te  Messager  russe,  isrr,  b»»  is  et  si.  ~  ite- 
vif«  des  étudimtê  de  tuntfersUi  4e  ^MÉrtrJMtfvdMvy. 
l-l.^Us  annales  de  ta  pairie,  itss,  t.  lu.  —  JnsuUes 
tUbltoçr.  de  Moscou,  1818,  n»  6. 

NOTIOMACVS.    Voff.  BnONCHOBST. 

woTiosr  (Jean-Victor,  comte  i»b),  officier 
français,  né  en  1747,  à  Laon,  oh  il  est  mort,  le 
18  juillet  1825.  Issu  d'une  famille  de  robe,  il 
suivit  la  carrière  des  armes,  et  était  à  répoqoe 
de  la  révolution  capitaine  d'infanterie  et  chevalier 
de  Saint-Louis.  Élu  député  suppléant  de  la  no- 
blesse du  Yermandoîs  aux  états  généraux,  il 
remplaça,  en  1790,  lecomtedeMîremont,  et  vota 
constamment  avec  le  côté  droit.  Vers  la  fita  de 
1791,  il  émigra,  se  rendît  à  Londres,  puis  à  Lis- 
bonne, et,  grâce  an  crédit  du  ministre  Rodrigue 
de  Souza,  fit  agréer  an  prince  régent  ses  services 
pour  rorgaoisation  d'un  corps  de  |)olice  urbaine. 
Bi  1804,  cette  institntion  préservatrice,  dont 
Lisbonne  n'avait  jamais  été  dotée,  foncfiomiaft 
d'une  manière  r^lîèi-e,  après  bien  des  eflforts 
que  le  mauvais  vouloir  des  grands  seigneurs 
rendit  longtemps   stériles.  Lorsqu'on  1807  la 
cour  s'embarqua  pour  le  Brésîf.  Novion  réussit 
à  maintenir  la  tranquillité  par  des  mesures  à  hi 
fois  sages  et  énergiques,  et  pendant  l'occupatta 
française,  il  remplit  les  fonctions  de  commandant 
d*arroes  de  la  place.  Le  gouvernement  portn^ib 
le  récompensa  de  ses  services  par  le  grade  de 
marédial  de  camp.  Rentré  en  France  en  1814, 
il  ftit  nommé,  en  1816,  prévôt  du  déperfemeat 
de  l'Aisne.  p.  l, 

Mumal  4s  rSmpIre,  S  mars  1808.  -  TMéhaiiIt,  JMto^ 
rim  4e  retpéduiûn  dTEspa^m  ei  de  fiertugsd. 

■•qrtesi.  Foy.  Ponm. 

W^wm{Augusiirt  nt),  canonisie  HaHea,  né 
en  Lombantle,  vivait  an  quinxièroe  siède;  il 
peelessa  le  dhiil  à  Pavie,  devioft  chanoine  J  H 
laissa  entre  autres  écrits,  un  Scnsttmkm.  M^ 
prniUum  in  fuatricojuuiium  eonsiOum^  qui 
lut  imprimé  à  Ftovence  en  1500,  iliibL  Gw  Bl 
Pabvldiis,  MbUat^eaa  latista  medU  ssH^  L  1,  ».  M». 

HOTiiTS,  poètfroomique  latin,  vivait  aucune 
mencement  du  l"'  siècle  avant  J.-C.  U  étail 


U9 


WOVIUS  —  NOY 


UO 


d«  dKtaleiv  SyHa  el  dn  poète 
comique  PonpooMu.  Il  se  rendit  célètee  |Mr  ses 
ateUamêg^  q/m  jomnal  loog^empé  chcx  ks  an; 
ciess  d'ooe  grand»  répolaCion  el  ^ne  Honnot 
MaroBUtts  cite  convent.  U  eonposa  eusà  des 
(nnédies  imtées  da  tbéàân  grec.  U  mm  de 
KoTios  esl  rréqnenwMnt  eonlioodn  das  les  ne- 
DQscrits  nvee  les  noms  de  ttenoê  et  de  Vetliis. 
Us  rragpienls  qm  nsicnl  de  hii  sasltrap  esarts 
pour  avoir  quelque  intérêt  littéraire  ;  mais  ils 
soot  précienx  pour  l*histoire  de  la  langue  latine, 
Yoid  les  titres  de  ses  pièces  :  Agrieoim^  ÉMành 
macha^  iitatau^  Buàuieuâ  Cefia,  /Hiceii/a» 
Colax^  tHevma,  Depaiici,  Dotata^  Duo  Jk»- 
senif  £eulna^  Mniacâs^  SxodhtMt  PMèoni^ 
eus,  FuUuMM  JMatit  FtMus,  ÇoUimaria^ 
Ganvù,  MeUsra,  làgnaria,  i0aocê^  Maeau 
Caupo,  Maccus  êxul,  MaiemUa^  Monte  ne* 
dica^.MUUet  Pùm»ttiuiuêê^  M4n'UM  et  uitm 
judiciMtm^  Optio,  Pappus  prmterUùs^  Parcu»^ 
Panlus,  Pwiius  on  Pmdimm,  PtamUut^  Pir 
eus,  Prxto  posierior^  QtimtiUK  Swréus,  Jo* 
bellaria,  Jofutaria,  TripertiiOf  Vimdtmèa» 
tores f  Virç9  prxgnans,  Zçmtu  Les/ropmenls 
de  Kofius  ont  été  recueillis  par  Bolhe  :  Poêim 
tceniei  latiMonimf  Fragaœnla^  t.  IL      Y. 

Fabriciai,  8iNiotkeea  tofiiia.  -  W«lflbnl,  tSitimnm 
iaUnorum..^  vite.  p.  SI. 

howaUi  {Chéhab  ed  Dg»  AAmed)^  his- 
torien et  jnriseonsulte  arabe,  né  à  Taber,  dans 
la  haute  Egypte,  Tors  l2ao,  mort  en  1332.  JLe 
seul  ouwage  de  lui  que  nous  connaissions  est 
une  sorte  d'enejdopédie  intitulée  :  iiîhagai  al 
arab/ijonùuu  aladabj  traitant  de  tout  os  qui 
concerne  les  difTéreotes  brandies  des  belles-let- 
tres. Cet  ouvrage,  divisé  en  cinq  livres»  forme 
10  Yoloines.  La  Bibliothèque  impériale  de  Paris 
et  celle  de  TEscurial  en  possèdent  quelques  vo* 
lûmes;  dans  celle  de  roniversité  de  Leyde  se 
trsnTeaaeoieroplaire  conapiet.  On  n'en  a  josqu'id 
ÎBBpriné  que  des  extraits,  lis  sont  innérés  dans 
Albert  Scboltens,  Mùnumenia  vetustwra 
Arabùf,  sive  specimina  qtuedtim  iliustria  an* 
tiquM  memori»  et  lïnguœ^  êas  mamueriptU 
eodicilnu  Mureirii,  âfeMudii,  etc.,  excêrpta  ; 
Leyde,  1740,  in-4*;  pois  dans  Eiebbom,  M(h 
mmenia  antiquéêêima  àietorUe  Araèum  poêt 
Àiberium  Sehultenêium  colteetOy  cum  lafina 
veniané;  Gottia  1775,  iU'^S*;  dans  J.  L.  BaMS- 
DMiasen,  Additamênta  mi  hàitorèam  Ar&Jiwm 
anie  ItUmUsmwm,  excerptmex  tbn  N^bathm, 
yoveino,  ttc»;  Copenhague,  1891,  i»4*;  et 
dans  Annales  islainismiy  sive  tééulm  jyn- 
chnmisiiex  '  chronologies  ehatijorum  et  rt- 
911JB  Orieniis  et  Occideniis^  etc.  ;  Copenhague, 
I82&,  in-4**.  Quelques  chapitres  relatirs  à  l'his- 
toire dt  l'Afrique  septentrionale  ont  été  tradaits 
par  Mac  GInkin  Slane,  qui  les  a  aiootés  comme 
appendices  à  sa  traduction  de  VHietokre  des 
Berbères  d'Afrique,  par  Ibn-Klialdonn  ;  AJ^r, 
1853  et  s»jtT.,4  vol.  in-8^  U  partie  de  l'histoire 
de  Howaïri  qui  cooeema  U  Siciit  mus  Ingonver- 


nement  dea  mnsnbnint  a  été  pnbKée  en  arabe 
et  en  latin  par  le  chanoine  Gwgario  Roaario» 
deas  In  CnJ^ss^one  di  cnat  mmèê-êidUanêt 
Palerme,  17M^  Cauasia  en  n  donné  une  Iradnc- 
tion  tnnçaiae»  p^  l£t2,  à  la  suite  du  Kofnjt  en 
Sicito,  de  Riedtwel.  M.  Moêl  D«  Vsfisrs  en  n 
es^trait  les  chapitres  relalilii  anx  Agbl«hites 
dana  son  iVtsIotre  de  la  Sicile  sems  lus  il^Ala- 
Mes,  en  afibe  et  en  français  (  Paris,  U«  1 ,  hhT). 
la  partie  rriatire  à  U  Syrie  a  été  tradnîte,  avec 
un  aperça  de  TonTrage  entier,  par  Reisbe,  qui 
l'a  publié  à  la  auile  de  aa  Descriptian  ée  la 
Syrie  par  AhoQlftiln  ;  Leipa{g«  174A,  hl-4^    R. 

Ha411  kàaUlB^UsieimèMliotiraphèemm  «c  •wtyrtapMf- 
emm.  *  Introduction  des  oavr»ffetd«  lUMmoueiu  Scknl' 
têms  EiehMom, 

iiewBLL  (Alexander)^  théologien  anglais, 
né  en  1507  ou  1508,  à  Rendhall  (comté  de  Lan- 
eastre),  mort  le  13  lévrier  1«0Q,  à  Londres.  Des» 
tiné  à  l'état  ecclésiastique,  il  lit  ses  étndm  à 
l'université  d'Oxford,  y  enseigna  U  logique  et 
en  fct  un  des  ogrp^.  Après  areir  été  reçu 
maître  es  arts,  il  vint  i  Londres,  M  attaché 
eomme  sous*mailra  à  l'école  réceminent  Amdée 
de  Westminster  (1  S43|,  etobtfnt,  en  1 5f>0,  hi  per- 
mission de  prêcher  en  dilTérants  endroits  du 
royanme.  Il  était  chanoine  lorsqu'on  1553  il  fot 
élu  dépoté  du  bourg  de  Léo  en  Comouallle  à  tai 
chambre  des  communes;  mais  l'électiQO  Ait 
cassée  pour  vice  de  forme.  Obligié,  dans  la  même 
année,  de  se  soustraire  aux  persécutions  dirigées 
contre  les  prolestants,  il  troitva  on  asile  k  Stras- 
bourg, où  s'étalent  réftigiés  les  principaux  cliefedo 
l'Églii^e anglicane,  Jewelt,  Sandys, Grindal,  etc.; 
il  ne  retourna  dans  sa  patrie  que  sous  le  règne 
dtif subeth.  D'abord  chapelahi  db  l'évèqiie  Grin- 
dal (1550),  il  fut  nommé  en  1580  archidiacre 
du  Mlddlesex  d  doyen  de  Saint-Paul,  et  en  1594 
clianoinc  de  Wbidsor.  C'était  un  homme  ins- 
truit, charitable,  d'une  fdété  exemplaire,  et 
grand  ami  des  lettres  ;  une  partie  de  ses  revenus 
fut  employée  à  U  fondation  d'une  école  dans  le 
Lancashire  et  de  trefoe  bourses  au  eoltége  Brasen- 
nose,  où  il  avait  été  élevé-.  H  fut  un  des  eedé- 
siastiques  les  plus  zélés  à  propsger  les  principes 
de  la  réforme,  et  prit  une  part  influente  aux  Ira* 
vaux  de  l'assemblée  qui,  en  1583,  révisa  les  ar- 
ticles de  la  communion  anglicane.  Outre  des  ser> 
motts  et  des  ttaftés  de  controverse  contre  l'ÉglIée 
romaine,  on  a  de  lui  deux  CnfécAtsmef  en  latin, 
dont  Tun  est  faHrégé  de  Taotre,  imprimés  tous 
deux  en  1570  (in-4*  et  bi-8*),  et  qui  ont  été  en 
nsage  pendant  plus  d'un  ^ècle  ;  Ils  ont  été  1M- 
duiis  en  anglais  et  en  grec. 

Son  (Mre,  Lawrence  Novtvll,  mort  en  1576, 
Alt  archidiacre  de  Derby  et  doyen  de  Uchfield  ; 
savant  arehéologue,  il  composa  plusieurs  ou- 
vrages qui  se  trouvent  en  manuscrit  au  BritisI» 
Bfoseum  h  Oxford,  entre  antres  on  VoeabU' 
laire  de  la  langfÊ0  saxonne,       P.  L— t. 

Cbortoo,  lÀfê  0/  jilgr.  NomêU;  Oitord,  tSOt,  In-S». 

NOT  (  IfilUam),  jurisconsulte  anglais,  né  en 

1577,  en  Comouailles,  mort  le  6  août  1834,  i 


S51 


NOY  —  NUCCI 


tbi 


Tunbridge  Wells.  £d  Miiant  du  collège  d'Eie* 
ter,  il  6*appliqaa,  dans  la  société  de  LîoooId's* 
Inn,  à  l'étude  du  droit^dans  la  connaissance  du- 
quel il  se  rendit  fameux.  Élu  député  vers  la  fin 
<lu  règne  de  Jacques  I*',  il  siégea  au  parlement 
durant  plusieurs  législatures  consécutires,  et  s*y 
montra  Tun  des  plus  ardents  adversaires  de  la 
prérogative  royale.  Il  défendit  les  intérêts  du 
peuple,  dit  Fuller,  jusqu'au  moment  où  Char- 
les l*'  lui  donna  la  place  d^attomej  général, 
en  1631.  Après  sa  défection,  il  conserva  cette 
humeur  chagrine  et  cette  indépendance  apparente 
de  caractère  qui  favaient  toujours  distingué.  On 
pouvait  Tacilement  le  gouverner  en  le  flattant,  et 
les  ministres,  en  vantant  son  savoir  et  son 
adresse,  l'amenèrent  à  découvrir  une  source 
nouvelle  et  plus  productive  de  revenus  :  \ie  fut 
lui  qui  rédigea  rordonnance  relative  à  la  taxe 
illégale  sur  la  construction  des  vaisseaux  (ship- 
money);  mais  il  ne  vécut  pas  assez  longtemps 
pour  en  voir  les  désastreuses  conséquences.  Si 
sa  mort  fut  un  sujet  d'affliction  pour  la  cour,  elle 
devint  pour  les  libéraux  le  signal  de  réjouissances 
publiques.  Noy  passait  à  bon  droit  pour  un  lé- 
giste habile,  comme  le  prouvent  les  ouvrages 
qn*il  a  écrits  et  qui  n'ont  paru  qu'après  sa  mort, 
notamment  :  A  treatite  of  ihe  principal 
grounds  and  maxinu  of  the  laiws  ofEngland  ; 
Londres,  1641,  in  4'*;  ^  Th$  perject  con^ 
veyancer,  or  several  sélect  and  choice  précé- 
dents; ibîd.,  1655,  in'4*;  —  Reports  of  cases 
taken  in  the  time  of  queen  EUtabeth,  hing 
James  and  kind  Charles  ;  iïÀd.,  1056,  1669, 
in-foL;  —  The  complet  Latoger^  or  a  treatise 
concerning  tenures  and  estâtes  in  land  of 
inheritance  for  life;  ibid.,  1661, 1674,  in-8'; 
—  A  treatise  on  the  rights  oj  the  Crown, 
declaring  how  the  king  of  England  may  sup- 
port and  increase  his  annual  revenues;  ibid., 
1715,  in-8».  P.  li— Y. 

Clarendon,  Utmoirs.  —  Lloyd,  StaU  tcorthiei.  — 
Faller,  fforthiê».  —  Chatiners ,  General  Bioçr.  DleL 

HOTDENS  (Benito-Remigio),  écrivain  es- 
pagnol, né  en  Aragon,  vers  1630,  mort  en  1685. 
Il  se  fit  connaître  par  un  ouvrage  satirique  in- 
titulé :  Historia  moral  del  Dios  Momo  (Ma- 
drid, 1666,  in-4*').  Voici  en  quelques  mots  le 
sujet  de  ce  livre  aujourd'hui  peu  connu.  Momus, 
banni  du  del,  séjourne  dans  un  grand  nqmbre 
de  corps  sur  la  terre;  il  est  tantôt  roi,  tantôt 
laboureur;  il  devient  tour  à  tour  militaire,  ecclé- 
siastique, médecin,  homme  de  loi,  et  partout  il 
cause  beaucoup  de  trouble  et  d'embarras.  Cette 
fiction  est  malheureusement  traitée  d'une  façon 
un  peu  lourde,  et  elle  cessa  bientôt  d'avoir  des 
lecteurs.  Noydens  se  livra  ensuite  à  des  travaux 
philologiques  plus  utiles.  Il  donna  une  édition 
(Madrid,  1674,  In-fol.)  du  Tesoro  de  Covarro- 
bia9,le  plus  ancien  des  dictionnaires  espagnols, 
dans  lequel  il  introduisit  des  additions  et  des 
améliorations  nomlireuses.  G.  B. 

Tickoor,  HUtùrjf  of  spanith  litcrature,  t.  III. 


HOTBE  (Do  ).  Voy.  Do  Noter  et  LocmcB. 

NOTBBS  (Guy  de),  prélat  Trançais  mort 
le  21  décembre  1193.  Son  père  était  Milon  de 
Noyers,  seigneur  bourguignon.  Après  avoir 
rempli  les  fonctions  de  prévôt  d'Auxerre  et 
d'arcliidiacre  de  Sens,  il  fut  confirmé  arche- 
vêque de  Sens ,  par  Alexandre  III,  en  1176.  On 
le  trouve  en  il 79  au  concile  de  Latran,  et  au 
couronnement  de  Philippe-Auguste  dans  Téglise 
de  Reims.  En  1180,  le  jour  de  l'Ascension, il 
couronna  lui-même,  dans  l'égKse  de  Saint-Denis, 
Isabelle,  femme  de  Philippe.  En  cette  année, 
pendant  les  fêtes  de  Noël,  il  se  trouvait  de  nou- 
veau près  du  roi  dans  la  basilique  de  Saint-De- 
nis, lorsqu'ils  eurent  ensemble  un  grand  débat 
Le  concile  de  Latran  ayant  interdit  aux  juifs  de 
posséder  des  serfs  chrétiens,  Guy  de  Noyers  pré- 
tendit fkire  lui-même  exécuter  ce  décret  :  le  roi, 
de  son  côté,  lui  enjoignit  de  s'abstenir  en  cette 
affaire ,  disant  que  toute  question  relative  à  l'é- 
tat des  personnes  était  de  la  compétence  de  la 
cour  civile.  Mais  l'archevêque  ne  voulut  pas 
comprendre  les  raisons  donn^  par  le  roi ,  et  la 
discussion  s'aigrit  à  ce  point  que  Philippe,  cour- 
roucé l'exila.  Cependant  cet  exil  ne  dura  guère. 
Nous  voyons  Guy  de  Noyers  rétabli  sur  son 
siège  dès  l'année  1181.  On  a  des  lettres  d'A- 
lexandre III,  d'Urbain  III  et  d'Etienne  de  Tour- 
nay  adressées  à  Guy  de  Noyers.  M.  Daonou  ap- 
pelle avec  raison  Guy  de  Noyers  un  àea  plo^ 
savants  prélats  de  son  époque;  mais  il  prétend 
à  tort  que  ce  prélat  n'a  laissé  que  deux  chartes 
publiées  dans  le  tome  XII  du  Gallia  christiana. 
Les  archives  manuscrites  de  l'église  de  Sens  nous 
offrent  plusieurs  autres  diplômes  du  rofme  ar- 
chevêque. G.  H. 

Gallia  chriit.,  t.  XII,  col.  19.  -  Hiti,  liU.  de  te 
France,  t.  XV,  p.  eii. 

NO¥BBS  {Miles  de),  maréchal  de  France, 
mort  en  septembre  1350.  Il  était  arrière-petit- 
neveu  d'Hugues  de  Noyers,  évêque  d'Auxerre. 
Pourvu  en  juillet  1302  de  la  cliaige  de  maréchal 
de  France,  il  la  conserva  jusqu'en  1315,  époque 
où  il  négocia,  au  nom  de  Ptiilippe  le  Bel,  la  paix 
avec  le  fils  atné  du  comte  de  Flandre.  En  1316, 
il  fut  un  des  exécuteurs  testamentaires  du  roi 
Louis  le  Hutin.  Nommé  porte-oriflamme  en  1325, 
il  se  trouva  en  1328  à  la  bataille  de  Cassel;  l'a- 
vis opportun  qu^il  donna  au  roi  de  l'attaque  des 
Flamands  décida  du  gain  de  cette  journée.  Il  fut 
aassi  présent  au  désastre  de  Crécy  (1346)  et  en- 
gagea vainement  Philippe  Yi  à  différer  le  combat 
jusqu*au  lendemain.  Il  occupa  l'office  de  grand 
bouteiiler  en  1336  et  en  1343.  —  Cette  famille, 
originaire  de  la  Bourgogne,  s'éteignit  en  1415. 
dans  la  personhede  Miles  X  de  Noyers,  comte 
de  Joigny.  P.  L. 

Anselme,  Grandi  (ifêciert  de  la  eouronne. 

NOTEII8  {Gilles  de).  Voy.  Gilles. 
NOTBRS.  Voy.  Noé. 

NCCGi  {Benedet(o),  peintre  de  l'école  ro- 
maine, né  à  Gubbio,  vers  1520,  mort  en  i587 


3S3 


WUCCI  —  NUGENT 


854 


(  aiiiM  que  le  proure  son  testament,  fait  en  1 S80). 
n  fut  plutôt  le  GompagpoD  et  f  imitateur  que  l'é- 
lère  de  Bafbellino  del  Colle,  avec  lequel  il  pei- 
gnit une  Madone  et  plusieurs  saints  pour 
Saint-Francesco  de  Cagli.  H  a  laissé  un  grand 
Bombre  d*ouTrages  dans  les  Bfarches,  dans 
rombrie  et  surtout  dans  sa  Tille  natale,  où  Ton 
voit  la  Vierge  et  plusieurs  saints,  saint  Tho- 
mas (1577),  un  Crucifiement ,  le  Baptême  de 
saint  Augustin,  la  Descente  du  Saint»Esprif, 
et  une  Cène,  placée  en  face  d*nne  Descente  de 
croix  copiée  d'après  Daniel  de  Volterre  par  son 
élèîe  YirgilioNucci.  Ce  dernier,  que  tous  les  his- 
toriens font  frère  de  Benedetto,  était  mn  fils, 
ainsi  qu'il  résulte  des  termes  du  testament  que 
DOQs  arons  déjà  dté,  et  par  lequel  son  père 

Ilnttitae  son  héritier  uniTersel.       £.  B~n. 

RMgtaiMCl,  Bitneo  éé  fn/Mteri  9MçuMni  nMê  am 
M  éiâtgna,  —  UbiI»  SUnia  fUUriea.  -^  CoalaDdl, 
Skmorie  origimaU  44  bette  artU 

aVCIVl  HICAHDRB  (NCxfltvSpoç  No<îxio;), 
Tojageur  grec,  né  à  Corcyre,  vivait  dans  la  pre- 
mière moitié  du  seizième  siècle.  Forcé,  à  la  suite 
de  diverses  aventures,  de  quitter  son  pays,  il  se 
réfugia  à  Venise.  Là  U  entra  au  service  de  Gé- 
rard Yettwick,  qui  se  rendait  comme  ambassa- 
deor  de  l'empereur  Charles  V  à  la  cour  du  sul- 
tan Soliman,  en  154&.  Il  l'accompagna  non-seu- 
lement à  Constantlnople,  mais  dans  plusieurs 
autres  parties  de  l'Europe,  et  écrivit  un  récit  de 
ses  voyages  plein  de  détails  curieux  et  intéres- 
sants. Un  manuscrit  do  cette  relation ,  mais  in- 
complet et  ne  contenant  que  deux  livres,  se  trouve 
dans  la  bibliothèque  Bodleyenne  à  Oxford  ;  d'a- 
près ce  manuscrit  M.  Cramer  a  publié  le  2*  livre 
du  récit  de  Mucius  (texte  grec  avec  traduction 
anglaise  )  ;  Londres,  1841,  in-4**.  La  bibliothèque 
Ambroifiienne  de  Milan  contient  un  manuscrit 
plus  complet  des  Voyages  de  Nucius  Nicandre, 
qui  forment  trois  livres.  Y. 

Préface  de  M.  Cramer,  en  tête  de  loo  édition.  —  Smltti, 
OkUÔmarjf  qffreek  tmd  rowum  btoçrapkt. 

nvcm  (  Antoine) ,  anatomtste  allemand.,  né 
vers  1669,  mort  vers  1742.  Après  avoir  étudié 
Unédedne,  il  exerça  son  art  à  La  Haye,  et 
ofatîot  ensuite  la  chaire  d'anatomie  et  de  chi- 
mipe  è  Leyde.  Il  est  le  premier  qui  ait  aperçu 
la  manière  dont  se  répare  la  perte  de  l'hu- 
nwur  aqueuse  de  l'œil.  Disséqueur  infati- 
gable ,  il  a  encore  découvert  quelques  glandes 
i^iivaires  inconnues  jusqu'alors.  On  lui  doit  aussi 
rtnventkm  d'une  machine  pour  redresser  le  cou 
p^cé  de  traTers  par  la  rétraction  des  muscles. 
Il  a  publié  :  De  vasis  aquosis  ceuH;  Leyde, 
1685; —  De  duetu  salivati  novo,  ductibus 
oquosis  ei  humore  aqueo  oculorum;  ibid., 
188S,  in -12;  réimprimé  sous,  le  titre  de  Sia/o- 
çraphia  et  duetuum  aquosorum  anatome 
nova;  ibid.,  1690  et  1695 ,  'm-8^  Albinus  s'est 
plus  tard  approprié  les  observations  ingénieuses 
contenues  dans  cet* ouvrage;  —  Adenographia 
curiasa  et  uieri  fœminei  anatome  nova ,  ctim 
tpistola  de  inventis  novii;  ibid.,  1691,  1696 

«OOV.  BIOCR.  QÈRÙL.  —  T.  XXXVIH. 


el  1723,  in-8*;  —  Operationes  et  expéri- 
menta cMrurgiea;  ibid.,  1692,  1696,  17 14  et 
1733,  in-8*;  léna,  1698,  în-8*;  traduit  en  alle- 
mand, Lubeck,  1709,  et  Halle,  1728,  in  8^  — 
Tous  les  ouTrages  deNuck,  sauf  le  premier,  ont 
été  réimprimés  ensemble;  Lyon,  1722,  3  voL 
en  trois  volumes  in- 12.  O. 

Éloy,  MetUmnaire  âe  la  wtédeeHu. 

HOBHAEIUS.  Vog,  NBUENAU. 

If  U6BST  (  Thomas  ),  littérateur  anglais ,  mort 
le  17  avril  1772, à  Londres.  Sa  famille  était  ori- 
ginaire de  ririande.  Il  passa  la  plus  grande  partie 
de  sa  vie  à  Londres ,  où  il  mit  sa  plume  au  ser- 
vice des  libraires,  principalement  pour  les  tra- 
ductions. C'était  un  homme  actif  et  modeste, 
qui  possédait  une  instruction  variée;  la  connais- 
sance de  la  langue  Drançaise,  qu'il  avait  apprise 
dans  sa  jeunesse,  lui  fut  d'un  grand  secours 
dans  ses  travaux.  En  1765  il  reçut  de  l'université 
d'Aberdeen  le  titre  honoraire  de  docteur  es  let- 
tres. Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Traveis 
tfirough  Germany  ;  Londres,  1768, 2  vol.  in«8*i; 
—  Observations  on  Italy  and  Us  inhabitants; 
ibid.,  1769,  2  vol.  in.8*;  —  History  of  Van- 
dalia;  ibid.,  1776, 3  vol.  in-4*  :  ouvrage  estimé, 
qui  offre  d'intéressantes  recherches  sur  l'his- 
toire ancienne  de  la  Poméranie  et  des  contrées 
voisines.  Son  Nouveau  Dictionnaire  portai^ 
des  langues  française  et  anglaise  (  Londres, 
1774,  in-B")  a  eu  en  France  un  très-grand  nom- 
bre d'éditions;  il  a  été  rem  et  corrigé  par 
Charrier  (Lyon,  1788,  2  vol.  in-12),  par  J.  Oui- 
seau  (Paris,  38*  édit.,  1845,  in-32),  par  Eib- 
bins,  etc.  Nogent  a  traduit  Prinelples  of  poU- 
tical  law  (1752,  in-8*),  de  Burlamaqui;  Bssay 
on  the  origin  of  human  knowledge  (1756, 
in-8*  ),  de  Condillac  ;  Chronologieal  abridgmeiU 
oj  the  roman  history  (  1759,  in-8*) ,  de  Mao* 
quer  ;  Chronologieal  abridgvMnt  of  the  hlê^ 
tory  of  France  (  1762,  2  vol.  m-8*l|  du  prési- 
dent Hénault  ;  Tour  to  London,  de  Grosley,  etc. 
Ces  traductions  sont  en  général  estimées  pour 
l'exactitude  et  pour  l'él^nce  du  style;  celle 
de  V Emile  de  Rousseau,  qui  porte  son  nom,  a 
paru  trop  défectueuse  pour  qu'on  l'en  regardât 
comme  l'auteur. 

On  a  quelquefois  confondu  cet  écrivain  avec 
le  médecin  Christopher  NccBy?,  mort  le  12  no- 
vembre 1775,  membre  de  la  Société  royale  de 
Londres  et  beau-père  du  célèbre  Edmond  Burke. 
n  pratiqua  son  art  avec  beaucoup  de  succès,  et 
publia  en  1753  un  Essay  on  the  hydrophobia, 
trad.  en  français  par  Cb.  Alston  (  Paris,  1754, 
in-12;.  P.  L. 

Gentleman'»  Magazine,  ITTS.  —  Cbalmen,  General 
biograph,  dtd.  —  Qaérard ,  France  lUtér. 

RUGBHT  {Robert  Craggs,  comte),  poète 
anglais,  né  en  Irlande,  mort  le  13  octobre  1788. 
Issu  d'une  ancienne  famille  du  comté  de  West- 
meath,  il  entra  en  1741  à  la  chambre  des  com- 
munes, et  occupa  dans  le  gouvernement  les 
charges  de  lord  de  la  trésorerie  (1764),dfl  vice- 

12 


atf 


I^UGfiNT  --  mJMA, 


366 


trésorier  d'Irlande  (17^9)  et  de  membre  dn  bu- 
reau de  comaiere»  (1766),  Il  fat  créé  en  1767 
baron  Nugtnft  et  nifloiiile  Ciare,  et  en  1776  il 
reçut  le  titr»  de  comte.  Sa  premièra  fiemmc^Aone 
QmfSffK  ^'iiavaU  é^naée  es  f  736 ,  kailaisea,  dea 
biens  considérables;  elle  éUût.  l'arain  de  Pope 
et  d'iiddifion ,  et  entretenait  arec  enx  ne  eera- 
merce  de  lettres.  LovdNugeat  enltivaitla  poésie 
avec  goût  :  Ses  Odes  and  BpisiUs  (Londres , 
1739,  ia>8^)  contiennent  quelque»  morceaux  d'nn 
stsle  assez  ferme;  on  trouve  d'autres  ver»  de 
lui  dans  la  collection  de  Dod^lej»  et  il  a  publié 
dans  sa  YieiUesse  deux  poèmes^  Yerseï  to  thê 
quùeti  (177^)  et  Faiih  (L77&),  d*uneyaleur  plus 
qne  médiocre,  tt  avait  TesprU  brillant  et  facile  ; 
maia  il  erof  loya  toute  sa  me,  selon  Toxpression 
de  WalpoicL,  à  défaire  le  bonbeur  de  ses  pre- 
miers débuts;  mam|oanide  consistance  dans  les 
idée»  et  dans  les  opinions»  o&  le  vit  passer  tour 
à  tour  des  wbtgs  aux  torjs^  et  renoncer  avec 
édat  an  catholicisme  pour  j  revenir  à  son  lit 
de  mort.  P.  L. 

dut. 

^mi^Biii  (tomte  Latac  he  WcsncATii), 
fiBid-marréehal  mtriehien,  de  la  même  famtRe  que 
le  précédent,  né  en  Irlande,  en  1777.  Entré  de 
bonne  heure  dans  Tannée  autrichienne,  Il  flrf  en 
MD9  nommé  eoloneff  et  chef  d'état-m^rde  rar> 
diMnc  Jienn.  Après  avefr  rempH  en  ]8fl  une 
nittion  à  Londres,  !F  ohtfht  en  1613  le  grade  de 
gâiâral  major,  Ait  chargé  de  commander  on 
corps  ât  débarquement  dans  rilalie  dli  nord,, 
mail  M.  repoussé  par  les  troupes  Arançains. 
L'innée  sitfnnCe  if  M  plus  henreux,  pénétra 
jueq«%  POrif,  et  conclut  avec  Murât  la  conren» 
tien  qvt  asaoraltè  ce  dernier  son  maintien  sur 
letvéne  de  flapler.  H' prit  ensuite  part  à  plu*, 
sienn  opérationn  centre  les  Francis,  etf/se 
troofva  a*  ^omfent  dé  Aeggio.  Opposé  |PHf  de 
temps  après  i  Morat,  avec  le  tKre  <9e  eomman- 
<tel  de  Tarmée  angle-sidiienne,  il  vainqoit  en 
plbatenrs  rencontrée  let  troopes  napoiftainea.  n 
fttLenenile  appelé  en  Ftance,  et  reçut  le  oom- 
mamlament  militaire  dkns  le  département  dès 
Bouches-du-Rbône.  Nommé  en  tsto  capitaine 
général  êiï  royanroc  db  Nkples,  H  eotà  réorga- 
niser complètement  l*krmée  de  ce  pays.  Après 
la  révoitttioa  ât  \9iO,  il  rentra  au  sert^ce  de 
TAnMche  avec  le  grade  de  Md*maréchaMieiite- 
nanfc  tSnvoyé  enis^d  an  secours  die  Itadetzltf, 
il  prit  part,  Tannée  suivante,  à  la  soumission  de 
1»  Hongrie,  et  Ait  peu  de  temps  après  nommé 
feld-maréchal.  *  O. 

MMTvtfM ,  ntft^fku  dm  tomUmpondnt.  -  MotHtÊmr 
de  1011  et  1816.  -  OtfA^Msdk»  MrtldfH/flMVtAvii^ 
ota. 

XTOHBB..  Fa§f.  NanaK. 

nvMk  PwHuia»  aecood  mi  «oRome,  régna 
de  714  à  67i  avant  Jù^..  Ce  prince  appartient 
k  la  période  mythique  de  rhistoire  romaine.  Sa 
lé0Nide,  rapportée  avec  d^asseï  fortes  altéralions 


par  Tlto4iKe  et  Philnuqne»  qui  ont  tenté  delà 
ramener  à  la  vraisemblance,  a  été  resÉiliiée  avec 
beaucoup  d*art  par^IielMbr.  Nous  dQ^nn>ici.k 
beau  récit  de  i'hietorien  allflmand.  «  Àpcès  la 
mort  de  Bomulus  le  sénat  sa  refaaadUbord  k 
rélection  d'un  noovean  roi  :.  cbaqne  sénatenc 
devait  à  son  tour  exerœr  le  ponvoîr  nqral  en 
qualité  d'tnferreoB.  Une  année  sa  paana  de  la 
sorte. Le  peuple,  plus  opprimé  qu'auparavant,  Ké> 
clama  avec  force  Télection  d*un  souvesain  q«i  le 
protégerait.  Quand  enfin  le  sénat  eut  permia  l'é* 
lection,  il  s*éle«a  entre  lea  Romaina  et  les  Sa- 
bine une  disputa  sur  le  point  de  savoir  ibna  la- 
qneUe  de»  deux  natiana  on  choierait  le  roL  H 
fut  coawenu  que  leaRomains  réUnîent  parmi  ka 
Saliina,.et  toutes:  lea  voix  se  réuaicentponr  nom- 
mer le  sage  et  pieus  liunMiPon9ilius,.de  Qurea^ 
qui  avait  épousé  la  MIa  de  "Satina....  GMCaitchez 
les  anciens  une  opthion  généralement  accréditée 
que  Nuina  était  disciple  dePytfiagpre;  Polybeet 
d'autres  écrivafns  essayèrent  de  montrer  par  des 
raisons  chronologiques  que  ce  Riit  était  impoâ- 
sible,  puisque  Pylbagore  ne  vint  en  Italie  que 
sous  le  rè^e  de  Servius  TOllios;  mats  un  cri- 
tique iropartiaT,  qui  ne  croit  pas  qfit  le  fils  de 
Mnésarque  fut  le  seul  Pytha^re»  ni  qu'il  soit 
nécessaire  de  placer  Nuroa  dans  la  ving;fième 
olympiade»  ni  enfin  que  la  personnantô  histo- 
rique de  Pytbagore  soit  plus  certaine  que  celle 
Je  BTuma,  se  contentera  de  la  vieille  opinioB 
populaire  et  ne  la  sacrifiera  pas  à  la  chioaoTo^ 
Quand  les  augures  eurent  assuré  Noma  que  les 
dieux  approuvaient  son  élection,  les  premiers 
soins  du  pieux  roi  ne  furent  pas  pour  lea  rites 
des  temples,  mais  pour  les  institutions  humaines; 
iT  divisa  lea  terrea  qne  Bomulus  avait  conquises 
et  laissées  sans  occupants.  U  fonda  le  culte  du 
dieu  Terme.  Tous  les  législateurs  et  Moyse  le 
premier  ont  foodé  sur  la  propriété  du  sol  ou  du 
moins  sur  sa  possession  héréditaire  en  faveur  do 
plus  grand  noasbie  dedtogrens  possibla  le  suc- 
cès et  leurs  instUntiona  civiiasy  ludidaâuBs  et 
moialcsi.  Ca  ne  fut  qpi'apièa  avoir  paaé  cette 
base  qneNuma  s'oompadalégialatioD'ieUgieuse. 
On  rhanorait  comme  rantaut  dn  riloel.  romain. 
Inettuit  par  hi  oamène  (1)  Égério,  qui,  prenant 
une  forme  visible.  Tassait  épousé^  el  qui  le  con- 
duisait aux  aauMnhlées  tie  aea  sceura  dana  le  bois 
sacré,,  tt  r$f^  lente  U  hiérarchie  :  lea  pontifes, 
qni  pardM  ynéoeplea  el  des  châtimeuta,  vdl- 
raient  à  ao  qim  lea  lois  Nlatives.  à-  la.  leiigioB 
fbseent  observées  parles  indtvidnaetpnrrâat; 
les  augures-,  qui  avaient  miaaion  ^  donner  séeb* 
rite  aux  conseils  des  hommes  en  pénétrant  dons 
les  desseins-  des  dieux;  les  flamiaea,  qui  éloi<»t 
ministres  dea  templaa  dea  diviBBlé&  supeémes; 
lea  chastes  liesyn  de  Veala;  les  Salians,  qni  so- 
lennisaient  le  culte  dea  dieux  par  daa  danses 
militaires  cl  dea  chanla.  N  preaaiivit  lea  riles 
suivant  lesquels  un  peupla  peut  offrir  nn  enite 


ti)  niTtirtié  lattne,  qui  répontf  «bk  nsmulhe»  et  aux 


3S7 


NUMA  -«  NUHtlflUS 


HéK  prièrâ  wpéMm  aut  ^tenv.  A  loi  furent 
nvëéti  Im  cooim^lieiM  néeessâns  peur  œa^ 
tnadre  le  gnDd  iopiler  à  maoHetler  n  ^oaté 
ptrIeséeiairteC  parkff^&m  OMesm.  H^^ratt 
appris  ce  dnmtt  de  PmuuHi  ig^  sur  le  aumH 
dtgérie  il  anM  ttHré  et  eaolialiié  oemmeMMa» 
avait  euohalBé  SllèiiediM  le  J^dhideB  Itoeee.  Le- 
an  MefTiit  eeite  TieleMe^ée  la»piit  da  pmx 
ni.  A  fai  prière  de  Vmn&y  il  eienipla  le  peeple'  de 
llurribte  oblîgatlmd^ofrrirde&sacrifioes  humains. 
Mm  f  iMod  Veudacienx  Tullus  osa  initer  aon 
pi^déeeeaeor,  M  f«t  frappé  de  la  foudre  domt 
sfiA  ooi\jaratl6D8  dans  te  temple  de  Jupiter  Ëfîcioa. 

Les  trente-neof  ans  du  règne  de  Home,  qui 
t'éeoolèrent  dans  noe  paisible  fêficité,  aana 
^uemtni  calamitée,ne  doraièrent  lieiiqv'lde 
picQses  l^geiides  de  ce  genre.  Afin  <|ve  litif  ne* 
tronbllt  le  paix  de  ses  Jeurs,  roneffe  (fteir- 
clier  sacré  J  tomte  d«  àM  qoaod  le  pajf»  éMt' 
imaeé  de  la  peste,  liqaeile  dlipariit  dès  que 
5iuna  eot  ordonné  les  oéréraoniee  dite  sellens. 
5iima  ne  Ibl  pas,  eomme  Romulns,  He  sejef  de 
dnts  popttMres;  H  «fait  piescrtt  qnedeteutes 
i«  camèiics  b  pHis  honorée  serait  Tàdta;  0^ 
pcmUnt  on  a  conserré  le  nteit  de  ee  repas  pen*^ 
dant  toqneff  Égérie  apparat  et  manifesta  sa  dhri- 
ailé  en  tranibnnant(fc  simples  aKmente,  aerm 
sar  des  plats  #argiVe,  en  meCs  diriinr  reolimnèi 
dans  des  ^ases  dV^r.  Le  temple  de  Janns ,  son 
oorra^e,  resta  constamment  f^rmé.  La  paix  ré- 
gna sar  ntalie  jusqu'à  ce  que  IVtoma,  comme  les 
ft^wh  dies  dirâx  dans  Vif/ç  d'or,  s'endbrmit 
Pjemde  jiforr.  Êférie  se  llmdtt'  ea  larmes^  et  d^ 
^  aœ  softrte. 

n  serait  imrtilè  de  chercher  à  extraire  dlr  cette 
l^çeade  <|Qeli|ne  élément  hiMbrApie  postffT.  SI 
^oma  exista  TéeRenient  on  non,  c'est  nne  ques- 
tno  (Nseose,  puisqu'y^Ie  est  InsoRiUR!.  ir  repré^ 
^tait  pour  les  Komaîns  Perdre  légal  et  reli- 
ai, ta  piété  eoTers  les  dieux,  le  bonheor  dans 
''paix  (1).  Oe  la  traditibn  nnirerselte  qui  attri- 
iw  à  Noma  nne  origine  sahtne  et  ràaUisse- 
loeoldes  faisHtittions  reRgieoses,  if  est  permis 
^^coodure  quefesysttmeTeligienx  des  Ronudns 

ai  fJUMtj— —fiiHMii  aEtJee^«r«itaBM«  piM 
9gtame  qm  Siahahr  :  «  Uêwétfig  an  coog^ai»  s'éUkt 
»vto«t  «uiBte,  dlt-U,  car  In  Romains  n'éCatent  paa  les 
*^*  lœ  la  dooeeiir  et  la  Jiuttee  de  km  rot  eiMent 
''*«cte  et  otennéa.  Tratoa  les  vitlas  vatotaM  teisèlalaMl 
'*«*  respiré  fteMM  aaliiUlfia  4*lia  «aat  dam  at  par 
^^^çnit  da  eOlé  ëe  Bone  «  et  qnl,  opérant  dans  leurs 
*■•«> an  càaateaKBt  ■ensIMe, leor  Insptrall  an  vtf  d6- 
^  fAre  goaTcrnés  par  de  sagea  lois,  de  vivre  ea  paix 
^caltivaat  Icara  tarret,  d'élever  paUUileaient  leurs  ea^ 
^^  et  d'hoaarer  ka  dtaai  :  ca  n'était  daaa  toate  l'ita- 
■'Qic lètea,  qae  daaMS  et fesUaa,  etc.  »Slpoar  le«  aa- 
tka»  Raoa  Malt  la  favori  des  dleax.  taoaoré  de  lears 
^oBselb  et  de  teais  r6vélatlvBa,  Il  fui  poac  plusleun 
nrt%  de  r^gUaeuaa  larta  de  sorcier.  Salât  Aagustla  a 
<u  de  IbL  •  rnmiar  aacaa  prof lièle  de  Dlea  ai  aacaa 
>act  ac  fat  cavoré  à  Rama»  U  eaC  recours  à  riiydra- 
^9Lit  paar  voir  daaa  l'eaa  les  Images  dca  dlel^  ou  pla- 
int les  lllasioas  dca  déaoaa,  et  apprendre  d'eux  les  ays* 
i«res  qaniSevalt  etsMir.  »  Varroa  dit  que  œ  genre  de  dN 
vinatioa  a  ét«  troavé  par  les  Pèrea,  et  qae  la  roi  Numa 
Çt  après  lai   le  pbUoMipke  Pytltafore  s'en  soat  servis.  » 
Ot  CML  D9Î,  L  riU  C.  U-U, 


leur  vint  pMôl  des  SaMne  que  des  ÉlrasqiMS* 

Les  Knee  saerés  qvi  eontenaient  les  prescrip-» 

tiens  rcUgleases  de  Nnina  ftirent,  soioMiit  aaa 

tradition  fi>rt  ioeertaine^  ensereKe  près  de  kù  deas 

m  tombeau  sépaié,  et  déoeaverts  par  basant 

cinq  oeate  ane  plus  lard  par  oa  certain  Terai»» 

tins,  soBslecoasttlatdeConienuseIBsBMns,  e» 

taf  araef  ^.-C.  Tereatios  les  porta  a»  préisai* 

urhain  Petilius.  O»  eonstala  qu'ils  se  composaisol 

de  doiiae  (ou  sept  )  livres  ea  latin  sur  le  droU 

pontiftcai  (  De  jnre  penti^kum  )  et  de  tout  autant 

de  Ifrres  en  grec  sur  la  philosophie;  le  sénat  or* 

donna  de  brûler  ces  ^inîers  livres,  mats*  il  M 

garder  avec  soin  les  premiers.  L*tiisloire  de  la 

découverte  dé  ces  oovrages  est  évidemment  sa|^ 

posée.  Les  Rrres  attribués  à  N uma  et  qa»  eTiS'« 

talent  encore  vers  la  ffnde  larépublique  n^étaieot 

que  de  vieux  rituels  de  la  religion  nmiaine.  L.  Ji 

Frotarqae«  Fferas  et  Retropr,  Ifuauu  —  TRe^Urey  r» 
ISCR.  •>  Ctoéma,  As  Aipiifr.,  Il,  ia*l8.  »  Oema-d'IiaBMi^ 
naaa%  U»l»«s.  *  rUaa,  ilUU  iMir.,ttn,  U.  -«  ValéM 
Maxime.  Uk  —  Nleèabr,  iltfntisrAa  CêiehicAtêt  t.  I. 
->  BârtaBB,  Dt»  ilefffSm  dkr  AAMr,  vol.  1. 

womÈtnm  (ifbvpiTMo;),  philosophe  grec» 
né  à  Apanée,  ea  Syrie,  vivait  dans  le  deux^me 
siècle  aprèa  J.-C.  It  Ait  nn  dès  premiers  phito* 
sophes  quî  Centèrent  de  condlfer  les  grandea 
écoles  grecques  a«ec  les  doctrines  oriientales  ;  con- 
citiAtion  déjà  essayée  par  Philon  et  que  Plotin 
reprît  plus  tard.  Sa  vfe  est  inconnue,  mais  it 
parait  quIU  acquit,  une  grande  réputation  ;  et  on 
le  trouve  souvent  cité  avec  Croaius  par  les  phi- 
losophes aéopUlonicîens  comme  un  dies  chefh 
de  la  nouvelle  école.  On  ne  sait  rien  de  précis 
sur  les  opinions  de  Cronfus  ;  celles  de  Ituménitis 
sont  mieux  connues-  Les  ft^gments  assez  nom- 
breux de  sea  ouvrage  dtés  par  Origène,  Tliéo- 
doret,.  Eusibe  permettent  de  safsir  les  traits  es- 
sentiels de  sa  philosophie.  Il  professait  beaucoup 
de  respect  pour  les  religions  et  les  doctrines 
orientales,  y  compris  le  judaïsme  et  le  chria- 
tianiame.  «  Je  sais,  dit  Origène,  que  le  pytha» 
goricien  Numénins»  qui  a  si  bien  explicyié  Platon 
et  qui  était  si  versé  dans  ta  philosophie  de  Py- 
tbagore,  dte  dans  beaucoup  d'endroits  de  ses 
ouifragsfr  des  passades  de  Moysa  et  des  pia- 
phèles ,  et  quil  en  déeenvre  babilemenl  le  seaa 
cacité.  C'est  ce  qu'il  ùH  dans  l'ouvrage  qo'it  a 
iatitttlé  EpopSf  daaa  aaa^  livra  des  Nombres  «i 
dans  son  traité  dé  V Espace*  Bien  ptas»  dans  soa 
troiviènK  fivre  Du,  mmmraàx  bien ,  il  dte  oa 
fragment  de  rhisteire  de  Jésoa^lhrist,  dont  il 
chmhe  le  mm  caehé.  »  Daaa  son  édeetisaas^ 
plus  fervent  qu'éclairé,  Iftaménius  s'efforçait  de 
ramener  Platon,  qu'il  appelle  on  Hayse  aUiqu€„ 
à  Pythagore,  et  Pylhagore  hii-mémeaax  sa^os 
de  l'Orient,  de  sorte  qne  hi  philosophie  pleto- 
nico-pythagoficieiiBe,  la  véritable  philosophia 
grecque ,  ramenée  à  sa  pureté  originelle  et  dé» 
barrassée  des  interpolaûons  d'Aristote  et  des 
stoïciens,  était  identique  avec  les  dogmes  et  lea 
injsfèies  dea  brahmes,  des  juifs,  des  mages  et 
des  Égyptiens.  Il  soutenait  cette  proposition 

12. 


869 

dans  un  traite  sur  V Apostasie  des  Académiques 
à  regard  de  Platon  (  Oipi  Tij;  xûv  *Axfltii)|Miî«â»v 
icp6c  nXdTCiiva  ^aurçéaifoç);  H  en  reste  des  frag- 
ments assez  nombreux,  et  qui  en  donnent  une 
idée  peu  avantageuse;  on  y  trouve  une  érudition 
sans  critique ,  beaucoup  de  contes  et  pas  du  tout 
de  discussions  vraiment  philosophiques.  Son 
traité  Stir  le  souverain  bien  (Ilepl  tAys^^û)  va- 
lait mieux.  11  tâchait  d*y  démontrer,  par  oppo- 
sition aux  stoïciens,  que  la  vie  ne  peut  pro- 
venir ni  des  éléments  qnt  sont  dans  un  perpétuel 
état  de  changement  et  de  transition ,  ni  de  la 
matière* qui  est  mobile,  inanimée,  et  qui  n'est 
pas  en  elle-même  un  objet  de  connaissance  ;  au 
contraire  la  vie,  pour  être  capable  de  résister  au 
principe  de  mort  qui  est  dans  la  matière,  doit 
être  incorporelle  et  iounuable,  éternellement 
présente,  indépendante  du  temps ,  simple  et  ne 
pouvant  éprouver  de  modifieations  ni  par  sa  vo- 
lonté ni  par  la  volonté  des  autres  êtres*  La  vie 
est  donc  un  principe  spirituel  (  voO<  )  identique 
avec  le  premier  dieu,  qui  existe  en  lui-même  et 
par  lui-même  et  qui  est  le  souverain  bien  (  16 
ftY^Oôv  ).  Mais  comme  ce  principe  absolu  et  im- 
muable ne  peut  pas  être  actif  et  créateur  (  Sruuoup- 
Yixoc),  il  faut  admettre  un  second  dieu  procé- 
dant do  premier,  lequel  sert  de  lien  et  de  motenr 
à  la  matière,  communique  son  énergie  aux  es- 
sences intellectuelles,  et  infuse  son  esprit  à 
toutes  les  créatures.  Ce  second  dieu  contemple 
le  premier,  et  cVst  sur  les  idées  qu'il  voit  au 
sein  du  souverain  bien  qu'il  arrange  le  monde. 
Le  premier  dieu  commoniqiie  ses  idées  au  se- 
cond, sans  s'en  priver,  de  même  que  nous  com- 
muniquons nos  connaissances  à  un  autre  sans 
en  rien  perdre.  On  voit  que  Numénius  attribue 
k  son  second  dieu  une  double  fonction  :  1^  con- 
templer l'idéal ,  2**  arranger  le  monde  sur  cet 
idéal  Cette  dualité  de  fonctions  conduisit  le  phi- 
losophe à  dédoubler  son  second  dieu,  et  il  obtint 
ainsi  une  Trinité.  Les  rapports  entre  ces  deux 
dieux,  qui  sont  à  la  fois  deux  et  un,  ne  sont  pas 
clairement  établis  dans  les  fragments  qui  nous 
restent  de  Numénius  (1).  Quant  à  ses  théories 

(t)  Comme  Nanéntat  eut  un  des  pldi'  célèbrra  méta- 
pliytlelcM  de  récole  d'Alexandrie  et  le  TérfUbie  pré- 
coraear  de  Plot  la,  noiu  croyons  devoir  IniiUter  mr  m 
ilnimlière  conception  de  U  Trinité;  m  doctrine  à  cet 
éfpird  mt  almit  exposée  par  Rltter  :  «  Le  dicn  premier 
est  le  bien  en  sol ,  la  raison ,  le  principe  prenfer  de  fea- 
•ence  eonnalssable  par  ta  raison,  de  lldée;  mais  le  se- 
eond  dira  est  Tlmaffe  et  rimltatlon  do  premier  :et  comme 
les  Images  de  rrasence  sont  cootlngentea ,  ce  dieu  est 
aonl  le  premier  principe  de  la  contingence  ;  mala  sa  po- 
altlon  est  double;  d*ane  part,  appliqué  à  aon  principe, 
II  forme  ridée  de  sol-méfflc,  la  science,  et  la  reçoit  du 
dieu  premier;  d'antre  part,  appliqué  à  la  contingence.  Il 
forme  le  monde....  Le  dieu  formateur  du  monde ,  tenant 
en  rapport  la  diversité  de  la  matière  et  l'ordonnant  har- 
nonlqneroent,  contemple  Dieu  et  emprunte  de  son 
regard  le  Jiiirement,  et  de  la  tendance  de  la  matière  la 
dlsptislUon  an  changement.  Cette  donble  fonction  du  dieu 
aecond  porie  donc  encore  Numénius  a  dlriser  ce  dieu  en 
an  troisième.  Tous  deux,  à  b  vérité ,  doivent  n'en  former 
qu'un  seul  ;  mais,  parla  réunion  avec  la  matière,  qnl  est  la 
dualité ,  Us  doivent ,  tout  en  communiquant  Tunlté ,  en 
vecevolr  U  dualité.  Le  dieu  second  est,  d'un  cOté,  un 


I^UMÉNIUS  -  NUMËRIECf 


360 

sur  l'Ame,  elles  sont  encore  plus  incertaines; 
mais  le  peu  que  Ton  en  connaît  montre  que 
dans  sa  psychologie  comme  dans  sa  métaphy- 
sique If  nnnénius  confondait  les  théories  de  Platon 
avec  les  théories  orientales ,  accordait  fort  peu 
de  place  à  l'invesugation  scientifique  et  se  livrait 
beaucoup  trop  à  son  imagination  (1).    . 

Soldas,  an  aeU  'Opty^^vK*  Nou|&in^oç.  «-  PorptiTTCr 
yita  PloUni.  -  Kusèbe,  Prmparatlo  ntmçeUiM.  - 
Origène .  jédv.  CêUmm,  —  Rlllcr.  UUtotn  de  la.  pkihh 
Mopkie  amcUnne  (  traduite  en  françgli  par  M.  Tlssot  ; 
t.  IV,  p.  417,  etc.  —  Jules  Simon,  HiU.  éB  i'éeùlr 
d^Âltxtmdrie,  -  Vaeherot,  Jiid»  de  VéeoU  d'JUxmn- 
dfie.  "  ÊhetUmnaire  dn  jcimefs  pkUoaùpkiquei. 

HVMÉRIKH  (yumerianus  M.  Aurelianvs  ), 
empereur  romain,  le  plus  jeune  des  deux  fil» 
de  Carus,  mort  en  284  avant  J.-C.  Il  montra. 
de  bonne  heure  d'excellentes  qualités,  qui  forent 
suHout  remarquées  lorsque  son  père  Caros  par- 
vint à  l'empire.  L'historien  Vopîscus  loue  son 
affabilité,  et  il  syoute  :  «  Il  avait  en  ontre  une 
telle  éloquence  qu'il  déclama  en  public,  et  il 
reste  de  lui  des  écrits  fort  estimés,  qui  pour- 
tant se  rapprochent  plus  du  genre  des  déclama- 
tions que  du  style  de  Cicéron.  On  dit  aussi  qu'il 
faisait  très-bien  les  vers  et  qu'il  l'emporta  sur 
tous  les  poètes  de  son  temps.  Il  disputa  la  palme 
à  Olympius  Némésien,  et  éclipsa  jusqu'à  Auit- 
lius  Appolinaire,  poète  ïambique,  qui  avait  écrit 
des  vers  à  la  louange  de  Carus,  aon  père.  U 
discours  qu'il  envoya  au  sénat  quand  il  fut 
nommé  césar  était,  dit-on,  si  éloquent,  qo'oa 
loi  décerna  une  statue,  non  comme  à  un  césar^ 
mais  comme  à  un  rhétenr,  statue  qui  devait  être 
placée  dans  la  bibliothèque  Ulpienne  avec  cette 
inscription  :  Au  césàb  NonéausR ,  us  plus  pus- 
SAUT  ORATEUR  DE  SON  TEMPS.  »  Carus,  CD  partant 
pour  son  expédition  contre  les  Parthes  en  2S3, 
confia  la  déCèose  de  la  Gaule  à  son  fils  aîné  Cario, 
et  emmena  Numérien.  La  campagne  de  Perse, 
glorieusement  commencée,  fut  brusquement  in- 
terrompue par  la  mort  mystérieuse  de  Carus. 
Les  soldats  ne  firent  aucune  difficulté  à  recon- 
naître Carin  et  Nurr.érien  pour  empereurs  ;  mais 
ils  montrèrent  la  plus  grande  répugnance  à  pour- 
suivre le  cours  des  conquêtes  de  Cams,  et  dé- 
mandèrent que  les  limites  de  l'empire  restassent 
fixées  au  Tigre.  Numérien,  accablé  par  la  peHe 
subite  qu'il  venait  de  faire,  ne  se  sentit  pas  la 
force  de  vaincro  lear  résistance,  et  donna  à  son 
armée  victorieuse  l'ordre  de  la  retraite.  Les  Ro» 
mains  rétrogradèrent  lentement  depuis  Ctésîpbon 

dieu  en  sol  <  uni  aux  Idées,  contemplant  le  snpra-^e*- 
alble,  et  n'étant  point  lui-même  un  objet  des  sen». 
mais,  d'un  autre  côté,  Il  prend  la  nature  de  lamatlérr. 
lonqiie,  attschant  ses  rrR-miJi  sur  elle,  U  cherche  a  U 
former  en  s'oiiblkint  lulraéroe;  Il  est  alors  sensible', 
ce  dieu  sensible  n'est  autre  rhose  qoe  ce  monde.  » 

(I)  Il  ne  faut  pas  confondre  le  philosophe  prihapor  • 
clen  d*Apamée  avec  Numénius  philosophe  sceptrqu*-. 
élève  de  Pjrrrhon  V  (  Diofféne  Laerce ,  IX,  68,  los,  iu  t, 
ni  atec  le  rhéteur  Numénius  qui  vivait  sous  Adrira 
et  écrlvK  divers  traités  de  rhétorique,  ainsi  qnt  de«  ar- 
guments pour  les  œuvres  de  Thucydide  et  de  Dévot- 
tbéne  et  fui  le  père  du  rhéteur  Alexandre. 


161 


NOMÉRIEW  —  NOTES 


363 


JDaqo*aa  Bosphore  de  Tbrace.  Pendant  cette 
loBgae  marche,  qui  ne  dura  pas  moins  de  huit 
mois,  l*eniperear  ne  se  montra  jamais  aux  soldats. 
Enfermé  dans  sa  lente  ou  porté  dans  une  litière 
étroHententclose,  il  ne  communiquait  arec  l'armée 
que  par  llntermédiaire  du  préfet  du  prétoire  Aper. 
A  tons  ceux  qui  demandaient  h  le  voir,  le  préfet 
répondait  que  l'empereur  souffrait  d'une  ophtlial- 
mie  qui  oelui  permettait  pas  de  supporter  le  vent 
et  la  lumière.  A  force  de  recevoir  la  même  ré- 
ponte,  les  soldats  conçurent  des  soupçons;  ils  se 
précipitèrent  vers  la  litière  impériale,  et  écartèrent 
kâ  Tideaax;  mais  ils  ne  trouvèrent  plus  qu'un 
cadavre  en  décomposition.  Numérien  avait  péri, 
soit  d'une  mort  naturelle  qu'expliquent  la  fai- 
Ueue  de  sa  santé  et  son  chagrin,  soit  par  un 
crime  d'Aper.  Les  soldats  s'arrêtèrent  à  cette 
dernière  supposition,  et,  se  jetant  sur  le  préfet 
du  prétoire  le  traînèrent  à  la  tète  du  camp.  Ils 
délibérèrent  ensuite  sur  le  choix  d'un  empereur 
et  âurent  Dioctétien.  Le  nouveau  prince  tua  de 
sa  main  Aper  avant  qu'il  eût  le  temps,  soit  d'a- 
Touerle  crime  qu'on  lui  imputait,  soit  de  s'en 
JQstifier.  Cette  scène  tragique  s'accomplit  à  Cbal- 
eédoine,  le  17  septembre  284.  La  mort  de  Nn- 
mérien  resta  donc  aussi  mystérieuse  que  celle 
de  son  père.  Le  jeune  empereur  laissa  un  ton- 
riunt  souvenir,  dA  aux  belles  espérances  qu'il 
donnait  et  surtout  au  contraste  frappant  qui  exfs- 
tut  entre  ses  qualités  aimables  et  les  vices  gros- 
siers, la  cruauté  sauvage  de  son  frère  et  collègue 
Carin.  L.  J. 

Vopiscaf,  Hfwmerianui.  —  Aarellat  Victor,  VpU.,  SSj 
De  Cm.,  as.  -  Eatrope,  IX,  it.  -  ZonarM,  XII,  M. 

aoiiTOR.  Voy.  RoHULvs. 

xvvBS  (  Pedro) ,  célèbre  mathématicien  por- 
tugais, né  vers  1492,  au  bourg  d'Alcaçar  de 
Sal,  mort  en  1577.  Il  fit  ses  études  d'abord  à 
Lisbonne,  ou  il  se  familiarisa  avec  l'étude  des 
langues  anciennes,  la  philosophie  et  la  médecine, 
poisà  Saiamanque,  où  il  se  livra  à  l'étude  des  ma- 
thématiques, n  alla  aux  Indes  orientales  vers 
ii\9,  pour  7  remplir  le  poste  important  d'ins- 
pecteur des  douanes  (1).  Sa  réputation  se  fit 
de  bonne  heure,  et  Jean  III  le  rappela  proba- 
blement de  Goa  afin  qu'il  pût  occuper  à  l'oni- 
Tcrsité,  qu'on  réorganisait,  une  chaire.  Le  6  no- 
vembre 1529,  il  fut  nommé  cosmographe  en 
àid  du  royaume  et  l'année  suivante  professeur 
de  philosophie.  Il  fit  des  cours  à  Lisbonne  dn- 
not  trois  ans,  jusqu'au  moment  où  il  se  ren- 
dit à  Coîmbre,  pour  enseigner  les  mathéma- 

fi)  !>  fait  11  euileaz  daos  la  vie  de  l'émlnent  emmo- 
CnplK  4Ult  ptMé  loaperça  Set  nombreui  écrlvaiiif 
^Bi  M  «oot  oecapéa  de  Pedro  Nooe»,  lonqu'un  beureas 
bâtard  a  donné  à  M.  Adolfo  de  Varahagen  une  prea? e  ma- 
t^rtelte  do  kit  doot  noas  ooaa  préoccapoot.  iSeox  tlgna- 
tiiKs  abaolniDent  lemblablca,  l'une  da  reeifor  éUbll  aux 
todcs,  raatre  dn  pffpfeiiear  en  renom,  proa? ent  lldea- 
Ute  qu'oa  doit  tlgnaler  IcL  (  roy.  poor  la  comparsiaoo 
^  CCS  ilgnatgret  antographea  lei  notn  de  VHUioria 
Çtral  do  gnuil  \.  Caatinbeda  et  Barrot  d'aUlcora  avalent 
44i  eoDsuté  la  préteoce  d'un  pertonnag*  Donné  Pedro 
«wtê  »ux  ladea  ven  le  néme  tenpt. 


tiques  transcendantes.  Cette  chaire,  créée  le 
16  octobre  1544,  fut  occupée  par  notre  savant 
jusqu'en  1562.  Depuis  lors  il  parait  avoir  mené 
une  vie  paisible  en  Portugal,  à  cela  près  de  quel- 
ques discussions  assez  acrimonieuses  qu'il  es- 
suya avec  divers  savants  étrangers  et  notam- 
ment avec  Oronce  Fine.  11  était  fort  avant  dans 
la  faveur  royale,  et  il  eut  pour  disciples  non- 
seulement  les  deux  jeunes  frères  de  D.  Jofio, 
l'infant  D.  Luiz  et  le  cardinal  D.  Henrique; 
mais  plus  tard  il  donna  des  leçons  à  D.  Sébas- 
tien ,  qui  lut  continua  sa  faveur  et  qui  lui  ac- 
corda des  traitements  assez  considérables  pour 
qu'il  vécût  dans  l'aisance. 

On  a  ainsi  résumé  les  services  rendus  à  la 
science  par  le  savant  portugais.  «  Nunes  fut  le 
premier  qui  traita  de  la  loxodromie,  ou  des  pro- 
priétés des  lignes  courbes.  Il  s'occupa  de  plu* 
sieurs  problinlnes  utiles  et  curieux,  indiqua  la 
méthode  pour  déterminer  la  latitude  par  deux 
hauteurs  du  soleil  et  la  différence  des  azimuts 
et  celle  pour  trouver  le  jour  de  l'année  dont  le 
crépuscule  est  le  plus  court;  mais  la  principale 
découverte  à  laquelle  il  dut  sa  réputation  fut 
l'ingénieuse  division  qu'il  adopta  pour  les  ms- 
truments  astronomiques.  Tycho  Brabé  et  le 
ir  Halley  firent  un  grand  usage  de  cette  division, 
qui ,  prenant  le  nom  de  son  auteur,  s'est  con- 
servée jusqu'à  nos  jours  parmi  les  marins  et  les 
astronomes.  Son  traité  de  navigation,  quoiqn'im- 
parfait  et  incomplet  sur  certains  points,  ren- 
ferme toute  la  doctrine  de  l'astronomie  nautique, 
dont  il  dissipa  les  erreurs  et  dont  il  posa  les 
bases  fondamentales.  Cependant,  ses  principes 
ne  furent  pas  généralement  admis  et  quelques- 
uns  d'eux  furent  l'objet  d'une  judicieuse  cri- 
tique de  la  part  de  mathématiciens  distingués, 
parmi  lesquels  nous  devons  signaler  son  compa- 
triote Jacobo  ou  Diego  de  San,  qui  publia  à  Paris, 
en  1549,  son  ouvrage  latin  De  navigatione  ii- 
bri  très  (1).  » 

L'ouvrage  le  plus  important  de  Noues  est  : 
De  arte  aiguë  ratione  navigandi  llbri  duo  ; 
Coîmbre,  1546,  in-fol.  ;  BAle,  1566,  hi-fol.; 
trad.  en  français  dès  le  seizième  siècle,  con- 
servé à  la  Bibliothèque  imp.  sous  le  n^  1494. 
Nous  citerons  ensuite  :  ÀnnotaçOes  d  Meeha- 
nica  de  Aristoteles  e  d$  theoricat  dos  pla' 
netas  de  Purbachio  corn  a  arte  de  Aare- 
gar;  Cmmbre,  1578.  Ce  traité,  joint  à  l'ouvrage 
qui  précède,  a  été  traduit  par  Nunez  et  publié 
séparément;  —  De  erepuseuiis;  Lisbonne, 
1542,  in-4*';  Coîmbre,  1571;  puis,  réuni  aux 
théories  d'Albacen,  Bâle,  1568  et  1592;  — 
De  erratis  Orontii  Finei;  Coîmbre,  1546, 
in-fol.;  —  Tratado  da  sphera  corn  a  theo- 
rica  do  sol  e  da  lua  e  o  primeiro  Hvro  da 
geographia  de  Claudio  Ptolomeo  Alexan" 

(t)  Beeherekes  tmr  1er  procréé  de  rcMCronomte  et  des 
âcieHcei  namUqueê  en  Btpagne,  extrait  dea  ouTraget  ea- 
pagnola  de  Fernandes  Navarrete,  par  M.  Ou  de  Motoai 
Parli,l8t9,ln-8». 


S63 


lîUNES  — 


drinOf  acreseentada  de  muitas  annotaçoes  e 
figuras;  Lisboo^ie,  1537,  in-fol.  :  les  doutes 
auxquels  rendit  P^unez,  et  qui  marquent  si 
bien  l*état  de  la  science  dans  la  première  moiUé 
du  seizième  siècle,  aTÙent  été  exposés  par  Mar- 
tim-AfTonso  de  iSouza,  qui  venait  de  porter  la 
guerre  dans  les  Indes  ;  —  Annotatïo  in  extrema 
verba  capitis  de  climalitms;  Cologne,  1566, 
in-8*  :  il  y  a  des  éditions  de  1562  et  1565.  CTesl 
la  traduction  d'un  livre  de  Nunes  intitulé  .* 
Annoioffoes  a  Sphera  de  Sacro-Bosco  lAînro 
de  algebra^  mathematica  y  geometria;  An- 
vers, 1567.  Le  P.  Simon  de  Yasconcéllos  at- 
tribne  au  célébré  géomètre  un  Roteiro  do  Bra- 
iilf  qui  n'a  jamais  été  publié. 

I>e  tous  les  ouvrages  de  Pedro  I^unes ,  celui 
gae  les  Kavants  s^accordent  h  considérer  comme 
le  plus  fécond  en  vues  réellement  nenves  est  le 
petit  traité  De  Crepusculis.  On  a  même  été 
jusqu'à  affirmer  que  si  on  le  soumettait  à  une 
airieuse  analyse,  ks  belles  théories  de  Newton 
sur  les  couleurs  paraîtraient  moins  extraordi- 
nnirea.  Ferd.  Denis. 

terbosa  BlMliado,  BMloîkêoa  luiUmna.  —  Varnha- 
Sen,  hUtaria  do  Brasil.  —  Montacla,  Histoire  des  ma- 
IMnafifuet.  -•  O  ^atwrama^  Jorttal  Uterttri^  !••  «érte, 
•vee  pmtnU.  —  Jia¥arrele,  Jiittmplm  id€  la  .NmuUeu. 
-•  StooUec,  Emaêo  JMtCori4»  .«otaw  «  «  wigam  m  pro- 
gressot  das  matheautticas  em  Portugal. 

AUSBS  {àmbrosio),  médecin  portugais,  né 
à  Xisbonne,  mort  le  11  avril  1611.  Fils  du  pre- 
mier médecin  de  Jo&o  III,  il  étudia  À  Coïmbre 
la  médecine^  et  Ty  enseigna  dès  Tannée  1555.  H 
quitta  bientôt  le  Portugal  pour  se  fixer  à  Sala- 
wii!^^,  puis  à  Madrid  et  à  Séville.  n  acquit  une 
imneose  répatation,.et  de  retoor  en  Portugal  il 
obtint  ie  titre  de  premier  chiruiigpen  d«  roi. 
On  a  de  lui  :  Traiado  repartido  <«»  ctnee 
partet  prineipaies^  que  declaran  mI  mal 
guM  ^igniJUa  este  nombre  pesiez  (kûmbre^ 
j«01,  in-4%  et  Madrid,  164&,  in-^*";  -^  Enar- 
rationes  in  III  libros  Aphorismorum  Hippo- 
erat'u$  cum  par^tphrasi  ad  cammentar.  Gor 
ieni  ;  Coimbre,  1603^  in-fol.  H  avait  fait  égate- 
jneat  un  traité  De  |Mf/ji&ii«.  F.  D. 

DModiiiiu  «ttu  «AMiiea.  *  N.  AOlonto.  Sièttothêcm 
muM.  —  Rarbou  Machado,  BibUotheca  luiituna. 

«VUES  BAmmBTO  {BélcJûor),  mission- 
naire portugais,  né  A  Porto,  en  1520,  mort  le 

10  août  i57l.  Entré  chez  les  Jésuites  en  1543, 
il  partit  bien  jeune  encore  pour  les  Indes.  Ce 
Alt  saint  pFan(ois-Xavier  qui  le  reçut  à  Goa. 
Son  mérite  fut  reconnu*  et  bientdt  il  devint  sa- 
périenr  de  la  résidence  de  Baçaim.  Un  pea 
plus  tard,  on  le  nomma  provincial  de  son  ordre 
aux  Indes  :  c'était  pour  lui  le  gage  assuré  de 
nonveaux  travaux  et  de  noavelles  soufTranoes. 

11  se  rendit  successivement  à  Malacca,  au  Ja- 
pon, puis  revint  à  la  côte  de  Coromandel.  As- 
sisté de  quarante  Portugais,  il  se  rendit  vers  le 
Aouvenin  de  Bu^go,  £t  il  ent^prit  fésohiroent 
et  «wvMtir  an  «élèbM  évèqiie  ■esÉiMien  omumi 
COQS  le  mm  de  Mar  Joseph ,  it  ijn  vubi'iUb^ 


NUiN£Z  364 

sait  du  bruit  de  sa  doctrine  les  montagnes 
du  Malabar.  On  affirme  que  ses  elTorts  fareat 
conronnés  de  succès.  H  y  a  peu  de  missioa- 
naires  qui  aient  jeté  autant  de  lumières  sur  l'O- 
rient que  lui.  La  plupart  de  ses  lettres  sont 
restées  manoscrites,  à  PexcepUon  de  la  Caria 
escrita  em  1554,  à  son  arrivéie  aux  Indes,  lettre 
dans  laquelle  II  rapporte  les  drconstances  di- 
verses qui  accompagnèrent  la  mort  de  saînt 
François-Xavier,  ainsi  que  la  cérémonie  de  ses 
funérailles.  Les  lettres  de  Nunes  Barrelo,  tra- 
duites dans  toutes  les  langues  de  FEurope,  or- 
culaienl  en  manuscrit  À  cette  époqoe  et  coo- 
triboèrent  singulîècement  à  répandre  paraii 
'SOUS  quelque  lumière  sur  Textréme  Orient. 

Le  P.  Leonardo  ^one^,  mort  à  la  saite  d'aï 
naufrage,  le' 30  juin  t55&,  est  un  autre  missioo- 
Jiaire  fixé  aux  Indes,  qu*il  ne  faut  pas  oonfoodie 
avec  celui-ci.  Né  à  San-Yicente-da-Beira,  il  fut 
un  des  cinq  religieux  qui  accompagnèrent  Tbomé 
de  Soiiza  an  Brésil  en  1549  ;  les  saovi^es  qa1l 
catéchisait,  voulant  caractériser  sa  prodigiense 
activité,  Tavaient  surnommé  Iftaré  B^fé  (le  pèn 
qui  vole).  Il  était  on  ne  peutjplus  versé  dansH- 
diome  desTupis.  F.  D. 

Sarboaa  Machado.  BibUotheca  huUanm.  —  VaicDB* 
cenos,  ITotMa  do  Brmrtl. 

iiv!Iêz,  nom  commun  kphisieurs  peintres 
espagnols,  dont  voici  les  principaux,  par  ordie 
chronologique  : 

miîhBZ  {Juan  ),  ne  pi^s  de  Sévîlle,  vers  I53ft, 
fut  un  des  meilleurs  élèves  de  Juan  Sanchez  (k 
Castro.  11  est  considéré  comme  un  des  rénova- 
teurs de  fart  en  Espagne  ;  il  a  beanoDop  tra- 
vaillé, mais  on  doit  lui  re4)rocher  des  contours 
trop  secs,  un  coloris  tranché  et  de  singulières 
bizarreries  dans  ses  compositions.  C'est  ponr  ce 
dernier  défaut  que  nous  citerons  un  Saint  Mi- 
chel et  un  Saint  Gabriel  (  qui  déoor»ent  ta 
cathédrale  de  Séville  ) ,  tous  deax  affublés 
d'allés  de  paon.  Nunez  excellait  à  bien  rendre  les 
détails  des  draperies  et  surtout  des  twoderies. 
Son  chef-d*ceuvre  est  à  la  catbédrale  de  Sévitle  : 
jl  représente  La  Vierge  tenant  le  ChrUt  mort 
dans  ses  bras;  Saint  Michel  et  saâril  Tm- 
cent  sont  prosternés  à  ses  côtés.  «  On  ne  san> 
rait,  dit  Quilfiet,  se  figurer  le  brlfiant  et  la  con- 
servation des  couleurs  de  ce  tableau,  qui  semble 
sortir  de  la  main  du  maître.  »  On*admire 
dans  ta  même  basilique  un  beau  $ain<  Jean- 
Bc^tiste. 

NUNEZ  (  Pedro),  né  li  Madrid,  en  1601  «mort 
dans  la  même  vTfie,  en  1654.  Il  apprit  la  pein- 
ture dans  râtelier  de  Juan  de  Soto,  fit  oa 
voyage  «n  Italie,  «n  jEeviat  e&wUent  4Miin»- 
Itslf.ll  fut  «ttacM  par  niiUppe  IT  à  te  cok 
d'Espagne ,  dont  H  rq>roflnistt  qne  partie  des 
mis.  Jl  déaara  en  méiM  temps  k  aaton  dc^a- 
méiie  <ën  «pfllate  voyal  ée  Madrid  et  leeonvnt 
âeXn  aierâ  (  11135  ).  «  Ces  travaux  hà  ont  mé- 
jplaec  paoniies  wallM»eiqpagBDk^  • 
m  «■tVt.VBML  (Don  JftfMeo), 


965 


NUIVËZ 


■é  à  Cadix,  m  1«U,  nMct  à  Mtdrid,  eo  J660. 
fl  était  bon  Chesqniste.  PMlippe  IV  le  Domma 
«  doreur  et  directevr  des  peintures  destinées  à 
trier  ics  vaisseaux  foroMmt  les  eeeadies  de 
rooéau»  les  galères  d'Espagne,  les  gaSions  des 
iMtos  et  les  eaeiulras  roirnles  de  la  faetorerie  ». 
Qttoi^iit,  à  dire  m^  «ntPCprcMur  limages  de 
S.*  Yago^  à^CmnepHimÊj  ele^  etc.,  Niâez  des- 
liaiiC  a¥ee«n  grand  laM,  et  fMàgnait  avee  b- 
àlité.  ■  compoBiit  bien  aassL  Les  taMeaox 
fD'l  a  Mânes  à  Madild  et  à  CadixpnMmHC  qœ 
«H  l'eAt  pas  tantcberché  lintMt,  lIcttlnMrvé 
fteiÉe  gMre. 

actBi  OB  'niAA^^itMWOÊO  (Don  ),  né  à 
Séride,  en  163S,  mnrt  en  1700.  Sn  faniHI»dlatt 
tK  des  ancitnnes  d'AadMmHÎe  ;  fils  eadel»  il 
fut  inaBiit  «nr  les  rôles  de  IVn^re  de  Malte.  Son 
ami  Ksteboa  Mniilo  détint  son  nudtve^ct  àé- 
Yidsppa  en  lui  des  Çicultés  aitisliqnfls  nal»- 
relles.  Entraîné  par  ï'oblîptian  ée  ses  «avn- 
Tanes,  l^aûez  néglii^ea  quelque  temps  ses  dis- 
positions; mais  il  les  cnltiva  à  fiiaples  eoas  Ma- 
Ihias  Pretti  le  Calabrais ,  son  collègue  dans 
Tordre  de  Malte.  De  vetoor  en  Espagne,  il  de- 
Tinlr  Je  premier  élève  de  Murilio,  qui  l'associa 
dans  plusieurs  de  ses  tcavaux.  Tous  deux  fon- 
(!èMQt  l'académie  de  SéTlUOt  et  œ  fut  dans  les 
bras  delfunez  que  Munllo  rendit  l'Ame.  JNuoez 
avait  pris  de  son  ami  le  talent  de  rendre  les 
eatanU,  les  anges,  etc.  ;  il  a  laissé  de  bons  ta- 
bleaux en  ce  genre;  il  fut  aussi  portraitiste  dis» 
tiogné.  A.  DE  lu 

Lu  constUtÊtionet  y  aetas  de  ku  Jeademiat  de  Ca- 
dx  et  4e  Séante.  —  Fdlppe  de  Cnenrra.  £oj  eùmen- 
tKrtméeU  pCiiiimi(tUdrtd,i'na).  —  Cn«  BeroM- 
4rz.  ûieaomeuioUstorioo  éê  !«•  mat  UvtU»  fr^mret 
et  las  belUu  artes  en  Etpaiieu  — >  Sfariano  Lopez 
ifvMéa.  El TttA  Miueo  (Madrid.  itfU  ). 

avvnft  {AtutJtm),  surnommé  Caheça  de 
Vaca^  décooTreor  de  la  Floride  et  premier  ode- 
lantttdo^  Rio  delà  Ptata,inort  à  SéTÎIIe,  en  1564. 
n  accompagna  en  qualité  de  trésorier  Panfllo  de 
!<amez,  qui,  en  1526,  ▼enaUd'obtenirlootes  les 
terres  qa*fl  pourrait  découvrir  depuis  la  rivière 
des  Pahnes  jusqu'aux  confins  de  la  Floride.  Us 
partirait  de  Cnbn  en  nrare  1528»  avec  qoalre 
ecots  fantassins  et  quarante  cavaliers  sur  quatre 
Ufinents.  Le  12  avril  Ils  virent  le  continent 
arnéricân,  et  fllgbarquèient  le  t**'  mai  sur  le  cap 
Corrientes.  ils  se  mirent  en  route  pour  le  pays 
^  Apahdies,  que  les  Indiens  disaient  rictîe  «n 
^'\jtTf  juin  ils  arrivèrent  Si  Apaladie,  dont  ils 
faussèrent  les  habitants  après  un  léger  combilt. 
Us  7  restèrent  vingt-cinq  jours.  Neuf  jours  plus 
tard  ils  étaient  à  Aulé,  où  Ils  subirent  un  échec, 
ils  calculaient  avoir  hit  deux  cent  quatre-Tîngts 
liiMes  depuis  la  baie  de  Santa*Crnz,  en  sruivant  la 
ririèrc  qu'ils  avaient  nommée  THayâatena.  Le 
^am  qn*il8  avaient  parcouru  était  plat,  salffon* 
Bnn,  stérile,  rempn  de  marais  (t).  Ils  y  mangé- 


U)  aae«i  eeilMKfeipriae  aia«  :  « , 

ka«iflMH  kuUaYeraot  («îicandaB  Ipsoroai  caleaUMB  J8i 
''■'fitfaiD)  ptema  ent  alq«e  areaoauBi,  jiiuUla  stajinti 


rent  tons  leurs  chevaux.  La  litigue,  la  hmine  et 
les  flèches  des  indiens  diminuerait  sensiblement 
les  «Dyn^enns.  lis  eoKtmishvnt  cinq  hntuaux,  et, 
sniwut  le  ooan  du  fleuve, débouquènnt  «nfin 
dansnn  gellh  qu'Us  nownènnnt  SttiMlfifiieL 
£n  novanhfe  ilsi»tPOUV)èrcntremhoBihnse  ^ 
Bie  de  ha  Bdna«;  mais  «ne  adTeense  tempête 
iiriaa  ieureisaharcalioos.  ^Nnrvnen  et  la  pInpnsC 
ides  siens  pédrant.  ilvareE  Munex  fat  «n  des 
qiMliy  vingts  nauft^a^fe  qui  huent  Jetés  ear  nos 
Ik  qu'ils  nenmèeent  MAtkada.  iJ^  réduite  à  te 
dernière  nisère,  ils  en  mMgèrent  les  uut  les  an» 
(ras  jusqu'à  ce  qu'il  n'en  testa  plus^oe  quhiML 
Us  conelnâârent  alors  une  espèoe  de  radeau,  dt 
g^gnèfent  la  âerre  Cenne.  Ils  échouèrent  è  l\ciiMe 
àaMio  tUi  JVorte,  qu'ils  mnonlèffent  jnsqu^ 
P4JS  des  SHVMMOÊ  (en  espa^iol  iPaf  orsfrnyet  ), 
et  QonwevIiraDt  ees  Indiens  mi  chrisUnnianie. 
<talre  aventuriers  sorvénuimt  seuàement  :  c'é- 
taient àJiwt  Binnez,  OrnotR,  maria ,  le  pUots 
.Domiiigo  dei  Gasfille  et  un  nèg^e  nommé  Este» 
vanioo  <lj.  Après>avoir  errédnnnt  six  ans  à  tm- 
vers  la  Louisiane  «t  la  partie  septentrionale  du 
Mexique»  ils  «rrieèrent  le  16  nai  l&a»  snr  la 
«Me  de  (kdiaean,  dans  la  Nuevn-Geflieia.  De  Sa»- 
ilignel  ils  se  rendirent  à  Compeslela,'OJile  goop 
vecneur  KnneK  de  Gusman  knr  proouft  les 
■BO^ens  de  se  rendra  au  Mexique.  Ils  y  arrivèrent 
le  22  juillet  suvvant  (2),  et/ui«at'hien.aocueillb 
par  le  vioe-roi  don  Antonio  de  Mendoca,  qni, 
ayant  formé  le  pvojet  de  conquérir  le  paye  de 
Cibola{3),  Ibnna  une  oolenne  eipéditionnairede 
trois  cent  cinquante  Espagnols,  qu'il  pinça  sous 
le&  ordres  de  Francisco  Vasques  de  Gotonadn^ 
auquel  11  adjoignit  Alvarez  Nunea  cenme  lien- 
tenant.  Lesicon^ttii^aderes  partirent  de Cnliaean 
en  Sfvril  1&40.  Le  27  mal  ils  arrivèrent  daas  la 
vallée  des  Conunnes,  que  Nunex  nomma  ainsi 
de  l'espagnol  coraxon  («mur),  parce  que  les  ha- 
bitants lui  offrirent  en  présent  des  cœurs  san- 
glants. De  là  il  se  neadil  dans  la  province  de 
lYieayan,  traversa  le  pays  de  Cibola,  et  entra 
dans  celui  de  Quipmra^  après  avoir  parcouru 
près  de  trois  cents  lieues.  Il  revint  ensuite  à 
Caliacan  (fin  d'août  iâAO]^  et  retourna  en  Es- 
pagne. 

L'empereur  Charies  Y  le  créa  adelantado  du 
rio  de  la  Plata  pour  cinq  ans,  «  avec  ordre  de 
continuer  les  découvertes  d^à  commencées  par 
don  Juan  de  Ayolas  et  de  ne  souffrir  dans  son 
gouvernement  ni  avocats  ni  prooureurs,  tout 


niei 

(1)  Pannl  les  vtctlmec  de  la  faim  on  rite,  entre  autres,  Is 
urand  prëT6t,  don  Agoïlno,  Moozo  Bnrtquez.  ndHcnr 
royaU  AUbso  Ée  Solis,  commlasaire  du  rot,  ir  P.  Giovani, 
francUealn  italien,  et  quatre  autres  religieux  du  méine 
ordre. 

t^  «  1.e«iTs  aventorea,  dDt  Berren .  surprinent  tout  1b 
monde,  et  onalla  Jusqu^i  dire  qne  IHeu,  pour  lesaao- 
Ter,  leur  avaU  donrië  la  Acuité  de  ressusciter  les  morts 
(  dee.  V.  11b.  Tlll  ).  Loin  de  ressusciter  les  mort»,  fait  i^ 
narl^er  nn  ciSUque  modenie,  ib  a? aient  réoa  dea  le- 
vants. » 

rs)  Appdé  2Kai  par  Ira  indigteas. 


S87 


PiUIfEZ 


368 


derant  s*y  accomplir  par  la  voie  de  la  douceur 
et  de  ta  persaasioa  ».  Nunez  partit  de  Cadix 
le  2  noTembre  1540,  avec  trois  navires  et  quatre 
ceota  hommes.  Il  relâcha,  le  23  mars  164K  à  111e 
de  Santa-Catalioa,  dont  il  prit  possession  au  nom 
de  la  couronne  de  Gastilte  ainsi  que  de  la  côte 
du  Brésil  depuis  Cananea.  Il  se  dirigea  ensuite 
sur  le  Paraguay,  en  suivant  la  rivière  liabuca 
(8  novembre).  Il  franchit  les  provinces  del 
€ampo  et  de  Vaea,  et  arriva  toi*'  décembre 
sur  les  bords  de  Vlguatu^  où  il  reçut  un  bon  ac- 
cueil des  Guaranis.  Aidé  de  ces  Indiens,  il  attei- 
gnit la  Plata,  qu'il  dépendit,  et  fit  son  entrée  à 
L'Ascendon,  le  15  mars  1542.  Il  eut  à  combattre 
lesCriiyocames  et  les  yîapernes,  qu'il  soumit.  Il 
'envoya  Domingo  de  Irala  reconnaître  le  Paraguay 
(  20  novembre  1 S42  ),  tandis  que  Cîonzalo  de  Men^ 
doia  devait  reconstruire  Buenos- Ayres.  Cette 
dernière  mission  ne  réussit  |^s,  et  le  4  février 
1543  la  ville  de  L'Ascension  devint  la  proie  des 
flammes.  L'incendie  avait  été  allumé  par  les  prê- 
tres et  les  fonctionnaires  royaux.  Irrités  contre 
Nunez  de  ce  qu^il  avait  soustrait  les  indigènes  è 
leur  tyrannie.  Vadelantado  fit  arrêter  ces  mal- 
Teillants,  et  les  expédia  en  Espagne  pour  y  être 
jugés.  Ayant  appris  que  Juan  de  Ayolas  et  quatre* 
Tîngls  des  siens  avaient  été  massacrés  au  Puerto  de 
la  Candelaria  par  les  Payagoaes,  Nu&ez  s'y  rendit. 
Il  battit  cette  peuplade  sur  les  bords  d'un  grand 
lac  qu'il  nomma  Rio  Negro,  remonta  Viguazu 
(bonne  eau),  et  se  fit  reconnaître  par  les  Xaoo^ 
Hès^  les  Yagttessès  et  les  Clanessèt,  Après  un 
court  séjour  à  Puerto  de  los  Reyet,  dans  le  pays 
ôe^Guaxarapos,  dontil  prit  possessionau  moyen 
de  ses  lieutenants  Hector  de  Acuna,  Antonio  Cor- 
Tea,  Jean  Romero  et  Heinando  de  Ribera,  il  sou- 
mit les  Xaraiès ,  les  Arrianicociès ,  les  PerO' 
haeaèSf  les  Urtuèses,  les  Aburunes,  les  Tara- 
pecodès  et  autres  peuplades  nombreuses  et  ri- 
ches qui  occupaient  un  grand  espace  Ters  le  \y 
de  latitude  ;  mais  il  reçut  de  graves  échecs  chez 
les  SocoHnes  et  les  Agacés,  qui  loi  tuèrent  et 
mangèrent  soixante-trois  soldats.  Lui-même  tomba 
malade.  Domingo  de  Irala  profita  de  Tindisposi- 
iion  de  Vadelantado  pour  conspirer  contre  ce 
chef.  II  le  saisit  et  l'embarqua  de  force  avec  les 
officiers  qui  éUient  restés  fidèles  (1544).  Nunez 
Ait  rendu  à  la  liberté  en  arrivant  en  Espagne; 
cependant  ses  ennemis  avalent  une  telle  influence 
quil  ne  fut  acquitté  par  le  conseil  des  Indes 
qu'au  bout  de  huit  années.  Le  roi  lui  accorda 
alors  une  pension  de  deux  mille  écus  d'or,  et 
le  nomma  otdor  de  l'audience  royale  de  Séville. 
n  mourut  dans  un  âge  avancé. 

A.  ne  L4C1ZE. 

Oardlinodela  Vcga,  HUlorta  getuntl  dei  Peru  (Cor- 
doue,  icie,  lo-f*),  llb.  I.  eap.  m.—  Herren,  MM.  ce- 
mrat  dt  loi  heeho»  de  las  Catttttanoi  en  lot  ttlas  y 
Uerra  fertM  del  mar  Oceano ,  décades  IV-VII.  —  Gero- 
mtno  Befuont,  L'UUt.  du  Nouveau  Monde,  ote.  (  trad. 
en  fniiç.,  Oenève,  187S. lo  8* ),  Itv.  II,cbap.  x.  —  Gomara. 
Bi$t.  çentraldê  ku  Indiat  (  Medlna.  ibSS,  In-f* ),  llv.  Il, 
eap.  XLVi  et  lxxxxx.  —  Le  même,  AnnoUet  ou  Ckronaea 
dettmpv^or  Cartot  r,dèc.  Il,  t*  lo.  ->  Cbarlerof]^ 


HiBi.  dm  Paraçumii,  t  !•*.  —  Torqneiiada,  JlfeiMrckto 
Jn4éea,  Ub.  XIV,  cap.  xxiL  —  Jobo.  MIera,  Traoott  ta 
CkUâ  and  la  Plata  { Undrca,  18M,  f  voL  In-  8*  \ — Haftcz, 
AioUeUu  de  las  froHneiai  untdoM  del  Bio  de  la  Plata 
(LoDdret  isiS).  —  U  Rcnaadière,  Mexifue,  4aaa  ViM- 
ven  ptteoreiçw»  p.  tkê  et  nr. 

Huftu  (  £o«ii),  en  latm  tfonnius,  savant 
médecin  flamand,  né  rers  15S5,  à  Anvers.  Il 
était  fils  d'un  chirurgien  portugais  qui  avait 
suivi  les  armées  espagnoles  dans  les  Pays-Bas. 
Les  événements  de  sa  vie  sont  restés  inconnus. 
Il  étudia  la  philosophie  et  la  médecine  à  Lou- 
valn,  revint  à  Anvers,  et  s'y  livra  avec  succès  k 
Texerdce  de  sa  profession.  Il  paratt  néanmoins 
qu'avant  de  s'établir  dans  cette  ville  U  avait 
voyagé  en  Italie  et  suivi  les  cours  d'Horace  Au- 
genio.  On  ne  connaît  point  la  date  de  sa  taoni; 
mais  il  vivait  encore  en  1645,  époque  où  il 
soigna  la  seconde  édition  du  Dissteticon.  Uo 
philologue  belg^,  J.-6.  Gevart,  composa  pour 
lui  le  distique  suivant  : 

Hoe  agit,  Ht  eomttet  mena  aana  In  eorpora  aano, 
Bt  colat  naque  taoa,  nltla  Bjgda.  larei. 

Son  érudition  était  peu  commune,  pnisqall 
n'excella  pas  moins  dans  la  poésie  et  dans  Vhw- 
toire  que  dans  l'exercice  de  sa  profesSlon. 
Il  enfrelenait  une  correspondance  avec-  pin- 
sieurs  savants.  Juste  Lipse  entre  aatres.  On  a 
de  Nunez  :  Hispania,  sive  populorttm,  urMif  m, 
insulatrum  ac  fiuminum  in  ea  aecwrtUwr 
descriptio;  Anvers,  1607,  in-8<*  :  description 
fort  utile  pour  la  connaissance  de  l'andenne  Es- 
pagne; —  Ichlhyographia,  iive  de  piscittm 
esu  ;  ibid.,  1616,  in-8*;  il  y  fait  voir  que,  sdoo 
les  anciens  médecins,  le  poisson  est  un  alimeat 
très- salutaire  aux  vieillards,  aux  nnalades  et 
aux  personnes  d'une  constitution  faible;  ^ 
Dixteticon,  sive  de  re  cibraria  Hb,  iV;  Ibid., 
1627,  in-8%  et  1645,  ln.4<';  extrait  fort  bîeo 
fait  de  tout  ce  que  les  anciens  ont  écrit  sur  la 
matière  alimentaire;  —  Commentarius  in  Bu- 
berti  GoUzii  Graxlam,  insulas  et  Asiam  mi- 
norem;  ibid.,  1644,  in-fol.,pl.  :  c'est,  d'après 
Renauldin,  un  vrai  commentaire  perpétuel,  com- 
posé avec  une  richesse  d'érudition  peu  com- 
mune; presque  tous  les  écrivains  de  l'antiquité 
y  sont  passés  en  revue;  —  Commentatius  in 
nunUsmata  imp,  Julii ,  Augusti  et  Tiberii; 
ibid.,  1620,  in  fol.,  pi.  ;  édition  nouvelle  d'un 
ouvrage  de  Goitzius  publié  en  1576,  et  aoqod 
Nunez  a  ijouté  la  vie  de  César  et  celle  de  Ti- 
bère d'après  Suétone.  Ce  savant  a  encore  hissé 
des  poésies  et  plusieurs  mémoires  sur  les  mala- 
dies des  reins  et  de  la  vessie. 

D'autres  médecins  ont  porté  le  même  nom  et 
ont  vécu  dans  la  même  époque;  nous  en  cite- 
rons deux  :  Ambroise  NtKfix,  natif  de  Lisbonne, 
professa  à  Salamanque,  pratiqua  à  Séville  et  à 
Madrid  et  devint  premier  médecin  delà  cour  de 
Portugal.  11  a  publié  De  peste  (  Goimbre,  1601, 
in-4^  )  et  Mnarrationes  in  Apliorismùs  Bip- 
poeratU  (itM.,  1603,  in-ful.).  —  François 
NuKEz,  né  près  de  Tolède,  joignit  à  une  cer- 


m 


IVUNEZ  —  NURSIA 


370 


taiM  habileté  dutt  son  art  le  talent  de  composer 
(Tasseï  bons  vers  latios  ;  U  a  laissé  ea  ce  genre 
Lf/rx  heroicx  lib.  XIV  (  Salamaaqoe,  1581, 
■hi«).  P. 

R.  Antottlo,  MibUalk.  kUpana.  -  Vatère  Aodré,  Bi 
Uietkeea  beigtea.  —  Renaaldlco ,  Lu  Aié4ecins  numU" 
matUtes. 

suftBZ  (Ferd,).  Vop,  Gczhan. 

SIJtBX  DBBALBOA.  Voy,  BaLBOA. 

soIIbx  dis  tbla.  Foy.  Vêla. 

avRBiiKG  {Jodocus-Bermann  ),  antiquaire 
aJlemand,  né  le  3  février  1675,  àSchuttorp,  dans 
le  comté  de   fientheim,  mort  le  3  mai  1753. 
Après  avoir  étudié  les  belles-lettres  et  la  juris- 
prodenee,  il  parcourut  dans  Tespace  de  cinq 
aosftoeeesslTementritalie,  la  France,  les  Pays- 
Bas  et  la  Hollande,  visitant  les  monuments  an- 
ôaa,  explorant  les  bibtiothèqnes  et  les  musées 
et  fréquentant  les  hommes  les  plus  savants  de 
ces  contrées.  De  retour  dans  son  pays,  i|  s'ap- 
pliqua pendant  quelque  temps  à  apprendre  la 
pratique  judîciaité,  selon  les  désirs  de  son  père, 
qui  voulait  lui  laisser  sa  charge  de  magistrat, 
n  se  décida  ensuite  à  embrasser  Tétat  eoclésias- 
tique,  aaqnel  il  se  prépara  sans  cesser  ses  re- 
eherebes  historiques  et  archéologiques,  dans  Tin- 
térét  desquelles  il  visita  l'Autriche  et  la  Honf^e. 
.^onuné  en  1705  écolâtre  à  Yrède,  il  eut  occa- 
sion de  mettre  en  ordre  les  archives  de  plusieurs 
foodatioas  religieuses,  ce  qui  lui  fit  tirer  de 
l'oubli  quantité  de  documenta  intéressant  This- 
loire  de  son  pays.  U  reçut  par  la  suite  les  di- 
gnités de  protonotaire  apostolique  et  de  conseil- 
ier  ecdésîaatique  de  Tarchevèque  de  Cologne, 
li  légua  sa  belle  bibliothèque  à  la  ville  de  Muns- 
ter. On  a  de  lui  :  Sepulcreium  Westphalico- 
Jiimigardieo^entilêf  in  quo  de  urnis  et  de 
lapidibuM  ethnieontm  sejmlcralibtu  disseri^ 
tur;  1713;  réimprimé   à  Osnabmck,    1714, 
in-é*',   avec  VOisilegium  hUtorico-physicum 
de  J.-H.   Cohausen;  —  Diplomatie  Candi 
Magni  de  scholis  greeeis   et  latinis   anno 
M  eeeiesix  Osnabrugensi  eoncessi  vindicata 
Veritas;  1720,  in.4%  écrit  contre  Eccard;  — 
Monumentorum    Monasteriensium    decuria 
prima^  toca  diocewoe,  ah  A  et  B  inchoantia, 
inscriptionibus  et  exegesi  topographica-his- 
torica illustrons;  Wesel,  1742,in-4*>;—  Von 
den  OrdalOs  der  alten  teutschen  Vôlker  (Des 
Ordalies  des  anciens  peuples  germaniques),  dans 
les  ffannOversche  Anzeigen  (année  1752);  — 
De  jure  bivangiatus,  même  recueil,  année  1753  ; 
—  plusieurs  Mémoires  sur  des  sujeta  d'histoire, 
de   numismatique,  d'histoire  naturelle,  etc., 
dans  le  Commereium  Ittterarium  Nunningii 
et  J,'B.  Cùimusen,  Francfort,  1746,  et  dans 
i«s  Dissertationes  epistolicx  Pyladis  et  Ores- 
^;  ibid.,    17^0,  in-8«.    Nuning  a  laissé   en 
mannacrit  plusieurs  ouvrages  sur  la  vie  de  Char- 
leraagne,  sur  l'histoire  de  Munster  et  sur  les 
iMïnunes  remarquables  nés  dans  cette  ville.  G. 

Stmnmann,  Jifnui  Qtlehrtet  Surcpa,  t.  IIl  et  V.  — 
Hincbbg,  HmÊdHÊCk,  -  McomI,  Usikom, 


NUHZIAMTB  (  Vito,  marquis),  général  ita- 
lien, né  le  12  avril  1776,  à  Campagna  (  royaume 
de  Naples  ),  mort  le  22  septembre  1836,  à  Torre- 
Annunciata.  Ses  parente  étaient  pauvres  et  d'o- 
rigine obecore.  En  1794  il  s'enrOta  dans  un  ré- 
giment d'infanterie,  a  fut  licencié  à  la  fin  de  ta 
campagne  de  1798;  il  était  alors  simple  fourrier. 
Rentré  dans  son  pays,  il  rassembla  un  millier 
d'hommes  de  l'ancienne  armée ,  se  nomma  lui- 
même  colonel  de  cette  troupe  improvisée,  et  la 
mit  À  ta  disposition  du  cardinal  RulTo,  qui  s'em- 
pressa de  te  confirmer  dans  son  nouveau  grade. 
A  ta  tete  de  son  régiment,  il  assista  au  siège  de 
Capooe  H  en  1800  au  combat  de  Sienne,  où  il 
s'échappa  à  grand'  peine  des  mams  des  Français, 
qui  l'avaient  fait  prisonnier.  En  1808  il  donna  le 
conseil  d'évacuer  Naples  sans  résistance  et  de 
se  retirer  dans  tes  Catabres  ;  Tarrière-garde  qu'il 
commandait  ayant  éte  dispersée  à  Campotenese , 
il  se  jeta  dans  Reggio  et  partteipa,  avec  les  dé- 
bris du  régiment  des  Reali  Sanniti,  à  la  défense 
de  cette  ptace.  La  bravoure  et  la  fidélite  dont  il 
fit  preuve  lui  valurent  les  grades  de  brigadier 
(1807)  et  de  maréchal  de  camp  (1814).  Après  le 
retour  des  Bourbons  à  Naples  (1815),  Nunziante, 
nommé  commandant  supérieur  des  Catabres, 
lut  chargé  de  présider  à  l'exécution  du  roi  Joa- 
chim  Murat,  et  il  sut,  dans  cette  pénible  circons- 
tance, concilier  ses  devoire  avec  le  respect  que 
méritait  une  si  haute  infortune.  Depuis  cette 
époque  ta  cour  le  combla  de  faveurs  :  outre  des 
pensions  considérables,  il  obttat  en  1815  le  titra 
de  marquis,  en  1819  le  grade  de  lieutenant  géné- 
ral et  la  grand'  croix  de  Samt-Georges,  et  en 
1820  le  commandement  de  Saleme.  Lors  du 
soulèvement  de  Nota  (juillet  1820),  il  reçut  ordre 
de  mareher  contre  les  insurgés  ;  mais,  les  soldata 
l'ayant  abandonné  en  route,  il  revint  aussitôt  à 
Naples,  rendit  compte  au  roi  du  mauvais  succès 
de  sa  mission,  et  termina  s6n  rapport  par  cet 
avis  courageux  :  «  Sire ,  la  constitution  est  uni- 
versellement désirée  par  vos  sojete;  nous  essaye- 
rions en  vain  de  résister  au  vœu  générai  ;  je  prie 
donc  Votre  Majesté  de  l'accorder.  »  Après  avoir 
commandé  les  divisions  de  Syracuse  et  de  Pa- 
lerme,  od  il  eut  à  comprimer  plus  d'une  révolte, 
il  devint  inspecteur  général  de  l'armée  et  quar- 
tier matire  général,  occupa  en  1830  les  hautes 
fonctions  de  vice-roi  de  la  Sicile  et  fut  créé  en 
1831  ministre  d'État  avec  le  commandement  de 
de  toutes  les  troupes  du  royaume.  G. 

Fr.  Palermo,  Fita  •faUidi  Fito  IfwuUmte;  noreaee, 
iSS»,  in-t*. 

NcmBHiBBmG  (Conrad  nn  ).  Voy.  Conrad, 
miBsiA  {Benedetto  ok)^  médecin  italien, 
né  à  Nursia  (duché  de  Spolèté),  vivait  dans  ta 
première  moitié  du  quinzième  siècle.  Il  apparte- 
nait à  Ta  famille  des  Regardati;  mais  il  fut  plus 
connu  sous  le  nom  du  lieu  de  sa  naissance.  En 
1426  il  professait  la  médecine  à  Pérouse.  Sa 
grande  réputation  lui  fit  donner  le  titre  d'archiA- 
tre^ou  premier  médecin ,  du  pape  et  ta  dignite 


471 


jyURSIA  —  fUJTTS 


S72 


4e  dievalier.  Banai  nous  le  pooCifleat  de  ffico-  ] 
las  V,  il  se  tendU  à  la  oour  da  dnc  Fnaceaao  ', 
âfona,  qui  rattacha  à  ta  peraooae  et  le  créa  aé-  [ 
Aaleur.  11  eat  probable  ^ue  Nuraîa  paaaa  le  leale 
de  sa  Tïe  à  Milan  ;  eo  sait  qu'il  &*y  trasTait  ea- 
«ove  en  14M.  On  â  de  lai  :  Cpus  ud  MonitaHi 
amMtrpaiéotum;  Rowe  147&,  .f49a,  io-i*;  Bo- 
logne, 1477  :  la  freanière  édition  eat  fort  rare:; 
«Ue  a  été  Mise  au  joar  par  PkHippe  de  Ligoa- 
iniBe  ;  —  Cêmftmbmm  de  pesiUentiui  Mélai^ 
1479,  Ib-4».  p. 

Maital,  #t»ff  mmàiatH  poslHcf .  —  5«CtS,  flitf.  f»- 

1 2CU8  {BugènB)^  anteor  dramatique  ffWfais, 
Bé  en  1816,  à  CliiloBa<8ui«-Sadne.  Élefé  au  eol- 
lége  de  cette  Tille,  il  wM  à  Paria  en  18S7,  et  ae 
livra  à  son  goût  pavr  la  IMtéralore.  Il  fat  ad- 
joint à  la  rédaction  de  L*ën€rœctB,  et  At  jouer 
quelques  iwragea  aux  petits  théâtres.  Le  pve* 
niier  drame  qui  le  lit  oonn^ftre  fat  représenté 
an  <liéâtre  de  la  Galle,  en  1844;  il  avait  pour 
titre  Jaefua  le  Oontilrê.  M.  Nos  oantiona  à 
faire  représenter  areo  phn  on  moins  desuacès, 
seul  ou  en  oollalMration  :  VJSnseignemeni  nw- 
iuêl  (tM6),  le  jyéêw  en  fNmrr«  (1847),  U 
Omie  Oe  8min9ê^JSééim(i^%  £e  Ttstmnemt 
<tun  gar^cm  (I85t),  Lb  Ynkie  de  demielie 
<18&3),  iJB  Vitaire  de  Wake/ield  (1854), 
Stf snnne  (1854),  £a  7%cir  de  Londres  {tSbb)^ 
La  Servante  (1868),  Les  Fauvres  de  Paris 
<1850),  Jeanne  Greff  (1856).  En  1848  il  était 
no  des  prfaicipan  fédacteors  de  La  Démoeratie 
pacifique,  A.  J^. 

NVTOLOiTB  lParifilo)f  peintre  de  Vécole  de 
Crémone,  né  dans  cette  ville,  mort  très- Agé,  en 
1651.  Élève  de  Trottî,  dit  le  Jdalasso,  W  adopta 
nn  style  plus  vigpureux ,  mais  moins  gracieux 
que  celui  de  son  maître,  et  vint  fonder  à  Mîlan 
une  école  d'où  sortirent  d'excellents  élèves,  tels 
que  ses  deux  fîls  Giuseppe  et  Carlo- Franc sca. 
Il  avait  peu  d'imagination  ;  mais  il  rachetait  ce 
défaut  par  une  composition  sage  et  un  fini  pré- 
cieux. 11  a  cependant  exécuté  quelques  grandes 
œuvres  du  genre  de  celles  que  les  Italiens  nom- 
ment macciùnote. 

Parmi  les  nombreux  tableaux  d'autel  dont  il  a 
enridii  les  ^lîses  de  Milan,  on  remarque  une 
Résurreciion  à  Saota-Maria-delle-Grazie,  La 
Vierge  et  saint  Jean- Baptiste  à  Santa-Maria- 
del-Castello,  La  Madone  et  quelques  saints  à 
San-Angelo,  Sainte  Thérèse  %  Saint- Barthé- 
lémy, et  Sainte-Anne  avec  la  Vierge,  à  Saint- 
Protaso-ad-MonaoDs.  Le  nuisée  de  Brera  pos- 
sède de  5uvolone  nn  buste  d*lH>mme  que  Ton 
croît  étreaon  propre  portrait.  Enfin  nous  cite- 
rons encore  parmi  ses  bons  ouvrages,  Saint 
Vbalde  guérissant  un  malade,  à  Saint  Augus- 
tin de  Plaisance.  £.  B—n 

JCaist,  NùtiiU  d^  fittari  crewtanai,  —  Qrbodl,  Ab- 
becedmrio,  «-  Unil,  StoriaptttorUa,  —  Flronno.  GMda 
lU  Jtttei». 


mvwou^nm  (Cârft^-Fr«neueo),dlt  P«ii/fla, 
fila  du  précédent,  peintre  ilaficn,  né  k  Miten, 
en  I608,flnert  en  1661.  Élève  de  son  père,  U 
imita  cependant  de  préférence  J.C.  Procnodai 
et  surtout  le  Guide,  dont  il  fit  une  étnde  toute 
spéciale,  qui  lui  mérita  Thooneur  d'être  appelé  • 
le  Guide  de  la  Lombardie,  U  a  beaaoonp  ira- 
vaille  à  Crémone,  à  Parme,  à  Plaisance,  à  C^me 
et  surtout  à  Milan.  Les  églises  de  catteileniière 
ville  sont  remplies  de  ses  ouvrages,  parmi  ies* 
quels  les  plus  remarquables  sont  :  le  Marthe 
de  saint  Vito,  Saint  Jeam^Baptiste  et  saint 
Jacques  et  on  Miracle  de  saimi  Pierres  lie 
musée  de  Brera  possède  six  tableaux  de  luL  A 
Saint- Vital  de  Panne ,  il  a  peint  une  Madone, 
dite  de  Caravaggio.  Nuvolone  pasaait  pour  le 
premier  peintre  de  portraits  que  Milan  ^MSsédAt 
de  son  temps,  et  à  ce  titre  il  fut  choisi  pour 
faire  celui  de  la  reine  d'Espagne  lorsqu'elle  paaaa 
dans  celte  ville.  £.  B~ii. 

OrlJindl,  jébbeeêdario.  —  Lantl ,  Storta  pUtoriea.  — 
TIcocxl,  Dlzionario.  —  PlroTaDO,  CuUa  di  Jfilono.  — 
Bertotoxzl,  Guida  ptr  matrvarê  fv  fUinre  4i  Pm%  uwm. 

HinrouniB  (GiwiTipe)  dit  Pœufio,  frèR 
dn  précédent,  né  à  Milan,  en  1619,  mort  en 
1703.  0*un  caractère  font  opposé  à  eeini  de  non 
frère,  il  eut  une  Imagination  ardente  et  foe^giienae 
qui  parfois  nuisit  à  te  correction  de  aen  eewres 
et  au  choix  de  ses  types.  On  peut  Ini  reprocher 
anssi  d'avoir  donné  à  ses  ombres  une  vigueur 
trop  prononcée.  Cet  arlisle  peignit  jnsqu'à  l'âge 
de  quatre-vingts  ans  ;  aussi  les  viHea  de  la  Lom- 
tiardie  et  de  la  Yénéfie  sont-elles  rempHen  de 
ses  ouvrages.  On  remarque  plus  particnlièfemeut 
ses  peintures  à  Santo-Domeraoo  de  Crénaone, 
et  surtout  le  grand  tableau  du  Mari  resstescité 
par   saint   Dominique  ^  composition    remar- 

rle  par  te  vérité  de  l'expression  et  la  ridiesse 
rardiilectuie.  lïuvolone  ne  réusait  pns 
moins  bien  le  portrait.  11  fit  ceux  des  rois  d'En- 
pagne  Philippe  ÏU  et  Philippe  frpour  Alphonse 
deGonzagne,  comtedeHoveHara.       E.  B— -n. 

Onandi.  ^ftèeeMtariD.  —  Und,  Sforto  f^amrêem.^ 
TicouV/>is«anaH«c  -  OcMMlM*  Guida  Moritm  ■■ci» 
di  Cremona.  —  Offipori.  Gli  JtrUtti  tUfU  MuU£MUtui. 

HVTTS  (Peter),  navigateur  boUandaia,  aé  à 
Amsterdam, vers  1600. Ses  parentale  destinèrent 
au  trafic,  dima  lequel  ils  avaient  une  belle  posi- 
tion. Après  avoir  étudié  le  commerce,  il  «'embar- 
qua, et  fit  quelques  voyages  aux  eûtes  d'Afriiiae. 
Batavia  était  alors  le  centre  commercial  de  l'A- 
sie. La  famille  de  Ifnyts  arma  un  navire  immm- 
cette  destination ,  et  lui  en  donna  le  conunande- 
ment.  Battu  par  les  tempêtes,  égaré  sur  une  mer 
inconnue,  il  aborda  en  1627  sur  cette  ^ande 
terre  appelée  aujourd'hui  Austratke^  et  connue 
si  longtemps  sous  le  nom  de  Nouvelle- HollaDde, 
du  nom  de  la  patrie  des  premiers  navi^tetirs 
qui  5  abordèvent.  Kujts  atterrit  sur  la  c6tc  qui 
prit  son  nom  :  elle  est  située  dans  U  partie  naé- 
ndionale  de  l'AustraKe.  Looglen^s  on  l'a  coo- 
sidéré  comme  le  découvreur  de  ce  continent  » 
mus  il  est  avéné  que  Carpenter  en  avait  {ht  « 


373 


JNUYTS  —  PiXaERfi 


374 


ooBDÛSMnoe  quelques  mois  avant  lui  (i).  Sans 
chercber  à  étendre  sa  déoouTerte.Nuyts,  aussitôt 
qu'il  eut  réparé  son  navire,  reprit  la  mer,  et  ar- 
rivai Batavia  sans  encombre.  Presque  à  son  ar- 
rivée n  fut  nommé,  par  le  conseil  de  Batavia^ 
ambassadeor^an  Japon.  11  j  débarqua  Tannée  sui- 
vante^ et  fut  asseKbieo  acaieiUi.  5uyl0«  pour  se 
^oner  dé  l'impoTtance,  ae^préaenta  comme  am- 
bassadeur du  rm  de  Uoilande,  Les  Japonais  loi 
reuiireot  des  bonnenrs  extraocflinaires  ;  mais  les 
jèiuiles  portugais  ne  tardèrent  pas  à  informer  le 
eabo  (  souvemin  politique  et  militaire)  et  \ed<àrà 
I souverain  religieux)  que  Nogr^  n'était  que  Ta- 
gent  d'une  compagnie  de  marchands.  Les  Japo- 
nais furent  blessés  de  cette  mystification,  et  con- 
gédièrent le^ollandaissans  lui  accorder  aucune 
réponse.  De  retonr  à  Batavia  «  le  conseil  ne  vit 
dans  la  conduite  de  lïuyts  qu'un  excès  de  zèle, 
et  lui  4»nfia  le  gonvememeni  de  Timportante 
Ile  de  Formosa.  Tfuyts,  plan  de  ressentiment 
contre  les  JapoMaia,  ne  tarda  pas  à  trouvar  une 
occasion  de  se  yenger  de  rafTcont  qu'il  avait  reçu 
à  Tédo.  Deux  ;grosses  joncqnes  venant  de  Ni- 
pboo,  et  montées  par  plus  de  cinq  cents  hommes, 
tinrent  à  la  snite  d'un  typhon  reUcher  à  For- 
Boosi^,  eo  1629.  Ils  alUient  en  Chine.  Ifuyts  se 
nùtsn  téte-de  les  désarmer,  commeles  Japonaisen 
osaient  à  T^rd  des  navires  de  la  compagnie.  Les 
c^itaines  protestèrent;  mais  comme  ils  man- 
quaient «d'ean,  et  que  leurs  joncques  étaient  hon 
d'étatdeniprendre  de«uite  la  mer,ils8esoumirent. 
!^yts  trouva  plaisant  de  les  amuser  de  belles 
paroles  jusqu'à  ce  que  le  temps  de  la  mousson 
Sù\  passé.  Re  pouvant  plus  passer  en  Chine,  ils 
iisistèrent  pour  retourner  du  moins  chez  eux; 
nais  le  gouvernement  hollandais  refosa^sous  di- 
vers prétOLtea.  Les  Japonais»  lassés,  prirent  une 
résolutioB  désespérée,  qu'ils  exécutèrent  avec 
saag-.froid  et  ooora^D.  Les  chefs  renouvelèrent 
leocs  offres  et  leurs  prières ,  et  «yvès  une  au- 
dience infructueuse,  voyant  qu'ils  ne  gagnaient 
rien  par  les  paroles,  è  un  signal  donné  ils  se 
précipitèrent  sur  le  ^uvemeur  et  la  garrottèrent 
ainsi  que  son  jeone  fils  et  son  cdnseiller,  qui  se 
trouvait  présent.  Aa  même  instant  le  corps  de 
gaide,  ainsi  qœ  ioules  les  personnes  de  Ja  suite 
du  gonvameor,  les  officiers ,  les  marchands  »  les 
damestiques,  furent  impitoyablement  égorgés. 
l'a  garnison  acconnit  ansâft^t;  mais  les  Japonais 
boitèrent  le  gouverneur  è  lui  ordonner  de  ces- 
ser le  feu,  puis  ils  se  barricadèrent  dans  le  pa- 
lais, et  obtinrent  de  JNuyts  un  traité  par  lequel  il 
leur  fit  rendre  leurs  gréeeMnts  «t  leur  artillerie 
et  leur  donna  un  dédommagement  pour  le  temps 
qoH  leur  avait  lait  perdre.  Cas  conditions  exé- 
cutées (12aoâtl630XUslerendirentà1anbtfté, 
mais  en  même  temps  ils  déclarèrent  ne  rouloir 
plus  avoir  de  velatkm  avec  les  Hollandais.  Le 
Président  di  le  conseil  de  lacampa^iie^  désirant 
à  tout  prix  conlinaer  son  commerce^,  livrèrent 


<i)Xt9«itle  «HMflBOaae  fiitiléanvc 
M*fltr  Wlelunt(Miu  oe  mm,}. 


Noyts  aux  Japonais  en  l'abandonnant  à  leurdis- 
crétioD.  Il  n'eut  lien  àsouffrir  dans  sa  captiviti^; 
et  deux  ans  plus  tard  il  fut  remis  en  liberté  avec 
indemnités;  mais  ses  compatriotes  ne  voulurent 
lui  confier  aucune  fonction,  et  Je  renToyèrent  en 
Hollande,  où  il  mourut.  .A.  de  L, 

iM  Hetuille,  HMoire  de  SolUuuU,  t.  II,  ili.  \l^ 
ebap.  ziL  —  CbardlB,  ropagef  t.  IX,  p.  liS-lSS;  t.  X, 
p.  1»,  IM.  ISS,  tH.  117.  «-  OMneralx,  fMit.  4u  laptm, 
c.  v.ttw.  ap.a»iss,ses«iiA,a4iL  -  Miu,uwimiutm 

(Fari%  17IS.  lU  taL  Ut-So),  t.  XVU^  p.  Ml,  S8B,  SUS; 
notes  f  Jointes  à  cet  osTnge  ) ,  xxix-xzzni,  p.  ass-sss. 

Ntzzi  (Afarto),  dit  Mario  de^  Piori,  pemtre 
de  féoole  romaine,  né  en  1603^  à  La  Penna  (dio- 
cèse de  Fermo),  mort  à  Rome,  en  1673u  tlève  de 
Tommaso  Salini,  et,  an  moins  autant  de  son  pèr^ 
grand  amateur  d*borticulturej  il  p^gnlt  les 
fleurs  et  les  fruits  avec  une  perfection  qui  lui 
Talut  les  pins  ^icands  aœcès;  malbenreosement 
ses  tableaux  ne  tardèrent  pas  à  pousser  au  noii^ 
et  la  plupart  ont  perdu  leur  éclat.  IBario  était 
veau  se  fixer  à  Borne,  où  il  fut  nommé  membre 
de  L'Aaadémie  de  Saint-Luc  en  i6&7.  La  galerie 
iconographique  de  Florence  possède  son  portrait, 
exécuté  par  lui-même.  K.  B^jn. 

OrUndI,  Tleozxl,  Lanzl,  PuooU,  Fit»  dei  plttoriwuh- 
demi. 

Nczzi  (  Ferdinand),  cfeT^insl  Italfen ,  nfi  le 
ID  septembre  1665,  à  Oila  (£tat8  de  rt^liae), 
mort  à  Orviète,  le  30  novemlnre  17X7.  H  n^svait 
encore  que  neitf  ans  loisque  sa  mère,  devenue 
veuve,  renvoya  à  Rome  pour  7  faire  ses  Aodes. 
S'appUquaift  à  la  jurisprudence,  tant  civile  qne 
canonique,  il  fut  bientôt  regardé  comme  un  des 
plus  habiles  jurisconsultes  de  lltalie.  En  lesis. 
Innocent  XI  le  nomma  coimnissaire  de  la  cham- 
bre apostolique  et  chanoine  de.  Saint-Pierre; 
Alexandre  YUI  eut  souvent  recours  à  ses  con- 
seils; Innocent  XII  le  fit  trésorier  de  la  chambre 
apostolique  secrétaire  de  la  coi^grégatlon  du 
concile,  membre  de  celle  des  Rites.  Au  milieu 
de  tontes  ses  fonctions,  Nuzzi  conserva  son 
amonr  pour  les  sciences,  et  sa  maison  était  le 
cendes-vons  des  savants  qui  y  formaient  une 
sotte  dTAcadémie  oili  se  traitaient  toutes  sortes 
de  sujets.  Clément  XI  le  créa  cardinal  (  te  dé- 
cembre 1715)  et  évèqne  d*0rv1ète.  £tant  préfet 
de  l'Annooe,  il  publia  ;  IHscorso  ivtorno  aXîa 
colHvazione  delta  Campagna  di  Borna;  Rome, 
1702,  in-fol.  11  y  signale  les  tristes  effets  du  dé- 
faut de  culture  dans  la  campagne  de  J&ome^ 
mais  son  ouvrée  n'eut  pas  le  résultat  qu'il  s'en 
promettaiL 

Son  neveu  Nozzi  (ZnnoceaQ,  camêrier  dHwn- 
nenr  de  Benoit  XfV,  fit  élever  à  sen  onde  un 
magnifique  mausolée  dans  la  cathédrale  d*Or- 
idète,  et  .traduisit  an  Italien  Vffbfoire  de  la 
constiiutiàn  Cnlgenitua,  par  Lafitau;  Cologne 
(Romç),  1757,  in-4».  H.  F. 

Dict.  iet  Cardinaux.  ^  Morfil,  Mctionii.  Mstor: 

dame),  femme  poète  suédoise,  née  le  18  no- 
I  Tenb»  17AS^  àJ&kuUnna  Cprov.  de  Westman- 


875 


irySERG  —  NYEÏRUP 


S76 


land).  La  mort  de  son  père,  Inspecteur  d'une 
usine  du  gouvemement,  la  laissa  orpheline  à 
TAge  de  treize  ans.  EnToyée  à  Stockholm,  elle 
reçut  une  bonne  éducation  dans  un  pensionnat 
que  dirigeait  une  Française  émigrée,  la  marquise 
de  Dariès.  Mariée  en  1809,  à  un  marchand, 
M.  Asping,  elle  fit  rompre  cette  union  par  un 
divoree  au  bout  de  quelques  années,  et  épousa 
en  1822  M.  Nyberg,  a?ec  lequel  elle  vit  fort  re- 
tirée au  milieu  des  montagnes  de  son  pays  na- 
tal. Elle  "visita  Paris  en  1843.  Cette  dame,  qui 
passe  pour  un  des  poètes  les  plus  distingués  de 
l'école  dite  pho$phoriste ,  est  connue  dans  le 
monde  littéraire  sous  le  pseudonyme  à*Euphnh 
sine.  On  a  d'elle  :  Dikter  of  Buphrosine  (Poé- 
sies d'Euphrosine);  Stockholm»  1821;  —  K«- 
blina,  tragédie;  ibid.,  1821  ;  —  Nyare  Dikter 
(Nouvelles  Poésies);  ibid.,  1828;  elle  a  réuni 
ees  deux  recueils  de  yers  et  les  a  publiés  avec 
des  additions,  sous  le  nouveau  titre  de  Samlade 
Dikter  af  Buphrosine;  Œrebro,  1832-1842, 
3  vol.;  —  Silfid^n  (Les  Sylphides);  1840,  en 
société  avec  Dahigren  ;  —  des  pièces  de  Ters 
dans  VÀlmanach  poétique, 
Convenat^-LexUon, 

HTDjBB.  Voy.  Nmea. 

MTB  (PMlip)f  théologien  anglais,  né  yers 
1596,  dans  le  Sussex,  mort  le  27  septembre  1672, 
à  Londres.  Il  étudia  à  Oxford,  et  fit  d'abord  par- 
tie du  clergé  de  Saint- Michel  à  Londres;  mais 
ayant  combattu  les  doctrines  de  l'Église  établie, 
il  fut  obligé  de  se  réfugier  pendant  plusieurs  an- 
nées en  Hollande.  Nommé  en  1640  ministre  de 
Kimbolton,  il  Ait  un  des  ardents  champions  du 
presliytérianisme,  et  s'en  sépara  pour  se  joindre 
aux  indépendants,  quand  ceux-ci  eurent  pris  le 
dessus.  En  décembre  1647  il  fut,  avec  Marshall , 
chargé  par  les  chefs  de  l'armée  de  se  rendre  an 
château  de  Carisbrook  et  de  communiquer  au 
roi,  qui  y  était  détenu ,  les  quatre  Totes  du  dé- 
trônement.  Après  la  restauration  on  lui  fit  grftce 
de  la  vie  et  de  la  liberté;  mais  il  fut  exclu  de 
toute  charge  ecclésiastique.  Wood  et  Calamy  le 
présentent  comme  un  homme  extrêmement 
dangereux,  un  fauteur  de  sédition,  préchant  avec 
audace  l'indépendance  politique,  et  dévoré  de  la 
soif  des  richesses.  Il  a  laissé  quelques  écrits  de 
controverse  religieuse.  K. 

Wood,  Jthtnm  Oxùh.  —  Calaray,  HUi,  o/dittenUng 

NTBRITP  (Érasme),  érudit  danois,  né  le  12 
mars  1759,  à  Œrstedt,  dans  l'Ile  de  Fionie,  mort 
à  Copenhague,  le  28  juin  1829.  Employé  dès  1778 
à  la  bibliotbèque  de  Copenhague,  il  en  devint  le 
secrétaire  en  1790,  après  s'être  fait  recevoir 
maître  es  arts  en  1784.  En  1796  il  obtint  la 
chaire  d'histoire  littéraire  à  l'uniTersité  de  cette 
ville,  dont  la  bibliothèque  fut  un  peu  plus  tard 
confiée  à  ses  soins.  H  reçut  aussi  successlyement 
divers  emplois  dans  l'administraiion  des  établfs- 
sements  dépendant  de  l'université,  et  il  en  fut 
nommé  prévét  en  1814.  Depuis  1807  il  était  se-  | 


orétaire  de  la  commission  royale  poor  les  anti- 
quités. On  a  de  lui  :  De  Lactantio  ;  Copen« 
hague,  1781,  in-8<';  —  SpMlegii  bibliogra' 
phici  specimina  F,  exhibentia  ex  àibliotkeca 
regia  BavnUnsi  primitiarvm  artis  typogror 
phicx  Maittairio  incognitarum  decad^  quiH' 
que;  ibid.,  1782^1783,  {n-S"";  —  De  libris 
Biblia  pauperùm  et  Spéculum  humanw  sol' 
vationU  dictis;  ib.,  1783,  in-8*;  .  Lt^ro- 
mm  qui  ante  Reformationem  in  seholis  Da- 
niœ  prxlegebantwnotitia;  ibid.,  1784-1785, 
2  parties,  ia-h'';  ~  Symboles  ad  Htleraturam 
Teutonicam;  ibid.,  1787,  in-4«;  suivi  d'une 
Lettre  à  J,'F,-G,  Schlegel  sur  des  monu* 
ments  inédits  de  (^ancienne  littérature  alle- 
mande: ibid.,  1788,  in-4«;  —  Om  skrivefrir 
hedsanordningeme  i  Danmark  (  Sur  les  lois 
au  sujet  de  la  liberté  de  la  presse  en  Danemark)  ; 
ibid.,  1791;  —  Luxdorfiana;  ibid.,  1791;  — 
NySamXingertildendanske  Historié  (Nou- 
veau Recueil  de  mémoires  sur  l*histoire  da  Da- 
nemark); ibid.,  1792  et  sulv.,  4  vol.  in-4**;  — 
Langbtkiana;  ibid.,  1794  ;  —  Index  librorum 
prœstantissimorum  bibliolhecx  communi- 
lotis  regix;  ibid.,  1796;  —  SamUng  af  fort- 
jente  danske  Jdaends  PortroUter  med  biogrch 
■  phiske  E/terretninger  (Recueil  de  portraits 
des  Danois,  qui  ont  bien  mérité  de  leur  pays, 
avec  des  notices  biographiques);  ibid.,  1797- 
1802,  3  Tol.  in-4^  en  collaboration  avec  Lahde; 
Udsigt  over  Nordens  xldsie  Poésie  (CImnx 
des  plus  anciennes  poésies  du  Nard  )  ;  ibid., 
1798  ;  —  Suhms  Levnet  qf  Skrifter  med  Vaig 
af  hans  Brevvenling  (  La  Vie  et  les  Écrits  de 
Suhm,  avec  un  choix  de  ses  lettres);  ibid., 
1798;  —  Suhmiana;  ibid.,  1799;  *—  Berne- 
torf  Eftermaele{K  la  mémoire  de  Bemstorf); 
ibid.,  1799-1800,  3  parties,  in-8*;  —  Bidrag  tU 
den  danske  Digtekonst  Historié  (  Documents 
relatifs  à  l'histoire  de  la  poésie  danoise);  itnd., 
1800-1808,  4  vol.  in-8*  ;  en  collaboration  avec 
Rahbek;  —  BJobenhavns  Beskrivelse  (Des- 
cription de  Copenhague);  ibid.,  1800;  —  ifif- 
torisi  statistik  Skildring  af  Tilstanden  i 
Danmark  og  Norge  i  xldre  og  nyere  Tider 
(Description  historique  et  statistique  de  l'état  du 
Danemark  et  dg  Nord  dans  les  temps  anciens 
et  modernes);  ibid.,  1802-1806,  4  vol.  in-8**; 
ouvrage  savant  et  plem  d'intérêt  qui  oontieni 
entre  autres  de  précieux  détails  sur  la  littéra- 
ture et  les  écoles  des  pays  du  Nord)  ;  —  Anti" 
quarisk  Fodrejse  i  Fyen  (Voyage  archéolo- 
gique en  Fionie);  ibid.,  1806;  -^  Antiquariské 
Rejser  i  Àarhus  stijt  (Voyage  archéologique 
dans  le  diocèse  d'Aariius);  ibid.,  1808,  Ui-8*;  en 
collaboration  avec  Abilgaard  ;  —  Catalog  ov«r 
det  norske  Videnskabers  selskabs  Samlinger  ; 
Boger  og  ffaandskrifter  (Catalogue  des  colleo- 
tk>ns  de  la  Société  des  sciences  du  Nord  ;  livres 
et  manuscrits);  ibid.,  1808,  in-4*;  —  Udvalçie 
danske  Viser  fra  Âtiddelaldeinen  (Choix  de 
chants  danois  du  moyen  âge);  ibid.,  1812-1814» 


877 


NYERUP 


5  Tol.  m-4'*:  en  collaboration  avec  Abrabmson  et 
Rahbeck;  —  AntiqiMrisM  Rejse  i  Fyen  (Voyage 
ircbéologique  en  Fîonie);  ibîd.,  1814;  ~  Ka^ 
rakterUtik  af  kong  Christian  IV  (Caractère 
da  roi  Chrétien  IV);  ibid.,  1816,  m-8<*;  —  Àl- 
mindelig  Morskabslaesning  i  Danmarh  og 
Norgê  ig  fennem  Aaarhandreder  (  Recueil  gé- 
néral des  romana  popalalres  écrits  dans  les  an- 
dens  temps  en  Danemark  et  dans  le  Nord); 
ibU.y  1816,  in-8*;  —  R^ser  iU  Stockholm  i 
Aame  1810 09  1812  (Voyages  à  Stockholm  dans 
les  années  1810  et  1812);  ibid.,  1816,  in-8'';  — 
Wàrierlmch  der  skandinavisehen  Mgthola» 
giê  (Dictionnaire  de  la  mythologie  Scandinave ) ; 
ifaid.,  1816,  in-8*  ;  —  Sfterretninger  om  kong 
Frederik  Ili  (Mémoires  sur  le  roi  Frédéric  111}  ; 
ibid.,  1817,  in^»;  —  Almindeligt  Utteratur- 
lexicon/or  Danmarh,  Norgeog  Island  (Dic- 
tionnaire général  des  écrivains  da  Danemark, 
daNord  et  de  Ilslande  )  ;  ibid.,  1819,  2  voL 
in-4*  :  cet  excellent  ouvrage,  publié  en  collabora- 
tion avec  Kraft,  a  été  continué  jusqu'à  nos  jours 
par  Erdev  ;  —  beaucoup  de  savants  mémoires, 
artîàe»  et  comptes  rendus  dans  la  Minerva, 
r/ris.  Tes  Skandinavuk  litterarisk  SelskabS' 
Skriher^  le  Ny  danske  Magazin,  les  Laesen- 
des  Aarbôger  de  Sejdelin  et  autres  recueils.  O. 

Hyerup  et  Kraft,  Atmtndetigt  LitteraturUxikon, 

vruàsn  (Grégoire) f  physiologiste  allemand, 
né  k  Vl^ttemberg,  le  14  janvier  1594,  mort  le  29 
jnin  1638.  Reço  docteur  en  médecine  en  1618, 
il  enseigna  Tanatomie  et  la  botanique  à  l'univer- 
sité de  sa  ville  natale.  On  a  de  lui  :  De  ap<h 
plexia  tractatus;  Wittemberg,  1619  et  1670, 
ia-4*;  —  De  vila  fœtus  in  utero,  qua  lucu- 
lenter  demonstratur  infantem  in  utero  non 
anima  matris  sed  sua  ipsius  vita  vivere 
propriasque  suas  vitales  actiones  etiam  in 
alvo  materna  exceret,  matre  exstincta,  ssepe 
vivum  et  incolumem  ex  ejus  ventre  eximi 
posse,  adeoque  a  magistratuin  bene  consti- 
tuas rehus publics  non  concedendum,  ut  vel 
uUagravida  rébus  humanis  exempta  sepelia- 
tur  priusquam  ex  ejus  utero  fœtus  excisus 
vel  ad  minimwm  sectionCf  an  infans  adhuc 
vivenSf  an  vero  mortuus  sit,  exploratum 
fuerit;  ibid.,  1628,  in-4<*;  Leyde,  1644  et  1664, 
in- 12,  avec  le  traité  de  Plazzoni  De  partibus 
generationis  :  Texcellent  ouvrage  de  Nymann  a 
fixé  les  règles  suivies  depnis  dans  cette  impor- 
tante question  de  médecine  légale.  O. 

Pretier,  Theatrum.  —  WItte,  DtaHum. 

BTMPBis  (Nuit^t;) ,  historien  grec,  fils  de 
Xénagoras,  né  à  Héraclée  du  Pont,  vivait  vers 
le  milieu  du  troisième  siècle  avant  J.*C.  Il  ap- 
partenait à  une  famille  distinguée,  et  Ton  croit 
qu'il  dettcendait  de  ce  Nymphis  qui,  malgré  sa 
parenté  avec  le  tyran  Cléarque,  entra  dans  un 
complot  pour  rendre  la  liberté  à  Héraclée.  Nym- 
phis  fut  envoyé  en  ambassade  chez  les  Galates, 
qui  s'étaient  irrités  de  l'appui  donné  par  la  ville 


—  NYSTFJÏ  S78 

d'Héradée  à  Mithridate.  fiU  d'Ariobanane.  U 
composa  trois  ouvrages  historiques  aujourd'hui 
perdus  :  llcpl  *AXi|àv8pou  xot  tOv  A(at86x«>v  xat 
*£inYÔvuv  (Sur  Alexandre,  ses  successeurs  et 
leurs  descendants),  en  vingl^iualre  livres;  cet  ou- 
vrage se  terminait  à  l'avènement  de  Ptoléraée  111 
(  247  avant  J.-C.)  ;  —  Depl  'HpaxXeiac  (  Sur  Hé- 
raclée), en  treize  livres,  contenant  l'histoire 
d'Héradée  jusqu'au  renversement  de  la  tyrannie^ 
en  281  avant  J.-C.;  —  HcpmXouc  'AoUn  (Périple 
ou  Description  de  l'Asie).  Les  fragments  peu 
nombreux  et  peu  importants  deNympliisont  été 
recueillis  par  J.-C.  Ordii,  dans  son  édition  de 
Memnon,  p.  95- 102,  et  par  C.  Mûller,  dans  lea 
Fragmenta  historieorum  grxcorum(édiii,  Di* 
dot),  t.  III,  p.  12.  Y. 

Voulus,  De  historien  gnteU,  p.  IM.  éd.  WatenDann. 
-  CUntoD,  Ftuti  kelUniei,  toL  111,  p.  110. 

MTON  (Jean-Luc),  libraire  français,  mort  en 
1799,  à  Paris.  Il  était  versé  dans  la  science  bi- 
bliographique, et  on  a  de  lui  plusieurs  catalogues 
rédigés  avec  soin ,  notamment  ceux  de  la  triblio- 
thèque  du  duc  de  La  Vallière ,  2'  partie  (  1788, 
6  vol.  in-8''),  et  de  la  bibliothèque  de  Malesherbes 
(1796,  in-8").  On  lui  attribue  aussi  deux  pièces 
imitées  de  Goldoni ,  la  Guerre  et  la  Paix  et 
Les  négociants  ^  l'une  et  l'autre  imprimées  en 

1807.  P. 

Qoérard,  Xa  France  tUUralre, 

2IT8TBM  (Pierre- Hubert),  médedn  belge, 
né  à  Liège,  le  30  octobre  1771,  mort  à  Paris,  le  3 
mars  1818.  U  s'occupa  d'abord  dans  sa  ville 
natale,  et  pendant  quelque  temps  à  Strasbourg, 
des  sdences  physiques,  puis  il  vint  étudier  la 
médedne  à  Paris,  et  obtint  au  concours,  en  1798, 
la  place  d'aide  d'anatomie.  Reço  docteur  en 
1802,  il  fut  adjoint  à  la  commission  médicale 
envoyée  en  Espagne  pour  observer  la  fièvre  jaune, 
et  en  1804,  sur  la  présentation  de  Tdssier  et  de 
Vauquelin,  il  fut  chargé  d'aller  dans  le  midi  de 
la  France  rechercher  les  causes  d'une  épidémie 
qui  sévissait  sur  les  vers  k  soie.  De  retour  à 
Paris,  il  se  livra,  sous  la  direction  de  Halle,  à  des 
études. sérieuses  sur  les  diverses  branches  de  la 
médecine,  et  fit,  à  partir  de  1808,  des  coura  de 
matière  médicale.  Il  était  médedn  de  l'hôpital 
des  Enfants  lorsqu*il  mourut ,  d'une  attaque  d'a- 
poplexie. On  a  de  lui  :  Nouvelles  Expériences 
galvaniques  faites  sur  les  organes  muscu' 
laires  de  Vhomme  et  des  animaux  à  sarig 
rouge,  dans  lesquelles,  en  classant  les  di- 
vers organes  sous  le  rapport  de  la  durée  de 
leur  excitabilité  galvanique,  on  prouve  que 
le  cœur  est  celui  qui  conserve  le  plus  long- 
temps cette  propriété:  Paris,  brumaire  1^  xi 
(1803),  in*8<'  (dédié  k  Halle);  —  Recherches 
sur  les  maladies  des  vers  à  soie  et  les  moyens 
de  les  prévenir  ;  suivies  d'une  instruction  sur 
l'éducation  de  ces  insectes;  Paris,  Impr.  imp., 

1808,  in-8^;  —  Dictionnaire  de  médecine,  chi- 
rurgie,  chimie,botaniquet  artvétérinaire,  etc., 


fTt 


mrsTEN  — 


V  âdNL;  Fivl«i  ISIO;  'vk-%*  (Ca^mn  est  Pàu* 
iMrdel»  premiSithéMaii);  11*  édHf.srerm^ar 
Iilltré  et  ItoMn,  fairis,  1868,  grand  ia>-8*.  On  a 
«igoalé  4lB&le  tMrriuf  ctet  dernienr  éditeon  dtt 
ai4Mes  oè  Kto  eiryjvit  frouver  dlcs  opiolbiwiiui- 
MriarwtiM;  mais  wttb  critique  ne  panR  pasto- 
ét»y  itt  mrtière»  de*  ees  aiiieles  étant  seule- 
nmtr  eonsidéiées  «a  fwint  dé  rue  matomRiae 
«I  phytwIègiqQfr;  —  IM^etrAe^  éfe  p/itpsiologte 
tftéetkimk0  pathologique,  pour  fairt  suite 
è  eeUm  de  Bicftat  sur  la  vie  et  ta  mort; 
Paris,  1811,  in-8^;  —  Manmet  méâlcat;  Paris, 
1914,  m-8*;  2*éd!t..  Paris,  1816,  iii-8*:  ouvrage 
^stiBct  da  Manuel  médical  de  Schwilgué,  que 
Nysten  avait  pnbHé  avec  des  additions,  Paris. 
1809,  2  Tol.  in-8o.  Nysten  a  donné  des  articles 


NYTHART  380 

d%7g{iène  et  de  physlqae' médicale  an  JEMtAoït- 
neUre  des  5Cft»icermélfltffta      K.  RBcaàan. 

Cbmhalrc,  Kttlee  MfftriUM  mr  Mfttm^  dans  le 
PrêeéÊ-verfHtl  de  Im  aêimu  p^Ogm  ée  »ai  Spùmé^Ê-^ 
anrffrttoMtf»XM9«/U«c»Jttt.l»«i^Biinuici  «te» 
troplHiê  du  ne^Mmêdâ»  ffMgfflIfct 

HTTAABT  {jBwkif^  faa««Boia  U  Naranim^ 
vhnâtdMilaflaeiwlMniltié  du  fwnèraeaitete; 
U  s'est  Wt  couiitrr  |Mr  «te  tratetbi»  de 
VEnstMqm  de  Tenant  poMiéri  UliSy  m  U«^ 
iB'fiolHK  C'est  la  prsBîèn  pièce  da  paiteconiqat 
latin  qui  ait  été  ianiiinëa  dans  U?  Gowane; 
mais  dès  le  aaailiae  stàdeplasienn  deaeaeaaid- 
iipasaÉdaavli  tangna  MtaPMMta.a 


IITS.  — 


,  r.  iM 


affll 


0 


0  (  Franç(d$  Diart^aîaD*),  seignenr  DcFREsniE& 
efDcHiiiLLEBOiSs  financier  français,  né  à  Parin,  ea 
lS3à,  mort  dans  fa  même  ville,  le  24  octobre  lâ94. 
fl  était  fila  de  Jean  d*0 ,  capitaine  de  b  g^rde 
écossaise  du  roi.  Il  prit  d*abord  le  parti  des 
arraes,  et  obtint  one  charge  de  capitaine  de  cava- 
lerie;  maïs  il  abandonna  cette  carrière  par  la 
raison,  disait-il«  qa'une  plurae  porte  des  coups 
plus  utiles  qa*une  épée.  Ce  fut  donc  aux  afTaires 
qull  se  Tona  »  et  spécialement  aux  afRdres  de  fl- 
aanoes.  Ayant  épousé,  en  1573,  GbarfoCteCSlthe- 
rioe  de  Villequîer,  fille  de  Tillequiery  l'un  des 
fovoris  du  rot ,  il  fot  présenté  à  la  cour  pac  son 
beau-père,  et  ne  tarda  pas  à  se  mettre  furt  avant 
dans  les  bonnes  grflœs  do  prince.  Sans  antre 
titre  qpe  la  faveur,,  il  remplaça,  en  1ST8,  Pbm- 
poDDe  de  Bellièyrei  oûmme  sarintenifent  des 
fiuDoes  du  royaume.  On  ne  Toit  pas  qu'if  ait 
apporté  dans  ces  fonctions  d*autre  mobile  que 
de  servir  tes  prodigalités  du  roi  et  aussi  sa  propre 
cupidSé.  Suivant  Fui.. Tes  pauvres  étaient  aussi 
nécessaires  dans  un  Etat  que  les  ombres  dans  un 
tabiciu.  La  taille  lut  doublée;  3  augmenta  les 
aides,  les  péages;  fi  créa  de  nooreanx  offices, 
de  telle  sorte  que  te  reyenu  pnbllc ,  qui  était  à 
peu  près  de  20  raiIRons  sous  Charles  IX,  s'é- 
leva à  32  minions.  Le  mécontentement  devînt 
général;  les  états  de  Bourgogne,  assemblés 
en  13J9,  n*accordèrent  pas  sans  une  vive  oppo- 
sifioo  la  levée  des  nourelles  taxes.  D*0  soutînt 
alors  Te  dtoK  &  b  couronne  par  cette  maxime 
qne  le  rai  étant  le  mettre  abâoTta  de  la  vie  comme 
de&  biens  dELses  sojçts ,,  on  ne  devait  pas  entrer 
<n  compte  avec  fui. 

Ces  Gomptaisances  foi  avaient  gagné  îa  con.- 
iianoe  absolue  de  Henri  III,  qui  lé  nomma  premier 
gnitllbomme  de  la  chambre,  chevalier  de  Tordre 
da  Saint-Esprit,  puis.  Heutenant  général  de  la 
liasse  Sformandie,  enfin  gouverneur  de  Fari^ 
«^de  rne-de-France.  En  cette  dernière  qualité, 
il  s'occupa  activement ,  lors  de  ta  journée  des 
Barricades  (12  mai  1588),  de  la  défense  de  la  ca- 
pitale. On  le  Toit  apporter  au  conseil  de  ville , 
aux  colonels  et  aux  quarteniers  les  ordres  du 
roi;  pendant  ta  nuit,  il  introduit  lui-mâme  par 
la  porte  Saint-Honoré  fe  régiment  des  gardes 
françaises  et  quatre  mflle  SuiRseis  appelés  an  se- 
<^ours  de  la  royauté.  U  quitta  Paris  le  lende- 
mûtt,  en  même  temps  qne  son  maître  qui!  suivit 
à  Chartres,  puis  à  Blois,  où  s'assemblèrent  les 
<^tats  généraux  (  septembre  1&88).  Là  il  vint  dé- 
clarer aux  trois  ordres  que  la  dépense  du  trésor  ne 
pouvait  être  au-dessous  de  27  millions  par  an'. 

881 


1  Toutefois  les  états  ayant  obtenn,  maigre  la  résis- 
tanœ  da  roi,  une  réduction  de  8  mflnons,  la 
clamenr  publique  s*éleva  si  énergiqoeroent  contre 
le  sunntendant  que  Henri  IIT  crut  prudent  de 
loi  raCirepson  emploi.  BlniB  on  le  hii  rewKI  pres- 
que anssitât,  grice  à  quelques  soomissioBs  qu'il 
fit  au  duc  de  Guise.  Le  lendemain  de  l'assassinat 
du  roi  à  Saint-^oud,  dt)  se  trouvait  avec 
BSinoa,  son  frère,  Dampierre  et  quelques  au- 
tres dans  la  chambre  où  le  roi  venait  d'expirer. 
Henri  de  Navarre  pnt  les  entendre  comploter  à 
voix  haute  de  se  rendre  plutôt  à  toutes  sortes  d'en- 
nemis que  de  souffrir  un  roi  hug^aenot.  On  sait 
<IDe  telle  fut  Sabord  la  dédsibn.  de  la  noblesse 
cathofiqpe  attachée  à  la  cause  royale  ;  mais  le 
duc  de  Longueville  ayant  reibsé  de  la  notifier  ft 
Henri  lY,  ce  liit  d'à  qui  porta  la  parole  pour 
déclarer  à  œ  prince  qn'on  ne  le  reoonnailrait 
comme  rof  de  France  qne  sll  alqorait  la  reHgîoir 
réfbrmée.  H  slaltacha  cependant  à  bi  fortune  di» 
Béamafs ,  cherchant  par  tous  les  moyens  pos- 
sibles à  l'éloigner  des  huguenots  pour  le  rap- 
procher âa  partr  catholique.  Sa  pratique  dès 
affaires,  ses  relatiboK  avec  le^  financiers,  le' 
rendaient  utile  à  Henri  IT;  qnf  luF  conserva  la 
direction  des  finances.  ^^îques  auteurs  ont  dit 
que,  d'accord  avec  Bym ,  d^  persuadt  a*i  roi 
db  ne  pas  entrer  dans  la  capitale  ap^  la  ba- 
taille (flvry.  Le  caractère  Uen^coanude  Henri  IT 
semble  démentir  cette  aRégatibn. 

Au  mois  d*avril  1393,  le  roi,  résoHide  se  faire 
instruire  dans  la  religion  cathoRque,  chargea 
d'O  de  s'entremettre  à  cet  effet  auprès  dbs  pré- 
lats et  de  les  assembler.  L'année  sofrante,  en 
rentrant  dans  Paris,  il  le  réintégra  duis  soir 
titre  de  gouverneur  de  œtle  vilfe,  et  IVnvoya  le 
lendemain  recevoir  en  son  nom  lé  sermenit  des 
officiers  municipaux  à  lliôtel  de  viRe. 

D'O  ne  vécut  guère  après  ces  événements; 
atteint  dTune  rétention  dVfaie,  il  mourut  verv 
la  fin  de  la  même  année,  n'emportant  aucuns  re- 
grets ;  le  rot»  dont  il  avait  souvent  entravé  fes  pro- 
jets, ne  voulut  le  remplacer  nf  comme  gonvemenr 
de  Paris  nf  comme  surintendant  des  finances. 
Surchargé  de  dettes  malgré  toutes  Tes  conçus* 
sions  dont  on  l'accusait,  U  expfaudSuis  le  dénft- 
ment.  Les  legs  de  son  testament,  qui  ne  s'éle- 
vaient pourtant  qu'à  1,200  écus,  ne  purent  être 
aquittà  qu'avec  l'afde  de  son  frère.  Ses  créan- 
ciers, ses  domestiques,  avant  mèkne  qnif  eût 
rendu  le  dernier  soupir,  avaient  mis  son  hôtel 
au  pillage  et  enlevé  jusqu'aux  meubles  de  sa 
chambre.  On  rapporte  que  le  célèbre  Grillon , 

382 


888 


O  — 


apprenant  la  mort  da  finander»  dit  :  «  Si  cliacon 
doit  rendre  là-liant  ses  comptes,  le  paarre  d'O 
se  trouTera  fort  empdché  de  foomir  de  tens 
acquits.  » 

II  fat  enterré  dans  l*églide  des  Blancs-Mantean 
à  Paris.  A  la  violence  du  caractère ,  à  la  dureté 
des  manières,  il  joignait  une  grande  bizarrerie; 
ainsi.  Ton  a  de  lui  des  signatures  où  manque  la 
particule,  parce  qu'il  ne  voulait  pas  doubler  la 
longueur  de  son  nom  par  Tadjonction  d'une  lettre. 

François  d'O  n'eut  pas  d'enfants  légitimes; 
il  n'a  laissé  qu'une  flUe  naturelle ,  mariée  à  Ro- 
bert Caillebot,  seigneur  de  La  SaUe.  A.  Vicqce. 

D'AoTlfoy,  lA  Fié  des  ikamnef  Wvitres  dt  Fmnea, 

—  L'Bstolle ,  Journal  de  Henri  III.  —  Satifre  MéMppée, 

—  ITAnblgné,  Mémoires.  —  Sallj,  Économiet  rù^al», 

OATB8  (  Titus  )i  arenlurier  anglais,  né  vers 
1619,  mort  le  23  juillet  1705,  à  Londres.  11  était 
fils  d'un  prédicant,  fielTé  bigot,  fort  en  réputa- 
tion cliez  les  baptistes.  De  l'école  des  Marchands 
tailleurs,  il  passa  dans  TuniTersité  de  Cambridge 
et  renia  la  croyance  de  son  père,  qu'il  avait  par- 
tagée, pour  faire  acte  de  soumission  à  l'Église 
établie;  dès  qu'il  eut  reçu  les  ordres,  il  fut 
placé  comme  vicaire  dans  le  Kent  et  le  Sussex. 
En  1677,  après  avoir  résidé  quelque  temps  chez 
le  duc  de  Norfolk,  il  se  convertit  à  la  religion  ca- 
tholique. A  cette  époque  une  condamnation 
pour  faux  témoignage,  selon  les  uns,  sa  vie 
désordonnée  et  ses  doctrines  hétérodoxes,  selon 
les  autres,  l'avaient  obligé  de  renoncer  à  son 
bénéfice.  Il  quitta  l'Angleterre ,  et  mena  sur  le 
continent  une  vie  vagabonde  et  désordonnée.  En 
traversant  les  Pays-Bas,  il  séjourna  dans  des 
couvents  de  jésuites  anglais,  y  entendit  sans 
doute  parler  des  moyens  de  ramener  l'Angle- 
terre dans  le  giron  de  l'Église  romaine  et  se 
composa  là-dessas  un  monstrueux  roman,  dont  il 
fit  le  plus  abominable  usage.  De  retour  à  Londres, 
il  redevint  anglican,  puis,  aidé  de  deux  miséra- 
bles comme  lui,  Cartstalrs  et  Bedloe,  il  s'em- 
pressa de  dénoncer  au  parlement  le  grand  com- 
plot des  papistes  (1678).  «  Le  pape,  disait-il, 
avait  confié  aux  Jésuites  le  gouvernement  de 
l'Angleterre;  ceux-ci,  par  des  brevets  scellés 
du  sceau  de  leur  ordre,  avaient  nommé  aux  pre- 
mières fonctions  de  l'État  et  de  l'Église  des  ec- 
clésiastiques et  des  nobles  catholiques.  Les  pa- 
pistes devaient  brûler  Londres  ainsi  que  tous 
les  vaisseaux  réunis  dans  la  Tamise  ;  ils  devaient 
se  lever  à  un  moment  donné  et  massacrer  tous 
leurs  voisins  protestants.  Une  armée  française 
devait  en  même  temps  débarquer  en  Irlande. 
Trois  ou  quatre  projets  d'attentats  à  la  vie  du 
roi  Charles  H  avaient  été  formés  :  il  devait  périr 
par  le  poignard ,  le  poison  ou  des  balles  d'ar- 
gent La  reine  elle-même  avait  consenti  à  l'as- 
sassinat de  son  mari.  »  Ce  complot,  d'après 
Oates,  avait  été  ourdi  par  le  pape  Innocent  XI 
avec  les  conseils  du  cardinal  Howard ,  de  Jean- 
Paul  d'Oliva ,  général  des  Jésuites,  de  Corduba , 
provincial  de  cette  société ,  de  tous  les  prêtres 


OATES  384 

catholiques  anglais,  des  lords  Petre,  Powis; 
Bellasis,  Arundèl  de  Wardour,  StaRord  et  d'au- 
tres personnages  considérables.  H  semble  à  I 
peine  croyable  qu'un  tel  édiafisudage  de  tables 
eC  d'impostures  ait  trouvé  quelque  crédit  :  le 
vulgaire  l'accueillit  aisément,  et  ainsi  firent, 
sans  prendre  le  temps  de  réfléchir,  la  cour,  la  | 
noblesse,  le  parlement.  «  La  nation  entière, 
selon  l'expression  de  Macaulay,  devint  furibonde 
de  haine  et  de  crainte.  »  Les  prisons  regorgèrent 
de  papistes  ;  Londres  prit  l'aspect  d'une  vSle  en  i 
état  de  siège;  les  citoyens  portèrent  des  armes 
cacliées;  on  exclut  des  chambres  les  seigneurs 
catholiques;  on  interdit  au  duc  d'York  l'entrée 
du  conseil  privé ,  ^enfin  on  adopta  des  mesures  | 
de  rigueur  contre  la  reine.  Quant  anx  magis- 
trats, la  plupart,  corrompus,  cruels  et  timides, 
encourageaient  l'erreur  dominante,  et  les  plas 
éminents  faisaient  semblant  d'y  croire.  En  vain 
les  victimes  de  cette  persécution  en  appelaient- 
elles  à  la  moralité  de  leur  vie^passée  :  aux  yeoi 
du  public,  plus  un  papiste  était  con^iendeux, 
plus  il  devait  conspirer  contre  le  gouvernement. 
Un  grand  nombre  d'innocents  payèrent  de  lear 
vie  ou  de  leurs  biens  le  crime  d'être  attachés  à 
une  religion  suspecte;  le  plus  Illustre  fut  le 
malheureux  vicomte  de  Stafford  (  voy.  ee  nom). 
Pendant  plusieurs  années  Oates  joua  le  r6Ie 
de  sauveur  de  l'État  ;  il  jouit  d'une  pension  de 
1,200  livres,  eut  un  logement  an  palais  de 
Whitehall  et  ne  sortit  qu'avec  une  escorte  de 
soldats  destinée  à  prol^er  sa  vie.  Vers  la  fin 
du  règne  de  Charies  II,  il  fut ,  sur  la  plainte 
du  duc  d'York,  condamné  à  une  amende 
exorbitante  (  100,000  liv.  st  ),  et  il  se  troo- 
vait  en  prison  pour  dettes,  sans  espoir  d'en 
jamais  sortir,  lorsque  ce  prince  monta  sur  le 
trône  (1685).  De  nouvelles  accusations  pour 
faux  témoignages  le  firent  passer  au  mois  de 
mai  devant  les  assises  de  Londres.  Aucun  té- 
moin ne  voulut  déposer  en  sa  faveur.  Déclara 
coupable,  il  fut  condamné  à  être  dépouillé  de  sa 
robe  cléricale,  à  être  attaché  au  pilori,  à  être 
promené  autour  de  Wesminster  ayant  snr  la 
tête  une  inscription  indiquant  son  infamie,  à 
être  fouetté  deux  fois,  l'une  depuis  Aldgate  jus- 
qu'à Newgate ,  l'autre  depuis  Newgate  jusqu'à 
Tîburn  ;  s'il  survivait  à  cet  horrible  traitement ,  il 
devait  demeurer  prisonnier  pour  le  reste  de  sa  vie 
et  subir,  cinq  fois  par  an ,  l'exposition  publique 
dans  les  difTérênts  quartiers  de  Londres.  On  exé- 
cuta rigousement  cette  rigoureuse  sentence.  II 
reçut  du  bourreau,  dit-on,  plus  de  dix-sept  cent» 
coups  de  fouet.  Il  n'en  mourut  pas  pourtant, 
et  resta  pendant  plusieurs  mois  enchaîné  dan^ 
le  trou  le  plus  obscur  de  Newgate.  «  Ce  fut , 
rapporte  Macaulay,  avec  une  grande  joie  qu'on 
apprit  sur  le  continent  que  la  justice  divine  l'a- 
vait atteint.  Toute  l'Europe  fut  inondée  de  gra- 
vures qui  le  représentaient  au  pilori  ou  se  tor- 
dant derrière  la  charrette  du  bourreau ,  et  il 
i  circula  des  épigrammes  en  plusieurs  langtie^. 


}S3 


OATKS  — 


où  1*00  disait,  cotre  autres  choses,  qu*il  était  tout 
nalorel  qo'oo  fît  rougir  soo  dos  puisque  son  froot 
ne  pouTait  rougir.  Quelque  horrible  qnll  fût ,  le 
supplice  de  Titos  Oates  D*ég;ftlait  pas  ses  crimes.  » 
Après  la  réyolutioo  de  1688,  il  recouvra  la  li- 
berté, et  fut  rétabli  daos  sa  pension.  Jusqu'à  la 
fin  de  sa  Tie  il  conserva  des  protecteurs  puis- 
sants et  des  partisans  aveugles,  qui  lui  vinrent 
souvent  en  aide  comme  an  libérateur  de  leur 
pays  et  à  un  martyr  de  la  communion  protes- 
tante. Il  7  a  été  attaqué  dans  une  foule  de  pam- 
phlets publiés  en  Angleterre  ou  à  l'étranger. 

P.  L— T. 

SiaU  triafs,  X,  ]<r7»-nso.  —  BTeljn ,  Diarp.  -  North, 
ExoMten,  —  Baroct,  Own  M«e<.  t.  I.  —  CronbT  ,  Ui$' 
loTf  oftkê  baptUtâ,  —  Ilume ,  Uogard,  Maesulay,  aut. 

OBADiAil.  Voy.  Abdiâs. 

OttADi  AS,  rabbin  italien ,  né  à  Bologne,  dans 
la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  mort  en 
(SjO.  Il  pratiqua  la  médecine  dans  sa  ville  na- 
tale et  à  Césène ,  et  enseigna  ensuite  Thébreu  à 
Rome  ;  Reuchlin  fut  un  de  ses  élèves.  On  a  de 
loi  :  Lux  populorum;  Bologne,  1550  :  traité 
contre  (es  épicuriens  et  les  païens  ;  —  Lux  Do- 
mini;  Venise,  1567,  in-4';  commentaire  sur  le 
Pentateoqne;  —  Commentarius  in  Psalmos; 

Venise,  1586,  io-4'*.  O. 

Wotf .  BibL  kebraica ,  t  I,  III  et  IV. 

*  OBBABirs  {Samuel ),  philologue  allemand , 
né  vers  1795,  fit  ses  études  à  léna  et  à  Gcet- 
tingue,  et  fut  dès  1820  attaché,  comme  profes- 
seur, an  gymnase  de  Rudolstadt  II  s'est  fait  con- 
naître par  une  édition  et  des  commentaires  très- 
estimés  des  épltres  d'Horace  :  ff.  Epistolx 
commentariis  uberrimis  inatructa;  Leipzig, 
1837-1847,  2  vol.  in-8*,  travail  qu'il  publia  en 
eommon  avec  Th.  Schmid 

Son  fils,  Théodore  OBBXRros,  mort  jeune,  a 
donné  l'une  des  meilleures  éditions  de  Prudence 
(  Prudentii  Carmina ,  rec.  et  explic;  Tubing. 
1845,  in-8*  ). 

Doatm.  partie, 

o'BBiRHB(  Thomat' Lewis),  prélat  anglais, 
né  en  1748,  dans  le  comté  de  Longford  (  Irlande  ), 
mort  le  15  février  1823,  à  Meath.  Destiné  à 
l'état  ecclésiastique,  il  fut  envoyé  avec  son  frère 
John  au  séminaire  de  Saint-Omer  pour  y  étu- 
dier la  théologie;  les  vœux  de  sa  famille  furent 
exaucés  :  les  deux  frères  se  vouèrent  au  service 
^es  autels,  mais  dans  des  communions  difTé- 
rentes ,  et  on  pot  les  voir  exercer  dans  le  même 
diocèse  l'un  les  fonctions  d'évéque  anglican, 
l'autre  l'humble  sacerdoce  du  prêtre  catholique. 
A  son  retoor  en  Irlande,  Thomas  se  convertit 
ao  protestantisme,  prit  les  ordres  et  accom- 
pagna l'amiral  Howe,  an  début  de  la  guerre 
d'Amérique ,  en  qualité  de  chapelain  d<$  la  flotte 
(1775).  Lorsque  la  conduite  de  son  protecteur 
fut  Tobiet  d'une  enquête  pariementaire,  il  s'em- 
pressa de  le  justifier  dans  quelques  brochures 
écrites  avec  autant  de  justesse  que  d'éloquence. 
Ensuite  SI  s'attacha  au  duc  de  Portland,  et  le 

Roov.  mogh.  cÉs^th,  —  T.  xxxvtn. 


OBCLRCIIO  386 

suivit  en  Iriande  en  1782;  11  ne  fut  pas  moins 
bien  traité  par  lord  Fitzwiliiam,  le  nouveau 
vice-roi ,  qui  le  nomma  son  premier  anmônier 
et  le  présenta  au  siège  épiscopal  d'Ossory,  d'où 
il  passa  à  celui  de  Meath ,  après  la  mort  de 
Maxwell.  Ce  prélat  avait  des  vues  larges ,  de 
la  générosité,  l'amour  de  la  justice;  il  était 
fort  aimé  dans  son  diocèse.  Outre  des  sermons 
et  des  écrits  religieux ,  il  a  publié  :  The  Cruci- 
fixion ,  a  poem  ;  Londres ,  1776,  in-4o  ;  —  The 
9enerousimpostor;\\Ad.,  1781,  in-B"  :  comédie 
jouée  à  Drury-Lane  et  imitée  du  Dissipateur 
de  Destouches,  —  A  short  History  of  the 
last  session  of  Parliament  ;  vers  1781,  in-8°; 
—  Considérations  on  the  late  disturbances^ 
by  a  consistent  wMg;  in-8*;  —  Considéra^ 
tions  on  the  prineiples  of  naval  discipline 
and  courts-martial  ;  178 1 ,  in-8*.  K. 
GaUleman's  Magealne^im, 

OBBLBBio ,  appelé  par  les  anteors  français, 
WiLLÈR£  et  WiLLERiN,  ucu  vièmc  dogc  de  Venise, 
né  à  Malamocco,  vers  763,  décapité  k  Vfgilia,  en 
831 .  La  cruauté  et  le  despotisme  du  doge  Giovanni 
Galbaio  et  de  son  fils  Mauricio,  qu'il  avait  adjoint 
au  pouvoir  ducal  (796),  ne  connaissant  plus^de 
bornes,  une  conspiration  se  forma  contre  ces 
deux  tyrans.  A  la  tête  des  conjurés  se  trouvaient 
Obelerio,  chef  d'une  famille  patricienne  et  tribun 
d'Héraclée,  Fortunato,  patriarche  de  Grado, 
Démétrius  Maimano  et  Georgio  Foscaro.  Leur 
projet  fut  découvert,  mais  ils  purent  fuir.  Fortu- 
nato se  rendit  à  la  cour  de  Charlemagnc,  afîo 
d'exciter  le  grand  monarque  contre  les  Galhaio, 
qui  d'ailleurs  étaient  excommuniés  (1);  Obelerio 
et  ses  amis  restèrent  à  Trévise  et  dans  les  villes 
voisines,  afin  d'entretenir  des  intelligences  dans 
Venise  et  de  profiter  des  événements.  Ces  ma- 
nœuvres furent  secondées  par  tous  les  ennemis  que 
la  république  pouvait  avoir  à  la  cour  de  Pépin, 
fils  de  Charlemagne  et  depuis  peu  sur  le  trône 
des  rois  lombards.  Le  pape  Adrien  1*'  écrivit  lui- 
même  à  l'empereur  pour  appuyer  les  sollicitations 
de  Fortunato  (2).  L^empereur  expulsa,  à  leur 
grand  détriment,  de  Ravenne  et  des  États  lom- 
bards tous  les  Vénitiens,  dont  beaucoup  y  trafi- 
quaient et  y  étaient  établis  depuis  plus  de  deux 
cents  ans ,  et  il  se  disposa  à  porter  ses  armes  en 
Vénétie.  Il  fut  prévenu  par  Obelerio,  qui  souleva 
le  peuple ,  chassa  les  Galbaio,  et  se  fit  proclamer 
à  leur  place  (804).  Son  premier  soin  fut  de  se 
faire  donner  pour  collègue  son  frère  Beato  Obg- 
LERio.  Après  avoir  satifait  aux  exigences  du  sou- 
verain pontife,  il  songea  à  calmer  Charlemagne. 
En  janvier  806  les  deux  doges,  accompagnés  de 
Paolo,  duc  de  Zara,  et  de  Donato,  évêque  de 

(1)  A  caaae  du  meartre  qa*Us  avalenf  commis  sar 
Giovanni,  patriarche  de  Grado  et  oncle  de  Fortunato. 
Ce  prélat  ayant  refasé  de  consacrer  évéqae  nne  des 
créatures  des  Gaibalo ,  le  père  et  le  flis  .s'emparèrent  de 
sa  personne,  et  le  pr^lpltèrent  d'une  haute  tonr  (801). 

(1)  L*abbé  TentorI,  dans  son  Euat  iur  Fkistoire  eMlt 
politiqtie  et  eeetéHoiUque  de  Fenlse,  rapporte  la  lettre 
do  pape  à  Charlemagne,  t.  ll<  disaert.  XIX. 

13 


387 


OBELERIO  —  OBENYRAUT 


888 


œtte  Fille,  dépotés  de  la  Dalmatie,  vinrent 
tPow«r  avec  de  magMfiqaes  présents  Pempcrear 
d'Occident,  alom  à  Thionville  (I),  ^  le  prirent 
poiir  arixtre  des  querelles  qni  les  séparaient 
depuis  pluiieurB  années.  L'emperenr  lesaeeorda  ; 
nais  Pépin,  qui  n'avait  pris  les  armes  contre  les 
GaKfaaio  que  dans  le  dessein  d'agrandir  ses  États, 
a^'efforça  d'attiser  le  feu  que  son  père  cherchait 
à  éteindre.  Obelerio  orat  conjurer  le  danger  en 
soumettant  sa  patrie  à  payer  un  tribut  an  rof 
d'Italie.  Mais  cette  mesure  n'empAoba  pas  l'évé- 
nement de  s'accomplir  :  Pépin,  après  s'être  rendu 
maître  de  l'Istrie  et  du  Frioul,  voulut  pousser 
ses  conquêtes  vers  la  Dalmalie.  Il  réclama  la 
coopération  des  Vénitiens  ;  mais  ceox-d ,  qui 
étaient  en  pali  avec  les  Dalmates,  persistèrent 
dans  la  neutralité  malgré  les  oonseila  de  leurs 
doges.  Pépin,  irrité  dece  reros,  ravagea  leur  ter- 
ritoire et  incendia  les  villes  d'Héraclée  et  d'É- 
quilo  (2).  Ils  implorèrent  le  secours  de  l'empereur 
grec  iiicépUore  i*%  qui  tenr  envoya  une  flotte 
commandée  par  Ilicétas.  Mais  déjà  Obelerio 
avait  obtenu  que  Péptn  évacnerait  la  Lomfaardie; 
une  Iréve  fut  ooosentie  entre  Pépin  et  Nioétas, 
qni  ralouma  à  Conslantinopleavec  le  doge  Bealo, 
que  Nicépbore  créa  consnl.  La  roéaK  année 
(808)  les  detn  doges  obtinrent  du  peuple  que 
leur  troisième  frère ,  Valentino  Obblerio,  leur 
Tût  associé.  L'année  suivante  les  hostilités  re- 
oommeneèrenL  Nkétas  et  les  Vénitiens  essayè- 
rent d'enlever  ConMccliio;  mais  Hs  furent  re- 
poussés avec  perte,  et  Pépin  se  prépara  à  as- 
siéger Venise  par  terre  et  par  mer.  Obelerio 
engagea  ses  concitoyens  de  désarmer  le  roi  d'I- 
talie par  de  nouvelles  soumiseions.  Ses  conseils 
furent  rejetés  avec  mépris,  liss  Vénitiens  ne 
Tirent  plus  en  lui  qu'un  traître,  dont  l'arabîlion 
avait  attiré  les' périls  qui  les  menaçaient  :  ils  le 
déposèrent,  et  de  peur  qu'il  n'allât  encore  les 
desservir  auprès  de  Pépin ,  on  le  conduisit  à 
Cionslantinople  (3).  Ses  deux  frères  furent  relé- 
gués à  Zara  (809).  Angela  Parlicipatia  fut  au 
doge  à  sa  place. 

On  ignore  oommeni  Obelerio  passa  les  longues 
années  de  son  exil  ;  on  ignore  aussi  les  rootilîiqtii 
le  déterminèrent  à  rompre  tout  à  covp  son  ban 
et  à  débarquer  sur  la  côte  de  Vigigiia,  oii  il  se 
fortifia.  Giovanni  Participatio,  qui  régnait  alors, 
accourut  pour  arrêter  ses  progrès;  mais  il  se  vit 
abandonné  par  une  partie  de  ses  tronpes  levées 
à  Malamooeo,  patrie  des  Obelerio.  Il  revint  sar 
aes  pas,  et  pour  punir  les  Malamoccaû  de  leur 
trahison  il  réduisit  leur  ville  en  cendres.  Après 
ce  terrible  exemple,  il  roardbe  de  nouveau  contre 

(1)  M»  de  l'abbaye  de  SatQt-Bertfn .  etté  par  Man- 
torl,  tu. 

çt)  QHelqoes  hlalortens  dûanent  une  aatre  caiwe  à  cette 
gaenre  :  kb  disent  qti^belcrlo  rhaasé  par  soo  frère 
Beato  se  ré(«sia  A  la  cour  de  CharLcnia«ra<%doat  11  épeaw 
ma  lllle  et  dont  U  atUra  la  eolère  »vr  u  patrie.  Cette 
venkHi  eal  irjetée  par  Dam. 

(I]  DaadoW,  f  al  ptaee  eel  et éMaesi  e»  Sli»  dR  qae 
Obcterlo  fut  truMporté  à  GooaianllBople  pet  ordre  de 
Cbarlemagne. 


son  riv.ii,  le  défait,  s^empare  de  sa  personne 
et  fait  tomt)er8a  lète  sons  la  hache  an  bourreau. 
Ce  ne  fat  point  assa  pour  satisfaire  le  ressenti- 
ment populaire  que  Pancien  doge  s'était  attiré  : 
son  corps  (Vit  l'objet  de  mille  insultes;  on  alla 
jusqu'à  lui  déchirer  les  entrailles  avec  les  dents. 

A.  DE  Lacâze. 

ADtoBlo  Maria,  Storia' civile  e  poftUea  de^  ^em&- 
stamiy  L  H,  Ub.  I,  cap.  xi.  -  Sabeitleo,  Uist.  eenaC» 
dite.  I»  Ub.  U.  —  Uam,  UitUÉr*  dm  ^eaiM.  t.  i«««  p^  «S- 
IO;llT.  Il,  p.  61.  —  Huratorl,  Rtrmm  Itaiicarum  Seh^ 
tùrei,  t.  II,  !••  part.,  p.  MS. 

OBBNTBAITT  {Jean^Michel  o' ),  général  al- 
lemand, né  en  1574,  dans  le  Palatinat,  blessé 
mortellement  devant  Kalemberg,  en  1625.  U  en- 
tra dans  les  troupes  de  son  pays  ;  son  avancement 
y  fut  d'abord  fort  lent,  car,  malgré  sa  nais- 
sance, il  n'était  encore  en*  1610  que  capitaine.  Le 
roi  d'Espagne,  PbHippe  III»  venait  de  faire  adhé- 
sion à  la  ligue  catboiqne  de  WorUbourg,  coq- 
clne  en  opposition  de  l'Union  évangélique  de 
Ha^le.  L'électenr  palatin  Fi^éric  V  était  à  la  tète 
de  cette  union  ;  aussi  son  territoire  fut-il  le  pre- 
nier  envahi  par  les  fispagpols ,  qui  venaient  de 
faire  la  paix  avec  les  Hollandais.  L'électeur  con- 
fia un  corps  de  cavalerie  à  d'Obentraut;  et  ce 
chef  engagea  aussitôt  une  vigoureuse  guerre  de 
partisans  contre  les  catholiques,  et  en  enlevaift 
leurs  convois,  leurs  traînards,  ou  coupent  leurs 
communications,  il  oantritNM  le  plus  à  les  expulser 
dn  Palatinat.  Après  la  mort  de  l'eupereur  Ma- 
thias  (ao  mars  1619),  les  états  de  Boliême  refu- 
sèrent de  reconnaître  pour  souverain  le  nouvel 
empereur,  l'archiduc   Ferdinand.   Le  M  août 
ils  offrirent  la  couronne  à  Frédéric  V.  Ce  prince, 
cédant  au  vœu  de  la  plupart  de  ses  oo*reli(sioa- 
naires,  accepta  le  trâne  è  la  convocation  de  Rot- 
tembourg,  et  le  4  novembre  il  se  fit  couronner  à 
Pragns.   Obentrant  l'accompagna  à  cette  céré- 
monie et  se  mit,  avec   abnégaAbn,   sons  les 
ordtes  du  célèbre  Ernest  de  Mansfeld,  qui  venait 
de  quitter  le  service  espagnol  et  le  catholicianie 
pour  offrir  son  épée  aux  protestants.  Tons  deux 
défendirent  vaillamment  lenr  parti  ;  mais  enfin, 
accablés  par  le  nombre  et  surtout  mal  secondé» 
par  les  princes  peur  lesquels  ils  oombaàtaienft, 
ila  ne  purent  empêcher  la  déCute  décisive  de 
Weissenberg  (8  novembre  16M).  Ce  revers  en- 
traîna la  chute  de  Frédéric,  qui  reçut  dès  krs  le 
surnom  de  Wtaterkœnig  et  dont  les  ÉlaU  héeé* 
ditaires  isrent  donnés  k  M aximilien,  dne  de  Ba- 
vière. Mansfeld  et  Obentraut,  slnqeiétanl  médin- 
cramentde  l'abandon  snccesstf  de  Belhlen0ibar, 
qui  se  prétendait  roi  de  Hongrie,  des  saésicnu  » 
d»  Moraves  et  même  de  Georges-GuiUavrae  de 
Branddworg,  continuèrent  la  guerre  pluMA  poiv 
lenr  propre causeque  pour  celledu  Wnterfccmig  - 
ce  fut  aijiAi  qn'aidés  du  seul  Christian  ,  due  de 
Bnmsvrick-Luneburg,  ik  battirent  les  Hessoîs,  les 
Bavarois,  les  Westpbaliena^  et  vinrent  lutter  «a 
Fkndre  osntreles  Espagnols.  Les  plus  célèbres 
généraux  de  la  figne,  Spinoia  et  Tilli,  dnmi  «^ 
Quler  dneai*  ManafcU  et  Oboalimt  leilbrad» 


OBENTllAUT  —  OBEREIT 


par  trois  mille  Éeo&sais  et  autant  de  Danois  | 
(162>),  les  deux  cfacCi  protestants  reporkèreai  la 
guerre  en  Allemaene  ;  mais  la  déffûte  de  lear  allié, 
U*diic  de  Brunswick,  les  iarça  à  abandonner  aux 
catlioiiqiiea  te  nord  de  l'Jkllemagne.  Obestrant 
pana  alors  au  sewke  du  roi  de  Danenait, 
qai  lui  confia  un  corps  d'vmée  et  l'cBTOja  as^ 
siéger  KâlembeiiB  en  Brmswick.  Tiliy  défendait  ; 
les  abapdki  de  cette  place.  Dans  une  rencontre  j 
avec  me  divisiân  bavaroise  entre  Neubourg  et  ; 
Hanovre,  Obeniraol  fut  frappé  mortellement 
Qaelqnes  biographes  se  sont  plu  à  en  Taire  on 
çand  général ,  on  zélé  religieanaire,  etc.;  ii  fut 
no  brave  et  babile  chef  de  partisans,  qui  aida 
beaucoup  Mansfeld  dans  ses  savantes  et  haniies 
combiaaisoos.  Au  point  de  vue  religieux,  on 
peut  croire  que  Obentraui  rest»  protestant  paive 
qu'il  y  avait  plus  à  piller  chci  les  callioliques^ 
en  tout  cas  ii  exerça  contre  eux  en  voleriesi,  in- 
cendies,  meurtres,  etc.,  de  glorieuses  mais 
tristes  représailles.  A.  n*  E—r— c. 

rrisler.  Ludea,  de ,  UigL  de  rMltma^nt.  —  CbristUo- 
GotlUume  4e  Koch,  tableau  des  rérolutiont  de  !'£«• 
rope,  ete  «dit.  de  F.  Scbvll.  S  vol-  In  ••;  t  11,  p.  m.  * 
CbruiUo-Frédérle  Preffel,  Jtrèfé  têromoiofi^me  dm  thiê- 
toire  et  du  droit  publie  d'Mltwutgne  —  SebUlefr  Hitt. 
dt  la  guem  de  Trente  ans.  —  Ench  et  Grubcr.  Mlg. 
Erc.  ^  LIpowskI.  Friédneh  F  Cburfûrtt  von  der  PfaU 
tmd  Ea»îg  vem  Êmekmten. 

OBBBBiT  (Jacques- Bit mann)f  alcbimiete 
et  mystique  suisse,  né  en  172ft,  à  Arbon  (canton 
de  TÎmrgovie  ),  mort  le  2  février  1796, 4  léna. 
h  était  fils  d'un  teneur  de  livres.  Les  premiers 
ouvrages  que  ses  parents,  fort  adonnés  au  mys^ 
tidsoM,  lui  mirent  entre  les  mains  fuient  ceux 
lie  M^**  BoBvignon  ci  de  Mne  Gnyon.  A  quinze 
ans  il  fut  placé  chei  un  chirorgieB,  et  au  bout 
d'un  apprentissage  de  quelques  mois  il  visita 
les  provinces  de  rAllemagne  méridionale.  En 
1746,  il  rencontra  un  ardiKecte  polonais  qui  le 
prit  k  son  service;  il  se  rendit  avec  lui  en  Italie 
lorsque  son  maître  le  congédia  en  route.  Reve- 
nant alors  sur  ses  pas,,  il  partit  poor  Berlin, 
tailM  faisant  la  barbe  aux  paysans,  tantôt  pra- 
li^iiaiit  des  saignées;  il  n'avait  gnère  appris 
antre    chose,  mais  il  avait  l'âme  bonnéte  et 
alerte.  Sa  figure  candide  ,  sa  grande  jen-  * 
,  son  îaèelligence  intéressèrent  à  tel  peint 
les   HBOgistrats  de  Lindau»  qu'ils  consentirent  k 
payer  les  frais  de  son  éducation.  Obereit  fit  de 
boBnen  études  à  Halle  et  à  Berlin ,  et  s'appUqoa 
avec  aèle  à  connattre  la  pbiloaopbie,  la  méd^ 
dne,  la  poésie  et  les  langues  andenoes;  lors- 
qu'il ea&  reçu  son  diplôme»  il  lint  s'établir  à 
Uodam  (I7â0},  et  fut  pendant  quelque  temps  le 
méiterjn   le  plus  recbercbé  de  cette  ville.  La 
toorriure  inquiète  de  son  esprit,  trop  acces- 
Mbie  aux  idées  nouvelles  ou  bizarres,  le  rejeta 
bîcBlAt  daas  la  vie  aventureuse.  Il  abandonna 
la  médecine  pour  L'alcbimie,  et  acheva  de  se  dis- 
créditer dans  l'opinion  publique.  Après  avoir 
rédigé  ua  pcogramme  sur  les  progoostics  des 
aeeomcbcMenÉs  difficiles,  il  s'avisa  de  composer, 
à,  VîmititioB  de  lUopstocky  une  Mesdiadt  prém- 


damiie,  espèce  d'épopée  des  prémices  âges^ 
dont  il  n'écrivit  que  le  premier  chant,  puis  il 
s'occupa  d'une  panacée  universelle  et  en  pnUia 
l'idée  8006  le  titre  de  Disquitiiiû  de  univenaU 
meihodi*  medetidk  amforlatina  (Carlsrnba, 
1767,  in-4®).  Deux  ans  pins  tard,  afin  de  venir 
an  secours  de  sa  fanûMe,  qui  venait  d'ètee  ré- 
duite à  l'indigenoe,  il  ralloma  ses  fourneaux,  et 
chereka  vainement  ce  que  son  père  appdait 
«  l'art  de  perfectionner  les  métaux  par  la  gfîice  de 
Dieu  *  ;  mais  on  le  força,  ao  nom  do  la  sftreté 
pobttqae,  de  fermer  son  laboratoire.  £n  1777  il 
se  maria,  dans  ua  chAtean  en  raines,  avec  une 
dame  d'un  âge  mûr,  qn^l  connaissait  depuis  dix- 
huit  ans  et  à  laquelle  il  avait  donné  le  nom  de 
de  TheaniiSf  bergère  séraphique.  «  Notre  ma- 
riage, dit-il,  n'était  ni  platonique  ni  épicurien; 
c'était  un  état  roitoYcn  entre  Tamitié  et  l'union 
corporelle,  état  dont  le  monde  n'a  peut-être  aa- 
cane  idée.  »  Sa  femme  mounit  quelques  se- 
maines plus  tard.  A  peine  veuf^  Obereit  recom- 
mença sa  vie  errante.  Ii  résida  à.  Augsbourg,  puis 
A  Winthertbur,  et  de  là  il  sa  rendit  A  Berne,  où 
un  ami  de  ralchimie  lui  confia  Tédacation  de  ses 
enfants  ;  complètement  dégpûté  du  métier  de 
précepteur,  il  alla  s'établir  diei  un  frère  de  La- 
vater,  qui  pratiquait  l'ait  de  guérir.  En  1782  on 
le  retrouve  à  Hanovre  ;  il  y  fit  connaissance  de 
Zimmermann,  qu'il  s'efforça  de  convertir  k  la 
tbéosopbie;  ce  dernier  se  moqua  de  lui,  elle  li- 
vra aux  risées  du  public.  Ua  autre  adepte,  nommé 
Mitscbe,  qu'il  qualifie  de  |kiniopAe  en  abrégé, 
lui  donna  pendant  deux  ans  Thospitalité  en  Lu- 
sace.  Toujours  aussi  pauvre«et  aussi  pen  sou- 
cieux de  l'avenir,  il  vint  en  1784  à  Weimar,  où 
Wieland  et  ses  amis  ne  le  laissèrent  manquer  de 
rien,  et  en  1785  il  disputa  avec  une  ardeur  toute 
juvénile  contre  les  ptofiesseurs  d'Iéna,  qui 
l'avaient  accusé  dllluminisme.  £n  1786  le  dac  de 
Saxe-Meiningen  vint  le  trouver,  et  l'emmenaA  sa 
cour.  Obereit  y  resta  cloq  ans.  Voici  en  quels 
termes  ambigus  il  s'exprime  sur  son  séjour  dans 
une  lettre  écrite  en  françaia  i  «  Le  dnc  voulait 
tenir  autour  de  soi  le  Suisse  paradoxe  comme 
nn  philosoplie  du  cabinet  ou  de  la  cour,  où  pen- 
dant cinq  ans  l'esprit  transcendental  et  stmque 
du  Suisse  et  maçon  intime  s'est  popularisé  en 
cosmopolite,  où  de  bonne  humeur  il  a  montré 
toujours  l'équilibre  parmi  toutes  les  belles  de  la 
cour  et  de  la  campagne ,  comme  dans  un  ordre 
innocent  de  la  belle  nature ,  sans  peur  et  sans 
espoir  des  belles  pastourelles,  n'ayant  simple- 
ment poor  règle  que  la  symétrie  de  l'équité  en- 
vers la  beauté,  autrice  universelle,,  envers  soi- 
même  et  envers  tant  le  mande.  VoilA  tout  le 
mystère  de  l'ig^  d'ec  arcadiqjue,  raj^nnissant  las 
ans  et  les  hommes  antiques.  »  A  cette  prison 
dorée  il  préféra  l'indépendance,,  et  retourna  vivre 
seul  et  à  sa  gniseA  léna,  où  il  maarat,  k  l'âge  de 
soixante-treize  ans.  Outre  les  ouvrages  cités,  on  a 
encore  d'Obereit  :  Défense  dss  msstieiême  et 
de  la  vie  seiàUdfe\  Franafoct,  1775,in<8'>  :  i6> 

18. 


891  OBEREIT  — 

fatatioD  au  premier  Bssai  de  ZimmermanD  sur 
la  solitude;  ^Dela  Connexion  originaire  des 
esprits  et  des  corps,  diaprés  les  principes  de 
Newton;  Augsbourg,  1776,  in-»";  —  Prome^ 
nades  de  Gamaliel,  juif  philosophe  ;  1780, 
ia-8*,  —  La  Solitude  des  conquérants  du 
monde,  méditée  par  un  philanthrope  laco- 
nique; Leipzig,  1781  :  celle  apologie  de  la  vie 
des  anachorètes  modifia,  dit-on,  les  idées  de  Zim* 
mermann  sur  ce  siyet;  —  Pétition  aux  dames 
philosophes  pour  adoucir  Cauteur  flam- 
boyant, le  nMecin  Zimmermann;  Leipzig, 
1785  :  en  réponse  aux  critiqaes  de  ce  dernier;  ^ 
quelques  opuscules  en  fsTeur  du  système  pliilo> 
sopîiique  de  Kant.  P.  L. 

:    SehlIchtegroU»  Nekrotoç,  17M. 

t  OBBRHJMJSBB  (Benoît),  canoniste  alle- 
mand ,  né  le  25  janvier  1719,  à  Waitienkirchen, 
dans  la  haute  Autriche,  mort  à  Salzbourg,  le 
20  arril  1788.  Entré  dans  Tordre  des  Bénédic- 
tins, il  enseigna  la  philosophie  à  TuniTersité  de 
Salzbourg,  et  ensuite  le  droit  canon  à  Fulda  ;  les 
désagréments  que  lui  valurent  ses  opinions  con- 
traires à  Tultramontanisme  le  firent  retourner  à 
Salzhourg,  où  il  fut  nommé  en  1776  conseiller 
archiépiscopal  pour  les  aflbires  ecclésiastiques. 
On  a  de  loi  :  Prxlectiones  eanonicœ  juxta  ti- 
tulos  librorum  Decretalium  ex  monumentis, 
auctoribus  et  controversiis  ;  Anvers ,  1762- 
1763,3  vol.  in-4*;  —  Systema  historico-criti- 
eumdivisarum  potestatumin  legibus  matri- 
monialibus  impedimentorum  dirimentium  ; 
Francfort,  1771,  in-8*:  ouvrage  où  l'auteur  con- 
testi".  à  Tautorité  ecclésiastique  d'établir  sans  le 
concours  du  pouvoir  civil  en  matière  de  mariage 
des  empêchements  dirimant8,<opinion  qu'il  dé- 
fendit dans  son  Apologia  historieo-critica  ; 
Francfort,   1771,  et  Vienne,  1776,  in-8^;   — 

—  Compendium  prxlectionum  eanonicarum 
juxta  libros  T  Decreto/ium;  Francfort,  1773 
et  1779,  2  vol.  in-8";  —  Thomassinus  abbre» 
viatus,  seu  velus  et  nova  BceUsim  disciplina 
de  benefieiis  et  ben^fldariis  ;  Salzbourg,  1775, 
trois  parties,  in-4o;  —  Manuale  selectiorum 
eonciliorum  et  canonum  Juxta  abbatis  de 
Fleury  Historiam  ecdesiastieam;  ibid.,  1776, 
ih-4';  —  Spécimen  cultioris  jurisprudentix 
eanonicae  adjustas  idecu  divini  primatusin 
romana  eeclesia  evolvendas;  ibid,  1777,  in-8o; 

—  De  dignitate  utriusque  cleri  sxcularis  et 
regularis,  ibid.,  1786,  deux  parties.        o. 

Memoria  B.  Cberkmueri  (Salzbourg,  i7M,  ln>8*).  — 
tnci,  GeUkrtes  Otàreieh,  1. 1.-  Hirscblntr,  Handbueh, 

*  OBBBH  JMTSBB  (  GeoTçes  ) ,  quî  a  contribué 
an  perfectionnement  da  microscope,  naquit  à 
Ansbach  (  Bavière  ),  en  1798.  Fils  d'un  fabricant 
d'instruments  physiques,  il  fit  ses  études  au  gym- 
nase de  sa  ville  natale,  et  vint  à  Paris  en  1815. 
H  entra  dans  l'atelier  de  Gambey,  et  fut  appelé 
à  faire  des  instruments  de  topographie  pour  le 
dépôt  général  de  la  guerre  (  service  de  la  carte 


OBERKAMPF  392 

de  France  ).  Ce  fut  là  qu'il  essaya  d'abord ,  par 
pure  curiosité,  de  construire  un  microscope, 
en  commun  avec  un  amateur  d'histoire  na- 
turelle. Cet  mstrument,  présenté  à  l'Académie 
des  sciences  par  M.  de  BlainvilhS)  contribua  ra- 
pidement, à  raison  de  sa  simplicité  mécanique, 
de  son  bon  marché,  de  la  pureté  de  ses  effets 
optiques,  aux  progrès  des  études  microgra- 
phiques. Ce  fut  là  le  point  de  départ  de  sa  ré- 
putation. Établi  bientôt  pour  son  propre  compte, 
il  fabriqua  depuis  1831  jusqu'en  1856.  époque 
de  sa  retraite,  un  nombre  prodigieux  de  micros- 
copes ,  qui  ont  été  exportés  dans  tous  les  pays 
civilisés  du  globe.  Rien  de  plus  curieux  que  la 
statistique  des  États  o(i  l'emploi  de  cet  instru- 
ment, si  précieux  pour  les  travaux  d'iûstoire  na- 
turelle ,  a  commencé  à  se  répandre ,  en  suivant 
un  développement  progressif.  Il  serait  trop  long 
d'entrer  dans  les  détails  des  perfectionnements 
que  M.  Oberhieuser  a  apportés  à  la  partie  op- 
tique et  à  la  construction  mécanique  du  mi- 
croscope. Qu'il  nous  suffise  de  dire  qu'il  a  été 
l'objet  de  récompenses  publiques  et  apprécié 
par  les  juges  les  plus  compétents. 

Document*  particuliert. 

OBBBiLAiiiP  { François-Joseph),  médecin 
allemand,  né  en  1710,  à  Amorbach  (Bavière), 
mort  en  1763,  à  Heiddberg.  Après  avoir  été 
reçu  docteur  à  Wurtzbou^g,  il  visita  la  France 
et  les  Pays-Bas,  et  obtint  la  charge  de  médecin 
de  l'évèque  de  Spire.  Appelé  en  1742  à  l'uni  ver- 
sitéde  Wurtzbourg,  il  enseigna  depuis  1748  la 
médecine  pratique  et  la  botanique  à  celle  de 
Heidelberg.  On  a  de  lui  :  Systema  physioUh 
giam ,  pathologiam  et  therapiam  jungens  ; 
Nuremberg,  1737,  m-8*;  —  De  Mutatione  es- 
eulentorum  et  poeulentorum  ;  Wurtzbourg, 
1743,.  m-4*;  —  De  variolis;  ibid.,  1746;  ^ 
Meehanismtu  intestinorum  tenuium;  ibid., 
]747.  .  Collectio  dissert. med,  Lugd.Baia* 
rortim;  Francfort,  1767,  in-4*. 

Son  fils,  Oberkamp  (  François-Philippe),  né 
le  23  février  1749,  à  Heidelberg,  oii  il  est  mort, 
le  15  février  1793,  professa  dans  cette  ville  Ta- 
'  natoroieet  la  chirurgie  avec  beaucoup  de  répu- 
tation. Il  a  laissé  un  assez  grand  nombre  de 
dissertations  et  les  ouvrages  suivants  :  Semeio^ 
tices  medie»  generalia  commenlata ,  Heidel- 
berg, 1783,  in-4'*  ;  —  De  medicorum  neeessitaie 
in  republica;  ibid.,  1789,  in-4*.  K. 

CtiUien.  Uxikcn.  —  Bioçr.  méd, 

oumaLHAMPi^  (Guillaume- Philippe),  in- 
dustriel allemand,  naturalisé  français,  né 
le  11  juin  1738,  à  Weifienbach,  dans  le  mar- 
graviat d'Ansbach  (  Bavière  ) ,  mort  à  Jouy, 
près  Versailles,  le  4  octobre  1815.  Son  père,  lia- 
bile  manufacturier,  avait  vainement  cherché  à 
réaliser  en  Allemagne  de  grands  projets  qu'il  avût 
conçus  pour  le  perfectionnement  de  la  fabricatioa 
des  toiles  peintes.  Il  n'avait  trouvé  quelque  encou- 
ragement qu'à  Aarau,  en  Suisse,  où  il  s'était  établi. 
Il  associa  son  fils  à  ses  travaux,  et  lui  comraa* 


393 


OBERKAMPF  —  OBERLIN 


3^4 


niqaa  ses  idée&de  progrès;  le jeooeOberkampr, 
en  les  méditant,  se  mit  à  étudier  arec  une  ex- 
trême ardeur  les  difTérentes  branches  de  son  art. 
A  dix- neuf  ans  il  se  crut  assez  fort  poar  exécuter 
ses  grands  projets.  Mais  il  voulait  un  champ  plus 
Tssle,  et  jeta  les  yeux  sur  la  France.  l\  n'ignorait 
pas,  cependant,  les  préventions  qu'on  y  avait 
contre  les  toiles  peintes  de  la  Perse  et  de  Tlnde , 
et  que  les  inventions  essayées  dans  quelques 
États  voisins  étaient  repoussées  d'autant  plus 
sévèrement  du  royaume,  que  Ton  craignait  de 
noire  à  nos  produits  de  chanvre,  de  lin  et  de 
soie.  Sans  s'arrêter  à  ces  obstacles,  il  vint  à 
Paris,  et,  après  avoir  lutté  avec  courage  contre 
les  premiers  obstacles, Il  parvint  à  obtenir, en 
1759,  on  édit  qui  autorisait  la  fabrication  inté- 


rables.  Plus  tard ,  le  conseil  général  de  son  dé- 
partement voulait  lui  élever  une  statue.  Mais  le 
modeste  manufacturier  refus»  ces  témoignages 
d'estime.  Il  accepta  seulement  la  médaille  d'or 
que  le  jury  de  l'exposition  de  1806  lui  décerna, 
et  ne  put  refuser  la  croix  de  la  Légion  d'hon- 
neur :  Bonaparte,  étant  allé  visiter  l'établisse- 
ment du  célèbre  industriel ,  avait  détaché  de  sa 
boutonnière  la  croix  quil  portail,  et  l'avait  obligé 
ainsi  de  l'accepter.  «  Personne  n'est  plus  digne 
que  vous  de  la  porter,  lui  dit-il.  Vous  et  moi 
nous  faisons  la  guerre  aux  Anglais;  mais  votre 
guerre  est  la  meilleure.  «  A  cette  époque,  en 
effet,  Oberkampf,  voulant  contribuer  à  tarir 
chez  nos  voisins  nne  source  de  richesse  poor  eux, 
élevait  à  Essone   une  manufacture  pour  filer  et 


des  toiles  peintes.  Mais  un  autre  embar4^ltisser  le  coton,  de  manière  à  le  recevoir  en  balle 


nenre 

ras  l'attendait.  Son  avoir  s'élevait  à  peine  à 
600  livres,  etc^étalt  avec  ce  modique  capital  qu'il 
fallait  créer  une  grande  entreprise!  Faute  de 
mieux,  il  alla  établif  sa  fabrique  dans  une  chau- 
mière de  la  vallée  de  Jouy,  près  de  Versailles, 
lieu  qui  ne  contenait  alors  que  quelques  pauvres 
habitants.  C'est  dans  cette  étroite  enceinte,  et 
avec  de  si  foibles  ressources,  qu'il  Tut  obligé  de 
réunir  les  éléments  de  sa  manufacture.  11  cons- 
tmisit  lui-même  des  métiers,  se  fit  ouvrier, 
contre-maître,  fut  dessinateur,  graveur,  impri- 
meur, teinturier.  Il  put  employer  les  deux  pro- 
cédés en  osage  chez  son  père,  l'impression  à  la 
planche,  et  pour  certains  genres  l'impression 
méctolqœ  au  rouleau. 

Cependant,  les  préjugés,  la  routine,  l'envie 
s'élevaient  de  toutes  parts  pour  paralyser  ses 
efforts  et  nuire  à  ses  succès.  Il  trouva  heureu- 
sement un  appui  près  de  Morellet  et  de  quel- 
ques autres  économistes,  qui ,  voyant  dans  la  li- 
berté et  dans  les  progrès  de  l'industrie  une  source 
de  prospérité  pour  les  peuples,  parvinrent  à 
décider  l'autorité  à  protéger  les  travaux  qu'O- 
berfcampf  poorsoivaft  avec  une  si  courageuse 
persévérance.  Un  édit  du  conseil  fit  taire  ses  en- 
nemis ;  le  roi  se  prononça ,  et  l'on  vit  bientôt  les 
courtisans  comme  les  citadins  adopter  ses  pro- 
duits, qui  se  répandirent  en  Angleterre  et  dans 
les  autres  pays  étrangers.  Encouragé  par  ses 
succès,  Oberkampf  redoubla  d'activité  :  Il  en- 
voya des  agents  recueillir  les  meillears  procédés 
dans  les  grandes  manufactures  étrangères;  Il 
s'attacha  à  enlever  à  Tlnde  et  à  la  Perse  le  secret 
de  lenrs  brillantes  couleurs,  en  guidant  des  ar* 
listes,  qui  surpassaient  les  dessins  de  ces  étoffes, 
n  sot  améliorer  aussi  les  procédés  matériels, 
donnant  ainsi  l'essor  à  une  industrie  qui,  en 
multipliant  les  manufiictores  rivales,  en  vint  à 
occoper  vingt  mille  ouvriers,  et  procura  à  la 
France  un  revenu  annuel  de  240  milUons,  tout 
en  donnant  un  nouvel  accroissement  à  d'autres 
branches  de  commerce. 

Louis  XVI  voulut  récompenser  de  tels  ser- 
vices :  il  donna  à  Oberkampf  des  lettres  de  no- 
blesse conçues  llans  les  termes  les  plus  hono- 


et  à  ne  le  rendre  qu'en  toiles  peintes. 

En  1815,  la  commune  de  Jouy  fut  livrée  aux 
ravages  des  troupes  étrangères.  Oberkampf  vit 
ses  ateliers  détruits,  ses  ouvriers  sans  ouvrage  et 
dans  la  misère.  Il  ne  pouvait  plus  soulager  cette 
population  qu'il  avait  nourrie  depuis  soixante 
ans.  «  Ce  spectacle  me  tue,,  »  disait-il,  et  en  effet, 
quelques  mois  après  il  terminait  sa  vie  labo- 
rieuse, si  lionorablement  remplie.      G.  os  F. 

Mémorial  tttUtersçl  de  rindtatrie,  X.  III.  —  Bioffraph, 
dei  Contemporains,'  par  Rabbe,  etc.  —  Bappori  du  iurjf 
de  l'expotitUm  de  18M. 

OBBBLIK  (  Jérëmie  -  Jacques  ) ,  érudit  et 
philologue  français,  né  à  Strasbourg,  le  7  août 
1735,  mort  dans  la  même  ville,  le  10  octobre 
1806.  Il  fit  ses  études  à  Strasbourg,  d'abord  dans 
uu  gymnase  où  son  père  Jean- Georges  Oberim 
était  professeur,  puis  à  l'université.  Schœpflin, 
un  de  ses  maîtres,  le  remarquant  comme  un  élève 
des  plus  assidus  et  des  plus  intelligents,  lui  ou- 
vrit sa  bibliothèque  et  lui  prodigua  des  conseils 
et  des  encouragements.  Cette  protection  fut  très- 
utile  au  jeune  étudiant,  qui  se  fit  recevoir  docteur 
en  philosophie  en  1758,  et,  tout  en  suivant  les 
cours  de  théologie,  vécut  des  répétitions  que 
lui  procurait  SchoepAin.  En  1764  il  fut  nommé 
bibliothécaire  adjoint  de  l'oniversité,  et  obtint  la 
permission  d'ouvrir  on  cours  public  de  langue 
latine.  En  1770  il  succéda  à  son  père  comme  pro- 
fesseur au  gymnase,  et  reçut  en  même  temps  la 
place  de  professeur  adjoint  d'éloquence  latine  à 
l'université.  En  1778  les  magistrats  de  Stras- 
bourg le  chargèrent  de  foire  un  voyage  archéo- 
logique dans  le  midi  de  la  France.  Peu  après 
son  retour  il  devint,  en  1778,  professeur  extraor- 
dinaire de  philosophie  à  l'oniversité.  Nommé  en 
1782  professeur  de  logique  et  de  métaphysique,  il 
^joignit  à  tant  de  places,  remplies  avec  beaucoup 
'  de  zèle,  celle  de  gymnasiarque  ou  de  directeur  du 
gymnase  de  Strasbourg  et  un  canonicat  de  Saint- 
Thomas.  Tant  d'occupations  ne  suffisaient  pas 
à  l'activité  d'Oberlio»  qui  trouvait  encore  du 
temps  poor  faire  des  thèses  savantes ,  des  compi- 
lations faisfructives,  de  bonnes  éditions,  pour  des 
cours  poirfics  et  des  leçons  particulières  d'ar- 


396 


OBERUiV 


S96 


cfaéologie,  de  géographie,  de  diplomatique.  La 
réToluttoQ,  dont  il  accaeiiiît  les  idées  et  ne  par- 
tagea fos  leseiioès,  l'enleva  à  ses  travaux  d'éru-' 
dition  et  le  jeta  dans  la  f^iitiqoe.  IVabord  ad- 
ministrateur de  la  TÎlle  de  Strasboarg,  puis  du 
département  (lu  Bas-Rlmi,  il  fut  arrêté  en  179:s 
avec  presque  Ions  sesoailègues,  suruaeaccafia- 
tien  cabmaieuie ,  et  Inansféné  dans  leii  pri- 
sons de  Mets.  Sa  •détention,  d'abord  rigeuieMfc 
s'adoucît  beanceup  lorsqu'il  fut  receaou  que 
Tacousation  lancée  contre  lui  n'était  pas  fondée. 
Il  resta  simpleneai  interné  à  Mets  iusq^'au  9 
thermidor  et  obtint  ensuite  la  pemissian  de  re- 
venir à  Strasbourg,  où  il  raeomnieDça  ses  cours 
d'archéuiogie  eft  de  dipiomaliqne.  A  l'époqiie  de 
la  fonâaliua  des  éoaks  ce«lrales«  Oberlin  tut 
nommé  bibtiottiécaire  de  l'école  du  Bas-Bliin.  Il 
mit  en  ordre  le  dépôt  de  livres  confié  à  ses  soins 
et  provenant  des  couvents  a«pKimés,  et  poiir 
en  rendre  les  richesses  p\n&  accessibles  au  pu- 
blic, il  ouvrit  un  cours  de  iiibliographie.  U  mou- 
rut d'une  attaque  d'apopleiLie  à  l'âge  de  soixante 
et  onze  ans.- il  était  depuis  1772  associé  de  TA- 
cadémie  des  inscriptions. 

Cet  infatigable  érudit  n'était  pas  moins  remar- 
quable par  ses  qualités  morales  que  par  son  savoir. 
«  Ses  talents,  disent  MM.  Haag,  étaient  rehaussés 
par  une  humeur  douce,  gaie,  serviable,  une  sim- 
plicité patriarcale,  une  piété  vraie,  sans  ostenta- 
tion, une  vie  irrépnéhensible.  •  Son  saToir,  qui 
embrassait  presque  toutes  les  branches  de  l'éru- 
dition, était  plus  étendu  que  profond  et  original. 
On  estime  ses  éditions  de  César  et  de  Tacite, 
mains  à  cause  de  la  nouveauté  des  recherches 
que  parce  qu'elles  offrent  un  choix  intelligent 
des  notes  des  autres  commentateurs  ;  son  édi- 
tion de  Tacite  doit  son  principal  mérite  à  la  réim- 
ppession  de  l'exoellent  commentaire  de  Juste 
Upse.  On  a  d^Oberlin.:  DisseriaiiophUologica 
dé  'Ëvraçioffiup ,  seu  de  vetêrum  rilu  cott- 
dendi  mortvoi;  ibid.,  1757,  in-4'';—  JuM^en' 
dorum  nuarHun  fluviarumquê  oauiks  sévi  mo- 
limina;  ibid.,  1770- 1775, 4 part.;  ibid.,  in-8'': 
^MusasumSchapfiHU;  ibid^  i770«  1773^  177ô, 
in-4*^;  —  Miaeellcmea  lUleraria,  maximom 
pœrtem  arçentoratensia\  ibid.,  1770,  in-4*'; 

—  Orbis  ûniiqui  moHumeniis  éuis  ilius- 
trati  prodr&mm;  Ibid^  1772,  in-4°;  -<  De 
lingux  UUifue  mtdii  a?n,  mira  àiurbarie; 
Ibid.,  1773,  in-4";  — MUuumromanarum  ta- 
bulxin  mum  muUdontm;  ibid.,  1774,  in-S**; 

—  ButA  Êwr  le  patots  lorraim  des  en»ir(ms 
du  comté  du  Bmn'ée-La-Socke;  liM.,  I77ô, 
in-8*;  —  Orhks  OMtiqui  mÈonumenlis  stiù  4/- 
Uuiraii  primée  Imeœ;  ibid.,  i77&,  in-«*; 
manuel  de  géographie  ancienne;  ^  (Mâii  Na- 
sonif  TrUimm  iibri  V;  em  ¥mt»  Ub.  IV 
ei  iMi;  Md.,  I77«,  in^";  —  Viblm  Se- 
ptester^  de  fiuminièms;  ïM^  1776,  in-êo  : 
exoeUente  édition^  qni  confient  un  grand  noatee 
de  notes  fort  mstroctives:  —  Aimiim  ié/terate 
nb  CtUiê^  nmmawiÊ,  Francis  i  ibid.,  1782, 


in-é**  ;  —  Diatribe  de  Canrado  herbipolitai 
ibid.,  1782,  in-i";  ^  De  J,  Tauleri  dictione 
vernaculaet  mj^tica;  ibid.,  1786,  in-4*;  — 
Alsaiia  Utterata  sub  Gertmanis  stec.  IXel  X; 
iUd.,  1766,  in-4^; — DeJ,  Geileri  CêBsoremon- 
fam  scriptis  gerffèanicis  ;  ibid.,  1 766,  in-4*';  — 
De  vUio  subrepitonis  in  omni  humana  vitA 
obvia;  ibid.,  1780.  in-4*;->  i«.  Apuleius  ySgyp- 
tOsmygleriis  initiatus  ;  ibid.,  1 766,  in-  V* ;  — >/M 
p9eUs  AlstUix  eroticis  medii  «m;  ibid.,  1766, 
m-4o;^BoraUi  Carmina  ;  ibid.,  1788,  in  4**; — 
Ariis  diplomaties  primx  liitMe;  ibid.,  1768, 
10-8"^  ;  —  Litlerarum  omnis  œvi  fata  tabult 
spèêpUeisexposita;  ibid.,  1 769,  in-S**  ;—  Obser- 
votions  coHcernord  le  patois  et  les  mœurs  des 
gens  de  laeampaçne  ;  ibid.,  1 798,  in-8*  ;  ->  Es- 
^itiis  d^annales  de  la  vie  de  Gutenberg;  ibid.» 
1601,  in-4°.  Oberlin  revendique  pour  Stras- 
boui^  rhesmeur  de  la  découverte  de  l'imprima 
rie;  --  C.  Tadti  Opéra;  Leipzig,  1801,  2  vol. 
\n'B**;  —  €,  J.  Csesaris  Commenlorii;  Leipzig  » 
1605,  in-6*.  Oberlin  était  un  des  principaux  ré- 
dacteurs du  Magasin  encyclopédique àe  Millin  ; 
il  a  publié  un  récit  de  aon  voya;;e  dans  le  midi 
de  la  Fiance  dans  le  Aeuer  Britfvoechsel  de 
Schldaer  (  part.  IV  et  V }  et  une  édiiion  du  Gloi- 
sortvm  ^ermanicuni  medii  xoi  de  Scherz, 
avec  des  éclaircissements;  ibid.,  1780-1784^ 
2  voL  i»>fol.  L.  J. 

Sctawel«hcaier,  ni$eourt  aeadémi^m  («•slaAinl  sur 
Jérém.-Jaaqum  OberUm;  Strasbourg,  1806,  tn-e».  -  G.- F. 
Wlnckler,  Notice  sur  la  rie  et  les  êcrUs  de  J.-^J.  Oberlin^ 
dans  le  Magasin  encyclopédique,  amr.  1807.  Il,  Ttdl».  — > 
Eh.  Stoéber.  Bingraphlsehe  Ifatix  ûber  Jer.-^  «MtorlÉi.* 
SUvabourg.  ISOT,  ioB*>.  —  MM.  Haag,  La  France  pr»- 
testanie, 

OBEftLiH  (Jean- Frédéric)^  philanthrope 
français,  frère  du  précédent,  né  le  31  août  1740, 
à  Strasbourg,  mort  le  1*'  Juin  1826,  4  Waldtiadi 
(  Bas- Rhin).  Jl  reçut  son  éducation k  l'Académie 
de  sa  viUe  natale.  Un  caractère  tendre  et  en- 
thonsiaste  joint  à  une  piété  vive  le  porta  de 
bonne  heore  vers  le  ministère  évangélique  ;  il  se 
fit  remarquer  fMrmi  ses  «endisciples  par  son  in- 
telligenoe,  et  aussi  par  ime  exaltation  religpkuse 
et  par  one  pnreté  de  moBurs  que  Ton  rencontre 
rarement  chea  de  jeunes  hommes.  Dès  qu'il  eut 
achevé  l'élude  de  la  théologie ,  il  entra  en  qualité 
de  précepteur  chez  un  chirurgien  protestant  de 
Strasbearg,  eu  il  demeura  trois  année».  Au  bout 
de  ce  temps  il  fut  nommé  pasteur  du  Ban-de-La- 
Roche,  et  il  y  arriva  Le  30  mars  1767.  On  apfte- 
lait  de  ce  nom  «s  canton  montagneux,  à  denû 
sauvage ,  à  douie  Keues  environ  de  Strasbourg^ 
oompoaé  de  ciaq  villages,  sans  conuDunicationa, 
sans  culture,  et  habité  par  une  centaine  de 
pauvres  lamiUes  plongées  dans  un  état  voisin  de 
la  hnrbMrift.  Ce  coin  de  terre  partageait  avec  le 
reste  de  TAlsace  le  privilège  de  jouir  d*une  eor 
tière  liberté  de  conscience.  Quelques  pasteurs  , 
comme  Jean  Stuber,  le  préd(^:essettr  d'Oberlio , 

1  y  avaient  commencé  Tœuvre  de  la  civilisatîoa  ; 

1  à  M  denier  éteit  réservée  la  ginire  delà  rendre 


397 


OBERLIN 


39S 


ï  la  fois  morale,  ulile  et  prospère.  Il  choisH  pour 
.iemeorc  le  vitta;;e  de  Waldbaclr,  silaé  acr  centre 
de  la  pai-oisse.  En  176i)  il  se  maria,  et  tn>u?a 
r!iez  sa  femme ,  Madeietne-Satomé  Witter,  une 
compagne  (Idèlc  et  un  aide  précieoi  pour  les  ré- 
formeà  qu'il  projetait.  Dès  quil  eut  gagné  t'af- 
fecfkm  des  habitants  par  ses  manières  affables 
et  par  son  inépuisable  charité,  il  leur  fit  sentir 
la  nécessité  de  mettre  le  canton  en  rapport  airec 
Strasbourg,  en  ouvrant  une  communication  ré- 
guOère  jusqu'à  I*  grande  route,  et  il  surmonta 
leur  népugnanœ  en  prenant  une  pioche  et  en  se 
meftuit  le  preroief  à  TouTrage.  Pais  il  leur  fit 
constniire  un  pont,  pratiquer  des  chemins  entre 
tons  les  filla^  du  canton,  soutenir  par  des  mu- 
reillea  kA  terrains  près  de  s'écrouler,  régler  le 
cours  des  eaux,  bfttir  des  maisons  solides  et  com- 
modes. Nulle  part  l'agricuNure  n'était  aussi  ar- 
riérée qu'au  Bui-de^La-Rodie;  ayant  t709  on  n*y 
connaissait  d'autres  moyens  de  subsistance  que 
des  fruits  sauvages.  Oberiin  fit  d*abord  en  pu- 
blic divers  essais  de  culture;  puis  il  acheta  un 
grand  nombre  d'instruments  aratoires,  qu'il  Ten- 
dit an  pifo  coûtant  ou  même  au-dessous  de  ce 
prix,  renouvela  les  plants  de  pommes  de  terre, 
créa  des  engrais  et  des  prairies  artificielles, 
planta  des  vergers  et  des  pépinières ,  et  intro- 
duisit le  lin,  le  trèfle  et  diverses  espèces  d'arbres 
fruitiers,  d'herbages  productifs,  de  légumes  et 
de  céréales,  entièrement  inconnus  dans  le  pays. 
Bientôt  ce  sol  aride,  fertilisé  par  ses  soins,  prit 
un  aspect  pins  riant  et  fournit  non-seulement 
am  besoins  des  habitants,  mais  encore  à  des 
exportations  dont  les  produits  servirent  à  des 
anâéliorations  nouvelles.  £n  même  temps  qu'il 
instniisait  les  hommes  faits ,  Oberiin  apprenait 
AUX  jeunes  adultes  ce  qui  pouvait  les  intéresser 
comtnt  cultivateurs  et  comme  chnétiens.  Lors- 
qaTû  vit  que  ses  paroissiens  appréciaient  l'utilité 
de  ses  leçons,  il  voulut  les  associer  d'une  façon 
plos  difeete  aux  réformes  dont  il  poursuivait  l'ac- 
oomplisscment  avec  tant  de  persévérance.  A  cet 
efbt  11  fonda  une  petite  société  d'agriculture, 
qu'il  affilia  à  celle  de  Strasbourg,  et  encouragea 
relève  des  bestiaux  par  la  distrilMition  des  prix 
ifnfjs  Pour  faciliter  la  transaction  des  af- 
fiavesy  il  evganisa  deux  eaisses  destinées,  l'une 
à  prMer  sans  intérêts  de  petites  sommes  rem- 
bonrsaUes  à  époque  fixe,  si  Ton  ne  voulait  être 
privé  pendant  un  certain  temps  de  la  faculté  de 
raioaveier  les  emprunts,  et  l'autre  à  liquider, 
à  ralde  de  outisations  volontaires,  les  dettes 
qui  grevaient  la  propriété.  Comme  la  plupart 
«les  métiers  utHes  n'étaient  point  exercés,  et  qu'il 
CB  réMllaft  des  privaitietis  nomlyreoses  ou  un 
«■ferait  de  dépense,  il  dioisit  parmi  les  jeunes 
gittr^otm  eavx  dont  fl  devinait  l'habileté,  les 
iMMIla  et  les  envoya  à  Strasbourg  apprendre 
les  métiers  de  maçon  ^  de  menuisier,  de  vi- 
trier, de  maréchal  et  de  charron.  Il  appela 
3«isai  dans  la  paroisse  un  médecin  et  des  sages- 
fcmaaes,  wlgirisa  la  Gonnafissanee  et  l'emplof 


I  des  plantes  médicinales,  et  ouvrit  une  phar- 
macie. Les  services  qu'Oberlio  rendit  pendant 
plus  d*nn  demi-siède  à  l'agriculture  lui  firent 

i  décerner  en  1818  une  médaille  d'or  par  laSo- 

I  ciété  centrale  de  Paris.  A  cette  occasion  un  des 
membres,  François  (de  Neufchftteau ) ,  qui  à 

I  plusieurs  reprises  était  venu  sur  les  lieux ,  dé- 
clara que  lorsqu'on  voudrait  organiser  des  co- 
lonies agricoles,  la  création  de  celle  de  Walbach 
serait  un  des  meilleurs  modèles  à  suivre;  il 
ajouta  que  parmi  les  communes  rurales  déjà 
existantes  il  n'en  était  aucune,  même  des  plus 
florissantes,  où  les  perfectionnements  ôet  Técono- 
mie  sociale  fussent  aussi  complets  et  où  l'on  ne 
pût  méditer  avec  Iriiit  les  Annales  da  Ban-de 
la-Roche ,  commencées  en  1770  par  le  bienfai- 
teur du  pays. 

Peu  à  peu  la  populaGon  î^'était  considéral)le- 
ment  accrue;  tandis  que  dans  les  commence- 
ments elle  ne  se  composait  que  de  80  à  100  i<i- 
milles ,  elle  en  comptait  quarante  ans  plus  tard 
5  à  600.  Le  travail  des  champs  ne  sufÀsant  pas 
à k soutenir  la  majorité  des  habitants,  Tinfati- 
gable  pasteur  diercba  dans  l'industrie  de  non- 
veaux  moyens  d'existence  :  il  établit  une  filature 
de  coton,  et  donna  des  prix  aux  meilleures 
fileuses.  En  1814  sa  réputation  attira  au  Ban-de^ 
la-Roche  un  ancien  directeur  de  la  république 
helvétique,  Legrand,  qui  forma  une  fabrique  de 
passementerie  en  rubans  de  soie. 

Si  Oberiin  était  plein  de  zèle  pour  propager 
le  bien-être  matériel,  il  ne  perdait  pas  non  plus 
l'occasion  de  développer  l'instruction  cliez  la 
jeunesse.  Un  de  ses  premiers  soins  fut  de  rebâtir 
l'école  de  Waldbach ,  qui  menaçait  ruine.  Loin 
d'être  en  cette  circonstance  secondé  par  les 
paysans,  il  éprouva  de  leur  part  une  violente 
opposition,  et  fut  obligé,  pour  les  apaiser,  de 
leur  promettre  que  rentreticn  de  cette  maison, 
élevée  dans  l'intérêt  générât,  ne  tomberait  jamais 
à  leur  charge.  Il  exposait  beaucoup  sa  fortune 
qui  était  mcNlioere  (i);  mais  il  comptait  sur  la 
Providence,  et  l'événement  justifia  sa  pieuse  té- 
mérité. Quelques  années  plus  tard  les  paysans, 
mieux  Inspirés,  lui  vinrent  en  aide  et  construi- 
sirent à  frais  communs  une  école  dans  chacun 
des  autres  villages.  Oberiin  s'empressa  alors  d'é- 
tablir entre  les  cinq  maisons  une  noble  émula- 
tion :  il  forma  à  leur  usage  une  bibliothèque 
spéciale,  fit  réimprimer  plusieurs  ouvrages  utiles, 
{nA>lia  on  almanach  dégagé  de  fables  et  de  pré- 
jugés» se  procura  des  cartes  géographiques,  des 
livres  d'histoire  naturelle,  une  machine  électrique 
et  différents  histruments  de  physique.  C'est  à 
lui  qu'on  doit  la  première  idée  des  salles  d'asile. 
Il  réunit  les  petite  enfants  dans  des  chambres 

(I)  Ses  mtovraes  pSeonliftw  «Vtaat  fwt  MfiMOtn  à 
exécuter  m  qa'U  se  propoMll.  U  •'«!  procura  tfc  ooop 
veUes  en  étabtlsuat  i  IWaldebacta  une  pensloo,  où  II  eut 
soofeoc  hnqa'ft  <lo«te  éféTes;  Il  empToyait  en  ma)mre 
portte  le  produit  de  eea  leçons  au  profit  de  ta  paroUat. 
Ce  ne  fut  que  peu  de  temps  avant  m  nort  e^ic  le  traite- 
ment  d  Oberiin  fat  porté  au-delà  de  t.OOO  fraoca. 


809 


OBERLU\ 


400 


spacieuses,  coDTenablement  disposées,  et  les  pl<<ça 
sous  l'iaspection  de  surveillantes,  qu'ail  forma 
lui-même  en  les  faisant  passer  par  une  sorte 
d'apprentissage.  Ces  sunreillantes  defaient  di- 
riger leurs  jeui  d'une  manière  utile ,  enseigner 
aux  plus  grands  4  filer,  à  tricoter  et  k  coudre, 
et  varier  ces  occupations  en  leur  expliquant  des 
cartes  de  géographie  ou  des  estampes  coloriées 
relatives  à  quelque  sujet  tiré  de  la  Bible  ou  de 
l'histoire  naturelle. 

L'influence  bienfaisante  d'Oberlin  se  manifesta 
encore  par  des  actes  nombreux,  qui  mériteraient 
fous  d'être  racontés.  Voyant  un  jour  un  colpor- 
teur juif  accablé  d'injures  par  les  paysans ,  il 
leur  reprocha  de  se  montrer  eux-mêmes  indignes 
du  nom  de  chrétiens,  chargea  sur  ses  épaules  le 
ballot  de  marchandises  de  l'étranger,  le  prit  par 
la  main  et  le  oonduitiit  jusqu'à  sa  demeure.  — De- 
puis près  d'un  siècle  le  canton  plaidait  contre  les 
anciens  seigneurs  au  sujet  d'un  droit  de  pro- 
priété et  d'usage  dans  les  forêts  qui  couvraient 
là  montagne;  la  révolution  même  n'avait  pas  mis 
fin  à  ces  contestations  mineuses.  Après  y  avoir 
préparé  de  loin  ses  paroissiens,  tant  dans  la  con- 
Tersation  que  dans  la  chaire,  il  parvint  à  les 
amener  à  un  arrangement,  qui  fut  signé  chex 
M.  de  Lezay-Mamesia,  préfet  du  Bas-Rhin. 
«  Ami  de  la  liberté  et  de  la  justice,  disent 
MM.  Haag,  il  salua  avec  joie  la  révolution  fran- 
çaise, tout  en  détestant  les  excès  qui  furent  com- 
mis en  son  nom.  Patriote  sincère  et  partisan  du 
gouvernement  républicain,  il  ne  craignit  pas  de 
braver  les  terroristes  en  sauvant  le  plus  de  pros- 
crits qu'il  put ,  sans  distinction  d'opinions  ou  de 
culte;  mais  il  ne  crut  pas  devoir  se  mettre  en 
révolte  contre  la  loi  en  violant  ouvertement  le 
décret  delà  Convention  qui  ordonna  de  suspendre 
l'exercice  du  culte;  seulement,  sons  le  nom  d'o- 
rateur de  U  Société  populaire,  il  continua  à  prê- 
cher l'Évangile  avec  autant  de  liberté  qu'aupa- 
ravant. On  loue  encore  son  désintéressement,  sa 
tolérance,  sa  philanthropie,  qui  embrassait  tout 
le  genre  humain;  on  raconte  qu'il  vendit  son 
argenterie  pour  contribuer  à  l'c^vre  des  mis- 
sions, et  qu'ému  de  compassion  par  le  sort  des 
nègres  esclaves,  il  renonça  à  l'usage  du  sucre  et 
du  café  qui  lui  semblaient  arrosés  du  sang  de  ces 
malheureux.  » 

Oberiin  était  un  admirateur  enthousiaste  de 
Lavater  et  de  Gall.  Pour  exercer  son  talent 
comme  physionomiste,  il  avait  recueilli  un  grand 
nombre  de  silhouettes,  au  bas  desquelles  il  écri- 
Tait  sonjugement,  toi^ours  Indulgent  du  reste; 
il  ayait  aussi  une.  collection  de  pierres  luisantes, 
de  toutes  couleurs,  dont  il  se  servait  pour  tirer 
des  conjectures  sur  le  caractère  des  personnes 
d'après  la  préférence  qu'elle»  donnaient  à  l'une 
on  à  l'autre.  Sans  cesser  d'être  d'accord  avec 
ses  coreligionnaires  sur  les  bases  essentielles  de 
la  foi,  il  s'était  formé  sur  le  monde  invisible  des 
idées  singulières,  asses  semblables  à  celles  des 
spiritualistes  modernes  et  dont  il  prétendait  re- 


trouver la  source  dans  l'Évangile.  Ses  sermons, 
quoique  fort  simples,  étaient  rédigés  avec  grand 
soin;  après  la  Bible,  il  tirait  volontiers  ses  sujets 
d'instruction  de  la  vie  de  personnes  distinguées* 
mortes  ou  vivantes  ;  la  nature  lui  offrait  aussi  un 
vaste  champ  de  leçons,  parce  qu'il  savait  trouver 
dans  toutes  ses  opérations  des  images  des  choses 
spirituelles.  Dans  les  dernières  années  de  sa 
vie,  il  se  repos^a  de  la  plupart  des  fonctions  pas- 
torales sur  son  gendre.  Les  merveilles  qu'il  avait 
opérées  au  Ban-de-la-Roche  répandirent  son  nom 
en  France  et  à  l'étranger.  Plusieurs  sociétés  de 
bienfaisance  l'admirent  dans  leur  sein;  la  Sodété 
biblique  de  Londres  le  dioisit  pour  son  prin- 
cipal correspondant.  Plusieurs  princes  lui  en- 
voyèrent des  témoignages  d'estime  ou  de  riches 
présents.  Le  1er  septembre  1819  il  reçut  la  croix 
de  la  Légion  d'honneur.  Cependant  sa  plus  douce 
récompense  fut  Tarnoor  et  la  reconnaissance  de 
ses  paroissiens,  qui  le  nommaient  tous  leur  père. 
Oberiin  jouit  jusqu'à  la  fin  de  sa  longue  vie  d'une 
robuste  santé;  sa  dernière  maladie  se  déclara 
tout  à  coup,  et  ne  dura  que  quatre  jours  ;  il 
mourut  à  l'flge  de  quatre-vingt-six  ans ,  dont 
cinquante-neuf  avaient  été  consacrés  au  minis- 
tère ecdésiastiqne.  Son  corps  fut  enterré  au 
village  de  Fouday,  au  milieu  d'un  immense  con- 
cours de  gens  de  toptes  conditions. 

Aucun  des  écrits  d'Oberlin  n'a  été  publié  :  il 
a  laissé  en  manuscrit  des  Seimons,  les  Annales 
du  Ban  de  la  Roche  depuis  1770,  une  sorte 
d^Àuiobiograpkie,  datée  de  1784,  et  une  réru- 
tation  du  traité  De  Seneclute  de  Cicéron,  ter- 
minée en  1815.  De.  sa  femme,  morte  en  1784,  il 
eut  neuf  enfants,  dont  l'un,  Henri-Godefrui^  doc- 
teur en  médecine,  a  publié  sous  le  titre  de  Pro^ 
potUions  géologiques  (Strasbourg,  1806,  in-8^> 
une  description  du  Ban-de-Ia-Roche.  P.  Lomsi. 

François  (de  Neafehâteau ),  Rapport  /aU  à  la  Sœ» 
roy.  tTagiie.  iur  raçrie.  et  la  eiviiisat.  du  Ban^^I^-la' 
Boche;  Paris.  1818,  In-e».  —  Annakê  protestantes,-  ltl9. 

—  The  êan-d^iO'Roehe  and  its  àen^aetor,  Jj'P,  Ober- 
iin; l4>adres,  l8to,  ln-S«.  —  Le  pasteur  Oberiin^  soute^ 
nir  d: Alsace;  Straiboarg.  18SS,  Id-ll.  —  Paul  Merllo, 
Promenades  alsaeiennet;  Parti,  18S4,  in-S*.  —  U"*  Gui- 
Eot,  L'Ecolier,  ou  RoquI  et  Kietor,  t.  lll,  cb.  IT.  — 
Jl«/attof»  des  Junérailles  de  J^f.  Oberiin;  Straibourg* 
inf.  ln*8».—  Pfotice  sur  le  pasteur  Oberiin;  Parts,  ss», 
1II-4B  de  (  p.  —  jt  la  [mémoire  du  pastewr  OberUn; 
Parta,  1816,  la-8*.  —  Archiœs  du  chris'ieuUtme;  lat, 
t.  IX,  M*  iiTr.  —  H.  Latteroth.  Notice  sur  /.-F.  Ober^ 
lin;  Paris,  ISM.  ln-8«;  trad.  en  aUem.  par  C-W.  Kraflt. 

—  A. -G.  Rndelbach,  /.-F.  Oberllns  Lnnet  oç  prtnteHffe 
F'irksomhed:  Copenhague.  iSlS,  In-S*.  —  IX-B.  Stedbtr^ 
rie  de  J.-F.  Oberiin  ;  Paria,  iSIS,  ln-8*.  —  0.-iL  tob 
Schubert,  Zuege  aus  dem  Leben  Oberlins:  Nuremberr. 
1SS4,  lo-8*.  -  f  te  d^Oberlin;  Parte,  18M,  la-16.  -  Bug 
frèreu,  La  France  protestante, 

OBBBI.IN  (  Fic^or  ),  homme  politique  snisse, 
né  4  Soleure,  mort  en  novembre  1818,  dans  la 
même  ville.  Il  vivait  dans  la  retraite  lorsque  les. 
Français  envahirent  la  Suisse.  Partisan  des 
idées  nouvelles,  il  remplit  différentes  fondioiis 
publiques  jusqu'au  mois  d'avril  1798,  où  il  de* 
vint  l'un  des  directeurs  de  la  république  bel- 
vétiqne.  Il  montra  dons  ce  poste  autant  de  cou- 
rage que  de  sagesse,  s'opposa  autant  que  poa- 


401 


OBERLIN  —  OBET 


402 


sible  aa\  prétentions  du  commissaire  français 
Rapinat,  et  protesta  contre  la  mesure  illégale 
qui  destituait  PfeifTer  et  Bay,  deux  de  ses  col- 
lègues. Après  le  18  brumaire  il  tenta  avec 
La  Harpe  d'imiter  ce  coup  d*État  en  Suisse; 
mais  son  projet  fut  déjoué,  et  il  fut  écarté  aussi- 
tôt des  atTaires  publiques.  K. 

BtoffntpkiÊn&wêUêdei  emdemporalm.  -  Bfotrapkiê 
étrmiçér&. 

ORERXDORFBR  (CéUstin),  théologien  alle- 
mand,  néen  1 724 ,  à  Landshut,  mort  en  1 765.  Entré 
dans  Tordre  des  Bénédictins,  il  enseigna  depuis 
17!»6  an  lycée  de  Freysing  successÏTement  la  lo- 
gique, la  physique  et  la  Uiéologie.  On  a  de  lui  : 
Scholx  catholicorum,  tum  philosophia,  tum 
iheologia  propter  suam,  guam  in  docendo 
tuurpani^dialeciicam^anota  pedaniismi  con* 
ira  htUrodoxos  nomknatim  J,  Bruckerum 
vindicatmi  Freysing,  1756,  2  parties,  in>4<'  ;  ^ 
Mesoltiiiones  ex  psychotogia  et  iheologia  no' 
turali;  ibid.,  1758,  in-4*';  —  Brevis  appa- 
ratus  erudiiionis  de  /ontibus  theologix; 
Augsbourg,  1760,  5  parties  in-8*; —  Theologia 
dogmatico-hU  (orico-tcholastica  ;  Fribourg , 
1762  1766,  5to1.  in-8*;  —  Syttema  tkeologiœ 
dogmaiieo  -  hUtorico  -  criticum  ;  Freysing , 
1762-1765,  ô  Tol.  in-8'*;sept  autres  volumes 
furent  ajoutés  par  Zacherl.  O. 

Baader,  Luitan  BaUneher  SchrifstelUr.  —  Measel , 
Lertkon. 

,  OBERTO ,  historien  génois  du  douzième 
siècle,  fut  cliargé  par  les  consuls  d'écrire  l'his- 
toire de  la  république  de  Gènes^ ainsi  qu'il  nous 
rapprend  dans  Texordc.  Son  histoire,  qui  em- 
brasse une  période  de  di\  ans,  de  1163  à  1173, 
n*est  que  la  continuation  de  celle  de  CafTara, 
écrite  aussi  par  ordre  de  l'État;  elle  fut  reprise 
ensuite  par  Ottobuono  jusqu'en  1196.  Si  la 
forme  n'en  est  pas  élégante,  elle  a  du  moins  le 
mérite,  rare  à  cette  époque,  d'être  pare  de  toute 
fiction  popqlaire.  Les  faits  y  sont  rapportés 
clairement,  an  jour  le  jour,  avec  cette  naïve 
simplicité  qui  ne  permet  pas  de  douter  de  la 
véracité  da  récit  Muratori  fut  le  premier  à  la 
recueillir  et  à  la  publier.  Ottobuono  se  donne  le 
titre  de  Bcrilie  et  Oberto celui  de  chancelier  ;  c'est 
tout  ce  que  nons  savons  snr  ces  denx  historiens. 

S.  R— o. 

Maritorl,  Seript,  rtrum  Italie. 

OBERTO  (  François  d'  ),  poète  provençal , 
né  en  1346,  mort  en  1408.  Il  était  originaire  de 
Gènes,  et  descendait  de  l'illnstre  maison  de 
Cyb6.  Ses  premières  œuvres  en  rime  provençale, 
adressées  à  la  dame  de  BauU,  ne  l'empêchèrent 
point  d'emt>rasser,  jeune  encore,  la  vie  monas- 
tique, à  l'abbaje  de  Lérins,  où  il  se  livra  à  l'é- 
tode  des  lettres  et  des  beanx-arts.  La  char- 
mante retraite  oii  il  aimait  à  se  retirer,  dans 
les  lies  d'Hières,  loi  fit  donner  le  surnom  de 
Monge  (moine)  des  îles  d'or.  C'est  là  que, 
«'abandonnant  è  son  goât  pour  la  peinture  et 
l'enluminure,  il  exécuta  pour  la  reine  Yo- 
lande d'Aragon,  mère  du  roi  René,  un  livre  1 


à* Heures  y  «  qu'if  enrichit  de  toutes  les  plus 
rares  diversités  en  or,  azur  et  autres  belles 
couleurs;  *  car  en  cet  art  il  était  <•  souverain  et 
exquis  ».  Chargé  de  mettre  en  ordre  la  riche 
t>ibliothèqne  de  l'abbaye,  il  y  découvrit  un  vo- 
lume d'Ermantère  contenant  un  choix  des  œu- 
vres de»  poètes  provençaux  avec  leur  biographie; 
il  en  envoya  une  copie  au  comte-roi  Louis  JI,  et 
sauva  ainsi  de  l'oubli  «  ces  souverains  poètes  ». 
Oberto  laissa  plusieurs  ouvrages,  entre  autres 
lesF/eiirs  de  différentes  sciences  et  doctrines, 
un  recueil  de  Vers  provençaux,  italiens^  gas- 
cons et/rançois,  dont  on  conserve  une  copie  à 
la  bibliothèque  du  Vatican,  les  Victoires  des 
rois  d'Aragon,  comtes  de  Provence,  et  les 
Vies  des  poètes  provençaux^  où  Jean  de  Nos- 
tredame  a  puisé  la  plupart  de  ses  renseigne- 
ments dans  l'ouvrage  qu'il  écrivit  snr  le  même 
sujet.  S.  Rollaho. 

Jean  de  Nottredame,  yUi  dn  poëie»  provençaux,  ^-^ 
Qrctclrabeol,  Storia  detta  volgar  poêiia.  —  TIrabosçblv 
IstoriadéUa  UUer.  ffo/. 

OBET  (  YveS' Louis ) ,  marin  français,  né  à 
Bréhat,  le  14  juillet  1738,  mort  à  Morlaix,  le 
29  mars  1810.  Dès  l'âge  de  hnlt  ans  il  fut  em- 
barqué sur  le  bAliment  de  commerce  que  com- 
mandait son  père,  et  donna  dès  lors  des  preuves 
de  sang- froid  et  de  courage  que  Ton  n'eût  pu 
attendre  d'un  enfant.  Il  grandit  sur  la  mer,  con- 
sacrant à  la  théorie  de  son  métier  et  aux  scien- 
ces qui  s'y  rattachent  les  loisirs  que  les  guerres 
contre  les  Anglais  lui  laissaient.  En  1761,  un 
navire  armé  fut  mis  sous  ses  ordres,  et  il  eut 
mission  d'escorter  les  convois  d'un  port  à 
l'autre.  Il  serait  trop  long  de  rapporter  ici  toutes 
les  ruses  qu'il  employa  et  tous  les  traits  d'andace 
qu'il  accomplit  pour  tromper  de  nombreuses 
croisières  ennemies  :  il  suffira  de  dire  que  durant 
seize  ans  (1760-1778)  d'hostilités  presque  con- 
tinuelles il  ne  perdit  jamais  aucune  de  ses  con- 
serves. En  1778  il  entra  dans  la  marine  royale 
comme  capitaine  de  brûlot,  et  en  août  1779  fut 
chargé  du  commandement  maritime  de  Saint- 
Malo,  où  l'on  réunissait  une  flottille  de  plus  de 
quatre  cents  transports  pour  tenter  une  des- 
cente en  Angleterre.  Ce  projet  échoua,  par  l^in- 
capacité  et  les  lenteurs  du  comte  d'Orvilliers 
(  vog.  ce  nom  ).  Mais  Obet  avait  tout  préparé 
pour  le  succès  ;  aussi  fut-il  récompensé  par  le 
grade  de  lieutenant  de  vaisseau  (1*'  mai  1786) 
et  la  croix  de  Saint-Louis.  Le  gouvernement  lui 
confia  ensuite  l'inspection  de  l'armement  des 
côtes  de  Bretagne,  et  accueillit  favorablement  ses 
observations.  A  son  retour.  Il  fut  appelé  à  la 
direction  du  port  de  Cherbourg,  et  contribua  par 
sa  prudence  et  sa  fermeté  à  comprimer  l'esprit 
d'insurrection  qui  désorganisa  un  instant  la  ma- 
rine française.  En  1792,  après  une  campagne 
aux  Antilles,  il  reçut  le  grade  de  capitaine  de 
vaisseau ,  commandant  la  station  de  Quiberon. 
Destitué  le  21  nivOse  an  ii,  il  ne  rentra  au  ser- 
vice qu'en   1796  pour  prendre  le  commande- 


40Z 


OBET  —  OBRECHT 


404 


tnent  do  Seévola,  qui  faisait  partie  de  Texpédi- 
tion  d'Irlande.  Malgré  les  tempêtes  coalioualles 
qui  dispersèrent  l'escadre  et  firent  avorter  l'en- 
treprise» OI»et  parrint  jusi|ne  dans  la  iNâe  de 
Bantrf,  point  de  débarquement;  mais  un  ooi»- 
^an  brisa  ses  amarres  et  >e  rejoia  «u  large,  où 
il  eut  le  bonheur  d'être  racueilii  par  La  Âévotu-^ 
tion,  capitaine  Damanoir,  au  moment  oè  Le  Seé» 
vola  s'englootissBit  sous  les  flots.  Commis- 
siôre  de  marine,  puis  chef  de  division  dans  la 
même  administration,  il  prit  sa  retraite  en  1803. 
On  a  de  lui  quelques  mémoires  on  rapporta  sur 
les  moyens  de  défendre  les  cAtes  bretonnes,  sur 
les  levées  de  marins,  Vorgaoisation  des  gardes 
eûtes  sédentaires,  les  examens  au  long  cours,  etc. 

A.  DsL. 
JreMoei  de  te  Martiu.  —  P.  LevoC,  M^graphte  frw- 

OBiczim  (  Tommaso  ),  orientaliste  italien, 
né  à  Non,  prte  de  Novare,  mort  vers  1634,  à 
Rome.  Il  entra  dans  Tordre  des  Frères  mineurs, 
et  s^appllqua  à  l'étude  des  langues  orientales. 
Destiné  aux  missions  du  Levant,  il  se  rendit  à 
Jérusalem  en  qnaifté  de  commissaire  aposto- 
lique et  de  gardien  d'un  couvent  de  son  ordne. 
Pendant  son  séjour  dans  la  Terre  Sainte,  il  par- 
vint à  rendre  au  cuTte  chrétien  denx  églises  dé- 
diées à  la  Vierge  et  à  saint  Jean-Baptiste  et  dont 
les  Tores  s'étaient  emparées,  et  il  présida,  par 
ordre  do  pape  Paul  Y,  un  synode  qui  condamna 
les  hérésies  de  Nestor  et  d'Eutychès,  encore  in- 
iluentes  en  Orient.  De  retour  à  Rome,  II  en- 
seigna plusieurs  années  Tarabe,  le  syriaque  et  le 
cophte  an  monastère  de  Saint-Pierre  in  Moti" 
4oriOf  et  forma  on  grand  nombre  de  mission- 
naires. C'est  là  que,  d'api^YVading,  il  mourut, 
en  16^8,  dans  un  ftge  assez  avancé  ;  mais  Achille 
Tenerio,  nn  de  ses  disciples,  dit  expressément 
dans  l'éplltre  dédicatoiredu  Thesovrus,  imprimé 
«n  1630,  qu'il  n'existait  plus  à  cette  date  depuis 
quelque  temps.  Obizzmi  est  aussi  connu  sous 
le  nom  de  Thomas  Novariensis  ou  a  No- 
varia.  On  a  de  lui  :  Isagoge  id  est  brève  tit- 
iroduetorium  arabicum  in  scieniiam  lo- 
giceSf  cum  versione  latina,  ac  thèses  sanetœ 
Âdei;  Rome,  16^5,  10-4*";  — *  Grammatiea 
arabica  agrumia  appelîata ,  cum  versitme 
lalina  et  dilucida  exposittane;  Rome,  1631, 
in-8°  ;  c'est  une  édition  estimée  de  la  grammaire 
arabe  intitulée  Djaroumia,  et  citée  avec  âoge 
par  SHvestre  de  Saci  ;  —  îTiesaurus  arabico» 
sjro'latinus  ;  Rome,  1636,  in-4°  :  rfmpression, 
surveillée  par  Achille  Tenerio,  en  est  très-Aio- 
tîve;  cet  ouvrage  a  été  en  grande  partie  com- 
çoêé  sur  un  vocabulaire  syriaque  qui  a  pour 
auteur  Élie  Barsînée,  métropolitain  de  Niaibe,  an 
onzième  siècle.  P. 

Waddlag.  Script,  ori,  Mtnorum,  "  Tlraboschl,  Storia 
dêUa  Igtter.  itat..  vni. 

OBOLBKSKi  (  Prince  ivan  ) ,  surnommé 
Ovtehina  (  peau  de  mouton  ),  né  à  la  fln  du 
quinzième  siècle,  mort  en  1 538,  est  le  plus  célèbre 


ancêtre  des  princes  Obolenski^  descendant  de 
Rorik,  qui  tirent  leur  nom  de  la  ville  d'Obo* 
lensk,  dans  le  gouvernement  de  Kalouga.  Après 
s'être  distingué  dans  divers  combats  contre  les 
Lithuaniens  et  lesTatars,  il  gouverna  la  Russie, 
non  sans  éclat,  mais  avec  cmauté,  durant  les 
quatre  années  de  la  régence  de  la  grande^luchesse 
Hélène,  veuve  de  Baaile  iV.  S^  jours  a|uès 
l'emprisonnement  de  cette  princesse  (  10  avril 
1538  ),  un  prince  Chouiski,  jaloux  ée  son  au- 
torité, le  jeta  dans  un  cadiot,  et  l'y  laissa  mourir 
d'inanition.  De  semMaMcs  cruautés  s'étaient 
vnes  sous  l'adranntstmtkm  d'Obolenski  avec  aoa 
consentement  on  du  mofais  sans  quil  s'y  fût  op- 
posé. Obolenski,  sckm  Karamzin,  possédait  oa 
esprit  vif,  beaucoup  d'activité,  de  nobles  sen- 
timents ;  non  content  de  féciat  emprunté  qui 
résulte  de  la  faveur,  H  eherdiait  à  acquérir  par 
de  hauts  faits  cette  illustration  persooiielle  que 
les  grâces  des  souverains  ne  sauraient  procnrer. 

P*'  A.  G-n. 

Karainzin,  Histoire  de  VBmplre  de  iheMie.  t.  VU  et 
Vlli.  ->  PoIcToi,  Isteria  rmutkaçQ  naroda,  t.  VI,  «-> 
Dtet.  det  Busses  digmet.  de  tnemotre;  par  BanUcta-K»- 
aienaCi.  —  le  Pcc  P.  Uolgoroakow.  ^oUce  sur  Us  prUef- 
palet  familles  de  la  Russie  ;  Bcrfin,  isst. 

OBRADOVICB  {Démétritu-Dosithée),  sa- 
vant hongi'ois,  né  vers  1740,  à  Tchakows  (ha- 
nat  de  Temeswar),  mort  le  7  avril  1811,  k  Bel- 
grade.  Après  avoir  terminé  son  éducation  en 
Allemagne,  il  se  mit  à  voyager,  et  parcourut  la 
Turquie,  la  Dalmatie,  les  États  de  Venise  et 
l'Angleterre.  Nommé  précepteur  des  enfants  du 
prince  Czemy  Georges ,  il  s'établit  en  Servie, 
et  y  dirigea  l'instruction  publique,  puis  les  af- 
faires ecclésiastiques  «t  étrangères.  Ses  ou- 
vrages sont  écrits  en  langue  serbe  ;  les  princi- 
paux sont  ;  Histoire  de  sa  vie  et  de  ses 
voyages;  Leipsifc,  1785,  in-S";  —Conseils  dé 
la  saine  raéson  ;  ibid.,  178&,  io-8®  :  choix  àê 
dissertatwns  morales,  de  lettres  et  de  poésies; 
—  géographie    vanverseUe;  Venise,    I794« 

K. 
Eracta«t  CSniber,  Jt&g,  ibMfUapsedie» 

omrnmcMT  (  Georges  ) ,  jnrisconaulte  alle- 
mand, né  à  Strasbourg,  le  23  mars  1547,  BMirl 
le  7  juin  1612.  Fils  du  syndic  Thonat  Obrecbt, 
il  étudia  le  droit  dans  diverses  universités 
d'Allemagne  et  de  France.  Se  trouvant  k  Or- 
léans lors  de  la  Saint-Barthélémy,  il  parvint 
k  sauver  sa  vie  ;  mais  sa  belle  bîblidliièqae  fut 
mise  au  pillage.  Reçu  en  1674  docteur  en  droit 
k  Bàle,  il  fut  l'année  suivante  diai^é  &i 
gner  la  jurisprudence  dans  su  ville  natale, 
ploi  qu'il  remplit  afvec  aucnès  jusqu'à  sa  mort. 
De  plus  fl  devint  doyen  du  chapitre  de  Saint- 
Thomas,  redeur  de  l'université,  avocat  de  la 
ville,  et  Alt  élevé  en  1607  k  la  dignité  de  oo»le 
palatin.  On  a  de  lui  :  Œcanomia  WuH  C»- 
dicis  et  Pandectaruih  :  De  transaetêonibws  ; 
Strasbourg,  1579,  in-4*;  —  STercMum  Ju- 
ris  antiqui  romani;  Francfort,  1582,  în-lS; 
Strasbourg,  1585,  in-4<*;  Hambourg,  1726;  -* 


405 


OBRECHT  — 


De  principUs  beiH;  Strasbourg,  1590,  iD-4% 
—  De  juritdictione  H  imper ïo;  Mokbouse, 
1602,  iD-4";—  DUputaiioneê  de  mriii  civile 
malertii;  Unellei,  1«03,  in-éo;  StraâbouiiK. 
1679,  iiH4*  :  c'est  dans  ce  recueil  que  se  trooYe 
n  travail  sur  la  F^etession^  on  des  meilkora 
snr  la  matière  avant  celui  de  Savigay  ;  C^no' 
smra  juris  /eudalH ,  Francfort,  1606,  in*8*  ;  — 
PoUHsche  Bedenken  wm  Verbesserung  van 
Lamé  und  Leute  { Réflexions  paliliqnes  sur  i'ar 
raélloratkm  du  pays  )  ;  ibid.,  1606,  in-8'»;— •  Se- 
crtèa  politiea  Mti  AmsieUund  und  SrhaUvng 
futer  Polisey  (Secrets  politiques  pour  Tin- 
tradoctioa  et  le  maintien  d'une  bonne  police); 
ibia.,  1617  et  1644,  in-i*".  De  ffrincipUs  Juris  ; 
Strasbourg,  I61ft,in-I2;  —  Aniiikemmta  ju- 
rât no(é§  Uluâtrattu  Obrecbt  laissa  en  ma- 
ttoscrit  «n  Mémoire  star  la  manière  de  di' 
Mimier  les  dépenses  d*un  État  et  d'augmenter 
ses  impôis  ;  cet  écrit  fut  acheté  deux  cents  du- 
cats par  le  duc  de  Poméranie;  vojr.  Dahnert, 
Pmnmersche  Bibliotkek,  t.  Il,  p.  2 1 1 .         O. 

Adami,  ntm  turiteonniltorMm,  —  CI.  Slneeri».  Fitm 
SM^aoni»  juriteousitUorum ,  L  I-  —  Le$  frères  Haag, 
Lm  Framee  protestante, 

OB^BCHT  (  Georges  ) ,  magistrat  allemand, 
6Ib  du  précédent,  né  à  Strasbourg,  décapité  le 
7  février  1672.  Il  exerça  la  profession  d'avocat 
dans  sa  ville  natale,  et  devint  ensuite  procureur 
du  petit  conseil.  Pour  satisfaire  sa  haine  contre 
Doui  Dietrich ,  il  diercha  à  livrer  Strasbourg  à 
renpereur,  qui  lui  en  avait  promis  le  gouver- 
neneiit  ;  le  projet  fut  découvert,  et  son  auteur 
siibit  le  dernier  supplice.  O. 

Am  trtÊfe»  Hug,  la  ^mno9  pratef tonfe. 

•BftBcpT  (  Ulric  ),  savant  jurisconsulte  et 
philologne  français,  fils  du  précédent,  né  à 
Straaboorg,  le  23  juillet  1646,  mort  le  6  aoOt 
1701.  Aprèft  avoir  étudié  les  bellesrlettres,  This- 
loire  et  le  droit,  il  accompagna,  en  qualité  de 
préoepteor  à  Tienne  et  à  Venise,  le  fils  de  l'am- 
bassadeur laace  Kelerman.  De  retour  à  Stras- 
boarg,  il  épousa  la  tille  du  céièbre  paWidste 
r,  auquel  il  succéda,  en  1676,  dans  la 
d*<éhM|Mnce  et  d'histoire;  plus  tard  il 
eacone  celles  de  droit  pnttUc  et  d'inslt- 
tnlea.  Apiès  Tocoupation  de  la  ville  par  les 
Fnnçaia,  il  se  convertit,  en  16B4,  au  catboli- 
ciéme,  et  fui  noBuané  l'amiée  suivante  préteur 
royal  à  Strasbourg  ;  «n  1698,  il  fut  envoyé  à 
FrMBJDit  par  Lonis  XXV  comme  commissaire 
pour  leaafEairea  de  la  sucoesaion  échue  à  Biadame. 
On  a  de  lui  :  Sckediasma  in  Ciceronis  Som- 
JiisMi  S«<pioai«  ;  Strasbourg,  1665,  in-lS;  — 
De  /uiei  eornsnissorum  restiiutione  et  impu- 
ÉaHamt  prseie^atorum  in  Quartam  Trebel' 
Hanam;  ibid.,  1669,  in-8*;  —  C&nis  smb  fup^ 
iem  MisM»;  166»,  {n-4**  :  réponse  amx  /sufi- 
da  de  mnéssimis  prudemhm  eiwUis  scrip^ 
fmribus  de  Sohurzfciaeh;  —  De  Vexillo  im- 
periali;  Strasbourg,  1678,  in-4*;  —  Sorra 
TerwUM;  StiMboarg,  1674»  ts-i»  ;  —  Ite  4^ 


OBREGON  406 

gibus  agrarOs  popuU  romani^  ibid.,  1674, 
ln*4*;  —  De  numm»  DomHiani  Isiaro  ;  ibid., 
1675,  m-K^i  —  De  ratione  bellà  ;  ihid.,  f67S, 
in-4'';  —  De  emsm  Augusti;  ibid.,  iG7â, 
in-4'*  ;  —  DissertatiOTtum  selectmntm  guon^ 
damin  aeademia  ArgeNlinenti  proposiiarum 
liber;  ibid.,  JG74i,  in-4*»;  —  De  extraordi- 
narOs  populi  rotnami  itnperiis;  1677,  in-4''; 
~  De  hoste  dedOitio;  1677,  in-l*;  —  AlsO' 
tieerum  rerum  prodromus;  Strasbaui^, 
1681,  ioV;—  Panegyricus  Ludeviûo  XIV 
dictvs;  ibi<L,  1682,  in -fol.;  —  Exurpta  lûs" 
toriea  et  juridica  de  natura  suceessionis  in 
moniuxhiam  Bispenix  ;  1700,in-4*'; —  Z>iaser^ 
tationes  et  oratkones  ;Slixwshomg^  1704,  in-4^ 
— Osa  d*Ofarechtdeséditionades  BUtorixAU' 
gustx  seriptores,  eum  notis  ;  Strasbourg,  1677, 
in-S";-'  de  Qontiliea,  Institution  es  ara  torise  ei 
deelamaiiones  ;  1696, 2  vol.  in-4<*  ;  d'Hugo  Gro* 
tins.  De  jure  belU  et  pacit,  de  Boeder  la  Ho^ 
titia  Imperii  germaniei,  ^es  poèmes  de  Dictys 
cretensis  el  de  Dores  phrygius ,  etc.        O. 

Mém.  de  Tréowx  (  anoée  1701  ).  —  Riccroa,  JMm^ 
L  XXXIV.  —  l«es  fr«rei  Hug,  La  France  protêt- 
tante. 

OBRBcaT  (Élie)^  historien  allemand, 
frère  do  précédent,  né  en  1654,  à  Strasbourg, 
mort  à  Stockliolm,  le  16  janvier  1698.  Il  en- 
seigna l'histoire  et  l'éloquence  à  l'université 
dljpsal,  et  occupa  plus  tard  un  emploi  de  se- 
crétaire dans  l'administration.  On  a  de  lui  : 
Pax  Augustana;  Upsal,  1690,  in-8o;  _  De 
suppUcatione  romana  ;  ibid.,  ir>90;  —  Ma- 
cedoniess  et  romanjs  potentix  comparalio; 
ibid.,  1691  ;  ^Justitia  grmorum  Alexandri 
Magni;  ibid.,  1691;  —  De  prxtenso  Grse- 
corum  imperio  in  barbares;  ibid.,  1694  ;  — 
Patronus  et  cliens  romanus;  ibid.,  1694;  — 
De  donariis  veterum  gentilium;  ibid.,  1696; 
De  dictaloris  romani  potenlia  ;  ibid.»  1697  ; 
^  De  legitimo  imperio  C,  J.  Cxsaris;  ibid., 
1697  ;  —  De  justiUa  FabrieU  ;  ibid.,  M97  ; 
—  De  religione  vetenun,  Golhorum  ;  ibid., 
1697.  O. 

JOcher,  G^àkrtenrLuBltam,  avoe  le  Smpf^Ummt^t  B». 
temaad. 

ORRBGON  (Bernardin),  fondalenrde  l'ordre 
espagnol  des  Frères  in/irmiers  Minimes^  voués 
an  soin  des  malades  dans  les  hôpitaux,  né  à  Las- 
Hneigaa,  près  de  Burgos,  le  20  mai  1&40,  mort 
à  Madrid,  le  6  aoOt  1599.  Resté  orphelin  dès  son 
bas  Age,  il  fui  recueilli  par  son  onde,  chantre 
de  la  cathédrale  de  Siguenza,  qui  le  confia  à  Fer- 
dinand Niîîo  de  Goemra,  évoque  de  cette  ville. 
Ce  prélat  lui  fit  commencer  ses  études,  et  l'eAt 
sans  doute  avancé  si  la  nori,  qui  le  surprit  en 
1562,  ne  l'en  avait  empêché.  Privé  de  son  pro* 
tectenr,  fiemaidin  prit  le  parti  des  armes  et  ser- 
vit quelques  amées  contre  la  France,  il  passait 
un  jour  en  uniforme  dans  l'une  des  rues  de  Ma- 
drid quand  un  bdaycnr  l'ayant  édahouseé,  fl  n« 
fol  pM  iMltBe  de  sa  colère,  et  hii  appliqua  ua 


407 

Tîgonreux  soufflet.  Bien  loin  d'user  avec  lui  de 
représailles,  ce  pauvre  homme  le  remercia  de 
lut  aroir  fait  souiïrir  quelque  chose  pour  l'amour 
de  Jésus-Christ,  et  lui  demanda  pardon  de  sa 
faute  involontaire.  Un  si  bel  exemple  de  vertu 
toucha  tellement  Bernardin,  qu'il  résolut  de  re- 
noncer au  monde.  Ce  fut  alors  qu'il  s'attacha 
au  service  des  pauvres  malades  dans  l'hdpital 
de  la  cour  à  Madrid.  Instruites  par  ses  exem- 
ples autant  que  par  ses  discours,  un  grand  nom- 
bre de  personnes  pieuses  se  placèrent  sous  sa 
direction,  et  ne  tardèrent  pas  à  former  une  con- 
grégation, qui  fut  approuvée  en  1569  par  Decio 
CarafTa,  nonce  en  Kspagne.  Plusieurs  villes  du 
royaume  demandèrent  des  frères  infirmiers  pour 
le  service  des  hôpitaux,  et  en  1587  l'adminis- 
tration de  l'hôpital  général  de  Madrid  leur  fut 
donnée.  Deux  ans  après,  le  cardinal  Gaspard 
Qniroga,  archevêque  de  Tolède,  reçut  leurs  vceux 
solennels  de  pauvreté,  de  chasteté,  d'hospitalité 
H  d'obéissance,  et  leur  donna  les  règles  et  l'ha- 
bit du  tiers  ordre  de  Saint-François.  En  1593, 
Bernardin  alla  à  Lislwnne,  où  il  réforma  d'assez 
graves  abus  qui  s'étaient  glissés  dans  Padroinis- 
tration  des  hôpitaux  de  cette  ville,  et  y  donna  la 
dernière  forme  à  sa  congrégation  à  laquelle  il 
voulut  imposer  des  règles  écrites.  11  acheva  ses 
constitutions  en  1594.  De  retour  à  Madrid  après 
six  ans  d'absence,  Bernardin  donna  ées  soins 
au  roi  Philippe  H  dans  sa  dernière  maladie  en 
septembre  1598,  et  reprit  ensuite  la  direction  de 
l'hôpital  général.  On  a  imprimé  sous  son  nom  : 
Instruccion  de  enfermas^  y  verdadera  prac- 
iica  como  $e  hace  de  aplicar  los  remédias 
que  ensenan  los  medicos;  Madrid,  1607,  in-S**. 
CTest  un  manuel  à  l'usage  des  infirmiers.  Le  peu- 
ple espagnol  appela  Obregons  les  religieux  éla- 
blis  par  cet  homme  charitable.       H.  Fisqcet. 

Fr.  Herrera  Maldonado,  f^ida  de  Bernardino  de  Obre^ 
9on.  —  Dom.  de  Gubernatls,  Orbig  $eraphicus,  t.  il.  * 
BeJyot,  Uist.  det  ùrdres  numatUgue»,  t.  Vil,  p.  8S1-8S6. 

OBRàROTiTca  (Milosch),  prince  de  la 
Servie,  né  le  11  novembre  1780,  mort  à  Bel- 
grade, le  26  septembre  1860.  Son  père,  Théo- 
dore Mikûlovitch  de  Dobrinie,  dans  le  dis- 
trict deOuJitze,  avait  épousé  Vichna,  veuve  d'O- 
bren  de  Brousmtza,  et  mère  d'un  fils  nommé 
Milan.  On  a  dit  que  Miloacb  était  d'une  famille  de 
paysans  :  le  fait  est  exact  ;  mais  il  faut  ajouter  qu'à 
l'époque  de  sa  naissance  tous  les  chrétiens  ou 
rajahs  de  Servie  pouvaient  passer  pour  des  pay- 
sans. Gouvernés  par  lamiUce  féodale  des  spahis, 
opprimés  par  une  horde  de  janissaires  qui  s'é- 
taient emparés  du  pouvoir  suprême,  les  Servlens, 
quand  ils  ne  se  jetaient  pas  dans  les  montagnes 
pour  y  mener  la  vie  de  bandits  (  heiduks),  ne 
pouvaient  être  que  laboureurs ,  pAtres  ou  mar- 
cliands  de  bestiaux.  Le  futur  prince  commença 
par  garder  les  porcs  ;  il  en  vendit  ensuite,  et  s'as- 
socia pour  faire  ce  commerce  avec  son  frère 
utérin  Milan.  Il  était  encore  très-jeune  lorsque 
la  vigoureuse  population  de  Servie  se  souleva 


OBREGON  —  OBRÉNOVITCH 


408 


contre  la  domination  ottomane,  énervée  par  la 
faiblesse  du  sultan  Sélim  et  ébranlée  par  les  dis- 
sensions des  spahis  et  des  janissaires  ;  aussi  ne 
joua-t-ll  qu'un  rôle  secondaire  dans  ce  premier 
mouvement,  dont  Czemi-Georges  fiit  le  héros  et 
Milan  un  des  chefs.  A  la  suite  de  l'expulsion  des 
Turcs,  Milan  eut  sous  son  autorité  les  trois  dis- 
tricts de  Oujitze,  Roudnik,  Poschiga,  et  délégua 
une  partie  de  son  autorité  à  Milosch,  qui,  par  re- 
connaissance, prit  le  nom  d'Obrénovitdi.  Des  dis- 
sensions ne  tardèrent  pas  à  éclater  entre  les  li- 
bérateurs de  la  Servie.  Milan  fut  un  àw  chefs 
qui  se  prononcèrent  contre  Czemi-Geor^ 
(voy,  Georges);  il  mourut  en  1810.  Milosch 
hérita  d'une  partie  de  son  autorité,  et  fit  comme 
lui  de  l'opposition  à  Georges,  mais  d'abord  sans 
résultat;  il  n'acquit  une  grande  importance  que 
lorsque  la  Servie,  réduite  par  le  départ  des  Russes 
à  lutter  seule  contre  tontes  les  forces  de  la  Tur- 
quie, succomba  momentanément.  Dans  ces  tristes 
circonstances  tous  les  principaux  chefs  serviens, 
suivant  l'exemple  de  Czemi-Georges,  se  réfugiè- 
rent en  Autriche  (1813).  Milo.sch  seul  eut  le  cou- 
rage et  l'habileté  de  rester.  11  se  retira,  avec 
quelques  milliers  de  soldats,  dans  les  districts 
placés  sous  ses  ordres,  et  là  il  négocia  avec  les 
Turcs,  eml>arrassés  de  gouverner  leur  nouvelle 
conquête,  et  disposés  à  confier  aux  chrétiens 
les  soins  de  l'administration.  Pour  prix  de  sa 
soumission,  il  obtint  le  titre  de  grand  knièse  des 
districts  de  Roudnik,  Poschéga,  Kragonjevalz. 
Une  réaction  humiliante  et  sanguinaire  suivit  la 
reprise  de  possession  de  la  Servie  par  les  Turcs. 
Les  habitants,  exaspérés,  tentèrent  un  soulève- 
ment en  1814.  Loin  d'y  prendre  part,  Miloecii 
contrilNia  à  le  réprimer.  Les  Turcs  ne  lui  su- 
rent aucun  gré  de  sa  prudence>  et  pensèrent 
qu'il  était  temps  de  se  défaire  de  ce  chef  influent, 
qui  pouvait  devenir  dangereux.  Milosch  s'était 
ménagé  des  amis  parmi  les  Ottomans.  Prévenu 
du  danger  qui  le  menaçait,  il  quitta  Belgrade,  et 
se  rendit  à  Roudnik,  où  s'étaient  réfugiés  les 
Serviens  les  plus  énergiques.  Le  jour  âeê  Ra- 
meaux 1815,  dans  l'église  de  Takovo,  il  prodama 
la  guerre  sainte,  et  commença  immédiatement 
la  lutte.  Audacieux  et  rusé,  souvent  terrible, 
humain  lorsqu'il  le  fallait,  ne  ménageant  pas  les 
Turcs  sur  le  champ  de  bataille,  mais  les  épar- 
gnant après  le  combat,  il  défit  l'ennemi^ à  Po- 
lescb,  à  Lioubitch,  à  Pojaveratz,  et  dâirra  'ttmt 
le  pays,  à  l'exception  des  places  fortes.  Il  restait 
encore  beaucoup  à  faire.  Les  Serviens,  menacés 
d'uncôté  par  l'armée  de  Rouroéliesous  les  ordres 
de-Maraschli-Ali,  de  l'autre  par  l'armée  de  Bos- 
nie que  commandait  Kourchid-Pacba,  auraient 
probablement  succombé  si  de  part  et  d'autre 
on  n'eût  préféré  un  accommodement  à  une 
guerre  d'extermination.  11  fut  convenu  entre 
Maraschll  Ali  et  Milosch  que  les  TUrcs  garde- 
raient les  forteresses  et  auraient  la  souveraioelé 
du  pays,  et  que  les  Serviens  garderaient  leurs 
armes  et  auraient  le  droit  de  s'administrer  eux- 


409 


OBRENOVrrCH 


410 


mêmes.  Les  koièses  réanis  h  Belgrade  formaient 
uo  haut  conseil  qui  servait  d'intermédiaire  entre 
le  pacha  et  les  Serviens.  Milosch,  comme  grand 
knièse,  ayait  la  principale  autorité  dans  ce  con- 
seil et  de  plus  il  s'était  ménagé  Tappui  du  pacha  ; 
aussi  parrint-il  i  se  débarrasser  des  opposants, 
entre  autres  de  Peter-Moler,  qui  fut  mis  à  mort. 
On  lui  attribua  aussi  le  meurtre  de  Tévéque  Nich- 
scfaicfa  (juin  1816  ),  comme  on  avait  attribué  à 
Czemt-Georges  la  fin  prématurée  de  Milan  ;  mais 
cette  imputation  parait  fausse.  Il  n'est  pas  aussi 
(acile  de  l'absoudre  de  la  part,  trop  réelle,  qu'il 
prit  à  l'assassinat  de  Czemi  Georges.  Cet  ancien 
liospodar  de  Servie,  associé  an  grand  projet  d'tn* 
surrection  tramé  par  Thétairie  grecque,  était  ren- 
tré secrètement  dans  son  pays  pour  concourir 
à  l'insurrection  générale.  L'ami  chez  lequel  il  se 
cachait,  Voultza,  annonça  son  arrivée  à  Milosch, 
qui  s'empressa  d'en  faire  part  au  pacha.  Celui-ci 
lui  fit  ladlement  comprendre  qu'il  aurait  tort  de 
s'aliéner  les  Turcs  pour  se  donner  un  rival  re= 
doutable.  Milosch  envoya  à  Youitza  Tordre  de 
faire  tuer  Czerni-Georges  (juillet  1817).  Débar- 
rassé de  ceux  qui  lui  faisaient  obsiacle,  Milosch 
se  fit  proclamer  knièse  suprême  (novembre 
1817 },  et  poursuivit  avec  un  singulier  mélange 
d'audace  et  de  ruse,  de  ténacité  et  de  flexibilité, 
l'émancipation  de  la  Servie.  La  Porte  Ottomane, 
qui  voyait  la  révolte  s'étendre  dans  toutes  les 
provinces  européennes  de  l'empire,  se  laissa  ar- 
racher concession  après  concession  ;  enfin ,  en 
182C,  sur  la  demande  de  la  Russie,  elle  reconnut 
rantODomie  de  la  Servie,  sons  la  suzeraineté  de 
ia  Turquie.  Pour  que  cette  promesse  devint  une 
réalité,  il  fallut  les  campagnes  victorieuses  des 
Russes  sur  le  Danube  et  en  Bulgarie.  Le  hrman 
du  30  septembre  1829  et  le  hatti-schérif  du  mois 
d'aoAt  1830  réglèrent  les  rapports  de  la  puis- 
sance vassale  et  de  la  puissance  suzeraine.  Les 
Serviens  durent  payer  un  tribut  annuel  et  souf- 
frir une  garnison  turque  dans  la  forteresse  de 
Belgrade  ;  mais  ils  eurent  du  reste  le  droit  de  se 
gonvenier  comme  ils  l'entendraient.  Trois  ans 
pias  tard  le  règlement  définitif  des  frontières  se 
fit,  au  grand  avantage  des  Serviens,  qui  y  ga- 
gnèrent une  extension  de  fh>ntières  considérable. 
Milosch  fut  confirmé  dans  sa  dignité  de  grand 
fcnlèse,  ou  prince,  qui  à  sa  mort  devait  être  trans- 
uûse  à  son  fils  aîné,  puis  à  son  petit-fils.  L'hé- 
rédité était  ainsi  concédée  en  fait  ;  mais  la  Porte 
ne  l'accorda  jamais  formellement  enr  principe. 
Milosch  a'oocupa  avec  activité  et  intelligence  de 
rorgpnisatîon  de  sa  principauté;  il  fit  compiler 
«a  code  de  lois  fondé  en  partie  sur  le  code  Na- 
poléoo,  et  surtout  il  mit  de  l'ordre  dans  Tad-^ 
ministration.  Malheureusement  il  mêla  à  des 
actes  fermes  et  sensés  beaucoup  de  mesures  ar- 
bitraires. «  Il  s^emparait ,  dit  un  historien ,  de 
tout  ce  qui  était  à  sa  convenance,  terres,  mai- 
sons, moulins,  et  il  fixait  lui-même  le  prix  qu'il 
eo  donnait.  Un  jour  il  fit  brûler  un  des  faubourgs 
de  Belgrade  parce  qu'il  avait  Tintention  d'élever 


dans  ce  quartier  de  nouvelles  constructions.  H 
continua  d'exiger  du  peuple  des  services  qui 
étaient  de  véritables  corvées.  Les  paysans  d'Ou- 
jitza  étaient  tenus  de  se  rendre  à  Krajoujévatz 
pour  l'aider  à  faire  ses  foins  ;  et  plus  d'une  fois 
les  marchands  de  Belgrade  durent  fermer  leurs 
boutiques  pour  venir  aider  à  rentrer  les  foins  du 
knièse.  Les  habitants  logeaient  et  nourrissaient 
les  soldats  sans  avoir  droit  à  aucune  indem- 
nité... Milosch  ne  reculait  devant  aucun  moyen 
pour  s'assurer  le  monopole  du  commerce  le  plus 
lucratif,  celui  qui  avait  fait  la  fortune  de  Czemi- 
Georges  et  des  personnages  les  plus  considérables 
du  pays.  Il  fit  enclore  les  forêts  où  paissaient 
ses  troupeaux  de  porcs,  tandis  qu'autrefois  elles 
étaient  ouvertes  à  la  commune  pâture.  Il  rendit 
un  décret  plus  vexatoire  encore  :  les  transac- 
tions à  terme  furent  interdites,  et  comme  il  était 
le  plus  riche  capitaliste  de  la  Servie,  on  crut 
que  cette  mesure  avait  pour  but  de  mettre  dans 
ses  mains  tous  les  intérêts  du  commerce,  en 
empêchant  les  associations,  qui  ne  peuvent  se 
soutenir  que  par  le  crédit.  Investi  de  l'autorité 
par  un  bérat  du  sultan,  il  parut  croire  qu'il 
était,  au  même  titre  que  le  Grand  Seigneur,  maî- 
tre du  sol,  du  peuple  et  de  tout  ce  que  ces  su- 
jets pouvaient  posséder.  »  Malgré  d'aussi  graves 
abus,  l'administration  de  Miloscli  fut  en  somme 
un  véritable  progrès  sur  l'état  antérieur  *,  mais 
il  n'est  pas  étonnant  qu'elle  ait  excité  beaucoup 
de  mécontentement,  en  partie  fondé  et  en  partie 
injuste.  Une  conspiration  où  entrèrent  les  prin- 
cipaux diefs  serriens,  Milosaf,  Mileta,  Avram 
Pétroniévitch ,  Stoian  Simitcli,  Youtschitcli ,  se 
forma  au  mois  de  janvier  1835;  elle  échoua  de- 
vant l'indifférence  publique  et  devant  la  fermeté 
de  Milosch,  qui  ne  punit  pas  les  conjurés  et  fit 
droit  è  leurs  griefs  dans  une  certaine  mesure. 
Le  discours  qu'il  prononça  à  la  skuptchina,  ou 
assemblée,  le  2  février  suivant,  atteste  une  rare 
hitelligence  politique  et  contient  la  promesse  de 
réformes  appropriées  aux  mceurs  et  è  la  condi- 
tion iiolitique  des  Serviens.  Milosch  fit  dans  Tété 
de  la  même  année  un  voyage  à  Constantinople, 
et  en  distribuant  libéralement  de  l'argent  entre 
les  membres  du  divan,  il  obtint  ia  confirmation 
de  son  autorité.  Cependant  la  Porte  lui  était  con- 
traire au  fond,  parce  qu'elle  craignait  qu'il  ne  se 
fit  le  centre  d'une  confédération  des  Slaves  du 
Danube  contre  l'Empire  Ottoman,  et  elle  prêtait 
sous  main  appui  aux  mécontents.  Ceux-ci ,  qui 
avaient  pour  chef  un  liomme  aussi  intelligent 
qu'énergique,  Voutschîlch,  firent  parvenir  leurs 
plaintes  à  Constantinople,  et  obtinrent  que  le 
(irman  qui  confirmait  le  pouvoir  de  Miloscli  y 
apportât  en  même  temps  de  sévères  limites.  Le 
luktti-scliérif  du  24  décembre  1838,  en  maintenant 
la  dignité  princière  dans  la  famille  Obrénovitch^ 
plaça  le  prince  sous  le  contrêle  d'un  conseil 
formé  de  dix-sept  membres,  établit  l'indépen- 
dance du  pouvoir  judiciaire  et  garantit  la  liberté 
des  persoDnes  et  la  sécurité  des  propriétés.  Il 


411 

est  remarquable  qoe  la  Turquie  et  la  Russie 
s'enteodireiit  pour  donner  aiix  Servieas  cette 
confititution  libérale,  taudis  que  TAngleterre  et 
la  Fraoce  aaraieut  préféré  qu'on  laissai  à  Mtlosch 
une  autorité  plus  forte.  Lesmécootent»,  anxqueki 
s'étaitjoint  Epbr«»mOtirénovitch,  frère  du  prince, 
l'eiupoitèrent,  et  armés  du  batti-sehérif  réduisi- 
rent  à  une  véritable  nuUilé  Miloscb,  qui  se  retin 
à  Semlin.  Il  comptait  que  son  absence  excite- 
rait des  trouble*  et  que  pour  les  apaiser  on  se- 
laift  forcé  de  le  rappeler.  Une  insurrection  éclata 
en  eiliet,  et  Miioscli,  n'attendant  paa  qu'on  le 
rappelât,  revint  offrir  ses  serrices  ;  mais  les  mé- 
cocÂents  Taocueittirent  avec  défiance  et  colère. 
Voutscbitek  se  fit  déléguer  le  commandement 
nilitaivf,  marcha  eonire  les  insurgés,  les  dis- 
persa^et,  revenant  victorieux  à  Belgrade»  d'accord 
avec  le  conseil,  il  signifia  à  Mtlosch  que  la  nation 
ne  le  reconnaissait  plus  pour  chef.  Miloscb  ne 
résista  pas,  et  le  12  juin  1839  il  déclara  au  con- 
seil et^  rassemblée  du  peuple  qu'il  résignait  sa 
charge  en  faveur  de  Milan,  son  fiU  atoé.  Le  ien- 
demain  il  abdiqua  officiellement^  et  le  16  juin, 
entouré  du  haut  clergé,  des  sénateurs  et  des 
principaux  employés,  il  prit  solennellemeut  congé 
de  la  nation  serbe.  Il  s*embarquasur  le  Danube, 
et  se  rendit  dans  une  de  ses  terres  eA  Valaehie 
avec  son  jeune  fils  Michel.  Sa  femme,  la  prin- 
cesse Lioubitia,  resta  avec  le  prince  Milan.  L'ab- 
dication de  Milosch  ne  mit  pas  tin  aux  troubles 
de  la  Servie,  et  laissa  ce  pays  sans  chef  su- 
prême; car  Milan  était  par  sa  faible  santé  hois 
d'état  d'occuper  le  pouvoir.  «  Jamais,  dit  Ranke, 
il  n'exerça  la  dignité  de  prince;  on  crut  même 
par  ménagement  devoir  Jui  laisser  ignorer  l'ex- 
pulsion de  son  père  :  on  se  contenta  de  lui  dire 
qne  Mitosch,  se  voyant  obligé  de  fii|re  un  voyage 
hors  du  pays,  l'avait  chargé  de  le  représenter 
pendant  son  absence.  Toutes  les  marques  de 
déférence  et  d'honneur  qu'on  loi  donnait,  û.  les 
interprétait  comme  s'adressent  an  lieutenant  de 
son  père,  et  il  expira  le  8  juillet»  sans  savoir  qn'il 
était  prince  de  Servie.  »  Sa  mort  laissait  le 
champ  libre  anx  prétendants.  VouL<ichitcb,  Pé- 
tronlévitch  et  Ephrem  pouvaient  se  croire  cha- 
cun des  droits  au  pouvoir  suprême;  mais  leurs 
prétentions  rivales  se  seraient  neulraliaée'^et  ils 
y  renoncèrent  sagement  en  finveur  de  Michel 
Ohrénovitch  qui  se  trouvait  akirs  près  de  son 
père,  dans  le  domaine  de  Miloschia-Pogana,  en 
Valaehie.  Milosch  vit  avec  peine  ton  fils  occuper 
une  position  qu'il  regardait  comme  lui  apparte- 
nant à  lu^roême,  et  par  ses  intrigues  il  contribua 
singulièrement  Ji  rendre  difficile  le  court  règne 
de  MiclieL  Son  esprit  hardi  dépassait  même  de 
beaucoup  ks  limites  de  la  Servie;  et  embrassait 
l'espoir  de  l'émancipatiott  de  tous  les  peuples 
chrétiens  de  l'empire  turc;  il  méditait  nne  ré* 
voUe  générale  des  peuples  roumain»,  slaves, 
bul^ea^  révolte  dont  il  aurait  été  un  des  chefs, 
peut-être  même  le  chef  principal,  et  dans  U- 
qpfêUe  il  n'aurait  pas  craint  d'engiigee  ses  im- 


OBlÉNOyiTOEI 


4» 

menses  richesses.  La  crise  de  1840  le  pesnt  b- 
vorable  è  la  réalisation  de  ce  profet  grandiose, 
dont  le  consul  de  France  è  BnWest  reçut  ron^ 
fidence;  mais  cette  crise  alroulit  au  triomphe 
diplomatique  des  qoatres  puissances  qui  garan- 
tissaient l'intégrité  de  la  Torqnie;  il  fhllut  re- 
mettre à  on  autre  temps  le  projet  d'afRrancbir 
les  chrétiens  de  la  donmiation  ottomane.  Le  di- 
van n'ignora  pas  les  projets  du  chef  de  la  famîDe 
Ohrénovitch ,  et  favorisa  les  ennemis  du  prince 
Michel,  qui  fut  renversé  en  août  1842.  Alexandre- 
Kangeorgevitcb,  fils  de  Ciemi^Georges,  lui  soc- 
céda,  et  régoa  plus  de  seiee  ans  ;  sa  politique  noo- 
dérée,  mais  sans  initiative,  sans  énergie  et  trop 
assujettie  à  la  Turqme  et  à  l'Autriche,  finit  par 
soulever  le  pays.  La  skuptchina,  nénaie  le  12  dé- 
cembre 18&8,  réclama  le  23  l'aMfcati—  d'A- 
lexandre, et  sur  son  refus  ciie  proclama  a  dé- 
chéance le  23,  et  par  le  même  acte  elle  rappela 
an  pouvoir  Milosch,  en  déclarant  que  In  dignité 
deprinœ  serait  héréditaire  dans  la  famille  Ohré- 
novitch. Le  2  janvier  Alexandre  signa  son  aii- 
dtcation,  et  quitta  la  Servie.  Milosch,  avant  de 
partir  de  Bokarest  pour  aller  prendre  posseaoon 
du  pouvoir,  fil  demander  llnvestîture  à  Céna- 
tantinople.  Le  divan,  qui  voyait  dans  cette  ré- 
volution une  menace  contrôla  Turquie,  ne  s'em- 
pressa pas  de  reconnaître  lenan  vean  prince  ;  mais 
la  ferme  attitude  de  la  population  serlie  et  les 
présents  considérables  du  vieux  kntèse  trlooi- 
phèrentdes  scnipulea  des  mimstres  ottomann. 
Milosch  fit  son  entrée  daas  Belgrade,  le  6  (éTrin* 
1859,  et  le  9  Sévfies  le  comniissiira  ottnman 
Kaboiili-Elfeudi  bn  remit  le  bérat  dlnvesftiÉnre, 
qui  ne  faisait  pas  mentasa  de  l'hârédilé;  ceqni 
donna  lien  à  une  protestation  très-vive  de  la 
sknptchina.  Milosch  prit  le  U  février  le  titre  de 
Milosch  ObrétHwUth  /«-,  et  le  12  il  ajoanM 
TaseemUée;  lorsqu'ette  se  réunit  denonteao^  le 
22  asplembre  iSi»,  ïï  lui  présflita  pinsiean  lois 
libérales  et  bien  eonçves,  celle  entre  antres 
d'après  laquelle  tous  lea  cûojcns  servko»  osa 
distinction  de  religionel  de  nationalité  poo'vamst 
faire  toua  les  genres  de  commerce  et  se  livrer  à 
toutes  les  iadustries.  Resté  fidèle  à  sa  haine 
contre  les  Turks  et  à  ses  projets  d'émaBdpatioB, 
il  entra  en  rapport  aven  les  Msatéoégriaa,  ét- 
frit  un  asile  aux  mécontents  de  k  Bosnie  «t  de 
la  Bulgarie,  et  dans  la  prévision  d'œ  lotte  pn>- 
diaine,  s'occupa  activement  de  révgnniser  l'ar- 
mée et  à  mettre  sur  on  bon  pM  de  défeme  les 
forteresses  de  la  Servie.  Ce  fut  au  milieu  de  sea 
préparatifs  belliqueux  qnil  mourut,  à  VÈ^  de 
quatre-vingts  ans,  laissant  le  tréne  à  son  fils 
Michel.  U  avait  eu  de  sn  femme  la  princesse 
Lioubitza,  ou  Louise  (née  en  1788),  qu'il  avait 
épousée  en  1817  et  qui  mournt  le  14  mai  1843, 
deux  fittea,  qui  fm^nt  mariées  à  de  riches  parti- 
entiers,  et  deux  fils,  Milan,  né  le  12  octobre  1819, 
mort  le  26  juin  1839,  et  Michel,  qui,  après  avoir 
succédé  à  son  frète,  en  1839,  a  soccédé  àsoa 
père,  en  1880.  L.  J. 


413  OBBtJHOVrrCH 

FMsart«  Dm$  Itbm  éêt  FltnUn  MUoieh  uud  MtiM 
Kriege;  Sluttgard,  1836,  In  i«.  —  Raokc,  I>i«  «er&iicAe 
iNvotetton.  —  C.Tprlfn  ftobert,  i^sStaws  de  ta  Turquie. 
—  A.  fioaé,  £a  Tmnimta  4*£«r*fw.  —  Cbopin,  Pnminem 
tfAMiMRNMtf «  daaa  A'C7iiéiwr«  piUoresqm. 

ÎMWÉSOViTOi  (Mieàel),  princa  de  Servie, 
fiJs  du  pffécédeal,  aé  le  4  septembre  1823.  11 
leçut  WÊMà  édueafion  asseï  soifÇDée,  et  il  était  sur 
le  point  de  partir  pour  on  wiyage  dans  l'Eu- 
m{ie  oœidenlaie  (oraque  éclata  la  révol«tkNi  qvi 
rcBvena  llikMch.  Il  partagea  d'abord  Texil  de 
aoQ  pèm  em  VaUcbies»  et  par  suite  de  la  mort  de 
llliiia,  il  fiit  appelé  la.  même  amiëe,  metgré  «on 
extrême  ienneese,  àgouveraer  la  Servie.  H  alla  à 
GoaatantiBûpit  prenére  rioveatittire  et  reçut  en 
même  tempe  le  titre  de  mcuschir.  Cette  fevear 
■'avait  rie»  de  réel.  Michel ,  comme  51»  de  Mi- 
loceb  Obrénavitcb,  resta  suspect  an  divan,  qui 
«sa  de  tonte  son  influence  peur  maiBleiiir  Tau- 
torité  entre  le»  mains  de  œux  qni  «valent  ren- 
versé BlHoseli.  Cette  intervention  de  la  Turquie 
froisea  le  sentiment  national  et  provoqua  une 
réaction  en  fiivetir  des  Obrénovitch.  MIcbel  en 
profita  posr  se  débarrasser  de  I»  tutelle  gê- 
nante de  Totttsdûieh  et  de  Pétroniéviich,  qui  fu- 
rent forcés  de  se  retirer  d'abord  dans  la  Torte- 
reise  tarque  de  Belgrade,  puis  k  Ceestantinople. 
La  réaetMMa  devint  bicntêt  menaçante  pour  le 
prîace  Miebel  ;  car  tout  un  parti  demandait  le 
rappel  de  Hilosch.  Dans  ime  situation  aussi  em-  | 
barrasaante,  le  prince  montra  de  bonnes  inten* 
tiens  et  prit  même  quelques  bonnes  mesores 
pour  répandre  lln&troction  parmi  ses  sujets. 
Mais  le»  Servions  étaient  peu  touchés  de  Téta-  | 
blissement  des  écoles  et  beaucoup  plus  sensibles  | 
k  l'augmentetion  des  impôts.  Le  nombre  de^  , 
mécontents   s'accrut  de  plus  en  plus.  Le  re- 
Umr  de  Tontsebiteli  précipita  la  crise.  Ce  hardi  , 
dMf  servien  rassemMa  une  troupe  de  roécon-  i 
tents,  et  dédara  qu'il  prenait  les  armes  pour 
rcnveveer  le  minrsière  du  prinoe  Michel.  Le  jeune  , 
prince,  nssembhint  à  la  hâte  unedîzaine  de  mille  i 
hommes,  marcha  contre  les  insurgés,  qui  n*é*  ' 
taient  pas  pkis  de  deux  mille  (20  août  1843);  \ 
ma»  ses  soldats  ne  montrèrent  aucune  disposi- 
tien  à  combattre ,  et  se  débandèrent  au  premier 
coDp  de  canon  parti  du  camp  dé  Youtschitch. 
Michel  n'eseaya  pas  de  prolonger  la  lotte,  et  le  27 
aoAf  il  se  réfugia  h  Semlim  en  Autriche.  Depuis 
cette  époque  le  prinoe  Michel,  dans  ses  voyages 
et  dans  ses  séjours  à  Vienne,  à  Berlin,  à  Paris, 
pnmt  phis  occupé  de  littérature  et  de  philoso- 
phie que  de  politique  ;  cependant  il  ne  resta  pas 
étranger  anx  affaires  intérieures  de  la  Servie,  où 
nu  |»arti  puissant  faisait  des  vœux  pour  les  Obré- 
no^iteh.  Ce  parti  l'emporta  en  décembre  1858,  { 
cl  Michel  rentra  en  Servie  avec  son  père,  en  fé- 
vrier i8à9. 1)  lui  succéda  l'année  suivante.  Les  \ 
quelques  mois  qui  se  sont  écoulés  depuis  son 
second  avènement  au  trône  n'ont  pas  été  mar-  ! 
qnés  par  des  événements  importants.  Le  prince  , 
Midiel  a  persisté  dans  la  politique  anti-otto-  : 
mane  <le  son  père,  et  on  peut  regarder  la  restau-  1 


—  OBSEQUENS  414 

ration  des  C>l)réBovitch  comme  un  dies  nombreux 
dangers  qui  menacent  l'empire  turc.      L.  J. 

A.  Boué.  iM  TUrquit  drBur^ê.  —  BImi^,  Fùyage  en 
BulforU.  ~Raahe«  Die  stràlmke  Retotutien. --  An- 
nvuire  des  Deux  JUande*  p«ur  Ifs  anoéca  1889, 1860.  — 
jinnuaire  ene^clopidiqne ,  18C9. 1880. 

OBRBSKOF  ( Alexis- Mifthailovitch) ,  diplo- 
mate russe,  né  en  1719,  mort  à  Saint-Péters- 
bourg, en  1787.  Il  est  connu  par  la  captivité  que 
lui  fit  subir,  contre  tout  droit  des  gens,  la  Su- 
blime Porte,  près  de  laquelle  il  était  accrédité, 
lorsque,  influencée  par  le  cabinet  de  Versailles,, 
elle  déclara  la  guerre,  en  1768,  à  Catherine  II. 
Jeté  dans  le  château  des  Sept-Tours,  puis  traîné 
à  la  suite  de  l'armée  turque  durant  toute  la  cam- 
pagne ,  il  fut  étroitement  enfermé  dans  un  fort 
près  d'ÂndrinopIe.  L'impératrice  le  récompensa 
généreusement  de  la  fermeté  de  caractère  qu'il  y 
soutint  en  refusant  la  paix  que  les  Turcs  lui  pro- 
posaient assez  puérilement  de  signer  dans  sa 
prison,  et  le  chargea  de  représenter  la  Russie 
aux  congrès  de  Foksdiang  (1772)  et  de  Bukha- 
rest  (1773).  Nommé  sénateur  en  1779,  il  mou- 
rut conseiller  privé,  après  avoir  rendu  plus  d'un 
service  an  cabinet  russe  par  la  connaissance  des 
affaires  d'Orient  qu^un  séjour  de  trente  ans  À  Cons- 
tantinople  lui  avait  acquise.  A.  G. 

Zapisfcl  Porochlaa ,  Mémoires  de  Poroehln.  —  Castrra, 
rie  de  Catherine  II.  -  Die  Rtusisehe  irto  eniek  TUr- 
kàacàe  Staats-^nnd  KriêfsgescMehUt  ;  KraDcffirt,  1778.  — 
Graztonl.  Observationi  sopra  ie  patsate  eampai/ne  nUiU. 
delta  présent,  guerra  tra  Bus$i  et  Ottotnant;  Venczla, 
17TS.  —  MQDch,  Heerstûoe  des  chritttiehea  Eur^pas 
fftçen  die  Osmaueni  tBtl. 

OBRizics  (ir^AerOy  poëte  latin  moderne, 
né  vers  1520,  à  Hermaiiville,  village  de  l'Aitois, 
mort  le  31  octobre  1&S4,  à  Arras.  Il  fut  d'ahord 
curé  de  la  paroisse  de  la  Madeleine  à  Arras, 
pttis  chanoine  de  l'église  catliéirale  de  cette 
ville.  Il  a  laissé  des  ourrages  de  piété,  des  ser- 
mons et  des  poésies  latines.  Il  composa  lui- 
même  sob  épitaphe,  qui  commence  par  ce  dis- 
tique d'un  style  peu  élégant  : 

Bit  phis  aex  fistiis  protrait  sapin»  afirran 
Corpore  lo  alTccto  per  mite  maica  anlaïam. 

Ses  principaux  écrits-  sont  :  Eidillia  sacra  in 
utrumque  Tesiamentum  in  XI i  lib.  ;  Douai, 
1587,  in-8*,  avec  l'éloge  de  l'anteur  par  Fran- 
çois Mosch;  —  De  Atrebatensis  urbis  libéra-- 
Hone  a  sectariorum  factiosorum  oppressions 
anno  1578;  Anvers,  1590,  în-4»j  —  Ccemete- 
ritim;  Arras,  1592,  itt-40,  recueil  d'épitaphes 
des  personnages  illustres  de  l'Artois;  —  sept 
fivres  d'hymnes  et  deux  livres  &Épitres,  en 
latin.  F.  L. 

vâlère  André,  Btbliot».  belgiea. 

OBSEQUCifS  (Julitts),  antenr  d'un  traité 
Snr  les  Prodiges  (  De  Prodigiis  ou  Prodigio- 
rtmi  libeltus),  vivait  à  une  époque  incertaine. 
De  Tauteur  personnellement  on  ne  sait  absolu- 
ment rien,  ni  son  pays,  ni  son  époque.  Aucun 
écrivain  ancien  ne  le  mentionne,  et  rien  dans 
son  oeuvre  ne  peut  donner  Heu  à  des  inductions 
biographiqnes.  Le  style,  généralement  pur,  n'ap- 


415  OBSEQUENS 

I»arlieDt  certainement  |»as  au  sièded'Auguste.  Vo&- 
sius  suppose  que  Julius  Obsequens  vivait  avant 
Paul  Orose,  et  Scaliger  pense  que  saint  Jérôme 
<  vers  380)  lui  a  fait  un  emprunt;  ce  ne  sont  là 
que  des  conjectures.  Obsequens  n'est  pas  un  his- 
torien, mais  un  compilateur.  Le  livre  qui  porte 
son  nom,  et  dont  il  ne  reste  qu'im  fragment,  est 
un  recueil  de  ces  phénomènes  que  les  Romains 
désignaient  sous  le  nom  de  Prodiyia  ou  OS' 
tentOf  et  quils  regardaient  comme  des  mani- 
festations miraculeuses  du  pouvoir  divin  et  comme 
des  présages  solennels  des  événements  futurs. 
Le  fragment  qui  nous  reste  est  distribué  (comme 
Tétait  tout  Touvrage)  par  ordre  chronologique, 
et  s'étend  depuis  le  consulat  de  Scipion  et  Lœlius, 
en  190  avant  J.C.,  jusqu'au  consulat  de  Fabius 
et  iElius ,  en  11.  L'auteur  a  généralement  em- 
prunté ses  matériaux  à  Tite>Live,  qu'il  copie 
même  quelquefois  textuellement;  dans  les  pas- 
sages où  le  texte  du  De  Prodigiis  s*éloigne  de 
l'historien  romain,  il  y  a  lieu  de  supposer  des 
interpolations  ou  des  fautes  de  copistes.  Il 
n'existe  plus  aucun  manuscrit  d'Obsequens;  ce- 
lui qui  servit  à  la  première  édition  appartenait  à 
Jodocus  de  Vérone;  il  a  disparu  depuis  long- 
temps» et  on  n'en  a  pas  découvert  de  nouveau. 
Vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  Conrad  ViToolf- 
hard,  professeur  à  BAle,  plus  connu  sous  le 
nom  de  Conradus  Lyoosthènes,  publia  le  traité 
d'Obsequens  avec  des  suppléments.  Son  but,  si 
l'on  s*en  rapporte  è  sa  préface,  était  des  plus  éle- 
vés. «  Les  Romains,  dit-il,  attestaient  leurs  sen- 
timents religieux  par  la  grande  attention  qu'ils 
donnaient  aux  phénomènes  merveilleux  et  aux 
présages,  tandis  que  leur  aveuglement  se  mani- 
festait dans  leur  culte  des  fausses  divinités;  s'ils 
avaient  connu  la  vraie  religion ,  ils  auraient  sur- 
passé en  zèle  pienx  leurs  descendants  qui  sont 
chrétiens  de  nom  plutôt  que  de  fait  et  ne  tien- 
nent pas  compte  des  événements  prédits  par 
Jésus-Christ  comme  devant  arriver  à  l'approche 
de  la  fin  du  monde.  »  Parmi  les  présages  qui  se 
sont  récemment  manifestés,  Lycostliènes  men- 
tionne trois  ou  quatre  éclipses  arrivées  dans  une 
année,  des  étoiles  chevelues  (comètes),  des 
météores  enflammés,  des  tremblements  de  terre 
en  Italie,  tous  signes  redoutables,  qui  n'ont  fait 
aucune  impression  sur  les  gens  du  siècle,  tant 
est  grande  l'impiété  à  laquelle  les  hommes  sont 
arrivés.  Les  Cbnséquencesde  ce  mépris  sont  des 
erreurs  pernicieuses ,  un  horrible  aveuglement, 
des  blasphèmes  obstinés;  et  la  vengeance  divine 
s'est  manifestée  par  des  guerres  civiles,  des  ma- 
ladies étranges  et  la  famine.  Lycostliènes  pensa 
qu'une  édition  de  Julius  Obsequens  convenait 
dans  de  pareilles  circonstances,  qu'elle  montre- 
rait que  des  signes  effrayants  annonçaient  tou- 
jours du  malhem  aux  hommes,  et  qu'elle  don- 
nerait ainsi  un  avertissement  salutaire.  11  re- 
cueillit comme  supplément,  dans  Tite-Live, 
Donys  d'Halicamasse,  Eutrope,  Orose,  les  pro- 
diges mentionnés  depuis  la  fondation  de  Rome 


—  OBSOPi£US 


416 


jusqu'à  la  date  où  commence  le  fragment  d*Ob- 
sequens,  et  en  même  temps  il  fit  d'après  les 
mêmes  sources  des  additions  au  texte  du  com- 
pilateur romain.  Depuis  l'édition  de  Lyoosthènes 
I  original  et  le  supplément  ont  été  ordinairement 
imprimés  ensemble,  et  il  faut  avoir  soin  de  dis- 
tinguer ces  deux  portions,  qui  n'ont  pas  une  égale 
autorité.  L'édition  prineeps  de  Julius  Obse- 
quens fut  publiée  par  Aide;  Venise,  1508,  in-S" 
(réimprimée  en  1518  ),  dans  un  volume  qui  con- 
tenait aussi  les  Lettres  de  Pline  le  jeune;  la 
seconde  édition  est  celle  de  Beatus  Rhenanus, 
Strasbourg,  1514,  in-8^,  dans  un  volume  qui 
contient  aussi  les  Lettres  de  Pline^  le  De  viris 
Ulustribus  d^Aurelius  Victor,  et  le  Z>e  ctarts 
grammaticis  et  rhetoribus  de  Suétone;  Robert 
Estienne  donna  la  troisième,  Paris,  1529,  in-ff*, 
avec  les  Lettres  de  Pline.  La  première  édition 
avec  les  suppléments  de  Lycostliènes  parui  à 
Bàle,  1558,  in-8°.  Parmi  les  éditions  suivantes, 
les  meilleures  sont  celles  de  Scheffer,  Amster- 
dam, 1679,  in-8°;  d'Oudendorp,  Leyde,  1720, 
in-8'';  de  Hase,  à  la  suite  de  Val^e  Maxime 
(  dans  la  collection  des  cljissiques  latins  de  Le- 
maire),  Paris,  1823,  et  contenant  les  commen- 
taires de  Scheffer  et  d'Oudendorp.  Comme  de- 
puis Aide  aucun  éditeur  n'a  eu  de  manuscrit  à 
sa  disposition,  les  changements  introduits  dans 
le  texte  sont  de  simples  conjectures.  Le  traité  de 
Julius  Obsequens  a  été  traduit  en  français  par 
Georges  de  la  Bouthière;  Lyon,  1558,  ln-8**,  et 
par  Victor  Verger,  Paris,  1825,  in- 12,  et  en 
italien  parDamiano  Maraffi,  Lione,  1554,  in-8*. 

L.  J. 

Pr^ace»  de  Kapp,  de  Lycoftthènrs,  de  Scheffer,  d'Ou- 
dendorp. en  tète  de  TédUlon  de  M.  Hase. 

OBSOPJSUS  (  Vincent)^  philologue  allemand, 
né  en  Bavière,  à  la  fin  du  quinzième  siècle,  mort 
à  Anspach,  en  1539.  Tl  était  le  fils  d'un  cuisinier. 
On  n'a  que  très-peu  de  détails  sur  sa  vie  jus- 
qu'en 1525.  En  celte  année  il  commença  à  se 
faire  connaître  par  ses  élégantes  traductions  la- 
tines de  plusieurs  écrits  allemands  de  Lutlier. 
Après  avoir  passé  quelques  années  à  Nuremberg, 
où  il  se  lia  avec  Pirckhdmer,  J.  Camerarius, 
Eobanus  Hessns,  Th.  Venatorius  et  autres  sa- 
vaiits,  il  devint  en  1529  recteur  du  gymnase 
d'Anspach.  On  a  de  lui  :  Basiliï  et  Gregorii 
Nazianzeni  Epistolx  numquam  antea  éditée; 
Haguenau,  1528,  in-8'';  —  Polybii  Hislorix; 
ib.,  1530,  in-fol.;  —  Xenophontis  Symposium 
et  Compendiosa  explicatio  in  errores  Vlyssis  ; 
ib.,  1531,  in-S"*;  —  Castigationes  in  Demos- 
thenis  orolionef;  Nuremberg,  1534;  réimprimé 
dans  rédition  de  cet  auteur  donnée  en  1547,  à 
BAle  ;  ^  ffeliodori  Historia  xthiopica,  nttm- 
quam  ante  édita;  Bàle,  1534,  in^**;  —  Ze- 
nobii  Compendium  veterum  proverbiorum  ; 
Haguenau,  1535,  in-S";  —  Diodori  Siculi  Bis- 
torix  ediUo  grxca  omnium  prima;  Bâle, 
1535  et  1540,  in-4«;  —  De  arte  bibendi';  Nu- 
remberg, 1536,  in- 4**;  facétie  réimorimêe  en 


417  OBSOPiîUS 

1690,  arec  notes  de  Wendel,  et  qni  parut  aussi 
STec  VArs  jocandi  de  Delius;  Francfort,  1578 
et  1582,  m-8'»,  et  Lcyde,  1648,  in-Iî;  —  Epi- 
frammata  in  eorruptos  civitatis  Onaldini 
nuwei;  —  Luciani  Opéra  latine;  Francfort, 
1538,  m-fol.,  et  Bâle,  1563,  in-8»;  —  Annota^ 
tïones  in  JVlibros  grœcommepigrammatum; 
Bâle,  1540,  îii-8**  ;  réimprimées  avec  les  Commen- 
taires  de  Brodœus  ;  Francfort,  1600,  in-fol.  O. 
WUI,  mmberglseJ^Ê  Gelêhrttn-Uxikon  et  le  Su^ 
pUment  te  NopItMh.  —  RoternraBd,  Sapplédieat  à  Jâ- 
tker,  —  Bneh  et  Graber»  Sneifklopâdiê. 

oBSorAUS  (Jean)t  émdit  et  médecin  islle* 
maiid.  né  à  Bretten,  le  25  juillet  1556,  mort  à 
HeidéHierg,  le  4  juin  1596.  Après  avoir  étudié 
pendant  quelques  années  au  CoUegium  sapt^n* 
tix  k  Heidelbeiig,  il  fut  obligé,  en  1 576,  de  quitter 
cet  établissement  parce  qu'il  professait  le  cal- 
vinisme. Ses  connaissances  des  langues  anciennes 
lui  procurèrent  alors  un  emploi  decorrecteur  dans 
llmpriinerie  de  Wechel  à  Francfort.  En  1579, 
il  se  rendit  è  Paris,  et  y  continua  Tétude  de  la 
philologie,  en  y  joignant  celle  de  la  médecine.  La 
liberté  de  son  langage  en  matière  de  religion  lui 
vaiol  d'être  deux  fois  incarcéré.  Après  avoir 
ensuite  visité  l'Angleterre  et  les  Pays-Bas,  il 
devint  en  158?  professeur  de  physique  et  de 
botanique  à  Heidelberg.  On  a  de  lui  :  Hippo- 
eratis  Jtujurandum,  Aphorismorum  MecUo^ 
nés  VUl,  Prognoitieaj  Prorrhetica,  et  coaea 
prxêogia  gr«ee  et  latine;  Francfort,  1587,  et 
Leyde,  1628,  in-12  ;  de  savantes  notes  accompa- 
gnent le  texte,  que  l'éditeur  a  corrigé  d'une  ma- 
nière ingénieuse,  mais  parfois  arbitraire;  — 
Sib^Uina  oraeula^  notis  Ulustraia;  Paris, 
1589»  1599  et  1607,  in-8*;  —  Oracula  me* 
trita  Jcvis,  Apollinis,  Becates^  Serapidit  et 
alionm  Deorum  et  vatum;  item  Astram- 
jutfchi  OneirocrUieon,  grâce  et  latine;  Paris, 
1599,  in- 8^;  ^  Oracula  magica  Zoroasiris, 
cum  Mcholiie  Plethonis  et  Pselli;  Paris,  1599, 
0-8*  (  sur  ces  trois  recueils  d'oracles,  réédi* 
tés  ensemble»  Amsterdam,  1689,  in-4'',  voyez 
Freytag,  Adparalu$^  t.  III).  Obsopsus,  qui 
«aussi  écrit  un  traité  De  partibus  corporis 
hwnanif  Heidelberg,  1595,  in-4'*,  a  encore 
donné  les  premières  éditions  des  Commentarii 
de  açtueduetibus  et  eoloniis  de  Froutin  (à  la 
sirile  d'une  édition  de  la  Republica  ronuma 
d'Onuphrras  Panvinus;  Paris,  1588,  in-8*),  et 
do  Ubellus  de  differeniiis  grteci  latinique 
verbi  de  Hacrobe,  Paris,  1588,  in-8*;  des  re- 
marques de  lui  sur  Sénèque  se  trouvent  dans 
J^édition  de  cet  auteur  publiée  à  Paris  en  1 602.  O. 

Adan ,  fKc  nedleomm,  ele.  -  ZeHaer»  Thêairum.  — 
Ouolepté,  DMUmnairê,  ~  Nlceion,  Mémoire»  ^ 
t.  ^XXVIl.  -  Burekhard.  Medieui  graviisimut, 

ocAMPO  (ElùTian  i>'),  choniqueur  espagnol, 
né  à  Zamora,  au  commencement  du  seizième 
si#*«le,  mort  en  1555.  Après  avoir  fait  ses  études 
ai  rimiversité  d'Atcala,  où  il  eut  pour  maître  An- 
toîoe  de  Lebrina,  il  embrassa  l'état  ecclésiastique, 
fut  pourvu  d'un  canooicat  et  obtint  le  titre  d'his- 

«OUV.   BIOCR.  OtvfH,  —  T.  IXXVItl. 


—  OCARITZ 


4(8 


toriographe  de  Charles-Quint.  Pour  remplir  ses 
fonctions,  il  entreprit  l'histoire  de  ce  prince,  malt 
il  eut  ridée  ambitieuse  de  remonter  jusqu'au  dé- 
luge. «  Comme  on  pouvait  le  prévoir,  dit  Tick- 
nor,  il  vécut  juste  assez  pour  terminer  un  petit 
fragment  d'une  si  vaste  entreprise,  à  peine  le 
quart  de  la  première  de  ses  quatre  grandes  di- 
visions; mais  il  alla  assez  loin  pour  montrer 
que  le  temps  de  pareils  écrits  était  passé.  Non 
que  la  crédulité  loi  fit  défaut,  il  n'en  avait  que 
trop;  mais  ce  n'était  pas  la  crédulité  poétique 
de  ses  prédécesseurs  se  fiant  aux  Tieilles  tradi- 
tions nationales,  c'était  une  foi  trop  facile  aux 
fastidieuses  impostures  qui  portent  les  noms  de 
Bérose  et  de  Manéthon,  œuvres  discréditées  de- 
puis un  demi- siècle  déjà,  et  qu'il  emploie  cepen- 
dant commodes  autorités,  sinon  suffisantes  du 
moins  probables,  pour  une  suite  interrompue  de 
rois  espagnols  depuis  Tubal,  petit-fils  de  Noé. 
Une  pareille  crédulité  n'aaucune  sortede  charme; 
et  en  outre  l'ouvrage  d'Ocampo  est  dans  sa  forme 
même  sec  et  ennuyeux,  et  comme  il  est  écrit  dans 
un  style  compassé  et  lourd.  Il  est  presque  impos- 
sible à  lire.  On  a  peu  à  regretter  qu'il  n'ait  con- 
duit ses  annales  d'Espagne  que  jusqu'à  l'époque 
des  Scipions.  »  La  Chronique  d'Ocarapo  (  Coro- 
nica  gênerai  de  Espana)  parut  pour  la  pre- 
mière fois  à  Zamora ,  1544,  in-fol.  ;  elle  fut  réim- 
primée à  Médina  del  Campo,  1553,  in-fol.  ;  la 
meilleure  édition  est  celle  de  Madrid,  1791, 

2  vol.  in-4*,  Z. 

yu  d^Oeampo  es  tète  de  l*édlttoa  de  iT9l.  *  Don  Jo- 
•ef  de  RegalMl  y  Ugarte,  BiblMeea  de  tôt  eicrUorn 
çue  ktm  Mo  individus  de  toi  $eis  eoteçiot  maporet, 
—  Tlcknor,  HUtorf  of  spanUk  lUeratvre,  t.  I,  p.  108. 

OCARITZ  {José,  chevalier  n'),  diplomate  es- 
pagnol, né  en  1750,  dans  la  province  de  U 
Rioxa,  mort  à  Varna,  en  1805. 11  fit  ses  éludes  à 
Madrid,  entra  fort  jeune  dans  la  carrière  diplo- 
matique, et  fut  successivement  secrétaire  d'am- 
bassade à  Turin,  secrétaire  de  légation  à  Copen- 
hague^ attaché  au  ministère  des  affaires  étran- 
gères à  Madrid,  consul  général  h  Paris  (décembre 
1788  ),  enfin  chargé  d'affaires  dans  cette  capitale 
après  le  iO  août  1792,  lorsque  Chartes  IV  eut 
rappelé  son  aml&assadeur,  dom  Thomas  Iriarte. 
Les  hostiiTtés  n'étaient  pas  commencées,  mais 
elles  étaient  imminentes.  Chartes  IV  voulait  à 
tout  prtx  sauver  son  cousin  :  le  chevalier  d'Oca- 
ri(z  déploya  le  plus  grand  zèle  pour  arriver  à  se 
résultat.  Il  écrivit  au  ministre  des  afTalres  étran- 
gères (28  décembre  1792)  une  lettre  remplie 
de  sensibilité  et  de  forts  arguments.  Il  offrait, 
si  on  laissait  à  Louis  XVI  la  liberté  de  ce  re- 
tirer dans  tel  pays  qu'il  jugerait  convenable, 
non-seulement  la  neutralité  de  l'Espagne,  mais 
sa  médiation  pour  faire  cesser  la  guerre  engagée 
contre  la  Prusse  et  l'Autriche.  Cette  note  exqja 
un  violent  tumulte;  elle  fut  renvoyée  au  comité 
diplomatique^  Ocaritz  ne  se  découragea  pas  :  le 
17  janvier  1793  il  adressa  un  nouveau  mémoire 
dans  lequel  cette  fois  il  ne  demandait  qu'un  sur- 
sis à  l'exécution  du  roi.  Les  montagnards  pré* 

14 


4)9 


OCARITZ  —  OCCAM 


420 


teDdirent  que  c*était  xm  incident  combiné  pour 
ftnre  naître  de  nouveaux  obstades.  L'ordre  do 
joar  répontnt  dédaigneusement  nux  tentatives  de 
renv«]fé  d'Espagne.  Le  7  mars  sutrant,  la  Con- 
vention dédara  la  gueire  à  Charles  lY ,  et  Oca- 
ntz  Art  quitter  la  France.  Les  Espagnols  Sabord 
victorieux  forent  bientôt  rejetés  au  ddà  des 
Pyi^ées  :  ils  sollicitèrent  la  paix.  Ce  fut  Oca- 
titt  qui  IM  chargé  en  1795  d'ouvrir  des  négocia- 
tions dans  ce  but  an  quartier- général  fonçais 
à  Tiguières.  Plusieurs  fois  rompues,  les  coîfé- 
rences  aboutirent  enfin aulraité  de  Bâle  (^2  juillet 
f795)  et  Ocaritz  reprit  à  Paris  son  anden  poste 
de  consul  général.  Il  fut  ensuite  nommé  nn- 
nistre  résident  à  Hanibouig,  ministre  plénipo- 
tentiaire à  Stockholm  (1803)  et  en  1605  ambassa- 
deur à  Constanfinople;  maïs  tl  monnrt  en  roirte. 
Sa  vBove,  foiflie-Lucrèoe  d*£stat,  obtint  de 
Louis  XVUl  une  pension  de  six  mâle  franco 
pour  récompenser  le  dévoq^ent  que  le  dieva- 
lier  dX>earitz  avait  montré  pour  Louis  XYI. 

X.  n'E— p— c. 

âtograplhle  moderne  (farin,  IBOS).  —  Woçrapkk: 
étrmagin  (farta,  ISlS).  —  A.  TMe»,  iHÉtoirede  Uté- 
voUdion  /rmçaiêe,  t,  Jll.  Ut.  XI,  p  tlO,  iiu  —  A.  de 
LamarCinr.  Hist.  des  Girondins,  t.  V,  llv.  XXX IV,  p.  80. 

occAX  00  OCKAM  {Guillaume  n*),  philo- 
sophe anglais  né  au  village  d^Ockam ,  dans  le 
comté  de  Sorrey,  mort,  suivant  Fàbricius  et  la 
plupart  des  bibliographes,  à  Munich,  le  7  avril 
1347.  On  dit  qu^il  lit  ses  études  au  collège  de  Mer- 
ton,  à  Oxford ,  et  on  ajoute  qu'ayant  fait  preuve, 
dans  sa  jeunesse,  d'^ui  rare  mécite,  il  fnt|K>arvu 
dès  Uee  de  i'archkliacoBé  deSUmilana  le  Lhi- 
coln^liire,  msùs  qoll  te  refcsa.  Plus  tard,  toute- 
fois, il  accepta  divers  autres  "bénéfices.  Cepen- 
dant la  vie  facile  d'un  bénéfidaire  ne  pouvait 
convenir  longtemps  à  cet  homme  si  bien  doué, 
dontresprit  adif,  impétueux,  aspirait  aux  grandes 
entreprises.  Ayanft  donc  abdiqné  ses  prét>endes, 
il  déposa  mëmeiniabit  séculier,  dt  se  fit  admettre 
dans  un  des  ordres  les  plus  austères.  Tordre  de 
Saint-François.  Il  y  eut,  dit-on,  Jean  Dons  Soot 
pour  maître  en  philosophie.  Sî  cela  est  exacte- 
ment rapporté  4  ce  fut  un  étfange  disciple  que 
rencontra  Jean  Duns  Scot  dans  son  confrère 
Guillaume ,  le  plus  vif,  le  plus  ferme  adversaire 
de  toute  sa  doctrine.  Duns  Scot  est  en  effet  un 
réaliste  à  outrance.  Jl  n*y  a  pas  de  fiction  qu*i] 
n^accepte,  pas  d'abstraction  qn^l  ne  range  au 
nombre  des  choses  subsistantes,  pas  de  distinc- 
tion verbale  qui  ne  soit  prise  par  lui  pour  le 
signe  d'une  réalité.  Guillaume  d'Ockàm  est  an 
contraire  le  plus  scrupiirteux  observateur  de  la 
nature  vraie,  le  plus  dédaigneux  censeur  de 
toutes  les  chimères  nées  du  funeste  accouplement 
de  la  logique  et  de  la  poésie.  Comme  le  héros 
des  ballades  écossaises,  il  s'est  donné  pour  mis- 
sion de  pourfendre  tous  les  fkntdmes  qui  s'offrent 
à  sa  vue ,  et  il  en  dissipe  des  légions  entières. 
On  croit  que  Guillaume  d'Ockara  étudia,  |)uis 
professa  quelque  temps  à  Paris ,  et  qu'il  mérita^ 
même  snr  ce  glorieux  tlié&tre,  d'fitre  appelle  le 


Docteur  invincible,  Doetor  invincibiUs ^  le 
vénérable  Initiateur,  venerabilis  Incceptw. 
Quoi  qu'il  en  soit,  après  avoir  quelque  temps 
avec  succès  combattu  la  fausse  philosophie, 
Gofliaume  d'Ockàm  ne  tarda  pas  à  s'engager 
dans  une  entreprise  plus  audacieuse  peut-être, 
assurément  plus  péiillense.  Intervenant  avec 
l'ardeur  et  la  générosité  de  son  caradère  dans 
le  conflit  d'autorité  qui  divisait  les  rois  et  les 
papes,  il  se  prononça  pour  les  rots,  et  maltraita 
non-seulemeot  les  orateurs  de  la  suprématie  poa- 
U&cale,  Boais  les  ^apes  eux-mêmes,  anquels  il 
contesta  le  droit  de  prendre  une  «part  quelconque 
aux  affaÎTegdes  princes  aéouliera.  Jean  XXII  fnt 
surtout  l'abjet  des  invectives  de4S«illaimie  d'Oc* 
kam.  Une  occasion  fonraie,,  Ters  l^amée  1321, 
par  UB  héiétiqQe  pnétendu  de  Karbeone,  vint 
eneere  envenimer  ce  débat  €Mt  honme  ayant 
piétends  queJésas-Cbdst  et  ses^pdtres  n'avaient 
possédé  rien  en  propre,  rien  en  comiMun,  «t  que 
toute  passessiott  ecdéâiastiqoeéteit  on  abus  mo- 
derne, (ai  poursuivi  par  lei  inquisiteurs,  et  dé- 
fendu par  «m  oertnin  fiéreoger  Tahm,  rdigieux 
franciscaîa  «de  Perpignan.  Cette  apakigie  de  la 
pauvreté  apostolique  ne  paavait  être  approuvée 
par  ie  pape.  U  se  prononça  donc  contre  Béreager. 
BAais  eelui-d  fut  appuyé  par  tout  son  orére.  Il 
le  lut  surftout  par  Midiel  de  Oésène,  aupérienr 
général,  par  Guillaume  d'Ookam,  par  Bonoe- 
Grftce  de  Bergame.  Un  manifeste  de  GuîHanme 
fut  transmis  par  le  pape  aux  évèqnesde  Ferrare 
et  de  Bologne,  chargés  d'en  faire  i'eKamen.  A 
quelque  temps  de  lA,  Guillaame  d'Ockàm  et  ses 
complices  étaient  arrêtés  comme  fauteurs  d'hé- 
résie et  retenascaptifs  dans  les  mursd^Arif^non. 
On  instruisait  leur  procès.  Les  cardinaux  ne  les 
auraient  pas  épargnés  :  attaquer  tes  posoessions 
temporeites  de  l'Église  c'était,  en  eflet,  entre- 
prendre fine  révolution^  et  la  pire  de  lootes,  an 
jngement  des  canontslea.  Mais  tandis  qu'on  se 
préparait  à  châtier  cette  audaoe ,  Michel  de  Ce- 
aène  et  Guillaume  d'Ockàm  prirent  la  Mte,  m 
dirigèrent  vers  le  part  d'Aigues-Mortes,  s>  je- 
tèranCdans  ose  barque  qui  tes  attendait,  et  Carent 
ensuite  reçns  il  quelque  distance  ;de  la  oôte  par 
une  galère  du  poi  Louis  et  Baviève,  partisan  de 
l'anli-pape  Pierre  de  Corberie.  Aèisi  protégé  par 
na  d^  princes  les  plus  puinsm^fi  de  l'Europe 
ehrétienne,  Gnillanme  fut  conduit  avec  honneur 
jusqu'à  Munich ,  oii  il  put  continuer  en  pleine 
liberte  son  active  propaj^uide  centre  les  iMears 
et  les  doctrines  relftcbèes  dea  papes  et  des  pa- 
pistes. Il  mourat  dans  cet  aâte,  après  avoir  été, 
dorant  près  de  trente  années,  te  phis  aignalé ,  le 
plus  redouté  des  agitateurs. 

Nous  voudrions  connaître  avec  plus  de  détails 
toutes  les  circonstances  de  sa  vie.  Hais  quand  il 
fut  dans  l'exil^  la  plupart  de  ses  confrères  en 
religion  l'abandonnèrent,  ou,  du  moins,  voulurent 
paraître  l'abandonner.  Il  leur  Importait  de  se 
réconcilier  avec  le  pape.  Aussi  ne  nous  ont-ils 
pas  laissé  de  longs  discours  sur  l'aventure  de 


421 


occaw 


4» 


GuHiamne  et  de  ses  oemphces.  Bile  est  même 
très-sommairemeiit  racontée  i>ar  l^storien  <le 
l'ordre,  Lac  Wadding. 

Nous  nens  efforoerom  du  moiiis  de  dresser  fd, 
d'après  divers  catalognes,  la  nomenclatiire  des 
nombreux  otivrages  laissés  par  GaHIaame  d*Oc- 
kam.  On  rectifiera  plus  tard  notre  travail  sur 
qodques  points.  Comme  nous  nfatons  pu  Téri- 
fier  toutes  les  assertions  des  bibliographes,  oa 
sera  certainement  autorisé  à  nous  reprocher 
quelques  inexactitudes.  Cest  pourquoi  nous  al- 
lons an-derant  de  ces  reproches.  Les  ouvrages 
dtés  sous  le  nom  de  GoUlaume  d^ckam  sont 
les  solTants  : 

Dialogus  in  trts  partes  dUtinetus,  quantm 
prima  deHxreticîs,  seeunda  de  erroribtu  Joan- 
nis  XXII,  tertia  de  Pûtestate  papte,  toneilUh 
mm  et  imperatoris;  Lyon,  in-fol.  La  première 
édition,  suivant  La  Sema  Santander,  est  de  Paris, 
1476, 2  vol.  in -fol.  La  dernière  est  celle  de  Met- 
chior  Goldast,  Monarchia  saneti  Imperil  ilu- 
manift.  in,p.  392-957.  Cet  ouvrage,  longtemps 
fameux  ,  si  souvent  dté  parles  adversaires  des 
prétentions  romaines ,  nous  fait  bien  connaître 
quels  étaient  au  quatorzième  siècle  -les  senti- 
ments des  clercs  réformateurs.  Quds  étalent  les 
clercs  conservateurs  de  ce  temps-là?  On  les  ap- 
pelait canonistes.  Il  ne  faut  jamais,  suivant  Gttf!- 
laume  d'Ockam,  interroger  les  canonistes  sur 
les  articles  de  la  croyance  chrétienne  :  ce  sont 
des  présomptueux ,  des  ignorants ,  et  -des  men- 
teurs. C'est  une  de  leurs  sentences  que  le  tiape 
est  infaillible;  et  contre  cette 'sentence  protestent 
à  la  fois  les  témoignages  derhistoire,  U  droite 
raison ,  la  conscience  de  l'É^se.  Non-seulemeot 
le  "pape  peut  errer;  mais  teo^Hége  des  cardinaux 
peut  lui-même  tomber  dans  1a  même  erreur;  et 
l^ise  romaine  toutcntièrepeat  se  laisser  irt>u- 
ser  de  la  même  manière,  véfllm  Tomahie  n'est 
qu'un  membre  du  Christ.  Qtfélle  s'égare,  et  eet 
accident  ne  sera  pas  plus  eictraordiiiafare,  pae 
|Aus  grarre,  que  l'aeddent  pareil  «fiKgeant  les 
églises  de  Lyon,  de  Langres,  de  Ijuccpies  ou  de 
Gênes.  Xe  privilège  de  finfaillibllilé  i^appaiHenrt 
qu'à  rfiglise  unSversdle,  du  «iv  ooneil»  général 
qui  la  représente. 

Ainsi,  quoi  qu'en  pensent  les  canonistes/le  pape 
peut  être  hérétique.  H  peut  l'être,  et  il  l'est.  Le 
pape  professe  hautement,  suivant  notre  docteur, 
des  opinions  nouvelles ,  contraires  à  la  (oi  des 
Pères ,  à  la  foi  de  l'Église.  Qu'on  le  juge,  qu'on 
le  condamue.  Mais  quel  sera  le  juge  du  pape? 
On  soutient  que  ce  doit  être  l'empereur.  Guil- 
laume d'Ockam  n'y  consent  pas.  Il  n^y  a  pas 
d'autre  tribunal  habile  à  statuer  sur  les  affaires 
de  la  religion  que  le  concile  secunénique.  Que 
le  pape  condamné  pur  le  concile  oppose  à  «es 
arrêts  une  résistance  ouverte,  Tempereor  sera 
chargé  de  délivrer  l'Église,  c'est-à-dtre  de  chas- 
r^er  le  rebelle;  mais  jusque-là  point  d'a|)pel  aux 
armes  laïques.  A  TÉglise  la  décision  :  à  Tempe- 
rear,  si  cela  est  nécessaire,  l'exéoutioB. 


Tels  sont  les  principes.  Après  les  avoir  ex- 
posés, Guinaume  d'Ockam  aborde  la  question  d^ 
fait.  Jean  XXtl  a  été  coupable  d'hérésie.  Be- 
noit Xn,  moins  infatué  de  visions  théologiques» 
ne  se  comporte  pas  avec  beaucoup  plus  de  sa- 
gesse, lorsqu'il  prétend  maintenir  une  puissance 
usurpée,  lorsqu'il  offense  I^Église  par  le  spectacle 
d'une  cour  livrée  à  tous  les  genres  de  corrup- 
tion, lorsqu'il  forme  contre  les  ordres  religieux, 
contre  l'autorité  civile  de  téméraires  et  coupdUes 
entreprises.  Toute  r£urope  est  en  proie  à  une 
lamentable  agitation.  Qu'on  en  dierdie  la  cause, 
on  ne  la  trouvera  pas  d'ailleurs  que  dans  l'am- 
bitioD,  dans  la  démence  de  quelques  papes. 
Toute  la  troisième  parlle  du  JHalogue  a  pour 
objet  de  Hétrir  la  conduite  de  Jean  XXU. 

Rien  ne  parait  manquer  à  ce  discours.  Guil- 
laume d'Ockam  se  montre  à  la  fois  résolu  dans 
la  controverse  sur  la  question  de  droit,  vif  et 
même  violent  sur  la  question  de  fdt,  puisqu'il 
termine  par  un  appel  à  rmaurrectlon  de  toute 
l'Église  contre  son  chef.  Cependant  la  troisième 
partie  de  son  Dialogue  n'est  pas  complète. 
Melchior  Goldast  nous  en  prévioit.  Il  la  donne 
telle  qu'il  l'a  rencontrée  dans  une  édition  anté- 
rieure. Mais  cette  édition  était  tronquée  :  gditor 
hoc  opus  maligne  truncavit.  La  fin  de  la  troi- 
sième partie  du  Dialogue  a  été  publiée  à  pari,  sous 
un  autre  titré.  C'est  VOpus  nanaginta  dierum, 

Opus  nonaginta  dierum  contra  errores 
Joannis  XXU,  de  utili  dominio  rerum  ee- 
clesiasticarum  et  abdieatîone  bonorum  tem^ 
poratium  in  perfectione  status  monachorum 
et  clericorum;  dans  le  recueil  de  Goldast, 
t.  m,  p.  993.  Éditions  antérieures,  sous  un  titre 
plus  bref  :  Lyon,  Treschel,  1495  et  149«,  in-fd. 
Ce  discours  supplémentaire  a  été  composé  par 
fauteur  dans  l'espace  de  quatre-Yîngt-dix  jours. 
C'est  ce  qu'exprime  le  titre  principal.  On  ap- 
pelle aujounfhni  ces  écrits  improvisés  des  li- 
belles ,  des  pampblets.  VOpus  nonaginta  die- 
rum est  donc  un  pamphlet  révolutionnaire  qu'on 
ne  peut  lire  an)ourd'hai  même  sans  intérêt  » 
tant  est  puissante  la  verve  de  l'auteur,  tant  U 
paratt  ^faicère  dans  sa  passion  contre  la  papauté 
corrompue,  dans  son  zèle  pour  la  réforme  de 
ÎÉglise,  dans  sa  terreur  des  périls  qui  menaceitt 
la  foi.  Malgré  cette  addition  de  VOpus  nonaginta 
dierum,  le  Dialogue  4e  Guillaume  d'Ockam 
n'a  peut-être  pas  encore  étô  intégralement  publié, 
les  exemplaires  manuscrits  paraissent  en  effet 
plus  consiléraMes  que  les  exemplaires  impri- 
més. Qui  voudra  faire  entre  les  nns  et  les  aubres 
une  utile  collation  ne  négligera  pas  d'interroger 
les  roannscrits  de  la  Bibliothèque  Impériale, 
n^  8057  fonds  du  Roi,  etO  fonds  de  la  Sorbonne, 
195.  et  846  de  Saint-Victor.  Ajoutons  qu'un 
abrégé  du  Dialogue  se  trouve  dans  quelques 
manuscrits,  notamment  dans  le  numéro  m 
de  itoittfr- Victor,  sous  le  nom  de  Pierre  d'Ailly* 
Il  commence  par  :  Dialogus  Doetorie  Vene- 
[  rabiUs,  L^EgKse  de  Rome  avait  interdit  la 

H. 


42t 


OCGAM 


434 


iectore  da  Dialogue  et  de  divers  autres  écrits 
de  Galllaome.  Ils  sont  encore  inentioonés  dans 
\lndex  da  concile  de  Trente.  Mais  rÉc;iise  de 
France,  forteng9gée,  dès  le  quatoraième siècle, 
dans  la  défense  des  maximes  opposées  aox 
maximes  oltramontaines,  lisait  ces  écrits  malgré 
le  pape  ;  et  les  théologiens  les  plus  considérables 
de  cette  Église,  Pierre  d'AiUy,  Jean  Charlier  de 
Gerson,  abrégeaient  on  commentaient  encore, 
an  quinzième  siècle,  les  plus  acerbes  manifestes 
du  Docteur  vénérable. 

Compendiumerrorum  Joannispapx  XXII; 
Paris,  1470,  à  la  suite  du  Dialogue;  Lyon, 
.Treschel,  1495  et  1496,  in-fol.  ;  et  dans  Melchior 
Goldast,  Monarchiaf  t.  ni,  p.  957.  Cet  abrégé 
des  erreurs  de  Jean  XXII  est  un  ouvrage  plus 
dogmatique,  mais  non  moins  Âpre,  que  le  Dia- 
logue. Wadding  indique  sur  le  même  sujet  un 
autre  traité,  quil  intitule  :  Errorum  quos  af- 
finxit  Joanni  papœ  liber  unus,  et  dont  il  re- 
produit ainsi  les  premiers  mots  :  locuH  $unt 
adversum  me.  Mais  par  ces  mots  commence 
le  prologue  du  Compendium  dans  l'édition  de 
Goldast.  Nous  croyons  que  Wadding  a  distingué 
ce  qui  doit  être  confondu. 

Disputatio  infer  clet^ieum  et  tnilitem  super 
poUiiaie  prdslalii  Ecclesiœ  aique  principùnu 
terrarum  commissa,  sub  forma  dialogi,  Ac- 
ceait  ad  calcem  Compendium  de  Vita  Ante- 
ekristi;  Paris,  Gui  Mercator,  1598,  in-4''.  Le 
même  ouvrage  dans  le  recueil  de  Goldast ,  1 1, 
p.  13.  U  contient  la  même  doctrine  que  les  pré- 
cédents. On  peut  le  résumer  ainsi  :  Guillaume  ne 
reconnaît  aux  papes  aucune  autorité  sur  les 
choses  temporelles.  11  soutient  que  Jésus-Christ 
lui-même,  in  quantum  homoy  in  quantum 
viator  mortalis,  n'a  jamais  été  institué  juge  et 
censeur  des  rois.  Il  ose. donc  conclure  qu'il  faut 
chasser  de  PÉgliscf  comme  hérétiques  tous  les 
fauteurs  de  l'omnipotence  pontificale. 

Decisionei  octo  quxstionum  de  potestate 
tummi  Pontificis;  Lyon,  Treschel,  1496,  in-fol« 
Cet  ouvrage  a  été  réimprimé  par  Melchior  Gol- 
dast, Monarchia,  té  111,  p.  314.  Pour  qu'on  ne 
le  confonde  pas  avec  d'autres  que  le  même  doc- 
teur •  publiés  sur  le  même  sujet,  en  voici  l'tii- 
cipit  :  Sanetum  eanibu$  nullatenus  esse  dan- 
dum. 

De  Jurisdictione  imperatoris  in  causis  mar 
trimonialUfus  traciatus;  dans  le  recueil  de 
Goldast,  1. 1,  p.  21.  Luc  Wadding  ne  paraît  pas 
avoir  connu  cet  ouvrage.  N'est-il  pas  fausse- 
ment attribué  à  Guillaume  d*Ockam  ? 

\Epistola  defensoria;  opuscule  publié  par 
Ed.  Brown  dans  son  Appendix  ad  Faseieu^ 
lum  rerum  expetendarum  et  fugiendarum^ 
p.  436. 

Wadding  mentionne  encore ,  sous  des  titres 
peut-être  inexacts ,  plusieurs  autres  opuscules 
de  Guillaume  d'Ockam  qui  semblent  appartenir 
à  la  même  controverse.  Mais  ces  opuscules  sont 
lestés  inédits  ;  nous  n*en  trouvons  «ncon  exem- 


plaire mannscrit  porté  sur  les  catalogaes  divers 
de  la  Bibliothèque  impériale,  et  d'ailleurs  il  est 
permis  de  supposer  que  Luc  Wadding,  biblio- 
graphe ordinairement  peu  scrupuleux,  •  pu  dé- 
signer comme  des  ouvrages  inédits,  des  extraits, 
des  chapitres  d'ouvrages  imprimés.  Nous  ter- 
minerons donc  ici  notre  liste  des  écrits  de  Guil- 
laume d^Ockam  qui  concernent  les  affaires  de 
l'Église. 

Voici  maintenant  ses  CBuvres  théologiqttes. 

GuUlelmi  de  Ockam,  Anglici,  ordinU  Mi- 
norum,  super  IV  libros  SeHteniiarum  sub- 
tilissimx  queutiones  earumque  deeisiones; 
Lyon,  Treschel,  1495,  in-fol.  Ces  questions,  ou 
pliitôt  ces  décisions  sur  les  Sentences  de  Pierre 
Lombard,  nous  offrent  presque  toute  la  doctrine 
théolologique  de  Guillaume  d'Ockam.  Elles  oot 
été  longtemps  renommées.  Au  quinzième  siècle 
un  ockamiste  sagace  et  résolu ,  Gabriel  Biel  •  en 
a  fait  un  l)on  résumé.  Hain  daigne  encore  deux 
autres  éditions  des  Sentences  commentées  par 
Guillaume  d'Ockam;  Lyon,  1496  et  1497.  Une 
éditton  de  1483,  mentionnée  par  le  même  bir 
bliographe,  ne  contient,  il  parait,  que  le  premier 
livre. 

Quodlibeta  Sep^em;  Paris,  P.  Rubens.  1467, 
in-4*;  Strasbourg,  1491,  in-fol.  La  première  de 
ces  éditions  nous  est  donnée  comme  corrigée, 
emendata,  par  un  certain  Corneille  Oodendick. 
Puisque  Wadding  distingue  les  Quodlibeta  pu- 
bliés d'un  recueil  plus  considérable,  qu'il  intitule 
Quodlibeta  magna  ^  et  dont  il  désigne  un 
exemplaire  manuscrit  an  Vatican,  il  serait  utile 
de  conférer  les  deax  textes.  Un  antre  mannscrit 
devrait  être  d'ailleurs  comparé  à  celui  du  Vati- 
can :  c'est  le  numéro  1604  de  la  Sorbomie,  à  U 
Bibliothèque  Impériale. 

De  Sacramento  altaris;  Venise,  1516,  sui- 
vant Luc  Wadding.  Mais  il  existe  plusieurs 
éditHms  antérieures  de  ce  traité,  n  avait  été 
publié  à  Strasbourg,  en  1491,  avec  les  Quodli- 
beta septem  de  Guillaume,  et  le  catalogue  de 
la  Bibliothèque  impériale  nous  en  offre  deux 
éditions  de  Paris,  anciennes,  mais  sans  date.  Luc 
Wadding  le  distingue  d'an  autre  livre  ayant  le 
même  o^et,  qu'il  intitule  De  Corpore  Christi^ 
Cette  distinction  est  une  erreur.  Dansi'édiUon  de 
1491,  telle  qu'elle  est  décrite  par  Hain,  le  méroe 
ou.vrage  est  appelé  dans  Vincipit  :  De  Sacra- 
mento altaris ,  et  De  Corpore  Christi  dao6 
Vexplicit. 

Guillelmi  de  Ockam  Centilogium  theolo- 
gicum,  omnem  ferme  theologiam  spéculatif 
vam  subcetitum  eonclusionibus  compUctens  ; 
Lyon,  Treschel,  1495,  in-fol.  Hain  en  Indique 
une  édition  de  U9i,  chez  le  même  libraire.  On 
appelle  aussi  le  même  ouvrage  Centiloquium. 
N'est-ce  pas  encore  le  même  que  Luc  Wadding 
nous  signale  parmi  les  manuscrits  du  Vatican, 
sons  ce  titre  corrompu  :  Compendium  Théo- 
logie. 

De  prsBdestinatione  et  futuris  continçeM- 


435 


OGCAM 


436 


Uàus,  WaddJDg  11*611  dte  «oeiine  éditioD.  Il  a 
été  cependant  imprimé  avec  VExposUio  super 
artem  veterem,  à  Bologne,  en  1496.  Le  senl 
fonds  de  Saint-Victor  nous  en  offre  d'ailleurs 
trois  exemplaires  sous  les  numéros  100,  llf, 
717.  Enfin  Û  en  existe  un  abrégé  anonyme  dans 
le  numéro  442  du  même  fonds,  avec  cet  inci- 
pu  :  Cirea  çiuam  materiam.  Ce  traité  n'offre 
pas  tout  l'intérêt  qu'on  pourrait  loi  supposer  lors- 
qu'on en  lit  le  titre.  GnlUaume  d'Ockam  réduit 
à  des  termes  très<simples  l'accord  de  la  pre^dence 
et  de  b  prédestination,  et  se  montre  ici  bon  lo- 
gideo.  Hais  c'est  tin  opuscule  sur  une  question 
qui  a  serri  de  matière  à  tant  de  gros  volumes 
qu'on  en  pourrait  former  une  vaste  bibliothèque. 

Les  ouvrages  philosophiques  de  Guillaume 
d'Ockam  sont  nombreux,  importants.  Nous  vou- 
drions en  dresser  un  catalogue  exact;  mais,  s'il 
faut  se  fier  à  Luc  Wadding,  beaucoup  de  ces 
traités  sont  perdus ,  ou  enfouis  sous  la  poussière 
des  MMiotiièques  étrangères.  Nous  .signalerons 
do  moins  ceux  qui  nous  sont  connus  : 

Sxpotitio  aurea  et  admodum  tUilU  super 
totam  artem  vêterem  ;  Bologne,  1496,  in-fol. 
L'ouvrage  commence  par  :  Quoniam  omne 
operans.  Il  contient  une  série  de  commentaires 
sur  Ylsagoge  de  Porphyre,  les  Catégories  et 
T interprétation  d'Aristote,  avec  un  traité  spé- 
cial qui  a  pour  titre  Tractatus  communitatum 
Porphfrii,  et,  comme  nous  Tavons  dit,  Topus- 
cole  tliéologiqne  de  Guillaume  sur  la  prédestina- 
tion. Toute  la  logique  de  notre  docteur  est  dans 
et  recueil.  Quelles  sont  les  réalités  subsistantes  ? 
Quelles  sont  les  chimères  de  la  raison  humaine? 
Quelles  sont  les  vraies  et  les  fausses  idées? 
Quelle  est  la  sincère  doctrine  d'Aristote,  de  Por- 
phyre ,  et  par  quels  mélanges  Ta-t-on  corrom- 
pue? Guillaume  d'Ockam  discote  avec  abon- 
dance tous  ces  problèmes.  Hésiterons-nous  à  dire 
que  personne  ne  les  a,  durant  le  moyen  ftge, 
mieux  résoins?  Nous  sommes  trop  de  notre  parti 
pour  douter  de  rendre  cet  hommage  à  la  logique 
et  au  bon  sons  de  Guiltaume.  Dès  qu'on  lui  pose 
la  formidable  question  des  universaux  in  re, 
cette  question  qui  partage  tous  nos  docteurs  du 
moyen  âge  en  spinosistes  inconséquente  et  en 
sages  critiques  de  la  raison  pure,  il  s'exprime 
en  des  termes  clairs,  énergiques,  qui  ne  laissent 
aocune  prise  aux  interprétations  équivoques. 
Tontes  les  choses,  il  Paffirroe,  subsistent  dans 
la  nature  individuellement,  mais  unies  par  la 
communauté  de  leur  origine,  régies  par  la  même 
loi»  et  d'ailleurs,  aux  plus  haute  degrés  de  l'é- 
cfaelte  des  êtres,  pourvues  dlnstincte,  de  besoins 
qm  les  associent  et  quelquefois  même  semblent 
les  confondre.  Kt  cependant  il  n'y  a  pas  d'es* 
sences  universelles.  D'où  viennent  tant  d'erreurs 
accréditées  sur  U  réalité  des  choses  qui  nous 
sont  offertes  par  le  spectacle  du  monde,  sor  la 
manière  d'être  de  l'intelligence  humaUie,  sur  la 
mystérieuse  essence  de  Dieu?  Toutes  elles  vien- 
ne&tdn  même  sophisme.  Noos  raisonnons  comme 


I 


s'il  était  prouvé  que  la  nature  des  choses  est 
alMoIument  conforme  à  toutes  les  conceptions 
de  notre  esprit.  Le  plus  ingénieux  artisan  de  fri- 
voles hypothèses,  le  logicien  le  pins  tranchant, 
le  rêveur  le  plus  enthousiaste ,  voilà  nos  inter- 
prètes de  U  vérite.  Plus  sages,  plus  éclairés , 
nous  serons  aussi  plus  modestes  ;  nous  recon- 
naîtrons la  limite  de  notre  expérience  et  de  notre 
savoir;  nous  nous  contenterons  d'affirmer  ce 
qu'il  nous  est  permis  de  connaître.  Cette  censure 
de  l'audace  humaine  est  l'ol^et  même  de  la  lo- 
gique. Ce  n'est  pas,  il  est  vrai ,  ce  qu'on  pense 
dans  l'école.  L'éoote  a  fait  de  la  logique  l'instru- 
ment d'un  supematoralisme  téméraire.  Mais  elle 
s'est  en  cela  fort  éloignée  de  l'intention  d'Aris- 
tote.  On  s'est  égaré  :  qu'on  revienne  sur  ses  pas, 
qu'on  se  remette  dans  la  voie  large  et  sûre  dn 
péripatétisme.  C'est  la  méthode  des  modernes 
qui  a  été  la  cause  principale  de  toutes  leurs  er- 
reurs :  qu'on  retourne  à  la  méthode  ancienne, 
art  vêtus;  on  rentrera  par  elle  en  possession  de 
U  vérité. 

Voilà  ce  que  démontre  Guillaume  d'Ookam 
dans  ses  commentaires  sur  Porphyre,  sur  Aris* 
tote.  Ou  retrouve  la  même  démonstration,  avec 
des  développemente  nouveaux,  dans  les  ouvrages 
suivante  :  Summa  Logices  ad  Adaimum;  ce 
traité,  qui  commence  par  :  Quam  magnos  oe- 
ritatis  seetatorihus  ^  a  éte  souvent  imprimé. 
Nous  Indiquerons  les  éditions  de  Paris,  1488  ;  de 
Bologne,  1498  ;  de  Venise,  1508  et  1591  ;d'Oxfoid, 
1675.  Presque  toutes  les  éditions  de  ce  traité 
sont  à  la  Bibliotbèque  impériale,  il  tant  le  dis- 
tinguer de  la  grande  logique  de  Guillanroe  : 
J!fa;or  SUMtna  Logiees.  Waddfaig  n'en  désigne 
qu'une  édition;  Venise,  1521.  Nous  en- trouvons 
trois  exemplaires  manuscrite  dans  l'ancien  fonds 
do  roi,  nnm.  6430, 6431, 6432.  Ce  dernier  exem- 
plaire est  imparfait.  Vineipit  de  cette  Grande 
Somme  est,  dans  les  manuscrite  :  Dudum  me, 
firater  etamice  carissime,  tuis  liiteris  stude- 
bas,  Luc  Wadding  mentionne  encore  :  D^ensO' 
rium  Logïees.  Cet  ouvrage,  qui  parait  inédit,  est 
dans  le  fonds  de  Sorbonne,  num.  958,  où  il  est 
intitulé  :  De  successivis.  11  ne  faut  pas  se  laisser 
tromper  par  la  différence  des  titres  :  VincipU 
rapporté  par  Wadding  est  en  effet  celui  du  ma- 
nuscrit de  Sorbonne  :  Deus  potest  faeere  omne 
quod  fieri  non  incluait  contradietionem. 

Laissant  enfin  de  côté  un  grand  nombre  d'oo- 
vrages  désignés  par  Wadding  comme  inédite, 
et  sur  lesquels  nous  n'avons  pas  recoeilli  d'autres 
renseignements,  nous  terminerons  cette  liste 
par  les  gloses  d'Ockam  sur  ta  physique  d'Aria- 
tote  :  Summulx  in  AristotelU  Physieam; 
Bologne,  1494;  Venise,  1506;  Rome,  1637;  — 
Quœstiones  tn  octo  libros  Phyiieorum;  Stras- 
bourg, 1491,  1506.  Luc  Wadding  nous  recom- 
mande expressément  de  ne  pas  confondre  ces 
deux  traités.  B.  HAuaéan. 

Luc  Wadding,  Script.  OrditOt  Mnorum:  SfUùmê 
annatimn  i)rd.  Âiinonm,  t  I,  paMla.  —  Cas.  0«- 


4tff 


dio.  De  Script,  tecUs.  —  Guill.  Cave,  Script,  eectei, 
ItM,  Utterària.  —  Fabrlclm,  Bibliolh.  média  et  in/. 
IMm.  —  B.  Haoréau ,  De  la  PhtfosopMe  seolattiçue , 
t.  If,  p.  M8.  -  /Meltanik  Ocs  iciencês  pMot.,  au  aot 
Oekam. 

OGCHUU  (  GabrieU^  dbcu).  Foy.  Ferkan* 
Tim. 

OGCO  (Adolphe  I^r)^  tùéd&âa  allemand  ,  né 
en  1447,  k  Osterhausen,  mort  en  1503.  li  fbt 
ftocceaaivemént  médecin  de  Tévéque  d'An^ 
bourg  et  de  rarehiduc  Sigismond  d'Autridie. 
Habile  latiDiate,  il  ccotribua  aa  renouvellement 
dea  études  claasiquea  en  Allemagoe.  QœlifMea 
lettres  de  loi  se  trourent  dans  les  reeaeils  de 
celles  advessées  à  Reucblin. 

OGCO  l  Adolphe  II),  médecin  allemand,  (ils 
adofvUI  d»  précédent,  né  à  Brixen,  en  I494y 
mnrt  en  1572.  A  étudia  la  médecine  en  Italie,  et 
devint  médecin  de  la  ville  d^Augsbourg.  Il  eam* 
mnniqHtt  libéralement  à  plusieurs  savants  le» 
précieux  mannacrits  que  lui  aivait  laissés  son 
pèreadoptiC 

occo  (Adolphe  ///),  savant  médecin  et  nu- 
mismate allemand,  Als  du  précédent,  né  à  Augs- 
bonrg,  le  17  octobre  1524,  mort  le  28  septembre 
1004.  Reçu  CB  1640  maître  es  arts  et  docteur 
en  médecine  b  Ferrara,  il  fut  nommé  e»  1604 
physicien  de  la  viUe  d'Aogsboorg  et  plus  taré 
doyen  du  collège  médical.  Il  perdit  ceseroploia 
en  1684,  parce  qu'H  s'était  opposé  avec  vio- 
lence à  rintvodoctioB  dm  calendrier  gf^rien. 
Il  possédait  des  connaissances  étendues  et 'va- 
riées ,  etil  étaiten  relation  avec  beaueonp  d'bom- 
mes  remarquables  de  son  temps ,  têts  «pie  Conrad 
Gesner,  Friscblin,  OrteKus,  Beosner,  etc:  On 
a  de  bi  :  Pharmacopcea  Au§tutanAs  Augs* 
bourg,  1564,  bi-fol.  :  cet  ouvrage,  qui  fut  réim- 
primé donie  fois,  la  dernière  en  1735, était 
généralement  adopté  par  tontes  les  pharmacies  de 
rAllemagoe,  jusqu'à  ce  quPen  1062  i.  Zvrelfifer 
y  aiisignalé  ptusienrs  lacoaes  (  uoy.  Haller,  Bi- 
bliotheca  medicinm  practicm,  t  III  );-  —  Im- 
peratorum  RomoMfirum  numàsmata  a  Potti^ 
peio  Magne  ad  HeracUum;  Anvers,   1679, 
in-4*i  Augsbourg,  1001,  in-4°;  MUan,  1683  et 
1730,  in-foL  ;  oe  livre,  bien  plus  exact  que  cebii 
de  Goitzius,  a  jusqu'à  Eckhel  servi  de  base  à 
tons  les  travaux  sur  cette  matière;  —  Inscrip- 
iioMêVêterês  in  HUpmia  repertm;  B&1«, 
1592  ei  1600,  In-foL;  -^  ObservtUiones  me- 
diex;  —  Carmen  in  obUum  Cmir.  Gesneri; 
—  BpUtoia  qrmea  ad  C  Geenerum  de  a«y> 
mc<U  helUboraio,  dana  les  EpûtoUe  medicx 
GsMeH^  —  Kpésîola  de  rheubarbara^  dans 
roavrago  do  Laurent  Scbols;  -^  Cammentatio 
dA  pondère  at  valore  numUmaUm  ad  Ulu»- 
tranda  nonnulla  hea  Seripiurx  eacrx,  dans 
les  Untamina  sacra  de  Steockard.  Occo,  qui 
a  aussi  pnbKé  quelques  traductions  du  grec,^ 
entse  antre»  ceUe  du  Traiié  dee  vertue  ei 
des  vioaa  d^AMstote,  a  laissé  en  manuscrit  «a 
travail  étendu  sur  les  monnaies  consulaires.    G. 
mm  JéMpkênÊm09eommm.  -  TrtUi,. 


OCCAM  —  OCELLUS  LUCANUS 


4» 

j  BibiMhâca  ^ugutUma,  -  Bnsli  et  Crt^r,  Bntmki»- 
I  pKdit.  —  Renauldta,  Le*  Médecins  numUmattttêt, 
OCELLUS  LrCANUS  ('OxcXXo;  (1)  Aeuxawïç) 
philosophe  grec  d'une  époque  incertaine.  Son 
surnom  nous  apprend  qu'il  était  Locanien,  et  le 
traité  qui  porte  son  nom ,  qull  appartenait  à 
recelé  pythagoricienne.  C'est  tout  ce  que  l'on  sait 
de  lui.  Philoii,  qui  vivait  dans  le  premier  siècle 
de  l'ère  chrétienne,  est  le  premier  écrivain  q^i 
le  mentionne  ;  car  on  ne  saurait  regarda  comme 
authentique  Ja  lettre  d.*Archytas  à  Platon  et  la 
réponse  de  Platon  à  Archytas ,  citées  par  Dio- 
gène  Laerce.  Archytas  écrit  que  sur  la  demande 
de  Platon  il  s'est  rendu  chez  les.  Lucaniens, 
qu'il  y  a  rencontré  les  descendants  d'Oceilns 
et  qu'il  a  obtenu  d'eux  les  traités  Sut  la  Ui 
(  ncpî  v6jAou  ),  Sur  la  Souveraineté  (  Ilsfî  ^ 
(riXyjCflu;),  Sur  la  Sainteté  (Ilepi  ôtfiofijroc). 
Sur  la  Nature  de  Vunivers  (Ikpltf;  toS  nocnili 
yevéaeoc),  qu'il  les  envoie  à  Platon;  qu'il  n'a 
pas  pu  trouver  les  autres  traités  et  qu'il  les  en- 
verra aussitôt  qu'il  les  aura  découverts.  Platon 
remercie  Archytas  de  son  envoi  et  déclare  qu'il 
a  lu  avec  avec  admiration  les  traités  d'Ocellus; 
il  trouve  que  l'aoteor  est  tout  à  fait  dione  àè 
ses  ancêtres,  c^està-dire  de  ces  Troyens  qui  s'ex- 
patrièrent avec  Laomédon.  II  n'y  a  rien  à  con- 
clure de  ces  documents  apocryphes,  sinon  que  da 
temps  de  Diogène  Laerce ,  ou  de  l'auteur  des 
deux  fausses  épttres,  il  existait  sous  le  nom 
d'Ocellus  Lncanus,  philosophe  pythagoricien, 
quatre  traités ,  et  qu'on  le  supposait  auteur  de 
plusieurs  autres  traités  perdus.  De  ces  divers 
ouvrages  il  ne  reste  que  le  traité,  fort  court.  Sur 
la  Nature  de  Vunivers,  Cet  opuscule  se  di- 
vise  en  quatre  chapitres.  Le  premier  traite  de 
Tunivers  ou  ensemble  des  choses  (tô  nèri  on  6 
x^a|jLoç  ),  le  second  de  la  composition  de  Tum'- 
vers,  le  troisième  de  l'origine  de  l'homme»  le 
quatrième  des  devoirs  des  hommes  principale- 
ment dans  le  mariage.  Ocellus  soutient  que  l'u- 
nivers n'a  pas  eu  de  commencement  et  n'aura 
pas  de  fin,  qu'il  est  formé  d'une  partie  étemelle 
et  immuable ,  c'est  le  ciel  ou  l'ensemble  des 
corps  célestes,  et  d'une  partie  variable  dans  ses 
formes',  mais  immuable  dans  ses  éléments;  il 
soutient  aussi ,  conformément  à  cette  théorie  da 
Cosmos,  que  les  hommes  ont  toujours  existé, 
que  mortels  comnoe  individus ,  ils  sont  étem<^U 
comme  espèce.  De  cette  immortalité  de  L'espèce 
combinée  avec  la  mortalité  des  individus  résulte 
pour  ces  individus  la  nécessité  de  se'  reproduire. 
L'objet  des  rapports  des  sexes  n'est  donc  pas  le 
plaisir,  mais  la  procréation  des  entants  et  la  per- 
pétuité de  la  race  humaine.  Amsl  dans  le  ana- 

(1)  Ce  nom  se  trouve  écrll  de  wptoa  hott  nranTéres  dlf- 
rérentet  :  'OmXoç  dant  Stobée ,  'QxeUoc  daiM  rMlo*« 
OfxtXXoc  dam  qttetque*  nranoseriis  de  Lorlen,  OS- 
xtXXoc  daM  drhfieteanM  édnfoDs  de  Diogétie  Uem; 
"ffxcXo;  daiur  Settni  empfrtctis,  *EkxsXô<  dans  Sy- 
rlaaaa ,  etc.  ta  forme  gènénrefflenr  adoptée,  *Oxe>loCy 
POTaft  de  b««i!fo«p  fa  mcminirr. 


429 


OCELLUS  LUC  ANUS  —  OCHEDA 


4ao 


jiagie  il  faut  observer  la  déceoce  el  la  modération, 
ne  pas  avoir  ég^rd  uniqueineiit  à  la  fortuna  et 
à  la  naiasaocey  mais  recherchar  les  totkvemuàdkg 
d'âge ,  de  goûU»  d'esprit ,  entre  le&  deux  époux , 
afin  que  leur  uaion  produise  des  entants  bien 
portants  et  une  famille  benreuse;  car  les  fa- 
milles eunposent  l'État  et  du  bon  ordre  des 
uns  résulte  le  bon  ordre  de  l'antre.  Tel  eut  le 
petit  traité  d'Ocellus,  très-fiûble  au  point  de  vue 
scientifique,  mais  ingénieusement  conçu  et  écrit 
avec  clarté.  Cette  courte  analyse  suffit  pour 
montrer  qu'il  n'appartient  pas  à  l'ancienne  école 
pjtiiagoricieime  (1),  dont  les  idées  étaient  pins 
ori^oaies  et  bien  moins  nettes;  on  y  reconnaK 
plu4)6t  un  roélan^  éclectique  de  la  physique  aris- 
totélique, de  la  métaphysique  des  Éléat^ ,  et  de 
la  morale  des  écoles  de  Pythagore.  A  cette 
preuve  intrinsèque  de  non-authenticité  qui  est 
trè»-forie,  se  joint  une  autre  preuve  non  moins 
convaincante,  c'est  que  ni  dans  Platon,  ni  dans 
Aristote ,  ni  dans  aucnn  philosophe  antérieur  à 
Phiion,}!  n'est  question d'Ocellus  et  de  son  traité. 
Cependant  cet  opuscule»  quoiqu'il  ne  remonte 
pa»  aux  premiers  temps  de  la  philosophie  grec- 
que, a  une  certaine  importance.  M.  Mollach, 
par  une  eonieebnn  tràn-probable,  suppose  qu'il 
fut  écrib  dans  Ift  premier  siècle  avant  J.-€.,  à 
une  épo<fie  marquée  par  une  sorte  de  renais- 
sance 4t&  doctrines  pythagarieiennes.  La  philo- 
sophie grecque,  après  avoir  traversé  la  période 
féœnde  de  Técole  socratique,  avait  abouti  aux 
doctrine»  des  académiciens,  des  stoïciens,  des 
épicuriens.  On  comprend  que  certains  esprits, 
trouvant  ces  doctrines  insuffisantes,  aient  voulu 
revenir  au  pythagorisme  phn  élevé  dans  ses 
dogmes,  et  plus  pur  dans  sa  morale  pratique. 
Jal>a,  roi  de  Mauritanie,  favorisa  la  renaissance 
pytliagoridenne  en  recueillant  h  grands  frais, 
dans  la  Grèce  et  l'Italie,  les  livres  de  Pytha- 
fore  et  de  ses  disciples.  Le  lèle  du  royai  hi* 
bUophile  donna  lieu  è  bien  des  fraudes  philoso- 
phiques parmi  lesquelles  en  peut  ranger  las  oo- 
vrages  d'Ocellos  et  particulièrement  le  traité  de 
la  AVi/iire  de  Vunivers.  Au  jugement  de  H»  Mut- 
lach ,  le  (aossaire  a  élé  aj^sas  habile  et  a  évité 
les  anachronismes  de  langage  par  trop  cho- 
quants; mais  il  n*en  a  pat  moins  emprunté  sou- 
vent des  expressions  textuelles  aux  philosophts 
de  l'école  d*Èlée  et  d'Ariatots:  Do  reste  nous  ne 
possédons  pas  le  traité'  tel  qu'il  fut  rédigé  d'a- 
bord. Un  fragment  du  livre  Sur  la  Ici  ,  cité  par 
Stobée  et  diverses  inductions,  font  penser  que 
les  opuHcules  attribués  à  Ocellus  Lucanns  étaieiU 
écrits  dan»  le  dialecte  dorien,  tandis  que  le 
texte  actuel  du  traité  Sur  la  nature  de  Tvni- 
vers  est  écrit  dans  le  dialecte  attiqne,  qui  avait 

(11  r.'feiilhentidté  do  traité  d'Occnni  Lucaous  a  été  alla- 
qii#r  fomr  la  première  fol»  par  Meftipra,  Gesckiehte  âer 
f^im^tM  CriÊck,  «Ml  liwm  .  t.  I  ;  BantlH  diM  aea  Epi>- 
chm  der  votagHeh$ien.^kUQS9pMi9kên  Bê§riJ!fê,  lalle, 
1T94,  et  dans  lea  Beitrxgt  tur  CesehieMe  der  Phito^ 
Mopàiê  de  l-IWpaoni  ,p«rt.  X«  p.  i-77,  et  RndoIpM  dma 
édlttoo  caaayéreM  vatasDent  de  la  défoBdre. 


fini  par  devenir  le  grec  lifléraire  généralement 
usité.  A  quelle  époque  se  fil  cette  transforma- 
tion du  dorien  en  atttqoe?  M.  Mullach  pense  que 
ce  fut  dans  la  période  byzantine,  peut^tre  au 
nenvième  siècle. 

Le  tiaité  d'OeeUos  Lucanns  fet  puUié  peur 
la  prennèie  fois  par  Conrad  Néobar,  Paris, 
1539,  in-^**,  et  traduit  en  latin  par  Fr.  Chrétien, 
médecin  de  François  1*',  Lyon,  1541,  in^S**. 
L'édition  et  la  traduction  latine  de  Nogaroln, 
Venise,  1569,  in-B**,  reproduites  par  Jérdnm 
Comelitt  en  1596,  valent  mieux.  Em.  Vînanius, 
professeur  è  Padoue,  réimprinaa  ce  traité  (  Bo- 
logne, 1046;  Amsterdam,  1661,  hi-4°>,  avec 
ime  nouvelle  version  latine  et  wm  oommentaire 
utile  quoique  diffus.  Gale,  qui  l'inséra  dons  ses 
Opuscula  myihologica  f  ethàca  et  phyeiea; 
d'Ai|(ens,  qui  le  pnMia  avec  une  traductio»  fran- 
çaise et  des  Dieserlatwns  sur  la  princi- 
pales qttesitont  de  la  mMtLphfsiqfia^  de  la 
physique  et  de  la  morale  des  anciens ,  Berlin, 
1762,  in-8<*,  ne  firent  rien  pour  épurer  le  texte: 
Bntteux  tira  au  contraire  on  bon  parti  d'un  des 
manuscrits  d'Ocellus  qui  se  trouvent  à  la  Bi- 
bliothèque impériale ,  et  son  édition  publiée  avet 
une  traduction  française  d^abord  dans  le  J?e- 
cueil  de  V Académie  des  inscriptions  f  t.  X]DX, 
p.  249-294,  était  la  meilleure  avant  celle  de 
A.-F.-W.  Rudolphi,  Leipxig,  1801,  in-8*,  la- 
quelle a  été  surpassée  k  son  tour  par  les  deux 
éditions  de  M.  Mullach,  la  première  dans  l'oa- 
vrage  qui  porte  ce  titre  :  Arislo4elis  de  Me^ 
lisso,  2Cenûpbane  et  Gorgia  disputationes , 
eum  Kleatieerum  pkilosophorum/ragmentiSf 
et  OcelU  iéUeanlf  qui  fertur,  de  universa 
natwraWbelloi  Berlin,  184C;  la  seconde  dans 
les  Fragmenta  pMlosophontm  grxœrum 
{Bi^ioikèque grecque  de  A.-P.  Didot);  Paria, 
1860.  Ocellus  Lucanns  n  été  traduit  en  angbiis 
par  Thoroa»  Taylor;  1841,  in-8«.        L.  J. 

Dtoctee  l.aeroe,  VUI,  SI.  ->  Le»  aalRa  téaioignagn 
ancien»  oat  été  raveiablés  par  M.  Mollach  dana  la 
préface  de  »aaeconde  édlttoo  ;  Fraçm.  philosoph.  çnec^ 
p.  S8S,eta. 

•cuiBiiA  (  Tommaso  ]f,litléffalenr  ilaKen:,.  na 
en  1757,  à  Tortooe,.  mort  le  lA  février  1831,  A. 
FlorenG«.  Il  appartenait  à  une  fhmiHe  noble  osa- 
ginaire  d'EspagK.  Il  éindia  le  droa  è  II0I091B 
et  à  Pavie,  et  pendant  qv'il  prenait  ses  gradnn 
il  composa  plusieurs  écnia  Ifttécaifes,  fun  pat 
modestie  il  s'abstint  de  mettre  an  jour,  el  parmi 
lesquels  on  die  7A«orfo5éa ,  peêine  en  qwfco 
chants,  un  tnâté  sur  la  Philosepkke  des  am- 
aens  et  un  Essai  sur  la  phUosopMe  de  Cé- 
eéronu  Ces  travaux ,  qaoiqne  inédit»,  lui  pro» 
curèrent  quelque  léputition,  et  servirent  à  le  fahv 
connaître  de  Ctevennn,  le  fouMux  bibliophils 
d'Amsterdam  ,  qui  le  nonunn  senaemutenr  de  si 
bibliothèque  (1785).  ^  gpoasas  pertes  d'argent 
ayant  forcé  son  prainrteur  h  mettre  sa  piédrase 
collection  en  vente,.  Ocheda  fui  chargé  d'en 
dresser  le  catalogue^  qui  parut  en  5  vol.  fai-8*; 
,  puis  ilaocepin  les  fonctions  de  seerétaire  à  l'am» 


481 


OCHEDA  --  OGHIMO 


483 


bassade  do  Piémont  (  1789).  L'année  suivante 
il  entra  comme  bibliothécaire  chez  lord  Spencer, 
et  ne  revint  en  Italie  qu'en  1818,  comblé  de« 
libéralités  de  ce  généreux  seigneur;  il  se  fixa  à 
Florence,  et  y  mena  jusqu'à  sa  mort  une  exis- 
tence retirée  et  studieuse.  «  Ocheda ,  dit  M.  Va- 
léry, était  un  petit  vieillard  p&li  par  l'étude,  mais 
vert  et  vif  encore,  fort.méthodique  dans  ses  ha* 
bitudes;  il  travaillait  régulièrement  douze  à 
quatorze  heures  par  Jour,  commençait  l'année 
par  la  lecture  d'Homère  et  finissait  chaque 
journée  par  celle  d'un  on  de  deux  chapitres  de 
la  Bible,  en  grec  ou  en  hébreu.  Aucune  branche 
du  savoir  humain  ne  lui  était  étrangère;  mais  il 
s'était  particnlièrement  occupé  de  philosophie, 
de  philologie  sacrée  et  d'histoire  littéraire.  » 
11  avait  rédigé  un  catalogue  complet  de  la  biblio- 
thèque de  lord  Spencer,  travail  qui  a  certaine- 
ment servi  aux  recherches  de  Dibdin  sur  le 
même  olijet,  et  dont  il  aurait  dû  faire  mention. 
Panni  ses  manuscrits ,  on  remarque  une  no- 
tice sur  Crevenna  et  beaucoup  de  lettres  écrites 
en  français,  en  italien  et  en  latin.  P. 

jtfUhalogU  de  PtortM»  ittl.  —  Tlpaldo,  Biogr. 
iegli  italUmi  tUustri,  VKl.  -  Valéry,  CnrUuUéi  et 
Jneedolet  UaUennei, 

OGHiffO  (  Bemadino  ) ,  un  des  premiers  et 
des  plus  célèbres  protestants  italiens,  né  à  Sienne, 
en  1487,  mort  de  la  peste,  en  1&84,  à  Schiakow, 
en  Moravie.  Un  esprit  vif  et  enthousiaste  et  un 
ardent  désir  d'instruction  le  portèrent  à  prendre 
l'habit  demofaie;  il  entra  dans  l'ordre  des  Fran- 
dscains  de  l'étroite  observance;  N*ayant  pas 
trouvé  dans  le  doltre  la  vie  studieuse  qu'il  était 
allé  y  cliercher,  il  entra  dans  le  monde,  et  se 
livra  à  l'étude  de  la  médecine.  Peu  satisfait  de 
ee  genre  d'études ,  il  se  repentit  bientôt  d'avoir 
abandonné  la  vie  monastique;  il  rentra  dans 
Fordre  qu'il  avait  quitté,  s'y  distingua  par  son 
zèle  et  sa  piété,  et  en  fat  nommé  définiteur  gé- 
néral. Une  nouvelle  subdivision  s'étant  formée 
dans  cet  ordre  en  1524,  sous  le  nom  de  Capu- 
dns ,  il  se  fit  recevoir  dans  cette  société,  où 
l'on  prétendait  à  plus  d'austérité.  Ses  sentiments 
de  dévotion  et  son  talent  dans  la  prédication  le 
firent  nommer  général  de  ce  nouvel  ordre  en 
1538,  dans  un  chapitre  général  tenu  à  Florence. 
Xn  1541  il  fut  réélu  général  des  Capucins,  dans 
nn  chapitre  général  tenu  à  Naples.  Il  parcourut 
plusieurs  fois,  en  cette  qualité,  toute  lltalie, 
Fréchant  avec  le  plus  grand  succès  et  laissant 
partout  après  lui  la  réputation  d'un  homme  ex- 
traordinaire, presque  d'un  saint.  «  Lorsqu'il 
devait  passer  par  quelque  ville,  dit  Gratiani, 
dans  son  histoire  du  cardinal  Comendon  (liv.  II, 
ch.  IX },  une  foule  compacte  allait  au-devant  de 
lui ,  pour  écouter  ses  instructions.  » 

Dans  une  de  ces  courses,  Ochino  rencontra  à 
Naples  un  savant  jnrisconsulle  espagnol,  Jean 
Vatdès,  qui  après  avoir  parcouru  l'Allemagne,  à  la 
suite  de  Charles-Quint,  avait  embrassé  les  prin- 
cipes de  la  réforme.  A  la  suite  de  fréquentes 


'  conférences  avec  lui ,  Ochino  se  rapprocha  de 
ces  principes.  Sa  prédication  se  ressentit  à^  o. 
changement,  sans  qu'il  osAt cependant  faire  pro- 
fession ouverte  de  ses  nouvelles  opinions  en 
fait  de  religion.  En  1542  il  s'expliqua  assez  net- 
tement dans  ses  sermons ,  pendant  qu'il  prêchait 
le  carême  à  Venise ,  pour  exciter  la  défiance  du 
nonce  du  pape.  Ochino  tint  peu  de  compte  des 
observations  que  celui-ci  lui  présenta;  il  poussa 
même  l'audace  jusqu'à  lui  reproclier  d'une  ma- 
nière assez  claire ,  du  haut  de  la  chaire ,  d'a- 
voir fait  emprisonner  Jules  de  Milan,  son  ami 
et  celui  de  Jean  Vaidès,  partisan  avoué  du  pro- 
testantisme. Le  nonce  pontificat  lui  interdit  aus- 
sitôt de  reparaître  en  chaire  ;  mais  telle  était  la 
réputation  du  capucin  et  l'estime  générale  qu'il 
s'était  acquise,  que  la  république  de  Venise  in- 
tervint et  obtint  do  nonce  la  révocation  de  cette 
interdiction.  Ochino  reprit  le  cours  de  ses  prédi- 
cations. A  la  fin  du  carême,  il  se  rendit  à  Vérone, 
convoqua  ceux  de  son  ordre  qui  se  vouaient  à  la 
prédication,  et  leur  fit  une  espèce  de  cours  sur 
les  épttres  de  saint  Paul,  d'après  ses  nouvelles 
vues.  Mais  il  était  surveillé  ;  le  pape  le  cita  à 
Rome,  et  il  se  rendait  à  cet  appel  quand ,  en 
passant  à  Florence,  il  vit  Pierre-Martyr  VemaigK, 
qui  lui  fit  comprrâdre  le  danger  quil  y  avait 
pour  loi  à  se  livrer  à  la  discrétion  du  pontife 
romain.  Le  général  des  Capucins  se  dédda  alors 
à  s'enfuir;  le  22  août  1542,  il  partit  secrète- 
ment pour  Genève.  Deux  jours  après,  Pierre- 
Martyr  Vermigli  quitta  de  son  côté  Florence  pour 
se  retirer  à  Zurich^ 

Ochino  n'était  pas  un  émdlt;  il  n'avait  que 
son  talent  de  prédicateur.  Genève,  qui  était  de- 
venue le  refuge  d'un  grand  nombre  d'Italiens, 
pouvait  seule  lui  offrir  le  moyen  de  servir  la 
cause  de  la  réformation.  Pendant  trois  ans  il 
fut  le  prédicateur  de  cette  communauté  italienne. 
Au  commencement  de  1545,  il  quitta  Genève  et 
se  dirigea  vers  Bâle,  où  il  espérait  trouver  une 
position  moins  précaire.  Calvin  lui  avait  donné 
une  lettre  de  recommandation  pour  Mioonius. 
Cependant  Ocliino  ne  resta  à  Bàle  que  jusqu'à 
la  fin  de  cette  année;  il  se  rendit  alors  à  Aogs- 
bourg,  où  il  fut  nommé  prédicateur  italien  à 
Téglise  Sainte-Anne.  En  1547,  cette  ville  ayant 
été  obligée  de  se  rendre  à  l'empereur,  celui-d 
exigea  qu'on  lui  UvrÂt  l'ancien  général  des  Capu- 
cins et  un  autre  réfugié  protestant,  nommé  Sé-^ 
bastien  Schertlm.  Averti  en  secret  par  quelques 
membres  du  sénat  du  danger  qui  le  menaçait , 
Ochino  fut  assez  heureux  pour  se  sauver  à  Cons- 
tance ,  d'où  il  put  gagner  Bâle.  Après  un  trè;»- 
conrt  séjour  dans  cette  ville ,  il  passa  à  Stras- 
bourg. Il  y  rencontra  Pierre-Martyr  Vermigli, 
qu'il  n'avait  pas  revu  depuis  leur  fuite  d'Italie. 
Ces  deux  hommes  partirent  la  même  année, 

;  1547,  pour  l'Angleterre,  sur  l'invitation  de  Tho- 
mas Cranmer,  archevêque  de  Cantorbéry.  Ver- 
migli alla  enseigner  à  Oxford  ;  Ochino  resta  à 
Londres,  en  qualité  de  prédicateur  italien. 


483 


OCHlNO 


434 


A  Pavénement  de  Marie,  OchîDO  et  Verniigli 
regagaèreot  leooDtinent  (1553).  Ocbioo  se  rendit 
à  Genève  en  passant  par  Strasbourg.  Il  y  arriva 
le  lendemain  même  du  supplice  de  Servet.  11 
désapprouva  hautement  celte  condamnation. 
Cette  hardiesse  le  rendit  ëuspect  à  Calvin.  C'est 
sans  doute  cette  circonstance  qui  l'engagea  à 
retourner  à  Bàle,  où  il  resta  jusqu'au  printemps 
de  1S5Ô.  U  partit  alors  pour  Zurich ,  où  il  était 
appelé  pour  être  prédicateur  d'une  église  Ita- 
lienne, composée  de  soixante  familles  qui  avaient 
émigré  de  Lueomo  pour  cause  de  religion.  Dans 
cette  Tille  il  retrouTa  Bullinger,  qui  lui  fut  tou- 
jours très-attaché,  et  son  compatriote  Lelio  So- 
duL  Bientôt  après,  Vermigli  vint  y  occuper  la 
place  laissée  vacante  par  U  mort  de  Pelllcan. 

Cependant,  en  1561  il  commença  à  se  répandre 
des  préventions  fâcheuses  contre  lui.  Au  lieu  de 
les  laisser  tomber  par  son  silence ,  ou  de  les 
faire  disparaître  par  la  prudence.  Il  donna  à  ses 
détracteurs  de  nouvelles  armes  contre  lui  par 
quelques-unes  de  ses  publications.  Ocbino  était 
un  homme  d'une  Individualité  très- prononcée; 
il  n*était  nullement  enclin  à  se  ranger  servile- 
ment du  côté  d'un  parti  quelconque ,  et  il  était 
tout  aussi  peu  disposé  à  .supporter  des  attaques 
ealomnieuses.  On  prit  surtout  prétexte  pour  le 
perdre  d*un  de  ses  ouvrages,  Dialogi  XXX 9 
dont  le  vingt  et  unième  dialogue  traite  de  la  po- 
lygamie sans  conclure  très-nettement  contre  elle. 
On  l'accusa  de  soutenir  cette  erreur.  Théodore 
de  Bèze  eut  la  faiblesse  de  se  joindre  à  ses  en- 
nemis. On  Instruisit  contre  lui  une  procédure, 
à  la  «uite  de  laquelle  il  fut  exilé  de  Zurich. 
L'irritation  était  montée  à  cet  excès,  qu'on  ne 
voulut  pas  lui  permettre  d'attendre  la  fin  des 
rigueurs  de  l'hiver  pour  s'éloigner.  Ochino  avait 
alors  soixante-seize  ans.  Il  se  retira  à  BAIe, 
où  il  arriva  le  4  décembre  1563,  avec  ses  quatre 
enfants.  On  ne  fut  pas  plus  compatissant  à  son 
égard  qu'on  ne  l'avait  été  à  Zuricli.  Il  fut  obligé 
de  partir  aussitôt  pour  Mulhouse.  Il  se  rendit 
de  là  à  Nuremberg,  où  11  passa  le  reste  de 
l'hiver.  Au  printemps  suivant,  il  alla  à  Franc- 
fort, et  dès  que  ses  enfants  l'eurent  rejoint,  il 
partit  pour  la  Pologne  ;  il  espérait  y  trouver 
quelque  tolérance;  il  se  trompait  II  né  lui  fut 
pas  permis  de  s'y  arrêter.  £n  se  retirant,  ce 
malheureux  vieillard  eut  la  douleur  de  voir 
mourir  ses  quatre  enfants  de  la  peste  à  Pinczow, 
en  Pologne.  Il  fut  bientôt  frappé  lui-même  par 
le  fléau,  dans  la  Moravie,  où  il  venait  d'ar- 
river. 

On  a  beaucoup  discuté  sur  ses  principes  re- 
ligieux. Les  uns  l'ont  accusé  d'être  tombé  dans 
l'athéisme;  et  dans  cette  opinion,  on  l'a  supposé 
l'auteur  du  fameux  traité  De  trièus  impostori- 
bus,  attribué  successivement ,  avant  même  qu'il 
existât  un  livre  de  ce  titre ,  à  tous  les  hommes  ré- 
prouvés par  kl  superstition  populaire.  D'autres, 
Sbnler  à  leur  tête,  le  tiennent  pour  un  anabap- 
tiste. Les  antîlrinitaires  le  comptent  dans  leurs 


rangs,  et  l'on  a  tout  lieu  de  regarder  cette  opinion 
comme  la  seule  vraisemblable.  Il  est  probable 
que  ce  fut  pour  avoir  laissé  percer  ses  doutes  sur 
la  doctrine  de  la  Trinité  que  les  Uiéologiens  de 
Zurich ,  et  avec  eux  tous  ceux  de  la  Suisse^  se 
déchaînèrent  contre  lui.  Sa  prétendue  tolérance 
pour  la  polygamie  ne  fut  qu'un  prétexte  ou 
peut-être  une  occasion  de  le  décrier  et  de  le 
perdre.  C'est  un  fait  digne  de  remarque  que 
presque  tous  les  Italiens  qui,  au  seizième  siècle, 
embrassèrent  la  réforme  finirent  par  devenir 
unitaires.  Ajoutons  enfin  que  les  Capucins  n'ont 
pu  se  résoudre  à  condamner  un  homme  qui  avait 
honoré  leur  ordre  naissant  par  ses  vertus  et 
par  ses  talents.  Afin  de  pouvoir  en  toute  cons- 
cience avoir  sa  mémoire  en  vénération,  ils  ont 
imaginé  qu'à  la  fin  de  sa  vie  II  abjura  ses  é^ 
reurs  et  qu'il  souffrit  à  Genève  le  martyre  pour 
là  cause  catholique. 

Il  est  à  peu  près  impossible  de  dresser  une 
liste  complète  des  ouvrages  d^Ochino.  On  ne 
peut  même  guère  se  reconnaître  au  milieu  des 
indications  souvent  divergentes  des  bibliogra- 
phes, et  la  rareté  extrême  de  ces  écrits  ne  per- 
met que  difficilement  de  les  contrôler.  On  a 
tout  lieu  de  croire,  avec  Bayle,  qu'Ochino  n'é- 
crivit jamais  qu'en  italien.  Quelques^ns  de 
ses  ouvrages  ne  se  trouvent  plus  cependant 
que  dans  les  traductions  latines,  et  un  dans  une 
traduction  anglaise.  U  est  probable  qu'il  -y  en 
a  dont  la  traduction ,  faite  sur  le  manuscrit  de 
l'auteur,  a  seule  été  publiée  ;  c'est,  selon  toutes 
les  vraisemblances,  le  cas  pour  ce  dernier; 
mais  d'autres  ont  été  certaUiement  publiés  à  la 
fois  dans  langue  originale  et  dans  de$  traductions 
latines.  L'original  italien,  répandu  surtout  dans 
des  pays  restés  catholiques,  a  fini  par  dispa- 
raître, tandis  que  les  traductions  se  sont  con- 
servées dans  les  pays  devenus  protestants.  C'est 
ce  qui  se  voit  en  particulier  pour  deux  ou  trois 
ouvrages  d'Ocliino  traduits  en  allemand  que  die 
J.  Vogt  et  dontics  originaux  italiens  ne  se  re- 
trouvent plus  nulle  part.  Nous  ne  ferons  men- 
tion que  des  écrits  les  plus  connus  de  cet  ancien 
général  des  capucins ,  renvoyant  pour  de  plus 
détails  à  la.  Biblioiheca  aniUrinitaria,  à 
J.  Vogt  et  à  de  Bure;  —  Dialogi  sacri  del  re- 
verendo  padre  fraie  B.  Ochino  da  Pierra, 
générale  dei/rati  Cappuzjtini;  Venise»  1542, 
in-8^.  Ce  livre  fut  probablement  publié  pendant 
qu'il  prêchait  le  carême  à  Venise;  —  Eesponsio 
qua  rationem  reddit  discetsus  ex  ilalia; 
Venise,  1542,  m-go;  Torlginal  italien  n'est  pas 
connu  ;  —  Bpistola  alU  molto  tnagnifici  se- 
nori  di  ItaUa  délia  eitià  di  Siena  ;  Genève , 
1543,  in-S°.  On  a  une  traduction  française  de 
cette  épttre  et  de  la  précédente  réunies  en- 
semble :  Épttre  de  B,  Ochin^  adressée  aux 
magnijlques  seigneurs  de  Sienne,  oà  il  rend 
compte  de  sa  doctrine ,  avec  une  autre  épttre 
à  Mutio  Justi  Napolitain ,  par  laquelle  U 
rend  aussi  raison  de  son  département  d^Italie 


49& 


OCHIINO  —  OCHOSIAS 


436 


et  du  changement  de  son  estai,  tramiatëê  de 
la  langue  italienne;  l&U,  ia-S^;  —  Eêposk- 
timie  sopra  in  epMota  di  son  P&oiù  alti  Ro- 
mani; Attgsbourg,  t545,  m*t3;  trad.  en  laÉin 
par  CastalioB,  et  €a  allenundy  Au^.,  Ia46;  ~ 
Sfpeeitionê  âopra  la  efmtola  di  $an  Paolù 
alli  Galati  { ADgsbaurg),  tô4«y  ia-12  ;  trad.  ea 
aklem.  et  poMiée  en  même  temps  qae  PoiiTrage 
original;  —  Riposta  di  messer  B,  Ochino  da 
Siena  aile  /aise  ealmmnie  e  impie  Moatemie 
d9  frate  ambr.  Catar.  PoUto  (  Aogibi),  lô4«, 
ht*'.  C'est  une  réponse  ii  mm  petit  Ihife  d-Ambr. 
Calar»  Lanoelotfe»  PoHW  ;  Rimedio  a  te  pesli- 
lente  doetrina  di  B.  Ockinû,  Rome^  lâ44, 
in^ê*,  lequel  n'élnt  hii-nèiae  qa'une  céfatatieo 
de  la  lettre  d'OeMno  aux  magnifiques  seigneurs 
de  Sienne;  ^  Tragedff  mr  dialogme  qf  ihê 
i^ffmât  uswrped  primarp  0/  tke  biskop  ot 
Rome  and  of  ail  tke  just  mbeàskmg  t^  the 
same;  Londre»,  1-S49;  in-4";  traduction  an- 
glaise faite  par  J^  Pmet,  el  dédiée  a»  voi 
Edouard;  d*m  liive  drait  i'origÎDalitaiiea  n'a  Ja- 
maia  été  impiimé  ;  —  Sermoiees  très  ée  o/ficio 
pr^ncipis;  Bùle,  tdô(H  in-ê'',  trad.  laliine  £ûte 
par  Curion.  L'originai  italien  fut  publiée  en 
même  lempe.  Ces  tams  éiseours  se  retrooTent 
dans  les  5  yoL  des  sermons  d'Ochim»^  —  Àpo- 
Ibgi  nei  qwUi  se  stuopramo  gli  abusi ,  er- 
rori,  ett.  délia  simagoga  del  Papa  et  ée  smoi 
preit,  monaei  efraH;  Genève,  1654»  în*8<>, 
trad.  en  lat  par  Castateu  Oo  en  a  uœ  trad. 
ailem.,  156ê,  ii>4%et  l&SOv «t  me  helland.,  Dor- 
dreeht,    ICO?  ;  —  M>ialmgo  del  pwrgatorio; 
Zwrich ,  1555,  in-8°,  traduct.  latine  par  Dumas 
puMîée  en  même  temps  qfoe  l'original.  On  a 
awsi  des  traduct.  allem.,  1565  ;  français,  1568  ; 
an^^ais,  1667  ;  et  holland.  ;  —  Sincerœ  e$  verss 
doetrinss  de  Cœna  i>ominà  de/ensio ,  contra 
tiln'os  très  Joaeh.  Westpkali  ;  Zurich ,  165<S 
ifi-8*.  Joch.   Westphales  était   prédicateur  à 
Haroboarg.  On  ne  connaît  pas  roriginal  italien; 
^  Le  Prediehe  di  messer  B,  Ochéno,  nomate 
LabyrintM,  overo  del  servo  arbitria,  pre^ 
scienza,  predesttnatione  e  tiàerta  divina  e 
del  modo  perusar  si;  Bâie  (L&60),  in-8^  Il 
en  paml  e»  même  temps  ane  traduct.  latine. 
J.  Vogt  en  eite  une  traduct  angi.  ;  _  Disputa 
intomo  cUîa  presensa  del  corpo  di  Giesû 
Christo net  sûcrament&deUa  Cena  ;  Bâie,  1 56! , 
in*e^  :  publiée  en  même  tempe  en  latfn,  cette 
traduction  est  suivie  de  cette  des  Labyrinthes  ; 
—  It  Cateehisma,  owero  ênstituzUme  chris^ 
ttana  in  ferma  di  dialagm;  Zurich,  1561, 
\n'%**  :  cet  ouvrage  est  loin  d'Klirla  production  la 
plus  fWble  d'Oehino ,  ainsi  qu'on  la  prétendit  ; 
--  LeprediefiêdkmesBer  B,  Ockino  daSiena; 
Bêle,  1569, 5  iMi  ii»-6^.  Ptasieurs-de  ees  sermena 
enraient  d^à  été  imprimés.  J.  Vegt  en  dte  va 
premier  teeueii  de  1542,  in-^  renfermant  eeise 
8ermon»,etmr  autre  de  1543,  i»-l6,  qui  enreon- 
tient  viugl-si3ft.  H  ett  probable  que  la  ikâe  l'56t 
B'nuliqne  KhnpraaoioD*  que  du  deniier  ve/hmier 


les  qnatre  Tolumes  précédeuta  n*ont  pas  en 
effet  de  date  et  parurent  vraiscniblabftemenf  au 
tériearemenf.  On  a  uue  traduct.  franc,  des  pre- 
miers sermons  seua  ce  titre  :  Serntonâ  très» 
utUes  de  Bernard  Ochin;  1561,  io*8*»  Ces 
sermona  sont  au  nombre  de  vingt-deux.  Ou  a 
aussi  une  traduct.  allemande  des  sermona  d^O^ 
chino  de  1545,i»-4**;  ee  sont  probaMemeot  les 
seiae  de  Pédition  de  1S49;  —  ifwlogi  XXX 
in  duoe  libros  divisi,  quorum  prinme  eetde 
Messia  eantinetque  dialogot  XVt/i;  seew^ 
dus  est  eum  aliis  de  reàms  varUs^  tum  po* 
tiêsvmum  de  triniiate;   Bâte,  1563,  2  vol. 
in-6^  Cette  traduction  tatine  est  de*  Seb.  Cas» 
talion;  mais  on  ^^lore  si  elle  a  été  unie  sur  le^ 
manuscrit  de  l'auteur  ou  sur  Touvraga  origiBai 
imprftné  ;  on  ne  aiie  pas  même  s'il  a  été  im- 
primé eu  italien;  personne  du  moins  n'en  a  en- 
core vu  d'exempraire.  Th.  de  Bèze,  après  avoir 
pris  parti  contre  Ochino  dans  la  poursuite  di- 
rigée contre  lui  pour  le  91*  de  ces  trente  dialo- 
gues, crut  devoir  réfuter  dans  un  trailé  spécial 
les  erreurs  qui  lui  étaient  attribuées  tooebanl 
la  polygamie;  ce  traité  est  intitulé  :  Traetaius 
de  polt^amsat  in  qw>  Oefdni  argumenta  re- 
futaniur;  Genève,  1587,  in-t**.  Om  peut  voir 
dans  Bayle  ce*  qu^étaient  ces  prétesdas  argu- 
ments d'Ochiflo.  J.  Vogt  cite  encore,  sur  les  indi- 
cations de  Reimmau  et  de  Decker,  un  antre  ou- 
vrage d'Oehino  :  Actu  Piftatij  mais  sans  donner 
la  date  ni  le  lieu  de  {^impression;  il  indique  en- 
core quelques  fradoctiens  allemandes  d'écrits 
d'Oehino ,  dont  les  originaux  italiens  no  seul 
mentiOBnés  nulle  part  ;  os  ne  peut  pas  conclure 
de  \k  qu'ils  n'existent  plus,  ni  encore  moios 
qu'ils  n'ont  jamais  existé.  Hais  on  a  là  une 
preuve  nouvelle  de  rotisoarité  qui  enveloppe 
L'histoire  des  ouvrages  de  cet  homme  eél^rê. 

Hieliel  Nioous. 

Bayte  ,  Dtet.  kOtar.  -  OSmorm  lUwrjef ,  U  lltvp.  ns 
et  7S1  ;  t.  IV,  p  I6S.  —  Marohand,  DM,  kÛL^  U  I,  p.  3ie. 
—  Musée  des  prolett.  eéUbres  —  Saodius.  JBibliot/L 
antltrtnUarU>rmn.  —  J,  yogt,  Catatoçm  historié»- 
erUicus  Ubror.  rarlormn  •  p.  UH  W,  —  Ae  Sun,  È^ 
bUogriMphèe  imtruct.^  1. 1,  p.  4M-41S. 

OCHOSIÂ9,  en  hébreu  prise  ou  posjessio» 
du  Seigneur f  roi  d'Israël,  mort  en  886  avant 
J.-C.  Il  était  fila  d'Achab,  auquel  il  succéda,  en 
888.  Son  père,  quelque  temps  avant  de  mourir, 
l'associa  à  la  royauté.  Dès  les  premiers  jours  de 
son  règne,  Ocbosias  eut  à  comluiUre  contre  les 
Moabites,  qui  avaient  secoué  le  joug  des  Israélites. 
Il  remporta  qjaefques  avantages  sur  eux  ;  mais 
une  chute  qu'il  fit  du  haut  de  la  plate-forme  de 
son  palais  de  Samarie  l'empêcha  de  suivre  ses 
suceès.  Il  pratiquait  la  religion  de  ses  parents; 
il  adorait  Baal  et  La  déesse  Astarté,  dont- Jéiahai, 
sa  mère,  venait  d'introduire  la  cuUe  dans  Israek 
Inquiet  sur  les  résultats  de  sa  ctujte^  il  envoja 
consulter  Bécheébub  ^  le  dieu  d'fcron  (1),  pour 


410  aMicn  non  d^tumamm^moB-  daa  daq  «tpUaloi  i» 
PtiUitUn», aur  la  UmllaMiilda  la  trite daltanctàSattl 
Hcue»  de  ta  mer.  Oa  j  adorait  B^elzébub  (le  Dieu-m»»' 
rtl€\ 


497  OCHOSIAS  —  OCHS 

UToir  s*il  auHTTiTraît  à  sa  malddie.  Sur  Tordre 
d*«iaii|^,  dit  l'Écritare  {,Rois,  liv.  IV),  le  pro- 
phète Élie  se  porta  à  la  rencooUe  des  gens  d'O- 
ciiwias,  eilear  dit  :  «  Retminiez  vers  Totre  maître, 
et  demaadei-liii  de  la  part  da  Seigneur  s'il  n'y  a 
pas  de  Dieu  en  Israël^  qu'il  envoie  ainsi  consul* 
ter  Béelzébob,  le  dieu  d'Écvon?  G*est  pour  eela 
qu'il  ne  relèvera  pas  du  lit  ob  il  est ,  et  qu'il 
mourra  certainement  ■  Ochooias,  reconnaissant 
que  cTétait  ÉUe  qui  avait  parlé  à  ses  agents,  en- 
voya aussitôt  vers  le  prophète  nn  capitaine  et 
dnquunte  hommes  d'armes.  Ce  capitaine  monta 
vers  Elfe,  qui  était  assis  sut  le  haut  d^lne  mon- 
tagne, et  lui  dit  :  «  Homme  de  Dieu, le  roi  vous 
oomoMnde  de  descendre.  »  Éiie  lui  répcadit  : 
«  SI  je  suis  boimne  de  DieH,>que  le  feu.  descende 
du  ciel  et  vous  dévore  »  arvec  v«s  cinquante 
hoDMBes.  •  Ausssilôt  le  feu  du  ciel  deseendityCi 
dévora  le  capitaine  arec  les  oîMiuante  soldats 
qoi  étaient  avec  lui.  Ochosias  envoya  encore  un 
antre  capitané  «vee  les  cinquante  hofismes  qui 
étaient soMàai;  il  dH  à  Ëiie  :  «.Homme  de 
Dieu,  le  roi  vous  fait  dire:  HÂtes-voua  de  des- 
cendre. »  Élie  lui  répondit  :  «  Si  je  suis  homme  de 
Dieu,  que  leTeu  du  ciel  descende  et  vous  dévore 
avec  vos  cinquante  hommes.  »  £t  aussitôt  le  feu 
du  ciel  dnecendii,.  et  dévora  le  eapitalDe  et  les 
CHiquanie  hommes  qoi  étaient  avec  Uii.  Ocho^ 
sian  envoya  encoM  an  troiaiènie  capitaine  et  ses 
ciD<piante  hommes.  Ce  capitaÎBe  étant  venu  de- 
vant Élie,  se  mit  à  genoux,  et  loi  fit  cette  prière: 

•  Homme  de  Diea,  maves-aioi  la  vie  ainsi  qu'à 
vos  serviteurs  qoi  sont  avec  moi!  Le  feu  est 
d^à  descemlu  du  ciel ,  et  il  a  dévoré  tes  deux 
premters  capitainea  et  les  cinquante  hommes 
que  commandait  chacun  d'eux;  mate  je  vous 
supplie  présentement  d'avoir  pitié  de  manâme.  » 
£t  l'ange  4u  Seigneur  parla  à  Élie.et  hii  dit  : 
«  Descendes  avec  tri,  et  no  craignes  points  » 
£ite  se  teva  donc,  et  descendit  afvec  le  capitaine 
pour  nlter  vers  le  roi,  auquel  il  dit  :  «  Parce  que 
vous  avez  envoyé  des  gens  poarconsuèter  Béel- 
zéhub,  le  dieu  d*Éenm,  comme  sll  ft'y  avait 
pas  on  Dieu  en  Israël  que  vous  puisstee  consul- 
ter, voua  ne  relèverez  point  du  Kt  sur  lequel 
vous  êtet;  mnié  vous  mounnez  certeinenieBl.  » 
Odweiaa  mourut  dene,  selon  te  parote  que  te 
Sei0ieor  avait  dite  par  Élie,  et  Joram,  son  frère, 
régm  en  sa  place,  car  Oehosiaa  n'avait  point  do 
fitew  Aprèo  ce  rédl  bibliqtte,  si  shnpte  et  si  nuU; 
il  reste  peu  à  a^onler  au  court  li^ie  d'Ocho- 
ma.  Un  seul  fait  hitéressant  s'y  rattachât 
J^osafiiiat,'  roi  de  Jtda,  ayant  équipé  une  flottn 
à  Astengaher,  en  deitfnation  d'Opfair,  Ouhosias 
le  pria  de  recevoir  sur  ses  vai8seao%  quo^ 
qoes  IsraélHes.  Le  roi  de  loda  y  oonsentil; 

•  nmte  le  Seigneur,  irrité  de  cette  altianeet  P^*' 
mil  que  cette  flotte-  fM  brisée  par  tes  vente  eft 
anéanCio  par  lea  llois  avec  tout  esun  qn'dte 
portoff.  n  Dans  la  crainte  d'un  pareil  éëuulbn. 


488 


I 


l£S  Bois,  Uv.lll,cha9.  XXll,  S  40,  49. SO,  8l-i4;  H?,  l\\ 
cïap.  i«,  t  1-18.  -  Flavius  Joséplie,  'ïouocttjwi  Aç>- 
XOUoXoYÎa.  -  A.  Torrieeltl,  Annales  saeri  et  prof  a - 
nos,  etc,  (Mltan,  ICIO,  s  vol  In-rol.).  -  Sallan,  Ann.  ecete- 
siasîiei  veUrit  TestamenH,  etc,  ;  Pïris^  1641 ,  6  vol.  te-IoL 

—  Blehard  et  GiranS,  BUUotMdfm  sacrée. 

OCHOSIJM,  appelé  ausai  Joachax,  et  selon 
quelques-uns  Osà0ê  et  Àsarku,  roi  de  Juda,. 
parent  du  précédent,  né  en  907,  mte  à  mort  en 
884  avant  J.-G..  Dernier  fils  de  Joram  et  d'Athn- 
Ite,  il  suceédaà  son  père  en  Mo,  tous  ses  frères 
ayant  éte  taés  par  une  troupe  de  voleurs  arabes 
qoi  avaient  fait  irruption  dans,  te  camp  royal  de» 
Juitei  n  avait  vingt- deux  annlonsqn'il  commençai 
à  bégner.  «'  Il  marcha  dans  ies>  «aies  de  la  maison 
d'Achab,  et  il  fit  te  mai  devant,  le  Seignear^  parce 
fo'il était  gendmdo te  mMsond'Aehab^ »  ( Re&^ 
libi.  iV,  cap,  VHi).  Il  s^aiite  avos  Joram,  ros 
d'Israd,  pour  combattre  Hazael,  roi  àe  Syrie. 
One  bataille  eut  lieu  devant  Raraoth  en  Gaiaad. 
Les  Bébnsun  eurent  l'avantage;  mate  Joramayant 
été  grièvement  btessé,  lea  deux  rds  revinrent  à 
JesraeL  8nv  ces  cntreteiÉes  Jéhu,  général  deo 
troupes  de  Joram ,  reçut  on  envoyé  du  propliète 
Elysée,  qoi  lui  ordonnait  d'exiemmier  la  miaison 
d'Adiab.  Jéhn,  devenaainsîL'élndu  Seîgneur,sou- 
leva  seslrmipes.  Joram  prenant  te  fbite  dit  à>  Ocho- 
sias  :  «  Nouo  somme»  trahte  1  »  Et  Jéhu  tendit  son 
arc,  et  frappa  Joram  entre  tesépauies  ;  te  iteehe  lui 
traversa  le  cœur,^t  il  tomba  mort  dms  son  cha- 
riot. Alors  Jéhu  dit  à  Badaccr,  eapilaine  de  ses 
ganles-  :  «  Prenez-te  et  jotez-te  dans  le  diamp  de 
2laèotii,  sdon  te  parote  du  Seigneur.  »  Ga  qu'ayant 
vu,  Ochosias,  roi  do  Joda,  s'enteit  par  le  chûnin 
de  la  maiaon  du  jardin;  et  Jéhu  le  poursuivit^  «t 
dit  :  «  Frappes  aussi  ceioHâ  dana  son  chariot. 
Ite  le  frappèrent  donc  aa  lieu  où  Ton  monte  è 
Gaver  (ville  de  te  dcrei-trib»  O.  de  Blanasaé)  qui 
est  près  de  Jéblsnm.  £t  s'étant  enfui  à  Mageddo, 
il  y  mourut.  »  (Fof.  AnmuE,  JAno,  Jouah  et 

JOAS.)  A.  L<. 

Lsê  Rois,  lU.  IV,  ebat<  vnx,  |  S»-st  ;  ebai».  ix,  §  K-ss. 

—  ParaiipomineSf  lir.  II,  chap.  xjui.  —  Dom  Calmet, 
Dictionnaire  de  tu  Bible.  -  RfcAard  et  Gtraad.  BMlo- 
tM^iÊe  Sucrée, 

OGH6  (Pierre),  homme  d'État  smcso, né eo 
1749,  à  laite, mort  te  19  juin  1821,  danatemémo 
ville.  Lorsquii  eut  terminé  ses  éfendes^  il  trouva 
dans  le  pabUciate  Isaac  Iselte  nn  pvoteetenr 
bienveiltant,  qui  te  dirigea  dana  te  carrière  des 
affairea  publiques  et  qui  demeura  son  ani  jus- 
qn'è  f  époque  de  sa  mort,  arrivée  en  1782.  Ses 
aptitades  natareles  et  un  travail  aasidu  lui 
firent  acquérir  de»  comatesanceo  étendues  dans 
rUsteh^  et  te  Jurisprudence,  li  étail  docteur  en 
droit,  et  possait  pour  on  des  ptee  sanranto  juris- 
consultes de  te  Suisse  tersqnV  hn  appete  par  les 
événemento  h  mettre  set  telento  en  temière. 
Chois!  par  ses  cMKiInyena  pour  élre  f  un  deo 
tetermédiairea  du  nppfochnmeat  projeté  entre 
te  roi  do  Piwwe  et  te  république  frinçaiae,  il  eut 
part  èla  pah  qui  fut  signée  à  Bftte,  te  5  avril  1795» 


Josaphat  refusa  de  faire  un  nouvel  armement,  '  et  concourut  Clément  aus  traités  oonctes  avec 
quoique  Ochosias  lui  en  garantit  tes  flrais.  A.  L.  »  fEspagneretrélccteurde  Hesse-Oissel,  le  22  juif* 


489 


OCHS  —  OCKEUSE 


440 


]et  et  le  5  août  de  la  même  année.  Soo  atta- 
cliementaux  principes  démocratiques,  dont  il 
avait  donné  des  preures  en  des  circonstances 
difficiles,  l'avait  en  quelque  sorte  désigné  aux 
fonctions  de  grand  tribun  de  BAIe  ;  et  il  en  était 
encore  investi  lorsque  le  conseil  souverain  de 
cette  cite  l'envoya  à  Paris  (novembre  1797)  pour 
y  conduire  plusieurs  négociatiouit  relatives  à  des 
échanges  de  territoire  entre  la  Suisse  et  la  France. 
Un  mois  après  éclata  la  révolution  concertée 
par  le  général  La  Harpe  avec  les  mécontents  du 
pays  de  Vaud.  Ocbs.  qui  s'était  associé  à  leurs 
menées  et  dont  le  but  secret  était  d'établir  dans 
son  pays  un  gouvernement  unique  et  central , 
s'empressa  alors  d'envoyer  à  B&le  un  projet  de 
constitution  rédigé  en  français,  en  alleniand  et  en 
Italien,  et  calqoé  en  grande  partie  sur  la  consti- 
tution française  de  1795.  Les  démocrates  suisses 
souscrivirent  ^  ce  projet  avec  enthousiasme,  et 
le  nouveau  gouvernement  fut  installé  au  mois  de 
février  1796.  Élu  membre  du  sénat  helvétique, 
Ocbs  fut  le  premier  président  de  cette  assemblée 
réunie  k  Aarau  (12  avril);  mais  n'ayant  pu 
réussir  k  entrer  au  directoire»  il  dirigea  ses  at« 
laques  contre  cette  autorité  nouvelle,  l'accusa 
de  s'être  arrogé  différents  pouvoirs  et  de  cons- 
pirer avec  les  aristocrates  bernois,  et  en  provo- 
qua le  renversement.  En  plein  sénat,  il  traita  de 
la  façon  la  plus  inyuriense  le  directeur  Bay,  et 
rappela  «  coquin  ■  ;  il  ne  ménagea  pas  davan- 
tage le  grand  conseil.  Au  mois  de  juin,  Rapinat, 
commissaire  de  la  république  française,  outre- 
passant ses  pouvoirs,  osa  destituer  Bay  et 
Pfetffer  etlenr  donner  pour  successeurs  Ochs  et 
DoMer,  ses  amis.  Ce  coup  d'État  impolitique 
causa  des  troubles  en  Suisse  ;  Rapinat  fut  rap- 
pelé et  envoyé  à  Mayence,  et  Ocbs  se  vit  obligé 
de  résigner  des  fonctions  si  violemment  impo- 
sées. Toutefois  au  bout  de  quelques  jours  il  fut 
installé  au  pouvoir  par  le  libre  vote  des  deux 
conseils  législatifs.  Partisan  dévoué  de  l'influence 
française,  il  excita  contre  lui  Tanimadversion 
publique,  et  fut  entraîné  dans  la  cliute  de  Mer- 
lin, TreiUard  et  La  Revellière-Lepeaux.  A  peine 
les  résultats  de  la  journée  du  30  prairial  an  vu 
Airent-ils  connus  à  Berne  que  dans  la  soh'ée  du 
7  messidor  (IS  juin  1799)  ses  collègues  le  for- 
cèrent à  donner  sa  démission»  sous  peine  d'être 
mis  en  jugement  Afin  de  laisser  aux  esprits  le 
temps  de  se  cahner,  il  se  rendit  en  1800  à  Paris. 
Deux  ans  plus  tard  il  assista  à  la  consulta 
suisse,  convoquée  dans  cette  ville  par  le  premier 
consul,  et  prit  part  à  la  nouveUe  constitution  qui 
régit  son  pays  jusqu'à  la  fin  de  l'empire.  Doué 
de  qualités  supérieures,  Ocbs  aimait  la  liberté  ;  il 
eutle  tort,  et  il  le  reconnut  lui-même,  d'avoir 
trop  souvent  cédé  aux  suggestions  du  gouverne- 
ment français.  Il  faut  accorder  pea  de  confiance 
au  jugement  passionné  que  Mallel-Dupan  a  porté 
sur  cet  homme  d'État.  On  a  de  lui  :  liitre 
d'un  ciioffen  de  Bdle  à  un  de  ses  amis  à 
Nêti/chdlel\  1781,  in-8*;  —  GescMchte  van 


Baset  (  Histoire  de  la  Tille  et  du  territoire  de 
Bàle);  BAIe,  1785-1822,  6  vol.  itt-8*  :  cet  ou- 
vrage, un  peu  prolixe,  a  été  cité  par  Mûller  ayee 
éloge;  ->  Projet  d^une  constitution  helvé» 
tique;  Paris,  1797,  in*12;  Merlin  (de  Douai), 
alors  directeur,  a  ai  part  à  la  rédaction  de  cette 
pièce;— L'incascTOIoAii,  tragédieiB^  1807, 
in-8*;  —  V  Homme  à  Vheure^  comédie  em. 
profe;  Paris,  1808,  in-8'>;  —  Prométhéet 
opéra;  Paris,  1808,  in-8*;  aucune  de  ces  pièces 
n'a  été  représentée.  P.  L. 

MonUemr  «nlv.,  an  tx  et  tu.  —  Hallel-Dupâo,  £Ma4 
sur  la  deiirueUon  dé  la  ligw  et  delà  Uberti  helvëCiqme» 
-  Jiimmal  det  /Wteto,  fToov.  IMS.  -  Mahul,  Mnmuttrê 
néerolog^  lats. 

*  OGH8BIIBBIH  (  T/fic),  homme  politique  et 
militaire  suisse,  né  en  1811,  près  de  Thun.  FiU 
d'un  aubergiste,  il  étudia  le  droit  à  Berne,  y  de- 
vint après  la  révolution  de  1830  archiviste  de 
juge  d'instruction,  et  se  fit  en  1834  inscrire  au 
barreau  de  cette  Tille.  Dans  l'intervalle,  il  ayait 
été  nommé  officier  d'artillerie  dani  la  milice,  oe 
qui  lui  donna  l'idée  de  s'adonner  entièrement  à 
la  carrière  militaire,  où  il  espérait  parrenir 
plus  Tite.  Il  entra  dans  l'état-major  fédéral,  et  j 
fut  nommé  en  1844  capitaine.  L'année  suivante 
il  organisa  et  dirigea  les  corps  firancs,  qui  firent 
invasion  dans  le  canton  de  Luœme,  sons  le  pré- 
texte qu'on  venait  d'y  appeler  les  Jésuites.  Re- 
poussé avec  perte,  il  fut  radié  de  l'état-major 
pour  cet  acte  d'agression.  En  février  1846  11 
prit  une  part  active  aux  manœuvres  du  parti  ra- 
dical, qui  amenèrent  la  chute  du  gouvernement 
de  Berne;  il  fut  nommé  en  récompense  conseil- 
ler d'Etat  et  membre  de  la  diète.  Devenu  en  1 84  7 
président  de  la  confédération,  il  usa  de  tout  soo 
pouvoir  pour  provoquer  la  guerre  contre  les 
sept  cantons  catholiques,  qui ,  pour  sauvegarder 
leur  autonomie,  garantie  par  la  constitutiott,  s'é- 
taient constitués  en  union  séparée  (connue  soos 
le  nom  de  Ssmderbund);  commandant  hii- 
même  les  dix-huit  bataillons  du  contingent  ber- 
nois, il  se  signala  par  sa  bravoure  dans  cette 
lutte  fratricide,  M.  Ochseobein  devint  ensuite 
un  des  principaux  auteun  de  la  nouvelle  oon»- 
titntion  de  la  Suisse,  qui  enlcTa  aux  cantons  une 
grande  partie  de  leur  indépendance ,  au  profit 
d'une  autorité  centrale,  représentée  par  deux 
chambres  et  le  conseil  fédéral ,  investi  du  poa- 
voir  exécutif.  Appelé  è  siéger  dans  ce  conseil, 
M.  Ochsenbein  y  fut  chargé  de  la  direction  des 
affaires  militaires,  qu'il  réorgimisa  avec  beau- 
coup de  succès.  En  politique  il  tint  depuis  1849 
une  conduite  modérée,  qui  lui  aliéna  la  faTeur 
du  parti  radical  ;  aussi  aceeptat-il  avec  emprea* 
sèment  en  1856  l'offre  d'entrer  aTec  le  grade  de 
général  de  brigade  au  service  de  la  France;  il 
fut  chargé  de  former  deux  régiments  de  Suisses, 
qui  devaient  être  employés  en  Crimée;  après  la 
conclusion  de  la  paixr  de  Paris,  il  fut  mis  en  die- 

ponibilité.  E.  6. 

MàMMer  dvr  ZHt  (Ulpsif.  1SS9). 

OGKBR8B  (GuUlaume-Antoine)^  littérateur 


441 


OCRERSE  —  O'CONNELL 


442 


boHaodaU,  né  en  1700,  à  Vianen.  H  étudia  la 
théologie  à  Utrecht,  et  y  prit  le  diplOine  de 
docteur.  Après  avoir  été  pendant  plus  de  dix 
ans  pastear  de»  protestants  réformés,  il  fut 
obb'gé  en  1795  de  cesser  Texereice  de  son  minis- 
tère, à  cause  de  la  faiblesse  de  sa  santé,  et  s'établit 
à  Amsterdam.  Nommé  membre  de  la  seconde 
cooTention  nationale  (1797),  il  se  distingua  par 
son  patriotisme  et  ses  talents,  et  prit  part  aux 
trayaux  de  la  commission  chargée  de  rédiger 
Pacte  constitutionnel.  A  la  suite  de  la  contre- 
révolution  du  12  juin  1798,  il  subit  une  déten- 
tion passagère.  En  1810  il  occupa  de  nouvelles 
fonctions  pastorales  dans  une  paroisse  du  Mord- 
Hollande,  donna  en  1818  sa  démission  et  ac- 
cepta la  place  de  secrétaire  de  la  société  de  bien- 
faisance qui  venait  d'être  formée  à  La  Haye. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  TraUé  sur  la 
connaissance  générale'des  caractères  ;Utrecht, 
1788-1807,  trois  part.in-8'>;  —  Ganette  écono- 
mique^  ann.  1800  et  1802;  —  Lectures  pour 
les  gens  du  monde;  Amsterdam,  1809-1810, 
dnq  part,  in-8^  ;  —  Discours  napoléoniens; 
ibid.,  1814-1815,  deux  part,  in-8'';—  La  Ba- 
taille de  Waterloo  y  à  Vusage  des  petits  en- 
fants qui  aiment  la  religion  et  la  patrie; 
ibid.,  1817;  —  Lettres  sur  le  Caucase  et  la 
Géorgie;  ibid.,  1817,  trad.  de  l'allemand.  On 
lui  doit  encore  la  traduction  en  hollandais  de  la 
plopartdes  écrits  de  Salzmann,  des  sermons  et 
beaucoup  d'articles  de  critique  et  de  littérature 
insérés  dans  les  recueils  du  temps.  K. 

Vas  der  Aa,  Bioçraph.  JF<Mrdenlbak9, 

OCRLBT  {Simon  ),  orientaliste  anglais,  né  en 
1678,  à  Eieter,  mort  le  9  août  1720,  à  Swave» 
sej  (  comté  de  Cambridge  ).  Il  fit  ses  études  à 
l'université  de  Cambridge,  et  montra  de  bonne 
heure  beaucoup  de  zèle  pour  les  langues  de  l'O- 
rient Dès  qu'il  eut  embrassé  la  carrière  ecclésias- 
tique, il  obtint  la  petite  cure  de  Swavesey  par 
rintermédiaire  de  Simon  Patrick,  évèqne  d'Ely, 
qui  foirait  de  ses  talents  une  estime  particulière, 
et  en  1711  il  devint  professeur  d'arabe  à  Cam- 
bridge. Nul  savant  à  cette  époque  ne  pouvait 
remplir  cette  chaire  arec  plus  d'autorité  que  lui  : 
non-seulement  il  possédait  à  fond  les  langues 
orientales ,  mais  il  s'efforça  constamment  d'en 
étendre  le  goût  dans  son  pays;  il  en  faisait 
comme  la  base  des  études  théologiques,  et  dé- 
clarait qu'à  son  avis  on  n'était  pas  un  grand 
théologien  sans  en  avoir  quelque  teinture.  Ockley, 
dont  la  vie  fut  courte,  eut  souvent  à  lutter 
contre  la  misère;  il  était  chargé  de  famille,  et. 
Gomme  il  ne  savait  pas  intriguer,  ses  protec- 
teurs l'oublièrent.  Dans  son  discours  d'inaugura- 
tion, prononcé  en  1711,  il  se  plaint  de  la  for- 
tune, qu'il  traite  d'em;»oifo;ineiMe  et  de  mo- 
rdtre^  et  il  parle  de  soucis  cuisants  comme  de 
choses  qui  lui  étaient  depuis  longtemps  fami- 
litees.  L'mtroduction  du  t.  U  de  l'^t^loire  des 
Sarrasins,  écrite  dans  l'hiver  de  1717,  est  datée 
de  Cambridge  castle,  c'est-à-dire  de  la  prison 


pour  dettes.  On  a  de  lui  :  Introduetio  ad  Un- 
guas  orientales  in  qua  iis  discendis  via  mu- 
nitur  et  earum  usus  ostenditur,  Cambridge, 
1706,  .in-8®;  il  y  a  un  chapitre  relatif  à  la  fa- 
mensa  discussion  qui  s'éleva  entre  Buxtorf  et 
Cappell  an  sujet  de  l'origine  et  de  l'antiquité  des 
points-voyelles  de  l'hébreu.  Ockley,  après  avoir 
partagé  le  sentiment  du  premier,  se  rangea  dana 
la  suite  de  Taris  dn  second ,  bien  qu'il  n'eût  pas 
d'occasion  de  le  foire  connaître;—  Theffistory 
0/  the  présent  Jews  throughout  the  world; 
ibid.,  1707,  in-12,  trad.  de  l'italien  du  rabbin 
Léon  de  Modène  et  augmenté  d'un  Supplément 
eonceming  the  Caraites  and  Samaritans, 
d'après  Richard  Simon  ;  —  The  Improvement 
ofhumanreason  exhïbited  in  Ihe  l\feofHei- 
ehn-  YokdhaWf  written  above  500  years  ago 
by  Abu  Jaafar-ebn'Tophail,  ibid.,  1708,  in-d", 
fig*;  l'original  avait  été  publié  dès  t650  par  Po- 
cocke;  —  An  aecount  of  south-west  barbarg 
eontaining  what  is  most  remarkable  in  the 
territories  of  the  Hng  of  Fet  and  Marocco , 
ibid.,  1713,  in-8^  avec  une  carte;  ^  TneMiS" 
tory  of  the  Saracens;  Londres,  1708-1718, 
2  vol.  in-8'';  3*  édit,  Cambridge,  1757;  5"édit., 
augmentée,  Londres,  1848,  gr.  in-8*;  trad.  en 
allemand  (1745),  et  en  français  par  Jault  (1748)  : 
cet  ouvrage,  le  meilleur  de  l'auteur,  atxMide  en 
éclaircissements  curieux  sur  la  religion,  les 
mœnrs,  les  coutumes  et  l'histoire  des  Sarrasins 
depuis  la  mort  de  Mahomet  (1632)  jusqu'en 
1705  ;  pour  le  rédiger,  Ockley  mit  à  contribu- 
tion un  grand  nombre  d'écrivains  arabes  encore 
peu  connus,  et  il  résida  pendant  longtemps  à 
Oxford,  afin  d'être  plus  à  portée  des  manuscrits 
orientaux  que  renferme  la  bibliothèque  bod- 
leyenne;  —  The  second  apocryphal  book  of 
Esdras,  trad.  en  1716,  d'après  une  version 
arabe;  —  quelques  sermons.  P.  L— y. 

Cbalauen,  General  idoçrapk,  DtetUmanf.i 

o'gourbll  {Daniel,  comte),  général  û^ 
landais,  né  à  Darrynane  (comté  de  Kerry),  en 
août  1742,mortàMadon(LoiMst^her),te9juillet 
1833,  Après  avoir  appris  les  mathématiques,  le 
dessin  et  presque  toutes  les  langues  modernes,  il 
s'engagea  dans  le  régiment  iriandais  de  Clare,alors 
au  service  de  la  France.  Il  se  distingua  durant 
la  guerre  de  Sept  Ans»  «t  passa  dans  le  corps  dn 
génie.  Il  contribua  àlapri8edePort-.>fahon  par 
le  duc  de  Richelieu  (29  juin  1756) ,  et  reçut  plu- 
sieurs graves  blessures  au  siège  infructueux  de 
Gibraltar  (1782).  Il  devint  successivement  colo- 
nel du  régiment  de  Salm-Salm  et  inspecteur  gé- 
néral .On  lui  doit  V  Ordonnance  pour  l 'injanterie 
qui  fut  appliquée  en  1791.  11  refusa  de  servir 
sous  la  république,  éroigra,  entra  dans  l'armée 
des  princes  comme  colonel,  et  après  la  défaite 
de  ce  corps  (1793)  se  réfugia  en  Angleterre.' Avec 
l'agrément  de  Piit,  il  y  recruta  une  brigade  dite 
irlandaise,  composée  en  grande  partie  d'émi- 
grés français.  Cette  brigade,  d'abord  destinée  à 
agir  sur  le  continent,  fût  envoyée  au  Canada  et 


443 


•OXÎONNELL 


444 


-éans  les  iodes.  O'  CkmDell  donn'  sa  Aëinisfîra, 
etf»rolHaot  du  trattéd'Aniîeiis  (25  mare  1 802)  veo- 
tra  ea  France.  BientM  les  hostilités  reeemmen- 
cèrent  ;  les  Aogtaîs  restés  en  Frapce  forent  dé- 
>clarés  prisomiiers  defiierre  et  internés.  O*€on- 
■el  |)artagea  œ  sort  Les  Boarbom  à  leur 
relaur  le  aoimnèpent  maréch^  de  camp,  fl  fut 
•am  à  laretnite  «près  juillet  1830. 

A.  DE  L. 
jéreMvet  de  la  çuerre.  —  DocumefitM  partiemiert. 

o'coirNBLL  (Daniel),  patriote. et  homme 
VI*  État  irlandais,  né  à  Carhen,  dans  le  comté  de 
Kerry,  le  6  août  1775,  moit  à  Gênes,  le  15  mai 
1847.  Son  père,  cadet  d'une  ancienne  famille 
déTOuée  en  tout  temps  au  catholicisme  et  à 
rirlande,  araît  dixlenfants  :  Toilà  bien  des  rai- 
sons pour  n'être  pas  riche.  Heureusement  un 
oncle  célibataire,  Maurice  0*Connell,  adqpta  le 
jeune  Daniel,  se  chargea  de  son  éducation,  et 
(levait  plus  tard  lui  laisser,  avec  sa  fortune^  la 
terre  patrimoniale  de  Darrynane.  En  attendant, 
il  était  dans  la  destinée  du  futur  libérateur  de 
rencontrer  à  chaque  pas  qu'il  faisait  dans  la  vie 
•quelqu'une  des  entraves  qd  pesaient  sur  Tlr- 
tande  catholique.  H  avait  vu  son  père,  pour  ar- 
rondir ses  modestes  domaines,  forcé  de  re- 
courir à  un  préte>nom  protestant,  qui  pouvait, 
s'il  lui  en  prenait  envie,  garder  le  bien  sans 
payer.  Quand  il  s'agit  de  donner  à  l'enfant  les 
premiers  éléments  de  rinstnicfion,  il  fallut,  pour 
échapper  aux  pénalités  absurdes  encore  en  vi- 
gueur alors,  l'envoyer  A  l'une  de  ces  écoles  de 
village  dandesfines  qu'on  appelait  hedge 
schooU  :  telle  était  la  loi  (1).  Ce  ne  fut  (ju'à 
DSige  de  treize  ans  qu'il  put,  grftce  àTabulitlun 
partielle  de  ces  prohibitions,  entrer  dans  une 
pension  tenue  à  Âedington  par  un  prêtre  catho- 
lique, la  première ,  dit-on ,  qui  ait  été  ouverte 
publiquement  en  Irlande.  Mais,  jusqu'à  l'éta- 
blissement récent  du  collège  de  Maynooth.  les 
ressource^qne  cette  province  pouvait  olîrlr  pour 
rédueation  des  enfants  de  la  religion  romaine 
restèrent  extrêmement  bornées,  et  l'oncle  Mau- 
rice se  décida,  sur  la  sollicitâtiun  d'un  de  ses 
ffères  qui  babftalt  la  France  (2),  &  envoyer  le 
Jeune  Daniel  dans  un  des  sémina'u'es  catholiques 
dn  continent,  sinon  avec  le  dessein  arrêté  d'en 
ûiire  un  prêtre^  au  moins  pour  lui  donner  une 
Instruction  sérieuse,  qu'on  ne  trouvait  guère  à 
cette  époque  en  dehors  des  maisons  ecclésiasti- 
ques. Dirigé  d'atwrd  vers  Lîége«  avec  •  un  frère 
plus  jeune  que  lui ,  il  se  trouva  qu'il  n'avait  pas 
l'âge  requis  pour  l'admission.  Ce  fut  au  com- 
mencement de  l'année  X79i  quMt  entra  au  collège 
catholique  de  Saint-Omer,  pour  passer  un  an 

(1)  rag.  dans  roaTrage  d'O'Consell  tok-meoie  :  JIM- 
mntre  sur  Vlrlande,  traduit  par  Ortalre  Fournier,  dau 
la  lonf ne  Domf  ndatiirr  dex  grfef»  dont  11  poorautralt  le 
redreai enent,  les  articles  :  PropriéU,  Èdmaituifi,  p.  M 
et  suif. 

0}  Le  général  Daniel  O'CooDell,  Qul  moanat  en  ISSI 
(  f^oy.  l'article  précédent }. 


apnès  à  celui  de  Houat.  If  ne  tarda  pas  à  se  dis- 
tinguer dans  ses  daases,  et  son  supérienr,  le 
D'  Stapytton,  «dresse  à  l'onde  (qnf'veillait  arec 
•elllcitude sur  t^ucafioB  de  fts  neveux) les  li- 
gnes sotvantes  t  «  Quant  à  Daniel,  je  ne  veos  en 
écrirai  qukin  mot,  c'est  que  sMl  ne  joue  pas  un 
rOle  brillant  dans  le  monde,  jamais  de  ma  vie  je 
n'aoTsi  été  aussi  trompé.  » 

£n  1792  «ut  lieu  la  diapersioii  des  élablis- 
sements  religieux  ;  mais  les  deux  frères  firent 
obligés  d'attendre  à  Douai  pluaîeurs  semaines 
nne  occasion  et  des  fonds  pour  repasser  en 
Angl^erre.  O'ComieH  n'oublia  iamais  oe  pénible 
moment  :  les  diants  révolutionnaSres  hurlés  dans 
les  rues,  le  passage  des  soldats  ipA  se  rendaient 
à  la  frontière,  et  qui  à  la  vue  des  élèves  enoore 
revêtus  de  leur  costume  clérical  les  appelaient  : 
«  petits  aristocrates,  petHs  calotins  ».  Enfin, 
le  21  janvier  1793,  le  jour  même  oO  Louis  XTI 
montait  à  l'écbafaud ,  O'ConBell  se  mettait  en 
route  avec  son  frère  pour  Calais,  ^  revenait  dans 
son  pays  «  k  demi  tory  au  fond  dn  ccnir  »,  comme 
Il  le  déclarait  lui-même,  tant  cette  jeune  intelli- 
gence ,  ooiwrte  déjà  à  tontes  les  aspirations  li- 
bérales, avait  été  frappée  du  spectede  de  nos 
premiers  excès  1 

«  O^ConneH,  dit  son  compatriote  Shell,  dans 
-un  ouvrage  que  nous  aurons  plus  dHme  foîs  oc- 
casion de  citer  (1),  sentit  probablemeot  qu'il  y 
avait  trop  de  diahr  et  trop  de  sang  en  lui  pour 
farre  un  monte,  eC  la  nouveanté  de  la  carrière 
légale  le  tenta.  Le  barrean  venait  font  réeen- 
ment  d'être  ouvert  aux  catholiques.  11  laissa 
donc  SainA-Omer,  «es  "vêpres  et  ses  Jeftnes,  et 
ayant  avalé  le  nombre  requis  de  gigots  démon- 
ton  À  Middle-l^mple  (t)  fut  admis  dans  le  bar« 
rean  iriandals  an  terme  de  Pâques  1798.  »  Bien- 
toi  dans  eeeorps.qtfi  comptait  alors  des  hom- 
mes tels  que  Shefl,  Curran,  Phillips,  Grattfl^ 
on  disait  de  lui  «  qu'il  n'y  avait  pas  au  l>arreaa 
de  'Dublin  ni  aox  assises  fle  Munster  on  liomme 
qiiî  eomtOt  mieux  son  métier  queDaniel  0*Con- 
néll  ». 

Dans  la  même  année  1798,  le  grand  moore- 
ment  insm'rectionnel  conduit  parfassoctation  des 
lriandais-4]nis,  et  secondé  par  un  déttarquement 
de  troupes  françaises  sous  les  ordres  du  gé- 
néral Huml)ert,  venait  d^avorter,  et  servait  de 
prétexte  à  TAngleterre  pour  replacer  l'Iriande 
sous  un  régime  de  compression  violente. 
Ot^onnell,  il  faut  le  dire,  et  on  le  lui  reprocha 
souvent  depnis,  s'était  montré  peu  favorable  à 
cette  pri«e  d'armes,  soit  par  suite  de  la  maxime 
maîntvs  fois  professée  par  lut  «  qull  repoussait 
toute  amélioration  sociale  achetée  au  prix  d'une 
sente  goutte  de  sang  »,  soit,  comme  il  le  disait 
encore,  parce  quH  ne  pardonnait  pas  aux  Irlan- 
dais •unis  d'avoir  aidé  Pitt  à  faire  passer  TU- 

(1  )  Seéttfs  populair&s  en  Mattde  ;  Parts.  ISSO.  ln^«. 
(S)  En  ^angiitfcnrf  «  le  siage  «e  constate  par  4m  Mrt«la 
nombre  de  repas  pria  au  Uku  où  se  font  im  «oors  4k 

Orolt. 


445 


0*€ONN£LL 


4M 


«on.  £a  effet,  dtu&  ns  pinB  tend,  €d  tSOO, 
Ir  iriem  pBrlemnt  irUiiMiRs,  aprèe  ciaq  «ièclei 
«TadsteBoe,  ne  soicidiit  par  «a  voteqvi  cofr- 
saoreit  l'anioa  des  deux  lé^latures.  0*Goiiiielt, 
lt|é  akin  -de  viagUiuatre  «bs,  pranonç»  àcette 
oocanoa  8M  premier  diteiMBi  poMic  dans  «le 
aseemUée  des  catfidiqoes  de  DsUia  Péwiie  à  la 
Bonrsey  et  qui  Caillit  dtre  dkperfiée  par  la  fcvce 
poUique.  ^-- 

Mvié  en  180),  ayant  tq  t'awgwienter  laisp- 
tnae  modeste  que  lui  avait  laissée  son  père  et» 
biens  assez eonsidérablesde  son  onde,  il  avahva 
aessi  grandir  sa  vépotatioD  et  saclientèled'avoaal 
Dès  lors  11  coKsera  à  la  «anse  de  Tirlande, 
si  cmellement  déshéritée,  «t  ss  parote^qoi  était 
deTenoeone  puissance,  et  l^sdirité  pfodigieoie 
doot  la  natve  l'avait  dooé.  Il  écrivait  à  lord 
Shnewsbnry  •  k  Pendant  1œ  vingt  ans  et  pins 
qui  précédèrent  le  Mil  d'émanciparion,  toflt  le 
fiirdeaa  de  la  nanse  reposa  sur  nioi.  Je  dos  or- 
gmiser  les  ineetiqgs,  préparer  les  résoluttsas, 
dicter  les  réponses  anx  eorrespoodanls ,  exa* 
miser  le  cas  detont  Jndividn  sHégoant  on  grief 
personnel,  réveiller  les  apaltiiqoeSy  aniiner  les 
lièdes,  Qonlenir  les  violents,  pîoénionir  les  nè- 
tres,  CaiMlA  contre  le  danger  de  ne  heurter  sfox 
pivacriptions  de  la  loi,  tantM  contre  les  rpiégei 
qD*on  tendait  de  tontes  parts  contre  now,  enfin 
eoniMIre  en  toot  temps  les  attaques  >de  nos 
poiflMnfs  et  nombreux  enneans.  » 

SiRil  n  anssi  dépeislt,  avec  sa  manière  vive  et 
pittoresque,  la  vie  iqne  menait  OVonneil  veesla 
même  époque  <et  la  physioaomie  variée  qui  vé- 
snltait^e  ses  oecupations,  n  diverses.  «  C«st 
dTahai^  la  -veille  studieuse  et  solitaire  :  dans  nn 
cabinet  édlsfaé  »des  preaniers  vayons  dn 
sn-desnsus  dhm  laMeau  rapnésentant  k 
de  la  rédemptiaB^  wofet  cette  ferme  tmniolMie, 
Bclinée  nor  de  «foInainesEx  dossiers  qui  jon- 
dwnft  le  bmean  dans  nn  désordre  pitknresque. 
—  QiKlqnes  heores  plus  tard,  le  renlos  a  fait 
place  à  f  Avocat  aMaiié  qne  soit  à  gp«nd'pein« 
un  gnmpe  d'nvuoéi  et  de  clients,  tandis  qnc^ 
d'an  pas  de  meatagnard,  il  se  dirige  vers  l'as- 
dienne.  —  Vore  le  soir,  •troisiàme  traosforaïa- 
tioD  :  voici  Tagitateor  haranguant  un  meeting 
populaire,  et  Diisant  vibrer  avec  on  art  mer* 
veiUeox  tantôt  la  fibre  joyeuse  de  son  audi- 
toire, tanlM  Jes  eordes  les  pl«s  intimes  et  les 
plus  iiathétiqiies  du  cceor  humain,  selon  qu'il 
vent  immoler  an  ridicule  les  petits  despotes  du 
joor,  ou  qu'il  retrace  avec  une  véhémence  fou* 
droyante  les  i^riefs,  les  noisères  et  Toppression 
de  son  malheurenx  pays,  j»  On  pourrait  encore 
à  ces  pkysiooomies  si  variées  en  ajouter  une 
noavdie,  que  le  tableau  précédent  ne  lait  qu'in- 
diquer, et  montrer  dans  O'Connell  le  gentil- 
homme campagnard  se  reposant  à  Darrynane  de 
SCS  campagnes  judiciaires  et  pariementaires, 
grand  marcheur»  pécheur  patient^  chasseur  in- 
trépide, et  Id  qne  «on  fils  nous  le  représedle, 
"  attendant  le  jonr  à  TaiTdt  dans  la  bruyère  ho- 


mide  et  rosée ,  retenant  ses  «biens  «npalienls<et 
laisaiit  lever  >snr  son  passage  tes  ateoeltes  moins 
matinales  que  loi  ». 

Cette  vie  active  et  militante,  dont  les  excBn- 
ilons  plaisaisirt  k  O'Gomefl,  avait  aussi  «es 
jours  de  deufl.  En  1S15,  il  eut  le  maihenr  de 
tnei*  en  duel  M.  d'Csterre,  raembf«  de  In  muni- 
cipalité de  Dublin,  qu^il  avait  traitée,  dans  «tt 
de  ses  discoore,  de  «  corporation  mendiante  », 
et  peu  s'en  ieiUiit  que  «ette  prenièpe  affaire  «e 
(ùi  suivie  d'une  antre,  avec  sir  itobert  Peel, 
alors  seorétanne  du  lord  lieUtenantdlrlande.  Mais 
des  amis  sinterposèrent;  fantorité  elle-même 
s'en  mêla,  et  OTionBell,dansiadoolenr  qnelnl 
avait  causée  la  mort  de  son  premier  adversaire, 
fit  vœu  de  ne  jamais  donner  ni  accepter  on  défi, 
vœu  auquel  il  resta  fidèle,  malgiré  ks  avives  polé* 
miques  au  milieu  desquelles  denit  «epasaerte 
reste  de  sa  vie. 

▲o  CotueU  catholique^  dissous  en  1804,  an 
Ccmité  aahoHguet  dont  la  presse  enregistrait 
les  délibérations  depuis  jsnvier  tS't2,  succéda, 
en  1823,  la  limeose  ààiâociatiou-  à  laquelle  on 
donna  le  même  nom,  Irien  qu'ells  ftt  onwrte 
à  tons  les  protestants  amis  sineères  de  ia  11* 
berté  de  conscience,  association  fondée  par 
O'Oonneil  et  fiheil,  dont  la  pvemiàm  réunion 
comjltait  à  peine  vingt  membres  dans  la  taveoM 
de  Dempsey  à  Dublin,  «t  qui,  nx  ans  pUis 
tari,  en  1^29,  emèmssait  tonte  l'irlande,  avsét 
son  Iwdget,  son  trésor,  ses  avocate,  «es  jouma- 
Kales,  appuyait  ses  décrets  de  la  «oèx^de  èept 
miflions  d'honsmes  'Ct  arrachait  nn  ainistèm 
WeUingInn  et  Peel  ia  grande  mennre  de  l'énM»- 
ripation  (*!). 

L'^lectiondeClare  (jnin4816)  fut  àla  fins  pour 
l'Afliooiation  catholique  on  essai  «de  nés  forces 
et  nn  tnoya'de  parvenir  à  ce  bcA  «apnèniedo 
aes  efforts;  fKwr  O^ConneU,  son  -dieC,  roooa- 
sion  d'«n  triomphe  vivement  dispuUL  Sô  poser 
eniaoeid'(Uo  candidat  qui  avait  à  sadispositina 
ranaée,  la  palioe  «t  le  trésor,  supplanter  dans 
la  proniaee,  siège  de  sa  Cartune  et  de  son  in- 
flnenoq,  nniiomme  tel  ^ue  11.  Vesey  Fita-Gérald, 
qui  à  sa  consi^érsAion  personnelle  et  à  son  dé- 
vouement connu  pour  la  cause  de  l'émand- 
patioa  joignait  le  prestige  de  sa  récente  promo- 
tion an  mîniâlère,  luUnr  -sur  les  hnstings  d'faa- 
bilfilé  et  d'éloquence  avec  uaorateur  déjà  «rompu 
aux  luttes  parlementaires ,  ce  n'était  là  que  la 
partie  ia  plus  facile  de  la  tâche  assumée  par 
Û'ConneU.  Moraroé  le  5  juillet,  è  une  msjorité 
considérable,  il  lui  restait  encore  à  forcer  la  porte 
de  la  chambre  dee  communes,  dont  IVttcès  avait 
été  jusque-là  fermé  aux  cailioliques  par  Jes 
termes  d'un  serment  ioscceptable  pour  eux. 
Néanmoins  il  annonça  hautement  .rintention  de 
s'y  présepter,  et  s'y  présenta  en  effet  le  15  mai 
1829,  offrant  de  prêter  le  serment  d'allégeanoe, 
tout  en  relusant  celui  de  la  si^rématie  protcs- 

(1)  Fo^  t/Conmttjôaim  laCaSvffdstCinfMijwyvlilt 
iUustre*^  par  uo bonne  Aérien. 


447 


OCONIiELL 


44S 


tante.  Comme  les  anciens  triompbateorii,  c'était 
par  une  brèche  qu'il  prétendait  entrer  dans  la 
place.  Mais  dans  rinterralle  les  ministres,  ef- 
frayés de  son  audace  et  des  manifestations  for- 
midables qui  l'appuyaient  en  Irlande,  s'étaient 
décidés,  le  13  aTril  précédent,  à  faire  sanc- 
tionner par  le  roi  le  bill  d'émancipation  catho- 
lique. Il  ne  restait  plus  à  vider  qu'une  question 
de  non-rétroadivité  pour  0'Ck)nnell ,  élu  avant 
l'adoption  définitive  de  la  loi.  11  retourna  donc 
en  Irlande  pour  solliciter  une  seconde  fois  le 
suffrage  des  électeurs  de  Clare.  Sa  marche  fut 
un  véritable  triomphe,  et  sa  réélection,  qui  n'é- 
tait pas  douteuse,  vint  consacrer  à  la  fois  les 
droits  politiques  ae  ses  corelitponnaires  qui  lui 
décernèrent  le  titre  de  Libérateur, ti  le  mandat 
législatif,  dans  lequel  le  grand  agitateur  ne  de- 
vait pas  trouver  le  repos. 

En  1830,  aux  élections  générales  qui  sui- 
virent la  mort  de  Georges  IV,  0'Ck>nnell  échan- 
gea la  représentation  de  Clare  contre  celle  de 
Kerry,  son  pays  natal.  De  1832  à  1841,  sauf  un 
Gooit  intervalle,  il  représenta  la  ville  de  Dublin, 
où  il  avait  passé  la  plus  grande  partie  de  sa  vie 
et  dont  il  fut  nommé  lord  maire,  le  1***  novem- 
bre de  cette  même  année  1841.  En  dernier 
Heu,  il  fut  député  du  comté  de  Cork.  Ainsi, 
pendant  l'espace  de  dix-huit  ans,  il  siégea  à  la 
chambre  des  communes  dans  sept  parlements 
et  sous  six  législatures  différentes.  Pour  se  h- 
Yrer  tout  entier  à  la  propagande  politique,  il 
avait  été  forcé  d'abandonner  la  pratique  du  bar- 
reau et  les  profits  considérables  qu'il  en  retirait, 
ce  qui  donna  lieu  à  ses  partisans  d'organiser  en  sa 
faveur  une  souscription  annuelle  qu'on  appellait 
la  rente  ou  le  trUmi^  et  qui  en  1835  dépassa 
le  chiffre  de  600,000  francs.  Ses  ennemis  crurent 
l'humilier  en  l'appelant  «  le  roi  mendiant  »  ;  mais 
O'ConneU,  loin  d'en  rougir,  s'en  glorifiait,  et  il 
a  rarement  trouvé  de  plus  nobles  accents  que 
dans  sa  Lettre  à  lord  Shrewsbury,  qni  l'avait 
attaqué  à  ce  sujet  Après  un  tableau  éloquent 
des  efTorls  et  des  sacrifices  que  pendant  vmgt 
ans  il  avait  prodigués  à  la  cause  de  son  pays  et 
de  sa  religion,  il  terminait  ainsi  : 

«  Voilà  ce  que  j'ai  fait,  voilà  ce  que  j'ai  souf- 
fert pour  l'Irlande.  Et  maintenant,  qu'elle  soit 
reconnaissante  ou  ingrate,  riche  ou  pauvre, 
celai  qui  m'insnlte  parce  que  j'accepte  sa  rétri- 
bution manque  des  éléments  de  la  moralité  la 
plus  vulgaire,  qui  nous  enseigne  que  tout  tra- 
vailleur a  droit  à  son  salaire;  il  manque  aussi 
de  ce  sens  élevé  sans  lequel  on  ne  comprendra 
jamais  qu'il  y  a  des  services  dont  on  ne  s'ac- 
quitte pas  avec  de  l'argent.  Oui,  je  le  dis  bien 
haut,  je  suis  le  serviteur  salarié  de  Tlrlande,  et 
je  me  glorifie  de  ce  titre  !  « 

Le  retour  au  pouvoir  de  sir  Robert  Peel  et 
dn  parti  conservateur  en  1841  avait  été  le  si- 
gnal do  renouvellement  de  Tagîtation  en  Ir- 
lande. Mais  la  première  campagne  d'O'Connell 
avait  eu  on  but  bien  défini:  l'émancipation; elle 


l'avait  atteint;  tandis  que  la  seconde  s'épuisa 
en  efforts  souvent  désordonnés  pour  un  résultat 
qui  pouvait  sembler  chimérique.  Dès  1834 
O'Connell  avait  présenté  à  la  chambre  des  com- 
munes une  motion  pour  le  rappel  de  l'union  lé- 
gislative entre  l'Angleterre  et  l'Iriande;  mais  il 
avait  consenti  à  l'ajourner  fiendant  six  ans, 
dans  l'espoir,  disait-il,  d'obtenir  «  justice  pour 
l'Irlande  dans  un  parlement  anglais  ».  De  I83ô 
à  1841,  le  ministère  Melbourne  ne  se  soutint  aux 
affoires  que  grâce  à  l'appoint  donné  à  la  ma- 
jorité par  O'Connell  et  les  quarante  membres 
qui  votaient  toujours  avec  loi,  et  qu'on  appe- 
lait, pour  celte  raison,  la  queue  d'0*C(mnelL 
Ses  premières  hostilités  avaient  été  dirigées,  dans 
la  session  de  1840,  contre  lord  Stanley,  qu'il 
avait  snraommé  le  Scorpion,  et  qui  fut  MUs^ 
de  retirer  le  bill  présenté  par  lui  pour  l'enre- 
gistrement des  électeurs  irlandais.  Elles  redou- 
blèrent l'année  suivante  à  la  chute  du  ministère 
whig.  Mécontent  du  gouvernement,  ne  pou- 
vant obtenir  de  lui  ni  l'abolition  de  la  dîme  ni 
la  réorganisation  des  corporations  iriandaises, 
il  ressaisit  cette  arme  du  rappel,  véritable  épée 
de  Darooclès,  qu'il  ne  cessa  depuis  d'agiter  sons 
les  yeux  de  l'Angleterre,  peut-être  comme  moyen 
d'intimidation  et  pour  obtenir  d'elle  des  réformes 
plus  pratiques. 

Dans  les  années  1842  et  1843,  des  meetings 
monstres  furent  convoqtlés  sur  la  royale  colline 
de  Tara,  à  Kildare,  à  Muliaghmast  et  antres 
lieux  consacrés  par  les  légendes  et  les  traditions 
nationales.  On  y  compta,  dit-on,  jusqu'à  un  mil- 
lion d'àmes  suspendues  à  la  parole  paissante 
do  grand  agitateur.  Un  autre  encore  plus  gi- 
guitesque  devait  se  réunir  à  Clontarf,  le  8  oc- 
tobre de  cette  dernière  année;  mais  la  forée  pu- 
blique intervint  pour  le  prévenir,  et  un  procès 
de  hante  trahison  fut  intenté  à  O'Connell  et 
aux  autres  chefs.  Celui-ci  fut  déclaré  coupable 
de  sédition,  et  condamné,  le  30  mai  1844,  à  un 
emprisonnement  d'un  an  et  à  une  amende  de 
2,000  livres  steriing.  Ce  jogement  avait  déjà 
reçu  un  commencement  d'exécution  lorsqu'il  fut 
infirmé  sur  l'appel  qui  en  fut  porté  devant  la 
chambre  des  lords  (1). 

L'avènement  du  ministère  whig  en  1846 ,  et 
l'adhésion  que  lui  donna  publiquement  O'Con- 
*nell  amenèrent  des  dissentiments  dans  le  parti  sur 
lequel  il  exerçait,  depuis  quarante  ans,  un  as- 
cendant incontesté.  Sa  santé ,  jusque-là  si  ro- 
buste, commençait  à  laisser  voir  des  symptômes 
de  décadence.  Le  vieil  athlète  semblait  aigri  par 
l'opposition,  et  la  famine  qui  menaçait  l'Iriande 
contristait  le  cœur  du  patriote.  Au  commence- 
ment de  Tannée  1847,  il  partit  pour  le  contment» 
avec  l'intention  de  passer  quelques  mois  en  Ita- 
lie et  de  faire  un  pèlerinage  à  Rome.  Mais  il  ne 
pot  aller  plus  loin  que  Gênes,  et  le  15  mai  il  y 

(1)  Proeii  (TO'ComMtt  H  éê  m  eo^eciuéi,  p«r  ÉHas 
Regnault,  Paris, is4S,liH8«,  O^oonetl  aralt  ûé\k  suîu 
deui  autres  procès  eo  t8t4  et  en  I8SI. 


449 


O'CONNELL  —  O'CONKOR 


450 


rendit  le  dernier  soupir  après  nne  soudaine  dé- 
faillance et  presque  sans  avoir  souffert.  Rome  et 
rirlande  se  partagèrent  ses  restes,  comme  elles 
«'étaient  partagé  ses  afTections.  Conformément  à 
ses  dernières  volontés,  son  cœur  fut  embaumé 
et  porté  an  siège  du  catholicisme^  dans  cette 
Tille  qui!  ne  lui  avait  pas  été  donné  de  voir 
avant  de  mourir,  tandis  que  son  corps  était 
transféré  h  Dublin,  où  il  repose. 

Le  Técit  des  derniers  moments  d*(y  Connell, 
des  honneurs  qui  furent  rendus  à  ses  restes  et 
à  sa  mémoire  dans  diverses  contrées  de  FEorope 
H  jusqu'en  Amérique  remplit  à  lui  seul  un  vo- 
lume (1).  Son  oraison  funèbre  fut  prononcée  à 
Rome  par  le  P.  Ventura,  à  Dublin  par  le  Rev. 
John  Miley,  à  Paris,  par  le  P.  Lacordaire. 

E.  J.  B.  Ràthert. 

Haltch  (  Robert  ),  Mêmoin  prleatf  and  potUieeU  o/ 
jD.  (TCcnueU,  eompUêd  from  ufficua  docummUi; 
Londres.  18M,  iD-so. .  n/e  and  Speeehei  of  DanM 
aconnell,  edited  by  tû»  son,  John  (TConnell;  Dublin, 
ISM,  1  ToL  IQ'S*.  ~  Daraot  (  WllUam  J.  O^Nell  ),  Per- 
aonat  rteoUtetiana  of  the  laU  DanUl  (TConnêU: 
Loadtt»,  1M«,  t  voL  In-S*.  —  Fagao,  L^ê  and  timei  ^ 
DanM  (TConntU;  Cork,  1848,  i  roi.  In-li.  —  Schipper 
(  Ladirlf  ),  P^ie  et  Travaux  d'Cr Connell,  en  allemand  ; 
Soert,  ISU.  In-a*.  -  VJgiUMon  irlandaUê  déduit 
1619  :  le  Proeis»  la  Condamnation  et  eMequWement 
de  Daniel  O'Connell  :  Paris,  1845,  In-il.  —  Gondon 
(Joies),  Bioffirephie  de  DanM  ffConnell;  Parts,  1847, 

o'  GORHOB  (  Twlogh),  roi  de  Connaught, 
né  en  1088,  mort  le  13  juin  1166.  A  cette  époque 
<leox  familles,  celle  des  O'  Meal  et  celle  des 
O'  Brien,  se  disputaient  la  souvalneté  nominale 
4e  l'Irlande.  Turlogh,  profitant  de  leurs  divi- 
siooi,  étendît  peu  à  peu  son  domaine,  ftt  recon- 
naître sa  domination  aux  Irlandais  du  centre; 
mais  aoi  deux  extrémités  de  111e,  TUlster  et 
le  Munster  résistèrent  plus  lon^emps.  Les 
O*  Brien,  qui  possédaientle  Munster,  vinrent  même 
attaquer  Turlogh  jusque  dans  ses  possessions  du 
Connaught ,  qui  les  poursuivit  à  son  tour  dans  le 
Munster,  tailla  en  pièces,  près  de  Morn  Mor,  Tar- 
méede  Hortogh  O'  Brîen,  qui  périt  sur  le  champ 
de  bataflle,  divisa  le  Munster  en  deux  provinces, 
et  fit  reconnaître  sa  suzeraineté.  Les  0'  Brien, 
ligués  cette  fois  avec  les  O'  Real,  rétablirent 
pourtant  leurs  affoires,  et  forcèrent  même  tur- 
logh à  leur  donner  des  otages  ;  ils  le  reconnu- 
rcDt  néanmoins  pour  suzerain.  Il  soutint  une 
^tre  guerre  contre  Dermot,  roi  de  Leinster, 
qui  avait  enlevé  Dervogil,  femme  de  O'  Ruarc , 
prince  de  Brefthy.  Dermot;  vaincu,  fut  obligé  de 
renvoyer  Dervogil.  Turlogli  O*  Connor  favorisa 
le  commerce  et  les  sciences,  et  fonda  un  grand 
nombre  d'églises.  11  fotpère  de  Roderich  0' Con- 
nor, dernier  roi  de  Flrlande.  A.  H— t. 

O'  Hallorao,  General  kittorg  4tf.  tretand. 

O*  corhob  (Roderick),  roi  de  Connaught 
et  souverain  nominal  de  llrlande,  fils  de  Toriogh 
O'  Connor,  né  en  1116,  mort  en  1198.  Lorsqu'il 
monta  sur  le  tr6no,  Mortogh  O'  Neal,  qui  avait 

(1)  Thé  Uut  da^i  0/  QfCenuMU^  par  WUllam  Bernard; 
DÔMlB,  1847,  In-8*.  4  .  _ 

MOUV.   BlOCa.  GÛfÉA.  —  T.   IXXVIII. 


longtemps  résisté  à  la  suprématie  de  Turlogh , 
profita  du  changement  de  règne  pour  s'emparer 
de  la  souveraineté  nominale  de  Tlrlande,  et  la 
garda  pendant  dix  ans.  A  sa  mort  (1166),  Ro- 
derick  0'  Connor,  suivant  les  vieilles  Institutions 
du  pays ,  convoqua  rassemblée  des  seigneurs  et 
des  évéques  dans  la  ville  d'Atbboge,  et  fit  recon- 
naître sa  suzeraineté.  Tant  que  la  maison  des 
O'  Neal  avait  dominé,  Dermot,  ce  roi  de  Leins- 
ter, 'qui  avait  enlevé  la  femme  de  O'  Ruarc  et 
qui  avait  été  contraint  par  Turlogh  à  la  restituer, 
s'était  relevé  de  sa  défaite;  mais  à  l'avènement 
de  Roderick,  O*  Ruarc,  devenu  plus  hardi, 
entra  dans  les  États  de  son  ennemi ,  brûla  sa 
capitale  et  le  chassa  du  pays.  Dermot,  réAigié 
en  Angleterre,  implora  le  secours  du  roi  Henri  If, 
qui  ne  voulut  pas  lui  donner  de  troupes ,  mais 
permit  aux  seigneurs  anglais  de  le  suivre.  Ri- 
chard de  Glare,  comte  de  Pembroke,  surnommé 
Sirongbow  (l'Arc  fort),  et  deux  frères  utérins , 
Robert  Fitz-Stephen  et  Maurice  Fitz  -  Gérai  d, 
gentilshommes  ruinés  qui  comptaient  sur  le  pil- 
lage pour  rétablir  leur  fortune,  acceptèrent  ses 
offres  en  y  mettant  pour  condition  que  Strong- 
bow  deviendrait  le  gendre  de  Dermot  et  l'héri- 
tier de  son  royaume.  Ceiiendant  le  roi  de  Leins- 
ter, devançant  ses  compagnons,  aborda  secrète- 
ment en  Irlande,  et  resta  caché  six  mois  dans 
un  couvent,  occupé  à  nouer  des  intelligences  et 
à  préparer  l'entreprise;  mais  il  fut  découvert , 
dénoncé  à  O'  Ruarc,  puis  à  Roderick,  qui  eut  la 
faiblesse  de  lui  rendre  une  partie  de  ses  anciens 
États.  Le  traître  Dermot  en  profita  pqur  appeler 
auprès  de  lui  ses  alliés  étrangers;  six  cents  An- 
glais, commandés  par  FItz-Gerald  et  Fitz-Ste- 
phen ,  débarquèrent  auprès  de  Wexford ,  enle- 
vèrent la  ville  et  la  livrèrent  au  roi  de  Leinster^ 
qui  en  partagea  le  territoire  entre  les  deux  frères. 
Roderick,  réunissant  alors  toutes  le»  forces  de 
son  royaume,  battit  les  étranger»,  réduisit  Der- 
mot à  la  dernière  extrémité,  et  lui  pardonna  une 
seconde  fols,  après  avoir  pris  son  fils  en  otage« 
Dermot,  profitant  de  cette  faiblesse,  aspirait  à  ht 
souveraineté  de  Ttle.  Le  comte  de  Pembroke» 
resté  en  Angleterre  pour  préparer  les  renforts  « 
arriva  en  personne  (23  août  1 170),  se  mit  à  la 
tète  des  troupes,  et  emporta  Walerford  après 
trois  assauts  :  la  ville  fut  rasée  et  les  habitants 
passés  au  fil  de  l'épée.  Après  ce  massacre,  Pem* 
broke  épousa,  selon  les  convention^,  la  fille  du 
roi  de  Leinster;  Dermot  mourut  peu  après,  et 
Pembroke  s'empara  de  l'autorité.  Les  efforts  des 
Anglais  et  des  indigènes  se  concentrèrent  alors 
autour  de  Dublin ,  dont  Dermot  s'était  emparé 
l'année  précédente.  Roderick,  avec  toutes  les 
foroes  du  Connaught  et  secondé  par  les  anciens 
habitants  qui  s'étaient  écliappés  de  la  ville,  mit 
le  siège  devant  Dublin.  Pembroke  était  réduit 
aux  derniers  expédients;  mettant  à  profit  le  dé- 
sespoir de  ses  soldats,  il  fit  une  sortie  furieuse; 
surprit  l'armée  de  Roderick  et  la  détruisit  con»- 
pléiement.  Cependant  Henri  II,  jaloux  des  con- 

15 


451 


O'CONNOR 


452 


quêtes  de  ses  sujets,  délendit  à  aucun  Anglais  de 
passer  en  Irlande.  Pembroke,  pour  le  désarmer, 
lut  ftt  boramage  de  tons  les  pays  qnll  avait 
soumis;  Henri,  se  souvenant  alors  d*une  bulle 
que  le  pape  lui  avait  donnée  trente  ans  au  para-» 
vaut  pour  Tantoriser  à  conquérir  Ilriande,  la 
fit  lire  aux  évêqoes  du  pays,  qui  le  reconnurent 
pour  souverain  dans  un  synode  tenu  h  Casbel 
(6  novembre  1172).  Roderick  tint  à  Toara  un 
synode  qu'il  opposa  à  celui  de  Cashet  ;  il  eut 
quelque  temps  après  une  entrevue  inutile  avec 
le  roi  Henri  II  sur  les  bords  du  Sbannon  ;  mais  ' 
l'année  suivante  (il 75}  il  signa  un  «  traité  de  ; 
concorde  finale  »  par  lequel  il  se  reconnut  vassal  | 
du  roi  d'Angleterre  pour  le  Connaugbt  tout  en 
conservant  la  suzeraineté  sur  les  autres  seigneurs 
irlandais;  il  devait  en  outre  payer  tribut  et  don- 
ner un  de  ses  fils  en  otage.  Délivré  des  Anglais, 
il  trouva  dans  sa  famille  une  source  de  guerres 
non  moins  dangereuses,  qui  firent  le  désespoir 
de  sa  malheureuse  Tieillesse;  ses  fils  se  révol- 
tèrent tour  à  tour  contre  lui,  et  travaillèrent  avec 
le  secours  des  Anglais  à  le  chasser  de  son 
royaume.  Passant ,  comme  tous  les  princes  fai- 
bles, d'nn  excès  de  faiblesse  à  un  excès  de 
cruanté,  il  fit  crever  les  yeux  à  son  fils  Mor* 
rough  et  le  condamna  à  une  prison  perpétuelle; 
puis,  dégoûté  du  trône,  il  se  retira,  pour  le  reste 
de  ses  jonrs,  dans  un  couvent.  Roderick  0* 
Connorfut  le  dernier  roi  indépendant  de  l'Irlande. 
Prince  l^ble  et  maladroit  politique,  il  a  conservé 
la  réputation  d'un  vaillant  guerrier  et  d'un  excel- 
lent roi.  A.  H — T. 

O'  Harorao,  Centrai  historji  of  Irelond.  —  Camp- 
beli,  Britmmio. 

O*  GOSiif«B  (Arthur),  général  an  service  de 
France,  né  à  Bandoii,  près  de  Cork  (Irlande),  le 
4  juillet  1767  (t),  mort  au  chftieau  du  Blgnon 
(Loiret),  le  25  ayril  1851.  Issu  de  la  famille  des 
préoééents,  il  exerça  dès  Page  de  vingt-einq  ans 
les  fonetioR»  de  haut  shérif,  et  en  1789  la  vHfe 
âe  Pbilgistown  le  clioislt  ponr  député  h  la  cham- 
bre des  Gommmies  du  parlement  d'Irlaade.  Il  y 
siégea  pendant  sept  ans,  et  s'y  distingua  dans 
tontes  les  questions  d'économie  politique.  Quoi- 
que protestant,  il  ne  cessa  die  plaider  la  canse 
des  catholiques  opprimés,  et  proaon^  (4  mai 
1795  )  en  favear  de  leur  émancipation  un  dîs- 
OMTs  que  VAnmtal  register  anglais  signala 
même  oorame  ie  meiflettr  et  ie  plus  éloquent  qui 
eût  jamais  été  pronorcé  dans  celte  anaernblëe. 
Ce  discours  lui  fit  perdre  ftmitié  de  son  oncle, 
lord  LoBgneville,  pair  d'Irlande,qiii  l'avait  im- 
titué  héritier  de  sa  grande  fortune,  et  il  dot  lui 
résigner  son  siège  an  pariement,  dont  il  lui  étnit 
redevable.  Le»  esprits  étaient  aVora  vivement 
agités  en  Irlande.  Ce  malheureux  pays  gémis- 
sait sons  Toppressionde  l'Angleterre,  et  mainte- 
nait avec  une  peine  Infinie  son  indépendance  de 
la  oooronne  de  la  Grande-Bretagne.  G*  Connor 

(I)  nate  portée  snr  r«rdOBMiiM  r^jrate  qol  le  naUirt- 

lise  FraDcais. 


ayant  à  cette  époque  publié  une  brochure  où  ii 
peignait  le  déploraWe  état  de  sa  patrie ,  tut  ar- 
rêté en  veriu  du  bill  adopté  le  15  janvier  179&' 
par  la  chambre  de9  coiomuoes ,  et  qui  prokm- 
geait  la  suspension  de  Vhabeas  corptÂS,  Pendant 
six  mois,  on  le  retint  conime  prisonnier  d*£tat  à 
la  tour  de  Dublin,  et  le  31  aoCkt  de  cette  amiée 
il  apprenait  la  condamnation  à  mort  et  l'exécu- 
tion d'un  de  ses  frères ,  qui  s'était  nia  k  la  tête 
des  DeferhdsrSf  etqoe  Ton  avait  accusé  d'avoir 
cherché  h  favoriser  une  descente  des  Français. 
Mis  en  liberté  au  commencement  de  1796^  Ar- 
thur 0'  Connor  entra  avec  son  ami  lord  Edouard 
Fitz-Gerald,  fila  du  duc  de  Leloster  dans  la  ao- 
délc  qui  s'était  organisée  aoua  le  nom  dirlan- 
dais-uuis  ilrish  unUed)^  en  se  recrutant  des 
autres  sociétés  secrètes,  telles  que  les  Enfants 
de  la  lumière  et  Icâ  Defenders^  et  cela  sans 
aucune  distinctioA  de  culte.  Tous  deux  reçurent 
da  directoire  exécutif  de  cette  ligue,  qm  eompCail 
arec  eux  trois  autres  membres,  le  mandat  de  se 
rendre  sur  le  eontinent»  pour  voir  qoelia  asaia> 
tance  ils  pourratenl  trouver  afin  de  souteotr  l^in- 
dépemlance  de  leur  patrie.  Ils  se  rendirent  de 
Hambourg  à  Bàle.  Le  gjéuérai  Hadàe,  parifica-. 
tenr  de  ia  Vendée,  chargé  par  le  govTenienenl 
français  du  rôle  de  négociateur,  ne  voulut  poinC 
s'aboucher  avec  lord  Fitz-Gerald,  à  cause  de 
ralliaaos  qu'il  avait  i-éoemra^t  feméa  aree  la 
famille  d'Orléans  ea  épousant  la  janne  Paméla  ^ 
l'élève  ety  selon  quelques  auteurs,  la  fille  de  Ma» 
daooe  de  Genlis  et  de  Pbiiippa-Égdllté.  Aiilmr 
O'  Connor  demeura  seul  chargé  de  Iraitoc  aivoe 
He  générai  républicain;  mais  en  Bégocaanl  le  H^- 
jet  d'iavasion  de  l'iriande,  il  atipnto  exf  raasë- 
ment  son  ind^ndanca.  Un  plan  mal  aançu  et 
fondé  principalement  sur  la  aoUon  inexAcla  qne 
l'Ue  tout  entière  était  disposée  à  se  soutever 
contre  la  Grande-Bretagne,  fit  d'abord  échouer 
l'expé^iticA  française,  dont  plusieurs  circons- 
tances contrarièrent  ensuite  le  débarquement 
En  février  t797, 0'  Connor  publia  sucoessiva- 
ment  deux  adressas  aux  électeurs  du  comtiéd'Aii- 
trim  ;  il  se  chargea  aussi  d'un  journal  af^ielé  la 
Presse^  fondé  par  Tunion  eatholiqua,  ^  en  le 
refenaat  dans  }^  limites  d'une  politiqua  nanax* 
dusftva  et  dirigée  dans  l'intérêt  de  toutes  ka 
classes  de  la  population  irlandaise,  il  acquit  sur 
le  pays  une  immense  influenes.  U  marchait  d'ail- 
leurs avec  les  bomoes  les  plus  éaunents  de 
l'oppositioa  dans  U  parlemant  anglais,  Borlka, 
Fox,  Siteridan,  Grey,  Russelè,  etc.  0'  Coanerra- 
tournait  sur  le  continent  lorsqu'il  ûit  arrêté,  le 
27  février  1798,  à  Margate  «t  impUqné  dans  un 
procès  de  haute  trahison  intenté  à  un  prêtre  ca- 
tholique, nommé  0'  Coigly,  sur  lequel  ea  avait 
trouvé  une  adrcsbe  du  comité  secret  dirlande 
au  Directoire  de  Franoe.  La  poursuite  était  di- 
rigée par  le  célèbre  Jean  Seott ,  depuis  chance* 
lier  d'Angleterre  sous  le  nom  da  lord  Eidon.  Ce* 
pendant ,  grâce  à  l'indépendance  du  jury  angbii 
et  sur  le  témoignage  de  ses  amis  «t  du  jnrifcon- 


4&3 


O'CONNOR  —  OCTAVIE 


454 


ftttlte  TboniM  Erskine ,  il  M  acquitté»  le  32  mai 
de  ia  même  aiyiée;  mais  êa  8ein  nâme  «le  l'au- 
dience, en  préseace  de  aes  jvges^  H  fut  Mis  de 
nouveau  eo  acreatatioD ,  en  verUi  d*uii  warfant 
délivré  le  22  mara  par  k  princifial  secrétaire 
d^Élat.  Ses  amis,  cotre  auirea  lord  TUaiiet,  ea* 
sayèreat  alors  de  rarracher  des  matna  dea 
agents  de  police;  nais  ils  n'y  réussireiit  paa,  et 
furent  eux-mêmes  traduits  devant  un  jury  el 
condamné»  à  uo  aa  d'emprisonnement  »  malgré 
les  eflîivts  d'Erskioe ,  qai  prononça  à  cette  occa- 
sion run  de  ses  plaidoyers  les  plus  célèbres. 
Cependant  0'  Connor  (ut  transféré  en  Irlande  et 
interrogé  an  mois  d'août  par  uo  comité  secret 
de  la  chambre  des  lords.  11  protesta  avec  deux 
de  ses  amis  politiques  contre  l'inesiactitude  de 
la  publication  qui  fiû  faite  de  leur  interrogatoire, 
n  fut  ensuite  avec  quelques  autres  Irlandais 
conduit  au  fort  Georgies  en  Ecosse,  où  le  gou- 
vernement anglais  lo  retint  pendant  cinq  ans. 
Quoique  prisonnier  d'État,  il  publia,  le  4  ntal 
1799,  nne  lettre  au  vicomte  de  Casttereagb,  se- 
crétaire du  gouvernement  de  llrlande,  lettre 
dans  laquelle  il  plaidait  ctiaudement  pour  ses 
concitoyens  opprimés  :  son  pays  était  alors  cou* 
vert  de  sang  ;  une  expédition  française  avait  été 
envoyée  sur  les  cétes  d'Irlande,  et  un  corps  de 
troupes  de  neuf  cents  hommes,  débarqué  à  Kil- 
lala,  le  32  août  1798  •  avait  été  forcé  de  mettre 
bas  lea  armes  à  Ballinainuck ,  le  8  septembre^ 
Le  marquis  ComwaUis,  gouverneur  de  l'Irlande, 
arait  étouflé  l'insurrection  dans  tout  le  pays. 
Le  gouvernement  anglais,  <|ai  poursuivait  l'in- 
corpovatioa  de  cette  fie  à  la  Grande-Bretagne, 
proposa  on  traité  m  prisonnier  du  fort  Georges, 
le  seul  survivant  des  chefs  des  Irlandais-um's. 
Lord  FitZ'Gerald  avait  péri  le  4  juin  1798.  des 
suites  des  blessures  qu'il  avait  reçues  lors  de 
son  arrestation  à  DubUn,  pendant  le  procès  de 
son  ami  à  Maidstone,  au  comté  de  Kent  (An- 
gleterre). Ce  traité  stipulait  le  bannissement 
perpétuel  d'O*  Connor  de  sa  patrie.  Tous  les  ef- 
forts des  patriotes*  irlandais  étaient  désormais 
inotîlea  ;  O"  Connor  consentit  atr  traité,  à  condi- 
tion qu'il  serait  mis  un  terme  à  rerbisâon  du 
saogy  par  une  amnistie  générale.  Un  bitt  dn  par* 
lement  anglais  le  sancKoma,  et  Tlriande  fut  dé- 
finitivement incorporée  à  la  Grande-Bretagne  en 
peidant  son  parieroeni  (l  juillet  t8ao>.  Ccpe»- 
dani  le  gosnemement  anglais  n'observa  pas  fidè- 
lement te  traité  bit  avec  O'  Connor;  il  le  retint 
encore  priaennier  joaq«'en  1803^  sons  le  prétexte 
de  l'étal  de  gnerie  arec  la  France.  Ce  n'est 
qa*ao  mois  de  jnin  de  cette  année  que  0'  Connor 
^  sortit  du  fort  Geonges  ef  fM  jfllé  swr  les  côtes 
de  Helmde,  éPoh  il  se  rendit  à  Paris ,  en  sep- 
tembre. 11  avait  perdu  toute  sa  fortune-,  et  ses 
biens  persoMiols,  assez  eonsidérablcs,  avaient  été 
uMRpéa  et  mal  gérés  pendant  sa  captivité  par 
on  BHmdataire  infidèle.  Informé  de  sa  situalJAn 
précise»  Bonaparte,  premier  consul,  le  nomma, 
par  arrêté  Un  9  ventOse  an  xn  (29  février  1804), 


général  de  division  au  service  de  France,  et  l'en* 
voya  h  l'armée  des  eétes  d'Ecosse,  où  il  Ait 
mis  à  la  tète  de  k  brigade  irlandaise,  dont  il  prit 
l'miilornie.  De  retour  h  Parisà  répoqoedn  sacre 
de  Kapoléon,  O'  Cmmor  «.'infoitua  des  desseine 
da  gowvcraement  impérial  an  snjet  du  rétablis- 
sement de  l'indépendanor  de  l'IrlandS^,  qoi  était 
l'Ame  de  toute  sa  vie;  aaais  des  diflicultè}  «pii 
s'élevèrent  ne  lui  pernsirent  pas  de  prendre  pari 
anx  p«éparatifiB  de  l'expédition  centre  l'Angle- 
terre. La  fraadiise  de  son  caractère  et  son  nt- 
tacheoMut  inaHéraUe  po«r  ia  caose  de  la  liberté 
le  rendirent  peu  agréable  à  Napoléon,  qui  m 
Ifemploya  jamais. 

En  1807, 0'  Connor  épousa  Éllsn  de  Conder- 
eet»  fille  unique  du  pblloBsphe.  L'attiée  snivanla 
ilai^^it  le  domaîBe  d«  Bégnoo,  qui  avait  appar* 
tenu  à  k  kmille  de  Hirabeau,  et  s'y  fit  agricut- 
leur.  Mis  à  la  retraite  en  1815,  il  fut  naturalisé 
Français  la  te  avril  1811.  On  a  ér(y  Connor  : 
Titbieau  éeê  wexati^na  dttt  gouvernement  an- 
gUm  en  Irlande  ;  Dublin,  1795,  vM"";  —  État 
présent  ée  ta  Grande^  Rwâtagne;  1804,  in-8*; 
—  leiire  au  général  Km  FageUesur  iescautet 
^é  ont  privé  la  Framot  des  avantages  de  ta 
résolution  de  1830;  Paris,  1831,  in-S'';  —  /;^ 
Monopole  eauêede  to%u  Us  maux  ;  Paris,  1849- 
1850,  3  voL  in-s**.  Ces  deux  derniers  ouvrages , 
composés  primitivement  en  anglais  eomrae  les 
précédents^  6irent  traduits  en  français  pour  leur 
publication  par  M.  Osstan  LareveUière-Lépeaux. 
Le  général  O'  Connor  a  collaboré  de  1843  à  i84é 
au  Journal  de  la  Liberté  religieuse  et  a  donné 
avec  Arago  «ne  seconde  édition  des  Œuvres 
complètes  de  Condorcet  (Paris,  1847-1849,  il 
vol.  in-g*).  Madame  veave  O'  Connor  a  déposé 
en  1853  à  la  bibliolbè^oe  de  l'Institut  les  ma- 
nuscrits des  œuvres  matliémiatiqoes  de  son  père 
ainsi  que  sa  correspondance  avec  les  savants 
françak  et  étrangers,  formant  4  vol.  in-fol. 

H.  Fbqukt. 

Th.  Moore,  The  Ufe  and  Dtatk  qf  lord  Edwsrd  FUm>- 
Gerald;  Londres,  1881, 1  toI.  1d-8*,  —  L'Jrt  de  vérifier 
Um  dates  àepoU  mo,  1. 1"*-.  —  Moniteur  univtrtH,  18M 
etanAlia5&. 

•CTAViB,  seconde  fiJledu  prêtent  C.  Oeta- 
viua,  et  sœur  de  l'empereur  Auguste,  née  vers 
70  avant  J.-C,  morte  en  U  avant  J.-€^  Octa- 
vius  avait  été  d'abord  marié  avec  Ancharia,  et 
avait  eu  d'elle  une  fille  noromée  aussi  Octavie. 
Plutarque  a  Uit  de  celle-ci  k  femme  de  Marcel- 
lot  et  de  Mar& Antoine.  Dans  ce  cas  k  célèbre 
Octavk  n'aurait  été  que  kdemi-aœnr  d'Octave- 
Auguste,  fils  d'Octavius  et  d'Atk;  mais  Suétone 
prétend  que  la  femme  de  MareeUns  et  du  trimn- 
vir  était  filk  d'Atia  et  par  canséqnent  sœur  d'An- 
guste.  Cette  opinion,  généralemeot  adoptée,  nons 
paraît  en  effet  la  plus  fondée,  et  c'est  celle  que 
nous  suivons.  Octavie  avait  épousé  Marceltas 
avant  Tannée  54,  car  à  cette  date  Jules  César, 
son  grand  oncle,  désirait  qu'elle  divorç&t  d'avec 
son  mari  pour  épouser  Pompée.  Celui-ci  dédina 
la  proposition,  et  le  mari  d'Octavic  oontinna 

15. 


455 


OCTAVIE 


45% 


d'être  un  des  ploe  vifs  opposants  de  César, 
Après  la  bataille  de  Pharsale,  il  sollicita  et  obtint 
facilement  le  pardon  du  dictateur.  Octavie  perdit 
ton  premier  mari  en  41,  et  comme  Fulvie,  femme 
d'Antoine,  mourut  Ters  le  même  temps,  les  deux 
triumvirs  cimentèrent  leur  alliance  par  le  ma- 
riage d'Octavie  et  d'Antoine.  Octavie  était  alors 
enceinte,  et  11  fallut  un  décret  du  sénat  pour 
autoriser  une  union  que  les  Romains  accueilKrent 
avec  joie,  la  regardant  comme  le  gage  d'une  paix 
durable.  Cet  espoir  sembla  d'abord  se  réaliser. 
La  beauté  d'Octavie,  sa  vertu,  qui  paraissait  une 
cbose  merveilleuse  an  milieu  de  la  corruption 
contemporaine  (  XP^C^  Oautiooràv  ywaxubôç,  dit 
Plutarque  )  ne  furent  pas  sans  influence  sur  An- 
toine, qui  oublia  quelque  temps  Cléopàtre.  Mais 
le  chaone  de  la  vertu  ne  devait  pas  avoir  un 
long  empire  sur  un  cœur  babitoé  aux  charmes 
voluptueux  de  la  reine  d'Egypte.  Antoine,  se 
rendant  en  Orient  en  36  pour  l'expédition  contre 
les  Parthes,  ne  permit  pas  à  sa  femme  de  l'ac- 
compagner plus  loin  que  Corcyre ,  et  la  renvoya 
en  Italie,  sous  prétexte  de  ne  pas  l'exposer  aux 
périls  de  la  guerre;  et  dès  lors  il  s'abandonna 
tout  entier  à  sa  passion  pour  CléopAtre.  L'année 
toivante  Octavie  tenta  un  effort  pour  regagner 
l'alTection  de  son  mari,  alors  occupé  à  comt»attre 
Artavasdes,  roi  d'Arménie; elle  lui  amena  d'Ita- 
lie des  renforts  d'hommes  avec  une  somme 
d'argent.  Antoine  ne  la  laissa  pas  venir  jusqu'en 
Asie,  et  lui  fit  donner  à  Athènes  l'ordre  de  retour- 
■er  en  Itali«*..  Octavie  ce  soumit  à  cette  indigne 
inijonction,  et  renvoya  à  son  mari  des  secours 
en  hommes  et  en  argent,  qu'Antoine  n'eut  pas 
honte  d'accepter.  Octave,  qui  était  tendrement 
attaché  à  sa  sœur,  montra  la  plus  vive  indigna- 
tion de  la  conduite  d'Antoine;  il  voulait  même 
qu'Octavie  quittât  immédiatement  Ja  maison  de 
son  mari;  mais  elle  s'y  refusa,  pour  ne  pas  don- 
ner le  signal  d'une  rupture  désormais  inévitable 
entre  les  deux  triumvirs.  £lle  continua  de  vivre 
sons  le  toit  marital,  élevant  avec  ses  propres  en- 
fants le  plus  jeune  fils  d'Antoine  et  de  Fui  vie. 
Cette  noble  conduite  ne  loucha  pas  le  cœur  du 
triumvir,  qui  en  32  envoya  à  sa  fenune  une  lettre 
de  divorce.  Malgré  ce  dernier  outrage,  Octavie 
resta  fidèle  à  la  mémoire  d'Antoine;  elle  usa  en 
fiiveur  de  JuHns,  fils  de  Fuivie,  de  son  crédit  tout 
puissant  sur  Octave,  et  étendit  sa  tendresse  ma- 
ternelle jusque  sur  les  enfants  de  Cléopàtre.  Elle 
vécut  ainsi  tout  à  ses  devoirs  domestiques  et 
jouissant  auprès  de  son  frère,  devenn  le  maître  du 
monde,  d'une  faveur  dont  elle  fit  toujours  le  plus 
noble  usage.  Elle  mourut  à  l'âge  de  soixante  ans 
environ,  et  fut  ensevelie  dans  le  mausolée  ou  he- 
rtmm  de  la  maison  de  Jules.  Auguste  prononça 
son  oraison  funèbre. 

Octavie  eut  cinq  enfants,  trois  de  Maroellus, 
un  fils  et  deux  filles ,  et  deux  filles  d'Antoine. 
Son  fils  M.  Marcellus,  adopté  par  Auguste  et  des- 
tiné à  lui  succéder,  mourut  en  23  {voy.  Marcel- 
LFs).  De  ses  deux  filles  par  Marcellus,  l'une  n'a 


pas  laissé  de  traces  dans  l'histoire;  l*antre  épousa 

successivement  M.  Agrippa,  et  Juins  Antou'os, 

fils  du  triumvir.  Les  descendants  de  ses  deux 

filles  par  Antoine  gouvernèrent  le  monde  romain. 

L'aînée,  mariée  à  L.  Domitfus  Ahenobarbus,  fut 

la  grand'mère  de  l'empereur  Néron  ;  la  plus  jeune 

épousa  Orusus,  frère  de  Tibère,  et  tat  la  mère  de 

l'empereur  Claude  et  la  grand'mère  de  Cali- 

gula  (1).  Y. 

Appien,  Bel.  iCio.,  V,  «4,  Cl.  9S,  9S.  188.  —  DIoû  Cattlos, 
XLVII,  7  ;  XLVUI,  SI,  §k ;  XUX,  88;  L, 8.  M;  Ll,  18;  UV. 
81.  —  PtaUrqne,  ^nton.,  81, 88,  8f.  17,  si,  87.  —  Soé- 
tone,  de».,  17;  jiug:,  k,  «1.  —  Dramann.  Cttekiekte 
Ràmi,  ¥01.  iV,  p.  888  :  T,  t88-i4V. 

OGTATiB  (l'impératrice),  fille  de  l'empereur 
Claude  par  sa  troisième  femme,  Messaline,  et 
femme  de  l'empereur  Néron,  née  en  42  après 
J.-C,  morte  en  62.  Elle  était  arrière- petite-fille 
d'Octavie,  sceur  d'Auguste.  Dès  48  elle  fut  fian- 
cée par  Claude  à  L.  Silanus,  jeune  homme  d'une 
famille  distinguée  et  très-aimé  du  peuple;  Tnais 
Agrippine,  qui  s'était  emparée  du  faible  esprit  de 
l'empereur,  s'opposa  à  un  mariage  contraire  à 
ses  propres  espérances ,  car  elle  avait  conçu  le 
projet  d'unir  Octavie  avec  son  fils  Domitius,  de- 
puis l'empereur  Néron.  Elle  n'eut  pas  de  peine  à 
rendre  Silanus  suspect  à  Claude,  et  le  malheu- 
reux jeune  homme  se  donna  la  mort,  en  49,  le 
jour  même  du  mariage  de  Claude  avec  Agrip- 
pine.  Octavie  fut  peu  après  fiancée  à  Domitius 
Néron,  et  leur  mariage  eut  lieu  en  53.  Néron, 
devenu  le  fils  adoptif  de  Claude  et  désigné  au 
trdne,  ne  témoigna  aucun  amour  à  sa  jeune 
femme,  et  dès  qu'il  fut  en  possessioh  de  l'erainre 
il  la  délaissa  tout  à  fait  En  62  il  la  répudia,  U 
relégua  dans  la  petite  lie  de  Pandataria,  et  quel> 
ques  mois  plus  tard  il  la  fit  tuer.  La  mort  de 
cette  innocente  victime  d'un  lâche  et  féroce  tyran 
est  un  des  plus  beaux  et  des  plus  touchants  ta- 
bleaux de  Tacite  (voy.  NinoN).  Son  triste  sort 
excita  la  pitié  générale  et  fournit  le  sujet  d'une 
tragédie,  insérée  dans  les  œuvres  de  Sénèque, 


(1)  Dn  des  plus  InportanU  édlAœt  publics  éleféià 
Rome  Mua  le  règne  d'Aogutle  portait  le  nom  de  por(^ 
eus  Oetavim,  Il  étall  tltné  entre  le  CiraiM  FtamMus 
et  le  tbéStre  de  Maraclloa*  et  ooeupalt  le  Béoe  copia- 
cément  que  le  porllqoe  bAU  par  Q.  ^^»g«Hi?T  Hetelliis 
après  sa  victoire  sur  la  Macédoine.  U  renfermait,  comme 
ce  premier  édifiée,  les  deax  temples  de  Jnplter  Stator  et 
de  inBoa,  et  contenait  une  irtbUothèqoe  paMIqoe,  qui 
serrait  aooveot  aua  réonloos  do  sénat,  ee  ^  Ht  don- 
ner à  eette  salle  le  nom  de  Curia  Octevia.  LVpoqne 
de  la  construction  da  portique  d'Octavie  est  douteuse. 
L'oplalOQ  la  pina  commune,  fondée  sur  l'autorité  de  Mou 
Cassius,  c'est  qu'Octave  le  fit  construire  après  sa  victoire 
sur  les  Dalmatcs,  en  M  avant  J.-C  ;  mais  c'est  ii  proba- 
blement une  eiTcur,  et  dans  tous  les  cas  le  portique  d'Oc- 
taTle  ne  fût  dédM  qu'après' la  mort  de  Marcellus,  m  «3. 
Il  ne  faut  paa  confiondre  le  portique  d'Octavie  Iportteus 
Octavie)  avec  le  portique Octavien  {portleus  Ottavia), 
bâU  par  Cn.  Octavius  qui  commanda  la  flotte  dan»  Li 
guerre  contre  Pertée,  roi  de  Macédoine.  (VcUefas  Pater- 
culus,  I,  il.  —  Dion  Cassius,  XLIX,  M.  —  Plnlarqne. 
Harc,  10.  —  Tite-Uve,  Bpitt^  188.  —  Suétoae,  ^av^  ». 
"  Pilne^  Biit.  nat,  XXXVI.  h,  -.  Fettu*.  p.  178.  édir. 
Millier.  -  Becker,  Handbueh  der  Rômitekem  MUrths- 
mer,  vol.  I,  p.  608.  -  Smith,  DMionanf  «/  ^resft  ai.^ 
roman  biographe.  ) 


. 


457 


OCTAVIE  —  OCTAVIUS 


459 


mais  qui  appartient  plus  probablement  à  Curia- 

tius  Maternus.  Y. 

•meWe,  jinn.,  XI.  Il;  XII,  fl-0. 18;  XIU,  il;  XIV.  60- 
M.  "  Saétone,  ClaudlMt,  fT  ;  Itero,  7.  81.  —  Dion  Cat- 
•mt,  LX.  81.  88;  LXI.  7;  LXII,  1».  ->  RItter,  Octavêa 
PrmUxtata  eurtaiio  imaUnto  vindieataf  Bonn,  1848. 

ocTTATiBii,  anti-pape,  né  à  Rome,  yen  1095, 
mort  à  LucQoes»  le  22  aTril  1164.  issu  de  la  fa- 
mille des  comtes  de  Frascati,  il  fut,  en  décembre 
1 138y  créé  cardinal  par  Innocent  11.  Eug^e  m 
le  fit  son  légat  en  Allemagne,  et  le  chargea  au- 
près de  la  diète  de  Ratist)onne  d'une  mission 
qoe  la  mort  de  Tempereur  Conrad  III  (1152) 
l'empècluà  de  remplir.  Dès  le  pontificat  d'A- 
drien IVyOctavien  laissa  Toir  tonte  retendue  de 
son  ambition  en  cherchant  à  fomenter  dans  l'É- 
glise des  schismes  et  des  divisions  Intestines, 
et  ses  conseils  ne  furent  pas  sans  influence  sur 
Tempereor  Frédéric  I*'  dans  la  querelle  dos  in- 
vestilnres.  Député  par  le  souverain  potttife  pour 
engager  ce  prince  à  se  désister  de  ses  entreprises 
contre  le  saint- siège,  il  trahit  les  intérêts  de 
l'Église  pour  capter  à  son  profit  la  faveur  du 
monarque.  Après  la  mort  d'Adrien  IV,  Octavien, 
qni  prétendait  à  la  papauté,  contesta  l'élection 
du  cardinal  Roland  Rainncd,  qni  avait  pris  le 
nom  d'Alexandre  III,  et  se  fit  élire,  le  5  septembre 
1159,  par  deux  cardinaux  opposants  comme  lui, 
Jean  de  Mercone,  archidiacre  de  Tyr,  et  Gui  de 
Crème,  qu'il  avait  entraînés  dans  son  parti.  Il  se 
fit  appeler  Victor  IV.  Déjà  Alexandre  était  re- 
vêtu de  la  chape  écarlate  pour  son  intronisation, 
quand  Octavien  la  lui  arracha;  un  des  sénateurs 
présents  s'en  saisit;  mais,  à  l'aide  de  son  cha- 
pelain, il  s'en  empara  de  nouveau ,  et  dans  sa 
précipitation  à  s'en  revêtir,  il  la  mit  à  l'envers, 
ce  qui  fit  dire  qull  avait  été  élu  à  rebours. 
A  ce  moment,  une  troupe  de  gens  armés  fit  ir- 
ruption dans  l'Église,  pour  prêter  main  forte  à 
Octavien  et  lui  composer  une  espèce  de  garde. 
Quelques  jours  après,  son  parti  s'augmenta  de 
Raymond,  cardinal,  et  de  Simon  Rorelli,  abbé 


de  Subiaco.  Enfin,  grto  au  crédit  de  sa  famille, 
k  l'or  qu'elle  répandit,  il  trouva  le  moyen  de  se 
fah^e  sacrer  par  Imar,  cardinal  fk'ançais,  évêque 
de  Frascati  (  1"  octobre  1159  ).  Le  28  du  même 
mois ,  Octavien  écrivit  une  lettre  à  l'empereur 
Frédéric  et  aux  seigneurs  de  sa  cour  pour  les  in- 
viter à  soutenir  son  élection,  et  Frédéric,  con- 
tent d'avoir  une  de  ses  créatures  sur  le  saint- 
siège,  ne  manqua  pas  de  l'assurer  de  son  appui. 
Bien  plus,  il  convoqua  un  concile  qui  s'ouvrit  le 
5  février  1160  à  Pavie  et  le  reconnut  pour  pape. 
Octavien  mourut  ha!  et  méprisé.  Sa  mort  n'é- 
teignit point  le  schisme,  et  Frédéric  lui  fit  donner 
un  successeur,  Gui  de  Crème ,  qui  prit  le  nom 
de  Pascal  III.  H.  F— t. 

OUI.  de  FrliiORen,  De  rebut  fWderici.  —  Baronliu, 
^imaltf,  t.  XII.  -  Fleary.  Hist.  eeeUê.,  1.  LXX, 
cb.  xxzTU  et  ttttT.  —  Aabery ,  Uitt.  d€$  eardin;  LI. 


OGTATIO  {Francesco)f  surnommé  Cleo- 
phile^  IKtérateur  italien,  né  en  1447,  à  Fano 
(Étals  de  l'Église),  mort  le  26  décembre  1490,  k 
Cometo.  Se  trouvant  à  Rome,  il  y  connut  Pom- 
poniuB  Lœtus,  qui  lui  fit  prendre  le  nom  de 
CléopfUle,  n  enseigna  pendant  plusieurs  années 
les  humanités  à  Vilerbe;  quelques-uns  de  ses 
élèves,  irrités  de  sa  sévérité  excessive,  lui  ten- 
dirent un  guet-apens,  et  il  y  reçut  une  blessure 
à  la  main,  dont  il  demeura  estropié.  Il  se  retira 
alors  à  Cometo,  et  s'y  maria  ;  il  allait  se  mettre 
en  route  pour  revenir  à  Fano,  sa  ville  natale, 
où  on  lui  offrait  une  chaire,  lorsqu'il  mourut, 
non  sans  des  soupçons  d'empoisonnement  U 
était  fort  aimé  à  la  cour  de  Rome  ainsi  que  den 
princes  de  la  maison  de  Médicis.  On  a  de  lui  -. 
BpUtolarum  de  amoribtu  liber  et  carmina 
nonnuila;  Naples,  1478,  in-4®  ;  —  Libellus  de 
cœiu  poetarum;  Paris,  1503,  in-4*;  —  Opéra 
numquam  alias  împressa  :  anthrapoiheoma- 
chia;  historia  de  bello  Fanensi;  Fano,  1516, 
in-s*".  Ces  divers  ouvrages  sont  rares.      P. 

TtnboMlil,  Simia  deUû  leUer,  ttoj.,  VI,  f«  parL 


TABUAU  ofaiAXXMSlQCX  SK  LA  OITO  OCTAVU. 

Cn.  OctsTlii»  Ruf us,  qaesteor  en  >S0. 


Cn.  OcUvins ,  pr^tcw  en  108. 
Gn.  OctavlQs.  conml  en  168. 


I 


Cn.  OcItTlot, 
consul  en  lis. 


'Cn.OetavIurr 

cooenl  enfT. 

I 


I 


M.  OcteTlos. 
trlbon  dn  oeaple 


L.  Ofltiilas,  eoasal  en  78. 


M.OctaTlns. 
tribon.  dn  peuple. 

Cn.  Ooâtfns. 
eensnl  en  76. 

M.  Oeuftns, 
Mlle  en  80. 


os  Octarlas ,  cheraller. 

I 
C  OettTlns,  tribun  militaire  en  ti6. 

C  OctaTloB ,  chef  aller  romain. 

I 

G.  OctaTlns .  prétenr  en  61 . 

époose 


I 


Ancharia. 


AiU. 
OeUvte,  minée.   ÔcUtie, UJenne.   Ociave-Augast^ 


OCTATIITS    (OCTAVIA  GEKS,    malson   DBS), 

maison  romaine,  célèbre  parce  qu'elle  compte 
parmi  ses  membres  l'empereur  Auguste.  Elle 
était  plébéienne  et  originaire  de  la  ville  volsque 
de  Vélitres.  Suétone  raconte  qu'un  membre  de 
cette  maison  reçut  de  Tarquin  l'ancien  le  drott 


de  cité  à  Rome  et  fut  admis  parmi  les  patriciens 
par  Servins  Tullius  ;  que  la  gens  Oeiavia  passa 
ensuite  dans  l'ordre  plébéien,  et  que,  longtemps 
après,  César  la  réintégra  dans  l'ordre  des  patri- 
ciens. Bien  qu'il  n'y  ait  rien  d'impossible  dans 
ce  récit,  il  a  été  fabriqué  à  une  époque  où  U 


469 


OCTAYIUS 


460 


gens  Cktavia,  devenue  «élfebre  par  sen  alHaoec 
avec  la  §ens  Jnlia  et  par  TéléTatkm  d*Oetove 
Augoste,  diercliail  à  se  donner  une  cététmlé  ré- 
trospecfTTe;  ai  Tite-Uve,  fri  Denys  d'Haliear- 
Disse  n'ea  font  mention.  Quei  ^'fl  en  soit,  le 
premier  membre  de  cette  maison  rîté  dans  lliis- 
tolre  est  Cn.  Octavfus  Ru/tu,  questeur  en  190. 
OctaTitts  Rnfus  laissa  dea%  fits  :  Cifeltfsr,  cfoi  fut 
édile  (206),  prétear  (205)  et  «n  des  lieutenants 
de  Scipion  à  lia  tnrtaiUe  de  Zama  (202),  et  €aha, 
qui  resta  simple  chevalier.  Les  descendants  de 
Cneias  s^élevèrent  mxx  premières  chaires  de  f  É- 
tat;  les  descendants  de  Gains  restèrenit  dans 
l'ordre  éqnestm,  et  le  premier  qni  entra  an  sénat 
fut  le  père  de  l'empereur  Auguste. 
SaiKh ,  Dictim»  ^  fre€k  mnd  romam  Uoampàit, 

<iCTâvnrs  (Cneius)^  petit-fils  de  Otaeim 
Octavius  Rufus  {voy.  plus  haut),  assassiné  en 
162  aTant  1  .-C.  Eo  170,  il  alla  en  ambassade 
en  Grèee  avec  G.  PopUius  Lseaas ,  et  à  son  Te* 
tour  à  Rome,  "eB  f  69,  il  Ait  élo  déœmvir  des 
sacrîfioes.  Préteur  en  168,  i(  eut  le  commande^ 
ment  de  la  flotte  envoyée  contre  Fersée,  roi  dn 
Macédoine,  et  oe  fet  à  liii  que  Persée  se  rendit 
prisonnier.  Octarius  revint  à  Rome  l'année  sui- 
vante, avec  un  riche  Initin,  et  obtint  les  bonneors 
d*ni  triomphe  naval  Les  richesses  rapportées 
de  cette  campagne  loi  permirent  de  se  faire  bAtir 
une  magnifique  maison  sur  le  mont  Palatin  ëi 
de  vivre  avec  splendeur.  Il  fut  consul  en  165 
avec  Q.  Manfine  Torqnatus.  Le  sénat  l'envoya 
en  162  avec  deirx  coRègues  pour  rétablir  Tordre 
dans  le  royaume  de  Syrie,  où  phisienrs  préten- 
dants se  disputaient  k  tutelle  du  jeune  roi  An- 
fiochos  y.  Les  ambassadeurs  do  sénat  devaient 
réclamer  en  même  temps  la  stricte  exécution  do 
traité  qui  interdisait  aux  rois  de  Syrie  d'avoir 
une  flotte  et  des  éléptiants  de  gnerre.  €ette  mis- 
sfon  coOta  la  vie  à  Octavius,  qui  fiit  assassiné 
dans  le  gymnase  de  Laodio^  par  vn  Grec  de 
Syrie,  nommé  Leptine,  à  ifnatl|^«i  dn  Lysias, 
un  des  tuteurs  du  jeune  roi.  On  lui  éleva  une 
statue  sur  les  rostres.  Octavius  fit  l)&tir  un  por- 
tique appelé  porticus  Octhvia  ou  portieus  Co* 
rinthia,  parce  qu*il  était  composé  d'un  double 
rang  de  colonnes  d'ordre  corinthien.  Ce  portique, 
reconstruit  par  Tordre  d'Auguste,  n*e\is(ait  déjà 
plus  du  temps  de  Pline.  Y. 

Titc-UTe,  XMII,  17;  XLIV,  17, 18,  fl,  85.  -  XLV,  ».  «, 
4S.  -  Polybe,  XXVIII,  S,  8  ;  XXXf,  It,  tS,  1»-f  1.  -  Vellelus 
Paterculas,  I,  S;  U,  I.  —  Plutarque,  JSmii.  Paul.,  tS.  — 
Applen,  Syr.,  M.  -  PHiie,  Uia.  imM.,  XXXIV,  8,  6.  - 
FeatuR,  au  root  OctaciKy  et  0.  MUIIer,  PrsefoZ,  aâ  Fet- 
tMm,  p.  JUUX.  —  Monummtium  aneyrawtm,  ^  n,  «te. 
édition  de  Franz;  Berll»,  itW.  —  Bccker,  RômUch.  jiU' 
terthûmêT,  vol.  1,  p.  617. 

OCTATIUS  {Cneius),  petit-fils  du  précédent 

et  fils  du  consul  Cn.  Octavius,  mis  à  mort  en 

87  avant  J.-€-  Dans  lesdinensions  «d viles  q# 

marquèrent  le  ommmeoocfnieDt  éa  prcnlier  siècle 

avant  J.-C,  Oetavioa  fut  un  des  plna  fermoi 

défensenrs  du  parli  avistomtkyue.  Déjà  wê 

M.  Octavius,  m»  parent  et  prohaUeincnt  aan 

oncle,  s'était  signalé  par  son  opposition,  à  Tibn- 


nus  Graochns  (my.  œ  nom).  Il  M  consul  ea 
87  avec  L.  Cornélius  Cinna,  un  «1  après  le 
consulat  de  Sylla  et  le  bannissement  de  Mariua 
et  de  ses  principaux  partisans.  SyUa  était  alors 
occopé  à  «omlwttre  Mithridate  en  Grèce,  et  tout 
le  pcâds  de  ta  défense  des  intérêts  du  parti  aris- 
tocratique retomba  sur  Octavius,  qoi  semble 
avoir  été  on  honnête  homme,  mais  sans  initia- 
tive et  sans  talents  militaires.  Sa  droiture  et  son 
éloquence  furent  insuffisantes  dans  ta  crise  qui 
éclata  aussitôt  après  le  départ  de  Sylla.  Chma 
essaya  de  relever  le  parti  de  Marius  en  incorpo- 
rant dans  les  trente-cinq  tnlms  les  citoyens  qui 
avalent  reçu  récemment  le  droit  de  cité.  Octa- 
vius résista  à  cette  mesure  avec  beaucoup  d'é- 
loquence ;  mais  le  débat  ne  resta  pas  longtemps 
dans  des  termes  parlementaires.  Une  Intte  ter- 
rible éclata  sur  le  forum  et  eut  pour  résultat 
Texpulsfon  de  Cinna.  Le  sénat  donna  à  la  vic- 
toire du  parti  aristocratique  une  oonsécration 
légale  en  déposant  Cinna  de  sa  charge  de  consul, 
quifVif  donnée  à  L.  Cornélius  Merula.  Le  consul 
déposé  leva  des  troupes,  marcha  sur  Rome,  et 
reçut  ijientôt  dans  la  personne  du  proscrit  Ma- 
rius an  terrible  auxiliaire.  Les  soldats  ifOctaviffs, 
n'ayant  pas  confiance  en  loi,  demandèrent  ponr 
général  Metef  lus  Pins  ;  mais  celui-ci,  dédinant 
un  commandement  trop  dangereux  et  regardant 
la  résistance  comme  Impossible,  se  hâta  de  quit- 
ter Rome.  Les  amis  d*Octavius  Inf  conseillèrent 
vainement  de  suivre  cet  exemple;  se  confiant 
aux  promesses  de  China  et  aux  prédictions  des 
devms  qui  lui  annonçaient  qu'il  ne  cotirait  ancun 
danger,  il  assista  au  défilé  des  troupes  de  Cinna, 
et  fiit  ^rgé  sur  sa  chaise  comte.  Les  meurtriers 
loi  coupèrent  la  tétc  et  la  suspendirent  aux 
rostres.  Y. 

Applen,  Sel.  civ..  I,  61,  68-71.  ^  Plotarqae,  Mariys, 
41,  4t.  —  Valère  Ma  ilme,  f ,  6.  —  mon  Casatas,  Praetn^ 
117.  Ita,  édlt  de  Rrtaaarut.  -  THe-Uve,  £jhC,7S,  Ml  - 
Florus.  lU,  11.  —  Clcàron,  inCaU,  lU.  iO;  de  Burutf, 
retp.,  88  :  PhUipp.y  XIII,  1  ;  X IV,  8  ;  Tusevl ,  V,  if  ;  pn 
Sest.^  86;  de  Divinatione,  1,  8;  de  /Vot.  dcormm,  II,  8. 

OCTATIP8  (Jlfarci«),  petit-neveu  du  pré- 
cédent, vivait  dans  le  premier  siècle  avant  J.-O. 
Il  fut  édfte  curule  en  50  avec  M.  Caelius,  et 
comme  tous  deux  étaient  les  amis  de  Cicéron , 
ils  demandèrent  à  Torateur,  alors  proconsul  en 
Cilide,  de  Teur  envoyer  de6  panthères  pour  les 
|eox  pnfafics.  Lorsque  édata  lia  guerre  civile,  en 
49,  Octavius,  fidèle  aux  principes  héréditaires  de 
sa  famille,  épousa  bi  teause  du  parti  aristocra- 
tique. Tl  fut  chargé  avec  L.  Scribonius  Ubondu 
commandement  des  ilottes  de  Libiimie  et  d*A- 
chaïe,  et  servit  sous  les  ordresde  M.  Bibulus,  qui 
commandait  en  chef  la  flotte  de  Pompée.  Son 
escadre  et  celle  de  Libon  défirent  Dolabella  sur 
la  t8te  •d^fllyiie,  et  forcèrent  €.  Antorans  de  se 
rendre  prisonnier.  Oetavtos  seul  fut  moins  heo- 
reux,  et  après  avoir  essayé  un  grav<e  échec  il 
ail«i«joiadre  Pompée  à  Dyrrtiachfnm.  La  définfe 
de  son  parti  à  Ptiannlle  ne  le  déconragea  pas.  TI 
fittoite  pour  l*Illyrie,et  réussît  d'abord  à  s'en 


461 


OCTAVIUS  -  OCTONVÏLLE 


4G2 


emparer;  maisîl  en  Tut  chassé  en  47  par  Cor- 
nificius  el  Vatinhis.  Il  se  réfugia  en  Arriqne,  où 
le  parti  pompéien  tenait  encore ,  et  après  la  ba- 
taille deThapsus  (en  46),  il  demanda  à  partager 
avec  Caton  le  commandement  des  derniei's  dé- 
bris  de  Tarmée  républicaine.  A  partir  de  cette 
<époquè  it  disparait  de  Iliistoire  pour  ne  repa- 
raître qu*à  la  bataille  d'Actium  (31  avant  J.-C), 
où  il  commanda  avec  M.  Insteius  le  centre  dé  ta 
flotte  dTAntoîne.  11  est  curieux  de  voir  le  dernier 
représentant  de  la  branche  aînée  des  Octavius  lut- 
ter JQsqu'an  dernier  moment  contre  la  cause  qui 
avait  pour  ctief  le  membre  le  plus  célèbre  de  la 
branche  cadette.  Y. 

dcér^n,  ad  Family  III.  4;  VIII,  I;  ad  MtU.,  V.  si; 
VI.  1.  ~  César.  Bet,  civ.,  III,  S.  —  Dion  CarisItM,  X\.\, 
XLlU  ÏU  M.  —  FloriM,  IV»  t.—  OroM,  V,  ta.  -^  Hlrtlus. 
£el.  jéUx.,  41-M.  —  Platarqae,  CaL  mtn^  tt;  jénL»  M. 

OGTATius  (Caàus),  arrière-petit-rils  de  Guus 
Octavius^  le  second  âls  4«  Cneiu4  Octavius  Ru- 
fus  (  voff,  le  tableau  généaleigique  ) ,  el  père  de 
Tempereur  Auguste,  mourut  en  58  avant  J.-C 
Jusqu*à  lui  la  brancbe  cadette  des  Octavius  avait 
Técu  dans  Tobscurité,  plus  pressée  d'acquérk 
des  richesses  que  d'exercer  les  grandes  charges 
de  rÊtat.  Son  grand  père  avait  été  tribun  mîA- 
taire  et  peut-être  propriétaire  d'une  noanufacture 
èe  cordages  (Marc-Antoine  reprochait  a  Auguste 
â*avoir  pour  aïeul  un  affranchi  et  un  cordier)  ; 
son  père  vécut  tranquillement  à  Vélitres,  content 
des  honneurs  municipaux  de  sa  ville  natale  ^  et 
augmentant  sa  fortune  en  prêtante  intérêt  Caïus 
Octavius  eut  plus  d^ambition  ;  le  t)remier  de  sa 
famille^  il  aspira  aux  grandes  charges  de  TÉlat, 
et  grâce  à  sa  fortune  patrimoniale,  il  les  obtint 
sans  pdne.  Une  inscription  nous  apprend  qu'il 
fut  deux  fois  tribun  des  soldats,  questeur,  édile 
plébéien,  avec  G.  Torauius,  juge  des  enquêtes 
et  préteur  (1).  Nous  n^avons  pas  de  détails  sur  sa 
carrière  politique  jusqu'à  la  préture  ;  nous  savons 
seulement  qu'il  avait  rempli  les  charges  précé- 
dentes avec  beaucoup  de  droiture  et  de  capacité. 
Velleius  Paterculus,  suspect  il  est  vrai  de  flat- 
terie pour  la  famille  d^Auguste,  le  qualifie  de 
gravis 9  sancttu,  innocens ,  dives,  et. ajoute 
qu*n  se  fil  assez  estimer  pour  obtenir  en  mariage 
Alla,  fille  de  Julia,  sœur  de  Jules  César.  11  fut 
él<vé  à  la  préture  en  6i ,  et  en  remplit  les  devoirs 
d'une  manière  si  exemplaire  que  Cicéron  le  re- 
coonmanda  comme  un  modèle  à  son  frère  Quin- 
tns.  L'année  suivante  il  succéda  h  C.  Antonius 
dans  le  gouvernement  de  la  Macédoine  avec  le 
titre  de  proconsul.  Sur  son  chemin,  il  tailla  en 
pièces,  par  l'ordre  du  sénat,  dans  le  district  de 
Tharium,  une  troupe  d'esclaves  fugitifs  qui  avaient 
fait  partie  des  bandes  de  Spartacus  et  qui  s'é- 
taient rassemblés  de  nouveau  à  Tappel  des  com- 
plices de  Catitina.  Son  administration  honnête  et 
énergique  mérita  que  Cicéron  la  citât  à  son  frère 

<i)  c  ooracTtiM.  e  *.  c  ir.  c.  t.  «(trrcsl.  tatsh  «tr* 

CUftTI  TmjB  MOu.  ats.  Q.  Afl».  K.  cuit.  C  TOa«iM» 
4DDEX  QUiBSTlOnUM  PR-  PROCOS.  UlfERATOa  AT- 
rRLIATCt     EX     PROVIZtCtA  «ACEDOITIA. 


Quinlus  comme  un  nouvel  exemple  à  suivre.  H 
mit  en  déroute  les  Besses  et  quelques  autres  tri- 
bus thraces,  et  reçut  de  ses  sol^lats  à  cette  occa- 
sion le  titre  àHmperator.  T\  revînt  en  Italie  à  la 
fin  de  Tannée  59,  et  il  avait  l'espoir  d'être  nommé 
consul  aux  prochaines  élections,  lorsqu'il  mourut 
subitement  au  commencement  de  Tan  58,  à  Nola 
en  Campaoie,  dans  la  même  chambre  où^  soixante 
douze  ans  plus  tard,  Auguste  rendit  le  dernier 
soupir.  Octavius  avait  été  marié  deux  fois.  De  sa 
première  femme,  Anchaiia,  il  eut  nue  fille,  Ocia' 
vie  l'atnée;  de  sa  seconde  femme,  Atia,  nièce  de 
Jules  César,  il  eut  une  fille,  Oclavie  la  jeune  et 
un  fils,  Octavius  (Octave- Auguste).  Sa  seconde 
femme  et  ses  trois  enfants  lui  survécurent  Y. 

Stiétoae,  yiuo..  S,  4.  —  KIcûlas  de  Oainas,  Fragmenta 
t«lans  tm  Fragmenta  Mst.  grtteorum,  éd.  Otdot).  —  Pa- 
toroBln»  M,  9K  ^Geètoa,  ma  jntte,.  II,  t ;  M  ÇmM, 
/rtU^  1, 14  U.  ii  Mtfipfw.  ni,  •,  -  Ta«ita,  ^nii.,  i,  t. 

0CT««TiULii  (RatnU  o*)»  meurtrier  de  Louis 
duc  d'Orléans,  naquit  au  ^uaturziène  siècle,  et 
mourut  après  1412  (1).  Son  4ière  était  ea  1M0 
capiialae  et  garde  des  chàiel  et  viUe  de  Vire , 
qu'il  défendit  contre  les  Anglais,  En  1389  sou  fila 
Raoulet  appartenait  comme  4»ficier  à  Técorie  du 
roi  Chartes  VI.  U  ambrasse  «QSMte  ta  carrière 
deafinanees.  Garde  de  l'épargne  du  roi  en  139A, 
il  devint,  le  26  mai  de  la  même  année,  oonieiUer 
général  fiour  les  aides  de  ta  goerre.  11  fui  aor 
suite <  1307)  coasciUer  supérieur  des  finances^ 
avec  Jean  Chanteprime  et  l'arclievêque  de  fi»* 
sançon,  puis  gouverneur  général  des  finançai 
en  Languedoc  et  en  Guyenne  (iS  décembre  I3M). 
Raould'OctonviUe  jusque-là  n'avait  eatl^ete■■ 
avec  ta  cour«  spécialement  avec  U  reine  et  ta  due 
d'Orléans ,  que  de  boas  rapports.  Ainsi,  en  1396 
il  avait  fait  {tartie  du  cortège  pompeux  de  gen* 
til&liommes  et  de  Camiliera  qui  aecompagnèmit 
jusqu'à  Calais  la  jeune  princesse  Isabelle,  fiUe 
de  Cliarles  VI,  fiancée  au  roi  d'Angleterre.  Mais 
tersque  Raoul  d'OctonviUe  eut  obtenu  l'Inten- 
dance financière  du  Languedoc,*  ces  rapporta 
prirent  un  autre  caractère.  La  reine  et  le  due 
d'Orléans,  toujoarsà  court  d'argent,  exigeaient 
des  receveurs  provinciaux  des  rentrées  de  de* 
nicrs  très* promptes  et  même  souvent  des  ver- 
sements anticipés.  En  U99  la  reine  réclamait  de 
Raoul  une  somme  de  sept  mille  livres,  portée 
plus  tard  à  dix  mille,  que  le  financier  niait  avoir 
reçue  et  dont  il  refusait  de  s'accuser  redevalita» 
Eu  1401  Octon ville,  actionné  judictairemeat  par 
la  reine,  fut  cité  devant  le  parlement.  Poursuivi 
sous  le  grief  de  malversation,  il  fut  destitué  4e 
son  office  par  le  duc  d'Orléans.  Victime  de 
Louis,  Raoul  d'Octoavilte  trouva  un  protecteur 
et  un  appui  dans  la  personne  de   Philippe  le 

M  Ce  cenUlhomne,  d'après  todte  ap|Mr«soe,  tirait  Ma 

nom  d'une  localité  appelée  anjeiird'iiiil  ^ncfovi/ie,  et 

située  prés  de    GraovUle ,  dosa  le  départcDaent  de  la 

Manche.  Celte  déoominatloa    ae  préaente,  pannl  lei 

tex4ea  andeoc,  soua  diveraea  formes  et  varlanie^  teiies 

I   que  JnquptotMle.jéwtuetanvUiê,  et  eaSa  OcfonvUUt ,  dé- 

.   Dominatioo«  qui  a*appUqaeat  égaleaaeiit  M  lica  et  au 

i   pcnonnaje  qui  npus  occupe. 


463 


OCTONVILLE  —  ODASSl 


464 


Hardi ,  riyal  du  jeune  duc  d'Orléans.  Le  3  aoAt 
1402,  le  duc  de  Bourgogne  convoqua  dans  8on 
propre  h6(el,àParis,  les  gens  des  comptes, 
auxquels  il  enjoignit  d'avoir,  en  sa  présence,  k 
reconnaître  comme  trésorier  du  roi  Raoul  d'Oc- 
tonville.  Mais  le  duc  d'Orléans  destitua  de  nou- 
veau le  financier,  et  le  fit  dépouiller,  par  voie  de 
saisie,  de  ses  biens  meubles.  Wavrin  de  Forestel, 
dironiqueur  du  temps ,  ajoute  que  le  duc  entre- 
tenait avec  la  femme  de  Raoul  des  relations  cri- 
minelles, et  que  les  plaintes  du  mari  outragé 
n'ab(yitirent  qu'à  la  destitution  du  réclamant. 
P.  Ck>chon,  autre  chroniqueur  contemporain, 
affirme  que  Raoul  balançait  entre  les  sentiments 
de  gratitude  qui  le  liaient  à  la  fois  à  la  maison 
d'Orléans  et  à  la  maison  de  Bourgogne.  Suivant 
cet  auteur,  H.  d'Octonville  proposa  d'abord  au 
duc  d'Orléans  d'assassiner  le  duc  de  Bourgogne. 
Mais  après  avoir  déjà  reçu  une  avance  sur  le 
prix  du  meurtre,  il  se  sentit  des  scmpules. 
Raoul  en  fit  confidence  au  duc  Jean  sans  Peur, 
qui  lui  offrit  «  d'entreprendre  l'opposite,  à  sça- 
Toir  de  tuer  Louis  duc  d'Orléans  »  ;  ce  que  Raoul 
accepta  très-volontiers.  Nous  renvoyons  au  récit 
très-connu  de  Monstrelet  et  d'autres  auteurs, 
pour  les  circonstances  de  ce  crime  mémorable, 
qui  eut  lieu  le  23  novembre  1407,  dans  la  vieille 
me  du  Temple,  entre  l'hôtel  Barbette  et  le  palais 
de  Saint-Paul.  R.  d'Octonville ,  pour  accomplir 
ce  forfait,  avait  loué,  plusieurs  semaines  d'a- 
vance, une  maison  propre  à  servir  de  posteaux 
assassins.  Il  aTait  recruté  et  dressé  dans  cette 
vue  une  triple  brigade  de  sicaires,  an  nombre 
de  seize  compagnons.  Coiffé  d'un  chaperon  rouge 
à  longue  draperie,  qui  «  embrunchait  »  son  vi- 
Bage,  Raoul  d'Octonville  dirigea  le  coup.  Quand 
le  meurtre  fut  accompli,  il  examina  le  cadavre 
à  la  lueur  d'une  torche  de  paille,  s'assura  que 
le  duc  était  bien  mort,  et  donna  le  signal  de  la 
fuite.  Il  rallia  ses  hommes  à  l'hôtel  d*Artois , 
cliezledocde  Bourgogne.  Peu  de  jours  après  il 
suivit  en  Flandre  Jean  sans  Peur,  qui  paya  le 
salaire  de  ses  «  libérateurs».  Raoul  d'Octonville 
reçut  pour  sa  part  aoo  francs  d'or.  11  demeura  de 
plus  attaché  à  la  maison  ducale,  avec  le  titre  qu'il 
avait  jadis  porté  auprès  du  rot,  celui  d'écuyer 
d'écurie.  Le  6  août  1408,  par  mandement  donné 
à  Bruges,  Jean  sans  Peur  accorda  à  Raoulet 
d'Octonville,  son  écuyer  et  conseiller,  «  pour  les 
agréables  services  par  lui  rendus  »,  la  somme 
de  500  francs  d'or.  Le  5  janvier  suivant,  Raoul 
reçut  210  écus  d'or  «  |$our  son  monter  et  habil- 
ler, tant  de  chevaux  comme  de  robes  ».  En  1412 
il  figiTre  pour  la  dernière  fois  sur  les  états  delà 
maison  ducale  au  nombre  des  écuyers  ordi» 
flaires,  A.  V.— V. 

Cabinet  des  tlU'es  :  OctonviUe.  Comptes  des  rois  de 
France,  K  K4i,  !••  188,  160,  etc.  Re^Utres  do  parlement; 
notes  commantqQies  par  H.  J.  Plcbon.  Maniuc  cal- 
gnlères,  TTI,  i»  pages  «9T;  etc.  Mémoires  de  Bauyn, 
manuse.  de  IMnstUot,  371.  —  Labarre,  Mémoires  d€ 
Bourçofpu,  nu,  lo-*»,  p.  147-8.  -  Vallel  de  VlrlrUIe, 
Auatsinatdn  due  d^Orléans,  dans  le  3Tagasln  de  li- 
Prairie  da  il  novembre  1819,  p.  I4i  et  aulv.,  etc. 


OCTOUL  (Etienne),  astrononje  français,  né  en 

1589,  à  Ramatuelle,près  Fréjufi,roort  en  1 655,  au 

couvent  de  Pourrières  (aujourd'hui  dép.  du  Var). 

Il  entra  en  1608  chez  les  minimes  d'Avignon  et 

fit  sa  principale  occupation  de  l'étude  des  roatlié- 

matiques.  On  a  de  lui  :  Inventa  astronomica, 

primx  mundi  epochx  a  priori  constructx,  etc.; 

Avignon,  1643,  in-4*.  11  s'attache  à  démontrer  à 

quel  jour,  selon  le  calendrier  Julien ,  le  monde  a 

été  créé  et  à  déterminer  en  quel  méridien  et  à 

quel  degré  du  zodiaque  se  trouvait  alors  le  soleil. 

«  II  propose,  dit  La  Lande,  un  instrument  pour 

prendre  la  hauteur  ;  c'est  un  secteur  à  pinnules, 

dont  il  faisait  tourner  le  limbe  dans  une  cooh'sse 

circulaire  concentrique  placée  dans  le  plan  du 

méridien.  » 

Aehard,  DM.  hM,  de  la  Provence,  —  La  Lande,  Bi- 
biiogr.  astnm. 

o^DALT  (Daniel),  religieux  irlandais,  né 
en  1595,  dans  le  comté  de  Kerry,  mort  le  30 
juin  1662,  à  Lisbonne.  Il  fut  élevé  en  Flandre  et 
y  prononça  des  vœux  dans  Tordre  de  Saint-Do- 
minique. Ayant  été  appelé  à  la  cour  d'Espagne, 
il  s'insinua  si  bien  dans  l'esprit  de  Philippe  IV 
qnece  prince,  qui  était  alors  mattre  du  Portugal, 
le  chargea  de  surveiller  la  fondation  d'un  cou- 
vent à  Lisbonne  pour  les  moines  irlandais.  11  eo 
devint  le  premier  supérieur.  A  l'avènement  du 
duc  de  Bragance  au  trône,  il  vit  augmenter  son 
crédit,  et  fut  employé  dans  les  affaires  les  plus 
considérables  du  royaume.  En  1655  il  se  rendit 
auprès  de  Louis  XIV  en  qualité  d-ambassadeor, 
afin  de  négocier  un  traité  d'alliance  et  de  com- 
merce. Arrivé  à  Paris,  il  ne  voulut  point  d'autre 
logement  que  le  couvent  des  dominicains  de  la 
rue  Sainte-Honoré,  où  il  demeura  pendant  tout 
le  temps  de  son  ambassade.  «  On  lui  donna  ce 
bel  éloge,  dit  le  P.  Baron,  que  personne  n'a 
jamais  su  faire  une  union  plus  heureuse  de  la 
piété  avec  la  prudence,  de  la  modestie  et  de 
l'humilité  religieuse  avec  la  gravité  et  la  sagesse 
d'un  ambassadeur.  »  Cette  modestie  cependant 
ne  l'empêcha  d'exercer  les  charges  de  son  ordre, 
telles  que  celles  de  censeur  de  Tinquisition,  de 
visiteur  général  et  de  vicaire  général  du  royaume. 
On  a  de  lui  :  Initium ,  incremen^ifm  et  exi- 
ttts  familix  Giraldinorum  Destnonix  comi- 
tum  Kierria  in  Hibemia;  Lisbonne,  lC5ô, 
in-8«.  P. 

V.  Baron,  Apologétique,  :ltb.  l,  p.  4M;  Uo.  4.  p.  t4i.  - 
Êchard  et  Quétl/,  Script,  ord.  prwdieat.  II,  617. 

ODASSl  (Tifi  OEGLi),  poëtc  iUlicu ,  ne  à 
Padoue,  vers  le  milieu  du  quinzième  siècle  Sa 
famille  était  noble;  on  ne  sait  rien  de  loi  sinon 
qu'il  est  l'auteur  d'un  petit  poëme  intitulé  Car- 
men macaronicnm  de  quitmsdam  Patatini^ 
arte  magica  delttsis,  composition  bizarre  et 
licencieuse,  qui  l'a  fait  regarder  par  quelques 
écrivains  comme  l'inventeur  de  la  poésie  maca- 
ronique.  Au  reste,  ce  poëme  est  devenu  d'une  si 
grande  rareté  qu'au  dire  de  Tiraboachi  il  n'en 
existe  que  deux  exemplaires  conservés  dans  la 


46-3  ODASSI 

bibliothèque  de  Parme.  D'après  Scardeooe,  il 
aurait  eu  au  moina  une  dizaine  d'éditions.  Dans 
œ  nombre  l'abbé  MoreUi  en  a  décrit  une  seule, 
de  10  feuiUeU  in4<»,  sans  chiffres ,  signatures  ni 
réclames,  et  qui  parait  avoir  été  imprimée  vers 

149a. 

Son  frère,  Lodovico^  conseiller  du  doc  d  Ur- 
bin  et  mort  en  1510,  a  pubUé  Cebetis  tabulx; 
Bologne,  1497,  în-S»  ;  réiropr.  en  1720,  à  Londres, 
par  Thomas  Johnson  ;  et  Orazion  Juntbre  del 
duca  dUrbino  Guidubaldo  d^  Mont^eltro; 
Pesaro,  1508,  in-4*.  P» 

TlraboKtal,  SUaia  délia  lettêr.  Ual.  -  Scardeone, 
Antiq.  mrbU  Pa««i»«,M».  — PapadopoU,  HUt,  nmnasli 
patavini.  —  MorclU,  Catalogue  Pinelli,  n«  »m. 

oooi  (  Muzio)^  géomètre  italien,  né  le  14  oc- 
tobre 1569,  à  UrWn,  mort  le  15  décembre  1639, 
dans  la  même  ville.  Sur  les  conseils  de  Fran- 
cisco Barocd,  qui  lui  enseigna  le  dessin,  il  s'ap- 
pliqua à  l'étude  des  mathématiques,  et  y  fit  de 
remarquables  progrès;  cependant  il  embrassa  la 
carrière  des  armes,  et  commanda  l'arlillerie  dans 
le  corps  d'armée  qui  fut  envoyé  au  secours  des 
ligueurs  français.  Il  jouissait  d'un  grand  crédit 
à  la  cour  de  François  de  LaRovère;  mais,  ac- 
cusé de  révéler  à  la  duchesse  ce  qui  se  pas- 
sait dans  le  conseil,  il  tomba  en  disgrâce,  et 
fat  enfermé  dans  la  forteresse  de  Pesaro  (1600). 
]]   passa  une  année  entière  au  secret  le  plus 
alisolu.  Ce  fut  dans  cette  retraite  forcée  qu'il 
parvint  à  écrire  plusieurs  traités  de  mathéma- 
tiques avec  une  encre  composée  de  charbon 
pile,  d'eau  et  de  noir  de  fumée;  un  roseau  lui 
servit  de  plume,  et  il  raffermit  son  papier  au 
moyen  d*nne  colle  légère.  Ses  manuscrits  se 
trouvent  encore  à  Urbin,  dans  la  bibliothèque 
Yîncenzi.  La  captivité  d'Oddi  s'adoucit  un  peu 
fn  1602,  et  il  fut  mis  en  liberté  en  1609.  Aussitôt 
il  se  rendit  à  Milan,  et  y  enseigna  les  mathéma- 
tiqnes.  En  1626  il  fut  invité  par  les  magistrats  de 
Lncqaes  à  diriger  les  fortifications  de  cette  ville. 
Après  avoir  occupé  la  place  d'ingénieur  à  Lorette, 
il  loi  fut  permis  de  revenir  à  XJrbin,  où  il  mourut, 
à  l'âge  de  soixante-dix  ans.  On  a  de  lui  :  Degli 
Orologi  solari  nelle  superficie  piane;  Milan, 
16 1 4,  în-4"  ;  —  un  autre  ouvrage  sur  le  même 
sujet;  Venise,  1638,  in-4*  :  «  ces  deux  traités 
sont  remarquables,  ait  Montucla,  par  diverses 
pratiques  ingénieuses  et  plus  de  géométrie  pro- 
fonde qu'on  n'en  trouve  d'ordinaire  dans  les 
livres  de  ce  genre  »  ;  dans  la  préface  du  second 
traité  l'auteur  dénonce  comme  un  eCHronté  pla- 
giat de  ses  propres  travaux  l'ouvrage  du  P.  Jules 
Fnligatti  intitulé  Degli  horiuli  a  sole  (Ferrare, 
1616,  hi-4*);  —  Dello  Squadro;  Milan,  1625, 
in-4*;  —  Vella  Jahrica  e  delV  uso  del  com- 
passo  poltmetro;  Milan,  1633,in-4r 

Son  frère,  Matteo  Onni,  a  publié  trois  cen- 
turies de  Precetii  di  archiiettura  militare; 
Milan,  1627,  in-S».  O. 

HossU,  PinaaAheea.  p.  1, 17*.  -  Freher,  TKeatrutn.^ 
Apofttolo  Zeiio,  WoU  al  FomUmlnU  11,  SS7.  ->  Hootuda, 
HM.  Ut  notAAn,,  1, 7S0. 


—  ODDI 


466 


ODDI  (Odù  DEGu),  médecin  italien,  née  Pa- 
dooe,  mort  le  6  février  1559»  dans  la  même  Tille. 
Il  exerça  d'abord  la  médecine  à  Venise,  et  devint 
professeur  à  l'université  de  sa  ville  natale.  11  avait 
heancooplu  Galien,  et  il  ne  parlait  ou  n'agissait  ja- 
mais que  d'après  les  principes  de  cet  auteur  ;  aussi 
l'appela-t-on  Xdme  de  Goiien ,  surnom  qu'il  se 
glorifiait  d'avoir  roé|ité.  On  ignore  si  les  ou- 
vrages qu'il  a  écrits  ont  vu  le  jour  de  son  vivant; 
les  éditions  connues  sont  toutes  posthumes.  Il 
a  laissé  :  De  pesiis  et  pesHferorum  omnium 
t^ffecluum  cousis,  signu,  prxcaulione  et  eu- 
ratione  Ub,    IV;  —   Àpolagiss  pro  Galeno 
lib.  III;  —  De  cœna  et  prandio  lib,  11;  Ve- 
nise, 1570,  in-4*;  son  fils,  qui  a  Imprimé  ces 
traités  avec  nn  des  siens  (  De  fmtredine),  a  pris 
soin  d'en  retrancher  tout  ce  qui  traite  de  l'in- 
fluence des  astres  relativement  aux  maladies; 
^  In  Aphorismorum  Bippocratis  prioree 
duos  seetiones  intepretatio  ;  Venise,  1572, 
in-8*;Padoae,  1589,  in.4»;  —  Ars  parva; 
Venise,  1574,  in-4<*;  —  In  primam  totam 
Few  libH  primi  eanonis  Avieennx;  Venise, 
1575,  in-4'';  —  In  librum  Artis  medidnalis 
Galeni;  Bresda,  1607,  in-4'*. 

Son  fils,  Onni  (Marco  degli),  né  en  1626,  à 
Padoue,  où  il  est  mort,  le  25  juillet  1591,  em- 
brassa la  même  profession.  U  enseigna  dans  sa 
vflle  naUle  la  logique  (1546),  la  philosophie 
(1549)  et  la  médecine  (1583).  On  a  de  lui  :  De 
pti/redine;  Venise,  1570,  in-4*;  Padoue,  1585; 
avec  trois  traités  de  son  père;  —  MeditatUmee 
in  theriacam  et  mithridaticam  antidotum; 
Venise,  1576,  in-4'  ;  —  De  componendis  me- 
dicamentis;  Padoue,  1583,  in-4«;  —  De  morbi 
natura  et  essentia;  ibid.,  1589,  InA"*',  ^  De 
urinarum  di/ferentiis ;  ibid.,  1591,  in-fol.  P. 

MiDgtt,  BUatoth,  medlea.  II.  -  Papadopoll,  Hist, 
çymn.  patav;  —  Tomatlni ,  Blogkt, 

ODDI  (Sforza  DECLi  ),  poète  et  jurisconsulte 
italien,  né  en  1540.  à  Pérouse,  mort  en  1611 ,  à 
Parme.  Il  fut  un  des  jurisconsultes  les  plus  es- 
timés de  son  temps  et  tint  successivement  école 
à  Macerata,  à  Pise  et  à  Pavie.  En  1599  il  fut 
appelé  à  Padone  pour  occuper  la  chaire  que  la 
mort  du  célèbre  Panciroli  venait  de  rendre  va- 
cante ;  mais  en  1600  il  l'abandonna,  et  se  rendit 
à  Parme ,  où  le  duc  Ranuccio  Famese  le  nomma 
conseiller  et  premier  lecteur  de  son  noiversité. 
Il  forma  d'habiles  disciples,  entre  autres  Albe- 
rigo  Gentilis.  On  a  de  Ini  :  De  compendiosa 
substitutione  ;  Pérome,  1581,  in-fol.;  —  Con- 
silia;  Venise,  1593,  ln-«bl.;  —  De  fid^com- 
missis;  ibid.,  1622,  in-fol,;  —  De  restitutione 
in  integrum;  Francfort,  1672,  in-fol.  Ces  divers 
ouvrages  ont  eu  plusieurs  éditions.  Oddi  avait 
dans   sa  jeunesse  composé  des  comédies  qui 
eurent  du  succès,  telles  que  VErofiU>machia 
(Venise,  1572),  /  morti  vivi  (Pérouse,  1576). 
et  la  Prigione  d^amore  (Florence,  1592).     P. 

TIraboMhi.  Storia  délia  lêUer.  Ual,  -  JacobUH,  1h^ 
blioth.  UmbrUe^ 


467 


ODDI  — 


ODM  (JocofM  DBCu),  prélat  iWicn,  né  lé  12 
novembre  M79,  à  Pérooae*  floort  en  avril  177^, 
à  Viterbew  U  appartenait  à  la  néme  faraHie  i}tie 
lea  pi^cédenls.  Il  vint  de  boaae  bevra  à  Rame, 
^  remplit  arec  sèàe  péasieurs  emplaia  hono- 
fiables;  après  avoir  adnainistré  les  Tillei  d'An» 
<Ant,  de  Civita-Vecehia  et  de  Macerata,  il  fbt 
«barge  de  niaaiona  polHiqyea  à  Panne  et  à  Oo- 
logniL  £d  1739  il  se  rendit  e»  qualité  de  nonce 
à  la  coar  de  Portugal-  Nommé  oardinal  en  174&, 
a  devint  légat  de  Ravenae  (1746)  et  évèqoe  de 
Vjterbe  (1749).  On  a  de  bii  :  ConsiUuti9ne$ 
^dUsR  tu  Vittrhktm*i  synodo;  Yiterbe,  1753, 


A  cette  famille  U  liut  égatement  rattacher 

lÂntgan-Ifntaào  accuOnm,  jésuite^  né  en  16S5 

«t  mort  en  1773.  Oe  religienK,  qin  passait  ponr 

trèS'fnstrait,  donna  ivequ^ea  1729  à  âome  des 

le^ns  sur  l'isten^réCation  des  saintes  Écnlures. 

il  a  pobtié  en  italien  des  noticas  sor  plusiears 

liersonnages  de  sa  compagnie,  notammeot  «or 

Loaia  de  Poot,  François  <de  Geronimo,  Jean 

d'Avïa,  ete.  On  die  amsi  de  kri  la  Viia  dH  in- 

fcMta  d^MuMa  MmrgherUa;  ftome>    1733. 

in-4«.  P. 

Banfl,  GmMlo0,  jérchitntriuÉ^  -  AMoiMffe  Marteo 
BoMtantie. 

ODEBERT  (  Pierre)  f  ^oaglstrat  Trançais,  né 
ea  1574,  à  Dijon,  où  il  est  mort,  le  19  novembre 
1661.  Beçu  en  1604  président  aax  requêtes  du 
parlement  de  Dijon,  U  exerça  cette  charge  jus- 
qu'en 164  6.  II  contribua  à  la  formation  de  plu- 
sieurs établissements  charitables,  restaura  des 
églises  et  des  couvents,  donna  80,000  livres 
pour  élever  des  jeunes  filles  pauvres  dans  l'IkV- 
pital  de  Sainte- Anne  de  Dijon,  et  fonda ^  au  col- 
lège des  Jésuites  de  cette  ville,  quatre  chaires  de 
théologie,  n  est  auteur  d*un  livre  de  piété  inti- 
tulé Û Académie  des  afflictions  où  setrouveni 

les  biens  so/tofe^  (Dijon,  1666,  in-4<^).    P.  L. 
Peiry.  PûeHs  Pinâttrica;  ISSS.  —  Paptfloo,  MOeurs 
de  tKmrgogm» 

ODBLBBfiai  (^  Ernes^Olkon' Innocent  t  ba- 
ron d'),  officier  et  écrivain  militaire  aUennand , 
•é  àRieiOB,  le  13  mars  1777,  mort  à  Dresde,  le  2 
novembro  1833.  En  1813  il  Oit  attaché  à  Tétat- 
major  de  Napoléon,  qnll  accompagna  pendant 
toute  la  «^pfipagiie  de  Sax«.  il  moarot  colanel 
<le  caTâlerie  et  aide  de  camp  du  roi  de  Saxe. 
On  a  de  Itti  :  Der  Feld%ug  Napoiêons  in 
Sacksen  im  Jahre  1813  (La  campagne  de Na- 
fMriéon  en  Saxe  en  1813);  Dresde,  1815  et  1810, 
iB-8°  :  traduit  en  français  «  Piris,  1817,  S  vol. 
i»-8°4  cet  ouvrage  erxeita  les  récriminatiotts  des 
«Mlmifateurs  eKcUisifS'de  Napoléon;  -^  Die  6e- 
^emd  von  Maulzeu  mit  eintm  Commentar 
Hber  die  Sehlaobt  vom  20  amd  21  mai  1813 
(La  contrée  de  Bautaen,  avec  ua  commen- 
<aire  sur  la  bataille  des  20  et  21  mai  1813), 
ibrd,;  1820,  Avec  ane  exoallente  carte;  '^  Carte 
topoqraphique  de  la  Suisse  saxonne;  1830.  0. 

Cotufersationt.'Lexikou. 

,    ODELL  (rAom(»), auteur  dramatiqne anglais, 


ODENATH  468 

né  dans  Je  ex>mfé  de  '^oekfn^iam ,  mort  «n  mai 
1749.  it  entreprit  d*éle!f«r  dans  Ooodman's 
Fields  on  théâtre  (1729),  qui  «ift  benaecap 
de  toeeèa;  mais,  sor  la  plainte  des  akler- 
men ,  il  fut  obKgé  de  le  fcîrmer  «ous  prétexte, 
qu'un  tel  établissement  donnait  lieu  à  la  diesi- 
patina  des  ouvriers  et  à  là  dimtnutioo  dn  tra- 
vail. Quelques  années  plos  tard,  oe  tbéAtre  fvt 
rouvert  sarn  opposition ,  et  Garrick  y  fit  ses  pre^ 
miers  débots.  En  1738  Odell  obtint  une  plaoe 
dans  les  menqs  plaisirs  de  la  oour.  Il  est  au- 
teur de  quatre  pièces ,  dont  denx  mértteni  d^re 
signalées  :  Calmera  (172!)  et  Prodifoi  <1744), 
comédies.  K. 

Baker,  BiografMa  dramaUca, 

ODENATH,  prince  de  Pahnyre  et  mari  de 
Zénobie,  on  de  ces  vaillants  usurpateurs  ou  ty- 
rans,  comme  les  appellent  les  écrivains  de 
V Histoire  auguste,  qui,  vers  le  milieu  do  troi- 
sième siècle  après  J.-C,  sauvèrent  Tempire  ro- 
main d'une  ruine  imminente.  Agathias  dit  qu'il  était 
d'une  humble  origine;  Zosime  le  fait  naître  d'une 
riche  famille  de  Palmyre,  et  Procope  prétend 
qu'il  était  prince  d'une  tribu  sarrasinc  qui  ha- 
bitait aux  bords  de  l'Euphrate.  De  ces  témoi- 
gnsges  divers,  mais  non  contradictoires p  car  la 
noblesse  d'un  petit  chef  arabe  pouvait  paraître 
médiocre  et  même  basse  pour  un  empereur  ro- 
main, il  résulte  qu'Odenatb  était  de  race  sar- 
rasine  et  chef  d'une  des  tribus  qui  habitaient  U 
région  dont  Palmyre  était  la  capitale ,  région 
vassale  de  Rome  plutôt  que  partie  tnf^ranle  6e 
l'empire.  Sa  vie  est  très-peu  connue.  Trebd- 
lius  Poli  ion,  dans  une  courte  biographie,  nous 
apprend  que  le  jeune  Arabe  lit  dans  les  rudes 
exercices  de  la  chasse  l'apprentissage  de  la 
guerre.  «  A  jamais  mémorable  pas  ses  chasses , 
dit-il,  il  s'exerça  dès  son  premier  âge  avec  nne 
m&le  constance  à  prendre  des  lions  et  des  léo- 
pards, des  ours  et  d'autres  animaux  sauvais, 
vécut  toujours  dans  les  bois  et  sur  les  monta- 
gnes, supportant  la  chaleur,  la  pluie  et  toutes 
les  fatigues  que  renferment  les  plaisirs  de  la 
chasse;  endurci  par  ces  exercices,  il  supporta 
le  soleil  et  la  poussière  dans  les  expéditions  de 
Perse.  »  Ces  détails  ne  nous  apprennent  pas 
commuent  il  devint  prince  de  Palmyre ,  ni  quels 
furent  en  cette  qualité  ses  rapports  avec  les 
empereurs  romains.  La  défaite  et  la  captivfié  de 
Valérien,  la  politique  faible  et  cruelle  de  Gai- 
lien  semblaient  devoir  amener  la  dissolution  de 
Tempire;  l'Orient  surtout  paraissait  incapable 
de  résister  à  l'iovasion  des  Perses.  Dans  ces 
circonstances,  Odenath  prit  pour  lui-même,  pour 
sa  femme  Zénobie,  pour  son  fils  aîné,  Hérode, 
pour  ses  deux  autres  fils,  Herenniaous  et  Tinio- 
laûs,  le  titre  royal,  et  fit  le  plus  vigoureux  osa^ 
du  pouvoir  dont  11  venait  de  se  sai&r.  A  la 
tète  d'une  armée  rassemblée  it  Ta  Bàte,îl  marcha 
contre  le  victorieux  Sapor,  le  chassa  de  la  Syrie, 
reprit  Jiisibe  et  toute  la  Mésopotamie,  et  a'avaoça 
jusque  sous  les  mors  de  Olésipbon.  Le  bafem  dé 


4G9 


ODENATH  —  ODERIC 


470 


Sapor  «t  d'îmmensêfi  ricliwscs  tombèrent  en  son 
pouvoir.  Aprè«  avoir  swvérorieat  de  finfBskm 
éeê  Perses,  le  roi  de  Pthnyre,  sataé  empereur 
par  ses  soldatfi,  résolot  de  préserver  f  unité  de 
l'empire  en  aidant  Gallien  à  réprimer  les  osur- 
fateurs  de  la  pourpre  impériale.  Il  tourna  ses 
armes  contre  Qoiétus,  fils  de  Waericn ,  le  força 
de  Renfermer  dan«  Émèse,  s'empara  de  cette 
ville  et  fit  mettre  à  mort  te  prétendant.  En  ré- 
compense de  ses  services,  Gallien  lui  déeewa  le 
litre  d'auguste,  et  le  reconnut  pour  «on  collègue. 
Odenath  ne  jouît  pas  longtemps  de  cette  dignité 
bien  méritée.  Un  de  ses  oouÂns  ou  de  se*  ne- 
veux, Maconios,  l'assassînn  avec  son  fils  Hérode, 
qai  portait  aossi  te  litre  d'empereur.  Hérode  éM 
le  fils  d'une  première  femme  d'Ode«atli,  et  té- 
noUe,  ^lî  avait  pour  lui  de*  sentimeai»  de  ma- 
râtre, fat,  dit-on,  compliee  de  ce  dovhte  meurtre, 
accompli  vers  266.  Ainsi  périt  victime  d'une 
trahison  domestique  ce  vaillant  chef  arabe,  au- 
quel il  n'a  manqué  peut-être  qu'un  meinear 
lijstorien  pour  être  compté  parmi  les  grands 

princes  romains.  ï*-  J* 

Trcbeniu»  Poinan,   TrigMa  tffrannt,  xm-XVll, 
XXn.  —  rr»eop«,  P^niem,  11,  ».  -  *«»tM«t,  IV. 

oosRVomr  lpamt)^w\^skv€de^  Pomé- 
ranie ,  était  on  pwtcur  Mhérien  cpii  a  aucces* 
sivement  habité  Kovno ,  Riga  et  Milan,  çle  tM6 
à  1389.  On  bii  doitdenx  ouvrages  précieux  pour 
ITistoire  de  Rnsete,  une  Vte  d'Ivan  te  Terribte  : 
Jokannii  BaHlidi*,  mngni  Moêchmése  éuds, 
viia  r  WîtIemberg.  1585,  in-4-  et  in-8*  ),  rélni. 
primée  pur  Stavrctevrski  (  HfsUffUf  BulheniCM 
seriptores  exteH  sseeuH  XVI  )  ;  traduit  enaMe- 
maml,  «t  un  laMern  de  la  rèKglOn  des  Ruiset  (foi 
a  pmir  «Ire  :  De  Kustmtm  reHgUme^  ritUnu 
nupei^rum.funerwm,  victu,  vesiitu  et  deque 
Tartarûrvm  nligione  ae  mori^t  ;  ».  l.,  1 561, 
în-î*;  également  réédité  par  Starcxcwski  (  Pélers- 
bourg,  î8«).  P*  A.  G-w. 

J.-0  BaMe.  rtrjwA  «lw«r  Irtt.  Hier,  dtr  JlnssMcAm 

in  Jtusnand  bis  1100. 

ODBRiG  DE  RORDBifOifE,  frauciscaÎD  et 
voyageur  italien,  aé  en  1286,  l  Cividale,  dis- 
trict de  Pordenone  (Frteol  ),  mort  à  Udine,  le 
14  jaarier  1331.  Après  avoir  terminé  ses  études 
à  Udine,  il  se  dévoua  aux  labeurs  des  missions 
lointaines ,  et  résolut  d'aller  porter  ^Évangile  en 
Asie.  Passant  d'abord  par  Coastaotinopte,  il 
traversa  U  naer  Noire,  et,  débarquant  à  Trébi- 
zondc,  fit  route  vers  Ormuz  par  la  grande  Ar- 
ménie, après  avoir  passé  quelques  jours  à  Ke- 
résoun  et  dans  les  environs.  Il  vâl  successive- 
ment Enéroum ,  Kars^Tauris,  Gom,  Cbiraz  et 
quelques  «itr«s  TiUes  de  la  Perse»  aniKa  à 
Ommz,  et  s'y  embarqua.  Après  vingt-buit  jour» 
^  navigation,  Oderic  parvint  à  TalU,  où,  au 
mois  d'avril  1321,  quatre  religieux  de  son  ordre 
avaient  souflert  te  martyre.  li  enleva  leurs  corps, 
et  continua  sa  route  pour  la  côte  de  Malabar. 
II  séjourna  dans  ce  pays,  visita  Méiiapoor,  111e 
^e  Ceyian ,  et  même,  suivant  son  récit,  les  lies 


de  Sumatra,  de  Bornéo  et  de  Java.  Il  est  toute- 
fois  im{)Ossll»te  de  décider  si  Oderic  a  réelle- 
ment abordé  dans  les  Iles  de  la  Sonde,  mais  la 
côte  de  Malabar  lui  semble  bien  mteux  eonnue. 
Il  s'y  InstruisH  des  moBure^  des  usages  de  Hnde, 
et  tes  récits  des  Toyageurs  modernes  ont  con- 
firmé quelques-unes  de  ses  obserrarttens.  Se  di- 
rigeant ensuite  -vers  l'est,  il  se  rendit  sur  tes 
côtes  de  la  CMneméridtenale,  qu'il  nomme  Inde 
supérieure,  tranrersa  cet  empire  da  sud  au  nord» 
parvint  à  une  Tille  l«|N)Ttante  appelée  Kamba- 
leth,  résidence  du  grand  kban  des  Tartares,  et  y 
passa  quelques  années.  Il  marcha  ensuite  à 
Touest  pendant  cinquante  jours,  et  entra  dans  le 
paysdn  Prètve-Jcnn,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  l'Abyssinte,  dont  fempereur  porte  aussi  ee 
non.  Oderic  revenait  alors  en  Europe;  mais  il 
est  tiès-difiicite  de  te  suivre  dans  cette  partte 
de  son  voyage ,  et  surtout  de  détemdoer  d'une 
manière  précise  la  route  qu'il  pairoornt.  Sa  re- 
lation indfque  cependant  <^^  viafta  te  ftfus 
grande  partie  du  TWbet  et  4s  Ttoiitesten,  que 
l'on  désignait  alors  Sous  te  nom  <te  nsyanme  de 
Kholtand ,  et  même  de  'Tartarie  indépendante. 
De  retour  en  Eurepe  api^  «ne  «bsenen  de 
setce  années,  «ensaerées  à  te  prédioatten  de 
rÉvangHe,  Oderic  dans  son  voyage  avait  donné 
le   baptême  à  plus  de  vingt  milte  in6d6tes. 
Il  arriva  k  Pordenone  en  1830;  mais  tes  souf- 
frances de  toutes  sortes  qn'il  avait  endwées  le 
rendirent  méconnaissable,  même  à  SM  plus 
procties  parents.  Son  intention  était  d'atter  à 
Avignon  auprès  da  pape  Jean  XXII  pour  lui 
rendre  compte  de  Tétat  des  missions  orienteles 
et  solliciter  de  lui  de  nouveaux  seconm  pour 
la  conversion  des  Tartares;  mais  les  troubles 
qu'avait  excités  dans  l'ordre  des  Franciscains 
l'élection  schismatiqne  de  Pierre  de  Corbière, 
l'un  d'entre  eux,  à  la  papaut(^  sous  le  nom  de 
Nicolas  V,  et  une  maladte  qui  «arpril  Oderic 
à  Pîse  l'empêchèrent  de  mettre  ce  projet  à  exé- 
cution. Il  vint  à  Padoue,ob,  par  ordre  du  provin- 
cial, il  dicta,  quoîqtie  malade,  te  reUHon  de 
son  voyage  à  l'un  de  tes  conH^ères  appelé  Guil- 
teume  de  Solagna.  H  rentre  peu  après  dans  son 
couvent  h  Udine,  et  y  mourut  avec  ta  réputa- 
tion d'un  saint,  appuyée  sur  un  grand  nombre 
de  miracles  rapportés  par  tes  divers  auteurs  de 
sa  vie.  Sa  relation,  précieuse  à  consulter  pour 
fa  géographie  de  TAste  au  quatorrième  siède, 
bien  que  nous  n'en  possédions  que  cinq  dis- 
pitres,  a  été,  selon  Topteion  commune,  imprimée 
pour  la  première  fois  dans  la  Baeeolta  dellê 
navigazioni  et  viaçgi,  de  Ramnusîo ,  édition 
de  1563,  t.  H,  p.  245;  cependant  TirtboscW 
prétend  qo'Apostolo  Zeno  fait  mention  dVmeédi» 
tion  antérieure,  publiée  en  15!3.  Haym  n'en  parte 
pas  dans  sa  BiblMhêea  Ualiana;  mt^  il  en 
cite  une  traduction  italienne  par  un  anonyme; 
Pesaro,    1573,  in-4*'.    Les   BoMandisles  l'ont 
hisérée  dans  laTte  d'Oderic.  au  14  Janvier.  En*n 
quelques  autres  auteurs  en  ont  donné  des  édi- 


471  ODERIC  — 

tions  à  âiverses  époques.  On  lui  a  aussi  imposé 
des  titres  difTérents  ;  les  BoUandistes  rappellent 
B,  Odorici  Peregrinatio^  ab  ipsomet  de- 
scripia;  Waddiog,  Hittoria  peregrinatianU  ^ 
et  certains  :  De  rébus  incognitis,  Oderic  est 
en  outre  auteur  de  divers  sermons,  d'un  ouvrage 
intitulé  :  De  mirabilibus  mundi,  où  il  montre, 
comme  dans  son  voyage,  un  asseï  grand  esprit 
d'observation,  mais  trop  de  crédulité,  et  enfin 
d'une  Chronique  abrégée  depuis  le  commence- 
ment du  monde  jusqu'au  pontificat  de  Jean  XXII. 

H.  FiSQUBT. 

WaddiBg  €t   Fonuea.   Jtuu^es  Minorum,  t.  VII, 
p.  lis-lte.  —  Jeta  Sanctontm ,  Janrler,  t  I.  p.  98S-M1. 

—  B.  Asqalol,  f^Ua  et  f^ioQçi  dêl  heato  Odorico  da 
Vdine;  1717,  in-8».  -  C.  G.  Uniltl.  JMUiê  dêUê  vite 
Ml  «p«rt  terttfc  da?  htUrati  tfel  FriuU,  1 1,  p.  ithwi. 

—  Venol,  Blogio  Utorico  dêl  t.  Odorico;  Venise,  1761, 
lB.4*.  .  Jean  de  Salot-Aototne,  BWioth.  unlv-fran- 
eUe.,  t.  Il,  p.  40».  -  TlnbMcbl,  Histor.  d«Ua  Mtera- 
tura  tta/..  t  III. 

ODBRiGO  l  Gaspero-Luigi),  antiquaire  ita- 
lien, né  le  14  décembre*! 725,  h  Gènes,  où  il  est 
mort,  le  10  décembre  1803.  Il  fut  élevé  au  col- 
lège de  Prato  et  prit  h  sdieans  l'habit  des  Jésuites. 
Il  s'adomia  de  bonne  heure  à  on  genre  d'étude  qui 
exigeait  beauoonp  de  patience,  et  dirigea  surtout 
ses  recherches  vers  la  numismatique.  L'explica- 
tion d'une  ancienne  inscription  latine  attira  sur  lui 
l'attention  du  cardinal  SpinelU ,  qui  le  fit  entrer 
an  collège  des  Écossais  pour  y  enseigner  la 
théologie.  Pendant  son  séjour  à  Rome ,  il  publia 
plusieurs  ouvrages,  déterra  un  grand  nombre 
d'inscriptions  et  mit  en  ordre  la  collection  de  mé- 
dailles dont  le  marquis  Capponi  venait  d'enri- 
chir le  musée  de  Rircher.  Lors  de  la  suppres- 
sion des  Jésuites,  il  retourna  à  Gènes,  et  y  ob- 
tint la  place  de  conservateur  à  la  bibliothèque 
publique.  Après  avoir  passé  six  ans  à  la  cour 
de  Turin,  où  son  frère  Giambattista  était  chargé 
de  suivre  une  importante  négociation  relative  à 
la  délimitation  des  frontières ,  il  s'établit  de  nou- 
veau dans  sa  patrie,  et  reçut  les  titres  de  pro- 
fesseur émérite  et  de  membre  de  llnstitut  ligu- 
rien. On  a  de  lui  :  Dissertaiione  sopra  un* 
antica  iterigione  novellamente  tcoperta; 
Rome ,  1756,  in-4*  ;  —  Disseriationes  et  adno- 
taiionet  în  aliquot  inedUas  veierum  inscrip' 
tiones  et  nUmismata;  ibid.,  1765«  ïn-A^;  ces 
mémoires  sont  au  nombre  de  huit;  —  De  ar- 
gentée Orcitirigis  nummo  eonjecturx;  ibid., 
1767,  in-4*  :  il  s'agit  d'une  médaille  attribuée  i 
On^etorix,  noble  belvétien  dont  parie  Césarj 

—  Ragionamento  apologetieo  in  d\fesa  delV 
architettura  Egizia  e  TMcana;  ibid.,  1769, 
in-fol.,  trad.  en  français  et  en  anglais ,  et  placé 
dans  les  Diverse  manière  di  adornare  i  cam- 
mini  de  Piranesi;  ~  Numismata  grxca  non 
ante  vulgata ,  cum  notis;  Ibid.,  1777,  in-4°; 

—  De  fnarmorea  didasealia  in  Urbe  reperta 
epistoUB  duo;  ibid.,  1777-1784;  ~  Letiera 
sopra  una  medagtia  inedUa  di  Carausio; 
Gènes,  1778;  —  Sopra  una  pretesa  moneta 
di  Àmol/o^  duca  di  Spoleio;  Bologne,  1786; 


ODESCALCHI 


472 


—  Letlere  Ugusiiche^  ossia  Osservazioni  cri- 
iiehe  sullo  stato  geogrqfico  delta  Ligurio 
fino  ai  tempi  di  Ottone  il  Grande,  eon  le  Mt- 
morie  storiche  di  Caffa;  Bassano,  17S2, 
in-S**  ;  —  quelques  mémoires  dans  les  Saggi  de 
TAcadémie  étrusque  de  Cortone*  Parmi  ses  ou- 
vrages inédits  on  remarque  Notizie  istonche 
sulta  Taurica/ino  al  1475,  entreprises  sur 
l'invitation  de  Catlierine  II,  qui  venait  d'aciiever 
la  conquête  delà  Crimée;  —  Série  cronologica 
de*  re  del  Bosforo  Cimmerio^  et  Lettera  snl 
pretesa  epitaf/lo  di  san  Felice  li,  épitapbe 
découverte  en  1787  et  attribuée  au  pape  Félix  n 
par  P.-A.  Paoli.  Les  écrits  d*Oderioo  contiennent 
des  renseignements  précieux  sur  les  monuments 
épigraphiqnes;  mais  on  loi  a  reproché  de  perdre 
souvent  de  vue  l'objet  principal  de  ses  recherches 
et  de  se  montrer  plus  occupé  de  détruire  Tofii- 
nion  des  autres  que  de  justifier  la  sienne.    P. 

Fr.  Carrega ,  Blogio  itorieo  di  G.-U  'Oderieo{  Géaci, 
1S04.  ->  Maçasin  enqfclop,,  1M€. 

ODBniGi  DA  GUBBio,  peintre  de  l'écde 
bolonaise,  né  à  Gubbio,  près  Pérouse,  mort  vers 
1299.  D'après  ce  que  Vasari  dit  qu'à  Rome,  è  la  fin 
de  sa  carrière,  Oderigi  fut  l'ami  du  jeune  Giotto, 
Baldinucci  croit  pouvoir  ranger  cet  artiste  parmi 
les  disciples  du  Cimabué  et  le  rattacher  ainsi  à 
l'école  florentine;  mais  le  Cimabné,  habitoé  à 
pondre  la  fresque  et  les  tableaux  de  grande  di- 
mension, e6t  été  un  inattre  assez  mal  choisi  par 
un  miniaturiste,  et  il  est  infiniment  plus  pro- 
bable que,  comme  le  pense  Lanzi,  il  apprit 
son  art  de  quelqu'un  des  miniaturistes  si  nom- 
breux alors  en  Italie.  Bien  qn'Oderigi  ait  tra- 
vaillé à  la  bibliothèque  du  Vatican,  il  passa  la 
plus  grande  partie  de  sa  vie  à  Bologne,  où  ii 
forma  l'un  des  plus  illustres  parmi  les  ancieos 
maîtres  de  son  école,  le  Franco,  qui  ne  tarda  pas 
à  le  surpasser.  Oderigi ,  dont  malheurèusemeot 
aucunoovrage  aotlientique  n'est  parvenu  jusqu'à 
nous,  jouit  de  son  vivant  d'une  grande  renom- 
mée, et  les  vers  qne  le  Dante  toi  a  consacrés 
suffiraient  seuls  pour  l'immortaliser  : 

Oh  I  ditti  loi ,  non  le*  tii  (MerUt 
L'onor  d'Agnbblo,  et  l'onor  dl  qneirirte 
Che  allamlnar  è  cMamiti  a  ParM  f 

«  Oh  !  lui  dis-je ,  n'es-tu  pas  OderiSi ,  IlioDne'ir 
de  Gubbio  et  l'honneur  de  cet  art  qu'on  ap- 
pelle à  Paris  enluminer?  » 

Avec  une  louable  modestie  Oderigi,  dans  sa 
réponse,  reconnaît  lui-même  la  supériorité  de 
son  élève  : 

Pnte«  dUs'egtl,  plù  rldon  le  carte 
Che  pennelleggia  Frsaeo  Boiofnesr  : 
L'onor  é  tiitto  or  cao,  e  nto  In  parte. 

«  Frère,  dit-41,  on  trouve  plus  de  dianne  dans 
les  peintures  du  Bolonais  Franco;  aujourd'hui, 
tout  l'honneur  est  pour  lui  ;  mais  je  pois  aussi 
en  revendiquer  ma  part.  »  E.  B— n. 

VaMH,  r<te.  —  Baldlnncd ,  iVotlsle.  -  UnxI.  5f«na 
dêUa  pittvra.  "  Orlândl,  jébbeeêdario»  —  Tlcoul.  Di- 
Uotmrio. 

ODBSCALGHi,  famille  italienne,  originaire 


^s 


ODESCALCHl  —  ODETTE 


474 


de  Cùme,  qui  depuis  le  fteizîème  siècle  a  pro- 
duit plusieurs  hommes  distingués  dans  les  lettres 
et  dans  TÉglise.  Mous  citerons  les  sui?ants  : 

Pierre-Georges  t  mort  le  6  mai  1620,  à  Yi- 
gcTano  y  se  fit  prêtre  après  la  mort  de  sa  femme. 
Par  le  crédit  de  son  frère  Paul^  goatemeur  de 
Rome,  il  obtint  du  pape  SUte-Quint  les  em- 
plois de  protonotaire  participant  et  de  préfet  des 
tirefs  de  justice.  Sous  le  pontificat  de  Clé- 
ment  VUI,  il  s'acquitta  atec  honneur  d'une  am- 
bassade en  Suisse.  Il  fut  évéque  d^Alexandrie, 
pois  de  Vigerano,  et  gouverna  d*une  manière 
très-édifiante.  On  a  de  lui  quelques  ouvrages  de 
pié^et  une  Vie  de  Sixte  V. 

Marc-Antoine f  frère  du  pape  Innocent  XI, 
mort  en  1670,  à  Rome,  n'accepta  aucune  dignité 
et  consacra  sa  vie  entière  au  soulagement  des 
malbeoreoi.  Il  convertit  sa  maison  en  hôpital , 
y  plaça  jusqu'à  mille  lits ,  chaque  malade  ayant 
le  sien  en  particulier,  et  légua  par  testament 
tous  ses  biens  à  cet  établissement ,  qui ,  rebAti 
par  Innocent  XI  avec  beaucoup  de  magnificence, 
fnt  connu  sous  le  nom  d'hôpital  de  Sainte-Gale. 

Livio ,  neveu  du  précédent,  né  en  1652,  mort 
le  7  septembre  1713,  h  Rome.  Il  acheta  de  la 
maison  d'Orsini  le  duché  de  Bracciano,  et  fut 
élevé  par  le  roi  Charles  II  à  la  dignité  de  grand 
d'Espagne.  Il  prit  part  aux  guerres  contre  les 
Turcs,  et  reçut  en  1689  de  l'empereur  Léopold  V 
le  titre  de  prince  de  l'empire.  En  1697  il  figura 
parmi  les  compétiteurs  au  trône  de  Pologne. 
N'ayant  pas  d'enfants,  il  adopta  Baltfuuar  Ebba, 
fils  de  sa  sœur  Lucrèce,  et  lut  laissa  son  héri- 
tage à  la  condition  de  porter  son  nom.  Ce  der- 
nier devint  le  chef  d'une  maison  qui  e}ûste  en- 
core en  Autriche. 

Benoit ,  neveu  du  précédent,  né  le  19  août 
1679,  à  Milan,  où  il  est  mort,  le  14  décembre  1740. 
Aprè«  avoir  été  vice-légat  de  Ferrare  et  de  Bolo- 
gne, il  fut  envoyé  en  17 1 1  en  Pologne  et  adminis- 
tra ooronie  archevêque  le  diocèse  de  Milan  depuis 
17 12  jusqu'en  1737,  époque  oà  il  donna  sa  démis- 
sion. Clément  XI  le  créa  cardinal  en  1713.    P. 

UgiielU.  Italiataera.  -  Ghitlnl,  Tkeatro  d'Aifomitil  Utt, 

ODESCALCHl  {Balthotùr)^  duc  DE  Ceri, 
né  le  23  juillet  1748,  à  Rome,  où  il  est  mort, 
le  30  août  1810.  Il  appartenait  è  la  famille  des 
précédents.  Sa  vie  s'écoula  paisiblement  au  sein 
de  la  retraite  et  de  l'étude.  Il  avait  fondé  dans 
SCO  palais  une  académie  qui  prit  le  nom  des 
Occulti.  On  a  de  lui  :  Lettere  di  if.  Flaminio 
a  Setimioi  Rome,  1794,  2  vol.,  trad.  de  l'an- 
glais de  miss  C.  Knijght;  —  Istoria  delC  aca- 
demiade^  Uncei;  ibid.,  1806,  in-8°;  —  des 
poésies  insérées  dans  différents  recueils. 

Un  autre  membre  de  cette  famille,  Charles 
Odesgalcbi,  né  le  5  mars  1785  et  mort  en  1841, 
fut  en  1823  créé  cardinal  et  archevêque  de  Fer- 
rare;  U  devint  ensuite  préfet  de  la  congrégation 
des  évéqoes  et  du  clergé  régulier»  et  mourut  après 
à'étre  fait  jésuite.  P. 

Tipaldo,  Biogr.  dêgU  ItaiiatH  iUtuM,  V. 


ODBSC4LCHI.   Votf.  IMKOCEZ^T  XI. 

ODETTE  DE  CH4HPDIVBR8,  mattressc  de 
Charles  VI,  roi  de  France,  née  vers  1390, 
morte  après  1424.  Odette  n'était  point,  comme 
on  Ta  dit,  la  fille  d'un  marchand  de  chevaux.  Elle 
appartenait  à  la  famille  sdgneoriale  de  Champ- 
divers,  qui  tirait  son  nom  d'un  fief  ainsi  désigné, 
sis  près  de  Dôle  et  de  Saint-Jean-de-Losne , 
dans  le  comté  de  Bourgogne.  Son  père,  Oudin 
de  Champdivers,  était  vers  1387  écoyer  d'é- 
curie (en  latin  mareseallus  equorum  ) ,  à  la 
cour  du  roi  Charles  YI  ;  et  cette  expression , 
surchargée  dans  un  manuscrit,  en  mercator 
equorum  (i),tsi  devenue  la  source  d'une  tradition 
erronée.  Odette  ou  Odinette,  fille  d'Oudin,  eut 
pour  frère  Odinetde  Champdivers,  chevalier,  qui, 
l'an  1394 ,  suivit  Philippe  le  Hardi,  lors  de  son 
voyage  en  Bretagne.  Sa  famille,  née  bourgui- 
gnonne servit  le  parti  des  ducs  Philippe  et  Jean 
sans  Peur.  11  parait  vraisemblable  qu'Odette  fut 
donnée  par  ce  dernier  prince  à  Charles  VI,  après 
la  mort  de  Louis,  duc  d'Orléans,  comme  un 
nouveau  «ooyen  d'assurer  auprès  du  roi  l'in- 
fluence bourguignonne.  A  cette  époque  (1407), 
Isabelle  de  Bavière  avait  pourvu  à  la  postérité 
du  roi  de  France  en  fournissant  h  la  couronne 
douze  rejetons.  Ses  rapports  avec  son  époux  , 
malade  et  insensé,  étaient  accompagnés  de  sé- 
vices et  de  coups ,  dont  elle  était  victime.  Isa- 
belle condescendit,  sans  beaucoup  de  peine 
ni  de  répugnance,  à  cette  substitution.  I>ouée 
d'une  grande  beauté,  la  petite  reine  (c'est  ainsi 
dès  lors  qu'Odette  fut  désignée  par  ses  con- 
temporains), succéda  de  la  sorte  à  la  reine. 

Marguerite  de  Valois,  bâtarde  de  France, 
naquit  vers  1408,  de  cette  liaison.  Du  vivant  de 
Charles  YI,  de  riches  dons  servirent  de  récom- 
pense au  dévouement  de  la  petite  reine.  Odette 
fut  gratifiée  de  deux  beaux  manoirs  avec  toutes 
leurs  dépendances,  situés  l'un  à  Créteil,prè8 
Parié,  et  l'autre  à  Bagnolet.  En  1418,  le  roi 
(gouverné  par  le  doc  de  Bourgogne)  donne  à 
Odinette  de  Champdivers  et  i  Marguerite  de 
Valois,  sa  fille,  les  produits  du  péage  de  Saint- 
Jean-de-Losne,  près  Champdivers,  et  du  rouage 
deTroyes.  £n  1422,  d'avril  à  octobre,  le  gou- 
vernement de  Charles  VI  moribond  alloue  à  la 
mère  et  à  la  fille  en  survie,  cinq  cents  livres  de 
revenu  annuel  sur  le  même  péage.  Mais  après 
la  mort  de  Charies  VI  les  revenus  royaux  furent 
livrés  à  la  discrétion  des  Anglais.  Odinette,  avec 
sa  fille,  déjà  grande,  se  trouva  réduite  h  la  mi- 
sère par  la  suppression  de  ses  émoluments. 
Alors  elle  vint  chercher  un  refuge  dans  son  pays 
natal,  invoquant,  pour  subsister,  la  protection 
dn  doc  de  Bourgogne.  Peu  satisfaites  des  libéra- 
lités fort  mesurées  de  Philippe  le  Bon ,  les  deux 
princesses  se  souvinrent  qu'elles  avaient  du  sang 
royal  dans  les  veines.  Ellett  se  tournèrent  vers  le 

(1)  Voir  lar  ce  point  aoe  dIaaerUUoa  InUtolée  :  Odetu, 

était-elle  AU«  d'un  marchand  de  chevaux  r  BWMkéque 

*  de  eecole  des  Charte»,  isw,  4«  lerte,  1. 1,  p.  ni  et  «iiv. 


47.5 


ODETTE  —  ODIER 


476 


dauphin,  devenu  Charles  VU,  et  •robraasèreDt  la 
cause  pottiiqoe  dece  pnaGe.£Q  1424»  Odette  et 
saillie  se  fireai,  ea  Bourgogne,  ràniedu  parti 
qui  soutenait  to  prince  Valois.  Elles  avertirent  le 
rùi  de  diverses  transes  ou  projeta  hostiles  qui 
se  préparaienir  contre  hil  OdeUe  et  Margue- 
rite s'attirèrent  ainsi  TaniinadversioB  et  bia 
poursuites  judieiaûrea  du  goiiTeroement  bour- 
guignon.  L'année  suivante,  Odette  avait  quitté 
la  Boui^ogise,  avec  sa  fille,  pour  se  retirer  ea 
Dauphiné,  sur  la  terre  de  Charles  VII.  A  partir 
de  ce  laoioent,  l'histoire  ne  noas  a  conservé 
aucune  trace  d'Odette,,  qui,  probablement ,  maii- 
rut  vers  cette  époque,  dans  un  complet  état  d'ar 
bandoo. 

Cliarles  VU  touchait  alors  à  la  période  la  plus 
critique  de  sa  carrière.  Toutefois ,  dana  sa  4é* 
tresse,  U  se  èouvint  de  sa  sœur  natureUe,  qu'il 
avait  vue  naître  à  ses  cùtés.  Marguerite  de  Va* 
lois  fut  légHimU  en  1428,  et  mariée  par  l«.roi  h  va 
chevalier  aouuné  le  sire  de  BeUevillê. 

A,  V.— V. 

Meligi€ux  dt  S^-DtiiU,  mwiwe.  Ittin,  s*  m»,  f»  161.  -- 
DlrecUoD  générale  det  ArcbUcs  :  KK,  tt;  ^  41.  PP  118, 
f»  91.  -  César  LaTlrotte,  Odette  de  Ckampdivert  ;  Diloo, 
IS54.  iii-S».' VaUetde  VlrUtHe,  HisMr^deChariuf^Ut 
1861.  ia-««,t  r,  tlvreiU^chaii.  ii. 

•DKYABBE  {Jozeph-JHms),  peintre  bdge, 
né  à  Bruges,  le  2  octobre  1778,  nort  dans  la 
nuit  du  8  an  9  février  1830.  Après  avoir  bit  de 
boones  études  au  GoUége  de  Bruges,  il  devait 
suivre  la  carrière  comnerciale;  mais,  entraîné 
par  son  goût  peur  le  dessin,  il  vint  à  Paris  en 
1798,  et  entra  dans  l'atelier  de  David,  qui  le 
prit  en  afTectioa.  il  ooBCoamt  pour  te  grand 
prix  de  peinture,  qû  lui  (ut  déeemécn  t8e4.  A 
Rome,  il  fit  plusieurs  travanx  iroportaats,  entre 
autres  deax  grandes  fresques  pour  >e  palais 
Quirinalf  et  le  Martyre  dé  taini  Lmurent , 
toile  qui  est  dans  une  église  de  Bruges.  En  ISIO, 
il  envoya  à  rexposition  du  Louvre  Letm  Mli 
prosterné  devant  ChatrUmagne,  De  retour  à 
Paris  en  18 12,  il  expos»  cette  année-là  :  Le  Rci 
de  Rùme  au  CapUolef  m  Christ  mort^  sur  les 
genoux  de  la  fierge,  et  l'i^rrin^e  d^iphkgénie  en 
Aulide.  Une  médaille  d'or  de  t'«  classe  lui  Art 
décernée.  Après  les  événements  de  1814,  il  re- 
tourna dans  son  pays.  Le  prince  d'Orange,  de- 
puis Goillanme  I'',  roi  des  Pays-Bas,  le  nomma 
son  peintre.  Parmi  les  tableasx  i\etii  f  t  poor 
loi,  il  en  est  nn,  la  Bataille  de  Waierho,  qui, 
assez  médiocre,  dn  reste,  le  il  injastemeot 
accuser,  ea  France,  d'avoir  rmâa  rappeler  un 
triste  souvenir.  Parmi  les  autres  ouvtagM  d'O- 
devaère,  nous  citerons  :  le  Courotmement  dé 
Guillaume  1*^;  POminn  d'Utreeht,  un  de  ses. 
meilleurs  tableaox  :  la  Bataille  de  Nieuport , 
en  1660;  Les  derniers  Défenseurs  de  Mis- 
«o^onpAi  (exposition  du  Louvre,  1827). 

Odevaère  se  délassait  de  la  peinture  ea  écri- 
vant sur  les  arts  :  outre  des  notices  commnni- 
qoées  à  quelques  sociétés  savantes  dont  il  fai- 
sait partie,  il  a  laissé  une  Histoire  des  arts  en 


Itaiia,  qo!!!  se  proposait  et  poMier,  kirsqu^ 
mourut  presque  sobUement,  ea  revenant  «Ki  spec- 
tacle. Le  manuscrit,  acheté  par  le  gouvememenC 
belge,  est  déposé  à  la  blUiothèque  de  Boorgogine 
avec  une  tradoetioB  de  la  Kte  ife  BapJ^aei  à 
laquelle  il  a  jomt  des  notes  intéressaates.  G.  oa  F. 
Jmir^ées  j<r4«lai, nârs isao. »  DiAhUt.ées  BHpm. 

OMBR  {Louis},  médedo  suisse,  né  le  17  mars 
1748,  il  Genève,  où  il  est  mort,  le  13  avril  1S17.  H 
descendait  d'une  Tamille  de  protestants  français, 
originaire  da  Baophiné,  et  qui  s'était  réfa- 
giée  à  Genève  après  la  révocation  de  Tédit  de 
Nantes.  Beçu  docteur  à  Edimbourg,  9  fit  en- 
suite quelque  séjour  à  Londres ,  i  Ley^  at  A 
Paris  ;  de  retour  à  Genève,  il  ouvrit  on  cours  de 
cbimieetfutun  des  premiers  savants  da  continent 
à  faire  coanaitre  la  tliéorie  de  la  dialear  latente 
qa'il  avait  eetendn  développer  par  le  dfictear 
Black.  Ses  connaissances  médicales  le  portèrent 
à  iotrodairedans  ta  pratique  quelques  remèdes 
nouveaux,  tels  que  l'huile  de  ricin  poor  détraire 
le  Ter  soHIatre  et  l'oxyde  de  bismuth  dans  les 
crampes  d*estomac.  Dès  1798  il  poMta  dans  la 
Bibliothèque  britannique  la  traduction  do  mé- 
moire de  Jenner  sur  la  Taccine,  mémoire  qof 
venait  de  parattre,  et  il  fut  probablement  le 
premier  qui  signala  en  France  cette  utile  décou- 
verte ;  au  reste,  il  travailla  de  tout  son  povroîrâ 
en  propager  rapplleation.  Odrer  remplit  à  Genève 
plusieurs  fonctions  puWques.  Il  fut  correspon- 
dant de  rinstitot  de  FVance.  On  a  de  lai  :  Epis- 
tola  physiologica  de  elementaris  musicapsett- 
sationièfis;  Édlmboorg,  1770,  in-8*;—  Phar- 
maeopxa  Genevensis;  Genève,  1770,  îa-8*;  — 
Réfiexiom  sur  ^inoculation  de  la  vaccine; 
ibid.,  1800,  in-8®;  —  Mémoire  sur  Hnocula- 
twn  de  la  vaccine  ;  îWd . ,  an  ix,  m-8»  ;  —  fns- 
truction  sur  les  moyens  de  purifier  Tarr  et 
d'arrêter  les  progrès  de  la  contagion;  tbid., 
1801,  in-8*;  —  Observations  sur  la  fièvre  des 
pristms;  ibîd.,  1801,  in-H**,  trad.  de  fanglais; 
Principes  d'hygiène;  ibid.,  1810,  iS23, 1830, 
ior8*'  ;  extrait  du  Code  de  santé  de  Sinclair;  — 
Manuel  de  médecine  pratique;  tbid.,  1811» 
1821,  in-8**;  —  Grammaire  anglaise;  ibid., 
1817,  in^l2.  Il  a  laissé  en  entre  on  Diarium 
clinicum,  journal  très-concis  de  sa  pratfqoe  et 
il  a  inséré  de  nombreux  mémoires  dans  la  Bi- 
bliothèque britannique,  dont  11  était  Punsque 
rédacteur  pour  la  médecine,  dans  le  Journal  de 
Genève,  le  Journal  de  Médecine,  etc.      P. 

Maiinotr,  JVMire  d9  ta  vie  et  det  écrits  de  L  Odier; 
GeaéTe.  isit»  In-t*. 

ouiBR(  ^aloiae),  pair  de  France,  nerea  do 
précédent,  né  en  1766,  à  Genève,  mort  ea  aodt 
1853,  à  Paris.  Il  vmt  fort  jenae  habiter  hi  Ftanee, 
et  eatra  comme  associé  Aaas  la  maison  dVut  de 
ses  parents  qui  se  livrait  an  cooMneroe  d'^xpor 
talion.  A  l'époque  de  larévolotioo,  il  se  trouvait 
à  Lorient,  et  fît  partie  de  la  raenidpallté  de  la 
ville,  par  suite  de  la  loi  de  1790  qui  avait  reodo 
leur  qualité  de  Français  anx  descendants  des  ré- 


477 


ODIEH  *-  ODILOn 


47» 


fagiés.  Ses  relations  avec  le  parti  des  girondins 
le  conkpromirdnt  gravement  en  1793»  «t  il  subit 
une  assez  longue  détention.  Dès  qu'il  «ut  leeon- 
Tré  la  liberlié,  il  se  rendiià  O^teoik^  puiftà  Haoï- 
bourg,  et  revint  en  France  fonder,  dans  les  pro- 
mières  années  du  consulat,  une  fabrique  de 
toiles  peintes  à  Wasserling  (Hani-Rkio).  La 
direction  de  cet  étaUlasement»  nn  des  plus  ton- 
sUéraliles  de  Tindustrie  française,  nArentpècba 
point  de  participer  aux  fonctions  puUiqucs.  Suc* 
cessivement  juge  au  tribunal  de  cowuiecoe, 
toembre  de  la  chambre  de  oommerce  de 
Paris,  qu'il  présida  pendant  onze  ans,  et  cen- 
seur de  la  Banque  de  France,  il  fut  appelé  en 
1SI9  aa  conseil  supérieur  de  cocmnerce  et  en 
1831  au  conseil  ^néral  de  la  Seine.  £lu  député 
ea  1827,  il  siégea,  quoique  royaliste*  dans  les 
rasas  de  Topposition ,  se  rallia  k  la  monarchie 
de  Juillet,  et  obtint  la  pairie  en  1837.  La.  réYO- 
lution  de  Février  Tattrisla  profondément  Après 
le  coup  d*État  du  2  décembre  18^2,  le  nom 
d'Odier  flgura  sur  les  listes  de  la  coromisaioa 
consultative,  mais  il  H*]f  si^a  pomt 

Parmi  ses  enfants»  on  remarque  Omer  (Jac- 
ques'Antoine),  né  en  1799,  régent  de  la  Banque 
de  France,  dont  une  fille,  Ciaire^Zoïme,  avait 
«épousé,  le  24  décembre  Iftâl,  le  général  Eugène 
Cavaignac;  et  Omea  { Édûmard-Àlexandre) , 
Dé  en  1800,  peintre'd'histoh'e ,  qui  a  exécuté 
quelques  tableaux  pour  le  musée  de  Versailles. 
Un  des  neveux  d'Antoine ,  Oimga  (GiritriU)^  né 
le  23  mars  1796^  à  Vevejf,  a  fondé  avec  son 
cousin  Jacques- Antoine  une  maison  de  banque  à 
Paris;  U  est  au^ourd'bui  régent  de  la  Banque  de 
France.  P. 

ODiBR  (  Pierre },.  jurisconsulte  suisse»  de  U 
famille  des  précédents ,  né  à  Genève»  le  29  mars 
1803,  DBort  le  30  novembre  l&â9»  dans  cette 
ville.  11  occupa  depuis  1836,  à  rAcadémie  de  sa 
vUle  natale,  la  chaire  de  droit  civil  moderne.  On 
a  de  lui:  ÙksserlaUoniur  VapplUtUion  des  loU 
Hran^èreê  qui  repleut  la  capacité  decontrac- 
ier  ;  C^enève,  1828,  gr.  ia^  :  q/sestion  qui  se  rat- 
tachée la  théorie  du  conflit  des  lois  de  statut  per- 
sonnel v^Z>es  SysUmsi  bypoihécairei  ;  Genève» 
1840,  iar\2f  travail  substantiel  qui  contient  un 
exposé  0H)éral  et  abrég|6  des  systèmes  hypothé- 
caires de  tous  les  pays;  «^  JYaiié  du  contrai 
de  mariage,  ou  du  régime  des  biens  entre 
époux; Paris,  l&48«  3  vol.  in-tt''.  Parai  les  articles 
fournis  par  Odier  è  la  Bibliothèque  unàverselU 
de  Genève,  nous  citerons  les  Leçons  d'oiirer- 
ture  d'un  cours  d'introduction  au  droit  civil 
(1840).  U  a  laissé  en  manuscrit  un  volumineux 
recueil»  renfermant,  sous  forme  de  journal,  Tbis* 
toire  détaillée  des  dix  dernières  de  l'ancieiine 
république  de  Genève  (17891-1798).  £.  RccBunn. 

HenuienemenU  partictdiers. 

ODisn  ( Pierre-Àçathançe)  t  administrateur 
militaire  Craoçais,  né  A  Saint  BAarcellin  (Dau- 
phiné),  en  1774,  mort  à  l>aris,  le  8  mars  1825. 


Il  fut  oomnisBaire  été  gnema  aux  armées  d'I- 
talie, d'Allemagne,  d'Espagne,et8etttrîBspecteur 
aux  levoes  de  la  gsrde  impériale.  Élu  dépnté  en 
1816,11  de vinÉ  seus-itttendeiM  militain  et  pro- 
fesseur à  l'école  d'étal4ni^.  On  n  de  luji  :  Xto 
la  R4fonne  dans  radminiêiration  miHta^e  ; 
Paris,  181S,  in-8*;^  De  l?AidanMsiraii9n  dé 
Varmée  d^Bsfa§ma,  et  dn  système  des  enire^ 
prisai;  Paris,  l&23»in-a<^;—  Cimn  d^Uudu  smr 
Vadminiêiratian  mUUsdre;  Pane,  lS2A*18a$» 
7  voL  i»*ao  ;  c'est  enoare  le  f  ade-mecum  des 
jeunes  ofliciers  qui  se  deatincat  àeette  brandie 
de  la  carrièce  militaire.  A.  ne  L. 

RnuÊWtumd^diqm.  t.  XKVII,  ».asi-l69.  -  Matoal, 
jtnuwiin  néePtOoQtqm.  ists. 

ODiLOH,  moine  français,  mort  vers  920.  Tout 
ce  que  l'on  cannait  des- circonstances  de  sa  vie^ 
c'estqu'il  avait  d'étroitearelatioosavecHucbaldde 
Saint>Amand  et  Ingranne,  doyen  de  Saint-Médard» 
qui  fut  dit  évèque  de  Laon  en  932.  Les  écrits 
d*Odilon  sont  un  récît  de  la  translation  des  corps 
de  saint  Sébastien  et  de  saint  Grég^e  le  Grand 
de  Rome  è  Saint-Médard  de  Soissons,  publiée 
par  BoUanduset  parMabillon,ilc<aSanc/.  Ord^ 
5.  Bened,^  t.  Y,  p.  383;  —  une  autre  histoire 
de  la  translation  des  reliques  de  saint  MarceUin, 
saiut  Pierre  l'exorciste  et  autres  ;  dans  le  même 
volume  des  Acta,  p.  411*,^  une  lettre  è  Huo- 
bald,  donnée  au  public  par  Martène ,  Ampliss, 
Collect.,  1 1.  Les  auteurs  de  l'£rif  toire  Uité" 
raire  parlent  encore  de  quelques  autres  opus- 
cules :  mais  ils  ne  sont  attribués  au  moine  Odi- 
lon  que  par  simple  conjectaveii  B.  H. 

SitL  UOir.  U  to  fronce,  t  VI,  p.  ITS. 

ODiu)ii  DB  MBRCCBCR  (Saint ),  Cinquième 
abbé  de  Chni,  né  en  Auvergne,  en  962,  mert  à 
Souvigni ,  le  1'"  Janvier  1049.  On  avait  Wng- 
tempe  douté  que  saint  Odilom  tàt  de  l'illustre  mai- 
son de  Mercœur;  mais  Balnze  ayant  justifié  cette 
généalogie  dans  son  Histoire  d* Auvergne,  les 
auteurs  du  Gallia  Christiasia  s^'eu  «ont  rappor- 
tés sur  ce  point  au  témoignage  de  Baluae,  et  le 
fait  n'a  plus  élé  coniesté.  Odilea  eut  donc  pour 
père  Béraud,  sumomasté  le  Grand»  et  pour  mère 
Gerberg^.  La  tradition  raconte  qn'il  fut  élevé 
dans  l'église  de  Saint-JulicR,  à  Brionde,  et  que 
saint  MaienI ,  passant  par  cette  ville,  le  couver» 
tit  è  la  vie  monastique.  Il  est  certain  qu'étant 
religieux  à  Cluni»  il  se  vit  appelé  par  le  choix  de 
saint  Maieol  qui  résignait  sa  chargée,  et  par  les 
Toeux  des  moines  ses  coafcères ,  au  gouverne- 
ment de  celle  abbaye,  déjà  femeuse.  Sigebert, 
Albéric  de  Trois- Fontaines  et  les  auteur»  de 
l'ififtoîre  littéraire  ajournent  à  l'année  991 
ré|HKiue  de  sa  conversion.  Mais  les  auteurs  du 
GaUia  Ckristiana  citent  des  pièces  qui  le  dé- 
clarent abbé  de  Cluni  dès  990w  £n  1027,  Odiion 
assiste,  dans  la  ville  de  Reims»  an  couronnement 
d'Henri,  (ils  du  rei  Robert.  En  1032,  la  renom- 
mée de  son  savoir  et  de  ses  Tertns  ayant  depuis 
longjtemps  franchi  les  Alpes^  Jean  X1&»  de  son 
propre  mouvement,  le  nomme  ardievèque  de 


479 


ODILON  —  ODIOT 


460 


Lyon,  et  lui  envoie  le  paUinm  et  Tanneau.  Le 
dergé  régulier  avait  alors  une  très-haute  opinion 
des  services  qu^il  rendait  h  TÉglise,  et  ne  dissi- 
mulait guère  son  dédain  poar  le  clergé  séculier. 
Odilon  ne  pouvait  donc  déposer  la  robe  de  laine 
et  revêtir  le  pallium  sans  déserter  son  camp, 
sans  trahir  son  parti.  Il  refusa,  comme  le  rap- 
porte Raoul  Glaber.  Nous  apprenons  d'ailleurs 
que  le  pape  s'mdtgna  de  ce  refus.  Une  lettre  de 
Jean  XIX  à  Tadresse  de  l'abbé  de  Cluni,  lettre 
pleine  d*honorables  reproches,  a  été  publiée  par 
le  P.  Labbe,  au  tome  IX  de  ses  Concile»,  p.  858. 
«  Que  les  Odilons,  s'écrient  à  ce  propos  les  au- 
teurs de  VHistoire  littéraire,  sont  rares  en 
tous  les  temps!  »  Cette  eiclaroation  est  un  sar- 
casme dirigé  contre  certains  prélats  du  dix- hui- 
tième aiède.  11  importe  cependant  de  faire  re- 
marquer qu'au  dixième  siècle,  au  onzième, 
et  même  au  douzième ,  il  n'était  pas  si  rare  de 
voir  des  abbés  s'obstiner  à  n'accepter  aucune 
charge  dans  l'Église  séculière.  En  ne  voulant 
pas  être  archevêque  de  Lyon ,  Odilon  ne  fai- 
sait qu'imiter  son  prédécesseur,  saint  Biaieul , 
qui  avait  dédaigné  l'archevêché  de  Besançon. 
Quand  l'histoire  de  toutes  les  grandes  abbayes 
nous  offre  quelque  exemple  d'un  semblable .  re- 
fus, il  ne  doit  pas  sembler  extraordinaire  qu'un 
saint  abbé,  surnommé  de  son  vivant  le  modèle, 
Varchange  des  moines  (c'est  ainsi  qu'Albéric 
et  Fulbeif  de  Chartres  appellent  Odilon)  ait 
scrupuleusement  pratiqué  ce  devoir.  Sous  le  gou- 
vemement  de  l'abbé  Odilon,  que  les  papes  Sil- 
▼eshre  II,  Benoît  Yin,  Benoit  IX,  Jean  XYIII, 
Jean  XIX  et  Clément  II  honorèrent  successive- 
ment de  leur  estime ,  Cluni  devint  une  des  plus 
célèbres  congrégations  de  toute  l'Europe  chré- 
tienne. On  raconte  que  trois  évêques,  Sanchez 
de  Pampelune,  Gautier  de  MAcon  et  Letbald , 
dont  on  ignore  le  siège,  abandonnèrent  leurs 
églises,  et  vinrent  à  Cluni  vivre  sous  la  disci- 
pline d'Odilon.  Cette  triple  abdication  de  la  plus 
haute  chaige  séculière  est  encore  un  plus  écla- 
tant hommage  à  la  dignité  de  l'ordre  monastique 
que  la  résistance  de  Maieul,  d'Odilon  et  tant 
d'autres  abbés  aux  vœux  des  clercs  et  des  papes 
leur  offrant  des  évêchés.  On  ajoute  que  les  em- 
pereurs Othon  111,  saint  Henri,  Conrad  le  Sa- 
lique,  Henri  le  Noir,  son  fils,  l'impératrice  Adé- 
laïde, ainsi  que  les  rois  de  France  Hugues  Capet 
et  Robert,  et  ceux  d'Espagne,  Sanchez,  Ramir, 
Garsias  témoignèrent  la  même  vénération  au 
noble  et  pieux  aU)é.  Dieu  même  lui  accorda, 
dit-on,  le  don  des  miracles.  Il  avait  assez  de 
titres  sans  celui-là  pour  être  inscrit  au  nombre 
des  saints.  L'Église  célèbre  sa  fête  le  2  janvier, 
et  l'anniversaire  de  sa  translation  le  21  juin. 
Baillet  indique  une  autre  fête  au  12  avril,  et  une 
autre  translation  au  13  novembre. 

La  liste  des  écrits  qu'il  nous  a  laissés  n'est  pas 
considérable.  On  désigne  d'abord  une  Vie  de 
sainte  Adélaïde,  femme  de  l'empereur  Othon  I*', 
qui  a  été  publiée  pour  la  première  fois  par  Cani- 


sius,  Lectkmes  Antiqux,  t.  IIL  Basnage  pré- 
tend, il  est  vrai,  que  cet  ouvrage  est  faussement 
attribué  par  Canistus  à  samt  Odilon.  Mais  l'édi- 
tion, accompagnée  d'une  préface,  qu'en  ont  faîte 
dans  la  suite  Duchesne  et  Marner,  Bibliotheca 
Cluniacensis,  p.  353  ^  parait  confondre  toutes 
les  objections  de  Basnage.  Odilon  a  en  outre 
écrit  la  Vie  de  son  prédécesseur  saint  Maleal. 
On  la  trouve  dans  les  recueils  de  Surius,  des 
Bollandistes,  à  la  date  du  11  mai,  et  dans  la 
Bibliothèque  de  Cluni,  p.  279.  Quatorze  ser- 
mons d'Odilon  nous  sont  offerts  par  la  Biblio- 
thèque  de  Cluni,  et  deux  autres  par  les  Aneo- 
dota  de  Martène,  t  Y,  p.  621.  La  plupart  de 
ses  lettres,  car  suivant  Jotsaud,  un  de  ses  bio- 
graphes ,  il  en  avait  écrit  beaucoup ,  paraissent 
aujourd'hui  perdues.  On  en  possède  quatre,  une 
publiée  dans  la  Bibliothèque  de  Cluni,  et  les 
trois  autres  dans  le  SpiciUgium  de  Luo  d'A- 
chery,  t.  II,  p.  386.  Enfin,  nous  lisons  dans  la 
Bibliothèque  de  Cluni ,  sous  le  nom  de  saint 
Odilon,  quelques  petits  poëmes  d'un  mérite  équi- 
voque, un  écrit  intitulé  Credulitas,  une  prière 
adressée  à  la  Sainte-Croix,  et  un  Décret  pour  la 
commémoration  des  trépassés.  B.  H. 

GaUUi  Christiana,  L  IV,  coV  il».  -  HM.  Uttér, 
de  la  France,  X.  vu,  p.  4U.  -  FOa  S.  OdUonit,  par  Jatr 
und,  dans  la  Bibliotkeea  Cluniaeeruit.  —  Ânctorwm 
TesUmonia  de  eodem,  dans  le  même  recoelL  —  Mabii- 
)0B,  Jeta  Sanetorum,  L  Vill,  p.  MO.  —  Bawage.  édUioa 
des  lecUanes  de  Ctnistus,  nu. 

ODILON  BARROT.  Voy.  BâBROT. 

ODIOT  (Jean- Baptiste -Claude),  orfèvre 
français,  né  le  8  juin  1763,  à  Paris,  ot  il  est 
mort,  le  23  mai  18&0.  Fils  d*on  orfèvre  renommé, 
il  s'engagea  comme  dragon  à  l'âge  de  seize  ans 
dans  le  régiment  de  colonel  général.  Après  avoir 
servi  pendant  trente  mois,  il  racheta  son  congé, 
et  rentra  dans  les  ateliers  de  son  père.  La  révo- 
lution raviva  ses  idées  militaires.  En  1^89  il  fit 
partie  de  la  garde  nationale  active,  se  trouva  en 
1792  comme  lieutenant  de  grenadiers,  dans  la 
campagne  de  Jemmapes  et  revint  ensuite  se  li- 
vrer de  nouveau  à  son  Industrie.  Eh  1814  il  com- 
mandait la  garde  nationale  qui  se  distingua 
par  sa  belle  défense  à  la  barrière  de  Clichy. 
Par  ses  travaux  en  orfèvrerie,  Odiot  s'acquit 
une  réputation  européenne,  et  pendant  vingt- 
cinq  ans  il  obtint  constamment  la  médaille  d'or 
ou  le  rappel  de  médaille ,  dans  toutes  les  ex- 
positions des  produits  de  l'industrie  française. 
En  1827,  Odiot  céda  son  établissement  à  son  fils, 
et  se  retira  aux  Champs-El^fséeSyOÙ  il  fit  t»âtir 
une  délicieuse  retraite  que  les  arts  embellirent 
de  tout  leur  luxe.  On  y  voyait,  entre  autres, 
trente  pièces  en  bronze  qui  lui  avaient  servi 
de  modèles  et  un  vase  en  argent  qui  démontre 
l'effet  que  produisent  les  ornements  adaptés  avec 
des  vis  non  apparentes  sur  un  fond  bruni.  Pour 
en  éviter  la  dispersion,  il  donna,  le  5  mars  1835, 
ces  trente  pièces  et  ce  vase  au  musée  du  Luxem- 
bourg, ainsi  que  le  tableau  d'Horace  Vemet 
représentant  la  barrière  de  Clichy,  le  30  mars 


481 


ODIOT  —  ODOACRE 


483 


1814,  doot  il  s'était  rendu  acquéreur.  Pour  tous 
ses  divers  ouvrages,  Odîot  avait  été  secondé  pour 
les  dessins  par  Prudlion,  Moreau,  Gameray  et 
CnviJlîer,  et  pour  les  modelages  par  Chaudet, 
Dumont  et  Roguter.  Pendant  très-longtemps,  il 
fut  aussi  membre  du  conseil  général  des  manu- 
factures. H;  FiSQUET. 

Sarrat  et  Salnt-Edoe.  Bioçr.  du  hommu  <Im  jour, 
t  IV,  !•  parUe.  —  MonUeur  univerêtL 

oiiOAGiBr06daxpoc)(i),rol  d'italiede  476  à 
493.  Il  était  fils  d'un  Edecon  que  Gibbon  aiden- 
tilié,avec  une  probabilité  qui  équivaut  presque  à 
ia  certitude,  avec  Édecon,  un  des  secrétaires 
d'Attila  et  un  de  ses  ambassadeurs  k  Constanti- 
nople.  Cet  Édecon  commandait  une  tribu  de 
Seyrres'qui  formaient  la  garde  du  roi  des  Huns. 
Après  la  mort  d'Attila,  il  resta  fidèle  è  la  cause 
de  la  famille  de  ce  prince,  et  douze  ans  plus 
lard  il  soutint  contre  lesOstrogoths  une  lutte  iné- 
gale, qui  se  termina  parla  défaite  et  la  dispersion 
des  Scyrres  (vers  463).  Édecon  périt  dans  ce 
désastre,  et  laissa  denx  fils ,  Onuif  et  Odoacre. 
Onnlf  alla  chercber  fortunée  Constantinople; 
Odoacre  erra  quelque  temps  parmi  les  tribus  de 
la  Nortque,  puis  il  se  décida  à  passer  les  Alpes  et 
i  ne  rendre  en  Italie,  où  affluaient  les  barbares 
les  plus  aventureux.  Avant  sou  départ  il  alla  vi- 
siter sur  une  colline  non  loin  du  Danube  un  er- 
mite respecté  de  tout  le  pays,  saint  Séverin.  La 
porte  de  la  cellule  du  saint  était  trop  basse  pour 
la  baote  stature  du  jeune  barbare;  celui-ci  se 
courba.  Saint  Séverin  discerna  dans  le  jeune 
bommeplié  devant  lui  les  signes  de  sa  grandeur 
future.  «  Poursuis  ton  entreprise,  lui  dit-il; 
rends-toi  en  Italie;  tu  dépouilleras  bientôt  ce 
grossier  vêtement  de  peaux,  et  ta  richesse  éga- 
lera la  libéralité  de  ton  cceur.  »  Encouragé  par 
eette  prophétie,  Odoacre  poursuivit  son  chemin 
et  se  lit  admettre  dans  l'armée  de  l'empire  d'Oc- 
cident L'Italie,  qai  sous  la  république  avait 
fourni  assex  de  soldats  pour  la  conquête  du 
monde,  ne  possédait  plus  une  seule  légion  na- 
tionale. Ses  défenseurs,  recnités  parmi  \iBA  bar- 
bares d'origine  diverse,  Goths,  Alains,  Scyrres, 
Rugicns,  Hérules,  Turcilinges,  Gépides,  n'ayant 
aucun  Intérêt  commun,  finirent  |)ar  former  une 
véritaMeoonfédération  militaire  qui  reconnaissait 
encore  Tautorité  impériale,  mais  à  la  condition 
de  disposer  des  empereurs.  Pendant  quelques 
années  la  cohésion  des  bandes  barbares  fut  im- 
pariaite,  et  l'empire  d'Occident  subsista  à  la  fa- 
veur de  leurs  divisions.  En  475  le  patrice  Oreste, 
qui  avait  vécu  longtemps  à  la  cour  d'Attila,  qui 
connaissait  la  force  des  tribus  scythiqoes  et 
germaniques,  et  qui  savait  quel  était  le  moyen  de 

(1)  On  écrit  de  bien  des  toçom  le  nom  de  ce  prince,  dit 
Salat-HarttD.  Oo  le  prtente  aoos  les  romies  OdùooQhar, 
OdenaceTt  Odobagar,  Oiackar,  Odaçriust  Odaeer,  tt 
€}4/oaur.  La  dernière  orthographe  ett  celle  qui  a  été  or- 
dlnalreneot  adoptée.  Qool  qnll  en  «oit,  )e  regarde  ce 
non  coMine  le  même  que  celui  é'Ottockar,  que  l'on 
troavc  lonf ent  employé  en  Allemagne  daot  le  moyen 


minr.  biogr.  céki^r.  •*-  t.  xxxviii. 


rendre  cette  force  irrésistible,  rassembla  les 
principales  troupes  des  auxiliaires  barbares,  et 
dès  qu'il  les  eut  sous  ses  ordres,  il  leur  fit  pro- 
clamer pour  empereur  son  fils  Romulus,  qui  re- 
çut le  titre  d'Auguste  et  que  la  postérité  ne  con- 
naît que  sous  le  nom  d'Augustnle.  Odoacre,  un 
des  meilleurs  soldats  de  la  garde,  assi&ta  à  cette 
révolution ,  et  résolut  d'en  profiter.  Il  n'eut  pas 
de  |)eine  à  persuader  aux  soldats  qui  venaient  de 
faire  un  empereur  que  l'Italie  leur  appartenait,  et 
il  vint  en  leur  nom  demander  à  Oreste  que  le 
tiers  des  terres  de  la  Péninsule  fût  distribué  à 
ses  défenseurs.  Sur  le  refus  du  patrice,  U  déclara 
qu'il  arracherait  de  force  ce  qu'on  ne  lui  accor- 
dait pas  volontairement.  A  la  tête  des  barbares,  il 
marcha  contre  Pavie,  où  s'éteit  réfugié  Oreste, 
prit  la  ville  d'assaut,  et  fit  tuer  le  patrice  (28 
août  476).  Paul,  frère  d'Oreste,  périt  près  de 
Pavie,  et  le  faible  enfant  qui  portait  la  pourpre 
fut  heureux  d'obtenir  au  prix  d'une  abdication 
la  vie  sauve  et  une  opulente  retraite  dans  la 
Campanie.  Dès  le  23  août  Odoacre  avait  pris  le 
titre  de  loi,  familier  aux  barbares ,  qui  avait  l'a- 
vantage de  ne  pas  mettre  leur  chef  en  compéti- 
tion directe  avec  l'empereur  d'Orient,  et  qui 
rompaitavec  la  vieille  et  toujours  imposante  tradi- 
tion romaine,  tout  en  laissant  subsister  une  ombre 
d*amitié.  Il  donna  à  cette  révolution  une  apparence 
de  légalité,  en  faisant  intervenir  le  sénat.  Cette 
assemblée  reçut  la  résignation  d'Augustule,  et 
adressée  Zenon,  empereur  d'Orient,  une  lettre 
dans  laquelle  elle  déclarait  solennellement  qu'il 
n'était  ni  nécessaire  ni  désirable  que  la  succes- 
sion des  empereurs  se  coutinuAt  plus  tongtemps 
en  Italie,  qu'il  suffisait  d'un  seul  empereur  pour 
l'Orient  et  l'Occident  En  leur  nom  et  au  nom  du 
peuple  les  sénateurs  consentaient  à  ce  que  le 
siège  de  tout  l'onpirefût  transporté  à  Constan- 
tinople, et  ils  renoncèrent  à  leur  droit  de  choi- 
sir les  empereurs.  «  La  république,  disaient-ils, 
pouvait  se  confier  aux  talenta  civils  et  militaires 
d'Odoacre,  et  ils  imploraient  l'empereur  de  lui 
conférer,avec  le  titre  de  patrice,  l'administration 
du  diocèse  d'Italie.  »  Zenon  accueillit  les  dépu- 
tés du  sénat  avec  hauteur,  et  parut  d'abord  dis- 
posé è  soutenir  les  prétentions  de  Népos,  prédé- 
cesseur de  Romulus  Augustule;  mais  il  aban- 
donna bientot  cette  idée.  Des  statues  qui  lui 
furent  élevées  dans  divers  quartiers  de  Rome 
touchèrent  sa  vanité.  Il  consentit  à  corres- 
pondre avec  le  patrice  Odoacre  et  è  recevoir  les 
insignes  impériaux,  derniers  vestiges  du  pou- 
voir des  césars  qu'Odoacre  avait  hâte  de  sous- 
traire aux  regards  des  Italiens.  Ce  fut  ainsi  que 
la  décision  hardie  d'un  aventurier  barbare,  sanc- 
tionnée par  le  sénat ,  et  reconnue  par  Tempereur 
Zenon,  mit  fin  à  l'empire  d'Occident  Odoacre 
établit  sa  résidence  à  Ravenne.  Suivant  sa  pro- 
messe, il  distribua  entre  ses  compagnons  d'armes 
le  tiers  des  terres  de  l'Italie,  mesure  moins  cruelle 
qu'il  ne  semble  d'abord ,  car  la  Péninsule  était 
dépeuplée  et  beaucoup  de  domaines  restaient  in- 

16 


4B3 


ODOACRE  —  ODOÉVSKl 


484 


oaltes.  «  Depuis  lelemps  -de  Tibève ,  M.  Gibbfiii, 
la<lécadenoe  de  ragrkxiltm  s^éMMi  lenlircii 
Italie,  et  en  se  phûgHaitJQBtomerit  ^«e^latie  en 
peuple  TQÊÊxm  dépendlt^es  ▼eatS'etdn  ^agoes. 
Dans  le  partagent  le  décHo  de  rempire,  les  nia- 
siens  de  l'Egypte  et  de  rAliriqae  oeBaènnt  d^âbe 
tithutaireft  de  Titalie,  qn'époîBèreat  iee  paies 
irréparables  de  te  'guerre,  de  te  ûuidne  et  de  te 
peste.  Saiiit  Ambroîse  iwalt  46çknt  te  vdne 
d'an  distriet  v»palea%  qa^ornaieot  aatrefoia  'tes 
Tilles  florissiaites  de  Belogne,  Modteie,  Aeggio  et 
Pifflsanoe.  'Le  pape  ISélaae  était  sujet  d*Odoaeve, 
et  fl  affime  avec  «ne  forte  cfxagérafioii^e'dans 
TÉnrilie  et  te  Toacaoe  Tespèèe  kmaaie  âtait 
presque  extirpée.  -Les  p^ëiiMm  de  Aone  qui 
étaient  nonnis  par  te  B»ia^  teurs  an4(»s  pé- 
rirent ou  disparoreolt  dès  que  eétte  1il)écalité 
cessa.  »  Dons  cet  étet  de  dépeoptenent  Vaddi- 
tion  d'une  population  Jemie  ^  énergique  eût  élé 
un  l»enrait;  mate  les  barbares  fltnent  plus  «ca- 
pabtes  de  déyaster  te  soi  que  de  le  caltiver,  et 
il  ne  aerrtbte  pasqu'ils  ^uent  firé  gnad  parti  des 
iromenses  domaines  quMte  «Mnrent  d'Odoacre. 
£n  somme  oe  premier  des  barbares  qui  prit 
possession  du  trftne  <df  falie  était  un  chef  sage , 
bien  disposé,  énergique,  ^ui  s'entendait  h  mainte- 
nir Tordre  et  te  paix  dans  TlteHe,  eft  qui  s'efforça 
même  de  tirer  «e  pays  du  mieéraMe  état  dans 
lequel  il  était  tombé.  'Gibbon  lui  a  rendn  jus* 
tice  dans  te  page  «uivadte  :  «  Le  roi  d'Italte  n'é- 
teit  pas  tndii^  de  te  bante  pesiiion  li  Jaquette 
sa  Talear  et  la  (artane  ra^raient  élevé  :  ses  mœurs 
sauvages  furent  poKes  par  les  babitndés  de  te 
oonveisatioa  ;  «et  il  respecte,  quoique  «n  conqué- 
rant et  un  barbare,  les  m^titiîfieBS  et  mèase  les 
préjugés  «de  «es  sujets.  Apits  un  intervalle  de 
sept  ans  il  rétablit  te  ceosulat  d^Occident  Par 
medesHe  ou  par-orgnell,  ildédbBiponr  4ui-fn«me 
un  honaeur  qn'aooeptatentcnuoiie.tes  cmpeneurs 
d'Orient  ;  nais  te  âwise  curute  fut  sweessive- 
ment  reinpiie  par  orne  ée%  plus  ilbnlses  séna- 
naleurs  ;  «t  te  liste  est  ornée  du  nom  respao- 
tacte  de  «e  Basilius  qui  mérite  par  sos  vertus 
Pamitié  et  les  éloges nneamuaisaaBte  de  Sidoine, 
son  client.  Les  lote  des  ennperoDis  furent  shio- 
tement  «exécutées,  et  l'administralian  «ivile<ée 
riteHe  fut  enoore  eiieroée  par  te  préfet  du  paé- 
toire  et  les  offiders  aous  ses  ordres.  Odeacra 
laissa  aoK  magistFats4XRnalttS  te  tAdie  oditnae 
et  oppresstvedeTecoeiilir  leTevenupuiriic;flQais 
il  réserva  povr  tei-même  le  méiile  d'«ne  indul- 
gence opportune  et  populaire.  Conne  le  reste 
des  bariteres,  il  avait  été  instmit  dau  l'héréste 
arienne;  mate  il  lèverait  Tordue  iwmaeliqne  «t 
Tépiscopat ,  ^  te  •siteMse  des  oafttaaiiques  atteste 
te  tolérance  dooit  ib  jouissaient  U  paix  de  te 
cité  exigeait  «TtetarventioB  de  son  préfet  Basiiios 
dans  te  choix  du  poatlte  romate;  te  décret  qui 
détendait  an  deqgé  d'aliéner  ses  terres  tourna 
enfin  de  compte  an  profit  do  peupte,  dont  la  dé- 
votion aurait  été  taxée  povr  réparer  les  dilapi- 
daUtns  4t  J'ËpM.  Litalie  «itft  'protégée  par  tes 


anses  du  oonqnérant,  -et  ses  fronliènes  furarit 
reipedées  par  tes  badMRs  de  te  Gaule  «t  dete 
Germanie,  «qui  «raient  ji  .teq^mps  teanUé  la 
falUetenilte  de  théodosa.  Oéaaere  paaaa  TA- 
driali^ine  pa«r  diAier  les  assassiK  de  tanpe^ 
rcM- Hépos ,  et  ponr  anqaérir  ia  pratioGe  aan- 
tiroe  de  Oalmalie.  11  passa  les  Alpes  pov  déli- 
vrcrdesrestesdeteMonqae  dn  îoug  de  Fava  ou 
Feletbeus,  roi  des  Rugiens,  qui  avait  sa  résidence 
au  ddà  du  Damibe  (487).  Le  roi  fut  vaineu  dans 
une  bateille  et  emmené  prisonnier;  unenooH 
breoae  colonie  de  captifs  et  de  «ôete  fnt  trans- 
plantée en  Itelie,  et  Rome,  après  une  'longoe  pé- 
riode de  dâaîtes  f^  d*bumiftation8^  put  triom- 
(flier,  grAcft  anx  victoires  de  sop  mi(Hre  tiarbere.  « 

Les  succès  et  la  bonne  administrafon  d'O- 
doacre  avaientrafTerroisa  pdissanœ  ^en  Rafie,  et 
il  n'avait  rien  k  redouter  deshabitents  delà  Pë- 
nmsule  ni  de  Tempire  dX^neoTt-;  ma»  H  s^va 
contre  lui  parmi  les  barbares  un  rival  formidable. 
Ibéodoric,  roi  des<Mtrogo(hs,  secrètement  ssn- 
tenu  et  ouvertement  encouragé  par  reDipereur 
Zenon,  résolut  de  s'emparer  de  Iftdlte.  La  pre- 
mière bataille  se  livra  «nr les  bords  de  rfisonGas 
(Isonco),  non  loin  d'Aqoîlée  C^  aoOt  4S9). 
Odoacre,  vaincu,  badtit  en  retraite  et  hasarda  une 
seconde  t)atailte  à  Vérone.  Vaincu  de  nouveaa» 
il  se  renOit  à  Rome  en  toute  hflte  afin  de  prêt* 
ser  les  balntente  dev^anner  pour  leur  défense; 
mais  tes  Homams  se  souciaient  peu  de  prendre 
parti  pour  un  dief  barinre,  et  ils  ten  femèroit 
les  portes  de  la  vflle.  Odoacre  revint  don  test» 
le  nord,  etrassembtedans  Ravcnneles  débrisde 
ses  troupes.  Il  raardia  contre  les  Ostrogaths,. 
batflt  tenr  awant-^arde,  et  les  repomsa  jusque 
dans  tes  murs  de  Pavie.  One  IrotelèBie  latefile 
s>ngagea  sur  les  borAs  -de  FAdda.  Odoacre  la 
perdit,  et  n'eut  pkisqae te lessonroe^  s*m- 
fermer  dans  naveme.  Théodorie,  laissant  à  ses 
Rei/tenanto  te  aom  de  conquérir  te  reste  de  M- 
talie ,  rerta  devaift  Itavame,  qui  résiste  pendant 
trois  ans;  enfin  Odoacre  capitula,  à  te  condifion 
qoni  partagerait  avec  Théodoric  te  royanrae  41- 
telie.  'Ce  traité  fut  confirmé  .par  des  aerraents 
nnrtuels  te  77  février  493,  et  te  5  mars  «anrvaat 
Odoacre  fut  assassiné  de  te  mm  oup■r^^Bràle 
de  son  cdn%gue.  Ainsi  périt  «et  bomme  cxtraor- 
/Hnaire  qui  mft  fin  à  Itempirofondë  par  Angu^, 
gouverna  Italie  avecaotaiftdemodér^lion  etd'io- 
téHigence  que  d'énergte,  <  t  qui  pnépara  Tcwre 
brillante  et  épliémère  que  devaH  accom|Air  son 
heureux  et  plus  grand  rival  Tfaéodoite.    L.  J. 

lomnadi,  DêBe^àrum  tvêrêUm,  p.  W.eo;  Mv'JMm 
GothieU^p.tn,tn,iA;uu  -  tanlAiacre,  As  CêtUt 
Lêiiffùbard.,  L,  la.  —  GrégolK  de  Joun,  HiML  ^ramc^  U, 
18,  ete.  »  Procope.  Bttt.  Coth^  1, 1;  II ,  6.  —  CnnoAus. 
F\ta  Epiphanii.  —  Cassiodore ,  Chron.  ad  on.  ve.  nr.-, 
Epist^  i,  IS.  —  iEf«srlus,4l,  U.  —  U  Beau,  MUtotn  A», 
Boi-lmpintt  i.  XXX  V —  Glt»teB,  7te  éÊcUm  mÂfaH 
fif  tkt  JIOBum  Emfiiref  c.  xxxrc. 

;  •»oÉ¥SKi  (  Vladimir  -  J>^édaronfc*, 
prince),  littérateur  russe,  né  vers  1800.  Ifcmbre 
de  te  première  temilleprincière  de  Russie^  U  se 
voua,  en  1824,  comme  Pouchkin,  dont  il  éUit 


ODOÉVSKI  —  ODOLANT.DILSÎÎOS 


rani,  JB  coMe^es  lettns,  et  réitsit  paitieiUiè- 
neutai  à  écart  des  eiMtee  fantastiques  daas  ie 
geone  de  4xaii  de  HoffmaHi.  Ses  ceuvres  «oit 
été  caflMmUétt  ei  iSM,  à  fiaint-PéteniNMi^ 
cn3  ToL  iB-9°.  Seséciils  {aima  iroprwiéft)«  qui, 
sans  avoir  passé  far  la  ûensnre,  cireuient  «■ 
Auasie,  dénatent  an  taleat  ^ril  «t  Ubéral.  lie 
priace  Oéoémaki  oocape  aiqouHI*iioi  «ne  place 
in^poffiaale  ckans  Je  mioiièàne  de  l^iiistnictiosi  po- 

«B«MiBMU,  oélèbie  jonaoaMuIte  itÉUea, 
aé  à  Bnlaye,  mortdans  cette  ytfte,  le:»  déoemtNie 
iUÂ.  DViDB  aBcienae  ÊuniUe,  «psi  d'aboid  pav^ 
tait  le  Bom  de  de  BenaniB,  puis  celui  ée  de 
ékMre^f  ë  ^tadia  Ja  iarispralcBoe  sous  Jao- 
qwa  BakUm,  ThmoliniM  ^  Aoeorae,  s^urna 
das  JUIalie  Biéndiuiiale  et  «d  FraDee,  ^et  «xerça 
daaa  oea  -deaK  paya  te  profession  d'avocat.  De 
retour  dans  aa  villenatalè,  il  y  deriat,  ^^ers  122g, 
preiéaaMir  dedrolt;  sea  cours  eureaft  le  phe  grand 
saooèa.  £a  1138  il  rempKt  l'olflee  d'aaseaseur 
aaprèa  en  podestat  de  Fadoue,  et  TiBt«Muiile  re- 
piendre  aaa  enadgaeeMOt  à  Bologne.  Dans  les 
annéen  aoîTanées  il  fut  chargé,  dans  IMérêt  de 
eetteTiièe,de  phniiensa  négoèiatiDns  impodantes. 
Les  finianaiMitaiHPS  lar  le  droit  romain  iqni  por- 
tent non  noan  ae  anrt  pour  la  plupart,  cnasioe 
Ta  prouvé  Snnigny,  que  les  caiiiarsde  ses  ovors 
écrits  par  ses  andûenes  ;  ils  sont  etftaehés  de 
tons  les  défants  qu'on  Feoisaqoe  dans  les  tra- 
Taux  des  glaiintfni  de  la  aeoande^poqae;  asaie 
ilsool  «neIrèfrigraiMie  importanee,  parce  qo'ila 
renferment -les  «enseignements  les  pins  :prédeux 
sur  la  ffennésaanoe  de  l'dtude  du  droM  en  Italie 
et  BUT  la  ^  des  principanK  junaoansulles  dn 
danaièoie  et  du  treiaième  sièote.  On  a  d*Odofre- 
dus  ;  Lecivr^éu  OaeMcfm  ;  Ljron,  i4m,  in-fol. 
Parie,  tôO»;  Xmle«  1 514  ;  Lyon,  ISSO  et  1562 
în^.  ;  ^  Ledw^in  IMgestum  veiui;  Paris, 
1604,  in-fol.;  Lyon,  IMO  «t  l&ôO-l^S^,  in-iol. 
—  Sumrna  deiééelHs  ^msdmdts;  Strasbourg 
fôlO,  in-4*;Cnlo(9ne,1n5S,  1^S3,  lS6S«t  11B2 
io-9*  ;  ^vepradat  daas  le  t.  lU  du  Traeêatm 
antoenncs  furii;  -*  iLeeiurx  in  ir$s  Mèras; 
Variée,  4614,  anfoL;  Lyon,  Ui7  et  «&eo,  in- 
kL;  —  Ucturm  ta  infortiatnm;  Lyo^,  lâôO 
et  I5S),  in-fdl.;  —  Leetwrx  in  IXpeadaifi  mxh 
vwm;  Lyon,  1552,  in4oL  ;  —  Svmma  dm  jure 
femdaU;  .Borne  et  Madrid^  li>84,  in-4*;  — 
GUitx  ad  Paœm  CentUmtiensem^  en  nsn- 
miscrit  à  la  BiMiotiièqae  Impériale  de  (^ria  ;  — 
Addiiimes  ad  Ézomis  Summam,€a  manuscrit 
à  lamèaae  bibliettièqiie  et  à  ceUede  Beriin;  ~ 
Qmjntigmes,  «n  mannscrit  h  la  BiblieAbèqoe  im- 
périale de  Paris;  —  ConsiUa,  en  manuscrit 
dans  les  archives  de  Bologne;  —  De  perernssio- 
nibuM  dans  le  t.  X  des  Tractatus  publiés  à 
Lyoo,  et  dans  le  t  II  des  Tractatus  rerum 
crimînalium  de  Modius;  —  De  petétUmàbus, 
ouvrage  perdu  ainsi  qu'un  autre  De  eanfeesio^ 
RiAiK.  On  eilribae  encore  à  Odofiredusplaaiears 


486 

opuacoles,  tels  que  :  De  datis  reslitutiane^  De 
inttrdàctis^  etc. 

Son  ils  Albert^  *mort  en  1300,  suivit  «ussl  la 
carrière  «de  l'enseignement  da  droit  ;  11  prit  ane 
part  active  dans  te  goini«mement  de  la  répu- 
bttqoe  de  Bolo^ae,  et  se  sigviahi  par  m»  titta- 
cheoiant  nos  'Geremei.  Il  a  éerit  plnsfears  «n* 
vrages  détroit ,  qui  poar  la  yftopart  ne  sorit  pas 
parvenus  jusqu'à  nous.  E.  G. 

SarU,  Dé  «tevif  'OrdU^ymiMnU  BWiiawfaiwto  yro/fe»» 
êoritut,  partie  C  ^  L.  ISÉMUotoal,  Mimmm  gtmiâàm 
d£çU  serUtOÊH  ifigaU,  i.  I.  -  Savlgny,  HiAoùm  du-ânit 
romain  a»  mopen  àçe^  1. 111  ri  V. 

ODouLWT-vBsnos  { Piem-Joseph) ,  ém- 
dit  françMS,  né  le  21  novembre  1722,  à  Alen- 
çon,mort1e  11  août  1801,  dans  la  même  ville. 
H  exerça  d*abord  la  médecine  dans  sa  viHe  na- 
tale ,  et  piibKa  dans  le  Saumul  de  médecine 
deux  mémoires,  Tun  Sur  un  cancer  à  Vesto- 
maCf  Vautre  Sur  le  danger  de  manger  la 
ekair  des  animaux  dont  an  ne  connaît  pas 
le  genre  de  mort,  11  fournit  aussi  plusieurs 
articles  à  la  Collection  d'observations  sur  les 
maladies  êpidëmiques  (1778, 3  vcA.  in-4*J,  de 
Le  Pecq  de  La  Cldture.  Dans  la  seconde  moifié 
de  sa  vie,  Odolant-Desnos  se  livra  presque  exclu- 
sivement à  l'étude  de  lliistoire  locale.  On  a  de 
loi  :  Dissertation  sur  Serlon,  évëque  de  Sées^ 
et  Raoul,  mort  archevêque  de  Cantorbérg; 
Rome  (AlençoD),  1785,  in -8**  ;  —  J)isser  talion 
sur  les  hérUiers  de  Bobert  iV,  comte  d'Aléa- 
çon  ;  —  Mémoires  historiques  sur  la  ville 
d*Alençvn  et  fur  ses  seigneurs  ;  Aleaçon,  1787, 
2  vol.  in-8^,  Hg.  ;  nn  grand  nombre  d'articles 
fournis  à  la  Chronologie  des  grands  baillis 
de  Caen,  au  Dictionnaire  du  Maine ,  au  Dic- 
tionnaire  de  la  noblesse^  à  la  i^hliothèque 
htstorique  de  Fontetle,  à  TArt  de  versifier 
les  dates,  au  Dicfrominlre  des  hommes  il" 
lustres  y  ^  Bv^-Dictionnaire  géographique  de 
fabbé  d^xi^ly.  «  H  avait  rassemblé,  dit  M.  Do- 
bois,  et  il  a  lusse  dans  ses  manuscrits,  des  ma- 
térianx  immenses,  peu  propres  à  être  lus,  mais 
evsellents  i  eoasoMer,  et  d'autant  pfos  utiles 
qo'une  fouie  de  documents  dont  ils  aont  Ja  co- 
pie, la  «pKiqQe  on  titrait,  n'existent  plus  de- 
puis longtemps.  La  oollecfien  des  porte-feuilles 
de  ce  latiorieax  écrivain  offre  une  centaine  de 
rolnmes  i»-4^  d'une  écriture  line  et  serrée,  dans 
lesqudls  le  défaut  d'ordre  se  fait  sentir  trop 
souvom,  maîB  qui  n'en  présentent  pas  moins 
les  renseignements  les  plus  précieux  sur  This- 
toire ,  les  antiqnltés  et  les  famiUes  de  la  partie 
de  la  Kormandie,  du  Haine  et  du  Perche  dont 
Alençon  est  le  centre.  »  T.  L. 

Lonli  DdMb,  .Yotfctf  Mo^f.  el  Uttér,  mr  CUoZaitf- 
Damùt,'  Alençon,  18lO,>loS«. 

oooLAïf T-4>BSifos  (  Lcetuin  •  Louis  '  €?(u- 
pard),  fils  du  précédent,  né  le  19  janvier  1768, 
à  Alençon,  mort  le  24  septembre  180T,  près  de 
cette  ville.  Il  fut  membre  dn  Conseil  des  €inq 
Cents  et  passa  en  l'an  vni  au  Corps  législatif. 
On  a  de  l<d  :  Redites  sur  IpMffets  des  tœres 

16. 


487 


ODOLAIST*DESJVOS  —  ODON 


488 


arbitraires  en  France  et  en  Angleterre  par 
rapport  à  leurs  auteurs;  1808,  in  8**;  —  uo 
ooTrage  manuscrit  sur  les  Bizarreries  ftistor 
riques  du  catholicisme,  P.  L. 

Jaji  Joay  et  de  NorrliM,  Biogr.  nouv,  det  Contenu. 

l  ODOLÂHT-DBSNOS  ( /osepA  ),  satant  fran- 
çais, fils  da  précédent,  né  le  15  juin  1797,  à 
Alençon.  Il  a  occupé  remploi  de  payeur  ad- 
joint h  l'armée  d'Afrique.  L'un  des  secrétaires 
de  l'Académie  de  l'industrie,  il  est  correspondant 
de  plusieurs  sociétés  savantes.  On  a  de  lui  : 
Précis  de  minéralogie  moderne;  Paris,  1827, 
1828,  2  Tol.  in-32,  pi.;  —  Tableau  historique 
de  Vindustrie  et  du  commerce;  Paris,  1829, 
gr.  in-32  ou  in-8^,  pi.  ;  —  Traité  de  la  culture 
des  pommiers  et  poiriers  et  de  la/abrieation 
du  cidre;  Paris,  1829,  in-8%  pi.;  —Possi- 
bilité de  coloniser  Alger;  Paris,  1831,  in-8''; 
—  Description  du  département  de'  VOrne  ; 
Paris,  1834,  in-8%  faisant  partie  de  l'ouvrage 
intitulé  La  France  et  publié  par  M.  Loriol;  — 
Promenades  autour  du  monde  :  extraits  des 
voyages  de  Caillé,  d^Urville,  etc.;  Paris,  1834, 
în-12,  fig.  ;  —  Souvenirs  d'un  jeune  voyageur; 
Paris,  1834,  inl2,  fig.;  —  £e  Littérateur  des 
collèges,  ou  morceaux  choisis  de  littérature 
contemporaine  en  prose  et  en  vers;  Paris, 
1835,  2  vol.  in-12  ;  —  Mythologie  pittoresque, 
ou  histoire  méthodique  universelle  des /aux 
dieux,  etc.  ;  Paris,  1835,  in-S*",  fig.  ;  —  Expo- 
sition  des  produits  de  V Académie  de  V In- 
dustrie en  1836;  Paris,  1836,  in- 12.  II  a  tra- 
▼aillé  à  VÉcho  du  commerce  et  ^VEncydopé- 
die  d'éducation. 

La  tÀttér.  franc,  eonitmp, 

ODOLRIG,  abbé  de  Saint-Martial,  mort  Ters 
1040.  II  commença  ses  études  au  monaâtère  de 
Saint-Martial,  à  Limoges,  et  les  acheva  i  Fleuri- 
sur-Loire.  De  retour  à  Saint-Martial ,  il  fut  élu 
par  les  moines,  en  1025,  successeur  de  l'abbé 
Hugues.  On  lui  attritme  la  rédaction  des  Actes 
du  concile  assemblé  dans  la  ville  de  Limoges  en 
1031  ;  Labbe,  Concilia,  t.  IX,  p.  870.  La  prin- 
cipale question  soumise  à  ce  condie  était  de 
savoir  si  saint  Martial  avait  été  l'un  des  disci- 
ples de  Jésus,  envoyé  par  lui-même  dans  les 
Gaules.  La  question  fut  décidée  dans  ce  sens; 
majs  la  critique  historique  n'a  pas  adopté  cette 
décision.  'B.  H. 

CalUa  ekHttUaM,  t  11,  eoL  SSS.  -  Ui$Mre  Uaér.  «fa 
la  France,  t.  Vil,  p.  US. 

ODON  (  Saint),  abbé  de  Cluny,  né,  comme  on 
le  suppose,  dans  le  Maine,  vers  879,  mort  à 
Tours,  le  18  novembre  943.  $on  père,  nommé 
Abbon,  était  un  personnage  considérable  à  la 
cour  de  Guillaume  le  Fort,  duc  d'Aquitaine. 
Ayant  été  longtemps  sans  enfants,  il  fit  vœu 
d'oflrir  à  saint  Martin  celui  que  le  ciel  voudrait 
bien  lui  envoyer.  Odbn  était  donc  ofTert,  obla- 
tus,  avant  sa  naissance.  Pour  remplir  la  pro- 
messe paternelle,  le  jeune  oblat  se  rendit  lui- 
même  à  Saint-Mlirtin  de  Tours,  et  fit  son  ap-  I 


prentissage  de  la  vie  religieuse  sous  la  discipitae 
du  savant  Odalric,  écolAtre  de  cette  illustre  mai- 
son.  Foulques  le  Roux,  comte  d'Anjou,  andea 
compagnon  d'armes  d'Abbon,  assista  lui-même 
à  la  cérémonie  durant  laquelle  Odon  fut  admis 
au  nombre  des  clercs.  Plus  tard  nous  le  voyons 
à  Paris,  à  l'école  de  Saint-Remi  d'Anxerre,  y 
étudier  les  trois  arts  et  les  quatre  sciences.  Il 
retourne  ensuite  à  Saint- Martin,  n'y  trouve  pas 
la  vie  des  chanoines  assez  austère,  et  se  retire 
alors  dans  Tabbaye  cistercienne  de  Banme,  an 
comté  de  Bourgogne.  Cette  abbaye  de  Baume 
avait  été  nouvdlement  fondée  ou  restaurée  par 
l'illustre  Bemon,  qui  la  gouvernait  en  même 
temps  que  diverses  autres  maisons  de  son  ordre, 
Cluny,  Massai,  Boorgdeols.  A  la  mort  de  Bemon 
son  héritage  fut  partagé.  Odon,  que  sa  naissance 
et  sa  piété,  recommandaient  égslement  aux  suf- 
frages  de  ses  frères,  fut  élu  par  eux,  suivant  le 
voeu  exprimé  par  Bemon  lui-même,  à  l'heure 
de  sa  mort,  abbé  de  Cluny  et  de  Bourgdeols. 
Mous  avons  ainsi  résumé  les  dernières  années 
de  sa  vie  :  «  Odon,  second  abbé  de  Clony,  de- 
vient un  gnnd  réfomiateur.  De  nombreux  di- 
plômes nous  parlent  de  son  administration  vigi- 
lante, éclairée.  Que  des  moines,  ou  des  sdgieors 
laïques  osent  enfreindre  ses  ordonnances  ou 
porter  la  main  sur  les  biens  de  sa  maison,  il 
s'arme  de  son  droit,  poursuit,  atteint,  frappe  ses 
ennemis.  Sous  le  gouvernement  du  sage  et  sa- 
vant Odon,  l'école  de  Cluny,  devenue  la  plus 
célèbre  des  Gaules,  envoie  partout  des  moines, 
des  régents,  des  abbés.  Il  existait  entre  les  mo- 
nastères bénédictins  des  dissidences  sur  les  pres- 
criptions de  lenr  règle  commune.  Odon,  donnant 
k  Cluny  de  nouveaux  statuts,  jette  ainsi  les  fon- 
dements de  cette  rigide  observance  qui  fut  pra- 
tiquée bientôt  aprà,  non-seulement  dans  les 
Gaules,  mais  encore  en  Espagpe,  en  Italie,  à 
Rome  même,  en  diverses  aùiayes  de  fondation 
aodenne  ou  récente,  dont  Cluny  devint  et  le 
séminaire  et  la  métropole.  Bientôt  il  n'est  plus 
permis  à  l'abbé  de  Cluny  de  rester  auprès  de  sea« 
mornes.  Des  évêques  le  mandent  avec  InttaBoe, 
imposant  à  son  inCstigaUe  lèle  la  restanretioQ 
de  monastères  où  s'est  introduit  le  désordre. 
Les  papes  l'appellent  en  Italie,  réclamant  sa  mé- 
diation dans  leurs  débats  avec  les  rois.  Les  rois 
eux-mêmes  lui  confient  le  rè^ement  de  leurs 
propres  affaires.  11  n'y  a  pas  dans  toute  la  chré- 
tienié  un  nom  plus  vénéré  que  le  sioi;  Il  n  y  a 
pas  une  anforité  plus  considérable  que  la  sienne 
dans  les  consdls  de  l'Église  et  des  prinoe«  » 
C'est  en  revenant  d'un  voyage  à  Rome  qu'il 
s'arrêta  dans  l'abbaye  de  Saint-Julien  de  Tours, 
et  y  mourai,  entre  les  bras  de  Tardievêqne 
Théotolon,  disant  : 

Mon  nlbl  quindo  dator,  reqolct  non  pœoa  pontor. 

Il  n*avait  pas  en  effet  durant  tout  le  cours  de 
sa  vie,  connu  le  repos. 
Odon  laissait,  en  mourant,  de  nombreux 


4S9 


ODOIf 


490 


écrits.  Mais  il  n'est  pas  facile  d'eq  dresser  la  liste, 
car  pins  grand  est  le  nombre  de  ceux  qu*on  lui 
afaussement  attribués.  Nous  indiqueronsd'abord  : 
Sxeerpiio  S.  Odonîs  in  MoralilnuJob,  extraits 
des  Morales  de  saint  Grégoire  sur  Job;  Paiis, 
1617,  in-8*  :  réimprimés  dans  la  Bibliothèque 
des  Pèrts,  éd.  de  Lyon,  t  XVII.  Si  Tolomineuse 
que  soit  cette  compilation,  elle  nous  oiïre  moins 
d'intérêt  que  les  antiennes,  les  hymnes  d'Odon. 
Douze  antiennes  d'Odon  sur  s^int  Martin  ont 
été  publiées  tant  dans  la  Bibliothèque  de  Clunp 
que  dans  la  Bibliothèque  des  Pères.  0e  ses 
hymnes  trois  se  rencontrent  dans  la  Biblio^ 
thèque  de  Cluny^  outre  une  pièce  de  vers  sur 
l'eucharistie;  enfin  une  quatrième  hymne. d'O- 
don a  été  insérée  par  Mabillon  parmi  les  pièces 
jointen  à  ses  AnnaleSy  1. 111,  p.  712.  On  a  cou- 
tume d'attribuer  à  Odon  de  Cluny  un  Dialogue 
sur  la  Musique,  intitulé  quelquefois  Enchiri- 
dion^  que  nous  présentent  plusieurs  manuscrits 
de  divers  fonds,  et  que  Martin  Gerbert  a  publié 
dans  le  tome  I,  p.  251,  de  son  recueil,  Scrijih 
tores  eceles,  de  musiea.  Ce  dialogue  n'est  pas 
l'ouvrage  de  notre  abbé,  mais  de  quelque  autre 
Odon.  Martm  Gerbert  Ta  reconnu.  Il  {tarait  néan- 
moins incontestable  que  Odon  de  Cluny  avait 
écrit  sur  la  musique.  Aussi  Martin  Gerbert  a- 
t-il  mis  au  jour  sous  son  nom,  d'après  un  manus- 
crit du  Mont-Cassin,  un  traité  de  musique  sa- 
crée, dont  voici  le  titre  barl)are  :  Tonora  per 
ordinem^  cum  suis  differentiis  ;  dans  le  recueil 
d^à  désigné,  t.  I,  p.  247.  U  Bibliothèque  de 
Clunp  nous  offre,  sous  le  nom  de  notre  abbé, 
une  Vie  de  saint  GérmUd^  comte  iFAurUlac^ 
qui  a  été  plusieurs  fois  traduite  en  français. 
Quelle  qu'ait  été  la  confiance  des  hagiographes 
dans  le  texte  de  cette  Vie,  nous  n'hésitons  pas 
à  dire  qu'il  est  |deiu  d'interpolations.  La  vie 
authentique  de  saint  Gérauld  par  Odon  de  Cluny 
se  trouve  dans  les  manuscrits  5301,  3783  et, 
3809  (A)  de  l'ancien  fonds  du  Roi;  mais  le  texte 
beaucoup  plus  étendu,  de  la  Bibliothèque  de 
Cluny  est  de  la  fabrique  d'un  faussaire.  C'est 
encore  à  un  faussaire  qu'il  convient  d'attribuer, 
comme  l'a  bien  prouvé  Claude  du  Moulinet, 
sieur  des  Thuilleries,  un  discours  publié  dans 
la  Bibliothèque  de  Cluny  sous  le  nom  de 
notre  Odon  et  sous  ce  titre  :  De  ReversUme 
B,  Martini  a  Burgundia  Traetatus,  Ce  dis- 
cours n'est  qu'un  tissu  de  mensonges  mal  as- 
sortis. Odon  n'est  pas  l'auteur  d'un  pareil  livre, 
n  importe  de  le  dire  pour  son  honneur.  Nous 
rcjetteroos  avec  moins  d'assurance  au  nombre 
des  ouvrages  faussement  attribués  à  notre  Odon 
une  Fie  de  saint  Grégoire  de  Tours^  assez 
souvent  imprimée  sous  son  nom,  et  notamment 
en  tète  de  l'édition  de  VHistoria  Francomm 
donnée  par  dom  Thierri  RuJnart  :  cependant 
â  est  prouvé  que  cette  attribution  est  purement 
conjecAunile.  Mais  il  est  très-certain  que  Baro- 
nius  se  trompe  lorsqu'il  désigne  parmi  les 
oeuvres  d'Odon,  abbé  de  Cluny,  une  vie  de  , 


saint  Maur,  Miraeula  S.  Mauri^  qui  est  l'ou- 
vrage d'Odon  abbé  de  Glanfeoit.  De  même  An- 
toine de  Yepez  met  improprement  à  son  compta 
une  Exposition  du  canon  de  la  messe^  qu'il 
convient  de  restituer  à  Odon  de  Cambrai,  et 
Marrier  décore  aussi  mal  à  propos  de  son  nom 
le  traité  Quod  B,  Mariinus  par  dicitur  apos' 
toliSf  traité  que,  de  son  c6té,  Martène  a  réim- 
primé comme  appartenant  à  Adam  de  Perseigne. 
Le  plus  considérable  des  ouvrages  authentiques 
d'Odon  de  Cluny  a  été  publié  sous  le  titre  de 
Collationes  (conférences),  âen$]à  Bibliothèque 
de  Cluny.  Nous  croyons  devoir  rappeler  ici  que 
le  ntéme  ouvrage  porte  encore  dans  les  cata- 
logues et  les  manuscrits  ces  différents  titres  : 
Occupationes ,  Traetatus  de  sacerdotio,  De 
virtutibus  vitiisque  animXf  De  perversitate 
pravorum,  De  hujus  vitx  qualitale,  De  inS'- 
titutione  divina.  De  contemplu  mundi,  lAber 
ad  xdificationem  sanctx  Dei  Bcclesix,  In 
Hieremiam  Prophetam.  Enfin  quelques  ser- 
mons ont  été  imprimés  soit  par  Marrier  (fii- 
blioth.  de  Cluny),  soit  par  Martène  (Thés. 
Anecdot.,  t.  V,  p.  617),  comme  présentés  par 
les  manuscrits  sous  le  nom  d'Odon  de  Cluny. 
Mais  le  premier  des  sermons  que  nous  lisons 
dans  l'édition  de  Marrier  est  du  pape  saint  Léon. 
On  le  trouve  parmi  les  oeuvres  de  ce  pspe,  édi- 
tion de  Paschase  Quesnel,  p.  52.        B.  U. 

Joaanes  Trittiemliu,  Dé  vlrU  illustr.,  Itb.  II.  -  HUL 
Uttér.  de  la  France,  t.  V|.  ~  f^éterum  tnttmonia  de 
Odoiitf.  dau  la  aiMloM.  de  Clwkf,  p.  M.  —  f'tta  S,  Odo- 
dis  a  Joatme,  wumoeho ,  Ibld. .-  Mabillon,  jéU.  55.  ord. 
5.  Bened.f  t«e.,  V.  —  B.  Haaréao,  HM.  lUt.  du  Maine, 
L  1.  p.  1».  -  U  même,  SingutarUét  Mtt,  et  Httér., 
p.  liS-tTS.  -  Fiet  des  SS.de  la  Ftaneke-Cemié. 

ODON  (Saint) ,  prélat  anglais,  né  dans  la  pro- 
vince des  Kst-Angles,  vers  875,  mort  à  Canter- 
bury,  le  4  juillet  961.  Issu  de  parents  danois 
qui  avaient  suivi  Ingar  et  Hubba  dans  leur  ex* 
pédition,  il  montra  de  bonne  heure  pour  le 
christianisme  un  penchant  qui  le  fit  chasser 
de  la  maison  paternelle.  Athelm,  un  des  princi- 
paux seigneura  de  la  cour  d'Alfred ,  roi  d'An- 
gleterre, le  prit  sous  sa  protection  et  lui  four- 
nit les  moyens  de  faire  ses  études  et  d'em- 
brasser la  carrière  ecclésiastique.  Il  l'emmena  à 
Rome  avec  lui  en  897,  et  ce  fut  là  qu'Odon  reçut 
la  prêtrise.  De  retour  en  Angleterre ,  il  fut  em* 
ployé  par  Alfred  et  par  Edouard,  son  fils  et 
son  successeur,  dans  diverses  négociations  im« 
portantes,  dont  il  s'acquitta  avec  succès.  Le 
roi  Athelstan  le  fit  son  chapelain,  et  vera  930 
lui  donna  le  siège  épiscopal  de  V^ilton.  Ed- 
mond I**,  qui  en  94 1  succéda  à  son  frère  Athel- 
slan,  ne  voulut  jamais  se  priver  des  conseils 
du  prélat,  qu'il  tcansféra  l'année  suivante  à  Tar- 
chevèché  de  Canterbury.  Odon,  avant  d'être 
installé  sur  ce  nouveau  siège,  prit  l'habit  de 
Saint- Benoit,  car  c'était  Tusage  de  ne  mettre  à 
la  télé  de  ce  grand  diocèse  que  des  hommes  qui 
avalent  professé  la  vie  monastique.  En  955,  H 
sacra  à  Kingston,  Edwy,  l'alné  des  filsd'Edmondr 


4S(1 


OIXKf 


4i»2 


Ce  fol  k  dette  «paqie  qw  Toa  vît  paraître  en 
Aasileftem.  les  précuraMrt  des  sacmnenteifes 
qp»  Makat  la  ^r^seaee  réelle  do  Jéfloft^^hrist 
<kiaA  Teuchiristie.  Odoa  fil  tous  ses  efforts  pear 
rameiier  ee»  esfriU  égané»  à  la  fiai  de  l'Église 
el  paar  gaianiir  son  dioeèsfr  de  celte  DemeUer 
hécésie.  Il  eieoBunonianème  le  roi  Edw^,  qo», 
partBfseant  cette  ernnir»  m.  livrait  à  la  débanclie 
la^pbia  e(fréaée  ei  à.ia  eaBHnefce  ineiatMeiiii. 
ajrec  Elhelgive^  sa  parente.  Iadifi;néade  laieon- 
duite  de  ce  pmce  pour  qui  nen  ifétalt  pkia  sa- 
océ^  les  Mensiens  et  les  Sorthombrea  se  aeiitevè- 
rent  contre  lui,  le  ehaasàrent  et  prodanÀreat  roi 
son  frère  Édeaard.  CUni-ci  honora  partiaoHère* 
ment  Odoa,  à  qui  Pan.  altinÉiift  la  rédaction,  de 
laia  sages  et  néites>  qnâ  lépaièRnt  poor  l'ibngte* 
terre  lei  malheurs  caiMéa-par  la  tyrannie  d'Edwy^ 
On  a  d'Odon  des  Con$iUuliÊns^sffm)€Udês,^laBé' 
réea  par  te  P.  Labb»  dans  sa  CoUMCimm  de» 
ConcUeSi  t  IX  ^  ainsi  %n'nne  lettre  de  ce  po-élai 
à  ses  suffragants.  J.  Pite  hii  attribue  diven 
autres  écrits;  mais  iU  ne  nous  aonft  peint  par- 
venna;  ce  aont  ruA  livre  aux  moines  de  Fleuay, 
où  sa  tcoaTait  son  neven  Oswald,  un  Traité  de 
la^pcésenoe  iéelte,jdea.letfra8  et  quelques  poésies. 
La  nom  d'Odon  est  eéUhre  dans  tous  les  maa- 
tyroiogea.  anglais  ;.  sa  yertn  L'await  de  son  invant 
fait  appeler  Odon.  se.  Gode,  ce  qui  signifie,  en 
langue  saxonne,  Odon  te  Boa.  On  rintennn  daan 
la  cathédrale  de  Canterbory,  oii  ses  reliques  se 
tiroosent  encore.  H.  Fisqcst. 

Bam  CciUlec^  aM^dmmittmti  «MRÉkr  t.  XX.,  p.  «7  et 

dêt,  Péreâi  dm  mcfreyri,.  ete MablUoD^  .^iuUm.  or^ 

diaii^  Si.  ^hmHcUw  cln^Bième  ilActe.. 

ODO»,  même  dd  Fabbagn  de»  Fosséa,  près 
Paris,  mort  aurèa  1A6&.  tenesaife  rien  da  aa.  vie, 
sitce  n'est  q|k'aprèa  avoir  passé  sa  jeunesse  dans 
i!abbagre  desiEosséSa  iL  futkeoolramt  de  fiiic  eeft 
asile.  Un  seHl.de-seaéomtAnoasaséte  eonservé: 
<^est  la.  Fte  dêMainl  Swrebard^^camieide  Melun^ 
publiée  pat  Jiacques  da^  Basol»  dans-  um  smplé- 
mant.dès  ÀntàquUés^  cLa  Barië;,^M  Pusjiegney 
dans^ses  BUiorwnê,  de.  Frcmœ.;  par.  les  éditeurs 
<te  te  BiUioiMqnê;  de  Clfud„^.^eXc^  Cette 
Via  oonttent,,  dltetésessante  détaitesac  Tongine 
de.  l'abbaye  des  Fossés.  Elle  a. été  traduite  m 
franfate  par  Sébastien  Rouiliard ,.  eb  a  tnNwé 
plaee  das  son  JKa^Mrecfe.iAftJuir,  qtUiparutà 
Pam  en  ie2lL  IL.  H.. 

BttbUntlUlaraire  de  la  Pranee^t.  V1|^i^48l. 
oiMA.iiRCOif'BttvUiLB,  prélattfranfi^s»  né 
emNoanandie,  en  1032,  niort;è  PaiennaMen  fé* 
Trier  loa?.  Fils  d'HerJote.,.  comte  de  Coatesille, 
et  de;  la.  bette  Ariette,  qpi^  d'abord:  maîtresse  de 
Robert  da  Normandte,  était  devenue  mère  de 
Guillaume  te  Conquérant^  Odon  setrooTait  la 
fcère  oterin  da  co  prince  et. te  propre  frère  de 
Rûbèit^  comte  de  Mortate,  et  de  Muciel^  com^ 
tesse  d'Aumalë.  Après  aToir,  en  1040,,  contribué 
à  la.  fondation  de  Tabbaye  de  Grestate,.Odon 
fut  éte?é:  au  diaconat,  à  Fécamp  par  Hugues 
d'Eu,  éféque  de  Lisieux,  et,  bien  qu'encore 


adolescent,  nommé  en  1049  à  Tévèsbé  deBayciuL 
pat  le  duc  de  Normandte,  son  fr^re.  Il  &*oocupa 
aiMsitét  de  (ermteer  te  constraêtioift  de  sa  cat- 
thédrate,  à  teqndte  il  donna  de  riches  ^ases  d*oa 
et  d.'aigent»et  de  lOÔd  à  10â4  sonscriTit  à  di- 
Terses  chartes  en  teveor  des  abbayes  de  Saini- 
Évroold,  de  Saint- WandriUe  et  du  Monl^fiainl- 
Michel.  En  1055,  il  assiste  au  concile  proiincial 
de  Booen,  dédia  l'église,  abbatiate  de  Tcaam,  ta 
13  mai  1069,.  fit  reconstruire  en  lOSA  Tabbayn 
de  Sami-Vigor  et  lui  donna  pour  abbé  Bobeil 
à»  Tombdaine,  religieux  dont  te  sdenœ  égalait 
la  piéte.  Ce  choix  est  un  des  traite  caractéris- 
tiques  de  te  vie  d'OdoD,.qui  se  réserrait  te  ptea 
grande  liberté  cl  imposait  aux  autres  te  plus 
sévère  discipline^  Cette  année  il  se  fit  reasarquei 
aux  étete  généraux  de  UUebonne  entre  les  ins- 
tigateurs les  ptes  actife  de  Texpédîtion  d'Ang^e- 
teire.  B  fit  conatmire  sur  te  plage  de  Pont-en- 
Besste  une  partie  de  son.  contingent  de  naTÎres,. 
et  en  fournit  juaqa'à  cent  à  la  flotte  de  son 
frère,  avec  «  granx  eaterz  de  cheTalters  etd'altre 
gent  ».  Le  jour  de  la  bataille  d'Hastmg^  (14  oc* 
tohre  1066),  Odoa  célébra  la  messeet  béntt  Les 
troupes  en  équipage  d'homme  dn  gnem  :  cnsnib^ 
moulé  sur  un  grand  cheval  btenc.  cl  tenant  en 
guisB  de  crosse  on  bàten  de.c«nu»andencnt„  il 
diwpcsi  la  cavalerie  pour  l'attaque^  Après  te  con- 
quête^ Odon  reçut  en  récompense  te  vUte  da 
Douvres^  et  distribua  h  ses  guerriers  ebè  ses  gens 
tes  maiaons^épar^iéca  par  Tincendte.  Guillaume» 
avant  de  Mvenir  en  Normandie,  insrestitOdoada 
gaovemeraent  de  son  nouveaa  Boyauma,.ettet 
adjoignit  GuiUaume  d'Qsboca:  teu&dcox,  aussi 
liens  4UC  tfFranniques,  formèrent  teurs.oseilles  à 
la  justioo  comme  teur  cœur  à.  te  pitié,,  ci  ce 
fut  contre  Douvree  qpese  portèrent  Isa  premièrss 
tentetives  des-  insu^és  saxons.  Armé  des  pou- 
voirs- sonveraioside  la.  Ueutenaace  en  Angleterre, 
Odout.à  la  bateilie.  de  Fagadoa,  en»  M)74»  étouffa 
dans  le  sang  lai  révolte  des  Ssnann  et  des  Koi^ 
manda  conjurés<cDntreGiuiiteume  te  Conquérant, 
et  ondonnede  couper  «  le  pied  dtmt  à  tous,  les 
prisonniers,  de  quelque  nation  et  de  quelqoerang 
qiL'ils  fussent».  Le  14  juillet  1077,  iifitconsacwraa 
oatliédEate  avec  un  éctet  extcanrdinaioa.  Gnil- 
laurae  te  Conquérant,  qui  éteit  pnéscnt  avec  un 
Vaad  nombre  dfévéques,  d'abbés  et  de  aeignearsii 
luô  doona^ora  la  baroanteet  laibvétdlEUon.  Le 
U  septembre  suivant,  Odon  se  ttouvaitA  tedé* 
dteaoe  de  SaintÉtieoae  de  Caeu,  et  te  23.  oc> 
tebne  à  celte deNotrorOMna-du-Bec^  A^ras^a^tir 
asfiisiéf  en  mai  1080,.  à  une  assemblée,  tenue  A 
LUtebonne  en  présence  du  duc- soi,, noue  vof ans 
Cévèque  de  Bayeua  parcourir  aiee  une:  année 
nomtereusaJe  NortbuttberUnd^dontleebabitaate 
se  sont  soulevés.  Ce  grand  dampUur  d'An" 
glaiSy  comme  on  Kappelte,  sème  partout  te  dé- 
solatten-  sur  son.  passage;  toue  cens,  qu'il  accase 
ou  soupçonna  aont  décapites  on  mutilés  par  son 
ordre.  Ëofin  l'habileté  dont  il  teit  preuve,  ses 
services  et  son  titre  de  firèn  du  mite  teatsuc^ 


493 


ODON 


4d4 


ci^Teinect  élever  an  rang  de  comte  ëe  Kent  et 
irHerflbrd,  et  à  la  dignité  de  j^and  justiner 
(l'Angleterre,  où  il  possède  jusc^u'à  deux  eeot 
Gis^uaBl«H|uatre  iefs.  ArriTé  au  faite  du  po«* 
▼uir,  Oden  ma  porter  ses  ▼oen  sur  1»  duire  de 
ttât  S^erre,  laissée  vacaile  pav  Grégoire  VIL 
Après  aToircheithéè^eononipie  dnos  Bemo,  en 
y  semant  l'or^  tons  oew.  qn'ifi  eroyait.  fOBwir 
lui  être  nIHes  eo  cette  cîNOBstaiee,  Odbn,  im- 
patient des  leitmi  de  1»  poltt^m;  résolut  d*al- 
1er  en  personat  en  Italie  tenter  les  cbaBees  db 
b  fortnne,  et  pour  «aotenir  se»  préteatiesBv  le«n 
en  Aaglelenttdeft  troopes  énoA  il  coateleooni* 
laandenMBlà  liagnesirC«ntepd»€liestcr»]aitiait 
de»  projds  de  soir  frère,  le  mt  Guilhnnne  sehâte 
de  repasser  CB  ijigleteFre;  B.  asscaMn  sea  bn- 
rona  ea  consafl  danar  111e  de  Wigbt  (tOftS),  et 
lear  proposa  d*emprisonneE  fafnogBmt  Oinn.  Las 
tMrons  ne  ponvanl  se  décider  de  psrter  Ibr.  Miia 
sar  nft  énêqoe,  fteMsnnie  Inassln  la  dittcnlte 
enarritenC UnnièBe  son  frète.  VaineiBCii Odun 
é'écrie^-il- qn^an  8a.qaalilé  de  pr6tne*ii  ne  peut 
éke.jog6que  parle  pape..  «  Ce  n'est  point  le  clen 
qw  /anètOi.  i^pond  le  ro%  mais  non  eomte^res* 
pensable  de  son  adasteislmtloa.  i»  Il  le  fit  aas^ 
sittt  eondoira  en  Nosaundie,  dansi  la  toor  da 
Tienx  palai*  de  Boaea,,  et  Yj  tint  enfermé  jaa- 
qn'en  septeaatepe  ]aA7.  Pressé  à  son  lit  de 
mort  de  rendre  la  liberté  à  son  frère,  Guillaume 
s'y  Rfosa  longtemps  :  «  il  eraignait,  disait^ly 
que  ce  méchant  homme  ne  portât  le  trouble 
partout  >.  Odon  jintifiJa  cette  crainte  ;  i7  n^eut 
pas  plus  tôt  reoonrré  ses  dfgnit^s  qn^  s'en  ser- 
irit  pQor  semer  la  discorde  entre  ses  neveux , 
et  osospira  avec  phisieurs*  seigneurs  normands 
poqr  amcher  ta  ceuronne  d'Angleterre  à  Guil- 
laume le  Koux  et  la  foire  passer  sur  la  tête  du 
fiiible  BObert.  A  peine  les  coqjnrés  sont-ils  arri- 
vés dans  lenrs  dftftteaux  d'OntrevMsnche,  qu'ils 
eonniettenttootes  sortes  de  viotences  sur  les  su- 
jets et  Gnînaome  le  llonx  ;  man  le  roi  d'Angle- 
terre; prenant  résolument  les  armes  pour  répri- 
mer ees  l^gandage^y  appelle  les  Saxons  sous  la 
baniêre  normandei  Assiégé  dans  Rocbester, 
Odon  est  contraint  de  solliciter  comme  une  gràre 
K<  libre  sortie  deb-  vilfe,  et  de  quitter  en  ftagitif 
celle  Angleterre  oft  il  avait  ré|piié  en  maltt^  De 
retour  en  ^fomondie,  il  reprit  son  premier  as- 
cendant'sur  l'esprit  de  Robert.  Le  d\ro  étant  me- 
aacéde  penftv  le  Maine,  if  rengagea  à  lever  des 
truopes  pour  défendre  ses  droits,  en  partSigea 
le  conunandement  avec  Guîllaame,  comte  d'É- 
vreex,  et  entra  à  lenr  tfite  dtos  la  ville  du  liffans, 
en  1089.  A  son  instigation,  Robert  Courte-Hense 
fitairèter  son  frère  Henri,  comta  de  Goittilin, 
MUS  le  pcétexle  qo'il  entretenait  de»  ioteUigeneas 
secDfeies  avec  les  Talvaa»  ennemie  da  d^c.  ûdoo 
Se  charge  mfime  pendant  qnelqpe  teinps.d&  la 
ganieda  prisonnier,  déten%^Ji  109t,,daas  le  tb^ 
teao-foit  de  Bayemi.  Henrir  coosecva,.  dit-on, 
iuL  profond  ressenffineni  de  sa  captif  ité,  et  œfut 
MIT  vaagec  ilaiiirada.eiaatede.  Goteatiaque 


le  roi  d'Angleterre  incendia,  tn  1106,  la  capitale 
du  Bessin.  En  1092,  Odon  béait  l'union  in- 
cestueuse de  Philippe  I*',  toi.  de  France,  avee 
Bertradft,.  eomtesae  d'Anjou,  et  pour  prix  doi 
cette  complaisance  il  obtint  les  revenus  der 
églsea  de  Mantes.  Il  dut  taotefsia  aUer  à  Dijon 
réclamer  L'absokitioB.  de  cette  faute  auprès  da 
pape  Urbàla  III.  Après  avoir  assisté,  en  1095 ,  an 
condle  de  Clermoat  et,  ea  février  1096,  à  oelaî 
de  Rouen,  Odon,  toujours  prêt  à  signaler  son 
humeur  gpierrière,  partit,  pour  la  Terre  Sainte 
avee  son  asTea  Robert  CkHiite-Hense^  car  il  ae  sa 
souciait  pas  de  demearei  dans  la  duché  de  Not- 
maodia  sous  le  ganviernement  da  Goillauma  le 
Rooau  U  n'avait  accompli  qu#  te  moitié  da  son 
pèlerinage  lacaqne  la  nart  le  sarprit,  à  Palcrma^ 
oà  Gilhert,  év6que.dfÉvRax,  le  fit  inhumer  daae 
la  caibédralcL  U  aouâi  Faste  d'Odon  deCoateffiUe 
na  monument  ■  paéBieox,i  la  fiuneaaa  tapisserie  da 
Bojeaob,  ouvcage  de  te  wiaaMnthilde,  et  <pû  s» 
présente  les  axpteite  de.Gniltenme  te  Geaciaé* 
rani.  Cette  tapiaaeric^  qn'ii.  donna  sans  douta  à 
soA  é^ise,  atteste  à.te  fois  soaigoât  pour  les  arts 
et  sa  vanité  intereaaée.à  canaecver  le  souvenir 
de  l'expédaion  dTAn^etena.       IL  Fisqobt. 

CW/te  êkrkUmÊM,  L  XL  — fMarik  ^taii^HUiûrlaûo^ 
eteskutiea.  —  Prévost,  HUt.  da  CuUlaÊUim  U  ConqjKt^ 
ranl;  —  BcrmaDt,  HIA.  «erf.  de  Ba^mx: 

ODOK ,  évèque  de  Ctenhraf,  né  à  Orléans, 
vers  te  milieu  du  onzième  sftcfe,  mort  te  19  jnte 
1 1 13 ,  à  l'abbaye  d'Anchin.  H  fut  d'îibord  connn 
sons  le  nom  d'Oudbnf.  Sa  fhmilte  s'était  distf» 
guée  dbns  les  armes.  Destiné  dès  son  enfince  à 
la  vie  monastique,  bientôt,  après  avoir  d'abord 
enseigné  les  tettres  à  Tonl,  H  Tuf  appelé  par 
les  chanoines  de  la  cathédrale  de  Tournai  à 
la  direction  de  leur  école*  Sa  répntetion  attira 
bientôt  à  ses  toçons  une  foule  de  disciples  qui 
s'y  rendirent  des  provmoes  enrirounantes  et 
môme  de  la  Saxe  et  de  Titelie.  L'ioflnence  ex- 
traordinaire d'Odon  fit  de  Tournai  une  nouvelle 
Athènes.  Il  excellait  surtout  dans  la  dialectique; 
sa  méthode  étaiC  celte  de  Boéce,  on  plutôt  des 
r^Iistes.  Le  soir,  di^o^,  devant  la  porté  de  Té- 
glise,  il  faisait  è  ses  disciples  une  sorte  de  coors 
d'astronomie,  leur  montrant  les  constellations 
et  Ifeni*  expliquant  te  mouvement  de  la  terre  et 
des  astres,  et  te  leçon  élïdt  assez  attachante  ponr 
les  mener  souvent  bien  avant  dtos  la  nmt.  Aussi 
les  disciples,  fort  attachés  &  lenr  maître,  qui 
ponrtent  les  traitait  avec  sévérité,  lui  marqué* 
rent-ils  leur  reoonnahsance  par  divers  présents , 
entre  antres  celui  d'un  annein  d'or  oii  était 
gravé  ce verv latte: 

AJonaliM  04oiitm  decetaurciu  AarelfenieaL 


U  y  avait  prèade  ^aae  fn'il  dnigeait  récote 
de  Tooraai  lorsque  tei  tectma  da  trsîiM  de  saint 
Augaitin  sar  le  lit)i«  ariiitre  toi  fit  casser  pca 
i  peu  ses  teQona<  :  il'  fréqasate  aasidAmeat  l'é- 
glise, dtetribaa  ses  épaignes  auai  pauvres  et  aa 
livca  aux  raacératioBs  les  pioa  rigoorensea.  Suivi 
1  da  quatre  on  dnq  conapagnoM,  U  se  relfE» 


495 


ODON 


496 


la  Yîeille  abbaye  de  Saint-Harttn  de  Tournai, 
et  y  suivit  d'abord  la  règle  de  Saint-Augustin. 
On  place  cet  éTénement  au  mois  de  mai  f092. 
Sur  les  conseils  d*Aimery,  abbéd*Anchin,Odon 
embrana  l'état  monastique  en  1096,  et  malgré 
sa  répugnance  II  fut  élu  abbé.  La  communauté , 
composée  alors  d'une  vingtaine  de  personnes, 
s'accrut  rapidement  :  Odon  y  introduisit  les 
usages  de  Cluni,  et  y  maintint  la  règle  la  plus 
austère.  Il  refusait  les  dtmes  qu'on  lui  offrait, 
employait  l'argent  au  rachat  des  captifs  ou  an 
soulagement  des  malheureux ,  imposait  le  travail 
des  mains  k  tous  les  religieux ,  et  en  exerçait  un 
petit  nombre  à  copier  l'Écriture  et  les  ouvrages 
des  Pères  de  PÉglise.  Le  2  juillet  1 105  le  concile 
de  Reims,  où  il  était  présent,  élit  Odon  pour 
évéque  de  Cambrai,  à  la  place  de  Gaucher.  Ce 
dernier,  qui  depuis  dix  ans  avait  été  dépoisé  pour 
simonie,  réussit  encore,  comme  il  l'avait  Aiit 
jusque-là,  à  conserver  sa  dignité  par  la  protection 
de  l'empereur  Henri  lY.  Mais  après  Pavénement 
d'Henri  V  Odon  prit  possession  de  son  siège 
(1106).  II  ne  resta  pas  longtemps  en  bons  rap- 
ports avec  ce  prince  :  ayant  refusé  de  prendre 
de  lui  l'investitare  qu'il  avait  déjà  reçue  de  son 
métropolitmn,  il  fut  exilé  de  Cambrai,  et  se  réfu- 
gia dans  Pabbaye  d'Anchin ,  où  il  s'occupa  de 
composer  des  ouvrages  de  piété.  On  croit  tou- 
tefois qu'il  lui  fut  permis,  vers  la  fin  de  sa  vie, 
de  reprendre  l'exercice  de  ses  fonctions  épisco- 
pales.  Ses  contemporains  n'hésitèrent  point  à  le 
qualifier  de  bienheuretix  :  comme  tel  il  fut  ho- 
noré dans  plusieurs  églises  des  Pays-Bas,  et 
mérita  de  figurer  dans  le  recueil  des  BoIIan- 
distes. 

Odon  a  été  regardé  comme  nn  des  pins  sa- 
Tants  hommes  de  son  siècle;  il  était  versé  dans 
la  poésie,  la  théologie,  les  mathématiques  et  la 
philosophie;  si  l'on  en  croit  dom  Rivet,  il  y  a 
même  quelque  apparence  qu'il  entendait  le  grec 
et  l'hébreu.  II  laissa  après  lui  des  disciples  cé- 
lèbres, notamment  Herimann,  abbé  de  Saint- 
Martm;Galbert,  évéque  deChâlons-sur-Mame; 
les  Arères  Hermann  et  Siger;  Hugues,  abbé  de 
Marchiennes,  etc.  Ses  ouvrages  imprimés  sont  : 
Saeri  canonis  missse  expositio;  Paris,  1490, 
149B,  in-12;  plusieurs  éditions;  —  De  peccato 
originali  lib.  UT;  Contra  Judseum  nomine 
Leonem  de  adpentu  Christi;  De  blaxphe- 
mia  in  Spiritum  sanctum  ;  In  canones  Evan- 
geliorum;  Homilia  de  villico  iniquitatis; 
cinq  traités  insérés  dans  le  t.  XY  de  la  Bi- 
blioih,  de  Schott  (édit.  de  1618);  —  EpUtola 
Lamberio  episcopp  Atrebatensi,  dans  les  Mis- 
eellanea  de  Baluze  (t.  V,  p.  345).  Les  écrits 
d'Odon  qui  n'ont  pas  vu  le  jour  sont  plus  nom- 
breux ;  mais  il  est  fort  difficile  d'en  établir  l'an- 
thenticité.  On  lui  attribue  un  poème  sur  la 
création,  des  paraboles^  une  Introduction  à  la 
théologie f  plusieurs  homélies,  des  conféren- 
ces, etc-  On  place  au  nombre  des  ouvrages  per- 
dus de  ce  prélat  un  poème  De  bellis  Trojanis,  ï 


cité  et  loué  dans  une  élégie  que  Godefroi,  écolltre 
de  Reims,  fit  à  la  louange  d'Odon.        P.  L. 

Amaod  da  Cbattei.  rUa  beati  Odonis.  te  Âetb  SS. 
JunUy  t.  III.  «11-916.  -  Tritbème,  ScripUfm  eectéL, 
c.  STO,  p.  »4  («d.  Fabrtdttt).  —  Molaoos.  JVatalei  SS.  Bet» 
çii,  foL  Mt.  —  Sandera,  BtbL  belgtea,  -  Mabttton.  >a- 
nales,  t  v,  «m-«I1.  -  GaUia  chrUiima,  lit,  fs-n  et 
rrt.  -  Hitt.  Uttér.  de  ta  France,  IX,-li»-60€. 

ODON ,  abbé  de  Saint-Remi  de  Reims ,  mort 
dans  cette  abbaye,  le  10  juin  1 151 .  Il  fut  d'abord 
moine  à  Manrigni ,  pW^  d'Etampes ,  abbé  de 
Saint-Crépin-le-Grand ,  à  Soissons,  enfin  abbé 
de  Saint-Remi ,  dans  la  ville  de  Reims.  Ce  der- 
nier titre  lui  fut  conféré  en  11  18,  sur  bi  rsoom- 
mandation  du  légat  Conon.  Odon  nous  est  si- 
gnalé comme  nn  courageux  défenseur  des  droit» 
de  ses  moines.  Ayant  fait  excommunier  Guiter, 
comte  de  Rhetel ,  il  se  rendit  à  Rome,  et,  dus 
ce  voyage,  passa  par  la  grande  Chartreuse.  Ayant 
admiré  le  bon  ordre  de  cette  maison,  il  fonna 
le  dessein  d'instituer  lui-même  une  congrégitioo 
du  même  ordre,  sur  ce  modèle.  Telle  fut  l'ori- 
gine de  la  Chartreuse  du  Mont-Diea,  oomniencép 
par  Odon  en  1130,  achevée  en  tl37.  Cet  abbé 
de  Saint-Remi ,  qui  parait  avoir  eu  du  ciédil 
auprès  des  papes  et  des  empereurs  d'Allemagne, 
n'a  laissé  que  deux  lettres,  l'une  publiée  par 
Mabillon,  dans  le  1. 1  de  ses  Analecta,  p.  334, 
l'autre  par  Martène,  Amplissima  Collecth, 
t.  II,  p.  280.  B.  H. 

Uist.  Mt.  de  la  Franee,  t.  XII,  p.  MS.  ^  Dorlasd, 
ChronUon  Carth.,p.  SM. 

ODON  DE  DBVIL,  en  latin  de  Dioçih,  té 
à  Deuil ,  dans  la  vallée  de  Montmorend ,  mort 
en  1162.  Il  était  simple  moine  à  l'abbaye  de 
Saint-Denys,  quand  l'abbé  Suger  le  donna  poar 
secrétaire  à  Louis  le  Jeune  partant  pour  la  Pa- 
lestine. Au  retour,  il  fut  nommé  par  Suger,  abbé 
de  Saint-Corneille  de  Compiègne.  A  la  mort 
de  Suger,  en  1151,  les  moines  de  Saiat-De- 
nys  le  rappellèrent  et  lui  confièrent  le  goovene- 
meot  de  leur  congrégation.  Son  adkninistntkn 
fut  plusieurs  fois  troublée.  11  eut,  en  effet,  de 
vifs  démêlés  avec  l'archevêque  de  Bourges  et 
révoque  de  Beauvais,  qui  lui  disputaient  la  pos- 
session de  quelques  domaines  :  œla  était  con- 
forme k  l'esprit  du  siècle,  où  la  pnndpale  occo- 
palion  d'un  abbé  était  de  susciter  ou  de  soutenir 
des  procès  de  ce  genre.  Odon  mourut  avec  la 
réputation  d'un  abbé  ferme  et  vigilant.  Il  a  laissé 
une  bonne  histoire  de  la  seconde  croisade.  Cette 
relation  a  été  publiée  pour  la  première  fois  par  le 
P.  ChifOet,  en  tète  de  son  ouvrage  intitulé  :  SaneH 
Bemardi  genus  illustre  assertum,      B.  H. 

GalUa  chriUiana,  t  VII,  ooU  177.  -  Histoire  litt.  i» 
la  France f  t.  Xlfl,  p.  Cl».. 

ODON  DB  BOISSONS,  abbé  d'Ourcamp, 
moH  vers  1 170.  Les  bibliographes  qui  loi  donnent 
le  titre  de  cardinal  évéque  de  Tusculum  le  con- 
fondent avec  Odon  de  ChAteauroux,  qui  vécut 
au  treizième  siècle.  Ceux  qui,  avec  M.  Daunoo, 
le  font  évéque  de  Préneste  se  trompent  égale- 
ment :  il  n'y  a  dans  Vltalia  Sacra  dTgbeili 
aucun  évéque  de  Préneste  nommé  Odon.  Le 


497 


ODON  —  ODON  CLÉMENT 


49» 


seul  ooTrage  de  cet  Odon  de  Soissons  qui  nous 
ait  été  coDserré  a  pour  titre  Qtuutiones.  U  en 
existe  un  assez  grand  nombre  de  manuscrits. 
Nous  déftii^eroos  ici  le  nom.  3244  de  Tancien 
fonds  dn  Roi  et  le  numéro  140  de  Troyes.  Les 
Questions  qne  s'adresse  Odon  de  Soissons  sont 
toutes  tbéologiqaes,  et  il  les  traite  en  disciple 
fidèle  de  Pienre  Lombard ,  avec  une  prudence 
déliée.  Ce  recueil  dogmatique  est  un  livre  peu 
connu;  il  est  cependant  préférable  à  beaucoup 
de  compilations  dn  même  genre  composées  au 
treizième  siède. 

Quant  aux  deux  Autres  ouTrages  inscrits  par 
M.  Daunou  au  catalogue  des  œuvres  d'Odon  de 
Soissons»  un Ck)mmentaire  sur  Jérémie»  et  des 
Sentences ,  le  premier  n'existe  pas  et  le  second 
appartient  à  Hugues  de  Saint-Victor.       B.  H. 

Histoire  lUtér.  éê  la  Frguee,  t  XIX. 

ODOH  de  Kentt  en  latin  Cantianus^  théo- 
logien anglais ,  né  dans  le  comté  de  Kent,  mort 
en  mars  1200.  IV  embrassa  la  règle  de  Saint-Be- 
nott.  Son  savoir  et  son  éloquence  le  firent  élever 
au  rang  de  prieur,  puis  à  celui  d*abbé  dans  les 
monastères  de  Saint-Sauveur  et  de  Battle-Abbey. 
U  fat  lié  d*amitié  avec  Thomas  Becket,etson  apo- 
logie a  été  écrite  par  Jean  de  Salisbury.  La  plus 
grande  partie  de  ses  ouvrages  ne  sont  pas  parvenus 
jusqu'à  nous ,  tels  que  des  Commentaires  sur  le 
livre  des  Rois  et  le  Pentateuque,*des  Réflexions 
morales  sur  les  psaumes,  TAncien  Testament  et 
l'Évangile,  des  traités  De  onere  Philistini ,  De 
moriifus  eeclesiastieis  et  De  vitiis  et  virtutibus 
animx,  etc.  Il  ne  reste  de  cet  ahbé  que  deux 
Épftres^  l'une  à  son  frère,  qui  était  novice  è 
l'abbaye  d'Igny  (Soissounais),  insérée  dans  le 
t  I  des  Analectes  de  Mabillon;  l'autre  sur  les 
miracles  de  saint  Thomas  de  Cantorbéry,  adres- 
sée, en  1171,  à  Philippe,  comte  de  Champagne, 
et  qui  se  trouve  dans  le  t.  I  de  la  Collectio 
amptissima  de  Martène  et  Durand. 

Letand;  De  rébus  Britmm.  coUeetanea. 

ODON ,  abbé  de  Morimond ,  mort  le  31  août 
1200,  suivant  son  épitaphe.On  suppose  qu'avant 
d'être  abbé  de  Morimond,  il  l'avait  été  de  Beau- 
pré, antre  abbaye  dsterdenne;  mais  cela  n'est 
pas  suffisamment  prouvé.  Presque  toutes  les 
circonstances  de  sa  vie  sont  obêcnres.  Il  n'est 
pas  non  pins  facile  de  discerner  entre  les  ou« 
Trages  qui  lui  sont  attribués  ceux  qu'il  a  réel- 
lement composés  de  ceux  qu'il  vaut  mieux  res- 
tituer à  d'antres  Odon.  Parmi  ses  écrits  certains 
nous  désignerons  des  Sermons  ^  au  nombre  de 
cinq ,  publiés  par  le  P.  Combefis,  dans  sa  Bl- 
bliothèquef  1 1,  p.  25, 299,797.  Odon  en  a  d'ail- 
leurs éoit  beaucoup  d'autres,  qui  probablement 
se  seront  jamais  imprimés.  Les  exemplaires 
manuscrits  n'en  sont  pas  très-rares.  H  y  en 
a  trois  recueils  à  la  Bibliothèque  impériale, 
sous  les  numéros  3010  du  Roi,  80 des  Corde- 
liers  et  839  de  la  Sorbonne.  On  voit  anssi  dans 
les  numéros  3352  B,  3352  C  du  Roi  et  606  de 
Saiot-Victor  un  traité  De  numerorum  signi^ 


fteatione,  qàt  dans  la  plupart  des  catalogues 
est  inscrit  an  nom  de  notre  abbé.  Oodin  et  les 
auteurs  de  Vffistoire  littéraire  supposent  que 
Guillaume ,  abbé  d'Auberive,  disciple  d'Odon ,  a 
rédigé  cet  ouvrage  sous  les  inspirations  de  son 
maître.  Cela  ne  parait  guère  vraisemblable.  U  y 
a  dans  le  traKé  De  numerorum  signifteatione 
des  mathématiques,  de  la  théologie,  quelque 
philosophie  et  beaucoup  de  puérilités  subtiles  ; 
mais  au  style  concis  de  l'ouvrage,  k  la  brièveté 
des  chapitres,  malgré  l'abondance  des  propositions 
étranges  qu'ils  contiennent,  on  ne  reconnaît  pas 
la  manière  d'un  homme  qui  met  en  oeuvre  les 
opinions  d'autrui.  La  bibliothèque  de  Troyes  pos- 
sède ,  sous  le  numéro  780,  un  exemplaire  do 
même  ouvrage,  «qui  parait  être  le  manuscrit  ori- 
ginal de  l'auteur,  et  on  lit  à  la  première  page  de 
cet  exemplaire  nne  note  de  l'auteur,  traetaior^ 
qui  semble  exclure  toute  idée  d'un  travail  en 
participation.  Odon  nous  a  laissé  d'autres  écrits 
sur  les  mathématiques  qui  jportent  expressément 
son  nom.  Le  numéro  868  de  la  bibliothèque  de 
Troyes  est  un  recueil  venu  de  Clairvaux,  où  se 
trouve  un  opuscule  intitulé  :  Odonis  tracta- 
tus  de  Analeticis  ternarii,  «  Cet  ouvrage,  dit 
M.  Harmand,  dans  son  excellent  Catalogne,  dif- 
fère entièrement  de  celui  qui  est  contenu  sous 
le  numéro  780.  »  Les  auteurs  de  VHisioire  lii- 
térakre  ne  l'ont  pas  connu.  Enfin,  il  faut  ajouter, 
suivant  M.  Harmand,  an  catalogue  des  œuvres 
inédites  d'Odon  on  traité  mystique  sur  les  degrés 
qui  conduisent  an  salut  :  Très  gradus  quitms 
pervenitur  ad  hxreditatem  salutis;  traité 
qui  nous  est  offert,  à  la  suite  des  Sermons  du 
même  docteur,  par  le  numéro  450  de  la  biblio- 
thèque de  Troyes.  B.  H. 

Hlst.  lUiér,  de  la  Franee^  t  XII,  p.  Sto.  —  Heort- 
quez.  MtnolOQium  Ctsterciense,  p.  Ktt.  —  CaUia  ckrtS' 
tkma,  t  IX,  col.  881.  —  Oadto,  De  icript.  eceles,,  l.  Il, 
eol.  ibiS.  -  De  Vlseh.  BibIMh.  CisterciensU,  p.  lis.  — 
Catalogm  des  vumuser.  des  BibIMh.  dtparieta.^  t  II, 
p.  m.  m,  w». 

ODOH  GLtaRHT,  OU  fils  de  Clément,  qne 
l'on  appdle  quelquefois  CouUer^  du  nom  cor- 
rompu de  sa  famille,  archevéqne  de  Rouen,  né 
en  Angleterre,  vers  la  fin  du  douzième  siècle , 
mort  le  5  mai  1247  (1).  Il  était  religieux  béné- 
dictin et  d^jà  célèbro  parmi  ses  confrères  quand, 
à  la  mort  de  Pierre  d'Anteuil,  il  fht  élu  abbé  de 
Samt-Denis  en  France,  le  10  février  1229.  Le 
cardhial  Romain ,  légat  du  salnt-siége ,  le  bénit 
ce  même  jour,  et  le  roi  Louis  l'investit  des 
droits  régaJiens.  Un  des  premiers  sohis  d'Odon 
Clément  fut  de  reconstraire  le  chevet  et  le 
chœur  de  l'église  de  Saint-Denis  :  c'était  une 
entreprise  andacfense.  Persuadés,  en  effet,  que 
leur  église  avait  été  consacrée  par  Dieu  lui- 
même,  les  mobiles  la  laissaient  tomber  en  raines, 

(t)  CHt  MaUMea  Pvli,a«tew  eoatmporalB,  qal  le  bit 
Dâltic  eo  Angleterre,  et  ton  téiD«|giMce  peralt  digne  de 
fol.  De«  auteors  plus  modernes  le  dltent  fils  de  Henri 
Clément,  somommé  Pettt,  stear  de  Un  eu  GlUnalt  et 
d'Afgeotan  en  Normandie,  maréchal  de  Franee. 


ODON  CLÉMEJNT  —  O'DOMIŒLL 


et  se  g»nJaiant  de  la  réparer,  teole  ré|MratMn 
«levant  fttre  suivie  d'une  ooDsécrationi  noafrellft. 
niais.  OdAO  paraît  avoir  été  peor  sea  tewyt^m 
esprit  fort.  Il  élait  dfailleur»  4'Me  gmule  lit> 
tiéralité  pouc  les  Malheureux.  Un  de  aea  décrets 
erdonne  que  ebaque  ÎHir,  dorant  toaie  Tannëe, 
cinq*  cents  paunM»  recevront  me  distribotion  de 
pain  aa\  (vaiSr  de  l^bbaye  de.  Saint-Denis,;  il 
poescffit,  en  onlse,  qiie  cette  distritwlient  ena 
ftite  b  mille  canner  la.  YeiUn  de  Toussaint,  le 
jnnr  anniMmwpe«d«  sa^nnct,  et  le  jour  oannér 
meratif  des.  funéraUles  4n  rabbé  Pierre.  U>  fout 
enreyelser  de  lain  décrets.  Les  auteurs  dn  Ga£- 
iUi.tkviêtkUÊaÙMA  intervenir  If  abbé  Oden  dans 
eu  gfBad<  nembre  de  pmeèa  et  de  oéiémonies 
religiensesi  eui  civilna.  lU.  mentrant  ainsi  quelle 
était  seiL  antocité,  son  influence*  sa.  renommée. 
NoueMnppeilereMr  simplement  icL^n'en  t244  le 
toi  saint  Loois  l»ehoieit poiir parrain. dneen fila. 
NcMoraé  amhsvâqns  de  Bonea  an  mois  de  mars 
l266^Qd«n>a8siBisi  la  même,  année  an  eimeiie  de 
Ikyon.  Un  prélat.qui  jooità  la  cohb  d'une  si  grande 
favnor^etdans  rÉglised'Qn  si  grand  crédit  ^qni 
pat  port. à.  tant  d*afifaire>,  et  se  déclara  poap  nn 
conlôe  lani  de  prétentions  rivales^  eut  sans  dénie 
tm  neari>rv  ass»  oonaidéiaUe  d'ennemisi.  Hal- 
tèneu  Pftria  s*cst  èêH  icne  interpuitr.  ïk  aceuR 
«idon  eiéineat  de  simonifty.  d'ûigneit,  d/amhè- 
timu  B.  H. 

MRtttlea  farts,  HUr.  maj.  irearteiïïf,  ann.  avr.  ^ 
fimUia  cIbrML,  t.  TN,  cel.  3»r,  et  a.  Xi,  eol.  tl»—  aut, 
htttr^  de  la  France,  %,  X  viu^^  SK. 

ODOWM'OHnmnvBOva,  caïadinairrançaie, 
mort  à  CWiU-Tecotaia,  en  t2r73:  Il  fbt  d^aberd 
«hanoioe  de  Puvsy  puis  chanoctter  de  cette  éf^lise 
dès  123S.  Plus  tard,  suivant  UgMliv  ilîprit  llM- 
bii  moaastiqoe  et  fut  abbé  de  GranselfB;  mais 
cela  nous  paraît  tanx  :  noos  avons  de  fbrtes  rai- 
son»' poui  croûsa  qu'Q  était  encore  cbancelier  de 
Paris  qtiané,  en  124d^  i^  fut  nommé  par  Im»- 
cent  IV  cardinal  évêque  de  Tusculam.  Eo  r245 
ii  revient  ta  Fraece  avec  le  titre  de  légal,,  prêche 
nv  née»  du  pape  une  croisaAr^  di  Rembarque 
pour  la  Terre  Sainte  en  même  tanpe  que.  ks  nu 
Ibowe  IX  vers  lai  fin  de  raar  1248.  Gottsame  de 
SangiS)  JeiovHle,.  et  les  autre»  histoviens  db  saint 
Lonia  parlent  tm»,  dans-  les  mêmes,  terme»,  de 
i*anlirar,  dta  courage  d'Odon  etdesen  nobledé- 
smlévesKementL  En  MS^  i^  avait  qoltlié  l'iisie 
Mineuiie  etse  tiinnwaiêeni  Italie.  NooaJki  mvnyeK 
en  France-  vers  1214,  j  rempb'ssanl'  eneem  les 
fanelien» de  légat.  Ses  oovra^s ,  dsni M.  Bsa'> 
■OUI  a  fait  an  racensement  evact,  sont  :  Bp^ 
Ma  aà  Imt^tmêimm  paptim^  lettre  écvîte-  en 
1349  el  pnbiiée  par  d*Acbery,  ;liptetlesimir» 
t.  vm,.  p«  212;  —  DMImclioner  svpar  PiaUe- 
rtmm^  ouvra^méditv  dont  il  e«Meà»flemb»enx 
manuscrits,  parmi  lesquels  il  suflira  de  désigner 
les  aura.  i«327,  1388  de  kk  Soihamn,  el  8&7  de 
Sainft.Yiietor;  —  Sermones ,  recneA  également 
ihédU^  Dum.  789  de  la  Sorbonne;  —  Lectio 
mnn  n4^niê  éet  €Mlre  Âadtiiji,  pMtmodum 


500 

iV'itcopt  jMJCTiidEiii,  qtÊtmd9  kmtepiâ  en  Théo- 
%ia,.dans  In  même  vohnne.  B.  H. 

«M.  mt.  dé  tu  rrmÊBt,  L.  XtX.  — Onrckêt  Fvachet» 
CftrofK9tM,daiu  les  mUmrUM  *  fïWMr,  t.  XSl»  p.  i. 
-  XolaviUé,iiriftoir«  da  uànt  LauU,  paitln. 

ODOifAia  (Bfue  GoDni  des ),  née  GBAaonAt- 
son,  était  îssue  d'une  fomille  française  établie  ï 
Rio-Bamba.  EITe  s'est  rendue  célèbre  enliravant  les 
pibs  grands  dangers  poor  rejoTodre  son  mari.  Elle 
avait  épousé  Gediny  qui  aocompagiia,  en  1742, 
If.  de  La  Condamine  à  Quito.  Après  un  voyance 
des  plus  périlleux,  elle  rejoignit  son  mari  apiÀ 
vingtans  de  séparation.  Les  deux  époux  retour- 
nèrent à  Cayenne  »  et  s^embarqpërent  pour  la 
France,  oOl  ils  abordèrent  le  2ft  mai  1773;  ib 
passèrent  le  resfe  de.  leuc  vie  à  Sainl-Amanl, 
dans  le  Berry..  A.  H— t. 

Lettre  sur  raverUure  de  Mme  Cadln  dmu  mn  vogeç* 
de  la  province  de  ÇwM»  d  Ca^ewm-piarie  fltwpe  de» 
Jmtttwmê  {177»,  i»^*). 

9fmaamL%.  UmefMÊÊn9b)rtmÊitt  étVA* 
hiBbat,  général  espa^,  né^ai»  rAndaleasie, 
en  1769;  raertà  Mo■^pellie^i0  tenaai  t834.  D'eri* 
gioeirlamMae  el  soldai  b  quinze  ans,  iiaervildaas 
b9Berrede't79»ooatre  bi  France  et  pios  tard 
dans  celte  de  nadépendènee,  ob  un  sacaès  qu'A 
remporta  c»  19MI  snr  le-  génétaft  9cbwarts,  pi^ 
dovtMagedeKAMsba»,  loinérilalbgvadedeiBa- 
récbal'  de  camp*  et  le  titre  de  comte  de  l'Abisbal. 
Bfenbredu  conseil  de  régence  (ISl^capitalDe 
général,  de  TAndakHieie  (f814),  gowemearde 
CadKi  (18(9),  it  d#»uff  en  1820  In  conapôatioa 
aMiilaire  de  lUe  de  Léon,  eonspnratien  dont  oa 
Faecusa  dF»voir  été  d*abord  complice,  et  s'imit 
pen  après  an  général  Riego.  Tourb  tour  royaliste 
eteMBtilntiQBnel,.H  indisposa  ses  troupe»  eaolre 
lui  par  88»  leigrversations  et  par  quelques-uns 
de  ses  actes»  et  se  rendit  également  anspect  soi 
deux  partis.  Gontraint  de  donner  sa  ddmissieff , 
il  fot  asseï  hevreux  ponr  pouvoir  se  réAigier  a 
France,  se  fixa  àLimogesy  et  menrat  à  peu  près 
oublié  en  retouiuant  en  Kspai^.         H.  F. 

met  iMi9.  il  port  Af  CtofrtMqr. 

;  a^uoHnwLL  Ç  LêopoM)^  eomi»  d^  BueoM, 
<Nc  de  THwmn ,  homme  d'État  espagaol',  né 
en  1809w  Déjà  colonel  â  le  mort  de  Feidl- 
nanéTfP(oet»lhP0  1892^,  il  sa  décibra  partisn 
de  Ib  nouvf^  Ibr  de*  successioD  au'CrAie  ef  de  h 
régence  de  Mar*e<€llristlne,  et  combaUft  avec 
dbtinctioB  dans  tes  rangs  de*  Parraée  CQa8titl^ 
tlonaeite;  Le  17  juiVet  1839;  iflbr^  eabrerade 
lever  le  fSê^  dl»  Eucena,  eC  cetexpioîlf  Ibi  valut 
en  aoflt  le  gra^  de  Ifeuttenanf  gâidraf.  Ion- 
qae  Espartbre,  dont'  il  s*eflbrç8it  db  oontrebn- 
hneep  Tînfltoeiice,  eol  été*  nommé  réjgent  dh 
royaume,  (KDonndf,  ffdèlfl  h  Ib  rehie  mère, 
même  Ibrsquesa  canse  penissaît  die  phs  en  phis 
compromise  en  Espagne,  résigna  son  eommao* 
dément*,  et,  après  avoir  protégé  sa  retrailè  jos- 
qn'b  larpontSëre*  de  Flvoce,  quitta  hri-mêtne  l'&r 
pagne,  et  vinf  ftxer  q«ieb|oe  temps  se  résideod 
îr  Orléans ,  «ans  cesser  ponr  cehi  de  fomenter 
l'agitatien  eonttne  Espartero.  En  octobre  1841, 


501 


0'fiO^^^'£LL 


SOI 


une  iosuirection  éclata  en  Navacre  i  O'DooiieU. 
courut  alor»  se  mettre  à  la  tête  des  révolté&,. 
s'empaia  de  la  citadelle  de  Pampelone  ;  maiaf 
bien  que  quelques  autres  placea  sefiueest,  àsaa 
ap(iel,  déclaiées  pour  la  reine  Marie-ChdftUae,. 
iJ  dut  reprendra  de  nouveau  la  chemin  de  l'exil,, 
où,  sans  se  découragjsri,  il  continua  toutea  sea 
démarcbe»  contre  le  régent^  qjui  tombai  enfitt 
(juillet  1843).  Sommé  à  cette  époqpie  capitaine 
général  à  la  HaTane»  il  acquiidans  cette  lie  uoo 
foctune  conaidéraUa,etàb  sod  retonren  Eapagn» 
fat  appelé  au  sénat  (iS  août  IM  j)»  où  ilae  raUfai 
à  L'oppoaitioB  contre  le  ministèia  Bnvo-Mia- 
riUo.  iSanraez  ^  devenu  présideM  d«à  coaeei^  kà 
confia,  le  posta  de  difeetenc  giéoéfal  de  rinJfM 
taie,  qu'ilcoMerfe  lâisqu'ea  iSâl»  possaaà  ano- 
cesâToment  du  parti  de  Marie-Christine  au  pactii 
lids  modéflés,  et  se  moaCnnâ  à  la  feia  l!adMiv* 
riaire  de  la  «ov  et  des  di^seia  miaiatères*.  ait. 


commencement  de  tô54„  il  Ait  impliqué  daaa 
une  conspiration^  et  ua  décitt  d'arrestaitton  fa/k 
même  raulii  eantre  Ini  ;.meiB  il  est:  le  bostiew 
^y  échapper,.  en<  ae  tenaat  caché  pendant  cpiel- 
qpea  moia,  soit  IkMadrid  méDM,  soit  dane  lesi 
ennioiia^  à  Caaa^iiis.EBfiBi»  a»  miliea  des  so»^ 
Inementa  que  suscita  l'eaunni  forcer,  il  se  mit^ 
1«  sa  juin  d». cette  aaaée,  à  Itttètode  dosa 
ré^menta  insorsés  cpie  hii  amena  la  général  Bf^r- 
niagii- IhiJce^  Son  biii  éteiè  d'attirée  la  garnisom 
de  Hadrid  hoiB-de  cette,  ville ,»  poor  q|i'un.sour-* 
lêvement  populaire  pût  ^^éclaleo  pendant  aon.ab^ 
acnee.  Cebut  ne  fïit  pas  atteint.  Un  décntt  du> 
29  juio  le  déclara  déeba  de  ses  emfiois^titoes. 
et  décomtioos..  O'Domwll  aontial  le  lendamai». 
contre  les  troiipe»  lo^jales-  «Oiconahat  à.ViaaIh 
varo  ^  maia  il  fotiohligé  dfogérer  sa  aetnaite  iwa» 
rEstramadeee  ei  le.  PortugaL  La  7  JMillolL  il 
adresaa  aux  Madrilèoea  une  prodamatioo  qpii 
traçait  un  programme  poUtique  au*  mouvement 
révolatiounaire,  et  réclamait  le  rétabli&semeafc 
de  la  coBstitutioB  de  1837,  le  hennissement  pef* 
pétnei  de  la  reine  mère,  ra.iéduclioa  dea  impâto;, 
la  décentraliaalieo,.  etc.  La  plupart  daa  aapitaiaes 
généraux  se  miaeat  avee  leurs  tEoapesi^  saidia^ 
positioo  ;,  de^ésneutes  éciatèreni  deitoaks.parl^^ 
et  le  17  juillet  le  parti  progressiste  se  readit 
mattre  de  Madrid.  Dana- cev  eircoBStraices.  te 
nsoft  donner  l&^  présidence  tlu  coonciUaa  daade 
Bàraos  éi  deo»  jeuvs  a^a  apptiaj  lapanlanK  ài 
Madrid  poav  fermer  ma  aeaveBMBHmaefereL  £a4Mr 
roomant,,  les  nema  d'Bspartam-  a£  drtfOoMma 
étaîeet  unie  daaa  teulea  tespMdammlioBft  et  tai 
jenledh  Madrid  ;.aearii  oadécaet.Ai<  1er  aaèti 
noaraaa  0'I>omMU  an  mioiatèitt  de  hi  gnne,.  efl 
lecréa«atfitaMe«énéraldes»armée8.  Peudejeuas 
après,  H  leçjit  leitraide-  otnite  dit  loioena^  qni 
aiipelaili  t'a»  d«  sea  brillante  finla.  d'araies..  E»- 
partafiO'et  O'DumeH  s'eatsndlrcntd^afaord'pooB^ 
Mtwfairela  révolaH^s el la  OMtenir;  mais  Men»' 
tdt  les  exigences  du  parti  progressiste,  an  milieu 
<l^aMeniali«a&  de  eaBcesanns  et  dv  rétiistance, 
anieuèienf  entre  cea  dhvx  boramea  d*É12iit'  une 


lotte  lateaifte.  Lai  lecture  du  pf^mbofe  d*i 
déaiet  relatif  k  des  meâoiea  répvesslvea  contre- 
la  psesae  predoiait  dbo  vMenfei  ariasioii  an  sein) 
do.  ooBseil.  Daaa  le  teoule  de-  ce  piémnbeie^ 
rédigé  par  Mb  Palricio  de  la  Escosura,  arieiatre 
de  riitérieur,oe  attrifaHait.  les^  événeraenia  de 
Valladolid,  Paèmoia  el  Rfoeeco',  et  Mules  ks 
teniaCivea  secNiliBlha:  qat'  avaient  agité  nspegne 
à  l'iefleanee- uuÉtittairte  dai  deqsé  etds  partf 
réMtluiiMiie.  Of  Denaell,  qo»  ppÉcédennenit, 
daee  ka  eorito  cni  s'hppeyant  ser  dm  tBit» 
irrésnanUèe,  anil  êéAté  tfm-  ramrcbie  qeir 
aoril  tfamaHédivciSKs  prorincs»,élaiireBifira! 
OMiMBiw  die  seeiattamcr,.  proteste  contre  eea 
appméaatieea.  de  failrdana  uni  <»ii— wat  oi^ 
fieiet,.  appréeiaiiina  entièesMeat^  oaairairea  t 
celles  qpi'il  avait  exposées  à  la  Ihce  dl!tl*Bspagner 
et  de  l'EurofM.  Oetle  protesleliuii  amena  usa 
discnssion'  peraonneito  enipe*  lee  deax  Hnia- 
tiea,  et  O^Dooaelè  fmil  pmr  dédavn  quTife  n'ap^ 
paenait  jemaia  s»  signituie.  ser  on  docs-. 
ment  peUie  aupaès  de  «Ile  de  M.  BaonauBau 
Teoleaks  iitelaMiea  qee  V<m  fit  pour  larappro» 
GÉMr  fuieet  inetifes,  et  à  le seièe  d'bBaerise-de. 
pUiaieues.joiMw  et  es  IfbMrtnoMal  de  plosieom; 
oambinaisens.  le  iwe  aecept»  lai  démiasîeit  d« 
toua  las.  miaislresr,  ai  rewoeplioa  de*  aalle  d» 
(VDeBBett,  qaâ  (14  jeillet  t86e)  Mr  nomaaé  puer 
sident.  dn  ona^etl*  et  chargé  de  lecoaslitner  Iti 
cablnaL  Ge  mêaae  jonr  une  iaaornRtio»  neo^* 
vette»  éclata  à  Madrid ,  el  one  fraction  dRw  cori* 
tèa  se  fendit  extmordinaiiieBMne  pour  éamUm 
oaolre  le  nouveau,  pré^adenli  on  vote  dadéfianceL 
CUas-cii,.  sans  être  altattu>de  catbe  velléHé  dnop- 
position^  paifcen  qoeiques  jonra  de  promptes- me* 
aevea  pour  étoufcv  de»  névolles  Airmidiibley  qui 
ataienè  égatemeal  éehrté  à.  BanseioBev  è  So^ 
vagoseav  ^  dane.  qoelqueai.  aetiss  villea,  et  dv 
l&aa  20  joiUet  tout  ébaie  comprimé.  Moitié  li- 
béral, moitié  réaatiennaiffiv  1^  naaietèva  formé 
par  Ch'DonaeUi  ne  pomuit. avoir  ane  bien  kmfpie 
exietenoe;  aiism  dès  le  l2'eclbbM!SBivant  le 
comte  de  LuBenaéuteédeit  la  place:  ae  BMeéchel 
Qlarvaea»,et  sa  naetenter  de  son.  siège  a»  séeat^ 
où.  il  adopta  coolKe  son  sival  une  feaetiqpie  attea»» 
taofi  que  son.  habileté  égale  soiii  énergie.  Le 
2a  jpiaia68|,le  mioifitèee,  complètement  ear  dé- 
saccord aar  la  cpiestioe.  de  la  dissoletloa  doi 
carlèa,  oOritu  aprèa  bien,  dea  ehangemeetsi^ae 
démission  «  et  ce  mémo  jour.  O'fioaaeH».  ariM 
denDuveauiau  pouaoic,  avec  le  tibiode  poésie 
dent  do.  conseil ,  ministre  de  la  geerre  et  ém 
ootoaies*.  L'éaénCTwnti  le  .plus»  impaet  mt  de  son 
ministère  est  la  goene  faite  par  TEspaipe  an 
Maroc.  Nommé  généaal  evcheC  de  l'année  expé^ 
ditionnaire,  O'OoonelL  opéra  daeecer  pa|is  me 
haucanae  descente,^  etiaoiai  bataiikB  livréca  aam 
forces  marocains  (9  el  là»  décembie  tSOè^ 
t^jaorier  186Q),  ains»  qoe  la  prise  dt  lléteua 
(6  février)  détermiaèreat  remperaur  àtsie^pe 
UL  traité  qui*  donnait  tonte  satbfactÎBn  k  ITKft» 
pagne.  Ce  rapide  succès  a  vafai  ai»  capitoiee^* 


503 


O'DONNELL  —  OECOLAMPADE 


&04 


néral  O'Donnell'  la  grandesse  d'Espagne  de  pire-  ; 
inière  classe  sous  le  titre  de  duc  de  Tétuan 
(7  février  1860).  Depuis  le  mois  d'octobre  1856, 
à  est  décoré  du  grand  cordon  de  la  Légion 
d*Honneur.  H.  Fisqcet. 

vapereaa,  DteU  dei  Conteinp.  —  Zellcr.  ixt  France 
kùtor.  —  UonUeur,  anoées  ISM  et  1860. 

odorâhiib,  moine  de  Saint-Pierre-Ie-Yif  à 
Sens,  né  en  985,  mort  quelque  temps  après  1045. 
Aujourd'hui  peu  connu ,  il  a  joui  de  son  vivant 
'd'une  grande  célébrité.  Il  cultiva  les  lettres  avec 
succès  et  excella  même  dans  les  arts  mécaniques. 
Il  résidait  encore  dans  l'abbaye  de  Saint-Pierre 
quand  il  signala  son  habileté  par  deux  ouvrages 
dont  il  nous  parle  lui-même,  un  crucifix,  travail 
remarquable  d'orfèvrerie ,  et  un  puits  dont  la 
structure  était,  il  parait,  originale  et  singulière. 
Fqt-il  alors  persécuté  par  des  confrères  envieux, 
comme  il  l'assure?  Ou  bien,  comme  on  peut  le 
supposer,  osa4-il  s'exprimer  sur  les  dogmes  con- 
sacrés en  des  termes  d'une  nouveauté  choquante? 
On  l'ignore.  Obligé  de  fuir  l'abbaye  de  Saint- 
Pierre  sur  l'inculpation  d'anthropomorphisme, 
il  se  rendit  à  Saint-Denis,  près  de  Paris.  C'est 
de  là  qu'il  fut  appelé  par  le  roi  Robert  et  la  reine 
Constance ,  qui  le  firent  venir  à  Dreux,  et-  le 
chargèrent  d'exécuter  plusieurs  châsses  d'un 
grand  prix.  Nous  ne  pouvons  apprécier  ni  l'expé- 
rience ni  le  mérite  de  l'orfèvre  ou  de  l'architecte. 
Nous  connaissons  du  moins  quelques-uns  de 
ses  écrits.  Le  principal  est  une  Chronique  qui 
commence  à  Tannée  675  et  finit  à  Tannée  1032. 
On  la  trouve  dans  la  grande  collection  des  His* 
toriens  de  France  ^  t.  YIII  et  t  X.  Elle  avait 
été  déjà  publiée  par  Du  Chesne.  Odoranne  est 
encore  auteur  d'une  relation  de  la  Translation 
de  saint  Savinien ,  insérée  par  Mabillon  dans 
ses  Acta,  t  VIII,  p.  254,  et  d'une  Histoire  ma- 
nuscrite de  l'abbaye  de  Saint-Pierre.      B.  H. 

HUt,  mUr.  ie  la  Frantê ,  t  v,  p.  SM. 
ODRT  i  Charles- Jacques  )  f  acteur  français , 
né  à  Versailles,  le  17  mai  1781,  mort  à  Courbe- 
voie,  près  Paris,  le  28  avril  1853,  était  fils  d'un 
cordonnier.  Il  suivit  d'abord  l'état  de  son  père; 
nais  sa  vocation  l'emporta  :  il  débuta  le  25  jan- 
vier 1803,  aux  Délassements-Comiques,  dans 
le  rôle  principal  de  M.  Rigoleti,  ou  je  vais  en 
Russie,  En  1805  il  entra  au  théâtre  de  la 
Porte-Saint-Martin.  Là ,  placé  dans  ane  excel- 
lente troupe  de  comédie,  Odry  fut  à  peo  près 
effacé ,  jouant  tous  les  emplois ,  Fans  se  faire 
remarquer  dans  aucun.  Lors  de  la  suppres- 
sion de  ce  théâtre,  en  1807,  Odry  obtint  un 
petit  engagement  à  celui  des  Variétés, pour 
jouer  la  grande  utilité.  Pendant  plusieurs  an- 
nées, il  ne  remplit  que  des  rOles  subalternes, 
attirant  plus  l'attention  des  acteurs  que  celle  du 
public  par  le  soin  qu'il  apportait  dans  leur  exé- 
cution. Un  hasard  heureux  le  tira  enfin  de  son 
ol>scurité.  Le  rôle  du  fermier  Morin,  dans 
Quime  Ans  ^ absence  ^  ayant  été  refusé  par 
Thiercelin,  les  auteurs,  suivant  le  conseil  de 


Brunet,  en  chargèrent  Odry.  Ce  rôle  de  paysan 
balourd ,  que  sa  femme  ne  laissait  jamais  parler» 
ne  comptait  pas  dix  lignes.  L'acteur  le  joua 
(13  avril  1811),  et  si  bien,  que  sa  tournure,  sa 
naïveté    grotesque,    l'originalité  de    son    jea 
muet,  ne  contribuèrent  pas  médiocrement  au 
succès  qu'obtint  ce  vaudeville*  Peu  de  temps 
après  il  eut  à  créer  Le  Valet  ventriloque  ;  et 
dès  ce  moment,  sorti  de  la  foule,  les  bons  rôles 
et  les  succès  ne  lui  firent   pas  faute.  Dorant 
vingt  ans  et  plus,  il  partagea  la  faveur   pu- 
blique avec  les  excellents  acteurs  qui,  jusqu'en 
1830,  composèrent  la  troupe  des  Variétés.  La 
génération  actuelle  n'a  pas  vu  les  création}»,  si 
nombreuses,  faites  par  Odry;  mais  elle  n'est  pas 
sans  avoir  entendu  parler  de  la  Mère  Giboo ,  de 
Picpus,  de  Cagnard,  et   surtout  du  fameux 
Bilboquet  des  Saltimbanques.  En  1830  les  Va- 
riétés entrent  utile  à  leurs  intérêts  de  chan- 
ger leur   genre  grivois   et   populaire,    pour 
exploiter  un  nouveau  répertoire,  pâle  reQet  de 
celui  de  Marivaux.  Odry,  qui  n'était  rien  mofms 
qu'un  comédien  de  boudoir,  fut  alors  mis  à  la 
retraite;  et  ce  n'est  qu'aprè^  s'être  successive- 
ment montré  sur  quelques  scènes  parisiennes, 
entre  autres  de  la  Gatté  et  des  Folies-Dramati- 
ques, que  cet  acteur  fut  rappelé  à  son  ancien 
théâtre,  qui  n'eut  qu'à  se  féliciter  de  son  retour. 
Enfin,  survint  le  succès  immense  des  SoUiM' 
banques,  pièce  qui  ramena  ta  foule  à  ce  théâtre 
délaissé,  et  dans  laquelle  Odry  retrouva  toute  la 
verdeur  de  son  talent.  Ce  rôle  fut  son  dernier 
mot  ;  car  depuis  longtemps  ce  comédien  n'aspirait 
qu'à  sa  retraite,  qu'il  prit  un  an  plus  tard,  en 
1839.  Il  vécut  encore  quelques  années,  jooissant 
avec  sobriété  du  bien-être  que  ses  économies  lot 
avaient  assuré.  On  a  publié  plusieurs  facéties, 
dont  il  n'a  été  que  le  prête-nom.  Ttois  Messe- 
niennes,  enrichies  de  notes ,  etc.,  1824,  ind* 
(par  Montigny);  —  la  Complainte  de  Clara 
Wendal,  1826,  in-8*'  (par  du  Mersan);  —  Us 
Cornichons;  1830,  in-8''  (par  A.  d'Artois);  — 
Les  Gendarmes,  poème  en  deux  chants;  1820, 
in-12.  Cette  dernière  pièce  est  la  seule  qni  soit 
véritablement  d'Odry.  Ed.  de  M. 

Almanaeh  de  Spectaelet,  —  Qnénrd,  La  ftanea  Ut- 
tir,  '-  BenieignÊments  partieuliert, 

ŒCOLAMPÂDB  {Jean)  (1), célèbre  réforma- 
teur allemand ,  né  en  1482,  à  Weinsberg,  petite 
ville  du  Wurtemberg,  d'une  famille  originaire  de 
Bâie,  mortà  Bâle,le24  novembre  1531.  On  ledes- 
tinait  au  commerce;  mais  sa  mère,  femme  pleine 
de  piété,  désira  qu'il  se  livrât  aux  études,  dans  le 
but  deseconsacrer  plus  tard  au  service  de  TÉglise. 
En  conséquence,  il  fut  envoyé  au  collège  d'HeiJ- 
bronn,  où  il  se  distingua  autant  par  sa  conduite 
que  par  ses  progrès.  Il  se  rendit  ensuite  à  Hei- 
delberg.  Après  avoir  pris,  en  1496,  le  grade  de 
maître  es  arts,  il  alla  à  Bologne  dans  llntoation 

(1)  <«on  véritable  non  était  Hawtehetn,  not  allcaaaS 
qui  aliinUle  Ittmtère  domestique,  et  dont  CBootanpadA 
est  une  Mlle  de  traduction  en  langue  grecque. 


\ 


505 


OECOLAMPADE 


506 


d*y  étudier  le  droit.  Six  mois  après  ses  idées 
avaient  changé,  et  il  quittait  Bologne  pour  Stutt- 
gard,  pour  se  livrer  tout  entier  à  Tétude  du- 
grec,  de  l*hébreu  et  delà  théologie.  En  sortant 
de  l'université,  Œcolampade  fut  recommandé  à 
rélecteur  palatin  Philippe,  qui  lui  confia  l'éduca- 
tion de  ses  enfanU.  En  1514,  il  fut  placé  à  la 
tête  de  la  paroisse  de  sa  ville  natale.  L'année 
suivante,  l'évèque  de  BAle,  instruit  de  son  mé- 
rite par  Capiton,  rappela  dans  cette  villecomme 
prédicateur.  Ces  fonctions  ne  suffisant  pas  pour 
lui  donner  de  quoi  vivre,  U  entra  comme  cor- 
recteur d'épreuves  dans  ^imprimerie  de  Cra- 
tander.  En  1518  il  fut  nommé  prédicateur  de  la 
cathédrale  à  Augsbourg,  où  il  resta  jusqu'en 
avril  1520.  Cest  pendant  oe  temps-là  qu*il  com- 
mença à  être  travaillé  par  des  doutes  sur  la  va- 
leur de  l'Église  catholique.  Ne  voulant  pas  céder 
cependant   sans  une  vive  résistance,  ou  du 
moins  sans  un  examen  plus  approfondi,  aux 
principes  de  la  réforme,  qui  avaient  déjà  exercé 
quelque  influence  sur  son  esprit,  il  prit  le  parti 
de  se  retirer  dans  un  couvent,  pour  pouvoir, 
dans  le  silence  de  la  retraite,  débattre  et  étudier 
lesquestions  agitées.  En  conséquence,  le  23  avril 
1520,  il  entra  dans  le  monastère  d'Altenmuns- 
ter,de  Tordre  de  Sainte-Brigitte,  situé  à  deux 
mUles  d'Augsbourg .  Ses   amis,  Pirckheimer, 
Érasme  et  Capiton,  désapprouvèrent  hautement 
cette  démarclie.  Il  ne  se  rendit  pas  à  leurs  ob- 
servations; il  se  réserva  cependant  le  droit  de 
sortir  dn  couvent  quand  il  le  jugerait  convenable. 
Cest  dans  cette  retraite  qu'il  commença  à 
connaître  les  écrits  de  Luther.  Us  produisirent 
sur  son  esprit  un  effet  extraordinaire.  Dès  ce 
moment  tous  ses  doutes  furent  dissipés;  il  prit 
parti  pour  la  réforme.  La  hardiesse  avec  laquelle 
il  s'éleva  bientât  contre  les  abus  de  l'Église  ca- 
tliolique  et  un   traité  qu'il   publia  contre  la 
confession  auriculaire  lui  attirèrent  de  vifs  re- 
proches et  même  de  mauvais  traitements  de  la 
part  des  moines  et  des  supérieurs  d'AItenmunster. 
Il  se  réfugia  à  Mayence.  La  haine  et  les  persé- 
cutions l'y  suivirent,  et  le  forcèrent  à  chercher 
un  asile  d'abord  à  Nuremberg  et  ensuite  (avril 
1522)  auprès  de  François  de  Sickingen,  dans  son 
château  d'Etiembourg,  sur  les  bords  du  Rhin,  où 
se   trouvaient  en  ce  moment  Bucer,  Agricola 
d'Augsbourg^  Schwebel  et  Ulrich  de  Hutten. 
Sickiogen  ayant  été,  au  commencement  de  1523, 
engagé  dans  une  guerre  qui  devait  lui  être  fatale , 
contre  l'élecleur  de  Trêves,  Œcolampade  se 
retira  à  Francfort-sur-le*Mein,  où  il  prit  un  em- 
ploi chez  le  libraire  Guill.  Nesenus.  11  alla  bien- 
tôt se  fixer  à  Bàle.  Arrivé  dans  cette  ville  à  la 
fin  de  1523,  il  fut  chargé  par  le  sénat  des  fonc- 
tions de  professeur  en  théologie  et  de  prédicateur 
extraordinaire.  Dès  ce  moment  il  se  consacra 
tout  entier  à  la  propagation  et  an  triomphe  de 
la  réformation  à  Bàle.  Le  clergé  chercha  en  vain 
à  éloigner  un  si  dangereux  adversaire  ;  le  nombre 
de  ceux  qui  adhéraient  aux  principes  nouveaux 


augmentait  chaque  Jour.  Enfin,  après  de  longs 
tiraillements,  le  conseil  de  la  ville,  mis  en  de- 
meure de  se  prononcer  sur  la  question  religieuse, 
abrogea  la  messe,  en  1525.  Ce  ne  fut  cependant 
qu'en  1528  que  la  réforme  fut  consommée  dans 
le  pays  de  Bàle.  Pendant  ce  temps ,  GEcolam- 
pade  soutint  diverses  conférences,  avec  les  ana- 
baptistes à  Bàle,  le  lundi  de  bi  Pentecôte  en  1 525  ; 
avec  Jean  Eck  et  d'autres  chefs  du  parti  catho- 
lique, à  Baden,  en  mai  1526;  avec  d'autres  théo-. 
logiens  catholiques,  à  Berne,  en  1528.  U  prit  part 
l'année  suivante  au  colloque  de  Marbourg,  réuni 
par  le  landgrave  Philippe  de  Hesse,  pour  rap- 
procher les  protestants  et  les  réformés.  Œco- 
lampade avait  pris  parti  pour  ceux-ci;  il  était 
un  de  leurs  principaux  tliéologiens  dans  les  pays 
parlant  allemand.  Quatre  ans  auparavant,  il 
avait  publié  sur  l'article  de  la  Sainte-Cène,  doc- 
trine qui  divisait  les  réfonnateurs  en  deux  camps, 
un  des  ouvrages  les  plus  considérables  de  cette 
époque;  il  y  combattait  le  système  de  la  pré- 
sence réelle  dans  l'Eucharistie,  entendue  soit 
dans  le  sens  catholique,  soit  dans  le  sens  luthé- 
rien, pour  soutenir  le  système  qu'il  n'y  a  dans 
le  sacrement  de  la  sainte  Cène  qu'une  présence 
spirituelle  de  Jésus-Christ  C^est  à  cette  époque 
(1529)  qu'il  se  maria,  ce  qui  donna  lieu  au  bon 
mot  d'Erasme  si  souvent  répété  :  «  On  appelle 
Taffaire  de  Luther  une  tragédie;  moi  je  dis  que 
c'est  une  comédie,  car  tout  finit  par  un  mariage.  » 

En  mai  1531,  le  magistrat  d'Ulm  s'adressa  à 
Œcolampade  pour  fonder  le  nouveau  culte  dans 
cette  ville;  ce  quMI  fit  de  concert  avec  Bucer  de 
Strasbourg  et  Blaarer  de  Constance.  De  retour 
à  Bàle,  il  s'occupa  de  la  restauration  de  l'uni- 
versité, qui  avait  été  désorganisée  en  partie  par 
la  retraite  d'un  certain  nombre  de  professeurs 
restés  cathioliques.  Cet  établissement  scientifique 
ne  perdit  rien  par  la  réforme,  Comme  le  fit  re- 
marquer OScoIampade  lui-même;  on  y^  appela 
comme  professeurs  des  hommes  du  plus  haut 
mérite  dans  des  sphères  différentes. 

Apràs  la  bataille  de  Cappel  (4  octobre  1531  ) , 
Zurich  conçut  le  projet  d*appeler  Œcolampade 
dans  son  sein,  pour  remplacer  Zwingle.  Léon 
Judas  fut  chargé  de  lui  apporter  les  vœux  de  la 
ville.  Le  réformateur  bàlois  les  repoussa,  préfé- 
rant consacrer  le  reste  de  ses  jours  au  service 
de  l^ise  où  il  avait  établi  la  réforme.  Mais  il 
ne  survécut  que  de  quelques  semaines  à  son  ami 
Zwingle,  dont  la  mort  l'avait  profondément 
affligé.  Son  corps  fut  déposé  dans  la  cathédrale 
de  Bàle,  et  une  médaille  fut  frappée  pour  ho- 
norer sa  mémoire. 

Œcolampade  joua  dans  la  Suisse  un  rôle  assez 
anatogue  à  celui  de  Mélanchthon  dans  l'Alle- 
magne. Comme  celui-ci,  il  était  doué  d'un  ca- 
ractère  plein  de  douceur  et  de  modération.  «  Les 
hommes ,  écrivait-il  à  Farel ,  dont  il  voulait 
modérer  la  véhémence ,  veulent  être  dirigés  avec 
douceur  et  non  poussés  avec  rudesse;  notre  vo- 
cation nous  imposé  le  devoir  de  les  conduire  à 


M7 

DotK  SeigMur  Jétas-dnUt  avec  iootei 
de.niônsgemedto.  Mom  nomiar  prédieateors  de 
VÉMBàffUe  povc  béair  «t  Bon  po«r  maudire.  • 
ToHle  fiOD  ;tee  raapim  dais  cet  eonseili  f»leini 
de  sa^BBM.  iâb  mêrae  leafMrit  iloniiie  daw  «a 
tliéoJeeie,  d«rt  la  taniaMe  €Bt  feitement  Bfàtîr^ 
tuallste;  «mis  ce  rapport  M  iBérite  d^fllre  piaaf 
&«oté  die  joa  anri  Zmn^,  ae^  avis  ^doqàel  H 
attadiait  ime  igraade  iBAportaBoe  dt  dodt*le  np» 
pooehait  égirteBKaft  mn  cacaelèreiet  aa  manière 
de  canpreiidise  laretigian.  CemaR  •toas  l«i«»- 
tma  réferaMleiJfB, il  était  ^neraé  dana  4a  comuM- 
saaee  dea  anteare  de  Pantiqnlté  ekuaMiM  aiissi 
bî<>!a«queitoM  B0iIede&Pèrefi>del'Égliae;  il^taiC 
■hfiBe  phis  humaniate  i^e  M  pli^art  d^entae 
eui  ;  ^'eat  Ià  4)e  «^i  lui  ravait  «ta  l'amilié  «a*É- 
rasine,  amitié  que  JeS'diOévenGeiS'dîopiiiioaa'v'é» 
feigairent  jaaoaîa  catièaeaDenL 

Ona  d'ŒBoJampadedeirès-lxms  OowtmenUA- 
rjBt,  éorits  «Diatin,  mw  iwaïe;  Bâte;  .ti25,  ia^*; 
2*  édit,  1567  ;  — WT  Jéfémm  eties  LamemUi- 
Uons  ;  Strasbeurg,  1 53a,iB'4°  ^-^Mur  Sséchiel; 
ilNd.,l&34,  ifl-liiL,  etfiâle,  I&43;  — Jur,M, 
BÂle,  lôS^l,  in-fel.  ;  aÎK autres  éditioBfi  et-ooe  In- 
duct  franc. ,  Geoève,  1662,  ia-4*  ;  ^  êur  Ikh 
niel ,  Bâle,  1530,  iii'4'*;  t**  édit.  1543,  ia'4<';  -^ 
sur  lespeéits  pnphèteSf  publiés  d'abord  chacaa 
à  part,  à  Oâle,  à  partir  de  152â,  et  puis  réiniiB 
aux  grandtf  prophètes,  GénèTe.,  1558,  2  vol. 
ia-fol.  ;aalre  édit.,  1578;— ncr  toiftf  Jfatf/Aiea, 
Bâle,  1536,  m-BT^— mr saint  J'ean;  Bâle,  1532, 
iB-8*4 — .fttr  Véfitreftux  Romains ,  Bâle,  1 526, 
iD-8^  ;—tur  Véplirt  aux  JT^AroBc^lStrasbontg, 
1534,  in-S**;  2«  édit.,  BMe,  1596,  in-S*.  l>e  ses 
aotres  écrits ,  lesfk»  coddbs  sont  -.  Varîi  TraïC' 
taims;  Augsbonrg,  1520,  1ih4*;  —  Bpistola  ad 
ffcéUvnem,  quod  expédiai  epistol^e  et  eean- 
ffelii  leeiUmes  in  missa  vernaculo  sermone 
piebi  promiilgàri;  Cbernboorg,  1522,  iiH8*; 
trad.  fldtem.  de  J.  INepeAt;  —  /te  genUina  ver- 
barwn  Ë>mnini  :  Hoc  est  corpus  neom ,  jwxia 
vetustissimos  auetarei,  exposHione  Hber  ;  Aâle, 
1525,  in-é*.  Ce  petit  livre  a  été  inséré  depnis 
dans  ie  reenéil  de  Pfuff,  Aeia  et  scripta  pubUca 
Eeeiêsix  vèrttmberçicw ,  Tubingue,  1 720,  iB-4* , 
et  traduit  ea  atlera.  par  L.  NoBlzer,  1926,  ia-S*. 
Dès  qae  cet  éerit  parat ,  le  séoat  de  fiâ)e ,  elTrayé 
de  la  Boaveanté  des  idées ,  en  arrêta  d^bord  la 
vente  et  le  somnlt  à'l>eMn0nd%ne  commiasion. 
Érasme,  qui  en  fit  partie  cft  qn  iot  chai^  da 
rapport ,  répondit  au  sénat  qu*il  y  avait  4laRS 
cet  ouvrage  de  l^érudîtien ,  de  rétoqaenoe ,  qu*!1 
dirait  même  de  la  piété  s'il  poavait  s'en  trouver 
dans  ce  qui  ne  s'accorde  pas  avec  la  doctrine 
de  I^ÉgSse;  mais  <tu'il  regardait  comme  dange- 
rem  de  se  mettre  en  contradiction  avec  ce 
qu'elle  enseigne.  Il  écrivit  en  même  temps  à 
qn^ues-mis  de  ses  amis  qnXEcolampade  ve- 
nait de  publier  nn  petit  livre  composé  avec  tant 
de  soin  et  d*habileté,  et  dont  les  principes  étaient 
appuyés  de  si  nombreuses  citations,  que  sa 
lectare  serait  capable  d'entratner  dans  rerrenr 


OECOLAMPADE  —  €E€UM£JSIUS 


&08 


iiiême4es  dlns.  Cependaiit ,  bif9lé  -à  le  r^fnter, 
il  S'en  eiQusa^  sons  fe  prétexte  ipill  ne  Talait 
pas  ta  peine  île  eoBSbaflre  ane  dodirine  qai  tom- 
liendt  d'-dle-même.  Tfaritres  écrivains  se  cliar- 
gèfeilt  de  cette  titibe,  «I  f ^ïrtt  dXEooHamiiade 
hd  vivement  tfltaqaë,  prmcîpiOemcBt  par  les 
fcéolagitns  do  parti  de  Lutber.  Cebii-ci  des- 
tBendlt  même  •dans  la  lice;  CEcdlampade  se  vit 
oMgê ,  malgré  son  caractère  pacJBque ,  de  ré- 
pondre à  «es  nttaqoes.  Des  différeafts  écrits  qnll 
paMa  dans  cette  ditcnamB,  Il  siAfin  Ae  dia 
iessdvants  :  eoalie  LdCber,  Aont  tfer  BÊtsufers- 
fond  B.  Mort,  imthers  anf  dieewige  bes- 
êtamllye  vmfe,  Dea  %ste  meiH  LéSb ,  rMd 
besten  mag,  'eine  èilUge  tmfwori  (  Que  le  ma- 
leUtenda  del.iither  sur  oss  mots  t  «  Cod  est  moa 
corps,  ne  peut  sobsiëler  :  rt^penae  raisonnablf  ) 
BMe,  '1926,  Itt-g»;  —  Die  mnêereWUfe  anfwort 
(Becéide  réponse  raisonuablej-;  Bile,  1527,  in-S* 
— ootttreTIreikbeinier  :  Jlespcmsto  de  re  Emdin 
rMne  ;  Znricb ,  1326,  .in-«",  et  ad  Bibt.  Ptrdl 
ketmerum  de  Budhofistîa  responsio  poste 
rior;llâle,  1527,bi-8«;  — eeifin,  contre  Ve 
landbflion  t  Diafo^i»  ^uSd  de  Bueheristia 
tpeteres^  tufn  çrteei ,  ^inn  /offni ,  sensev'KU 
Bêle,  1530,  in-8*;  phfsienrs  fcis  rfiroprimé 
On  a  on  autre  éerit  dKEoolampade  sur  le  même 
snjet  :  De  âignltate  Vucharittîx  semumes 
âuo;  Vêle,  1526,  in-8**.  Il  fnA  menfiknmer 
encore  nn  catécteinne  quH  écrivit  enlafin,  et  qm 
fat  traduit  en  allemand  par  Osvr.  Myconios, 
Bêle,  1395,  in^8«.  Ce  fat  le  premier  catéditamc 
en  usage  parmi  les  réfarmés  allemands.  Œco- 
lampade  traflaii3t«n  latin  divers  écrits  de  Cbry- 
sostOme,  de  Grégoire  de  Ifaziaiize  et  de  Tliéo- 
pfaylacte.  Sa  eorrespondance  avec  Zvringle  s 
été  recndlUe  dans  ZwingRi  et  Œeoltrmpadn 
EpistoUt;  Base,  1028,  ln-«*. 

Michel  KicoLAS. 
WolTff.'Cafflto,  rva  Off^eisaipairii.  -  AtiaiB,  Tha- 

PaW  «AtfM.  -âiL  Ucis,  AiiwviRAte  OBeokumpufêi 
Zurich,  nn,  ln-8«.  —  Mméê  âes  pratettéiUs  céièùnu 
—  Chattfepié ,  Diethm.  kUtortq. 

fEKnuKnns  (Olxou(uvtee),  écrivain  eodé- 
siasHque  byzantin,  vivait  dans  le  dixième  aiède. 
Sa  vie  est  tont  à  fait  inceanae  ;  on  n'en  a  fixé 
la  date  qn'approxîmativement  et  par  oonjectare. 
Il  composa  des  commentaires  en  grec  snr  di- 
verses parties  dé  l'Évangile.  Voici  la  Hâte  des 
ouvrages  qui  fni  ont  été  <ra  qni  lai  nont  eneoie 
attribués  :  Commeniaria  in  sacreeancta  gus- 
tmor  Chrlsti  Evangelia,...  amcton  quidem 
(ut  pinrimi  senliunt)  (EemneniOf  inter- 
preto  vero  Joanne  Bentenio  ;  UMtvain,  1S43, 
in-fal.  Cent  une  traduction  latine  d'un  cmamec- 
taire  généralement  attribué  mainlenaot  à  Butta}' 
mios  Zigabène;  le  texte  grec  a  été  pnblié  par 
C.-F.  Matthsei ,  Leipzig,  1792,  S  vd.  ln-8»;  V- 
prétentions  de  Zigabène  ne  sont  pas  beaoeoup 
plus  fondées  qne  cdles  d'Œcumemus,  et  l'aoteor 
de  ce  commentaire  reste  inoertabi  ;  —  'ËCTnr^<rsi; 
elç  Ti;  rpaÇem  tmv  '.\'totcô).mv  (CommentMTes 


609 


OfiCUMUENUIS  -^  GEDE& 


iie 


fiirles  Actes  des  ^ôlns),  oo«i|iiléft  d'a^rèê  les 
iDciens  Pères  grecs,  pArticttKèrcmeat  saint  Chrf- 
Mstâne;  «—  'JI^&iY9Qatt;«2s  wc  DouI^iinircoXflc 
«Mac  (Camn.  sur  tontes  ies  JÊpttres  de  saiat 
Paal);  —  'E^y^^ssK  ûi  ne  isaà  m9okfmitç  3ls- 
ro(i^  KitioToX^  (  ConiDL  snr  les  sc|>t  leUses 
dites  satli^aes  )  ;  — .Elc  t^v  'iMévwu  'Ankà- 
htftv  (Ctoman.  sur  l'Apocidi^se  de  saint  Jean^ 
Ces  divers  f  ommenteirfls  ail  été  {lubiiés  ^ In- 
liears  fois;  nne  des  meilleoses  ikiitions  est  celle 
de  Paris,  ld3i,  1  ¥ol.  jii-fioi.  Le  ûunanea/nlre 
sur  VApoealyse  a  été  réimprinié  par  Cramer; 
ÛxfiBcd,  ie4û,  js<«*.  Y. 

HcDtealiu,  /traqf.  ad4Xeummi.  Commemtar,  <—  MaK 
Ihd  Proleç,  ad  EmthmnU  Commentar,  in  Quatuor 
Evang,  ~*9lBan,  WiMrê  critique  det  Trrtncipmmx 
tomwumUttamn  eu  JMMDe«i  Tulummt,  c  kxxii.— 
Puneiln,  ^pparatmt  âaoar.  -  Cave*  BiU.  iiU.,  ad 
ann.  190.  ^  Fabrieins ,  BibUoth.  gritca .  vol.  TIII,  p.  343. 
—  Oopln  ,  mblMki^iuenowodne'âe»  auteun  eeeiéiiusH- 
ffMt  (U«i  siècle  )L  —  CeltHer.  jâutauntotorét .  «vL  XJK, 
9'  741  -  Owlia,  Comseat.  4«  SerUgHor.  melés^  voL  IJ, 
ool.  Ml.  —  Urdner,  CredOUtty .  1.  1.  -  Cramer,  Pré- 
face de  Mil  éSltlm.  —  SbIIIi  ,  DictUmarf  of  grêek  amâ 

«BEA  <  OeorgtM 'Louas  %  eaié^feto  aMeniand, 

né  en  1 694,  à  •SrhsJaph ,  viUage  en  pays  d'Ans- 

fnch, mvrt en  ITcei  ApnèsaTOtr  élé«n-raolBur« 

pais  reeleur  da   gymnase   d^Anspach,  il  ;fut 

Boromé  en  r736  •surintendant  eeelésta^ique  à 

FenchtfmiigBn.  On  n  de  Mt  OAsenu^innum 

sacrûrmm  sysitafinn;  Wiasnndwufg,    1729, 

is-S**  :  il  «ontlent  4'«RpIieatkMi  de  denx  eenta 

passages  dMfidIes  de  laiBiMe; —  M>e  nmut^phi- 

hsopMx  UUmi%a  9t  Wsl^  In  ikeotoçtmn 

injuria  jOafMbêdkf  1730;—  Couieeimntmm 

de  difJteMorîÊms  taerM  ScHpturm  iccig  »n- 

turia;  E^ipcig,  t733,  in-«'';—  AlUe  Huokh 

Çétche  Btèimthêk  (ïMiegraphle  des  annienB 

«▼rages  Ibéatogiqnes);  Ftandbet,  1733-1714, 

4  parties,  în-8*  ;  —  ^rfat/ferunçf  cAiœrer  Stel» 

kn  iter  BeUigen  Sdirift  (Cnnnncntiife  sur 

des  passages  difficiles  de  rÊeritan  eaiate)^ 

Onetabadi,  1739-1747,  S  <roL  m^  i  enos  le 

pseudonyme  de  Sineems  E^tophilns ,  quU  lem- 

pleyaenenrefliisieontftiis; — Anénmdvefisionee 

Mcr«;  Brunswick,  1747,  Jn-6*;—  Frefe  Om* 

tertwckunff  dier  dte  Cffenbmnmg  iobannn 

(Libre  esanen  de  rApocaèyfee);  Halle,  17G9, 

in-8*  ;  —  FtefB  Ontenmekuugtn  Hber  eknige 

Bûcher  de»  Aken  TcêiameniM  (  Uhre  examoi 

de  qnejqaes  Im-es  de  l'Aneien  Testament); 

Halle,   1771,  ia-8*;  —  plnsieiirs  'Ouvrages  de 

controverse.  (Eder  a  aussi  donné  unf  «ddian 

aiiootée  du    Catéebisme  jooinécn  dé  Uadtau;  i 

Naremberg,  174)8,  in-8*.  O. 

Guctceo,  ZdtttUbmie»  psif>ftfgt  Ern^pa,  1.  ilL  — 
Su,  OnmnotfkMi,  t  VI,  p.  si»  «t  6BS.  —  illnditm;, 
Haudbueà.  —  Meusfel,  LezUUm, 

«OBR  {Georget^CÂréliett) ,  célèbre  natora- 
liste  et  éawomiste  allemand,  liis  du  précédent, 
Bé  à  Ansfiach,  le  3  Hévrier  1728,  mort  le  28  jao- 
Tier  1791 .  A(>rès  avoir  étudié  à  Gicttingue  la  mé- 
decine, 9n*il  exerça  ensaite  pendant  trois  ans  à 
SJesw^  il  fiut ,  jyr  la  recommandation  de  son 


ancien  professeur  Haller,  appelé  en  J7â2  A  la 
ebaire  de  botaniqne  à  Tuniversité  de  Coyenha* 
gue.  Il  lit  dans  Jes  années  suivantes  plusieurs 
vi^agas  en  Danemarlc  et  «n  Norvège,  pour  re- 
cueillir tontes  Jes  plantes  de  ces  pays;  il  profita 
encore  de  ces  excursions,  ftour  rassembler 
beauooty  de  fenseigoements  de  atatistigue  et 
d  •économie  pslilii)«e.  CeonaiBsnnt  afinsi  parfai- 
tement Vétat  cl  les  tesoHis  du  pays ,  il  pnbKa  «b 
1769  un  Mémoire  sur  rafTranchlssement  des 
paysans*  qui  lui  valut  la  confiance  dn  comte 
de  Bemstorf.  A  Tavénement  de  9troensée  an 
mnilsière ,  11  fat  nommé  président  de  lat^hanAre 
des  finances  de  Iforvége.  11  perdit  cet  emploi  â 
la  chnie  de  Stniensée;  en  1773 ,  il  reçot  oélnl 
de  bafffi  à  QldenAHHirg.  La  vivacité  cA  la  6on«- 
ptesse  de  son  intiffigence  le  mirent  sapidement 
î  même  de  remplir  avec  «ueoès  ses  nnsHFeBes 
fonctions,  auxquelles  ses  premières  dtudes  ne 
FaTaient  pas  préparé.  R  dirigea  dans  ses  der- 
nières années  le  relevé  du  cadastre  dn  docbé 
dX))dembourg.  On  a  deini  :  De  irritfÈtHHaîe; 
Copenbagne,  1752,  ln-4*;  —  /ndea^p^ontomm 
in  LinnàA  SfBtemate;  ibîd.,  1761 ,  ia-S";  — 
fïora  Iktniea  ;  ibid.,  1762-1772,  3  vol.  in-fd. 
Ce  magnifique  ouvrage  de  taxe ,  dont  les  plan- 
ches sont  remarquables  d*exactitnde  ^  d'exé- 
cotion ,  fut  plus  Catd  continué  auooetsivement 
par  Otbo  Fr.  mûHer,  WaW  et  Hornemann;  te 
neuvième  et  dernier  volume  parut  en  1814;  — 
BitmtMa  bôtaniae;  Ibid.,  1762-1764, 1  '««L 
in-^'*;  traduit  en  aHeroand  et  en  danois;  «et 
omrrage  servit  pendant  plusieurs  années  de  base 
aux  oonrs  de  botaniqne  dans  les  foonltés  d^ 
dimbouiig  ^  àe  Montpdlîer;  —  ffoaunelat&r 
èoteatctis;  ibid.,  1769,  in-8*  ;  —  rersetcAntif 
der  zn  dcr  Fhra  Danica  gekàrtyen  Krteuter 
(  Liste  des  plantes  contenues  dans  la  Flora  Da- 
nica); ibid.,  1770,  in-8°  :  ce  livre  ne  contient 
que  les  cryptogames  ;  il  parut  nnsai  «n  latin^  — 
Bedenkem  uber  die  Frage  wie  éem  MamtrmS' 
tanâê  FreyheU  vnd  Bigemtkmn  'venckaf/i 
weréem  kênne  (ftéftenions  sur  fci  .manière  da 
proaorer  aux  paysans  la  liberté  «t  les  «Myeni 
déposséder);  Rancfoit,  17«9-1771,1!  pvtiea, 
ia-8*;  AHana,  1786,  in-S*;-*  Aoisonnenwnls 
ûber  die  Witufeniauen  (Réflexions  snr  les 
caisees  des  "veoves  )  ;  Copenbagne ,  177 1 ,  in-'d'  ; 
traduit  «n  danois  avec  additions  dans  la  HiMio- 
tàek  fer  nftige  Sferiiter,  ibid.,  1772  i  des 
établissements  de  ce  genre  furent  fondéS'd'aprè» 
les'idées  dXEder  à  Hambourg  et  à  Oldeiabonrg  ; 
— Pi'achricM  von  einer  tondes  vermenung  tm 
Oldenburgischen  (Itotice  sur  Je  «ada^tre  du 
paysd'Qldembourg)  ;  01demboui;g,  1788»  in-S'^  ; 
-^  Ueber  die  Jnocu  lotion  der  Morn  vieh  seutJie 
(  SiirrJnoculalion  de  i'épizoolie),  dans  le  Teul- 
scbes  Btuseum,  année  1776;  —  Hackrichten 
vom  Handel  des  Stifls  Dronthùm  (Notioe 
sur  le  conunerce  de  l'évècbé  de  Oraotbeim), 
même  recueil,  1778  ;  —  Ueber  leibrenien  (  Sur 
les  rentes  viagères),  dans  }b&  Staatsoj^tUigen 


511 


OIDER  —  œHLENSCeLiEGER 


SIS 


fie  Schlôzer,  année,  1782;—  Ueber  Paplergeld 
(Sur  le  papier-monnaie),  même  recueil,  1787 
et  1790; —  pluBieurs  autres  Mémoires  d'éco- 
nomie politique,  rassemblés  ainsi  que  les  pré- 
cédents en  grande  partie  dans  les  CEderUma  ; 
SIeswiget  Lei|)zig,  1792,  in-8o. 

Halem.  Andtnhen  tm  Ύer  (AltMia,  1798,  IihI*). 
—  SchUchtegroU,  tfekroiog  (année,  i7U.  t.  Il  ).  —  Hir- 
•chfng.  Handtmeh,  ->  Mjrenip,  LUUrutur  Uinkon.  — 
Meuscl,  LexiJton.  —  BOdul,  Ctio, 

œdmâR  (Samuel),  sàyani  suédois,  né  le 
25  décembre  1750,  à  Vi^ieslanda  (Smalandie), 
mort  le  2  octobre  1829,  à  Upsal.  Fils  d'un  pas- 
teur, il  embrassa  Tétat  ecclâiastique,  et  deTÎot 
chapelain  du  général  PfeifT.  En  1776  11  fut  mis 
à  la  tète  de  Pécule  de  Pilbamn,  petite  commune 
voisine  de  Stockholm.  Nommé  professeur  de 
théologie  en  1799,  il  fut  chargé  en  1806  d'en- 
seigner cette  science  au  séminaire  d'Upsal ,  qui 
venait  d'être  créé  et  dont  il  fut  en  méoie  temps 
le  premier  directeur.  Ses  écrits  les  plus  remar- 
quables sont  :  Sermons  de  Jean  Jérusalem  ; 
Upsal,  1784*1785,  2  vol.  in-8**  :  trad.  de  Tal- 
lemand;  ^  Recueil  de  sujets  ^concernant 
V histoire  naturelle  pour  écUUrcir  la  sainte 
Bible;  Upsal,  17851794,  4  vol.  in•8^  Irad. 
en  allemand  par  G.  Groning  et  corrigé  par  Mi- 
chaëlis  dans  Tédit.  de  1799;  —  Histoire  de 
la  religion  et  de  l'Église  chrétiennes,  avec  des 
observations :l]p9à\,  1792,  in-8o:  trad.  de  l'al- 
lemand de  J.-M.  Schraeck;  —  Dictionnaire 
géographique  sur  les  écrits  du  Nouveau 
Testament;  Upsal,  1799, 1812,  in-8'';  —  Essai 
sur  le  Nouveau  Testament;  Linkœping,  4  vol., 
1799-1822 ,  —  Essai  sur  V Apocalypse  de  saint 
Jean;  Upsal,  1803,  in-8'';  et  Stockholm,  1805, 
in-8*  ;  «  L'Évangile  de  saint  Matthieu»  avec 
des  notes  philologiques;  Stockholm,  1814, 
in-8«.  K. 

Gezcltiu,  Bioçrapk,  lêxikon, 

ŒFBLB  (André-Félix  d*},  historien  alle- 
mand ,  né  à  Munich,  le  17  mai  1706,  mort  le 
24  février  1780.  Bibliothécaire  de  la  cour,  et 
membre  de  TAcadémie  de  Munich,  et  en  1769 
censeur  des  livres  historiques.  Il  a  publié  :  De 
Minerva,  sapientix  olim  prxside ,  syntagma 
mythologico-historicum,  sous  le  pseudonyme 
de  Félix  Evelius;  «  Rerum  Boicarum  scri-^ 
ptores  nusquam  antehac  editi;  Augsbourg, 
1763,  2  vol..  m-fol.  Apparatus  Bavarix  doctm 
en  manuscrit.  O. 

Baader,  Lexikù»  ventorbener  baierisekir  Schr^ftS' 
teUer,  —  Bneh  et  Qruber,  BneyklopœdUt.  -  Vauchlerj, 
Lében  O^eUt  <  Maolcli,  mi.  In-»*  ). 

ŒFBLB  (  François-Ignace  ) ,  peintre  alle- 
mand, cousin  du  précédent,  né  à  Poseor,  en  1^21 , 
mort  en  1797.  Elève  de  Gôtx  et  d'Albrecht,  il 
devint  peintre  de  la  cour  de  Bavière  et  profes- 
seur k  l'Académie  des  beaux-arts  de  Municli. 
II  fut  un  des  meilleurs  arthtes  de  l'Allemagne 
au  dix-huitième  siècle.  Parmi  ses  tableaux  reli- 
gieux nous  citerons  ceux  qui  se  trouvent  dans 
réglise  Saint-Cajetan  à  Munich  et  dans  celle  du 


monastère  de  Polling,  son  Assomption  de  la 
Vierge,  gravée  à  l'eau-forte  par  Seidel,  et  une 
Flagellation  du  Christ,  gravée  par  Jungwirth. 
Œfele  a  aussi  peint  beaucoup  de  portraits;  il 
a  gravé  quelques  planches  à  l'eau-forte.      O. 

Nagler,  KUntUer^Lexiam. 

ŒHLBNSCHLJBGBR  (  Adam-Gottlob),  le 
plus  grand  poète  danois ,  né  dans  un  faubourg 
de  Ck)penhague,  le  14  novembre  1779,  mort  dans 
cette  ville,  le  21  janvier  1850.  Fils  d'un  or- 
ganiste originaire  de  la  partie  allemande  da 
Schleswig,  et  qui,  en  1780,  fut  nommé  maître  de 
chapelle  et  en  même  temps  régisseur  dn  diftteao 
de  Frédériksberg,  11  passa  son  enlance  dans 
cette  royale  demeure;  la  magnifique  nature 
qui  l'entoure  éveilla  de  bonne  heure  chez  lui 
une  imagination  des  plus  riches  et  toujours  en 
action.  Il  se  racontait  à  lui-même  de  longues 
histoires  merveilleuses-,  dès  l'âge  de  dix  ans, 
il  composait  des  drames,  qu'il  jouait  ensuite  avec 
sa  sœur  et  un  de  ses  camarades.  Il  se  glissait 
souvent  dans  la  chapelle  quand  elle  était  déserte, 
et  il  y  prononçait,  monté  dans  la  chaire,  les 
sermons  les  plus  attendrissants  ;  le  chapelain  da 
château  assista  un  jour  inaperçu  à  une  de  ces 
homélies,  et  déclara  que  l'enfuit  deviendrait 
un  célèbre  prédicateur.  Cela  décida  le  père 
d'Œhlenschlaeger  à  le  placer  dans  un  penskmnat, 
où  II  apprit  rapidement  les  langues  anciennes» 
ainsi  que  l'allemand  et  le  français.  Lorsqu'il  eut 
à  choisir  nne  profession,  il  se  décida  d'abord 
pour  celle  d'acteur,  comme  mieux  en  harmonie 
avec  ses  goûts,  de  plus  en  plus  prononcés  pour 
la  littérature,  et  il  débuta  en  1799  dans  le  rôle 
de  HamIeL  Son  peu  de  succès  le  fit  bieiitdt 
quitter  le  théâtre.  S'étant  à  cette  époque  lié  in- 
timement avec  Anders  Sandoe  Œrstéd ,  il  s'a- 
donna comme  son  ami  à  l'étude  du  droit;  mais 
peu  de  temps  après  il  devint  amoureux  de  la 
fille  du  conseiller  Heger,  qu'il  épousa  pins  tard; 
pendant  plusieurs  mois  il  passa  tout  son  temps 
à  exprimer  sa  passion  dans  des  élégies  et  autres 
poésies,  ce  qui  le  ramena  cette  fois  définitive- 
ment à  la  littérature.  Il  fit  alors  la  connaissance 
d'un  vieux  savant  du  nom  d'Amdt,  exodknt 
homme,  mais  complètement  maniaque  et  qui, 
étranger  k  tous  les  usages  de  la  vie  sociale,  pour- 
suivait comme  but  unique  de  sa  vie  l'étude  de 
l'histoire  et  des  antiquités  des  pays  Scandinaves. 
Amdt  se  plut  k  communiquer  sa  sdfooe  à  son 
jeune  ami,  qui  se  mit  à  lire  avec  ardeur  VEdda^ 
les  Sagas  islandaises,  et  les  antres  tradîtioos 
nationales  de  la  Scandinavie  du  moyen  âge. 
S'inspirant  à  cette  source,  Œhlenschlœger  pu- 
blia en  1803  et  en  1805  deux  recueils  de  poé«ie 
qui  excitèrent  au  plus  haut  point  l'attention  pm^ 
bliqiie;  pour  la  première  fois  on  y  ^pyait  la 
langue  danoise  domptée  et  assouplie  pour  le» 
besoins  de  la  vraie  poésie.  Les  facultés  éminentes 
dont  Œhlenschiaeger  était  doué  venaient  d*^ 
clore  dans  toute  leur  plénitude  sous  l'infloeace 
de  la  philosophie  de  Schelling,  à  laquelle  U 


513 


œHLENSCHLiEGER 


514 


avait  élé  ioUié  par  Steflens.  Ayant  reçu  une  t 
pension  du  prince  royal»  Œblenschlaeger  visita 
en  fS05  successivement  Berlin,  Dresde ,  Wei- 
inar  et  quelques  autres  villes  de  TAIlemagne  ; 
il  y  fit  la  connaissance  de  Pichte ,  de  Scbleier- 
macher,  de  Wieland,  de  Jean  Paul^deTieck, 
et  enfin  de  Gcethe,  qui  le  reçut  de  la  manière  la 
plus  cordiale  (1).  Il  vint  ensuite  à  Paris,  et  il 
y  écrivit  les  drames  de  Palnatoke  et  d'Axel 
et  Walborg,  qui  représentés  immédiatement  en 
Danemark,  ainsi  que  celui  de  Hakon  Jarl, 
composé  à  Halle,  forent  unanimement  applaudis, 
comme  inaugurant  l'avènement  d'un  théAtre  na- 
tional. Après  avoir  en  1808  passé  quelques  mois 
au  ch&teau  de  Coppet,  en  Suisse,  dans  la  société 
de  M»e  de  Staël,  U  parcourut  l'Italie,  où  il 
finit  son  drame  du  Corrige,  De  retour  à  Co- 
penbague,  en  1809,  il  y  fut  nommé  peu  de  temps 
après  professeur  d^estliétique  à  l'université.  De- 
puis lors  sa  vie  s'écoula  tranquillement  dans  un 
bonheur  presque  constant;  les  témoignages 
éclatants  d'admiration  que  ses  compatriotes  lui 
prodiguèrent  le  dédommagèrent  amplement  des 
attaques  injurieuses  de  son  anden  ami  Baggesen. 
Dans  les  années  1817  et  1818  il  visita  de  nou- 
veau l'Allemagne  et  l'Italie,  et  il  revit  la  France 
en  1844.  Sa  mort  fut  un  deuil  public,  en  Dane- 
mark comme  dans  les  autres  pays  Scandinaves. 
On  ne  regrettait  pas  seulement  en  lui  le  créateur 
de  tant  de  de  belles  stropbes,  que  tout  le  monde 
dans  ces  contrées  sait  par  cœur,  mais  encore 
l'homme  qui  accueillait  avec  une  bonté  char- 
mante les  jeunes  talents,  qui  s'adressaient  à  loi 
en  foule,  et  leor  aplanissait  les  difficultés  de 
la  vie  littéraire. 

«  Peu  d'hommes ,  dit  M.  Marmier,  dans  son 
Bistoire  de  la  littérature  danoise,  ont  été 
doués  d'un  génie  aussi  fécond,  aussi  fadle 
qo'ŒbleDSchlftger.  Aussi  s'est-il  exercé  dans 
tous  les  genres,  et  presque  toujours  avec  succès. 
Il  a  composé  des  drames,  des  comédies,  des 
opéras ,  des  romans,  des  poèmes  épiques,  lyri- 
ques, et  des  poèmes  mystiques.  Ck)mme  il  trou- 
vait son  publie  danois  trop  restreint,  il  s'est  lui- 
même  traduit  en  allemand ,  et  U  a  traduit  dans 
la  même  langue  toutes  les  œuvres  de  Holberg.  Ja- 
mais il  n'a  connu  ni  l'effort  ni  la  fatigue  du  tra- 
vail. Les  vers  tombent  de  sa  plume  comme  l'eau 
coule  d'une  source.  Us  se  suivent,  se  succèdent  et 
se  renouvellent  sans  cesse.  De  là  vient  qu'il  a  un 
style  charmant  de  grAce,  de  flexibilité,  d'a- 
bandon ,  mais  souvent  très-négligé.  De  là  vient 
aussi  qu'il  entremêle  à  ses  pins  belles  composi- 
tions des  pages  inégales,  qu'un  goût  plus  sévère 
aurait  corrigées  ou  fait  disparaître;  car  c'est  on 
eolant  de  génie  qui  s'ignore  lui-même;  c'est  un 
mnsîGieB  que  le  charme  de  l'inspiration  en- 
traijie,  et  qui  chante  paribis  sans  s'apercevoir 
que  les  cordes  de  sa  harpe  sont  détàidue&  et 
que  linstroment  à  baissé  de  ton.  »  GrAoe  à  cette 

{i)  Fins  Uni  «RTlnt  ealre  en  deax  grands  poetM  nn 
léger  refroldlMement  ;  naît  il  ne  fol  pas  de  tongne  tf urée. 

KOrV.  BIOGR.  GÉNÉR.  — •  T.  XXXVIU. 


précieuse  naïveté  d'esprit  et  de  cœur,  qu'il  con- 
serva toujours ,  Œhlenschlœger  a  pu  se  sous* 
traire  à  l'influence  anti-poétique  de  notre  civi- 
lisation raffinée  et  réfléchie ,  et  il  a  pu  composer 
sans  que  son  imagination  fût  entravée  par  des 
arrière-pensées  métaphysiques,  ou  autres,  des 
épopées  qui,  par  leur  caractère  de  force  et  de 
spontanéité,  par  la  grandeur  et  la  fratcheur 
des  images,  laissent  bien  loin  derrière  elles  tout 
ce  que  les  littératures  modernes  offrent  dans  ce 
genre.  Ces  admirables  créations,  moins  connues 
à  l'étranger  que  les  drames  d'Œhlenschlaeger» 
feront  vivre  éternellement  son  nom  chez  les 
peuples  du  Nord ,  dont  elles  expriment  toutes 
les  aspirations  ;  ce  sont  Belge  ^  Hrolfkrake^ 
Ragnar  Lonbrok,  Les  Dieux  du  Nord,  les  iSo- 
gas  de  Waulundur,  de  Hroar  et  d^Œrvarrod. 
Les  drames  d'Œhlenschlœger  excitent  chez  le 
spectateur,  et  même  chez  le  lecteur,  les  émotions 
les  plus  vives,  bien  que  l'action  n'y  soit  pas  tou- 
jours très-animée;  en  revanche, elle  n'est  jamais 
glacée  par  des  dissertations  philosophiques* 
si  fréquentes  dans  les  drames  de  l'école  roman- 
tique. Les  caractères  les  plus  sombres  ainsi  que 
les  figures  les  plus  suaves  y  sont  tracés  avec 
une  ^ale  vérité;  le  langage  y  est  toujours 
simple  et  approprié  au  degré  de  la  passion. 
Les  principales  de  ces  productions  sont,  outre 
les  quatre  mentionnées  plus  haut  :  Stxrkodder^ 
Hagbarth  et  Signe,  Erik  et  Abel,  Les  Nor^ 
mans  à  Byiûnce,  CJiarlemagne ,  Les  Lon^ 
bords ,  La  reine  Marguerite ,  Tordenskiold , 
Dina,  Saint  Olqf,  Kiartan  et  Gudrun,  et 
enfin  AnUeth  :  dans  cette  dernière  pièce  Œblen- 
schlaeger s'est  attaché  à  peindre  le  prince  de 
Danemark  tel  qne  le  présente  le  récit  de  Saxo 
Grammaticns,  c'est-à-dire  comme  un  Scandmave 
des  anciens  temps. 

Ses  poésies  lyriques,  extrêmement  nom- 
breuses, contiennent  à  cûté  de  plusieurs  pièces 
faibles  des  morceaux  d'une  beauté  de  premier 
ordre;  les  sentiments  les  plus  élevés  comme 
les  plus  touchants  y  sont  exprimés  dans  ub 
langage  d'une  hannonie  et  d'une  douceur  mélo- 
dieuses, telles  qu'aucun  antre  poète  du  Nohl 
n'a  pu  encore  y  atteindre.  «  ŒNenschlseger, 
dit  M.  Le  Fèvre-Deumier,  n'avait  extérieure- 
ment rien  des  races  Scandinaves.  Il  était  très- 
brun  ;  il  avait  l'œil  noir  et  brillant ,  le  teint  chau- 
dement coloré ,  le  rire  complaisant ,  le  geste  vif 
et  rapide.  C'était  nn  Napolitain  venu  par  hasard 
au  monde  en  Danemark.  Le  contraste  de  cette 
double  nature  se  retrouvait  au  moral  comme 
au  physique.  Il  écrivait  au  Nord,  U  pensait  au 
Midi,  ou  jetait  le  style  émaillé  du  Mkli  sur  le 
rude  métal  de  ses  pensées  du  Nord.  Il  nnissait 
l'entrain  méridional  anx  penchants  rêveurs  de 
son  pays.  U  y  avait,  avec  beaucoup  de  finesse 
et  d'esprit,  une  extrême  bonhomie  dans  sa 
conversation.  U  se  moquait  sans  aigreur  des 
défauts  de  ses  confrères,  et  ne  s'épargnait  pas 
dans  l'occasion.  > 

17 


615 


OEHLENSCHLiEGER  —  OELSCHLiEGER 


513 


On  a  ô'Œhlensdihe^r  :  Anden  April  (  Le  I 
deux  aTril);  Copenhoj^e,  1802;',^  Digte 
(  Poésies);  ibid.,  1803;  —  PoeiUke  Shr\fkr 
(  Œuvres  poétiques  )  ;  ibid.,  1805,  2  toL  :  ce 
recueil  contient  entre  autres  le  charmant  conte 
oriental  à'Aladin ,  que  l'autair  traduisit  Ini- 
néme  en  ailemand  ;  Amsterdam ,  1308  ;  —  Mbr- 
dUkt  Digse  (Poésies  du  Nord);  ibid.,  1807; 

—  Palnatoke;  ibid.,  iSÙ9 -, '- Axel  et  Vald- 
borg  ;  ibid.,  1810;  — Corregio;  ibid.,  1811  ;  — 
J>igtninger;  ibid.,  1811-1813,  2  toI.;  —  Statr» 
kodderi;  ibid^  1812  ;  —  jErlighed  tarer  Iseng^i 
(La  loyauté  triomphe  de  tont);  ibid.,  1813, 
idylle;  --  Hugues  de  Rheinberg ;  ibid.,  1813; 

—  Helge;  ibid^  1814;  ^  Bagbart  et  Signa; 
ibid.,  1814;  —  /Troars-So^a  ;  ibid.,  1817;  — 
Rejsefortalt  I  Brève  til  mit  Bjem  (Voyage 
raconté  en  lettres);  ibid.,  1817  1818, 2  vol.;  — 
Srklxring  cm  kans  penonlige  Forhold  til 
Baggesen  (  Déclaration  snr  ses  rapports  per- 
sonnels avec  Baggesen);  ibid.,  1818;  —  Asr- 
dens  Guder(Us  Dienx  dn  Nord  );  ibid.,  1819; 

—  T^agœdiêr  (Drames);  ibid.,  1831-1838, 
10  vol.  ;  —  Digtervmrker  (Œuvres  poétiques  )  ; 
ibid.,  1835  et  suiv.,  10-  vol.  ŒblenscMatger 
a  traduit  lui-même  en  altemand  ses  Œuvres 
complétée;  Breslau,  1829 et  1839, 18  vol.  E.  G. 

OEhUnsehUegert  Levnet  (  autobiographie,  Copeaba- 
gne,  1880- ISSI.  I  toL  1d>8*).  —  Le  Pérre  Deaailer. 
OBhitnschlaeçer,  te  poëU  national  du  Danemark 
(  Parla,  18S4 }.  —  Ampère,  Littérature  et  voyage.  <— 
Marmler,  HMotre  de  la  littérature  danoise.  —  Krsicw, 
Forfatter-Uxitoh.  —  Dwmments  partie.,  commoalqués 
par  M.  P.PL.  MOUer  de  Copeobague. 

ŒLBiGHS  {Jean-Charle^'Conrad  comte), 
saivant  UsAorien  et  bibliographe  allemand,  né  le 
12  août  1722,  à  Berim,  mort  le  30  décembre  1798. 
Fils  d*nn  pasteur  protestant,  il  étudia  la  juris- 
prudence à  Francfort-'Sur- roder,  et  s'appliqua 
dans  aa  ville  natale  à  la  pratique  des  affaires. 
£a  1784  il  accepta  l'emploi  de  résident  du  duc 
de  Deux-Ponts  à  la  cour  de  Prusse,  et  le 
remplit  jusqu'à  sa  mort.  Dès  1755  II  avait  été 
oéé  oomte  palatin.  Parmi  ses  nombreux  écrits, 
Doaa  citerons  :  Berlïnisehe  Bibliothek;  Berlin , 
1747-1750,  4  vol.  in-8i*;  recueil  périodique 
publié  en  commun  avec  le  médecin  Mochsen  ; 

—  Bisteriscke  Nahrieht  ron  den  musikali" 
schen  Akademien  (Notice  historique  sur  les 
académies  de  musique);  Berlin,  1752,  in-8*; 

—  De  haUiotkeearum  ac  librorum  fatiff 
imi^riMii  librii  comestU;  Stettin,  1757  :  il 
y  est  question,  entre  autres,  des  auteurs  con- 
damnés à  manger  leurs  propres  ouvrages;  — 
Bêytràge  xur  Gesehickte  und  Litteratur 
(Mélanges  historiques  et  littéraires);  Berlin, 
1760,  in-8';  —  Begtrôge  zwr  Brandtnbur^ 
gîMchen  Geschichte  (  Documents  relatifs  à  l'hi»- 
toire  du  Brandeboorg);  ibid.,  1761,  h^-S**;  — 
Sntwurfeiner  Bibliothekzur  Gesçkiehte  der 
Gelahrtheit  in  Pommem  (  Essai  d^une  bibiio- 
graphie  pour  l'histoire  littéraire  de  la  Pomé- 
ranie);  ibid.,  1765,  in-8^;  avec  une  suite,  1767- 


1790;  —  Historisck-geographische  Nachrich- 
ten  von  Pommem  und  Riigen  (  Notices  his- 
torlco-géographiqiies  sur  la  Poméranie  et  de 
nie  de  Rugen  )  ;  Berlin ,  1771,  in-r  ;  —  beau- 
coup de  mémoires  et  d'articles  dans  divers  re- 
cueils, tels  que  les  Hmnèmrgisthe  gelehrte 
Berïchtey  le  Bistariekes  Magazin^  de  Mea- 
ael,  etc.;  et  plusieurs  ouvrages  manuscrits,  0. 

Melerotto,  Fita  OSlriehslt.  -  Weldllch«  Bi^çnpki- 
icke  Ifackrichien^  t.  Il,  IV, et  le  Supplewtait,  —  De- 
aloa,  Prutie  tiitératm,  t.  III.  —  Hlrseblng,  Handbmch. 

—  Heusei.  Lexitom. 

OULBKBS  (  Jean  ) ,  savant  allemand ,  né  i 
Brème,  le  17  septembre  1724,  mort  te  22  rosi 
1801 .  H  remplit  depuis  1755  diverses  fonctions  ec> 
clésiastiques  dans  sa  ville  natale,  devint  en  1773 
premier  pasteur  à  l'église  Saint-Paul,  et  en  1773 
recteur  du  gymnase.  On  a  de  lui  :  Colleetio  opus- 
eulonim  histaricorumf  philologicarumf  theo- 
logkorum  aelecH  argumenii^  imprimis  in 
Germania  et  Belgio  separatim  edUorum; 
Brème,  1768,  2  vol.  i^-s"*;  —  Germanix  Me- 
ratas  opuseula  philologiea,  historfeaf  theo- 
logica,  emendatius  récusa;  ibid.,  1772-1774, 
2  vol.  in-8*;  —  BelgH  literoH  opuseula  his- 
toi^ica^  philologica^  ikeologiea;  ibid.,  1774, 
in-8'*  ;  —  Daniœ  et  Sueeiês  litêratx  opuseula 
historiea,  philologiea,  theologica;  ibid., 
1774-1776,  2  Vol.  in-8'';  Dissertatio  anti- 
qvuxriausui  Cœnssprxvia;  ibid.,  1776,  in-8*; 

—  Angelsâchsische  Chrestoma^ie  mit  einer 
deutschen  re6er5e^zifii^(Cfhrestomatluean(3!lO' 
saxonne  avec  une  traduction  allemande  )  ;  ibid., 
1798,  in-4».  O. 

Son  frère,  mort  à  Brème,  te  6  avril  17d9, 

publia  plusieurs  écrits  de  jurispmdence  aile- 

mande  et  belge.  « 

Rittenouiul,  Supplém«Ht  à  lôcher. 

iBLSGBLAfiB»  (  Adom),  CD  latin  Olêorius, 
célèlire  voyageur  et  orientaliste  allemand,  né  m 
1 599  ou  1 600,  à  Aschersleben,  dans  la  principauté 
d'Anhalt,  et  mort  à  Gottorp,  le  22  février  1671. 
11  étudia  la  philosophie  et  les  lettrts  k  Leipzig, 
où  il  fut  ensuite  assesseur  à  la  ftcnltéde  philo- 
sophie. Il  entra  plus  tard  an  service  de  Frédé- 
ric, duc  de  Holstein-Gottorp.  Ce  prince  édairé 
aurait  voulu  attirer  dans  ses  États*  une  partie  da 
commerce  do  Levant,  principalement  cdui  des 
soies,  on  des  plus  hnportants  et  des  plus  avan- 
tageux, enles  faisant  venir  par  terre  de  la  Perse. 
Il  entreprit  en  conséquence  de  nouer  des  rela- 
tions avec  le  roi  de  Perse  et  d'obtenir  ds  czar 
de  Moscovie  le  libre  passage  de  set  marchan- 
dises. Dans  ee  dessein  il  envoya  à  ces  deox  sou» 
verains  une  ambassade  eomposée  de  Philippe 
Crasios,  jnriseonstiite,et  d'Otton  Bragnsnn, 
négociant  ;  Orléarius  leur  fut  adjoint  comme  se- 
crétaire. Les  connaissances  de  ce  dernier  dans 
les  langues,  les  mathématiques  et  la  féographie 
en  firent  nécessairement  l'âme  de  cette  défwta- 
tion.  L'ambassade  partit  de  Gottorp*  le  23oetobTe 
1633,  et  n'arriva  à  Moscou  que  le  14  août  de 
l'année  suivante.  Après  plusieurs  audiences,  elle 


517 


OËLSCHI.i£GER 


5IS 


obtînt  du  czar  Miehel  Fédorowitz  le  libre  pas- 
sage des  marchandises  entre  la  Perse  et  la  prio- 
cipaoté  de  Holstein-Gottorp.  Les  ambassadeur» 
retournèrent  alors,  sur  lln^itation  du  czar,  ao* 
près  dn  due  pour  fui  faire  ratifier  le  traité,  et  en 
même  temps  ils  envoyèrent  à  Nise-Novogorod, 
lien  où  fOcca  se  réunit  au  Volga,  sept  bommes 
de  confiance  pour  Teîller  k  la  construction  lAes 
moyens  de  transport  doDt  ils  auraient  besoin 
plus  tard  pour  descendre  le  Volga  et  traverser 
la  mer  Caspienne.  Partis  de  Moscou,  le  14  dé- 
cembre 1634,  ils  furent  de  retour  à  Gottorp  le 
7  avril  de  Taiinée  suivante.  Pendant  qu'on  fai- 
sait tes  préparatifs  d'un  nouveau  voyage  qu'on 
devait  pousser  cette  fois  jusque  dans  la  Perse, 
Olearius  fut  chargé  d'une  mission  par  le  duc  de 
Holsteiu  auprès  du  gouverneur  des  Pays-Bas.  A 
peine  de  retour  et  souffrant  d'une  majadie  qui 
l'avait  retenu  à  Hambourg,  il  se  mit  en  route 
pour  la  Mosoovie  et  la  Perse  avec  l'ambassade, 
qui,  composée,  comme  la  précédente,  de  Phii. 
Cnisiu&et  d'Otton  Brugmann ,  fut  chargée  de 
présents  magnifiques  pour  le  souverain  avec  le- 
quel elle  allait  traiter.  Le  départ  eut  lieu  de 
Hambourg,  le  22  octobre  1635.  L'ambassade 
arriva  le  29  mars  1636  à  Moscou,  d'où  elle 
partit  le  30  juin  suivant.  Elle  s'embarqua  sur  la 
rivière  la  Moscowa,  passa  sur  celle  d'Occa,  et 
arriva  4  Nise-Novogorod,  où  elle  trouva  le  vais- 
seau qu'elle  avait  eu  soin  de  faire  préparer.  La 
oavigatioa  ne  fut  pas  des  plus  heureuses.  Le 
vaisseau  s'ensabla  plusieurs  fois  sur  le  Volga, 
et  après  être  entré  dans  la  mer  Caspienne,  il 
échoua  près  de  Derbent,  le  14  novembre.  Après 
un  voyage  long  et  pénible,  l'amtyassade  arriva  à 
Chahmaky,  où  il  lui  fallut  attendre  pendant  trois 
mois  les  ordres  du  roi  de  Perse.  Enfin,  elle  entra 
à  Ispaban,  le  3  août  1637.  Elle  fut  reçue  le  16 
da  même  mois  par  le  scbah  ;  les  négociations 
traînèrent  en  longueur  pendant  quelques  mois, 
et  elles  n'eurent  pas  tout  le  succès  dont  on  s'é- 
tait flatté.  Le  21  décembre  les  envoyés  du  duc 
d'Holstein  partirent  dlspahan,  et  reprirent  la 
même  route  qu'ils  avaient  suivie.  Dès  qu'ils 
furent  arrivés  à  Revel,  Olearius,  qui  avait  de 
graves  si^ets  de  plainte  contre  Brugmann,  homme 
d*un  caractère  violent  et  déloyal,  se  sépara  de 
l'amliassade,  et  s'embarqua,  le  16  avril  1639, 
pour  Lubeck,  d'où  il  se  rendit  à  Gottorp. 

Quand  il  passa  k  Moscou ,  k  son  retour  de  la 
Perse»  le  ocar  avait  voulu  le  retenir  auprès  de 
lui  en  qualité  d'astronome  et  de  mathématicien. 
Le  motif  qui  faisait  agi/  Michel  Federowitz  n'était 
pas  l'amour  des  sciences;  mais  il  avait  appris 
qo'Oleartus  avait  fait  un  relevé  du  cours  du 
Voi|^  et  il  voulait  empêcher  que  ce  travail  fût 
conna  à  l'étranger*  U  parait  qu'Olearius  ne  put 
refuser  les  offres  do  czar;  tl  promit  de  revenir 
auprès  de  lui,  après  avoir  rendu  compte  de  sa 
mission  au  prince  Frédéric;  ilf  se  disposait  même 
à  remplir  sa.  promesse,  quand  il  en  fut  dissnadé 
par  Jean-Ad.  Kielmaim,  chancelier  du  duc.  Il 


prit  alors  le  parti  de  s'attacher  pour  le  reste  de 
ses  jours  au  duc  de  Holstein-Gottorp.  Celoi-cl 
obtint  son  congé  do  czar,  et  le  nomma  son  b^ 
UfoChécalre  et  conaervatenr  de  son  cabinet  de 
curiositéfi»  Olearius  fil  encore  un  autre  voyage 
à  Moscou,  où  le  duc  de  Holstein  l'envoya  pour 
qoelque  négociation.  Le  savant  allemand  avait 
laissé  dans  cette  ville  la  réputatieD  d'an  magi- 
cien. L'expérienee  de  la  chambre  obscure  qvH 
fit  devant  plusieurs  personnes  confirma  le» 
bruits  qui  cenraient  sur  son  compte,  et  il  fnt 
décidément  regardé  par  le  peuple  comme  xm 
homme  ayant  cemmerce  avec  le  diable. 

Olearius  enrichit  la  bil)liothèqtte  do  doc  de 
pinsienrs  manuscrits  orientaux  qu'il  awit  acquis 
pendant  son  voyage  en  Perse.  Une  fut  pas  moins 
utile  à  l'accroissement  et  à  l'embellissement  dn 
cabinet  de  curiosités  confié  à  ses  soins.  Il  y  d^ 
posa  un  grand  nombre  d'objets  rares  qu'il  avait 
recueillis  en  Orient,  et  en  1651  il  fit,  dans  un 
voyage  esHollande,  l'acquisition,  pour  le  compte 
dn  diic,  de  la  magniflqoe  collection  d'objets  d'art 
de  Beniard  Palodanns,  médecin  d'Enchoysen. 
Après  avoir  mis  en  ordre  le  cabinet  do  due 
d'Holstein,  il  en  publia  on  catalogue  en  allemMid, 
qui  parut  à  Schleswig,  1666,  in^i**  obiong,  et 
qui  fut  réimprimé  k  ta  suite  de  sa  elirodh|ue 
abrégée  du  Holstein,  1644,  io-4o.  Ce  fut  sous  sa 
direction  que  forent  exécutés  le  célèbre  globe  de 
Gottorp  et  une  sphère  armillaiie  non  moins 
remarquable.  Ces  ouvrages  furent  eonoMncés 
en  1654,  par  ordre  du  duc  Frédéric;  intenrompns 
par  la  guerre,  ils  ne  furent  achevés  qn'en  r664, 
sons  le  doc  Christian-Albert,  son  fils.  Le  glolto 
dont  Olearius  dirigea  la  construction,  et  qui  fut 
fabriqué  par  André  Busch,  est  de  cuivre  et  a  onze 
pieds  de  diamètre.  L'intérieur  représente  le  fir- 
mament et  offre  nn  vrai  globe  céleste;  la  sar- 
fàm  extérieure  est  un  globe  terrestre.  On  peut, 
dit-on,  placer  daçs  l'intérieur  nne  tal>le,  antonr 
de  laquelle  dix  personnes  peuvent  s'asseoir. 
Christian-Aognste,  petit-fils  du  doc  Frédéric,  en 
fit  présent  en  1713  &  Pierre  1*',  emperair  de 
Russie,  et  l'année  suivante  cette  cnrieuse  pièce 
fut  transportée  à  Saint-Pétersbourg.  La  sphère 
armillaire,  de  quatre  pieds  de  diamètre,  tôt 
faite  d'après  le  système  de  Copernic.  Mollenn 
donne  nne  description  de  ces  deux  ouvrages, 
dans  le  tome  I,  p.  196,  de  ion  Cimbria  lU- 
terata. 

Olearius  passe  pour  nn  des  meHIenrs  écrîwins 
de  son  temps.  Il  a  laissé  on  grand  nombre  d'on* 
vrages;  on  pent  en  voir  le  catalogue  dans  Chan*' 
fepié.  Le  plus  important  est  :  Be$chrei&ting 
der  moteowitiscken  und  persiamitehem  Jtey«e 
(Description  d'un  voyage  en  Mosoovie  el  m 
Perse);  Schleswig,  1647,  in«fsl.,  avec  de  nom*» 
breoses  planches.  La  seomide  édition,  qui  est 
de  1656,  est  considérablement  augmentée;  c'est 
d'aprèi  cette  édition  qu'ont  été  faites  celles  qni 
ont  suivi  en  1663,  1671,  et  1096,  ainsi  que  les 
diverses  traductions  de  cet  onvnge.  La  tradoo- 

17. 


519 


OELSCHLiCGER  —  OENOPIDES 


520 


tîon  française  est  d'Abraham  de  Wicqoefort  : 
Voy€Uf€s  très-curieux  et  très-renommés  faits 
en  Moscovie,  Tartarie  et  Perse  par  le  sieur 
Adam  Olearius;  Paris,  1656,  in-4<'.  Plusieurs 
éditions  :  celles  de  1719  et  de  1727  contiennent 
de  plus  que  les  précédentes  des  additions  de 
Tauteur  et  les  figures  de  l'ouvrage  original.  La 
traduction  anglaise  est  de  Jean  Davies  ;  Londres, 
1666,  in-fol.  La  traduction  hollandaise  est  de 
Dieterius  yan  Wageningen  ;  Utrecht,  1651,  in- 12. 
La  partie  qui  contient  les  voyages  en  Moscovie  a 
été  traduite  en  italien,  sous  ce  titre  i  Viaggi  di 
Moscovia  degli  anni  1633,  1634, 1635  et  1636; 
Viterbe  (Rome),  1658,  in-4°,  avec  quelques- 
unes  des  figures  de  roriginal.  Olearius  se  montre 
dans  cet  ouvrage  observateur  judicieux  et  nar- 
rateur sincère.  Il  a  indiqué  le  premier  la  po- 
sition de  beaucoup  de  tieux.  Il  dessina  lui-même 
les  figures,  et  il  dressa  les  cartes  qui  accom- 
pagnent sa  relation.  On  joint  d'ordinaire  à  cet 
ouvrage  le  voyage  de  J.-AIb.  de  Mandelslo, 
de  la  Perse  aux  Indes  orientales.  Olearius  pu- 
blia cette  relation,  qui  a  été  traduite  en  français, 
en  anglais  et  en  hollandais  par  les  mêmes  tra- 
ducteurs qui  ont  donné  celle  d'Olearius.  11  tra- 
duisit du  persan  en  allemand  le  Gulistan  de 
Saadi,  et  de  Tarabe  les  fables  de  Lockman;  ces 
•  deux  traductions,  accompagnées  de  notes,  furent 
publiées  en  on  vol.  in-fot.  à  Schleswig,  1654, 
et  avec  des  additions  en  1660,  in-4^  11  laissa 
en  mourant  un  Lexieon  persicum  et  quelques 
écrits  sur  la  Perse;  ces  ouvrages  n'ont  pas  été 
imprimés.  M.  I^. 

NIceroo,  Mimoirts,  t.  XL,  —  dhaiifepl«,  DMUm,  Ut- 
tor,  ^  HoUorus,  CinUrria  Uterata. 

ŒLSCHLBGBL  (Jean-LoheUus),  composi- 
teur allemand,  né  le  31  décembre  1724,  à  Los- 
chau  (  Bohême),  mort  le 2  février  1788,  à  Prague, 
laissa  beaucoup  de  morceaux  religieux,  et  une 
Description  du  grand  orgue  de  Vahbage  de 
Strahow  (  Prague,  1786,  in-8°),  instrument  dont 
il  avait  entrepris  seni  la  reconstruction  com- 
plète. K. 

SehUIlng,  UxHum. 

ŒNOMAts  (Olvépooc),  pUlosophe  c]^que 
grec,  né  à  Gadara,  vivait  dans  le  second  siècle 
après  J.-C.  Ck)mme  la  plupart  des  philosophes 
cyniques  de  son  temps,  il  se  distingua  moins  par 
Toriginalité  de  ses  doctrines  que  par  la  grossiè- 
reté de  sa  manière  de  vivre  et  la  liberté  de  son 
langage.  L'empereur  Julien  l'accusé  de  sensua- 
lité et  d'impiété.  Il  n'épargnait  même  pas  les 
anciens  philosophes  cyniques,  et  ses  sarcasmes 
&  leur  sujet  ont  fait  croire  à  quelques  critiques 
qn'il  appartenait  à  une  autre  secte.  Suidas  cite 
de  lui  les  ouvrages  suivants  :  Kipl  xuv(a(ioû  (Sur 
le  cynisme);  —  IloXinCa  (Politique);  —  Ilapi 
TJic  xaO  '0|&T)pov  fiXoffOfCo^  (Sur  la  philosophie 
dans  Homère  )  ;  —  Uepl  Kp^Toç  xal  Âiorévou; 
xal  Tûv  Xoiicâv  (Sur  Cratès,  Diogène  et  les 
autres).  Cette  liste  ne  oomprod  pas  l'ouvrage 
le  plus  connu  d'QSnomatks,  et  le  seul  dont  il 


reste  des  fragments.  L'auteur  s'était  proposé 
dans  ce  livre,  intitulé  Kaià  tûv  xp>;<rnip^  (Sur 
les  oracles),  on  rontii>v çcopa  (Les  prestiges  dé- 
voilés), de  dévoiler  la  fausseté  des  oracles,  iîu- 
sèbe,  qui  en  cite  plusieurs  passages,  prétend 
qu'GÉnomaûs  l'avait  écrit  par  colère  d'avoir  été 
trompé  par  un  oracle.  Y. 

^  SaldM,  au  mot  OEtumaût»  <—  Jolleo,  Orat.^  VI,  VIL. 
—  Euaèbe.  Pratparatio  Epang.,  V,  18  ;  VI,  7.  —  Socrate» 
HUi.  Evang.^  IV,  ts. 

ŒNOPIDES  (OlvornSnc),  astronome  et  ma- 
thématicien grec,  né  à  Chios,  vivait  dans  le  cin- 
quième siècle  avant  J.-C.  On  ne  sait  rien  de- 
son  histoire  personnelle;  mais  l'on  suppose,  d'a- 
près un  passage  de  Platon,  qu'il  était  contempo- 
rain d'Anaxagoras.  Quelques  anciens  le  ratta- 
chent à  Pythagore  et  à  ses  disciples,  et  Ton  croit 
qu'il  appartenait  à  la  secte  pythagoridenne. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  conjectures,  Œnopides 
ap|)artient  à  la  première  période  du  développe- 
ment scientifique  chez  les  Grecs,  à  une  époque 
où  la  sdence  commençait  à  pehie  à  se  dégager 
*  de  la  mythologie  et  de  la  poésie.  Les  Grecs  dans 
leurs  premiers  efforts  pour  arriver  à  des  notions 
positives  dorent  beaucoup  aux  étrangers.  Œno- 
pides  en  particulier  empnmta  une  grande  partie 
de  son  savoir  astronomique  aux  prêtres  et  aux 
astronomes  égyptiens  avec  lesquels  il  vécut 
quelque  temps.  Diodore  dit  qu^entre  autres  no- 
tions il  puisa  à  cette  source  sa  connaissance  de 
l'obliquité  de  l'écllptique.  Élien  attribue  k  Œno- 
pides  l'invention  que  Censorinus  rapporte  à  Phi- 
lolaûs  du  cycle  de  cinquante-neuf  ans  pour  faire 
concorder  l'année  lunaire  avec  l'année  solaire. 
La  longueur  de  Tannée  solaire  fut  fixée  à  365 
jours  et  un  peu  moins  de  neuf  heures  (la  59^ 
partie  de  22  jours).  Œnopides  plaça  à  Olympie 
une  tablette  de  bronze  qui  contenait  une  explica- 
tion de  son  cycle.  Proclus  lui  attribue  la  décou- 
verte de  la  XX*  et  de  la  XXni*  proposition  du 
premier  livre  d'Euclide  et  la  quadrature  du  mé- 
nisque, A  ces  découvertes  et  à  ces  théories,  qui 
attestent  de  la  sagacité  scientifique,  Œnopides 
avait  mêlé  beaucoup  de  rêveries  mythologiques 
et  des  hypothèses  à  peine  dignes  de  Tenfance 
de  la  science.  Il  pensait  que  la  voie  lactée  était 
la  première  route  du  soleil ,  el  que  cet  a^tre» 
épouvanté  par  le  banquet  d'Atrée,  l'avait  aban- 
donnée pour  prendre  son  chemin  actuel.  Il  avait 
aussi  une  singulière  théorie  pour  expliquer  la 
crue  et  les  inondations  annuelles  du  Nil.  Sui- 
vant lui,  les  eaux  souterraines  sont  froides  en 
été  et  chaudes  en  hiver,  ce  qui  est  prouvé  par 
la  température  des  puits.  De  sorte  qu'en  hiver 
la  chaleur  intérieure  absorbe  l'humidité  exté- 
rieure; en  été  l'humidité  extérieure  n'étant  plu» 
attirée  dans  l'intérieur  de  la  terre  se  répand  à 
la  surface  et  produit  la  crue  du  Nil.  Diodore  ob- 
jecte à  cette  théorie  que  des  fleuves  placés  dans 
les  mêmes  conditions  que  le  Mil  ne  présentent 
pas  le  même  phénomène.  Y. 

Diodore  de  Sidle,  I.  M,  M.  -  Aehttlet  Tattos.  Itog.  <n 
Arat.t  c.  t4.  —  Scitua  Boptrleiia,  ffopot,  111, 4;  ai». 


%'2\ 


OENOPIDES  —  QERSTED 


5S3 


Math.,  p.  367.  —  FabrIelOA,  BMM.  grmca,  toI.  I,  p.  Mt. 
—  Ideler,  Htmdtmeh  der  CkronotoçU,  voL  l>  p.  301. 

ŒBN  (Nicolas)  f  aventurier  lapon,  né  dans 
ia  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  mort 
après  1715.  Conduit  trèfr-jeune  à  Stockholm,  il 
fut  remarqué  du  roi  Charles  XI,  qui  loi  fit  étu- 
dier la  théologie  à  Wittemberg,  et  renvoya  en- 
suite prêcher  rÉvangile  aux  Lapons.  Après  quel* 
ques  années,  Œm  se  mit  à  parcourir  plusieurs 
États  de  TEurope,  se  donnant  comme  prince  de 
Laponie;  présenté  en  1706  À  Louis  XIV,  il  passa 
«tt  Allemagne;  U  était  sur  le  point  d*épouser 
une  princesse  de  ce  pays,  lorsque  la  découverte 
4le  sa  véritable  origine  le  fit  chasser.  Il  se  rendit 
alors  en  Russie;  il  y  mena  une  vie  des  plus 
désordonnées,  qui  lui  valut  d'être  enfermé  en 
1715  dans  la  prison  d'Astracan.  Selon  les  uns  il 
y  serait  mort;  selon  d'autres  il  aurait  été  relAché 
à  la  demande  du  roi  d'Angleterre  et  aurait  couru 
le  monde  encore  pendant  quelques  [années.  Il 
avait  une  grande  aptitude  pour  les  langues;  il 
pariait  le  suédois,  ralleroand,  le  français,  le  russe, 
le  persan  et  le  mongol.  On  a  de  lui  :  Beschrei' 
àung  tfon  Lapplaud  (Description  de  la  Lapo- 
nie) ;  1707,  in-12  ;  ^  Lettres  du  fameux  voya* 
4feur  et  prince  lapon  N.  (Brn^  écrites  à  ses 
compatriotes  (en  allemand);  1708 ,  in-4^    O. 

WannbolU,  BibL  kUtor,  de Swéde.L  XVII,  vol.  I.  -> 
Ballebeck,  De  Nicolas  OEm  te  prineipem  LaçonUe  pro- 
Seuo;  Ltfnd,  1808,  lo*4«. 

ŒRNHiBLM  (Claude-Àrrhenius  d'),  his- 
torien suédoifl,  né  à  Linkoping,  en  1627,  mort  à 
Stockholm,  en  1695.  Apràs  avoir  accompagné 
commC'  précepteur  le  jeune  comte  Oxenstiem 
dans  divers  pays  de  l'Europe,  H  fut  nommé  en 
1668  professeur  d'histoire  à  Upsal  et  en  1679 
historiographe  de  la  maison  royale  de  Suède; 
en  1687  il  devint  bibliothécaire  de  Tuniversité 
d'Upsal.  Depuis  1669  il  était  memhrede  la  Société 
royale  des  Antiquaires.  On  a  de  lui  :  De  ori- 
gine  gentium  novi  orbis;  Upsal,  1676;  —  ÀnS' 
char  a,  primi  Hamhurgensis  arehiepiscopi, 
vila  gemina  observationUnts  illustra  ta  ;  Stock- 
holm, 1677,  in-4*;  -^  De  strenis;  ibid.,  1680, 
ÎQ.40.  —  2^  monarchiis  orbis;  ibid.,  1683; 
—  Sueonum  Gothorumque  historix  ecelC' 
siasticx  libri  IVpriores;  ib.,  1689,  in- 4';  — 
Vita  herois  Ponti  de  La  Gardie;  Leipzig, 
1690,  in-4*'.  U  a  laissé  en  manuscrit  :  Bullarium 
romanum,  seu  compages  epistolarum  quas 
superioribus  sxculis  Pontifices  romani  ad 
reges  Suecix,  proceres,  atchiepiscopos ,  etc. 
scripserunt,  O. 

F.  Lagerior,  Laiidoflo^.  OBmhietm  (Upsal,  l«f6). 

ŒKNSKCBLD  [Pierre- Abraham,  baron  de), 
agronome  et  administrateur  suédois ,  né  dans  la 
première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  mort  à 
HyLôping,  en  1791.  Nommé  en  1762  gouverneur 
du  West-Norrland,  il  y  prit  une  suite  d'excel- 
lentes mesures,  qui  au  bout  de  quelques  années 
élevèrent  au  sextuple  le  produit  des  terres;  il 
fit  dessécher  beaucoup  de  marécages  et  défri- 
cher nn  grand  nombre  de  terrains  incultes.  Il 


propagea  la  culture  de  la  pomme  de  terre,  et 
surtout  celle  du  lin,  et  fit  ensuite  apprendre  aux 
paysans  la  fabrication  de  la  toile,  ce  qui  valut 
bientêt  au  pays  une  économie  de  plusieurs  mil- 
lions. En  1769  Œmskœld  devint  gouverneur  de 
Suderroanie,  emploi  qu'il  remplit  jusqu'à  sa 
mort  avec  un  égal  succès.  o. 

notice    ntr  PadminUtratkm  éCOEmtkatd   dan»  le 
iP'tttnorrland  (Heroœaaod.    ISOS).   —   BioçrapMikfm 

ŒRSTBD  {Jean-Ckritien\  célèbre physideo 
danois,  qui  a  découvert  l'électro-magnétisme,  na- 
quit à  Rudkjœbing,  dans  l'Ile  de  Lengeland,  le 
14  août  1777,  et  mourut  à  Copenhague,  le 
9  mars  1851.  Son  père,  Soeren-Christian  Œr- 
sted,  mort  en  1822,  exerçait  la  pharmacie;  soo 
frère  puîné  était  le  procureur  général  Andréas 
Sandoe  Œrsted.  Depuis  1794,  Jean-Chrétien 
«étudiait  à  Copenhague;  en  1795  il  entra  comme 
élève  dans  le  collège  d'Ellersen  ;  il  devmt  adjoint 
de  la  faculté  de  médecine  en  1800,  et  prit  en 
même  temps  la  direction  d'une  pharmacie.  A 
partir  de  1801  il  ohtint  une  bourse  appelée  sti- 
pendium  Cappelianum,  qui  lui  permit  de  voya- 
ger pendant  cinq  ans  pour  s'instniire.  Trois  let- 
tres qu'il  adressa  au  professeur  Manthey  furent 
publiées  par  le  recueil  Biblioth,  for  Physik^ 
Médian  og  Œconomie,  en  1801,  1802  et  180S. 
De  retour  à  Copenhague ,  il  fut  nommé,  en  1806, 
professeur  extraordinaire  de  physique  à  l'univer- 
sité ;  depuis  1810  il  enseigna  encore  les  sciences 
naturelles  à  l'École  militaire.  En  1822  Œrsted 
fit  encore  un  voyag,  dans  lequel  il  visita  Berlin , 
Munich,  Paris,  Londres  et  Edimbourg.  En 
1824  il  fonda  la  société  danoise  pour  la  pro- 
pagation des  sciences  naturelles.  En  1828  il  fut 
créé  conseiller  d'État;  depuis  le  21  février  1829 
il  dirigea  l'École  polytechnique  de  Copenhague, 
qui  fut  fondée  à  cette  époque.  Il  était  membre 
ou  correspondant  d'un  grand  nombre  d'académies 
et  de  sociétés  savantes;  depuis  1815  secrétaire 
perpétuel  de  la  Société  royale  des  sciences  du 
Danemark ,  il  publia  une  revue  des  travaux  de 
cette  académie  (Oversigt  ovor  det  KongU 
Danske  Videnshabernes  Selskabs  Forhand- 
linger;  Copenhague,  1814-1841,  in-4*,  et  1841- 
1851,  in-8*).  Ce  recueil  contient  un  grand  nom- 
bre de  mémoires  d'Œrsted  lui-même,  que  nous 
citerons  à  leur  place.  L'Académie  des  sciences 
de  Paris  l'élut  son  associé  étranger,  en  1842. 

Œrsted  débuta  par  une  thèse  destinée  à  lui 
obtenir  le  grade  de  docteur  en  philosophie  : 
Dissertatio  de  forma  metaphysices  elemen- 
taris  natur»  extern»;  Hafniœ,  1799,  in-8*. 
Peu  après  il  publia  deux  opuscules  écrits  en  da- 
nois et  en  allemand,  où  il  poursuivait  les  idées 
développées  dans  sa  thèse  de  doctorat  :  Natur" 
metaphysikens  Orundtrakkene  ;  Copenhague  » 
1799,  in-8^;  —  Ideen  zu  einer  neuenArchitek- 
tonik  der  Naturmetaphysik  ^  herausgeg. 
von  M.  H.  Mendd;  Berlin,  1802,  in-8o.  Deux 
ouvrages,  traitant  des  lois  générales  de  la  nature. 


bSS 


OERSTED 


524 


ont  pour  titres  :  Videnshaben  om  Naturens 
aimimielige  Love  y  1  deel.;  Copenhague,  1809; 
JFiorste  ittUUdni»g  iil  den  almind.  JSMturlare; 
iM.,  1 81 1 ,  m-4<'  ;  —  Den  almind.  Platurlarens 
Aamd  og  Vasi^ii;  il).»  1847. 

Paiwi  les  norobreax  et  importanfte  travaux 
d'Œrsted ,  ayant  pour  sujet  U  duiuie,  nous 
citerons  d'abord  les  ouvrages  qui  ont  paru  sé- 
parément ;  Maiarialien  zu  einer  Chimie  des 
19  Jahrhunderts  ;  Ratisbonne,  1803  :  ouvrage 
(QUi  .d«ABe  m  abrégé  du  aystème  présenté  par 
Wioterl  dans  ses  JPro£t»iofie«  in  cAemiam  se- 
€aU  dedmi-noni^  et  qui  a  été  analysé  par 
M.  Cbeafivix;  —  Anskhi  der  chemiscÂenNa- 
inryeeetze,  durch  dUneuere»  Eutdeckungen 
4imH>mien  ;  Berlin,  1812  :  inséré  dans  Je  Jour- 
nal de  Schweigger  en  I48I2;  traduit  en  Xrançais 
par  Marcel  de  Serres;  Paris,  1813;  —  Tenta- 
men  nomencUUuras  cAemices  omnilms  lin- 
iSfuis  scandinavo'germanim  conmiums;  Co- 
fiesok.^  1614,  kï-A^;  ^  laresainUger  a^  dm 
nyere  Chemie;  ib.,  1820;  —  Erindring&ord 
iil  FarelasTàitkgtr  over  Cbemàens  Grundsat- 
nin^er;  Ib.,  1826;  2''  éd.,  1»26.  Dans  les  re- 
4»ieils  périodiques  on  trouve  encore  de  lui  :  Let- 
tre sur  la  découverte  de  deux  nouveaux  alcalis 
végétaux,  la  pépérine  et  un  autre,  innonuné, 
trouvés  dans  le  fruit  du  coftsàeum  annuum 
/Laskéttierie,  Journ,  de  Phjfs.,  XLVII,  1820; 
voir  aussi  :  Vid.  fiebik.Forb.,  1820;  Journ.de 
SeAweigçert  XXVIU)  ;  sur  la  décoction  de  poivre, 
iioinreau  succédané  du  quinquina  (Àllg^  medic. 
AMUèul,,  1809);  «0r  le  chlorure  d'aUuninium 
iOverfigtf  1825;  Pogg.  1827);  observations 
gal/vaoochimiques  (Geblen,  /oum.  /.  Chem., 
111, 1804);  sur  la  série  des  acides  et  des  bases 
^ib.,  11,  1806);  réflexions  sur  Tbistoire  delà 
cUimie  (ib.«  lU,  1807)  ;  sur  U  question  :  Qu'est- 
ce  que  la  cbinie.(iVy^  BiU,^  U,  1605).  Depuis 
4|iie  (GBrated  ^it  «n  des  rédacteurs  du  journal 
Tiéikri/l  for  J^aùurviiea*kaberne  (Copen- 
hague, 1822- 1A28  )«4n  y  trouve  de  lui  plusieurs 
articles ,  entre  aiutres  sur  les  progrès  de  la  chi- 
mie depuis  le  isomaoencement  du  dix-buitjàme 
siècle  (vol.  I),  sur  le  pQintd'ébuUiUon^eres- 
pnt-de-vin  (ibid.),  etc. 

Avant  de  parler  de  ses  tnvanx  relatifs  è  Vé- 
leotrioHé ,  nous  citeeons  eoGore  ses  eaLpénences 
sur  les  lignes  nodales  de  ChkàoUDamÂe  Vid, 
Selik.  Skri/t,  Ui,  5,  i&lO;  Geàlen  Journ,^  UI, 
1807  )  ;  ses  mémoires  sur  la  oooaiM-essibUité  des 
liquides  {B,  V, B.  £.«  lY,  2,11820;  Oversigi  over 
éet  K.  D.  Vid.  £.  fkr,A.«  I8t7-U18, 182MS22, 
1824-1819,  1832-1833,  1M&;  Schweigger,  X}^, 
I817;XXXVI,  1822;XLV^  \B25 i Pogffwdorff s 
ànn.,  XXL,  182«;  XXXI,  1834  ;  Ann.  de  Ch.  et 
d€Phgt,,liXS,  1822;  XXIi^  1823«  Brew^Xer, 
Simm.  ^Science,  VI,  I83l  );  dans  plusieurs  de 
eês  unéiDoipes  on  tfouveiadesoriptioii  du  piéu)- 
wkètre,  instrunMi  qu'il  inventa  en  1822,  et  qui 
sert  à  mesurer  la  compression  des  liquides; 
sartaeai^larité<«v0rM4?f/,  i819-|8ie,  1840; 


Forhandl.  Skand.  JVaiur/orskare ,  1839; 
Pogg.  A»n,^  LUI,  1841  )  ;  sa  critique  de  Keudio- 
métrie  (  A>^  BtH.  f.  Phye.^  YIU,  1805;  Cohlen, 
y,  1805);  quelques  mémoires  sur  la  lumière 
(  Oversift,  etc.,  1815-1816,  et daaa son  ouvrage: 
Brindrinçsort  iil  Fofiasninger  «ver  Lyset; 
Oopenbague,  1 835)  ;  sur  la  chaleur  (  Schwdggery 
V,  1812;  Over$içiy  etc.,  1642  )  ;  sur  U  fabricatioo 
du  vin  {Ohtfsen's  Nye  oecon.  Ann.  UI,  1817); 
et  un  grand  nombre  d'arti<SieB  sur  divenes 
questions  de  physique,  insérés  dans  VOversigt, 
dsns  le  journal  de  la  Société  Scandinave ,  dans 
les  recueils'  publiés  par  ^Schweigger,  Poggea- 
dorff,  Gehlen,  Sdiomacher,  dans  le  IVfft  Ji- 
&{k}^Aeft,etc.,etc. 

Voici  rétat  de  la  soieDoe  avant  la  grmde  dé- 
couverte de  rélectn>"«nagnétisme,  qui  de  nos 
jours  est  devenue  une  «vëritaUe  scienee,  si  riche 
en  appUoations  Trafment  «erveiNenses. 

Depuis  que  les  .philesophes  dynanistes  s'é- 
taient babitnés  à  voir  dans  la  matièiie  simple- 
medt  te  résultat  de  quelques  forees  primitivei, 
il  leur  importait  de  dàneatser  que  les  matières 
nopondérables  n'étaient  que  les  manifestalioas 
imméditff es ,  et  seulement  un  peu  modifiées  dsK 
chaque  cas  partionlier,  d'une  même  force  lé- 
pandoe  dans  tout  Tunivers.  La  lumière,  la  cha- 
leur, réiectricité,  le  magnétisme  se  oonfondaioit 
ainsi  dans  leur  nature  intime;  ce  A*étaient  plus 
que  des  transformations  successiTes,âes  états 
différents  d'un  même  principe.  L'électricité  n'é- 
tait autre  chose  que  le  feu  primitif;  l'aimant 
était,  dans  ce  système,  une  pyrite  martiale  sa- 
turée de  fiuide  électrique;  opinion  que  s'ef- 
force de  combattre  Marat,  dans  ses  EecAerches 
pbssigues  sur  Pélectricité  (1782).  On  ne.  tarda 
pas,  d'ailleurs,  à  s'apercevoir  des  diflîcultés in- 
surmontables créées  par  des  analogies  forcées, 
que  rien  ne  justifiait  et  qui  étaient  en  con- 
tradiction flagrante  avec  les  eipénences.  I^Iais 
ce  qui,  de  ces  théories  fantastiques,  resta  loag- 
tennps  enraciné  dans  les  esprits,  ce  fUt  ridentité 
des  attractions  de  l'aimant  et  de  la  machine  élec- 
trique, pliénomènes  qui  paraissaient  natoreOcp 
ment  s'associer  l'on  à  l'autre.  Le  B.  P.  Cotte, 
dans  son  Ttvité  de  météorologie,  p.  26,  s'ex- 
prime comme  U  suit  :  «  Ces  dilTérents  traits 
d'analo^e  entre  les  matières  électrique  et  ma- 
gnétique me  font  soupçonner  que  ces  deui  ma- 
tières n'en  font  qu'une,  diversement  modifiée  et 
susceptible  de  différents  elTets  dont  on  com- 
mence à  apercevoir  l'unité  de  cause  et  de  prin- 
cipa.  Ce  n'est  ici  qu'une  conjecture  que  fevpé- 
rienoe  et  l'observation  convertiront  peat-êtrc  un 
jour  en  certitude  ».  Cigna  établit  une  parfaite 
ressemblance  entre  les  causes  des  deux  da-sses 
de  plkôBomèiies ,  mais  il  révoque  en  doute  le&r 
identité.  Ceai  aussi  le  sentiment  du  coiaie  de 
Uo^^t  {Essai  sur  VéUctricité ,  XI,  37);  il 
remarque  seulement  un  trèa -grand  rapport  eo- 
tue leurs  causes^  lesquelles^  mIou  lui,  pmdui- 
1  sent  leurs  diéts  d'après  le  même  principe  :  l'é» 


525 


OERSTED 


526 


Tément  da  fea,  combiné  aree  l'air,  produit  la  la- 
nière; combiné  arvec  Tcaii ,  le  fluide  électrique; 
combiné  avec  la  terre,  le  floide  magnétiqoe.  D'on 
autre  odté,  van  Swinden  pnUta,  en  1785,  une 
série  de  mémoires  où  il  s'efforça  de  dérnooCrer 
Tabsenoe  complète  d'une  analogie  entre  les  fkii- 
des  électriqoe  cft  magnétique,  et  de  réfoter  les 
arguments  qu'on  avait  tirés,  pour  la  confirmer, 
de  rinfluence  ^es  aurores  boréales  et  de  la 
foudre  sor  Paigoiile  aimantée.  La  grande  dé- 
couTerte  d^Alexandre  Votta,  au  mois  de  mars 
1800,  donna  un  nourel  «élan  buk  ttiéorie»  des 
unKaires.  I^a  pile,  en  fixant  à  se^  denx  bouts 
les  deux  électricités  oppbsées,  semblait  offrir 
le  simulacre  des  pôles  d'un  aimant,  et  Tun 
était  plus  que  jamais  porté  à  «le  persuader  l'iden- 
tité de  ces  fhiides  qui  étaient  d^  désignés  par 
une  notation  analogue  i+fAdt-^My  +  Eti — 
E.  Oe  fiit,  avant  tous,  l.-W.  Rifterqui  établit 
ce  principe  que  la  pile  était  un  aimant  réel,  et 
devait,  comme  tel,  avoir  un  pôle  positif  et  un 
pôle  négatif;  que  sa  polarité  éti^  une  pola- 
riié  nagnéfique.  Plosîears  physiciens  montrè- 
rent par  {'«expérience  qu'un  semblable  elTet  est 
tout  à  fait  étranger  à  la  pile  voltaîqne.  On  trouve, 
par  exemple,  dans  un  programme  4'Ampère, 
imprimé  en  1802,  le  passage  survaut  :  «  Le  pro- 
fesseur démontrera  que  les  phénomènes  électri- 
ques et  magnétiques  sont  dus  à  deux  fluides  dif- 
férents, et  qui  agissent  indépendanmient  l'un  de 
l'autre  >'.Mai8  la  verve  Ot  l'ima^nation  si  fé- 
conde de  liitter  loi  gagnaient  chaque  jour  de 
nouveaux  partisans;  ce  qui  ne  saurait  nous 
étonner,  puisqu'il  esttoujonrs  pAns  facâle  de  rêver 
que  de  raisaiiner,  et  «que  de  tout  temps  la  joie 
des  amateurs  a  été  d'imaginer  des  syalèuies  du 
monde  «t  de  réiérmer  la  science  par  une  bro- 
chure. MuDCke*  et  Gruner,  à  Hanovre,  ont  fait 
de  grands  cflorts  pour  obtenir  des  eflî^  analo- 
gues à  ceux  de  4a  pile  de  Volta ,  an  moyen  de 
batteries  maga^fiques  d'une  puissance  extraor- 
dinaire, on  d'inibieneer  par  ces  dernières  des 
piles  trè»-pelites  et  excessivement  mobiles;  mais 
toujours  CB  Tain.  Peot-étre  que  la  vérité  se  se- 
rait £ut  joor  déjà  «,  au  lieu  de  faire  agir  des  ai- 
mants très-forts  aur  des  piles  mimmes,  on  avait 
essayé  d'o|iérer  avec  des  piles  grandes  sur  des 
aignilies  petites  et  d'une  nràbilité  convenable.  En 
avril  1802,  un  cnrreGfendant  du  Monthly  Mb- 
gasiine  dcrivit  à  ce  journal  «  que  le  galv^sme 
était  pour  le  moment  un  objet  d'occupation  se* 
rieoae  pour  tous  les  physiciens  et  chinustea  al- 
ienunds;  ^'à  Vienne  on  avait  annoncé  une 
découverte  importante,  en  ce  sens  qu'un  aimant 
artificiel ,  employé  au  lien  de  la  pile  de  Volta , 
décomposait  l'eau  aussi  bien  que  la  pUe  ou  que 
la  machine  éleetriqae  :  d'oii  l'on  oonduail  que 
les  fluides  électrique,  galvanique  et  magnétique, 
étaient  les  mêmes  >.  Ces  b'gnes,  dont  il  est  dilfi- 

(1)  Analogie  dé  FéUetricité  et  du  maçnetUme,  Ae- 
eueii  de  mémoires  eouromné^  par  i^ Académie  -de  Sa-- 
Tiére,  par  J.  U.  van  Swiodcn,  l  voL  IihS"  ;  U  Uave«  178S. 


die  de  comprendre  ta  signification  et  l'origine^ 
ne  sont  pas  sans  intérêt,  parce  qu'elles  pourraient 
sembler  avoir  quelque  rapport  avec  les  électro- 
aimants.  Mais  il  importe  de  signaler  nn  antre 
tait  qui  contient  en  germe  TimmorteUe  décou- 
verte dXErsted. 

Le  journal  politique  de  Trente  RistretU  dei 
Foglietti  universali  contient,  dans  son  numéro 
du  3  août  1802,  l'article  suivant  aur  le  griva- 
nisme.  k  M.  le  conseiller  Gian-Domenice  Aorna- 
gnosi ,  demeurant  \d ,  et  connu  k  ia  répubh'qne 
des  lettres  par  d'autres  profiondes  productions , 
se  hâte  de  communiquer  aux  physiciens  del'Ett- 
rope  une  expérience  relative  au  fluide  galvanique 
appliqué  an  magnétisme.  Après  avoir  préparé  Ja 
pile  de  M.  Volta,  composée  de  disques  de  cuivre 
et  de  zinc ,  entre  lesquels  U  y  avait  des  rondelles 
de  flanelle  imprégnée  d'une  solution  ammoniacale 
étendue  d'ean,  l'auteur  attacha  à  la  pile  elle- 
même  un  ûl  d'argent  brisé  en  diflérents  endroits 
comme  une  chaîne.  La  dernière  articulation  de 
cette  chaîne  passait  par  un  tube  de  verre,  de  l'ex- 
trémité extérieure  duquel  sortait  un  boulon  éga- 
lement d'argent ,  qui  étaH  fixé  k  la  dite  chaîne. 
Ensuite  il  prit  une  aiguille  aimantée  ordinaire, 
disposée  k  la  manière  d'nne  boussole  marine, 
et  encastrée  dans  on  axe  prismatique  de  bais  ; 
et  après  avoir  Mé  le  couvercle  en  verre,  il  plaça 
l'aiguille  sor  un  isolateur  de  verre,  près  de  la 
pile.  Âiorsj  il  saisit  la  chaînette,  et  la  prenant 
par  le  tube  de  Terre,  en  appliqua  l'extrémité  ou 
bouton  k  l'aiguille  aimantée.  Après  un  contact 
de  quelques  secondes,  l'aiguille  s'écarta  de  tplu- 
sieurs  degrés  de  sa  position  polaire.  Quand  la 
chaîne  fut  soulevée,  l'aiguiUe  conserva  la  dévia- 
tion qu'on  loi  aTaît  imprimée.  En  appliquant  de 
nouveau  la  même  chaîne,  on  vit  l'aiguille  dévier 
encore  un  peu  «t  conserver  toujours  la  position 
dans  iaquelie  on  la  laiasait;  dételle  sorte  que 
sa  polarité  paraissait  «ntièrement  détruite.  Pour 
la  rétablir  «osnlte,  voici  coonment  s'y  prit  M.  Bo- 
magnoà.  il  fvesaa  des  deux  mains,  entre  Je 
pouce  et  riades,  ie  bord  de  la  boite  en  bois 
isolée,  mais  «n évitant  toute  secousse,  et  Je  tint 
ainsi  pendant  quelques  secondes.  Alors  on  vît 
l'aiguille  se  mouvorr  lentement  et  Mf>rendre  sa 
polarité,  pas  tout  d'un  -coup,  maie  par  pulsations 
successives,  à  l'instar  ^'nne  aiguille  de  montre 
indi<|oant  les  aeoondea.  Cette  expérience  fut 
faite  an  mois  de  mai,  et  répétée  en  présence  de 
pluaieurs  spectateurs.  Dans  les  mêmes  droons- 
tances  l'auteur  obtint  aussi  sans  diflicolté  l'at- 
traction électrique  à  une  distance  très-eenaible. 
Il  employa  on  mince  fil  de  chanvre  baigné  dans 
de  Tean  ammoniacale,  et  susjiendu  k  un  petit 
bâton  de  Terre;  ^pprodiant  alors  la  chaîne  d^ar- 
gent'  à  ce  fil ,  jusqu'à  la  distance  d'une  ligne  en- 
viron, il  Ttt  le  fil  entraîné  rapidement,  se  coller 
contre  le  boulon  de  la  chaîne,  et  se  tourner  vers 
en  haut,  comme  dans  les  expériences  éieotii- 
qnes.  —  M.  Romagnosi  croit  de  son  devoh",  de 
publier  cette  expérience,  qui  doit  faire  «orps 


527 


OERSTED 


538 


avec  d*atttres  dans  ud  mémoire  qu'il  est  occupé 
de  composer,  sur  le  galTanisroe  et  sur  i'électri> 
cité,  et  dans  lequel  il  se  réserve  de  domier  ia 
relation  d'un  phénomène  atmosphérique ,  qui  a 
lieu  tous  les  ans  dahs  un  endroit  du  Tyrol  voi- 
sin du  Brenner,  afTecte  fortement  tonte  une  po- 
pulation et  qui  lui  fait  éprouver  tous  les  effets 
du  galvanisme.  » 

M.  Zantedeschi,  en  publiant  ce  document 
dans  la  Corrispondenza  scieAtiftca  in  Roma 
(n°42,  9  avril  18ô9  ),  pour  répondre  à  un  ar- 
ticle de  M.  Donna  dans  le  Hondo  Letierario 
de  Turin  (  n*  8 ,  1859  ) ,  essaya  de  démon- 
trer que  Romagoosi  est  le  véritable  auteur 
de  la  découverte  de  l'électro-magnétisme.  Mais 
il  a  besoin,  pour  cela,  d'altérer  le  texte  de  ia 
déclaration  de  Tillustre  Plaisantius;  d*assurer 
que  celui-ci  avait  évidemment  touché  de  sa  main 
le  bouton  de  sa  chaîne  tout  en  appliquant  à  l'ai- 
guille aimantée  la  dernière  articulation,  et  qu'il 
avait  obtenu,  de  cette  bçon ,  un  courant  fermé 
par  le  corps  de  l'observateur  et  par  le  sol.  C'est 
là  en  effet  la  seule  manière  d'expliquer  les  expé- 
riences de  Romagnosi  ;  mais  cette  interprétation 
a  posteriori^  que  M.  Zantedeschi  a  trouvée  en 
répétant  les  expériences  en  question,  ne  sert  qu'à 
mieux  faire  ressortir  Tobscurité  des  paroles  de 
l'auteur.  La  note  de  Romagnosi  n*est  que  le 
germe  latent  de  la  découverte  d'Œrsted.  Cepen- 
dant, l'annonce  du  physicien  de  Trente  ne  fut 
pas  entièrement  perdue.  Jean  Aldini ,  dans  son 
traité  du  galvanisme  (1),  s'exprime  ainsi  :  «  Mo- 
jon  a  magnétisé  des  aiguilles  à  coudre  de  ia  lon- 
gueur de  deux  pouces,  par  un  appareil  à  tasses 
de  cent  verres.  Cette  nouvelle  propriété  du  gaK 
vanisme  a  été  constatée  par  d'autres  observa- 
teurs, et  dernièrement  par  M.  Romanes! ,  qui  a 
reconnu  que  le  galvanisme  faisait  décliner  l'ai- 
guille aimantée.  i>  «  D'après  les  observations  de 
Romagnosi,  rapporte  Joseph  Izam  (2)  (1804), 
raiguiUedéjà  aimantée,  et  que  l'on  soumet  ainsi 
au  courant  galvanique,  éprouve  une  déclinaison  ; 
et  d'après  celles  de  M.  Mojon,  savant  chimiste  de 
Gènes ,  les  aiguilles  non  aimantées  acquièrent 
par  ce  moyen  une  sorte  de  polarité  magnétique.  » 

Ainsi,  bien  avant  1820  l'action  d'un  courant 
Toltaique  sur  l'aimant  avait  été  déjà  constatée; 
mais  l'observation  était  si  imparfaite  et  si  peu 
explicite  qu'elle  resta  inféconde  jusqu'à  l'é- 
poque d'Œrsted ,  comme  les  idées  émises  de 
Kepler  sur  la  gravitation  universelle  sont  restées, 
pour  ainsi  dire ,  à  l'état  latent  jusqu'à  Tavéne- 
meot  de  Newton  (3). 

(1)  Essaithéorlijue  et  expérimentai  sur  le  gaicanisme, 
axec  une  iérie  d'expériences  faites  encfirésence  des  com- 
missaires de  l'Institut  national  de  France;  Pirts,  1804, 
tome  I,  p.  840.- 

(1)  Manuel  du  gab>anisme:  Parte,  1804,  page  iso.  Folr 
anasl  :  Gilbert,  LXVIII,  p.  108. 

(8)  M.  ZaotedeschI  raconte  encore  qu'en  1848  il  envoja 
à  OBrsted  son  traité  de  l'électrlcHé  et  du  iDagoéttsne, 
arec  une  lettre  rempUe  d'éloges  pour  le  célèbre  profes- 
seur de  Copenhague  ;  mais  que  ce  dernier  a  gardé  la  lettre 
et  reoTojé  le  livre,  apparemment  parce  que  l'autear  y 


Quel  que  soit  le  mérite  des  observations  de 
Romagnosi,  les  titres  d'Œrsted  à  la  découverte 
de  la  magnéto-électricité  sont  incontestables.  Pea 
avant  lui  il  y  avait  encore  bien  des  pbysideos 
qui  défendaient  avec  ardeur  l'identité  des  deux 
agents  physiques  proclamée  par  Ritter;  tfnsi, 
en  1818  von  Yelin  s'en  fit  le  partisan  dans  un 
discours  prononcé  en  public;  mais  à  l'exceptioB 
de  quelques  faibles  analogies,  telles  qu'on  en 
trouve  entre  deux  substances  données  quelcon- 
ques, il  ne  donne  pas  ime  seule  preuve  à  l'appoi 
de  sa  thèse.  Enfin,  on  peut  donc  affirmer  qu'à 
cette  époque  on  ne  savait  guère  sur  l'action  ré- 
cipiH>que  des  deux  agents  en  question  qne  œ 
qui  éûit  connu  depuis  bien  longtemps,  c'est-à- 
dire  qne  des  coups  de  foudre  et  aussi  de  fortes 
étincelles  électriques  sont  capables  d'aimanter 
l'acier,  d'y  détruire  ou  d'y  renverser  la  polarité 
magnétique  (1).  Mais  d'après  les  expériences  de 
Van  Marum,  on  regardait  tous  ces  phénomènes 
comme  produits  par  le  choc  et  la  secousse  de  la 
décharge.  Le  P.  Reccaria  avait,  en  outre,  parlé 
de  circuits  électriques  constants  qui  engendre- 
raient le  magnétisme  dans  les  aiihants  :  la  théo- 
rie d'Ampère  en  germe  (2)  I  Et  Mojon  aossi  bien 
que  Romagnosi  avaient  vu  se  produire  sons 
leurs  yeux  des  phénomènes  électro-magoétiqaes; 
mais  aucun  des  deux  n'a  su  mettre  en  lumière 
cette  branche  si  importante  de  la  physique. 

Ainsi  donc,  de  tout  ce  qui  était  connu  jusquà 
la  fin  de  l'année  1819,  on  ne  pouvait  pas  dé- 
duire les  phénomènes  magnéto-électriques  qui 
furent  observés  plus  tard  ;  et  il  est  constant 
que  la  pile  voltaîque  n'est  point  un  aimant, 
que  ses  pôles  ne  sont  pas  des  pôles  magnéti- 
ques, et  que  toute  la  base  des  raisonnements 
de  l'époque  était  fausse.  Néanmoins  ces  raison- 
nements ne  cessèrent  pas  encore  le  jour  où  ap- 
parut l'électro- magnétisme.  Œrsted  lui-même 
conserva  encore  longtemps  la  vieille  croyance 
que  Pélectricilé  et  le  magnétisme  sont  de  même 
origine.  Cette  opinion  qu'il  avait  professée  dans 
ses  Réflexions  stu-  les  lois  de  la  chimie^  pu- 
bliées en  1812,  il  essaya  de  la  confirmer  par  des 
faits  et  de  montrer  à  ses  auditeurs  one  influence 
exercée  sur  les  pôles  d'un  aimant  par  ceux  d'une 
pile  galvanique;  mais  ses  tentatives  restèrent 
toujours  sans  résultat.  On  ne  pouvait  alors  at- 
tribuer à  la  pile  une  polarité  de  ce  genre  que 
lorsque  ses  pôles  étaient  libres,  et  le  courant  in- 
terrompu; car  du  moment  qu'il  était  fermé  par 
le  fil  oonjonctif,  rien  à  celte  époque  ne  pouvait 
faire  prévoir  ime  manifestation  quelconque  d'une 
polarité  du  fluide  qui  traversait  le  drcnit;  on 

parle  de  Romagnosi,  à  qui  11  attrlbae  non-seolement  la 
découverte  de  l'action  des  courants  sur  les  aimants,  mais 
encore  celle  de  rexisteoce  du  coorant  ourert  qui  «e  pro- 
page par  le  terrain,  et  toot  cela  en  vertn  de  rartlcle  que 
nous  avons  traduit  plus  haut 

(i;  Ueber  MagnHismus  und  Bleetricitaet  ait  identir 
tchê  und  Utkraeftt;  Munich,  1818. 

W  Schwelger,  Joum,  N.  J.,  XVI,  i. 

<8)  Prteittey,  Histoire  da  FtlÊCtrieité^  p.  ni. 


S39 

annit  dû,  avec  le  même  droit,  douer  de  pro- 
priétés poWres  le  fil  conjonctif  d'une  batterie  de 
Leyde,  puisque  Tideutité  de  rélectricité  par  frot- 
tement et  de  l'électridté  par  contact  était  déjà 
reconnue  et  admise.  Ainsi  donc,  en  supposant 
que  le  professeur  de  Copenhague  élait  conséquent 
à  lui-même  dans  ses  déductions ,  U  fout  croire 
que  ce  fut  le  hasard  qui  lui  fit  faire  une  de  ces 
découvertes  qui  impriment  une  direction  nouTelle 
à  la  sdenve  et  qui  immortalisent  les  noms  de 
leurs  auteurs. 

Dans  le  cours  de  Thiver  de  1819  à  1620»  Œr- 
sted  était  occupé  à  montrera  ses  auditeurs  detf 
expériencesgalTaniques.  Par  un  heureux  hasard, 
un  mince  fil  de  platme  étendu  entre  les  deux 
pôles  d'une  pile  de  Volta  assez  puissante,  et 
rendu  incandescent  par  le  courant  intense  qui  le 
traverfiait ,  passait  au-dessus  d'une  aiguille  ai- 
mantée placée  à  peu  de  distance  de  la  pile.  C'est 
alors  qu'on  Tit  l'aiguille  éprouver  des  oscillations 
toutes  particulières,  qui  firent  l'étonnement  des 
assistants,  puisque,  suivant  tout  ce  qu'on  savait 
alors ,  une  attraction  ou  une  répulsion  émanant 
du  fil  conjonctif  devait  paraître  énigmatique. 
Plus  tard ,  cependant,  Œrsted  a  voulu  prouver 
que  ses  vues.théoriques  l'avaient  conduit  direc- 
tement à  sa  découverte  ;  que  c'étaient  ses  re- 
cherches sur  riufluence  que  les  deux  électricités, 
au  moment  de  leur  compentaiion,  auraient 
exercée  sur  Paiguille  magnétique  qui  lui  auraient 
fait  entrevoir  ce  qu'il  observa  (1).  Mais  il  est 
très-probable  qu'il  n'avait  alors  songé  qu*à  une 
polarité  magnétique  des  pèles  d'une  pile  à  cou- 
rant fermé.  Et  il  semble  presque ,  en  y  regar- 
dant de  près,  que  ni  Œrsted  ni  ses  auditeurs 
n'ont  saisi  immédiatement  toute  la  portée  du 
phénomène  qui  s'était  révélé  devant  eux;  car 
autrement  il  serait  difficile  de  comprendre  pour- 
quoi le  public  n'aurait  pas  été  instruit  de  cette  dé- 
couverte avant  que  son  auteur  l'eût  publiée  dans 
l'ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Expérimenta  cir- 
cum  e/fettum  confiictus  electrici  in  acum  ma- 
gneticum  (Copenhague,  21  juillet  1820;  traduit 
en  allemand  dans  Le  Journal  de  Scliweigger, 
XXIX,  1820,  et  dans  les  Annales  de  Gilbert, 
LXVf ,  1820  ;  en  français,  dans  les  Ann.de  efUm. 
ei  dephyi.^  XIV,  1820).  Peu  après  cette  publica- 
tion, J. -T.  Majer  l'annonça  dans  les  Gottinger 
ûeiehrte  An  zeigen  (a**  1 7 1  ),  en  ajoutant  qu'il  avait 
lénssi  à  reproduire  les  expériences  d'Œrsted; 
le  lundi  11  septembre  1820,  dans  la  séance  de 
l'Académie  des  sciences  de  Paris,  M.  de  La  Rjve, 
qui  venait  de  Genève,  répéta  les  mêmes  expé- 
riences devant  le  savant  auditoire  (2)  ;  et  le  lundi 
suivant  Ampère  apporta  déjà  un  fait  plus  gé- 
néral que  celui  qu'on  avait  annoncé;  depuis  lors 
la  tliéorie  de  l'électro-magnétisme  ne  cessa  plus 
de  faire  des  progrès.  Mais  après  même  que  les 
académies  et  les  sociétés  savantes  avaient  été  ins- 
truites de  la  grande  nouvelle,  le  public  resta 

(1)  Sehwdger,  Joum.  N.  5.,  tl.  iw. 
(1)  Voir  :  nm.  tmiv.,  Xiv,  p.  ssi. 


OERSTED  530 

encore  quelque  temps  sans  y  faire  attention.  La 
raison  de  cette  circonstance  doit  être  cherchée 
d'abord  dans  la  rédaction  primitive  d'Œrsted, 
qui  ne  laisse  pas  que  d'être  un  peu  confuse  et  em- 
barrassée, mais  prindpalement  dans  une  erreur 
qui  se  liait  à  l'origine  de  la  découverte ,  et  qui 
consbtait  en  ce  que  l'auteur  lui-même  et  les 
autres  physiciens  qui  marchaient  sur  ses  traces 
exigeaient  au  commencement,  pour  la  réussite 
de  ces  expériences ,  une  pile  assez  forte  pour 
porter  au  rouge  le  fil  conjonctif.  Il  est  certaine- 
ment singulier  qu'Œrsted,  dansl'mtervalle  assez 
long  qu^il  laissa  s'écouler  entre  sa  découverte  et 
sa  publication,  n'ait  pas  remarqué  qu'il  suffit 
d'employer  deux  disques  de  zinc  et  de  cuivre 
d'un  diamètre  un  peu  considérable  pour  pro- 
duire non-seulement  les  mêmes  phénomènes  qu'il 
avait  observés  avec  la  pile,  mais  encore  des 
effets  plus  sensibles  que  ceux  de  piles  compo- 
sées d'un  grand  nombre  de  couples  plus  petits. 
Cette  exigence  d'un  appareil  tiès-puissant  em- 
pêcha bien  des  savants  de  répéter  les  expériences 
électro-dynamiques;  il  s'en  trouva  même  qui 
doutaient  de  l'exactitude  de  ce  qui  avait  été 
avancé  par  le  physicien  danois,  disant  qu'un 
courant  énergique  pouvait  bien  avoir  occa- 
sionné quelques  oscillations  de  l'aiguille,  si  mo- 
bile ,  sans  qu'il  y  ait  lieu  de  croire  à  des  pro- 
priétés magnétiques  développées  dans  le  courant 
galvanique.  Mais  la  vérité  ne  tarda  pas  à  se  fanre 
jour  à  travers  ces  hésitations  et  ces  incrédulités, 
auxquelles  fit  place  un  enthousiasme  général  et 
sans  réserve. 

Nous  n'avons  pas  encore  jusquMci  défini  en 
quoi  consiste  l'électro-magnétisme  ;  il  nous  semble 
pourtant  nécessaire  d'entrer  à  ce  sujet  dans  quel- 
ques explications,  que  nous  emprunterons,  en 
les  abrégeant ,  à  l'illustre  Arago ,  désespérant  de 
trouver  mieux  nous  -  même.  Voici  ce  qu'il  dit 
dans  sa  notice  biographique  sur  Ampère  (vol.  II, 
page  60  des  Œuvres  de  F.  Arago)  :  «  La  pile 
de  Volta  est  terminée  à  ses  extrémités,  ou,  si 
l'on  veut,  à  ses  deux  pôles .  puisque  l'expres- 
sion est  convenue,  par  deux  métaux  dissem- 
blables. Supposons,  pour  fixer  les  idées,  que 
les  éléments  de  cet  admirable  appareil  soient  du 
cuivre  et  du  zinc  ;  si  le  cuivre  est  à  l'un  des 
pôles,  le  zinc  sera  inévitablement  au  pèle  op- 
posé. La  pile,  sauf  quelques  traces  de  tension, 
est  on  du  moins  semble  complètement  inerte, 
tant  qu'en  dehors  des  plaques  qui  la  composent 
ses  pôles  ne  sont  pas  mis  en  communication  à 
l'aide  d'une  substance  très-conductrice  de  l'élec- 
tricité. Ordinairement  on  se  sert  d'un  fil  métal- 
lique pour  unir  les  deux  pôles  de  la  pile,  ou,  ce 
qui  revient  au  même,  pour  mettre  l'instrument 
en  action.  Ce  fil  prend  alors  le  nom  de  fil  con- 
jonctif. Le  fil  conjonctif,  le  fil  aboutissant  aux 
deux  pôles,  est  traversé  dans  toute  sa  longueur 
par  un  courant  d^électrieité  qui  circule  sans 
cesse  le  long  du  circuit  fermé  résultant  de  la 
réunion  de  ce  fil  et  de  la  piie.  SI  la  pile  est 


Siii 


OERSTED 


&33 


très*foTte,  le  courant  Test  égaiement  »  Les 
pttysiciens  MTtient  depuis  loDgtemps  inriiiber 
un  fil  jnét»H)<|Be  isolé  d^ne  forte  qoanlilé  d*é- 
lectrioilé  en  repos,  d'électricilé  de  tension, 
comme  on  dit  dans  les  traités  de  physi^oe;  ils 
nvaieiit  -ausii  Caire  traverser  les  fib  mélalli- 
qnes  non  isolés  par  de  très-gramiiet  quan- 
tités (VélecùrMié  ;  mais  ators  le  passage  était 
înéTitablement  bnjsqœ,  instantané.  Le  pramier 
moyen  de  i-éonir  en  ce  genre  l'intensité  à  ta 
durée,  c'est  la  pile  qui  Ta  fourni.  C'est  avec  la 
pile  qaVm  «rrive  à  placer  on  fil  pendant  des 
minutes,  pendant  des  beores  entières,  dans  Té- 
tât que  les  décharges  des  plus  puissanles  ma- 
chioes  anciennes  ne  faisaient  probablement  dnrer 
^'«n  nDilliMuème  de  seceade.  Le  fil  oonjoncttf 
d'une  file,  le  fil  métalKqne  à  travers  lequel  se 
metU  jans  cesse  une  certaine  quantité  d'ékxs- 
Iricité,  a-t41,  en  conséquence  de  oe  mouvement, 
acquis  des  propriétés  nenvelles?  L'expérience 
dXErsted  va  répondre  d'nne  Dunière  écla- 
tante. «  Plaçons  une  oertaÎBe  étendue  d'un  long 
fil  roétaltique  de  cuivre ,  d'argent ,  de  platine ,  ou 
de  tout  autre  métal  sans  action  magnétique  ap^ 
prédaUe ,  au-dessus  d'une  tioussole  horizontale 
et  paralièlemmU  à  son  aignilk.  La  présence 
de  ce  fil  sera  sans  nul  effet.  Ne  changeons  rien 
à  cette  première  disposition,  mais  faisons  aboutir, 
soit  directement,  soit  par  des  intermédiaires 
longs  ou  eonrts,  les  deux  extrémités  du  fil  aux 
deux  pdies  d'une  pile  voltaiqne.  Transformons  le 
fil  isolé  en  fil  oonjonctîf ,  en  til  que  parcourt  on 
courant  permanent  d'électricité  ;  àfinstant  ratee 
Taiguilie  de  la  bousaole  «haofgera  de  direotien  : 
ai  la  pile  est  faiUe,  la  déviation  sera  peu  consi- 
démUe.  Sopiiosez  la  pile  très-foile,  et  malgré 
l'action  directrice  de  la  teire,  Taigiiille  magné- 
liqne  formera  un  angle  de  pitès  de  90  degrés  avec 
sa  position  naturelle.  J'ai  placé  le  fil  coojoMlif 
au-dessus  de  faigoille  aimantée;  s'il  était  en 
desssuSf  les  phénomènes  seraient  les  mêmes  socs 
le  rapport  des  quantités,  et  précisément  fopposé 
quant  au  sens  des  déviations.  Le  fil  oonfonotif 
en  dessus  transporte-t-il  le  pôle  nord  de  l'ai** 
gui  Ile  vers  Vauest^  ce  sera  vcn  l'ei^  que  la  dé- 
viation sWpérera  -quand,  (ont  restant  dans  te 
même  état,  le  fil  se  treuvera  en  éessma.  Re- 
marquons encore  que  le  fil  ne  conserve  absolu- 
ment rien  de  ses  forces  déviatrices  dès  qu'il  cesse 
d'être  OMqQodif,  4è8  qne  ses  extrémités  n'abon- 
tissent  fAus  anx  deux  pôles  de  la  pîle.  •  Il 
faudrait  manquer  totalement  du  sens  scien- 
tifique pour  ne  pas  oompmndre  œ  qu'il  y  a 
d'extraordinaire,  de  capital  dans  les  résultats 
que  je  vfens  d'énooeer,  poorne  pas  s'étonner  de 
voir  «m  fluide  impondérable  communiquer  pas- 
sagèrement des  propiiétés  si  énergiques  au 
mince  (il  qu'il  parcourt.  «  Oes  propriétés,  étu- 
diées dans  leurs  caractères  apédfiques,  ne  sont 
pas  moins  étonnantes.  Les  enfants  eux-mêmes  le 
savent;  on  chercherait  vainement  à  faire  tourner 
on  levier  horizontal  autour  du  pivot  sur  lequel 


il  repose  par  son  centre,  en  le  poussant  on  eo 
le  tirant  dans  sa  longueur,  je  veux  dire  suivant 
une  ligne  aboutissant  au  centre  de  rotation;  Tac- 
tion  doit  être  néoessairement  transversale.  La 
peipendiculaireè  la  longueur  du  levier  est  même 
de  toutes  les  directions  qu'on  puisse  adopler 
celle  qui  exige  le  moins  de  force  pour  engendrer 
on  nnouvement  donné.  C'est  exactement  tout 
l'opposé  de  ces  règles  élémentaires  de  la  méca- 
nique qne  présente  l'expérience  d«  M.  CErsted.  » 
Qu'on  veuille  bien  en  effet  se  le  rappeler  : 
quand  les  forces  qne  le  passage  du  courant  élec- 
trique développe  en  chaque  point  du  fil  coojoao* 
tif  se  trouvent  «sorrespondre  verticalement  à 
l'axie  même  de  l'niguiUe,  soit  au-dessus,  soitaB> 
dessons,  la  déviation  esta  son  maximvm.  L'ai- 
guille reste  en  repos,  an  contraire,  lorsque  le  fi 
se  présente  à  «Ile  dans  une  direction  voisine  de 
la  perpendiculaire.  «  Telle  est  l'étnngeté  de  ces 
faits,  que  pour  les  expliquer  divers  pliysideas 
eurent  reconrs  à  on  ftnx  continu  de  matière 
électrique  cireulant  autour  dn  fil  oonjooetif  et 
prodmsant  la  déviation  de  l'aiguille  par  voie  d'im- 
pulsion.  Ce  n'était  rien  moins,  en  petit,  qne  i» 
fameux  tourbillons  qu'avait  imagnés  Ikscnites 
ponr  rendre  compte  du  mouvement  général  des 
planètes  autour  dn  soleil.  Ainsi  lai  décooverte 
d'Œrsted  semblait  devoir  faire  reculer  les  théo- 
ries physiques  -de  plus  de  deux  siècles.  » 

Œrsted  lu}««nème  essaya  de  donner  une  en- 
plicalion  théorique  des  pliéuomènes  qu'il  avait 
observés  :  C'est  lui  qui  imagina  les 
électriques  oircnlant  en  hélices . 
jonctif.  D'après  lui,  l'électricité  agit  nvICB  par- 
ticules magnétiques,  lesquelles  opposent  à  nUe 
action  une  ceitaine  résistance,  «it  par  là  néoie 
entrent  en  mouvement.  Pour  coiicHiereDsmtele 
mouvement  de  propagation  du  courant  électri- 
que avec  la  tendance  du  pôle  roagnétiqoe  à  te 
mouvoir  drcolairement  autour  du  fil  candndear 
(tendance  qui  résulte  de  l'ensemble  des  phéno- 
mènes électro-magnétiqoes  forequ'on  observe  des 
aiguilles  mobiles  horizontalement  et  verticale- 
ment), pour  concKîer  ces  deux  modes  de  trans- 
port, (Krsted  ne  trouva  rien  de  mieux  que  ses 
tourbillons  hélicoïdaux  ;  les  deux  électricités  op- 
posées avaient  chacune  son  héfice  spéciale,  à 
spires  très-serrées  et  presque  ctroulaires.  Qui- 
que  cette  idée  permette  de  rendre  compte  avec 
une  certaine  facilité  dHin  grand  nombre  de  phé- 
nomènes observés,  elle  soulève  cependant  trop 
d'objections  pour  qu'on  puisse  anionrdlMi  Kii 
attribuer  la  moindre  réalité.  L'électricité  oïdi- 
naire  et  le  magnétisme  n'offrent  noenne  trace 
d'un  mouvement  de  ce  genre:  ces  deux  principes 
agissent  toujours  en  figue  dn^;  l'inilueuoe  du 
fil  conducteur  s'étendant  souvent  &  une  assez 
grande  distance ,  il  fendrait  par  la  pensée  éten- 
dre aussi  loin  les  tourbillons  ambiants,  oe  qai 
donnerait  lieu  à  une  vitesse  de  propagatien  vrai- 
ment efTrayante  et  inconcevable  :  et  surtout  l'é- 
lectricilé  isolée  dans  un  fil  de  cuivre  conveit  de 


533 

soie  ne  saurait  pins  produire  d'efTet  en  deliors 
de  nsolani.  Ainsi  donc,  on  s'est  tu  forcé  d'aban- 
doBoer  la  théorie  dXErsted  à  nesure  que  les 
faHs  nouveaux  relatifs  à  t'éledro-magnétisme  se 
multipliaient.  Et  tout  bien  considéré,  il  faut  nous 
avouer  que  la  Maison  qni  existe  entre  le  magné- 
tisme  et  l'éledridté  n*est  pas  encore  expliquée 
jusqu'à  ce  jour;  même  la  fameuse  théorie  d'Am- 
père qui  compare  les  aimants  aux  aolénoïdes  for- 
més de  counmts  qui  traversent  un  fil  rçconvert 
de  soie  et  tourné  en  hélice;  celte  théorie  tant 
admirée,  et  qui  sMnsinne  de  prime  abord  à  l'es- 
prit,  n'est  pas  à  l'abri  de  toute  objection  et 
parait  même  6treoontredite  par  plosieurs  phéno- 
mènes qa'eUe  devrait  expliquer.  Nous  ne  eon- 
naissons  ^qne  les  lois  qui  président  aux  effeis 
réeipvoqnes  ayaat  Heu  entre  aimants  et  oonrants, 
ou  entre  courants  «t  oourants;  et  cela^  grftoe  k 
Ampère,  à  Biot,  à  Savart»^  Neomann.  Mais  la 
véritable  nature  des  agents  tnysiérieux  qui  se 
mamfestent  dans  ces  phénomènes  est  encore 
enveloppée  4'un  voile  épais.  Homo,  mâture  tni- 
nister  et  inierfnres,  tantum  facit  tt  intelli- 
çii  quantum  de  natur»  ordine  re  vel  mente 
observaverit;  nec  ampHus  sât  aut  pQtest  : 
rbomme,  qui  aide'  et  qni  interprète  la  nature  ne 
fait  et  ne  comprend  que  ce  qu'il  a  observé  de  la 
nature,  par  l'expérience  ou  par  le  raisonnement; 
}1  ne  sait  ni  ne  peut  rien  an  delà  (1). 

Dès  que  les  Joomaux  eurent  coamencé  à 
s'ocGcper  de  la  nouvelle  branche  de  la  pbysique 
expérimentale,  on  vit  non-seolemeot  les  hommes 
du  métier,  mais  bon  nombre  de  nainralisles,  de 
médecins,  d'amateurs  de  tons  genres  et  des  per- 
sonnes qni  ordinairement  restent  étrangères  aux 
sdenoes  s'emparer  avec  une  ardeur  «xtrème  de 
la  belle  découverte.  L'enthousiasme  universel 
qni  l'accueillît  peut  se  comparer  à  ceiai  qu'exd- 
tèreat  les  premiers  aérostats,  ces  machines  inso- 
lites qd  vinrent  résoudre  un  prablème  qui  avait 
été  j«8qQe«là  réputé  impossible*  Aussi  lesaocié- 
tés  aavariles  autant  que  les  hommes  privés  cher- 
cbèreat^ils  à  donner  au  célèbre  Danois  des  té- 
moignages éclatants  de  reconaaissance  et  de  con- 
sidération. Le  roi  de  Danemark  le  nomma  che- 
valier de  l'ordre  do  Danebrog;la  Société  royale 
de  Londies  kn  déoeraa  sa  grande  médaille. 
Cette  faveur,  générale  dont  la  déoouverle  d^CÈr- 
sted  devint  béent6t  4'Qbjet  s'expKqoe  facilement 
loisqp'on  pense  que  dès  lors  eet  agent  mysté- 
rieux cpi'oo  appelaft  magnétisme,  et  qqi^  en 
dépit  de  tons  les  efforts  tentés  par  les  physfciens, 
HaH  tOD^onm  resté  isolé,  et  comme  rivé  à  unsenl 
des  métaux,  que  cette  force  solîlalre  qui  habitait 
les  aimants  se  trouva  tout  à  coup  tirée  de  son 
isoleroenft,  et  liée  àTnn  des  agents  les  pkiscom- 
monaeC  les  pins  répasMlns,  rééecCricité.  £t  en 
mèo»  temps  il  ne  faut  pas  onbiier  que  le  ilift 
immense  ^  se  ré«éU  ainsi  an  monde  avait  de- 
^s  iangtemps  échappé  ans  redieiicbes  de  tant 

(1)  Bmo,  JVov.  Org,  Jphor,,  I. 


OERSTED  5U 

d'esprits  agaces ,  et  enfin  que  les  phénomènes 
principaux  de  ta  nouvelle  science  étaient  désor- 
mais à  la  portée  de  tout  le  monde,  au  moyen 
d'appareils  très-simples  et  pen  coMeux.  En  imi- 
tant Œreted,  les  physiciens  nieraient  pas  tardé  à 
s'apercevoir  que  des  déviafians  très-sensibles  de 
l'aiguille  aimantée  s'oblienneiit  sans  peine  avec 
quelques  disqnesde  trois  à  quatre  pouces  de  côté,, 
tandis  que  des  piles  d'nn  grand  nombre  de  cou- 
ples dont  les  disques  «'«nt -qu'un  pouce  de  dia- 
mètre  ne  donnent  queues  résmtals  presqne in- 
sensibles. 11  s'agit  ici  de  l'action  des  piles  snr 
raiguHIe  ordinaire;  Taiguille  statique  d'Ampère, 
qui  a  une  disposition  telle  qne  le  magnétisme 
terrestre  n'exerce  phis  sur  elle  aucune  ftctien  di- 
rectrice, se  place  toujours  perpendienlairementau 
fil  conjoncHf,  quelle  qne  soit  d'alHenre  l'ialensité 
du  courant.  Au  lieu  de  suivre  dans  toutes  ses 
péripéties  le  développement  de  la  science  électro- 
magnétique, nous  nous  bornerons  à  citer  tes  faits 
les  plus  saillants  et  les  noms  les  plus  dignes  de 
mémoire  qui  entrent  dans  l'histoire  de  cette  bran- 
che importante  de  la  physique.  Ampère,  comme 
nous  l'avon»  déjà  dit,  fut  le  législateur  des  phé» 
nomènes  magnéto-électriques,  et  en  y  ajoutant 
l'action  réciproque  de  deux  coorants  l'nn  sur 
l'autre,  il  fonda  la  sdence  éledro^ynamique. 
«  Œrsted,  dit  M.  Babi^et,  avait  été  le  Christophe 
Colomb  du  magnétisme;  Ampère  en  fut  le  Pizarre 
et  le  Pemand  Cortès.  »  Siot  et  Savart  trouvè- 
rent, expérimentalement,  hi  loi  des  distances, 
c'est-è-dire  que  la  force  exercée  par  le  fil  con- 
jonctif  décroît  dans  un  rapport  proportionné!  à 
la  distance.  Laplaoe  démontra  que  la  loi  indivi- 
dnelle  de  la  force  élémentaire  de  chaque  partie 
du  courant  est  néanmoins,  comme  la  gravitation, 
en  raison  inverse  du  carré  de  la  distance.  Enfin, 
Nenmaon  trouva  que  les  composantes  des  forcés 
d'un  courant  fermé  ont  un  potentiel. 

Arago  et  Tehn  remarquèrent  en  même  temps 
qne  le  fil  conducteur  de  l'électricité  ordinaire 
exerce,  dans  des  oirconstanées  favorables,  sur 
rader  ordinaire  la  même  action  que  le  fil  con- 
jonctif  d'une  pile.  MM.  Schweigger  et  Poggen- 
dorff,  l'un  après  l'autre ,  découvrirent  TisolatioD 
facile  du  courant  dans  nn  fil  métallique ,  isola- 
tion qm  ne  s'étend  pas  aux  propriétés  magnéti' 
qnes  dn  courant,  et  cette  remarque  permit  de 
construire  les  bobines  et  les  multiplicateurs  qui 
sont  devenus  depuisd'un  si  grand  usage  et  d'une 
si  haute  importance  poo'  toutes  les  mesures  des 
physiciens,  pour  la  télégraphie  électrique,  etc. 
Arago  observa  le  premier  le  magnétisme  par  rota- 
tion; Faraday  décovnit  l'inductien  magnétique, 
pressentie  d^à  par  Ampère  ;  et  depuis  la  décou- 
verte d'Œrsted  jusqu'à  nos  jours  les  fiùts  se  sont 
nmttipKés,  la  théorie  s'est  constamment  perfec- 
tionnée,  et  l'électro-magnétisme  est  devenu  le 
principe  le  pins  fécond  et  le  jièns  riche  d'avenir 
de  la  sdence  medeme. 

Outre  le  mémeére  fondamental,  Eperimen-^ 
ta, elc,  Œnrted ena  laissé  unasaezgnmd  non»- 


53& 


OERSTEO 


136 


bre,  poar  la  plupart  insérés  dans  les  recueils 
scientifiques,  où  il  s'occupe  d'électricité,  de  ma- 
gnétisme, et  d'électro-magnétisme.  Noos  en  ci- 
terons les  plus  importants ,  mais  sans  en  trans- 
crire les  titres  :  sur  rélectricité,  sa  propagation, 
sa  mesure,  etc.  (iVyt  Bibl.  for  P^ysik,  vol. 
letlX;  Scherer,  Nord.  Arch^  Il  ;  Gehlen,  Journ, 
f.  Chem.,  VI  et  VIE,  1808  ;  PoggendorfT,  LIU, 
1841  ;  Forh.  Shand,  Nalurf,  1840)  ;  sur  quel- 
ques nouvelles  expériences  thermo^iectriques 
]>ar  MM.  Fourier  et  Œrsted  (Ann.  de  CfUm.  et  de 
Phyt,,  XXU,  1823;  Oversigi^  etc.,  1822-23); 
éxkx  la  pile  de  Ritter  (  Gehlen,  VI,  1806);  re- 
marques galvano-chimiques  (t^.,  UI,  1804);  sur 
l'électricité  de  contact  (  Schweigger,  XX,  1817  )  ; 
sur  la  pile  de  Zamboni  {ib,,  XXXII,  1821  )  ;  sur 
Télectre-magnétisme,  application  des  multiplica- 
teurs, galvanoplastie,  etc.  {Oversigt^  etc., 
1821-22,  1823-24,  1826-35,  1840-42,  1848; 
Tidskrijft  for  Naturvid.,  1822;  Ursitif  Magat. 
/.  Kunstnere^  I  et  II;  Sdiweigger,  Journ. ^ 
XXIX,1820;XXXUetXXXIII,1821;LII,l828); 
sur  le  diainagnétisme  (  Oversigi,  etc.,  1847-49; 
Poggendorf,  LXXV,  1848;  et  dans  un  ouvrage 
séparé  :  Précis  d*une  série  d'expériences  sur 
le  diamagnétisme  ;  Hambourg,  1848)  ;  sur  les 
figures  électriques  {Skand.  Literat.  Selsk.  Skr., 
1, 1805). 

Outre  les  ouvrages  déjà  cités,  on  a  d'Œr- 
sted  :  Beretning  om  en  Undersegelse  over 
Bomholms  MinercUrige  (publ.  en  commun 
avec  L.  Esmarcb)  ;  Copenh.,  1819  et  1820  ;—  Fo- 
reldsninger,  somSelskab  forNaturl,  Vdbred. 
lader  holde;  ib.,  1824-30;  —  Naturlxrens 
mechaniske  Deel ;  ib.,  1844  ;  trad.  en  allemand, 
Brunswick,  1851  ; .—  To  eapiller  af  det  Sjoen- 
nés  Naturlare  (Deux  chapitres  de  la  physique 
du  beau);  ib.,  1845;  trad.  en  allemand  par 
M.  Zeise,  Hambourg,  1845  ;  Lu/skibel  ;  et  Digt 
(L'Aéronaute,  un  poème  );  ib.,  1836;  trad.  en  al- 
lemand par  Johannseo^ib.,  1837;  —  Samlede 
og  efterladle  Skrijter^d  vol.  in-8'';  ib.,  1850-52  ; 
traduits  en  allem.  par  Kannegiesser,  6  vol.  in-8*  ; 
4n»«éd.,  Leipsig,  1855.  De  ses  œuvres  choisies 
on  a  extrait  :  Der  Geist  in  der  Natur  { l'esprit 
dans  la  nature),  qui  a  été  publié  en  allemand 
à  Munich,  en  1850,  et  à  Leipzig,  de  1850  à  1851, 
précédé  d'une  notice  biographique  par  P.-L. 
MôUer,  puis  traduit  en  français  par  M.  Martin. 
Tous  ces  écrits  traitent  des  sujets  pins  ou  moins 
philosophiques  ;  ils  se  distinguent  par  une  expo^ 
sition  populaire  et  attrayante,  un  langage  poé- 
tique et  choisi  et  une  rare  justesse  de  raison- 
nement. Le  sentiment  religieux  y  domine ,  mais 
en  même  temps  on  y  trouve  les  préceptes  d'une 
philpsophie  saine  et  éclairée,  développés  avec 
une  éloquence  qui  entraîne  le  lecteur  et  qui  a 
fait  le  succès  extraordinaire  que  les  ouvrages 
d'Œrsted  ont  eu,  surtout  en  Allemagne.  En 
somme ,  Œrsted  a  été  non-seulement  un  physi- 
cien tr^distingué ,  mais  encore  un  éminent  écri- 
vain vulgarisateur.  R.  Raoac. 


Fie  d'OEnted,  par  Hauch  et  ForcbbaiDinrr,  traduite 
en  allemand  par  Scbold  ;  Spandau,  18SS.  —  Poggendorfr, 
Blogr.  —  IMer  Htmdworter&ueh.  iseo.  "  Calllsra,  Me^ 
dieiniichêt  SchryisUltêr-LexiSmif  IISI.—  Btogr.  unie, 
dsê  CotOemp,:  Parla,  18S«.  —  Fié  d'GBnled.  daaa 
3ïeifer's  rolksbibliothek,  —  Arago ,  FU  d'ampère.  - 
Gehier,  Phytik,  fFùrterbuek,  arlicle  Elscteo-macre- 
TiSMUs.  —  Pfaff .  Der  Bleetro-WMçnaismMs  ;  ttamb., 
1814,  In-S*.  —  Dab,  Der  BUetromagnetttmiu  ^  Ber- 
lin, 1860.  -  Re$umé  de  F  histoire  de  télectrieité  et  dm 
maqnétiime^  par  MM.  Becquerel;  Paris,  18M.  —  Zaat»> 
deactd.  TraUato  di  eUttrietta  e  maçneiiemo.  ->  Babtoet, 
Études  et  lectures,  vol.  Vf;  Paris, iteo.—  Historteal 
Sketch  qf  Blectromagnetism  in  Ànn,  of  PhU.  New  Ser., 
il,  p.  19S,  t74,  et  m,  107.  -  Historg  qfJttaçaetism  and 
EleUrieUv,  in,  Ue  Meekanie's  Misçatlne,  n*  tc-o, 

1860. 

*  ŒRSTED  (Ànders'Sandae)9homme  d'État 
et  jurisconsulte  danois,  frère  du  précédent,  né 
le  21  décembre  1778,  à  Rudkjœbing,  dans  TUe 
de  Langeland.  Élevé  avec  son  frère  dans  la  maison 
paternelle,  il  apprit  les  langues  andennes,  l'al- 
lemand ,  l'anglais  et  le  français.  Il  étudia  ensuite 
à  Copenhague  la  philosophie  et  le  droit;  en 
1801  il  y  fut  nommé  assesseur  au  tribunal  an- 
lique.  En  1810  il  devint  assesseur  à  la  haute 
cour,  auprès  de  laquelle  il  remplit,  de  1825  à 
1848,  les  fonctions  de  procureur  général;  en  cette 
qualité  il  rédigea  les  exposés  des  lois  promul- 
guées dans  cet  espace  de  temps.  Depuis  1831 
il  fut  à  plusieurs  reprises  commissaire  royal  au- 
près des  états  provinciaux  des  lies  et  du  Jut- 
lani)  ;  en  1842  il  devint  ministre  d'État.  Opposé 
au  mouvement  libéral,  il  se  démit  en  1848  de 
tous  ses  emplois;  il  fut  en  cette  année  éla  dé- 
puté à  l'assemblée  constituante.  En  I853  il  fut 
appelé  À  la  présidence  du  ministère  qui  rem- 
plaça celui  de  Bluhme  ;  il  reçut  les  portefeuilles 
du  culte  et  de  l'intérieur,  qu'il  échangea  plus 
tard  contre  celui  de  la  justice.  Une  lutte  à  ou- 
trance s'engagea  entre  le  ministère  et  les  cham- 
bres; devant  cette  opposition  le  ministère  décida 
le  roi  à  octroyer  (  26  juillet  1854  )  une  nouvelle 
constitution,  mesure  qui  fut  suivie  de  la  disso- 
lution de  la  chambre  basse.  Mais  les  nouvelles 
élections  furent  encore  plus  défavorables  au  mi- 
nistère, qui  donna  sa  démission  le  12  décembre. 
Mis  en  accusation  avec  tous  ses  collègues, 
Œrsted  fut  ainsi  qu'eux  acquitté  en  1856.  11 
vit  depuis  en  simple  particulier.  Il  a  épousé  une 
sœur  du  célèbre  poète  Œhlenschittger.  Con- 
naissant à  fond  les  législations  des  pays  du 
Nord,  il  jomt  à  une  grande  hauteur  de  vue 
i|ne  rare  puissance  dialectique.  On  a  de  lui  : 
Over  Sammenhaengen  mellem  Dyds-og  ReislX" 
rens  Princip  (  Sur  les  rapports  entre  les  prin- 
cipes de  morale  et  de  droit  )  ;  Copentiague,  1798. 
in-8*';  —  Forsog  til  en  rigtig  Fortolkntng  og 
Bedœmmelse  over  Forordningen  om  Trykke 
frihedens  Grxndier  (  Essai  sur  une  juste  inter- 
prétation des  ordonnances  sur  les  limites  de  la  li- 
berté de  la  presse  )  ;  ib.,  1801  ;  —  Supplément 
til  Nixrregard  Forelœsningerjûver  dJen  danske 
og  norske private  Ret  (  Supplément  aux  coursde 
Nœrregard  sur  le  droit  civil  danois  et  norvégien)  ; 
ib.,   1804-1812,  3  voL  in-8<';  —  Eunomtai 


537  OERSTED 

ib.,  1815-1822, 4  Tol.  în-S^  ;  recueil  de  disserta- 
tions  sur  des  points  de  morale  »  de  politique  et 
de  législation;  traduit  en  allemand,  ib.,  1S18- 
1826,  3  yol.  in-S"*  ;  —  Hanâbog  over  den  danske 
og  norske  Lovkindighed  (Manuel  de  jurispru- 
dence danoise  et  noryégienne)  ;  ib.,  1822- 1825, 
6  Yol.  in-8*;  —  For  den  danske  Slaats  Opre- 
thùldelse  i  dens  Heelhed  (Maintien  de  l'inté- 
grité de  la  monarchie  danoise)  ;  ib.,  1850  ;  —  Af 
min  Livs  og  min  Tids  Historié  (  Ma  Vie  et  THis- 
toire  de  mon  temps);  ib.,  1851-1856,  4  ?ol. 
in-8*  ;  —  Af  den  nyeste  Tids  skandinaviske 
PolUik  (  Sur  la  Politique  Scandinave  la  plus  ré- 
cente) ;  ib.,  1857,  in-S"*.  Œrsted  a  aussi  pu- 
blié on  grand  npmbre  d'articles  sur  des  ma- 
tières de  droit  et  de  politique,  notamment  dans 
les  recueils  suivants,  dont  il  a  été  le  rédacteur 
en  chef  ;  Juridisk  Archiv;  Copenhague,  1804- 
1811»  30  parties  in-8'^,  suivi  du  JV^e  juridisk 
Archiv;  ib.,  1812-1820,  30  parties,  in-8°;  — 
Juridisk  Tidskr\ft;  ib.,  1820-1830,  16  parties; 

—  CoUegial'Tidende;  ib.,  1815-1848.      O. 

£nlev,  ForJatterLexikon,  —  Convw»aîUm*~Lextiuau 

—  Vapereau,  Diet,  des  Contemporaint. 

ŒRTEL  OU  ORTKLL  {Abraham  ) ,  en  latin 
Ortelius,  savant  géographe  flamand,  né  en  1527, 
à  Anvers,  mort  le  28  juin  1598,  dans  la  même 
ville.  Ses  parents  étaient  originaires  d'Augsbourg 
et  jouissaient  d'une  grande  fortune.  Dès  qu'il 
eut  terminé  ses  études,  il  se  mit  à  voyager  :  il 
parcourut  les  Pays-Bas  et  une  partie  de  l'Alle- 
magne, suivit  en  Angleterre  et  en  Irlande  Em- 
manud  Meleren,  son  cousin,  et  visita  lltalie  jus- 
qu'à trois  fois.  Dans  ces  différents  pays,  il  s'oc- 
cupa de  relever  exactement  les  inscriptions  pour 
reconnaître  les  anciens  noms  de  lieu ,  et  forma 
avec  les  antiques ,  les  bronzes  et  les  médailles 
qu'il  recoelliit,  nn  des  cabinets  les  plus  intéres- 
sants des  Pays-Bas.  Revenu  à  Anvers,  il  se  con- 
sacra tout  entier  à  l'étude  de  la  géographie,  et 
rivalisa  dans  cette  science  avec  le  célèbre  Gérard 
Mercator.  Ce  fut  lui  qui  eut  le  premier  l'idée 
de  réunir  les  cartes  publiées  jusqu'alors  isolé- 
ment par  divers  auteurs.  Son  Atlas  lui  fit  don- 
ner en  1575  le  titre  de  géographe  de  Philippe  II, 
roi  d'Espagne.  «  Cet  ouvrage,  dit  M.  de  Macedo, 
est  un  monument  précieux  pour  l'histoire  de  la 
géographie;  il  fera  toujours  époque  dans  les  an- 
nales de  la  science,  parce  qu'il  a  été  Ui  base  de 
tous  les  travaux  géographiques  entrepris  depuis.  » 
Œrtel  avait  pour  devise  un  globe  terrestre  avec 
ces  noots  :  Contemno  et  orna  mente^  manu. 
Il  nKxirut  sans  avoir  été  marié  ;  sa  sœur  lui  lit 
élever  dans  l'église  des  Prémontrés  d'Anvers  un 
tombeau  dont  Juste  Lipse  composa  lui-même 
l'épitaphe.  Œrtel,  surnommé  \ePtolémée  du  sei- 
zième siècle ,  a  publié  :  Theatrum  orbis  ter-- 
ramm;  Anvers,  1570,  in-fol.  :  réimpr.  un 
grand  nombre  de  fois,  reproduit  par  fragments, 
abrégé,  corrigé  et  traduit  en  français,  en  italien 
et  eo  espagnol,  cet  atlas  est  le  premier  travail 
de  ce  genre  qui  ait  paru  dans  le  seizième  liède; 


—  OERTEL 


538 


—  Deorum  Dearumgue  capita  e  veteribus 
numismatibus;  Anvers,  1573,  in-4°,  et  dans 
le  ThesauriLS  antiq,  Grxc,  de  Gronovius, 
t.  YII;  —  Synonfpnia  geographica;  Anvers, 
1578,  in-4o  :  excellent  catalogue  alphabétique 
de  tous  les  lieux  cités  dans  les  anciens  au- 
teurs, avec  les  noms  diiïérents  qu'ils  ont  portés; 
selon  M.  de  Macedo,  on  n'en  aura  peut-être 
pas  de  longtemps  un  plus  complet  pour  ce  qui 
concerne  la  géographie  andenne.  Avant  de  mou- 
rir, Œrtel  revit  ce  dictionnaire  et  en  donna  une 
nouvelle  édition,  augmentée,  sous  le  titre  de  Thé- 
saurus geographicus  (Anvers,  1796,  in-fol.), 
édition  qui  a  servi  de  modèle  aux  réimpressions 
de  Hanau  (1611)  et  d'Anvers  (1624);  on  a  publié 
à  part  en  1666  les  notes  instructives  qu'avait  ré- 
digées Luc  Holstenius  sur  ce  recueil;  •—  Itine^ 
rarium  per  nonnullas  Gaîliie  Belgicx partes; 
Anvers,  1584,  in-8° ,  fig.  ;  réimpr.  soit  avec  le 
Voyage  dans  la  Frise  de  Godefroi  Hegenitiua 
(1630,  1661,  1667,  in-12),  soit  avec  quelques 
Opuscules  de  Peutinger  (1684).  Jean  Vivian» 
négociant  de  Yalenciennes ,  qui  accompagnait 
Œrtel  dans  la  Gaule  Belgique,  a  pris  part  à  la 
relation  de  ce  voyage;  —  Italia  antiquœ  spe* 
cimen;  Anvers,  1584, in-fol.;  —  Theatri orbis 
terrarum  parergon,  sive  veteris  geographUs 
tabul«;  Anvers,  1595,  in-40,.  réimpr.  plusieurs 
fois  et  réuni  à  l'Atlas  uiversel  :  on  trouve  dans  cet 
ouvrage,  outre  tout  ce  qui  concerne  la  géographie 
ancienne,  sacrée  et  profane,  quelques  cartes  de 
pays  imaginaires,  comme  les  vallées  de  Teropé 
et  de  Daphné;  —  Aurei  sœculi  imago;  Anvers» 
1598,  in-4''i  fig»  -  description  des  mœurs  et  de 
la  religion  des  Germains  ;  —  Syntagma  herba- 
rum  encomiasticum  ;  Levde,  1606,  in-4<»;  il  est 
plus  vraisemblable  d*attrtbuer  cet  ouvrage  à 
quelqu'un  des  nombreux  homonymes  d'Œrtel.  K. 

Fr.  Sweert,  Intlffnium  ejus  mai  fKMtamm  laerytMe  in 
oMtwnAhrah.  Orte/M;  Anvcn.  1601,1d-B«.  —  Foppens, 
BMwih.  belgieaf  —  Lorenso  Cras!<o,  Eloçii  d^uomtnt 
leUerati.  —  Bulhrt,  Académie.  —  Macedo  (De),  Noiicê 
sur  Us  travaux  çéograph.  d'Ortelius,  dans  les  AnnaUw 
des  voyages  de  Malte-Bnio,  II,  iswm. 

CBETBL  {Jérâme  ),  historien  allemand ,  né  le 
24  décembre  1543,  à  Augsbourg,  mort  à  Nurem- 
berg, le  14  mai  1614.  Fils  de  François  Œrtel  ^ 
syndic  d'Augsbourg,  il  reçut  de  bonne  heure  un 
emploi  à  la  cour  de  Vienne.  En  1578  il  fut  chargé 
par  les  protestants  de  réclamer  auprès  de  l'em- 
pereur Rodolphe  le  libre  exercice  de  leur  culte; 
pour  toute  réponse  on  le  jeta  en  prison  et  l'exila 
ensuite.  Il  alla  s'établir  è  Nuremberg,  et  s'adonna 
entièrement  k  l'étude.  On  a  de  lui  :  Ungarische 
Chronologie  oder  Besehreibung  aller  Bêla- 
gerungen  and  Schlachten  so  in  Vngam  und 
Siebenbûrgen  mit  den  Tûrken  von  1390  bis 
1607  geschehen  (Chronologitt  hongroise,  ou 
description  de  tous  les  sièges  et  batailles  qui  ont 
eu  lieu  en  Hongrie  et  en  Transylvanie  dans  les 
guerres  contre  les  Turcs  de  1390  à  1607);  Nu- 
remberg, 1603-1613,4  parties, ln-4*,  et  1665, 
in-fol.;  —  Schone  Bildnuss  in  Kupfer  gesUh 


539 


OERTEL  —  OESTERREICH 


ahen  der  hentmhtesien  Weiber  altes  und 
Neues  Testaments  mit  jren  Historien  (  Beanx 
Pertrait»  grades  gar  cuiyre  des  plus  célèbres 
temme!(  de  FAncieB  et  du  IfooTeau  Testament, 
.anpee  leurs  histoires);  Nuremberg,  1610,  et 
1612,  m-4'';  Leipzig,  1636,  in-S*;  Hanovre,  1685, 
în-24.  O. 

wm,  ItQrtétrgittd^  GèlêhrtmihLnaom. 

ŒRTBL  (  Chrétien-Godefroi  ) ,  publîciste  aT- 
lemand,  né  à  Wittemberg,  en  17i8,  mort  à  Ra- 
tisbonne,  le  19  jain  1777.  Il  étndia  le  droit  à 
roniTersilé  de  sa  Tflle  natale,  et  devint  en  1745 
chancelier  de  la  légation  de  la  Saxe  électorale 
auprès  de  la  diète  de  Ratisbonne.  On  a  de  lai  : 
Reichttags  Diariumvon  dem  was  unter  Kai- 
ser Franz  I  auf  dem  Meiehstag  wn  1745  bis 
1765  sick  ergebm  (Journal  de  la  diète  pendant  le 
règne  de  Temperear  François  1*%  de  1745  jusqu'en 
1765);  Ratisbonne,  1756-1766,  8  toI.  in-4'';  — 
Sammlung  der  Aktensiûcke  die  Visitation  des 
kaiseriichen  Kammergeriehts  betreffend  (Re- 
cueil des  documents  relatifs  k  la  Visitation  de 
la  chambre  impériale);  ibid.,  1763-1769,  in-4^; 
—  Voilsiândiges  C&rpvs  gr&vamintÊm  Evan- 
ifeticorum  (  Recueil  complet  des  Gravamina 
Evangelieorum)  ;  ibid.,  1 771-1775, 8  vol.  in-fol.  ; 
il  avait  d^'à  publié  en  1767  un  Registre  général 
anr  cette  matière;  —  Sammhing  der  neuesten 
Merkvnèrdigkeiten  welehe  in  das  deutsche 
Staaisrechi  einschtagen  (Recneil  des  plus  ré- 
centes particularités  cnrîeiises  concernant  le 
droit  public  de  rAllemagne);  ibid.,  1775-1776, 
3  vol.  in-4».  0. 

WlU,  Nûm^ergiiénet  Gelehrtm  Lexikon  et  le  Supple- 
mtnt  de  JNopitietb  —  KettseL,  UxUi0u, 

ŒSBR  (Adam-Frédéric),  peintre, monieur 
et  graveur  allemand,  né  en  1717,  k  Presbour^, 
mort  à  Leipsig,  le  1»  mars  1799.  Après  avoir 
remporté  à  di&*liiii4  ans  le  grand  prix  de  pei»* 
ture  à  TAcadémie  de  Vienne,  ii  passa  deux  ans 
dans  Tatelier  du  sculpteur  Raphaël  Donner,  ob 
il  acquit  une  grande  habileté  dans  l'art  de  mo- 
deler. Il  accompagna  ensuite  cet  artiste  en  Italie, 
et  vint  en  1739  à  Dresde  pour  se  perfectionner 
sous  Dietrich  et  Mengs.  En  1764  il  devint  direc- 
leur  de  l'Académie  des  beaux-arts  deLeipeig  et 
peintre  de  la  coor  de  Saxe.  Ses  tableaux  d'histoire 
et  paysages  se  distinguent  par  nne  distribution 
pleine  d'effet  des  ombres  et  des  lumières,  et  par 
on  emploi  du  clair^obscnr  qui  charme  l*œil;  il 
ne  participa  que  tvès-peu  au  goût  maniéré  de  son 
temps.  Gœthe  hii 're|Mt>che  d*avoir  trop  fondu 
ensemble  les  contours;  mais  il  reconnaltrextrême 
richesse  de  son  talent,  la  grâce  et  la  nûfeté  de 
son  pinceau.  Les  principales  toiles  dXEser  sont  : 
phisiemrs  taMeaoi  religieux  placés  à  l'égilSe 
Saint-If icola»  è  Leipcig;  la  Fythonisse  d'En- 
dor;  Noé  et  ses  fils;  Le  bon  Samaritain; 
Le  Sacrifiée  dt Abraham  ;  Les  Pisdpies  d'É- 
maûs;  isaac  et  ÊSait;^  La  jeune  Ceuseuse; 
les  portraUs  de  GêUert  et  de  Jérusalem, 
Œser  a  aussi  peint  k  fresque  phisieurs  magnifi- 


540 


ques  plafonds,  la  plupart  à  Leipzig;  ses  dessins 
coloriés  sont  très-estimés.  II  a  exécuté  en  plâtre 
les  modèles  de  la  statue  de  Télecteur  à  l'Espla- 
nade de  Leipzig,  dn  monument  de  la  reine  Ma- 
ttiilde  de  Danemark  à  Zelle,  et  de  celui  de  Gel- 
lert  dans  les  jardina  d*nn  particulier  à  Leipzig, 
œuvre  qui  lui  vahit  les  éloges  de  Pigalle.  Il  s'a- 
donna aussi  à  la  gnvure  à  Teau-forte,  et  s'acquit 
dans  ce  genre  nne  répntstion  méritée.  Ses  prm- 
cipales  planches  sont  :  La  Cireoneision^  d'après 
Eckoot;  La  Présentation  au  temple^  d'après 
Rembrunit;  La  Famille  de  Jgano,  d'après  le 
même;  V Amour  et  Psyché;  VBistoire  con- 
suttant  la  Vérité,  Enfin,  OSser  a  illostré  de  gra- 
vures et  de  vignettes,  conçues  avec  esprit  et  exé- 
cutées avec  une  grande  tnesse,  plusieurs  ou- 
vrages, tels  que  la  traduction  allemande  de  GU 
Btas,\e  Cataloguedu  cabinet  de  Winkler,  etc. 
Son  fils,  Jean-Frédéric-Lottis^  né  à  Dresde, 
en  1751,  mort  le  15  mai   1792,  a  gravé  à 
Teau-forte  une  quinzaine  de  planches,  parmi 
lesquelles  nous  citerons  :  le  Martyre  de  saint 
Etienne,  d'après  Rubens;  Lé  Christ  dans  le 
temple  et  La  Cananéenne,  diaprés  Verdier; 
L'Annonciation ,  la  Présentation  au  temple 
et  Ze  Magicien,  d'après  Rembrandt;  La  Garde 
de  nuit,  d'après  Salvator  Rosa  ;  divers  Monu- 
ments funéraires,  quatre  feuilles  de  son  faiven- 
tiott.  o. 

Nigler,  JUçem.  Kûnstfer-LexiJbm,  —  Ersch  et  Grnber, 
EnewctvpmdU.  —  Seume.  Utber  QEtêr  (dans  le  Tmt- 
tcher-Meratr,  année  1791). 

;œstsrlbt  (Charles)i  peintre  d'hKtcnre 
allemand,  né  à  Gœttingne,  en  1805.  Après  avoir 
étudié  l'histoire  de  l'art ,  il  travailla  à  Dresde 
dana  l'atelier  de  Malthœy,  et  visita  ensuite  pen- 
dant deux  ans  lltalie,  et  de  retour  à  Gostti^jtte 
en  1829^  il  Ait  nommé  professeur  d'esifaélique  et 
peintre  de  la  ceur  de  Hanovre*  Paimi  ses  ta- 
bleaux ,  qui  sont  preaqve  tous  d'un  giaad  eflfet 
et  exécutés  avec  beaucoup  d'habileté»  ooos  cr- 
terona  :  L* Ascension  du  Christ,  fresqar  dans 
l'égUse  du  château  à  Hanovre;  —  le  Christ  et 
Ahasvérus;  -^  Gotz  de  Berlàehit^en  en  pr^ 
son;  —  Départ  dm  jeune  Tobie;  —  La  Con- 
versiom  de  Wittikind  ;  —  La  filU  de  Mphté; 
—    La  Consécration   de   Samuetp  —   Le- 
note;  — -  Le  Christ  bénissant  les  ei^/àists^  ele. 
M.  Ogsterley,.  qui  a  publié  avec  Ottfriad  MuUer 
les  iiroiifimeii<s  de  Vart  ancien ,  a  arnai  exé- 
cuté les  cartons  pour  les  vitraux  de  Tégiise  du 
château  à  Hanovtv;  il  s'est  aoqnis  une  grande 
réputation  comme  peintre  de  portnils.       O. 
ContermUtont-LfxUtim, 

iB8TBRRBiGV(ilfafrAietf),graveur  allemand, 
né  k  Hambourg,  en  1716,  mort  k  Berim,  ea 
1778.  Il  fut  sous'hispectenr  de  la  garnie  de 
Dresde  et  en  1757  directeur  de  eelfo-  de  Saint* 
Louis,  dont  il  a  publié  nne  description.  Ita  gravé 
à  l'eaii-ferte  :  Maecolta  di  XXIV  caricature 
disegnaêe  per  P.  iLeofie  Ghezzi  ;  Dresde,  1750, 
et  1766;  «.  itecnei;  de  dessins  tirés  du  ca- 


541 


OESTERREICH 


binei  du  comte  de  Bruhl;  Dresde,  1752, 
40  planches,  in-foi.  ;  —  La  Vierge  avec  V En- 
fant Jésus f  d'après  An.  Caracci;  —  Ptframe 
et  Thisbé;  —  la  Sainte  Famille^  d'après  Pro- 
caccini,  etc.  O. 

Kagler,  Kunstler»  LexHUnu 

CITINGBR  i Frédéric- Chris tophe),ejiéç,ète 
«t  ecrifain  mystique  allemand,  né  à  GœppingeD, 
le  6  mai  17Q2,  moKIe  IQ  février  1782.  Ù  exerça 
depuis  1738  le  ministère  du  saint  Évangile»  fut 
surûotendant  à  Weinsberg,  et  devint  prélat  du 
couvent  de  Murrhard.  11  fit  une  lecture  atten- 
tive des  principaux  mystiques,  de  Jacob  Bœhme 
sortout  et  de  Swedenborg.  Ses  opinions,  bizarre 
mélange  d'idées  profondes  et  de  divagations  cbi- 
loériqueSy  eurent  ua  assez  grand  nombre  d'ad- 
hérents. II  s'appliqua  aussi  longtemps  à  la  re- 
cherche de  la  pierre  philosophai.  Parmi  ses 
nombreux  ouvrages ,  nous  citerons  :  Die  tiner- 
forschlichen  Wege  der  Herunterlassung  Cot- 
tes (  Les  Voles  inexplicables  de  la  condescen- 
dance de  Dieu  )  ;  Leipzig,  1734  ;  —  Abriss  der 
evangeliêcken  Ordnung  zur  f^iedergeburt 
(Résumé  des  préceptes  évangéligoes  pour  la  ré- 
ooration  de  l'homme  )  ;  Leipzig,  1735,  in-S^;  ~ 
Erklarung  der  Psalmen  nach  dem  historis- 
chen  Wartversiande  (£ipIjcation  des  psaumes 
d'après  le  sens  hiïvtorique};  Es^lîngen,  1748,  et 
Heilbronn,  1756,  itt-8'*;  —  Inquisitio  in  sen- 
sum  communem  et  rationem  pro  judicandis 
pkilosophorum  theoriis  ad  normam  Scrip- 
tuTX  sacrx  ;  Tubingue ,  1753 ,  in-8»  ;  —  Drey* 
fâche  SUtenlehre  nach  der  Natur,  nach  der 
hetligen  Schri/t,  nach  Jesu  Christo  (Triple 
Morale,  selon  la  nature,  selon  l'Écriture,  et 
selon  Jésus-Christ  >;  HeilbroDO»  1753,  in-8''; 

—  Die  BtUerische  und  Frickàschê  Philoso- 
phie ûber  d$fi  Musik  { La  Philosophie  musi- 
cale d*£uler  et  de  Frick);  Neuwied,   1761; 

—  Die  Philo$0phie  der  Alten  wiederkom- 
mend  tu  der  gûldenen  Zeit  (La  Philosophie 
des  anciens  reparaissant  dans  l'Age  d'or  )  ;  Francr 
fort,  1762,  iii-8''  ;  —  Swedenborgê  und*anderer 
irdisehe  wuC  hàmmlische  PhUoiophie  (La 
Philosophie  de  Swedenborg  et  de  quelques  an- 
tres au  siqet  de  la  terre  et  du  eiel)  ;  Francfèrt; 
1766»  inr8'';  recueil  de  récits^  visionnaires;  — 
Theologia  ex  idem  vitx  dedmeta;  ibid.,  1765, 
in-8'>;  traduit  en  aUemadd»  Stuttgftrd,  1852, 
ia-8o  :  le  meilleur  ouvrage  de  l'auteur;  — 
BeurtheUung  der  Lehre  von  dmn  Ztutande 
nach  dem  Tode  (Examen  des  doctrines  sur  1'^ 
tat  après  la  mort);  1771, ûi-8'*;  —  JU^ermireéB 
caten»  Homeri  de  transmutatUme  metallO' 
non  s  1771,  in-8<';—  InbeçrVf  der  Grund" 
weiâheit  aus  dsn  Schriften  Jakob  Bœhme 
(Résumé  de  la  sagesse  fondamentale,  tiré  des 
éerits  de  Jacob  Bsehiiie);  Francfort,  1774,in-8«; 

—  Gedanken  von  den  Fâhigkeiten  zu  emp' 
findem  und  zu  erkemnen  (Idées  sur  les  facul- 
tés, de  sentir  et  de  connaître);  ibid.,  1775,in-8<>; 

—  Biàlisches  und  emblematieches   Wôrter- 


—  œTTIiSGER  549 

I  buch  dem  Tellerischen  entgegJtngesetzi  (  Dic- 
'  tionnaire  biblique  et  embléniatique,  opposé  h 
\  celui  de  TeUer);  1776,  iB-8<';  Shittgard»  1849; 

—  Œtinger  a  aussi  traduit  en  aUemand  et  an- 
noté le  traité  de  Swedenborg  Sur  les  Babïtants 
de  la  terre f  des  planètes  et  des  autres  étoiles  ; 
1771,  in-8*.  Ses  Œuvres  compZè/cs  se  publient 
en  ce  moment  à  Reutlingien.  O» 

Nemê  gelehrUs  ftiropo»  t.  XV.  —  Howr,  /Fflrten- 
tterçiscktt  Celehrten-Lexikou,  —  Hinchlng,  Ilandbueh, 

—  Mensel,  Lezikon, 

CBTTBR  (Samuel-Guillaume,  comte) ,  érudit 
allemand,  né  le  25  décembre  1720,  à  (îoldcro- 
nach,  mort  le  7  janvier  1792.  IVommé  en  1756 
comte  palatin  et  historiographe  de  la  maison 
d'Anspach ,  il  consacrait  à  rétude  approfondie  de 
l'histoire  et  de  farchéologie  tous  les  moments 
qu'il  pouvait  dérober  aux  devoirs  de  son  empky, 
qu'il  remplissait  avec  ta  pins  grande  sollicitude. 
Ses  principaux  écrits  sont  :  —  De  poetis  qui- 
busdam  medii  xvi  teutonieis^  tn  primis  de 
Hugone  Trienberga  ejusque  satgra  vulgo 
Renner  dicta;  ibid.,  1747,  in-4*;  —  Samm^ 
lung  terschiedener  Ifachrichten  aus  allen 
Theklen  der  historischen  Wissenscha}ten 
(  Recueil  de  notices  diverses  concernant  toutes 
les  parties  des  sciences  historiques);  itM.,1747* 
1749,  2  vol.  in-8";  —  Uistorische  BlbliotheM; 
Nuremberg,  1752-1753,  2  parties,  in-8*;  — 
Wôchentliche  Wappenbelustigangen  (  Ré- 
créations héraldiques  hebctomadaires  )  ;  Augs- 
bourg,  1762-1766,  8  parties  in-4*;  —  Ueber 
die  Namen  der  Teutschen  (Sur  les  noms  pro- 
pres germaniques)  ;  Schwabach ,  1786,  in-8*  ;  — 
des  articles  et  mémoires  dans  divers  recueils , 
tels  que  les  Wôchentliche  Baireuthische  his- 
torisehe  Ifachrichten ,  le  Journal  de  Murr, 
dans  le  Franhisches  Àrchiv,  etc.  0. 

Fr.-G.  OEtfer,  Leben  OEttert  (Iforemberff,  hm, 
Iii-4I«).  —  F^cfecMCbeer.  Gelehwtêi  BOffmâh,  t.  VI.  — 
SchUebtegroU,  IMarotog  (aMéa  17n).  -  MeueU  €•- 
lehrUi  Teutichland  et  Lexilunu  —  Hinchlng,  Handbuch. 

^ŒTTiaCiER  (Edouard- Jfarie),  journaliste, 
littérateur  et  bibliographe  allemand ,  né  à  Bres- 
lau,  le  19  novembre  1808.  D'une  famille  juive, 
il  fit  ses  études  à  Tuniversité  de  Vienne,  être- 
dif^  depuis  1829  à  BerUn,  à  Munich^  à  Ham- 
bourg, À  Mannhelm,  et  enfin  de  1841  à  1851  à 
Leipzig  phisieurs  feuilles  satiriques.  Sa  verve 
mordante  Uii  valut  ^n  grand  nombre  de  con- 
damnations pour  attaques  contre  les  gouverne- 
ments de  l'Allemagne.  Après  avoir  habité  Paris 
pendant  1852,  il  se  fixa  l'année  suivante  à 
Bruxelles.  On  a  de  hii  :  EUlenspiegel  ;  Beriio, 
1829-1830  :  )0Hmal  satirique ,  qui  fut  supprimé 
par  l'autorité  prussienne^  à  propos  de  quoi  Œt- 
tin^  écrivit  :  Der  confiscirte  Bulenspiegel 
(  La  Saisie  deV Bulenspiegel)  ;ViambouTg,  1833^ 
2  parties,  in-8''  ;  —  Dos  schwarze  Gespenst 
(Le  Spectre  noir);  Francfort,  1830  et  1836, 
in-16  :  recueil  humoristique^  avec  son  pendant 
DOÂ  weisse  Gespenst  (  Le  Spectre  Ûanc  )  ; 
Leipzig»  1831  et  1836,  in-8*;  — ifarto;  Berlm» 


543 


OETTINGER  —  O'FARRILL 


544 


1831,  10-12,  poésies  amoureuses;  le  Buch  der 
lÀebe  (Le  Livre  derAmour);  Berlin ,  1833  et 

1835,  ml2;  1846  et  1850,  m-16;  et  le  Seue$ 
Buch  dtr  Liebe  (  Nouveau  Livre  de  TAmoar  )  ; 
Dresde,  1852,  in-16;  —  Marabouts;  Ham- 
bourg,. 1835,  in-S*;  recueil  humoristique;  — 
Bau  de  mille  fleurs,  roman  parisien;  Ham- 
bourg, 1835,  2  vol.  iii-8*;  —  Fashionable 
Dummheîlen   (Bèlises  fashionables);  Berlin, 

1836,  in-8^  ;  —  Panaché  ^  nouvelles  ;  Hamboui^, 

1837,  2  vol.  in-8'*;  —  Bunte  Karttnbilder 
(Images   bariolées);    Grimma,   1838,   in-8°; 

—  Der  Ring  der  Noslradamus  (L'Anneau 
de  Nostradamus ),  nouvelles;  Leipzig,  1838, 
3  vol.  in-8^  ;  —  Archives  historiques  conte- 
nant une  classification  de  seize  mille  ou- 
vrages, pour  servir  à  Vhistoire  de  toutes  les 
nations;  Carlsruhe,  1840,  in- 8'*;  —  Narrenal- 
manaeh  (Almanach  des  fous);  Leipzig',  1843- 
1849,  7  Tol.  in-16;  —  Onkel  Zébra,  roman; 
Leipzig,  1843,  7  vol.;  —  Ehstandsgramma' 
iik  (Grammaire  du  mariage);  Leipzig,  1844; 

—  Bibliotheca  Schahiladii;  Leipzig,  1844;  — 
Venezianische  Nàchte  (Nuits  vénitiennes); 
Leipzig,  18i6  et  1851, 2  vol.  in-8*;  —  Potsdam 
und  Sanssoud,  roman;  Leipzig,  1846,  3  vol. 
in-8''  ;  —  Bossini;  Leipzig ,  1847  et  1851,  2  vol. 
in-fio  :  ce  livre,  qui  est  plutôt  un  roman  qu'une 
biographie ,  a  été  traduit  en  français,  Bruxelles, 
1858, 2  Tol.  in-16;  —  Sophie  Àrnould,  roman  ; 
Leipzig,  1847,  2  Tol.  in-8o,  —  Teufeleien 
(Diableries);  Leipzig,  1847  et  1849,  2  toI. 
jn.go;  ^  Anleitung  zur  Kunst  in  vier  und 
zwttnzig  Stunden  ein  vollendeter  Gentleman 
zu  werden  (  Instructions  pour  devenir  en  Tingt- 
quatre  heures  un  gentleman  accompli);  Leipzig, 
1847  et  1852,  in-S"*  ;--  Dreissig  Mittel  sich 
aiis  allen  Geldverlegenheiten  zu  heifen 
(Trente  Moyens  pour  sortir  de  tous  les  em- 
barras d'argent  )  ;  Leipzig,  i  848,  in-1 6  ;  —  Biblio- 
graphie biographique  universelle  ;  Bnixtlles , 
1850  et  1854,  2  Tol.  in-4*  :  cet  ourrage,  très- 
précieux  comme  indication  de  sources,  con- 
tient la  liste  de  tons  les  opuscules  détachés  qui 
traitent  de  la  Tîe  des  hommes  remarquables; 

—  Clerodendron  fragans  (  Poésies  amoureu- 
ses );  Leipzig,  1850,  in-16;  —  Kônig  Jé- 
rôme Napoléon  und  sein  Capri{Le  roi  Jé- 
rôme Napoléon  et  son  Ile  de  Caprée  );  Dresde, 
1852,  3  vol.  în-8«;  —  Iconographia  Ma- 
riana,  lAteratur  der  vmnderthàtigen  Ma- 
rienbilder  (Bibliographie  concernant  les  Images 
miraculeuses  de  la  Vierge);  Leipzig,  1852, 
in-8*;  —  Mademoiselle  Mars;  Grimma,  1852, 
2  vol.  ln-8°;  —  Bacchus,  recueil  de  chan. 
sons  à  boire  ;  Leipzig ,  1854,  in-16;  —  Blu- 
tende  Lieder  (  Chants  de  sang  )  ;  Leipzig,  1854,^ 
in-16  ;  —  Gesehichte  des  dànischen  Bo/s  von 
Christian  Y  bis  Friedrich  VI r  (  Histoire  de 
la  cour  danoise  depuis  Chrétien  Y  jusqu'à  Fré- 
déric VII);  Hambourg,  1857-1859,  8 toI. in-8<». 

O. 


Conversatimu-Lexikon.  •>  OEttingtr  aueh  ein  Zeit' 
gmoue  {Hambourg,  1B37). 

ŒXMBLiif  (Alexandre-Olivier),  Toyageor 
et  historien  français,  né  vers  1645,  mort 
après  1707.  Dans  son  Histoire  des  flibustiers, 
qui  est  la  relation  de  ses  propres  aventures,  il 
se  tait  sur  la  première  partie  de  sa  Tîe.  Il  fot 
embarqué  le  2  mai  1666,  sur  unTaisseao  delà 
Compagnie  (française  )  ocddentale  des  Indes  et 
employé  par  La  Vie ,  commis  général  de  111e  de 
La  Tortue,  aux  travaux  les  plus  pénibles.  Ar- 
raché à  son  maître  par  rintervenfioii  du  goa- 
Temeur  royal,  M.  d'Ogeron,  il  prit  place  soroa 
navire  d'aventuriers  qui  partaient  en  course. 
Nous  ne  le  suivrons  pas  dans  ses  nombreuses  ex- 
péditions, dont  il  a  lui-môme  donné  les  détails  dans 
son  Histoire  des  aventuriers  flibustiers  qui 
se  sont  signalés  dans  les  Indes;  contenant 
ce  qu'ils  ont  fait  de  remarquable,  leurs 
mœurs,  leurs  entreprises,  avec  la  vie,  les 
mœurs  et  les  coutumes  des  boucaniers  et  des 
habitants  de  Saint-Domingue  et  de  La  Tor- 
tue; une  Description  exaciede  ces  lieux, etc., 
ainsi  que  V Histoire  de  la  chambre  des  comptes 
des  Indes  Occidentales,  etc.;  Paris,  1686,  et 
Trévoux,  t744,in-l2;LyoD,  1774,  3  vol.  iû-12; 
le  t.  I  est  terminé  par  une  Histoire  des  Ani- 
maux et  des  Plantes  de  V Amérique;  le  t.  III 
contient  le  Journal  du  voyage  fait  à  la  mer 
du  Sud,  avec  les  flibustiers,  en  1685-1687  par 
Raveneau  de  Lussan;  Trévoux,  1775,  4  vol. 
in- 12,  avec  cartes  et  planches.  Le  t.  IV  de  cette 
édit.  contient  V Histoire  des  pirates  anglais. 

Aé  DB  L. 

Préface  et  les  deux  premlen  toI.  de  Vaut,  des  tnar 
turters/UbuttUn,  etc.  (édlU  de  Lyon,  1774). 

o'rARMLL(Don  Gonzalo),  général  espa- 
gnol, né  le  22  janvier  1754,  k  La  Havane,  mort 
k  Paris,  le  19  juin  1831.  Il  Ht  ses  études  en 
France,  retourna  en  Espagne,  et  Gt  ses  pre- 
mières  armes  en  Afrique  à  la  défense  de  Melilla 
(7  décembre  1774-16  mars  1775  )  et  à  celle  d'O- 
ran  (  14  et  15  octobre  1780).  Il  assisU  ensuiCe  k 
la  prise  de  Minorque  (4  février  1782)  et  au 
siège  de  Gibraltar  (juin  à  décembre  1783). 
Il  prit,  en  1793,  le  commandement  d'an  corps 
d'armée ,  repoussa  les  Français  à  l'attaque  de  la 
Runa  (26  mars  1794)  et  fut  blessé  aux  joamées 
deXecumberry  et  de  Tolosa  (9  août).  En  1793, 
nommé  quartier-maître  de  l'armée  de  Catalogne, 
il  rejeta  Augereau  de  l'autre  côté  de  la  Fluvia 
(5  et  26  mai  ),  et  se  distingua  h  la  bataillede  Pootos 
(14  juin).  Le  succès  des  journées  de  Benolas  et  do 
col  d'Oriol  lui  ouvrait  le  Rousslllon  lorsque  le 
traité  de  BAIe  vint  (  22  juillet  )  arrêter  sa  marche. 
O'Farrill ,  nommé  commissaire  général  poar  la 
ûxation  des  limites  entre  les  deux  puissances 
(cette  délimination  n'eut  lien  qu'en  ISOO), 
fut  promu  au  grade  de  lieutenant  général  (S  sep- 
tembre 1796).  En  août  1798,  il  fut  nommé  am- 
bassadeur à  Berlin.  Lors  du  traité  de  Fontai- 
nebleau (  octobre  1807  ),  il  commandait  en 
Toscane  une  division  de  troapes  eqMgnoles. 


M5 


O'FARRILL  —  OFFA 


546 


Le  10  avril  1808,  il  fat  appelé  par  Ferdinand  à 
faire  partie  de  la  junte  gouYemementale  ;  bientôt, 
après  quelques  tentatives  de  résistance,  il  se 
rallia  à  Joseph  Bonaparte,  et  accepta  de  lui  le 
ministère  de  la  guerre.  Lorsqu'en  1814  Ferdinand 
fut  remonté  sur  le  trOne,  O'Farrill  adressa  à  ce 
monarque  une  lettre  dans  laquelle  il  cherchait  à 
expliquer  sa  conduite;  Ferdinand  se  montra  inexo- 
rable :  O'Farrill,  déclaré  traître  à  la  religion ,  au 
roi  et  à  la  patrie,  fut  condamné  à  mort  et  ses 
biens  furent  confisqués.  Il  se  réfugia  à  Paris,  où  il 
Técut  dans  la  retraite.  On  a  de  lui  (  avec  Miguel- 
José  Azanza  )  :  Memoria  sobre  loê  ftechas  que 
jusHfLcan  $u  conducta  polUica  desde  marzo 
1808  àasta  april  1814;  Paris,  1815,  in-8*', 
trad.  en  français  par  Alex.  Fendras;   Paris, 

1815,  in-8^  A.  n'E— p— c. 

Andr««  Murlfl.  NaUcê  tur  D.  GomoIo  OrFarrUl: 
Paris.  ISSl,  to-8*.  —  R"*  (  Bonrgolng  ),  Mém.  ïïur  ta  der- 
nière guerre  entre  la  France  et  VEipagne  dans  les 
Pfrenéei  occidentalet  (Parti,  IMI,  ln-8«). 

OFELLA  (  Q,  Lueretius  ) ,  général  romain, 
tué  en  81  avant  J.-C.  U  appartenait  d'abord  au 
parti  démocratique,  qui  après  la  mort  de  Ma- 
rins essayait  de  tenir  tète  à  Sylla,  revenu  victo- 
rieux de  son  expédition  contre  Mithridate.  Il 
déserta  du  cOté  de  Sylla,  et  quoiqu'il  n'eût  {kis 
encore  donné  de  preuves  de  capacité  militaire , 
il  reçut  de  ce  général  le  commandement  du 
Uocns  dePréneste,  on  le  jeune  Marius  s^était 
réfugié,  en  82.  La  ville  de  Préneste  fut  forcée  de 
se  rendre,  et  le  jeune  Marius  se  donna  la  mort. 
Fier  de  ce  succès,  Ofella  aspira  aux  plus  hautes 
dignités  de  TÉtat,  et  fit  même  quelque  tentative 
ponr  rallier  autour  de  lui  les  débris  du  parti 
démocratique.  Sylla  vit  d*abord  ce  projet  avec 
dédain;  mais  quand  Ofella,  qui  n'avait  été  ni 
questeur  ni  pniteur,  et  qui  était  encore  dans 
l'ordre  équestre,  sollicita  le  consulat ,  malgré  les 
prescriptions  de  la  loi  De  magistratibus,  rendue 
par  le  dictateur,  Sylla  le  fit  appeler,  et  lui  repré- 
senta qae  sa  candidature  était  illégale.  Ofella 
n'en  persista  pas  moins  dans  son  entreprise,  et 
le  présenta  an  forum  avec  une  suite  nombreuse 
de  partisans.  Sylla,  irrité,  le  fit  tuer  sur-le-champ 
par  an  centurion.  La  foule  s'émut,  et  menaçait 
le  centurion.  Alors  le  dictatenr  déclara  que  tout 
s'était  fait  par  son  ordre,  et  il  ajouta  cet  apo- 
logue :  «  Un  campagnard  qui  labourait  était  in- 
commodé par  la  vermine  ;  deux  fois,  il  quitta  la 
charme,  et  secoua  sa  tunique  ;  mais  se  sentant 
encore  piqué  et  ne  voulant  pas  se  déranger  plus 
souvent,  il  jeta  sa  tunique  au  feu  :  je  vous  ai 
deux  fois  abattus,  prenez  garde  que  la  troisième 
fois  j'aie  recours  au  feu.  »  Dans  la  réaction  dé- 
ou)cratique  qui  suivit  la  mort  de  Sylla,  Beltienus, 
le  centurion  qui  avait  tué  Ofellà ,  fut  traduit  en 
justice  par  Jules  César,  sous  Tinculpation  de 
meurtre ,  et  condamné.  Y. 

Appten.  Bel.  «io.,  I.  as,  9k,  m.  —  Platarqae,  SulL, 
»,  33.  -  Tlle-Uve,  £ptt.,  SS,  89.  -  Velleias  Partcr- 
cala».  11,  17.  >•  AtcoDlos,  Schol.  in  Tog.  eand.,  p.  9f, 
édit.  Oreill.  —  Lion  Casstus,  XXXIV,  Pragm.,  m-, 
XXXVII,  10. 

KOCY.  BtOCR.  CÉNÉR.  *  T.   XXXVIII. 


OPFA,  roi  de  Mercie,raort  en  794.  En  767, 
après  que  le  roi  de  Mercie  Ethelbald  eut  été  as- 
sassiné ,  Offa ,  qui  était  de  race  royale ,  dis- 
puta la  couronne  au  than  Beomred ,  et  le  défit 
entièrement  II  employa  les  quatorze  premières 
années  de  son  règne  à  consolider  son  autorité, 
ce  qui  l'obligea,  an  dire  d'Alcuin,  à  répandre 
beaucoup  de  sang.  En  771  il  soumit  les  Hes- 
tinges  dans  le  Sussex  et  enleva  deux  ans  après 
le  pays  de  Nottingliam  aux  Northumbriens.  En 
774  il  attaqua  le  roi  de  Kent ,  le  batUt  à  Olfort, 
et  lui  fit  reconnaître  sa  suzeraineté.  En  777  il 
se  tourna  contre  Cynewulf ,  le  puissant  roi  de 
Wessex,  letorçaè  la  cession  d'Oxford,  deGloce»- 
ter  et  d'autres  villes;  U  conquit  sur  les  Bretons 
le  territoire  compris  entre  la  Sevem  et  la  Wye, 
et  le  peupla  de  colonies  saxonnes;  pour  les  ga- 
rantir des  Invasions  des  Bretons,  il  fit  élever 
entre  l'embouchure  de  la  Wye  et  celle  de  la  Dee 
un  rempart  muni  d'un  fossé  long  de  plus  de 
cent  milles,  et  qui  servit  pendant  plusieurs 
siècles  de  délimitation  entre  l'Angleterre  et  le 
pays  de  Galles;  des  restes  en  subsistent  encore 
aujourd'hui.  Ces  conqaètes,  sur  lesquelles  les  his- 
toriens ne  nous  ont  pas  laissé  de  détai  Is,  assuraient 
à  OITa  la  suprématie  sur  toute  l'heptarchie  anglo- 
saxonne;  aussi  obttnt-il,au  synode  tenu  «i  785 
dans  son  royaume  par  les  légats  du  pape,  que 
la  ville  de  Lichûeld,  qui  lui  appartenait,  fût 
érigée  en  métropole  pour  les  é?échés  entre  la 
Tamise  et  l'Humber  ;  à  ce  même  synode  il  s'en- 
gagea pour  lui  et  ses  successeurs  à  payer  tous 
les  ans  au  saint-siége  la  somme  de  trois  cent 
soixante-cinq  mancuses,  redevance  qui  reçut 
le  nom  de  romescoi.  En  787  il  vit  arriver  à 
sa  cour  Egbert,  jeune  prince  de  Wessex ,  qui 
fuyait  les  persécutions  deBrihtric,  l'usurpateur 
du  trâne  de  ce  pays;  mais  au  lieu  d'aider  Eg- 
bert à  faire  valoir  ses  droits,  Oiïa ,' persuadé 
qu'un  souverain  illégitime  serait  plus  dans  sa 
dépendance,  donna  sa  fille  Eadborgeà  Brihtric. 
Dans  l'intervalle,  diverses  fraudes  employées  par 
les  fabricants  anglais  avaient  troublé  les  relations 
commerciales,  déjà  très-actives,  entre  l'Angleterre 
et  le  royaume  franc.  D'un  autre  côté,  OfTa  n'a- 
vait pas  encore  pardonné  à  Charlemagne  de  n'a- 
voir pas  voulu  lui  livrer  les  thanes  rebelles  à  son 
autorité,  et  qui  s'étaient  réfugiés  sur  le  continent. 
Une  entente  cependant  était  sur  le  point  d'être 
conclue,  lorsque  la  proposition  que  fit  Oiïa  d'un 
mariage  entre  son  fils  et  une  fille  de  Charle- 
magne blessa  l'orgueil  de  ce  prince ,  qui  avait 
pourtant  admis  jusqu'alors  que  le  roi  de  Mercie. 
traitât  avec  lui  sur  le  pied  de  l'égalité  (1).  Cliar- 
Icmagne  cessa  brusquement  toute  relation  avec 
Offa  et  interdit  aux  marchandises  anglaises  l'en- 
trée dans  ses  ports.  Mais  en  790  Alcuin  parvint 
à  réconcilier  les  deux  princes.  Peu  de  temps 
après,  Charlemagne  s'engagea  par  traité  à  faire 

(1)  Dam  wa  lettrée  à  Offa  Charlema^e  rappelle  *  le 
plas  pQltsantdea  roia  chrétiens  de  rOoeat,  ■ena'iDtUulaaC 
tul-meme  «  le  ploa  pulaaant  dea  rola  chrétiens  de  i*Bst  *. 

18 


547 


OFFA  —  OFTERDINGEN 


54a 


respecter  dans  son  royaume  la  sécurité  îles  pè- 
kitw  et  des  négociants  de  Merde.  En  791  Ofia 
rc^t  d'Ethdbert,  le  jeune  rci  d'Esl-Anglie,  la 
demande  de  la  nutin  de  sa  fHle  Etheliide  ;  il 
y  répondit  arec  politesse,  et  invita  Ethelbert  à 
Tenir  assister  aax  fêtes  de  sa  conr.  Là  il  le  fit 
assassiner  à  la  sortie  d'an  festin»  el  s'empara 
inunédiatementde  TEst-Anglie.  11  essaya  en  vain, 
par  de  {grandes  démonstrations  de  doolenr  et 
en  faisant  élever  à  Ethelbert  un  magnifique  tom- 
beau, de  se  disculper  de  ce  meortre,  qui  loi  avait 
été  conseillé  par  sa  femme  Cynédride  (i).  Peu 
de  tempe  après  il  moumt,  rongé  de  remords. 
Son  fils  unique,  Egferthy  qui  lai  snecéda,  ne  lut 
snrvécut  que  quatre  mois;  deux  de  ses  ftlles 
moururent  dans  le  cloître;  Eadburgê^  la  troi- 
sième, après  une  vie  dissolne  et  crinsineNe,  ter- 
mina son  existence  à  Pavie,  dans  la  plus  grande 
misère.  Ainsi  fut  puni  le  meortre  d*£thelbert.  0. 

Mooaclius  Santilbensli ,  KUa  Of/m.  —  Atser,  4n- 
%aUi.  —  De  ge^ii  Et/reéi.  -'  Ckronicon  saxonteam. 

—  Guillaume  de  Malmetbury.  —  Bède.  —  Hoveden.  — 

—  Huntingdon.  —  Turner,  Hiftorif  of  tht  Anglo-Saxons. 

OFFENSTKIR  { Fratiçois-JosepH ,  baron), 
général  français,  né  le  27  jnîllet  1760,  à  Erstein 
(  Alsace  ),  mort  le  27  septembre  1837.  Après 
avoir  servi  comme  simple  soldat  pendant  dix 
ans,  il  devint,  le  2  octobre  1791,  chef  du  l"*  ba- 
taillon du  Bas-Rhin ,  prit  part  aux  campagnes 
de  la  république,  et  fut  nommé  général  de  bri- 
gade et  général  de  division,  le  23  août  et  le 
25  septembre  1793.  L'année  suivante  il  se  si- 
gnala à  la  prise  de  la  Montagne  Verte,  près  de 
Trêves,  et,  chassant  devant  lui  les  Autrichiens 
fugitifs,  il  entra  dans  cette  ville,  qu'il  préserva 
du  pillage  \  les  magistrats  lui  témoignèrent  leur 
reconnaissance  en  inscrivant  son  nom  snr  les 
registres  de  la  commune  et  en  loi  décernant 
le  titre  de  «  sauveur  de  la  cité  ».  Quelques  jours 
après  il  fut  destitué  par  arrêté  des  représentants 
Hentz  et  Goujon  (  24  juin  1794),  arrêté  an- 
nulé par  te  comité  de  salut  public  ;  mais  il  ne  put, 
le  27  août  suivant,  reprendre  du  service  qu*avec 
le  grade  d'adjudant  général  chef  de  brigade. 
En  179911  pas.^a  avec  son  gi%ide  dans  la  cavalerie. 
Dans  sa  dernière  campagne,  ft  eut  le  bras  gauche 
fracassé,  au  combat  d'Heilsl)erg.  K. 

JBiogr.  nouv.  des  etmtemp.  —  Archivai  de  Phonnêur, 
OFFERHACS  (  Leonhard),  historien  hollan- 
daiSj  né  le  36  décembre  1699,  à  Hamm,  en  West- 
phalie,  mort  le  18  octobre  1779,  à  Groningue.  Il 
était  fils  de  Christian-Gerhard  Offerhaus ,  mort 
en  1758,  qui  professa  l'histoire  et  la  théologie  à 
Hamm,  et  dont  on  a  plusieurs  ouvrages  de  piété. 
Leonhard  fut  appelé  en  1725  à  enseigner  l'histoire 
et  Péloquence  au  gymnase  de  Lingen.  Trois  ans 
après  il  accf^pta  une  chaire  du  même  genre  à  Gro- 
ningue (1728),  et  y  joignit  en  1744  l'emploi  de  bi- 
bliothécaire de  l'université.  Ses  principaux  écrits 
sont  :  Compendium    historiae  universalis; 

ff)  UmohirdeStlntAIbflitest  seul  à  nier  la  compUetté 
d'OCfa,  le  Condtteor  de  cette  célèbre  abtoye. 


Groningue,  1760,  1751,  1775,  in-8o  :  c'est  une 
refonte  du  Eaiwnmriuni  tempomm  de  Petaa, 
dans  le  sens  des  doctrines  religieuses  des  pr»- 
iestants;  —  CompendiMm  historié  fœderati 
BelgM;  1763,  in-8«;  ^  SpicUegiormn  kUUh 
ficorum  Hb,  III.  K. 

/•Mb  do  Rhœr,  OntUo/tm.  in  oMtnm  U  OfferkmuUr 
GcoDlnmie,  ITSQ,  lû-^,  —  Sax,  OnoBMutiMn,  VL  - 
Hciiael,  UxkJboUé 

o'FinBLT  (  AfMirtce),  prélat  irkindais,  nort 
le  25  mai  1513,  àGalway.ll  fut  connu  sous  le 
nom  de  Maorice  De  /^or/v,  du  lieade  sa  naissance, 
placé  dans  un  port  de  l'Irlande,  Down  ou  Galw^y 
selon  les  uns,  Baltimore  selon  les  autres.  Il  fré- 
quente l'université  d'Oxfwd,  et  y  prit  l'habit  de 
Saint-François;  puis  il  alla  étudier  la  philosophie 
et  la  théologie  à  Padooe.  Vers  1480  on  le  retrouve 
à  Venise,  où  les  imprimeurs  Octavien  Scbott  et 
LocatelR  l'employaient  en  qualité  de  correcteur, 
fonctions  que  les  gens  les  plus  instriiîts  s'hono- 
raient de  remplir  à  cette  époque.  Après  avoir 
reçu  le  diplôme  de  docteur  à  Padone,  où  il  en- 
seigna les  arts  libéraux ,  il  fut  élevé  par  le  pape 
Jules  II  à  la  dignité  d'archevêque  de  Toam 
(1506);  mais  il  ne  se  pressa  guère  de  se  rendre 
à  son  poste,  et  continua  de  résider  tantôt  à  Ve> 
nise ,  |)lus  occupé  de  scoUstique  et  de  lettres 
anciennes  que  des  intérêts  de  ses  ouailles.  £b 
1512  il  assista  aux  deux  premières  sessi^uis  du 
concile  de  Latran,  et  en  1513  il  se  décidai 
partir  pour  l'Irlande  ;  à  peine  était-il  débarqné  qu'il 
mourut  subitement,  sans  avoir  mis  le  pied  dans 
son  diocèse.  Il  touchait  alors  à  sa  cinquantième 
année.  Ce  prélat,  aussi  savant  qu'aimable,  reçut  le 
surnom  de  Flos  mwndi.  On  a  de  lui  :  Expo^t» 
in  quœsiiones  dicUecticas  Joannis  Seoii  t»  Isa- 
gogen  Porphgrii  ;  Ferrare,  1499;  Venise,  1512, 
m-fol.;  —  Concordantix  et  castigaUonts  ta 
meiaphgiicalia  docLSuàlilis;  Venise,  1501, 
in-fol.  ;  »  CompêndiuM  verUaâtim  IV  Mr, 
Sententiarum;  ibid.,  150ô,in'-4"  :  en  vers  léo- 
nins; —  De  rentm  eomtingentia  et  dioiHm 
pradestinatione ;  ibid.,  1505,  in-4*;  -^  Cem" 
mentaria  doctoris  SubHlis  /.  ScoH  in  XII 
lib,   Metaphgshcœ  ÀrisioUliês    iïAà^   1507, 
in-ft>L;  —  Bnchiridion  fidei;  ibid.,  1509. 
in-4°;  —  ÈpUhemata  in  formalitatum  i^ms 
de  mente  docUnris  SubtilU;  ibid.,  1514,  m-fol.  ; 
c'est  le  même  ouvrage  que  celui  que  Possevin 
nomme  Théorème»  pour  l'explication  du  sens 
de  Scot;  ^  Dictionarium  SacrêP  Seripiurx: 
ibid.,  1603,  in-foL;  l'impression  de  œ  diction- 
naire fut  intenron^nieao  mot  exêtinçuere;  nais 
il  en  existe,  diton,  une  copie  complète  en  ma- 
noserit  à  la  bibliothèque  Bodleyenne  ; — des  5er- 
mone  ;  Paris,  1587, 1589, 1591,  in-4\  P. 


Wood ,  Athenm  Oxom*  —  Poisprlii ,  Jpparaivfi 
-  Jean  de  Satot- Antoine,  BiblMh,  /ramiMtftatf*  H. 

OFTBftsiRGitK  (  Henri  n'  ),  minnesinger  du 
treizième  siècle.  Il  naquit ,  selon  toute  appa« 
rence,  dans  la  haute  Autriche,  au  chêteao  d'Of- 
terdingen,  dont  les  ruines  se  voient  encore  sur 


549 

U  roule  d*EAerJiog  à  Ebdsberg,  entre  le  Dar 
Dobe  el  1a  Traoa.  En  tous  eas ,  son  origine  aur 
trichieone  nous  semble  suffisamment  démo»- 
tfée  jpar  le  rAJe  qu'il  joua  dan»  le  combat  poé- 
tique de  Waitbowg.  11  exalta  les  mérites  de 
LéopoM ,  doc  d'Antriche,  et  le  mit  an-dessus 
de  tous  lés  princes  de  la  terre ,  malgré  la  colère 
el  les  nenaees  de  WoMram  d'Eschenbach  et  des 
antres  dmntenrs.  Nous  ne  voulons  pas  dire  peur 
cela  que  les  strophes  attribuées  à  Oflerdingen 
dans  le  Wart^rger  Krieg  aient  été  récHe- 
ment  composées  par  lu»;  mais  Tantenr  de  ce 
poème,  dont  nous  avons  apprécié  ailleurs  l'an- 
tfaentlcité  (  voy.  Kungsor  ),  aora  dû  nécessaire- 
ment  se  conformer  à  la  tradition  qui  faisait  de 
notre  mlnnesinger  le  champion  du  due  d'Ao- 
triehe.  Henri  d'Oflerdînger  a  joot  an  moyen  âge 
d\ifie  grande  et  durable  réputation  :  les  meis- 
tersœnger  l'honoraient  comme  un  des  pins  il* 
lustres  chefs  de  leor  école;  son  nom  seiêtrooTe 
en  tête  de  quelques  lieder  conservés  dans  le 
manoscrit  de  Colmar,  et  snr  le  titre  d*0B  ma- 
nuâcrit  de  la  collection  Ambrass  on  Usait  :  De 
0/ierdingen  poemm  germanicuiti  ammtoréum 
et  équestre.  Mais  le  principal  litre  littéraire  de 
Henri ,  et  celui  qu'on  peut  moins  lui  contester, 
c'est  d'avoir  composé  Laurin;  on  trouve  en 
effet  À  la  fin  de  ce  dernier  poème  dans  le  ma- 
nnaerit  de  Fribourg  les  vers  smvantt  : 

ndnrich  von  (Kterdln^oi 
DIese  oAve  gediehiet  bac, 
DMi  lie  so  metaierUchen  «tat. 
Dm  waren  Im  die  Fûrsten  boit 
Und  gabeo  Im  Silber  and  Gold. 
nêtm  POenaing  ond  retebe  wat  » 
HtovU  daa  Baehiain  Kadt  bat. 

De  rétroîte  parenté  qui  unit  Laur^  aox  autres 
poëoiesdn  cydegermanique,  piiuneors  critiques 
ont  conclu  que  Oflerdingen  avait  également  com- 
posé BUerolJ^  NiMungem  Klage,  ci  roftme 
répopée  dont  rAllemafpie  est  si  fière ,  les  liibe- 
hmgen;  mais  les  preuves  sur  lesquelles  ils  ont 
appuyé  leur  hypothèse  ne  nous  semblent  point 
décBiives  ;  boqb  renvoyens  du  reste  à  lears  tra- 
vaux 9  notamment  an  nvont  livre  de  M.  de 
SpaoD  :  ffeiHrieh  «e»  OHeréUngen  und  dos 
Jnb9iumgmlied^  tin  Venmk  4m  Diekter 
und  dm  Bpos/ûr  Œsterreiek  zu  vindtziren 
(  Unr ,  1840  ).  Aleunére  Pet« 

Bèronim  t.  mtt,  Vber  din  SëmçmrkrUig  auf  ïFmt- 
bmrg:  Wainar,  I8S1,  —  Toscano  del  Barmer,  IU«  dent- 
sche  NattonaltiUratur  der  ffesavmten  (ânder  der  OËs- 
tgsrefft^ien  Monarchie;  Vienne,  19M.  —  Ragen,  Mu- 
f/im  nltâ.  lHêratur  «Mt  iCapul.y>Berila,  isio. 

ii  { Vincent  ),  Tun  des  promoteurs  de  Tin- 

Mirredien  de  Saint-Domingoe,  où  il  était  né,  vers 

1 7âO,  et  oè  il  fut  roué»  le  26  février  1791 .  Qooi- 

^e  àe  sang  mêlé,  il  appartenait  k  une  faroiile 

Utore  et  reçut  une  assez  bonneédacation.  Il  servit 

d'abord  à  Télranger,  et  mérita  le  grade  de  liente- 

nant-ookmeK  De  retour  dans  sa  patrie  «  il  profita 

de  Tesprit  d'émancipation  qui  aji^ait  la  France 

pour  réclamer  les  droits  que  les  colons  refusaient 

de  couleur.  Député  à  Paris  auprès 


OFTERDINGEN  —  OGÊE 


3M 


de  TAsseroblée  Constituante  (  1789),  Ogé  m  lia 
avec  les  principaux  chefs  de  la  Société  de»  aBiis< 
des  noirs,  visita  l'Angleterre  et  de  xelour  en 
France,  U  vit  Bara^ve ,  qui  se  fit  son  Mrocat  el 
supplia  l'Assemblée  de  ne  pa»  rioler  les  lois  di- 
vines et  naturelles  en  divisant  K'bumaoité  en  deux 
parts  :  les  maîtres»  les  esclaves.  U  joutait  ce 
mot  resté  célttbce  :  «  Périssent  les  colonies  plutôt 
qu'un  principe.  i»L' Assemblée rentoy a  la  pétition 
des  n^ophiles  k  un  comité.  Désespérant  d'ob- 
tenir on  snccès  par  les  voies  pacifiques,  Ogé  ré- 
solut d'employer  la  force.  II  se  procura  des  armes 
et  des  munitions  aux  États-Unis,  et  débarqua  à 
Saint-Domingue  près  du  Cap ,  le  23  octobre  1790. 
Dès  le  lendemain  il  leva  l'étendard  de  l'insur- 
rection, à  la  tète  de  deux  cent  cinquante  à  trois 
cents  baromea.  En  même  temps  il  écrivit  au  pré- 
sident de  l'assemblée  coloniale  dite  de  Saint- 
Mare  et  à  M.  de  Vincent,  commandant  militaire 
du  Cap,  leur  offrant  de  déposer  les  armes  s'ils 
consentaient  enfin  li  mettre  à  exécution  le  décret 
de  l'Assemblée  nalioBale  du  S  mars  précédent, 
donnant  sans  distinction,  à  tout  citoyen  libre  le 
droit  d'être  admis  à  toutes  les^ charges.  Le  gou- 
vernement répondit  en  mettant  à  prix  la  tète  de 
d'Ogé  et  en  envoyant  contre  lui  un  corps  de 
troupes;  Ogé  le  repoussa  à  Dondon,  lieu  de  son 
habitation,  et  marcha  vers  la  Grande-Rivière.  De 
Saint -Vincent,  à  la  tèie  de  six  cents  hommes  avec 
ciBq  pièces  decanon,  vint  l'y  attaquer.  Après  une 
héroîquerésistance,  les  mulâtres  furent  dispersés. 
Ogé,  son  lieutenant  Chavanne  et  quelques  autres 
chefs,  réussirent  à  gagner  la  partie  espagnole  de 
nie;  mais,  réclamés  par  VassemUée  coloniale  du 
nord,  ils  furent  arrêtés  par  les  autorités  espa- 
gnoles, qui  les  livrèrent  è  M.  Rouiel  de  Blancbe- 
lande,  gouverneur  général  de  Saint-Domingne. 
Ogé  fut  condamné  à  être  roeapn  vif.  11  s'indigna 
vivement  de  cet  arrêt,  qui  lui  infligeait  le  sup- 
plice réservé  aux  malfaiteurs  de  la  pire  espèce. 
Chavanne  partagea  son  supplice.  Leurs  têtes  fti* 
reot  exposées  sur  des  poteaux  et  leurs  biens 
confisqués.  A.  ne  L» 

Dtlfnas,  névohato»  de  5a4nt-l>onte0««,  t.  J,  p.  si.— 
Le  vicontc  PamvbUe  de  Lacroix,  Mémoires  pour  servir 
à  Chistoire  de  la  révolution  de  Sinnt-  Domingue  (  Paris, 
18Ï»,  ï  Tol.  In-S»),  chap.  IV.  —  Débats  dans  rttf/airet 
des  eoUndes  (B&tratt  de  la  proeédwe  d'Ogé),  t.  I.p^  17-co, 
tlOlSK  —  Malenfant,  Uisi.  des  eoloniss,  etc.,  p.  S^S.  — 
Mackensie,  Notes  on  Haïti,  t.  It,  note  R.  n<»  i-4.  —  A.  de 
UmaillDe.  HM.  des  Girondins,  t.  II,  Uv.  X,  p.  fS-M. 

OGÉE  {Jean),  géographe  français,  né  le 
25  mars  1728,  à  Chaource ,  dans  le  diocèse  de 
Laon  (1),  mort  le  6  janvier  1789,  à  Nantes.  Fils 
d'un  capitaine  au  régiment  de  Montereau  (  infan- 
terie), il  suivit  aussi  la  carrière  des  armes,  et  fSt 
dans  la  gendarmerie  royale  les  campagnes  de 
Flandre.  En  1748  il  entra  dans  le  service  des 
ponts  et  chaussées  de  Bretagne,  où  il  fut  ingé- 
nieur géographe.  Il  s'occupait  de  rassembler 

(1)  M.  MIorcec  de  Kerdanet  le  fait  lutltre  à  Nantes; 
celte  assertion  n*a  pas  été  vériQée  par  les  éditeurs  de  U 
rélmpresilon  du  Oiet.  de  la  Bretagne. 

IS. 


551 


OGÉE  —  OGIER 


les  matériaux  d*une  Histoire  de  NaDtes,  lors- 
qu'il mourut,  à  soixante  ans.  On  a  de  lui  : 
Atlas  itinéraire  de  Bretagne^  contenant  les 
cartes  particulières  de  tous  les  grands  che- 
mins de  cette  province  avec  totu  les  objets 
remarquables  qui  se  rencontrent  aune  demi- 
lieue  à  droite  et  à  gauche;  Paris,  1769,  in-4® 
obi.  ;  —  Dictionnaire  historique  et  géographi- 
que de  ta  province  de  Bretagne,  dédié  à  la 
nation  bretonne;  Nantes,  1778-1780,  4  toI. 
in-4*;nouT.  édit.,  revue  et  corrigée,  ibid.,  1840- 
1844,  2  Yol.  gr.  in-8**.  Cet  ouvrage  a  été  analysé 
dans  le  Journal  encyclop.  (mars,  aoôt  et  dé- 
cembre 1779).  «  C*est  celui,  rappoite-t-on,  qui 
coûta  le  plus  de  soins  et  de  veilles  à  son  auteur; 
car  il  Pavait  commencé  en  même  temps  que  ses 
cartes.  Toutes  les  notes  historiques  et  d'intérêt 
local  furent  prises  en  fixant  les  positions  géomé- 
triques. Gaymar,  dans  ses  Annales  nantaises ^ 
prétend  que  les  états  de  Bretagne,  dont  plusieurs 
membres  ne  se  trouvaient  pas  flattés  dans  ce 
dictionnaire,  s'opposèrent  à  sa  circulation.  »  A  la 
fin  du  t.  rv,  Ogée  déclare  que  ce  Dictionnaire 
a  été  rédigé  par  un  Jeune  homme,  nommé  Gre- 
lier,  maître  es  arts  de  l'université  de  Nantes.  On 
doit  encore  à  ce  géograpAe  les  cartes  du  comté 
nantais  (1768)  et  de  la  Bretagne  (1771);  cette 
dernière  a  été  contrefaite  en  Angleterre,  et  on  en 
trouva  plusieurs  exemplaires  sur  les  émigrés 
lors  de  la  descente  à  Quiberon,  en  1795.  P;  L. 

Journal  encfclop.,  lœ.  dt.  —  Mtoreec  de  Kerdanet, 
Notices  sur  les  écrivains  de  la  Bretagne.  —  Bioifr,  nottv. 
d«s  Contemp. 

06BR0N  DE  LA  BorÈRB  {Bertrand  h'), 
marin  français ,  né  en  Anjou,  en  1615,  mort  à 
Paris,  en  décembre  1675.  Il  entra  dans  le  régi- 
ment de  la  Marine,  où  il  devint  capitaine  en 
1641.  En  1656  il  organisa  une  expédition  pour 
coloniser  Ouatinigo,  territoire  de  l'Amérique  mé- 
ridionale; mais  il  dut  renoncer  à  ce  projet.  Il  ré- 
solut de  se  fixer  à  La  Martinique,  et  sollicita  de 
Jacques  Diel  du  Parquet,  qui  en  était  lieutenant 
général,  la  cession  de  ta  partie  sud-ouest  de  l'Ile 
qui  s'étend  depuis  la  pointe  des  Salines  jusqu'à  la 
baie  aux  Oiseaux  ;  mais  la  mort  de  du  Parquet 
(3  janvier  1658)  empêcha  cette  transaction.  Après 
d'autres  essais  de  colonisation  infructaeux,  il  se 
fit  nommer,  en  1667,  gouverneur  de  l'Ile  de  La 
Tortue,  puis  de  Saint-Domingue,  refuge  de  fli- 
bustiers. L'Ile  Saint-Domingue  était  alors  le  refuge 
de  nombreux  chasseurs,  surnommés  boucaniers, 
qui  y  vivaient  presqu'à  l'état  sauvage.  Plusieurs 
d'entr'eux  invitèrent  d'Ogeron  à  venir  fonder 
dans  leur  Ile  un  élablisseroent  qui  put  les  mettre 
à  l'abri  des  attaques  continuelles  des  Espagnols. 
D'Ogeron  accepta  ;  mais  il  fit  naufrage  en  abor- 
dant à  Léogane.  En  1673,  il  établit  une  colonie 
dans  la  péninsule  de  Samana,  sur  la  côte  orien- 
tale de  rile  et  à  vingt  lieues  de  Saint-Domingue. 
L'année  suivante  d'Ogeron  passa  en  France  pour 
soumettre  à  la  cour  les  moyens  de  conquérir 
toute  rile;  mais  il  succomba  à  une  afTection  con- 


553 

tractée  en  Amérique.  De  Poincy,  son  neveu ,  lui 

succéda  comme  gouverneur  de  La  Tortue  (  1 6  mars 

1676).  A.  dbL. 

Le  P.  Datertre,  HUtoIre  générale  des  JntUles,  1. 1«. 
—  Moreto  de  Salnt-Méry,  Description  de  la  partie  fraef 
çaise  de  ScOnt-Domingue.  —  Lois  et  coiutitvtloiis  des 
colonies  françaises,  1. 1*',  p.  18, 100,  ITS,  193.  —  Clurle- 
▼olx,  Hist.  de  Saint-Domingue,  i.  II,  llv.  VII  et  Vin.  - 
Rsynftl,  Hist,  pkilosopkique  des  deux  Indes,  Uv.  Xltl, 
cbap.  xzziv,  XXXV.  —  CBuneUn ,  HisL  des  aventuriert 
fiUntstiers ,  1. 1,  chap.  1-7. 

OGGiONB.  Voy.  Uggiokc  (  Jforoo  ). 

OGiBR  (Simon),  en  latin  Ogerius,  poète 
latin  moderne,  né  à  Saint-Omer,  mort  vers  1610, 
était  docteur  dans  l'un  et  l'autre  droit.  «  Les 
titres  de  ses  ouvrages,  dit  Paquot,  dont  quel- 
ques-uns  sont  assez  bizarres,  font  juger  que 
l'auteur  savait  le  grec.  »  Mous  citerons  les  mor- 
ceaux suivants  :  Irène  et  Ares;  Douai,  1588, 
in-S";  Canlilenarum  piarum  enneades  II; 
ibid.,  1592,  in-8*;  —  EncomUorum  liber;  ibid., 
1597,  in-8».  P.L. 

Pjquot,  Méwtoires,  11,  4lS>4U.  —  Picn,  Biogr.  de 
Saint-Omer, 

OGIBR  (Charles),  littérateur  français,  né  i 
Paris,  vers  la  fin  de  1595,  mort  le  11  août  1654. 
11  fut  avocat  au  parlement  de  Paris.  Devenu  se- 
crétaire de  Claude  de  Mesmes,  comte  d'Avaux, 
il  accompagna  ce  seigneur  dans  ses  ambassades 
de  Suède,  de  Danemark  et  de  Pologne.  Au  retour 
de  ce  voyage,  il  se  retira  alors  cliez  les  chanoines 
réguliers  de  Sainte-Geneviève.  On  a  de  lui  :  Ephe- 
merideSf  sive  iter  danicum,  suedcum,  poUni- 
cum;  Paris,  1656,  in- 12.  Cette  relation  est  sou- 
vent entremêlée  de  vers  latins,  et  contient  k  la 
fin  quelques  lettres  de  Nicolas  Bourbon  et  du 
comte  d'Avaux.'  P.  L. 

Gonjet,  BiMiotk,  françoiie.  -  UorM.  Cretn*  DkU 

Mst,{éfLVI$9), 

OGIBR  (François),  écrivain  français,  frère 
cadet  du  précédent,  né  vers  le  commencement 
du  dix-septième  siècle,  mort  à  Paris,  le  38  juin 
1670.  On  ne  connaît  guère  sa  vie  que  par  ses 
écrits.  Ses  biograplies  ^disent  que  dès  sa  jeu- 
nesse il  montra  pour  les  lettres  un  goût  pro- 
noncé, dont  son  frère  atné  et  son  père,  avocat  au 
pariement,  hif  donnaient  Texemple.  Il  embrassa 
l'état  ecclésiastique,  et  ses  talents  ne  tardèrent 
pas  à  lui  conquérir  une  certoine  réputation  de  bel 
esprit  dans  le  monde  et  d'orateur  dans  la  chaire. 
Jeune  encore,  il  eut  le  titre  de  prédicateur  du 
roi,  et  obtint  quelques  bénéfices,  d'où  la  qualifi- 
cation de  prieur,  sous  laquelle  il  est  le  plus  sou- 
vent désigné.  Malgré  sa  profession,  Fr.  Ogier 
semble  avoir  été,  du  moins  dans  la  première 
partie  de  sa  vie,  un  homme  du  monde,  fort  mêlé 
à  la  société  des  jeunes  seigneurs,  avide  de  re- 
nommée et  de  bruit,  et  peif  tourmenté  de  scru- 
pules dans  sa  passion  pour  la  littérature.  U  dé- 
buta par  un  coup  d'édat.  Le  père  Garasse  ve- 
nait de  publier  sa  Doctrine  curieuse  (16^)> 
où  il  attaquait,  en  un  style  violent  et  bouffon,  les 
beaux  esprits  de  ce  temps,  la  même  année, 


553 


OGI£R 


564 


Fr.  Ogier,  quoiqae  personneUement  désintéressé 
dans  le  débat,  lança  contre  cet  outrage  son  Ju- 
gement et  Censure  de  la  Doctrine  curieuse , 
où  ii  prenait  les  armes  de  son  adversaire  pour 
les  retourner  contre  lui.  Fut*ce  simplement, 
comme  il  le  voudrait  faire  croire ,  par  le  désir 
de  défendre  des  gens  de  bien  et  de  mérite  injus- 
tement attaqués,  et  par  l'indignation  que  lui  ins- 
pirait l'auteur,  «  mieux  pourvu  des  conditions 
nécessaires  à  un  poète  satirique  et  à  un  farceur 
que  non  pas  des  qualités  convenables  à  un  doc- 
teur catholique  ;  »  ou,  comme  Tinsinue  Garasse, 
fut-ce  par  Tinfluence  des  fils  de  Pasquier,  irrités 
des  attaques  dirigées  contre  leur  père  par  le  jé- 
snite,  surtout  dans  ses  Recherches  des  Recher- 
ehes  ?  Garasse  va  même  jusqu'à  dire  qne,  «  comme 
ils  estoient  assez  foibles  des  reins,  ils  avoient,..^ 
avec  nne  pièce  d'argent,  substitué  à  leur  place 
un  homme  d'assez  IxMme  mine  pour  un  soldat, 
assez  mauvaise  pour  un  ecclésiastique  ».  Mais  il 
est  nécessaire  de  se  défier  des  gentillesses  de 
Garasse  ;  d'antre  part,  il  est  prudent  de  ne  pren- 
dre que  pour  ce  qu'elles  valent  les  explications 
d'Ogier  loi-même,  et  on  peut  croire,  sans  juge- 
ment téméraire,  que  le  désir  de  se  signaler  d'une 
façon  retentissante  en  critiquant  un  auteur  fa- 
meux et  un  livre  qui  faisait  tant  de  bruit,  ne  fut 
pas  étranger  à  sa  détermination.  Toutefois  il  avait 
gardé  Tanonyme,  qui  fut  dévoilé  par  Garasse. 
Ogier  traite  le  jésuite  sans  aucun  ménagement  : 
il  incrimine  son  style,  à  la  fois  grotesque  et  pé- 
dant, ses  arguments  ridicules,  ses  pointes,  ses 
lazzis,  ses  mensonges  et  ses  calomnies,  ses  pro- 
fanations de  l'Écriture  sainte,  ses  termes  impu- 
diques et  obscènes,  dont  il  tire  même  des  insinua- 
tions contre  ses  mœurs.  Garasse  répliqua  par  son 
Apologie  (  1624),  où  il  prenait  l'offensive  à  son 
toor  sons  prétexte  de  se  défendre,  mais  où  il  an- 
nonçait pourtant  qu'il  ne  répondrait  plus  à  Ta- 
veniraux  attaques  personnelles.  Après  cet  échange 
de  coups,  des  amis  communs,  croyant  sans  doute 
l'honneur  sati^fait^  s'interposèrent,  et  la  même 
année  les  deux  ennemis  rendaient  publiques  leurs 
lettres  de  réconciliation.  Depuis  lors  Fr.  Ogier 
ne  s'occupa  plus  de  Garasse,  mais  Garasse  s'oc- 
cn|>a  encore  d'Ogiqr»  dans  un  ouvrage  imprimé 
Tannée  suivante,  en  revenant  sur  les  points  prin- 
cipaux de  sa  Doctrine  curieuse,  que  celui-d 
avait  attaqués,  et  en  avançant  qu'il  avait  rétracté 
sa  censure. 

Dans  cette  lutte  contre  Garasse,  Balzac  s'était 
haotement  déclaré  pour  Ogier,  et  quelques-uns 
même  assuraient  qu'il  était  le  véritable  auteur 
de  son  livre,  hypothèse  fort  peu  probable.  L'at- 
titude de  Balzac  dans  le  débat  n'avait  pu  que 
redoubler  l'afTection  que  lui  portait  déjà  le  prieur; 
aussi  lorsqu'un  peu  plus  tard  un  jeune  religieux 
ftRoillant,  frère  André,  eut  fait  sa  Cor{formité  de 
Véloquence  de  M.  de  Balzac  avec  celle  des 
plus  grands  personnages  du  temps  passé  et 
du  présent,  où  il  voulait  démontrer,  par  de 
nombreux  rapprochements,  que  celui-ci  avait 


emprunté  partout  ses  pensées  et  ses  phrases, 
Ogier,  indigné,  écrivit  VApologie  de  Balzac,  où 
il  le  vengeait  des  accusations  portées  contre  son 
style,  et  des  stratagèmes  à  l'aide  desquels  on 
voulait  persuader  qu'il  n'était  qu'un  plagiaire  sans 
génie.  L'ouvrage  de  frère  André  n'avait  jusqu'a- 
lors couru  que  manuscrit  ;  ce  fut  Ogier  lui-même 
qui  le  fit  imprimer  en  compagnie  de  son  Apo- 
logie^  «  comme  un  esclave  enchaîné  après  le 
char  de  son  triomphe,  »  dit  Sorel,  dans  sa  Biblkh 
thèque  françoise.  Un  exemplaire  de  cette  Apo- 
logie, ayant  été  porté  à  dom  Goulu,  général  dés 
Feuillants,  celui-ci  fut  pris  du  désir  de  venger 
la  cause  de  son  subordonné  frère  André,  et  en 
même  temps  celle  des  moines,  plusieurs  fois 
raillés  par  Balzac;  et  il  publia,  sons  le  titre  de 
Lettres  de  Phyllargue  à  Ariste,  un  ouvrage  où 
il  critiquait  violemment  le  grand  épistolier  (voir 
l'article  Goulu  ).  Nous  n'avons  pas  à  suivre  dans 
tontes  ses  péripéties  la  longue  bataille  à  laquelle 
ces  divers  ouvrages  servirent  de  point  de  départ; 
nous  devons  dire  seulement  que  Balzac  futencore 
soupçonné  cette  fois  d'avoir  composé  lui-même 
VApologie  signée  par  le  prieur  Ogier,  ou  du 
moins  d'y  avoir  activement  coopéré,  hypothèse 
moins  improbable  que  la  précédente,  et  que  sem- 
ble corroborer  la  réplique  de  don  Goulu,  qui  s'en 
prend  directement  è  Balzac  d'un  bout  à  l'antre 
de  ses  deux  volumes,  et  non  à  Ogier.  Quelques 
biographes  racontent ,  au  contraire ,  que  ce  fut 
Balzac  qui  voulut  passer  pour  l'auteur  de  VApo- 
logie, et  que  la  résistance  opposée  par  Ogier, 
qui  tenait  à  sa  gloire,  brouilla  les  deux  amis. 
Cette  historiette  invraisemblable  n'a  aucun  fon- 
dement sérieux. 

En  1628 ,  Fr.  Ogier  écrivit  en  tête  de  Tyr  et 
Sidon,  tragi-comédie  en  deux  journées,  de  Jean 
deSchelandre,une  préface  qui  est  le  plus  curieux 
et  le  moins  connu  de  ses  ouvrages.  Cette  pièce 
étrange,  où  la  comédie  se  mêle  franchement  à 
la  tragédie,  avait  été  publiée  pour  la  première 
fois  vingt  ans  auparavant  par  l'auteur,  sous  le 
pseudonyme  anagrammatique  de  Daniel  d'An- 
chères;  mais  il  l'augmenta  du  double  dans  la  se- 
conde édition.  Schelandre  était  huguenot,  et  sa 
tragi-comédie  est  extrêmement  licencieuse  :  cette 
doul>le  considération  n'arrêta  pas  le  prieur  Ogier, 
qui  décidément  était  un  ecclésiastique  fort  tol6< 
rant.  Il  se  vante  même  d'avoir  arraché  par  ses 
instances  la  publication  de  cette  pièce  à  la  mo- 
destie de  son  ami.  Mais  le  cêté  curieux  de  sa 
préface  n'est  point  là  :  Il  est  dans  les  idées  litté- 
raires, fort  hardies  pour  le  temps,  qu'il  y  déve- 
loppe. C'est  la  fameuse  préface  de  Cromwell  an- 
ticipée, sur  une  échelle  moindre.  Ogier  y  pose 
nettement  la  théorie  du  drame,  et  en  démontre 
la  légitimité  par  le  motif  que  ce  mélange  du  co- 
mique an  sérieux,  du  noble  au  familier  et  même 
au  trivial,  est  conforme  aux  vicissitudes  ordi- 
naires de  la  vie,  et  offre  limage  fidèle  du  monde 
tel  qu'il  est.  Il  prouve  que  la  chose  est  ancienne, 
si  l«  mot  (iragi<omédie)  est  nouveau,  et  que 


S65 


OGIER  —  OGILBY 


5S6 


raotiqittfté  Va  connu.  U  attaque  les  unilés  au  nom 
de  la  vraisemblance;  il  s^en  prend  à  rtabitnde 
de  Ja  tcagédie  française  de,  tout  mettre  en  récits; 
il  vent  &id»tituer  Taction  k  la  narration ,  qui  a 
souvent  le  tort  d*etre  ^léplacée  et  de  refroidir 
llalérét  ;  U  s'élève  enfin  contre  l'esprit  de  tradi- 
tion et  de  routine  qni  fait  craindre  de  sortir  des 
voies  tracées,  et  il  indique  la  nécessité  d'un  art 
nouveau  pour  des  tem^  uouveaux.  Cette  ana- 
lyse aommaire  indique  assez  fimpoilaBoe  de  ce 
morceau,  qni  a  été  iocouna  ou  o^igé  de  U  plu- 
part de  ses  bic^paphes.  Fr.  Ogiir  aooompagna 
en  1648  Claude  de  Mesmes  »  comte  d'Avaux ,  qui 
lui  avait  transféré  la  oonliaaoedont  il  iMiiorait  au- 
paravant soB  frère  alaé,  au  congrès  de  Munster, 
où  fut  définitivement  «ondu  le  traité  de  West- 
pbalie.  Revenu  à  Paris  l'année  wivaote,  il  y  re- 
prit  son  aacienne  vie,  toutefois  avec  plas  de  sa- 
gesse et  de  natttrifté,  en  personnage  qui  avait 
contracté  des  bafaitudes  «diplomatiques  et  que 
l'âge  avait  sevré  de  ses  jeunes  ardeurs.  Il  |ianit 
encore  avec  succès  dans  les  chaires  de  quelques 
églises,  puis  renonça  à  la  prédication  pour  se  con- 
sacrer exclusivement  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie  à  la 
culture  des  lettres  et  publier  un  certain  nombre 
d'ouvrages  d'un  genre  moins  agressif  et  moins 
hardi  que  ses  premiers  ouvrages,  qui  sont  bien 
oubliés  aujourd'hui,  après  avoir  obtenu  en  leur 
temps  les  suffrages  des  beaux  esprits.  Ogier  avait 
denx  sœurs,  connues  parmi  les  PréeieuMes  ,  que 
Somalze  a  peintes  sous  le  nom  d'Oxaris,  et 
dont  Tallemant  Ji  parié. 

Voici  la  liste  exacte  de  ses  ouvrages  :  Jugement 
et  Censure  de  la  Doctrine  curieuse  de  Fran- 
çois Garasse;  Paris,  1623,  in-S»;  -— Apelfh 
gie  de  M.  de  Balzac;  Paris,  1637,  in-S";  — 
Pré/ace  du  Tyr  et  Sidonf  tragi-comédie  de  Sche- 
tondre;  Paris  (Robert  Estienne)»  1623,  in-S*"; 
—  Lettres  écrites  pendant  son  voyage  en  Al- 
lemagne (à  la  suite  du  Vopage  de  Munster^  par 
Joly);  —  Actions  publiques ,  c'est-à«dire  re- 
cueil de  ses  sermons,  awecât» éloges  et  ormisans 
funèbres  f  entre  autres  celle  de  Louis  XllI; 
Paris,  1G52-5&,  2  vol.  tn-4'';  —  Inscription  ^anti- 
que de  la  vraie  croix  de  Vabbaye  de  Grand' 
monty  avec  un  sennon  de  la  Paseimn  ;  Paris, 
1658»  in-8';  —  Préface  de  Ja  tnducliott  des 
Héreides  d'Ovide,  par  l'abbé  Marolles,  1661, 
in-S*"  ;  —  Oraison  funèbre  4e  Philippe  /F,  roi 
d'Espagne :Psins^  1666,  ia-4°;  —  Lettre  cri- 
tique êuvlà  CUmène  de  Segrais(dan8  la  Hegmi' 
siaua  et  les  ceuvres  de  Segnûa};  —  Fr.  Ogier  a, 
fait  aussi  des  vers  français,  peu  ranai^aUeSy 
qui  sont  disséminés  dans  divers  recueils  de  l'é- 
poque. Victor  FomNBL. 

Sorel,  BiblMh.  franc,  —  JNctiOioMÉre  hUtotigmê^ 
Bayie. 

4MILBT  {John  ),  lilléEatenr  angtois,  né  en  no- 
vembre 1600,  à  Edimbourg  ou  dans  les  environs, 
mort  le  4  septembre  1676,  à  Londres.  Il  appar- 
tenait aune  ancienne  famille  d'Ecosse;  son  père, 
après  avoir  dissipé  son  héritage,  avait  été  en- 


fermé, comme  insolvable,  dans  to  prison  pour 
dettes.  Abandonné  de  bonne  lieure  à  lui-même, 
son  éducation  fut  fort  négligée,  et  si  dans  la 
suite  il  sut  se  faire  une  position  et  racheter  la 
liberté  de  son  père ,  il  le  dut  moins  à  ce  qu'on 
lui  avait  enseigné  qu'à  ses  talents  naturels  et  à 
son  industrieuse  activité.  Ogilby  était  une  espèce 
de  maître  Jacques,  aussi  adroit  de  Tesprit  qœ 
des  mains,  d'nn  caractère  entreprenant  et  d'une 
bonne  humeur  inaltérable.  Loid  Stadoni  l'em- 
ploya à  tout  ce  qu'il  voulait  :  il  en  £1  son  secré- 
taire et  un  de  ses  gardes  à  cheval;  il  le  nomma 
maître  dos  divertissements,  et  hii  fournit  les 
moyens  d'élever  À  DuhUn  un  petit  tbé&tre.  La 
rébellion  de  1641  jeU  bas  rédifice  de  m  fortune 
naissante,  et  pour  mettre  le  oomUe  à  son  infor- 
tune, il  perdit  dans  un  naufrage,  en  revenant 
d'Irlande,  le  peu  qui  lui  restait.  De  Londres,  il  se 
rendit  à  piedà  Caioabridj^ ,  et  trou^  chez  quel- 
ques étudiants  de  l'université  les  moyens  de  re- 
commeooer  à  quarante-sept  ans  ses  études  clas- 
siques. £n  1661,  on  le  chargea  de  diriger  la  par- 
tie poétique  des  fêtes  pour  la  solennité  du  cou- 
ronnement de  Charles  U,  et  ce  prince  fat  si  sa- 
tisfait de  lui  quMl  lui  donna ,  au  détriment  do 
poète  0avenant,  la  place  de  raattredes  divertis- 
sements en  Iriande  (t662).  Ogilby  retourna  donc 
à  Dublin,  et  s'empressa  d'y  rebâtir  son  tliéàtre, 
que  l'on  avait  démoli  au  milieu  des  derniers 
troubles.  L'amour  du  changement  le  ramena  k 
Londres  Y  où,  dans  rinoendie  de  1666,  il  perdit 
une  troi^me  fois  sa  fortune;  sa  maison  fat 
brûlée ,  et  il  était  réduit  à  quelques  écos.  Malgré 
son  âge  déjà  avancé,  il  ne  se  découragea  point  : 
en  peu  de  temps  il  parvint  à  reconstruire  sa 
maison;  il  y  établit  une  imprimerie,  et  olitint  du 
roi  le  titre  d'imprimeur  oosmographe,  titre  qui 
passa,  après  sa  mort,  à  William  Moiigan,  son  pe- 
tit-fils et  successeur.  Tous  les  ouvrages  qui  sont 
sortis  de  ses  presses ,  ainsi  que  les  siens  propres, 
ont  été  Cirés  en  grand  papier,  ornés  de  cartes  et 
d'intéressantes  estampes  par  Holler  et  d*antres 
bons  artistes  du  temps,  et  publiés  par  voie  de 
souscription.  On  ad'Ogilby  :  TàeCkaracter  o/a 
trooper,  facétie  en  vers  ;  —  Works  qf  Virgil; 
Londres,  1649-1650,  gr.  in-8o,<t  16S4,  im-kL, 
avec  son  portrait;  —  FaHes  qf  jSsop  parm- 
phrased  in  veree;  Cambridge,  1651-1665,2  vol. 
io^<>;2''édit,  1673-1674,2  iioL4o-8<';  «m trouf« 
à  la  fin  du  t.  II  plusieurs  fables  de  la  eonposi- 
tion  du  traducteur;  il  publia  aussi  de  Vtrgfle 
deux  dditions  latines,  Pose  «en  1*6&6,  in-M.,  et 
l'autre  in-8*,  avec  desaotes;  ~  Homer^ê  Uimd 
and0dffs$eg;ljsmdnsj  166(I^166&,  2  vol.  i»4% 
fig4  il  fut  aidé  dans  oe  travail  par  son  ami 
James  Sbiriey.  Ce  M  en  lisant  r/léoded'Opiby 
que  Pope,  eaeore  enfant,  sentit  naître  son  goOt 
pour  la  poésie  ;  plus  tard  il  a  prétendu  que  ee 
traducteur  était  au-dessous  de  la  critique  (bien 
qoll  bri  ait  fait  de  nombreux  emprunts),  efil  Ta 
tourné  en  ridicule  dans  sa  Duneiade;  ->-  The 
BeiatUm  of  Bis  Majestg'ê  enteriainment  pa$ 


4#7  OGILBY 

wig  thrmfh  the  eiiy  oJLondon  io  kis  coro- 
nation;  Londres,  1661,  1662,  io-fol.,  fig.:on 
&  est  servi  de  ce  reciMii  comme  d'iu  modèle  à 
suivre  dans  les  oouroDDemenU  suivants;  — 
Jfutoryo/Càiua;laoàniit  16e7-U71,3  vol. 
ia4oLi  oompUatioa  faite  d'après  le  Hollandais 
Dapper;  ^  Afnca^  or  dacription  of  JSgyptt 
JUurbary  and  Blkiopias  Londres,  1670,  ia-fol.; 
«-  DaeripiUm  of  America;  Londres,  1671, 
ÎB-foL;  — A//<M,  en  plosieors  vol.  in-fol.;  — 
The  TrawelUrà's  Quide^  or  a  moit  descrip- 
tion of  the  roadst  etc.;  Londres,  1674,  in-fol.; 
féédilé  par  John  Boweo,  aovs  le  (itre  de  BrUan- 
nia  dèpieta{\72U  «n-r);  —  Descriptio  geo- 
çrapkk»  ei  kùtorica  regM  AngUm  tt  prind- 
paius  WaUim;  Londres,  1675,  1698,  in-fol.; 
Ù^ilby  avait  encore  composé  deux  poèmes  hé- 
niques,  Ephetiimk  matron  ei  Roman  Slave, 
et  ime  épopée  en  donie  chants  en  nionnear  de 
Charles  11,  CaroUes,  qni  en  1666  devinrent  la 
proie  des  flammes.  P.  L — t. 

OMer,  IMftg  9/  tk»  poeU.  —  CWnere.  CetunU 
bi9grmfih.  dict. 

OGILTIB  {John),  litférafeitr  anglais,  né  en 
1733,  en  Ecosse,  mort  «n  1814,  à  Midmar 
(comté d'Aberdeen  ).  Il  administra  la  paroisse  de 
Midmar  depuis  1759  jusqu'à  sa  mort,  et  se  fit 
coonaitre  par  un  talent  remarquable  en  poésie  ; 
il  a  laissé  dans  ce  genre  :  Poems  on  several 
subfecU  ;  1 762,  in-4*  ;  —  Providence  ^  a  pœm  ; 
1764,  fa-4oj  —  SermMu;  1767,  in-8*;—  Para- 
dise,apoem:  1769,  in-4o; — PkUosopkical 
and  criiical  obêervations  on  eomposUions; 
1774,  2  vol.  in-8«;  —  Rona^  a  pœm;  1777, 
ia-4"  ;  —  An  Inquiry  in  ta  the  causes  of  infe- 
dUitg  and  scepticism;  1783,  in-8«;  —  Theo' 
logy  of  Plaio ,  compared  with  the  principles 
of  oriental  and  grecian  philosopfiers  ;  179S, 
ia-8'';  —  Britannia,  an  epic  pœm;  1801, 
ia-4**,  précédé  d'une  dissertation  sur  le  merveil- 
leux dans  l'épopée;  —  EsMminaiion  cftfie 
évidence  of  prophecy  in  behalf  of  f Ae  ChriH" 
tian  religion  ;\^Z,  m-8<*.  K. 

Gorton,  CênertA  biograph.  Met 

OBLETHOArR  (Jean -Edward) ,  général 
anglais,  né  en  1698,  à  Londres,  mort  le  80  juin 
178À,  à  Oranham.  11  servit  en  Allemagne,  sous 
les  ordres  du  prmce  Eugène  et  du  duc  de  MarU 
borough,  dégea  au  parlement  (de  1722  à  1747), 
oô  il  oonooumt  à  faii^  adopter  des  règlements 
ntHes  poor  le  commerce  et  pour  la  réforme  des 
prisons.  Il  prit  une  grande  part  à  la  fondation  de 
la  colonie  agricole  située  au  sud  de  la  Caroline, 
et  appelée  Géorgie,  da  nom  do  souverain  qui  en 
autorisa  rétabli&semeot  Nommé  l'un  des  pre- 
miers directeurs  de  la  compagnie,  il  s'erabar- 
qna,  à  b  im  de  1732,  avec  une  centaine  de  co- 
Joofl  de  l'on  et  de  l'aiitre  sexe;  il  s'occupa  d*a- 
hord  de  visiter  avec  soin  rintérieur.et  le  littoral, 
condat  ensuite  plusieurs  traités  d'alliance  ou  de 
pdix,  soit  avec  les  peuples  indigènes,  soit  avec 
te  gooTemeur  de  la  Floride,  et  repassa  en  1734 


—  OGLIAKO 


568 


en  Angleterre,  après  avoir  jeté  les  fondations  de 
la  ville  de  Savannah.  Dans  im  second  voyage 
(1736),  il  amena  trois  cents  nouveaux  émigrants , 
et  fit  élever,  sous  sa  direction,  les  villes  de  New«> 
Ebenezer etd*Augusta.  £n  1737  des  difficultés  sé- 
rieuses, soiHevéei  par  la  jalousie  des  Espagnol^ 
menacèrent  d'entraver  le  progrès  de  la  colonie 
naissante.  I«a  guerre  ayant  été  déclarée,  Ogle- 
thorpe,  nommé  colonel,  leva  un  riment,  et  mit 
la  Caroline  à  l'abri  de  toute  invasion  étrangère; 
mais  il  ne  /ut  pas  aussi  heureux  dans  l'expéditioa 
qu*il  entreprit  pour  s'emparer  de  Saint-Augustin, 
dans  la  Floride.  Rendu  responsable  de  ce  re- 
vers, il  fut  traduit  devant  les  tribunaux  (1743), 
et  honorablement  acquitté,  à  la  suite  d'une  en- 
quête mbiutiense.  Il  venait  d'être  promu  au 
grade  de  major  général  lorsque  la  rébellion  de 
1745  éclata  en  Ecosse  :  chargé  de  la  poursuite 
des  jacobites,  il  ne  parvint  pas  à  les  atteindre; 
on  l'accusa  de  nouveau  de  négligence  dans  ses 
opérations  :  il  fut  encore  mis  en  jugement  et 
absous,  comme  la  première  fois.  Bien  qu'il  ne 
trouvât  d'emploi  dans  aucune  des  guerres  sui- 
vantes, il  n'en  eut  pas  moins  en  1765  le  rang  de 
lieutenant  général.  Dans  sa  vieillesse  il  éprouva 
des  revers  de  fortune.  Sa  bienfaisance  et  ses  ta- 
lents lui  ont  valu  les  éloges  de  Pope,  de  Thomson 
et  de  Samuel  Johnson.  K. 

European  magazine,  1188.— Xanniag  et  flray,  UiU,  g$ 
Surref.  —  Cbâlmen,  General  btogr.  dict. 

OGLIANO  (  Maurice  '  Ignace  Fbj^u,  ha* 
ron  d'  ),  général  français ,  né  le  l'**  août  1 746,  à 
Saluées  (Piémont),  mort  en  novembre  1826,  A 
Paris.  Il  était  fils  cadet  du  comte  d'Ogliano , 
président  de  la  cour  des  comptes  de  Turin.  Pen- 
dant la  guerre  contre  les  Français ,  Il  combattit 
<  avec  valeur  dans  les  rangs  de  l'armée  piémoç- 
taise,  et  continua  de  servir  son  pays  jusqu'à  la 
paix  de  Cherasco;  mais,  après  la  retraite  de 
Charles-Emmanuel  en  Sardaigne  (1798) ,  il  passa  « 
au  service  de  la  république  française  et  de  l'empire* 
En  1803  il  organisa  à  Montpellier  la  légion  du 
Midi ,  composée  de  ses  compatriotes.  Après  avoir 
servi  en  Italie,  sons  les  ordres  de  Massena,  il 
obtint  le  grade  de  général  divisionnaire  (3  juin 
1807) ,  et  commanda  un  corps  de  cavalerie 
étrangère  à  la  journée  de  Friediand.  En  1808  il 
passa  en  Espagne,  fut  attaclié  au  corps  d'armée 
du  général  Dupont,  et  subit  les  funestes  consé^ 
quences  de  la  capitulation  de  Baylen.  De  retour 
en  France,  il  reçut,  avec  le  titre  de  baron,  le 
commandement  de  la  18*  division  militaire.  Il 
prit  ensuite  part  à  la  campagne  d'Autriche  (1809) 
et  de  Saxe  (1813),  mit  en  état  de  défense  les 
châteaux  de  Laybach  et  de  Trieste,  et  fut  chargé, 
le  1**  février  1814,  de  protéger  la  ville  et  la  rivière 
de  Gènes;  il  prolongea  la  résistance  jusqu'au  18 
avril  suivant,  où  il  conclut  avec  l'amiral  Bentlnck 
une  convention  des  plus  honorables.  Admis  à  la 
retraite  dans  la  même  année,  il  fut  naturalisé  fran- 
çais à  la  fin  de  1 81 5,  et  fixa  son  séjour  à  Paris.  P. 
Biogr.  unie,  et  port,  des  Contemp,  —  Ijb  JUonit, 


659  OGLIANO 

tmirenet,  noY.  18».  -  Fattet  de  la  UçUm  d'hon- 
neur, III. 

o'HBGUBBTT  ( PUrre-André)  (l),  écono- 
miste fraDçaîs,  né  àDinan  (Bretagne),  le  31  dé- 
cembre 1700,  mort  à  Plombières,  le  12  jan- 
vier 1763.  Élevé  dans  le  collège  de»  Jésuitea  de 
Caen ,  il  s'engagea  à  Tâgc  de  quinze  ans  comme 
volontaire  dans  la  i>etite  armée  destinée  à  opérer 
une  descente  en  Ecosse  pour  rétablir  le  fils  de 
Jacques  II  sur  le  trône;  mais  cette  eipédition 
ayant  écboué  par  la  défaite  du  comte  de  Mar,  il 
revint  à  Caen  suivre  les  cours  de  la  faculté  de 
droit,  et  fut,  en  1718,  reçu  avocat  au  parlement 
de  Normandie.  Protégé  parle  cardinal  de  Fleury 
et  par  Philibert  Orry,  contrôleur  général  des 
finances,  il  obtint  la  place  de  procureur  géné- 
ral au  conseil  supérieur  de  l'Ile  Bourbon  et  de 
juge  de  police  au  quartier  de  Sainte-Suzanne. 
Un  mariage  qu'il  contracta,  le  14   septembre 
1738,  avec  Marie-Françoise  de  Verdière,  alliée  à 
la  principale  noblesse  de  Bretagne,  accrut  sa 
fortune ,  et  lui  permit  d'acheter  une  assez  grande 
étendue  de  terres  en  friche,  où  il  fit  des  planta- 
tions de  cafiers,  qui  les  rendirent  productives. 
Nommé,  le  26  mars  1741,  premier  conseiller  de 
rite,  il  profita  de  sa  position  pour  recueillir  de 
nombreux  documents  sur  les  intérêts  du  com- 
merce maritime  et  sur  les  ressources  de  la  navi- 
gation. De  retour  en  France  en  1745, 0'Heguerty, 
devenu  veuf,  ne  tarda  pas  à  venir  se  fixer  en 
Lorrain»,  où  le  roi  Stanislas  le  fit  censeur  royal 
et  membre  honoraire  de  l'Académie  des  sciences 
et  belles-lettres  de  Nancy  (1*'  mars  1751  ).  — 
On  a  d'O'Hegiierty  :  Remarques  sur  plusieurs 
branches  decoMmerce  et  de  navigation;  17 bl 
et  1764 , 2  parties  in-S**  (  anonyme);  —  dans  les 
Mémoires  de  V Académie  de  Nancy,  1754  et 
1755,  une  Relation  de  son  voyage  à  l'Ile  Bour- 
bon et  des  Observations  sur  le  volcan  de  cette 
lie.  H.  F. 

o'HBGUBRTT  (Dominique)  (2),  comte  de 
Magnière,  frère  du  précédent,  né  à  Saint- 
Germain-en-Laye,  le  18  avril  1699,  mort  en 
1790.  Après  avoir  servi  pendant  quelque  temps 
dans  le  régiment  de  Dillon,  il  donna  sa  démis- 
sion, et  fit  en  Lorraine  l'acquisition  de  la  terre  de 
Magnière,  près  de  Lunévllle,  que  le  roi  Stanislas 
érigea  en  comté,  le  29  avril  1765.  Il  s'occupa 
dans  ses  domaines  des  moyens  de  perfectionner 
l'agriculture,  et  composa  à  oe  sujet  divers  mé- 
moires. On  a  de  lui  :  De  la  Nature  des  biens 
des  anciens  Romains,  et  de  leurs  dijférentes 
méthodes  de  procéder  aux  suffrages  jusqu^à 

Pempire  d'Auguste;  Paris,  1769,  in- 12;  — - 


(1)  H  est  Domroé  Pierre  leulement  dans  son  extrait  bap- 
tlstalre,  quoiqu'il  ait  pris  les  noms  de  Pierre-yindré  dans 
tons  les  actes  qu'il  a  passés,  notammeift  dans  son  coo- 
trat  de  narlare  du  4  septembre  1718. 

(t)  Son  extrait  baptUtalre  lui  donne  le  nom  de  Denlt. 
Comme  le  précédent,  il  était  flls  de  Daniel  O'Hbouerty 
écuyer,  dont  la  famille  avait  pendant  plusieurs  siècles 
possédé  la  tcire  de  Brookhall ,  près  de  Londonderry, 
en  Irlande.  11*  F> 


—  OHM 


560 


Essai  sur  la  vie  de  Pline  le  Jeune;  Nancy, 

1776,  in-8'.  H.  F. 

La  Cbesnaye  des  Bols,  Dief  ioim.  de  la  nobkut.  - 
Mimoirts  de  TÂcadémU  de  Ifaneg. 

ohlmCllbr  {Joseph- Daniel)^  architecte 
allemand,  né  à  Bamberg,en  1791,  mort  k  Mo- 
nich,  en  1839.  C'est  sur  ses  plans  que  forent 
élevés,  entre  autres,  la  belle  église  gotbiqoe  do 
faubourg  Au  à  Munich ,  le  monument  national 
de  la  Bavière  à  Obenivitteisbadi.  11  a  publié 
en  17  planches  un  recueil  de  Momtments/mé- 
rairesde  son  invention  *,  Munich,  1824 et  1839. 0. 

JahreêberieM  det  hUUrUeken  rereim  von  06er- 
tayern  (  année  18S9  ).  —  Nagler,  KOnsUer-UxOMn. 

>OHM  (Georges-Simon),  cé\éhn  physicien  al- 
lemand, auquel  on  doit  la  découverte  des  lois      | 
des  courants  électriques,  naquit  à  Erlangen,  k 
16  mars  17S7,  et  mourut  à  Munich,  le  7  juillet      , 
1854.  A  seize  ans  il  entra  à  l'université  à'ïi- 
langen;  il  obtint  en  1817  la  chaire  de  mathéma- 
tiques an  collège  des  Jésuites  à  Cologne.  L'année 
suivante ,  il  publia  ses  Éléments  de  géométrie 
(  Grun  dlinien  zu  einer  zweckmaessigen  Bekan- 
dlung  der  Géométrie;  Erlangen,  1818,  in-S"). 
Il  se  livra  avec  ardeur  aux  recherches  qui  de- 
vaient plus  tard  illustrer  son  nom.  L'habitinle 
des  travaux  manuels  (  fils  d'un  serrurier,  il  de- 
vait d*abord  suivre  la  profession  de  son  père)  l'ai- 
dait dans  Tusage  des  appareils  de  physique  au 
moyen  desquels  il  vérifiait  ses  idées  théoriques 
sur  les  propriétés  des  courants  d'électricité  gal- 
vanique. Ce  fût  ainsi  que,  aidé  à  la  fois  par 
l'expérience  et  par  le  calcul ,  Ohm  parvint  à  dé- 
couvrir les  lois  qui  régissent  les  phénomènes 
galvano-électriques,  et  c'e^t  bien  à  tort  que 
M.  Pouillet  a  revendiqué  plus  tard  la  priorité 
de  la  démonstration  eipériroentale  des  célèbres 
lots  d'Ohm,  en  disant  (Comptes  Rendus  de 
PAC.  des  se.,  XX,  p.  210,  1845)  :  «  C'est  lui 
qui  a  été  le  premier  è  poser  la  question,  et, 
sans  savoir  •qu'il  Teât  posée ,  j'ai  été  le  premier 
à  la  résoudre...  11  avait  montfé  le  but  d'ime  ma- 
nière .vague  par  le  calcul,  je  l'ai  vu,  de  mon 
côté,  d'une  manière  nette,  et  je  l'ai  toudié  par 
l'expérience.  »  Ohm  avait  réellement  résolu  la 
question;  il  a  même  commencé  par  l'examiner 
d'une  façon  empirique  avant  d'en  entreprendre 
la  théorie,  ainsi  qu'on  peut  s'en  convaincre  par 
la  lecture  de  ses  mémoires  :  Vorlaenfige  An- 
zeige  des  Geseties  nach  yoelchem  die  Metalle 
die  Contact-Electricitaetleiten  (Schweigger*s 
Journ .,  XLIV,  1825,  et  Poggendor/fs  A  nn.  IV, 
1825);  —  Bestimmung  dièses  Gesetzes^  und 
Entumrf  einer  Théorie  der  VoUaisehen  Ap- 
parâtes '{\h.,  XLVI,  1826,  et  Poggend,  Ann., 
VI  et  VU,  1826).  Ce  dernier  travail  contient 
déjà  la  théorie  des  courants  qu'il  puUiaen  1827, 
pendant  son  séjour  à  Beriin ,  sons  le  titre  :  Dte 
galvanische  Kette  mathematisch  beerbeitet; 
Beriin,  1827,  in-8''  :  cet  ouvrage  a  été  traduit  en 
anglais  parM.Taylor  (dans  ses  Scienti/ic  >/«- 
moirs,  vol.  11,  1841  )  et  en  français  par  M.  Gau- 


661 


OHM  —  OHMACHT 


562 


gain,  qui  a  ajouté  une  préface  et  des  notes  très- 
importantes  {Théorie mathématique  des  cou* 
rants  électriques;  Paris,  1860).  Qnelcpies  addi- 
tions furent  insérées  par  Ohm  dans  les  Archives 
de  Kastner  (XIV,  1828),  et,  dans  les  années 
sniTantes,  il  publia  encore  on  assez  grand  nombre 
de  mémoires  sar  Télectricité  et  le  galvanisme, 
dans  le  Journal  de  Schweigger  (XLIX,  1827; 
LV,  1829;  LVIU,  LIX  et  LX,  1830;  JLXIII, 
1831;  LXIV  et  LXV,  1832;  LXYII,  1833)  et 
dans  les  Archives  de  Kastner  (XYI  et  XVII, 
1829  ).  Une  lettre  d'Ohm  à  Gilbert,  rèlatire  au 
môroe  sujet,  se  trouve  dans  les  Annales  de  Gil- 
bert (V,  1826,  p.  117).  Les  lois  qui  servent  de 
base  à  l'analyse  d'Ohm  se  rapportent  à  la  dis* 
tribotion  de  Télectricité  dans  Tintérieur  d*on 
môme  corps,  à  sa  dispersion  dans  l'air  ambiant, 
et  à  son  développement  au  point  de  contact  de 
deui  corps  hétérogènes.  Pour  établir  la  première 
de  ces  Ids,  Ohm  part  de  Thypothèse  qu'une 
molécule  électrisée  ne  peut  communiquer  d'élec- 
tricité qu'aux  molécules  contiguës,  et  il  admet 
que  la  grandeur  du  flux  est  proportionnelle  à  la 
différence  des  tensions  que  possèdent  deux  mo- 
lécules infiniment  voisines  l'une  de  l'autre;  tout 
comme  dans  la  théorie  de  la  chaleur  on  suppose 
le  flux  de  chaleur  entre  deux  molécules  propor- 
tionel  h  la  différence  de  leurs  températures. 
Cette  analogie  entre  la  théorie  de  la  chaleur  et 
celle  de  rélectridté  se  retrouve  toujours  dans  l'a- 
nalyse qui  conduit  Ohm  à  l'explication  des  phé- 
nomènes galvaniques.  La  seconde  loi,  relative 
à  la  dispersion  de  Télectricité,  est  celle  de  Cùd- 
lomb  :  la  perte  d'électricité  e^  proportionnelle  à 
la  tension  et  à  un  coefOcient  qui  dépend  de  l'état 
atmosphérique;  mais  dans  les  expériences  gal- 
vaniques on  a  rarement  besoin  d'en  tenir  compte. 
La  troisième  loi,  enfin,  qui  regarde  la  force  élec- 
tromotrice, est  contenue  dans  l'énoncé  suivant  : 
«  Au  point  de  contact  de  deux  corps  dilTérents  il 
s'établit  une  différence  constante  entre  leurs  ten- 
tions. »  En  partant  de  ces  trois  lois  fonda- 
mentales. Ohm  arrive  à  une  théorie  simple  et 
complète  des  phénomènes  que  présentent  les 
courants  constants  et  en  particulier  k  la  démons- 
tration de  cette  loi  :  que  l'action  tPun  circuit 
est  égale  à  la  somme  des  forces  électromo- 
iriceSf  divisée  par  la  somme  des  résistances, 
et  que  l'effet  reste  toujours  le  même  quand  ce 
quotient  reste  le  même,  quelle  que  soit  la  nature 
du  courant,  qu^il  soit  voltaîque  ou  thermo-élec- 
trique. Ohm  n'a  d'abord  vérifié  les  conséquences 
de  sa  théorie  que  sur  des  piles  thermo-électri- 
ques, les  seules  à  courant  constant  que  l'on  con- 
nut alors;  mais,  en  1831,  M.  Techner  est  venu 
confirmer  la  théorie  d'Ohm  par  des  expériences 
sur  les  piles  hydro«électriques,  dont  Ohm  lui- 
ruéme  d'ailleurs  s'était  déjà  occupé  en  1831. 
Enfin,  plus  tard,  MM.  Pouillet  et  DespretE  ont 
pu  se  servir  d'appareils  et  de  métlio<les  perfec- 
tionnées, et  leurs  résultats  ont  toujours  donné 
raison  au  physicien  allemand.  Cependant  les 


découvertes  d'Ohm  passèrent  d'abord  inaper- 
çues, et,  n'en  recevant  aucune  récompense ,  il  se 
décida  à  donner  sa  démission  de  professeur  du 
collège  des  Jésuites.  En  1833  il  devint  professeur 
à  l'École  polytechnique  de  Nuremberg,  et  en  1 84 1 
il  reçutde  la  Société  royalede  Londres  la  médaille 
de  Gopley,  récompense  réservée  aux  travaux  de 
premier  ordre.  Ohm  n'a  jamais  publié  que  la  pre- 
mière partie  de  l'ouvrage  qu'il  voulait  publier 
sous  le  titre  de  Documents  pour  la  physique 
moléculaire  {Beitraege  sur  molecular  Phy- 
5tA)  ;  ce  volume  a  pour  titre  spécial  :  Eléments 
der  analytischen  Géométrie  im  Raume  eines 
chiefwinkligen  Coordinaten System  ;  Nurem- 
berg, 1849,  in-4°.  En  1852  il  fit  paraître  nn  tra- 
vail sur  les  phénomènes  d'Interférence  dans  les 
cristaux  è  un  seul  axe  (dans  les  Abhandl.  der 
Bayr,  Acad.  CL  phys.,  VII,  1852  et  1853);  un 
autre  mémoire  sur  l'interférence  lumineuse  se 
trouve  dans  les  Annales  de  Poggendorff,  XLIX, 
1840.  On  a  encore  de  lui  deux  mémoires  sur 
l'acoustique  (  Pogg.,  Ann.,  XLVII,  1839;  LIX, 
1843;  LXII,  1844) ,  un  mémoire  de  mécanique 
(  Crelle, /otirw.,  V,  1830),  et  un  traité  de 
physique  :  GrundzUge  der  Physik,  Nurem- 
berg, 1854.  Depuis  1852  Ohm  était  chargé  de 
la  chaire  de  physique  expérimentale  à  l'univer- 
sité de  Muoich. 

Son  frère,  Martin  Ohm,  né  à  Erlangcn,  le 
6  mai  1792,  après  avoir  fait,  comme  son  frère, 
l'apprentissage  de  serrurier,  étudia  à  Erlangen, 
est  depuis  1824  professeur  à  Berlin,  et  s'est  fait 
connaître  comme  auteur  de  traités  de  mathéma- 
tiques pures  et  appliquées.  R.  Radai). 

Éloge  de  C.S.  Okm^  par  M.'  Lamont  (  Dénktckriften 
der  Mûnch.  >/c.,  1U5  ).  —  Poggendorff.  Biogr.  lAter. 
Hatidwôrterbueh, 

OHMACHT  (Landelin)j  sculpteur  allemand, 
né  près  de  Rotweil  (Wurtemberg),  en  1761, 
mort  à  Strasbourg,  le  31  mars  1834.  II  entra 
d'abord  dans  l'atelier  du  sculpteur  Melchior  de 
Frankenthal.  Pendant  les  séjours  qu'il  fit  à  Bâie 
et  à  Mannheim,  il  exécuta  un  grand  nombre  de 
portraits  sculptés  dans  les  cailloux  d'albfttre  à 
teintes  roses  que  contiennent  quelques  ruisseaux 
de  Suisse  et  d'Allemagne.  En  1788  il  résida  chez 
Lavater,  qui,  en  témoignage  d'amitié,  ëorivit  pour 
lui  un  petit  recueil  de  maximes.  Grâce  aux  res- 
sources que  lui  procura  son  talent,  il  put  aller 
étudier  les  chefs-d'œuvre  de  l'Italie,  et  pendant 
un  séjour  de  deux  ans  à  Rome  il  s'initia  près 
de  Canova  à  tous  les  secrets  de  la  plastique.  A 
partir  de  1792  il  habita  successivement  Municlj, 
Vienne,  Dresde,  Francfort,  Hambourg,  où  il  ren- 
icontra  dans  le  poète  Klopstock  un  admirateur 
et  un  ami.  Dans  toutes  ces  villes,  il  laissa  des 
œuvres  de  son  ciseau.  Au  milieu  de  ses  succès, 
il  n'avait  pas  oublié  son  premier  bienfaiteur, 
Gassner,  le  bourgmestre  de  Rottweil ,  qui  avait 
deviné  en  lui  Tarbiste»  et  qui  plus  tard  lui  ac- 
corda la  main  de  sa  fille.  En  1801,  après  avoir 
exécuté  le  monument  élevé  au  général  Desaix  entre 


663 


OHMACHT  —  OICONOMOS 


564 


Kelli  et  Strasbourg,  il  vint  s'établir  lUns  cette  ' 
dernière  Tille,  qu'il  ne  quitta  plus.  U  y  <dU  au 
juur  le  groupe  si  remarquable  du  Jugement  de 
Paris ,  qui  orne  le  palais  de  Munich  ;  une  statue 
colossale  de  Neptune,  qutest  dus  Uii  jarlins  d«  ' 
grand  domaine  de  Munster  \  Uébé  MuppUmut  Us 
dieux  de  lui  rendre  la  faveur  de  servir  le  nu- 
<ar, qu'il  envoya  k  l'expesition  du  Louvre^  1 806»  ; 
«vec  un  buste  de  Klopstock,  fait  d'après  nature; 
Véntu  sortant  de  la  mer,  encnarbre,  un  de  aes 
«IV^-d'œuvre,  qu'il  Tendit  30,000  fr.  À  un  Por- 
tugais en  disant,  avec  la  naïveté  du  génie  :  «  Je 
ne  crois  pas  pouvoir  jamais  donner  à  une  grande 
figure  tant  d'âme,  de  vie  et  d'amoor  »  ;  ie  «i- 
perbe   mausolée  de  Vempereur    Rodolphe^ 
dans  la  cathédrale  de  Spa;  la  gnuide  figure  de 
Martin  Luther^  quMl  fit  pour  la  ville  de  Wia- 
.sembourg;  un  Christ,  avec  la  foi  et  la  Cha- 
rité, demandés  par  le  grand-duc  de  fiade ,  fi- 
gures d*un  grand  style,  qui  décorent  la  chaire  de 
l'église  protestante  de  Carlsrube;  une  statue  en 
marbre  de  Flore,  qui  fait  partie  du  monument 
^levé  par  le  duc  de  Ckiigny  à  Reims  au  musicien 
Castel;  six  Muses  colossales,  qui  décorent  la 
façade  du  théâtre  de  Strasbourg;  un  buste  de 
JRaphael,  d'après  lui-même,  et  qui  se  trouve  k 
Paris  ;  une  statue  colossale  de  M^*^  de  Lezai* 
Marnezia,  placée  au  Casino  littéraire  de  Stras- 
bourg; les  bustes  en  marbre  du  peintre  HolbHn 
et  de  l'ardiitecte  Ertin  de  Steinbach;  les  mo- 
nnments  ou  bustes  du  publidste  Koch,  du  grand 
industriel  alsacien  ffaussmarm,  du  professeur 
Oberlin,  etc.  Les  qualités  qui  distinguent  les 
<K>uvres  d'Ohmacht  sont  la  grâce  et  la  pureté 
idf^ale  :  aussi  David  (d'Angers)  l'appelatt-il  le 
Corrège  de  la  sculpture.  Dans  ses  portraits,  il 
saisissait  les  lignes  heureuses  et  les  beaux  c6téa 
du  modèle,  sans  pourtant  trahir  la  vérité  ai  sa- 
crifier la  fantaisie.  Â  ce  talent  élevé  il  joignait  un 
caraclère  plein  de  bonté;  simple  et  modeste^  il 
refusa  des  lettres  denoblesse  qui  lui  furent  offertes 
par  plusieurs  princes  allemands.  Il  a  laissé  :  deux 
Hébé  en  marbre,  une  Vénus  sortant  du  bai» 
et  un  Antinous,  tous  deux  en  marbre,  une 
Vierge  avec  Cenfant  Jésus  sur  ses  genoux,  un 
BermaphodUe  et  une  Junon  iMdotfici,  tous 
dcnx  en  albâtre  ;  deux  hauts-reliefs  de  V Apollon 
du  Belvédère  et  &Àntinoûs.         G.  iie  F. 

Journ.  de»  htaus-miM»  10  «Uceabre  M3i.  —  /tocv- 

ments  parUeuHen, 

tmRSCHALL  {Jean-Chrétien},  chimiste  al- 
lemand, né  à  Dresde,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  11  apprit  de  J.-H. 
Rudolph  plusieurs  préparations  clumiques,  no- 
tamment l'art  des  amalgames;  en  1684  il  fut 
nommé  inspecteur  des  mines  de  Frankenberg; 
il  perdit  sa  place  trois  ans  après,  à  cause  de  sa 
vie  désordonnée,  et  mourut,  dit-on,  dans  un  cou- 
vent de  Pologne.  On  a  de  lui  :  Sol  sine  veste , 
oder  Expérimente  dem  Golde  seinen  Purpur 
attszuziehen  (Manière  de  tirer  la  pourpre  de 
l'or);  Aogsbourg,  1684  et  1700,  in-12  ;  Cassel, 


1 74  2,  în- 1 2  ;  un  des  premiers  livres  où  l'aride  faire 
d u  verre  roogeest  décrit  en  détail  ;  «ne  traduction 
française  ae  touive  dana  l'iir^  de  la  verrerie 
du  baron  de  HoUKich;  —  Wuftderdreg,  das  ist 
Beaekrefkungdreger  dem  Ansehn  nach  unan- 
ndmUeher  Fartkeuiaràen  der  Chgmie  (Trio 
de  merveiMes,  on  deaoription  de  trola  faits  da 
domaine  de  ta  eUmie,iDadmissibletàprBnMère 
vne);  16S4-1666,  1  parties,  m-12;  Cassel, 
1737,  in-12;  —  àrs  fusoria  fundasMentalU; 
Caasel,  1689,  17S0  et  l7M>,iB-ll;  tredoit  en 
français,  Paris,  1761,  in-«*.  O. 

Slriéer,  Oêuéthe  GtMHim-G^ÊCkkSâe,  t.  X. 

oaTBft,  voyafqenr  norvégien,  vivait  an  neo- 
vième  siècle.  Natif  de  la  partie  septentrionaJe  de 
l'Helgoland ,  il  poaaédaitde  grandes  rkheseea.^U 
parcoanit  à  pÙenn  repriacs  les  contrée»  dn 
Nord,  pénétra  jusqu'à  Vexirémité  ecptcntrionale 
de  la  Norvège,  et  visita  le  pays  des  Knnois; 
plus  tard  il  longea  les  cMes  de  la  Hnupégc  et 
du  Danemark,  et  arriva  josqn'àlfn^ie,  dans  le 
Holatein.  Alfred  le  Grand  l'appela  en  Angleterre 
pour  entendre  de  aa  boodie  le  védK  de  ses  pé- 
régrinaftionB;  ce  pnnoe«  intercalé  éans  sn  tra- 
duction d'Orose  la  relation  cflHeosedesvnynges 
d'Ohter,  dont  les  rcnseignemnAs,  quoique  suc- 
cincts, sont  extrêmement  prédeax  pour  la  oon- 
naissanee  de  l'état  géographique  et  social  des 
pays  da  Nord  à  cette  époque.  Sharon  Tomer  a 
reproduit  dans  le  t  II  de  son  Histoire  des  An* 
glo-Saxons  cette  pièce  intéressante ,  qui  oon- 
tient  aussi  plnaieurs  détails  sIm*  la  personne 
,  d'Ohter.  O. 

Muacli,  Ariwnis  FùOu  lii<t.^f>ahliniSB,  PTickw»' 

oicoKOM^s  (  Constantin  ) ,  érodit  grec ,  né 
'  en  1780,  mort  en  18&7.  C'est  certainement,  avec 
Ck>raï ,  le  pins  savant  homme  que  la  Grèce  ait 
-  produit  de  notre  temps.  Il  naquit  à  Tsaritsanit 
'  petite  ville  conmierçante  de  Thessatie.  Son  père, 
I  homme  instruit,  éoooone  de  Téglise  de  son  pays 
1  natal,  lui  enseigna  le  grec  littéral  et  ie  latin,  iin 
'  certain  Gavouras  le  fcançais.  Il  est  curieux  qu'à 
i  la  fin  du  siècle  dernier,  dans  nne  ÉMwrgade  thn»- 
!  salienae,  il  se  ifiKwilia ,  parmi  les  indifitees, 
I  on  inattrede  français.  L'enfant  niantn  de  bonne 
'  heure  one  Tife  ardeur  pour  l'étude.  A  doute 
ans  il  était  lecteur  de  l'égKse,  à  vingt  et  un  il 
était  marié  et  prêtre,  et  par  suite  de  htnoit  do 
son  père  il  le  remplaçait  dans  sa  oiiaqpe  d'^éoo- 
nooae.  A  vingt<*cinq  ansâl  ^lait  prédictinnr  dio> 
césain,  et  l'on  conserva  longtemps,  en  Itwsnlie 
et  en  Macédoine,  le  souvenir  des  sennons  qu'il 
prononça  au  milieu  d'une  fcttle  aorohrenoe  no- 
courue  pour  l'entendre,  dans  diOérentes  villes 
decette  contrée.  Kn  1806,  quand  éclatn  en  Thns- 
salie  le  mouvement  de  Vlachaoa,  Oicononioo, 
déjà  désigné  par  sa  réputation  à  la  soopçonneosn 
attention  d'Ali-Pactia,  lut  mis  en  prison  à  Jn- 
nina,et  eutgrand'  peine  à  se  radieterdesnMMnsdn 
tyran.  Bientôt  après,  en  1806,  il  fntappeléâSn- 
Ionique,  oomme  coadjuteur  de  l'évêque  qui 


56i> 


OICONOMOS  —  OmENART 


dait  alors  à  Constantinople ,  et  il  y  resta  jus- 
qu'en 1809.  A  ce  moment,  ii  fut  appelé  à  Sroyriie, 
pour  y  eoseigoer  la  langue  et  la  Utlérature  grec- 
ques dans  l'école  que  -de  générdBX  souscripteurs 
venaient  d'y  fonder,  sous  le  litre  de  Gymnaie 
philologique.  Un  souffle  de  rénov^on  à  la  fois 
littéraire  et  politique  semblait  alors  passer  sur  le 
iDoode  grec;  à  la  voix  enthousiaste  de  Corai, 
partout  mne  jeunesse  avide  d'instructioa  se  re- 
portait avec  amour  vers  Thistoire  ei  les  cbef»- 
d'tnirre  de  ses  aieox,  vers  cet»  temps  d'indé- 
|)eo.'lance  et  de  gloire;  c'éiaient  tous  les  jours 
de  ooaveanK  livres  d'éducation ,  des  éditions  des 
oQtetirs  anoicns,  des  traductions  d'auteurs  mo- 
dernes, sorties  des  presses  de  Paris,  de  Venise 
etsartoat  de  Vienne;  les  maîtres  semuitipliaie&t 
pour  soflM-e  à  tous  les  besoins;  ime  généreuse 
liiftiilé  régnait  entre  les  écoles  de  Constaoti- 
Dople,  de  Ctiio,  de  Cydonie,  de  Bucbarest  et  de 
Jaaofla  ;  partout  la  renaissaiioe  préparait  la  ce- 
vokitioo.  L'enseignement  d'Oiconomos  jeta  sur 
l'école  de  Smyme  «n  éolat  siaguliff.  U  y  fut  Je 
collègoe  de  son  propre  Irère;,  le  médecin  Etienne 
Oiooionios ,  qui  avait  publié  plusieurs  ouvrages 
sar  les  sciences  physiques,  et  de  Couraas,  pby- 
syden  et  malbématideB.  Forcé, «après  dix  ans 
de  séjour  à  Smyme,  de  quitter  cette  viUe,  par 
suite  d'intrignes  dirigées  contre  lui ,  il  fut  mandé 
à  Constantinople  par  le  patriarche,  comme  pré- 
dicateur et  économe  de  la  grande  église.  Les 
prédications  et  les  cours  qu'il  fit  au  patriarchat, 
pendant  deax  ans,  attiraient  tout  ce  qu'il  y  avait 
à  Constantinople  de  patriotes  et  «d'amis  des 
lettres. 

En  1821,  quand  le  patriavche  fut  saisi  par  les 
Tares  et  mis  à  mort,  Oioonomos  réussil  k  s'é- 
chapper et  à  gagner  Odessa.  Il  y  fut  reçu  avec 
dUtioction  par  ordre  de  l'empereur  de  Russie. 
Il  y  prononça  nne  oraison  funèbre  du  patriarche 
qui  retentit  dans  tout  l'Orient,  et  ce  fut  de  là 
aassi  qu'il  adressa  une  exhortation  (icporpeaccc- 
xôv)  à  ceox  qui  oombaUaient  poar  la  croix  et 
Tiivlépeodattce.  L'emperaur  Alexandre,  qai  avait 
oae  haute  idée  de  son  mérite,  ie  fit  venir  à  Saint- 
Pétersbourg,  et  ce  fut  Jà  .que,  soutenu  par  les  li- 
béralités de  l'empcrear,  il  composa  denx  ouvra- 
ges importants,  l'un  Suria  kauU  mnUquUédt  la 
prononeiatUm  grecque  telle  qu^olle  est  pratiquée 
dans  tout  TOrient,  l'autre  sur  VideniUé  çrigU 
noire,  sur  le  fonds  commun  du  grée  et  du  ski' 
von.  Dans  le  sujet  de  ce  dernier  ouvrage,  qui 
fat  demandé  et  récompensé  par  l'empereur,  il 
est  fadle  de  reconnaître  nne  pensée  poKtiqve. 
Après  avoir  publié  ces  deux  livres,  il  voyagea 
«a  Allemagne,  où  savants  et  princes  lui  firent  le 
netlieur  accndl;  oomUé  de  décoratioBS ,  il  aUa 
par  Vienne  et  Trieste,  en  Italie,  et  s^urna  ^^^1- 
qw  temps  à  Rome.  Là,  quoiqu'il  fût  un  des 
champions  les  plus  fervents  de  ce  qnVm  appelle 
en  Orient  l'orthodoxie,  en  Occident  Je  sobisme, 
il  K  vit  traiter  avec  les  égards. les  plus  marqués 
pv  Je  pape  Grégoire  XVI,  par  les  cardinaux 


Mai,  MezKofanti  et  antres  savants  hommes.  En 
1834,  il  vint  se  fixer  dans  ie  royaume  de  Grèce, 
et  résida  d'abord,  pendant  quelque  temps,  A 
Naiiplie;  puis  il  se  fixa  à  Athènes,  où  ii  derneura 
jusqu'à  ^û  Mort,  enionré  d'un  profond  respect. 
La  vieillesse  ne  ralenlit  pas  son  activité.  21  prit 
part  aa%  luttes  eontemporainesipar  de  nombreux 
écrits  de  controverse  religiense  qui  looobatent 
par  Uendes  points  à  la  politique.  Il  était  un  des 
chefs  du  parti  qni  voyait  l'aveair  de  la  Grèce 
dans  <une  scmpolense  fidélité  aux  traditions  et 
aux  formes  reUgieuses  du  moyen  Age,  dans  «ne 
alliance  intime  avec  la  Snssie.  Aussi  fitril  une 
guerre  acharnée  A  M.  Phacmakidis,  qui  cherobait 
à  faire  connaître  au  clergé  grec  qooiques-nnes 
des  idées  qu'a  répandues  dans  TOccident,  sur  l'o- 
rigine du  christiansme  et  l'histoire  des  églisea , 
la  critique  moderne.  Les  deux  rivaux  se  sont 
suivis  de  près  dans  la  tombe.  Qoand  Oioonoraoa 
mourat,  il  était  occupé  depuis  {dosienrs  années 
d'nn  commentaire  sur  Photins,  persomiage  pour 
ifû  il  professait  une  profonde  adaairatinn.  Érii- 
dit  et  théologien,  Oiconomos  avait  pourtant  delà 
gaieté  dans  Tesprit  et  le  sentiment  do  «omiqoe. 
Il  le  prouva  par  la  traduction,  on  pIntM  par  Ti- 
raitation  que  pendant  son  séjonr  à  Smyme  il 
donna  de  V Avare  de  Molière,  sons  ie>oom 
d'SxindaveioniSt  l'hoirane  aux  soixante  ai- 
ipiilles,  l'homroequi  ramasse  Ate^re2e8aig^illes, 
pour  ne  rien  laisser  perdre.  Cette  initation,  où 
il  a  habilement  transporté  la  scène  en  Orient 
et  donné  aux  perâonnagea  le  costume,  le  langage 
et  les  idées  des  Levantins  »  a  été,  dans  ^3es  der- 
nières années ,  jouée  avec  le  pins  grand  succès 
sur  le  théAtre  d'Athènes. 

Voici  les  titres  de  ses  principaux  ouvrages  : 
7éXyr^frrttoouiif,Ç^€ktv.  y',  ouvtax&Évra  imà  Ka>v- 
oTOEvtivov  Olswvôpuou  (Trois  livres  sur  l'art  de  la 
rhétorique  par  Constantiti  Oioonomos)  ;  Vienne, 
1813,  in-8*  ;  ~  FpapLpLartxc&v^  EyxvxXCcov  Daifieu- 
liacTtov  piêXta  £'  owtcxBéwa  iasb  Kwvvfarcivou 
ITpevtfvxtfpoo  «ai  OUové|iou  (  Quatre»  livres  d'en- 
seignements généraux  et  grammaticaux,  compo- 
sés par  Constantin,  économe  et  prêtre);  Vienne, 
1817,  in-S**,  1. 1".  Le  tome  II  n'a  jamais  paru  ; 
—  Aent((MOv  sepl  tjJc  it>Y]ato<rEd'n(K  ouY^svetaç  rijc 
£Xa6»vop«09Ocxf}<  ^Xi&owic  Rpoç  xit*  ë^tjvixi^v  , 
owraxdiv  Oirô  toû  Olwovéfiou  tqv  olxopLevtxou 
icdtip&opxKitoO  6pévou,  KciwwToevttvou  HpcoCvtépQV 
(Essai  sur  la  très-proolie  parenté  de  la  langue 
slavo-russe  et  de  la^rocqoe,  composé  par  Téco- 
nome  du  trdne  patriarchaJ  «Bcaonénique,  par  le 
prêtre  Constantin);  Saint^éterabowig,  .3  vol. 
in-«o,  1828;  ^Dspl  rijc  r^Mac  npojpoplêc  t»5;EX- 
XovtxiS;  T^^wooiK  ^Skw  (De  U  vraie  prononcia- 
tion de  la  langue  grecque);  Saint- Pétersbouiig, 
1830,  in-8*.  G.  PBBaoT. 

OraUon  funèbre  pronomeée  U  S.incrf  1SS7  à  Mkèms, 
dam  ta  eathédraU  de  Saint-Irène,  par  Michel  G.  Schl- 
UBs.  —  mémoire  compàtp  à  ia  hâte  sur  le  vènéraNe  prê- 
tre CpnêtanSiH  OkoaomM»  par  Sifflai:  Trtttte.  IMS, 
In-a* 

OIHEKJJIT  (Âtmauld),  historien  et  poète 


567 


OIUENART  —  OJEDA 


668 


français,  né  à  Manléon,  vivait  dans  le  di\<sep- 
tiènie  siècle.  Il  Tut  avocat  au  parlement  de  Na- 
varre, et  il  consacra  to'js  ses  loisirs  à  la  recherche 
de  docuroenls  historiques  sur  les  provinces  bas- 
ques et  béarnaises.  On  ignore  la  date  et  le  lien  de 
sa  mort.  II  a  laissé.:  Déclaraiion  historique  de 
Vinjmte  usurpation  et  rétention  de  la  Na- 
varre par  les  Espagnols;  1625,  in-4**,  et  dans 
le  recueil  intitulé  A,  B,  C,  etc.,  t.  VII  ou  H;  — 
Notitia  utriusque  Yasconise  tum  Ibericx,  tum 
ÀquitanicXy  qua  prseter  situm  regionis  et 
alia  scitu  digna,  Navarrx  regum  Vasconix 
principum,  cxterarumque  in  iis  insignium 
familiarum  stemmata,  ex  probatis  authori- 
bus  et  vetustis  monumentis  exhibentur,  etc., 
suivie,  d'un  Catalogus  pontifieum  VaseonisB 
Aquitanicx  ;  Paris,  1637 et  1656,  in-4^.  Ce  livre, 
très*recherché  aujourd'hui ,  est  le  meilleur  que  Ton 
ait  écrit  sur  cette  partie  du  midi  de  la  France  et  du 
nord  de  l'Espagne.  —  Navarra  injuste  rea,  sive 
de  Navarrxregno  contra  Jus  fasqueoecupato; 
il  y  en  a  un  long  extrait  dans  les  Mémoires  pour 
Vhistotre  de  Navarre  et  de  Flandre  d'Au- 
guste Galland,  p.  107,etsuiv.  ;  —  Proverbes  bas- 
ques recueillis  par  le  sieur  Oihenart,  plus 
les  Poésies  basques  du  même  auteur;  Paris, 
1657,  in-6*.  Cet  ouvrage  est  divisé  en  deux  par- 
ties; 1**  Atsotisac  edo  refranae  (Adages  bas- 
ques ),  contenant  cinq  cent  trente-sept  proverbes 
avec  la  traduction  en  regard  et  précédée  d'une 
espèce  de  grammaire  basque;  V  0<«",  GaS' 
taroa  Nevrthizetan  (La  Jeunesse  d'Oihenart), 
contenant  quinze  diansons,  un  poème  et  trois 
cantiques,  le  tout  en  vers  basques,  avec  un  peh't 
traité  de  la  versification  basque  et  un  vocabu- 
laire des  dialectes  du  Labour,  de  la  Navarre  et 
de  la  Soûle.  Germain  de  la  Faille  considère  Oi- 
Qehart  «  comme  un  des  auteurs  les  plus  éclai- 
rés et  les  plus  judicieux  de  son  temps  ». 

L—x— E. 

Le  Long,  Diet.  hittorique  de  ia  France.  ->  Le  Bm, 
DM,  encifelopéUiquê  de  la  France,  —  Lenglet,  Méthode 
pour  étudier  FhUMre,  t.  Il,  p.  tts.  -  BiblMh.  Harlfp, 
t.  Il,  p.  147.  —  LottTet,  jibrégé  de  rhistoire  d'jéquitalne. 
AtIs  an  lectenr. 

oiLLiAMSON  {Harie-Gabriel-Éléonor^cùmie 
n'),  général  français,  né  en  mai  1738,  à  Falaise, 
où  il  mourut,  le  10  janvier  1830.  En  1791  il 
émigra,  et  fut  adjudant  général  à  Tannée  des 
princes.  Il  prit  part  aux  expéditions  de  Quiberon 
et  de  111e  Dieu ,  fut  arrêté  à  Paris  eir  1798  et 
retenu  prisonnier  au  Temple  jusqu^à  la  paix  d'A- 
miens. A  la  restauration,  il  fut  nommé  lieute- 
nant général.  On  a  de  lui  :  Réflexions  sur  les 
émigrés  rentrés  en  France;  Paris,  1819,  in-8°; 
—  Des  émigrés  et  de  leurs  prétendus  créan- 
ciers dans  la  loi  dHndemnité;  Paris,  1826  et 
1828,  in-8«.  H.  F. 

Moniteur  vniv.,  7  février  t8W. 

OI8BL  ou  orzftL  (  Jacques  ),  érudit  hol- 
landais, né  le  4  mai  1631,  è  Dantzig,  mort  le 
20  juin  1686,  è  Groningne.  Il  descendait  de  l'an- 
cienne et  noble  famille  des  Loisei,  qui  produisit 


dans  le  seizième  siècle  le  célèbre  jurisconsalie 
de  ce  nom.  Après  avoir  commencé  ses  études 
à  Dantzig,  Jacques  Oisel  vint  les  continuer  €d 
Hollande,  sous  la  direction  de  Saumalse,  de  Go- 
lius  et  de  Daniel  Heinsius.  Il  étudia  aussi  le  dtoit 
à  Utrecht,  prit  en  1654  le  grade  de  docteur,  et 
visita  à  deux  reprises  la  France  et  l'Angleterre; 
la  peste  qui  régnait  alors  en  Italie  l'empèchs  de 
s'y  rendre,  et  après  quelque  s^nr  à  Genève  il 
revint  en  Hollande  (1657),  et  fut  en  1667  appelé  à 
Groningne  pour  remplir  la  chaire  de  droit  public. 
On  a  de  lui  :  Jf.  MinutH  Fellcis  Octoritu,  cm 
integris  omnium  notis  et  commentariis;  ae- 
cedit  liber  J.  Firmici  Matemi  de  errore  pro- 
fanarum  religionum;  Leyde,  1652,  in-4%et 
1672,  tn-8®.  Oisel  n'avait  qoe  vingt  et  un  ans 
lorsqu'il  publia  cet  ouvrage,  qui  est  dédié  à  b 
reine  Christine  de  Suède.  Niceron  et  Morbof 
Font  tous  deux  taxé  de  plagiat  sans  indiquer  lei 
auteurs  qu'il  aurait  pillés;  d'un  autre  côté, 
Chaufepié,  qui  dit  avoir  comparé  ses  remar- 
ques avec  celles  des  autres  savants,  assure  qoe 
cette  accusation  n'est  aucunement  fondée;  — 
De  obligatUme;  Leyde,  1654,  in-4<':  thèse 
inaugurale;  —  Caii  Institutionum  frag- 
menta, cum  notis  perpetuis  ;  aecedit  Aniani 
epitome;  Leyde,  1658,  in-S"*;  les  notes  d'Oisel 
ne  sont,  è  ce  qu'on  prétend,  qu'âne  copie  do 
commentaire  que  Jér6me  Aleander  a  donné,  en 
1600,  sur  Gaïus;  —Auli  GellH  Noetes  Attics, 
cum  variorum  commentariis;  Leyde,  16C6, 
in-8*  ;  —  Thésaurus  selectorum  numismainm 
antiquorum  a  Julio  Cxsare  ad  Constanti* 
num  Magnum  ;  Amsieréâm,  1677, 2  vol.  ia-4*: 
cet  ouvrage,  encore  recherché,  est  accom- 
pagné de  planches  qui  avaient  déjà  servi  ao 
traité  flamand  de  la  Puissance  romaine  (1671) 
de  Joachim  Oudaan.  K. 

Son  neveu  Philippe,  né  le  7  octobre  1671,  à 
Dantzig,  mort  le  12  avril  1764,  à  Francfort-sur- 
roder,  se  fit  connaître  par  ses  travaux  sur  la 
langue  hébraïque,  parmi  lesquels  on  remarque  : 
Introductio  in  aecentuationem  ffebrxoru» 
metricam;  Leyde,  1714,  fai-4*;  il  y  soalieat 
que  les  points  et  les  accents  sont  aossi  andeos 
que  les  livres  de  l'Écriture  sainte.  Selon  Watt, 
on  conserve  de  ce  savant  au  BriUsh  Muséum  on 
manuscrit  qui  a  pour  titre  Sncomêum  tacitur- 

nitatis,  K. 

NtceroQ,  Mémoires,  XUI.  -  Morbof,  PDlf*itfor.  I. 
lu.  ♦.  -  Chaufepié,  Now.  DM.  hi$U  -'  BMUÀh.  Ger- 
maniea,  XII.  —  Jofumat  des  Savanit,  térr.  nn. - 
HMff,  France  protett. 

OJBDA  (  Don  Alonio  ne  ),  l'un  des  premiers 
découvreurs  de  l'Amérique;  il  fut  le  lieutenant 
de  Colomb ,  le  compagnon  de  VeR|Mice  et  i<^ 
chef  de  Pizarre  et  de  Femand  Cortès.  Il  naquit 
à  Cuença,  vers  1465.  Élevé  dans  la  maison  du 
duc  de  Medina-Celi,  il  avait  appris  le  métier 
des  armes  dans  les  guerres  contre  les  Maures. 
Les  historiens  espagnols  racontent  raille  mer- 
veilles sur  sa  valeur  et  ses  exploits.  Il  s'eor6la 
parmi  les  aventuriers  que  Christophe  Colomb 


569 


OJËDA 


570 


recratait  pour  son  second  voyagé  (25  sept  1493). 
A  chaque  descente  Ojeda  donna  quelque  preuve 
de  hardiesse,  surîout  à  La  Guadeloupe,  où,  du- 
rant plusieurs  jours,  il  chercha,  à  travers  des 
savanes  inconnues,  le  capitaine  Diego  de  Marque 
et  huit  de  ses  compagnons.^  Le  22  novemhrc 
l'expédition  toucha  à  la  pointe  orientale  d'His- 
paniola,  dans  la  haie  de  Samana  et  y  apprit 
le  nnassacre  des  soldats  que  Colomb,  lors  de 
son  premier  voyage,  avait  laissés  à  La  Navidad 
sous  le  commandement  de  Diego  de  Arana.  Ce 
fut  pour  Colomb  un  grand  sujet  de  préoccupa- 
tions. «  Jusqu'alors,  dit  Herrera,  il  ne  connais- 
sût  rien  de  l'intérieur  de  l*tle  et  son  imagination 
ardente  la  lui  présentait  comme  remplie  de 
mines  prédenses.  Si  c'était  réellement  Tlle  de 
Cipango ,  il  devait  s*y  trouver  des  cités  popu- 
leuses derrière  les  hautes  montagnes  <)ui  bor- 
naient rhorizon.  »  Colomb  résolut  d'envoyer  un 
détachement  dans  Tintérieur  de  Tlle  avant  de 
renvoyer  sa  flotte  en  Espagne.  Il  confia  cette  en- 
treprise à  Alonzo  de  Ojeda,  qui  l'accepta  avec 
joie  et  partit  dans  les  premiers  jours  de  janvier 
avec  qainze  cavaliers  déterminés.   Après  six 
joors  de  marche  vers  le  snd,  il  arriva  à  Cibao, 
dont  il  tixmva  les  habitants  occupés  à  recueillir 
de  l'or.  Il  les  aida  dans  leurs  recherches  et  re- 
prit alors  le  chemin  d'Isabella,  emportant  assez 
do  précieux  métal  pour  ranimer  le  courage  ou 
plutôt  Tavidité  de  ses  compatriotes  «  que  la  faim 
et  les  maladies  commençaient  à  jeter  dans  un 
mortel  désespoir  ».  En  avril  1694  Ojeda  fit  une 
excursion  dans  la  Vega  reale  et  sur  les  bords 
da  Rio'  del  Oro;  il  châtia  plusieurs  caciques 
qui  avaient  commis  des  hostilités  contre  les 
Espagnols.  Colomb  le  chargea  ensuite  de  re- 
pousser les  attaques  du  redoutable  Cannabo, 
cacique  de  Magnana.  Ojeda,  enfermé  dans  la 
forteresse  de  San-Tbomas  avec  quatre  cents 
soldats,   se  vit  bientôt  assiégé  par  dix  mille 
guerriers  caraïbes  et  pressé  par  la  famine.  Les 
Indiens  déployèrent  la  patience,  l'esprit  de  ruse 
et  le  courage  ol)stiné  qui  leur  sont  naturels. 
Ojeda   les  lassa  Xi)*  Caonabo  se  retira  plein 
d'admiration  pour  le  jeune  chef  européen,  et 
le  reçat  avec  une  sorte  de  courtdisie  cheva- 
leresque, lorsqu'il  vint  lui  offrir  la  paix  au 
nom  de  Colomb  (2).  Cette  paix  n'était  qu'un 
piège.  Ojeda  avait  offert  à  l'amiral  de  s'empa- 
rer du  cacique  et  de  le  lui  livrer.  Colomb  avait 
accepté.   Le  plan  qu'Ojeda  avait  conçu  était 
hardi,  romanesque,  et  porte  bien  le  cachet  de 
celui  qui  l'accomplit  11  décida  Caonabo  à  le 
snivre  à  Isabella,  et  pendant  leur  voyage  « 

'  (1)  Voy.  le  récit  de  ce  liége,  dans  Ovledo,  Ub.  III, 
cap.  !•». 

fi)  Qiarlevoix  assure  que  poor  tenter  le  caclqae« 
0)eda  im  offrit  la  cloche  de  U  chapelle  d'Isabella, 
doche  qot  faisait  l'étoanement  des  Insalalrrs.  Lorsqu'ils 
cnlefuUleDt  soo  tlntemeat  résooaer  dans  les  foréU  pour 
appeler  les  EspagnoU  aax  ofOces  et  qalls  Toyaient 
eeox-cl  se  précipiter  ensemble  Ters  la  chapelle.  Us  s'I- 
a>»glaalent  que  ce  son  exerçait  un  poarolr  surhumain 


arrivé  sur  les  bords  de  l'Yegua,  il  montra 
au  cacique  des  menottes  d'acier  poli,  lui  disant 
que  c'étaient  les  ornem^ts  royaux  des  mo- 
narques de  Castille;  il  lui  offrit  aussi  de 
monter  sur  son  cheval  et  de  paraître  ainsi  en 
souverain  européen.  Caonabo,  qid  partageait  le 
goût  des  sauvages  pour  les  hochets  brillants,  se 
laissa  enchaîner  et 'après  quelques  passades, 
Ojeda  s'élança  en  croupe  derrière  lui,  franchit 
la  rivière  et  gagnant  HIspaniola  remit  son 
prisonnier  à  Colomb  (1).  L'amiral  envoya  le 
cadque  en  Espagne;  mais  le  captif  se  laissa 
mourir  de  faim  dans  la  traversée.  Ojeda  sou- 
mit ensuite  les  frères  de  Caonabo  qui  firent  des 
efforts  désespérés  pour  obtenir  la  délivrance 
de  leur  cacique.  Plus  tard  (  mars  1495  ),  il  dé- 
cida de  la  bataille  de  la  Vega  on  fut  anéantie  la 
confédération  caraïbe. 

On  ne  sait  pas  bien  quelle  cause  amena  une 
rupture  complète  entre  l'amiral  et  son  lieute- 
nant ;  toujours  est-il  qu'Ojeda  revint  en  Espagne 
et  y  trouva  l'évêque  de  Badajoz ,  Fonseca,  son 
protecteur,  fort  mal  disposé  pour  les  Colomb. 
Ce  prélat,  qu'on  pouvait  alors  nommer  le  mi- 
nistre des  Indes,  parce  qu'il  était  chargé  de 
tous  les  ordres  qui  regardaient  les  nouvelles  co- 
lonies, communiqua  à  son  pupille  les  plans  et 
les  mémoires  de  l'amiral.  Les  brillantes  espé- 
rances données  par  Christophe  Colomb  étaient 
loin  de  s'être  réalisées  ;  aussi  le  roi  Ferdinand  V, 
naturellement  ombrageux,  avait-il  conçu  des  soup- 
çons défavoral)les  sur  la  conduite  de  Colomb. 
Ojeda  résolut  de  profiter  de  cette  circonstance 
pour  continuer  à  son  profit  l'œuvre  de  Colomb. 
Grâce  à  l'appui  du  tout-puissant  ministre  (Fou- 
seca),  il  trouva  des  fonds  dans  Séville  pour 
armer  quatre  vaisseaux  ;  il  prit  pour  premier 
pilote  Juan  de  La  Cosa,  natif  de  Biscaye,  marin 
d'expérience  et  élève  de  Taroiral  qu'il  avait 
accompagné  dans  ses  deux  premiers  voyages; 
le  second  pilote  était  Barthélémy  Roldan  qui 
avait  fait  aussi  avec  Colomb  le  voyage  de 
Paria.  Parmi  les  armateurs,  il  y  en  eut  un  qui 
voulut  accompagner  Ojeda  et  partager  ses  dan- 
gers ;  ce  fut  Americo  Vespuccio  {voy.  ce  nom). 
Ojeda  mit  à  la  voile  le  20  mai  1499,  et,  se  di- 
rigeant à  l'ouest'Sud,  ne  fut  pas  plus  de  vingt- 
sept  jours  pour  découvrir  le  continent  améri- 
cain à  l'endroit  qu'il  nomma  Venezuela  {Pe- 
tite-Venise )  (2)  ;  il  en  rangea  la  côte  l'espace 
de  quatre-vingts  lieues  à  l'est  de  l'Orénoque 
jusqu'au  golfe  de  Paria,  où  il  mouilla  dans  une 

et  venait  de  (vrey  (  les  deux  ).  Caonabo  crut  que  la  pos- 
session de  la  mystériease  cloche  loi  donnerait  ce  pouvoir. 
(1)  Cet  exploit  d'OJéda ,  peu  honorable  pour  lui  et 
pour  Colomb,  a  été  mis  en  doute  par  quelques  écrivains 
espagnols  modernes  ;  mais  U  est  rspporté  tout  au  long 
par  Las  Casas,  Herrers,  Fernando  Pizarro,  Charlevolx,  etc. 
'  Pierre  Bfartyr  et  don  Femand  Colomb  (  dans  la  vie  de 
son  père,  l**  part.  cap.  uui  ),  ae  bornent  A  mentionner 
la  captivité  de  Coanabo ,  sans  détails  sur  sa  prise. 

(*}  Parce  que  les  habitations  étalent  bStles  sur  pi- 
lotis et  ressemblaient  à  celles  des  lagunes  de  Ve- 
nise. 


571 


OJEDA 


67J 


baie  spaeieiue  qo-M  nomma  de  Las  Perlas^ 
parce  que  tes  rÎTenins  m  livraient  à  la  poche 
des  perles  et  en  échangèrent  beaacoop  avec  les 
Espagnols.  Gnidé  par  les  cartes  de  Colomb, 
Ojèda  traversa  le  gol£e  de  Paria  et  la  Bocca  del 
Drago,  et  continuant  sa.  marche  à  l'ouest,  attei- 
gnit le  cap  de  la  Vêla.  Il  toucha  ensuite  dans 
Tarchipel  des  Caraïbes»  où  Q  soaliot  plusieur» 
eombats  contre  les  naturels  et  fit  de  nombreux 
prisonniers,  qn'U  se  proposait  d'aller  vendre  en 
Espagne,  lorsque  le  manque  de  vivres  le  força 
d'atterrir  à  Yaquimo  (  /acfuemfl},  le  5  sep- 
tembre 1499.  Christophe  Colomb,  connais- 
sant le  caractère  entreprenant  d'Ojeda,  ne  fot 
pas  médiocrement  inquiet  de  la  descente  de 
son  ancien  lieutenant.  Il  dépécha  un  de  ses  ca- 
pitaines, Francisco  Roldan,  poar  connaître  les 
motifs  de  sa  venue  et  l'arrêter  au  beseîn.  Qjeda, 
surpris  à  Tiraproviste  dans  l'intérieur  des  terres, 
protesta  de  ses  bonnes  intentions  pour  l'ami- 
ral ;  mais  à  peine  fut-il  en  ^t  de  reprendre 
la  mer  qu'il  se  rendit  à  Xaragna ,  souleva  un 
certain  nombre  de  mécontents  et  leur  ofirit 
d'aller  expulser  Colomb  de  Sanlo -Domingo. 
Mais  Roldan  et  don  Diego  Esoobai  vinrent  dé- 
jouer ses  menées,  et  le  forcèrent  à  s'éloigner 
d'Hispaniola  (  5  février  1500),  d'où,  sai^ant  le 
récit  de  Las  Casas,  il  emmena  nne  prodigieuse 
cargaifioo  d'esclaves,  qu'il  vendit  sur  le  marché 
de  Cadix  pour  des  sommes  énormes  (1).  Son 
voyage  Avait  doré  cinq  mois. 

£o  1501  Ojeda  et  A.  Vespoce  partirent  de 
nouveau  de  Cadix,  et  dél»arquèrent  dans  le  golfe 
d'Uraba.  Us  résohirent  d'y  bAtir  une  forteresse; 
mais  les  marins,  mécontents  de  la  distribution 
des  vivres  et  encoungés  par  Yespuce,  se  sai- 
sirent d'Ojeda,  lui  mirent  les  fers  aux  pieds,  et  le 
déposèrent  à  Yaguimo.  Ce  ne  fut  qu'en  iâ08qu^Hl 
le  vit  réapparaître;  il  obtint  alors  la  eonees- 
sion  des  terres  formant  la  vaste  province  con- 
nue depuis  sous  le  nom  de  NttMva'AndaluciOf 
et  qui  s'étendaient  depuis  le  cap  de  la*  Yela  jus* 
qu'à  la  moitié  du  golfe  de  Uruba  (3).  i.a  partie 
située  depuis  l'autre  moitié  du  golfe  jusqu'au  cap 
Gracias-a-Dios  fot  donnée  à  Diego  de  Nicuessa, 
Juan  de  la  Cosa  fut  nommé  alguaUl  major  du 
gouvernement  d'Ojeda.  Ce  dernier  s'embarqua 
de  rile  de  Beata  avec  trois  cents  hommes,  parmi 
lesquels  se  trouvait  François  Picarre.  F.  Cortez 
s'était  aussi  engiBgé  dans  cette  expédition  ;  nne 

|I?  Ce  fat  aa  retour  de  ce  Toyage  qn'Amérlc  Veipaee 
eoamcBÇB  S  rvrendiqoer  la  (plolre  (l*av«lr  décoitrert  te 
nouveau  continent.  OJeda,  plus  lojal,  convenait  qae 
Christophe  Colomb  avait  eu  conDatasaocc  de  la  c6tc  de 
Paria  avant  lui.  Il  déclarait  qu'il  avait  vu  la  carte  du 
pajs  découvert  que  Colomb  avait  envoyée  précédem- 
ment au  roi  et  à  la  reme  et  dont  lul-nénc  a'étalt 
«érvl  ;  qa'll  avait  recoooa  que  tout  ce  qu'avait  rapporté 
l*aratrantc  était  eucl,  etc.,  etc.  {Procit  3is  de  D, 
Diego  Colon,  prcgunta  II).  En  tous  cas  OJeda,  iMromo- 
teur  et  chef  de  l'eipédlUon,  avait  plus  de  droit  que  Ves- 
poce pour  lifiposer  un  nom  an  Kouveau  Monde. 

(S)  Cette  contrée  était  connue  des  naturels  sons  le 
nom  de  Cunana  et  des  Espagnols  sous  celui  de  ta 
Serpa. 


tumeur  au  genou  l'empêcha  de  suivre  ses  eana* 
rades,  qui  descendirent  à  CaromoH  (aujourd'hui 
Carthagène) .  Ojeda  essaya  de  gagper  h^  Gaaya> 
oas  par  la  douceur;  mais  ce  peuple  vaittant, 
qui  venait  d'être  pillé  par  les  aventwien  qui 
s'étaient  succédé  sur  ces  côtes,  rejeta  toute  com> 
position.  11  fallut  combattre.  Les  Espagnols  fimnl 
vainqueurs  après  us  combat  sanglant  :  ils  poo^ 
suivirent  les  indigènes  josqu'à  Yurbeoo;  dans 
cet  endroit  montagpeiix,  les  Indiens  teent  tout 
à  coup  volte-face,  tombèrent  sur  lee  avenlu- 
riers  dispersés,  et  en  firent  un  berriUe  canage. 
Juan  de  la  Cosa  fut  du  nombre  des  OMMrts.  Ojaila 
échappa  seul  au  carnage.  Ses  marina,  tnquieb 
de  son  sort,  le  découvrirent  au  bout  de  quel- 
ques joom,  caché  parmi  les  mangliers  de  la  céte. 
Son  armure  portait  les  marques  de  plus  de  trois 
cents  flèches.  Sur  ces  entrefaites  arriva  Nicuesa; 
Ojeda,  qui  avait  eu  de  très-vives  disputes  avee 
ce  capitaine  au  sujet  de  leurs  limites  si»  le  Da- 
rien,  hésitait  à  se  confier  à  lui  ;  en  cette  eccaaon 
Nicuessa  se  conduisit  avec  autant  de  générosité 
que  de  bonne  loi,  et  vengea  la  mortd^  Juan  cie 
lA  Cosa.  Ojede  fonde  eannite  Sw-Sébastino 
dans  le  gêlfe  de  Derien  ;  il  avait  trop  pea  de 
monde  pour  garder  sa  conquête;  il  dot  livrer 
des  combats  continuels  pour  se  preoorer  des 
vivres,  el  dans  une  sortie  il  eut  la.  cuÉsse  percée 
d'une  flèche  empoisonnée  :  il  se  gnérii  hMiêae 
en  appliquant  deux  plaques  de  fer  ronge  av  sa 
pUiie  ;  mais  4  partir  de  ce  jour  il  se  crut  aban- 
donné de  In  Vierge.  Désespérant  de  se  naintoûr 
dans  sa  triste  position,  il  i^solut  d'aller  à  His- 
paoiola  s'y  procurer  des  secours  et  des  vivres.  Il 
confia  le  commandement  de  sa  forteresse  à  Fr.  P^ 
zarre,  et  pf il  la  mer  sur  un  bfigaotin  apparie 
nant  à  Bernadino  de  Talavero.  Une  fois  en  mer, 
Talavero,  qui,transfog|e  d'Hispaniola»  avait  é« 
raisons  pour  ne  pas  aborder  dans  cette  lie,  fil 
jeter  Qjeda  dans  les  fers,  et  débarqua  à  Cubi. 
Les  Espagnols  furent  si  vigoureusement  assaillis 
par  les  naturels  qu'ils  sentiaent  le  besoin  de 
mettre  Ojeda  à  leur  tête.  Ils  durent  Taire  oeoldix 
lieues  dans  des  marécages  salés,  ayant  souvent 
de  Teau  jusqu'au  cou  ;  la  moitié  d'entre  eux  y 
succomba;  le  reste  arriva  à  Guyba,  dont  le  ca- 
cique les  accueillit.  Ojeda  y  éleva  une  chapelle, 
dana  laquelle  il  consacra  sa  fomeuae  image  de  la 
Vierge,  et  envoya  demander  des  secours  à  La 
Jamaïque,  oA  commandait  alors  don  Jon  dé 
Esquirel,  qot>jeda  avait  cruellemenf  offensé. 
Esquireir  ne  se  souvint  que  de  la  gloire  du  vail- 
lant cheî^  et  le  fit  conduire  àHispaniola;  utfs 
Ojeda  ne  put  sorvivre  à  tant  de  travaux  et  de 
déceptions.  Il  mourut  si  pauvre  qu'il  fallut  pour- 
voir aux  fraie  de  ses  funérailles  :  il  fut  inhoiiK^ 
sous  le  seuil  des  Franciscains  de  San-Domiogo. 

A.  DE  Lac  AXE. 

Las  Gssas^  IhaL  Md..  llb.  I.  eip.cn.  ^  Ferdiuod  Ce- 
tomb,  HiiL  del  jtmUrwntêt  ca|k  xxrvL  —  Dc«r  Q»wbê, 
BpUt.  -  Pierre  Maitn.  De  »etms  QemmMr.  dée.  i". 
Ub.  11.  '  Heften,  Hist.  Iné  ,  dée.  I,  llb.  II,  cap  vu, 
X,  XVI  ;  bb.  IV,  capt.  xn,  ir,  xl  —  Le  mtmn,  Ifên» 


673 


OJEDÀ  —  OKEGHEM 


574 


OrbiM^  cap,  ^iix.  —  Pltavro»  FarimBi  iUuUrtSt  etc.» 
eip.  vxxi.  —  OTledo,  Cranica  tic  Uu  IndiaSt  11b.  III, 
cap.  I.  —  Mufios,  mu.  dei  Nnevo-Mondo,  mwa.  -^  Ga- 
Jcanl  rVaplooe ,  Eêawkê  ctitk»  étl  prim»  viuçgio  di 
Amerieo  feqwcci  al  ffuw- Mondo  {  Florence,  1810). 
—  Le  P.  CanUo»  Oittoria  «or»9ra/lra  de  la  tfueva- 
Andalueia.  —  Cbarlevoli,  BUt.  ëe  SMnt^^)eaningue, 
Ut.  Il,  p.  ISI.  '  Washington  Irvlng.  Hist.  dé  Chris- 
tophe CoUmA  [tnû.  de  Defaaeonppet  fllt),  1. 1,  p.  9n; 
l.  il,  ebap.  va.  —  WUIIm  SMtiti,  Cotieetion  da  voir«» 
ges  autour  du  monde,  t.  XII.  p.  S9-S4» 

o'KBBFFB  (  John  ) ,  aoteor  et  auteur  dra- 
matique anglais,  né  le  24  juin  1747,  à  Dablin, 
mort  le  4  février  1833,  à  Southampton.  La  fai- 
blesse de  sa  Tue  lai  fit  abandonner  l'état  de 
peintre,  aaqoel  il  s'était  destiné.  En  1781  il  vint 
ft'établir  à  Londres,  où  il  se  bornait  à  composer 
pour  les  tronpes  d*Hay-Marfcet  et  de  Covent- 
Gardeo  des  drames  et  des  comédies  généralement 
goûtés.  £n  1798  il  cessa  d'écrire;  bientôt  il  perdit 
pr&sque  complètement  la  vue,  et  tomba  dans  une 
détresse  si  grande  qu'on  donna  en  juin  1800  une 
représentation  à  son  bénéfice  à  Covent-Garden. 
Ce  thé&lre  lui  servit  jusqu^en  1826  une  modique 
pension,  et  en  1808  il  en  reçut  une  autre  du 
goaverBeroent.En  1828  il  alla  demeurer  à  South- 
ampton ,  auprès  de  sa  fille.  Les  ouvrages  dra- 
matiques d'O'  Keefle ,  défectueux  sous  le  rapport 
de  la  fable  et  du  style,  mais  empreints  à  la  fois 
de  sensibilité  et  de  bonne  humeur,  ont  joui  long- 
temps d'une  certaine  popularité;  ils  sont  au 
nombre  de  cinquante ,  parmi  lesquels  nous  cite- 
rons Son  in  law  (I7'79),  The  agreeable  sur- 
prise (1781),  Toung  quaker  et  The  birth-day 
(1783) ,  Ornai  (1785) ,  Prisoner  at  large  (1788), 
World  in  a  village  et  London  hermil  (1793) , 
Wild  oats  (1794),  Lijé's  vagaries  et  Irish 
mimic  (1795),  The  Castle  in  Andalusia,  Bigh- 
land  réel  et  Poor  soldier  (1798).  A  celte  der- 
nière date,  O'  Keefle  publia  une  partie  de  son 
théâtre  (21  pièces),  en  4  vol.  in-8*';la  sous- 
cription suffit  à  peine  à  couvrir  les  frais  d'im- 
pression. On  a  encore  de  lui  :  Recollection  o/ 
the  l\fe  of  John  (f  Kee/fe,  written  by  him- 
self;  Londres,  1826,  2  ?ol.  in-8*;  ■—  0*  Ketf- 
fe*s  Legacg  to  his  daughter;  ibid.,  1834,  in- 12  : 
recneil  de  poésies  accompagné  d'une  notice  bio- 
graphique. 

Sa  fiUe  est  auteur  de  quelques  ouvrages  ;  deux 
ont  été  traduits  en  français  :  Les  Patriarches^ 
ou  la  terre  de  Chanaan,  histoire  en  ta- 
bleaux (Paris,  1818,  182I,'2vol.  în-12),  et 
Jhidley  et  Claudy,  roman  (  ibid.,  1824,  6  voL 
in- 12).  P.  L-Y. 

Beeolleetions.  —  Bâter,  Elographia  dranuuica. 

OKBGHKS  (  Jean)   (l)f  célèbre  musicien 

(1)  LVrtliogvapbe  du  nom  de  eemoslden  varie  selon  les 
ntean.  Glaréao,  Hawkins ,  Barner,  Forkel  et  plusleiirs 
aotres  écriveaS  Oehenhein,  Hermaon  Flnek,  dana  sa 
JhratUa  musiea ,  a  écrit  Okehem,  Ce  nom  a  même  snbl 
chrz  qoelques-ans  des  alléraUons  qui  le  rendent  roé- 
coonatanble.  Le  mémoire  de  Ijàserna  sur  la  MbttotMque 
de  Boargi^oe,  par  exemple,  porte  Oeàergan.  Mais  to 
docoment  anthenUque  que  nous  citons  plus  loin,  d'après 
on  des  maonscrlts  de  la  Bibliothèque  Impériale  de 
Parte,  donne  lien  de  croire  que  Okeghem  est  la  léritable 


belge  du  quiasième  siècle,,  né  vers  1430,  dans 
une  des  viUm  du  Hainaut  et  vriiaernUablement 
à  Bavay,  mort  à  Tours,  dans  les  preraières  an- 
nées du  seizième  siède.  On  ignore  Técole  à  la- 
quelle il  a  puisé  son  savoir  en  musiqHe  ;  mnis 
il  est  à  présumer  qu'il  eut  pour  maître  Gilles 
Bwehois,  premier  cbantfe  do  duc  de  Bout* 
gogne,  dont  la  cour  résidait  alors  à  Pérenne^  non 
loin  de  Baray.  Telles  sont  du  moias  les  cod«> 
closions  que  M.  Félis  a  déduites  d'uvpeaeagBdii 
Traité  de  contrepoint  de  Tindoria,  dans  lequel 
cet  auteur  contemporain  cite  Okeghem,  J.  Régis, 
Ant.  BuBWNs ,  Firmin  Caron ,  Guiilaume  Fao- 
gues  et  phuieiipsauires  compositeurs  de  la  m6me 
époque ,  qui  se  glorifiaient  d'avoir  été  élèves  de 
J.  Ounstaple ,  de  Gilles  Biocbois  et  de  Guillaume 
Dufaj.  Quoi  q«^il  en  soit,  il  paraîtrait  queilc  ta» 
lentd'Okeghem  n'avait  pae  tardé  à  être  nsnarqué 
et  à  mériter  à  ce  ransidiBn  d'être  attaché'  au 
service  de  Charles  VU  en  qualité  de  premier 
chantre  ou  chapelain.  On  trouve  la  preuve  de 
ce  fait  dans  va  compte  des  officiers  de  la  maison 
de  ce  prince ,  qui  reçurent  des  habillements  de 
deuil,  à  Toocasion  de  ses  funérailles,  en  14«1. 
Ce  document,  extrait  des  mannserits  de  la  Bi- 
bliothèque impériale  de  Paris,  F.  540  du  sup- 
plément, porte  l'indicatwn  suivante  :  Chapelle  : 
les  XVI  chapelains  de  la  chapelle  du  dit 
seigneur  qui  ont  eu  dix-huU  robes  longues 
et  autant  de  chaperons ,  les  quatre  premiers 
à  3  escus  Vamlne ,  et  les  autres  à  2  esaa 
l'aulme:  i'*Jokannes  Okeghem^  premier,  etc. 
Il  est  prohaUe  qs'après  la  mort  de  Charles  VU 
Okeghem  quitta  la  cour  poor  se  rendre  à  l'ab- 
baye de  Saint-Martin  de  Tours,  où  l'on  sait  qu'il 
reropKt  plus  tard  les  fonctions  de  chantre  et  de 
trésorier.  En  eifet,  son  nom  ne  figure  plus  dans 
le  compte  des  gages  des  officiers  de  la  maison 
de  Louis  Xi,  dressé  par  Jacques  Le  Camus, 
commis  au  payement  desdîLs  gages,  depuis  le 
Mob  de  janvier  1462  jusqu'au  mois  de  septembre 
1464  (manose.  déjà  cité  de  la  Bii)liothèque  im- 
périale de  Paris  )  (1).  Uir  deuxième  compte, 
.  dressé  en  1466,,  par  Pierre  Jobert ,  recerenr 
général  des  finances ,  n'indique  pas  davantage 
qu'Okeghem  ait  été  attaché  à  la  chapelle  ôe  ee 
roi  ;  il  lait  seulement  connaître  le  nombre  des 
chantres,  sans  indication  de  noms,  à  l'excep- 
tion de  celui  do  premier  chapelain ,  Jelian  Lar- 
dois.  Cependjuit  Tincloris ,  dans  le  prologoe  de 
son  traité  intitulé  Liber  de  natura  et  proprie- 
tate  tonorum,  et  daté  du  6  novembre  1476, 
a  dédié  cet  ouvrage  ^è  Jean  Okeghem,  premier 
chapelain  du  roi  de  France,  et  à  Antoine  Bus- 
orthographe  de  ce  nom,  qnt  est  d'ailleurs  écrit  ainsi  par 
Tinctoris,  WtlpbUnRaeéer,  Faber,  lleyden  et  Zarllno. 

(i)  On  volt  par  ce  compte  que  depuis  Favénemeot  du 
nouveau  roi  au  tr6ne  la  chapelle  avait  été  réduite.  Il  ne 
restait  plus  un  seul  des  anciens  chantres  A  déekant.  Le 
nombre  des  chantres  et  chapelains  n'était  pin?»  que  de 
huit }  TOld  leurs  noms  :  GalloU-fiourdin ,  premier 
chapelain,  Jehan  Coupé,  Raymond  d'yéi/dée,  Jehan 
de  Fougues,  Jacob  Uantier,  GuUiaume^  clerc,  Jehan 
Beaufils,  Id.,  Georges  Hobinet,  id. 


575 


OKEGHEM 


DoU,  chantre  da  duc  de  Boar|;ogne  (  Prxstan- 
tissimis  ac  eeleberrimis  artis  musicx  pro- 
fessoribus  Domino  Joanni  Okeghem,  ehris- 
tianissimi    régis  Francorum  proto-cappel' 
lanOy  etc).  Il  se  poarrait  que  Tinctoris,  qui 
vivait  alors  à  Naples,  ait  été  mai  informé  de  la 
situaUon  d'Okeghem  à  cette  époque,  quoique 
depuis  1466  jusqu'à  14^0  aucun  document  ne 
fournisse  la  preuve  qu'au  milieu  des  modifica- 
tions successives  qu'avait  subies  la  chapelle  de 
Louis  XI,  ee  savant  music^icn  n'ait  pu  y  être 
attaché.  Mais  il  est  certain  qu'il  n'en  a  pas 
fait  partie  depuis  1480  jusqu'à  la  mort  du  roi. 
C'est  ce  que  constate  un  troisième  compte  des 
gens  de  chapelle^  dressé  le  1*'  octobre  1480 
au  31  t;«ptembre  1483,  dans  lequel  il  n'est  pas 
fait  mention  du  nom  d'Okeghem  (l).  S'il  est 
vraî,  comme  tout  porte  à  le  croire,  qu'après  la 
mort  de  Charles  VII   Okeghem  ait  quitté  la 
chapelle  royale  pour  passer  au  service  de  l'ab- 
baye de  Saint-Martin  de  Tours,  il  est  peu  vrai- 
semblable qu'en  1467  il  ait  abandonné  sa  nou- 
velle position  pour  être  attaché  à  la  cour  de 
Louis  XI  et  qu1l  ait  quitté  de  nouveau  la  cha- 
pelle royale  avant  1480  pour  revenir  ensuite  à 
son  abbaye,  où  l'on  a  la  preuve  qu'il  a  passé  les 
dernières  années  de  sa  vie.  Jean  Lemaire,  poêle 
et  historien  lielge,  né  à  Bavay  et  contemporain 
de  la  vieillesse  d'Okeghem,  nous  apprend  que 
ce  musicien  existait  encore  en  1512  et  qu'il  éUit 
trésorier  de  Saint-Martin  de  Tours.  Voici  com- 
ment il  s'exprime  dans  son  épitre  à  François 
Lerouge,  datée  de  Blois,  la  même  année,  et  qui 
termine  ses  Illustrations  de  France  :  n  En  la 
fin  de  mon  troisième  livre  des  Illustrations  de 
France,  j'ai  bien  voulu,  à  la  requeste  et  per- 
suasiun  d'aucuns  mes  bons  amys,  adjouter  les 
œuvres  dessus  escriptes,  et  mesmement  les 
communiquera  la  chose  publique  de  France  et 
de  Bretagne,  adn  de  leur  monstrer  par  espé- 
ciaulté  comment  la  langue  gallicane  est  enrichie 
et  exaltée  par  les  œuvres  de  monsieur  le  tréso- 
rier du  boys  de  Vincennes,  maistre  Guillaume 
CreUn ,  tout  aussi  comme  la  musique  fut  enno- 
blie par  monsieur  le  trésorier  de  Sainct-Martin 
de  Tours,  Okeghem,  mon  voisin  et  de  nostre 
même  nation.   »  Okeghem  devait  avoir  alors 
quatre-vingt  et  un  ou  quatre-vingt-deux  ans.  La 
date  de  sa  mort  n'est  pas  exactement  connue. 
Selon  Kiesewetter,  il  aurait  cessé  de  vivre  en 
1513.  Ce  maître,  l'un  des  plus  savants  de  son 
temps,  a  foi-mé  des  élèves  qui ,  à  leur  tour,  sont 
devenus  les  plus  célèbres  musiciens  de  la  se- 
conde moitié  du  quinzième  siècle  et  du  com- 
mencement du  seizième.  Leurs  noms  nous  ont 
été  transmis  par  deux  déplorations  en  vers, 
mkes  en  musique,  l'une  à  cinq  voix,  par  Jos- 

(I»  Vokl  les  noms  des  neuf  penonnes  Indiqaées  dans 
ce  compte:  Georgei  de  VÊclme,  preaier  chaatre.  Bar- 
de/ort  de  Rode,  françots-Jehan  Nervet,  Jacquet  de 
y_aschveUe,    Jacques   de    Gateoignotles ,   mcolas  de 


676 


f 


quîn  Deprez ,  l'autre  par  Guillaume  CrespeL  Ob 
lit  dans  la  première  : 

Aocontrex-Toiu  d'abUx  de  deuil 
JosqaiD.  Brumel,  Plerchroa  (ij,  Gompére, 
Et  plorez  grosses  larmes  d*œU  : 
PerJa  avei  votre  bon  père. 

La  liste  de  ces  noms  est  plus  éteodue  dans  les 
vers  suivants  de  la  complainte  de  Creapd  : 

Agrleola,  Verbonnet .  Priorls, 

Josqoin  Deprez.  Gaspard,  Bramel.  Compère, 

JNe  parlez  plus  de  joyeox  duiatz,  ne  ito , 

Mais  composez  un  Ne  reeorderis 

Pour  lamenter  notre  maistre  et  bon  père. 

Les  éloges  qui  ont  été  donnés  à  Okeghem  par 
ses  contemporains  et  par  ses  élèves  Tont  fart 
considérer  comme  un  dief  d'école.  Ce  composi- 
teur est  en  efTet  un  de  ces  hommes  rares  qui, 
dans  l'ordre  d'idées  où  ils  sont  plaeés ,  impri- 
ment à  leur  époque  un  mouvement  de  progrès. 
On  voit,  par  ce  qui  nous  reste  de  ses  oavra^ 
qu'il  était  bien  supérieur  à  Dufay  et  à  ses  au- 
tres prédécesseurs  immédiats,  dans  Tart  d'é- 
crire :  Les  parties  sont  mieux  contenues  dans 
leurs  limites  naturelles  ;  les  croisements  sont 
plus  habilement  évités  ;  l'harmonie  est  mieux 
remplie.  Vimitation  et  le  canon,  dont  on  trouve 
les  premiers  rudiments  dans  les  œuvres  des 
musiciens  de  la  fin  du  quatorzième  siècle ,  pren- 
nent entre  ses  mains  plus  de  développement  et 
une  forme  plus  régulière.   Glaréon,  dans  son 
Dodecachordon  ^  rapporte  un  canon   à  trois 
voix,  composé  par  Okeghem,  et  qui  est  on 
morceau  très  remarquable  pour  l'époque  à  b- 
quelle  il  a  été  écrit.  Okeghem  paraît  aussi  avoir 
été  le  premier  ou  du  moins  l'un  des  premiers 
qui   proposèrent  ces  combinaisons    énigmati- 
ques  hérissées  de  toutes  les  subtilités  du  coo- 
trepoinl  et  qui  devinrent  ensuite  à  la  mode.  Bien 
que  cette  direction  donnée  à  l'art  tùi  contraire 
à  son  but  naturel ,  elle  ne  contribua  pas  moins  k 
perfectionner  les  formes  scientifiques.^  car  lors- 
que l'abus  de  ces  formes  eut  disparu»  il  n'es 
resta  que'  ce  qui  pouvait,  sous  le  souffle  fécon- 
dant du  génie,  créer  de  nouvelles  ressources 
aux  compositeurs.  Le  Dodécachoitdon  de  Gla- 
réan  contient  aussi  le  Kyrie  à  quatre  voix  et  le 
Benedictus  à  deux  voix  de  Di  messe  ild  omnem 
tonum  d'Okeghem.  Ces  deux  morceaux  se  trou- 
vent en  partition  dans  Bumey,  Forkel,  et  dans 
les  planches  du  mémoire  de  Kiesewetter  sur 
les  musiciens  néeriandais.  Kiesewetter  a  donné 
dans  ce  mémoire  le  Kyrie  de  la  messe  Gau- 
deamus  du  même  compositeur,  mis  en  parti- 
tion par  l'abbé  Stadler,  d'après  un  manuscrit 
de  la  bibliothèque  de  Vienne;  mais  ce  morceau 
est  rempli  de  fautes  qui  ont  été  corrigées  en 
partie  dans  les  planches  de  V Histoire  de  la  mu- 
sique dans  les  contrées  occidentales,  du  piême 
auteur.  Dans  ce  dernier  ouvrage,  on  trouve  à 
la  suite  du  Kyrie,  le  Chrisie  de  la  même  messe. 
Plusieurs  messes  d'Okeghem  sont  conservées  en 
manuscrits  dans  les  archives  de  la  Chapelle  pon- 

(1)  Pierre  de  U  Rue. 


577 


OKEGUEM  —  OKSZI 


676 


tificale,  à  Rome.  M.  Fétis  possède  un  manuscrit 
du  seixièroe  siècle  qui  contient  trois  motets  de 
ce  mosiden.  Glaréan  dit  dans  son  Dodeeachor- 
don ,  et  d'autres  «uteurs  ont  rapporté  d'après 
lui ,  qu'Okeghem  écrivit  une  messe  è  trente-six 
Toix ,  ce  qui  semblerait  indiquer  une  division 
de  la  musique  en  plusieurs  chœurs.  Mais,  comme 
le  fait  observer  M.  Fétis .  il  n*est  guère  probable 
que  ridée  d'une  pareille  composition  ait  pu 
naître  èa  quinzième  siècle ,  où  les  morceaux 
écrits  k  six  voix  étaient  encore  très-rares  et  le 
personnel  des  chapelles  royales  peu  nombreux. 

D.  Denhe-Baron. 

Glaréan ,  Dodéeaehordon.  —  Fabcr,  ErotewuUa  nm- 
tke$  praetiese.  —  WUpblInfiieder,  BfvUmata  prae' 
UcM  eiMtinentim  prmeijnuu  ejta  artit  jtraec^ftiones. 
—  HawUns ,  Hisfrif  ûf  tk»  icienee  and  praeUeê  of 
Btifjfe.  —  Burney,  Â  gênerai  hUtorif  of  musie»  —  For- 
àel,  Âtlçemelne  GnekiehU  â§r  Musik.  —  Fétii,  Mé- 
moire par  têt  mtcilrifiu  néerlandaig.  —  Le  même.  A*- 
cAerckes  narta  musique  des  rois  à»  Prsmeê  et  de  gtttUtmei 
princss,  depuis  Philippe  le  Bel  Jusqu'à  la  fin  du  réçne 
de  Louis  XI F"  {  Revue  musicale,  t.  XII.  p.  is»  ).  ~  Le 
■éaie.  Biographie  universelle  des  MusleieHS,  —  Kie- 
aewatcr.  Die  yerdienste  der  Nierldnder  um  die  Ton* 
kwut.  —  Le  méoie,  Ceschichte  der  Europseiich  abend- 
Uendischen  oder  unsrer  heutiçer  Musik. 

OKVLT  (Francis),  savant  théologien  an- 
glais, né  en  1718,  mort  le  9  mai  1794,  à  Bed- 
ford.  11  reçut  les  ordres  mineurs,  et  demeura 
pendant  toute  sa  vie  attaché  à  la  secte.des  Frères 
moraves;  comme  il  refusa  d'en  abjurer  les  prin- 
cipes ,  il  lui  fut  impossible  d'être  admis  en  qua- 
lité de  prèlre  dans  l'Église  anglicane.  Le  tour 
de  son  esprit  le  porta  aux  idées  mystiques, 
ainsi  qu'en  témoignent  les  titres  de  ses  ouvrages  : 
The  Nature  and  necessity  of  the  new  créa' 
ture  in  Christ;  1772,  ln-8*;trad.  de  Talle- 
nuod;  —  The  divine  visions  qf  John  En- 
gld>recht;  1781,  2  vol.  in-8®  :  l'ouvrage  de  ce 
Tisionnaire  allemand  avait  paru  en  1658,  plu- 
sieurs années  après  sa  mort;  •—  A  Jaithful 
narrative  of  God*s  gracions  dealings  with 
Hiel;  1781,  in-8%etc.  K. 

Oialmcn,  General  Moqraph,  didionarf. 

OKBM  (Laurent) 9  célèbre  naturaliste  alle- 
mand ,  né  le  l*'  août  1779,  à  Bohlsbach,  en 
Sonabé,  mort  le  U  aoftt  1851.  Après  avoir 
étudié  à  Wurtzbourg  et  à  Gcettingne,  il  fit  pen- 
dant plusieurs  années  des  cours  en  qualité  de 
privat-docent  ;  en  1807  il  devint  professeur  de 
médecine  à léna,  où  il  obtint  en  18 1 2  nne  chairede 
médecine.  Les  opimons  libérales  qu'il  manifesta 
dans  VIsiSf  revue  dont  il  commença  la  publica- 
tion en  1 816,  lui  valurent  la  perte  de  son  emploi  ; 
il  (ut  aussi  impliqué  dans  raCfaire  de  la  fête  de 
la  Wartbourg  et  mis  en  accusation  comme  dé- 
magogue, mais  bientôt  après  acquitté.  Après 
avoir  vécu  à  léna  plusieurs  années,  dans  la  re- 
traite, il  fut  en  1828  nommé  professeur  à  Mu- 
nich; en  1832  il  reçut  une  chaire  à  l'université 
de  Zurich,  et  il  la  garda  jusqu'à  sa  mort.  Ana- 
tomiste  et  physiologiste  Irè^istingné,  Oken  a 
aussi  voulu  créer  un  système  plUlosophique, 
fortement  entaché  de  panthéisme,  et  qui  par  son 

ROC  T.   BIOGR.  CBNÉn.   —  T.   XXXVI  U. 


obscurité  quelque  peu  prétentieuse  tomba  bientéC 
dans  le  discrédit.  On  a  de  lui  :  Grundriss  der 
Natur philosophie  (  Esquisse  de  la  philosophie 
de  la  nature  )  ;  Francfort ,  1804  ;  —  Ahriss  des 
Sffstems  der  Biologie  (  Esquisse  d'un  système 
de  biologie);  Gœttingue,  1805,  in-8*^;  —  Die 
Zeugung  (La  Génération);  Bambei^,  1805, 
in-8*  ;  —  Ueber  die  Bedeutung  der  Schxdel' 
knochen  (  Sur  la  valeur  des  os  du  crâne)  ;  Bam- 
berg,  1807;  —  Ueber  das  Universum,  Pgtha* 
gorœisches  Fragment  (L'Univers;  fragment 
dans  le  goût  de  Pythagore);  léna ,  1808,  in-4*,; 

—  Lehrbuch  des  Systems  der  NqturphUoso- 
phie  (  Manuel  d'un  système  de  la  philosophie 
de  la  nature);  léna,  1809-1811  et  1831,  3  par- 
ties, in-8*;  Zurich,  1843;  —  Ueber  Ucht  und 
Wàrm/e  (  Sur  la  lumière  et  la  chaleur);  léna, 
1809,  in-4»;  —  Veber  den  Werth  der  Aa- 
turgeschichte  (  Sur  l'importance  des  sciences 
naturelles);  léna,  1809,  ln-4^;  —  Veber  Bnt^ 
stehung  und  Heilung  der  Nabelbrûche  (  Snr 
l'origine  et  la  guéiison  des  hernies  ombili- 
cales); Landshttt,  1810,  in-8o;  —  Lehrbuch 
der  Naturgesehiehte  (  Manuel  d'histoire  natu- 
relle); Leipzig  et  léna,  1812-1816,  5  vol.  in-8?; 

—  isiSy  revue  encyclopédique;  Leipzig,  1817- 
1848,  32  vol.  in-4<*;  —  Esquisse  du  système 
d*anatomie  et  de  physiologie;  Paris,  1821, 
in-8^;  >-  Béitrxge  sur  vergleichenden  Zoo- 
logie, Anatomie  und  Physiologie  (Mélanges 
de  zoologie,  d!anatomie  et  de  physiologie  com- 
parée); Bamberg,  1827,  2  parties,  in-4^,  eo 
collaboration  avec  Kieser;  —  Ueber  das  Zah- 
lengesetzin  den  Wirbeln  des  Menschen  (Sur 
la  loi  numérale  dans  les  vertèbres  humaines^; 
Munich,  1828;  —  Allgemeine  KaturgescM^ 
chte  (Histoire  naturelle  générale);  Stuttgard, 
1833-1841,  13  vol.  in-8*,  avec  un  atlas  de  plan- 
ches; ouvrage  des  plus  remarquables.  O. 

CanversatUmS' Lexikon.  —  CalUsen,  Lexikon, 

OKOLSKi  (Simon),  historien  polonais, 
mort  en  1654.  Il  fit  paille  de  l'ordre  de  Saint- 
Dominique,  professa  la  théologie,  fut  prélet 
des  études  à  Lemberg,  et  dirigea  comme  prieur 
les  couvents  de  Kaminiek  et  de  Tysmieniek.  En 
1649  il  devint  provincial  de  son  ordre  en  Po- 
logne. On  a  de  lui  :  Orbis  Polonus;  Cracovie, 
1641-1645,  3  vol.  in-fol.  flg.  :  cet  ouvrage  eA 
plein  de  recherches  snr  l'origine  des  Sarmates 
et  sur  celle  des  plus  anciennes  familles  polo- 
naises; —  Russia  fiorida  rosis  et  lilOs,  h,  e.  san- 
guine, prxdicatUme,  religione,  vita;  Léopol, 
1646,  hi-4*;  —  Prxco  divini  verbi  Albertus 
Magnus,  episcopus  Hatisponensis  ;  Cracovie, 

1649,  in-4».  K. 

écbard  et  Qaétiî  ^  Seriptores  ord.'Prsedieatorum,  lU 
MO.  -  Gœtie ,  BioUoth.  Dresd.,  I,  rre. 

OKSZI  (Stanislas),  en  latin  OricAoi;iti£, 
conlroversite  polonais ,  né  dans  le  diocèse  dr 
Premislaw,  dans  les  premièresannées  du  seizième 
siècle.  Il  étudia  la  théologie  à  Wittemberg,  sous 
Luther  et  Mélanchthon,  puis  à  Venise,  soos 

19 


579  OKSZl 

Egnaliiis.  De  retour  dans  sa  patrie,  il  eiMiras«a 
vl^at  eocléftiedtique,  et  détint  chaooiiie  de  Pre- 
niislaw.  Soa  attachement  aax  opinkmt  de  Lother 
loi  ayant  attiré  les  réprimandeft  du  chapitre,  il 
reBimça  à  son  tiéiiéfiee,  et  se  maria.  «  Anatbé- 
matisé  par  son  prélat,  dit  Bayle,  Il  s^en  souda 
si  peu  que  wm-seulement  il  prit  la  plume  contre 
les  ecclésiastiques ,  mais  qu*il  les  troubla  aussi 
dans  la  possession  de  Jears-biens  et  qu^il  se  mit 
à  la  tète  de  leurs  antagonistes;  par  Ja  Tolubilité 
de  scm  esprit  et  de  sa  tangue  bien  pendue,  il 
causa  de  très-grandes  émoions.  »  Cependant  il 
rentra  dans  le  giran  de  I^Église  au  synode  tenu  en 
ISai  à  Varsovie,  et  depuis  M  témoigpn  un  grand 
zèie  contre  les  protestadta.  La  fofoe  de  son  élo- 
quence avait  fait  donner  à  OrioboviuB  le  surnom 
de  Démoitkène  polonais.  Les  ouvrages  418*11  a 
écrits  sont  en  grand  nombre;  ceux  qu'il  fit 
pour  obtenir  aux  prêtres  la  liberté  de  se  marier 
sont  les  pins  recherchés.  Nous  citon>ns  de  lui  : 
Oratio  funebrû  in  funere  Sigismmdi  JagH- 
ionii,  PoUmiœ  régis  ;  CraeoYie,  1548,  iB-8*; 
reproduite daas  différents  coqM d%istoire  delà 
Pologne;  —  De  cœHbatui  lege;  Bâie,  1S5I, 
in-8«;  —  Ora/io  pro  dignUate  saeerdotalis 
Oracovte,  iSél,  lo-8**;  —  De  SUmcari  seeUs; 
Cologne,  1563,  tn-B**;  —  De  belle  advenus 
TurccLS  ncjcipienifo  ;Oracovie,  1583,  In-B*-;  — 
Annales  Polonimab  exeessu  Sigismundi,  cum 
vita  Pétri  Kniihx;  Dabromii,  1611  ;  Dantzig, 
1843,  in-ll.  K. 

Slarovdladm ,  Etoifia  etrtUnn  Pot&nortmi,  78-TS.  — 

1.  Olaf  on  OlaOb,  nom  de  trois  rais  dUpaal 
ou  de  Suède  : 

OLAF,  ou  OLAdn  1^,  vîTait  au  imlieu  dujieu- 
viéme  siècle.  En  853  il  vit  arriver  à  sa  cour  saint 
Anschaire,  arcbevéque  de  Brème,  qui  avait  déjà, 
en  829,  es«ajé  d*inlroduire  en  Suède  le  christia- 
nisme; Il  avait  alors  échoué,  par  suite  des  vio- 
lentes persécutions  eiercées  contre  les  mission- 
naires par  les  prêtres  païens.  Cette  Tols,  après 
avoir  disposé  le  roi  en  sa  faveur  par  des  présents, 
il  obtint  de  lui  que  le  peuple^  qui  se  trouvait 
justement  réuni  pour  élever  Tancien  roi  Erik  au 
rang  des  dieux,  serait  appelé  à  se  prononcer  sur 
.  la  libre  prédication  de  TEvangile  (1).  L'assemblée 
décida  que  Je  sort  serait  consulté  sur  la  pro|x>si- 
fion  du  roi  ;  il  fut  favorable  à  la  demande  d'Ans- 
cbaire.  Un  Yiefllard  se  leva  sRors^^et  dit  :  «  Vous 
savons  que  le  Dieu  des  chrétiens  dde  eeux  qui 
ont  foi  en  lui.  Crand  nombre  d'entre  nous  en  ont 
eu  la  preuve  dans  les  hasards  de  la  mer  et  au 
milieu  d*autres  dangers.  Pourquoi  rejeter  ce 
qui  peut  nous  être  utile?  Pourqudi  Irions-nous 
diercher  ailleurs  ce  que  Aoas  avons  aqjourd^hui 
sous  la  maiu?  Car  plusieurs  des  nâtres,  pour 
connaître  cette  nouvelle  religion,  aont  allés  jus- 


—  OLAF 


5S0 


m  sic  qmigf9mfÊiâ9mwtorUê»t, 
Mcoiv^gnatt  altn  uêêL  AMchalrc, 
negotium  pubUeum  wuiçU  in  jMtpvii 
Cote,  quam  in  régla  eomittat  potestate. 


mt  ^Modmwgiri 


.qui 

V0/UII- 


qu*à  Dorstadt.  C'est  pourquoi  je  tous  conseille 
de  TeccToir  les  serviteurs  de  ce  Dieu ,  qui  est 
plus  puissant  que  tous  les  antres  et  dont  il  tti 
bon  d'avoir  la  proteclkm ,  au  cas  où  nos  dieai 
vous  deviendraient  délbvorables.  »  Cet  ■.▼!•  Ait 
«anctionné;  et  aprèa  que  le  iing  (atâenibléc)da 
paya  des  Gotbs  se  fut  déclaré  dans  le  mèfse 
sens,  Ansdiaire  sacra  ErimbertéTêquede  Suède; 
<le  retour  à  Brème,  Il  envoya  dans  ce  |nys  plu- 
sieurs missionnaires,  qui  y  firent  «b  gnnd 
nombre  de  prosélytes,  surtout  depuis  qnXMaf  eut 
fait  presque  miraouSeusement  rentrer  les  habi- 
tants de  la  Couriande  sous  sa  domination.  L^iis- 
tolre  se  tait  «or  les  autres  événeuents  du  lè^ 
d'Olaf.  a 

aimherUs ,  rit*  AntekmriL  •-  FUu  SUaégrtL 
OLAP  II,  mort  Ters  967*  Fils  du  roi  Bjomle 
Vjeux«  U  r^a  depuis  935  envîTon  sur  la  Suide, 
en  oenmon  avac  aon  frère  Erik  le  Violsneia. 
On  n'a  pas  d'antre  détail  sur  sa  vfe. 

OLAF  III 9  somoinmé  Skôthouung  (Le  Roi 
auvbevceatt),iié'ver8  980,BMMri€&10U.  Urtiçst 
étant  encore  enfant,  et  du  vivant  de  son  père, 
Erik  le  Victorieux,  les  hommages  du  peuple;  de 
là  son  surnom.  Monté  sin*  le  tr6ne«n  994,  après 
la  mort  de  son  père ,  il  rendit  le  royaunw  de 
Danemark  (dont  Erik  3*était  emparé  en  987)  à 
Sven ,  roi  de  ce  pays,  par  oonsidératk»  pour  sa 
mère  Sigbrit,  qui  Tenait  d'épouser  Stcb.  Il  y  mit 
pour  condition  que  ce  prince  y  propagerait  le 
christianisme ,  qu'Olaf  avait  embrassé  peu  de 
temps  auparavant;  il  avait  été  baptisé  pu- 
saint  Sigfrid,  qu'il  avait  fait  Tenfa*  d'Aoï^eterre. 
En  l'an  1000,  écoutant  les  suggeatkms  de  Sig- 
frid,  il  se  Hgua  avec  Sven  contre  le  roi  de  Nor- 
vège Olaf  Trygwason;  après  la  mort  de  «  der- 
nier, il  reçut  une  partie  de  la  Norvège,  quil 
remit  k  titre  de  fief  à  Sven,  Itts  d*Ilaquin  le  Bfaa- 
Tais.  Lorsque  Olaf  le  Gros  eut  d^vré  son  pays 
de  la  domination  étrangère,  IctoI  de  Soèd« 
s'apprêta  à  le  combattre  k  ontranœ;  il  reçot 
avec  mépris  les  proposifions  de  paix  que  le» 
députés  norvégiens  lui  irent,  en  102S,  devant 
le  (grand  ting  (  assemblée  populaire)  d*Upsal, 
et  interrompit  brusquement  le  Jari  desYlsigoths, 
qui  s*était  prononcé  pour  ifli  accoimuodcment. 
Alors  se  lera  le  vieux  lagman  de  Thmdaland , 
ThoriPT;  reprochant  au  roi  sa  fkçon  d^r  hau- 
taine, Il  ajouta  :  «  Nous,  paysans^  mai  vou- 
lons que  TOUS,  roi  Olaf,  ftaeées  la  paii  arec 
le  roi  des  norvégiens  et  Iri  donniex  co  mariage 
TOtre  "fllle  fngegeid.  S!  vous  voulei  recouvrer 
les  provinces  è  l'est  qu'ont  possédées  tos  an- 
cêtres ,  nous  sommes  pnèts  k  vous  suivre  ;  mais 
si  TOUS  ne  voulez  pas  écouter  nos  paroles ,  nous 
tomberons  sur  vous  pour  tous  massacrer,  car 
nous  ne  sommes  pas  ^disposés  k  souflKr  tos 
outrages.  C'est  «insi  qa*en  agissaient  oos  an- 
cêtres, qnand  9s  jelèredt  k  l'ean  eiaq  rois  or- 
gueilleux comme  vona.  »  Les  paymns  coBUrme- 
rent  ces  menaces  en  faisant  retentir  leurs  an»fs. 
Olaf  céda ,  et  accepta  le  traité  apporté  par  les 


581 


OLAF 


583 


Nor?6gfens,  en  déclarant  quSI  ne  faisait  q«e 
-suivre  l'exemple  4e ses  prédécesseurs,  qui  araient 
toujours  consulté  rarris  des  paysans.  Mais  il  ne 
resta  pas  fidèle  à  ses  engagements,  et  maria  sa 
fille  Ingegerd  an  prince  de  Russie  Jaroslaw  ;  le 
jarl  des  Visigotha  remit  alors  Astrid ,  une  antre 
fille  d'Olaf,  etftre  les  mams  du  roi  de  Nor- 
vège, qni  réponse.  Cependant  il  se  fécondlia 
avec  Oinf  de  llorfiège,  «ree  lequel  il  ent  nne 
entrevue  à  Kunghaell  (1024).  Il  fut  le  premier 
qni  prit  le  titre  de  roi  de  Suède;  ses  prédéces- 
seurs portiiant  eehii  de  rois  dtJpsal.  Quoique 
attaché  au  christianisme,  il  nfmnit  à  entendre 
réciter  par  ses  tMrdes  les  poésies  des  temps 

païens.  O. 

teorro  StartaKon,  fMmtkrtn^im^  -*  AdMO  de  Brène. 
—  Gcljer.  Histoln'dê  Smiâê. 

n.  Olab,  nem  de  dnq  rais  de  Ef orvèfik 
OCâF  I*',  snnomné  Trfgjmscn,  roi  de  Hor- 
fège,  né  en  956,  mort  en  1000.  Son  père  Trygre, 
petit-fils  de  Harald  Haarf^ger,  qui  le  pinmier 
rénntt  la  Norrège  sous  le  même  sceptre ,  avait 
pendant  le  règne  d'Haqiiin  le  Bon  gowTemé  une 
partie  du  pays.  A  TaTénement  de  ses  cousins,  les 
fiU  d*Eriii  \  la  Hache  sanglante,  il  ftit  attiré  par 
«oie  dao8  un  gnet-apens  et  mnsMcré.  Astrid,  sa 
femme,  se  réfugia  en  SttMe,^)^  elle  donna  le  jour 
à  Olaf  ;  poursuivie  par  les  meurtriers  de  Trygve, 
eHe  a'apfMMa  à  alier  rejoindre,  i  Kiew,  son  frère 
Sigurd ,  on  des  principaux  ministres  dn  prince 
de  Rvsaie.  En  route  elle  fut  prise  par  un  pirate 
et  séparée  de  son  enfkit,  qni  M  vendu  è  im 
habitant  de  TEsthonie.  Olaf,  traité  par  son  maître 
comme  os  fils,  fut  en  sa  newième  année  reconnu 
par  non  oncle  Sigurd ,  qui  l'emmena  à  la  eonr 
de  Russie  et  le  fit  élever  avec  noîn.  H  gagna 
la  Citeiir  dn  prince ,  mais  s'attira  par  là  bean- 
eonp  d*ennemis  jaloux,  ce  qni  le  décida,  dit-on, 
k  se  feire  corsaire.  Poussé  par  les  flots  snr  les 
oMea  de  la  Poméranie,  SI  plut  à  6<^a,  fifle  du 
souverain  de  ce  pays,  et  répoiiea.  Ccftte  prin- 
cesse étant  morte  peu  d'années  après ,  Il  reprit 
sa  vie  d*avenlures ,  et  ravagea  les  cfites  de  l'An- 
gleterre et  de  la  Franœ.  Après  -on  entrelien  qn51 
«Ht  avec  «n  ermite  dans  nne  des  Iles  Sorling,. 
4  se  fit  baptiser  avec  tuns  ses  compagnons.  11 
se  trooTait  en  99»  à  IMblin,  lorsquHI  y  fbt  rqeint 
par  Thorer,  émissaire  de  Hsqnin  le  Mauvais, 
roi  de  Norvège,  qni  venait  d'apprendre  l'exis- 
lenee  d'un  descendunt  de  Harald ,  et  qni,  pour 
se  défoire  facilement  de  lof,  le  fit  trattreuse- 
ment  engager  à  venir  revendiquer  son  droit  à 
ia  «onronne.  Olaf  snivit  ce  conseil,  et  se  mit  en 
rvNite  avec  quelques  vaisseaux  ;  à  son  débar- 
qoMnent  Haquin,  depuis  longtemps  détesté,  à 
cause  de  ses  actes  de  tyrannie,  venait  de  met- 
tre le  comble  à  rindignation  putilique  en  vou- 
lant enlever  de  force  nne  des  plus  belles  Cemmes 
da  pays.  Olaf  fut  reçu  comme  im  libérateur  et 
proclamé  roi;  un  des  esclaves  de  Haqnln  lui 
apporta  la  tête  de  son  maître,  qoll  avait  poi- 
gnardé, dans  l'espoir  d'une  forte  récompense; 


Oiaf  le  fit  mettre  à  mort.  Une  fois  quil  eut 
consolidé  son  aotorité ,  le  nouveau  roi  s'attacha 
à  introduire  en  Norvège  le  christianisme,  en- 
treprise dans  laquelle  Haquin  le  Bon  avait 
échoué.  Olaf  fut  plus  heureux;  la  plus  grande 
partie  des  habitants  de  Wigen,  de  Rogaland,  de 
Hordaland  et  autres  districts  se  laissèrent  Im- 
médiatement décider  à  adopter  la  nouvelle  reli- 
gion ;  les  récalcitrants  furent  condamnés  à  Fetil 
on  à  des  amendes.  Mais  Olaf  rencontra  nne 
violente  opposition  dans  les  huit  districts  de 
Drontheim ,  dont  les  habitants  réunis  autour  de 
lui  au  |4aid  de  Frosto  le  menacèrent  de  roert 
8*tl  continuait  à  cherdier  è  les  convertir.  Le  roi 
céda  pour  le  moment ,  et  leur  annonça  qn'il  se  trou- 
verait an  grand  sacriAoe  qui  avait  lieu  tous  les 
ans  à  Moere.  Quelque  temps  après  il  invita  à  un 
festin  beaucoup  dîhahitants  d»  pays  de  Dron- 
fhehn  ;  tout  à  coup  il  fit  saisir  onze  des  prind- 
paifx  d'entre  eux ,  et  déclara  que  puisqu'on  le 
forçait  à  retourner  nu  paganisme,  H  alHiit  les 
sacrifier  aux  dieux.  Tons  les  assistants  alors  de- 
mandèrent à  être  baptisés;  Olaf  exigea  encore 
d'eux  quMIs  lui  remissent  en  étages  leovs  en- 
fents.  Dans  une  assemblée  à  Moere ,  il  parvint 
à  faire  embrasser  le  diristianisme  an  reste  des 
habitAits,  et  brisa  les  nombreuses  idoles  placées 
en  ee  Keu  par  Haquin;  dans  les  années  sui- 
vantes, il  introduisît  ta  nouvelle  religion  en 
Islande,  aux  tles  Férné  et  jusqu'en  Groenland. 
En  999,  Olaf,  qui  avaK  abandonné  Lade,  l'an- 
cienne résidence  des  rois  païens,  et  s*étajK  fait 
construire  nne  nouvelle  habitation  i  Ifidaros, 
appelé  plus  tard  Drontheim,  épousa  Thyra, 
princesse  dnnoise,  qni  avait  quitté  son  mari 
BuristuT,  prince  de  Poméranie,  auquel  on  Pa- 
valt  mariée  de  force.  I>eux  ans  après  1!  alla 
prendre  possession  des  domaines  de  Th^,  dans 
Plie  de  Hngen  ;  à  son  retour  il  fut  attaqué  par  les 
rois  de  Soè^  et  de  Danemark ,  excités  contre 
lui  par  les  fils  de  ffaqnin  ainsi  qne  par  Sigrith, 
reine  de  Danemark  et  qu'Olaf  avait  autrefois  ou- 
tragée (I).  Malgré  le  nombre  supérieur  des  rais- 
seaux  ennemis,  il  ae  défendit  ionglempe  ;  enfin, 
sur  le  peint  d'être  frit  prisonnier.  Il  se  jsAa  I  la 
mer  avec  le  reste  de  ses  compagnons,  et  trouva 
la  mort  dans  les  flots.  D^près  une  tradition  po- 
pulaire, il  se  serait  sauvé  à  la  nege,  et  serait 
entré,  après  de  longnes  pérégrinations,  dans  un 
couvent  de  Syrie.  O. 

taorre  Stiirlatoo .  HtknKkHmtlm.  —  Montei^  tOreheti- 
çttohiBkU  M»  Dên&mmrk  and  Ihrwe^tm.  -  MttDch , 
Dêt  J9or$ke  Folks  Historié,  —  Hanrer,  Stkekrvnç  du- 
norwegiseken  Stammêt  Totm  Ckristenthwm  (Mnoleh» 
iSIt.  t  voL  ). 

OLâr  11  (Saiint),  surnommé  le  Qro$t  roi 
de  nervège»  né  vers  la  fin  dn  dixième  siècle , 
mort  le  31   août  i03a.  Après  la  mort  de  son 

(s)  n  avait  4'êtorû  âtmtnté  en  mirtlage  Cf  tte  femme 
orgiwilleDae ,  qui  atalt  Bitt  auuMBlnvr  Harald,  le  pdre 
ée  aainc  Otof ,  pour  avelr  eaS,  lui  «*  pHtt  roltctet  »,  pré- 
tendre Jk  ta  main.  Bile  «stéa  la  propoaltion  d'Oïl  r,  qot 
eitgea  qu'elle  le  Ht  ItapUser;  elle  refusa,  ce  qui  lirlU 
Olaf  au  point  quil  la  fnppa  de  son  gant  au  tiaage. 

t9. 


5S3 


OLAF 


584 


père,  Harald  Grœnske,  arrière-petit-fils  de  Ha- 
rald  Haarfager,  et  qui  régna  $ar  une  partie  de 
la  Norvège,  il  fut  élevé  dans  la  maison  du  jarl 
Sigurd  Syr,  que  sa  roère  épousa,  en  998.  D*un 
caractère  aventureux ,  il  obtint,  à  peine  âgé 
de  quinze  ans,  de  son  beau-père,  un  navire  de 
guerre  bien  équipé,  et  il  se  mit  à  ravager  les 
côtes  de  la  Suède,  de  l'Allemagne ,  de  la  France 
et  même  de  l'Espagne.  Se  (rouvant  en  i0i7 
en  Normandie,  il  y  rencontra  Édonard  le  Con- 
fesseur, qui  s'apprêtait  à  disputer  à  Canut,  roi 
de  Danemark,  la  couronne  d'Angleterre,  et 
qui  promit  à  Olaf  pour  son  concours  le  pays  de 
Northumberland.  Olaf  accepta,  et  prit  part  à 
l'expédition  contre  les  Danois.  Elle  fut  8^ 
résultat  pour  Edouard  ;  mais  Olaf  y  fit  un  ric^e 
butin ,  qui  lui  permit  d'armer  deux  vaisseaux , 
avec  lesquels  il  se  dirigea  vers  la  Norvège  pour 
se  faire  proclamer  roi  de  ce  pays,  où  régnaient 
alors ,  sous  la  suzeraineté  du  Danemark  et  de 
la  Suède,  Sven,  fils  d'Haquin  le  Mauvais,  et 
son  neveu  Haquin.  A  peine  débarqué,  il  s'em- 
para de  ce  dernier  par  surprise;  après  lui  avoir 
fait  jurer  de  ne  pins  jamais  rentrer  en  Nor- 
vège, il  lui  rendit  la  liberté.  Les  habitants  des 
pays  d'Upland  et  de  Drontheim  reconnurent 
la  plupart  ses  droits  au  trône;  et  après  qu'il 
eut  yaincu  Sven  dans  une  bataille  navale ,  il 
reçut  la  soumission  de  tout  le  pays.  Le  nA  de 
Suède  Olaf  Schotkonung  (voy.  ce  nom  )  voulut 
lui  enlever  la  partie  de  la  Norvège  échue  à 
la  Suède  après  la  défaite  d'Olaf  Trygrason; 
mais  il  en  fut  empêché  par  la  ferme  volonté  de 
ses  8oû^>  <iui  l'obligèrent  à  se  réconcilier 
avec  Olaf  et  à  lui  donner  en  mariage  sa  fille  As- 
trid  (i).  Quant  à  Canut,  il  ne  pouvait  pour 
le  moment  songer  à  faire  valoir  ses  prétentions 
sur  la^  Norvège,  ayant  besoin  de  toutes  ses 
ressources  pour  se  maintenue  en  .Angleterre  ; 
mais  il  resta  sur  le  pied  d'une  inimitié  déclarée 
avec  le  nouveau  roi  de  Norvège.  Ce  dernier, 
une  fois  qu'il  eut  bien  établi  son  autorité ,  prit 
les  mesures  les  plus  énergiques  pour  détruire 
le  paganisme ,  qui  avait  repris  l'ascendant  pen- 
dant les  quinze  dernières  années.  Il  triompha  de 
toutes  les  résistances,  et  modifia  de  sa  propre 
autorité  tout  ce  qui  dans  les  lois  n'était  pas  en 
harmonie  avec  le  christianisme;  il  enleva,  entre 
autres,  aux  parents  le  droit  d'exposer  leurs  en- 
fants nouveau-nés.  Il  Introduisit  aussi  le  chris- 
tianisme  aux  Orcades  et  aux  Iles  Féroé,  qu'il 
obligea  à  lui  payer  un  tribut;  il  fut  moins  heu- 
reux avec  les  Islandais,  qui  refusèrent  de  se 
soumettre.  Dans  l'intervalle  il  avait  fait  b&tir  à 
Nidaix»  un  palais  plus  élégant  et  plus  vaste  que 
ceux  de  ses  prédécesseurs  (2)  ;  il  y  établit  une 

(i)  Dint  M  Jeone«ae  Obf,  revenant  d'une  expéditton  de 
piraterie  en  Suède,  afalt  failli  être  prit  par  le  roi  de  ce 
payi:  enfermé  avec  ses  narlres  dans  le  lac  de  Malaren, 
il  n'avait  pa  a'écliapper  qn'en  ereosant  le  canal  par  le- 
quel a'écoalent  depuis  lors  lea  eaoz  de  ce  lac. 

(SI  Cette  conatKuctIvn ,  toute  en  boU ,  contenait  une 
Mlle  de  festin  dlwpoiée  pour  Irait  cents  conTi?es;  au  ml- 


cour  brillante,  et  régla,  par  une  ordonnance  qui 
nous  a  été  conservée,  les  droits  des  dignitaires, 
au  nombre  de  soixante ,  dont  il  s'entoura  :  elle 
avait  le  nom  de  Hirdskraa^  et  a  été  publiée  par 
Anchersen  à  Copenhague,  en  1736  ;  Olaf  y  pré- 
cisa aussi  les  prérogatives  de  la  royauté  et  d'autres 
points  de  la  constitution  du  pays.  Cependant  il 
avait  mécontenté  beaucoup  de  ses  sujets  par 
des  actes  de  sévérité.  Canut  en  profita  pour  le 
sommer  (1025)  de  reconnaître  sa  suzeraineté. 
Olaf  non-seulement  repoussa  cette  proposition, 
mais  s'étant  ligué  avec  Jacques  Anund ,  roi  de 
Suède,  il  dévasta  en  1027  plusieurs  provinces 
danoises,  pendant  que  Canut  était  à  Rome.  Ca- 
mit  accourut  avec  une  flotte  considérable,  et 
vint  cerner  à  l'embouchure  de  THelge  celle  de 
ses  adversaires.  Olaf  avait  mis  ce  fleure  en 
communication  avec  plusieurs  rivières  des  envi- 
rons et  Tavait  barré  par  une  digue,  qu'il  fit  percer 
à  l'approche  de  Canut  ;  une  masse  d'eau  énorme 
se  précipita  sur  les  navires  danois,  et  les  mit 
dans  une  grande  confusion ,  qui  fut  encore  aug- 
mentée par  l'attaque  de  l'ennemi.  Canut  cepen- 
dant parvint  à  se  retirer  sans  pertes  notables. 
Olaf  n'osa  pas  passer  le  Simd  gardé  par  les  Da- 
nois, et  gagna  son  pays  par  terre.  L'année  suivante 
il  y  vit  arriver  Canut,  qui  fut  reçu  par  les  Nor- 
v^ens  en  libérateur.  Abandonné  des  siens, 
Olaf  brOla  sa  flotte,  sauf  treize  yaisseaux,  avec 
lesquels  il  se  réfugia  auprès  de  son  beau-frère 
Jaroslaw,  prince  de  Russie.  En  1029,  à  la  mort 
de  Haquin ,  auquel  Canut  avait  remis  le  goo- 
vemement  de  la  Norvège,  il  revint  en  Suède, 
et  rassembla  environ  trois  mille  soldats,  sur  le$ 
casques  desquels  il  fit  peindre  des  croix  (l). 
Il  pénétra  l'année  suivante  en  Norvège  avec  sa 
petite  armée;  le  31  août  il  rencontra  à  Stickle- 
slad ,  près  de  Drontheim,  les  troupes  danoises, 
qui  avec  les  Norvégiens  rebelles  formaient  près 
de  donze  mille  hommes,  n  les  attaqua  résohi- 
ment;  il  allait  remporter  la  victoire  lorsqa'aB 
charpentier,  qu'il  avait  offensé,  lui  donna  im 
coup  de  hache  dans  le  genou;  il  tomba,  et  fot 
massacré.  Peu  de  temps  après,  les  Norvégiens 
regrettèrent  sa  mort;  son  oorpa  fut  porté  à 
Drontheim,  et  placé  dans  la  cathédrale  de  cette 
ville.  Très-vénéré  dans  les  pays  Scandinaves  et 
en  Russie,  Olaf  fut  déclaré  en  1164  patron  de 
la  Norvège.  O. 

Snorro  Stnrleson ,  HHmêMmQla,  —  Saga  Otaifi  ko- 
nunçs  Mns  helça  (dana  les  tomes  1  et  II  des  Fonmm- 
na-So'gur,'  Copenha^e,  I8t9,  et  publiée  à  part,  Ibid., 
ittBino,  1  vol.;  traduite  en  Utin;  Ibid.,  iSSt).  -  Einar 
Sknlason.  Ola/s  Saga  IMga  dana  FonoMoina-^ôtnir  et 
avec  traduction  lattne  dans  les  Scrifta  hutarica  Idap^ 
dttrum.  —  Brscb  et  Graber,  Bnef/ktoptedie,  article  Ola/s- 
Drapa  tX  Oloft-Saga  Hetga  (dans  les  Supplémaiis  de 

lien  brAlalt  Jonr  et  nuit  nn  Immense  brasier,  dont  la 
famée  s'écbappalt  par  une  ouverture  pratiquée  dans  le 
toit  et  par  laquelle  seule  la  lumière  du  Jour  pénétrait  â 
l'Intérieur.  Les  cheminées  ne  furent  eonnnes  que  sous 
Oiaf  Kjrres  l'asaga  des  fenêtres  date  encore  de  pins 
Uré. 

(1)  n  refusa  l'aide  de  beaucoup  de  vaillants  gnerrien» 
parce  qu'ils  étalent  païens. 


sss 


OLAF  —  OLAFSEN 


586 


Il  lettre  O. .  —  MuDCb ,  Det  Norke  Folkt-Hittorle^  — 
Hâorer,  Die  Békthntng  det  norwesitchen  Stammet. 

OLAF  III,  samommé  Kyrre  (le  Pacifique), 
roi  de  Norvège ,  mort  le  22  septembre  1093. 
£n  1066,  aprâ  la  mort  de  son  père,Haraid  Har- 
draade,  qu'il  avait  accompagné  dans  nne  ex- 
pédition en  Angleterre,  il  partagea  avec  son 
frère  Magnos  les  États  de  Harald,  et  en  reçut  la 
partie  située  au  sud-ouest.  Deux  ans  aprè», 
Magnus  mourutt  et  Olaf  fut  appelé  à  régner  sur 
toute  la  Norvège.  Il  entretenait  des  relations  de 
bonne  amitié  avec  ses  voisins,  notamment  avec 
le  roi  de  Danemark  Svend  Estrithson ,  dont  il 
épousa  la  fille  Ingigerd.  Au  lieu  d'accabler  ses 
fiojets  de  redevances,  à  l'exemple  de  son  père, 
il  recherchait  tous  les  moyens  d'augmenter  leur 
prospérité,  et  donna  de  l'extension  au  commerce, 
pour  les  besoins  duquel  il  fonda  en  1076  la  ville 
de  Beiigen.  Reçu  un  jour  dans  une  de  ses  tour- 
nées à  une  table  couverte  d'argenterie,  il  dit  : 
«  Je  me  réjouis  que  mes  sujets  ne  craignent  pas 
de  me  montrer  leurs  objets  précieux  ;  leur  bien- 
être  est  mon  bonheur,  car  c*est  là  la  meilleure 
garantie  de  la  sûreté  du  pays.  »  Pour  augmenter 
Ja  population  des  villes,  alors  peu  considérable, 
il  ordonna  que  tous  les  ans  la  liberté  serait 
accordée  à  un  esclave  dans  chaque  district;  le 
prix  en  était  payé  au  maître  par  la  commune  : 
c'est  ce  qui  fit  cesser  l'état  de  servitude  en  Nor- 
vège bien  plus  tôt  que  dans  le  reste  de  TEurope. 
Olaf  s*efrorça  encore  d'adoucir  les  mœurs  de  ses 
sujets.  Amateur  lui-même  des  fêtes,  où  il  bril- 
lait par  sa  joyeuse  humeur,  il  détestait  les  excès, 
et  prit  des  mesures  pour  bannir  toute  rixe  san- 
glante des  festins  que  se  donnaient  entre  eux 
les  membres  des  gildes  (corporations). Il  abolit 
l'usage  des  grandes  cornes  à  boire ,  qui  furent 
remplacées  par  des  coupes.  En  même  temps  qu'il 
cherchait  à  propager  l'industrie  étrangère,  il  veil- 
lait au  maintien  de  la  religion ,  et  inspirait  par 
son  exemple  à  ses  sujets  le  respect  pour  le  clergé  ; 
il  lit  bâtir  plusieurs  églises ,  notamment  une  en 
pierre  à  Nidaros(Drontheim),  en  l'honneur  de 
tiaint  Olaf.  O. 

Soorro  Stnrlesan,  Helnukrlngta.  —  Olafs  Sagàkifrra 
(dans  le  t.  VII  de*  Fomumna-Sôçur ;  KaupmannabOfn, 
issi). .-  P^B.  Maller,  Det  IVorske  Folkt-Hutorie. 

OULF  IT,  roi  de  Norvège,  né  en  1098,  mort 
en  1 1 16.  A  la  mort  de  son  père  Magnus  III,  ses 
deax  frères,  Sigurd  et  Eystein,  lui  attribuèrent  le 
tiers  du  royaume,  qu'ils  administrèrent  en  son 
nom;  il  mourut  avant  d'avoir  atteint  sa  majorité. 

OLAF  T,  roi  de  Norvège  et  de  Danemark,  né 
en  1 37 1 ,  mort  le  3  août  1387.  Fils  de  Haquin  VU 
et  de  la  célèbre  reine  Marguerite  (  voy,  ce  nom), 
il  fut  en  1376  élu  roi  de  Danemark;  en  1380,  à 
la  mort  de  Haquin ,  il  fut  aussi  appelé  au  trône 
de  Norvège.  Il  allait  prendre  en  main  le  gou- 
vernement, qui  pendant  sa  minorité  fut  exercé 
par  sa  mère ,  lorsqu'il  mourut  subitement.    O. 

SutUD,  MUtoriê  qfDanmark,  t.  XIV.  -  Haltfeld,  Dan- 
marikt  riçe*  Kroenike. 

OLAF,  surnommé  Hunger  (la Faim),  roi  de 


Danemark,  mort  le  18  août  1095.  Fils  du  ro! 
Svend  Estrithson ,  il  fut,  pendant  le  règne  de  ses 
deux  frères  aînés  Harald  et  Canut,  diargé  du 
gouvernement  du  Jutland  méridional.  Lorsque 
Canut  rassembla  en  1085  à  Limfiord  nne  flotte 
pour  envahir  l'Angleterre ,  Olaf  s'y  trouva  avec 
son  contingent  de  vaisseaux;  il  fut  bientôt  après 
député  auprès  du  roi  pour  lui  exprimer  le  mécon- 
tentement des  marins  de  ce  que  Canut,  occupé  à 
négocier  avec  les  Vendes,  tardait  à  venir  prendre 
le  commandement  de  la  flotte.  Le  roi,  soupçon- 
nant son  frère  d'avoir  été  gagné  par  l'or  de  Guil- 
laume le  Conquérant,  le  fit  arrêter,  et  l'envoya 
en  Flandre  pour  l'enfermer  à  perpétuité  dans  une 
(our.  Cette  sévérité  effraya  les  marins  danois, 
qui  se  dispersèrent  avec  leurs  vaisseaux  ;  Canut 
prononça  contre  eux  des  peines  rigoureuses ,  ce 
qui  amena  (  1086  )  une  révolte,  pendant  laquelle 
le  roi  fut  tué.  Racheté  de  la  captivité  par  les 
Danois,  Olaf  fut  par  eux  appelé  an  trône.  Presque 
toutes  les  années  de  son  règne  furent  marquées 
par  des  disettes  qui  dépeuplèrent  les  campagnes; 
le  pain  manqua  un  jour  même  à  la  table  du  roi. 
Olaf  mourut  sans  enfants,  et  eut  pour  succes- 
seur son  frère  Erik.  O. 
JElnoib,  HUtoria  S.  Canuit.  —  Saio  Gramnuttcas. 

OLAFSEN  (Afa^nu^),  savant  islandais,  né  en 
1573, en  Islande,  mort  en  1636.  Il  étudia  à  Co- 
penhague les  belles-lettres  et  la  théologie,  de- 
vint en  1621  recteur  à  Noie  et  l'année  suivante 
pasteur  à  Laufaas.  On  a  de  lui  :  Spécimen 
lexici  runici;  Copenhague,  1650,  in-fol.,  publié 
par  les  soins  de  01.  Wormius;  —  Depoesi  Is- 
landica,  à  hi  suite  de  la  Litteratura  runica  de 
Wormius.  Olafsen  a  laissé  en  manuscrit  une 
traduction  latine  de  VEdda ,  qui  a  été  très-utile 
à  Resen  {voy,  ce  nom).  Quelques  lettres  de  lui 
se  trouvent  dans  les  Epistolx  de  Wormius.  O. 

EInar,  Historia  literaria  itianâica.  —  Nyerup,  Daruk 
lÀUeratur^leiikon. 

OLAFSEN  (  Etienne},  savant  Islandais ,  néi 
Mule-Syssel,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  mort  en  1688.  Nommé  en  1649  pasteur 
à  Valtenaès,  il  devint  plus  tard  prévôt  dans  son 
lieu  natal.  On  a  de  lui  :  Voluspa,  philosophia 
antiquissima  norvago-:danica,  item  ffavo" 
mal;  Copenhague,  1665,  in-é";  —  une  traduc- 
tion islandaise  des  Psaumes  de  Kingoë;  Skal- 
holt,  1646,  et  Holum,  1751  et  1772.  O. 

ElMT^Hlst.  ta.  Mandica. 

OLAFsmf  (Bggert)t  savant  islandais,  né  en 
Islande,  en  1726,  mort  le  30  mai  1768.  Après 
avoir  terminé  ses  études  à  Copenhague,  il  fut 
en  1752  chargé  par  l'Académie  des  sciences  de 
cette  ville  d^alter,  en  compagnie  de  Bieme  Paul- 
sen,  explorer  l'Islande  au  pomt  de  vuedes  sciences 
naturelles  et  de  l'économie  politique.  De  retour 
à  Copenhague  en  1757,  il  fut,  dix  ans  après, 
nommé  v'tce-lagman  (  bailli)  d'une  partie  de  son 
lie  natale;  il  se  noya  par  accident  l'année  sui- 
vante. On  a  de  lui  :  Ennarraiiones  historien 
de  Islandix  natura  et  constitutione;  Copeo- 


OLAFSEN  --  OLAVIDÉ 


587 

hague,  1749,  în-8°;  —  De  ortu  et  progressu  , 
superstitionis  circa  ignem  Islandm  subler- 
raneum;  ibid.,  1751,  in-4*;—  Rejse  igjennem 
lêland  (Voyage  à  travers  Tlslande);  Soroô, 
1772,  2  vol.  iii-4%  avec  gravures  ;  traduit  en  al- 
lemand par  GensSy  Copenhague  et  Leipzig, 
1774,  2  vol.  io-4°,  et  en  français  par  Gauthier 
de  La  Peyronie,  Paris,  1802,  ô  vol.  in-8°;  un 
extrait  de  cet  ouvrage,  aussi  intéressant  qu'exact, 
se  trouve  dans  le  t.  XIX  du  Recueil  de  voyages 
publié  à  Berlin  ;  —  Lachanologia  islandica; 
Copenhague,  1774,  in-S»;  —  Bunadarbalkr  ; 
Hrapsoe,  1783  r  poème  Islandais  sur  Tagricul- 
ture,  traduit  en  danois  par  Finn  Magnusen,  dans 
le  Musée  Scandinave  (année  1803).  Olafsen 
a  laissé  en  manuscrit  on  Index  veterum  IS' 
Umdorum ,  dont  Thorkelln  a  publié  un  frag- 
ment en  1780.  O. 

Sinar,   HUtoria    lUeraria    Ftiandùe.    ~   Minerva 
(•BoéQ  1S03,  ToL  II).  —  Njerup.  IMtêratur-Uiikim. 

olafsbh  (John),  savant  islandais,  frère 
do  précédent,  né  en  IsUnde,  en  1731,  mort  à 
Copenhague,  le  18  juillet  18U.  Il  étudia  les 
belles-lettres  et  la  théulogie  à  Copenliague ,  où 
il  passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  dans 
des  occupations  littéraires;  il  recevait  une  pcn« 
sion  du  fonds  légué  par  Ame  Magnus.  On  a  de 
lui  :  Dispuiatio  melaphysica  de  nihUo;  Co- 
penhague, 1758,  in-4**;  —  De  haptismo  so- 
ciisgue  sacris  rilibus  in  boreali  quondam 
ecclesia  usitatis:  ibid.,  1770,  in-4°;  —  De 
cognatione  spiriluali  a  nostris  majoribus 
observata;  ibid.,  1772,  in-8'';  -^  Ont  den 
garnie  nordiske  Digtekonst,  dens  grundre- 
gler,  Versarler^  Sprog  og  Foredrags  waade 
(L'ancienne  Poésie  des  peuples  du  Nord,  ses 
règles  fondamentales,  les  genres  de  vers  et  la 
langue  qu'elle  employait,  et  la  manière  dont 
on  la  déclamait);  ibid.,  1786,  in-4o  :  cet  excel- 
lent ouvrage  fut  couronné  par  l'Académie  des. 
sciences  de  Copenhague.  Olafsen,  qui  a  pris  une 
gramle  part  à  la  nouvelle  édition  de  VHeinu- 
krinçla  de  Snorro  Sturleson  (Copenhague,  t777- 
1813,  4  vol.  in-fol.),  a  aussi  pendant  de  longues 
années  travaiUé  à  un  Supplément  au  Giossa- 
rium  Suiogothicum  d'Ihre;  dix-huit  feuilles  de 
ce  supplément  étaient  déjà  imprimées,  lorsque 
l'incendie  de  Copenhague  de  1807  vint  détruire 
tout  le  fruit  de  ses  labeurs.  Il  a  laissé  en  ma* 
nuscrit  plusieurs  ouvrages  lexjeographiqoes  sur 
l'idiome  de  son  pays;  on  en  a  profité  lors  de  la 
publication  de  la  nouvelle  édition'  du  Diotjoa- 
ndire  islandais.  O. 

DanU  tdtteraturtidsèri/t  (wnH  18U,  n»a).  -  tkfh 
tenDQOd ,  Supplément  à  JOcber. 

OfcAS  (mcolas) ,  savant  prélaf  hongrois ,  né 
le  9  janvier  1493,  à  Hermanstadt,  mort  le  14 
janvier  1569.  Il  passa  sa  jeunesse  à  la  cour  du 
roi  Ladi8la.%  et  devint  (1524)  secrétaire  du  roi 
Louis,  dont  la  veuve, Marie»  l'emmena  en  1530 
dans  tes  Pays-Bas  ;  qu'elle  venait  d'être  appelée 
à  gouverner.  En  1543  il  fut  nommé  évéque  d'A- 
grem  et  obanceHer  du  royaume.  En  1547  il  ac- 


58» 

compagna  k  la  guerre  de  Schroalkalde  le  roi  Fer- 
dinand, dont  il  possédait  la  eonfiaace.  tieveno 
archevêque  de  Gran  et  primat  de  Hongrie,  il 
exerça  la  phis  heureuse  indueoce  sur  le  rétablis- 
sement de  la  discipHoe  et  sur  ramélioratioii  des 
études  ecclésiastiques.  On  a  de  hii  :  CalMkx 
ac  Christian^  religionis  prmcipua  capita. 
Vienne,  1560,  in-4*,  et  dans  le  t.  Il  des  Coi^ 
cilia  de  Peteify;  ou  des  meilleurs  résumés  de 
la.  doctrine  cathotiqoe;  —  ITungaria,  seu  de 
originitus  genlis,  regionis  situ,  dHHsione, 
haàiiu  et  ùpfpcrlumxtibus,  dans  ï'Adparatus 
de  M.  (id;  -.  Ccmpendiarmm  suœ  xtalis 
cAronicojiydans  le  même  recueil  ;  —  Bpheme- 
rides  astroncmicx  ab  ann»  1552-1559,  dqnsie 
t.  I  des  Scriptores  minûres  de  Kovaehidi  ;  — 
Atiilaf  sive  de  rébus,  belle  paceçue  ab  eo  ges- 
tiSf  à  la  suile  de  plusieurs  éditions  de  Bonfinios; 
—  Processus  universaHs,  traité  alchimique 
publié  sous  le  pscndon>mede  Ificôlaus  Melchior, 
dans  le  Muaeum  hermeticmn,  imprimé  à  Franc- 
fort en  1525.  o. 

HoraoTt,  nUmtoria  Ounçaroimm,,  t.  II.  —  U.  Bd, 
HungarianovacU4anubiatut,l.  I. 

olaOs.  Voy.  Olaf. 

OLATiDH(Don  Pablo-Antoni^Josi^^  comte 
DE  PijLOS,  célèbre  hooune  d'État  et  écomn 
miste  espagnol,  né  à  Lima,  en  172S,  mort  en 
Andalousie,  en  1803.  Nommé  à  vii^  mis  audi- 
teur de  la  province  de  Uosa^  \\  rendit  dt  grands 
services  lors  du  tremblement  de  terre  qni  dé- 
truisit la  plus  grande  partie  de  cette  Tilfte  (29  oc- 
tobre 1746>.  H  fit  pnomplement  relever  les  mai- 
sons, et  donna  lui-même  l'exemple  es  faisant 
construire  une  église  et  un  théâtre.  Les  dévots 
virent  on  acte  d'impiété  dans  l'érection  ammMa- 
née  de  ces  deux  édifice»;  ils  accusèrent  Olavidé 
d'avoir  dissipé  les  fonds  destinés  an  sonl^ement 
des  victimes.  Cette  déuonciation  le  at  appeler  s 
Madrid.  Une  enquête  ouverte  à  son  t^et  aboutit^ 
une  ordonnance  de  non-liaju  JNémmé  seerétair» 
du  comte  de  Aranda,  qulserendiit  en  ambassade 
à  Paris,  il  adopta  fadiemeni  les  usages  de  la  eoor 
de  Versailles  et  les  idées  philosophiques  alors  à 
la  mode.  De  retour  en  Espagne,  il  forma  sa  mai- 
son dans  le  genre  français;  il  fit  même  construire 
un  théâtre  sur  lequel  d*excellents  artistes  repré- 
sentaient les  chefii-d'œuvre  de  la  scène  française 
traduits  par  lui-même.  Tout  en  sacrifiant  au 
plaisir,  il  augmenta  considérabfement  sa  fortiioe 
par  d'habiles  spéculations  commerciales.  Sur  ces 
entrefiûtes,  les  Péruviens  le  chargèrar,  sous  le 
titre  de  personero,  de  représenter  leurs  intérêts 
près  du  roi  Chartes  IH,  qui  le  créa  oTmfe  de  Fi- 
los.  Son  infioenofr  et  sa  popularité  croissaient 
chaque  jour  ;  il  les  fit  contribuer  à  l'expubuon  des 
jésuites  (en  1767).  Nommé  peu  aptes  intendant 
des  quatre  royaumes  d'Andalousie  et  assistente 
de  Séville  (1),  il  fit  défricher  et  peupler  cette 

(0  SévUtt  don  à  OIfttfM  ane  partie  de  ses  qvaii,  »!■* 
«leurs  établlflsemeuts  pablics  et  sa  belle  prenensde  de 
Trtana. 


589 


OLAVIDÉ 


590 


partie  de  la  Sierra-HoreDa  que  traverse  ta  route  de 
Madrid  à  Cadix,  et  qui  était  alors  eouterte  de  bols 
et  ktf<e$iét  de  brigands.  Pour  rendre  ce  désert  à 
l'agricuiture  et  an  coimneree.  il  appela  des  cek>ns 
de  teas  les  pays»  surtout  d^Allemagne.  Il  créa 
aofisi  desmagnaneries,  et  fit  Tenir  de  Lyon  et  de 
la  Provence  dliabiles  éleveurs,  des  fabricants, 
des  desajoateors  et  des  ooTrIers  en  soierie,  qu'il 
attad»  à  leur  nouvelle  patrie  par  une  protection 
éclairée.  Ctepeodaat  il  fit  des  mécontents ,  sar* 
tout  dans  le  clergé.  11  s'attira  particulièrenient 
la  haine  d'un  certain  père  Ronoald,  capucin 
aUemand ,  qui ,  muai  d'une  patente  de  son  gé- 
néral, s*élart  déclaré  préfet  de&  nouvelles  fond»- 
tiens  et  prétendait  à  une  antoritéDIf  mitée  sur  tout 
ce  qui  tenait  à  la  rctigion.  Croyant  d'abord  à  la 
bonhomie  du  moine,  Olavidé  se  peimit  quelque- 
fois en  sa  présence  de  plaisanter  sur  le  jeûne , 
la  vente  dea  indulgences,  les  mystères ,  les  sa* 
cremeots»  etc.  Le  P.  Romoald  recueillit  ces  im- 
prudent» propos,  les  répéta  avec  commentaires; 
et  lorsque   pendant   une  épidémie  meurtrière 
l'intendant  eut  interdit  Pusage  des  ctocbes  pour 
ne  1*8»  ébranler,  par  leur  son  réitéré,  le  moral 
des  colons  non  atteints,  le  capucin  excita  une 
énieate  ^pami  ses  nombreux  compatriotes  ca- 
tholiques, et  se  servit  d*eux  pour  discréditer  le 
Donvd  établissement  et  son  chef.  Olavidé  fut 
mandé  à  Madrid,  le  I4f  novembre  1776,  et  enfermé 
dans  les  prisons  do  saint-oflice.  An  même  ins- 
tant on  saisissait  ses  papiers,  ses  biens,  ses  livres. 
Dorant  àeax  ans  sa  femme,  ses  parents,  ses 
amis  ignorèrent  quelle  partie  de  l'univers  H  ha- 
bitait ou  6*il  vivait  encore.  Ce  réveil  de  llnqui- 
sitiott  jeta  la  stupeur  dans  le  public.  Cependant, 
^ons  l'inspiration  du  P.  Joachim  d'Eta,  recollet 
et  confesseur  de  Charles  III,  le  procès  de  Oia- 
^idé  sinstntisait  dans  le  plus  profond  secret. 
Son  sort  fut  enfin  décidé  :  le  21  novembre  1778> 
l'accusé  fut  amené  dans  l'hdtel  de  l'inquisition 
H  Levant  une  assemblée  présidée  par  l*évêque  de 
Zaroora  et  composée  d'une  quarantaine  de.moines, 
de  grands  d'Espagne,  de  prêtres,  d'olficiers  gé> 
néraus  et  même  de  magistraits.  Il  y  parut  vêtu  de 
jaune,  tenant  un  cierge  vert  et  accompagné  de 
deux  familiers  du  saint-office.  On  y  lot  tous  les 
détails  de  la  procédure.  La  pièce  principale  était 
une  relation  circonstanciée  de  sa  vie  entière  si- 
IcBée  de  lui,  relation  qui  loi  avait  été  arrachée  par 
des  moyens  détournés.  H  y  avouait  que  dans  ses 
voyages  il  avait  fréquenté  les  esprits  forts,  nom- 
mément Voltaire  et  Rousseau,  avec  lesquels  il 
avait  continué  de  oorrespondre  (1)  ;  qu'il  était  re- 
venu en  Espagne  imbu  de  préventions  contre  le  ! 
clergé  et  persuadé  que  ses  privilèges  et  les  opi-  ! 
mous  de  l'Église  romaine  s'opposaient  à  la  pros- 
l>^rité  des  États  ;  que  depuis  qu'il  s'était  trouvé  à 
la  tète  des  colonies  de  la  Sierra-Morena,  il  s'était  ; 
ex  pliqué  témérairement  et  sans  réflexions  sur  les  \ 

0)  Oo  produisit  une  lettre  datée  de  Femej  dans  la-  ' 
quelle  VoUilre  écrivait  A  Olavidé  :  m  U  aérait  à  désirer 
<iue  l'Espagne  eût  quarante  personnes  comme  vous.  »      i 


obstacles  qui  retardaient  leurs  progrès ,  sur  Tin- 
failHbililé  du  pape,  sur  les  tribunaux  de  l'inqui- 
sition. On  lui  reprocha  ensuite  d'avoir  rédigé  |)our 
sa  colonie  des  statuts  dans  lesquels  il  excluait 
toute  communauté  religieuse,  déclarait  nulles  les 
donations  pieuses  faites  par  testament  et  inter- 
disait les  rétributions  pour  messes  et  prières. 
Soixante-huittémoins  vmrent  déposer  de  ces  faits. 
Olavidé  déclara  qu'en  bannissant  de  sa  colonie 
les  communautés  religieuses,  il  n'avait  eu  qu'un 
but,  celui  d'empêcher  le  célibat  et  la  paresse,  si 
fatals  dans  un  État  naissant,  et  ajouta  :  «  Quoi  qu^en 
dise  le  fiscal,  je  n'ai  jamais  perdu  la  foi  I  »  Cette 
exph'caHon  fut  peu  goûtée  du  tribunal,  qui  le  dé- 
clara hérétique  en  forme,  confisqua  ses  biens,  le 
condamna  àêtre  enfermé  pendant  huit  ans  dans 
un  monastère  de  la  Manche,  soumis  à  une  disci- 
pline rigoureuse,  puis  à  être  exilé  le  reste  de  ses 
jours  à  vingt  lieues  de  toute  habitation  royale,  à 
ne  posséder  à  l'avenir  aucun  emploi  ni  titre  ho- 
norifique, à  ne  plus  monter  à  dieval,  à  ne  porter 
que  des  habits  de  serge  grossière,  etc.  Il  dut 
faire  enfin  une  abjuration  solennelle,  suivie  d'une 
amende  honorable.  Sa  ruine  consommée  et  la 
haine  de  ses  ennemis  satisfaite,  les  services  d'O- 
lavidé  revinrent  en  mémoire.  On  le  traita  avec 
moins  de  sévérité.  Il  obtint  d*aller  prendre  les 
eaux  en  Catalogne,  et  trompant  ses  gardiens,  il  se 
réfugia  en  France{l780),o(i  il  Ait  accueilU  comme 
un  martyr  de  l'intolérance.  Il  y  fut  consolé  par 
la  philosophie  et  célébré  par  les  poètes  (1).  Le 
roi  d'Espagne,  cédant  aux  instances  de  son  con- 
fesseur, fknatique  atrabilaire,  fit  rédamer  le  fli- 
gitif  ;  mais  le  cabinet  de  Versailles  lui  répondit 
»  que  les  délits  de  M.  Olavidé,  quelque  graves 
qu'ils  parussent  en  Espagne,  n'étaient  pas  de 
ceux  dont  les  États  policés  étaient  convenus  de  se 
livrer  rédproquement  les  auteurs  ».  Charles  Ul 
n'insista  pas. 

Olavidé  se  retira  d'abord  à  Toulouse,  chez  le 
baron  de  Puymaurin ,  syndic  général  des  états 
de  Languedoc.  Une  fausse  alarme  le  fit  fuir  en 
Suisse.  U  se  fixa  ensuite  à  Paris,  où,  sous  le  nom 
de  comte  de  Pilos,  il  mena  an  sein  des  arts  et 
de  l'amHié,  une  vie  heureuse  et  paisible.  Devena 
citoyen  adoptif  de  la  république  française,  et  ca- 
ché un  instant  à  Orléans ,  eu  1794,  il  passa  le 
temps  des  troubles  révolutionnaires  sur  les  bords 
de  la  Loire  (2).  Une  religion  mieux  entendue  que 
celle  dont  il  avait  failli  mourir  victime  (3)  lui  of- 
frit ses  consolations  ;  il  en  revint  à  professer  fran- 

(1)  Cfliit  de  lai  q««  BoMher  dit  à  la  fia  deioa  poCae 
des  3i9it  * 

^ue  de  llMre  oUIn  la  pleaae  furie 
Flétrissait  un  vieillard,  l'honneur  de  M  patrie. 
Et  solennellement  replaçait  aux  autels 
L'hydre  avMe  de  l'or  et  du  aaoïr  des  mortela. 

BlamoDlel,  dans  aon  Ditcamn  mr  Cnpênmet  éê  <e  mr» 
vivre,  pralMta  aMsl  contre  l'antét  «il  avalC  (rappé 
Olavidé. 

(S)  D'abord  ebez  M.  Le  Conlteoi  do  Mobjr  *  Mennff- 
snr- Loire,  puis  à  Cbevcrni,  près  Blola* 

(3)  Plusieurs  de  ses  Juges  avaient  voté  pour  la  peine  de 
morL 


591 


OLAVIDÉ  —  OLBERS 


582 


chement  le  catholicisme.  Il  employa  même  ses 
loisirs  à  en  eof  reprendre  Tapologie  dans  un  long 
ouvrage,  qui  publié  en  Espagne  eut  un  très  grand 
succès  et  fit  croire  à  la  sincérité  de  sa  conversion. 
En  1798  il  obtint  la  permission  de  rentrer  dans 
sa  patrie.  Mais  Tambîtion  était  éteinte  dans  son 
Ame ,  aussi  bien  que  le  ressentiment.  «  En  moi, 
se  plaisait-il  à  dire,  Tinquisition ,  pour  la  pre- 
mière fois  sans  doute»  a  fait  un  sage  et  un  heu- 
reux. »  Il  se  retira  en  Andalousie,  auprès  d*une 
de  ses  parentes ,  le  seul  objet  de  sei^  anciennes 
afTections  qui  eût  survécu  à  son  long  exil,  et  y 
termina  doucement  sa  carrière  h  l'Age  de  soixante- 
dix-huit  ans  (1).  Il  laissa  une  rente  de  1,800  fr. 
à  rhôtel-Dieu  d*Orléans.  On  a  d'Olavidé  :  El 
JBvangelio  en  triufi\fo.  Cet  ouvrage,  qui  a  pour 
but  de  défendre  la  religion  contre  TiDcrédulité, 
eut  huit  éditions.  Il  est  d'un  esprit  convaincu  ; 
mais  le  style  en  est  diffus.  Il  a  été  traduit  en 
français  parBuynand  des  Échelles;  Lyon,  180ô, 
4  vol.  in-8''  ;  et  1821, 3  vol.  Quoique  dégagée  des 
longueurs  de  Toriginal,  cette  traduction  a  eu  peu 
de  succès  en  France.  A.  de  L. 

J.-Fr.  Boargoing,  Tableau  de  l'EtpaçHâ  moderne 
(Paru,  1807,  4*£dU,  3  foL  ln-S«);  t.  I,  p.  87fl-B87;  t.  Il, 
p.  407  ;  t.  m,  p.  83»  181,  888,  <08«  —  L'^mf  de  la  religion 

4n  6  fcTrkr  193t,  n«  78S,  t.  XX,  p.  888. 

OLATivs  (Ola/)t  économiste  islandais,  né 
en  1741 ,  mort  en  1788.  Après  avoir  terminé  ses 
études,  il  fut  chargé  en  1775  par  le  gouverne- 
ment d'explorer  l'Islande  au  point  de  vue  écono- 
mique et  statistique  ;  il  remplit  ensuite  les  fonc- 
tions de  percepteur  à  Skagen  et  à  Manager.  On 
a  de  lui  :  Islendsh  Urtegaardsbog  (  Horticul- 
ture islandaise);  Copenhague,  1770,  ln-8o;  — 
Œeonomisk  Rejse  igjennem  de  nordvestlige, 
nordlige  og  ordostUge  Kanter  af  Island 
f  Voyage  économique  à  travers  les  contrées  de 
l^slande,  situées  au  nord,  au  nord-ouest  et  au 
nord-est)  ;  ibid.,  1780,  in-4''  ;  traduiten  allemand , 
Leipzig,  1787,  in-4*;  —  Plusieurs  opuscules  et 
mémoires  sur  des  matières  économiques  et 
d'histoire  naturelle;  Olavius  a  aussi  publié,  en 
eommun  avec  Ketilson,  le&  Annales  de  Bjorno 
de  Skardsa;  Hrapsoê,  1774,  2  vol.  in-4*'.       O. 

Jeao  Worm,  Lexiàon  over  laerde  Maend,  t.  Il(.  — 
Ifyerup,  Uteratur-Ltxikon, 

OLBBES (Henri-Guillaume-Mathias)^  célè- 
bre astronome  allemand,  naquit  le  1 1  octobre  1758, 
dans  la  même  maison  que  l'historien  Heeren , 
au  village  d'Arbergen  (  situé  sur  la  rive  droite 
du  Weser,  à  quelques  lieues  de  Brème),et  mou- 
rut à  Brème ,  le  2  mars  1840.  Son  père,  Jean- 
Georges  ,  qui  a  laissé  plusieurs  écrits  de  théolo- 
gie, et  son  grand-père,  Caspar,  étaient  pasteurs 
protestants,  comme  leurs  aieux.  Le  jeune  Olbers 
avait  quatorze  ans  quand  il  perdit  son  père;  ce 
fut  à  la  même  époque  qu'il  commença  à  s'occuper 
sérieusement  de  la  science  qui  devait  illustrer 
son  nom;  il  se  procura  des  cartes  célestes  et 

(1)  Cest  donc  à  tort  que  la  Biographie  moderne  le  fait 
■Bonrlr  k  Venlte,  à  l'âge  de  nAxante-einq  anj,  et  la  Bio^ 
graghie  itrangire  (Paris,  1819)  A  soixante-troie  ans. 


des  livres  d'astronomie,  qu'il  dévora  avec  une  ar- 
deur de  néophyte,  et  acquit  de  bonne  heore  nae 
connaissance  complète  du  ciel  étoile.  De  1777  à 
1780,  il  étudia  la  médecine  à  Funiversité  de 
Gœttingue,  sans  toutefois  négliger  sa  sdenee 
favorite,  car  il  suivit  presque  tous  les  cours  de 
Ksestner,  qui  lui  enseigna  l'analyse  rofinitésûmaleet 
lui  procura  l'accès  de  l'observatoire  royal.  Dans 
sa  thèse  de  doctorat  :  De  oculi  mutaiionibuiin' 
ternis  (Gœttingue,  1780),  Olbers  explique  Ta* 
daptation  de  l'œil  à  toutes  les  distances  par  rhy« 
pothèse  que  le  diamètre  de  cet  organe  varie  sous 
rinfloence  de  la  pression  des  muscles  moteurs , 
de  manière  à  rapprocher  on  à  écarter  ia  rétine 
du  cristallin.  Cette  théorie  est  presque  abandon- 
née aujourd'hui  depuis  que  Sturm  et  M.  de  Haldat 
sont  venus  démontrer  que  la  netteté  des  ima^^ 
ne  varie  pas  dans  l'œil  pour  des  oliiets  placés  à 
des  distances  fort  inégales,  et  cela  parce  qu'au 
lieu  d'un  simple  foyer,  il  y  a  un  intervalle  focal 
pour  chaque  faisceau  lumineux.  Olbers  a  peu 
écrit  sur  la  médecine  ;  il  se  trouve  de  lof  une 
notice  relative  au  traitement  magnétique,  dans  le 
Teutsche  Muséum  (octobre  1787  et  avril  1788), 
une  autre,  sur  l'usage  des  substances  alcalines 
et  de  l'opium,  dans  Struve,  'Triumph  der  Betl- 
kunde  (1803),  enfin  une  observation  sorl*hy- 
drophobie,  dans  le  journal  de  Hufeland  (  1816). 
Ce  fut  à  Gœttingue,  en  1779,  qu'il  se  révéla 
comme  astronome.  En  veillant  une  nuit  au- 
près d'un  malade,  il  se  mit  à  calculer  l'orbite 
de  la  comète  qui  venait  d'être  découverte  par 
Bode ,  et  qu'il  avait  lui-même  observée.  Cette 
détermination  se  trouva  très-exacte ,  et  Ksst- 
ner,  en  la  publiant,  ajoute  que  peut-être  jamais 
comète  ne  fut  calculée  dans  une  situation  pa- 
reille. Olbers  s'était  épris  d'une  grande  prédilec- 
tion pour  ces  astres  mystérieux,  ces  vagabonds  do 
système  solaire  sur  lesquels  la  science  est  encore 
loin  d'avoir  dit  son  dernier  mot.  Il  en  a  découvert 
plusieurs^  observé  beaucoup,  et  appliqué  à  d'au- 
tres sa  belle  méthode  de  calculer  leurs  orbites.  Pen- 
dant son  séjour  à  Vienne,  où  il  était  allé  pour  visiter 
les  hôpitaux,  en  1781,  il  retrouva  le  premier  la 
nouvelle  planète  Uranus,  qu'on  prenait  encore, 
avec  Herschel  lui-même,  pour  une  comète,  et  que 
les  astronomes  de  l'Observatoire  avaient  cherchée 
en  vain  dans  le  ciel.  En  1787,  il  démontra  que 
la  comète  que  l'on  s'attendait  à  voir  dans  deux 
ans  ne  viendrait  pas,  parce  que  les  observations 
anciennes  sur  lesquelles  on  se  fondait  avaient  été 
A  tort  attribuées  A  un  même  astre  périodique;  en 
effet,  la  comète  ne  vint  pas  (1).  En  1798,  en  1802, 
1804  et  1821,  Olbers  aperçut  des  comètes  nou- 
velles ;  mais  l'honnearde  ces  découvertes  ne  lui 
resta  pas,  chacun  de  ces  astres  ayant  été  vn 
quelques  jours  avant  lui ,  A  Paris ,  le  premier 
par  Bouvard ,  les  trois  autres  par  l'infatigable 
Pons.  Cest  la  comète  de  1815  qu'il  a  découverte 
à  lui  tout  seul,  le  6  mars  de  la  même  année; 

* 

(1)  yeir  nindenbarg,  Jiiagazin  f.  JUatkem^  17S7. 


593 


OLBERS 


594 


«Ile  est  périodique,  ayant  une  révolution  de 
soixante-quatorze  ans  :  les  astronomes  rappel- 
lent la  comète  d'Olbers.  Un  grand  nombre  d'ob- 
servations, calculs  ou  notices  relatives  à  diverses 
comètes,  et  dont  Olbers  est  Tauteur,  se  trouvent 
dans  VAnnuaire  de  Bode,  depuis  1782  jusqu'à 
1 S29,  dans  celui  de  M.  Encke  (1 833},  dans  les  trois 
recueils  publiés  par  le  baron  deZach,  sous  les  titres 
û*Éphémérides  géographiques,  de  Correspon- 
dance mensuelle,  et  de  Correspondance  astro- 
nomique, enfin,  dans  les  Astronomische  Nach- 
richten  de  Schumacher  (  1823,  24,  28,  31,  34 
et  35  ).  L'un  de  ces  mémoires  traite  de  la  possi- 
bilité d*upe  rencontre  entre  la  terre  et  une  co- 
mète; l'auteur  y  troure  que  l'un  de  ces  astres 
sera  dans  quatre-vingt-huit  mille  ans  aussi  près 
de  nous  que  la  lune;  que  dans  quatre  millions 
d'années  notre  globe  est  menacé  de  la  visite 
d'une  autre  comète,  qui  s'en  rapproctiera  jtisqu'à 
une  distance  de  deux  mille  cinq  cent  soixante-six 
lieues,  qu'enfin  dans  deux  cent  vingt  millions 
d'années  un  autre  de  ces  corps  célestes  pourrait 
venir  choquer  la  terre  (1).  Mais  ces  prédictions 
n'ont  rien  de  trop  inquiétant  si  l'on  pense  à  l'ex- 
trême ténuité  de  la  masse  comélaire;  puis  elles  se 
rapportent  à  un  avenir  très-lointain,  qui  est  en  de- 
hors des  prévisions  de  la  science  actuelle,  comme 
IVirigine  des  planètes  est,  en  sens  inverse,  en  de- 
hors de  nos  calculs  rétrospectifs. 

La  Méthode  nouvelle  pour  calculer  les  or- 
bites des  comètes,  seul  livre  qui  ait  paru  sous 
le  nom  d'Olbers,  fit  époque  dans  l'histoire  de 
Gastronomie.  La  détermination  d'une  orbite  co- 
métaire,  au  moyen  d'un  certain  nombre  d'ob- 
servations géoeentriques,  avait  fait  pendant  long- 
temps le  désespoir  des  mathématiciens.  Depuis 
Newton,  qui  appelle  ce  problème  longe  difficil- 
limum,  il  avait  été  traité  successivement  par 
Lacaille,  Euler,  Lagrange,  Lambert,  Boscovich, 
Bonguer,  Laplace  et  d'autres.  La  méthode  de 
Laplace  exigeait  beaucoup  de  calculs  préparatoires 
et  des  tâtonnements  fastidieux,  qui  entraînaient 
une  perte  de  terni»  P^^  proportionnée  au  Init  que 
i*on  se  proposait.  Quelquefois  même  les  calcula- 
teurs, à  bout  de  patience,  abandonnaient  leur  tra- 
vail sans  avoir  rien  obtenu  qui  ressemblât  à  l'or- 
bite véritablede  l'astre,  qui  se  jouait  de  leur  saga- 
cité. Ce  fut  alors,  en  1798,  qu'Olbers  annonça 
à  M.  de  Zach  qu'il  était  en  possession  d'une  mé- 
thode infiniment  supérieure  à  toutes  celles  que 
l'on  connaissait.  Le  21  janvier  1797 ,  les  Gœttin' 
gische  Ans^igen  mentionnèrent  un  mémoire  sur 
cette  question,  présenté  par  Olbers  à  la  Société 
des  sciences  de  Gœttingue,  et  Kaestner  s'em- 
pressa d'en  faîte  un  extrait.  Ce  mémoire  parut 
dans  le  Landeslndustrie^omptoir  de  Weimar, 
sous  le  titre  :  Abhandlung  ûber  die  leichteste 
und  bequemste  Methodedie  Bahn  eines  Corne- 
fenzubereehnen,yf^mar,  1797,  in-8«;  une  nou- 
velle édition,  revue  et  augmentée  par  M.  Encke,  en 

(1)  Corrtipond.  mensuêUe  de  Zach.,  XXil,  1810  ;  et 
Dibl.  univ.  de  Genévf,  mal  18S8. 


a  paru  en  1 847.  La  méthode  d'Olbers  sert  à  calculer 
l'orbite  d'une  comète  au  moyen  de  trois  observa- 
tions; elle  est  fondée  sur  llieureuse  idée  d'étendre 
à  l'orbite  de  la  terre  le  principe  que  Lambert  avait 
déjà  établi  pour  l'orbite  comélaire  et  qui  con- 
siste en  ce  que  le  rayon  vecteur  moyen  divise  la 
corde  de  l'orbite  en  porportion  des  temps  écou- 
lés entre  les  trois  observations.  On  arrive  ainsi 
à  déterminer  en  très-peu  de  temps  tous  les  élé- 
ments de  l'astre  avec  une  très-grande  approxi- 
mation; quelques  interpolations  faciles  condui- 
sent ensuite  à  la  connaissance  des  éléments 
exacts.  Plus  tard,G8uss  a  résolu  le  problème 
des  comètes  et  des  planètes  d'une  manière  ri- 
goureuse et  complète  ;  les  lignes  visuelles  déter- 
minées par  les  observations  sont  pour  lui  autant 
de  droites  fixées  dans  l'espace,  et  par  lesquelles 
il  s'agit  de  faire  passer  une  section  conique  ayant 
son  foyer  au  soleil  :  auparavant  on  avait  tou- 
jours supposé  que  les  lieux  de  la  terre  sont  dans 
une  ellipse  parfaite.  La  méthode  de  Gauss  est 
donc  la  plus  générale  de  toutes,  et  la  seule  rigou* 
reuse;  elle  pourrait  avec  une  égale  facilité  s'ap- 
pliquera trois  observations  dont  l'une  aurait  été 
faite  sur  la  Terre,  l'autre  sur  Jupiter,  et  la  troi- 
sième sur  Vénus.  Cependant,  on  se  sert  encore 
aujourd'hui  du  beau  procédé  d'Olbers  toutes  les 
fois  qu'il  s'agit  d'obtenir  une  première  orbite 
propre  à  construire  des  éphémérides. 

Si  les  travaux  d'analyse  d'Olbers  suffisent  pour 
immortaliser  son  nom  auprès  des  astronomes 
calculateurs ,  il  s'est  fait  connaître  plus  spécia- 
lement au  public  par  la  découverte  des  deux 
planètes  Pallas  et  Vesta.  Il  les  trouva  le  28  mars 
1802,  et  le  29  mars  1807,  de  son  observatoire 
situé  sur  le  haut  d'un  vieux  pan  de  mur  de  ville 
attenant  à  sa  maison.  Il  lui  était  Impossible  d'é- 
tablir chez  lui  des  instruments  fixes  ;  il  devait 
donc  se  borner  aux  observations  moins  réguliè- 
res, comme  les  observations  au  moyen  de  mi- 
cromètres, et  aux  recherches  d*astres  nouveaux, 
que  les  astronomes  sont  ordinairement  obligés 
d'abandonner  aux  amateurs.  Si  Olbers  réussît  à 
découvrir  deux  planètes ,  nous  en  sommes  prin- 
cipalement redevables  à  la  grande  connaissance 
des  groupes  d'étoiles  qu'il  avait  su  acquérû*.  Il 
lui  manquait  tous  ces  moyens  qui  facilitent  tant, 
de  nos  jours,  la  recherche  d'un  astre  dont  on 
connaît  à  peu  près  la  position.  Le  nombre  des 
étoiles  bien  déterminées  n'était  pas  à  celte  épo- 
que la  diuème  partie  de  ce  qu'il  est  aujourd'hui 
et  on  n'avait  pas  encore  de  bons  instruments 
réfracteurs.  Olbers  a  encore  le  mérite  d'avoir 
rappelé  aux  observateurs  le  micromètre  annu- 
laire, et  d'en  ayoir  perfectionné  la  théorie  et  l'u- 
sage à  tel  point  que  cet  instruments!  simple  rend 
aujourd'hui  quelquefois  les  mêmes  services  que 
les  grandes  lunettes  fixes,  surtout  lorsqu'il  s'agit 
de  comètes.  Une  description  de  son  petit  observa- 
toire se  trouve  dans  le  vol.  III  de  la  Correspond, 
mensuelle  de  Zach  (1801  )  ;  dans  le  même  vo- 
lume il  propose  une  méthode  de  déterminer  le 


595  OLBERS  — 

tempB  par  Tobsenration  d'étoiles  qui  disparais- 
seiU  derrière  aa  ol^et  terrestre,  méthode  reoom- 
mandalile  par  sa  simplicité. 

Presque  tous  les  jours,  Tersdix  heures  du  soir, 
l'habile  médecia  astronome  se  retirait  h  Tétage 
supcrieur  de  sa  maison,  où  se  trouvaient  sa  riche 
bibliothèque  et  ses  instruments.  Là  il  passait  la 
moitié  da  )a  nuit  à  composer  ses  mémoires  et  à 
calculer  ses  observations.  De  temps  eu  temps,  il 
s'approchait  de  la  fienôtre ,  et  une  lunette  à  la 
main  passait  en  revue  quelque  région  du  ciel. 
C'était  pour  kii  une  impérieuse  nécessité  d'eiber- 
cer  son  esprit  sans  cesse  tendu,  de  varier  laa  ob- 
jets de  ses  méditations. 

Les  écrits  d*OIbers  se  distîngueBt  par  la  pro- 
fondeur des  pensées  aussi  bien  que  par  Télégance 
et  par  la  dacté  ;  nous  citerons  encore  de  lui  :  Un 
Mémoire  âur  La  tramlucidiU  ds*  espaces  ce" 
lestes,  dans  V Annuaire  de  Bode  pour  1826;  un 
sur  les^aérotithes^anskli^  Correspondance  men- 
jti«/todeZBch,VII«1603;  on  autresur  une  manière 
d«  résoudre  les  triangles  sans  faire  usage  de  lo* 
l^arithmes;  ib.,  XVI,  1807  ;  une  notice  relative  à 
riafluence  de  la  lune  sur  le  temps ,  insérée  dans 
le  joamal  astronomique  de  Lindeaau.et  Bohneo- 
oerger  (Y,  i&i8),et  reproduite  dana  V Annuaire 
du  Bureau  dâs  longitudes,  ainsi  que  dans  les 
Annales  dB  cMmie  et  de  physique,  pour  fé- 
vrier 1821,  n**  XIX;  deux  notices  sur  les  étoiles 
filantes,  dans  V Annuaire  de  Schumacher, 
années  1837  et  38  ;  une  autre  sur  l'inventeur  des 
lunettes ,  ib.»  1843  ;  enfin,  une  lettre  sur  la  dévia- 
tion  de  la  verticale  des  corps  qui  tombent,  dans 
l'ouvrage  si  oonnn  de  Benzenherg  sur  le  même 
siÛet  (1804).  A  partir  de  1824  il  fut  aussi  l'un 
des  lédaciears  des  Arekiws  pwBt  Us  scisnceê 
naturelles ,  publiées  par  Kasstner. 

Olber» avait  an  plus  haut  deiçré  le  don  d'obser- 
ver, et  cette  faculté  le  servait  élément  dans  ses 
recherches  d'astronomie,  dans  sa  pratique  de 
médecin,  et  dan^  le  conuneroe  journalier.  Avec 
une  ranre  sagacité,  il  devinait  les  jeunes  talents, 
et  les  stimulait  par  son  eiemple  et  par  se»  con- 
seils. Bessei  et  Gausa  furent  au  neinbre  de  ses 
élèves  et  amis. 

Olbers  était  très-aimé  de  ses  conoitoyens.  H 
jouissait  d'une  oonsidération  générale.  Pendant 
l'occupation  françaiso  de  Brème,  il  fut  mem- 
bre du  corps  législatif  de  cette  ville.  En  1830,  à 
l'oocasion  de  son  jubilé  mi-sécu)aire  de  docteur, 
plusieurs  univeisitéa  allemandes  le  créèrent  doc* 
tear  honoraire  .en  médecine  et  en  philosophie  ; 
la  société  do  Musée  à  Brème  fit  fra|^^  des 
médailles,  en  son  honneur.  Sa. bibliothèque,  qui 
fut,  après  sa  mort,  acquise  par  rohservaitoire  de 
Poulcova,  était  l'une  des  plûa  riches  en  ouméto- 
grapliie. 

Son  fis  unique,  Georaes^Benri,  a  été  conseiller 
deiéfcalion  desquatre  villeslibres  àFnancfort-sur- 
Mein,  puis  membre  da  sénat  de  Brème.  R .  RanàiD. 

Rarkhosen,  Fnirnenti  ttar  ta  vie  d'Olben,  dins  BUh 
çraphiichs  StUzm  vêrttorbfntr  Bremkuktr  JêTMtê 


OLDCASTLE 


596 


und  Katurforaeher  ;  Brème.  1844,  IO'l«.  »  De  Zack, 

'    jéllçem,  geograph.  éphemeriden,  vol.  IV,  17f9.  —  Sacbt, 

3tedic.  j/hnmnttfà.  f,  isii.  -  HtumHrger  Côrrêspom- 

;   d0tU,  n*  m,  u  RMr»  1840.  —  Hewioger,  Jttb^hckrift^ 

.   L.  VllI.  S8IS.   —  Eacke.  prébce  de  La  1««  édition  de 

la    Méthode   d'Olbcrs;   1847.  —   Po^rgendorfi;    Biogr.- 

Utêrar.  ffMntwbmk.  —  BiOffrapkte  «nirera.  tt  por- 

Uttém  4e»  emUemperuintf  Paria,  ina.   —  "BfocUMim 

Cenv.'Lesikon,  Des  portraits  d'OJbers  se  trouTcnc  :  au 

frontispire  de  l'édltton  nouvelle  de  sa  Méthodr^  <hns  Zicb, 

jiUç.  oeogr.  Bph.,  vol.  IV  ;  dsm  TllhitTi,  Pkil.  JfopAS., 

XUI.  1801,  etc.  Vn    portrait  pcloc  par  Srkwara  a  ete 

grafépar  Ruck.  cd  1808  {gt.  4aUetaa  aatj%  portrait 

*    par  rflU2felder,eal80T(8*). 

OLDGA8TLB  (  Sîr  John),  appelé  le  bon  lerd 
'  Cobfiam,  sectaire  anglais,  né  dans  le  quator- 
zième siècle,  brûlé  en  décembre  1417,  à  Londres. 
C'e.4t  à  la  fois  le  plus  ancien  écrivain  et  le  pre- 
mier martyr  de  la  noblesse  anglaise.  Il  avait 
'  obtenu  la  pairie  en  épousant  l'héritière  de  ce 
I  lord  Cofaham  qui  lutta  avec  tant  de  patriotisme 
et  d*énei:g^  contre  la  tyrannie  de  Richard  IL  En 
succédant  aui  biens  et  aux  titres  de  son  beau- 
père,  il  parut  avoir  également  hérité  de  son  goût 
;  pour  l'indépendance.  L'un  des  chefs  du  parti  de 
;  la  réforme,  il  s'éleva  avec  force  contre  la  oor* 
!  ruption  des  mœurs  du:  dengié,  ei  la  dénonça, 
,  sous  forme  de  remontrances ,  à  la  chambre  des 
communefi.  Imbu  des  opinions  de  WydiCf ,  H 
rassembla  ses  écrits,  en  fit  faire  des  milliers  de 
copies,  qu'il  lépandit  à  ses  frais  parmi  le  peuple, 
et  soudoya  un  grand,  nombre  d'émissaires  char- 
gés d'en  expliquer  le  sens  dans  de&  réunions  pu- 
bliques. Son  château,  de  Gowling^devint  bientôt 
le  quartier  général  des  UUlards,  ou  partisans  de 
Wyclim  Sous  le  règne  de  Henri  lY ,  OUkasUe 
avait  guerroyé  en  France  :  ami  inUme  du  prince 
liérédilure,  il  avait  eu  un  corps  de  troupes  sons 
ses  ordres  et  avait  finroé  le  due  d'Orléans  k  le- 
ver le  siégé  de  Paris.  A  peine  Henri  V  fnt-il 
monté  sur  le  trtee  (  1413) ,  que  les  poursuites 
recommencèrent  contre  les  loUarda,  dont  le» 
prhicipes  de  niiKîlIement  inspiraiei)t  à  l'aristo- 
cratie de  justes  alarmes.  Ceux-ci»  entraînée  par 
l'enthousiasme  ou  enivrés  par  le  succès,  essayè- 
rent d'intimider  leurs  adversaires  en  déclarant 
que  si  l'on  attaquait  leur  doctrine,  ils  pouvaient 
réunir  cent  mille  bommea  prêts  à  la  défendre 
par  les  armes.  Cette  audacieuse  menace  provo- 
qua une  enquête  :  Oldcastle,  dénonoé  par  le 
synode  comme  le  chef  de  ces  dangereux  sectai- 
res, comparut  devant  lo  rui,  qui  entreprit  sa  con- 
version avec  le  zèle  d'un  apôtre.  Loin  de  se  jus- 
tifier, ha  lord  persista  dans  sa  croyance,  protes- 
tant de  sa  fidélité  et  de  son  dévouement  an  trAne. 
n  Après  Dieu,  ditnl,  je  deis  obéissance  an  roi  ; 
maia  quant  au  (Miuvoir  temporel  du  pape,  rien 
ne  pourrait  m'appnendre  sur  quoi  il  se  ftmde  ni 
si  je  loi  dois  obéissance.  »  Il  alln  même  jusqu'à 
traiter  le  pape  d'anteehrist.  Le  roi,  oITensé  de 
cette  lurdiesse  de  langige,  Tabandonna  aux 
censures  ecclésiastiqMes.  On  arrêta  aussitôt  les 
prédicnteurs  ambulank»  et  jusqu'à  leurs  audi- 
teurs. Oldcastle,  sommé  de  comparaître  devant 
l'archevêque  de  Canterbury,  refusa  d'obéir,  et  fut 


$97 


OLDCASTLE  —  OLDENDORP 


59S 


fnppé  d'excomoDonicatioD.  £b  vam  eoMl  re- 
«wreatt  Poi^cft  piw^  Be  toolot  plus  TeDiendre. 
Arrêté  par  surprise  et  oondoit  à  la  cour,  ii  fut, 
aprèâ  quelques  délais,  définitiTeDieat  atteint  d'hé- 
résie. Peodaal  le  firocè»,  i  exprima  ftaalemeot 
MO  disacDti»ent  d'avec  b  crojaMC  établie  : 
aiasi  û  nniotiiit  q«e  TÉglise  avait  cessé  d'en- 
seigner la  doctrine  de  TÉvangile  du  moment  oà 
elle  avait  été  infectée  da  potson  des  ncheases 
mondaines,  et  que  cduMi  seul  était  le  ▼érilabie 
successeur  de  saint  Pierre  qui  pratiquait  exac- 
tement les  Tertos  de  saint  Pierre.  «  Méfier-rous, 
s'écria-t-il  en  s^ndressant  aux  spectateurs,  des 
bommes  qn  siègent  id  comme  mes  juges;  en 
TOUS  alNttaot,  ils  s'alMueut  eux-mêmes  et  tous 
mànerant  en  enfer.  »  Le  primat  ayant  obtenu  de 
surseoir  à  rexécution  du  ingemeni,  Oldscastle 
tnwvn  le  mojéa  de  s'enfuir  de  la  Tour.  Il  réu- 
nit aussitôt  ses  partisans,  les  arma  secrètement 
et  tenta  deux  fbis  de  s*emparer  de  la  personne 
dHenri  Y,  s'il  faut  en  croire  do  moins  les  regis- 
tres du  pariement  et  les  proclamations  royales 
(janvier  1414;.  Le  but  des  lollarda  y  est  pré- 
senté comme  de«  plus  dangereux.  LÛ  Gommi>- 
oes  prétendirent,  dans  leur  adresse,  qu'ils  avaient 
dierché  «  à  renverser  la  foi  chrétienne,  le  roi, 
les  dignités  spirituelles  et  temporelles»  et  toute 
espèce  de  police  et  de  loi  >i.  Henri  fit  de  son 
côté  la  même  déclaration  en  ajoutant  qu'ils  vou- 
laient «  diviser  le  a>yaume  en  district»  confédé- 
\  es  et  nonaoser  sir  John  OMcastle  président  de 
la  république  ».Ce  denier  s'échappa  eaeoieune 
fuis,  gagnu  le  pays  de  Galles,  et,  lien  qu'oa  eAt 
mis  su  tète  à  prix ,  il  parvint  à  ae  soustraire 
pendant  quatre  années  aux  recherches  de  ses 
ennemis.  £a  1417 1  il  profita  de  féloignement 
da  roi  pour  quitter  sa  retraite  et  s'approcher  de 
Loodresy  soua  prétexte,  dit-on,  de  combiner  le 
soulèveoieot  d^  lollards  avec  le&  cheCs  écos- 
sais qus  venaient  d'envahir  la  frontière.  Arrêté 
par  les  vassaux  de  sir  Edward  CharUon,  il  fiit 
amenédevant  les  pairset  condamné  imoft,  comme 
traître  ci  hérétique  è  la  fors;  on  le  suspendit 
avec  dca  chaînes  k  un  gibet  placé  au-dessus  d'un 
bûcher  aident,  qui  te  consuma  (  décembre  1417  ). 
Au  milieu  de  son  sapphce,  iJ  montra  la  plus  hé- 
roiqae  fomelé  et  protesta  jusqu'au  deniier  m^ 
ment  coolre  te  ctergé,  la  cour  et  le  pape.  Pen- 
tlant  longtemps  te  peiipte  vâséra  sa  mémoire 
comme  celte  d'un  mvtyi. 

On  a  de  terd  Cohbam  un  ouvrage  intitulé  : 
Tw€i9c  eoMclvMÎQtts  oddresêêd  to  tkê  parliOf 
memi  q^  Mngland,  k  te  suite  duqnei  ae  troo- 
vent  qiialque&  hymnes  tetines.  F«  L^i, 

■Ue,  A  knfê  t^nmgdm  mmtm-m^mg»  file  «nn»faa* 
rytm  amâ  tf0«U  fl/  tke  bUued  maritr  •f  Ckrùt,  $pr 
JoAait  OtdeeasUtt,Télmfr.cn  n».  -  GUfiu,Uv€$o/ La- 
timtr,  irtekHffe^  ttc.  —  fV>t,  Jets  afid  mcnuwuntt.  — 
^  «if«*»,  MÊ^mi  amé  moUâ  autkon.  —  Mttucr,  Ckmrck 
»4<*irf»IV,cl».l«». 

•i«»KUVB«  (  Benrp),  saivant  altemand-,  né 
à  Bcême,en  IC26,  mort  en  167S,  à  CharMon  prèa 
<te  Gfcavricb.  De  te  familte  des  comtes  d'Aï- 


denburg,  il  occupa  à  Londres  le  poste  de  consul 
de  sa  ville  natale  sous  le  long  Parlement  et 
800^  Cremwell.  It  devint  ensuite  précepteur  du 
jeune  Henri  O*  Bryan,  qui]  accompagna  è  Ox- 
ford, et  plus  tard  celui  de  IVilliam  Cavendish. 
Nommé  membre  de  la  Société  royale  des  scien- 
ces de  Londres ,  dès  sa  fondation  il  en  pobMa  les 
Mémoires  { PhilosopMcaî  iransacttom)  jus- 
qu'en 1«77.  En  cette  qualité  il  eut  à  entretenir 
une  vaste  correspondance,  entre  antres  avec 
Leibniz,  Spinoza,  Bayle,  dont  il  traduisît  en  la- 
tin phiàieurs  ouvragen,  elc  Outre  phisîears  dis- 
sertations adentifiques,  insérées  dans  les  Philo- 
sophieal  transaclions  et  dans  les  Àcta  naturx 
euriosorum^  il  a  publié  quelques  écrits  tbéotogi- 
ques.  Ses  lettres  à  Leibniz  sont  dans  le  Commer- 
chim  epUtBOeunif  publié  par  la  Soc-  Royale  de 
Londres.  O. 

Martin,  Btoçraphiea  phiîùiopMca.   ~   BMiothique 
ttmtUÀUt  I.  XI.  —  Cbatairfs,  Bêoçraphteml  Didionnanf, 

•L»Rf»imGBft  (Philippe-André),  publi- 
ciste  allemand,  né  dans  te  duché  de  Celle,  mort 
à  Genève,  en  1678.  Après  avoir  étudié  à  Hélm- 
staedt  sous  Conring,  il  parcourut  une  partie  de 
l'Europe,  et  se  fixa  enfin  à  Genève,  où  il  enseigna 
l'histoire  et  le  droit  pobUc.  On  a  de  lui  :  Itine- 
rerium  Germanixpelitieum,modernumprx- 
cipuarwn  aularum  Imperii  faeiem  reprx- 
tenions;  Cosmopolis  (Genève) ,  1668,  in- 13,  sous 
le  pseudonyme  de  Con$tonlittns  GermaMeus  : 
la  manière  libre  dont  il  s'exprima  sur  plusieurs 
princes  allemands  Kri  causa  t)eaooonp  de  désagré- 
ments; l'on  de  ces  princes,  dft-on,  dont  11  avait 
raconté  tes  aventures  fautes,  te  força  à  avaler 
les  pages  qui  en  contenaient  te  récit;  —  Notx  et 
strtctwrxinSeMerinumde  Moiambano  (Puffen- 
dorf);  Genève,  l€68,ia-9*;sous  le  pseudonyme 
de  Pocijfctts  a  Lapide  ;  -^Nùtilisi  Imperii  seu 
DéKftrsus  ad  instrnméMum  paeis  Monaste- 
riensi»;  Freystadt,  1669  et  1670,  în-4<*;  soua 
le  pseudonyme  de  Pb.  Andréas  Burgondensis  :ce 
livre  est  remarquable  par  son  rare  esprit  d'indé- 
pendance ;  —  Coileginni  juris  publici  romano' 
germanici;  1670,  in  4*^;  sous  le  pseudonyme 
de  FtaneiicuM  Ircnicus;  — Pandectx  juris 
puàlici  gtrmanMy  sive  Dimnxns  enuelealus; 
Genève,  1670,  in -fol.  ;  —  Thésaurus  rerum  pu- 
blicarum  tothts  orkis;  Genève,  1675,  4  vol. 
in-8"  :  reeocN  de  statistique,  faussement  attri- 
bué ^Conring.  O. 

Wla9f.  Dtmrimm  ttoçrapkieum.  —  RoteriBODd,  Svp- 
plÉÊKMt  k  JOebar. 

•LowiDOttP  (/ean)  Jurisconsulte  altemand» 
né  à  Hambouffu  vers  1480,  moKà  Marboorg,  te 
3  jute  1567.  Il  ftéquenta  Vuniversité  de  Witlem- 
bergy  oà  il  s'attacha  aov  doctrines  de  Luther,  et 
fut  successivement  professeur  de  drfM  è  Greifs- 
walde,  à  fiostods,  à  Cologne  et  à  Marboorg.  Il 
gagna  te  confiance  du  landgrave  PhHIppe  de 
Resse,  qui  te  consulta  sur  beaucoup  d'aflhires 
importantes.  Il  (ht  un  des  auteurs  du  projet  sou- 
mis à  Tempereur  Ferdinand,  de  remplacer  les 


5d9 


OLDESDORP  —  OLDHAM 


600 


diverses  législations  de  rAllemagne  par  an  nou- 
veau code  unique.  On  a  de  lui  :  Commentarii 
inutiles  de  privilegiis  quœ  personis  et  rébus 
ecclesiasticis  dantur;  m-Vy  sans  lieu  ni  date; 
—  De  emtione  et  venditione  redituum;  Franc- 
fort, 1525,  in-4'';  —  Wat  billich  und  Recht  ys 
(Ce  que  sont  l'équité  et  le  droit);  1529,  in-S"*; 
<«  Yom  Rathschlagende  f  wo  man  gute  PO' 
litie  in  Stàdten  und  Landen  erholden  môge 
(Conseils  sur  la  manière  de  maintenir  dans  les 
Tilles  et  les  pays  une  bonne  police);  Rostock, 
1530»  in- 8*;  une  version  en  haut  allemand  pa- 
rut dans  cette  ville,  1597,  in-8";  ^^  Omnium 
fere  temporalium  praseriptionum  ex  xquo  et 
bono  enarratio;  ibid.,   1531,  in-12;  —  Isa- 
4foge  seu  elementaria  introductio  juris  naturx 
gentium  et  dvilis^  una  cum  expositione  in 
leges  XII  7adii/ar«m;  Cologne,  1549,  in-S"; 
Clien,  1759,  in-8'';  reproduit  dans  les  Varin^ 
lectiones  :  c*est  là  un  des  premiers  essais  d'un 
système  de  droit  naturel  dans  le  sens  moderne 
de  ce  mot;  ce  passage  résume  les  idées  de  l'au- 
teur :  «  Quid  est  igiturjus  gentium?  Est  mut- 
iorumpopulorum  auctoritas.  Quid  jus  civile? 
Est   uniiLs  populi  jussus.    Quid  scies    an 
utrumque  reeie  sit  receptum?  Ex  norma  na- 
tures seu  fonte?   Vbi  est  illa  norma?  In 
corde  et  conscientia  hominis  a  Deo  insculpta. 
Quid  si  multi  dissentiant  circa  hanc  nor- 
mam  née  recte  de  eo  judicent?  Recurrendum 
eU  ad  Tabulas  divinas  (le  Décalogue) ,  iit 
quibus  renovatum  est  jus  vel  lex  naturm  tam 
certo  testimonio,  ut  variari  non  possit»  »  Le 
recueil  des  fragments  des  lois  des  Douze  Tables, 
qui  est  joint  à  Ylsagoge,  et  le  commentaire  qui  le 
suit  est  un  des  meilleurs  de  l'époque  (voy.  Dirk- 
sen,  Uebersicht  der  Versuche  sur  Herstellung 
der  Zwôl/lafel/ragmentef  p.  Z2);  —  De  copia 
verborum  et  rerum  injure  civili ,  ex  constan- 
tissimis  locorum  sententiis,  indices;  Cologne, 
1  j42,  in- fol.  ;  —  plusieurs  Concilia  et  responsa» 
Ka   1559,  Oldendorp  publia  à  Bàle,  en  2  vol. 
in -fol.,  le  recueil  des  ouvrages  écrits  par  lui  jus- 
qu'à cette  époque.  0. 

Adami,  Vitm  iuriwnuvUùrum.  —  MOiler,  Cimbria 
lUerata,  1. 1  et  lU.  ^  Strleder,  Hnsiêcke  Celehrtênge- 
schlekte,  t.  X. 

OLDENDORP  (  Chrétien  -  Georges- André  ), 
missionnaire  allemand ,  né  le  8  mars  1721,  à 
GrossIafTert,  village  près  de  Hildesbeim,  mort  à 
Ebersdorf,  le  9  mars  1787.  Fils  d'un  pasteur 
protestant,  il  étudia  la  tbéologie  à  léna ,  entra 
ensuite  chez  les  Frères  moraves,  et  enseigna  pen- 
dant plusieurs  années  dans  leurs  collèges.  En 
1767  il  vislU  les  lies  de  Sainte-Croix,  Saint- 
Thomas  et  Saint- Jean,  et  s'arrêta  en  1768  daUs 
plusieurs  villes  de  l'Amérique  du  Nord ,  où  sa 
communauté  avait  des  établissements.  De  retour 
en  Europe  en  1769,  il  remplit  les  fonctions  de 
prédicateur  successivement  à  Marienbom,  à  Neu- 
wied  et  à  Ebersdorf.  On  a  de  lui  :  Qeschichte 
der  Mission  der  evanoelischen  Brûder  auf 


den  Caraïbischenlnseln  S.-rAofneu,  S.-Croù? 
und  S. -Jean  (Histoire  des  missions  des  Frères 
évangéliques  aux  lies  Caraïbes  Saint-Thomas, 
Sainte-Croix  et  Saint-Jean);  Barby,  1777, 2  vol. 
in-8°;  traduit  en  suédois,  1786-1788,  in-8®  :  ex- 
cellent ouvrage,  où  abondient  les  renseignements 
les  plus  prédeui  sur  ces  contrées  lointaines.    O. 

Mraiel,  LexOon,  —  Olto,  LBxtkon,  t,  II. 
OLDPIBLD  (iiRne),  actrice  anglaise,  née  en 
1683,  à  Londres,  morte  le  23  octobre  1730,  dans 
cette  ville.  L'amour  que  lu!  inspira  le  jeune  Ar- 
thur Maynwaring  contribua  à  développer  ses  ta- 
lents, et  depuis  1704  jusqu'à  sa  mort  elle  fut 
une  des  actrices  les  plus  accomplies  de  son 
temps.  Hors  du  théâtre  elle  avait  su  se  concilier 
l'estime  et  le  respect  par  ses  manières  honnêtes 
et  généreuses;  dès  qu'elle  connut  l'extrême  mi- 
sère du  poète  Savage,  elle  s'empressa  de  lui  of- 
frir une  pension  annuelle  de  50  livres.  Après 
la  mort  de  Maynwaring,  elle  vécut  dans  Pinthmté 
du  général  Charles  Churchill;  l'un  et  Pantre  la 
rendirent  mère.  Son  corps  fut  enterré  à  l'abbaye 
de  Westnûnster,  entre  les  tombeaux  de  Craggs 
et  de  Congrève.  A  ses  derniers  moments  elle  pa- 
rut tout  occupée  de  sa  toilette,  a  On  ne  peut, 
disait-elle,  soutenir  l'idée  d'être  laide  même  après 
sa  mort  ».  Aussi,  d'après  sa  volonté  expresse, 
fut-elle  mise  au  cercueil  dans  les  habits  les  pins 
élégants.  K. 

I4fe  qf  jénne  Oldfield  ;  Londres,  iTti,  ta-a».  —  71e 
roltor,  1. 104  ;  IV,  iBi.—  Baker,  Biôvr.  dramaUea* 

OLDHAM  {John  ),  poète  anglais,  né  le 9  août 
1653,  à  Shipton  près  Tedbury  (comté  de  Glo- 
cester),  mort  le  9  décembre  1683,  à  Holme  Pier- 
point  (comté  de  Nottingham) .  Il  était  (ils  d'un  mi- 
nistre non-conformiste,  qui  dirigea  ses  premières 
études,  et  les  acheva  à  l'universitéd'Oxford.  Reçu 
bachelier  es  arts,  il  devint sous-mattre de  Técole 
publique  de  Coyrdon,  dans  le  Surrey.  Ce  fut  là 
que  la  réputation  quMl  s'était  acquise  par  quelques 
vers  qui  avaient  circulé  manuscrits  lui  attira  la  vi- 
site de  plusieurs  personnes  de  marque.  Le  doc  - 
teur  Lower,  qui  s'était  pris  d'une  vive  amitié 
pour  lui,  l'encouragea  à  étudier  la  médecine; 
Oldham  s'y  adonna  à  ses  heures  de  loisir,  et  y 
fit  quelques  progrès;  maïs  il  ne  tarda  pas  à  la 
quitter,  dominé  qu'il  était  par  son  génie  poé- 
tique. «  En  vain,  écrivait-il  à  un  ami,  ai-je  tenté 
de  m'appliquer  à  des  sciences  plus  utile»,  je  n'ai 
pu  réussir  en  aucune.  Lors  même  que  je  m'oc- 
cupe des  objets  tes  plus  sérieux,  mes  meilleures 
pensées  se  ressentent  toujours  de  ce  goAt  perni- 
cieux. Que  dis-je  ?  lors  même  que  je  dis  mes 
prières  (Dieu  mêle  pardonne!),  à  pdnepnis-je 
m'empêcher  de  les  profaner  en  y  fourrant  des 
vers.  Il  semble  que  je  sois  le  revers  de  ce  mal- 
heureux de  la  fable,  et  que  tout  ce  que  je  touche 
se  change  en  rime.  »  Avec  une  petite  somme 
d'argent  qu'il  avait  épaiignée,  il  vînt  s'établir  à 
Londres,  et  y  détruisit  sa  santé  en  se  livrant 
aux  plaisirs  de  la  table  en  compagnie  des  grands 
seigneurs  qui  lui  faisaient  fête.  Aucun  d'eux  ne 


GOI 


OLDUAM  —  OLDOIKI 


602 


loi  témoigna  plas  d'affectioii  que  le  comte  de 
Kingston,  dont  il  fat  Tbâte  pendant  ses  derniers 
moments  et  qoi  érigea  on  monument  à  son  hon- 
near.  Oldham  avait  aotant  d'érudition  que  d'es- 
prit; il  avait  reçu  de  ses  contemporains  le  sor- 
nom  de  jMvénal  anglais.  Ses  satires  sont  à  la 
▼érité  Uen  fortes  et  même  violentes,  mais  il  y 
manqne  du  tour  et  de  TexacUtode ,  de  sorte  qu'il 
ne  mérite  pas  d'être  rangé  parmi  les  poètes  du 
premier  rang.  Dryden  avait  pourtant  conçu  fle 
loi  une  grande  estime.  Ses  œuvres  ont  été  réu- 
nies à  Londres,  1722,  en  2  vol.  in- 12,  et  souvent 
réimprimées  depuis.  On  y  remarque  les. satires 
contre  les  Jésuites  et  contre  la  vertu,  des- imi- 
tations d'Horace,  de  Juvénal  et  de  Boileau,  des 
épigramroes,  etc. 

Ud  prélat  du  même  nom,  Oldham  ( Hugh)^ 
mort  en  1519,  évêque  d*Kxeter,  fut  un  des  bien- 
faiteurs de  l'université  d'Oxford,  où  il  contribua  à 
la  fondation  du  collège  Ck>rpus-Cbristi.  P.  L— t. 

Wood,  Jtkenm  Qsron.  —  Seward,  Ânêedotes^  U.  —  Li/e 
rfj.  Oldham,  à  là  tète  de  h*  Œuvres, 

OLDiswoRTH  (William),  littérateur  an- 
glais, mort  le  15  septembre  1734.  Ce  fut  un 
écrivain  très-connu  sous  les  règnes  d'Anne  et  de 
Georges  P**;  il  ne  Test  aujourd'hui  que  par  le 
souvenir  de  qoelques-uns  de  ses  ouvrages.  On 
ne  connaît  aucune  des  particularités  de  sa  vie. 
Son  attacliement  à  la  famille  des  Stuarts  le  fit 
mettre  au  nombre  des  jacobites  tués  en  1715  à 
Preston  ;  mais  il  est  certain  qu'il  survécut  long- 
temps à  cette  bataille.  Il  fut  un  des  fondateurs 
de  la  feàille  périodique  The  Examiner,  et  y  in- 
séra de  nombreux  articles.  On  dte  de  lui  :  H- 
mothy  and  PhUatheus;  Londres,  1709-1710, 
3  vol.  in-8*  :  dialogues  où  il  établit  les  principes 
et  les  droits  de  l'Église  chrétienne;  —  State  and 
miscellany  pœms;  Londres,  1715,  in-8^;  — 
Tke  Life  of  Edmund  Smith,  à  la  tête  des  «eu- 
vres  de  ce  dernier  (1719);  —  nne  traduction 
des  Odes  d'Horace,  et  nne  autre,  The  Aecom- 
plislied  senaior,  du  latin  de  Goziiski;  1733, 
in-4\  K. 

1  Chalmers,  Général  Blograph.DietUmarif, 

OLDHixoB  (John),  littérateor  anglais,  né  en 
1673,  mort  le  9  juillet  1742 ,  à  Londres.  Dans  sa 
jeunesse  il  écrivit  pour  le  théâtre,  et  composa  une 
pastorale  et  un  opéra,  bien  vite  oubliés.  Il  se  fit 
ensuite  connaître  par  la  mauvaise  foi  de  ses  écrits 
historiques  et  par  sa  critique  violente  et  agressive. 
Ennemi  acharné  des  Stuarts,  il  s'attacha  à  pein- 
dre cette  famille  sous  des  couleurs  les  plus  odieu- 
ses. Il  attaqua  avec  aussi  peu  de  ménagement  plu- 
sieurs écriyains  célèbres,  tels  qu'Addison  et  Pope. 
Ce  dernier,  en  Tadmettant  dans  la  Dunçiade,  lui 
assura  l'immortalité  de  l'infamie.  Le  parti  à  la 
solde  duquel  il  était  entré  lui  donna  l'emploi  de 
collecteur  des  douanes  à  Bridgevrater.  Quoique 
sévère  pour  les  autres,  Oldmixon  n'était  pas 
lui-même  sans  reprodie.  Ayant  été  employé 
par  l'évêque  Kennet  à  éditer  sa  Collection  des 
àistcriens,  ii  ne  se  fit  aucun  scrupule  de  cor- 


rompre en  différents  endroits  la  Chronique  de 
Daniel,  ce  qui  a  de  beaucoup  diminué  la  va- 
leur de  cet  ouvrage.  Dans  le  Tatler,  il  est  dé- 
signé sous  le  nom  &Omieron,  thé  unbom, 
poet  (le  poète  mort-né).  On  a  de  lui  :  British 
empire  in  America,  containing  the  history 
of  the  discovery,  settlement,  progress  and 
présent  state  of  the  British  colonies  on  the 
continent  and  Islands  of  America;  Lon- 
dres, 1708,  1741,  2  vol.  in-8%  avec  cartes; 
frad.  en  allemand,  —  History  oj  the  Stuarts; 
ibid.,  17..,  in- fol.;  —  Refleciions  on  D^ 
SwifVs  letter  about  the  english  language; 
ibid.,  1712,  in-12;  —  Poems;\\Àà.,  1714,  in-12; 
—  The  Uje  of  Arthur  Maynwaring,  à  la  tête 
des  Posthumous  works  de  cet  auteur,  édités  en 
1715  par  Oldmixon;  —  Prose  essays  on  criti- 
cism  ;  —  Art  of  logic  and  rhetoric,  écrit  à  l'i- 
mitation du  P.  Boubours;  c'est  dans  ces  deux 
ouvrages ,  ainsi  que  dans  le  recueil  périodique 
intitulé  The  fiying  post,  qu'il  attaqua  Pope  et 
ses  amis;  —  The  Li/e  ofqueen  Anne;  —  Court 
taies,  or  a  history  qf  the  amours  of  the  pré- 
sent nobility;  ibid.,  2®  édit.,  1731,  un  des  livres 
les  plus  scandaleux  dé  l'époque  ;  *—  History  of 
England  during  the  reigns  of  William  and 
Mary,  Anne  and  George  /;ibid.,  1735,  in-fol.; 
c'est  une  suite  à  son  Histoire  des  Stuarts, 

P.  L-Y. 

Clbber,  lAves.  -  Baker,  Bioçr,  dramatiça,  -  Lysoos. 
Environ!,  II. 

OLDOI5I  (Agostino),  biographe  italien,  né 
en  1612,  à  La  Spezzia  (Etat  de  Gênes);  la  date 
de  sa  mort  n'est  pas  connue.  Admis  dans  la 
compagnie  de  Jésus,  il  prononça  se<  voeux  à 
Naples,  et  y  professa  les  humanités.  U  séjourna 
ensuite  dans  différents  collèges ,  et  fut  appelé 
rers  1668  à  Rome,  puis  à  Pérouse,  où  il  publia 
plusieurs  ouvrages.  Il  vivait  encore  en  1680.  On 
a  de  lui  :  une  Grammaire  italienne;  AncOne> 
1637,  in-8^;  —  Necrolçgium  pontificum  et 
pseudo-ponti/icum  Romanorum  cum  notis; 
Rome,  1671,  in-8";  —  Clémentes  titulo  sanc» 
titatis  vel  morum  sanctimonia  illustres,  cum 
animadversionibus  ;  Péronse ,  1675,  10-4**;  — 
Athenxum  Romanum,  in  quo  pontificum  et 
cardinalium  scripta  exponuntur;  ibid.,  1676, 
in-40.  Mendosio  a  fait  beaucoup  d'emprunts  à  ce 
recueil;  —  Athenxum  Augustum,  in  quo  Pe- 
rusinorum  scripta  publiée  exponuntur;  ibid., 
1678,  in-4o;  —  Athenacum  lAgusticum,  seu 
syllabus  scriptorum  Ligurum;  ibid.,  1680, 
in-40  :  ces  compilations ,  souvent  inexactes,  oot 
été  pourtant  utiles  aux  biographes  postérieurs,  et 
sont  encore  recherchées  ;  -^  Catalogus  eorum 
qui  de  Romanis  pontifidbus  scripserunt; 
Francfort,  1732,  in-4°,  publié  par  Meuschen. 
Oldoini  a  donné  une  édition  augmentée  des  Vitœ 
pontificum  et  cardinalium  de  Ciaoonius 
(Rome,  1677,  4  vol.  in-fol.),  et  il  a  laissé  en 
manuscrit  Athenxum  Pistoriense,  que  le 
P.  Zaccaria  a  inséré,  après  l'avoir  complété, 


«as 


OLDOINI  — 


dans  la  Bihliotheea  Piêtorientis  {Turin,  1752, 
io-fol.  );  «t-  Athengum  ttaUcunif  et  d*aatres 
ncueils  hUtoriqaes. 

Son  frèrp,  Bemardo  Olboim,  aéorit  quelques 
ouvrages  de  Kttératnre  en  HaKen.  P. 

Michèle  GiusUaiaoi»  ScriUoH  J.iifuri.  —  Raffaello  80- 
pranl,  ScrtUori  délia  Ligurla,  —  Sax,  OnomasUcon, 

OLDTS  (  William  ),  bibIio($ra|)he  anglais,  né 
le  14  juillet  1696,  mort  le  15  août  1761,  à  Lon- 
dres. II  était  fils  naturel  d*un  savant  docteur  en 
dn)it,  William  OIdys,  qui  prit  part  avec  Dryden 
et  autres  lettrés  à  une  version  anglaise  des  Vies 
de  Plutarque  (1683,  5  vol.''in-8"),  etq»ii  per- 
dit en  1693  sa  charge  d*avocat  de  l'amirauté 
pour  avoir  refusé  de  poursuivre  comme  pirates 
des  marins  munis  de  lettres  de  marque  de  Tex- 
roi  Jacques  H.  Son  éducation  première  fut  assez 
négligée;  il  dissipa  dans  des  folies  de  jeunesse  le 
modique  héritage  de  son  père,  et  fut  de  bonne  heure 
forcé  de  pourvoir  à  ses  besoins.  11  se  mit  quelque 
temps  à  la  solde  des  libraires,  et  le  duc  de  Norfolk 
lui  fit  donner  un  des  deux  emplois  de  héraut  d'ar- 
mes de  la  couronne. Il  mourut  pauvre,  laissante 
peine  de  quoi  suffire  à  payer  ses  dettes.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  sont  :  The  Srilish  librarian , 
exhibïtlng  a  compendious  review  0/  ail  un- 
published  and  valuable  baoks  in  ail  sciences; 
Londres,  1737,  in-8»  :  recueil  longtemps  négligé, 
<)uoique  rempli  de  renseignements  exacts  et  cu- 
rieux; —  Life  of  sir  W aller  Raleigh,  à  la  tête 
de  YHlslory  of  the  world  de  ce  dernier.  Il  fut 
Téditeur  de  The  universal  Spectator  (1730- 
1732),  journal  hebdomadaire,  et  d'un  petit  traité 
de  Moffelt,  Health'simprovementin^tf  în-12). 
On  a  aussi  de  lut  beaucoup  d'articles  insérés 
dans  Biographia  Britannica  sous  la  signature 
G,  dans  General  diclionary,  The  Scarborough 
misceUanj/,  etc.  Oldys  a  consigné  sur  un  exem- 
plaire des  îives  of  the  english  poets  de  Laog- 
baine,  conservé  au  Muséum  britannique,  une 
foule  de  notes  manuscrites ,  où  il  indique  les 
titres  d^ouvrages  qu*îl  aurait  composés  et  qui  ont 
été  probablement  perdus.  Ce  peu  de  mots  sur  son 
propre  nom  s^y  trouve  écrit  de  sa  main  : 

In  Word  and  will  i  ax  a  frlead  to  700 
Aad  one  rrteod  oldts  worth  an  bundred  new. 

P.  L-T. 

Centleman't  Magazine,  UV  etLT.— Coote,  Catatogue 
4f  civiftaïu.  —  HuMe ,  Coihge  •/  arwu,  •*  Chalners, 
Cenêrmi  Uegrtipk.  éiet. 

OLRâ  M  US ,  famiHe  aliemande  qui  eeC  «outte 

par  |)lo8ienrs  générations  de  théologient  et  d'é- 
rudits,  dont  les  priodpaux  sont  : 

aLKARius(y«i«),  Ihéobgpei  luftbérien,  né 
à  W«sel  (comté  de  Clèves),  le  17  aeptembre 
1546,  mort  à  Halle,  le  26  janner  163X  U  s'ap- 
pelait Kup/èrmanti^  «t  ctianifea  ce  nom  poor 
celui  d*01eaffius,  traduction  latioe  du  mot  aile- 
aaand  Œlschlxger  (  pressear  d'huik  ),  odib  aovs 
lequel  était  en  général  déaifpié  son  père  qui  était 
fabrioat  d'huile.  A#rès  avoir  étudié  à  Duaael- 
dorf,  à  Marbouf^  et  à  léna,  il  «ni vit,  en  1573, 
HediMHis,  <|iie  l'aedrar  Je  toa  lèle  aatHcalvI- 


OLBARIUS  604 

niste  forçait  à  quitter  cette  denûère  rifle  et  à  se 
retirer  en  Prusse.  Il  fut  admis  dans  le  corps 
enseignant  à  Kfnnigsberg.  En  1577,  il  passa  à 
H dmstavlt,  et  y  fut  nommé,  en  1 579,  profiessenr 
d'hébreu  ;  à  celte  même  époque  il  éponsa  la  liHe 
de  Hesbofiius.  Appelé,  en  1601,  à  Halle  avec  le 
titre  de  surintendant.  Il  enseigna  en  même  temps 
l'hébren  an  gymoase  de  cette  Tille.  En  1603,  il 
se  maria  en  secondes  noces  afvec  la  fille  de  rHc. 
Nioander,  un  des  pasteurs  de  Halle.  Parmi  tes 
nombreox  ouvrages,  on  cite  d'ordinaire  :  Dispu- 
tiUUmutntheologicarwn  partes  II;  —  Ferzéi- 
chn^s  200  calvlnischer  trthûmer  in  den 
anhaltischen  Biichem  (  Indkaticii  de  200  er- 
reurs calvinistes  dans  les  livres  eodésiast  d'An- 
hait). 

OLKAmvs  {Gottfriêd),  second  fils  du  pré- 
cédent, né  le  1*  janvier  1604,  à  Halle,  mort 
dans  la  même  ville,  le  20  février  16S5.  Il  faX  suc- 
cessivement professeur  adjoint  de  pfiilosophie 
4  Wfttemberg,  pasteur  à  HaBe  et  surintendant 
dans  cette  ville.  Ses  principaux  écrits  sont  : 
Erklàrung  des  Bûches  Hiob  in  55  Vrtdigten 
(Explication  do  livre  de  Job  en  55  sermon^); 
Leipzig,  1033,  1645,  1672,  In-é";  —  Biblka 
theoretico-practica  adnotaia;  Halle,  1676, 
hi4';  —  HomiXiarum  catecheUcarum  plus 
guam  700  delineatio;  Halle,  1680,  In-S®.  M.  N. 

OLKARivs  [Jean),  frère  de  Gottfried,  né  à 
Halle,  le  17  aeptembre  I6I  1«  mort  à  Weissenfels, 
le  14  avril  1684.  Il  fut  d*abord  prédicateur  à 
Halle  et  plus  fard  surintendant  général  à  Weis- 
senfels.  On  a  de  lui  un  grand  nombre  d*ouvrage$, 
dont  les  principaux  sont  :  Oratorio  ecclesias- 
tica  methodice  adornaia;  Halle,  1665,  in-»''; 
—  Adsertionum  philologiearum  heptas  ex 
historia  Magontm;  Leipzig,  167 1,111-4";  — 
Theologia  exegelica;  îbid.,  1674,  in-8*; — 
Geisdiches  Bandbuch  der  Kinder  Gottes  (Ma- 
nuel spirituel  des  enfants  de  Dieu);  Leipzig, 
1674,  in-8*;  —  Bibtïsche  erklàrung  (Explica- 
tion biblique) ;  Leipzig,  1678-16S1,  5  vol. info). 

OLEARivs  (Jean-GoUfiried)^  fils  de  Gott- 
fried, né  à  Halle,  le  28  septembre  1635,  mort  à 
Arnstadt,  le  20  mai  1711.  Api'ès  avoir  été  pas- 
teur à  Halle ,  il  ftit  nommé  surintendant  à  Anh 
stadt,  où  l'affection  générale  le  retint  et  lui  fit 
refhser  la  chaire  de  premier  prédicateur  de  la 
cour  de  Gotha,  qiH  lui  fht  dYTorte  en  t689.  Oalre 
un  grand  nombre  de  dissertations,  fl  est  auteur 
de  plusteurs  ouvrages,  dont  le  pTos  remarquable 
est  :  Àbacus  patrolùgicus  ;  léna,  1673,  in  9^] 
2*é<lition,  pabliée,  avec  des  additions^  par  Jeao- 
Gottlieb  Olearius,  fils  de  l'auteur^  sous  ce  noo- 
veau  titre  :  Bibliotheca  scriptorum  ecck' 
siasticorum;  féna,  1711,  3  vol.  in-4%  avec  une 
préfacede  J.  Fr.  Buddaeos.  H.  N. 

Jeta  eruditonm,  ITII,  p.  419-lt(.  -  JOeber,  Mig- 
Gêtek/tm-LerlemL  —  Hunntat,  jiptÊê^iaS.  C.  Olfarii; 
DrMë^  ITIT,  in-»".  -  J.-O.  W^bI^  aiMIat*.  fAMto^. 

oi^BâUirs  (Jean), phiMogne  et  théologien, 
frère  du  pcéoédent,  né  à  Halle,  le  5  mû  1639, 


606 


OLEARIUS 


606 


mort  k  Ldpxig,  le  6aoài  1713.  U  i«t,  k  Uipxig, 
profesMur  de  laagpe  gTBoqiie  depuiâ  1664  et  de 
théologie  depuis  1677.  Bian  différent  de  son 
graod-père,  qoi  avait  élési  andest  à  la  polémique, 
il  ebercttt  autant  qii*il  le  piit  à  adoucir  les  que- 
relles thëolûfiiqoeSt  qui  n'étaient  pa^  rares  de  son 
temps  et  qui  troiiMèreot  plus  d'une  fois  l'unir 
Tersité  de  Ldpxig.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvragas 
de  tikMogte,  dont  les  plus  importants  sont  :  SU- 
mentm  hermeneHlie»  sacrm;  Leipzig,  161M, 
ifr-a*;  —  De  iifflo  A'ovi  TesUmenti;  ibid., 
i66Sa  in-4*;  quatre  autnes  éditions,  idont  la  der- 
nière flst  de  1699;  —  £xercUatioHe$  phiUh- 
hgiox  prmemm  episUUarum  doniinu:aiium 
i9xtum  tomcemmUes;  ibid.,  1672,  in-4*;  — 
Sffnapêis  eontrowersiarum  selectiorum;  ibid., 
1710,  in'8®;  —  DoUrina  iheolofix  maralxi; 
ibid.»  1668,  réimpr.  à  la  suite  de  l'ouvrage  sat- 
vant;  —  introductiû  in  theolûgiam  Ccutia- 
Um;  'MA.,  1703»  infol.  J.  Olearius  fut  un  des 
pins  aottii  coUaboratears  des  Àcta  JSruditwrum 
pendant  les  pramèros  années da  cette  publication. 

M.  HL 

Slêgtmm  JoiumU  OlemrtU  Smm  jitta  SrudUânm, 
1719,  p.  iM  et  ralT. 

«LKAmius  {/fth-Christophe),  savant  nu- 
mismate et  historien  allemand,  fils  de  Jean 
Gottfried,  né  le  17  septembre  1666,  à  Halle,  mort 
le  31  mars  1747.  Il  étudia  à  léna  les  belles-lettres 
et  la  tbéolo^e,  et  alla,  en  1693,  s'étaMir  à  Am- 
stadt,o(i  il  rut  chargé  de  classer  la  précieoM  col- 
lectio»  de  médailles  du  prince  Antoine  Guntber 
de  Schwarzbourg.  Depuis  1736,  Il  occupa  à  Am- 
itadt  remploi  d'évêque  protestant.  Il  faisait  partie 
derAcadéroiedes  sciences  Ue  Berlin  depuis  1714. 
On  a  de  loi  :  Jsagoge  ad  numophylacium  brac- 
tetUorum,  addita  centum  et  ampHu»  eorum- 
dem  lUteris  consignatorum  sylloge;  lénâ,  1 694, 
io-fol.  ;  an  des  premiers  essais  sur  ce  genre  de 
monnaies  ;  —  SpecifR^n  universx  rei  numarix 
sdeniifict  tradendx;  léna,  1698,  in-8*;  — 
J.'W,  Moyens  Parentaiion  mit  rômitchen 
Mûnzen  illustrtrt  (  Funérailles  de  J.-6.  Mayen, 
illustrées  |>ar  des  monnaies  romaines);  Am- 
stadt,  1099,  in- fol.;  —  Kurzer  Sntwurf  aller 
schwar&burgischen  Mûnzen  und  Medaitlen 
(&«al  succinct  sur  toutes  les  monnaies  et  mé- 
dailles deSchwartzbourg);  Gotba,  1699,  in-8*; 
—Anastasis  Agnesx,  abbatUsx  Quedlinbur- 
gensii,  nwnis  X  bracteatis  iltustrata  ;  léna, 

1699,  in-6*;  —  Curiose  Mân>Wissensck^t 
(Les  cnviodtés  de  la  science  des  médailles); 
léna,  1701, in-8®;  — -  Arnsiûdlische  Feuerhis' 
forie  (HJëtoire  des  Incendies  d'Arnstadt);ibid., 

1700,  in-8*;  —  Historié  der  Stadt  Amstadt 
(Histoire de  la  ville  d'Amstadt);  léna,  1701, 
in-g**;  —  SpiciUgia  antiquHatis  nuvMt  brac- 
ieatot  illustrantia;  lëoa,  1703-1703,  3  parties, 
in-4**;  —  Clericatus  Schwanburgieus  ;  léna, 

1701,  in- 12  :  biographie  des  membres  de  la  fta* 
mille  de  Schwarzbourg,  entrés  dans  la'clérica- 
tnre;—  Maïuoleum  in  museo'  léna»  1701, 


;  in-4''  ;  ce  KvTe  traite  de  diverses  urnes  romaines 
I  et  de  quelques  antiquités  trouvées  à  Cannstadt; 
<—  Lieder-bibliothek ,  darm  wm  den  JM- 
dem  ,  detûn  Au$oribm  und  commentariis 
gehmndell  wird  (Bîbliotliàque  des  «antiques, 
où  Ton  traite  de  leurs  auteurs,  et  des  commen- 
taires auxquels  ils  ont  donné  lieu);  Francfoit, 

1702,  in<13  :  cet  ouvrage,  où  Fauteur  aborda  Je 
premier  cette  partie  de  rtilstoire  de  la  littérature 
allemande,  fut  suivi  d'une  quinzaine  d'opuscules 
sur  le  même  si^et  {vûy,  Liebler,  Hymnopœo- 
grapMa  Oleariana  ;  Eiseoberg,  I7t7y  in-8')  ;  — 
Rerum  Thuringicarwn  syntagma;  Erfurt, 
1704-1706,  2  vol.  in4'';  **  Clericaius  TAw 
ringiss  fnrodr^mus;  léna,  1704,  in-O"*;  ^  Epi- 
Urne  /Mariai  Arnstadiensis  topographies; 
1704, 1n*fol.;  *-  Evangelischer  Uederschatz 
(Trésor  de  canliqiies  pour  le  culte  évangélique)  ; 
léaa,  170&-1706, 4  parties,  in-6®  :  contient  beau- 
coup de  notices  biogra|>biques,  littéraires  et  bi- 
bliographîqoes  ;  ^-  Prodromus  hagiologias  nu- 
nUsmaticm;  Arnstadt,  1709,  in-8®;  rs|>roduit 
dans  le  t.  IX  des  Mûn%belustigungen  de  Kôh- 
1er;  —  Aloedarium  historicum;  ib.,  1713, 
in-S®  \'^DeJ,  Croto  veto  Bpistolarum  obs- 
eurorym  virorum  aulare ;ib,,  1720,  in-8®;  — 
Prmfamen  de  Johanua  papiua;  ib.,  1722, 
in-8*.  Olearius  a  donné  aussi  plusieurs  édi- 
tions du  ArnstadUsches  Gesangbuch  (Can- 
tiques à  Pusage  d'Amsladt);  Amstadt,  1701, 

1703,  1706,  in-12,  et  1737,  in^8o;  il  a  DUS  en 
tête  une  notice  bibliographique  intéressante  sur 
les  recneUfi  de  ce  genre  publiés  depuis  la  ré- 
forme. O. 


J.C  Otto,  M  ëntgum  Ole^rU  (J7l.^  to-foU).  - 
G<etteo,  DcujetzUebende  getehrte  Europa,  X.  II.  —  Chn- 
G.  BcdSter,  Sunâ  Fragen  au»  der  kirehenkUtorée  (qoa- 
trléne suite;  léna,  1781.  p.  VISI ).  —  WelMl,/tfiuer<ii«ii« 
theologitche  BilMotMi,  t.  HJLXIU,  —  Htnchfng,  Hmnd- 
buck.  -  Upclu«.  BiM,  numtuia  (Leipzig,  tM^  t.  11).  - 
Encb  et  Gruber,  EnentlopttdU-, 

OLBARivs  (/ean-(70f/fled),  jurisconsulte 
et  bio^aphe  altemand,  frère  du  précédent,  né 
à  Halle,  le  22  juin  16S4,  mort  le  12  juillet  1734. 
n  fut  professeur  de  droit  à  Kœnigsberg,  et  asses- 
seur au  tribunal  criminel.  On  a  de  lui  :  De  Julio 
Cxsare  Vanino;lénaL,  1709,  in-4®  ;  ^Delu/ZiCT-o 
exjuris  studioso  theologo  et  Zieglero  ex  iheo- 
logo  JurisconsuUo  facto;  léna,  1710;  —  De 
varias  atàeos  conviacendi  meihodis  ;  ib.,  171 1  ; 
—  De  utilitate  rei  literarix  in  j'urispruden' 
Ha;  KcNH^berg,  1713;  —  De  biographie  an- 
tiquorum  jurisconsultorum  ;  ib.,  1714;  — 
jieses  sniscellaneœ  ;  ib.,  1714;  —  De  histo- 
riarum  et  antiguitatum  scientia  in  Jure 
summopere  necesioria;  ib.,  1721.  Olearius  a 
laissé  en  manuscrit  :  Vifx  profesiorum  jU" 
ris  académies  Regiomontanx,  ab  ipsa  funda- 
tione  ad  nostra  usque  tempera,  O. 

Arnoldt,  fristnrieder  Kân(g»àerger  Cniiu  L II,  -Ench 
et  Gruber.  Encifktopâdte, 

^iMMMWU  (Gottfried)^  pbilol(^e  et  théo- 
logien alieraand,  fils  de  ^ean  Oleaiius  profiosseur 


AntolDede  Sienne,  BM.  Domin.-V,  Antnnio, A<6/. 
hUpawi  nova.  —  Êchard,  Seripiont  ord,  PrœdleaC 

OLB6,  prince  de  Russie,  mort  en  912.  11 


607  OLEARIUS 

de  grec  à  Leipzig,  né  à  Leipzig,  le  23  juillet  1672, 
mort  dans  la  même  ville,  le  13  novembre  1715. 
Après  avoir  étudié  à  Leipzig,  il  fit,  en  1693,  un 
voyage  en  Hollande  et  en  Angleterre,  et  occupa 
depuis  1709  une  chaire  de  théologie.  Le  catalogue 
que  Niceron  donne  de  ses  ouvrages  est  incomplet. 
Les  plus  importants  sont  :  Ànalysis  logica  épis- 
tolm  ad  Ehrxos,  cum  observaiionibus  philo- 
to^krfj;  Leipzig,  1706,  in-é*»;—  Observationes 
sacrae  in  Evangelium  Matthsei;  ibid.,  1713, 
1734,  ^-4";  —  Collegium  pastorale  (en  al- 
lemand); ibid.,  1718,  in-4°;  c*est  une  instruc- 
tion pour  les  jeunes  ministres.  On  a  de  lui  une 
traduction  latine  de  Thistoire  de  la  philosophie 
de  Stanley,  à  laquelle  il  ajouta  une  dissertation 
Dephilosophiaeeleciica.  On  lui  doit  encore  une 
édition  estimée  de  Philostrate  (Leipzig,  1709, 
in-rol.),  avec  une  préface,  des  notes  et  une  tra- 
duction latine.  Il  a  réuni  dans  ce  volume  tout 
ce  qui  reste  des  écrivains  grecs  qui  ont  porté  le 
nom  de  Philostrate.  M.  N: 

Chaafepié,  Diction.  hUt,  —  NIceroD,  Mémoiret,  VII. 

OLEARirs  (Jean- Frédéric),  jurisconsulle, 
frère  du  précédent,  né  à  Leipzig,  le  25  juin 
1679,  mort  dans  la  même  ville,  le  4  octobre  1726. 
Il  fut  professeur  de  droit  à  l'université  de  sa 
Yille  natale  depuis  1708  jusqu'à  sa  mort.  On  a 
de  lui  une  édition  annotée  de  Ant.  Fabri  qtiœs- 
tionts  foreuses  Sabaudicte  et  un  grand  nombre 
de  dissertations  sur  des  matières  de  droit. 

Son  frère  Ole  A  Rius  {Georges-Philippe),  né 
en  1681,  à  Leipzig,  où  il  est  mort,  le  3  février 
1741,  enseigna  à  Leipzig  le  grec  et  le  latin.  On 
cite  de  lui  :  De  scripturis  pro/anis,  a  Paulto 
apostolo  allegatis;  Leipzig,  1701,  in-4*»;  —  De 
reverentia  adversus  angelos  spurea  et  ge- 
nuina;  ibid.,  1725,  in-4''.  M.  N, 

JOcher,  jétlg.  Celehrten'Ltxieon, 

OLBARICS.  Vog,  ŒLSCHLiEGER. 

OLEASTER  ( Jérôme] ,  théologien  portugais, 
né  à  Lisbonne,  mort  en  1563.  Quelques  écrivains 
portugais  Pont  appelé  Jérôme  de  Azambuja,  du 
nom  d'un  bourg  situé  près  du  Tage.  Vers  1520, 
il  fit  profession  dans  Tordre  de  Saint-Dominique. 
11  était  philosophe  et  théologien  très-versé  dans 
la  dialectique,   et    habile   dans  l'intelligence 
des  langues  hébraïque,  grecque  et  latine.  En 
1545,  il  se  rendit  en  Italie,  et  fut  un  des  théolo- 
giens que  Jean  Ilf,  roi  de  Portugal,  choisit  pour 
assister  au  concile  de  Trente;  à  son  retour  il  fut 
nommé  évèqoe  de Saint-Thomé  en  Afrique,  mais 
il  refusa  celte  dignité  afin  de  ne  pas  interrompre 
le  cours  de  ses  travaux  littéraires.  U  fut  néan- 
moins inquisiteur  de  la  foi,  et  occupa  différentes 
charges  de  son  ordre.  On  a  de  loi  :  Commen- 
taria  in  Pentateuchum  Moysi;  Lisbonne, 
1556,  in-foL;  Anvers,  1568,  et  Lyon,  1586, 
1589,  in-foi.;  —  Jn  Esaiam  commentaria  ; 
Paris,  1623,  1658,  in-fol.  p. 


—  OLEG 


608 


quitta,  en  862,  la  ScandinaTie,  sa  pairie  (1),  et 
aida  Rurik,  son  parent,  à  fonder  l'empire  des 
Varègues.  En  879,  Rurik  mourant  lui  con6a  la 
tutelle  de  son  fils  mineur  Igor.  Investi  du  pon- 
▼oir  souverain,  OIeg  le  garda  pendant  toote  sa 
vie.  En  882,  après  s'être  emparé  de  Smolensk  et 
de  Lubetch,  il  s'approcha  de  Kiew,  attira  dans 
un  guet*apens  ses  compatriotes  Dtr  et  AskoM, 
qui  régnaient  <ur  cette  Tille,  les  fit  massacrer, 
et  se  rendit  ensuite  maître  de  Kiew,  qu'il  vou- 
lut faire  la  capitale  de  son  empire^  Les  années 
suivantes  il  s'empara  de  divers  territoires ,  for- 
mant la  plus  grande  partie  de  la  Podolie  et  de 
Vothynie  actuelles.  Il  fit  bâtir  plusieurs  villes, 
et  distribua  en  fiefs  ses  possessions  éloignées  à 
ses  compagnons  d'armes.  Dans  ses  dernières 
années  il  vit  arriver  dewiht  Kiew  les  bordes 
farouches  des  Magyares  ;  il  les  refoula  vers  le 
Danube.  Selon  Nestor  il  aurait,  en  907,  envahi 
l'empire  grec  avec  une  armée  formidable,  aorait 
pénétré  jusqu'à  Constantinople  et  contraint  les 
Grecs  à  un  traité  humiliant,  rapporté  tout  au 
long  par  le  chroniqueur.  Mais  plusieurs  circons- 
tances graves  infirment  l'authenticité  de  ce 
récit.  O. 

Nestor,  Ânnalu  rusMe»,  —  Kanoain,  tfist  de  Jtiii5î#. 
"  Knue,  ChronitiOn  Nortmannoryan  { Hamboirg.  ilil|. 
—  Strahl  et  Hernoano,  Ctteh,  des  nustseken  Staats,  l 

OLEG,  prince  russe,  mort  en  977,  à  Ovrootch 
(  ville  comprise  actuellement  dans  le  gonverne- 
mentde  Voihynie,  où  l'on  montre  encore  rempla- 
cement de  sa  tombe),  avait  reçu  de  son  père,  Sria- 
toslaf,  en  972,  le  pays  des  Drévliens*  Son  frère  Ja- 
ropolk,  qui  régnait  à  Kief,  excité  par  le  voîévode 
Sveneld,  forma  le  projet  de  réunir  ce  pays  à  son 
apanage,  et  lui  déclara  la  guerre.  Vaincu,  Oieg 
fut  renversé,  en  fuyant,  dans  un  fasse  et  écrasé 
par  les  hommes  et  les  chevaux  qui  tombèrent 
sur  lui.  Le  yainqueur,  à  la  vue  do  cadavre  de 
son  frère,  oublia  son  triomphe,  Parrosa  de  larmes, 
et  dit  à  son  conseiller  :  «  Tiens,  regarde,  voilà 
ce  que  tu  désirais  I  »  Mais  le  repentir  de  Jaro- 
polk  ne  saurait  empêcher  l'historien  de  rap- 
peler son  fratricide  qu'avec  horreur. 

pce  A.  G—if. 
Karamzin,  hUt.  dé  Ruuie, 

OLEG,  prince  de  Tmoutorokan,  petit-fils  du 
grand  Jaroslaf,  né  dans  la  seconde  moitié  du 
onzième  siècle,  mort  en  1124,  s'est  rendu  cé- 
lèbre par  sa  perfide  ambition.  De  connivencpl 
avec  les  Polovtzi,  descendants  des  Petchénègaes 
et  ancêtres  des  Kirguis  modernes,  il  enlefa, 
en  1094,  Tchemigof  à  Vladimir  Monoreaqoe 
(voyez  ce  nom),  et  désola  longtemps  la  Russie 
par  ses  brigandages  et  ses  cruautéa.  Ponr  y 
mettre  un  terme,  Sviatopolk  et  Vladimir  enga- 
gèrent OIeg  à  venir  à  Kief  consolider  la  sùrelé 
de  l'État  dans  un  conseil  formé  par  les  chefii  du 
clergé ,  par  les  boyards  les  plus  âgés  et  par  les 
plus  illustres  des  citoyens.  En  franc  annexio- 


(1)  Il  ^rtatt  dans  son  pays  le  noan  d'OUf,  transiarae 
en  Olcg  par  les  Slarea. 


609 


OL^G  —  OLEN 


610 


oiste,  Oleg  leur  répondit  :  «  Je  suis  prince, 
et  ne  suis  pas  fait  pour  prendre  conseil,  des 
moines  et  de  la  popnlace.  »  —  «  S'il  en  est  ainsi, 
dirent  Sfiatopolk  et  Vladimir,  si  tu  ne  veux 
|)as  Cure  la  guerre  aux  ennemis  de  la  Russie, 
Dî  te  réunir  en  conseil  avec  tes  frères,  nous  te 
considérons  toi-même  comme  un  ennemi  de 
la  patrie,  et  Dieu  sera  notre  juge.  »  Dieu  aida 
Vladimir  à  reprendre  Tchernigof  et  à  obliger 
Oleg  par  serment  de  venir  à  Kief.  Au  lien  de 
s')  rendre,  celui-ci  s'empara  de  Mourom,  de. 
Souzdal  et  de  Rostof;  forcé  bientôt  d'abandonner 
ces  deux  dernières  Tilies,il  alla  s'enfermer  dans  la 
première,  où  Monomaque  lui  adressa  une  lettre 
toncbante.  Oleg  feignit  d'être  sensible  au  tangage 
deson  neveu  ;  il  conclut  la  paîxaveclui,  etaussitdt 
après  il  essaya  encore,  en  1 197,  mais  vainement, 
de  reprendre  Souzdal  à  son  fils  Mstislaf.  Quoi- 
que yainqueur,  celui-ci  accorda  à  Oleg  de  ren- 
trer dans  la  possession  de  son  patrimoine  lé- 
gitime. Vaincu  enfin  par  tant  de  générosité, 
Oleg  participa  au  congrès  de  Lubetch,  où  l'on 
vit  pour  la  première  fois  tous  les  princes  russes 
assis  sur  un  même  tapis.  «  Us  sentirent,  dit 
Karamzin,  quMi  était  temps  d'éteindre  tout  res- 
sentiment particulier;  de  se  réunir  d'Ame  et  de 
ccrar  pour  dompter  les  PoloTtzi,  leurs  ennemis 
extérieurs;  de  rendre  enfin  la  tranquillité  à  l'É- 
lat,  et  mériter  l'amour  do  peuple.  »  Pce  a.  6~m. 

KaramilQ  et  LéveMiaf,  Hitt,  de  Buuie. 

OLBGGio  •(  Giovanni  Viscoim),  seigneur 
de  Bologne,  puis  marquis  de  Fermo,  mort  dans 
cette  Ttlle,  le  8  octobre  1360.  Quelques  bisto- 
riens  le  croient  fils  de  Giovanni  Visconti,  ar- 
chevêque de  Milan,  dont  il  tenait  le  fief  d'O- 
leggio  sur  le  Tésin.  Il  fut  l'un  des  meilleurs 
capitaines  gibelins,  et  soutint  par  les  armes  la 
pn^pondérance  de  sa  famille  dans  le  nord  de 
l'Italie.  Déjà  maîtres  de  la  Lombardie,  de  l'E- 
milie et  d'une  partie  du  Piémont,  les  Visconti 
résolurent  de  faire  la  guerre  aux  Florentins. 
Oleggio  fut  chargé  de  faire  le  siège  d'Imola, 
pois  marcha  sur  Pistoia  à  la  tête  de  six  mille 
faoUssins  et  sept  mille  cavaliers.  Il  prit  Campi, 
Brozzi,  Peretolo,  et  lança  ses  éclaireurs  jus- 
qu'aux portes  de  Florence.  Il  assiégea  ensuite 
Scarperia  (20  août  —  16  octobre  1351);  mais 
il  en  fot  repoussé  après  un  siège  de  deux  mois, 
et  dot  évacuer  la  Toscane.  Il  était  gouvejTieur 
de  Bologne,  lorsque  ses  concussions  provo- 
quèrent une  terrible  révolte ,  le  10  août  1354. 
Il  la  comprima  après  un  rude  combat,  et 
Irente-denx  citoyens  les  plus  distingués  de  Bo- 
logne payèrent  de  leur  tête  leur  amour  pour  la 
liberté.  A  la  mort  de  l'archevêque  (  5  octobre 
1354),  les  neveux  de  ce  prélat,  Matteo,  Bemabos 
et  Galeaz,  se  partagèrent  ses  Étals  et  coofir- 
nièrent  Oleggio  dans  son  commandement,  avec 
l'arrière  pensée  de  s'en  défaire.  Après  l'avoir 
aifaibli  par  divers  moyens,  ils  le  firent  sommer 
«n  avril  1355  d'avoir  à  leur  livrer  ^  places 
fortes  et  à  s'exiler.  U  parut  disposé  d'abord  à 

HODV.  BIOGR.  GÉNÉR.  —  T.  XXXVIU. 


l'obéissance,  et  livra  quelques  châteaux;  mais 
le  17  avril  il  rassembla  les  Bolonais,  leur  dé- 
clara que  sa  conduite  tyrannique  n'avait  été  que 
la  conséquence  des  ordres  qu'il  recevait  de  sa 
famille,  et  que  s'ils  voulaient  le  reconnaître  pour 
seigneur,  il  leur  rendrait  aussitôt  leurs  fran- 
chises et  leurs  armes.  Les  Bolonais  accep- 
tèrent, quoiqu'avec  répugnance,  ce  changement 
de  forme;  mais  Oleggio  était  fort  aimé  de  ses 
soldat^ydont  il  tolérait  les  brigandages  :  il  appela 
aussi  à  lui  des  chefo  de  bande  (condottieri  ) ,  si 
nombreux  à  cette  époque,  et  fit  alliance  avec  les 
ennemis  des  Visconti,  Enfin,  en  1358  les  Vis- 
conti le  reconnurent  comme  souverain  indé- 
pendant du  Bolonais.  Oleggio  fut  un  allié  fidèle  ; 
il  recueillit  le  fameux  comte  Lando,  chef  de  la 
grande  compagnie,  lorsque  cette  bande  fut  écra- 
sée (  24  juillet  1358)  à  La  Scabella  par  les  pay- 
sans des  Apennins;  il  seconda  le  cardinal  légat 
Egidio  Allwmoz  dans  sa  conquête  de  la  Ro- 
magne  ;  il  avait  même  encore  six  cents  gendarmes 
dans  le  camp  de  ses  cousins  lorsque  ceux-ci, 
cessant  tout-à-coup  leur  guerre  contre  le  mar- 
quis de  Montferrat,  vinrent  inopinément  atta- 
quer Bologne  (décembre  1359).  Lando  mar- 
chait avec  eux,  et  Oleggio  vit  ses  propres  soldats 
se  tourner  contre  lui.  Il  demanda  vainement  du 
secours  à  tous  ses  alliés;  ceux  même  qu'il  avait 
le  mieux  servis  l'abandonnèrent.  Hors  d'état 
de  se  défendre ,  et  ne  voulant  pas  que  ses  cou* 
sins  profitassent  de  ses  dépouilles,  il  livra 
Bologne  au  légat  Albomoz ,  qui  lui  donna  en 
échange  le  marquisat  de  Fermo.  Il  dut,  pour 
échapper  à  la  hame  des  Bolonais,  s'enfuir  dans 
la  nuit  du  31  mars  1360.  Il  gouverna  encore 
six  ans  à  Fermo,  et  mourut  sans  laisser  d'hé- 
ritier. Son  marquisat  fit  retour  à  l'Église ,  qui 
s'empara  aussi  des  immenses  richesses  qu'il 
avait  amassées.  A»  ns  L. 

SlunoDdi,  HUL  des  républiques   italtênnes^  t   VI, 

Cfa.  XXXXX,  p.  6^  ;  XLO,  p.  1T7,  SU  ;  XLVZ,  p.  849-Sa7. 

OLBN  (  OX-fui  ),  un  de  ces  personnages  my- 
thiques, comme  Linus»  Musée,  Orphée,  auxquels 
les  Grecs  attribuaient  la  création  de  lenr  poé- 
sie, n  était  regardé  comme  le  plus  ancien  poète 
grec  et  le  premier  auteur  d'hymnes  sacrés  en 
vers  hexamètres.  Sa  légende  confuse  et  peu  ex- 
plicite est  évidemment  liée  au  culte  d'Apollon. 
Tantôt  on  le  représente  comme  un  Hyper- 
boréen ,  qui  vient  établir  en  Grèce  les  oracles  du 
dieu,  tantôt  comme  un  Lycien ,  qui  se  rend  à 
Délos  dans  le  même  but.  La  légende  contradic- 
toire concorde  cependant  sur  ce  point  qu'elle 
tait  venir  Olen  des  extrémités  du  monde  pétas- 
gique  pour  fonder  à  Délos  le  culte  d'Apollon.  Il 
faut  remarquer  de  plus  que  le  culte  auquel  se 
lie  la  légende  d'Olen  est  plutôt  ionien  que  do- 
rien.  Welcker  pense  que  le  nom  de  ce  |X)ête 
mythique  signifie  simplement  Jotietir  de  flûte. 
Parmi  les  hymnes  anciens  qui  lui  étaient  at- 
tribués ,  Pausanias  mentionne  ceux  à  Héré, 
à  Achaia  et  à  Bikithyia  ;  dans  le  dernier 

20 


611 


OLEN  —  OLHAGARAY 


613 


Oleii  oéiébrail  la  mrtHmieaâ^ilpolloaet  d'Arles 

miff.  Y, 

Héredote.  IV.  m  -^^  PMiflaDMi^  l«  if;  H,  s»}  V.  7; 
IX,  M;  X.  7.  —  Càmna^fie,  H^nm.  «»  i)«<i«  8M.  — 
Creazer,  J^ymto/iJt,  toI.  II,  p.  116, 130^  IM.  —  Fsbrteius  , 
ÉibUiùtheea  ffrteca,  vol.  I,  p.  1S4.  —  Jitinwn,  «mefe 
Oku,  dans  VEnefidapééU  #ErMll  «t  Crafter. 

0ist0  vWtitttvoé,  né  à  PMUMBfoPt;  l«  fa*  noTMibr» 
t7il,  mort  dafDM  c€Me  viito^i  1^  27  février  1778' 
Après  avoir  «liff  à  Lelpzi|;  le»  cours  d<  Ma»' 
eov,  et  s'être  fait  recevoir  ttoeteffr  en  droit  à 
9&9A\jaw%  il  visita  rUaHe-,  et  a^n»  eMuite 
aoprès  de»  prfocipalee  ooor»  de  rAliemagne, 
pour  y  olMerrer  oomiiMiit  se  tniitaieat  en  pra*- 
tfqoe  les  questions  de  droit  publie.  De  retour 
h  FniDCfbrt^  îl  entr*  en-  I74e  daas  le  ososcil  de 
hi  viHe,  devint  plo»  tard  éeheviii^  et'  eiifia  eon« 
seiRer  impérial.  On  »  de  lui  :  Orifkne*  juris 
publici  imperii  fwnan&'fêpmanUif  ilhu^ 
tratx  er  rebuê  imperatwttnv  maûoMcomm; 
LefpEig;  1732,  \thk^  ;  -^  Get9hl$Me  d»t  tn* 
terregni  nueh  dem  Ahsiërlfm  dès  MuOen 
Karts  ri  (Htstofre  de  riirterrègiw  après  la 
mort  de  Pempereor  GharleS'  Vl);  Vraacfbrt!, 
174«,  in^';  — Von  âên  Vûnûg^ni  desrB^ 
glerendm  ffauté*  bey  (hn  tenischew  KaU^^ 
wahien  (  De  la  préfërenee  doouée  lors*  des 
électfoDS*  à  l'Empire  germoDiqne  à'  la  maisoii 
impériale  actoeHement  fiante);  ibid.,  1740, 
!ti-ft>l.  ;  ^VntBTsuefmngdes  Urtprungê  dkss 
fferzogs  AtMdi  von  dtm  Mafor^dùmus  Er^ 
ehinwxldm,  wie  auch  dtr  wahrscheinUehen 
Abhitnft  Haiseri  Berençarî*  i  umd  der  la- 
litehen  Kaiser  au»  dem  alîm  ELiàêtUehen 
Jtaune  { Examen  de  la  question  de  sa^'oir  si  le 
doc  Atbicos  deseend  do  maire  du  palais  Erctii- 
noald,  et  si  Tempereur  Béreoger  V  et  les  em- 
pereurs saliem  ne  descendeiit  pas  proboWenseot 
de  l'aneienne  maison  d'Alsace  )  ;  1747,  in^.  ; 
«^  £rlû«(eneSiaai$9ex€hichted9$  rémieehen 
Kaiser thums  in  der  ersten  Balftt  des 
iHerzehnten  Juhrfiundertk  (  Exposé  de  l'his- 
toire poMliqoe  de  Fempire  romain  dms  te*  pre- 
mière moitié  du  qoatorzfèm»  siècle);  Prano- 
fort,  f 753,  io-4*  ;  —  Nene'  Erlûut^gmng  der 
gûldenen  SixUe  KaHers-  CarU  dei  lY  am 
den  dUeren  detstschen  Gesehichien  uwd  Ge- 
setzen  (  Nouvelle  explication  de  la  buffe  d*or  de 
Charles  IV  d'après  les  anciens  historiens' de 
TAltemagne  et  d*apfès  les  lois  antrelbis  en  v4- 
goeur  dansée  pays);  ibid.,  1766,  Ib^»  :  ex- 
cellent ouvrage,  écrit  après  une  etploraiCion 
consdencteose  des  meifleores  sonrces;  —  Hif- 
cours  préliminaire  sur  les  comltf  palatins 
du  moyen  dge,  en  V&te  de  VBistaire  de  la 
maison  palatine  de  Schannat  Olensclilager 
a  encore  écrit  une  m  traduction  à  f  histoire 
des  recès  de  VEmpire,  insérée  dans  te  Recueil 
des  recès  publié  en  1747  à  Francfort';  il  a  en- 
lin  donn(^  une  édition  entièremrnt'  refondoe,  et 
continuée  Jusqu'en  1703,  de  V Introduction'  à 
thlstoire  des  principaux  États  de  f^ttrope  \ 


de  PuiTeflidorf^  Ffaadiurty  i74«-176i9. 6  vol. 

Nmm»  geïakrîn  Bumpa,  t.  IX.  —  Pau«r.  MMÊnOmr 
du  Ufituhen  StatrtsreùkU,  t.  lU.  —  Hetuel,  l*-nimnj 

orcTA  (  Sainte  ),  né  à  Miorsl ,  pièsr  de  PIkof, 
à  la  fin  du  neuvième  siècle,  morte  ft  Kief ,  en 
969  selon  Nestor.  MTariée  enr  903  an  fils  de 
Kurik,  Igor,  elle  prit  à  sa  mort,  en  94S,  le  ffmoa 
dé  rÊtat,  et  le  premier  usage  qu'elfe  fit  de  son 
autorité  fut  de  venger  l'assassinaf  de  soa 
époox.  Les  chroniques  russes  loi  prêtent  de 
singuliers  et  cruels  stratagèmes  pour  punir  le» 
Dréviiens  qui  en  avaient  été  coupables.  Ce  qui 
fôt  acquis  à  l'histoire ,  c'est  qu*elle  subjngo» 
cette  tribu,  la  plus  sauvage,  d'origine  slavonne, 
profita  ensuite  de  la  paix  pour  visiter  ses  Érats, 
régler  les  impôts,  élever  de  nombreuses  cons- 
tructions, et  les  remit,  vers  9.55,  dans  une  si- 
tuation prospère  à  son  fils  Sviatoslaf  ;  pois,  ton^ 
chée  par  la  grâce  divine,  elle  alla  s'mstmire  de 
la  religion  chrétienne  à  Constantinople.  Le  trOor 
impérial  était  alors  occupé  par  Constantin  Por- 
phyrogénète  et  le  trdne  patriarcal  par  ropotant 
Théophy lacté,  qui  avait  dans  son  écorie,  dît 
Polevot  (1),  deux  mifle  chevaux,  nourris  avec 
des  amandes  et  du  safran  t  Olga^  pompeuse- 
ment accueillie,  y  fit  un  assez  long  séjour,  el 
Temperenr  lui-même  roulut,  en  957*  la  tenir 
sur  les  fonts  baptismaux,  où  elle  prit  le  nom 
d'Hélène»  Enflammée  d'ardeur  pour  la  nou- 
velle religion ,  Olga  s'efforça  vainement  d'y 
convertir  son  fils.  Elle  mourut  dana  ua  âge  fort 
avaneé  ;  l'Église  grecque  célèbre  sa  mémoire 
le  11  iuillet.  pee  A.  G— N. 

Chronique  de  ffe)(tor.  —  Afscmant.  Otiend,  BeOa. 
tm<9.,  f.  IV.  —  KDtexynsIrl ,  Speeimeti  keeUsUt  JfBfit» 
ntest,  ••  Annale*  de  Zonaris,  t.  It^  p»  tsi»  —  Ckrêm, 
nniMrâgiiê  de  Cedreaut,  t.  Il,  p.  6».  -  BMtaar  de 
Mcrsebourg^  CAron..  L  II.  —  Phlbrete,  Mût,  de  TÊr- 
0tiu  russe,  t.  I.  p.  10.  -  ATtcttre,  Atf rotf.  if*  CAHttld- 
«iMireN  BImiê,  p,  IN.  -  DleU  dm  taM^de  t-ÊfiSm 
russet  art  Oloa.  —  Gcbberdl,  GmbA.  dee  MHeÂm  Ae^ 
gen,  —  HiU,  de  Bu*sie{eti  riwie),  par  TailebtclMr, 
Poletol,  SotiiTlef,  (fti  (ftoçtlf  )  par  Leresqoe  et  LMtarc 

enMttmtk,  grand-prince  de  Litfananie,  né 
versr  1300<,  morf  en  I377.  H  était  fill  de  Gfié> 
dlmin  et  père  de  JagafTo,  connn  sous  le  nom  de 
fagellon,  qui  réunit  la  Pdlogne  à  ses  États  hé- 
réditaires. Quoique  marié  à  la  belte-safor  du 
grand -prince  de  Russie  Siméon  le  Superbe,  S 
envatiit*  ce  pays  jusqu'à  trois  fois ,  et  profita  des 
querelles  de  ses  voisins  pour  s'agrandfr  à  kars 
dépens.  p-e  A.  G — k. 

Kolalowicz.  //Mortm  Uihûanim  ttb.  IT;  Dutsic, 
10SO.  -«^meflffoseti,  Bût.  Pûton,,  Itb.  X. 

«LBi«A»AT  (  Pierre),  historien  firançafs, 
né  an  quinzième  siècle,  dans  le  Béam,  pfoln< 
biement  à  Belloc,  où  son  père  exerçait  les  ftmt- 
tions  de  pasteur.  On  ne  sait  ritn  desa  vie,  si- 
non qn'fl  était  lui-même  pasteur  et  l*é^fw  ré- 
formée de  Mazères,  quand,  en  1005,  Henri  IV 
le  nomma  son  bistortographe.  C'est  en  celte 

(f }  tfiaorfa  rsnTfikfrgô'niirodr,  i.  r,  cb.  1 


(H6 


OLHAGAIVAY  —  OLID 


614 


qualité  qQ'îf'  publfe  une  Histoire  des  CttmtêS' 
de  FoiXj  Béam  et'  Navarre  (Paris,  Î(l09, 
irï*4»).  Vf.  N. 

OLIBA,  éTéqoe  de  Tic ,  mort' en  1047.  Son 
père,  qui  se  nomniaît  comme  lui  QKba  oo 
Oliva,  était  comte  de  Cerdagpe  et  de  Bèsalu» 
Abandomiant  à  ses  frères  atnés,,  Bernard  et 
Goifroi,  Théritage  des  comtés  de  Bcsalu  et  de 
Cerdagne,  le  léuDe-  Oliba  se  fil  moine,  et  devint 
en  1009  abbé  de  Ripool,  ainsi  que  de  Saint- ^fî- 
chef  de  Cusan,  an  diocèse  d'£Ine.  En  1019  nous 
le  voyons  à  la  fois  abbé  de  Ripoot,  de  Losan 
et  évéqoe  d'Aosone,  on  de  Vie,  dans  U  Marche 
dïspagpe,  alors  sous  la  métropole  de  Nàrbonne.. 
On  s'aecorde  à  louer  sa  conduite  comme  érd- 
que  et  comme  abbé.  (Tétait  un  prélat  puissant, 
instrnil,  discret,  babile  et  vigilant  administra- 
teur. Quelques  années  avant  sa  mort  il  abdiqoa- 
l'évèché  de  Vie.  VBistoire  IHtéraite,  qui  le 
compte  an  nombre  des  écrivains  français,  si- 
gnale quelques  lettres  d'Oliba,  publiées  par  Eft- 
luzedans  son  Appendice  au  Marca  Hispanica^ 
des  statuts  et  un  traité  sur  le  cycle  pascal,  qui 
estfÂédit:  B.  H. 

Caaia  cArM,  t  Vf,  col.  1098.  -  BUt.  Httér.  de  la 
Frtmte,  t.  V|T,  p.  SM. 

WJTl»  oa  OLi  {CfistovalDz),  l*tm  des  prîiN 
cipaox  Keutenants  de  Cortex,  oonquéranf  do  Mé- 
cboaean  et  chi  Honduras,  né  vers  1492,  misa  mort' 
à  Naco  (  Honduras),  en  1524.  Il  fot  élevé  dans  la 
maison  dê'don  Dfego  Velasqnez,  gouverneur  dé 
Cube,  dbnrC  ri  était,  en  151 8,  l'un  des  officiers  fa- 
TOfis.  Yelasqoez  Penvoya  à  la  recherche  de 
l'expédlAon  commandée  par  Juan  de  Grqal  va,  qui 
avait  pMir  mission  d^acheverla  reoomiaissance 
àa  Tncatan.  Olid  vit  son  navire  désemparé  par 
une  violente  tempête,  et  dut  retem-ner  à  Cuba' 
sans  aroirpn  suivre  les  traces  de'Grijafva.  Lors- 
que Cortex  eut  résoin-  la  conquête  de  la  Nou- 
-velle-ETspagne  (novembre  1518),  Olid  fot  un  des 
premiers  et  dès  pMs  Influents  cavaiiers  qur 
Tinrent  se  ranger  sons  son  étksndard;  anssf 
Ckyrtez  lui  confiait  il  aussitôt  le  commandement' 
d*uima^re«t  d'une  compagnie  (  1 0  janvier  151^; 
CIM  prit  une  part  importante  aux  nombreux- 
combats  qne  rex|)édftfon  eutà  soutenir  ;  il  con- 
tribua beaucoup  à  maintenir  l'autorité  dé  Con- 
tez sur  les  soldats.  Lorsque  les  Espagnols  se 
forent  saisis  de  BfontMsuma  IT,  Olid  montra 
an  respect  et  de  rafTectiôn-  ponr  cet  infbr- 
toné  monarque.  Souvent  même  il'  blâma  ouver- 
tement Cortez  de  ses  violences  envers  Tem- 
pereur  aztèqve,  et'  ramena  plusieurs  fbis  la 
concorde  entfe  eux.  Il  ftit  du  petit  nombre  de 
csivaiiers  qui  échappèrent  au  désastre  de  h  re* 
traite  cte  Mexico  (la  Noche  triste,  1*'  JHillet' 
1520),  et  se  distingua  à  la  sanglante  bataille 
«TOtumbft  (8  juillet).  Il  chassa  ensuite  les 
firfexicafns  ê^  QunuhqnechoTlan  (en  espagnol 
Huacachnla  ) ,  06,  selon  Bernai  Diaz ,  témoin 
oculaire,  «  il  attaqua  Tennemi  avec  la  Aireor 


d!on  tigre  et  avec  dèmc  cents  Espagnols  mit  en 
déroute  trente  mille  AzIèqoesMtk  A<  Quauboar 
boacil  conwnandrtt  la^ca^'erie,  et  déeida  ja  so»». 
missiov  déeTlàbnieaS',  mentagnard^  trfes4ielK- 
qoenx.  An  combat  dé'XeohifBiko,  oii'O0i4ee  futr 
démonté 'et  mi  instimt  priaonnier  des-  indiens, 
(MiH  fnt-grièvement  bie8sé<avrtI-lS2i).  Le  20  man 
Cdrtez  le  nomme*  soi>roestfe-de-eamp,  et  Ifii 
oonfia  la   dlvisiev  destinée  à>  agir'  contre  Id 
vilte  de  COjofanacaB  av«o'  ordre*  db  revenir  en^ 
suite  prendre  le*  position  '  la»  ph»  fhvoraMe  à' 
l'investissement  de  Mexico.  11  réussit*  dans  sa* 
mission  ;  mais  un  événenieBl  iraprév  vfailKtminer 
les  combinaisons  de  Cortez.  Au  moment  où  Olid 
arrivait  à  Acolmao',  il  trouva  cette  halte  oc- 
cupée par  la  division  d'Atvarado.  Une  querelfe. 
s'éleva  entre  les  soldats  de&  deux  corps  :  la 
sang  ceuUi;  les  chefs  échangèrent  un  cartel*,  et 
il  ne  falfut  rien  moins  que  les  supplications  de 
Cortez  pour  apaiser  ce  différend.  11  y  eut  une 
récondliation  apparente.  ITun  caractère  sombre- 
et  dissimulé,  Olid  notait  pas  homme  à  oublier- 
facilement  j)i  à  pardonner.;  aussi  lorsque,  quel- 
ques jours  plua  fard,  les  Espagnols  attaquèrent: 
la  fameuse   chaussée  de  Mexico,  Olid  seconda 
si  mal  Alvarado  que  les  assaillants  durent  se 
replier  avec  perte.  Olid  rejeta. la  faute  sur  son 
rival ,  et  se  retira  à  Cojobuacan  ;  mais  COrtez 
l'appela  à  son  quartier  général  de  Xoloc,  et  tira 
de  ce  capitaine  les  meillenrs  services  durant  le- 
reste  du  siège,  qui  se  termina,  le  13  aoCt  1521, 
par  la  mine  de  Mexico  et  le  massacre  général  de 
ses  habitants.  OIM  fut  chargé  ensuite  de  diverses 
expéditions,  pacmi  lesquelles  nous  mentionnons. 
ceHe  du  Honduras.  Il  toucha  à  La  Havane  pour, 
prendre  des  chevaux  et  des  provisions  ;  il  y  re- 
noua ses  anciennes  relations  avec  lie  gouverneur 
de  Cuba,  Diego  Velasquez,.rennemi  implacable  de 
Cortez,  et  résolut  de  se  rendre  indépendant.  Ar- 
rivé dans  le  Honduras,,  il  y  construisit,  entre  le 
port  de  la  Sal  et  la  rivière  de  Tian,  un  fort  qu'il  aiv> 
pela  El  Triunfo  de  la  Cruz,  Instruit  de  cette* 
trahison,. Cortez  envoya   contre  lui  un  de  ses 
ph-^rents, Francisco  de  Las  Casas,. seigneur  de* 
TruxillOy  qui  bsttit  d'abord  Olid  sur  mer;  mais: 
une  tempête  brisa  les  navires  dé  Las  Casas.  Une. 
partie  de  ses  gens  périt  dans  les  flots  ;  l'autre 
prêta   serment  de  fidélité  à  Olid,  mais  à  Taide 
d*un  audacieux  coup  de  main  Las  Casas  s'em- 
para à  son  tour  du  chef  rebelle  et  le  fil  déca- 
piter à  Kaco  (1).  On  trouve  dans  Bernai  Diaz, 
qui  (lit  lé  compagnon  d'armes  d'Olid,  un.  récif 
détaillé  et  très-dramatiq|ie  de  la  défection  dé 
ce  capitaine  et  de  sa  fin  tragique.         A.  de  L.. 

Bernai  Diaz,  HUtoria  verdadera  de  la  eonguista  d9 
la  Ntmra^spaliH,  C9p.  cxxn>-CL.  —  Gomara,  fftnrantai 
vtatplxi  et«.  (Mftflba^dfll  Ottui»,  iSiS  ).  eapucxmx^  — 
Franc. lj)renxaiia„M«t.  dé  la  Kneca^EipatÈa^  elcu»  p^4ttr 
S39.  —  Torquemada ,  Monartiuia  Indiana.  —  liiH  xo- 
chlli,   Jfist.  Chèeh.,  c«^.  xcxxr,  xciv.    —  iicmera, 

(1)  Suivant  Rerrerd,  GIT  Gonzales  d«  AtU»  et  LaaOttas 
provoqoèrcnt  une  ImurrrcUnn,  prodanl  laquelle  il» 
sassinércnt  Olid  et  lui  firent  ensuite  son  proci». 

20. 


615 


OLID  —  OLIEK 


616 


Novut  Orblt.  —  Oviedo,  UUt.  de  la»  IndUu,  llb.  XXX III, 
cap.  xin-xx.vii.  —  Cla?lgero,  Storia  det  Meuico,  t.  III. 
»  Vf.  Prescott,  C/mquitê  du  MexUpu,  I-III.  —  La  Re- 
aftodlère,  Mexique  daot  VOnivert  pUtoresque,  p.  16-138. 

OLiEQUiST  (Jean),  historien  suédois,  né 
à  Strengnaes,  mort  en  1667.  Fils  de  I*éTèqoe 
Je^n-Matthien  Oliequist ,  il  fut  page  à  la  cour 
de  Suède,  et  devint  en  1658  chanoine  à  Ham- 
bourg. On  a  de  lui  :  HUtoria  .Caroli  GuS' 
iavi,  régis  Suecorum;  Strengnaes,  1661, 
in-S"  ;  Helmstsedt,  1663,in-4%a?ecla  Descriptio 
virtutum  Chrittinx,  Suecorum  reginx,  du 
même  auteur.  0. 

MOller.  Cimbria  lUerata ,  t  II.  —  Geiellot ,  Biogra- 
plUsk^lexOton. 

OUBII  {Jean- Jacques)  (  1) ,  écrivain  ecclé- 
siastique français,  né  le  20  septembre  1608,  à 
Paris,  où  il  mourut,  le  2  avril  1657.  Fils  de 
Jacques  Olier  de  Verneuil ,  maître  des  requêtes, 
il  commença  ses  études  à  Paris,  et  alla  les  conti- 
nuer au  collège  des  Jésuites  de  Lyon.  Son  père, 
promu  conseiller  d'État,  le  ramena  à  Paris,  et  le 
plaça  au  collège  d'Harcourt,  qu'il  ne  quitta  que 
pour  étudier  en  Sorbonne.  Le  jeune  Olier,  déjà 
prieur  de  la  Trinité  de  Clisson ,  au  diocèse  de 
liantes,  devint  en  1626  abbé  de  Pébrac  et  cha- 
noine-comte honoraire  de  Brioude,  âifin  prieur 
de  Bazainville,  au  diocèse  de  Chartres.  De  re- 
tour à  Paris,  après  un  voyage  à  Rome,  il  se  lia 
très-étroitement  avec  Vincent  de  Paul.  Ordonné 
prêtre  le  21  mars  1633,  il  s'associa  quelques  ec- 
clésiastiques ,  et  parcourut  avec  eux  en  mission- 
naire l'Auvergne  et  le  Vélay.  Pendant  quUI  évan- 
gélisait  la  Bretagne,  Louis  XIII,  sur  la  demande 
du  cardinal  de  Richelieu,  le  désigna  pour  coadju- 
feurde  Henri  Clau8se,évêque  de  ChAIons-sur- 
Mame;  mais  l'abbé  Olier  ne  put  se  résoudre  à 
accepter  les  charges  de  Tépiscopat,  caril  proje- 
tait dès  lors  de  fonder  un  séminaire  pour  dispo- 
ser aux  fonctions  sacerdotales  les  jeunes  gens  qui 
embrassaient  l'état  ecclésiastique.  Animé  par  les 
conseils  du  P.  Condren,  dont  il  avait  été  le  dis- 
ciple, il  en  fit  les  premiers  essais  à  Vaugirard,en 
janvier  1642,  et  s'adjoignit  |H>ur  cette  œuvre  des 
prêtres  pleins  de  zèle.  La  petite  communauté,  com- 
posée d'abord  de  trois  membres,  ne  tarda  pas  à 
en  compter  plus  de  vingt.  La  paroisse  de  5aint- 
Sulpice  à  Paris,  soumise  à  la  juridiction  de  l'abbé 
de  Saint-Sermain-des-Prés,  était  alors  un  foyer 
de  libertinage  et  d'impiété.  On  jeta  les  yeux 
sur  Olier  pour  la  réformer,  et  bien  qu'il  crût 
cette  tàclie  au-dessus  de  ses  forces,  il  prit  pos- 
session de  la  cure,  le  10  août  1642,  sans  ces- 
ser d'être  supérieur  du  séminaire.  De  concert 
avec  quelques-uns  de  ses  prêtres  de  Vaugirard,  il 
travailla  k  la  réforme  des  mœurs  avec  autant 
de  succès  que  de  zèle,  et  sa  paroisse  devint 
bientôt  une  des  plus  régulières  de  Paris.  On  sait 
combien  les  duels  étaient  alors  fréquents.  Il  conçut 
le  projet  hardi  de  former  une  association  de  gen- 

(I)  Le  Dom  ^c  Jean  est  le  tenl  qoe  lai  attribnent  les 
ngbtres  der^gUsede  SaInt-PanI,  oà  II  fat  baptisé, 
^aolqull  ait  porté  aussi  celui  de  Jacquet, 


tilhommes  éprouvés  par  leur  valeur  et  de  les 
engager  sous  la  foi  du  serment, et  par  un  écrit 
signé  de  leur  main,  à  ne  jamais  donner  m  accep- 
ter aucun  appel ,  et  à  ne  point  servir  de  second 
dans  les  duels  qu'on  leur  proposerait.  Le  mare- 
clial  de  Fabert  et  le  marquis  de  Fénelon,  qui 
avaient  à  ce  sujet  tant  de  reproches  k  se  faire, 
furent  ceux  sur  qui  Olier  jeta  les  yeux  pour  les 
mettre  à  la  tête  de  cette  association  d'un  genre 
si  extraordinaire.  Tous  ces  gentilshommes  si- 
gnèrent un  jour  de  Pentecôte  (1651)  une  dé- 
claration publique  de  refuser  toute  sorte  d'appd 
et  de  ne  se  battre  jamais  en  duel ,  pour  quelque 
cause  que  ce  pût  être.  Cette  protrâtation  fit  nn 
grand  6clat,  et  les  roarécliaux  d'Estrées,  Schom- 
herg ,  de  Plessis-Praslin  et  de  Yilleroy  l'approu- 
vèrent et  exhortèrent  tous  les  gentilshommes  du 
royaume  à   la   souscrire.  Olier  n'avait  point 
perdu  de  vue  le  projet  de  fonder  un  séminaire. 
Ck>mme   le   nombre  des  prêtres  de  sa  com- 
munauté s'était  très-multiplié,  il  crut  trouver 
une  occasion  favorable,  et  commença  à  les  parta- 
ger en  deux  associations.  L^one,  sous  le  nom  de 
Congrégation  de  Saint-Sulpice,  demeura  char^ 
gée  de  la  direction  du  séminaire  pour  la  fonda- 
tion duquel  il  obtint  des  lettres  patentes  en  no- 
vembre 1645;  l'autre,  appelée  la  Communauté 
des  prêtres  de  laparoisse^  eut  le  gonTememenl 
de  l'église.  Quoique  partagés  pour  deux  objets 
différents ,  ces  ecclésiastiques  n'ont  jamais  formé 
qu'un  seul  corps.  En  1646,  Olier  fit  poser  la 
première  pierre   de  l'église  de  Saint-Sulpice; 
mais  le  vaisseau  n'étant  point  suffisant  pour  te 
nombre  des  paroisàiens,  il  jeta  en  1655,  de  con- 
cert avec  LeRagoisde  Bretonvilliers,  son  succes- 
seur dans  la  cure,  les  fondements  delamagpiîfiqoe 
église  que  l'on  admire  aujourd'hui.  La  ville  de 
Paris  lui  fut  redevable  d'associations  charitables 
pour  le  soulagement  des  pauvres  et  des  malades, 
d*écoIes  pour  les  enfants,  de  malsons  ponr  les  or- 
phelins de  toutes  espèces.  Après  s'être  démis,  le 
2  avril  1649,  de  son  abbaye  et  du  prieuré  de 
Bazainville,  il  se  démit,  en  juin  1652,  de  la  cure 
de  Saint-Sulpice,  et  continua  cependant  de  dtri- 
ger  son  séminaire.  Déjà  sa  congrégation  avait 
formé  des  établissements  semblables  à  Viviers, 
à  Rodez,  à  Limoges,  au  Puy,  à  Clermoot-rHé- 
rault,  à  Mantes ,  etc.,  et  même  à  Montréal,  dans 
le  Canada.  Cette  colonie  avait  enflammé  son 
zèle,  et  il  y  envoya  des  missionnaires  de  sa  oon> 
grégation  pour  propager  la  foi  chrétienne  au  mi- 
lieu des  peuplades  sauvages  de  l'Amérique.  Ses 
travaux  et  ses  austérités  lui  attirèrent  des  infir- 
mités précoces,  qui  le  conduisirent  au  tombeau 
à  l'Age  de  quarante-huit  ans.  Saint  Vincent  de 
Paul  le  visita  souvent  dans  sa  dernière  maladie. 
L'abbé  Olier  était  un  prêtre  d'une  charité  ar- 
dente et  d'une  piété  tendre  ;  Bossuet  l'appelle 
i;irtffii  prxstantissimum  ac  sanctitalls  cdore 
florentem^  et  dans  une  lettre  au  pape  CUv 
ment  XII  l'assemblée  générale  du  clergé  de 
France  de  1730  le  qualifie  eximiutn  sacerdo" 


6J7 


OLIER  —  OLIVA 


6;^ 


tem,  insigne  cleri  nostri  decus  et  ornamen- 
tum,  11  méritait  tous  ces  éloges  par  son  désinté- 
ressement, son  humilité  et  la  pratique  de  toutes 
les  vertus  sacerdotales.  On  a  de  lui  un  grand 
nombre  d'écrits  qui  ont  été  souvent  réimprimés  ; 
nous  citerons  :  Traité  des  saints  ordres;  Pa- 
ris, 1676,  et  1834,  in  12;  —  Lettres  spiri- 
tuelles f  Paris,  1672,  in-S"  ;  1831,  2  toI.  inl2; 

—  Introduction  à  la  vie  et  aux  vertus  chré- 
/leiinM;  Paris,  1689,  in-24;  1833,  in-i8; — 
Catéchisme  chrétien  pour  la  vie  intérieure  ; 
Paris,  1650,  in-12,  et  un  très-grand  nombre  d'é- 
ditions ,  bien  que  cet  ouvrage  ait  attiré  à  son 
auteur  quelques  reproches  de  mysticité  ;  —  Jour- 
née chrétienne;  Paris,  1672,  in-12;  —  Expli- 
cation des  cérémonies  de  la  grand'messe  de 
paroisse,  selon  l'usage  romain  ;  Paris,  1655, 
in-12;  —  V Esprit  directeur  des  âmes,  ou 
maximes  et  pratiques  de  M,  Olier  touchant 
la  direction;  Paris,  t831,  1834,  in-13.  C'est  un 
ouvrage  recueilli  par  les  supérieurs  de  Saint- 
Sulpice  d'après  les  entretiens  et  la  conduite  de 
leur  pieux  fondateur.  H.  Fisqoet. 

CalHachrittUima.  t  VII,  p.  iOiê.-  U  P.  Giry.  f^is  de 
M,  OUkr,  1687,  In-lt.  —  Simon  de  Deocourt,  Remarquh 
hUtoriqucM  sur  la  paroUse  de  Sàint-StUpice  ;  ITTI,  lo^lS. 

—  Nagot,  Fie  de  M.  Otieti  1818,  ln-8*.  -  De  BretooTll- 
Iten.  Mémoirts  sur  M.  OHer ;\Ul,t  vol.Ui-8*. 

OLIBR.  Voy,  NOINTEL. 

OLIVA  (  Femand'Perez  de  ),  moraliste  es- 
pagnol, né  à  Cordone,  vers  1492,  mort  en  1530. 
Son  père,  qui  cultivait  lui-même  les  lettres,  Téleva 
avec  beaucoup  de  soin.  A  douze  ans  il  était  étu- 
diant à  l'université  de  Salamanque;  de  là  il  se 
rendit  à  Alcala,  puis  à  Paris,  et  enfin  à  Home, 
où,grftc6  àla  protection  de  son  oncle,  attaché  à  la 
oour  de  Léon  X,  il  jouit  de  tous  les  avantages  lit- 
téraires qu'offrait  la  capitale  du  monde  chrétien. 
A  la  moii  de  son  oncle,  on  lui  proposa  d'occuper 
ta  place  que  celui-ci  laissait  vacante;  mais  il 
aima  mieux  retourner  à  Paris,  où  il  donna  des 
leçons  publiques  pondant  trois  ans.  Le  pape 
Adrien  VI,  informé  des  succès  universitaires 
d'Oliva,  essaya  de  l'attirer  à  Rome.  L'amour  de 
la  patrie  l'emporta  cbei  le  jeune  Espagnol,  qui 
revint  à  Salamanque ,  et  fut  un  des  fondateurs 
du  collège  de  l'Archevêque ,  en  1528.  U  y  ensei- 
gna la  morale,  et  en  devint  recteur.  Peu  après 
avoir  atteint  cette  place  élevée,  il  mourut,  jeune 
encore,  et  sa  mort  prématurée  parut  une  grande 
perte  pour  les  lettres.  Oliva  avait  vu  avec  quel 
snooès  les  écrivains  italiens  avaient ,  à  l'imitation 
des  latins,  composé  des  ouvrages  en  prose,  et  il 
regrettait  qu'en  Espagne  le  latin  fût  encore  la 
langue  des  discussions  morales  et  philoso- 
phiques; il  employa  la  langue  castillane  dans  un 
dialogue  Sur  la  dignité  de  V homme.  Il  écrivit 
aussi  quelques  antres  discours  didactiques  Sur 
Us  facultés  de  Vesprit  et  leur  usage.  Sut  un 
projet  de  canalisation  du  Guadatguivir,  et 
un  discours  qu'il  prononça  à  Salanvinque  comme 
candidat  de  la  chaire  de  philosophie  morale. 
L'historien  Morales,  son  neveu, nous  assure  que 


dans  tous  ces  traités  Oliva  eut  pour  but  de  don- 
ner des  modèles  de  la  puissance  et  des  res- 
sources de  la  langue  espagnole.  Son  exemple  fut 
proroptement  suivi  par  des  écrivains  de  mérite  : 
Sedeno,  Salazar,  Lois  Mexia,  Navarra;  mais 
aucun  n'égala  pour  la  force  et  l'expression  la 
première  partie  du  Dialogue  sur  la  dignité  de 
C homme.  «  Et  pourtant,  dit  Ticknor,  Oliva 
n'était  certainement  pas  un  homme  de  génie. 
Son  imagination  ne  s'échauffe  jamais  jusqu'à  la 
poésie;  son  .invention  ne  suffit  jamais  à  porter 
dans  un  sujet  des  vues  nouvelles  et  fortes  ;  et 
son  système  d'imiter  à  la  fois  les  maîtres  la- 
tins et  italiens  tendait  plutôt  ji  énerver  sa  pen- 
sée qu'à  lui  donner  de  la  vigueur.  Mais  il  y  a,  en 
général,  dans  son  style  une  raison  et  une  sagesse 
qui  gagnent  et  satisfont  le  lecteur;  cette  qualité, 
jointe  à  son  style,  qui,  quoique  parfois  déclama- 
toire, est  en  somme  pur  et  ferme,  et  à  son  heu- 
reuse idée  de  défendre  et  d'employer  le  castillan, 
qui  entrait  alors  en  possession  de  ses  droits 
comme  langue  vivante,  eut  pour  effet  de  lui  pro- 
curer une  réputation*  plus  durable  que  celle 
d'aucun  autre  prosateur  espagnol  du  temps.  » 
Oliva  traduisit  du  latin  V Amphitryon  de  Plante, 
dugrecl'i^^ec/re  de  Sophocle  et  r£fécti6e  d'Eu- 
ripide. Les  ouvrages  d'Oliva  furent  publiés  pour 
la  première  fois  par  son  neveu  Ambrosio  de  Mo- 
rales; Cordoue,  1585,  in^"*;  ils  ont  été  réimpri- 
més à  Madrid,  1787,  2  vol.  in-12.  L'inquisition 
les  mit  à  l'index  jusqu'après  correction.      Z. 

Ba^Unuangnto  qiu  hizû  en  Salamanea,  dans  les 
Œuvres  «fOtiva.^  -  Rezabal  y  Ugarte ,  BUtUoteea  de 
tôt  Btcrttûres.  9u«  han  sido  indtviduoi  de  los  teU  Co- 
legtoi  Mavoretf  Madrid ,  1808,  bi«4«.  p.  889,  etc.  —  Ni- 
colas Antonio,  BMiotAeea  hispana  nova.  —  Ticknor, 
historjf  df  Spaniih  Merature ,  t.  i,  p.  491. 

OLIVA  (  Jean),  bibliographe  français,  né  le 
11  juillet  1689,  à  Rovigo  (États  de  Venise)^ 
mort  à  Paris,  le  19  mars  1757.  Il  reçut  la  prê- 
trise à  vingt-deux  ans ,  et  entra  presque  aussi- 
têt  comme  professeur  au  collège  d'AzoIo.  Dans 
les  loisirs  que  lui  laissaient  ces  fonctions ,  il  ap- 
profondit la  langue  française,  et  traduisit  en  ita- 
lien le  Traité  des  études  de  Fleury.  Il  fut  appelé 
à  Rome  en  1715,  et  honoré  de  l'amitié  de  Clé- 
ment XI.  A  la  mort  de  ce  pape,  il  était  secrétaire 
du  conclave,  et  cette  position  le  mit  en  rapport  avec 
le  cardinal  de  Rohan.  Celui-ci  avait  acheté  au 
président  de  Ménars  la  célèbre  bibliothèque  de  la 
famille  de  Thon ,  et  il  cherchait  un  savant  à  qui 
il  pût  en  confier  la  direction.  Oliva  accepta  ce 
poste,  vint  à  Paris  en  1722,  et  passa  les  trente- 
cinq  dernières  années  de  sa  vie  au  milieu  de 
cette  précieuse  collection ,  qui  devint,  sous  son 
influence,  un  centre  littéraire  pour  les  érudits 
français,  et  un  inestimable  secours  pour  les  sa- 
vants étrangers.  Après  avoir  complété  et  régula- 
risé les  acqiHsitions  nécessaires  pour  conserver 
à  cette  bibliothèque  son  ancienne  réputation ,  il 
entreprit  d'en  rédiger  le  catalogue ,  œuvre  im- 
mense, qui  forme  vingt-cinq  volumes  in-fol.  Le 
cardinal  de  Rohan  avait  fait  naturaliser  Oliva, 


619 


OU  VA  —  OLIVARES 


620 


afin  de  lui  pennettrede  posséder  en  France  des 
bénéfices  ecdésiastiqees.  On  doit  à  ce  savant  et 
laborieux  écrrvain  :  De  nummorum  veterum 
cognitione  cvm  historlajungenda  oratio;  Ve- 
nise, Î716,  in-8'  ;  —  De  onHqua  in  Romanis 
scholis  grammalicorum  discipHna  diiserta- 
Ho;  Venise,  17 i8,  în-S»;  —  In  marmor Isia- 
ctan  Homaenuper  effossum  exercilationes  ; 
RoDie,  1719,  tn-S''.  Ce  marbre ,  dédié  authenii- 
qnêmeot  à  fsis,  venait  d'être  découvert  dans  des 
fottllles  eiitreprises  pi'ès  de  la  bibliothèque  de  ia 
Minerve,  que  Tonvottlait  augmenter  d*ane  aite  ; 
Oliva  chercha  à  étalAir  que  cette  pierre  avait 
'figuré  dans  l'origine  un  aotel  "votif.  Ces  trois  ou< 
vragesont^té' réunis  sous  ce  litre:  (Euvres  di- 
vents  de  Paèifé  Oliva,  ffihlïoihéetnre  de  M,  U 
•prince  «te  Soubise;  Paris,  f7!>8,  in-S*»;  — 
Spistola  de  vifa  *CamilU  SilvestrU,  en  tète 
de  Vlnterpretatio  in  anqglyphum  grstcum, 
que  ce  savant  avait  laissé  manuscrit;  Rome, 
1710,  in-8*;  —  Poggii  ^raceiolini  florentini 
fHstarix  devarietcete/oriunm  libri  quatuor, 
Paris,  r72a,in-4f;  —  De 'morte' Landhiitre- 
vis  dissert  a  tio  :  ee  Landsius  -était  tnéde  cin  de 
Clément  ICI; —  Les  Impostures  de  Chistoire 
ancienne  et  pro/ane  ;Xondres  et  Paris,  1770, 
'2  vol.  in- 12;  traduction  d'un  ouvrage  de  Lan- 
celotti ,  elle  ne  fut  publiée  qu'après  ia  mort 

d^liva.  A.  Frareuv. 

Cb'Ami.  Lesalopler,  Éloge  de  /.  OUoa,  «n  tête  «et 
OEuvret  dUtenes.^^  Monlfanoon,  Antiquité  expUqtiée, 
siipplém.,  t.  It,  p.  u.  —  Mémairei  de  Trévoux,  aoilt. 
nsB,  p.  1^6.  "  Aeta  erudUortan  de  Leipzig,  rrto,  p.  8*2. 

OUTAJLEB  (  Pedro  i»fiGDai4Ny  i"" comte  o*), 
général 'espagnol,  né  en  1502,  mort  en  1562. 11 
était  frère  de  don  Juan  de  Guzman,  quatrième 
duc  de  Medina-Sidonia.  Tout  jeune  encore ,  il 
§e  déclara  pour  la  cause  royale  contre  les  Com- 
'muneros,  dans  la  guerre  appelée  Qerma- 
nada.  Au  siège  de  Tolède,  où  s*était  enfermée 
dona  Maria  Pacheco,  veuve  de  finfoftuné  don 
Jnan  de  Padilla,  il  tomba  percé  de  coup?  ans 
mains  de  ses  adversaires.  L^héroîque  venve  prit 
tous  les  soins  que  réclamait  l^état  du  blessé  : 
après  de  vains  efforts  pour  l'attacher  à  sa  cause, 
elle  l'envoya  sur  parole  traiter  ^e  l'échange  des 
prisonniers.  Don  Pedro  prit  part  à  rexpédftian 
que  Charles-Quint  dirigeait  en  personne  contre 
Tunis,  en  Afrique,  et  fit  preuve  de  la  ptus  grande 
Taleurau  siège  de  la  Goulette,  en  1535.  L'empe- 
reur, après  l'avoir  complimenté  dervant  l'élite  de 
ses  chevaliers,  le  nomma  comte  d^Olicares,  parce 
qjat  c'était  dans  un  petit  bois  d'oliviers  qu'il 
s'était  particulièrement  distingué,  et  il  l'admit 
dans  sa  ganle,  qui  n'était  composée  que  des  plus 
hauts  titrés.  Le  nouveau  comte  fit  ensuite  '  les 
campagnes  de  Flandre  et  de  France,  sous  Plri- 
lippe  II,  qui  le  prit  ponr  son  majordome.  C'est 
len  cette  qualité  qu*01ivares  assista  aux  denx 
premiers  mariages  de  ce  prince,  qu'il  accom- 
pagna à  cet  efifet  en  '  Portugal  fit  en  Angleterre, 
en  1543  et  en  1555. 

Saadoval,  Htttoria  del  impendor  Carlo' f^. 


OLIVARES  (ffenri  de  GmMâN,  fieuKiènie 

comte  D*  ),  vice- roi  espagnol,  né  en  1530,  mort  en 
1599.  il  fut  d'abord  gentilhomme  deHnfantdan 
PhiUppe,  qu'il  accompagna  en  Portugal,  pour  la  cé- 
lébration de  son  preraiermariage.  La  Flandre  fiât 
le  théâtre  de  ses  premières  campagnes  :  «n  155S, 
Il  assista  à  la  bataille  deSaiort-Qnentin.  A  son  re- 
tour en  Espagne ,  il  présida  la  cour  des  comptes, 
devintgrand  trésorier  de  Castille,  puis  alcade  du 
palais  ;  en  1592,  il  remplaça  son  père  auprès  de 
Philippe  11  en  qualité  de  majordome.  En  1574, 
il  fut  envoyé  à  la  tête  d*un  corps  'd'aimée 
«outre  les-  révoltés  de  Flandre.  Gomme  ambas- 
sadeur extraordinaire  en  Aranoe  *ét  ambassa- 
deur ordinan*e  à  Borne,  il  se  montra  toujours 
l'adversaire  impétueux  des  protestants.  A  Rome 
il  contrecarrait  les  protestants  français,  en 
usant  de  toute  son  influence  pour  empêcher  la 
réunion  du  consistoire  où  ils  devaient  dtre  en- 
tendus. 11  alla  même,  dans  l'excès  de  son  mdi- 
gnation  contre  ces* hérétiques,  jusqu'à  menaeer 
le  pape,  sll  ne  chassait  M.  de  Luxembourg, 
arobassadan'  ^u  roi  de  Navarre,  des  armes 
de  Philippe  If ,  prêt ,  disaft-H ,  A  convoquer 
un  concile  «apagnai  .pour  Je  laiie  déclarer 
incapable  de  son  pontificat  (1990).  ^Siite^^Qûit 
répondit  à  cette  bravade  en  déclarant  qu'il  lan* 
cerait  une  bulle  d'excommmriaaftion  et  prê- 
cherait unç  croisade  contre  Taudacieux  mo- 
narque s'il  tentait  de  donner  suite  à  ses  me- 
naces. Ttce-'roi  de  Sicile,  divares  extennina 
les  bandits  qui,  sous  les  ordres  de  Bandazo ,  m- 
festaient  cette  lie.  L'année  suivante,  nommé  à 
la  vice-royauté  de  Naples,  il  y  transporta  le 
blé  qu'il  avait  acheté  à  ses  frais,  et  le  fit  distri- 
buer an  peuple.  Pour  activer  le  commerce  de 
cette  ville,  il  y  fit  creuser  un  nouveau  port;  ce 
travail  avait  absorbé  60,000  ducats  lorsque  le 
gouverneur  reçut  ordre  de  le  suspendre  :  le  dé- 
labrement des  finances  de  l'Espagne  nécessitait 
un  tel  abandon.  Laborieux  et  appliqué  aux  af- 
faires, don  Henri,  qui  maniait  avec  le  mémo 
bonheur  la  plume  et  l'épée,  était  plein  de  fran- 
chise, et  détestait  l'addlîrtion  :  il  n'en  eut  pa^; 
moins  des  ennerais,qui  le  firent  rappeler  à  favé- 
nement  de  Philippe  III,  en  1598. 

Berrera,  Historia  gênerai.  —  BotU,  Hitiaria  <ie 
flMte.-''Glaoonf .  HistoHa  di'Vmpoti.  —  CoUecttMire- 
'ttlot,  Méwuirm reiat^ à tkàâtê^^ dêF* 


OLITAKBS  (  f3aspar  ne  t3miAK,'trairïèmn 
comte  d')  ,  duc  nE-SMf*Lucjai  oe  BAitiUvRiA, 
célèbre  homme  d'État  espagnol,  né  à  Rome,  le 
6  janvier  1587,  mort  à  Tofo,  le  22  juillet  1643. 
Cadet  <de  famille  et  destraé  h  l'état  ecdésias- 
liqoe,  il  alla,  «n  1599,  ooiltimier  ses  études  a 
Tuniversité  de  Salamanque.  Devenu  Tecteor  de 
cette  cëlMyre* université,  le  jenne  OHvares  ob- 
tint du  roi  la  commandevie  de'Yeteras,  dans 
l'ordre  mHitarre  de  Calatniva.  'Après  la  mort 
de  MO  frère  ainéjJérdraedeOozman,  Il  viiirt  à  la 
eonr  ;  héritier  d'une  riche  anocession,  après  la 
mort  de  son  père,  il  put  y  paraître  avec  tout  V^ 


>J21 


OT.IVAttES 


022 


-dat  de  son  rang.  D'une  ambition  Mn$bonict«it 
âe  montra  prodigue  pour  se  faire  des  partiitans 
saas  8'tii(}niéterd66  eafiem  eCdes  rivatix  que  lui 
SttMîlaieiit  soQ  «mpresêenent  à  se  prodnire  et 
MO  kaWèBié  k  parvenir.  Admil  eourtisan,  ^Ire- 
«bercha  Aulnes  de  4bMiica  7  Velaseo,  dame  du 
|»aUi#y  eC  s'aequit  par  ee  mariage,  contracté  en 
1607,  toutes  Aa^foveors  de  la  reine.  Philippe  ill, 
4|«i  km  ^ramit  la  grndesaey  reAisée  à  son  père, 
.le  nooHia,  malgré  sa  jetinease,  arobwsadeitr  ex- 
traordinaire à  Rome.  'OUrares  fediercha  aossi 
les  iMHmes  fiàoes  de  ilafadt  don  Phflippe^et  as- 
sista comme  gentillwMiiie'de  sa  chambre  aux 
noces  de  ce  prinoe  avec  Ûisab^  de  France, 
en  1613.  Dès  lors  il  de«fnt  le  rîral  <ét  fut  coosU 
déré«omme  le  (ntur  suocessenr  du  duc  de  Lerme 
{sPoy.cenMi).  'il  capta  surtout  la  favcHr  do  foCnr 
tiéiâitr  -de-la  couronne,  en  flattant  «es  indina- 
tioos  et  «en  Taidanlde  son  argent  à  se  itrocn- 
«er  les  plaisirs  qui  étaient  de  son  gaM.Toift  «lia 
ai  hien  «a  gré  de  ses  désirs  qd'à  r^r^nement  de 
Philippe  IV  (Mirares  se  trouve,  en  1 621,  com- 
pMleaMnt>maflPe  de  la  «Huatioa.  Premier  mi- 
sistre,  pnéëdeot  da  «onsef I  de  censure  poiir  la 
fféiamie  des  âhos,  grand  ebambdUan,  grand 
ehaattlier  lèes  Indes,  trésorier  général  de  i'A- 
nffmf  membue  do  «onseil  suprême  d'État, 
Wmd  don]Fer,  capitaioe  général  de  la  cayalerie 
«d  ^MiiiULur  du  Goipuscoa,  il  se  chargea  de 
toiile  l'administration  intérieure,  et  laissa  la 
«UreetioD  <des  alTabes  étrangères  à  son  oncle 
fiaàkazar  de  Zunica,  le  plus  habile  difdomate 
4e  MO  temps.  Arrivé  ao  faite  du  pouvoir,  le 
mavscna  fiTori  vouhits'en  assurer  la  durée  par 
r«aéMiâisaement  de  toute  ianoenoe  rivide.  Le 
doc  de  Xenaefut  déinltivementrenroyé,  et 
Ml  ne  truora  giàce  déviant  Tombrageuse  ambl- 
lâaa  4a  «nnweaa  «linistie.  lioois  d'Alisga  et  le 
diie4'Uoeda»  «es  bieMfaitettrs ,  furent,  le  pre- 
mier exilé,  let  le  seoundemprisonné,  comme 
«unaplicas  de  son  «eodre  doo  Pedro ,  doc 
d'OssoM,  «ioMoi  de  ffaples,  qui  mourut  dis- 
gracié «t  daos  «a  prison,  sans  pouvoir  obtenir 
justice.  fCalderon,  qui  aussi  rayait  bien  serri, 
futaoGusé  de  crimes  énormes  et  condamné,  sans 
preou«8«  à  mort  et  exéeoté. 

Tootus  tes  «rtahires  du  pi^eédent  règne  fi- 
■nt  pèaae  à  celles  du  tout^oissant  mHiistre. 
Le  talent,  la  v«rtn,  l'indépeodanoe  do  carac- 
lève»  tout  fie  qui  était  <figBe  d'appeler  oo  la 
popolarilé  00  la  faveor  do  roi  fut  exclu,  per- 
sécuté. Le  sage  Zoaiga  devint  sospect  loi- 
■aéUMS  dte  qu'U  cassa  d'être  Mispensabie.  Il  fut 
indignement  sacrifié,  et  oa  mort  eutvft  de  trop 
prèanadi^giâcepour  qu'on  ne  l'imputât  pas  à  son 
«**■*  ■•*«•.  Le  nouveau  gouvernement  avait 
préindé  par  4e  «âges  aMaures  ;  mas  blent6t  ses 
projets  dûmériqnes  et  «es  prodigaKtés  préci- 
pHèranÉ  te  mine  du  pays  qu'il  s'était  flatté  de 
^égénétuy.  Le  camte-duc  avaK  commencé  par 
«agagar  aan  maître  à  prendre  le  surnom  de 
OroMt^  que  CharlaM^nint  avait  dédiné  pendant 


sa  vie  (  PMtipptht^rto  et  Grande  )  ;  il  es- 
pérait bien  lé^timer  ce  surnom  pompeux  pur 
les  grandes  ehoses  qu'il  se  promettait  de  faire 
dorant  son  ministère ,  tandis  que  le  souverain 
n'aurait  pour  passe-temps  que  ses  fîtes  brillantes 
et  ses  courtisanes.  Malgré  la  déchéance  de  l'Es- 
pagne, les  drconstances  paraissaient  favoriser 
ses  rêves  de  grandeur  et  de  gloire.  Après  d'é- 
datants  revers,  la  guerre  de  Trente  aas  tour- 
nait heureusement  pour  rAulriche  ;  le  moment 
semblait  venu  de  ràlever  Tancienne  prépondé- 
rance de  TEspegne  sur  les  ruines  du  protestan- 
finne  et  par  rhomiliation  de  la  France.  La 
trêve  avec  les  Pays-Bas  touchait  à  sa  fin  ;  Oli- 
vares  se  hita  de  reprendre  les  hostilités  contre 
les  Provinces-Unies  et  en  Italie.  Mais  il  rencontra 
dans  Richelieu  un  rival  capable  de  déjouer  ses 
proj  ets.  L'Espagne  cependant  sembla,  en  1 636,  près 
de  reprendre  le  dessus.  Ses  armées  envahissaient 
la  France  au  nord  et  au  sud  ;  les  Flamands  s'é- 
pttisaient  et  les  Snédois  faiblissaient  en  Alle- 
magne. Mais  le  comte-duc,  qui  avait  avancé  des 
sommes  énormes  à  TAutriche  et  qui  augmen- 
tait toujours  ses  armements  sans  rien  diminuer 
du  luxe  de  la  cour,  se  vit  tout  à  coup  à  bout 
de  ressources  financières  :  ce  fut  Fécudl  de  son 
administration,  aossi  entreprenante  que  peu  éco- 
nome. Ses  armées,  sans  solde,  se  débandèrent» 
et  il  n'éprouva  Roère  que  des  revers  sur  mer  et  sur 
terre.  Les  Français,  vainqueurs  en  Italie  (  voy. 
Louis  XIII  et  Richelieu  )  et  dans  le  Roussilloq, 
s'emparèrent  de  la  Cerdagne.  Encouragés  par  leur 
approche,  les  Catalans  se  révoltèrent  et  s'érigèrent 
en  république  sous  la  protection  de  la  France.  Au 
même  moment,  le  Portugal,  proclamant  son  in- 
dépendance, couronnait  le  duc  de  Bragance. 
Dans  une  situaljon  si  grave,  l'orgueilleux  mi- 
nistre n'en  devint  que. plus  prodigue  et  plus  dur, 
comme  s'il  eût  voulu  voiler  le  v^le  de  ses 
finances  par  le  làste  de  sa  représentation  et  son 
inhabileté  à  diriger  les  affaires  par  la  rigueur 
outrée  de  son  gouvernement.  Il  continuait  de 
dominer  le  roi  et  de  le  -retenir  dans  la  retraite 
|)ar  le  charme  des  plaisirs.  Dans  le  délicieux 
palais  deBuen-Retiro,  bàUen  1633.  le  roi,  parmi 
les  poètes  et  les  jolies  femmes,  oubliait  les  dé- 
sastres de  son  royaume  {voy.  Philvpe  IV  ).  L0 
premier  ministre  «ffectait  une  sérénité  qu'U 
avait  l'art  de  communiquer  au  maître.  Toute 
l'Europe  connaissait  la  révolte  du  Portugal 
quand  le  comte  duc  vint  rannoncer  au  roi  des 
Espagnes  en  ces  termes  :  «  Le  duc  de  Bragance 
vient  de  se  taire  couronner  roi  ;  c'est  une  folie 
qui  enlève  à  Votre  Majesté  douze  millioos  de 
revenus, .  mais  qui  lui  rapportera  plusieurs  pro- 
vinces. »  ^  «  C'est  bien,  répondit  J'iodoleat  mo- 
aarcpie  ;  vous  êtes  te  maltt e,  arrangez  cela.  »  Ce- 
pendant les  révoltes  du  dedans  et  les  revers  du 
dehors  se  multiplaient  :  la  monarchie  était  en 
plaine  déeadeMe.  Le  duc  de  Biedina-fiidonia» 
gouverneur  de  TAndaloosie,  essayait  de  se  ren- 
dre indépendant  dans  ce  royaume.  Encouragé 


62S  OLIVARES  —  OLIVE  624 

par  rcxemplc  du  duc  de  Bragance,  son  beau-    ."f»'?'/ 'ïf^iJ»*;  '"r**-  ~  "  OruijSaiiz,conve«- 
frère,  il  ayail  agi  à  l'instigalirde  la  duchesse  ,  ^'^  ^' '«  *''^'^ ^  ^^^«^«- 


Anna  de  Gazmao  (voy.  ce  nom),  sa  sœur  :  il 
n'eut  pas  le  même  bonheur.  OUvares  de  Guzman 
épargna  en  lui  un  prince  de  son  sang  ;  le  marquis 
de  Vlllaréa!  et  le  duc  de  Camino,  son  fils,  payèrent 
de  leur  tète  ainsi  que  leurs  nombreux  complices 
leur  participation  à  ce  mou?ement;  mais  tandis 
que  la  réTolte  de  l'Andalousie  était  noyée  dans 
le  sang  des  coupables,  la  révolution  de  Portugal 
s'accomplissait^  Tout  le  reste  allait  en  empirant. 
Les  provinces,  celles  du  nord  en  particulier,  ré- 
clamaient contre  la  violation  de  leurs  privil^es, 
les  grands  contre  le  nivellement  des  classes 
sous  l'action  de  l'absolutisme  royal;  la  souf- 
france et  la  misère  du  peuple  étaient  extrê- 
mes. Le  roi  s^aperçut  enfin  de  toute  l'étendue  du 
mal.  Mais  comment  se  séparer  d'un  ministre 
qui  lui  rendait  la  vie  si  commode  en  se  char- 
geant de  tout  le  poids  des  affaires,  plus  compli- 
quées que  jamais  ?  Ce  n'est  qu'à  force  d'instances 
que  Anne  de  Guevara,  sa  nourrice,  et  la  reine 
son  épouse  parvinrent  à  le  décider  à  un  com- 
mencement de  séparation.  Philippe  IV  cnil  pou- 
voir apaiser  la  clameur  populaire  par  l'exil 
temporaire  du  comte-duc  d'Olivares,  qui  fut  en- 
voyé à  Luèches.  Il  allait  le  rappeler  lorsque  le 
ministre  mit  le  comble  à  sa  disgrâce  par  la  pu- 
blication d'un  mémoire,  qu'il  avait  rédigé  pour 
sa  Justification,  mais  en  termes  offensants  pour 
la  reine  et  pour  d'autres  personnes  influentes  : 
Olivares  futdéfinitivement  exilé  à  Toro.  Les  uns 
disent  qu^il  se  renferma  dans  un  couvent,  où  le 
roi  continua  de  le  consulter  jusqu'à  sa  fin.  I>e8 
auteurs  italiens,  affirment,  au  contraire,  qu'il 
termina  ses  jours  à  Luèches  ;  ils  l'y  représen- 
tent tout  occupé  de  soins  agricoles  et  se  com- 
parant à  Denys  de  Syracuse.  Homme  aux  vues 
gigantesques,  mais  inhabile  dans  les  moyens  et 
malheureux  dans  les  résultats,  le  comte-duc 
d'Olivares  laissa  en  pleine  d^dence  l'Espagne, 
qu'il  avait  reçue  encore  puissante.  On  lui  ac- 
cordait pourtant  de  l'esprit  ;  il  était  doué  d'une 
éloquence  naturelle,  et  joignait  à  un  style  facile, 
quoique  un  peu  guindé ,  une  élocuf ion  brillante 
et  des  connaissances  étendues  et  variées  à  une 
grande  application  aux  aflaires.  Mais  il  était 
d'un  orgueil  et  d'une  ambition  sans  bornes,  et 
si  vindicatif  envers  ceux  qu'il  abhorrait  ou  qu'il 
redoutait,  si  ombrageux  et  ingrat,  si  parcimo- 
nieux envers  ceux  qui  le  servaient  et  tellement 
défiant  et  dur  envers  tous,  qu'il  n'eut  pas  un 
ami,  ne  rencontra  pas  un  dévouement  et  ne  fut 
regretté  que  de  ceux  dont  sa  chute  ébranlait  la 
l)ositlon.  B.  y.  Marty. 

Comte  de  U  Rocca,  HM,  du  ministère  du  comtC'due 
droiivaris;  Cologne,  lC7S,lii-lt.  —  MaUcizl.  Ritratto  de 
eonte-âuea  di  San-Utiear:  MlUn,  lese,  In-lt.  —  Carpos 
contra  el  e(mde-duque,jniivad0  9utfmede  la  Uageitad 
CatoUea  de  Felipe  et  Grande,  por  un  min.  retid.  en  su 
Corte.  —  Deseargos,  Que  eserlve  et  mitmo  in  su  favor, 
bax0  el  nombre  de  Nicandro  o  antidote^  etc.;  Madrid, 
1649.  —  Caduta  del  conte  d'Olivares  /  Llun,  16W.  •>  Val- 


OLITB  { Pierre^ Jean)t  théologien  français, 
né  en  1247,  à  Sérignan,  diocèse  de  Bëziers^ 
mortàMarbonne,  le  16  mars  1298.  Offert  à  l'âge 
de  douie  ans  par  ses  parents  au  couvent  des 
Frères  mineurs  de  Béziers ,  il  fut  envoyé  par  ^e» 
supérieurs  à  Paris ,  où,  après  avoir  été  reçu  ba- 
chelier en  théologie,  il  redoubla  de  ferveur  re- 
ligieuse, et  ne  tarda  pas  à  se  faire  dans  son 
ordre  beaucoup  d'ennemis  à  force  de  s'élever 
contre  le  relâchement,  de  jour  en  Jour  pins  sen- 
sible, de  la  discipline  monastique.  Son  lèle  té- 
méraire déplut,  et  l'on  examina  de  prè^^qoelques- 
uns  des  éoits  tliéologiqnes  qu'il  avait  compo- 
sés. Comme  il  est  toujours  facile  en  pareille 
matière  ,*on  y  trouva  des  propositioBS  mal  son- 
nantes, suspectes  d'hétérodoxie  et  sasceptibles 
de  censure.    Jér6me    d'AscoU,   général    des 
Frandscains,  depuis  pape  sous  le  nom  de  Ni- 
colas IV,  condamna,  en   1278,  on  livre  où  le 
frère  Olive  avait  en  quelque  sorte  divinisé  la 
Vierge  Marie,  et  enjoignit  à  l'auteur  de  le  brûtef 
de  ses  propres  mains.  Pierre  obéit  ;  maia  il  ne 
parait  pas  que  cette  répression  ait  été  longtemps 
efUcace,  car  dans  un  chapitre  général  tara  à 
Strasbourg,  en  1282,  on  recommença  de  l'ac- 
cuser. Un  grand  nombre  de  franciscains  parta- 
geaient ses  opinions,  qui  furent  condamnées 
comme  dangereuses ,  non  encore  comme  héré- 
tiques, par  quatre  docteurs  et  trois  bacheliers  de 
l'ordre,  chargés  par  le  général  Bonagratia  de  les 
examiner..Celui-ci  se  rendit  même  à  Avignon,  on  la 
doctrine  du  frère  Olive  comptait  le  plus  de  par- 
tisans, et  chercha  à  les  désabuser.  Olive  acoDonit 
aussitôt  au  chapitre  convoqué  contre  lui,  et  il  y 
pérora  si  habilement  qu'il  en  fut  quitte  poor  une 
simple  admonestation  d'être  désormais  plos  cir- 
conspect dans  ses  écrits  et  plus  disposé  à  rétrac- 
ter ses  erreurs.  Arlotto  de  Prato,  qui,  en  1285, 
succéda  à  Bonagratia,  obligea  Olive  de  se  rendre 
,  à  Paris ,  où  il  se  défendit  encore  avec  tant  d*é- 
I  clat  que  ses  accusateurs,  devenna  ses  juges,  ne 
I  surent  que  lui  répliquer.  Enfin,  en  1290,  Nicolas  IV 
I  donna  au  général  Raymond-Ganfridi  l'ordre  de 
procéder  contre  des  sectateurs  de  Pierre-Jean 
Olive,  qui  jetaient  le  trouble  dans  divers  mo- 
nastères delà  province  de^arbonne;  maia  on  ne 
voit  pas  qu'Olive  ait  été  personnellement  inquiété. 
Il  assista  au  contraire  au  chapitre  général  tcnn  à 
Paris  en  1292 ,  et  y  donna  des  explications  qui  sa- 
tisfirent l'assemblée.  Échappant  à  toutes  les  ri- 
gueurs que  l'on  continuait  d'exercer  contre  quel- 
ques-uns de  ses  partisans,  il  mourut  tranquille, 
après  avoir  reçu  les  sacrements  de  l'Église  et  dé- 
claré ses  derniers  sentiments  sur  les  observances 
monastiques ,  disant  qu'une  condition  essentielle 
de  la  vie  évangélique  des  momes  mendiants  était 
de  renoncer  à  tout  droit  temporel ,  à  tout  genre 
de  propriété  et  de  se  contentçr  du  simple  usage 
des  choses,  tenant  pour  coupables  de  péché  mor- 
dorj  njouiaume  de).  Anecdotes  du  minist.  du  c.  d.  tTO-    |  tel  tous  cen«  qui  autorisaient  les  violatioos  ne 


635 


OLIVE  —  OLIVEÏ 


62e 


la  lègle,  et  spécialement  du  vœu  de  pauvreté, 
s'afTligeant  de  voir  des  frères  mineurs  plaider 
pour  des  frais  de  funérailles  ou  pour  des  legs 
pieo%,  procurer  à  leurs  maisons  des  revenus  ou 
desapprovisionnementscertains  par  des  inhuma- 
tions dans  leurs  églises  ou  par  des  fondations  de 
messes ,  soutenant  enfin  qu'il  ne  leur  était  pas 
permis  d'être  bien  vétns,  bien  chaussés,  ni  d*al- 
ler  à  cheval ,  ni  de  vivre  aussi  commodément 
que  des  chanoines  réguliers.  Sa  profession  de 
foi  consistait  dans  l'expression  de  son  attache- 
ment à  l'Ecriture  sainte,  et  de  sa  soumission 
aux  décisions  de  l'Église  catholique  et  romaine. 
Les  ennemis  de  ce  hardi  réformateur  ne  tardèrent 
pas  à  s'acharner  contre  sa  mémoire.  Dès  1397 
ils  réussirent  à  la  faire  flétrir  par  Jean  de  Mur, 
devenu  général  des  Franciscains.  Douze  théolo- 
giens l'accusèrent  d'hérésie;  sur  leur  parole,  son 
cadavre  fut  déterré  et  livré  aux  flammes  par  ses 
confrères.  Des  analhèmes  plus  aotennels  frap- 
pèrent sa  doctrine  au  concile  de  Vienne,  en 
1312;  le  paiHi  Jean  XXII  la  condamna  encore 
en  1320,  et  tous  les  historiens  du  moyen  âge 
qui  ont  parlé  d'Olive  l'ont  en  général  représenté 
coromfe  hérétique.  11  professait  cependant  la  plus 
hnroble  soumission  à  toutes  les  décisions  de  l'É- 
glise ,  et  la  foi  de  ses  accusateurs  était  peut-être 
moins  pure  et  certainement  moins  vive  que  la 
sienne.  Le  crime  qu'ils  ne  pouvaient  lui  pardon- 
ner éUitde  réclamer  et,  autant  qu'il  en  avait  le 
moyen ,  de  prescrire  des  réformes  sévères,  in- 
dispensables selon  lui,  et  qui,  si  elles  eussent  été 
faites  àcette^^ue,  eussent  épargné  à  l'Église 
l'hérésie  de  Luther.  A  la  fludii  quatorzième  siècle, 
Barthélemi  de  Pise  justifla  lesopinions  de  Pierre- 
Jean  Olive.  Saint  Antonin  lui  donna  des  éloges, 
le  pape  Sixte  IV  réhabilita  sa  mémoire  ;  enfin 
les  célèbres  fkanciscains  Bernardin  de  Bustis 
et  Luc  Wadding  se  prévalurent  de  son  auto- 
rité et  donnèrent  sur  son  orthodoxie  des  éclair^ 
dasemenU  pleins  d'érudition.  Il  faut  pourtant  se 
garder  de  penser  que  les  ouvrages  d'Olive  soient 
exempts  d'erreurs  plus  ou  moins  graves;  il  avait 
trop  d'hnagination  et  de  zèle ,  trop  peu  de  juge- 
ment et  de  véritable  science  pour  n'être  pas 
exposé  aux  iUusions  du  mysticisme  et  de  l'en- 
thousiasme. Les    ouvrages    d'Olive   sont   an 
nombre  de  plus  de  quarante;  les  uns  con- 
sistent en  Commentaires  sur  plusieurs  par- 
ties de  la  Bible,  sur  le  traité  attribué  à  Denis 
TAréopagite  concernant  la  hiérarchie  céleste, 
sur  le  Maître  des  sentences,  sur  la  règle  de  Saint- 
François;  les  autres  sont  des  ouvrages  de  con- 
troverse, entrepris  par  lui  pour  la  défense  de 
ses  opinions ,  un  Panégyrique  de  la  Vierge 
Marie,  un  Traité  des  vices  et  des  vertus,  des 
traités  Sur  Us  sacrements,  sur  les  aehats,sur 
Us  ventes  et  sur  Ttuttre,  des  questions  sur  V au- 
torité du  pape  et  du  eondle.  On  ne  connaît 
dimprimé  que  :  Expositio  in  regulam  Sancti- 
Franeisci;  Venise,  1513,  m-fol.;  —  Quodli- 
^to; Venise»  1&09,  infol.        H.  Fisqcct. 


HUL  lUtér.  de  la  Franc»,  t  XXI,  p.  4t-K.  — Waddloff,. 
Seriptore*  ord,  Minorum.  -  DUt.  hitt.  des  oufenri 
ecclès.,  t.  III.  -  Dom.  de  GabernaUs,  Orbli  teraphiau,  I. 

OLIVBIRA.  Voy.  GOMCZ. 

OLIVER  (Isaac),  peintre  anglais,  né  en 
1S56,  mort  en  1617,  à  Londres.  Il  reçut  de  Hil- 
liard  les  premiers  éléments  de  son  art  ;  mais  ce 
fut  à  Frédéric  Zucchero  qu'il  dut  ses  plus  grand» 
progrès.  Bien  qu'il  ait  laissé  des  compositions 
historiques,  il  a  principalement  traité  le  por- 
trait, et  il  a  reproduit  avec  succès  les  traits  de» 
personnages  les  plus  distingués  de  son  temps. 
Son  dessin  était  correct ,  sa  touche  franche  et 
délicate,  sou  faire  presque  toujours  large.  Outre 
un  grand  nombre  de  copies  de  Parmesan ,  on 
a  conservé  de  cet  artiste  plusieurs  belles  mi- 
niatures exécutées  d'après  nature,  telles  que 
celles  des  reines  Elisabeth  et  Marie  Stuart,  du 
prince  Henry,  de  Ben  Johnson  et  de  Philippe 
Sidney.  Dans  la  collection  de  la  reine  Caroline  à 
Kensington,  il  y  a  deux  grands  dessins  d'O- 
liver :  l'un,  original,  a  pour  sujet  Le  Christ  au 
tombeau,  et  l'autre ,  Le  Massacre  des  inno' 
cents,  est  d'après  Raphaël.  On  a  aussi  un  traité 
de  sa  composition  sur  la  miniature,  traité  en 
partie  inséré  dans  le  GrapMce  de  Sanderson. 

OLITBK  (  Peter),  fils  et  élève  du  précédent, 
né  en  1601,  mort  vers  1654.  Comme  son  père, 
il  cultiva  la  peinture  en  miniature  et  ne  tarda 
pas  à  le  surpasser.  Ses  œuvres,  plus  nom- 
breuses d'ailleurs  et  plus  recherchées,  étendi- 
rent sa  réputation  jusqu'à  l'étranger.  La  collec- 
tion des  rois  Chartes  I^'  et  Jacques  II  contenait 
de  lui  treize  compositions ,  dont  sept  se  voient 
encore  à  Kensington;  mais  la  plus  remarquable, 
qui  représente  la  femme  d'Oliver,  est  en  la  pos- 
session des  ducs  de  Portiand. 

Un  troisième  artiste  de  ce  nom,  Ouver 
{John),  appartient,  à  ce  qu'on  pense,  à  la 
même  famille.  Il  vécut  à  Londres ,  où  il  était 
né  en  1616,  et  peignit  également  le  portrait Hvec 
beaucoup  d'habileté;  on  a  encore  de  lui  des 
eaux- fortes  gravées  d'une  pointe  fine  et  spiri- 
tuelle, et  d'admirables  vitraux  pour  l'église  du 
Christ  à  Oxford.  K. 

Ptlklngton ,  British  pointers.  —  Walpole ,  JneedoUs 
ttf  painting» 

OLiTKT  (  Pierre-Joseph  Thoulibr,  abbé  d'), 
écrivain  français,  né  à  Salins,  le  1"  avril  1682, 
mort  à  Paris,  le  8  octobre  1768  (I).  H  appar- 
tenait à  une  famille  distinguée  :  son  père, 
conseiller  au  pariement  de  Besançon,  dirigea 
son  éducation  avec  soin.  L'enfant  fit  ses  classes 
d'une  façon  brillante,  et  au  sortir  du  collège 
il  entra  dans  Compagnie  de  Jésus.  Tant  qu'il  resta 
chez  les  Jésuites,  il  y  fut  désigné  sous  le  nom 
de  Père  Thottlier,  qu'il  avait  adopté  sur  le  désir 
d^un  oncle  maternel.  U  passa  successivement 

(I)  Salrant  les  Mémoires  secrets  d«»  Bacbanmont,  c'est 
le  8  qu'il  aurait  été  enterré,  ce  qui  reporterait  «a  iBcrt 
à  la  vdlle  ou  i  l'aTant-Teiile  ;  maU  lea  Mémoires  se- 
crets sont  un  peu  sujeU  *  caiitioa .  quoiqu'ils  donnent 
,  jour  par  lour  le  réelt  des  talta. 


fùu: 


OLIVET 


C28 


dànê  pkwienrs  collèges  de  la  compagaie,  à  Reims, 
à  Dijon,  puis  à  Paris,  «t  dans  eliacime  de  «es 
Tîtles  il  se  Ha  avec  des  personnages  célèbres  : 
à  Reims ,  avec  Maucroix ,  Faini  de  La  Fon- 
taine; à  Dijon,  avec  le  père  Oudin  et  le  prési- 
dent Bouhier,  qui  devinrent,  par  la  snKe,  ses 
<:orrespondants  assidus  et  ses  collaborateurs;  à 
Par^s  enfin,  avec  Boileau,  morose  et  vieillissant, 
dont  il  se  fit  le  disciple  empressé  et  respectueux. 
Une  certaine  confonnîté  de  caractère  et  d'esprit, 
la  même  sévérité  de  goût,  le  même  amour  pour 
la  pureté  et  la  correction  du  style,  devaient  res- 
serrer les  liens  de  ce  commerce  littéraire  entre 
le  vieux  poète  et  son  admirateur.  L^abbé  d'O- 
livet  a  parié  plusieurs  fois  de  ces  relations  dans 
son  Histoire  de  V Académie,  et  il  se  repré- 
sente à  nous  «  écoutant  cfprantf  maitre  avec 
une  ardeur  de  jeune  homme  ».  Cette  liaison  ne 
rot  pas  inutile  à  Bolleau  lui-même,  ai  le  P.  Thon- 
lier  trouva  Toccasion  de  payer  sa  dette  à  ni- 
lustre  satirique ,  en  s*entremettant  pour  lui  dans 
une  circonstance  délicate.  Il  avait  paru  contre 
les  Jésuites  une  satire  violente^  que  le  T.Tel- 
lier,  confesseur  du  roi,  attribuait  obstiné- 
ment à  Boileaa,  connu  par  ses  liaisons  avec 
Port-Royal  et  sa  causticité  contre  les  révérends 
pères.  Il  n'en  fallait  pas  davantage  pour  perdre 
celui-ci  dans  l'esprit  de'Loais  XIY.  Maisie  père 
Thoulier  se  posa  en  médiateur,  et  parvint  à  jus- 
tifier son  ami ,  4ont  les  dénégations  n'avaient 
obtenu  jusqu'alors  aucan  succès,  quoiqu'il  se 
montrât  doublement  indigné  qu'on  lai  attnbu&t 
une  pièce  si  grossièrement  injurieuse  et  de  si 
méchants  vers. 

Le  P.  Thoulier  se  lia  également  avec  le  savant 
Huet,  ancien  évêque  d'Âvranches,  La  Monnoye, 
J.-B.  .Rousseau,  et  nombre  d'autres  illustres. 
Toutes  ces  amitiés  le  piquèrent  d'émulation.  Il 
commença  par  se  prendre  d'un  l)ean  zèle  pour  la 
poésie,  et  essaya  pendant  quelques  années  de 
rimer  malgré  Minerve.  Mais  il  eut  le  courage  de 
reconnaître  qu'il  s^était  mépris  sur  sa  vocation , 
et  de  jeter  ses  vers  français  au  feu  pour  ne 
plus  s'adonner  qu''à  la  muse  latine ,  qu'il  a  cul- 
tivée avec  un  incontestable  succès.  Persuadé, 
comme  Boileau ,  que  les  anciens  sont  les  mo- 
dèles ironuiables  et  que  tout  est  en  enx«  Jors- 
qu'll  voulut  se  préparer  à  TéloqueDce  de  la 
cheire ,  il  ne  ctut  rien  avoir  de  mieux  à  faire 
que  d'étudier  l'éUiqiieiice  des  Pirateurs  de  l'anti- 
quité, et  particttlièremeal  celle  de  Cicéron.,  qu'jl 
lut  et  relut  «  et  |>ottr 'lequel  il  se  prit  dès  lors 
d'une  sorte  d'amour  exclusif  et  passiouoé,  dont 
il  a  Laissé  le  témoignage  dans  presque  tojus  ses 
écrits.  R  Cet  enthousiasme  déclaré,  cette  pro- 
fession de  foi  constante,  dit  d'Alembert,  a  été 
parmi  les  gens  de  lettres  comme  l'écussoa  ée 
M.  l'abbé  d'Olivet...  Il  sembioit  répéter  sans 
cesse  à  tout  ce  qui  l'environnoit  l'espèce  de  cri  de 
guerre  qu'il  a  lait  retentir  dans  une  4e  sas  ha- 
rangues acadénmqnes  :  Li$ez  Cicéron,  lisez 
Cicéron  !  A  peine  pennettoit-ilaiu  jeunes.geos 


d'autres  lectures,  qui  ne  lui  fiaroissoient  guère 
propres  qu'à  leur  corroii»pre  Je  goàt  »  Il  a 
iiien  prouvé  encore  jiw^''èià  il  poilait  œtfe  p£*- 
sion  littéraire  par  rwairhateque  ^^ignphe  ^u1l 
Si  «ii9pi!«B(éeà  VeUcivs  .PateiôaiiisfNinr  ia  mcître 
an  4ète  d'un  rocueil  de  Penjées  &»  fi«A  aufteur 
favori  :  <iiiims  in  nutUlo  ffenms  Jiommum 
qtsam  laus  jCUermiis  oad^t.  »  Aussi  TtiHâire, 
idans  ta  corre^paudanoe,  l'appeUe-t'il  laroilière- 
mentà  pJusiturs  reprises  :  «  Mao  cbar  CioéroD  », 
et«ssaye-t*«il  ^^HU^<(fi>is  de  flatter  >rtf  ig06ls  en 
iui  écrivant  eo  latin. 

J^  1713,  Je  P.  Tbottlier  M,  envosié  à  Rame 
•par  ses  jupérieora»  qui  •'vauLiient  pteâktr  et  -son 
fatont  ^nr  lui  latre  éarive  l'histaine  de  Jafiooicté 
de  iéans.  La  masse  de  duconenis  .fui  lai  lis- 
FSBt  remis  à  cette  aoeaaiM ,  te  loagueur  et  l'a- 
.ridité  Ha  tnavaU  qu'il  «pitivosmit,  L'afirayàrent 
«i  biaa  <|ae,  préfôraaA  demeorer  Ubre  de«e  û* 
vner  à  swéiades  tevioritea ,  il  ae  décida  k  n^mUùar 
ia  Société,  au  moment  où  il  éteit  sur  le  pajttt  de 
s'cDgBger  (fiut  des  vœux  définitifs.  On  essaya  en 
itaJn  de  le  rateair  par  Tappât  des  honoe8rs,eB 
loi  offcaul  les  faaHtesfonelions  de  précepteur  éa 
frince  des  Asturies  à  la  «our  d'Espagne.  JSavé- 
aokition  était  ^ise,  et  rien  ne  put  r^taiiter. 
Mais,  en  raaonçattt  à  cet  ordre  célébra ,  il  ne 
iui  garda-pas  moins  toute  aa  me  une  aorte  d'at- 
teobemeat  filial ,  que  d'Atemèert ,  en  le  oonste- 
tant,  s'éverlueà  «xftiquer  par  des  raiscos  phi- 
losophiques ,  pour  jttsMer  aa  «lénaÉice  d'une 
telle  iaiUesse  ou  d'un  tel  crime  ! 

Dès  «lors  il  se  livra  entièrement  à  IV^nte  de 
l'antiquité.  J>éjà,*en  1710,  filusiaurs  traduetions 
sorties  de  sa  iplnne  iwaient  été  -pobiièas 
les  «envres  posthumes  de  Mancraix,  ou  dn^ 
ces  tradueftioas  »?aient  éte  telleraantTevnas  et 
corrigées  par  loi  qu'elfes  éteient  plulOt  aan  ou- 
vrage que  celui  du  célèbre  chanaine  de  Reims  ; 
mais  il  s? ait  en  cette  drcanatance  entièrement 
sacrifié  sa.gfeireÀ  celte  de  son  anu,  et  «an  tn- 
dudion  de  la  I9atwn  des  Dèeux  deCicéMHi  lit 
la  première  qui  pamt  sous  sounnm.  H  I^aooaoï- 
pagna  de  Itonor^ifec  sur  ia  thMofieées 
fMUttopkes  freeSf  rapportée  dam  ie  rpre- 
mker  livre  du  traité  de  Cieëmn  ;  ces  .Aauinr- 
gues  furent  attaquées  fnr  te  marquis  d^Aiyns, 
dans  un  Examen  eràùqueplàoé  à  la  soite  de 
sa  Philoêop^  du  bon  sens;  usais  l'abbé  d'O- 
tovet  dédaigna  de  lui  Tépondre.  Il  n'nvait  encore 
publié  que  ce  seul  ouvrage  quand  il  fut  élu  par 
l'Aoadéniie  française  (1723);  mais  il  avait  dès 
Urs  si  solidement  étefali  >sa  répnCation  «IVxcd- 
lent  traducteur,  de  savant  et  d^omme  de  goUt, 
et  il  s'était  si  bien  fait  connaître  par  aes  rela- 
tions dans  te  mande  destettrés,  que,  anr  la  «eole 
parafe  donnée  par  l'abbé  Praguier  ^11  aceapla- 
rait  cet  honneur  avec  vecannaissanpe,  l'ilca- 
éâmte  )n'hésila  pas  à  le  choisir  uana  soWri- 
tation  de  sa  |>art,  dans  le  temps  qu'il  était  jdlé 
randte  tes  derniers  davioirs  A  «aon  père  no  fond 
de  sa  .pcoffince,  où  il  4e  trouvait  depuis  plus 


G29 


OLivKrr 


«30 


de  six  mois,  ^ommé,  le  20  juitlet,  en  remplace- 
meoL  de  Jcaa  de  La  Ctiapelle ,  il  fut  reçu  le 
2j  noirerabre  fMir  son  jiou,  le  «cil  abbé  de 
Choisy.  Fidèle  en  oeMe  circooflanae  à  son  donble 
rMe  de  défenaenr  du  goût  et  d'amalenr  de  Tan- 
tiquité ,  il  diaisit  fûar^Mqet  de  sou  discours  de 
réceptioa  la  décadence  dugeùtà  Vtone^  «nais 
oon  sans  foire  entrer  dans  ce  cadre  rétroepedir 
de  nombreuses  allusions  contemporaines,  dont 
plusieurs  semblèrent  spécialement  dirigées  castre 
qnelques-UDsde  ses  nouveaux  confrères  :  on  trou- 
va le  moment  assez  mal  choisi  [lour  ces  attaques, 
et  Topinton  publique  lui  sut  peu  de  gré  d*ce  pen- 
chant à  la  satire  et  de  cette  conliaaoe  en«oi  deat 
il  devait  donner  bi«n<d'autretprenveeipar.la  suik. 
Après  la  Naéure^des  Diftix,  l'abbé  4'Qlivet 
put»lia  Mcœsarvement  la  traduction  iies  Tuâcm- 
ianei  (  avec  le  fM-éùdent  dfeuhier  ),  «elle  des 
Pkilippiqmôs  et  dwCatàlùmires,  pois  les  Pen- 
sées de  Cioéfoii,  choix  d'extraits  de  ses  cbo- 
Tres.  Tontes  ces  irersions  furent  bien  -raçues  «t 
ont  conservé  aujourdlbai  même  qnelqae  eboae 
de  leur  renomma.  Leurs  qualités  principales 
seot  une  fidélité  socupuJeuse  et  one  grande  car- 
Tection.gniiimattcale;'mais  elkea  manquent  dié- 
légaMe^  de  gvioe,.  de  facilité ,  «de  soMplnse ,  4e 
viefien'Wi  cnot;  et«ooore  cette  exacUtade  iqoe 
nous  hii  «vans  Tceonnue  est-eUe  plutôt  dans  ia 
repn>d«ciion  idu  «ans  qae  dans  •celle  des  totnrs 
de  phrase ,  de  laonanebe  do  style  et  dn  foéoie 
même  de  OieéroB.'il  atteint  quelqucAiis  lestraMs 
extérieurs  de  son  modèle  ;  jamais,  ou  bien  ra- 
remeat,  sa  pliysieaamie  et  son  air  ;  mais  fianni 
les  tradoctioas  4lv  *  temps ,  ce  sont  peut-être  les 
meiilwoB,  et  leitr>mérite  consciencieux  >n'a  pas 
loajoars  été  é|pié  par  celles  fai  sont- venues 
ensuite  etii|oien>ant  profité.  L'abbé  d'Olivet  ae 
bisait  uae  iiaate  idée  des  difiicoMés  et  de  la 
valeur  àHme  bonne  traduction  :  il  y 'est  revenu 
pl8sieors4iois  dans  ses  préfaces  et  aaa  ifù/oire 
de  VMadémàe,  Aussi  paasa^t-iil^ipoonainsidife, 
sa  Tie  eilière  «à  revoir  et  à  'pcafacÉionner  les 
,  à>'obaqne  édition  aaiwelle,anrtoat  au 
dcvneide  Hexactitudeet  de  la<préci8ioB.  Jl 
se  se  contenta  pas  de  tnaduire  Cicéron,  il  «b- 
treprit  queiqtiesivinées  plus  tard.  (1740)^*Bn 
donner  one  édition  complète  >avec  ides  noies  : 
c'était  le  miniatère  anglais  qui  lui  avait  proposé 
ce  tmaail,  BUT ée  bruit  de  sa.  reBomnée  ;  mais'ie 
ganvemcnaent  fnnfais,  représenté  par  le  car- 
dinal de  Fleury,  vie  voulut  «pas  laisser  A  mie 
cour  -étrangèee  Tbonneur  de  cette  lentiiepriae, 
dont  rabbé  d'Mvet  s'acquitta  à  raervetUe.  L'é- 
dition se  recommande  par  la  correction  4a  texte, 
la  prédaion ,  k  goftt  et  rémdition  dea  remar- 
<pies,  eadprwtécs  anx  meilleurs  eoromentaleors 
et  aagmeiitécs  du  fruit  de  ses  propres  rectMV- 
cbes,  -par  le  savoir  et  le  style  de  la  prêiaee, 
enfin  parla  beauté  de  l'exéentiaatypoKrapfaaqae. 
Comme  rdeompenae  4e  ce  beau  travail,  Tabbé 
d*01îvet  obtint  «ur  la  easseUe  une  modeste 'pen- 
sion de  1,500  livres. 


Malgré  l'attacbemeat  constant  et  «noère  qn^l 
avait  gardé  ponr  la  Compagnie  de  Jésus,  l'abbé 
d'Olivet  n'en  eut  pas  nnoios  à  sautanimne  polé- 
mique assez  vive  avec  quelques  jésuites ,  c'edl- 
à-dire  les  rédacteurs  des  Mémoires  de  Tré- 
voux, et  en  particulier  le  père  Ouaereeau(  1736). 
Il  avait  commencé  par  les  indisposer  coativ  Ini, 
à  cause  du  mépris  avec  lequel  il  avait  mentionné, 
dans  la  préface  de  sa  traduction  de  la  Nature 
des  Dieux ,  les  oommenlaires  de  deux  jésnites, 
comnne  d*ailleur«  ceux  de  presqoetous  ses  pné- 
déoesseurs.  A  ee  premier  motif  de  mécontente- 
ment s'en  joignit  on  second  lonqn<il  eut  publié 
l'ouvrage  posthunw  de  Hoet  :  De  Ui  Paitlesee 
de  €tsprU  kumaén.  Les  pédactenrs  «des  'Mé- 
moires de  Trévoux  prétandaient  ^qne  cet  ou- 
vrage conduit  an  scepitcîame,  et  qae  fnne  de 
ees  propositions  prinoipales>ébraniait  par  la  base 
les  ifondeniants  même  de  la  foi  :  lis  aoonsalent 
plus  on  Bsoins  nettement  fédltair  d'avoir  fal- 
ailé  ou  pent-ètre  même  supposé  Vomvrage. 
L'afcbé  d'Olivet  répowllt  4'-abai4  véctorieose- 
ment  à  cette 4eralève  inainnation  en  produisant  le 
manuscrit  original  devant  l'Académie,  ce  qui  ne 
l'empêcha  pas  4'aocepter  la^contiwerse  sur  les 
(autres  points  et  de  téfotrikt  direolaaaeot  à  ses 
«dversaiiespar'aDe  Apoiogiie, 

•La  même  année  il  fit  un  «voyage  en  Angleterre , 
où  il  se  lia  avec  Pope,  le  Boilaao:aiiglais.  De  re- 
louren  France,il  songeaè  net(Teà>exéoution'nn 
proijet  •qn'il  nonrrissaH  depuis  quelqne  temps 
déjà,'oelni  de  revoir  et  de  oantinoer  K'^Uittoipe 
de  VAtadémàe ,  de  BeUisaan.  Pellisson  nfavsait 
pas  été  au  delà  de  l'année  tft5^;  llabké  4^ifiet 
Qommença  pw  enaicliir  cette  première  partie 
4'addilions  et  d.e  remarquas  ;  paia>il  la  poursuivit 
jusqu'à  Tannée  1700.  il  avait  4)abord  été  jns- 
qo^flo  171&  ponr  finir  son  Ustoife  ^vec  le  règne 
«le  Laois  XIV;  'mais  il  jeta  an  feu  :  la  demière 
partie  de  son  manascrit.  U  a  Cfapoaé  les  motifs 
4e  œtte  résolution  daaa  lae  de  sas  lettres  au 
'préaidMtuBouhier  :  le  principal,  ce  M  la  diffi- 
culté qu'il  «Arouvait  àiacooider  les  diaits  de  la 
-vérité  «vec«eux  de  la  iprudenoe,  en  pariant  de 
eertans  académiciens  réoents  qui  prêtaient  peu  à 
rél<^,  «u  do  moins  è  on  éloge  Htléfaire.  La 
'peur  4e  se  eomf  romettre  et  le  dégoOt  dVine 
tftche  aride  f  emportèrent  smr  le  4evoir  de  l%i»- 
iorien.  11  faut  bien4ire,  dnaesle  ,'H|ueson  >iffo- 
Mre  a  été-éerHe  avec  on  imédiecre  scrnptMe-: 
tofite  la  partie  ^puMique  de  l'existence  de  l'Aca- 
démie a  été  négligée  ;  même  dans  le  tableau  de 
4e  sa  vie  privée ,  si  l*«n  peut  ainsi  dire,  II  y  a 
des  lacunes  assez  considérables.  Quelques  no- 
tices sont  inexactes  ou  insuffisaoles  ;  d'autres 
neeont  que  des  reproductions  «è  H  n^  rien  mis 
du  sien.  '  L^owrage  -est  écrit  avec  pureté  et 
simplicité, 'mais  avec  aécheresee,  et  quelque- 
(feie«\ec  toondenr;  il  n'a  pas  Icchanne  aisé  <St 
naïf  de  eetai  4e  Pellissoo.  Néanmoins  c'est  on 
recueil  de  Teoliei4hes  trti»-préctso8es  4an8  «leur 
enseaable,«t  devenu- en  •quiriqne  aorte  dassîqnfl 


631 


OLIVET 


632 


avec  joste  raison.  Les  erreors  critiques  qo*iI  y 
a  commises  lai  furent  Tertement  reprociiées  :  il 
8*était  fait  le  censeur  de  La  Bruyère,  dont  \e 
style  en  effet  devait  inquiéter,  dans  la  sévérité 
exclusive  de  son  goût,  ce  partisan  outré  des  an- 
ciens et  de  la  forme  classique  :  une  épigramme 
d'un  avocat  provincial  dirigée  contre  lui  À  ce 
propos  futattribuée  par  quelqueS'Uus  à  J.-B.  Rous- 
seau, ami  de  Tabbé  d'Olivet;  mais,  loin  de  le 
croire,  comme  l'eussent  voulu  ceux  qui  désiraient 
les  brouiller,  celui-ci ,  dans  un  voyage  qu'il  lit  à 
Bruxelles  en  1730,  pour  se  reposer  des  fatigues 
de  ses  nombreux  travaux ,  resserra  les  liens  de 
sa  vieille  amitié  avec  le  célèbre  exilé,  et,  à  son 
retour  à  Paris,  entreprit  publiquement  sa  dé- 
fense, mais  sans  gagner  une  cause  qui  était  défi- 
nitivement perdue  devant  l'opinion. 

A  partir  de  ce  moment,  l'abbé  d'Olivet  se 
consacra  d'une  façon  à  peu  près  absolue  à  ses 
travaux  de  grammaire  et  à  ses  études  sur  la 
langue.  Il  donna  d'abord  sa  Prosodie,  dont  Vol- 
taire a  fait  un  grand  éloge,  et  qui,  malgré  quel- 
ques méprises ,  est  assurément  l'un  de  ses  meil- 
leurs ouvrages.  Ce  petit  traité,  écrit  pour 
combattre  les  théories  de  La  Mothe  contre  la 
poésie  française ,  a  pour  Imt  de  développer  toutes 
les  ressources  prosodiques  de  notre  langue  et  d'en 
déterminer  les  lois,  en  démontrant  qu'elle  ne  le 
cède  pas,  ou  presque  pas,  sur  ce  point  à  celles 
des  Grecs  et  des  Latins.  Puis  vinrent  des  Essais 
de  grammaire ,  où  il  devait  avoir  pour  colla- 
borateurs deux  de  ses  collègues  de  l'Académie, 
qui  le  laissèrent  seul  accomplir  la  tAche.  A  ces 
travaux  succédèrent  ses  Remarques  de  gram» 
maire  sur  Racine  ^  remarques  minutienses, 
dont  il  faut  se  rappeler  le  but  et  la  pensée  pour 
ne  pas  les  trouver  souvent  m^'squines  et  tra- 
cassières.  L'abbé  d'Olivet  n'arait  pas  été  guidé 
par  le  désir  de  rabaisser  la  gloire  de  Racine;  au 
contraire,  il  voulait  l'honorer  et  lui  rendre  hom- 
mage ,  en  le  prenant ,  pour  ainsi  dire ,  comme 
le  type  le  plus  parfait  de  la  langue  poétique ,  et 
en  notant  sur  ce  type  jusqu'aux  fautes  les  plus 
légères  qui  eussent  pu ,  par  l'autorité  de  son 
exemple,  égarer  ses  admirateurs,  filais,  en  ren- 
dant justice  à  son  dessein,  il  faut  bien  recon- 
naître qu'à  force  de  scrupule  grammatical  il  est 
souvent  injuste  et  même  inintelligent,  et  qu'il  lui 
est  arrivé  de  souligner  comme  des  fautes  d'heu- 
reuses hardiesses  et  des  tours  originaux  et  poé- 
tiques. 11  est  probable  que  ^Racine  n'eût  pas 
accepté  la  plupart  de  ces  innombrables  obser- 
vations, qui  furent  d'ailleurs  refutées,  souvent 
avec  beaucoup  de  justesse  et  de  force,  dans  le 
Racine  vengé  de  l'abbé  Desfontaines.  Mais  le 
nom  de  Desfontaines  était  plus  propre  à  décrier 
d'avance  cette  réponse  qu'à  l'accréditer  :  des 
haines  aveugles  et  violentes  s'étaient  amassées 
contre  lui,  et  tonte  la  république  des  lettres 
le  regardait  avec  les  yeux  de  Voltaire.  Il  avait 
dédié  son  Racine  vengé  à  l'Académie,  sans  l'en 
prévenir  ;  celle-ci  déclara  qu'elle  se  tenait  d'antant 


plusoffenséedecettedédicaceque  sirantorisatioa 
lui  en  eût  été  demandée,  elle  l'aurait  refusée. 
Aussi  il  faut  voir  en  quels  termes  de  soaverain 
mépris  d'Alembert  s'exprime  sur  le  compte  de 
ce  forban  littéraire ,  qui  avait  le  tort  de  n'étrt 
pas  philosophe  et  même  d'attaquer  les  encyclo- 
pédistes. L'abhé  d'OUtet  se  crut  permi»  de  loi 
répondre  par  nne  épigramme  latine  assez  gros- 
sière, qui  justifie  une  fois  de  plus  le  vers  de 
Boileau  : 

Le  latin  dans  les  mtfta  brare  l'honnêteté. 

Tous  ces  travaux  ne  l'empêchaient  pas  de  prendre 
une  part  assidue  aux  occupations  de  rAcadéroie, 
et  particulièrement  de  coopérer  an  Dictionnaire 
avec  beaucoup  de  zèle.  C'était  racadémideo 
modèle,  exact  aux  séances,  attentif  el  ardent 
aux  diseussions ,  passionné  pour  tous  les  inté- 
rêts du  docte  corps ,  gourmandant  les  tièdes  et 
fusant  de  chaque  décision  et  de  chaque  électioD 
une  grosse  affaire  d'État.  Lorsque  son  ami  le 
président  Bouhier  mourut,  ce  fdt  Voltaire  qui 
le  remplaça,  et  l'abbé  d'Olivet  eut  la  ttehe  de  re- 
cevoir l'illustre  écrivain,  dont  il  avait  élé  le  maître 
chez  les  Jésuites,  et  qui  lui  avait  conservé  une 
véritable  aflection.  Voltaire  lui  rendit  tiommay 
dans  son  discours  de  réception ,  et  oo  trouve 
dans  sa  correspondance  un  assez  grand  nombre 
de  lettres  à  son  ancien  maitre ,  lettres  aflee- 
tueuses,  où  l'on  sent  toutefois  quelque  réserve 
et  de  fréquentes  divergences  d^opinion.  Tool 
en  lui  demandant  ses  conseils  et  en  ayant  re- 
cours à  son  érudition.  Voltaire  ne  laissa  pas 
souvent  de  critiquer  ses  ouvrages,  de  le  goiir- 
mander,  de  le  redresser;  quelquefoia  même  il 
lui  écrit  sur  ub  ton  assez  singulier  el  avec  une 
liberté  d'allure  qui  indique  de  sa  part  an  mé- 
diocre respect  pour  la  condition  et  la  robe  de 
l'abbé  d'Olivet  :  «  Nous  menons  une  Yie  agréaUe 
et  tranquille  avec  l'héritière  du  nom  de  Cor- 
neille, lui  dit-il  dans  une  lettre  du  27  novembre 
1764y  et  un  de  vos  jésuites  défroqués,  nommé 
Adam ,  qui  nous  dit  tous  les  dimanches  la  messe 
que  je  n'entends  jamais ,  et  à  laquelle  il  n'en- 
tend rien ,  non  plus  que  vous.  Vivent  Cioérott 
et  Virgile!  Vive,  vaie.  »  Dans  sa  vieillesse, 
l'abbé  d'Olivet  renonça  à  l'étnde  exclusive  de 
Cicéron  pour  se  consacrera  l'étude, moins  pro- 
fane, de  la  Bible.  La  force  de  sa  constitntion  et 
le  régime  qu'il  s'était  imposé  semblaient  lui  pro- 
mettre encore  une  longue  vie,  lorsque,  deox 
mois  avant  sa  mort,  il  eut  nne  atlaqoe  d'apo- 
plexie et  devint  paralytique.  Le  brait  conrat  alors 
que  cette  attaque  d'apoplexie  avait  été  provo- 
quée par  la  fatigue  extrême  d'une  séance  aca- 
démique, où,  ayant  voulu  lutter  contre  une  pièce 
de  l'abbé  de  Langeac ,  proposée  pour  le  prix 
du  concours  annuel,  il  avait  été  rudement  nnl- 
mené  par  quelques-uns  de  ses  confrères,  et  spé- 
cialement par  Duclos.  11  mourut  le  8  octobre  1 76S, 
dans  sa  quatre-vingt-septième  année.  Malgré  In 
modestie  de  sa  vie,  et  quoiqu'il  ne  possédât 


633 


OLIVET 


6S4 


qu'un  seol  bénéfice,  peu  considérable,  n*ayant 
jamais  touIq  abuser  de  sa  liaison  intime  ayec 
le  cardinal  de  Fleury  et  avec  l'évéque  de  Mi- 
repoix  y  qui  tenait  la  feuille  des  ténéfices ,  il 
laissa,  dit-on,  par  testament  à  son  neveu,  prési- 
dent à  mortier  au  pariement  de  Franche-Comté, 
quatre>Tingts  actions  des  Fermes,  cinquante  mille 
éco3  de  terres ,  plus  de  trente  mille  fVancs  d'ar- 
rérages ,  /lenx  cent  cinquante  louis  en  argent 
comptant,  trois  cent  cinquante  marcs  de  vais- 
selle d'argent ,  sans  parler  de  ses  meables ,  qni 
avaient  peu  de  valeur,  et  d'une  très-belle  biblio- 
thèque. 

Tant  qu'il  était  resté  parmi  les  Jésuites,  l'abbé 
d'Olivet  avait  été  renommé  pour  son  affabilité 
et  sa  doaieur;  mais  son  caractère  se  modifia 
profondément  par  la  suite ,  et  il  était  devenu 
on  homme  d'un  abord  difficile,  de  manières 
brusques  et  rudes ,  qui  loi  avaient  fait  beau- 
coup d'ennemis.  Peut-être  t'extrèroe  sévérité 
littéraire  dont  il  faisait  profession  avait-elle  re- 
jailli sur  son  extérieur,  en  le  marquant  à  limage 
de  son  esprit.  La  roideur  et  l'âpreté  de  son  goût 
étaient  grandes  :  il  semble  qu'il  les  ait  emoruntées 
au  vieux  Boileau,  qui,  sur  la  fin  de  ses  jours,  à- 
l'époque  oi^  l'abbé  d'Olivet  le  fréquenta  assi- 
dûment, était  devenu  grondeur,  morose  et  atra- 
bilaire. L'abbé  d'Olivet  semble  avoir  voulu 
toute  sa  vie  continuer,  selon  son  pouvoir,  la 
tâche  qne  s'était  imposée  Boileau.  Attaché  avec 
une  sorte  de  respect  superstitieux  aux  anciennes 
maximes  littéraires,  il  repoussait  obstinément 
toute  innovation ,  et  parmi  les  productions  mo- 
dernes il  s'en  rencontrait  bien  peu  qui  eussent 
rtieur  de  lui  plaire.  Ses  confrères  eurent  besoin 
plus  d'une  fois  de  lui  rappeler  indirectement 
qu'ils  étaient  ses  égaux  et  non  ses  élèves.  Dans 
sacorres|x>ndance,  encore  en  partie  inédite,  avec 
le  président  Bouhier,  sa  causticité  s'exerce  contre 
les  académiciens  et  même  contre  l'Académie  : 
il  y  traite  assez  mal  Moncrif ,  Marivaux,  Crébil- 
lon,  Montesquieu,  etc.  D'un  autre  côté.  Des- 
fontaines, Collé,  Duclos  et  beau^up  d'autres 
ne  le  ménagèrent  pas  lui-même.  Pirona  fait  contre 
Ini  une  épigramme  dont  on  a  souvent  dté  ces 
<ieux  vers  : 

Da  reste, »*il  n*alma  personne. 
Personne  aussi  ne  raima. 

C'est  one  grosse  hyperbole  poétique  ;  car  nous 
avot»  déjà  mentionné  dans  cette  notice  plusieurs 
de  ses  amis ,  qui  lui  restèrent  toujours  fidèles, 
et  nous  pourrions  y  joindre  encore  Mabillon , 
l'abbé  Fragoier,  Boivin,  Batteux ,  Gédoyn,  Roi- 
lin ,  etc.  O'Alembert,  qui  ne  parait  pas  avoir  eu 
pour  lui  une  grande  tendresse  d'Ame,  et  qui  a 
semé  son  éloge  de  restrictions  nombreuses,  as- 
sure que  sous  cette  rude  enveloppe  il  portait 
un  cœur  bon ,  aimant  à  obliger,  et  qu'il  a  rendu 
avec  empressement  des  services  nombreux  à 
beaucoup  de  gens  qui  l'ont  payé  d'ingratitude, 
n  parie  aussi  de  sa  tendresse  pour  sa  famille 
et  des  sacrifices  considérables  qu'il  ne  craignit 


pas  de  faire  pour  eUe,  et  ce  témoignage  désin- 
téressé est  confirmé  par  plusieurs  autres. 

Voici  les  principaux  ouvrages  originaux  de 
l'abbé  d'Olivet  :  DUcours  de  réception  à 
l'Académie  française;  Paris,  1723;  —Apo- 
logie de  M,  Vabbi  d*Olivet  en  /orme  de 
commentaire  tur  deux  articles  des  Mé- 
moires de  Trévoux;  Paris,  1726,  in-i2;  — 
Histoire  de  l* Académie  française ,  avec  une 
dédicace  à  MM.  de  l'Académie;  Paris,  1729, 
2  vol.  ln-4*;  1730,  2  vol.  in-12.  Le  1*'  volume 
contient  l'ouvrage  de  Pellisson,  revu  et  aug- 
menté ;  le  second  la  suite  de  l'abbé  d'Olivet.  On 
en  a  donné  une  édition  récente',  avec  des  éclair- 
cissements et  des  notes  (  Paris,  1858,  3  vol. 
in-80  )  ;  —  Traité  de  la  Prosodie  française. 
Il  s'en  est  fait  une  multitude  d'éditions,  avec 
des  notes  et  dissertations  de  Dumarsais ,  Bat- 
teux, Durand,  etc.;  —  Essais  de  gram- 
maire ;  1732,  in-12.  Ce  sont  des  renuirques  sur 
quelques  difQcuItés  de  notre  langue,  relative- 
ment au  nom,  à  l'article,  au  pronom,  et  spécia- 
lement aux  participes  ;  «^  Remarques  de  gram^ 
maire  sur  Racine;  1738,  in-8''.  Ces  trois  der- 
niers ouvrages  ont  été  réunis  en  un  seul ,  sous 
le  titre  de  Remarques  sur  la  langue  fran- 
çoise;  Paris,  1767,  in-12.  On  trouve  aussi 
ses  observations  sur  les  participes  dans  les 
Optiscules  sur  la  langue  françoise,  par 
divers  académiciens;  t7S4,  in-12;  —  Deux 
lettres  à  M,  le  précident  Bouhier  (1737- 
1738,  in-12). /Plus  tard,  il  en  publia  encore  six, 
roulant  sur  divers  sujets ,  mais  tous  littéraires, 
et  qui  ont  été  réimprimées  avec  d'autres  ou- 
vrages dans  un  Recueil  d'opuscules  (  Amster- 
dam, 1767,  in-12).  H  existe  aussi  à  la  Biblio- 
thèque impériale  (Manus.,  fonds  Bouhier  )  une 
correspondance  manuscrite  assez  volumineuse 
de  l'abbé  d'Olivet  avec  le  même  personnage  : 
des  extraits  importants  en  ont  été  donnés  dans 
la  dernière  édition  de  son  Histoire  de  V Aca- 
démie; —  Ort^o  Salinarum  Burgundix^ 
ecloga.  Cette  pi^  de  vers  latins ,  d'abord  pu- 
bliée séparément,  fut  reproduite  dans  le  recueil 
de  poésies  grecques  et  latines  des  membres  de 
l'Académie  (  Pœtarum  ex  Academia  gallica 
qui  latine  aut  grxce  scripserunt  carmina; 
1738,  1740,  et  sous  un  titre  différent,  1743  ), 
qui  contient  aussi  d'autres  œuvres  de  l'abbé 
d'Olivet.  Ajoutons  à  ces  ouvrages  originaux  les 
Remarques  sur  la  théologie  des  philosophes 
grecs  f  jointes  à  sa  traduction  delà  Nature  des 
Dieux,  On  Ini  a  attribué  aussi,  mais  sans 
preuve,  une  Vie  de  l'abbé  de  Choisy,  publiée  à 
Lausanne  en  1748,  ln-12.  Comme  traducteur  il 
a  donné  Entretiens  de  Cicéron  sur  la  nature 
des  Dieux;  1721, 3  voL  in-12 ,  avec  des  remar- 
ques de  Bouhier.  Il  y  eut  plusieurs  autres  édi- 
tion^postérieures ,  sans  ces  remarques,  en  2  vol. 
in-12.  L'ouvrage  est  précédé  d'une  table  chro- 
nologique des  philosophes  grecs.  Les  Philip- 
piques  de  Démosthène  et  les  Catilinaires  de 


636 


OLIVET  —  OLIVIER 


636 


Cicéron;  Paris,  1727,  in- 12.  Diverses pièoes  et 
remarques  du  père  Jouvency ,  de  Nassieu ,  etc , 
ont  été  réanies  aux  Philippiques,  On. sait  qpe 
Tabbé  d^OHvet  avait  déjli  publié  dans  les  œuvres 
posthumes  de  Maucroîx  une  traduction  des 
mêmes  ouvrages,  qui-  Ibi  appartient  presque 
tout  entière;  celle  dont  nous  parlons  mainte- 
nant eit  tout  à  fait  diffôrente;  —  les  Tusculanes 
de  Cicéron ,  traduites  par  MM.  Bouhier  et  d'O- 
liv«t>  2  vol.  in -12;  ^Vis- Pensées  de  Cicéron, 
traduites^  pour  servir  à  Véducalion  de  la 
jeunesse ^  choix  judieiewi,, très-souvent  réim- 
primé et  longtemps  classique.  Comme  éditeur,, 
Tabbé  d'ûiivet  a  donné  une  foule  d'ouvrages , 
que  nouS'  devons  nous  borner  à  énumérer  ra? 
pidement,.  sans  entrer  dans  des  détails  biblio- 
graphiques interminables  et  peu  opportuns  : 
ffuetii  Carmina  (  il  s'agtf  de  la  ô*  édit.,  1709, 
augmentée  de  pièces  inédites  et  de  vers  latins 
de  Fraguier);  —  le  Huetiana,  imprimé  en 
1722,  chez  Jacq.  Estiènne,.sur  le  majiu<%crit  qui 
lui  avait  été  légué  par  Huetméme,  et  précédé 
d'une  notice  sur  Fauteur;  —  le  Traité  phi- 
losophique de  la  faiblesse  de  V esprit  hu- 
main ,  par  Huet;  —  Mémoires  pour  servir  à 
fhistoire  de  Louis  XIV,  par  l'abbé  de  Clioisy, 
et  on  Journal  de  quelques,  discussions  gram- 
maticales des  assemblées  académi(4ues  „  écrit 
par  lé  même,  et  inséré  par  d'OIivet  à  la  suite 
de  ses  JSssais  de  grammaire^  —  les  Œu- 
vres posthumes  de  Mancrotx;  —  les  Let- 
tres historiques  de  Peilison;  —  le  Journal 
de  ffenri  IV  par  L'Estoilé;  —  les  Œuvres 
diverses  de  Tabbé  Gédoyn  ;— quelques  ouvrages 
du  père  Hardouin  ;  —  la  grande  édition  de  Ci- 
céron dont  nous  avons  parlé  plus  haut;  —  enfin 
les  Poemata.  didascalia  nunc  primum  vet 
édita  ^  vel  collecta;  Paris,  1*49,  3  vol.  in-12. 

Victor  FovRNEL. 
Élége  de  VabM  d'Ollvet  dsna  le  Néerotoge  de  I77a.  - 
■*Mèiiitterr,  HUt,  deitnembrtt  tf«  PAcad.  françoUt; 
t.  VI.  •»  Mci»;  jMrate  de  BeotaftaioMt.  octobre  tTM.  —• 
Malret,  ÊU>g»  hist.  et  liU.  ée  Vabbé  d'Olivet,- 188». 

OLiTBTAN  {Pierre- Robert),  un  des  pre- 
miers traducteurs  de  la  Bible  en  français ,  né  à 
Noyon,  vers  la  fin  du  quinzième  siècle,  mort  à 
Ferrare,  en  1538.  On  assure  que  ce  fut  lui  qui^ 
en  engageant  Calvin,  qui  était  son  parent,  à 
eiaroiner  les-  questions  contfoversées  en  ce 
moment,  le  poussa,  en  quelque  sorte, dans  là 
cause  de  la  réforme.  H'  fut  un  des  premiers  i 
répandre  les  nouvelles  doctrines  religieuses 
à  Genève,,  où-  on  le  voit,  en  1533,  précepteur 
dans  la  maison  de  Jean  Chanterops.  Un  jour 
qu'il  assistait  au  sermon  d*un  prédicateur  qui 
s'élevait  avec  force  contre  Luther  et  ses  adhé- 
rents, Olivetan  l'interrompit,  prétendant  le  ré- 
futer immédiatement.  Cette  imprudence  laiilit 
lui  coûter  la  vie;  ses  amis  par\inrent  à  le  sous- 
traire aux  fureurs  du  peuple;  mais  le  conseil 
le  bannit  du  territoire  de  Genève.  H  se  retira  à 
Neuchâtel ,  où  il  s'occupa  de  traduire  la  Bible 
en  français,  prob:ib!eraent ,  à  la  soIUcitatron  de 


fFarcly.  qui  depuis  longtemps  témoigpait  te  désir 
d'avoir  une  traduction,  gfénérale,  revue  sur  lee 
textes  originaux,,  det  livres  de.  rAiicie&  H 
du  Nouveau  Testament.  Ollvetaa,,qvi  comiaisp 
sait  moins  bien.  IJhébreu  que.  Théodore  de 
Bèze  ne  l'affirme,  et  qui  n.*était.  versé  dans  le 
grec  qne  médiocremeiat,   aurait  dififidlement 

'  accompli  sa  tache ,  s'il  n'avait  trouvé  uo  guide 
dans  la  traduction  de  LeCèvre  d'EtapIes,  qui 
venait  d'être  imprimée  à  Anvers.  Il  est  ceitain, 
cependant,.  qn'U  a  fait  plus  que  remplacer  par 
des  synonymes,  quelques  termes  de  la  ttaiInrlioB 
de  Lefèvre  d'Etaples;  il  la  compara  aTec  les 
textes- originaux,  et  il  interpréta  ploateors  pas- 
sages^ d'une  manière  différente.  Il  faut  nioater 
que  dans,  sa  préface  IL  donne  de  foii.  bonnes 
règles  dlkerméneutique.  En  général,,  Bichard 
Simon  a  été  pour  lui  d'une  sévérité  exoesâve. 
Le  travail  d'Olivetaa  fut  imprimé  sons  ce. titre; 
La  Bible  qui  est  toute  la  saincle  BsarUure; 
Neuchâtel,  1535^2  vol.  ini-fol.  gotk.  Cette  édi- 
tion fut  faite  aux  frais,  des  Vaudois,  suc  une 
copie  écrits,  dit-on,  delà  main  de  BonsLventnre 
Des  Perriers.  Elle  coûta  quinze  cents  d'éous 
d'or;  elle  n'est  pas  cependant  un  chef-d*cenTre 
de  typographie.  Une  seconde  édition ,  iraqprimée 
à  Genève,  fht  retouchée  par  Calvin.  OlÎTetan, 
obligé  de  s'éloigner  de  la  Suisse,  passa  en  Italie, 
où  il  mourut  bientôt.  Le  bruit  courut  qu'il  avait 
été  empoisonné  à  Rome  pendant  oa  court  sé- 
jour qu'il  avait  fait  dans  cette  vflle.      Bf.  N. 

Riett.  Simon,  Bitt.  eiit.  du  W,  T.,  p.  SU.  —  Lallooetlr. 
HUt.  dn  tradmeU»tê /tamç.  et  rÉtrUhitrt  MiiM»,  eh.  s. 
— Scoobicr;  Hàti.  Jittén  dMGtmèm^  t  J«^  tsx.— Ham, 
La  France  proUti. 

OLi'ViBR,  cardinal,  historien  allemand,  né  en 
Westphaiie,  mort  à  Sabine,  en  Italie,  eut  1227. 
Ayant  fait  ses  études  ï  Padèrbom,  il  devint  cha- 
noine dans  l'église  de  cette  ville,  puis  maître  des 
écoles  à  Cologne.  En  1210  il  était  dans  le  midî  de 
la  France,  préchant  la  croisade  contre  les  béné- 
fiques albigeois.  U  retournait  plus  tard  dans  son 
pays,  natal,  et  prêchait  dans  la  Westphalie,  là 
Frise,  la  Flandre,  le  Brabant,  une  autre  cnx- 
sade  contre  lès  Sarrasins.  Ses  prédications  pa- 
raissent avoir  eu  un  grand  succès,  et  lui  airoir 
fait  une  renommée  brillante.  Entre  les  années 
1214  et  1217  il  partit  lui-même  pour  la  Terre 
Sainte,  à  la  tête  des  volontaires  qu'il  avait  en- 
régimentés sous  l'étendard  delà  croix.  ïa  1222, 
de  retour  en  Europe,  il  fut  élu  évéque  de  Par 
derbom.  Il  était  à  Rome  en  1225,  qnand  le  pape, 
qui  l'avait  en  grande  estime ,  le  nomma  car- 
dinaJ'évéque  de  Sabine  et  le  char^^  d'une  mis- 
sion près  de  l'empereur  Frédéric;  mais  Olivier 
mourut  peu  de  temp»  après,  étant,  toutefois, 
revenu  dans  son  évéché.  Ses  écrits  sont  :  une 
Lettre  à  Engelbert,  archevêque  de  Cologne,  son- 
vent  publiée,  et  notamment  dans  le  recueil  de 
Bongars,  Gesta  DHper  ftancos;  —  Bistoria 
regum  Terrx  Sanctx ,  dans  le  Corpus  histo- 
ricum  d'Eckard,  t.  Il,  p.  1355;  —Bistoria 
Damiatina,  que  le  docte  Eckard  a.  aussi  pn- 


637 


OLXTIEII 


•3S 


Miés-énsM  eoUeoliioBvt-ir,  p.  ISOB.  9L  Mi* 
chaud»  pvMié  Hanl^te  d«  ces  ÎMporltnls  réeitk 
ilMi'M  Bièhùéhèqut  d€s>  Cntiêudm^  Pi  177. 
^l,Pt^^aâe\,àànf^  VHUtoire  littéraiméâ 
la  France,  en  »  signalé  le»  p«B«a0m<  k*  pks 
utiles  aux  historiens.  B.  Hî 

ScbsleolOT,  Jmai,  FaâêrbomwMm  —  MMttariamdê 
front:*,  t«XVIII,.paftslm.  —  Ughrlll»  ftoNa  «acra,  t.  I, 
p.  167.  -  matHre  mtér.  de  la  Vrance,  C.  XV  Ml,  p.  14. 

o^iTiBB  (Jacques),  magistrat)  français, 
mort  le  3D  noTembre  1519.  11  éf^t  te  IHftatné 
âe  Jacques  entier,  natif  de  Bonrgneof ,  près 
La  KocheRe,  cpA  Tint  s'établir  i  Ptiris.  où  ÎF 
derint  procureur  an  parlement,  tibmmé  par 
Iionis  XII  avocat  générât  de  cettle  compagnie,  îF 
mérita  par  ses  services  d'être  pourvu  en  fS07 
d^un  ofttoer  de  président  En  1510  if  fut  créé 
chancelier  du  duché  de  Milan ,  dont  Gaston  de 
Foix  était  alors  gonvemenr:  En  1517  il  fut  élevé 
par  François  I**"  à  la  première  dignité  du  parle- 
ment de  Paris.  Ce  maglsti-at  tenait  die  son  père 
la  seigneurie  de  Leuville,  située  dans  les  envi- 
rons de  Chartres^  P.  L. 

Horérl ,  Ctani  DM,  AMf. 

o&iTtKB  (  JèoH  ) ,  pnélat;  Itère  da'précÉAsnl, 
né  à- Pari»,  roovtle- 12  avril  1540,  pvèa^lUngers. 
li  emlif«Ka'«n>Poitdv  la  fègle  «te'Saint-fienott, 
et  passa  dans  l'abtoye  de  Saint^Denis,  oÉ  il 
rempUI  les  charges  de  grand  aamiaier  «t  de 
▼ieaive  géaéral  ^  éhiabM,  U  sacrifia^  œtledigntli 
a«  oardinltdé  Boarbon  par  airditede  Franniois  1**, 
qui  loi'  doona  en  ré^ompenf e*  TaÉtef»  à»  9aiat<- 
Médard  ée  Msaons.  En  1532  il*  résigna,  par  pes* 
mntaitiDVT  «9  kënéfloe  àr  Françoi:f*  de  Âobany  et 
devint  évêqaa  é' Angers.  "B  se  distingua  par  la 
poreAé  da  ses  imBarS)  par  son  applieailloD*i  1*^ 
tiMftB' de  l'ÉKitnro  et' eonzèle  religfaox.  0»  l^b 
rangé ,  peul^re  aven  tvop  dé  pvéciprlBtlen', 
parmi  les  sectattars  êe  la  réforme  :  Ht  fil,  il  eal 
vrai ,  des  rè^taments  sévères  poer  .oonrigep  les 
mœnri  dn  f  iuf  é  dans  «on  diocèse;  et  Crespin 
aflOme  «iirtl  favoaisa  la  pfédicatioivderÉvaogile 
à  Aogem,  Ce  pnilat  mourat  près  dis  cette-  ville , 
an  chàteaa  df£veatard.  H  écrivail  bien  e&  latin^ 
eonuDe  ett  eni  peut  jager  par  sa  propre  épitaphe , 
celle  deLeiris  XII,  rapportée  par  Papire  Masson» 
imr  ode  à  Salmon  Màorin  et  surteoC  sur  le 
poene  inMalé  :  Aiiuloro  Mni  OHver»  Awdimm 
hienpàantx  (Pâna^  1541,  ia^n),  Ge  iwèmer 
fort  goûté  dana  le  temps ,  fut  édité  par  Etienne 
Ixdet ,  qui  en  loue  linventioii,  le  tour  et  le  génie, 
indikit  la  même  année  par  Guinnume  Sfkbel  en 
Tera  français,  et  réinsprimé  en*  lei»,  à  Keims, 
in*r: 

Un  de  ses  frèiw,  JeawOfetvtEW,  dît^  lêjftme, 
fat  seerétaiie  dn  roi  et  fendU'  la  braneh»  dea 
migneurs  de>  Maney  et  de  M<»rangis .      P.  L . 

Seevota  de  9«liilftvMartlie,  Biovàa,  Hv.  il  ^  CaMa 
chrùtioMa,  II,  m.  .  Doobliel.  UUt,  de  Vabùaite  de 
SaiHt'Denft.  -  Crcspln.  VEstat  detEçlUe.  -  Haag, 
La  Frunee  protttt» 

OLiTiEB  (François) ,  chancelier  de  France. 
né  en  1497,  à  Paris,  mort  le  30  mars  1560,  à 
▲mbaise.  Il  était  fils  dn  président  Jacques  Oli- 


via (w^T*  ei^desRss)  el  nevcn  du  précédent. 
Ayant»  embrassé  la>  carrière  de  bt  nagistratnre , 
il  fut  dfabend  ooBseittcrd&  la  oonr  et  aMltie  des 
nqaèteri  puia^  il^  iteqaitia  de  plusieon  ambas^ 
sades«iMpertaites^;ei.ebttni  à.la  reeomasnula^ 
tîMi  d»  Mangueiile',  sasor  de  Fran^Ms  i*',  wuf 
cbaige^  dè-présMul:  à  mortier  an  parlement  de 
WwtiBiiltimùiS^^). U avaitrdéjà  été  cbanfleUer 
et  eiNlidii  eonseii'  de  la*  même  resaei  posvrsen* 
daehé  dIAlençoiD,.  et  cB'fotrsaas  auoni  dbate  à> 
la  eoordeoelta  princesse  qu?il.  puisai sonipe»^- 
cbant  poer  la  réfMine.  Aprèt  aivoir  été  dnrgé 
de  la*  garde  dea  smaooCyik  fut  désigné,  par  lettres 
dU'18  «nril  154i&,  peur  snceédes  enr  qoaité  de 
chancelier-  à-  Foyel',  qui  venait  d'être  déposé 
juridiqoenent  Bfbgistret docte,  étaïqoent,  jodî- 
devr,  Olivier  montra' d«ms  l'exercice  de  ses 
ibnctfeM  ew  courage  inflexible  et  uve.  terce* 
d'Sssprit  qui  ne'  se  reiicfaait  jamais  <ie  ce  qv'il* 
devait  k  l'État.  Il  fut  le*  scal  des;  ■Méatte^de 
François*!*''  qttHenri  II  conserva  en  plocei  «  Il  a 
dû àson  gutt pear  lee  lettres ,  dit  Stanondi ,  ^ 
ramitié  du  chancelier  de  LHoeprtal  et  peut-être 
à  br  défiance  que  ne  tarda  pas  à  lui  montrer  la 
oonr,  me  réputation  de  talents  et  dfntégrtté  qui 
n*e9t  guère  justifiée  par  ce  qne  neoe  connais» 
sons  â6  ses  aetlona.  fl  acrait  signalé  1»  commen- 
cement du  règne  é'Henri  H  par  Isr  pablicalfos 
d'un  gran^  nombre  dVdonmniees,  presque 
tontes  entachées  d'eue  extrftmeeruanlé.  »  Ainsi 
en  offrant  dn  travail  aux  hommes  valides'  et  de» 
seeonrs  aux  infirmes,  il  menaçaiH  du  feaet  le» 
femmes  et  dès  galère»  les  hommes  qui  n^Mcep-» 
terarent  pas  ce  travail;  il'  prmissait  tons  \H 
meurtriers  du  supplice  de  la  roue;  atvee  la 
même  rigueur  il  essayait  d'ialerdli^  le*  port 
d'armes,  de  réprimer  le  loxe,  de  ponîr  le  blas- 
phème, et  il  multipliait  lea  chàiiments  atroces 
sans  Corriger  les  mceurs.  En  1558»*  régla  les 
formes  de  procédure,  tant  civile  que crimineile, 
an  parlement  de  Paris,  et  régnlsffiaa' les  devoirs 
dee  geOKers  et  réeroodes  prisonniers;  mais  cm 
même  temps,  seus  prêtent!  de*  rendre  ploa 
prompte  bi  jvriiiCcUon  préviVIabi  à  Ifégaed  des 
maifaiteara^  des>aaoriléges-,  des  ftarv-monnayeum' 
et  des  braoonnierS',  il  leur  enleva  josqa'âax  der- 
nières garanties ,  en  leur  étant  tout  recoura  au» 
parlementa;  Sa  réaislance  opinifltre  aux  prodiffs- 
lités  de  bi  cour  irrita  Diane  de  Poitien  et  lesGai- 
sea  :  une  maladie  ehroniqne  de  ses  yeox  fournit 
un  prétexte  pour  lui  demander  sa  démissâMi';  et 
comme  il  reAiaa  de  résigner  une  charge  inamo- 
vible, on  lai  en  laissa  le  titre  et  on  en  confia 
les  fonctions  à  l*archevêqwe  Bertrandi  (2  ja»»- 
vier  1551).  H  se  retira  alors  dans  la  terre-  de 
LeuviHe,  prèsMontIhéry,  et  se  livra  aux  dCB^- 
ceursdePétude.  Dans  ses  lettres  à  L'Hospital,  H 
se  ftattait  de  rester  (oojonrs  éloigné  de  la  cour. 
«  J'ai  jeté  Tancre  dans  le  port,  écrivait-il ,  et 
pour  tous  les  trésors  d'Allale,  je  ne  renoncerais 
point  au  calme  dont  je  jouis.  »  En  1555,  lors 
des  négociations  entrcprisca   avec  l'Espagne, 


639 


OLIVIER 


G40 


îl  rédigea,  à  la  demande  du  connétable  Montmo- 
rency, un  mémoire  établissant  comme  incontea- 
tables  toutes  les  prétentions  de  la  France  sur 
le  royaume  de  Naples,  le  Milanais  et  la  seigneurie 
de  Gènes.  Rappelé  sous  François  II  (juillet  1559), 
il  consentit  à  reprendre  les  sceaoii,dans  Tespoir, 
dit-on,  de  modérer  les  persécutions  religieuses. 
Aussi,  bien  qu'il  eût  approuvé  la  condamnation 
d'Anne  da  Bourg,  Il  promulgua  Tédit  d'amnistie 
et  de  tolérance  du  2  mars  1560,  édit  que  ren- 
dirent illusoire  les  réserves  fort  étendues  que  le 
parlement  fut  secrètement  invité  à  y  faire.  Quel- 
ques jours  plus  tard  la  coD|oration  d^Amboise 
était  découverte.  Dominé  par  les  Guises,  Oli- 
vier devint  l'instrument  de  leurs  vengeances,  et 
s'associa,  malgré  lut,  à  leurs  actes  les  plus  ty- 
rannîques.  Une  mélancolie  profonde  s'empara 
dii  lui,  et  le  conduisit  dans  le  même  mois  au 
tombeau,  à  Tàge  de  soixante-trois  ans.  «  Il  avait, 
selon  SismondI,  le  caractère  des  grands  magis- 
trats de  cette  époque.  Il  était  stAidienu,  ver- 
tueux, austère;  il  désirait  le  rétablissement  de 
Tordre  et  de  Téconomie;  il  éprouvait  de  la  ja- 
lousie contre  le  clergé,  et  il  était  choqué  des  abus 
de  l'Église;  mais  en  même  temps  il  professait 
une  obéissance  sans  bornes  à  l'autorité  royale, 
et  il  admettait  les  moyens  les  plus  rigoureux 
pour  la  Impression  des  délits.» 

Son  frère,  Antoine  Olivier,  évèqne  de  Lom- 
bcz,  embrassa  ouvertement  la  religion  réformée, 
et  suivit  Renée  de  France  à  Ferrare,  puis  à 
Montai^,  où  il  mourut,  en  1571.  Cette  famille 
s'éteignit  en  1671,  en  la  personne  du  fils  unique 
du  lieutenant  général  Louis  Olivier,  marquis 
de  Leuville.  P.  L. 

Moréri,  Grand  Diet.  hUt.  —  Régaler  de  La  Planche, 
ffiiL  dé  France  tout  Françoit  11.  —  De  Thon ,  ttitt, 
suitemp.  —  Sternoodl,  HUt.  det  Fronçait,  XVII  et 
XTIli.  —  Haag  frtret,  France  prottttante.  —  Isambert, 
jéneiennet  Lolt/rançattes,  Xlli. 

OLiviBft  (Aubin),  graveur  en  bols  et  gra- 
veur «des  monnaies  de  France,  né  à  Roissy  (1), 
près  Paris,  dans  la  première  moitié  du  seirième 
siècle.  Des  lettres  patentes  de  Henri  H,  datées  du 
3  mars  1S53,  hii  conférèrent  l'office  de  «  maître 
et  conducteur  des  engins  de  la  monnaie  au  mou- 
lin » ,  c'est-à-dire,  directeur  de  la  monnaie  nou- 
vellement établie  k  Paris  dans  l'Ile  du  Palais. 
Piganiol  de  La  Force,  dans  sa  Description  de 
Paris  (II,  84) ,  et  Fantin  des  Odoards  lui  attri* 
buent  l'invention  du  monnayage  an  moulin,  in- 
vention qu'on  a  aussi  attribuée  à  Abel  Foulon. 
Il  est  aujourd'hui  prouvé  qu'elle  est  due  au  cé- 
lèbre Briot.  On  doit  à  Olivier  des  médailles 
commémoratives  de  la  Saint-Bartliélemy  (2). 

Il  fit  en  collaboration  avec  Etienne  Delaulne  la 
très-belle  médaille  de  Henri  II ,  inscrite  sous  le 
n^  11,  dans  le  Catalogue  du  Musée  monétaire 
de  France;  et  avec  Jean  Le  Royer,son  beau- 

|i)  Solvant  Mariette  i  Roye ,  en  Picardie. 

(i)  Catalogvé  du  mutée  monétaire  de  France,  18SS, 
l**  lérie,  n**  8S  et  se;  Saavat,  Bitt.  et  Recherchée  det 
uniiquitét  de  Parit,  III,  S89. 


frère,  les  soixante  figures  en  bois  quiomeot  le 

Livre  de  perspective  de  Jean  Cousin,  Léonard 

Gauthier  a  gravé  en  1581  le  portrait  d'Aubin 

Olivier.  H.  H— m. 

Robert-Dametnll ,  Le  Peintre  graveur  fronçait.  — 
Jrchtvêt  de  VJrt  fronçait. 

OLiTiBR  {Séraphin),  cardinal  français,  né 
à  Lyon,  le  2  août  1 538 ,  mort  à  Rome,  le  9  mars 
1609.  Fils  posthume  de  Pierre  Olivier,  bourgeois 
de  Lyon  et  non  fils  naturel  du  chancelier  Oli- 
vier, comme  l'a  prétendu  de  Thon,  il  eut  pour 
mère  une  Italienne,  qui  se  remaria  à  Jacques 
Rozali ,  citoyen  de  Bologne.  Après  avoir  com- 
mencé ses  études  à  Toumon,  il  les  aciieva  à 
Bologne,  où  il  fut  reçu  docteur  en  droit  civil 
et  en  droit  canon;  en  1562  il  occupa  une 
chaire  dans  l'université,  fut  appelé  à  Rome  par 
le  pape  Pie  IV  et  admis,  en  1564 ,  comme  aiûdi- 
teur  de  rote  pour  la  France.  Pendant  trente-six 
ans, Olivier  demeura  attaché  à  ce  tribunal,  dont 
il  devint  même  le  doyen.  Grégoire  XIH  l'envoya 
en  France  en  1573  pour  complimenter  le  duc 
d'Anjou ,  depuis  Henri  III,  sur  iMm  avènement 
an  trône  de  Pologne,  et  Sixte  Y  en  1589  pour 
t&cher  d*apaiser  les  troubles  qui  anivirent  la 
mort  de  ce  prince.  Clément  YIII  le  préposa  à 
la  Daterie,  bien  que  son  zèle  pour  les  intérêts 
de  la  France  lui  eût  attiré  à  cette  époque  la 
haine  des  Espagnols,  qui  l'accusèrent  d'aimer 
avec  excès  la  table  et  les  femmes.  Olivier,  aind 
que  le  constatent  les  lettres  du  cardinal  d'Ossat , 
contribua  beaucoup  à  obtenir,  en  septembre  1595, 
l'absolution  de  Henri  lY.  Fort  prévenu  contre 
ce  prince.  Clément  YHI  ne  voulait  point  rece- 
voir la  lettre  qu'il  loi  avait  adressée  à  ce  soyet, 
et  sur  ce  qu'il  en  dit  à  l'auditeur  Olivier,  cehii- 
ci  lui  répondit  plaisamment  :  «  Pour  moi,  saint 
père,  si  j'étais  pape,  je  ne  ferais  pas  comme 
Votre  Sainteté,  car  je  donnerais  audience  au 
diable  Ini-mème  si  J'avais  lieu  de  pouvoir  espérer 
sa  conversion.  »  Peu  de  jours  auparavant. 
Clément  YIII  lui  ayant  demandé  ce  qu'on  disait 
de  lui  dans  Rome  :  «  On  dit  tout  haut ,  avait-il 
répondu ,  que  Clément  VH  a  perdu  l'Angleterre 
pour  s'être  trop  hâté  d'excommunier  Henri  VIU, 
et  que  Clément  VIII  perdre  la  France  pour  avoir 
trop  différé  d'absoudre  Henri  IV  ».  Sur  la  rési- 
gnation du  cardinal  d'Ossat,  Henri  IV  nomma 
Olivier  à  l'évêché  de  Renne^en  juin  1600; 
mais  il  ne  prit  point  possession  de  ce  siège, 
et  s'en  démit  pour  devenir,  le  26  août  1602»  pa- 
triarehe  d'Alexandrie.  Enfin,  le  9  juin  1604, 
à  la  présenUtton  du  roi,  il  fut  f»'t  cardinal. 
Séraphin  Olivier  a  laissé  un  recueil  de  la  juris- 
prudence du  tribunal  qu'H  avait  si  longtemps 
éclairé  de  ses  lumières  ;  il  est  intitulé  :  Ded- 
siones  rotx  rotnanx  mille  quingentse  (Rome, 
1614,  2  vol.  in-fol;  Francfort,  1615  et  1661, 
2  vol.  in-fol.,  avec  des  notes  et  des  additions). 
En  tête  de  cet  ouvrage  se  trouve  l'Oraison  fu- 
nèbre du  cardinal,  par  Jean  du  Bois,  qui  avait 
été  imprimée  à  part  (Rome,  1609,  în-4»).  H-  F. 


641 


OUVIFR 


642 


Frttûn.CaUia  purpurata,  p.  68o.  -  SalDle-Marthe , 
Cottia  ehrtstianat  t.  III.  —  Ainelot  de  La  Roussaje, 
Ldtret  du  card.  d'Ouat ,  t  11.  p.  Tt,  816  el  440.  -  De 
Tlioo,  Hiitwr,  im<v.,  1,  isi  -  Alby ,  HUU  du  eardin. 
Uluttnt.  "  France  PotUi/teale. 

OL1T1BR  (Pierre),  humaniste  français,  né 
vers  1622,  à  Poitiers,  mort  le  24  mars  1684. 
Aâmhp  en  1641,  dans  la  société  des  Jésuites,  il 
professa  les  humanités  et  la  rhétorique  à  Poi- 
tiers, pais  à  Bordeaux.  On  a  de  lui  :  Lacrymo' 
rum  delicidB,  »ive  distertationes  II  de  natura 
et  arte  laerymarum;  Cologne,  1665,  in-i2; 
oo  trouve  à  la  suite  douze  odes  latines  sacrées, 
écrites  avec  beaucoup  d*art  et  de  feu;  —  Dis» 
Mertationes  X  académies  de  cratùria^  histo- 
ria  et  poeiica;  Paris,  1672,  in-t2;  quelques 
pièces  de  ce  recueil  avaient  paru  isolément  P.  L. 

Dreux  da  Radier,  IJiit.  Mtér.  du  Poitou, 

OLi¥iBB  (Claude  '  Matthieu)^  littérateur 
français,  né  le  21  septembre  1701,  à  Marseille, 
mort  le  24  octobre  1736,  dans  la  même  Tille. 
Après  avoir  étodié  la  théologie  et  le  droit,  il  fut 
reça  avocat  au  parlement  d'Alx»  et  B*établit  à 
Marseille,  où  son  éloquence  et  ses  talents  pré- 
coces ne  tardèrent  pas  à  lui  attirer  one  clientèle 
nombreuse.  Ses  plaidoyers,  d'après  le  témoignage 
de  l'académiden  de  Saci,  étaient  marqués  au  bon 
coin  ;  mais  il  se  donnait  rarement  la  peine  de  les 
travailler.  La  perte  de  la  pins  grande  partie  de 
son  bien  dans  le  temps  du  système  de  Law  le 
réduisit  à  un  état  voisin  de  la  pauvreté.  Ce  fut 
lui  qui  Gontriboa  le  plus  à  la  fondation  de  TA* 
cadÀnie  de  Marseille;  il  en  fut  on  des  membres 
tes  plus  assidus,  et  il  y  communiqua  beanooup 
de  dissertations  critiques  ou  historiques  et  de 
morceaux  de  poésie  et  d'éloquence,  que  sa  né- 
gligence fit  presque  tons  disparaître.  Vers  1730, 
il  obtint  un  emploi  d^écrivain  du  roi  sur  les 
gftières.  Après  avoir  langui  plusieurs  années,  il 
inoarqt.  Agé  de  trente-cinq  ans.  On  a  de  lui  : 
ùiuertation  sur  le  Critias  de  Platon,  et 
Discours  sttr  Cimitation,  dans  les  t.  1  et  IV 
des  Mémoires  du  P.  Desmolets;  ^  Discours 
sur  Vancienne  académie  de  Marseille^  dans 
le  recueil  de  cette  société  (1727);  —  Histoire 
de  Philippe  roi  de  Macédoine,  et  père  d^A- 
/exaii(/r«;  Paris,  1740, 2  vol.  in- 12  ;  sa  dernière 
maMie  l'empêcha  de  mettre  la  dernière  main  à 
cet  ouvrage.  P.  L* 

U  VlBclède,  Èl09ê  de  C.-M.  OKrter,  ir  U  tête  de 
vam.  dé  Pkmppê.  -  Achard,  Diet,  de  ta  Proveiue. 

OLiviBB  (Jean),  littérateur  français,  né  en 
1739,  à  Paris,  mort  dans  cette  ville,  à  ThApital 
de  la  Charité,  le  1''  février  1758. 11  étoit  pro- 
fesseur dans  on  pensionnat  lorsque  ses  talents 
pour  la  poésie  le  firent  connaître  du  père  d'un 
de  ses  élèves,  M.  de  Lavanx,  qui  lui  fit  obtenir, 
«!n  1744,  à  l'armée  d'Italie,  un  emploi,  ass»  peu 
coi^enable  pour  un  homme  de  lettres,  dans  les 
i^pittein  mtltUires.  Olivier  a}ant  hérité  quelque 
temps  apr^  d'une  petite  pension  de  sa  famîlle« 
revint  è  Paris  h  jj'y  Uvra  è  son  goAt  pour  l'étude 
et  rindépendance.  Oii  «  de  lui  des  épigramines, 
ROUT.  aiocR.  ciriÉR.  —  t.  xxxviii. 


des  odes  adressées  au  prince  de  Conli  et  à  M.  de 
Maupeou,  etc.,  et  deux  ouvrages  intitulés  :  JKssai 
historique  sur  le  Louvre  (Pàm,  1758,  in-12)t 
tt  La  Métempsycose,  discours  prononcé  par 
Pythagore  dans  V École  de  Crotone  (Paris, 
1760,in-12).  F.  B.  d'O. 

Btrbier,  Diet,  dêt  jémmifmes. 

OL1VIBB  { François- ffenri),  inventeur  fran- 
çais, mort  dans  Tété  de  1815.  Il  était  imprimeur 
à  Paris.  En  1801  il  inventa  de  nouveaux  pix>- 
cédés  pour  imprimer  la  musique  en  caractères 
mobiles,  et  obtint  en  1803  une  médaille  de  bronza 
à  l'exposition  du  Louvre.  «  Le  procédé  d'Olivier, 
rappoite  M.  Fétls,  consistait  à  graver  en  ader 
les  poinçons  des  notes  sans  fragments  de  por- 
tée; puis  ces  poinçons  étaient  trempés  et  frappés 
dans  des  matrices  de  cuivre  rouge;  après  quoi 
la  portée  était  coupée  an  travers  de  la  largeur 
de  la  matrice  au  moyen  d'une  petite  scie  d'acier 
à  cinq  lames.  La  forme  des  caractères  de  mu* 
sique  fondus  dans  ces  matrices  était  belle;  mais 
les  solutions  de  continuité  de  la  portée  se  fai- 
saient apercevoir  dans  l'impression  comme  par 
les  procédés  ordinaires.  >»  Olivier  s'associa  avec 
Godefroy,  et  publia  jusqu'en  1812  plusieurs  livres 
de  musique  et  un  journal  de  chant;  mais  Teo- 
treprise  ne  fut  pas  heureuse.  Vers  1820,  le  jma* 
tériel  de  la  fonderie  et  de  l'imprimerie  fut  vendu 
à  vil  prix.  P. 

Fétls,  Bioyr.  univ.  des  Uutieiens.  —  Dkt, dês  décou- 
vertes et  inveRtùnu  (iSf  i),  t.  Xll,  p.  6MB. 

OLiviBR  (  Gabriel' Raimond'Jean-de-Dieu 
François  d'),  magistrat  et  littérateur  français, 
né  à  Carpentras,  en  1 753,  mort  à  Malemort  (Vau- 
duse),le30  novembre  1823.  Il  professait  le  droit 
à  Avignon,  où  il  avait  été  reçu  docteur  en  1778, 
lorsqu'il  succéda  à  son  père  dans  la  charge  de 
notaire  de  la  cour  suprême  et  chancelier  de  la 
rectorie  du  comtat  Venaissin.  En  1790,  il  fut 
envoyé  auprès  de  l'Assemblée  nationale  en  qua- 
lité de  député  extraordinaire,  et  demanda  au  nom 
de  ses  compatriotes  à  rester  sous  la  domination 
du  pape.  Cette  demande,  d'abord  accueillie,  fut 
ensuite  repoussée,  et  l'annexion  fut  prononcée  le 
14  septembre  1791.  Pendant  les  massacres  qui 
affligèrent  le  comtat,  d'Olivier  s*était  réfugié  à 
Nîmes;  il  y  fut  arrêté  sous  la  Terreur  et  emprisonné 
à  Orange.  Rendu  à  la  liberté  après  le  9  thermidor, 
il  devint  juge  au  tribunal  d'appel  de  Ntmes,  en 
1800,  puis  conseiller  à  la  cour  impériale  de  cette 
ville.  Il  fut  mis  à  la  retraite  en  1818.  On  a  de  lui  : 
Principes  du  droit  civil  romain;  Paris,  1776, 
2  vol.  in- 80  ;  ^  Doctrins  juris  avilis  analysis 
philosophica;  Rome,  1777,  in-4*;  —  Essai  sur 
la  dernière  révolution  de  Cordre  civil  en 
France  ;  Londres,  1 780, 3  vol.  in*8*  ;—  Bssai  sur 
la  vertu,  ou  abrégé  de  la  morale  propre  à  tous 
les  citoyens;  1783,  in- 12;  l'auteur  y  soutient 
que  la  morale  est  inséparable  de  la  religion;  — 
De  la  ré/orme  des  lois  civiles;  Paris,  1786, 
2  vol.  in-8®  ;  —  Essai  sur  la  conciliation  des 
coutumes  françaises;  Amsterdam  et  Parif, 

21 


643 


OLIVIER 


644 


1787,  in-8«  :  dans  cet  ouvrage  et  dans  le  précé- 
dent d'Olivier  s'élevait  contre  les  privUégcs  et 
insistait  snr  ronirormité  des  lois  dans  fout  le 
royaume;  —  De  la  rédaction  des  lois  dans  les 
monarchies i  Anistcrdara  (Paris),  1789,  1815, 
in.g»;  —  Nouveau  Code  civil;  1789,  in-8**;  — 
V Esprit  d'Orphée,  ou  de  Cinfluencerespeetive 
de  la  musique^  de  la  morale,  ed  de  la  lé^U" 
lation,'en  trois  études;  Ptiris,  1798-1802- 1804, 
in-S*;  ^  Bssai  sur  Fart  de  lu  législation , 
suivi  d'un  Plan  abrégé  de  rédaction  d'un 
Code  civi/;Carpentras  et  Parfit,  1800,10-12; 
3e  édit.y  très-aogmentéeeC  smvied'aAservii^ioMJ 
touchant  les  moyens  de  réunir  les  églises 
chrétiennes  en  une  seule;  ibid.,  1815,  10-8*; 
—  />e  la  Réforme  ultérieure  des  lois  civiles  ; 
1806,  in- 8*;  —  Lettre  d*un  ancien  magistral 
à  M,  le  vicomte  de  Chateaubriand,  ttmckant 
Vahus  de  la  représenfaiion  nationale;  Paris, 
1820,  in-8*  ;  —  des  Mémoires  sur  des  4|«eBtions 
judiciaires;  des  écrits  de droonstanoe,  etc.;  — 
une  traduction  libre  Deli*  Origine  et  délie  ré- 
gale délia  musica,  eolta  storia  del  suo  pro^ 
gressOf  decadènza  et  rinovasione,       A.  L. 

Èpiémertêei  Httérairu  IRmw),  t.  rXXI,  ^  aoAt 
17»,  it  et  il  mai  tm  —  Jourmai  des  SavanU,  iTTï.  — 
QuéraN,  Im  Frauc*  UUértUre.  —  BaijaTcl ,  DUt.  MU. 
du  VoHcluse. 

OLiTiER  D«  pviMAWBL  (  Victor-Cp^aque 
d'),  général  anamite,  frère  du  précédent,  né  à  Car- 
pentras,  en  1767,  mort  A  Hle  San-Tago,près  Ma- 
lacca,en  1800.  W  fit  ses  études  à  Paris,  au  collège 
Loiùs*le-Grand,  et  entra  dans^la  marine  en  1787, 
comme  offider  volontaire.  H  8*embarqua  sur  la 
frégate  La  Méduse^  commandée  par  le  comte 
Gui  de  Kersaint,  qui  était  chai^  de  reconduire 
en  Codiinchîne  le  fils  de  Ngoyen-Anb,  roi  d*An- 
nam,  envoyé  pour  solliciter  Ilntervenfion  de 
la  France  eo  faveur  de  son  père.  D'Olivier  conçut 
le  projet  d^offrir  son  épée  au  monarque  anna- 
mite. Il  s*entenditavec  plusieurs  jeunes  ofRdera, 
et  tous  ensemble  pi-ofitèrcnt  d*ane  reMcbe  que 
La  Méduse  fit  sur  une  lie  déserte  fwnr  aban- 
donner leur  bord.  Après  beaucoup  de  dangers, 
ils  atteignirent  Saigon,  où  iU  furent  bien  aocueitlis 
de  I^yen  et  surtout  de  son  ministre,  rfaabîle  çt 
courageux  Pigneau  de  Béhaine,  évèqne  d'Adran. 
Les  connaissances  étendues  que  d'Olivier  possé- 
dait dans  les  mathématiques  furent  d'un  grand 
secours  pour  son  parti  :  tandis  que  ses  «ama- 
ndes disdplinaient  les  anamites  à  l'européenne, 
il  fit  élever  des  fortifications,  fondre  des  canons, 
oi^nisa  des  arsenaux,  etc.  Nguyen  fut  si  content 
de  ses  services  qull  le  nomma  généralissime  de 
ses  armées.  H  dut  à  d'Olivier  de  recouvrer  Ta 
plus  grande  partie  de  son  royaume.  La  faveur 
du  roi  souleva  la  jalousie  des  grands  de  la  cour. 
Les  Angids  fiirent  loin  d'être  étrangers  A  toute 
intrigue;  ils  suscitèrent  tant  d'ennuis  an  jeune 
Français  qull  dut  donner  sa  démission.  T9guyen 
M  l'accepta  qu'avec  un  grand  regret  (1795); 
il  lui  fit  cadeau  d'un  navire  bien  équipé  sur  le- 
quel d'Olivier  fit  plusieurs  années  le  commerce 


pour  son  compte  dans  les  mers  de  rinde  et  de 
la  Chine.  II  résidait  d'ordinaire  à  Macao,  et  de  là 
visitait  fréquemment  l'Ile  de  France,  Pomltchéry, 
Seringapatoam  et  les  comptoirs  des  natiofis  en 
paix  avec  la  France.  Il  acquit  ainsi  une  lortone 
considérable»  et  se  disposait  à  venir  en  jouir  dans 
sa  patrie,  lorsqu'il  soocomba  à  une  de  ce»  oia* 
ladîes  si  fréquentes  dans  les  régioiis  tropicales. 
Il  avait  à  peine  trente-trois  ass.     A.  0c  L. 

fiar)av«l ,  Diet.  kitt.  de  f'mubttê, 

OLiTiBR  (  Guillaume'Antoinê),  voyageur  et 
naturaliste  français,  né  le  19  janvier  175A,  aux 
Ans,  près  Toulon,  mort  le  1*^  octobre  1814,  è 
Lyon.  A  dix-sept  ans  il  fut  reçu  docteur  en  méde- 
due  à  Montpellier.  En  1783,  sur  la  proposition  de 
Broussonnet,  son  condisciple,  tt  fat  chargé  d'un 
important  travail  snr  la  statistique  de  la  généra- 
lité de  Paris;  il  parcourut  les  environs  de  cette 
ville,  et  remit  à  l'inteadant  Bertfaier  de  Saavigay 
diflérents  mëmoires  sur  la  «éofeogie,  sur  les 
planles,  sur  les  procédés  de  culture^  snr  les  ani- 
maux de  toutes  espèces,  tar  ia  méléorologie»  anr 
les  produits  des  arts  éeoooosiqoes,  etc.  lies  ma- 
tériaux de  l'ouvrage  qu'il  préparait  snr  ce»  ma- 
tières furent  détniits  pendaaA  la  révoiotioii.  A 
cette  époqvK  il  perdit  sa  place;  l'impceasiMi  de 
ses  ouvrages  fut  suspendue,  et  il  se  tromra  à 
peu  pf^  sans  aucuns  moyens  d'cKistenee.  11  ac- 
cepta alors  du  ministre  Roland  nue  miasiosi  dn 
gouvernement  près  ks  shah  de  Perse.  A  in  fin 
d'octobre  1792,  il  quitta  Paris  m  compagnie  dn 
aatoratiste  Braguièfc.  Dès  tes  premiers  pas  il  se 
vit  abandonné  è  tuî-méme  :  après  nn  long  séionr 
à  Constantinople,  il  parcourut  quelques  Iles  de 
la  Grèce,  le  Httona  de  l'Asie  Mineare,  la  basse 
Egypte,  reçut  en  1795,  avec  rangeui  néooaaîre» 
de  neuveltes  instructions,  et  traversa»  dans  !'< 
peeede  dix  mois,  la  Syrie,  FArabie  et  la 
potamîe.  Quant  à  la  Pers^,  c'était  un  pays 
par  les  dissensions  civiles  au  moment  •ù  OKvicr 
y  pénétra  :  «  n'arriva  è  Téhéran  qu'après  nveir 
surmonté  mille  dîfBoUltés  ;  mais,  doué  d'une  pcff^ 
sévérMce  imperturbaMe,  Il  aocemptt  IV*iet  da 
samîBsion,  et  obtint  du  premier  ministre  ka  ré- 
ponses les  plus  favorables.  Blessé  dans  aae  ren- 
contre avec  une  horde  de  Kurdes,  i  kà  nbijpéjie 
suivre  la  caravane  pour  se  rendre  de  Bagdad  à 
Alep,  s'embarqua  à  Latakieh,  et  s'oœnpa  de  caa- 
semMer  à  Constantinople  les  noanbneoses^ollecp» 
lions  d'histoire  naturelle  quTI  avait  ftirmées  sur 
sa  route.  Aprte  avoir  eo  la  douleur  de  voir  périr 
à  AncOue  Bmguière,  «on  eourageun  eampagnoii, 
il  arriva  à  Pari»  en  décembre  1798.  Homme 
membre  de  l'InstituC  (M  Janvier  1980),  pais 
professeur  de  xoologie  à  Téoele  vétérinaire  d' Al- 
fort,  îl  s'occopa  de  la  rédactimi  de  son  voyage, 
compléta  d'anciens  travaux,  et  reprit  avec 
deor  SCS  recherdies  enlanKrfegiqoes.  W 
de  la  rupture  d'nn  aoevrîsme.  On  a  de  hvz 
tomologîe,  ou  histoire  naiureUe  *«  ««• 
coléoptères;  Paiis,  17«9t80«r  *  w.gr-ln-€% 
pi.  col.;  il  avait  pofcfié  M  ph»  grande psrtie de 


645 


OLIVIER  —  OLIVIËRI 


«46 


cet  ouvrage  daps  V Encyclopédie  méthodique; 
—  Dieiionnaii'e  ^histoire  naturelle  des  In- 
sectes,  papillons^  crustacés,  etc  ;  Paris,  1789- 
1825,  7  Tol.  et  demi,  ii^4*,  avec  2  toI.  de  pi.  t 
les  toines  II  à  VI  sait  d'Olivier;  —  Toyage 
doMs  V Empire  Ottoman,  V Egypte  et  la  Peru; 
Parie,  18011807,  6  vol.  in-8",  oa  3  vol.  in-4» 
et  atias;  —  plusfeiirs  Mémoires  sur  l'entomo- 
log|e«  ragriciJlture  et  la  botanique  dans  ie  Jour- 
nal de  Physique^  les  Mémoires  de  VInstitut, 
ceux  de  la  Société  d'agriculture,  le  Journal 
€Phis(.  nat,f  là  Feuille  du  cultivateur,  etc.  P.  L. 

CuTier,  Éloçes  kistoriqueit  U.  —  Silvestre,  Motiee  tur 
C  'A,  Olivier  i  P^rls,  1818,  tn-S». 

OUTIBB  {Théodore)^  mathématicien  fran- 
çais, né  à  Lyon,  où  il  est  mort,  le  5  août  1853. 
Ancien  élève  de  TÉcole  polytechnique,  il  en  de- 
vînt on  des  répétiteurs,  contribua  à  la  fondation 
<1eréoole  des  arts  et  manufactures,  et  fut  nommé, 
en  1839,  professeur  de  géométrie  descriptive  au 
Conservatoire  des  arts  et  métiers.  On  a  de  loi  : 
Théorie  géométrique  des  engrenages  destinés 
à  transmettre  le  mouvement  de  rotation 
entre  deux  axes  situés  ou  non  dans  un  même 
pion;  Paris,  1842,  in-4*',  —  Développements 
d^géométrie  descriptive;  Paris,  1843,  in- 4*, 
avec  atlas;  —  Cours  de  géométrie  descriptive; 
Paris.  184&,  2  vol.  in-4*  et  atlas;  les  Compté' 
mentj  de  cet  ouvrage  ont  paru  dans  la  même 
année,  in^4*  ;^Dela  cause  du  déraillement 
des  wagons  sur  Jet  courbes  des  chemins  de 
fer;  Paris,  1846,  iB-8%  »  des  articles  dans  le 
DictUmnaire  de  Vindustrie  manufacturière 
etdana  le/oicr.  des  ilfa^Aém.  de  Lion  ville.  P.  L. 

homanûte  et  Boorqnelot,  lAUér.  franc,  contemp. 

OUTiBA  (mcolas^Théodore)^  prélat  fran* 
çaû,  né  le  28  avril  1798,  à  Paris,  mort  à  Évreui, 
le  21  octobre  1854.  Issu  d'une  hoaorable  £a- 
raille  de  commerçastSy  il  fut  préparé  de  bonne 
heure  à  U  carrière  ecclésiastique  sous  la  diree- 
tîoB  de  ML  Bouoher,  cuié  de  Saint-Merry,  i4 
entra  an  séminaire  de  Saint-Sulpice.  Ordonné 
piètre  eo  1822,  il  alla  prêcher  une  mission  dans 
W  Beauce,  et  fut  ensuite  nommé  vicaire  à  Saint- 
Denis,  puis  à  Saint-ÉUenne^u  Mo^.  Nommé 
curé  de  Saini- Pierre  de  ChaiUot  { 2S  mars  1827  ), 
U  revint  avec  le  même  titiie  à  SainWÉtienne-dn* 
Mont  (17  isnvier  1828),  et  paesa  à  la  cure  de 
Saini-Roch  (7  lévrier  1833)^  Oans  oetie  pa- 
misée,  qu'afliectionnalt  la  reine  Marie- Amélie,  il 
troav«  un  vaste  champ  pour  Texercice  de  sa  fer- 
"senr  pastorale,  et  parmi  ks  jMmbreux  sermons 
qu'il  y  prononça,  on  distingua  surtout  son  dis- 
cours eo  faveur  des  orphelins  du  choléra,  qui 
eut  ée  «erveilleun  résultats.  U  fut  nommé, 
le  18  avril  iMi,  à  révèché  d'ivrea%  et  saer^  le 
G  aoOt  suivant  à  Saint- Rodi  par  M.  Aftre,  arche- 
vêque de  Paris.  Les  réformes  qu'il  entreprit  à  son 
arrivé»  dans  ce  diocèse  rencontrèrent  certaines 
résistances,  et  pendant  son  épiscopat  il  eut  à 
vaincre  bien  tes  obstacles.  Fidèle  è  ses  précé- 
dents,  après  avoir  fait  ««Hpenltre  des  abus  aux- 


quels les  populations  8(*éta1ent  peu  à  pen  accootn* 
mées^  il  entreprit  des  travaux  apostoliques  bien 
dignes  d*éloges  et  fonda  d'utiles  institutions.  Outre 
de  oombrenx  prônes,  sermons,  mandements  et 
instructions  pastorales,  disséminés  dans  divers 
recueils,  on  a  de  l'abbé  Olivier  :  Oraison  fu» 
nèbre  de  M.  Vabbé  Philippe  Jean-Louis  DeS' 
jardins,  docteur  de  Sorbonne  et  vicaire  gé- 
néral  de  Paris;  Paris,  1834,  In  8";  —  le  Ca- 
tholique à  la  sainte  Table;  Paris  et  Lyon, 
1839,  ln-t8;  —  Délices  des  âmes  q/Jtigées,  ou 
lettres  de  consolation  tirées  des  saints  P^es; 
Paris,  1840  et  1854,  in-18;  — Concordances 
de  rapport  de  la  théologie  de  Bailly  avec  le 
*Code  civil,  dans  ie  Traité  de  la  Justice  et  de$ 
contrats;—  Vn  Sermon  entre  deux  histoires; 
Paris,  1836,  in-i  8.  H.  F. 

moffr.  du  cterçé  eontemp.,  1. 1.  —  L'évique  d^Êvreux. 
Dtttmméei  et  M,  OUHêTi  iUl,  fn-i».  -^  k,é€  BoucIm, 
ÉtM  9€t9ttt  ém  4éùe4n  â  êmrmr,  m  Imfppndie  »éhté 
tur  M  OlivUr:  fSif,  Ip-S*.  -  .4.  <e  Boucloa .  HiOoirf 
de  Mgr  Olivier,  érêque  (FÉvreux;  tSSS,  tn-li.  —  Fl»-> 
quct,  Prmnee  penliiUxièÊ. 

•1.1  vififti  (  Piètre-  Petoid),  architecte  et  soulp- 
teur  italien,  né  à  Rome,  en  1651,  mort  en  1699. 
On  croit  qu'il  ffit  élève  de  Vignole,  et  II  se  mon- 
tra digne  de  hil  en  donnant  les  dessins  de  6an- 
Andrea-della-yatle,  l^one  des  ptuséléfiantes  oamif 
les  églises  modernes  de  Rome.  La  basM^M  dt 
Saint-lean-de-Latran  doit  è  Olivferi  le  «lagni- 
fiqne  antel  dn  saint  sacrement  qu'il  exécuta  par 
ordre  de  Clément  VIII  et  qull  orna  de  quatre 
grandes  colonnes  antiques  de  broece  doré  que 
l'on  croit  provenir  du  temple  de  Jupiter  Capf* 
toNn.  L'lnflnence<!u  mauvais  goOt,  qui  commen- 
çait à  dominer  de  son  temps,  se  feit  peut-être 
plus  sentir  dans  les  sculptures  d'OHvIeH  que 
dans  ses  compositions  aretiitecAnrales  ;  mais  des 
qualités  réelles  rachètent  cette  taclie  dans  «es 
principaux  ouvrages,  tels  que  la  statue  colossale 
de  Grégoire  Xffl  au  Capîtole;  le  lemèeair  de 
Grégoire  Xth  Sainte-Françoise  Romaine,  qu'orne 
un  tMis-relief  estimé ,  le  ffefetir  du  saint  wiége 
à  Rome  en  1877;  Saint  Antoine,  sur  le  tom- 
beau de  Sixte  Y  à  Sakite-Marie- Majeure  ;  une 
Adoration  des  Mogesh  Sainte-Pudentienne;  et 
à  ta  villa  délie  YMte  près  de  Sienae,  un  antre 
bas-relief  représentant  la  Mort  de  César,  Une 
statue  ^  r Amitié  sous  les  traits  d'une  feune 
fille  est  passée  de  la  rlHa  Mnttei  au  musée  du 
Louvre.  Mort  dans  toute  la  ferce  de  l'Age  et  du 
talent,  Olivieri  fut  enterré  à  Rome,dans  t'égjUM 
delà  Minerve.  K.  B^ff. 

BagtlMe,  rUê  tfc*  rMori,  teuUm-i  êd  urekUêtH  éet 
isi»  4f  164t.  -»  MaMMl .  Ds/ert»ion9  4U  Borna.  -'  Tu 
coxzi,  ^tionario.  -  Orlaodl,  jitbeeedario»  —  Aona* 
guoti,  Cenni  Uorieth-artUtlet  dl  Siena.  —  Barbet  île 
iouf,  Seuiptm^g  mêéêrnm  4u  idmurÉ. 

OLITIRRI  (Domenieo),  peinire  de  Téeele 
pîémontafee,  né  è  Turin,  en  1679,  mort  en  1766. 
On  ijsnore  le  nom  de  son  maître;  il  étudia  prin- 
cipalement tes  tableaux  des  petits  maîtres  fla- 
mands, et  surtout  ceux  de  Pierre  de  Laar.  Doué 
d'un  esprK  vif  et  plaisant,  il  les  imita  avec  une 

21. 


647 


OLIVIERI  -  OLLIÈRES 


perfection  qui  fit  rechercher  ses  ouvrages , 
nombreux  encore  aujourd'hui  dans  les  galeries 
particulières  du  Piémont.  Il  se  plaisait  à  repré- 
senter des  marchés ,  des  charlatans,  des  lixes 
de  paysans ,  et  autres  scènes  populaires.  Il  a 
peint  aussi  quelques  sujets  historiques  et  reli* 
gieux,  tels  qu'un  Miracle,  dans  la  sacristie  du 
Corpus- Domini  de  Tarin.  E.  B — n. 

Delta  Vatle,  Correztoni  e  çimtte  al  Foiari,  —  Lanzi, 
StùHa  délia  PtttMra.  —  Tlcoztl ,  Dizionario, 

OLiTiERi  DBGLi  ABRATi  (AnnibaU),  m- 
tiqnaire  italien,  né  le  17  juin  1708,  à  Pesaro, 
mort  le  29  septembre  1789,  dans  la  même  ville. 
Il  était  d'une  ancienne  famille,  à  laquelle  appar- 
tenait le  cardinal  Fabio  Oltvieri,  mort  en  1738. 
ÉlcTé  an  collège  des  Nobles  à  Bologne,  il  étudia 
ensuite  le  droit  à  Pise,  fut  reçu  docteur  à  Urbio, 
et  vint  en  1727  à  Rome,  où  il  suivit  entièrement 
son  penchant  pour  la  numismatique  et  les  anti- 
quités. Bien  loin  d'embrasser  l'état  ecclésiastique, 
comme  l'ont  prétendu  certains  auteurs,  il  se 
maria  en  1733,  et  ne  quitta  plus  sa  ville  natale, 
dont  il  devint  le  bienfaiteur  :  il  y  fonda  plusieurs 
établissements  utiles,  et  lui  légua  par  testament 
sa  collection  de  roéd^iilles  et  sa  bibliotlièque.  11 
mit  aussi  beaucoup  de  zèle  à  relever  l'académie 
de  Pesaro,  qui  le  choisit  pour  secrétaire,  il  fut  en 
comnl^rce  de  lettres  avec  les  papes  Benoit  XiY 
et  Clément  XIY,  et  ce  dernier  lui  donna  même 
le  titre  honorifique  de  camérier.  Olivieri  mourut 
à  l'âge  de  quatre-vingt-un  ans.  On  lui  éleva 
dans  sa  patrie  un  magnifique  mausolée.  Ses 
principaux  écrits  sont  :  Spiegazione  di  alcuni 
manumenti  deçli  antieài  Petasgi,  con  al- 
eune  osservazioni  ;  Pesaro,  1735,  in-4®,  trad. 
dn   français  de    Louis   Bouiiguet;   —    Mar- 
mara  PUaureMia  notis  illustrata;  ibid., 
1737,  In-fol.  fig.  :  cet  ouvrage,  un  des  plus  esti- 
més de  l'auteur,  a  été  analysé  et  traité  avec  de 
grands  éloges  dans  les  Nova  acia  erudUorum 
de  Leipzig,  1741;—  DisierioMtoni  sopra  due 
medaglie  SanniHche,  dans  le  t.  II  des  Mé- 
moires de  l'Acad.  de  Cortoneet  dans  le  t  XVII 
de  la  Raccolià  de  Calogerà  ;  —  Diuertazionê 
sulla  fondaxione  di  Pesaro;  Pesaro,  1767, 
in-4*;  on  trouve  à  la  suite  une  Lettre  à  Vabbé 
Barthélémy  sur  les  plus  andennea  médailles 
de  Rome  et  de  l'Italie;  —  Comm/entariorum 
Cffriaci  Aneonitani  nova  fragmenta,  notis  il- 
lustrata;  ibid.,  1763.  in-fol.;  _  Spiega%ione 
di  una  délie  antiche  basi  di  marmo,  seoperte 
dal  Domenico  Bonamini;  ibid.,  177I,  in-4**; 
—  Delta  %ec€a  di  Pesaro  e  délie  monete  Pe» 
saresi  de*  secoli  bassi;  Bologne,  1773,  in-fol. 
fig.;  —  Mémoire  det porto  di  Pesaro;  Pesaro, 
1774,  ln-4»  fig.;  —  /H  son  Terenzio  martire; 
ibid.,  1776,  in-4*;  —  Memorie  per  la  storia 
délia  chiesa  Pesarese  net  Xill  Mcofo;  ibid., 
1779,  în-4';  —  Memorie  delV  uditor  Q.-B. 
Paueri;  ibid.,  1780,  in-4o;  —  Délie  ftgline 
Pesaresi;  ibid.,  1780,  In-i»;  —  Memorie  di 
Alessandro  Sforza,  signore  di  Pesaro;  ibid.. 


C48 

<  1784,  in-4*.  Ce  savant  a  encore  rédigé  sur  tes 
antiquités  de  son  pays  natal  une  foule  de  disser- 
tations et  de  lettres  qui  ont  été  insérées  en 
grande  partie  dans  les  recueils  de  Calogerà.  I>. 

F.  Marignonl,  Etoçio  4i  Ann.  Olivieri:  Pnaro,  1T69. 
ln-8».  -  Laizarinl.  Opert,  II,  ni,  -  Colucci,  JntieMta 
Pieene,  IV.  -  VccchlelU,  BiblioUea  Pieena,  I.  -  nra- 
boschl»  dans  le  GiomaU  dei  Utterati  di  Modena.  — 
Nova  aeta  vmdUorum,  1741.  -  Tlpaido,  Bioçr.  degh 
ItaliaîUUluHrl,  IV. 

OLiTiKRi  (Augustin),  prélat  génois,  né  à 
Génçs,  en  17&8,  mort  k  Naples,  le  10  juin  1834. 
Il  fit  profession  chez  les  PP.  de  la  Mère-de-Dîeu 
et  enseigna  la  philosophie  à  Naples.  Le  roi  Fer- 
dinand  r'  lui  confia  l'éducation  de  son  fils  (de- 
puis François  I*').  Olivieri  suivit  les  Bourbons 
en  Sicile,  et  s'attacha  à  leur  fortune.  Il  en  fut  ré- 
compentié  à  leur  restauration  par  Tévèché  fit 
partibus  d'Arethnsa.  On  a  de  lui  :  Fiiosojia 
morale,  ossia  H  doveri  delV  uomo;  Gènes, 
1828,  2  vol.  in-12.  A.  L. 

IfotiMiê  Rmnanê,  -  L'jimi  de  Im  BeligiùH,  ano.  itSi. 

OLiTiBBO  (Antoine- François),  poète  ita- 
lien, né  à  Vienne,  vers  1520,  mort  en  1580.  On 
sait  fort  pen  de  choses  sur  sa  yie.  Il  remplit 
quelques  fonctions  honorables  dans  sa  ville  na- 
tale et  fut  membre  des  académies  de*  Costa^i 
et  de*  Secreti.  On  a  de  lui  un  poème  épique  en 
vingt-quatre  chants  intitulé  VAlamanna;  Ve- 
nise, 1567,  in^"*.  Ce  poème  a  pour  sujet  la  tic- 
toire  de  Charles-Quint  sur  la  ligue  luthérienne 
de  Schmalcalde.  Pour  donner  des  proportions  épi- 
ques à  un  sujet  contemporain,  le  poète  a  recoure 
au  merveilleux.  Il  montre  le  Père  étemel  mé- 
ditant sur  les  destinées  des  mortels,  et  saint 
Pierre  alarmé  des  progrès  des  luthériens,  im- 
plorant en  faveur  de  l'Église  la  Justice  du  Très- 
Haut.  Dieu  promet  la  victoire  à  l'emperrnr  chef 
des  catholiques ,  et  envoie  à  son  secours  Pro- 
noia  (la  Providence)  et  Pepromena  (la  Desti- 
née). Après  une  longue  lutte,  Tempemir  trt<Hn- 
phe;  la  ligue  de  Schmalcalde  est  dissoute,  et 
l'hérésie  terrassée,  a  II  n'y  avait  guère,  dit  Gin- 
guené,  qu'un  prince  à  qui  ce  poème  pût  plaire  : 
c'était  Philippe  II.  L'auteur  le  lui  a  dédié.  La 
puissance  de  ce  successeur  de  Charles- Quint 
n'était  pa^plus  agréable  k  une  grande  partie  de 
l'Europe  que  la  ligue  des  protestants  qui  voulait 
balancer  cette  puissance.  Ce  poème  avait  donc 
contre  lui  le  malheur  et  la  tristesse  du  sujet,  la 
pauvreté  des  inventions,  la  faiblesse  du  style;  il 
n'avait  en  sa  faveur  qu'une  fort  belle  édition  » 
qui  est  l'unique  et  qui  est  devenue  rare  et  chère. 
VAlamanna  de  l'Oliviero  est  un  poème  mort- 
né.  M  Z. 

A. -G.  dl  Sadta-Marla*,  Bibiiatk«eadi  Fieensa,  IV.  77- 
81.  —  Deolna,  Mémoire  tur  la  poétiê  épique,  daos  le 
Rêemelt  de  rJeadémié  de  Berfin,  an.  iTSt,  p.  U4.  -» 
Olainené,  Hittoire  lUtéraire  dT liait»,  u  V.  p.  IM. 

OLLi^BBS  (Jacques- François  o')  (1),  mi^ 

sionnaire  français,  né  à  Longoyon  (dncb^  <le 


(1)  Tels  sont  les  prenons  qu'on  tronve  ^n*  '^ 
très  de  la  Compagnie  de  Jésn^;  oepMMiant  quelques  blo- 
grapbca  l'appeUent  Frtmçoi»  smOmmi-Uariê, 


649 

Bar),  le  30 novembre  1722,  mort  à  Péking,  ]e 
24  décembre  1780.  11  fît  ses;  éludes  aa  collège 
de  Luxembourg,  et  entra,  le  iS  octobre  1742, 
dans  la  Compagnie  de  Jésus.  Après  avoir  pro- 
fessé les  humanités  dans  plusieurs  collèges,  il 
s'embarqua  pour  la  Chine  le  7  mars  1758,  et 
alla  s'établir  à  Péking,  où  il  passa  les  jours  à 
évangélLser  les  infidèles  et  les  nuits  à  apprendre 
la  langue  do  pays.  Non  content  d'annoncer  la 
foi  chrétienne  à  Péking,  il  se  hasarda  plusieurs 
fois,  malgré  la  défense  expresse  de  l'empereur, 
à  quarante  ou  cinquante  lieues  de  cette  capitale. 
On  a  de  ce  missionnaire  la  Relation  de  son 
voyage,  insérée  en  très-grande  partie  dans  le 
tome  XIV,  p.  549-563,  des  Lettres  édifiantes  et 
curieuses  écrites  des  missions  étrangères; 
Lyon,  1819;  — un  Catéchisme  chinois,  imprimé 
k  Péking,  è  plus  de  cinquante  mille  exemplaires. 
Le  tome  XIII  des  Lettres  édifiantes ,  p«  306- 
311,  renferme  aussi  du  P.  d'Ollières  une  lettre 
datée  de  Péking,  le  8  octobre  1769,  oti  il  rend 
compte  de  ses  difficultés  pour  apprendre  la  lan- 
gue chinoise  et  pour  se  faire  entendre  des  caté- 
chumènes qui  se  montraient  peu  disposés  à  em- 
brasser la  religion  chrétienne.  H.  F. 

Catalofti  personarmn  et  qfAciorum  provincUe  Fran- 
eim  Sùeieuau  Jesu,  annto  nn  et  seq.  —  Feller,  Diet. 
kist,,  éditloo  Weisi. 

oiA^iriEm  {Biaise- Joseph) f  constructeur  de 
Tais»seaux,  né  à  Toulon,  en  1701  «mort  dans  la 
même  ville,  le  20  octobre  1746.  Il  entra  fort  jeune 
au  service  de  la  marine,  et  débuta  dès  1722  par 
la  construction  et  le  lancement  à  Toulon  du  vais- 
seau Le  Saint-Louis.  Nommé  sous-constructeur, 
il  s'embarqua  sur  le  vaisseau  V Achille  pour 
mieux  étudier  en  mer  la  pratique  de  son  art  ;  il 
à  laissé  le  journal  des  expériences  et  des  remar- 
ques qu'il  a  faites  dans  cette  campagne.  Chargé 
de^rorganisation  des  chantiers  de  Rochefort,  puis 
de  ceux  de  Brest,  il  alla  (9  mars  1737)  étudier 
en  Angleterre  et  en  Hollande  les  modes  de  cons- 
truction de  ces  deux  grandes  puissances  mari- 
times. À  son  retour  il  obtint  la  direction  géné- 
rale du  port  de  Brest.  Ollivier  possédait  tous 
les  talents  d'un  ingénieur  civil  et  militafre  de 
premier  ordre.  Il  suffit  pour  s'en  convaincre  de 
citer  les  nombreux  et  utiles  travaux  qu'il  fit  exé- 
cuter à  Brest.  Il  avait  beaucoup  écrit,  beaucoup 
dessiné;  malheureusement  l'incendie  du  magasin 
général  du  port  de  Brest  (30  janvier  1744) 
anéantit  ses  manuscrits,  ses  modèles  et  une  mort 
prématurée  fempécha  de  rien  livrer  à  l'impres- 
sion. Quelques  copies ,  ou  fragments  d'ouvrages 
sont  seuls  arrivés  jusqu'à  nous  :  une  lettre  sans 
date  (vers  1745),  Sur  les  Baux  armés;  —  des 
Remarques  sur  la  marine  des  Anglais  et  des 
Hollandais  faites  sur  les  lieux  en  1737, 292  p. 
in-fol.  (Bibliothèque  de  Brest);  —  fragments 
'l'un  Dictionnaire  de  marine  y  800  p.  in- fol.; 
—  Traité  de  construction  (fragments);  —  Mé- 
moire sur  les  bois  propres  à  la  construction 
des  vaisseaux;  16  p.  in-4»  ;  —  Projet  sur  la 


OLLIÈRES  —  OLLIVIEU 


650 

/orme  de  Brest,  8  p.  in-4*,  etc.  Le  buste  de 
B.-J.  Ollivier  orne  la  salle  du  Musée  maritime  de 
Brest.  A.  db  L.  - 

Dtt  Malt/  de  Gcrtnpy,  Traité  de  la  eonstruetion  de* 
vaisseeuT.  —  Montoda,  Histoire  deê  Math.,  L  IV,  p.  38S. 

OLLiTiAR  (  Rémi  ) ,  littérateur  français ,  né 
le  26  février  1727,  à  Paris,  mort  le  25  décembre 
1814,  à  Dijon.  Après  avoir  rempli  les  fonctions 
de  secrétaire  général  des  bureaux  de  la  guerre 
sous  le  marchai  de  Muy,  le  comte  de  Saint- 
Germain  et  le  prince  deMontbarey,  il  fut  nommé 
en  1801  commissaire  ordonnateur.  On  a  de  lui  : 
VEsprit  de  V Encyclopédie,  ou  choix  des  ar- 
ticles les  plus  curieux  de  ce  grand  diction- 
naJtre;  Paris,  1798-1800,  12  vol.  in-8o;  l'abbé 
Bourlet  de  Vauxcelles  a  eu  part  à  cette  compi- 
lation ,  publiée  sous  le  voile  de  l'anonyme  et  re- 
maniée par  Henneqnin  (Paris,  1822,  15  vol. 
in-8*»).  P. 

Arnaolt,  etc.,  Now>.  Dict.  de»  Contemp. 

OLLiTiBR  (François  -Antoine  -  Joseph) , 
homme  politique  et  magistrat  français,  né  à  Lo 
riol  (Dauphiné),  le  21  juin  1762,  mort  à  AUex, 
près  Crest  (Drôme),  le  10  septembre  1839. 
Avocat  à  Grenoble,  il  assista  en  1787  à  l'as- 
semblée de  Yizille  d'où,  partit  en  quelque  sorte 
le  signal  de  la  révolution.  Il  n'accepta  aucunes 
fonctions  publiques  jusqu'en  l'an  iv  (1795),  où 
il  fut  nommé  procureur  général  syndic  près  le 
directoire  de  la  Drôme.  Juge  au  tribunal  civil 
de  Dié  (1800),  puis  bientôt  au  tribunal  criminel 
de  Valence,  il  fut,  en  1804,  élu  au  corps  légis- 
latif, dont  il  était  l'un  des  secrétaires  en  1810. 
Nommé  en  1811  avocat  général  près  la  cour 
impériale  de  Grenoble ,  il  fut  appelé  à  la  cour 
de  cassation  (section  criminelle)  comme  con- 
seiller, en  février  1815.  En  1814  il  fut  plusieurs 
fois  chargé  de  rapports  sur  des  projets  de  toi 
importants,  tels  que  la  natnralisatton  des  habi- 
tants des  départements  enlevés  à  la  France; 
l'impOt  des  boissons;  la  restitution  des  biens 
des  émigrés;  la  réduction  du  nombre  des  juges 
à  la  cour  de  cassation,  etc.  Réélu  en  1820,  il 
eut  encore  à  rendre  compte  des  projets  sur  la 
circonscription  des  collèges  électoraux  et  sur 
la  modification  de  l'art.  351  du  Coded'instiuc- 
tion  criminelle.  En  1827  il  exerça  quelque  temps 
les  fonctions  de  censeur.  Il  prit  sa  retraite  eo 
1833.  On  a  de  lui  des  articles  dans  le  Réper- 
toire de  jurisprudence  de  Favard  de  Lan- 
glade;  des  Rapports,  des  Discours  à  la  cham- 
bre; des  Opinions  sur  diverses  questions  judi- 
ciaires, etc.  Ollivier  et  Paul  Didier,  exécuté 
en  1816,  à  Grenoble,  avaient  épousé  les  deux 
sœurs.  '  A.  DE  L. 

J^otice  HographiqHê  sur  r.-jé.-J.OtUvia'  (  Paris,  ISM). 

OLLiYiBB(/u/e<),  antiquaire  français,  fils 
du  précédent,  né  le  24  février  1804,  à  Valence 
(  Drôme),  mort  le  20  avril  1841,  à  Grenoble.  Il 
termina  à  Paris  l'étude  du  droit  qu'il  avait  com- 
mencée à  Grenoble.  Nommé  en  1829  substitut  à 
Largentière,  il  devint  peu  de  temps  après  juge 


661 


OLLIVIER 


6$S 


ad  tribnDal  cîtII  daValeDce,  et  petn  en  1838, 
avec  les  nêmes  fenctioaa»  à  celui  de  Gvenoblc. 
De  bonne  keure  il  prit  pour  objet  de  ses  tra? aux 
rbtstoire  du  Dauphiné^^ie  tonveai  il  édaircit 
arec  aataat  &e  sagselté  que  d'éraditloa.  Il  ap- 
parteMtt  à  la  Société  royale  <ks  Aati^aairea  de 
PftMe.  On  a  de  loi  :  Bâtais  histûtigim  tut  la 
tfUle  4e  Valence ,  avte  des  notes  ei  ées  piétés 
iumi^aHves;  Valence ,  1831 ,  !■-•<»;  —  muee 
sut  «n  monument  /ânéraire  eonnm  s&us  le 
mm  de  pendentïf  de  Valence  ;  iMd.,  1833,  hH8*  ; 
-^  Basai  sur  Ver^f^ne  oC  lu  formaiiùn  des 
dkdectes  vul^ires  du  Dauphinéf  Paris, 
1830,  in-8*;  réimpr.  en  fSMf,  ln-4%aTec  «ne 
âîMograpHie  des  patois  de  cette  province,  par 
Colomèda  de  BaNnes;  ^  MésMêre  strr  tes  an^ 
eiens  peuples  gui  hsi^Uùêent  te  iertitoire  du 
département  de  la  DrâMê  pendant  t occupa- 
tion des  Gaules  par  les,  Romains  ;  Valence, 
1837,  în-8'';  —  Êeeherches  historiques  sur  le 
passade  de  quelques  r0is  de  Fiance  à  Va- 
lence; Ibid.,  1837,  ift^4o;  ^  (atee  Colomb  de 
Ballnes  )  Mélanges  biographiques  et  tiHiogra- 
piUques  relam  à  l'histoire  Httéraire  dn 
Daupkiné;  iUd.,  t8«7-1840,  In^*;  —  Notice 
sur  F.'A^J.  OUiVier;  1839.  il  a  encopre  édité  la 
Correspondance  littéraire  eu  fréûdent  VaU 
konnayt  (Paria,  1839,  în«f)  ei  TAnnuairede 
f  Isère  pour  1838.  On  tronve  de  lui  de  nombreux 
artidea  dans  Im  France  littéraire  de  Ch.  Malo 
8t  dans  la  itemas  du  Dauphéné ,  dont  il  dirigea 
lapuMlcatîoD  de  t836è  1839.  Il  a  hissé  en  ma- 
noscrit  beaoosnp  de  BBafériaox  pour  une  Bio» 
gmpMe  du  I>auphiné,  sflk  devait  former  4  vol. 
in-8^  p.  L. 

•.  Sami  aiailoi'Bdas,  Hommus  eu  Jour,  t,  i»  yarIK 
OLuvian  {Charles-Prosper)f  médecin 
iranfais,  né  le  1 1  octobre  179êi,  à  Anf^s,  mort 
le  13  mors  iMi^  à  Paris.  En  sortant  de  i'Éoole 
mUilaîrt,  il  fal  nommé  toas*iieatanant  dans  In 
jtnne  fpcràet  et  aaaista  à  la  batoille  de  Hanan. 
A  la  premièTt  restanration  il  quitta  le  serriee,  et 
M  mit  à  étudier  la  médcdne  -,  ri  treiiva  dans 
Btfcknrd^  sen  cocapatriote,  un  gnide  et  un  ami  à 
In  fois.  Rofa  docteur  en  1823,  il  se  distingna 
par  dca  rechercliei  intéressantes  sur  tes  Maia- 
diss  ée  In  moelle  épinière;  pins  tard,  sons  les 
anspicns  d'OrOb,  il  aborda  la  médecine  légale, 
et  fat  Booveni  appelé  à  présenter  des  rapporta 
dovant  les  tribonaux.  Doué  à\m  omp  d*œil  snb^ 
tiiet  possédant  des  coanaisunces  variées,  il  j»* 
geaitavcc  prompHInde,  «t  révénemeat  joatittaU 
d'ordiasire  ses  prévisions.  Il  siégeait  au  conseK 
de  salubrité  et  à  TAcadémie  dn  médecine.  On  a 
de  lui  :  Traité  des  maladies  de  la  moelle  épi- 
niès9i  Paris,  tS24,  in-8*;  3*  édH.,  1837, 2  toI. 
iD-8'' ,  fig.  ;  --  Notice  sur  Bédurd  ;  Paris,  18)7, 
in>8*  ;  ^  Histoire  des  bourses  muqueuses  chet 
ehomme;  Paris,  1838,  in-a**}  —  Considéra- 
tions sur  Us  morU  subites;  Paris,  1838,  in^; 
^  Essai  sur  le  iraiiement  de  la  descente  de 
tuiérus^  Paria,  1842^  ia-8*.  Ce  médecin  a  tra- 


duit de  IHalien  trois  oorrages  de  Scarpa;  il  a 
en  part  à  la  publication  du  Dictionnaire  kislO' 
rique  de  la  médecine  de  MM«  Ratgé-Delorme 
et  Dezeimeris,  et  il  a  Ikit  insérer  de  nombreux 
mémoires  de  patlioleipe,  de  chimie  et  de  toxi- 
cologie daaa  les  Archives  gén.  de  médecine, 
les  Annales  (Fhggiène  et  les  Mémoires  de 
VAcadémie, 

Sarral  «t  •ilift-IMHHf,  Biaor.  dei  ktmmei  duj&tir,  f, 
V  Hrt.  —  SsniHièt,  Lu  MédeeUu  as  PtÊfU. 

;«LLiviBn  (Démosfhène),  homme  poB- 
ti(|ae  français,  né  à  Toulon,  le  15  février  1799. 
Négociant  à  Marseille,  Il  i^wcra,  jeune  eocore, 
aux  lottes  do  Toppoaitîen  démocrafiqoe  contre 
le  goweraement  de  la  restaorstioD  et  la  monar- 
chie de  juillet.  Il  fat  dam  celle  ville  Fan  des 
principaux  fondateurs  dn  car^narisme,  et  se 
trouva  en  1815  impRiiné  dans  nn  pvocès  poH- 
ti'fue  <|Bi  lat  valut  une  condamuation  à  six  mois 
de  prison.  Anid'armand  Carrel,il  fonda  en  1831 
à  MarseiUe  un  journal  Intitulé  :  le  Peuple  son- 
verain,  et  ptn  apfts  montra  pendant  l'inva- 
sion du  clmlérm  un  dévouement  dont  la  ville  de 
MaraeiHe  gardera  longtemps  le  souvenir.  Aprfcs 
la  révolattoo  de  février,  M  fut  nommé  représen- 
tant des  Bouches4a-RhAoe  k  TAssembléo  nous- 
tUuante^  où  il  vota  constamment  avec  la  Mon- 
tagne. Arrêté  lors  dn  coup  d'État  du  2  décem- 
bre 1851,  il  fut  expulsé  de  France,  et^addta  soc- 
cessivemeat  {^Belgique,  Rioe  et  Floremse. 

Son  fils  aîné.  Ollivier  (Aristide),  né  à  Mar- 
seille, en  joln  1814  j  suivit  la  carrière  do  jour- 
nalisme, et  poblia  daaa  le  jovmal  la  Voix  du 
peuple  y  de  Proodhon ,  ^fsel^oes  artfdea  remor- 
qoablea  sur  la  prison  de  Matas  et  sur  les  incon- 
vénients do  système  orilulalm*  Hédacteur  en  ch^ 
dn  Suffrage  universel ,  ^outcoA  qui  s'Imprimait 
à  Mont()elller,  il  fot  tué  en  duel  dan&  cKte  vifle, 
le  21  juin  1861 ,  par  M.  Paol  de  Ginesfans,  un 
de  seo  adversaires  poiiti(|oes.  H.  F. 

;«ci.iviBn  (Émile-Olivier),  homme  poK^ 
tique  français,  fils  de  Déroosthène,  né  *  ^larsetltr, 
le  2  juillet  1815.  Inscrit  en  1848  comme  avocat 
an  barreau  de  Paris,  viHe  oh  K  avait  failses  étu(^, 
il  devint,  le  27  février  1848,  commiaiaire  général 
de  la  répoMiqne  dans  les  fténches-do-Rbéne  et 
dans  le  Vdr,  fût  nommé,  le  8  juin  snivanf,  pi^fcf 
do  premier  de  ces  départements,  et  passa  le  10 
joillet  à  la  préfoetore  de  la  Haote^Marne,  où  it 
demeura  jusqu'en  janvier  18é9.  Il  reprit  alors  5a 
phico  au  barreau  de  Paris,  et  tTf  distfngna  dan» 
plusieurs  procès  importants;  on  remarqua  se^ 
plaidoyera  pour  madame  de  Ooerry  oMtro  la 
communauté  de  Piepos,  pour  tes  étodiants  ac- 
cusés d'avoir  troublé  le  cours  de  M.  IVrsartf  et 
pom-  tes  médecins  honwMpathes.  Son  reftis  de 
plaider  devant  le  conseil  de  gperrer  de  Lyos, 
en  1851,  dans  raffaire  Oent  M  attira  one  sas- 
pension  de  six  mois,  et  te  3f  4éce\pbtt  1859, 
en  plaidant  devant  te  Irihunal  coim^tfonncf  de  la 
Seine  à  l'occasion  de  la  «Ksîc  d'un  Bvre  pour 
M.  Vacherot,  il  fol  oondanmé  è  trois  moi» 


659 


OLLIVIER  —  OLOINNAIS 


654 


dlnterdiction  poar  s*ê(re,  ditlejogernenf^  écarté 
du  respect  dû  à  la  jastice.  Dans  cette  afTaire, 
Tordre  entier  des  avocats  s'émut  et  épousa  la 
caose  de  M.  Ém.  Ollivier  coirirne  la  sienne  pro- 
pre. Une  exception  d^incon^pétence  proposée  de- 
vant la  coor  impériale  fut  rejetée  te  12  janvier 
1860,  et  Iç  pourvoi  sur  cet  arrêt  fut  également 
rejeté  le  lO  février  suivant  par  la  cour  de  cas- 
sation, sur  le  réquisitoire  de  M.  Dupin.  Aux 
élections  générales  de  1857,  il  a  été  nommé  dé- 
puté au  corps  législatif  par  la  quatrième  cir- 
conscription électorale  de  Paris,  où  il  l'emporta 
sur  MM.  Garnier-Pagès  et  Vavin.  Acceptant  les 
conséquences  de  ce  mandat,  If  a  pris  part  aus- 
sitôt aux  discussions  les  plus  importantes,  vo- 
tant avec  la  minorité  de  cette  assemblée.  On  Ta 
vu  combattre  notamment  la  loi  sur  la  sAreté 
générale,  sur  Tusorpatton  des  titres  de  noblesse, 
et  la  politique  intérieure  du  gouvernement.  L'un 
des  principaux  fondateurs  et  collaborateurs  de 
la  Revue  pratique  de  droit  français  (1856), 
H  9  pubKé  avec  M.  Moorlon  :  Commentaire  sur 
la  toi  du  14  avril  1858  portant  modification 
des. articles  du  Code  deprocéiure  civile  sur 
les  saisies  immobilières  et  sur  les  ordres; 
Parie,  1858,  in-8°.  H.  F. 

Documents  particulUrt. 

•LiMO  {Joseph-Vincent  bel),  archéologue 
espagnol,  né  à  Yalence,  en  1611 ,  mort  le  1 1  août 
1696.  Dans  sa  jeunesse  il  cultiva  les  lettres  et 
les  mattiématiqQes.  H  succéda  à  son  père  dans 
les  fonctions  de  secrétaire  du  tribunal  de  Pinqui- 
sttioB.  Son  plus  curieux  ouvrage  est  me  relation 
do  grand  aifo  da  fé  ou  auto  gênerai  de  1680. 
L'intime  et  imbécile  roi  d'Espagne  Charles  II, 
qui  ne  eonservait  un  peu  de  force  que  pour  ac- 
complir  des  manifestations  d'une  superstition 
puérile  on  d'on  fanatisme  atroce,  avait  désiré 
assister  avec  sa  jeune  femme,  une  princesse 
française,  ao  spectacle  d'un  auto-da-fé.  La  fêle 
dora  ciepuis  le  30  juin  à  sept  hetires  du  nrntin 
JQsqu'ao  lendemain  à  neaf  heures.  Le  roi  et  la 
reine  ne  restèrent  pas  moins  de  quatorze  heures 
à  leur  baleen.  Quatre-vingt-cinq  personnes  des 
plas  grandes  familles  agirent  comme/crm? /iarei 
(serritears  de  llnquisition  ),  et  le  roi  donna  de 
sa  mam  le  premier  fagot  pour  mettre  le  feu  «u 
bAcher.  Cent  vingt  condamnés  figurèrent  sur  Té- 
cbafaod,  et  vingt  et  un  furent  livrés  aux  flammes. 
Ohno  a  rapporté  tous  les  déUils  de  la  fête  dans 
un  petit  ln-4»  de  308  pages  imprimé  en  1680, 
et  que  Ticknor  appelle  «  un  des  livres  les  phis 
remarquables  qui  puissent  être  consultés  pour 
éclairer  te  caractère  et  les  sentiments  de  toutes 
les  classes  de  la  société  en  Espagne  à  la  fin  du 
dîx-septièroe  siède  ».  On  a  encore  de  lui  :  Utko- 
iogia,  o  expticacion  de  las  piedras  y  otras 
antiguedades  hatladas  en  las  zanjas  que  se 
abrieron  para  los  fundamentos  de  la  eapilla 
de  I^fuestra  iienora  de  los  desemparados  ;  Va- 
lence, 1653,  Ib-4«>;  —  Pfueva  deseripeion  del 
orbe  de  la  tierra  ;  Yalence,  1681,  In-fol.       Z 


; 


Xhoencfl,  Bscritorês  de  yàUncia,  —  Tidnor,  MUtory 
of  tpannh  UttertUure^  t.  III,  p.  isi. 

OLM8TCD  (£)(7ntfoit),  f^vaut  américain,  né 
à  kast-Harlfud  (État  deConnectietit),  le  18 juin 
1791,  nort  le  13  mai  1669.  Après  avoir  terminé 
ses  études  à  Yale-oollege,  il  y  remplit  quelque 
temps  les  fonctions  de  répétiteor.  En  1817,  il 
fut  nommé  professeur  de  chimie  à  riiaiversifé 
de  la  Caroline  dn  Nord  et  occupa  sept  ans  ces 
fonctions.  11  fut  chargé  par  la  lègisialore  de  l'É- 
tat d'examiner  les  ressources  minérales  du  pays, 
et  son  rapport  mérite  une  mention  spéciale, 
comme  ayant  été  le  premier  de  ce  genre.  U  pu- 
blia, dans  l'itMertcr/n  Journal  of  science^  des 
articles  remarquables  sur  les  noines  d'or  de  la 
Caroline,  ei  Thuile  à  éclah^  qu'on  peut  retirer 
de  la  graine  de  ooton.  £o  1835»  il  fut  appelé  4 
la  chaire  de  mathématiques  et  de  physique  de 
Yaie-college;  il  en  remplit  les  devoirs  jusqu'en 
1836,  où  eut  lieu  une  division  d'enseignement.  11 
resta  ciiargé  uniqueflQent  de  physique  et  d'as- 
tronomie. Ces  branches  devinrent  sa  spécialité, 
et  lui  donnèrent  occasion  de  rédiger  plusieurs 
ouvrages  qui  eurent  beaucoup  de  succès.  Ces 
travaux  ne  l'empêchèrent  pas  de  fournir  aux 
journaux  et  am  revues  littéraires  et  scientifi- 
ques de  son  temps  plosieiirs  articles  remarqua- 
bles, tels  que  Essais  moraux.  Biographies,  Dit- 
cours  et  Mémoires  sur  les  sciences.  Son  rapport 
sur  l'apparition  extraordinaire  de  météores  on 
bolides,  en  novembre  1833,  attira  une  grande  at- 
tention ,  et  donna  à  son  non  de  la  célébrité  en 
Amérique  et  en  Europe.  Ses  prmcîpanx  écrits 
sont  :  Tkougfois  on  the  Clérical  pfùfeuion^ 
série  d'essais;  1817;  —  Introduction  ta  Na» 
tural  phUjosopky  (  physique);  1833;  —  Intro» 
duction  to  Astroncmy;  1839  :  ouvrage  qu'il  re- 
fendit et  publia  sous  le  titre  de  Lettres  sur 
V Astronomie^  adressées  à  une  dame;  1840; 
—  Rudiments  of  Natural  PhUosophy  and 
Àslrommiy  ;  1843  :  livre  où  la  science  est  expo- 
sée avec  tant  de  clarté  et  de  simplicité,  qu'il 
fut  publié  en  caractères  en  relief,  pour  l'usage 
d'un  asîle  d'aveugles  dans  l'État  de  Massachu- 
setts* et  qu'il  fut  également  choisi  pour  l'ins- 
tnicUon  des   sourds  et  ranets.  Le  président 
Wooiscy  a  retracé  dtes  nn  Discours^  publié  en 
1859,  la  vie  et  les  services  dn  professeur  (Mm  • 
sted.  On  ne  peut  le  placer  parmi  ces  savants  dont 
le  génie  en  la  profonde  science  a  fait  de  grandes 
découvertes;  dans  le  eours  des  siècles,  cette 
gloire  n'appartient  qu'à  très  peu  de  noms.  Mais 
il  eut  à  un  degré  éminent  le  talenl  de  vulgariser 
la  science,  de  la  rendre  accessikde  et  profitable 
pour  les  esprits  carieux  et  intelligents;  et  ce 
mérite,  quelque  modeste  qu'il  paraisse,  donne 
de  justes  titres  à  l'estime  et  à  U  réputation.  J.  G. 

CtfetapÊtdia  <if  Ameriemu  liiêratnrê,  S  toL  ta-S*.  — 
jimerican  /élmanacan4  ReposUorn  t^f  us^l  MnùwledçB 
for  1860.  —  New  yimerican  Bneyctopadia,  en  fole  de 
pttbUcaUon. 

OLOXKAis  (Jean-David  Nav,  sumoromé  l% 
tameux  flibustier,  né  aux  Sables  d'Olonne ,  en 


655 

1630,  mort  aax  iles  Barou  (golfe  de  Darien), 
en  1671.  Il  a'embarqiia  à  La  Rochelle  en  1650, 
avec  un  habitant  des  Antilles  qui  Tavait  engagé 
à  son  service  poor  trois  années.  Ce  temps  ex- 
piré, il  passa  à  Saint-Domingue,  et  devint  bientôt 
Tun  des  plus  adroits  boucaniers  de  cette  Ile,  Il 
y  vivait  libre  et  tranquille,  lorsque,  sans  raison 
plausible,  les  Espagnols  résolurent  d'expulser  les 
xshasseurs  étrangers  de  Tile  entière.  Après  avoir 
TU  la  plus  grande  partie  de  ses  camarades  assas- 
sinés, 11  s'enfuit  à  Tlle  de  la  Tortue,  alors  au  pou- 
voir des  Français,  jurant  une  haine  éternelle  à  ses 
persécuteurs.  Il  rassembla  quelques  désespérés 
comme  lui,  et  arma  un  petit  bfttiment  avec  lequel 
il  fit  plusieurs  prises  sur  les  Espagnols.  Un  nau- 
frage lui  enleva  tout.  Sa  réputation  de  courage  et 
d'adresse  était  telle  que  de  La  Place,  gouverneur 
royal  delà  Tortue,  lui  donna  un  autre  navire  et 
le  pressa  de  reprendre  la  course.  Ce  fut  alors 
qu'il  mérita  le  samom  de  Fléau  des  Espagnols, 
Partout,  en  Amérique,  on  parlait  de  ses  exploits. 
Ses  expéditions,  toujours  marquées  par  des  traits 
d'une  audace  inouïe,  lui  procurèrent  les  plus 
riches  prises.  Une  fois  son  étoile  l'abandonna  : 
une  tempête  jeta  son  vaisseau  sur  la  côte  de 
Campèche.  Les  flibustiers  gagnèrent  le  rivage; 
mais  les  Espagnols  fondirent  sur  eux,  et  en  tuè- 
rent la  pins  grande  partie.  L'Olonnais  lui-même 
fut  blessé.  Une  ruse  lui  sauva  la  vie.  Il  se  bar- 
bouilla de  sang  et  se  laisst  tomber  parmi  les 
morts.  Lorsque  les  vainqueurs  furent  éloignés, 
U  se  pansa  comme  il  put,  prit  les  habits  d'un  des 
Espagnols  restés  sur  le  champ  de  bataille  et 
poussa  l'audace  jusqu'à  entrer  dans  la  ville,  où 
l'on  fêtait  sa  mort.  Il  trouva  le  moyen  d'y  rester 
inconnu  et  de  gagner  quelques  esclaves,  qui  lui 
procurèrent  une  turque  sur  laquelle  il  s'échappa 
avec  eux,  et  regagna  la  Tortue.  U  ne  songea  plus 
qu'à  se  venger  de  la  cruauté  des  Espagnols;  mais 
comme  il  était  redevenu  pauvre,  il  ne  put  armer 
que  deux  canots  portant  ensemble  vingt  et  un 
hommes  (l  ).  Il  alla  croiser  devant  la  Havane,  et  ne 
tarda  pas  à  signaler  sa  présence.  Grand  fut  l'éton- 
nement  des  Espagnols,  qui  le  croyaient  mort;  ce- 
pendant le  gouverneur,  don  Francisco  Davila  Oro- 
jon  y  Gaston,  envoya  contre  lui  une  corvette  de 
dix  canons,  montée  par  quatre-vingts  volontaires 
recrutés  parmi  l'élite  de  la  jeunesse  havanaise* 
Loin  d'éviter  un  combat  aussi  inégal,  L'Olonnais 
attaqua  la  corvette,  et  s'en  empara.  Tout  ce  qui 
résistait  fut  passé  au  fil  de  l'épée  et  le  reste  jeté  à 
fond  de  cale.  Un  nègre  vint  se  jeter  aux  pieds  de 
L'Olonnais,  et  lui  déclara  c  que  Davila  Orejon  dou- 
tait si  peu  de  la  victoire  qu'il  Tavait  fait  embar- 
quer poor  servir  de  IxMirreau  et  pendre  tous  les 
flibustiers  afin  d'intimider  de  telle  sorte  les  Fran- 
çais qu'ils  n'osassent  plus  approcher  de  Cuba  ». 
A  cette  révélation  L'Olonnais  devint  furieux  :  il 
fit  grâce  à  l'esclave;  mais,  ouvrant  l'écoutille  et 


(1)  ORimelin,  qat  s*est  hit  l'historien  des  flibottiers  fit 
partie  de  celte  eip^dltlon  en  qualité  de  chirurgtea 
(el»p.Vl,p  16SJ. 


OLONNAIS  656 

faisant  monter  ses  prisonniers  l'un  après  l'autre, 
il  leur  trancha  Imnôoême  la  tête,ne  faisant  quar- 
tier qu'au  dernier,  pour  l'envoyer  dire  à  Da- 
vila qu'il  avait  fait  de  ses  gens  ce  qu'il  avait  or- 
donné qu'on  fit  de  lui  et  des  siens;  qull  étut 
fort  aise  que  cet  ordre  vint  de  sa  part,  car  dé- 
sormais il  ne  ferait  grâce  à  aucun  Espagnol  ».  Le 
gouverneur  répondit  en  donnant  l'ordre  de  pen- 
dre immédiatement  tous  les  prisonniers  fran- 
çais qui  se  trouvaient  en  Amérique. 

L'Olonnais  conçut  dès  lors  de  plus  vastes  pro- 
jets. Il  s'associa  avec  un  ancien  officier  français, 
Basco  (  plus  connu  sous  le  nom  de  Michel  le 
Basque,  et  fameux  par  ses  actions  bardies^lls  réu- 
nirent quatre  cent  quarante  hommef, et  formèrent 
une  flottille  de  huit  bâtiments  bien  armés*  Ils  en- 
levèrent au  cap  de  Léogane  (côte  orientale  de 
Saint-Domingue  )  deux  forts  bâtiments  espagnols 
chargés  de  fusils,  de  munitions  et  de  230,000 
piastres,  et  firent  ensuite  voile  vers  Maracaibo, 
ville  au  fond  d'un  grand  lac,  bien  fortifiée  et 
comptant  plus  de  six  mille  habitants  et  huit  cent 
cinquante  hommes  de  garnison  ;  elle  lut  prise  et 
pillée  (  1 666).  Quinze  jours  après,  San-Antonio-de» 
Gibraltar  eut  le  même  sort,  malgré  sa  position 
élevée,  à  laquelle  on  ne  pouvait  parvenir  qu'en 
franchissant  un  marais  que  trois  retranchements 
garnis  de  soixante  pièces  d'artillerie  foudroyaient 
en  tous  sens.  Le  butin  de  ces  deux  villes  s'éleva 
à  1,560,000  écus,  sans  le  produit  de  la  vente 
des  prisonniers.  Les  flibustiers  dans  ces  deux 
expéditions  n'eurent  qu'une  centaine  d'hommes 
tant  tués  que  blessés.  A  leur  retour  ils  firent 
bâtir  une  chapelle  dans  l'Ile  de  la  Tortue  et  For- 
nèrent  des  tableaux,  des  reliques  et  même  des 
cloches  enlevées  aux  églises  de  Maracûlm ,  al- 
liant, sans  façon ,  les  idées  religieuses  avec  k 
meurtre  et  le  pillage.  «  L'Olonnais,  dit  Œxmefin, 
après  un  si  grand  butin,  devoit  être  satisfait 
et  penser  enfin  à  une  honnête  retriûte.  »  fl 
n'en  fut  rien  :  sa  soif  de  vengeance  n'était  pas 
éteinte.  Il  résolut  cette  fois  de  dévaster  les 
côtes  de  la  l)aie  de  Honduras.  Il  mit  le  cap  sur 
Puerto*Cavallo,  qu'il  pilla  et  incendia  après 
s'être  emparé  d'un  bâtiroent  espagnol  de  vingt- 
quatre  canons  soutenus  par  doute  barges  dont  la 
moindre  était  aussi  forte  que  le  plus  grand  na- 
vire des  flibustiers.  «  Les  tourmenta  qu'il  fit 
souffrir  à  ses  prisonniers,  dit  Œxmelin,  sont  les 
plus  cruels  qui  se  puissent  imaginer.  S'ils  ne  loi 
enseignoient  pas  le  chemin  à  son  gré,  oo  let  en- 
droits où  les  plus  riches  s'étoient  réfugiés,  U  les 
fendoit  avec  son  sabre.  <»  U  alla  ensuite  attaquer 
et  prendre  San-Pedro,  après  avoir  perdu  un  cer* 
tain  nombre  des  siens  dans  deux  emtmacades  et 
un  oomlNit  sous  les  murs  de  cette  place.  Le  bn^ 
tin  qu'il  y  fit  était  peu  considérabte  II  incendia 
San-Pedro,  et  reprit  la  mer  dans  l'intentiov  de 
s'emparer  de  la  hourqiie,  gros  navire  d^^ept  k 
huit  cents  tonneaux  et  de  cinquante^fx  canons, 
qui  venait  d'Espagne  au  Guatemala  chaque  aa- 
née.  Il  y  réussit;. mais  son  attente  fut  trompée  : 


657 


OLONiSAIS  —  OLTMANNS 


6S8 


le  chargement  était  de  pea  de  valeur  pour  des 
gens  qui  ne  prisaient  qa&  Tor  et  l'argent,  il  pro- 
posa alors  à  ses  gens  de  marcher  sur  Guatemala. 
Cette  fois  les  flibustiers  reculèrent  :  ils  n'étaient 
qve  cinq  cents,  et  sans  compter  la  longueur  et  la 
difficulté  du  chemin,  cette  ville  contenait  plus 
Je  quatre  mille  combattants.  Ce  fut  le  signal 
d'une  discorde  générale,  Pierre  Le  Picard  et  Moy  se 
van  Vin  quittèrent  leur  chef,  qui  resta  avec  trois 
cents  des  siens,  mais  sans  vivres.  Il  croisa  quel- 
que temps  sans  succès;  enfin,  son  vaisseau  fut 
brisé  près  de  la  petite  Ue  de  Las  Perlas.  Les 
flibustiers  construisirent  un  radeau,  et  gagnèrent 
la  presqu'île  du  Yucalan,  où  ils  demeurèrent  dix 
mois,  vivant  de  chasse,  de  pèche  et  même  de'la 
culture  de  la  terre.  Ils  construisirent  une  grande 
barque  et  gagnèrent  la  rivière  San-Juan  (  Deta- 
gtiadera  )  ;  assaillis  à  la  fois  par  les  Espa- 
gnols et  les  Indiens,  et  la  poudre  leur  manquant, 
ils  durent  se  rembarquer  avec  perte  de  bedu- 
ooap  des  leurs  et  sans  avoir  pu  faire  de  vivres. 
Pressés  par  la  faim,  ils  débarquèrent  dans  les 
bayes  Barou;  mais  les  naturels,  une  dés  nations 
les  plus  féroces  de  l'Amérique  (  Indios  bravos), 
les  attaquèrent,  et  il  n'en  échappa  qu'un  petit 
nombre.  L'01onnais,fait  prisonnier,  fut  haché  par 
quartiers,  rôti  et  mangé.  Telle  fut  la  fin  de  ce  fa- 
meux chef  qu'on  plaindrait  s'il  n'eût  déshonoré  sa 
valeur  par  sa  cruauté.  A.  de  L. 

OExmetin,  HUtoif  dei  jétenturlert  fiibtutien,  etc.. 
(Lyon,  1T7*,  8  tqI.  to-iS  ),  t.  I.  cbap.  vi-ix,  p.  166-t94; 
t  11,  cfaap.  V(,  p.  147.  —  Rayûal,  HUt.  pkUotophique  des 
deux  Indes  (  Londrei,  17M,  17  toL  in-t4);  t.  IX,  p.  isif, 
•~  Vao  Tcnac.  HUL  çénéraie  de  la  Marine,  t.  lil,  p.  S8- 
».  ^  Du  Tertre.  HUt.  génératt  det  jénJtUUs  habitée* 
par  le*  Français  (ie«7,  4  vol.  in-4«,  U  !•').  -  Charle- 
TO(z«  ma.  de  Saint'Dcminguef  t.  H.  —  De  Rochcfort. 
Hiât.  det  AntiUe*,  etc.,  Uv.  !•'  et  11. 

OLOBTMB  {Jean-Marie  n'),  hébnûisant  fran- 
çaisy  né  à  Toulon,  dans  les  premières  années  do 
dix-huitième  siècle.  C'était  un  carme  déchaussé 
de  la  province  d'Avignon,  et  qui  appartenait  pro- 
bablement k  l'ancienne  famille  TUlia  d^Olonnê^ 
qui  subsiste  encore  à  Carpentras.  On  a  de  lui  : 
Lexicon  hebraicochaldaico'UUino - biblicum; 
Avignon,  1765,  2  vol.  in-fol.;  let.  m,  qui  avait 
été  promis,  n*a  pas  été  publié.  Cet  ouvrage,  sans 
nom  d'auleur,  a  été  placé  sous  les  auspices  du 
cardinal  Dominique  Passionei.  P. 

Achard,  Dict.  de  la  Provence.  —  BarJaTcl,  DM,  Mit, 
du  Faucluie. 

OLSHACSBR  {Hermonn)^  théologien  alle- 
mand, né  à  Oldeslohe,  dans  le  Holstein,  le  21  août 
1796,  mort  le  4  septembre  1839.  Il  enseigna  la 
théologie  depuis  1821  à  l'université  deKœnigs- 
berg,  et  dans  ses  cinq  dernières  années  à  £r- 
Jangen.  On  a  de  lui  :  Historix  ecclesiasticx 
veteris  monumenta  prxcipua,  Berlin,  1820- 
1M2,  2  vol.  in-8**  ;  —  Die  yEchtheit  der  vier 
canonuehen  Evangelien  (  L'anlbenticité  des 
quatreÉvangiles  canoniques)  ;  Koenigsberg,  1823, 
in-8*;  —Bibliicher  Commentar  ûber  sdmmt' 
lèche  Schriften des  Neuen  Testaments.  (Com- 
mentaire biblique  sur  tous  les  écrits  du  Nouveau 


Testament};  ibid.,  1830-1840,  4  vol.  in-8°;  les 
difTérents  tomes  de  cet  excellent  ouvrage,  au- 
quel Ëbrard  et  Wiesenger  «goûtèrent  encore 
trois  volumes,  furent  plusieurs  fois  publiés  à 
part;  —  ApostoHca  Svangelii  Maithxi  origo 
dejenditur;  Erlangioi,  1 835- 1 837, 3  parties,  in-4^'; 
—  Opuscula  iheologica  ad  interpréta tionem 
ISovi  Tesiamenti]  Berlin,  1834,  in-8*;  —  di- 
vers autres  petits  écrits  théologiques  et  exégé- 
tiques.  o. 

CoHvenationt'Lexiion. 

l  OL8HAiTSB!r(rA^odore),  homme  politique 
allemand,  frère  du  précédent,  né  à  Gluckstadt, 
le  19  juin  1802.  Après  avoir  étudié  le  droit  à 
Kiel  et  à  léna,  il  fut  en  1824  obligé  de  s'expa- 
trier pour  avoir  pris  part  à  des  démonstrations 
contre  le  gouvernement  danois.  11  s^uma  en 
France  et  en  Suisse,  retourna  en  1828  dans  son 
pays,  et  reçut  quelque  temps  après  un  emploi 
dans  l'administration  municipale  de  ta  ville  de 
Kiel.  11  fonda  en  1830  un  journal ,  Le  Carres^ 
pondant  de  Kiel,  dans  lequel  il  combattit  le 
projet  du  roi  Christian  VIII  d'incorporer  le 
Holstein  dans  l'ensemble  de  la  monarchie  da- 
noise. Député  en  mars  1848  à  Copenhague 
pour  traiter  avec  le  gouvernement  au  sujet  de 
l'indépendance  des  duchés  de  SIesvig-Holstein,  il 
devint,  lorsque  les  négociations  eurent  échoué, 
membre  du  gouvernement  provisoire  établi  à 
Rendsbour^  Quelques  mois  après  il  donna  sa 
démission;  élu  à  la  diète d'Itzehoê,  il  y  fut  le  chef 
de  la  gauche  pendant  toute  la  durée  de  cette 
assemblée.  En  ISâl  il  se  rendit  en  Amérique,  et 
se  retira  à  Saint-Louis,  où  il  s'occupe  de  tra- 
vaux scientifiques.  On  a  de  lui  :  Dos  âiississipi 
Thal^  geographiseh  und  statistisch  be- 
schrieben  (  Description  géographique  et  statis- 
tique de  la  vallée  du  Mississipi);  Kiel,  18SS- 
1855,  2  vol.  in-8®;  —  Geschichte  der  Mw* 
monen  (Histoire  des  Mormons);  Gcettingue, 
18â6.  O. 

ConoersatUm*  -Lexilton. 

OLTMAHRS  (Jabbo),  géomètre  allemand, 
naquit  le  18  mai  1783,  à  Wittmnnd,  en  Ost- 
Frise,  et  mourut  à  Berlin,  le  27  novembre  1833.11 
vécut  longtemps,  tour  à  tour  à  Berlin  et  à  Paris, 
de  Ta  vie  d'écrivain  scientifique;  plus  tard,  il  de- 
vint maître  des  comptes  des  domaines  et  profes- 
seur à  Emdem ,  en  1824  professeur  à  l'université 
de  Berlin  et  membre  de  l'Académie  des  sciences 
de  cette  ville.  Sa  réputation  date  de  la  publication 
du  voyageen  Amérique  d'Alexandre  de  Humboldt, 
dont  il  fut  le  collaborateur  pour  la  partie  astrono- 
mique; on  lui  doit  les  premières  tables  hypsomé- 
triques,  toujours  reproduites  depuis  lors  dans 
l'Annuaire  du  Bureau  des  longitudes.  Le  vo- 
lume du  voyage  de  Humboldt,  qui  est  signé  par 
OItmanns,  a  pour  titre  spécial  :  Recueil  des  ob» 
servations  Mtronom.,  d'opérat.  trigon.  et  de 
mesures  barométriques  ^  faites  pendant  le 
cours  d'un  voyage  aux  régions  équinoxiales ; 
Paris,  1808-1810,  in-4'^.  Le  tableau  des  positions 


659 


OLTiMAINNS  — 


calculées  a  éié  piibUé  sëporémoit  soas  le  titre 
àQ  :  Con»peciu$  Ungitutlinum  H  laiHudi- 
num,  par  decursum  «,  1799-1804  aà  A.  de 
iiwnàol(itoàiervai0rvm;Pvi&^  i809.ia-4*.Le 
même  ouvrage  a  para  en  allemaiid,  à  Paris,  et 
1 809  à  1 810,  e»  2  volumes  iii>8*,  sous  ce  titre  :  Vfh 
Ursuebungen  ûber  die  Geogr^  dts  Mtw»  Coït- 
Unenls.  Ob  a  encore  (POMmaoos  :  Niweikfnent 
barométrique^  ete.,/Mir  1.  de  BumMâi^  col* 
culépar  J  OUmanns;  Paris,  1809;  —  Tables 
hypsom^triques  ;  ibid.,  I809yii^4''.  VAnwmùre 
metfonemique  de  Bode,  lia  Cûvma^swwe  des 
tempSf  la  Cerrespemdatttetneneaelle  de  Zach, 
•t  les  Mémotres  de  t^Aesdémle  de  BcrKii  coo- 
tiemmt  an  grand  aotnbre  de  méiMircB  Impor^ 
laaU  do  Même  anteur,  sur  dhrerses  ^ueilioos  de 
géodésie^  d'aStrofMNnieel  de  séograpinc^  R.  R. 
Po^gBOdorO,  Bi9fr,  LiL  ammUeérttr&uek, 

•LTBRius  jiNiGiV8,'«fnpcrear  romain  m 
472. 11  desœndaH  de  rancienneet  iliostrc  famille 
des  Anidns.  UvéeotàRMMjo8qfl^eB456,  etne 
i|uitta  cette  vileqn'après  qu'elle  eut  été  prise  et 
dévastée  par  Genséric.  U  m  rendit  à  Constant!- 
nople,  et  ftil  très-bien  accueilli  à  la  oour  de  Fenripe^ 
reur  d'Orient,  qui  le  nomma  oonsnl  em  464.  La 
Même  année,  on  même  impea  pluo  tôt,il  ëpoosa 
Plaeidia,  veove  de  remperevr  Valcntimen  Ifl,  la 
même  princesse  qui  avait  été  captive  de  Gensé- 
ric.  Oly brios  avait,  on  ne  sait  à  ifuelle  occasion 
ni  par  qvels  moyens,  gagné  la  confiance  do  re* 
doutable  roi  des  Vandates.  En  472,  pemiant  les 
Ironbles  occasiomiés  par  la  querelle  de  l'emp» 
Ror  d'Oœldent  Aothémius  et  du  tout-p<Msanl 
patrice  Ricîmer,  il  fut  envoyé  en  Italie  sow  pré- 
testte  d^aller  an  secours  d'Anihémlos  ;  nnais  son 
véritable  motif  était  de  a'cmpnrer  ds  l'empire 
d'Occident  Sa  candidatore  était  fortemcat  ap- 
puyée par  Genséric,  et  avant  son  départ  il  s'é^ 
tait  probablement  assuré  de  la  protection  de  Ri- 
cimer.  11  débarqua  sans  obstacle  en  Italie,  et  se 
rendit  aussitôt  à  Rome  dans  le  camp  du  patrice^ 
qui  ie  reçut  avec  les  bonneore  dus  au  rang  im- 
périal. Rkimer  était  déjà  mallre  des  denx  qoar- 
tiers  situés  an  ddà  du  Tibre  (  Vatican  et  Jani- 
cnle).  GUiban  pewe  qu'un  certain  nombre  de  sé- 
nateurs réunis  dans  ion  camp  donnèrent  une 
forme  légale  à  félection  d'OlybriosL  U  viHe,  fmt»- 
ment  attachée  au  parti  d'AnUiéniius  et  défendue 
par  un  corps  d'aoxiKBiresgothSv  résista  pendant 
longtemps an«borreiind'on«iége aggravées  parla 
peste  et  la  tome.  Enfin,  «ne  faneuse  attaque  de 
RIcimer  sur  le  pont  dUadrien  (  oa  Saint-Ange) 
rénstsil,  et  Rome  prise  d'amant  fut  saccagée.  Le 
palricelttner  Antbémius(ll>iinet472).  Olybrios 
se  trouva  en  possesêion  do  titre  cTemperenr,  et 
bientél  même  H  eut  le  pouvoir  attaché  à  cette  di- 
gnité; car  le  patrice  Ricimer,  qui  avait  réduH  quatre 
empereurs  à  n*avoir  que  l'apparence  du  pouvoir 
suprême,  mourot  quelques  semaines  après  le 
sac  fie  Rome.  Il  ne  jooK  pas  longtemps  de  sa 
grandeur,  et  on  ne  cite  de  lui  qn'on  seul  acte,  la 
nomination  de  Gundobald,  neveu  de  Ridmer,  à 


OLYMPUS  660 

la  dignité  de  patrice.  H  moonil  de  sa  mort  na- 
turelle, le  33  octobre  do  la  même  année,  trots 
mois  et  douze  joursaprès  Anthémins,  laissant  de 
sa  femme  Pladdie  nne  fille  notmnée  AiUenne.  U 
eut  pour  saccessesr  Gfycerius.  L.  i. 

UcflwceMM^ma,  Cknm.  ^  CsMIbdore,  Chram.  - 
Vlntor.  CAron,  —  Chrm,  ÂlêammA.  -  Cknn.  ^atekuli, 
*  BoBodlui,  f^ita  EplphauàL  —  Evagriux  11,  M-  —  Pro- 
eopr,  ett.  ttmd.  I,  &7.  ~  Zonana,  vot.  I,  p.  40.  ~  Nat- 
fltau, p. M—  Mko^, dam  te« Exotrptm Ii9«r.,  v "*•  — 
niéaplMOC,  p.  lOt^MIU.  (ta  Uitfrc^  *  i<iMi«Me*,  D» 
rebut  çoihieii.  —  Gibbon.  HUtor$  of  dêctint  amd  JmtX 
•/  Boman  Empire,  c.  XXXTI.  —  Le  Beau,  Histoire  àm 
Bu  tmrire,  I.  mXT. 

OfliV»PiA«,  rdne  d^re,  vivait  dans  te 
freisième  siècle  avant  J.-C.  Elfe  était  filKs  de 
Fyrrtws  P*,  roi  dtptre  (lue  en  272),  et  elle 
épousa  non  propre  frhv  Alexandre  IL  Après  la 
mort  de  ce  prince,  elle  fot  régente  Ai  royaume 
d^pire  pour  sesdéox  fils,Pyrrhos  et  Plolémée, 
et  pour  se  fortifier  contre  tes  attaques  des  Éto- 
tiens  elte  donna  sa  Aie  Phtliia  en  mariage  à  Dé- 
métrius  II,  roi  de  Macédoine.  Grâce  à  cette  al- 
liance, die  se  maintînt  en  paisible  possession  do 
pouvoir  josqql  la  majorité  de  ses  fils;  elle  ré- 
signa alors  le  pouvoir  entre  les  mains  de  Pyr- 
rtins;  mafs  la  mort  de  ce  prince  et  celle  de  son 
frère  Plolémée  suivirent  de  près»  et  Olympus 
moonit  de  cbagrrn  de  celie  double  perte  Telle 
est  la  narration  de  Justin.  Suivant  un  antre  ré- 
cit, Olympias  avait  empoiaonné  une  jeune  fille 
leocadfemM  nommée  Tfgriit,  qnf  était  aimée  de 
Pyrrhus.  Celui-ci  veng»  sa  maîtresse  en  empoi- 
sonnant  Olympias.  Y. 

JusUn.  XXVni.  s.  -  AtMoée.xm,  p;  ISf.  -  BcUa- 
ifaM,  dans  HmIIi:»,  p.  SM. 

OLYHriAS,  reine  de  macédoine,  UMrle  tn  306 
avant  J.-C, mère  d'Afexandre  le  Grand.  Elle 
était  du  de  Sièoptolème,  roi  d  Épire,  et  descen- 
dait des  anciens  rois  molosses,  qui  sa  vantaient 
de  tirer  lenr  origine  d'Achille.  Philippe  l'avait 
vue  anx  mystères  de  Saroothrace,  oè  il  était 
veau  se  faire  initier  en  même  temps  qu'elle.  En 
356  elle  lui  donna  no  fils,  qui  M  Ale&attdre  le 
Grand.  Efie  perdit  ponrtant  l'aaectioR  de  Pfa«- 
tippc,  à  cause  sans  doute  de  l'extrême  Tiolenee  de 
son  caractère  ;  par  i'empafteaMnt  de  ses  passions, 
par  son  humeur  jalouse^  vindicative  et  cmelle, 
Olympias  rappelle  ces  reines  de  Perne  que  Pin- 
tarque  nous  a  peintes  d'une  monière  si  intéres- 
sante ,  Amestris  et  Parysatis.  Malgré  sa  pi^ten- 
doe  généalogie belléniqne,  c'était  tnen  ptatM  une 
barbare  qu'une  Grecque.  Les  feasmes  epiiotes , 
eonmie  les  Thraces ,  étaient  très-adoooécs  aux 
rites  orgiaqnes  du  colle  de  Bacdius,  qn'cllm 
céléhraieat,  dans  une  faronche  extase,  sur  ks 
monbignes  et  dans  les  forêts  désertes.  Olympias 
était  particnièrenaent  accessible  à  «tu  sorte 
de  délire  religieox.  Elle  aimait,  raconte-t  oo,  à 
jooer  avec  des  serpents  apprivoisés,  à  pmdre 
part  à  des  cérémonies  de  magie  et  à  de  noc- 
turnes enchantements.  De  bonne  heure  détaché 
d'elle,  Philippe  finit  même,  à  ce  qu'il  semUe» 
par  la  répudier,  après  son  mariage  avec  Cleo- 


661  OLYMPIAS  — 

pfttre;  cMe  se  retira  alors  cbez  son  frère 
Alexandre,  roi  d'Éfitre ,  eooduile  par  soa  fils 
Aie%aadra,  qui  avait  épovsé  sa  cause,  et  à  eanse 
^(•lle  s'était  fortement  brouillé  avec  son  père. 
QnoiquNiae  apfMreate  réconettiatk»  eût  rappro- 
cHé  le  père  et  le  fils .  ii  parait  ti*s^pn>l«ble  que 
Pa*iMimas ,  Faasasrfn  de  Htiilippe,  fat  eacouraiçé 
et  powisé  par  Olympias.  yépoase  aotragée  élait 
femme  k  ne  recoler  deva«t  aucone  yeageaaee. 
AussitM  Alrxaadfeasattre  du  pouToir,  Ol^mpias 
rentra  en  Maeédolne,  et  se  Mta  de  ferire  périr 
d'onemort  croeUe  sa  rivale  Ckéopfttre  et  le  ils, 
encore  an  beicean,  qp'eHe  venait  de  donner  à 
Philippe*  Elle  ne  craignit  même  pas  de  rendre 
oovertcarient  deslionneors  fnnèbrea  à  Pansaniaa» 
le  menrlrier  de  son  mari.  Pendant  qu'Alexandre 
était  en  Asie ,  elle  troubla  la  Macédoine  par 
ses  violents  démêlé»  avec  AnHpatar,  régent 
d»  royaume;  tant  en  n'accueillant  pas  ses 
pIsMleSf  Alexandre  ne  cessa  de  témoigner  à  sa 
mère  une  vive  affection  et  un  profond  respect  11 
semMe  qne  ce  fnl  avrtout  Ol^mpias  et  ses  èmrs 
qui  aecnsèrent  les  fils  d'Anlipater  d'avoir  em- 
poisonné Alexandre  et  qui  accréditèrent  ces  bruits 
cakxnniein.  Aussi  Caseandre  voua- t^il  dès  ce  mo- 
mefrt  à  Olympias  une  haine  ioiplacaMe.  Forcée 
par  Anfipaterdeseretirerdans  fÉpfre,  qu'elle  goo* 
vemaK  à  titre  de  récente  depois  ia  mort  de  son 
frtre,  arrivée  peu  de  temps  après  la  bataille  d'Is- 
«wft,  elle  en  revint,  après  la  mort  d'Antîpatcr,  af- 
famée de  vengeance,  et,  malgré  les  conseils  d'En- 
mène,ne  profita  des  circonstances  que  pour  mettre 
à  niort  un  grand  nombre  de  partisans  de  son 
enneaii,  317  avant  J.-C.,  et  pour  faire  périr  deux 
des  membres  survivants  de  la  fiimine  d'A* 
leiandre,  le  roi  Philippe  Arriddée  et  sa  femme 
Kiirydice.  C'était  travailler  pour  le»  généraux. 
Olymplas,  par  ses  cruautés  s'étant  rendue 
odieuse  i  la  nation,  ne  tronva  pas  de  défen- 
iewrs  qnand,  au  printemps,  Caseandre  envahit 
la  Maeédafaie.  Il  la  Moqua  dans  Pydna,  pisqu'à 
ce  que  la  famroe  la  força  de  se  rendre,  sons  con- 
dition d'avoir  la  vie  sanre.  Il  ne  suffiiwl  pas  à 
Cweandrede  tenlrsen  ennemie  entre  ms mains; 
il  poussa  les  parents  de  ceux  qu'elle  avait  fait 
périr  à  l'accuser  derant  nne  assemblée  macédo- 
nienne,  dont  il  ne  fui  pas  difficile  d'obtenir  une 
condamnation  à  mori.  Mais  tels  étaient  les  sen- 
tiixireDts  de  respect  presque  rHlgienx  qirmspi- 
rait  encore  la  mère  d'Aleian<ire  qu'on  ne  put 
trouver,  pew  exécater  la  sentence,  d'autres 
bourreaux  qne  les  fils  même  des  victimes.  Elle 
mourut  avee  on  courage  digne  de  sa  naissance 
et  de  son  fils ,  30fi  av.  i.-€.         G.  Pcnaor. 

nuuvqiic,  P^Ua  jélermndri,  —  arrtes,  JMitatu,  t9, 
io,  vu.  11.  ..  Jinila,IX,  B}XiV.  s.  -  Dtodore  de  SI* 
ctir,  XVll;  tl;  XIX,  SI.  —  Pausanlas,  I,  11;  |V,  U;  iX^T. 
—  Pollen.' rv.  Jt.  -  Etlen,  ^<tr  /*«.,  XII,  t;  XIII,  38. 

OLTaiPi«0OfiB,  Mstorten  grec,  né  à  Thèbes, 
en  ^jpte,  vivait  dans  le  cinquième  stècfe  après 
J.-C.  Il  alla  en  tialîe,  et  obtint  la  confiance  de 
la  eonr  d*Ocddent,  qni  remploya  dans  diverses 
chex  les  barbares.  Il  rendit  d^impor- 


OLYMPIODORE 


66) 


tants  services,  que  le  sénat  romain  récompensa 
par  les  phis  grands  lionneors  de  fÉlat.  Soos 
Honorius  fl  fut  envoyé  en  ambassade  auprès 
d'Attila.  Après  la  mort  d'Hunorrns  if  passa  au 
«ervice  de  la  coar  de  Byzance,  et  continua  sans 
doute  de  remplir  des  fonctions  ifipfomatiques  ; 
mais  il  n'est  plus  cité  dans  l'histoire.  Il  composa 
on  ouvrage  en  vrngf-denx  livres,  fiititufél<rro(.txal 
X&^9i  (  Discovrs  famtoriques  ),  qui  contenait  l'itia- 
toire  de  l'empire  d'Occident  soos  le  règne  d'Ho- 
norins  depuis  407  josqn'en  octobre  425.  Il  com- 
mençait son  récit  an  pafnt  oA  Ennape  s'était  ar- 
rêté. L'cpovre  d'Olympiodore  est  perdue.  Pho- 
finSy  qui  en  a  fait  un  extrait,  dit  que  le  style  en 
est  clair,  mais  sans  force,  dtffns,  et  descendant 
&  des  détails  mlgal res  indignes  de  l'histoire.  Sui- 
vant Photius ,  l*aoteor  lui-même  avait  la  cons- 
cience de  aa  faiblesse,  et  il  ne  donnait  pas  son 
livre  comme  une  histoire,  mais  comme  des  ma- 
tériaux pour  l'histoire  (<1Xyi  9\rrtçwf9ii),  Cet 
oovrage  était  dédié  à  l'empereur  Théodose  II. 
Photius  dft  qoXHympiodore  était  on  'icoiviti/i; , 
c'est-à-dire  un  alchimiste;  assertion  que  l'on  a 
contestée,mais  qui  semble  fondée  d'après  l'examen 
des  manuscrits  grecs  alchimiques  donné  par  F. 
Hoefer.  Il  paratf  aussi  d'après  Vextrait  de  Pho- 
tius qn'Olynipiodore  était  païen.  Cetej;fraif  a  été 
pnblié  par  Phit.  Labbeus,  dans  ses  Eelog»  histor. 
de  Reims  byzantinis;  par  Sylburg,  dans  sa  Cot- 
lectio  teripL  hist.  rom,  tninorum;  par  André 
Schottydans  ses  Eclogae  hUtoricnrum  de  rebut 
byzantinis,  niebuhr  l'a  publié  à  la  suite  de 
Dexippe  etd'Eunape;  Bonn,  1829.  Y. 

Pliotlot,  6'«tf..  su.  —  Fabdoliis,  BiblMheea  çrmoa, 
vol.  X,  p.  Mt,  TM.  —  F.  Hoefer.  HUt.  de  la  Oline,  t  L 

OLTHPlODORB,  philosophe  grec,  vivait  dans 
la  première  moitié  du  sixième  siècle  après  J.-C. 
Il  fut  le  dernier  philosophe  de  l'école  néo-plato- 
nicienne. Le  peu  que  Ton  sait  de  sa  vie  se  trouve 
dans  ses  ouvrages.  La  préférence  qu'il  montre  en 
chaque  occasion  pour  Damascius»  qu'il  place 
ntème  an-dessns  de  Produs,  fait  penser  qu'il 
était  le  disciple  de  ce  philoso|rfie.  II  est  probat>le 
qu'il  professa  à  Alexandrie.  On  lit  dans  son 
Commentaire  sur  le  premier  Atcibiade  que 
Platon  n'ayant  voulu  aucon  salaire  pour  ses  W- 
çons,  «  ses  successeurs  ont  conservé  cet  usage 
même  jusqn'A  cette  époque,  quoiqu'il  y  ait  dé>  i 
eu  beaucoup  de  confiscations  des  biens  dont  l(\> 
écoles  étaient  dotées  ».  Ce  passage  atteste  qa'0> 
lympiodore  a  écrit  son  Commeniaire  au  temps 
où  Justinien  avait  commencé  la  spoliation  des 
écoles,  et  avant  répoq>je  où  ce  même  Jnstlnien, 
sous  te  consulat  de  Décios,  fit  fermer  toutes  les 
écoles  et  même  Técole  d'Attiènes.  Ce  mémorable 
décret,  qui  poria  le  dernier  coup  à  ta  philosophie 
et  i  la  dvilisaiion  anciennes,est  de  l'année  520, 
L'ouvrage  d'Olympiodore  est  donc  un  peu  anté- 
rieur à  cette  date.  H  faut  ajouter  qne  dans  J;- 
▼ers  passages  il  parle  de  Proclna  et  de  Damas- 
dus  comme  encore  vivants.  Olympiodore  dai>s 
ses  productions  se  montre  on  pen!«eur  pénétrant^ 


4563  OLYMPIODORE 

concevant  avecnetteté  et  s'expliquant  avec  clarté. 
Il  n^est  pas  original  sans  doute;  car  à  cette  pé- 
riode extrême  de  la  philosophie  grecqae  Ton- 
ginalité  était  h  peu  près  impossible;  mais  il  n'est 
pas  non  plus  un  simple  copiste,  bien  qu'il  suive 
de  près  Damascius.  Il  est  Tinterprète  savant  et 
intelligent  de  ces  philosophes  perdus  en  partie 
ou  en  totalité,  Jambliqiie,  Syrianus,  Damascius, 
et  il  rassemble,  outre  un  grand  noml^  de  no- 
tions historiques  et  mythologiques,  des  opinions 
qui  sont  le  dernier  mot  du  néo-pratonisme  sur 
la  religion  et  la  philosophie.  Considéré  en  par- 
ticulier comme  interprète  de  Platon,  il  est  très- 
estimable.  Il  explique  très-bien  le  plan  général 
•et  l'objet  des  dialogues  de  Platon,  leur  construc- 
tion dramatique  et  les  personnages  qui  y  figu- 
rent; ses  analyses  des  expressions  philosophi- 
ques ,  ses  explications  verbales ,  quoique  trop 
«ubtiles,  sont  souvent  excellentes.  A  ces  divers 
titres  ses  Commentaires  oa  scholia  méritent 
d'être  étudiés  avec  soin.  On  regrette  qu'ils  lais- 
sent beaucoup  à  désirer  pour  la  forme.  Il  ne  faut 
pas  oublier  que  ce  ne  sont  pas  des  ouvrages 
écrits  à  loisir,  mais  des  leçons  rédigées  soit  par 
le  professeur  lui-même,  soit  par  un  de  ses  élèves, 
comme  l'indique  le  titre  :  IxoXia....  àirà  9«ov9ic 
*OXu(jLinoS(dpou  xqQ  (UyoXov  çiXocréçou  (Scholies 
recueillies  de  la  bouclie  du  grand  philosophe 
Oiympiodore ).  «  Quant  à  son  style,  il  ne  peut 
entrer  d'aucune  manière,  dit  M.  Cousin,  en  com- 
paraison avec  celui  de  Proclus.  L'un  est  cons- 
tamment sain,  correct,  élégant  même,  et  tout 
pénétré  de  l'imitation  des  auteurs  attiques  ;  il  a 
même  encore  quelque  chose  de  l'aisance  de  l'an- 
cienne langue,  sans  parler  du  caractère  mâle  et 
élevé  que  lui  communique  souvent  le  génie  de 
Proclus,  tandis  que  le  style  d'Oiympiodore ,  ne 
recevant  aucune  empreinte  particulière  de  l'es- 
prit de  ce  philosophe,  est  tel  que  le  temps  devait 
l'avoir  fait,  incorrect  dans  les  instructions ,  déjà 
iMfbare  dans  les  expressions,  et  dans  l'ensemble 
presque  sans  aucune  trace  de  mouvement  et  de 
vie.  11  est  vrai  qu'il  ne  faut  pas  juger  les  cahiers 
d*un  professeur  comme  un  livre  destiné  au  pu- 
blic et  que  l'on  soigne  davantage;  cependant  il 
est  impossible  de  ne  pas  reconnaître  dans  cette 
manière  lâche  et  décolorée  lé  signe  de  la  dé- 
crépitude générale  de  la  langue  grecque  au  sixième 
siècle  ;  on  sent  que  le  moment  n'est  pas  loin  où 
la  langue  ainsi  que  la  civilisation  de  la  Grèce 
vont  périr  à  la  fols  et  faire  place  à  un  monde 
nouveau,  qui  aura  son  nouveau  langage,  comme 
ses  destinées  nouvelles.  Mais  en  général  l'époque 
où  une  littérature  succombe  a  cela  de  bon  en- 


GC4 


core,  que  l'érudition  qui  commente,  remplaçant 
alors  en  tous  genres  l'originalité  qui  produit,  ras- 
semble, à  défaut  de  richesses  qui  lui  soient  pro- 
pres, celles  des  âges  écoulés ,  et  conserve  ainsi 
une  foule  de  choses,  qui  plus  tard  donnent  un 
prix  singulier  aux  monuments  de  ces  siècles 
de  décadence.  »  Les  ouvrages  qui  nous  restent 
d'Oiympiodore  sont  :  un  Commentaire  êtw  le 


Phédon  :  Forster,  Fischer  et  Wy  ttenbach  en  ont 
inséré  quelques  extraits  dans  les  notes  des  édi- 
tions qu'ils  ont  données  de  ce  dialogue;  Sainte- 
Croix  a  essayé  de  le  faire  connaître  dans  le 
Magasin  Encyclopédique  de  Millin.t  I,  3*  an- 
née; Mustorides  et  Schinas  en  ont  publié  de  nou- 
veaux fragments  dans  leur  ZvXXoyio  'fXkt^%Sn 
àvexddrcdv;  Venise,  1817  ;  enfin,  M.  Ffock  l'a 
publié  en  entier;  Heilbronn,  1847,  in-8*;  —  oo 
Commentaire  sur  le  Gorgias,  encore  inédit,  à 
l'exception  de  l'introduction  que  Routh  a  publiée 
à  la  suite  de  son  édition  du  Crorgias  d'après  l'ex- 
cellent manuscrit  de  la  Bibliothèque  impériale  de 
Paris,  n*  1822.  M.  Cousin  en  a  analysé  use 
partie  dans  ses  Nouveaux  Fragments  philoso- 
phiques ;  —  un  Commentaire  sur  le  PhUèbi, 
que  Stalbaum  a  publié  à  la  suite  de  son  édition 
du  Philèbe  ;  Leipzig,  1821  ;  —  un  Commentairt 
sur  le  premier  Alcibiade,  puUié  par  Creuzer 
avec  le  Commentaire  de  Proclus  sur  le  mêsoe 
dialogue;  Francfort,  1820,  in-8®;  —  une  Vie  de 
Platon,  publiée  dans  l'édition  deDiog^  Laeice 
de  Wetstein  ,1692,  d'après  les  papiers  tle  Ca- 
saubon  ;  réimprimée  par  Etwall,  dans  son  édition 
de  trois  dialogues  de  Platon,  Londres,  1771; 
par  Pisdier,  dans  son  édition  de  quelques  dialo- 
gues de  Platon,  Leipzig,  1783  ;  dans  les  Biôrfpa- 
çot  de  Westermann,  Brunswick,  1845;  et  i  la 
suite  de  Diogène  Laerce  (édit.  Didot);  — oa 
écrit  contre  Strabon  le  péripatétlcien  à  la  hibàt^ 
thèque  royale  de  Munich  (  CataLcod,  Bibl.  reç, 
Bav.f  t.  II,  p.  528);  —  le  catalogue  de  la  bi- 
bliothèque de  Leyde  mentionne  un  écrit  d'Oiym- 
piodore sur  l'état  de  l'âme  séparée  du  corps,  et 
on  autre,  intitulé  Problèmes  sur  le  mythe;  ~ 
Lambecus,  dans  son  catalogue  de  la  bibliothèqoe 
de  Vienne,  cite  des  Prolégomènes  d'Oiympio- 
dore sur  toute  la  philosophie  de  Platon  (  cod.  ^7, 
n^  3).  Le  catalogue  des  manuscrits  grecs  de  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris  fait  mention,  soos 
le  n*  2016,  d'un  Commentotr6  d'Olympiddoie 
sur  le  second  Alcibiade  ;  mais  c'est  une  erreor, 
le  manuscrit  indiqué  contient  le  Commentaire 
sur  le  premier  Alcibiade,  dont  il  a  été  question 

plus  haut  L.  JF. 

Fabrlclut,  BtblMheea  gr^ca^  p.  6S1.  «-  Cousla,  Ho»- 
veoMx  fraametdtphilotopMqut»  pour  servir  à  tMs^re 
de  ta  philosophie  ancienne.  -  Diettonnaire  éa  $eieneti 
philosophiquei. 

OLYSIPIODOBB,  philosophe  grec,  vivait  vers 
le  milieu  do  sixième  siècle  avant  J.-C.  Lni-mêne 
nous  apprend  qu'il  résidait  à  Alexandrie,  et  il 
mentionne  la  comète  qui  apparut  dans  la  28 1*  an- 
née de  l'ère  de  Dioclélien  (565  après  J.-C).  Il 
appartenait  à  l'école  aristotélicienne ,  et  il  com- 
posa un  Commentaire,  qui  existe  encore,  sur  les 
Météorologiques  d'Aristote.  Cet  ouvrage  e^t  di- 
visé en  irpa^K,  ou  leçons  ;  ce  qui  semble  attester 
que  le  péripatétisroe  continua  d'être  enseigpé  i 
Alexandrie  même  après  l'extinction  de  l'école 
néo-platonicienne.  Comme  Simplidas  auquel  il 
est  fort  inférieur,  il  essaya  de  réconcilier  Platon 
avec  Aristote.  Il  parle  de  Proclus  avec  admira- 


665 


OLYMPIODORE 


tion  et  l'appelle  le  divin  (  6  Oeloc  )  ;  mais  sa  prin- 
cipale aotonté  est  Arntnoiiius.  Son  Commentaire 
fut  publié  par  les  (ils  d'Aide;  Venise,  là51. 

Tl  ne  faut  pas  confondre  cet  Olympiodore  avec 
un  philosophe  péripatéticien  qui  vivait  dans  le 
siècle  précédent,  et  qui  fut  le  profëssear  de  Pro- 
dus  (Marinus,  VHa  ihocli,  c.  9.)  Y. 

Suida*,  au  mot  'OXufiiciô&upoc,  —  Fattrldos»  BUtlio- 
ikêta  graeea^  voL  X,  p  tm. 

0LTMP10STHB!fB  ( '0>upiinoo6tVT); },  SCUlp- 

teur  grec,  vivait  dans  le  quatrième  siècle  avant 
J.-C.  On  ne  sait  rien  de  sa  vie;  on  ignore  même 
quel  était  son  pays.  11  fit  trois  des  statues  de 
Muses  placées  sur  le  mont  Hélicon  ;  les  six  autres 
forent  faites  par  Céphisodote  et  Strongyllon.  Ces 
trois  artistes  étaient  sans  doute  contemporains, 
et  Ton  a  des  raisons  de  croire  que  Strongylion 
vivait  du  temps  de  Praxitèle;  c*est  d'après  ^cette 
double  conjecture  que  Ton  place  Olyropiosthène 
vers  370  avant  J.-C.  Y. 

Piusanlâs,  IX,  SD. 

OLTMprs,  célèbre  musicien  phrygien,  un  des 
créateurs  de  la  musique  grecque,  vivait  dans  le 
septième  siècle  avant  J.«C.  Il  appartenait  à  une 
famille  de  musiciens  qui  prétendait  descendre 
d*an  Olympus  beaucoup  plus  ancien,  et  avec  le- 
quel 00  Ta  quelquefois  confondu.  Ce  premier 
Olympus  est,  comme  Hyagnis  et  Marsyas,  un  des 
rpprésf'ntants  mythiques  de  la  lutte  de  la  mu- 
sique aulétique  (flûte)  des  Phrygiens  et  de  la 
musique  citharé<fique  (lyre)  des  Grecs.  On  lui 
attribuait,  comme  aux  deux  autres  musiciens,  Tin- 
vention  de  la  ilAte.  Les  traditions  contradictoires 
à  son  sujet  le  représentaient  quelquefois  comme 
le  père,  quelquefois  comme  le  fils  ou  le  disciple 
favori  de  Marsyas.  On  racontait  aussi  qu'il  était 
natif  de  Mysie  et  qu'il  avait  vécu  avant  la  guerre 
de^Troie.  On  lui  attribuait  des  nomes  sur  les 
dieux  (v6(ioi  tlç  toùç  Oeovç)  ;  c'étaient  de  vieilles 
mélodies  dont  on  ne  connaissait  pas  l'origine  et 
qoe  Ton  avait  appropriées  au  culte  de  certaines 
divinités.  Dans  les  œuvres  d'art,  il  est  souvent 
représenté  comme  un  enfant  qui  reçoit  les  leçons 
de  Marsyas  ou  qui  assiste  à  sa  mort  tragique 
et  la  déplore.  Il  serait  au  moins  inutile  de  dis- 
cuter si  cet  Olympus  mythique  a  réellement  existé. 
Mais  une  question  plus  curieuse,  quoique  à  peu 
près  insoluble,  c'est  si  les  légendes  qui  le  con- 
cernent remontent  plus  hant  que  l'Olympus  his- 
torique, ou  si  elles  se  formèrent  à  son  sujet. 
Ot.  Millier  suppose  qu'il  y  avait  une  famille  de 
joueurs  de  flûte  qui  prétendaient  descendre  du 
mythique  01ympu.')|  et  qui  participaient  aux  fêtes 
de  la  mère  des  dieux.  Le  personnage  historique 
du  même  nom  était  l'un  des  membres  de  cette 
famille.  Plutarque  le  place  à  la  tête  de  la  mu- 
sique aulétique,  comme  Terpandre  était  placé  à 
la  tête  de  la  musique  cithar^iqne,  et  même,  eu 
égard  à  ses  inventions  artistiques,  il  lui  assigne, 
de  préférence  à  Terpandre,  Thonneur  d'avoir  créé 
la  musique  grecque  (*pxtîYiç  -rijc  'EXXïjvix^;  xal 
MXiJc  iMuoixiic  ).  La  date  de  sa  vie  est  incertaine. 


—  OLZOFSKl  6€e 

Suidas  le  met  sous  le  roi  Midas,  fils  de  Gordius, 
indication  inutile,  car  Midas  est  le  nom  de  tous 
les  rois  phrygiens  jusqu'au  temps  de  Crésus. 
Ot.  Mûller  le  place  pour  des  raisons  satisfaisautes 
après  Terpandre  et  avant  Thaletas ,  c'est-à-dire 
entre  la  30^  et  la  40*  olymp.  (  660-620  avant  J.-C). 
Qnoiquoi  Phrygien  d'origme,  il  doit  être  compté 
parmi  les  musiciens  grecs,  car,  d'après  tous  les 
récits,  il  traita  des  sujets  grecs,  exerça  son  art 
en  Grèce,  et  eut  pour  disciples  des  Grecs  tels 
que  Cratès  et  Hierax.  11  naturalisa  en  Grèce  la 
musique  de  la  flûte,  et  comme  cette  musique  était 
bien  plus  variée  que  celle  de  la  lyre,  on  attribua 
à  Olympus  beaucoup  d'inventions  ;  la  plus  célè- 
bre était  le  système  musical  que  l'onappelaf  n^ar- 
monique,Des  modes  particuliers  qu'on  lui  attri* 
bue  le  plus  important  était  le  mode  armaùien 
(à^yÂxtoç  vô{io;),  modulation  plaintive  et  pas- 
sionnée, dont  un  passage  de  VOresle  d'Euripide 
peut  donner  une  idée.  On  dit  anssi  qu'il  chanta, 
à  Delphes,  la  mort  de  Python,  sur  la  flûte  dans 
le  style  lydien.  Aristophane  mentionne  encore 
sous  le  nom  d'Olympus  un  mode  plaintif  sur  plu- 
sieurs flûtes.  Il  n'est  pas  probable  que  la  musi- 
que d'Olympus  fût  toute  plaintive,  et  son  nome 
en  l'honneur  d'Athénée  devait  avoir  nn  caractère 
différent.  Quelques  anciens  écrivains  lui  attrilHient* 
le  nome  orlhien,  qu'Hérodote  rapporte  à  Arion. 
Olympus  ne  fut  pas  moins  inventeur  dans  le 
rhythme  que  dans  la  musique.  Aux  deux  espèces 
existantes  de  rhythme  Végal  ((aov),  dans  lequel 
Varsis  et  la  thesis  sont  égales,  comme  dans  le 
dactyle  et  l'anapeste,  et  le  double  (8iic).iatov), 
dans  lequel  l'arsis  a  deux  fois  la  longueur  de  la 
thesis  (comme  l'iamhe  et  le  trochée) ,  il  en  ajouta 
nn  troisième  l'i^t&iôXov  (le  plus  grand  de  moitié), 
dans  lequel  la  longueur  de  l'arsis  est  égale  à 
deux  syllabes  courtes,  et  cellede  la  thesis  à  trois^ 
comme  dans  le  pied  crétique  (-^v^-),  le  péon 
(luvAj ),  et  le  pied  bachique  {^^),  11  n'est  fait 
mention  d'aucun  poème  composé  par  Olympus; 
mais  comme  l'ancienne  musique  était  toujours 
liée  à  la  poésie,  il  est  probable  qu'il  ne  composa 
pas  de  musique  sans  paroles.  Sans  entrer  dans 
la  discussion  de  cette  question  difficile ,  il  est 
permis  d'affirmer  que  si  des  paroles  furent  ori- 
ginairement attachées  à  sa  musique,  elles  furent 
remplacées  par  les  compositions  de  poètes  pos- 
térieurs. Dos  poètes  lyriques  qui  adaptèrent  leurs 
compositions  aux  nomes  d'Olympus,  le  principal 
était  Stésichore  d'Himère.  Y. 

Plutarqap,d«Jirii(<ra.->  MBIlcr,  Htstory  ofçreek  lUe- 
raitire.  —  Ulriet,  Cefchlehte  der  heUenlsehen  Diehtkmitt. 
—  Bode,  CetrMehte  der  helleniscken  DieMJtuntt.  — 
RAtehl,  dans  \'BftqfciOpd4te  d'Bracti  et  Graber.  —  Smith, 
DtctUmofTf  ùfffreekmnd  roman  bioçrapfip. 

OLZorsKi  (André),  prélat  polonais,  né  vers 
1618,  mort  en  1678,  à  Dantzig.  Issu  d'une  an- 
cienne famille,  il  fit  ses  études  à  Kalisch  et  à 
Varsovie,  fit  un  voyage  en  Italie  et  reçut  à  Rome 
le  diplôme  de  docteur  en  droit.  Étant  venu  en* 
suite  en  France,  il  eut  zçfiès  dans  la  maison  de 
la  princesse  Louise-Marie  de  Gonzague,  qui  de- 


667  OLZOFSKl 

Tait  btentdl  épooser  ¥riadL<la3  TU,  roi  île  Polo- 
gne. De  retour  dans  «m  pays,  il  devint  ciunoine 
(le  la  cathédrale  de  Giiesne.  Appelé  à  h  ooor,  il 
y  fut  diargé  de  conduire  plusieurs  affaires  im- 
portantes et  de  rédiger  toutes  les  expéditions  qo« 
Ton  devait  écrire  eu  latin ,  langue  dans  laquelle 
il  s'exprimait  ayec  autant  d'élégance  que  âm  fa- 
dHté.  A  la  mort  de  Wladlslas  (  1648),  il  encourut 
la  disgrâce  de  ia  reine  pour  s^être  opposé  an  des- 
sein qu'elle  avait  d'appeler  au  trône  un  prince 
français  ;  mais  il  n*en  fut  ])as  moins  életé  à  le 
double  dignité  d*évéque  de  Cnlan  et  de  vice- 
diancelier  de  la  couronne.  En  1657,  H  avait 
rofiine  assisté  en  qualité  d'ambassadeur  à  l'élec- 
tion de  l'empereur  Léopold  I".  fl  ne  négligea 
rien  pour  dissuader  Jean-Casimir  de  son  projet 
tralxlication  (  1667),  et  écrivit  un  pamphlet  vio- 
lent intitulé  :  Censura  candidafwum ,  di- 
rigé surtout  contre  te  fils  du  tzar  Aïeuls  1". 
T^ri;qu*â  la  suite  d'un  interrègne  de  deux  ans 
Michel  Koributb  eut  été  choisi  pour  roi,  Olaofski 
80  rendit  à  Vienne  pour  y  négocier  le  mariage 
de  ce  prince  avec  Éléonore  d'Autriche,  sorar  de 
l'empereur  Léopold  t",  et  obtint  la  charge  de 
grand -chancelier,  une  des  pins  imporlantea  de 
l'État.  En  1674,  il  eut  beaucoup  de  part  à  Félec- 
tion  de.  Sobieski ,  qui  le  nomma  arclievéqae  de 
Gnesnc  et  primat  de  ta  Polegne.  Il  mourut  à 
Dantzig,  où  l'avait  ap|)elé  le  soin  de  régler  les 
différends  qui  s^étaient  élevés  entre  le  aéntt  et  le 
peuple  de  cette  tHIo.  On  a  de  tul  des  écrits  poli- 
tiques, et  nn  ouvrage,  auquel  il  ne  mit  pas  son 
nom  (Stnguiaria  furis  patrontUus  regni  Piy 
Ionise)^  pour  fdire  eonnattre  le  droit  que  les  rots 
de  Pologne  avaient  de  nommer  aux  abbayes.  K. 
Ungnich,  Polniteke  Biàtêotkek,  t 

;;oHALius  D'BALLOT  {Jean- Baptiste- 
Julien  D*),  géologue  belge,  né  à  Liège,  le  16 
février  1783,  est  petH-nevea  du  jurisconsulte 
Omallus.  Maire  de  Skenvre  en  1807,  et  de  Brai- 
bant  en  1611,  il  fut  nommé,  à  la  création  dv 
royaume  des  Pays-Bas,  sons-Hitendant  de  l'ar- 
rondissement de  Dînant,  secrétaire  général  de 
la  province  de  Liège,  piris  en  18 15  gouverneur 
de  ta  province  de  Ifamur,  et  plus  tard  conseiller 
d'État.  Il  est  entré  en  1848  au  sénat,  dont  il  est 
\ice*  président  dépôts  plusieurs  années.  Entraîné 
par  un  penchant  irrésfstîMe  vers  l'étude  des 
sciences  naturelles,  il  arralt  inséré  <tè»  1806  dans 
le  Jortmal  des  Mnes  une  Description  géolo^ 
gique  des  pays  situés  entre  le  Pas-de-Calais 
et  le  ithin,  qui  fut  si  remarquée  des  savants , 
que  le  baron  Coquebert  de  Mootbret,  alors  di- 
rectcul  de  la  statiatique  as  miniilère  de  l'inté- 
rieur, engagea  Tauteor  à  entreprendre  un  sem- 
blable travail  fionr  les  autres  parties  de  l'emph^ 
français.  M.  d^Omatios  est  membre  de  ^Académie 
royale  de  Belgique,  et  correspondant  de  l'Insti- 
tut royal  des  Pays-Bas  et  de  l'Académie  des 
sdenees  de  France.  Parmi  ses  autres  ouvrages 
nous  dterpns  :  Mémoiêes  pour  servir  à  ta  des- 
cription géologique  des  Pays-Bas,   de  la 


—  OMAR 


668 


France  et  de  quelques  contrées  voisUies  ;  Ra- 
raur,  18t8,  in- 8*,  réunion  de  mémoires  foor* 
nis  à  des  recneils  sdentifiques  français  ;  —  Élé- 
ments de  géologie  ;  Paris,  1831,  ^1-8"  ;  3^  édlt, 
fioua  le  titre  ^Éléments  de  géologie  ^  ou  se- 
conde partie  des  Éléments  d*Mstoire  natu- 
relle inorganique;  Paris,  1839,  in-8*;  —  In- 
troduction à  la  géologie f  ou  première  partie 
desÉlémentsd  histoire  naturelle  inorganiquet 
contenant  des  notions  d'astronomie,  de  mé- 
téorologie et  de  minéralogie  ;  Parie,  1833, 
in-h"  ;~  Notions  élémentaires  de  statistiqiu; 
Paris,  1840,  in-8"  ;  —  Des  roches  conMérées 
minéraBogiquement  ;  Paris,  1641,  in-S*;  — 
Coup  d'oeil  sur  la  géologie  de  la  Belgique; 
Bnixdies,  1842,  in-8»  ;  —  Précis  élémentatrs 
de  géologie;  Paris,  1843,  fn-8*;  —  Abrégé  de 
géologie;  Bruxdies,  1853,  in- 12;  —  de  nouk 
breux  travaux  dans  les  Mémoires  de  la  Socitté 
géologique  de  France,  le  Journal  des  BHnes, 
le  Journal  de  physique,  les  Annales  des 
Mines,  et  les  Bulletins  de  VAeadémie  royak 
de  Belgique.  Il  a  extraH  de  ee  dernier  recoefl  : 
Des  races  humaines,  ou  éléments  d'etknogr^ 
/lAie;  Paris,  1645,  iB<6'';  nouT.édit.,  Bruxelles, 
1850,  in-12.  E.  RiiOMAao. 

BMiOffrapkie  oeaMmS^uêi  Bmello,  ISSS,  HMt.  * 

servir  é  la  dneriptitm  geolaçifue  d4s  Paf»-êm$^  de.  - 
ÊjB  iJvre  ê'or  de  forân  de  iAvpolà,  —  DocommU  9«^ 

Uetdierà. 

OMAR  1*^  (  Ahou-ffafssah  Ibn-at-Khaitaà), 
successeur  d'Abou-Bekr  et  seeond  ktialife  des 
musulmans,  né  vers  Ml ,  ré^n  depuis  634  jnsqu'a 
644 .  11  appartenait  k  la  tribu  des  Benoo-Adietétait 
coosm  au  troisième  degré  d'Abdallali ,  père  de 
Mahomet  Les  événements  de  sa  ^ie  antérieurs 
à  sa  conversion  à  llslaraisme  spot  peu  eooaus 
et  ont  été  amplifiés  par  la  légende.  Corosne 
le  grand  apètre  dirétien  saint  Paul,  il  eonmeaça 
par  perséenter  la  fol  dont  il  devait  être  le  pl« 
ardent  propagateur.  On  raconte  qu'te  retcior 
d'une  expédition  qui  rayait  retenu  pinstenrs  an- 
nées dans  l'Yéraen,  il  apprit  les  prédications  de 
Mahomet,  et  jnra  de  tner  rinfidèle  qui  outrageait 
les  dieux  de  la  Caaba.  Il  se  rendR  d*abonl  cbet 
sa  sœur  Amena ,  nonrellement  convertie,  et  la 
trouva  lisant  les  chapitres  do  Coran  féeemment 
révélés.  Transporté  de  fureur.  Il  la  frappa  de  son 
sabre  et  lut  fit  une  légère  blesaure.  La  vue  dn 
sang  lui  rendit  un  peu  de  calme  ;  il  demanda  les 
tablettes  que  tenait  la  jeune  femme.  A  pcsne  les 
ent-H  lues  qu'une  révolution  complète  se  lit  dans 
son  esprit.  Il  s'informa  de  b  demeure  de  Maho- 
met; on  hti  dft  que  pour  se  soustraire  aax  per- 
sécutions des  koréischites  il  s'était  retk^  avec 
quelques  fidèles  au  cbâteau  de  la  Safa.  Il  y  cou- 
rut, et  demanda  à  entrer.  Les  amie  du  prepWi» 
voulaient  refuser  ;  mais  Mahomet  s'avança  v«^ 
la  grande  porte,  l'ouvrit,  et  se  présenta  siwl  Vi- 
vant Omar.  Geiui-d,  étonné,  restait  ftnmtiWle. 
«  Fils  de  Kettab,  lui  dfl  Mahomet,  a?.tu  le  d^> 
sdn  de  rester  sous  ce  portique  jusqu'à  m  v" 


«69 


OMAR 


i70 


te  toaée  sur  la  tète  ?  —  Je  viens,  rf^pon^it  Omar, 
eraire  en  Dieu  et  ea  soo  prophète.  »  Maiionet 
lui  préseata  la  mais  en  disant  :  «  Dieu  eâlgraod  ». 
Celte  oonversioB  miraeuleuse  coavenait  bien  h 
l*iaél>ranlabie  cro^fantipii,  aprèe  avoir  assisté  à 
la  Mort  de  Mahomet,  s'écriait  qu'il  ferait  sauter 
la  tèle  de  quicoDqae  osenût  Mk  que  le  profiièke 
était  mortel. 

Depuis  sa  ceavenieft,  qnei'oa  place  vers  61  S, 
Omar  fut  «a  des  partisaoB  les  plus  défvwiés  et 
les  plus  utiles  4e  Mahomet  ;  il  l'acoorapagna  dans 
toutes  ses  e%péditi«ns  militaires,  ei  contribua 
iN^ueoup  à  ses  aoooès.  Après  ïà  moii  du  pr»- 
ptièie  (^2) ,  il  fil  désigner  pMir  lui  succéder 
Aèou-Bekr,  et  Ait  Ae  hnjeà  ou  prindpal  nintstne 
du  preaater  isbalileu  L'oniTre  de  Mahomet,  me- 
ttioée  par  lUndifVëreoce  et  les  diafieiwieas  des 
ra«iMilmMs,  semblait  près  de  s'écrouler.  Ahou* 
Bekr,  saivast  ks  eonsfàls  d*Ofnar,  la  raflermit  en 
oomprimant  les  inécoatesls  et  eo  lançant  oanlfie 
les  en^tces  raisins  de  Bycance  ait  régnait  llé- 
raditts,  «t  de  la  iVerse,  affsiblie  par  sa  lutte 
centre  les  Grecs,  les  Arabes  que  les  prédicar 
tioBS  du  prophète  avaient  mis  en  mouvement 
Lorsque  «aanrwt,  aprèsdeux  ans  de  règne,  il  dé- 
signa non  baiel)  paar  kâ  succéder.  Omar  eom* 
mnaça  «onadmimatcation  par  enlever  le  eomasan* 
dément  des  arméos  de  Syrie  au  célfh»  Kbaied 
Ihs-WaM,  sanommé  l'Épéede  fMetf,  qniparsa 
rapacité  et  sa  cmaulé  envers  les  laincus  com- 
prooelUit  la  caase  de  IMamisme;  il  le  rempàaça 
par  Abou-Obéidad,  brave  i9énéral,qiii  s'était 
distingué  dans  les  guerses  contre  les  Gnos.  Kfaa- 
led  «e  oenlanlade  la  seconde  plaoe,et  pounnsvit 
avec  te  nouveau  général  ia  eou^éÂt  de  la  Syrie. 
Damas,  lacapitaleiie  cettegnande  provinee,  tomba 
an  pouvoir  des  Aiabes  dans  le  mois  de  pedjeb  de 
la  quatorzième  année  de  l'hégire  (aont-aeptem- 
bre  635)  (1).  Après  la  prise  de  Danans  les  Arabes 
s'ensparëmnt  <fCasèse,  flanab,  et  Kimesrin; 
is  remportèrent,  en  636,  sur  les  Grecs  la  victoire 
Récidive  de  Yennaok.  Un  mois  après  ta  débile 
des  soiddts  dlléraclibs,  Obéida  reçat  l'ordre 
d'assiéger  Jérasalera.  Deux  généraux  «xpéri- 
meoléa,  Ampao  et  Snrjilyforent  cbai|^  det'expé- 
ditioo.  La  ville  se  défendit  vaillamment,  et  ne  se 
ceadit  qn'è  ia  condition  qn'Omar  hiinnéme  vien» 
dralt  recevoir  ta  capitulation.  Le  khaMe  y  con- 
sentit, et  partit  en  toute  liftte.  L'historien  Tabari 
raconle  ainsi  le  voyage  d'Omar.  «  il  montait  un 
chameau  de  oo^feur  sombre  et  se  couvrait  d'un 
vieux  vêtement  usé;  il  portait  avec  lu! «  dans 
danx  sacs,  ses  pravisioas ,  eonsiatant  en  Iroils 
secs,  «rge,  riz,  Troment  bonitli,  et  de  phis  une 
outre  pleine  d'eau.  Chaque  fois  qu^fl  s'arrêtait 
poar  faire  nn  Mpaa,  il  permettait  b  coêk  qui  l'i 


H)  Ha»  adopiMW  ftmr  U  ^rtte  Se  BamMl»aale  dVl- 
OMln,  ff«ni«i«  la  piiu  probaUe,  Èàem  faVlfe  «e  i*aec«rtf« 
p»«  awe  l'katCTtltto  ^quelqttM  Matortem  ortniMx,  f<a 
prétendant  «ae  Daaaa  bit  priae  le  >our  dm  la  iiiort4*A* 
baa-acfcr  taoâSStl).  U  caocardaMe  ave  féii  a  «auto 
étaMir  entre  ces  4eBi  événemeaU  aoat  penlt  Ngeii- 


oompagnatent  d^  prendre  part,  et  mangerit  avec 
eux  an  même  plat  de  bois  ;  s'il  prenait  du  repos, 
U  terre  était  sa  couche.  Sar  sa  route  il  rendit 
JQstice  à  tous  ceux  qui  s'adressèrent  à  lui;  dans 
plasieors«freonsta&cesil  eorrîi^ea  le  reLàehement 
des  mœnrs ,  el  réforma  des  abus,  particulière- 
ment parmi  les  nouveaax  convertis,  abolissant 
anssi  certaines  liabilodes  de  Inxe  qm  s'étaient 
introduites  parmi  les  «usalmaBS,  tek  que  de 
beire  d«  vin,  de  porter  des  habits  de  soie..... 
A  son  arrivée  an  «amp  il  ordonna  de  saisir  et 
de  Iratner  dans  la  booedes  mu«iilmans  qui,  con- 
trairement à  se*;  ordres,  s'étaient  vêlas  de  toni-' 
ques  de  «oie  enlevéï^s  aux  Grecs.  »  Une  courte 
conlérence  eotre  Sopbronins,  patriardie  de  Jéru- 
salem, et  ie  khatife  suffit  pour  arrêter  les  termes 
de  la  capitulation ,  et  les  clefs  de  la  vHle  sainte 
furent  remises  À  Omar.  On  trsuvo  dans  les  his- 
toriens orientaux ,  et  d'après  eux  4ans  Le  Bean 
et  dans  les  Minet  d'Orient^  t.  V,  cette  célèbre 
fapituialion;  on  en  a  eonteslé  t^thenticilé,  et 
qoelqoes  détails  en  sont  évidemment  apocryphes; 
mais  comme  elle  est  en  général  eonlsrrae  à  la 
réaKIé,  et  qn'eNe  servit  de  modèle  aux  mmid- 
mans  an  sniel  des  villes  conquises  sur  les  chré- 
tiens, nous  en  rapporterons  les  principaux  ar- 
ticles. «  Les  habitants  consewennl  la  vie  et  les 
biens;  ils  anrast  seuls  U  joaissanee  de  leurs 
églises  ;  amis  ds  n'ea  bfttinmt  pas  de  aonveUes; 
86  n'y  élèfveronl  pas  de  «roix  à  rcUérIsur,  4à 
l'entrée  en  eera  permise  nuit  et  jour  aax  masal» 
mans  ;  Us  ae  aoaaeront  point  les  doebas  el  se 
eonlenÉeront  de  les  tinter;  an  ae  les  fomra  pas 
d'easeîgBer  le  Ooraa  à  lears  eaibnts,  mais  ils  aa 
dMrcheroat  pas  à  faire  des  prosélytes  païasi  les 
musulmans  :  ils  leur  témoigneront  du  respect, 
leur  céderoat  parlout  le  pas ,  et  porteront  des 
tarbans,  des  cfaaussuras  et  des  noms  diflerenis. 
Ils  iront  à  cheval  sans  sdle  et  sans  armes,  ae 
quitteront  |aroais  leurs  ceialunes ,  ae  vendront 
point  de  vin,  reoonnnltront  le  fcludife  poar  son- 
Teraia ,  et  lui  payeront  tribut.  »  Omar  fit  son 
entrée  triomphante  dans  Jérusalem  vers  le  miiien 
de  U  seizième  aanée  de  Ptiégine  (637).  M  visita  en 
compagnie  du  patriarche  fégUae  de  la  Résurrec- 
tbn  et  fit  ses  prières  sous  le  portique  de  t'égfisa 
de  Constantin;  il  se  rendit  ensnite  è  Bsthléem, 
entra  dans  l'église  bâtie  sar  le  lieu  même  oà  étaM 
né  le  Sauveur,  et  y  lit  sa  prière.  De  setoor  à 
lérnsslem  ,  il  ordonna  de  bAtir  une  magni- 
Oqae  mosquée  sur  Templacemeaft  du  temple  de 
Saiomoa.  Ces  pieusesoocapatîons,  sieonveoaMes 
aa  chef  des  croyants,  ne  lui  firent  pas  ouMier  les 
soins  de  ^administration  et  de  la  guerre.  La 
prise  de  Jérusalem  fat  snirie  de  !a  réduction  des 
principales  villes  de  Palestine ,  tandis  que  Kha- 
jed  et  Attra-Obéidad  se  rendaient  maîtres  de 
Laodîcée,  Antiûcbe,AlepetBalbek. 

Omar,  mattre  de  la  Si^rie ,  se  prépara  à  envahir 
la  Perse,  alors  gouvernée  par  Yzdejerd.  Les 
succès  des  Arabes  Tarent  rapides.  Saad  Ibn^Abi 
\Vakkas,  leur  chef»  passa  i'Ëêphrate,  défit  è  Kn* 


671 


OMAR 


672 


derizzah  l'armée  persane  commandée  par  Riis- 
tain,  et  occupa  Bahr-Thir,  quartier  occidental  de 
Maciayin,  l*ancienneCtésiplion.  L'année  suivante, 
638,  les  Arabes  fondèrent  la  Tille  de  Koiifati 
(Bas$ora),près  deTËuplirate,  Tranchirent  le  Tigre 
et  s'emparèrent  de  Ctésiphon,  conquête  qui  an- 
nonçait la  fin  de  l'empire  perse.  Si  l'empire 
byzantin  échappa  à  une  ruine  complète,  Il  subit 
d'énormes  démembrements.  Après  la  Syrie,  l'E- 
gypte eut  son  tour.  Amroa  se  jeta  avec  quelques 
milliers  de  Sarrasins  sur  cette  grande  province, 
qui  fut  déplorablement  défendue  par  les  lieute- 
nants d'Héraclius.  Un  pays  qui  comptait  plus  de 
six  millions  d'habitants  ne  coûta  pas  un  combat. 
Amrou  n'eut  qu'à  faire  deux  sièges,  celui  de 
Misr  (639)  et  celui  d'Alexandrie.  Cette  ville  fut 
prise  le  22  décembre  640,  et  un  butin  immense 
tomba  entre  les  mains  des  vainqueurs.  En  gé- 
néral les  Arabes  se  conduisirent  avec  modération 
(voy.  Amhod)  et  ne  commirent  pas  de  dégâts 
inutiles.  Sur  un  seul  point  ils  firent  au  fanatisme 
religieux  un  sacrifice  qui  a  laissé  sur  le  nom 
d'Omar  une  tache  ineffaçable.  Alexandrie  pos- 
sédait une  bibliothèque,  non  pas  la  fameuse  bi- 
bliotbèqne  des  Lagides,  détruite  pendant  lagoerre 
d'Alexandrie  sous  Jules  César,  mais  un  dépôt  de 
livres  formé  dans  le  Sérapéon,  et  qui  passe  pour 
avoir  été  aussi  riche  que  le  précédent.  Les  chré- 
tiens, qui  détruisirent  le  Sérapéon  sous  Théo- 
dose,  n'épargnèrent  pas»  les  livres.  Cependant  ils 
ne  brûlèrent  pas  tous  les  volumes,  et  il  en  resta 
de  quoi  reconstituer  une  bibliothèque  dont  il  est 
impossible  aujourd'hui  d'apprécier  la  composi- 
tion et  la  richesse.  Les  œuvres  de  l'antiquité 
païenne  s'y  trouvaient-elles  en  majorité,  ou  était- 
elle  composée  en  grande  pariie  des  ouvrages  des 
Pères  de  l'Église  et  des  théologiens  grecs?  Qn 
l'ignore  ;  mais  il  nous  paraît  certain  qu'il  exis- 
tait à  Alexandrie  tin  dépôt  de  livres,  et  que  ce 
dépôt  fut  détroit  par  les  Arabes.  Aboulfaradge 
rapporte  qu'Amrou  écrivit  au  khalife  ponr  savoir 
ce  qu'il  devait  faire  de  la  bibliothèque.  Omar  lui 
répondit  :  «  Tu  me  parles  de  livres  :  s'ils  ne  con- 
tiennent que  ce  qui  est  déjà  dans  le  livre  de 
Dieu,  ils  sont  inutiles;  s'ils  ne  s'accordent  pas 
aVec  loi,  ils  sont  pernicieux.  Ainsi ,  fais-les  brû- 
ler. »  Amrou,  quoique  à  regret,  obéit  à  l'ordre  du 
khalife;  il  fit  distribuer  aux  établissements  de 
bains  la  bibliothèque,  qui  suffit  à  les  chauffer 
pendant  six  mois.  Cette  dernière  circonstance  est 
évidemment  fabuleuse;  mais  le  fond  du  récit, 
confirmé  par  l'écrivain  arabe  Abd-Allatif,  nous 
paraît  exact,  quoique  Gibbon  et  d'autres  modernes 
l'aient  révoqué  en  doute  pour  des  raisons  spé^ 
cieuses  (i).  Le  vainqueur  de  l'Egypte  poussa  ses 

(1)  Reinhard  a  réonU  aprêa  beaucoup  d'antres,  toalea 
les  raisons  qat  peuvent  faire  douter  du  fait,  dam  une  dit- 
•ertaUoQ  allemande  publiée  i  Gœitingue,  eo  ITM.  Sainte- 
Croli  a  rasacmblé  in  mémt»Jémolga»gn  daoa  dd  arilele 
du  Maçiuin  mcfciopédi^ue^,  an.  v,  t.  IV.  p.  iss.  (^og.  la 
Retalion  de  l'Éçifpte  par  Abd-AUaUf.  traduite  par  SU- 
Teatre  de  Sacy.  isio.  In-i»  ;  et  ScboeU,  UUMre  delaiU' 
téruturt  grtcque,  t.  Vf,  p.  il,  etc.) 


conquêtes  jusque  dans  les  déserts  de  Tripoli  ei 
de  Barca.  D'un  autre  côté,  l'Arménie  ftit  soumise 
parMugheyrah  (641)  et  le  Khorassan  papAhiisf> 
Ibn-Kays.  Dans  la  même  année  se  livra  la  ba- 
taille  de  Nehâvend,  qui  ilédda  du  sort  de  la  Perse. 
Le  général  des  Perses  Firooz  fut  tué  et  le  mo- 
narque forcé  de  chercher  un  asile  à  Farghanah, 
parmi  les  Turcs,  oh  il  mourut  bientôt;  Les  suc- 
cès militaires  d'Omar,  sa  sévérité  à  l'égard  des 
vaincus  qui  ne  voulaient  pas  embrasser  la  rd  igloo 
du  prophète  et  surtout  la  justice  inexorable  qoll 
exerçait  parmi  ses  sujets,  lui  suscitèrent  beao- 
coup  d'ennemis,  qui,  dés^iérant  de  le  vaiocfc, 
formèrent  des  projets  contre  sa  vie.  labalah  Ibo- 
Aliyam,  chef  de  la  tribu  arabe  de  Gliosan,  qoi 
avait  tour  à  tour  abjuré  le  christianisme  posr 
l'islamisme  et  l'islamisme  pour  le  christinnisnei 
et  s'était  réfugié  près  de  l'empereur  grec  Héra* 
dius,  détestait  mortellement  le  khalife  (1).  Il  fit 
part  de  sa  haine  à  un  jeune  esclave,  Walhek  Ibo- 
Musafer,  et  lui  promit  la  liberté  s'il  parrenait  à 
tuer  Omar.  Walhek  partit  dans  ce  dessein;  mais, 
arrivé  devant  le  khalife,  il  fut  frappé  d*un  tel  res- 
pect qu'il  s'agenouilla,  baisa  la  main  du  chef  des 
croyants,  et  confessa  son  projet  criminel.  11  re- 
çut son  pardon,  et  embrassa  rislaroisnie.  Cet 
événement  se  passa  en  638.  Quelques  années  plos  ' 
tard  Omarlomba  victime  d'une  haine  plus  im- 
placable. Un  esclave  perse  de  U  secte  des  mages, 
nommé  Abou-Loulou  Firoq^,  avait  été,  coiifor' 
mément  à  la  coutume  musulmane,  forcé  par  son 
maître  Almougheyrah  à  lui  payer  deux  dtrhems 
(draclimes)  par  jour.  Trouvant  la  taxe  trop 
lourde,  il  s'en  plaignit  à  Omar,  et  demanda  wt 
diminution.  Le  khalife  refuse,  et  Firoux  jura  de 
se  venger.  Quelques  jours  api^,  tandis  qu'Onor 
faisait  ses  dévolions  du  matin  dans  la  mosquée 
de  Médine,  Firouz  le  perça  de  trois  coups  de 
poignard  dans  la  poitrine.  Les  assistants  se  je- 
tèrent sur  le  meurtrier,  qui  se  défendit  ivec  la 
fureur  du  désespoir,  blessa  treize  personnes,  dont 
sept  mortellement,  et  finit  par  s'enfoncer  le  poi- 
gnard dans  le  cœur. 

Omar  languit  encore  cinq  jours.  Ses  plus  io* 
times  serviteurs  le  pressaient  de  laisser  le  kba> 


(1)  D'Herbelot  raconte  ainsi,  d'après  les  éertvalos 
taoi,  l'orif  me  de  la  haine  de  Jabalab.  •  Clabalab,  Sii 
d'Alhem,  vint  trouver  Omar  pour  le  reoooaaltre  eo  qv 
Uté  de  khalife  et  pour  embrasser  sa  reUftloo.  O^  le 
reçut  fort  bien,  et  le  mena  afee  loi  au  pelrrlnafe  de  La 
Mecque.  Glabalab,  en  a'acqolttaot  avecjtal  des  derotn 
dn  pétcrlnaffe,  el  faisant  le  tonr  du  temple^e  La  Mecque, 
un  homme  da  commun  le  prit  par  la  maorhe.  eC  le  S( 
sortir  de  son  rang.  Glabalah,  orfemé  de  llnclvUlié  de  ert 
homme,  lui  donna  un  soufflet,  et  le  maltraita  de  paroles 
en  loi  reprochant  l'Insolence  dont  11  avait  naé  avee  une 
personne  de  sa  qualité.  Omar,  considérant  que  ee  prtnce 
eooilnaalt  dlnjnrler  et  de  menacer  celui  qui  rarolt  Mt 
retirer,  loi  dit  :  •  Apal»ex-Toos  ,  autrement  )e  vous  ferai 
rendre  par  cet  homme  le  soufOet  que  tuo»  loi  avez 
donné;  car  vous  de*ei  savoir  que  la  rellfton  ausiilmaiie 
TOUS  a  rendus  tous  deux  égaui,  le  prince  el  I  «sdave, 
quant  i  l'eserclce  et  i  la  pratiqae  de^  foocUoo*  de  piété 
et  de  religion,  et  principalement  dans  celle  «tu  (élc- 
rinage».  Utabalab.  piqué  au  vif  des  paroles  du  kballfr,  en 
oooçnt  va  al  grand  dépit,  qu'il  le  qnltta,  et  aPen  alla  à 
ConslaoUoople,  où  il  se  lit  chrétien^  « 


673 


OMAR  —  (TMEARA 


674 


lifaf  à  son  fils  Abdalah.  «  Non  répondit-il  ;  c'est 
assez  pour  les  enfants  de  Khattab,  qu*un  d'eux 
ait  été  chargé  de  rendre  compte  à  Dieu  du  gou- 
Temeraent  des  croyants.  »  Il  se  contenta  de  nom- 
mer SIX  commissaires,  et  les  chargea  de  choisir 
on  khalife  parmi  eux.  Après  avoir  fait  ces  dis- 
positions, il  mourut,  à  Tftgede  soixante-trois  ans, 
Je  vendredi  do  mois  de  dhoul  hajjah ,  23*  de 
rhégire,  qui  correspondait  à  novembre  644.  Il  fut 
enseveli  près  du  prophète  et  d'Abou-fiekr  dans  la 
mosquée  <]e  Médine;  sa  tombe  est  encore  visitée 
avec  respect  par  les  musulmans. 

L'historien  persan  Khondemir  résume  ainsi  les 
actions  d'Omar  :  «  Il  prit  aox  infldèles  36,000 
\ille8  ou  châteaux,  détruisit  4,000  temples  ou 
églises,  et  fonda  ou  aagroenta  1,400  mosquées.  » 
Ce  n*est  pas  seulement  par  ses  conquêtes  et  ses 
consti^ictions  qu'Omar  est  fameux ,  c'est  aussi 
par  ses  institutions.  Sous  son  règne  l'ère  de  l'hé- 
gire,ou  fuite  de  Mahomet,  par  laquelle  toutes  les 
nations  mahométanes  comptent  leurs  années, 
fut  étatilie  et  son  commencement  fut  fixé  au  16 
juillet  622.  Omar  le  premier  assigna  une  paye 
aux  soldats  et  des  pensions  aux  offiders;  il  ins- 
titua une  sorte  de  police  de  nuit  pour  la  £écu- 
rite  des  citoyens  ;  il  fit  aussi  d'excellents  règle- 
ments sur  les  rapports  des  mattres  avec  leurs 
esclaves.  I!  prit  le  titre  de  emir-almomenim 
(commandant  des  fidèles) ,  au  lien  de  khalifah-ra- 
iouli-llahi  (vicaire  du  messager  de  Dieu),  qu'em- 
ployait son  prédécesseur  Abou-Bekr.  La  mémoire 
d'Omar  est  l'objet  de  la  plus  grande  vénération 
parmi  les  musulmans  sunnites  on  orthodoxes  ; 
il  n'en  est  pas  de  même  des  shiites,  on  partisans 
d'Ali ,  qui  regardent  les  trois  premiers  khalifes, 
Âbou-Bekr,  Omar,  Othman,  comme  des  usurpa- 
teurs au  préjudice  d'Ali,  auquel ,  selon  eux ,  le 
khalifat  appartenait,  comme  an  plus  proche  pa- 
r^t  du  prophète.  Comme  législateur  religieux 
et  politique,  comme  conquérant,  Omar  est,plus 
peut-être  que  Mahomet  lui-même,  le  fondateur  de 
Vislamisme.  Il  possédait  des  qualités  qu'on  trouve 
rarement  réunies,  la  foi  ardente  d'un  apAtre,  la 
prévoyance  et  la  calme  énergie  d^un  chef  d'État. 

L.J. 
AtMmtf iïiIa,  Annale»  moslemiei,  trad.  par  Reiske  ;  Co- 
pealiague,  1T90.  —  AI-MaklB,  Bittoria  Saraeeniea,  par 
Erpenlus  ;  Lejde,  1615.  "  Ibn-al-K}iattib,  Historia  Ca^ 
Upharwn,  dans  Caslri,  Bibl.  Arab.  Uitp.^  vo!.  11.  »  Si- 
mon Ocklejr,  The  historjf  of  tAe  Saraeent.  ->  D^erbelot, 
BUfl»  orient.,  aux  mot»  Omar,  Khaleâ^  Damashk,  IS' 
kandrlah.  -  Gibbon,  Hlttorff  o/  the  décline  and  faH  of 
the  Rowian  Empire.  —  Le  Beau,  Hittoire  du  Bas-Em- 
pire, t.  XI  (édlt.  de  Saltit-Marlla).  —  Cauuln  de  Perce- 
val,  Histoire  des  Arabes.  —  G.  Vfe\\t,Ceschichte  der 
Kalif-n.  -  Plateo.  CetehicMe  der  Tôdtitng  des  Khalifen 
Omar  aus  der  Chronik  des  Dijarbekri  ;  Berlin,  1817. 

o'MBAR4  (Barrtf'Edvoard),  chirurgien  de 
la  marine  anglaise,  né  en  Irlande,,  en  1786,  mort 
en  jmn  1836.  Son  nom  est  associé  aox  souvenirs 
de  la  captivité  de  Sainte-Hélène.  Pendant  trois 
ans,  il  fut  le  médecin  assidu  de  Napoléon  I*',  et 
brusquement  renvoyé  en  Europe  par  le  gouver- 
neur sir  Uudson  Lowe,  il  publia,  le  premier,  une 
relation  anthentiqne  de  ce  qui  se  passait  à  Sainte- 
Roov.  wocR.  ctfxÉR.  —  T.  xxxvni. 


.  Hélène  et  des  entretiens  fréquents  qu'il  a?ait 
eus  avec  l'illustre  captif,  relation  qui  excita  eft 
Europe  la  plus  vive  curiosité  et  produisit  une 
immense  sensation.  Tout  l'intérêt  de  sa  biogra- 
phie est  en  quelque  sorte  concentré  dans  cette 
phase  de  sa  vie.  H  était  entré  à  dix-huit  ao^ 
dans  l'armée  comme  aide-chimrgien.  Se  trouvant 
en  1808  à  Messine  (Sicile) avec  aon  régiment, 
il  servit  de  témoin  dans  un  dnel,  fut  jugé  par 
une  cour  martiale  et  destitué.  Quelque  temps 
après,  il  parvint  à  être  admis  dans  la  marine 
royale  comme  chirurgien^  Il  y  remplit  ses  de- 
voirs avec  zèle ,  de  manière  à  mériter  la  satis- 
faction de  ses  supérieurs.  Il  servit  successive- 
ment sur  trois  navires  différents,  commandée 
parle  capitaine  Maitland,  qui,  en  1815,  reçut  Na- 
poléon à  bord  da  BelUrophon,  Cet  officier, 
dans  une  lettre  rendue  publk]ue,  parle  avec 
éloge  du  docteur.  ■  Depuis  quinze  ans  que  j*ai 
commandé  des  navires  de  guerre,  je  n'ai  pas, 
dit-il,  rencontré  d'officier  qui  ait  aussi  bien  ré- 
pondu à  mon  attente  par  son  zèle  et  ses  qualités.  « 
O'Meara  était  chirurgien-major  du  Bellérophon 
lorsque  Napoléon  prit  le  parti  de  s'y  rendre.  Dans 
la  traversée  de  Rochefort  à  Plymouth,  il  evA 
occasion  de  donner  des  soins  à  plusieurs  offi- 
ciers français  qui  accompagnaient  l*emperenr.  H 
lui  fut  présenté,  et  se  rendit  très-agréable  par 
ses  manières,  sa  conversation  et  sa  connais- 
sance de  la  langue  italienne.  Le  duc  de  Rovige 
proposa  à  O'Meara  d'accompagner  Napoléon  -à 
Sainte-Hélène  en  qualité  de  chirurgien.Le  docteur 
accepta,  après  avoir  obtenu  le  consentement  de 
capitaine  Maitland  et  l'autorisation  de  ramiral 
Keith.  Il  stipula  toutefois  qu'il  conserverait  son 
grade  et  son  rang  dans  la  marine,  et  qu'il  pour* 
rait  quitter  Sainte -Hélène  quand  il  le  voudrait 
On  sait  que  Napoléon  débarqua  dans  l'tle  vers  le 
milieu  d'octobre.  Dans  les  cinq  mois  qui  suivirent, 
le  docteur  remplit  ses  fonctions  près  de  lui, 
sans  éprouver  aucune  tracasserie  des  autorités 
anglaises ,  et  à  l'entière  satisfaction  de  l'empe- 
reur et  de  ses  compagnons  de  captivité.  Presque 
tous  les  jours  il  voyait  l'empereur,  qui  causait 
familièrement  avec  lui  des  événements  remar- 
quables de  son  règne  et  des  personnages  qui  y 
avaient  joué  le  principal  rôle.  O'Meara  avait 
pris  l'habitude ,  dès  le  départ  pour  Sainte-Hé- 
lène, de  prendre  note  de  ces  entretiens ,  et 
comme  ils  étaient  devenus  plus  intimes,  les 
feuillets  de  son  manuscrit  augmentèrent  chaque 
jour  d'intérêt  et  d'importance.  Par  mesure  de 
prudence,  il  les  fit  passer  en  Angleterre  à  me- 
sure qu'ils  étaient  mis  an  net.  Ce  sont  là  les  pre- 
miers matériaux  du  Journal  que  le  docteur  pu- 
blia après  la  mort  de  Napoléon,  et  avec  Tantori- 
sation  de  ses  exécuteurs  testamentaires  :  «Le 
désir  des  ministres  de  S.  M.  britannique,  dît-il, 
était  d'ensevelir  l'esprit  de  Napoléon  avec  son 
corps  dans  le  tombeau  de  son  exil.  Mais  per- 
suadé que  les  moindres  étincelles  d'un  génie  tel 
que  le  sien  doivent  être  conservées  pour  l'histoire, 

22 


ei  1)1  avant  le  despoUsme  qui  Toadtak  emprison-» 
luii:  rioteUigeoce  raétne,  j'ai  regardé  comuoe  un 
d«?oir  de  contrarier  ce  de«s6ifl«  »  L'arrivée  du 
gouverneur  sir  Hud«on . Loivve  {mir  ce  nom) 
cornmooça  uaenouveUeet  odieusd^  p)mse*dans  la 
captivité  de  Saiofe'iiélène.  Le  gouverDCUC  vou- 
fut,  aKiCBer  O'JVleara.  à. lui  rendre  comi^  des 
inoiodres  act«y  de  Napoléon ,  à  répéter  ses  ré^ 
flexions  et  ses  entretiens  confidentiels^  à.  faire 
servir  en  un  mot  ses  relationa  et  ses  devoirs 
comme  médecin  à  un  bas  espionnage.  O^Meara 
s'y  refusa,  et  alors  oommeoebrent  à  son  égard 
des  tracasseries  et  diverse»'  persécutions,  ayant 
pour  but  de  rendre  son  séjour  dans  l'Ile  impos* 
sible  et  de  Iiii  faire  dbaoer  sa  démission.  Le  doc- 
teur continua  à  remplir  ses  fonctions  avec  zèle 
et.lojButéw  Le  gouverneur  n'osait  le  frappei* 
ouvertement  ;  car  les  motifs  otanquaient,  et  il  eût 
été  trop  odieux  d'enlever  à  Tillostre  captif  le 
seul  médecia  qui  eût  sa  confiance.  Sir  Hudson 
Lowe  souffrit  donc,  dit  l'éditeur  de  ses  Mé- 
moires, que  le  docteur  continuât  à  exercer  ses 
fonctions,  attendu  que  dans  plusieurs  circons- 
tances il  donnait  des  renseignements  utiles,  et 
qfie  d'ailleurs  il  était  agréable  au  généraL  Vers 
le  DuUieude  1818,  les  relations  changèrent  brus- 
qttement  Des  bulletins  sur  la  santé  de  l'empe- 
reur, signés  par  le  docteur  Barter,  médecin  en 
chef  de  Tile,  et  que  Hudson  Lowe  prétendait 
faussement  avoir  été  rédigés  d'après  le  rapport 
verbal  d'O'Meara,  anenècent  une  scène  violente 
entra  celui-ci  et  le  gouverneur.  Le  docteur  fut 
aussitiôt  misiaux  arrêts  dans  l'enceiote  de  Long- 
weod,,  avec  défense  de  voir  qui  que  ce  fût,  à 
moinadejcas  ur^ot  de  nâladic.  L'empereur,  en 
ayant  été  informé,  autorisa  le  docteur,  à  donner 
sa:  démission ,  comme  n'ayant  plus  Tindépen- 
danee  qu'exigeaient  ses  fonctions.  Le  gouverneur 
înfiMrma  olTieielkraient  O'&Seara  qu'<;n .  vertu  des 
instructions  reçues  de  lord  Bathurst,  en;  date 
d»j4.mai  IftlB,  il  avait  reçu  ocdredeJe  dest^ 
tuer.de  ses  fonctions  près  du  «général  Bona- 
parte  >',  et  de  lui  iot^^e  toute  relation  avec 
lenthabitaots  de  Longwood.  O'Meara  déaot>éit  à 
celte  deroike  ii^Nietioii,  et  se, présenta  chez. 
remp<*reur,  qui  le  reçut  trèe-afiectueusement  et 
lui  donna  des  témoignages >  de  sa<  confianee 
(Z5  .juillet  1818).  De  retour  en  Europei,  il  jugea 
nécessaire  de  se  justifier  de&accusatieas  ou  ioû- 
naations  faites  oontre  lui  an  ministre  des  color 
nies  par  Hudson.  Loive,  et  «d'exposer  avec  une 
mâle  frandiise  tous  les  faits  relatifs  à' sea  fone* 
tiens. et  à  son  séjour  à  SainteHélèae^  A  cet  effet;, 
il  adressa  à  l'amirauté  une  lettre  célèbre,  qui  n'a 
paa  moins  de  38  pages  lUfS*'.  C'est,  un  exposé 
énargiifue  de  tous  leai)rocédés  de  sif  Hudson 
Lowe  à  son  égard  et  envers  le  captif  qu'il 
surveillait.  Dans  sa  traversée  en  Europe,  il  avait 
însinué  que  la  vie  de  Napoléon  n'était  pas  en  sû- 
reté entre  les  mains  de  Hudson  Lowe,  et  que 
loiy  en  sa  qualité  de  médecin,  avait  reçu  di- 
verâtts-  insinuations  et  même  plus  pour  aider  k 


—  OMBIS 


G76 


l'accoroplissoment  d'un  dessein  oonti'e  ses  jours. 
Ces  paroles  avaient  été  rapportées  au  gpuvcme- 
meoL  La  lettre  à  l'amiranté  repfrodoisaii  cette 
accusation  en  termes  mesurés  (28  octebre  1818}. 
Peu  de  jours  après ,  le  secrétaire  doi  l'amirauté, 
Croker,  fut  chai^  d'adresser  la  réponse»  .et  dans 
cette  lettre  très-sévère^  les  lords  de  TaroirauirN 
s'attathantàà  ce  seul  passage  et  laUsant  de  côté 
tout  le  reste  »  lui.  signifiaient  son  renvoi  du  ser- 
vice. Ainsi,  aprèaviogH  ans  de  servicei  O'Meara 
fut  privé  de  tout  emploL  et  même  de  pension. 
Son  ouvrage  r^apoléon  en  exil , ,  qu'il  publia 
e»  t822,  fut  partout  lu  avec  uni»  extrême 
avidité.  O'élail  le  premier  livre  q«i  fatsaii  con- 
naître d'une  manière  authentique  y.  en  les  flétris- 
sant, les  odieux  procédés  désir  Hudson /Lowe  à 
l'égard,  de.  son  prisonnier,  et  montrait  que  ce 
n'était  pas. sa. reapoasabiliti  qu'il  avait  voolo 
mettre  à  couvert  par.^es  mesures  de  prévoyance, 
mais  qn'it  avait  cherché  à  satisEsire  la  liaiae  de 
ses  commettants  et  à  saooader  ainsi  un  cUoiat 
meurtrier..  L'ex-gouvemeur  sentit  toute  la  por- 
tée de  cea  accusations,  et  s'adressa  aax  tribu- 
naux. Mais  les  formalités  et  les  preuves  de  ca- 
lomnie imposées  par  la  loi  anglaise  l'arrètèreat 
dans  le  cours  de  sa  procédure,  et  les  tribonaai 
ne  rendirent  aucun  arrêt  contre  le  docteur 
O'Mearaé  Hudson. liowe  continua  à  garder  le  si- 
lence. Ce  n'est  que  longtemps  aprà  sa  raoït, 
en  1853,  que  M«  William  Forsyth  a  publiés  d'a- 
près les  papiers,  offîciela  et  la  correspondance  de 
i'e\-gouvemenryj'i7is<otre  de  lacapiUnUde 
j\apoléou  à.'Sûinterliéiène,  dans  le  but  d«  ré- 
futer les  accusationa  ou  calomnies  accréditée 
en  Europe  par  les  Mèoioires  parue  depuis  treott: 
ana.  Dans  le»  cours  de  cet  ouvrage,  le  docteur 
O'Meara  est  traité^  jp^  l'ex^gouverneur  et  psi 
l'éditeur,  âvecunc.  se  vérité  souvent  oatrag^anlË. 
Heureusement  œs  attaques  vinrent  à  une  époq» 
oà  l'opinioift.  pobliqne  eut  le  temps  derecaeiliir 
dea  renseigiiementSt  d'arriver  à  une  appréeialiaa 
consciencieuse  et  indépendante.  Xlans  ses  der- 
nières annéeSf  O'Meara  vécut; dans  la  retraite, 
aux  environs  de  Londres^  et  c'est  là  qu'd  mourut, 
le  3  jiiin  1836.  Outre  son  livre  principal,  dont  h 
meilleure  traducttoi»  fut  publiée  par  A.  Roy  en 
1823,  2  vol.  in-S",  on  doA  à  O'Meara  :  htitrts 
du  cap  de  Bonne- Espérance  ;  1SI9;  —  Docir- 
fMntÈ^hUtoriqnts^ur  i»maladieei  ta  mort  de 
Napoléon  Bonaparte; iS7i  ;  —  Lettre»adTeuée 
à.VMiieur  du.  Moming-CUroxu'cle;  182L 

J.   CSAliCT. 

Histoire  de  la  captinàté  de  Napoldonà  Sminte-ffeUv, 
d'après  les  lettres  et  le  journal  de  sir  UutUon  Lfive,  e; 
documents  officiels  non  publiés,  par  Wttliam  Forsy^iï. 
8  vol.  lD-t«,  Londfes«  1883  (traduit  en  tSU).  — ffeeur  des 
deux  mottdw.  18  Janvier  isssi  —  Las  Caaîea,  Mimormi 
de  Sainte-Uélèm, 

on^tM-iMagnus-DùMelU  poêle  eitmnhst^ 
allemandyAéà  Nuremberg,  le  6  sefiteabre  la^c, 
mort  le  22  novembre  ilOS*  fils  d'un  ecelésiaatiqae 
protestant,  il  fit  ses  études  à  Altor^  oùJl  devint, 
en  1674,profe6«eHr.  Nommées  i6M  comte  pi- 


€77 

latin  pour  un  poème  écrit  en  l'honneur  de  l'em- 
]v<>reur  Lëopold ,  il  Ait,  en  1697,  élu  président  de 
l(  société  littéraire  de  l'Ordre  dés  Fleurs,  dont 
il  faisait  partie  depui&tfnute  ans.  Parmi  ses  nom* 
hreux  écrits^  nous  citerons  :  Deqwtéuorpara- 
ilfsi  flumfttibus^  prœfiaca  est  oratm- de  fonte 
efoquentUe  quatuor  in  rivos  distincte  ;  Attorf, 
ir,76,  iii-4*;  —  De  eOaeWia  et  adrapxefa,  t)ir- 
iutihus  ab'Àristotele  omissiSy  commendatis 
tûfnen  aà  apastolo  Paulo;  ibid.,  1681;  — 
Thcaimm  vïrtutum  et  vitiorum  ab  ArisUtele 
in  JSicomaeho  omissorum ;  Attorf,  1682,  ïnA*; 

—  De  erudUis  Qermanix  muléerïbusj  ib., 
1088,  in-4**;  —-  De  errorilms^  quUmsdam  qui 
philosophis  veteribus  falso  aut  dubie  ad» 
scribi  soient;  ïb.,  1691;  —  Destoieorum  philo* 
sophia  morali\  ib.,  1699;—  Deexpiatîonibus 
<:pîid  veteres  gentiles  usitatis  ;  ib.,  1700,  in-4"  ; 

—  De  ofjiciis  erga  bruta;  ib.,  1702  ;  —  Grûnd- 

Itche  Anweisung  zur  teutschen   Dichtkunst 

i  Instruction   approfondie  pour  la  poésie  aile* 

mande);  ib.,  1704  et  1712,  in-8'';^  Geistliche 

JJeder  (Cantiques);  Nuremberg,  1706,  in-6'*;  — 

JJ6  numéro-  septenario  hufusque  sanctitate; 

Altorf,  1707,  in-4*  ;  —  De  Claris  J^orimbergen" 

MfbuSf  ib.,  1708»  4  parties,  in»4'';— Di^ptito- 

fnneâ  in  Otceronis  lUbras  III  Deo/j^is;  ib., 

]  695-1 708, 26  parties,  in-4'' ,  etc.  O. 

.eplDus,  Fitas  profmtwvm  AUarlhionm^  —  Pftoe» 
Kiano,  LebeitiHithrtibungm  geMtrter  LasU.  —  WiU  et 
\<>ptUcli,  JfûrnbergiÉchet  Gelehrten'Lexikon,,  t.  III  et 
^:L  —  Sai;  Onouuuticon,  t.V,  p.  618.  -  HIncbtDg, 
J.:tt.  Handlmek. 

OMEa  (  saint  )fAudmnaru$.  prélat  français^ 
1:  *  Ters  595,  à  Onraï  on  Goldenthar,  près  de 
i 'jnstanoe,  mort  à  Térouenne,  le  9  septembre. 
i^oS.  I/une  famille  noble  et  ricbe,  ili  reçut  une 
cIucatioD  distinguée, et  sa mère,Domitille,étant 
Kiorte,  il  persuada  à  Friulfe,'  son  père,  d€  donner 
M'S  biens  4ui\  .pauvres  et  de  se  retirer  ^dansTab- 
hiye  de  Luxeuil.  Les  vertus  et  les  talents  d'O- 
iiier  lui  acquirent  bientôt  parmi  ses  frères  une 
réputation  qui  arriva  jusqu'à  Dageb#rt'I^.  Sur 
}:i  proposition  de isaint  Achaire,  alori>év6qae'de< 
Xoyon  et  TMmai^:  Dagobert  choisit  Orner  pour 
lui  confier  le  gouvernement  dé  l'église  de  Té- 
rooenne  (637) , .  sans  pasteur  depuis  plus  de 
<{uatre»vingt8ans.  Toutaussitôt>  TévéquetravaBla 
à  réformer  les  roorarscovromiNies-derson  penptoi 
Il  eut  pour  aider  son  zèle  trois  «xcellentacoo- 
pératenn,  Bertin ,  Mnmmolin  et  Ebertran,  qu'il 
fit  venir  de  Tabbaye  de  Luxeuil.  Un  gentilhomme 
nommé  Adroald,  sans  enfants,  lui  ayant  donné 
sa  terre  de  Sithio  âar  l'Aa,  Orner  y  fit  bâtir  tine 
église,  quU/dédia  en'648  à  saint  Martin,  et  éta- 
blit tout  auprès  un-  monastère  dont  -  il  nomma 
abbé  Munnnolin.  Celni^si  ayant  été  élu  évêque 
de  NoyoDi  et  Tournai. «  Omer  le  remplaça  par 
Bertin,  qui  plus  tard  donna  son  nom  à  l'abbaye, 
autour  do'iaqoelle  se  forma  depuis  une  ville  au-i 
jourd'hurrime^es  plus  importantes  de  TArtoîs , 
et  qui  a  été  appelée  Satnt-Omer.  Il  la  donna 
avec  toutes  ses  dépendances  à  Bertin  par  une 


OMEIS  —  OMER-PACHA.  ^  *         675 

charte  do  18  mai  662,  pour  <  la  aîgnatore  de  la- 
quelle 'OU  fut  obligé  de  lui  conduire  la  main, 
parce  qu'il  était  depuis  quelque*  temps  devenu 
aVeogle*  Omer  fut  inhumé  dans  l'église  qu'il 
avait'  fait  construine^  et  le  martyrologe  romain 
mentionne  sa  fêteaa-Q  septembre.        H.  F*-t. 

Atta  Samtorttm^  9  Bep<embi.  —  MibHlon,  Attnmle» 
Ordinis  S,*3eHédicti,  IX  mcc.  —  BaiUet,  Fies  des  SainU^ 
t.  m.  —  Breviarium  parisiense.  —  France  pontificale. 
<—  LOngoeral,  Hist,  de  l'eytiie  gaUio.^  t.  IV: 

*  OM«B-PAGBA,  général  ottoman,  né  au 
commencement  de- 1806,  à  Plaski,  village  delà 
Croatie  autrichienne.  Avant  d'abjurer  la  religion 
grecque  orthodoxe,  que  professait  sa  famille,  il 
se  nommait  Michel  Laitas.  Son  père  étaitliente- 
nant  administrateur  du  cercle  d-Ogulini.  Lejeone 
Lattas  fut  enrôlé  comme  cadet  au  régiment  d'Ogn» 
lini,  passa  bientôt  dans  les  ponts  et  chaussées,  et 
devint  secrétaire  d'un  des  principaux  ingénieurs, 
qui  le  prit  en  affection,  l'emmena  en  Dalmatie 
dans  ses  tournées  d'inspection,  et  le  fit  nommer  eo 
1826  sous-ùispecteinr  des  poni^etchausséesèZara. 
S'étant  rendu  coupable  d'un  acte  d'indiscipline, 
il  échappa  à  la  rigueur  :des  lois  militaires  en  se 
réfugiant  en  Bosnie,  où  .il  Ait  réduit  pour  vivre  à 
tenir  lacomptabilitéd'nu' commerçant  tare  et  à 
erobraseer  l'ialamismet  Lefoevemeor-de  Wid- 
din,  Husséin-Paoha,  l'exterminateur  des  janis- 
saires, lui  confia  l'éducation. de  ses  enfants, et 
renvoya  en  1834,  sous  le  nom  d'Omer«ECfendf,  à 
Constantinople,  où  il  sut  se  créer  des  relations 
utiles.  Admis  «omme  professeur  d'éeritnre<  dans 
une  école  militaire,  il  fut  pris  en  amitié  par  le 
vieux  sérakierKosrew-Paoha,  et  présenté  au  sul- 
tan Mahmoud,qui  le  nomma  professenrd'écriture 
de  son  fils  AbdoKMedjid,  lui  procura  pour  femme 
une  riche  héritière,  et  le  chargea  de  divers  travaux 
topogrspbiqiies  en  l'élevant  au  grade  de  capi- 
taine dans  rarmée<  turquei  En  1839,  à  Pavéne- 
ment  d'Abdul-Medjld,  il  fut  nommé  colonel  et 
envoyé  en  Syrie,  où  il  reçut  en  1842  le  com- 
mandement militaire  du  Liban.  La  dureté  qu'il 
apporta  dans  «l'exercice-  de  ses  fonctions  n'em- 
pêcha point  les  Maronites  de  le  souhaiter. pour 
chef  de  la  Montagne;  mais  l'année  sniirante 
il  dut  pasaer  en  Albanie  avec  Rescbid-Paoha 
pour  dompter  rinsorrection  et  opérer  lO'  recru- 
tement; Omer,  qui  après  les  affaires  do  Syrie 
était  devenu  pacha,  soumit  en  1846  leiKJiurdis- 
tan  révolté^  devint  chef  militaire  de  la  Valachie 
lors  de  la  révolution  qui  éclata  en  juin  1848  à 
Bocbaresly  et  conseilla >  au  sultan,  pour  relever 
la  raoralde  la  Turquie  de  déclarer  la  guerre  à  la 
Rossûe.  Appelé  au  commandement  de  l'armée  de 
Roumélie,  il  entreprit  de  la  former  à  la  discipline 
européenne^  et  exerça  dans  les  principautés  la 
justice  d*unemanière  asseaarbitraire.  L'Autriche, 
blessée  de  l'empressement  atec  lequel  Omer- 
Padia  avait  accueilli  dans  son  armée  les  réfugiés 
hongrois,  souleva  la  Bosnie.  La  Porte-Ottomane, 
selon  le  conseil  de  l'Angleterre,  résolut  de  prendre 
l'offensive,  et  chargea  Orner-Pacha  de  soumettre 
les  insurgés  et  d'introduire  le  tanûmat  dans  leur 

22. 


679 


OMER-PAGUA  —  OMMEGANCR 


680 


pro?ince,  qni  jusqu'alors  avait  conaerTéane  sorte 
d*iodépeDdaace.  Le  général,  re?6tu  de  pouvoirs 
étendus,  comprima  en  trois  semaines  l'insurrec- 
tion de  Nissa,  et  fit  son  entrée  à  Sérajévo.  Les 
chefs  musulmans  se  retirèrent  humiliés,  prirent  de 
nouveau  les  armes  et  furent  battus  en  plusieurs 
rencontres  (1850).  Omer-Pacha  poursuivit  ses 
succès  dans  l'Herzégovine,  et  pénétra  lui-même 
déguiité  en  paysan,  dans  le  Monténégro  pour  étu- 
dier la  topographie  du  pays.  Rappelé  par  une  nou- 
velle révolte  des  Bosniaques  en  1851,  il  les  vain- 
quit de  nouveau,  et  réussit  à  s'emparer  des  nou- 
veaux chefs  à  Bihatch.  Il  transféra  le  siège  du 
gouvernement  de  Bosnie  à  Tranik,  où  il  demeura 
jusqu'au  mois  d'avril  1852,  fit  occuper  militaire- 
ment tous  les  districts,  et  se  déclara  hostile  à 
l'Autriche,  en  prohitiant  toute  exportation  en  ce 
pays.  En  1853,  pendant  que  le  prince  Gorlchakof 
perdait  un  temps  précieux  à  s'emparer  de  la 
Valachie ,  Omer-Pacha  rassemblait  à  Choumia 
une  armée  de  soixante  mille  hommes,  qui  lui 
barra  le  chemin  de  Constantino|)le.  Le  général 
turc  déploya  une  incroyable  activité  dans  tout 
le  cours  de  cette  guerre,  où  il  eut  à  lutter 
autant  contre  les  membres  du  divan  que  contre 
l'armée  rosse.  Après  avoir  sommé,  le  8  octobre, 
le  prince  Gortchakof  d'évacuer  les  provinces  da- 
nubiennes, il  fit  avancer  deux  corps  de  .quinze 
mille  hommes  sur  Routschook  et  sur  Widdin, 
fortifia  Silistrie,  et  y  laissa  une  garnison  de  huit 
mille  hommes  commandée  par  Moussa-Pacha. 
Le  2  novembre  il  fit  occuper  sur  le  Danube  l'Ile 
située  en  face  de  Turtukaï  par  un  régiment  d'in- 
fanterie et  la  rive  gauche  du  Danube  au  pied  du 
village  d'Oltenitza  par  trois  mille  hommes  avec 
plusieurs  batteries.  Un  corps  de  neuf  mille 
Russes  s'avança  pour  s'emparer  de  cette  position. 
Les  Turcs  les  laissèrent  approcher  à  soixante 
pas  sans  brûler  une  amorce  et  firent  tout  à  coup 
plusieurs  décharges  d'artillerie  et  de  mousque- 
terie,  qui  forcèrent  l'ennemi  à  se  retirer  précipi- 
tammentaprès  avoir  perdu  quatre  raille  hommes 
et  presque  tous  leurs  officie».  C'est  à  la  suite 
du  combat  d'Oltenitza  que  les  officiers  russes 
endossèrent  la  capote  de  soldat  les  jours  de  ba- 
taille. Satisfait  de  ce  premier  succès,  Omer-Pacha 
retira  ses  troupes  de  ce  poste,  et  fit  occuper 
l'Ile  de  Mokan,  qui  devint  tout  l'hiver  le  théâtre 
de  continuelles  escarmouches.  Pendant  que  les 
Russe&étaient  occupés  devant  Turtukai,  le  corps 
dlsmail-Padia  passait  le  Danube  à  Widdin  et  se 
retranchait  à  Kalafat,où  il  se  maintint  malgré  les 
forces  nombreuses  envoyées  |)our  Peu  chasser. 
Il  arrivait  cependant  an  camp  de  Choumia  des 
troupes  Indisciplinées  de  tous  les  points  de  l'em- 
pire; sans  provisions,  sans  vêtements,  elles  étaient 
plutôt  on  obstacle  au  général,  qui  ne  pouvait  les 
empêcher  de  piller  les  contrées  où  elles  se  trou- 
vaient. Omer-Pacha  se  plaignit  au  sultan,  qui,  sans 
consulter  le  divan,  le  nomma  généralissime  et  lui 
envoya  sur  sa  cassette  particulière  60  millions 
de  piastres  pour  payer  une  partie  de  la  solde  ar- 


riérée. Le  22  mars  1854,  les  Russes  envahirent 
la  Bulgarie  sur  deux  points  différents  et  mirent 
le  siège  devant  Silistrie,  le  poussèrent  avec  vi- 
gueur, firent  sauter  une  partie  des  fortificatioo^ 
è  rétablissement  desquelles  Omer-Paclia  avait 
présidé  lui-même,  et  s'élancèrent  plusieurs  fois  a 
l'assaut  sans  succès.  Cependant  les  troupes  an- 
glo-françaises débarquaient  à  Varna  ;  un  conseil 
de  guerre  se  tint  dans  cette  ville  ;  c'est  là  qne, 
pour  la  première  fois ,  Omer-Pacha  exposa  sa 
véritable  position,  qu'il  avait  réussi  à  cacher 
non -seulement  aux  RushCS,  mais  aux  mem- 
bres du  divan,  tant  il  craignait  i'indiscrétk» 
de  ses  rivaux.  Le  25  mai,  le  prince  Gort- 
chakof commanda  un  assaut  général;  trente 
mille  hommes  s'élancèrent  sur  trois  colonnes,  et 
furent  encore  repoussés  avec  huit  mille  homme» 
tués  ou  blessés.  Néanmoins,  la  ville  était  à  l'extré- 
mité, quand  Omer-Paclia  réussit  à  y  faire  passer 
des  renforts,  et  il  se  disposait  lui-même  à 
marchera  son  secours  et  à  livrer  un  comliataox 
assiégeants,  quand  ceux-ci  levèrent  le  siège  e( 
se  hâtèrent  de  repasser  le  Danube,  dans  la  nuit 
du  20  au  21  juin. Omer-Pacha,  après  avoir  fut 
massacrer  dans  l'tle  de  Ramadan  ses  bachi- 
bouzouks  les  plus  indisciplinés ,  fit  une  entrée 
triomphale  à  Bucharest  ;  mais  il  dut  abandonner 
l'occupation  des  principautés  aux  Autrichiens  en 
vertu  du  traité  signé  à  Vienne,  le  2  décembre 
1854,  et  passa  en  Crimée  avec  ses  troupes,  d'où 
il  fut  envoyé  mais  trop  tard  pour  empêdier  la 
prise  de  la  ville  de  Kars.  La  paix  qui  suivit  la 
prise  de  Sébastopol  arrêta  momentanément  la  car- 
rière militaire  d'Omer-Pacha.En  1861  ilfutehsrgé 
d'apaiser  les  troubles  de  la  Bosnie  et  de  l'Herzé- 
govine. Nommé  grand-croix  de  la  Légion  d'hon- 
neur par  Napoléon  IH  et  décoré  de  l'ordre  de 
Sainte- Anne  de  Russie,  il  doit  prendre  le  com- 
mandement de  la  Syrie.  F.  Rollârd. 

L.  Poujadf ,  dans  la  Rcpue  éet  Deux-Mondes,  il  dé- 
eembre  isu  et  18  avril  tsse. 

OMMBCANCK  { BaltkasaT'Paul),  peintre 
belge,  né  en  1755,  à  Anvers,  mort  dans  cette 
même  ville,  le  18  janvier  1826.  Une  vocalûn 
naturelle  l'entraîna  vers  la  peinture,  qu'il  étudia 
chez  H.-J.  Antonissen  et  en  observant  avec 
soin  la  nature.  Il  s'adonna  particulièrement  an 
paysage  avec  animaux,  et  se  fit  dans  ce  genre 
une  grande  réputation.  Il  envoya  un  grand 
nombre  de  ses  tableaux  aux  expositions  do 
Louvre  jusqu'à  celle  de  1817.  L'Académie  de> 
beaux-arts  de  l'Institut  de  France  l'admit  aa 
nombre  de  ses  correspondants;  il  fut  con- 
seiller à  l'académie  d'Anvers  et  membre  de 
l'Institut  des  Pays-Bas.  Ses  tableaux  se  distin- 
guent par  une  ordonnance  simple  ,  par  on  Ion 
chaud  et  agréable  -,  ses  animaux ,  et  principale- 
ment ses  moutons ,  sont  d'une  grande  vérité  : 
on  l'appela  le  Racine  des  moutons.  Cependant, 
c'est  surtout  après  sa  mort  que  ses  fsMéaux  fu- 
rent recherchés  et  se  vendirent  à  des  prix  très- 
élevés.  On  en  voit  aux  musées  de  Bruxelles  et 


i^St 


OMMËGANCK  —  ONATAS 


683 


de  La  Haye  et  au  musée  du  Louvre.  Omme- 
ganck  a  laissé  aussi  quelques  écrits  sur  les  arts 
do  dessin.  G.  de  F. 

Journal  det  arUstes,  iSSS.  —  Slret ,  Diet.  dMt  petU" 
tra.  -  lÀvrets  de  V Exposition  du  Louvre. 

OMMBREK'  (  Rkheus  TAN  ) ,  humaniste  hol- 
landais, né  en  1 758,  à  Amsterdam,  mort  le  6  jan- 
rier  1796,  dans  cette  ville.  11  était  recteur  de 
l'école  latine  d'Amsterdam.  II  joignait  un  goût 
pur  à  une  connaissance  approfondie  des  au- 
teurs classiques ,  et  composait  en  latin  avec  élé- 
gance. Ses  principaux  écrits  sont  :  Sylvia^  car" 
men;  Amsterdam,  1778,  in-8»;  —  Mémoires  sur 
Horace;  ibid.,  1789,  in-8^;  »  Ode  ad  Gallos; 
Paris,   1790,  in-8';  —  Ànthologia  poetica; 

Amsterdam,  1793,  in- 12.  K. 

AUgem.  UtertUur  Zeitung,  1796,  p.  186. 

OMODBi  (  Leonardo  ),  savant  littérateur  ita- 
lien, né  à  Palerme,  où  il  est  mort,  le  8  janvier 
1680.  11  jouit  d'une  certaine  réputation  comme 
poète  et  se  rendit  familière  l'étude  de  l'astronomie. 
Un  de  ses  pieux  compatriotes  l'envoya  à  Tunis 
pour  y  racheter  les  chrétiens  de  l'esclavage. 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages,  tels  que  des 
tragédies,  des  comédies,  des  discours  acadé- 
miques, des  chansons  siciliennes,  la  relation 
àt  son  voyage  (  //  governo  di  Tanisi  ) ,  des 
observations  d'éclipsés  et  d^  traités  d'astro- 
logie. P. 

Nongitore,  BiblMh.  tietOa,  II. 

o'  .noRABf  (Joseph),  général  français  d'o- 
Tîgine  irlandaise,  né  à  Delphin,  en  1745,  guil- 
totiné  à  Paris,  le  16  ventôse  an  ii(o  mars  1794). 
11  entra  au  service  de  la  France  dans  le  régiment 
Irlimdais  de  Dillon,  dont  il  devint  colonel  à  la 
révolution.  Nommé  maréchal  de  camp.  Il  fit  sous 
Dumouriez  les  cam|)agnes  de  Champagne  et  de 
Kelgiqae.  En  1792,  il  était  général  de  division,  et 
commanda  Condé.  En  août  1793  il  prit  Toumay, 
^  occupa  Cassel.  Accusé  d'ineptie  par  la  division 
^u  général  Ferrières ,  qu'il  n^avait  pas  appuyée 
^t  dont  il  avait  compromis  la  sûreté ,  il  fut  mis 
^  état  d'arrestation  le  16  par  les  ordres  des 
représentants  Levasseur  et  Delbret  et  envoyé  à 
Paris ,  où  il  fat  condamné  à  mort  par  le  tribu- 
nal révolutionnaire. 
^MoniUur  unieenel,  an  !•',  an  s.  —  BUHfroP^^ 

OiirrBDA  (  r^Jerry-JSTenri-XoutJ,  baron  de), 
Pnbliciste  aUemand,  né  le  5  mai  1746,  au  cbâ- 
^  de  Welmsdorf,dans  le  comté  d'Huya,  mort 
*Ratisbonne,  le  18  mai  1803.  Nommé  en  1767 
^ssesseur  au  tribunal  pour  le  pays  de  Calenberg 
*  Hanovre,  il  y  fut  en  1778  promu  à  l'emploi 
^^  luge,  et  devint  en  1783  délégué  de  la  Grande- 
Bretagne  et  du  duché  de  Brunswick  auprès  de 
*^  diète  de  Ratisbonne.  On  a  de  lui  :  Literaiur 
l^g^anuen  natûrlichen  und  posUiven  Val- 
^echu  (  Bibliographie  de  l'ensemble  du  droit 
^<»gen8  naturel  et  positif);  Ratisbonne,  1785, 
".^y'**>"8o;  un  volume  supplémentaire  a  été 
Clouté  par  Kamptz;  Berlin,  1817;  —  Geschichte 
*'*  Reichs  -  kammer  -  gericht^  -  vUitationen 


(  Histoire  des  visitations  de  la  chambre  impé- 
riale  )  ;  ibid.,  1792,  in-4« .  O. 

Meniel ,  Celehrtet  Deutsehland,  t,  V. 

OUATAS  (  'OvdTo^  ),  peintre  et  statuaire  grec, 
né  à  Égine,  vivait  dans  la  première  partie  du 
cinquième  siède  avant  J.-C.  11  fut  le  contem- 
porain de  Polygnote,  Ageladas  et  Hegias.  Il 
florissait  vers  la  80^  olymp.  (  460  avant  J.-€.  ), 
c'est-à-dire  dans  la  période  immédiatement  an- 
térieure à  Phidias.  Son  père  se  nommait  Micon; 
mais  on  ignore  si  c'était  le  grand  peintre  de  ce 
nom.  Ouatas  semble  avoir  été  un  artiste  de 
grand  mérife;  cependant,  à  part  une  épigramme 
de  V Anthologie  grecque ,  Pausanias  est  le  seul 
auteur  ancien  qui  le  mentionne.  Il  dit  que  quoi- 
que Éginète,  Onatas  ne  le  cédait  à  aucun  artiste 
de  l'école  d'Athènes  ;  il  cite  de  lui  les  ouvrages 
suivants  :  une  statue  en  bronze  d'Hercule  sur 
base  de  bronze,  dédiée  à  Olympie  par  les  Tha- 
siens;  cette  statue  avait  dix  coudées  de  haut;  de 
la  main  droite  elle  tenait  une  massne ,  et  de  la 
main  gauche  un  arc,  et  portait  pour  inscription 
deux  vers  grecs  qui  signifient  :  «  Onatas,  fils 
de  Micon,  m'a  faite,  habitant  lui-même  dans 
l^lle  d'Égine  »  ;  —  un  Apollon  à  Pergame ,  éga- 
lement remarquable  par  ses  hautes  dimensions 
et  sa  beauté  ;  —  un  Hermès  vêtu  du  manteau 
et  de  la  chlamyde,  avec  un  casque  sur  la  tète 
et  portant  un  bélier  sous  son  aile.  Cette  statue 
fht  dédiée  à  Olympie  par  les  habitants  de  Phérée 
en  Arcadie,  et  l'inscription  indiquait  qu'elle 
éuit  l'oeuvre  d'Onatas  d'Égme  et  de  CaUitélès 
que  Pausanias  regarde  comme  son  fils  ou  son 
disciple;  —  une  statue  en  bronze  de  la  Noire 
Déméter,  Cette  statue  se  rapportait  à  une  cu- 
rieuse légende  racontée  dans  Pausanias.  La  place 
de  la  légende  était  près  de  Phigalée,  une  ca» 
veme  du  mont  Élée,  que  les  Phigaliens  avaient 
consacrée  à  la  déesse,  et  dans  laquelle  ilsaTaient 
placé  une  image  de  bois  semblable  à  une  femme, 
excepté  qu'elle  avait  la  tête  et  la  crinière  d'une 
cavale-;  autour  de  sa  tête  se  tordaient  des  dra- 
gons et  d'antres  bêtes  sauvages  ;  la  déesse  vêtue 
d'une  tunique,  qui  descendait  jusqu'aux  pieds, 
portait  un  dauphin  sur  la  main  droite  et  une 
colombe  sur  la  main  gauche.  Cette  statue  ayant 
été  brûlée  à  une  époque  inconnue,  ne  fut  pas 
remplacée  ;  les  Phigaliens  négligèrent  même  le 
culte  de  la  déesse;  mais  enfin,  avertis  par  Je 
manque  de  leurs  récoltes  et  par  l'oracle  py- 
thien ,  ils  employèrent  Onatas  à  faire  une  statue 
en  bronze  conforme  à  la  monstrueuse  image  en 
bois  qui  avait  péri  ;  —  les  statues  en  bronze  des 
héros  grecs  tirant  au  sort  celui  gui  combattra 
Hector,  Ce  groupe  avait  été  dédié  à  Olympie 
par  tous  les  Achéens  ;  il  consistait  d*abord  en 
dix  figures;  mais  du  temps  de  Pausanias  il  n'en 
restait  que  neuf,  la  statue  d'Ulysse  ayant  été 
emportée  à  Rome  par  Néron.  Les  héros  armés 
de  javelots  et  de  boucliers  étaient  placés  en- 
semble près  du  grand  temple;  en  face  d'eux 
se  tenait  Nestor  portant  le  casque  où  les  sorts 


687 


ONGARO  —  ON!  AS 


6S8 


tion  reprodaite  et  augmentée  à  Bologne,  1644, 
3  part.  10-12.  On  rencontre  encore  cli?ers  mor- 
ceaux, inédits  de  cet  élégant  écrivain  dans  le  t.  II 
des  Rime  scelle  de  Gobbi  et  dans  la  Storia 
délia  poesia  volgare  de  Crescimbeni  (t.  V, 
337).  P. 

Gresclmbf  dI  ,  ouvr,  cité,  —  Notice  à  la  tète  de  Tëdtt. 
de  VAleto ,  t7M.  —  A.  Zeno ,  IVoUs  sur  la  BibL  de  Fon- 
miM.  -  TlratwscW,  Storia  délia  Utter.  HaL 

ON lAS  on  oziAS  I''  (  en  hébreo  Force  du 
Seigneur)  t  grand -prêtre  des  Juifs  depuis  l'an 
da  monde  368?  jusqu'à  celui  3703.  Il  était  fils 
de  Jeddoa  ou  Jaddus,  auquel  il  succéda.  Son  rè- 
gne fut  prospère;  il  laissa  deux  fils,  Simon  1er 
dit  le  Jusle,  qui  lui  succéda,  et  Sléaiar,  qui 
gouverna  ensuite. 

01I1A8  II,  grand-prêtre  des  Juifs  depuis  Tan 
du  monde  377 1  jusqu'à  celui  de  3785.  Petit-fils  du 
précédent  et  fils  de  Simon  l*'  le  Juste,  il  succéda 
dans  la  suprême  sacrificature  à  son  grand  oncle 
Manassé.  Son  règne,  assez  long  (26  ans),  est 
dépourvu  d'événements  importants.  Son  ava- 
rice faillit  amener  la  ruine  de  sa  patrie  pour 
kToir  refusé  à  Ptolémée  Ëvergète  d'acquitter 
le  tribut  que  les  Hébreux  devaient  aux  rois 
d'Egypte  et  que  les  grands-prêtres  avaient  cou- 
tume de  payer  de  leurs  propres  deniers.  Ptolé- 
mée s'apprêtait  à  entrer  en  Judée  avec  une  puis- 
santé  armée,  et  déjà  les  Juifs  parlaient  de  con- 
jurer la  guerre  en  déposant  leur  premier  magis- 
trat, lorsque  Joseph,  neveu  d'Onias,  se  rendit 
près  de  Ptolémée,  et  calma  ce  monarque  en 
prenant  à  ferme,  pour  un  prix  élevé,  les  tri* 
buts  que  TÉgypte  percevait  en  Syrie  et  en 
Palestine.  Quelques  historiens  anciens  préten- 
dent que  dans  cette  affaire  Joseph  ne  fut  que 
lié  prête-nom  de  son.  onde,  qui  trouva  de  la 
sorte  le  moyen  de  faire  peser  sur  tous  ses  con- 
citoyens le  tribut  que  le  souverain  pontife  avait 
seul  payé  jusqu'alors.  Simon  i/,  fils  d'Onias  II, 
succéda  à  son  père. 

ONiAS  III,  grand-prêtre  des  Juifs  depuis  l'an 
du  monde  S805,  assassiné  à  Daphné  près  Antio- 
che,  l'an  du  monde  3838.  Il  était  petit-fils  du 
précédentet  succéda  à  son  père  Simon  II.  Sa  piété 
et  sa  justice  le  rendirent  un  objet  de  vénération 
pour  ses  sujets  et  les  rois  ses  voisins,  qui  le  pri- 
lent  plusieurs  fois  pour  arbitre  dans  leurs  diffé- 
rends. Séleucus  Philopator,  roi  de  Syrie,  se  plai- 
sait même  à  fournir  à  ses  frais  toute  la  dépense 
du  temple  et  du  culte  hél>reu.  Néanmoins,  les 
▼ertus  d'Onias  111  ne  le  mirent  pas  à  l'abri  de 
la  haine  et  de  l'envie  que  lui  portaient  quelques- 
uns  de  ses  proches.  Un  certain  Simon,  de  la 
tribu  de  Benjamin,  et  qui  commandait  la  garde 
du  temple,  alla  trouver  Appollonius  (  fils  de  Thar- 
sée  ) ,  qui  gouvernait  en  Phénicie  pour  Séleucus, 
et  lui  déclara  que  le  roi  de  Syrie  avait  bien  tort 
de  payer  à  Onias  des  sommes  considérables  pour 
l'entretien  do  cnlte,  alors  que  ce  grand-pittre 
possédait  des  sommes  immenses,  enfouies  dans 
un  lieu  du  temple  qu'il  désigna.  Séleucus,  averti 


de  ce  rapport,  envoya  aussitôt  à  Jérusalem  soo 
premier  ministre  Héliodore  avec  ordre  de  saisir 
le  trésor  caché.  Vainement  Onias  lui  représenta- 
t-il  que  ces  sommes  étaient  la  propriété  et  le 
dépôt  de  chaque  citoyen.  Héliodore  se  fit  con- 
duire au  trésor;  mais  au  moment  oh  il  se  dis- 
posait à  y  entrer,  tous  ceux  qui  l'accompagnaient 
tombèrent  frappés  de  terreur  ;  «  car  ils  vireat 
paraître  un  cheval ,  sur  lequel  était  nsonté  m 
homme  terrible,  magnifiquement   hatrillé,  et 
qui,  fondant  avec  impétuosité  sur  Héliodore,  ié 
frappa  plusieurs  coups.  Deux  autres  jeunes  hom- 
mes parurent  en  même  temps ,  pleins  de  force 
et  de  beauté,  brillants  de  gloire  et  richement 
vêtus,  qui,  se  tenant  à  la  droite  et  à  la  gauche 
d'Héliodore ,  le  fouettaient  chacun  de  son  côté 
et  le  frappaient  sans  relèche.  Héliodore  tontM 
par  terre,  tout  enveloppé  de  ténèbres  et  d'oU- 
curité,  et  ayant  été  mis  dans  une  chaise,  on  rem- 
porta hors  du  temple  sans  que  personne  le  pAt 
secourir.  Et  par  la  Teho  divine  il  demeura  cou- 
ché par  terre ,  sans  voix  et  sans  aucune  espé- 
rance de  Tie.  »  Mais  Onias ,  considérant  que 
Séleucus  pourrait  venger  sur  les  Juifs  la  mort 
de  son  ministre,  se  mit  aussitôt  en  prière,  etolfrH 
pour  la  guérison  du  Syrien  une  hostie  salutaire. 
«  Durant  ce  temps  les  jeunes  hommes ,  revêtus 
des  mêmes  habits,  se  présentèrent  à  Héliodore, 
et  lui  dirent  :  Rendes  grâces  au  grand-prêtre 
Onias  ;  car  le  Seigneur  vous  a  donné  la  vie  i 
cause  de  lui.  Ayant  donc  été  ainsi  châtié  de 
Dieu ,  annoncez  à  tout  le  monde  ces  merveilles 
et  sa  puissance,  et  ils  disparurent.  »  Ce  rédt  a 
trouvé  beaucoup  d'incrédules;  toujours  est-il 
qu'Héliodore  ne  recx>mroença  pas  sa  tentative. 
Il  rendit  grâce  à  Onias  fi  alla  raconter  à  Séleo- 
eus  sa  mésaventure.  «  Et  le  roi  lui  demandant 
qui  lui  paraissait  propre  pour  être  encore  envoyé 
à  Jérusalem ,  il  lui  répondit  :  Si  vous  avez  qoel- 
qu'ennemi ,  chargez-le  de  cette  mission,  et  vous 
le  verrez  revenir  déchiré  et  meurtri  de  coq|Is  , 
si  toutefois  il  en  revient.  >  Séleucus  n'insista 
plus;  cependant  Onias  crut  prudent  d'aller  vi- 
siter le  roi  lui-même  pour  se  justifier;  niais 
lorsqu*il  arriva   à  Antioche,  Séleucus  venait 
d'être  assassiné  par  Héliodore,  qui  essaya  raine- 
ment  de  s'emparer  de  la  couronne.  Eumène  d 
Attale,  rois^  Pergame,  chassèrent  l'nsurpatear, 
et  établirent  Antiochus  Épipbane  sur  le  trène 
de  Syrie  (  175  avant  J.-C).  Jason,  frère  d'Onias, 
se  rendit  auprès  du  nouveau  monarque,  lui  pro- 
mettant un  tribut  de  590  talents  d'argent  (le 
talent  valait  5,000)  s'il  voulait  lui  accorder  la 
sacrificature  :  il  lui  oflrit  en  coême  temps  d'io- 
troduire  les  mœurs  syriennes  en  Judée.  Antio- 
chus accepta  :  Jason  fut  installé  dans  le  temple, 
et  Onias  dut  se  réfugier  dans  un  asile  sacré  près 
de  Daphné,  faubourg  d'Antiocbe.  Jason  tint  pa- 
role autant  qu'il  lui  fut  possible  ;  il  ouvrit  des 
gymnases,  des  académies,  fonda  des  jeux  publies 
et  «  méprisant,  disent  les  auteurs  des  Machabées, 
tout  ce  qui  avait  été  en  honneur  chei  ses  ancè* 


€89 


ONIAS  —  ONOMACRITE 


690 


ires ,  ne  croyait  riea  de  plas  grand  qae  d'exceller 
en  tout  ce  qui  était  en  estime  chez  les  Grecs  ». 
Jasoo  ne  gouverna  que  trois  années.  }\  envoya 
Méoéians  (frère  de  Simon  le  3enjamite,  déjà 
cilé)  porter  à  Antiochus  une  partie  du  tribut 
aqquei  la  Judée  était  soumise  ;  ce  Ménélaus  sut 
acquérir  la  bienveillance  du  roi  de  Syrie,  et 
lui  proposa,  sans  ambages,  trois  cents  talents 
de  plus  que  le  tribut  consenti  par  Jason.  Le  roi 
accepta  :  Ménélaûs  fot  installé  dans  le  Temple, 
et  Jason  dut,  à  son  tour,  se  réfugier  dans  le  pays 
des  Ammonites.  Ménélaûs ,  n'ayant  pu  remplir 
ses  promesses,  fut  destitué,  et  sa  charge  passa  à 
son  frère  Lysimaque.  11  conserva  néanmoins  une 
^nde  influence  dans  Jérusalem;  il  en  profita 
pour  dérober,  de  connivence  avec  son  frère ,  une 
partie  des  trésors  du  Temple.  Onias  fut  Informé 
de  ce  Tol  :  il  en  avertit  Androoicns,  lieutenant 
d'Antiochus  et  qui  gouvernait  à  Antioche  en 
l'absence  du  roi ,  alors  en  Cllide.  Ménélaûs  ne 
trouva  pas  de  meilleur  moyen  d'échapper  an 
châtiment  que  de  rendre  le  yice-roi  son  com- 
plice. Il  lui  envoya  la  moitié  du  produit  de  son 
larcin;  mais  il  y  mit  pour  condition  la  mort 
d'Ooias,  qui  serait  resté  un  révélateur  dange- 
reux. Andronicus  le  comprit;  il  attira  sons  la 
foi  du  serment  Onias  hors  de  son  asile,  et  le 
tua.  Antiochus,  de  retour,  confisqua  les  biens  de 
l'assassin,  et  le  fit  périr  sur  le  lieu  du  crime, 
tysiraaque  fut  massacré  par  les  Juifs  révoltés, 
et  plus  tard  Ménélaûs  fut  précipité  |jar  les  or- 
dres d'Antiochus  Eupator.  Ainsi  furent  punis  les 
meurtriers  d'Onias  111.  A.  L. 

lei  Maeka!bée»t  Ut.  H,  ehap.'ni,  xv.T  et  xia.  —  FU- 
vbu  Josèphe,  'lov^'ixVj  'ApxaioXoYfa.  —  Applen, 
i|rr..  4S.  ~  Dom  Calmet,  DieL  tU  la  BibU. 

OHKBLOS,  auteur  d'un  ]targum  ou  para- 
phrase chaldaïque  du  Peotateuque.  On  Ignore 
Tépoque  précise  à  laquelle  il  vécut:  on  le  croit 
communément  contemporain  de  Jésus-Christ  et 
des  apôtres.  Des  écrivains  juifs  ont  prétendu 
qu'il  avait  été  disciple  de  Gamaliel,  qui  fut  aussi 
le  maître  de  saint  Paul.  D'autres  le  confondent 
avec  Aquila,  prosélyte  juif,  qui ,  rers  la  fin  du 
premier  siècle,  traduisit  l'Ancien  Testament  en 
9rec.  Dans  tous  les  cas,  d'après  le  Talmud, 
Onkelos  auraii  été  également  un  prosélyte.  La 
langue  de  cett«  traduction  est  un  indice  presque 
<^^rta(Q  qu'Onkelos  ne  peut  être  de  beaucoup 
postérieur  à  Tavénement  du  christianisme;  eJle 
^  rapproche  par  sa  pureté  du  chaldéen  dn  Livre 
^^  Daniel ,  et  l'on  sait  que  cette  langue  dégé- 
néra bieutôt  et  fut  envahie  par  une  foule  de 
^ts  étrangers.  On  trouve  une  autre  présomp- 
°on  en  faveur  de  cette  opinion  dans  la  nature 
^ème  de  la  version  d'Onkelos;  elle  est  en  gé- 
^ral  simple,  littérale  et  n'est  pas  surchargée 
^  explications  légendaires  qui  sont  si  fré- 
fentes  dans  les  paraphrases  chaldaiques  posté- 
fj€ures.  On  prétend  qu'il  la  composa  de  diverses 
«»  î^^'P'^tetions  recueillies  de  la  bouche  de  ses 
•nailres,  Hîllel,  Schammai  et  Gamaliel  l'ancien. 


On  serait  peut-être  plus  près  de  la  vérité  en 
supposant  qu'il  se  servit ,  dans  sa  composition, 
de  paraphrases,  ou  écrites  ou  orales,  usitées 
dans  les  synagogues  de  son  temps,  qu'il  com- 
para et  qu'il  fondit  ensemble ,  après  les  avoir 
revues.  On  n'expliquerait  mieux  encore  par 
cette  hypothèse  la  pureté  de  sa  langue.  Ce 
Targum  a  été  inséré  dans  toutes  les  poly- 
glottes. La  ponctuation  adoptée  dans  ces  édi- 
tions est  très-vicieuse.  Buxtorf  le  père  travailla 
à  la  corriger  ;  mais  il  ne  l'a  pas  ramenée  à  une 
parfaite  exactitude.  Oh  a  en  outre  bien  d'autres 
éditions  de  cette  paraphrase  chaldaïque.  Les 
Juifs,  qui  l'ont  en  grande  estime,  l'ont  fait  impri- 
mer souvent,  avec  ou  sans  le  texte  hébreu.  La 
plus  ancienne  des  éditions  connues  est  celle  de  Bo« 
logne,  1482 ,  avec  le  texte  hébren  et  les  com- 
mentaires de  Sal.  Jarchi  ;  la  dernière  est  celle 
de  Jer.  Heinemann,  Berlin,  1831-1835,  3  par- 
ties Id-8",  aTec  le  texte  hébreu  du  Pentatenque 
et  les  commentaires  de  Sal.  Jarchi  et  laTersion 
allemande  de  Mendel.  Il  en  existe  au  moins  trois 
traductions  :  celle  d'Alphonse  de  Zaroora,  qui  se 
trouve  dans  les  polyglottes  d'Alcala ,  d'Anvers, 
de  Paris  et  de  Londres ,  à  la  suite  de  la  Vulgate 
de  l'éditipn  de  Venise,  1609,  hi-fol.,  et  dans  celle 
d'Anvers,  1616,  in  fol.,  et  qni  a  été  imprhnée 
séparément,  Anvers,  1539,  in-8«;  celle  de<>Paul 
Fagius  :  Paraphrasia  Onkeli  ehaldaica,  ex 
chaldxo  in  latinum  ftdelisHme  versa  ^  Stras- 
bourg, 1546,  in-fol.;  et  celle  de  Bernardin  Baldl, 
qui  est  restée  inédite  et  se  trouve  dans  la  biblio- 
thèque AJbani.  Les  manuscrits  du  Targum  d'On- 
kelos ne  sont  pas  rares  :  de  Rossi  en  possédait 
dnquant^hoit,  et  Wolf  en  donne  un  long  catalogne 
dans  sa  JHbliotheca  hebrxa,  t.  IL  S'il  faut 
en  croire  Richard  Simon,  les  exemplaires ,  soit 
manuscrits  soit  imprimés,  de  cette  version 
chaldaïque  diffèrent  fort  entre  eux ,  principale- 
ment par  la  ponctuation.  M.  N. 

0.-B.  de  Rossl ,  Ditionario  ttorieo  ifepii  antori  elMret. 
—  RIch.  Simon  .  HUt.  crUlg,  du  Fieux  TeiUan.,  Uf.  II, 
cb.  xviii.  —  Blclihorn ,  Einteitwng  in»  AtU  Testament , 
l«édit,  1 1.  p.  169  et  SUIT.,  100-416.  —  Wolf,  Biblioth, 
hébrma,  t.  Il,  Ub.  VI,  cap.  t. 

ONOMAGRITB  (  'Ovotioxpitoc  ),  poëte  grec, 
vivait  dans  le  sixième  siècle  arant  J.-C.  Bien 
qn^l  ne  reste  rien  de  ses  ouvrages  et  qu'il  n'en 
ait  peut-être  composé  aucun  sous  son  nom,  H 
occupe  une  place  importante  dans  l'histoire  de 
l'ancienne  poésie  religieuse  des  Grecs.  Au 
sixième  siècle,  il  se  fit  à  Athènes,  sous  les  aus- 
pices des  Pisistratides,  une  tentative  très- remar- 
quable pour  rassembler  en  un  tout  les  chants 
poétiques  et  religieux  épars  chez  les  divers 
peuples  hellém'ques.  Le  but  de  cette  entreprise 
n'était  pas  simplement  littéraire.  Les  Pisistra- 
tides en  recueillant  l'héritage  poétique  et  sacré 
du  passé  voulaient  en  faire  la  base  ou  l'auxi- 
liaire d'une  organisation  religieuse  mieux  or- 
donnée, plus  vaste  et  pinar  puissante  que  le 
culte  des  Achéens  et  des  Doriens;  leur  entre- 
prise, quoique  restée  inachevée,  eut  d'Immenses 


691 


OxNO.VlAClUTî': 


résultats  poar  la  Mécalure,  qui  lui  dut  la  col- 
Jeclioa  «des  poëmcs  d'Homère,  et  d'assez 
grands  résultats  pour  U  religion,  à  laquelle  elle 
donna  plus  4le  gravité,  plus  de  profondeur  mys- 
tique, plus  de  pureté  morale.  Les  effets  de  la 
tentative  des  fils  de  Pisistitale  sont  exposés  aux 
articles .  Homère  et  Ormée;  nous  ne  rappor- 
terons ici  que  les  faits  peu  nombreux  qui  sont 
ftersonnels  à  Onomacrite.  Hérodote  l'appelle  un 
.  propliète  et  Itarrangev  des  prophéties  «de  Mu- 
sée (  xp')o{'^><ÔYQv  inaX  '-âiaSIniv  XV^¥^  ^*^^ 
Mou<7(uou).  Selon  cet  hÎEWriea,  Omwiiacrite 
jouit  du  patronage  dliipparqne,  iils  de  Pisis- 
trate,  lequel  le  chargea  ^e  recoeilUr  et  de  mettre 
en  ordre  les  oracles  qui  oinnlaient  sous  le 
.oom  4e  Musée;  mais  il  interpola  des  vers  de 
lui  parmi  ceux  ^e  r^antique  poëte,et  futiMimii 
pour  cette  infidélité.  ^La  iamttle  de  Pisistrate 
fut  à  son  toar  expulflée  d'Aibèoes.  Onomacrite 
rejoigeitles  Pi&isftnattdes,  et  rentracagcftceaiiprès 
d^eux;  ils  l'emmanèreat  ^i  Sase,Mei  «e  servirett 
4e  ilui  pour,  persuader  à  Xersès^  d'entreprendre 
une  expédition  contre  la  Grèce.  Le  prophète 
récita  au  roi  de  Perse  tous  les  oradei»  qui  pré- 
disaient.  un  henreux  succès  à  l'entreprise,  et 
omit  ceux  .qui  étaient  dé&vosables.  On  ne  sait 
ce  qne  devint  Onomacrite  après  œtte  nonvelle 
Iraude  religienge.  Suivant  le  récit  d'Hérodote, 
il  vivait  de  .&20  à  485,  et  c'est  à  tort  que  quel- 
ques crâtiques  anciens  Toat  recnlé  jusqu'à  ta 
dnqnafttiàtte  olympiade  (  5S0  avant  J.*C.  ). 
Pansanias  donne  sur  Onomacrite  assez  de  dé- 
tails, mois  en  èerues  feu  excites,  et  il  con- 
fisme  les  assections  d'Héiwlote  sans  y  beaucoup 
i^uter.  Plusicurstipassap^-de  Pausanias  sem- 
blent indiquer  qu'il -existait' de  son  temps  des 
poëmes'  d!Onoroaaaite  ;  mais  il  n'en  résnlie  pas 
que  Le  prophète  les  ait  composés  sous  son 
nom  ;  :c*étaient  apparemment  de  prétendus  livres 
de  Mbiséeet  d'Orphée  dent  Fauteur  ou  «le  compi- 
lateur avait^té  reoannn.  Au  nombre  des  poèmes 
composés  ou  plutôt  interpolés  par  Onoma- 
crite, faut-il  placer  les  hymnes  orpliiques^  ce  qui 
donnerait  à  ces  poésies  une  antiquité  relative 
assez  respectable?. Nous  ne  ie  {xnsons  pas;  sur 
cette  que6tion,vvoy.  Oarnix.  :L.  J. 

BéMdole,  \II(  6.  —  FMsaotaa,'  f,  n  ;  V1I«  Et,  57  ;  LX, 
».  —  Ot.  Mttller,  Sistortf  of  thê  grêekmterainrê  »•  Pré- 
leg.  %u  eifur  fplssenscha/tlichtn  Mythologie,  —  Lo- 
bf  ck ,  Jgtaophamut.  —  Bcrnhardy ,  Grundrltt  der 
9riecfi.,IMterat.  -  9oAt^  GtuhicMe  «kfr  hêliatUoken 
Dichtkunst.  *  Ulrid,  Getch.  -éer  kelL  DtckU  <*  mctolil 
dans  TEnqfklopâdiâ  d*Brsch  et  Crober.  —  Nltzacb, 
Erkiârunâs  AtnmerkKngen  x«  HimiBt^tOâfttee,  vol.  11  r, 
p.  MM^elc. 

ONOMâii^fje  ('Ové(jLCfr/oç),  général  grec, 
chef  des  Pbeddiens  dans  Ja  guerre  sacrée,  mort 
en  352  avant.  Ji<-G.  UéUit  frère  de  Philomèle 
et  iils  detRidiotinie.  Il  commandait  une  division 
de  yarmée  plioddienne  dans  la  betaîHe  de  Ti- 
lhorée,>«ù  périt  le  général  en  chef.  Il  rallia  les 
débiis  des  forces  phocidiemes  et  opéra  sa  Te- 
tiaitft  snr  Delphes.  Une  assemblée  ent  lieu.  Otao- 
marqpie  y  soutint^  contre  l'avis  des  hommes 


—  O^OMARQUE  602 

modérés,  la  nécessité  de  pousser  la  guerre  aTtc 
une  extnèmeviguenr,  et  obtint  lasuoceséion  de 
Pluhmèle  dans  le  commandement  en  cHef  de 
l'armée  de  Pliocide.  Cet  état  avût  «gagé 
contre  le  oaiseii  anplitctyonique  one  intte  qui 
durait  depuis  plusieors  <  années  et  dont  ifsene 
restait  douteuse  à  la  mtMrt  ^iu  premier  'géaéral 
en  chef.  Phiiamèle  s'était  oonduit  avec  autant 
de  modéralion  que  de  femttté,  et  il  avnit  soi- 
gneusement évité  dfr  soaétver  contre  la  Pkneide 
le  sentiment  reUgicox  des  Grecs,  en  mettant  la 
main  sur  >«6  trésors  sacrés  du  temple  de  Del- 
phes. Onemarque  n'imita  pas  <la  poKàqne  de  eon 
frère;  il  confisqua  ies  propriétés  de  tons  ses  ad- 
versaires, et'tinyant  à  sa  disposition  des  li- 
cbesses  imnenses,  il  s'en  empara,  et  s'en  aenit 
pour  lever  une  nombreuse  armée  de  meree- 
naires.  Il  ent  soin  aussi  d'adieter  avec  i'aigeot 
du  temple  les  personnes  les  plus  tnihienlesdes 
États  ennemis.  Les  ressources  entons  g^res  que 
lui  fournit  cette  spoliation  donnèrent  aux  Pbo- 
oidirns  nn  ascendant  momentané.  Onemarque 
«nvahitia  Locride ,  prit  la  vliie  de  Thrommo, 
*  força  ÂmfMssa  à  la  soumission,  ravagea  la  Té- 
trapole  dorieane,  et  tourna  ensuite  ses  armes 
contre  la  fiéotie  où  il  s'empara  dt>rehomène, 
et  mit  le  siège  devant  Chérenée.  Mais  ià- s'arrê- 
tèrent ses  succès,  et  l'arrivée  d'une  armée  thé* 
twine  le  déeMa  à  revenir  à  Delphes.  Cette  eani- 
pagne  heureuse  engagea  Onomarque  à  étendre 
ses  opérations;  Il  envoya  son  frère  Ptiayllos, 
avec  un  corps  de  sept  mille  hommes,  au  secours 
de  Lycophron,  tyran  de  Phères  en  Thessalie,  at- 
taqué, par  Philippe,  roi  de  Macédoine.  Phayllus 
fot  battu.  Onomarque  marcha  alors  avec  toutes 
ses  forces  contre  Philippe,  le  vainquît  en  deux 
rencontres,  et  le  chassa  de  Thessalie;  il  se  re- 
jeta ensuite  sur  la  Béetic,  et  s'empara  de  Clié 
ronée.  Dans  l'intervalle  Philippe  reatiu  en  Thes- 
salie avec  une  nouvelle  armée,  qne  grossit  la 
cavalerie  thessalienne.  Onomarque  courut  à  sa 
rencontre  avec  vingt  mille  fantassins  et  cinq 
cents  cavaliers.  La  supériorité  du  nombre  et 
l'excellence  de  la  cavalerie  thessaffenne  don- 
nèrent la  victoire  au  roi  de  Maoédolne.'Les  fu- 
gitifs cherchèrent  à  se  ssrover  à  la  nage  sur  la 
flotte  athénienne,  qui  se  trouvait  prà  dn  ri- 
vage où  se  'livra  ia  bataille,  mais  très-peu  y 
parvinrent.  Onomarque  périt  dans  les  flots.  Phi- 
lippe fit  redierbher  son  caôdavre,  et  le  fit  atta- 
cher à  une  croix,  en  punition  de  son  saciilésr. 
Les  historiens  grecs  représentent  Onomarque 
comme  un  homme  violent,  déréglé,  et  qui  ?t 
servnit  pour  ses  plaisirs  de  l'argent  consacra  au 
dieu  de  Delphes  ;  ces  imputations  peuvent  être 
fondées;  mais  elles  sont  suspectes,  car  iechefdi's 
Phocidiens  avait  on  double  titre  à  la  détaveor  de 
l'histoire;  il  était  sacrHége  et  vaincu.     L.  J. 

DWdore  de  Slctte,  XVI,31-3S,  8»,  S6,  ei.  -  Paiwania*. 
X,it.  -  Jasiln,  VIII.  1, 1.  -  Prily«n,  II,  W.  -  fipbwc 
daos  ht*  Ftag.  Aist.  grwcorum  (  éxtit.  Oldol  ).  ->  Orotf. 
III.  iS.  -  DéinosUiftne,  Defaita  <09«C.—  TUrlwiU,tf'«- 
torg  ofCructt  toL  V. 


C93 


O.NOSANDRE  — 


OHOSAH DKB  (  *Ovo9avSpoc  ),  écrivain  mili- 
taire grec,  vivait  ^ans  le  premier  sièale  «de  l'ère 
chrétieone.  Il  a  laissé  qd  (mrnige  aar  iartac- 
tiqae,  inUltDlé  £tpatiiri)i6c  Xéyoç^  dédié  à  Q.  Ve- 
ranios,  le  même  probablement  qee  Q.  VeraBias 
'Nepos,€onsitl  en  49  après  J.-G.  Onosandre  re- 
marque dans  sa  préface  que  son  livre  a  été 
écrit  en  temps  de  («ix,  ^ee  qni  convient  à  la  pé- 
riode comprise  entre  49>  et  S9.'  Cet  éeiivirin  ap- 
partenait à  l'éoole  platonieiemie,  et,  suivant  Sui- 
das, il  composa,  outre  san  traité  ^e  tactique, 
un  traité' 9nT<4es  stratagèntes  (Dsfl  orponnm- 
(m'j»v),  'qui  pantt  être ^le  même  ouvrage  que 
!e  précédent,  et  un  commentaire  sur*  la  iVél^- 
blique  de  Platon.  Le  traité  de  la'  tactique  ouart 
militaire  est  senl  veno  jusqu'à- «uns;  c'est  on 
excellent  manoel,  rédigé  par  vn  observateur 
instruit  et  judiûieux,  à  une  époque  où  les  inatU 
totioBS  militaires  de  Pantiquité  avaient  atteint 
le  plus'hant  point  de  perfection.  Le  slyle  est 
assez  'heureusement  imité* de  Xénopban.  Ce 
petit  livre  a  servi  de  modèle  wax  écrivaina  grecs 
et  latins  qui  traitèrent  le  même*  sujet.  Les  em- 
pereurs Maurice  et  Léon  ne  firent  guère  que 
mettre  en  mauvais  langage'  byzantin  les  remar- 
ques 6t  les  préceptes  d'Onesaridre;  le  comte 
Maurice  de  Saxe,  qui  l'avait  lu  d^  une  traduc- 
tion, en  faisait  graiM  cas  et.  dédarait  en  avoir 
tiré  profit» 

Le  STpsTT]Yix6c  Xdyoc  fut  d^àbord  connu  par 
la  traduction  latine  qu'en  publia  Nicolas  Sagun- 
dino,  à  la  suHe  des  Institutions  militaires  de 
Végèce  ;  Rome,  1493.  Jehan  Charrier  en  donna 
nne  traduction  française,  Paris,  1346;  Fabio 
Cotta  une  traduction  italienne,  Yemse,  1546; 
et  Joachrm  Camcrarrus  une  nouvelle  traduction 
latine,  en  lô95.  Lete;!cte  grec  fot  publié  pour  la 
première  fois  par  Bigault;  Paris,  1599.  L'édi- 
tion la  plus  complète  est  celle  de  Nie.  Schwe- 
bel  :  Onosandri  Strategicus,  sive  de  impera- 
torts  instiiutione,  liber  ad  codd,  mss.  /idem 
expressus  et  ex  antiquorum  taetic&rum  po- 
tissimum  collatione  notis  perpetuis  crit. 
cmendatus ,  nec  non  figuris  ssri  incisis  il- 
lustratus;  fiuremberg,  1762,  in-fol.  .Scbwebel 
s'est  servi  pour  son  édition  des  notes  ma- 
noscrites  de  Joseph^  Sealiger  M  Is.'Yossius,  et  il 
a  fait  suivre  le  texte  grecd^one  traduction  fran- 
çaise par  le  baron  de  Zar-Lauben.  On  cite  en- 
core l'édition  de  Ooray  ;  Paris,  t8î2,  in-S".  Le 
texte  grec  a  été  publié  avec  beaucoup  de  soin 
par  M.  Koechly,  dans  la  coHecâon  Tetibner; 
I^Piig,  1800,  in-12.  L.  J. 

FabrldQf,  BibUotbeca  grœea,  vol.  IV,  p.  836.  — 
Scheell,  Histoire  de  la  tittérature  greequê,  t.  II.  » 
Boltauiiiii,  BtbUograpUsekêê  LexOmi,  t.  llf. 

ovs^eh-biiat  (  OmiS'Lém  Pajot,  comte 
^)i  mécanicien  français,  né  à  Paris,  le  25 
«iars  1678,  mort  à  Bercy,  le  22  février  1744. 
Fils  d'un  klirectenr  général  des  poètes,  il  it  ses 
Inimanités  au  coUége  des  Jéatfites  de  Paris; 
mais  pendant  sa  rhétorique  !t  fot  «attaqué  d'an 


.  ONS-EN-BRAY  694 

mal  d*yeax  si  intense*  qu'on  fut  obligé  dek  rap- 
peler à  la  maison  patcmeUe.  '  Cet  accident,  qui 
semblait  (irlevarr  sBlerrMiprele  cours  ^rie  ses 
études,  fat  au  contraire  trè»favoral)le.au  déve- 
loppement de  SCS  diapositiona.  Au  lieu  de  la  phi- 
losophie  alors  enseignée  .«lans  ies>  eoHéges,  Je 
professeur  qu'on  mit  auprès  de  lui  occupa  ses 
loisirs  forcés  àéoonter  la  iecture  de  U\  pUlosophie 
de  Jî)esaarte8  et  de»  ouvrages  qu'elle  avait  ^l^jà 
profMs.  Dès  que- sa  vue  se  fut  rétablie,  il  alla 
«cryager  en  Hollande,» -et  aucun  voyage  n'était 
piaa propre  à  dé«ek>pper  xles  idées  et^  les  pria- 
eipe»  qu'il,  venait  d'«acquérir.Jl>s'y  Jia  avec  Huy- 
geas , . Ruysch ,  BoeNisare,  etc.  De  retour  à 
Paris,  on  1^698,  il  commença  à  s'inatmire  des 
'  fonctions  de  directeur  général  des .  postes  sous 
(4es  yeux  de^son  père, ^«auquel  il  succéda  définiti- 
venefet  en  1708,' et  au  milieu  des  occupations 
doioeMe  place  il  trouva  le  moyenne  se  jné- 
nager  quelques  momeots  puur  sedonaervaux  re- 
cherches idfhistoire  \  naturelle  et  4le  mécanique. 
LêuisJUV'k  chaigeadeplusieursalluMs  secrètes 
etdélieates,  et  lui  donna  ime  marque  certaine  de 
sa  confiance  en^le  faisant  appeler  dans  aa  dernière 
•maladie  pour  cacheter  son  testaraentavaatde  le 
déposer  au  patilesMUt..  AJamortdece  pnioee, 
il  devintintcndjmtidesptales.  Ayant  héiitédewn 
père  d'une  magnifique  .maison  de  campagne ,  à 
Bercy,  il  la  destina  k  un  lien  d'études  sérieuses  ^  il 
yéfablitdes  laboratoires  de  physique,  de  chimie, 
do  mécanique,  et  y  transporta  6onsabinet,.qui 
chaque  année  s'acovoisaait   d'objets  rares  et 
précieux,  pour  lesquels  il  n'épargna  ni  soins  ni 
dépenses.  11  entretenait  dans  cette  maison  un 
secrétaire,  un  chimiste,  un  dessinateur  et  tous 
les  ouvriers  que  nécessitait  Texéoutian  des  ma- 
cliinas  qu'il  faisait  reproduire -ou  qu'il  inventait 
hn^mème.  Il  *  y  attinait  des  hommes  de  mérite, 
et  le  P.  Sébastien  y  passa  dix  années  avec  lui. 
Le  comte  d'Ons-ea-Bray  obtint  en  1716  une  des 
dix  places  d'académicien  honoraire,  et  l'Aca- 
démie J'adjoignit  à  la  oonmission  chargée  de 
l'examen  des  difTércntes  machines- soumises  à 
son  jugement.  Mais  le  principal  «liiet  de  ses  oc- 
cupations était  la  perfeotion  de  son  cabinet,  à 
laquelle  il    travaillait  sans   reUi-he.    Peu   de 
grands  seigneurs  étrangers  venaient  -en  France 
sans  4e   visiter,  et  l'on    peut  citer  dans  ce 
nombte  le  ezar  Pierre  le  Grand,  qui,  de  retour 
dans  ses  Étals^  eaiHoya  à  M.  d'Oos^en-Bray  des 
ouvrages  de  tour  travaillés  de  sa  propre  main 
et  le  tour  sur  lequel  II  les  avait   exécutés. 
Louis  XV.,. le  régent  et  beaacoup  de  princes 
aUeraands  visitèrent  aoovent  il  Bercy  le  savant 
académicien.  Ce  qui  rendait  •aon  cabinet  plutôt 
unique  que  le  premier  en   son  genre,    c'é- 
tait rûnmense  collection  de)'fièoes  de  méca- 
nique ^qu'il  y  avait  formée.  11  n'y  avait  aucune 
machine  •  singulière,    aucune   pièce    nouvelle 
ul'horiogerie,  •  d'hydtaulique^.  etc.,  dont  il  n'eût 
au  moins  -un  axidèle ,  et  il  s'y  en  trouvait  un 
grand  ■iumbce.d&  sa  oompoôtion.  Par  «n  eodi- 


695 


ONS-EN-BRAY  —  ONSLOW 


G96 


cile  da  1*'  décembre  1753,  après  avoir  obtenu 
l'agrément  du  roi,  il  légua  toutes  ses  collec- 
tions à  l'Académie  des  Sciences,  à  des  condi- 
tions qui  devaient  en  assurer  la  jouissance  an 
public.  Les  Mémoires  qu'on  a  de  M.  d'Ons-en- 
Bray,  dans  les  Recueils  de  rAcadéihie  des 
Sciences,  sont  :  Machine  pour  connaître  sur 
mer  Vangle  de  la  ligne  du  vent  et  de  la 
quille  du  vaisseau,  comme  aussi  Vang le  du 
méridien  de  la  boussole  avec  la  ligne  du 
vent  (  1731  )  ;  —  Description  et  usage  d^un 
métromètre,  ou  macMne  pour  battre  les  me- 
sures et  les  temps  de  toutes  sortes  d*airs 
(1732);  tiré  à  part,  Paris,  in-4»  (s.  d.  );  — 
Anémomètre  qui  marque  de  lui-même  sur  le 
papier  non-seulement  les  vents  quHl  a  fait 
pendant  les  -  vingt-quatre  heures ,  et  à 
quelle  heure  chacun  a  commencé  et  fini , 
mais  aussi  leurs  différentes  vitesses  ou  for- 
ces relatives  (  1734  )  :  cet  instniment  est  peut- 
être  ce  que  M.  d'Ons-en-Bray  a  construit  de 
plus  singulier  et  de  plus  ingénieux  ;  —  Des 
moyens  que  Von  propose  pour  remédier  aux 
abus  qui  se  sont  glissés  dans  l'usage  des^ 
différentes  mesures  (1738).  Cette  construc- 
tion de  mesures  pour  les  liquides  lui  avait  été 
demandée  par  le  corp^de  ville  de  Paris;  — 
Description  d*une  râpe  à  râper  le  tabac 
(  1745);  —  Méthode  facile  pour  faire  tels 
carrés  magiques  que  Von  voudra  (1750)* 
11  a  aussi  donné  une  Description  des  difTérentes 
machines  de  son  invention.  H.  F.  ' 

Grandjetn  de  Fouchy,  Éloge»  de*  jteadémiciens  de 
V Académie  rofcUe  des  Sciences  morts,  depuis  Pan  17H« 
1. 1.  p.  t7t-fl99.  —  RecueUs  de  l'Académie  des  Sciences, 

1731  à  1750. 

OMSBKOOKT  { Antoine-Gérard  van),  chi- 
rurgien hollandais,  né  le  27  octobre  1782,  à 
Utrecht,  mort  le  23  décembre  1841,  dans  cette 
ville.  A  l'âge  de  neuf  ans  il  perdit  son  père,  qui 
exerçait  la  chirurgie,  et  fut  admis  dans  l'hospice 
des  Orphelins  protestants ,  où  on  lui  apprit  l'état 
de  menuisier.  Son  désir  d'acquérir  de  j'instruc- 
tion  lui  fit  accorder  l'autorisation  d'étudier  la 
diirui^îe.  Placé  en  apprentissage  chez  un  prati- 
cien distingué,  J.-A.  van  de  Water,  il  passa  en- 
suite trois  années  à  Amsterdam,  et  fut  attaché 
à  l'un  des  hôpitaux  militaires  de  cette  ville. 
Nommé  chirurgien  principal  des  possessions 
hollandaises  aux  Indes  (1806),  il  s'embarqua 
deux  fois  pour  Batavia,  et  tomba  deux  fois  entre 
les  mains  des  Anglais.  De  retour  en  Hollande 
(1809),  il  assista  à  Taiïaire  de  Walcheren, 
servit  ensuite  aux  armées  de  Portugal  et  d'Es- 
pagne et  donna  sa  démission,  le  31  août  1814, 
pour  rentrer  dans  son  pays,  qui  avait  cessé  tl'ap- 
partenlr  à  la  France.  Il  dirigea  en  1818  l'hô- 
pital d'instruction  de  Louvain,  et  depuis  1822 
celui  d'Utrecht.  Les  travaux  de  van  Onse- 
noort  sur  l'oculistique  sont  nombreux  et  juste- 
ment estimés.  Ses  compatriotes  ont  revendiqué 
pour  lui  Pinventiun  de  la  trotuse-giberne,  qui 
fait  partie  de  la  tenue  des  chirui^ens  militaires. 


On  a  de  lui  :  De  cataraeta  (en  hollandais); 

Aihsterdam,  1818,gr.  m-8^;  —  Operative  Heel- 

kunde  (Médecine   opératoire);    ibid.,   1822* 

1824,  2  vol.  in-8-;  le  t.  III,  qui  était  annoncé, 

n'a  point  paru;  —  Gneêskundige  Seelkunde; 

ibid.,  1825,  in-8*  :  cet  ouvrage  et  le  précédent 

ont  été  refondus  ;  ibid.,  1835-1837,  3  vol.  in-8*, 

pi.  ;  —  Description  de  Vappareil  chirurgical 

de  campagne  ;  Bruxelles,  1828,  in-8*;  rédition 

originale  en  hollandais  avait  paru  à  Gorcutn, 

même  année  ;  —  Bijdragen  tôt  de  Geschie- 

dénis  der  vorming  van  cenen  Kunstigen  Oo- 

gappel  in  het  algemeen,  etc.  (  Histoire  de  la 

pupille  artificielle);  Utrecht,  1829,  gr.  in-8', 

pi.;  —  De  Kunst  om  de  oogen,  etc.  (De 

l'hygiène  oculaire);  ibid.,  1829,  in-8°;  ->  Gt' 

schiedenis  der  Oogheelkunde  (  Histoire   de 

rophthalmologie);  ibid.,  1838,  in-8%  trad.  ea 

allemand  ;  -.  Genees  en  Heelkundig  Oandbotk 

(Manuel  d'ophthalmologie ) ;  Amsterdam,  1839- 

1840,2vol.in-8°,pl.  K. 

Nedertandseh  i.anc«i,  mal  iS%l.  —  Florent  Cnnlcrf 
Notice  tur  A.-G»  van  Onsenoort  ;  Braxelles,  isis  ,  tn-l*. 

ONSLOW  (  Sir  Richard  y,  amiral  anglais,  né 
en  1741,  mort  à  Southampton,  le  27  décembre 
1817.  Entré  fort  jeune  dans  la  marine  militaire, 
ses  talents  ^son  courage  le  firent  rapidement 
parvenir  aux  grades  supérieurs.  Il  se  distingua, 
et  fut  blessé  dans'  plusieurs  combats  contre  les 
Français.  En  1797,  il  servait  comme  vice- 
amiral  dans  la  mer  dn  Nord,  sous  les  ordres  de 
lord  Adam  Duncan,  croisa  sur  les  côtes  de  Hol- 
lande, et  bloqua  le  Texel.  Les  Hollandais  ajant 
profité  de  l'éloignement  momentané  de  la  (kA\6 
anglaise  pour  prendre  la  mer,  Duncan  les  joi- 
gnit le  11  octobre,  entre  Camperdoyn  et  Egmont* 
op-Zée.  Onslow  rompit  la  flotte  ennemie,  et  con- 
tribua beaucoup  au  succès  de  la  journée ,  daos 
laquelle  les  Hollandais  perdirent  dix  b&timeots. 
Onslow  fut  créé  t)aronnet,  et  la  cité  de  Londres 
lui  donna  une  épée  de  la  valeur  de  cent  gai- 
nées. En  1801  il  fut  appelé  au  commandement 
de  l'escadre  blanche,  et  quitta  le  service  actif  vers 
1805.  A.  D£  L. 

Attnmal  biographt^  t'tY* 

OHSLOW  {Georges),  compositeur  français, 
né  le  27  juillet  1 784,  à  Clermont  (  Puy-de-Dôme), 
mort  dans  la  même  ville,  le  3  octobre  18S2.  En- 
voyé à  faondres  pour  y  faire  ses  études,  la  mu- 
sique n'entra  d'abord  dans  son  éducation  que 
comme  l'accessoireagréable  du  savoir  d'un  gentiê' 
Vian.  On'  lui  donna  pour  maître  de  piano  Hull- 
mandel,  puis  Dussek,  et  après  que  celui-ci  eut 
quitté  l'Angleterre,  ii  fut  confié  aux  soins  de 
Cramer.  11  ne  comprenait  de  la  musique  que  la 
partie  mécanique  de  l'exécution,  et  restait  insen- 
sible aux  sublimes  inspirations  du  génie.  Un 
séjour  de  dei^x  années  qu'il  fit  en  Allemagne  ne 
changea  point  ses  dispositions.  Onslow  avait 
appris  à  jouer  du  violoncelle  afin  de  pouvoir  exé- 
cuter avec  quelques  amateurs  de  ses  amis  les  qua- 
tuors et  les  quintettes  de  Haydn,  de  Mozart  et 


697 


ONSLOW  —  OOMS 


69» 


de  Beethoven.  Il  se  prit  bientôt  d'une  telle  pas- 
sion pour  les  œuvres  de  ces  maîtres  que,  pour 
mieux  en  apprécier  la  facture,  il  mettait  en  par- 
tition les  morceaux  qui  lui  semblaient  les  plus 
remarquables.  C'est  ainsi  qnVn  jetant  un  regard 
curieux  sur  ces  partitions ,  il  acquit  seul  quel- 
ques notions  pratiques  d'harmonie  et  se  prépara 
à  l'art  de  développer  sa  pensée.  Peu  de  temps 
après,  prenant  pour  modèle  un  quintette  de  Mo- 
zart, il  essaya  d'écrire  un  semblable  morceau, 
puis  il  en  fit  un  second  et  un  troisième.  Pendant 
une  de  ses  visites  dans  la  capitale,  on  exécuta 
chez  Pleyel  les  trois  quintettes  qu'il  avait  compo- 
sés pour  deux  violons ,  alto  et  deux  violoncelles  ; 
ils  furent  jugés  dignes  d'être  publiés,  et  parurent 
vers  la  fin  de  1807.  D'après  le  conseil  d'un  de 
ses  amis,  il  suivit  un  cours  d'harmonie  et  de 
composition  sous  la  direction  de  Reicha.  Quel- 
ques mois  suffirent  à  Oqslow  pour  acquérir  la 
connaissance  des  procédés  pratiques  de  l'art  d'é- 
crire. Dès  lors  il  marcha  seul ,  et  entraîné  par 
un  penctiant  irrésistible  vers  la  musique  Instru- 
roentale,  il  composa  successivement  un  grand 
nombre  de  quintettes ,  de  quatuors  et  de  trios, 
qui  furent  publiés  en  France,  en  Allemagne^  en 
Angleterre ,  et  qui  ont  valu  a  leur  auteur  une 
juste  renommée  partout  où  la  musique  de  cham- 
bre est  en  honneur. 

Onslow  était  sur  le  point  d'atteindre  sa  qua- 
rantième année  lorsque,  cédant  aux  instances  de 
tes  amis,  qui  le  pressaient  d'appliquer  son  talent 
à  la  scène,  il  écmit  VAieade  de  la  Véga,  drame 
en  trois  actes ,  qui  fut  représenté  au  mois  d'août 
1824,  à  ropéra-Comique.  L'ouvrage  ne  put  se 
i^utenir  au  théâtre.  Onslow  fut  plus  heureux 
dans  Le  Colporteur,  en  trois  actes ,  qu'il  donna 
eo  1827  au  même  théâtre.  Dix  ans  plus  tard , 
c'est-à-dire  en  1837,  il  fit  représenter  également 
à  rOpéra-Comiqne  son  troisième  ouvrage,  Le 
Duc  de  Guise  f  drame  en  trois  actes.  Mais 
cette  partition  fournit  la  preuve  que  des  mor- 
ceaux bien  faits  ne  suffisent  pas  toujours  pour 
assurer  aux  œuvres  théâtrales  des  succès  du- 
rables. Après  cette  dernière  excursion  sur  la 
scène  dramatique,  Onslow  rentra  dans  le  do- 
n»ine  de  la  musique  instrumentale,  et  écrivit 
quelques  symphonies,  qui  furent  exécutées  dans 
les  concerts  du  Conservatoire.  Il  a  intercalé  dans 
l'ane  d'elles  son  entr'acte  du  Duc  de  Guise,  mor- 
ceau qui  peignait  de  la  manière  la  plus  vraie  et 
id  plus  pittoresque  une  nuit  orageuse  avec  ac- 
coini)agnemont  de  grêle.  Ces  symphonies  se  re- 
commandent par  la  sage  ordomianoe  du  plan  et 
par  les  qualités  d'une  bonne  facture.  Comme 
H^y<ln,  Mozart  et  Beethoven,  Onslow  dévelop- 
pait son  œuvre  sur  une  idée  principale;  mais 
un  ne  trouve  pas  chez  lui  ces  heureuses  péri- 
Pfties,  ces  élans  du  génie,  qu'on  rencontre  à 
chaque  instant  dans  les  productions  des  illustres 
roattres  qu'il  avait  pris  pour  modèles.  Son  or- 
chestre a  en  général  peu  de  sonorité.  Ses  quin- 
tettes pour  instruments  à  cordes,  dont  les  ada- 


gios surtout  contiennent  de  grandes  beautés,  sont 
considérés  par  les  connaisseurs  comme  ses 
meilleurs  ouvrages.  Ce  sont  principalement  ces 
quintettes  qui  ont  valu  à  leur  auteur  son  ad- 
mission à  l'Académie  des  beaux-arts,  dont  il  fut 
nommé  membre,  en  1842,  en  remplacement  de 
Cherubini  (1). 

L'existence  d'Onslow  se  serait  écoulée  tout 
entière  calme  et  paisible,  au  milieu  des  travaux, 
si  un  accident  cruel  ne  fût  venu  faire  craindre 
un  instant  pour  les  jours  du  compositeur.  £n 
1829,  étant  à  la  chasse  au  sanglier  dans  la  terre 
d'un  de  ses  amis,  il  entra  dans  un  bois  et 
s'assit  près  d'un  arbre  pour  écrire  une  pensée 
musicale  qu'il  avait  trouvée.  Un  des  autres  chas- 
seurs, qui  ne  le  voyait  plus,  fît  feu;  la  balle  vint 
frapper  Onslow  à  l'oreille  et  pénétra  dans  le 
col  d'où  on  ne  put  jamais  l'extraire.  La  maladie 
fut  longue  et  douloureuse.  Depuis  peu  il  avait 
tracé  l'ébauche  de  son  quinzième  quintette  lors- 
que cet  accident  lui  arriva.  Pour  tromper  ses- 
souffrances  et  les. inquiétudes  de  sa  famille,  il 
se  fit  donner  sa  partition,  et  continua  son  travail 
^  donnant  aux  différentes  parties  de  cette  com- 
position des  noms  qui  les  caractérisent  et  rap- 
pellent les  phases  de  sa  maladie  :  l'un  des  mor- 
ceaux s'appelle  la  Douleur^  un  autre  la  Fièvre 
et  le  Délire,  l'andante  la  Convalescence,  le 
dernier  final  la  Guérison,  Ce  quintette  est  une 
de  ses  meilleures  productions  en  ce  genre.  A 
part  ce  déplorable  événement,  qui  ne  lui  laissa 
néanmoins  qu'un  peu  de  surdité  à  l'oreille  droite , 
rien  ne  vint  troubler  un  bonheur  que,  dans  son 
domaine  d'Auvergne,  il  avait  su  trouver  dans 
l'affection  de  sa  femme  et  de  ses  enfants  ainsi 
que  dans  la  culture  de  l'art  qu'il  aimait  avec 
passion.  Onslow  vint  une  dernière  fois  à  Paris» 
dans  Tété  de  1852,  et  retourna  à  Clermont,  mais 
pour  y  mourir,  à  l'Age  de  soixante-huit  ans. 

Dieudonné  Derne-Bârom. 

Fétto,  Biographie  untocneOe  des  Musiciens.  -  Georges 
OnslotP,  eiqobce  par  Angnste  Gatby.  —  Scodo,  Cri- 
tique et  LUtérature  musicates;  Paris,  1880.  —  Notice  kiâ' 
toriguê  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Georges  Onslow, 
par  F.  Halëry ,  lue  dana  b  séance  de  l'Académie  des 
Beaux^Arts  de  llnstltut  de  France ,  du  6  octobre  1688. 

OOMS  (Jean'Baptiste)p  écrivain  mystique 
belge,  né  à  Ghéle  (Brabant),  mort  dans  la 
même  bourgade,  le  24  juillet  i710.  Il  acheva  ses 
études  au  collège  du  Faucon  à  Louvain,  et  pro- 
fessa la  théologie  à  Gand.  Il  devînt  dans  cette 
ville  arcliiprètre  du  doyenné  (18  juin  1694)  et 
confesseur  des  religieuses  capucines.  On  a  de  lui  : 
Leven  van  de  edele  jou/frouw  Francisca 
Tajfin  (La  Vie  de  madame  Françoise  Taflin, 
fondatrice  des  religieuses  pénitentes  dites  Ca- 
ptictnes);  Gand,  1717,  in-12;  ^Yetclxringhe 

(1)  19oas  ferons  remarqoer  tel  que  les  œuTres  de  rou- 
siqne  Instrumentale  d'Onslow,  malgré  leur  répoUUon 
européennf,  n'auraient  pu  ouvrir  S  ce  composlieur  les 
portes  de  l*lnstUut  s'il  n'avait  en  pour  appuyer  «a  can- 
didature les  opéras  que  nous  avons  diés.  On  sait  que 
pour  être  membre  de  llnsUtut  un  musicien  doit  avoir 
bit  représenter  lo  molna  on  opéra  en  nn  acte. 


699' 


OOMS  —  OOST 


700 


van  hei  Leven  ende  MptterUn  van  de  aider- 
heyUghUe  Maget  ende  Moeder  godes  Ma- 
ritfy  et&  (Explication' de.  la  TÎe  et  des  myftlères 
de  la  très-sainte  Vierge  Marie,  mère  de  Dieu); 
Gand,  1703,  1706,.  iQ-J2;.—  Godtvruchtighe 
Eecleskattfke  TheoUgie  van  de  Deughden,  ete* 
{Pieuse  théologie  ecclésiastique  des   vertus); 

Gand,  1708*1712,  3  voL.ift^''. 

SMuiec,  Flandria  illustr^Ul^  p.-  141.  -  SvcerV  A«- 
crol.,  p»  90.  —  Paqiio!,  Mém.  pour  l^hUt.  des  Pats-Bas^ 
i.\\U  p-  srr-ss^. 

OOKS1SLL  (Gnillaume  vaic),  sermonnaire 
flamand ,  né  le  9  wM'  1 571 ,  à  Anrer? ,  mort  le 
3  septembre  1630,  à  Oand.  Après  avoir  terminé 
ses  études  en  I^pagne,  il  revint  dans  les  Pays- 
Bas,  et  prit  en  1593  lliabit  de  Saint-DominiqDe,  à 
Gand.  Chargé  d*abord  d^enseigner  la  théologie, 
à  Anvers ,  il  remplît  successivement  dans  son 
ordre  les  emplois  de  sous-prieur  à  Macstricht, 
do  prieur  à  Gand  et  à  Bruges,  et  de  déftntteur 
de  sa  province.  II  joignit  à  ces  diverses  fonctions 
Ir  ministère  de  la  prédication,  qu'il  exerça  pen- 
dant longtemps  avec  beaucoup  de  zèle.  Le  joor 
même  où  il  rentrait  an  couvent  de  Gand,  il  ex- 
pira subitement,  aux  piedf  de  son  prieur.  On  a 
de  lui  :  Clavis  cellùrii  dUinœ  et  humanx 
sapientiœ;  Anvers,  1613,  itt-12;  Gand,  1627, 
in- (2.  Oonsell  s'est  trompé  en  atfribvant  au 
P.  Michel  Franchois  ce  recueil  de  sermons ,  dont 
il  n'avait  été  que  rediteur;  —  Pratum  florin 
dissimum  concionttm  dfi  tempore;  Anvers, 
1617,  4  part,  in  12  (i);  —  Enchiridion  concio- 
natorum,  ex  Roseto  aureo  Sïlvestri  Priera- 
tis;  ibid;,  1619*,  in-12;  —  Syntaœis  instructis- 
simaS.  Sùripturx;  Anversj  1622, 1627,  in-12; 
Paris,  1682,  2  vpt.  in  12,  édit.  fort  étendue  de 
P.  Goussenville  ;  —  Officina  sacra  Biblica  ; 
Douai,  1624,  in- 12:  ce  recueil,  partagé  en  huit 
alphabets,  a  été  fort  utile  aux  prédicateurs  ;  — 
J/ieroglfjphica  sacra;  Anvers,  162^,  in-12.  K. 

Rcliard  et  Qoétif,  Sertptorer  ord.  PrudUaU^  I,  Ul, 
«67-S}  lï^i,  »,  ««»4.  —  P»«aot«  MéHÊOim,  ,X« . 

oemT'(il(fam  yak),  peintre  flimand,  né  à 
Anvers,  en  1557,  mort  dans  la  même  ville,  en 
1641.  Il  était 'fils  et  élève  de  Lambrecht  van 
Oort,  né  à  Amersfoort,  en  1520,  qui  se  distingua 
dnns  la  peintare  et  l'archilectore  et  vint  se  fixer 
-à  Anvers,  où  il  fut  reçn  membre  de  l'Académie 
de  peintare  en  '1547.  «  -Deué  de  graadea  facet- 
tés naturelles,  Adam  van- Oort,  disait  Rfnbens, 
qui  fut  son  élève,  eût  surpassé  tout  ses  contem- 
porains s*ii  avait  '  vu  ilOme  et  s'il  avait  cherché 
à  se  perfectionner  sur  les  bons  modèles.  «  U 
n'en  fut  rien  :  dessinateur  correct ,  bon  coloriste, 
compositeur  facile  et  heureux,  il  amoindrit  son 
talent  par  des  excès  de  tous  genres.  L'amour 
de  son  art  diminua  à  mesure  qu'il  s'abrutit  dans 

(I)  L'auteur  de  ce  rceodl,  Hu^mm  d»  Pmto,  aiort 
nomma  du  lleo  de  u  nalSMnrc,  qui  est  en  T«8eane«iie 
fit  dominicain  en  1176  et  mourut  le  4  décembre  lIM.  d»n« 
le  coQvnit  de  Prato,  i  l'erectton  duquel  11  avait  coDtrl- 
bud  Ses  SermornSf  \mprUuE»  pour  la  première  foèaeo 
1484,  et  plaaieor»  fote  depuU,  ont  été  rcebcrcMi  pour  la 
méthode  et  poor  la  Mlidite  qu^o  y  troute. 


la  débauche;  il  ne  regarda  plus  là.  peintare  que 
comme  un  métier;  il  né^i^»  la  natnre,  et  ne 
chercha  plus  qu'à  faire  vite.  Après  soo  mariage, 
changeant  tout  à  coup  d'allure»^  il  devint  avare, 
morose  et  d'une  brutalité  insapporlahle»  qui  éloi- 
gna ses  parents ,  ses  amis*  ses  élèves.  Malgré  son 
inoottdoite,  il  attei8nitràgeda<]uatTe-vingt-4]Qatre 
ans;  jusqu'à  son  dernier  jour,  il  ne  ceésa  de 
travailler,  maiala-  dernière  période  de  sa  vie  ne 
produisît  que  des  oeoirrea-  maniérées.  Oependaat 
il  moumt  avec  une  réputation  considénbleyet 
ses  tableaux  fnrent  recherchés.  On  en  voit  de 
très-reiBArqBabies  dans  les  prindpak»  égimrs  de 
Flandre^  Les  élèves  que»  forma.  Adam.- van  Ooit 
sofliraifint  d'ailleors  pour  faire  passer  soo  nom 
à  la  postérité;  outre  Tilhistre  Paul  Rubens,  U 
compta  parmi  eux  Jacques  Jordaéns,  qui  devint 
son  gendre;  Sébastian  Franek,  Henry  van  Ba- 
len,  etc.  ^  A.  db  L. 

Karel  vao  Mander,  Bti  town.  dêr  mûdemm^  etc., 
(  Amlerdam.  1617,  ia-4<>).  —  Descamps,  l/i  Fie  dms  pein- 
tres flamands,  etc.,  1. 1.  p.  71.  —  PUklagtnii,  Mrfionanr 
oj  painter9.  —  Weyennan,  ûé  SeMitderkmui  der  /Te- 
deriamdtrit  1. 1 .  p.  lit, 

OOST  (Jacques  yam),  snnooHné  le  Vieus, 
peintre  flamand ,  né  en  1600,  à  Bmgea,  .mort 
dans  la  même  ville,  en  lft71.  Issu  d'une  lamille 
riche  et  ancienne,  il  reçut  une  édocatioikooBiplètey 
et  s'adonna  de  préférence  au  dessin.  IL  arrivai 
copier  Rubans  et  van  Dyck  avec  tant  d'nrt  qœ 
see  imitations  trompent  encore  lea-amateork 
Ce  fut  sur  de  pareils  modèles  qu'il  prit  sa  belle 
touche  et  sa  coaleur  fondue.  Il  partit  pour  l'it»» 
lie,  où  la  manière  d'Annibai  Canaobn  le  fiu. 
De  retour  à  Bruges,^  qu'iLna  quitta  f)|ua:  (1630), 
il  y  fut  chaîné  de  travaux  considérablea^  et  quoi- 
que sa  vie  fut  longue  et  laborievM  oaeat  sas- 
pris  da  nombre  de<  tableaux  qu'il  a  produits. 
Les  plus  remarquables  sent  à  Brages  ;  dans- la 
cathédrale,  La  Réturrectéon^dH  Clufiat;àu& 
la  cirflégiale  de  Notre-Dana,  Saint  Éio^  dans- 
SaintrSaoveor,  Jje*  Ba^iéma  de^Jéengi  la  Mm- 
iyre  de  sainêe^G0deÀW€t  Saint  Btêbm^cûÊh 
sacré  évéque  par  la  Vierge  et-  sainte  Aaa«, 
Saint  Joseph  et  V Enfant  ^ésme  dame  un  aêe*- 
lier  de  charpentier ,  Jju  Anges  offrant  à  la 
Vierge  les  instruments  dSf  la»  JPetâSkm»  Le' 
Christ  quittant  sa  mère  poeur  monta  an  Cal* 
vaire;  Scùnt  Jeanti  Sainl  Pierre^  %natre 
petits  tableaux  représentant  -lea  ouvres  de  Mi^ 
séricordCf  etc.  ;  à  Saint- Jaaquaa»  uaa.Présenta' 
tion  au  Temple;  à  Saint-GUIes,  JA  Sainte 
Trinité;  dans  l'abbaye  «uxn Dunes»  un  Omitoa- 
nement  d*épines  ;  Xa  Pentecôte  i  Saint  Jean- 
Baptiste  et  saint  Jean  rÉvangeliste  d'après 
Antoine  .van  Dyck  ;  chei  les  Jésuites^  une  Dee» 
cente  de  Croisp,  le  dief-d'œnvre  de  van  Oost  : 
la  disposition  des  •personnages»  Texpreiision  dea 
ligures,  le^assîn,  la  couleur  et  rentente  du  clair 
obscur  font  de  ce  tableau  un  des  plus  beaux  da 
de  la  Belgique;  chez  les  Jacobins,  L' En  fasse  Jé^ 
sus  dans  une  gloire,  adoré  par  Usprinckpaus 
saints  de  r Ordre;  chez  les  Jacobins,  Le  Christ 


701 


OOST  —  OPFERGELB 


703 


en  crnîr  entre  la  Vierge  et  stimi  Je&n;  chez 
les  R<^M>llet9^  La  CirconeUion,  VAscension  de 
.^aivt  Antoine  de  Padoue,  Saint  FrançoH 
recevant  les  stigmates,  d'après  Robeoi»;  chez 
les  sœurs  noires,  un  aatre  Christ  en  croix 
(1630)  :  la  Vierge,  saint  Jean  et  la  Maddeina 
sont  à  ses  pied»;  dans  Té^'se  Notre-Dame- 
Ter-Poorterie ,  La  Nativité  »  taUewi  admiraUe 
dans  60Q  ensemble  et  par  les  détails  que  le 
peintre  a>sii  y  introduite;  cheB.les^OIarissesi  nne 
autre  Nativité,. où àe&  bergers  et  les- animaux 
sont  reaplaoés  par  des  Anges  et  des  Ohémbins; 
chez  les  Augostins^  Le  Mystère  dela-Samte 
Trinité;  dansThOpital  SainI  Jean,  lA  Vierge, 
V Enfant  Jésus  et  plusieure  saints,  La  Mère 
de  Douleur  ;  dans  l'abbaye  de  Saijit^Tron  z  Saini 
Martin  partageant  son  manteau  avec  un 
pauvre;  Sainte  Gertrude  :  c'est  le  portrait  de 
la  fille  de  van  Oost;  Saint  Tron  faisant  cons- 
truire Vabbage;  e^fin  une  gigantesque  compo- 
sition tenant  tout  le  fond  de  l'église  de  l'abbaye 
et  laissant  Toif  par  un  rideau  entr'ouvert  un 
autre  temple  enriehâ  de  colonnes  de  mart)re 
blanc  et  noir  d'une  profondeur  et  d'une  richesse 
inouïea.  Au  mUieu  des-  flots  de  lumière  qui  l'i- 
noadent  on*  aperçoit  dans  la  leintaJA  le  Saint- 
Eépril  desoendantsur  la  Vierge  et  sur  les  apdtres. 
Une  des  salleA  delà  juridiction  de  Bruits  possède 
encore  de  van  Oost.  on  taMeau  d'une  grande 
bcaoté.  Tens  les  nagifttrate.  composant  k  tribu- 
nal criiMM^ide  celte  ville  en  16&9  y-  sent  assem- 
blés et  placée  seloD-fleors  rangs»  IÎ&  viennent  de 
condamner  à  mort  un  meurtrier  à  qui  on  lit  sa 
sentencev  A  Ypves  oit  veit  aussi  une  belle  toile 
da  mâme  maitte;  Isâ.Naiions  adorani  le  Sei* 
gnewr. 

Le  Catalogne  des  onviages  de  van.OMt. sérail 
interminabltetsi Ton  voulait mentioBner  lesaem- 
breu\  portaraits  qui  4ynmA  lea  galeries  et  lessar 
Ions  defamitte  de  sa  patrie,  ainst  qneles  saUes 
<le   confréiie«.  da    corporationa,   de    eempa^ 
gaies,  elcw  Descempt'  en  trace,  ainsi  l'éloge  : 
«  Ses  mipesitiope  eont  sioplee  et  ' réfléchies  ;  il  • 
y  iotrodnisii  peu  de.  figures;  toutes  y  sont  né- 
^sairesi  et  l'oBJi'enrdéairt  paedavaniage;  mai* 
il  les  posattavec  noMeaaa.  Ingénieur  et  simple 
dans  leurs  ornements»  illee  drapait  bien.  Comme  » 
il  n'aimaii  point  à  pdndre  le  paysafl^^. il  ornait', 
^  fonds  avec  de  reicbilecUHre,  qu'iL.  entendait!, 
très-bitik-  ainsi  que.  la  perspeetive.  Son  destûn. 
e.^  defort>bon.go6t,  moins  chargé  que  celui  dui< 
Carrache;  tout  ce  qn>ii  a  fait  est  oependanâ  dans 
la  manière  de  ce*  maître.  Sa  couleur  dans  les 
<^baira  est  fraîche  et  naturelle;  U  n'en  est  pas 
ainsi  de  ses- dftperies:  des  oouleois  p^u  ron^ 
puesdeanent  souvent  de  la  crudité  àses^toKet;.  p 
^^  derniers oatrages  sont  les  meilleurs*. 

^^••«•«P»»  La  fié  de»  pHntrês  ftamands,  etc.  t.  I,. 
P  M»,  î«Kttt.  ^  PUktBgton,  DUttionaryqfpaUUtrs. 

OQST.(  Joog^es  VA»),  dit  te.  Jaune,  peintre 
tUmand.fils  duprécétlent^néàBrugeSi  en  io;C, 
inort  dans  la  môme  ville,  le  29  décembre  1713. 


Élève  de  son  père,  il  vinl  '  à  Pftvis^  oè  il  '  resta 
deex  années ,  pots  se  rendit  à  Rorae,  où  il  sé- 
journa pli»  longtemps.  Paris  loi  semblait  le  seul 
théâtre  digne  de  son  talent;  il  y  revenait  donc 
lorsq^t'iMrouva  à  Lille  quelques  amis  qui,  l'ar- 
rêtant aa  passage,  lui  procurèrent  de  nombreux 
f  ravanxi  II  se  maria, et»renençant  h  tout  voyage, 
demtnra  garante  et'nnans  àLIHl»,  d^où  il  ne 
sortit  qn'apfès  la  mort  de  sa  femme.  Van  Oo^t  le 
jeune  était  le  meilleur  portraitiste  de  son  {lays  à 
son  époque.  H  n'a  jamais  aimé  les-taWeaox  de 
cheviûel.  On  ne  trouve  de  ses  ouvrages  que 
dans  l«&  églises  ou  les  grandes  -gialeries.  Les  plus 
remarquables  sont  à  Lille  :  Le  Martyre  de 
sainte  Barbe^  regardé  comme*  le  chef-Kl^'oRuvre 
du  peintre;  une  Ttansfiguratiom;  la  Résur- 
rection de  Lazare;  la  Vie  de  saint  Jean^de- 
la-Croix,  céXe  de  saiwte  Thérèse;  uiifn  Sainte 
Famille;  V Enfant  Jésus  à  qui  on  présente 
les  instruments  de  la  Passion.  On  admire  à 
Bruges,  aux  Réoollets  :  Suinte  Marguerite  en- 
chaînant le  dragon  ;  et  à  TAbhaye-aux-Dunes 
lin  très-beav  portrait  d'abbé  tableau, de  sapre» 

mière  jeunesse'.  A.  de  L. 

Oetoamps,  Lu  Vie  de$  pHtdm  fieunand*. 

OOSTBBwrK  (  Maria  van  ),  peintre<hollaa» 
daise.nëc  à.MSootdorp  près  de  Deift,  le  20  aoât 
1630,'  mode  en  1696/  à.EiAdam.  Son  père,  mi* 
nistrede  r$gUse  réformée,  lot  donm  uœ  bonne 
éducalio»  :  ayant  rcranrqné  la  vive  inclination 
de  sa  fiile  pour  la  peinture,  il  l'envoya  à^  Utrechi. 
preodve  le»  leçons  de  Jean*- David  de  Jkero. 
Riche  et  spirituelle.  Maria  eàt  p»  aiséoMnl  se 
livrer  à  unee&istenoe  brillante;  maie  elle  pré- 
féra tooioarB  une  vie  modeste  et  laborieuse,  et 
pour  la.  suivre  ainsi,  elfe  sa  retira  près  de  son 
grand-pèreà  DelfL  Maffia  finit  ses^jours  chez  son 
nevettJaàob  van  Assendetflt,  prédicateur  à  Eut- 
dam,  auquel  elle  laissa  sa  fortune.  Le^  tableaux 
de  Maria  Oosterwyk  soni  très-rares»à  cause  du 
temps  qn'ellepasaait  à  les  finir.  Elle  est  justement 
mise  a»  pwmier  rang  des  peintres  de  flesrs. 
Elle  avait  un  rare  go(tt  pour  les  grouper,  en  va- 
rier* les  couleurs,  et  en  formerun  ensemble  liar- 

mooienx.  Ai  c«i  L. 

()«Mamp9,  IM  vu  detpHrâft»  hêUamdai»,  etc.,  t.  IL, 
p  ice^ios.  —  PlUlortoa^  IHctUmary  0/  painters. 

OPERA  {Giovanni  dell').  Foy.  Bakoimi 
(Giovanni). 

OPFERfiSdLa  (Frédéric) f  théologien,  alle- 
mand, né  à  BreslaUy  en  1668,  mort  en  1740. 
Après  avoir  été  pasteur  à  Festenberg  et  à  Nauen, 
il  devint,  en  1721,  prévôt  du  couvent  de  Notre- 
Dame  à  Magidebourg.  On  a  de  lui  :  Sonderbare 
Feste  (Fêtes  singulières);  Brug,  1606,  iB-12; 

—  Biblioiheca  sacra  ;  Magdebourg»  1728,  in-8**  ; 

—  Nachricht  von  den  jûdischen  Lehrern 

und  von  ikren  sur  Exégèse  gehorigen  Schrif- 

ten  (  Notices  sur  les  rabbins  et  sur  leurs  écrits 

qui  peuvent  servir  à  l'exégèse);  HaUe,,l738, 

inT8\  O. 

Moacr.  LexiJion  der  jttsthbendm  Theoioçen,  et  U 
Continuation  de  Neubaoer. 


703 


OPHÉUON  —  OPIE 


OPBfiLiON  (*Û9eX((0v),  poète  comique  atiié-» 
nien,  yivait  dans  le  quatrième  siècle  a?ant  J.-C. 
Les  témoignages  des  anciens  à  son  égard  sont 
fort  incertains,  et  Ton  n'est  même  pas  sûr  qu'il 
appartenait  à  la  comédie  moyenne  ;  cette  opinion 
est  cependant  la  plus  probable,  et  paraît  justifiée 
par  les  titres  suivants,  que  mentionnent  Athénée 
et  Suidas  :  AevxaXîa>v  (  Deucalion),  KaXXaioxpoc 
(Calleschrus),  KévTaupo;(/«  Centaure)^  Lol- 
Tupot  {les  Satyres),  MoOcai  (les  Muses),  Mo- 
voTpoicoi  ou  Movorponoç  (le Solitaire),      Y. 

Atbénée,  II.  -  Suidas,  au  mot  'OfeXiwv.  —  Melocke, 
FragwMuta  com.  grêecorum,  vol.  I,  p.  41t;  III,  p.  880; 
Prxf.  ad  Menandnun,  p.  10,  11. 

OPB  BLLAS  (  'O^éXXac  ),  roi  on  chef  de  Cyrène, 
né  à  Pella,  en  Macédoine,  mort  en  308  avant 
J.-C.  Son  père  se  nommait  Silène.  H  accompa- 
gna Alexandre  dans  Texpédilion  d*Asie,  et  son 
nom  figure  parmi  ceux  des  commandants  de  la 
flotte  de  rindua  en  377.  Après  la  mort  du  roi 
de  Macédoine,  il  s'attacha  à  la  fortune  de  Pto- 
lémée,qui  l'envoya,  en  322,  à  la  tête  d'une  armée 
considérable  pour  s'emparer  de  la  Cyrénaïque, 
alors  déchirée  par  la  guerre  civile.  Ophellas 
réussit  dans  cette  missidn,  et  après  des  événe- 
ments peu  connus,  qui  nécessitèrent  la  présence 
de  Ptolémée,  il  obtint  le  gouvernement  de  Cyrène, 
qu'il  garda  jusqu'en  313.  A  cette  époque  éclata 
dans  la  Cyrénaïque  une  révolte  qui  fut  compri- 
mée  par  Agis,  général*  de  Ptolémée,  mais  qui 
laissa  les  habitants  irrités  et  préparés  à  une 
nouvelle  insurrection.  Ophellas  profita  de  ces 
dispositions  pour  pousser  la  Cyrénaïque  à  for- 
mer sous  son  autorité  une  principauté  indépen- 
dante ;  et  à  la  faveur  des  guerres  qui  attirèrent 
en  Asie  les  armées  de  Ptolémée,  il  maintint  et 
fortifia  son  pouvoir.  Agatliocle,  sur  le  point  d'en- 
treprendre son  expédition  contre  Carthage,  pensa 
que  rallianœ  d'Ophellas  lui  serait  du  plus  grand 
avantage^et  pour  se  l'assurer  il  s'engagea  à  cé- 
der à  Ophellas  toutes  les  conquêtes  que  leurs 
troupes  réunies  feraient  en  Afrique,  ne  se  réser^^ 
vant  que  la  Sicile.  A  ces  conditions  Ophellas 
consentit  à  marcher  contre  Carthage  à  la  tête 
d'une  puissante  armée  de  mercenaires.  Après 
une  longue  et  périlleuse  route  de  deux  mois  à 
travers  le  désert,  il  atteignit  le  camp  d'Aga- 
ttiocle,  qui  Taccueillit  avec  de  grandes  démons- 
trations d'amitié.  Les  deux  princes  agirent  quel- 
ques jours  de  concert;  mais  le  Sicilien  calcula 
que  les  conditions  du  traité  étaient  onéreuses 
pour  lui,  et  qu'il  lui  serait  plus  avantageux  d'a- 
voir les  mercenaires  sans  le  général.  Il  tomba  à 
l'improviste  sur  le  camp  des  Cyrénéens,  et  fit 
tuer  Ophellas  à  la  faveur  du  tumulte.  Les  mer- 
cemaires,  restés  sans  chef,  entrèrent  dans  l'ar- 
mée d'AgathocIe.  La  carrière  et  la  fin  tragique 
de  ce  soldat  d'Alexandre  sont  de  curieux  épi- 
sodes de  la  période  agitée  qui  suivit  la  mort  du 
conquérant  macédonien.  Justin  l'appelle  roi  de 
Cyrène;  cependant  il  est  douteux  que  ce  vaiU 
lant  aventurier  ait  pris  le  titre  royal,  il  avait 


704 

épousé  une  AthénienBc,  Eurydice,  fille  de  Mil- 
tiade,  et  il  semble  avoir  entretenu  coostamnieni 
des  relations  amicales  avec  les  Athéniens.  L.  J. 

Arrien,  Ind.,  18.  -  DIodere  de  Sicile.  XVIi|,«i,Tt; 
XX,  40-41.  —  PauMotas,  I.  6.  —  JusUn,  XXII,  7.  - 
Orose,  IV,  6.  —  Polyen,  V,  8.  —  Suidas,  'OféUo;.  — 
Pliitarqne,  Démit.,  14.  —  Droyaeo.  Hellenltwms,  toL  I^ 
p.  414, 417.  —  Grote,  HUUtry  of  Creêce,  U  XU. 

091E  (AtnHia  Aldemok,  M"*^),  romancière 
anglaise,  née  à  Norwich,  le  12  novembre  1769, 
morte  le  2  décembre  1853.  Fille  umqoe  d'an 
médecin  distingué.  Miss  AMerson  épousa,  en 
1798,  le  peintre  qui  lui  donna  son  nom.  Kentêt 
elle  se  trouva  lancée  dans  le  monde  littéraire  et 
artistique  de  la  capitale  :  encouragée  par  son  mari, 
elle  publia  des  poésies,  des  contes,  des  noavelles 
(Àdeline  Mowbray,  1804  ;  Simple  taies  ,1805; 
Taies  qf  real  l\fe,  1816,  etc.  ),  qui  lai  ont  valo 
une  place  honorable  dans  la  plâade,  iissex  dodi- 
breose,  des  femmes  auteurs  de  la  Grande-Bre- 
tagne au  commencement  de  ce  siècle.  BArss  Opie 
affectionna  les  sujets  moraux  et  pathétiques. 
L'un  de  ses  premiers  romans.  Le  Père  et  la  Fitltf 
a  fourni  le  sujet  de  l'^l^nese.  Ses  ballades,  qu'elle 
chantait  elle-même  dans  le  monde,  obtinrent  un 
véritable  succès  d'attendrissement  :  quelques- 
unes,  ttiies  que  V Orphelin^  Ne  m*oubliez  pas, 
sont  de  petits  chefs-d'œuvre  qui  feront  ^ivre  le 
nom  de  leur  auteur.  Cependant  des  liaisons  déjà 
anciennes  avec  plusieurs  familles  appartenant  à 
la  secte  des  quakers  amenèrent,  en  1825,  l'affi- 
liation de  Mrss  Opie  à  cctie  communauté.  Elle 
adopta  leur  costume  et  leurs  formules,  sans 
renoncer  toutefois  aux  relations  du  oMsûde  et 
à  la  littérature.  Les  tendances  un  peu  mystiques, 
déjà  sensibles  dans  ses  romans  ^  Valentine's 
Eve,  Taies  of  the  heart,  MadeUne,  definrat 
plus  marquées  dans  ses  derniers  ouvrages  :  Il- 
lustrations of  lying,  1825,  et  surtout  ijays 
/or  the  dead,  1833,  poésies  où  l'idée  de  la 
mort  est  mise  en  oeuvre  avec  un  seatilnent 
très^pathétique  et  très-élcré.  L'aimable  quatre- 
resse  entretenait  une  correspondance  suivie  avec 
Mackintosh,  Walter  Scott,  Sheridan,  HnmboMt, 
Sidney-Smilh,  Wilkie.  Yeuve  au  bout  de  neuf 
ans  de  mariage,  elle  était  retournée  vivre  au- 
près de  son  père  à  Morwich;  mais  die  fiiisait 
d'assez  fréquents  voyages  à  Londres  et  même 
sur  le  continent.  Des  fragments  qui  nous  ont 
été  conservés  de  sa  correspondance  et  de  8e^ 
journaux  renferment  de  piquants  détails  sur  la 
présence  des  souverains  alliés  à  Londres  en 
1814,  sur  un  voyage  des  bords  do  Rhin  en  183à. 
et  sur  trois  excursions  qu'elle  fil  en  France  en 
1802,  1829  et  1830.  A  cette  dernière  époque, 
Mrss  Opie  vit  à  Paris  la  famille  H'Orléans,  h* 
général  Lafayette,  David  d'Angers,  qui  l'a  re- 
présentée dans  un  médailton  avec  son  bonnet 
de  quakeresse,  etc.  La  plupart  des  romans  de 
Mrss  Opie  ont  été  traduits  en  français.  M°^  la 
comtesse  Mole  a  donné  une  tradottion  anonyme 
de  ses  Histoires  du  ccmr,         K.  RATSfRT. 

Mlas  BrfghtweU,  MemoriaU  of  IA«  W^  ^  jtmêUa 


705 


OPIE  — 


Opif,  selêcUd  énd  arrançtdfrmn  ker  UtUn^  IHariet 
and  othêT  mam/teripU;  London,  lM4,ln-8». 

OPiLirs  AuaBLiiJS,  grammairiea  et  so- 
phiste latin,  Tirait  au  oomroencement  du  pre- 
mier siècle  avant  J.-C.  Il  fut  l'esclave  d'un  phi- 
iosophe  épicorien ,  qui  loi  donna  la  litterté.  Il 
enseigna  d*abord  la  philosophie,  puis  la  rhéto- 
rique et  enfin  la  grammaire.  Remarquable  comme 
un  des  plus  adciens  professeurs  de  bellesriettres 
à  Rome,  il  se  'distingua  encore  plus  par  son  at- 
tachement à  Rutilius  Rufos.  Lorsque  cet  homme 
d'État  fut  iiûnstem^t  condamné  à  l'exil»  en  92, 
Opflitts  renonça  à  son  école  pour  l'accompagner. 
Les  deux  amis  vieillirent  ensemble  à  Smyme. 
Opijius  composa  quelques  ouvrages  sur  divers 
^iujeti  d'érudition.  Le  plus  important  comprenait 
neuf  livres  et  portait  le  titre  de  Muses  {âiusx}; 
îl  était  consacré  à  la  grammaire;  Âulu-Gelle  lui 
a  emprunté  l'étymologie  du  mot  Inducïx^  la- 
quelle fait  peu  d'honneur  au  savoir  d'Opilius. 
Ce  grammairien,  en  tête  d'un  autre  de  ses  traités 
intitulé  Pinan^  avait  mis  un  acrostiche  snr  son 
nom,  et  Suétone  remarque  qoll  l'avait  ortho- 
graphié OpUlius,  Y. 

SnétoDe,  De  Wmtribut  çrammatieit,  6.  -  Lcrsch, 
SpraéhphUoiopkie  der  MUwn,  III,  p.  iSO. 

OPiMics  (Iiidifs),  homme  d'État  romain, 
mort  vers  100  avant  J.*C.  Il  appartenait  à  une 
maison  plébéienne,  la  gens  Opimia,  qui  est  men- 
tionnée pour  la  première  fois  do  temps  des 
guerres  samnîtes,  et  il  était  fils  de  Q.  Opimius, 
le  premier  membre  de  cette  gens  qui  obtint  le 
consulat  en  154.  Loinnèroe  fut  préteur  en  135, 
et  marcha  contre  la  ville  de  Fregelles,  qui  s'était 
révoltée  pour  obtenir  le  droit  de  cité.  Il  's'en 
«mpara  par  la  trahison  d'an  des  citoyens,  Numi- 
torins  Pullus,  et  la  punit  avec  une  rigueur  impi- 
toyable. Sa  sévérité  le  signala  à  la  faveur  du 
I^rti  aristocratique  et  conservateur  dont  il  de- 
Tînt  un  des  plus  violents  défenseurs.  Caîus  Grac- 
chus,  chef  do  parti  contraire,  employa  toute  son 
influence  pour  l'empêcher  d'arriver  au  consulat; 
mais  s'il  réussit  à  l'écarter  de  cette  magistra- 
ture et  è  lui  faire  préférer  Fannins  en  122,  il  ne 
pot  pas  prévenir  son  élection  pour  l'année  sui- 
vante. Opimius,  consul  en  121,  eut  pour  collègue 
Q.  Fabius  Maximus  Allohrogicus.  La  lutte  re- 
tardée d'un  an  éclata  avec  violence  dès  que  le 
consul  conservateur  et  le  tribun  démocratique 
se  trouvèrent  ensemlile  au  pouvoir.  Au  fond  le 
bon  droit  était  du  côté  de  Gains  Gracchus  ;  mais 
Opimius  avait  pour  lui  la  légalité  stricte,  et  il  en 
profita  pour  pousser  son  adversaire  aux  résolil- 
tions  extrêmes  et  illégales.  Enfin,  il  obtint  ce 
qu'il  désirait;  Caîus  Gracchus  dbnna  à  regret  et 
^vec  une  singulière  hésitation  le  signal  de  la 
résistance  armée.  Aussitôt  le  sénat  investit  le 
consul  de  pleins  pouvoirs  pour  maintenir  la 
sûreté  publique.  Armé  de  ce  décret,  Opimius 
di{(persa  les  adhérents  «de  Caiua  Gracchus,  et 
après  cette  facile  victoire,  il  se  montra  aussi  Im- 
pitoyable pour  les  Romains  qu'il  l'avait  été  pour 
les  habitants  de  Fregelles.  Plus  de  trois  mille 

Momr.  Bioca.  gèhèêl.  —  t.  xxxvin. 


OPIMIUS  70« 

personnes  furent  massacrées.  Un  aussi  féroce 
abus  de  la  victoire  était  sans  exemple  dans  l'his- 
toire romaine  et  ne  fut  imité  que  par  Marias , 
Syllaet  les  triumvire. 

Malgré  la  consternation  dans  laquelle  le  san* 
glant  triomphe  du  sénat  avait  jeté  le  parti  dé- 
mocratique, Q.  Decins,  tribun  du  peuple,  acensa 
l'année  suivante  (120)  Opimius  d'avoir  mis  à 
mort  des  citoyens  romains  sans  jugement.  Le 
consul  C.  Paptrius  Carbon,  ancien  partisan  de 
C.  Gracchus,  qui  avait  passé  au  parti  vainqueur, 
le  défendit,  et  les  juges  de  l'ordre  équestre,  qui 
devaient  leur  pouvoir  à  une  loi  de  C.  Graodras, 
Tacquittèrent.  Mais  le  châtiment  qu'il  évita  cette 
fois  l'atteignit  plus  tard  d'une  manière  plus  infa- 
mante.  En  112,  il  présida  la  commission  envoyée 
en  Afrique  pour  partager  les  domaines  de  Mi- 
cipsa  entre  Jogortha  et  Adberbal.  Jngurtha,  qui 
le  comptait  déjà  au  nombre  de  ses  amis,  ne  né- 
gligea rien  pour  aciiever  de  le  gagner.  Des  dons 
et  des  promesses  amenèrent  le  consulaire  à  sa- 
crifier son  devoir,  sa  probité,  sa  réputation  aux 
intérêts  du  prince  numide.  Les  autres  commis- 
saires ne  furent  pas  plos^que  lui  è  l'épreuve  de 
la  corruption,  et  il  en  résulta  que  Jugurtha  eut 
de  beaucoup  la  roeitleure  part  de  l'héritage  de 
Micipsa.  Cette  honteuse  transaction  passa  d'a- 
bord maperçue.  Mais  la  défaite  de  l'armée  ro- 
maine sous  Albmus  rappeU  aux  Romains  qoe  la 
commission  de  112  était  la  cause  de  ce  désastre, 
et  le  tribun  du  peuple  C.  Mamilius  Limetanus 
demanda  une  enquête.  Les  résultats  en  furent 
accablants  pour  Opimius  et  plusienn  des  chefs 
de  raristocratie.  Opimius  se  retira  en  exil  à 
Dyrrhacliinm,  en  Épire,  où  il  vécut  plusienn  an- 
nées, haï  et  insulté  par  le  peuple,  et  où  il  mon- 
rut,  dans  une  grande  pauvreté.  L'enquête  et  la 
sentence  de  109  furent  une  véritable  revanche 
de  la  sanglante  répression  de  121,  et  il  est  pro- 
bable qu'il  s'y  mêla  des  excès  comme  à  toutes 
les  réactions,  et  que  la  justice  ne  fut  pas  à  l'abri 
des  passions  politiques.  Le  féroce  consul  de  1 21 , 
le  commissaire  vénal  de  il 2,  méritait  son  sort; 
mats  le  parti  aristocratique  ne  l'en  regarda  pas 
moins  comme  une  victime  innocente  des  fnreure 
populaires.  Cicéron,  qui  avait  trop  comptaisam- 
ment  adopté  les  intérêts  et  les  idées  de  l'aristo- 
cratie, a  déploré  plus  d'une  fois  la  destinée  d'O- 
pimius,  et  s'est  plaint  de  la  cruauté  montrée  à 
l'égard  d'un  homme  qui  avait  rendu  à  son  pays 
des  services  aussi  signalés  que  la  conquête  de 
Fregelles  et  la  destruction  de  Gracchus.  Il  l'ap- 
pelle le  sauveur  de  la  république  et  regarde  sa 
condamnation  comme  un  malheur  et  une  tache 
pour  le  peuple  romam. 

L'année  du  consulat  d'Opimius  en  121  fht 
remarquable  par  l'extrême  chaleur  de  l'automne 
et  donna  du  vin  d'une  qualité  extraordûiaire.  Ce 
vin,  célèbre  sous  le  nom  de  Vintim  Opïvàanum^ 
fut  conservé  pendant  une  espace  de  temps  pres- 
que incroyable.  Il  en  restait  encore  lorsque  Ci- 
céron écrivit  son  Brutus^  quatre-vingt-cmq  ans 

23 


WHT 


OPIMIUS  —  OPMEER 


ÎOS 


pbis  tord;  VeDekis  Patercakia,  ^i  éemaii  soas 
le  rè|me  de  Tibère,  prétead  qii^il  n'en  existait 
pkia';  mats  PIbm,  sous  YespasieD,  e'c8t*à-dtre 
deux  cents  ans  après  le  consulat  d'Opinûas, 
prétend  qn'tt  eu  restaût  encore»  el  qu'il  avait  la 
coBsislaace  du  miel;  qu'il  était  d'aiiieara  si  fort, 
ai  dur,  si  araoTy  qu'oo  ne  pourait  le  boire  qu'en 
le  dékyaiit  dans  beaucoup  d*eao.        L.  J. 

Vite-lire,  BpU.,  W,  tl.  —  Qoéron,  De  fiment^  II,  M; 
de  OrûLr  11»  ts  f  pra  Plameo,  » }  Mrut^  U  ;  te  Pimtu^ 
39  :  pro  ^«51.,  67.  —  Plutarqne,  C.  Gracchus^  8,  il,  IS. 
—  Sattaste,  JugurthOt  16,  40.  »  VcUeiaa  Paterculus,  II, 
T.  -  PliM.  ffkt,  mat^  XIV,  4^  —  SalUi,  MetiON.  o/ 
^nC,  aa  mtt  yiemm^ 

091VI  (  jr«r<to  ),.  célèbre  poète  aHtmMd^  né 
le  23  déonsbee  t597,  à  Bunzlao  en  SMéMe,  mort 
le  70  aoét  ttt3%  à  Dantaick.  Fils  d'rai  conseiller, 
il  fit  ses  éteins*  claaaiqnes  à  Bunzlan ,  h  Breelaa 
et  à  BcntbcB  et  fréqncnU  depuis;  Ht»  à  Vmà- 
versité  de  Ffancfort,  oè  il  ne  tarde  pas  à  aban- 
donner Tétude  du  droit.  Depuis  cette  époqne,  il 
laèoe  une  vie  de  nomade.  On  le  voit  successif 
venant  à  Hddelberg^  Strasbourg,  Leyd«'(  ino), 
ou  ranitié  de  Daniel  Heinsitts  le  eonduMè  Imiter 
la  poé»e  antique  aussi  bien  qne  la  raideur  et  le 
pédantismc  des  Bedtryker  bollandais  ;  on  le  ren- 
oontre  ensuite  dann  le  Holstein,  cbez  son  ami  Ha- 
milton,,  à  LiegnUx»  à  Wetssenbourg  en  Transyl- 
vanie, eèii  fut  appelé  comme  professeur  de  phr- 
losopbie  par  le  prince  Bethlen  Gabor  (1622). 
Dégoûté  bientôt  de  vivre  dans  ce  pnys  incnlte^  il 
revient  à  Liegniti,  ci  se  rend  à  Tienne  en  1626, 
ak  rcmpereor  VMinaod  II  hri  confère  la  oon- 
renne  d»  lanrier  dn  poète.  Peu  après  M  devient 
secrétaire  dn  bnrggrave  de  Dohna;  f empereur 
ulteamontaitt  aaoblit  le  poète  protestent  en  loi 
donnant  le  titre  de  Boherfeld.  En  163*,  il  (H, 
à  Paris ,  te  connaissance  de  Hngo  Gmlius.  Après 
lamort^  du  comte  de  Dobne,  il  vécut  à  Dantaick, 
on  iA  flrt,  depuis  1636,  secrélaire  et  bistoriograplie 
dik  voi  de  Poio^e,  Ladislns  IV.  C'est  là  qu'il  est 
mort,  victime  d'une  épidémie.  Opilz  jouissait  au- 
près de  ses  contemporains  de  b.  même  aoterite 
qpe  Gflstbe  de  nos  jours.  S'il  n'est  pins  hi  aujour- 
d'hui ,  c'est  qne  son  mérite  comme  |)Oëte  a  éte 
exagéré.  On  chctclM'  en  vain  dans  ses  pvodactioos 
im  tengage  poétique,  l'élévatio»  de  la  pensée^  la 
richesse  (te  l'imagination,  la  naïveté  d»  senti- 
ment, enftn  tout  ce  qui  constitue  te  véritebte 
poète.  Si  en  fa  surnommé  te  père  et  restaura^ 
ieur  de  ia  poésie^  si  en  est  allé  joaqs'à  appeler 
Ofiéisinne  te  musc:  allemande,  c'est  parce  qa'il  • 
beaucoup  contribué  i  te  purete  de  te  tengue  al- 
lemande et  qn'il  y  n  mtfodnit  une  nowfelte  pnv* 
80^e.<  U  est  vrai  que  son  petit  livre  sur  te  versi- 
fication allemande  (/?âcA/eiai  vander  deuUchen 
Pteierei;  1624,  10"  éd.,  166»)  a  marqué  une 
noovelteère.  Jusqo'alore  en  s'éteit  borné  à  comp- 
ter les  s^dtebes  des  vers  oensne  le  faisait  encore 
Hans  Sachs  ;  Opite  exigea  te  premier  q«*ea  tint 
compte  de  l'accent  des  mots,  an  défaut  des  syl- 
labes longues  on  brèves  des  anciens.  Il  arriva 
ainsi  è  pmctemer  comme  vers  modèle  falexaii- 


drin,  qui  domine  dans  toute  Tépoque  suivante. 
Opitz  excelle  surtout  dans  le  genre  didactique. 
Ou  a  de  lui  :  Poésie  didactique  :  Consolation  dans 
Usadversités  de  la  guerre  (Trostgedicht  in  Wi- 
derwartigkdten  des  Kriegs);  1621  ;  —  Zlotna^ 
ou  de  la  tranquillité  de  Came  (  Von  der  Robe 
des  Gemùths);  1622;  —  Vilgut,  ou  du  tnrai 
bonheur  (  Vom  wabren  Gliick  )  ;  1633  ;  —  Éloge 
du  dieu  de  la  guerre  (Lob  des  Krîegsgptts); 
1627.  —  Poésie  descriptive  :  Veswfius,  1633^  le 
premier  poème  dans  ce  genre.  —  Poéste  drama- 
tique :  Daphné;  1627.  —  PdSésie  Ijrique  *.  SU» 
poéfiçoe  (PoetisclieWalder),  collection  de  piè- 
ces proflames  ou  spirituelles;  ~  des  Traductions 
de  l'hébreu  et  du  grec  (lesp5iit(flies,  VAuii§au 
de  Sophocle,  etc.).  Nous  dterons  enfin  ;  ScMaJ- 
tereif  vu  der  Nimphin  HercinUt  pièce  d'ua 
genre  mixte.  Il  existe  douze  éditions  de  ses  œn- 
vrés  :  la  première  :  Martin  Opitzens  deutaeke 
Poemata^  fut  publiée  par  J.-W.  Zmcgrcf  (Stris- 
bouri^  1 6314,  in  -4*  )  ;  la  plus  complète  est  te  10* 
(Breslais  1690,  et  Francfort^  1724.)    l,  Uxtl 

Ersch  et  Grnber,  jiUg.  Enejf. 

OPITZ  (  Henri) f  savant  orientaliste  altemaad, 
né  à  Âltembourg,  te  94  févrter  1 642,  mort  te  31  |a> 
vter  1712. 11  fut  professeur  à  Kîel,  et  poliDa,  nitre 
antres  :  ^friism  lingux  sanctm;  Hamboori;, 
1671 ,  in-4^;  —  Biblia  parva  kebnBthlatvnû; 
Hambourg,  1673;LeipBrig,  1682,  I689,ete.,te-I3; 
SgnopsU  linguss  ûhaléaHœ;  lâin,  tC74,n-4*; 
— Atrium  aecentuatienissaiptmréB  keèrmkx; 
léna,  1674;  Hambourg,  I7»t  et  1710,  iD-4*;  — 
€rxcismms  faeiHtati  suw  restituhn  meikodo 
nova;  Ktel,  1676;  Leipiig,  1687 et  1897,  m-«^: 
cet  ouvrage,  où  Tamteur  essajie  #étabfir  oae 
gvanée  analogie  entre  le  grec  et  le»  iangnes  oneo- 
tetes,  Ibt  suivi  di*nne  tengue  poHmiqne;  —  i>* 
5«mnrttonamn»  Hierarum  sptsria  nn^f^ia- 
tate;  Klel,  1689,  fe-4<*;  ^  Pi&vum  leneon 
kebrXQ-ekalâeo'Mièeum  ;  Lelpzig^,  1691; 
Hambourg,  170S  et  i7M,  ln-4*  ;  — .  De  tte- 
turo  et  xtate  remrgentimn;  Kvd,  1707, 
ii^*  :  Mlia  he^ntieaevmoptimis  impressis 
eêmanmseriptis  etjnxta  Maeoramemenieta; 
Klel,  1709,  et  Leipzig,  1719,  i»-4*;  celte  éditioa, 
à  teqneMe  il  travailte  trente  ans,  et  dépassa  ea 
exattiiude  tontes  les  précédentes. 

Son  ftls,  PutO^rrédér^,  né  ft  Ktel,  en  1684, 

mort  en  1747,  enseigna  depnis  1721  le  grec, 

les  tengnss  orientâtes  et  la  tbéologteà  Funiver- 

site  <te  sa  ville  nalate.  On  a  de  ini  :  JPe  tusto- 

dks  tempii  MÊierosolfmiiani  noetunta  ;  IDel, 

1704  et  1710,  te-4%  et  dans  le  Theaenêrus  dT- 

9olino,  t.  IX;  —  De  Haârimni  Hnperatmis  in- 

dole,  vèrtutibms  et  vUHs;  ibid.,  17221723. 

2  partteo,  ia-4P.  O. 

Tbien,  GUtkHen  §mtMetU  dir  vmmrm&  MiH^tl 
—  CUateplé  el  BotSDaillItf,  MéUidhiek/tU-éiÊ  UUn^ 
fur  der  bibliscben  Krttik,  t.  l).  -  BlnctilBS,  0»^*- 
bîêeh.  —  HeCcd,  CadkieMe  der  hebrriseken  Sprae^- 

•PHÉEii  (Pierre  van),  historien  hollan- 
das,  né  le  13^  septembre  1525,  à  Amsterdam, 
mort  te  9  novembre  1595,  à  Deift.  Après  s'élre 


709 


OPMEER  — 


adoooé  k  la  médecine,  il  avait  alwrdé  la  j»rit>  f 
prudence  el  il  allait  prendre  ses  degrés  à  Lou- 
Tain  lorsque,  témoin  des  grands  progrès  de  la 
réformation,  il  se  jeta,  par  attachement  poor  la 
fui  romaine,  dans  rétudc  de  la  théologie  et  ne 
fut  plus  occupé  que  de  la  lecture  des  Pères. 
Son  principal  ouvrage  a  pour  titre  :  —  Opus 
chronogrophictaa  orkis  «laioersi,  a  mimdt 
exordio  usgue  ad  ann.  MDCXl;  Anvers,  1*1 1 , 
in-fol.  fig.  ;  il  est  écrit  d*un  style  net,  quelque- 
fois trop  oratoire.  La  chromqne  U'OfOieer  con- 
dult  jusqu'en  1569  ;  elle  a  été  coolimiée  paj  le 
chanoine  Laurent  BeyerHnck.  A  la  fin  de  ce  re- 
cueil on  trouve  encore  d'Opmeer  :  Ift^/oHa  mat- 
iyrum  batavicorum^  trad.  en  flamand  avec  des 
additions.  K. 

Mclchior  Adan,  Film  pkUawpê,  §trmtmoruwL.  —  M- 
quot,  J/emoiTM,  IV. 

opoix  (Christophe),  savant  français,  né  à 
Provins,  le  2a  février  1746,  mort  dans  la  même 
ville,  le  12  août  1840.  Hélait  apothicaire  lors  de 
la  révolution,  fut  député  par  les  électeurs  de 
Seine-et-Marne  à  la  Convention  natienele,  ei  prit 
place  parmi  les  modérés.  Après  181 5  il  obtinl  la 
place  de  g^rde  général  des  eanx  et  forêts  qu'il 
échangea  contre  celle  d'inspecteur  des  eaux  mi* 
nérales.  On  a  de  lui  :  Dissertation  âur  les 
eaux  communes;  Paris,  1770,  in-12;  —  06- 
nervations  physico-chimiques  sur  Us  ceif- 
leurs;  1784,  in- 8*;  —  Bematgues  erUiques 
sur  la  nouvelle  théorie  chimique^  dans  le 
Journal  de  Physique^  jsjisiet  1789;  —  AÊoyen 
de  suppléer  la  potasse  pour  la  fabrication 
de  la  poudre;  Paris»  au  u  (1793),  iii-8°;  — 

—  Théorie  des  couleurs  et  des  corps  inflam^ 
nobles,  et  de  leurs  principes  constituants  : 
la  lumière  et  le  feu,  etc.; Paris,  1808,  in-l^*"; 

—  Des  Eaux  minérales  de  Promus;. Paris, 

1816,  în'13;—  V ancien  Provins  :  tmtiqwtés 

et  origine  de  la  haute  ville  de  Provins  ;  Pn>- 

Tins,  1818,  iii-12;  réimprimé  en  1819,  avec  un 

Supplément;  —  VAme  dans  la  veille  et  dans 

le  sommeil;  PariSy  1821,  in-U;^  Histoire  et 

J)('icription  de  Provins;  Provins,  1828,  ia-8*, 

avfc  carte  et  potU  ;  deux  suppléments  ont  été 

publiés  en  1823  et  1829;—  U  Siège  deProvins 

par  Henri  IV  ,  pièce  draroalique;  Provins,  1824, 

in-8*  ;  —  Les  Bâorts  soustraits  à  la  corruftion; 

Provins,  s.  d.,  in-8*.  L— «—c 

^Acqnrr^JomTuU  de$  Savant»^  aou.  XTlt.  —  Is  Mcmf- 
fc»r universel,  ann.  1799,  n»  f  i.  —  Arnautt,  Jay,  Jouy  et 
B«it lus,  Bi9§raphie  Ttowvelle  des  Contmporains  (Pu- 
rin, tsu].  ~  hwnm^ltmieê  tmr  CkrU9.  OpoU,-  Pravfau, 
i^'*i,  in-so.  ~  Ch.- Akid.  OpoU,  Hfottce  «ur  ma  père,  en 
W»e  de  l7/ii«.  de  Provins  (»•  éd.,  18V«). 

opOEix  (Jean),  Imprimeur  et  philologue 
allemand ,  né  à  Bàle,  le  25  janvier  1607 ,  mort 
<^<ins  la  mérne  ville,  le  25  janvier  1568.  Son  nom 
<le  famille  était  Herbst,  qui  en  allemand  signifie 
automne.  Suivant  un  usage  asses  fréquent  parmi 
les  érudits  de  la  Renaissance,  il  traduisit  son 
mu\tn  grec,  et  c'est  sous  la  forme  gréco-latine 
d'Opofinus  quH  est  connu.  On  a  remarqué 


opo&hm  710 

comme  une  eonri!deMe  eiiriense  qie  poar  le 
commerce  de  livres  il  s'assoeia  avec  on  Robert 
Wrater,  dont  le  nom  si^iifiait  hiver,  et  que  cet 
associé  adopta  aussi  le  synonyme  grec  de  Chi- 
merinus  (1).  Son  père,  Jean  Herbst,  peintre  sans 
fortune,  ne  pouvant  pas  lui  domer  dès  maîtres, 
lui  enseigna  lu^^nuènie  les  éléments  de  la  langue 
latine.  Muni  de  ce  premier  fonds  dlnstmction, 
et  slmiiilé  par  la  gène  domestique,  Oporin  se 
rtndit  i  SIrasbewg,  où,  tenr  à  tour  étudiant  et 
répétitenr,  H  augmenta  son  savoir  et  gagna  de 
qnoi  vivre.  On  le  voit  %m  peu  plus  tard  profes- 
seur à  l'abhaye  de  Saint-Urbam ,  chins  le  canton 
de  Lneerae.  Là  il  se  Kn  d'amifié  STee  le  cha- 
noine Xylotecte,  qui  cmhrassa  la  "réforme  et  se 
maria.  Oporin  soivit  Xylotecte  à  Mie,  et  vécut 
de  l'atgenl  qu^il  gagnait  en  copiant  des^  manns- 
erits  grecs  poor  Froben.  Xyloteete  étant  mort,  il 
ëponsa  sa  veuve,  en  1527,  et  bientôt,  si  oo  l'en 
croit,  y  eut  à  se  repentir  d'avoir  éponsé  une 
femme  acaHAtre  et  de  mauvaise  humeur.  Cepen- 
dant sa  position  s'améliora;  en  1530  il  obtint  la 
direction  de  l'école  de  Bâle;  mais  soit  Insuffi- 
sance de  savoir,  soit  noanstance  de  goèts,  il 
quitta  cette  place  poor  miivre  les  leçons  de  Fa- 
racelse,  qni  lui  promit  de  le  rendre  habile  méde- 
cin en  on  an.  Oporin  fut  pendant  près  de  trois 
ans  assidn  aoprà  de  Pamcelse,  le  suivit  en  Al- 
sace et  eut  beauceup  è  sonlTrif  de  ses  caprices  ; 
mais  an  boni  de  ee  temps  il  ne  se  trouva  pas 
plus  atvancé  qu'en  commençant.  Dans  finter- 
vaile  sa  femme  était  morte,  et  .dporm  se  flatta 
d'avoir  une  riche  snoeession;  il  n'hérita  que 
d'un  procès,  qu1l  perdit.  Les  magistrats  de  BAle 
le  dédommagèrent  en  lui  donnant  la  chaire  de 
grec,  et  le  nouveau  professeur  s'empressa  de  se 
remarier.  Malheureusement  sa  seconde  femme 
était  aussi  dépensière  qne  U  première  était  aen- 
rifttre, et  kiinlme,  faute  du  grade  de  mallre 
ès-arlsy  fui  forcé  de  se  démettre  de  sa  place.  Il 
se  fit  alors  hoprimeor,  et  s'associa  avec  son  pa- 
rent Robert  Wmter.  Il  apporta  dans  sa  nouvelle 
ptofession  beaucoup  d'ardeur,  et  en  tira  peu  de 
profit;  sa  carrière  d'imprimeur  fut  me  lutte 
prasque  continuelle  contre  les  créanciers.  Il  per- 
dit sa  seconde  femme  en  1564,  et  se  remaria  en 
troisième  noces.  Elisabeth  Holzach,  sa  troisième 
femme,  était,  à  la  difTcrence  de»  deux  autres,  une 
personne  sans  défaut  ;  mais  elle  mourut  au  bout 
de  quatre  mois  de  mariage.  Oporin  tftcha  de  se 
consoler  de  cette  perte  par  un  quatrième  mariage, 
et  épousa  Faustine  Amerbach,  femese  distinguée, 
qni,  voyant  son  mari  avancé  en  âge,  loi  conseilla 
de  vendre  sou  imprimerie,  et  qui  lui  donna  un 
fils.  Oporin  survécut  à  peine  sii  mois  à  ceti» 
joie  domestique,  et  mourut  à  l'âge  de  soixante  et 
un  ans.  U  fut  enseveli  dans  la  grande  église  de 

(1)  Par  une  rencontre  qui  fterait  tlngnlKrc  si  elle  éUit 
fortuite,  les  noms  des  deux  Imprimeurs  se  troutent  dtns 
iM  dbtiqne  de  Martial  : 

51  dareC  ratannos  nribl  nonco,  6icu»p(vôc  esMin, 
Horrlda  si  brune  lrl(ora,  XRH<P<voc. 

23. 


7tl 


OPORIN  —  OPPÉDE 


711 


Bâie  auprès  d'Érasme,  de  Grynaeas,  d'Œcolam- 
pade  et  de  Munster.  Il  méritait  cet  honneur, 
moins  par  les  ouvrages  qu'il  avait  composés , 
que  par  ceux  quMl  avait  publiés.  Il  fut  certaine- 
ment un  des  imprimeurs  qui  contribuèrent  le 
plus  à  répandre  les  auteurs  anciens.  Ses  édi- 
tions sont  remarquables  par  leur  excellente  exé- 
ctttion  ;  aussi  ses  presses  étaient-elles  très-re- 
cherchées par  les  savants;  André  Vesale  fit  im- 
primer chez  lui  son  traité  d*anatomie,  et  Érasme 
plusieurs  de  ses  écrit».  Mais  avec  toutes  ses  qua- 
lités Oporin  manquait  d'ordre;  il  gardait  quelque- 
fois des  années  entières,  an  grand  mécontente- 
ment des  auteurs,  les  ouvrages  qu'on  lui  envoyait 
à  imprimer,  et  ne  s'entendait  pas  à  ménager  ses 
affaires.  «  Outre  qu'il  entretenait  un  grand  nom- 
bre d'ouvriers,  diiChaufepié,  qu'il  les  nourris- 
sait et  les  payait  largement,  an  delà  de  ses  foi^ 
ces,  par  une  générosité  mal  entendue,  il  recueil- 
lait ceux  qui  avaient  été  congédiés  par  d'autres 
libraires,  de  sorte  quMl  n'était  pas  rare  de  lui 
en  voir  une  cinquantaine  sur  les  bras.  D'ail- 
leurs il  était  fort  négligent  à  écrire  sa  recette  et 
sa  dépense,  et  k  marquer  les  noms  de  ceux  qui 
loi  devaient  ;  facile  h  cautionner  pour  ses  amis, 
il  avait  souvent  affaire  à  des  créanciers  durs, 
qui  lui  faisaient  payer  vingt  et  trente  pour  cent 
d'interét.  11  prêteit  aussi  assez  indiscrètement. 
Aussi  quand  il  mourut  ses  affaires  se  trouvè- 
rent fort  en  désordre;  mais  la  générosite  de  di- 
verses personnes  soulagea  sa  famille.  On  a  de 
Jean  Oporin  :  Scholia  in  priora  aliguoi  CO" 
pUa  C,  Juin  Solini  PolyMstorU^  dans  une  édi- 
tion de  Solln  et  de  Pomponius  Mêla ,  publiée  à 
BAle  chez  Robert  Winter;  —  Scholia  in  Ciee- 
ronis  JUsculanarum  Quaestionum  libros  V; 
BAle,  1544,  in-4^,  —  Ànnotationes  in  qu«4am 
Demosthenis  loca^  dans  l'édition  de  Démos- 
thène;  Bàle,  1533,  in-fol.  ;  —  Bucolieorum  ttu- 
tores  recentiores  38,  qui  a  VirgilU  tempore 
ad  nostra  (empora  eo  pœmatis  génère  sunt 
f»i;Bftle,  1546,  in-8*;  —  Darii  TiberH  epi- 
tome  Vitarum  Plutarchi  ab  innumeris  meU' 
dis  repurgata;  B&le,  in-12.  Le  catalogue  des 
ouvrages  imprimés  par  Oporin  a  été  publié  sons 
ce  titre  :  Joannis  Oporini,  typographi  btui- 
ieensis  exuoix^  hoc  est  bibliotheca  librorum 
imprefjorutn;  Bàle,  1571,  in-8^  Z. 

Nelchlor  Adam,  FtUt  Cermanorum  phUotophorum. 
->  Teissier,  Éloges  des  h(nnm«M  iowtnU,  t.  II.  -  Uelnzel, 
De  ortu,  vita  et  obitu  Oporini,  —  Chaufeplé.  Nou- 
veau Diet.  hitior.  el  erUtque,  —  A.  Jockiscb,  Oratio  de 
ortu  vita  0t  oMtu  Joh.  Oporini.  ReiArodalC  daoc  les 
Fitm  seleeUe  ênidUUsimorum  virorum  de  Grypliius, 
1711,  ln-8«,  p.  601.  —  De  PonteDay,  DMionnaire  des  ar- 
tiste», t.  II,  p.  117.  —  Nlceron,  Mémoires  pour  servir  d 
irkist,deskommesUlusires,  t.  XXVII,  p  t7t. 

OPPÂDB  (Jean  ns  Matnier,  baron  d'),  ma- 
gistrat français,  né  le  lO  septembre  1495,  à  Aix, 
où  il  mourut,  le  29  juillet  1558.  Fils  d'Accurse 
de  Maynier,  ambassadeur  de  France  è  Venise,  il 
fut  conseiller  au  parlement  d'Aix  en  1532,  pr&> 
mier  président  (20  décembre  1.S43)  et  lieutenant 
général  de  Provence  (26  février  1544).  Ce  ma- 


gistrat s'est  tcqnis  une  triste  eélâirité  par  son 
atroce  conduite  envers  les  Vaudois.  Depoîs  le 
treizième  siècle,  quelques  restes  de  ces  sectaires 
s'étaient  conservés  dans  les  vallées  des  Alpes, 
entre  le  Dauphiné  et  la  Savoie,  où,  se  livrant  à 
l'agriculture,  ils  enrichissaient  les  seigneurs  de 
cette  contrée  qui  les  avalent  aocueîlUs  et  qui 
leur  avaient  distribué  des  terres.  Malgré  quel- 
ques procédures  que  leur  avait  intentées  le  par- 
lement de  Grenoble,  ils  s'étaient  multipliés  et 
professaient  paisiblement  leur  hérésie  lorsque 
les  prédications  de  Luther  en  Allemagne  et  en 
Suisse  les  enhardirent  et  les  portèrent  iinpro- 
demment  à  la  propager  autour  d'eux.  Cabrières, 
dans  le  comtat  Venaissin,  Mérindol  et  une  tren- 
taine de  villages  en  Provence  leur  servaient  de 
retraite.  Leur  conduite  ayant  décidé  François  l"* 
à  rendre  contre  eux,  en  1 535,  un  édit  rigonrenr, 
ils  prirent  les  armes,  et  après  avoir  ravagé  la 
plaine,  s'emparèrent  dans  les  montagnes  de  quel- 
ques châteaux,  où  ils  se  fortifièrent  pour  se  dé- 
fendre  contre  les  gens  de  justice,  si  l'on  essayait 
de  mettre  l'édit  royal  à  exécution.  Des  ordres 
réiterés  du  roi  pour  exterminer  ces  sectaires 
restèrent  sans  eiïet,  ou  ne  firent  que  les  exas» 
pérer.  Enfin,  en  1 54  5,  François  V  ex  pédia  de  nou- 
velles lettres  patentes,  pour  en  purger  la  Pro- 
vence. Ce  fut  d'Oppède  qui  se  chargea  de  cette 
commfssion  :  il  se  mit  en  relation  avec  le  ca- 
pitaine Paulin,  si  fameux  sous  le  nom  de  baron 
de  La  Garde ,  qui  mit  à  sa  disposition  deux 
mille  hommes  de  vieilles  bandes  quil  avait 
amenées  du  Piémont.  Le  pariement,  toutes 
chambres  réunies ,  nomma  ensuite  pour  l'as- 
sister le  président  de  La  Fonds ,  les  conseil- 
lers Badet  et  de  Tributs  et  l'avocat  général  Guîl- 
lauroe  Guérin.  Le  premier  président,  en  Tabjenoe 
du  comte  de  Grignan,  prend  en  personne  le  com- 
mandement des  troupes,  et  envahit  le  terril<»re 
des  Vaudois,  qui  se  retirèrent  dans  des  bols 
Inaccessibles.  Ils  ne  laissent  dans  les  villages  que 
les  vieillards ,  les  malades ,  les  femmes  et  les 
enfante  ;  le  farouche  président  les  fait  passer 
impitoyablement  au  fil  de  l'épée,  et  leur^  maisons 
furent  livrées  aux  flammes.  Mérindol,  compiéfe- 
ment  désert,  fut  pillé  et  brûle  ;  puis  reoforoée  de 
troupes  expédiées  par  le  vice- légat  d'Avigpon, 
avecdu  canon,  l'armée  se  dirige  sur  Cabrières .  Les 
Vaudois,  retranchés  dans  ce  village,  se  rendirent 
dès  le  second  jour  du  siège,  et  une  trentaine  d'entre 
eux  furent  mis  à  mort.  En  se  retirant  à  Ca- 
vaillon,  d'Oppède  donna  l'ordre  à  quelques  ge*»^ 
tilshorames  de  sa  suite  de  retirer  d'entre  les 
femmes  et  les  enfante  qu'on  avait  enfermés  dans 
l'église  tous  ceux  qu'ils  pourraient  disposa 
à  embrasser  le  catholicisme;  mais,  au  mépris 
de  la  capitulation,  le  commandant  des  trou- 
pes avignonnaises  fit  massacrer  sans  pitié  non- 
seulement  les  ho!iiroes  qu'on  avait  entassés  dans 
le  chAtean ,  mais  tout  ce  qui  resteit  de  femmes 
dans  l'église ,  après  avoir  assouvi  sur  celles-ci 
leurs  brateles  jouissances.  Les  restes  des  mal- 


713 


OPFÈDE  —  OPPERT 


714 


beoreax  Vaudois  qai  sMUieot  réfugiés  dam» 
les  bois  y  moururent  presque  tous  de  faim,  à 
Texception  des  plus  robustes,  qui  réussirent 
à  gagner  Genève  et  les  cantons  protestants.  La 
France  s'en  troura  débarrassée;  mais  elle  apprit 
avec  stupeur  les  atrocités  auxquelles  avait  pré- 
sidé d'Oppèdc.  La  secte  hérétique  était  exter- 
minée; toute  la  cour  applaudit  ani  triomphes 
de  d'Oppède,  et  le  pape  Paul  in  fut  si  charmé 
de  Teitirpation  de  cette  hérésie,  qu'il  lui  adressa 
on  bref  flatteur  par  lequel  il  le  créa  cheva- 
lier de  l'Éperon  d'or  et  comte  palatin.  Cependant 
sur  la  plainte  de  Françoise  de  Bouliers,  dame 
deCental^  le  roi 'commença  par  donner  des 
juges  aux  parties.  Après  que  Taffaire  eut  traîné 
près  de  quatre  ans  avant  de  pouvoir  être  plai- 
dée  au  fond ,  il  ordonna  par  lettres  patentes  du 
17  mars  155t  qu'elle  serait  jugée  par  la  grande 
chambre  du  parlement  de  Paris.  La  cause  oc- 
cupa cinquante  audiences  successives.  Le  premier 
président  d'Oppède,  les  quatre  commissaires  pour 
l'expédition  de  Mérindol,  le  haron  de  La  Garde, 
et  la  dame  de  Cental  eurent  chacun  son  avocat. 
Mais  celui  qui  sans  contredit  paria  le  mieux  de 
tous  fut  d'Oppède  lui-même,  qui  se  défendit  avec 
une  merveilleuse  force  de  logique  par  un  plai- 
doyer écrit,  commençant  par  ce  texte  du  psau- 
me 42  :  Judica  me,  Deus,  et  discerne  eausam 
meam  de  génie  non  sancCa.  11  y  prouve  qu'il 
n'a  fait  qu'ei^écuter  les  ordres  précis  du  roi ,  et 
compare  sa  situation  à  celle  de  Saûl,  k  qui  Dieu 
avait  ordonné  d'exterminer  les  Amalécites.  La 
jastilication  de  d'Oppède  suivit  de  près  son  plai- 
doyer. Lui  et  ses  co-accusés  furent  renvoyés 
absous  et  réintégrés  dans  leurs  fonctions,  à  l'ex- 
ception de  l'avocat  général  Guério,  qui  Ait  con- 
vaincu de  faux ,  et  eut  la  tête  tranchée  sur  la 
place  de  Grève.  On  a  de  d'Oppède  une  traduc- 
tion en  vers  de  six  TriompJies  de  Pétrarque; 
Paris,  1538,  in-8**,  avec  gravures  sur  bois. 

H.  FiSQCET. 
Gauffrldl,  Ilist.  de  la  Prwence.  -  Pllhon-Cart,  fftst, 
((0 fa  floè/ciM  ducomtat  f^enaifHn,  t  II,  p-  U^*  — 
Méirray,  ^bréQé ehron,  de  rkia,de  Fr-,  t.  iV, l«  partie, 
p.  6Si  et  6W.  '  Dict.  de  la  Provence  et  du  eomtat  Ve- 
naifiin. 

oppBXHEiMER  {^Davïd  ben  Àbraham)y 
savant  rabhin  allemand,  né  à  Worms,  en  1667, 
mort  à  Prague,  en  1737.  Après  avoir  dirigé  l'é- 
cole juive  de  Nicoisbourg  en  Moravie,  o6  il 
aTait fait  ses  études,  il  remplit  en  Lithuanieles 
fonctions  de  rabbin,  fit  un  voyage  en  Palestine, 
et  devint  enfin  chef  de  la  synagogue  de  Prague. 
Il  réunit  une  précieuse  bibliothèque  de  livres  et 
de  manuscrits  hébraïques  et  talmudiques;  il  en 
livra  le  libre  accès  à  Wolf,  qui  fut  ainsi  mis  à 
même  de  donner  à  ses  travaux  une  plus  grande 
perfection  (roy.  Wolf  ,  Bibliotheca  hebrxa, 
t.  iV).  Cette  riche  collection,  estimée  alors  & 
cent  cinquante  mille  francs,  passa  plus  tard  en 
la  possession  disaac  Scligman  Berend-Salomon 
de  Hambourg,  qui  en  fit  publier  le  Catalogue  ; 
Hambourg,  1785,  tai-4*.  Oppenheimer  a  écrit 


une  longue  Préface  en  tète  du  Pentateuque 
imprimé  à  Beriin  en  1705.  Il  a  laissé  en  ma- 
nuM*,rit  plusieurs  ouTrages  pleins  d'érudition, 
entre  autres  un  Commentaire  sur  la  Bible  et 
le  Talmud,  une  Explication  de  plusieurs 
particularités  du  Talmud,  en  5  vol.  in-fol.  0. 

Petzel  ,  éitMidunçen  bâhmiseher  «met  mà^rUekêr 
GeUhrîen.  1. 1.  ~  Mlcbaellt,  QrlenUMiehe  «tut  exege^ 
tiicHe  BibUotkek  (  parUe  XXI.  p.  10  ). 

oppbhord  (  Gilles-Marie  ) ,  architecte 
français,  né  à  Paris,  en  1673,  mort  en  1742. 
Fils  d'un  habile  ébéniste,  U  fut  d'abord  destiné 
à  la  profession  paternelle  ;  mais,  entraîné  par  sa 
vocation,  il  devint  élève  de  Jules  Hardonin- 
Mansard,  et  mérita  bientôt  d'être  envoyé  à 
Rome  avec  le  titre  de  pensionnaire  du  roi  de 
France.  Il  passa  huit  années  en  Italie,  mais 
malheureusement  il  préféra  à  l'étude  de  l'an- 
tique celle  des  ouvrages  du  Bemin,  du  Bor- 
romini  et  de  leurs  imitateurs,  et  sa  manière  »>■ 
ressentit  au  point  qu'il  a  été  surnommé  le  Bor» 
romni  français.  A  son  retour  à  Paris,  il  donna 
les  dessins  du  maître  autel  de  Saiat-Germain- 
des-Prés,  détruit  à  la  Révolution,  puis  du  poi^ 
tique  méridional  de  Saint-Sulpice  et  du  maître 
autel  de  cette  église,  remplacé  aujourd'hui.  U 
fut  chargé  de  la  décoration  de  la  galerie  du  Pa- 
lais-Royal et  du  salon  qui  la  précède,  de  l'in- 
térieur de  l'autel  du  Grand-Prieur  de  France 
au  Temple,  du  choeur  de  l'église  Sain^yictor,  etc. 
Le  régent  l'avait  nommé  directeur  des  jardins 
et  bâtiments  royaux.  Oppenord  a  laissé  un 
grand  nombre  de  dessins,  qui  ont  été  en  partie 
publiés  par  Huquier,  et  dans  lesquels  on  peut 
trouver  de  bons  motifs  de  décoration  dans  le 
style  dit  rococo.  Jacques-François  Blondel  est 
le  seul  élève  qu'on  lui  connaisse.         £.  B^k. 

Quatremère  de  Qulncj,  iHct.  d:archUeeiure,  —  Du- 
taure,  IJist,  de  PaHt.  —  Tlcozzl,  Diiionarto. 

l  OPPERT  (  Jules  ),  orientaliste  allemand , 
naturalisé  français,  né  à  Hambourg,  le  9  juillet 
1875.  Après  avoir  terminé  ses  études  classiques 
et  suivi  les  cours  de  droit  à  Heidelberg,  en- 
traîné par  son  goût  pour  la  philologie,  il  se 
rendit  à  l'université  de  Bonn,  où  il  lut  un  des 
disciples   assidus   de  Frédéric  Freytag*,  pour 
l'arabe^  et  de  Christian  Lassen  pour  le  sanscrit. 
Il  continoa  sesétudes  à  Beriin  et  à  Kiel;  où  il  fut 
reçu  docteur  en  philosophie  en  soutenant  une 
thèse  De  Jure  Tndorum  erimlnali.  Peu  de 
temps  après,  il  publia  à  Berlin  un  ouvrage  sur 
le  système  vocal  de  l'ancien  persan,  intihilé 
fMutsystem  des  altpersischen ,  1847,  ln-8». 
Comme  Israélite,  il  éteit  privé  en  Allemagne  d'une 
partie  des  avantages  que  lui  donnait  son  érudi- 
tion :  ainsi  la  carrière  du  professorat  loi  était 
interdite.  Recommandé  à  M.  Letronne,  il  vint 
on  France  et  y  obtint,  en  1848,  un  emploi  de 
professeur  d'allemand  au  lycée  de  Laval,  et  en- 
suite à  celui  de  Reims.  Différents  mémoires 
qu'il  publia  dans  la  Revue  archéologique  et 
dans  le  Journal  Asiatique  sur  la  langue  perse 
et  sur  l'écriture  cunéiforme  attirèrent  sur  lui 


716 


OPPERT  —  OPBiEN 


716 


TattentiOD  de  l*Iflstitut,  qui  le  déaigaa  pour  faire 
|Mrtie  de  l'expédition  scientifique  en  Mésopota- 
mie entreprise  en  1851  par  ordre  du  gouverne- 
ment français.  De  retour  en  France,  il  reçut  des 
leilreB  de  naturalité  et  fut  chaiigé  par  le  ministre 
de  rinstniction  publique  d'aller  étudier  au 
Musée  britannique,  à  Londres,  les  inscriptions 
et  lea  moonnienffl  assyriens  provenant  des 
fouilles  de  Khorsabad.  C*est  à  ses  soins  que  le 
ministre  d'État  confia  la  rédaction  du  Toyage  en 
Mésopotamie.  M.  Oppert  en  commença  la  publi- 
cation en  1857,  sous  ce  titre  :  expédition 
identifiée  en  Mésopotamie^  exécrttée  par 
erdre  du  gouvernement,  de  1851  A  1854, por 
MM.  Fulgenee  Fresnel,  Félix  Thomas  et 
Jules  Oppert,  L*onvrage,  qui  n*est  encore 
qn'à  la  9*  lirralson ,  ()ott  former  on  atlas  de 
10  cartes  ou  plans,  d'après  les  dessins  de 
M.  Oppert,  12  planches  de  vues  pittoresques, 
éesstnëes  d'après  natqnre  et  lerarées  à  l'ean-fortc 
par  M.  F.  Thomas,  et  ^  volumes  )n-4o  de 
texte  eontenant ,  outre  la  relation  dn  voyage, 
divers  mémoires  remarquables  sor  la  chrono- 
logie de  l'histoire  des  Assyriens  et  des  Babylo- 
niens, sur  les  inscriptions  cunéiformes  et  le  dé- 
chiffrement de  plnsieurs  de  ces  inscriptions  au 
point  de  vue  de  l'histoire.  M.  Oppert  a  publié 
aussi  im  ouvrage  sur  les  Inscriptions  des 
Aekéménides;  Paris,  1852,  in-B*.  11  a  commu- 
niqué à  rinstitut  quelques  mémoires  et  une 
carte  de  Tandemie  Babylone.  U  a  fait  insérer 
divers  articles  dans  VAthenseum  français,  dans 
les  Annales  de  philosophie  chrétienne  et 
dans  quelques  autres  recueils.        G.  de  F. 

Deeum.  pearticulters. 

ornsgr  COictctavéç  ),  poète  grec,  vivait  dans 
Je  second  siècle  après  J.-C.  On  Ini  attribne  gé- 
néralement deux  poèmes,  qui  existent  encore» 
Sur  la  Pèche  (  Halieutica  )  et  5t4r  la  Chasse 
(  Cynegetica  )  et  un  troisième  poème  Sur  la 
Chasse  aux  oiseaux  (  Jxeutica  ),  avgourd'hai 
perdu,  mais  dont  il  subsiste  une  paraphrase  en 
prose;  Schneider,  un  des  meilleurs  éditeurs 
d'Oppien,  s'est  efforcé  de  pixwver  que  ces  trois 
poèmes  ne  peuvent  pas  être  du  même  auteur. 
Son  opinion  tend  â  prévaloir  parmi  les  érudits, 
et  mérite  un  examen  attentif.  Avant  d'«ntrer 
dans  celte  discussion,  nous  résumerons  une  Vie 
d'Oppi«i  écrite  en  grec  par  nn  auteur  anonyme. 
D'après  cette  notice  biographique,  Oppien  était 
né  à  Aaazarba  ou  k  Corycus  en  Cilicie  :  son  père 
se  nommait  Agésilas  et  sa  mère  Zénodota.  11 
reçut  une  excellente  éducaiGon  dans  toutes  les 
branches  des  arta  libéraux,  particulièrenent  la 
géométrie,  la  musique  et  la  graroroaine,  sons  la 
torveillance  de  son  père.  Agésilas  oocopait  une 
des  premiènes  places  dans  aa  cité  de  Cilicie;  il 
était  tellement  ahsoièé  par  ses  études  de  phi- 
losophie qu'un  J4iiar  que  Tenopereur  Sévère  visita 
cette  ville,  il  oublia  d'aller  avec  les  antres  na- 
içlstrats  présenter  ses  hommages  au  chef  de 
r«Dipire.  Clioqué  de  aoa  absence.  Sévère  le  re- 


légua dans  nie  de  Melita.'  Oppien  accompagna 
son  père  en  exil,  et  composa  ses  poècncs  à 
Méiita.  U  les  porta  k  Rome  après  la  noort  de 
Sévère,  et  les  présenta  à  Antonin  (Caracalia), 
fils  et  successeur  de  ce  prince.  L'empereur, 
charmé  de  ces  ouvrages,  accorda  A  Oppien  U 
grAce  de  aon  père  et  une  pièce  d'or  (  vrmxi^ 
Xpu(roûç ,  v6|Uffjia  xp^coûv,  près  de  20  f.  ),  par 
vers.  Peu  après  son  retour  dans  son  pays  natal, 
Oppien  monrut,  de  la  pesie,  à  l'âge  de  trente  ana. 
Ses  contemporains  loi  élevèrent  nn  tembeau, 
avec  une  inscription  en  vers,  dans  laquelle  on 
fait  parler  le  poète  kii-méme,  et  qui  contient 
avec  une  plainte  sur  sa  mort  piématorée,  on 
vague  et  pompeux  éloge  de  son  talent.  Le 
biograplie  mentionne  le»  Cynegetica  et  ks 
Ixeutica^  et  ne  dit  rien  des  ffalieutica»  A 
cette  Vie  x>n  peut  ajouter  queUpies  notions  ac- 
cessoires, mais  qui  ne  concordent  pas  toujours 
avec  l'anonyme.  Syncelie  {Chronog.,  p.  352|  âà3) 
et  saint  Jérôme  {Chronic.)  le  placent  aous 
le  règne  de  Maro-Aurèie  Antonin.  Soconoène 
(  Prxfat.  ad  Bis(.  Eccles,)^  Suidas  et  d'an- 
tres, d'accord  en  cela  avec  l'anonyme,  le  font 
vivre  du  temps  de  Sévère  ;  seulement  Soxomène 
dit  qu'il  présenta  ses  poèmes  à  cet  empereur,  et 
non  à  son  fils  Antonin.  Ces  contradictions  ne 
détruisent  pas  l'autorité  de  la  notice  anonyme  ; 
mais  il  faut  remarquer  que  cette  notice  m^me 
n'est  nullement  conduanfe  sur  la  question  de 
l'identité  d'auteur  pour  les  trois  poèmes.  Schnei- 
der, en  1776,  dans  sa  première  édition  con- 
jectura que  les  Halieutica  et  les  Cynegetica 
étaient  de  deux  auteurs  portant  le  même  nom,  et 
qui  ont  toujours  été  confondus.  On  peut  oIh 
jecter  k  la  conjecture  de  Schneider,  qu'elle  est 
en  contradiction  avec  des  autorités  anciennes, 
et  qu'il  n'est  fait  nulle  part  mention  de  deux 
poètes  dn  nom  d'Oppten.  Cependant,  malgré  les 
difficultés  de  cette  hypothèse,  elle  a  d'incontes- 
tables avantages,  et  s'appuie  sur  des  fondements 
assez  solides.  D'atwrd  il  résulte  de  passaiiçes 
formels  des  deux  poèmes  que  l'auteur  des  Ha" 
lieutica  n'était  pas  né  dans  le  même  endroit 
que  l'auteur  des  Cynegetica,  A  cette  raison 
s'en  ajoute  une  autre,  presque  aussi  forte,  tirée 
de  l'extrême  différence  de  mérite  que  Ton  re- 
marque entre  les  deux  poèmes,  difTérence  telle 
qu'il  est  pour  ainsi  dire  moralement  imposable 
que  l'auteur  de  l'un  soit  l'auteur  de  l'aulre,  sur- 
tout quand  cet  auteur  n'a  vécu  que  trente  ans. 
Dans  une  vie  aussi  <»Hirte^  il  est  difficile  de 
trouver  place  pour  le  très-sensible  déclin  de  ta- 
lent que  l'on  remarque  entre  le  plus  ancien  des 
poèmes,  les  Halieutica^  et  le  plus  récent,  les 
Cynegetica, 

L'auteur  des  Halieutica  était  né  en  Cilide, 
mais  on  n'est  pas  d'accord  sur  sa  ville  natale. 
La  Vie  anonyme  d'Oppien  le  fait  naître  à  Co- 
rycus ou  Anazarba;  Suidas  dit  Coryeus,  et  son 
témoignage  semble  confirmé  par  etn  vers  des 
Halieutica  (  UI,  205,  etc.):  «  Apprends  d'à- 


717 

boni  la  pèche  habile  4es  anthiei ,  teUc  que 
rexécuiest  mt  Je  pranoatoire-ée  Sarpéik)D  iee 
habiUats  de  Mira  9^nt.  «eux  «toi  j^ewfkai  ia 
\ille  d'Hermèa,  la  cité  iUtuIrepar  ses  vaisseaax, 
Goryeaa  at  Eleasa  qD'entoareDt  les  floU.  »  La 
liate  d'Oj^pien  est  encore  plus  iaceitaine  que  le 
non  de  sa  wUe  natale.  Athénée  dit  que  ce  poëte 
vivait  un  pea  avant  lui  ;  maÎB  la  date  d'Athénée 
B'«a  pas  «erlaine.  Fahricittfl,  Sobweiflliœnser 
se  WDt  serHis  ponr  la  fixer  de  la  Vie  anonyme 
d  Oppien.  Cependant  l'opinion  la  mieux  établie, 
c'est  qu'Athénée  vivait  vors  la  fin  du  second 
siècle  apràs  J.-C.,  ce  qui  s'accorde  parfaite- 
ment avec  Euaèbe  (  Ckr^n.  «dans  saint  Jérdne, 
^ol.  Vm,  p.  722,  édlL  de  Vérone,  iTas), 
SjDceUe  <CAroR0^.,  p.  3d&,  3&3,  édiL  -de 
Paris,  1652  ),  qui  placent  Oppien  dans  Tannée 
171  (ou  173)  et  avecSttidas  qui  le  Ihit  vivre 
^us  le  x^)0ae  de  Mar4>-Antonin  (Blarc-Auréie» 
161-J80}.  Si  la  date  assignée  4  Oppien  est 
exacte,  Tempereur  auquel  les  HaUetUica  sont 
<icdîés  et  qui  est  appelé  «  Antonin,  force  sn- 
préme  da  men«îe  (  I,  3)  »  est  Marc-Aurèle;  les 
alUiftons  À  son  fils  (f,  66,  78;  iU,  683;  IV, 
^;  V,  45)  se  laipportent  à  Commode,  et  le 
poenie  a  dû  être  écrit  en  177,  année  de  l'asso- 
dation  de  Commode  à  Temptre.  Si  au  contraire 
oa  soit  la  chronolc^e  4le  la  Vie  anoHjfme,  il 
faut  admettre  que  rAntoain  de  la  dédicace  est 
Caracalla  (  qui  reçut  en  effet  le  titre  d'Anrelius 
Antonio  us  avifc  la  «dignité  de  césar  en  196); 
mais  alors  on  ne  sait  comment  expliquer  les  al- 
lumions au  fils  d'Anleoin,  car  l'histoire  ne  men* 
tioooe  pas  de  fils  <le  Caracalla.  La  première 
chronologie,  celle  qui  place  Oppien  sous  Marc- 
Aurèle,  nous  parait  donc  de  beaucoup  pré- 
férable. 

I<es  JBalieutéca  contiennent  3,506  vers,  divisés 
en  cinq  livres,  dont  les  deux  premiers  traitent  de 
Thistoire  naturelle  des  poissons,  et  les  trois 
autres  de  l'art  de  la  péohe.  L'auteur  fait  preuve 
de  connaissances  zoologiques  étendues,  quoiqu'il 
inêie  à  des  notions  exactes  beaucoup  de  fables 
et  d'absurdités.  £n  sdmme  il  n'est  pas  plus  cré- 
dule que  la  plupart  de  ses  contemporains ,  et 
beaucoep  de  ses  erreurs  furent  copiées  par  ^Elien 
et  les  écrivains  postérieurs,  rtous  indiquons  ici, 
d'après  l'article  Oppien  de  VEnflità  Cffclop»^ 
dta,  les  particularités  xoologiques  les  pins  remar- 
<inab1es  des  Halieutica.  Oppien  mentionne  dans 
<ies  vers  pittoresques  (I,  217,  etc.)  la  merveille 
de  l'échéoéis  ou  rémora,  qui  arrête  un  vaisseau 
lancé  à  pleines  voiles,  en  s'attacliaat  à  la  quille» 
<^t  l^làme  l'incrédulité  de  ceux  qui  révoquent  en 
cloute  cette  histoire  ;  il  connaît  la  particularité 
du  petit  crabe  (xapxivà;)  qui,  n'ayant  pas  de  co- 
n|i>ile  naturelle,  s'empare  de  la  première  coquille 
vide  quil  rencontre  (I,  320, etc.);  H  donne  une 
'''Ile  et  exacte  description  du  nautile  (  vauruoc) 
(■>  338,  etc.)  ;  il  dit  que  la  murène  ou  lamproie 
^  î.ccouple  avec  les  serpents  de  terre ,  qui  pour 
un  temps  dépoi^ent  leur  venin  (  1,  âôi  ;  ;  il  signale 


OPPIEN  71$ 

(U,  56»eto.;  m,  149,«te.)  reogourdisseracnt 
caasé  par  le  toucher  de  la  torpille  <  ^âpaoi)  et  le 
fhiide  aoir  lancé  par  la  sépia,  qui  écbaMie  «inai 
aux  peisseas  qui  la  poursuivent  (UI,  156,  etc.)  ; 
il  frétead  qu'une  «apèce  àe  poisson  appelée  tar» 
gus  a  une  afEection  singulière  pour  les  chèvres, 
et  i|ue  le  pécheur  qui  veut  le  prendre  se  revêt 
d'une  peau  de  chèvre;  il  mentionne  phisienrs 
kÂs  le  dauphin,  et  l'appelle,  à  cause  4e  sa  vélocité 
et  de  sa  beauté,  le  rot  des  poissons»  «omme  l'aigle 
est  le  roi  des  oiseaux*  le  lion  le  rai  des  animaux, 
et  le  serpent  4lea  reptUes  (II,  533  etc.)  ;  il  raconte 
(V,  448,  etc.)  une  anecdote  assez  aemblable  k 
celle  rapportée  dans  Pline  (£f«s^  nai.,  IX,  8)  et 
que  toute  l'Ëolide,  dit-il,  ne  rappeUe  enoore  :  un 
dauphin  «'était  pris  d'affection  pour  un  enfant; 
il  lui  «béissait  en  tout,  comme  m  chien  à  son 
maître,  et  il  mourut  de  douleur  de  la  mort  de 
l'enfaoL  Le  style  des  Haiieutica  est  abondant 
'  et  harmonieux  ;  l'auteur  néte  avec  habileté  lea 
détails  techniques,  les  préceptes  et  ks  ornements 
poétiques. 

L'auteur  dee  Cfne^etàca  était  oé  à  Ap»- 
mée  on  Pella  en  Syrie,  eomme  il  nous  l'ap- 
prend clairement  lui-même,  dans  le  passage  auH 
vant,  où  al  parle  du  fleuve  Oronte  (U,  125).  «  Le 
iteuve,  s'élançaat  au  milien  des  plaioea,  groMit 
toujours,  et;  s'approchant  des  murailles,  baigM 
à  la  fois  le  continent  et  Tlle,  ma  patiie.  »  Un 
peu  plus  loin,  «près  avoir  parlé  du  teof)le  de 
Bfemnon  ^s  ie  .voisinage  d'Apamée,  il  ajoate 
(11,  156)  :  «  ItouB  chaolerona  toutes  ees^hœee 
avec  ralmafaàe  chant  piropléien  pour  la  gloire  àe 
notre  patrie.  »  £n  vain,  pour  se  soustraire  à  Vé' 
vidence  de  ces  passages,  un  critique  a  proposé 
de  faire  diftfnraltre  des  Cynegetiea  les  mots  qui 
témoignent  de  aa  nationalité  ;  le  véritable  texte 
a  été  conservé  par  tous  les  bons  éditeurs,  et  at- 
teste que  l'autenr  des  Cynegetiea  était  né  à 
Apamée  en  Syrie,  et  non  pas  à  Coryeos  en  Gilide, 
comme  l'auteur  des  Halieutica ,  ce  qui  tranoiie 
la  question  d'identité.  La  diatinction  entre  eux 
est  encore  établie  par  ce  qni  sott.  Nous  avons  va 
que  Tan  vivait  sous  Marc-Aiirèle,  auqael  il  dé- 
dia son  poème  ;  l'auteur  des  Cffnegttica  adresse 
aoneeuvve  à  Caracalla,  qu'il  appelle  «  Antooin  que 
la  grande  Domna  enfanta  pour  le  grand  Sévère  ». 
Phisienre  vers  du  poëme  font  pensa*  que  Tau- 
teur  le  composa  après  l'association  de  Caracalla 
k  Tempire  (198),  et  avant  la  mort  de  Septime  Sé- 
vère, en  211. 

Les  Cynegetiea  contiennent  2,242  verf:,  et  se 
divisent  en  quatre  livres,  dont  le  dernier  n'est  pas 
venu  complètement  jusqu'à  nous.  JL'auteur  con- 
naissait certainement  les  Halieuticay  et  il  se  pro- 
posa sans  doute  dans  son  poème  d'en  écrire  la 
suite  et  le  complément.  11  parait  au  moins  aussi 
instruit  que  son  devancier,  et  il  môle  comme  lui 
beaucoup  de  &bles  à  des  notions  exactes  et  à 
d'excellentes  descriptions.  Voici  d'aprè^i  YEn* 
glish  Cydopœdia  les  particularités  aoologiques 
les  plus  curiftus«'s  de  ce  poème.  L'auteur  dit  ev 


719 


OPPIEN  — 


pressément  qne  len  défenses  de  Téléphant  ne 
sont  pas  des  dents,  mais  des  cornes  (II,  491,  etc.)« 
et  mentionne  un  rapport  d*après  lequel  ces  ani- 
maux sont  capables  de  parier  (II,  540)  ;  il  pré- 
tend qu'il  n'y  a  pas  de  rhinocéros  femcïle  et  que 
tous  ces  animaux  sont  du  sexe  mâle  (XI,  560)  ; 
que  la  lionne  pleine  met  au  jour  la  première  fois 
cinq  lionceaax,  quatre  la  seconde  fois,  trois  la 
troisième,  puis  deux,  et  euGn  on  (III,  58  etc.)  ; 
que  loorse  met  au  monde  ses  petits  tout  à  fait 
informes,  et  qu'elle  leur  donne  une  forme  en  les 
léchant  (III,  159,  etc.)  ;  qu'il  y  a  une  si  grande 
inimitié  entre  le  loup  et  l'agneau  que  si,  après 
leur  mort,  on  fait  des  tambours  avec  leurs  peaux, 
la  peau  de  loup  fait  taire  la  peau  d'agneau  (III, 
282);  que  les  hyènes  changent  de  sexe  tous 
les  ans  (III,  288  )  ;  que  les  dents  du  sanglier  con- 
tiennent du  feu  (lil,  379);  que  Tichneumon  s'é- 
lance dans  la  gorge  du  crocodile,  qui  dort  la 
bouche  ouverte  et  lui  dévore  les  entrailles  (111, 
407)  ;  il  réfute  l'opinion  de  ceux  qui  prétendent 
qu'il  n'y  a  pas  de  tigre  mâle  (III,  357);  il  donne 
une  description  très-vive  et  remarquablement 
exacte  de  la  girafe  (III,  461).  Pour  le  style,  la 
diction,  le  mérite  poétique,  les  Cynegetica  sont 
bien  inférieurs  aux  Halieutica,  Schneider  dit 
que  c'est  un  poëme  dur,  mal  composé  et  s'éloi- 
gnant  très-souvent  du  génie,  de  Tusage  et  de  l'a- 
nalogie de  la  langue  grecque. 

Le  poëme  intitulé  *l^unx£  (Sur  la  chasse  aux 
oiseaux)  est  perdu  ;  il  formait,  dit-ou,  cinq  livres  ; 
mais  la  paraphrase  en  prose  grecque  par  Eulec- 
nius  n'a  que  trois  livres.  Le  premier  traite  des 
oiseaux  apprivoisés  et  des  oiseaux  de  proie,  le 
second  des  volatiles  aquatiques,  le  troisième  des 
différentes  manières  de  chasser  les  oiseaux. 
Quant  au  mérite  poétique  de  l'œuvre,  il  est  im- 
possible d'en  juger  par  la  paraphrase  en  prose. 

Après  celte  analyse,  nous  revenons  à  la  ques- 
tion d'anteur.  Nous  pensons  que  ce  problème  ne 
peut  pas  être  résolu  d'une  manière  certaine,  mais 
que  de  tontes  les  hypothèses  la  plus  probable  est 
celte  qui  attribue  les  Halieuiica  à  un  Opplenné 
à  Coryeus  enCilicieet  vivant  sous  Marc- Aurèle, 
les  Cynegetica  et  peut-être  les  Jxeutica  (que 
Schneider  réclame  pour  Démétrius  )  à  un  Oppien 
né  à  Apamée,  qui  vivait  sous  Septime  Sévère  et 
Caracalla.  L'auteur  de  la  Vie  anonyme  confon- 
dit les  deux  poètes,  et  cette  confusion  s'est  per- 
pétuée jusqu'à  nos  Jours.  L'édition  prihceps  des 
Halieutica  fut  publiée  par  Philippe  Junte,  Flo- 
rence, 1515,  in-8*';  elle  esl  précieuse  par  sa  ra- 
reté et  sa  correction,  et  il  n'a  pas  été  fait  d'autre 
édition  séparée  de  ce  poème.  Une  traduction 
latine  en  vers  hexamètres  par  Lippi  fut  publiée 
à  Florence,  1478,  in^4'*  ;  il  a  été  traduit  en  an- 
glais par  Diaper  et  J.  Jones,  Oxford,  1722, 
in.8';  en  français  par  J. -M.  Limes,  Paris,  1817, 
iii-S%  et  en  italien  par  Salvinj,  Florence,  1728, 
in-8*;  —  la  plus  ancienne  édition  des  Cynege* 
tica,  à  part  des  Balieutica,  parut  à  Paris  chez 
Yâscosan ,  Paris,  1549,  in-4''  ;  ce  poème  fut  publié 


OPPIKOFER  720 

!  par  Belin  de  Ballo,  Strasbourg,  1786,  graad 
i  in-8%  grec  et  latin,  avec  de  savantes  noté^  trop 
;  souvent  consacrées  k  une  polémique  personnelle 
'  avec  Schneider;  l'éditeur  voulut  donner  les  Jfth 
j  lieuiica  dans  un  second  volume,  dont  il  n*a  para 
,  que  quarante  pages.  Les  Cynegetica  ont  été 
traduits  en  latin  par  Jean  Bodin,  Paris,   1555, 
in-4**,  et  par  David  Pfeifer,  dont  la  traduction,  eom> 
posée  en  1555,  parut  pour  la  première  Cens  dan» 
la  seconde  édition  de  Schneider,  Leipzig,  1813; 
en  français  par  Florent  Cbrestien,  Paris,  1575, 
in-4%  et  par  Belin  de  Ballu,  Strasbourg,  1787, 
in-8^;  en  anglais  (le  premier  livre)  par  J.  Ha- 
wer,  Londres,  1736,  in-8o,  et  en  alleBiaiid  par 
S.  H.  bieberkûhn,   Leipzig,  1755,  in-8*.  Une 
liaraphrase  anonyme  grecque  d'une  partie  do 
poème  (probablement  la  même  que  le  CaUdogwt 
de  la  bibliothèque  de  Vienne  par  Larobèce  at- 
tribue à  Eutecnius  )  fut  publiée  par  Mustoxydis 
et  Dem.  Scfainas  dans  leur  recueil  d'écrits  grecs 
inédits;  Venise,  1817,  in-8^  La  plus  ancienne 
édition  des  deux  poèmes  est  celle  des  Aide;  V^ 
nise,  1517,10-8**,  contenant  le  texte  grec  avec 
la  traduction  latine  des  Halieutica ,  par  Lan-. 
Lippi.  L'édition  la  plus  complète  est  celle  que 
Schneider  pnbKa  à  Strasbourg,  1776,  iii-8*,  gr. 
et  lat.,avec  des  notes  étendues  et  savantes  et 
la  paraphrase  grecque  des  Ixeutiea  qui  avait  été 
publiée  pour  la  première  fois  par  Eras.  Winding, 
Copenhague,  1702,  in-8°.  Schneider  donna  qod- 
ques  additions  à  son  commentaire  dans  ses  Ana- 
lecla critica; Francfort,  1777, in^*".  Schneider 
était  fort  jeune  quand  il  publia  cette  première 
édition,  et  il  se  peitnit  avec  Brunck,  qui  l'assista 
pour  les  Cynegetica,  des  corrections  téméraires, 
qu'il  effaça  dans  sa  seconde  édition,  publiée  à 
Leipzig,  1813,  iu-S*",  et  malheureusement  inache- 
vée. La  dernière  édition  et  la  meilleure  pour  le 
texte  est  celle  de  Lelirs,  dans  la  Dibliothéqut 
Grecque  de  A. -F.  Didot;   Paris,  1846.  Dacs 
la  même  Bibliothèque  M.  Bussemaker  a  donné, 
en  1849,  une  bonne  collection  de  Scholies  grec- 
ques sur  Oppien.  L.  J. 

Fabrlctut.  Bibliatheea  traeei,  vol.  V.  p.  Ht.  éêtt.  de 
Ha  ries.  —>  i.-G.  Schneider,  Pr^.  et  noies  de  «a  première 
idïiUm,  et  Pré/ace  de  sa  aecoode  édlUon.  —  F.  IVter, 
Comment,  in  qna  enarratu  viroruméoeL  de  OpiUanu 
dtsceptatUme,  in  eorumdem  vUam  çrmee  ieriptam  in- 
guirituri  Zeltz,  1840. 1o-4*.  —  Hoffmann,  BMioçra^ts^ 
ches  LexikoH,  t.  III.  —  F.  RtUer,  arU  Oppimma  dans 
VBne^clopsedte  d'Hnch  et  Graber.  —  SlBiU^  Dt^ie- 
narif  of  greeJt  and  roman  biographe. 

OPPiKOFsa  (Jean),  géomètre  suisse, na- 
quit en  1783,  à  Unteroppîkon,  en  Tbuigovie. 
Avant  1837,  il  était  au  service  du  gonvememesl 
de  Berne,  occupé  à  la  correction  des  eaux  du 
:  Jura,  puis  il  revint  en  Thorgovie.  En  1826,  il 
L  inventa  le  planimètre,  instrument  destiné  à  la 
I  mesure  directe  des  superGdes  planes.  Le  gou- 
vernement de  Berne  l'en  récompensa,  en  1830^ 
par  un  don  de  1,600  fr.,  et  la  Société  d^Encoura- 
gement  de  Paris  lui  décerna ,  en  1836,  une  partie 
do  prix  de  mécanique.  Ce  planimètre  a  été  plus  ' 
tard  perfectionné  par  l'ingénieur  Wetli  et  pa- 


72i 


OPPiKOFER  —  OPPIUS 


72» 


M.  Hansen,  et  le  professeur  Amsler  lear  rab- 

stitua,  en  1856,  on  insiroment  plus  simple,  le 

plaoimètre  polaire.  Du  reste,  linTention  d^Op- 

pikofer  n'a  pas  été  sans  précédent  ;  Martin  Herr- 

mann,  en  1814,  et  Tito  GonnelUy  en  1825,  ont 

eu  des  idées  semblables. 

Wolf)  Sehwêiur  BioçropMe,  II.  —  Poggendorfr, 
Bioçr,  m,  Hand, 

OPPIC8  (  Cttiut  ),  nn  des  plus  Intimes  amis 
de  Jnles  César,  yi?ait  ters  le  milieu  du  premier 
siècle  avant  J.-C.  Il  appartenait  à  une  maison 
plébéienne,  la  gens  Oppia,  ancienne  et  importante 
maisctn  dont  aucun  membre  ne  fut  élevé  au  con- 
sulat ,.  quoique  les  Oppius  figurent  plusieurs  fois 
dans  lliistolre  romaine  depuis  le  second  décem- 
virat  jusqu'à  Teropire.  C.  Oppins,tribun  du  peuple 
en  213  avant  J.-C.,au  milieu  de  la  seconde  guerre 
punique ,  rendit  une  loi  pour  restreindre  les  dé- 
penses et  le  luxe  des  femmes  romaines.  Cette 
loi  défendait  aux  femmes  d*avoir  plus  d'une 
demi-once  d'or,  de  porter  des  vêtements  de  di- 
verses  couleurs ,  et  de  faire  usage  de  voitures  à 
Aome,  ou  dans  d'autres  villes ,  on  à  un  mille  dé 
leur  enceinte,  sauf  le  cas  de  sacrifices  publics. 
La  loi  Oppia  fut  abrogée  en  195,  malgré  la  véhé- 
mente opposition  de  Caton  Tancien  (  Tite-Live  « 
XXXIV,  I-8H  Valère-Maxime,  IX,  1  ;  Tacite, 
Annal.,  III,  33,  34).  jQ.  Oppius,  un  des  gé- 
néraux romains  dans  la  guerre  contre  Mithri- 
date  en  88,  tomba  an  pouvoir  de  ce  prince,  qui 
ne  lui  fit  essuyer  aucun  mauvais  traitement , 
mais  qui  se  plut  à  le  promener  dans  ses  diverses 
expéditions  et  k  le  montrer  comme  nn  trophée 
anx  peuples  de  l'Asie.  Mithridate  le  remit  en- 
suite en  liberté  sur  la  demande  de  Sylla  (  Tite- 
Uve,  £pit.,  78;  Athénée,  V;  Appien,  Mithrid , 
17,  20,  112  ).  Publius  Oppius,  questeur  du 
consul  M.  Aurelius  Cotta  en  Bithynie,  en  74  et 
dans  les  trois  années  suivantes,  fut  accusé  de 
s'être  approprié  l'argent  destiné  aux  troupes. 
Il  en  résulta  entre  le  questeur  et  Cotta  une  scène 
si  violente  qu'Oppius  tira  l'épée  contre  son  su- 
périeur. Cotta  le  renvoya  de  la  province,  et 
adressa  an  sénat  une  lettre  dans  laquelle  il  Tac- 
casait  de  malversations  et  d'attentat  contre  la 
vie  de  son  général.  Oppius  fut  mis  en  jugement 
en  A9  et  défendu  par  Cicéron,  dans  un  discours 
aujourd'hui  perdu  (  Dion  Cassius ,  XXXVI,  23  ; 
Qnintilien,  V,  10;  Salluste,  HisL^  III,  p.  218, 
«dit.  Geriach  ;  Cicéron,  Fragm.,  vol.  IV,  p.  444, 
édit.  Orelli). 

Calus  Oppius  n'ajouta  rien  k  l'illustration  of- 
ficielle de  sa  famille,  car  il  n'occupa  aucune 
l^nde  charge;  mais  il  dut  une  certaine  célé- 
lirité  à  ses  ouvrage^  et  surtout  à  l'amitié  de  Jules 
(^r.  Avec  Cornélius  Bassus,  dont  le  nom  est 
Kénéraicment  associé  au  sien,  il  veilla  sur  les 
affaires  privées  de  César,  et  fut  initié  à  tous  ses 
projets  et  à  tons  ses  plans.  Une  anecdote^  rap- 
portée parPlutarque  et  Suétone,  montre  avec 
quels  égards  il  était  traité  par  son  illustre  et 
tout  puissant  ami.  Dans  un  voyage,  César  et  sa 


suite  furent  assaillis  par  une  tempête  et  forcés 
de  se  réfugier  dans  la  cabane  d'un  paysan.  Cette 
pauvre  maison  ne  contenait  qu'une  seule  chambre, 
si  petite  qu'une  seule  personne  y  pouvait  tenir. 
César  voulut  qu'Oppius,  dont  la  santé  était  dé- 
licate, dormît  sous  cet  abri  ;  lui-même  et  ses 
autres  amis  passèrent  la  nuit  sous  l'auvent  de 
la  porte.  La  guerre  dvile  qui  éclata  en  49  donna 
naturellement  de  l'importance  aux  deux  confi- 
dents du  proconsul,  qui  entretenait  avec  eux  une 
correspondance  en  diiffres ,  et  leurs  noms  sont 
souvent  cités  dans  les  lettres  de  Cicéron.  Oppius 
et  Balbus  s'efToroèrent  de  calmer  les  craintes  du 
grand  orateur  louchant  les  desseins  de  César  et 
de  le  rattacher  à  sa  cause.  La  correspondance 
de  Cicéron  contient  une  lettre  qu'Oppius  et 
Balbus  lui  écrivirent  en  commun  à  ce  sujet,  en 
y  joignant  une  lettre  de  César  lui-même ,  dans 
laquelle  le  proconsul ,  au  début  de  la  guerre  ci- 
vile, promet  d'user  de  la  victoire  avec  modéra- 
tion et  de  triompher  de  ses  ennemis  par  la  clé- 
mence. Jusqu'à  la  mort  de  César  Oppius  garda 
la  même  place  dans  son  intimité,  et  l'année  même 
qui  précéda  cet  événement,  en  l'absence  du  dic- 
tateur, alors  en  Espagne,  il  fut  chargé  avec  Balbus 
de  la  haute  direction  des  affaires  à  Rome,  quoi- 
que cette  ville  fût  placée  sous  l'autorité  nomi- 
nale de  Marcus  Lepidus,  maître  des  cavaliers. 
Après  la  mort  du  dictateur,  Oppius  épousa  la 
cause  d'Octavie,  et  exhorta  Cicéron  à  en  faire 
autant. 

II  ne  reste  plus  rien  des  ouvrages  d'Oppius. 
C'était  déjà  une  question  chez  les  anciens  si 
les  Guerres  d* Alexandrie,  d* Afrique  et  d*ES' 
pagne  étaient  de  lui  ou  d'Hirtius.  Les  meilleurs 
critiques  pensent  que  pour  la  Guerre  d^Alexan* 
drie  il  y  a  peu  lieu  de  douter,  et  que  la  ressem- 
blance de  cette  partie  des  C(nnmentaires  avec 
le  huitième  livre  de  la  Guerre  des  Gaules, 
montre  qu'elle  a  le  même  auteur,  c'est-à-dire 
Hirtitts.  Quant  à  la  Guerre  d* Afrique  ,  elle  peut 
bien  être  d'Oppius.  Niebuhr  la  lui  attribue  avec 
son  assurance  ordinaire.  «  Cet  ouvrage,  dit-il , 
est  très-instructif  et  très-digne  de  foi  ;  mais  il 
est  pour  le  langage  bien  différent  du  récit  de  1» 
Guerre  d'Alexandrie  ;  il  offre  quelque  chose 
de  maniéré ,  et  en  somme  il  est  moins  beau.  » 
Oppius  écrivit  les  Vies  de  plusieurs  Romains  cé- 
lèbres, parmi  lesquels  on  cite  Scipion  TAfricain 
l'ancien,  Cassius,  Marius,  Pompée,  probable- 
ment aussi  César.  Plutarqne  dit  avec  raison 
que  lorsque  Oppius  parle  des  adversaires  de 
César,  il  ne  faut  accepter  son  témoignage  qu'avec 
beaucoup  de  précaution.  Après  la  mort  du  dic- 
tateur, Oppius  écrivit  un  traité  pour  prouver 
que  Césarion  n'était  pas  le  fils  de  Jules  César 
comme  le  prétendait  Cléopàtre  sa  mère  (1).  Y. 

(1)  Ua  Marau  Oppius,  qnl  appartenait  A  la  même  te- 
intHe,  mail  non  au  même  parti  qae  le  précèdent,  fat 
prtMcrlt  avec  son  père  en  4S.  Comme  le  vieillard  était 
incapable  de  te  mouvoir  et  que  lea  moyeni  de  trans- 
port manquaient.  Opplac  l'emporta  bon  de  Rome  tur 
les  épaules.  Le  père  et  le  fils  atteignirent  la  Sicile  CD 


723 


OPPIUS  —  OPTAT 


7:4 


Qcéroo,  jtd  Mt.;  ad  Fam.  {roj,  VOnomaUieùn 
TuiUanum  d'OreUi).  —  Vossius,  De  Hlttorieis  tatinit, 
—  Dramann ,  GeaekirlOe  Bétnt,  vol.  V.  —  Smltli,  Dio- 
tionarif  tff  gredi  ané  nwi«M  àéogr^lig, 

o»POBTDNE(SaHite),.reUgi6aae  françaMe, 

née  en  Normandie,  au  diocèse  de  Séei.,  morte  à 

Montrewl»  près  d'^menèches ,  le  23  avril  770u 

Iftgue  de  l'une  des  premières  tauàHi»  4e  Tliié- 

mois  (  aujoNBdMiiii  pays  d'Auge  ),  die  fit  piofei- 

sûm  dans  lemenastère  de  Montrewl,  dont  elle 

■e  tarda  point  à  éevtaûr  abfaesae.  Déjà  ùêbêA- 

liarisée  avec  les  privations  et  les  auslérilét ,  die 

redoubla  de  ferveur  dans  ia  retraite.  Klle  arrait 

un  Irère  appelé  Chrodegand,  qui  fui  élu  évéqne  de 

Sées  en  756  etaaaaasinéqudques  années  afrèsfiar 

son  filleul,  daas  le  boung  de  Nonant  fiooouni  eat 

inséré  dans  le  martyroiage  romain,  à  U  date  du 

22  avrit  En  87S,  HUdebraBd,  évéque  de  Séet, 

apporta  à  Moossy-Ae-Neuf,  au  diooèae  de  Meaux, 

le  corps  de  sainte  Opportune,  -qu'il  traa«4éca 

peu  après  A  Paris.  Les  reliques  de  la  sainte  To- 

rent  ietées  en  1797  dans  runiaence  ossuaire  des 

catacombes.  Sa  Vie  a  été  écrite  arant  888  par 

Addhelflae,  évoque  de  Séez.  On  la  trouve  dans  les 

BoilMdistes  et  d»is  MaMttaB.  H.  F. 

^(Ém  sMcCom»,  itt  ti  ovrtl.  —  Mabiltoa.  ^ta  Mao* 
torum  ordinis  S.  Benedicti,  part.  U,  sax,  8,  p.  fio.  — 
fialOa  chritUana,  t  XI.  —  Breviartum  paritiense, 
âl  arrll.  —  Le  Ferre ,  Calendrier  hist.  et  càranol.  de 
i'éyiUe  de  ParU;  isn,  iii.4»,  p.  llS-ltl.  —  JHeidM 
<«M«et,  Fia  d$  iainU  Opportuat,  l«s,  In-it. 

4M^SOPAUS.  Véy.  Obsop£US. 

OPSTAL  (  Gaspard-Jacques  van),  peintre 
ilanand,  né  à  Anvers,  en  1660,  mort  y^rs  1724. 
Il  n'est  guère  connu  que  par  ses  ouvniges.  On 
sait  seulement  qu'il  séjourna  quelque  temps  en 
France,  où  son  onde  Gérard  van  Opstal  était 
sculpteur,  il  composait  avec  goùL  Correct  dans 
son  dessin ,  il  était  un  de  ceusi  de  son  temps 
qui,  suivant  Descamps,  peigpiaient  avec  le  plus 
de  facilité  et  avaient  la  touche  la  plus  briU 
lante.  Plusieurs  églises  de  Flandre  sout  ornées 
de  ses  tableaux^  La  cathédrale  de  Saint-Omer 
possède  de  ce  maître  un  grand  et  beau  ta- 
bleau, représentant  quatre  Pèi'^s  de  r£fflise, 
Opstal  a  peint  aussi  plusieurs  sujets  aliégo- 
riqueâ  00  mythologiques,  des  nymphes^  des 
çénies^  etc.  Il  réussissait  très-bien  dans  le  por- 
trait :  la  galerie  d'Anvers  en  conserve  plusieurs 
de  sa  main.  11  ^  laissé  de  bons  élèves,  entre 
autres  Jan  Hytens  et  Jacques  de  Roore.  A.  ncL. 

jAcob  Cajnpo  Wejrarman,  De  Schilderkomit  der  Né' 
dertandert,  t.  IIL,  p.  131-193.  —  Descamps,  IM  ne  des 
Fettttre$  fUunandt.  etc.,  t.  HI,  p.  S9.  —  PiUfagton,  Bie- 
MMiory  ôfpainUrs. 

4»i*TAT  (  Saiat),  évoque  de  Milève  en  Numidie 

et-decteur  de  l'ÉgliM,  né  vers  315,  en  Afrique,  où 

il  mourut,  après  386.  il  nous  est  nnoios  oorniu 

par  les  eireonslanoes  de  sa  vie  que  par  ses  écrits 

et  par  les  éloges  qu'ont  faits  de  sa  vertu  et  de  sa 

5ûneté,  et  fnreot  plat  tard  rappelés.  Le  peuple  récon- 
penca  cet  acte  de  piété  filiale  en  nommant  Opploa  édUe 
et  en  loi  dénernaat  apré*  aa  mort  une  sépulture  daoi  k 
•Champ  4e  Man  (  Affplen,  SeL  c<p.,  I V,  U  ;  Dion  Caaiiaa, 
\LVUI.  SB]. 


science  saint  Augustin  et  saint  Fulgence.  Le  pre- 
mier dit  de  lui,  comme  de  saint  Amlireise,  qu'il 
poorrait  être  «ae  preuve  de  la  vérité  de  l'Église 
calhoéiqoe  si  eHe  s'appuyait  sur  la  veitn  de  ses 
ministres.  Le  second  .Tassocie  aux  grands 
hommes  dont  Dieu  s'est  aerti  pour  noun  décou- 
vrir les  secrets  de  ses  i4:ritures,  et  qui  onl  dé- 
fendu comme  il  faut  la  pureté  de  Ja  ioL  Un  pas- 
sage de  saint  Augustin,  dans  aon  ouvrage  De 
docùima  thrUtianerum,  t  JI,  ca^.  40,  a**  60, 
peut  iaire  eooiectuver  <pi'Of»tat,  né  ^  |»arenls 
païens,  peu  favorisés  de  la  fortime,  re9Mt«epeB- 
daatune  éducation  brillante,  et  ^'apnès «voir 
fréquenté  tes  plue  «célèbres  éooles  de  Garibpge,  il 
se  rendit  en  Egypte  pour  y  étudier  la  pialoaopt^ 
Doué  d'un  jugenent  droit,  il  ne  tarda  pas  à  n- 
connaître  toute  la  fausseté  des  principea  que  de 
prétendus  sages  étalaient  dans  leurs  leçoas ,  et 
pour  mieuK  atteindre  la  vérité  il  embcassa  la 
foi  catliolique,  dont  il  devait  se  montrer  l'an  de» 
plus  ardents  défenseurs.  U  fut  élevé  an  siège 
épisoa|»l  de  Milève,  ville  de  lïumidie,  nu  se 
tinrent  en  402  et  en  416  deux  conciles  oélèbtes 
dans  l'histoim  de  l'Égtiee.  Mens  n'aiwna  d'Op- 
tat  que  l'ouvrage  écrit  pour  défendre  le  ca- 
tholidsBie  contre  les  4onatistes.  Paimi/nifa , 
troisième  évèque  des  donatistes  de  CarMiage, 
ayant  publié  l'exposé  apologétique  des  doc- 
trines de  son  prédécesseur,  saint  Optât  crat 
devoir  le  i^futer,  dans  un  ouvrage  divisé  en  sept 
livres.  Les  six  premiers  furent  compoeés  vers 
368,  sons  le  pontificat  de  saint  Damase  ;  le  sep- 
tième ne  fut  écrit  qo'en  364 ,  sous  le  pontificat 
de  saint  Si ria'.  Dans  le  premier  livre,  qui  com- 
mence par  ime  profession  de  foi  tooGbant  le 
mystère  de  riocaraation,  semblable  à  peu  près 
à  celle  du  symbole  des  apôtres,  il  prouve  que 
les  chefs  des  donatistM  («'oy.  Douât)  ont  livré 
les  saintes  Écritures  aux  persécuteurs,  et  que 
ce  sont  eux  qui  ont  rompu  les  premiers  avec 
l'Église  catholique.  Bemontant  jusqu'au  oonôle 
de  Cirthe,  tenu  le  4  mars  30iî,  il  iwà.  ntomber 
sur  les  donatistes  la  honte  d'avoir  eu  pour  pre- 
miers chefs  des  évèqnes  qui  s'étaient  tous  re- 
connus coupables  et  qui  étaient  morta  saasaruir 
donné  aucune  marque  'de  repentir.  U  raconte 
ensuite  comment  s'est  formé  ee  déptoahle 
schisme,  et  déclare  que  le  schisme  est  un  crime 
plus  grand  que  le  parricide  et  l'idoiAtrie.  Les 
donatistes  neprochaient  aux  catholiques  de 
s'être  adressés  aux  puissances  temporelles  pour 
des  alTaires  <le  religkm  :  saint  Oi^iUt  leur  dé- 
montre que  ce  sont  eux-mêmes  qui  y  ont  en  re- 
cours les  premiers,  en  s^adresssnt  i  Constantin. 
Dans  le  second  livre ,  il  établit  que  l'Église  ca- 
tholique eat  une,  qu'elle  n'est  nokit  chea  les  hé* 
rétiques ,  ni  chez  les  schisasatiques ,  ai  wnier- 
mée  dans  une  pantie  de  l'Afrique,  nomme  le 
prétendaient  les  donatisles.  Son  but,  dans  le 
troisième  livre,  est  de  justifier  les  catholiques  de 
certaines  violences  qu'on  les  accusait  d'avoir 
commises  pour  procurer  la  rénnîon  des  douar 


725  OPTAT  — 

ti&tes.  Le  quatrième  livre  est  pour  répondre  à 
ce  que  Parménien  avait  dit  de  Thuile  et  du  sa- 
crifice du  pécheur,  entendant  sous  ce  dernier 
nom  les  catholiques,  dont  il  voulait  qu'on  évitât 
les  sacrifices.  Le  cinquième  livre  est  sur  le  bap- 
tême que  les  donatistes  ne  peuvent  réitérer  sans 
profanation.  Dans  le  sixième  livre ,  saint  Optât 
montre  la  folie  des  disciples  de  Donat,  qui  bri- 
saient, raclaient,  et  renversaient  les  autels 
sur  lesquels  ils  avaient  eux-mêmes  aupara- 
vant offert  des  sacrifices.  Dans  le  septième 
livre,  qui  est  comme  le  résumé  et  le  corollaire 
de  tout  Touvrage,  il  répond  aux  noiivelles  objec- 
tions des  donatistes,  qui  disaient  qu'étant  les 
enfants  des  tradlteors,  on  ne  devait  pas  les 
ohllger  à  rentrer  dans  Tnnitéy  et  que  les  catho- 
liques, semblables  à  des  mouches  qui  en  mou- 
rant gâtent  les  plus  suaves  parfums ,  corrom- 
paient celui  qui  était  consacré  par  le  nom  de 
Jésus-Christ,  c'est  à-dire  le  saint-chrême.  Quoi- 
que dur  et  obscur  en  certains  endroits ,  le  style 
de  saint  Optât  a  du  feu,  de  Ténergie,  de  Ta- 
grément.  Il  donne  quelquefois  aux  passages  de 
l'Écriture  un  sens  peu  naturel  et  purement  al- 
légorique. Certains  critiques  ont  accusé  ce 
Père  d'avoir  donné  dans  Terreur  de  la  réitéra- 
tion du  baptême  des  hérétiques,  parce  qu*n 
l'appelle  baptême  sacrilège,  faux;  mais  en 
lisant  avec  attention  on  sera  convaincu  que  saint 
Optât  ne  rejette  que  le  baptême  des  hérétiques 
({ni  ne  conféraient  pa&  ce  sacrement  au  nom  de 
la  Trinité.  Le  traité  de  saint  Optât  :  De  schis- 
tnate  donatistarum  a  été  publié  pour  la  pre- 
mière fois  par  Jean  Cochlée ,  chanoine  de  Bres- 
lau,  Mayence,  1549,  in- fol.;  mais  cette  édition 
a  été  donnée  d'après  un  manuscrit  fort  défec- 
tueux, il  en  a  été  fait  plusieurs  autres,  par 
Fr.  Baudouin,  en  1569,  par  Gabriel  de  TAubespine, 
évêque  «TOrléans  ,  par  Méric  Casaubon ,  par 
Charies  Paulia,  jésuite,  en  1631 ,  par  PhtI.  le 
Prk^nr,  en  1679;  mais  la  meilleure  et  la  plus 
complèle  de  toutes  est  celle  qu'a  publiée  du 
pin,  Paris,  170©,  in-fol;  Amsterdam,  1701, 
«■•fol.-,  Anvers ,  17^,  in  fol.  Ce  savant  Ta  enri- 
àûe  d'une  préface  sur  h  vie,  les  œuvres  et  les 
éditions  d'oplat,  et  de  deu\  dissertations ,  l'une 
«or  l'histoire  des  donatistes ,  l'autre  sur  la  géo- 
graphie sacrée  d'Afrique,  fl  a  tnis  de  courtes 
notes  au  bas  des  pages  avec  les  différentes  le- 
^ns,  et  y  a  ajouté  ceties  des  pretnters  éditeurs. 
On  y  trouve  enfin  un  recueil  de  tous  les  actes 
*t  des  conférences  épifcopales ,  des  lettres  des 
év^ues ,  des  édits  des  empereurs ,  des  gestes 
P«^«wo«ulaire«  et  des  actes  des  mart^TS,  qui  ont 
du  rapport  à  Thistotre  des  dunatistes,  disposés 
par  ordre  fhronologique ,  depuis  l'origine  de  ce 
^isme  justyu'au  pontificat  de  saint  Grégoire  le 
Oraod.  Le  martyrologe  romain  fixe  au  4  jura  la 
^e*e  saint  0|jttft,  dont  les  (Btttjre*  complètes 
ont  été  publiées  par  l'abbé  Migne,  Montronge, 
w-4VTec  les  Œuvres  de  saint  Zenon.  H.  Fisqcet. 
Dom  CeflUer,  ma.  des  auteurs  eeeles.,  t.  Vlj  p.  6SS- 


OPTAÏIEJS 


726 


70S.  ~  Moréri,  Dietionm.  hUt.  —  E.  da  Pin,  FU  âesaiut 
Optect,  daa«  r6dtUon  de  sfs  œuvres.  —  Richard  et  Gl- 
raod,  BibHoL  sacrée. 

orTATiBN  (  PicNiltuf -  Porph0im-Opta' 
<laniM),  poêle  latin,  vivait  dans  la  première  moi- 
tié du  quatrième  «iède  a|ifès  J.-C.  Il  était  eon- 
temporaîB  de  Constantin  le  Grand.  Bon  Pémé- 
yyrique  de  cet  emjpereur  sous  apprend  qu'il 
avait  été  banni  pour  quelque  nHson  qu'il  ne  dit 
pas,  et  que  Constantin,  charmé  de  ees  flatteries 
poétiques,  le  rappela  4e  l'exH  et  l'honora  li'mie 
leltne  dans  laquelle  il  fappelie  très-efiier  frère. 
Saint  léDÔme  assigne  au  rappel  du  poète  la  date 
4e  3M,  mais  c'est  une  enreur.  Le  Pamégjfriqite 
qui  en  fait  inentioii  est  an  pins  tavd  4e  396, 
puisqu'U  onatiflot  l'élege  4e  CrispoR,  «s  4e 
Contaotin,  qui  eetto  aanée  même  fut  mis  à 
naort  ptr  l'onlre  4e  aon  père;  il  est  probable 
qoe  éet  ouvrage  fut  composé  en  Slh  poar  les 
fêtes  4e8  Vietnmalim  (vwgliènie  «nnée  do  nèf^), 
eétél>rées  l'année  suivante;  et  il  est  probable 
aussi  quH)ptatien,  après  son  retour,  fut  promu  \ 
de  hautes  dignités;  car  on  voit  figurer  Rvr  une 
Uste  des  préfets  de  la  <oi(é  on  PnbHliaB  Optitia- 
nus,  préfet  en  3M  et  339,  leqad  parait  être  le 
même  que  raotenr  du  Ptméfifrifwe,  C'est  là 
tout  ce  <fue  l'on  sait  d'Oi)tafien.  Onn  eonjectoré 
avec  vraisemblaBee  ^u'il  était  natif  de  la  pro- 
vince 4'Âfriqiie. 

Les  poésies  d^Optatien  sont  des  cenvres 
d'extnème  décadence,  et  oiïrent  des  4éfai]rtt  d'au- 
tant plus  choquants  qu'ils  tiennent  pMdt  à  la 
recherche  qu'ao  déiaot  4e  talent.  «  fl  lui  en 
eût  beauceap  moins  coûté,  dit  Boissonade, 
pour  être  un  bon  poète  qne  pour  être  si  ridi- 
cule. •  Dans  son  Panégyrique  en  vers  de  Cons- 
tantin ,  ii  semble  e'être  proposé  d'hêtre  inintetfi- 
giUe,  en  ajontant  aux  difficoltéfc  natorelles  de 
la  forme  poétique  toutes  les  complications  ar- 
tilieîdles  de  pensée  et  de  style  que  son  imagina- 
tion a  pu  lui  suggérer.  Ce  détestable  spédmen 
dVme  poésie  sénile  a  été  puMîé  par  Pitfion,  dans 
ses  Pœmaia  vetera;  Paris,  1590,  in- 12,  et 
Genève,  1596,  !*«•.  Marc  Velser  en  domra 
une  seconde  édition,  avec  un  commentaire, 
Aogsbourg,  159S,  in-fol.,  et  on  l'a  réimprimé  à 
la  suite  des  (Euvres  de  Velser,  Nnremlierg, 
1682,  avec  des  remarques  de  Ch.  Damn.  Opta- 
tien  s'est  sin^assé  lui-même  dans  trois  petites 
pièces  ii49Uia)  mtltaiées  l'ilii^ef  Pftfiien 
(Aa-a  rythia),  La  SyrUix  (Syrinx),  VOrgueiOr- 
ganmi).  &&  composant  avec  art  cet  vers  d'nn 
plos  ou  moins  grand  nombre  de  lettres,  Opta- 
cien  a  4lNmé  à  sa  première  pièee  la  ferme  dNin 
autel,  k  la  «econde  U  forme  d'nne  syrinx,  à  la 
troisième  la  foome  d'un  orgue  hydrauKqne.  Ces 
pnérilH  jeux  d'esprit  ont  été  imprimés  dans  les 
Pœtx  latini  minores  de  Werwsdorf  (vol.  II, 
p.  365^13).  On  a  enrore  d'Optatlen  cinq  épi- 
^mnmei,  dans  VAwtbêtogie  latine  (um  136- 
240,édit.Meyer).  L.  J. 

Tinctnont,  BUMre  âes  empereurs,  ? ôl.  IV,  p.  se».  — 
Wenndorf,  DUsert,  snr  Optatleo,  dans  les  PoeL  laL 


727  OPTATIEN 

min,  —  BolMoaade.  Disurtation  »ur  le$  vert  figurét 
daas  les  Jmusemadi  phitoiogiques  de  Pdgnot. 

OEASGB,  aiicienne  seignearie  de  Francf,  qui 
fait  actuellement  partie  du  département  de  Vaa- 
cluse.  Depuis  le  dixième  siècle,  elle  eut  ses 
comtes  et  princes  particuliers;  après  la  mort  de 
Philibert  de  Cb&loos  (1530),  elle  passa,  par  la 
sœur  de  ce  dernier,  dans  la  branche  de  Oillem- 
bourg,  de  la  maison  de  Nassau.  Mais  cette  branche 
n'en  eut  ta  paisible  jouissance  qu'en  1&70,  et  la 
souveraineté  ne  lui  en  fut  même  définitivement 
confirmée  qu'à  la  paix  de  Ryswick  (  1697).  En 
1702  Guillaume  HI,  roi  d'Angleterre,  mourut 
sans  enfants,  et  de  là  cette  longue  suite  de 
querelles  pour  la  succession  d'Orange.  Les  prin- 
cipaux prétendants  étaient  Frédéric  i'%  roi  de 
Prusse,  qui  avait  pour  lui  le  testament  du  princede 
Nassau-Orange  FrédéricHenri,  son  grand-père 
maternel ,  et  Jean-Guillaume  de  Nassau-Dietz , 
stathouder  de  Frise,qut  s'appuyait  sur  le  testament 
du  roi  Guillaume.  Les  princes  de  Cooti  et  de 
*Ma88au-Siegen  élevaient  aussi  des  prétentions. 
Lors  du  traité  d'Utrecht  (1713),  le  roi  de  Prusse 
céda  cette  principauté  à  la  France,  qui  en  a  con- 
servé la  possession  ;  toutefois  le  prince  de  Nassau- 
Dietz  garda  pour  Ihi  et  pour  les  aînés  de  sa 
race  le  titre  de  f»rince  d^Orqnge^  titre  aujour- 
d'hui porté  par  l'héritier  présomptif  de  la  eoo- 
ronne  des  Pays-Bas. 

Le  premier  comte  d'Orange  que  Ton  connaisse 
est  Giraud'Adhémar^  dont  les  descendants  s'at- 
tribuèrent la  souveraineté  de  Grignan  et  celle  de 
Monteil  :  on  le  fait  vivre  sous  Charlemagne  ; 
mais  cette  tradition  n'est  pas  certaine.  Noos  ci- 
terons parmi  ses  successeurs  :  Raimbaud  II ^ 
qui  mourut  en  1 121,  dans  la  Terre  Sainte,  où  il 
avait  suivi  Raimond  de  Saint-Gilles;  Gtci/- 
laume  III  et  Tibwrge  II ,  qui  se  partagèrent  le 
comté  et  en  donnèrent,  è  la  lin  du  douzième 
siècle,  la  plus  grande  partie  aux  hospitalière  de 
Jérusalem;  Raimbaud  III ,  •  bon  chevalier  et 
très-eâtimé  dans  la  poésie  provençale  » ,  selon 
Nostradamus,  et  à  qui  Ton  attribue  un  livre  in- 
titulé la  Maestria  d*auu>r  (1).  Celui-ci  n'ayant 
point  laissé  de  postérité ,  le  comté  passa  à  sa 
sœur  aînée,  Tiburge  III  (1173),  mariée  en  se- 
condes noces  à  Bertrand  des  Baux. 

Bertrand  des  Baux  /^,  assista  en  1178  au 
couronnement  de  l'empereur  Frédéçc  1*',  qui 
lui  accorda,  dit-on,  en  cette  circonstance  le 
titre  de  prince  d*Orange.  Blalgré  cette  distinc- 
tion ,  il  n'en  demeura  pas  moins ,  lui  et  ses  des- 
cendants, le  vassal  des  comtes  de  Toulouse,  en 
leur  qualité  de  marquis  de  Provence.  11  fut  as- 
sassiné en  1181,  le  jour  de  PAques,  par  ordre 
du  comte  de  Toulouse  Raimond  Y ,  avec  lequel 
U  s'était  brouillé. 

Guillaume  IV,  surnommé  au  Court  nez,  fils 
du  précédent,  mort  en  juin  1218.  Par  lettres 

(1)  lyiprét  PithoD-Cart,  ee  ^ne  serait  l'auTre  d'un 
ik  de  GnllUuiiie  IV,  noaioié  lUtmtMiud,  qui  l^uralC 
dédié  à  BUrgoerlle  de  Provence,  femme  de  saint  Louis. 


—  ORANGE  7» 

f  patentes  du  19  janvier  1214,  il  obtint  de  reni- 
{  pereur  Frédéric  II  le  vain  titre  de  rot  d'Arles,  Il 
prit  une  part  active  k  la  croisade  contra  les  Al- 
bigeois, et  tomba  entre  les  mains  des  habitants 
d'Avignon ,  qui  ré(x>rchèrent  vif  et  le  coopèrent 
en  morceaux.  On  l'a  placé  au  nombre  des  troa- 
badoura;  mais  il  ne  reste  de  lui  que  quelques 
pièces  insignifiantes,  sous  le  nom  d*Inglès. 

Bertrand  III,  mort  vere  1335,  succéda  à 
Raimond  1er,  son  pèra,  dans  la  portion  du  comté 
d'Orange  qui  lui  appartenait;  il  acquit  en  1)89, 
par  édunge,  la  portion  de  son  neveu  Bertrand  11, 
et  reçut  en  1308  de  Charles  II,  roi  de  Naples, 
la  moitié  de  cette  baronnie,  qui  était  restée  en 
la  possession  des  hospitaliers  de  Jérusalem  et 
que  ceux-ci,  Tannée  précédente,  avaient  cédée 
à  ce  prince. 

Raimond  /K,  petit-fils  du  précédent,  mi»rt 
le  20  février  1393,  à  Avignon.  Il  posséda  aosi 
le  comté  d'Avdlino  dans  le  royaume  de  Naples. 
Afin  de  mettre  ses  sujets  à  Tabri  de  l'insuJte, 
au  milieu  des  guerres  qui  désolaient  alors  la 
France,  il  fortifia  la  ville  d'Orange;  son  goât 
pour  les  lettres  le  porta  à  y  fonder  une  univer- 
sité (  27  mai  1365),  qui  devint  assez  florissante. 
Sa  fille  atnée,  Marie  des  Baux,  transmit  la 
principauté  à  une  nouvelle  famille  par  son  ma- 
riage avec  Jean  de  ChAlons,  sire  d'Ariay,  en 
Bourgogne. 

Jean  /«**  de  Chdlons,  mort  le  4  décembre 
1418,  s'attacha  au  duc  de  Bourgogne,  qui  le 
créa  son  lieutenant  général  ;  les  partisans  de  oe 
prince  le  firent  nommer,  en  141  &,  grand  cbam- 
brier  de  France,  et  en  1417  lieutenant  général 
de  Languedoc. 

Louis  I^r,  dit  le  Bon,  fils  du  précédent,  né  en 
1389,  mort  le  13  décembre  1463,  eut  le  même 
attachement  que  son  père  pour  la  maison  de 
Bourgogne.  Il  se  trouva  au  siège  de  Neisa 
(1420)  avec  le  duc  Philippe  le  Bon;  mais  il  re- 
fusa de  prêter  serment  d'allégeance  au  roi  d'Ao- 
gleterre,qui  l'exigeait  en  vertu  du  traité deTroyes. 
Ayant  pris  le  parti  du  duc  de  Savoie  contre  la 
France,  il  fut  battu  à  Anthon  par  Louis  de  Gao- 
court,  gouverneur  du  Dauphiné  (1429).  Ses  terres 
furent  saisies,  et  il  n'en  obtint  la  restitution  du 
roi  Chartes  VU  qu'à  U  coudition  d'être  sou  fitlèle 
allié.  Il  contribua  puissamment  à  détacher  le 
duc  de  Bourgogne  de  ralliance  anglaise. 

Guillaume  VII,  fils  du  précédent,  mort  le 
27  octobre  1475,  fit  le  voyage  de  la  Terre  Sainte 
après  la  mort  de  son  père.  Après  avoir  soiri 
Charles  le  Téméraire  au  siège  de  Uëge,  il  aban- 
donna le  service  de  ce  prince,  qui ,  irrité  de  sa 
retraite ,  s'empara  des  terres  qu'il  possédait  dao» 
les  deux  Bourgognes.  Louis  XI,  profitant  de 
quelques  troubles  qui  s'étaient  élevés  à  Orange 
au  sujet  de  l'érection  d'un  parlement,  et  des  io« 
telligences  que  Guillaume  avait  renouées  avec 
le  duc  Chartes,  le  fit  arrêter  en  1473,  et  le  reliât 
plus  de  deux  ans  prisonnier,  à  Lyon.  Pour  ob- 
tenir sa  liberté,  GuUlaumefut  oUi^  de  remetire 


729 


ORANGE 


730 


au  roi»  comme  dauphin  d6  Yiennois,  Thommage 
et  la  souveraineté  de  sa  principauté,  de  con- 
sentir à  ce  que  les  appels  du  parlement  d'O- 
range fussent  portés  à  cdni  de  Grenoble,  et 
enfin  de  payer  une  rançon  de  40,000  écns  ;  plus 
tard,  pour  se  libérer  de  cette  somme  y  il  reconnut 
la  suzeraineté  de  la  couronne  de  France.  Ce 
traité  onérenx,  passé  à  Rouen,  le  6  juin  1475, 
lui  laissa  néanmoins  le  titre  de  prince  souve- 
rain, avec  le  droit  de  battre  monnaie. 

Jean  II,  fils  unique  du  précédent,  mort  le 
25  avril  1502,  servit  Louis  XI  après  la  mort  de 
Charles  le  Téméraire  ;  mais  n'ayant  pas  reçu  de 
ce  prince  les  récompenses  auxquelles  il  s'atten- 
dait, il  se  jeta  dans  le  parti  de  Marie  de  Bour- 
gogne, et  fut;  par  arrêt  du  7  septembre  1477,  dé- 
claré criminel  de  lèse-majesté  et  banni  k  perpé- 
tuité. Il  faisait  cependant  de  grands  progrès  dans 
le  comté  de  Bourgogne  :  en  1477  il  gagna  sur 
les  Français  la  bataille  d'Emâgny,  dans  TAuxois, 
et  continua  la  guerre  jusqu'à  la  paix  d'Arras 
(1481).  Plus  tard  il  se  joignit  à  la  ligue  du  duc 
d'Orléans  contre  la  régente  Anne  de  Beaujeu  et 
fut  pris  à  Saint- Aubin-du-Cormier  (1488).  Il 
accompagna  Charles  VIII  et  Louis  XII  dans  leurs 
expéditions  d'Italie.  Ce  dernier  lui  remit  Uhom- 
nage  de  la  principauté  d'Orange  et  le  rétablit 
dans  les  droits  d'une  souveraineté  libre  et  in- 
dépendante. 

Philibert ,  fils  du  précédent,  né  en  1502,  fut 
d'abord  placé  sons  la  tutelle  de  Philiberte  de 
Luxembourg,  sa  mère.  La  principauté  d'Orange 
ayant  été  de  nouveau  réunie  à  la  France  (15 15), 
il  réclama  en  vain  auprès  de  François  P',  et 
passa,  de  dépit,  au  service  de  Charles-Quint, 
qui  lui  fit  don ,  pour  le  dédommager,  du  comté 
de  Saint-Fol.  Après  s'être  signalé  au  siège  de 
FoDtarabie ,  il  tomba  entre  les  mains  des  Fran- 
çais, et  demeura  prisonnier  jusqu'au  traité  de  Ma- 
drid. En  1,527,  il  prit  part  à  la  prise  de  Rome, 
en  qualité  de  lieutenant  du  connétable  de  Bour« 
bon ,  et  succéda  à  ce  prince  dans  le  comman- 
dement de  Varmée  impériale  :  il  chassa  les 
Français  du  royaume  de  Naples,  et  fut  tué  le 
3  août  1530,  dans  un  combat  qui  se  livra  devant 
Florence,  qu'il  tenait  assiégée.  Comme  il  n'avait 
point  d'enfants ,  il  légua  en  mourant  ses  biens  à 
son  neveu  René  de  Ifassau-lHlUmbourg  à  la 
condition  de  porter  son  nom  et  ses  armes.  P.  L. 

^pon .  Hist  gén.  de  ProvêMe.  —  Art  de  vérifier  les 
ietes.  —  u  Plw.  Bisi,  de  ta  wuUson  ^Orange.  —  Ba- 
raote,  ma,  des  ducs  de  Bourgoçtie. 

OKAKGB  (Guillaume  /"",  surnommé  le  Ta- 
ci/urne,  prince  d'),  né  à  Dillembours,  le  25 
a^ril  1533,  assassiné  à  Delft,  le  10  juillet  1564. 
11  était  le  fils  afné  de  Guillaume  de  Nassau-Dil- 
lemhourg,  qni,  ayant  recueilli  les  biens  de  sa 
niaison  situés  en  Allemagne ,  y  avait  de  bonne 
neure  introduit  la  réforme,  et  de  Julienne  de 
Stolberg,  femme  distinguée  par  ses  rares  vertus. 
Son  grand-père  Jean,  frère  d'Engelbert  de  Nas- 
sau (voy,  ce  nom),  avait  hérité  des  Immenses 


biens  de  ce  dernier.  Henri ,  fils  atné de  Jean,  en 
reçut  la  partie  située  dans  les  Pays-Bas;  il 
épousa  Claudle  de  CbAkms,  soeur  de  Pldlibert, 
prince  d'Orange.  Son  fils  René  succéda  à  Pliih- 
bert;  resté  sans  enfants  légitimes,  il  laissa  à  sa 
mort  (1544)  ses- riches  domaines  à  son  cousin 
germain  Guillaume,  dont  il  est  ici  question ,  et 
qui  se  trouvait  ainsi  appelé  à  être  le  plus  puis- 
sant seigneur  des  Pays-Bas.  Élevé  dans  le  ca- 
tholicisme, à  la  cour  de  la  reine  Marie  de  Hon- 
grie à  Bruxelles,  Guillaume  entra  à  quinze  ans, 
comme  page,  dans  la  maison  de  l'empereur 
Charles-Quint,  qui  devina  bientôt  les  qualités 
éminentes  dont  était  doué  le  jeune  prince,  et 
s'attacha  à  les  développer  avec  une  tendre  sol- 
licitude. Initié  de  bonne  heure  aux  secrets 
des  grandes  affaires  politiques,  il  ne  négligea 
pas  de  s'instruire  dans  l'art  de  la  guerre;  à 
l'Age  de  vingt-deux  ans ,  il  fut ,  de  préférence 
aux  plus  anciens  officiers,  choisi  pour  com- 
mander rarmée  impériale  sur  les  frontières  de 
de  Flandre,  et  justifia  pleinement  la  confiance 
de  Charles.  Il  fut  ensuite  employé  par  ce  prince 
dans  diverses  négociations  diplomatiques;  il  y 
réussit  également,  grâce  à  sa  vive  intelligence, 
à  sa  connaissance  précoce  des  hommes  et  à  ses 
manières  insinuantes,  quoique  toujours  pleines 
de  dignité. 

Vivement  recommandé  par  Charles  à  Phi- 
lippe II,  il  fut  en  1559  un  des  négociateurs  de 
la  paix  avec  la  France,  et  ensuite  un  des  quatre 
otages  choisis  par  le  roi  Henri  II  pour  la  fidèle 
exécution  du  traité.  Un  jour,  se  trouvant  seul  à 
la  chasse  avec  Henri,  il  reçut  de  lui  communica- 
tion des  négociations  pendantes  entre  les  cours 
de  France  et  d'Espagne  pour  une  extermina- 
tion en  commun  des  sectaires  des  deux  pays.  II 
écouta  ces  paroles  sans  manifester  en  rien  l'hor- 
reur profonde  qu'elles  lui  causaient.  Dès  lors  U 
possédait  le  remarquable  empire  sur  lui-même 
qui  lui  permettait  de  réprimer  ses  sentiments, 
et  qui  lui  valut  son  surnom  (1).  Mais  il  prit  le 
parti  de  consacrer  tous  ses  efforts  à  combattre 
ces  projets  féroces;  quoique  rien  encore  ne  rattirAt 
vers  la  réforme,  il  se  sentit  pris  de  pitié  pour  tant 
de  malheureux  voués  à  la  mort.  Dès  quV  fut  de 
retour  dans  les  Pays-Bas,  il  commença  à  s'opposer 
avec  fermeté  aux  mesures  par  lesquelles  Philippe 
cherchaHè  établir  dans  ces  libres  contrées  le 
pouvoir  absolu.  Cependant  il  avait  pu  prévoir 
que  cette  lutte  allait  le  priver  des  doux  agré- 
ments de  son  genre  de  vie  fastueux.  Il  s'était 
jusqu'ici  adonné  avec  passion  A  tous  les  plaisirs; 
ses  revenus,  très-considérables,  accrus  encore 
par  la  riche  dot  que  lui  avait  apportée  sa  femme, 
Anne  d'Egmont,  fille  du  comte  de  Buren,  ne 
suffisaient  pas  A  son  luxe ,  qui  éclipsait  celui 
du  roi. 

Invoquant  hautement  les  franchises  du  pays, 

(1)  Loin  d'«tre  Ucltome  dans  raeception  ordinaire  de 
ce  mot,  GaillaoBe  éutt  ao  contraire  on  gai  et  ataiiMe 
caoaear. 


731 


ORAKCE 


33 


il  réclama  le  renToi  dea  troupes  espagnoles,  et 
curobatfit  rauginentatioa  des  évécbés  décrétée 
par  Philippe;  il  rompit  eDtièremeiit  airec  le  car- 
dinal de  Granvelle,  qui  gpiiveraait  les  Paya-Bas 
dans  les  yues  absolutistes  du  roi  ^  et  avec  lequel 
il  avait  jusqu'alors  entretenu  les  relations  les  plus 
amicales  (1).  Distrait  un  iostant  des  afTaires 
publiques  par  les  difficultés  que  lui  causa  la 
conclusion  de  son  second  mariage  avec  Anne,  fille 
du  célèbre  Maurice  de  Saxe  (2),  il  adressa,  le  11 
mars  1*563,  avec  Bornes  et  Egmont,  une  lettre 
énergique  au  roi,  où  ces  trois  seigneurs  se  dé- 
claraient prêts  à  se  retirer  du  conseil  d'État,  si 
le  cardinal  continuait  à  administrer  le  pays  ;  ils 
quittèrent  en  effet  le  conseil  lorsque  Philippe  eut 
refusé  de  leur  donner  satisfaction,  lis  n'y  ren- 
trèrent qu'après  que  la  régente  Marguerite  de 
Parme  (  voy.  ce  nom)  eut  enfin  obtenu  le  rappel 
de  GranveHe  (mars  1664).  Orange  alors  prit 
pendant  quelque  temps  une  grande  part  aux  ai- 
(aires;  il  chercha  à  faire  consentir  \ê  roi  à  la 
convocation  des  états  généraux ,  à  radoucisse- 
ment des  édits  cruels  contre  Vhétrésie  et  à  la 
suppression  des  conseils  de  justice  et  de  fi- 
nance, décrédités  par  les  plus  honteuses  con- 
cussions. Loin  de  concéder  aucun  de  ces  points , 
Philippe»  même  après  avoir  entendu  les  remon- 
trances qui,  inspirées  par  Orange,  Lui  furent 
soumises  par£gmont,  k  la  fin  de  1564,  ordonna 
rétablissement  de  finquisition.  L'irritation  des 
populations  allait  croissant.  Orange  la  dépeignit 
avec  énergie  dans  une  lettre  adressée,  le  24  jan- 
vier 1566,  à  marguerite,  en  réponse  à  celle  où  la 
duchesse  lui  prescrivait  de  faire  poursuivre  les 
hérétiques  dans  son  0)uvemement  de  Hollande 
et  de  Zélande  selon  les  injonctions  du  roi.  Peu 
de  temps  après  fut  signé  le  Compromis  dea 
nobles  ;  d'accord  avec  les  tendances  de  cet  acte. 
Orange  réprouyait  la  façon  d'agir  turbulente  et 
irréfléchie  des  auteurs  du  Compromis^,  les  tar 
meux  gueux.  Quant  à  lui,  il  procédait  plus  sû- 
rement ;  dès  lors  il  avait  établi  autour  du  roi  un 
servioe  d'espionnage,  qui  pendant  de  longues  an- 
nées hri  livra  les  secr^  de  Philippe.  En  juillet , 
il  se  sendit  à  Anvers ,  dont  il  était  bnrgrave, 
pour  y  maintenir  Vordre,  sérieusement  noenacép 
ce  quMl  fit  avec  la  plus  grande  loyauté;  cela 
n'empéeha  pos  Marguerite  de  raccuaer  de  vou- 
loir Urer  parti  des  troubles  imminents^  pour  par» 
tager  les  Provinces*  Unies  entre  lui  et  ses  amis. 
Abiscat  de  la  ville  pendant  les  excès  des  icono- 
clastes, il  y  retourna  à  la  hÂte,  et  y  conclut  un 
accord  entre  les  eaUMliques  et  les.  réforn^  sur 
leo  bases  d'une  iatérance  mutoelley,  principe 

(1)  Granfellctqai  awalft  puaf  piéeler  Ut  vatetur  tf«  prisse» 
te  tlgnaUiU  dés  lors  au  roi  comme  «  ua  homme  d'un  pro- 
fond  Rente,  dTune  vaste  ambUloo,  daogereax,  pénétrant, 
politique  ». 

(S)  Stir  les  Bonhrtoae»  »éf oclatioM  qfxl  frérédèicnt 
ee  mariage,  voy.  l'article  de  BOttlger  dans  le  Histarlsches 
TatçÀtuèuch  de  Rauiatr,  t  VII,  a  Backiiayzen,  Hei 
Huwél§k  van  ff'iUêm  vmn  Oroai*  «wt  Atiaa  daji  Saxtn 
(Amsterdam,  18M). 


dont  il  fut  pendant  toute  sa  vie  le  défeosenr  I»* 
plus  ferme,  presque  le  seul  parmi  ses  coatempo- 
rains.  Cependant,  après  avoir  reconnu  l'inatilik 
de  la  résistance  paciiiquo  «lull  avait  orgaiiis«f 
contre  la  tyrannie  de  Philippe ,  il  mgagjra  fig- 
mont  et  Homes  à  so  liguer  avec  lui  your  re- 
pousser même  par  la.  force  les  mesoreo  «Top- 
pression  que  le  roi  préparait,,  et  dont  sen  a§|eBl^ 
secrets  l'avaient  prévenu.  Maia  ses  avertisse- 
ments ne  convainquirent  pas  ce&deiix  sei^neoc», 
sans  le  concours  desquels  il  ne  pouvait  oom- 
battre  avec  succès  TinvasioD  de  k'arroée  espa- 
gnole» décidée  par  le  rai.  De  retour  à  Aavers  ea 
février  1567,  il  eut  à  y  étouffer  une  insorrei> 
tion  formidable  des  calvinistes  ;  il  réussit  à  fecce 
de  sang-froid  et  dé  coucage,  et  en  tirant  hobiie- 
ment  parti  de  l'antipalbie  que  lea  calvinnles  ins- 
piraient aux  luthériens ,  vers  les  dootônes  des- 
quels il  penchait  à  cette  époque.  Peo  de  tenops 
après,  arverti  des  desseins  perfides  du  loi  contre 
sa  personne,  il  se  démit  de  toutes  sco  cbargei, 
et  »'appr6taà  quitter  le  pays.  La  régente  depuis 
auprès  de  lui  pour  le  retenir  lea  comtes  d'E^- 
mont  et  de  Mansfeld,  avec,  lesquels  il  eut  à  Wil* 
lebrock  une  célèbre  entrevue,  où  il  essaya  ea  vain 
de  persuader  Ëgmoot  de  la  duplicilé  4a  roi  (i). 
Il  partit  le  22  avril  pour  aes>  donaints  en  Alk- 
Doagne;  qnatre  mois  après  le  duo  d'Albe  était  à 
Bruxelles,  et  toutes  les  prédictions  du  pnnoe 
allaient  se  réaliser.  £a  janvier  156»  Oia^ge  fui 
dté  comme  rebelle  devant  le  conseil  dea  troebles; 
en  qualité  de  prince  souverain  et  de  ehevaiier  de 
la.  Toison  d'Or,  il  déclina  la  eoropétence  de  ce 
tribenal  sanguinaire;  il  fut  néanmoins  oondamoé 
à  la  proscription^  ses>  biens  situés  dans  les  Pnh 
vinces  furent  confisqués,  et  son  fils  atné,  le  comte 
de  Buren,  fut  emmené  en  Espagne,  oo«»eélage. 
Auprès  avoir  répondu  à  ces  inàq^uités  par  on  osort 
mais  éloquent  pamphlet  (la  /ftfX^/tcafian),  il 
comment  à  rassembler  des  tioupen  à  Dilka- 
bouiig,  où  aUbiaient  tous  les  réfugiés  des  Paya- 
fiaSi.  Aidé  par  son  frère»  le  chevaleresque  Louis 
de  Nassan ,  il  noua  des  relations  avec  tes  princes 
protestants  de  l'Allemagne  et  avec  les  bu- 
gioenots  de  France.  Il  vendit  se»  jojanx  et  s* 
vaisselle,  afin  de  se  procurer  les  deux  cent 
mille  couronnes  nécessaires  poifr  oi;euttser  l'ar- 
mée avec  laquelle  il  se  proposait  d'entrer  dans 
les  Pays-Bas,  tandis  qia*U  les  faisait  envabir  par 
ti'ois  autres  côtés  en  même  temps  (2).  Les  deo^ 

ri)  Selon  une  anecdote  enUêremeof  apocryphe,  Enuat 
aurait  dit  i  Guillaume  en  se  séparant  de  liil  :  •  Adieo. 
prince  san*  terre  »,  S  ^oot  Oraspot  auraM.  idfoidn . 
«  Adieu,  comte  san.4  létc  % 

(I)  «  L'aUilode  qu'il  pKt  alon,  dR  M.  Motley,  s>»t  rue 
rarenent  daoa  fhUtotre.  Ge  défcnacar  de  la  omék  d« 
peofle  n'arborait  paa  i'éleodard  revoioCtoMatre,  da» 
toutes  ses  publicatloi» ,  U  afficlialt  ic  phu  (rand respect 
pour  rautorllé  du  roi.  Par  une  fiction  qui  ne  masqoalt 
paa  dlkaMIeté,  Il  soppoaatt  le  Monarque  ioeipaUc  des 
crime*  qull  repractwtt  ait  vlœ-rol.  De  ocUe  façon  S  at 
preuall  pis  le  rôle  d'un  rebelle  e»  acoies  cooire  aoa 
pridce  ;  mais  en  sa  qunlRé  de  souTeraln  loddpeftdaalr  ^ 
en{r>lteait  la  guerre  contre  vm  satrape  <|a^  hil  plaisait  tfe 
rcfanler  eomaa  traître  aair  ordres  4c  aoa  aalirt» 


733  ORANGE 

attaiiaes  par  TArtois  et  par  le  eamtA  de  Miers 
éshouèranl  eoroplétement.  Louis  de  Nassaa  par- 
Tiolà  s'élaMireA  Frise penikMitifiielqaes  mois; 
mais  te  12  jttiltel  son  armée  lit  détrsile  à  Jen- 
oaiDgeD  par  le  duc  d'Aibe.  Orange  ne  M  froqbte 
pas  eo  apprenant oea  édiees,  el  justifia>8a  derise 
fiTorite  :  Sœvh  iranqnUhu  tm  undis,  Aprèa 
avoir  eofi»  réoBî  trente  mille  lioniinei,il  Tint  en 
eclnbra  se  plaeer  dans  lè'fratMnt  «■  lice  ât 
Farmée  espagnole,  forte  lAe  Tingl-dem  miHr 
boanme»  Il  eàerelia  arec  ardeur  la  Maille; 
mais  It  duc  d*A1be  la  refwa  eonstamraenl.  Lea 
popalalièM,  Uti'Mu  par  lacraauté  du  duc,  se 
se  aootefèrent  pae,  et  refueèrart  même  des 
Titres  aux  troupes  d'Orange<  Apria  on  mois  de 
rnooTemenCa  ftiotiles,  le  prince  gagne  la  Flkindre 
française.  H  Ueencia  alors  son  armée,  composée 
de  mercenaires  allemands,  après  aiFoir  essayé 
en  Tain  de  les  décider  à  aller  combattre  a?ee  luf 
pour  la  canse  des  hoguenota  ;  douze  cents  «flentre 
eux  seulement  acceptèrent  ces  propositions. 

Au  printemps  de  1 569,  il  alla  arec  eux  rejoindre 
Tarmée  de  Condé  ;  de  retour  en  Allemagne  dans 
rantonme ,  if  s'occupa  sans  relftche  à  reprendre 
la  lutte  contre  les  oppresseurs  de  son  pays, 
quoique  amis  comme  ennemis  le  crussent  dénué 
de  tout  moyen  de  tenter  quelque  entreprise  ef- 
ficace. Avec  une  admirable  souplessed'esprit  dans 
l'tnrention  des  expédients  et  arec  une  ténacité 
inébranlable,  il  se  remit,  malgré  une  grande 
pénurie  d>rgent,  à  reconstituer  une  nouvelle  ar* 
mée.  Il  erait  depuis  quelque  temps  déBvré  des 
lettres  de  marque  Irdes  corsaires ,  les  célèbres 
gtteux  de  mer,  qui  ftirsaient  un  tort  considé- 
rable an  commerce  espagnol.  En  f  579  iU  s'em- 
parèrent de  Brielle  en  Zélande,  et  peu  de  temps 
après  de  Flessingue.  Orange  enroya  une  petite 
troupe  soutenir  leurs  efforts  pour  la  conquête 
de  toute  File  de  Walc^eren.  Anssitdt  la  IM- 
lande,  la  Mande,  la  Gueidre,  fOreryssel  et  Té*' 
réehé  dTlrecht  slnsor^enf  et  prâclamèrent 
Orange  comme  siatftauder  on  gom^ernenr  au 
nom  du  roi ,  dont  ces  provinces  ne  déclinaient 
pas  la  soQTeraineté ,  réclamant  seulement  le  ré- 
tablissement de   leurs  franchises.  Orange  ac- 
cepta; appeM*  par  lesTceux  de  tous  au  pouvoir 
dictatorial,  il  posa  iu?-méme  des  limites  k  son 
autorité,  et  laissa  aux  états  une  large  part  dans 
la  direction  des  afleires.  Le  23  juillet  1572, 
après  avoir  pnssé  le  Rhin  arec  vingt-cinq  mine 
bommes,  il  s'empara  de  Ruremon^e;  gagnent 
SQCcesBhremeBt  t<ouvaln,  MàNnes  et  Andenarde, 
qui  ainsi  que  phisienr»  autres  tIDcs  se  pronon- 
cèrent en  sa  favenr,  il  arriva  un  mois  après  k 
Nivelle,  pour  soutenir  son  frère  Louis,  qui  avait 
pris  Mons  pnr  sofprfse.  Il  élait  assuré  du  con- 
cours prochain  du  rot  de  France,  avec  lequel 
il  avait,  par  Fintermédiaire  de  Coligny,  i^odé 
^e  attaôrna  coasmune  contre  le  doc  d'Albe. 


784 


'^ntfftnt  tongtaapv  la  goerre  de  lluiépaidaMe  fwda 
ce  eanctère  d«  ne  pas  être  eiilreprlw  an  non  de  prlie 
cip«9  r«tolaltoDnalre«. 


Plein  des  pins  grandes  espérances,  ïï  fot,  comme 
il  le  dit,  }eté  sobitement  à  terre  comme  d'un 
coup  de  massue  par  la  Saint-Barthélémy.  Forcé 
de  repasser  la  Meuse  et  de  renvoyer  ses  soldats , 
qui  n'étant  pas  intégralement  pafés.  Turent  sur 
le  point  de  le  massacrer,  il  regagna  avecsoixanle- 
dix  cavaliers  seulemenl,  la  Hollande,  la  seule  pro- 
vince qui  hii  fûtreslée  fidèle.  Il  b'appr^fs  h  livrer, 
arant  de  succomber,  comme  H  s'y  attendait,  une 
dernière  bataîHe  aux  Espagnols,  quf,  partout 
triomphants,  étaient  déjà  entrés  à  Amsterdam  et 
assiégeaient  Hariem.  Bte»  qofi  n'eêt  autour  d^ 
luianeun  officier  expérimeffté,  it  fit  avec  des 
ressources  minimes  des  efforts  inouis  pour  sau- 
ver cette  ville,  qui,  après  s'être  défendue  avec  on 
eomge  admirsMe,  se  rendK  enfin,  le  12  juillet 
1573.  Son  activité  dévorante  fur  permit  de  trou- 
ver encore  du  temps  peur  négocier  activement 
avec  presque  toutes  les  puissances  de  l'Europe, 
notamment  awtc  la  Firanee,  quf,  par  on  traité 
signé  le  23  mars,  s'engagea  A  secourir  le  prince 
moyeanant  le  protectorat  sur  Is  Hollande  et  la 
Zékmdeet  la  souvcraiaeté  snr  les  autres  parties 
des  mys-Bas,  qu'on  viendrait  i  enlever  aux  Es- 
pagnols. Ce  Alt  à  cette  époque  qu'If  embrassa 
euverlonent  le  caMiisme,  dlmt  il  répudia  ce- 
pendant toujours  Fioteléraoce  farouche;  sans  se 
laisser  troubler  par  les  reproches  de  ses  nou- 
veaux eaujligia— aires ,  Manrii  de  Sainte- 
▲Megonde  entre  autres,  il  ne  permit  jamais 
qu'on  hiqniétât  en  son  no»  ni  tes.  caAoRqocs  nf 
mime  les  anahaptistes,  alors  au  ban  de  KEu^ 
rope.  Vers  la  fih  de  l'année,  sa  position  s'amé- 
Kova  on  pen.  Les  Espagnols,  effrayés  de  son  pro- 
jet arrêté  dlnonder  le  pays  par  la  rupture  des 
dignes,  no  s'avancèrent  pas  en  avant;  le  duc 
d'ARie  ftat  rappelé;  Requesens,  le  nouveau  gov- 
vemeur,  m  Iteede  la  pénariedies  finances,  ne 
reprit  pas  roffMsire.  Les  patriotes  qui  avaient 
défait  la  flotte  espagnole  dan»  le  Zuydersée  s'em> 
pairèrent,en lévrier  1574,  de  Middelbottrg et  fuient 
ainsi  complètement  mattreode  Itle  èe  Walcbe- 
ren,  hclé  detoiitehi  Zélaode.  Louis  de  If assau 
s'anrança  avec  dix  ndUe  hosMOMo  pour  rejoindre 
Orange,  qui  en  avait  réuni  shi  mille  à  Bommel; 
mais  arrêté  à  Mooker-Heîde  par  les  Espagnol»^ 
il  M  délhit  entièrement  le  14  arril,  et  pei^t  la 
vie  ainsi  que  son  frère  Henri.  fiBorensement 
qu'une  mutinerie  des  soldais  espa^iels,  atn- 
quels on  devait  iiwsansde  solde,  rendit  leur 
victoire  stérile;  elte  M  da  reste  compensée  par 
les  succès  del'taniraè  BOisot  qui,  sous  les  mors 
d'Anvers,  détruisit  quinse  vaisseaux  espagnols. 
Survint  le  fameuor  siège  de  Le^ftlvange,  après 
avoir  fait  eonscntkr  les  étais  à  son  projet  de 
nHopre  les  dignes,  en  dirigea  In^mêmo  rexécu- 
tio»;  le  3  octobre  les  Rots  touchèrent  les  m^rs 
de  In  ville  ;  l^enoeroi  se  retira  h  la  bâte.  Aussitôt 
Orange  fil  réguliriser  le  mode  degonvemement 
ponr  les  provinces  révoNées  ;  il  fut  investi  du 
pouvoir  sourerain;  la  direction  des  opérations 
militaires  lui  fot  abandonnée  ;  le  Tçte  des  impôts 


715 


ORANGE 


7S6 


et  àatrefl  prérogatîYes  farent  résenrës  aux  états, 
qui  allouèrent  au  prince  quarante-cinq  mille  flo- 
rins par  mois  pour  les  dépenses  publiques. 

Le  3  mars  1575,  des  eonrérences  s'oaTrireat 
è  Bréda  entre  les  parties  belligérantes;  elles 
échouèrent  malgcé  les  el forts  de  l'empereur 
Maximilien  en  favcar  de  la  paix«  parce  que  Phi- 
lippe ne  voulut  jamais  céder  sur  la  liberté  de 
conscience  à  accorder  aux  réformés.  Le  13  juin 
Orange,  après  avoir  fait  prononcer  son  divorce 
avec  Anne  de  Saxe,  qui  par  son  incondnite  et 
ses  extravagances  avait  poussé  sa  patience  è 
bout,  épousa  Charlotte  de  Bourbon ,  fille  du  duc 
de  Montpensier  et  qui  s*était  convertie  au  calvi- 
nisme. En  octobre,  les  états  de  Hollande  et  de 
2élande prononcèrent  la  déchéance  de  Philippe, 
qoMls  avaient  jusqu'ici  continué  à  reconnaître 
nominalement  comme  leur  souverain  ;  ils  aban- 
donnèrent an  prince  le  clioix  de  la  puissance 
étrangère  sons  le  protectorat  de  laquelle  le  pays 
devait  se  placer.  Des  négociations  à  ce  sujet 
furent  entamées  avec  Elisabeth  d'Angleterre;  la 
conduite  artificieuse  et  égoïste  de  la  reine  les 
empêchèrent  d'aboutir.  La  situation  des  pa- 
triotes redevint  très-précaire;  leurs  ressources 
pécuniaires  étaient  presque  nulles;  les  Espagnols 
avaient  pris  nne  position  solide  an  milieu  de  la 
Zélande.  La  mort  de  Requesens  (mars  1576)  vint 
alléger  les  embarras  des  Hollandais;  Jl  ne  fut 
pas  remplacé  immédiatement  Le  conseil  d'État, 
composé  presque  entièrement  de  gens  du  pays, 
prit  en  main  le  gouvernement,  et  l'exerça  sans 
énergie  et  sans  activité.  Orange  tira  habilement 
parti  de  cet  état  de  choses,  qui  devint  encore 
plus  préjudiciable  pour  Philippe  lorsque  l'armée 
espagnole  tout  entière,  pour  s'indemniser  de 
l'arriéré  considérable  de  sa  solde,  se  mit  à  piller 
le  Brabant  et  autres  contrées,  en  commettant  les 
excès  les  plus  effroyables*.  Les  quinze  provinces, 
restées  fidèles  au  roi  et  en  grande  partie  catho- 
liques, en  furent  exaspérées,  et,  écoutant  les  ins- 
tances du  prince ,  envoyèrent  à  Gand  (  octobre 
1576)  des  députés,  qui  se  constituèrent  en  étata 
généraux  et  s'abouchèrent  avec  les  envoyés  d'O- 
range. Le  sac  d'Anvers  par  la  soldatesque  espa- 
gnole mit  le  comble  à  l'indignation  publique,  et 
le  8  novembre  les  états  généraux  signèrent  l'acte 
<le  la  Pacification  de  Gand,  qui  établissait  une 
ligue  entre  toutes  les  provinces  pour  chasser  les 
troupes  étrangères,  suspendait  provisoirement 
tous  les  édita  contre  les  hérétiques,  et  accordait 
même  aux  Hollandais,  presque  tous  calvinistes, 
la  pleine  liberté  de  leur  culte  sur  lenr  territoire. 

Orange  montra  la  pins  grande  joie  de  ce  succès 
important;  mais  il  ne  s'abusa  pas  sur  les  diffi- 
cultés qui  restaient  encore  à  vaincre,  surtout 
depuis  l'arrivée  du  nouveau  gouTemeur,  le  jeune 
et  brillant  héros  don  Juan  d'Autriche,  qui  pour 
détruire  la  défiance  générale  excitée  contre  lui 
par  le  prince,  accorda  par  VÉdit  perpétuel 
(12  février  1577)  presque  tontes  les  demandes 
«les  Pays-Bas.  Orange,  qui  avait  connaissance  de 


la  correspondance  secrète  de  don  Juan,  savait 
que  ces  concessioiis  si  laiges   n^étaient  qu'im 
moyen  de  gagner  du  temps,  et  refusa  d'aoeeptcr 
VÉdit,  Le  gouverneur,  convaincn  que  tool  dé- 
pendait du  prince  (1),  essaya  de  le  gagner  en  lui 
promettant  les  avantages  personnels  les  ^m 
brillante;  Orange  repoossa  toutes  ces  avances, 
«  aient,  répondit-il ,  toujours  mis  dessoot»  les 
pieds  mon  regard  particulier,  ainsi  que  je  tais 
encore  résolu  de  le  faire,  tant  que  la  vie  note  de- 
meurera ».  Même  lorsque  les  Espagnols  farent 
partis,  il  ne  crut  pas  à  la  bonne  foi  de  don 
Juan,  qui  disposait  encore  de  quinxe  mille  mer- 
cenaires allemands,  et  grâce  aux  fausses  dé- 
marches du  gouverneur,  il  parvint  è  faire  par- 
tager ses  soupçons  par  les  étata  généraux.  Invité 
par  ceux-ci  à  venir  à  Bruxelles  les  assister  de 
son  expérience  consommée,  il  se  rendit  dans 
cette  ville  (23  septembre  1677),  et  Ait  reça  avec 
un  enthousiasme  udicible  par  le  peuple ,  qui , 
comme  celui  de  Hollande,  ne  l'appelait  q^e  Va- 
dcr  Willem  (  Guillaume  notre  père),  llurêta 
immédiatement  les  négociations  avec  don  Juan 
en  lui  faisant  présenter  comme  ultimalnm  de» 
éfato  ta  demande  de  l'établissement  d'un  gouver- 
nement représentatif,  où  Philippe  ne  devait  plus 
guère  garder  que  le  pouvoir  exécutif.  La  guerre 
fut  de  nouveau  décUrée,  selon  le  vœu  du  prince, 
qui  la  préférait  à  ta  paix  pendant  laquelle  ta  per- 
lidiede  Philippe  avait  meilleur  jeu  «Dans  lin- 
tervalle,  la  noblesse,  jalouse  de  llnfluence  souve- 
raine d'Orange  sur  lé  peuple,  avait  appelé  Tar- 
chiduc  Mathtas  comme  gouTemeur  générai.  Le 
prince  qui  venait  d'être  nommé  aux  fonctions  de 
Ruward  ou  gouTemeur  du  Brabant,aurait  pu  faire 
renvoyer  l'archiduc  et  s'emparer  lui-même  dn 
pouvoir  souverain.  Mais  fidèleà  son  système  d'ab- 
négation ,  Jl  contribua  lui-même  à  faire  oonllr- 
mer  ta  dignité  de  Mathias;  cependant  il  eut  soin 
de  ne  laisser  à  ce  jeune  homme,  taiUe  et  sans 
expérience, que  l'ombre  de  l'autorité;  die  resta 
dévolue  aux  étata  généraux  et  an  prince,  qui  fut 
nommé  lieutenant  général  de  l'archiduc.  A  ces 
nouTelles  don  Juan  prit  roflensive,  et  viol  atta- 
quer près  de  Gembloox  avec  vingt  mille  vété- 
rans, l'armée  des  étata,  forte  du  mèmenomiRie 
d'hommes,  mais  mal  commandée  par  desnoUes, 
envieux  d'Orange  et  prêta  à  se  rallier  à  Philippe. 
Avec  la  seule  avant-garde,  Alexandre  Famètt 
mit  en  fuito  les  patriotes  et  leur  tua  plus  de  six 
mille  hommes  (31  janvier  1578).  Ensuite  4)00 
Juan  s'empare  rapidement  de  Lonvain,  Nivelle, 
Tirlemont  et  autres  villes  ;  en  revanche,  ta  pais- 
sante cité  d'Amsterdam  reconnut  l'autorité  d'O- 
range. Celui-ci,  aidé  des  subsides  qu'Elisabeth  se 
décida  enfin  à  loi  fournir,  fit  enrôler  douie  mille 

(1)  et  Je  ne  coonab  d'antre  vole,  éertt  Don  Jaao  an  roi, 
pour  prévenir  la  ruine  de  l*état.  qne  la  rédaction  dé  cet 
homme  qnl  exeree  tant  ^InOuoMe  avr  la  nntloo.  »  t  Lei 
gêna  d'Ici  lont  ensorceléa  par  le  prtooe  d'Orange,  dlt-U 
encore  ;  Jla  l'aloMit,  le  craignent  et  Tculent  l'avoir  pour 
maître.  Ils  llnfomenl  de  toat,  et  ne  décident  rien  saoa 
le  consnlter.  » 


737 


ORANGE 


738 


Allemands,  qui  soiis  la  oondoite  de  Jean-Casi- 
mir, prince  palatin,  vinrent  rejoindre  Tannée 
patriote,  qai  avait  déjà  repoassé  avec  saccèa 
ane  nouvelle  attaque  de  Tennemi.  Pendant  tout 
ce  tempe  il  avait  eu  beaucoup  de  peine  à  main- 
tenir l'entente  entre  les  deux  religions;  U  avait 
eu  à  réprimer  les  violences  commises  d'un  côté 
par  les  Wallons  catholiques,  de  l'autre  par  les 
réformés  deGand.  U  ne  parvint  pas  à  imprimera 
la  guerre  une  direction  plus  vigoureuse;  à  la  fin 
de  Tannée  les  troupes  de  Jean-Casimir  ainsi  que 
celles  amenées  par  le  duc  d'Anjou ,  frère  du  roi 
de  France,  furent  congédiées  ;  Orange,  qui  depuis 
longtemps  traitait  avec  le  duc,  Tavait,  par  un 
accord  conclu  le  12  août,  fait  déclarer  le  défen- 
seur des  Provinces  contre  les  Espagnols. 
Malgré  toute  sa  vigilance,  il  ne  put  empêcher 
Famè^e,  le  nouveau  gouverneur  depuis  la  mort 
de  don  Juan ,  de  rattacher  par  ses  habiles  in- 
trigues à  la  cause  de  Philippe  les  provinces  wal- 
lones d'Artois,  de  Hainaul^  de  Douai,  de  Lille  et 
d'Orchies,  et  de  s'emparer  par  trahison  deMalines 
et  de  Groningue  (  mars  1 5«0).  En  compensation, il 
obtint  la  signature  àeV  Union  d'Vtrecht  (23  jan- 
vier 1 579),  le  premier  fondement  de  la  République 
de  Hollande;  par  cet  acte  les  provinces  de  Hol- 
lande, de  Zélande,  de  Gueldre,  de  Zutphen,  d'U- 
trecht,  de  Frise,  d'Overyssel.  de  Groningue  et 
de  Drenthe ,  sans  renoncer  à  la  souveraineté  de 
Philippe,  ni  à  leurs  rapports  avec  les  autres 
provinces,  déclaraient  qu'elles  formeraient  tou- 
jours un  seul  État  fédératif,  qu'eUes  combat- 
traient en  commun  toute  attaque  contre  leurs  li- 
bertés et  qu'elles  établiraient  partout  chez  elles 
la  paix  religieuse. 

Sur  les  conseils  de  Granvelle,  Philippe ,  par 
son  fameux  ban  du  15  mars  1580,  mit  au  prix 
de  vingt-cinq  mille  écus  d'or  la  tète  do  prince, 
qui  répondit  à  cet  acte  infâme  par  son  Apolo- 
9i«t  où  il  retraça  dans  son  style  énergique  tous 
les  crimes  du  roi.  (l)Le  dernier  acte  de  Philippe 
prouva  qu'aucun  accord  n'était  po&ible  avec  lui  ; 
aussi  les  états  prononcèrent-ils,  le  26  juillet 
1581,  stt  déchéance,  fondée  sur  les  violations 
continuelles  qu'il  avait  faites  des  libertés  du 
pays,  garanties  par  des  chartes  (2).  En  même 
temps  Orange  accepta ,  après  avoir  longtemps 
résisté  au  vœu  général,  la  dignité  de  comte  sou- 
verain de  Hollande  et  de  Zélande.  Il  aurait  faci- 
leraent  pu  se  faire  proclamer  souverain  des 
Mitres  provinces  révoltées;  mais   il  repoussa 

(OCe  rejAirqaable  docament  a  été  réimprimé  arec  la 
JvtUfieation  ;  Bruxelles,  1S88,  et  1861,  In-lf.  Dans  le 
coars  des  événements  Orange  avait  publié  plaslcurs  pam- 
phlets contre  PblUpp«,  tek  que  la  Harançuê  et  l'ÉpUre 
awrol. 

0)  Dans  les  considérations  qui  forent  mises  en  tête  de 
^\  *cte,  on  trooTe  exposé,  d'ane  manière  très-nette, 
qu  11  est  loisible  aux  sujeu  de  secoaer  la  domination  du 
PnDce  qui  veut  les  asservir.  «  LescontraU  que  le  roi  a 
^oies,  dUaient  les  éUU,  ne  sont  pas  des  inrentlons  de 
pédants  ;  ee  sont  des  lots  enracinées  par  la  nature  dans 
K  c«ur  de  tons  les  bommes  et  auxquels  prince  et  people 
ont  formellement  acquiescé.  • 

KOUV.  BIOGR.  Célféfl.  —  T.  XXXVflf* 


toutes  les  instances  qui  furent  faites  auprès  de 
lui  dans  ce  sens.  «  U  refuse  uniquement  par  ce 
motif,  écrivait  Jean  de  Nassau,  qu'on  ne  puisse 
pas  supposer  qu'au  lieu  de  la  liberté  religieuse 
pour  le  pays  il  a  cherché  un  royaume  pour  lui- 
même  et  pour  son  profit  personnel.  »  Peut-être 
aurait-il  mieux  valu ,  pour  le  bien  du  pays,  qu'il 
ne  poussât  pas  si  loin  le  désintéressement;  in* 
vesti  de  l'autorité  suprême,  il  aurait  été  plus  à 
même  de  triompher  de  la  lésinerie  et  de  l'incurie 
des  diverses  provinces,  qui,  au  lieu  de  faire  un 
dernier  effort  pour  chasser  l'étranger,  perdaient 
un  temps  précieux  à  se  quereller  entre  elles. 
Faute  d'argent  les  opérations  militaires  conti* 
nuèrent  à  rester  de  part  et  d'autre  insignifiantes^ 
même  après  l'arrivée  des  renforts  amenés  par 
le  duc  d'Anjou,  qui,  sur  les  demandes  pressantes 
du  prince ,  avait  été  élu  souverain  des  Pays- 
Bas,  la  Hollande  et  la  Zélande  exceptées  ainsi 
que  les  provinces  ivallones.  Arriva  Tannée  1583  ; 
le  due,  mécontent  de  n'être  que  le  président 
héréditaire  d'une  république  représentative,  es- 
^ya,  mais  en  vain,  de  s'emparer  par  violence 
du  pouvoir  alMolu.  Orange  eut  à  employer  tous 
ses  talents  de  persuasion  pour  prévenir  une 
complète  rupture  entre  les  états  et  le  duc,  laquelle 
aurait  attiré  au  pays  l'inimitié  de  la  France.  Mais 
il  ne  put  empêcher  Farnèse  de  profiter  des  per- 
turbations nées  dans  les  provinces  de  ce  déplo- 
rable état  de  choses.  Dunkerque,  Nieuport, 
Zutphen,  Bruges  et  Ypres  tombèrent  entre  les 
mains  des  Espagnols.  Malgré  ce  succès,  Far- 
nèse restait  convaincu  que  tant  que  le  prince 
vivrait  la  cause  du  roi  ne  pou  «ait  triompher  que 
momentanément;  aussi  continua-t-il  à  encou- 
rager par  de  fortes  sommes  d'argent  les  spadas* 
sins  qui  s'offraient  à  assassiner  Orange,  et  dont 
Ton,  Jean  Jaureguy,  avait  failli  le  tuer  (18  mars 
1582).  Un  ardent  fanatique,  Balthasar  Gérard 
(  voyez  ce  nom  ) ,  tenta  aussi  cette  détestable 
entreprise,  et  y  réussit;  frappé  au  cœur  d'un  coup 
de  pistolet.  Orange  expira  quelques  moments 
après.  «  Mon  Dieu,  ayez  pitié  de  mon  âme, 
ayez  pitié  de  ce  pauvre  peuple  »,  furent  ses  der^ 
nières  paroles.  Il  laissa  de  son  premier  mariage 
Philippe'GuUlaume,  prince  d'Orange  ;  du  se» 
coud,  Maurice  de  Nassau;  et  du  quatrième, 
qu'il  avait  conclu,  en  1583,  avec  Louise  de  Co- 
ligny,  veuve  de  Teligny,  FrédériC'Henri,  qui, 
ainsi  que  Maurice,  devint  stathouder  des  Pay»- 
Bas;  il  laissa  en  outre  neuf  filles. 

m  II  fut  le  premier  homme  d'État  de  l'époque, 
dit  avec  raison  M.  Motley.  Rien  n'égalait  sa 
perspicacité,  sauf  la  prudence  avec  laquelle  il 
savait  mûrir  les  résultats  de  ses  observations. 
Sa  connaissance  de  la  nature  humaine  était  ad- 
mirable. Il  gouvernait  les  passions  et  les  senti- 
ments d'une  grande  nation  comme  s'il  se  fût  agi 
des  clefs  et  des  cordes  de  quelque  immense  ins- 
trument ,  et  sa  main  manquait  rarement  de  faire 
jaillir  l'harmonie  même  au  milieu  des  tempêtes 
les  plus  sauvages....  Il  déployait  celte  aptitude  à 

24 


78» 


ORA]SG£ 


r4a 


conduire  ses  semblal)!^  sous  toutes  les  formes 
habituelles  aux  hommes  d*État.  Sa  facile  élo- 
q^ience  se  montrait  pasaionnée  parfois,  plus  sua- 
Yent  raisonneuse,  toujours  sérieuse  et  noble.  Les 
annales  de  atax  pays  ou  de  aoa  époque  ne  nous 
roontreot  rien  qui  puisse  être  comparé  à  Tia- 
fluence  qu'il  sav^t  exercer  sur  un  auditoire; 
toutefois,  jamais  il  ne  s'abaissa  jusqu'à  flatter  le 
peuple,  jamais  il  ne  sàivit  la  nalioo  ;  toujours  il 
la  ^ida  dans  les  sentiers  du  devoir  et  de  l'hoa- 
neur^  et  fut  plus  porté  à  flageller  les  vices 
qu'à  servir  les  passions  de  ceux  qui  Técour 
taient....  Ses  discours,  soit  improvisés^ soit  pré- 
parés,  ses  messages  écrits  aux  diverses  autori- 
tés ,  sa  correspondance  privée  avec  des  gens  de 
(bus  rangs»  depuis  les  empereurs  et  les  rois  jus- 
qu'aux plus  bumblea  secrétaires  et  même  des  en* 
fonts,  toutes  ses  œuvres  montrent  une  aisance  de 
langage,  une  profondeur  de  pensée,  une  puissance 
d'expression  rares,  à  cette  époque,  un  fiands  d'al- 
lusions historiques ,  une  chaleur  de  sentiments , 
une  largeur  de  vue,  une  netteté  de  plan ,  en  un 
mot  une  telle  foule  de  qualités ,  qu'elles  eussent 
à  elles  seules  suffi  pour  marquer  à  tous  les  yeux 
Guillaume  le  Taciturne  comme  un  des  grands  es- 
prits de  son  siècle.^..  Profondément  versé  dans 
les  subtilités  de  la  politique  italienne,  que  tout 
jeune  il  avait  apprise  h  la  cour  impériale ,  il  les 
employa  au  service  non  de  la  tyrannie,  mais  de 
la  liberté.  Il  combattit  l'inquisition  avec  ses 
propres  armes;  iL  rencontra  Philippe  sur  le 
même  terrain.  Tout  ctûrassé  que  le  roi  fût  de 
ruses  compliquées,  il  fut  frappé  au  cœur  par  une 
habileté  plus  grande  encore  que  la  sienne.  » 

Ernest  Grégoiae. 

Meaniiu,  CuUlelmut  Auriacui.  -  Gachard»  Corret- 
pondance  de  Philippe,  Correspondance  de  Cuillowne 
le TarOmmÊ.  et  Cùrreepondemeed» dued'jélbe.  —Grava 
va»  Brtaaterer,  Jwehêeei  da  la  maiM»  d:Orange,  —  ft«if- 
fenbcrs,  Comspoudanee  de  Marguerite  d'Atutriche.  '— 
Papiers  d'État  du  cardinal  Cran^tle.  —  Hopper.  Jte- 
êrneU  et  Mémorial  et  BpisMm.  —  rtUt  ngêU.  —  Pttn- 
taft  l^ayea,  Be  Us  §uerre  cinUe  deà  Pmf$'-Bas  (BrascMca, 
i96U.  —  Mendoza,  Guerras  de  lot  Pais  Baxos.  —  TasAla, 
Commentani,  —  Hjncii.%  Annales.  —  Rejd,  jinnales 
JtBtçM,  —  Straili,  De  Betto  Belgieo  et  le  Supptémeni  de 
Foppeitti  — BcnlivogUo,  Cuerra  di  Fl»ndrm.  ->  De  FImms 
Histoire,  —  Grotlua,  jâunales,  —  Van  der  Baer,  De 
tnitils  tmnultuum  Belçieormn.  —  Meteren,  Historien 
der  BederUmdm».  —  Wagenaar.  P^adêrlandmke  JSN»- 
toric.  •>  fiooft«  Nederiansche  Histéri».  »  Bor.  JVMer- 
landseke  QorloQen.  —  Pontus  Heuteraa,  lies  Justriacse, 
—  Rraodt,  Historié  der  Rejtrmatie  en  Nederland.  — 
Cabrera,  Feiipo  Sevtndo,  —  Léo,  Zwôlf  BBeBer  Nié" 
'  deriàndiicher  Cesehichtê,  —  Mottoy,  Tke  Bise  •/  tke 
Dutch  republie  ;  Ixmd.,  i8S6, 8  vol.}  trad.  en  (raaçaU. 

ORANGE  (ifourtce  deNas8\d,  prince  o'), 
stathooder  des  Pays-Bas ,  fils  du  précédent ,  né 
en  lâ67,  au  ch&teau  de  Dillemboorg,  mort  le  23 
avril  1625,  à  La  Haye.  Après  avoir  reçu  une 
éducation  soignée,  il  fut  envoyé  à  l'université  de 
Leyde,  où  il  se  trouvait  en  1&84,  lors  de  l'assas- 
sinat de  son  père.  Les  qualités  éminentes  qu*on 
devinait  chez  lui  le  firent,  malgré  sa  grande  jeu- 
.  nesse,  placer  à  la  tète  du  conseil  suprême ,  qui 
prit  en  main  le  gouvernement  des  Provinces- 
Unies,  alors  si  grandement  menacées  par  les 


victoires  de  Famèse»  qui  dans  \&  courant  tU 
l'année  prit  Gaad,  Bruxelles  et  Anvers.  Lorsque, 
dans  leur  détresse,  les  états  généraux  eurent^  i 
la  fin  de  là85„  nommé  statbouder  général  k 
comte  de  Leicester,  qui  vint  à  leur  secours  avec 
une  armée  anglaise ,  le  pensionnaire  de  Bottcr- 
dam  Old  Barneveldt  »  se  méfiant  de  FambiUos 
du  comte,  fit  nommer  Maurice  ittathowfer  par- 
ticulier de  Hollande  et  de  Zélande.  Le  mauvais 
succès  des  opérations  militaires  de  Leicester 
décida  les  états  en  1587  à  mettre  &Iaurice  i  U 
tête  de  l'armée.  Il  soutint  Barneveldt  contre  les 
entreprises  de  Leicester,  qui,  après  avoir  essayé 
en  vain  d'usurper,,  avec  l'appui  des  calvinistes  fa- 
natiques et  de  la  populace,^  le  pouvoir  sooveraio, 
donna  sa  démission.  Maurice  s'attacha  avant  tout 
à  rétablir  la  discipline  dans  l'armée,  désorganisée 
par  les  derniers  événements  politiques,  et  s« 
|>orna  dans  les  années  1588  et  1589  à  défend» 
les  frontières  des  provinces  de  Hollande  et  de 
Zélande.  Imbu  des  principes  de  Tart  imUtaire 
des  anciens,  il  fit  pendant  ce  temps  faire  à  ses 
soldats,  quil  avait  armés  d'une  manière  nouvelle 
et  meilleure,  de  rudes  exercices  et  les  rompit  à 
tout  genre  de  fatigue.  II  insista  auprès  des  étals 
sur  le  payement  exact  de  la  sol  le,  et  coupa  court 
par  là  aux  désordres  causés  précédemment  par 
les  retards  apportés  à  ce  sujiet.  Appelé  dans  lla- 
tervalle  au  stathoudérat  des  provinces  d*Utrecbt 
et  d'Overyssel  (en  1591  il  reçut  aussi  celui  de 
la  Gueidre),  il  parvint  en  1590  à  décider  les  états 
à  lui  laisser  prendre  Toffensive,  faisant  valoir  le 
relâchement  de  la  discipline  dans  l'armée  espa- 
gnole, qui  de  plus  était  affaiblie  par  les  secourt 
envoyés  en  France.  Entré  en  campagne  avec 
vingt-deux  mille  homraues  d'excellentes  troupes, 
Maurice  s'empara  de  Bréda  et  de  plusieurs  forts 
du  Brabant.  En  1591  il  se  jeta  sur  Zutpbea, 
qui  se  rendît  après  dix  jours  de  siège;  ensuite 
il  marcha  au  secours  de  Knodsenbourg,  fort 
qu'il  avait  fait  élever  en  face  de  Kimègiae  et  qui 
était  assiégé  par  Farnèse.  Le  général  esitagnol 
se  retira,  et  mit  son  armée  en  quartiers  d^hii^er; 
Maurice  fit  semblant  d'en  faire  autant,  mais  pen 
de  temps  après  il  passa  par  mer  en  Flaiidre, 
où  il  prit  Hulst,  revint  ensuite,  le  14  octobre, 
avec  dix  mille  hommes  devant  Simègoe,  qui 
capitula  six  jours  après.  Ces  succès  briUaotî , 
obtenus  par  des  marclies  savantes  et  rapides,  et 
par  un  emploi  de  rartilierie  mieux  entendu 
qu'auparavant,  excitèrent  dans  les  Provinces' 
Unies  on  enthousiasme  général.  En  1592  Maurice 
prit  Steenw)ck  et  Koevorden ,  après  avoir  battu 
le  général  Verdugo,  qui  était  accouru  au  secours 
de  cette  dernière  plaice  avec  un  corps  coosid^ 
rable  de  vieilles  troupes  espagnoles.  En  1593  il 
s'empara  de  Gertniydenberg  et  Tannée  suivante 
de  Groningue. 

Dans  l'intervalle  la  constitution  politique  do 
pays  avait  éprouvé  des  modifications  importantes  ; 
le  pouvoir  s'était  de  plus  en  plus  concentré  dans 
les  mains  des  états  généraux  et  prorinciaux,  ibr- 


741 


ORANGE 


742 


rnés  presque  eiclnstveraent  de  Taristocratie  ;  les 
attributions  de  Matirioe ,  pea  étendues  et  mal  dé- 
finies  en  matière  cHile ,  étaient  restées  intactes 
(|uaDt  au  cooRDandement  des  armées  de  terre  et 
de  mer.  Les  campagnes  de  1595  et  1596  se  pas- 
sèrent sans  succès  notables  de  part  et  d'aytre. 
En  1596  Ptifffppell  rendit  la  Kberté  à  PhiKt>pe 
Goillamne,  prince  d'€h*ange,  le  frère  aîné  de 
Maurice,  dans  l'espoir  de  voir  nattre  entre  Ites 
«îeox  frères  ime  rivalité  dont  il  pourrait  profiter; 
mais  les  états  interdirent  au  prince  l'entrée  sor 
le  territoire  de  la  répoMtifne.  Après  avoir  en 
1597  remporté  à  TUmtiouX  une  victoire  éclatante» 
^laurice,  profitant  de  ce  que  l'arekidac  Albert 
avait  envoyé  en  Picardie  une  grande  parto  d» 
ses  troopes  contre  les  Français,  enleva  aux  Es- 
pagnols toutes  les  places  qu'ik  tenaient  encore 
en  deçà  dn  Rhiii.  Ces  revers  engagèrent  l'iiK 
traitable   Philippe  II  à  olTrir  la  paix  (1598); 
pourvu  qne  le»  états  recoBnusaent  de  nouveau 
sa  souveraineté ,  il  oonacatait  an  libre  exeidce 
du  culte  réformé ,  à  laisser  subsister  le  gouver- 
nement de  la  république,  tel  qu'il  était,  et  à 
maintenir  la  dignité  de  stathoud^r  à  Maurice  « 
qa*il  voulait  même  nommer  son  général  en  chef 
contre  les  Turcs.  Ces  propositions  ne  fiirent  pas 
acceptées,  et  la  guerre  recommença  sous  des 
conditions  assez-  défavorables  aox  Hollandais, 
privés  par  le  traité  de  Vervins  de  Taide  de  la 
France.  Pendant  la  seconde  moitié  de  l'an  1599 
Maurice  fut  occupé  è  empteher  les  progrès  de 
Mendoia  dans  les  contrées  du  bas  Rhin  ;  retrait 
ché  fortement  dans  Ttle  de  Bommei,  il  arrêta  an 
printemps  de  (599,  avec  qnatme  miHe  hommes 
seolement,  les  forces,  trois  fois  supérieures,  de 
romemi,  qui  essayait  de  s'^Taneer  le  long  da 
VVahal  an  cœur  de  la  Hollande,  et  il  1  obligea»  à  la 
rctfaite.  Il  obtint  ce  résultat  par  une  défensive 
aussi  pmtfente  qoe  vaillanite ,  genre  de  guerre 
où  il  excellait  ainsi  que  dans  Tart  des  sié^ss.  Es- 
prit réOéebi,  initié  de  bonne  henre  aox  mattliéma- 
tiques  par  Stevin ,  il  préférait  m%  grandes  ba- 
tailles, décidées  si  souvent  par  te  hasard,  ces 
lottes,  moins  t)ri liantes ,  où  le  sang-froid  et  le 
caienl  décident  de  tont.  Après  atreir,  au  commen- 
cement &e  fan  1000,  pris  Grèvecœor  et  le  fort 
Saint- André,  et  mis  ainsi  son  pays  à  Tabri  de  toute 
attaque  do  cdté  du  Rhin,  il  fit  transporter  par 
iner  un  corps  de  quinze  miHe  hommes,  pour  al- 
ler s'emparer  de  Dookerque,  dont  les  corsaires 
<^a8aient  tant  de  loprt  au  commerce  hollandais, 
^barque  en  Flandre,  il  investit  avssitOt  Ifien^ 
I^rt.  Il  y  fut  attaqné  par  Fennemî,  fort  de  douze 
iniHe  hommes;  pour  inspirer  pKis  de  courage  à 
ses  soldats,  H  renvoya  ses  vnisseaux,  et  les  priva 
ainsi  de  tout  moyen  de  retraite.  La  bataille  com- 
mença; par  la  disposition  excellente  de  son  ar- 
tillerie, et  par  l'emploi  opportun  d'une  réserve, 
Maurice  remporta  une  victoire  complète,  et  prit 
les  canons  et  les  bagages  des  Espagnols.  H  jugea 
cependant  sa  position  trop  périlleuse  pour  faire 
le  siège  de  Dunkerqoe,  et  retourna  en  Hollande. 


En  leoi  l'^rcbMbc  Albert  vînt  investir  Ostende, 
qui  dans  les  mams  des  Hollandais,  maîtres  de 
la  mer,  leur  fournissait  un  point  d'appuf  pour 
leurs  entreprises  en  Belgique,  Maurice,  qui  avait 
chargé  sir  Tere  de  la  défense  de  la  place ,  fit  en 
1602  une  diversion  dans  le  firabant  septentrio 
nal,  et  y  prft  Grave.  En  1603  le  célèbre  Spinola 
vhit  presser  les  opérations  du  siège  d'Ostende, 
qui  résistait  avec  un  courage  héroïque.  Maurice 
ne  resta  pas  non  plus  inactrf;  en  août  1604  i! 
s*enpara  du  fort  de  L'Ecluse;  cependant  il  m 
pot  empéeher  la  chute  d'Ostende,  et  fut  re- 
poussé dans  nne  tentative  sur  Anvers.  Ensuite 
Spinola  se  jeta  sur  les  contrées  dtt  bas  Rhin,  et 
prit  Lingen,  Grol  et  Rhanberg.  Une  trêve  vint 
arrêter  les  hoetflilée.  Quoique  désirant  pour 
ses  intérèta  ftt  oentinuation  de  la  guerre,  Man- 
Hce  n^apporta  anoan  obstacle  aux  négociations 
de  paix,  par  défiSrence  pour  Bameveldt,  qui,  à 
couse  de  Tétlt  obéré  âes  finances,  désirait  la  con*** 
clusion  d'un  accord.  Cependant,  lorsque  les  pré- 
tentions, perr  trop  ooBtnùlictoires,  des  deux  partis 
prouvèrent  qnMl  n'était  possible  que  de  prolon- 
ger la  trêve,  Manrioe  s'y  opposa,  pensant  que 
l'esprit  beHiqneux  de  Pâmée  s'aflfotblirait,  et 
qu'elle  ne  serait  plus  à  même  de  reprendre  la 
latte  avec  succès,  fi  cédli  cependant,  sur  les  ins- 
tances du  médSatenr  français ,  le  préskient  Jean- 
nin  (voy.  ee  nom);  le  9  avril  ieo^on  signa  une 
trêve  de  douae  aas ,  maintenant  les  choses  dans 
le  sCaiu  qne, 

Jeannin,  qui  venait  d^apaleer  ce  premier  an- 
tagonisaae  entre  Maurice  et  Bameveldt,  prévit 
qu'il  s'en  présenterait  bientôt  d'antres ,  et  que 
les  vices  de  la  eonstitotmn  empêclieraient  de  les 
vider  autrement  que  par  la  vkrfenee.  Aussf  es- 
saya* t-H,  mais  en  vain,  de  fhire  modifier  cette 
coiKtitotioB  de  manière  qu'ieHe  pêt  en  cas  de 
difffirends  offrir  une  solution  paisible.  Mlais  il 
fut  plB^  hcurenx  dans  l^rrangement  du  litige 
entre  Maurice  et  son  Mre  Pliflippe  d^Orange  an 
sujet  de  la  socoessfen  de  leur  père;  le  partage  se 
fit  à  l'amiaUe;  l'acte  dressé  à  ce  propos  témoigne 
de  la  richesse  de  la  maison  d'Orange,  «font  les 
vastes  possessions  forent  réunies  de  nouveau 
sor  la  tête  de  Manrice,  en  1618,  année  oè  mou- 
rut sans  enfonts  le  prince  Philippe  (1). 

Pendant  les  années  suivantes ,  les  refatîons 
av«c  l'extérieur  ne  furent  marquées  d^aucun  évé- 
nement notable ,  sauf  que  Maurice  entra  en  1614 
dans  le  duché  de  Clèves ,  pour  y  soutenir  lés 
prétenttons  de  Téleelear  de  Brandebourg,  l'allié 
de  la  république;  mais  SpinoN,  avec  une  armée 
8upéri<>ure,  occupa  la  phis  grande  partie  d^  pays 
et  mit  à  Wesel  une  garnison  espagnole.  A  l'inté- 
rieur  la  concorde,  qui  avait  permis  à  ta  république 
de  braver  les  foreurs  de  Philippe  II,  se  rompit. 
Depuis  plusieurs  années  les  états  se  donnaient 

(I)  Poar  de  pim  «mplet  détalb  lar  e&  mtXhevrtnt 
prfnce,  dont  Philippe  II  «valt  cherché ,  tans  y  parreotr,  à 
Kiter  complélemeni  le  cœur,  voy.  Capeile,  FiUp  mir 
tem  prins  van  Oranfê,-  Harlem,  18X8. 

24. 


743 


OUANGK 


744 


une  peine  inutile  pour  Taire  Tivre  en  paix  les 
partis  religieux  des  arminiens,  ou  remontrants, 
et  des  gomaristes.  Ces  derniers,  imbus  des  prin- 
cipes les  plus  intolérants  du  calvinisme ,  avaient 
gagné  là  faveur  de  la  populace,  qjaMls  excitaient 
contre  leurs  adversaires.  Maurice  vit  ces  démê- 
lés avec  plaisir,  espérant  y  trouver  Poccasion 
d'abaisser  la  puissance  de  Bameyeldt  et  dVlever 
par  contre  la  sienne  propre.  Par  pure  politique, 
et  contrairement  à  ses  convictions  intimes  et  anx 
principes  de  son  père,  il  soutint  dès  1617  les  go- 
maristes dans  leur  opposition  violente  aux  mesu- 
res de  tolérance  religieuse  prescrites  par  les  états  de 
Hollande  ;  il  décida  les  états  généraux  à  décréter 
la  convocation  d'un  synode ,  où  les  gomaristes 
étaient  assurés  d'obtenir  la  majorité.  Il  avait 
emporté  cette  décision  par  son  influence  sur  les 
petites  provinces  ;  dès  lors  son  projet  fut  arrêté 
de  concentrer  le  pouvoir  souverain  dans  les 
mains  des  états  généraux,  dociles  à  ses  volontés, 
afin  de  briser  la  résistance  que  les  états  provin- 
ciaux de  Hollande  et  d'Utrecht  pourraient  ap- 
porter à  sa  prépondérance.  Il  commença  par 
casser  les  troupes  que  Bameveldt  et  ses  amis 
ayaient  levées  pour  se  garantir  contre  les  excès 
de  la  populace.  H  fit  ensuite  arrêter  ce  grand  ci- 
toyen ,  dont  il  avait  été  si  longtemps  Tami,  ainsi 
que  Hogerbeet  et  Grotius  (voy.  ce  nom).  En- 
hardi par  le  peu  d'opposition  que  rencontra  cet 
acte  inique,  il  se  mit  h  destituer  arbitrairement 
les  magistrats  de  Hollande  qui  lui  étaient  hos* 
tiles.  La  commission  qu'il  avait  fait  nommer 
pour  juger  les  trois  prisonniers  condanma  Bar- 
neveldt  à  mort;  Maurice^  qui  avait  le  droit  de 
grâce,  ne  s'en  servit  pas,  et  laissa,  par  un  sen- 
timent de  vengeance  indigne  de  lui*,  décapiter 
cet  homme,  une  des  gloires  du  pays.  Beaucoup 
de  partisans  de  Bameveldt  furent  exilés  sans 
jugement  ;  la  presse  fut  placée  sous  la  censure  ; 
bref,  la  république  renia  tous  les  principes  qu'elle 
avait  invoqués  pour  légitimer  sa  résistance  à 
PhiKppe  n.  Attaché  désormais  au  parti  sangui- 
naire des  gomaristes,  Maurice  ne  put  s'opposer 
à  des  mesures  oppressives  qu'il  n'approuvait  pas. 
Il  ne  reçut  même  pas  la  récompense  du  concours 
qu'il  avait  prêté  à  ces  cruels  fanatiques  ;  ils  ne  lui 
accordèrent  pas  de  subsides  suffisants,  pour  sou- 
tenir sa  gloire  militaire  lors  de  la  guerre  recom- 
mencée avec  l'Espagne,  en  1621.  H  ne  put  empê- 
cher les  progrès  de  Spinola  dans  le  duché  de 
ClèveA.  Ce  ne  fut  qu'avec  l'aide  des  troupes  de 
Mansfeld  {voy.  ce  nom)  qu'il  parvint,  en  1622,  àdé- 
livrer  Berg-op-Zoom.  En  cette  année  on  découvrit 
une  conspiration*ourdie  contre  sa  vie  par  les  fils 
de  Bameveldt.  Inquiet  des  revers  continuels  que 
la  cause  protestante  éprouvait  en  Allemagne , 
Maurice  négocia  en  1624  des  traités  d'alliance 
avec  l'Angleterre  et  la  France.  H  mourut  peu  de 
temps  après,  plein  de  remords  d'avoir  sacrifié  ses 
amis,  et  profondément  attristé  de  ne  pas  avoir 
assez  veillé  à  la  défense  de  sa  chère  ville  de 
Brëda,  qui,  serrée  de  près  par  les  Espagnols  au 


moment  de  sa  mort,  fut  prise  quelque  temps 
après.  Regardé  avec  raison  comme  un  des  plus 
grands  capitaines  de  son  époque,  Maurice  était 
presque  aussi  habile  politique  que  son  père  ;  mais, 
quoiqu'il  posséd&t  plusieurs  qualités  aimables, 
il  n'avait  pas  le  même  désintéressemeol  ni  la 
même  noblesse  de  cœur  que  Guillaume  le  Ta- 
citurne; il  avait  hérité  de  son  grand-père,  le 
célèbre  Maurice  de  Saxe,  un  manque  de  scra- 
pules  qu'il  est  du  devoir  de  l'historien  de  blâmer 
sévèrement.  E.  G. 

Wagenaar,  raderlandteke  Hittùrie,  —  H etereo,  HU- 
torien  <Ur  Nederlanden.  —  Bor,  WêàtrXandache  €>orl»' 
gen,  —  Hoofd ,  Nederlandiehe  moarien.  —  Strada. 
Gmeira^Fiandra.—  BentiTogIto,  Cif«rmdi  FiandrmtX 
Rdationi.  —  Grotlut.  Histwia.  —  Van  Wyo,  yaUùa- 
gen  op  TFagencutr.  —  Brandt,  Historié  der  rr/ormat*( 
in  de  Nedertanâin.  —  Aubéry,  Jïïémoirei.  —  Da  M-->a- 
rler,  Ménudrei.  —  Jeanain,  NégoetoUonu  ^  Garictae, 
Mémctrei.  —  AyUema,  Zaken  van  StatU  em  Ooriog.  — 
Mémoires  du  prince  d'Orange  Frédéric- Henri.  — 
Stolker,  Prlns  Maurlts  (Rotterdam,  I8t7).  —  Motier, 
mstory  0/  the  VnUed^Netherlandt,  /rmn  thê  éteatk  eT 
inuum  the  SiUnt  to  Svnod  «/  Dort  tUmdrcs,  isn» 

1  TOl.  lD-8"). 

ORA91GE  (Frédéric- Henri  ns  Nassau,  prince 
D^),  stathouderde  Hollande,  frère  du  précédent^ 
né  à  Deift,  le  28  février  1584,  mort  à  La  Haye,  le 
14  mars  1647.  Il  fut  élevé  sous  la  direction  de 
sa  mère,  Louise  de  Coligny,  par  le  ministre  armi- 
nien Uitenbogaard.  Appelé  en  1625  à  succéder 
à  Maurice  dans  la  dignité  de  stathouder,  il  s'at- 
tacha à  calmer  les  troubles  religieux  suscités  par 
la  querelle  entre  les  gomaristes  et  les  arminiens» 
ou  remontrants.  Dans  la  crainte  que  Tempereur 
Ferdinand  II,  victorieux  des  protestants,  ne  se  joi- 
gnit aux  Espagnols  contre  la  Hollande,  il  chercha 
à  conclure  avec  la  France  une  alliance  intime,  et 
envoya  nue  flotte  soutenir  les  opérations  de  siège 
commencées  par  Richelieu  devant  La  Roditile; 
mais  sur  les  réclamations  des  prédicateurs  en&- 
yeur  des  huguenots,  il  se  vit  oldigé  de  rappeler  ses 
vaisseaux.  Aprèsavoir  pris  Grol,  en  1 637,  il  rédui- 
sit, en  1629,  BoisleDuc,  à  la  suite  d'un  long  siège, 
qu'il  conduisit  avec  habileté.  Il  appuya  vivemait 
les  négociations  qui  devaient  amener  la  paix  entre 
la  république  et  l'Espagne.  Après  la  mptiire  de  ces 
négociations,  il  tenta  en  163 f,  mais  sans  succès, 
de  surprendre  Brug^  ;  ce  revers  fut  compensé 
par  la  victoire  que  la  flotte  hollandaise  rem- 
porta le  12  septembre  sur  celle  des  Espagnols. 
Encouragé  par  les  progrès  de  son  allié  Gustave- 
Adolphe,  roi  de  Suède,  le  stathouder  s'empara 
de  Venlo,  Stralen  et  Ruremonde,  et  entreprit 
le  siège  de  Maastricht  (1632).  Trois  corps  d'ar- 
mée accourarent  au  secours  de  la  place  ;  ceux 
(\o  Pappenheim  et  du  marquis  de  Santa-Cix>^^ 
attaquèrent  les  Hollandais  dans  leurs  retnnche- 
ments  ;  le  stathouder  les  repoussa ,  et  obtint 
peu  de  temps  après  la  reddition  de  la  ville.  A 
cette  nouvelle  l'infante  Isabelle,  gouvernante  de.«^ 
Pays-Bas,  demanda  à  traiter.  Mais  gagné  peu  à 
peu  aux  projets  de  Richelieu ,  contre  la  maison 
d'Autriche,  le  stathouder  profita  de  la  lenletir 
que  le  gouvernement  espagnol  mit  à   ratifler 


745  ORANGE 

les  conditions  d*une  trêve  conclue  pour  doaxe 
ans,  rentra  en  campagne  dès  le  printemps  de 
1633,  etprit  Rheinberg,  le  2  juin.  L'annéesoWante 
fut  marqnée  par  rallianoe  intime  de  la  répu- 
blique et  de  la  France  contre  TEspagne.  Rejoint 
par  Tîngt-quatre  mille  Français ,  Frédéric  s'em- 
para, en  1635,  deTirlemont,  et  s'apprêta  à  mar- 
cher sur  Bruxelles.  Il  en  fut  empêché  par  le 
mauvais  vouloir  de  Richelieu,  et  vint  alors  faire 
le  siège  de  Louvatn,  qn'il  fut  forcé  de  lever  pea 
de  temps  après,  par  les  manoeuvres  habiles  do 
cardinal  infant  (I).  Gratifié,  en  1637,  dh  titre 
d'altesse  par  Louis  XIII  et  élu  en  même  temps 
à  la  dignité  de  premier  membre  de  Tordre  de  la 
noblesse  de  Hollande,  le  stathooder  entreprit 
daos  la  même  année  le  siège  de  Bréda;  en  moins 
de  trois  mois  il  s'empara  de  cette  ville,  que  Spi- 
Dola  avait  mis  un  an  à  rédoire.  En  revanche,  il 
échoua  dans  l'entreprise  qu'il  dirigea,  en  1633, 
contre  Anvers.  Des  appréhensions  politiques  en- 
gagèrent les  états  pendant  les  années  suivantes 
à  refuser  à  leur  généra]  les  moyens  d'anéan- 
tir comme  il  le  désirait  la  puissance  espa- 
gnole en  Belgique.  Après  la  mort  de  son  cou- 
sin Henri-Casimir  (1640),  il  reçut  le  stathoudé- 
rat  des  provinces  de  Groningne  et  de  Drentbe^ 
il  obligea  le  fils  d'Henri  -  Casimir  à  assu- 
rer la  survivance  du  stathoudérat  de  la  Frise 
à  son  fils  Guillaume  ;  ce  fut  là  le  seul  trait  indé- 
licat de  sa  vie.  Peu  de  temps  après  il  fiança  ce 
fils  à  la  fille  ahiée  du  roi  d'Angleterre  Charles  1*', 
et  rétablit  ainsi  des  rapports  de  bonne  harmonie 
entre  ce  pays  et  la  république.  En  1642  il  essaya, 
mais  en  vain,  de  décider  les  états  à  soutenir 
Charles  contre  son  parlement;  il  ne  put  vaincre 
sur  ce  point  la  résistance  des  provinces  de  Hol- 
lande et  de  Zélande,  qui  redoutaient  ponr  leur 
commerce  la  flotte  anglaise  soumise  aux  ordres 
du  pariement.  A  la  fin  de  1645,  il  parvint  à  ras- 
sembler des  troupes  suffisantâi  pour  s'emparer 
de  Hulst,  dont  la  possession  complétait  la  forte 
fronh'ère  dont  il  avait  doté  le  pays.  Ce  fut  son 
dernier  fait  d'armes.  Lorsqu'il  mourut  les  Pro- 
^ces-Unies  et  l'Espagne  s'étaient  déjà  enten- 
dues sur  presque  tous  les  points  de  la  paix,  qui 
fut  enfin  signée  à  Munster  en  1648.  Les  avan- 
tages si  importants  qui  y  furent  accordés  à  la 
république  étaient  dus  à  Frédéric-Henri  plus  qu'à 
tout  autre;  par  ses  talents  militaires  et  politiques, 
psr  sa  sagesse  et  son  esprit  conciliant,  il  avait 
porté  son  pays  au  point  culminant  de  la  prospérité, 
l^n  de  ses  officiers  supérieurs  a  écrit  sous  sa 
dictée  des  Mémoires  pleins  d'intérêt  sur  les  cam- 
pagnes des  Pays-Bas  de  1621  à  1646;  le  manus- 
<^rit,  qui  fut  revu  et  corrigé  par  le  prince,  passa  en 
les  mainsdesa  fille,  dont  le  fils,  le  prince d'Anlialt- 
Dessauje  fit  publier  (Amsterdam,  1723,in-4<>). 
.  De  sa  femme,  Emilie  de  Solms,  il  eut  trois  en- 


74Û 


(1)  C'est  à  tort  que  d'Anbery,  dans  ict  Mémoire*^  atlri- 
tiD«  riQftoccès  de  cette  campagne  au  ressenUmeot  que 
frédèrlc  aurait  «prouvé  de  ce  que  Richelieu  t'était  op- 
PU6«  A  ce  qa*ll  recouTrit  sa  principauté  d'Orange. 


fants,  Guillaume,  qui  lui  succéda;  Louise- 
Henriette,  électrice  de  Brandebourg;  et  Hen» 
riette-Catherine.  O. 

Ueowe  Tan  Altzema,  Zoàm  van  Staat  en  Oorlog.  — 
Wa|{eoaar,f7ulerte)ubca«  Historié,  —Van  der  Capellen. 
Cedenkschri^ten.  —  Van  l^yn,  ^^alei^ngen  et  Byvœg- 
telen  op  f^agenaar.  —  D'Aubéry*  Mémoires,—  Estradea* 
Mimoiirts.  —  Commelin ,  Levtn  vcm  Frederlk-fiendrik 
vanJVoisauw  (Amsterdam,  i6Sl-l659«  s  toI.  tn-fol.).  — 
Zcemao,  Levm  van  Fr,-Hendrik  priiu  van  Oranje 
{ A msterdam,  isst,  in-8  •  ). 

ORANGB  (Guillaume  II,  prince  n'),  sta- 
thooder de  Hollande,  fils  du  précédent,  né  en 
1626,  mort  le  6  novembre  1650.  Ayant  succédé, 
le  23  janvier  1648,  à  toutes  les  charges  de  son 
père,  il  se  brouilla  presque  immédiatement  avec 
les  états  de  Hollande,  qui  Tempèchèrent  de  faire 
accorder  des  secours  à  son  beau-père,  Char* 
les  r'',  roi  d'Angleterre.  Cette  mésintelligence 
s'accrut  lorsque  ces  états  eurent  licencié  la  plus 
grande  partie  de  leurs  troupes,  bien  que  le  prince 
ttX  insisté  auprès  d'eux  d'une  manière  pres- 
sante sur  les  dangers  d'affaiblir  ainsi  démesuré- 
ment les  garnisons  des  cinquante  et  quelques  pla. 
ces  fortes  qu'on  avait  à  garder.  Il  obtint  alors  des 
états  généraux  uu  décret  (daté  du  5  juin  1650), 
qui  l'autorisait  à  prendre ,  dans  ces  graves  cir- 
constances, toutes  les  mesures  qu'il  jugerait  con- 
venables pour  sauvegarder  la  sécurité  du  pays. 
Il  fit  jeter  en  prison  (le  30  juillet  1650  )  six  mem- 
bres de  ces  états ,  qui  s'étaient  montrés  le  plus 
hostiles  envers  lui.  En  même  temps  il  chargea 
son  cousin  Guillaume-Frédéric,  stathouder  de 
Frise,  d'occuper  militairement  la  ville  d'Ams- 
terdam. Cette  entreprise  échoua  ;  noais  les  états 
de  Hollande,  intimidés,  consentirent  à  ce  que  le 
licenciement  des  troupes  serait  dorénavant  de  la 
compétence  exclusive  des  états  générau)(.  En- 
couragé par  ce  succès,  Guillaume  conclut,  sans 
consulter  les  états ,  un  traité  avec  la  France,  par 
leqiftl  il  s'engageait  à  envahir  avec  quinze  mille 
hommes  les  Pay»-Bas  espagnols,  qui  devaient 
être  partagés  selon  la  convention  de  1635.  Atta- 
qué de  la  petite  vérole  au  milieu  de  ces  ^projets 
ambitieux,  il  succomba  en  peu  de  semaines, 
avant  d'avoir  pu  mettre  au  jour  les  heureuses 

qualités  dont  il  était  doué.  O. 

Aitzema,  Zaken  van  Seaat  en  Oorlog,  —  Van  der  Ca- 
pellen, Cedenkicàri/ten.  —  D'Bstrades,  Lettres  et  Jfigo- 
dations. 

ORANGB  (Guillaume  ///,  prince  d'),  sta- 
thouder des  Pays-Bas.  Voy.  Guillaohb  Ilf,  roi 
d'Angleterre. 

-  ORANGB  (Jean-Guillaume-Frison,  prince n*), 
parent  du  précédent,  né  en  1687,  mort  en  1711. 
Fils  de  Henri-Casimir  de  Nassau- Dietz,  stathouder 
des  provinces  de  Frise  et  deGroningue,  il  hérita, 
en  1696,  des  dignités  de  son  père.  Élevé  avec  soin 
sons  les  yeux  de  Guillaume  III,  il  reçut,  par  le 
testament  de  ce  dernier,  mort  sans  enfants 
(1702),  le  titre  ôeprince d'Orange  et  les  posses- 
sions qui  y  étaient  attachées  (1);  c'est  en  vain 

(I)  Ces  biens  loi  furent  longtemps  disputés  par  le  roi 
de  Prusse  Frédéric  !«',  qui  était  flU  de  la  Olle  alDée  de 
Frédérle-Henri,  prince  d'Orange. 


747 


ORANGE 


748 


qne  Gnîllaome  avait  esaajé  de  le  Ihire  nommer 

ao  stathoudérat  de  toutes  les  Provinces-Uoies; 

saaf  les  deux  8U8-mentioonées,  elles  atxklireBt  cet 

office,  qui  ne  fut  rétaUi  qu'en  1747.  Le  jeune 

Jean -Guillaume,  initié  au  métier  des  armes  par 

Onwerkerk»  prit  une  part  active  à/ la  guerre 

contre  «ta  France, et  se  signala  par  son  briUant 

courage,  notamment  aux  batailles  d*OndeBarde 

et  de  Malplaquet.  Après  être  sorti  sain  et  sauf 

4es  combats  les  plus  meurtriers,  il  se  noya  près 

idu  Ifoerdyk,  un  coup  de  vent  «yant  renversé  la 

petite  embarcationtur  laquelle  il  se  trouvait.  O. 

Ariwidt,  GeioMehêt  éar  OranieU'iltUÈamkiûkgn  Lan- 
4er  und  ihrer  Hegtnta^  ilM-lsi»,  3  ?oL  In4«. 

ORANCB  {Guiàknme-<;karlsS'ffenri»Fn' 
JOfi),  ditGui/tottine/r^statliMderdes  Pays-Bas, 
éls|K»sthome  du  précédent,  aé  le  l"^'  septembre 
1711,  mort  le  22  octobre  17M.  Reconnu  dès  sa 
luissancecommestetbouilerdela  Fri8e,il  fut  dans 
4es  années  soi  vantes  sf^ielé  4  la  môme  dignité 
4ana  les  pravinoes  ée  Grooingoe  «t  Drentke , 
ainsi  que  dans  oelle  de  Gueklre,  mais  U  avec 
despoavairs  très-restreints.  Eo  1732,  à  l'époque 
4e  sa  majorité,  il  signa  avec  la  maison  de  Bran- 
•debowig,  aueojet  de  Tbéritage  de  Guillaume  UI, 
«a  accord  ^iii  lut  ottfibnait  presque  tontes  les 
•possessions  de  la  maison  d'Orange  situées  dans 
tes  Pays-Bas,  entre  antres  les  margraviats  de 
Vaere  et  de  Flessingue  «a  Kélaftde  ;  immédiate- 
ment les  états  de  cette  province  abolirent  toutes 
les  prérogatives  attachées  à  cette  seigneurie,  de 
même  que  ceux  de  HoUande  interdirent  au  jeune 
f^rince  l^enlrée  du  conseil  d'État,  cela  malgré  lé 
peasknnajre  Stingelaodt  et  le  greOier  des  états 
généraux  Fagel,  q«ia  prévoyaient  que  l'aristocra- 
tie  ne  ponrrait  exercer  utilement  pour  le  pays 
le  gouvernement  qoVUe  cherchait  ainsi  À  con- 
«erver  en  entier  dans  ses  mains,  et  que  cela  amè- 
nerait dans  la  république  des  luttes  inteidlnes. 
En  effet  un  parti  nombreux,  dirigé  par  les  frères 
CkJilaume  et  Osmo  Zwier  van  Haren  (wy.  oes 
Mms),  se  gronpa  bientôt  autour  de  GniManme, 
dans  le  tnit  de  faire  rétablir  en  sa  faveur  le  star 
liMMidérat  général.  Ce  parti  parvint  è  faire  (1744) 
déclarer  la  guerre  à  la  ftance;  mais  il  n'attei- 
gnit pas  le  but  qu'il  s'était  par  là  proposé,  la 
nomination  de  Guillaume  au  commandement  de 
J'armée.  Mal  secondés  par  leurs  alliés,  les  Hoi- 
.landais  éprouvèrent  une  suite  de  revers,  et  au 
printemps  de  1747  les  Français  avaient  déjà  en- 
vahi une  partie  de  la  Zélande.  Cet  événement  mit 
k  comble  au  mécontentement  du  pe«iple,  qui 
m  souleva  et  força  les  états  iqénéiaux  (3  mai  1747) 
à  appeler  Guillaume  au  statlioadérat  de  la  répu- 
blique, dignité  qui  fut  déclarée  héréditaire  en  sa 
femiile  ;  le  prince  fut  de  plus  placé  à  la  lête  des 
fofoes  militaires  de  terreetde  mer.  D  luianraitété 
fadle,  comme  le  remarque  lord  Cbesterield ,  de 
se  faire  attribuer  TenUère  souveraineté;  mais, 
modéré  dans  ses  désirs  et  plein  de  respect  pour 
la  liberté,  il  ne  fit  aucune  tentative  dans  ce  sens  ; 
il  montra  la  même  générosité  en  défendant  l'a- 


ristocratie, qui  lui  avait  été  si  hostile,  contre  le» 
excès  du  parti  populaire ,  auquel  il  ne  refusa 
cependaBf  pas  l'abolition  des  nombreux  abus  in- 
troduits dans  l'administration  et  le  reA^aoencBÉ 
de  la  plupart  des  magistrats  des  villes  par  d» 
hommes  plus  intègres  (1).  Me  se  sentant  pas  dir 
talents  militaires,  il  travailla  à  faire  canciore  la 
paix,  qui  fut  signée  à  Aix-la^hapdle,  en  17K. 
Après  avoir,  par  sa  sagesse»  apaisé  peu  à  peu  Vét- 
fiorvescence  causée  parie  mauvais  gouveracaent 
de  raristoenitie,  et  avoir  rendu  le  repoa  à  boa 
pays ,  il  se  préparait  à  Caire  prendre  ploaieBis 
mesures  importantes,  qui  auraient  ranimé  le 
commerce  et  l'induatrie,  lorsqu'il  succomba  aoi 
atteintes  que  sâ  santé  faible  avait  reçues  des  fati- 
gues que  lui  avait  «oAtées  le  maintien  de  rordie. 
Il  avait  épousé  en  1734  la  princesse  Anne,  fiUe 
de  Geoi^ges  II,  roi  d'Angleterre.  O. 

Wagenaar,  f^aierlandteke  ilMorù.  —  P.  Le  Cia%, 
FerwOg  ap  Blomhert.  —  Mejrer,  Ferheud  der  nedif' 
iandscken  GesehiedenUsen.  '—  Van  Wyn,  ByvœgtHÊn. 

ORANGE  {Guillaume  V,  prince  d'),  st>- 
tbouder  des  Pays-Bas,  fils  du  précèdent,  né  le 
8  mars  1748,  mort  à  Brunswick,  en  avril  1806. 
A  la  mort  de  son  père,  il  fut  placé  sous  la  tutelle 
de  sa  mère,  Anne  d'Angleterre.  Investi  en  1766  da 
stathoudérat,  il  insista  vainement  surraogmeota- 
liondes  forces  militaires.  Aussi,  lors  delà  guerre 
survenue  en  1778  entre  la  France  et  PAngleterre, 
le  pays  se  trouva-til  de  nouveau  hors  d*état  de 
rési&ter  à  la  tyrannie  des  Anglais,  qui  apportèrent 
au  commerce  maritime  de  la  république  une 
foulé  d'entraves.  Les  Hollandais  s'apprêtaieot  à 
se  joindre  à  la  Russie  et  aux  puissances  do 
Nord,  qui  venaient  de  conclure  la  ligue  des  neu- 
tres armés ,  lorsque  l'Angleterre  les  prévint 
(décembre  1780 )  par  une  déclaration  de  guerre. 
Avant  que  la  nouvelle  ne  s'en  fût  répandue,  les 
Anglais  capturèrent  plus  de  deux  cents  navire» 
hollandais;  ils  s'emparèrent  d'une  grande  partie 
des  colonies  hollandaises^  et  y  pillèrent  les  biens 
de  l'État  comme  ceux  des  particuKers.  On  se 
mit  à  la  hâte  à  construire  des  vai&^eaux;  mais 
dans  l'état  de  délabrement  où  étaient  les  ar- 
senaux, les   résultats   étalent   beanooop  trop 
lents  pour  l'impatience  du  peuple,  irrité  de  voir 
les  côtes  insultées  à  tout  moment  par  la  flotte 
ennemie.  Guillaume  fut  bien  à  tort  accosé  d'être 
cause  de  ces  retards.  Cependant  telle  était  l'opi- 
nion générale  dans  le  pays.  Si  rhonneor  des 
armes  hollandaises  fut  rétabli  par  le  eomt»! 
naval  de  Doggersbank  (août  1781  ) ,  la  froideur 
marquée  avec  laquelle  ce  glorieux  ûiit  d'armes 
fut  accueilli  par  le  prince  et  sa  cour,  et  qu'on 
attribuait  à  ses  sympathies  pour  rAngieterrr, 
produisit  le  plus  fAcheux  effet  D'autre  part, 

(1)  Dans  les  écrits  pnbnés  «a  millea  de  oes  troubles  cm 
remarque  arec  étonnement  un  laniragv  enUèrement  trv- 
blable  à  ceint  des  réTolatlonnaires  français  de  I7M.  li  > 
est  qteitiM  dca  «rotUdc  llmuM,  da  dMU  A  rimw- 
rectlon,  qui  appartient  aoM  nln perte  quelle can^totlM 
au  pmple  siouverein,  dés  que  le  gownnnieaent  dcrleat 
infidèle  A  ses  devoirs,  etc. 


749 


ORANGE  —  ORBICIUS 


750 


le  oommerce  eoDUnaa  à  éprouver  des  pertes 
ënonBes;  la  Oêmpagak  des  Indes  orientales 
fet  obligée  dinipiorer  TassisUiiioe    lintuicière 
de  rÉtaU  La  paix  liit  enfin  achetée  en  1784 
par   la  cession  de  I9egap8ln«n,  le  principal 
établissement  sur  ta  cdte  de  CÔniniaDdel.  En 
cette  année  Temperear  Joseph  fl  menaça  d'une 
guerre  la  répaMiqae  si  elle  ne  consentait  è  la 
libre  navigation  de  Tliscant;  sârs  de  l'iappiti  de 
la  France,  les  IlolUndais  8*«p(>f6tèrent  à  lui  ré- 
sista*.   L'examen  i|u'ea  fit  ilora  des  places 
fortes  amena  la  déoonverte  de  la  grande  négK- 
genœ  dn   due  de  Bnmswiok,  chargé  de  les 
maintenir  en  état;  Tantmad version  pubKqne  le 
força  de  quitter  Je  pays.  Devant  cette  attilnde 
ferme,  l'emperenr  atandonna  «es  prétentions 
contre  ane  senune  de  dix  millioas  de  Herins. 
Dans  riotervaUe   te   parti  aristoeratiqiie  était 
parrenn  a  raUier  à  sa  politique  ia  nMJorilé  des 
classes  nmyennes  et   roéme  d-enleverà  6<ril- 
iaome  rafTection  d'une  partie  dn  peuple,  qui  s^ 
tait  jusqu'ici  montré  le  plus  grand  soutien  de 
la  maison  d'Orange.  Dès  ilM  une  laite,  mêlée 
d'émeules  sanglantes,  s'engagea  eiître  le  sta- 
thouder  et  les  ennemis  de  son  pouvoir,  qui,  en- 
traînés par  Texiempie   de    l'Amérique,  récla* 
Riaient  une  révision  de  ia  constitution  sur  des 
bases  pins  libérales.  Gnlllaonie,  qui  natofelle- 
ment  Immi  et  affable,  n'avait  pédié  qne  par  son 
nanqoe  d'énergie,  fut  comparé  à  Ménon  et  à  Phi- 
lippe II,  dans  èeé  jonmaux  et  pamphlets  dn 
parti  deApatn9teSy  nom  adopté  par  ses  adver- 
saires. Parmi  eux  les  états  de  la  provinoe  de 
Hollande  se  fiMsaient  remarquer  par  lenr  anî- 
moNté.  La  guerre  civile  était  sur  le  point  d'é- 
dater,  lorsqu'un  corps  de  ymgt  mille  hommes, 
envoyéa  par  le  roi  de  Prasse  Frédenc- Guil- 
laume II,  dont  Guillaume  avait  épousé  la  sœur, 
entra  (septembre  1787)  sur  le  territoire  de 
ia  république;  oette  petite  armée  snIHt  pour 
ramener  la    tranquillité.    Après  quelques  se- 
maines, Guillaume ,  qui  avait  passé  ces  der- 
nières années  priaeipatement  à  Nimègue,  revint 
è  La  Haye,  et  fut  rétabli  dans  tous  ses  droits  et 
prérogatives.  La  princesse  sa  femme,  qui,  d\m 
caractère  beaucoup  pins  ferme  que  lui,  avait 
une  griode  part  à  la  direotien  des  «f&ires,  lit 
nommer  grandiptnsiomiaire  Pierre  Vaniie  Spie- 
^,  homme  des  plus  capables,  qui  oondut  en 
17S8  on  traité  d'aUianoe  inthne  entre  la  répu- 
blique, la  Prusse  et  l'Angleterre.  L'appui  secret 
qu'elle  fit  doutera  Vas  der  Voot  (  voy,  ce  nom  ) 
«I  anx  antres  émigrés  belges  peimit  à  ces  dei>> 
■ùrs  de  renversermomentanément  dans  teorpays 
l&dominaiion  autrichienne.  Qrftceairx  mesures 
^les  de  Van  deSpiegel,  la'vépublique  commen- 
çait à  le  releverdes  désastres  deadermers  temps, 
torsque,  malgré  tons  les  «ffarts  de  cet  hennne 
àutx  pour  rester  en  paix  avec  la  république 
^Çeise,  oette  dernière  déclara  (1793)  la 
W^nt  aux  Provinces-Unies,  comme  alh'ées  à 
l'Angtetem.  Guillaame-FMdéric,  fils  aîné  dn 


stathottder,  fut  mis  à  la  léte  de  l'armée  hollan- 
daise, qui  après  quelques  succès  fut  obligée  de 
battre  en  retraite  devant  les  attaqnes  de  Jourdan 
et  de  Pichegm  (vop.  ces  noms).  Les  troupes 
françaises  arrivèrent  sur  le  Wahal  (Ihi  de 
1794);  les  Hollandais,  dont  la  minorité  seule- 
ment sympathisait  avec  la  révolution,  s'apprê- 
taient à  inonder  lenr  pays,  lorsque  le  froid  ri- 
goureux fit  geler  tons  les  fleuves  ëL  canaux  et 
peimit  acni  Français  d*envahir  IHe  ées  fiataves, 
ee  qui  mettait  tout  le  pays  en  leur  pouvoir.  Gufl- 
lanme  se  retira  en  Angleterre  (janvier  1795)  ;  la 
digmlé  de  statbouder  fut  abolie,  et  les  Provinces- 
Unies  se  constituèrent  en  république  batavu, 
avec  une  ferme  de  gouvemeraeat  eembbiMe  à  W 
république  françuïAe. 

En  1802  Guillaume  reçut,enoompenaatioude 
tont  ce  qu'il  avait  perdu,  Fulda,  Weingarten  et 
Corvey  avec  leors  territoires.  H  prit  alors  le 
titre  de  prince  d'Omnge-Fulda.  Sou  fils  uiné  de- 
vint plus  terd  roi  des  Pays*6as,  sous  le  non  de 
€^iHaume  1*^  (  vof .  ce  nevi  ).  O. 

Stuart,  P'avolff  op  tFmgtnmar.  «-  Uo^es,  Ou  mkl- 
delfik  F'ervolff  ofi  l^agenaar.  —  SchlOoer,  iMdwig 
Enut  Herzog  zu  Bratmschwvig  -  f^ol/enbuttel.  — 
Rendorp,  MemorUn.  —  ToUius,  StoatsJbuHatç»  Cet' 
ckrt/un.  -  Ptou,  Ge$ckieJUê  àe$  prenulÊckm  fêld- 
zuçe»  in  HoUand.  —  Van  de  Splcgel,  Tkbàeuking  van 
eenen  Staattmann  et  Brieven  en  JNèçotUUien.  —  Van 
der  A»,  Het  Leven  van  ff^Ulem  F  (  Iraueier,  isio, 
iii-««  ),  .  Vas  der  Bol,  Lofrtéemp  WWtm  n  flieda, 

J8i8 }. 

oftMBSsjJi  (  Aiine-Jfarie  i>'Aioii4M ,  baron 
u'),  magislvat  français,  né  le  16  février  1709, 
k  Toulouse,  mort  en  1801,  près  d'Auch.  En 
1736  il  succéda  à  son  père  dans  la  chaiige  de 
président  à  mortier  au  parlement  de  Toulouse. 
£tt  1749  il  fit  nn  voyage  en  Italie»  Il  refusa  le 
poste  de  premier  président  que  le  chancelier 
de  Maupou  lui  avait  oflert.  Retiré  dans  sa 
terre  d'Orbessan^  il  employa  ses  loisirs  à  cul- 
tiver les  lettres  et  à  perfisctionner  les  méthodes 
agricoles.  Ce  fut  À  lui  que  la  Société  des  Sciences 
de  Toulouse  dut  les  lettres  pateules  quiJ'é- 
rigèrent  eu  académie  royale.  Ses  principaux 
écrits  sent  :  Mélange»  historiques  et  cri' 
tiques;  Tonieuse,  1768,  3  voL  in-8%  fig.  ;  — 
Variélé»  UUérmres;  Auch,  1778 , 2  vol.  in-fi*. 

•RBKTTO.  Vêy.  ToncBi  (AUuandro). 

•Miicios,  écrivain  militaire  grec,  d'une  épo- 
que incertaine.  On  ne  sait  rien  de  son  histoire  per- 
se^elle,  et  on  ne  peut  pas  fixer  même  approxi- 
mativement la  date  de  sa  vie.  Cependant,  comme 
nn  extrait  de  ses  écrits  figure  duns  l'i^^ymofo- 
^«m  magnum^  et  que  cet  euvrago  a  été  ré- 
digé  au  douaième  siècle,  il  est  certain  quK>dbi- 
cius  vivait  avant  cette  date.  Dans  VEtymeUth 
gieum  magnum,  an  met  lTparr6(,  on  trouve  un 
article  eur  les  noms  domés  aux  dillArentes  sub- 
divisions d'une  armée  et  aux  commandants  de 
œa  subdivisions.  Cet  article  est  intitulé  *Op8ixCou 
Tûv  nepl  t6  <rcpévcv|i«  xôl^fiutt  (  De  Tordonnance 
de  Tannée,  par  Orbidus  ),  et  occupe  à  peu  près 


Tâl 


ORBICIUS  —  ORBIGNY 


752 


une  deini-Golonne  des  premières  éditions,  in-fol. 
de  VElifmologicum^  Venise,  1499  et  liM9,  et 
celle  de  Fréd.  Syiburg,  1549;  il  a  été  donné  à 
la  suite  du  Victionarium  Grxcum  d'Aide  et 
Asolano,  Venise,  1524,  in-fol.,  et  à  la  fin  do 
JHctionarium  Grsecum  de  Sessa  et  de  Rayanis , 
Venise,  1525,  in-fol.  Y. 

Smltli,  DicUonarw  ofgreek  and  roman  biographw, 
ORBIGRT  (  Charles-Marie  Dessaijues  d'), 
chirorgien  français,  né  le  2  janvier  1770,  en  mer, 
mort  le  21  octobre  1856,  à  La  Rochelle.  Sa 
mère  lui  donna  le  jour  en  faisant  la  traversée 
d'Amérique  en  France.  Destiné  à  la  carrière 

Îirurgîcale,  il  fit  en  qualité  de  volontaire  deux 
mpagnes  sur  la  frégate  VAriel  et  le  vaisseau 
Le  Réfléchit  suivit  ensuite  la  clinique  des  hôpi- 
taux de  Brest,  et  continua  d'être  employé 
comme  aide-major,  soit  dans  cette  ville,  soit  à 
Lorientet  à  Paimbœuf.  Nommé  médecin  de  pre- 
mière classe,  il  prit  parten  l'an  vi  (1798)  à  l'expé- 
dition d'Irlande,  et  inspecta  en  l'an  Yir,  avec  le 
titre  de  médecin  principal,  les  hi^pitaux  des  pri- 
sonniers de  guerre  français  en  Angleterre.  Lors- 
cfu^en  1799  il  se  maria,  il  s'établit  à  Nantes, 
puis  à  La  Rochelle,  où  il  put  se  livrer  avec 
toute  facilité  à  l'étude  des  sciences  naturelles, 
sans  cesser  néanmoins  de  pratiquer  la  méde- 
cine. On  a  de  lui  :  Avis  sur  les  qualités  nui- 
sibles de  la  colchique  d'automne;  Nantes, 
1803,  in-S";  —  A'o^ice  sur  un  chêne  gigan- 
tesque observé  à  Monir avait,  près  Saintes; 
lA  Roclielle,  1834,  in-8°;  —  Mémoire  sur  la 
géologie  du  département  de  la  Charente- 
Inférieure;  ibid.,  1836,  in-8%  pi.  ;  — iRj(otre 
des  parcs  ou  bouchots  à  moules  des  côtes  de 
l'arrondissement  de  la  Rochelle  ;'ûné.,  1846, 
hi.8o.  P.  L. 

,  L$  Courrier  Bûchetais,  u  octobre  i8S6. 

ORBiGNT  {Alcide  Dbssalinbs  d'),  natura- 
liste français,  fils  aîné  du  précédent,  né  le  6 
septembre  1802,  àCoueron  (Loire-Inférieure), 
mort  le  30  juin  1857,  à  Pierrefitte,  près  Saint- 
Denis  (Seine).  11  fit  ses  études  classiques  à  La 
Rochelle,  et  montra  dès  son  plus  jeune  Age  on 
goût  marqué  |H)ur  les  sciences  naturelles.  A  peine 
â$(é  de  vingt  ans ,  il  envoya  à  la  Société  d'His- 
toire naturelle  de  Paris  son  premier  mémoire , 
qui  Irritait  d*un  nouveau  genre  de  mollusques 
gastéropodes.  Il  étudia  ensaite  les  céphalopodes, 
et  présenta  en  1625  à  l'Académie  des  sciences 
un  travail  fort  étendu  ayant  pour  objet  la  clas- 
sification et  rétudedes  forarainifères,  animaux 
fossiles  microscopiques ,  à  peine  observés  avant 
lui  et  dont  l'importance  est  grande  en  géologie, 
puisqu'ils  constituent  par  leur  agglomération  des 
couches  puissantes,  particulièrement  dans  les 
terrains  des  environs  de  Paris.  Ce  travail  fit  dire 
à  deux  illustres  zoologistes,  Geoffroy  Saint-Hi- 
laire  et  Latreille  :  «  L'ordre  des  foramioifères 
est  une  création  de  M.  d'Orbigny.  Il  a  jeté  une 
Tive  lumière  sur  Tune  des  partie»  les  plus  téné- 
breuses du  domaine  de  la  zoologie.  »  En  1826  il 


fut  chargé  par  radroioistration  du  Mnséani  d* 
treprendre,  dans  l'Amérique  méridionale,  on 
voyage  destiné  à  des  recherches  relatives  à  This- 
toire  naturelle  et  à  ses  applications.  Il  employa 
huit  années  à  explorer  flifférentes  provinces  da 
Brésil,  l'Uruguay,  la  république  ArgenUiie,  la 
Patagonie,  le  Chili ,  la  Bolivie  et  le  Pérou  ;  ses 
observations  personnelles  s'étendirent  sur  na 
espace  de  775  lieues  du  nord  au  sud  et  de  900 
lieues  de  Test  à  l'ouest.  «  Un  tel  voyage,  rap- 
porte M.  Damour,  poursuivi  dans  des  contrées 
si  diverses  par  leurs  productions ,  par  leur  cli- 
mat ,  par  la  nature  de  leur  sol  et  par  les  mœurs 
de  leurs  habitants,  présente  à  diaqoe   pas  de 
nombreux  périls  :  d'Orbigny,  doué  d'une  forte 
constitution  et  d'une  ardeur  infatigable,  sarmonta 
des  obstacles  qui  eussent  rebuté  bien  des  voya- 
geurs. Arrivé  dans  les  froides  régions  de  la  Pà- 
tagonie,  au  milieu  de  peuplades  sauvages  cons- 
tamment en  guerre,  il  86  vit  contraint  de  prendre 
parti  et  de  combattre  dans  les  rangs  d'une  de 
tribus  qui  lui  avait  donné  l'hospitalité.  Heureu- 
sement pour  l'intrépide  savant,  la  victoire  s'é- 
tant  déclarée  de  son  côté  lui  rendit  le  loisir  de 
continuer  sa  route.  »  A  son  retour  en  France 
(mars  1834),  il  reçut  le  grand  prix  annuel  delà 
Société  de  géographie  et  obtint  le  patronage  da 
gouvernement  pour  mettre  au  jour  les  nombreux 
documents  qu'il  avait  rapportés.  Cet  important 
ouvrage  (Voyage  dans  P Amérique  méridiû' 
nale  ),  qui  exigea  de  lui  treize  années  d'un  fra- 
vail  assidu ,  présente  dans  un  cadre  presque  en» 
cyclopédique  une  des  monographies  les  plus  con- 
sidérables qui  aient  paru  d'aucune  ré^n  de  la 
terre;  l'auteur  y  aborde  les  plus  intéressantes 
questions  d'histoire,  d'archéologie ,  de  géologie, 
de  géographie,  de  zoologie,  de  botanique,  et  il 
fait  preuve  d'un  savoir  aussi  profond  que  varié. 
En   1840  d'Orbigny  commença  la  publleatioo 
d'un  recueil  encore  pins  considérable,  et  qui  est 
son  plus  beau  titre  scientiOque,  nous  voulons 
parler  de  la  Paléontologie  française  ;  il  a  pour 
but  de  faire  connaître  l'immense  collection  des 
espèces  fossiles  contenues  dans    les  diverses 
couches  du  sol  de  la  France,  de  pénétrer  dans 
l'étude  de  leur  organisation,  d'en  montrer  la 
figure  sous  divers  aspects,  et  de  tirer  de  cette 
étude  des  conclusions  sur  la  succession  des  pé- 
riodes géologiques  ainsi  que  sur  Ite  déltmilatioos 
anciennes  des  mers  et  des  continents.  Pour  en- 
courager cette  publication,  purement  française,  la 
Société  géologique  de  Londres  décerna  deux  fois 
à  l'auteur  les  4bnds  de  Wollaston.  Appliquant  à 
la  paléontologie  ses  Instincts  de  voyageur  et  son 
talent  d'exploration,  il  fit  dans  la  plupart  des 
départements  de  noiAbreux  voyages,  et  parriat 
ainsi  à  former  une  collection  d'environ  cent  mille 
pièces,  acquise  en  1858  par  le  gouvernement,  aa 
prix  de  55,0<K)  fr.  Apr^  avoir,  dans  un  Ctnm 
élémentaire,  présenté  le  résumé  de  la  paléontolo- 
gie, d'Orbigny  publia,  pour  y  faire  suite,  le  Prth 
drome  de  cette  science,  tableau  de  toutes  les  es* 


753 


ORBIGNY  —  ORBILÏUS 


754 


pèces  fossiles  de  moHasques  et  de  rayonnes  rangés 
dans  chaqae  étage  de  terrains  et  suivant  i'ordre 
£Oologiqoe  ;  parmi  la  quantité  de  matériaux  (  plus 
de  200,000 1  qu'il  recueillit  pour  en  discuter  la 
▼alenr,  il  réduisit  et  fixa,  au  nombre  d^environ 
18,000,  les  espèces  qui  lui  paraissaient  dignes 
d'être  conservas.  L'importance  qn'avait  acquise 
daus  ces  dernières  années  Tétude  des  corps  or- 
ganisés fossiles  ayant  justifié  la  création  d'une 
chaire  nouvelle  an  Jardin  des  plantes,  Aldde 
d'Orbigny  fut  désigné,  par  décret  dif  6  juillet 
1853,  pour  inaugurer  renseignement  d'une  science 
à  laquelle  il  avait  consacré  tant  de  veilles  et  de 
travaux.  Pendant  quelque  temps  il  continua  avec 
ardeur  ses  recherches,  et  enrichit  le  cabinet  dliis- 
toire  naturelle  de  34  suites  distinctes  de  fossiles, 
contenant  10,000  pièces.  11  était  membre  de  la  So- 
ci^  géologique,  qu'il  présida  plusieurs  fois. 

Le^  principaux  ouvrages  d'Alcide  d'Orbigny 
sont ."  Tableau  méthodique  de  la  classe  des 
céphalopodes ,  dans  les  Annales  des  se,  nat., 
janv.  1S26;  —  Voyage  dans  V Amérique  mé- 
ridionale; Paris,  1834-1847,  9  Tol.  in-4'',  avec 
âOO  pi.  col.  :  les  plus  importantes  divisions  de  cet 
ouvrage  sontxelles  qui  comprennent  VBomme 
américain  (in-4*  et  2  vol.  in-8^),  ejijposé  des 
faits  recueil  lis  sur  les  caractères  physiologiques, 
les  mœurs ^  les  coutumes,  les  langues,  la  reli- 
gion des  peuples  de  l'Amérique;  les  Oiseaux , 
les  Insectes  (plus  de  4,000  espèces),  les  Mol- 
lusques, \a  Paléontologie,  la  Géologie,  et  la 
Partie  historique  (3  vol.  in-4^);  un  grand 
nombre  de  cartes  et  coupes  géologiques  relatives 
à  diverses  contrées  de  rAmérique  méridionale 
accompagnent  ce  recueil  ;  —  Galerie  ornitho- 
logique  des  oiseaux  d^ Europe;  Paris,  1836- 
1838,  in-4%  pi.  col.;  ^  Mémoire  sur  la  distri- 
bution géographique  des  oiseaiue  passereaux, 
lu  en  1837  à  l'Acad.  des  sciencito  et  trad.  en  an- 
glais et  en  allem^d  ;  —  Monographie  des  cé- 
phalopodes cryptodibranches  ;  Paris,  1839- 
184S,  in-4",  pi.  col.;  —  Histoire  générale  et 
particulière  des  crinotdes  vivants  et  fossiles; 
l'aris,  1840,  gr.  in-8°,  pi.;  —  Paléontologie 
française;  Paris,  1840-1854,  14  vol.  in-8*,  avec 
1430  pi.  :  cet  ouvrage,  malheureusement  ina- 
chevé, se  diyise  en  deux  parties,  les  terrains 
crétacés  et  les  terrains  jurassiques  ;  —  Mollus- 
ques vivants  et  fossiles,  ou  description  de 
toutes  les  espèces  de  coquilles  et  de  mol- 
lusques; Paris,  t.  I,  in-8*,  pi.  col.;  —  Fora* 
nini/ères  fossiles  du  bassin  de  Vienne  en 
Autriche;  Paris,  1846,  in-4'',  pi.,  publié  aux 
frais  du  gouvernement  autrichien  ;  —  Cours  élé- 
mentaire de  paléontologie  et  de  géologie  stror 
iigraphiques  ;  Paris,  1849-1852,  3  vol.  in- 18, 
iivec  plus  de  600  fig.;  —  Prodrome  de  paléon- 

^ologie  stratigraphique  universelle  des*  ani- 
maux mollusques  et  rayonnes  ;  Paris»  1849- 
1850,  3  vol.  in-18,  pi.;  l'auteur  s'est  efforcé  d'y 
ramener  tous  les  matériaux  paléontologiques  à 
l'unité  pour  les  éUges ,  les  genres ,  les  espèces  et 


'  les  noms  d*espèces;  —  Recherches  zoologiques 
sur  la  marche  successive  de  ranimalisation 
à  la  surface  du  globe,  dans  les  Mém.  de 
VAcad.  des  Se.,  1850  :  il  estime  la  quantité  des 
animaux  fossiles  connus  aujourd'hui  à  Ténorme 
chiffre  de  ^,000  espèces  contenues  dans  1,600 
genres  différents  appartenant  aux  vertébrés,  an- 
nelés ,  mollusques  et  rayonnes.  Ce  savant  a  en 
outre  rédigé,  pour  V Histoire  de  Cuba  de  Ramon 
de  la  Sagra,  V Ornithologie,  ]es  Foraminifères 
et  les  Mollusques  (4  vol.  in-8*,  pi.),  et  commu- 
niqué beaucoup  d'articles  au  Magasin  de  zoo- 
logie, au  Bulletin  de  la  Société  géologique, 
aux  Annales  des  sciences  naturelles,  ^a  Jour- 
nal de  conchyliologie,  et  au  Dictionnaire 
universel  <rhistoire  naturelle,  dirigé  par  son 
frère. 

Ifottee  analft.  sur  tes  travaux  d'Àldde  ^Orbigny  { 
f SM,  ln-4«.  —  Damour,  Discours  prononce  aux  funé- 
ruiUei  d'Aï.  d'Or%ny.  —  Doeum,  particuliers. 

Jl  ORBIGNY  (Charles  Dbssàliiies  o'),  géo- 
logue, frère  du  précédent,  né  le  2  décembre  1806,. 
h  Coueron  (Loire-Inférieure).  Après  avoir  ter- 
miné ses  études  à  La  Rochelle,  il  suivit  à  Paris 
les  cours  de  la  faculté  de  médecine,  et  devint 
secrétaire  de  l'ingénieur  Brochant  de  Yilliefs. 
En  1835,  il  fut  attaché  au  Muséum  d'histoire 
naturelle  en  qualité  d'aide  de  M.  Cordier,  pro- 
fesseur de  géologie.  On  a  de  lui  :  Tableau 
synoptique  du  règne  végétal  appliqué  à  la 
médecine;  Paris,  1834, 1835,  in-8*;  —  Descrip- 
tion géologique  des  environs  de  Paris;  Paris, 
1838,  in-8*'  ;  —  Dictionnaire  universel  d'his- 
toire naturelle;  Paris,  1839-1849, 24  vol.  în-8% 
pi.,  un  des  recueils  les  plus  complets  de  ce 
genre,  rédigé  avec  le  concours  d'Arago,  Becque* 
rel,  Brongniart,  Cordier,  Decaisne,  Delafosse, 
Dumas,  Afilne-Edwards,  de  Jussieu,  etc.;  le 
discours  préliminaire,  consacré  au  développe- 
ment des  sciences  naturelles  à  travers  les  Ages, 
a  été  l'objet  d'une  mention  honorable  à  l'Acadé- 
mie des  sciences;  —  Keepsake  des  mammi- 
fères; Paris,  4842j^.  in- 8",  pi.  ;  —  Dic/ton- 
naire  abrégé  d* histoire  naturelle;  Paris , 
1844,  2  vol.  10-8",  avec  BL  de  Wegmann;  « 
Tableau  général  des  terrains  et  des  princi- 
pales couches  gui  constituent  le  sol  pari- 
sien; Paris,  1849;  -~  Géologie  appliquée  aux 
arts  et  à  Vagriculture;  Paris,  1851,  in-8*,  pi., 
avec  M.  Gente  ;  —  Manuel  de  géologie;  Paris, 
1852,  in-18;  —  des  articles  imprimés  dans  le 
Bulletin  de  la  Soc.  géologique,  le  Dict.  d'hist. 
nat,  de  Guérin-Menneville,  le  Dict.  de  la  Con- 
versation ,  VEncyclop.  du  dix  -  neuvième 
siècle,  la  Patrie,  etc. 

Documents  partieuUert. 

ORBILI V8  (  Pupillus  ),  grammairien  et  maître 
d'école  romain,  vivait  dans  le  premier  siècle 
avant  J.-C.  11  est  surtout  connu  comme  le  pro- 
fesseur d'Horace  qui  lui  donne  l'épithète  de  pla» 
gosus  aa  souvenir  des  rudes  corrections  que 
*  recevaient  ses  disciples.  Orbiltus  était  né  à  Bé* 


755 


ORBILIUS  — 


DeTent,  et  tvait  dès  sa  jeunesse  consacré  son 
temps  à  Tétude  des  lettres  ;  mais  la  mort  de  son 
père  et  de  sa  mère,  qui  périrent  tous  deux  le 
même  jour  sous  les  coups  de  leurs  ennemis,  le 
laissa  sans  ressources.  Pour  gagner  sa  vie,  il 
devint  appariteur  ou  serviteur  des  magistrats,  et 
servit  ensuite  comme  simple  soldat  en  Macédoine. 
A  son  retour  en  Italie,  il  reprit  ses  études  Ittté- 
xaires,  et  après  avoir  longtemps  professé  dans  sa 
ville  natale,  il  se  rendit  à  Rome  à  rage  de  cinquante 
ans,  sous  le  consulat  de  Cicéron,  en  63  (avant 
J.-C.  ).  Là  il  ouvrit  une  école  qui  fut  aases  fré- 
quentée; mais,  malgré  son  succès,  il  gagna  peu 
d'argent,  et  fut  réduit  à  vi?re  dans  un  grenier. 
On  comprend  que  cette  situation  donnât  au  vieux 
roattre  une  mauvaise  humeur  qui  retombait  sur 
les  élèves  en  coups  de  férule  et  de  fouet.  Horace 
n'est  pas  le  seul  qui  parle  de  la  manière  dont 
Orbilins  inculquait  à  ses  écoliers  les  vers  de  Li- 
vius  Andronicus.  On  Kt  dans  Domitius  Marans 
ce  vers,  qui  fait  allasion  à  la  même  méthode 
d'ensdgMDNttt  : 

Si  qua  OdiWas  teraU  «e«tleatiiw  oeddtt 
Du  reste,  oe  redoutable  professeur  ne  réservait 
pas  sa  mauvaise  humeur  pour  ses  élèves;  il  la 
déployait  Irès-largement  à  fégard  des  grammai- 
riens ses  eoncarrents,  et  même  des  premières 
persomes  de  TÉtat.  Suétone  et  Macrobe  rap- 
portent un  exemple  curieux  de  son  flpreté  sar- 
castiqoe;  ils  diffèrent,  il  est  vrai,  sur  le  nom  du 
noble  personnage  qui  en  ftit  Tobjet,  le  premier 
rap))«laDt  Varron  Murena  et  le  second  Galba; 
mais  ils  sont  d*accord  sur  le  fait.  Voilà  tout  ce 
qne  Ton  sait  de  sa  kmgue  existence,  qui  remplit 
près  d'un  siècle  (113  il  avant  J.-C).  Dans  ses 
demières  années  il  avait  perdu  la  mémoire.  On 
ini  éleva  une  statue  à  Bénevent,  dans  le  Capitole. 
Il  laissa  un  fHs,  OrtHliua,  qui  suivit  la  môme  pro- 
fession. Un  de  ses  esclaves  et  4e  ses  élèves,  Scri- 
bonhis,  acquit  aossi  de  la  réputation  comme 
grammairien.  Orbilins  composa  un  traité  que 
Snétone  ci^e  sous  le  titrei  évidemment  fautif»  de 
^erimlogos  :  on  a  proposé  de  lire  Psedaçogus 
ou  Periantologos.  Y. 

llorac«,  eplst.,  It,  1.  71.  »  Snétone ,  De  Uhut.  grwn- 
maLt  9,  is.  *•  Maoroke ,  «crfur.,  Il,  S. 

•JICM»?(4  (>.jufrflaCf»«E,«lit),|raëte,  sculp- 
teur, architecte  et  peintre  de  l'école  florentine, 
né  à  Florence,  en  i329,  ntiort  en  1389(1).  Fils 
d'Andréa  Cione,  qui  dirigen  en  1360  les  travaux 
de  mosaïque  de  la  façade  de  la  cathédrale  d'Or- 
vieto,  il  étudia  d'abord  la  sculpture  sous  Andréa 
Pisano;  mais  bientôt  il  chercha  dans  la  peinture 
un  champ  plus  vaste,  où  il  pût  librement  déployer 
son  génie.  Il  avait  un  fi-ère  aîné ,  Bernardo  Or- 
eagna ,  qui,  peintre  habile,  J'aida  de  ses  conseils 
et  facilita  ses  progrès  en  le  faisant  participer  à 
ses  travaux.  C'est  ainsi  que  les  deux  frères  exé- 
entèrent^  dans  le  chœur  de  Sainte  Marie-Nouvelle 

(I)  Ctet  i  tort  que  Vnort  1«  nomme  Orgagna;  son  Té- 
fttable  sornom  flit  Oreaffna,  et  c'eit  alul  que  te  déligne 
Fnwoo  SacGbeti  (  NovM,  ItS  ) 


ORCAGNA  756 

de  Florence,  des  mjets  de  la  Vie  de  In  Tierce, 
qui  peu  d'années  après  fbrcnt  détruits  par  acci- 
dent et  repeints  par  Domenico  GhiriandiyOy  qd 
ne  se  fit  pas  faole  de  profiter  de  leurs  composi- 
tions.^ Les  fresques  qu'ils  peignirent  plus  teH  à 
celte  même  église,  dans  la.chiqpeUeStnazxî,  n'ont 
heureusement  pas  éprouvé  le  néaae  nort.  Ces 
vastes  pages,  rsprésentant  V£m/er  et  la  Pmradist 
sont  des  inspirations  de  Dante  ;  on  y  remar^ 
an  véritable  progrès  dans  l'art,  en  dépit  d'an  co- 
loris gris  et  vnifisrnie;  elles  ont,  la  première 
surtout,  la  chalenr,  le  mouveoDent  et  tes  su- 
blimes bizarreries  du  poâte«  D'Agincoort,  qui, 
dans  son  BisMm  et  Fart  par  les  monssairfi/^, 
a  publié  le  premier  oette  singulière  oompositioB, 
a  rapproché  de  chaqne  groupe  lea  vers  de  Daate 
qni  ont  inspiré  les  Orcagna.  Les  freaqoesdes 
deux  Orcagna  à  VÀMnmmiuta  et  à  Samt-Apol- 
Imaire  de  FWrenoe  n'existent  phn,  et  e*e4t  à 
Pise  qu'il  faat  aller  oherdier  les  nôtres  nuvrapes 
importants  de  ces  maîtres.  Andréa  tnC  appelé 
par  les  Pisans  au  CampoSanto,  Les  peiotom 
qu'il  y  exécuta  accusent  autant  de  fécÔMliléyde 
soin,  d'intelligence,  nais  moins  d'ordre  dans  ta 
composition,  de  ré^^ilarité  dans  les  monveaMnls, 
de  pureté  dans  les  formes,  de  rirliesse 
qoe  chex  les  élèves  du  Giotto.  Parmi  ces 
tares  nous  citerons  le  Triomphe  de  te  mor^ 
composition  bizarre,  ij  est  vrai,  mais  Men  Mn 
d'être  ridicule,  comme  l'ont  dit  des  jaifi^  préve- 
nus. On  y  remarque  une  expression  satirique,  qoi 
se  retrouveaossi  dans  le  fugememt  c&rater;dans 
oe  dernier  on  voit  Saloason  sortant  de  son  lombeaa 
et  ne  sachant  trop  de  quel  cOté  il  doit  se  placer; 
ailleurs,  c'est  un  moine  hypocrite  qui  oherchait 
à  se  faufiler  parmi  les  élus  et  qu'un  ange  saisit 
par  les  cheveux  pour  le  rejeter  parmi  les  da»* 
nés,  tandis  qu'un  autre  ange  guide  au  ciel  m 
jeune  et  joyeux*  mondain.  Cette  oompositioa, 
i*une  des  mieux  conservées  du  Canyto-SantOj 
est  sans  aacun  doute  moins  poétique  qoe  le 
Triomphe  de  la  mort,  et  pourtant  Blichel-Aoge 
n'a  pas  dédaigné  de  l'imiter  d'une  manièie 
presque  servile.  Andréa  abandonna  à  son  frère 
Bernardo  l'exécution  de  la  partie  droite  de  la 
fresque  représentant  VEn/er,  partteqni  en  ibi9 
fut  restaurée  par  le  SollaEziao ,  qui  a  même  re- 
fait entièrement  tout  le  bas  et  s'est  permis  pte- 
fiieurs  changements.  C'est  peut-être  à  eetle  rei- 
taucation  que  VEn/er  doit  d'être  mférieor  an 
Triomphe  de  la  mort  et  au  Jugement  dernier. 
Pour  la  figure  de  Satan,  Orcagna  8*est  éfidea- 
ment  inspiré  de  la  terrible  peintare  de  ]>a^ 
qni  représente, 

L'impmaor  del  deloraM  regno 

avec  une  triple  tête  et  qid 

Da  offnt  bocca  dtrompeâ  col  tfenU 
Ua  peecatore  a  m^M  dl  maetolla, 
SI  rite  tre  ne  faœa  omI  dolentl, 

iinfem.,  CXXXIV,  t.  M-ï5.) 

A  partir  du  moment  où  furent  terminées  ks 
peintures  du  Campo-Santo,  Andréa  Oraa^ia ne 


757 


ORCAGNA  —  ORDÀZ 


75» 


fat  plas  guère  occupé  qoe  des  grands  travaux 
d'architecture  et  de  scalptare  qu'il  exécuta  à 
Florence  ;  c'est  pourtant  encore  à  cette  époque 
qu'il  peignit  à  Santa-Croce  une  grande  freaque 
qui  n'existe  plus, mais  dont  Vasari  nous  a con- 
serYé  la  mémoire. 

Les  tableaux  de  ce  maître  sont  peu  nomlirenx  ; 
cependant  à  Florence  on  Toit  de  lui  à  TAcadémie 
des  Beaux-Arts  une  Annonciation  provenant  de 
l'église  de  Santo-Remîgio,  et  un  Couronnement 
de  la  Vierge  à  S.-GioTannina  de'  CavaKeri. 

Orcagna   peut  être  regardé  comme  l'un  des 
pères  de  la  renaissance  de  rarchitectoreen  Italie; 
l'un  des  premiers,  en  effet,  H  oat  abandonner 
Tare  ogival  pour  le  plein-cintre  dans  la  construc- 
tion de  ta  belle  loge  de  la  place  do  Palazzo  Yec" 
chio,  entreprise  dont,  en  1355,  il  ftit  chargé,  son 
projet  ayaint  été  préféré  à  ceux  de  tous  ses  con- 
currents. Kntre  les  retombées  des  arcades,  il 
a  sculpté  sept  figures  de  Vertus  en  demi-wlicf. 
Après  la  cessation  de  la  mortalité  qui  avait 
désolé  Florence  en  1348,  la  confirérie  d'Orsam- 
niichMe  ayant  résolu  d'élever  dans  son  église 
un  tabernacle  magnifique  en  l'honneur  de  la 
Vierge,  Orcagna  fîitappdé  à  exécuter  cette  grande 
entreprise,  qui  offrait  un  champ  si  large  au  dé- 
ploiement de  ses  talents  divers.  0«Me  fois,  U 
adopta  le  style  ogival,  plus  favorable  à  la  richesse 
d'ornementation,  mais  cependant  dans  plusieurs 
parties,  et  notamment  dans  l'are  pfincipal,  il 
employa  le  plein-cintre.  Le  monument  est  com- 
posé de  marbre   blanc,  de  mosaïque  et  de 
bronze.  Malgré  une  prodigieuse  profMM  d'or- 
nements,  l'ensemble   présente  nn  cachet  de 
grandeur,  de  gravité,  d'éléganœ  «évère  qu'An- 
dréa a  su  imprimer  à  toutes  ses  oeuvres  d'ar- 
chitecture, comme  à  ses  peintures  ei  à  ses  sculp- 
tures. L'omemeatatiOB  fut  exécutée  par  ààSé- 
rents  artistes  ;  mais  Andréa  ee  réserva  toutes  les 
figures.  Bans  le  grand  bas-relief  de  la  face  oiien- 
tale,  il  s'est  représenlé  hii-mème  soos  les  traits 
d^ifu  apétre,  la  barbe  rase,  la  tète  couverte  d'un 
chaperon,  et  le  visage  large  et  expressif.  Sur  le 
marbre  soiil  grevés  oes  mots  :  Andréas  Cimn$^ 
pietor  fiorentinus^waiorn  airchAmagitier^  ex- 
étiéH  hMjus  MCGCLUL  On  ranarqoera  que  sur 
cette  eenvre  de  scnlptore  et  d'arcfaitocture  An- 
dréa prend  le  titre  de  peintre;  par  compensation 
SMS  doute,  U  avait  coutume  d'écrire  au  bas  de 
ses  peintures  :  Fece  Andréa  di  CiÊfne,$cuitore. 
Bemardo  et  Andréa  eurent  un  frère  nommé 
Jacopo,  qui  n'est  guère  connu  que  comme  sculp- 
teur; on  a  cependant  de  lui  dans  la  salle  de  la 
liibliotlièqve  de  Voiterre  une  Annonciation  eivec 
foint  Jutt,  saint  Octavim ,  saint  Costne  et 
saini  Dumien,  Cette  fresque,  qu'il  exécuta  de 
1382  à  1383,  avec  l'aide  d'un  artiste  peu  connu, 
M.  ITkooIo  Lambert!,  est  bien  inférieure  à  celles 
des  deux  autres  Orcagna. 

Andréa  Orcagna  eut  aussi  pour  élève  un  neven 
Aommé  Muriotto  Orcagna,  et  ce  fat  de  son  école 
qne  «nlkent  Tommaso  di  Marco,  Bemardo  di 


Nello,  et  FYancesco  Trainl,  le  plus  célèbre  de 
ses  disciples.  £.  Breton. 

Vanrl,  f^ttê.  —  Orlaodi,  .ébàmêdarto,  —  Baldtnucct, 
JVotUiê.  —  Roftnl,  Campo-Santo  di  Piio.  —  Morrona, 
Pi$a  iUmtratai  —  Unxl,  Storia  deile  jHttura.  -  Tl- 
cozzl,  Dfstonarfo.  —  D'Aglncoart,  Histoire  de  tort 
par  tes  numMmeiOt.  <—  rjco«nara,  St9Hm  deOa  ieulturm.  ' 
—  Qnatremèrc  éts  QutacjK,  P'ie  ds$  plus  iilmtrti  arcM- 
tectes.  —  FanUixzt,  Guida  di  Pihmne.  *  Guide  de  FoU 
terre. 

ORCHAMPS  {Claude  n')»  général  des  Mi- 
nimes, né  en  1 595,  à  Besançon,  mort  à  Madrid, 
le  U  juin  1658.  Issu  d'une  famille  noble,  il  en- 
tra daîns  Tordre  des  Minimes,  dont  il  devint,  en 
1655,  correcteur  général  après  avoir  exercé  avec 
succès  le  ministère  de  la  prédication,  tant  en 
France  qu'en  Italie.  Il  mourut  en  faisant  la  vi- 
site des  maisons  de  l'ordre  en  Espagne,  et  Phi-  * 
lippe  III,  dérogeant  en  sa  Atvenr  à  toutes  les 
règles  de  l'étiquette,  suivit,  une  torche  à  la  main, 
les  funérailles  de  l'humble  religieux.  On  a  de  lut 
un  excellent  ouvrage,  intitulé  :  Les  Perfections 
royales  (Ttm  jeune  prince;  Lyon,  1651,in-4*.  Il 
ftit  aussi  l'éditeur  d\in  livre  laissé  par  le  P.  Lalle- 
maodet,  9on  compatriote,  sous  le  titre  de  :  Cur^ 
sîis  théologiens;  Lyon,  1656,  in-fol.    H.  F. 

Catttte  de  France,  1<S8.  —  Feller,  Mef.  hist. 

«RBAE  (Don  Diego),  Keutenant  de  Femancl 
Cortez  et  découvreur  d'une  partie  de  la  Colom- 
bie, né  à  Castro* Verde  (Léon),  mort  à  Paria 
(Nuara-Andalucia),  en  1533.  11  était  oflcier  de 
don  Diego  Velasqoez,  gouverneur  de  Cuba,  lors- 
que Femand  Cortex  entreprit  son  expéditioD 
vers  le  nouveau  continent.  Avec  l'agrément  de 
Velasquez,  il  se  mit  sous  les  ordres  de  Cortec, 
auquel  il  fournit  un  navire.  Cortez  loi  confia  le 
commandement  de  «en  infanterie  et  de  l'artille- 
rie :  il  dot  à  ce  capitaine  une  bonne  part  du 
succès  de  la  bataille  de  Ceutla  (25  mars  1519). 
Le  premier  des  Européens,  il  escalada  le  Po- 
pocatepeti ,  volcan  situé  À  boit  lieues  de  Tlas- 
cala  et  à  treize  de  Biexico  (âevé  à  17,716  pieds 
au-dessus  du  niveau  de  l'Océan).  peUe  entre- 
prise, accomplie  an  milieu  de  difécoltés  santi 
nombre,  fit  uue  grande  impression  snr  les  naturels. 
Charles-Quiut  en  ayant  eu  connaissance  autorisa 
Ordaz,  en  mémoire  de  cet  exploit,  à  porter  pour 
•rmes  un  volcan  enflammé  (22  octobre  1523). 
Onlaz  aoWH  partout  Cortex  dans  la  oonqn^  du 
Mexique  etde  la  Nouvelle-Espagne.  Il  partagea  ses 
revers  et  ses  succès .  oombattant  sans  cesse  à 
ses  cOlés  (  voy .  Gourez  ).  Par  ses  ordres  il  explore 
la  province  de  GMuraca,  située  à  quatre-vingts 
lieues  sud  de  Mexico.  Ordaz  y  pénétra  en  remon- 
tant la  rivière  de  Qiioaitzacualco,  et  y  forma  un 
établissemert.  il  fut  blessé  dans  la  terrible  nuit 
de  Mexico  (  30  juin  1 520  )  et  ne  dut  la  vie  qu'à  la 
vigueur  de  son  cheval.  Cortez  renvoya  peu  api^ 
en  Espagne  pour  faire  à  l'empereur  Charles- 
Quint  le  récit  de  la  conquête  du  Mexique.  Bien 
Mçn  pereoDueléement,  Ondaa  ne  rapporta  pas  à 
s«a  chef  é'aulurisation  positive  qn'il  sollicitait; 
aussi  Cortez  le  diargea-t-iJ  d'une  nouveUe  mis- 
sion pour  la  métropole,  vers  la  lin  de  1521.  U 


759 


ORDAZ  —  ORDELAFFl 


760 


lui  adjoignit  deux  autres  de  ses  ofBciers  intimes, 
Alonso  d^Avila  et  Antonio  de  Quinones.  Les  ea- 
^oyéè  {procuradores  )  de  Cortez  s'embarquèrent 
à  La  Vera-Cniz,  sur  trois  caravelles.  Ils  accom- 
pagnaient le  cinquième  (quint  real)  do  batin 
fait  au  Mexique.  Ils  touchèrent  aux  Açores 
après  une  heureuse  traversée.  Là  Juan  Rodri-' 
guez  de  Fonseca,  évêque  de  Borgos,  les  somma 
(25  janvier  lô22),  en  sa  qualité  de  président 
du  conseil  des  Indes,  de  comparaître  devant 
lui  dans  l'intervalle  de  trente  jours  et  de  four- 
nir un  cautionnement  de  30,000  ducats  ;  en  at- 
tendant il  fit  saisir  leurs  cargaisons.  Les  pro- 
xîuradores  ripostèrent  (16  juillet  1522)  par  la 
demande  de  mise  en  accusation  de  l'êvèque  de 
Burgos.  Le  roi  ordonna  au  prélat  de  ne  plus 
s'ingérer  dans  tes  afTaires  du  Mexique  et  fit  lever 
les  scellés  mis  sur  les  caravelles,  qui  purent 
reprendre  la  mer.  Mais  à  dix  lieues  du  cap  Saint- 
Vincent  elles  furent  attaquées  par  six  navires 
•de  La  Rochelle  aux  ordres  du  capitaine  protes- 
tant Florin.  Quinones  périt  dans  l'action  ;  d'Avila, 
lait  prisonnier,  fut  conduit  en  France,  où  il  de- 
meura trois  années.  Ordaz  seul  s'échappa,  et 
gagna  l'tle  Santa- Maria ,  d'où  il  put  se  rendre  en 
Espagne.  La  plus  grande  partie  da  butin  fut  per- 
due :  les  riches  dépooilles  des  Aztèques  allèrent 
grossir  te  trésor  de  sa  majesté  très-chrétienne, 
qui  les  accepta  en  demandant  «  à  voir  la 
clause  du  testament  d'Adam  qui  octroyait  à  ses 
frères  de  Castille  et  de  Portugal  le  droit  de  se 
partager  le  Non  veau-Monde?  —  <c£n  tous  cas, 
ajoota-t  -il,  je  sois  leur  frère  aîné  ». 

Ordaz  obtint  pour  Cortez  le  titre  de  capitaine 
ISénéral  etgouvemeorde  la  Nouvelle-Espagne,  avec 
la  permission  de  diviser  le  pays  eomme  il  le  ju- 
gerait convenable;  les  droits  souverains  lui  étaient 
concédés  à  l'exclusion  de  tout  antre  (  15  octobre 
1522).  Ordaz  retourna  annoncer  ces  nouvelles  à 
Cortez,  puis  revint  eo  Espagne,  il  obtint  de 
Charles-Quipt  de  soumettre  toot  le  pays  entre 
le  cap  de  la  Yéla  et  la  baie  de  yenezoela.  Il 
partit  de  San-Lucar  en  1531 ,  relâcha  aox  Cana- 
ries, et  de  là  fit  voile  pour  les  Bocasde  los  Dragos  ; 
côtoyant  ensuite  le  Paria,  il  pénétra  le  premier 
dans  les  embouchures  de  POrénoque,  et  remonta 
ce  fleuve  josqu'à  ceit  soixante  lieues.  Là  les  coo- 
rants  et  les  Indiens annés  de  flèches  empoisonnées 
lui  rendirent  la  navigation  impossible.  Il  descen- 
dit alors  le  fleuve,  et  relâcha  à  Paria.  Il  ftit  rap- 
pelé en  Espagne  pour  rendre  compte  de  ses 
découvertes.  Mais  il  mourut  avant  sonjretour,  et 
Geronimo  de  Ortal  continua  ses  découvertes. 

Lat  Cauft,  Hist.  de  las  IndUu,  Itb.  III,  CXIY-CXXII. 

—  Herrera,  HM.  général,  dcc.  Il,  Ub.  IV,  V|;  dcc  III, 
llb.  iïI-V;—  Pizarro  y  Orellaoa,  baronet   Ulustres,  ' 
p.  TS.  —  Oviedo,  sut.  de  las  IndUss,  Ub.  XXXIII,  cap.  v. 

—  Prescott,  Ctmqtiête  du  Mexique  ,  t.  I,  II?.  II,  p.  ifi». 
U3;  t.  II,  Ut.  III- V,  p.  S7.t9S. 

4IEDBLAFFI,  nom  d'une  famille  souveraine 
d'Italie  qui  régna  à  Forli  (Romagne)  do  treizième 
ao  seizième  siècle.  Les  principaux  membres  de 
cette  famille  sont  : 


ScARPETTA,  PiNo  ct  Bartolomveo  ,  troîs  frèi-es 
qui  embrassèrent  la  cause  gibeline  et  servirent 
vaillamment  sous  le  comte  Guido  de  Monte-Fd- 
troy  sdgneur  de  Pise  et  d'Urbino  (1272-1296), 
contre  les  Génois,  les  Florentins,  les  Lucqoois 
et  les  troupes  papales,  qu'ils  battirent  dans  plu- 
sieurs rencontres.  Us  possédaient  d'importants 
châteaux  aux  environs  de  Forli  :  les  habitants 
de  cette  ville ,  résolus  de  secouer  le  joug  do 
saint-siége,  les  placèrent  à  la  tête  de  leur  ma- 
gistrature. Us  gouvernèrent  heureusement  jus- 
qu'en 1310,  où  le  pape  (Bertrand  de  Goth  )  Clé- 
ment Y  céda  la  Romagne  à  Robert,  roi  de  Ka- 
pies.  Ce  monarque  vint  assiéger  Forli ,  et  s*ea 
empara  malgré  une  vigoureuse  défense.  11  en 
expulsa  les  gibelins,  et  jeta  les  trois  Oïdelaffi 
dans  les  fers  :  on  n'en  entendit  pins  parler. 

Francesco  prit  en  1341  part  à  la  guerre  dite 
de  Lucques ,  qui  se  termina  à  l'avantage  de$ 
Plsans  (  14  octobre  1342).  Il  eot  ensuite  de  vio- 
lents démêlés  avec  Clément  YI.  Une  excommo- 
nicaGon  et  one  croisade  forant  publiées  contre 
lui;  il  les  brava.  Lorsque  les  habitants  de  Forli 
lui  représentèrent  qu'une  résistance  serait  vaioe^ 
il  leur  répondit  qu*il  défendrait  jusqu'à  la  mort 
la  dernière  pierre  de  ses  États  plot(yt  que  de 
souffrir  aucune  spoliation.  II  confia  la  défense  de 
Cesena  à  sa  femme  Cia  (on  Marzia )  de'  Ubaldini, 
Allé  de  Yanni,  seigneur  de  Susinana ,  loi  ecuoi- 
gnant  de  résister  jusqu'à  la  dernière  extrémité  : 
ce  qu'elle  fit.  Quant  à  Francesoo ,  il  soutenait 
un  rude  siège  dans  Forli ,  et  força  deux  fois  Tar- 
mée  papale  à  s'éloigner  (aux  automnes  de  1367 
et  de  1358  )  ;  enfin,  le  4  juillet  1359,  il  dot  se  ren- 
dre, sans  conditions. 

PiMO  II  et  Cecco  m  furent  d'abord  cfaeis 
de  condottieri.  Cecco  se  mit  au  service  des  Yé- 
nitiens,  et  leur  rendit  de  grands  services.  Blessé 
le  19  octobre  1453,  à  la  prise  de  Ponte- Yioo,  H 
tomba  entre  les  mains  de  Francesco  Sforza,  duc  de 
Milan.  U  paix  de  Lodi  (9  aviil  1454)  le  rendit 
à  la  liberté  ;  mais  le  reste  de  sa  vie  ne  fut  qu'one 
longue  souflrance.  Pino,  reconnu  dans  la  souve- 
raineté de  Forii  par  le  pape  Paul  U  (1466),  se 
maintint  paisiblementdans  ses  États,  qo^i  einbel- 
lit  fort.  Il  reconstruisit  Foriimpopoli,  Satursoo, 
Rocca  d'£rmice  et  même  Forii.  Sa  cour  était 
splendide  :  il  y  attira  les  poètes  et  les  artistes 
les  plus  disthigués  de  l'Italie,  et  les  y  entretint 
magnifiquement.  Dès  1473  fl  associa  au  pouvoir 
son  fils  illégitime  Siniraloo  II ,  et  le  fit  recon- 
naître par  le  peuple  et  par  le  pape  Sixte  lY. 
Cette  précaution  n'empêcha  point  les  deux  fils 
de  Pino  II,  soutenus  par  leur  oncle  maternel  Ga- 
leotto  Manfredt ,  seigneur  de  Faenza,et  par  Fer- 
dinand 1*%  roi  de  Rapies,  d'attaquer  leur  coosin. 
Le  comte  Geronimo  Riario,  neven  de  Siite  lY, 
profita  de  cette  guerre  civile,  et  sons  le  prétexte 
de  mettre  les  rivaux  d'accord ,  introduisit  les 
troupes  pontificales  dans  Forii.  Maître  de  la  ci- 
tadelle, il  chassa  tous  les  Ordelaffi,  et  se  fit  ad- 
juger leur  patrimoine  par  son  oncle.  Les  princes 


761 


ORDELAFFI  —  ORDERIC  VITAL 

dépossédés  se  retirèrent  à  Venise,  dont  ils  de- 
vinrent citoyens,  et  Forli  demeura  depuis  à 


762 


rÉglise. 

Pogglo  Bracclolloo ,  Bitt.,  Mb.  ▼,  p.  SW-MS.  -  Re^Mj» 
de  Qucro,  ChrmiMn  TarvMnum,  p.  isi.  -  Kcrl  de 
GIDO  CapponI,  Commentar,  p.  ll«î.  -  annotes  Forojl- 
$ientes,  t.  XXIX,  p.  18WH9.  -  awnondl,  HUtoirê  (foi 
républi^MS  itaUennci. 

ORDENBR  iMickel),  général  français,  né  le 
2  septembre  1755,  à  Saint-Avold  (  Moselle  ),  mort 
à  Compiègne,  le  30  aoM  1811.  Entré  au  service 
dans  les  dragonsde  la  légion  de  Condé,  le  1«'  jan- 
▼ier  1773,  il  devint  brigadier  (7  novembre  1770), 
maréchal  des  logis  chef  (1"'  septembre  1785), 
adjudant  (23  mai  1787),  sous-lieutenant  (25  jan- 
vier 1 792  ),  lieutenant  (  23  mai  ),  capitaine  (  l«r  mai 
1793),  chef  d'escadron  (27  juillet  1794),  et  chef 
de  brigade  (  16  septembre  1798).  Il  fit  arec  hon- 
neur les  campagnes  de  la  révolution  aux  diverses 
années  de  la  république,  fut  nommé  chef  de  bri- 
gade de  la  garde  des  consuls  (  18  juillet  1800) 
et^général  de  brigade  (29  août  1803).  Une  expé- 
dition dont  il  fut  peu  après  chargé  lui  acquit  une 
certaine  célébrité.  Le  11  mars  1804,  Alex.  Ber- 
thier,  ministre  de  la  guerre,  lui  adressa  l'ordre 
de  se  porter  de  Schelesladt  sur  la  ville  d'Et- 
tcnheim  pour  y  opérer  l'arrestation  du  duc  d'En- 
ghien.  L'arrestation  accomplie,  Ordener  en  ren- 
dit compte  immédiatement  au  premier  consul; 
mais  il  ne  prit  aucune  part  directe  ou  indirecte 
à  Féxécution  du  prince.  Nommé  commandant  de 
la  Légion  d'honneur  (  14  juin  1804  ),il  fit  la  cam- 
pagne de  1805  sur  les  côtes  de  TOcéau,  passa  en 
octobre  à  la  grande  armée,  soutint  sa  réputation 
dans  la  campagne  d'Autriche,  et  se  distingua  sur- 
tout  à  Austerlitz,  ce  qui  lui  valut  le  grade  de  gé- 
néral de  division  (25  décembre  1805).  Couvert 
de  blessures^  et  ne  pouvant  plus  servir  son  pays 
sur  les  champs  de  bataille,  le  général  Ordener, 
appelé  an  sénat  le  19  mai  1806,  obtint  sa  retraite 
le.  25  octobre  suivant.  Enfin  Napoléon  le  créa, 
en  1808,  comte  de  Tempire,  premier  écuyer  de 
l'impératrice  et  gouverneur  du  palais  de  Ck>m- 
piègne.  H.  F. 

Fastes  de  la  Légion  d'Aonii««r,  t.  III.  —  Thier»,  MiU. 
dtt  eontulat  rt  de  Cêmpire.  —  Rabbc ,  Biogr.  port,  et 
wiv.  des  contemporains,  t.  V. 

;  ORDENER  (Michel),  général  et  sénateur 
français,  fils  du  précédent,  né  à  Huningue  (  Haut- 
Rhin),  le  3  avril  1787.  Engagé  volontaire  au 
11«  r^iment  de  chasseurs  à  cheval  (23  septem- 
bre 1802),  il  fut  admis  la  même  année  à  l'école 
d'application  de  Metz,  qu'il  quitta  pour  'entrer 
comme  sous-lieutenant  au  24^  dragons  (8  dé- 
cembre 1803  ).  Il  devint  peu  après  lieutenant 
an  2e  des  grenadiers  à  chevaH  servit,  avec  ce 
grade,  d'aide  de  camp  à  son  père ,  puis  an  gé- 
néral Duroc,  et  fit  auprès  d'eux  les  campagnes 
de  Pologne,  d'fispagne  et  de  Portugal  pendaitt 
lesquelles  sa  conduite  lui  mérita  d'être  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  (  14  mars  1806), 
et  capitaine  (7  août  1807).  Promu  chef  d'esca- 
dron (30  mars  1809),  il  passa  à  la  grande  ar- 


mée, fit  avec  elle  les  campagnes  de  Russie,  de 
Saxe  et  de  France,  devint- colonel  du  30^  I^égi- 
ment  de  dragons  (1812),  et  prit  une  part  active 
à  la  bataille  de  Waterloo.  Renvoyé  avec  demi- 
solde  en  octobre  1815,  M.  Ordener  ne  con- 
sentit à  reprendre  du  service  qu'après  la  révo- 
lution de  juillet.  11  fut  alors  nommé,  le  2  avril 
1831,  maréchal  de  camp  et  chargé  du  comman- 
dement du  département  de  Maine-et-Loire,  puis, 
à  différentes  reprises,  d'inspections  générales  de 
la  cavalerie,  et  obtint  enfin  le  grade  de  lieute- 
nant-général (22  avril  1846).  Après  avoir  com- 
mandé la  19*  division  militaire  (Bourges),  il  passa 
(4  mars  1848)  à  celui  dQ.la  16^  division  (  Caen), 
fut  fait  grand  officier  de  la  Légion  d'honneur 
(24  octobre  1848),  et  admis  en  1852  dans  le 
'cadre  de  réserve.  Le  26  janvier  de  cette  année, 
Louis-Napoléon  l'avait  appelé  au  nouveau  sénat. 

H.  F. 
Vaperetn,  Dict,  des  Contemp.  —  Doom,  partie. 
ORDBRIG  TITAL,  chroniqueur  français^  né  le 
16  février  1075,  à  Atcham  sur  la  Saverne.  Il 
eut  pour  père  Odelerius  d'Orléans ,  qui  avait 
suivi  Roger  de  Montgommeri  à  la  conquête  d'An- 
gleterre, en  1066.  A  l'âge  de  cinq  ans ,  il  fut  en- 
voyé à  l'école  à  Schrewsbury.  Son  maître ,  le 
prêtre  Siguard,  lui  apprit  à  lire  et  à  remplir  les 
fonctions  d'enfant  de  chœur  dans  l'église  Saint- 
Pierre-et-Sainl-Paul.  En  1085,  Odelerius,  vou- 
lant consacrer  son  fils  au  service  du  Seigneur, 
l'envoya,  avec  une  dot  de  30  marcs  d'argent, 
dans  le  monastère  de  Saint-Évroul ,  Tune  des 
abbayes  qui  jetaient  alors  le  plus  d'éclat  dans  la 
Normandie.  L'enfant  n'avait  alors  que  dix  ans.  Ce 
ne  fut  pas  sans  peine  qu'il  prit  les  habitudes  d'un 
pays  où  il  ne  connaissait'personne  et  dont  il  igno- 
rait la  langue.  Le  21  octobre  1085  il  fut  tonsuré 
et  admis  au  nombre  des  moipes  de  Saint-Evroul  ; 
il  prit  alors  le  nom  de  Vital,  parce  que  celui 
d'Orderic  sonnait  mal  à  l'oreille  des  Normands. 
Partageant  son  temps  entre  la  prière  et  l'étude, 
Orderic  se  concilia  bientôt  l'edtime  et  l'affection 
des  religieux  qui  l'entouraient.  Sa  vie  s'écoula 
dans  un  calme  profond,  et  les  solennités  dans 
lesquelles  il  reçut  les  ordres  sont  à  peu  près  les 
seuls  événements  auxquels,  à  notre  connais- 
sance, il  ait  pris  part.  Ordonné  sous-diacre,  le 
15  mars  1091,  et  diacre  le  26  mars  1093,  il  reçut 
l'ordre  de  la  prêtrise  à  Rouen ,  le  21  décembre 
1107.  En  1141,  la  vieillesse  et  les  infirmités  le 
forcèrent  à  mettre  un  terme  à  ses  travaux.  Il 
était  alors  âgé  de  soixante-six  ans.  On  ignore 
s'il  vécut  encore  longtemps  après  cette  époque. 
Si  nous  avons  peu  de  renseignements  sur  la  vie 
d'Oderic  Vital,  nous  trouvons  dans  l'ouvrage 
qull  nous  a  laissé  nombre  de  traits  qui  peignent 
son  caractère  et  nous  révèlent  ses  penchants , 
ses  habitudes  et  ses  connaissances. 

Orderic  avait  un  goût  prononcé  pour  les 
voyages;  mais  les  exigences  de  la  règle  monas- 
tique ne  lui  permettaient  guère  de  le  satisfaire. 
En  1105  il  était  en  France.  Vers  1115  il  passa 


763 


ORDERIC  VITAL 


764 


cinq  semaioes  daim  Tabkaye  de  Croilmd.  Dans 
un  autre  Toyage  ea  Angleterre,  U  vit  à  Wor- 
cester  un  manascrit  de  la  chroniqae  de  Marianus 
Sootus,  continuée  par  Florent  de  Worcester. 
Nom»  ignorons  à  quelle  époque  on  Im  naontra  dans 
le  monastère  du  Saiot-Sépolere,  à  Caïubrai,  un 
manuscrit  de  Sigebert  Peut-être  alla-t-il»  au 
mois  d'octobre  liid,  au  eoncîie  de  Reiras.  U 
est  certain  que  le  20  mars  1132  il  aieiata»  daoa 
la  baaUique  de  Cluu,  à  une  réunion  de  douze 
cest  douze  relit^eox  de  osi  crdn  fannei».  Le 
9  août  1134  il  se  troorait  m  Merleraiid»  quand 
un  violent  oraçe  éclata.  :  le  tendenaén  ià  se  train»- 
porta  au  TÎUage  de  Plancbea ,  pour  constater 
lui^méine  les  singuliers  effets  de  la  loadre,  qu'il 
a  décrits  dans  le  dernier  livre  d*  son.  histoire. 
Tels  sont  les  voyages  d'Orderic  dont  noua  avons 
pQ  recueillir  tes  traces.  Mais  si  cet  auteur  a  ra- 
rement va  les  événements  qu'il  raconte  et  les 
lieux  qui  en  furent  le  ttiéâtre,  ii  a  du  moins  en- 
tendu beaucoap  de  témoins  oenlairesw  De  son 
temps,  en  effet,  l'abbaye  de  Saint-Ëvroul  offrit 
un  asile  à  la  vieillesse  de  plusieurs  chevaliers 
qui  nvaient  pris  part,  aoàt  anx  expéditions  des 
Normands  en  Italie,  soit  aux  croisades»  soit  mt 
guerres  de  Guillaume  le  Conquérante!  de  ses  lils. 
Cette  abbaye  était  constamment  en  rapport,  d'une 
part ,  avec  l'ItaUc»  oà  elle  avait  envoyé  des  co- 
lonies peupler  les  torois  monastères  de  Sainte- 
Euphémie,  de  Venose  et  de  Melito  ;  d'antre  part, 
avec  l'Angleterre,  d'oè  elte  tirait  des  revenns 
considérables.  Au  retour  des  missions  qu'ils  al- 
laient remptir,  soit  dans  ces  deux  pays ,  soit  à 
la  cour  des  soMrvevains  pontifes ,  les  moines  s'ea»- 
pressaient  de  raconter  ce  qu'ils  avaient  observé 
dans  leurs  voyages.  SonvenI  aussi,  l'abbaye 
donnait  l'hospitaHlé  k  des  religieux  étranfers, 
qu'Orderic  savait  mettre  à  contribution.  Un 
'  joor,  on  moine  de  Wincliester  lui  montre  en 
passant  une  vi^  d»  saint  Guillamne ,  dont  les 
copies  étaient  exoessivenenl  rares  en  Normandie. 
Le  voyageur  était  pressé  de  partir  et  le  froid  en- 
{çonrdUsait  les  doigta  d'Oaderic  II  ne  laissera 
cependant  pas  Poeeasion  échapper  :  il  prend  i  U 
bAle  des  notes  qoi,  plus  tard ,  lui  pemettronl 
de  composer  à  loisir  ta  vie  do  fondatenr  de  i'aë» 
baye  de  GelloBe.  D'autres  fois ,  c'étaient  des  pè- 
lerins et  des  craisés  qnt  revenaient  d'Espagne  nu 
de  Palestine.  Corove  Gtnllaume  VU,  conte  de 
Boiten,  htanoMp  d'entre  eirx  aimaient  à  donner 
une  forme  poétii|ue  et  romanesque  au  récit  de 
leurs  aventures.  Orderic  les  écoutait  avec  un 
pienx  entlHMistaanie ,  et  c'est  sons  leur  inspira- 
t«oo  qu'il  a  raconté  »  en  prose  rimée  et  cadencée, 
phisienrs  épisodes  de  la  croisade ,  dans  lesquels 
In  fable  est  souvent  mêlée  à  la  vérité.  Dans  son 
anour  dn  merveillenx ,  Il  ne  négligeait  pas  les 
traditions  populaires,  il  leur  demandât  tantôt 
Tétymnlogie  des  noms  locaux ,  tantôt  l'origine 
des  débris  d'antiquités  qui  jonchaient  le  sol.  Il 
s'en  servait  pour  compléter  les  données  que  les 
documents  écrits  fournissaient  sur  la  vie  des 


saints.  C'est  encore  à  ces  traditions  quil  tant 
rattacher  la  chevauchée  infernale,  si  pittores- 
quement  décrite  dans  le  huitième  livre  de  l'âris- 
toire  ecclésiastique.  11  n'est  pas  jusqu'aux,  poèmes 
de  chevalerie  dont  l'édio  n'ait  pénétré  dans  le 
cloître  de  Saint-Evroiil.  Orderic  foit  des  allusions 
formelles  au  roman  de  Guillaume  au  Court-nez, 
aux  chansons  satiriques  de  Luc  de  la  Barre  et 
à  la  fable  du  géant  Boémond.  Ces  goOts  pour 
une  littérature  que  les  mattres  du  douzième 
siècle  devaient  trouver  bien  frivole,  s'alliaient, 
chez  Orderic  Tital ,  k  me  véHtable  instruction 
classique.  Il  était  famlUer  non-seulement  avec 
les  pères  de  TEglise,  mais  eneore  avec  pln- 
sieurs  auteurs  de  l'antiquité  païenne.  II  don- 
nait les  plus  sympathiques  applaudissements 
aux  efforts  des  grands  hommes  pour  déve- 
lopper la  culture  intellectuelle  dans  les  diffé- 
rentes classes  de  la  société  féodale.  S'élevant 
au-dessus  des  jalousies  qui  divisaient  tant  d*é- 
gUses  rivales ,  il  a  rendu  le  plus  éclatant  hom- 
mage à  la  célébrité  dont  jouissaient  alors  les 
écoles  du  Becy  et  a  parfaitement  caractérisé  l'im- 
pression que  tit  sur  les  contemporains  le  génie 
des  Lanfranc ,  des  saint  Anselme ,  des  Baudri 
et  des  HtldeberL  Comme  tous  les  beaux  esprits 
de  son  siècle ,  il  se  plaisait  à  composer  des  ven 
latins.  Il  parait  même  que  ses  talents  poétiques 
furent  remarqués  de  ses  compatriotes.  On  sV 
dressait  souvent  à  lui  pour  avoir  des  épitaphes, 
et  l'on  voit  qu'il  attache  un  certain  prix  aux 
pièces  de  vers  qu'il  a  composées.  Les  hommes 
distingués  qui  se  succédèrent  dans  l'adminis- 
tration de  l'abbaye  de  Saint-Evroat  reconnurent 
les  singulières  dispositions  dont  Orderic  était 
doué  pour  écrire  l'histoire.  Roger  du  Sap  et 
Guérin  des  Essarta  n^eurcnt  point  de  peine  k 
le  décider  à  se  mettre  à  Pœuvre.  Dans  te 
principe,  il  ne  s'agissait  guère  que  d'une  his- 
toire du  monastère  de  Saint- Evroul,  Histcria 
Ulicensis,  Animé  par  un  sentiment  de  reooa- 
naiaaanoe ,  Orderic  voohit  faire  passer  à  la  pos- 
térité la  mémoire  des  abbés,  des  moines  et<1es 
bienfaiteurs  de  la  maison  qui  était  le  plus  cher 
objet  de  ses  affections  sur  la  terre.  Biais  il  ne 
tarda  pas  à  élargir  son  hariaon ,  ci  non  con- 
tent de  raconter  les  événements  qui  a'aocom- 
piisaaient  de  ann  temps,  il  copia  on  abrég/ea  les 
éoritA  àè  9»  devanciers,  les  fit  entrer  dans  sa 
compihition»  et  finlA  par  transfbfner  son  envrage 
en  «ne  histoire  générale ,  qui  coninience  à  la 
prédication  de  l'Évangile  pour  ne  s'arrâter  qa'a 
l'année  1141  ;  mais  il  n'est  guère  entré  dam  des 
détails  circonstanciés  que  poar  les  événea«nii 
de  ià  seconde  moitié  dn  onaième  siècle  et  de  la 
première  moitié  du  douzième.  Uniqneneut  oc- 
cupé d'augmenter  la  masse  de  ses  rmaeii^ie- 
roents ,  Orderic  n'a  point  eu  le  loisir  de  les  oaor- 
donner  entre  eux  et  de  les  disposer  d'aprè»  on 
plan  régulier  et  méthodique.  Aussi  son  his^ 
toire  se  présente-t-elle  dans  un  désordre  dont 
M.  Guiaol  a  donné  en  ces  termes  une  idée  iort 


7C5 


ORDERIC  VITAL  —  ORDINAIRE 


766 


«xacte  :  «  Les  matériaux  semblent  jetés  pèle- 
méle  et  sekui  h»  hasard  qui  les  a  fait  tomber 
sous  Ja  main  de  l'auteur  :  tantôt  il  coupe  en 
plusieurs  portions  séparées  par  de  longs  inter- 
valles te  récit  do  même  événement;  tanidt  il  re- 
paie plusicnrs  fois  le  même  récit;  le  lecteur  est 
souvent  surpris  dn  bizarre  rapprochement  des 
temps,  ded  lieux ^  des  sujets  les  plus  divers; 
ancun  art,  aucune  méthode  ne  se  laisse  entrevoir 
dans  ce  nombre  immense  de  faits ,  et  quand  on 
considère  Touvrage  d'une  seule  vue  et  dans  son 
ensemMe,  il  est  impossible  de  ne  pas  être  sur- 
toat  kvppé  de  cette  prodif^se  confusion.  » 

Telle  que  nous  la  possédons ,  Y  Histoire  ec- 
clésùtftiqu^  d'Orderic  Vital  se  divise  en  trois 
livres,  qui  ont  été  écrits  dans  la  période  com- 
prise entre  les  années  1123  et  1142.  Une  lacune 
est  à  regretter  dans  le  septième  Frrre.  Les 
défauts  qui  viennent  d*étre  signalés  dans  la 
disposition  générate  de  V Histoire  eeetésiasti' 
que  sont  rachetés  par  d^éminentes  qnaRtés.  Au 
lieu  de  ces  notes  arides  dont  se  composent  la  plu- 
part des  chroniques  du  douzième  siècle ,  Orderic 
nous  offre  des  narrations ,  des  tableaux ,  des 
portraits ,  des  discours,  en  nn  root  de  Fhistonv 
telle  qa'on  l'a  comprise  dans  l'antiquité  et  dans 
les  tempe  modernes.  Parfois  même  la  chaleur 
de  la  compoeillon  fait  dépasser  le  hnt.  L'écri- 
vain se  laisse  entrahier  par  rimaginatton  ;  il 
confond  alors  ce  qui  s'est  fait  avec  ce  qui  s'est 
pu  faire;  if  sacrifie  tout  au  désir  de  plaire  et 
d'intéresser,  au  besoin  de  remplir  ses  périodes 
•t  de  faire  ce  qu'on  appelferait  aujourd'hui  de  la 
couleur  locale  ou  du  roman  historique.  On  ne 
saurait  cependant  contester  qu'il  n'y  ait  un  grand 
fonds  de  vérité ,  même  dans  les  morceaux  qui 
portent  la  plus  profonde  empreinte  de  l'art  et 
du  travail. 

Orderic  ne  se  fait  pas  seulement  remarquer 
par  rentettte  de  la  composition  littéraire;  il  n'a 
pas  pour  but  unique  de  raconter  ;  arant  tout , 
il  juge  et  enseigne.  Du  Tond  de  son  monastère, 
«  où  il  n'attend  rien  dn  vainqueur  ni  du  vaincu  », 
ii blàrae  oe  qui  loi  semble  blâmable,  même  chez 
ses  héros  de  prédilection  ;  it  prend  en  pitié  les 
Malheurs  des  opprimés ,  se  moque  des  ridicules 
de  la  mode  et  trouve  toujours  un  sens  moral  et 
migwmaux  événements  qui  s'accompRssent  au- 
tour <le  lui.  Mais  le  genre  de  mérite  qui  distingue 
^  ph»s  baut  degré  rjETiJi^oire  ecclésiastique 
d'Orderic  Vital  et  en  foit  l'un  des  ouvrages  les 
Phis  orighiaux  de  la  littérature  dn  moyen  âge , 
c^est  le  soin  minutieux  avec  lequel  l'auteur  a  re- 
cueilli des  faits  qui  au  premier  aspect  pouvaient 
pwattre  insignifiants,  des  détails  que  dédaignent 
la  plupart  des  chroniqueurs.  Aussi  M.  Guizot  a 
po  dire  sans  exagération  i|ue  «  aucnn  livre  ne 
cootient  sur  l'histoire  des  onzième  et  douzième 
siècles,  sur  l'état  politique,  civil  et  religieux  de 
la  société  en  Occident,  sur  les  mœurs  féodales, 
monastiques  et  populaires,  tant  et  de  si  précieux 
renseignements  ».  La  meiHenre  partie  de  l'exem- 


plaive  original  de  V Histoire  ecclésiastique  nous 
est  parvenue.  Ce  précieux  manuscrit  est  conservé 
k  la  Bibliothèqne  impériale  en  trois  volumes,  dont 
deux  forment  le  n*  5506  du  fonds  latin ,  et  le 
troisième  le  n.  11 35  du  supplément  hitin.  0e  cet 
exemplaire  paraissent  avoir  été  détachés  49  feuil- 
lets qui  sont  au  Vatican  sous  le  n.  70S  du  fonds  de 
la  reine  de  Suède.  La  main  qui  a  tracé  ce  manus- 
crit se  reconnaît  dans  plusieurs  articles  do  ma- 
nuscrit des  Annalos  de  Saint-Ëvroul  (Bibl.  imp., 
soppl.  lat.,  n.  801  ),  dans  les  manuscrits  6  et 
14  de  la  bibliothèque  d'Afençon  et  dans  les  der- 
niers cahiers  dn  manuscrit  latfn  GS03  de  1^ 
Bibliothèque  impériale.  H  ne  serait  pas  içipos- 
sible  que  plusieurs  des  pieuses  compositions 
contenues  dans  ces  manuscrits  fussent  l'œuvre 
d'Orderic. 

Au  seizième  sîècfe ,  Guillaume  VïdKn,  moine 
de  Saint- Evroul ,  et  La  Croix  du  Maine  eurent 
Pintention  de  fiûre  imprimer  V Histoire  ecclésias- 
tique d'Orderic  Yltal.  Leur  projet  ne  fut  pas 
réalisé.  La  première  édition  de  l'ouvrage  ne 
parut  qu'en  1619,  dans  le  recueil  de  Duchesne 
intitulé  Historiœ  Normannorum  scrip  tores. 
Une  notable  portion  def^isfoire  ecclésiastique 
est  entrée  dans  les  tomes  IX,  X,  XI  et  XII  de 
la  collection  des  historiens  de  France.  Des  frag- 
ments moins  étendus  furent  compris  dans  l'ex- 
trait do  recueil  de  Duchesne  que  Fr.  Maseres 
publia  à  Londres,  en  1807.  Une  excellente  édi- 
tion de  V Histoire  ecclésiastique ,  revue  sur  le 
manuscrit  original ,  accompagnée  d'une  notice  ^ 
de  notes  et  de  tables,  a  été  donnée  par  M.  Au- 
guste Le  Prévost,  sous  tes  auspices  et  aux  fVais  de 
la  société  de  l'Histoire  de  France  (Paris,  1838- 
1855,  cinq  vol.  in-8«).  Le  tome  CLXXXYIII 
de  la  Patrologie  de  l'abbé  Hlgne  est  rempli  par 
l'ouvrage  d'Orderic;  l'éditeur  anuooce  avoir 
suivi  les  éditions  de  Duchesne  et  des  conti- 
nnateors  de  D.  Bouquet  M.  Louis  Dubois  a 
donné,  en  1825,  une  traduction  française  de 
rhistoire  d'Orderic  Tital  dans  la  Collection  des 
mémoires  relatifs  à  rhistoire  de  France  ^ 
publiée  par  M.  Guizot.  ^  En  1833  et  1854, 
M.  Thomas  Forester  a  fait  paraître  les  trois  pre- 
miers volumes  d*one  version  anglaise  du  même 
ouvrage  (Londres,  Bohn,  in-i2  )• 

L.  Dblislb  (de  llnsfitnt). 

Vofr  la  JHàtice  qui  aceompagac  rédlliood'Oréerlc  Vital 
publiée  par  H.  Le  Prévost  pour  la  Société  de  l'HiitoIre 
de  France» 

ORDiffAiRB  (Claude-Nicolas) ,  natnralfste 
français,  né  en  1736,  à  Salins,  mort  le  15  août 
1808,  à  Clermont-Ferrand.'  Admis  dans  la  con- 
grégation de  l'Oratoire,  il  se  livra  d'abord  k 
renseignement  ;  pourvu  ensuite  d'un  canonicat 
à  Riom ,  11  suivit  son  goût  pour  les  sciences 
naturelles  et  rapporta  de  ses  excursions  dans  les 
campagnes  de  l'Auvergne  une  riche  collection 
de  plantes  et  de  produits  volcaniques.  H  fut 
chargé  de  montrer  à  mesdames,  filles  de  Louis  XV, 
les  éléments  de  l'histoire  naturelle.  Déporté  en 


767 


ORDINAIRE  —  OREGIO 


76S 


1793  poar  refus  de  serment  k  la  constitution  ; 
civile  du  clergé,  il  parcourut  la  Suisse,  TAlle- 
magne  et  l'Angleterre,  rentra  en  Eranceen  1803, 
et  fut  nommé  bibliothécaire  de  Clermont-Fer- 
rand.  On  a  de  lui  un  ouvrage  très-estimé  sur 
Vffistoire  naturelle  des  Volcans;  Paris,  1802, 
in-8«>,  6g. 

Ordinaire  a  laissé  deux  neveux  qui  ont  embrassé 
la  carrière  de  l'enseignement.  L'un ,  Ordinaire 
(Jean» Jacques  ),  né  en  1770,  à  Besançon,  mort 
en  1843,  a  été  proviseur  du  Lycée,  puis  recteur 
de  l'Académie  de  cette  ville,  et  a  créé  un  nou- 
Teau  système  pour  l'étude  des  langues  {Méthode; 
Paris,  1820,  in-12}.  L'autre,  Ordinaire  ( Z>e- 
siré)\  né  en  1773,  à  Besançon,  mort  en  1847,  y 
a  professé  l'histoire  naturelle  ;  recteur  de  l'aca- 
démie de  Strasbourg  en  1824,  inspecteur  général 
de  l'université,  il  est  devenu  en  1831  ou  1832 
directeur  de  l'Institut  royal  des  sourds-muets, 
place  qu'il  occupa  pendant  huit  ans  environ.  Il 
est  auteur  d'un  bon  Essaï  sur  Véducation  du 
sourd-muet  (Paris,  1836,  in-8°). 

Biographie  nouv.  des  Contemp»  —  lAtter.  franc, 
eontemp. 

ORDOGNO  1*',  roi  des  Asturies,  mort  le 
17  mai  866,  à  Oviedo,fut  proclamé  en  847  ool- 
*lègue  de  Ramire  I^^,  son  père ,  et  lui  succéda 
en  850.  Presque  tout  son  règne  fut  troublé  par 
la  lutte  qu'il  soutint  oontre  les  Maures.  D'abord 
battu  par  eux,  il  fortifia  les  villes  de  Léon  et 
d'Astorga,  où  il  institua  des  évéques,  s^empara 
d'Albaîda ,  et  tailla  en  pièces  l'armée  de  Mousa, 
général  du  sultan  de  Cordoue.  La  conquête  qu'il 
fit  en  862  de  Salamanque  fut  un  de  ses  plus  glo- 
rieux exploits.  Alfonse  III,  son  fils,  lui  succéda. 

Ordogno  II,  roi  de  Léon  et  des  Asturies , 
mort  en  septembre  923,  à  Léon.  Fils  d'Alfonse  III 
et  successeur  deGarcie  I"  (913),  il  quitta  Oviedo 
pour  établir  sa  résidence  à  Léon.  Il  combattit 
aussi  contre  les  musulmans,  leur  prit  Talaveira- 
de-la-Reyna,  et  les  défit  en  916,  près  de  Saint- 
Étienne-deGormaz.  Allié  des  Navarrais,  il  par- 
tagea l'échec  qu'ils  essuyèrent  dans  la  funeste 
journée  du  Val  de  Jonquera  (921).  Troïla  11  lui 
succéda. 

Oruogno  III,  mort  en  août  955,  fut  proclamée 
Zamora,  en  930,  roi  de  Léon  et  des  Asturies  à  la 
mort  de  son  père,  Ramire  II.  Trois  ans, après  il 
se  rendit  maître  de  Lisbonne,  et  en  rasa  k»  mu- 
railles. Sanche  T',  son  frère,  lui  succéda.; 

Ordogno  IV,  fils  d'Alfonse  IV,  contesta  la 
couronne  de  Léon  à  Sanohe  1"',  et  eut  assez  de 
partisans  pour  le  forcer  à  se  retirer  en  Navarre 
(955).  Ce  dernier,  ayant  été  rétabli  en  960  avec 
le  secours  d'Abdérame,  roi  de  Cordoue,  l'usur- 
patenr  s'enfuit  lûchement,  et  mourut  bientôt 
dans  un  village  de  l'Andalousie.  11  avait  été  sur- 
nommé le  Mauvais. 

jirt  de  vérifier  let  dates. 

ORDRE  (  D'  ),  nom  d'nne  famille  originaire  de 
Picardie,  et  qui  a  produit  quelques  personnages 
distingués,  entre  autres  :  Claude-Guillaume' 


Victor -Jean 'Baptiste  dv  Wicqlet,  naroa 
d'Ordre,  né  en  1752,  près  Boulogne-sar-Mer. 
mort  le  8  décembre  1809,  k  Aire;  il  était  capitaine 
d'infanterie  à  l'époque  de  la  révolution  ;  après 
avoir  émigré,  il  rentra  en  France,  et  fut  en  1793 
enfermé  dans  les  prisons  d'AbbeviUe,  ooBune 
suspect  Mis  à  en  liberté  après  le  9  therraidor, 
il  devint  l'un  des  agents  les  plus  actifs  du  comte 
de  Provence,  qui  lui  donna  le  grade  de  maréchal 
de  camp. 

Louis-Alexandre  d'Ordre,  capitaine  au  ré- 
giment de  Picardie,  a  publié  quelques  aouvelles 
en  prose  et  un  Àlmanach  des  fabulistes  (  Pa- 
ris, 1814-1815,  2  vol.  in-18  fig.). 

Antotne-Marie-Guitlain^Vicùaïtt  d'Ordre, 
né  en  1751,  à  Calais,  mort  en  1832,  à  Boulogne, 
suivit  aussi  le  métier  des  armes.  Outre  pla- 
sieurs  ouvrages  inédits,  il  a  écrit  :  Notice  kis- 
torique  sur  la  ville  de  Desvres  ;  1811,  in-i2; 

—  Philosophie  du  cœur^  Paris,  1811,  in-lg; 

—  Quatrains;  Boulogne,  1829,  in-8^. 

Soff  fils,  né  en  1780,  à  Waben,  près  Hoo- 
treuil-sur-Mer,  fut  nommé  sous  l'empire  inspec- 
teur des  eaux  et  forêts  du  Pas-de-Calais ,  et 
garda  cet  emploi  jusqu'en  1830.  On  a  de  lui: 
Les  Exilés  de  Parya,  poème,  Paris,  1820, 
in-8*';  —  Le  Siège  de  Boulogne  en  1544, 
poëme;  Boulogne,  1825,  in- 8'',  fig.;  —  Chants 
d'amour  et  de  fidélité ,  Paiis,  1835,  in-r*;  ^ 
Les  dernières  Inspirations  du  barde,  Paris, 
1838,  in-12; — Souvenirs  du  forestier;  Paris, 
1840,  in-8''.  —  Sa  femme,  Sophie  d'OaDRE,  est 
auteur  de  plusieurs  ouvrages  littéraires  doot 
les  sujets  sont  tirés  des  annales  de  la  Snisse, 
sa  patrie. 

Qoérard .  La  Pranee  littéraire. 

ORBGio  (  Agostino  ),'tevant  prélat  italien,  né 
en  1 577,  à  Santa-Sofia,  bourg  de  la  Toscane,  moK 
le  12  juillet  1635,  à  Bénévent.  Envoyé  à  Route 
pour  y  faire  ses  études,  il  courut  le  même  daa- 
ger  que  Joseph  dans  la  maison  de  Putiphar,  et 
eut,  comme  lui,  la  force  de  s'y  dérober  par  la 
fuite.  Ce  trait  de  vertu  toucha  vivement  le  car- 
dinal BoUarmin;  il  prit  le  jeune  écolier  en  af- 
fection, et  le  fit  élever  à  ses  frais  dans  un  col- 
lège noble.  On  dit  qu'il  apprit  le  grec  à  force 
de  voir  et  d'entendre  son  patron  écrirejet  disputer 
dans  cette  langue.  Après  avoir  été  théologien  do 
pape  Urbain  VIII,  il  devint  le  18  novembre 
1633  cardinal  et  archevêque  de  Bénéveot  Le 
recueil  de  ses  œuvres  a  été  publié  par  son  ne- 
veu (Rome,  1637,  in-fol.  );  on  y  remarque  uot 
dissertation  (Aristotelis  vera  de  rationalis 
animx  immortatitate  sententia ,  Bologne, 
1621,  in-4°),  écrite  par  ordre  du  cardinal  Bar- 
berini  (depuis  Urbain  VIII),  et  dans  laquelle 
il  s'efforce  de  justifier  Aristote  du  reproche  de 
matérialisme.  D'autres  traités  du  même  prélat, 
De  Deo^Ve  Trinitate,  De  Incarnatione,.I>f 
Angelis,  De  peccatis,  etc.,  réimprimés  fré- 
quemment, ont  été  pçndant  longtemps  en  usage 
dans  les  séminaires  dUtalie. 


769 


OREGIO  —  ORELLANA 


770 


Oldoial,  yum  ponti/lcum  H  cardinaUaMi.  —  RotsI , 
PinacolÂeca,  4o.  ->  Journal  dé  TrivouXt  julU.  1718. 

o'RBiLLT  (Alexander^  comte),  général  es- 
pagnol,  d'origine  irlandaise,  né  en  1725,  mort 
dans  un  village  près  Cbinchilla  (Morde),  le 
23  mars  1794.  Sa  famille  était  fort  ancienne.  Il 
entra  an  serrice  de  l'Espagne  comme  sous-lieu- 
tenant dans  le  régiment  irlandais  d'Hibemie,  et 
combattit  en  Italie  durant  la  guerre  de  la  suc- 
cession à  l'Empire.  Il  y  reçut  une  blessure  qui 
le  rendit  boiteux  le  reste  de  sa  vie.  En  1757,  il 
passa  au  service  d'Autriche,  et,  sous  les  ordres 
du  comte  de  Lascy,il  se  distingua  contre  les  Prus- 
siens à  Hochkirch  (1758).  L'année  suivante  il  en- 
tra dans  l'armée  française,  et  assista  à  la  bataille 
de  Berghen  (13  avril  1759),  à  la  prise  de  Minden 
(9  juillet  1759),  de  Corbach  (10  juillet  1760).  La 
guerre  ayant  éclaté  entre  l'Espagne,  l'Angleterre  et 
le  Portugal,  O'Reilly  obtint  sa  réintégration  dans 
les  rangs  espagnols  avec  le  grade  de  lieutenant- 
colonel.  Nommé  brigadier,  H  battit  les  Portugais 
devant  Chaves  et  s'empara  de  cette  ville  (2  juin 
1762  ).  L'arrivée  d'une  aimée  anglaise  aux 
ordres  de  Burgoyne  arrêta  les  succès  des  Espa- 
gnols, et  la  paix  de  Paris  (  10  février  1763)  vint 
rendre  O'Reilly  aux  loisirs  de  la  vie  de  garni- 
son ;  il  les  employa  à  Introduire  dans  les  troupes 
espagnoles  les  manœuvres  allemandes.  Promu 
maréchal  de  camp,  O'Reilly  fut  envoyé  à  La  Ha- 
vane comme  commandant  en  second.  11  prit 
possession  de  la  Louisiane  (Juin  1768),  qui  ve- 
nait d'être  cédée  à  l'Espagne  par  la  France.  De 
retour  en  Espagne,  il  devint  gouverneur  de  Ma- 
drid et  inspecteur  général  de  l'infanterie.  II  re- 
çut Le  commandement  supérieur  de  l'expédition 
dirigée  contre  Alger.  Le  choix  de  cet  Irlandais 
excita  la  jalousie  et  le  mécontentement  d'une 
grande  partie  des  officiers  espagnols,  et  fut  une 
des  causes  du  mauvais  succès  de  l'entreprise. 
Charles  IIT,  n'osant  pas  lui  rendre  le  gouverne- 
ment de  Madrid,  le  nomma  gouverneur  de  Cadix 
et  capitaine  général  de  l'Andalousie.  An  mois 
d'aTril  1786,  O'Reilly  fut  destitué  de  tous  ses 
emplois  et  relégué  en  Galioe  avec  une  faible 
pension. 

Bibgrapkiê  modenkê;  Paris,  1806.  —  P.-N.  Chanlreao, 
Latrt*  écrite*  de  Bareei&ne  à  un  zéleUevr  de  ta  H' 
berté,  etc.;  Paris,  1791  el  17M,  lo-tf*.  —  Bourgoing,  Ta' 
bieau  de  f Espagne  modem»;  P«rlii,  s  vul.  1d-8*;  1. 1, 
p.8t9;t.II,  p.  106  ;  tlll,  p.  1S9.  —  G.  Uynadler  et  G.Uaa- 
wl,  jttgérie;  Parts,  1849,  p.  lu.  —  Ch.  Guyaré,  Eseal 
Mitorique  iur  la  Louisiane,  1. 1,  chap.  tiix.  —  Le  che- 
▼aUer  de  Champ^Dj,  État  de  ta  Louisiane  {  La  Haye, 
irre.  —  Ch.  Paquis  et  Dochez,  HUt.  d'Sspa§He»  t  11, 
Uf.  IV,  cliap  II,  I  8,  p.  iOS. 

O'REILLY  (Andréa  comte),  feld- maréchal 
autrichien,  né  en  Irlande,  en  1 740,  mort  à  Vienne, 
en  1832.  Il  prit  fort  jeune  le  parti  des  armes,  et 
s'engagea  dans  Tarmée  autrichienne,  oh  il  ne 
tarda  pas  à  se  faire  distinguer.  Il  fit  sous  le 
règne  de  Marie-Thérèse  la  guerre  de  Sept  ans 
(1756-1763)  et  sous  celui  de  Joseph  H  les  cam- 
pagnes contre  les  Tares.  Il  étnit  major  iorsiqiie 
éclata  la  guerre  entre  l'Autriche  et  la  France 
(20  avril  1792);  il  se  signala  à  l'afTaire  de  Mar- 

NOCV.  BIOGR.  GÉ^ÉR.  —  T.   XIXVUI. 


diiennes  (31  octobre  1793),  fut  nommé  officier 
général,  et  montra  de  nouveau  sa  valeur  à  la 
bataille  d'Aroberg  (23  août  1796),  au  combat 
d'Ulm  (24  septembre  1796),  etc.  Lorsque  les 
Français,  commandés  par  Morean,  passèrent  le 
Rhinà  Kehl  (20  avril  1797),  et  mU^nt  en  dé- 
route les  Autrichiens,  le  comte  d'O'  Reilly  tomba 
blessé  entre  les  mains  des  vainqueurs;  mais  il 
ne  tarda  pas  à  être  échangé,  et  remplit  plusieurs 
commandements  à  l'hitérieiu'.  Il  combattit  à 
Austerlitz  (2  décembre  1805)  à  la  tète  d'un 
corps  de  cavalerie,  et  parvut  à  opérer  sa  retraite 
sans  être  entamé.  En  i809  il  servit  sous  les 
ordres  de  l'archiduc  Maximilien,  et  fut  investi  du 
oommandement  de  Vienne  lorsque  les  Français 
se  présentèrent  devant  cette  capitale.  Après  un 
bombardement  de  quatre  heures,  voyant  que 
toute  résistance  ne  pouvait  que  compromettre  le 
salut  de  la  ville,  il  capitula  le  12  mai  1809.  De- 
puis cette  époque  il  ne  servit  plus  activement. 
II  mourut  à  l'âge  de  quatre-vingt-douze  ans, 
feld -maréchal  et  commandeur  de  l'ordre  de 
Marie-Thérèse. 

Le  Moniteur  universel,  ann.  1808,  p.  818.  —  BiogrOf 
phie  étrangère i  Part»,  1819. 

ORELLANA  (fyancûco),  conçulstador,  qui 
descendit  le  premier  le  fleuve  des  Amazones, 
né  à  Truxillo,  mort  dans  la  Guyane  brésilienne, 
en  1550.  Ami  d'enfance  des  Pizarre,  il  s'attacha 
à  leur  fortune  et  les  suivit  dans  leurs  aventures. 
11  prit  une  part  active  à  la  conquête  du  Pérou. 
Genxalo  Pizarro  partit  de  Quito  le  25  décembre 
1539,  avec  trois  cents  Espagnols  et  quatre  mille 
Indiens  ;  il  fut  rejoint  dans  la  vallée  de  Znraaxa 
par  Orellana,  qui  lui  amena  cinquante  cavaliers 
et  qu'il  nomma  son  lieutenant  général.  Les  deux 
aventuriers  s'avancèrent  dans  la  direction  de 
l'est,  et  atteignirent  le  pays  de  Coca,  oii  ils  sé- 
journèrent un  mois  et  demi  à  Zumaco.  Gonzalo 
et  Orellana,  se  mettant  À  la  tète  de  leur  cavale- 
rie, suivirent  le  cours  de  la  rivière  durant  qua- 
rante-trois jours.  Ils  avaient  ramassé  environ 
cent  mille  livres  d'or,  lorsque,  manquant  de  tout, 
ils  s'arrêtèrent  dans  le  pays  de  Guema.  Ils  cons- 
truisirent un  brigantin,  et  Orellana,  avec  cin- 
quante hommes  des  plus  valides,  s'embarqua 
pour  aller  chercher  des  vivres.  Il  descendit  la 
Coca  plus  de  cent  lieues.  Il  reucoutra  alors  le 
Napo  (31  décembre  1540),  et  s'abandonna  à 
ce  nouveau  cours  d'eau  :  dès  lors  il  conçut 
Fespoir  de  se  rendre  souverain  du  pays  qu'il 
parcourait.  Ses  principaux  compagnons ,  le  do- 
minicain frà  Gaspar  de  Carjaval,  et  Heruando 
Sanchez  de  Vargas,  gentilhomme  de  Badajoz, 
l'accusèrent  d'outrepasser  les  ordres  de  Pi- 
zarro. Il  s'en  inquiéta  peu  :  sûr  de  ses  fM)ldats, 
il  abandonna  les  mécontents  sur  la  rive  du 
fleuve,  oii  ils  furent  recueillis,  bien  longtemps 
après  par  Gonzalvo  Pizarro,  et  passa  outre.  Ses 
compagnons  donnèrent  le  nom  â^Orellana  au 
fleuve  qu'ils  descendaient.  Le  8  janvier  ils  s'ar- 
rêtèrent chez  une  tribu  où  ils  reçurent  un  fra« 

25 


771 


OBELLANA  ^  ORELLI 


772 


ternel  atuïucil  ;  fls  deftcaidirent  encore  deux  caats 
lieues  jusqu^à  Âparia^  où  le  cacique  les  reçut 
avec  bien veil lance  et  leur  recoiDroanda,  eo  les 
quittant,  de  prendre  ^arde  aux  Coniapaymra 
(  Amazones },  dans  le  pays  desquelles  Us  allaicot 
entrer.  OrellanacoaUnuasou  voyage  (24  avril)  ^«1 
pendant  une  aiaTJgatioo  de  quatre-viqgis  lieues 
il  ne  put  que  débarquer  parement,  tant  les  jîves 
du  fleuve  étaient  escarpées.  Les  naturels,  f  ud- 
que  bien  armés  et  d'un  aspect  belliqueux,  lui 
furent  secourables.  Le  12  mai,  il  .parvint  dans 
la  province  de  Mach^paro.  Il  y  fut  attaqué  par 
environ  douze  mille  Indiens,  qui    durant  deux 
jours  «t  deux  nuits  le  poursuivirent  sans  relâche. 
Toujours  nageant  et  combattant,  K  érjiappa  à  ses 
ennemis.  U  traversa  ensuite  un  pays  inhabité 
Tespacede  deux  cents  lieues,  let  «!arrôta  au  con- 
Auejit  d'un  rivière  qu^il  nomma  Rio  de  la  Trini- 
dafi.  Cent  lieues  plus  bas.  il  entra  sur  le  territoire 
des  Paguanaêf  où  il  eut  dirCérents  combats  à  sou- 
tenir contre  les  indigènes.  iLe  7  juin  il  était  chez 
les  Picotas  f  qu'il  nomma  ainsi  parce  qu'il  remar- 
qua  sur  les  rives  des  têtes  humaines  tioliées  sur 
des  piques.  Emporté  par  sa  fougue  de  décou- 
Tertes,  le  22  il  arrivait  dans  un  pays  tributaire 
des  Coniapayara.  Dix  ou  douze  de  CfS  Amazone^ 
y  commandaient.  Elles  étaient  grandes,  robustes 
et  blondes ,  portaient  leurs  cheveux  en  tresses, 
allaient  nues,  étaient  armées  d'arcs  et  de  flèches 
et  semblaient  descendre ,   par  leurs  traits  et 
leurs  aHures,  d*une  race  septentrionale.  Les  Es- 
pagnols en  tuèrent  sept  ou  huit.  Malgré  sa  vic- 
toire, Orellana  ne  crut  pas  prudent  d'attendre 
une  nouvelle  attaque;  il  se  rembarqua.  Il  cal- 
culait alors  avoir  parcouru  plus  de  quatorze 
cents  lieues.  Cent  cinquante  lieues  plus  bas,  il 
abordait,  le  24  juin,  à  im  pays  bien  peuplé,  qu'il 
nomma  San-Juan.  Il  passa  ensuite  auprès  de 
plusieurs  Iles,  d'où  sortirent  plus  de  deux  cents 
pirogues,  montées  chacune  de  trente  à  quarante 
Indiens  Lés  Espagnols  les  rei)Ouss(^'eoL,  .naais  uon 
sans  perte.  Ces  Mes  considéralUes  et  fertiles 
obéissaient  k  un  chef  nommé  Caripuna.  Orel- 
lana donna  ce  nom  à  tout  l'arcliipel  :  il  remar- 
qua, dans  le  fleuve  qu'il  suivait  ,|ioar  la  i|»re- 
mière  fois,  le  flux  de  la  marée.  Il  eut  un  nou- 
Teau  combat  à  soutenir  <lans  le  pays  de  Chipayo , 
où  il  débarqua  pour  réparer  son  b&timent.  11 
remit  k  la  voile  le  8  août,  et  après  de  nouveaux 
dangers  débouqua  par  le  golfe  de  Paria,  dans 
l'océan  Atlantique  équinoxial  (26  août)»8ans  sa- 
Toir  où  il  était.  Suivant  Acui^a,  il  doubla  un  cap 
(celui  du  ^'ord  ),  à  deux  cents  Itoues  de  la  Tri- 
nidad,  et  le  11  septembre  il  mouilla  siu*  llle  de 
Cnbaiia.  La  navigation  d'Orellana  dura  huit  mois, 
et  iïuivant  son  estimation  il  avait  fait  dix -huit 
cents  lieues  depuis  l'endroit  où  il  s'était  embar- 
qué sur  l'Amazone  ju.<iqu'à  I  Océan,  bien  que  le 
cours  de  ce  fleuve  en  ligne  directe  n'ait  pas  plus 
de  sept  cents  lieues. 

On^llana  partit  alors  pour  l'Espagne,  où  il  ap- 
porta 200^000  marcs  d'or  «t quantité  d'émAcaudes 


qoe  GoonlD-Pizarro  4uî  «vait  ooniiés.  Il  sottieita 
le  gouvernement  de  1*innnen8e  pays  quH  Tenait 
de  découvrir.  Le  roi  Charles-Qnint  liù  accorda 
sa  demande,  et  donna  le  nom  de  Nueva-Andû- 
Itteia  à  la  nouviille  découTerte.  Quatre  navires 
forent  mis  'k  la  disposition  dn  conquistador,  qui 
réunit  qnirtre  cents  hommes,  presque  tons  noblfê, 
et  s^emtnrqua, le  il  mai  1544,  àSaa-Lucar.  Ar- 
Tiré  aux  Canaries  après  une  navigation  longue 
^  pén!f>Ie,  il  y  perdit  un  navire  et  cent  qua- 
rante-huit âes  siens,  il  séjourna  trois  mois  à 
TénérfiTe  et  deux  antres  au  Cap- Vert.  La  uÀi 
décima  son  mondes  une  tempête  lui  enleva  oa 
second  navire  et  soixante-dix  hommes.  Il  arriu 
enfin  à  l'embouchure  du  Maragnon,  et  reDioBta& 
fleuve  l'espace  de  cent  lieues.  Il  prit  terre  puer 
construire  un  brigantin  des  débris  d*an  de  te* 
navires  :  cinquante  sept  de  ses  gens  moururat 
de  faim  à  cet  endroit.  Trente  lieues  plus  haut 
smi  dernier  bàtmient  échoua,  et  il  dut  attendre 
dix  semaines  avant  de  reprendre  sa  navlgatioa. 
Après  avoir  durant  nn  mois  diercbé  le  coumt 
principal  de  l'Amazone  et  vu  encore  dix-sept  àe 
«es  compagnons  tomber  sous  les  coups  des  m^ 
rains,  Orellana  mourut  de  douleur  et  de  fatiguf, 
dans  les  environs  de  Montatègre  et  sur  le  terri- 
torre  des  Manoas.  Sa  veuve  et  le  reste  de  re\pe- 
dition  redescendirent  le  flenve,  et  après  avoir  été 
jetés  sur  la  côte  de  Caracas,  gagnèrent  enfin  n!e 
de  Margarida. 

Alexandre  de  Hamboldt,  f^Qi/açe$  aux  rgçêans  tqn- 
noitaies  du  nouveau  tanUmnt:  Pirii,  iM»>tUi,  )  vei. 

ORBLUB  (  nigaud  d*),  négociateur  françûs, 
né  vers  1450,  àVffleneoved'Afribrmi  (Auvergne). 
D'abord  (ftiambeHan  et  maitre^Miôfe}  de  Dhms  XI« 
il  suivit  Oharies'Vin  à  fa  eonqifête  «te 9aples, «t 
'obtrirt  pour  récompense  de  ses  services  tdï- 
taires  le  ôomté  de  "Nogarola.  *Créë  dtw!fà\kT  en 
1495,  il  fut  en  même  temps  diargé  de  rtt^xkï 
la  im\  avec  les  princes  do  nord  de  l'Italie. 
Louis  XII  IV*nvoya  en  lôOB  en  ambassade  ao- 
près  de  l'empereur  MaxmiiKen,  qui  le  garda 
plusieurs  années  à  sa  coar.  'Le  16  juillet  1633. 
il  reçut  François  V  dans  le  magntlique  ciiÉteau 
qu'il  avait  fait  construire  à  Vtfleneuve,  et  lui 
adressa  une  pièce  de  vers  asaaz  piquante. 

ORiSLLi  {Jean-Gasparâh*),  philoloinesoisse, 
né  è  Zurid),  4e  13  février  1787,  mari  daw^  U 
même  xiile,  en  1849.  Il  appailenalt  à  une  noble 
famille  italienne  réfugiée  en  Suisse  à  l'époque d 
la  réforme.  Il  Ut  ses  études  au  CuroiinuM  oj 
gymnase  de  «a  ville  natale,  od  il  eut'pour  pre- 
l'esseurs  Brerai  et  Hottin:^,  et  passa  fosuil-' 
quelques  mois  dans  Tinstitut  pedago^qoe  ^ 
Pestalo/'/i,  à  Yverdun.  Il  accepta  à  dix^nrof  aa-s 
les  (onctions  dr  pasieur  dans  la  oommone  Ttkr- 
inéede  Ikr^ame.  Il  savait  tràs-peu  l'italien;  oa 
raconte  qu'il  Tappri?  avec  tant  de  rapidité,  qo'au 
bout  de  six  semaines  il  pot  préchar  dans  c«tt^ 
langue  a?ec  le  i^us.giiand  succès.  <La  liths^lnre 


r73 


ORELLl 


774 


Haiiennc  Toceu^tait  beauoMip  afors;1l  «iiM  l'ob- 
jot  (le  <tfu\  pDl:Aicff1i<ms  alleinandes  kitftalceR  z 
Suppléments  à  Fhistoire  et  là  poés^  ita- 
Kewne,  Zurich ,  !S10,iiv-ir*;  et  Bio^rap^iit  d» 
Victorin  de  Felfre ,  lariéh,  l-Sl?,  iiy^*.  "PluB 
tard  les  traranx  classiques  qni  lai  valumit  qm 
réputation  si  dtstm^ée  ne,  le  détoamèrent  pas 
entièrement  des  auteurs  itaKens.  Il  piiMia  •  Sagfé 
di  eloquenza  «aîiflrwfl  ;  Ziirîdi,  1SI7,  ni-«o  ;  — 
Cronichetle  d'IttkHn,  Vi  ^Aggiw^e.  lUvitméU 
Dante  Alighitri;  Cotre,  1«22,  2  wl.  in-12; — 
une  édition  des  /Vresfo  'fiioso/kfke  de  Thomas 
Caropaoella;  Lngano,  1838,  in-8«;  —  ime  édi- 
tion de  ta  Gerusaleme  libêrata  do  Tasse.  Qoal 
que  soit  le  inérftc  de  oes  pi](bKca(k)ua,  c'est  à 
ses  éditions  ^atiteora  ^ees  «t  latins  qaK)relK 
doit  sa  célébrité.  Kn  1814,  Il  fut  appelé  à  Coire, 
poar  5  occuper  une  chaire  à  l'école  cantonale  des 
Grisons,  etdevinten  1819proreMe«rd>1ofi|tieMe 
an  Carotimtm  de  Zurich.  Ea  iSia  il  prit  uœ 
^stnât  part  à  la  fondation  de  rmiiversité  de  oette 
ville,  et  reçut  le  titre  de  professeur  ex.traonli- 
naire  de  littérattive  ancienne,  tant  en  oonaervaat 
ses  functfons  au  gjFmnase.  Il  occupa  cette  double 
place  jusqu'à  sa  mort.  11  étaât  aussi  bibliothé* 
caire  de  la  ftle  de  flarioh.  OveUi  a  été  de  noire 
époque  an  des  meHleiira  éditeurs  de  tentes  an- 
ciens*; te  n'est  pas  qn'il  «M  à  un  beat  de^  le 
géiTie  de  la  critique  ferbale,  ni  qv'JI  possédAt  un' 
savoir bfstoriqne  et archéoiotsique  supérieur;  on 
ne  saurait  «n»  ces  denx  rapports  i'éffaler  aux 
grandis  jAiilologiies  allemanKls  Walt,  HermanD, 
B«mHcIi ;  mais  il  ai«it  un  savoir  précis,  un  esprit 
net,  tm  goflt  excellent.  Ses  textes  sont  bien  «éta- 
^f  ses  variantes  jadicieusement  dboisies,  aas 
commentaires  amples ,  inrtriiolifs,  sons  trop  4e 
diffasionnide  digressiionB.  tdàn  si  ses  travaux 
M  soat  pas  sentant  originaux,  ils  soat  toi^aufs 
ti*^s-bien  fafh,  et  on  les  appellerait  ëlégants  ai  ce 
terme  pouvait  cowrenir  nx  oovmges  d'énMK- 
tîon.  Yoid  la  liste  des  pubttcations  d'OrelK  : 
hocratix  Oratto  de  permwùatioite^  -ex  >eùdd, 
9ks.  suppléa  ab  Andréa  Afui^osyife;  JUn-ioh, 
1^14,  iB.8«  :  publiée  d'toprta  l'édMaB  pmns^ 
^e  Mttstox^dis,  hrcc  six  laitw»  phJtdfogiques  mt 
divers  aofeura  grecs  dt  latina  et'S«r  Oaate;  — 
Ectogss  poetaf^ian  latim)f*vm,.,  Insuru  A,  *¥r- 
Hi  Flacci  Satyr»  sex  inXegrx;  Zori(ih,  18î5, 
^^^^  :  ufte  seconde  édition,  très-^uf^mentée  et 
*f^élh)nfe,  a  parn  en  ï83S;  mais  Orelli  €»«  te- 
^^^thé  le  commentaire  itilet^H^tflRiraurqtarse; 
^  ^icncrrtis  iypiern  qnm  s^t/nuÂt  'tornnia; 
Zuridi,  Ig^ô-l-ss?,  8  Tdl.  en  quataive  parties, 
gr  m-8«  ;  les  qotiti-rpremiers  v^kitne»oaiitienneat 
re  t»«\te  avec  Aes  notes  crftlques,  inais  aans  aoin- 
[j^pmîïircexplicaftîf;!ccinquièmocontientleRaoho- 
"a^t^sîathis  sut  Cfcéwn  ;  enfin,  les  trois  derniers 
comprennent,  sous  le  titre  d'0»<miwWowi  ^f- 
"û/ittni,  la  V<c de €lcéron,  nnenotice WWIogaa- 
Pnique  sur  les  éditions  de  cet  auteur,  un  index 
S^o^phique  et  historique ,  un  index  des  lois  et 
^^  loi-motes  de  droit,  un  dicHoanah-e  dasaoms 


propres  et  na  lexîqoe  des  mots  gmes  employé* 
par  Tarateur,  eatii  les  listes  oaasuiaires.  Cet 
OnamoBtiotn,  <fai  avec  tes  sohoiies  peut  ienir 
lieu  d'un  commentaire  sur  Cioéron,  est  un  tra- 
vail du  ploB  f^and  prix  pour  Thialoife  de  la  pé- 
riode ipe  remplit  la  viede  Tiittustra  aratewr.  ÛknUli 
fut  assisté  dans  la  rédaction  de  «es  tuais  derniers 
vokimes  par  M.  Baiter,  un  de  ses  disciples.  Le 
texte  de  cette  remarquable  ^tioa  «  été  i^éicu- 
primé  aens  la  aurvaillaiioa  d'OrelU,  et  après  sa 
osort  ipar  les  sains  de  MM.  fiaiter  et  Uaim; 
3  vat  ont  paru,  Zurich,  •l«45-tJ56.  Avant  aa 
grande  édHion  OreHi  avait  publié  les  discours  Pro 
Ptando,  Leipxig,  1825;  Pro.Mitone,  1826»  avec 
des  Cammentanvs;  Il  dama  postérieurement  des 
éditions  séparées  des.PAt/t/)pir/iif!s  ,£anoh,  1637» 
in-é°;  des  Académ^nes^  du  érailé  J)e  Jini^ 
ims  bonarum  tt  fimiomiUf  £arich,  1827» 
avec  les  Academica  'àt  Petrus  Vateatia,  auvraga 
rare;  Ae» Tuatmlmnes ,  Kiirioh.  1 829, in^*, avec 
un  commentaire  inédit  en  allemand ,  aeoueiUi  au 
cours  de  F.- A.  Wotf;  —  des  traités  intttalés 
Orator,  Bruius,  TopicOy  ÀXe  optîmo  geuere 
oraiorum,  Znrich,  l«30,  iD-8* ,  avec  une  lettre 
critique  adressée  à  M.  Madvig,  et  ^pii  contient 
entre  autres  -choses  une  diaseKation  sur  la  co- 
médie anonyme  intitalée  'Querolus,  OreUi  « 
aussi  doaaé  des  édUioBs,  avec  oommenlaiKa 
oriftiques  et  explicatifs,  dlu-diseaurs  .Ae  utfipU' 
cira,  Leipzig,  1«3<1 ,  in-<8^;  dee  di^^oura  Pro 
M,  Cœlio  Rw^  et  /W  Sestéo,  Zurich,  J8a2, 
iB-4*  ;  et  de  Quinze  éUcoun  cAaitf  j  de  Cicé- 
ron ,  Zurich,  1836,  m  8«;  —  Insaipiionum  la- 
iinmrum  seiectarum  ampiissétfui  coUecUo  ud 
Ultuùrandam  roman»  'OM/igtiitatis  discipli- 
nom  accammodtkitk,  ac  ma^uarum  coUectio- 
num  fuppltmentii  compara  emendationes- 
que^xhièem;  cum  intditiêJ,  C,  Hagenbu- 
dtki  suisque  udnotaHonièus  edidit.  Insunt 
lapides  Helvetimomnes  ;  acceduntprxter  Fog^ 
qmii  Kalendoriaaniiqna,  Hofeabuchii,  Maf» 
^0f,  e/c^  Bpistolm  uliquot  ^pigrapUêcx^  ttunc 
prtmmm  eiifttfa;;2urioh,  1828, 2  vol.  in-8%  avec 
an  supplément,  intilulé  InsortplionêshelvAtic» 
^Iketseet  eaptieatx^ZwàoU^  l&4«,in-8''  i  c'^i 
uaedesooilectionsépi^rapliiquf»  tes  pluaeitimées 
^existent  ;  •—  Pkmdri  FabulK  mopUs.  Prima 
edUio  cfilica,.,.  Aûcedunt  Oêaris  Germanid 
Aratea^,,,  PervUigium  Vtneris ,  Zurich,  \^3!^j 
jtt^so.  ^  ^MH  Pat&rouU  C^um  supermint 
ex  hMorisB  romanes  Ubris  dnohu.  Ex  iMiice 
amm'bacMeute  adéàta  »vri64ais  lecUonis, 
Âcoad,  CCrispi  SaiiusiU  OreUionessl  JSpis- 
■toi»  tex  ideperditii  hietôriarum  libris ,  ex- 
pressée  vx  ^aéèce  vatwane;  dLeipvig,  1835, 
in-S^  ;  —  -C,  Salusii,  Caiilina  et  Jugurikm, 
^aitones  et  MpistcleB  ex  Hisloriarum  libris 
deperdiêie ,  cum  inleqra  varietaU^  etc.  ;  Zu- 
rich, 1840,  iii-16;«-.  Plalonis  Opéra  guic  Je- 
mntttr  omnia^  accedunt  intégra  varietas 
iecHtmis  Utephaniane&t  Sekèeriafh-e,  Stalbau- 
mianmj  seholia  emendatiora  et  cMCtiora^  Ti- 

25. 


775  OREIXI 

nuH  lexicon  ad  eodieem  Sangermanensem 
denuo  recognitum  ;  glossx  platonias  ex  lexi' 
eographis  çrxcis  excerptx,nominum  index 
in  Platonem  et  scholia;  Zurich,  1842,  2  vol. 
iii-4*,  avec  Baiter  et  Winkelmann.  Orelli  a 
donné  avec  les  mêmes  collaborateurs  une  édi- 
tion de  Platon  pour  l'usage  des  écoles;  Zurich, 
1S39-41,  4  vol.  in-16;  —  Horatitu,  Q,  Flaecus^ 
recensuitetinterpreiaius  ei/;  Zurich,  1843-44, 
2  vol.  in-S**.  Cette  excellente  édition,  faite  avec 
autant  de  savoir  que  de  goût ,  a  été  réimpiimée 
par  les  soins  de  H.  Baiter,  1850-52,  2  vol  in-8*; 
—  Babrii  Fabuîx  iambicœ;  Zurich,  1844, 
in-16,  avec  BIM.  Baiter  et  Sanppe;  *  TacituSy 
rectn$.  et  inlerp,;  Zurich,  1846-48,  2  vol. 
iB-8*  :  c'est  la  meilleure  édition  de  Tacite;  elle 
laisse  cependant  à  désirer  pour  le  commentaire; 
mais  pour  le  texte  elle  constitue  un  progrès  con- 
sidérable; elle  s'est  épuisée  promptemenf,  et 
M.  Baiter  en  a  commencé  la  réimpression.  L.  J. 

àdert.  Estai  iur  ta  vie  et  tes  ouvrages  de  J,'C.  OrelU, 
dans  la  BlblMhèque  de  Genève^  iS4t.  ~  L.  de  Sloner,  No- 
tue  biblioçraphique  sur  J.-C.  Orelli^  dans  la  Revue  de 
PkilologU,  t.  U  p.  t8t>  —  C»nver»ationS'Uxikon. 

ORBNS  OU  ORiBAT  (  Saint),  évéqued'Auch 
et  poète  latin,  né  à  Huesca,  shria  frontière  d'A- 
ragon, mort  à  Auch,  le  1*'  mai  439.  Son  père 
était  comte  on  gouverneur  d'Uigel.  Après  avoir 
perdu  ses  parents,  il  vendit  ses  biens  pour  en 
distribuer  le  prix  aux  pauvres,  et  se  retira  dans 
la  vallée  de  Lavedan,  où  il  mena  quelque  temps 
la  vie  érémitiqoe.  Sa  haute  vertu  le  fit  bientôt 
connaître  et  élever  sur  le  siège  épiscopal  d'Auch, 
vers  410.  Il  travailla  dès  lors  à  abolir  dans  son 
diocèse  les  derniers  débris  du  paganisme.  Ce 
ftat  ainsi  qu'il  fit  abattre  aux  portes  d'Auch  un 
temple  célèbre  dédié  à  Apollon  et  éleva  sur  ses 
ruines  une  église.  Théodoric  1*%  roi  des  Goths 
et  arien,  apprenant  que  ses  évéques  n'avaient 
point  été  écoutés  par  Aétins,  général  des  Bo- 
mains ,  à  qui  11  faisait  humblement  demander 
la  paix,  hii  députa  Orens,qu'Aétius  reçut  avec 
la  distiuction  due  à  son  mérite.  LIttorius,  son 
lieutenant,  qui  assiégeait  Toulouse,  méprisa 
an  contraire  rév6qued*Auch,  et  confiant  dans  les 
promesses  des  aruspices,  repoussa  toutes  les 
propositions  d'accommodement.  «  Dieu,  dit  Sal- 
vien,  confondit  l'orgneil  et  l'impiété  de  Littorius, 
car  ce  présomptueux  fut  pris  dans  la  bataille  et 
conduit  prisonnier  à  Toulouse,  le  même  jour 
qu'il  s'était  vanté  d'y  entrer  en  triomphe.  »  Cette 
ambassade,  d'autant  plus  honorable  qn'Orens  la 
devait  à  un  prince  hérétique,  couronna  la  vie  du 
saint  prélat,  qui,  déjà  fort  avancé  en  âge,  mou- 
rut peu  après  son  retour  à  Anch.  Une  des  pa- 
roisses d'Auch  porte  aujourd'hui  le  nom  de 
Saint-Orens,  et  une  partie  de  ses  reliques  fut, 
le  16  septembre  1609,  transférée  à  Huesca.  On 
a  de  ce  prélat  nn  poème  latin  en  deux  livres , 
dont  parle  Fortuuat  de  Poitiers.  Il  est  intitulé  : 
Commonitorium  ^  qu'on  peut  traduire  Mé- 
tnoire  ou  Averiissementf  et  écrit  en  vers  élé- 
giaqaes.  C'est  une  peinture  des  divers  obstacles 


—  ORESME 


776 


qui  s'opposent  à  notre  salut  et  une  sorte  de 
guide  vers  le  ciel.  Quoique  le  style  n'ait  pas  l'é- 
lévation de  quelques  antres  poésies  du  oom- 
mencement  du  cinquième  siècle,  il  est  néan- 
moins serré  et  nerveux,  et  n'offre  rien  de  lan- 
guissant ni  de  barbare.  Le  premier  livre  do 
CommonUorium  parut  à  Anvers,  1599  oo  1600, 
in-12,  avec  des  notea  du  jésuite  Martin  Delrio, 
qui  l'avait  découvert  dans  un  manuscrit  de  l'âb- 
baye  d'Ancbin,  à  Salamanque,  1604  et  16M, 
fai-4*,  àLdpiig,  1651,  in*8*,  avec  des  n«)t«s 
d'André  Rivmus,  à  Cologne,  en  1618,  dans  la 
Bibliothèque  des  Pères,  puis  à  Lyon  et  k  Paris , 
dans  les  antres  recueils  de  ce  genre.  Dom  Mar- 
tène  ayant  découvert  l'ouvrage  entier  dans  oa 
manuscrit  de  la  collégiale  de  Saint-Martin  de 
Tours,  ancien  d'environ  huit  cents  ans,  le  fit 
imprimer  à  la  tète  de  la  nouvelle  collection  de> 
anciens  écrivains,  publiée  à  Rouen,  1700,  in-é% 
et  du  cinquième  volume  de  son  Trésor  d'Anecdo- 
torutn ,  1717,  in-fol.  Ce  bénédictin  a  donné  à  h 
suite  du  Commonitorium  quelques  aotn»  pe> 
tites  piècesde  poésie,  de  saint  Oreos,  qui  s'é- 
taient trouvées  dans  le  même  manuscrit.  Elte 
sont  sur  des  sujets  pieux  et  dignes  de  roccaps- 
tion  d'un  saint  ;  mais  il   semble  qu'on  ne  les  a 
pas  toutes,  car  le  manuscrit  en  promet  vingt- 
quatre,  et  il  n'en  contient  que  deux.  Les  Mé- 
moires de  Trévoux,  juillet  et  septembre  1701, 
renferment  des  remarques  et  des  corrections  du 
P.  Commtre  sur  les  poésies  de  saint  Oreos. 
H.-L.  Schurtzfleisch  en  a  publié  une  nouvelle 
édition;  Wittemberg,  1706,  in-4'*,  précédée  de 
recherches  sur  l'auteur.  On  doit  y  joindre  le 
supplément  imprimé  à  Weiraar  en  1716,  conte- 
nant les  variantes  tirées  d'un  manuscrit  de  ia 
bibliothèque  d'Oxford.  Enfin,  le  Commomio- 
rium  a  été  publié  sous  le  titre  de  :  Commxaàr 
toirey  poème  en  deux  livres,  traduit  en  taar 
çais  avec  le  texte  latin  en  regard,  et  one  vie  de 
de  l'auteur,  empruntée  aux  Bollandistes,  par 
Z.  Collomhet;  Lyon,  1839,  in-8*'.  Trompés  par 
la  ressemblance  da  nom,  quelques  historiens 
ont  faussement  attribué  cet  ouvrage  à  Orèie, 
évéque  d'Urgel,  connu  par  les  leltres  que  loi 
adressa  Sidoine  Apollinaire.  H*  F-^. 

Bolland.  JttmSa:netorum,  !•»  mal,  p.  Si  el  tt.  —  Z^ 
ru  du  çlorumx  saint  Orens,  évesqme  €Âutk  tempeset 
mr  1rs  mémoires  ttre%  des  anctefutes  légendes  H  des 
plusUdéies  historiins:  Toiu«e  (a.  d.  ).  —  GaMa  Chris- 
tiana,  1. 1,  p.  STl.  -  HUt.  littir,  de  te  Ft„  t  II,  r  m-»*. 

OKBSIIB  {McqUu),  érudit  français,  néà  Caen, 
mort  le  11  juillet  1382,  à  Lisieux.  11  fit  ses 
études  dans  l'université  de  Paris,  et  fut  éln  eo 
1355  grand-maître  du  collège  de  Navarre.  Suc- 
cessivement archidiacre  de  Bayenx,  doyen  delà 
métropole  de  Rouen  et  trésorier  de  la  Sainte- 
Chapelle,  il  devint  précepteur  du  dauphin,  de 
puis  Chartes  VI.  Chartes  V  le  pUça  en  1377  sur 
le  siège  épiscopal  de  Usieux,  et  lui  accorda  des 
sommes  considérables  ;  il  prenait  même  dass 
ses  afTaires  les  avis  d'Oresme  :  «  le  conseil  et 
adndnistration  duquel,  comme  l'atteste  du  Til- 


777 


ORESME  -  ORESTE 


776 


let,  il  oyoit  et  suivoit  moult  volontiers  m.  Dis- 
puté tu  1363,  à  Avignon,  vers  le  pape  Urtiain  V, 
il  avait  prononcé  en  présence  du  sacré  collège 
on  discours  très-hardi  contre  les  dérèglements 
de  la  haute  Église.  Ce  prélat  fut  Tun  des  plus 
célèbres  écrivains  de  son  temps  :  il  avait  un  sa- 
voir fort  étendu  et  jouissait  d'une  grande  répu- 
tation comme  théologien  et  comme  humaniste. 
On  a  de  lui  :  Les  Éthiques,  ou  morale  d'Aris-- 
tote;  Paris,  1488,  in -fol.,  traduction  entreprise 
par  l'ordre  de  Charles  V;  —  La  Politique  d' A- 
ristole;  Paris,  1489,  2  vol.  in-fol.;  ^  Des  Re- 
mèdes de  l'une  et  de  Vautre  fortune ,  trad.  de 
Pétrarque;  Paris,  1535;  —  Liber  de  Anti» 
Christo  ejusque  ministris  ac  de  ejusdem 
adventUt  signis  propinquit  timul  ac  remotiSt 
IV  continens  particulas ,  écrit  singulier  inséré 
dans  le  t.  IX  de  la  Collectio  velerum  script, 
des  PP.  Martène  et  Durand.  Il  a  encore  laissé 
une  centaine  de  Sermons ,  des  traités  sur  Tim- 
maculée  oonception  de  la  Vierge,  sur  la  commu- 
nication des  idiomes,  sur  la  sphère,  contre  les 
astrologues,  etc.  Launoy,  Dupin,  Uuet  et 
d'autres  anlears  font  aussi  honneur  à  Oresme 
d'une  version  delà  Bible  en  langue  vulgaire  qu'il 
aurait  oomposée  à  la  prière  de  Charles  V,  afin 
de  prévenir  les  altérations  introduites  par  les 
Vaudois  dans  les  livres  sacrés.  Rien  n'autorise 
k  accepter  cette  assertion.  La  Bible  conservée  à 
la  bibliothèque  impériale  de  Paris  ne  porte  au- 
cun nom,  et  on  Ptttribue  avec  quelque  vraisem- 
blance à  Raoul  de  Preste.  D'un  autre  côté,  Simon 
est  d'avis  qu'on  a  bien  pu  mettre  sur  le  compte 
de  l'évdque  deLisieux  une  traduction  (aile  cent 
ans  auparavant  par  Guyart  des  Moulins,  chanoine 
d'Aire  (00 jf  cenom)^  P.  L. 

Haet,  Origines  d«  Cota,  —  On  Fin,  êibl.  des  atUeurs 
tecUt,  du  (ptéUorziime  siècle,  —  Du  TlUet,  Chroniçue.  - 
Rlcbard  Simon,  Hist.  des  versions  du  [Nouveau  Testtt- 
vteni,  eh.  SS.  ->  Moréri ,  Grand  dict.  hist. 

0RB5TR,  secrétaire  d'Attila  et  régent  d'Italie, 
mis  à  mort,  le  28  aoOt  476.  11  était  Romain  d'o- 
rigine et  né  dans  la  Pannonie,  aux  environs  de 
Petavium  (Pettau),  sur  la  Drave.  Son  père  se 
nommait  Tatulus.  Lors  de  l'invasion  des  Hims 
m  Pannonie,  le  père  et  le  (ils  entrèrent  au 
service  des  barbares.  Le  roi  des  Huns  AUila, 
prince  aussi  rusé  que  violent,  et  qui  avait  aussi 
souvent  recours  aux  négedations  qu'à  la  force 
ouverte,  appréda  le  mérite  du  jeune  Pannonien 
et  le  choisit  pour  secrétaire, vers  446.  Dès  lors 
Oreste  fut  plus  ou  moins  inélé  à  tous  les  rap> 
ports  du  chef  des  Huns  avec  les  empires  d'O- 
rient et  d'Occident.  En  449,  il  alla  porter  au 
faible  Théodose  II  les  dures  conditions  d'Attila. 
Ao  retour  de  cette  mission,  il  eut  de  fréquentes 
conférences  avec  les  ambassadeurs  venus  de 
CoQfltantinople,  et  avec  ceux  qu'envoya  l'empe- 
reur Valentinieu  III.  On  remarque,  au  su- 
jet de  cette  dernière  légation,  une  particularité 
qoi  montre  quelle  était  Hufluence  d'Oreste.  La 
ooor  de  Ravenne  avait  choisi  pour  cette  mission 
le  comte  Romulus,  beau-père  d'Oreste;  son 


père  Tatilius  en  faisait  aussi  partie  à  titre  offi- 
cieux. Ces  négociations,  que  Priscus  a  racontées 
d'une  manière  si  intéressante,  n'aboutirent  qu'à 
de  nouvelles  humiliations  pour  les  Romains,  et 
Oreste  alla  de  nouveau  à  Constaotiuople  de- 
mander au  nom  de  son  maître  la  tête  .de  Chry- 
saphlus,  le  premier  mmistre  de  Théodose.  Dans 
les  années  suivantes,  qui  furent  remplies  par  les 
invasions  des  Huns  dans  la  Gaule  et  l'Italie,  le 
secrétaire  Oreste  n'eut  point  de  rôle  important. 
Il  resta  auprès  d'Attila  jusqu'à  la  mort  de  ce 
prince ,  et  retourna  ensuite  en  Italie  avec  de 
grandes  richesses.  Il  profita  de  sa  familiarité 
avec  les  nombreuses  tribus  barbares  qu'il  avait 
vues  réunies  dans  le  camp  d'Attila,  pour  entre- 
tenir des  relations  avec  les  confédérés  qui  for- 
maient alors  presque  toute  l'armée  romaine. 
L'empire  d'Occident  touchait  à  sa  fin  ;  menacé 
en  Italie  par  les  Vandales  de  Oenseric,  ne  pos- 
sédant au  delà  des  Alpes  que  des  dépendances 
onéreuses,  il  était  réduit  à  confier  sa  défense  à 
des  barbares  avides  et  capricieux,  qui  recon- 
naissaient encore  nominalement  l'autorité  des 
empereurs,  mais  qui,  en  réalité,  n'obéissaient 
qu'à  leurs  propres  chefs,  barbares  comme  eux. 
La  chancellerie  impériale  ne  parvenait  même 
pas  toujours  à  lui  imposer  un  général  en  clief 
romain.  Dans  ces  circonstances ,  Oreste,  à  la 
fois  romain  et  barbare,  pouvait  ébre  très-utile  à 
l'empire.  Aussi,  à  son  retour  en  Italie,  il  s'éleva 
vite  aux  honneurs,  et  reçut  le  titre  de  patrice. 
En  475,  il  reçut  de  l'empereur  Julius  Nepos 
l'ordre  de  rassembler  une  armée  et  de  se  rendre 
dans  les  possessions  romaines  de  la  Gaule, que 
menaçaient  les  Wisigotbs;  il  obéit;  mais  à 
peine  fut-il  arrivé  au  fried  des  Alpes,  qu'il  réso- 
lut de  s'emparer  de  l'empire ,  et  n*eut  pas  de 
peine  à  décider  ses  soldats  à  favoriser  son  entre- 
prise, n  marcha  sur  Ravenne,  d'où  Nepos  s'en- 
fuit à  son  approche  (28  août  475),  et  le  29  aoM 
il  conféra  le  titre  d'empereur  à  son  filsRomuhis 
Auguslule,  encore  enfant.  Il  garda  l'autorité  so- 
préme  avec  le  titre  de  régent.  Si  singulière  que 
fût  la  manière  dont  il  s'empara  du  pouvoir,  ob 
peut  à  peine  l'appeler  un  usurpateur  ;  car  dans 
l'état  de  misérable  décadence  où  l'empire  était 
tombé,  l'empereur  légitime  était  celui  qui  aurait 
donné  à  l'Italie  de  la  sécurité.  Dans  son  règne, 
très-court,  Oreste  ne  se  montra  pas  indigne  du 
pouvoir.  Il  conclut  la  paix  avec  Genseric,  et 
bien  qu'on  n'ait  que  très-peu  de  détails  sur  son 
administration,  il  est  probable  qu'il  songeait  à 
modifier  l'organisation  des  fédérés,  afin  qu'elle 
fût  mdins  redoutable  à  l'empire.  Les  soldats  bar- 
iMures  ne  ^ui  en  laissèrent  pas  le  temps,  et,  con- 
duits par  Odoacre,  ils  vinrent  demander  au  ré- 
gent le  tiers  des  terres  de  lltalie.  L'ancien  se- 
crétaire du  roi  des  Huns  avait  l'àme  romaine;  H 
refusa .  et  avec  l'aide  des  garnisons  italiennes 
restées  fidèles  il  essaya  de  tenir  tète  aux  barbares. 
Son  courage  fut  inutile.  Odoacre  s'empara  de 
Pavie,  et  fit  trancher  la  tête  à  Oreste.  On  re> 


779 


ORESÏE  —  ORFILA 


'80 


marque  que  cette  exécution  eat  lieu  le  28  août 
47fi»  juste  un  an  après  la  fuite  de  JuUns  Nepos. 
(Pour  plus  de  détails  sur  cette  réroLution,  voy, 
RoMLLus  Ajugd&tvlb,  Glxcbbics,  Jcuds  Nepos  y 
Qboagjle)»  L.  J. 

FrtiCQs,  Exûtrpta  iBQiMMium.  —  Jonundes,  De  rt- 
gnor.tueeeû.;  DêretK  goth.  —  Ennodlus,  Fita  F.pi- 
phecnii.  —  AmMèe  Thierry,  Bittmre  ^Attila;  Méeits  4e 
la  ehut»  de  ifffknyint  Jton«riii  dfOot^ext.  —  GtM>oo, 
Hèstor§  fit  tht  deelim  and  /ail  of  tàe  Moman  Emi- 
pire. 

OftFANKL  (Byacinihe),  doraiaicain  espa- 
gool,  né  le  8  novembre  lâ78,  à  Jana,  près  de 
Poniscola  (royaume  de  Valence),  martyrisé  au 
Jap«n,  eu  1622«  Jeune  encore,  U  fit  profession 
dans  le  couyeat  de  Tordre  de  Saint-Dominique  à 
fiarceione ,  et  es  t605  demanda  à  ses  supérieurs 
Tautorisatioa  de  passer  aux  lies  Philippines, 
puis  la  fayeur  d'aller  au  Japon  prêcher  la  fo». 
]1  s'y  trouYait  dèj^  ea  1607.  Le  P.  Qrfanel  s'at- 
tacha, à  rinstruction-  des  pauvres  et  des  habi- 
ttnls.  de  la  campagne,  et  évangéUsait  depuis 
quinze  ans  le  pays  htcc  des  fatigues  inouïes ,' 
quand  il  fut  arrôté  et  condamné  à  être  brAlé  vif; 
nais  pendant  qu'il  était  en  prison  il  eut  le 
tetops  de  mettre  la  dernière  main  à  un  ouvrage 
imprimé  sous  le  titre  de  :  Hisloria  ecclesias- 
iica  de  loi  successos  de  la  christiandad  de 
Japon,  desde  el  ana  de  1602  que  enlro  en  el 
la  orden  de  Predicadores  hasta  el  de  162L; 
Madrid,  1 633,  in-4^.  Cette  histoire  passe  pour 
fort  exacte,  et  le  P.  Diego  CoUado,  qui  en  sur- 
veilla llmpression,  l'a  continuée  jusqu'à  la  fm 
dft  1622.  H.  F. 

Femandcz,  HlOoria  eceleâ.  de  nuestros  tiempt», 
p.  »9.  —  Melchlor  Mançano  de  Haro,  nistoria  del  in- 
signe mmrt^rie  que  ditz  y  siete  reliçi&$M  d9  lu  orden 
de  Sante-JJjemiitç»  padecleron  en  el  Jcif«R,  du  xiuct. 
foW  S*.  —  ÉclMrd ,  Scriptor.  td.  Prsedie^  t.  Il,  p.  iu, 

OftrKLiN  (ZacharU\  savant  esclavon»  b6 
en  1726,  ^  Yal^^-Var,  mort  à  la  fia  du  dixhui- 
tiènse  siècle.  Né  sans  fortune  „  il  se  forma  tout 
acMiA,  acqpiit  des  conoaifisanGes  étendues  en  his- 
totfe  et  en  belles-lettres,  et  devint  membre  do 
l'AMâérniedea  arts  libéraux  de  Vienne;  il  passa 
U  plus  grande  partis  de  sa  vie  à  Carlowilz.  On 
a  de  lui  :  Viia  Pttri  Magni,  Bussorum  auio- 
ctaUirU;  Venise,  1762,  in-4«;  —  Slavonico- 
Strbieum  ywompiuarium  ;  ibid.,  1767,  in*8«; 
7-  écraiMRowre  esciavomu  ;ii).,.  1776,  in-^\  etc. 

Ou 

Horvngrl»  Mnnori»  Hmtçtkvrvmt  L  \k 
ORTBUikLB  (C^aWes-/:otté£*J^arie,.oomte 
d'),  Françaisi,  aé  le  7  juillet  1 756,  à  Sawt-Maixeni 
(  Poitou  )>  mort  le  3  février  1»42,  à  Paris.  Entïé, 
en  1778y  comme  voleataire  au  réf^iment  d»  Pot- 
tou,  il  devint^  en  1782,  lieutenant  au  bataiHeii 
de  SainloBga.  Auprès  avoir  subi  unec  déteiUton 
passagère  sous  laTerreur,  il  servit  dans  les  bandes 
royalistes  de  Gharetie.  Seus  ]>mpire  il  fut 
prolesseur  au  coUége  de  Tliouars.  On  a  de  lor  : 
DUurtaiion  sur  Vdositience  des  dra^om; 
Ssint'Maixent,  an  ni,  in-8*.  Parmi  ses  ouvrages 
maïuscrits,  on  remarque  une  Histoire  du  P»i^ 


(ou  en  6  vol.  in-12,  et  une  Notice  sur  les  Mé^ 
moires  inédits  de  Guillaume  et  Michel  Xe- 
riche,  en  2  vol.  in- 4°.  K. 

A.  de  L»«tloSaint-Jal,  SuppUwi,  àVB\»L  mtte.  te 
Poiion,  III. 

ORFBIJILLE(D').   Voy,  DORFEUILLE. 

oaFFTué  {Jean-Ernest'Élie'^  mécaniden 
allemand,  né  en  1680,  k  Zittau»  mort  à  Furstem- 
berg,  en  I74ô-  Son  véritable  nom  était  Bessler, 
FH&  d'un  paysan,  il  mena  une  vie  trèsavaUn- 
reuse,  et  habita  successivement  l'Autriche»  l'K^ 
lie,  la  Uollafide  et  TAngleterre;  Il  fut  to«r  »  tew 
soldat,  eiiipîrique,  horloger,  fabricant  d'or- 
gnes,  etc.  Ayant  guéri  la  fille  du  riche  bourg- 
mestre d'Annaberg,  il  répeusa  ;  ee  qui  lut  permit 
de  s'adonner  à  la  ooofection  d'iuie  ma^hiBe  à 
mouvement  perpétuel,  dont  l'idée  le  préoecopait 
depuis  longtemps.  Il  la.  teroiin*  en  1712,  et 
l'exposa  publiquement  ài  Géra.  Regardé  par  les 
ims  comme  soraier,  par  les  autres  eunaie  im- 
posteur, il  construisit  encore  plusimis  autres 
machines  de  ce  genre,  une  entre  aatrea  punr  k 
landgrave  de  Hesse-Cafisei.;  il  publia  ta  deecrip- 
tion  de  cette  dernière  à>  Cassel,  17 19».  ii^\  0. 

Strider.  Hestiteke  GetebrtmgascMàM».  —  CMta,  Uxi- 

kOH.—  Rotermund y  Supplément  ii  JOdier. 

ORFILA  {M€UthieM'Joiêph'B0na0eniure)j 
oélë)re  chimiste  français  „  né  le  24  avril  1787, 
à  Mahon  (lie  de  MJnorqiie),  mort  le  lil  man 
I8ô3,  k  Paris.  Soo  éduGalion  futaMex  MÎ|siée 
pour  le  temps  et  pour  le  pays.  Destiné  dV 
bord  au  commerce  par  sa  Camille,   il  fit  u 
voyage  snr  les  côtes  ds'  la  Mëditerranée  à  bocd 
d'un  vaisseau  marchand  en  qualité  de  seeend  pi- 
lote, eU  de  retour  dans  sai  patrie  (I^â),  il  oom- 
mença  à  Valence  ses  études  médicales  avec  as* 
sez  de  succès,  surtout  dans  les  seieuces  phy- 
siques, pour  quMl  tût  envoyé  en  France  coaime 
pensionnaire  du  gouvernement,  afin,  de  se  per- 
fectioaner  et  de  revenir  occuper  une  chaire  de 
chimie.  U  arriva  à  Parrs^le  9  juillet  1807.  Bientôt 
la  guerre  d'Espagne  écbta  :  les  sohaides  mas- 
quèrent, et  un  parent ,  qui  habitiiit  Marsetlie,  se 
chargea  de  soutenir  le  jeime  étudiant  jusqu'au 
moment  oîi  il  serait  reçu  doeteor.  Lùnqa*H  enC 
passéses  derniers  exameas  (27  décembre  161 1), 
il  Id  fhHut  prendre  le  parti  de  nmir  itoit  à 
Mahon,  oà  le  rappelail  soo  père,  soit  à  Madrid, 
saivaat  sa  proonesse.  Les  circoniitaMss  s'bppe* 
santà  ce  qu'il  remplit  er  dernier  engagement, 
Orfila,  d^à  fixé  par  des  liens  de  tous  genres, 
résolut  de  se  consaere^r  tout  eiitif*r  à  sa  pa- 
trie d'adoption.  Afin  de  se  créer  des  ressoorees, 
il  enseigna  la   chimie,  et  compta  parmi  ses 
élèves  MM.  Béclard,  Gloqoet,  Chomel,  Ros- 
tan ,  etc.  Bientôt  il  OQvjhi  des  cours  parliîniliers 
sur  la  botanique,  la  p.bysique  et  la  médesine  lé- 
gale, en  même  temps  qu'il  rédigeail  des  mé- 
moires et  qu'il  se  livrait  è  des  redierdles  expé- 
rimenlalps.   Un    oemmeaeement  de    o#lébril^ 
couronna  tant  d'efforts.  Mais,  la  guerre  ayant 
cessé  (1814),  Orfila,  ne  te  croyaul  pas  dégagé 


7«l 


ORFILA 


782 


par  le»  eiroonstanoM  qui  ravalent  priTé  de  la 
pMisim  du  goBvernement  espagnol,  se  mil  à  la 
riispositioo  de  la  junte  de  BarceloDe*,  qni  lui  ren- 
dit la  liberté  en  lut  votant  des  remercieinents. 
Pra  de  tempe  aprè^  il  nsftnia  d^accepterè  Tuniver* 
&\té  de  Madrid  la  eheire  laiiseée  vacante  par  le 
«himiste  Prooat»  parce  qu'on  ne  voulut  point 
aiopter  ïe  plan  d'études  qu*il  avait  proposé. 
NaturaNsé  français  en  IS'lS,  il  tat  nommé  le 
i"'  mam  l819profcesear  de  médecine  légale*  à 
la  faculté  de  médecine  de  Paris-.  Lors  de  la  réor^ 
fQBnisatlon  de  Péeole  (1923),  il  prit  possession  de 
la  chaire  de-  chimie,  et^  il  l'bcnupa  saw*  iiKef^ 
raptien  pendant  fiante  années  josqo^u  4  mar» 
t853;  jour  où  il  fit  sa- dernière  leçoOt 

De  bonne  heure,  Orfila'svsifrdébtité  cemmeéerK 
vain  par  te  traité  de  T^toùlégiegéméralv  (1813), 
oavrage  apprsavé  |ifr  llnstitnt  et  rem«x|uable 
par  f exposition,  rexnctltudé  des  expériences  ef 
la  jttsttese  des  eenciusions;  plwieurs  éditions 
en  fiirent  Mtes^,  et  ptu^  tard  tt  se  fonM  dans  le 
liTÈtté  de  vtééecine  lésaie ,  don»  ik  n'était'  es 
afd'i  qu'une  partie  très-dévefoppée.  La  Chimie 
mMiealtf,  qui  parut  en  I8t7  pour  lat  première 
r«>s,  est  une-  œuvre  qui  n'a  rien  d'orif^nnl;  en 
l'tvrîTant  panr  ses  élèrfes^,  Fauteur  n^vnit 
<faatre  but  que  de  s'y  montrer  vnifsarisateur  ia- 
tcittgent  comme  il  l'était  dans  ses  leçon»  orales, 
dont  raflhience  des  auditeurs,  qni  alKa  toujours 
croissant,  fait  assurément  le  phis  bt\  éloge.  Mais 
Im  travaux  d'Orfila  qur  font  le  plus*  dMion* 
Dfnr  è  sa  mémoire,  ce  sont  ceux  de  médecine 
l^'^ale,  à  savoir  snn  l^atié  de»  exlmmaiions' 
jnridiques  et  ses  mémoines  sur  les  empoi* 
sonnements  par  les  substances  minérales,  Tar- 
semc,  l'antimoine,  etc.,  dans  lesquels  il  flt 
pnmve  d'une  sagacité,  d^un  esprit  d'expérimen-^ 
tatran  et  d'analyse  qui  Ini^  rainrent  la  ronftince 
pubKqiie  en  ces  matières,  autrefois  si  épineuses 
et  n  obscuresw  H  traita  avec  le  même  succès  les 
antres  parties  de  In  médecine  légale ,  dégageant 
toujours  le  feit  fondamental  avec  me  merveil» 
leuse  luciffîté,  et  fournissant  à  la  justvee  une 
exacte  appréciation  des  conditions  matérielles 
P^  lesquelles  cependant  elle  ne  doit  par  se  iais- 
ser  exclusivement  diriger. 

€ea  recherches  laborieuses,  Usa  ohlîjptioas 
reii^usement  remplies  du  professorat  ne  suf- 
firent pas  à  factivfté  extrême  et  quasf  ll^rife 
d'Orflh.  Des  reiatwns  puissantes ,  oonqnfses  par 
on  talent  musical  de  premier  ordre,  Târvaienf 
inît  à  même,  dès  h;  temps  de  la  Bestauration, 
^^  se  faire  rendre  une  justice  que  des  travaux 
simplement  utiles  n'obtkonentpas  toujoun.  La 
révokiiMB  de  Juillet  le  plaiça  de  manièie  à  faim 
<^Qaltre  ses  tatents  d^on  autre  genre.  La  fiienHé 
<}e  médecine  de  Paru,  dont  il  fut  le  cbyen  de 
1830  k  1848,  doit  k  son  active  kifluenr-a  de 
f^raB<les  améHomtions  matérielle»  et  une  vi- 
goureuse Uopolsion  donnée  aux  études.  Au  con- 
seil rayai  de  rinstructian  paUiqiiey.il  provoqua 
d'utiles  mesures,  et  entre  autres  la  décentraK^ 


sation  de  renseignement  par  lacréatfm  d*écoIes 
secondaires  de  médecine ,  en  même  temps  que  • 
robbgatiott  de  produire  le  diplôme  de  bachelier 
es  sciences  rendait  plus  difficile  l'abord  de  hi 
carrière  médicale,  que  Tes  examens,  devenus 
plus  sévères ,  imposaient  aux  élèves  la  nécessité 
d'un  travail  plus  consciencieux,  et  que  les 
moyens  dlnslrnction  en  tous  genres  étaient  nuil*- 
tipliés  autour  d^eux  par  l&sollicUudeéeiaiiéedu 
gouvernement.  Une  des  institutions  (^ui  font  le 
plus  d'tu»nneur.  à  Orûla  est  l'association  de  |)ré* 
voyance  des  roédecias  de  Paris,  jéunion  qu'iL  & 
fondée  et  soutenue. 

Infatigable  au  travail,,  persévérant  jusqu'à 
l'opiniAtrcté,  doué  d'une  sagacité  peu  commune, 
et  d'une  habileté  qui  le  fit  réussir  dans  tout  ce 
qp'il  entreprit,  OrfiJa  sut  traverser  des  périodes 
difKciles  sans  succomber  aux  attaques  violentes 
dont  il  a  été  l'objet.  Le  5  mars  1863,  surpris  par 
un  temps,  de  pluie  baitanle,.  il  éprouva  un  refroi- 
dissement qui  t)f.ragiana- 1&  pécipoeumaaie  aig^é 
à  laquelle  il  succomba,  a»  bout  deâix  jours.  Les 
le|^  qu'il  lai£;>a  dans  son  testaineBt.témoigpèreut 
du  vif  intérêt  que  ce  savant  portait  au  perfec- 
tionnement de  û  science  raédittMe.  11  légua  à  L'A* 
cadémie  de  médecina ,  à  Técola  da  pharmacie  et 
enAo  à  l'État  une  sdimm  de  130,00^  fr»,  dn^tiné^ 
à  des  fondations  de  prix ,  et.  voulut  qiie  soaca» 
binet  d'anatomie  comparée,  quiporl^  le  nomide 
musée  Orfila,  fât  achevé  à.  ses  frais;  enfii^  il 
prescrivit  à  son  exéeutsur  testamentairo  de  iaise 
ouvrir  son  oorps,  afin  de  oontribusc  une  des- 
nière  fois,  si  eela. était poasiUe»  aux  prog^  ^^ 
la  science. 

Voici  la  liste  ées^ovrrages  d'OifiU  :  Trente 
des  poisons  tirés  desrègMS'minéral,wégétaM 
animal,  ou  toxicologie  générale  ;,V.àm^  IHka- 
1815^  4<  part,  iorlio;  k""  édit.  entièreoMOt  sa- 
fondue  «  t843,  2.  vol.  iii*8<';  ^  Éiémenis  dû 
chimie  ajfpliquée  à  la  médecine  et  ««as  artâ; 
Paris,  1817, 7"  édiL,.li843^  3.voL  iBr8i%  ffii  ^ 
Secours  à>  donner  aua  personnes  empoisen^ 
nées  et  aipAyjri^es;. Paris,  18t8,.1839^in*13; 
—  Ltçons  de  wUdociue  ié^le;  Paria ,  I82t» 
1823, 3  paru,  in-8*;  la  4<Ȏdit.,  qui  porte  le  titan 
de  ;  Sraii^  de  médeoim  làçut»  (1847, 4  vol. 
in-80),  a  été  corrigée  el  aunmentée  d'une  bir 
bliogiaiîhie  spéciale;  —  IraOé  des  exàuma' 
tions  juridiques;  Paris ^  1830,  2  vol.  i»8%.pl., 
en  société aveo  NL  Lesueur,  son  beai»- frère;  — 
I^'ouveau  DictionMaire  des  termes  de  méde^ 
ctae,,  ohiârurgàer  pharmaeie,  pbffeigue^ehà^ 
mie^  elc^  Paris,  1833,  3  vol.  i»*0e  et  supplémi, 
avec  MM..  Bédard,  Gbomel^  Hif^».  et  Jules  CUh 
\)uet;  —  Mémoires  sur  plusieurs  questions 
médHo-légales;  Paris,  1839,  in-8*;  —  Re^ 
cherches  sur  Vempoisonnement  par  Paeide 
arsémmasy  précédées  tff une  Histoire  de  Var^ 
sente métailique :  Paris,  1841,  in-8*;  —  M- 
moire  sur  Vabsorption  du  sublimé  corrosif; 
Paris^  1842,  in«8*.  Orfila  a  eu  part  au  Nouveau 
Journal  de  médecine  (1818-),  à  la  Revue  en- 


783 


ORFILA  — 


cyclopédique  (1 819),  aa  Nouveau  Dictionnaire 
de  chirurgie  (1821,  2  vol.  in-s*"),  au  Diction- 
naire  de  médecine  usuelle,  au  Journal  de 
chimie  médicale,  %mi  Annales  d'hygiène,  hu\ 
Mémoires  de  VAcad.  de  médecine,  etc.  [P.  R^- 
TiEB,  dans  VSnc.  des  G.  du  M.,  avec  addit.  ] 

G.  Sarrat  et  Satnte-Bdme,  Bioçr,  dês  hommut  du 
jour,  t  1. 1**  p.  —  Sachaile,  'Us  Médeeim  de  Paris.  — 
P.  Meoière,  OrJUa,  dans  le  MoniUur  univ.»  iws.  p.  MO. 

OBFOED  (Comte  d').  Voy.  Walpolb. 
ORGBMONT,  en  làéa  Bordei  '  mon$  (mont 
d*orge),  nom  d'âne  ancienne  fomille  française 
qui  joua  un  rôle  aux  quatorzième  et  quinzième 
âèdes.  Elle  remontait  à 

Pierre  I"  d'ORcnioiiT,  riche  bourgeois  de  La- 
goy-sor-Manie,  «  auquel,  dit  le  père  Anselme, 
le  roi  Louis  HuUn,  par  son  testament  de  1316, 
ordonna  que  «  tout  ce  qui  lui  ayoîtété  pris  contre 
droit  et  raison  lui  seroit  rendu  ». 

Pierre  II,  son  fils,  mort  le  3  juinl389, 
devint  seigneur  de  Méry-sur-Oise  et  de  Chan- 
tilly, conseiller  au  parlement,  maître  des  re- 
quêtes et  chancelier  de  France  du  temps  de 
Charles  Y.  Ce  fut  lui  qut,  sous  les  auspices  de 
ce  prince,  mit  en  ordre  et  continua  jusqu'à  son 
époque  le  grand  recueil  historique  connu  sous 
le  nom  de  Chroniques  de  Saint-Denis  (1). 
.  Amaury  d'Orguomt,  mort  à  Paris,  le  1 1  juil- 
let 1400,  fils  de  Pierre  II,  seigneur  de  Chantilly 
et  de  Motttjay,  maître  des  requêtes  en  13S0, 
fut  chancelier  de  Louis  duc  d'Orléans.  Il  signa, 
comme  tel,  le  contrat  de  mariage  de  Louis  avec 
Valentine,  ftat  député,  en  1396,  pour  accompa- 
gner en  Angleterre  la  jeune  reme  ou  fiancée  du 
roi  anglais  (Isahelle  de  France). 

Nicolas  D*OftGSHONT,  dit  le  Boiteux,  né  vers 
1360,  mort  le  16  juillet  1416,  était,  comme  le 
précédent,  fils  de  Pierre  II  d'Orgemont  et  de 
Marguerite  de  Voisines.  Celui-ci  embrassa  la 
carrière  de  l'Église,  sans  renoncer  à  jouer  dans 
le  monde  un  rôle  actif.  Le  boiteux  d'Oiigeroont 
prit  parti  pour  le  duc  de  Boniigogne.  Jean  sans 
Peur,  en  1412,  fut  poursuivi  par  ses  adversaires 
devant  la  juridiction  ecclésiastique  de  Paris,  à 
raison  de  la  doctrine  du  Tyrannicide  de  Jean 
Petit  et  du  meurtre  de  Louis  duc  d'Orléans.  Le 
doc  de  Bourgogne  cherchait  à  se  créer  des  adhé- 
rents parmi  les  clercs  ou  docteurs  notables  de 
la  capitale.  Il  fit  adresser  en  son  nom  à  Nicolas 
d'Orgemont  une  queue  de  vin  de  Beanne,  à  titre 
de  présent.  £n  1416,  nous  retrouvons  ce  person- 
nage gravement  compromis  dans  une  célèbre 
conspiration  bourguignonne.  Nicolas  d'Orgemont 
était  alors  chanoine  de  Paris,  maître  des  requêtes, 
président  de  la  cour  des  comptes,  archidiacre 

(1)  Le  portrait  do  duneelier  d'Orgemont  a  été  repro- 
duit par  D.  Bernard  de  Montrancon,  AiontmenU  de  ta 
tHonarekie  /rançoise,  L  III,  pu  zi.  d'après  on  manoa- 
crtt  df  1S80.  Plusienri  Utrea  nanuacrtu  qat  In!  ont  ap- 
partenu sont  ornés  de  aea  arme»  (d'ator.  à  Irola  épts 
d^orge  d'or),  et  se  conaerrent  an  dépôt  de  la  rae  Rlebe- 
Ileu,  fonda  de  Notre-Dame ,  n*  7W ,  aToc  les  aouschlffres, 
10,  u,  le,  17,  etc.  (^of.  P.  Parts,  ManwerUs  français, • 
taJdea,  m  mot  Orçemoia). 


ORGEMONT  784 

d'Amiens,  doyen  de  Marmoutlers  de  Tottn«  D 
passait  pour  le  clerc  le  plus  riche  du  royaume. 
Sous  prétexte  des  tailles  et  de  la  misera  pu- 
blique, un  complot  s'ourdit  an  sein  de  la  capitale, 
pour  déposséder  du  pouvoir  le  connétable  d'Ar- 
magnac et  rendre  l'autorité  au  duc  de  Boari^ogiK. 
Le  19  avril  1416,  jour  de  Pâques,  à  un  sigui 
donné,  l(^  conjurés  devaient  s'emparer  do  roi, 
de  la  reine,  du  chancelier,  etc. ,  faire  main  bas» 
sur  le  prévêt  de  Paris,  le  tuer  en  cas  de  rés»- 
tanoe,  et  procéder  à  un  massacre  général  d» 
Armagnacs.  Le  boiteux  d'Orgenrant  était  rêne 
dn  complot.  Mais  le  secret  de  cette  trame  fâ 
révélé  an  prévôt  de  Paris,  T.  Dochâtel.  Celoi-â 
dès  qu'il  tint  dans  sa  main  tous  les  fils  de  la 
trame,  sévit  avec  vigueur;  tes  conjurés  foml 
saisis  tout  armés,  an  moment  où  ils  eotraiot 
eo  scène,  et  le  complet  avorta  compléteBieiL 
Robert  du  Belioy  et  d'autres  laïques,  traduits  a 
justice  et  condamnés  à  mort  par  la  cour  do  par- 
lement, furent  décollés  aux  balles.  Nicolu  dKir 
gemont,  appartenant  à  la  joridictioo  épisoopafe, 
fut  condamné  par  arrêt  du  parlement  (30  avri 
1416),  à  perdre  tous  ses  offices,  à  payer  une 
amende  de  80,000  écus  d  V,  enfin  à  être  trataé 
dans  un  tombereau  jusqu'aux  halles,  pour  assis- 
ter k  l'exécution  de  ses  complices.  D'Orgemeol 
fut  en  outre  renvoyé  devant  la  justice  ecdësias- 
tique,  qui  le  dégrada,  le  déclara  déchu  de  fo» 
ses  bénéfices,  le  condamna  à  être  mené  dans  ua 
tombereau,  en  certains  carrefours  de  Paris, 
mitre,   mis   à  TécheUe  (pilori)  et  k   garder 
une  prison  perpétuelle,  au  pain  et  à  l'eaa. 
Gomme  on  craignait  les  puissantes  infloeoces 
que  le  condamné  avait  pu  conserver  dans  la  ca- 
pitale, Nicolas  d'Orgemont  fut  éloigné  de  Paris. 
Le  chapitre  de  Tours  transporta  son  canooicat 
à  un  noovean  titulaire.  Livré  ensuite  à  l'évéqu 
d'Orléans,  il  eut  pour  asile  la  geôle  épiseopale 
de  Meung-sur-Loire  (célébrée  depuis  par  les 
plaintes  de  Villon),  et  y  mourut  peu  de  teibps 
après  sa  condamnation.  «  On  trouva  < dit  le 
chroniqueur  Juvénal  des  Ursms)  dans  un  tas 
d'avoine,  en  son  hôtel ,  seize  mille  vieils  escui, 
et  estlmoit-on  ses  biens  meubles»  bien  de  60  è 
60,000  écus.  Le  roy  eut  tout.  » 

Amaury  d'Obguort,  frère  dn  précédent,  eut 
pour  fils  Pierre  III,  seigneur  de  ChantîUy, 
Montjay,  etc.,  chevalier  (1),  mort  le  10  mai  1492, 
sans  enfants  de  Marie  de  Roye»  son  épouse. 
Après  eux, 
Màrgueriie  d'Orgemont,  scaor  de  FferrelU, 

(1)  Fog.  1»  aon  portrait  peint  daoa  aoo  livre  d'henra 
de  mariage  en  ItM;  reproduit  dana  Qelffoléres,  Mois  et 
Jfelnet,  etc.,  uei-isil,  foL  71;  gravé  dans  le»  Mmmmmtt 
de  la  wumarehiefrançoise,  t.  lit,  planelie  uv,  flgarf  i. 
avec  sa  femme,  nouvelle  époaaée  (  Ignre  1)  ;  f*  Sa  statue 
snr  son  tombeau  de  marbre,  Jadis  placé  dans  ts  ebapelle 
de  la  Vlerfe  aux  Cordellers  de  SenUs  Galgnlères  «SMok. 
fol.  74  ;  Menwaeids  dé  la  wtonaraUe  fimmç.,  lam.  i^', 
planche  vu,  ûgunk}} Musée  de  FersaiUee^iétie  XI, 
section  f*,  dtagrapbe  Oavard,  pièce  70 ,  attribuée  te- 
ttvement  dans  lea  premiers  livrets  de  cette  gaiolc  S 
Pierre  II  le  ebanoetler. 


785 


ORGEMONT  —  ORIBASE 


78& 


ayant  épousé  Jean,  baron  do  Montmorency,  en 
1455,  la  terre  de  Chantilly,  par  suite  de  cette 
ailiaxioe,  passa  dans  la  maison  de  Montmorency. 

A.  V.  V. 
Cabinet  des  titres,  dossier  OrgemonL  Bittoin  de  Mar- 
moutUrif  ms  Balaie.  77,  fol.  Zkï;  vas.  Dupuj,  26e,  fol.  SS 
et  ».  RegUtrê  du  ComeU,  z.  x.,  n»  uso,  i  la  date  de 
1416.  —  Mémoirtt  de  iSanim.  ms.  de  rinstttut,  d*»  679,  A 
la  date  de  l4is.  —  Labbe.  JUianee  ehronoiogiqtu,  eic, 
1644,  lD-4«.  t.  II,  p.  70^,  705.  -  JiibUothiqM  de  rÉcole 
dêi  Ckartes,  t.  Il,  p.  66  et  suIt.  '-  Anselme,  aui  Chan- 
eeUtn  de  France.  —  Urslns»  dJiM  Oodefroy*  Chariet  r/, 
I6n«  iQ-rol.,  p.  SSt,  ISS.  —  Monstrelet,  édltloo  d'Arcq, 
t.  III,  p.  140.  —  Vallet  de  VlrifiUe .  Chronique  dé  Cou- 
einot,  etc.,  p.  4i,  160.  —  Itabeau  de  BtnHère,  1869,  ln-8*, 
p.  11,  etc. 

ORiANi  {Barnaba,  comte),  astronome  ita- 
lien, né  le  17  juillet  1752,  au  village  de  Gare- 
gnano,  près  Milan,  mort  le  12  novembre  1832,  à 
Milan.  Ses  parents,  qui  étaient  de  pauvres  pay- 
sans, l'avaient  placé  en  apprentissage  cbei  un 
maître  maçon.  Des  moines  chartreux,  frappés  de 
son  hiteUîgence,  Tattirèrent  dans  leur  couvent, 
et  après  lui  avoir  enseigné  les  premiers  élé- 
ments renvoyèrent  achever  son  éducation  à  fili- 
ian»  chez  les  Bamahites.  Lorsqu'il  prit  les  ordres, 
Oriani  possédait  des  sciences  exactes  tout  ce 
qu'on  en  connaissait  alors,  et  il  avait  même  fait 
de  tels  progrès  dans  Tétude  de  Fastronomie  qu'il 
était  entré  en  qualité  d*élève  à  l'observatoire  de 
Brera,  où  il  ent  pour  maîtres  Reggio  et  de  Ce- 
saris.  Deux  ans  plus  tard  (  1777  },  il  prenait  rang 
d'astronome,  et  en  i778  il  commençait  dans  les 
Éphéméfides  de  Milan  une  série  de  mémoires 
sur  la  lune  pour  corriger  les  tables  de  Mayer  et 
d'Euler.  En  1786  il  fut  chargé  par  l'empereur 
Joseph  11  de  faire  construire  à  Londres  par  Raros- 
den  un  cercle  mural  de  sept  pieds  et  demi  et  plu- 
sieurs autres  instruments  ;  il  connut  à  cette  épo- 
que Maskelyne  et  W.  Herschel,  et  entretint  avec 
ce  dernier  une  correspopdance  très-suivie.  A  son 
retour  il  travailla  à  la  mesure  d'uu  arc  du  mé- 
ridien et  exécuta  la  triangulation  nécessaire  pour 
la  construction  d'une  nouvelle  carte  de  la  Lom- 
bardie.  Pendant  les  troubles  qui  suivirent  l'Inva- 
sion française,  il  sut  se  rendre  respectable  à 
tous  les  partis, et  n'interrompit  pas  un  instant 
le  cours  de  wa^  travaux.  Après  la  victoire  de 
Marengo,  il  eot  mission  de  réorganiser  les  uni- 
versité de  Pavie  et  de  Bologne,  et  présida  la 
commission  formée  pour  régler  le  sy4(tème  des 
poids  et  mesures.  Le  célèbre  Piazxi  ayant  dé- 
couvert, le  IV  janvier  1801,  la  planète  Gérés,  qull 
prit  d'abord  pour  une  comète,  Oriani  trouva,  en 
en  calculant  l'orbite,  que  c'était  une  planète,  dont 
il  marqua  la  place  entre  Mars  et  Jupiter.  Lors 
de  la  création  de  l'Institut  d'Italie,  il  en  devint 
un  des  trente  premiers  membres  et  reçut  bien- 
tôt de  Napoléon  la  diieotion  de  Tobservatoire  de 
Milan,  la  dignité  de  comte  et  celle  de  sénateur, 
les  insignes  de  la  Couronne  de  fer  et  de  la  Lé- 
gion d^Honneur;  mais,  pour  ne  pas  abandonner 
ses  études  favorites,  il  refusa  l'évèché  de  Vige- 
vano  et  le  portefeuille  de  l'instruction  publique. 
Le  gouvernement  autrichien  rendit  justice  au 


mérite  éminent  d 'Oriani  en  le  laissant  jusqu'à 
sa  mort  à  la  tête  de  l'observatoire.  Il  eut  part  à 
Tachèvement  de  la  grande  carte  d'Italie,  com- 
mencée souy  la  domination  française.  Presque 
tous  les  écrits  de  ce  savant  ont  été  insérés  dans 
les  Éphémérides  :  de  1778  à  1831,  on  en  compte 
cent  six,  la  plupart  en  lalin;  les  plus  remarqua- 
bles sont  :  De  interpolatione  longitudinum  et 
laiiiudinum  Lunx  (  1778)  ;  Observationes  JIl 
Lan»  cum  tabulis  Mayeranis  et  Bulerianis 
eomparata  (1780);  De  reduetione  loci  medii 
stellarum  ftxarum  ad  verum  et  veri  ad  ap- 
parentem  (1781);  De  matu  duorum  haroUh 
giùrum  pendulis  ef/ectum  ealoris  per  se  cor* 
rigentilms  instructorum  (1782);  De  média 
perceptUme  xquinoetiorum  ex  veterumastro- 
nomorum  observiUionibuê  collecta  (  1783),  où 
il  fixe  la  quotité  annuelle  de  la  diminution  de 
Tobliquitéde  l'écliptique  à  l'équateur  ;  Observa^ 
tio  et  tabulx  noviplanetm  (1785),  où  le  pre- 
mier il  détermine  l'orbite  dlJranus  ainsi  que  les 
perturbations  des  petites  planètes;  De  TejTQC- 
tionilnu  astronomicis  (1788),  De  emenda- 
tione  tabttlarum  Mercurii  (1797);  Formate 
analitiehe  délia  perturbasione  dei  pianeti 
(1803),  etc.  Ces  dissertations  se  distinguent 
toutes  par  une  méthode  rigoureuse,  et  renferment 
d'excellents  préceptes  pour  l'astronomie  pratique. 
Quelques  ouvrages  d*Oriani  ont  été  publiés  è 
part,  tels  que  :  De  horologio  Solarî  italieo; 
(iilan,  1786;  —  Theoria  planètes  Urani;  ibid., 
1789,  fai'4'';  —  Theoria  planeta  Mercurii; 
ibid.,  1798,  in-8^;  —  Elementi  di  trigonome- 
tria  s/erpidica;  Bologne,  1806,  in-8*:  traité  de- 
venu classique;  —  Opuscules  astronomiques; 
Milan,  1806,  in*8'';  —  Traité  d* astronomie  et 
de  sphère;  ibid.,  1824,  m-S**;  ^  jlfantie/  cfof- 
tronomie;  ibM.,  1826,  in-32.  Oriani  appartenait 
à  l'Académie  des  sciences  comme  assodé  étran- 
ger, à  la  Société  royale  de  Londres  et  à  l'Acadé- 
mie de  Berlin.  Deux  statues  lui  ont  été  élevées, 
l'une  à  Milan,  l'autre  à  Bresda. 

A.  Gabba,  Blovio  di  Oriant;  MUao,  18S4,  In-S". 

OR1BA8B  (*Opei6dtatoç  on  "Optédwioc),  cé- 
lèbre médecin  grec,  né  vers  325  après  J.-C, 
mort  vers  400.  Suidas  et  Philostorge  le  font 
naître  à  Sardes  en  Lydie  ;  mais  Eonape,  son  bio- 
graphe et  son  ami,  dit  qu*ll  naquit  à  Pergame  en 
Mysie,  ville  natale  de  Galien.  Suivant  le  même 
écrivain,  Oribase  appartenait  à  une  famille  rtt- 
peetable,  et  après  avoir  reçu  une  bomie  éduca- 
tion il  étudia  la  médecine  sous  Zenon  de  Cypre, 
et  eut  pour  compagnons  d'étode  Jonicus  et  Ma- 
gma». 11  acquit  de  bonne  heure  une  grande  ré- 
putation dans  Texercice  de  son  ari.  Le  prince 
Julien,  depuis  si  célèbre  comme  empereur,  con- 
finé en  Orient  par  la  jalousie  de  Constance,  y  fit 
la  connaissanoe  du  jeune  médecin,  et  l'admit 
dans  sa  plus  intime  confidence.  Oribase  fût  un 
des  très-rates  confidents  auxquels  il  révéla  le 
secret  de  son  apostasie.  Devenu  césar  et  envoyé 
en  Gaule  en  déconbre  355,  il  l'emmena  avec  lui» 


787  ORIBASE 

et  Tannéf  suivante,  à  Toccasion  d'une  absenee 
temporaire,  il  iiii  adressa  une  lettre  qui  témoigne 
à.  la  fois  de  K?ur  intimité  et  de  leurs  sentiments 
pjnens.  Pendant  ce  séjour  en  Gauie,  Julien  de* 
manda  à  Oribase  de  lui  faire  un  abrégé  des  écrits 
de  Galieu.  Cet  ouvrage  lui  jfini  tdiement  qu*il 
pria,  réorïvain  d'exécuter  le  mâme  travail  sur 
iea  autivsx  écnivains»  médicaux-  Oriiiase  accon»- 
piit  celte  tAohe,  mais  senlememi  apiè»  Pavënc- 
ment,  de  iiities»  à  l'emfNre,  en  361 ,  en  aoisMite 
ou  soiiante-douM  livres ,. dont  itfciii^te;  mm  Raf'- 
tia  sooa  la  titre  de  Siimcy»t^I  *laaçKmi  {GoUee^ 
tiens  médioiles^)*  Un.  passade  trèaobsciur  d'£tt^ 
nape  (.(}aiatX£a  xàv  'Ibu^uonqv  àics&t^.)  a  fmt' 
croire  qu^Oribase  avait  centribué  à  l^élévution 
de  Julie»  à  Fempine;  mais  cette  sup|Minttioit-eflt 
fort  douteuse;  il  eaicertaÎB  ^n'Onibase  eonserva. 
auprès*  éè  reapereiir  tout  le  erédit  dont,  il  avait 
joui  auprès  doi  oésar.  Julien  tenevima.  qomteuc 
de  Genstantînopie,  ekKeDvnQra  à^Delphea  peur 
qn*ii  rendit  àr  l'oranle  de  Delphes  son  andienne 
splendeur  et  autorité.  Sa  mission,  fut  stérile,  ci. 
il  an  rapporta  de  Delphes  qu*un»senl*répQntnv. 
c^eat  que  Toraele  n'emtait  plus»  eelte-  réponaa 
formaR  troiff  Yera>  ailés*  par  Gedranus,  et  iùot 
TeiaL  le  sens  :  «  Dites  an  roi  que  \^  hnllant 
paBKia  est  en  ruineib.  Phébua  n!a  piua  de  é»r 
meure,  ni  de  laurief  prophétique,.»  fontaine  par- 
lante ;  l-ea«  pariante  est  tarte.  »  Oribase  aoeonapa- 
gna  Julien  dans  son  expédilioB  contre  la  Perse» 
et  se  trouvait  avec  kit  à  l'épuqac  de  sa  mort,  le , 
2S  juin^  363.  Le^  g^aad  ceédit  d'Oribase  auprès 
d'un.  eraperenrapostatoA  pou  vait  1«  reoomraandep 
aux  snocesseora  chrétieBada  oe  priacc;  Ennape 
rapporte  en  termes  vagnea  et  déclamatairts  qae 
Ie«^  empereurs»  Vatenftinien  et  Vaiens  eontisqiiè- 
rent  ses  bien»  et  Ten^oyèrenl  en  exil  chen  des 
bariMcea-  (  pentrétrt  des  Gotha  ).  Dans  son  euh 
Oriiiase  donna  des  preuves  de  sa  force  d^àme 
et  Ae  san  habileté' daoB  aon  art.  Sa  scianoe  mé- 
dicale lui  mérita  If  estime  et  la  confiance  des  rois 
barbares  et  le  fil  admirer  du  peuple,  qm  le  re^ 
gardait  caaoroa  uu  dieu.  U  panatt  qvur  sonr  bai»' 
nis&ement  ne  fut  pas  de  longue  dures  et  finit 
avant  Tannée  309;  Ses  biens  lui  ftirent  nestitués»* 
Après  aon  retour  il-  é\)oasA  una  personne  riobie 
et  de  banne  fomiile,  dent  il  eut  quatre  enJantei 
On  ignore  ta  date  de  sa  mort;  mais  on  sait  qu'il- 
vivait  encore  lorsque  Eunape  lui  oensacra  une 
notice  dan6.sea  bio^paphies  des  PttiJesopheSy 
vers  386.  Oa  eonaalt  tcès-pei i  le  earaetère  d'ih- 
ribase,  car  le  pompeux  pân^gynguie  d'Ëanapa 
masque  à.  la  fois  de  précision. H  d'autorité^  mais 
on  ne  peut  douter  qu'Ui  ait  prâs  une  part  aetive, 
sioflère^  passionnée  à  la  résîclioa  paicnae  entn»- 
prise  par  iutieii.  U  est  souvent  cité  par  itétiasy 
Paul  d*Égiae^.  Rhasès».  etc.  .Quelqaes-nn»  da  ses 
ouviagaa  furent  taaAnit»  tm  arabe,  etHhéopbane 
en  fit  nnabfégé»  à.la  demande  de  l!enpereiHrr 
Constantin  PorphyrogénèfiBi 

On»  pusaède  trois  ou vragea  d'Oribase^  qn^snt 
regardés  oomaie  authentiques.  Le  premiev  est 


78S 
intitulé  £uvaYfliTa:  1«r?tx«f  (  Colttsctions  ntédi" 
caies  ),  ou  'HMopaixovrai^^oc  (  Les  soixante- f(îx 
livns)  :  c'est?  une  compilation  qni  ne  contient 
d'original  que  la  préface ,  mais  qui  est  précieuse  à 
canse  des  nombreux  extraits  (fourrages  aujour- 
d'hui perdus  ;  elle  était  déjà^.  k  cauw  de  son  vo- 
lume, devenue  rare  do  temps  de  Pant  d'É^m^  ; 
elle  fut  tradnite  en  syriaque  dans  le  neuvième 
siècle  par  Eonùn  Ibn-Ishak  et  Isarlbn-Yatnp»; 
mais  eue  ne  tarda  pas  à  devenir  encore  pins  ran^ 
sous  k»  fbrme  syriaque  que  sons  la  forme  grr«. 
que^et  Haly  Abbas.qui  en.  parie  au  dixième  siè- 
cle ,  dit  qu'il  n'en  a  vu  qu'un   seul  livn  ssr 
sov)oante-dix.  JSne  très-grandb  partie  de  cet  ou- 
vrageest  actoetlement  perdue.  On'  possède  les  li- 
vre» 1-15,  et.  un  très-court  fr^amra^cHv  16*,  tes 
livre»  :»»,  22)  24,  25,  44-49,.  avec  de»  fraf^ents 
dn  50*  eft  du  5t*,  et  45  chapitres^  pullMés  par 
MM.  Dbremberg  et  Busmaker,  sonsia  rahnqoe 
lit>r&9  ineeriaim».  Les*  quinze  premiem-  IfWea 
a^^ee  le  24*'  eMe  26*^  ftveni  puMiés,  tradanfer  en 
latin  par  J.-B«  Rasari,  Yemsi^Csana  daèe,  mais 
avant  1 555),  i»8^:  C-F.  MhttlMBv  le»  donna  c» 
grec  et  en  hitfw,  roaiseoemetlant  tiNisla9.«KlrBitr 
de  Gafien,  de  Rvfns,  d!Ëpllèsr  el^de  Dlosaaiide. 
Catte  édition,  qui  est  tr^^raae,  est  intiittiëe 
XXI  tvterum  et  darortimi  MMbcortim.  ^w^ 
corum  varia  opmeula;  Moscou^  IS09,  ivh4^: 
Lasr  icr  et  2«'  livres  avaient  âcjk  été  pablié»  en 
grec  et  en  latin  par  C.-G.  Gniner;  léna,  1782, 
in^*;  Les  livre.^  2f  et  22  et  les  livres  inear- 
tains*' ont;  été  découverts  par  M.  Wetr..  Les  li- 
vres  24  et  25  traitent  de  Kanatomie;  KaRari  les 
donna  en  Uth»  ai«c  les  qninsr  premiers.  G.  MarH 
les  publia  en  grec  sons  le  titre  de  Colteeùane»' 
rnwtirtis  mediex  liber;  Pans,  156$,  in>^*,  et 
Vf .  Bundass  en  grec  et  en  latfn,  avec  le  lilre  de 
Otrtèaâii  antitmnka  exliàris  Goleni;  Le^pie, 
1795,  in-4^  Le'44«  livre  a  été  pabKé  en  grec  et 
en  latin,  avee  des  notas  étandaes  par  U.-O.  Bas- 
seinaker;  Groniague,  nQ»,  m^;  Uiapfsftdéfà 
paru  avec  les  livre»  45«  ^\  49  et  des  parties 
des  livras  50  et  51  (mais  mons  les cslraiCB  de 
Gaticn  et  d'Hippoerale)  dans  tea  crassiti  atiD- 
ions   e  vatheaniK  eodiàèws^  eéiii  d'Aipèa 
Mai*;  Rame,  1881,  in-8f,   MVw  Ees  lirres<  4CP 
et.47«'furent  publiés  parAnt.  Coodii  à  Floveace, 
1764,  hi^fol.  grée  et  latin,  sous  ce  tHre  G#a«o- 
rtum  ckurîÊrgi€i  Hffri.  Une  édition,  enitiqae  et 
aunai  compléta  que  le.  permet  l'état.dn  manascrit 
était  désirée;  eUe  a  été  entreptôBe:  par  MM^  Ba- 
rembcrg  el  Buseemaher. 

Le  second  oumraïQS  d'Oiiibase  M,  uni  abrégé 
du  premier,  et  M  écrit  ennaen  treaÉe  ans  ptos 
tar<^  à  la  demande  et  paar  KUaage  de  sen-  fils 
Euataths^  anquet  il'  9Sà  éièmiett  aieé^É,  m 
Xuvolfiç,  en  neuf  Irwesi,.  ftiÉ  traduit  enhanbe 
par  HoaaM»  fim-bbak;  Roeaii  en.  a  daané  aae 
tradacUaakitine,  Vaniae^  UMyin*8*.  LetSKle 
grée  dfe  ce  traité  et  des  snivantb  paaallm  dîna 
Des  tomes  T  cl  ¥1  de  rédkiomqut  vicnl  d'être 
citée. 


789 


ORIBASE  — 


Le  troisième  ouvrage  d'Oribase  est  iatilolé 
EùirôptoTci  {Les  Remèdes  faeiUs  à  préparer)  tt 
Gonipreod  qu^re  livres;  Spreogelea  a  révoqué  eo 
doute  l'autheuticité,  mais  saos  motifs  siiffisaots  : 
c  est  un  petit  manuel  de  médecioe  pratique,  extitût 
ca  partie  de  !a  graade  collectioa.  Le  texte  grec  n'a 
jamais  été  publié;  mais  il  en  a  paru  plusieurs 
traductions  latines,  l'un»  par  J»  Sidiard,  à  la  fia 
de  s«n  édition  de  Caslius  Aiirelianus,  lUIe,  1529, 
in>roI.  ;  Tautne  par  J^Bapt..BasaEi,  Venise,  lô5«, 
ins\  Suidaa  aAtribue  à  Odbase  4|tiflquea  ou- 
vrages aui«urd'lu4i  perdus;  savoir  Hepl  fkoMv- 
/.oo;  {Sur  la  Bayautéyi  —  llepl noûâv  (Sur  tes 
A/feclions),  U^  tOMç. &safMûvxa<  xùv  iaxp6«> 
titre  douteux,  qui  parait  signifier  Sur  les  mééer 
dus  hesilants  ouStif*  UsinestttlwUs^dBs  tué- 
decws.  Oulre  ce»  œuvres ,  «a  ik  sous  le  nom 
d'Orikiase  un  Commentaire  sur  les  Àphmrismu 
dliippocrale  :  cet  ouvrage*  écrit  en  latin  et  qui 
n*a  probablement  jamais  existé  en  grée,  fat  p»* 
blié  par  i.  Guinterius  Andemaeus ,  Paris,,  iâa3, 
in-s";  il  est  évidemment  supiiôsé,  mais  on  a 
«Mâture  à  tort  qu'il  avait  été  composé  vers  le 
conmenoeroeot  du  quatorzième  siècle,  par  un 
laédeoin  de  l'école  de  Saieme»  poisqu'ii  en  eiiste 
des  manuserila^  do  diaième  siècle.  Y. 

Boirape.  FUmphitêê.  H  loph.  "  ftuttàM,  BWiotà^ 
cn<l.  SIT.  —  FrelDd,  Uistonf  of  phgsie,  toI.  1.  —  Hallrr, 
BMiot  anat,t  Btbl  cAirwr.,  Biàt  frofon.,  BiM.  med. 
prmet.—  9^rtngti^Ht$toirêd0lmwtedecHu.  ''J^h'.-Q.  Hé- 
ckrr,  /ittteror.  Annat.  éer  otmmunim  AMMmvde  .•  MSB, 
voL  L  -  FabrtclD*.  Btbl.  Grmca,  to(.  IX.  p.  4ftl  ;  XU,  SM; 
X111,  S5S  —  Choalant,  HOnftb.  der  BUeherkunde,  ett. 
—  Daivmbflrii,  Bapport  au  miittêtr»  dé  OnstrucUén  jmi- 
M41M/  ei  iirfrtd.  a  l«  «oftertton  tes  wtéd^int  grta» 

•RIBHT  (Joseph)^  peintre  Iwagroifr,  mé  à 
Bttrindi,  en  1677,  mort  ài  Vienne,  en  1737.  Élève 
de  Faistenberger,  il  pei^iitnn  grand  nomèrnde 
paysagcsy.  ferès-eatinés  et  d'im  grand  effet;  il 
était  très-babiknà  reproduire  sur  In  toile  les  dié* 
féreots  tons  de  Tair.  là  fut  vice*dircetcnr  de  \ûi 
galerie  impériale  de. Vienne.  Leichsenring  et  Ao- 
sel  ont  gravé  piusieun  de  ses  taMeau.        O. 

Mea«eK  Dtutiek^  EûÊÊtler-lêJUkon.  •»  Nagltr,  JOêê^ 

ORioftsB  (  t)piYt«iK  }»  un  des  piua  célèbre» 
écrivains  do  christianisme  primitif,  naquit  vers 
186,  à  Alexandrie»  et  mourut  à  Tyr,  en  253.  IJ 
IHirtait,  entne  autres,  le  sutnou dU(/atn«Mltn.y 
<iw  faisait ,  dit-on ,  alhisfmi  à  la  force  de  ses  ar- 
S^^>MBte.  U  seçnt  de  son  père,.  Léonides,  aélé 
ciHéliai ,  une  éducalioB  soiguéft,  et  on  vappeiie 
<iu1i  exerçait  de  bonne  heure  sa  mémoire  à  ap- 
prendre par  cœur  une  grande  partie  de  la 
Bible.  Il  eut  pour  maîtres  Clément  d'Alexandrie, 
Amraonins  Saccas  et  Pantène,  et  pour  condfs- 
<^*ple  et  ami  Alexandre ,  plus  tard  évéque  d'A- 
'exandrie.  Au  rapport  de  Porpbyre,  il  Usait  sou- 
i;eDt  Platon,  Longin,  Modérât,  Mwomaqne,. 
^rénion  le  stmeîen  et  Comntus.  Contre  In 
centume  d'alors ,  il  apprit  aussi  Fhébreu»  et 
">"te  la  Grèce  admira,  dit  £usèbe»  In  connais^ 
?»"î  quMI  avait  de  cette  langue.  A  dix-sept  ans 
"  perdit  son  père  :  ce  fut  une  des  victimes  de 


ORIGENE  TiHl 

la  persécution  qui  commença  dans  la  dixième 
année  du  règne  de  l'empereur  Sévère.  Sa  mère, 
dont  le  nom  ne  nous  a  pas  été  conservé,  enl 
beaucoup  de  peine  à  le  dissuader  de  parta^^er  la 
gloire  du  mortyre.  Ne  pouvant  suivre  son  père 
en  prison,  il  Texhorta  è  persévérer  dans  la  loi 
eUrétieone  :  «  Matcbe  en  avant,  lui  écrivik-il  : 
ne  t'inquiète  pas  de  nous.  »  A  la  mort  de  Léo« 
nidea,  dont  tou^  les  biens  avaient  été  confis- 
qués, Origène  se  trouva,  réduit  à  l'indinjence 
avec  s&  mère  et  six  frères.  XI  fut  aiora  aceneilli 
dans  la  maison  d^une  riebe  veuv^,  cpii  avail 
adopté  pour  fils  Paul  d'Antioclie.  Ce  Panl, 
prohableaeni  de  la  secte  des  gnostii|nea ,  aUI«- 
■ait»  par  sen  pcédicalion^  un  grand  cnneours 
d*andi|ettrs.  Mais,  dit  Ëuaà)e,  Origèae  refusait 
de  s'unir  à  lui  dans  la  prière,  parce  qu'il  détes*» 
tait  les  doctrines  bérétique&%  Il  eatrttp^U  dès 
lors  de  se  rendre  indépendant  par  l'étude  et 
renseignement  de  ce  qu'on  afipciait  le  saviûr 
grammatical,  comprenant  la  grammaire,  la 
rbétorique,  la  dialectîqae  ou  logique,  la>géMBé- 
trie,  l'aritbmétîque ,  la  musique. 

Peur  éobapper  à  la  persécution ,  saint  Clé- 
ment  avait  cbercbé  un  refuge  en  Cappadoee,  et 
Iç  christianisme  était  réduit  au  silence.  C'est  à 
ce  nMxnent  qu'apparut  Origène  :  k  la  pavole  du 
maître  anccéda  celle  dii  disciple,  anx  applau- 
dissements de  la  foule.  De  nombreuses  conver- 
sions, dont  quelques-unes  furent  glorifiées  par 
le  mairtyre  (l),  le  recommandèrent  bientM  à  TÉp 
glise.  Assis,  comme  pn^dicateur,  sur  la.cbairedn 
saint  Ciéntent  et  dn  saiot  Paoiène,  il  se  voyait»  à 
vingt  ans,  à  la  tète  de  l'enseignement  des  néopliy* 
tes  d'Alexandrie,  imbu  de&  idées  platontoo-cbré* 
tiennes  sur  In  réprobation. du  corps,  il  donnait  à 
ses  catéchumène»  Pexemple  de  la  sobriété  et  de 
la  pureté  des  mœurs.  Il  vendit  pour  quelques 
oboles  s»  bibliothèque  d'auteurs,  profeaes,  et  se 
priva,  de  tout  ce  qui  peut  alimenter  les  passione. 
Aai  rapport  d'EJusèbe,  «  il  travaillait  et  jeûnait 
tout  le  jour;  il  employait  la.  phis  grande  partie 
de*  la  nuit  à  lire  TÉcrilnre  sainte^  et  couchait  snc 
la  duie.  Suivant  à  la. lettre  letaxte  de  i'Évanffile, 
il  n'avait  qu'un  manteau ,  allait  pieds  nue  et  ne 
s'inquiétait  pns  du  lendemain.  U  s'absl<naU  (k; 
tous  les  aliments  qui  ne  sont  pas  abiolmneut 
nécessaires  à  la  conservalioik  de  la  santé  (2)  ». 
Considérant  le  corps  eemma  la  prison  ou  le  <«  pé- 
nilentiaire  de  Tème  » ,  il  s'écriait  souvent  avec 
saint Pauh  :  «  Qui  me  délivrera  de  ce  misérable  »  ! 
Prenant  h  la  letlfe  ces  paroles,  de  Jé»u»<l{ifis 
saint  Matthien  :  «  Il  y  i  (tes  bommeè  qui  sont 
eunuques  dès  le  sein  de  leur  mère;  il  y  en  a 
d'antres  qui  sont  faits  ennuqnes  par  les  hom- 
mes; il  y  en  a  enfin  qui  se  sont  faits  eunuques 
en-mémes  en  vue  du  royaume  dn  ciel  :  que 
ceint  qui  l'entend  le  comprenne  v,  Origène 

(1)  Parmi  les  dbclple»  4'Origèoe  qat  monniidol  niar- 
tjn,  BHsàbe  oite  PloUrque ,  Seréniia^  UracMde,  Ucru», 
PoUatéDC  et  tf'auU^es. 

m  Eoaèbe.  HUt.  cceUi.,  VI,  S.; 


791 


ORIGENE 


799 


porta  sur  lui-même  une  main  téméraire,  et 
mutila  son  corps ,  «  pour  converser,  dit  Eusèbe, 
plus  librement  non-seulemenl  avec  les  hommes, 
mais  avec  les  femmes  qu'il  instruisait  ».  A  juger 
par  son  commentaire  sur  saint  Matthieu,  Ori- 
gène  se  repentit  plus  tard  de  son  égarement,  et 
reconnaît  lui-même  avoir  pris  la  parole  de  Jésus 
trop  à  la  lettre.  D'aiHeurs,  n'est-ce  pas  un  blas- 
phème de  vouloir  corriger  Tœuvre  du  Créateur? 
C'est  à  nous  de  nous  préserver  des  entraîne- 
ments dangereux  du  corps  ;  c'est  à  nous  d'em- 
ployer l'esprit  à  dominer  la  chair. 

Suivant  le  témoignage  d'Eusèbe,  l'évAque 
d'Alexandrie,  Démétrius,  étonné  do  la  castra- 
tion volontaire  d'Origtne,  admh^t  d'abord  cet 
excès  de  zèle;  mais  plus  tard,  jaloux  des  talents 
du  jeune  prédicatear,  qui  avait  été  consacré 
prêtre  par  les  évêques  de  Césarée  et  d«  Jéru- 
salem, il  le  fit  interdire  publiquement*  «  Ori- 
gène,  rapporte  Eusèbe,  avait  été  jugé  digne 
des  premières  charges  de  l'Église  ;  et  comme  sa 
réputation  de  sagesse  et  de  vertu  se  répandait 
partout,  Démétrius,  qui  ne  lui  pouvait  faire  aucun 
autre  reproche,  rechercha  cette  action  de  sa 
jeunesse  pour  le  décrier,  et  alla  jusqu'à  blAmer 
ceax  qui  lui  avaient  conféré  le  sacéixioce  (1).  y 
Dans  deux  conciles  consécutifs,  composés  de 
tons'  les  évêques  d'Egypte,  Démétrius  était  par- 
Tenu  à  faire  casser  l'ordination  d'Origène,  ex- 
communier sa  personne  et  l'exiler  d'Alexandrie. 
Cette  condamnation  tùi  loin  d'être  approuvée 
par  tous  les  évêques  de  l'Orient  :  elle  partagea , 
selon  l'expression  de  saint  Jérôme,  le  monde 
en  deux,  et  fit  parfaitement  ressortir  la  diffé- 
renoe  qu'il  y  avait  entre  le  christianisme  plato- 
nique, systématisé  par  Origène,  et  le  christia- 
nisme juif  de  l'école  d6  saint  Mare,  représenté 
par  Démétrius  (2).  Ce  dernier,  non  contait  d'a- 
Toir  frappé  Orig^e  dans  sa  personne,  le  fit  con- 
damner dans  sês  doctrines.  A  juger  des  f  raipients 
d'une  lettre  de  l'iliusti'e  exilé  à  ses  amis  d'Alexan- 
drie ,  ce  fut  la  doetfine  de  la  réhabilitation  de 
Satan  qui  avait  surtout  attiré  les  anatlièmes  de 
Démétrius.  Pour  être  conséquent  avec  lui-même, 
il  devait  en  effet  aTOir  enseigné  que  «  si  nous 
sommes  tous  sous  le  coup  fl'ime  déchéance  per- 
sonnelle, tous  précipités  do  del  par  suite  de  nos 
propres  crimes,  il  est  logiquement  nécessaire  d'é- 
tendre jusqu'aux  mauvais  anges,  nos  firères  d'en- 
fer, la  réhabilitation  opérée  à  notre  égard  par  la 
charité  tonte-pnissante  et  uniTerselle  du  Christ  » . 

Après  un  séjour  de  courte  durée  à  Athènes, 
Origène  passa  la  fin  de  la  vie  en  Asie,  particu- 
lièrement à  Césarée  et  à  Tyr.  N'ayant  plus  d'é- 
cole, il  continua  d'ensdgner  par  ses  écrits  et  ses 

(1)  M.  Jeao  Beyniiad ,  dan*  on  exedlcnt  arttele  rar 
OrigHê  (dans  l^BncjfelopédiB  nouvelle^  l'est  atUcM 
k  démontrer  que  l'inierdlctton  do  célèbre  doetenr  chré- 
tien n'aralt  en  réellement  d'autre  moM  qne  la  mutUa- 
tk»  Tolontalre  aicoalée  par  Eoièbe. 

W  Un  tlècle  plus  tard ,  le  eonclle  de  Nleée  rédigea  on 
eanon  tpédai  ponr  déclarer  rintésrtté  texoeUa 
aalre  à  rexerdee  des  foncitoBa  sacerdoUki. 


sermons.  Son  autorité  se  ré|)andit  rapidement  ;  il 
était  l'oracle  de  la  Palestine,  de  la  Phénicte,  àt 
fà  Cappadoce  et  de  PArabie.  11  résidait  en  Pa- 
lestine quand  la  persécution  de  Déeius  y  édata. 
Jeté  dans  un  cachot,  il  eut  le  cou  et  les  pieds 
fixés  à  des  instruments  de  torture;  on  essaya 
vainement  de  le  vaincre  par  la  longueur  Au  sup- 
plice. L'avènement  de  Gallus  mit  fin  aox  mf- 
frances  du  vieillard.  Mais  il  sortit  estropié  de  sa 
prison,  et  mourut  prolMblement  dans  l'année 
même  de  sa  délivrance ,  à  Tége  de  soixante-dn- 
sept  ans.  Au  treizième  siècle  on  montrait  eoeoit 
à  Tyr  le  tombeau  d'Origène  :  c'était  une  eoiome 
de  marbre  grec,  enrichie  d'or  et  de  pierre*  pré- 
cieuses. 

Ouvrages,  Origène  n'ayant  pour  ainsi  dirr 
cessé  d'écrire  ou  de  dicter  pendant  pins  de  qua- 
rante ans,  le  nombre  de  ses  ouvrages  devait  être 
trèsGonsidéraWe ;  saint  Épiphane,  d'aoeord avec 
Rofin ,  révaluait  à  plus  de  six  mille  ;  maJbei- 
reuseœent  la  plupart  sont  perdus.  An  rappMt 
d'Eusèbe,  il  avait  sept  secârétairea  occupés,  à 
tour  de  r61e ,  à  recueillir  ses  paroles ,  et  sept 
écrivains,  aidés  par  déjeunes  filles,  pour  les  trans- 
crire et  mettre  au  net.  Les  écrits  d'Orig^  ont 
toujours  été  plus  ou  moins  suspect»  d'héréae 
dans  le  clergé  grec  et  romani.  Il  existe  mêae 
encore  dans  l'Oise  grecque  un  oanon  qni  dé> 
fend,  sous  peine  d'anathème,  d'en  faire  de» 
copies.  Parmi  ces  écrits,  on  dte  en  première 
làffkt  les  deux  éditions  qu'il  avait  préparées  de 
l'Ancien  Testament,  dont  l'une  s'appelait  Tetra- 
pla  (  à  quatre)  et  l'autre  Hexapla,  ikaaù&  (à  six 
•  colonnes)  ;  la  dernière  porte  quelquefois  aussi 
le  titre  à'Octapla  on  A^Ennéapla.  Les  repro- 
ches que  les  Juifs  adressaient  sans  cesse  an 
chrétiens  de  citer  inexactement  l'Ancien  Tes- 
tament donnèrent  lien  À  la  Tersion  greeqpe 
alexandrine,  dite  des  Septante.  Pour  discré- 
diter cette  Tersion,  les  Juifs  signalèrent  de  nom- 
breuses discordances  entre  le  texte  hébreu  et 
le  texte  grec  (l).  C'est  ponr  montrer  ce  qu'il 
y  avait  de  fondé  dans  ces  discordances  qv'Ori- 
gène  entreprit  les  Hexaplu  :  la  prenûère  co- 

(1)  Les  débats  entre  lea  Jailli  et  laa  fireoi  (dréOena) 
afalent  été  ramenés  i  on  détail  asacs  eaileu,  aals  4é- 
e«atr;Ce  détail,  le  vold.  L'blaloirc  de  SmaBncncaetrovre 
point  dans  le  Daniel  des  Juifo;  ce  n'aat  qa*uw  Intcftali- 
Uon  frauduleuse  des  Aleiandrlns.  Ce  qui  le  pnmve,  f  ert 
que  llaateur,  par  une  alngnllère  maUdrease ,  y  Ml  raolcr 
lea  réponaea  des  propbètes  au  dc«i  vlelllaras  av  dcui 
Jeux  de  Bots  exdnalveaient  grecs.  Ataal,  le  ^nmta 
vieillard  dit  qne  Suianne  était  sona  an  boai.  en  grec 
itpTvoc  {Oex)  :  anr  quoi  Daniel  le  eondamae  *  être  kU. 
en  frec  icpCeo.  Le  second  dit  qu'elle  était  son  un  lea- 
tlaque,  irfJiMQ^  :  Daniel  le  condamne  à  être  pendu  (en 
grec  oi^X,fù  ).  ComiBe  les  nots  béiirenx  oorrespoodaats 
ne  se  prêtent  a  aueon  d«  ces  )eu>  de  asots ,  U  bot  que 
toute  cette  btotoire  aK  été  Inventée  en  grec  OrlRése , 
sentant  tonia  la  force  de  l'attaque ,  retoaine  bardlaeat 
contre  les  Juifs  racoosoUon  de  faux.  Il  reproche  ra 
corps  sacerdotal  de  Jérusalem  d'avoir  été  le  dépositaire 
Inadéle  de  hi  Bible,  au  point  d^  avoir  eflacd  tout  ce 
qui  pouvait  aux  yeux  du  peuple  Jeter  quelque  défavesr 
sur  les  prêtres  ;  et  c'est  k  ce  motif  qu'il  attribue  paztt- 
collètenent  la  sonstraetion  de  l'bistoire  de 


79S 


ORIGÈNE 


794 


lonne  donnait  les  moU  du  texte  hébreu  en  ca- 
ractères hébreux;  U  seconde,  les  mêmes  mots 
en  caractères  grecs;  la  troisième,  la  version  lit- 
térale d'Aqaila;  la  quatrième,  la  Tersion,  plus 
libre,  de  Symmaqne;  la  cinquième,  celle  des 
Septante,  et  la  sixième,  celle  de  Théodotion, 
aorte  de  rajustement  des  Septante  à  l'hébreu. 
Ce  grand  travail  ne  nous  est  parvenu  qu'extrê- 
mement tronqué.  Il  était  tombé  en  défaveur 
depuis  que  l'Eglise  avait  adopté  un  texte  de 
convention.  L'original,  qui  devait  exister  dans  la 
bibliothèque  de  Césarée,  fut  probablement  dé- 
truit par  les  Arabes.  Ses  copies  disparurent  ra- 
pidement. Les  fragments  en  ont  été  recueillis 
par  Monfaucon  (Pari»,  1714,  2  vol.  in-fol.,  et  il 
s'en  est  conservé  quelque  chose  de  plus  complet 
dans  le  sein  même  de  l'Église  ;  car  la  traduis 
tion  de  saint  Jérôme,  connue  sous  le  nom  de  VtU- 
gâte,  a  été  faite  d'après  les  Hexaples,  et  l'édition 
alexandrine  d'Eusèbe  n'était  que  la  transcription 
exacte  de  la  cinquième  colonne  de  l'oeuvre  d'O- 
rigène. 

La  critique  du  Nouveau  Testament  avait  éga- 
lement fixé  l'attention  d'Origène.  Il  s'était  aperçu 
qu'en  multipliant  les  copia  des  Évangiles  on 
n'avait  été  guère  scrupuleux  au  sujet  des  va- 
riantes. Il  s'en  exprime  clairement  dans  un  pas- 
iage  de  ses  commentaires  sur  saint  Matthieu. 
<  Il  s'est  introduit,  dit-Il,  de  grandes  diversités 
entre  les  divers  textes,  soit  à  cause  de  la  né- 
gligenoe  de  certains  écrivains,  soit  à  cause  de 
la  détestable  audace  de  certains  autres,  qui  corri- 
gent le  texte,  et  dans  ces  corrections  ajoutent 
ou  élaguent  à  leur  gré.  »  Pois,  il  rappelle  ses 
travaux  sur  l'Ancien  Testament,  et  ajoute  qu'il 
en  faudrait  de  semblables  sur  le  Nouveau.  Aucun 
écrivain  avant  lui  n'avait  fait  preuve  dans  l'in- 
terprétation de  l'Écriture  d'une  aussi  grande  indé- 
pendance d'esprit  Les  mensonges,  les  félonies, 
les  vols,  les  adultères  des  patriarches  le  scanda- 
lisent, et  il  s'en  exprime  fhinchement.  «  Quelle 
édification,  demande-t*il,pouvonsHaous  éprou- 
ver lorsque  nous  venons  k  lire  qu'Abraham, 
^  se  contenter  de  mentir  au  roi  Ablroelech , 
>lla  jusqu'à  lui  livrer  sa  femme?  Et  de  quelle 
oianfère  serons-nous  édifiés  par  la  femme  du 
patriarche  quand  nous  voyons  que,  de  con- 
nivence avec  son  époux,  elle  s'est  prosti- 
uiée  (1)  ?  ».  Ce  qu'il  dit  de  la  barbarie  des  lois 
de  Moyse  n'a  pas  été  dépassé  par  l'esprit  critique 
^e  notre  époque.  «  Si  l'on  s'attachait  strictement 
^Q  texte,  dit  il ,  et  que  l'on  acceptât,  comme  le 
«>nt  les  Juifs  et  le  vulgaire  des  fidèles,  tout  ce  qui 
^1  écrit  dans  la  Thora,  je  rougirais  d'avouer  que 
l^ieu  aitjamais  pu  dicter  de  pareilles  lois.  Eu  effet, 
^  lois  humaines»  par  exemple  oellei  de  Rome, 
j<  Athènes  et  de  Lacédémoce,  me  paraîtraient  à 
*  fois  cl  plus  raisonnables  et  moins  bar- 
^^  (a).  »  Enfin,  son  appréciation  de  l'Ancien 
^stament ,  il  la  résume  en  ces  termes  :  «  Toutes 

(1)  Bomli.  VI,  m  Cènes,  . 

«  Bomli.  vif,  in  IJBVU,  1 


ces  choses,  si  on  ne  leur  trouve  un  autre  sens 
que  oelui  de  la  lettre,  seront  bien  moins  un 
soutien  et  un  moyen  d'édification  pour  le  chris- 
tianisme qu'un  obstacle  et  une  cause  de  renver- 
sement. »  La  discordance  des  évangélistes  dans 
le  récit  de  la  vie  de  Jésus ,  discordance  qui  a 
fourni  tant  d'armes  contre  la  théologie  romaine, 
Origène  s'en  sert  pour  mettre  en  lumière  le  ca- 
ractère mythique  du  Nouveau  Testament.  «  De 
deux  choses  l'une ,  dit-il  :  ou  l'on  confessera 
qu'il  n'y  a  de  vérité  que  dans  le  sens  spirituel  ; 
ou  bien,  tant  que  les  discordances  ne  seront 
pas  levéM,  on  refusera  créance  aux  Évangiles, 
comme  n'étant  ni  dictés  par  le  Saint-Esprit  ni 
rédigés  de  la  même  manière.  »  —  Nous  ijoute- 
roas  que  c'est  de  l'interprétation  trop  littérale 
de  l'Écriture  que  sont  nées  toutes  les  hérésies 
qui  ont  alBigé  l'Église  dès  son  origine.  A  l'ex- 
ception d'Origène,  on  a  trop  oublié  que  la  doc- 
trine du  Christ,  telle  qu'elle  résulte  de  la  concor- 
dance des  quatre  évangélistes,  était  une  réaction 
manifeste  contre  le  judaïsme  (  phariséisme),  qui 
laissait  de  cOté  l'esprit  de  la  loi  pour  ne  s'attacher 
qu'à  des  pratiques,  pleines  d'ostentation.  Ce 
phariséisme  continue  de  trôner,  et  le  vrai  chris- 
tianisme est  encore  à  s'établir. 

Tout  ce  qui  nous  reste  des  Commentaires  d'O- 
rigène sur  l'Ancien  et  le  Nouveau  Testament  a 
été  recueilli  par  Huet  {Origenis  Opéra  exege» 
tica)i  Rouen,  2  vol.  in-fol.  L'édition  Delarue, 
Paris,  4  vol.  in-fol.,  1733-1759,  a  été  réimprimée 
sans  les  notes,  par  Oberthler  ;  Wurzbourg,  1 785. 
De^  additions  à  ces  fragments  se  trouveut  dans 
Ckusieomm  Àtictorum  e  Vatie.  Cod,  edit, 
d'Angelo  Mai  (t.  IX,  Rouen,  1837),  et  dans 
Script,  vet,  nova  Collectio ,  t.  X. 

Le  côté  vraiment  original  de  ce  grand  théolo- 
gien n'est  pas  dans  ses  doctrines  sur  la  Trinité,  de 
la  Gr5ce  et  de  l'Incarnation  de  Jésus- Christ;  il  est 
dans  son  dogme  de  la  chute  personnelle,  c'est-à- 
dire  dans  son  sentiment  sur  la  préexistence  des 
âmes  incamées.  C'est  contre  ce  dogme  que  ton- 
nait surtout  saint  Jérôme ,  en  même  temps  qu'il 
nous  le  fait  connaître  :  «  Des  mondes  innom- 
brables se  succéilant  durant  une  série  de  siècles 
hifinie;  les  anges  changés  en  flmes  humaines;... 
la  résurrection  de  la  chair  s'effectuent  de  ma- 
nière que  les  corps  n'aient  plus  les  mêmes  vaexor 
bres,  parce  que,  leurs  fonctions  cessant,  ils 
seraient  inutiles;  à  la  restitution  finale,  l'heure 
de  l'indulgence  plénière  étant  arrivée,  les  anges, 
les  démons,  les  Ames  de  tous  les  hommes,  chré- 
tiens, juifs,  païens,  acquérant  tous  la  même 
condition  et  la  même  valeur;  cette  réintégra- 
tion des  créatures  raisonnables  à  l'état  d'égalité 
et  d'afFranchissement  de  la  souillure  corporelle, 
formant  un  spectacle  semblableàcehiid'un  peuple 
délivré  de  son  exil  dans  le  monde  et  regagnant 
sa  patrie  priniitive.  >  Cette  grande  question,  qui 
n'a  jamais  été  décidée  dans  aucun  concile,  reste 
tout  entière  debout  encore  aujourd'hui,  après 
tant  de  controverses  théologiques. 


795 


ORIGÊNE 


C'est  dans  le IraiM  Ilepl  kç/yOrt  (  De  PrrncipHs)^ 
qirOrigëne  a  exposé  ses  doctrines  Itiéologieo- 
pl^iilosophiqiies.  Ce  traita,  composé  à  Ahexantlrte, 
arait  suscité  h  son  aotenr  le  phjs  d^adTersetres, 
et  foomîssftitlespiincrpaox  textes nox  reprodies 
d'hérésie.  11  était  divisé  eo  quatre  livres  :  le  pre- 
mier traita  de  Dieu ,  du  Clirist  et  do  Sahrt- 
Esprit,  de  lathute  de  lliomme,  deif  natures  ration, 
nelies  et  de  leur  retour  au  bouhenr,  des  êtres  oer- 
poreiset  incorporels,  et  des  anges  ;  le  second  avait 
pour  objet  le  inonde  et  les«hoscsqui  s*y  trouvent, 
rincarnation  do  Christ,  la  résvrrectioB  «t  ta  pu- 
nition des  mécharitts;  le  troisième  livre,  le  Hbve 
arbitre ,  Tiidluence  de  Satan ,  les  tentations  de 
rhomme,  le  commencement  et  la  fin  dn  monde  ; 
le  quatrième ,  la  vraie  manière  d'étodicr  VÉ- 
crttinrc.  Origène  fut  accusé  d'avoir  contribué  à 
la  naissance  de  l^arianismc;  accusafîon  que  Di- 
dyme  d^Âlexandrie  cherche  à  réfuter  dans  «es 
scholies  sur  le  De  ^rindpiis ,  livre  que  nous  ne 
connaissons  que  par  la  traduction  latine  deHûfin 
dn  quatrième  siècle.  Beauitoup  de  passages  incri- 
miiiés  ont  été  adoucis  dans  cette  tmdudtion  :  elle 
se  trouve  dans  le  1. 1,  p.  42-195,  de  Pédit.  dX)- 
Tigène  de  Delaroe. 

L'Église  enseigne  qu'il  existe  des  anges  et 
puissances  célestes,  qui  sont  les  ministres  de 
Dien  pour  les  afl^oiires  relatives  au  salut  des 
hommes.  «Or,  à  quel  moment,  demande  Ori- 
l»ène,  ces  êtres  oifl-ils  été  créés?  Quds  sont-ils? 
Comment  sont-ils?  »  Comme  rÉcriturc  rt  l'É- 
lise gardent  à  ce  sujet  on  silence  absdio,  le  cé- 
lèbre docteur  croit  devoir  y  suppléer  en  établis- 
sant «  que  tous  les  êtres  ont  été  cré^s  ensenible, 
instantanément  à  Forigine  même  du  temps  ». 
Bien  qu'il  donne  aux  êtres,  dans  leur  état  pri- 
mordial ,  le  nom  à'esprits ,  il  n^admet  notle  part 
catégoriquement  le  dogme  des  esprits  sans  corps, 
«  La  nature  de  Dieu  est ,  dit-il ,  la  seule  à  qui  11 
appartienne  de  vivre  indépendammedt  de  toiite 
matière  corporelle  (1).  »  f  1  xïomiilètesa  pensée  en 
ajoutant  »  que  l'Ame,  Tavisft51e  et  incorporelle  de 
sa  natan^,  ne  peut  exister  dans  aucun  lieu  ma- 
tériel sans  avoir  besoin  d'un  corps  approprié  à 
la  nature  de  ce  lieu...  Tantôt  Tâme  revêt  son 
corps  après  s'être  dépouillée  d'un  premier  corp3, 
qui  lui  était  d'abord  nécessaire  et  qui  lui  de- 
vient ensuite  inutile;  tantôt  elle  revêt  sealemedt 
par*dessus  le  corps  qu'elle  avait  déjà  on  atltre 
corps ,  meilleur,  afin  de  s'élever  à  des  régions 
célestes  plus  pores  que  celles  dans  'lesquelles 
c'ie  résidait  au para^Tint.  C'est  ainsi  que  l'homme 
qui  arrive  dans  cette  vie  se  débarrasse  des  niera- 
hraues  dont  il  devaft  être  enveloppé  dans  Te 
sein  de  sa  mère,  durant  la  vie  intra-utérine;  mais 
avant  de  s'en  débarrasser  il  s'est  revêtu  d'un 
corps  dont  Î1  avaît  besoin  pour  vivre  sur  cette 
terre  (2).  »  Ainsi,  cette  doctrine,  pour  être  con- 
séquente avec  elle-même,  doit  admettre   qoc 

(1)  llÊpt  àpxûv.  i,  6. 

(S)  Advenus  Celtum,  cap.  vu. 


796 

rame ,  en  quittant  et  monde,  conserve  une  ea- 
yeloppe  qui ,  pour  être  impalpable ,  n'en  est  p:^^ 
moins  réelle.  Sn  effet ,  toute  la  tliéorie  en  ptr- 
feotionnement  des  Ames  «st,  suivant   Ori^ae, 
proporHoDuelle  à  l'atténuation  progressive  de> 
corps  :  phis  une  âme  est  parfaite ,  plus  son  e&- 
"véloppe  est  légère,  étbérée.  «  'Entin,de  perf«^- 
tîonnemefft  en    pérfecftionneTnent    Â   arrivtTB. 
ajoute  l'anteur,  que  la  nature  matérielle  aym: 
cessé  peu  à  peu,  la  mort  mên»  fiera  «bserfart. 
et  alors  roniversaHté  des  dliofles  corporelles  m- 
trera  dans  le  néant ,  et  si  posfêiîeoremevit  la  ip- 
oessité  le  demande,  à  caose  de  la  èbote  ')f^ 
créflltares  raisonnables,  cette  natoresem  de  m» 
veau  rappelée  t  l'existence.  »  C'était  1è  évidem- 
ment pousser  trop  loin  le  inrindpe  d'osé  doctrisc 
bien  connue  deâ  néoptatoniciens.  'C'est  oe  qo^ 
rigène  semble  nverr  -connrpris  'hii-mênie  qsa»' 
il  se  résume  «i  ces  termes  :  «  Il  y  aora  tof^œr^ 
desnatirres  intettigentes,  ipri  oilttiesoin  d'un  vê- 
lement corporel  ;  de  même  qne  rédproqneiBect 
il  y  aura  toujours  des  natures  corporelles  pour 
servir  (Iheimiappes  an  natures  iMeltif^eBtes,  à 
nvoms  qoe  quelqu'on  ne  pense,  oe  quiparafttien 
difiioile,  pouvoir  d<émontrer  qne  les  nâluies  je- 
téllq;entes  peuvi^nt  vivne  sams  corps.  « 

Cette  doctrine  d'Origène  a  été  reprise  de  bd» 
jours  par  une  nouvelle'écdlede  spiritualisfes,  qai 
iiftre  une  grande  analogie  avec  fécole  platonioe- 
ehrétienne  d'Alexandrie,  el  qui  est  encore  loio 
d'avoir  dit  son  denricr  mot. 

Mentionnons  enlHi  tm  ou  vrage  «fttifboé  kOrigètt. 
'En  1940,  Mynoide  Mynas  avait  décoovert,  artn- 
Mtres  manuscrits  grecs  inéd?ts,  un  votane  con- 
tenant une  rté/tttcttion  de  fmUBs  Ua  Mnstei- 
M.  Miller,  de  son  côté,  trouva  peu  de  temps  apiès, 
dans  les  biblioThèqvrés  de  VËspagne ,  d*Butn^ 
parties  dn  même  ouvrage  ;  il  dt  paraître  le  tout, 
•d'après  un  véHn  dn  quatorïîèmesiicle,  sous  k  tili^ 
de  :  *i>otf07ou^/a;  Oxfbrd,  l«51,  in-«',en  Tal- 
tribnarit  à  origène;  ma^  d'antres  rsitriNnest 
an  bienheureux  ffrppolyte,  tm  è  Caius,  prêlfe 
romain,  de  la  ménne  époque  Cl).  Cjlthi,  IVtii^r 
le  p/Ius  réceut  de  cet  ouvrage ,  'le  savant  Mé 
Cniice,  qoe  son  mérite  vietrt  d>élevef  an  ^fége 
^piscopal  de  Mamellle ,  semble  laisser  la  ques- 
tion indécise,  ff^f  Cruioe  a  saigiueasniert 
Tcvu  le  texte  sur  un  manuscrit  de  Ta  ftibftjlh- 
impériale  de  Paris ,  rt  Ta  accompagné  dVmever- 
sion  latine  aussi  exaete  qu'élégante,  ainsi  que 
de  notes ,  de  prolégomènes  et  d'Index  ;  î«a  édi- 
fion  a  pour  titre  :  Vhilosophumena,  siw  fcrre- 
shim  omnium  confutatto,  opus  Origeni  ad- 
soriptum;  Paris  (Imprimerie  imp.),  1860,  gr. 
m -8".  Qucînt  à  l'ouvrage  hii-mftme,  il  est  divi» 
en  dix  livres,  dont  les  2«  et  S*  sotft  perdus  ;  ^ 
1*'  contient  des  notions  précieuses  sur  les  doc- 
trines des  philosophes  precs ,  tels  que  Ttialès, 
Pylhagore,  Enipédocle,  B<?raclite,  ^axiroandre, 

11)  f  ojf.,  sur  ces  savantes  coDtrorerse&,  les  Proiéfo- 
méîtes  (it  M.  l'abbc  Cruicc,  ea  léte  4ê  soo  édWœi 
p.  IX  et  salr. 


797  ORIGÈKE  — 

Anaiimène,  AiiaxagOTe,  ArcUelatîg,  PaiwcBfdf ,  i 
Leiicipfie,  Démocrlte,  PWon,  Aristote,  etc. 
Le  4*  ^ivre  lT«ite  des  astrologues  et  surtout  des 
Chaïdéens ,  de  quelques  données  de  I  ^tronomie , 
des  «orabinaisoBS  divmateiras  des  noiMires,  de 
la  Divination  d'après  la  phjfêiûnomie,  wiê»ée 
à  des  oemidératioDS  astrologiques;  eaân,  des 
maf^icneiSfOÙ  se  troevent  plusieurs  «xpérionoes 
physiques  «t  ohimiques,  fort  corieuieB.  Le 
s*  HTre«ompTeind  les  dortrines  des  Naassénians, 
des  Pérateins,  des  Setbimiens  et  de  Justin.  -Le 
6* expose  ics  hérésieê  de  Simon,  de  Valentsu,  de 
HénfMoa ,  de  Oolartiasas,  >de  Marc  «t  d'autres. 
Les  r,  «•  «t  9*  comprennent  les  hérésies  de 
Bastlides,  de  Saturnin,  de  Meoandre,  de  Mar- 
cion,  de.CarpocralB,deGéfinthe,  des  Docétiens, 
de  Tatien,  de  Noéttus,  de  Callistus/etc-  U 10*  et 
dernier  «st  une  sorte  de  véca|)itulaition  de  l'ou* 
vrage,  qui,  oomMe  l'on  voit,  est  très-ftédeux 
à  consulter  four  Tbistieiffe  des  premierH  siècles 
deTiLglise.  '  •  K  Ho»m. 

Ouôio.  He  tcPipt.  êeeUs.f  vrt.  I,  col.  m,  -  D.  OtWter. 
AMtûwsMetés,  vol.  II.  -  FabricfcHs,  Bibl.  grac.^  vol.  VII. 
-  Tillcinonl,  .Vém  ,  vol.  111  -  Néander,  Hist  de  CE- 
glise,  -  J.  Reynaud,  dans  VBneifelopédlf.  noucêtle  — 
Wr  Crulee,  Proie^mnèna,  en  léie  de  »0Q<édlt.  dw  PW- 
losophumena. 

OMiGNT  {Pierre  n*),  peëte  français,  lé  à 
Reims,  mort  en  1587,  à  Sedan.  Il  fut  attadié  au 
service  de  François  il,  et  emlirassa  la  religion 
protestante.  Goujet,  qui  fait  peu  de  cas  de  ses 
vers,  le  qualifie  d'bomme  sage  et  vertueux,  il  a 
écrit  s  Le  Temple  de  Mars  tout  ipuiesant, 
poème;  Reims,  Uô9,  in-b»,  et  Le  Heremlt  die  la 
noblesêeée. France  ;i^mj  1578, 1679,  in««*, 
en  prose. 

Ooiigat,  Bitl.s/runffois«, 

OMiairv  (Pièrre-Aéam  d'),  historieB  ftw- 
çais,  né  en  1697,  à  Reims,  mort  le  9  septembre 
1774,  à  Paris.  Après  avoir  servi  au  régiment  de 
Champagne,  où  il  obtint  le  grade  de  eapitahie,  il 
se  retira  »vec 'la  >croix  de  Saint-Loiris,  «t  cheroba 
des  distractions  dans  l'étude  de  ahistoire. an- 
cienne. On  a  dalui  :  Mémoires  sur  laWmiUe 
des  d'Ori^ntfj  établie  à  Heitns  ven  le  eommm- 
cernent  du  seizième  siècle  ;  Paris ,  1757,  i»-12, 
publié  par  Anquelil;  —  VÉg^p^  ancienne,  ou 
mémùiree  histûnqties  et  critiques  sur  les  ob- 
jets importants  de  Phistoire  du  grand  em- 
pire des  Égyptiens  ;  Paris,  1762.  2  vol.  in-12, 
ouvrage  viveaient  critiqué  pur  Pa«w,  dans  st:s 
Becfwrehes  ;  ^-'Chronologi^fy4es  rois  du  grastd 
empire  des  Égyptiens.;  iHiris,  1765,  2  -vol. 

in-12. 

Aifraham-Jean  -  ibapliste'À'ntoine  n'OmoiLT, 
parent  du  précédent,  né  en  I7ai,  <à  Rehns,  mort 
en  1798,  acheta  une  chaige  de  cooseillei  à  la  cour 
des  monnaies;  il  cultiva  les  lettre.»  et  fit  partie 
d'un  grand  nombre  d'académies.  On  a  de  lui  : 
Dictionnaire  des  origines;  Paris,  1776-1778, 
6  vol  in-ô**  ;  Tahbé  SaUatier  a  pwnlié  avec  Pré- 
fort  un  abrégé  de  cette  compilation  utile;  —  An- 
nales du  Thédtt^'IlaUeniV&n&,  1788,  3  vol. 


ORLAISDI  78» 

in^^  On  lui  doit  aussi  le  t.  IV  de  V  Abrégé  de 
l'hist.  du  Théâtre-Français  du  ebevaber  de 
Nouhy. 
DesefisarU,  Trnit  Siècles  Ittt.  —  Haag,  France  protest. 

OBICXY.  Voy.  DORIGNI. 

OMiOL.  V£iy,  Adbiol. 

^aïojf  (*;ûpi*)v},  leibioographe  grec,  «é  à 
Thèbes  en  Ég3rpte,  vivait  vers  le  milieu  dn'cin- 
4]uième  siècle  «près  J.^C  U  composa  «m  'AvOo- 
Xôytov  (recueil  de  morosoux  choisis),  en  trois 
livres,  adressé  à  Ëudocia,  femme  de  Théodoso, 
lequel  existe  encoie,  mais  d'à  Jamais  été  public, 
et  un  Lexique  étymologique  (Mymologicum], 
qui  a  été  publié  par  Storz  dans  le  recoeil  dp< 
Etymologica,  doiU  il  forme  le  3^  vol.;  Leipzig, 
iSao,  in-4°.  Cet  Orioa,  Thébain,  a  été  souveui 
confondu  far  les  lexioograpbes  postérieurs  avec 
un  Orion  d'Alexandrie,  auquel  Suidas  attribue  un 
Anthologion,  un  recueil  de  mots  jdtiques,  un 
ouvrage  sur  rélymologie,  «et  un  panégyrique  *V'. 
l'empereur  Adrien.  Il  est  très  probable  4|ue  dao.s 
cette  liste  d'ouvrages  -Suidas  a  lui-même  i»n- 
fundu  les  deux  Orion,  et  qu'il  a  nKribué  à  l'au- 
teur du  panégyrique  d'Adrien,  contemporain  «de 
cet  empereur,  un  Btymologtcum  qui  appartient 
ao  contemporain  de  Tàéodosell.  Si  on  a-coofondu 
les  deux  Orion  ensemble,  «on  les  a  confondus 
avec  un  ou  .plutôt  deux  Orus  souvent  mcbtien- 
nés  dans  les  Btymologiaa.  ht  premier  de  ces 
Orus  était  un  Milésien  qni  ^vivait  dans  le  second 
siècle  après. J  -G.  11  ooniposa  -wpt  ou  huit  Ir&llés 
grammaticaux,  auioordtiui  >perdos,  mais  dont  il 
(reste  des  fragments  dispersée  dans  «les  leniqnes 
anciens.  Le  «econd  Orus  «était  un  grammairien 
d'Alexandrie,  qui  vivait  vi»rs  le  milien  du  qua- 
trième Biède,  «t  dont.il  ine  reste  rien.  H  esttrès- 
pffobable  «foe  le  fje^iqtie  d  Oros  Milésien  o  été 
lengament  mis  à  profit  par  Orion  et  par  les  au- 
(tres  lexicograplies.  L.  J. 

«labrMIa», '0<M4<#.  (wwffli,  v«l.  VI.  p  198,  «74,^01,  Hi, 
*-  illtécid,  'J?9  iifO  él  Ortêm  C9mmant.r  Brestaia,  18M;  «t 
un  article  aur  Orion  dans  VEncpclopàdie  d'Enich  et  Cru- 
Der.  -  SciroeWctrln ,  Conj^eiatiea  chitica,  Inswït  Orio- 
mèfth9b.  mmthâtoçH&tnici  Ht.  r7/i,>ln<|o. 

tyftTiAKDt  (  PeUegrfno  Antonio  ) ,  biographe 
it3rHen,néen  f6eo,à  Butogne,  où  il  ei;t  mort^le 
S  novenlbre  1727.  Il  fit  prorcssion  chez  les  Car- 
mes de  la  congréftation  de  Mantoue,  et  consacra 
«ûYie  entière  à  Téluile.  Les  ouvrages  qu'il  a  pu- 
bliés témoignpiit  de  patientes  recheréhes,  et  sont 
encore  con^llltés  aujourd'hui,  bien  qu'Hs  man- 
quent parfois  d'exactîtudc  et  de  méfliodc  ;  nons 
citerons  de  lui  :  Abbeoedario  piUorico  d€  pro- 
fesiori  piit  ttlustri  in  pittura ,  scultura  ed 
architettura ;  Bologne,  1704,  in  4°*;  les  édit. 
de  1709  et  1731  contiennent  d«>K  «iddilions  de 
l'auteirr  :  ce  recueil  a  été  Pobjet  de  plusieurs 
réimp.-essioas ,  celles  entre  autres  données  par 
Guarini  (Venise.,  1753  ),  et  par  Fuga  (Plorence, 
1776),  et  il  a  été  trad.  en  anglais;  —  ^'ûti%iu 
degli  scrilfori  boloçnesi  e  delV  opère  loro 
stampate  e  manoscrilte;  Bologne,  17 14,  itt4»; 


799  ORLAiNDI  - 

—  Origine  e  progressi  délia  slampa  dal  1475 

/S/io  al  1500;  ibid.,  1722,  in-4*. 
Fantuul,  NoUtie  tUgli  Serittori  Bolognesif  V|. 

OMLANDiifi  {Niccolo),  historien  italien ,  né 
en  1 554,  à  Florence,  mort  le  27  mai  1.606,  à  Rome. 
D'une  famille  patricienne,  il  entra  en  1572  dans 
ta  société  des  Jésuites,  dirigea  le  collège  de  Nola, 
puis  le  noviciat  à  Naples ,  et  fat  appelé  à  Rome 
pour  être  employé  à  la  secrétairèrie  générale. 
On  a  de  lui  ;  Annum  lUUrm  Sùc,  JesUf  ann. 
1583-1585;  Rome,  1585-1587,  3  vol.  in-8*;  — 
Historia  Soc,  Jesu,  pars  /,  sive  Fgnatius  ;  ibid., 
1615,  in-fol.;  Ck»logne,  1615,  1621,  în-4*;  Colo- 
gne, 1620,  in-fol.  Ce  volume,  qui  contient  la  vie 
de  saint  Ignace,  en  seize  livres,  eut  pour  éditeur  le 
P.  Saochini.  L'ouvrage  a  été  continué  par  d'au- 
tres membres  de  la  Société  et  conduit  jusqu'au 
milieu  du  dix-septième  siècle;  le  t.  VU  et  der- 
nier parut  en  1750;  —  Vita  Peiri  Fabri,  qui 
primus  fuit  e  decem  sociis  S.  Ignatii;  Lyon, 
1617,  iB-8o;  cette  vie  du  P.  Favre  a  été  traduite 
en  français  (  1618)  et  en  italien.  0. 

P.  Saccbàai,  Notice,  en  t6te  de  i'HUt.  Soc.  Jetu, 

OHLÉAK8  (Louis  de  France  ou  de  Valois, 
duc  d'  ),  né  le  13  mars  1372,  mort  le  23  novembre 
1407.  Ce  prince,  frère  putné  de  Charles  VI,  était 
fils  du  roi  de  France  Charles  V  et  de  la  reine 
Jeanne  de  Bourbon.  Il  naquit  le  samedi  13  mars , 
en  rhOlel  de  Saint-Paul ,  et  fut  baptisé  en  grande 
pompe,  le  lundi  suivant,  dans  l'église  royale  et 
paroissiale  de  Saint-Paul.  11  eut  pour  parrain 
l'illnstre  Bertrand  du  Guesclin,  qui,  tenant  sur 
les  fonts  baptismaux  le  nouveau-né ,  lui  mit  en 
main  son  épée  de  connétable,  et  lui  dit  :  «*  Je 
«  prie  Dieu  qu'il  vous  doint  autel  et  si  bon  ooBur 
«  que  vous  soyez  aussi  preux  et  anssi  bon  cbe- 
«  valier  comme  lut  oncqnes  roy  de  France  qui 
«  portast  espée  (1).  »  Le  jeune  prince  en  nais- 
sant fut  fait,  par  Charles  V,  comte  de  Beaumont 
et  de  Valois.  Le  27  novembre  1382,  il  aocom* 
pagnait  son  frère,  Charies  VI,  à  la  bataille  de  Ro- 
sesbecque.  Le  comte  de  Valois  fut  d'abord  fiancé 
ou  marié  par  procuration,  en  1385,  à  Marie  de 
Hongrie,  et  prit  le  titre  de  roi  de  Hongrie.  Mais 
Sigismond  l'obligea  de  renoncer  à  ce  double  des- 
sein. Sigismond  épousa  lui-même  la  princesse 
héritière,  et  devfait  roi  de  Hongrie.  On  voit  que 
dès  cette  époque  le  rot  de  France  ou  ses  con- 
seillers projetaient  en  faveur  du  prince  Louis 
un  établissement  royal.  Charles  VI,  pour  indem- 
niser son  frère,  lui  fit  épouser,  par  contrat  passé 
en  1386  et  consommé  en  1389,  Valentine,  fille 
de  Galeas  Visconti,  vicomte  de  Milan.  Cette 
princesse  apportait  en  dot  à  son  jeune  fiancé 

(1)  LoolH,  dnc  d'Orléans,  honora  la  mémoire  de  un 
parrain .  de  ce  capitaine  qui  fut  la  plus  grande  renom- 
mée dexon  temps.  Les  xtatueA  des  new/ prev jr  décuralent 
Tune  des  Mlles  du  château  de  Coucy,  acheté  par  Loula 
dacd'Orléant.  Ce  prince  y  fit  ajouter  une  dl&ième  figure, 
ou  diitéme  preux,  qui  représentait  Du  Guenclln.  (  Poi!me 
d'Antoine  Aateaan  vof,  ce  nom .  reproduit  par  M.  de 
L'ÉplnoiB,  Histoire  de  la  ville  et  det  siret  de  Coucjf, 
itsv,  lD-8",  p.  86t.  Viollet-Ledoc,  DeseripUon  de  Coueg, 
iiet,  etc.) 


ORLÉANS 


800 


450,000  écus  d'or  et  des  droits,  prélentioDs,  ou 
espérances  de  quelque  possession  souveraine  en 
Lonibardie.  Peu  d'années  après,  Louis,  d'accord 
avec   le  gouvernement  de  son  frère,   envoya 
une  ambassade  au  delà  des  monts.  L'amliassa- 
deur,  Ettguerrand  de  Coucy,  dut  nouer  avec 
le  saint- père  des  négociations  tendant  à  créer 
dans  le  nord  de  l'Italie  un  nouveau  royaume. 
Ce  domaine  devait  être  conquis  par  les  armes 
du  prince    Louis,  sur   diverses  marches   et 
cités,    comme  Ravenne,  Spolète  et  d'autres. 
Une  fois  le  royaume  constitué,  il  devait  ètit 
inféodé  k  Louis  de  France  par  le  pape,  de  même 
que  le  loyaume  de  Naples  l'avait  été,  ao  tret- 
zième  siècle,  pour  Cliarles  d'Anjou,  iréw  dt 
saint  Louis.  Ce  projet  fut  suivi  de  tentatives,  taot 
militaires  que  diplomatiques,  de  1393  à  140» 
environ,  mais  sans  obtenir  de  succès  complet  d 
immédiat.  Toutefois,  la  seigneurie  de  Gênes  fut 
un  peu  plus  tard  soumise  au  roi  de  France. 
heu  ducs  d'Orléans  devinrent  comtes  d'Ast  m 
Piémont,  et  lorsque  cette  branche  de  la  fleur  de 
lis  fit  souche  à  son  tour,  parmi  les  rois  de  Ftanre 
en  la  personne  de  Louis  XII,  ces  droits  ou  pré- 
tentions sur  l'Italie  furent  revendiqués  énergi- 
quement. 

Louis  de  France,  en  t386,  avait  été  créé  'lue 
(le  Touraine.  Par  lettres  royales  do  4  juin  13iH, 
il  échangea  cet  apanage  contre  le  duché  d'Or- 
léans, bien  plus  considérable  et  plus  productif. 
Le  jeune  duc  d'Orléans,  plein  de  fougue  et  d'an:- 
bition,  fut  pour  ainsi  dire  contraint  d'emp'o)^^ 
son  activité  à  l'intérieur  du  royaume.  Le  m 
Charles  VI,  dans  sa  générosité  naturdle,  a\s.'t 
pour  son  frère  une  aveugle  tendresse.  Mai< 
bientôt  il  tomba  en  démence,  et  Loois  ne  tanfa 
pas  à  convoiter  le  pouvoir  tout  entier.  Phi- 
lippe le  Hardi,  duc  de  Bourgogne,  aratt  de 
le  tuteur  du  jeune  prince.  Il  aspira,  lorsque  le 
roi  tomba  malade,  à  le  suppléer.  En  1402 ,  le 
roi  envoya  à  Avignon,  vers  le  pape,  une  nabàs- 
sade  oh  figuraient,  entre  autres  princes  ses  pa- 
rents, les  ducs  d'Orléans  et  de  Bourgogne.  U 
préséance  fut  donnée  au  frère  du  roi.  Le  vieuv 
duc  éprouva  un  pénible  ressentiment  de  cette 
préférence.  Telle  fut  l'origine  et  le  commence- 
ment de  cette  rivalité  des  deux  maisons,  si  fé- 
conde en  désastres  dans  l'histoire  du  quiozièrn** 
siècle. 

Philippe  le  Hardi  mourut  le  4  avril  1404.  Mais 
la  jalousie  se  réveilla»  plus  vivace  que  jamai>, 
quoique  voilée,  entre  Louis  d'Orléans  et  le 
nouveau  duc  de  Bourgogne ,  Jean  sans  Peur. 
Louis  duc  d*Oriéans  était  doué  de  brillant» 
avantages,  tant  du  cOté  physique  (1)  que  sous 

11)  Kn  IMS,  Thomas,  marquis  de  Salnces,  ?lslta  li  conr 
de  France.  Voici  ce  qu'il  rapporte,  dans  aes  neniolrcs  ii* 
voyape,  en  parlant  de  U)dIs,  duc  d'Orléans.  Celait, dit  il. 
an  beau  cbcvalifT  Agé  de  flngt-guatre  ans,  *  rooalt  vifv 
(Instruit)  et  bien  taillé  à  suy  faire  nog  lv»nll  pnnce  -. 
{Notice dee  manuicrUs,  ln-4».  t.  V,  p.  J7a-/  Divers  me- 
numentâ  nous  ont  conservé  l'effigie  de  Louis,  duc  à'Of- 
i  léans.  l«  Son  portrait  gravé  dans  Ttaevet,  Les  vrais  por- 


SOL 

]e  rapport  des  qualités  morales.  Il  avait  un  cœor 
fmnc,  ouvert,  généreux.  Mais  ce  prince  ofTre 
an  mémorable  exemple  de  ce  que  peuvent  les 
passions  dans  Vâme  des  grands,  sous  Tabri  du 
privilège  et  de  l'impunité.  Louis,  duc  d'Or- 
léans, aveuglé  par  l'ambition,  méprisa  tous  les 
devoirs,  et  se  fit  un  jeu  de  ce  que  la  morale  a  de 
plus  sacré. 

Louis  était  à  peu  près  du  même  âge  que  la 
reine  Isabeau  de  Bavière,  sa  belle-sœur.  I)epuis 
le  jour  où  cette  jeune  princesse  avait  mis  le  pied 
sar  le  sol  de  la  France,  elle  rencontra,  sous  un 
toit  commun  et  pour  ainsi  dire  à  «hacun  de  ses 
pas,  dans  le  duc  d'Orléans,  son  beau-frère,  un 
compagnon  assidu,  un  inséparable  témoin  de  ses 
chagrins,  de  ses  douleurs  et  de  ses  faiblesses. 
Le  jeune  duc,  andadeux ,  exempt  de  scrupules, 
fut  un  des  premiers  corrupteurs  d'Isabeau.  Leur 
liaison,  à  quelque  degré  qu*elle  ait  pu  ou  non 
aboutir,  devint  bientôt  intime,  absolue,  du  moins 
quant  à  la  communauté  des  vues,  de  la  conduite 
€t  des  volontés.  EHe  fut  la  fable  et  le  scandale 
public  du  royaume.  La  reine  et  le  duc,  sans  au- 
cun souci  pour  la  chose  publique,  pour  Tappau- 
Trissement  du  royaume,  pour  les  périls  qui  le 
menaçaient,  pour  ses  intérêts  les  plus  sérieux 
et  les  pins  chers,  ne  songeaient  qu'aux  plaisirs 
d'une  vie  opulente  et  dissolue.  Louis  d'Orléans 
faisait  de  ses  jours  et  de  ses  nuits  une  perpé- 
tuelle orgie.  Les  chAteaux  ou  palais  qu'il  habi- 
tait, notamment  l'hôtel  du  Petit-Musc  ou  Pute- 
y-muee  à  Paris,  et  celui  de  Boissy  près  Gouloro- 
miers,  furent  'les  principaux  théâtres  de  ses  dé- 
bauches. Au  mépris  de  son  union  avec  la  belle 
et  ieune  duchesse,  Valentine  de  Milan,  toute 
femme,  engagée  ou  non  dans  le  mariage,  une 
fois. convoitée  par 'lui  devenait  «la  proie  de  ses 
déairs. 

Charles  VI,  entre  autres  libéralités,  fit  don  k 
son  frère,  en  im  seul  présent,  de  55,000  francs 
poar  une  fois,  et  de  12,000  livres  de  pension; 
Mmmes  qu'il  conviendrait  de  multiplier  par  40, 
pour  les  représenter  en  valeur  actuelle.  Les 
palais  ou  hôtels  que  le  roi  possédait  à  Paris 
étaient  ceux  de  Louis  d'Orléans.  Il  reçut  en 


tfaitt  des  kommêi  iUmim,  etc.,  15»4,  fn-foL,  p.  flvr. 
Celte  Image  mérite  par  aon  Intérêt  le  premier  rang.  Elle 
parait  avoir  été  gravée  d'après  un  tableau  original  ^n{ 
n'existe  plu*,  mala  qui  aob«l8talt  encore  an  dli-«eptléme 
«iécle  dans  la  cbapelie  d'Orléans,  aux  Célesllns.  André 
Favyn  a  laliaé  de  visu  one  description  fort  cnrlenae  de 
U  petntore  originale  :  Théâtre  d'homiêur  et  de  eMetO' 
lerfe.  16M.  In-V»,  t.  i,  p.  714.  l»  Sa  sUtue  placée  exté- 
rieurement an  c6té  nord- est  de  la  cathédrale  d'Amiens, 
^oyez  UévuHre»  de  te  Société  des  antiquaires  de  Ptear- 
d<«,  texte,  t.  nu  p.  ki9,  et  MUu,  planche  81.  n*  74. 
^  Sa  statue  eoncbée  (marbre  blanc  )  fadia  aox  Céleatlns, 
aoloQrd'bnlà  Saint-Denis,  œoTreexqnlse,  mais  poatbume, 
ttalienne  (  exécutée  en  1104)  et  sans  reasemblanoe.  4«  VI- 
tnil  des  CétestlBs  (1840).  ^oy.  MUHn,  JntUptitéi  nàUo- 
^^et,  planche  1»,  case  1.  B*,  c*.  7«,  trois  autres  monn- 
neots  contemporains  du  prince,  mais  iQcertalns  et  défl- 
Kurés.  lia  «ont  gravés  ttaos  Dom  Valssctte,  Oistoire  du 
Larmedoe,  In-fol.,  U  IV,  p.  S96.  897;  Ménestrier,  iVte- 
toirt  de  ijgen,  lo-foU»  p.  888  :  D.  Bernard  de  Montrao- 
«^on.  MonumenU  de  la  monarchie  /tanççise,  tome  III, 
PUnches  8  et  11. 

MOUT.  BIOGR.   GétrÉR.  •»  T.   XXX  VIII. 


ORLÉANS  802 

outre  des  mains  royales,  et  à  titre  de  possessions 
propres,  diverses  autres  résidences  (  1  ).  Charles  \î 
lui  donna  les  terres  et  seigneuries  de  Pierrefonds 
et  de  la  Ferté-Milon.  Louis  acquit  d'autre  part 
le  château  de  Lnzarches  et  la  terre  de  Nogent. 
Guy  de  Châtillon  lui  vendit  les  comtés  de  Blois, 
Dunois,  avec  Chàteaudno,  Romorantin  et  autres 
châtellenies.  Il  devint  encore  possesseur  de  la 
Fère  en  Tardenois,  de  la  vidamie  de  ChÂlonSy 
des  terres  de  Fromenteau,  Bonneval,  Jonville, 
du  comté  de  Porcien,  de  la  baronnie  de  Coucy, 
Gandelus,  Saint-Gobin,  Ham  en  Vermandois; 
Brie-comte-Robert,  Sézanne,  Ëcouen,  Chante- 
merle,  et  autres  sans  nombre.  II  faut  y  joindre 
les  comtés  de  Vertus,  du  Périgord,  de  Dreux, 
les  duchés  de  Valois  et  enfin  de  Luxembourg. 
Les  revenus  de  toutes  ces  seigneuries  ne  lui  suf- 
fisaient pas,  à  raison  du  luxe  déréglé  qu'il  y 
entretenait.  Tout  imp6t  extraordinaire  ou  taille 
levé  soit  par  le  roi,  soit  par  les  seigneurs,  sur 
leurs  sujets,  sans  une  visible  nécessité,  était  con- 
sidéré, au  moyen  Age,  comme  on  acte  tyran- 
nique.  Immoral,  et  impie.  Louis,  doc  d'Oriéans 
et  la  reine  exeroèrent  le  pouvoir  royal  en  dé- 
crétant des  tailles  énormes  et  sans  cesse  renou- 
velées. Ils  s'attirèrent  par  là  une  immense  im- 
popularité et  une  sort0  d'exécration. 

Jean  sans  Peur,  duc  de  Bourgogne,  était  k  la 
fois  le  rival  et  le  contraste  de  Louis,  duc  d'Or- 
léans. Sombre,  taciturne,  disisimulé,  violent, 
plein  de  fiel,  de  rancune,  d'hypocrisie,  non  moins 
ambitieux  que  son  cousin,  ni  plus  respectueux 
que  lui  du  devoir  et  de  la  morale,  il  rendait  du 
moins  au  devoir  et  à  la  morale  des  hommages 
habiles,  extérieurs  et  calculés.  Il  s*était  fait  au 
conseil  et  sur  la  place  publique  le  cliampion  du 
peuple;  de  ses  droits,  qu'il  défendait  à  Paris 
avec  les  bouchers,  et  qu'il  noyait  dans  le  sang 
des  Liégeois,  avec  son  autre  cousin  Jean  sans 
Pitié,  évéque  de  Liège.  A  Paris,  Jean  sans  Peur 
prenait  le  contrepied  de  tous  les  actes  de  Louis, 
duc  d'Orléans,  profitait  de  ses  fautes,  et  lui 
disfxitait  le  pouvoir  absolu,  but  de  leur  com- 
mune ambition,  par  une  guerre  sourde  et  inces- 
sante. En  1405,  le  doc  d'Orléans,  qui  avait  d^à 
▼oulu  se  faire  adjuger,  par  surcroît,  le  duché 
de  Guyenne,  prétendit  mettre  la  main  sur  le 
gouvernement  de  la  Normandie.  Le  prince 
échoua  dans  cette  tentative  et  dans  plusieurs 
autres.  Au  mois  d'aoOt  de  la  même  années.- la 
reine  résidait  à  Melun  avec  le  duc  d'Orléans.  Le 
dauphin,  fils  atoédn  roi,  habitait  Paris.  Dans 
l'état  de  santé  où  se  trouvait  Charles  VI,  la  pré- 
sence ou  la  possession  du  jeune  dauphin  équi- 
valait en  quelque  sorte  au  gage  de  l'autorité  so- 


(1)  Le  due  d'Orléans  possédait  à  Parts  l'hôtel  de  la  Po- 
terne prés  Satnt-Paul  ;  le  séjour  d'Orléans  roc  Salnt-Ao* 
drè-dea-Arca;  l'hôtel  de  Bebalgnc  ou  de  Bobéme,  depuis 
hOtel  de  Solasons,  prés  U  porte  Salnt-Honoré;  lliôUl 
d'Orléans,  au  faubourg  Selnt-Majrcel  ;  on  hôtel  A  Cball- 
lot,  qu'il  acheta  du  sdgnenr  de  Coucy,  etc.  rof.  Saurai, 
^ntiqtUtéi  de  Paris,  et  le  batlcUn  bibUographlqae  A  la 
salte  de  cet  arUcle. 

26 


SOS 


ORLÉANS 


préme.  Louis,  duc  d'Orléans ,  de  concert  avec 
la  reine,  manda  de  par  le  roi  à  Lovis  de  Bavière, 
frère  d^Isabelte,  de  faire  sortir  de  Paris  et  de  loi 
amener  le  dauphin.  Mais  le  duc  de  Bourgogne, 
instruit  de  ce  fait,  monte  k  cheval,  s'élance  à  la 
poursuite  dn  cortège  royal ,  et  malgré  la  Caible 
résistance  du  frère  de  la  reine,  il  rainène,  d'au- 
torité, le  dauphin  dans  la  capitale.  Cet  affront 
porté  à  LouiSyduc  d'Orléans ,  valut  à  Jean  sans 
Peur  un  redoublement  de  popolarité. 

Louis,  duc  d'Orléans,  ne  sVrêta  point  à  cette 
injure.  II  avait  pris  récemment  popr  devise  un 
symbole,  anssi  insolent  que  téméraire,  dans  eon 
allusion  tacite  à  Jean  sans  Peur  ;  c'était  un  gourdin 
ou  b&ton  noueux,  avec  ce  root  :  je  Venmtie  (i).  Le 
doc  de  Bourgogne  y  répondit  en  prenant  de  son 
cAté  pour  emblèmei  un  rabot,  destiné,  comme  il 
Ajt  dit  plus  tard  explicitement,  à  planer  le  bA- 
ton  noueux.  Il  y  joignit  cette  devise,  en  flamand, 
dont  le  sens  peut-être  n'est  point  sans  rapport 
avec  de  sombres  desseins,  que  le  duc  Jean  nour- 
rissait dès  cette  époque  :  Jch  houd  (je  le  tiens). 

Peu  de  temps  après,  en  juillet  1406,  le  duc 
d'Orléans  mariait  son  fils  Charles  à  la  jeune 
renie  d'Angleterre,  Isabelle  de  France,  veuve 
et  tierge  tout  ensemble.  Des  fêtes  magnifiques 
célébrèrent  ces  noces  à  Compiè^pne/en  présence 
de  toute  la  conr.  Louis,  duc  d'Orléans,  oubliant 
les  qnerelles  de  la  politique,  y  oonvia  Jean  sans 
Peur.  Les  deux  émules  se  rencontrèrent  dans 
cette  fête,  mais  pour  y  faire  assaut  de  Inxe  et 
do  coartoisie.  Tous  denx  échangèrent  lenrs 
ordres  et  devises;  tons  denx  y  parurent,  succès- 
sivement  et  alternativement,  parés  du  bâton 
noueux  et  du  rabot,  peint,  brodé,  en  lames  d'or 
cC  d'argent  sur  lenrs  robes  de  soie  et  de  yelours, 
tontes  reluisantes  d'orfèvrerie.  Une  année  cepen- 
dant s'était  à  peine  écoulée ,  lorsque  Jean  sans 
Penr  machina,  contre  Lonis,doc  d'Oriéans,  une 
trame  aussi  atroce  qne  perfide.  Décidé  à  en  finir 
pnr  le  meurtre  avec  son  cousin,  le  duc  de  ik)ur- 
gogne  renouvela,  jusqu'au  dernier  jour,  les  té- 
moignages les  plus  solennels  et  les  plus  expres- 
sifs de  sa  réconciliation  avec  Louis  et  de  son 
amitié  fraternelle;  mais  dans  le  même  temps  il 
concertait  et  préfMtrait  avec  Raoul  d'Oclonville, 
le  guet-apens  dans  lequel  Louis,  duc  d'Orléans, 
devait  terminer  sa  vie.  Le  23  novembre  1407, 
tout  étdit  préparé.  Louis,  duc  d'Orléans,  ce  soir- 
là  soupait  chez  la  reine,  à  l'hôtel  Barbette.  Vers 
huitheuresetdemie,  par  unenuit  noire,  nnécnyer 
du  roi  pénètre  anprfes  du  prioce,  et  lui  annonce 
qne  son  frère  le  mande  sans  retard  au  palais 
royal  de  Saint-Paul.  Aussitôt,  le  prince  fait  sel- 

(1)  Innoceo  UUf  verbe  qui,  dans  le  français  da  quin- 
zième aiècle,  s'écrivait  souvent  avec  un  seul  n  :  je  fénuie, 
Louis,  duc  d'Orléans,  plein  de  rstult*  plutôt  que  de  Ja- 
lousie balneiue,  frère  et  fils  4e  vol,  au  comMe  des  bnn. 
«fora  et  de  la  polssanoc,  n'enriaif  pas  le  dnc  de  Bf>or- 
gogne  ;  ce  senUmeot  n'était  ni  dans  la  attoation  ni  dans 
le  earaetère  de  Louis.  C'est  donc  par  nne  véritable  mé- 
prise, et  au  prti  d'un  contreaens,  qne  nos  modernes 
lilstorlens  ont  traduit  la  devise  du  duc  d'Orkana  par  œs 
mois  :  Je  fenvie,  I 


804 

1er  sa  mule,  prend  congé  de  la  rrine,  ef  8«  dirige 
vers  rhôtel  du  roi  par  la  vieille  rue  da  Temple. 
Une  faible  suite,  composée  sartoot  de  vmleti 
portant  des  torches  pour  éelairer  le  dnc,  Facoon- 
pagnait.  Ce  petH  cortège  arriva  ainsî  entn 
l*hâtel  de  Rieux  et  la  maison  de  Notre-Duac: 
Lottî9,  qui  avait,  selon  sa  coutume,  fait  gaienfit 
sa  cour  à  la  reine,  jouait  sur  sa  mule  avec  hn 
de  ses  gants  et  chatotait 

Ibnt  à  coup,  des  hommes  apostés  et  armés 
jusqu'aux  dents  sortent  de  la  maison  YMtn- 
Dame  (1),  où  ils  se  tenaient  aux  aguets.  Les 
assassins  étaient  an  nombre  de  dix-hant,  eon- 
mandéset  dirigés  par  Raoul  d'Oetonville  (1).  £i 
un  instant,  le  due  est  assailli,  frappé  malgré  se 
protestations  et  ses  phiinles ,  renversé  de'cbe* 
val,  et  martelé  de  nouveau,  à  f-oupe  redoublés, 
de  haches,  épées  et  autres  armes.  Son  bras  droit 
était  coupé,  sa  figure  horriblement  matilée;ëe 
son  crâne  ouvert,  la  ceriFeile  se  répandit  dai» 
le  ruisseau  et  sur  le  pavé.  Ainsi  périt,  Louis,  ^inc 
d'Orléans,  dans  le  cours  de  sa  trente-sixièaie 
année. 

Ce  prioce  avait  Ait,  en  1403,  son  testamcat, 
qui  nous  est  resté.  Les  sentmients  lioDiaiDi, 
généreux,  bienveillants,  même  pour  son  rird 
Philippe,  duc  de  Bourgogne,  et  d'antres  faits  ^k 
l'on  pourrait  citer,  montrent  que  Lonis,  doc  àbt- 
léans,  si  loin  qu'il  se  laissât  entraîner  par  ta 
passions,  n'étail  point  une  Ame  perverse.  Ilavàt 
l'esprit  et  le  oenr  ouverts  à  des  iantiartn  éleTés. 
Il  aima  les  Kvres,  en  réunit  «n  grand  nemlve, 
et  forma  le  noyau  de  la  taîliltatlièqoe  i|ai ,  pv 
Charles  d'Oriéans  et  ses  sucoessenra,  devint  h 
bibliothèque  de  BMSy  l'un  des  gnads  aCBuest» 
de  notre  immense  collection  natioaale.  Luk 
même  cultiva  Tétode  et  les  lettres.  Oa  cite  de 
lui  quelques  ballades ,  premier  exemple  où  pat 
se  complaire  son  jeune  fils,  Charies  d'Orléans, 
le  duc  poète,  il  s'exprimait  avec  bsm  grâce  et 
une  (Mlité  admirables.  Sa  faeoade.  Jointe  à  des 
connaissances  positives,  qu'il  avait- puisées  dans 
l'étude,  contriboèreBt  à  lui  acquérir  la  réputa* 
tion  de  soroier.  Son  Jardin  de  Sant^Maroei,  où 
logeait,  avec  le  titre  de  eoneierfe,  soa  piemier 
médecin»  renfermait  des  plantes  niédicînales  et 
d'ornement.  Ces  essais  préoédArent  chex  nous 
le  Muséum  dldstoire  naturelle.  Les  menaroeats 
des  arts  que  nous  a  laissés  Lonis,  duc  dH>riéanSy 
ainsi  que  les  vestiges  de  son  opulente  existence 
oflnrent  de  précieux  documenls  aut  recherches 
arriiéologiques.  YALLET-ViarviLLE. 

Cartons  d'Orléans-Valuls  et  Bannscriu  de  Saignièrcs 
snrta  généalogie  de  la  maison  d'Orléans;  comptes  des 
éploes  ou«onfltures  dectosnibre  de  1884  140B;  cMaet  des 
titres.  Compte  des  revenus  de  Louis  doc  d'OrléJW  Cli«4) 
en  Chaïupagne  j  ms.  s.  tr.  n*  IISS.  — >  Aoaeinie,  HiUotM 
généaioffiqu»  de  la  maéson  d«  Fraue  aux  éwa  ttOt" 

(1)  Vls-l-vls  do  point  oeoopé  aai)onrd'hnl  par  la  aaai- 
son  n»  vr. 

fi)  Foif  ee  nom.  Kn  iSftt  et  ISM,  Fam^wes  éHcwoK- 
TCLLK  était  serréCaire  de  Louis,  duc  d'Orléans,  et  pfK 
part  i  ses  Ubéralttés.  (Catalogne  Jnonn'ivaait,  L  I, 
n««  tts  et  I4S.  ) 


805 

team.  —  Cataloçut  Jbunawautt,  1. 1,  pauln.  —  Aimé 
alampoHioo-Fig^.1c  Louis  «t  Chartes,  dite»  drOrtéam; 
1SV3,  tn-8«.  -  RHtgieaz  de.  Saint-Denis  édition  Bellaguei  ; 
6  TOI.  Ui-4^,  à  la  table.  —  Godefroy,  Histoirt  de  Char- 
les FI;  I6ja,  in-fol.  —  Uande  Uormoy,  Uistair»  de  ta  titte 
de  Soissons  ;  l6Ca.  in-i»;  t.  Il,  p.  su.  —  Barna  de  Gtrar- 
dot.  Proeis  de  Benée  de  France,  dame  de  Montargi»; 
Nantes,  1888,  lo-6«,  p.  18  et  siilv.  -  Vallet  de  VirlTlIle, 
iMletin  de  Ut  Soeiéié  de  CMiMrê  de  Fnmeot  18ST-8, 
p.  179  et  e.f  1899-40,  p.  m  et  ••;  Jsabeau  de  Bavière, 
1SS9.  in- 8»,  p.  9  et  8.  ;  Chronique  de  Coiainot^  etc.,  lo-l6, 
à  la  table  ;  Magasin  de  LUfrairie^  1859,  tn-8<>,  p.  140  et  s. 

OBLÀifCs  (Charles,  doc  o*),  poète  français, 
fiJs  du  précédent,  Dé  le  ?6  mai  1391 ,  mort  le 
4  janvier  1465.  Il  naqoîtaa  palais  royal  de  Saint- 
Paul  ,  ail  ses  parents  partageaient  la  demeure  de 
son  oncle  Charles  VI,  et  reçut  d'abord  le  titre 
dp  camte  d^Àngouléme.  Louis,  duc  d'Orléans, 
pour  célébrer  to  naissance  de  ce  fUs ,  institua 
l'ordre  dn  Porc-Épic,  emblème  qui  se  conserva 
dans  la  famille  d'Orléans  jusqu'à  Louis  Xlt,  roi 
de  France.  Isabelle  de  France ,  douairière  d'An- 
giflterre,  qu'il  avait  épousée,  le  29  juin  1406, 
rnourat  en  condies,  à  Blois,  le  13  septembre 
1409.  Louis,  doc  d'Orléans ,  périt  assassiné,  te 
23  novembre  1407.  Yalentinc  de  Milan  ne  loi 
survécut  guère  plus  d'une  année,  et  mourut  à 
Blois,  le  4  décembre  U08.  Charies,  comte  d'Au- 
goulême,  &gé  de  dix-sept  ans,  se  trouva  l'atné  de 
cinq  orphelins  et  èhef  de  famille.  H  fut  éman- 
cipé par  le  roi,  et  snccéda  comme  duc  d'Orléans 
^  son  père. 

Charles,  duc  d'Orléans,  quoique  richement 
doué  soDS  le  rapport  de  l'esprit,  n'avait  auctme 
des  qualités  nécessaires  pour  se  tirer  avantageu- 
sement des  circonstances  difficiles  où  sa  nais- 
sance l'avait  placé.  Le  ressort,  l'énergie  du  po- 
^que ,  dti  grand  baron ,  dn  guerrier,  lui  man- 
quaient totalement  (1).  Après  avoir  vainement 
imploré  la  justice  du  roi  contre  le  meurtrier  de 
son  père,  il  subit,  en  1409,  le  traité  de  paix  de 
Chartres.  Mais  cette  paix  fourrée  n'était  qu'une 
Irère  ou  un  entr'acte  de  guerre  df  ile.  Les  hos- 
tilités se  rallumèrent  entre  les  ducs  d'Orléans  et 
de  Bourgogne  :  Charles  et  Jean  sans  Peur. 
CJwrles  d'Oriéans  s'allia  d'abord  avec  le  comte 
d'Aimagnac,  dont  il  épousa  la  fille,  Bonne 
«'Armagnac,  ea  1410.  Dès  1408  il  avait  armé 
^  vassaux  et  ses  fo<1eresses;  mais  il  ne  pré- 
^lua  qtie  comme  prince  à  ces  préparatifs  de 
Stierr^,  s'en  reposant,  pour  le  soin  de  les  diriger 
^tWement,  sur  son  frère  Philippe,  comte  de 
>«rtus,  qu'il  nomma  son  Ueotenant  général. 
Y^  parties  belligérantes  se  rencontrèrent  en 
'^ll|  aux  portes  de  la  capitale.  An  mois  de  no- 
^^mbre,  le  duc  se  rendit  à  Saint-Denis,  où  les 
onéanistes  s'emparèrent  des  biens  de  l'abbaye, 
^*  f'it  pinée  par  les  soldats.  Parmi  ces  biens 
*?  ^fOBvaient  des  joyanx  qne  te  reine  y  avait 
««ndcstinemcnt  déposés.  Parmi  ces  objets  prt- 

^)  ▼ilenttne  de  MUan.  éetatrée  par  son  InfUnct  «tipé- 

kbà  J*!!  ïi  ■*P'**  P*»*"^  A  «on  Ut  *«  »ort  eM«  déaigna 
•en!  M    ?,"'**•"•  (  DlfHOis,  vi»y.  ce  oom  )  connue  étant 
liiJ  y*^^^*  parmi  Its  enfants  que  blasait  le  duc  assas- 
'"« .  «  renger  la  mort  de  éon  père. 


ORLËAIVS 


8C6 

cienx  (au  rapport  d'une  chronique  nouvellement 
découverte)  était  une  couronne  royale.  Bernard 
d'Armagnac ,  suivant  le  même  auteur,  prit  cette 
couronne  et  la  posa  sur  la  tète  de  Charles ,  duc 
d'Orléans,  en  le  proclamant  roi  de  France,  et  il  pro- 
mît de  le  faire  sacrer  à  Reims  (1).  Déclaré  re- 
*belle  et  ennemi  de  l'État ,  Charles  d'Orléans  ne 
tarda  pas  de  rentrer  en  grâce,  à  la  faveur  de 
la  poUtiqne  louvoyante  et  incertaine  que  sui- 
vaient la  reine  et  les  antres  conseillers  on  lieute- 
nants de  Charles  VI.  Le  29  janvier  1414  le  duc 
d'Orléans  et  Isaheaa  de  Bavière  signaient  en- 
semble un  traité  d'alKance  olTensive  et  défen- 
sive. Lorsque  le  roi  d'Angleterre  envahit  la 
France,  Charles  se  rendit  au  mandement  royal, 
avec  on  contmgent  de  cinq  cents  lances  on  bas- 
sinets ,  qu'il  conduisit  en  personne  à  la  bataille 
d'AzTncoort(25  octobre  1415).  Le  duc  fut  fait 
chevalier  sur  le  champ  du  corolat,  la  veille  de 
cette  action  mémorable.  Le  jour  même  il  com- 
mandait l'avaut-garde,  avec  le  duc  de  Bourbon, 
sous  les  ordres  do  connétable.  Le  corps  que  gui- 
dait le  prince  Charles  fut  des  premiers  culbuté» 
dans  ce  désastre.  Le  prince ,  tombé  au  pouvoir 
de  Tennemi,  se  vit  emmener  peu  de  jours  après 
en  Angleterre. 

De  141 S  à  1440,  Charles  d'Orléans  dut  passer 
les  plus  belles  années  de  sa  vie  dans  une  déso- 
lante captivité.  A  peine  eut-il  mis  le  pied  sur  le 
sol  de  l'exil,  qu'il  perdit  sa  seconde  femme. 
DéjÀ  le  duc  Charles  avait  été  précédé  en  Angle- 
terre par  son  frère  Jean  (2),  comte  d'Angoulème, 
otage  des  Anglais  depuis  1412.  Son  autre  frère, 
Philippe  d'Oriéans,  comte  de  Vertus,  mourut  à 
Baugency,  le  1*'  septembre  1420.  Henri  Y,  roi 
d'Angleterre,  veillait  à  retenir  le  doc  Charles 
dans  une  étroite  captivité.  La  possession  de  ce 
prince  était  pour  lui  le  gage  de  la  faiblesse  du 
pouvoir  royal  en  France.  Par  ses  ordres.  Chartes 
fut  donc  traîné  de  prison  en  prison,  aucune 
geôle  à  cet  effet  ne  lui  semblent  assez  sûre. 
C'est  ainsi  que  le  duc  habita  successivement  le 
palais  de  Londres,  le  château  de  ^^dsor,  oe- 
iuî  de  Bolinbroke  (3)  et  enfin  celui  de  Pontefract 
ou  Pomfret,  à  Textrémité  septentrionale  de  l'An- 
gleterre. Henri  V  en  mourant  recommanda  à 
ses  héritiers  de  conserver  précieusement  les 
princes  captifs ,  et  de  repousser  tout  traité  de 
libération  avant  la  cooquèle  inK^le  de  11 
France. 

Henri  Y  monrot  en  1422.  Charles,  duc  d'Or- 
léana,  eut  alors  pour  demeures  la  tour  de  Lon- 
dres, les  châteaux  de  Amptbill  (4),  Wingfield  (S) 
et  autres  lieux.  Le  sort  du  captif  roçat  quelques 
adoucissements;  mais  il  demeuia  toujours  privé 

(1)  ChrMé^ue  de  lÀlte,  n*  18.  Voy.  BuUeiin  ée  ta  So- 
eUU  de  Fhistoire  de  Franee,  18S7,  p.  iS4. 

(I)  Voyei  ce  nom. 

(8)  LincolQshlre,  cent  vlngt-«ept  milles  an  nord  de^Lon- 
«rea. 

(«)  Bedfordshire,  qnarante-diiq' mUlea  novd^^oneal  it 
Londres. 

(8)  En  Snfrolk,prè«  E.re. 

26. 


807 


ORLÉANS 


de  la  liberté.  Durant  ces  Tiogt-dnq  années , 
Charles  ne  cessa  de  correspondre  avec  ses  [états 
en.  France  et  aTec  les  princes  ses  parents.  Il 
s'efforça  sans  relàdie  de  négocier,  da  fond  de  sa 
prison,  aToe  le  doc  de  Bourgogne,  avec  les  sei- 
gneurs anglais,  le  duc  de  Bretagne  et  autres  po- 
tentats. Ses  constants  efforts  avaient  poii/buf 
de  rétablir  la  paix  entre  les  royaumes  de  France 
et  d'Angleterre ,  condition  préliminaire  sans  la- 
quelle lui  et  son  frère  Jean,  comte  d'Angoulème, 
ne  pouvaient  songer  à  leur  affranchissement. 
£n  1436,  après  la  paix  d*Arras,  le  duc  d'Or- 
léans, dont  le  père  avait  péri  victime  de  Jean 
sans  Peur,  rechercha  les  bonnes  grâces  de  Phi- 
lippe le  Bon.  Isabelle  de  Portugal,  duchesse  de 
Bourgogne,  épousa  la  cause  du  proscrit.  En 
1439,  après  bien  des  tentatives  infructueuses, 
Charles,  duc  d'Orléans,  fat  amené  à  Calais,  et, 
d'accord  avec  la  duchesse  Isabelle,  il  figura  en 
qualité  d'ambassadeur  français,  pour  le  réta- 
blissement final  de  la  paix.  Le  17  avril  1439, 
Charles  YII  avait  donné  les  pouvoirs  néces- 
saires pour  obtenir  la  délivrance  du  duc.  Le 
21  mai,  un  traité  préliminaire  à  cet  effet  fut  si- 
gné à  Londres.  Le  24  juillet  Charles  d'Orléans 
traitait  comme  ambassadeur  à  Calais.  Le  6  no- 
vembre 1440  il  signait  à  Saint-Omer  son  con- 
trat de  mariage  avec  sa  troisième  épouse,  Marie 
de  Clèves  {voy,  ce  nom),  nièce  du  duc  de 
Bourgogne.  Ce  mariage  fut  célébré  dans  la  môme 
ville  avec  magnificence,  le  26  du  même  mois. 
Enfin  des  lettres  patentes,  données  le  30  novem- 
bre 1440,  au  nom  d'Henri  VI,  roi  d'Angleterre, 
rendirent  la  liberté  à  Cliarles,  duc  d'Orléans, 
moyennant  une  énorme  rançon. 

Après  son  mariage  à  Saint-Omer,  Charles,  duc 
d'Oriéans,  fut  décoré  par  Philippe  le  Bon  de 
l'ordre  de  la  Toison  d'or.  Il  prit  part  immédia- 
tement au  chapitre  de  Tordre,  qui  décerna  deux 
colliers  vacants  aux  ducs  d'Alençon  et  de  Bre- 
tagne. De  là  il  suivit  à  Bruges  et  à  Gand  le 
duc  de  Bourgogne ,  qui  lui  prodigua  toutes  les 
marques  d'ime  étroite  amitié.  Les  Bourguignons, 
à  l'exemple  de  leur  duc,  témoignèrent  au  prince 
français  le  zèle  le  plus  chaleureux.  Les  familles 
du  premier  rang  lui  donnaient  leurs  fils  comme 
pages.  Chacun  briguait  Thonnetir  de  se  ranger 
sous  sa  bannière,  espérant  que  l'astre  politique 
du  prince  allait  se  lever.  A  Toumay,  le  duc 
ruiné,  qui  la  veille  n'avait  pas  un  soldat  sous 
ses  ordres,  comptait  une  suite  de  trois  cents  clie- 
vaux  et  autant  de  serviteurs ,  officiers  ou  clients, 
de  sa  retenue.  Dans  cet  équipage,  il  se  dirigea 
vers  la  France,  pour  aller  saluer  Charles  VII. 

En  ce  moment  (décembre  1440-janvier  1441), 
le  roi  de  France  venait  d'étouffer  à  grand'peine 
la  ligue  princière  connue  dans  l'histoire  sous  le 
nom  de  Praguerie,  Charles  iVII,  méfiant  par 
nature  (et  celte  leçon  récente  l'eût  instruit  à 
le  devenir),  ne  vit  pas  sans  ombrage  l'attitude 
hautaine  et  le  pompeux  équipage  de  son  parent. 
Ses  conseillers  se  crurent  menacés  jusque  dans 


leur  existence  politique.  Le  roi  ^i  donc  savoir 
au  duc  qu'il  le  recevrait  volontiers,  mais  axec  on 
train  moins  nombreux  et  «  à  privée  mégnie  >. 

Charles,  duc  d'Oriéans,  blessé  d'an  tel  avis, 
qu'il  prit  pour  un  affront,  rompit  sa  route.  Aa 
lieu  d'aller  à  Chartres  faire  hommage  au  roi ,  îl 
prit  son  chemin  par  Saint-Quentin,  Noyon,  Com- 
piègue,  Senlis,  Paris,  Orléans;  puis  vînt  fixer 
sa  demeure  en  son  chîteau  de  Blois.  Ua  an  s'é- 
coula sans  quil  rendit  ses  devoirs  au  souvenis 
du  royaume.  Pendant  que  les  défenseurs  di 
pays  combattaient  de  nouveau,  à  Creil  et  i 
Maubuisson  contre  les  Anglais,  Charles  d'Or- 
léans voyagea  dans  le  Perche  et  en  Bretagne. 
De  concert  entre  lui  et  les  ducs  de  Bretagne  é 
d'Alençon ,  les  deux  nouveaux  compagnoos  de  U 
Toison  d'or  ou  alliés  de  Philippe  le  Bon«  il  (bnaa 
des  conciliabules  avec  les  différents  priaces  mé- 
contents. Le  duc  de  Bourgogne  était  l'àme  et  k 
centre  de  celte  Praguerie  mal  dissoute.  Cliaiki, 
duc  d'Oriéans,  prit  part  à  l'assemblée  de  Ne- 
vers.  Au  mois  de,  mai  1442,  il  envoya  ses  ^dd- 
bassadeurs  au  roi,  qui  résidait  à  Limoge,  d 
comparut  enfin  peu  de  jours  après  devant  le 
'chef  de  sa  famille.  Cliarles  d'Oriéans  se  fit  Por- 
gane  des  mécontents.  Ces  princes  téodaleot  i 
renouveler  les  scènes  politiques  dont  Charles  TI, 
pendant  son  règne,  avait  été  le  témoin  et  la  VC' 
lime;  ils  voulurent  dicter  des  conditions  à  U 
monarcliie.  Mais  le  roi  de  France  s'était  éman- 
cipé. Le  duc  fut  éconduifi  et  renonça  an  rdle, 
trop  lourd  pour  ses  forces,  qu'il  avait  impru- 
demment accepté.  Charles,  duc  d'Oriéans,  avait 
souscrit  envers  l'Anglais  une  rançon  de  400,060 
écus,  sans  compter  celle  de  son  frère.  Le  roi 
Charles  YII,  après  l'avoir  vaincu  moralement  d 
désarmé,  l'enchaîna  par  ses  bienfaits.  Il  lui  fit 
don  de  160,000  livres  comptant,  et  lui  assigna 
une  pension  annuelle  de  10,000  livres  tournois, 
qui  fut  bientôt  portée  à  18,000. 

Charles ,  duc  d'Orléans,  se  désista  désonnais 
de  toute  prétention,  de  tout  acte,  soit  guerrier, 
soit  politique.  Ami  du  luxe,  du  blen-étre,  da 
repos,  il  était  né  pour  les  douceurs  de  ia  vie 
privée,  pour  le/ar  nienie  d'une  existence  d'ar- 
tiste et  les  calmes  spéculations  de  la  pensée. 
Charles  s'effaça  complètement  de  la  scène  où 
s'agitaient  les  graves  événements  de  œtte  pé- 
riode. Le  dernier  effort  de  la  France  ponr  triom- 
pher de  l'Angleterre  s'accomplit  sans  la  moindre 
narticipation  de  ce  prince  français ,  qui  après  le 
roi  personnifiait  dans  tous  les  esprits  la  cause 
française.  Quand  ses  propres  États  du  Milanais 
turent  menacés  et  entamés  par  Ludovic  Siorze, 
à  peine  se  décida-t-ii ,  par  procuration ,  à  tirer 
du  fourreau  son  épée.  Il  ne  figura  dès  lors  que 
dans  les  cérémonies  publiques.  L*àge  s'appesan- 
tissait de  plus  en  plus  sur  cette  organisation, 
que  l'exil  et  le  malheur  avaient  prématurément  af- 
faissée. Le  18  décembre  1464,  il  prit  part  aot 
états  généraux  réunis  dans  la  ville  de  Tours,  et 
voulut  faue  entendre  au  roi  quelques  remoo- 


809 


ORLÉANS 


810 


trances.  Louis  XI,  sans  reApect  poar  son  onde 
et  pour  ses  cbeTeax  blancs ,  apostropha  de  telle 
sorte  le  débile  vieillard  qae  celni-ci ,  brisé  par 
eette  atteinte,  expira  quelques  jours  plus  tard,  à 
Amboise  (1). 

Les  écrits  de  Cliarles  d'Orléans  sont  le  prin- 
cipal titre  qui  le  fasse  Tîvre  dans  l'histoire;  ils 
se  composent,  T  d'actes,  instructions,  discours, 
pièces  de  correspondance,  etc.,  en  français  et  en 
latin.  Cette  première  catégorie  de  documents, 
très-dispersés  et  en  désordre,  mériterait  d'être 
attentiTement  réunie  et  classée  :  elle  importe  sur- 
tout à  l'histoire  (2).  2**  Ses  œuvres  poétiques,  qui 
forment  un  recueil  de  102  ballades^  131  chan- 
sons, caroleSf  ou  chants  à  danser,  7  eom- 
plaintes  f  ou  Jeux-partis^  et  400  rondeaux. 
Elles  témoignent  de  son  activité  littéraire,  et 
marquent  chronologiquement  le  cours  entier  de 
sa  carrière  virile.  Sauf  quelques  pièces,  dont  la 
date  ou  l'authenticité  ne  nous  parait  pas  démon- 
trée, ces  poésie»  ne  remontent  qu'à  la  captivité 
du  prince  après  la  bataille  d'Azincourt,  et  se 
continuent  jusqu'à  Textrème  vieillesse  de  l'au- 
teur. On  y  trouve  mêlées  diverses  pièces  dea 
collaborateurs  ou  interlocuteurs  poétiques ,  que 
comportait,  par  son  essence  même,  ce  genre 
littéraire.  Ces  poésies  sont  écrites  parfois  en  an- 
glais, en  latin,  en  roacaronique,  mêlé  d'italien 
et  de  provençal,  etc.  (3).  La  plupart,  conçues  en 

(I)  Les  traita  de  Charles  d'Orléans  sont  reprodalts  avec 
talent  dans  uo  nianoscrit  décoré  de  ses  armes,  et  qui 
appartenait  à  Marie  de  Clérta ,  sa  troisième  femioe.  Cette 
effigie .  trèa-préclense  et  trés-matllée ,  se  tr euTe  en  tête 
da  mannscrlt  français  tes  de  U  Bibliothèque  Impériale, 
ctécuté  ters  l4ii.  Le  dac  y  parait  en  effet  âgé  d'enviroD 
soixante  ans.  CeUe  miolature  a  été  très-Imparfaitement 
Imitée,  ou  graTée  au  burin,  par  G,  S.  Gaucher,  vers  1780. 
Une  lithographie,  pire  encore,  de  Ruiaunn,  a  reproduit, 
P'>nt  réeemmeot ,  la  précédente  estampe.  Le  manuserlt 
r&yat  n>  le  du  Britlsb  Mnseum  offre  plusieurs  images 
du  duc  poète.  >P07.  lUmtration,  iMS,  t.  6,  p.  l».  On  peut 
consulter  encore  les  sources  sulTantea  à  titre  de  rensel- 
Soemeots  Iconographiques.  Armoriai  de  Berry  le  héraalt, 
°Moosc.  96M,  8,8,  ^  16,  veno.  Le  due  Charles  y  est  re- 
présenté (vers  l'an  14S4)  dans  son  appareil  héraldique. 
An  musée  de  Versatiles,  n*  1716,  portrait  (?)  de  Charles, 
due  d'Orléans,  tout  armé,  d'après  la  collection  possédée 
A.Bcnure gsrd,  près  Bloi».  par  M.  le  comte  de  Chollet.  Sa 
•tatue  aux  CélesUns,  en  ISO»  :  voir  MUIln,  jttaïqvUés 
"a'iona/ei,  t.  I,  planebe  t;  GuUhermy.  Monographie 
f*Salnt'DtnU,  p.  Wi  ;  Lcnoir,  Statistique  monumen- 
»*le  de  Parité  Célestios,  planche  VI.  Vitrail  de iSiO.  aux 
^Kitins  :  Uiinn,  (Hd.,  planche  IS,  eaae  8.  Voyez  encore 
J'^gnières,  manusc.  884,  ^  87  :  CataloçMe  dee  por- 
^*  Wi  sont  au  ehéUeau  Saint-jénçe. 

(•)D'aprè«  un«  découverte  toute  récente,  due  à  M.Ker- 

^yn  de  Lettenhove,  Charles,  due  d*Orléaii«j  serait  Tau- 

tnr  d'une  traduction  ITançalae  de  La  Contolatian  de 

.  Bocce,  tiédlëe  à  Charles  VU,  vers  Utt.  (  Voy.  Étudeg  smr 

Froittartf  18S7,  ln-l«,  1 1,  p.  S4S.  ) 

(>'  L'une  de  ces  pièces,  le  rondel  ici,  édition  Champol- 
"^1  p.  888,  a  pour  premier  couplet  : 

Contre  fenoches  et  noxbnxe 
Peut  sertir  nng  tantost  de  France 
l>a  ly  parolles  de  plaisance 
Au  plus  saperé  l'en  cabuxe. 

^|le  langue  est  une  espèce  d*argot  dont  les  poètes  au 
^uiène  siècle,  et  noumment  VUlon,  etc.,  ont  fait 
^ae  >  aussi  bleu  que  des  prosateurs.  ^Ofet  la  Ckroniqm 
^  P-  Cochon  dans  Cooslnot,  1888.  bh-ie,  p.  881  e^  note; 
waiaoD  Tayior.  toems,  etc.,  p.  188. 


français,  constituent  un  notable  monument  de 
la  langue  et  de  la  poésie  nationales.  Ce  sont,  comme 
on  le  voit  par  leurs  dénominations,  des  produc- 
tions d'un  genre  léger,  intime,  familier,  ap- 
propriées aux  pensées  et  sentiments  de  cet  ordre. 
Aussi,  en  abordant  les  poésies  de  Charles  d'Or- 
léans, convient -il  d*étre  prévenu  contre  une 
sorte  de  désappointement  presque  inévitable. 
Cliarles,  duc  d'Oriéans,  par  son  nom  seul  Joua 
un  r61e  moral  très-notable  et  historique  au  quin- 
zième siècle.  On  s'attend  donc  à  trouver  dans 
ses  vers  une  sorte  de  miroir  poétique,  grandiose, 
ou  du  moins  réduit  et  concentré,  des  événementa. 
Il  n'en  est  rien ,  ou  peu  de  diose.  Charles  et 
ses  conseillers  furent  de  ceux  qui,  en  1410, 
pour  venger  la  mort  de  son  père,  appelèrent 
et  introduisirent  les  Anglais  en  France.  Le  duc 
devint  la  première  victime  de  cette  témérité,  si 
coupable  aux  yeux  d'un  juge  moderne.  Vingt- 
cinq  ans  de  captivité  finirent  par  amortir  et  par 
étoiifler  le  peu  de  zèle,  d'énergie  morale  et  pa- 
triotique ,  en  un  mot  de  véritable  dévouement 
dont  il  était  doué.  Il  adopta  de  force ,  mais  a« 
moins  pour  la  moitié,  la  langue  et  les  idées  de 
ceux  dont  il  était  entouré  et  maîtrisé.  Chartes 
tenta,  au  prix  ou  au  risque  des  ooncessioDs  les 
plus  extrêmes  et  les  plus  onéreuses  pour  la 
France,  ime  réconciliation  des  deux  couronne^ 
qui  devait  lui  rendre  à  lui-même  la  liberté.  Eo 
1433,  ce  fut  lui  qui  suggéra  aux  Anglais  l'idée 
d'armer  les  paysans  de  la  Normandie  pour  ré- 
tablir Tordre  et  l'autorité  de  leur  gouvernement, 
compromis  dans  cette  province  (1).  Tels  étaient 
les  sentiments  politiques  ou  moraux  qui  ani- 
maient Charles  d'Orléans.  Excepté  dans  deux  on 
trois  morceaux  des  plus  faibles  et  des  plus  in- 
colores, il  s'abstient  en  général  de  toute  allusion 
aux  affaires  sérieuses  et  aux  événements  histo- 
riques de  son  temps.  Charles  d'Orléans,  pour 
rappeler  l'expression  d'un  grand  poète  de  nos 
jours,  a  n'ajouta  pas  à  sa  lyre  une  corde  d'airain  »« 
Les  sensations  intérieures  de  l'àme,  le  spec- 
tacle de  la  nature,  toujours  grande,  belle,  harmo- 
nieuse, même  à  traven  les  barreaux  d'une  prison, 
même  sous  le  ^e\  inclément  de  la  brumeuse 
Angleterre,  sont  ses  sujets  de  prédilection.  Ces 
chanta  ne  reflètent  pas  l'histoire  d'une  époque, 
mais  l'histoire  d'une  &me  et  d'un  poète.  Sa  vie 
s'y  déroule  tout  entière,  de  saison  eu  saison, 
et  dans  une  suite  de  charmants  tableaux.  Bei- 
Accueil,  Dangier,  Gracieux-Désir,  Confort,  Doux- 
Espoir,  Beauté,  Amours,  etc.,  en  un  mot  toute  la 
mythologie  galante,  consacrée  par  la  littéra- 
ture du  moyen  âge,  y  figure  successivement.  Il  a 
peint  a  son  four  ces  mille  riens  qui  défrayent 
les  créations  de  ses  nombreux  émules.  Mais  il  a 
rajeuni  oe  fonds  commun  par  une  grâce  simple, 
naïve ,  originale  et  pat  un  talent  qui  lui  est  es- 

(i)  lot  encore  l'événement  tourna  contre  les  prévisions 
de  Charles,  doc  d'Orléans,  et  contre  le  résultat  qu'on  s'en 
proraeltalt.  Cantepie  prit  la  dlreeUon  de  ce  mouvement, 
qui  lut  le  préiode  de  rémandpaUoo  de  la  Normandie. 


81  i  ORLEANS 

sentiellement  propre.  Charles  d'Orléans  s'est  ac- 
quis de  la  sorte  uq  ran^  à  part  entre  ses  rivaux 
et  conteroporaios.  L'histoire  littéraire  a  défini- 
tlvement  sanctionné  en  sa  faveur  cette  distinc- 
tion. Pour  légitimer  ce  jugement,  il  suffira  de 
rappeler  le  rondeau  suivant,  devenu  à  bon  droit 
célèbre  : 


St 


Le  temps  a  lalMté  soa  manteau 

De  vent,  de  froidure  et  de  pluie, 

Et  t'est  véta  de  broderie 

De  tolell  rdjrant,  cler  et  besa. 

Ji  o'j  a  bêle  ne  olteaa 

Qu'en  son  Jargon  ne  chante  et  crie: 

Le  temps  a  lalstié  son  manleaa 

De  vent,  de  froidure  et  ée  pluie. 

Jllylère,  feoutoe  et  rnlMcau 
Portent  en  livrée  jolie 
Gouttes  d'argent  d'orfèvrerie } 
Cbacon  s'IiablUe  de  nouveau; 
Le  temps- a  lataslé  son  maoteeu 
De  ventf  de  froidure  et  de  pluie  (t). 

LtA  bibliothèques  de  Paris,  de  Londres,  de  Gre^ 
noble,  de  Garpentras,  contiennent  une  vingtaine 
de  manoscrils,  presque  toos  ori^^aux,  qui  ren- 
fennent  les  poésies  de  Chartes  d'Orléans.  Ces 
nanoscrits,  qui  n'ont  jamais  été  consnltés  et 
rapprochés  par  un  roêtne  éditeur,  pourraient  tous 
fournir  à  une  nouvelle  publication  de  ce  |)oéle 
des  lumières  utiles  et  nécessaires.  Les  deux 
textes  qui  paraissent  les  plus  importants  eont 
an  département  des  manuacrits  de  la  Bibliothèque 
impériale.  Tous  deux  ont  été  à  l'usage  personnel 
du  poète,  et  portent  ses  armes.  Le  premier,  ou 
le  plus  ancien  (2),  parait  avoir  été  exécuté  sous 
les  yeux  du  prince  en  Angleterre,  avant  son  re- 
tour de  captivité.  Il  est  divisé  par  séries  :  bal- 
lades, complaintes ,  chansons ,  rondels.  Des 
blancs ,  ménagés  de  page  en  page  et  par  cahiers 
entiers,  ont  permis  de  le  compléter  progressif 
vement,  Jusqu'au  déclin  de  la  vie  de  l'auteur. 
Le  second  (3)  est  un  livre  d'apparat  et  d'un  for- 
mat plus  grand ,  exécuté  d'aoe  seule  main ,  vers 
1458,  avec  luxe  et  pour  décorer  la  demeure  du 
prince. 

L*abbé  Sallier,  en  1734,  a  le  premier  rappelé 
l'attention  sur  les  œuvres  poétiques  de  Charles, 
duc  d'Orléans,  dans  «m  mémoire  In  à  l'Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres.  De  nos  jours 
après  la  publication,  très-imparfaite,  de  Chalvet, 
deux  nouveaux  éditeurs,  MM.  A.  Champollion- 
Figeac  et  J.  Marie  Guichard,  ont  donné,  concur- 
remment ,  un  texte  à  peu  près  complet  de  ce 
poète  remarquable.  Vallet-Virîville. 

Doeumenti  VMmuscrUs^  Direction  générale  des  ar- 
chives, J,  sm,  B*  1.  K,  17,  ES,  n,  64.  M;  ÎTS,  Î71,  ITlj 
L,sw,  n»  ts.  P,]U9,  f«  xjxx.  Cabinet  des  Utrea  :  Or^ 
•eans-yaloit.  Mta.  Bréquignj,  80,  81  ;  Doat,  t.  »,  p.  S»J  ; 
Btrlaj.  n«  17.  pièce  17;  toc  Colbert,  volume  90S.  f*  S4; 
volume  I,  f*  147.  Gaigntères,  «M,  etc.,  etc.  -  Imprimés  : 
Monstrelet.  Fealo.  Godcfroy,  Ckarlet  f /et  CharUs  f //. 
—  Dormoj,  HUtoire  des  comtes  de  Soissons,  1. 1,  p.  «1. 
O.  Plancber,  t.  IV,  p.  168, 17».  Rjrmer  (141S-1441).  -  LotUn, 

(i)  Un  de  nos  compositeurs  les  plus  délicats  et  les  pins 
distingués,  M.  de  Vaueorbell,  a  brodé  sur  ce  thème  poé- 
tique ane  mélodie  dlirne  de  rortgtnal. 

(f)  Ms.  LavalHère  188,  petit  format. 

W  BU.  Fr.,  1104. 


Reekerdus  sur  Orléans,  i.  I.  —  Harrb  NlchoU;^.  /fc* 
àattle  of  Jçincourt  ;  Lon6n%  i9i.,  ln-8*,  —^temturesé^ 
Pjteademte  des  FmseripUont,  t  Xtll,  p.  HO  et  s.  ~ 
Cbaivet.  Poésies  de  Ckmrtes  dPOrUanâ;  ifOS,  fa..».  - 
A.  ChampoUion-Figeac.  Poésies  de  Charles  éPOrUoM; 
184t.  in8«  et  in -18.  Ixmis  H  Charles  d[X}rleeuts;  18i3« 
io-S*.  —  J.  Marie  Gulcbard.  Poésies  de  Chartes  éVr- 
team;  1811,  ln-16.  -  Fr.  Michel,  RmpporU  a  M.  U  vt- 
nistrede  l'instruction  publique;  1838,  ln-««,  p.  61  cti, 
874  et  S.  -  Valiet  de  VirUille.  P'iiUô  du  British  musrttm 
Notice  du  ms.  Reg.  16,  contenant  Us  poésies  de  Chcriei 
drOrléemSi  extrait  du  HuUeiisi  du  MHufpkéi^,  iSiS  ;  Jna 
Càarller,  COuslnor,  ln-16.  —  C.  BeauSU.  Étude  sur  ia  tv 
€i  Us  poésies  de  Charles,  due  tC Orléans  i  1861,  \a-»". 

ORLÉANS  [Gaston  Jean  'Baptiste  de  Frâncc. 
dac  d'),  61s  puîné  de  Henri  IV  et    frère  de 
Louis  Xni,  né  le  25  avril  1608,  mort  le  2  féTner 
1460.  Parmi  tous  les  personnages  hhUoriqiies 
ées  tempe  moderaes,  il  n'y  en  eut  peut-être  pas 
de  pins  remuant,  de  plus  faibte,  de  plus  es- 
clave de  son  entourage,  que  le  ducGastoa  d'Or- 
léans. Nous  nous  étendrons  peu  sur  ce  prince. 
Sa  biographie  se  oonlbnd  avec  celle  de  Ridl^ 
lieu,  dont  tout  le  miaistère  fut  employé  à  sur- 
veiller, à  déjouer  et  à  punir  les  complots  de» 
grands ,  à  la  tête  desquels  on  était  toujours  sAr 
de  trouver  Gaston,  sinon  comme  chef,  da  moins 
comme  drapeau.  Il  commence  à  résister,  parke» 
conseils  de  son  gouverneur,  d'Ornano,  an  pro- 
jet de  sa  mère  et  du  cardhialde  Richeti<w,  qui 
veulent  le  marier  avec  mademoiselle  de  Moot- 
pensier,  la  plus  riche  héritière  de  l'Europe. 
Bientôt,  irrité  contre  Richelieu ,  qui  avait  fiit 
enfermer  Omano  à  Vincennes ,  il  entre  dans  \i 
conspiration  de  Chalais;  mais,  efTrayé  do  supplice 
de  œ  jeune  fou,  qm  pour  mériter  les  bonnes 
j^âces  de  la  duchesse  de  Chevreuse,  dont  il  est 
épris,  nnédite  d'assassiner  le  cardinal ,  il  fait  u 
soumission  et  consent  à. épouser  Diademotseile 
de  Montpensier.  Ce  mariage  fut  célébré  à  Nantes, 
au  milieu  des  apprêts  du  supplice  de  Cbaiais. 
Après  la  mort  de  ea  première  femme,  arrivée 
en  1627,  il  voulut  encore,  malgré  sa  mère,  ^'o- 
nir  avec  Marie  de  Gonzague,  Glle  de  Charte  V'^ 
duc  de  Mantoue;  n*ayant  pu  y  réussir,  il  recom- 
mença à  intriguer  contre  le  cardinal;  enfin,  im 
jour,  après  une  suite  de  réconciliations  et  de  rup- 
tures avec  le  ministre ,  à  rinstigatjon  de  per- 
fides conseillers ,  Il  va  trouTer  Richciien  dans 
son  hôtel ,  avec  ime  nombreuse  suite  de  gentils- 
hommes, le  menace  brutalement  de  sa  colère, 
et  lui  déclare  en  face  qu'il  est  son  ennemi  mor- 
tel. Après  cette  équipée,  U  s'enfuît  en  Lorraine, 
sous  prétexte  d'échapper  à  la  tyrannie  du  car- 
dinal, s'y  tnarie  avec  la  sœur  da  duc  Charies  IV, 
et  fait  des  préparatifs  de  guerre  contre  le  lui- 
nistre.  Maiscelui-d  déconcerte  ces  complots,  entre 
en  Lorraine ,  humilie  Charles  IV,  et  force  Gas- 
ton à  se  séparer  de  sa  nouvelle  épouse,  Margue- 
rite de  Lorraine,  et  à  s'enfuira  Bruxelles, auprès 
de  sa  mère ,  qui  s'y  est,  elle  aussi,  réfugii^.  ^ 
là ,  Gaston  entretient  des  correspoflidanoei  avec 
les  mécontents  de  FYance,  et  cherche  à  pousser 
les  grands  à  la  révolte  ;  il  y  entraîne  le  duc  de 
Montmorency  ;  bientôt  il  entre  en  France  à  U 


SIZ 


ORLEANS 


814 


tête  d'un  ramaft  de  deux  ou  trois  mille  brigands, 
traverse  le  royaume  en  le  pillant ,  arrif  e  en  Lan- 
guedoc, et  s'y  fait  battre  avec  son  complice,  près 
de  Casteloaudary  (1632).  La  victoire  est  encore 
indécise,  quand  on  vient  représenter  à  Gaston 
que  le  succès  dépend  de  son  courage.  Pour  toute 
l'cpaase,  il  jette  ses  amies  à  terre,  dit  qu'il  ne 
s'y  joue  plus  et  fait  sonner  la  retraite.  Réfugié 
à  Béziers ,  il  s'empresse  de  désarmer  le  roi  et 
le  ministre  par  des  actes  de  repentir  et  de  nou- 
veaux serments  de  fîdëiité.  Il  signe  un  traité 
d'accommodement  qu'oo  lui  présente,  par  lequel 
a  iJ  s'engage  à  aimer  tous  les  ministres  du  roi, 
et  en  particulier  monsieur  le  cardinal  »,  et 
abandonne  à  la  vengeance  du  ministre  son  mal- 
heureux complice,  lait  prisonnier  à  Castelnau- 
(lary,  ou  du  moins  il  ne  fiiit  que  d'inaigniliants 
eflbrts  pour  le  sauver  :  Montmorency  est  déca- 
pité. Ce  terrible  exemple  ne  corrige  pas  Gaston  ; 
il  se  sauve  de  nouveau  à  Bruxelles,  signe  un 
traité  coupable  avec  l'Espagnol ,  qui  lui  fait  une 
pension  de  30,000  florins  par  mois,  et  déclare 
son  second  mariagt,  demeuré  secret  jusqu'a- 
lors. Cette  nouvelle  incartade  ne  flt  qu'attirer  de 
nouvelles  rigueurs  sur  ses  amis  et  sur  son  bean- 
frère,  le  duc  de  Lorraine»  qui  se  vit  dépouillé 
de  ses  États.  Pour  Gaston,  entraîné  par  son  in- 
constance naturelle,  il  abandonna  tout  à  coup 
sa  mère  et  les  Espagnols,  demanda  de  nouveau 
pardon  au  roi,  et  obtint  de  rentrer  en  France. 
11  y  était  à  peine  arrivé,  qu'il  ourdit,  avec  le 
comte  de  Soissons  un  nouveau  complot  contre 
le  cardinal.  11  s'agissait  cette  /ois  de  l'assassi- 
ner à  Amiens.  Deux  gentilshommes  devaient  le 
frapper  de  leurs  poignards  au  sortir  du  conseil; 
ils  n'attendaient  que  le  signa] ,  mais  le  cœur 
faillit  à  Gaston  pour  le  donner.  Le  coup  étant 
manqué,  le  comte  de  Soissons  fut  forcé  de  sor- 
tir du  royaume,  et  s'allia  aux  Ëspa^iols;  quant 
à  Gaston,  à  force  de  bassesses^  il  obtint  encore 
une  fois  son  pardon ,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas 
UQ  l)eo  plus  tard  d'entrer  dans  la  conspiration 
<le  Cinq-Blars  et  de  traiter  de  nouveau  avec 
l'£spagne.  Celte  fois,  quand  ses  complices  fu- 
rent tombés  entre  les  mains  de  l'implacable  mi- 
nistre (  1642  ),  Gaston  ne  se  contenta  pas,  comme 
»  son  ordinaire ,  de  les  abandoouer,  il  alla  pour 
obteuir  sa  grâce  jusqu'à  les  charger,  et  contribua 
ainsi  à  leur  condamnation.  Avili  par  celte  infâme 
conduite ,  avili  par  le  flétrissant  pardon  du  mi- 
nistre ,  qui ,  tout  en  faisant  grftoe  au  frère  du 
roi|  déclarait  qu'il  méritait  la  mort  et  l'exilait 
^  Blois,  où  il  devait  vivre  en  simple  particulier, 
^ns  gardes  et  sans  honneurs.  Gaston  alla  ea- 
^er  sa  honte  au  lieu  dés^né  pour  son  bannis- 
^^ent,  et  il  y  resta  jusqu'à  la  mort  du  roi. 
~>omnné  alors  lieutenant  général  du  royaume,  il 
^  réhabilita  quelque  peu  par  ses  trois  campa- 
^^nes  de  1644,  1645  et  1646,  pmidant  lesquelles 
I  prit  aux  Espagnols  plusieurs  places  impor- 
l^ntes;  mais  il  joua  un  râle  déplorable  pendant 
8«cn«  de  la  Fronde,  où  U  fut  constamment, 


I  comme  sous  le  règne  précédent,  le  misérable 
jouet  des  partis,  qui  tous  vonhn*ent  s'appuyer 
de  son  nom.  Le  cardinal  de  Ricfielicu  a  tracé  en 
peu  de  mots  le  portrait  de  Gaston  :  «  Il  entra, 
dit-il,  dans  toutes  les  affaires ,  parce  qu'il  n'a- 
vait pas  la  force  de  résister  à  ceux  qui  l'y  en- 
traînaient; et  il  en  sortit  toujours  avec  honte, 
parce  qu'il  n'avait  pas  le  courage  de  les  soute- 
nir, u  Quand  Louis  XI¥  fut  rentré  à  Paris,  le 
duc  d'Oriéans,  dont  la  pitoyable  carrière  poli- 
tique était  terminée,  se  retira  à  Blois,  où  il  était 
exilé  pour  la  seconde  fois  ;  et  il  y  vécut  dans  la 
retraite  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1660,  au 
moment  où  le  graad  roi  allait  prendre  en  mains 
les  rênes  de  l'État. 

Gaston  laissait  dç  son  premier  mariage  une 
(ille,  la  fameuse  MademoitelU,  duchesse  de 
Montpeniier,  [Lebas,  IHct,  encycl.  de  la 
France.] 

un*  de  Mootpensler«  Mémoires.  —  Rfebetleu,  idem.  — 
Retz,  Mem. 

OBiiiARS  (Philippe  y  duc  d'),  fils  puîné  de 
Louis  XIII  et  d'Anne  d'Autriche,  fière  unique 
de  Louis  XrV,  né  en  1640.  il  épousa  en  premières 
noces  (1661)  Henriette  d'Angleterre,  plus  con- 
nue sous  le  nom  de  Madame,  qui  monnit  su- 
bitement (29  juin  1670),  peu  de  jours  après  son 
retour  d'une  mission  dont  l'avait  chargée 
Louis  XIV  auprès  de  son  frère  Charles  II,  et 
'  dont  Bossuet  prononça  l'oraison  funèbre;  il  se  re- 
maria l'année  suivante  à  Charlotte-Elisabeth  de 
Bavière,  fit  les  campagnes  de  Flandre  en  1667, 
de  Hollande  en  1672,  et,  en  1677,  eut  une  grande 
part  aux  succès  glorieux  des  armées  françaises 
dans  les  Pays-Bas.  II  mit  le  siège  devant  Saint- 
Omer,  ayant  sons  ses  ordres  les  maréchaux, 
d'Humières  et  de  Luxembourg,  marcha  contre 
le  prince  d'Orange ,  qui  accourait  au  secours  de 
la  place,  remporta  sur  lui  uAe  victoire  complète, 
entre  Cassel  et  Saint-Omer,  et  revint  au  siège 
de  cette  dernière  ville ,  qu'il  força  de  capituler. 
Ses  talents  militaires  et  sa  valeur  inspirèrent, 
dit-on,  quelque  jalousie  à  Louis  XIV.  Ce  qu'il  y 
a  de  vrai ,  c'est  que  depuis  cette  campagne  le 
1*01  ne  donna  plus  de  commandement  à  son  frère. 
Philippe  d'Orléans  mourut  en  1701,  après  avoir 
protesté  contre  le  testament  de  Charles  H  d'Es- 
pagne, en  faveur  du  dfie  d'Anjou,  petit-fils  de 
Louis  XrV,  comme  descendant  par  les  femmes, 
aussi  bien  que  son  frère,  de  la  maison  d'Autriche 
espagnole.  Il  avait  eu  sept  enfants  de  ses  deux 
femmes  :  du  premier  lit,  Marie-Louise  d'Or- 
léans, mariée  à  Charles  II,  roi  d'Espagne,  et 
morte  en  1689,  empoisonnée,  dît-on;  Anne' 
Marie,  mariée  à  Victor-Amédée  II,  roi  de  Sar- 
dalgne;  et  dn  second  lit,  Philippe ,  qui  fut  ré- 
gent de  Franee  sous  la  minorité  de  Louis  XV. 
Éiisabeth'Charlotie,  mariée  au  duc  Charles  de 
Lorraine.  [Lebas,  Dict.  encycl,  de  la  France.] 

Saiot  Sfnioo,  Mimoiret.  —  YoUaIre,  SUde  de 
Louis  XI r. 

OELéAKS  (Philippe,  dnc  n*),  régent  de 


815 


ORÎ.ÉAjSS 


816 


France,  fils  du  précédent,  né  à  Saînt-Clond,  le 
2  août  1674,  mort  à  Versailles,  le  2  décem- 
bre 1723.  H  reçut  en  naissant  le  titre  de  duc  de 
Chartres,  et  montra  dans  son  enfance  les  plus 
heureuses  dispositions.  Malheureusement,  si  son 
instruction  fut  très- soignée,  il  n'en  fut  pas  de 
même  de  son  éducation  morale;  son  père  ne  sVn 
occupait  pas  ;  sa  mère  s'en  occupait  à  peine.  Un 
hasard  singulier  lui  enleva  tous  ses  gouTerneors 
etsontrès-honnéte  précepteur,  Saint-Laurent,  et 
il  resta  sous  ladirection  de  Tabbé Dubois,  homme 
d'esprit,  mais  de  principes  très-reiftchés.  A  dix- 
sept  ans  il  fit  ses  premières  armes  au  siège  de 
Mons.  L'année  suivante  (janvier  1692),  il  épousa 
M'^*  de  Blois,  fille  naturelle  de  Louis  XIV  et  de 
M*"*  de  Montespan.  Ce  mariage  d'un  petil-fils 
de  France  avec  une  fille  Illégitime  était  une  mé- 
salliance. Monsieur,  mené  par  ses  indignes  favo- 
ris, les  princes  lorrains,  y  consentit  ;  le  jeune  duc 
de  Chartres,  disposé  par  Fabbé  Dubois^  n'osa 
pus  résister  à  la  volonté  du  roi.  Madame ,  sa 
mère,  déconcertée  par  ce  double  consentement, 
donna  aussi  le  sien,  mais  sans  dissimuler  sa 
fureur.  Saint-Simon  assure  que  lorsque  son  fils 
s'approcha  pour  lui  baiser  la  main  «  elle  lui 
appliqua  un  soufDet  si  sonore  qu'il  fut  entendu 
de  quelques  pas,  et  qui,  en  présence  de  toute 
la  cour,  couvrit  de  confusion  ce  pauvre  prince, 
et  combla  les  infinis  spectateurs  d'un  prodigieux 
étonnement  ». 

Le  duc  de  Chartres  espérait  que  sa  complai- 
sance lui  vaudrait  ce  que  son  père  n'avait  presque 
jamais  obtenu,  le  droit  d'aller  à  l'armée.  Cette  per- 
mission lui  fut  9B  effet  accordée;  il  combattit  à 
Steinkerque  (  1692  ),  et  à  Nerwinde  (  1693),  sous 
le  duc  de  Luxembourg,  et  montra  dans  ces  deux 
circonstances  beaucoup  de  courage  et  d'habileté. 
L'éclat  même  de  son  début  lui  nuisit  auprès  du 
roi,  qui  n'aimait  pas  qu'un  prince  rapproché  du 
trône  se  distinguât  ainsi.  Éloigné  du  service 
pendant  plusieurs  années,  il  se  Jeta  avec  ardeur 
dans  les  plaisirs  de  son  âge,  et  parut  chercher 
un  scandale  qui  tranchait  avec  l'austérité  mise 
à  la  mode  par  M"**  de  Maintenon.  Le  roi,  qui 
avait  le  sentiment  de  l'injustice  qu'il  lui  avait  faite, 
le  traita  avec  beaucoup  de  faveur  k  la  mort  de 
son  père ,  en  1701,  et  l'envoya  commander  l'ar- 
mée d'Italie  en  1706.  Malheureusement  il  le  plaça 
ions  la  tutelle  de  La  Feuillade  «t  Marsin,  qui  lui 
étaient  très-inférieurs  en  mérite.  Ses  connais- 
sances militaires  et  son  bon  sens  lui  furent  inu- 
tiles, il  ne  put  pas  faire  écouter  ses  avis;  et 
forcé  par  ses  deux  lieutenants  d'attendre  l'attaque 
du  prince  Eugène  dans  une  mauvaise  position , 
il  essuya,  le  7  septembre  1706,  une  défaite  com- 
plète, sous  les  niurs  de  Turin.  11  reçut  dans  le 
combat  deux  blessures ,  et  vint  se  rétablir  en 
France.  Louis  XIV  l'accueillit  aussi  bien  et  peut- 
être  mieux  que  s'il  avait  été  vainqueur,  et  l'en- 
voya l'année  suivante  commander  l'armée  fran- 
çaise d'Espagne.  Malgré  toute  sa  diligence,  le  duc 
d'Orléans  n'arriva  que  le  lendemain  de  la  ba- 


taille d'Almanza,  gagnée  par  Berwick  sur  le  pt 
néral  anglais  Galloway  (25  avril  1707);  il  iut 
du  moins  tirer  parti  de  cet  avantage ,  soumit  le 
royaumes  de  Valence  et  d'Aragon .  prit  les  places 
*de  Xativa  et  d'Alcaraz ,  pénétra  eu  tTatalogne  et 
termina  cette  belle  campagne  par  la  conquête  àt 
Lerida,  ville  devant  laquelle  Coudé  avait  échoué. 
La  campagne  suivante  (1708)  fut  encore  heu- 
reuse, mais  non  pas  aussi  décisive  qu'elle  l'au- 
rait été  si  la  cour  d'Espagne  avait  montré  \Ak 
d'activité  et  de  meilleures  dispositions.  Quoique 
traversé  dans  ses  opérations  et  ne  recevant  &i- 
cun  secours,  le  duc  d'Orléans  s'empara  de  Dénia, 
d'Alioante  et  de  Tortose.  Jusque-là  sa  conduite 
avait  été  irréprochable  ;  mais  son  esprit  entrepl^ 
nant,  son  peu  de  confiance  dans  les  dispoutionsde 
Louis  XIV  à  son  égard,  son  mépris  pour  le  faible 
roi  d'Espagne  Philippe  V,  le  jetèrent  dans  une  in- 
trigue qui  lui  fit  le  plus  grand  tort.  Par  sa  nabsaDoe 
il  avait  des  droits,  assez  éloignés,  il  est  Tral,  loi 
trênes  d'Angleterre  et  d'Espagne,  et  plua  d'oie 
fois  il  avait  annoncé  d'une  manière  vagne  et 
plutôt  pour  inquiéter  le  roi  que  sérieosemest, 
l'intention  de  les  faire  valoir.  En  Espagne  il  aHa 
plus  loin,  et  fit  des  ouvertures  positives  aux  gé- 
néraux anglais  pour  savoir  si  leur  pays  fiiTori- 
serait  un  changement  qui  substituerait  un  priace 
tout  à  fait  indépendant  de  la  France  au  faible 
monarque  qui  annonçait  devoir  n'être  sur  le 
trône  que  le  lieutenant  de  Louis  XIV.  De  pa- 
reilles menées  étaient  dangereuses  pour  Tamiée, 
et  ne  pouvaient  avoir  aucun  résultat  utile  pour 
le  duc  La  cour  d'Espagne  en  fut  avertie,  et  en 
prévint  Louis  XIV,  qui  se  hâta  de  rappeler  soa 
neveu  (décembre  1708).  Il  fut  question  de  le 
mettre  en  jugement  ;  mais  le  roi  ne  voulut  pas 
transformer  une  intrigue  (&oheuse  en  crime 
d'État,  et  ne  donna  même  que  pen  d'éclat  k  la 
disgrâce  du  duc.  Saint-Simon,  qui  fut  initié  aui 
détaHs  de  toute  cette  alTaire,  en  coostafe  ainsi  les 
résultats  :  «  Le  roi  se  laissa  entendre  en  des 
*  demi-particuliers  pour  être  répandu  qo'il  aroit 
vu  clair  en  cette  affaire,  qu'il  étoit  surpris  qu'on 
en  eût  fait  tant  de  bmit,  et  qu'il  trou  voit  fort 
étrange  qu'on  en  tint  de  si  maavats  propos. 
Cela  fit  taire  en  put>lic,  non  en  particalier,  où  on 
s'en  entretint  encore  longtemps.  Chacon  en  ciut 
ce  qu'il  voulut,  suivant  ses  affections  et  ses  idées. 
Le  roi  en  demeura  ék>igné  de  son  neTcn  ;  et  Moo- 
seignenr  (  le  grand  dauphin  ),  qni'^n'eo  rerinl  ja- 
mais, le  lui  fit  sentir  non-senlement  en  tonte  occa- 
sion ,  mais  jusque  dans  la  vie  ordinaire,  d'une 
façon  très-mortifiante.  La  cour  en  étoit  tén)oio  â 
tous  moments,  et  voyoit  le  roi  sec  ^vec  son  oevco 
et  l'air  contraint  avec  lui.  Cela  ne  rapprocha  pas 
le  monde  de  ce  prince,  dont  le  malaise  et  la  con- 
trainte, après  quelque  temps  d'une  conduite  on 
peu  plus  mesurée,  l'entraîna  plus  qXie  jamaii  i 
Paris,  par  la  liberté  qu'il  ne  trouvoit  point  ail- 
leurs, et  pour  s'étourdir  par  la  débauche.  »  L«s 
bruits  exagérés  de  cette  affaire  d'Espagne  se  joi- 
gnant à  une  conduite  déréglée  firent  au  duc  d'Or- 


817 


ORLÉANS 


818 


léaos  une  mauvaise  réputation  dans  le  public; 
on  prétendit  qu'il  aspirait  au  trône,  et  que  pour 
y  arriver  les  crimes  ne  lui  coûteraient  rien.  En 
Tain  Louis  XIV,  en  mariant  son  petit-fils,  le  duc 
de  Berry,  avec  la  fille  aînée  du  duc  d'Orléans, 
témoigna  qu'il  ne  croyait  point  à  ces  rumeurs; 
elles  persistèrent,  et  ce  mariage  même  les  aug- 
menta. Le  duc  d'Orléans  aimitit  tendrement  sa 
fille,  qui  avait  à  peu  près  les  mêmes  défauts  que 
lui.  Cette  amitié  donna  lieu  à  des  calomnies  que  le 
public  accueillit  avec  un  empressement  cruel  et 
auxquelles  le  duc  de  Berry  parut  croire.  Le  duc 
d'Orléans  ne  s'inquiéta  pas  de  les  repousser  par 
une  conduite  plus  réservée  ;  loin  de  là  :  «  L'en- 
nui, l'habitude,  la  mauvaise  compagnie  qu'il 
voyait  dans  ses  voyages  de  Paris,  l'entraînèrent  ; 
il  se  rembarqua  dans  la  débauche  et  dans  l'im- 
piété.... C'étoit  entre  le  père  et  la  fille  à  qui  em- 
porteroit  le  plus  ridiculement  la  pièce  sur  les 
mœurs  et  sur  la  religion,  et  souvent  devant 
M.  le  duc  de  Berry ,  qui  en  avoit  beaucoup  et  qui 
trouvait  ces  propos  fort  étranges.  »  Une  con- 
duite aussi  folle  flit  promptement  punie.  Lorsque 
la  duchesse  et  le  duc  de  Bourgogne  moururent, 
à  quelques  jours  de  distance  (février  1712),  il 
se  fit  une  explosion  terrible  contre  le  duc  d'Or- 
léans, que  Ton  soupçonna  de  les  avoir  empoi- 
sonnés. 11  avait  intérêt  à  leur  mort,  et  on  savait 
qu'il  s'occupait  beaucoup  d'expériences' scientifi- 
ques avec  le  chimiste  Homberg;cefut  assez  pour 
accréditer  les  plus  atroces  imputations.  «  Le  cri 
public  était  affreux,  dit  Voltaire;  on  ne  peut  s'en 
faire  une  idée  sans  en  avoir  été  témoin  (1).  La 
mort  du  fils  atné  du  duc  de  Bourgogne,  survenue 
au  bout  de  quelques  jours,  augmenta  cette  agita- 
tion. »  Le  duc  d'Orléans,  désespéré,  demanda 

(1)  Vnicl  ce  qae  raconte  Salnt-SIraon  :«  Dès  le  n  fé- 
vrier, que  M.  le  due  d'Orléans  fat  avec  Hadane  donner 
de  l'eau  bdoite  à  lai  dau^bine,  la  foule  du  peuple  dit  tout 
baut  toutes  aortes  de  sottises  contre  Int  tout  le  long  de 
leor  passige...  il  y  eut  même  Ueu  de  craindre  pis  d'nne 
populace  eidlée  et  crédule,  lonqne,  le  ti  férvler,  II  alla 
seul  donner  l'ean  bénite  an  danpblo.  Aussi  essuya -t-U  sur 
son  passage  les  Insultes  les  plus  atroces  d'un  peuple  qui 
ne  se  contenolt  pas,  qui  lançolt  tout- haut  les  discours 
les  plus  énormes,  qui  le  montrolt  an  doigt  avec  les. épi- 
Ihètes  ]M  plus  grossières,  que  personne  n'arrètolt,  et  qui 
croyolt  lut  faire  grAce  de  ne  pas  se  jeter  sur  lui  et  le 
mettre  en  pièces.  Ce  fot  la  même  chose  an  convoi.  Les 
chemins  reteotiasolent  de  cris,  plus  d'Indignation  et  dln- 
Jures  que  de  douleur.  On  ne  lals-ta  pas  de  prendre  sans 
brutt  quelques  précautions  dans  Parl^  pour  empêcher  la 
fureur  publlqae  dont  les  boalllons  se  firent  craindre  en 
divers  moments.  BUe  s'en  dédommagea  par  les  gestes, 
les  cris,  et  par  tout  ce  qui  se  peut  d'atroce ,  vomi  contre 
H.  le  duc  d'Orléans.  Vers  le  Palals-Royal ,  devant  lequel 
le  convoi  passa,  le  redoublement  de  hoées,  de  cris,  d'in- 
Jnres  fut  si  violent,  qn*lt  y  ent  lien  de  tout  craindre 
pendant  quelques  minutes.  »  A  la  cour  Vémotlon  moins 
bruyante  fut  tout  aussi  Impbcable.  «  M.  le  duc  d'Orléans 
tat  non-seulement  shandonné  de  tout  le*  monde,  mata  H 
se  fabolt  pUce  nette  devant  loi  ches  le  roi  et  dans  le  sa- 
lon ;  et  s'il  y  approcholt  d'un  groupe  de  courtisans,  cha- 
cun, »ans  le  plus  léger  ménagemeat,  fal5oit  dcml-lonr  à 
droite  ou  a  gauche,  et  s'alloli  rassembler  a  l'autre  bout, 
•ans  qu'il  lui  fût  possible  d'aborder  personne  que  par 
snrprbe,  et  même  aussitôt  après  U  étolt  laissé  seul  avec 
rlndécence  la  plus  marquée.  »  Dans  cette  crise  Saint- 
Simon  resta  seal  fidèle  au  prince. 


qu'on  le  mit  à  la  Bastille  et  qu'une  cour  de  jusr 
tice  examinât  les  faits  qu'on  lui  imputait. 
Louis  XIV  refusa  sèchement,  comme  s'il  eût 
voulu  éviter  le  scandale,  sans  être  sûr  que  les 
soupçon$  fussent  injustes.  Deux  ans  après  (mai 
17 14),  la  mort  do  duc  de  Berry,  qui  réduisait  la 
branche  aînée  des  Bourbons  de  France  à  un  en- 
fant en  bas  Age,  donna  lieu  à  de  nouvelles  ru- 
meurs, mais  elles  éclatèrent  avec  moins  de 
violence.  Le  doc  d'Orléans  devait  bientôt  don* 
ner  par  sa  conduite  à  l'égard  de  cet  enfadt  le 
plus  formel  démenti  h  tbotes  ces  calomnies. 
Louis  XIV,  malgré  ses  préventions  contre  son 
neveu,  ne  put  s'empêcher  en  mourant  (septem- 
bre 1715)  de  Inl  laisser  la  régence.  Il  est  vrai 
que  par  son  testament  il  réduisit  cette  grande 
charge  presque  à  un  titre  nominal.  Il  sépara  de 
la  régence  la  tutelle  du  jeune  roi,  laquelle  fut 
confiée  au  duc  du  Maine  avec  le  commandement 
de  la  maison  militaire  ;  un  conseil  de  régence» 
où  le  duc  d'Orléans  n'aurait  eu  que  voix  délibé- 
rative,  devait  exercer  la  plénitude  de  l'autorité 
souveraine.  Le  duc  d'Orléans  n'admit  pas  ces 
restrictions,  qu'il  regardait  comme  contraires  à 
ses  droits  et  injurieuses  pour  son  caractère. 
Dès  le  lendemain  de  la  mort  du  roi  (2  sep- 
tembre), il  se  rendit  au  parlement  accompagné 
des  princes,  des  pairs  du  royaume,  d'un  nom- 
breux cortège  de  courtisans  et  de  grands  officiers, 
fatigués  du  dernier  règne,  et  qui  espéraient  beau- 
coup de  la  régence;  il  avait  fait  connaître  à  cette 
compagnie  qu'il  loi  rendrait  le  droit  de  remon- 
trances; le  parlement,  favorablement  disposé,  et 
d*aceord  d'ailleurs  avec  l'opinion  publique,  cassa 
le  testament  de  Louis  XIV  et  conféra  au  duc  d'Or- 
léans la  plénitude  du  pouvoir  royal  jusqu'à  la  roa- 
jodté  deLooisXV.  Lerégent  trouva  la  France  dans 
une  triste  situation  :  au  dehors,  aucune  alliance, 
et  avec  l'Angleterre  des  rapports  de  pins  en  plus 
difficiles,  qui  menaçaient  d'aboutir  à  la  guerre; 
au  dedans,  des  finances  ruinées,  ime  administra- 
tion tracassière  et  sans  vigueur,  une  persécution 
religieuse  qui  avait  rempli  les  prisons  de  jansé- 
nistes. Le  régent  arriva  au  pouvoir  avec  d'ex- 
cellentes intentions,  une  rare  intelligence,  un 
caractère  capable  de  résolution,  mais  malheu- 
rensement  compromis  par  la  licence  de  sa  vie 
privée.  Il  opéra  quelques  réformes  utiles  et  d'au- 
tres qui  n'étaient  que  spédeuses;  beaucoup  de 
prisonniers  pour  cause  de  religion  furent  rendus 
à  la  liberté;  l'armée  fut  diminuée;  des  mesures 
violentes,  mats  que  le  public  accueillit  avec  fa- 
veur parce  qu'elles  frappaient  sur  des  financiers, 
réduisirent  considérablement  les  dettes  de  l'État. 
Leduc  d'Orléans  dès  le  délmt  de  la  régence  avait 
substitué  aux  ministères  des  conseiisr  délibéra- 
tifs,  composés  en  générai  de  grands  seigneurs. 
Si  ces  conseils  avaient  été  réellement  indépen- 
dants, et  s'ils  avaient  compris  leur  tftche,  ils  au- 
raient introduit  cm  élément  représentatif  dans  la 
monarchie  absolue;  mais  ils  eurent  peu  d'impor- 
,  tance  véritable»  et  n'apportèrent  pas  dans  la 


619 


ORLÉANS 


S19 


marche  des  aflaires  un  contrôle  qui  eut  été  d'au- 
tant pins  nécessaire  que  le  régent  inanquait  de 
prudence,  et  que  son  principal  conseiller,  Tabbé 
Dobob,  manquait  d'honnêteté.  Aussi  la  politique 
de  la  régence  fut  trop  souvent  une  politique  d'a- 
ventures et  d'expédients.  Deux  grands  Faits  la 
-caractérisèrent  :  le  système  de  Law  et  l'aHiaDce 
arec  Tàngleterre  ;  nous  n'avons  pas  à  entrer  dans 
les  détails  de  ces  deux  actes,  qui  ont  été  racontés 
anx  articles  Law  et  Dubois;  il  sufiU  d'en  cons- 
tater le»  ré&ultats.  L'établissement  de  la  banque 
de  Law,  les  eneonragements  accordés  à  la  Com- 
pagnie des  Indes  produisirent  dans  le  pays  un 
uieuvemeM  financier  et  industriel ,  donnèrent  à 
k  marine  et  an  commerce  no  essor  qui  survécu- 
rent aux  folies  et  an  désastre  du  système.  Le 
traité  de  la  triple  alliance  entre  l'Angleterre,  la 
Hollande  et  la  France,  signé  à  La  Haye»  le  14  jan- 
vier 1717,  jeta  les  bases  d'une  politique  pacifique 
qui  profita  aux  deux  grandes  puissances.  On  a 
reproehé  au  régent  d'avoir  fait  en  cette  occasion 
bon  marché  de  l'honneur  de  la  France  ;  mais  le 
reproche  parait  injuste.  Le  duc  d'Orléans,  qui 
voulait  la  paix,  et  qui  était  persuadé  que  le  gou- 
vernement anglais  la  voulait  aussi ,  évita  tout 
ce  qui  pouvait  ranimer  les  hostilités  entre  les 
deux  peuples.  Un  des  motifs  de  cette  alliance 
fut  le  besoin  qu'éprouva  le  régent  de  prendre 
des  précautions  contre  la  cour  d'Espague,  qui 
était  en  correspondance  avec  le  duc  du  Maine  et 
tous  les  mécontents  du  royaume  (vay.  Albe- 
ROM  et  Cellâmare).  Ces  intrigues  vraiment 
coupables,  car  elles  n'avaient- pas  pour  mobile 
l'intérêt  public,  produisirent  une  conspiration 
mal  conduite,  et  quelques-uns  des  plus  violents 
et  des  plus  inCtoies  pamphlets  qui  aient  jamais 
été  écrits  en  français  (  voy,  La  Gramge-Cban- 
€El).  Le  parlement  même,  d'abord  favorable, 
«ommençait  à  se  montrer  hoM&tile.  Le  régent,  bien 
secondé  par  Dubois,  surmonta  ces  divers  obsta- 
cles -par  une  série  de  mesures  énergiques,  lia- 
biles,  mais  qui  eurent  le  tort  de  détruire  jusqu'à 
l'apparence  de  contrôle  qui  avait  existé  dans 
les  premières  anoccs  de  la  régence.  Les  princes 
légitimés  furent  ramenés  à  leur  rang  de  pairie 
(  1718).  Le  régent  fit  arrêter  Cellamare,  puis  le 
^nc  et  la  dncliessedu  Maine  (décembre  1718), 
et  déclara  la  guerre  à  l'Espagne  (janvier  1719). 
Philippe  V,  effrayé  des  succès  des  Français,  plus 
effrayé  encore  de  voir  une  insurrection  tentée 
par  la  noblesse  de  Bvetagne  avorter  et  se  termi- 
na' par  le  supplice  de  quatre  gentUshorames, 
renvoya  Alberoni,  et  adhéra  à  la  triple  alliance 
(février  1720).  L'année  suivante  un  projet  de 
mariage  entre  l'infante  d'Espagne  et  Louis  XV,  et 
le  mariage  conclu  entre  le  prince  des  Asturies  et 
mademoiselle  de  Montpensier,  quatrième  fille  du 
régent,  rassurèrent  complètement  le  ducd'Orléans 
du  cOté  de  l'Espagne.  A  llotérieur  les  aflJaires 
allaient  moins  bien.  La  peste  de  Marseille  avait 


tout  à  fait  impopulaire.  Cette  impopularité  était 
en  partie  méritée.  Le  duc  d'Orléans,  pour  se 
distraire  des  ennuis  des  alTairef^dont  it  s*oecu- 
pait  plus  activement  qu'on  ne  l'a  dit,  consacrait 
ses  soirées  et  presque  toutes  ses  nuits  à  des  or- 
gies dégradantes.  Ses  mauvaises  moïurs  débor- 
dèrent de  la  cour  sur  la  ville,  et  produisirent  no 
mal  moral  qui  alla  toujours  s'aggravani  sons  le 
règne  de  Louis  XV. 

Le  duc  d'Orléans,  qni  ne  cherchait  dans  les 
plaisirs  qu'une  distmction,  finit  par  s'ennuyer 
des  plaisirs  et  tomba  dans  une  sorte  de  décoa- 
ragement  et  de  tristesse.  Dans  cet  état,  il  ne  te- 
nait pas  au  pouvoir,  et  bâtait  le  moment  où  à 
le  remettrait  au  jeune  roi  -,  en  attendant  il  le 
laissait  entre  les  mains  de  Dubois  ;  il  poussa  la 
faiblesse  jusqu'à  sacrifier  à  oe  ministre  le  duc  de 
Noailles,  un  de  ceux  qni  l'avaient  le  mieux 
servi,  et  le  marquis  de  Noce,  un  de  ses  amis  in- 
times, un  de  ses  roués ^  comme  on  les  appelait 
Le  roi  fiit  sacré  à  Reims,  le  22  octobre  1723,  d 
dès  qu'il  eut  atteint  sa  majorité  (  février  1723), 
il  prit  nominalement  la  direction  des  affaires, 
qui  continuèrent  d'ètie  conduites  par  Dubois, 
premier  ministre.  Gehû-ci  mourut  an  mois 
d'août,  et  le  dnc  d'Orléans  consentit  à  Ini  suc- 
céder. 11  ne  porta  pas  longtemps  le  poids  du 
pouvoir.  Malgré  l'avis  de  ses  médecins,  il  conti- 
nnait  son  même  genre  de  vie  pIntM  par  habi- 
tude que  par  goût.  Tous  les  eourUsans  pié- 
voyaient  sa  mort,  et  fai»aîent  leurs  dispositions 
en  conséquence.  L'événement  prévu  se  réalisa 
bientôt.  Le  2  décembre  le  doc  d'Orléans  était 
seul  dans  son  cabhiet  avec  la  ducbesse  de 
Phalaris,  jeune  et  belle  aventnrière  devenue 
récemment  sa  favorite.  Tout  à  coup  il  laissa 
tomber  sa  tête  sur  les  genoux  de  cette  femme, 
et  expira,  frappé  d'apoplexie  foudroyante.  H 
n'avait  pas  encore  cinquante  ans.  Saint-Si* 
mon,  qui  aimait  le  dnc  d^Oriéans,  mais  qui  oe 
flattait  pas  même  ses  amis,  le  peint  ainsi  : 
a  Rien  ne  lui  manquait  poor  le  phis  excelleBt 
gouvernement  :  connaissances  de  itoutes  sortes, 
connaissance  des  hommes,  expérience  person- 
nelle et  kKigoe,  tandis  quil  ne  fut  que  parfico- 
lier;  réflexions  sur  le  gouvernement  des  dif- 
férents pays,  et  surtout  sur  le  ndtre;  mémoire 
qui  n'oubliait  et  ne  confondait  jamais;  lumières 
infinies  ;  discernement  exquis  ;  facilité  surpre- 
nante dé  travail  ;  compréhension  vive;  nae  élo- 
quence naturelle  et  noble,  avec  une  justesse  et 
une  facilité  incomparable  de  parler  en  tous 
genres  ;  infiniment  d'esprit,  et  un  sens  ai  droit  et 
si  juste,  qu'il  ne  se  serait  jantais  trompé,  si 
en  chaque  affaire  il  avait  suivi  son  premier 
mouvement..  •  Voltaire,  qui  n'avail  pas  eu  à 
se  louer  du  régent,  a  dit  de  lui  :  «  De  tonte  la 
race  de  Henri  IV,  Philippe  d'Orléans  fîit  celui 
qui  lui  ressembla  le  plus  ;  il  en  avait  la  valeur, 
la  bonté,  Tindolgence,  la  gaieté,  ta  facilité,  la 


attristé  les  esprits;  la  chute  du  système  ruina  j  franchise,  avec  un  esprit  cultivé.  Sa  physio- 
une  infinité  de  personnes ,  et  le  régent  devint  !  nomie,  incomparablement  plus  gracieuse,  était 


821 


ORLEAISS 


822 


cependant  celle  de  Henri  IV.  H  se  plaisait  quel- 
(|uerois  à  mettre  une  fraise,  et  c'était  alors 
Henri  lY  accompli.  »  On  ne  peut  trop  regretter 
que  tant  de  grandes  et  d'aimables  qualités 
aient  ^té  temies  par  le  scandale  des  mœurs  et 
Pabsence  de  principes  ;  mais  il  est  juste  de  re- 
connaître que  les  TÎces  de  sa  vie  privée  exercèrent 
peu  d'inHuence  sur  sa  conduite  politique,  et 
que  ses  nombreuses  maltresses,  dont  le«  plus 
connues  sdht  M">e  de  Parabère  et  M^^  de  Sa- 
bran,  n'eurent  aucun  pouvoir  dans  TÉtat. 

Le  rluc  d^Orléans  eut  de  son  mariage  avec 
M"*  de  Blois,  fille  de  Louis  XIV  et  de  M"*  de 
Montespan,  un  fîls,  Louis  duc  d'Orléans,  et 
plusieurs  filles  :  savoir  Marie^Louise-'ÉlUa' 
beth ,  duchettede  Berrf  (  voyez  ce  nom)  ;  Louise' 
Adélaïde  ^nïibesse  dcChclles;  Cknrhfff-Anfné, 
duchesse  de  Modène;  Louise- Elisabeth  ^  reine 
d'Espagne;  ^/'«  de  Beaujolais^  Philippine- 
Elisabeth,  ei  Louise-Diane^  princesse  de  Contî* 
Il  eut  deux  fils  naturels,  qui  entrèrent  dans  les 
ordres,  et  dont  fun  devint  grand-prieur  de 
France  et  l'autre  archevêque  de  Cambrai.    L.  J. 

SalDt-SImoitf  MéuHiiret.  —  Mémoires  de  la  Régence, 
par  le  ahcTAttcr  de  PioMea,  édUloa  de  Lenglet-Dufres- 
aoy,  I74a«  •  ToL  \a-Vk.  —  U  Moite,  Fi»  Au  due  4'Or^ 
leant^  t  vol,  in-ll   (oavraKe  iiuspcct  et  qui  contient f 
beaucoup  de  fauxiietés  ).  -•  Barbier,  Journal.  —  Cor^  . 
retpondmnce  tomplèU  éê  Madame^  mère  du  rèoerUf . 
(->)ttioa   de  G.    BruncL  —    Uuclos,   Mémoires  sur  ie 
règne    de  Ijouis  X!F,  et    ta  régence.  —    Aoquctil , 
litnls  XlF,  sa  cour  et  te  régent.  «-  Mormontel,  //ta- 
toire  de  la  régence.  —  LacneteUe,  HMoW»  4*  Us  ré» 
çaice  pendant  le  diX'àuUUme  sUcie.    -^  Capelleue« 
lUst.  de  Philippe  d'Orléans,  régent  de  France. 

ORLEANS  (  £otif5,  duc  D*  ),  premlei  prince 
du  sang,  fils  du  précédent,  né  à  Versailles,  le 
4  août  1703.  mort  à  Paris,  le  4  février  1752.  \ 
Il  reçut  de  la  nature  un  esprit  .pénétrant  et 
beaucoup  d*mtelKgence  pour  les  lettres  et  les 
i^ciences,  surtout  pour  la  physique  et  pour 
l'histoire  naturelle.  Quand  il  eut  atteînt  Page  de 
sept  ans,  son  père  confia  son  éducation  à  l'abbé 
deMongault,  qui  cultiva  sagement  ses  heureuses 
dispositions,  mais  fut  sou  vent -obligé  de  mo- 
dérer son  ardeur  pour  Tétude,  à  cause  de  la 
faiblesse  de  son  tempérament  et  des  fréquentes 
maladies  auxquelles  il  était  sujet.  Les  séduc- 
tions de  la  cour  fascinèrent  pendant  quelques 
années  ce  jeune  prince  ;  mais  Téblonissement 
ne  fui  pas  de  longue  du]^ée,  au  milieu  des  dé- 
bauches de  tons  genres  dont  il  fut  témoin.  Lors- 
<nie  son  père  devint  régent  do  royaume,  Louis, 
<!«»  portait  le  titre  de  duc  de  Chartres,  prit 
s^nce  au  parlement,  le  12  août  1717,  entra  au 
conseil  de  régence,  le  30  janvier  1718,  et  le  len- 
demain à  celui  de  la  guerre.  Par  une  déclara- 
tion enregistrée  au  parlement,  le  24  janvier  1719, 
Louis  XV  hri  accorda  voix  délibérative  dans  le 
premier  de  ces  conseils,  le  nomma  le  27  août 
suivant  gouverneur  du  Dauphiné,  et  le  12  sep- 
tembre 1720  grand  maître  des  ordres  de  Notre- 
Damc-du-Mont  Carmel  et  de  Saint-Lazare.  Le 
une  de  Chartres  fut  en  outre  pourvu,  le  11  mai 
1721,  de  la  charge  de  colonel  général  de  l'infan- 


terie française  et  étrangère,  rétablie  en  sa  fa» 
veur,  et  fait  chevalier  des  ordres  le  27  octobra 
1722,  dans  l'église  métropolitaiae  de  Reims,  la 
lendemain  du  sacre  de  Louis  XV,  où  H  avait 
représenté  le  duc  de  Normandie.  Après  la  mort 
de  son  père  (2  décembre  1723),  il  prit  le  titre  de 
duc  d'Orléans,  elle  roi  lui  accorda  une  maison 
en  qualité  de  premier  prince  du  sang.  11  siégeait 
an  conseil  d'État  (ou  des  ministres)  en  qualité 
de  chef  de  ce  conseil,  et  oe  cessa  d'y  asi^sister  que 
vers  1742.  Louis  I*%  roi  d'Espagne,  devenu  £oq 
beau-frère,  lui  envoya  en  avrÛ  1724  le  collier  d^ 
la  Toison  d^or.  Le  duc  d'Orléans  épousa  le  1 8  juin 
suivant  Auguste-Marie- Jeanne ,  princesae  da 
Bade,  née  le  le  novembre  1704,  et  fat  chargé 
(  16  août  1725  )  d'épouser  au  nom  de  Louis  XV 
Àfarie  Leczinska,  fille  du  roi  Stanislas.  Après 
deux  ans  d'une  union  que  rien  n'avait  troublée, 
il  eut  le  malheur  de  perdre  sa  femme,  qui  mourut 
au  Paiâig-Royal,  le  8  août  1726,  des  suites  de 
couches  de  son  second  enfant.  Une  mort  si  pré- 
maturée, si  imprévue,  jointe  aux  réflexions  que 
lui  avait  in^^pirées  la  mort,  plus  soudaine  en- 
core, du  régent,  son  père,  kii  fit  dès  lors  sentir 
toute  la  vanité  des  grandeurs  humaines;  et,  pre- 
nant la  résolution  de  renoncer  aux  plaisirs  da 
monde,  il  ne  parut  plus  à  la  cour  4|ue  lorsque 
son  devoir  ou  ses  fonctions  Ty  appelaient  Le 
29  décembre  1730,  il  se  démit  de  sa  charge 
de  colonel  général  de  l'infanterie,  el,  poursuivre 
le  nouveau  plan  de  vie  qu'il  se  proposait,  il  prit 
un  logement  à  Tabbaye  de  Sainte- Geneviève,  od 
il  se  fixa  défi uitivement  en  1742,  n'allant  pins 
au  Palais-Royal  que  |K>ur  assister  à  son  conseil, 
aux  séances  duquel  il  manquait  rarement.  De- 
puis sa  conversion  (  c'est  ainsi  qu'il  appelait  son 
ehangement  de  vie  ),  il  ne  voulut  plus  partager 
son  temps  qu'entre  les  devoirs  particuliers  de 
son  rang ,  les  exercices  de  piété ,  l'étude  des 
sciences  naturelles  et  la  culture  des  lettres.  Q 
laissa  l'administration  de  ses  affaires  à  la  du- 
chesse douairière  d'Orléans,  sa  mère,  et  se  ré^ 
serva  sur  ses  revenus  une  somme  de  dix-huit 
cent  mille  francs,  dont  il  consacra  la  majeure 
partie  à  des  œuvres  de  bienfaisance  et  de  piété. 
Pratiquant  les  austérités  les  plus  mortifiantes, 
il  ne  couchait  que  sur  use  simple  paillasse,  se 
levait  à  quatre  heures  du  matin,  donnait  plu- 
sieurs heures  à  la  méditation,  ne  buvait  que  de 
l'eau,  jeûnait  rigoureusement,  se  privait  pres- 
que toujours  de  feu,  même  pendant  les  hivers 
les  plus  rudes,  et  aimait  k  être  confondu  dans 
les  églises  avec  les  hommes  du  peuple,  dont 
ses  habits,  extrêmement  simples  et  négligés,  ne 
le  distinguaient  pas.  Quel  contraste  avec  la  vie 
de  son  père  et  celle  de  ses  sœurs  I  Ses  charités 
envers  les  pauvres  étaient  immenses,  et  peu 
content  de  leur  donner  audience  presque  tous 
les  jours,  il  les  allait  souvent  chercher  jusque 
dauF  les  greniers,  suivi  d'un  seul  domestique.  Il 
étendit  ses  aumônes  dans  la  Silésie,  dans  les 
Indes,  dans  l'Amérique  et  jusqu'aux  extrémités 


ORLÉANS 


823 

du  monde  par  les  seooura  qu'il  donna  aux  mis-  i 
sions  étrangères.  Marier  des  filles,  doter  des  | 
religieuses^  procurer  une  éducation  à  des  en-  < 
fants,  leur  faire  apprendre  des  métiers,  fonder  ; 
des  collèges»  des  maisons  pour  les  orphelins,  \ 
des  refuges  pour  les  vieillards,  répandre  ses 
bienfaits  sur  les  pauvres,  fournir  aax  hommes 
habiles  les  moyens  de  perfectionner  la  méde- 
cine, l'agriculture,  les  arts,  les  manufactures, 
Yoilà  les  œuvres  qui  remplirent  tous  les  ins- 
tants de  la  vie  du  duc  d*Oriéans ,  jusqu'à  sa 
mort;  ce  qui  faisait  dire  à  la  reine  «  que 
c'était  un  bienheureux  qui  laisserait  après  lui 
beaucoup  de  malheureux  ».  Ce  prince  cultiva 
toutes  les  sciences  :  l'hébreu,  le  grec,  l'histoire, 
les  Pères  de  l'Église,  la  géographie,  la  phy- 
sique, et  s'occupa  même  de  peinture.  11  avait 
toujours  près  de  lui  des  savants,  qui  trouvaient 
dans  sa  générosité  les  moyens  de  tenter  d'u- 
tiles expériences  ou  de  continuer  celles  quils 
avaient  commencées.  Ce  prince  avait  toujours 
eu  de  la  bizarrerie  d^esprit  et  un  caractère  un 
peu  sauvage.  Ces'dispositions  naturelles  accrues 
par  son  austérité  finirent  par  afTaiblir  ses  fa- 
cultés inteJlectueUes.  Il  légua  aux  Domini- 
cains de  Paris  sa  riche  bibliothèque ,  son  mé- 
daillier  à  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève,'  et  au 
naturaliste  Gnettard,  qu'il  s'était  attaché  en 
1748,  son  cabinet  d'histoire  naturelle.  On  a  du 
duc  d'Orléans  un  grand  nombre  d'ouvrages,  que, 
par  modestie,  il>  ne  voulut  jamais  faire  impri- 
mer. Les  principaux  sont  des  Traductions  lit- 
térales,  des  Paraphrases  et  des  Commen- 
taires sur  une  partie  de  l'Ancien  Testament  ; 
—  une  Traduction  littérale  des  Psaumes, 
faite  sur  l'hébreu,  avec  une  paraphrase  et  des 
notes.  On  y  trouve  un  grand  nombre  de  Dis- 
sertations curieuses  et  pleines  d'érudition, 
dans  Tune  desquelles  il  prouve  clairement  que 
les  notes  grecques  sur  les  psAuroes  insérées 
dans  le  recueil  du  P.  Balt.  Corder,  intitulé  : 
Expositio  Patrum  grxcorum  in  psalmos ,  et 
qui  portent  le  nom  de  Théodore  d'HéracIée, 
sont  de  Théodore  de  Mopsueste.  C'est  là  une 
découverte  que  le  duc  d'Orléans  a  faite  le  pre- 
mier; —  plusieurs  pissertations  contre  les 
Juifs  pour  servir  de  réfutation  au  fameux  Uvre 
hébreu,  intitulé  :  Kisouch  emouna ,  c'est-à- 
dire  bouclier  de  la  foi;  —  une  Traduction 
littérale  des  Épttres  de  samt  Paul,  faite  sur  le 
grec,  avec  une  paraphrase,  des  notes  et  des  ré- 
fiexions  de  piété;  —  un  Traité  contre  les 
spectacles;  —  une  réfutation  solide  du  livre 
des  Hexaples.  C'est  dans  cet  ouvrage  que  le 
duc  d'Orléans  donne  des  preuves  bien  précises 
de  son  attachement  à  la  doctrine  de  l'Église  ; 
toutefois,  au  moment  de  sa  mort,  l'abbé  Bouet- 
tin,  curé  de  Samt-Étienne-du-Mont,  lui  refusa 
la  communion,  sous  le  prétexte  de  quelques 
opinions  suspectes  de  jansénisme  que  le  prince 
ne  voulut  point  rétracter;  Le  duc  supporta  cet 
affront  avec  une  patience  et  une  résignation 


8U 

toute  chrétiennes  ;  et  après  avoir  dflmandé  que 
l'on  nlnquiétftt  point  le  curé  à  cause  de  ce  re- 
fus, il  se  fit  administrer  les  derniers  sacrement» 
par  son  propre  aumônier.  On  trouve  dans  les 
Œuvres  de  J.-J.  Rousseau  une  Oraison/unèbre 
de  ce  prince.  Le  philosophe  de  Genève  la  com> 
posa  à  .la  prière  de  madame  Dupin,  et  Pabbé 
d*Arty ,  neveu  de  cette  dame,  pour  lequel,  a 
1749,  Voltaire  avait  aussi  composé  un  Pané- 
gyrique de  saint  Louis^  qu'il  débita  comme 
étant  de  lui  devant  l'Académie  française,  devait 
prononcer  cette  Oraison  funèbre^  ce  qui  n'est 
pas  lieu.  H.  Fisqvet. 

Norérl.  Dkt.  hUtorique.  -  L.-B.  Néel,  Hist.  àt 
Loultt  due  d'OrléanSt  fiU  du  régent,  ».  I.  n.  d.  (  ParU^ 
nis,  In-is  }.  ^  Ucretelle,  Hist.  du  dtxkuiUèwe  tMdf. 
t.  IH,  p.  194.  —  Acbalntre,  tÊiaU  4e  lu  maUmt  ropate.  de 
Bourbon,  —  La  Cbeuiaye  des  Bols,  Diet,  de  la  Kfobleiv. 

ORLEANS  {Louise- Elisabeth  n'),  reine  d'Es- 
pagne, quatrième  fille  du  régent,  connue  d'abord 
sous  le  nom  de  mademoiselle  de  Montpensier, 
née  à  Versailles^  le  1 1  décembre  1709,  morte  à  Pa- 
ris, le  16  juin  1742.  Par  contrat  signé  à  Paris,  k 
16  novembre  1721,  elle  fut  accordée  à  l'infant  don 
Louis,  prince  des  Asturies,  qu^elle  épousa  à  Lerma, 
le  20  janvier  1722,  en  présence  du  caustique  due 
de  Saint-Simon»  ndmmé  à  cet  effet  amt>as5adeiir 
de  France  en  Espagne.  Elle  n'avait  ni  la  beauté 
ni  l'esprit  de  ses  sœurs;  son  éducation  avait  été 
extrêmement  négligée,  ou  plutôt,  elle  n'avait 
pas  même  reçu  les  premières  notions  de  la  lao- 
gue  française.  Si  du  moins  par  les  charmes  de 
sa  vie  intérieure  elle  avait  subjugué  l'âme  de 
son  époux,  elle  se  serait  fait  pardonner  sestorU; 
mais  elle  ne  parut  jamais  avoir  aucune  idée  dt 
ses  devoirs  et  de  ses  intérêts.  Nul  soin,  nolk 
complaisance,  nulle  délicatesse  ;  ses  goAts,  ses 
appétits,  ses  manières  portaient  une  teinte  de 
crapule  populaire  ;  elle  se  laissait  aller  à  ne 
porter  ni  bas  ni  jupes,  habitude  que  favorisa  k 
chaleur  du  climat  d'Espagne;  souvent  uitaie 
elle  se  montrait  complètement  dépouillée  aox 
yeux  de  ses  femmes.  Reine  d'Espagne  (i  s  jan- 
vier 1724  )  par  l'avènement  au  trftne  de  son 
époux,  sous  le  nom  de  Louis  I",  après  l'abdi- 
cation volontaire  de  son  père  Philippe  v,  die 
devint  veuve  le  31  août  de  cette  même  année, 
et  tennina  dans  sa  seizième  année  le  rêve 
incohérent  de  sa  royauté.  Demandant  alo» 
à  sa  mère  ,  la  duchesse  d'Orléans ,  à  refcnir 
en  France,  elle  perdit  ainsi  la  pension  de  six 
cent  mille  livres  qu'elle  recevait  comme  reine 
douairière ,  et  que  depuis  son  départ  de  Ma- 
drid l'Espagne  refusa  de  lui  payer.  Il  ne  loi 
resta  donc  que  l'ennui  d'une  dignité  sans  pou- 
voir. De  retour  en  France,  elle  habita  succes- 
sivement Vincennes,  le  palais  du  Luxembourg, 
vécut  très-retirée,  dans  une  extrême  dévotion, 
et  mourut  à  peine  âgée  de  trente^eux  ans, 
sans  axoir  été' ni  aimée  ni  heureuse.  On  Ha- 
humadans  l'église  de  Saint-Sulpice.  Sa  réputa- 
tion équivoque  fut  plutôt  la  peine  d'une  enfance 
mal  dirigée  que  de  vices  réels.  H.  F— t. 


825 


Salnl-Slmon,  Mémûires.  t,  XII.  -  Rauft,  Hist.  du 
régné  de  Lwl*  d^Espagw.  -  Roaeuw«Salnt-Hllaire, 
HUt.  d^Espagne.  —  LeiDODtéy,  nevuê  rétrapeetive, 
1«»  octobre,  décembre  1888,  p.  toi.  -  Achalntrc,  HisU 
de  la  maison  royale  é^  Bourbon. 

ORLÉASis  (Jean- Philippe,  chevalier  d'), 
fils  naturel  du  régent,  né  en  170?,  à  Paris,  mort 
le  16  juin  174S,  dans  cette  ville.  Sa  mère,  M"«  de 
Serri,  depuis  comtesse  d'Argenton,  était  demoi- 
selle d'honneur  de  la  princesse  palatine.  Légi- 
timé en  1706,  il  fut  pourvu  en  1716  de  la  charge 
de  général  des  galères  et  en  1719  de  celle  de 
jçrand-pricur,  sur  la  démission  du  chevalier  de 
Vendôme;  il  fit  ses  vœnx  à  Malte,  dans  la  même 
année.  L'abbaye  d'Hautvilliers,  dans  le  diocèse 
de  Reims,  lui  fut  donnée  en  1721. 

Le  régent  eut  un  antre  fils  nature),  Charles 
DE  SàWT-ALBiN,  non  légitimé,  mais  reconnu. 
yé  le  5  avril  1698,  et  destiné  à  l'étet  ecclésias- 
tique, il  devint  successivement  abbé  de  Saint- 
Ouen  (1716),  prieur  de  Saint-Martin-des^Champs, 
abbé  de  Saint-Kvroul ,  et  fut,  le  3  octobre  1721, 
nommé  à  Vévéché  de  Laon.  Le  17  octobre  1723, 
il  succéda  au  cardinal  Dubois  en  qualité  d'arche- 
Téqne  de  Cambrai,  et  mourut  à  Paris ,  le  9  mai 

1764. 
Uorért ,  Grand  DietUmnalre  hUtorique  { éd.  1789). 
ORLÉANS  (Louiê'Philippe,  duc  n'),  fil» 
du  duc  Louis,  né  à  Paris,  le  12  mal  1725,  mort 
le  18  novembre  1785.  Il  reçut  en  naissant  le  titre 
de  due  de  Chartre$,  qu'il  quitta  à  la  mort  de 
son  père.  Il  obtint  du  roi  Louis  XY  un  régi- 
ment d*infanterie,  qui  porta  son  nom,  et  fit  ses 
premières  armes  en  1742,  sous  le  maréchal  de 
Noailles.  Il  se  distingua  par  une  grande  valeur, 
et  devint  successivement  maréchal  de  camp  et 
lieutenant  général.  H  fit  les  différentes  campagnes 
de  1742  à  1757,  assista  aux  sièges  de  plusieurs 
villes  de  Flandre  et  aux  batailles  de  Dettingen, 
l^ontenoi ,  Raucoux,  Lawfeld  et  Hastenbeck.  Le 
duc  succéda  à  son  père  dans  le  gouvernement 
du  Dauphiné,  et  passa  les  dernières  années  de 
sa  vie  dans  sa  délicieuse  résidence  de  Bagnolet. 
Il  s'y  entoura  d'artistes  et  dliommes  de  lettres, 
fit  construire  un  théfttre  dont  Collé  composait 
les  pièces,  et  sur  leqnel  le  prince  ne  dédaignait 
pas  de  paraître  lui-roéme.  Jouer  la  comédie  était 
chez  lui  une  véritable  passion ,  et  si  dans  ses 
plaisirs  la  décence  n'était  pas  toujours  assez  res- 
pectée, du  moins  l'intelligence  y  avait  plus  de  part 
que  dans  les  amusements  de  la  plupiart  des  sei- 
gneurs du  même  temps.  Il  t^t  d'ailleurs  un  gé- 
néreux protecteur  des  lettres,  et  sa  charité  était 
telle  qu'il  donnait  cliaque  année  plus  de  deux 
cent  cinquante  mille  francs  aux  indigents.  Vers 
la  fin  du  règne  de  Louis  XV,  on  s'efforça  de 
mettre  le  duc  d'Orléans  à  la  tète  de  l'opposi- 
tion que  la  noblesse  faisait  au  chancelier  Man- 
peou  ;  mais  il  aimait  trop  le  monarque  et  sa  propre 
tranquillité  pour  devenir  un  chef  de  parti  :  il  ne 
tarda  pas  à  se  réconcilier  avec  la  cour.  Il  avait 
épousé,  le  16  décembre  1743,  Louise-Henriette 
de  Bourbon-Conti,  morte  le  9  février  1769.  Cette 


ORLÉANS  826 

union  ne  fut  pas  heureuse;  cependant  il  en  na- 
quit deux  enfants ,  Louis- Philippe- Joseph  (  dont 
l'article  suit)  et  Louise- Marie-Thérèse  -  Ba- 
thilde  (l).  Leur  père  les  fit  inoculer  pàrTronchin, 
et  cet  exemple  assura  en  France  le  succès  de 
cette  importante  découverte.  Le  duc  d'Orléans 
se  remaria  secrètement  (  23^  avril  1773  )  avec 
Charlotte-Jeanne  Beraod  de  La  Haie  de  Riou, 
veuve  du  marquis  de  Montesson,  lieutenant  gé- 
néral, et  femme  de  beaucoup  d'esprit  (2).  Ce 
second  mariage  fut  stérile. 

Journal  hUtoHque  du  règne  de  Loful»  XV  (Parlf, 
1766).  —  Abbés  Boorlet  de  Vauxelles,  Paachet  et  Maary, 
ÇhakMxmfunébrtt  de  Louiê-PhiUppe,  due  d'Orléans,  - 
Gtimm,  Correspondance,  i778i»l781.  —  M"*  de  QenUs, 
Mémoires.  —  Collé,  Journal,  -  Dnc  de  Uvia,  Souve- 
nAn  ei  PortraUs, 

oniAkM  (touiS'PhUippe-Joseph,  due  o'), 
surnommé  Égalité,  fils  du  précédent,  né  à 
Saint-Cloud,  le  13  avril  1747,  guillotiné  à  Paris, 
le  16  brumaire  an  ii  (  6  novembre  1793  ).  Il 
reçut  en* naissant  le  titre  de  duc  de  Montpen- 
sier^  qu'il  porta  jusqu'au  4  février  1762,  où  il 
prit  celui  de  duc  de  Chartres^  à  la  mort  de 
son  aieul.  Il  fut  élevé  avec  beaucoup  de  soins 
par  le  comte  de  Pons-Saii^Maurice,  et  de  bonne 
heure  il  manifesta  un  penchant  prononcé  pour 
tout  ce  qui  était  nouveau  :  ce  penchant  décida 
de  sa  vie.  Il  tenait  de  son  aieul  le  régent  un 
goût  irrésistible  pour  le  plaisir,  et  de  son  père 
un  grand  laisser-aller  dans  ses  habitudes.  II 
épousa,  le  5  avril  1769,  Louise-Marie-Adélaïde 
de  Bourbon,  fille  du  duc  de  Penthièvre  ;  ce  joor- 
là  même  il  scandalisa  la  cour  par  son  étour- 
derie  (3).  On  le  vit  bientôt  se  faire  initier  à  la 
franc-maçonnerie,  emprunter  à  l'Angleterre  ses 
jockeys,  ses  courses  de  chevaux,  ses  modes,  et 
à  l'Amérique  ses  théories  d'émancipation  univer- 
selle. Amoureux,  outre  mesure  de  popularité,  il 
manifesta  en  janvier  1771  son  esprit  d'indépen- 
dance en  s'opposant  au  coup  d'État  du  chance- 
lier Maupeou  contre  les  parlements,  et  refusa 
de  siéger  dans  la  nouvelle  compagnie  formée 
par  le  ministre.  Cette  opposition  le  fit  exiler  mo- 
mentanément dans  ses  terres.  Aussitôt  après  son 
avènement,  Louis  XVI  s'empressa  de  rétablir  les 
pariements  :  les  princes  et  les  pairs  y  reprirent 
leurs  places.  Le  duc  de  Chartres  revint  à  la 
cour,  et  tout  parut  calmé.  Lorsque  la  gperre 
éclata  entre  la  France  et  l'Angleterre,  il  solli- 
cita vainement  la  survivance  de  la  charge  de 
grand-amiral  de  France  occupée  par  le  duc  de 
Penthièvre,  son  beau-père;  mais  la  cour  adoucit 
ce  refus  en  lui  créant  un  commandement  d'bon- 


(1)  Cette  prtocctse,  née  à  SalDt-aoud,  le  9  Joiilet  ITSO, 
épouM  en  ino  le  duc  de  Bourbon  (  voff.  Coudb  et  Bn- 
OBiur  ).  Elle  mourut  subitement  A  Paris  le  10  janirter 
18»,  au  milieu  d'une  procession  qui  se  faisait  à  Salnte- 
GencTlëTe. 

J^)  Née  en  .1787,  morte  le  6  lérrier  1806. 

(8)  Il  ne  s'était  pas  pUcé  au  côté  de  l'autel  où  11  derslt 
être  :  on  en  lui  fit  l'observation  ;  anssllôt  il  sauU  légère- 
ment par-dessus  la  queue  de  la  robe  de  la  mariée  pour  se 
mettre  de  Tautre  côlé  ;  les  vieux  conrllxans  mun&arè- 
reot  contre  cet  attenut  ftux  lois  de  Tétlquette. 


827 


ORLÉANS 


828 


neur  sur  la  flotte  du  comte  d'Orrilliers.  Au 
combat  d'Ouessant  (27  juillet  1778),  il  com- 
mandait l'arrière-garde  (  escadre  bleue  ) ,  soqs 
la  8ur?eillaoce  du  brave  contre-amiral  Lamotte- 
Picquet,  qni  montait  avec  lui  le  vaisseau  le 
Saint-Esprit.  La  conduite  du  prince  dans  cette 
occasion  donna  liev  aux  versions  les  plus  contra- 
dictoires, À  joger  par  les  documents  qni  noas  en 
restent.  Voici  les  termes  dans  lesquels  le  mi- 
nistre de  la  marine  écrivit  au  duc  de  Pentbièvre  : 
n  M.  d'Orviliiers  a  donné  les  preuves  de  la  plus 
grande  habileté;  M.  le  duc  de  Chart]*es  d'un 
courage  froid  et  tranquille  et  d'une  présence 
d'esprit  étonnante.  Sept  gros  vaisseaux,  dont  un 
À  trois  ponts,  ont  successivement  combattu  celui 
de  M.  le  duc  de  Chartres,  qui  a  répondu  avec 
Ja  plus  grande  Tigaeur ,  quoique  privé  de  sa  bat- 
terie basse;  un  vaisseau  de  notre  armée  à  dé- 
gagé le  Saint-Esprit  dans  le  moment  le  plus 
vif,  et  a  essuyé  on  feu  si  terrible  qu'il  a  été  ab- 
solument désemparé,  etc.  »  Mal^  ce  témoi- 
gnage officiel,  les  suites  de  ce  combat ,  où  la  vic- 
toire resta  sans  résultat  par  une  fausse  manoravie, 
furent  imputées,  par  des  personnes  tenant  à  la 
cour,  ik  la  lâcheté  du  doc  de  Chartres,  qni ,  pré- 
tendait-on, se  serait,  duraot  l'actioa,  caché  à 
fond  de  cale  et  aurait  ensuite  arrêté  la  poursuite 
de  l'ennemi.    On  oubliait  que  le  jeune  prince, 
n'exerçait  qu'un  commandement  fictif,  sans  res* 
ponsabiiité,  et  que  sa  conduite  particnfière  n'eût 
gêné  en  rien  l'action  de  son  collègue  Lamotte-Pic- 
quet,  si  les  fautes  de  d'Orvilliers  n'étaient  venues 
paralyser  la  victoire.  Le  roi  partagea  cette  opi* 
Bion,  car  il  aeoepta  la  démission  de  d'OrvilKers, 
et  laissa  an  duc  de  Chartres  la  désignation  des 
officiers  et  des  marins  des  trois  escadres  qoi 
avaient  mérité  des  récompenses.  La  flotte  étant 
rentrée  à  Brest,  le  duc  vint  à  Paris  (2  aoÉt  ), 
et  f«t  reçn  avec  un  enthousiasme  si  général  et  si 
bruyant  que  la  cour  en  fut  émue.  Peu  après  il  re- 
tourna à  son  bord,  et  fit  une  croisière  vers  les  Sor- 
Kngues.  Ses  ennemis  mirent  à  profit  son  absence 
pour  répandre  dans  le  public  des  libelles  diffama* 
totres.  Us  cherchèrent  anssi  à  indisposer  le  duc 
de  Pentbièvre  contre  son  gendre,  en  lui  persua- 
dant que  le  duc  de  Chartres  voulait  fe  supplanter 
dans  sa  charge,  dont  il  désimit  seulement  la  sur- 
vivance ;  en  sorte  que  lorsque  le  prince  revint 
de  sa  croisière,  il  trouva  le  public  refroidi,  son 
beau-père  aigri,  et  ia  conr  résolue  à  lui  refuser 
la  survivance  qu'il  sollicitait.  Quoique  froissé 
par  cette  injustice,  il  voulut  continuer  à  servir 
sur  mer;  mais  ia  reine  se  chargea  de  lui  inti- 
mer l'ordre  formel  de  quitter  le  service  mari- 
time (1).  11  dut  se  contenter  de  la  charge  de  oo- 

t\)  Volot  le  texte  de  «a  lettre  :  «  Le  tojDtlIet  \jt  roi  est 
Infornié  et  mécontent,  Moosleor,  de  la  disposition  où 
TOUK  êtn  de  vous  Joindre  à  son  armée.  Le  refus  coastairt 
qu  il  a  cru  devoir  Mire  aux  instances  les  plus  vives,  ée 
ce  qui  le  touche  de  plus  près,  les  suites  qu'aura  votre 
eirmple,  ne  me  latespol  que  trop  voir  qu'il  n'admettra 
ni  excuse  ni  Indulgence  La  peine  que  J>n  al  m'a  déter- 
minée à  accepter  la  commission  de  vous  faire  conaatire 


lonel  général  des  hussards,  que  le  roi  ctéa  pnur 
lui,  par  une  prétendue  fiivenr,  qui  fut  ooiisîclefef 
comme  une  sanglante  ironie»  Depuis  lors  (1779) 
le  prince  s'éloigna  de  plus  en  plus  de  la  cour,  quoi- 
que l'irrésolution  de  son  caractère  ait  lon^tanps 
retardé  une  rupture  ouverte.  Mais  de  cetle^wqne 
date  son  opposition  systématique,  qoi  devint 
bientôt  le  centre  et  le  point  de  ralliement  de  tous 
les  mécontents.  Le  roi  le  traitait  sévèremeot  mais 
sans  prévention.  Le  comte  d'Artois  le  prenait 
pour  compagnon  assidu  de  ses  plaisirs.  «  Ln  reine, 
dit  Lamartine ,  qui  aimait  le  comte   d'Artois , 
craignait  pour  son  beau -frère  la  conta^on  àt& 
désordres  et  des  aoraors  du  duc  d'Orléans.  Elle 
redoutait  à  la  fois  dans  ce  jeune  prince  le  favori 
du  peuple  de  Paris  et  le  corrupteur  du  comte 
d'Artois.  Elle  fit  acheter  au  roi  le  château    et 
Sain t-Cloud,  séjour  préféré  du  duc  d'Orléans,  et 
qu'il  ne  céda  qu'avec  beaucoup  de  regrets.  D lo- 
fâmes insinuations  contre  les  mœurs  da  doc 
transpiraient  sans  cesse  des  demi-confidences 
des  courtisans.  On  l'accusa  d'dvoir  fait  empoi- 
sonner par  des  prostituées  le  sang  du  prince  de 
Lamballe,  son  beau-frère,  et  de  l'avoir  énervé  de 
débauches  pour  hériter  seul  de  l'immense  apaoape 
de  la  maison  de  Penthièvre.  Ce  crime  n'était 
que  le  crime  de  la  haine  qui  l'inventait.  »  IUi> 
la  reine  y  croyait  et  en  ledoutait  un  pareil  contre 
le  comte  d'Artois  (!)•  Repoussé  de  la  cour,  le  dor 
d'Orléans  s'aigrit  jusqu'à  la  liaine,  et,  changpaat 
dénature,  il  ne  craignit  pas  d'engager  ce  territile 
duel  qui  pour  tous  les  combattants  se  termina 
sur  l'éohafaud. 

Dans  la  première  assemblée  des  notables,  il 
fut  l'un  des  chefs  de  Topposition,  plus  par  Tia- 
fluence  de  son  rang  que  par  celle  de  sa  capa- 
cité et  de  sa  considération  personnelles;  car  ses 
ennemis  avaient  habilement  profité  des  dérè- 
glements de  sa  vie  privée  pour  jeter  de  la  delà- 
veur  sur  sa  conduite  politique.  Le  19  novembit 
i787p  le  roi  étant  venu  au  parlement  présoiter 
deux  édits  portant  la  création  d'un  droit  de 
timbre  et  d'un  emprunt  graduel  de  440  militons, 
le  duc  d'Orléans  seioa  hardiment,  ets'adressant 

ses  lotenRoos,  <fal  «ont  trèa- positivée.  Il  a  pnaé  fiiVa 
vous  épargnant  la  forme  sévère  d'an  ordre,  tl  diarinoe- 
ralt  le  cbagrln  de  sa  contradiction,  sans  retarder  votre 
loamtsslon.  Le  temps  prouvera  que  Je  n'ai  oaosaltéqoc 
fOtre  propre  intérêt,  et  qu'en  cette  oecaaloo,  coagae  ea 
loateMti«,Je  chorcberal  toqjonrs,  Momlev.  à  voas 
prouver  mon  sincère  attachement.  HABU^Azrn»- 
HETTE  »  {Cûrretpcndanet  de  UmU^PhU^pe'^meph 
itOrtéan»^  pabltée  pac  L-C-n.  *,  Parla.  Lerouie,l9W. 
pu.  1(  et  IS  de  l'Introduetton  ).  Queli|«e  aola  qne  prit 
Marle-Antotnrtte  de  paraître  favorable  au  duc  de  Char- 
tres, relal-cl  n'Ignorait  pas  qne  la  résolatioa  du  roi  no- 
tait que  le  résultat  de  llalBitié  personarlle  ^.ta  reine, 
et  dés  lors  U  lui  voua  une  iialne  implacable. 

(li  À  cette  époque  le  duc  d'Ork^aoa,  occupé  de  répanr  O 
fortune  obérée.contruisll  les  galeries  du  Palais-Royal,  c'est* 
a-d1re  qiill  changea  tes  beaux  )srdinfS  «e  son  palais  eo  ou 
e^èee  de  baiaf,qQl  dcvlai  le  loraai  de  t'olslvclé,  do  les* 
et  des  débauches.  Cette  opération  rapporta  des  sommes 
immenses  i  son  propriétaire;  mah  la  cour  fut  on  «eabb 
indignée  d'une  telle  spéculation.  Louhi  XVI  alla  Jnsqn*» 
dire  :«  Maintenant,  duc,  que  vous  tenecdea  bootU;pMS,oo 
ne  vous  verra  plus  que  le  dimanche f  a 


829 


ORLÉANS 


830 


au  monarque,  lai  demanda  si  la  séance  était  un 
lit  de  justice  ou  une  délibération  libre.  «  C'est 
une  séance  royale  n,  répondit  Louis  XVI.  «  S'il 
en  est  «insi ,  dit  le  due,  je  proteste  contre  cette 
mesure;  je  déclare  que  le  droit  de  Toter  des 
impôts  n'appartient  qu'aux  états  généraux.  En 
tous  cas,  pour  la  décharge  des  membres  qui  sont 
censés  participer  à  l'enregistrement  des  nou- 
Teaux  édits,  je  demande  qu'on  ajoute  ces  mots  : 
Par  commandement  expriès  du  roi  1  v>  Les  con- 
seillers Freteao  de  Saint-Just,  Sabaticr  de  Cabre, 
d'Eprémesnîl  appuyèrent  cette  motion.  L'enre- 
gistrement fut  aussttdt  forcé.  Fretean  et  Sabatier 
furent  exilés  aux  lies  d'Hyère»  et  le  duc  d'Orléans 
à  Yillers-Cotcrèts.  Cette  disgrftce  ne  fit  qu'ac- 
croître sa  popularité,  n  s'ennuya  bientôt  de 
n'avoir  d'autre  passe-temps  que  la  diasse  à 
courre  (1),  et,  dit  M.  Thiers ,  «  dépourvu  à  fe 
fois  de  la  dignité  d^Bl  prince  et  de  la  fermeté 
d'un  tribun,  il  ne  sut  pas  supporter  une  peine 
aussi  légère,  et  pour  obtenir  son  rappel  11  des- 
cendit jusqu'aux  sollicitations,  même  envers  la 
reine,  son  ennemie  personnelle.  »  Il  reparut  dans 
la  capitale  le  23  mars  17 S8  (2),  et  un  mois  plus 
tard  à  la  cour. 

Dans  la  deuxième  assemblée  des  notables,  le 
doc  présida  le  troisième  bureau,  et  combattit 
avec  véhémence  les  projets  ministériels.  Bientôt 
après  les  états  généraux  furent  convoqués.  Il 
brigua  le  mandat  de  député.  Élu  par  la  no- 
blesse à  Paris,  à  Crespy,  à  Villers-Coterèts,  Il 
choisit  Crespy  parce  que  les  cahiers  de  ce  bail- 
liage demandaient  le  plus  de  réformes.  Déjà  son 
nom  était  devenu  un  espèce  de  signe  de  rallie- 
ment pour  les  partisans  des  innovations.  On 
commençait  à  parler  du  parti  d*Orléant ,  et  ce 
prince,  flatté  d'un  avenir  confus ,  laissait  agir 
ses  nombreux  clients  ;  lui-même  secondait  leurs 
manoeavres.  A  la  procession  solennelle  qui  eut 
lieu  à  Versailles,  la  veille  de  l'ouverture  des 
états  (4  mai  1789),  l'on  remarqua  l'afTectatioB 
avec  laquelle  le  prince  se  confondait  dans  les 
rangs  des  députés  du  tiers.  La  foule  le  salua  «  de 
cris  si  furieux,  rapporte  M«e  de  Caropan,  qu'il 
Cillut  soutenir  ia  reine  prête  ii  s'évaiottir  de  co- 
lère et  de  douleur  u.  Dès  les  premières  séan- 
ces le  duc  se  prononça  éneiigiqueroent  contre  la 
majorité  de  Rassemblée  et  pour  la  réunion  des 
ordres.  Le  25  juin  il  vint  avec  quarante-six  au- 


(1*1  II  ne  dniMit  plus  à  tir  depnts  <|a*lt  v?a1t  en  le 
DMlbeor  d«  blnser  nn  de  m  g  est  d^n  coup  de  foetl. 

(Si  l.e  parlement  i'étilt  emprené  de  rMimer  m  li- 
berté et  oeHe  des  deui  coaselUcri  Frcteau  et  Sabatier. 
De  son  côté  la  reine  tint  bon,  et  le  roi  repoussa  cette 
demande  ;  alors  le  parlement  aéreMa  au  roi  des  remofl> 
tranccs  où  U  lai  fit  obtrrver  n  qu'il  n'avait  p.-)s  le  droit 
de  punir,  puiitqu'tl  n'avatt  pas  le  droit  de  juger;  qu'il 
n'avait  que  le  pina  b«am droit  de  tous,  celui  de  faire 
grâce;  quM  fallait  par  conséquent  accorder  des  Juges 
aux  membres  de  la  cour  qui  m  trouvaient  frappés  par 
une  slmole  condamnation  mloUtérlelle  m.  Le  gouverne- 
rarnt,  ne  voulant  paa  avoir  Talr  de  faiblir,  nalnUni  les 
mesures  de  rigueur  qu'il  avutt  prlaes«  et  le  rappel  du  duc 
d'Orléans  fut  différé. 


très  membres  de  la  noblesse  se  réunir  au  tiers  (1), 
devenu  Assemblée  nationale.  Le  3  juillet  l'As- 
semblée ,  procédant  à  sa  constitution  définitive, 
le  nomma   son  président.  H  rrfujw  cet  lion- 
neor.  Le  1*2  juillet,  le  peuple,  exaspéré  par  le 
renvoi  de  Necker,  s*empara  du  buste  de  ce  mi- 
nistre, et  le  promena  dans  Paris  avec  celui  du 
duc  d'Orléans.  Ce  ftit  du  jardin  du  Pala^^-Royal 
que  partirent  deux  jours  après  les  colonnes  qui 
allaient  pt^endre  la  Bastille.  Dans   un  grand 
nombre  de  groupes  on  désignait  l^otement  lo 
duc  comme  lieutenant  général  <hi  royaume,  avec 
Necker  pour  premier  ministre.  En  cet  iùstant 
cette  combinaison  avait  de  grandes  chances  de 
succès;  mais  soit  défaut  d'audace,  soit  défont 
d'ambition,  le  duc  d'Orléans  ne  prit  jamais  l'atti- 
tude du  rdie  que  l'opinion  loi  assignait.  Il  agis> 
sait  assez  pour  se  compromettre,  pas  assez  pour 
réussir;  et  si  ses  partisans  avaient  en  effet  des 
projets,  il  dot  les  désespérer  plus  d'une  fois  par 
ses  hésitations.  Il  ne  parut  pas  alors  pousser 
les  choses  au  delà  de  la  conquête  d'une  consti- 
tution pour  son  pays  et  le  titre  de  grand  ci- 
toyen pour  lui-même.  U  continua  à  siéger  à  l'ex- 
trême gauche,  prenant  rarement  la  parole.  Cest 
de  cette  époque  que  quelques  écrivains  ont  foit 
dater  la  prétendue  alliance  entre  Mirabeau  et 
le  duc  d'Orléans.  «  Elle  n'exista  jamais,  dit 
M.  Thiers.  On  a  pu  y  croire  parce  que  Mirabeau 
traitait  familièrement  avec  le  duc  et  que  tous 
deux,  étant  supposés  avoir  une  grande  ambi- 
tion, l'on  comme  prince,  l'autre  comme  tribun» 
paraissaient  devoir  s'allier.  La  détresse  de  Mi- 
rabean  et  la  fortune  du  duc  d'Orléans  semblaient 
aussi  nn  motif  d'alliance.  Néanmoins  Mirabeau 
resta  pauvre  jusqu'à  ses  liaisons  avec  la  cour.  » 
Suivant  M.  de  Lamartine  «  Mirabeau,  qui  cher- 
chait un  prétendant  pour  personnifier  la  révolte» 
avait  eu  des  entrevues  avec  le  duc  d'Orléans; 
il  avait  t&té  son  ambition  pour  juger  si  elle  irait 
jusqu'au  trône.  U  s'était  retiré  mécontent;  il 
avait  trahi  sa  déception  par  des  mots  injurieux.)» 
U  appelait  les  scrupules  du  prince  la  lâcheté 
d'un  ambitieux.  Ce  qui  put  faire  croire  sur- 
tout que  Mirabeau  défendait  les  intérêts  du  duc, 
c'est  l'insistance  qu'il  apporta,  le  21  septembre, 
lors  de  la  question  de  régence,  pour  faire  dé- 
clarer que  la  régence  ne  pourrait  appartenir  qu'à 
un  prince  français  (2).  Ce  ne  fut  qu'une  ma- 


(!)  Suivant  Ferrléres,  il  avait  la  veille  promis  le  con- 
traire am  FoHgnae.  En  loua  cas  cette  dcfflarcbe  exaspéra 
teUemeolla  «onr  qne  d'après  dea  Indlsa-étlons  du  baron 
de  Breteoll,  Inl-méme  ,  t  11  fut  alors  quesUen  dans  les 
conclUabules  de  la  liante  ar1<«tocralie  de  se  débarrasser 
du  prince  patriote  et  de  bnll  ou  dis  membres  des  plus 
teOuenta  de  raasemblée.  La  faveur  pnbttqœ  pour  le 
duc  était  telle  que  l'on  pot  craindre  un  instant  que  k» 
états  généraux  de  Versailles  ne  se  terminassent  romnie 
ceox  de  Blols  par  un  aa«asslnat  on  par  une  usurpation  p. 

|i)  t«es  frères  do  roi  ne  pouvaient  être  totennde  leur 
neveu,  dont  ils  étalent  hcrliiers,  et  la  maison  d'Espagne 
se  trouvait  au  même  degré  de  parentr  que  celle  d'Or- 
léans. Malgré  les  efforts  de  Mirabeau,  qui  accusait  ses 
advetsaircs  de  vouloir  amener  en  France  une  doailaa- 
^  tlon  étrangère,  l'assemblée  passa  ù  l'ordre  du  Jour. 


«31 


ORLÉANS 


833 


nœuYre  de  Mirabeau  ponr  apprécier  la  force  des 
différenU  partis»  ce  qu'il  appelait  «  la  géogra- 
phie de  TAasemblée  »• 

Si  le  duc  d^Orléaus  compta  quelque  tempe  de 
nombreux  partisans  dans  les  couches  inférieures 
du  peuple ,  en  n»vanche  une  grande  partie  de  la 
bourgeoisie  lui  était  hostile  et  s'était  faite  Tauxi- 
liaire  de  la  cour.  £flaroochée  d*abord  par  les 
écarts  de  jeunesse  du  prince,  maintenant  elle 
l'accusait  de  causer  tous  les  malheurs  qui  affli- 
geaient la  capitale  :  sa  bienfaisance  même  lui 
était  imputée  à  crime.  On  l'accusait  d'avoir,  en 
1787,  accaparé  les  grains  et  de  les  avoir  fait  en- 
suite distribuer  gratuitement  aux  Yictimes  de 
cette  famine  factice  pour  gagner  leurs  suffrages. 
Dans  le  même  but,  pendant  l'hiver  de  1 788  à 
1 789,  il  aurait  fait  allumer  des  feux  publics,  servir 
des  tables  banales  et  distribuer  des  sommes 
considérables  aux  pauvres.  C'était  encore  lui  qui 
soudoyait  (cette  accusation  était  plus  fondée) 
les  libellistes  qui  attaquaient  le  roi ,  la  reine, 
la  noblesse,  le  clergé,  les  privilèges,  les  maî- 
trises, etc.,  etc.  C'était  lui  qui  avait  exdté  l'insur* 
rection  du  faubourg  Saint- Antoine  les  27  et  28  avril 
1789,  causé  le  pillage  et  l'incendie  delà  fabrique 
de  papiers  des  Réveillon  frères  ;  c'était  lui  qui, 
devançant  Camille  Desmoulins,  le  13  juillet,  avait 
le  premier  crié  aux  armes  !  dans  le  Palais*Royal. 
Ce  fut  surtout  après  les  déplorables  journées 
des  ô  et  6  octobre  que  les  accusations  8*élevèrent 
si  violentes  que  La  Fayette  crut  devoir  s'en  faire 
l'écho.  Il  exigea  du  roi  l'éloignement  du  duc,  et 
dans  un  rendez-vous  qu'il  eut  avec  le  prince 
chez  la  marquise  de  Coigny ,  il  l'intimida  par  sa 
fermeté  et  le  décida  à  partir  pour  Londres  avec 
une  mission  fictive.  La  contrainte  exercée  par 
La  Fayette  envers  le  duc  d'Orléans  indisposa  le 
parti  populaire  et  surtout  les  amis'du  prince,  qui 
s'irritèrent  de  sa  faiblesse  et  invitèrent  Mirabeau 
à  dénoncer  cet  actearbitraire  à  la  tribone.Mirabeau 
y  cons^tit;  mais  une  nouvelle  sommation  de 
La  Fayette  décida  le  départ  du  prince  (14  octobre 
1789).  En  apprenant  cette  nouvelle,  Mirabeau  s'é- 
cria, faisant  allusion  au  zèle  inutile  des  amis  du 
duc  :  M  Ce  j«..  f.....  ne  mérite  pas  la  peine  qu'on 
se  donne  pour  lui  !  »  Il  ajouta  :  «  Tout  le  monde  est 
de  son  parti,  excepté  lui-même  !..  »  Aussitôt  son 
départ,  le  Châtelet ,  obéissant  aux  ordres  de  la 
cour,  commença  une  procédure  destinée  à  faire 
peser  sur  d'Orléans  et  sur  Mirabeau  la  respon- 
sabilité des  événements  d'octobre.  Le  prince  re- 
vint à  Paris  sans  ordre,  le  7  juillet  1790,  et  pro- 
nonça le  11  à  l'Assemblée  nationale  un  discours 
apologétique  de  sa  conduite,  qui  fut  écouté  avec 
favear.  Peu  de  temps  après  le  (7  août),  le  Châtelet 
rendit  compte  de  l'instruction  dirigée  contre  Mi- 
rabeau et  d'Oriéans,  et  conclut  à  leur  mise  en 
accusation.  On  prétendait  les  avoir  vus  mêlés 
aux  insurgés  et  les  excitant  à  forcer  le  chAteau. 
Le  duc  était  prévenu  d'avoir  eu  le  projet  de  faire 
interdire  Louis  XVI,  de  mettre  en  jugement  la 
reine,  de  se  faire  nommer  lieutenant  général  du 


royaume,  etc.  Mirabeau  se  défendit  en  renvoyant 
l'accusation  à  ses  accusateurs.  Il  dit  peu  de  inot^ 
sur  le  duc,  et  s'écria  en  finissant:  «  Oui,  Le  secret 
de  cette  infernale  procédure  est  suspendu  b.  D'Or- 
léans prouva  par  de  nombreux  et  irrécosabie-^ 
témoignages  que  du  3  au  6  octobre  il  n'avait  pas 
quitté  son  château  de  Monceaux.  «  Un  assassinat, 
ajoutait-il ,  en  tuant  le  roi  ou  la  reine,  laissait 
vivre  la  monarchie,  les  lois  du  royaume  et  les 
princes  héritiers  du  trône.  Je  ne  pouvais  y  mon- 
ter que  sur  cinq  cadavres  placés  entre  mon  am- 
bition et  lui.  Ces  échelons  de  crime  ne  m'aoraieut 
conduit  qu'à  l'exécration  de  la  nation  et  aoraiot 
hissé  même  les  assassins.  »  L'assemblée,  sur  le 
rapport  de  Chabroud,  décida  (û. octobre)  qu'il 
n'y  avait  pas  lieu  à  suivre. 

Après  la  fuite  de  Louis  XVI,  en  juin  1791, 
le  trOne  était  vacant  de  fait  et  de  droit  (1).  La 
couronne  semblait  aux  pieds  du  duc;    il  ne 
voulut  pas  la  ramasser.  Il  demeura  dans  Fes- 
pectative.  Cependant,  on  lui  attribua  la   fa- 
meuse pétition  qui  déclarait  le  roi  déchu  comme 
perfide  et  traître  à  ses  serments.  Cette  pétitfoo , 
rédigée  aux  Jacobins    et  signée  au  Champ  de 
Mars  (juillet  1791),  était,  a-t-on  dit,  l'œuvre  de 
Laclos,  secrétaire  du  prince,  et  de  Brissot,  pro- 
tégé de  Mm«  de  Genlis,  qui  faisait  l'éducatioB 
des  fils  du  prince.  Le  sang  versé  à  cette  occastoo 
fut  «donc  imputé  à  d'Orléans*  Le  mois  suivant, 
lorsqu'à  la  révision  de  la  constitution ,  il  fut  dé- 
cidé que  les  princes  français  ne  pourraient  éfre 
élus  à  des  fonctions  par  les  suflVâges  do  peuple, 
d'Orléans  fit  connaître  par  une  déclaration  pu- 
blique qu'il  renonçait  aux  prérogatives  attribuées 
à  son  rang  de  prince  et  particulièrement  au  droit 
de  la  régencei    Dans  ce  moment,  on  peu  après, 
il  y  eut  un  rapprochement  qui  semblait  sincère 
entre  le  roi  et  le  duc.  Le  mmistre  de  la  marine 
Thévenard  l'avait  ménagé  en  comprenant  le  duc 
d*Orléans  comme  un  des  vice-amiraux  dans  le 
travail  de  réorganisation  de  l'état-major  de  b 
flotte.  Bertrand  de  Molleville^  qui  remplaça  Thé- 
venard ,  présenta  la  signature  à  Louis  XVI.  Le 
duc  se  montra  très-reconnaissant  de  cette  fa- 
veur, et  sentant  d'ailleurs  combien  i\  était  dé- 
placé dans  le  parti  populaire,  il  eut,  par  rinterroé- 
diafre  de  Bertrand  de  Molleville,  un  entretien 
secret  du  roi,  et  tous  deux  se  séparèrent  satis- 
faits l'un  de  l'antre  (3).  Le  dimanche  suivant 
(  janvier  1792  ) ,  le  nouvel  amiral  se  présenta 
pour  faire  sa  cour  au  roi.  Le  couvert  de  la 
reine  était  mis,  et  tous  les  courtîMns  s'y  trou- 
vaient en  grand  nombre.  A  peine  l'eut-on  aperçu, 
que  les  mots  les  plus  outrageants  furent  pro- 
férés. «  Prenez-garde  aux  plats  » ,  s'écriait-on 
de  toutes  parts,  comme  si  l'on  eût  redouté  quil 


(1)  L'assemblée  avaU  prononcé  U  anspenaloa  dn 
narque  Jusqu'à  la  reeonsUtuUon  da  pouvoir  royal. 

(t)  •  Je  croU  comme  vous,  me  dit  le  roi  lont  aUendrI, 
que  le  duc  d'Orléans  revient  de  bonne  fol ,  et  qu'il  /«ra 
tout  ce  qat  dépendra  de  lot  pour  réparer  le  mal  qu'il  a 
fait  et  auquel  II  est  pouible  oulln'aU  pas  autant  de  part 
que  noua  l'avons  cru.  •  (  Benrand  de  Molleville.  iV#Bi.  | 


838 


ORLEANS 


8M 


j  jetât  da  poison.  On  le  poussait,  on  lui  inar> 
chait  sur  led  pieds ,  et  on  l'obligea  de  se  retirer. 
Eo  descendant  rescalier  il  reçut  plusieurs  cra- 
chats sur  la  tète  et  sur  ses  habits.  11  sortit  jus- 
tement indigné  et  plus  irrité  que  jamais,  croyant 
que  le  roi  et  la  reine  lui  avaient  préparé  cette 
scène  humiliante.  Le  roi  n*y  était  pour  rien  ;  mais 
il  ne  fit  non  plus  rien  pour  en  réparer  l'eflet.  La 
reine  arait  la  fareur  légère  et  la  haine  impru- 
dente ;  elle  fut  secrètement  flattée  de  l'approbation 
de  ses  familiers,  de  l'aTilissement  de  son  ennemi. 
Dès  lors  le  duc  d'Orléans  s'abandonna  au  tour- 
billon révolutionnaire  et  se  jeta  dans  le  parti  de 
Danton,  dont  11  devint  le  banquier.  Après  la  clôture 
de  l'Assemblée  constituante,  il  avait  Ikit  un 
voyage  sur  les  côtes  de  l'ouest,  mafi  il  ne  put 
obtenir  aucun  commandement.  11  renouvela  aes 
instances  ;  le  roi  répondit  avec  mépris  :  «  Qu'il 
aille  où  il  voudra  !  »  Le  duc  ae  rendit  à  l'armée 
du  nord,  où  servaient  déjà  ses  deux  fils,  Chartres 
et  Montpensier.  11  assista  aux  combats  de  Mé- 
nin  et  de  Courtray  ;  mais  il  fut  bientôt  rappelé 
à  Paris ,  la  cour  craignant  qu'il  ne  se  fit  un 
parti  dans  l'armée.  Ce  nouvel  affront  loi  valut 
d'être  nommé  député  de  Paris  à  la  Convention 
nationale  (septeml>re  1792).  Depuis  l'abolition  des 
titres  nobiliaires  on  ne  l'appelait  qu$  M.  d'Or- 
léans ^  ou  le  ftinet  LouiS" Philippe- Joseph  ; 
il  accepta  ensuite  le  nom  de  Philippe  Égalité  que 
lui  conféra  la  commune  de  Paria  (  l  s  septembre  ). 
Il  continua  à  siéger  à  l'extrême  gauche,  mais  ne 
prit  guère  la  parole  que  dans  des  questions  pour 
ainsi  dire  personnelles.  C'est  ainsi  qu'en  dé- 
cembre il  protesta  contre  la  motion  de  Lanjni- 
nais,  Buzot,  Louvet,  qui  proposaient  le  bannisse- 
ment des  Bourbons  sans  exception.  Cette  mesure, 
dirigée  contre  lui  et  qui  l'eût  peut-être  sanvé, 
fut  décrétée  par  acclamation ,  mais  ajournée 
podr  lui  seul  par  l'opposition  de  la  MontagnCé 
Le  procès  du  roi  s'ouvrit  bientôt  :  Égalité,  comme 
l'a. dit  Robespierre,  était  peut-être  le  seul  membre 
qui  pût  se  récuser  ;  mais  obligé  de  se  rendre  sup- 
portable aux  Jacobins  ou  de  périr,  il  crut  sauver 
sa  tête  en  faisant  tomber  celle  de  son  parent. 
A  l'appel  de  son  nom,  il  répondit  :  «  Uniquement 
occupé  de  mon  devoir,  convaincu  que  tous  ceux 
qni  ont  attenté  ou  attenteraient  par  la  suite  à  la 
souveraineté  du  peuple  méritent  la  mort,  je  vote 
pour  la  mort  !  «  Ce  vote,  dicté  par  la  peur  encore 
pl'jtôt  que  par  la  vengeance,  ne  produisit  pas 
reiïet  que  l'auteur  en  attendait.  11  souleva  chex 
les  uns  le  mépris,  chez  les  autres  l'indignation. 
Le  6  avril  la  Convention  ordonna  que  tous  les 
Diembres  de  la  fanriille  des  Bourbons  fussent 
délenus  pour  servir  d'otage  à  la  république.  Ar- 
rêté le  7,  U  (ut  transféré  aussitôt  à  Marseille.  Il 
adi|ssa  à  la  Convention  plusieurs  pétitions  qui 
res%ent  sans  résultat  Miaen  accusation  par  dé- 
cret du  3  octobre  avec  environ  quarante  députés 
du  parti  de  la  Gironde,  au  bout  de  six  mois  son 
procès  fut  repris.  Il  fut  ramené  k  Paris,  enfermé 
à  la  Conciergerie,  puis  traduit  devant  le  tribunal 

MOUV.    BIOGR.  QÈntU,  —  T.  XXXVIII. 


révolutionnaire.  Accusé  d'aroir  aspiré  à  la 
royauté  et  de  relations  avec  Mirabeau  et  Dumon- 
riez.  Il  se  défendit  avec  autant  d'adresse  que  de 
sang- froid  ;  mais  il  était  condamné  d'avance.  U 
entendit  son  arrêt  avec  le  plus  grand  calme ,  et 
demanda  à  être  exécuté  le  plus  tôt  possible.  Le 
même  jour  (  6  novembre  1 793) ,  vers  quatre  heures 
de  relevée,  il  fut  conduit  au  lieu  de  l'exécution 
avec  CoQStard ,  dépota  compria  comme  lui  dans 
la  mise  en  accusation  des  représentants  giron- 
dins, et  les  nommés  Gondier,  Labrousse  et  La- 
roqne,  condamnés  les  jours  précédents.  Passant 
le  long  de  la  rue  Saint-Honoré,  il  jeta  un  re- 
gard sec  sur  son  ancienne  demeure,  et  répondit 
aux  huées  de  la  populace  par  un  geste  de  mé- 
pris, en  disant  :  «  lia  m'applaudissaient  autre- 
fois !...  »  n  ne  démentit  pas  un  seul  mstant  son 
dégoût  des  hommes  et  de  la  vie.  Descendu  de  la 
charrette  et  monté  sur  le  plancher  de  la  guillotine, 
les  valets  du  bourreau  voulurent  tirer  ses  bottes, 
étroites  et  serrées  à  ses  jambes.  «  Non,  non,  leur 
dit-il,  arec  sang<froid,  vous  les  tirerez  plus  ai- 
sément après  :  dépêchons-nous!  dépêchons- 
nous!..  »  Ce  furent  sex  demièrea  paroles. 

Sa  femme,  LovUse-Marie-Adélalde  bb  Boua- 
BOR-PENTBiÈvaB,  née  à  Paris,  le  13  mars  1753, 
morte  à  Ivry-sur-Seioe,  le  23  juin  1821,  était  la 
fille  du  vertueux  duc  de  Penthièvre  et  de  Marie- 
Thérèse-Félicité  d'Esté.  Mariée  à  seize  ans,  elle 
se  montra  avec  arantage  à  la  cour,  où  elle  ne 
cessa  de  paraître  que  lorsque  son  époux  fut 
brouillé  avec  le  roi  et  les  princes*  Cette  princesse, 
qui  n'avait  point  quitté  la  France  à  l'époque  la 
plus  désastreuse  de  la  révolution,  fut  empri- 
sonnée en  1793  au  Luxembourg;  elle  atteignit 
le  9  thermidor  avant  que  l'on  se  fût  occupé  de 
son  sort,  fut  placée  jusqu'au  12  septembre  1797 
dans  la  maison  de  santé  du  docteur  Beliiomme, 
et  déportée  ensuite  en  Espagne.  ï>k%  la  première 
restauration,  elle  revmt  à  Paris,  qu'elle  ne  quitta 
pas  pendant  les  Cent  Jours,  par  suite  d'un  acci- 
dent qui  lui  était  survenu,  et  reçot  même  de 
l'empereur  une  pension  de  trois  cent  mille  francs. 
L'exercice  des  verius  chrétiennes,  et  particu- 
lièrement de  la  charité,  remplit  aes  derniers  jours. 
De  son  mariage,  elle  eut  trois  fils,  Louis-Phi- 
lippe,  roi  des  Français  en  1830,  le  duc  de  Mont- 
pensier et  le  comte  de  Beaiiyolais,  auxquels  elle 
avait  survécu.  A.  os  L. 

MonUnr  général,  an.  l7IS-t7M.  —  B¥imin  du  tri- 
buTuU  révoimtkmtuOrtf  daiu  PAM.  parlmteiUaire  de  la 
révoiution,  t  XXXI.—  Ferrlèret,  iHéwudre*.  —  Bouille, 
Mém.  —  M"*  Campan ,  Mém.  —  Bertrand  de  Molle- 
villa.  Mém.  —  Malouct,  Foifogt  et  Contpiratiom  de 
devx  tnconnms^  etc.;  farts,  ITM,  id-S*.  —  Thlm.  Out.  de 
la  HévohÊtUm  /nmçaUe.  1. 1  à  IV.  —  A.  de  LamarUae« 
hUt,  dei  Cénméimt,  t.  I  *  VII.  ~  B.  et  A.  de  Ooa- 
eoort,  fie  de  Marie^JntoineiU,  chap.  II. 

OBLiAMS  (  Ferdinand  -  Philippe  -  Louis* 
Charles- Henri ,  duc  b'  ) ,  prince  royal  français, 
fils  aîné  du  roi  Louis-Philippe,  né  à  Païenne, 
le  3  septembre  1810,  mort  le  13  juillet  1842. 
Son  père,  qui  partageait  l'exil  des  Bourbons, 
appelé  en  ce  moment  par  la  junte  de  SéviUe  an 

27 


83Ô 


OaLbj\]SS 


8^G 


secoure;  de  la  Câia]«gne ,  ne  fut  pas  présent  k 
la  Aaissance  de  son  fUs  aîné.  Vers  la  fin  d*aoûi 
lSi4,  quand  ses  parents  rentrèrent  en  France, 
)e  duc  de  Chartres  (  on  lui  donnait  alors  ca 
titre,  suivant  Tusage  de  sa  maison)  n*avait 
pas  encore  quatre  ans,  mais  savait  d^  notre 
langue.  «  Que  ferons-noas  de  ce  garçon?  »  dit  le 
nM  Louis  XVIII,  quand  il  lui  fut  présenté  à  Pa- 
ris. —  Vous  en  ferez  un  soldat  comme  papa,  » 
répondit  Tenfant  Cependant  sa  famiUe,  fixée 
définitivement  sur  le  sol  français,  qu'elle  avait 
dû  quitter  encore  une  fois  pendant  les  Cent 
Jours,  songeait  à  élever  dignement  rhéritier  de 
ton  nom.  Le  père,  au  grand  scandale  de  la  cour, 
aux  vifs  applaudissements  du  public,  décida 
qu'il  entrerait  au  collège  Henri  IV  (33  octobre 
1819).  Ce  parti,  conforme  anx  idées  libérales 
du  doc  d'Orléans  et  à  son  expérience  person- 
nelle de  la  vie,  n'était  pas  abssoîument  sans  pré- 
cédents, même  dans  les  familles  princières  de 
Tancienne  monarchie;  mais  cette  éducation  d'un 
prince  au  collège  n'avait  jamais  été  prise  an  sé- 
rieux ,  comme  elle  le  fut  i)our  le  jeune  duc  de 
Chartres.  Travaux,  plaisirs,  punitions,  récom- 
penses, tout  était  commua  entre  lui  et  ses  ca- 
marades, et  plus  d'une  liaison  née  en  ces  jours 
d'égalité  rapprocha  plus  tard  la  distance  des 
rangs.  Bientôt  son  nom  prit  place  parmi  ceux 
des  élèves  couronnés  aux  distributions  du  col- 
lège ou  du  concours  général,  et  les  applaudisse- 
ments de  ses  émules  attestaient  aux  yenx  de 
tous  que  ces  succès  étaient  loyalement  et  légiti- 
mement acquis.  Plus  tard,  il  suivit  les  cours,  et 
subit  avec  distinction  les  examens  difficiles  de 
l'École  polytechnique.  L*étude  des  langues  vi- 
vantes et  les  éléments  de  Ls  stratégie  complé- 
tèient cette  éducation,  non  point  pédantesque  ni 
purement  scientifique,  mais  substantielle  et  po- 
sitive, ainsi  qu'il  convient  à  un  prince.  D'ail- 
leurs il  disait  qu'il  aimait  mieux  apprendre  dans 
le  monde  que  dans  les  livres.  Ilommé,  le  30  sep- 
tembre 1824,  colonel  du  f  régiment  de  hus- 
sards (1),  il  se  livra  tout  entier  à  la  pratique  da 
commandement  et  à  la  théorie  de  Tart  militaire. 
En  1829,  il  aDa  visiter  avec  son  père  l'Angleterre 
et  rÊcosse,  accompagna  ensuite  son  régiment  à 
Lunévîlle,  puis  à  Joigny,  où  la  révolution  de  juillet 
1830  le  trouva.  Dès  le  1*^  août  il  fit  prendre 
à  ses  soldats  fe  cocarde  tricolore,  les  ramena 
(  le  3  )  à  pans,  et,  devenu  duc  d'Orléans  et  prince 
royal  par  l'élévation  de  Looîs-Pbilippe  au  trône, 
il  partit  pour  ioaugnrer  dans  les  provinces  les 
couleurs  nationales  qne,  le  premier  de  Tarmée» 
son  régiment  avait  arborées  anx  yt^nx  de  la  ca* 
pitalc  (2).  Un  an  après,  il  commandait  la  pre- 

(0  Les  éUU  de  «erirtee  offlirïelB  da  iirlnce  que  nous 
avoM  eut  MM»  les  yeui,  portent  en  tête  It  «mitloa  sol- 
?ante  :  7*  réfrltoeot  éeiiosA«rds  (c^alt  ranclen  naméro 
àe  ce  reRiment),soaft-lteuleoant,  octobre  I8U. 

(1)  Ce  fait,  dont  les  particularités  a-t-ll  dit  lal-méme, 
deralent  tronier  place  daaa  sa  biographie,  pronvalt  à  la 
fois  «  la  bonne  dtscfpilae  dn  corps  et  une  conAaace  dana 
ton  Jeune  cbef,  qui  m'a  Tlvement  touché  et  qui  porta  le 


mière  brigade  détachée  à  l'armée  du  non! ,  lors 
de  la  première  campagne  de  Belgique,  qui  ne 
lut,  comme  on  sait,  qu^uoe  promenade  militaire. 
Le  29  novembre  1831,  lors  de  l'insurrection  de 
Lyon,  il  fut  envoyé  en  mission  extraordinaire 
dans  cette  ville  avec  le  maréchal  Soult,  et  U 
expliquait  lui -mène  la  nature  de  celle  missioo, 
lorsqu'il  disait  dans  un  de  ses  discoucs  :  «  Je 
suis  venu  comme  pacificateur...  Les  coupables 
appartiennent  à  la  justice,  mais  les  mallieareux 
sont  de  mon  domaine.  »  De  fortes  sommes,  en- 
voyées depuis  aux  ouvriers  lyonnais,  à  diverses 
époques,  prouvèrent  que  ce  n'étaient  point  Ui  de 
vaines  paroles.  Lors  de  l'invasion  do  cholén 
(mars  1832),  il  fit  mieux  que  de  cootritmer  de 
sa  bourse  au  soulagenient  de  tant  d'infortunes  : 
il  paya  de  sa  personne,  et  sa  visite  à  l'bôtel- 
Dieu,  au  moment  où  le  fléau  sévissait  arec  le 
plus  de  force,  fut  à  la  fois  un  acte  de  courage, 
de  politique  et  d'humanité.  La  médaille  qui  lui 
fut  décernée  à  cette  occasion  par  le  conseil  mu- 
nicipal de  la  viliede  Paris  (latta  plus  son  amour- 
propre  que  toutes  les  distinctions  honorifiques 
dont  il  fut  revêtu. 

Cependant  c'étaient  là  pour  le  courage  <ia 
jeune  prince  de  trop  pénibles  épreuves  pour 
qu'il  n'attendit  pas  avec  impatience  roocasion 
de  gagner  ses  éperons  devant  l'ennemi.  Cet!? 
occasion  s'offrit  k  lui  dans  la  nouvelle  expéditioa 
de  Belgique.  Le  4  novembre  1832,  il  prenait  k 
commandement  de  la  brigade  d'avant  garde  et 
l'armée  du  nord,  et  le  20  D  était  devant  la 
citadelle  d'Anvers.  Dans  la  nuit  do  29  au  30,  il 
demanda  k  commander  la  tranchée,  bien  que  sa 
qualité  de  général  de  la  cavalerie  le  dispensât  dt 
cette  mission  périlleuse,  et  il  s'en  acquitta  >!e 
manière  à  mériter  non- seulement  les  élof^es  o^ 
ficiels  du  maréchal  Gérard  (  bulletin  du  30  no- 
vembre), mais  l'approbation  de' fermée.  ATat* 
taque  de  la  lunette  Saint-Laurent,  on  le  vit  moa- 
ter  sur  le  parapet  au  milieu  d'une  grêle  de  baUes, 
pour  encourager  les  troupes,  et  son  testament, 
daté  de  la  veille  de  l'assaut  (23  déoembi«),  est 
venu  plus  tard  révéler  comment  il  comprenait 
ses  devoirs  de  prince  et  de  soldat  Trots  nos 
après,  l'Afrique  voyait  à  son  tour  le  prince  s'as- 
socier aux  fatigues  et  aux  exploits  de  l'armée, 
dans  la  cami^agne  signalée  par  le  combat  de 
THalirah  et  la  prise  de  Mascara  (novembre  et 
décembre  1836).  Une  contusion  de  balle  reçue 
dans  la  première  de  ces  affaires  et  nue  malulie 
assez  grave,  suite  des  fatigues  supportées  sous 
un  climat  brûlant,  attestèrent  qu'il  ne  s'était  pas 
épargné  dans  cette  courte  mais  brillante  expé- 
dition. A  la  suite  d'un  voyage  qu'il  fit  à  Berlin 
et  à  Vienne,  avec  son  frère  M.  le  doc  de  Ne- 
mours, dans  le  courant  de  1836,  le  prince  royal 

féglmcnt  à  ae  laoear  avce  mol  <  m  màthn  é'Une  crise 
dont  le  déooâment  était  loecrtala  et  Imwoou)  dao«  k 
parti  national ,  auquel  nous  Mmes  len  preanlers  d^  Tar- 
■ée  à  now  joindre  ».  (  Lettre  do  doc  d'Orléans  s  M.  de 
Oooy,  ooJonelda  !•■'  debuaaardSfpaMMèdsnala. 
nai  itet  DéàaU  du  9  août  is«t.) 


837 


ORLÊAKS 


838 


épousa  la  princesse  Hélène  de  Meckkmboiirg. 
Ce  roariji^e  (  30  mai  1837  )  paraissait  un  nou- 
veati  gage  de  sécurité  poar  l'afenir.  Le  duc,  au 
iniiieu  des  premières  joies  de  l'hyineo,  n'oubliaii 
pas  qu*il  avait  promis  de  retourner  en  Afrique. 
Une  nouTeUe  campagne  se  préparait  :  il  tint  à 
iKNineur  d'en  faire  partie;  mais  cette  fois  il  eut 
à  lutter  contre  les  résistances  du  oottseil  des 
ministres  et  contre  les  répugnances  de  sa  fa- 
mille. Il  remporta  enfin,  et  se  hâta  de  partir, 
«  de  peur,  dilil,  qu'on  ne  revint  sur  cette  déci- 
sion (1)  ».  Le  résultat  de  cette  expédition  (sep- 
tembre  et  octokire  1839),  où  Ton  ne  rencontra 
guère  d'autres  ennemis  qu'un  soleil  de  plomb 
et  des  obstacles  matériels,  fut  la  reconnaissance 
de  la  grande  voie  de  communication  destinée  è 
réunir  Alger  k  Constantine  ;  mais  elle  eut  un  cMé 
pittoresque  et  saisissant  qui  la  distinguent  des 
autres  :  le  passage  des  Portes^de-Per,  ces  bar- 
rières réputées  jusqu'alors  infranchissables.  Cette 
|)alme  cueillie  par  les  soldats  et  offerte  à  leur 
jeune  général,  cet  arc  de  triomplie  romain  ren- 
contré au  milieu  du  désert  { à  Djimilah),  et  que 
Paris  devait  voir  un  jour,  d'aprèsle  vœu  du  prince, 
transporté  oorome  par  encliantcment  dans  ses 
raNfs,  tout  cela  parlait  fortement  à  Timagination 
des  soldats,  et  rappelait  la  poésie  lointaine  de 
la  campagne  d'Egypte.  Au  mois  de  mars  1840, 
ie  duc  d'Orléans  s'embarqaail  de  nouveau  pour 
TAfrique;  naais  cette  fois  il  n'était  pas  seul  : 
il  emmenait  son  jeune  frère  le  doc  d'Aumale, 
iie«ireni  d'y  faire  sons  lui  sen  premières  armes. 
Jamais  il  ne  montra  pins  d'élan  que  dans  cette 
campagne,  qui  devait  être  ponr  lui  la  dernière. 
Les  rapports  officiels  du  marécbal  Valée  le  citent 
^  plusieurs  reprises  pour  sa  Mît  comluite  aux 
combats  de  rAffroun,  de  l'Oued'  Ger,  du  bois 
des  Oliviers,  à  la  prise  de  Bfédéak,  et  suHout  à 
celle  du  teniah  de  Mousaia,  où  il  dirigea  les  dis- 
Partions  d'attaque,  et  ooromanda  en  personne 
la  colonne  qui  attaquait  la  position  de  front.  Mo- 
ntent solennel  pour  le  prince,  celui  où,  rejoint 
P>r  les  bra?es  Ouvîvier,  Lamoricière,  Cliangar- 
lùer,  par  son  jeune  frère,  qui  venait  de  «barger  à 
la  tète  des  grenadiers  du  23*,  il  prit  possession 
*^  ces  hauteurs.  —  «  £n  cessant  d'être  votre  chef 
etle  compagnon  de  vm  tiavam,  je  resterai  l'ar* 
^t  défeosenr  de  von  droits.  »  Ces  parole»  du 
prince  lorsqu'il  prit  oeogé  de  l'armée  d'Afrique 
(lisent  assez  quelles  étaient  ses  occupations  dans 

intervalle  de  ses  campagnes.  C'est  ainsi  que 
•m  «ieux  années  1841  et  1842  furent  presque  ex- 
(^lusivement  consacrées  à  l'organisation,  à  Tins- 
pection  on  à  la  manoeuvre  des  troupes.  C'est 
;>i08i  qn'il  organisa  à  Salot-Omer  les  chasseurs 
^  pied  de  Vincennes»  depuis  dénommés  cAos- 
Wttrs  d'Orféans,  ('on  des  meilleurs  corps  de 
'  8"née,  destiné  h  en  modifier  profondément  la 
^ottiposition.  On  sait  aussi  qu'il  s'occupait  de 

nistohe  des  réghnents,  entreprise  par  ordre  da 

WrV5"j*^ ■*"*''!  Wtang.p.  tis,  du PHncaHoyo/, 


ministre  de  la  guerre,  et  il  a  laissé  des  frag- 
ments pleins  d'intérêt  sur  celle  du  2'  léger  et 
du  l""  hussards,  qu'il  avait  commandés  (1).  Le 
jour  même  de  l'accident  «léplurable  qui  le  ravit 
A  la  France,  le  13  juillet  1842,  le  duc  d'Orléans, 
à  peine  Ue  retour  des  eaux  de  Plombières,  oh 
Il  avait  conduit  sa  femme,  devait  partir  pour 
Saini-Omer,  inspecter  plusieurs  des  régiments 
désignés  pour  le  corps  d'armée  d'opération  sur 
la  Marne,  dont  le  commandement  en  chef  lui 
était  déféré.  Il  se  rendait  k  Neuilly  pour  faire  en- 
core une  fois  ses  adieux  k  sa  famille,  lorsqu'en 
voulant  sauter  de  sa  calèche,  dont  les  chevaux 
s'étaient  emportés,  ou»  suivant  une  autre  ver- 
sion, lancé  à  terre  par  une  brusque  secousse  au 
moment  où  il  se  tenait  debout,  il  eut  la  colonne 
vertébrale  brisée,  et  mourut  quelques  heures 
après^sana  avoir  repris  connaissance*  Nous  n'es- 
sayerons point  de  peindre  le  deuil  de  la  famille 
royale,  les  cérémonies  funèbres  de  Notre-Dame 
et  de  Dreux.  Constatons  seulement  que,  même 
dans  ses  jours  d'indifférence  et  de  luttes,  la  France 
trouva  des  regrets  sincères,  unaoimeSf  pour  cette 
existence  de  prince  si  bien  employée  et  si  subi- 
tement tranchée. 

Dans  cette  vie  consacrée  à  l'accomplissement 
de  tous  les  devoirs,  la  politi<|ue  proprement  dite 
a  tenu  peu  de  place.  Sans  affecti-r  l'opposition 
banale  des  héritiers  présomptifs,  on  entendit  le 
duc  d'Orléans  dire  :  «  Mon  père  a  sa  mission; 
moi,  j'aurai  la  mienne.  »  A  la*  cliambre  des 
pairs,  où  il  siégeait  depnis  1830,  il  prit  quel- 
qoelbis  la  parole  avec  convenance  et  dignité, 
le  plus  souvent  pour  des  faits  personnels,  et  il 
considérait  aussi  comme  telles  leaattaqaes  contre 
la  révolution  de  Juillet  et  les  institutions  qu'elle 
avait  fondées.  1!  n'Intervenait  dans  les  luttes 
(le  partis  que  dans  «n  intérêt  de  démence  et 
d'humanité,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  d'être  en 
botte  aux  outrages  des  pamphlétaires.  Il  Ihi- 
sait  le  plus  noble  usage  de  sa  dotation  prineière, 
si  amèrement  critiquée.  I!  e»  employait  nue 
partie  à  des  actes  de  bienfaisance,  qu'on  esT  tenté 
de  regarder  chez  les  princes  comme  one  né- 
cessité de  position,  mais  qui  se  distinguaient  par 
la  forme  heureuse  qn'il  savait  leur  donner. 
L'autre  pariie  était  eonsacrée  au  patrotuge  InteN 
Irgent  de  tous  les  talents ,  parmi  lesqnels  H  ai- 
mait k  choisir  les  pins  jeunes  ou  les  plus  ooo- 
testés.  Parmi  les  artistes  et  les  hommes  de  lettres 
contemporains,  Il  en  est  peu  qui  n'aient  été  ses 
obligés  ou  ses  amia.  Les  fêtes  élégsnies  du  pa- 
villon de  Marsan,  par  le  mouvement  qu'elles  don- 
naient aux  arts  et  à  llndiislrie ,  les  courses  de 
ChantfMy  et  du  Champ^de-Mars ,  par  l'influence 
qu'elles  exerçaient  sur  famétloration  de  la  race 
dés  chevaux,  témoignaient  que  le  prinee  se  pro 
posait  un  but  d'utilité  jusque  dans  s(Bs  plaisirs. 
Terminons  par  ces  paroles  d'une  i)onche  élo- 

(4)  MM.  Jtilc^  Jaaln  rt  Adrien  Pascal  ont  publié  quel- 
ques-uns drofs  fragments  danslranin«Uees.  f^o§.  aussi 
la  lettre  du  prlace  citée  dam  une  noie  précédente. 


27. 


839 


ORLÉANS 


quente,  qoî  résumaient  avec  bonheur  les  qualités 
du  prioee  que  la  France  Tenait  de  perdre  :  «  Fils 
de  Henri  IV  par  le  sang,  par  la  bravoure,  par  Ta- 
ménité  cordiale  et  charmante  de  sa  personne  ; 
fiis  de  la  révolution  par  le  respect  de  tout  droit 
et  l'amour  de  toute  liberté;  entratné  vers  la 
gloire  militaire  par  l'instinct  de  sa  race;  ramené 
vers  les  travaux  de  la  paix  par  les  besoins  de 
son  esprit  ;  capable  et  avide  de  grandesM^oses  ; 
populaire  au  dedans,  national  au  dehors,  rien 
ne  lui  a  manqué,  excepté  le  temps  (i),» 

Le  duc  d'Orléans  eut  deux  fils  de  son  mariage 
avec  la  princesse  Hélène  :  Louiê-PhUippe'Al- 
bert,  comte  de  Pari  s,  né  à  Paris,  le  14  août  i  838  ; 
Bobert' Philippe'  Louis  -  Eugène-Ferdinand , 
duc  de  Cbartres,  néà  Paris,  le  9  novembre  1840. 
[M.  Ràtheiiy,  dans  VEnctfcl.  des  gens  du  m.] 

Adrirn  Pa«ral,  Fie  mUitaire  dm  eue  d'Orléantf  Pa- 
rte, 1841,  tn-lS.  ^  J.  Janln ,  /e  Prince  royai;  Ibtd. 

ORLÂAics    (  H élène-Umise- Elisabeth    db 
MEcxLEMBouâG-ScHWEitiN,  dochessc  n'  ),  femme 
du  précédent,  née  le  24  janvier  1814,  À  Lud- 
wi{;8lust,  morte  à  Richmond,  le  18  mai  1868. 
Fille  de  Frédéric-Louis,  grand-duc  héréditaire 
de  Mecklembourg-Schwerin ,  et  de  la  princesse 
Caroline  de  Weimar,  sa  seconde  femme ,  elle 
avait  un  frère  du  même  lit ,  le  prince  Albert , 
né  en  1812  et  mort  à  vingt  ans  environ.  Elle 
le  regretta  beaucoup.  Elle  perdit  sa  mère  à 
l'âge  de  deux  ans  (  1816)  ;  son  père  épousa  en 
troisième  noces  la  princesse  Auguste  de  Hom- 
bourg,  qui,  restée  yeove  bientôt  après  (1819), 
servit  de  mère  à  la  jeune  orpheline  et  dirigea 
son  éducation.  La  princesse  Hélène  fut  élevée 
dans  une  retraite  presque  absolue.  Au  printemps 
de  1827,  lorsque  la  grande-duchesse  la  con- 
duisit pour  la  première  fois  à  la  cour  de  Wei- 
mar,  elle  ne  connaissait  guère,  outre  les  mem- 
bres de  sa  famille,  que  ses  professeurs  ;  cepen- 
dant elle  ne  parut  ni  contrainte  ni  surprise  par 
ses   nouvelles  impressions.    La  vie    sérieuse 
qu'elle  avait  menée  jusqu'alors  avait  peut-être 
développé  sa  sensibilité;  mais  elle  avait  aussi 
formé  son  esprit  aux  plaisirs  de  l'intelligence, 
et  malgré   sa  jeunesse  elle  possédait  déjà  le 
goût  de  la  poésie  et  des  I)eaux-art8,  dont  elle  a 
toujours  fait  preuve.  La  grande-duchesse  étant 
tombée  malade  en  1830,  sa  belle-fille  t'accom- 
pagna aux  ean\  de  Tœplitz.  Ce  séjour  eut  une 
grande  influence  sur  la  destinée  de  la  prmcesse 
Hélène;  c*est  à  Tœplitz  qu'elle  fut  présentée  an 
roi  de  Prusse,  qui,  charmé  de  sa  distinction  et 
de  l'égalité  de  son  humeur,  lui  voua  une  sincère 
amitié.  En  1836,  le  duc  d'Orléans  fit  un  voyage 
en  Allemagne.  Lors  de  son  passage  à  Berlin, 
le  vieux  roi  de  Prusse,  se  prenant  pour  lui  d'une 
affection  toute  paternelle,  lui  exprima  le  regret 
de  n^avoir  plus  de  fille  dont  il  pût  lui  confier 
le  bonheur;  le  souvenir  de  la  princesse  Hélène  se 
présentante  son  esprit,  il  fit  de  l'union  du  duc  avec 

(1)  Dtaconn  de  M.  Victor  Hi'RO  en  prvsrntanl  au  roi 
i'adreuede  l'Institut. 


840 

cette  princesse  sa  préoccupation  la  pins  Tîve,  ee 
dépit  de  la  résistance  qu'il  rencontra  dans  sa 
propre  famille.  Le  ministre  de  France,  M.  Bra»- 
son,  fut  chargé  de  ki  demande  ollicieile.  Le 
grand-duc  Paul-Frédéric,  son  frère  d\in  pre- 
mier lit,  Taocueillit  avec  une  certaine  froideor, 
et  il  ne  fallut  pas  moins  que  rinterrealiûo 
directe  du  prince  royal  pour  lever  toutes  les^ 
objections.  Le  contrat  M  mariage  fut  «gné  le 
5  avril  1837,  et  le  15  mai  la  jeune  fiancée  quitta 
Ludwigslu^t  avec  sa  belle-mère,  qui  voulut  la 
présenter  elle-même  k  la  reine.  Le  26  mai  elle  fit 
son  entrée  en  France.  De  Forbach  à  Fontiûie- 
bleau,  partout  elle  reçut  sur  son  passage  Taocoeil 
le  plus  bienveillant  (l).Le  30  mai  les  époux  re- 
çurent la  bénédiction  nuptiale  à  Fontain«falean, 
selon  les  rites  des  deux  communions,  aprr«  la 
cérémonie  civile,  faite  par  le  chancelier  Pasquier. 
Les  fêtes  magnifiques  célébrées  à  Paris  4  Focca- 
sion  de  ce  mariage  furent  attristées  par  uo  fn- 
neste  accident,  qui  coûta  ki  vie  à  un  gnai 
nombre  de  personnes.  Quatre  années  a'^roa- 
lèrent  pour  la  duchesse  au  milieu  des  joies  de 
la  vie  intime ,  de  l'éclat  du  rang  et  des  es- 
pérances les  plus  riantes.  La  naissance  de  ne» 
deux  fils,  le  comte  de  Paris  (  24  août  1838  )  et 
le  duc  de  Chartres  (9  novembre  1840),  mai  \t 
comble  à  son  bonlienr. 

Le  14  juillet  1842  la  duchesse  se  trouvait  aox 
eaux  de  Plombières  qnand  un  mallieur  aussi 
grand  qu'imprévu  vint  la  frapper.  La  mwvette 
de  la  triste  fin  du  duc  d'Oriéans  fut  eovoyée 
au  général  Baudrand;  M"*  de  Montesqniou, 
chargée  de  préparer  la  duchesse  à  cette  ter- 
rible révélation,  lui  dit  que  le  prince  était  dan- 
gereusement malade.  Elle  voulut  partir  anasitêC 
pour  Paris.  Dans  la  nuit,  sa  voitore  rencontra 
celle  de  M.  Chomel ,  iM^dta  de  la  famille 
royale.  Croyant  la  princesse  instruite  de  la  vé- 
rité, il  la  lui  apprit  involontairement»*  Ce  n'est 
pas  possible,  disait-elle,  je  ne  vons  crois  pas  ;  » 
et  elle  demeura  plus  d'une  heure  sur  la  route 
k  sanglotter.  Le  16  juillet  elle  arriva  à  Keoiliy  ; 
mais  elle  n'y  trouva  plus  que  le  cercueil ,  dé/à 
refermé,  de  celui  qui,  selon  se»  propres  exprès* 
sions  «  avait  tout  son  cœur  •.  A  partir  de  ce 
jour  elle  habita  aux  Tuileries  l'appartement  de 
son  mari.  Là,  au  milieu  des  souvenirs  à  la  fin» 
amers  et  doux  d  un  passé  lieureux,  elle  se  eon* 
sacra  entièrement  à  Téducation  de  ses  enfants  ; 

(1)  L'aotenr  anonjme  de  ia  FU  de  la  dmeMettê  £Or' 
léan»  traee  atnal  son  portrait  :  «  En  effet,  ledianne 
Inriprtmable  de  aa  physlonomte  plataalt  dét  l'abord.  Si 
aacoD  de  aca  traita  en  parttcuUer  n'attirau  l'atteattoa. 
Il  y  avait  tant  d'harmonie  et  de  noblesse  dans  toute  sa 
personne  qoe  les  yeux  se  flialent  sur  elle  avec  on  vif 
Intérêt  Son  regard,  dooi  et  pénétrants  la  fats,  sem- 
blait cbereher  la  pensée  de  cens  qnl  inl  parlaient.  S«n 
sourire  fin  et  bienveillant,  une  eipressloo  lanl6t  bril- 
lante, tantôt  alTeclueaae  et  émue,  réSétafent  son  âme  et 
rendaient  vivement  rimpresslon  qa'éveUialt  en  elle 
chaque  parole  qui  lui  était  dite.  Bien  qn'ane  dlatinc 
tion  peu  commune  rappelât  M>n  ranir,  dont  elle- mène 
n'cuit  Jamais  préoccupée ,  Ton  peut  dire  que  le  aeotl- 
mcnt  qu'elle  Inspirait  élaU  celai  de  la  sympathie.  « 


841 


ORLEANS  —  OKIXY 


S43 


comme  ils  devaient  être  élevés  dans  la  religion 
de  lear  père,  la  princesse,  bien  qu'elle  fût 
protestante,  assistait  régulièrement  à  leur  ins- 
truction religieuse  comme  à  leurs  autres  le- 
çons. 

La  révolution  deFévrier  la  frappa  moinsdans ses 
principes  que  dans  ses  affTections;  depuis  longtemps 
elle  prévo^fait  une  crise,  sinon  la  chute  de  la  dy- 
nastie. Le  24  février,  quand  le  roi  eut  abdiqué  en' 
fkveur  du  comte  de  Paris,  la  princesse  se  rendit  à 
la  chambre  des  députés,  accompagnée  de  ses  deux 
fils  et  du  duc  de  Nemours.  A  son  arrivée  quelques 
cris  de  «  Vive  la  duchesse  d'Orléans  !  Vive  le 
comte  de  Paris  !  »  se  6rent  entendre,  auxquels  ré- 
pondirent les  cris  de  «  Pas  de  princes  I  Nous  ne 
voulons  pas  de  princes  ici  !»  La  duchesse  prit 
cependant  place  au  pied  de  la  tribune,  et  y  resta 
delwut  avec  ses  deux  enfants.  M.  Dupin  proposa, 
avec  instance,  de  consigner  au  procès-verbal  les 
acclamations  qui  avaient  accueilli  la  duchesse 
d'Orléans  comme  régente.  Le  tumulte  deve- 
nant extrême,  le  président  engagea  la  princesse 
à  se  retirer.  «  Monsieur,  répondit-elle,  ceci  est 
une  séance  royale.  »  Puis  elle  ajouta  :  «  Si  je 
sors  d'ici,  mon  fils  n'y  rentrera  plus.  >•  On  la  fit 
monter  jusqu'aux  gradins  placés  en  face  de  la 
tribune;  elle  s*y  usit  à  côté  du  duc  de  Ne- 
mours. M.  Crémieux,  combattant  le  projet  d'une 
simple  modification  de  la  loi  de  régence,  fit 
passer  à  la  duchesse  la  déclaration  suivante  : 
«  C'est  de  la  volonté  nationale  que  mon  fils  et 
moi  nous  voulons  tenir  nos  pouvoirs.  J'élè- 
verai mon  fils  dans  les  sentiments  les  plus  vifs 
de  l'amour  de  la  patrie  et  de  la  liberté  1  >•  A  ce 
moment,  des  gens  armés  envahirent  la  salle;  le 
désordre  fut  à  son  comble,  et  la  duchesse  dut 
s'éloigner  précipitamment,  sous  la  protection  de 
M.  Jules  de  Lasteyrie.  Séparée  de  ses  enfants 
par  la  foule,  elle  retrouva  presque  aussitôt  le 
comte  de  Paris,  mais  le  duc  de  Chartres  ne  put 
lui  être  rendu  que  le  lendemain.  MM.  de  Mont- 
9iyon  et  de  Moroay  l'accompagnèrent  à  l'hôtel 
des  luvalides,  où  le  duc  de  Nemours  vint  la  re- 
joindre. Sur  les  instances  de  ce  prince,  elle 
consentit  à  quitter  Paris;  mais  au  moment  de 
partir  eUe  dit  à  ceux  qui  l'avaient  suivie  :  «  Sur 
ua  mot,  demain  ou  dans  dix  ans,  je  reviens 
ici.  »  £||e  arriva  dans  la  nuit  au  château  de  Bli- 
gny,  puis  de  là  elle  passa  en  Belgique  (1),  et  se 
rendit  à  Cologne.  Au  mois  de  mai  1848  la  du- 
chesse d'Orléans  s'établit  k  Eisenacb,  et  fit 
de  fréquents  voyages  en  Angleterre ,  accompa- 
gnée de  ses  enfants.  Elle  vint  même  se  fixer  à 
Rlchmond  après  la  mort  de  Louis-Philippe. 
I^s  émotions  trop  vives  qu'elle  avait  éprou- 
vées depub  longtemps  usèrent  sa  vie,  tout  en 
lui  laissant  une  force  factice  qui  dissimulait  sa 

(1)  En  passant  ta  lirooilère,  la  dncbesae  d*Orléaas 
Pieureft  amèrement.  «  Je  pleure.  dlsatt-eOe,  de  doalear 
^  qaitirr  cette  France,  sur  qal  J'epprlle  toolcs  les  bé- 
oMictloRs  da  cirl.  En  quelque  Uen  que  Je  meore,  qu'tUa 
^che  bien  que  Ira  dcrnlen  battemeaU  de  mon  c«ar  ic* 
font  pour  elle.  » 


fin  procliaine.  Le  18  mai  1858  ellembunit  sans 
agonie,  après  une  légère  Indisposition  de  quel- 
ques jours.  Sans  nulle  ambition  personnelle,  la 
duchesse  d'Orléans  a  cependant  refusé  cons- 
tamment d'engager  l'avenir  de  ses  fils  en  re- 
connaissant les  droits  de  la  branche  aînée  des 
Bourbons  au  trône  de  France.  Son  testament 
est  dicté,  en  ce  qui  concerne  ses  enfants,  par 
une  visible  tendresse  maternelle.  Tous  ses  bi- 
joux et  obji*ts  précieux,  soit  par  leur  valeur,  soit 
comme  souvenir,  y  sont  partagés  entre  le  comte 
de  Paris  et  son  frère  avec  une  grande  impar- 
tialité. H.  L-T. 

Madame  ia  dmtMtêê  d'Orléam  g  Parts,  iiBS.  In-lS. 

OBLftARS  (Jean  n'),  peintre  français,  né 
vers  13S0,  mort  après  1408. 11  tirait  vraisembla- 
blement son  nom  de  la  ville  où  il  était  né.  On 
le  voit  dès  1371 ,  sous  Charles  V,  figurer  dans 
les  comptes  comme  peintre  et  valet  de  chambre 
du  roi.  Il  lui  fut  payé  alors  80  francs  pour  avoir 
peint  et  décoré  le  bers  ou  berceau,  qui  reçut  à 
sa  naissance  Jean  sans  Peur,  due  de  Bourgogne. 
Jean  d'Orléans  continua  son  office  sous  le  règne* 
de  Charles  VI.  En  1385»  lors  des  joules  de  Cam- 
brai, il  toucha  douze  livres  «  pour  avoir  peint 
et  contrefait  neuf  plumes  de  faisan  d'Inde  » , 
qui  furent  placées  sur  les  heaumes  du  roi  et  de 
Pierre  de  Navarre.  En  1393  il  peignit  une  iân- 
nonciaiion  pour  la  chambre  du  dauphin  Charles 
(mort  en  1401.)  En  1408  il  recevait  encore, 
avec  le  titre  de  peintre  du  roi,  ses  gages  ordi- 
naires, qui  s'élevaient  à  six  sous  parisis  par  jour. 
Il  avait  alors  son  fils  François  pour  associé  k 
ses  travaux  avec  future  succession.  Ce  dernier, 
valet  de  chambre  et  peintre  du  roi  Chartes  VI,  se 
retrouve  aussi  mentionné  dans  un  comple,  comme 
peintre  de  Louis,  daupliio,  duc  de  Guyenne  de 
1414  à  1415.  V. 

Mannicrtt*,  tapplément  français,  tl40.  foUo  616.  —  I .  de 
Laborde.  Durs  de  Bourgogne {  preuveg,  t  I,  p.  M9.  — 
A.  de  Montalgnon.  Jrektve»  de  tart  JramçmU^  itit. 
-  DœumenU,  f.  111.  p.  S4S-«U;-  Vallet  de  virlvUle, 
iMd,.  L  V,  lyget  17V  et  s. 

ORLiâAiis.  Voy.  AuHALB,  Bbaciolais,  Bbbkv, 
Charlottb- ELISABETH,  Chkm  (Morie  bb), 
JoiifviLLE ,  LoDis  xn,  Loois-PhilÎppb,  Longcb- 
viLLE,  LociSE,  Marie,  MoiiTPEiisiEa  et  Nemours. 

ORLÉANS.  Voyt  Dorléaus  et  La  Mottb. 

ORLBT  (Van),  famille  de  peintres  flamands, 
dont  les  principaux  sont  : 

Bernard  van  Orlev,  plus  connu  sous  le 
nom  de  Barend  van  Brussel  (Barent  de 
Bruxelles),  né  k  Bruxelles,  en  1490,  mort  vers 
IdOO.  11  reçut  les  premières  notions  de  la  pein- 
ture de  son  père,  assez  bon  peintre  de  genre, 
qui  envoya  son  fils  fort  jeune  en  Italie,  où  il 
fut  élève  de  Raphaël.  Ce  maître  illustre  exerça 
son  disciple  à  de  vastes  compositions,  où  il  per- 
fectionna son  talent  et  acquit  la  belle  ma- 
nière. De  retour  en  Brabant,  Bernard  van  Orjey 
s'attacha  k  peindre  de  grandes  chasses,  que 
Cbarles  V  aimait  beaucoup  et  payait  largement. 
11  fit  entre  antres  une  suite  de  vues  chÀies  do 


1B4S 


ORLEY  —  omjor 


84  < 


la  forêt  de  Sofgnfes,  où  le  monarqne  et  les  prin- 
cipaux seigifeurs  de  sa  cour  sont  représentés 
prenant  part  à  dirférents  épisodeis  <te  cliasse. 
C'est  d'après  ces  tableeux  et  quel(]iies  eartons 
du  môme  artiste  qu'ont  été  e^écutéos  les  belles 
collections  de  tapisseries  feites  pour  TeAipemir, 
les  princes  de  la  maison  d'Autriche  et  la  ddchesse 
de  Parme.  Vers  la  même  époque  Bernard  peignit 
à  AnTers  son  magnifique  Jugement  dernier,  si 
remarquable  par  les  beaux  «transparents  <yni 
éclairent  son  ciel.  Pour  les  obtenir,  il  fit  dorer 
son  panneau  «  et  c*est  de  ce  fonds  qu*il  a  su  tirer 
les  tons  chauds  et  brillants  que  Ton  admire  dane 
ce  chef-d'aurre.  Bernard  (H  depais  pour  le 
prince  de  ïïassan-Orauge  seize  cartons  coloriés 
qui  ont  été  exécotés  en  tapisserie  pour  le  ehàleao 
de  Bréda.  Chaque  carton  contenait  denx  per- 
sonnages à  ciie^l ,  un  catalier  et  une  dame  re- 
présentant tous  les  ancêtres  des  Nassau.  Les  cos- 
tumes en  étaient  fidèlement  reproduits  :  Tor, 
Targent,  la  soie  s'y  mêlaient  artistiquement  arec 
la  laine.  Le  dessin  était  d'une  grande  corteetion, 
et  les  attitudes  tontes  irariées  sans  eTTorL  Le 
prince  fit  copier  à  l*huile  ces  cartons  i>ar  Hans 
Jordaens.  Outre  ces  prodiiotions.on  cite  de  Ber- 
nard van  Orley  :  à  l'Académie  de  peinture  de  Ma- 
tines, Saint  Lfte  faisant  le  portrait  de  la 
tetinte  Vierge;  Michel  Coxcis  a  peint  les  Tolets 
qui  recourrent  œ  tableau.  A  Texposition  de 
Manchester  (18&7)  OB?ôyaft  aussi  8i\  tableaux 
de  ce  maître,  entre  autres  nn  petit  portrait 
de  femme;  La  Madone  avec  sainte  Cathe- 
rine et  sainte  Barbara  ;  Le  Saweur  appa- 
raissant à  ta  Madeleine;  vue  trè^bdile  Vierge 
h  mf*oorps  vmc  un  fond  de  paysage  et  des  figu- 
rines. On  ignore  Tépoqne  exacte  de  la  mort  de 
Bernard  yan  Orley;  sa  devise  éiait  :  Chacun 
son  temps.  Son  meilleur  élève  fut  Peter 
Kooc. 

Richard  vmOfiLtT,  né  à  Bruxelles,  en  1651, 
mort  dans  la  même  vitte»  le  26  juin  \TS2*  Il  était 
fils  et  élève  de  Pierre  van  Orfey,  resereur  des 
rentes  de  Bruxelles  et  paysagiste  méd?ocre,  qui  le 
confia  bientôt  à  son  frère  Réoollet  van  Oriey, 
qui  avait  mi  peu  plus  de  mérite,  mais  fws  assez 
fioar  gnider  Un  taleat  comme  celiii  de  son 
nevea.  Le  jeone  BTichard  surpassa  rapidement 
«es  deux  maîtres.  A  KAge  de  seize  ans ,  il  s'ap- 
pliqua k  la  miniature,  genre  fléduisantet  pro- 
ductif pour  ceux  qui  réussissent  à  bien  peindre 
le  portrait.  Henreus€ffnent  Richard  ne  se  laissa 
pas  entraîner  par  l'amour  du  gain;  il  se  perfte- 
tionna  dans  le  deasfai  et  produisit  bientôt  des 
compositions  pleines  d'esprit  et  de  talent.  Son 
dessin  est  correct.  A  juger  par  ses  œuvres  on 
est  tenté  de  croire  qu'il  a  passé  sa  vie  en  Italie. 
Tantôt  il  a  composé  dans  le  goût  de  l'Albane,  de 
Pierre  de  Cortone,  tantôt  dans  celui  du  Poussin. 
Ses  ibnds  sont  d'une  belle  architectore;  il  enten- 
dait très-bien  la  perspective  et  ses  plans  sont 
gradués  sans  confusion.  Quoiqu'il  consacrât  une 
partie  de  ses  loishv  à  fétnde  de  l'histoire  et  des 


t>eUes-lettres  et  que  ses  fondions  de  contrôleur 
des  fiaances  de  sa  ville  natale  lui  prissent  beau 
coup  de  temps,  il  était  tellement  lahorieira  *j^ 
le  nombre  de  tableaux  et  dessins  sortis  de  sa 
main  est  incroyable.  Parmi  les  derniers  on  re- 
marque un  volume  de.  quatre-vingt-six  «fessin^ 
à  la  plume  et  à  l'encre  de  Clmie  representast  d^ 
siijets  variés;  V Accroissement  de  Rome  en 
soixante-hiiitdefisiBS,  gravés  par  Bernanl  Picai4; 
Le  Pontificat  romain,  gravé  par  Berban; 
V Histoire  de  la  guerre  du  Juifs  de  Plavios 
Josèphe,  gravée  par  le  même  (Amitterdam,  I7l€. 
2  vol^  in  fol.),  etc.  Bichard  van  Orley  gravait 
aussi  fort  bien  à  Tean-forte  :  outre  beaucoup  àt 
norceaux  de  sacom|)osition,  entPautreis  les  doeie 
estampes  qui  oinent  le  Pastor  Fida  Ae  J.-B. 
Guarîni  (  Amsterdam,  EIzevier,  1678,  in-94),  «t 
Les  Amours  de  Vertumne  et  de  Pomane,  <n 
cite  de  lui  :  La  Chute  des  anges,  d'après  Robiem  ; 
Bacchus  ivre,  d'après  le  même;  Le  Mariage 
de  la  Vierge,  d'après  Luea  GiordanOyCtc,  etc. 
Richard  van  Orley,  mort  octogénaire,  hiyait  le 
monde  et  vécut  dans  le  célibat.  Il  fut  eatciie  ca 
grande  pompe  à  l'église  de  Samt-Gangere  de 
Bmxellos  daâs  la  tomlie  de  soo  ancêtre  Bernard, 
qui  précède. 

Jan  van  Orlet,  flrère  dn  précédent,  se  dMn- 
gua  aussi  dans  les  arts.  On  Toit  plusieurs  ta- 
bleaux de  lui  dans  les  égfises  de  Bmelles  <t 
une  Sainte  Pamille  h  Vienne.  H  était  tMRi  gra- 
veur, et  a  laissé  nne  suite  de  vingt-Iwit  tojrtf 
tirés  du  Nouveau  Testament.  Excellent  dessina- 
tsar,  il  .composa  plusieurs  sujets,  que  son  frèrr 
reproduisit  à  l'eauforte.  A.  ns  L. 

WeyenmD.  De  SeMlâerkmut  éer  lhé»Hamâtn,  t.  \\\ 
et  IV.  -.  nikln{;ton,  DietlivMn  of  paMtmru  —  Smm:. 
IMrfionnalfic  dM  qrateurt.  —  Oeaaiaips,  i«  Fiaérs 

peintre»  flamands,  etc.,  L  I,  p.  9t,  U;  1 11.  p.  3se-9C7  > 
W.  Burger,  BrfUbUiûA  âr  tréstjrs  d'art  à  Manchet^. 
dani  U  Siècle  Su  «S  Jukllel  tsrr. 

ORLOF,  nom  d'Une  famille  russe  qvi  a  m  le 
plus  grand  retentissement  dans  toute  la  seronde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  par  sa  fortune  ra- 
pide. AiijonrdHiuijil  n^existe  plus  de  cette  hmff^ 
de  rejetons  mâles,  si  ce  n'est  dans  une  ligne  indi- 
recte. «  A  l'époqae  de  l'exécotiondesstrétitr,  sous 
Pierre  1^,  dit  le  prince  Dulgorookow,  un  jeune 
strelitz,  nommé  ff  an  et  somonmié  Orell  (l'aigle), 
appelé  à  poser  sa  tête  sur  le  billot ,  et  trouvant 
8Uf  son  chemin  la  fête  d'un  camarade... ,  la  re- 
jeta du  pied,  en  dHant  :  «  Il  font  pouriaat  que 
je  me  fasse  place  W!  »  Pierre  !•*,  qui  $e  troo- 
vait  Ik,  frappé  du  calme  de  ce  jeune  hcmme, 
lui  acconla  sa  grâce,  et  le  plaça  comme  srMat 
dans  un  régiment  de  ligne.  Le  crmragem 
strelitz  conquît  par  sa  valeur  le  grade  d*oftiei«'. 
et  par  conséquent  le  titre  de  gentîlhomnie.  > 
Telle  ftil,  en  1698,  h  premFère  apparîtton  Hans 
l'histoire  de  celte  femille,  destinée  à  y  jo«rr  un 
si  grand  rôle  et  qui  prit  alors  le  nom  d*Oriof 
Le  fils  dtan,  Gsécotrg,  s'éleva  an  grade  de  ^ 
néral ,  et  le  gouvernement  de  Nov^rod  loi  fot 
confié.  Il  fut  père  de  cinq  fils ,  célèt)res  à  des 


Ub 


ORLOr 


84C 


titres  différents.  Cependant  la  fortune  d'aoeun 
dVu\  ne  &it  plus  brillante  que  celle  dn  second, 
nommé  GrÉgouk  comme  son  père.  Peu  s*€n 
fallut  qu'il  ne  s'assit  sar  le  trône  de  Russie  à 
côté  de  Catherine  II. 

Né  en  1734,  Grigor-Griçoriév'tich  Orlop 
(c'est  U  forme  russe  du  nom),  en  sortant  dn 
corps  des  cadets,  entra  lieutenant  dans  la  ^arde, 
d'oii  il  passa  dans  rartillerie,  et  devint  aide  de 
camp  de  Cfaouvalof.  Uneintri^e  amoureuse  qui 
fit  l»eauoottp  de  bruit  attira  sur  loi  l'attention  de 
Cathi'rine.  Frappée  de  sa  tK>nne  mine ,  de  sa  toi- 
kttp  élégante  et  de  son  air  martial ,  non-seule- 
ment elle  le  préserva  de  la  vengeance  de  Chou- 
valof,  mais  elle  l'admit  dans  son  intimité.  Xa 
position  de  Catherine  à  l'égard  de  son  époux 
Pierre  III  était  déjà  intolérable.  Elleeoosolta  son 
favori  <^ur  les  moyens  de  s'en  affranchir,  et  la 
révolution  qui  précipita  du  trône  ce  malheureux 
prince  fut  décidée.  Aidé  par  ses  frères ,  Orlof 
réussit  k  placer  la  couronne  sur  la  tête  de  Ca- 
tlierioe,  service  qui  lui  valut  les  premières  di- 
gnités de  l'eiripire  ainsi  que  le  titre  de  comte, 
conféré  aux  cinq  frères,  le  22  septembre  17629  ^t 
auquel  celui  de  prince  du  Saint-Empire  vint  se 
joiiMlre  fMMir  lui  seul  dix  ans  après.  Comblé  de 
ricliesses  et  de  dignités  «  consulté  dans  toutes 
les  circonstances  importantes  par  l*impératrice| 
qui  ne  se  dirigeait  que  par  ses  conseils,  il  ambi- 
tionnait  un  titre  plus  élevé;  mais  l'opposition 
de  Tchernychef,  àe  Rasoumofski,  de  Vorontzof, 
de  Panine,  et  plus  encore  pentétrc  certaioes 
susceptibilités  de  Catherine,  firent  échouer  toutes 
ses  tentatives.  Obligé  île  renoncer  à  cette  per- 
spective, il  voulut  se  créer  un  rojaiime  suc  les 
bords  de  la  mer  Caspienne ,  puis  reconstituer  à 
son  profit  la  Grèce  en  état  iufl^'pendant,  et  à  cet 
effet  il  tourna  C4)otre  la  Turquie  tous  les  eJTorts 
de  la  politique  russe.  Mais  la  légèreté  de  sa  ton- 
duite,  ses  propos  plus  qu'indiscrets,  son  incons: 
tance,  affoiblirent  l'attacliement  de  Catlieriae, 
qui  ne  songea  plus  dès  lors  qu'à  trouver  un 
prétexte  pour  l'éloigner.  La  peste  qui  ravagea 
Moscou  en  1771  lui  fournit  l'occasion  qu'elle 
attendait.  £lle  chargea  Orlof  de  se  rendre  dana 
cette  ville  et  de  prendre  toutes  les  mesures  né- 
cessaires pour  arrêter  le  fléau.  Orlof  s'acquitta 
de  cette  tache  «vec  auUnt  d'habileté  et  de  pnr- 
dence  que  de  couraga  et  de  dévouement.  A  seo 
retour  à  Saint-Pétersbourg,  il  reçut  l'accueil  le 
plus  tlatteufi  il  rétablit  son  ascendant  sur  l'im- 
pératrice et  se  livrait  de  nouveau  aux  ^lus  té- 
méraires espérances.  Mais  son  envoi  en  Valacbie 
(1772),  comme  négoeiateur  de  la  paix  avec  les 
"^urcs,  h\i  l'effet  d'une  nowelle  disgrâce.  Pen- 
^ttt  son  absence,  Catherine  çliolsit  un  autre 
favori,  et  Ortof,  en  route  pour  Saint-Pétersbourg, 
tprès  avoir  rempli  son  importante  mission,  reçut 
tordre  de  se  retirer  dans  son  chAteau  de  Gat- 
china.  Il  se  dédda  à  obéir,  et  l'impératrice,  pour 
Pf»5t  de  sa  soumission,  hii  conféra  le  titre 
<l«  prince,  augmente  considérablement  ses  de* 


maines ,  et  lui  rendit  même  ses  bonnes  (grâces 
avant  la  fin  de  l'année.  Cependant,  de  nouvelles 
difficttlt*^  s'étant  élevées,  Orlof  fut  envoyé  à 
Revel,  où  il  ne  terda  pas  à  s'ennuyer.  11  se  mit 
alors  à  voyager,  parcoonit  rXllcmagne  et  la 
France  ;  mais ,  toujours  inquiet ,  toujours  a^tté, 
il  ne  put  rester  longtemps  éloigné  <!('  la  rési- 
dence impériale.  Lorsqu'il  y  revint ,  il  fut  ac- 
cueilli avec  une  joie  apparente;  mars  lo  séjour  ne 
lui  en  devint  pas  moms  lùentAt  insupportable.  11 
prit  le  parti  de  se  remettre  en  voyage ,  emme- 
nant avec  lui  une  jeune  épouse  qn'ii  perdit  bien- 
tôt après  à  Lausanne  (1).  Le  chagrin  que  hil 
causa  sa  mort ,  joint  à  la  jalousie  qu'excita  en 
hii  la  fafveur  de  Potemkin ,  accrut  eneore  son 
agitation  mentale,  et  il  monrat  k  Moscou,  oft  il 
était  de  retour  depuis  nn  an ,  en  1783. 

Son  frère  puîné,  Alexis  Orlof,  qui  était  entré 
avec  lui  dans  le  corps  des  cadets  et  en  était  sorti 
sous-officier  d'en  réghnent  de  la  garde,  se  dis- 
tingua plus  que  tous  ses  frères ,  lors  de  la  révo- 
lution de  t762,  par  son  esprit  entreprenant  et 
son  andaoe.  Il  fut  le  premier  à  proclamer  Ca- 
tlierine  impératrice,  et  le  souverain  détrôné  ayant 
été  confié  à  sa  garde,  on  assure  qu'il  fut  l'au^ 
tenr  de  sa  mort.  Catherine  ne  parait  pas  avoir 
eu  connaissance  de  ce  crime  avant  sa  perpétra- 
tion; mais  elle  devait  tout  aux  Orh>f,  et  Alexis, 
comme  son  frère  Grégoire,  parcourut  rapide- 
ment une  carrière  brillante.  Il  arriva  en  peu  de 
temps  aux  premières  tlignités  militaires;  mais 
comme  il  ne  possé<lait  ni  les  connaissances  ni 
l'expérience  nécessaires  pour  diriger  un  corps 
d'armée,  Catherine  le  nomma  amiral  de  la  flotte 
qu'elle  envoya  en  i  ^68  combattre  les  Turcs  dans 
l'Archipel.  Oriof  n'avait  jamais  non  phis  com- 
mandé une  chaloupe  ;  cependant  it  eut  le  bon  esprit 
de  se  montrer  docile  aux  conseils  d'un  officier  an- 
glait,  nommé  John  Elphinstone  (vop,  ce  nom),  et 
son  expédition,  à  laquelle  prit  part  son  frère  Fœ- 
dor,  réussit  audelè  de  tonte  attente.  II  acquit  sur- 
tout beaaooupde  gloire  par  rincendie  de  la  flotte 
turque  dans  leport  de  Tchesmé,  le  7  juillet  1770. 
Lorsque  son  frère  atné  tomba  en  disgrâce,  l'im- 
pératrice, qui  connaissait  l'esprit  entreprenant 
d'Alexis ,  hii  fit  délendre ,  teot  en  lui  accordant 
les  distinctions  les  phis  flatteuses,  et  entre  autres 
le  surnom  de  Tchtsmenshii ,  de  qiiiiter  l'Archi- 
pel sans  sa  permission  expresse.  Orlof  n'obéit 
qu'à  moitié;  car  il  se  rendit  k  Livoume,  où  un 
perfide  abus  de  confiance  mit  en  son  pouvoir 
une  fille  de  l'impératrice  Elisabeth  (princesse 
Tarakanof ) ,  qui  fut  emmenée  en  Russie  et  en-* 
fermée  dans  une  prison  od  elle  termina  ses  jours. 
Cette  trahison  consommée,  Alexis  Orlof  remit  à 
la  voile,  en  1771,  avec  l'intention  de  forcer  les 
Dardanelles;  mais  son  expédition  échoua.  La 
campagne  de  1773  eot  encore  moins  d'importance. 

(t^ne  ce  irarlage  aree  m  jemie  ptmtc,  Gréffoire  OttoT 
n'eul  pas  dV nfants.  Dès  Taonée  I7«t,  il  avait  dénué  le 
Jour  à  un  flisqui,  nommé  d'abord  Aomanof  par  sa  mère, 
fcçttl  de  rempcreuf  Paul  le  nn^  de  comte  Bobrlnskl. 


SI7 


ORLOF  —  ORME 


S48 


Cependant  lorsque,  après  la  conclusion  de  la  paix, 
le  comte  revint  à  Saint- Péterst>ourg,  il  fut  acca- 
blé de  richesses  et  d'honneurs.  Il  en  jouit  jusqu'à 
Tavénement  de  Tempereur  Paul.  Depuis  1791 
il  Tivait  retiré  à  Moscou,  lorsque  ce  fils  de 
Pierre  III,  à  peine  monté  sur  le  trône,  le  man<la 
dans  sa  résidence  avec  Baratinsky,  un  de  ses 
auxiliaires ,  et  les  força  Tun  et  Tautre  à  porter 
les  coins  du  poêle  recouvrant  le  corps  du  mal- 
heureux souverain  auquel  on  rendit  tardivement 
les  honneurs  de  la  sépulture  impériale.  Rentré 
chez  lui ,  Orlof  trouva  un  ordre  qui  lui  interdi- 
sait le  séjour  de  Saint-Pétersbourg.  Il  obtint, 
non  sans  peine,  la  permission  de  voyager,  et  se 
rendit  en  Allemagne,  d'où  il  retourna  en  Russie 
après  la  mort  de  l'empereur  Paul.  11  termina  ses 
jours  à  Moscou,  en  1808,  laissant  son  tilre  de 
Tchesroenskii  à  sa  fille  unique,  la  comtesse  Anna 
Alexéîevna,  héritière  de  Tune  des  fortunes  les 
plus  considérables  de  Russie,  et  qui  ne  s'est  point 
mariée. 

Alexis  Orlof  avait  été  accompagné  dans  son 
expédition  de  l'Archipel  de  son  frère  Fœdor 
Orlof,  qui,  sans  se  distinguer  comme  lui 
par  une  taille  herculéenne  et  une  audace  ex- 
trême, lui  était  supérieur  par  les  connais- 
sances et  l'éducation.  La  révolution  de  1762  l'a- 
vait porté  au  grade  de  capitaine  d'un  régiment 
de  la  garde;  la  campagne  de  Morée  Téleva  à 
celui  de  lieutenant  général ,  malgré  le  peu  de 
succès  qu'elle  avait  eu.  Chargé  du  commande- 
ment des  troupes  débarquées  dans  la  pres- 
qu'île, il  avait  obtenu  d'abord  quelques  avan- 
tages; mais  arrêté  par  les  forteresses  de  Coron, 
de  Modon,  de  Tripolitza,  et  défait  en  plusieurs 
rencontres,  il  avait  été  obligé  de  remonter  sur 
les  vaisseaux  russes,  en  abandonnant  les  Grecs 
insurgés  aux  terribles  vengeances  des  Turcs.  Il 
laissa  plusieurs  enfants  naturels,  sur  lesquels  nous 
reviendrons  plus  bas. 

L'ainé  des  cinq  fils  du  général  Grégoire  Orlof, 
Ivarif  était  d'un  caractère  tout  opposé  à  celui  de 
ses  frères,  qui  l'appelaient  par  raillerie  le  phi' 
losophe,  surnom  qui  lui  est  resté.  Il  fût  nommé 
sénateur  à  l'avènement  de  Catherine  au  trône. 
Le  plus  jeune  enfin,  nommé  Vladimir^  fit  ses 
études  à  Leipzig,  obtint  le  grade  de  lieutenant- 
ooloncl  dans  la  garde,  et  devint,  en  1766,  prési- 
dent de  l'Académie  des  Sciences  de  Saint-Péters- 
bourg. Sa  fille  Catherine  passa  pour  une  sainte,  et 
Catherine  II  filMtir  une  église  en  son  honneur  h 
Moscou.  Il  laissa  aussi  un  fils,  à  qui  les  lettres  et 
ks  arts  firent  une  réputation  honorable. 

Ce  fils,  le  comte  Grégoire-VladimiroviichOBr 
U)F,  naquit  à  Samt-Pétersbourg,  en  1777,  et  mou- 
rut dans  cette  ville,  le  4  juillet  1826.  Il  remplit 
diverses  fonctions,  et  devint  conseiller  privé, 
sénateur,  etc.  Membre  de  différentes  sociétés  sa- 
Tantes,  non-seulement  de  sa  patrie,  mais  de  l'é- 
tranger, il  cultiva  avec  ardeur  les  beaux-arts  pen- 
dant le  séjour  que  la  faiblesse  de  sa  santé  l'obligea 
à  faire  en  France  et  en  Italie,  et  ne  retourna  en 


I  Russie  que  peu  de  temps  avant  sa  mort,  qui  arriva 
aubitement.  Aidé  de  divers  oollaborateors,  oe 
!  comte  Orlof  a  publié  des  Mémoires  hUtoriquei, 
I  politiques  et  littéraires  sur  le  royaunu  de 
I  NapleSf  avec  des  notes  et  des  additions  de 
I  M.  Amaury  Du  val  (2"  éd,,  Paris,  1826,  5  vol. 
in-8«),  ouvrage  important  pour  Tbistoire  dentafie 
méridionale  ;  —  un  Essai  sur  V histoire  de  ta  nui- 
sique  en  Halie  (Paris,  1 821, 2  vol.  ia-8*)  ;  —  un 
Essai  sur  Vhistoire  de  la  peinture  en  Italie 
(Paris,  1823,  2  vol.  in-8*;,  Tun  et  l'autre  asses 
médiocres;  —  un  Voyage  dans  une  partie  de 
la  France  (Paria,  1834, 3  vol.  in-8**),  où  il  se 
montre  observateur  intelligent  et  instruit  ;  des 
Fables  russes^  traduites  de  Krylof,  en  français 
et  en  italien  (  Paris,  1825, 2  Toi.  in-8**  ). 

Des  quatre  fils  naturels  du  comte  Foedor  Gri- 
goriéTitch  Orlof  nous  citerons  :  le  gén^fal 
major  Michel-Fœdorovitch  ^  qui  fut  lia  des 
signataires  de  la  capitulation  de  Paris,  ea  1814. 
Grand  partisan  du  gouvernement  coostitotion- 
nel,  il  engagea  plusieurs  fois,  dit-on,  rcmperenr 
Alexandre  à  octroyer  une  charte  à  ses  sujets; 
mais  son  insistance  finit  par  lui  attirer  une  es- 
pèce de  disgrâce.  Envoyé  à  l'armée,  il  s'efforça 
d'y  propager  ses  opinions  et  fut  compromis  dans 
les  troubles  de  1825.  Appelé  à  Saint- Péterstxtors 
pour  rendre  compte  de  sa  conduite ,  il  persisti 
dans  ses  sentiments ,  au  risque  d'exciter  le  mé- 
contentement de  son  «ouverain,  qui  se  oooteota 
de  l'exiler  dans  ses  terres,  avec  défense  de  pa- 
raître ni  à  Saint-Wlen^bourg  ni  à  Mosohl 
2*  Le  général  AlexiS'Fadorovitch  Orlot,  aé 
le  8  octobre  1788 ,  «  l'un  des  hommes  les  piu 
honorables  de  la  Russie,  «  dit  le  prince  Dol* 
goroukow,  fut  créé  comte  le  25  décembre  181S, 
à  l'ayénement  die  l'empereur  Nicolas.  Ltenteoaot 
général,  adjudant-général  de  l'empereur,  joais- 
sant  de  sa  confiance,  et  membre  du  conseil  de 
l'empire,  ce  fut  lui  qui  rétablit  les  relatioM  di- 
plomatiques entre  son  souverain  et  la  Porte  Otto- 
mane et  qui  présida  à  l'envoi  à  Constantinopie, 
et  au  départ  de  l'escadre  que  l'appel  de  Mah- 
moud Il  y  fit  paraître  comme  par  encbanteroent 
en  1833.  Le  fanerai  OrlofT  fut  le  premier  pléoi- 
potentiaiie  russe  au  congi-ès  de  Paris  (I85S),  et 
devint  l'année  suivante  président  du  eonsël  de 
l'empire*  Il  mourut  à  Saint-Pétersbouiig,  le 
20  mai  1861.  [M.  ScHmTZLEA,  dans  VBne^* 
des  G.  du  M.]. 

Prince  p.  Dolgorookow,  HtograpMs  de»  prbtetpt^ 
famillei  rvtseê.  -  Freedenrelcb,  la  FamdU  d^OtW.  - 
Dict.  biographique  ruue, 

m 

ORME  (  Robert  )t  historien  anglais,  né  le  25 
décembre  1728,  à  Anjengo,  sur  la  c6te  du  Mala- 
bar, mort  le  14  janvier  1801 ,  à  Ealing  (.Middle* 
sex).  11  était  fils  d'un  chirurgien.  Après  avoir  été 
élevé  à  l'école  d'Harrow,  il  fut  attaché  en  1742 
à  la  Compagnie  des  Indes,  y  remplit  les  foncUoni 
de  comptable  général,  et  eut  une  part  importante 
à  toutes  les  mesures  administratives  qui  assa- 
rèrent  aux  Anglais  la  ranqoête  de  ce  pays.  Ea 


849 


ORME  —  ORMESSON 


^50 


I7ô9,  ayant  fait  fortane,  il  repassa  en  Angle- 
terre. La  cour  des  directeurs  le  nomma  histo- 
riographe de  la  compagnie.  Le  principal  ouvrage 
d'Orme,  et  celai  pour  lequel  il  avait  amassé  des 
matériaax  précieux ,  est  intitulé  The  Bis  tory 
of  ihe  miliiary  irantactions  of  the  British 
nation  in  Indostan  from  1745  fo  17C3  (  Lon- 
dres,  1763-1776,  a  Tol.  mrk?^  avec  cartes  et 
plans),  et  a  été  traduit  en  français  (1765,  2  vol., 
et  1791,  3  vol.  )  et  en  alleroaod.  On  a  encore  de 
lui  :  Historical  fragments  qf  the  Mogul  em- 
pire of  the  Marattoe^  ;  Londres ,  i782,  in-S**, 
réimpr.  in-4o.  K. 

JslatiemnmuUregister,  IV.  '^CentUman't  MaçaUne, 
LXXllI. 

ORME  A  {Charles-Françoiî-Fincent    FfiR- 
REKO,  marquis  d*),  homme  d'État  piémontats, 
né  à  Hondovi,  mort  à  Turin,  le  29  mai  1745. 
D*une  famille  assez  obscure,  il  était  juge  à  Car- 
magnole, lorsque  Victor  Amédée  II  eut  occasion 
de  le  connaître.  Il  ne  tarda  pas  k  relever  aux 
fonctions  de  surintendant  des  finances,  puis  à 
celles  de  ministre  de  l'intérieur.  Les  réformes 
quMl  entreprit  indisposèrent  contre  lui  la  no- 
blesse; mais  les  murmures  des  grands  seigneurs 
ne  reffrayèrent  pas  et  ne  l'empêchèrent  point  de 
poursuivre  ses  desseins.  Réunissant  à  un  génie 
prompt  et  hardi,  toujours  fécond  en  ressources, 
des  talents  peu  ordinaires,  il  en  donna  la  preuve 
dans  deux  légations  à  Rome  et  dans  la  conclu- 
sion d*un  concordat  qui  mit  fin  aux  longues  dis- 
cussions de  la  cour  de  Turin  avee  le  saint-siége 
(20  février  1728).  Conservé  ministre  sous  Char- 
les-Emmanuel m,  à  qui  Victor- Amédée  l'avait 
recommandé  en  abdiquant,  le  marquis  d'Ormea 
sentit  croître  chaque  jour  son  crédit  ;  mais,  poor 
ne  pas  avoir  plus  longtemps  à  ménager  deux 
maîtres,  il  fit  éclater  bientôt  une  rupture  entre 
les  deux  rois.  La  chose  n'était  pas  difficile,  avec 
l'impatience  de  Victor-Amédée,  accoutumé  à 
traiter  rudement  son  fils.  Quelques  roots  échap- 
pés au  vieux  roi  firent  soupçonner  au  marquis 
qu'il  avait  dessein  de  reprendre  le  sceptre  dont 
le  jeune  roi  ne  pouvait  se  résoudre  à  se  dessaisir. 
Il  arracha  à  ce  dernier  l'ordre  d'arrestation  de 
Victor-Amédée,  et  ne  perdit  pas  un  instant  pour 
mettre  à  exécution  cettç  mesure,  qui  épargnait 
au  Piémont  bien  des  secousses  politiques.  Lui- 
même,  dans  la  nuit  du  27  au  28  septembre  1730, 
présida,  dans  le  château  de  Moncalier,  à  l'arresta- 
tion de  ce  prince  et  de  la  marquise  de  Spino,  que 
celui-ci  avait  épousée  morganatiquemcnt ,  et  les 
conduisit  au  château  de  Rivoli.  I>ès  ce  moment 
le  marquis  devint  après  le  roi  le  premier  per- 
sonnage de  l'État.  Charles-Emmanuel ,  sans  lui 
enlever  le  ministère  de  l'intérieun  lui  donna,  en 
1732,  celui  des  affaires  étrangères,  le  décora  de 
Tordre  de  l'Annonciade,  et  en  1742  le  créa  grand 
chancelier  de  robe  et  d'épée.   D'Orraea  avait 
(5  juin  1741)  conclu  avec  Benoit  XIV  un  nou- 
veau concordat,  qui  étendait  à  perpétuité  en  fa- 
veur de  la  maison  de  Savoie  le  droit  de  nomi- 


nation aux  bénéfices  consistoriaux  dans  plusieurs 
provinces,  et  concédait  au  roi  de  Sardaigne  le 
titre  de  vicaire  perpétuel  du  saint-siége  dans  le 
Verceillais.  Le  1*'  février  1742,  il  signa  avec 
Marie-Thérèse,  reine  de  Hongrie,  un  traité  pro- 
visionnel pour  la  défense  du  Milanais  contre  les 
Espagnols.  Son  génie  pénétrant  lui  faisait  pré- 
voir que  les  princes  d'Allemagne  ne  tarderaient 
pas  à  se  déclarer  contre  les  Bourbons,  que  le  roi 
de  Prusse  adopterait  les  mêmes  principes  et  que 
l'Angleterre,  si  fort  intéressée  à  ne  pas  laisser 
prendre  trop  d'accroissements  à  la  France,  con- 
courrait aux  efforts  des  antres  puissances  pour 
la  restreindre  dans  de  certaines  limites.  Le  mar- 
quis d'Ormea ,  qui  avait  assisté  à  côté  du  roi  à 
la  bataille  de  Guastalia,  prit  part  aux  opérations 
de  la  campagne  contre  les  Français.  Ceux-ci 
avaient  ouvert  la  tranchée  devant  Coni  (13  sep- 
tembre 1744)  et  poussaient  vigoureusement  lésine 
de  cette  place,  qui  aurait  succombé  peut-être  sans 
la  détermination  prise  par  Charles- Emmanuel  de 
livrer  bataille  aux  assiégeants,  quoique  avec  des 
forces  inférieures.  Le  ministre  prouva  dans  un 
mémoire  rempli  d'arguments  solides  que  dans  la 
circonstance  il  fallait  courir  le  risque  d'une  ba- 
taille. Le  roi  de  Sardaigne  la  livra  en  effet,  et  fut 
battu  k  la  Madona  del'  Olmo  (29  septembre); 
mais  pendant  la  bataille  le  marquis  présida  en 
personne  à  l'introduction  d'un  convoi  de  vivres 
et  d'un  renfort  de  troupes  dans  Coni,  et  à  l'éva- 
cuation de  ses  hôpitaux,  ce  qui  procura  la  levée 
du  siège  (22  octobre  1744).  Il  mourut  l'année 
suivante, avec  le  regret  de  ne  pouvoir  conjurer 
les  revers  qui  accablaient  le  Piémont. 

H.  FiSQUET. 

Coita  d«  Bcaoregard,  Mémotrei  hlstor.  utr  la  vuriMm 
roff.  de  Savoie,  t.  111.  -  Cazette  de  Fr.,  1741-174S.  - 
Voltaire,  SUclê  de  Louis  Xr,  cb.  III. 

OBMESSOX,  nom  d'une  famille  distinguée 
dans  la  magistrature  parisienne  et  dans  l'admi- 
nistration; ses  principaux  membres  furent: 

0RMBSS09I  d'bauboune  (Olivier  J^Le 
FÈVRE  d'),  né  en  1525,  mort  le  26  mai  1600.  Il 
était  fils  d'un  commis  au  greffe  nommé  Jean 
LeFèvre.  Il  s'éleva  dans  la  magistrature,  fut  ap- 
pelé au  conseil  de  Charles  IX  par  le  chancelier 
L'HOpital,  et  devint  quelques  années  après  tré- 
sorier général  des  finances  de  Picardie.  Il 
quitta  cette  place  en  1577  pour  la  charge  de 
président  à  la  chambre  des  comptes.  Il  fut 
un  des  premiers  magistrats  de  cette  cour.  C'est 
lui  qui  commença  la  fortune  et  Tillustration  de 
sa  famille,  qui  reconnut  Henri  IV.  Il  avait 
épousé,  le  18  juillet  1559,  Anne  d'Alesso  (morte 
les  novembre  1600),  petite-nièce  de  saint  Fran- 
çois de  Paule.  Depuis  lors  les  d'Oimesson  proté- 
gèrent l'ordre  des  Minimes  et  prirent  la  couleur 
brune  pour  livrée. 

ORMESSON  (  O/fvier  //),  fils  atné  du  précé- 
dent. Tut  comme  son  père  président  des  comptes. 

OKHBsson  (André  1*^  Le Fàvas  o'),  frèredu 
précédent  et  second  fils  d'Olivier  1*^,  né  en  1576, 


851 


ORMESSON 


8^;: 


moii  en  1665,  fat  successivement  conseiller  au 
parlement  de  Paris  ei  conseiller  d'État.  Ses  ta- 
lents et  sa  probité  Ini  araieut  attiré  Testimc  gé- 
névale. 

ORMESSOK  (  Olivier  III  Le  Fèvre  d'),  fils 
du  («recèdent,  mort  le  4  novembre  1686.  Il  fut 
regardé  comme  un  des  mrgistrats  les  plus  intè- 
gres de  la  cour  de  Louis  XIV.  «  Il  résista  avec 
fermeté,  dit  te  président  Hénault,  aux  ministres 
qui  Toulolent  faire  périr  le  surintendant  Fou- 
quet ,  dont  il  étoit  chargé  de  rapporter  le  pro- 
cès »  Ni  les  menaces  ni  les  promesses  de  la 
place  de  chancelier  ne  purent  lui  faire  suivre 
d'autre  avis  que  celui  que  sa  conscience  lui  die 
fait.  Louis  XIV  n^ooblia  jamais  cette  belle  action, 
et  quand  on  lui  présenta  son  petit-fils,  il  lui  dit  : 
«  .Te  vous  exhorte  è  être  aussi  honnête  homme 
que  le  rapporteur  de  M-  Fouquet.  »  Olivier  U 
fût  un  des  rédacteurs  des  fameuses  ordonnances 
de  1666  et  années  suivantes.  Il  mourut  conseiller 
d'État. 

ORMESSON  {André  II  Le  Fèyrb  d'),  fils  du 
précédent,  né  en  1644,  mort  en  16B4.  U  eut 
pour  précepteur  le  célèbre  abbé  Fleury.  Il  fat 
successivement  avocat  du  roi  au  Châtelet,  con- 
seiller au  grand  conseil ,  maître  des  requêtes,  et 
mourut  intendant  de  Lyon. 

ORMESSON  (  Henri' François  de  Paule  Le 
FèvBE  d'),  fils  du  précédent,  né  en  1681,  mort 
en  1756.  Maître  des  requêtes,  il  fit  partie  du  con- 
seil des  finances  établi  sous  la  régence ,  et  fut 
nommé  plénipotentiaire  du  roi  potir  régler  les 
limites  de  la  Lorraine.  II  devint  ensuite  conseil- 
ler d'État,  intendant  des  finances,  et  l'un  descon- 
seil1er>(  du  conseil  royal  des  finances. 

ORMBSSON  (  Marie- François  de  Paule  Le 
FÈVRE,  marquis  d*),  fils  du  préci^dent,  né  le  18  oc- 
tobre 1710,  mort  en  1774.  Successivement  con- 
seiller au  parlement  (1731),  maître  des  requêtes 
(  1733  ),  présidebt  au  grand  conseil  (  1738  ),  oon- 
seiilor  d'Etat  (1744),  il  occupa,  à  la  mort  de  son 
père,  la  charge  d'intendant  des  finances  et  obtint 
en  1758  le  titre  de  marquis. 

ORMESSON  (Louis-FrançoU-de-Paule  Le 
FàvRB  n'),  frère  du  précédent,  né  le  27  juillet 
1718,  mort  le  26  janvier  1789.  à  Paris.  U  fut 
élevé  sous  les  yeux  du  ciiancelier  d'Agnesseau , 
son  oncle  maternel .  D'abord  avocat  du  roi  au 
Cb41elet  (1739),  ii  devint  en  1741  avocat  gfénéral 
au  grand  conseil  (mars),  puis  au  parlement 
(décembre),  et  succéda  à  M.  de  Ctiauvelin  dans 
la  place  de  président  à  mortier  (  1755).  Aussi 
intègre  que  laborieux  et  éclairé,  il  ae  ftorU sou- 
vent médiateur  entre  la  cour  et  le  parlement  : 
ainsi  ce  fut  à  ses  négociations  que  cette  compa- 
gnie dot  deux  fois  sa  rentrée  dans  Paris;  il  n'en 
soutint  pas  moins  avec  fermeté  ses  prérogatives, 
et  s'associa  au  système  de  résistance  qu'eUe  avait 
adopté.  Louis  XV  avait  pour  lai  la  plus  grande 
estime  (1).  Louis  XVI,  à  qui  il  donna  le  conseil  de 

(I)  Vm  wal  fait  •■fllre  pour  faire  apprécier  le  earae- 
tère  de  ce  maRlslnit.  Un  Jour  Louii  XV  lui  écrlirli  pour 


ne  point  convoquer  les  états  généraux,  le  noauna 
premier  président  (12  novembre  1786),  h)rs  de 
la  retraite  de  M.  d'Aligre.  Ce  magistrat  était 
membre  honoraire  de  l'Académie  dca  inacriih 
tions.  P.  L. 

G iaberi^  ÉJoge  hist.  de  L-F.  d^Ormestami  Paris.  ITS. 
In-B*.  —  niiheniult,  Éloge  funèbre  du  prêt.  «TOraM»- 
««n;  Paris  llt9,lii-S*  (en  IsUo;.  —  Salllcr,  jgmmaia 
françaises, 

osHB$soN  (Henri-François  de  Paule  li 
Fèvred'),  fils  du  précédent,  né  le 6  mai  loi, 
mort  en  1607,  à  Paris.  Il  fut  d'abord  conseiller  H 
intendant  des  finances.  Cbargé,  après  la  mort  et 
son  père,  de  l'administration  de  la  maison  de  Saint- 
Cyr,  il  était  obligé  de  travailler  avec  Loiiis  XVI, 
qui  conçut  pour  lui  une  estime  partiooUère.  Ap- 
pelé en  1783  an  contrôle  général  des  finaaon, 
il  témoigna  en  vain  la  défiance  que  lui  iB<»pîrat 
son  4ge.  «  Je  suis  pWis  jeune  que  vous,  répliqoa 
le  roi,  et  j'occupe  une  plus  grande  place  que  oeMe 
je  vous  donne.  »  Étranger  à  toutes  les  eomai»- 
sances  qu'exigeait  im  poste  si  périlleax,  il 
opéra  dans  l*admiDistrattoa  de^  ctnageroemts  qoi 
jetèrent  une  grave  atteinte  au  crédit  public  •  Il 
avait  la  tête  étroite,  dit  Montjos,  et  il  voyait  les 
affaires  sous  les  plus  petits  rapporta.  >  Un  de 
ses  premiers  actes  fut  son  refus  de  payer  les 
dettes  des  frères  du  roi  avec  les  deniers  de  l'État; 
mais  ensuite  U  perdit  la  tète  au  nulieu  do  détaS 
infini  qui  accablait  son  inexpérience.  «  Ses  der- 
niers actes,  rapporte  M.  Renée,  furent  marqaés 
d'un  caractère  de  témérité  qui  approdiait  de  h 
démence.  Il  obligea  la  caisse  d'esoonpie  è  verser 
six  millions  au  trésor,  et  il  rautorisaè  suspendre 
le  payement  en  aq^ent  des  billets  aa-dcsnis  de 
300  livres.  Il  donna  pour  pendant  à  celle  mesure 
hb  autre  arrêt  aussi  iinpiî^vo^aassi  impradeat: 
il  cassa  le  bail  des  fermes  en  vue  de  l'étabfisie- 
nsest  d'une  régie,  ce  qui  souleva  contra  loi  m^ 
de  ces  oppoeitioos  que  les  grandes  fontes  exci- 
tent de  méroe  que  les  grands  taknta.  »  Ren- 
placé  au  bout  de  quelques  mois  par  M.  de  Oi- 
lonne,  il  laissa  le  déficit  plus  considérabie  qiH 
n'avait  jamais  élé.  An  début  de  la  révolatioo,  il 
fut  élu  président  d'un  des  tribunaux  de  Paris. 
et  en  1792  on  le  nomma  maire  de  cette  ville, 
mais  il  déclina  cet  honneur,  et  se  nlira  à  la  cam- 
pagne, où  il  vécnt  oÉwcur  et  tranquille.     P.  L. 

Morérl.  Gmé  Diet.  hUt.  —  Mratjoa,  Mmktrtt  40 
flHances.  ~  A.  Beoée ,  tint,  du  rèyme  tfe  ùMtis  XA7. 

ORMBSSON  DE  2«ovsEau  (itase-Iosis- 
Françoisde  Paule  Ls  FÈvas  d'),  frère  duitré- 
cèdent,  né  le  26  février  1753»  guillotiné  le  i^  flo- 
réal an  u  (20  avril  1794),  U  fut  succesoivemeat 

I  Ini  recommander  raffalre  d*aa  lelgneur  de  sa  com,  Coe 
prompte  audience  cac  accordée  à  une  recoumafidxtlon 
al  polsaaate.  L'aflàlre  est  appelée,  ptoMée  et  pcrdM. 
Quelque  temps  upréa  le  rnl  a  occasion  de  voir  d'4)r> 
mrsson  :n  Monsieur/ lui  dU-U,  tous  a*e«  doncU:' 
perdre  la  cause  S  mon  protépé?  —  Sire,  elle  élalt  ln*«- 
Unakle  soua  U)na  les  rapporta.  —  le  m*Mi  étais  btta 
douté,  reprit  le  roi;  oo  ne  m'eût  paa  tant  poussé ^ 
elle  eût  été  Bonne.  Vous  n^aves  pas  répondu  i  ma  soIQ- 
cltsllon ,  mate  vous  avez  répondu  i  non  attente  :  Je 
voua  en  catlme  davantage,  m 


saz 


ORMËSSON  —  ORMOND 


O'A"} 


coiKu^lUer  au  parlement  (6  septembre  1770),  pré- 
sident à  mortier  (  ta  mars  1779),  bibliothécaire 
du  roi  Louis  XVI  (en  remplacement  de  Lenoir, 
1790).  Élu  député  par  la  prévôté  de  Paris  (txtra 
mwoe)  âtti  états  généraux  de  1789«  il  s'y  mooira 
opposé  aux  innovations,  et  pkis  taiti  .signa  la  prp* 
tffitatioa  (7u  lô  septembre  1791.  Il  était  membre 
de  la  (commission  ^ts  mooomentR  publics,  lors- 
qu'il Tut  arrêté  avec  Bochard  de  Saron  et  plu- 
sieurs autres  anciens  membres  du  parlement 
(1793).  Traduit  de?ant  le  tribunal  réTolution- 
oaire ,  il  fut  condamné  à  mort.  D'Ormesaott  de 
Noys<^aii  était  un  helléniste  distingué;  en  179S, 
l'AcMléoBie  des  Inscriptions  Tafait  admis  daas 


son  seio. 


L—  z— E. 


L'BstofIr.  Mém.  pentr  servir  à  rhM.  de  Ftaneê,  t.  Il, 
p.  M.  -  L0  .W«nttr«rr  universel,  1791,  o*  ts  ;  1799,  n*  171, 
9f%;  ITSa,  118.  -  Le  Ban.  DUU  hisi.  de  la  France, 

ORMOND  (James  BortEm.  duc  o"),  homme 
d*ÉUit  anglais,  né  à  Londres,  le  19  octobre  1610, 
mort  le  31  juillet  IMS.  Il  descendait  d.'une  ao- 
ctenne  famille  qui  se  rattachait,  dit-on,  à  la  mai- 
SÂm  ducale  de  Normandie,  et  qui  depuis  le  trei- 
zième siècle  tenait  en  Irlande  roffice  hérédi- 
taire de  grand  bonteiller,  d'où  hii  venait  son 
nom  de  Butler.  Malgré  oes  précédents,  sa  jeu- 
nesse eut  il  lutter  contre  des  drconstancea  défth 
YorubleSyqui  auraient  pu  décourager  une  flme 
moins  énergique.  Il  était  bien  jeune  encore  lur»- 
que  son  père  mourut,  par  accident,  le  laissant 
aux  soins  d*un  aïeul  qui  fut  lui-même  privé  de 
sa  liberté  pendant  piu-sieurs  années,  pour  aroir 
Toula  résister  à  l'arbitraire  du  roi  Jacques  V. 
Après  bi  mort  de  ce  prince,  le  jeune  Ormtnd, 
dont  rédocation  arait  été  confiée  à  raicbevêque 
Abtiott,  parut  enfin  à  la  cour  avec  le  titre  de  vi- 
comte Tfiurles  et  ayec  le  rang  qui  oonrenait  à 
sa  naissance.  En  t6M,  il  se  maria,  et  prit  du 
serrice  militaire  en  Irlande,  où  se  truuraiènt  les 
terres  de  sa  famille.  Vers  lé  même  temps,  Il  de- 
vint, par  la  mort  de  son  aient,  duc  d*Omond 
et  pair  irlandais.  On  assure  que  le  célèbre  comte 
de  SIrafford,  alors  lard  Weniwarth,  quïrenait 
fl*ètre  nommé  au  gouvernement  de  l'Irlande, 
dit,  en  le  voyant  pour  la  première  fols  :  «  Ou  je 
ne  connais  rien  en  physionomie,  on  ce  jeune 
homme  deviendra  le  plus  grand  de  sa  fhnrille.  4 

Lorsque  éclata  la  rétiellion  iHandaise  de  1640, 
le  duc  d'Ormond  fut  nommé  par  le  roi  Char- 
les l*'  fieotenant  général,  et  mis  à  la  tète  d^an 
corps  d'armée  de  trois  mille  hommes.  Pendant 
la  désastreose  période  qui  suivit,  il  continua,  an 
milieu  de  U  fureur  dea  factions  animées  les  unes 
eontre  les  antres  de  hahies  politiques  et  reli* 
(penses,  à  suivre,  avec  une  modératiott  inalté- 
îabie,  la  ligne  de  conduite  qui  lui  était  dictée 
par  un  patriotisme  sincère,  par  une  fidélité  à 
toute  épreuve.  Qnoique  disposant  de  forces  très- 
inférieures,  il  battit  plusieurs  fois  les  rebeHes,! 
Brogheda,  à  Kilrush  et  à  Ro«s.  Mars  malgré  ces 
services,  qui  lui  valurent  des  dignités  de  la  part 
<hi  roi  et  même  des  remerdements  publics  du 


long  parlement,  il  fut  $i  mal  soutenu  de  part  et 
d'autre  que  bientôt  il  lui  devint  impossible  de 
proloRgier  la  lutte  inégale  dans  laquelle  il  se.  trou- 
vait en%àgé.  Ses  efforts  furent  paralysés  par  la 
division  des  partis,  et  en  1643  il  se  vit  forcé  de 
conclure  un  armi.stice  qui  excita  beaucoup  de 
mécontentement  en  Angleterre. 

Pendant  les  quatue  années  suivantes,  oetlesoii 
la  guerre  civile  atteignit  dans  ce  dernier  i^ys 
son  plus  haut  degré  de  violence,  Ormond ,  qui 
venait  d'être  investi  par  son  souverain  du  titre,, 
presque  purement  nominal,  de  lord  lieutenant 
d'Irlande,  parvint,  dans  nae  eertaine  mesure,  à 
retenir  ce  royaume  dans  Tobéissanco,  et  même 
à  détacher  de  sa  faible  armée  quelques  renforts 
qu'il  envoya  au  roi.  Mais  quand  le  malheureux 
Charles  fat  tombé  entre  lea  mains  de  ses  enne- 
mis, et  que  la  position  du  lord  lieutenant  d'Ir- 
lande ne  fut  plus  tenable,  il  résigpa  ses  pouvoirs 
entre  les  mains  des  coomissairea  du  parlement, 
et  alla  rendre  oampte  de  sa  conduite  à  son  roi 
prisonnier.  Il  se  retira  ensuite  en  France  (1647), 
mais  sans  perdre  un  instant  de  vue  son  souve- 
rain ni  son  pays.  Dès  l'année  suivante,  il  débar- 
qua de  nouveau  en  Irlande,  et  rénssil  nn  mo- 
ment à  rattadier  à  la  cause  royale  le  parti  ca- 
tlioliqie  et  celui  des  vieux  Iriandais,  conduit  par 
O'Neil.  If!  la  nouvelle  de  rexécufion  du  roi  ni 
le  refus  de  nnsonciant  Charles  II  de  venir  rele- 
ver le  parti  royaliste  par  sa  présence  ne  purent 
décourager  le  dévouement  du  doc  d'Omiond. 
Avec  les  laiMes  ressources  dont  il  disposait, 
sans  ai^nt,  sans  munitions  degoefre,  H  entre- 
prit d'enlever  DubKn  anx  pariemenlaires  par  un 
coup  de  main  hardi ,  qui  allait  réossir  peut-être 
si  ladéCiction  d'O'Neil  et  l'arrivée  de  Cromvrell 
lui-même  à  la  tête  de  forces  imposantes  n'avait 
forcé  l'mtrépide  champion  d'abandonner  la  par- 
tie et  l'Irinde,  en  16&0.  Dans  Texil  qu'il  partagea 
dès  lera  avec  son  souverain,  celui-ci  n'eut  pas 
de  conseiller  plus  sage  ni  d'agent  plus  actif.  A  la 
reslairation,  le  duc  d'Ormond  rentra  en  Angle- 
terre avec  Charles  II,  et  obtint  enfin  les  honneurs 
et  les  réeonf^nses  si  bien  dos  à  son  dévoue- 
ment. 

Le  reste  de  sa  vie,  bien  qu'entouré  de  consi- 
dération et  exempt  des  agitations  qui  en  avaient 
rempli  la  première  période,  ne  se  passa  pas  sans 
quelques  épreuves.  Sa  réputation  sans  tache  ne 
le  défendit  pas  toojours  contre  les  caprices  du 
souverain  et  les  intrigues  des  conrtisans.  Deux 
fois  encore,  sous  les  règnes  de  Charles  fl  et  de 
Jacques  II,  il  fbt  investi  et  dépouillé  du  gonver- 
nement  de  l'Irlande,  qu'il  administra  dn  reste 
pendant  «n  certain  nombre  d'années,  avrc  une 
sagesse  et  une  modération  auxquelles  ce  mal- 
heureux pays  était  peu  habitué.  Vers  l'époque 
du  complot  papiste,  on  voulut  desservir  auprès 
du  roi  lord  Ormond ,  alors  lieutenant  d friande 
pour  la  troisième  fois,  en  l'accusant  de  ménage- 
ments pour  les  catholiques  ;  mais  le  prince  se 
contenta  de  répondre  :  «  J*ai  un  de  mes  royan- 


Sâ5  .  ORMOND 

mes  en  bonnes  mains,  et  je  Vy  laisse.  »  U  ne  Tut 
pas  toujours  aussi  sage,  et  prêta  quelquefois  l'o- 
reille aux  ennemis  de  ce  serviteur  fidèle,  mais 
sincère ,  qui  ne  savait  ménager  ni  les  maltresses 
ni  les  favoris.  Ce  fut  dans  un  de  ces  intervalles 
que  celui-ci ,  se  trouvant  à  Londres,  fut  l'objet 
d'un  guet-apens  odieux  de  la  part  du  colonel 
Blood,  aventurier  qui  voulait  se  venger  de  la 
juste  punition  infligée  par  le  duc  à  ses  complices, 
(lour  un  complot  tendant  à  s'emparer  du  châ- 
teau de  Dublin.  Prié ,  de  la  part  du  roi ,  d'ou- 
blier cet  attentat,  et  faisant  allusion  à  une  autre 
«tentative  de  Blood  pour  enlever  de  la  Tour  de 
Londres  les  insignes  royaux  {regalia)^  Or- 
mond  répondit  :  »  Si  le  roi  pardonne  À  celui  qui 
a  voulu  lui  voler  la  couronne,  je  pense  bien  par- 
donner à  cet  homme  une  entreprise  sur  ma  vie.  » 
Tel  fut  celui  que  ses  compatriotes  ont  sur- 
nommé «  le  grand  duc  d'Ormond  ».  Général 
distingué,  homme  d'État  éminent,  habile  et  in- 
tègre administrateur,  il  eut,  dans  des  temps  dif- 
ficiles, le  mérite  bien  rare  de  servir  son  roi  sans 
le  flatter,  et  d'être  estimé  des  républicains  qu'il 
combattait.  C'est  une  des  gloires  les  plus  pures 
de  l'Angleterre.  E.  J.  B.  Rathery. 

Tbonai  farte,  HUtom  9f  Cite  lift  of  Jamei  dvkê  ttf 
•Ormende;  Londres,  17M,  S  vol.  tn-foL  Le  dernier  volome 
renferme  ta  correspondance.  Le  mémn  auteur  a  ausal  pu- 
blié :  OrigintU  Mtert/ound  amang  tke  àuke  c/  Ormon- 
difs  papersf  Lundoo, iTSf ,  t  voL  tii-6*.  On  j  trouve,  t.  II, 
p.  Hi  et  salv.,  de*  lettre*  dn  cardinal  de  Reti  qui  n'ont 
pas  été  recaeUllea  par  les  éditeurs  de  set  Memotret, 

OmMOT  (D').  Voy,  MÉRàRDDBSAUrr-jDST. 

omnANO ,  famille  des  anciens  comtes  sou- 
veialnsde  Corse,  ducs  de  Mittiliano,  princes  de 
Montlaor  et  de  Cistria.  Elle  descend  du  préfet  du 
prétoire  le  prince  Ugo  Colonna,  que  Léon  111 
chargea  de  conquérir  la  Corse  sur  les  Sarrasins, 
et  qui ,  d'après  Alcuin ,  Ait  investi  par  Charle- 
tnagne  de  la  souveraineté  de  cette  lie  sous  le 
titre  de  comte.  Alliée  aux  maisons  impériales 
de  Julia,  de  Paléologue,  de  Lascaris,  de  Lor- 
raine, de  Bragance  et  de  Bonaparte;  aux  mai- 
sons royales  d'Aragon  et  de  Bavière,  et  à  un 
l^rand  nombre  d'autres  maison^  souveraines, 
princières  et  illustres,  la  famille  d'Omanoa  donné 
À  l'Église  romaine  un  cardinal  et  plusieurs  autres 
prélats,  trois  maréchaux  à  la  France,  et  à  la 
Corse  et  à  l'Italie  une  foule  de  guerriers  renom- 
més. 

ORSAHO  (D'),  célèbre  sous  le  nom  de  San- 
MEBJto,  né  en  1497,  de  Guillaume  d'Omano , 
seigneur  de  Sampierro  sur  leTibre,et  deCinar- 
chèse  de  Banzali,  mort  le  17  janvier  1567.  Il  fut 
élevé  à  Rome,  dans  la  maison  du  cardinal  Hippo  • 
lytede  Médicis,  qui  le  fit  enrOler  dans  les  bandes 
noires,  que  soudoyait  sa  famille.  Il  s'y  acquit 
une  grande  renommée  de  bravoure  et  de  loyauté; 
mais,  en  1533,  il  passa  an  service  de  la  France 
comme  colonel  d'une  compagnie  d'Italiens.  II  se 
distingua  en  maintes  circonstances,  notam- 
ment dans  le  Piémont  (1536) ,  au  siège  de  Per- 
pignan (1542),  où  François  I**  lui  octroya  depor- 


—  ORNA NO 


856 


I  ter  dans  ses  armes  deux  baniies  (Vazur  à  la 
fleur  de  lyt  d'or  pour  avoir  sauvé  la  vie  an 
dauphin,  depuis  Henri  II  ;  à  Landrecies,  en  se 
jetant  dans  cette  place,  à  travers  l'arroéa  impé- 
riale, avec  trois  compagnies  italiennes  (1&43), 
et  enfin  à  Vitry-le-Fraoçois  en  sauvant  la  cava- 
lerie de  Brissac  (1544).  Étant  passé  en  Corse 
après  la  paix  de  Crépy,  il  épousa  Yanina,  fille 
unique  de  François  d'Omano,  un  des  plus 
riches  seigneurs  de  llle  et  des  plus  influents,  et 
fut  quelque  temps  après  jeté  en  prison  par  le 
gouverneur  génois  qui  l'eOt  fait  mourir  voloa- 
tiers,  tant  il  redoutait  son  influence  sur  sei 
compatriotes.  Mais  Henri  11,  averti  de  cette  ar- 
restation arbitraire,  le  réclama  sur-le-champ 
comme  un  de  ses  officiers.  Sampierro  revint  en 
France  avec  le  dessein  bien  arrêté  de  se  venger 
des  Génois  et  de  soustraire  ses  compatriotes  à 
leur  domination.  Aussi  fut-il  le  promoteur  et 
l'Ame  de  l'expédition  de  l'armée  française  m 
Corse  (1563).  La  prise  de  Bastia,  de  Cortë, 
d'Ajaccio,  due  principalement  à  son  inflaeoce, 
entraîna  la  soumission  du  reste  de  rtle,  à  l'exoep- 
tionde  Calvi.  Il  sut  pendant  six  ans  résister  aoi 
forces  considérables  que  Gènes  envoya  contre 
lui,  en  les  écrasant  dans  plusieurs  renoontres,«o 
passage  du  Golo  et  surtout  au  col  de  Teoda  ;  il 
présida,  le  1 5  septembre  1557,  une  oonsalte  géné- 
rale de  la  nation  assemblée  pour  accueillir  lliea- 
reuse  nouvelle  de  fannexion  de  la  Corse  à  la 
couronne  de  France.  Cependant,  moins  de  deux 
ans  après  cet  engagement  solennel,  Henri  II  ^^ 
mit  aux  Génois  les  places  fortes  de  cette  fle,et 
retira  ses  troupes,  ainsi  qu'il  s'y  était  engafçé  par 
un  article  du  traité  de  Câteau-Cambrésis.  Doo- 
loureusement  affecté  de  voir,  après  tant  d'efforts 
héroïques,  ses  compatriotes  retomber  sons  le 

I  joug  d'une  puissance  haineuse  et  vindicatÎTe, 
Sampierro  demanda  des  secours  à  Catherine  île 
M édicis,  ennemie  personnelle  des  Génois,  au  roi 
de  Navarre,  au  bey  d'Alger,  dont  la  puissance 
alors  était  considérable,  et  au  sultan  de  Cooslao- 
tinople.  Partout  il  fut  accueilli  favorablement; 
mais  toutes  les  promesses  quMI  reçut  demeu- 
rèrent sans  résultat  De  retour  à  MaraeiJIe,  il 
s'enferma  dans  sa  maison  avec  Vanina,  sa  femme, 
qu'il  était  allé  prendre  à  Aix,  où  elle  demeurait 
sous  la  protection  de  l'archevêque  et  du  parle- 
ment, lui  reprocha  vivement  sa  conduite  io- 
oonsidérée  en  tentant  de  se  réfugier  dba  ses 
ennemis  mortels,  è  l'instigation  d'un  prêtre 
vendu  aux  Génois,  lui  dit  froidement  de  se  pré- 
parer à  la  mort,  et  l'étrangla  lui-même  ave&&on 
écharpe.  Après  l'avoir  fait  ensevelir  dans  l'église 
des  Franciscains  avec  les  honneurs  dus  à  son  rang, 
il  se  rendit  près  de  Catherine  de  Médicis,  qui,  moins 
susceptible  que  les  courtisans ,  ferma  les  yeux 
sur  l'atrocité  de  sa  vengeance  et  le  retint  encore 
un  an  à  la  cour  pour  aviser  aux  moyens  d'as- 
surer l'affhinchissement  de  son  pays.  Las  d'at- 
tendre des  secours  qui  n'arrivaient  point,  Sam- 
pierro résolut  avec  ses  propres  forces  d'exécuter 


sr^r 


ORNANO 


SU9 


ce  projet.  En  juin  1564,11  débarqua  au  golfe  de 
Vailinco,  avec  dooze  Corses  et  YÎngt-cinq  Frao- 
çais  sealement  ;niai$  sa  petite  troope  augmeataît 
à  mesure  qo*il  s'a  Tançait  Ters  Ck>rté;  il  fut  bien- 
tôt en  état  derepousser  les  ennemis  à  Veseovato, 
et  de  les  battre  dans  plusieurs  rencontres  soe- 
cessives  dans  le  nord  deTUe.  Gênes,  effrayée, 
leya  des  troupes ,  en  demanda  de  nonvelles  à  ses 
alliés,  et  les  envoya  sous  le  ooromandement 
d'Etienne  Doria  pour  s'opposer  aux  profrès  de 
rinsurrection.  Elles  forent  encore  battues  (  atril 
1565),  et  les  nationaux,  certains  de  ne  pas  6tre 
inquiétés,  se  réunirent  en  consulte  pour  établir 
les  bases  du  gooTernement  et  pour  demander 
des  renforts  à  la  France  contre  les  Génois,  qui 
n'avaient  point  observé  les  articles  du  traité  de 
CAteau-Cambrésift.  Ils  ne  reçurent  de  Charles  IX 
que  des  secours  d'argent  insuffisants,  avec 
treize  drapeaux  où  était  inscrite  cette  devise  : 
Pugna.pro  patria.  Ce  témoignage  de  Tinté- 
rCt  que  la  France  portait  aux  Corses  ranima 
leur  courage.  Us  détruisirent  encore  une  fois 
l'armée  génoise,  en  la  forçant  de  se  retirer  à 
Saint-Florent  par  des  chemins  afTreu^,  oà  elle 
perdit  ses  bagages ,  ses  munitions  et  un  grand 
nombre  de  prisonniers.  L'année  1566  se  passa 
sans  événements^marquables  :  Vivoldi,  succes- 
ceur  de  Doria,  n'avait  pas  l'humeur  guerrière  de 
ce  dernier.  Mais  la  république  de  Gènes,  voyant 
ses  trésors  épuisés ,  et  n'ayant  plus  de  troupes  à 
opposer  à  Sampierro,  résoluld'en  finir,  n'importe 
par  quel  moyen ,  avec  cet  infatigable  ennemi. 
Dans  l'armée  génoise  on  comptait  des  transfuges 
et  des  seigneurs  corses ,  parmi  lesquels  se  trou- 
vaient trois  frères,  Antoine,  François  et  Micliel^ 
Anged'Omano,  cousins  germains  de  Yanina.  Ils 
n'eurent  pas  besoin  de  la  magnifique  promesse 
que  leur  fit  la  république  du  fief  d'Omano  pour 
exciter  leur  ressentiment  et  leur  faire  jurer  la 
nK>rt  de  Sampierro.  Us  gagnèrent  à  cet  effet  deux 
personnes  qui  jouissaieht  de  toute  sa  confiance, 
un  moine  et  son  écuyer.  Le  faux  bruit  d'une  ré- 
volte parmi  ses  partisans  attira  dans  la  Rocca 
Sampierro,  qui  se  trouvait  à  Vioo  ;  et  les  conju- 
rés, instruits  par  leurs  complices  du  chemin 
qu'il  devait  suivre,  l'attendirent,  à  la  tète 
d'hommes  résolus ,  dans  un  endroit  difficile  et 
^resserré.  Sampierro,  reconnaissant  les  d'Oniano, 
se  douta  du  danger.  11  crie  à  son  fils  Alpnonse 
de  se  sauver,  et  s'élance  sur  Antoine,  qu'il 
blesse  à  la  gorge  d'un  coup  de  pistolet;  mais 
il  n'a  que  le  temps  de  mettre  l'épée  à  la  main  ; 
il  tombe  de  cheval  atteint  mortellement  d'un 
<^up  d*arquebuse,  que  lui  tire  Michel-Ange. 
Sa  tête  fut  portée  en  triomphe  à  AJACcio»  et 
présentée  au  gouverneur  génois,  qui  célébra 
^  événement  par  des  salves  d'artillerie  et  en 
laisant  jeter,  des  fenêtres  de  son  palais,  de  l'ar- 
Rcnt  au  peuple.  Ainsi  mourut  Sampierro,  à  l'ège 
<le  soixante-neuf  ans. 

ORaiANo  {Alphonse  d'),  maréchal  de  France, 
fit&  du  précédent,  né  en  1548,  mort  en  1610.  Il 


Alt  admis  au  nombre  des  enfants  d'honneur  du 
dauphin,  depuis  François  H,  prit  part  en  1565  à 
la  lutte  héroïque  que  soutenait  son  père  contre 
les  Génois,  et  la  continua  deux  ans  encore  aprè» 
la  mort  de  ce  dernier;  mais,  voyant  sa  patrie 
épuisée ,  les  bmilles  les  plus  influentes  partagée» 
en  deux  factions,  une  grande  partie  de  ses  ca- 
pitaines et  de  la  population  disposés  à  faire  leur 
soumission  à  Ul  république,  n'espérant  plus  d'ail- 
leurs aucun  secours  des  puissances  étrangères , 
il  conclut  avec  Georges  Doria  un  traité  dont  il 
dicta  lui-même  les  conditions^  et  se  rendit  en 
France  avec  trois  cent  cinquante  de  ses  compa» 
triotes  qui  ne  purent  se  résoudre  à  reconnaître 
l'autorité  de  Gènes.  Catherine  de  Médicis  lui  fit 
l'accueil  le  plus  flatteur,  et  Cliarles  IX  reconnut 
ses  titres  de  noblesse,  le  nomma  colonel  général 
des  Corses,  gouverneur  de  la  ville  <^e  Valence, 
et  lui  fournit  en  outre  le  moyen  de  venir  san» 
cesse  en  aide  k  ses  compatriotes,  en  lui  accor- 
dant, pour  lui  et  les  siens,  des  lettres  de  natu- 
ralisation, enregistrées  è  Aix,  en  1572,  confir- 
mées par  Henri  III  en  1582,  et  par  Henri  IV  en 
1599.  Fort  de  Tappui  du  roi,  d'Ornano  força  la 
république  k  lui  rendre  la  jouissance  de  ses  do- 
maines et  à  élargir  ceux  de  ses  partisans  qu'elle 
tenait  en  prison  contre  les  traités.  Nommé  gou- 
verneur k  Pont-Saint-Esprit,  il  se  trouva  mêlé 
aux  luttes  hitestines  qui,  sous  le  nom  de  guerre 
de  religion,  désolèrent  si  longtemps  le  royaume, 
et  s'y  fit  remarquer,  non  point ,  comme  tant 
d'autres ,  par  une  violente  animosité,  mais  par 
une  grande  fermeté  et  un  rare  esprit  de  justice» 
qui  lui  attirèrent  l'estime  de  toijs  les  partis.  La 
victoire  signalée  qu'il  remporta,  le  10  août  1587, 
sur  quatre  mille  Suisses  qui  venaient  opérer  leur 
jonction  avec  les  réformés  db  Dauphiné,  lui  va- 
lut le  titre  de  consdller  d'État  et  la  lieiitenance 
du  roi  dans  cette  province.  H  lut  un  dn  pre- 
miers à  reconnaître  Henri  IV,  et  r^KHissa  les 
magnifiques  propositions  que  lui  fit  le  duc  de 
Mayenne.  Disposant ,  après  s'être  assuré  de» 
villes  du  Dauphiné  et  du  Lyonnais,  de  forces 
plus  considérables,  il  chassa  le  duc  de  Nemours, 
battit  les  Espagnols  commandés  par  Jean  Vé- 
lasquez,  eonnétable  de  Castille,  et  s'empara  de 
La  Fère.  En  récompense  de  ces  nouveaux  ser- 
vices, Henri  IV  lui  donna,  à  Lyon ,  le  béton  de 
maréclial ,  lui  cooléra  à  Rouen  l'ordre  du  Saint- 
Esprit  et  lui  fil  accepter  quelque  temps  après  la 
lieutenance  générale  de  Guyenne,  qui  ne  se  don- 
naît  qu'à  un  prince  du  sang.  Mais  ce  qui  suffit 
à  la  gloire  du  maréchal,  c'est  le  dévouement 
qu'il  montra  durant  Thivasion  de  la  peste  :  on 
le  voyait,  lui,  grand  seigneur,  sortir  à  cheval 
pour  visiter  deux  fois  par  semaine  les  hôpi- 
taux qu'il  avait  fait  constraire ,  et  s'assurer  par 
lui-même  si  les  malades  indigents  avaient  les 
secours  nécessaires.  Il  écoutait  leurs  demandes, 
et  ne  les  quittait  jamais  qu'il  n'efit  vidé  sa  bourse. 
Maire  de  Bordeaux  par  ordre  exprès  du  roi ,  il 
fit  dessécher  les  marais  dont  le  voisinage  était  si 


S&9 


ORNANO 


S60 


fiuieste,  et  préf  iot  atasi  le  retour  de  répidémie. 
Son  admirable  condtite,  en  lui  méritant  après 
coup  les  suffra^çes  des  habitants,  kii  coocilia 
telleinent  leur  affection  que  sa  inéinoire  est  en- 
core vivante  en  cette  ville.  Le  peuple,  qui  garde 
longtemps  le  souvenir  de  ses  bienfaîte«r«,  vient 
de  donner  le  nom  d'Omano  à  Tnne  des  plu» 
belles  rues  de  Bordeaux.  Le  maréchal  revint  à 
la  cour  à  la  fin  de  Tannée  1609,  alors  qu'il  était 
question  du  fameux  voyage  de  Juliera.  Poar 
suivre  le  roi  dans  cette  expédition,  il  voolot  se 
faire  opérer  de  la  taille,  car  depuis  longtemps 
d^  il  était  incoraoBodé  de  In  pierre.  Cette  opé- 
ration, si  simple  aiqourd'hui,  loi  fut  fatale  :  la 
gangrène  se  mit  dans  les  chairs,  et  trois  ioors 
apiiès  il  mourut,  à  TAge  de  soixante-deux  ans.  Le 
roi.  qui  lui  témoignait  une  afTection  particnlière, 
ainsi  qu'on  le  voit  dans  les  nombreuses  lettres 
qu'il  lui  adl^'essa,  en  ressentit  une  vive  douleur  ; 
la  Guyenne  le  pleura ,  et  le  royaume  le  regretta 
longtemps.  D'Ornano  était  grand  de  taille;  sa 
fleure  martiale  était  pourtant  sans  rudesse  ;  d'un 
facile  «ccès  pour  tons ,  il  traitait  le  peuple  avec 
bonté,  et  les  seigneurs  avec  distinction  et  sur  un 
ton  d'égalité  parfaite;  mais  en  même  temps  il  sa- 
vait tenir  son  rang,  et  pour  toot  ce  qui  était  du 
service  do  roi,  jama'«  on  ne  le  vH  transiger; 
aussi  lui  arriva-t-il  de  blesser  la  susoeptibflfté 
de  hauts  personnages  comme  Sully  ^t  le  duc  d'É- 
pemoo,  et  de  donner  Heu  à  de!>  dtffi^rends  que  le 
bon  roi  s'empressait  d'étouffer.  Il  avait  épousé 
Marguerite  de  FUssans,  d'une  ancienne  maison 
de  Provence  ;  il  en  eut  quatre  fils. 

Son  frère  i4n^oi>ie  Françait  fut  traltreosement 
asâossiné dans  rampbithèâtre  de  la  Rotonde,  à 
Borne,  par  douze  seigneurs  fVan^is,  au  moment 
où  il  allait  f^  battre  en  duel  avec  Ton  d'eux 
nommé  de  la  Regia.  Son  tombeau  se  voit  encore 
à  l'église  Samt^Loois  des  Françafs. 

OBKAR^  {Jtan-ÈapiHte  n'),  comte  de 
Montlonr,  maréchal  de  France,  né  en  1583,  fils 
du  précédent,  mort  le  16  septembre  1626.  Il  fut 
(Hevé  à  la  cour  de  France,  et  fit  ses  premières 
armes  sons  les  yeux  de  son  père.  Sa  belle  con- 
duite  au  siège  de  La  Fère  lui  valot  le  comman- 
dement des  compagnies  corses  avec  le  titre  de 
colonel.  A  son  retour  de  Savoie,  o(i  il  avait  suivi 
le  roi ,  il  eut  le  douloureux  privHége  d*as«i8ter 
son  père  à  ses  derniers  moments ,  de  conduire 
sa  dépooille  mortelle  à  Bordeaux  et  de  la  dépo- 
ser dans  l'église  des  religieux  de  la  Merci.  Le 
maréchal  n'avait  point  laissé  de  fortune  à  ses 
enfants,  mais  la  faveur  d»  roi  leur  en  tint  lieu. 
D'Omano  eut  le  gouvernement  de  Château- 
Trompette  et  plus  tard  celui  de  Pont-Esprit,  où 
la  nouvelle  de  la  mort  de  Henri  IV  vint  le  sur- 
prendre, au  milieu  des  préparatifs  qull  thisait 
l)our  passer  en  Italie  an  printemps  suivant.  Il 
retourna  en  hâte  en  Guyenne,  et  maintint  toute 
une  année  sous  l'obéissance  du  roi  cette  pro- 
vince et  la  Gascogne,  dont  la  lientenance  était 
alors  l'acante.  La  reine  mère,  Marie  de  Médicis, 


Taocueillit  GivoraUement,  et  daigna  contriliaer  à 
son  mariage  avec  la  comtesse  b^tière  de  Moat> 
laur*  Sous  de  Luynes  il  fot  nommé  Keotenaot 
général  du  roi  en  Nonnandte,  et  en  octobre  I6i9 
gouverneur  du  doc  d'Orléans,  frère  du  roi.  Cette 
charge ,  en  augmentant  singulièrement  son  pou- 
voir et  son  influence,  lai  attira  beaucoup  d'en- 
vieux parmi  les  coortisans,  qui,  par  toutes 
sortes  d*iiitrignes,  ébranlèrent  la  confiance  que 
Louis  XJII  avait  en  Kii.  Il  Ini  fut  enfoini  de  àe 
démettre  de  sa  charge  et  de  se  retirer  dans  soo 
gouvernement  de  Pool-SaiotEsprit  Obéfr,  c'ett 
été  ponr  d'Omano  se  reconnaître  coupable;  il 
aima  mieux  seconetitoer  luf^néme  prisonnier  à  la 
Bastille,  d'où  il  fut  transféré  au  château  de  Caeo. 
Cette  fière  conduite  confondit  ses  adversaires  et 
éclaira  le  roi,  qui  loi  rendit  bientôt  sa  eliarge  el 
réleva  i  la  dignité  de  maréchal  de  France.  Mats 
autant  d'Omano  était  bon  et  loyal  serviteur,  au- 
tant il  était  nMQvais  cooilisan  :  il  refnaa  d'aller 
faire  â  Richelieu  des  remerrtments,  qu'il  ne 
croyait  dus  qu'au  roi  ;  il  eut  le  tort,  pNin  grare, 
de  représentera  Lmiis  XIII  que  son  élève  était 
d'âge  â  prendre  part  aux  affaires  de  l^tat.  Le 
cardinal,  jaloux  de  cooceotrer  entre  ses  roaio$ 
rautorité  suprême,  le  fit  enfermer  au  château  de 
Vincennes,  où,  pour  arrêter  tofite  démordte  en 
sa  faveur,  il  le  fit  empoisonner,  ainoi  que  le 
prouvent  les  écrits  anonymes  pubfiés»  à  cette 
occasion.  Le  maréchal  mourut  â  peine  âgé  de 
quarante- trois  anfiy  saas  baisser  de  postérité.  Cette 
'  brandie,  dite  des  maréchaux  ftomano^  $*é" 
teignit  en  1698,  dans  la  personne  d^Amne  d'Or- 
nano,  première  fille  d'iMoneur  de  la  ifuchesse 
d'Orléans  9.  Rollam». 

Pllipplnl,  BMoirvdêia  Cone.-^  DeTùoo.  Mtmcins. 
—  L'Hermlte  ae  Soutien ,  ùe»  Corp»  français,  -  U- 
iMUt.  f^i9  d£j,-B.  d'dmMno  iMantuc  de  it  BibliotMqne 
'  Impériale).  —  L'abbe  Rossi,  (UfservatUms  AicfoHflMi 
(HanuM.  de  la  Blbliottiêqae  Intpérlaie}. 

OKNâNO  {Jean- Baptiste,  comte  »'),  offi- 
cier général,  né  en  t742/mort  en  Janvier  1794. 
II  servit  sous  Louis  XV  comme  eolond  et 
comme  brigadier  d^nUmt^rie  avec  une  grande 
distinction ,  devint  maréchal  de  camp,  et  fut 
nommé  par  Louis  XTI  gouverneur  de  Bayonne. 
Il  Alt  chaiigé  en  qualité  <le  plénipotentiaire,  avec 
dom  Louis  de  Caro,  de  la  délimitatioa  des  froa- 
tières^e  France  et  d'Espagne.  Cette  Hgoe perte 
le  nom  d'Ornano ,  ce  qui  est  nn  bel  hicMiinisge 
rendre  à  sa  mémoire.  Il  fut  le  tuteur  de  lll*i<^  Ca* 
barrus,  devenue  si  célèbre  sons  le  nom  4e  ma- 
dame Tallien  et  de  princesse  de  Cbhnay,e(  périt 
victime  de  la  révolution.  11  était  de  la  mène 
famille  que  les  précédents,  maia  d'one  autre 
branche. 

;|  ORXâico  (PhWppè- Antoine,  comte  d'), 
maréchal  de  France,fll9  de  Looisd'Oniano,rofonel 
de  la  garde  nationale  d'Ajaccio,  et  d'IsabeJk*  Bo- 
naparte, naqnità  Ajaccio,  le  i  7  janvier  1784.  Il  par- 
lit  (lès  Tâgc  (le  seize  ans  comme  soo6-lieut4>n<nt 
au  9^  régiment  de  dragons,  fit  les  campa^Ties 
(Htaliedcs  ans  vu,  vin  et  ii,  et  prit  l'aria 


86  ( 


ORNAm 


863 


Texp^ition  de  Saint-DomiagueeD  qoalHé  d'aide 
de  camp  du  général  Leclerc,  dont  il  ramena  le 
corps  en  France.  Le  général  Bertbier,  roiDiatre 
de  la  guerre,  Kadmit  alor»  dans  sob  état-majof  et 
lai  confirma  le  grade  de  capitaine.  Nommé  par 
l'empereur  commandant  des  chasseurs  corses» 
il  s'empara  de  plusieurs  pièces  de  canon  à  Aus- 
terlilz  (2  décemlire  1805),  et  pénétra  le  pre- 
mier dans  Lubeck  après  s'être  faillam  ment  com- 
porté, le  1  i  octobre  1 806,  à  léna.  Sa  belle  conduite 
lui  valut  le  grade  de  cokonel  et  le  commandement 
du  25'  régûmeot  de  dragons,  qu'il  conduisit  en 
Prusse  et  en  Pologne,  et  plus  tard  en  Espagne  et  en 
Portugal,  où  il  fut  cité^u vent  avec  honncor  dans 
les  rapports  des  généraux  en  dief.  Il  força  (26 
juin  1809)  le  passage  de  la  Navia,  s'empara  an 
combat  d'Alba-de-Tormès  de  quatre  pièces  d'ar- 
tillerie, et  se  distingua  au  siège  de  Ciiidad- Ro- 
drigo et  surtout  à  la  brillante  affaire  de  Fuentes 
de  OuorOy  en  chargeant  la  cavalerie  avec  tant 
d'ardeur  et  dtntrépidiCé  que  le  jour  même  (5  mai 
1811)  il  fut  nommé  général  de  brigade.  Dans 
l'expédition  de  Russie,  le  comte  d'Ornano, 
qui  avait  dans  le  4*  corps  de  la  grande  ar- 
mée le  commandement  d'une  brigade  de  ca- 
valerie légère ,  se  fit  remarquer  au  passage  dn 
Niémen  (25  juin  1812),  et  le  mois  suivant  à  Mo- 
hilow  et  à  Ostrowno  ;  il  fut  nommé  général  de 
division  cinq  jours  avant  la  bataille  de  la  Mos- 
kowa,  où,  commandant  sept  régiments  de  cava- 
lerie,  il  soutint  le  choc  de  i'hetman  Platow  et 
réussit  à  le  rejeter,  lui  et  ses  dix  mille  horameft, 
au  delà  de  la  Kologha.  Ce  brillant  fait  d'armes, 
en  dégageant  l'aile  gauche,  eut  les  plus  heureux 
résultats.  Placé  à  Tarrière-ganle,  sous  les  ordres 
du  maréchal  Ney,  il  rendit  les  plus  grands  ser^ 
vices ,  notamment  à  Malo-Jaroslavetz,  où  dix- 
sept  mille  hommes  soutinrent  les  effoits  d'une 
armée  forte  de  quatre-viugl  mille  hommes  avec 
une  telle  énergie  que  Napoléon  en  marqua  de 
rétonnement  en  parcourant  le  lendemain  le 
champ  de  bataille,  et  nliésita  pas  à  attribuer 
l'honneur  de  la  journée  au  prince  Eugène  et  au 
comte  d*Omano.  Ce  dernier,  laissé  poar  mort  sur 
le  cliamp  de  bataille  de  Krasnoê,  dut  au  dévoue- 
ment de  ses  compagnons  d^armes  et  à  la  généreuse 
sollicitude  de  l'empereur  d'être  conservé  à  la  vie 
et  de  revoir  son  pays.  Le  21  janvier  1S13,  appelé 
an  commandement  des  dragons  de  l'impératrice, 
il  partit  à  leur  tête  en  Saxe  contre  les  Russes  et  les 
Prussiens  coalisés.  A  la  mort  de  Bassières,  l'em- 
pereur lui  confia  toute  la  cavalerie  de  li  garde, 
à  la  tête  de  laquelle  II  assista  aux!  célèbres  ba- 
tailles de  Dresde ,  de  Bautzen,  de  Leipzig  et  de 
Hanau.  Investi,  le  24  janvier  1814,  du  comman- 
dement en  chef  de  toutes  les  troupes  de  la  garde 
impériale  (infanterie,  cavalerie, artiilerieX con- 
centrées k  Paris,  ïl  concourut  avec  elles  à  la  dé- 
fense de  la  capitale;  mais  son  dévouement  et 
les  mesures  qui  furent  encore  prises  à  Fon- 
tainebleau ne  purent  arrêter  ta  chute  de  l'em- 
pire. Sous  la  première  restauration  le  général 


conserva  le  commandement  dn  régiment  de  dra- 
gons de  la  garde,  qu'il  conserva  sous  le  titre  de 
corps  l'Oyat  de  dragons,  et  reprit  son  service 
pendant  les  Cent  Jours  ;  mais  une  blessure  grave 
rempêchad'assisterà  la  bataille  de  Waterloo.  Ar- 
rêté pendant  la  secomfe  restauration  et  conduit  h 
Kabba je  tors  do  procès  du  maréchal  Ney,  il  fut  mii 
en  lit)erté|iende  tempseprès,  avec  ordi^ de  quitter 
la  France  en  raison  de  sa  parenté  avec  la  famille 
impériale.  H  séjourna  en  Belgique  envimn  deux 
ans,  au  bout  desquels  il  fot  autorisé  à  rentrer  en 
France,  où  il  se  tint  à  l'écart  jusqu'en  1828.  Nommé 
à  cette  époque  inspecteur  de  cavalerie ,  président 
du  jury  d'admission  po«ir  Téeole  de  Saint-Cjr 
l'année  suivante,  il  fut  appelé  en  1830  au  com- 
mandement de  la  4*  division  militaire.  Par  sa  sa- 
gesse e(  son  énergie,  il  contribua  àétonffer  en  1 832 
rinsurreetiondes  départements  de  rouent,  placés 
sons  f>eâ  ordres.  Louis- Philippe  l'éleva  ensuite  h 
la  pairie;  après  hi  révolution  de  1848,  refu- 
sant le  commandement  de  la  14*  division  mili- 
taire, il  rentra  volontairement  dans  la  vie  privée. 
Mais  il  n'y  resta  pas  longtemps  :  le  département 
dMndre-el-Loire  l'envoya  si^er  aux  deux  as- 
semblées constituante  et  législative.  Napo- 
léon ill  l'éleva  à  la  dignité  de  sénateur  (20  jan- 
vier \  851) ,  l'appela  au  poste  éminent  de  grand 
chancelier  de  la  Légion  d'honneur  (  f  3  aodt) ,  lu 
nomma  gouverneur  de  l'hôtel  impérial  des  In- 
valides (24  mars  i85S),et  lui  confia  la  prési- 
dence de  Id  commission  cittrgée  de  mettre  à  exé- 
cution le  testament  de  Napoléon  V.  Le  comte 
d'Ornano,  grand  croix  de  la  Légion  d'honneur  et 
de  l'ordre  impérial  de  la  Réunion ,  était  le  plus 
ancien  général  de  division  de  Parmée  française, 
puisqu'il  oomptait  près  d'un  demi-siècle  de 
grade,  quand  l'emperenr  eooronna  une  carrière 
militaire  aussi  bien  remplie,  par  la  dignité  de 
maréchal  de  France,  qa'il  lui  confiera,  h  2  avril 
1861,  aux  Invalides,  à  l'occasion  de  la  transla- 
tion des  cejDilres  de  Napoléon  de  la  chapelle 
Saint- Jérôme  au  tombeau  de  granit  dont  la  garde 
reste  à  jamais  confiée  aux  vétérans  de  nos  ar- 
mées. Le  comte  d'Ornano  avait  épousé,  en  1816 , 
la  comtesse  polonaise  Marie  Laozynslia  (  i  ),  veuve 
en  premières  noees  du  comte  Anastase  de  Co- 
lonna  Walewski.  Elle  ne  Ini  donna  qu'un  fils,  et 
mourut  prématurément,  le  I7  décembre  1817. 

S.  R. 
Xonittur  de  Varmét.  —  DocuwtmiB  pmttieuliera. 

l  omNkMQ  {Rodolphe- Auguste,  comte  o'), 
premier  mafttre  des  cérémonies  de  l'empereor  et 
député  de  l'Yonne,  fils  dn  précédent,  et  né  è 
Uége,le  9  juin  1817.  Élève  du  collège  Lon!s-le- 
Grand  et  de  l'École  préparatoire  militaire  de 
SaJnt-Cyr ,  il  fut  dès  l'âge  de  dis-huit  ans  atta- 
ché à  la  légation  de  France  à  Dresde,  puis  à  l'am- 
bassade de  France  à  Londres,  oà  ses  relations 
avec  le  prince  Louis-Napoléon,  dont  il  embrassait 
ardemment  le  parti,  le  forcèrent  bientôt  à  quitter 

(1}  Mêrc  de  M.  te  comte  Culoana  Walewtki,  miaUlre 
d'ÉUt 


66a 


ORIMANO  — 


la  carrière  diplomatique  en  éTeillant  la  suscepti- 
bilité du  goaTemement  de  Louis-Philippe.  Retiré 
cbez  son  père  en  Touraine,  il  publia  successi- 
Tement  plusieurs  recueils  de  poésies  patriotiques 
{Les  Tourangelles,  Us  Napoléonienpes ,  Les 
Échos  d'Espagne,  etc.)»  concourut  à  la  rédaction 
des  Français  peints  par  eu3p-mémes^  et  fut  reçu 
membre  de  plusieurs  sociétés  savantes.  Dans  les 
voyages  qu'il  fît  à  cette  époque  en  Corse ,  en 
Italie,  en  Suisse,  il  séjourna  au  ch&teau  d'Arenen- 
berg,  où  l'illustre  proscrit  ne  cessait  de  se  prépa- 
rer au  rôle  important  auquel  il  se  sentait  destiné. 
Le  comte  d*Omano épousa,  en  1845,  la  fille  du 
marquis  de  Yoyer  d'Argenson ,  et  fut  appelé  en 
18ôt  à  la  préfecture  de  l'Yonne,  où  son  énergie 
maintint  la  tranquillité,  un  instant  ébranlée'  par 
le  coup  d*État  du  2  décembre,  et  où  son  esprit  de 
justice  lui  conquit  toutes  les  sympathies.  Aussi 
ce  département  le  choisit-il  pour  le  représen- 
ter au  corps  législatif.  Il  s'y  éleva  Tiyement,  en 
1857,  contre  les  scandales  de  l'agiotage.  Le  comte 
d'Ornano  est  chambellan  et  premier  maître  des 
cérémonies  de  l'empereur,  officief  de  la  Légion 
d'honneur  et  commandeur  de  plusieurs  ordres.  Il 
a  publié  une  histoire  estimée  de  VOrdre  de  Malte 
et  une  remarquable  Élude  sur  Vadministra* 
tion  de  V empire  (Paris,  1800),  dont  les  vues 
Tiennent  d'être  tout  récemment  prises  en  consi- 
dération par  le  corps  législatif* 

Son  cousin  Napoléon  d'OanAMOy  né  à  Ajaccîo, 
en  1806,  était  officier  au  3*  régiment  de  dragons 
quand  il  rejoignit  Louis-Napoléon  en  Angleterre. 
Après  l'expédition  de  Boulogne,  il  fut  jugé  par 
la  cour  des  Pairs  et  enfermé  à  Doullens  ;  mais 
àTayénement  de  Napoléon  III  il  fût  nommé  ins- 
pecteur des  palais  impériaux,  et  mourut  le  2  dé- 
cembre 1859,  è  Yic-sur-Aisne.  'S.  R. 

DocvmenU  particuliers, 

OENBTAL  (  U'  ).  Voy.  DORNETAL. 

OBODB8  1"^,  roi  des  Parthes,  quatorzième 
prince  de  la  famille  des  Arsacides,  vivait  dans 
le  premier  siècle  avant  J.-C.  Son  règne,  dont  il 
est  impossible  de  fixer  avec  certitude  Jes  limites 
chronologiques,  parait  s'être  étendu  depilts  56 
environ  jusqu'en  36.  Il  était  fils  de  Phraates  UI 
(  le  Xir  Arsaeide  )  et  frère  de  Mithridate  III.  Ce 
dernier  prince,  à  son  retour  d'Arménie,  s'étant 
rendu  odieux  par  sa  cruauté,  fut  renversé  par  les 
Parthes  et  remplacé  par  son  frère.  Orodes  semble 
avoir  donné  la  Médie  à  Mithridate  et  la  lui  avoir 
retirée  ensuite.  Mithridate  invoqua  alors  les  se- 
cours des  Romains,  et  ce  fut  l'origine  de  la  guerre 
qui  aboutit  à  la  défaite  et  à  la  mort  de  Crassus 
(  vogez  ce  nom  ).  La  destruction  de  l'armée  du 
triumvir  répandit  une  alarme  universelle  à  tra- 
vers les  provinces  orientales  de  la  république 
romaine;  et  si  Orodes  avait  poursuivi  ses  succès 
avec  vigueur,  il  aurait  probablement  enlevé  la 
Syrie  aux  Romains  ;  mais  il  devint  jaloux  de 
Surena,  le  général  vainqueur  de  Crassus ,  le  fit 
mettre  à  mort,  et  donna  le  commandement  de 
l'armée  parthe  à  son  fils  Paconis,  encore  jeune. 


ORODES  664 

Les  Paifhes,  après  avoir  occupé  tonte  la  con- 
trée à  l'est  de  l'Kuphrate,  entrèrent  en  Syrie 
avec  un  petit  corps  de  troupes,  en  51.  Les  Ro- 
mains, remis  de  leur  défaite  et  commandés  par 
Cassios,  les  rejetèrent  au  delà  du  fleuve.  Ils  re- 
vinrent l'année  suivante,  toujours  schis  Tairto- 
rité  nominale  de  Pacoms,  mais  commandés  a 
réalité  par  Osaoès,  général  expérimenté.  Ils  s'a- 
vancèrent jusqu'à  Antioche,  dont  ils  ne  parent 
pas  s'emparer,  et  marchèrent  ensuite  sur  Anti- 
gonée;  mais  ils  furent  battus  près  de  cette  place 
par  Cassius.  Osacès  périt  dans  l'actioa ,  et  Pa- 
coms repassa  l'Euphrate.  Bibulus,  suocesseor 
de  Cassius,  persuada  au  satrape  parthe  Or- 
nodapantes  de  se  révolter,  et  de  proclamer 
Pacoms  roi.  Bien  que  le  jeune  prince  fût 
étranger  à  cette  rébellion,  elle  le  rendit  soâped 
à  son  père,  qui  lui  retira  le  commandement  de 
l'armée.  Orodes  ne  profita  pas  de  la  guerre  d- 
viie  qui  déchira  bientôt  la  république  romaine. 
Sollicité  par  Pompée,  il  mit  ses  secours  au  prix 
de  la  cession  de  la  Syrie,  et  voyant  que  le  gé- 
néral romain  ^n'accédait  pas  à  cette  honteuse 
condition,  il  garda  la  neutralité.  César,  vaio- 
queur  du  parti  de  Pompée,  était  sur  le  point  de 
s'engager  dans  une  expédition  contre  les  Par- 
thes lorsqu'il  fut  assassiné,  en  44.  Dans  la  nou- 
velle guerre  civile  qui  éclata  peu  après,  Brafi» 
et  Cassius  envoyèrent  Labienus,  fils  de  T.  Labie- 
nus,  l'ancien  lieutenant  de  César,  à  Orodes  poor 
solliciter  son  assistance.  Le  roi  des  Partliei  U 
promit;  mais  Bratus  et  Cassius  livrèrent  et  per- 
dirent la  bataille  de  Pbilippes  (  42  avant  J.-C), 
avant  que  Labienus  eOt  eu  le  temps  de  leor 
amener  des  renforts.  Les  vainqueurs  se  parts- 
gèrent  l'empire  romain,  et  Antoine  eut  pour  sa 
part  l'orient  avec  la  conduite  de  la  guerre  contre 
les  Parthes;  mais  au  lieu  de  s'occuper  de  cette 
expédition,  il  se  rendit  en  Egypte  avec  Cléopâtre. 
Labienus  pressa  Orodes  de  profiler  de  l'occa- 
sion, et  obtint  qo'nne  grande  armée  serait  en- 
voyée en  Syrie  sous  son  commandement  et 
sous  celui  de  Pacoms.  Les  deux  généraux  pas- 
sèrent l'Euphrate  en  40,  et  défirent  Saxa,  que*- 
leur  d'Antoine  ;  puis,  tandis  que  Labienus  tra- 
versait la  Cilicie  et  pénétrait  dans  l'Asie  Mi- 
neure, Pacoms  envahit  la  Syrie,  la  Phénicie  et 
la  Palestine.  Réveillé  de  son  indolence  par  le 
bmit  des  succès  des  Parthes,  il  envoya  oootre 
eux  le  plus  habile  de  ses  lieutenants,  Venfidios,. 
qui  chsfpgea  bientôt  la  face  des  affaires.  La- 
bienus fut  vaincu  an  mont  Tanrus  (39  ),  fait 
prisonnier  et  mis  à  mort  ;  Pharoapates,  un  des 
généraux  parthes  eut  le  même  sort,  et  les  Par- 
thes évacuèrent  prédpitamment  la  Cilicie  et  U 
Syrie.  Pacoms,  ne  se  laissant  pas  décourager, 
franchit  encore  une  fois  l'Euphrate,  en  38;  mai» 
il  fut  complètement  vaincu  dans  le  district  de 
Cyrrhestioe,  et  périt  dans  la  bataille.  On  re- 
marque que  le  combat  se  livra  le  9  juin,  joor 
anniversaire  de  la  défaite  de  Crassus.  La  ba- 
taille de  Cyrrbestice  et  la  mort  de  Pacoros 


J 


8GS 


OKODES  — 


portèrent  un  coup  très-grave  k  la  paissance 
parthique;  le  Tieil  Orodes  en  fut  accablé.  Pea- 
daot  plusieurs  jours  il  refusa  toute  nourriture, 
et  ne  prononça  aucune  parole,  et  quand  enfin 
il  rompit  le  silence,  ce  fut  pour  répéter  le  nom 
de  son  cher  fils  Pacorus.  Incapable  de  sup- 
;>orter  plus  longtemps  le  poids  de  la  couronne, 
il  s'en  démit  en  faTeur  de  son  fils  Phraates  IV. 
Un  des  premiers  actes  du  nouveau  roi  fut  de 
faire  tuer  son  père.  Les  médailles  d*Orodes  por- 
tent cette  inscription  grecque  :  BASIAEÛS 
UASIAEÛN  APSAKOr  ETEPPETOr  £III«A- 
NOr£  <t'lAAEAHNO£  (  Du  roi  des  rois,  Ar- 
sace,  bienfaisant,  illustre,  philheliène). 

OMODBa  11,  dix-septième  prince  de  la  fa- 
mille des  Arsaddes,  virait  vers  15  avant  J.-C. 
Les  nobles  parthes,  après  avoir  chassé  Phraa- 
tes, élurent  Orodes,  qui  appartenait  à  la 
même  famille  royale;  mais  ils  se  dégoûtèrent 
bientôt  de  loi ,  et  le  tuèrent  A  sa  mort  les  Par- 
thes demandèrent  aux  Romains  Yonones,  un  des 
fils  de  Phraate.  Y. 

Dion  Caialot.  XL,  18,  IS,  »>:  XLl,  II;  XLVIII,  U-»l  ; 
XLIX,  1»,  M,  tS.  -  Clc«ron,  Jd  MUe^  V,  18,  Il  ;  jtd 

/amU.\  XV,  1.  -  Justin.  XLII,  ».  —  Velleios  Palereo- 
Im,  II,  18.  —  Tlte-LIve,  EpUomê,  117,  iSSl— Floras. 

IV,  •.  —  Platarqii«,  Jntw,»  M,  M.  —  Applen,  ItûU  civ., 

V,  15.  -  Orose,  VI,  18.  -  Josèphe,  ^nti^ult.,  XVUI, 
t.  .-  Taclif,  jinnaleSt  U,  1.  —  VaiiUnt,  itegman  Arto- 
eidartun,  t.  I.  —  Dn  Tonr  de  Longuerae.  ÂnnaUi  Ar» 
saddarum,  —  Rlctiter,  HitHor.  Krit.  Fertueh  ûber 
dié  Artaciden  vmd  Sauaniden-Dfnastien.  —  Saint- 
Martin  ,  MimoirtM  hlstoHques  et  géographiques  tur 
fArméniet  vol.  I.  —  Vlscontl,  /oono^ropAle  grecque, 

OROSB  (Paul),  historien  et  théologien  la- 
tin, né  à  Tarragone,  en  Espagne,  vivait  dans  la 
première  moitié  du  cinquième  siècle  après  J.-C. 
Ayant  conçu  une  chaude  admiration  pour  le  carac- 
tète  et  les  talents  de  saint  Augustin,  il  se  rendit 
en  Afrique,  vers  413,  afin  de  consulter  le  saint 
sur  quelques  doctrines  des  priscillianistes ,  qui 
causaient  alors  de  grandes  dissensions  dans  les 
élises  de  la  péninsule  hispanique.  L'évéqne 
d'Hippone,  touché  de  ce  témoignage  d'estime, 
reçut  Orose  avec  beaucoup  de  bienveillance,  lui 
donna  toutes  les  instructions  nécessaires,  et  l'en- 
voya en  Syrie,  en  414  ou  41 5,  ostensiblement 
pour  qu'il  y  complét&t  son  éducation  auprès  de 
Mint  Jérôme,  qui  habitait  Bethléem,  mais  en  réa- 
lité pour  qu'il  combattit  les  principes  de  Pelage, 
qui  avalent  fait  des  progrès  eu  Palestine,  où 
l'hérésiarque  avait  résidé.  Orose  trouva  dans 
saint  Jérôme  un  ami  ardent,  et  s'acquitta  de  sa 
nûssion  avec  un  zèle  habile.  Il  commença  par 
annoncer  que  le  synode  de  Carthage  avait  con- 
damné l'hérésiarque  Cselestius  :  c'était  inviter 
>e  synode  de  Jérusalem  à  condamner  Pelage,  qui 
professait  des  doctrines  analogues.  La  cause  du 
j^lagianisrae  fut  en  effet  portée  devant  le  tri- 
bunal de  Jean,  évèque  de  Jérusalem,  et  Paul 
^rose  remplit  les  fonctions  d'accusateur  ;  mais 
>|  se  laissa  emporter  par  sa  vivacité,  et  prononça 
<ies   paroles  que  l'évéque  Jean,  favorable  au 


fond 


aux  pélagiens,  regarda  comme  blasphé- 


tnatoires.  Orose  fut  forcé  de  passer  de  l'ofTensive 

"OUT.  UOOn.  CÉRÉA.  ^  T.  XXXVIII. 


OROSE  866 

à  ha  défensive,  et  sa  mission,  après  d'heureux  dé- 
buts, finit  par  échouer.  Il  resta  en  Orient  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  appris  le  résultat  défavorable  de  l'appel 
fait  au  concile  de  Diospolis.  Il  partit  ensuite  après 
avoir  obtenu  les  reliques  récemment  décou- 
vertes de  saint  Etienne,  et  retourna  en  Afrique, 
où  il  resta  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  à  une  date 
mconnue.  11  reste  de  lui  les  ouvrages  suivants  : 
Bistùriarum  advenus  paganoê  libri  VII  : 
cette  histoire  est  dédiée  à  saint  Augustin,  à  la 
suggestion  duquel  elle  avait  été  entreprise.  Les 
païens  de  cette  époque  se  plaignaient  que  la 
honte  et  la  ruine  qui  depuis  si  longtemps  me- 
naçaient Teropire,  et  que  venait  de  consommer  la 
prise  de  Rome  par  Alaric,  étaient  dues  à  la  co- 
lère des  dieux ,  dont  les  sectateurs  de  la  foi 
nouvelle  avaient  abandonné  et  profané  les  au- 
tels. Orose  entreprit,  à  son  retour  de  Palestine, 
de  répondre  à  ces  acousations,  en  montrant  que 
depuis  les  temps  les  plus  anciens  le  inonde 
avait  été  le  théâtre  de  désastres  encore  pires 
que  ceux  dont  se  plaignaient  les  païens;  que  U 
guerre,  la  peste,  les  tremblements  de  terre,  les 
volcans  et  la  fureur  des  éléments  avaient  causé 
aux  hommes  des  maux  encore  plus  intolérables, 
qui  n'avaient  pas  pour  contrepoids  et  consola- 
tion l'espérance  du  bonheur  dans  l'autre  monde. 
C'est  donc  une  histoire  des  calamités  humaines 
que  le  pieux  Espagnol  prétend  écrire,  par  or- 
dre de  dates  depuis  la  création  du  monde  jus- 
qu'à l'année  417.  Il  recueille  dans  Justin,  £u- 
trope,  et  dans  d'autres  annalistes  et  compila- 
teurs de  seconde  mam,  tous  les  faits  qui  peu- 
vent servir  à  son  dessein  ;  et  il  les  met  à  la 
suite  les  uns  des  autres  sans  en  vérifier  l'exac- 
titude, sans  en  remarquer  ni  en  concilier  les 
contradictions  :  il  n^  ajoute  que  Tomement  d'un 
style  qui  ne  manque  ni  d'élégance  ni  d'éclat,  et 
qui  est  évidemment  formé  sur  le  modèle  de 
Tertullien  et  de  sahit  Cyprien.  Cette  chronique 
déclamatoire  avait  tout  ce  qu'il  fallait  pour 
plaire  au  moyen  Age  ;  mais  dès  le  seizième 
siècle  Sigonius,  Juste  Lipse,  Casaubon,  remar- 
quèrent qu'elle  manquait  absolument  de  cri- 
tique ,  que  l'auteur  n'était  jamais  remonté  jus- 
qu'aux Téritables  sources,  que ,  soit  ignorance, 
soit  indiflérence,  il  avait  négligé  les  auteurs 
grecs,  et  que  son  œuvre  abondait  en  erreurs 
grossières.  Cette  opinion  défavorable  a  été  plei- 
nement confirmée  par  l'érodition  modefne,  et  il 
faut  reconnaître  qu'au  point  de  vue  historique 
la  compilation  d'Orose  n'a  aucune  valeur,  mais 
elle  reste  un  monument  curieux  de  la  langue  et 
de  réioquence  latines  au  cinquième  siècle  (1). 


(1)  Parmi  lei  rtirTérenti  Utrea  foarnla  iMr  1«*  oianua- 
ciiti,  teh  que  Hiitoria  adrertus  paçanormn  catum^- 
niuti  de  eladibus  et  mieeriU  mimtfi,  etc..  Il  a'en 
trouve  un  Incompréhensible,  et  qnl  a  donné  lieu  à 
beaucoup  de  eoojrctnrea,  cTeat  eelnl  de  Harmesta,  oa 
Orwusta  on  Ormuta^  qnelqaefola  avec  l'addition  de  kf 
eu  mUeriarwn  chrittUad  temporif  Dea  tflveraca  aoln* 
llona  de  eea  problèmes  la  plus  planalble  est  celle  qui  sup- 
pose que  OrmUta  est  In  vérUable  orthographe,  et  que 

28 


867 


OIXOSR  —  ORPHÉE 


V  Histoire  d*Orosc  fut  publiée  pour  la  pre- 
TYiière  fois  par  i.  Schiissier,  Vîetme,  1471, 
hi-fol.  ;  eette  édition,  fhite  sur  un  excellent  ma- 
iniscrK»  est  rare  et  recherchée  ;  la  ptos  ancienoe 
édition  après  celle-ci  est  celle  de  Vicence  (sans 
date),  petit.  In-fol.,  par  Herm.  de  Colonia,  et  j 
d'après  laquelle  ont  été  faites  celtes  de  Venise, 
1483,  1484,  1499, 1500;  la  meilleure  édition  est 
c>elle  d*Havercamp,  Leydc,  1738.  in-4*,8oi- 
frnée  pour  le  texte  et  précieuse  surtout  à  cause 
de  son  commentaire.  V Histoire  d'Oro*e  a  été 
traduite  dans  la  plupart  des  langues  modernes. 
Une  vieille  traduction  française,  Paris  (Vcrard), 
1491,  in-fol.,  attribuée  h  Claude  de  Seissel,  est 
assez  recherchée  ;  il  y  a  aussi  de  vieilles  tra- 
ductions en  allemand  et  en  italien,  par  Hiéro- 
nyme  Boner,  Colmar,  1689,  et  par  Giov.  Gue- 
rfni  da  Lanctza,  sans  date  ni  lieu  d'impression  ; 
mais  rien  en  oe  genre  n'est  aussi  curieux  que  la 
traduction  d'Orosepar  Alfftd  le  Grand,  roi  d'An- 
gleterre :  cette  version,  dont  il  existe  un  manus- 
crit à  la  bibliothèque  Cottonienne,  a  été  publiée 
par  Daines  Barrington  :  The  anglo-saxon  ver- 
sion from  thê  histùTian  Orosius,  bg  jEl- 
fred  thê  Greal  ;  togefher  with  an  english 
translation;  Londres,  1773,  in-8*».  Une  édi- 
tion beaucoup  plus  soignée  de  cette  version, 
avec  une  traduction  littérale  en  anglais,  a  été  pu- 
bliée par  le  D'  Bosworth,  en  1855.  Une  traduc- 
tion de  la  version  d^Alfred  forme  un  volume  de 
YAnUquarian  hbrary  de  Bohn,  1847.  Cette 
version  nVst  pas  seulement  précieuse  comme 
monument  de  la  vieille  langue  anglaise,  elle 
renferme  des  additions  très-intéressantes ,  qai 
contiennent  la  seiile  géographie  de  l'Europe  à 
cette  époque  par  un  cooteniporam ,  et  indiquait 
la  position  et  Tétat  politique  des  nations  ger- 
ipaniques  au  neuvième  siècle. 

On  a  encore  de  Paal  Orose  :  Liber  apologe- 
Hctis  de  arbitra  libertate,  écrit  en  Palestine, 
en  415.  Orose  avait  été  anathéroatisé  par  Jean 
de  Jérusalem  comme  coupable  d'avoir  soutenu 
que  riiomme  ne  peut  pas,  même  avec  l'aide  de 
Dieu,  accomplir  la  lui  divine;  il  écrivit  ce  tnité 
pour  dt^montrer  que  Taccusatton  était  fausse  et 
pour  justifier  ses  propres  attaqui^s  contre  le^ 
doctrines  de  Pelage.  Par  une  singulière  erreur 
de  copiste,  dix-sept  chapitres  du  traité  De  na- 
tura  el  gratia  de  saint  Augustin  ont  été  in- 
sérés dans  le  Liber  apologeticus  d'Orose;  ce 
qui  a  produit  une  grave  confusion.  VÀpologe- 
ticus  fut  publié  pour  la  première  fois  à  Lon* 
vain,  1558,  in-8*,  avec  l'épttre  de  saint  Jérôme 
Contre  Pelage,  et  se  trouve  dans  la  Bibliotheca 
Patrum  max,,  Lyon,  i677,  infol. ,  vol.  VI,  à 
la  suite  de  Tédition  de  V  Histoire  par  Ha  ver- 
camp,  et  dans  la  collection  des  conciles  de  Har- 
dooin,  vol.  I,  p.  200;  —  Commoniiorium  ad 
Augustinnm,  le  ploa  ancien  des  ouvrages  d'O- 
rose,  composé  peu  après  sa  frenuère  arrivée  en 

ce  mot  étnoge  se  compof e  de  Or.  m,  Uta,  âbbréTlatioiM 
4ie  OrosU  mundi  ittorla. 


Afrique,  daaa  le  but  d'ex^iiiquer  l'état  des  partis 

religieux  en  E«|)agne,  iiarlicuUèicmeot  cnoe 

qui   toochait  ies  priaciiliaiiitites  d  Ict  or^ 

nistes  :  cet  «pMscale  est  ordinaireniéDt  attache  à 

la  réplique  de  saint  Aq;;ustia  intitulée  Couire 

PriscillianisiaM  ei  Oriçetitotas  liber,  ad  Or^ 

ilum.  11  n'existe  pas  d'édition  eomplèle  des  oeo- 

vres  de  Paul  Orose*  L.  J. 

Siiat  AuguAllD,  Db  ration9  animm,  md  Hwmmt- 
mwn,  —  Gcnoadlos  De  viri$  iUustrilnts,  99,  16.  - 
Trttkéinr,  De  icript.  eeclet..  itl.  -^  SlcoUs  AnloeJo^ 
SibUotà,  àispana  weàu.  —  G.-!.  VottItM.  Dm  MÊÊtonm 
latinU,  U,  U.  *  ScMaernann,  BUtl.  Patrum  M<M- 
rum,  vol.  Il,  10.  —  Doiu  LcUJker,  Histoire  de»  auUmn 
eeelésUaiiqua.  —  Mlir,  Gtschirkte  drr  Mmdtcken  IM- 
terat.^  Ul-G.  MoMer,  Diaurtmtm  de  PmÊim  Orem; 
Altorf,lsas.  i»-4*.  -  Vot^  i/4jl#r.  l*eiag^U  n.~Si- 
gonlus.  De  historicii  rwnanUt  S.  —  S,  Llp«e,  Ctfmp- 
ment,  in  Tacitt  Annaiei.  —  CaMubon,  De  rtbms  ttttrii. 
-*  MSraer,  Be  Oroiéi  «Ha  «^ItufM  àittmiimmm  mm 
tgptem  aéoermu  Paganm  i  Bertka«  iêU. 

omPKUAx*  Voy  Éikiinb. 

OBFMte{'0p(pev0,undescréatef8ia>1hi|if 
de  la  poésie  grecque.  On  |ilace  am  eustcaee 
vers  le  treizième  ou  le  quatorzième  aiède  avaat 
J.-C  Orptiée  ligure  dans  U  Biographie,  aaa 
peur  sa  personnalité,  évidemment  fafaolense, 
mais  à  oipse  du  système  tltéologiqoe  et  pbiiofio- 
phiqoe  qui  se  rattache  à  son  nom  etdea  ouvnfet 
qu'on  lui  attribue.  La  théologie  et  la  poésie  or- 
phiques soulèvent  des  problèmes  nombreai, 
complexes  et  qui  méritent  d'être  étudiés  avec 
attention.  La  première  question  à  résoudre  est 
celle-ci  :  à  quelle  date  et  de  quels  éléments  s'est 
formée  la  légende  d'Oirpbée.  L'bialoire  deli  lit- 
térature grecque  commence  avec  ies  poèmes 
homériques  ;  mais  U  est  manifeste  qne  le  pcepie 
même  le  mieux  doué  n'a  pas  pu  débuter  par  uae 
épopée  aussi  fortement  conçue  que  V Iliade, 
par  un  poème  anssi  habilenoent  oonatniit  qm 
VOdyssée.  Les  œavrea  homériques  supposcal 
l'existence  de  toute  uae  poésie  antérieure  soe> 
oessivement  perieetionnée  par  un  grand  nombre 
de  poètes ,  dont  les  ouvragaa  el  lea  nom»  BoèKe 
ont  péri,  ou  du  moins  den  les  nona  ne  sont 
coDserf  es  que  par  des  traditiooa  aana  autorité 
historique.  Les  fables  des  Grecs  nous  parient 
de  ces  prédécesseurs  d'tioinère  qui  ooosacrèreut 
l'art  de  ia  musique  au  culte  des  dieux  et  à  la 
civilisation  des  hommes.  En  tète  de  la  série  dt*» 
aèdes  inspirés  figurent  Hermès,  Tinventev  de 
la  lyre,  Apollon,  qui  perfectioÎMia  Pinveulion 
d'Hermès  et  devint  le  patron  auprèma  des  poè- 
tes, puis  viennent  les  Musea  e(  cnhn  les  chan- 
teurs, divms  enfants  ou  élèves  immédiats  d'A- 
pollon et  des  Musea,  lesquels  servent  de  tarami- 
tion  entre  Tèga  mythologique  et  l'âge  d'Homère. 
Les  principaux  de  eea  chanteun  mythiques  qui 
replantent  certaines  périodes  et  certains  gntr» 
de  la  poésie  anléhomérlque,  sont  Olen.  Liws. 
Orphée,  Musée,  Enmolpe,  Pamphus,  Thamyri^ 
et  Pbiiammon  ;  Orphée  est  de  beaucoup  le  pltt> 
important  Son  mxn  ne  parait  pas  dans  les  (»•- 
vres  d'Homère  et  d'Hésiode;  le  premier  écrinin 
1  grec  qui  en  lasse  mention  eat  Ibyeos  (ver»  ie 


869 


ORPHÉE 


870 


miHea  da  sixtème  sièele  arant  J.-€.  ),  qui  rap- 
pelle le  célèbre  Orpliée(  ôvo^uucXvràv  "Opfviv  ).  Au 
corameocement  au  cinquième  siècle ,  Ptedafe  le 
Domme  TilUistre  joueur  de  harpe,  le  père  de  la 
poésie  lyrique  envoyé  par  Apollon,  et  le  compte 
au  nombre  des  Argonaotes  ;  il  TappeUe  aussi 
fils  à'Œèffim.  Les  anciens  historiens  HeHanicns 
et  Pbérécyde  ne  l'omettent  pas  ;  te  premier  fait 
de  lui  rancètr«  d'Homère  et  d*Hésiode;  le  se- 
cond dit  que  ce  n'était  pas  Orpbée  mais  Phi- 
Jammon  qui  hit  le  barde  des  Argonaiites,  tra- 
dition suivie  par  Apollonius  de  Rhodes.  Les 
poètes  dramatiques  mentionnent  plusieurs  Or- 
pliée.  Eschyle  ^Muasoa  Àgamemnon  fait  allnsiuD 
à  la  puissance  merveilleuse  de  l'aède  qui  par  les 
«ons  de  sa  lyre  attirait  les  arbre».  Dans  ses  BassO' 
ri</cf  y  aujourd'hui  perdues,  il  parlait  enoorede  lui, 
si  l'on  s'en  rapporte  à  un  fragment  peu  explicile 
d'Ératostbène  :  «  Orpbée,  dit  cet  écrivain,  n'Iio- 
Dorait  pas  Dionysos;  il  croyait  que  le  soleil,  qu'il 
appelait  aussi  ApoUon,  était  le  plue  grand  des 
dieux  ;  se  levant  dans  la  nuit,  il  monta  avant 
l'aurore  sur  le  mont  Pangée  alin  de  voir  le  so- 
leil le  .premier,  de  quoi  Dionysus  irrité  envoya 
contre  lui  les  Bassarides,  qui,  comme  le  dit  le 
poète  Eschyle,  le  mirent  en  pièces  et  dispersè- 
rent ses  membres;  mais  les  Muses  les  recueilM- 
rent  et  les  ensevelirent  en  un  Keu  appelé  Leibe- 
thra.  »  Si  tonta  cette  citation  était  tirée  d'Es- 
chyle, elle  serait  très-importante;  mais  il  sem- 
ble qu'un  seul  détail  appartienne  à  ce  poète,  c'est 
le  meurtre  d'Orptiée  par  les  Bassarldes.  Dans 
ce  qui  reste  de  Sophocle  on  ne  trouve  pas  trace 
d'Orphée.  Euripide,  au  contraire,  en  parle  sou- 
vent, et  d'une  manière  neuve;  le  premier  il  lait 
allusion  aux  rapports  d'Orphée  avec  Dionysus, 
et  à  sa  descente  aux  Enfers;  il  parle  de  sa  pa- 
renté avec  les  Muses  { Rhésus ,  944,  946),  du 
pouvoir  de  ses  chansons  sur  les  rochers,  les 
arbres  et  les  animaux  sauvages  (Mêd.f  543; 
Iphig.in  AuLt  1211  ;  Baccà.,  561  ),  du  diarme 
quMt  exerçait  sur  les  puissances  infernales  (  Al- 
cest.^  357);  il  le  rattache  aux  orgies  sacrées  des 
bacchanales  (  ffippol^  953), lui  attribue  Unsti- 
tution  des  mystères,  et  place  dans  les  forêts  de 
l'Olympe  (  Bacch,^  501  )  le  théifttre  de  ses  mira- 
cles. Aristophane,  dans  un  passage  de  sa  comé- 
die des  Grenouilles  (Aan.,  1032),énumérant  les 
anciens  poètes  (Orphée,  Musée,  Hésiode  et  le 
divin  Homère)  qui  ont  donné  aux  hommes  les 
meilleurs  enseignements,  nomme  Orphée  le  pre- 
mier, et  dit  «  qu'il  nous  apprit  les  initiations 
(teXET^;)  et  à  nous  abstenir  des  meurtres  ». 
C'est  aussi  en  ce  sens  que  Piatun  eh  parle.  U  le 
mentionne  souvent  ainsi  que  ses  sectateurs  et 
ses  ouvrages;  il  le  cite  en  général  avec  respect; 
cependant  il  donne  de  sa  descente  dans  l'hadès 
une  version  singulière  et  peu  favorable  (Sympos., 
179).  «  Les  dieux ,  dit-il ,  renvoyèrent  Orphée 
inexaiicé'  de  l'hadès ,  lui  ayant  montré  le  fan- 
tôme de  la  femme  pour  laquelle  il  était  venu , 
BQais  ne  la  lui  rendant  pas  elle-même,  parce 


qu'il  s'était  conduit  mollement,  comme  un  joueur 
de  cithare  qu'i^  était,  et  n'avait  pas  osé  mourir 
par  amour,  comme  Alceste,  mais  avait  réussi  à 
pénétrer  vivant  dans  l'hadès;  c'est  pourquoi  ils 
loi  infligèrent  cette  peine,  et  firent  qu'il  mourut 
par  la  main  des  femmes.  «  Il  nous  semble  que 
ce  passage  est  ironique,  et  n'exprime  pas  le  vé- 
ritable jugement  de  Platon  sur  le  poète  théolo- 
gien. Le  philosophe  athénien  s'était  beaucoup 
occupé  d'Orphée  et  des  doctrines  qu'on  lui  at- 
tribnaît.  Il  mentionfie  dans  le  Cratyle  l'opinion 
des  orphiques,  qui  soutenaient  qne  l'Ame  est  em- 
prisonnée dans  le  corps  en  punition  de  ses  pé- 
chés intérieurs  ;  il  fait  plnsieers  citations  d'a- 
près les  écrits  attribués  à  Orphée  et  une  fois  au 
moins  d'après  sa  théogpnie,  qu'il  regarde  comme 
authentique.  Quant  à  la  coHeclion  de  rituels  re- 
ligieux qui  circulait  sous  le  nom  d'Orphée  et  de 
Musée,  il  en  parle  aussi,  mais  en  termes  qui 
prouvent  qu'il  la  considérait  comme  apocryphe. 
Ses  doutes  ne  s'étendaient  pas  jusqa^è  l'existence 
même  du  poète,  à  laquelle  il  croyait  11  n'en 
était  pas  de  même  d'Aristote,  qui  pensait  qu'Or- 
phée n'avait  jamais  existé  et  que  les  ouvrages 
qu'on  lui  attribuait  étaient  l'œuvre  de  Cercops 
et  d'Onomacrite. 

Tels  sont  les  principaux  témoignages  que  nous 
fournissent  sur  Orpbée  les  deux  siècles  classi- 
ques de  la  Grèce  (Y*  et  IV»)  ;  il  en  résulte  q«e 
le  nom  du  poète  était  dès  lors  célèbre,  que' ses 
prétendaea  doctrines  étaient  répandues,  mais 
qne  sa  feégende  n'était  pas  encore  complètement 
formée.  Si  l'en  descend  aux  mythographes  et 
aux  poètes  depuis  le  quatrième  siècle  jusquli 
l'extinction  des  lettres  classique^,  on  trouve  que 
cette  légende  s'amplifia  de  détails  nombreux  et 
souvent  oontradictoÎTes,  qu'il  serait  trop  long  d'^ 
Bumérer  ici  ;  nous  ne  rappellerons  que  les  plus 
importants.  Orpliée,  fils d'Œagrins  et  de  Calliope, 
vivait  du  temps  des  Argonautes,  qu'il  accompa- 
gna dans  leur  expédition.  Instruit  par  les  Muses 
à  jouer  de  la  lyre  qu'il  avait  reçue  d'Apollon,  41 
encliantait  et  entraînait  après  lui,  par  le  charme 
de  sa  musiqae,  les  bêtes  sauvages  et  même  les 
arbres^t  les  roctiers  do  mont  Olympe.  Aux  sons 
de  sa  lyre  le  vaisseau  Argo  fendit  les  flots,  les 
Argonautes  s'arradièrent  aux  dangereuses  sé- 
ductions deLemnos;  les  symplégades  on  rodiers 
mouvants  se  fixèrent,  le  dragon  de  Colchos, 
gaidien  de  la  toison  d'or,  fut  vaincu  par  le  som» 
meO.  Après  son  retour  de  rexpédition  des  Ar- 
gonautes, Orphée  fixa  sa  demeure  dans  une  chh 
verne  de  la  Thrace ,  et  s'occupa  de  civiliser  Je» 
sauvages  habitants  de  ce  pays.  On  raconte  aussi 
qu'il  visita  l'Egypte.  Les  récits  de  la  mort  de 
sa  femme,  de  sa  tentative  pour  la  recouvrer  et 
de  sa  propre  mort  sont  très-divers.  Sa  femme 
était  une  nymphe  nommée  Agriope  ou  Eurydice. 
Les  plus  anciens  récits  ne  parient  pas  de  la  cadlte 
de  sa  mort.  Cependant  la  légende  suivie  par 
Virgile  et  Ovide,  d'après  laquelle  Eurydice  périt 
de  la  morsure  d'un  serpent,  est  sans  doute  d'une 

28. 


871 


ORPHÉE 


sn 


haute  antiquité  ;  mais  avant  Virgile  on  ne  trouve 
pas  trace  du  rôle  que  ce  poète  assigne  à  Aristée 
(Diodore,  IV,  2ô;Conon,  45;  Pausanias,  IX, 
?0;  Hygin,  JFaô.,  1 64;  Virgile,  Georg.^  1.  IV). 
Orphée  descendit  à  la  recherche  de  sa  femme 
dans  les  demeures  de  l'hadès.  Là  les  sons  de  sa 
lyre  suspendirent  les  tourments  des  réprouvés 
et  obtinrent  de  la  plos  inexorable  des  divinités 
que  sa  femme  lui  serait  rendue.  Une  seule  con- 
dition lui  fut  imposée,  c'est  qoll  ne  se  retourne- 
rait pas  pour  regarder  Eurydice  avant  d'être  ar- 
rivé avec  elle  dans  le  monde  supérieur.  Au  mo- 
ment où  il  franchissait  les  bornes  fatales ,  le 
poète,  cédant  à  l'anxiété  de  son  amour,  regarda 
derrière  lui  pour  s'assurer  que  sa  femme  le  sui- 
vait, il  la  vit  entraînée  à  jamais  dans  les  régions 
infernales.  Nous  avons  dit  que  Platon  expliquait 
la  mort  d'Orphée  comme  une  punition  divine. 
Des  écrivains  plus  récents,  rabaissant  cette  lé- 
gende religieuse  à  des  conditions  humaines,  sup- 
posè^nt  que  le  poète,  dans  son  désespoir,  mé- 
prisa les  femmes  thraces,  qui  se  vengèrent  de 
ses  dédains  en  le  mettant  en  pièces  aii  milieu 
des  fureurs  des  bacchanales.  Malgré  cette  expli- 
eation  rationaliste ,  la  mort  d'O'rphée  conserva  ' 
nne  empreinte  religieuse.  On  l'attribua  tantôt  à 
la  colère  d'Aphrodite,  tantôt  à  celle  de  Zeus. 
Ainsi  dans  une  inscription  placée  sur  le  pré- 
tendu tombeau  d'Orphée  k  Dinnî  près  de  Pydna, 
en  Macédoine ,  on  lisait  :  «  Les  Muses  enseveli- 
rent ici  le  Xhrace  Orphée  à  la  lyre  d'or,  que  le 
tout*puissant  Zeus  frappa  d'un  trait  enflammé.  » 
(Diogène  Laerce,  ProcemiunifS;  Pausanias,  IX, 
30;  Brunck,  Analecla,  t.  lil,  p.  253).  Après 
sa  mort,  suivant  la  tradition  la  plus  géniale,  les 
Muses  recueillirent  les  lamtieaux  de  son  corps, 
et  les  ensevelirent  à  Leibethra,  au  pied  de  l'O- 
lympe, et  snr  son  tombeau  les  rossignols  chan- 
taient mélodieusement.  Sa  tète  jetée  dans  THèbre 
Ciit  entraînée  dans  la  mer,  qui  la  porta  jusqu'à 
Lesbos  ;  là  elle  fut  recueillie  et  ehsevelie  à  An- 
tissa.  Dans  la  même  Ile  les  flots  portèrent  aussi 
sa  lyre.  Ces  deux  traditions  expriment  poéti- 
quement ce  fait  historique  que  Lesbos  fut  le 
premier  grand  siège  de  la  poésie  lyrique.  Ter- 
pandre,  le  plus  ancien  musicien  historique,  était 
natif  d'Antissa.  D'après  les  légendes  astronomie 
ques,  Zeus,  à  la  prière  d'Apollon  et  des  Muses, 
plaça  la  lyre  d^Orphée  parmi  les  étoiles  (;Pha- 
nocles,  dans  Stobée,  Florileg.^  LXU:  Eratos- 
tbène,24;  Hygin,  Astron.,  il,  7;  Manilius» 
Astron.^lf  324). 

Jelle  est  dans  son  ensemble  et  ses  principaux 
détails  la  légende  orphique.  Comme  elle  s'est 
formée  successivement  d'éléments  divers  et 
eontradictoires,  elle  n'est  pas  susceptible  d'une 
interprétation  générale,  et  comporte  plusieurs 
explications  partielles.  Dans  ses  traits  les  plus 
sifhples  et  le^  plus  anciens ,  elle  n'est  que  l'ex- 
position mythique  des  progrès  de  la  poésie  ly- 
rique depuis  son  origine,  en  Thrace,  jusqu'à  l'é- 
poque où  elle  fut  perfectionnée  et  reçut  une 


forme  définitive  par  les  soins  des  poêles  de  Les- 
tas; mais  beaucoup  de  détails  dépassent  œ  sys- 
tème d'interprétation.  Le  malheur  d'Orphée, 
privé  d'Eurydice  et  déçu  dans  son  espoir  de 
l'arracher  aux  enfers,  appartient  à  un  autre  or- 
dre d'idées,  et  semble  se  rattacher  à  cette 
croyance  dont  le  mythe  de  Prométbée  est  la  plus 
sublime  expression,  que  les  dieux  voyaient  avec 
Jalousie  les  progrès  des  hommes  et  ponissaieBt 
sévèrement  les  mortels  qui  transgressaient  lei 
limites  assignées  à  l'hamanité.  La  mort  d*Or- 
phée  par  les  mains  des  Ménades  est  une  allnsioo 
à  la  lutte  entre  le  culte  d'Apollon  et  celui  de 
Dionysus.  Ici  se  présente  une  grave  dinficnlté. 
Comment  Orphée,  le  représentant  des  idées  re- 
ligieuses et  poétiques  placées  sous  l'invocatioa 
d'Apollon,  devint-il  le  patron  de  sociétés  dont 
les  rapports  avec  le  culte  dionysiaque  sont  in- 
contestables ?  Cette  question  ne  saurait  être 
complètement  résolue.  Entre  le  polythéisme 
d'Homère  et  d'Hésiode,  et  le  polythéisme  tel  qu'on 
le  trouve  constitué  au  sixième  ^lècle ,  il  existe 
une  lacune  impossible  à  combler,  à  cause  de  la 
perte  do  cycle  épique  et  des  poètes  lyriques. 
En  l'absence  de  renseignements  précis,  il  faut  se 
borner  à  constater  des  faits  généraux.  Le  poly- 
théisme d'Homère,  simple,  tiean  et  grand,  n'é- 
tait ni  profond  ni  mystique;  il  ne  répondait  que 
très-imparfaitement  à  quelques-unes  des  plss 
nobles  aspirations  de  l'âme;  aussi  parut-il  de 
plus  en  plus  insuffisant  à  mesure  que  l'espnl 
grec  se  développait,  et  s'il  subsista,  ce  fut  à  la 
condition  de  se  surcharger  de  croyances  non- 
velles.  Les  Grecs  se  trouvant  en  rapport  avec  tes 
peuples  de  l'Asie  Mineure  et  de  la  Syrie,  avec  les 
Phrygiens,  les  Lydiens,  les  Phénideos ,  leur  em- 
pruntèrent des  dogmes  et  des  rites  qui  étaient 
bien  loin  delà  beauté  simple  des  mythes  homé- 
riques ,  mais  qui  par  leur  complication  et  leur 
obscurité  même  répondaient  à  ce  sentiment  da 
mystérieux  qui  est  si  puissant  fhez  l'homme.  U 
croyance  à  l'immortalité  de  l'âme  e€  les  croyan- 
ces qui  en  découlent,  la  punition  des  roédiants, 
la  rémunération  des  hommes  pieux,  le  pouvoir 
qu'ont  les  mortels  de  racheter  leurs  péchés  par 
des  expiations  et  des  purifications,  trè»-faible> 
ment  indiquées  ou  tout  à  fait  omises  dans  Ho- 
mère, acquirent  une  invportance  majeure  soiii 
l'influence  des  idées  orientales,  et  devinrent  la 
base  de  toute  une  théologie  nouvelle,  qui  se  ré- 
pandit au  moyen  de  certaines  sociétés,  où  les 
néophytes  n'entraient  qu'après  des  initiaticns 
assez  longues.  Ces  associations  mystiques  avaient 
toutes  pour  but  de  révéler  aux  initiés  les  secrets 
de  ce  monde  intérieur  caché  aux  regards  des 
mortels,  et  de  les  préparer  à  la  félicité  dans  une 
autre  vie ,  en  les  mettant  dès  celle-ci  en  commu- 
nication avec  les  divinités  du  monde  invisible, 
divinités  que  l'on  appelait  ckthoniennçs,  parce 
que  l'on  pensait  que  ce  monde  invisible  était 
situé  au  centre  de  la  terre.  La  plus  renommée 
des  sociétés  mystiques  étoit  celle  des  Eomolpide^, 


873 


ORPHEE 


874 


qui  célébrait  à  Eleusis  les  mystères  de  Demeter. 
Les  orphiques,  ou  disciples  d'Orphée,  sans  avoir 
la  même  célébrité  exercèrent  plus  d'influence, 
du  moms  sur  la  littérature.  Tandis  que  les 
liymmes  chantés  et  les  prières  récitées  par  les 
hiérophantes  d'Eleusis  restaient  enrermés  dans 
le  sanctuaire,  les  orphiques  publiaient  leurs  doc- 
trines Ihéogoniques  et  leurs  formules  de  puri- 
fication. Ils  n'étaient  pas  attachés  à  un  temple 
particulier,  ni  astreinte  à  des  rites  uniformes.  Le 
culte  auquel  ils  se  consacraient  était  celui  de 
Bacchus  ou  Dionysos;  mais  ce  Dionysos  était, 
au  moyen  d*un  mythe  étrange,  identifié  avec 
Zagreus  et  devenait  une  divinité  chthonienne 
étroitement  liée  avec  Demeter  et  Cora.  Loin  de 
porter  dans  le  culte  de  Dionysos-Zagreus  la  li- 
cence eiïiénée,  l'ivrease  furieuse  des  vulgaires 
adorateurs  de  Bacchus,  ils  menaient  une  vie  an- 
céÙqne.  Après  avoir  goûté  dans  un  repas  mys- 
tique la  chair  crue  du  taureau  de  Dionydus,  Us 
s'abstenaient  de  toute  autre  viande.  Avec  leurs 
blancs  vêtements  de  lin,  ils  rappelaient  les  prê- 
tres orientaux  et  égyptiens,  et  Hérodote  pensait 
que  c'éUit  aux  ^ptiens  que  les  orphiques 
avaient  emprunté  une  grande  pattie  de  leur  ri- 
tuel. Le  même  philosophe  signale  des  rapports 
frappants  entre  les  orphiques  et  les  pythagori- 
ciens. Ofte  ressemblance  s'explique  par  ce  fait 
que  les  pythagoriciens,  proscrits  dans  la  grande 
Grèce  et  forcés  de  se  réfugier  dans  la  mère  pa- 
trie, entrèrent  dans  les  sociétés  orphiques.  L'or- 
phisme,  qui  acceptait  tous  les  dieux  helléniques 
et  qui  les  enveloppait  dans  une  théogonie  plus 
vaste,  empruntée  soit  aux  Orientaux,  soit  aux 
spéculations  des  premiers  philosophes  grecs, 
n'avait  rien  de  contraire  au  culte  national,  et 
avait  de  quoi  plaire  aux  esprits  que  ne  conten- 
tait  pas  le  polythéisme  d'Homère  et  d'Hésiode. 
Au  dernier  degré  des  sectes  orphiques  étaient 
les  orpAéo^^/e«/es,  mystagogues  vulgaires,  qui  se 
rendaient  devant  les  portes  des  riches  et  offraient 
de  les  purifier  de  leurs  péchés  et  de  ceux  de 
leurs  pères  par  des  rites  et  des  chants  expia- 
toires. Les  orphéotélestes  fondaient  leurs  céré- 
monies sur  de  prétendus  livres  d'Orphée  et  de 
Musée.  Les  sectes  orphiques  les  plus  élevées 
produisaient  aussi  certains  livres  dont  elles  fai- 
saient remonter  la  rédaction  ou  Tiospiration  jus- 
qu'à Orphée. 

Les  livres  orphiques  étaient  rédigés  en  vers; 
les  philosophes  d'Athènes  et  d'Alexandrie,  qui 
les  citent  souvent,  en  ont  conservé  de  nombreux 
fragments,  dont  aucun  sans  doute  n'appartient  à 
nne  haute  antiquité ,  mais  dont  plusieurs  sont 
do  sixième  siècle  avant  J.-C,  et  ont  peut-être 
poor  auteur  Onomacrite  (  voy.  ce  nom  ).  Dans 
le  siècle  suivant  la  littérature  orphique  prit  beau* 
coup  d'extension  et  se  mélangea  avec  les  doc- 
trines pythagoriciennes.  «  Plusieurs  écrivains, 
dit  Ot.  Mâller,  que  Fou  appelle  pythagoriciens, 
et  qui  sont  connus  comme  les  auteurs  de  poèmes 
orphiques,  appartiennent  à  cette  période;  tels 


sont  Cercops,  Brontinus,  et  Avignote.  A  Cercops 
on  attribuait  le  grand  poëme  intitulé  les  Légen» 
de$  sacrées  ('lepot  Xo^ot  ),  système  complet  de 
théologie  orphique  en  vingt  quatre  parties  ou 
rhapsodies,  et  probablement  l'œuvre  de  plusieurs 
personnes  puisqu'on  l'attribuait  aussi  à  un  cer- 
tain Diognote.  Brontinus,  également  un  pytha- 
goricien, était,  dit-on,  l'auteur  d'un  poëme  or- 
phique sur  la  Nature  (  4»vot«eK),  et  d'un  poëme 
intitulé  Le  Manteau  et  U  FUetiJïiKkoa  xal  dîx- 
Tiov),  expressions  symboliques  de  la  création 
chez  les  orphiques.  Arignote,  qui  passe  pour 
l'élève  et  même  poor  la  fille  de  Py  thagore,  écrivit 
un  poëme  intitulé  :  Baechica,  On  cite  encore 
d'autres  poètes  orphiques,  Persinusde  Milet,  Ti* 
modes  de  Syracuse,  Zopyrus  d'Uéraclée  ou  de 
Tarente.  »  Les  fragments  qui  subsistent  déri- 
vent en  partie  de  ces  nombreux  ouvrages;  mais 
il  en  est  beaucoup  qui  proviennent  de  compo- 
sitions écrites  k  l'époque  du  déclin  du  paga- 
nisme; il  n'est  pas  facile  de  séparer  la  littérature 
orphique  authentique  (  Yl*  et  Ve  siècles  avant 
J.-O.  )  de  la  littérature  orphique  apocryphe 
(  P%  Ue,  nie  siècles  après  J.-C.  )  ;  et  même  en 
s'en  tenant  aux  fragments  qui  paraissent  les 
plus  anciens,  il  est  difficile  d'en  tirer  des  in- 
dications complètes  et  concordantes  sur  la  théo- 
gonie orphique.  Nous  ne  rappellerons  ici  que  les 
traits  essentiels  de  cette  théogonie.  Dans  la  my- 
thologie d'Homère,  Zeus  est  le  Dieu  par  excel- 
lence, le  père  des  dieux  et  des  hommes;  mais 
comme  l'idée  d'un  être  absolu  existant  par  lui- 
même  était  au-dessus  des  simples  intelligences 
de  l'êge  héroïque,  le  poète  donna  un  pèro  à 
Zeus,  ce  fut  Kronos,  divinité  obscure,  reléguée 
dans  les  ténèbres  du  Tartare.  Hésiode,  s'avan- 
çant  dans  cette  voie,  remonta  de  Kronos  à  . 
Onranos  (  le  Ciel  )  et  Gsea  (  la  Terre  ),  d'Oura- 
nos  et  Gœa  à  Chaos,  c'est  à-dire  à  la  matière 
confuse  d'oà  sont  sortis  tous  les  êtres.  Les  or> 
phiques  prétendirent  remonter  encore  plus  loin 
et  arriver  à  une  plus  haute  abstraction  que 
Chaos.  Au  sommet  de  toutes  choses  ils  placè- 
rent Chronos  (le  Temps).  Chronos  produisit  , 
spontanément  par  sa  puissance  créatrice  ^ther 
et  Chaos,  desquels  il  forma  un  immense  œuf 
cosmique  d'une  éclatante  blancheur.  Toute  l'es- 
sence du  monde  était  contenue  dans  cet  œuf,  et 
il  en  sortit  par  la  suite  des  temps  le  premier  né 
des  dieux,  Phanès,  ou  Métis,  ou  Herikepnus 
(  identifié  quelquefois  avec  l*£ros  d^Hésiode), 
divinité  mâle  et  femelle,  qui  avait  en  soi  le  germe 
des  dieux  et  qui  engendra  d'abord  le  Cosmos 
ou  le  monde.  Suivant  la  remarque  d'Otfried 
Mûller,  les  poètes  orphiques  concevaient  Éros- 
Pbanès  comme  un  être  panthéistique.  Les  par- 
ties du  monde  formaient  les  membres  de  son 
corps.  Le  ciel  était  sa  tête,  la  terra  ses  pieds , 
le  soleil  et  la  lune  étaient  ses  yeux,  le  lever  et 
le  coucher  des  corps  célestes  étaient  ses  cornes. 
Un  poète  s'adresse  en  ces  termes  à  Phanès  s 
«  Tes  larmes  sont  la  noalhenreuse  race  des 


87; 


liorames;  par  tua  sourire  ta  as  fait  Daltre  la 
race  sacrée  des  (iieux  ».  Cette  conception  pan- 
tbf  istique  appartient  probableineiit  à  qba  époque 
ultérksiire ,  et  la  première  tbéogooie  orpèû^e 
paratt  un  simple  remaniement  de  la  nytholoî^ 
«l'Hésio<ie.  Pliaoès  engendra  Nyx  (la  Nuit),  dehh 
queUe  il  eut  Oaraoos  et  Gœa.  D*Oufano»  et 
G«a  naquirent  les  trois  Mieres  { les  Parques  )  » 
Ie.s  trois  géants  au\  cent  mains  et  les  Cyclopes  ; 
ceux-ci  furent  enfermés  par  leur  père  dans  te 
Tartare.  Pour  venger  l'injure  de  ses  enfants,  Gcsa 
produisit  d'elle-même  quatoneTit«A,sept  méies 
et  sept  femmes.  Kronos,  le  pèos  piussant  de  ces 
TitanSy  détrôna  Ouranos,  et  le  mutila  ;  il  prit  en- 
suite le  gouvernement  du  monde;  et  régna  snr 
l'Olympe.  Kronos  et  Hheia  (  une  des  femmes 
titans  )  donnèrent  naissance  à  Zens,  à  ses  frères 
et  à  sa  sœur.  Le  Kronos  «rphique  comme  celui 
d'Hésiode  veut  détruire  ses  enfiints.  Zeus  est 
cadié  dans  la  caverne  de  Nyx,  oè  réside  Ptianès 
lui-même.  Quand  il  eut  grandi^  il  eni?re  son 
père  avec  du  raid,  et  l'ayant  pkmgé  dans  le 
sommeil,  il  l'enelialna  et  le  mutila.  Détenu  ainsi 
le  maltpe  suprèroe  du  monde,  il  avala  et  absorba 
Métis  nu  Pbanès  avec  tous  les  éléments  préexis- 
tants des  cbosos;  puis  il  réengendra  les  dioses 
de  sa  propre  Mèstance  et  confiHrménipnt  à  ses 
propres  idées  divines.  Parmi  les  enftints  de'  Zens 
était  Zagrens ,  l'enfant  nu  front  oreé  de  eomet, 
né  do  lui  et  de  sa  (iUe  Persephoné.  Zagreus  est 
le  fisTori  de  Zem,  un  enfont  de  magnilique  pro- 
messe, destâoé  s'il  atteint  i'ège  môr  à  succédera 
son  père  dans  le  goâvememcnt  du  monde.  Assis 
près  dn  trânede  Zeu»,  il  est  gardé  par  Apollon 
et  les  Gnrétes  ;  mais  la  jaloose  Hévé  arme  contre 
lui  les  Titans,  qni  le  tuent,  le  ooopent  en  pièces 
et  le  font  bouUlir  dans  nn  chaudron.  Zeus  punit 
les  Titans  en  les  précipitant  dans  le  Tartare. 
Apollon  reeueiHe  les  membres  de  Zagreus,  et  les 
ensevelit  an  pied  d«  mntt  Parnasse;  Aliiéné 
ramasse  son  eœnr  et  le  porte  *  Zens;  le  dieo  le 
donne  k  Semelé ,  et  Zagrens  vieni  sons  forme  de 
Dionysos. 

A  cOlé  de  beaucoup  dfnvmtions  étranger ,  la 
théogonie  orphique  contient  des  notions  d^nn 
ordre  élevé.  Ainsi  l'idée  d'on  Dira  créant  le 
monde  étèit  neuve  cbea  les  Grecs  et  d'une  grande 
valeur  ;  le  mythe  de  Zagreus  mourant  ponr  ro- 
naître  sons  la  forme  de  Dionysos  est  d'une  pro- 
fondeur mystique  capable  de  frapper  non- seu- 
lement le  peuple,  mais  les  esprits  les  plus  sé- 
rievx.  On  eomprend  que  les  Alexandrins,  qiii 
tentaient  de  concilier  les  données  de  la  mytho- 
logie avec  les  résultats  de  l'investigation  philo- 
sophique, aient  étudié  athintivement  une  théo- 
gonie qni  avait  aussi  pour  bot  de  concîtier  deoT 
ordres  de  conceptions  différents,  la  mythologie 
qui  explique  le  monde  par  un  ensemble  d'êtres 
surnaturels,  et  la  philosophie  qni  l'explique  par 
un  enchaînement  de  casses  naturelles.  Les  (i-n^- 
racntfl  des  poèmes  orpiriques ,  recueiiiis  discutés 
et  interprétés, par  Lobcck  dans  sou  Aglaopha- 


ORPHÊE  S76 

mus  avec  une  critiqne  sévère  et  une  admirable 
sagacité,  ont  été  publiés  avec  beaucoup  de  soin 
par  M.  Muller  dans  ses  Fragmenta  phUtnO' 
pkorum  graBC^rum,  1. 1  (  édition  Dîdot  ). 

Outre  les  fragments  qui  constituent  la  littéra- 
ture orphique  autlientique ,  il  existe  trois  ou- 
vrages qui  ont  longtemps  passé,  sinon  pour 
des  œuvres  d'Orpliéc  Ini-méme,  dn  moins  poar 
des  productions  pins  anciennes  que  les  épopées 
d'Homère;  il  est  reconnu  anjourdliiri  que  res 
ouvrages  sont  tons  postérieurs  à  l'ère- chré- 
tienne ,  et  appartiennent  à  cette  classe  de  poèmrs 
religieux,  didactiques  et  descriptifs,  composés 
dans  les  derniers  temps  du  paganisme,  comme 
les  DMJi^aca  de  Nonmis.  Toute  discussion  à 
ce  sujet  serait  superflue;  nous  nous  bemenjos 
è  de  courtes  indications.  Ces  poèmes  sont  :  Vi^ 
yovavnxd,  ou  l'expédition  des  Aiigonnot«,cn 
1384  vera;  —  Tiivot;  ces  hymnes,  au  nombri; 
de  87  ou  88 ,  sont  des  productions  évidentes  de 
IMeole  néo-platonidenne;  ils  «mt  curieux  à  lire, 
parce  qu'ils  indiquent  la  manière  dont  les  Aleian- 
drtns  comprenaient  l'orphisme  ;  —  *AtdtKd,  peéfoe 
didactique ,  qui  traite  des  pierres  précteoscs  oa 
communes  et  de  lenr  usage  dans  la  divinatios; 
c'est  le  ?Aeillcur  des  poèmes-  orphique.<e.  Les 
Argo9iauies  et  les  Mymnes  ftirent  publiés  poer 
la  première  fois  à  Florence  (  Jnete  ),  1 500,  in-4*; 
rédition  de  Venise  f  Aide),  I5l7, 10-8*",  contieot 
de  plus  les  lAihica,  Ces  deux  premières  édi- 
tions furent  suivies  de  celle  de  Florence  ;  f  6i9, 
in-8*«  et  de  celle  de  BÂIe  (  Cratander),  1523, 
in-S".  Henri  Estienne  les  inséra  après  en  avoir 
beaucoup  amélioré  le  texfe  dans  ses  Poetx  frxà 
principes  Meroici  earminis;  1588.  Gesner  prit 
la  récension  de  Henri  Ësttenne  pour  base  de  fe- 
ditiott  qu'H  prépara,  et  qui  parut  par  les  soins 
de  Hamberger,  Leipzig,  1764,  in-8**.  G.  Her 
mann  réimprima  l'édition  de  Gesner,  avec  i\n 
améliorations  considérables,  qui  en  ftjut  une  êtii* 
tion toute  nouvelle  et  définitive,  Leipzig,  iSOâ, 
?  vol.  in-8';  il  y  ajouta  une  traduction  des  Ar- 
gonaudques  en  vere  latins  par  CritteUi ,  et  noe 
traduction  des  ffymnes  (en  vers  latins)  par 
J.  Scaliger.  Parmi  les  éditions  séparées  Q  liutfit 
de  citer  celle  des  Lithica  par  Tyrwhitt,  et  celle 
des  Argonautica  par  Schneider.  Les  Byihnes 
ont  été  traduits  en  anglais  par  Thomas  Tabler 
(  The  mysUcal  hymns  of  Orpheits,  iransiated 
front  the  greeh  and  demonstrated  to  be  the 
invocations  which  were  used  in  the  BUu- 
sinian  mysteries);  Chiswick,  f82l,  in- 12 
(  2«  édft.).  Tay  lor  manque  absolument  de  critique  ; 
il  croit  que  ces  hymnes  ont  été  écrits  par  Or- 
phée ,  qu'ils  étaient  chantés  aux  mystères  d*É- 
ieusis;  maip,  avec  tonte  sa  crédulité,  il  connaît 
bien  la  philosophie  néo-platooioienne,  et  son  com- 
mentaire n'est  pas  sans  iutéFét.  L.  J. 

Fal>rictas,  Bibliolheai  grteca,  vol.  I,  p.  lU^  etc.  — 
Brucker.  Htitana  crUita  phitoiopkiae ,  t.  I.  -  Kireb- 
baeh,  De  Orphei  tk^oloçta;  Wtttenbn*,  i«»,  »M°- 
—  A.  C  Eftchenbaeb,  ipigtsnts  é«  poeêi  ^r^Uemt» 
prlseeu  orphieerum  earminum  numorUu ,-  Naremliers. 


«77 


ORPBEE  —  ORRY 


878 


rof ,  ln-&*.  —  irauptmann  ,  Prog.  tistens  dé  (hrpàeo  fa- 
(mltim;  ^  t^off.  eonsift.  Orphei  doctrinenn.  —  Tlede- 
mana,  GrittktmUamd'»  ersft  PhUùtnpkm  oânr  lAhen. 
«luf  Ststeaie  d*s  Orpheut,  Phereeyde»,  T/uUes  tind 
Puihagoras  ;  Leipzig,  17S0,  ia-8°.  —  tycke,  DeOrpheo 
mt^wntftterHs  .€otjptlorum;  Coprnh.ngue ,  1786,  In-t*. 
—  Bodr .  Orpbfuif  poetarum  ^rmeorum  anti^uitêimut; 
<*iiettiaf;ao,  lUS,  tn-4«.  —  CeseMcMe  der  heltmêtchen 
Dlchtkimtt^  t.  I,  vol.  11.  —  DInci,  (ieschichte  der  bel- 
hniaekên  liWhtfi,,  vol.  f,  il.  ~  Bernb^my,  Grundriu 
der  frieehiieh.  Litcratur.  —  Lobeek,  jé^Utôphamiu.  '— 
Gtsutt^Proleçomftna  Orpkica.  --  Tynvbltt,  Pntfatioad 
Ltthtca.  pn  r«t"  deréditlon  d'Hennann.  —  G  Mennaan, 
De  rnUtt»  êtriptariê  Arymumticnmm,  dai»  ion  édition, 
p.  «T8,  etc.  —  BraodlB ,  Handbuek  der  f;eKhiehte  d«r 
Crieschich-tiômisch,  Philosophie,  c.  xvii,  XTllf.  — 
Z«>csa  jAtàhandlungtm,  p.  Sll-i6S.  —  Ot.  Millier,  Pro^ 
lêpom.  xu»»iner  tPiMen$.  Mttkùtogie  { p  STMM  ).  — 
Historv  i^ke  greek  Meratttn,  c  xvk  —  Grote,  Kiê» 
ior^  of  f^rtêce^  1. 1,  ck.  l. 

oR&iuiTE  (  Pedro),  peiatre  espagiio],  né 
à  BIonte-Alègre  (  Murcie  ),  ea  l&56>  mort  à  To- 
lède, en  1644.  C'est  par  erreur  que  bcaoMup 
de  biographes  le  foui  élève  du  Ba&sano^  dont  il 
ne  fit  qii'imiter  la  numière;  il  étudia  à  Tolède, 
sous  le  Greoo.  Sou  premier  ouvra^^e  connu  est 
un  tableau  plein  de  franchise^  d'énergie,  de  faci- 
lité, qu*il  fil  pour  le  chapitre  de  Tolède  et  qui 
représente  un  trait  de  la  vie  de  saint  ildefonse. 
De  retour  à  Murcîe,  Orrente  y  fut  chargé  de 
beaucoup  d*ouvrages  publics.  U  peignit,  entre 
autres,  huit  sujets  tirés  de  la  Genèse^  qu'il  signa 
4~  P*  O.  F.  et  qui  font  partie  de  la  galerie  des 
vicomtes  de  Hucrtas.  En  1616,  Tacadémie  de 
Valence  .('adroit  dans  son  sein,  et  il  peignit  pour 
morceau  de  réception  un  magnifique  Saint  Sé- 
bastien, qui  se  voit  encore  dans  la  cathédrale 
de  cette  ville.  Il  se  rendit  ensuite  à  Cuença,  «ù 
il  ouvrit  une  école  d'où  sortirent  de  bons  éiè^es, 
entre  autres  Christophe- Garcia  Salmeron.  La 
réputation  d'Orrente  le  fit  appeler  à  ia  cour  d'Es- 
pagne, et  on  lui  confia  une  grande  partie  de  la 
<léceration  du  Buen-Aetiro.  Francisco  Pacbeco 
i*emmena  à  Sévi  fie,  où  ils  travaillèrent  longtemps 
i'usemble.  Dans  un  âge  très -avancé,  Orrente 
vint  se  fixer  à  Tolède,  oi'i  il  mourut,  pour  ainsi 
^re,  le  pinceau  à  la  main.  Quoiqu'il  ait  diangé 
plusieurs  fois  de  manière,  son  dessin  est  tou- 
jours resté  bon.  Son  coloris  appartient  à  l'école 
vénitienne,  et  il  «ut  employer  toutes  les  res- 
sources du  clair-ol>scur  ;  mais  il  visait  trop  k 
''effet,  et  son  extrême  fécondité  nuisit  souvent 
«m  fini  de  ses  tableaux,  f!  excella  surtout  dans 
'^  l'eprésentation  dtes  animaux  de  tous  genres. 
Aussi  tons  jies  fableanx,  soit  d'histoire  soit  de 
iîPnre,  en  contfennent-lls  un  grand  nombre.  U 
^«rîift  trop  long  de  citer  ses  muvres,  qui  se  trou- 
vant dans  toutes  les  galeries  d'Espagne,  princi- 
palement à  Tolède.  Murcie,  Murta,  Val-de- 
^«to ,  Valence,  Cuença.  Villa -rejo-de-Sal- 
"^^«nes,  MMlrid,  Badajoz,  LaGuardla,  Cordoue, 
«Ma  la  chartreuse  de  Porta-Co-li,  etc.    A.  de  L. 

(mI^  "***'  ^  ^■"*»  ^0^"  mtnaacrlte»  ^  la  Blblio- 
nûruTA  *"*'*'«o<«»  *  ftn&rU.  -  Don  Antunfo  Pslo- 
3  î«i  .*  ^*^*«».  «  «*««»  PMorieô  {  CM-dava  .  «i»^ 
nermll  "  ****"*'  ^^*  artistUo  en  Eipaha.  -  Cem 
iftiM*?^'  '^^^**^rio  hivoricù  de  lat  beUa»  artes  eu 
•^n»   «  Q«HUct,  DtctUmMUre  ée%  pelntrrt  espa- 


gnols. —  Th.  Delamrre,  dana  Xa  Faîrit  da  13  aoAt 

18S8. 

ORRSET.  Voy.  BOTLE. 

OR«tT  {Eugène)^  poète  français,  n^  m 
1817.  mort  le  3  juin  1843.  II  était  correcteur 
d'imprimerie.  On  a  de  loi  :  Us  Soirs  (forage; 
Paris,  1841,  in-H»;  —  Œuvres  posthumes,' 
recueillies  par  Sébastien  Rbéal;  Paris,  1S45, 
in-12;  ces-  fragments  indiquent  un  talent  gisa- 
eietit  et  mélanooliqns. 

Séb.  RMai ,  flottée  È  11  tête  des  Œuvres  posthumes, 

'éRRT  (  Philibert  ),  comte  de  Vignori,  finan- 
cier et  ministre  français,  né  à  Troyes,  le  22  janviet 
1689  (1),  mort  an  château  de  La  Chapelle,  près 
Nogent-sur Seine,  Te  9  novembre  1747.  Il  des- 
cendait de  Marc  Orry,  qui  avait  été  libraire  à 
Paris  et  duquel  il  avait  empmnté  ses  amioiries  : 
de  pourpre  à  un  lion  d'or,  rampant  et  grim- 
pant sur  un  rocher  d'argent.  Son  père  était  Jean 
Orry,  directenr  général  des  finances  espa- 
gnoh?S'(2).  Sa  mère, d'une  famifle  bourgeoise  de 
Beaune,  se  nommait  Jeanne  Ksmonyn.  PhiliBèrt 
Orry  entra  d'abord  comme  cornette  dans  un 
régimeat  de  cavalerie;  mais  H  quitta  bientôt  le 
service  pour  acheter  une  charge  de  conseiller 
an  parlement  de  Pans ,  et  H  devint  maître  des, 
reqnèlesea  1715.  Diy  ans  après,  il  obtint  Tin-' 
tendance  de  Seissens,  d'où  il  passa  à  celle  de 
Perpignan  en  1727,  et  en  1730  k  celle  âe  Lille. 
Presque  aessitAt  (  le  20  mars),  le  roi  l'appela 
à  l'emploi  de  eaoCnMear  général  des  finances , 
que  laissait  facant  Le  Peletier  des  Forts.  Le 
cardinal  de  Fleory  cherchait  k  rétabKr  l'ordre 
dans  lea  finances  par  des  économies  ;  il  redou- 
tait les  hommes  k  projets,  à  expédients.  Sous 
ce  douUe  rapport,  Orry  devait  complètement 
remptir  ses  vues;  on  volt  pen  d'exemples 
d'nne  administnition  oO  les  dépenses  inntiles 
aient  été  eombattoe»  avec  autant  de  persévé- 
rance. Le  contnéleiir  général  allait  sur  ce  point 
jusqu'à  ieller  contre  le  poi  lui-même,  «r  Sire, 
dit-il  un  jour  k  Louis  XV,  peiidant  la  guerre 
de  1701,  j'ai  fiiit  l'anmOne,  tous  les  mnii»  de 
VersaïUes,  à  des  hoasmes  portnnt  la  livrée 
royale,  et  je  ne  voudrais  pas  qu'il  en  arrivât 
autant  sou»  mon  administration.  «  Cependant, 
les  guerres  des  successions  de  Petogne  et  d'Av* 
triche  oUigèrent  le  gtmfernenMni  français  à 
recourir  aux  empnnita,  anx  créaâions  d'offi- 
ces, etc.  On  compte  qne  sons  Orry  tes  diargea 

(T)  L'acte  (te  tnteMnee  d'Orry  t  été  enlevé  des  re- 
gistres de  la  parolMe  ;  naSi  aoui  «vomi  cenblé  cette 
lacune  d'après  «on  épltaphe. 

(S)  Jean  Orry^  seigneur  de  Flgnorg,  baptisé  i  Sainte 
Gnrmttfi-^Mtfierrols,  à  Parb,  le  k  septcnabre  lest,  mort 
le  tf  septembre  !710.  ConsetHer  secréUIrs  da  roi  (M  Jaa- 
vltrlTOI),  cheTaller  de  Satnt-Mlcbel  (1706).  président  A. 
mortier  sa  partemeat  de  HeU  {tr  julo  ITOS),  il  est 
ordre  eif  iTOr  de  se  rendre  en  Espagne  pour  prendra 
connaissance  de  l'étst  des  llnanees  de  ce  pays  :  et  sur 
le  compu  qn'li  en  rendll,  U  Ibt  nommé  Tannée  sut 
vante  enToyé  extraordinaire,  et  le  rel  d'Espagne  Wr 
confia  eoceesitfement  ridmlnlstration  de  ses  finances  et 
la  smrtotendance  générale  de  ses  troupes,  qnll  consrrra 
Josqu'ca  I708w  Ginq  ans  sprè»,  H  reçut  ditrei  dliapagne 
la  place  de  vecdor,  et  revint  en  France  en  17 is.  H.  F. 


879 


ORRY  —  ORSATO 


880 


annuelles  dn  trésor  furent  augmentées  de  18  mil- 
lions. Ce  ministre  ayant  projeté  d'abolir  certains 
droits  d'exportation,  il  amena  les  fermiers  gé- 
néraux à  en  faire  d'eux-mêmes  la  remise  un 
an  a?ant  l'expiration  de  leur  bail  (  1744).  Il  eut 
aussi,  dit-on,  l'idée  d'établir  la  taille  d'après  les 
plans  de  l'abbé  de  Saint-Pierre;  mais  la  diffi- 
culté des  circonstances  l'y  fit  renoncer. 

Orry  ne  s'était  pas  marié  ;  il  habitait  avec  son 
frère,  Orry  de  Fulvy,  auquel  il  atait  fait  obtenir 
une  place  d'intendant  des  finances,  l'hôtel  de 
Beauvais,  rue  Saint- Antoine,  à  Paris,  qu'H  avait 
hérité  de  son  père.  Tout  entier  à  ses  fonctions,  il 
n'imposait  aucune  contrainte  à  la  rudesse  de  ses 
manières.  Mne  d'ÉUoles  (depuis  de  Pompa- 
dour  ),  qui ,  d'après  les  bruits  de  la  eour,  était 
depuis  peu  de  temps  la  maîtresse  du  roi ,  Tint 
lui  demander  une  ferme  générale  pour  son  mari. 
«  Si  ce  qu'on  dit  est  vrai ,  lui  répondit  le  contrô- 
leur général,  tous  n'aYez  pas  besoin  de  moi; 
si  ce  n'est  pas  vrai,  tous  n'aurez  point  la  place.  » 

lUutnomméconseillerd'ÉtatàTieen  décembre 
1730,  ministre  d'État  en  1736,  et,  la  même 
année,  le  roi  lui  donna  la  direction  générale  des 
bâtiments,  arts  et  manufactures.  En  cette  der- 
nière qualité ,  il  fit  rétablir  an  Louvre  les  expo- 
sitions annuelles  de  peinture .  et  de  sculpture , 
suspendues  depuis  1704.  il  accorda  des  pensions 
à  plusieurs  artistes,  au  peintre  Natoire,  entre 
autres  et  au  poète  Gresset.  qui  lui  adressa  une 
épf tre.de  remerciements.  Pourtant,  les  musi- 
ciens de  la  reine  étant  venus  réclamer  le  paye- 
ment arriéré  de  leurs  gages,  Orry  les  reçut  fort 
mal  :  «  Qu'ils  me  laissent  en  repos,  s'écria-t-il , 
j'ai  sur  les  bras,  en  Bohême,  une  musique  qui 
presse  bien  davantage.  ^  Ses  compatriotes  eurent 
aussi  à  subir  ses  boutades.  Lors  d'une  famine 
qui  désola  Troyes  en  1740,  cette  ville  députa 
deux  de  ses  conseillers  vers  le  contrôleur  gé- 
néral pour  en  obtenir  des  secours.  Le  ministre 
les  accueillit  bien  d*abord  ;  mais,  s'étant  mis  à 
énuraérer  les  moyens  de  leur  venir  en  aide,  H  se 
lève  hrnsquement,et  leur  tourne  le  dos  en  disant: 
•c  Êtes-vous  donc  faits,  vous  autres,  pour  enten* 
dre  ces  matières-là!  » 

Orry  fut.disgrAcié  par  Pinfloence  de  M*"*  de 
Pompadour.  Macbault  lui  succéda  au  contrôle 
général  des  finances,  6  déoembre.1745,  et  Le  Nor- 
mand de  Tournehem,  parent  de  la  favorite,. le 
remplaça  comme  directear  général  des  bâti- 
ments. Il  se  retira  dans  sa  terre  patrimoniale  de 
La  Chapelle  en  Champagne,  où  il  mourut,  deux 
ans  après.  A.  Vicqdb. 

BaUly,  HUMn /inanelérê  de  ta  Ftanéê,  I  vol.  In-S*; 
Pirt».  —  Bajol,  Chronique  nUnUtirUlle,  l  vol.  ln-8«; 
Pirte,  18»»,  -  Oroftlej.  Hisi.  dê$  Tro^ms  ceiibret. 
Parts  18H-ISH.  «  Tol.  ln-§».  -  ^irmorial  général  dé 
France,'  »  vol.  1738.  -  Joumai  historique  dm  réme 
de  LomU  XF,  t  toI.  to-18,  17M. 

ORRT  DB  FULVY  {Jean-ffenti-Louis), 
frère  du  précédent,  né  le  24  janvier  1703,  à 
Paris,  où  il  mourut,  le  3  mai  1751.  Reçu  con- 
seiller au  pariement  de  Paris  (13  mars  1723), 


maître  des  requêtes  (23  juin  1731),  puis  con- 
seiller d'État  et  intendant  des  finances  (  1'*^  mars 
1737),  il  établit  en  1738  à  Yincennes,  el  de  se» 
propres  deniers,  une  manufacture  de  porcelaine, 
qui  prit  bientôt  une  grande  importance.  Les  fer- 
miers généraux  l'achetèrent  en  1750,  et  la  tnn». 
férèrent  à  Sèvres,  où  furent  élevés  de  vastes  bé- 
timeuts ,  que  Louis  XV  acquit  en  17S9  et  plaça 
sous  la  surveillance  de  Berlin,  ministre  d'État, 
sous  lequel  cette  manufacture  prit  d'imraenso 
développements.  Orry  s'était  par  son  iooooduite 
attire  le  mépris  public. 

ORRT  {Philibert'Louii),  marquis  ueFitlvt, 
fils  du  précédent,  né  k  Paris,  le  4  février  1736, 
mort  à  Londres,  le  18  janvier  1823.  Outre  no 
recueil  de  Fables,  Madrid,  1798,  in-l2,doot  on 
ne  connaît  que  quelques  exemplaires,  le  marquis 
de  Fulvy,  qui  émigra  dès  les  premiers  joura  de 
la  révolution,  a  publié  des  Poésies  imprinnées  en 
tète  et  à  la  suite  d'une  édition  de  la  Kelalum 
d'un  voyage  de  Paris  à  Bruxelles  et  Coàlenfz, 
par  Louis  XVIII ,  Paris,  1823,  in-18.  Dans  cett** 
édition,  la  première  pièce.  Sur  un  Éventail^  est 
de  Lemierre;  toutes  celles  qui  soiveat  appar- 
tiennent au  marquis  de  Fulvy,  sauf  les  dcuxMer- 
nières,  la  Boutade  improvisée  pour  la  fête  de 
Madame  et  i;e«ifotfcAoiri  blancs^  anecdote  his- 
torique, qui  sont  de  Louis  XVIII.  La  dernière 
pièce  est  tirée  du  Moniteur  tfc  Gand^  où  die  a 
été  imprimée,  numéro  du  23  mai  1815.      H.  F. 

Collé,  Jaumal  histor.  — >  La  Gfaeintye  des  Bols .  Dic^ 
Uomi..de  la  Nebleu;  —  Qaérard,  France  Htteraire, 

ORSATO  (Sertorio,  comte), en  latin  Vrsatus, 
antiquaire  italien,  né  le  l"  février  1617,  à  Pa- 
doue,  mort  le  3  juillet  1678,  dans  ceUe  ville.  Sa 
famille  était  noble  et  ancienne.  Reçu,  ^163», 
docteur  en  philosophie,  il  fit  sa  principale  ooca- 
pation  de  la  recherehe  des  antiquités,  et  entreprit 
plusieure  voyages  dans  différentes  régions  de 
l'Italie  afin  de  recueillir  des  inscriptions  qui  ne 
fussent  point  encore  connues.  U  s'appliquait  aussi 
aux  sciences  nata relies,  et  trouva  dans  la  cul- 
ture de  la  poésie  un  délassement  agréaUe.  U 
était  déjà  assez  avancé  en  Age  lorsqu'il  fut  choisi, 
en  1670,  pour  enseigner  la  physique  (pro/essor 
délie  météore)  dans  Tuniversité  de  Padone. 
Orsato  appartenait  à  TAcadémie  des  Ricovrati. 
Ses  principaux  écrits  sont  :  Serium  phitoso- 
phUnmé  esp  variis  scientiss  naturalis  fiaribus 
consertum;  Padone,  1635,  in-é»;  —  jromf- 
menta  Paiavina;  ibid.,  1652,  in-foL,  fig.;  — 
Le  Grandesse  di  san  Antonio  di  Padooa; 
ibid.,  1653,  in-4'';  -^  Poésie  9eniaH;iHâ,,\tb7, 
in-12  ;  ~  /  marmi  eruditi ;  ibid.,  1669,  in-4*  : 
ce  recueil  estimé,  réimpr.  avec  des  additions 
(ibid.,  1719,  in-4*  ),  par  le  P.  Jean-Antoine  Or- 
sato,  petit-fils  de  Tauteur,  a  été  Tobjet  de  quel- 
ques critiques.  Insérées  dans  le  Muséum  Vero- 
nense  par  Maffei;--'  De  notis  Romavwmm; 
ibid.,  1672,  infol.  :  travail  utile  et  tris-rare,  qui 
sert  à  expliquer  les  abréviations  usitées  dans  les 
bacriptions  ou  les  médailles  romaines;  il  a  été 


881  ORSATO  — 

i^tmpr.  dus  le  t  XI  des  Antiq.  Roman,  de 
Grsvius,  et  J.-£t  Bernard  en  a  publié  an  Abrégé 
(Paris,  1736,  in-S»);  —  lUoria  di  Padova; 
ibid.,  1678,  in-fol.  :  elle  s'arrête  à  Tannée  1173. 
Un  autre  antiquaire  de  la  même  famille,  Oh- 
8\T0  (  Giamàaitista),  néen  1673,  à  Padoue,raort 
le  21  janvier  1720,  professa  la  médecine  dans  sa 
Tiile  natale.  'On  a  de  lui  quelques  savantes  dis- 
sertations ,  entre  antres  Délie  antiche  luceme 
(Venise,  1709,  ln-8'),  où  il  cherche  à  prouver 
que  les  anciens  employaient  le  phosphore  dans 

les  lampes  sépulcrales.  P. 

J.-A.  Volp^,  Fié  de  Sertorio  Onato,  à  la  tête  d*/  marmi 
eruditi^  édit.  de  1719.  —  I^tl,  italïa  rt^natOê,  111 ,  45. 
-  Fabrool,  nUe  Italorum,  XllI.  -  Ciomalê  de'  Utte- 
ratl,  t.  XXXV. 

ORSBOLO  OU  UMSROLO  (Pierre  /«'*),  vingt- 
quatrième  doge  de  Venise ,  mort  an  couvent  de 
Saint-Michel-de-Cuxa  (Roussillon),  eo987,  et 
non  en  997.  La  tyrannie  du  doge  Pietro  Gan- 
diano  IV  avait  suscité  une  révolte.  Assiégé  dans 
son  palais  par  le  peuple,  il  était  vaillamment  dé- 
fendu par  ses  mercenaires  lorsque  Orseoto  con- 
seilla d'employer  le  feu  pour  le  réduire.  En  peu 
d'instants  le  palais  ducal  et  l'église  S.-Marc  furent 
en  flammes.  Candiano  fut  massacré  et  Orseoto 
élu  à  sa  place  (  12  août  976).  Son  premier  soin 
fut  de  rebâtir,  à  ses  frais,  le  palais  ducal  et  Téglise 
Saint-Marc.  Quelque  temps  après  il  marcha  en 
personne  au  secours  des  habitants  de  la  Pouille, 
envahie  par  les  Sarrasins,  et  remporta  une  vic- 
toire éclatante  sur  les  mahométans.  Le  parti  des 
Candiani  était  resté  puissant,  et  Orseolo  dut  plus 
d'une  fois  reconnaître  que  malgré  son  courage 
et  la  sagesse  de  son  gouvernement  il  n'avait 
pu  rallier  tous  les  esprits  de  ses  concitoyens.  11 
en  fut  fortement  affecté,  et  d'ailleurs  pénétré  du 
repentir  d'avoir  contrilmé  à  la  mort  de  son  pré- 
décesseur, il  pensa  sérieusement  à  abdiquer.  II 
était  dans  ces  dispositions  lorsque  Guérin ,  abbé 
de  Samt-Michel-de-Cuxa  près  Perpignan,  étant 
venu  à  Venise,  acheva  de  le  déterminer  à  aban- 
donner sa  femme  Felida,  son  fils  Piero  et  les 
intérêts  de  sa  patrie  pour  embrasser  la  vie  mo- 
nastique. Dans  la  nuit  du  1*''  septembre  Orseolo 
s'évada  furtivement  de  son  palais,  accompagné 
de  l'abbé  Guérin,  de  saint  Romuald  et  de  trois 
autres  personnes.  II  se  rendit  directement  à 
Saint-Michel-de-Cuxa,  où  il  linit  ses  jours.sons 
l'habit  des  bénédictins.  Il  mourut  en  odeur  de 
sainteté.  Il  eut  pour  successeur  au  dogat  Vitale 
Candiano,  fils  de  sa  victime.  Ce  fut  à  Piero  Or- 
seolo I*'  que  Venise  dut  l'établissement  d'un 
système  financier  régulier  ;  jusqu'à  lui  les  impôts 
avaient  varié  suivant  les  circonstances.  II  les 
rendit  permanents,  et  prépara  ainsi  un  trésor  pu- 
blic sans  cesse  alimenté  par  le  produit  des 
douanes ,  des  droits  de  port ,  de  ceux  perçus 
sur  la  vente  du  sel ,  des  confiscations  et  des 
amendes  judiciaires,  mais  surtout  par  l'impôt 
annuel  du  dixième  du  revenu  déclaré  par  le  con- 
tribuable sous  la  foi  du  serment.  Des  peines  très- 
sévères  étaient  édictées  contre  les  fraudeurs. 


ORSEOLO 


882 


OBSBOLO  on  VRSBOLÔ  (jPi^TO  //),  vingt- 
septième  doge  de  Venise,  fils  du  précédent, 
mort  en  mars  1009.  Il  fut  appelé  au  dogat  en  991, 
pour  remplacer  le  faible  Tribune  Memmo,  qui 
venait  de  finir  volontairement  ses  jours  dans  un 
clottre.  II  signala  son  entrée  au  pouvoir  par  une 
loi  qui  condamnait  Tauteur  de  tout  acte  de  vio- 
lence dans  une  assemblée  publique  à  une  amende 
de  vingt  livres  d'or  ou  à  la  mort  s'il  n'avait  pas 
de  quoi  payer.  Homme  d'État  autant  qu'habile 
guerrier,  il  traita  avec  tous  les  États  de  l'Italie 
pour  aftsurer  des  avantages  aux  vaisseaux  et  aux 
marchandises  des  Vénitiens;  il  obtint  des  empe- 
reurs d'Orient  Basile  II  et  Constantin  IX  une  bulle 
d'or  qui  déclarait  les  sujets  de  la  république 
exempts  de  tons  droits  dans  l^tendue  de  l'em- 
pire grec  ;  enfin,  il  s'assura  par  une  ambassade 
et  par  des  présents  la  bienveillance  des  soudans 
d'Egypte  et  de  Syrie.  En  993 ,  il  rebâtit  et  for- 
tifia la  ville  de  Grade.  Après  la  mort  de  Tirpt- 
mir,  roi  de  Croatie,  il  reçut  une  ambassade  des 
villes  maritimes  de  Dalmatie,  qui  offraient  de  se 
ranger  sous  la  domination  de  Venise  si  cette  ré- 
publique les  délivrait  des  pirates  de  Marenta, 
qui  ruinaient  leur  commerce  depuis  cent  cin- 
quante an$  et  auxquels  les  Vénitiens  eux-mêmes 
payaient  un  tribut  annuel.  Orseolo  II  s'empressa 
d'équiper  une  flotte  considérable,  et  se  mit  en 
mer  au  printemps  de  997.  Il  n'eut  qu'à  se  pré- 
senter pour  recevoir  les  serments  de  fidélité  de 
plusieurs  yilles,  parmi  lesquelles  On  cite  Trieste. 
Mulcimir,  roi  de  Croatie ,  inquiet  de  l'approche 
d'Orseolo,  lui  envoya  demander  son  amitié  :  la 
négociation  se  termina  par  le  mariage  de  la  fille 
du  doge  avec  Etienne,  fils  de  Mulcimir.  Deux 
Iles  seulement,  Corcyre  la  noire  (Curzola)  et 
Lésina,  refusèrent  de  se  soumettre.  Le  doge 
n'hésita  pas  à  les  assiéger.  Corcyre  fut  facile- 
ment réduite  |  mais  Lésina,  qui  était  le  repaire 
des  Narentins  et  passait  pour  imprenable,  offrit 
de  grandes  difficultés  (i).  Il  ne  fallut  pas  moins 
que  le  courage  et  le  talent  d'Orseolo  pour  l'en- 
lever d'assaut.  Cette  victoire  amena  la  soumis- 
sion de  Raguse.  La  Dalmatie  conquise ,  le  doge 
mit  à  feu  et  à  sang  le  pays  de  Narenta;  ce  qui 
échappa  au  fer  des  vainqueurs  reçut  la  Tie  aux 
plus  dures  conditions.  Orseolo  rentra  à  Venise 
au  milieu  des  acclamations  gt^nérales,  et  le  sénat 
lui  décerna  le  titre  de  duc  de  Dalmatie,  que  ses 
successeurs  continuèrent  de  porter.  La  considéra* 
tion  d'Orseolo  était  telle  que  l'empereur  Olhon  III 
voulut  être  le  parrain  de  son  fils  (  998  ) ,  et  à 
cette  occasion  vint  incognito  passer  trois  jours 
à  Venise.  Le  doge  mit  à  profit  ce  séjour  pour 
rendre  de  nouveaux  services  à  ses  concitoyens. 
II  existait  encore  un  usage,  reste  de  l'ancien  vas- 
selage  de  Venise  à  l'égard  des  empereurs  d'Oc- 


(1)  Cétalt  de  cette  place  que  mille  ans  anparaTtot  Vatl- 
nlu»  éciivalt  *  Clcéron  :  «  J'ai  forcé  qoatre  enceintes,  es- 
caladé quatre  tours,  emporté  une  citadelle,  et  Je  me  suis 
TU  contraint  d'abandonner  ma  oooqaéie.  »  {EpUioUe  ad 
/amllktret^  llb.  V«  cap.  X  J 


S83 


OUSEOLO  —  ORSI 


SS4 


cident  :  tous  les  ans  k  répnbKqiie  leur  envoyait 
un  inanipau  de  drap  d'or.  Otlion,  defena  rhM« 
^e&  VéoitifBB  à  leur  insu,  voulut  bien,  à  la  prière 
eu  do^,  abotir  cette  deraière  marqve  de  rede- 
vance icodale.  il  obtint  eneorederempereur,  pour 
le  ceromerce  de  Vesise,  l'exemptioB  des  droits  de 
péaftedansrétenduederËmpired'AtWaugotetde 
yim  la  libre  jouissance  des  porta  de  Trévîse,  San* 
Miclieie-det -Quarto  et  de  GampaHo,  qui  ctabUs- 
saieut  la  coninunicatten  la  plus  directe  entre 
l'Italie  et  la  Germanie.  Orseolo  employa  les  loi- 
airs  de  la  paix  et  ses  richesses  particulière»  è 
construire  ou  réparer  des  édifices  publics  :  il  fit 
relever  la  métropole  de  Grade  et  une  partie  de 
«ette  TÎUe;  Héradée,  par  ses  soin»»,  sortit  aussi 
de  ses  ruines»  Les  Vénitiens  reconnaissants  Uù 
adjoignirent  au  dugat  sea  fils  aîné,  Giovanni, 
qui,  en  99i),  épousa  Marie,  nièce  de  l'empereur 
Basile  II  {l)i  un  an  plus  tard  il  maria  son  se- 
cond fils,  (M/o,  avec  Gisèle,  sœur  d'Étieone  I", 
roi  de  Hongrie.  Il  se  trouvait  ainsi  allié  à»  deux 
empereurs  et  de  deux  rois*  La  pesta  et  la  ûi^ 
miûe  vinrent  affliger  la  fin  du  lègne  d*ûrseolo, 
et  il  vit  succomber  une  partie  de  sa  famille.  U 
laissa  en  mourant  lea  deux  tiers  de  ton  imnense 
«brtune  à  s.i  patrie. 

OKSEOLO  (O^/o),  vingt-huitJène  doge  de 
Venise,  fils  du  précédent,  mort  en  10^2.  Il  de*- 
Tait  être  tort  jeune  lonN|nMl  succéda  è  son  père 
(1009),  auquel  il  avait  été  associé  vers  1006^ 
Lte  commencementa  de  son  règne  fiurent  heu" 
reux.  L'évèque  d'Adria  ayant  envahi  le  Loré* 
dan,  Otto  marcha  contre  lui,  le  défit,  prit  sa  viHe 
«t  la  ruina  pour  totijours.  Le  prélat  et  les  pria- 
dyan\  Adriotes  foreilt  transportés  à  Venise.  Sur 
«es  entrefoites,  Blnlcimir,  roi  des  Croates,  mit  le 
ùéffi  devant  Zara.  Otto  y  courut,  et  força  son 
beui-frère  à  demander  la  paix.  En  102A,  Otto 
ayant  refusé  d'investir  Domenico  Gradenigo  le 
jeune  de  l'évèché  de  Venise,  les  partisans  de  ce 
prélat,  à  la  tête  desquels  était  Domenico  Flabe- 
nigi»k  accusèrent  le  doge  de  tyrannie,  le  surpri- 
rent dans  son  palaia,  lui  rasèrent  la  t)arbe,  et 
renvoyèrent  en  exil  à  Constantinople.  ^i  cet  at- 
tentat ne  rencontra  pas  immédiatement  une  op- 
position armée  parmi  les  citoyens,  il  ne  profita 
pas  du  moins  à  ses  auteurs.  Les  suffrages  pu- 
blics décernèrent  la  couronne  ducale  à  Pietro 
Centranigo,  de  la  famille  des  Barbolani.  Son  mérite 
et  sa  fermeté  ne  purent  l\ii  concilier  les  esprits. 
La  masse  ne  voyait  en  lui  qu'un  usurpateur.  Urso 
Orseolo,  patriarche  de  Grado  et  frère  d*Otto,  par- 
vint à  exciter  une  sédition,  et  à  son  tour  Centranigo 
fut  déposé,  rasé»  revêtu  (Tun  froc  et  jeté  dans  un 
monastère.  Flabenigo  fut  déclaré  traître  à  la  patrie 
et  OKo  rappelé  d'une  commune  voix.  En  attendant 
son  retour,  Urso  fut  investi  par  intérim  du  pou- 
voir, n  gouvernait  avec  sagesse  deiHiis  quatorze 
mois,  lorsque  les  ambassadeurs  qui  avaient  été 
chargés  de  ramener  Otto  de  Constantinople  vin- 

W  Mort  tous  4cax  de  it  peite. 


rent  annoacer  sa  mort.  A  cette  aoaveiie  Uno 
doBDa  sa  démission.  Otta  ne  lais»  qo*ua  fils, 
Pierre  àii  VAtlemand,  qui  régaaaiir  la  llonçrie. 
easB^lkO  {Domenico) y  trèm  de»  précé- 
dents, mort  à  Ravenne,  en  1043.  Af  rèa  là.  inort 
d'Otto  et  la  retraite  d'Urso  on  allait  procéder  à 
une  nonveHe  élection  lorsque  Doimnie»,  aaos 
daigner  solliciter  ou  i^igner  lea  saflrage^  b*«ïib* 
para  du  pouvoir  et  du  palaîadacal,  alléguaBlscttle> 
mcat  sa  (pialité  de  fils  et  de  frère  de»  deux  der- 

»  niers  dogea  lé|ptimes.  Cet  ade  «Mita  Tindigaation 
générale  et  lui  fit  perdre  les  aomfareuaes 

,  qu'il  avait  d'être  ékr  régnlièrencnt  es 
dératfon  des  services  de  sa  famille.  Le  pn>p> 
se  souleva.  Domenico  essaya  de  se  défendre; 

.  mais,  contraint  à  la  fuite,  il  alla  mourir  à  Ba- 
venne.  Sua  uaurpation  devint  l'arrêt  de  proocrip- 

\  tion  de  sa  famille.  Pour  la  faute  d'un  acul  elle 
fut  bannie  è  perpétuité,  et  nul  Orseolo  n'a  jamais 

!  depuis  lora  trouvé  an  asile  doaa  cette  capitale 

'  ingrate,  que  ses  aaoétres  avaieat  ornée  de  tant  de 
{furieux  monuroeata,  ni  dans  ces  villes  qu'ils 
avaient  rebâties,  ai  sur  ce»  rivagies  qpi'ils  avaient 
soumis.  La  haiaa  da  factieux  Flabenigo  coatre 
les  Orseoli  devint  un  aiérite.  Il  fut  rappelé  de 
l'exil  ponr  oecuper  le  tiOae  ducaL       A.  de  L. 

autfKft  DaBtfnl»,  Ckrêirtta,  L  IX,  eapw  i,  p.tn,if7. 

,  >Carl»-àJilontoM*rtii«.  .Storiaoîoélctf^iljc*^^^ 
nezUni,  t.  Il,  Ub.  111,  cap.  m,  ■▼,  vti.  ix.  —  SabeUico, 

'  Hist,  renet.^  âtc  I.  Ilb.  fV.  —  Le  P.  irénée  ddta  Croce, 
Itturiaamttem  ^WÊOdemmdi  TrUgf  (VtoUe,MM,te-l>). 
Ilb  VIU,  oap.  Tix.—  Huralort.  ilaniM  italkiormm  senp- 
torut  L  XIV.  ~  U  même,  Ânnatet  éTItalia,  t.  VI.  ^  «. 
—  Le  mène,  .tntlqultatet  Uaheaf  audit  tevi,  dlnert  v. 
p.  ut.  >  Abb*  ii.-a.  Laofrier,  mu.  4#  ta  Hpubm^ 
de  ytnHC  i  Parla,  iTiS  —  Dani.  UUt.  dm  Fnim,  t.  i».  - 
Si»inoa<ii.  Hiii.  des  répub,  Uolienna,  1. 1*. 

oasi  (  Lelio)^  dit  Ulio  da  /Vo9e/tera,.peifltre 
de  l'école  de  Nodène,  né  à  Reg^  de  Modèae, 
en  iâl  1,  mort  en  lâfi7.  Banni  de  sa  patrie  poor 
une  cause  restée  inconnue.  U  se  relira  à  Rorel- 
lara,  et  c'est  au  long  séjour  qu'il  fit  dans  cette 
ville  qu*il  dut  le  surnom  sou»  lequel  il  est  sou- 
vent désigné.  On  a  prétendu,  mais  sans  preuve, 
qu'il  fut  élève  du  Corréfis;  il  est  certain  seule- 
ment qu'il  fit  une  longue  et  conscîeacieuse  élude 
des  oeuvres  de  ce  maître  et  (|u*il  copia  plusieurs 
fois  la  fismeose  Ntùt  du  Corrége  qui  (ait  aqjnor- 
d'hm'  l'ornement  du  musée  de  Dresde.  U  ne 
reste  presque  rien  des  nombreuses  fresques  de 
Lelio  Oi*si  ;  on  en  voit  cependant  quelques^uDes 
au  palais  ducal  de  Modène,  oii  elles  ont  été  trans- 
portées de  la  citadelle  de  Novellaia,  par  ordre  du 
duc  François  JII.  Heureusement  les  tableaux  du 
maître  sont  plus  nombreux  et  peavent  aousdan- 
ner  la  mesure  de  son  talent,  qui,  dans  une  cer- 
taine mesure,  sut  associer  le  dessin  éneri^** 
de  Michel  Ange  à  la  grAce  et  au  clair-obscur 
du  Corrége.  Parmi  ces  tableaax,  les  prinàpans 
sont  ;  à  Florence,  une  Sainte  famt/iéà  la  ga* 
lerie  publique,  et  une  Crèche  à  la  galerie  Pitti; 
à  Bologne,  la  Madone  et  trois  saints  dans  la 
sacristie  de  S.-Martino-Maggiore^  au  Musée 
do  Vienne,  La  Douceur,  sous  les  tnits  d'une 


885  ORS!  — 

jeune  fiUc  ;  à  celui  de  Berlin,  le  Christ  sur  la 
croiX;  enlin,  àla  Pinacothèque  de  Munich,  deux 
portraits  et  une  Madeleine  repentante. 

Leiio  Orsi  compta  parmi  tes  élèves  Jacopo 
Borboue,  Orazio  Pcrucci,  et  plusieurs  autres  ai^ 
listes  do  talent;  mais  le  ploscélèhre  est  Raflaello 
Motta,  connu  so«js  le  nom  de  RalTaeUiBo  da  Reg- 
gio.  E.  B — s. 

TIraboichI,  Notixie  degli  arteMi  ModengsL  —  Unit, 
Stfirta  delta  pittura.  —  Orldndl,  Àbbecedario.  —  Sosnal, 
Hêdena  dneritia.  -»  Paatuul,  Guidu  di  Pinnte. 

ORSI  {Giovanni'Ghueppe,  manpiis),  értidit 
italien,  né  le  1»  jirin  1652,  à  Bologne,  mort  le 
20  septembre  1733,  à  Modèoe.  Sa  mère,  qui  sur- 
veitia  avec  soin  son  éducation,  kiî  donna  les 
meillrors  maîtres,  et  pendant  quekpie  temps  11 
s'a<Ionna,  avec  Montanari,  è  l'étude  des  malhé^ 
natiques  ;  mais  son  goût  l'ajant  porté  vers  les 
lettres,  il  se  mit  à  composer  des  vers  et  des  co- 
médies,  et  établit  dans  sa  maison  une  espèce 
d'académie.  En  ie8«,  il  passa  en  France;  pois  il 
s*arréta  à  Tarin,  où  il  Ka  use  étroite  amitié  ànt 
le  P  Valu,  et  à  MHaa,  où  il  coomit  parttcaliè- 
rement  le  oélèbre  Maggi.  En  1712  il  se  6xa  tout 
à  fait  à  Modène,  et  se  nontra  souvent  à  la  cour 
du  duc  d*Este.  Il  a  putilié  divers  ouvrages»  re- 
commaodâbles  par  la  clarté  et  le  naturel;  nous 
citerons  :  Contideraziomi  sopra  il  librointiiQ- 
luto  :  La  Manière  de  bien  penser  (  du  P .  Bouhoam  ); 
Bolo,!ne,  1703,  în-4'';  Tédit  de  1707  contient 
plusieurs  lettres  adressées  à  M™*  Dacier  sur  le 
même  ouvrage  ;  —  De  moralibus  criticx  re- 
cuits monita;  Cologne,  1706,  in-4°;  il  y  prend 
le  |>arti  du  médecin  SbaragUa  contre  IVIaipighi. 
Le  marquis  Orsi  a  mis  un  discoors  étendu  à  la 
t6te  de  la  3*  édit  de  Mèrope  de  Maiïei  (1714, 
10-4**),  et  il  a  traduit  en  italien  la  Vie  du  comte 
Ifiuis  de  Sales  du  P.  Buffier  (Bologne,  1711 , 

etpadoue,  1720,  in-8"). 

.tfimotres  de  Trévoux.  173^  p.  lia.  —  KIceron,  Mé- 
mctnst  IXXV. 

OBsi  (  Giuseppe'Àgoslino),  prélat  italien,  né 
le  9  mai  1692,  à  Florence,  mûri  le  13  juin  t76t, 
à  Rome.  En  1708,  il  prit  I*habit  de  Saint-Domi- 
nique, et  enseigna  la  philosophie  et  la  théologie 
^u  couvent  de  Saint-Marc  à  Florence.  Appelé  à 
Rome  comme  théologien  du  cardinal  Neri  Ck)r- 
^ioi  (  1732),  il  montra  beaucoup  de  zèle  dans  la 
défense  des  droits  du  saînt*siége,  fut  associé  à 
plusieurs  congrégations,  et  reçut  de  Clément  XIII 
le  chapeau  de  cardinal  (24  septembre  1759).  Ses 
principaux  écrits  sont  :  U&er  apologeticut  pro 
Pétri  a  Sota  doctrina;  Rome,  1734, in  4» ;  — 
^Ua  in/alUMità  e  delV  autorttà  det  Ro- 
mano  pontefice  sopra  i  conrj/t;  ibid.,  1741, 
">'  vol.  ln-4'*  ;  il  en  a  donné  aussi  une  version 
latine;  —  Storia  ecctesiastîca  ;  Femre^  1746 
^t  suiv.,  21  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage,  qui  est  une 
perpétuelle  apologie  des  papes,  fut  entrepris  par 
l*auteor  pour  l'opposer  à  celui-  de  Flcury  ;  mal- 
&^  son  étendue,  il  ne  dépasse  pas  les  premières 
années  do  septième  siècle;  leP.  Becchetli  en  a 
publié  une  continuation. 


ORSO 


886 


Roi  un,   rie  de  J.-J.  Ortt,  i  la  t«tc  du  t  XXI  de  la 
Storia  eccles.,  l'es.  -  FubronI,  f^itx  Ilalorum,  V|. 

aRsiNi  (  Baldassare  ),  antiquaire  italien,  né 
en  1732,  à  Pérouse,  où  il  est  mort,  en  1810. 
Après  avoir  fait  un  assez  long  séjour  à  Rome,  où 
il  étudia  la  peinture,  dans  l'atelier  <ie  Massucci, 
il  revint  dans  sa  ville  natale,  et  y  dirigea  depuis 
1790  Tacadémie  de  dessin.  Les  tableaux  dont 
il  a  décoré  les  églises  et  les  palais  de  Pérouse 
sont  de  médiocre  valeur.  Il  était  néaimoînë  ins- 
truit et  avait  sur  les  sdenœs  et  les  arts  des  oon- 
oaissaDccs  étendues.  On  cite  de  lui  :  Çeometha 
e  prospeitàM  praitica ;  Rome,  177&,  3  vol.;  — 
Guida  per  ta  città  di  Perugia;  Pérouse, 
1784,  iD-8°  ;  —  Guida  di  ÀseoU;  ibid.,  1790, 
in*8**;  —  Vitadi  Pietro  Perugino  e  de?  siioi 
scolari;  ibid.,  1804,  in-8*:  —  Memorie  de*  pit- 
toriperugini  d€l  seeolo  XYIU;  ibid.,  1806, 
in-S".  Il  s'est  fait  anssi  l'éditeur  de  plusieurs 
ouvrages  de  Yitmve,  d'Alberti,  de  Frontino,  d« 
Léonard  de  Viad,  etc. 

Vernilvlioll,  Bkigr.  degli  terUtaTi  pengiM. 

onniii.  yoif.  BrnoIt  XTU  et  Ursins. 

OESO  t  00  vnsB,  troisième  doge  de  Tenise, 
né  à  Iféraelée,  massacré  dans  ta  même  ville,  en 
737.  Il  succéda  en  728  à  Marcello  Tegallano,  et 
rétablit  Entychios,  gouvemenr  grec,  à  Ravenne, 
d'où  favait  chassé  Loitprandt,  roi  des  Lombaixls. 
Ce  service  tut  valut  te  titre  de  hypate^  que  lui 
confiera  rempercor  d*Orient.  Orso  fut  égorgé 
dans  une  éinente.  Son  successeur,  I>omenlco 
Leonf,  porta  le  titre  de  maitre  de  la  milice, 
au  Heu  de  doge,  devenu  odieux. 

eBSOiiooVB8B(  Tfieoda  to  ) ,  quatrième  doge 
de  Venise,  ûh  du  précédent,  gouverna  de  742  à 
755.  Après  le  meurtre  de  Orso  I*'  la  famille 
des  Ursi  avait  conservé  de  nombreux  partl«:ans, 
qui  en  739  rappelèrent  Theodato  de  Texil  et 
lui  conférèrent  la  magistrature  de  la  milice; 
contrairement  aux  lois,  ils  prolongèrent  même, 
cette  magistrature  d*une  autre  année  :  c'était  un 
premier  pas  vers  le  rétablissement  du  dogat  ; 
cependant,  en  740,  Theodato  crut  devoir  céder  le 
pourvoira  Joviamis  Cepario,  qui  avait  été  nommé 
consul  par  Tempereur.  Cepario  ayant  terminé 
son  année  de  règne ,  Giovanni  Fabriciaco  (Vit  ap- 
pelé à  le  remplacer.  Excité  par  les  Ursi,  le  peuple, 
on  ne  sait  sons  quel  prétexte ,  se  souleva  contre 
lui,  le  déposa,  et  lui  creva  les  yeux.  Les  Véni- 
tiens, s'apercevant  des  inconvénients  d^une  ma- 
gistrature suprême  annuelle,  résolurent  de  réta- 
blir le  dogat.  Après  bien  des  intrigues,  Theodato 
remporta.  Il  ne  voulut  point  rester  à  Héraclée, 
qui  avait  été  le  théâtre  de  Tassassinat  de  son 
père,  et  transporta  le  siège  du  gouvernement  à 
Malamocco.  Les  Lombards,  profitant  des  dis- 
cordes des  Vénitiens,  avaient  repris  Raveane;  le 
nouveau  doge  ne  jugea  à  propos  de  stwvre  la 
politique  dé  son  père,  et  fit  un  traité  avec  Ve  roi 
des  Lombards  Astolphi^  qui  loi  c^da  quelques 
c6tes  jusqu'à  l'Adige.  Theoilat»  trouva  prudent 
de  faire  élever  une  citadelle  sur  Hle  de  firândoloy 


887 


ORSO  — 


à  l'embonchiire  de  ce  fleuve.  Un  nommé  Galla 
répandit  le  bruit  que  ces  fortifications  n'a?aleaf 
d'antre  but  que  la  tyrannie,  et  un  jour  où  le  doge 
revenait  de  visiter  ses  travaux  il  se  précipita 
sur  lui  avec  une  troupe  de  furieux,  et  lui  fit  subir 
le  sort  de  son  prédécesseur  Fabriciaco.  Galla 
s'empara  aussitôt  du  pouvoir.  A.  de  L. 

Sabelllco,  HUt.  renet^  déc.  I,  Mb.  I.-  Dandolo, 
CAron,  rer.  liai,,  t.  XII.  -  Dam,  Mist.  de  Fenise.u  !•'. 
chap.  I*',  p.  S7-41. 

ORTA  (Garcia  dâ),  en  latin,  Garcia  ab 
BortOf  célèbre  naturaliste  portugais,  vivait  au 
seizième  siècle.  Il  étudia  à  Salamanque  et  à  Al - 
cala,  et  vînt  occuper  une  chaire  de  mathémati- 
ques à  l'université  de  Lisbonne  avant  qu'elle  ne 
fût  transférée  à  Coïmbre.  En  1534  il  s'embarqua 
pour  les  Indes  orientales,  avec  le  titre  de  méde- 
cin en  chef  (  physico  mor)  du  roi.  La  flotte 
dont  faisait  partie  le  bâtiment  où  il  avait  pris 
passage  était  commandée  par  Martin  Affonso  de 
Souza,  à  la  maison  duquel  Orta  était  attkché.  Il 
assista  à  la  fondation  de  la  forteresse  de  Din, 
ainsi  qu'il  l'indique  dans  le  dialogue  35.  Sa  ré- 
putation comme  médecin  ne  tarda  pas  à  se  ré- 
pandre dans  l'extrême  Orient,  et  les  princes  al-. 
liés   du  Portugal  réclamèrent  ses  secours  en 
maintes  occasions.  Ortadécrivitle  premier  lecho- 
léra  asiatique,  et  donna  des  renseignements  assez 
exacts,  sur  les  magnifiques  monuments  d'EI- 
lora  (1),   débris  de  temples  souterrains  qu'il 
avait    visités.  Camoens,  durant    son    séjour 
prolongé  aux  Indes,  s'était  vivement  attaché  à 
Orta,   et   il  lui  a  consacré   quelques  beaux 
vers.  La  capitale  des  Indes  portugaises  pos- 
sédait une  imprimerie;  malgré  l'inhabileté  de 
«««  typographes ,  Orta  se  décida  k  lui  confier 
Ilmpression  d'un  livre  qui  était  le  résulUt  de 
plus  de  trente  ans  d'observations  assidues,  et 
il  le  publia  sous  le  titre  :   Cohquios  dos  sim- 
ples, e  drogas  he  (sic)  amsas  medicinais, 
e  assi  daignas  frutas  achadas  nella  onde 
se  tratam  algumas  cousas  tocantes  a  medi- 
cina,  pratica,  e  outrascousas  boas  para  sa- 
ber,  etc.  ;  Goa,  avril  J  563,  in-4»  (2).  Ce  livre,  pri- 
mitivement écrit  en  latin,  fut  publié  par  l'auteur 
en  portugais,  à  la  prière  de  quelques  amis.  Quel- 
ques exemplaires  de  ce  précieux  traité  étaient 
parvenus  dans  la  Péninsule,  lorsque  Charles  de 
L'Écluse  se  vit  contraint  à  s'ari^ter  dans  une 
chambre  d'auberge  en  Espagne.  Le  livre  du  sa- 
vant portugais  lui  tomba  entre  les  mains;  il  fut 

fi)  Apre»  avoir  prévenu  le  leetear  que  ces  roonumenU 

îïnA^'!?*?**.  "  "**"*""  •'  '■*'«  P°"'  '"*»  polsqn'on  l'y 
vendre,  il  ajoute  -.  «  ^  casa  A«  tam  grande  como  hvm  mo- 

nastflfro,  ha  grandes  imaçens  eteutpidoi  dEtffantes 

de  Liâmes  e  tigres  a  ovtras  muyUu  ymagens  humanû 

como  sao  Àmaumas  e  de  outras  feiçoes  bem  figuradas 

eeerto  qvehecousamuUo  deyér.m.  Voy.  p  lit 

(t)  Coaime  toui  les  oarrages  impriinéB  d'ans  riôde,  ce 

livre  est  tr«s-rare  ;  on  n'en  connaît  même  que  aU  exem- 

plalrM^ur  lesquels  plusieurs  sont  dans  an  fftcheux  état 

de  détérioration.  U   Bibliothèque   impériale  de  Paris 

possède  un  exemplslre  complet,  que  iJsbonne  nous  envie. 

Cl  qui  fait  certes  plus  d*honnear  an  savoir  incontestable 

de  Orta  qu'aux  presses  de  Jean  de  Endem. 


ORTIGUE  833 

I  frappé  du  nombre  d'observations  complétemeat 
neuves  qu'il  y  rencontrait.  Il  en  fit  une  traduc- 
tion; mais  il  lui  enleva  sa  forme  primitive,  et 
ne  garda  que  les  dissertations,  en  écartant  tonte 
division  par  dialogue  ;  c'est  travesti  de  cette  façon 
que  le  livre  d'Orta  fut  connu  en  Europe  durant  le 
seizième  siècle.  Voici  les  titres  divers  soos  ks- 
quels  parut  alors  l'œuvre  de  celui  qn'on  appe- 
I  lait  Garcie  du  Jardin  :  Aromatum  et  sim- 
plicium  et  atiqtiot  medicamentorum  aptd 
Indos  nascentium  historia  (autore  Garcia  ab 
Horto);  Anvers  (Christ  Plantin),  1567;  1574; 
1582;  1584;  ibid.,  chez  la  veuve  de  J.  Moreti, 
1593;  il  faut  encore  citer  lesédits  de  Lisbonne, 
156S;etunedemière  sans  indication  de  lien,  1595. 
Bontius  en  a  donné  une  àLeyde,  1642,  in- 12  ;  — 
Dell*  historia  de  i  simplici  aromaii,  e  aUre 
cose  che  vengono  portate  deW  Indie  orioh 
tali,  pertenend  ai  uso  de  la  medicina;  Veoi- 
i  se,  par  Francesco  Zlletti,  1582,  in-8«(  et  ooa 
1  «n-4*,  comme  le  dit  Barbosa  )  ;  —  Garde  du  Jar- 
din (sic).  Histoire  des  drogues  espisceries  et  de 
certains  medicamens  simples,  qui  nsùssenl 
es  Indes  et  en  l'Amérique,  translaté  de  lai. 
de  Ch,  VEsclusepar  Ant,  Colin:  Lyon,  1619, 
pet.  in-8°,  fig.  F.  Dons. 

Barbosa  Maebodo,  BibUothoea  lusitana.  -  IsBoeensb 
da  Sylva,  Dtecionario  bibliogriifiro  portugun. .  Ferdi- 
nand benls.  Bulletin  Ou  BibltophiU,  —  Léon  PInele,  Ji- 
btiotrcu  oriental  y  oeciOentat. 

ORTEGA  (Raymundo),  théologien  antiquaire 
espagnol,  né  à  Beja,  an  neuvième  siècle,  mort 
après  878.  Ce  personnage,  appartenant  A  la  race 
des  Goths,  passe  pour  le  confesseur  de  D.  Bo- 
drigue.  On  lui  attribue  un  livre  apocryphe  inti- 
tulé :  De  Antiquitatibus  Lusitanise,  qu'on  af- 
firme avoir  été  écrit  en  878.  Bemardo  da  Brilo. 
d'après  Tinspeclion  des  caractères  paléographi.* 
ques,  le  croit  authentique.  Cependant,  d'après 
Machado  et  d'autres,  ce  livre  paraît  ayoïr  une 
date  bien  postérieure.  p.  D. 

Barbosa  Macbado,  BtbHotkoea  lutitana.  -  Bcmrtfo 
de  BrUo,  Monarehia  lusitana. 

OBTEttA  {Francisco  de),  peintre  espagnol, 
né  à  Andujar,  en  1695,  mort  à  Bladrid,  vef« 
1741.  Fils  et  élève  d*un  bon  fresquiste  de  Séville 
(Pedro  de  Ortega),  son  talent  était  déjà  très- 
distingué  lorsqu'en  1725  le  conseil  de  CasIiUe 
le  nomma  taxateur  des  objets  d'art  et  le  cliaigea 
de  nombreuses  acquisitions  à  Tétranger.  En 
1731  il  peigm't  à  fresque  la  voûte  du  choenr  et 
une  grande  partie  de  la  nef  de  la  Merced  à  Ma 
drid.  On  cite  surtout  de  lui  dans  la  même  église 
un  tableau  représentent  la  NaUsanee  de  saint 
Pierre  de  Nolasco.  a.  de  L. 

Cean  Bemradex.  Dieeionario  historieo  de  las  wms  Ulu^ 
très  pro/esores  de  las  bella*  artes  en  Bspana. 

ORTELIVS.  Voy.  (Èrtel. 
OBTBB.  Voy,  ASPREMOKT. 

OETiGVB  (Annibal  n'),  poète  français,  né 
en  1570,  à  Api,  où  il  est  mort,  en  1630.  D  des- 
cendait d'une  famille  connue  en  Provence  dès  le 
quinzième  siècle  et  qui  avait  fourni  à  Apt  un 


889 


ORTIGTJE 


890 


évéqae  du  nom  de  Jean  u^Ortigoe.  Il  suivit  la 
carrière  des  annes,  et  Toyagea  en  Europe  pen- 
dant quatorze  ans.  On  a  de  lui  :  Poésies;  Paris, 
1617,  in-1^;  —  Mon  désert;  Paris,  1637,  in-S", 
poème  en  douze  livres. 

Son  fils,  Ortigdb  (  Pierre  d*),  sieur  de  Van- 
morière,  né  en  1610 ,  à  Apt ,  mort  en  septembre 
1693,  à  Paris,  se  fixa  de  twnne  heure  dans 
cette  dernière  ville,  et  s'y  fit  quelque  réputation 
dans  le  genre  littéraire  qui  était  alors  à  la  mode. 
MUe  de  Scodéry  disait  de  lui  qu'il  était  encore 
plus  honnête  homme  qu'homme  de  lettres.  La 
passion  du  jeu  l'avait  ruiné  de  bonne  heure;  il 
la  partageait  avec  sa  femme,  une  des  précieuses 
du  temps ,  qui  a  un  article  dans  le  Diction^ 
noire  de  Somaize,  sous  le  nom  de  Narsamine, 
D'Ortigue  fréquentait  Pacadémie  qui  s'assem- 
blait chez  l'abbé  d'Aubignac.  Il  était  au  reste  un 
des  admirateurs  du  fécond  Scodéry,  et  on  lui 
prête  le  dessein  bizarre,  qu'il  n'eut  pas  le  loisir 
d'exécuter,  de  mettre  l'histoire  de  France  en 
dialogues.  11  vécut  pauvre,  et  même,  s'il  faut 
en  croire  Richelet,  il  subit  une  détention  pas- 
sagère au  Chêtelet.  On  a  de  lui  des  romans,  tels 
qneLegrandScipion  (Paris,  i658;4  vol.  in-8o); 
—  Diane  de  France  (1674,  in-12);  —  M"«  de 
î^umon  (1679,  iu-n);  —  Agiatis^  reine  de 
Sparte  (1685, 2  vol.  in-12  )  ;  quelques-uns  de  ces 
ouvrages  ont  été  réimpr.  mai  à  propos  dans  les 
Œuvres  de  M^  de  ViUedieu;  —  Histoire  de 
la  galanterie  des  anciens;  Paris,  1671,  2to1. 
in-12  :  ouvrage  devenu  très-rare;  —  VArt  de 
plaire  dans  la  conversation;  1688,  1698, 
1701, 1711,  in-12;  nul  ne  posséda  mieux  que  lui, 
selon  les  auteurs  contemporains,  l'art  dont  il 
écrivit,  les  principes;  c'est  par  erreur  qu'on  a 
inséré  ce  livre  dans  les  Œuvres  de  l'abbé  de 
Betlegarde;  -—  Harangues  sur  toutes  sortes  de 
sujets,  avec  Part  de  les  composer  ;  Paris,  1688, 
1693,  1713,  in-4**  ;  d'après  Goojet,  il  est  peu  de 
ces  harangues  où  l'on  ne  trouve  de  l'esprit,  du 
goût  et  un  style  assez  pur;  —  Lettres  sur 
toutes  sortes  de  sujets^  avec  des  avis  sur  la 
manière  de  les  écrire;  Paris,  1689,  1695, 1714, 
2  vol.  in-12.  On  lui  doit  encore  les  cinq  der- 
niers volumes  du  Pharamond  de  La  Calprenède. 

P.  L. 

I«  Mercure,  dot.  l$9i.--Gon\et^Bibl.  françoite^  XIV. 
<7>-  —  PapoD,  HUt.  de  Provence,  IV.  —  ArtcfeuU,  UM. 
tfe  la  nobiêite  de  Provence ,  II.  -^  NIcéroD,  Mém,  XXXV. 

l  OETiGVB  {Joseph-Louis  d')  ,  littérateur  et 
musicien  français,  né  le  22  mai  1802,  à  CavaiU 
ion  (Yaucluse  ),  trouva  dans  sa  famille  des  ama- 
teurs distinguéjB  qui  développèrent  en  lui  le  goût 
de  cet  art,  dont  ils  lui  enseignèrent  les  premiers 
éléments.  Destiné  à  la  magistrature  par  ses  pa- 
'^ts,  il  étudia  le  droit  à  Aix.  Tout  en  suivant 
les  cours  de  la  faculté,  il  se  livrait  à  la  culture 
des  lettres  et  des  arts,  vers  lesquels  il  se  sentait 
entraUié.  En' 1827,  sous  prétexte  de  faire  son 
^^e,  il  obtint  de  se  rendre  à  Paris,  et  donna 
bientôt  après  quelques  articles  de  musique  dans 


le  Mémorial  catholique.  Pendant  ce  temps  sa 
famille  faisai^des  démarches  pour  le  placer  dans 
la  magistrature,  et  ce  ne  fut  pas  sans  un  vif  re- 
gret qu'un  beau  jour  il  apprit  qu'il  venait  d'être 
nommé  juge  auditeur  è  Apt.  Il  fallut  partir.  Le 
jeune  magistrat  revit  le  del  de  la  Provence. 
Mais,  dominé  par  son  go6t ,  il  ne  tarda  pas  à 
abandonner  ses  nouvelles  fonctions  pour  revenir 
tenter  la  fortune  à  Paris,  où  11  publia,  en  1829, 
une  piquante  brochure  intitulée  :  De  la  guerre 
des  dilettanti  et  de  la  révolution  opérée  par 
M.  Rossini  dans  la  musique  française.  Au 
commencement  de  1830 ,  il  se  rendit  à  La  Che- 
naye,  en  Bretagne,  auprès  de  l'abbé  de  La  Men- 
nais,  et  travailla  sous  la  direction  de  ce  célèbre 
écrivain,  auquel  il  fournit  les  matériaux  néces- 
saires à  la  rédaction  du  beau  chapitre  qu'il  a 
consacré  à  la  musique  dans  le  second  volume  de 
VBsquisse  d'une  philosophie.  L'année  suivante, 
M.  J.  D'Ortigue  prit  part,  comme  rédacteur,  à 
la  fondation  du  journal  V Avenir^  et  a  donné 
depuis  lors  une  foule  d'articles,  soit  de  littéra- 
ture, soit  de  critique  musicale  dans  beaucoup 
d'autres  JoumauTT  et  revues  :  La  Quotidienne^ 
Le  Temps ^  la  Gatelte  musicale,  La  France  mu" 
skaUy  la  Bévue  de  Paris,  la  Revue  des  deux 
Mondes,  le  Journal  de  Paris, Le  National,  L' U' 
nivers,  L* Université  catholique^  L'Ère  nou- 
velle, VOpinion  publique,  et  en  dernier  lieu  le 
Journal  des  Débats.  Nommé,  en  1 839,  professeur 
de  chant  en  chœur  au  collège  de  Henri  IV,  il  a 
été  attaché,  à  plusieurs  reprises,  aux  travaux 
historiques  du  gouvernement,  et  a  pris  rang,  par 
ses  livres  et  ses  brochures  sur  la  musique,  parmi 
les  critiques  les  plus  instruits  et  les  plus  compé- 
taots.  Voici  l'indication  des  ouvrages  qu'il  a  pu- 
bliés; plusieurs  sont  étrangers  à  la  musique  : 
Delà  guerre  des  dilettanti;  Paris,  1829, 
in- 8®.  —  Pèlerinage  de  deux  Provençaux  au 
couvent  de  la  Trappe  de  la  Sainte- Baume  ; 
Paris,  1830,  in-8®.  ^  Le  Balcon  de  V Opéra , 
recueil  de  divers  articles  de  critique  miusicale  ; 
Paris,  1833,  in-8''  ;  —  deux  écrits  politiques  : 
l*'  une  préface  à  une  brochure  intitulée  :  Révé^ 
lations  d'un  militaire  français  sur  les  agra- 
viados  d*Bspaçne;  Paris,  1829,  in-8''  ;  —  2**  De 
la  position  des  partis  après,  la  révolution  de 
1830;  Nantes,  1831  ;  —  La  sainte  Baume,  ro- 
man; Paris,  1834  ;  —  Nouvelles  chrétiennes, 
suivies  delà  légende  de saint-Véran ,  évéque 
de  Cavaillon;  Paris,  1837, in-12;  —  De  Vécole 
musicale  italienne  et  de  V administration  de 
V Académie  royale  de  musique,  à  Voccasion 
de  Vopéra  de  M.  H,  Berlioz;  Paris,  1839, 
ia-8*'.  Ce  livre,  sauf  des  retranchements  que 
l'auteur  y  a  faits,  est  le  même  que  le  suivant  : 
Du  Thédtre-Italien  et  de  son  influence  sur  le 
goût  musical  français  ;  Paris,  1840,  in  8*";  — 
Palingénésie  musicale,  brochure  in-8<^;  —  De 
la  mémoire  chez  les  musiciens,  lettre  à 
Mme  S.  de  B***  ;  inr8*  ;  —  La  Bruyère  et 
M,   Walhenaêr,  critique  de  l'édition  de  La 


\ 


891 


ORTIGUK  —  OR\  ILLE 


8» 


Bru\ère  publiée  ptr  WaHieuacr;  —  Diction- 
naire liturgique,  hiêtorique  et  Ihéorkfm  de 
plain-chant  et  de  musique  d'église  dans  le 
tnoyen-dge  et  les  temps  mwiernes;  Paris,  18S4, 
gr.  ÎB-S**  ;  —  Introduction  à  Petude  compa- 
rée des  tonalités  et  principalement  du  chtmt 
grégorien  et  de  la  mu$ique  modernt  ;  Paris, 
1853,  in- 16;  —  Traité  théorique  et  pratique 
de  V accompagnement  du  plaim-ckan  2,  par  Nie- 
denneyer  et  J.  dX>rtigDe4  I^aris,  18&&,  un  vol. 
in-fi^  —  M.  Je  d'Ortigue  a  été  on  des  oollabo- 
ratears  du  Dictionnaire  de  la  Conversation. 
En  1856,  il  a  fondé  aTecNiedermeyerle  jeumal 
La  Maîtrise,  dont  il  a  pris  seul  la  difedioii  de- 
puis 1858.  On  a  de  lui  on  oflertoire  pour  Torgoe, 
<|ui  a  été  publié  dans  le  Répertoire  de  fOrga- 
niste,  de  M.  Dietach.        D.  DiniiE*BAiioii. 

Vapercao,  Diettoumalrê  4e$  Omlmnptirmimi  Parti, 
1SS8.  —  Docuwêgnts  partieMlien. 

OETIS  (iéfoitto),  théologien  et  historien  es- 
pagnol, né  à  Tolède,  vifait  dans  la  première  par- 
tie du  seizième  siècle.  Nonmé  cbanome  de  To- 
lède, il  fut  employé  par  le  cardinal  Ximénès  à 
Ja  révision  de  la  liturgie  mozaraliique.  Il  légua 
«a  faiUiotlièqoe  à  l'uniTersité  de  Salamanqoe.  On 
a  de  lui  six  opuscnles  réunis  en  un  volume  in- 
tJtulé  :  De  la  berida  dH  rey  don  Fernando 
et  Caiholico ,  consolatorio  a  êa  princesa  de 
Portugal;  Vna  oraeion  a  los  regescathoUeoi 
(en  espagnol  et  en  latin);  Dos  cartas  mensa- 
géras  a  los  reges,  una  que  eeeribio  la  du- 
dad,  la  otra  ti  cabildo  de  la  iglesia  de  7b- 
ledo;  Contra  la  carta  del  protonotario  Lu- 
eena;  Séville,  1493,  in-fol.  Les  pins  importants 
de  ces  opuscules  sont  on  traité,  en  vfaigt^sept 
chapitres,  adressée  la  prnoesse  de  Portugal,  (Ule 
d'Isabelle,  sur  la  mort  de  loo  mari,  et  un  dis- 
cours adresjté  à  Ferdmand  et  Isabelle  après  la 
prise  de  Grenade,  en  1492,  dans  lequel  l'auteur 
se  réjouit  de  ce  grand  événement  et  glorifie  avec 
une  égale  satisfaction  la  cruelle  extiulsion  des 
juifs  et  des  hérétiques.  «  Ces  deux  discoors, 
dit  Tkknor,  sont  écrits  dans  un  style  de  rlié- 
teur;  mais  ils  ne  manquent  pas  de  mérite,  et 
dans  le  second  il  y  a  un  ou  deux  passages  bean 
et  même  touchants,  sur  ta  tranquillité  dont  jouis- 
sait l'Espagne  depuis  qu'un  ennemi  otHeux  avait 
été  expulsé,  passages  qui  sortent  évidemment 
do  cœur  de  Técrivain  et  qui  trouvèrent  un  écho 
parmi  tous  les  Espagnols.  »  Outre  ces  deux 
traités,  ce  volume  contient  un  récit  de  la  bles- 
sure reçue  par  Ferdinand  le  Catholique  de  la 
main  d*un  assassin  à  Barcelonne,  le  7  décembre 
1472  ;  deux  lettres  de  la  ville  et  de  la  cathédrale 
de  Tolède  demandant  que  le  nom  de  Grenade 
nouvellement  conquise  ne  figure  pas  avant  To- 
lède parmi  les  titres  de  roi  ;  et  une  attaque  contre 
le  protonotaire  Juan  de  Locena,  qui  avait  osé 
bl&mer  les  rigueurs  de  Tinqnisition.  Ortiz  justi- 
fie ce  tribunal  d*une  manière  qui  ne  fait  honneur 
ni  à  j^es  lumières  ni  à  son  humanité.  On  a  en- 
core de  lui  :  Missale  mixtum ,  secundum  re- 


gulam  beati   Isêdori^  dictum  3to%arabe$i 

Tolède,  1500,  in>ioi.,  avec  une  préface;  —  Bre- 

viarium  mixtum  secundum  regutam  beatt 

lêidori^  dictum  Mosarabes;   Tolède,    1502, 

In- fol.  :  ce  missel  et  ce  bréviaife  mouratmiues 

sont  prédeiix,  àcaite  des  savantes  pvéfaces  de 

fédilear  et  à  litre  de  raretés  faâhliograplMqMi.  Z. 

BlcolM  AniMl»,  BiUioiàem  mspam»  norm.  —  Tkfc- 
Bor,'  Hàstorf  nf  tfaoMk  UUvratun»  1. 1,  p.  »S. 

•ans  (Maiae),  archéologDe  eapapiol,  né  â 
ViUarobledo,  dans  le  foyaune  de  Tolède ,  vmil 
dans  leaeÎEièmeaièele.  Attaché  an  cardinal  AdrieD 
Florent  (depuis  le  pape  Adrien  VI^  il  deviat 
chanoine  de  Tolède  et  vicaire  général  ée  rarcbe- 
véquede  cette  ville.  On  a  de  lui  :  Siiount  temftx 
Toèetani  graphita  deseriptio;  Tolède,  1544. 
in-8«;  ^  itinerarium  Àdriani  F/«  P.  M.  eb 


ffupania:  Tolède,  1548,  in-8«;  réûnpnoaé 
les  Miscellanea  de  Baloze,  t.  lU.  Z. 

Nltolat  Antonio,  BIètMfun  kUpamm  mm. 

•KTLOP,  naturaliste  allemand,  né  à  Megin 
berg,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  quiurièBie 
siècle.  11  exerça  son  art  à  Wurtzboorg,  et  pnblli  : 
Àrttneybuch  (  Livre  de  remèdes);  Narembai^ 
1477,  in-fbl.  ;  Augsbourg,  1479,  1482,  in-foi.,  et 
1488,  in^";  —  Bock  van  der  Mature  éer 
Kruder  (livre  de  la  nature  des  plantes);  U- 
beck,  1484.  O. 

RolanDimtf,  SuffMmm/t  A  /Seher. 

•mTièTB(L^]i  n').  Foy.  Uon. 

OBViLLÊ  (JacquêS'PhiUppe  o*),  pfaii>- 
logne  néeriandais,  d'orlg'uie  françaiae,  Dé  à  Ami- 
terdam ,  le  28  juillet  lf98 ,  mort  le  14  se|>- 
tembm  1751.  Sn  fluniile  était  prateslaote.  Sod 
grand-père  avait  quitté  la  Proveaee  et  s'dail 
étahM  à  Hambourg.  Son  père,  Jean  d'OrriBe, 
passa  en  Hollande,  et  acquit  une  grande  forfait 
dans  le  commerce.  Quoique  destiné  an  négoce, 
Philippe  d'OrvIile  reçut  une  excellente  éduca- 
tion et  s'appliqua  particulièrement  à  raudedo 
grec  et  du  latin  sons  l'exceHeat  professear 
Hoogstraaten.  Hemsterhais  et  P.  Bumana  loi 
donnèrent  aussi  des  leçons.  Enfin  son  pèrehripef 
mit  de  suivre  les  cours  de  runiversttéde  Leyde, 
où  11  se  fit  recevoir  docteur  en  droit,  le  S  février 
1721.  Le  jeune  Philippe  pratiqua  mène  quelque 
temps,  à  son  grand  ennui,  la  profession  d*avocat; 
mais  dèsqu'il  en  eut  la  permission,  il  Tabandonaa, 
et  se  livra  à  son  gottt  pour  les  Mtres.  Lc5 
voyages  étaient  selon  loi  le  meilleur  et  le  phis 
agréable  moyen  de  s'instruire.  Il  consacra  donc 
plusieurs  années(l  723- 1729)  à  visiter  la  France, 
l'Angleterre,  lltalie,  rAlleroagne,  fouillant  k» 
bibliothèques ,  ooUationnant  les  manuscrits , 
examinant  les  cabinets  d'antiquités  et  de  mé- 
dailles, nouant  des  relations  avec  les  érudits  e' 
les  archéologues  les  plus  distingués,  enfin  ne  né* 
gligeant  rien  de  ce  qui  pouvait  oontribaer  â 
augmenter  sa  connaissance  des  lettres  an- 
ciennes. De  retour  en  Hollande,  il  songeait  à  sr 
retirer  à  la  campagne  pour  y  mettre  en  ceuvrr 
les  précieux  matériaux  rapportés  de  ses  voya- 


8dS 


ORVIIXE  —  ORVILliERS 


894 


ges,  lorsque  les  magistrats  <]*Amsterdara  lui  of- 
hveièt  la  phifle  de  preCcMenr  d'hittoire,  d'do- 
queaee  et  de  iàuffue  grecque  à  l'Aibénée  qui 
portait  k  nom  û*lUuitre  «  naie  qui  était  alors 
bJeo  déelw.  D*OmUe  aeeepta  4)ette  ehaire,  «1  en 
prit  ptsseaaioB  te  311  nm  1730,  par  ua  diaooors 
ifltilulé  :  De  VkeuÊWue  MtêoeémiioH  dé  Mer- 
enre  avec  foi  Jfutef  (  De  /eUci  Mereurii 
cum  Musis  contub€rmo).  Après  Tavoir  oo- 
aifMie  pendant  douze  aas  aveeéciat,  il  s'ea  dé- 
mit pour  se  livier  à  Tétude.  Une  santé  foible, 
un  sfidX  délicat,  un  trop  grand  désir  de  la  per- 
fection reo^ïéchèrent  de  donner  ju  polilic  les 
cpoTnes  qu'on  attendait  de  lui.  Il  ne  publia  ni 
une  édition  de  VAutholo^ie^  pourlaqMeUe  il  avait 
recueilli  des  matériaux  du  plus  grand  prix ,  ni 
une  édition  de  Théocrite,  poète  qui  était  l'objet 
de  ses  études  les  plus  assidues;  il  se  contenta 
de  ooBMnuniquer  libéralement  aux  antres  éra- 
dits  les  richesses  qu'il  avait  rassemblées.  «  n  a 
fourni,  dit  diaufepié,  des  notes  et  des  collations 
de  manuscrits  sur  Josèpbe,  Lucien,  Libaniiis, 
Diotiore  de  Sicile,  Aristophane»  les  fragments 
de  Sappho,  Musaeus,  Ckitutlius,  Tite  Live,  Ju- 
les Ccsar,  Virgile,  Lucain,  Suétone,  Ptièdre, 
Frontin,  les  pœtœ  minores ,  tes  Lettres  de 
Pline  et  presque  sur  tous  les  auteurs  qui  ont 
été  réimprimés  dans  notre  siècle.  »  D'Orville 
mourut  à  un  âge  encore  peu  avancé,  laissant  la 
réputation  d'un  des  premiers  philologues  du 
dîn-huitième  siècle.  On  a  de  D'Orville  :  DiS' 
putntio  ad  legem  65  de  acquirendo  rerum 
dominio;  Leyde,  17îl.  in-h";  —  Oratio  in 
ceniesimrtm  natalem  Ulustris  Âmstelod, 
Athenxii  Amsterdam,  1732,  in  fol.  ;  —  Mis- 
eellaneœ  Observatlones  in  auctores  veteres 
et  recentiores  a  Britçnnis  captx,  in  Ba- 
tavis  etmtlnuatx,  eum  notis  et  auctario  va- 
riomm  virorum  doctorum  ;  Londres,  et  Ams- 
terdam, 1732-1739,  tO  vol.  in-8*-  Ce  recueil 
d^observations  critiques,  ou  journal  philologi- 
que, fut  commencé,  en  Angleterre,  par  Jortin  ; 
Bnrmann  le  continua  en  s'adjoignant  d'Orville, 
et  celui-d,  resté  seul  rédacteur  en  1741,  y 
ajouta  une  suite  sons  le  titre  de  Miscellaneœ 
observationes  et  criticx  novx  in  auctores 
veteres  et  recentiores^  in  Belgio  collectœ  et 
proditx;  Amsterdam,  1740-1751,  12  toih. 
in-8*  ;  les  articles  qui  appartiennent  à  d^Orville 
sont  ordinairement  signés  de  la  lettre  B;  les 
plus  imporianta  sont  une  dissertation  sur  les 
inscriptione  de  Delos  (  i*'  Rec.,  t.  TU  )  et  une 
diflsertatioa  sur  dhwses  inscriptions  (f*  Rec., 
t.  III  )  ;  —  CHiiea  vannus  in  inanes  J^-C. 
Pavonis  paêeat  ;  Amsterdam,  1737,  in-8^  :  sorte 
de  pamphlet  émdlt  contre  Corneille  de  Pauw 
et  qui  mérite  encore  d'être  lu  à  cause  des  nom- 
breuses observations  philologiques  qu'il  contient; 
—  Peiri  iPOrvièle ,  jurisconstUti ,  pœmata  ; 
Amsterdam,  1740,  in-8»,  magnifique  édition  des 
poésies  latines  de  Pierre  d'Orvitle,  frère  de 
Philippe,  mort  en  1738;  —  Xapâdivoc  A^poii- 


«réwc  tAv  nspt  Xaipccv  xal  Ka^t^ôip  'Efi«oTtxûv 
dniYiq|iatrwv  Xorot,  J.  P,  d^Orvilh  pubhcetvit, 
animadvereionesqite  adjeeit  ;  Amsterdam  ^ 
1750,  ni-4'';  léimp.parBecX ,  Leipzig,  i783,in-8^. 
Le  commentaire  très-étendo  qui  accompagne 
cette  édition  se  recommande  par  une  émdîtior 
îmraense  et  neuve  (  voy,  Chahhon  )  ;  —  Si 
cula^  qnilms  Sieiliêc  veteris  rudera  ilius 
trantur  ;  AmiAerdam,  1761-1764,  2  vol.  in-fol. 
airec  fig.,  ouvrage  posthume  dont  nmpressioE 
ftift  achevée  par  les  soins  de  Burmann.  On 
trouve  quelques  lettres  de  d'Orville  dans  la 
Syllofe  nova  efàstolarum  varH  argumenti. 
Les  mamncrits  de  d'Orville  y  eompris  les  K- 
vnss  annotés  de  sa  main  se  trouvent  dans  la  bi- 
ttiotb^qne  bodleyenue  à  Oxford  ;  en  en  a  public 
le  catalogue  «eus  ce  titre  :  Codiees  manu- 
tcriti  et  impreesi  eun^  7U>tis  mannscripiis , 
oUtn  DorvilHani,  qui  in  Hbliotheca  Bod- 
ieianaapHd  Oxoniensee  adstrvantur;  1806, 
Ib-4».  L.  J. 

CtiiafepM ,  DM.  kU<.  ->  Cof .  et  En.  Haaff,  La  Franc*, 


«RTILLISKS  (Z;0ICtsGciLL0U1!T,  COmtC  U' ), 

amiral  français,  né  à  Moulins,  en  1708,  mort 
après  1791.  Son  père  était  gouverneur  de  la 
Guyane  française.  Il  entra  très-jeune  dans  les 
troupes  qui  oecopaient  cette  colonie,  et  devint 
rapidement  Keotenant  d Infanterie.  Il  passa  en 
1728  dans  la  marine  comme  garde  du  pavillon. 
Jusqu'en  1754,  il  fit  plusieurs  campagnes  à 
SaiDtrDomiague,  à  Québec,  aux  Antilles,  à  Us- 
iwnne,  etc.,  et  fut  nommé  successivement  en- 
seigne des  gardes-na vires  (1741),  dievatter 
de  Saint-Louis  (  1746),  capitaine  des  gardes- 
marine  et  capitaine  de  vaisseau  (1754).  Il 
croisa  sous  les  ordres  de  La  GaHssonnière  dans 
la  Méditerranée ,  et  prit  une  part  active  à  la 
victoire  que  cet  amiral  remporta  sur  Byng  de- 
vant Mahon  (20  mal  1756),  et  fit  plusieurs 
heureuses  eipéditiom  k  bord  des  vaisseaux  Le 
Belliqueux^  Le  Guerrier  et  L'Aiexanére.  U  en 
fut  récompensé  par  les  grades  de  elief  d'escadre 
(1764)  et  de  commandeur  de  Tordre  de  Saint- 
Loms.  La  guerre  avec  l'Angleterre  venait  de  se 
rallumer.  Nommé  lieutenant  général  en  janvier 
1777,  d'Orvilliers  lut  appelé  au  commandement 
supérieur  de  la  magnifique  flotte  qui  sortait  de 
Brest  le  92  juillet  177S;  elle  comptait  trente- 
deux  vaisaeanx  de  liçie,  quinze  frégates  et  un 
grand  nombne  de  bâtiments  d'un  rang  inférieur; 
dix -neuf  cent  trente- quatre  bouches  à  feu  la 
garnissaient  Depuis  longtemps  la  France  n'avait 
réuni  une  telle  année  navale  :  c'était  le  premier 
effort  de  la  marine  ressuscitée  par  les  soins  de 
Louis  XVI  ;  mais  les  états-majors  et  les  équi- 
pages étaient  aussi  neufs  dans  le  métier  que 
leurs  b&timents;  aussi  ne  fut-ce  pas  sans  une 
certaine  émotion  que  dès  le  lendemain  d'Orvil- 
liers  se  trouva  en  vue  de  la  flotte  anglaise,  forte 
de  tr«nte  vaisseaux  bien  essayés  et.  parés ,. 
montée  par  des  officiers  et  des  marins  habitués 


J 


895 


ORVILLIERS  —  ORZECHOWSKI 


896 


aa  feu  et  à  la  manœuvre  et  |  résentant  deux  I 
mille  deux  cent  quatre-vingt-huit  canons  ;  Kep- 
pel  la  commandait.  Durant  quatre  jours  les 
deux  armées  s'épièrent,  chacune  cherchant  à 
attaquer  mu  adversaire  avec  avantage  ;  elles  oc- 
cupaient une  ligne  de  trois  lieues.  Enfin,  le  27,  à 
quatre  heures  du  matin,  le  terrible  duel  s'en- 
gagea dans  les  eaux  d'Ouessant  :  on  se  battit  à 
outrance  la  journée  entière,  et  à  la  nuit  les  deux 
flottes  furent  obligées  de  regagner  leurs  côtes 
respectives  pour  se  réparer  :  Il  n'y  eut  aucune 
perte  de  navire,  ni  d'un  c6té  ni  de  l'autre,  mais 
cette  lutte  opiniâtre  fut  |>our  les  Français  l'é- 
quivalentd'une  victoire,  par  la  confiance  qu'elle 
leur  rendit  contre  un  ennemi  habile  et  brave. 
Les  Anglais  regardèrent  si  bien  ce  long  engage- 
ment comme  une  défaite,  que  sur  l'accusation 
de  sir  Hiigh  Palisser,  qui  commandait  la  gauche 
de  leur  flotte,  l'amiral  Keppel  fut  mis  en  juge- 
ment (1).  Le  3  juin  1779,  d'Orvilliers  reprit  la 
mer  avec  trente-deux  vaisseaux  ;  il  devait  se 
joindre  à  l'amiral  espagnol  don  Luis  de  Cor- 
dova,  qui  bloquait  Gibraltar  avec  trente-quatre 
vaisseaux.  Remontant  alors  l'Océan,  les  flottes 
combinées  devaient  appuyer  trois  cents  bâ- 
timents de  transport  montés  par  quarante 
mille  hommes,  rassemblés  sur  les  ofttes  de 
Bretagne  et  de  Normandie,  sous  les  ordres  du 
maréchal  de  Vaux.  D'Orvilliers  rencontra  l'amiral 
anglais  Hardy,  qui,  quoique  fort  de  trente-huit 
vaisseaux,  n'osa  l'attaquer;  mais  au  lieu  de  se 
rendre  à  Cadix,  il  attendit  à  La  Corogne 
trois  mois  l'arrivée  des  Espagnols.  Pendant  ce 
temps  l'épidémie  décimait  les  équipages.  Le  filé 
de  Tamiral,  qui  était  lieutenant  de  vaisseau,  fut 
une  des  victimes.  Enfin  Cordova  parut,  et  d'Or^ 
villiers  put  s'avancer  vers  la  Manche;  mais  les 
disputes  de  préséance,  qui  avaient  tant  relardé 
la  jonction  des  flottes,  vinrent  faire  avorter  le 
but.  La  flotte  combinée,  à  la  suite  d'une  croisière 
de  quinze  jours,  après  s'être  approchée  de  Ply- 
mottth,  où  elle  se  borna  à  jeter  la  terreur,  donna 
inutilement  la  chasse  à  la  flotte  de  Charles 
Hardy,  qui  esquiva  le  combat,  et  rentra  à  Brest 
(  octobre  1779  ),  fort  avariée.  Elle  avait  perdu 
cinq  mille  hommes  sans  tirer  un  coup  de  canon. 
«  Depuis  la  construction  du  premier  radeau 
de  sauvage,  dit  Sismondi,  rien  de  plus  honteux 
ne  s'était  vu  pour  des  hommes  de  guerrp. 
D'Orvilliers,  qui  n'avait  voulu  partager  le 
commandement  avec  personne,  eut  le  déshon- 


(1)  Dans  cette  Importaote  atraire  dX)rvllUeri  eomman- 
dait  la  droite  de  rarmée  française  (  escadre  blanche),  le 
comte  de  Gulchen  le  secondait  ;  Je  brave  comte  du  Chaf- 
fault  de  Besné  commandait  le  centre  (  escadre  blanche  et 
blene),  et  le  duc  de  Chartres  (Lonls-Phillppe- Joseph,  depnlt 
«lac  d*Orléans)la  ganchc  (escadre  biene).  Du  Chaffault  fut 
blrské  tris- gravement.  Le  doc, assiste  par  le  coolre-amiral 
La  Mothe-Plqnet,  montait  />  Saint-Esprit,  et,  selon  les 
témoins  de  l'action,  montra  do  courage  et  du  saof  froid. 
Néanmoins,  la  cour  loi  trouvant  peu  d'aptitude  pour  le 
■«crvice  de  mer,  lui  retira  son  commandement  et  loi  donna 
t^n  dédommagement  la  charge  de  colonel  général  des 
Uassards  (f'oy.  ORLiAva). 


neur  tout  entier.  En  Angleterre,  on  Teût  c-té 
devant  un  conseil  de  guerre  et  peut-être  dégradé. 
En  France  le  gouvernement  le  laissa  sons  le 
poids  de  son  cordon  rouge  (1)  et  de  ses  épanleltes 
d'amiral;  mais  averti  par  l'opinion,  il  se  jugea 
mieux  lui-même,  et  alla  mourir  dans  on  cou- 
vent »  £n  effets  d'Orvilliers  donna  aossitM  sa 
démission,  et  fut  envoyé  à  Rochefort  En  17S3, 
atteint  d'une  grave  maladie,  il  obtint  sâ  retraite 
définitive  et  quelques  mois  après,  ayant  perdu 
son  épouse,  il  se  retira  au  séminaire  de  Samt- 
Magloire  à  Paris.  £n  1790,  il  émigra,  et  Ton 
n'entendit  plus  parler  de  lui.  On  ignore  le  beo  et 
l'époque  de  sa  mort.  A.  de  L. 

Le  prince  de  Montbarrey,  Mémoires.  —  Le  prince  de 
Ugne.  OEmvfM  ekoisies,  p.  S.  —  Soniavle,  Mewtoim 
de  LouU  XVL  —  Le  comte  de  Tlltj,  Jfdmoirw  (  eJit. 
de  itSO,  ln-S«  ),  t.  III,  p.  is.  —  J^remies  As  Im  marùu 
pour  1180.  —  Van  Tenae.  UitMrt  générale  dé  la  Ma- 
rine, t  III.  -  SlsmondU  Histoire  de»  tretnçàkê,  L  XXX, 

p.  16S-174,  iSS-i86,  IM,  lt«. 

OR¥lLLIBBS   {Jeûn-LOUiS  TOURTBAD-Toa- 

TOREL,  marquis  o'),  pair  de  France ,  mort  à 
Paris,  en  mai  1S32,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans. 
Il  était  maître  des  requêtes  de  l'hôtel  lorsqu'il 
émigra.  Nommé  pair  le  17  aoOt  U15,  il  hit 
souvent  à  la  chambre  des  rapports  importants 
sur  les  questions  de  finances.  En  1SI6  il  est 
rang  de  conseiller  d'État  honoraire. 

Heorlon,  Jnnuaire  nécrelôg, 

ORT  (  François  },  jurisconsulte  français,  né 
au  Mans,  mort  en  1067.  Il  fut  successivemeot 
avocat  au  parlement  de  Paris,  t»aiUi  de  Boisle- 
Yicomte  et  de  Montrouge,  près  Paris,  docteur- 
régent  en  droit  à  Orléans,  et  mourut  ayant 
amassé  centdnquante  mille  livres,  ce  qui  prMve 
le  succès  de  ses  plaidoiries  et  de  ses  leçons.  On 
a  de  lui  :  Primus  apparatu»  jurispruden" 
tias;  1654,  in-16;  —  Pacttan  renuntiatioms, 
dissertaiio  de  pacto  dotalibtu  iJif Inimenfts 
adjecio;  Orléans,  l644,Jln-4o  :  ouvrage  réim- 
primé dans  le  Thésaurus  juris  civUis  et  ca- 
nonici  de  Gérard  Meermaa;  —  IHspmMctar 
ad  Merillium  de  variantibus  CuiacH  ;  Or- 
léans, 1642,  in-4o.  Il  voulut  être  appelé  en  latin 
Osius,  et  devant  les  étrangers  il  se  disait,  au 
rapport  de  Ménage,  de  la  famille  du  célèbre 
cardinal.  Orgueilleuse  prétention,  qui  n'avait 
rien  de  fondé.  Son  père,  Jean  Ory,  drapier  au 
Mans,  et  sa  mère,  Marie  Nepveo,  étaient  Ton 
et  Tautre  d'une  naissance  obscure.       B.  H. 

Narc.  Desportea,  BiMiographie  du  Maine.  —  Menor 
glana,  t.  IV,  p.  W.  —  G.  Ménage.  Hitt.  de  SabU^sec 
parUe.  —  B.  Haoréan,  Hist.  Iltt,  dm  Malm,  1. 1.  p.  SN. 

ORZBCHOW8K1  00  ORlCBO¥ID8  (  StOMÙ' 

las  ),  historien  et  orateur  polonais,  né  au  com- 
mencement du  seizième  siècle ,  d'une  ancienne 
familledu  district  de  Premislao  ;  il  étudia  la  thés- 
logie  à  Wittembeigysous  Luther  et  Melancbiboo, 
visita  ensuite  l'Italie,  et  suivit  à  Venise  les  leçons 
d'éloquence  d'Egnatius.  De  retour  dans  son  pays, 
il  devint  doyen  à  la  cathédrale  de  Premislao; 

(I)  Il  avait  été  nommé  grand-croix  de  l'ordre  de  Saint- 
Louis  en  1T7S. 


897 


ORZECHOWSKI  --  OSBORNE 


son  attachement  au  proteétantisnie  lai  Talat 
beanooap  de  désagréments.  Il  revint  plus  tard 
complètement  an  catliolicisme.  Il  fut  surnommé 
le  Démosthène  de  la  Pologne,  On  a  de  lui  : 
Ad  Sigiêfnundum,  Polonix  regem  ;  Cracovie, 
1544  :  —  Oraiio  in  funere  Sigiimundi,  PO' 
lonix  régis;  iUd.,  IM8,  in-S*";  ce  discours, 
généralement  admiré,  fut  reproduit  dans  divers 
recueils,  entre  autres  dans  le  Corpus  histori- 
eomm  Polonorum  de  Pistorius  (vop.  Janoczki, 
Nachriehien  von  der  Zaluskisehen  Biblio- 
thek^  t.  II )^—  Oratio  in  Warzaviensi  tyn- 
odo;  ibid.,  1561;  •-  2>e  bello  adversus  Tur- 
cas  suscipiendo;  Ibid.,  15&3,  in-S**;  —  Pa- 
neyyrici  nuptiales  Slgismundi  Augusti; 
ibid.,  1605»  in-4*  ;  —  Annales  Polonia',  ab  eX' 
cessu  Sigismundi,  eum  viia  Pétri  Knithœ; 
Dabrom,  1611,  et  Dantzlck,  1643,  in-i2;  avec 
Dugloss,  Leipzig,  1712,  in-fol.;  —  institutio 
principis;  —  De  prmstanlia  legum  polo- 
nicarufn  ;  —  Spistolx  fanUliares.       O. 

StaraTolflcInt ,  5cri|i(orrf  Folami.  "  Chodynkftlego, 

osAifif  { FrédériC'Gotthel/),  philologue 
allemand,  né  à  Weimar,  le  32  août  1794,  mort 
le  30  norembre  1858.  Élèye  d'£icbstndt  et  de 
Boeckh,  Il  Tisita  l'IUlie,  la  France  etrAngleterre, 
et  mourut  directeur  du  séminaire  philologique  à 
Giessen.  Parmi  ses  travaux,  tons  très-remar- 
quables, nous  citerons  :  Analeeia  criiica  pot' 
sis  romanx  seeniese  reliquias  illuitranlia; 
Berlin,  1816;  —  Sylloge  inserîptionum  an- 
tiquarum  grtecarum  et  latinarum;  Darm- 
stadt,  1822-1834,  10  parties,  in-fol.  ;  —  ÀUC" 
iarhim  lexicorum  grsBeorum\  ibid.,  1824, 
in-4*;  —  De  eselUmm  eonditione  apud  ve- 
teres;  Giessen,  1827;  ^Midas;  Darrostadt, 
1830,  in-4o  :  commentaire  sur  la  plus  ancienne 
description  grecque  ;  —  Deitràge  zur  Geschi" 
chte  der  griechisehen  und  rômUehen  Lite» 
ratur  (Mélanges  concernant  rbistoire  de  la 
littératore  grecque  et  romaine);  Darmstadt, 
1 835- 1839,2  vol.  in-8*.  Osann  adonné  des  édi-  ■ 
lions  estimées  des  grammairiens  :  Philémon 
(  Bertin,  1824  )  ;  d'Apulée  (  Fragmenta  de  or- 
thographia) ;  Darmstadt,  1826';  de  Comuti  {De 
natura  l>eorttm);G<Kttingne,1844.         O. 

Mânner  der  Zêtt  (  Lelpi Ig,  tSM  ). 

OSBBCK  (  Pierre  ),  voyageur  et  naturaliste 
suédois,  né  le  9  mai  1723,  près  de  Goltembourg, 
mort  à  Haslôef  (Halland),  le  23  décembre  1805. 
Élève  de  Linné ,  il  fut  nommé  aumônier  sur  un 
b&Ument  de  la  Compagnie  des  Indes,  et  lit  un 
voyage  en  Chine  (1750-1752).  Il  devint  prévOt 
ecclésiastique  de  Hasidef  (1760)  et  membre  de 
TAcadémie  des  sciences  de  Stockholm.  Il  a  laissé 
Dagbok  of  wer  en  Ostindish  Resa  (  Journal 
d'un  voyage  aux  Indes  orientales^  Jait 
dans  le^  années  1750, 1751,  1752,  etc.);  Stock- 
holm, 1757,  ln-8*,  fig.  ;  trad.  en  allemand  par 
Georges  et  Daniel  Schreber,  Rostock,  1765,  ln-8% 
avec  des  additions  de  Tantenr;  trad.  en  anglais  | 

ROOT.  nOGR.  Qitfhi,  —  T.  XXTTIII. 


par  J.-R.  Forster,  Londres,  1772,  2  vol.  in-8*. 
Le  Journal  d*Osbeck  contient  des  observationt 
intéressantes  sur  les  langues,  les  mœurs,  Té- 
couomie  domestique  des  peuples  qu'il  a  visités; 
mais  c'est  surtout  pour  les  naturalistes  que  le 
livre  d'Osbeck  est  précieox.  11  y  a  joint  une 
relation  du  voyage  de  son  compatriote  To- 
rée, mort  à  Surate,  et  le  Kurzer  Bericht  von 
der  Chinesischen  Landwirthschqfl  (Rapide 
Compte  rendu  de  Téconomie  agricole  chez  las 
Chinois),  de  Charles-Gustave  Ekebeig,  qui  con- 
tient, entre  autres,  une  description  fort  détaillée 
de  nie  de  Femand  de  Noronha.  On  trouve  plu- 
sieurs Mémoires  d'Osbeck  dans  le  Recueil  de 
VAcadémie  des  sciences  de  Stockholm,  Ils 
ont  rapport  à  plusieurs  espèces  de  plantes  tex- 
tiles on  alimentaires  originaires  de  Chine,  et 
dont  il  conseille  racclimatationen  Europe.  Linné 
a  nommé  Osbeckia  nn  genre  d'arbrisseaux  de  la 
famille  des  mélastomacées. 

Adelong.  Sopplén.  i  J6cber.  -^Attgem.  Gêl,-LexUL  -> 
Gezellut,  diogr.^Lexteon, 

08B0BSB  (FrancU),  publidste  anglais,  né 
vers  1589,  mort  le  1 1  férrier  1650,  près  d'Oxford* 
D'une  bonne  famille  du  Bedfordsbire,  il  s'attacha 
à  William,  comte  de  Pembroke,  qui  lui  donna 
le  titre  d'écuyer.  Lorsque  la  guerre  civile  éclata, 
il  prit  parti  ponr  le  parlement,  et  occupa  sous 
Cromwell  divers  emplois  publics.  U  passa  À 
Oxford  les  dernières  années  de  sa  vie*  Non6 
dtecons  de  lui  :  Advice  to  a  son;  Oxford,  1656- 
1658,  2  part,  in-80;  la  première  partie  eut  diiq 
éditions  de  suite  ;  l'auteur  fut  accusé  d'inspirer  dea 
sentiments  d'athéisme  aux  étudiants  d'Oxford, 
et  l'ouvrage  fut  interdit  ;  —  ffistorical  mémoire 
of  the  reigns  of  qtteen  Slizabeth  and  king 
James;  Londres,  1658,  2  vol.  in-8*;  —  Miscetr 
ïàny  of  sundry  essays;  Londres,  1659,  in-8*. 
Les  écrits  d'Osbome  ont  été  réunis  deux  fois, 
en  1689  (in-8*)  et  en  1722  (2  yoL  in-12). 
Vood ,  Jtkenm  Oton.,  1,  MS. 

OSBORSB  (  Thomas),  comte  de  Darbt,  mar- 
quis de  Caerharthbn,  duc  de  Leeds,  célèbre 
homme  d'État  anglais,  né  en  1631 ,  mort  le  26  juil- 
let 1712é  La  fortune  de  sa  famille  commença  dans 
le  commerce.  Son  arrière-grand-père,  Edouard 
Osbome,  avait  été  employé  chez  William  Hewet, 
un  des  plus  riches  marchands  de  Londres.  On 
raconte  que  le  jeune  commis  sauva  la  fille  de 
son  patron,  qui  était  tombée  dans  la  Tamise,  et 
que  le  père  reconnaissant  la -lui  donna  en  ma- 
riage avec  tonte  sa  fortune.  Le  petit-fiLs  de  cet 
Edouard  Osbome,  sir  Edouard  Osbome,  baro- 
net et  vice-président  du  nord  sous  le  comte  de 
Straflbrd,  embrassa  avec  ardeur  la  cause  royale 
dans  la  guerre  civile,  et  entraîna  dans  le  même 
parti  son  fils  Thomas  Osborne.  Celui-ci  passa 
ohscurément  le  temps  de  la  république  et  du 
protectorat;  mais  sous  la  restauration  il  fut  pro- 
duit à  la  cour  par  le  duc  de  Buckingham,  un 
des  favoris  du  roi  et  un  des  membres  les  plus 
influents  du  gonvemeoient.  Peu  de  temps  après 

29 


OSBORIfE 


90t 


il  entra  dans  la  diambre  des  comniaiies,  et 
grâce  à  la  protertioiv  de  Backinghain,  grâce  aassi 
an  talent  qu'il  déploya  e»  défendant  la  poUtique 
de  la  couronne,  il  »*ék!va  rapidement  aux  piw 
haiitca  dignités  de  FÉtat.  Il  fut  nomraé,  enlft71, 
trésorier  de  la  marine,  membre  du  conseil  priré, 
le  3  moi  1671,  grand  trésorier,  te  19  juin  f673, 
el  le  15  août  de  la  même  anaée  H  fut  créé  baron 
Osbome  de  KWeCon,  dans  le  Yorkshire,  et  Tf- 
oomte  Latimer.  Le  27  juin  de  Pannée  survante, 
le  roi  releva  à  fo  dignité  de  comte  de  Dnnby. 
C^e  élévatioè  surprenante'  s*explit(ue  par  lea 
circonstances  oè  se- trouvait  Vindolent  Cbarks  II. 
Ce  prince  avait  toissé  longtemps  la  direction 
(les  affaires  entre  les  maint  du  cabinet  vénal  et 
enrupteur  si  conno  sous  le  nom  de  cabale; 
mais  ce  cabinet  M,  renversé  par  la  chambre  des 
eonmunes,  et  deu«  des  membres  de  la  cabatef 
Shaflesbnry  et  Bncktngbamy  passèrent  dans  Top» 
position.  Privé  de  quelques-uns  de  ses  conseil- 
ters,  attaqué  par  K«  autres,  Cliaries  fut  faenrenic 
de  trouver  un  ministre  habile,  entreprenant,  qui 
s'entendait  à  conduire  et  à  corrompre  le  parie* 
ment,  qui  n'était  ni  trop  moral  ni  trop  patriote, 
■lais  qui  avait  cependant  plus  de  morefilé  et  de 
patriotisme  que  tes  ministres  de  la  eaèaie,  «  Le 
nouveau  ministre,  dit  Biacanlay,  n*était  pas  dé^ 
pourvu  de  tout  sentiment  anglais  et  protestant, 
et  les  soins  de  sa  fortune  personnelle  ne  loi 
firent  jamais  ■complètement  oublier  les  interCte 
de  son  pays  et  de  sa  religion.  D  voulait  Mes 
avssi  étendre  le  domaine  des  prérogatives  rayâtes, 
mais  par  des  moyens  toot  difTérents  de  ceux 
auxquels  Arlington  et  ClHIbrd  voulaient  avoir 
recom^.  Jamais  il  n'ent  lldée  d'étabHr  l'arbi- 
traire  à  Taide  des  armes  étrangères  et  en  rabais- 
sant le  royaume  an  rang  de  principanlé  dépen- 
dante. Son  idée  était  de  rallier  autour  de  la 
monarchie  ces  classes  qui  avaient  été  ses  fermes 
appuis  pendant  les  troubles  de  la  génération  pré- 
cédente, et  que  les  feutes  et  les  crimes  de  la 
eoor  awient  éloignés  d'elle.  Avec  le  sontien  de 
ffenden  parti  des  cavaliers,  des  nobles,  des  go^ 
tHBhommes  campagnards,  do  ctergé  et  dm  nnî* 
verntés,  il  crayait  poovoir  faire  de  son  mtf  tra 
MB  vn  souverain  absolii,  mais  mi  souverain  prea* 
que  aussi  puissant  qa'Éllsebetb  Twait  été.  » 
Dans  ce  but  Dnnby  présorta  à  la  chambre  des 
lords ,  en  t675»  un  bill  qui  déclorafl  tecapaUe 
d'oocuper  m  poste  pvMic,  oo  de  siéger  daoa 
Knne  ou  Kaotre  chambre,  quieenque  n'aurait  paa 
an  préatoble  reosnno,  sena  sermert,  qu'il  osn- 
sidérait  comme  criminelle  tonte  résistance  an 
pouTOÎr  royal ,  et  qn*n  s^engsgeeit  à  ne  jamais 
essayer  de  rien  changer  dans  la  oenstilnlioB  de 
rtlat  ou  de  l'Église.  L'opposition,  conduite  par 
Bockinghara  et  Shafllesbnry',  M  avorter  ee  ÛU, 
que  l'on  peut  regarder  comme  le  programme  de 
l'andcn  torysme.  Tbite  éteit  ta  pelMqnede  Deaby 
k  l'inttrieor;  è  rextérienr,  il  aurait  veohi  relever 
fAngleterre  de  sa  positmn  de  vamaKlé  dégra- 
dante vSs-à^vis  dto  la  France,  et  M  appelait  de 


I  tons  ses  vœnx  une  gnerre  contre  cette  paîssanoe. 
.  Charles  II,  ridiement  psMtonné  par  Louis  XIV, 
;  résistait  autant  que  le  M  permettait  son  indo- 
lence aux  projeti  belliqueux  de  son  ministre.  U 
consentit  au  mariage  de  la  princesse  Marie,  filk 
aînée  du  duc  d'York,  avec  Guillaorae  d*Orange, 
ennemi  mortel  de  la  France,  cl  envoya  même 
qoelqoes  troupes  au  secours  des  HoHaadais; 
mais  lÀ  s'arrêtèrent  ses  ooncessiona.  Le  lord  tré- 
sorier fut  obligé  à  son  tour  de  fermer  les  yeoi 
sur  de  scandaleuses  transactions  d'argeut  eotn 
son  mettre  et  la  cour  de  Versailles,  et  il  dut  même 
à  contre-cour  devenir  L'agent  de  ces  négocâ- 
tiens.  Lotti» XIV,averti  des  sentiments  de  Danby. 
excite  sous  main  contm  lui  Topposition  de  k 
chambre  <lea  commença  et  fournit  aux  chefs  ds 
parti  whig  le  moyen  de  perdre  le  miniatre  tûry. 
A  son  msUgation  Ralph,  plus  tard  lord  Jto- 
tegu,  ancien  ambasaadenr  de  l'Angleterre  à  b 
cour  de  France,  produisit  deux  lettres  <lans  les- 
quelles Danby  le  chargeait  d'assurer  Louis  XIV 
que  Chartes  H  maintieudrait  la  paix  à  oondiboo 
qu'on  lui  payerait  trois  cent  mille  livrcn  sterhaK 
par  an.  Le  ministre  jutait  que  ce  suhaide  dis- 
penserait le  roi  de  rassembler  le  pariemcftl»  et  il 
recommandait  à  Montagn  de  cacher  cette  traa»- 
action  au  secrétaire  d'État  chai^  des  affnra 
diplomatiqoef.  A  le  suite  de  la  ceaanHiaieatiaa 
de  ces  pièces,  la  chambre  des  comaanues  aoeosa 
Danby  de  crime  de  hante  trahiaoA,  le  a&  déeenUt 
1678.  Pour  arrêter  cette  penranite  Charte»  0 
prononça  te  disselutien  du  parlement  (février 
1679).  Le  nouveau  parienMmt  se  rassembla  «a 
man,  et  lea  communes  se  montièrent  diaposées 
à  repreiidre  raoonsation.  En  vain  le  lei  décUn 
que  lea  tettrea  incriminées  avaieal  éte  écrites 
par  aou  ordre,  qi^ll  avait  aeoordé  ha  plein  par- 
don à  Danby,  et  qu'il  était  prèl  à  hii  retirer 
toutes  ses  chargea.  Gea  assucances  nesufinat 
peint  anx  cemmunesv  qui  asanaoérent  de  laoccr 
contre  Dnnby  un  art»  de  pcuacri^tion  (6i//  iCat- 
toinder).  Le  miniitie  alors  se  eanstitua  prison- 
nier ;  mais  «vent  qneson  jngeuMnt  eût  oomineneé, 
te  rai  mit  fin  à  la  procédure  par  nne  nouvelle 
dhaotation  du  parieroanl.  Eu  prenant  cette  ré- 
aeiotien  Chartes  II  avait  consulté  la  sécurité  de 
sa  couronne  et  aon  llnléréi  de  Danbv»  qu'il  n'ai- 
mait pas,  et  qui  éteit  encore  mom*  en  bvenr 
nnprèa  de  l'héritier  psésomptif;  te  duc  d'Yoric, 
depuis- Jacques  il.  Le  priaonniec  Mste  donc  ou- 
blié à  te  Tour  pendant  àa%  ans,  et  il  n'ebtiat  sa 
liberté  seuacnutiou  qu'en  1664.  Sous  le  rtgse 
de  Jacquea  II»  dent  toute  te  politique  a^ait  pour 
e^  l'éteUiaaemeot  du  pouvoir  absolu  et  de  U 
rtliffon  eatheUqun,  et  qui  pour  atteindre  ce 
dmiblu  but  était  teraé  de  subir  U  protectioa  de 
teFnuee,  DenhyrAdversaire  de  la.  puissance  de 
i«na  XIV  et  défenseur  de  l'Église  anglicaoe, 
rert»  sanaemplat,  mate  non  pas  sana  influence, 
ear  il  était  foeore  puûaant  sur  te  parti  tor),d 
ce  parti  teuali  enteç  aaa  mniun  te  sort  de  la 
dynaOte  dea  Stuarte.  SI  te  vieux  parti  cavalier 


901 

re&tait  attaché  aa  fils  de  Charles  I«',  Jacques  II 
poovait  poursuivre  «es  entreprisea  contre  la  li- 
berté et  la  reli^on  dé  soa  i»euple;  si  ce  parti 
s'unissait  au  parti  whig»  et  obteoait  ainsi  le  con- 
cours du  prince  d'Orange,  une  révolution  était 
certaine.  Danby»  qui  avait  présenté  le  bill  de  non- 
résistance  et  qui  avait  failli  pajer  de  sa  tète 
l'indignation  du  parti  wlûg,  ne  s'arrêta  ni  à  ses 
scrupules  de  cavalier  ni  à  la  haine  des  whig^, 
et  il  se  ieta  avec  ardeur  dans  le  parti  de  la  ré- 
sistance. Au  mois  de  juin  1688,  H  signa  avec 
Sltfewsbory,  Devonshire,  Lnmley,  Comptoik 
Russell  et  Sidney  l'invitation  secrète  adressée  à 
Guillaume  d'Orange  pour  qu'il  passât  avec  une 
armée  en  Angleterre  et  défendit  les  libertés  de 
ce  pays.  Dans  les  mois  suivants  tout  se  prépara 
pour  cette  grande  entreprise.  Tandis  que  Shrews- 
bury  et  Russell  allaient  rejoindre  le  prince  d'O- 
range, Danby,  resté  en  AngleWre,  s'engagea  à 
prendre  les  armes  dès  que  le  prince  aurait  mis 
le  pied  sur  le  sol  anglais.  Guillaume  d'Orange 
débarqua  à  Torbay,  le  6  novembre,  et  le  22  du 
même  mois  Danby  occupa  York  aux  cjis  :  «  A 
bas  le  papisme  1  un  parlement  libre  I  »  Ce  fut  le 
signal  d'une  insurrection  générale  dans  le  nord. 
La  révolution  s'accomplit,  et  ses  principaux  au- 
teurs eurent  à  discuter  sur  le  gouvernement  qui 
devait  remplacer  Jacques  II.  Contrairement  aux 
whigs»  qui  voulaient  décerner  immédiatement 
le  titre  de  roi  à  Guillaume,  et  à  une  partie  des 
torys,  qui  voulaient  une  régence,  Danby  proposa 
de  proclamer  Marie,  femme  de  Guillaume»  reine 
d'Angleterre  en  la  laissant  libre  de  donner  à 
Guillaume  Te  titre  de  roi.  Ce  projet  échoua,  et 
Guillaume  en  garda  un  flkcheux  souvenir;  mais 
les  services  de  Danby  dans  cette  crise  avaient 
été  si  manifestes,  et  il  conservait  tant  d'influence 
sur  le  parti  tory,  qu'il  eût  été  imprudent  de  la 
part  du  nouveau  roi  de  le  mettre  de  c6té.  Il  fut 
nommé  président  du  conseil,  ce  qui  en  ce  moment 
équivalait  à  premier  ministre,  et  élevé,  le  20  avril 
1689,  à  la  dignité  de  marquiide  Caermarthen. 
Dans  les  trois  années  suivantes  il  garda  un  grand 
pouvoir,,  et  il  parvint  même  à  se  débarrasser  de 
son  rival ,  le  marquis  d'Halifax  ;  cependant  sa 
position  déclina,  à  cause  de  l'ascendant  des 
-whigs.  Le  4  mai  1694  il  fut  créé  duc  de  Leedi. 
Ce  fut  la  dernière  fayenr  quil  reçut  du  roi,  et 
elle  ne  précéda  que  de  quelques  mois  aa,  chute 
définitive.  En  1695,  une  enquête,  faite  sur  rem- 
ploi des  fonds  secrets  de  la  Compagnie  des  Indes 
orientales,  prouva  que  le  duc  de  Leeds  avait 
reçu,  par  l'intermédiaire  de  Bâtes,  agent  de  ta 
Compagnie,  et  de  son  propre  homme  d'affaires 
Robert,  5,500  guinées.  Les  whigs  se  serrirent  de 
cette  découverte  pour  penlre  le  ministre,  et  ol»- 
tmrent  de  la  chambre  de»  comimmes  sa  mite 
en  accusation.  La  Alite  de  Robert  rendit  hi  pro- 
cédure dîfllcile,  et  la  An  de  la  session  l'inter- 
rompit ;  mais  c'en  était  fait  de  sa  grandeur  po- 
litique. S'il  garda  quelque  temps. encore  le  titre 
de  lord  président  iï  n'assisU  pins  au  conseil. 


OSBORNE  —  OSÉE 


9C2 

«  Il  se  rendit  en  tonte  hAte  à  la  campagne,  dit 
Macaulay,  et  s'y  cacha  quelques  mois  aux  yeux 
du  public.  Cependant,  quand  le  parlement  s'as- 
sembla de  nouveau,  il  sortit  de  la  retraite.  Quoî- 
'  que  avancé  en  âge,  et  cruellement  tourmenté 
par  la  maladie,  son  ambition  était  aussi  ardente 
que  jamais.  Avec  une  énergie  infatigable,  il  conh- 
mença  une  troisième  fois  à  gravir  vers  ce  som- 
met vertigineux  qu'il  avait  deux  fois  atteint  et 
d'où  il  était  tombé  deux  fois.  11  prit  une  part 
proéminente  dans  les  débats  ;  mais  quoique  son 
éloquence  et  son  savoir  lui  assurassenirattention 
de  ses  auditeur»,  il  ne  fut  jamais  de  nouveau, 
même  quand  le  parti  tory  avait  le  pouvoir,  ad- 
mis à  la  plus  petite  part  dans  la  direction  de» 
affaires.  »  Il  publia  en  1710  un  volume  intitulé  : 
Mémoire  relating  (o  the  impeachement  qf 
Thomas,  §arl  of  Danbif,  new  duke  of  Lteds^ 
et  un  autre  volume  de  sa  correspondance  avec 
quelques  hommes  d'Éiat,  sur  le  même  sujet.  11 
mourut  à  quatre- vingt  et  un  ans,  laissant  la  répu- 
tation d'un  homme  d'État  éminent  qui  ternit  par 
trop  d'avidité  des  qualités  supérieures,  et  qui, 
quoique  trop  attaché  aux  mtérêts  d*un  parti, 
avait  rendu  de  grands  services  à  sod  pays  dans 
une  crise  décisive.  Lord  Orford  a  dit  :  «  Si  le 
comte  de  Danby  élak  très-inférieur  en  intégrité 
à  Clarendon  et  Southampl»!,  il  étail  fort  sapé- 
rieur  à  Shaltesbury  et  à  Lauderdale.  » 

Le  duc  de  Leeds  eut  de  sa  femme,  Brid^  se- 
conde fille  de  Montagu  Bertr»,  comte  de  LiadsCT, 
trois  flls  et  six  filles.  Ses  deux  premiers  n\s 
moururent  avant  lui  ;  le  troisième,  nommé  Pe- 
regrine,  succéda  à  »es  titres  et  à  sa  grande  for- 
tune. L.  J. 

RsrMby ,  Memolrt,  —  Maeaulay,  HUtort  qf  Snglamâ. 
»  tod^,  FortraiU,  L  Vil,  p.  tS.  édlL  de  Bohn. 

os£b,  le  premier  des  petits  prophètes,  en 
hébreu  ffosea^  qui  signifie  sauveur.  FIlsdeBéerf, 
il  prophétisa  vers  le  temps  où  les  rois  Ozias  ou 
Azarias,  Joathan,  Achaz  et  Ezéchias  régnaient 
dans  le  royaume  de  Juda  (81 1  -699  ayant  J.-C.), 
et  ob  Jéroboam  If  était  roidlsrael  (826-784 
av.  JAi.  ).  Il  paraît  certain  qu'il  ne  prolongea 
pas  sa  vie  au  deliMe  la  sixième  année  do  rè^ 
de  ce  prince;  car  11  ne  fait  aucune  mention  de 
la  destruction  du  royaume  d'Israël  par  Salma- 
nazar,  roi  d'Assyrie,  laquelle  tombe  vers  cette 
année-là  (722  av.  J.-C.)  et  que  par  conséquent 
il  Vxerça  son  ministère  pendant  un  intervalle  de 
cinquante- six  ans.  Le  contenu  de»  prophéties 
d'Osée  regarde  ridolÂtrie,  la  corruption  du 
royaume  d'Israël  et  les  châtiments  dont  2  est 
menacé.  Le  style  de  ce  prophète  est  à  la  fois 
pathétique  et  obscur.  Les  Grecs  célèbrent  la  fête 
de  ce  prophète  le  17  octobre,  et  les  Latins  le 
4  juillet,  mais  seulement  depuis  le  milieu  du 
neuvième  siècle.  H.  F. 

ailloli,  CommmUmtrts  ntr  la  BMé,  -  VlniMr,  BtU. 
HM'Ut,  '  Dom  Calmet,  DIetiaim.  de  la  Mlèlê, 

08ÉB,  dix-neuvième  et  dernier  roi  dlsrad, 
fils  d'Éla,  régna  de  739  à  730  avant  J.-C.  Il 

39. 


903 


OSÉE  —  OSIANDER 


conspira  contre  Tasurpateur  Phacëe,  (ils  de 
Roniélie,  le  tua,  et  se  fit  proclamer  à  Samarie 
Toi  d'Israël.  Dès  son  arrivée  au  pouToIr,  il 
oon^noa  la  guerre  engagée  sons  son  prédéces- 
seur contre  les  AsByriens.  Vaincu  par  Sal- 
manas&r,  il  dut  Ini  payer  un  foit  tribut ,  dont 
il  ne  tarda  pas  à  chercher  à  s'affranchir.  Il 
conclut  dans  ce  but  un  traité  avec  Sna ,  roi  d'E- 
gypte; mais  Salmanasar,  informé  de  cette  al- 
liance, en  prévint  refTet  en  battant  Osée»  qu'il  fit 
prisonnier  et  qu'il  envoya  chai^  de  chaînes  à 
Babylone.  Samarie,  quoique  privée  de  son  roi, 
soutint  un  siège  de  trois  années,  mais  dut  se 
rendre  (721  av.  J.-C),  après  avoir  subi  toutes 
les  hgrrears  de  la  Taroine.  Le  vainqueur  rassem- 
bla alors  les  Israélites  comme  des  troupeaux , 
et,  accomplissant  les  menaces  des  prophètes 
Osée,  Michée,  etc.,  transporta  les  dix  tribus 
dans  Hala  et  dans  Habor,  sur  les  rives  du 
fletive  de  Gof an,  en  Mésopotamie  (le  Chaboras). 
C'est  ainsi  que  finit  le  royaume  d'Israël,  deux 
cent  cinquante  ans  après  qu'il  se  fut  séparé  de 
celui  de  Juda.  Osée  termina  ses  jouis  dans  l'es- 
clavage sans  qu'on  ait  pu  savoir  le  lien  ni  la  date 
de  sa  mort.  A. 

tM  Rois,  Ht.  IV,  ehap.  xv,  %  80;  chap.  irn,  fS  1-e.  — 
Jo«èphe.  —  nom  Calnet,  DUitUmnaire  ûê  la  Btbte.  »  Bt- 
diard  et  Glraad.  BMMhiqué  sacrée. 

OSELLO.  Foy.  Avons  (ab). 

osiAiTDBB,  en  allemand  Hosemann\  fiiraille 
dont  plusieurs  membres  ont  joué  un  ceriain  rôle 
dans  l'Église  protestante.  Les  plus  connus  sont  : 

08IAHDKB  (ilndr^),né  le  18  décembre  1498, 
à  Guntzhausen,  près  de  Nuremberg,  et  mort  à 
Kœnigjsberg,  le  17  octobre  1562.  II  étudia  à  In- 
golstadt  et  à  Wittemberg.  Nommé  professeur 
d'hébreu  et  prédicateur  à  Nuremberg,  il  com- 
mença, en  1522,  à  porter  dans  la  chaire  les  prin- 
cipes de  la  réformation  et  à  les  défendre  dans 
des  conférences  publiques  avec  le  clergé  catho- 
lique. Ses  talents  pour  la  chaire  lui  acquirent 
bientôt  une  grande  réputation,  et  le  placèrent 
au  premier  rang  iiarmi  les  partisans  de  Luther. 
En  1529,  il  fut  député  au  colloque  de  Marbourg, 
réunf  dans  Tintention  de  ra^rocher  les  théolo- 
giens luthériens  et  les  théol^|ens  suisses,  prin- 
dpalement  sur  la  doctrine  de  l'eucharistie.  Il 
paraît  que  déjà  à  cette  époque  il  avait  sur  ce 
point  des  idées  particulières,  mais  pas  assez  dif- 
férentes cependant  de  celles  des  luthériens  pour 
qu'il  crût  devoir  rompre  avec  eux.  En  1539  il 
fut  au  noml>fe  des  théologiens  protestants  qui 
comparurent  devant  la  diète  (TAugsboufg  pour 
plaider  la  cause  de  la  réformation.  Il  prit  une 
part  très- active  aux  assemt>lée8  où  furent  dis- 
cutés et  arrêtés  les  articles  de  la  profession  de 
foi  connue  sous  le  nom  de  Con/èssion  d'Augs- 
bourg.  Après  la  publication  de  V Intérim  (15  mai 
1548) ,  le  séjonr  de  Nuremberg  lui  devint  im- 
possible. Il  se  réfugia,  en  1 549,  auprès  dn  duc 
Albert,  qui  avait  été  autrefois  vivement  impres- 
sionné par  sa  prédicatio^.  Il  avait,  à  ce  qu'on 


904 

assure,  le  projet  de  passer  en  Angleterre,  comp- 
tant sur  le  crédit  de  Cranmer,  marié  depuis  pen 
avec  sa  sceur;  mais  on  prétend  que  Cranmer 
Alt  détourné  par  Calvin  d'appeler  auprès  de  lot 
un  collaborateur  si  remuant.  Ce  qui  est  certain, 
c'est  que  le  margrave  Albert  lui  proposa  une 
chaire  de  théologie  à  l'université  de  KoraigiS- 
beiig,  qui  venait  d'être  fondée.  Osiander  acoepis 
cette  position,  qui  lui  donnait  une  facile  ocei- 
sion  de  répandre  ses  opinions.  C'est  princi- 
palement sur  la  doctrine  de  la  justification  qulf 
se  séparait  des  réformateurs.  D'après  Ostande-. 
le  chrétien  est  justifié  non  par  un  acte  extérîeor 
et  indépendant  de  lui-même,  mais  par  le  rooo- 
vement  propre  de  sa  conscience  recherehaat 
la  sainteté;  non  par  quelque  applicatioa  foetici' 
des  mérites  du  Christ,  mais  par  te  désir  et  IW- 
fort  de  l'homme  de  se  rendre  digne  de  l'applica- 
tion de  ces  mérites.  De  ce  point  de  vue,  la  jas* 
tification  doit  être  considérée  non  pas  oonn^ 
un  acte  juridique  en  Dieu,  ainsi  que  l'admettaient 
les  réformateurs,  qui  avaient  tous  adopté  sur  et 
point  la  théorie  de  saint  Anselme ,  mais  oomne 
quelque  chose  de  subjectif,  comme  une  oommo- 
nication  d'une  justice  intérieure,  agissant  direc- 
tement sur  la  conscience.  Cette  doctrine  fnt  vi- 
vement attaquée  par  les  luthériens,  sans  qu*0- 
siander  y  renonçât  jamais.  On  le  déféra  an  synode 
de  Wittemberg,  qui  ne  voulut  pas  cependant 
prononcer  son  interdiction.  La  discossioa  coo- 
tlnua  après  la  mort  d'Osiander  jusqu'en  1566, 
époque  à  laquelle  les  osiandristes  furent  tous 
déposés. 

Osiander  était  versé  dans  les  sdenoes  mathé- 
matiques, astronomiques  et  physiques.  Il  était 
distingué  par  son  éloquence;  mais  il  avait  loate 
la  grossièrete  de  son  temps;  il  n'épargnait  i  se^ 
adversaires  ni  les  injures,  ni  les  quolibets  indé- 
cents, ni  les  plaisanteries  cyniques.  Ses  nom- 
breux ouvrages  sont  toml>é8  dans  un  profond  oa* 
bli;  les  plus  imporiants  sont  :  Conjtcturx  de 
ultimis  temporibus  ac  de  fine  mundi;  Nurem- 
berg, 1544,  in-4'';  —  Barmonix  evançeliac 
libri  iV,  grxce  et  latine;  BAle,  1537,  hi-fol.; 
BAIe,  1561 ,  grec  et  latin,  et  Paris,  Bob.  £s- 
tienne,  1545,  latin  seulement;  trad.  allem. 
par  J.  Schweinzer,  Francfort,  1540,  iih8*;  — 
Biblia  sacra  f  quXy  prxter  antiqum  lafinx 
versionis  necesiariam  emendationem^  et  dif- 
ficiliorum  locorum  succinctam  expUeatio- 
nem,  multoi  insuper  utitissimas  obtervatiO' 
nés,  coR<iiie^;TntMogue,  1600,  in-fol.;  quatre 
autres  éditions.  Il  publia  pour  la  première  fob 
V Astronomie  de  Kopemic,  qull  fit  précéder 
d'une  préface;  Nuremberg,  1543,  in-4**.    M.  K. 

Adam.  yiUt  theolopcrum  çermanongm,  —  Teiisler. 
Êtoçês  dts  hom.  sa».,  1. 1,  p.  110  et  III.  -  JAcbrr,  ARg 
Getehrten-IjBxiii9it,  —  Âfu»ie  des  pmasUmU  CÊtéttrs.  - 
Mttrtiniis,  Uistoria  rktentfHf.-WUken,  ^né.OsiaKdtr'i 
Leben,  Lehre  vnd  Sehriften;  Slraiboarf .  ISU,  In-s*- 

osiANDBB  (  Lucas),  dit  francien,  filsdu  pré- 
cédent, né  à  Nuremberg,  le  16  décembre  1534,  et 
mort  A  Stnttgaord,  le  17  septembre  1604.  Il  fut 


906 


OSIAMDER  —  OSIAS 


906 


diacre  à  Gceppingen  en  1555,  et  deax  ans  après 
suptfintendaot  spécial  à  Blaubeuern;  en  1560  il 
l^assa  avec  le  même  titre  à  Stnttgard,  où  il  fut 
nommé  prédicateur  de  la  cour  en  1567  et  enfiii 
superintendant  général  des  églises  de  Wurtem- 
berg en  1596.  Il  était  possédé  de  la  mante  de  la 
controverse,  si  commune  à  son  époque.  Il  écri- 
vit contre  Sturm  en  faveur  de  la  formule  de  con- 
corde, contre  Mentzer  sur  la  nature  humaine  de 
Jésns-Christ ,  contre  Huber  sur  la  doctrine  de 
l'élection,  contre  les  réformés  sur  les  points  dé- 
battus entre  les  deux  confessions,  contre  les  Jé- 
suites, etc.  Il  s'en  prit  même  aux  croyances  re- 
ligieuses des  Turcs,  contre  lesquelles  II  publia 
un  traité.  Ses  ouvrages  les  plus  connus  sont  : 
Biblia  lalina  ad  fontes  hebraici  textus  emen- 
data ,  cum  brevi  acpenpicua  expositione  U- 
lustrata;  Tubingue,  1578-1580, 7  vol.  in-4%  et 
qui  a  en  plusieurs  éditions  ;  trad.  allem.  par  ÙàY. 
Fdrster,  StutSgard,  1609,  plusieurs  édit.;  —  De 
ratUme  concionandi  ;  Tubingue,  1582,  in  8**; 
deux  autres  édit.  ;  —  Àdmonitio  de  etudiis 
Verbi  dinini  ministrorum  privatis  reete  éiu- 
Htuendis;  Tubingne,    1691,  iB-8^        M.  N. 

JOehcr,    JUg.  (MtkrUn'LêxUum,  ->  J.-G.   Waldi, 
BibUotM,  thtologiea  ielêeta.         -^.^iPi: 

osi  AH  DBR  (  André  ),  dit  le  jeune,  fils  du  pré- 
cédent ,  né  le  26  mai  1562,  à  Blaubeuern  (  Wur- 
tembei^),  mort  à  Tuhingue,  le  21  avril  1617. 
Il  fut  en  1587  pasteur  à  Gûgliogen,  en  1590 
prédicateur  du  duc  de  Wurtemberg,  en  1598 
.superintendant  général  et  en  1606  chancelier  de 
l'université  de  Tubmgue.  U  a  laissé  des  ser- 
mons ,  des  mémoires  aoadémiqoes  et  divers  ou- 
vrages de  théologie,  dont  le  plus  connu  est  : 
Papa  non  papa,  hoe  est,  papx  et  papic»' 
larum  de  prmeipuit  ehrietianx  Jldei  par- 
tibus  liUherana  con/essio;  Tubingne,  1599, 
in-8<';  Francfort,  1610,  in-i2.  M.  N. 

osiAHDBB  (Lucas),  dit  le  jeune,  frère  du 
précédent  et  fils  de  Lucas  Osiander  Vancien,  né 
à  Stuttgard,  le  6  mai  1571,  et  mort  à  Tubingue, 
le  10  août  1638.  Professeur  de  Uiéologie  à  Tu- 
bingue depuis  1619,  il  ne  fut  pas  moins  ardent 
controversiste  que  son  frère;  il  combattit  avec 
une  égale  vivacité  les  Jésuites,  les  reformés,  les 
anabaptistes,  les  schwenckfeldiens ,  etc.,  et  on 
l'accnsa  d'avoir  soulevé  les  difficultés  qui  divi- 
sèrent les  théologiens  de  Tubingne  et  ceux  de 
Giessen  ^nr  le  point  de  doctrine  de  rabaissement 
du  Christ.  Les  attaques  pea  modérées  qu'il  di- 
rigea, en  1623,  contre  Tonvrage  de  J.  Amd, 
Das  wahre  Christentbum  (Le  vrai  Christia- 
nisme), loi  valurent  de  nombreux  désagréments. 
On  a  de  lui  des  sermons  et  de  nombreux  ou- 
vrages de  théologie,  la  plupart  polémiques.  M.  N. 

JOcber,  Âllgem  Gûfkrt  -UxiMen. 

OBiARDBE  (Jean-Adam),  d'une  famille  dif- 
férente, né  le  3  décembre  1626,  à  Yaihingen 
(Wurtemberg),  mort  à  Tubingue,  le  26 octobre 
1697,  fut  depuis  1680  chancelier  de  l'université 
de  Tubingne,  et  laissa,  entre  antres  ouvrages 


I  théologiques  :  Commentarius  in  Pentateu" 
chum;  Tutiingne,  1676-1678,  5  vol.  in-fol.,  qui 
fut  jusqu'à  la  fin  du  siècle  dernier  un  des  meil- 
leurs commentaires  sur  le  Pentateuque.  On  peut 
porter  le  même  jugement  sur  les  autres  commen- 
taires :  Jn  Josuem;  Tnbingue,  1681,  in-fol.; 
—  In  Judices;  MA.,  1682,  in-fol.;-  In  lu 
brum  Ruih;  ibid.,  1682,  hi-foi.;  ^  In  primum 
et  secundum  librum  Samuelis;  Stuttgard, 
1687,  in-fol.;  ^  Tractaius  theologicus  de  ma» 
gia;  Tubingue,  1687,  in-8*;  —  Primiti»  evan* 
gelieai,  seu  dispositiones  in  Evangelia  fifomi- 
ntca/ia  e^/es/ipaiki  ;  Tubingue,  1665-1691,  14 
fascicules  in-4''  ;  —  De  azylis  Hebrseorum,  gen» 
tilium  et  christianorum  ;  Tubingue,  1673, 
in-4*^.  Gronovius  a  inséré  dans  le  tome  lY  dn 
Thésaurus  antiquilatum  grxcarum  la  partie 
de  ce  traité  qui  concerne  les  asiles  cliez  les 
Grecs  et  chex  les  Romains.  M.  N. 

JOcacr,  ^Ug,  C0l§àrtm'UaHàaik 

osiANDBm  (Jean-Adam),  philologne  et  théo- 
logien, petit- fils  du  précédent,  né  à  Tubingne,  en 
1701 ,  et  mort  dans  la  même  ville,  le  20  novembre 
1756.  U  suivit  la  carrière  de  i'enseigneinent,  et 
fut  professeur  de  grec  à  Tuniversité  de  Tubingue. 
On  lui  doit  un  grand  nombre  de  mémoires  sur 
des  points  de  philosophie ,  de  philologie  et  de 
littérature.  Le  plus  connu  est  celui  De  immor^ 
talitaie  animée  rationaiis,  ex  tumine  ratUh 
Jiii  pro6a^a;  Tubingue,  1732,  in-4^  H.  N. 
J.-a  Wiicblat,  BtbHoth.  tàeoloQiea  têUetg, 
OSIAS,  oziAS  00  AZABUs,  lôi  de  Juda,  né 
en  826  av.  J.-C.,mort  en  768 av.  J.-G.  Fils  d'A- 
masias  et  de  Jéchélie,  il  succéda  à  son  père,  as- 
sassiné en  810  av.  J.-C.  Après  s'être  affermi 
sur  le  trOne,  il  marcha  contre  les  Philistins,  aux* 
quels  il  enleva  les  villes  d'Asot ,  Geth  et  Jabnie  ; 
il  vainquit  ensuite  les  Arabes  de  Gurbaal  (  la  Ge- 
balène)  et  les  Ammonites,  qu'il  força  à  payer 
tribut.  Il  fit  construire  le  port  d'Élath  (aaj#it«- 
laà),  au  fond  du  golfe  élanitique,  fortifia  Jérusa- 
lem et  fit  bâtir  de  nombreuses  toors  sur  les  fron- 
tières de  ses  États,  afin  de  repousser  plus  aisément 
les  excursions  de  ses  voisins.  U  protégea  particu- 
lièrement Tagriculture,  creusa  des  citernes,  traça 
des  routes,  etc.  ;  s^sltroupeauxétaientimmenses. 
Il  fit  le  dénombrement  de  son  armée,  et  y  compta 
trois  cent  sept  mille  doq  cents  hommes  bien  ar- 
més, qui  obéissaient  à  deux  mille  six  cents  chefs. 
Il  marcha  dans  les  voies  du  Seigneur  tant  qu'il 
était  conseillé  par  Zacharie;4nais  après  la  mort 
de  ce  saint  personnage,  il  voulut  usurper  sur  les 
fonctions  sacerdotales  et  offrir  lui-même  l'encens 
sur  l'autel  des  parfums.  Le  pontife  Azarias  s'y 
opposa  ;  mais  Osias,  persistant  dans  son  dessein, 
s'emporta  jusqu'à  le  menacer.  Au  même  Instant 
il  fut  frappé  de  la  lèpre.  Il  dut  céder  le  gouver- 
nement à  son  fils  Joatham,  et  se  retira  dans  une 
habitation  écartée,  od  il  mourut;  parce  qu'il 
était  lépreux,  il  ne  fut  pas  enterré  avec  les  rois 
ses  aienx.  Isaîe  a  écrit  Jes  fastes  dn  règne  d'O- 
'  sias.  A.  L. 


907 


OSIAS  —  OSMOM 


90S 


r^sJlois,  Ht.  IV,  cbap.  xiv>  S  si,  Sf;  chap  xt.  §  1-8  ; 
-^  ParaiipomeneSt  Itv.  il,  chsp.  SXTi.—  Fiavlas  Jo>èptie, 

09io{Feliee),  tilstorien  ttalien,  fié  en  1587, 
à  Milan,  moK  le  r»  jniHet  1631 ,  à  Paéoue.  Doe- 
tevr  en  (^ilosophie  à  Tîngt-deox  ans,  il  em- 
brassa Tétat  ecclésiastique»  et  enseigna  les  hu- 
manités à  Milan  et  à  Bergame.  En  1621  il  fut 
appelé  à  la  chaire  de  rhétorique  de  Padone. 
Doué  d*uue  grande  facilité  à  écrire,  SI  composa 
beaucoup  de  poésies ,  de  harangues  on  de  pané- 
gyriques, qui  n'ont  pas  tq  le  jour;  on  a  publié 
ses  Notes  sur  V Histoire  de  Mussato  (Venise, 
1630,  inlol.)»  sur  la  Chronique  de  Lodi  des 
Moreua  (ibid.,  1639,  in-fol.)  et  sur  les  Histo- 
riens de  la  marche  TYévisane  (  collection  Mu- 
ratori,  t.  VII). 

Papadopolt,  HIH.  Gfmn.  Mtovifri.  —  Tomashit .  £10- 
Pte- 

08IIW.  Voy.  Hosisa. 

OSMAIff.    Voy.  0TMI4II. 

4HiRios«  <fi«Bt  ),  évéque  d«  SaUskurr,  iM>rt 

le  3  déoeoabre  i«â9.  Fiés  du  «ooite  de  Sées,  m 

Normandie,  il  lui  anccéda,  et  distribua  an  ctergé 

la  pif»  ^tanée  partie  de  set  reveBNft.  £■  1066, 

il  suivit  le  duc  Guillaume  k  te  conquMe  de  l'Aih 

glaterre,  et  recul  de  lui  le  comté  de  Dorsetet  U 

diarigc  de  graod-obanoetter.  La  cooduite  chr^ 

tienne  qu'il  teiait  à  ia  cour  fit  apparemment 

juger  au  roi  que  le  Kouvememeoft  d'Aine  église 

serait  plus  à  ton  goût  quo  le  roaaicmeiit  des 

afTaires  temponrllee ,  et  vers  1078 ,  i  la  nort 

d'Henwum,  il  lui  d«mM  l'évéohé  de  Salisbury. 

On  s'accocde  à  louer  «bes  ce  prél  it  le  désiolfé* 

ressemeot,  la  purulé  des.  movira^t  l'eKactifaide 

de  la  nègle;  mais  il  eut  la  fliiblesse  d'abandouuer 

les  JDiéréts  d'Autelnie,  arobet^e  4e  Cautiir- 

béry^daot  l^aeteiublée  die  Jlock«ighan.£D  4468 

il  lut  cauonlaé  par  le  pape  CaUUe  111  et  «Âs^u 

raog  «des  êmîmis  oMt/csNflurf.  aiifl  d'indroduir^ 

de  fMuifbrmité  dans  le  eei'viee  4livM ,  il  «rait 

CMuposé  UD  Jtailé  de»  ^affiofs  eccléeùisiiqwêt 

ci4é  «divemumeot  sous  les  «iiiies  de  iÀber  orntf- 

nadi$,4€C«9$uetÊÊ4inermm  seeleksisc  et  ^U»- 

rarœprecet;  on  y  fit  pluaieurs  chaBgemeiit«,4Bt 

illot en  usage iusqu'au  tenfie d'Henri  VUi.  K. 

iVM.  «Mflr.4«  la  nmm»,  «III,  êih.  -  Bwllir,  ùkm 
iiftMSainU, 

osMoan  {René^SuUache^  marquia  o'),  di- 
plomate français,  oé  i  TUe  de  Saint-Domingue, 
le  17  décembre  1751,  mort  à  Paris,  ie  2J  Xévrjer 
143a.  D'uae  famille  originaire  de  Normandie,  il 
entra  au  service  en  1767,  et  devint  en  i776  co- 
lonel en  aeeond  du  régiment  d'Oriéans-caTale- 
rie,  puis«n  1784  colonel  du  régîBkeotde  Bdr- 
rois^fioroméenjoia  1788  amtaaadeur  et  mi- 
ni«tr£  pLéBi|Mlénli4re  de  1  rance  k  JUa  Ha^e,  il 
ren^&sait  ces  foiicUons  lorsque  la  révolutipa 
éclata  en  l^r«nce«  et  fut  appelé  m  avril  1791  k 
rarnlwsaade  de  Saiot-Péterâboorg.  Le«  événe- 
ments ne  lui  permirent  |MIs  de  se  rendre  k  aon 
poslii,  et  ayant  donné  sa  démission  à  la  fin  de 
cette  année,  il  quitta  la*France,  pour  aller  re- 


joindre sa  famille  en  Italie.  Napoléon  lui  Ht  inu- 
tilement des  ofTres  avantageuses  pour  rattacher 
à  sa  fortune;  le  marquis  d*Osmond  se  conteuta 
de  revenir  eu  France.  Louis  XVIII  le  fit  lieute- 
nant géoéralle  22  juin  1814,  et  son  ambassadeur 
à  Turin  en  octobre  suivant;  sa  correspoodauce 
diplomatique  relative  aux  Cent  Jours  Tut  iuter- 
ceplée  par  les  agents  de  Napoléon,  qui  en  ur- 
doniia  la  publication  dans  Le  Moniteur  du  18 
avril  1816.  Nommé  pair  de  France  le  7  aoftt 
181Ô,  et  ambassadeur  à  Londres  le  29  noTembre 
de  cette  année ,  il  se  démit  de  ses  fooctiaos  le 
2  janvier  1819,  et  ne  prit  plus  de  part  aux  af- 
faires que  comme  membre  de  la  chamtire  des 
pairs,  où  il  siégea  encore  après  la  réYulutMNi  de 
1830.  H.  F. 

De  Barante^  Éloçedu  marqitii  d'Osviond  —  Moniteur 
des  16  et  17  ivrll  isas.  »  D«  Cooreelles,  OUL  ^neA 
et  dératé,  du  pairs  4a  Ff. 

mmmoam  {AnMme-Mvêtaebe,  bai«u»*),  psé- 

lat  français,  frèra^u  préoédist,  né  àSaiat  Oo- 

mtngue,  le  6  lévrier  17S4,'  OM^rt  à  Nuaey^k 

27  septembre  1823.  Af>rè6  avoir  fait  aea  éludes 

en  6orbonne,  il  deviut  vicaire  génétui  de  M.  de 

Biieune,  arcbevèque  de  Toolouae,  fut  ou»éle 

1^  mai  ilèb  ^v4que  de  Counsinges,  pour  oic- 

céder  à  son  oncle,  et  instatlé  le  23  juillet  survant 

oonseStler-éréque  au   pariement  de 

Pendant  la  révolution,  il  émigra  d'abord 

pagne,  puis  en  An^lelefre;  déroissianMîre  de 

son  si^e  en  1601,  il  fut  pourvu  le  9  avril  1802 

de  celui  de  Nancy,  et  appelé  le  22  octobre  1810 

à  rarchevèclié  de  Florence.  On  bref  ptpri  du 

2  décembre  suivant  défendit  aux  vicaires  gêné* 

raux  capitulaires  de  ce  diocèse  de  le  reeouualtre 

comme  arcbevêque,  et  en  1814  il  dut  rcpreuAne 

PadiTiinistration  de  Tévêetié  de  Nancy,  oà  i  Ht 

l>eaucoup  de  bien.  M.  dt>smond  fut  aumônier 

de  Louis  Bonaparte  et  promu  commandeor  de  fa 

Légion  d*bonneiir  le  1"  mai  1821.         H.  F. 

X.*/#iRl  di  la  Rtligion  et  eu  lloi,  octobre  ffis.  ~ 
Franc*  ptn^ifioaêe. 

««M VU  [M4Hrie'Jo9eph^Buêtmche^  «ioMute 

n'),  général  français,  frère  des  pwteéiiault,  ae  à 

Saint-Domingue,  le  6  mai  i7ôé,  moiti  Fuuldbar- 

train  (Seine-et-Oise),  en  sepleraÉHie  1889.  Colooel 

eu  second  du  régiment  de  €awdMéaii  {VI  awH 

t781),  il  commandait  en  1791  à  SchrteiÉaai  te 

régiment  de  Neuetrie-infanierie  qnand  il  ^nûgra. 

Louia  XVIII  le  aomnâ  <  mai  tgi  «  )  commiualre 

extraordinaire  dans  la  22f  diyiaion  mililuw«  à 

Tours,  lieutenant  général  (  22  juin  snivint)  et 

commandeur  de  Saint-Louis,  le  1^  ma  t«%l. 

Le  vioemie  dX)sm«id  fut  retraité   le  il  «m 

i%i^.  M.  F. 

l»e  OMiMdMM,  ffbC  géléml.HhêiiaMLéf9^n^ 

frunfie. 

OS.UONT  (JeaM'B€ipUti0-Umis)9  kàkUm- 
gmpbe  foançaia,  né  k  Pari^  oà  11  «sA  nuit,  le 
U  jnars  1773.  P*une  Cunille  connue  depîut 
lomttemps  dans  la  librairie  il  exerça  le  méiut 
eemoiarce,  etpuinUa  un  I^ciionjuùrt  tupoprû- 
pàique^  histûnqwf  et  crUique  des  Uiru  ra- 


909 


OSMONT  —  OSSAT 


9f« 


res,  singuHers,estiméâ  9t  recherchés  CPari*, 
17C8,  2  v«4.  in-8'*),  «uvrigc  effacé  aujourd'hui, 
flnais  qui  lors  dew»  upparitioa  eut  du  saccès. 

Ducloz.  Bict.  HMooraph.,  I.  -  Uoattle,  HM.  4e 
tinpritn^ritm 

OSSAT  {àmand^*),  cardinal  et  diptomalefraii 
çaift,  né  le  ^3  aoM  1 936,  à  Larroque  enMagMac, 
mort  à  Rome,  le  13  mare  1604.  Son  père,  mort  en 
Espa^e,danslami8^e.  était, -éit-oDjintuéchali^ 
^^noaire,  et  sa  mère,  Bertfande  Conté,  était  ori- 
ginaire de  Casaasnabère,  diocèse  de  Commiages, 
ce  qui  a  sans  doute  induit  en  erreur  lasiao^- 
plM«  qui  ont  indiqué  ce  village  comme  le  lîmi  de 
naissance  d'Arnaud.  Il  les  perdit  l'un  et  Tailre 
ayant t'éfçe  de  neuf  ans,  et,  abandonné  dès  ian 
à  la  cliarité  politique,  il  fut  oUigé  poor  virre 
d^entrer  au  serrice  d'nu  eentillieiiiBie,  Thocnes 
deMarca,  qui  le  donna  po.ar  valet  de  chambra  à 
son  nevra  et  pupille  Jean  de  Manca,  seigneur 
de  CasAehiaii-Mai^c.  ÂssistoBt  auK  leçons  daa- 
née<^  à  son  jeune  maître,  il  apprit  bientôt  asses 
le  latin  pour  renseigner  à  oelm  qu'il  serrait. 
Arnaud  fut  tonsuré  le  26  déceanbre  1556 ,  entra 
dans  la  carrièpe  eoelésiastique,  «t  accompagna 
son  jenne  maltiie  à  Paris  en  qualité  de  préoep- 
teor.  Il  jéenmn  jusqu'au  «ois  de  mai  1562 
(enviran  six  aas),  faisant  avec  soin  Téducation 
du  jenne  seigneur  de  Magnoac,  de  deux  anires 
enfants,  consins  genauins  de  ee  dernier,  et  de 
Jean  Pérei,  fils  d'un  marchand  de  LeotoHK , 
qu'il  s'était  engagé  par  un  acte»  écrit  do  sa  main, 
signé  ée  Osêat  et  4>a8sé  à  Lecloare,  le  22  avril 
1ôj9.  «  &  conduire  à  la  ville  et  uaiversilé  de  Pa- 
ris, et  là  t'entralenir  do  bonne  Bourritare  et 
doctiine  ipooT  le  lennps  et  espace  de  doux  an- 
nées   mofennant  la  somme  do  cent  dix  M- 

vres  poor  chaque  année  pour  la  noorriture  et  la 
doctrine,  sans  on  ce  comprendre  afiooutnensents, 
livres  ni  antre  dépensequïloonviendra  faire......  » 

Ses  élèves  étant  retournés  en  Gaseofone  en  1562, 
d'OasatpuiaelivMrtont  entier  à  l'étndo  Pieme 
Ramns  enaeignail  alors  an  Collège  de  Franoe  Vé- 
loqnenco  et  la  philosophie.  Arnaud  s'attacha  à 
cet  esprit  iiaiNU,  et  devint  son  ami,  sans  parta- 
ger cq>endant  ses  opinions  religieuses.  Le  mé- 
decin Charpentier,  partisan  d'Aristote,  ayant 
déCeoda  avec  passion  la  doctrine  du  Stagyrile 
contre  Bamus,  il  écrivit  en  îè/mat  de  aon  snaltre 
on  ouvrage  rempli  de  saillies  piquantes,  et  dont 
la  dialectique  serrée  décenlenança  tellement 
Charpentier  qn'à  délaot  de  raisons  H  ne  répon- 
dit à  son  adversaire  que  par  des  injures. 

Arnaud  d'Ossat  fut  à  eetle  époqne  choisi  pov 
professer  la  rhétorique,  puis  la  pbilosophie<laas 
î'oniTersiié  de  Fans;  mais  bienidt  il  alla  à 
Bourges  aoivre  nn  conrs  do  droit»  sons  Cojas. 
De  retour  à  Paris»  il  fréquenta  le  borreBO  et  %'}f 
fit  admirer  dans  plusieurs  causes  par  une  élo- 
quence pleine  de  force.  Qnelqoes  protecteurs  Ini 
firent  alors  obtenv  du  roi  une  charge  de  osn- 
seiller  au  présidial  de  Melon,  qu'il  possédait  en- 
core en  1548.  Le  tapevat  qnt  le  nomme  à  ootte 


place  Itd  donne  aussi  le  titre  d*abbé  de  Tarennes 
(diocèse  de  Bourges  ),  bénéfice  dont  il  se  dénrit 
en  1S69.  Paul  de  Foix,  depuis  archevêque  de 
Toulouse,  était  adors  conseiller  au  fortement  de 
Paris;  ami  des  lettres,  il  eat  bienlM  appr<k:ié  le 
modeste  avocat,  0t  malgré  «on  ^mthousiasme 
pour  Aristate,  il  recheniia  d'Ossat ,  l'alUra  aux 
réunions  des  savar^s  qn^il  aoeoettlait  dans  son 
h^tel  «t  apprit  à  l'estimer  chaque  jour  davmi- 
▼ange.  Paul  de  Foix,  nommé  m  1574  ambassa- 
deur de  France  à  Rome,  emmena  avec  lui  son 
protégé  en  qualité  de  secrétaire.  L*orthodoxie 
de  l'ambassadeur  ayant  été  mise  en  question  à 
la  cour  de  Rome,  Arnaud  se  chargea  d'écrire 
pour  la  défense  de  son  ami  un  Mémoire  apologé- 
tique. Si  Paul  de  Foix  fut  bien  des  années  à  at- 
tendre llieureuse  issue  de  son  affaire,  elle  servit 
à  faire  connal^e  avantageusement  d'Ossat  à  la 
•eour  pontificale.  De  Foix  quitta  Aoroe  pour  lais- 
ser assoupir  riastruction  oommienoéc  contre  Im*  ; 
nuds  son  protégé  y  demeura ,  et  fut  peu  après 
ordonné  prêtre.  Rovenu  dans  celle  Tille  en  1 57t, 
atin  de  solliciler  ses  bulles  pour  rarchevècbé  de 
Toulouse,  Paul  de  Foix  fut  nommé,  par  Henri  III» 
andiassadear  de  France,  et  dès  oe  moment  d'Os- 
sat, son  seopétaire  intime,  ne  le  quitta  plus  jusk 
qu'à  «a  mort,  aimée  en  mai  l56i.  Il  ooaserva 
ses  fonctions»  et  acquit  l'estime  des  «andinanx 
Louis  d'Esté,  archevêque  d'Auch,  etde  Joyeuse, 
archevêque^le  Toulouse,  suecesstvement  proteo- 
teurs  des  affaires  de  France  à  Rome.  La  France 
cependant  était  -désolée  par  la  guerre  civile  et 
par  la  guerre  étrangère;  les  Ooise«t»  après  eux, 
Henri  III  avaient  péri  par  le  fer  -des  assassins; 
d'Ossat.  sans  autre  mission  que  son  patriotisme, 
essaya  de  profiter  de  l'influence  qu'il  arait  ao- 
qoise  à  Rome  pour  travailler  à  hi  réconciliation 
d'Henri  lY  avec  le  saint-siége.  Informé  de  la 
droiture  <le  ses  intentions  et  snitoot  de  sa  hante 
capacflé,  ce  prinoe  te  nomma  l'un  des  •comnais- 
«aires  charge  de  cette  négociation,  et  loi  prêt- 
orrvit  de  se  csneeiter  «rnec  Louis  de  Gonragoe» 
doc  de  Ne  vers,  k  qui  il  avait  donné  les  pouvoirs 
les  plus  étendus.  Plus  faoliile  gâiéral  que  bon 
diplomate,  te  doc  •dédaigna  un  tel  auxHiairo; 
-dans  sa  présomption  il  crut  pouvoir  agir  seul,  et 
échoua  ooroplétemenl.  La  négociation  en  effet 
était  déScate  et  épineuse,  car  les  Espagnols 
mettaient  tout  en  œuvre  pour  rentraver.  D*Os- 
sat  agissait  toujours  :  «quand  il  eut  levé  tons  les 
obstacles,  on  lai  adjoignit  en  1595  Do  Perron, 
éTéqae  nommé  d'Évreox  pour  reoe^on*»  4e  con- 
•oeK  af«e  lui ,  TabsoMion  au  nom  de  Henri  HT. 
Clément  Tfll  ne  demandait  pas  mieux  que  de  vnfr 
Henri  IV  nentrer  sotennelleinent  dans  la  commu- 
nion ronalK;  mais,  jaloux  dV^btenhr  des  condi- 
tians  avanlagenses  pour  te  saint-siège,  il  von- 
iali  imposer  paor  pnemièpe  condition  anx  deux 
neprésentents  dn  rai  de  déposer  la  oonronne 
anx  pieds  do  trêne  pontifical.  D'Ossat  et  Dn  Per- 
ron déclarèrent  avec  fermeté  qu'ils  ne  consenti- 
nient  jamais  à  aucune  condition  coatraâfe  à 


fil 


OSSAT 


912 


llaflépendance  de  l'autorité  royale.  Ils  rejetè- 
vent  égaleraeât  toutes  led  clauses  de  nature  à 
coropromettre  encore  la  tranquillité  du  royaume 
en  entretenant  la  défiance  parmi  les  calvinistes. 
Toutes  les  difScultés  furent  enfin  levées ,  et  le 
16  septembre  1595  le  pape  donna  Fabaolution 
au  roi.  Pour  récompenser  d'Ossat,  Henri  IV  le 
nomma,  en  janvier  1596,  à  Tévéché  de  Rennes, 
jpour  lequel  il  fut  sacré  le  27  octobre  suivant. 
£n  1597  il  reçut  le  titre  de  conseiller  d'État. 
Depuis  ce  temps  il  ne  cessa  d'être  le  plus  liabtie 
agent  diplomatique  de  la  France  en  Italie.  Ce 
fut  lui  qui  décida  le  pape  à  dissoudre,  le  17  dé- 
cembre 1599,  le  mariage  de  Henri  IV  et  de  Mar- 
guerite de  France,  sa  première  femme,  et  qui 
entama  les  négociations,  pour  l'union  de  ce  prince 
avec  Marie  de  Médtcis.  Par  ses  soins,  la  cour  de 
Rome  valida  le  mariage  de  Catherine  de  Bour- 
bon avec  le  duc  de  Bar.  D'Ossat  prit  aussi  part 
aux  premières  démarches  qui  eurent  pour  ré- 
sultat le  traité  conclu  à  Lyon,  le  17  janvier  1601, 
aux  termes  duquel,  en  échange  du  marquisat  de 
Saluces,  dont  le  maréchal  de  Beltegarde  s'était 
•mparé,  le  duc  de  Savoie  abandonnait  définiti- 
Tement  à  la  France  les  pays  de  Bresse,  de  Bngey 
et  de  Valroroey.  Il  décida  aussi  Jean  de  Médi- 
eis,  frère  du  grand -duc  de  Toscane,  à  évacuer  les 
ibrts  qu'il  occupait  dans  les  Iles  d'If  et  de  Po- 
mègue,  près  de  Marseille  ;  il  prouva  enfin  dans 
nn  mémoire  qu'il  fit  distribuer  au  sacré  collège 
que  l'Espagne  avait  encore  plus  d'intérêt  que  la 
France  à  faire  la  paix,  et  lorsque  cette  paix  eut 
été  sigpée  à  Vervins  (2  mai  1598),ee  fut^'Ossat 
que  le  roi  chargea  de  l'annoncer  au  sénat  de 
Venise.  Il  eut  tiesoin  de  toutes  les  ressources  de 
son  génie  diplomatique  et  de  son  caractère  con- 
ciliant pour  rassurer  Clément  VIII  sur  le  retard 
qu'éprouvait  en  France  la  publication  des  canons 
du  concile  de  Trente,  pour  lui  faire  accepter  ré> 
dit  de  Nantes  et  les  garanties  qu'il  accordait 
aux  protestants,  et  les  mesures  rigoureuses 
prises  contre  les  Jésuites.  Une  seule  fois  peut- 
être,  d'Ossat  vit  son  expérience  en  défaut,  et 
ce  fut  pour  avoir  pris  conseil  de  ses  affections 
personnelles  au  Heu  de  l'intérêt  de  son  pays  : 
c'est  lorsqu'il  donna  son  assentiment  au  proiet 
que  le  pape  avait  conçu  d'élever  au  trône  d'An- 
^eterre  Alexandre  Farnèse,  duc  de  Parme  ou 
k  cardinal  Odoard,  son  fils,  au  préjudice  de  Jac- 
ques, fils  de  Marie  Stuart.  Tant  de  services  mé- 
ritaient une  récompense.  Au  commencement  de 
1588,  il  avait  obtenu  le  prieuré  de  Saint-Martin  de 
Bellême  ;  Henri  IV  demanda  pour  lui  le  chapeau 
de  cardinal,  et  à  la  prière  de  ce  prince,  Clé- 
ment VIII  rhonora  de  la  pourpre,  le  3  mai  1599, 
sous  le  titre  de  Saint-Eusèbe.  Peu  après,  d'Os- 
sat devint  abbé  oommeodataire  de  Nant,  au  dio- 
eèee  de  Vabres  et  de  Saint-Nicolas  de  Verdun. 
*     1£nfin^  sur  la  démission  qu'il  donna  du  siège  de 
Rennes,  où  iln'avait  jamais  résidé,  il  fut  nomnu^, 
le  26  juin  1600,  à  l'évéché  de  Bayeux.  Toutefois 
sa  conscience  ne  lui  permettant  pas  de  percevoir 


les  revenus  d'un  bénéfice  où  le  service  de  la 
France  Teiopêchait  de  réaider,  il  s*eo  démit  en 
1603.  A  cette  époque  cependant  il  vîTait  dans 
nue  sorte  de  gêne,  et  n'avait  pour  soutenir  sa 
dignité  que  d'insuffisants  revenus.  Ceux  des  bé- 
néfices qu'il  possédait  lui  étaient  en  grande  par- 
tie enlevés  par  quelques  gentilshommes  voisins,  et 
servaient  à  payer  des  pensions.  Sully,  qui  haïssait 
dans  la  personne  de  d'Ossat  le  protégé  de  Ville- 
roi,  son  rival,  suspendit  d'abord,  puis  supprima 
entièrement  la  pension  qu'il  tenait  de  Henri  IV. 
Heureusement,  sur  la  fin  de  sa  vie,  les  héritiersda 
cardinal  d'Esté  lui  délivrèrent  un  legs  de  doon 
mille  livres,  exigible  depuis  dix  années,  et  cette 
somme  le  mit  un  peu  à  l'abri  de  la  gtee.  Bis 
qu'il  fût  doué  d'une  grande  pénétratioo  d  d'à 
rare  discernement,  d'Ossat  partageait  les  senti- 
ments de  Vilieroi  sur  la  politique  intérieure  de 
la  France;  il  s'exagéra  quelques  désordres  qu'a- 
vait produits  l'administration  rigoureuse  deSoOy, 
et  crut  de  son  devoir  d'écrire  à  Henri  IV  une 
lettre  dans  laquelle  il  traçait  un  tableau  un  pea 
rembruni  des  dangers  dont  à  son  avis  l*£tat  se 
trouvait  menacé.  Plus  irrité  que  jamais,  après 
avoir  eu  la  coromonioation  de  celle  missive, 
Sully  n'épargna  point  les  plaintes  contre  le  car- 
dinal, et  plusieurs  passages  de  ses  méoieires 
contiennent  de  graves  imputations  dont  il  ne 
craignait  pas  de  charger  un  homme  qui  cepen- 
dant avait,  comme  lui,  sacrifié  sa  vie  au  service 
du  roi.  Du  reste,  Sully  n'était  point  fâché  de  m- 
dre  suspect  à  Henri  IV  un  prince  de  l'Église  ro- 
maine. On  peut  cependant  assurer,  et  Ions  les 
historiens  sérieux  sont  d'accord  sur  ce  pciot, 
que  le  cardinal  d'Ossat,  homme  d'aiHeers  irré- 
prochable sous  tous  les  rapports,  sut  concilier 
deux  qualités  assez  rares,  celle  d'un  habile  poli- 
tique et  celle  d'un  véritable  honnête  hamne; 
aussi,  dit  un  contemporain  «  les  gentîlshoniaies 
français  qui  allaient  en  Italie  faisaient  plus  d'é- 
tat d'avoir  vu  le  cardinal  d'Ossat  que  toutes  Its 
antiques  de  Rome  •.  Ne  se  connaissant  point  de 
parents,  d'Ossat  laissa  son  modique  héritage  à 
ses  deux  secrétaires,  Pierre  Bossu,  de  Lyon,  et 
RénéCourtin,  d'Angers,  et  aux  pauvres.  S'iliaut 
en  croire  Dupleix.  un  neveu  du  cardinal,  portant 
le  même  nom  que  lui,  occupait  de  son  temp»  la 
cure  de  Ménil«Aul>ry,  près   'Écouen,  et  Méieny, 
qui  l'avait  connu,  va  jusqu'à  dire  que  cet  eeclé- 
siastique  était  fils  naturel  de  d'Ossat  Tout  con- 
court à  faire  suspecter  cette  assertion,  et  pro- 
bablement  il  n'y  a  de  fondé  qu'une  Mentilé 
de  nom.  LeP.  TSrquin  Galluoci,  jésuite,  ^pro- 
nonça son  oraison  funèbre,  qui  a  été  imprimée. 
On  a  du  cardinal  d'Ossat  :  Sxposiiio  Amaldi 
Otsati  in  disputationem  Jacobi  Carpentùrn 
de  methodo;  Paris,  1564,  in-8*  :  c'est  l'ouvrage 
en  faveur  de  Ramus,  dont  nous  avons  parié 
ci-dessus;  -*  un  recueil  de  Lettres  adressées  ao 
ministre  Vilieroi,  livre  considéré  comme  clas- 
sique en  diplomatie,  et  qui  dénote  un  boinme 
sage,  profond,  mesuré,  décidé  dans  ses  principes 


913 


OSSAT  —  OSSEJSBEECK 


914 


et  dans  son  langage.  Lord  Chesierfieldy  dans  ses 
Lettrés  à  80D  flis,  le  lai  recommande  comme  le 
livre  le  plas  propre  à  lai  incalquer  Teaprit  des 
affaires,  et  ce  sont  les  lettres  de  d'Ossat  qoe 
WioqueTort  parait  avoir  eues  constamment  en 
vue  dans  son  traité  de  L'Ambassadeur  et  ses 
fondions,  La  première  édition  en  fut  publiée  à 
Paria,  1624,  tn-foK;  mais  la  meilleure  est  celle 
qu*en  a  donnée  Amelot  de  La  Houssaye,  Paris, 
1697,  2  vol.  in-4«,  avec  des  notes,  et  qui  a  été  re- 
produite, augmentée  de  notes  nouvelles ,  Ams-  ' 
terdam,  1707,  1714,  1733,  5  vol.  in-13.  Ces  di- 
verses éditions  sont  précédées  de  la  Vie  du  car- 
dinal, et  Touvrage  entier  a  été  traduit  en  ita- 
lien, par  Jérôme  Canini;  Venise,  1729,  in-4*. 
Madame  d'Arconville  a  publié,  sous  le  voile 
de  Tanonyme,  une  Vie  du  cardinal  d^Osiat; 
Paris,  1771,  2  vol.  in-8".  En  tête  de  cet  on- 
vrage .  écrit  avec  beaucoup  de  soin,  elle  a  inséré 
ta  traduction  d'un  Mémoire  remarquable  sur 
les  effets  de  la  Ligne  en  France,  composé  en  ita- 
lien par  le  cardinal,  en  1590;  la  marche  et  les 
résultats  de  la  politique  astucieuse  de  la  maison 
de  Guise  y  sont  développés  d'une  manière  aussi 
claire  qu^attrayante.  Les  Lettres  publiées  sous 
le  nom  dn  cardinal  de  Joyeuse  peuvent  être 
également  considérées  comme  l'œuvre  du  car- 
dinal d'Ossat.  H.  FiSQUET. 

CalHa  ChritUtuM,  t.  XI  et  XIV.  -  Frizon.  Cailla 
purpvrata.  —  Alby,  HUt»  da  cardin.  iUuttru,  —  Fie 
du  card.  ÊTOtsat.  —  Mnréri,  DM.  hist.  —  France  pon- 
tiAcale.  »  Nlceron,  Mémoiret.  L  XXXIV,  p.  si-40. 

ossELin  (Charles-Nicolas),  liomme  poli- 
tique français,  né  à  Paris,  en  1754,  guillotiné 
dans  la  même  ville,  le  8  messidor  an  ii  (26  juin 
1794).  Quelques  écrits  licencieux  qu*il  publia 
dans  sa  jeunesse  firent  beaucoup  de  tort  à  sa 
réputation.  Il  se  fit  recevoir  avocat  ;  mais  ayant 
traité  d*une  charge  de  notaire,  la  compagnie  lui 
refusa  son  agrément.  Osselin  lui  intenta  un  pro- 
cès, plaida  lui-même  sa  cause  au  Chàtelet,  et  la 
perdit.   Il  continua  à  suivre  le  barreau  avec 
quelque  succès.  Il  embrassa  avec  enthousiasme, 
en  1789,  la  cause  populaire,  et  fut  successivement 
membre  de  la  municipalité  de  Paris  du  14  juillet 
1789  et  du  conseil  de  la  commune  du  10  aoAt 
1792.  Il  fut  ensuite  élu* président  dn  tribunal 
criminel  (dit  du  17  août),  chargé dMostmire contre 
les  prétendus  auteurs  de  cette  journée,  qu'on  ac- 
cusait 4e  roi  d'avoir  provoquée ,  tandis  que  les 
chefs  dn  parti  républicain  s*en  disputaient  la  gloire 
dans  l'Assemblée  nationale  et  à  la  tribune  des 
Jacobins.  Élu  en  septembre  député  de  Paris  à  la 
Convention,  il  y  vota  la  mort  de  Louis  XYI, 
sans  appel  ni  sursis.  Entré  au  comité  de  sûreté 
générale,  il  dénonça,  le  24  mai  1793,  la  commis- 
sion des  douze  qui  arrêtait  les  projets  dea  ultra- 
révolutionnaires ,  et  prit  une  part  active  k  la 
proscription  des  girondins  (31  mai-2  juin  1793). 
Le  13  septembre  suivant,  il  fut  lui-même  dé- 
noncé par  Raisson  aux  Jacobins  pour  avoir  fait 
relaxer  ploMleurs  détenus  accusés  d'intrigues,  tels 
que  Bonne-Carrère  et  autres.  11  cessa  bientôt 


de  mériter  ce  ref)roche  ;  car  ce  fut  lui  qui  proposa, 
le  3  octobre,  la  mise  en  accusation  en  masse  des 
dépntés  signataires  de  protestations  contre  les 
événements . du  31  mai;  mais  Robespierre  s*y 
opposa.  Ce  fat  encore  Osselin  qui,  à  l'instigation 
de  Fouquier-Tinville,  proposa  et  fit  adopter  l'a- 
bominable décret  qui  autorisait  les  juges  du  tri- 
bunal révolutionnaire  à  abréger  les  débats  eu  se 
déclarant  assez  instruits.  Osselin  fut  aussi  le  ré- 
dacteur de  la  plupart  des  lois  rendues  contre  les 
émigrés;  cependintil  viola  bientêt  lui-même  les 
lois  qu'il  avait  provoquées,  et  Iç  2  frimaire  an  ii 
le  tribunal  révolutionnaire  de  Paris  le  condamnait 
à  la  déportation  «  comme  ayant  abusé  de  son 
double  caractère  de  dépoté  et  de  membre  dn 
comité  de  sûreté  générale  pour  extraire  de  prison 
et  cacher  chez  son  frère,  curé  à  Saint- Aubin,  près 
de  Versailles,  Charlotte- Félicité  de  Luppé,  dame 
de  Charr}',  émtgrée.  »  M"**  de  Cherry  fut  guillo- 
tinée et  le  généreux  curé  condamné  aux  galères  ; 
quant  à  Osselin,  on  l'enferma  à  Bicêtre  en  atten- 
dant son  départ.  Mais,  le  8  messidor,  il  fut  une 
seconde  fois  traduit  devant  le  tribunal  révolu- 
tionnaire, comme  complice  de  la  prétendue  cons- 
piration des  prisons,  inventée  |)ar  le  comité  de 
salut  public  pour  opérer  plus  vile  la  destruction 
des  détenus.  A  cette  nouvelle,  qu'il  comprit  bien 
être  l'arrêt  de  sa  mort,  Osselin,  pour  éviter  l'é- 
chafaud,  arracha  un  clou  du  mur  de  sa  cellule,  et 
se  l'enfonça  dans  le  flanc.  Ayant  eu  le  malheur 
de  survivre  k  sa  blessure,  il  fut  porté  presque 
mourant  devant  le  tribunal  ;  il  n'en  fut  pas  moins 
condamné  et  traîné  au  supplice.  On  a  de  lui , 
outre  des  Poésies  légères  ^  un  Almanach  du 
juré  Jrançais  pour  les  années  1792  et  1793, 
2  vol.  in- 18.  H.  L~R. 

Ijb  Moniteur  untverul,  ann.  178S-17U.  —  CeUerie 
nouvelle  des  Contemporaim  [  Noos,  18S7  ).  —  Le  Bas , 
M.  encyclopédique  de  la  France, 

ossBRBBEGK  (***),  peintre  et  graveur  hol- 
landais, né  k  Rotterdam,  en  1627,  mort  en 
1678.  Après  avoir  appris  la  peinture  dans  son 
pays,  sous  Bernard  Vaillant,  il  alla  en  Italie,  où  11 
séjourna  longtemps  et  où  le  plus  grand  nombre 
de  ses  ouvrages  est  resté.  On  en  trouv<^  cepen- 
dant quelques-uns  dans  les  galeries  de  Hollande. 
Sa  manière  approche  de  celle  de  Pierre  van  Laer, 
dit  Bamboche.  Il  peignait  le  paysage  animé. 
Les  tableaux  d'Ossenb^k  ont  toute  la  force  des 
Italiens  et  le  fini  des  Flamands.  Ses  compatriotes 
disaient  «  qu'il  avait  rapporté  Rome  dans  les 
Pays-Bas,  »  parce  que,  outre  sa  manière  toute 
italienne,  il  ne  faisait  jamais  une  composition 
sans  y  introduire  quelque  réminiscence  du  pays 
qu'il  avait  longtemps  habité  et  où  il  avait  perfec- 
tionné  son  talent.  Il  gravait  bien  :  on  cite  de  hii 
âenx paysages  (rares)  d'après  Salvator  Rosa  et 
diverses  pièces  d'après  le  Tintoret,  le  Basan ,  le 
Féli,  Polydore  de  Venise,  etc. 

Weycrmaa.  De  SchUderkonri  der  ffiderlanders , 
t.  Il,  p.  tss.  —  PtlkiD^on ,  Dictlonary  <tf  fainUr*.  — 
Descamps,  /.a  Fie  des  peintres  hollandais,  etc.,  t.  II, 
p.  148. 


SIS 


OSSÏAK  —  OSTADE 


9ie 


ossiAK.  Vcy.  Macpiiersqm.  ] 

ossOLiNSKi  (Georges),  bomme  politique 
polonais,  né  en  1595,  mort  en  août  1650,  à  Var- 
sovie. Après  avoir  parcouru  presque  toute  TEu- 
rope,  il  prit  part  à  la  guerre  contre  les  Busses,  et 
parut  avec  éclat  à  la  cour  de  Sigismond  Jll.  Ce 
prince  Padmit  dans  ses  bonnes  grâces,  et  le  cttar- 
gea  de  plusieurs  ambassades  importantes.  A  Lon- 
dres il  prononça,  en  présence  du  roi  Jacques  1^% 
une  harangue  en  latin ,  qui  produisit  une  vive 
soisation  et  fut  traduite  aussitôt  en  trois  ou 
quatre  langues  (1621)  ;  puis  il  travailla  à  la  con- 
clusion de  TariAistice  d'Almark  avec  Gustave- 
Adolphe.  £n  1633,  il  obtint  du  pape  Urbain  VIU 
le  règlement  des  différends  qui  s'étaient  élevés 
entre  le  clergé  et  la  noblesse  de  Pologne.  A  son 
retour  il  fil  approuver  à  Wiadislas  IV  les  sta- 
tuts qu'il  avait  dressés  d'un  ordre  militaire  sous 
le  nom  de  la  Conception  de  la  Vierge ,  ordre 
aboli  par  la  diète  de  1638.  Devenu  grand  chan- 
celier (1643),  il  employa  toute  son  influence  à 
faire  monter  Jean-Casimir  sur  le  trône  (1643). 
C'est  k  Ossolioski  que  la  Pologne  doit  la  com- 
munication de  la  mer  ^ire  avec  la  mer  Baltique 
au  moyen  d'un  canal  exécuté  plus  tard  par  les 
Oy^<^V^'^  aÎQsi  qae  rétablissement  de  la  première 
poste. 

Thaddée  MQstowsM,  Bioçr,  polonaise,  III. 

ossoLiNSiii  {Jo&eph-Maxlmilien)^  biblio- 
graphe polonais,  né  vers  1750,  en  Gallicie,  mort 
le  17  mars  1826,  à  Vienne.  Il  fut  élevé  sous  les 
yeax  de  Thistorien  Naruszewicz.  envoyé  en 
dépatation  À  Vienne  par  les  états  de  Gallicie 
(1793),  il  choisit  cette  ville  pour  sa  résidence, 
et  commença  dès  lors  d*y  réunir  une  biblio- 
thèque, qui  devint  surtout  précieuse  pour  \^ 
idiomcâ  slaves;  en  1817,  il  en  fit  don  à  la  ville 
de  Léopol.  François  I^r  je  nomma,  en  1808,  di- 
recteur de  la  Biblioâhèque  ioupériaie  •d«  Viean& 
<hielqu<î  temps  avant  sa  mort,  Ossolinfki  ptr- 
dit  la  vue,  et  pour  occuper  ses  loi»rs  il  eaire- 
prit  la  traduction  en  polonais  de  Tite-Live,  de 
Pliae  le  jeune  et  de  Jii vénal,  ^ii*il  dictait,  à  ce 
qa'4Ni  prétead ,  de  méiaoire.  Son  principal  ou- 
vra^ a  pour  titre  EêsoU  kkstoriqutt  et  cri- 
tiques pour  VkiêMre  de  la  UUérature  poio- 
naise  (Craocvie,  18iôl828,  ô  toI.  in-8<'  ).  Le 
savant  Liodelui  a  dédié  son  IHciiomiairede  la 
langue  polonaise,  K. 

■Moh  et  Gruber,  Jttgsm.  Bitevtiopm^ie, 

OMOftY  (  Tfiomai  Borum^  comte  d'  ),  géné- 
ral anglais,  né  le  9  juillet  1634,  à  Kilkenny, 
mort  ie  30  juillet  1680.  Il  éiààA  fils  du  i^einier 
duc  d'Ormêiid  (voy.  ce  nom).  Sen  caî-actère 
ÎBdépeMknt  iuaf»ini  4e  l'ombrage  à  Cromwell , 
qui  le  fit  enfernier  à  la  Tour.  Sous  ta  restaora- 
tioo,  il  f«jt  nommé  lieutenant  général,  puis  ptw 
d'Angleterre  (U  sepfennbpe  1666);  dans  cette 
même  année  il  avait  pris  part  an  mémorable 
oomlMt  naval  aoulana  sur  les  côtés  du  Suffolk 
parte  doc  d'Aibemarie  contre  les  Holhmdais.  En 
1673,  il  reçut  le  titre  de  contre-amiral  et  com- 


manda toute  la  flotte  en  l'absence  du  prince  Ru- 
pert.  Envoyé  en  1677  en  Flandre,  il  se  distingiia 
à  la  lôte  des  troupes  aoiglaiites*  dans  la  bataille 
qui  eut  lien  sous  les  remparts  de  Moqs,  et  con- 
tribua k  la  retraite  du  maréchal  de  Luxembouis- 
Son  flls  fut  le  second  duc  d'Ormond. 
Ciiaroock ,  Biographia  navaliSm 

OSTAOE  (Adriaan  van),  peintre  aHeroand, 
né  à  Lubeck,  en  1610,  mort  à  Amsterdam,  ea 
1685. 11  fut  élève  de  Franz  Hais,  et  reçnt  q^- 
ques  leçons  de  Rembrandt.  Suivant  les  coûeiU 
de  son  ami  et  condisciple  Adrien  Brauwer,  i 
renonça  à  suivre  les  genres  des  peintree  di^ 
connus,  et  se  fit  une  manière  qui  lui  resta  parti- 
culière. Comme  Teniers,  il  reproduisit  des  scènes 
grotesques,  des  paysanneries,  des  fêtes  de  vil- 
lage, des  écuries  et  des  rixes  de  cattaret;  mais 
sans  sortir  du  naturel,  il  trouva  le  moyen  de  taire 
du  réalisme.  Plus  vigoureux,  meilleur  dessi- 
nateur que  Teniers,  il  a  mis  dans  ses  tableioi 
tant  de  vérité,  tant  d'entrain,  tant  d'action  que 
l'on  en  oublie  les  suiets,  presque  toujours  ois- 
cène»  ou  dégoûtants.  £1  puis,  comme  il  traite 
bien  les  moindres  détails  !  Pour  cela  il  se  fit  le 
rival  heureux  de  Mieris,  de  Gérard  Dow,  de 
Quentin  Metzu.  Sa  touche  est  légère,  transpa- 
rente, son  coloris  propre  et  fiai,  et  il  a  su  tirer 
du  clair-obscur  un  admirable  parti.  Il  dûtribue, 
dans  ses  tableaux,  la  lumière  avec  un  tel  art  que 
les  effets  en  sont  aussi  vrais  que  merv^lieui  ;niais 
ses  compositions  sont  lourdement  disposées  ft 
son  dessin  laisse  souveut  À  désirer.  £n  un  mot , 
chez  van  Ostade,  la  nature  remporte  sur  l'art, 
ce  qui  est  loin  d'être  un  défaut. 

Char.sé  d'Harlem  par  l'invasion  des  Français, 
en  1672,  il  se  retira  à  Amsterdam,  d'où  il  ne 
sortit  plus.  H  a  laissé  beaucoup  de  tableaux,  et  le 
soin  qu'il  apporta  à  chacun  d'eux  Tempteba  d'ea 
laisser  de  ooédiocres.  Parmi  les  principaux  oa 
cite,  à  Amsterdam  :  une  Poissonnerie  (  véri- 
table chef-d'ceuvre);  un  Pécheur;  un  Joueur 
de  violon  et  un  Joueur  de  vielle  (pendants); 
une  Vieille  Fetwne,  des  Joueurs  de  quUles, 
trois  tableaux  de  Fumeurs  et  de  Buveurs,  des 
Joueurs  de  tric-trac,  trois  intérieum,  ^Ui,;  — 
à  Dort  :  une  Tabagie  :  contre  la  munûlle  est 
un  écrileau  sur  lequel  est  écrit  :  «  Afaiaon  à 
vendre;  il  faut  s'adresser  à  van  Osindf  »; 

—  à  G  and  :  deux  Tabagies  (très-remarqBable&); 
-«i  La  Haye  :  une  7eti»e  mère  et  son  estent; 
un  Paywn  qui  courtise  de  près  sa  maitresse; 
Danse  de  paysans  dans  un  cabaret;  une  Femme 
lisant;  une  Dévideuse;  nn  Avocat  dams  me 
Hude;àt\ai  Intérieurs  de  cuisine ;àee  Danim 
villageoises  ;  des  Retours  de  chasse,  etc.,  de  ; 

—  àMiddelbottiK  :  VExiàrieur  i^um  cabaret  ;- 
k  Casse!  :  une  Danse  et  une  Hixe  entre  pnjsaais; 

—  à  Rotterdam  :  V Extérieur  d^usm  ferme; 
un  Savant  dams  son  cabinet  ;  nne  ÂÊère  de 
famille  éplucbant  des  mouies;  une  Vieille 
FUeuse,  des  Paysans  dansants,  etc.  ; .—  à  Pa- 
ris :  Ostade  peignant  dans  son  atelier ^  Tauteor 


9À7 


OSïàDL 


91g 


y  est  vu  de  dos  :  ce  tableau  est  Irès-fui  :  Le 
Grivois  Jlaoxand;  un  Matelot;  un  Mailre  d'é- 
cole, deux  tableaux  de  Joueurs  de  iric-trac, 
<if'<  Fumeurs,  des  Paysages  9ims\é9>\  une  Scène 
jfhwer,  Êtc.y  etc.,  cnân  van  Oslade  iui-môme , 
1<-U4iit  sa  femme  par  la  main  et  entouré  de  ses 
huit  enraata  :  il  considérait  ce  tableau  comme 
son  chef-d'œuvre. 

Adrien  van  Oslade  gravait  fort  bieu  à  l'eau- 
forte.  On  connaît  de  lui  cinquante-deux  pièces 
qui  ont  été  publiées  sous  le  tilre  de  Het  Werk 
von  Adriaan  von  Ostade,  etc.,  infol.  Ce  re- 
cueil est  hors  de  prix.  Â.  n£  L. 

Weyerinjiii ,  D«  sekUdertanst  der  tkderkmderi,  t.  II, 
p.  91.  —  ncscAOïp»,  La  y  te  des  peintres  holtandais,  etc  , 
t.  II.  —  Pilklngton ,  Metionarff  of  pttiniers.  -  Htifocr 
et  Rost,  Mmnmel  des  mMUeÊam  é»  Vmrt.  --  Joubent, 
MojBsuêl  ^  Fommtwr  d'éstampts.  —  Cbaries  Blanc;,  UU^ 
toire  des  peintres,  iïr.  8-9,  «cole  hollandaise.  ji«  Sl-3t. 

OSTADB  (  Isaac  TAM  ),  peintre  allemand  de 
récole  hoUandaise,  Crère  du  précédent,  né  à  Lu- 
beck,  en  1617,  mort  à  Amsterdam,  vers  1654.  H 
fiif  l'élève  de  son  frère.  Il  débuta  comme  lui  par 
faire  des  querelles  de  buveurs ,  des  scènes  de 
tatiagie,  dos  conversations  de  paysans  au  coin 
de  l'Atre  de  la  ferme.  Quoiqu'il  composât  ses 
tableaux,  avec  intelligence,  il  les  peignait  d*uo 
ton  dur,  rembruni,  qui  le  fit  d'abord  considérer 
comme  un  artiste  médiocre.  Il  se  plut  longtemps 
à  reproduire  la  grossière  populatton  flamande, 
illustrée  par  le  naturel  de  son  frère  et  l'esprit 
de  ^Xeniers.  Le  vulgaire  ou  le  Jaid,  quand  il  est 
reproduit  naïvement  ou  interprété  ave(c  génie,  ^ 
peut  devenir  un  élément  pittoresque;  c^r  tout  ' 
ce  qui  a  un  caractère  saillant  doit  ou  peut  trou- 
ver place  dans  les  diverses  régions  de  Tart. 
Or  les  Flamands  de  Isaac  van  Ostadfe  semblent 
plus  civilisés  que  ceux  de  son  frère,  et  sont  < 
par  conséquent  moins  pittoresques.  «  Ce  sont, 
dit  M.  Charles  Blanc,  des  laideurs  an  peu  cor- 
rigées, àtB  monstres  humanisés  dont  les  jambes 
ne  sont  pas  si  cagneuses  et  dont  la  trogne  a 
moins  de  bourgeons.  Pour  tout  dire,  enfin,  ce 
sont  des  magots  bâtards,  et  c'est  peut-être  la  pire 
espèce.  »  Mais  tout  à  coup  le  talent  d'Jsaac  van 
Ostade  se  révéla  dans  un  nouveau  genre.  Aban- 
donnant les  scènes  d'intérieur^  il  devint  paysa- 
giste et  paysagiste  si  excellent  que  Claude  Lop- 
rain«  van  der  Keer,  Karel  Dujardin ,  Ruysdaei 
Hohbema,  ne  sont  que  ses  ^gaux.  Il  se  plaisait 
surtout  à  représenter  des  rivières  et  des  canaux 
glacés  couverts  de  traîneaux,  de  patineurs,  et  ses 
tableaux,  pleins  d'observation,  dejustesse  et  d'es- 
prit, sont  une  image  fidèle  des  plaisirs  que  se 
donnent  les  Hollandais  dans  la  plus  triste  des 
saisons.  Cependant,  comme  pour  Hobbexna,  il  y 
a  peu  d'années  que  Ton  commence  à  rendre  à 
Isaac  van  Ostsde  la  Justice  qui  lui  est  si  bien  due. 

Aucun  de  ses  contemporains  ne  s^est  enquis 
des  cvcoBsUinces  de  la  vie  de  ce  maître;  aussi 
man^nons-soiis  complètement  de  détails  biogra- 
phiques sur  Ini  ;  c'est  à  peine  si  l'on  sait  Tépoque 
desajiaiftianee  ;  celle  de  sa  mort  est  con^plétement 


iguorée.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c  est  qu'il  vécut 
à  Amsterdam  et  mourut  jeune,  car  ayant  une 
rare  facilité  de  pinceau^  il  n'a  laissé  qu'un  très- 
petit  nombre  d'ouvrages,  aujourd'hui  fort  cbers. 
Plusieurs  d'entr'eux  ont  été  confondus  avec  ceux 
de  son  frère,  dont  la  rotation  était  beaucoup 
plus  r^andue.  Cette  confusion  n'est  due  qu'à 
l'amour-propre  et  à  l'intérêt  des  possesseurs  de 
galeries  et  des  graveurs  (i)  ;  car  quelque  ressem- 
blance qu'on  ait  voulu  trouver  entre  les  paysan» 
ueries  des' deux  frères,  elles  sont pariaitement 
reoonnaissables  par  les  nuances  de  leur  style.  Si 
Isaac,  dans  Ja  pose  et  l'allure  de  ses  personnages, 
a  montré  une  plus  grande  finesse  de  dessin  que 
son  frère  aîné,  en  revanche  celui-ci  a  beaucoup 
pkis  de  caractère ,  plus  d'expression.  Quant  an 
paysagie,  tout  rapprochement  est  impossible,  tant 
isaac  s'y  montre  supérieur.  Voici  la  désignation 
et  le  pnx  de  quelques-uns  de  ses  tableaux  les 
plus  connus,  et  dont  la  plupart  ont  été  admirés 
à  l'exposition  de  Mancliester.  Au  musée  royal  de 
Londres  :  Une  Halte  de  voyageurs  devant 
une  auberge  :  c'e&t  nn  tableau  remarquable,  si- 
non par  la  beauté  de  l'exécution,  do  moins  par  Ta- 
nimation  des  figures  (  acheté  en  1600, 2,940  fr.}; 
Une  FamUIe  de  paysans  devant  la  porte  de 
leur  maison  écoutant  un  vienx  jouenr  de  vio- 
lon. Admirable  pour  la  précision  du  dessin  et 
la  beauté  de  la  peinture;  —  galerie  Bridgev?a- 
ter  :  Halte  de  voyageurs  avec  bestiaux  à  l'en- 
trée d'un  village  ;  bien  eii^taté  et  remarquable 
par  la  perspective  aérienne;  Vue  d^un  village  : 
des  paysans  boivent  et  dansent  devautun  auberge  ; 
gravé  par  Finden;  —  galerie  Lansdovrne:  Vue 
d'un  canal  de  Hollande  (en  17S4,  6,001  fr.}; 
—  galerie  Robert  Peel,  Entrée  d'un  village  : 
au  ibnd  un  clocher.  Cette  peinture  est  estimée 
un  des  chefs-d'œuvre  du  peintre.  U  s'est  sur- 
passé pour  la  transparence ,  l'éclat  et  la  beauté  de 
l'exécution  (  10,600  fr«);  Scène  d'hiver,  traU 
neauXf  patineurs,  pont  rustique  etc.;  ^  à 
Vienne,  galerie  du  Belvéder  :  Un  Chirurgien  de 
village  arrachant  une  dent  à  un  paysan  ;  —  AMu- 
nicU«  Pinacothèquei  Canal  glacé,palineurs,  un 
cabaret  au  premier  plan  :  ce  tablean  est  peint 
sur  bois;  —  à  Paris,  au  Louvre:  deux  Vues 
de  canaux  glacés  ;  Halte  de  voyageurs  à  la 
porte  d'une  hôtellerie;  la  Halte,  soleil  cou- 
chant. «  Rien  n'est  plus  étonnant,  dit  Deperthes, 
pour  la  richesse  de  l'ordonnance  et  Tentente 
de  rharmonie  que  ces  deux  intérieurs  de  vil- 
lage. On  y  admire  l'agencement  pittoresque  des 
arbres  et  des  chamnièras  ruetiqnes,  la  variélé 
des  détails,  le  nombre  et  la  disposition  éeê 
figuras,  des  chevaux,  des  boeufs  et  des  chariots, 
qui  cancnurent  à  rendre  la  vie  et  le  mouve- 
ment nu  milieu  de  cette  conception,  une  des 


(1  )  Keot  ctlfimw  ealre  •otna  Mletfer,  qui  cran  ^ 
ettampcR  se  (atsant  pendant.  La  Colère  et  Les  Plaisirs 
des  &tnewrt ,  et  nlt  au  ba«  le  «om  <l*Adrin,  quelque  les 
oflflMas,  «ppaiteMantMicottle  4e  Voace,  atenl  toqjow» 
ét飫toMlin)é»  apmie  ûwa  de  Iiaac. 


919 

plus  importantes  dMsaac  Ostadc,  et  qui,  fût- 
elle  seule,  suffirait  pour  attacher  une  grande 
célébrité  à  ses  talents ,  trop  longtemps  mécon- 
nus u  ;  —  à  Amsterdam,  au  Musée  :  un  Buveur 
de  bière  chantant  ;  des  Voyageurs  et  un  cheval 
1)Ianc  devant  un  cabaret  ;  —  à  Saint-Pétersbourg, 
galerie  de  l*Ermttage  :  Paysans  buvant  et  fu- 
mant ^  trois  Fumeurs;  L'Été  et  V Hiver ^  pen- 
dants; uneautrescène  â* Hiver;  — -che^  divers  : 
un  Vïtlage  avec  chariots,  cavaliers,  etc.  t tableau 
capital  sur  bois  (  28  pouces  sur  40  ;  31,000  fr.);  il 
appartenait  à  la  duchesse  de  Berry  ;  —  une  Fl- 
leuse,  paysage  (  3,tKH)  fr.)  ;  —  une  Auberge  sur  un 
grand  chemin  avec  musiciens  et  danse  (3,645  Tr.)  ; 
—  une  Savonnette  ;  sur  bois  ;  —  une  Femme 
qui  nettoie  son  enfant  (i  ,300  ft*.)  ;  —  vm  Pont  : 
scène  d'hiver  (an  prince  de  Chimay,  2,OiO  fr.  )  ; 
<--  un  Voyageur  demandant  sa  route  (3,  (40  fr.)  ; 
•^  un  Relai  (2,000  fr.)  ;  —  on  Intérieur  de  ferme 
gravé  par  Daudet  (4,000  fr.)  ;  —  une  Place  de 
villtige  avec  puits,  joueur  de  boule,  etc.  :  sur  bois 
(4,260  fr.);  —  une  Ferme,  beaucoup  de  person- 
nages et  d*animaux  (10,375  fr.)  ; — un  Charretier 
et  sa  voiture  (13  p.  sur  12,  2,000  fr.)  ;  —  Mai- 
sons rustiques,  buveurs,  Aimeurs  et  animaon 
(5,905  fr.)  ;  —  Paysage  rustique  :  chef-d'umvre 
(  à  M .  de  Rothschild,  35,000  fr.  )  ;  etc.,  etc.  «  Su- 
périeur par  la  composition,  la  touche  et  le  clair- 
obscur,  dit  M.  Charies  Blanc,  Isaac  Ostade  ne 
saurait  périr,  parce  que  l'éloquence  de  ses  ta- 
bleaux suppléera  au  silence  de  l'histoire.  Ses 
peintures,  tout  imprégnées  d'une  agreste  poésie, 
feront  renchantement  des  amateurs  tant  quil  y 
en  aura  de  sensibles  aux  beautés  de  la  nature. 
Toujours  ils  admireront,  ils  aimeront  cette  lu- 
mière tiède  et  caressante  qui  enveloppe  ses  sites 
champêtres  et  va  se  dégradant  jusqu'aux  loin- 
tains les  plus  profonds,  douce  lumière  qui  se 
laisse  deviner  sans  qu'elle  éclate,  et  que  l'on  se 
platt  à  suivre  tantôt  quand  elle  glisse  sur  l'eau 
paresseuse  d'un  étang,  tantôt  lorsqu'elle  pénètre 
dans  le  fouillis  des  buissons,  dans  l'épaisseur  des 
feuillages,  ou  qu'elle  va  s^amortir  sur  les  toits 
entassés,  contre  les  murs  d'une  maison  rustique. 
Heureux  peintre,  qui  un  beau  jour,  fatigué  de 
voir  fumer  des  buveurs  dans  les  calNurets  d'A- 
drien van  Ostade,  en  sortit  pour  aller  respirer  l'air 
des  champs,  et  qui,  tout  en  battant  les  boissons, 
trouva  le  bonheur  d'fttre  ému  et  l'art  de  nous 
plaire!  i*  A.  db  L. 

Dcscampi,  La  Fie  de*  peintres  alUmands  et  koiUfn- 
Oafs.  t.  Il,  p.  f7-tl  —  Smith,  Catûlogue,  etc.  -  PaiUot 
d9^Uontabert,  TraUé  eompiet  de  la  peinture  (Parti, 
in»),  L  Vlll.  p.  SOS,  SOS.  —  GenaiDt,  Catalogne  du  ea- 
Mnef  de  l/xrançére.  —  Lebrun,  Galène  des  peintres 
allemands,  koUandaU,  etc.  -  W.  Bnrger,  Axhibition 
des  trésors  de  Fart  à  Manchester,  dans  te  Siècle  du 
SilttiUet  1IS7.  -  Deperthri,  UUt.  de  Fart  du  pafsaçef 
(Parts,  isit  ),  p.  itT.  —  Chartes  Btauc ,  Collection  de  ta- 
bUauT  de  M.  de  Rothschild,  -  Lbaries  BLinc,  Histoire 
des  petntres ,  liv.  n«*  IM.  f  tl,  «oole  boUandalae,  n-*  4e,  4f . 

osTBftMAïf!!  (Jean-Éric),  érndit  allemand, 
né  en  Ifti  1,  à  Zdrbig,  mort  en  ift68.  Il  enseigna, 
depuis  1637,  le  grec  à  l'université  de  Wittem- 


OSTADE  —  OSTERMAIVN 


9^0 

berg,  et  publia  :  De  veterum  Romanttrum  con- 

»irenrfiri/idi«;  Wittemberg,  i«48,  în-4*;  — 

De  erroribus  auctorum  latinorum;  ib.,  164S, 

in-4";  —  De  consultationibus  velerum;  ib., 

1649,  in-4®,  et  dans  le  Thésaurus  de  Creiûis; 

—  Positiones  philologicae  grxcum  /(iovi  Tes- 

tamenti  contextum  coneementes  ;  ib.,  1660; 

-^  Thèses  philologicas ;  ib.,  1660;  —  De  os- 

trolatria;  ib.,  1663;  —  plusieurs  poèmes  en 

grec.  O. 

Wllten ,  Memorim  phUosophorum.  décade  IT.  —  Uie- 
Uns,  Biatoria  poeSmnm  grteeoram  venNonoraon. 

OSTBRMAHBi  (Henri- Jean- Frédéric,  comte 
d'),  appelé  Andrei  Ivanovitch,  homme  d'État 
russe,  né  en  1686,  mort  le  25  mai  1747,  à  Bere- 
sof.  11  éUit  fils  d'un  pasteur  luthérien  de  Bo- 
chum,  petite  ville  du  comté  de  la  Mark  en  West- 
phalie.  Un  duel ,  dans  lequel  il  eut  le  malheor 
de  tuer  son  adversaire,  l'obligea  à  fuir  de  léna, 
où  il  avait  fait  ses  études.  Ne  sachant  ooramest 
^gnersa  vie,  il  s'adressa,  à  /Amsterdam,  an  vice- 
amiral  Cruys ,  Hollandais  an  service  de  Pierre 
le  Grand ,  qui  l'engagea  d'abord  comme  pilote 
(  1704  ),  et  en  fit  bientôt  son  secrétaire.  Recom- 
mandé au  tsar  par  son  protecteur,  ce  prnoe 
s'attacha  Ostermann  en  la  même  qualité,-  ek  ne 
tarda  pas  à  lui  accorder  toute  sa  confiance.  Eni> 
ployé  dans  la^chancellerte  de  l'empire,  le  jeane 
A^llemand,  qui  avait  appris  le  russe  en  très-pca 
de  temps,  suivit  le  vice-chancelier  Cliafirofdaiis 
la  campagne  de  Turquie  (  171 1  ),  et  il  ent  beau- 
coup de  part  à  la  paix  qui ,  sur  le  Prootb,  pré- 
serva le  tsar  d-'une  ruine  complète.  La  coodusicB 
de  celle  de  Nystadt  (1721)  lui  valut  le  titre  de  ba- 
ron et  le  rang  de  conseiller  privé.  En  1733,  après 
la  chute  de  Cbafirof,  Ostermann  fut  son  suons- 
seur  naturel;  cependant  il  ne  fut  investi  du  titre 
de  vice- chancelier  que  le  26  décembre  1735,  sous 
Catherine  l^e,  qui  lui  continua  la  faveur  dont  il 
n'avait  cessé  de  jouir  près  de  Pierre  le  Grand, 
et  le  décora  do  cordon  de  Saint-André.  Elle  le 
désigna  pour  diriger  l'éducation  de  Pierre  II, 
son  successeur,  et  le  nomma,  par  son  testament, 
membre  du  conseil  de  régence  pendant  la  mi- 
norité du  jeune  prince.  Ostermann  s'acquitta 
avec  un  zèle  éclairé  de  la  tâche  qui  loi  était  con- 
fiée, ainsi  que  l'atteste  son  plan  d'études  et  d'é- 
ducation qui  nous  ent  parvenu.  Pendant  la  ma- 
ladie (la  petite- vérole)  qui  enleva  le  jeune  sou- 
verain, Ostermann  ne  quitta  pas  un  instant  son 
lit;  mais  après  sa  mort  il  feignit  d'être  lui-même 
gravement  malade,  la  prudence  lui  cooseniant 
de  se  tenir  à  l'écart.  Cependant,  à  peine  l'éléva- 
tion d'Anne  Iwanovna  fut-elle  décidée,  non  sans 
la  participation  du  prétendu  malade,  à  qui  le 
grand-chancelier  Golovkine,  embarrassé  de  çon 
rôle  et  craignant  pour  sa  tête ,  venait  de  taire 
des  ouvertures,  qu'on  vit  Ostermann  reparaître 
et  diriger  de  nouveau  la  politique  extérieure  de 
la  Russie.  Anne,  dont  il  acquit  toute  la  confiance, 
l'éleva,  le  jour  de  son  couronnement,  i  la  <£- 
gnité  de  comte.  Il  conserva  pendant  tonte  la  du- 


931 


OSTERMANN  —  OSTOLOPOF 


922 


rée  de  ee  règne  la  direction  des  affaires  étran- 
gères, et  sat  se  maiDtenir  en  crédit  sans  alarmer 
la  jalooaie  du  favori  tout-paissant  de  Timpéra- 
trice,  le  fameux  Bireo.  Il  fut  de  ceux  qui  déter- 
mloèrent  Anne  à  désigner  ponr  son  successeur 
le  jeane  Iwan»  son  petit- neveu,  pendant  la  mi- 
norité duquel  Biren  aurait  la  régence.  Mais  après 
la  mort  de  l'impératrice,  en  1740,  nn  orage 
éclata  sur  la  tète  du  favori ,  et  porta  à  la  ré- 
gence la  duchesse  de  BransWfck  Anne  Carlos na, 
mère  de  l'empereur  au  berceau.  Ostermann  sut 
non-seulement  échapper  à  tout  danger,  mais  en- 
core obtenir  la  dignité  de  grand-amiral  et  rui- 
ner l'influence  du  feld*maréchal  Munnich,  prin- 
cipal acteur  de  la  révolution  qui  venait  de  s'ac- 
complir. Confident  plus  intime  du  duc  de  Bruns- 
wick que  de  la  régente  son  épouse,  Ostermann, 
qui  avait  recouvré  la  direction  des  affaires  étran- 
gères, s'était  déclaré  pour  le  parti  prussien  contre 
le  parti  autrichien,  et  luttait  d'autorité  contre  le 
grand -chancelier  Golovkine,  tout  dévoué  à  la 
régente.  Mais  la  révolution  subite  qui,  en  1741, 
porta  an  trOne  Elisabeth  Pétrovna   amena  la 
perte  d'Ostermann.  La  nouvelle  impératrice  iit 
arrêter  cet  homme  d'Ëtat,et  une  commission  ins- 
tituée pour  le  condamner  prononça  son  arrêt 
de  mort.  Il  devait  subir  le  supplice  de  la  roue ,  et 
avait,  quoique  malade,  déjà  le  pied  sur  l'écba- 
faud  lorsque  arriva  Sa  grâce  (27  janvier  1742). 
Sa  peine  fut  commuée  en  un  bannissement  per- 
pétuel en  Sibérie,  et  on  le  déporta  à  Bérésof, 
dans  le  gouvernement  de  Tobolsk,  où  sa  femme, 
dame  russe  d'une  famille  très-distinguée,  le  sui- 
vit. Ainsi  queMunnich,  il  supporta  son  infortune 
avec  constance  et  dignité,  et  tous  les  deux  pas- 
sèrent leur  temps  d'exil  à  instruire  les  enfants 
du  gouverneur  et  d'autres  notables.  Peu  de 
temps  après  la  mort  d'Ostermann,  sa  veuve, 
autorisée  à  revenir  à  Saint-Pétersbourg,  fut  re- 
mise en  possession  de  ses  biens. 

Le  comte  Ostermann  avait  laissé  en  Russie 
deux  fils  et  une  fille.  Ses  fils  arrivèrent  aux  plus 
hautes  dignités  :  Tun,  Frédéric  (  Fœdor  An^ 
dréiéoitch)féenùi  général  en  chef;  l'antre,  Jean 
{Ivan  AndréUvilch) ,  grand  chancelier.  Lenr 
sœur,  Anne  Andréiévna^  après  le  malheur  de 
son  père,  épousa  le  général  Tolstoï.  Les  frères 
de  cette  dame ,  n'ayant  pas  en  d'enfants ,  adop- 
tèrent les  siens,  qui  formèrent  ainsi  la  branche 
de  Tolêtoi'Ottermann,  [M.  ScHKnzLER,  dans 
VEncycl.  des  G.du  MJ\ 

•  Heinpel.  Ubtn  uni  Poil  de$  StaarhminisUn  Jnd., 
Cra/en  von  Oâtermann  f  Fraocfort,  1741,  In^.  •>  Priaoe 
P.  Oolgoroukow ,  Notice  sur  A.  QAermMin. 

osTBRMAHH-TOLSToi  {Alexandre-Ivano- 
vlch  Tolstoï,  comte  n'  ),  générai  rosse ,  né  vers 
1770,  à  Saint-Pétersbonrg,  mort  le  12  février 
1837,  à  Genève.  Il  était  fils  d'un  officier  qui 
commandait  l'école  des  cadets  et  petit>neveo  par 
sa  grand'-mère  deb  fils  du  comte  André  Oster- 
mann, qni  l'instituèrent  héritier  de  leurs  biens 
et  titres.  En  qualité  de  lieutenant  aux  gardes,  il 


fit  ses  premières  armes  contre  les  Turcs  à  U 
prise  de  Bender  et  au  siège  si  meurtrier  d'Ismaïl 
(  1790).  La  favenr  de  CaUierine  le  rendit  en  peu 
d'années  nn  des  seigneurs  les  plus  puissants  et 
les  plus  riches  de  la  cour;  en  1798,  il  était  gé- 
néral major.  Après  avoir  quitté  le  service  mi- 
litaire, il  y  rentra  et  prit  une  part  honorable  à 
l'occupation  de  la  Poméranie  et  du  Hanovre 
(1805).  Nommé  lieutenant  général  (1&06),  il  se 
rendit  en  Pologne,  et  combattit  sous  les  ordres 
de  Bennigsen  ;  il  assista  aux  batailles  de  Poltusk, 
d^Eylau  et  de  Friediand.  L'état  de  sa  santé,  af- 
faiblie par  de  nombreuses  blessures,  le  força  de 
s'éloigner  quelque  temps  de  l'armée;  mais  en  1 8 1 2, 
lorsqu'il  vit  sa  patrie  envahie,  il  accepta  un  com- 
mandement, et  lutta  avec  autant  d'intrépidité  que 
d'acharnement  contre  les  troupes  du  prince  Eu- 
gène; le  quatrième  corps,  à  la  tète  duquel  il  se 
trouvait,  ne  compta  plus,  à  la  suite  des  batailles 
d'Ostrowno,  de  Smolensk  et  de  Borodino,  qne 
deux  mille  hommes  en  état  de  porter  les  armes  ; 
Ostermann  lui-même  n'échappa  que  par  miracle 
è  tant  de  dangers.  Après  la  retraite  sur  Malo-Ja- 
roslawetz,  il  siégea  dans  le  conseil  des  généraux 
russes  où,  sous  la  présidence  de  Koutousof ,  on 
résolut  d'incendier  Moscou.  Dans  la  campagne 
suivante,  à  peine  remis  d'une  blessure  grave  qu'il 
avait  reçue  è  Bautzen,  il  se  chargea,  après  la 
défaite  deDresde,  de  défendre  la  route  de  Tœplitz, 
la  seule  retraite  des  alliés,  dont  la  perte  semblait 
certaine.  An  prix  de  mille  fatigues  et  par  une  suite 
de  stratagèmes  habiles,  il  gagna  les  défilés  de  la 
Bohême,  poursuivi  par  Vandamme,  et  concentra 
sa  division  dans  la  plaine  de  Kulm.  Ce  fut  alors 
qu'il  apprit  la  positum  dangereuse  de  l'armée  russe 
avec  laquelle  se  trouvait  l'empereur  Alexandre, 
cernée  de  tous  odtés  par  les  Français  :  le  péril 
de  leur  souverain  anima  les  Russes  d'un  courage 
invincible;  ils  se  battirent  avec  une  telle  furie 
qne,  malgré  la  supériorité  du  nombre,  Vandamme 
ne  parvint  pas  i  les  dék)ger.  Cette  rénstanœ 
permit  à  SchwaHzemberg  de  venir  à  son  seoonrs 
et  de  gagner  une  bataille,  dont  l'issue  funeste  eut 
pour  Napoléon  les  pins  fAchenses  conséquences 
(30  août ^181 3).  Ostermann  fnt  surnommé  le 
héros  de  Kulm,  Au  moment  du  triomphe ,  Il 
eut  le  bras  gauche  fracassé  par  nn  boulet  de 
canon.  La  paix  rétablie,  il  fut  comblé  de  bien- 
faits par  Alexandre  et  nommé  général  en  chef 
dn  génie.  A  l'avènement  du  tzar  Nicolas  (  1825), 
il  s'éloigna  de  la  cour,  et  vécut  dans  nn  exil 
volontaire,  tantôt  en  Italie,  tantôt  en  Allemagne. 
En  1831  il  partit  de  Munich  en  compagnie  de 
M.  Fallmerayer  pour  un  voyage  en  Orient,  qui 
ne  dura  pas  moins  de  trois  années.  U  venait  de 
s'établir  à  Genève  lorsqu'il  mourut  an  bout  de 
quelques  jours,  à  l'Age  de  soixante-sept  ans. 

Journal  de  Cenéee^  ê  avril  ISST.  -  Bootoorlln,  HM, 
Milit  de  ta  eamp.  deitlt.  -  Thien,  UUt.  du  eonnttat 
et  de  réméré, 

OSTOLOPOP  (PficoUU'Feudoroviieh),  lit- 
térateur russe,  né  en  1782,  prit  une  part  active 


923 


OSTOLOPOr  — 


au  mouvement  liltéraîre  du  commencoment  de 
ce  sfècle.  Directeur  d'un  journal,  V Amateur  de 
littérature^  on  lui  doit,  outre  des  traductions  du 
Tasse  et  de  Voltaire ,  un  Recueil  de  poésies , 
Saint-Pétersbourg,  1816,  un  Dictionnaire  de  la 
poésie  ancienne  et  moderne  ^  ib.,  1821,  3  tom., 
et  un  roman  intitulé  Eugène,  pce  A.  G— s. 
Gretcb,  Essai  sur  FAûtoire  de  la  littérature  russe. 

08TB0WSKI  {Thomas- Adam  Rawicz, 
comte),  homme  d'Étal  polonais  »  né  le  21  dé- 
cembre 1739,  à  Ostrow,  mort  le  b  février  1817. 
Issu  d'une  ancienne  fumiile  du  palatinat  de  Lu- 
blin,  il  fit  ses  études  chez  les  jésuites,  viàita 
l'Europe  occidentale,  et  embrassa  hi  carrière  des 
armes.  Appelé  en  1767  à  la  cour,  il  fut  comblé 
de  faveurs  par  le  roi  Stanislas-Auguste.  Pen- 
dant la  diète  de  quatre  ans,  il  prit  une  part  in- 
fluente à  la  conslilution  du  a  mai  1791 ,  et  se 
joignit  à  la  minorité  pour  résister  à  la  Russie, 
en  appuyant  son  opinion  d'un  versement  de 
100,000  florins  dans  le  trésor  public.  Le  20  mai 
suivant  il  fut  chargé  du  ministère  des  finances; 
mais  lorsqu'en  1792  le  roi  eut  accédé  à  la  con- 
fédération de  Targowilz,  Ostrowski  fut  exilé  à 
Kiow  et  rais  en  surveillance.  Après  le  troisième 
partagiB  de  la  Pologne  (  1795),  il  se  retira  dans 
ses  terres  de  l'Ukraine,  où  il  donna  ses  soins  à 
ramélioration  de  Tagriculture  et  de  l'instruction 
publique.  Lors  de  la  constitution  du  grandduché 
de  Varsovie,  il  devint  grand  maréclial  de  la  diète 
(9  mars  1809),  et  président  du  sénat  tC  décem- 
bre 181 1  ).  L'empereur  Alexandre  le  plaça  en  18 1& 
à  la  télé  d'un  Gimiité  qui  avait  mission  de  relbr- 
mer  sur  de  nonveUes  bases  le  royaume  de  Po- 
logne. 

OSTROWSKI  [Anli^e-Jean,  comfe)„  fite 
an,  précédeni,  né  le  27  mai  1782,  fit  ses  nre- 
mières  armes  contre  lea  Roases.  Daas  le  grand- 
duelié  de  Varsovie  il  occupa,  des  postes  impor- 
tants ,  et  ea  tdia  il  s'eppoM  avec,  énergie  à  la 
funeste  dissolution  de  la  GenCMratien  réunie  à 
CKicovie  sous  la  présideaee  de  Stanislas  Zar 
moyski.  L'année  suivante  il  siégea  dans  le  co- 
nité  qui  a'occu^  de  U  comptabilité  eatre  le» 
tvoiaoMirs  de  Vienne,  de  Pétersboorg  et  de  Ber- 
lin. Ea  19(1%,  il  fonda  sur  la  route  de  Cracovie 
une  colonie,  qu'il  nomma  Tomasiow,  et  qui 
devint  une  petite  ville  florissante.  A  la  révoi«- 
tioB.  de  1830^  il  accoimit^  malgré  niUe  diilkul- 
^>  à  Vanovie ,  et  acaepta.  le  commandement  de 
la  garde  naUonaie;  peoilaot  to«U  la  durée  de 
lat  guerre,  U  donna,  ainsi  que  son  fi-ère  Wladis» 
lasy  des  preuves  admirables  de  son  dévouement» 
Forcé  de  sfexpaUier,  il  cbcri;ha  on  reloge  ea 
France^,  oè  W  publia  quelques  écrits  politiqoes» 
entre  autraa  on  essai  Sur  le  panslavisme  mos- 
covite (Versailles,  1842,  in.8»), 

au  jour,  Ill,ir«p;irt. 

OSWALO  (Saint),  roi  de  Northiimbcrland, 
né  en  604^  mort  ^  tfaserflelJ,  le  S  aoftt  642.  Son 
père,  EthelfriJ,  ayant  été  tué,  en  617,  par  Red-  / 


OSTMAI^blAS  ^24 

veald,  rof  desr  Est-Angfes,  ff  fof  coBbi^Dt  rfe  se 
réfugier  avec  ses  frèi'ês  cftez  les  Scots,  car  Ed- 
wîn,  son  oncle,  s'était  emparé  du  royaumi^  dès 
Norlhumbres.  Durant  sa  retraite ,  il  fof  instruit 
de  la  religion  chréffenne  et  reçut  Fe  baptême. 
La  mort  de  son  oncle  et  le  meurtre  d*Eanfnd 
et  d'Oswy,  ses  frères,  ordonné  par  Cadwalla,  nrf 
des  Gallois,  le  rendit  seuf  maître  de  la  couronne; 
mais  il  dUt  en  revenant  dans  le  lforthumt)erland 
marcher  contre  ce  dernier  prince,  qaî,  à  la  fête 
d'une  armée  nombreuse,  y  mettait  tout  à  feu  et 
à  sang.  Avant  de  loi  livrer  t»faille  dans  on  \m. 
que  Bède  appelle    Denis-Rurne  (te  niissean 
de  l>enfs),  Oswald^fîl  faire  nne  hante  croii  de 
bois,  qu'il  planta  de  ses  propres  mains;  puis  0 
cria  à  ses  soldats  de  se  prosterner  devant  ce 
signe  sacré  de  la  reRgion  etdlmptorer  le  Dieu  des 
armées  pour  obtenir  la  victoire.  Tons  les  soldats 
obéirent,  et  0«watd  remporta  nne  victoire  com- 
plète sur  Cadwafla,  qui  fut  tué  dans  la  iné!^ 
Le  lieu  où  Ton  avait  élevé  celte  croix  fut  appelé 
Hevenfellh  (Champ  dn  ciel  ),  et  cette  croix,  le 
premier  trophée  érigé  dans  ces  contrées  en  Hioo- 
neur  de  la  foi  chrétienne,  devint  frès-oélèbre  dans 
la  suite,  au  rapport  de  Bède  et  d'ATcurâ.  Vain- 
queur de  ses  ennemis,  Oswald  rendit  grâces  à 
Dieu ,  s'appliqua  ensuite  à  établir  îe^lxMi  ordre 
dans  ses  États,  et  prit  de  sages  mesnres  pour  y 
étendre  et  faire  fleurir  la  religion  cbrétfenne. 
Après  huit  ans  d'une  prospérité  constante,  Os- 
wald se  vit  attaqué  par  Penda,  roi  de  ATerde, 
qui  entra  dans  le  Northumberland  avec  nne  nom- 
breuse armée.  Oswald  marclia  contre  son  en- 
nemi ;  mais,  inférieur  en  forces»  fl  fut  défait,  et 
perdit  la  vie  sur  le  champ  de  bataffle  de  Maser- 
field.  Son  nom  est  indiqué  à  la  date  do  s  août 
dans  le  martyrologe  romain.  B.  F. 

Bède,^U(oria«ci;/«gtoJtûa  goMt  Angtarum,—  àX- 
cato,  Potma  d»  ponUfieibus  et  saneftg  eeciesUe  «forv- 
etnsU.  -  A  Builer,  ^"toi  étïïMtea^  ém mmt^tw, ête: 

OSWALD  (/ohn)\  IHténrtinir  écossafc.  né 

vers  1760.  H  servit  comme  Renteiranf  dkns  les 
Indes,  revint  en  17«3  en  Angteteme,  et  s'occupa 
dé  travaux  flttérafres  erpolit^ue^.  TT  eoinMl!«saT% 
dft-on,  presque  fontes  tes  langues  de  TEorope. 
On  rw  doit  :  Kanae  eomicsF  evem^elitantes  ; 
Londîres,  1786,  in>8*,  pamphler  df rij^é  costre  les 
méthodistes;  —  Le  Merenre  9fn$anniçue, 
journal  ;  ibid.,  r787;  —  Bttpàrospie,  ode;  iliid., 
1788;  — /^«ïW;  iWd.,  l78f,  far-U,  sons  le 
nom  de  Sylvestre  Otway.  On  le  enrit  Tauteor 
d'bne  IfèsMre  imparHtUe  de  la  eampegne 
de  I8f3,  ouvrage  peu  favorable  à  Napoléon  r*. 

GortoD,  Biographe  DieUonar^. 

osTMASDiAS,  rof  d'Egypte,  d^one  époque 
incertaine.  Il  n'est  connu  que  par  le  témo^naije 
de  Diodore  de  Sicilei  Cet  historien  rapporte 
qu'Osymandias  envahit  l'Asie  à  la  tête  d'une  ar- 
mée de  quatre  cent  mille  bororoes  et  porta  ses 
armes  victerieuses  dans  la  Bactriane;  il  lui  al- 
triboe  la  construction  d'un  grand  nombre  d'édi- 
flces,  et  en  paiticulier  du  Memmoniumy  un  des 


9?5  OSYMANDIAS 

prindpam  nwmnneiito  dé  Thèbes.  On  ne  sait  où 
Diodore  a  pofsé  cm  rraseigirements,  que  rien 
0*a  conffrmés  dans  le  déchiffrement  des  hîéro- 
gfyphes;  mais  if  ts^i  évident  que  son  témoignage 
a  fort  peu  d'autorité,  et  ne  suffit  pas  pour  Taire 
placer  Osymandias  au  rang  des  personnages  liis- 
tbriques.  Y. 

Dlqdore  de  SteRe,  r,  4t-4». 

OTACiLiA  (Severa-Mareia)^  impératrice 
romaine,  Tivait  dans  îe  troisième  siècle  après  J.-C. 
Elleétaitla  femme  de  t*emperenr  Piiilippe  (  M.  Jo- 
lius  Pbilippus)  qui  obtint  l'empire  par  l'aasas- 
aînat  du  jeune  Gordien ,  et  la  mère  de  l'enfant 
que  les  prétoriens  mirent  à  mort  après  fa  ba- 
taiffe  de  Vérone ,  en  249. 11  parait  qu'elle  avait 
aussi  nne  fille,  pufeque  Zosfme  parle  d'un  cer- 
tain Sévérien  comme  le  gendre  de  l'empereur. 
On  ne  sait  rien  de  cette  princesse,  sinon  que 
beaucoup  d'anciens  la  regardaient  comme  chré- 
tienne. La  Chronique  <V Alexandrie  Taffîrme , 
ef  Eusèbe  mentionne  une  lettre  qu*Origène, 
dlt-i'f,  lui  avait  adressée.  T. 

Zotlme,  l,  19.  —  Buiiébe,  Hiit.  eeetes.,  Vl,86.  >TUle- 
nram,  Histûirv  ée$  em/teremn,  roi  lift,  pw  %9t. 

«rrarRD ,  savant  moine  allemand ,  né  en 

Flranoonie,  an  commencement d'vttenvfèmestècle, 

mort  vers  870.  Il  entra  de  lioane  heure  an  mo- 

Aastère  de  Falde ,  où  it  eut  poar  maîtres  Ha- 

ban  Maur,  et  Satoroon,  plus  tard  évèqne  de 

Constance,  et  passa  enrafle  quelques  années 

âanà  le  monastère  de  Saint-Gall.  Il  se  fixa  enfin 

au  courent  de  Wissembourg,  où  il  demeura  jus« 

qa*à  sa  mort.*Ver9  fan  850  il  commença  à 

écrire  en  langue  francique  ne  vers  la  vie  de  Jésns- 

Cbrist;  il  entreprit  cette  paraphrase  libre  des 

Évaaglies,  entreaiAlée  de  réflextonamoraies»  afio 

que  le  peuple,  peur  salisfaire  son  goÉt  poor  la 

poésie,  ne  fût  pas  obligé  d'avoir  recours  aux 

Cantui  obseœnif  qui  selon  son  expression 

avaient  alors  cours»  II  termina  son  ouvrage  vers 

865,  et  le  dédia  an  roi  Louis  de  Germaaie.  Ce 

Liber  Evangeliorum  n'ïi  pas,  sauf  quelques 

passages,  une  grande  valeur  poétique;  mais  écrit 

avec  une  grande  pureté  de  langage»  il  fournit'^ 

les  éclaircissements  les  phis  précieux  pour  This- 

toire  de  la  langue  allemande  et  pour  la  connais* 

sance  des  formes  de  versification  usitées  dans  ces 

temps  reculés.  11  a  été  publié  à  Bâie,  en  1571, 

puis  dans  le  tome  F  du  Thesaurxu  de  ScMUer, 

avec  une  traduction  latine  et  des  notes;  une  ex- 

cdlente  édition  critique  en  a  été  donnée  par  GrafT 

à  Kœni(^berg,  1831,  în-4'.  O. 

Lachmannysrttde  /H/Hatt.daot  l^EfWtciêpédie  d'Eneb 
et  Grober.  >  Gêdete.  DetUteMê  Diektung  im  MiUelatter, 

OTHSiBoi»,  abbé  de  S.-Bavon,  h  Gand,  mort 
en  1034.  Nous  le  voyons  abbé  de  S  -Bavon  dès 
Paanée  t0t9,  éhi  successeur  d*Erembotde,  mort 
ea  1017.  Mais  il  est  BMin»  eonaa  conMaaabbé 
que  emame  auteur  d'un  écrit  intéressant  sur 
rhistoire  de  son  monastère ,  éorit  qu'Aubcrt  Le 
Mira  a  publié  daas  soa  rmeil  iatîtuié  :  Donm- 
tionum  Belgiearum  iibri  duo.  B.  H. 


—  OTHMAJN 


930 


Caltia  Christ.,  L  ▼,  eoL  l7f.  -  ttttt.  lUtér.  de  la 
ftmtteêj  c  vn,  p.  SML 

OTHMAir  (  rbn-Affan),  troisième  khalife  des 
musulmans  après  Mahomet,  né  vers  574,  mort 
en  656.  Il  descendait  directement  d'Abdaîmenaf, 
nu  des  ancêtres  do  prophète,  et  était  cousin  ger- 
main d'Abou-Sofian,  le  grand  adversaire  de  Ma- 
homet. Ohman  adopta  de  bonne  heure  IMsIa- 
misme ,  et  se  montra  un  des  plus  zélés  ashab 
(compagnons  du  prophète).  D  prit  part  à  V hé- 
gire de  622  (fuite  de  La  Mecque  5  Médine),  et 
au  retour  il  devint  un  des  amis  intimes  et  des 
secrétaires  de  Mahomet,  dont  il  épousa  deux 
filles,  Rakiyyafh  et  Om*aI-Kohhoum,  ce  qui  Ta  fait 
surnommer  par  les  Arabes  Dhounn-nouveyn 
(PHomme  des  deux  lumières).  Oflmian  fut  un 
des  six  commissaires  que  le  khalife  Omar,  en 
mourant .  chargea  de  nommer  son  successeur. 
Les  commissakires,  après  une  longue  délibération, 
choisirent  Otliman ,  et  le  désignèrent  pour  kha- 
life à  condition  quît  régnerait  suivant  les  pres- 
criptions du  Coran.  Otliman  en  fit  solennelle- 
ment la  promesse,  et  fut  investi  du  pouvoir  su- 
prême vers  la  fin  de  l'an  23  de  l'hégire  (rlécembre 
644).  Malgré  son  serment  et  sa  piété  sincère ,  U 
ne  fut  pas,  comme  Omar,  le  pur  représentant  du 
prosélytisme  religieux  du  prophète  ;  il  représenta 
plutôt  les  Intérêts  politiques  de  Plslamisme,  et 
ces  hitérêts  dans  sa  pensée  se  liaient  bien  plus 
étroitement  à  la  fimille  et  aux  adhérents  d'Aboa- 
Soflan  qu^à  la  fimilfe  et  aux  fidèles  disciples  de 
Mahomet  Le  premier  acte  d'Othman  fut  d'en- 
voyer un  corps  de  troupes  sous  Al-Mugfieyrah 
Ihn  Shaabah  pour  compléter  la  soumission  de 
fHamaden  (645),  tandis  qu'une  armée  aralie  ex- 
pulsait Jezdegerd  de  fa  Perse  (646/.  Une  autre 
année  réduisit  toute  la  partie  dii  IChorassan  qui 
avait  échappé  aux  premières  invasions  (047).  En 
même  temps  AbdalTah  Itm-Sald  envahit  TAfrique 
orientale /et  après  avoir  défiiit  et  tué  le  patrice 
Gr^oire ,  qui  commandait  les  Grecs,  il  conquit 
presque  toute  cette  région.  Quatre  ans  plus  tard 
(651)  le  même  général  pénétra  en  Nubie,  et  força 
le  souverain  de  cette  contrée  d*imp1orer  la  paix 
et  de  payer  tribut.  Moarwyah,  fib  d'Abou-Sofian, 
Inaugurant  les  excursions  maritimes  des  Arabes, 
dé^sfa  les  fies  de  Cypre  et  de  Rhodes  (648). 
Pendant  que  l'empfre  musulman  s'agrandissait 
ainsi  de  tous  oltés ,  Othman  poursuivait  son  im* 
prudente  réaction  contre  la  politique  des  premiers 
khalifes  et  prodiguait  les  emplois  à  sa  famille  au 
détriment  des  phis  ilhistres  serviteors  d)e  l'islam. 
Il  enleva  le  gouvernement  de  TÉgypte  i  Amrou, 
et  fe  remplaça  par  son  propre  beau  frère  Abdal- 
lah TbD-Said.  Cette  mesure  déplut  également  aux 
Arabes  et  aux  Egyptiens.  Alexandrie  se  rév^ojta, 
et  pour  comprimer  cette  iasurrection  il  lahut 
veadre  la  osafwaaademcnt  h  Amroa.  Deux  des 
fidèles  ashab  de  Bhdiomet,  Saad  Ibn-Abi  Wak- 
kass  et  Abou*Moosa  alshaari,  fhrent  privés  de 
lesrs  emplois,  et  Hakem  Ibn-Aass ,  que  le  pro- 
phète avait  t^amii,  fut  rappelé.  Les  zélés  orasol- 


927 


OTHMAN 


92a 


roans  gémissaient  de  pareils  actes;  ils  s'indi- 
gnaient de  voir  le  cousin  d'Aboa-Sofian  occuper 
en  chaire  la  place  de  Mahomet,  au  lieu  de  s'as- 
seoir deux  degrés  plus  bas,  comme  l'avaient  Tait 
Abou-Bekre  et  Omar;  ils  lui  reprochaient  de 
prodiguer  à  ses  faToris  la  fortune  publique  ;  enfin, 
Us  remarquaient  comme  un  présage  menaçant 
qu'il  avait  perdu  l'anneau  du  prophète.  Le  mé- 
contentement allait  toujours  croissant  :  les  an- 
ciens des  tribus  aral>e8  et  tes  plus  illustres  com- 
pagnons du  prophète  se  rassemblèrent  à  Médine, 
rédigèrent  un  mémoire  où,  après  avoir  énuméré 
leurs  griefs,  au  nombre  de  dix-neuf,  ils  som- 
mèrent le  kliatife  d'y  répondre  d*une  manière  sa- 
tisfaisante ,  sous  peine  de  déposition  immédiate. 
Othman  y  répondit  en  faisant  b&tonner  par  ses 
esclaves  Ammar,  porteur  du, mémoire.  Cet  acte 
fut  le  signal  d'une  révolte  générale.  Othman,  as- 
siégé dans  son  palais,  promit  tout  ce  que  les  in- 
surgés exigèrent  de  lui ,  et  grftce  à  l'intervention 
d'Ali,  le  plus  pur  représentant  de  Tislamisme,  il 
obtint  le  rélablissement  de  Tordre.  Mais  la  tran- 
quillité fut  de  courte  durée.  Ayescha,  veuve  du 
prophète,  détestait  Othman  et  soutenait  les  pré- 
tentions de  Talhah  au  rang  de  khalife.  Cette 
femme  ambitieuse  et  jouissant  d'une  grande  au- 
torité sur  les  tribus  arabes  disposa  les  esprits  à 
une  nouvelle  révolte;  elle  trouva  ensuite  un  chef 
aux  mécontents;  ce  fut  Mohammed,  fils  du  kha- 
life Abou-Bekre  Merwan  Ibn-Hakem,  secrétaire 
d'Othinan,  gagné  par  Ayescha.  OUiman  envoyaau 
gouTemeur  de  l'Egypte  l'ordre  de  faire  périr  Mo- 
hammed ,  qui  résidait  à  Alexandrie.  Cet  ordre, 
communiqué  au  fils  d' Abou-Bekre,  le  remplit  de 
fureur;  il  rassembla  une  troupe  de  mécontents, 
et  marcha  sur  Médine,  où  il  entra  sans  résistance. 
Othman  invoqua  de  nouveau  l'assistance  d'Ali; 
mais  le  pieux  musulman,  quoique  ennemi  d'Ay  ca- 
cha et  de  Mohammed,  élait  mécontent  d'Othman, 
et  l'abandonna  à  son  sort.  Le  khalife,  délaissé  de 
tous,  plaça  le  Coran  sur  sa  poitrine,  et  attendit  la 
mort  avec  calme.  Mohammed,  le  saisissant  par 
la  barbe,  lui  porta  le  premier  coup;  et  ses  com- 
plices l'achevèrent.  Son  corps,  livré  pendant  trois 
jours  aux  outrages  du  peuple,  fut  ensuite  jeté  dans 
un  trou.  Ainsi  périt,  à  l'âge  de  quatre-vingt  deux 
ans  (quelques  historiens  disent  quatre- vingt^^lix 
et  même  quatre-vingt-quinze),  le  troisième  kha- 
life. L'islamisme  sembla  triompher  par  la  mort 
d'Othroan,  et  Ali  tut  proclamé  khalife  ;  mais  cette 
élection  ne  fut  pas  acceptée  par  les  provinces; 
Moawiah,  montrant  à  ses  soldats  la  robe  sanglante 
d'Othman,  suspendue  dans  la  mosquée  de  Damas, 
éleva  centre  la  dynastie  orthodoxe  de  Médine  la 
dynastie,  bientôt  triomphante,  des  Ommaîades 

(  voy.  Ali  et  Moawtah  ).  L.  J. 

Aboalféda,  ^nnalet  MoêUmleL  -  AbooUaradge.  HUt, 
DtnatU.  trxl.  par  Pococke.  -  Oekiey,  MUt.  0/  thê 
Saraeen».  —  Priée,  B0trùip9tt  ef  Mohetmmedan  Atofory, 
1.  -  CaoaUn  de  Pererval,  £sMi  sur  f  A.jt.  tfM  jérabeg, 

OTBMABi  I",  surnommé  Al  Ghasi  (le  Con- 
quérant), fondateur  de  la  dynastie  qui  règne 
encore  à  Constanllnople,  né  à  Soukout,  en  Bi- 


thynie,  l'an  de  l'hégire  667  (  1259  de  Tèra  chré- 
tienne), mort  eo  1326.  Les  historiens  tores  cl 
les  Arabes  ne  s'accordent  pas  sur  ses  ancêtres 
et  son  origine;  mais,  suivant  l'opinion  la  plus 
accréditée,  il  était  fils  d'Ortliogrul,  chef  tureo- 
man  ou  oguzien  qui  était  entré  au  serTÎce  da 
sultan  d'Iconium.  Aladdin  Caycobad  a'étabUt 
avec  sa  tribu  à  Sourgout  sur  les  bords  du  San- 
gar.  OrtbogruI  (1)  rendit  d'importants  serVioes 
à  Aladdin  et  à  ses  successeurs,  dans  leurs 
guerres  contre  les  Tartares  et  les  Grecs.  Il  laissa 
en  mourant  (1280)  le  commandement  de  a 
horde  à  Othman.  Après  la  mort  de  Masoad  U, 
le  dernier  des  Seidjoukides ,  ses  États  forent 
partagés  entre  ses  généraux,  et  une  partie  de  la 
province  de  Bithynie  revînt  à  Othman,  qnî  se 
trouva  maître  d'un  petit  territoire.  Sa  premièn: 
campagne  fut  dirigée  contre  les  Grecs.  £a 
juillet  1299  il  força  les  passages,  mal  défendus» 
de  l'Olympe,  envahit  le  territoire  de  Nioée,  qu'il 
occupa  tout  entier,  t\ceçié  la  ville  même,  qui  se 
tomba  en  son  pouvoir  qu'en  1304.  En  1307  il 
soumit  la  province  de  Marmara.  A  roesore  qœ 
sa  bande  s'augmenta  par  l'adjonction  de  Tok»- 
taires  et  de  prisonniers  de  guerre,  il  étendit  le 
rayon  de  ses  excursions  et  s'établit  dans  certains 
points  fortifiés.  A  la  fin  de  son  règne,  il  étaft 
maître  de  toute  la  Bithynie.  Quelques  jours  avant 
sa  mort  il  apprit  que  son  fils  Orkhan  s'était  em- 
paré de  Prusa  (Brousse  ).  Othman  tint  sa  coor 
à  Kara-Hissar,  et  frappa  de  la  monnaie  k  soi 
nom  ;  mais  il  ne  prit  jamais  le  titre  de  sultan. 
C'est  d'Othman  ou  Osman  qoe  dérivent  les  noms 
d'0/Aomanj  et  à*Osmanliê.  Z. 

Abouiféda,  Annales  Mo$lem„  toI.  V.  -  De  OolfBe, 
Histoire  det  Hun»,  —  De  Hanmer,  Jt«lM  tom  Mùuttm- 
tinopet  noek  dem  Olpmpos  f  CêacMekU  et»  OnMDri- 
uhen  ReieMi.  -  iraoasoB,  Tableau  de  rSmfln  Olko- 
man. 

OTBMAH  II,  sultan  ottoman ,  né  le  4  no- 
vembre 1604,  assassiné,  le  20  mai  1622,  àCons- 
tantinople.  II  était  l'alné  des  sept  fils  d'Ah- 
med I*'.  A  l'âge  de  treize  ans  il  fut  tiré  da  sé- 
rail et  présenté  aux  troupes  comme  souverain 
après  la  déposition  de  son  oncle  Mustapha  V 
(26  février  1618).  Les  premiers  événements 
de  son  règne,  si  court,  furent  l'envoi  d'one  ambas- 
sade à  Louis  XIIT,  la  guerre  contre  la  Perse  et 
la  destruction  des  repaires  des  Cosaques. 
Malgré  son  humeur  belliqueuse  et  son  adresse 
dans  les  exercices  militaires,  les  soldats  ne  l'ai- 
maient IMS,  à  cause  de  son  avarice;  il  s'était 
aussi  aliéné  les  ulémas  par  diverses  restrictions 
de  leurs  privilèges.  L'idée  dominante  d*Otbman 
était  de  châtier  la  Pologne.  Au  printemps  de 
1621  il  traversa  le  Danube  k  la  tète  d'one  année 
nombreuse,  et  mit  le  siège  devant  Ctioc»m; 
après  avoir  donné  six  assauts ,  qui  coAlèrent  la 

(1)  SoltaaD.  père  d'Onbocral,  qnttta  eea  atepK»  ■>- 
laie*  dans  le  Mawarelnabr,  au  del*  de  rOtva.  paan  daaa 
le  Kboraitan  A  l'époque  de  l'mTaaIos  de  Oengbti-Ilias 
(  itis-ltif  ),  et  t'éUbllt  à  Kelatk  dans  r Arménie.  Aprteia 
mort  deSoUman,  qui  ae  BOja  dans  rBapbnle»iMi  ttOr- 
thogim  lui  aooeéda. 


929 


OTHMAN  —  OTHON 


93a 


Tie  à  plus  de  cinqnaote  mille  hommes,  il  fut 
obligé  de  baflre  en  retraite,  et,  dans  soc  mé- 
contentement, il  ne  prit  aucun  soin  de  cacher 
le  mépris  que  lui  inspiraient  les  janissaires  ainsi 
que  le  dessein  de  les  remplacer  par  la  milice 
d'É^pte  pour  la  garde  de  sa  personne.  En- 
couragé par  son  précepteur,  Omar-EfTendi,  au- 
quel ri  accordait  une  confiance  aveugle,  il  ré- 
solut d'exécuter  ses  funestes  projets  durant  son 
pèlerinage  à  La  Mekke.  La  Teille  du  jour  de  son 
départ,  la  révolte  éclata  (  18  mai  1622)  :  les 
janissaires,  ivres  de  foreur,  pillèrent  le  sérail, 
s'emparèrent  du  sultan  et  le  traînèrent  aux  ca- 
sernes en  l'abreuvant  d*humiliations  ;  trois  fois 
on  tenta,  sans  y  réussir,  de  Tétranglcr.  On  ren- 
ferma dans  le  château  des  Sept-Tours  ;  le  grand 
vizir  Daoud -Pacha  et  trois  ofliciers  commen- 
cèrent alors  leur  office  de  bourreau.  Oth- 
man,  jeune  et  vigoureux,  se  défendit  longtemps 
contre  les  quatre  assaillants  ;  enfin,  Tun  d'eux 
lui  passa  le  lacet  autour  du  cou  ;  un  autre  lui 
écrasa  les  parties  sexuelles  avec  les  mains,  et 
un  troisième  lui  coupa  une  oreille.  Ainsi  fut  ac- 
compli le  premier  meurtre  de  souverain  qui  ait 
souillé  l'histoire  de  TEmpire  Ottoman.  K. 
Hammer.  Htst.  de  VBmpire  OUowum. 

eTHMAR  m,  sultan  ottoman,  né  en  1696, 
mort  le  30  octobre  1757,  à  Ck)nstantinople.  Fils 
de  Mustapha  II,  il  succéda  à  son  frère  aîné, 
Mahmoud  I*'  (22  décembre  1764).  Une  trop 
longue  réclusion  dans  le  harem  avait  aigri  son 
caractère  ;  il  était  indécis,  ombrageux ,  d'une 
humeur  sombre  et  emportée.  Aucun  événement 
marquant  n'illustra  son  court  règne.  Changeant 
sans  cesse  de  visir  et  de  kaimakan,  il  ne  s'oc- 
cupa des  affaires  que  pour  rendre  des  règlements 
somptuaires.  11  mourut  subitement,  peu  de 
temps  après  le  jeune  prince  Mohammed,  qu'il 
avait  fait  empoisonner.  Mustapha  111  lui  succéda. 

K. 

Hammer,  HUtMrê  Oê  l'Empire  OUomaà, 

OTHO  (  Georges  ),  hébraïsant  allemand,  né 
en  1634,  à  Sattenliausen,  village  près  de  Cas- 
se!, et  mort  à  Marbourg,  le  28  mai  1713. 11  fut 
professeur  et  bibliothécaire  de  l'université  de 
MarkMorg.  Outre  une  cinquantaine  de  discours 
académiques  et  de  dissertations  latines  sur  di- 
vers points  de  philosophie  et  d^exégèse  biblique, 
on  a  de  lui  :  Oratio  funebris  in  obitum  Justi 
Jungmannii  ;  Cassai,  1668,  in-4'*;— />e  accen- 
tuaiione  textus  hebraid;  Marbourg,  1 668,  in-4*; 
—  De  moniibtis  i^mt'omé^  ;  Marbourg,  1698, 
in-4°;  —  Synopsis  inslitutionum  samarita' 
narunif  rabbinicarum,  arabicarum^  «thiopi' 
carum  et  persicarum^  ex  optimis  autoribtu 
excerpta;  Francfort,  1701,  in-8o.Otho  a  adopté 
dans  ses  diverses  grammaires  le  plan  et  le  système 
de  Jacques  Alting  ;  aussi  cet  ouvrage  est-il  regardé 
comme  une  suite  des  travaux  de  grammaire  de 
ce  dernier,  et  il  a  été  réimprimé  en  1717  et  en 
1730  avec  les  deux  ouvrages  réunis  de  ce  sa- 
vant hébraisant;  —  Fundamenla  punctua- 

KOUV.  BIOGR.  cÉnÉa.  ^  T.  xxxvuu 


tionis  lingux  sandre  et  Institutiones  chald, 
et  syr,  ;  —  Palxstra  Unguarum  orienta' 
lium;  Francfort,  1702,  in-4"  :  ouvrage  destiné  par 
Tauteur  à  faciliter  l'étude  comparée  des  langues 
orientales.  II  contient  les  quatre  premiers  cha- 
pitres de  la  Genèse,  ^a'ns  le  texte  hébreu,  ac* 
compagne  de  la  version  latine  d'Arius  Hon- 
tanns,  dans  les  Targums  d'Onkelos,  de  Jona- 
than et  de  Jérusalem,  et  dans  les  traductions 
syriaque,  samaritaine,  arabe,  éthiopienne  et  per- 
sane, chacune  avec  sa  traduction  latine  lit- 
térale. On  y  trouve  encore  toute  la  partie  de 
la  masore,  autant  U  petite  que  la  grande,  sur 
les  quatre  chapitres,  ainsi  que  les  Pérouschim 
(Commentaires)  de  R.  Saloroon,  Aben  Ezra,  etc., 
sur  ces  mèines  chapitres.  Le  tout  est  précédé 
d'un  modèle  d'analyse  grammaticale  sur  cha- 
cune de  ces  langues  et  suivi  de  leurs  glossaires , 
au  nombre  de  huit,  pour  tous  les  mots  qui  se 
présentent  dans  ces  quatre  chapitres  ;  —  Virga 
Aharonis  'polyglottos  ;  Marbourg,  1 692,  io-4^ , 
spécimen  dans  le  gepre  du  précédent ,  mais 
beaucoup  plus  détaillé.  Il  est  moins  étendu  ce- 
pendant ;  car  il  n'embrasse  que  les  onze  pre- 
miers versets  du  chapitre  XVII  des  Nombres. 
->  On  a  une  lettre  d'Othon  dans  le  Thésaurus 
épis  toi.  de  Lacroze,  1. 1,  p.  31 1.         M.  N. 

Supplén.  à  Jôcber.  ÂUg.  Gel.^Lex, 

OTHON  {M,-Salvius),  empereur  romain,  né  en 
32  après  J.-C,  mort  le  15  avril  69.  Il  descendait 
d'une  ancienne  famille  de  Ferentinum  en  Étnjrie. 
Son  grand-père  M. -S.  Othon  fils  d'un  simple  che- 
valier romain,  et  d'une  femme  de  basse  naissance, 
devint  sénateur  et  préteur  par  la  protection  de 
l'impératrice  Livie.  Son  père,  L.-Salvius  Othon, 
vécut  dans  l'intime  faveur  de  Tibère  et  de 
Claude,  fut  consul  substitué  en  33  et  proconsul 
en  Afrique.  M. -S.  Othon  était  le  plus  jeune  des 
deux  fils  de  L.-S.  Othon.  Il  eut  une  enfance 
turbulente,  une  jeunesse  prodigue  et  déréglée. 
Suétone,  qui  aime  les  détails  les  plus  minu- 
tieux, rapporte  que  le  futur  empereur  reçut  sou- 
vent le  fouet,'  qu'il  aimait  à  courir  les  rues 
pendant  la  nuit,  et  que  quand  il  rencontrait  des 
hommes  faibles  ou  ivres,  il  les  mettait  sur  un 
manteau  et  les  bernait.  Il  s'insinua  auprès  de 
quelques  affranchis  qui  formaient  la  société 
particulière  de  Néron.  Le  jeune  prince,  qui  n'a- 
vait pas  encore  l'audace  de  ses  vices,  fut  charmé 
de  ce  gai  et  hardi  compagnon  de  plaisirs;  il 
s'habitua  bientôt  à  le  consulter  sur  les  affaires 
les  plas  graves  et  sur  les  crimes  les  plus  odieux. 
Othon  fut  initié  au  projet  de  la  mort  d'Agrip- 
pine,  et  le  jour  marqué  pour  le  parricide  il 
donna,  afin  d'écarter  les  soupçons ,  un  somp- 
tueux dhier  au  fils  et  à  U  mère.  Une  singu- 
lière intrigue  mit  fin  à  ia  faveur  d'Othon,  et 
faillit  amener  sa  perte.  U  avait  reçu  dans  sa 
maison,  dit  Suétone,  et  feint  d'épouser  Poppée 
(  Poppea  Sabina  ),  que  Néron  avait  enlevée  à 
son  mari,  et  dont  il  avait  fait  sa  maîtresse  en 
attendant  qu'il  en  fit  sa  femme.  Othon  se  laissa 

80 


d.'tt 


OÏHON 


M? 


séduire  par  la  beauté  de  Poppée,  et,  bradant  le 
danger,  il  ne  craignit  pas  de  devenir  le  rÎTa),  et 
le  rivai  jaloux ,  de  Néron.  H  usa  des  droits  que 
lui  donnait  son  prétendu  mariage,  et  ferma  la 
porte  à  Tempereur  (1).  Celot-d  prit  le  procédé 
d'Othon  plus  doucement  qu'on  ne  Taurail  at- 
tendu d'un  tyran  ;  il  se  contenta  de  faire  casser 
l'union  de  Poppée  et  d'Othon,  et  envoya  le  mari 
trop  peu  complaisant  gouverner  la  Lusitanie.  On 
plaisanta  sur  cette  disgrâce  honorifique  qui  relé- 
guait un  des  plus  élégants  débauchés  de  Rome 
aux  bords  de  Tocéan  Atlantique,  et  on  fit  courir 
ce  distique  :  <«  Vous  therchez  pourquoi  Othon 
est  exilé  sous  le  faux  prétexte  d'un  emploi  : 
c'est  qu'il  commençait  à  être  Tamant  de  sa 
femme  (2).  » 

Othon  administra  avec  le  titre  de  questeur  la 
Lusitanie  peadant  dix  ans,  de  58  à  6S,  et  se 
conduisît  avec  une  modération,  un  désmtéresse- 
ment  qui  étonnèrent  beaucoup.  Mais  tout  en 
faisant  son  devoir  de  son  mieux,  il  s'ennuyait 
dans  son  gouvernement,  et  attendait  avec  im- 
patience un  rappel  qu'il  n'espérait  pas  du  vi- 
vant de  Néron.  Aussi  fut-il  le  premier  à  se  dé- 
clarer pour  l'entreprise  de  Galba,  qu'il  accom- 
pagna à  Rome.  Il  espérait  que  ses  services 
seraient  récompensés  d'une  manière  éclatante  et 
que  le  nouveau  prince  le  désignerait  pcmr  son 
successeur.  II  ne  négligeait  rien  pour  se  faire 
des  partisans  parmi  les  soldats.  Toutes  les  fois 
qu'il  recevait  Galba  à  souper,  il  douiait  une 
pièce  d'or  à  chacun  des  hommes  de  la  cohorte 
de  garde.  Il  variait  à  l'infini  ses  moyens  de  sé- 
duction. Ainsi  un  soldat  l'ayant  choisi  pour  ar- 
bitre dans  une  contestation  qu*il  avait  arec  un 
voisin  pour  les  limites  d'au  champ,  Othon 
acheta  le  terrain  en  litige,  et  le  donna  au  soldat. 
De  pareils  moyens  gagnèrent  facilement  le  cœur 
des  prétoriens,  qui  disaient  tout  haut  qu'un  ci- 
toyen si  libéral  était  seul  digne  de  succéder  à 
Tempire.  Galba  ne  le  pensa  pas,  et  sans  tenir 
compte  du  sentiment  des  soldats,  il  adopta  L. 
Pison,  le  10  janvier  69,  et  le  désigna  pour  son 
successeur.  Othon,  déçu  dans  son  espoir,  se 
trouva  daas  une  position  très-dangereuse,  et 
n'eut  pour  ainsi  dire  ptais  de  ressource  que 
dans  un  coup  désespéré.  D'un  côté  il  avait  paru 
si  près  du  pouvoir  suprême,  qu'il  ne  pouvait  phis 
vivre  avec  sécurité  dans  une  condition  privée; 
d'un  autre  côté,  sa  fortune  était  toute  dépensée, 
et,  comme  il  le  disait,  il  ne  pouvait  pkis  exister 
à  moins  d'être  empereur,  et  il  aimait  autant 
succomber  dans  un  combat  que  d'être  au  forum 
la  proie  de  ses  créanciers.  Ses  affiraschis ,  ses 
esclaves  de  confiance  connaissaiei^t  ses  sen- 
timents, et  l'excitaient  è  fout  tenter;  un  astro- 
logue, attaché  à  sa  personne  et  qui  dès  long- 
temps lui  avait  prédit  l'empire,  lui  promettait 

(1)  Le  récit  de  Tacite  dlflàre  beaacoup  de  celai  de 
Soétone  |  poy.  Poppée  ). 

(1)  Car  Otbo  mentlto  sit,  quxrltis,  exsul  honore  ? 
Diorb  iDoediut  ceeperat  este  su». 


un  prompt  succès.  Enfin   d'anciennes    créa- 
tures de  Néron  s'agitaient  en  sa  faveur  et  aclie> 
valent  d'ébranler  la  fidélité  des  troupes.   Ces 
menées  s'accomplissaient    presque   aa    gnud 
jour,  sans  que  le  prélet  de  la  ville,  l'incapable 
Lacon,  y  mit  obstacle  ou  s'en  aperçût.  CeiieDdant 
la  conspiration  en  traînant  en  longueur  ne  pouvait 
manquer  d'être  découverte  ;  de  plus,  les  légions  de 
Germanie  se  prononçaientcontre  Galba,  et  Othon, 
s'il  ne  se  hAtait,  coorait  risque  d'êtce  devancé  dan» 
ses  projets  d'usurpation.  11  prit  son  parti  bardi- 
ment.  Il  se  fit  amener  par  Onomaste,  son  affran- 
chi, deux  prétoriens  d'un  grade  suhalterae,  Bar- 
bius  Proculuset  Véturiu8(l),  leurremit  loot  Vas^ 
gent  qu'il  avait  pu  réunir,  et  les  chargea  de  le 
distribuer  panoi  leurs  camarades.  «  Deux  soAdats 
i  manipulares  ) ,  dit  Tacite  avec  une  ironie 
amère,  entreprirent  de  transférer  l'empire  et  le 
tranféi^eot.  »  Us  ne  révélèrent  tout  le  projet 
qu'aux  soldats  les  plus  résolus  ;  mais  ils  inquié- 
tèrent les  autres,  leur  firent  craindre  la  dissoio- 
tion  de  la  garde  prétorienne,  et  les  disposerait 
à  &voriser  un  changement  La  contagion  gigaa 
aussi  les  légions  et  les  auxiliaires,  d^à  ébtmk^ 
par  la  nouvelle  de  la  défection  de  Tarmée  de 
Germanie.  La  conspiration  s'organisa  si  Tile  que 
tout  était  prêt  pour  la  révolte,  le  14  janvief. 
Othon  aurait  été  proclamé  le  soir  même,  an 
sortir  de  souper,  à  ses  complices  n^avaiest 
cramt  que  la  nuit  n'occasionn&t  de  Ûciiett.<es 
méprises  et  peut-être  dès  rencontres  sanglaote» 
entre  des  soldats  de  corps  dilTèrents.  On  remit 
donc  l'exécution  du  complot  au  lendemain.  Ct 
retard  aurait  été  funeste  aux  conjurés,  si  Laeon, 
qui  se  croyait  sûr  des  soldats  et  qui  ne  voe- 
lait  pas  que  personne  parût  mieux  instruit^ 
lui,  n'eût  opposé  une  dédaigneuse  incréduMé 
aux  avis  qui  parvinrent  k  Galba.  Le  lendemain, 
dans  la  matinée,  Othon,  pour  écarter  les  smip- 
çons,  alla  comme  à  l'ordinaire  faire  sa  cour  à 
l'empereur,    et  assista  au  sacrifice  ofiért  par 
Galba.  Les  présages  parurent  funestes  à  l'iùn- 
pereur,  et  le  prétendant  en  tira  un  prooostie  ft- 
vorable.  Au  milieu  de  la  cérémonie,  Onomaste 
vint  l'avertir  que   son   architecte   ratlendaii; 
c'était  le  signal  convenu  pour  annoncer  que  les 
soldais  étaient  prêts.   Aussitôt,  sons  priétexte 
d'aller  visiter  une   maison  à  vendre,  Othon 
quitte  le  palais,  et  appuyé  sur  son  afTianchi,  il 
se  rend  aa  Velabre  et  de  là  au  Milliaire  d'or 
vis4-vis  du  palais  de  Saturne.  Là  il  ne  tieuve 
que  vingt-trois  soldats,  qui  le  saluent  du  titre 
d'empereur.  Étonné  de  ce  petit  nombre,  1  hé 
site;  mais  les  soldats  le  mettent  dans  une  li- 
tière, l'enlèvent  et  se  dirigent  vers  le  camp  des 
prétoriens.  Ils  recrutent  en  route  une  vingtaine 
de  camarades,  et  pénétrent  dans  le  camp  sans 
que  le  tribun  de  service,  Jalius  Martialis,  étonné 
on  peut-^tre  complice,  prenne  aucune  mesose. 

(1^  Precttlos  éUU  Ussêrarimt^  et  Veturtof  a/UiK  i^^ 
gradei  qui  correspondiient  à  peu  prêt  S  fooitler  et* 

icrgent. 


933 


OTHON 


0C4 


Le  mouveroeDt  s^étendit  ra(Hdeinent  parmi  les 
soldats,  gagna  les  officiers  et  envahit  tout  le 
camp.  L'audace  de  quelques  soldats,  appuyée  sur 
la  complicité  tacite  d'un  grand  non>bre,  en- 
traîna tout.  Galba  et  Pison,  prorapt emeat  aver- 
tis, tâchèrent  de  s*as«urer  des  autres  troupes 
présentes  à  Rome,  qui  parurent  indifférentes  ou 
mal  disposées.  Les  soldats  de  marine,  qui 
avaient  eu  à  se  plaindre  de  GaU>a,  se  mon- 
trèrent ouvertement  hostiles,  et  allèrent  se 
joindre  aux  prétoriens.  Le  camp  offrait  en  ce 
moment  un  singulier  spectacle.  Lea  soldats 
avaient  placé  Othon  sur  Testrade  od  peu  aupa- 
ravant était  la  statue  d*or  de  Galba;  ilâ  en 
avaient  écarté  les  tribuns  et  les  centurion.s,  et  ils 
Tenaient  les  uns  après  les  antres  prêter  serment 
à  OthoD.  «  Lui ,  de  son  cdté,  dit  Tacite,  leur 
tendait  les  mains,  s'inclinait  devant  eux ,  leur 
envoyait  des  baisers,  et  se  conduisait  en'  es- 
clave pour  devenir  le  maître  {omniaserviliUr 
pro  dominatione  ).  »  L'arrivée  des  soldats  de 
marine  enhardit  Othon,  qui  harangua  les  troupes 
et  donna  l'ordre  de  marcher  sur  le  forum.  Galba 
n'avaitpourluiquelesvœuxd'unefottledésarmée; 
il  fut  massacré.  Ses  ministres  et  Pison  périrent 
avec  lui.  Tandis  que  les  soldats,  vainqueurs  sans 
combat,  promenaient  au  bout  de  piques  les  têtes 
des  victimes,  et  distribuaient  dans  une  élection 
tumultueuse  les  grandes  cluirges  de  l'État,  Othon 
allait  faire  reconnaître  ton  autorité  par  le  sénat. 
Il  excusa  en  peu  de  mots  la  révolution  qui  ve- 
nait de  s'accomplir,  et  déclara  que  l'armée  l'a- 
Tait  porté  malgré  lai  an  pouvoir  suprême; 
mais  qu'il  gouvernerait  suivant  la  volonté  gé* 
nérale  (  communi  omnium  arlntrio).  Les  sé- 
nateurs n'avaient  pas  besoin  d'entendre  sa  jus- 
tification et  «es  promesses  :  il  leur  suffisait  qu'il 
fût  le  plus  fort.  Ils  lui  décrétèrent  la  puissance 
tribunitienne ,  le  nom  d'Auguste  et  tous  les 
honneurs  attachés  ftk  principat,  et  s'efforcèrent 
de  lui  faire  oublier  par  leurs  adulations  les  in- 
sultes dont  ils  l'avaientl  accablé,  en  son  absence 
et  tant  que'le  succès  de  son  entreprise  avait  para 
douteux.  Othon  dédaigna  ces  injures  on  remit 
sa  vengeance  à  un  autre  temps;  il  ne  se  sonda 
pas  non  plus  d'adulations  dont  il  savait  le  prix, 
et  rentra  au  palais  après  une  courte  séance.  Sur 
son  chemin,  il  fut  acclamé  par  le  peuple,  et 
quelques  voix  de  la  foule  le  saluèrent  du  nom 
de  Néron.  11  ne  parut  pas  mécontent  de  ce  titre, 
qui  le  rattachait  à  la  grande  famille  impériale 
des  Juin,  des  Claudii;  cependant,  dans  ses 
actes,  il  fut  loin  de  se  montrer  l'imitateur  d'un 
princt  qui  avait  laissé  une  mémoire  odieuse.  Il 
ordonna  même  de  mettre  à  mort  Tigellinus,  ce 
détestable  ministre  de  Néron,  qui  avait  trouvé 
grâce  devant  Galba. 

Othon,  devenu  empereur  par  une  émeute  de 
prétoriens,  rencontra  des  obstacles  qu'un  prince 
même  plus  énergique  aurait  dinicileraent  sur- 
montés. Le  peuple  était  généralement  indifférent; 
le  sénat,  humilié,  cachait  son  hostilité  sous  une 


basse  obséquosité;  il  était  douteux  que  les  armées 
qui  avaient  juré  fidélité  à  Galba  reconnurent 
son  meurtrier,  et  il  était  certain  que  les  années 
de  Geri«anie',dé|à  révoltées  contre  Galba,  ne  ren- 
treraient pas  dans  l'ordre  à  la  nouvelle  de  sa  mort. 
Othon  n'avait  pour  lui  que  deux  avantages,  la 
possession  de  Rome  et  de  l'Italie  et  le  dévoue- 
ment des  soldats.  Les  pcétoriens  et  les  troupes 
de  marine,  qui  l'avaient  fait  empereur,  étaient 
bien  décidés  à  défendre  leur  ouvrage  contre  la 
violenoe  et  la  trahison.  Non  contents  d'avoir 
choisi  eux-mêmes  les  deux  préfets  du  prétoire, 
Plotius  Firmus  et  Licinius  Proculus,  et  le  préfet 
de  la  ville,  Sabinus,  frère  de  Vespasien,  ils  étalent 
ponssiés  par  leur  zèle  ombrageux  à  intervenir 
dans  les  actes  du  gouvernement ,  sous  prétexte 
de  protéger  l'empereur  contre  la  malveillance  dn 
sénat.  Les  armées  proTinciales  accueillirent  la 
nouvelle  de  l'avènement  d'Othon  mieux  qu'on 
ne.  s'y  attendait.  Lucius  Âlbinus,  gouverneur  de 
Mauritanie,  Carttiage  et  le  reste  de  l'Afrique  le 
reconnurent.  Les  légions  de  Dalmatie,  de  Panr 
nonie  et  de  Mésie  prêtèrent  le  serment  de  lidé- 
lilé.  Enfin  deux  compétiteurs  redoutables,  Mucien 
en  Syrie  et  Vespasien  en  Palestine,  acceptèrent, 
mais  avec  une  arrière-pensée  menaçante,  l'cruvre 
des  prétoriens.  Seules  les  légions  de  Germanie  per- 
sistèrent dans  leur  mouvement ,  et  sans  s'arrê- 
ter à  la  nouvelle  du  meurtre  de  Galba,  elles 
s'avancèrent  sur  les  Alpes  en  deux  grandes 
divisions,  commandées  par  Cecina  et  Valens  et 
fortes  de  soixante-dix  mille  hommes.  Vitellius 
suivait  avec  une  puissante  réserve  {voy,  Vitel- 
lius). Otlmn,  n'ayant  pas  de  forces  suffisantes 
pour  défendre  les  passages  des  AJpes,  ne  fit  rien 
pour  fermer  aux  légions  de  Germanie  l'entrée 
de  l'Italie.  Organisant  en  toute  liâte  les  res- 
sources, assez  nombreuses,  qui  lui  restaient,  il 
montra  une  énergie  qu'on  n'attendait  pas  d'un 
volupteux  et  une  clémence  qui  parut  incroyable 
chez  un  ami  de  Néron.  Sa  tionté  ne  gagna  pas 
le  cœur  des  sénateurs,  qui  craignaient  que  sa 
conduite,  commandée  par  la  politique,  ne  cachet 
les  yices  et  la  cruauté  do  dernier  césar.  Othon 
afifectait  de  ne  pas  s'apercevoir  de  ces  mau- 
vais sentiments;  mais  les  soldats  s'en  aper- 
cevaient et  en  étaient  Tiolemment  irrités.  Un 
soir,  un  tribun  des  prétoriens  ayant  fait  enlever 
du  dépOt  du  camp  les  armes  nécessaires  pour 
une  oohorte  arrivée  d'Ostie,  les  soldats  accu- 
sèrent leurs  tribuns  et  leurs  centurions  de 
trahison,  et  prétendirent  qu'on  voulait  armer  les 
esclaves  des  sénateurs  pour  assassiner  Othon. 
Remplis  de  fnreur  à  cette  idée,  ils  tuèrent  un 
tribun  et  des  centurions  qui  essayaient  de  les 
retenir,  et  se  précipitèrent  vers  le  palais.  Othon 
donnait  à  ce  moment  un  repas  aux  premières 
personnes  de  Rome ,  hommes  et  femmes.  Les 
convives  en  entendant  le  tumulte  s'imaginèrent 
que  l'empereur  les  avait  fait  rassembler  pour  les 
faire  égorger.  La  crainte  qu'il  montrait  lui-même 
ne  les  rassurait  pas.  Plus  inquiet  de  la  sûreté  du 

30. 


935 


OTHON 


936 


séoat  que  de  la  sienne  propre,  Othon  envoya  les 
préfets  du  prétoire  au-devant  des  soldats  et  fit 
sortir  promptement  tous  les  conviTes.  Tandis  que 
ces  grands  personnages ,  ces  femmes ,  ces  vieil- 
lards couraient  péle-méle  dans  les  ténèbres,  que 
les  magistrats  jetaient  les  marques  de  leur  di- 
gnité, que  très-peu  osaient  rentrer  chez  eux, 
que  les  autres  allaient  se  cacher  chez  quelque 
client  ignoré,  les  soldats  forçaient  les  portes  du 
palais,  et  ne  sachant  à  qui  s*en  prendre,  mena- 
çaient tous  ceux  qu'ils  rencontraient  et  particu- 
lièrement leurs  officiers.  A  force  de  prières  et  de 
larmes  Othon  obtint  quils  rentrassent  au  camp. 
Le  lendemain  Rome  avait  l'aspect  d'une  ville 
prise  d'assaut.  Les  maisons  étaient  fermées,  les 
rues  désertes,  les  soldats  sombres  et  menaçants. 
Pour  mettre  fin  à  cet  état  de  choses,  qui  pou- 
vait amener  le  pillage  de  Kome  et  le  mas- 
sacre d'une  partie  de  la  noblesse,  Othon  ordonna 
de  distribuer  cinq  mille  sesterces  à  chaque  sol- 
dat. Comptant  ensuite  sur  le  bon  effet  de  cette 
libéralité,  il  se  rendit  au  camp,  et  réprimanda 
doucement  les  prétoriens  de  leur  excès  de  z^e. 
n  leur  représenta  combien  il  était  important  de 
respecter  le  sénat,  dont  la  présence  au  milieu  d'eux 
était  le  plus  sûr  appui  de  leur  cause.  «  Qu'au- 
cune armée,  dit-il,  n'entende  vos  clameurs  contre 
le  sénat  !  Demander  le  supplice  de  ce  sénat,  la 
tftte  de  l'empire,  l'honneur  des  provinces,  les 
Germains  même,  que  Viteliius  précipite  contre 
nous,  ne  l'oseraient  pas;  et  vous,  que  l'Italie  a 
nourris,  vous,  les  véritables  enfants  de  Rome, 
vous  dévoueriez  au  massacre  un  ordre  dont  la 
splendeur  et  la  gloire  rejaillissent  sur  nous  et 
font  ressortir  l'obscurité  et  la  bassesse  do  parti 
de  Viteliius.  Viteltius  a  occupé  quelques  nations ,  il 
aune  sorte  d'armée;  mais  le  sénat  est  avec  nous. 
C'est  ce  qui  fait  que  nous  sommes  la  république, 
tandis  qu'ils  sont  les  ennemis  de  la  république. 
£h  quoi!  croyez-vous  que  des  maisons,  des 
toits ,  un  tas  de  pierre  constituent  cette  très- 
belle  cité?  Ce  sont  là  des  choses  muettes  et  ina- 
nimées, qui  peuvent  Indifféremment  être  dé- 
truites et  se  réparer;  l'éternité  de  Rome,  la  paix 
des  nations ,  mon  salut  et  le  vôtre  reposent  sur 
l'existence  du  sénat.  Ce  sénat,  institué  par  le 
père  sacré  et  le  fondateur  de  notre  ville,  main- 
tenu depuis  les  rois  jusqu'aux  princes,  toujours 
indestructible  et  immortel,  transmettons-le  à 
nos  descendants  tel  que  nous  l'avons  reçu  de 
nos  ancêtres; car  de  vous  proviennent  les  séna- 
teurs ,  des  sénateurs  proviennent  les  princes.  » 
Ces  généreuses  paroles,  précédées  d'une  ample 
distribution  d'argent,  eurent  l'effet  qu'on  en 
pouvait  attendre.  Les  soldats  témoignèrent  le 
plus  grand  repentir,  et  demandèrent  le  châtiment 
des  factieux  qui  les  avaient  égarés.  Othon  se 
contenta  de  punir  deux  coupables.  Les  soldats 
admirèrent  sa  clémence;  le  sénat  et  le  peuple 
s'indignèrent  de  sa  faiblesse.  Placé  entre  l'en- 
thousiasme compromettant  des  prétoriens  et 
l'hostilité  secrète  des  autres  corps  de  l'État, 


l'empereur  avait  h&te  de  sortir  d'une  positioii 
aussi  fausse  par  une  victoire  éclatante  ou  par 
une  prompte  défaite.  11  envoya  sa  flotte  iaire 
une  diversion  dans  la  Gaule;  lui-même  quitta 
Rome  le  14  mars,  et  marclia  vers  le  nord  de  l'I- 
talie. Il  laissa  dans  la  capitale  son  frère  Titianos, 
moins  pour  gouverner  la  ville  que  pour  surveiHtf 
le  préfetde  Rome,  Flavius  Sabinus,  frère  de  Ves- 
pa.Men.  Il  emmenait  avec  lui  trois  généraux  re> 
nommés,  Suetonius  Paultnus,  Marius  Celsus  et 
Annius  Gallus ,  et  de  peur  que  les  sénateurs  n'in- 
triguassent en  son  absence,  il  ordonna  aux  prin- 
cipaux de  ce  corps  de  le  suivre.  Les  généraux 
qu'il  employait  n'avaient  pas  sa  confiance ,  el  il 
les  faisait  surveiller  par  Licinîn^,  un  des  préfets 
du  prétoire.  Laissant  de  côté  les  mollesses  de  U 
vie  de  Rome,  il  se  montrait  constamment  à  U 
tête  des  soldats  couvert  d'une  cuirasse  de  fer, 
toujours  à  pied ,  supportant  la  fatigue  et  la  pous- 
sière de  la  route  avec  une  patience  qui  éton- 
nait les  plus  vieux  généraux  et  charmait  les 
soldats.  La  guerre  commença  d'une  manière  fa- 
vorable pour  lui.  La  diversion  opérée  par  sa  Qotie 
ralentit  la  marche  de  Valens,  et  lorsque  Cecina 
déboucha  dans  la  vallée  du  Pô,  il  eut  à  sup- 
porter le  choc  des  othoniens  et  fut  battu  à  Plai- 
sance \wr  Yestricius  Spnrina.  U  se  retira  vers 
Crémone,  non  sans  courir  de  grands  dangers;  on 
pense  que  si  les  généraux  d'Othon  avaient  su  ou 
voulu  profiter  de  leurs  avantages,  ils  pouvaientin- 
fliger  au  premier  corps  d'armée  de  Viteliius  une 
défaite  qui  aurait  terminé  la  guerre.  Othon  le 
pensa  sans  doute,  et  n'osant  pas  destituer  ses 
lieutenants ,  il  les  plaça  sous  la  direction  de  son 
frère  Titianus,  appelé  en  toute  UMe  de  Rome. 
Cette  mesure  aggrava  le  mal,  au  lieu  d'y  remé- 
dier. Titianus,  sans  capacité  et  sans  antécédents 
militaires,  ne  fit  que  couvrir  de  sa  responsabilité 
les  fautes,  peut-être  volontaires,  des  généraux. 
Une  seconde  fois  les  othoniéts  battirent  Cecioa, 
et  Marius  Celsus  et  Snetonius  laissèrent  encore 
échapper  l'occasion  d'écraser  l'ennemi.  Cette  fa- 
veur de  la  fortune  fut  la  dernière.  Quelques 
jours  après,  Vaiens  et  Cecina  firent  leur  jonction 
à  Pavie.  Les  généraux  d'Othon  lui  cooseiiJèreflt 
d'éviter  le  combat,  de  traîner  la  gueire  en  lon- 
gueur, d'attendre  T^rrivée  des  troupes  de  Pan- 
nonle,  de  Mésie,  de  Dalmatie,  qui  acoonraient 
pleines  d'ardeur  et  dont  l'avant-garde  avait  déjà 
atteint  Aquilée.  Othon,san8  nier  la  sagesse  de  ces 
avis,  refusa  de  les  suivre,  et  pensa  qu'il  fallait 
hâter  le  dénoûraent  de  la  guerre  civile,  n  or- 
donna donc  à  ses  lieutenants  de  livrer  bataille  ; 
mais,  pour  les  laisser  plus  libres  de  choisir  le 
moment,  il  consentit  à  s'éloigner  du  camp  et  à 
se  retirer  à  Brixellum(  firesce/<i).  Ce  funeste  dé- 
part laissait  le  champ  libre  à  l'inertie  et  à  la 
trahison  des  généraux.  Les  othoniens ,  fatigués 
d'une  longue  marche  où  ils  eurent  beaucoup  à 
soufîTrir  du  manque  d'eau,  rencontrèrent  les  vî- 
telliens  à  quelques  milles  de  Bedriacum  ;  ils  se 
battirent  avec  acharnement,  et  malgré  leur  las- 


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OTHON 


938 


situde,  malgré  leur  infériorité  numérique  et  Tab- 
itence  de  commandement,  car  leurs  généraux 
avaieiit  disparu  presque  au  début  de  l'action, 
ils  disputèrent  longtemps  le  terrain;  enfin  ils 
furent  rompus  et  rejetés  dans  leur  camp  de 
Bedriacum.où  ils  passèrent  la  nuit  exaspérés 
contre  leurs  chefs,  mais  nullement  découragés, 
demandant  à  recommencer  la  bataille  le  lende- 
main et  à  mourir  pour  leur  empereur.  Le  lende- 
main Othon  n*était  plus.  11  avait  attendu  la  non- 
Telle  de  la  bataille  ayec  la  calme  indifférence  d*un 
homme  qui  a  pris  son  parti.  Dans  son  horreur 
pour  la  guerre  dTile,  il  avait  résolu  de  mettre  fin 
par  sa  mort  à  une  plus  longue  effusion  de  sang. 
D'ai)ord  de  fâcheuses  rumeurs  et  bientôt  Tarri- 
Tée  des  fuyards  lui  annoncèrent  son  désastre. 
Les  prétoriens,  semblant  craindre  TefTet  que  cette 
nouvelle  produirait  sur  lui,  lui  criaient  d'être 
tranquille,  que  cet  accident  pouvait  se  réparer, 
qu'ils  étaient  déterminés  à  tout  souffrir  pour  sa 
cause;  dans  une  sorte  de  délire,  ils  embras- 
saient ses  genoux  en  pleurant  tant  qu'il  refusait 
leurs  offres,  en  poussant  des  cris  de  joie  dès 
qu'il  semblait  disposé  à  céder.  Les  détachements 
de  Mésie,  qui  avaient  devancé  leur  corps  d'ar- 
mée, ne  montraient  pas  moins  d'ardeur  que  les 
prétoriens.  Othon  se  montra  touché  de  leur  dé- 
vouement, mais  déclara  que  c'était  pour  lui  un 
motif  de  plus  de  ne  pas  faire  couler  no  sang  gé- 
néreux. Il  leur  ordonna  de  faire  immédiatement 
leur  soumission  aux  vainqueurs.  II  pourvut  en- 
suite avec  une  calme  prévoyance  à  la  sécurité  et 
au  départ  des  personnages  importants  qui  se 
trouvaient  près  de  lai;  il  brûla  aussi  de  ses  pa- 
piers,qui  auraient  pu  compromettre  quelqu'un. 
Après  avoir  embrassé  ses  amis  et  distribué  tout 
son  argent  aux  gens  de  sa  maison,  il  écrivit  deux 
lettres.  Tune  à  sa  sœur  pour  la  consoler,  Tantre  à 
Messalioe,  veuve  de  Néron,jqu'il  devait  épouser, 
pour  lui  recommander  sa  mémohre  et  le  soin  de 
ses  funérailles.  Au  milieu  de  ces  suprêmes  pré- 
paratifs, il  fut  Interrompu  par  des  clameurs: 
c'étaient  les  soldats  qui  menaçaient  de  tuer  ceux 
qui  partiraient,  les  appelant  déserteurs  et  traîtres. 
Othon  apaisa  cette  sédition,  et  de  peur  qu'elle  ne 
se  renouvelât  dans  la  nuit,  H  remit  son  suicide 
au  lendemain.  U  but  un  verre  d'eau  glacée,  prit 
deux  poignards, dont  il  essaya  la  pointe,  en 
plaça  un  sous  son  oreiller,  fil  fermer  les  portes, 
et  se  mit  an  lit.  Suétone,  qui  tenait  ces  détails 
de  son  père,  tribun  de  la  treizième  légion,  assure 
qu'il  dormit  profondément.  Au  point  du  jour 
ses  esclaves  entendirent  un  gémissement  dans 
sa  chambre;  ils  entrèrent  et  trouvèrent  l'empe- 
reur expirant;  il  s'était  frappé  d'un  seul  coup 
au  dessous  du  sein  gauche.  On  célébra  aussitôt 
ses  funérailles,  comme  il  Tavait  ordonné  instam- 
ment, de  peur  que  sa  tète  coupée  ne  servit  de 
jouet  aux  vitelliens.  Ses  prétoriens  portèrent  son 
corps  en  pleurant  et  en  couvrant  de  baisers  ses 
mains  et  sa  blessure.  Plusieurs  se  tuèrent  au- 
près du  bûcher,  et  ce  funèbre  dévouement  trouva 


de  nombreux  imitateurs  à  Bedriacum ,  à  Plai- 
sance et  dans  d'autres  camps  othoniens.  On  éleva 
à  Othon  un  modeste  tombeau,  que  les  vainqueurs 
respectèrent.  Ainsi  mourut,  à  l'âge  de  trente-se{4 
ans  et  le  quatre-vingt-diiième  jour  de  son  règne 
(15  avril  69),  ce  voluptueux,  qui  avait  cherdié 
l'empire  comme  une  suprême  distraction ,  et  qui 
le  rejeta  avec  un  calme  dédain  dès  qu'il  en  con- 
nut le  poids  et  les  ennuis.  Suétone,  qui  n'oublie 
aucune  pariicularité*  trace  ainsi  son  portrait. 
«  La  taille  et  la  manière  d'être  d'Othon  ne  s'ac- 
cordaient pas  avec  tant  de  courage.  On  rap- 
porte en  effet  qu'il  était  dé  courte  stature,  mal  fait 
des  pieds  et  des  jambes.  Il  mettait  à  sa  toilette 
presque  tous  les  soins  d'une  femme,  et  portait 
sur  sa  tête,  pour  dissimuler  la  rareté  de  ses 
cheveux,  une  perruque  adaptée  avec  tant  d'art 
que  personne  ne  s'en  apercevait.  II  se  rasait 
tous  les  jours  la  figure  avec  beaucoup  de  soin, 
et  se  la  fh>tlait  avec  du  pam  humide...  On  le  vit 
souvent  célébrer  publiquement  en  robe  de  Un  et 
dans  le  costume  sacerdotal  les  cérémonies  du 
culte  d'Isis.  »  Tel  parut  Othon  jusqu'à  l'émeute 
militaire  qui  le  fit  empereur,  tel  Juvénal,  dans 
son  hyperbole  satirique,  s*est  plu  à  le  montrer 
jusqu'au  milieu  des  fatigues  de  la  guerre  civile; 
mais  tel  il  ne  fut  pas  dans  son  court  règne  et 
dans  le  suicide  qui  le  termina.  La  tragique  gran- 
deur de  sa  mort  a  répandu  sur  sa  mémoire  une 
sorte  d'intérêt ,  et  a  presque  fiait  oublier  à  la  pos- 
térité les  dérèglements  et  les  crimes  de  sa  vie. 

L.  J. 
Soétone,  Otko.  —  FlaUrqoe,  Otho.  —  Dion  Cauiiif, 
LXIV.  —  Tacite,  HM.,  I.  II.  -  TUIemoDU  BUtoirê  des 
empereun,  t.  I.  —  Hértvale»  The  Romans  under  thû 
Empiret  i.  VI. 

OTHON  1*',  empereur  d'Allemagne,  né  en  912, 
mort  le  7  mai  973.  Appelé  en  936  à  succéder  à 
soupère,  Henri  V^V Oiseleur,  roi  de  Germanie,  il 
annonça  tout  d'abord  qu'il  allait  remettre  en  vi- 
gueur les  anciennes  prérogatives  royales,  tombées 
en  désuétude  par  suite  des  orages  politiques  des 
dernières  années.  Il  célébra  en  effet  avec  grande 
pompe  la  cérémonie  du  couronnement,  dont  Henri 
avait  cru  devoir  se  dispenser.  U  commença 
par  enlever  à  Eberhard,  duc  de  Franconle,  plu- 
sieurs fiefs,  que  celui-oi  détenait  indûment  ;  le 
duc  essaya  de  se  faire  justice  par  les  armes ,  mais 
il  fut  banni,  et  expia  sa  rébellion  par  une  forte 
amende.  En  937,  lorsque  le  duc  Eberhard  de  Ba- 
vière se  montra  disposé  è  se  rendre  complète- 
ment indépendant,  Othon  l'attequa  aussitôt,  le 
défit  et  donna  le  duché  à  Berthold,  oncle  d'Éber- 
hard,  en  se  réservant  la  régale  sur  les  églises* 
En  938  éclate  une  conspiration  des  plus  puissants 
seigneurs,  inquiète  de  l'autorite  croissante  du 
jeune  roi.  Avec  célérite  et  énergie,  il  se  jete  sur 
plusieurs  d'entre  eux,  et  les  réduisit  à  l'obéis- 
sance. A  la  Gn  de  Tannée  U  n'y  avait  plus  que  son 
frère  cadet,  Henri  Eberhard,  duc  de  Fran- 
conie,  etGiselbrecht,  ducde  Lorraine,  qui  tins- 
srat  encore  la  campagne;  ils  avaient  attiré  dans 
leurs  Intérête  le  roi  de  France  Louis  d'Outremer, 


939 


OTHON 


940 


qui  envahit  TAlsace,  et  Frédéric,  archeTfiqne  de 
Mayence,  qai  avait  en  vain  tenté  de  faire  con- 
sentir le  roi  à  ce  qae  les  ehefs  de  la  nation  ens- 
fieot  une  large  part  dans  la  conduite  dn  gourer- 
Dément  Othon  avait  de  grands  projets  de  con- 
quète,  et  sentait  qu'il  lui  fallait  pour  cela  le  pou- 
voir absolu.  En  Tété  939  il  se  trouvait  presque 
abandonné  de  tous  ;  en  ce  moment  critique  Udon, 
son  général,  détruisit -à  Andemach  Tarmée  des 
révoltés;  Éberhard  et  Giselbrecht  perdirent  la 
vie  dans  la  mêlée;  Henri  se  soumit,  et  la  tran- 
quillité fut  pour  quelque  temps  rétablie.  En  941 
se  forma  un  vaste  coniplot  dans  le  but  de  faire 
assassiner  le  roi  ;  mais  il  fnt  découvert  à  temps  : 
les  auteurs  en  furent  sévèrement  diàtirâ.  Poni 
prévenir  ces  menées,  Otiion,  après  avoir  sup- 
primé la  dignité  de  due  de  Franconie,  pays  qo*iI 
fit  administrer  |>ar  des  comtes,  donna  sujccessi- 
vement  les  pnocipaox  dudiés  à  ses  proches  pa- 
rents, la  Lorraine  à  son  gendre  Conrad,  la  Sonabe 
à  son  fils  Lndolph,  et  la  Bavière  à  son  frère 
Henri,  qoi  depuis  lors  se  tint  tranqulHe.  Sur  ces 
eotrefoites,  le  margrave  Géro  avait  par  le  pil- 
la^ et  re\termination  étendu  la  domination 
germanique  sur  les  Obotrites  et  antres  Slaves 
de  l'Elbe;  pour  les  rattaeiier  plus  solidement  à 
son  pouvoir,  (Mlioo  fonda  dans  lenr  pays  deax 
évéchée.  En  940  il  fut  k  même  de  répondre  en- 
fin ao\  attaques  de  Louis  d'Outremer;  il  entre- 
prit contre  lui  une  guerre,  qui  se  teiminaen  942 
par  un  traité,  où  Louis  renonça  i  ses  préten- 
tions sur  la  Lorraine.  Peu  de  temps  après,  le  roi 
de  France,  pressé  par  les  exigences  de  ses  grands 
vassaux,  le  duc  Huf(ues  le  Grand  et  Héribert, 
comte  de  Vermandois,  qui  avait  placé  par  la 
Tiolence  son  fils  Hugues  sur  le  siège  de  Reims, 
se  jeta  entièrement  dans  les  bras  d'Othon.  En 
946  ce  dernier  arrive  en  Gaole  avec  une  (brt«  ar- 
mée, et  rétablit  à  Reims  l'archevêque  légitime 
Artold.  De  concert  avec  Louis,  le  différend  au 
sujet  dece  sié^e  Ait  ensuite  porté  devant  le  syn- 
ode d'Ingelbeim,  composé  presque  exclusive- 
ment de  prélats  allemands,  qui  jugèrent  en  fa- 
veur d 'Artold.  Pour  rendre  manifeste  son  pou- 
voir supérieur,  Othoa  exigea  que  la  procédure 
eit  lieu  en  latin  et  en  allemand,  bien  qu'il  com- 
prit le  latin  et  sAt  otênse  le  parler.  L'année  sui- 
vante il  força  Hugues  et  Héribertà  se  soumettre 
à  Louis,  dont  il  avait  fait  ainsi  son  obligé  et 
presque  son  vassal.  Le  roi  de  Bourgogne  Cou- 
nd  se  trouvait  à  peu  près  dans  les  mêmes  rap- 
ports vis-à-vis  du  puissant  roi  de  Germanie.  En 
9ao  ce  dernier  s'avança  avee  une  fsvté  armée 
contre  Boleslas,  duc  de  Boliêroe,  qui,  api^ avoir 
en  936  chassé  les  missionnaires  allemands,  lisait 
presque  tous  les  ans  des  incursions  sur  les  pos- 
sessions alleinaiides.  H  arriva  en  triomphateur 
devant  les  murs  de  Prague;  Boleslas  se  dé 
Clara  le  tributaire  dXXbo»,  accepta  le  christin 
nisme. 

Après  avuir  ainsi  étaUi  solidement  son  pou- 
voir en  deçà  des  monts,  Othon  songea  à  mettre 


la  dernière  main  à  son  dessein  de  restaurer  Peno- 
pire  de  Cliaricmagne  :  il  entrepritdeconquérir  l'I- 
talie. En  951  il  saisit  le  prétexte  de  vcuj^er  les 
violences  faites  par  le  roi  de  ce  pays,  Bérenger, 
à  Adélaïde  de  Bourgogne,  veuve  du  roi  Lothaire, 
pour  passer  les  Alpes  avec  une  armée  considérable. 
Entré  en  Lomhardie  sans  éprouver  de  rési<lance. 
il  épousa  Adélaïde,  et  se  fit  couronner  roi  à  Pavie. 
Cependant  les  prélats  et  les  grands  de  TAlIc- 
magne,  qui,  unis  à  la  nation ,  avaient  sous  les 
derniers  Carioviogîens  combattu  avec  vigueur 
l'union  des  couronnes  d'Allemagne  et  dltalîe, 
comme  nuisible  à  la  prospérité  des  deux  pays, 
se  montrèrent  cette  fois  encore  très-mécontents 
de  reiitreprise  d'Othon.  Ce  dernier  se  vit  obligé 
de  rendre  en  952  le  royaume  d'Italie  à  Béren- 
ger,  sous  la  condition  que  celui-d  se  dédarerart 
son  vassal  et  qu'il  céderait  les  marches  d*Aqui- 
lée  et  de  Vérone.  Mais  la  condescendance  mo- 
mentanée qu'Olhon  venait  de  montrer  envers 
le  vœu  général  nlnspira  pas  de  confiance.  Soa 
fils  Ltidolpb,  et  son  gendre  Conrad,  unis  à  Fi^é- 
rie,  arclicvèque  de  Mayence,  se  mirent  à  la  tête 
des  mécontents,  et  forcèrent  (953)  Othon  A  aban- 
donner par  un  traité  aux  princes  et  prélats  une 
partie  de  l'autorité  qu'il  avait  concentrée  en  ses 
mains  et  à  éloigner  son  frère  Henri  de  Bavièrp, 
qni  s'était  fait  l'ennemi  personnel  de  Ludolph. 
Peu  de  semaines  après,  Otlion  déclara  la  con- 
vention nulle  comme  arrachée  par  la  violence. 
Un  soulèvement  général  éclata  contre  lui;  ua 
moment  son  frère,  saint  Bruno,  qn*î1  avait  fait 
archevêque  de  Cologne  et  duc  de  Lorraine,  fot 
snr  le  point  de  faire  cause  commune  avec  les  ré- 
voltés, qui  pendaifl  l'année  953  avalent  oHnni 
des  succès  importants  sur  les  armées  du  ni. 
Mais  au  même  instant  les  Hongrois,  appelés  très- 
probablement  par  Henri,  firent  irruption  en  Ba- 
vière, dont  tes  habitants  s'étaient  prononcés  con- 
tre le  roi.  Ludolph  s'apprêta  à  les  comtnttre; 
mais,  attaqué  immédiatement  par  une  armée  de 
son  père,  il  préféra  traiter  avec  les  barbares, 
qni ,  moyennant  une  forte  somme ,  s'engagèrent 
à  dévaster  les  contrées  restées  ficlèîes  au  roi ,  ta 
Lorraine  notamment,  œ  qu'ils  firent  en  commet- 
tant des  excès  inouïs.  Cela  indisposa  au  plus  haut 
point  resprit  pubHc  contre  Ludolph  et  Conrad,  qui 
avaient  pactisé  avec  ces  féroces  brigands;  une 
réaction  se  fil  en  faveur  d'Othon.  Conrad,  décou- 
ragé, se  soumit  à  la  diète  tenue  h  Zenn  en  juin 

954.  Ludolph  continua  la  lutte  encore  pendant 
quelque  temps,  mais  sans  succès;  il  se  récon- 
cilia enfin  avec  son  père,  qui  le  priva  du  ducbé 
de  Souabe  :  cela  permit  h  Othon  de  faire  éfoofîer 
à  la  fin  de  l'an  954  une  révolte  menaçante  des 
Slaves.  Après  avoir,  dans  les  premiers  mois  de 

955,  rétabli  son  autorité  dans  presque  fout  le 
royaume,  il  rassembla  une  puissante  armée,  et 
marcha  contre  les  Hongrois,  quf  avaient  fait  une 
nouvelle  incursion  en  Bavière  ;  iT  les  rencontra 
le  10  août  snr  le  Lechfeld,  près  d'Aogsbourg,  les 
tailla  en  pièces,  et  mit  ainsi  fin  aux  invasions  de 


1)41 


OTHON 


942 


<xs  dangereux  barbares.  II  se  tourna  aussitôt 
«ontre  les  Slaves,  de  nouveau  révoltés  et  leur  fit 
éprouver  à  Dosse  une  sanglante  défaite.  C*est  en- 
4kjre  en   cette  aunéc  qu'Othon  envoya  auprès 
d'Abderrahman   lil,  calife  de  Cordoue,  Jean, 
moine  de  Tabbaye  de  Gorze  ;  après  bien  des 
négociations,  dont  le  récit  extrêmement  curieux 
se  trouve  dans  le  t.   IV    de  Monumenta  de 
Pertz,  Jean  décida  Abderrahroan  à  autoriser  le 
rétablissement  des  rapports  presque  interrom- 
pus  entre  rÉglise  d'£.spagne  et  le  Saint-Siège. 
Plus  puissant  que  jamais,  Othon,  poussé  par 
Luitprand  {voy,  œ  nom),  réfugié  à  sa  cour, 
peasa  à  reprendre  ses  projets  sur  l'Italie,  déso- 
lée par  les  cruautés  de  Bérenger.  En  956  il  y 
envoya  son  fils  Ludolph,  qui,  après  8*être  emparé 
de  presque  toute  la  Lombardie,  mourut  l'année 
suivante,  à  Pioiabino,  probablement  empoisonné. 
Cet  événement  releva  le  courage  de  Bérenger, 
qni  se  mit  à  opprimer  de  nouveau  le  pays.  En- 
hardi par  rimpanité  de  ses  méfaits,  il  tenta  de 
soumettre  entièrement  à  son  'pouvoir  le  pape 
Jean  XII.  Appelé  au  secours  par  te  pontife,  Othon 
passa  en  961  de  nouveau  les  Alpes,  et  fut  partout 
reçu  en  libérateur.  Cependant  il  ne  se  fit  pas 
proclamer  roi  de  Loml)ardie  :  cela  aurait  été 
contraire  à  sa  convention  secrète  avec  le  pape; 
il  avait  promis  à  ce  dernier,  qu'en  compensation 
de  la  couronne  impériale,  qui  lui  serait  conférée 
par  le  souverain  pontife,  il  laisserait  le  royaume 
d'Italie  à  un  tiers,  de  mènoe  qu'il  restituerait  an 
saint-siége  les  territoires  qui  lui  avaient   été 
enlevés.  Arrivé  h  Rome  au  commencement  de 
962,  il  y  fut  solennellement  couronné  empereur, 
le  2  février.  Le  rétablissement  de  ce  pouvoir 
mal  défini  et  inutile  devait  causer  pour  bien  des 
siècles  des  malheurs  incalculables,  amenés  par 
l'union  contre  nature  des  Italiens  et  des  Alle- 
mands, totalement  différents  de  moenrs  et  d'es- 
prit. Othon  se  mit  ensuite  à  enlever  à  Bérenger 
et  à  son  fils  Adalbert  les  dernières  places  qu'ils 
détenaient  et  à  se  concilier  par  de  grandes  lar- 
gesses la  faveur  des  prélats  et  des  seigneurs  ita- 
liens. Dans  l'intervalle  il  se  brouilla  avec  le 
I)ape,  qui,  reconnaissant  qu'il  n'avait  fait  que 
changer  de  maître,  s'était   rallié  à  Bérenger. 
Othon  accourut  à  Rome,  et  n'eut  pas  grande 
difficulté  à  faire  déposer  par  un  synode  le  pape 
fugitif,  dont  les  merars  dissolues  avaient  tant 
scandalisé  la  chrétienté.  Senlenient  en  se  décla- 
rant le  vengeur  de  la  morale  outragée  Othon  joua 
un  rôle  d'hypocrite.  L'inconduite  du  pape  lui 
était  connue  depuis  longtemps,  néanmoins  il 
n'avait  (las  hésité  à  conclure  une  alliance  avec 
lui  ;  mais  aussitôt  qu'il  se  sentit  gêné  par  les 
ooRventiont  qu'il  avait  passées  avec  Jean,  il  se 
mit  tout  h  coup  à  parler  de  l'indignité  du  pape. 
Il  fitélever  sur  le  tréne  de  Saint-Pierre  Lron  VIII, 
m  laïqve  et  sa  créature,  et  il  lui  arracha  une 
bulle  qni  conférait  à  l'empereur  et  à  ses  suc- 
cesseurs le  droit  de  nommer  aux  évècbés  d'I- 
talie et  même  de  concourir  d'iue  manière  pré- 


pondérante à  rélection  du  souverain  pontife  (1). 
Othon  repartit  alors  pour  la  Lombardie  et  parvint 
à  se  rendre  maître  de  la  personne  de  Bérenger. 
Mais ,  peu  de  temps  après  son  départ ,  les  Ro- 
mains, mécontents  de  la  domination  étrangère, 
chassèrent  le  pape  qui  leur  avait  été  imposé  et 
rappelèrent  Jean  XII.  Après  la  mort  de  ce  pape 
(mai  964),  ils  élurent  Benoît  V  malgré  l'opposi- 
tioa  de  l'empereur,  qui,  tenant  k  avoir  le  saint- 
siége  sous  sa  dépendance,  pour  réaliser  mieux  ses 
va.stes  projets  de  conquête,  vint  immédiatement 
faire  le  siège  de  Rome.  Il  s'empara  de  la  ville,  ety 
rétablit  le  pape  Léon.  Dans  les  premiers  jonrs  de 
965  il  retourna  en  Allemagne;  ce  pays,  gouverné 
en  son  absence  par  son  frère  Bruno,  avait  joui 
d'une  complète  tranquillité;  il  perdit  pendant  la 
marche  la  plus  grande  partie  de  son  armée  par 
une  violente  épidémie;  ce  qui  fut  considéré 
comme  une  punition  de  ses  attentats  contre  ie 
saint-siége.  Ce  fut  très- probablement  en  cette 
aimée  qu'il  entreprit  une  expédilion  victorieuse 
contre  les  Danois,  qui  avaient  recommencé  leurs 
invasions  en  Allemagne;  il  les  défit  entièrement; 
leur  roi  Harold  demanda  la  paix,  et  adopta  le 
christianisme.  Le  départ  d'Othon  avait  été  suivi 
d'une  révolte  en  Lombardie  en  faveur  d'Adal- 
bert;  elle  fut  étouffée  par  le  duc  de  Souabe  Bur- 
card.  Lorsque  le  peuple  de  Route  eut,  en  dé- 
cembre 965,  chassé  le  pape  Jean  Xin,  nommé 
par  l'empereur  après  le  décès  de  Léon  YIII, 
Othon  reprit  le  chemin  de  Iltalie .  Sans  trouver 
de  résistance  sérieuse,  il  arriva  à  Rome,  et  y  fit 
punir,  avec  la  plus  grande  cruauté,  ceux  qui  s'é- 
taient soulevés  contre  sa  tyrannie.  Il  continua  à 
demeurer  en  Italie ,  dont  le  climat  hii  plaisait, 
et  chercha  à  y  établir  un  gouvernement  stable. 
Voulant  s'attacher  le  pape,  il  lui  restitua  l'exar- 
chat de  Ravenne.  A  la  fin  de  967,  il  fit  couron- 
ner empereur  son  fils  Othon ,  pour  lequel  il  de- 
manda la  main  de  Théophanie ,  fille  de  l'empe- 
reur grec  Romain  II.  Luitprand,  qu'il  envoya 
dans  ce  but  à  Constautinople ,  y  fut  reçu  outra- 
geusement par  l'empereur  Nicéphore.  Pour  se 
venger,  Othon  dévasta  en  969  les  possessions  qne 
les  Grecs  avaient  dans  Iltalie  méridionale;  mais 
ayant  éclioné  dans  le  siège  de  Ban,  iJ  oe  put  se 
rendre  maître  de  ces  contrées.  Sur  ces  entre- 
faites Nicéphore  avait  été  assassiné;  Jean  Zi- 
miscès,  son  successeur  et  son  meuririfr,  se  hâta 
de  conclure  la  paix  avec  Othon,  et  lui  envoya  la 
princesse  Théophanie,  qui,  pour  le  mallieur  de 
l'Allemagne,  fut  mariée  en  972  an  fils  de  l'erope- 
leur,  dont  fa  vanité  était  satisfaite  de  cette  union 
avec  les  possesseurs  do  plus  ancien  tréne  de 
TEurope.  En  août  972,  Othon  retourna  en  Alle- 
magne, où  le  doc  de  Saxe,  Hermana,  avait  eu  à 
repousser  plusieurs  invasions  de  Slaves.  Il  y  tint 
à  PAques  973  une  diète  k  QtiedKmbourg,  qni  fat 
des  plus  brillantes,  et  oîi  Boleslas  de  Bohême 
et  Mîecislas  de  Pologae  vinrent  lui  rendre  hom- 

(1^  L*aiithent1clté  <lc  cette  balle  a  été  MUTCut  contes» 
tée,  mais  ù  tort. 


94Z 


OTHON 


'44 


mage.  Quelques  semaines  après  il  loonrut,  à 

Meraleben.  La  puissance  foimidable  qu'il  aTait 

acquise  à  sa  maison  avec  tant  de  courage  et 

d'habileté  devait  bien  vite  s'écroaler.  Aveuglé  par 

une  ambition  démesurée,  il  lui  était  impossible  de 

comprendre  qu'en  faisant  verser  des  torrents  de 

sang  il  manquait  du  prétexte,  souvent  rais  en 

avant,  de  travailler  au  bonheur  de  l'humanité  ou 

du  moins  à  la  prospérité  de  son  pays.  Mais  ses 

torts  ne  doivent  pas  foire  oubKer  qu'il  se  montra 

protecteur  zélé  de  la  civilisation  et  de  l'Église,  qui 

la  propageait.  II  favorisa  la  prospérité  naissante 

des  villes,  fonda  de  nombreuses  écoles,  et. veilla 

à  Texécution  des  lois.  E.  G. 

Wittuklnd,  JhnaUs.  —  Dletmar,  Chronlcùn.  —  Lnlt- 
priDd.  —  Continuator  Reginonis.  -  Ekkrhardiu.  De  ca- 
si^ta  S.  GulU.  —  jinnalista  Saxo.  —  Hrotwltha,  Pa- 
neç^rU.  <—  Frodoard,  ftta  S.  trunonis.  —  VUa 
S,  Udatriei  —  Chronieon  QuedUmburçensê,  —  Vehtr, 
Lèben  Otto  det  Groisen,  >  RiDke,  Jahrboehêr  der  deut- 
9ehen  Reietuunter  den  $àchiitehén  Kaisem,  t.  I.  — 
Affljnaldai,  Annales.  -  Boebmer,  Regesta  Ottenum. 

OTHOif  II,  empereur  d'Allemagne,  Gis  du 
précédent,  né  en  955,  mort  à  Rome,  le  7  décem- 
bre 983.  Couronné  comme  empereur  dès  967,  il 
prit  en  main  le  gouvernement  à  la  mort  de  son 
père.  Il  donna  à  son  neveu  Othon,  le  fils  de  Lu- 
dolph,  le  duché  de  Souabe,  convoité  par  Henri  H, 
duc  de  Bavière,  son  cousin  germain.  Ce  dernier 
se  ligua  avec  Boleslas  de  Bohème  et  Miecislas 
de  Pologne  contre  le  jeune  empereur,  que  sa  jeu- 
nesse et  son  Inexpérience  devaient  faire  supposer 
incapable  de  lutter  contre  des  ennemis  aussi 
dangereux.  Mais  Othon,  prévenu  des  projets  tra- 
més contre  lui ,  invita  Henri  à  venir  à  la  cour 
pour  les  fêtes  de  P&ques  (974),  et  le  fit  arrêter 
et  mettre  en  lieu  sûr.  En  cette  même  année  il 
entreprit  une  expédition  victorieuse  contre  le 
Danemark,  qui  fut  suivie  d'une  paix  de  plusieurs 
années  avec  ce  pays.  Il  chassa  ensuite  de  Lor- 
raine Laml)ert  et  Renier,  fils  du  comte  de  Hai- 
naut,  dépossédé  par  Othon  I",  lesquels  avaient 
tenté  avec  l'aide  secret  du  roi  de  France  Lo- 
thaire,  de  recouvrer  par  les  armes  les  domaines 
de  leur  père.  En  976,  Henri,  échappé  de  sa  pri- 
son, lève  l'étendard  de  la  révolte;  il  est  appuyé 
par  la  plus  grande  partie  de  la  Bavière;  en  juil- 
let, Othon,  après  plusieurs  combats,  s'empare  du 
pays,  qu'il  donne  à  son  neveu  Othon ,  après  en 
avoir  détaché  deux  marches,  dont  Tune  prit  le 
nom  à'Œêtereich  (Autriche),  ip^y s  de  l'est, 
ainsi  que  le  duché  de  Carinthie,  dont  H  gratifia 
Henri  le  jeune,  petit-fils  de  l'ancien  duc  Amoul 
de  Bavière.  Ensuite  Othon  se  mit  à  poursuivre 
Henri,  qui  s'était  réfugié  auprès  du  duc  de 
Bohême; après  deux  années  de  luttes  sanglantes, 
il  parvint,  secondé  par  son  neveu  Othon,  à 
étouffer  la  rébellion;  Henri  fut  conduit  en  prison 
à  Utrecht  ;  Boleslas  reconnut  de  nouveau  la  su- 
zeraineté de  l'Empire.  En  978,  Othon  célébrait  à 
Aix-la-Chapelle  la  Saint-Jean,  lorsqu'il  apprit 
l'approche  soudaine  d'une  armée  du  roi  Lothaire 
(voy,  ce  nom),  furieux  de  ce  que  l'empereur  avait  * 
déjoué  ses  menées  en  Lorraine,  en  se  réconciliant  ' 


avec  Lambert  et  Renier  et  en  confiant  hi  Basse- 
Lorraine  À  Charles,  frère  de  Lothaire  {vùf.  Lo 
thaire).  Othon  s'enfuit  à  la  hâte  à  Cologne;  Aix- 
la-Chapelle  fut  pillée  par  les  Français.  Mais  quel- 
ques mois  après,  Othon,  avec  une  armée  de  plus 
de  trente  mille  hommes,  envahit  la  Franc,  et  vât 
camper  à  Montmartre  devant  Paris;  grâce  an 
efforts  de  Hugues  Capet,  il  ne  put  prendre  c«tle 
ville.  A  la  fin  de  novembre,  il  reprit  le  chemin 
de  l'Allemagne;  les  Français  le  suivirent,  et  dé- 
truisirent son  arrière-garde  au  passage  de  l'Aisne. 
En  980  la  paix  fut  conclue  avec  Lothaire,  qoi 
abandonna  toute  prétention  sur  la  Lorraine.  Jos> 
qu'ici  Othon,  soutenu  par  le  concours  des  popa- 
laUons,  avait  triomphé  de  ses  ennemis  intérieurs 
et  extérieurs;  il  s'était  laissé  guider  par  les  sages 
conseils  de  l'archevêque  de  Mayence  Wiliigis  et 
de  saint  Maîeul,  abbé  de  Clugny  (t).  Mais  lors- 
qu'au lieu  de  continuer  à  veiller  h  la  prospérité 
de  la  Germanie,  qu'il  avait  rendue  puissante,  il 
se  mit  à  tourner  ses  regards  vers  l'Italie,  la  Ba> 
tion  l'abandonnai  et  il  échoua  dans  sesenUt^rises. 
Pendant  les  années  précédentes,  il  n'avait  exeic^ 
dans  oe  pays  qu'une  autorité  nominale.  La  mort 
d'Othon  i*'  avait  été  suivie  d'une  réaction  rio- 
lente  contre  les  Allemands;  à  Rome  l'andeoDe 
faction  aristocratique,  conduite  par  Cresoentios, 
petit-fils  de  Theodora,  avait  pris  le  dessus  et  mi» 
sur  le  trône  de  saint  Pierre  une  de  ses  créatures; 
lorsqu'elle  eut  succombé  quelque  temps  après, 
Benoit  VII  avait  été  .élu  à  la  papauté,  par  soitf 
d'un  accord  entre  Othon  et  le  comte  de  Tuscu- 
lum.  En  novembre  980,  Othon,  accompagné  du 
duc  Othon,  son  neveu,  franchit  les  Alpes  avec  one 
armée,  qui  ne  dépassait  pas  dix  mille  hommes; 
il  arriva  à  Rome  à  Pâques  981,  sans  avoir  ren- 
contré de  résistance:  les  Italiens,  quoique  détes- 
tant les  Allemands,  étaient  trop  désunis  pour 
pouvoir  les  combattre.  Quelques  mois  après,  il 
s'apprêta  à  chasser  entièrement  les  Grecs  de  l'I- 
talie, afin  de  couper  court  aux  négociations  qui 
depuis  quelque  temps  avaient  été  entamées 
avec  eux  par  les  papes ,  désireux  de  se  sous- 
traire au  pouvoir  despotique  des  Allemands.  II 
fit  alliance  avec  plusieurs  princes  de  Tltalie  mé- 
ridionale, et  commença  aussitôt  les  hostilités. 
11  combattit  d'abord  sans  remporter  des  succès 
marquants;  ses  troupes  n'étaient  pas  asset  con- 
sidérables; parmi  les  prélats  il  n'y  avait  guère 
que  Giseler,  évêque  de  Merselwurg,  qui  avait 
consenti  à  lui  amener  un  contingent  de  soldats  (2). 
Dans  les  premiers  mois  de  982,  Othon  prit  Bari 

et  Tarente  et  quelques  autres  places,  défit  deux 

• 

(1)  Lorsque,  écoutant  les  suggestions  de  TMopluDle. 
qa*ll  avait  épousée  en  tTt,  Othon  eut  A  plosleora  reprises 
manqaé  d'égards  envers  son  eiceUrnte.mère»  sataite  Adé- 
laïde, ce  fut  saint  Malriil  qui  les  réconcilia. 

(f)  Loraqu'rn  9S1  le  sMge  de  Magrieboiirg  devint  vacant, 
Giseler  le  reçut  en  récompente  de  ses  sfrvlee«;  deplirc.d 
obUnt  que  Tévéché  de  Meneboorg  fût  supprtaé  et  ca 
grande  partie  attribué  i  celui  de  Magdeboorg.  Otboa 
consentit  bien  i  regret  i  cette  mesure,  qui  privait  r Em- 
pire d'an  ferme  boulevard  sur  la  fTonUère  slave;  mali 
U  ne  poaTatt  se  passer  des  seeoors  de  Giseler. 


945 


OTHON 


946 


armées  ennemies,  et  arrita  le  12  juillet  sous  les 
murs  de  Squillace  a? ec  seize  mille  hommes,  la 
moitié  Italiens.  Le  lendemain  il  attaque  les  Grecs, 
et  les  met  en  déroute  ;  ses  troupes  croyant  la 
yictoire  assurée  se  débandent;  en  oe  moment 
elles  se  voient  assaillies  par  un  corps  de  Sarrasins, 
les  alliés  des  Grecs;  elles  furent  presque  en- 
tièrement détruites.  L'empereur,  échappé  comme 
par  miracle,  se  réfugia  à  Capoue.  L'ambitieuse 
impératrice  Théophanie  le  fit  s'abuser  sur  la 
portée  de  ce  désastre,  qui  a? ait  été  suivi  de  la 
perte  de  toutes  ses  conquêtes;  il  ne  songea  plus 
qu'à  réparer  son  échec.  Il  roulait  que  les  Ita- 
liens, qui  l'abhorraient,  l'aidassent  à  conquérir 
l'Italie  méridionale  et  même  la  Sicile,  mainte- 
nant qu'il  n'avait  plus  de  soldats  pour  les  forcer 
à  obéir;  aussi  se  moquaient- ils  de  lui  et  le  trai- 
taient-i!8  même  d'ftne,  comme  nous  l'apprennent 
les  lettres  de  Gerbert.  Dacs  l'été  de  983,  il  con- 
voqua à  Vérone  une  diète  de  tout  l'empire  ;  il  y 
fit  sans  difficulté  proclamer  son  fils  Othon  comme 
sou  successeur;  mais  il  ne  put  décider  ni  les 
princes  ni  les  prélats  allemands  aie  seconder  dans 
ses  projets  contre  les  Grecs  ;  saint  Maïeul  le  sup- 
plia de  revenir  en  Allemagne,  où  sa  présence  était 
très-nécessaire.  Après  a? oir  appris  la  défaite  de 
Squillace,  les  Danois  et  les  Slaves  avaient  fait  des 
invasions  victorieuses  sur  les  terres  de  TEmpire; 
ces  derniers ,  il  est  vrai,  avaient  été  repoussés , 
mais  ils  s'étaient  maintenus  dans  plusieurs  con- 
trées, qu'OthonP'  avait  incorpora  à  l'empire. 
Entraîné  par  Théophanie,  Othon  ne  voulut  écouter 
aucune  remontrance,  et  s'obstina  à  rester  en 
Italie.  II  alla  d'abord  à  Milan  apaiser  les  troubles 
causés  par  l'élection  simoniaque  de  l'archevêque 
Landulphe,  et  se  rendit  ensuite  à  Rome,  o(i  il 
éleva  à  la  papauté  Jean  XTV,  son  ancien  chan- 
celier. U  mourut  peu  de  temps  après,  d'une  hèvre 
violente,  ou  de  poison,  selon  quelques-uns. 

£.  G. 
Dletiuar,  Chranleon,  —  Lambert  d'Aichaffembourg, 
Annote»,  —  Annale*  hilduMmentet,  »  Annaiista 
Saxo,  —  Balderlcua ,  Càrouicon  eameracense,  —  Anna 
tés  weittenburgensêi,  —  f^Ua  S.  Udalriet.  -  SIgebert 
de  Qembioux ,  Ckronieon.  «  Annaiet  quedlimlmrgen  • 
Mi,  —  FUa  S.  Maiott.  —  EfittapMum  S.  Adelaidœ.  — 
Chrcniecn  cavense*  —  Ranke,  Jakrbùeher  de.»  deut- 
$ehmk  Beichs,  etc.,  l.  II.  —  Boebmer,  Begetta  Ottwvm, 

OTHOBi  III,  empereur  d'Allemagne,  fils  du 
précédent,  né  en  980,  mort  le  29  janvier  1002. 
Reconnu  comme  soooesseur  d'Othon  II  à  la 
diète  de  Vérone,  il  fut,  peu  de  temps  après  la 
mort  de  son  père,  confié  par  rarchefêque  de 
Cologne  à  Henri  II  de  Bavière,  qui,  enfermé 
comme  rebelle  sous  le  règne  précédent,  venait 
de  sortir  de  prison ,  et  qui,  sûr  de  l'appui  de 
plusieurs  puissants  prélats,  voulait  s'élever  lui- 
même  à  la  dignité  impériale.  Mais  sur  les  ins- 
tances de  Willigis,  archevêque  de  Mayence,  et 
de  filother,  évêque  de  Liège,  les  principaux  sei- 
gneurs s'apprêtèrent  à  combattre  les  entreprises 
de  ifenri  ;  l'archevêque  Adalbéron  de  Reims , 
ville  alors  plutôt  impériale  que  française,  se  joi- 
gnit à  eux  ;  son  secrétaire  Gerbert,  qui  devint 


1. 


plus  tard  pape  sous  le  nom  de  Silvestre  II,  joua 
un  rôle  actif  et  important  dans  les  négociations 
qui  s'engagèrent  en  faveur  du  jeune  empereur^ 
Par  son  entremise,  le  roi  dé  France  Lothaire 
prit  d'abord  aussi  la  défense  des  droits  d'Othon, 
son  cousin  ;  mais  en  984  il  s'entendit  avec 
Henri,  qui  lui  céda  la  Lorraine,  dont  Lothaire 
occupa  immédiatement  une  grande  partie.  Peu 
de  temps  après,  Henri  se  fit  couronner  empereur 
à  Quedlimbourg  ;  il  se  concilia  les  ducs  Mie- 
cislas  de  Pologne,  et  Boleslas  de  Bohême,  ainsi 
que  le  prince  des  Obotrites,  Mistni,  en  les  dé- 
gageant de  leur  vassalité  à  l'Empire.  Cependant 
Willigis  continua  à  lutter  avec  énergie  contre 
Tusurpateur,  '  et  lui  aliéna  en  peu  de  temps  la 
majeure  partie  de  la  nation  ;  privé  du  secours 
de  Lothaire,  dont  Hugues  Capet  avait  empêclié 
les  progrès  en  Lorraine,  Henri  se  vit  obligé  de 
remettre  Othon  aux  impératrices  mères  Adélaïde 
et  Théophanie;  mats  il  ne  ces^  toutes  ses  intri- 
gues que  lorsqu'on  lui  eut  donné  (985)  le  duché 
de  Bavière.  En  986  les  troubles  furent  entièren.eDt 
apaisés;  Boleslas  reconnut  de  nouveau  U  suzerai- 
neté de  l'Empire;  le  duc  de  Pologne  l'avait  déjà 
reconnue  l'année  précédente,  après  avoir  con- 
tribué à  réprimer  une  révolte  des  Slaves. 

La  mort  de  Lotliaire  (  mars  986  )  amena  un 
changement  complet  dans  les  relations  entre 
l'Empire  et  la  France  ;  redoutant  et  son  beau- 
frère  Charles  de  Lorraine  et  l'ambitieux  Hugues 
Capet,  la  reine  Emme,  qui  gouvernait  au  nom 
de  son  fils  Louis  V,  se  jeta  entièrement  dans 
les  bras  de  Théophanie,  qui  s'était  fait  attribuer 
la  régence  à  l'exclusion  d'Adélaïde.  A  la  mort 
de  Louis,  Théophanie,  désireuse  de  voir  s'é- 
lever en  France  des  troubles,  dont  elle  espérait 
profiter,  favorisa  jusqu'à  un  certain  point  les  en- 
treprises de  Hugues  Capet,  mais  s'opposa  à  ce 
qu'il  triomphât  complètement  de  ses  ennemis 
Charles  de  Lorraine  et  AmonI,  archevêque  de 
Rbeims,  qu'il  ne  |)arvint  à  réduire  que  lors- 
qu'il se  fut  emparé  d'eux  par  la  trahison  d'A- 
dalbéron,  évêque  de  Laon.  Lorsqu'à  la  suite  de 
ces  événements,  Gerbert,  qui,  ne  se  trouvant 
pas  assez  récompensé,  avait  abandonné  le  parti 
impérial  et  s'était  attaché  à  Hugues,  eut  été 
placé  par  ce  dernier  sur  le  siège  de  Reims,  à  la 
place  de  l'archevêque  légitime  Amool,  Théo- 
phanie se  joignit  au  pape  pour  faire  annuler 
cette  usurpation.  Pour  se  maintenir,  Gerbert 
amena  les  évêques  français  à  menacer  le  pape  de 
proclamer  ^indépendance  complète  de  l'Eglise 
gallicane;  il  céda  lorsqu'il  eut  été,  en  994, 
nommé  précepteur  d'Othon.  L'éducation  du 
jeune  empereur  avait  été  précédemment  confiée 
au  clerc  Bemward,  qui,  en  satisfaisant  tous  les 
caprices  de  son  élève,  avait,  après  la  mort  de 
Théophanie  (991  ),  obtenu  la  direction  des  af- 
faires, et  à  un  Calabrais  du  nom  de  Jean,  plus 
tard  évêque  de  Plaisance,  lequel  s'était  efforcé 
dMnculquer  à  Othon  le  plus  grand  mépris  pour 
les  Allemands  et  un  respect  presque  supersli- 


947 


tieux  poar  les  sciences  et  les   mœui-s  de  By- 
.zance.  Dans  rintervallc,  Jes  armées  impériales 
■aTaient   eu  à   lutter  contre  les  Slaves,   qui, 
malgré  les  efforts  de  Miécislas,  Tallié  de  TAl- 
lemagne,  maintinreot  à  peu  près  intacte  l'in- 
dépendance qu'ils  avaient  reconquise  en  983. 
Ifin  995  Jean  de  Plaisance  fnt  envoyé  à  Cons- 
.  tantinople  pour  y  denoander  la  main  d'une  prin- 
cesse grecque  pour  Tempereur,  qui ,   âgé  de 
quinze  ans,  venait  de  prendre  en  main  le  gou- 
Temement.  L'année  suivante  Otlion  alla  avec 
une  armée  considérable  "^au  secours  du  pape 
Jean  XV,  opprimé  par  la  faction  des  Cresceo- 
tius.  Après  avoir  reçu  à  Pavie  Hiommage  des 
Lombards,  il  arriva  à  Rome,  où  Jean  venait  de 
mourir,  il  plaça  sur  le  trône  de  saint  Pierre,son 
'Cousin  et  diapelain  Bruno,  qui  prit  le  nom  de 
Grégoire  Y.  L'avéoement  de  cet  bomme  d'une 
grande  vertu  fut  acclamé  par  les  moines  de 
Clugny,  qui  depuis  plusieurs  années  s'efforçaient 
de    rétablir  la  discipline   ecclésiastique  et  de 
purger  la  cour  de  Rome  des  vices  qui  y  putlu- 
Jaient  depuis  un  siècle.  A  près  avoir  obligé  Cresceo* 
tiufi  de  jurer  obéissance  au  nouveau  pape,  Othon 
retourna  en  Allemagne,  et  entreprit,  en  997^  une 
campagne  victorieuse  contre  les  Slaves.  En  cette 
année  éclata  à  Rome  une  révolte  contre  les  repré- 
sentants de  l'empereur  et  contre  le  pape,  qui 
s'enfuit  à  Pavie,  Crescentius,  redevenu  tout-puis- 
sant grâce  à  l'aide  de  la  cour  de  Constantinople, 
^eya  à  la  papauté  Jean  de  Plaisance,  qui  s*é- 
tait  vendu  à  cette  cour.  A  la  fin  de  l'année  Othon 
vint  rejoindre  le  pape  ;  en  février  998  il  s'em- 
para de  Rome,  et  fit  mutiler  l'antipape  et  dé- 
capiter Crescentins.  Cédant    à  l'influence  que 
Gerbert  ayait  acquise  sur  son  esprit,  il  lui  donna 
le  siège  de  Ravenne,  dont  le  détenteur  légi- 
time fut  dépossédé  malgré  le  pape  Grégoire,  qui 
mourut  peu  de  temps  après.  Othon  alors  cei- 
gnit de  la  tiare  son  ancien  précepteur,  qui  prit 
le  nom  de  Silyestre  H.  Le  nouveau  pape  s'at- 
tacha à  réparer  les  torts  qu'il  avait  commis  en- 
vers l'Église,  en  préparant  son  affranchisse- 
ment du  pouvoir  laïque,  et  fraya  ainsi  la  voie 
à  Grégoire  VIL  11  poussa  le  jeune  empereur 
inexpérimenté  à  une  suite  de  fausses  démar- 
ches qui  devaient  affaiblir  l'autorité  impériale. 
Sur  ses  conseils  Othon,  qui  avait  le  projet  ar- 
rêté de  résider  pour  toujours  en  Italie,  élablit 
dan«son  palais  à  Rome  l'étiquette  formaliste  de 
la  cotir  de  Byzance,  où  le  souverain  était  traité 
presque  comme  une  idole.  Il  s'aliéna  ainsi  les  sei- 
gneurs allemands,  qui  détestaient  ce  cérémonial, 
parce  qu'il  les  empêchait  d'approcher  de  l'em- 
pweur  aussi  librement  qu'autrefois.  Plein  de  l'idée 
chimérique  de  rétablir  entièrement  et  dans  toute 
sa  splendeur  l'ancien  empire  romain,  H  s'intitula 
auguste,  et  fit  revivre  les  emplois  de  logothète, 
^e  protospathaire,  etc.  A  côté  de  ces  dignitaires, 
qui  n'avaient  de  pouvoir  que  dans  l'enceinte  du 
palais,  il  plaça  sept  juges,  tous  clercs,  qu'il  în- 
vestit  des  plus  hautes  prérogatives,  au  point 


OTHON  94S 

qu'il  se  dépouilla  lui-même  dn  droit  de  dé- 
créter quoi  que  ce  soit  d'important,  sans  leur 
concours.  Des  documents  irrécusables  attestent 
que  cette  nouvelle  constitution ,  qu'Othon  ap- 
pela renova  tio  reipublicx^  lui  fut  suggérée 
par  Silvestre,  qui,  tenant  en  ses  mains  le 
collège  tout- puissant  des  sept  juges,  devenait 
ainsi  le  noaltre  réel  de  i'£mpire.  Ces  fonction- 
naires ne  devaient,  il  est  vrai,  exercer  leur  au- 
torité que  dans  Rome  ;  mais  Othon  avait  dé- 
cidé de  faire  de  cette  ville  te  siège  central  Je 
son  gouvernement,  d'où  la  Germanie  devait 
être  administrée  comme  une  simple  provincefi;. 
Après  avoir  pris  tous  ses  arrangements,  OUino 
se  rendit,  au  commencement  de  Tan  lOOO,  à 
Gnèse,  et  éleva  le  duc  de  Pologne  Bolcsins  Cbo- 
bry  à  la  dignité  royale,  le  dégageant  de  tout  tribut 
envers  l'Empire;  il  consentit  en  même  temps  àoe 
que  l'église  de  Pologne  fût  désormais  placée  soiu 
la  métropole  de  Gnèse  et  devint  ainsi  todépen- 
dante  des  prélats  allemands,  n  fit  tout  celt  en- 
core k  la  demande  de  Silvestre»  qui,  pour  déli- 
vrer la  papauté  du  despotisme  imf^iai ,  cher- 
chait à  donner  aux  peuples  jusqu'ici  vassaux  de 
l'Empire  une  Église  nationale  et  à  en  faire  dâs 
alliés  du  saint-siége. 

Othon  retourna  à  Rome,  après  s'être  arrêté 
k  Aix-la-Chapelle,  où  il  fit  ouvrir  le  tombeau  de 
Charlemagne,  qu'il  avait  follement  pris  pour  mo- 
dèle. Peu  de  temps  après  il  accorda  aussi  au  duc 
de  Hongrie  la  couronne  royale  et  approova  que 
l'église  de  ce  pays  f^t  mise  sous  la  métropole  de 
Gran.  Sans  en  avoir  la  conscience,  il  devînt  a  ns! 
rinsrrument  dont  se  servit  Silvestn  pour  réalsâr 
ridée  admirable,  poursuivie  par  ses  succossearsi 
de  rendre  tous  les  penples  de  l'Europe  indépen- 
dants les  uns  des  autres;  c'est  principalemoit 
à  cette  idée  que  notre  civilisation  doit  sa  su- 
périorité sur  celle  des  anciens.  Mais  tontes  ces 
mesures,  funestes  an  pouvoir  impérial,  snsd- 
tèrenl  en  Allemagne  un  grand  mécontentement; 
une  menaçante  conspiration  se  forma  contre 
l'empereur;  si  elle  n'éclata  pas,  ce  ne  lut  que 
grâce  à  Pesprit  conciliant  de  Henri,  «foc  de  Ba- 
vière, qui  succéda  plus  tard  à  OUkmi.  Les  pré- 
lats allemands,  et  k  leur  tète  rmchevèqne  de 
Mayence  Willlgis,  furieux  de  voir  les  Pokmaiiel 
les  Hongiois  échapper  à  leur  dominatioB,  et  de 
ce  que  le  gouvernement  delà  Gemanie devait 
passer  entre  les  mains  des  Italiens,  se  pronon- 
cèrent contre  Silvestre   et  contre  son  docUe 
élève,  témoin  leur  opposition  violente  dans  l'af* 
faire  de  l'abbaye  de  Gandersheim.  Les  Italiens 
eux-mêmes  étaient  irrités  de  ce  que  l'empereor 
voulait  s'étabh'r  chez  eux  d'une  manière  du- 
rable, et  exercer  ainsi  pleinement  sur  eux  une 
autorité,  qui  sous  ses  prédécesseurs^  presque 
toujours  absents,  sommeillait  pour  la  plupart  du 


fi)  Lfji  détafl.1  de  cette  constiCaUon,  qol  n'eat  qu'ooe 
durée  épti6mére,  w  trnarcnt  dani  un  doeamrnt  ûécoa- 
»eft  par  l'ert*  et  Imprimé  d»n<  le  tome  II  4a  Rftea^ 
sehes  Muséum  f&r  Jurtsprudem, 


949 


OTHON 


950 


temps.   Kn  effet  Otiion  avaif  leTé  sur  eux  des  ' 
impôts  considérables  et  avait  ordonné  que  les 
codes  de  Justinien  fussent  de  nouveau  mis  en 
vigiiear.  Au  commencement  de  1001  une  révolte 
eot  lieo  contre  lui  à  Rome  ;  il  parvint  à  l'apaiser 
pour  le  moment,  en  représentant  aux  rebelles, 
dans  un  discours  qui  nous  a  été  conservé,  quels 
avantages  il  avait  accordés  aux  Italiens  sur  les 
autres  peuples  deTEmpirc.  «  N*ai-je  pas,  dit-il, 
pourTOus  abandonné  patrie  et  parents?  Ne  vous 
ai-je  pas  préférés  anx  Saxons  et  à  tous  les  Ger- 
mains? »  Mais  bientôt  après  une  nouvelle  émeute 
éclata,  Othon  fut  forcé  de  quitter  Rome,  qu'il  \ 
fit  assiéger  en  vain ,  ne  disposant  que  de  peu 
de  troapes.  Délaissé  des  Allemands,  il  se  trouva  ' 
bientôt  dans  une  situation  déplorable ,  et  tomba  . 
dans  une  grande  tristesse.  Saint  Romuald  de-  , 
vint  le  confident  de  ses  chagrins,  et  lui  con-  j 
seilla  d'abdiquer  et  d*entrer  dans  un  monas-  ' 
tère.  Othon  ne  repoussa  pas  cet  avis  ;  mais  il 
voulut  auparavant  reprendre  Rome.  Il  s'appré-  ' 
tait  à  pousser  les  opérations  du  siège  de  cette  , 
ville,  lorsqu'il  fut  emporté  en  quelques  jours  ' 
par  une  fièvre  violente.  Sa  petite  armée  eut  la  | 
plus  grande  peine  à  ramener  en  Allemagne  son 
corps ,  que  les  Italiens  voulaient  mettre  en  lam- 
beaux, n  fut  le  dernier  des  descendants  mâles  de 
la  maison  de  Saxe.  E.  G. 

Dfetmar.  Chronicon.  —  jinnalMa  Saxo.  —  Ricber, 
Caronéeofi.  ~  jimudet  ^tdamburaeiua.  —  Ger- 
àerti  £pittolte.  .-  TbaRgmar.  fita  Semtoardl.  —  H^l- 
dorlc.  Chrontcou.  -^  Brniiik,  ^ita  AdalberU  (  Prrti, 
monumenU,  t.  IV  ).  -  Fita  Meinwerii  (  dans  le  t.  I 
4l«  StHpiorûi  àrmnswieenta  de  Leibolz).  —  BChmer, 
Megesta  Ottonmm,  —  Hanke.  JakrùUcker,  ete.  -  Hork, 
Cerhcri  und  sein  JahrhMMdâri  \  Vienne.  1SI7  ).  -  OfrArer, 
jiUgrmelne  Ktrchengeschichte,  l.  III. 

OTHO?f  IT,  empereur  d'Allemagne,  né  en  1 177, 
mort  le  19  mai  1218,  à  Harzbourg.  Fils  de  Henri 
ie  Lion,  duc  de  Bavière  (  voy,  ce  nom  ),  et  de  Ma- 
thildo  d^Angletcrre,  il  se  rendit,  après  la  chute  de 
son  père,  auprès  de  son  oncle  *  Richard  Cœur  de 
Lion,  qui  lui  donna  le  comté  de  Poitou  et  plus 
tard  le  duché  d'Aquitaine.  En  1197,  après  la  mort 
de  l'empereur  Henri  VI,  il  fut  choisi  ponr  lui  soc- 
féder  par  les  princes  et  prélats,  surtout  du  nord 
de  l'Allemagne,  tandis  quo  ceux  du  sud  élurent 
Philippe  de  Souabe,  frère  de  Henri  VI.  Une 
guerre  civile  éclata  immédiatement;  elle  resta 
longtemps  sans  résultats  décisifs ,  quoique  Phi- 
lippe, le  plus  puissant  dès  le  coinmencemcot,  se 
fût  encore  renforcé  par  une  alliance  avec  Phi- 
lippe-Auguste de  France  et  Ottocar  de  Bohême. 
Les  grands  vassaux  mettaient  tous  leurs  soins 
a  ce  que  la  lutte  se  prolongeât  ;  elle  alTaiblissait 
le  pouvoir  impérial  et  leur  permettait  de  se  li- 
vrer impunément  à  la  rapine.  En  1198  Otbou 
gagna  le  landgrave  Hermann  de  Thuringe,  et  con- 
quit, avec  l'aide  de  son  frère  Henri  le  palatin, 
une  partie  de  la  Saxe.  En   revanche  Philippe 
força  l'année  suivante  Tévêqne  de  Strasbourg  à 
se  soumettre,  et  dévasta  pour  la  seconde  fois  les 
possessions  d'Adolphe,  archevêque  de  Cologne, 
le  principal  soutien  d'Otlion.  £a  1201  le  pape 


Innocent  IH,  invoquant  le  droit  de  contrôler  l'é- 
lection à  Fempire,  se  déclara  en  faveur  d'Othon, 
qui,  par  un  acte  daté  deNeuss,  s'engagea  à  fiiire 
restituer  au  saint-stége  tous  les  territoires  qui 
en  avaient  été  distraits.  En  1202  ,Ottokar  de 
Bohème  se  rania  à  Othon;  il  contribua  à  re- 
pousser l'année  sulrante  l'invasion  de  la  Thu- 
ringe, entreprise  par  Phiiip|)e.  Mais  en  1204  ce 
dernier  renouvela  son  attaque,  et  obtint  la  sou- 
mission du  landgrave  Hermann,  et  un  peu  plus 
tard  celle  du  palatin  Henri.  H  s'en  suivit  nne 
défection  générale  des  partisans  d*Othon ,  qui, 
naturellement    indolent,   n'opposait  pas  assez 
d'activité  anx  revers  qni  le  frappaient  à  tout  mo- 
ment. Après-la  perte  de  la  fidèle  vllfede  Cologne, 
causée  en  1206  par  la  trahison  du  duc  de  Lim- 
t>ourg,  il  passa  l'année  suiTante  en  Angleterre , 
pour  solliciter  le  secours  de  son  oncle,  le  roi 
Jean  sans  Terre ,  qui  ne  loi  donna  que  quelques 
centaines  de  marcs  d'argent.  Dans  l'intervalle  le 
pape  avait  relevé  Philippe  de  Texcommunicalion 
et  chereiiait  à  mettre  (in  h  Fétat  déplorable  de 
FEmpIre  par  on  accord  entre  les  deux  préten- 
dants. Un  armistice  fnt  concin,  et  des  négociations 
actives  s'entamèrent  d'abord  en  Allemagne  et 
ensuite  à  Rome;  HIes  n'aboutirent  pas  La  trêve 
allait  expirer  et  Othon  s*appretait  h  tenter,  avec 
Faide  de  Waldemar  II  de  Danemark,  de  nouveau 
la  fortone  des  armes,  lorsqull  apprit  que.  Philippe 
-venait  de  recevoir  la  mort  de  la  main  d'Othon 
de  Wîltelsbach  (  21  juin  1208). 

Reconnu  unanimetnent  comme  empereur  à  la 
diète  de  Francfort,  Othon  se  fiança  à  Béatrice, 
la  riche  héritière  de  son  rival.  H  fit  édicter 
contre  les  nombreux  chevaliers  brigands,  qui 
continuaient  à  commettre  les  plus  grands  ex- 
cès, des  mesures  très -sévères,  et  il  veilla  lui- 
même  à  leur  exécution  (1).  En  1209  il  passa 
les  Alpes  avec  une  puissante  armée  ;  reçu  par- 
tout avec  enthousiasme,  il  fut  solennellement 
couronné  à  Rome  par  Innocent  III.  Il  crut  alors 
poovon-  se  passer  da  concours  du  pape,  et  re- 
fusa de  remplir  son  serment  de  faire  rendre  h 
FÉglise  romaine  le  duché  de  Spolète,  les  biens  de 
la  donation  de  Mathilde  et  autres  possessions , 
dont  il  se  mit  à  disposer  librement.  H  s'en  suivit 
une  rupture  complèîte  avec  le  pape,  auqnel  Othon 
ne  Yonlalt  laisser  que  la  pure  autorité  spiri- 
tnelle.  Ayant  gagné  par  d'importantes  conces- 
sions les  villes  lombardes  et  toscanes,  l'empe- 
reur réussit  à  réduire  le  pape  à  la  seule  ville 
de  Rome.  Enhardi  par  ses  succès,  il  entreprit, 
en  l'automne  1210,  la  conquête  du  royaume  des 
Deux-Sicilea,  où  régnait  le  jeune  Frédéric,  le 
dernier  descendant  mâle  des  Hohenstaafea.  Avant 
la  fin  de  l'année,  il  prit  Capoue,  Salerne  et  Na- 
ples,  et  s'empara  dans  l'été  de  1211  de  la  Pouille 


(1)  «  Omni  temporê  Othonii  .  dit  no  chrooIqQcar  de 
répoqne,  p«rfotTim  rt^num  jiUwumnlK  tumma  pas 
et  seevrttas  fuity  ito  «<  omnei  mirarentur  quod  etiam 
in  9b»enam  *}nt.  dnm  etset  in  Steilia,  UmUa  pax  po» 
fMtt  «we  in  ttrra.  • 


f 


Wl  OTHON 

et  de  la  plas  grande  partie  de  la  Calabre.  En  ce 
moment  il  apprit  qu*à  l'instigation  du  pape  un 
grand  Qombre  de  princes  et  de  prélats  de  TâU 
lemagne  venaient  de  proclamer  à  Nuremberg  sa 
déchéance  et  avaient  élu  à  Tempire  Frédéric  II 
(  voy.  ce  nom  ),  roi  de  Sicile.  La  guerre  civile 
recommença.  Le  palatin  Henri  et  le  duc  de  Bra- 
bant.  soutinrent  d*abord  avec  snocès  le  parti 
d'Othon,  qui  Tint  les  rejoindre  au  printemps  de 
1212  et  soumit  immédiatement  Tarchevéque  de 
Magdebourg  et  le  landgrave  de  Thuringe,  Le 
7  août  de  cette  même  anhée,,Othon  célébra  son 
mariage  avec  Béatrice;  quatre  jours  après,  la 
jeune  épouse  mourut  subitement  Cet  événement 
fut  un  coup  terrible  pour  Othon,  en  rompant  tout 
lien  entre  lui  et  le  parti  des  Hohenstaulen,  qui 
dès  lors  se  rallia  presque  tout  entier  k  Fré- 
déric. Ce  dernier  parvint  à  travers  mille  dangers 
à  se  frayer  le  chemin  jusqu'à  Constance ,  où  il 
arriva  vers  la  mi-août  avec  soixante  cavaliers. 
Trois  heures  après ,  Othon  atteignit  les  portes  de 
la  ville ,  qni  venait  de  se  déclarer  pour  son  rival; 
s'il  avait  pu  le  prévenir,  il  triomphait;  la  plu- 
part de  ses  ennemis  n'avaient  pas  encore  levé 
l'étendard  de  la  révolte.  A  peine  si  Frédéric  au- 
rait pu  regagner  l'Italie;  maintenant  il  vit  ac- 
courir sous  sa  bannière  une  foule  de  princes  et 
de  prélats ,  qu'il  s'attacha  entièrement  par  son 
afiabilité,  qui  contrastait  tant  avec  4a  hauteur 
et  l'orgueil  d'Otbon.  Ce  dernier  se  rendit  aus- 
sitôt dans  ses  États  héréditaires,  et  ne  songea  pour 
le  moment  qu'à  se  maintenir  dans  le  nord  de 
l'Allemagne.  En  1214  il  marcha  au  secours  du 
comte  de  Flandre,  qui  allait  être  attaqué  par  le 
roi  de  France  Philippe-Auguste,  de  tout  temps 
radversaire  d'Othon,  et  qui  venait  de  conclure 
une  alliance  avec  Frédéric,  auquel  il  avait  remis 
vingt  mille  marcs  d'argent.  Avec  trente  miUe 
hommes  il  rencontra  à  Bonvines  les  Français  en 
nombre  égal  ;  poursuivant  avec  ardeur  le  roi  de 
France,  qu'il  fut  sur  le  point  de  faire  prisonm'er, 
il  s'avança  trop  en  avant,  ce  qui  permit  aux 
Français  de  rompre  les  rangs  ennemis  et  de  rem- 
porter une  victoire  complète.  Ce  désastre ,  qui 
fut  suivi  de  la  défection  du  duc  de  Brabant  et 
d'autres  seigneurs  des  Pays-Bas,  n'abattit  pas  le 
coaraged'Otboo.Enl21ôiImarchaavec  le  mar- 
grave de  Brandebourg,  le  palatin  Henri  et  l'arche- 
vêque de  Brtme  contre  le  roi  Waldemar  de  Dane- 
mark, qui  s'était  ligué  avec  Frèléric  moyennant  la 
cession  des  contrées  au  delà  de  l'Elbe  et  de  l'Elde- 
il  s'empara  immédiatement  de  Hambourg.  Mais 
la  sentence  d'excommunication  lancée  contre  lui 
par  le  concUe  de  Latran  lui  enleva  les  moyens 
de  continuer  la  lutte.  Il  se  reUra  dans  le  Bruns- 
wick ;  il  ne  déposa  pas  la  couronne,  mais  il  ne 
s'occupa  plus  jusqu'à  sa  mort  que  de  veiller  à 
la  prospérité  de  ses  États  héréditaires,  où  son 
heureox  rival  ne  vml  pas  l'inquiéter.    E.  G. 
Otbon  de  Salnt-Blalsc.  -  Arnold  de  Uibeck.  -  Gode- 

S!^î'  ^ï*^*;  "  C.*''<»»'«>»  Drtpergense.  -  Albert  de 
stade,  Chronteon  MontU  SerenL  -  Alberlcu».  Chr^». 
nieon.  -  Matthlea  Parti.  -  Cesta  H  Epittoti  Ikm- 


952 

eenta  ni,  —  Boehmer*  Regesta.  —  Eccani ,  ih-igitm 
Gue(fica,  t.  III.  —  Raumer,  Lu  Hahetatav/en.  —  AbcL 
KÔnif  Phiiipp  (Berlin.  iWï)  et  Kaiser  Otto  Hh.  lia*;. 

OTHo?r  DB  FRISIN6UE,  hlstonen  allemand, 
'  mort  à  Morimond,  le  21  ou  le  22  septembre  115«. 
:  Il  était  fils  de  saint  Léopold,  marquis  d'Antridie, 
I  et  d'Agnès,  fille  de  l'empereur  Henri  ÏV.  A 
cette  illustre  naissance  joignez  les  dons  de  l'es- 
prit,  une  instruction  variée,  une  inclinatioa  vive 
pour  toutes  les  nouveautés ,  tel  fut  Otboa  de 
Frisingue.  Il  aurait  pu  prétendre  à  toutes  les  di- 
gnités civiles.  Il  se  contenta  d'abord  do  simple 
titre  de  prévôt  de  Neubourg  en  Autriche,  et, 
l'ayant  obtenu  de  son  père,  il  se  rendit  en  France, 
à  Paris,  jaloux  d'entendre  les  maîtres  célèbres 
qui  enseignaient  en  ce  Keu,  avec  tous  les  art», 
presque  toutes  les  sciences.  Nous  le  voyons  en- 
suite, en  1126,  prendre  l'habit  cistercien  daa^ 
l'abbaye  de  Morimond;  puis  revenir  à  Paris, 
achever  ses  études  en  philosophie  et  en  théo- 
logie. En  1131  il  est  élu  abbé  de  Morimond 
Quelques  années  après  il  rentre  en  Allemagne, 
où  il  va  prendre  possession  de  l'évêché  de  Fri- 
singue. Il  mourut  durant  un  voyage  qu'il  iaisait 
en  France,  se  rendant  à  un  chapitre  général  de 
Tordre  de  Cfteaux. 

La  Chronique  d'Othon  de  Frisingue,  souvent 
imprimée,  finit  à  l'année  1146;  elle  a  été  con- 
tinuée jusqu'en  1209  par  Othon  abbé  de  Saint- 
Biaise,  mort  en   1223.  Pour   les  temps  an- 
térieurs au  onzième  siècle^  elle  n'offke  rien  qd 
soit  digne  de  remarque.  Mais  dès  le  ondème 
siècle  elle  abonde  en  renseignements  originaux. 
Othon  ne  raconte  pas  simplement  les  entreprises 
des  princes,  leurs  guerres  et  les  catastrophes 
qui  les  accompagnent  :  il  donne  aussi  d*mtéi«s- 
sants  détails  sur  tes  écrivains  de  son  temps,  et 
disserte  lui-même,  pour  son  compte  personnel, 
sur  les  questions  qui  paraissent  le  plus  ag^ 
la  conscience  de  ses  contemporains.  Ce  n'est 
pas  seulement  un  chroniqueur,  qui  a  In  avec 
fruit  Justin,  Suétone  et  s'efforce  de  les  imiter: 
c'est  encore  un  théologien  qui  a  lu  les  philoso- 
phes, et  qui  tient  à  ce  qu'on  ne  l'ignore  pa8« 
Un  autre  ouvrage  historique  d'Othon  de  Fri- 
singue a  pour  titre  :  De  Gestis  Fnderici  /, 
eeesaris  augusti.  Comme  le  précédent,  il  a  été 
souvent  imprimé.   La  première  édition  e$t  de 
l'année  I6i5.  Othon  n'a  pu  achever  cet  ouvrage. 
Les  derniers  chapitres  sont  de  Radevic,  cha- 
noine de  Frisingue. 

Si  l'on  compare  Othon  aux  historiens  de  l'an- 
tiquité qu'il  a  pris  pour  modèles,  on  ne  peut  hé- 
siter à  reconnaître  qu'il  leur  est  bien  inférieur; 
mais  si,  comme  il  convient  peut-être,  on  ne  loi 
demande  que  des  particularités,  des  anecdotes^ 
racontées  avec  sincérité  ;  si  on  l'interroge  comme 
un  témoin  fidèle  des  faits  qu'il  rapporte,  sans  re- 
garder à  l'économie  de  ses  livres,  à  son  style, 
et  surtout  à  sa  philosophie,  c'est  un  des  plus 
utiles  écrivains  de  son  siècle.  B.  H. 

Manrtqnez.  Annal.  Cistcrc,  ad  ann,  MU,  iitr  et  ansoa 
seqoentet.  -  Huber,  otto  von  Frêisingen  (UoDieJi.  isis;. 


953 


OTHON  —  OTTLEY 


954 


-  Wattenbaeb,  DeutiChland  GesehiehUquetlen  Un  MU- 
telaUer. 

J  onoN  !•%  roi  de  Grèce,  né  le  l*""  juin 
1815.  Fîls  da  roi  Loais  de  BaTÎère,  il  reçut, 
80US  la  direction  de  Sclielling  et  de  Tbierscii , 
une  éducation  distinguée.  Le  grand  intérêt  que 
son  père  arait  montré  pour  la  cauM  philliélène 
le  fit  appeler  en  1832  à  la  couronne  du  nouveau 
royaume  de  Grèce.  Le  gouvernement  fut  confié 
jusqu'à  la  majorité  d'Otbon  an  comte  d'Armans- 
berg,  dont  le  bon  vouloir  ne  parvint  pas  àtriom- 
pber  complètement  de  l'anarchie  du  pays  et  des 
intrigues  de  la  diplomatie.  Lorsque  le  roi  eut 
pris  en  main  Tadministration  (1835),  il  eut  aussi 
à  lutter  contre  les  difficultés  que  les  Russes  et  les 
Anglais  ne  cessèrent  d'apporter  au  raffermisse- 
ment du  trône  nouveau  et  à  la  prospérité  du  pays. 
Le  roi  vit  ses  intentions  excellentes  méconnues; 
le  15  septembre  1843  une  conspiration  militaire 
éclata;  elle  fut  apaisée  parla  promesse  d'une 
constitution,  qui  fut  en  effet  promulguée  le 
30  mars  1844.  Les  nouTclles  institutions  ne  se 
consolidèrent  que  peu  à  peu  au  milieu  d'un  peuple 
pas  encore  assez  mûr  pour  les  idées  libérales; 
elles  servirent  à  abriter  les  menées  les  pluscon- 
fraires  au  bonheur  du  pays.  Une  sonrde  hos- 
tilité fut  entretenue  avec  soin  contre  le  roi,  qui, 
malgré  des  embarras  de  toutes  sortes,  réussit  ce- 
pendant à  introduire  des  améliorations  notables, 
à   relever  Tagriculturc,  à  répandre  l'instruc- 
tion, elc!;  son  pende  popularité  tient  aussi, il  est 
Trai,àson  esprit  de  minutie  et  à  ses  manières  peu 
expansives.  Cependant,  la  violence  du  cabinet 
anglais,  qui  en  1850,  à  propos  des  réclamations 
peu  fondées  du  juif  Pacifico,  bloqua  les  côtes  de 
la  Grèce  et  paralysa  le  commerce  du  pays  jus- 
qu*à  ce  que  ces  exigences  eussent  été  satis- 
faites, rallia  un  insUnt  tous  les  espriU  autour 
du  roî,  qui  montra  beaucoup  de  dignité  vis-K- 
vis  cet  abus  de  la  force.  Othon  parvint  à  faire 
prendre  des  mesures  énergiques  contre  le  bri- 
gandage, qui  infestait  toujours  le  pays  et  à  bri- 
ser la  résistance  du  sénat,  qui  avait  jusqu'alors 
empêché  le  vote  régulier  du  budget.  Il  apaisa 
aussi  en  1852  les  troubles  provoqués  par  la  sé- 
paration de  l'Église  nationale  du  patriarche  de 
Constantinople.  En  cette  même  année  il  s'occupa 
de  faire  régler  la  succession  au  trône;  n'ayant 
pas  d'enfants  de  la  princesse  Amélie  d'Oldem- 
bourg,  il  désirait  nommer  lui-même  son  suc- 
cesseur; mais  la  conférence  de  Londres  statua 
que  la  couronne  serait  donnée  au  prince  de  la 
maison  de  Bavière  qui  embrasserait  la  religion 
grecque.  En  1854,  Othon  se  vit  obligé  de  céder 
au  mouvement  général  qui  entraînait  ses  su- 
jets à  profiter  de  la  guerre  entre  la  Russie  et  la 
Porte  pour  obtenir  l'affranchissement  de  toutes 
les  populations  grecques  du  joug  ottoman;  mais 
l'occupation  du  Pirée  par  des  troupes  anglo- 
françaises  (mai  1855)  lui  permit  de  contenir  cette 
tentative  prématurée,  de  même  qu'il  put  dans 
les  aimées  soivantes  refréner  en  partie  le  bri- 


gandage, qui  avait  recommencé  plus  fort  que  ja- 
mais. Dans  ces  derniers  temps  la  position  du  roi 
Othon  est  devenue  de  nouveau  très-difficile  ;  très- 
mal  secondé  par  des  ministres  peu  capables,  il 
n'a  pas  encore  pu  amener  la  Grèce  dans  une  voie 
réguhère  de  progrès. 

Téoienis,  La  Grée»,  —  JUdnner  der  ZHt.  —  Conter' 
saUon»-tM:kotL  —  Lesnr,  Annttaire  Maorique.  —  An- 
nuaire de  la  Revue  dte  Deux  Mondes, 

OTBOif.  Voy,  Ratière,  Brunswics,  Euobs, 
Hatto  et  Od  m. 

OTTBR  (Jean),  orientaliste  français,  né  le 
23  octobre  1707,  à  Christienstadt ,  mort  le  26  sep- 
tembre 1748,  à  Paris.  Après  avoir  abjuré  le  lu- 
théranisme, il  vint  en  France,  et  occupa  d'abord 
un  emploi  dans  les  postes.  Doué  d'une  rare  ap- 
titude pour  la  connaissance  des  langues,  il  avait 
appris  sans  maître  presque  toutes  celles  de  l'Eu- 
rope et  les  pariait  avec  autant  de  facilité  que  sa 
langue  maternelle.  Ces  dispositions  frappèrent 
M.  de  Maurepas,  qui  était  alors  ministre  :  il  en- 
voya Otter  dans  le  Levant  avec  le  double  but 
d'y  rétablir  le  commerce  français  et  de  s'instruire 
dans  l'histoire  et  les  langues  orientales.  6e  der- 
nier consacra  dix  années  à  son  voyage  (  1734- 
1744),  fit  un  long  séjour  à  fspahan  et  à  Bassora, 
et  obtint,  à  son  retour,  les  fonctions  d'interprète 
à  la  Bibliothèque  du  roi  et  de  professeur  d'arabe 
au  Collège  de  France.  Le  19  mars  1748,  il  fut 
admis  dans  l'Académie  des  mscriptions.  On  a  de 
hii  :  Voyage  en  Turquie  et  en  Perse  ^  avec 
une  relation  des  expéditions  de  Thanuts-KoU" 
likan;  Paris,  1748,2  vol.  inl2,  fig.,  trad.  en  al- 
lemand. 

Bougaintille,  Éloge  d^Otter,  dans  le»  Mém  de  tAeaA. 
des  inser.,  XXIII.  -  Ooi^Jcl,  Mém,  sur  U  CoUéçe  royal. 

OTTH  (Adolplte),  voyageur  suisse,  né  à 
Berne,  le  2  avril  1803,  mort  à  Jérusalem,  le 
16  mai  1839.  Il  fit  ses  études  dans  sa  patrie, 
apprit  les  sciences  naturelles  à  Genève  sous  Se- 
ringe  et  de  Decandolle,  et  se  fit  recevoir  doc- 
teur en  médecine  à  Beriin  (1837);  il  explora, 
en  1837,  le  Dauphiné,  la  Provence,  les  lies  Ba- 
léares  et  l'Algérie,  dont  il  rapporte  de  belles 
collections  d'insectes  et  de  reptiles,  parmi  les- 
quelles il  signalait  plusieurs  espèces  inconnues. 
Après  avoir  publié ,  sous  le  titre  de  Esquisses 
africaines,  Berne,  1838-1839,  une  suite  de 
trente  planches  in-fol.,  avec  texte,  Otth  repartit. 
Cette  fois  il  s'embarqua  à  Trieste,  et  visite  An- 
cône,  Corfou,  Alhènes,.l'Égyple,  la  Syrie,  et  se 
trouvait  à  Jérusalem  lorsqu'il  fut  mortellement 
atteint  par  la  peste.  Ses  observations,  ses  des- 
sins ,  ses  collections,  si  chèrement  acquises,  ont 
été  dispersées  sans  voir  l'Europe. 

Bibliothèque  universelle  de  Genève,  ann.  1839. 

OTTLBT  (William-Young  ) ,  antiquaire  en- 
tais, né  en  1771 ,  mort  le  26  mal  1830,  à 
Londres.  Il  étudia  d'abord  la  peinture,  et  ex- 
po.sa  en  1823  une  grande  composition  religieuse, 
qui  avait  pour  sujet  La  Chute  de  Satan;  c'est 
à  peu  près  lé  seul  de  ses  tebleaux  qui  mente 


955 


omuLY 


d'être  cité.  En  1791  il  se  rendit  en  Italie,  et 
pendant  on  séjoor  de  dix  années  il  y  forma  une 
collection  précieuse  de  dessins,  de  gravures 
et  d'objets  d*art,  qu'il  Tendit  dans  la  suite  au 
peintre  Lawrence  pour  la  somme  de  200,000  fr. 
(8,000  1.  st.)-  Eb  1833  il  fut  nommé  conser- 
vateur au  British  Muséum.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  The  Itaiian  sehool  of  design, 
being  a  séries  of  facsimUes  of  original 
drawings  bg  the  most  ênUnent  pointers  and 
sculptors  in  Italg,  with  biographical  notices 
and  observations;  Londres,  i808-1812-tli23, 
3  ToU  inrCbl.,fig.  :  un  des  recueils  modernes  les 
plus  consciencieux  pour  l'histoire  des  écoles  i(a- 
tiennes;  —  An  Enquirg  into  the  originand 
early  history  oj  engraning  upon  eopper  and 
on  wood;  ibid.,  1816,  2  toI.  in-8'>;  —  Sngra- 
vings  of  the  marquis  of  Staf/ord's  collection 
of  pictures;  ibid.,  1818,  4  vol.  in-fol;  —  St' 
ries  of  plates  engraved  after  the  paintings 
ofth^  masters  ofihe  early  Florentine  Sehool; 
ibid.,  1826,  in-foL  ;  —  FacsimUes  (129)  of 
scarce  prints  by  the  early  masters  of  the 
Kalian,  German  and  Flemish sehools ;  ibid., 
1826-1828,  iB-4'*;  —  Notices  of  engravers 
and  their  works;  ibid.,  1831,  in•4^ 

Cfclop,  ofenoUsh  Uterotur»  iblogr./. 

OTTO  l  André),  Batvaiit  aUenBand,  né  à  Col- 
berg,  mort  en  1670.  H  fut  pendant  quelque  tempd 
soldat,  et  occupa  depuis  1641  diverses  fonctions 
ecclésiastiques  à  Kœni^çsberg  et  k  Marienwerder. 
Outre  plusieurs  traités  tbéologiques ,  il  a  pubHé  : 
Anthroposcopia  seu  Judieium  de  homine  ex 
lineamentis  corporls;  Kœnigsberg,  1647,io-12; 
Leipzig,  16«4  et  lùG»-  O. 

Arnold,  ffUt.  der  Mô'nUbergUehen  Vniv.  , 

OTTO  (Everard),  jurisconsulte  allemand, 
né  le  3  septembre  1685,  à  Hamm,  mort  à  Brème, 
le  20  juillet  1756.  Il  fut  depuis  1720  professeur 
à  Utrecbt,  et  putMia,  entre  autres  :  De  yEdi- 
libus  coloniarum  et  municipiorum;  (Jtrecht, 
i7Z2;  —  De  Diis  vialibus  plerorumque  po- 
pmlorum;  HaHc,  1714,  in  8«»;  — /)e  statu  ju- 
dœorum  publico  ;  Utrecht,  1721;  —  De  ju- 
risprudentia  symbolica;  Utrecht,  1730,  in-S»; 
—  Thésaurus  juris  romani  ;  Leyde,  1725- 1 729, 
4  vol.  in-fol.  ;  Utrecht,  1733-1735.  5  vol.  in-fol.; 
en  tôte  des  traités  rassemblés  dans  ce  précieux 
recueil,  Otto  a  placé  des  préfaces  contenant 
souvent  les  biographies  des  auteurs.       O. 

Jnglw,  Beitràge  aur  ivristUchen  Bioyraphif,  t.  I 
VbH'  "  ''"^'■»  ^^aftton  der  jetttlrbtndm  Rechtsçé- 
leàrten.  --  WeidUch,  Ctithichte  dêr  iettUebenden 
Rechtsgelehrttn 

OTTO  (  Henri- Frédéric  ) ,  antiquaire  alle- 
mand ,  né  en  1692,  à  OrdrulT,  dans  le  comté  de 
Gleicben.  Avocat  des  maisons  de  Hobenlohe  et 
de  Saxe-Gotba,  il  a  publié  :  De  lingua  germa- 
nicœ  origine;  1714;-  Numismatis  Lysimachi 
expositio;  Erfurt,  1715,  in^»;  _  De  ingeniis, 
mortàus  et  studiis  prxcipuarum  gentium 
^tiropa?; Francfort,  1718;—  Thuringia  sacra  ; 


—  OïTO  956 

Leipzig,  1737,  2  vol.  in*fo].,  en  collaboration 
avec  J.-M.  Schamel.  O. 

Hist,  bUflwtk.  Fabrie.  (  partie  VI,  p.  lit  ]. 

OTTO  (  Gottlieb'Frédéric  ),  biagrapbe  alle- 
mand, né  è  Dresde,  en  1751,  mort  en  1815.  Pas- 
teur à  Lichtenberg  et  à  Friedersdorf,  il  publia  ; 
Lexihon  der  seit  dem  fûnfzehuten  Jahràun- 
dert  verstorbenden  und  jetztlebenden  Oàer- 
lausitzer  Schri/tstcller  und  Kûnttler  (Dic- 
tionnaire des  auteurs  et  artistes  de  la  tiaafe  Lo- 
sace ,  morts  depuis  le  quinzième  siècle  ou  vivant 
actuellement);  Gœrlitz,  I8OO-I8O39  3  toL  iii-8*; 
—  plusieurs  articles  biographiques  et  hibiîogn- 
phiques  dans  divers  recueils.  O. 

liotermand ,  SuppUmeni  à  JôeMer. 
OTTO  (Louis-Guillaume),  comte  os  Mo»- 
LOY ,  diplomate  français ,  né  à  York  (  grand- 
duché  de  Bade  ),  le  7  aoOt  1754,  mort  à  Paris, 
le  9  novembre  1817.  H  appartenait  è  une  ho- 
norable famille  protestante.  Son   père  et  son 
grand-père  avaient  rempli  les  places  de  chance- 
lier et  conseiller  intime  au  service  du  landgrave 
de  Hesse-Darmstadt.  Il  fit  d'excellentes  études 
à  l'université  de  Strasbourg,  et  s'y  livra  sor> 
tout  à  l'étude  des  langues  étrangères  ti.  da  droit 
public  et  féodal.  A  vingt -deux  ans,  le  gooreme- 
ment  l'attacha  à  la  h^ation  du  marquis  deLa  Lo- 
zeme,alors  ministre  plénipotentiaireà  Manich,et 
il  l'accompagna  aux  États-Unis,  où  La  Lmerae 
était  envoyé  pour  représenter  la  France  (  1779)  ; 
après  son  départ,  il  resta  comme  chargé  d^af- 
faires  (1784;.  Lié  par  des  rapports  d'estime  et 
d'amitié  avec   Washington  et  les   prinripam 
membres  du  congrès,  il  conserva  la  iMNuie  ta- 
telligencequi  était  dans  le  système  de  Louis XTI. 
Otto  resta  en  Amérique  treize  années;  il  re- 
vint à  Paris  en  décembre  1792.  La  répuiilique 
avait  été  inaugurée,  et  se  disposait  à  eorabattre 
la  moitié  de  l'Europe  qui  menaçait  le  territoire. 
Alors  les  armées  jouaient  le  rôle  que  remplit  la 
diplomatie  dans  les  temps  paisit4es.  Mais  son 
mérite ,  connu  et  apprécié  de  quelqiies  bonmes 
influents,  le  fit  nommer  bientôt  chef  de  la  pre- 
mière   division    politique    des    relations    ex> 
térieures.  Il  remplaça  Maret  (  depuis   due  de 
Bassano  ) ,  qui  avait  été  chargé  d'une  nuasioo 
à  Londres  (  février   1793  ).  La  révointUMi  da 
31  mai  faillit  l'entratoer  dans  la  ruine  des  gi- 
rondins, dont  il  partageait  les  principes,  n  fut 
enfermé  au   Luxembourg,  et  ne  dot  son  salut 
qu'à  la  journée  du  9  thermidor.  Il  vivait  dana 
la  retraite  lorsqu'en  1798.  Sieyès  fut  nommé 
ambassadeur  à  Berlin.  Apprécié  par  cet  homme 
politique  célèbre,  il  le   suivit  comme   secré- 
taire de    légation.    Sieyés  ayant  été  aommé 
directeur  l'année  suivante,  Otto  resta  chargé 
d'afTaires  à  Berlin.  H  s'y  concilia  la  bienveillance 
du  souverain,  et  ce  fut  durant  cette  mission 
que  le  gouvernement  prussien  suspendit  les 
préparatifs  de  guerre  qu'il  dirigeait  contre  la 
France.  Après  la  révolution  du  18  brumaire,  an 
commencement  de  1800,  il  fut  envové  à  Loo- 


tt7 


OTIO 


dâS 


dres  an  sajet  de  rentretien  el  de  rechange  dea 
prisonniers  de  guerre.  Une  connaissance  par- 
faite de  l'anglais  et  des  mœurs  du  pays,  le 
tact  et  Texpérience  diplomatique  lui  firent 
conférer  le  titre  de  ministre  plénipotentiaire 
pour  entamer  des  négociations  de  paix  avec  le 
cabinet  anglais.  Il  surmonta  bien  des  difficultés 
ayant  d^arriver  à  la  signature  des  préliminaires 
de  paix;  mais  enfin,  le  l"*^  octobre  1801  au  soir. 
Teille  du  jour  fixé  comme  terme  fatal  par  le  pre- 
mier consul,  n  Otto  eut  la  joie,  dit  M.  Thiers,  de  si- 
g^er  ces  préliminaires,  joie  profonde,  sans  égale, 
car  jamais  négociateur  n'avait  eu  le  bonheur 
d'assurer  par  sa  signature  tant  de  grandeurs  à 
sa  patrie  I  »  Cet  événement  produisit  à  Paris 
les  plus  Tifs  transports  d'allégresse.  La  joie 
et  l'enthousiasme  furent  presque  du  délire  à 
Londres  et  en  Angleterre.  Après  dix  ans  d'o- 
rage et  de  soofTrances,  Tarc-en-ciel  de  la  paix 
brillait  enfin  dans  le  del  !  Le  peuple  détela  les 
chevaux  de  la  voiture  du  ministre,  quand  11  se 
rendait  chez  les  membres  du  cabinet,  et  tes  té- 
moignages d'un  contentement  extraordinaire 
durèrent  plusieurs  jours.  Pour  signer  le  traité 
définitif  à  Amiens,  le  cabinet  anglais  désigna 
lord  Comwallis,  ancien  gouverneur  général  de 
rinde,  un  des  hommes  les  plus  éminents  de  la 
Grande-Bretagne,  et  le  premier  consul ,  son 
frère  Joseph.  Bien  qu'Otto  fût  resté  à  Londres, 
comme  ministre,  sans  figurer  aux  conférences 
d'Amiens,  son  nom  est  à  jamais  lié  au  souvenir 
de  cette  paix  célèbre.  Dans  les  deux  pays,  il 
reçut  d'éclatants  témoignages  de  la  reconnais^ 
sance  publique.  A  son  retour  en  France,  il  fut 
envoyé  h  MuoicU  comme  ministre  plénipoten- 
tiaire. Il  fit  de  ce  poste  secondaire  an  poste 
d'observation  d'une  haute  importance.  C'était 
l'époque  où  les  intrigues  du  cabinet  anglais 
avaient  formé  sur  le  conliaent  une  coalitioa 
contre  la  France.  L'Angleterre  avait  prodigua 
son  or  et  ses  promesses  ;  l'Autriche  et  la  Russie 
fournissaient  leurs  armées.  On  fit  toutes  sortes 
d'efforts  ponr  entraîner  la  Bavière.  Otto  avait 
Suivi  et  combattu  habilement  toute  cette  in- 
trigue. U  parvint  à  déterminer  l'électeur  à 
quitter  sa  capitale,  et  envoya  son  secrétaire  de 
légation,  Bog»e  de  Faye,  pour  informer  Tem- 
pereur  que  les  colonnes  de  l'Autriche  s'ébran- 
laient pour  occuper  la  Bavière.  On  sait  le  mou- 
vement rapide  que  fit  Napoléon  sur*  le  Rbin^  et 
les  événements  de  cette  mémorable  campagne, 
terminée  par  le  ooup  de  foudre  d'Austerlitz 
(  180Â  ).  L'ensf^reur  témoigna  hautement  sa  sa- 
tisfaction à  son  ministre,  le  fit  conseiller  d'État, 
et  grand-officier  de  la  Légion  d'honneur,  en  lui 
accordant  le  titre  de  comte  de  Mosloy.  Otto 
continua  de  résider  à  Mnnkh,  entouré  d'une 
grande  considération,  jusqu'en  1809,  où  il  fut 
envoyé  à  Vienne  comme  ambassadeur.  Il  prit 
une  grande  part  aux  négociations  du  mariage  de 
Napoléon  avec  l'arcbiduchesse  Marie-Louise, 
en  échangea  les  conditions,  et  continua  à  re- 


présenter l'empereur  à  Vienne  jusqu'au  com- 
mencement de  1813.  Les  désastres  de  l'expédU 
tioa  de  Russie   avaient  produit  on   profond 
ébranlement  dans  toute  l'Allemagne»  Les  pas- 
sions belliqueuses  s'étaient  ranimées  avec  vio- 
lence, et  la  poèitique  tortueuse  du  cabinet  au- 
trichien voulait  s'en  faire  un  instrumeut  pour 
substituer  sa  suprématie  à  ce  qu'elle  appelait  la 
domination  de  la  France.  La  situation  était  cri- 
tique. «  Napoléon  ne  jugeant  pas  son  ambassa- 
sadeur  à  Vienne  ni  assex  influent  ni  assez  clair- 
voyant, lui  donna  comme  snccessenr  le  comte 
Louis  de  Narbonne  (mars  ),  dont  U  adit  plus 
tard  à  Sainte-Hélène  qu'il  fût  trop  clairvoyant 
et  trop  entreprenant,  ce  qui  avait  poussé  trop 
tôt  l'Autriche  à  jeter  le  masque,  ,et  nous  fut  fu- 
neste (  Thiers  ).  »  A  son  retour,  Otto  fut  fait 
ministre  d'État.  A  la  fin  de  1813,  M  fut  envoyé 
à    Mayence,   comme  commissaire   extraordi- 
naire, pour  tenter  de  réchauffer  l'esprit  public 
en  faveur  de  l'empereur,  mais  il  ne  put  arriver 
jusqu'à  sa  destination,  n  se  montra  dispsé  à 
servir  le  pays  sous  la  première  restauration. 
Homme  sage,  modeste,  plein  de  probité  et  d'ex- 
périence, il  pouvait  rendre  encore  d'éminents 
services  dans  l'administration.  On  dit  qu'il  fut 
écarté  du  conseil  d'État  par  l'influence  de  Tal- 
leyrand,  dont  llnimitié  remontait  à  1801.    On 
raconta  à  cette  époque  du  consulat ,  dans  le.*i 
cerclés  politiques ,  qu'Otto,  en  homme  probe, 
avait  refusé  de  se  prêter  à  des  projets  de  spécu- 
lation sur  les  fonds  publfcs  que  ce  grand  per- 
sonnage avait  formés  en  vue  des  préliminaires 
de  paix.  Dans  les  Cent  Jours ,  il  accepta  de  Na- 
poléon la   place  de  sous-secrétaire  d^État  au 
ministère  des  affaires  étrangères.  Après  Wa- 
terloo, il  fut  chargé  d'une  mission  extraordinafre 
auprès  du  gouvernement  anglais,  pour  des  me- 
sures concernant  la  sûreté  personnelle  de  Na- 
poléon ;  mais  il  ne  put  obtenir  de  passeport,  et 
n'alla  pas  au  delà  de  Calais.  A  partir  de  cette 
époque,  il  vécut  dans  la  retraite  jusqu'à  sa  mort. 
Le   comte   Otto  a  laissé  la  réputation   d'un 
homme  probe,  désintéressé,  bienveillant,  et  d'un 
diplomate  qui  possédait  des  talents  supérieurs. 
Très- versé  dans  les  littératures  étrangères,  ai- 
mable dans  le  monde,  il  savait  être  érudît  et 
profond  avec  les  savants.  Marié  à  mademoiselle 
Livingston,  qui  appartenait  à  une  des  familles 
les  plus  considérables  des  États-Unis,  il  épousa 
ensuite  la  fille  de  Saint-John  de  Crèvecœur, 
consul  de  France  à  New-York.  Il  eut  de  ce 
mariage  une  fille  mariée  à  M.  Pelet  f  de  la  Lo- 
zère), ancien  député  et  ministre  sous  Louîs-Phi- 
fîppe.  '    J.  Chanut. 

Biffnon,  Histoire  de  France  sous  Napoléon.  —  TTifers, 
Consulat  et  empire.  —  A.  Lpfebvre,  Hisiofre  des  cabi- 
nets de  i'Eurwpe  pendatU  le  eontmiat  et  i'empire.  — 
Rabbe  et  BoliJnUn,  Biogr.  de*  anUemp.  —  Moniteur, 
16  novembre  1817. 

J  OTTO  (  Frédéric-Jules  ),  chimiste  alle- 
mand, né  le  8  janvier  1809,  à  Grossenham,  en 
Saxe.  Après  avoir  été  employé  dans  la  fabrique 


959  OTTO  — 

de  porcelaine  de  Nathosios,  il  devint  en  1835 
professear  extraordinaire  et  en  1842  professeur 
ordinaire  de  chimie  an  Carolinutn  de  Brun&. 
wick;  il  est  aussi  depuis  de  longues  années 
membre  de  la  commission  supérieure  d*hy- 
giène.  On  a  de  lui  :  Lehrbuch  der  C hernie 
(Manuel  de  chimie);  Brunswick,  1840-1843, 
1844-1846  et  18Ô3-1855,  3  vol.  in-8";  —  Lehr- 
huch  der  rationelUn  Praxis  der  landwir- 
thschafilichen  Getoerfre (Manuel  d'une  pratique 
raisonnée  des  industries  rurales);  ibid.,  1849- 
1850,  et  1852-1855,  2  parties,  ln-8*;  excel- 
lent ouvrage;  —  Lehrbuch  der  Essigfabri' 
kation  (  Manuel  de  la  fabrication  do  vinaigre  )  ; 
ibid.,  1857,  in-S';  —  Ànleitung  zur  Avs- 
mittelung  der  Gifle  (  Manière  de  reconnaître 
la  présence  des  poisons)  ;  ibid.,  1857,  in-8**.  O. 

OTTOCAR  de  Styrie,  poète  et  historien  al- 
lemand, né  en  Styrie,  vers  le  milieu  du  trei- 
zième siècle,  mort  dans  la  première  moitié 
du  quatorzième.  On  Ta  jusque  dans  ces  derniers 
temps  confondu  avec  un  certain  chevalier  Ot- 
tocar  de  Homeck,  son  contemporain,  et  Ton  a 
prétendu  à  tort  qu*il  prit  part  aux  luttes  san- 
glantes qui  s'engagèrent  dans  son  pays  après 
l'avènement  de  Rodolphe  de  Habsbourg,  dont  il 
aurait  suivi  le  parti.  Des  recherches  récentes , 
basées  sur  une  étude  attentive  de  ce  qu'il  rap- 
porte lui*m6me  au  sujet  de  sa  personne,  ont 
fourni  les  résultats  suivants.  Il  appartenait  par 
sa  naissance  à  la  classe  des  ministeriales  ^  per- 
sonnes ne  jouissant  que  d'une  demi-Kberté  et  as- 
treintes à  certains  services;  ses  fonctions  coosis- 
sistaient  à  égayer  par  ses  vers  et  son  talent  de 
musicien  la  cour  de  son  seigneure,  Othon  de  Lié- 
tenstein ,  gouverneur  de  Styrie  et  fils  du  cé- 
lèbre minnesinger  Uiric  de  Lichtenstein.  Il 
passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  dans  les 
châteaux  d'Othon,  et  assista  aussi  à  plusieurs 
grandes  fêtes  et  solennités  célébrées  à  Vienne ,  à 
Prague  et  à  Presbourg.  Il  a  écrit,  dans  l'inter- 
valle de  1300'  à  1316,  une  Chronique  rimée 
d*Âutriche  et  de  Styrie,  relatant  les  événe- 
ments qui  se  sont  passés  depuis  1230  environ 
jusqu'en  1309  dans  ces  deux  pays  et  dans  les 
contrées  avoisinantes,  l'Italie,  la  Bohème  et  la 
Hongrie.  Ce  poème,  de  pins  de  quatre-vingt 
mille  vers,  est  une  des  sources  les  plus  impor- 
tantes de  l'histoire  de  cette  époque ,  et  contient 
les  détails  les  plus  intéressants  sur  les  mœurs 
et  coutumes  d'alors;  il  a  été  imprimé  dans  les 
Scriptores  rerum  austriaearum  de  Pez,  dont 
j|  forme  le  troisième  volume.  On  conserve  en 
manuscrit  à  la  bibliothèque  impériale  de  Vienne 
une  Chronique  du  monde  rimée,  composée 
par  Ottocar  d'après  des  sources  latines;  elle  s'é- 
teud  jusqu'à  la  mort  de  l'empereur  Frédéric  II  ; 
des  fragments  s'en  trouvent  dans  les  Deukmaler 
<le  Pischon.  E.  V. 

Tb.  Schacht ,  ^ut  nnd  ûber  OUokart  von  Uorneck 
Uemehronik  (Mayeoce,  ISIO}.  -  Ttuiacobl,  De  OUo- 


OTWAY 

caro  eJkronico  awrtrloeo  (  Bretian,  IBSS).  —  Toacaaa  dd 
Binnfr.  DU  deuUcke  NationalUeratur  der  oestre^ 
chtschen  Monarchie  LVienne ,  tS49, 1. 1 }. 

OTTORAR.  Voy.  PRZEMISLilS. 

OTTONBLLi  (Jean-Dominique) ,  jésuite 
italien,  né  en  1584,  àFanano(duché  deModène}, 
mort  à  Florence,  le  14  mars  1670,  fut  recteur  des 
collèges  de  Recanati  et  de  Fermo.  Entré  chez  les 
jésuites  à  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  professa  pen- 
dant quelque  temps  les  belles-lettres,  et  seretin 
ensuite  à  Florence ,  où  il  passa  la  plus  grande  par- 
tie de  sa  vie.  On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages ,  dont  quelques-uns  ont  été  publiés  aous 
l'anagramme  d'Odomenigo  Lelonati  ;  les  princi- 
paux sont  :  Memoriale  agit  spettatori  délit 
teatrali  oscenita;  Florence,  1640,  in-24;  — 
Delta  cristiana  moderazione  del  teatro  ;  Flo- 
rence, 1640,  1646  et  1652,  4  vol.  in-i*»;  — F/o- 
riferium  de  multiptici  conversationum  gé- 
nère; Florence,  1653,  in-8*  ;  ^  Trattato  delta 
pittura  e  scuttura,  uso  ed  abuso ,  toro  corn- 
postOy  da  un  teologo  (  le  P.  Ottonelli  )  et  da 
un  piltore  (Pierre  Berettini  de  Cortone)  ; 
Florence,  1652,  in-4*';  —  Responsio  ad  qturs- 
tionem^  quid  mali  habet  adiré  domum  per- 
sonx  parum  modestœ  ad  conversationem  ; 
Florence,  1645  et  1646,  in-4'*;  cette  dissertation 
est  fort  curieuse  ; — Parxnesis  ad  tusores  char- 
tis  vet  aleis  ut  abstineant-,  Florence,  1659, 
in-4^;  —  Magistero  spirituale  per  gli  eser- 
cizi  dis,  /^nasio  ;  Florence,  1669,  in-8*. 

H.  F— T. 

TIrabowhI.  Storta  délia  MUr.  Ual.,  t,  VIII,  p.  m. 
—  BibUùtk.  teriptorum  S,  J. 

OTWAT  (  Thomas  ) ,  poète  dramatique  an- 
glais, né  à  Trotten,  dans  le  comté  de  Sussex,  le 
3  mars  1651,  mort  le  14  avril  1685.  Il  reçut  sa 
première  éducation  à  l'école  de  Wickeham,  près 
de  Winchester,  et  entra  ensuite  au  collège  de 
Christ-Church  k  Oxford ,  en  1669. 11  quitta  l'u- 
niversité sans  avoir  aucun  grade,  se  rendit  à 
Londres  et  se  fit  acteur.  Il  réussit  peu  dans 
cette  carrière,  mais  eut  plus  de  succès  comme 
auteur  dramatique.  Si  ses  premières  pièces  lai 
rapportèrent  à  peine  de  quoi  vivre,  elles  lui  va- 
lurent le  patronage  du  comte  de  Piymootli,  qui 
lui  procura  une  commission  de  cornette  dans 
l'armée  de  Flandre,  en  1677.  Promptement  dé- 
goûté de  la  carrière  militaire,  Otvf  ay  revînt  4 
Londres  plus  pauvre  qu'avant  son  départ»  et  se 
remit  à  écrire  pour  le  théâtre.  Vùrphetim^  une 
de  ses  pièces  les  plus  intéressantes,  attesta  le 
progrès  de  son  talent,  progrès  qui  se  manifesta 
d'une  manière  plus  éclatante  dans  sa  Venise 
sauvée,  drame  pathétique  et  vigoureux,  qui,  mal- 
gré de  graves  défauts,  est  une  œovre  de  grand 
mérite  et  qui  promettait  un  poète  de  premier 
ordre;  malheureusement  ses  habitudes  de  dis- 
sipation, qu'expliquent  sans  les  excuser  les  menirs 
du  temps,  le  conduisirent  et  le  retinrent  dan» 
l'indigence,  et  nne  fin  prématurée  termina  à 
trente-quatre  ans  sa  vie  déréglée  et  infortunée. 
On  raconta  diversement  sa  mort.  Suivant  quel- 


961 


OTWAY  —  OUDENAERDE 


969 


ques-uns,  pressé  par  la  faim  et  réduit  à  de- 
mander raumôae,  il  reçut  une  guinée,  avec  la- 
quelle il  se  hftta  d'acheter  du  pain  et  le  déYora 
avec  une  avidité  qui,  succédant  à  une  longue 
abstinence,  lui  devint  mortelle.  D'après  Pope, 
le  poète  ayant  poursuivi  jusqu'à  Douvres  l'as- 
sassio  d'un  de  ses  amis  fut  saisi  d'une  fièvre 
Tioleote  qui  mit  fin  à  ses  jours.  Otway,  vivant 
à  une  époque  où  le  goût  de  la  littérature  fran- 
çaise envahissait  l'Angleterre,  essaya  de  combi- 
ner les  qualités  essentielles  du  drame  de  Shaks- 
peare  avec  quelques-unes  des  qualités  du 
théâtre  de  Corneille,  Racine  et  Molière.  En  gé- 
néral ce  mélange  d'éléments  contradictoires 
n'a  produit  que  des  œuvres  équivoques,  mais 
où  abondent  les  beautés  dramatiques.  L'auteur 
montre  une  exacte  connaissance  du  cœur  hu- 
main ,  et  excelle  dans  l'expression  des  senti- 
ments tendres  et  émouvants.  On  regrette  que 
l'immoralité  de  son  temps  ait  laissé  tant  de 
traces  dans  ses  ouvrages.  On  a  de  lui  :  Alci' 
biades,  tragédie;  1675,  in-4<^;  —  Dont  Carlos, 
prince  of  Spaitif  trag  ;  1G76,  in-4*'  :  d'après 
une  nouvelle  de  Saint-Réal  ;  —  Titus  and  Be- 
renice^  trag.;  1677,  in-4^  :  traduite  de  Racine; 
--  Thecheatsof  Scapin,  farce;  1677,  in-4*»: 
traduite  des  Fourberies  de  Scapin  de  Mo- 
lière; ^  Fiiendship  tn  fashion,  comédie; 
1678,  in-4<*;  ^  Caius  Marins ^  trag.;  16S0, 
in-4*  ;  —  The  orphan ,  trag.  ;  1680,  in-4'»  ;  — 
T^e  soldier's  fortune  ^  com.;  1681,  in-4^;  — 
Venice  preserved ,  trag.  ;  1682,  in-4**  :  d'après 
l'histoire  ou  plutôt  la  nouvelle  de  Saint-Réal 
intitulée  Conjuration  contre  Venise  ;  —  The 
atheist  ^  or  the  second  part  of  The  soldier's 
fortune,  com.;  1B84,  in^**.  Outre  ces  pièces, 
Otway  composa  quelques  traductions  et  écrivit 
divers  poèmes.  Ses  Œuvres  complètes  ont  été 
publiées  en  1757, 2  vol.  in-12,  et  en  1813,  4  vol. 
in-8^  L.  J. 

Johnson,  JJvet.  —  Cibber.  lÀtet.  —  Spenee,  JneC' 
dotes.  —  Chalmen,  GenenU  biogn^kieai  dietionarg. 

—  Fie  d'Otwag,  en  tête  de  rédUtoade  isit. 

OUDBAC  (  Joseph  ),  jésuite  et  prédicateur 
français,  né  à  Gray  (  Ftanche-Comté),  en  1607, 
mort  à  Besançon,  le  2ô  octobre  1668.  Admis  à 
Tftge  de  dix-neuf  ans  dans  la  Compagnie  de 
Jésus,  il  professa  pendant  sept  ans  les  huma- 
nités et  la  rhétorique,  et  se  livra  ensuite  au 
ministère  de  la  prédication,  à  Paris  et  dans 
plusieurs  autres  villes  de  France.  Il  fut  l'un  des 
premiers  prédicateurs  qui  cherchèrent  à  foire 
disparaître  de  la  chaire  chrétienne  les  pointes 
et  les  trivialités  qu'y  avaient  apportées  les 
Maillard  et.  les  Menol,  ses  devanders.  On  a  de 
lui  :  Panégyriques  des  instituteurs  d'Or- 
dres; Paris,  1664,  in-8';  »  Des  peines  infli- 
gées par  Dieu  à  V homme  pécheur;  Lyon, 
1665,  in-8<>  :  recudl  de  sermons  pour  l'Ave ot; 

—  Panégyriques  de  la  sainte  Vierge  pour 
toutes  les  fêtes  de  Vannée;  Lyon,  1665, 
in-8';—  Le  prédicateur  évangélique,  ou  ser- 

MOCY.   MOtiR.  CÉKÉK.   —  T.  IIXTIU. 


f  mons  pour  tout  le  carême  et  Voetave  du 
saint  Sacrement;  Lyon,  1665,  in-S**;  et  quel- 
ques autres  ouvrages  de  piété  énumérés  par 
Sottwel.  H.  F. 

Bicker,  Bibliotk,  dêt  écriv.  de  la  (Umpagnie  de  JV- 
tus  ;  18S9.  6*  térle,  p.  Ml.  ' 

OUDEAV  (Françoise),  religieuse  française, 
morte  à  Poissy,  le  4  octobre  1644.  Issue  d'une 
famille  noble  qui  habitait  Paris,  elle  entra  dans 
le  couvent  des  dominicaines  de  Poissy,  et  s'y 
distingua  par  ses  talents  autant  que  par  sa  piété. 
Versée  dans  la  connaissance  des  saintes  Écri- 
tures et  des  Pères  de  l'Église,  elle  entendait  par- 
faitement la  langue  latine,  et  a  traduit  en  fran- 
çais :  Sermons  méditatifs  du  dévot  Père  saint 
Bernard,  abbé  de  Clervaux,  sur  1$  Canti- 
que des  cantiques;  Paris,  1621,  in-8*.  Elle 
dédia  cet  ouvrage  à  Jeanne  de  Gondi,  prieure 
de  son  monastère.  H.  F. 

Hilarlon  de  Coste ,  Le*  Élogu  et  les  viet  du  reinêt, 
des  priMMiês  et  dei  dames  Uiustret,  t.  If.  p.  7S1. 

0€DB«HBR8T  (  Pierre  d*  ),  historien  belge, 
né  à  Lille  »  dans  les  premières  années  du  sei- 
zième siècle.  Il  acquit  de  la  réputation  par  son 
habileté  dans  la  pratique  du  droit,  et  devint  lienf> 
tenant  du  bailli  de  Tournai  ;  ce  fut  pour  quel- 
que commission  relative  à  cet  emploi  qu'il  se 
rendit,  en  1569,  à  la  cour  de  Maximilien  II.  Il  fit 
ensuite  le  voyage  d'Espagne,  et  mourut  à  Ma- 
drid peu  de  temps  après  l'année  1571.  On  a  do 
lui  :  Les  chroniques  et  annales  de  Flandre; 
Anvers,  1571,  in-4*'  :  cette  histoire,  qui  s'arrêta 
à  1477,  est  rédigée  sur  des  documents  authen- 
tiques et  avec  plus  d'ordre  que  celle  de  Meyer.  K. 

Paqaot,  Mém.,  111. 

OUDBNABRDB  (  Robert  VAN  ) ,  peintre ,  gra- 
veur et  poète  flamand,  né  à  Gand,  le  3  septembre 
1663,  mort  dans  la  même  ville,  le  3  juin  1743. 
U  étudia  la  peinture  chez  François  van  Cuyck  de 
Mierop,  puis,  à  Anvers ,  dans  Tatelier  des  van 
Cleef.  En  1C85  il  suivit  à  Rome  les  leçons  de 
Carlo-Maratto.  Il  essaya  aussi  de  graver  à  l'eao- 
forte ,  et  débuta  par  reproduire  une  esquisse  do 
son  maître  représentant  le  Mariage  de  la 
sainte  Vierge,  Lorsque  Maratto  aperçut  chez 
les  marchands  d'estampes  l'œuvre  d'Onde- 
naerde.  Il  devin V<furieux  de  se  voir  aussi  mal 
gravé  et  chassa  l'élève  indiscret^  mais  Oudenaerde 
lui  montra  un  si  vif  regret  de  sa  faute  que  le 
maître,  désarmé,  lui  rendit  toute  son  amitié  et  le 
choisit  même  pour  graver  sous  ses  yenx  ses 
principaux  ouvrages.  Oudenaerde  resta  t|uinze  * 
aps  avec  Maratto.  Au  bout  de  ce  temps  le  car- 
dinal Barbarigo,  évéque  de  Vérone,  l'appela  près 
de  lui  pour  exécuter  un  grand  ouvrage  sur  sa 
famille,  composé  de  portraits  et  d'emblèmes 
accompagnés  de  vers  latins.  Oudenaerde  fut 
chargé  à  la  fois  du  dessin,  do  la  gravure  et  du 
texte; il  s'acquitta  si  blende  cette  tâche  que  les 
diverses  académies  d'Italie  lui  ouvrirent  leurs 
portes;  le  cardinal,après  l'avoir  gardé  vingt-deux 
ans  auprès  de  lui,  le  fit  entrer  dans  les  ordres. 
L'artiste,  qui  était  depuis  trente-sept  ans  en  Ita- 

31 


9G3 


OUDENAERDE  —  OUDIN 


964 


fie ,  Toiilut  revoir  sa  patrie,  et  demanda  uo  congé 
d'un  an  :  on  lui  fit  à  Gand  un  accueil  distingué. 
II  se  disposait  à  partir  lorsqall  reçut  la  nouTelle 
de  la  mort  de  Barbarigo.  11  se  fixa  dès  lors  à 
Gand,  où  il  fut  accablé  de  travaux.  Il  termina  sa 
laborieuse  existence  à  quatre- vingts  ans,  et  fut  en- 
terré solenneUemeot  dans  la  calbédrale  Saint* 
Bavon. 

La  manière  de  dessiner  et  de  peindre  d'Où- 
denaerdc  tient  esseulidiement  de  celle  de  Ma- 
ratto*  Sa  couleur  est  chaude  et  vigoureuse, 
mais  sans  contrastes  heurtés.  Sa  tuucbe  est 
franche  et  facile»  sou  pinceau  agréable ei  suave, 
surtout  dans  le  portrait,  où  il  eut  un  grand  soc- 
ces.  Son  dessin  est  coiTect;  ses  compositions 
belles,  sévères,  pleines  d'action.  La  plus  grande 
partie  de  ses  œuvres  e.st  restée  en  Italie  ;  cependant 
beaucoup  de  monuments  de  Gand  conservent  de 
beaux  morceaux  sortis  de  sa  main;  les  princi- 
paux sont  :  aux  Bruines  :  Jésus  au  mUieu  des 
docteurs  ;  à  Saint-Jacques  :  Sainte  Catherine 
conduite  devant  les  idoles;  à  la  chapelle  des 
BoiiclierK  :  un  immense  tableau  représentant  les 
chefs  de  cette  confrérie;  aux  Chartreux  :  Saint 
Pierre  apparaissant  à  ces  religieux  pour  les 
empêcher  de  quitter  le  cloître:  véritable  chef 
d'oeuvre; à  Pabliaye  de  Baudelos  :  les  portraits 
de  grandeur  naturelle  des  moines  de  ce  temps. 
Ces  portraits  se  recommandent  par  la  variété 
des  poses,  l'expression  et  la  vérité  des  figures. 

Il  a  laissé  beaucoup  de  magnifiques  estampes, 
gravées  à  Rome,  surtout  d'après  Carlo  Maratto, 
et  qui  font,  aujourd'hui  encore  Padmiration  des 
amateurs.  Depuis  son  retour  à  Gand  (1723)»  il 
ne  grava  plus  que  de  petites  planches,  et  encore 
en  petit  nombre.  Le  grand  ouvrage  auquel  il  tra- 
▼ailla  vingt  années,  et  que  la  mort  du  cardinal 
Barbarigo  vint  interrompre,  a  été  publié  sous  ce 
titre  :  Numismata  virorum  illustrium  ex 
gente  Barbariga;  1762,  in-fol.  :  il  contient  cent 
soixante- quinze  planches.  11  ne  parait  pas  que 
les  autres  écrits  d*Oudenaerde  aient  été  i*ecaeil- 
lis.  On  trouve  quelques  pièces  de  vers  dans  les 
ouvrages  d'autres  littérateurs,  auxquels  elles 
étaient  adressées. 

On  ne  connaît  d'Oudenaerde  qu'un  seul  élève, 
François  Pilsen,  peintre  et  graveur,  qui  conser- 
Tait  l'œuvre  complète  de  son  maître,  œuvre  trop 
rare  et  trop  peu  connue.  A.  de  L. 

I     Oe«cainp«,  LavU  des  peiiUr«t  flamands^  etc.,  L  UI, 
9*  SS-M.  —  PttktnfftoD.  Dictionarg  «/  painUrg. 

ouoftNDomp  (  François  db),  philologue  hol- 
landais, né  à  Leyde,  le  31  juillet  1696,  mort 
dans  la  même  ville,  en  1761 .  11  étudia  à  PuDlver- 
sité  de  Leyde,  sous  Perizonius,  J.  Gronovius  et 
Burmann ,  et  devint  professeur  de  troisième 
classe  à  Puniversité  de  sa  ville  natale.  Il  quitta 
cette  position  pour  la  place  de  recteur  de  l'i^Ie 
de  Nimègue  en  1724.  Deux  ans  plus  tard  il  fut 
appelé  an  même  titre  à  Hariem,  où  II  resta  jus- 
qu'en 1740,  époque  à  laquelle  l'université  de 
Leyde  le  rappela  et  lui  confia  la  chaire  d'élo- 


quence et  d'histoire.  Philologue  instruit  ef  judi- 
cieux, mais  peu  original,  Ondendorp  a  donoe 
de  bonnes  éditions  du  De  prodigiis  de  Juins 
Obsequens,  Leyde,  1720,  in-8';  de /a  Pharsale 
de  Lucain ,  1728,'  in -4*  ;  de^  Stratagematica  de 
Fronttn,  1731,  in-8*;  des  Commentaires  de 
César,  1737,  in-4";  de  Suétone,  1751,iii-8*.  Il 
avait  préparé  une  édition  d'Apulée,  qui  parot  par 
les  soins  de  Runkhen  ;  17S6,  in-4*.  Outre  ce^ 
éditions,  on  a  d'Oudendorp  diverses  «fissertallons, 
une  entre  autres  intitulée  :  Oratio  de  literanii 
C.  Julii  Cœsaris  studiis ;Leydef  1740,  in-4*.  Z. 

Saxe.  Onomast.  literarwm,  —  Rottruoiid,  SmpfL  a 
Tjéttg.  Gelkrt.  Lexikon  de  JOcher. 

OUDB^OORP.    Voy.  OLDEKOOaP. 

OCiiET  {Jacques-Joseph  ),  officier  supérieur 
français,  né  à  Meynal,  en  1773,  blessé  murtiîe- 
ment  à  Wagram  (7  juillet  1809).  il  servit  dam 
les  armées  républicaines  d'abord  contre  les  Ven- 
déens, et  parvint  au  grade  de  fieutenant-colood. 
Patriote  enthousiaste ,  il  se  montra  opposé  aa 
coup  d'État  du  18  brumaire.  Relégué  à  Besan- 
çon par  le  premier  consul,  fl  devint  l'un  de> 
membres  les  plus  actifs  de  la  société  des  Pkilc- 
delphes ,  qui  souvent  inquiéta  le  gouvernement 
impérial.  Elle  se  composait  de  républicains,  de 
royalistes,  que  l'on  avait  réunis  par  la  prome&se 
d'institutions  libérales  sous  les  Bourbons.  Ondet 
fut  compromis  lors  du  procès  de  Moreau.  On 
lui  attribue  plusieurs  démarches  auprès  de  Xa- 
poléon,  qui  tiennent  plus  du  roman  qae  de  I*b:»- 
toire.  il  rentra  dans  le  service  actif  en  1807,  fit 
vaillamment  son  devoir,  et  tomba  blessé  mortel- 
lement à  Wagram.  11  mourut  trois  jours  après. 

Ch.  Nudicr,  HUtoire  des  iOcMéuecréUM  (tsti).  -  Jh- 
WMirei  dfunê  eonUmpùraine. 

OUDIN  (  César),  littérateur  français,  mort  le 
1'  octobre  1625.  Fils  de  lïicolas  Oudin,  grand 
prévôt  du  Bassigni ,  il  fut  élevé  à  la  cour,  et  rem- 
plit diverses  négociations  auprès  des  princes 
d'Allemagne.  En  1597,  il  devint  secrétaire  inter- 
prète du  roi  pour  les  langues  étrangères.  On  a 
de  lui  des  ouvrages  traduits  de  l'espagnol  et 
deux  grammaires.  Tune  italienne  (Paris,  164  j, 
ln-8*'),  l'autre  castillane  (Rouen,  1675,  in- 12;, 
corrigées  et  augmentées  par  son  fils.  ' 

0€D1M  (Antoine)^  fils  du  précédent,  mort  le 
21  février  1653,  le  remplaça  dans  les  fonctions 
d'interprète.  Louis  Xlll  l'envoya  en  Italie,  oà  il 
séjourna  assez  longtemps,  soit  ^à  Rome,  soit  à 
Turin,  et  Louis  XIY  le  prit  en  1651  pour  maître 
d'italien.  Oudin  a  publié  :  Grammuière  fran- 
çoise,  rapportée  au  langage  du  temps;  Pa- 
ris, 1633,  et  Rouen,  1645,  in-12  :  ouvrage  cité 
avec  éloges  par  les  premiers  académiciens;  — 
Histoire  des  guerres  de  Flandre  ;  Paris,  1634, 
hi-4*,  trad.  de  la  I"  part,  de  l'ouvrage  du  tard. 
Bentivoglio;  ^Recherches  italiennes  et/ran- 
çoiseSf  ou  dictionnaire  italien  et  françots; 
Paris,  1640,  2  vol.  in-4<';  l'édit  de  1698  a  été 
revue  par  Teneroni;  —  lYésor  des  langues  es- 
pagnole et  française^  ou  dictionnaire,  etc.; 


965 


OUDIN 


9'(> 


îbid.,  1645^  in  4»;  —  Curiosités  françaises, 
ou  recueil  de  plusieurs  belles  pi^opriéiés,  avec 
tme  infinité  de  proterbes  et  de  quolibets; 
Rouen,  1649,  1656,  ia-S"». 

Un  purent  des  préoédenU,  Ocdin  { Fran- 
çois-César), qui  fut  attaché  au  fils  de  la  mar- 
quise de  Sévigné,  est  autear  d'un  Nouveau  Re- 
cueil de  divertissements  comiques  (Paris, 
1670,  in-12). 

Mor^rl,  GraM  Diet.  hist. 

OCDIN  (  Casimir), érnâiX  français,  né  le  14  fé- 
vrier 1638,  à  Mézières-STir-Meuse.  mort  en  sep- 
tembre 1717,  à  Leyde.  Il  était  fils  d'un  tinae- 
rand.  Sa  passion  pour  iei  livres  et  le  désir  de 
s'instruire  le  décidèrent,  ses  études  terminées  à 
CharlevUle,  à  entrer  dans  Tordre  de  Prémontré, 
où  il  eipérait  trouver  des  moyens  d'instruc- 
tion de  tous  genres.  En  prenant  l'habit  religieux 
(1656),  il  adopta  le  prénom  de  Casimir,  au  lieu 
de  celui  de  Bemi,  qu'il  avait  reçu  an  baptême 
L'histoire  des  auteurs  ecclésiastiques  attira  d'a- 
bord son  attention ,  et  il  s'en  occupait  depuis 
plusieurs  années  lorsqu'il  devint  professeur  de 
théologie  à  l'abbaye  de  Moreau  (1669),  dont  il 
fut  nommé  grand  prieur  l'année  suivante.  Après 
avoir  administré  la  cure  d'Épinay  sons  Gamaches 
(diocèse  de  Rouen ),  il  rentra  dans  le  clottre,  afin 
de  se  livrer  en  paix  à  ses  premiers  travaux 
(1677).  n  se  trouvait  au  couvent  de  Budlly  lors 
du  passage  de  Louis  XlV,  qui  se  rendait  en 
Flandre  (!*'  mars  1680).  Au  moment  où  le  roi 
entra  dans  le  salon,  le  soleil  brilla  tout  à  coup , 
ce  qui  fournit  à  Ondin  d'improviser  ce  distique 
flatteur  : 

Solem  vere  DOTum  nnne  Sol  «ntlqmt  adorât. 
Et  MsriciD  novam  Martto  prima  dlea. 

A  la  suite  d'un  voyage  pendant  lequel  il  vfsita 
les  abbayes  que  l'ordre  possédait  en  Lorraine , 
en  Bourgogne  et  dans  les  Pays-Bas,  il  obtint  la 
permission  de  se  fixer  à  Paris  (1683),  et  fut 
admis  dans  Pintiraité  des  savants  bénédictins  de 
Saint- Maur,  qui  mirent  leurs  nombreux  maté* 
riaux  historiques  à  sa  disposition.  Il  jouissait 
d'une  grande  réputation  de  vertu  et  de  science; 
on  le  citait  même  comme  nn  modèle  de  piété  et 
de  régularité.  Mais  ses  supérieurs,  alarmés  de 
l'étroite  liaison  quil  avait  formée  avec  te  fameux 
pasteur  Jurieu,  le  reléguèrent  à  l'abbaye  de 
Ressons,  près  Beauvais  (1692).  Cet  acte  de  sé- 
vérité Tindigna  :  séparé  de  ses  amis  les  plus 
chers,  n'ayant  d'autre  distraction  que  les  exer- 
cices de  la  vie  monastique,  dont  il  était  dégoûté, 
il  tomba  dans  une  mélancolie  profonde.  Les  dures 
pénitences  qu'on  lui  imposa  achevèrent  de  l'exas- 
pérer; il  réussit  enfin  à  s'échapper,  et  passa  en 
Hollande  (1692).  Arrivé  à  Leyde,  il  abjura  pu- 
bliquement stoice  et  hitariter,  suivant  ses 
propres  expressions,  et  fut  nommé  sous-biblio- 
thécaire de  l'université.  «  Contre  l'ordinaire  des 
transftiges,  dit  Tabbé  Boulliot,  il  conserva  tou- 
jours l'estime  générale  de  ses  coreligionnaires, 
et  il  la  dut  surtout  à  la  pureté  de  ses  ro(enrs.  11 


répondit  à  ceux  qui  l'engageaient  à  se  marier 
qu'il  avait  embrassé  le  calvinisme  par  amour 
pour  la  vérité,  et  non  pour  s'afTranchir  du  céli- 
bat. »  Les  principaux  ouvrages  d'Oudin  sont  : 
Supplemenium  de  seriptoribus  vel  de  scripds 
ecclesiasticis  a  Bellarmino  omissis  ad  ann. 
1460;  Paris,  1686,  in-8**,  ce  livre,  qui  est  loin 
de  contenir  tous  les  auteurs  omis  par  Bellarmin, 
fourmille  d'erreurs  grossières ,  s'il  faut  en  croire 
le  savant  Cave  ;  —  Le  Prémontré  défroqué; 
Leyde,  1692,  in-i2;  —  Veterum  aliquot  Gal- 
liœ  et  Belgii  scriptorum  opuscula  sacra 
nunquam  édita  ;  ibid.,  1692,  in-S";  —  Bistoria 
abbatis  Calvi- Montés,  dans  le  t.  III  des  Acta 
sanctorum  (1701);—  DeCollectanea,  dans  te 
t.  VII  et  VIÏI  de  VHist.  de  la  rép,  des  lettres 
de  Mason  :  critique  sans  portée,  dirigée  contre 
dom  Bandari;  —  Trias  dissert,  eriticarum; 
Leyde,  1717,  in  S**;  il  prétend  que  le  Codex 
Alexandrinus  n'est  que  du  dixième  siècle ,  et 
que  les  questions  Ad  Antiochum  principemoni 
été  faussement  attribuées  h  saint  Athanase;  — 
De  seriptoribus  Eeclesia  antiquis;  Leipzig, 
1722,  3  vol.  info!.  «  On  y  trouve,  disent 
MM.  Haag,  tout  ce  qu'on  peut  désirer  dans  un 
travail  de  ce  genre,  sur  la  vie  des  auteurs 
comme  sur  leurs  ouvrages  ;  beaucoup  d'erreurs 
ont  sans  doute  été  commises  par  Oudin ,  mais 
ceux  qui  se  sont  occupés  des  recherches  ana- 
logues se  montreront  indulgents  pour  des  fautes 
inévitables  et  le  loueront  grandement  de  la  dili- 
gence singulière  avec  laquelle  il  a  recueilli  une 
immense  quantité  de  matériaux.  » 

Niceron,  JUémoirei,  I  et  X.  — •  Morérl.  Diet.  hiit.  — 
Paqoot,  Mtmoirei.  —  Hugo,  Aimaka  ord,  Prmn.,  I, 
col.  U.  -  Boulllot,  Biogr.  ardentiaiêe.  II.  -  Haag  frè- 
res, IM  France  prelett. 

OUDIN  {François),  érudlt  français,  né  le 
t**^  novembre  1673,  à  Vignori  (Champagne), 
mort  le  28  avril  1752,  à  Dijon.  Après  avoir  fait 
de  bonnes  études  sous  la  direction  de  son  oncle 
Jean  Oudin,  chanoine  à  Langres,  il  entra  en 
1691  chez  les  jésuites,  et  fut  chargé  par  eux 
d'enseigner  la  rhétorique,  puis  la  théol<^e.  A 
l'exception  de  deux  voyages  à  Paris ,  tonte  sa 
vie  se  passa  dans  cette  ville.  Il  écrivit  très-pn- 
rement  en  latin  et  savait  fort  bien  l'espagnol ,  le 
portugais,  l'italien  et  l'anglais;  aussi  était-il  fié 
avec  presque  tous  les  savants  de  l'Europe,  qui 
s'accordaient  à  louer  en  lui  une  vaste  érudition 
jointe  à  un  caractère  doux  et  modeste  et  è  un 
zèle  ardent  pour  le  progrès  des  lettres.  On  a  de 
lui  :  Somnia,  poème;  Dijon,  1697,  in-8^; 
Langres,  1698,  in- 12  ;  —  S.  Francisco  Xaverio 
hymni  IX  et  officium;  Dijon ,  1705,  in-12;  — 
Biblwtheca  Patri  Ferreti;  ibid.,  1707,  in-4*; 
Silva  distichorum  moralium;  ibid.,  1719, 
1720,  uï'%^ ;  —  ffymni  novi;  ibid.,  1720,  in-12; 
—  Bemardi  Monetx  epicedium;  ibid.,  1729, 
in*fol.  et  in- 4^.  On  doit  aussi  au  même  jésuite 
beaucoup  de  pièces  de  vers  insérées  dans  les 
Poemata  didascalica  et  de  dissertations  théo- 
logique^  et  historiques  dans  les  Mémoires  de 

SI. 


967 


OUDIN  —  OUDINOT 


968 


Trévoux,  le  Journal  des  Savants  et  quelques 
autres  recueils. 

Moréri,  Grand  diet.  kUL 

OUDIN  BT(  Marc- Antoine),  numismate  fran* 
çais,  né  en  1643,  à  Reims,  où  il  est  mort,  le 
12  janvier  1712.  Sa  famille  était  originaire  de 
Cambrai.  Au  collège  des  Jésuites  de  Reims,  où  il 
fit  ses  études,  il  brilla  surtout  par  retendue  de 
sa  mémoire,  qui  lui  permit,  dit-on ,  d'apprendre 
par  ccpur  en  une  semaine  les  douze  livres  de 
VÉnéide,  Après  avoir  été  reçu  avocat  à  Paris,  il 
revint  pratiquer  le  barreau  dans  se  ville  natale, 
où  le  succès  de  ses  plaidoyers  Ini  valut  la  pre- 
mière chaire  vacante  de  l'université.  Invité  par 
Rainssant,  son  parent,  à  partager  avec  lui  la 
garde  des  médailles  du  cabinet  du  Roi,  il  accepta 
cette  offre,  Taida  dans  la  rédaction  du  catalogue 
et  lui  succéda  en  1689.  Lors  du  renouvellement 
de  TAcadémie  des  inscriptions  (1701),  il  en  fut 
nommé  associé.  On  a  de  lui  quelques  Mé- 
moires insérés  dans  le  recueil  de  cette  com- 
pagnie et  relatifs  à  des  médailles  anciennes. 

mst.  de  tÂcad.  dêt  itueript.,  t  III. 

OUDINOT  duc  nE  Reggio  (  Charles-Ni- 
colas )f  maréchal  de  France,  né  à  Bar-le-Dnc , 
le  25  avril  1767,  mort  à  Paris,  le  13  septembre 
1847.  Sa  famille  le  destinait  au  commerce  ;  mais 
il  s'enrôla  à  dix-sept  ans  dans  le  régiment  de 
Médoc-infanterie,  où  il  servit  jusqu'en  1787, 
époque  où  il  revint  à  Bar,  par  déférence  pour 
son  père.  L'énergie  qu'il  déploya  k  la  tétc  de  la 
milice  bourgeoise  pour  réprimer  en  1790  une 
émeute  populaire,  le  fit,  en  1792,  nommer 
liontenant-colonei  du  3*  bataillon  des  volontaires 
de  la  Meuse,  avec  lequel  il  défendit  le  chAteau 
de  Bitche.  Le  6  novembre  1793,  il  fut  nommé 
chef  de  brigade  de  la  4"  de  ligne,  et  placé  sous 
les  ordres  du  général  Aml>ert  à  Kayserslan- 
tem.  Attaqué,  le  23  mai  1794,  par  dix  mille  en- 
nemis qui  avaient  coupé  son  régiment  du  reste 
de  la  division,  Oudinot  se  battit  pendant 
huit  heures  près  du  village  de  Moriautem ,  (  t 
parvint,  en  se  faisant  jour  à  la  baïonnette,  à  opé- 
rer sa  retraite  sans  être  entamé.  Ambert  le 
proclama  le  sauveur  de  sa  division,  et  le  2  juin 
suivant,  les  représentants  du  peuple  le  firent 
général  de  brigade.  Le  6  août ,  une  manœuvre 
habile  et  hardie  le  rendit  maître  de  Trêves,  où  il 
eut  la  jambe  cassée.  Le  18  octobre  1795,  il  fut 
blessé  de  cinq  coups  de  sabre  à  l'afTaire  de  nuit  de 
Neckerau,  devant  Mannheim,  et  tomba  au  pou- 
voir des  Autrichiens.  Échangé,  le  7  janvier  1796, 
après  trois  mois  de  captivité ,  il  fut  employé  à 
l'armée  du  Rhin  et  Moselle  sous  Moreau,  fit  les 
campagnes  de  Souabe  et  de  Bavière,  et  se  trouva 
au  combat  de  Meubourg  (  u  septembre  1796  ), 
où  il  reçut  une  balle  et  quatre  coups  de  sabre. 
Après  le  traité  de  Campo-Formio  (  1797),  Ou- 
dinot était  désigné  pour  commander  une  bri- 
gade à  l'armée  d'Angleterre;  mais,  en  1799,  on 
renvoya  à  l'armée  d'Helvélie,  où,  malgré  des  pro- 
diges de  valeur,  il  ne  parvint  pas  à  s'ouvrir  le 


passage  de  Feldkirch,  position  formidable»  qui 
est  la  clef  de  cette  partie  do  Yoralberg  et  do 
Tyrol.  Nommé  général  de  division  (  12  avril  1799) 
et  blessé  deux  fois  aux  combats  sanglants  de 
Wurmios  et  Schwitz,  Oudinot  succéda  comme 
chef  d'état- major  de  l'armée  au  général  Chérin , 
tué  le  4  juin,  et  ce  fut  lui,  qui  à  la  bataille  de 
Zurich  força  l'entrée  de  la  ville  et  en  cliaasa 
les  Russes  après  un  combat  acharné.  11  suivit 
Massena  en  ItaUe,  et  pendant  le  siège  de  Gènes 
il  traversa  (  16  mai  ISOO  ),  sur  une  frêle  embar- 
cation, l'escadre  anglaise  qui  bloquait  ce  port, 
essuya  son  feu  et  débarqua  heureusement  à  Fi- 
nale pour  communiquer  au  général  Suchet  les 
intentions  de  Massena.  Après  la  reddition  de  Gènes 
(  2  juin  ),  il  continua  ses  fonctions  sons  Bmne, 
et  le  26  décembre,  à  la  tête  de  ses  officiers  el 
et  de  quelques  chasseurs  du  14«,  il  enleva  an 
combat  de  Monzembano  une  liatterie  qui,  placée 
sur  une  hauteur,  foudroyait  Tannée  française 
arrêtée  au  passage  du  Mincio,  et  prit  lui-niéme 
une  des  pièces  de  canon.  Cette  heureuse  au- 
dace contribua  puissamment  à  changer  en  vic- 
toire une  défaite  commencée  ;  aussi  le  premier 
consul  décerna  à  Oudinot  (  8  mars  1801  )  nn 
sabre  d'honneur  et  lui  donna  le  canon  qu'il  avait 
conquis.  Employé  en  1801  et  1802,  comme 
inspecteur  général,  commandant  la  première 
division  du  camp  de  Bruges  en  1803,  grand*- 
croix  de  la  Légion  d'honneur  (6  ma»  1805), 
Oudinot  rer4it,  le  5  février  1805,  le  com- 
mandement de  dix  bataillons  de  la  réserve 
réunis  à  Arras  ;  ce  corps  fut  depuis  lors  d<^ 
signé  sous  le  nom  de  grenadiers  Oudinot. 
A  la  tête  de  cette  phalange  d'élite,  il  se 
distingua  aux  combats  de  Wertingen ,  d'Am- 
stetten,  à  Vienne,  où  il  se  porta  sur  le  pont  du 
Danube  et  s'empara  des  batteries  qui  en  défen- 
daient le  passage,  enfin  à  Hollabruon  il  fut  griève- 
ment blessé  d'une  Italie  à  la  cuisse,  ce  qui  Totiligea 
de  remettre  à  Duroc  le  commandement.  A  peine 
guéri,  il  assistait  à  la  bataHie  d'Austerlitz, et  sa 
division  s'y  couvrait  de  gloire.  En  1806,  il  fut 
chargé  de  prendre  possession  de  NeufcbAtd  et 
de  Valingen ,  et  sut  dans  cette  mission  se  ooo- 
ciller  si  bien  l'estime  et  raffection  des  habitants 
de  ces  contrées  qu'ils  lui  décernèrent  à  son  dé- 
part une  épée  d'honneur  et  le  titre  de  bourgoois 
de  Nenfchàtel,  quoique  une  vieille  loi  de  ce  canton 
défendit  d'en  investir  un  catholique.  Oudinot 
entra  à  Berlin  (25  octobre  1806  )  après  la  bataille 
d'Téna ,  «t  par  ses  savantes  manœuvres  il  décida 
en  Pologne  la  victoU-e  d'Ostrolenka  (16  février 
1807) ,  ce  qui  lui  valut  le  titre  de  comte  et  une 
dotation  considérable.  11  se  rendit  ensuite  à  Dant- 
zick  pour  renforcer  l'armée  du  mareclial  Letêvre, 
qui  assiégeait  cette  ville.  Cette  place  capitula  te 
24  mai.  Napoléon  réorganisa  l'armée  :  Oudinot, 
avec  ses  grenadiers,  forma  l'avant-garde  dans  la 
marche  sur  Friedland  ;  il  y  soutint  (14  juin  ) 
pendant  douze  heures  les  attaques  de  soixante 
quinze  milleRus3e8,etdonna  ainsi  le  temps  au  reste 


969 


OUDINOT 


97a 


de  l'année  de  gagner  une  hataille  qui  décida 
la  paix  de  Tilsitt.  L'année  suivante ,  il  fat  nommé 
gouverneur  d'Erfarth,  et  Napoléon  le  présenta  à 
l'empereur  Alexandre  en  l'appelant  le  Bayard  de 
V armée,  «  Comme  lui,  ajouta-t-il,  il  est  sans  peur 
et  sans  reproche.  »  En  1809,  il  marcha  contre  les 
Autrichiens,  et  soutint  sa  réputation  de  bravoure  à 
Landshat,  à  Ried,  à  Ebersberg  et  devant  Vienne. 
Il  fut  atteint  d'une  balle  au  bras  gauche  dans 
l'île  de  Lobau  ;  mais  cette  blessure  ne  Tempécha 
point  de  fairç  des  prodiges  de  valeur  à  Wagrara, 
dont  il  se  rendit  mattre  (6  juillet),  et  dès  lors 
la  victoire  ne  fut  plus  disputée.  Le  12  du  même 
mois.  Napoléon  conférait  à  Oudioot  la  dignité  de 
maréchal  de  France,  et  le  15  août  suivant  le 
titre  héréditaire  de  duc  de  Ref^io. 

En  mars  18i0,  le  maréchal  Oudinot  fut  chargé 
d'occuper  Utrecht  et  La  Haye,  et  après  Tabdication 
du  roi  de  Hollande  d'administrer  provisoirement 
ce  pays.  Il  sut  alors  concilier  l'exécutTon  des  ordres 
rigoureux  qu'il  reçut  ayec  les  égards  dus  aux  Hol- 
landais, qui,  pénétrés  de  reconnaissance ,  lui  of- 
frirent une  épée  d'honneur.  En  1812,  appelé 
au  commandement  du  2*  corps  de  la  grande 
année,  et  détaché  sur  la  Dwma  pour  couvrir  la 
gauche  de  la  ligne  d'opérations  de  l'empereur  et 
combattre  l'armée  de  Wittgenstein,  il  passa  cette 
rivière  le  29  juillet,  fit  charger  son  infanterie  à 
la  baïonnette  sur  une  division  ennemie  qui  l'a- 
vait aussi  déj<^  franchie ,  la  culbuta ,  lui  enleva 
dix  pièces  de  canon,  et  tout  ce  qui  ne  fut  point 
tué  ou  pris  se  trouva  contraint  de  se  jeter  dans 
la  Dwina.  Le  17  août,  grièvement  blessé  d'un 
biscaîen  à  Tépaule,  il  remit  son  commandement 
à  Saint'Cyr,  et  quitta  Polofek  pour  se  faire 
transporter  à  Wilna.  Il  ne  revint  an  2*  corps  que 
le  4  novembre,  en  apprenant  que  ce  général 
avait  été  également  atteint  d'une  blessure  grave 
devant  Polotsk;  il  connut  en  même  temps  le 
commencement  des  désastres  de  l'armée.  Le 
2e  corps  avait  alors  opéré  sa  jonction  avec  le 
9",  sous  les  ordres  du  duc  de  Bellune;  malheu- 
reusement Oudinot  et  ce  dernier  différèrent  de 
vues  sur  la  manière  de  couvrir  la  retraite,  et  les 
opérations  contre  Wittgenstein  se  ressentirent 
de  leur  manque  d'entente,  jusqu'à  l'ai  rivée  de 
l'empereur  à  Orcha.  Chargé  de  se  porter  sur 
Borizow  pour  assurer  le  passage  de  la  Bérésina, 
le  maréchal,  dont  le  corps  était  réduit  à  cinq 
mille  hommes, rencontra  ( 23 novembre )  à  Lach- 
nitza  la  division  du  comte  Pahlen,  la  battit, 
lui  fit  neuf  cents  prisonniers,  lui  enleva  tous 
ses  bagages ,  la  força  de  repasser  la  Bérésina , 
occupa  le  25  Studzianka,  et  le  27  prit  position 
dans  les  bois  de  Borizow.  Le  28  il  tomba  blessé 
d'une  balle  an  côté.  Transporté  au  village  de 
Plechnitsoui ,  et  n'ayant  trouvé  asile  que  dans 
une  misérable  grange,  il  fut  attaqué  le  30  par 
l'avant-garde  russe.  Son  escorte  ne  se  composait 
que  d*une  cinquantaine  d'hommes  ;  le  maréchal 
ordonna  de  barricader  sa  demeure ,  et  il  y  sou- 
tint contre  une  brigade  entière  de  hussards  un 


véritable  siège,  pendant  lequel,  à  demi  mourant, 
il  fut  frappé  d*un  éclat  de  bois.  Après  une  journée 
de  résistance,  il  fut  enfin  délivré  par  les  troupes 
westphaliennes  du  général  Hammerstem.  En 
1813,  à  Lutzen,  Il  appuya  le  maréchal  Ney 
sans  prendre  une  part  directe  à  l'action,  et  à 
Baotzen  il  contribua  puissamment  li  la  victoire 
(  20  mai  ).  Des  ordres  pressants  lui  enjoigni- 
rent peu  après  de  pénétrer  à  tout  prix  dans 
Berlin  ;  mais  il  fut  battu  par  Bemadotte  à  Gross- 
Beeren ,  et  obligé  d'opérer  sa  retraite  sous  Wit- 
temberg  ( 30  août).  A  la  feuite  de  ce  revers. 
Napoléon  lui  retira  son  commandement  en  dief, 
pour  le  donner  au  maréchal  Ney,  et  lui  pres- 
crivit d*ètre  concentré,  le  4  septembre,  à  Bareuth 
pour  que  l'attaque  sur  Berlin  eût  lieu  le  9  ou 
le  10.  Cet  ordre  était  absolu,  et  cependant  inexé- 
cutable dans  un  aussi  court  espace  de  temps. 
Ney  engagea  le  6  devant  luterbock  une  action 
où  les  Français  éprouvèrent  une  perte  consi- 
dérable, et  Oudinot,  à  la  t6te  des  divisions  Pac- 
thod  et  Gttilleminot ,  parvint  à  sauver  l'artil- 
lerie ^t  à  assurer  la  retraite  sur  Torgau.  L'empe- 
reur rappela  le  duc  de  Re^o  à  Dresde,  et  lui 
confia  le  commandement  de  deux  divisions  de 
la  jeune  garde,  à  la  tète  desquelles  il  défit,  le 
16  octobre,  à  ^achau,  devant  Leipzig,  le  corps 
russe  du  prince  de  Wurtemberg.  Lorsque  l'ar- 
mée évacua,  trois  jours  après,  cette  dernière 
ville,  placé  à  l'arrière-garde ,  il  protégea  la  re- 
traite et  battit  le  corps  prussien  du  général 
York  à  Frey bourg,  au  passage  de  l'Unstrutt. 
Mais  le  26  de  ce  mois,  à  Gotha,  une  violente  at- 
taque de  typhus  l'obligea  de  quitter  l'armée,  et 
on  le  conduisit  mourant  à  sa  terre  de  Jean- 
d'heures,  près  de  Bar-le-Duc.  Après  quelques 
mois  de  convalescence,  il  reçut  encore  le  com- 
mandeinent  d'un  corps  d'armée  qui  se  distingua 
aux  affaires  de  Brienne,  de  Nangis,  de  Bar-sur^ 
Aube  et  d'Arcis-$ur*Aube. 

Napoléon  ,dans  ses  appréciations  de  la  campagne 
de  1814,  a  approuvé  pleinement  les  opérations 
du  maréchal*  Oudinot.  Après  la  capitulation  de 
Paris,  le  duc  de  Reggio  fut  un  des  maréchaux 
qui,  à  Fontainebleau,  adressèrent  le  4  avril,  des 
observations  à  l'empereur  sur  la  gravité  de  la 
situation,  à  la  suite  desquelles  s'ouvrirent  des 
négociations  entre  Napoléon  et  les  princes 
alliés.  Il  adhéra  ensuite  aux  actes  du  sénat, 
et  lorsque ,  le  16  avril,  le  comte  d'Artois  ins- 
titua un  conseil  provisoire  de  gouvernement ,  il 
en  fit  partie  et  s'efforça  constamment  d'y  faire 
prévaloir  les  idées  modérées  et  une  sollicitude 
éclairée  pour  les  intérêts  de  l'armée.  Louis  XVHI 
le  nomma  successivement  ministre  d'État,  com- 
mandant en  chef  du  corps  royal  des  grenadiers  et 
des  chasseursà  pied  de  France  (20  mai  1814),  pair 
de  France  (4  juin),  gouverneur  de  la  3«  division 
militaire,  à  Metz,  commandeur  de  Saint-Lonis 
(24  septembre  1814).  En  apprenant  le  retour  de 
Napoléon,  Oudinot  conduisit  jusqu'à Troyes  les 
troupes  sous  ses  ordres;  mais  il  ne  put,  malgré 


971 


OUDINOT 


973 


les  plas  grands  efforts ,  retenir  ses  soldats  sous 
les  drapeaux  royaux.  Fidèle  à  ses  serments,  il 
re? int  presque  seul  à  Metz,  ordonna,  le  23  mars 
181 5|  la  mise  en  état  de  siège  des  places  de  la 
3e  division  militaire ,  et  cette  mesure  une  fois 
prise  pour  l'honneur  et  la  sûreté  du  pays,  il  se 
retira  trois  jours  après  dans  sa  terre,  où  l'exi- 
lait un  ordre  impérial.  Cet  exil  fut  prorapteroent 
levé,  et  le  maréchal  vint  habiter  Montmorency 
sans  y  être  inquiété  pendant  les  Cent-Jours.  A 
son  retour,  Louis  XVIII  le  nomma  l'un  des 
majors  généraux  de  la  garde  royale  (8  sep- 
tembre 1815),  membre  du  conseil  privé  (1 9  sep- 
tembre), commandant  en  chef  de  la  garde 
nationale  de  Paris  (  9  octobre  )  »  gouverneur 
de  la  3*'  division  militaire  (  10  janvier  1816  ), 
grand*-croix  de  Saint-Louis  (  3  mai  )  et  chevalier 
do  Saint-Esprit  (  30  septembre  1830).  £n  1823, 
le  maréchal  eut  le  commandement  du  premier 
corps  de  Tarmée  d'Espagne ,  et  après  rentrée  des 
troupes  françaises  dans  fiiadrid,  il  fut  nonunégou- 
▼erneur  de  cette  capitale,  où  il  s'appliqua  avec 
fermeté  à  contenir  et  réprimer  les  fureurs  d'une 
populace  exaltée  par  le  fonatisme  religieux  et 
politiqoe.  Tontes  les  infortunes  trouvèrent  à 
s'abriter  sous  sa  loyale  épée.  Lors  du  licendement 
de  la  garde  nationale  (  29  avril  1827  ) ,  il  s'em- 
ploya avec  activité  à  prévenir  les  périls  de  Tir- 
litation  des  habitants  de  Paris,  et  lorsque,  en 
janvier  1830,  le  comte  d*Apponyi,  ambassadeur 
d'Autriche,  imagina  de  refuser  anx  maréchaux 
les  qualifications  ducales  dont  ils  étaient  revétns 
et  qui  rappelaient  soit  nos  victoires,  soit  nos  con- 
quêtes sur  l'Autriche,  le  maréchal  protesta  le  pre- 
Bsier  contre  cette  prétention  étrange,  non  qu'il 
trouvât  son  nom  patronymique  moins  glorieux  à 
porter  que  celui  de  duc  de  Reggio,  mais  parce 
qu'en  se  soumettant  aux  exigences  autrichiennes, 
on  aurait  blessé  an  vif  rbooneur  national  et  la 
dignité  de  la  France.  Il  était  d'ailleurs  personnel- 
lement désintéressé  dans  la  question,  le  duché 
de  Reggio,  situé  en  Calabre,  ne  pouvait  être 
contesté  par  rAutriche.  Après  la  rtivolution  de 
joiUet,  le  maréchal  se  retira  à  sa  terre  de  Jean* 
d'heurs ,  ne  venant  à  Paris  qu'à  de  rares  In- 
tervalles» et  ne  se  présentant  aux  Tuileries  ôa  à 
la  chambre  des  pairs  que  dans  les  oecasioos  où 
son  absence  aurait  été  on  toit  ou  i^oubli  d'un 
devoir.  Cependant  11  fut  nommé  grand  chance- 
lier de  la  Légion  d'Honnenr  (  17  mai  1839)  et 
gouverneur  des  Invalides  (21  octobre  1842). 
Cest  dans  ces  fendions  qu*il  termina  sa  glo* 
ffeuse  carrière.  Le  maréchal  Oudmot  s'était 
marié  deux  fois;  le  16'  septembre  1789,  il  avait 
épousé  Charlotte  Derlin,  et  le  19  janvier  1812, 
Marie-€liariott6'flngéni»Julienne  de  Ooucy,  qui 
lui  a  flmrécu,  et  qui  fut  dame  d'honneur  de 
M*^  la  duchesse  de  Berry.  Une  statne  a  été 
élev^  an  maréchal  snr  une  des  plKes  de  Bar,  le 
39  septembre  1860.  G.  on  V. 

*  o-UMàtOT ,  duc  DE  Rbgoio  (  Chorlei'Wi- 


colaS''Victor)t  général  français,  fils  atoé  du 
précédent,  né  à  Bar-Ie-Duc,  le  3  novembre 
1791.  l^'emier  page  de  Napoléon  I*'  à  Erfurth 
(  13  octobre  1808),  il  le  suivit  dans  la  cam- 
pagne de  1809  contre  l'Autriche;  et  pendant  la 
mémorable  nuit  qui  précéda  la  bataiUe  de  Wa- 
gram,  il  prêta  l'appui  de    son  bras  à  l'em- 
pereur, qui,  à  pied  et  une  lanterne  à  la  main, 
surveillait  en  personne,  par  on  épouvantable 
orage,  le  passage  des  troupes  snr  les  pont:»  dm 
Danube.  Satisfait  de  son  courage,   ?fapoléon 
lui  donna  un  brevet  de  lieutenant  au  &*  de  hus- 
sards (17  août  1809),  et  Mansena  le  ctioisil 
Tannée  suivante  pour  aide  de  camp.  Ce  fot  soa& 
les  ordres  de  ce  maréchal  qu'il   fit  ks  deux 
campagnes  de  Portugal  et  d'Espagne.   Sa  con- 
duite lui  mérita  à  cette  époque  d'être  proposa 
trois  fois  pour  la  croix  d'Honneur  ;  mais  trou 
fois,  l'empereur  en  regard  de  son  nom  mit  : 
trop  jeune,'  £n  septembre  18 il,  il  le  nomma 
cependant  lieutenant  en  premier  aux  chasseurs 
à  cheval  de  sa  garde.  Oudmot  gsgna  tes  épau- 
lettes  de  capitaine  dans  la  campagne  de  Russii^, 
où  il  prit  part  au  combat  héroïque  que  son  pèro 
blessé  soutint  le  30  novembre  1812  dans  un 
grange  du  village  de  Plechnitsoui  contre  la  bri- 
gade du  général  LandsKoy.  Leipzig ,  où  il  fut 
blessé  au  pied  par  un  biscalen,  Hanau,  où  U 
prise  d'une  batterie  d'artillerie  lui  valut  d'être 
promu  officier  de  la  Légion  d'honneur,  Moot- 
mirail ,  où  il  fit  mettre  bas  les  armes  à  un  ba- 
taillon prussien,  et  enfin  Craoone,  où  il  fut  en- 
core grièvement  blessé,  furent  successivement 
témoins  de  sa  valeur,  qui  fut  récompensée  psr 
le  grade  de  chef  d'escadron    (i**  avril  1814). 
Promu,  peu  de  temps  après,  colonel  du  8*  rc^ 
ment  de  chasseurs,  il  fut  le  27  du  même  mou 
confirmé  dans  oe  grade   par  le  gouvernement 
royal  et  appelé  an  commandement  du  1*'  régi- 
ment de  hussards  (  hussards  du  roi  ).  En  gar- 
nison à  Metz  en  mars  1815,  Oudiuot  demeura 
fidèle  aux  Bourbons,  et  5uivit  la  ligne  de  con- 
duite et  l'exemple  du  maréchal  son  père.  A  ^oa 
retour,    Louis   XVill    le  cliargea   d'organi- 
ser les  hussards  du  nord  (  4'  hussards  )  et  le 
nomma  commandeur  de  la  Léji^  dlionarur 
(  i«r  juin  1820)  et  écnyer  cavalcadoor  (16  no* 
vembre  suivant).  Ou'dinot  reçut  en  1812  le 
commandement  du  !«'  régiment  de  grenadii^rs 
à  cheval  de  la  garde,  et  le  grade  de  maréchal 
do  camp,  le  12  juin  1822.  Son  aptitude  s{té- 
dale  à  rinstmctioa  et  au  maniement  des  troop<« 
lui  fit  confier,  le  17  novembre  1824,  la  miv 
sion  de  réorganiser  l'école   de   cavalerie  •'* 
Saumur.  «  Plein  de  respect  pour  de  hautes  in- 
fortunes, »  comme  il  l'écrivit  au  mini>tre  de 
la  0Herre,  le  général  Oodinot  résigna  ses  fonr- 
tionsà  la  révolution  de  juillet,  et  ne  fut  rappelé 
à  l'activité  qu'en  octobre  1836,  où  il  reçut  le 
commandement  du  corps  expéditionnaire  des- 
tiné à  venger  l'écliec  éprouvé  i  la  Macta.  Sa 
brigade  formait  Tavant-garde  et  se  dtri^ait  sur 


973 


OUDINOT 


Maskara,  quand  il  eut  la  cu'sse  traversée  d*une 
balle  au  combat  de  THabra.  Forcé  de  rentrer 
en  France,  il  fut  promu  au  grade  de  lieutenant 
ginéral(3l  décembre  1B35).  Député  deSaunow 
en  1842  et  1S46»  le  général  Ondinot  vota  avec 
l'opposition  modérée  et  prit  la  parole  dans  les 
questions  relatives  au\  intérêts  de  Tarmée,  à 
l'Algérie ,  aux  baras  et  au  code  pénal  militaire. 
Après  la  révolution  de  février,  son  dévouement 
aux  iniéréii  de  l'armée  le  fit  désigner  comme 
membre  de  la  commission  de  défense  nationale 
instituée  le  7  mars  1848.  Élu  représentant  de 
Maine-et-Loire  à  l'Assemblée   constituante,  11 
prit  peu  de  part  à  ses  travaux  et  s'associa  à  la 
ligne  politique  de  la  fraction  modérée  de  l'Âs- 
seinblée.  Dès  que  l'organisation  de  l'armée  des 
Alpes  eut  été  résolue,  il  en  reçut  le  comman- 
dement en  chef  (avril  1848);  mais  il  résigna 
ce  poste  au  maréchal  Bugeaud  (janvier  1849) 
après  avoir  refusé  le  portefeuille  de  la  guerre, 
que  lui  Offrit  le  prince-président.  A  cette  époque. 
Borne,  après  avoir  contraint  Pie  IX  à  se  réfu- 
gier à  Gaèle,  allait  attirer  sur  elle  les  forces  de 
l'Autriche .  ce  qu'il  fallait  empèdier  à  tout  prix. 
Le  20  avril  1849,  le  général  Oudinol  fut  nommé 
commandant  en  chef  du  corps  expéditionnaire 
de  la  Méditerranée,  destiné  à  occuper  les  États 
de  TÉglise.  Chargé  d'une  mission  à  la  fois  di- 
plomatique et  militaire ,  il  réunissait  les  meil- 
leures conditions  pour  la   remplir  dignement. 
Débarquée  le  26  avril  à  Civita-Vecchia,  l'armée 
française  parut  le  30  devant  Rome.  Mais  le  siège 
de  la  ville,  pour  lequel  il  falhit  attendre  des 
renforts,  ne  commença  régulièrement  que  le 
4  juin.  En  faisant  établir  ses  batteries,  le  général 
avait  donné  l'ordre  précis  de  ne  faire  usage  ni 
de  bombesyii  d'obus  dans  la  crainte  de  dégrader 
ou  d'inccnSer  les  monuments  de  la  ville  éter- 
nelle. Au  milieu  des  difficultés  que  présentait  ce 
siège,  et  que  de  savantes  combinaisons ,  jointes 
à  l'inébranlable  dévouement  du  soldat,  pouvaient 
seules  surmonter,  le  général  Oudinot  sut  main- 
tenir intact  l'honneur  de  nos  armes,  et  Rome 
capitula  sans  conditions,  le  l«r  juillet.  Deux  jours 
après.  Tannée  française  y  faisait  son  entrée  : 
événement  considérable  dans  la  politique  eu- 
ropéenne et  dans  le  monde  catholique.  Le  12  juil- 
let, !e  général  fut  élevé  à* la  dignité  de  grand'- 
croix  de  la  Légion   dlionneur;  la  municipalité 
romaine  lui  décerna  sdnsi  qu'à  sa  descendance 
le  titre  de  citoyen  romain,  arrêta  que  son  buste 
en  marbre  serait  placé  an  Capitole  et  fit  frapper 
une  magnifique  médaille  à  son  effigie.  Les  habi- 
tants de  Rome  lui  offrirent  en  outre  par  sous- 
criplion  une  épée  d^honneur  et  ceux  de  Lyon 
imitèrent  aussitôt  cet  exemple.  Plein  de  respect 
|)Our  le  saint-père,  mais  également  éloigné  de  la 
iaiblesâe  et  de  la  violence,  le  général  reçut  des 
lettres  de  rappel,  et  vint  au  mois  d'août  prendre 
i)lace  à  l'Assemblée  législative,  où  l'avait  nommé 
ie  département  de  la  Meoae.  Seul  de  tons  les 
généraux,  il  réunissait  les  conditions  voulues 


974 

pour  le  marcchalaty  et  sa  nomination  était  annon- 
cée pour  le  10  décembre  18âl  ;  mais  le  2  de  ce 
mois,  un  vote  unanime  des  deux  cent  vingt 
membres  réunis  à  la  mairie  du  10«  arrondisse- 
ment pour  protester  contre  le  coup  d'État  Pa- 
vait investi  du  commandement  des  troupes  de 
la  ire  division  militaire  et  de  la  garde  nationale. 
Après  avoir  inutilement  enjoint  aux  soldats, 
ainsi  qu'au  général  Forey,  de  lui  obéir^  il  fut 
arrêté  avec  ses  collègues  et  conduit  à  la  caserne 
d^Orsay.  I;  était  détenu  depuis  quelques  jours  an 
Moot-Valérien,  quand  parut  au  Mon  Heur  un 
décret  qui  élevait  au  maréchalat  un  général  qui 
avait  été  placé  sous  ses  ordres.  Le  général  Ou- 
dinot protesta  avec  énergie  contre  les  considé- 
rants de  ce  décret  Depuis ,  il  vit  dans  la  re- 
traite, maintenu  sur  les  cadres  d'activité  comme 
g^éral  commandant  en  chef. 

On  a  du  général  Oudinot  :  Aperçu  historique 
sur  la  dignité  de  maréchal  de  France;  Paris, 
1833,  in-8'*;  —  Considérations  sur  les  ordres 
de  Saint' Louis  et  du  Mérite  militaire;  Paris, 
1833,  in-8'*;  —  Considérations  sur  Vemploi 
des  troupes  aux  grands  travaux  d'utilité 
publique;  Paris,  1839,  in-8°;  —  De  la  cavO" 
lerie  et  du  casernement  des  troupes  à  che* 
val;  Paris,  1840,  in-S";  —  De  V Italie  et 
de  ses  Jorces  militaires;  1835,  in-8'; —  Des 
Remontes  de  V armée;  184^,  in-8*';  —  Précis 
historique  et  militaire  de  Vexpédition  fran- 
çaise en  Italie  en  1849;  MarsdUe,  1849,  in•8^ 

G.  oE  V. 

OCD1KOT  DE  Recgio  (Àuguste),  frère 
cadet  du  précédent,  né  le  3  mars  1799,  à  Paris, 
tué  à  Muley-Ismail ,  le  26  juin  1835.  Officier 
dans  les  dievau-légers  de  la  maison  du  roi, 
iPfut  successivement  aide  de  camp  des  maré- 
chaux de  Feltre,  Gouvion-Saint-Cyr  et  Lauris- 
ton,  capitaine  dans  Içs  chasseurs  de  l'Orne,  chef 
d'escadron  au  14^  régiment  de  chasseurs,  puis 
dans  les  hussards  de  la  garde,  iieutenant-oo* 
lonel  au  2«  hussards,  et  enfin  colonel  da  2'  ré- 
giment de  chasseurs  d'Afrique.  Il  commandait 
l'avant-garde  de  la  division  Trézel,  lorsque  nos 
troupes  furent  attaquées  dans  un  défilé  par 
douze  mille  Arabes  guidés  par  Abd-el-Kader. 
Son  dévouement  sauva  alors  la  division  fran- 
çaise, qui  eût   été  exposée  aux  plus  grands 

revers. 

OUDINOT  DE  Reggio  (  Chorles-Joseph" 
Gabriel  ),  troisième  fils  dn  maréchal ,  né  à 
Paris,  le  iO  mars  1819,  mort  à  Coulogne  près 
Calais,  le  10  décembre  18S8.  A  la  suite  de  onze 
campagnes  consécutives,  Û  était  lieutenaat-OK 
lonel  du  54*  réginoent  d'infanterie  de  ligne. 

^OUBIKOT  OE  Rkcgio  (  Yictor-Auçélique' 
Henri)^  quatrième  fils  du  maréchal»  a  fait  avec 
distinction  plusiears  campagnes  en  Afrique, 
celle  de  Rome  en  1849,  celle  d'IUlie,  et  est  au- 
jourd'hui lieutenant-colonel  du  10*  régiment  de 
chasseurs.  G.  de  V. 

Dict,  des  Contemp. 


975 


OUDOT  — 


OCDOT  (CharleS'François)  9  homme  poli- 
tique français,  né  à  Moite  en  Bourgogne,  le  4  avril 
t75ô,  mort  à  Paris,  le  12  avril  1841.  Destiné  à 
là  magistrature,  il  devint  en  1777  substital  da 
pi'ocureor  général  au  parlement  de  Dijon,  et 
après  avoir  été  nommé  en  1790  commissaire  du 
roi  près  le  tribunal  de  Beaune,  il  Tut  élu,  en 
1791,  à  l'Assemblée  législative.  Élu  membre  à 
la  Convention  nationale ,  il  vota  la  mort  de 
Louis  XVI,  sans  appel  et  sans  sursis.*  Envoyé 
en  mission  dans  le  Calvados,  pour  y  rétablir  la 
tranquillité,  il  fut  absent  de  Paris  lors  de  la  dis- 
cussion et  du  vote  de  la  loi  du  17  septembre 
contre  les  suspects,  dont  Tabbé  de  Montgaillard 
le  désigne  pourtant  comme  l'un  des  promoteurs. 
A  son  retour,  il  présenta  comme  rapporteur  le 
travail  de  révision  de  la  loi  contre  les  accapare- 
mente,  et  vit  consacrer  par  la  loi  du  2  avril 
i794  les  nouvelles  dispositions  qu'il  proposait 
Après  la  chute  de  Robespierre ,  il  prit  la  défense 
des  anciens  membres  du  comité  de  salut  pu- 
blic ,  et  il  demanda  la  création  d'un  tribunal  in- 
dépendant du  corps  législatif  et  qui  connaîtrait 
des  accusations  de  crimes  d'État  portées  contre 
les  représentants  du  peuple.  Réélu  an  Conseil  des 
Cinq  Cents,  il  fut  chargé  de  divers  rapporte,  et 
se  prononça  pour  Tëxclusion  des  nobles  de  tous 
les  emplois  publics.  Nommé  secrétaire,  il  intro- 
duisit pour  la  fidèle  reproduction  des  séances 
l'emploi  de  la  sténographie,  améGoration  qui  fut 
aussi  bientôt  définitivement  adoptée.  11  sortit  de 
ce  conseil  en  1792,  et  l'année  suivante  le  Direc- 
toire le  nomma  juge  au  tribunal  de  cassation,  en 
remplacement  de  Gohier.  Le  sénat  l'y  appela 
comme  juge  à  vie,  en  1800.  Excln  sous  la  res- 
tauration au  commencement  de  1815,  il  reprit 
son  siège  pendant  les  Cent-Jours.  Atteint  par  la 
loi  du  12  janvier  1816,  dite  d'amnistie,  il  se 
retira  à  Bruxelles  (on  nous  l'avons  vu  quelques 
fois,  chez  le  jurisconsulte  Merlin  ),  et  ne  revint  en 
France  qu'après  la  révolution  de  1830.  On  a  de 
lui  :  Opinion  sur  le  procès  de  Louis  XV i;  1792, 
in-8*;—  Projet  d'organisation  judiciaire  ci- 
tfiUf  présenté  au  Conseil  des  Cinq  Cents,  au 
nom  delà  Commission  de  la  classification  des 
lois;  Paris,  Impr.  nation.,  nivOse  an  t,  In-S**; 
—  Théorie  du  Jury,  ou  observations  sur  le 
jury  etsur  les  institutions  judiciaires  erimï- 
nelles,  anciennes  et  modernes;  Paris,  1843, 
in*8^^  :  Fauteur  avait  laissé  à  un  ami  le  soin  de 
publier  cet  ouvrage,  dont  il  avait  donné  deux 
extraite  assez  étendus  aux  articles /ury  et  Pro- 
cédure secrète  de  V Encyclopédie  moderne  de 
Courtin,  édition  de  Bruxelles.       £.  Regnaro. 

JVoMctf  tur  la  vie  de  Tauteur^  en  (été  de  la  Théorie  du 
furjt.  "  Camus,  0<6{io<A.,  eAoiite  du  tivre^  dé  droU. 

otTDRAADT  (Jean),  en  latin  Gerolndus, 
théologien  hollandais,  né  en  1540,  à  La  Haye, 
mort  le  14  février  1606,  à  Utrecht.  Admis  en 
Î566  au  ministère,  il  fut  pasteur  en  diverses 
églises,  notemment  à  Flessingue  (1580)  et  à 
Utrecht  (1590).  Il  a  composé  divers  ourragcs, 


OUDRY  976 

parmi  lesquels  nous  citerons  :  Waaraglig  ver- 
haal  van  den  staat  der  gereformeerde  Kerie 
(Histoire  des  églises  réformées  de  la  province 
d'Utrecht);  Utrecht,  1603,  in-8*. 
Van  der  Aa^Biograph,  fFoordenboék  der  Ikderlamdak. 

OUD&T  (  Jean-Baptiste  ),  peintre  et  graveor 
français,  né  à  Paris,  le  17  mars  1686,  mort  à 
Beau  vais,  le  30  avril  1755.  Son  pèn;,  Jacques 
Oudry,  mattre  peintre  et  marchand  de  tableaax 
étebli  sur  le  pont  Nof  re*Danie,  après  loi  SToir  en- 
seigné les  premiers  élémente  de  son  art,  l'en- 
Toya  à  l'école  de  la  maîtrise  de  la  confrérie  de 
Saint-Luo.  J.-B.  Oudry  passa  de  là  dans  l'ate- 
lier de  De  Serre ,  peintre  des  galères  du  roi  à 
Marseille,  et  enfin  dans  fcelui  du  célèbre  Laip}- 
lière*  L'assiduité  au  travail  du  jeune  Oudry,  les 
dispositions  qull  montrait  pour  son  art  lui  atti- 
rèrent bientôt  l'affection  et  toute  la  confiance 
de  son  nouveau  mattre.  Celui-ci  ^  le  cbarBet 
entièrement  du  détail  de  ses  affaires  domes- 
tiques; il  le  logeait,  le  faisait  manger>v6c  lui, 
et  leurs  entretiens  étaient  autent  d'utiles  et  de 
sages  leçons.  Si  M.  Largillière  avait  quelques 
têtes  intéressantes  à  peindre ,  pour  loi  manfoer 
de  plus  eu  plus  son  amitié,  il  le  faisait  tenir  à 
côté  de  lui,  l'instruisait  des  motifs  de  ses  |»t>- 
cédés,  dont  chaque  conp  de  pinceau  deTeoait  la 
démonstration  (1)  <*. 

Après  trois  années  de  ces  études  sérieuses, 
Oudry  se  fit  recevoir  à  la  maîtrise  de  Saint-Loe, 
dont  son  père  était  alors  directeur,  le  même  jour 
(21  mal  1708)  que  deux  de  ses  frères;  par  dé- 
rogation aux  usages  de  cette  compagnie ,  il  ne 
présente  son  morceau  d'admission  que  depx  mois 
après  sa  réception,  le  19  juillet  1708.  Reçu 
maître  peintre,  il  s^adonna  d'abord  à  la  peinture 
des  |)ortrait8.  «  Un  jour  qu'il  avail  peint  un 
chasseur  avec  un  chien  près  de  lui ,  M.  Largil- 
lière, à  qui  il  montra  son  ouvrage,  fit  peu  d'é- 
loges du  chasseur,  mais  il  loua  beaucoup  le 
chien  :  il  lui  conseilla  en  même  temps  de  quitter 
le  genre  du  portrait  pour  se  livrer  aux  genres 
des  animaux  et  des  fruits,  pour  lesquels  il  parais- 
sait avoir  plus  de  dispositions  (2).  » 

Du  moment  où  il  suivit  ce  conseil  Oudry  avait 
trouvé  sa  voie.  Ses  oommenc«mente  furoit  nén- 
moins  très-pénibles;  il  s'était  marié  tort  jeune 
avec  M"*  Froissé,  fille  d*un  miroitier,  à  laquelle 
il  avait  donné  des  leçons  et  qui  faisait  des  copies 
avec  quelque  succès  ;  la  jeune  femme  aidait  son 
mari  dans  ses  travaux.  «  La  première  année  le 
travail  réuni  du  mari  et  de  la  femme  ne  leur 
produisit  que  900  livres;  ils  doublèrent  cette 
somme  Tannée  snirante.  Quand  la  répotatioo 
de  M.  Oudry  était  faite,  il  gagnait  jusqu'à  1 0,000 
livres  par  an ,  sans  compter  le  produit  de  ses 
places  et  de  ses  logemente.  Le  tout  réuni  poo- 


(1)  Fie  de  M.  Oudrg,  pelDtre  et  profctteor  de  TAcadé* 
mie  royale  de  peinture,  par  Loals  Gougenot,  lue  ca 
•èaoee  de  l'Académie,  le  10  férrier  ITSI,  Sutt  lês 
moires  inédiU  det  Acadéwtieêent. 

m  U>ld. 


977 


OUDRY 


vaîtlui  pruciircrnn  revenu  de  18,000  livres  (1).  » 
Mais  auparavant  H  était  réduit  à  travailler  «  pour 
le  .pont  Notre-Dame  »  et  à  se  charger  de  tout  ce 
qui  se  présentait  à  lui.  C'est  à  cette  époque  qu'il 
fit  divers  tableaux  d'église.  Au  mois  de  mai  1714 
il  fût  adjoint  à  la  maîtrise  et  nommé  professeur  le 
i***  juillet  1717  ;  le  26  juin  de  la  même  année  il  fut 
agréé  à  l'Académie  royale,  et  deux  ans  plus  tard, 
IcaSS  février  1719,  reçu  définitivement,  sur  la 
présentation  d'un  tableau  de  V Abondance  avec 
ses  attributs.  Sa  réputation  ne  s'étendait  ce- 
pendant pas  à  cette  époque  en  dehors  d*un  cer- 
tain cercle  d'intimes  et  d'artistes.  Son  ami  Massé, 
habile  peintre  en  miniature,  lui  procura  la  con- 
naissance de  M.  de  Beringhen,  premier  écoyer  du 
roi  ;  celui-ci  le  présenta  au  roi ,  et  ainsi  «  le  tira 
de  dessous  le  rideau  sous  lequel  il  avait  été  pour 
ainsi  dire  caché  jusqu'alors  ».  Oudry  obtint  aussi- 
tôt diverses  commandes  du  roi ,  un  logement  au 
LouTre  et  un  atelier  aux  Tuileries.  Peu  à  peu 
la  fortune  vint  à  lui.  11  fut  chargé  d'importants 
travaux  pour  la  maison  que  possédait  à  Fonte- 
nay-aux- Roses  Tintendant  des  finances  Fagon. 
Précédemment  il  avait  eu  à  faire  le  portrait  du 
czar  Pierre  1®'.  Pierre  fut  tellement  satisCiit  de 
cet  ouvrage  qu'il  voulut  en  emmener  l'auteur  en 
Russie.  Plus  tard  celui-ci  eut  également  à  re- 
pousser les  offres  qui  lui  furent  faites  de  se  fixer 
en  Danemark.  En  1734,  Oudry  accepta  l'entre- 
prise de  la  manufacture  de  tapisseries  de  Beau- 
vais,  en  association  avec  un  sieur  Besnier.  Il  di- 
rigea ainsi  pendant  vingt  ans  le  travail  artistique 
de  cet  établissement,  et  fit  un  grand  nombre  des 
dessins  de.«  tapisseries  qui  furent  exécutées  pen- 
dant ce  temps.  En  1736  il  fut  nommé  inspecteur 
des  Gobelins  ;  on  peut  voir  dans  la  Notice  his- 
toricité sur  les  manu/actures  impériales  des 
tapisseries  des  Gobelins,  etc.,  le  récit  d'un  long 
démêlé  qu*il  eut  avec  les  entrepreneurs  de  cet  éta- 
blissement sur  les  principes  de  l'art  du  tapissier. 
C'est  dans  l'appartement  qu'il  occupait  pen- 
dant ses  visites  à  la  manufacture  de  Beauvais 
qn'Oudry  fut  frappé  d'apoplexie,  le  3  avril  17à5. 
11  avait  succédé  à  De  Troy  comme  professeur  à 
l'Académie,  le  28  décembre  1743,  et  en  cette  qua- 
lité il  fit  deux  conférences  très-remarquables  : 
Tune,  sur  la  manière  d'étudier  les  couleuis,  a 
été  publiée;  l'autre,  sur  les  soins  qu'on  doit  ap- 
porter en  peignant,  est  restée  inédite.  Malgré  les 
grandes  occupations  que  lui  imposaient  les  fonc- 
tions qn'il  remplissait  aux  Gobelins  et  à  Beau- 
vais, il  a  exécuté  une  quantité  considérable  de 
tableaux  et  de  dessins  ;  Gougenot  en  porte  le 
nombre  à  178,  pins  36  dessins  de  tapisseries.  Le 
musée  da  Louvre  possède  8  tableaux  d'Oudry  ; 
il  a  exposé  aux  salons  de  1737  à  1761.  On  lui 
doit  encore  275  dessins  qui  ont  été  gravés  pour 
l'édition  des  fables  de  La  Fontaine  (2),  et  75 

(i)  FlBâe  M.  Oudry,  etc. 

(I)  Paris,  1780,  »  TOl.  in-fok  Ces  denios  Tlennent'd'étre 
compriii  dans  la  vente  de  la  belle  blbUottièque  de  M.  F. 
Solir,  novembre  1860. 


—  OUEN  978 

estampes  gravées  à  l'ean-forteavec  infiniment  de 
goût  et  d'esprit.  Sur  ces  75  gravure^),  21  pièces 
ont  été  faites  pour  le  roman  comique,  46  appar- 
tiennent à  l'ouvrage  dont  voici  le  titre  :  «<  Rébus 
ou  Logoçriphes,déâ\é  à  S.  A.  R.  M»®  la  duchesse 
de  Berry,  se  vend  à  Paris,  chez  l'auteur,  sur  le 
pont  Notre-Dame,  au  Soleil  d'Or  et  rue  Saint- 
Jacques  vis-à>TisIa  rue  des  Mathurin$,au  Mé- 
cenas.  » 

Oudry  avait  formé  dans  l'atelier  qu'il  occupait 
aux  Tuileries,  dans  la  cour  des  princes,  une  im- 
portante collection  de  tableaux ,  vases  et  curio- 
sités, dont  la  vente,  faite  après  son  décès  avec 
celle  de  ses  dessins,  produisit  plus  de  40,000 
livres.  Il  eut  treize  enfants,  de  son  mariage  avec 
M"*  Froissé.  Une  de  ses  filles  épousa  M.  Boizot, 
peintre  de  l'Académie,  dessinateur  aux  Gobelins  ; 
son  fils  atné  fut  architecte.  Le  second,  Jacques- 
Charles  Oudry,  né  en  1720,  mort  à  Lausanne,  au 
mois  de  septembre  1778,  fut  reçu  membre  de 
l'Académie  le  31  décembre  1748.  11  exposa  aux 
salons  de  1748-1750  et  1751;  il  résida  long- 
temps à  Bruxelles,  où  il  remplit  la  charge  de 
premier  peintre  dn  prince  Charles.     H.  U— h. 

Notice  sur  la  v{«  de  M.  Oudry ^  par  Gougenot,  dans 
les  Mémoire»  iné^U  des  membres  de  Vdeademiê  de 
peinture  et  de  sculpture.  —  F.  VUlot,  Notice  sur  les  ta- 
bleaux exposés  dans  les  galeries  du  Musée  du  Louvre. 
— Robert  DumesnU,  Le  Peintre  graveur  français,  etc.,  etc. . 

OUBL.  Voy,  HOWEL. 

OCBN  (Saint),  en  latin  Audoenus,  prélat  fran- 
çais, né  en  609,  à  Sancy,  près  de  Soissons,  mort 
à  Clichy-la-Garenne,  le  24  août  683.  Fils  d'Au- 
thaireet  d'Aige,  Ouen,  que  l'on  connaît  aussi  sous 
le  nom  de  Dadon,  passa  son  enfance  à  Ussy-sur- 
Mame,  dont  ses  parents  possédaient  la  seigneurie  ; 
après  avoir  fait  ses  premières  études  dans  le  mo- 
nastère de  Saint-Médard,  il  trouva  place  à  la  cour 
du  roi  Clotaîre  II.  Devenu  référ^daire  ou  chan- 
celier sous  Dagot>ert  1'%  il  fit  alors  la  connais- 
sance de  saint  Éloi,  et  se  lia  avec  lui  d'une  amitié 
si  étroite,  qu'ils  n'eurent  plus  «qu'un  cœur  et 
qu'une  âme  ».  Par  son  conseil,  il  fonda  en  634 
l'abbaye  de  Rebais,  au  diocèse  de  Meaux  ;  et  cé- 
dant lui-même  à  sa  vocation  religieuse,  il  entra 
dans  les  qrdres,  et  Dieudonné,  évéque  de  Maçon, 
lui  conféra  la  prêtrise.  A  son  retour  d'une  mis- 
sion en  Espagne,  il  fut  élu  archevêque  de  Rouen, 
et  l'opinion  la  plus  générale  fixe  son  sacre  au  21 
mai  640.  Ce  jour-là  même,  saint  Éloi  était 
sacré  pour  occuper  le  double  siège  de  Noyon  et 
de  Tournai.  Le  diocèse  de  Rouen,  où  se  trouvaient 
encore  des  cantons  barbares ,  changea  de  face 
sous  l'administratfon  de  saint  Ouen,  qui  déploya 
le  plus  beau  zèle  à  instruire  son  peuple,  à  em- 
bellir, à  orner  les  églises  et  à  établir  des  mo- 
nastères. Il  assista  au  concile  de  Cbêloos-sur- 
Saône  (25  octobre  644).  Le  pape  Martin  V 
ayant  demandé  en  651  au  roi  Clovis  II  quelques- 
uns  des  plus  savants  évêques  de  ses  États  pour 
les  envoyer  à  Constantinople  avec  la  qualité  de 
légats  dans  l'afTaire  du  monothélisme,  saint  Ouen 
et  saint  Éloi  furent  désignés  à  cet  effet;  mais  des 


070 


OITEN  —  OULTREMAN 


9S0 


(ibstacles,  queThiâtoire  n'a  point  révéléSy  les  em- 
pêchèrent de  faire  ce  voyage.  Saint  Ouen  sous- 
crivit à  de  nombreuses  chartes  en  faveur  des 
églises  et  des  abbayes.  Après  la  mort  d'Ébroîn, 
le  roi  Tbierri  1'*^,  à  la  suggestion  de  Warato, 
nouveau  maire  du  palais»  envoya  saint  Ouen  à 
Ck>logne  pour  y  négocier  la  paix  a\ec  Pépin,  dac 
d'Aastrasie  :  l'ambassadeur  franck  parvint  à  ré- 
tablir la  bonne  intelligence  entre  les  deux  États; 
mais  k  peine  était-il  arrivé  à  Ciichy»  où  le  roi  de 
Neustrie  tenait  sa  cour,  pour  rendre  compte  à  ce 
prince  du  résultat  de  sa  négociation ,  qu'il  y 
mourut,  épuisé  par  Tâge  et  par  les  fatigues.  Son 
coips  fut  transporté  à  Rouen,  où  onUubumadanâ 
Téglise  abbatiale  de  Saint-Pierre,  qui  prit  dès  lors 
le  nom  da  saint  prélat  On  a  de  saint  Ouen  :  la 
Vie  de  saint  Eloi ,  Tun  des  monoments  histo- 
riques les  plus  authentiques  qui  nous  soient  res- 
tés du  sepàème  siècle.  Écrite  d*un  style  clair  et 
simple,  renfermant  divers  traits  qoi  représentent 
les  coutumes  et  les  anciennes  mœurs  de  la  na- 
tion française,  encore  au  berr<eau,  cette  œuvre 
resta  manuscrite  dans  un  assez  grand  nombre 
d'églises  et  de  monastères  jusqu'à  ce  que  Surius 
Teut  publiée,  en  majeure  partie  dans  son  recueil, 
mais  avec  de  regrettables  mutilations.  Duclte^ine, 
en  son  premier  volume  des  historiens  de  France, 
y  a  puisé  ce  qu'on  y  trouve  sur  saint  Éloi.  Dom 
Luc  d'Achery  ayant  découvert  deux  manuscrits, 
l'un  provenant  de  la  bibliothèque  abbatiale  de 
Corbie ,  l'autre  de  celle  de  Concties  en  Norman- 
die, compara  avec  soin  ces  deux  copies,  et  donna 
en  1661  Tœuvre  entière  de  saint  Ouen,  dans  le 
tome  V  de  son  Spicilége,  Ghesquière  {Acta 
sanetorum  Belçii,  t.  111,  p.  294  à  331  )  édita 
en  1785  la  Vie  de  saint  ÉM,  mais  après  l'avoir 
coilationoée  avec  le  plus  grand  soin  au  moyen 
de  divers  maDuscrits  qui  faisaient  partie  de  la 
riche  collectioa  des  fiollandistes,  à  Anvers.  Cette 
Vie  a  été  traduite  en  français  d'après  ces  diverses 
éditions ,  par  Louis  de  Montigny,  archfdiacre  de 
Roy  on,  Paris,  1626,  in-S**;  par  un  auteur  ano* 
nyme  (  Lévesqoe ,  prêtre  attaché  à  la  cliapdle 
dés  orfèvres),  Paris,  1693,  in-S**  ;  par  M.  Charles 
deBartliélemy,  Paris,  l»47,in-8<',  et  par  M.  l'abbé 
Parcnty,  chanoine  d'Arras ,  Arras ,  1 851 ,  in- 1 2. 
Ces  deux  dernières  traductions  sont  accompa- 
gnées de  nombreuses  notes,  non  moins  curieuses 
que  savantes.  —  On  attribue  à  saint  Ouen  la  Vie 
de  saint  Rémi^  conservée  manuscrite  dans  l'ath 

baye  de  Saibt-Gall.  H.  Fisquet. 

Galléa  christiam,  t  XI.  -  HW.  littér.  de  la  France, 
t.  m,  p.  6lS-es8.  —  Pommeraye,  Hist.  de  Fabbave  de 
Saitit-Oven.  —  Hitl.  des  archev.  de  ilowcn.  —  France 
pontificale.  —  U  Coin  te,  Ann.  eecl.  de  France. 

OUGHTRED  (William),  mathématicien  an- 
glais, né  le  5  mars  1&74,  à  Eton,  dans  le  comté 
de  Buckingham,  mort  \e  30  juin  1660.  Ayant 
étudié  la  ttiéolqgte  en  même  temps  que  les 
sciences  exactes,  il  fut  nommé,  en  1610,  ministre 
d'Albury,  près  de  Guiiford,  dans  le  comté  de 
Surrey.  Ses  fonctions  ne  l'empêchèrent  pas  de 
se  livrer  à  reose^ement  et  de  former  des  élèves 


distingués.  De  ce  nombre  fut  le  jeune  lord  ^11. 
liam  Howard,  fils  du  comte  de  Surrey,  pour  le- 
quel Oogbtred  écrivit  un  traité  intitulé  Arith- 
mettes  in  nymeris  et  speciebus  instituiio, 
qux  tum  logisticWf  tum  analyUcx^  atqve 
adeo  totius  matbematicx,  quasi  clavis  tit 
(Londres,  1631,  in-8").  On  y  Irouve  l'exposé  dn 
procédé  de  multiplication  abrégée  généralemeôt 
connu  souiile  nom  de  règle  d'Oughtred.  Ultra- 
royaliste,  Oughtred  mourut,  dit-on,  de  rémotfon 
qu'il  éprouva  en  apprenant  le  rétablissemeat  de 
Charles  II  ;  il  avait  alors  plus  de  quatre-vingt- 
six  ans.  L'ouvrage  que  noua  venons  de  citer  fat 
traduit  en  anglais  par  son  auteur  sous  ce  titre  : 
The  key  of  maiJtemalicks^  new  forged  and 
filed  :  together  with  a  treatise  of  the  resolv- 
tion  oj  ail  kinde  of  affected  xquations  in 
numbers  ;  with  the  rule  of  compound  usury; 
and  démonstration  of  the  rule  oJ  /aise  po- 
sition. And  a  most  easie  Art  of  delineating 
ail  manner  of  Plaine  Sun-Dyalls.  Geome- 
trically  tought  by  Will.  Oughtred  (Londres, 

1647,  in- 80).  A  la  suite  du  titre  de  cette  der- 
nière partie,  on  lit  :  Invented  by  the  au/hor, 
beiween  22  and  23  yeares  o/his  âge.  Le  mente 
ouvrage  a  été  réédité  plusieurs  fois  en  latin  sons 
le  nom  de  Clavis  mathematica,  etc.  (Londres, 

1648,  in-8»;  Oxford,  1652,  in-8'*;  Oxford,  1667, 
in-S**).  Les  éditions  d'Oxford  contiennent  de 
nombreuses  additions  (l).  Enfin  un  choix  des 
manuscrits  d'Ougbtred  a  été  imprimé  après  sa 
mort,  sous  ce  titre  :  Opuscula  mathematica 
hactenus  inedita  (2)  (Oxford,  1677,  in-8*).  On 
cite  encore  de  lui  quelques  ouvrages  purement 
littéraires  écrits  dans  un  latin  très-élégant.  £.  M. 

MoDtferrier,  Dictionnaire  dei  seiencet  matkematiqnet. 

orLTREMAïf  (François- Henri  n'),  histo- 
rien français,  né  le  22  août  1 546,  à  Valenciennes, 
où  il  mourut,  le  f  octobre  1 605.  Originaire  de 
Gand  et  issu  d'une  famille  dont  le  nom  flamand 
est  Outermans  on  Woutcrmans,  il  fit  ses  études 
à  l'université  de  Louvain,  et  fut,  jeune  encore, 
admis  au  conseil  de  ville  de  Valenciennes,  où  il 
parvint  à  la  place  de  prévôt.  On  a  de  lui  :  His- 
toire de  la  ville  et  comté  de  Valentiennes  ; 
Douai,  1639,  et  1640,  in-fol.;  Talenciennes, 
1687,  m-fol.  :  édité  par  Pierre  d'Oultrcman,  soo 
fils;  ^  Triumphus  et  specfacula  serenissimis 
Belgarum  principibus  Alberto  et  Isabella^ 
in  dvitate  Valentinianay  édita;  Anvers» 
1602;  -^diverses  pièces  de  vers  latins,  notam- 

(1)  O  sont  lei  traltéi  iiil?ants  t  JSqnetionmm  <^eo» 
twm  retoitUio  :  «M  etiam  nmlta  de  LofforttknHmum 
usm  tiiterferuntur.  Eletnenti  deeimi  EuclUis  dedama- 
tlo.  De  soUdis  regularWus  tractatw.  De  anator%i»o 
sive  «fiera  comporta.  BeçnlafaUx  poeUiania,  Tàetre- 
mutum  Jrekimtdit,  de  tphstra  et  eifltnéro,  âedmraiio. 
Horoloqiographia  Ceometrica. 

(S)  Cette  publication  comprend  :  inititmiones  wt^h»- 
niex.  De  varU§  eorperibue  ffeneribmê  çraitUatett  wm- 
çnitttdineeomparaUt.  Âutomaîa.  Qumttiones  Diophanti 
yélexandrtni  lÀbri  très.  Detriannulis  plants rectamvlts. 
De  éivisione  super/Ictorum.  Muricm  &ememtm.  He 
Propvffnaadorum  Wvnitionibus.  De  Se^Moiùèms  an- 
gularUms  tractatus  analgticus. 


9S1 

ment  OB  Chant  funèbre  but  la  mort  d'Krama. 
auel  de  Laliting,  marquis  de  Renty.  Son  buste 
en  marbre,  par  Pierre  de  FranqueviUe,  est  au 
musée  de  Vâlenciennes.  H-  F- 

Valérc  André,  Biblioth.  belçica,  t.  I,  p.  4M  et  «• 
orLTEBMAN  {Philippe  d'),  fils  du  précé- 
dent, né  eu  1585,  à  Vâlenciennes,  où  il  mourut, 
le  16  mai  1652.  Entré  en  1607  dans  la  Compa- 
gnie de^Jésus,  il  se  Rvra  pendant  vingt-six  ans 
h  la  prédication,  et  a  publié  deux  ouvrages  ascé- 
tiques, savoir  :  Le  vrai  chrétien  catholique, 
Saint-Omer,  1622,  in-S";  traduit  en  anglais, 
1623,  in-S*»;  —  Le  pédagogue  chrétien,  t.  I; 
Luxembourg,  1629,  in-8«;  t.  Il  et  lïl.  Mens, 
lfr'«5  eVt650,  in-8»;  Rouen,  1704,  in-4*»,  aug- 
menté et  retouché  par  le  P.  BrignoB,  et  en  fla- 
mand ,  ÂBTers,  1637,  in-8<».  Ce  dernier  ouvrage 
a  depuis  été  souvent  réimprimé  ;  l'auteur  pro- 
mettait un  quatrième  volume,  mais  la  mort 
âVmpêcha  de  terminer  ce  travail ,  qui  contient 
beaucoup  d^anecdotea  historiques.      H.  F. 

Valèrc-  Andrd,  Bibliot.  belgiea,  t.  H,  p.  10*1.  —  D« 
B;irk.r,  BUblioth.  det  écrivains  de  ta  Cie  de  Jésus, 

orLTRBMAiff  (Pierre  d'),  historien  français, 
né  en  1591,  à  Vâlenciennes,  où  il  mourut,  le 
23  avril  1656.  Le  plus  jeune  des  fils  de  François- 
Henri  ,  il  entra  chez  les  jésuites  en  161 1,  s'y  fit  es- 
timer, et  exerça  d'abord  avec  succès  le  ministère 
de  ia  prédication,  que  la  faiblesse  de  sa  santé  le 
força  d^abaodonner  pour  se  livrer  à  l'étude  de 
l'histoire.  Outre  la  publication  de  V Histoire  delà 
ville  et  comté  de  Vâlenciennes,  par  son  père, 
et  qu'il  augmenta  considérablement,  on  a  de  lui  : 
Tabulœ  vitarum  tum  beaforum,  tum  illus- 
trium  virorum  societatis  Jesu;  Douai,  1622, 
in-go;  —  Vie  de  Pierre  VBermite,  ou  brief 
recueil  des  croisades  et  entreprises  pour  la  dé- 
livrance de  la  Terre  Sainte ;Moni,  1632,  ln-12  ; 
Vâlenciennes,  1632,  in-S";  Paris,  1645,  in  12  : 
édition  contenant  la  Généalogie  de  Vancienne 
maison  de  Cff ermite;  —  Constanfinopolisbel- 
gica,  sive  de  rébus  gestis  à  Balduino  et  Benr 
rico,    imperatoribus    Constanttnopolitanis, 
ortu  Valentianensibus  Belgis,  ab  anno  1171 
ad  annum  1207,  libri  ^Min^we  ;  Tournai,  1643, 
in-^".  Cet  ouvrage  est  fort  i^tile  à  consulter, 
bien  que  son  auteur,  tout  en  complétant  et  rec- 
tifiant les  récits  de  Viilehardonin,  à  Taide  des 
chroniqueurs   contemporains,   soit  lui-même 
tombé  dans  des  erreurs  assez  graves;  —  Amùr 
in  creaturas  effnsus  ;  tWle,  1651,  fai-fol.;  — 
et  quelques  antres  ouvrages  ascétiques  oobllés 
aujourd'hui,  et  dont  on  trouvera  les  titres  dans 
la  Bibliothèqtte  des  écrivains  de  la  Compit- 
gnie  de  Jésus^  par  de  Backer.  H.  F. 

Sottwel,  BibUoth.  scripfor.  S.  /.  -  Valère  Andté, 
BUttioth.  Belgica,  t.  Il,  p.  99?. 

OVRBT  {E. -T. -Maurice),  littératenr  dra- 
matique français,  né  en  1776,  à  Bruyère*le- 
Châtcl ,  près  d'Arpajon ,  mort  à  Paris,  le  19  fé- 
vrier 1843.  Il  débuta  dans  la  carrière  des  let- 
tres en  donnant,  avec  Barré,  en  1798,  an  théâtre 
•lu  Vaudeville,  La  Danse  interrompue,  qoî 


OULTREMAN  —  OUTHIER 


9S1 

obtint  un  grand  succès.  Il  y  fit  ensmte  jouer  : 
Les  deux  Sourds;  Arlequin  charlatan;  La 
Ligue  des/emmes  ;  Le  Loupçarou  ;  Aes  Époux 
de  trois  jours;  La  Chevalière  d'Bon;  Le 
Mari  par  hasard;  Crispin  financier;  Quitte 
à  quitte,  etc.  il  donna  à  l'Odéon,  avec  Cba- 
zet,  en  1805  :  Le  Mari  juge  et  partie,  comédie 
en  un  acte  et  en  vers,  et,  en  1809,  Le  Fils  par 
hasard,  comédie  en  cinq  actes  et  en  prose.  On 
a  encore  de  Ourry  :  Malesherbe  à  Saint- De- 
nis, poème  élégiaque,  qui  a  remporté,  en  1815» 
le  prix  proposé  par  La  Quotidienne  pour  le 
meilleur  éloge  de  Louis  XVI,  in*  12  ;  *-  Poèmes, 
Poésies  fugitives ,  Romans,  Chansons,  etc.; 
1816,  in-8";  —  V Enfant  lyrique  du  carno'- 
val;  1816  à  1818, 3  vol.  iB-18;  —  Soirées  dra- 
matiques de  Jérôme  le  porteur  d'eau  ;  1817 
et  1«18,  iû-18;  —  La  Peste  de  Barcelone, 
ou  le  dévouement  français  y^mt,  1821,  in-S**. 
Un  grand  nombre  de  chansons  dans  les  recueils 
du  Caveau  et  des  Soupers  de  Mcmus,  Il  a  été 
longtemps  le  principal  rédacteur  du  Journal  de 
Paris  et  a  édité  le  liiouveau  Caveau,  1818  à 
1827,9vol.ln-18.  G.n£F. 

I>anlel,  Biographie  de  SHne-^Oise, 

OURS  EL  {Jean-Henri),  littérateur  français» 
«né  à  Dieppe,  en  1725,  mort  le  12  septembre 
1814.  Il  remplissait  la  charge  de  proenreur  du 
roi  à  la  maîtrise  des  eaux  et  forêts  dans  sa  ville 
natale  lorsque  la  révolution  vint  le  priver  de 
son  emploi.  U  ne  s'occupa  le  reste  de  sa  vie 
que  de  travaux  littéraires.  On  a  de  lui  :  Dis- 
cours  sur  les  avantages  que  le  mérite  retire 
de  Venvie;  1760,  in-4'';  —  Les  talents  sans 
étude  peuvent'ils  produire  le  beau?  1751» 
in^**  :  couronné  par  l'Académie  de  Pau;  —  Ré- 
flexions sur  V homme,  ou  examen  raisonné  du 
discours  de  M,  Rousseau  (de Genève)  sur  l'O- 
rigine  et  les  fondements  de  VinégaHté  parmi 
les  hommes  (Amsterdam,  1755,  in-8*').  Ces 
Réflexions  ont  été  publiées  sous  l'anagramme 
de  Jean -Henri  Le  Rous,  conseiller  du  roi  de 
France;  Genève  (Bouen),  1758,  in- 12;,—  Es- 
sais de  géométrie,  1804,  dans  lesquels  l'auteur 
traite  de  la  résolution  de  différents  problèmes 
avec  la  seule  règle  et  le  compas. 

Jean  Oorsel,  de  la  même  famille,  libraire 
à  Rouen,  a  écrit  Les  Beautés  de  la  /Normandie, 
ou  Vorigine  de  la  ville  de  Rouen  et  deê 
autres  villes  de  la  province;  Aouen,  1700, 
in- 12.  A. 

Uém.  de  F  Académie  âk  AMmii  (18M).  —  Qtràrard ,  lA 
France  mtérairê, 

OVSEL.    Voy.  OiStL. 

ovrmmR  {Réginald  on  Regnauld),  astro- 
nome français,  né  le  16  ao6t  1694,  à  La  Marre- 
Jousserans  (Jura),  mort  à  Bayenx,  le  12  avril 
1774.  Après  avoir  étudié  à  Poligny,  à  D<Me  et  à 
Besançon,  il  embrassa  la  carrière  ecclésiastique» 
et  fut  nommé  vican^  à  Montai»,  près  de  Loos- 
le-Saulnier,  où  il  commença  à  se  livrer  avec  un 
tel  sniacès  à  son  goût  pour  les  observations  as- 


983 


OUTHIER  — 


troDomiqaes,    que  rAcadémie    des    sdenceR 
de  Paris  le  nomma  (  1*'  décembre  1731  )  Tan  de 
ses  correspondants.  On  le  sollicita  alors  de  ve- 
nir à  Paris  et  de  présenter  à  l'Académie  un 
globe  remarquable  qu'il  avait  imaginé  en  1726. 
Ce  globe  mouvant  fut  exécuté  par  J.  B.  Ca- 
tin,  du  Fort  du  Plasne,  son  compatriote,  et  est 
figuré  dans  les  machines  de  TAcadémie,  sans 
description  ;  il  a  cinq  pouces  de  diamètre,  et  le 
mouvement  des  nœuds  de  la  lune  y  est  exprimé. 
Tbiout,  dans  son  grand  Traité  d'horlogerie,  fait 
reloge  de  ce  globe.  Outhier  vint  donc  à  Paris 
en  1732/ et  fut  chargé  de  lever  des  plans,  de 
calculer  des  triangles  pour  la  grande  carte  de 
France;  mais  M.  de  Luynes,  évéque  de  Bayeux, 
depuis  cardinal,  se  l'attacha  et  le  nomma  son 
secrétaire.  En  1735«  on  le  chaiigea  d'accompa- 
gner Manpertuis  pour  la  mesure  du  degré  au 
cercle  polaire,  et  au  retour  de  cette  expédition 
scientifique ,  dont  il  rédigea  le  journal,  il  obtint 
nue  pension  de  douze  cents  livres.  En  174S,  il 
devint  chanoine  de  la  cathédrale  de  Bayeax,  et 
résigna  ce  bénéfice  en  1767,  pour  se  livrer  tout 
entier  à  l'étude.  Plusieurs  académies  l'associèrent 
à  leurs  travaux.  On  a  de  cet  astronome  :  Jour- 
nal iVun  voyage  au  Nord  fait  en  1736  et  1737; 
Paris,  1744,  in-4«,  avec  dix-huit  cartes  on  plan- 
ches, dessinées  par  l'auteur;  Amsterdam,  1746, 
in-12,  fig.  Cet  ouvrage,  connu  de  peu  de  per- 
sonnes, est  bien  plus  instructif  que  celui  auquel 
Maupertuis  doit  son  plus  beau  titre  à  la  célébrité, 
quoiqu'il  n'y  ait  contribué  que  pour  un  quart 
tout  au  plus.  Le  journal  d'Outhier  renferme  sur 
les  mœurs  et  les  usages  religieux  des  Lapons 
des  détails  aussi  curieux  qu'intéressants.  Le  Re- 
cueil des  savants  étrangers  de  V Académie  des 
sciences  contient  de  lui  les  travaux  suivants  : 
Sur  une  nouvelle  quadrature  par  approxi- 
mation (t.   Il,  année  1755);  »  Carte  des 
Pléiades  dont  la  position  de  trente-cinq  princi- 
pales étoiles  est  déterminée  par  les  observations 
de  M.  Le  Monnier,  faites  en  1744,  1745, 1746  et 
1748.  Les  autres  étoiles  qui  suivent  ont  été  pla- 
cées par  estime  dés  distances  et  par  des  aligne- 
ments tirés  aux  premières  étoiles  dont  la  posi- 
tion était  connue  (même  volume);  —  Ohser* 
valions  météorologiques  faites  à  Bayeux  en 
1756  (t.  IV,  1763);  —  Observation  du  pas- 
sage de  Vénus,  faite  è  Bayeux,  le  6  juin  1761, 
avec  une  lunette  de  36  pouces,  garnie  d'un  mi- 
cromètre, dont  chaque  tour  de  vis  est  divisé  en 
quarante-deux  parties  (t  IV,  1774);  —  Obser- 
vation de  Véclipse  de  lune  du  8  mai  1762,  au 
matin,  faite  à  Bayeux  (t.  IV,  1774).  —  Cartes 
iopographiques  de  tévéché  de  Bayeux,  en  deux 
feuilles;  —  Cartes  de  Vévéché  de  Meaux  et  de 
Varcheviché  de  Sens.  H.  F. 

Ulande,  BibUoçr.  asiron.,  p.  41».  -  Méwwiret  de 
l'jtead.  dei  teienees.  -  Qaénrd  »  La  Fntncê  Uttératre, 

OUTREMBUSE  (Jean  DBS  Prex,  dit  d'), 
chroniqueur  belge,  né  à  Liège,  le  2  janvier  1338, 
nK>rt  vers  1399.  Appartenant  à  une  famille  cé- 


OUTREMEUSE  994 

lèbre  dans  l'histoire  de  Liège  au  moyen  âge  (l), 
il  était  notaire,  audiencier  à  la  cour  de  Liège  et 
comte  palatin.  Lors  des  dissensions  qui  écla- 
tèrent dans  cette  ville  entre  les  partisans  dX'r- 
baln  VI  et  de  Clément  VII,  il  fut  chaîné  de  faire 
une  enquête  à  ce  siyet.  Au  dire  de  Fisen,  dans 
le  complot  formé  par  les  ClémentiKs,  il  était 
désigné  comme  l'un  des  personnages  qui  devaicot 
être  assassinés  les  premiers,  ce  qui  doit  faire 
admettre  qu'il  avait  alors  une  grande  infloence. 
L'évéque  Amould  de  Home  l'appelait  Movent 
près  de  lui,  afin  de  le  rendre  témoin  de  &îb 
dont  il  devait  écrire  le  récit*  Jean  d'Ontremeiise 
est  auteur  d'une  chronique  en  vers,  et  dHuie 
chronique  en  prose  divisée  en  quatre  Uvres,qni 
s'étendent  depuis  la  création  du  nxmde  josqa'fn 
1399  :  le  quatrième  livre»  qui  comprend  le  temps 
écoulé  de  1341  à  1399,  parait  perdn.  Ce  travail 
offre  surtout  de  l'intérêt  à  dater  du  douzième 
siècle,  et  les  renseignements  qu'il  donne  sur  ks 
événements  dont  la  Flandre,  l'Angleterre  et  la 
France  furent  le  théâtre  sont  d'autant  plus  pré- 
cieux que  l'auteur  les  puise  dans  les  chroniques 
de  Hugues  de  Pierrepont  et  d'Enguerrand  de 
Bar,  restées  inconnues  jusqu'à  ce  jour.  La  oooi- 
mission  royale  d'histoire  (de  Belgique  )  a  chargé 
de  la  publication  ie  l'œuvre  du  chroniqoeiir 
liégeois  l'un  de  ses  membres,  M.  Ad.  Borgnet, 
qui  doit  d'abord  mettre  au  jour  avant  la  fin  de 
cette  année  (1861)  la  chronique  de  Jean  de  Sta- 
velot  (voy.  ce  nom),  formant  la  continaation 
de  celle  de  Jean  d'Outremeuse,  et  dont  l'impres- 
sion est  achevée.  La  chronique  en  vers  de  Jean 
d'Outremeuse,  antérieure  à  sa  chroniqne  en 
prose,  mais  qui  conserve  de  l'intérêt  pour  l'his- 
toire littéraire,  sera  imprimée  comme  appendice 
à  la  partie  correspondante  de  la  chroniqne  en 
prose.  Ces  publications  entreront  dans  le  C017» 
de  chroniques  liégeoises,  compris  dans  la  Col- 
lection de  chroniques  belges  inédites,  éifitée 
par  ordre  du  gouvernement  belge.  Jean  d'Oo- 
tremeuse  est  auteur  d'un  autre  ouvrage  manus- 
crit intitulé  :  La  Schience  des  pierres  pré- 
cieuses. Le  baron  de  Crassier,  célèbre  antiquaire 
liégeois,  en  possédait  un  exemplaire  ayant  pour 
titre  :  Le  Trésorier  de  philosophie  naturelle 
des  pierres  précieuses,  et  qui  se  trouve  au- 
jourd'hui à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris 
(ms.  suppl.  franc.,  n*'  98'®).  La  Inbliothèque 
royale  de  Belgique  conserve  deux  manuscrits  de 
la  chronique  en  prose  de  Jean  d'Outremeuse,  et 
M.  Ulysse  Capitaine  a  donné  dans  le  Bulletin 
du  Bibliophile  belge  (2e  série,  t.  Ul,  p.  169) 
la  liste  des  ouvrages  de  ce  chroniqneor  qui 
depuis  1754  ont  figuré  dans  les  prindpales  ventes 
publiques  de  livres  faites  à  Liège.  E.  Regaam). 

Ptsen,  BMoria  Leodimsit:  Uége,  ICM.  In-foL,  M. 
▼I»  a«  18,  p.  lit.  —  M.  L.  Polatn,  Jean  «rOvfrenmw. 
dâos  les  Mélanges  kUtoriquet  et  UU,;  IMffe.  ISM,  liM* 

(I)  Cette  IkmIOe  oeeapait  dans  cette  vUle  presque  tMt 
le  quartier  ^Outre-Meuâ»;  ce  qnt.  «ans  doote,  aura  Iktt 
donner  A  ^ean  des  Près  le  suraoD  aons  leqbet  U  est 
eonno. 


985 


OUTllEMRUSE  —  OUVRARD 


986 


->  Rapports  de  M.  Ad.  Boi^net.  dans  les  SuUelins  de  la 
commission  royale  ^hlgMrê  { de  Belgique  ),  i*  a^rle, 
t.vill.  n*«  1  et  1. 

OVTRBPONT  (Charles-Lambert  d'),  juris- 
consulte et  homme  politique  belge,  né  à  Henre 
(Limbourg),  le  16  (1)  septembre  1746,  mort  à 
Paris,  le  4  mars  1809.  Il  était  depuis  1771  avo- 
cat au  conseil  souverain  de  Brabant,  lorsque  la 
révolution  brabançonne  éclata  ;  il  se  montra  fa- 
vorable aux  principes  sur  lesquels  elle  s'ap- 
puyait; mais  la  direction  que  lui  imprima  bientôt 
Tinfluence  cléricale  trouva  dans  d'Outrepont  un 
adversaire  déclaré.  Lors  du  rétablissement  du 
régime  autrichien ,  d'Outrepont  Reprit  l'exercice 
de  sa  profession.  Après  la  seconde  invasion 
française ,  il  devint  membre  de  l'administration 
centrale  de  la  Belgique,  et  fit  partie  de  plusieurs 
commissions  administratives.  Après  le  18  bru- 
Riaire,  il  fut  appelé  par  le  sénat  à  siéger  au  tribu- 
nal de  cassation.  On  a  de  lui  :  Essai  historique 
sur  Voriginedes dimes;  1780,in-8°  (anonyme) ; 
—  Discours  sur  l'autorité  du  droit  romain 
dans  les  Pays-Bas ,  pour  servir  de  réponse 
à  la  question  :  Depuis  quand  le  droit  romain 
est-il  connu  dans  les  Pays-Bas  autrichiens ,  et  de- 
puis quandya-t-il  force  de  loi?  Bruxelles,  1783, 
in-4*  :  travail  auquel  l'Académie  de  Bruxelles 
avait  accordé  un  accessit,  en  1782;  —  Défense 
de  TEssai  historique  sur  l'origine  des  dîmes; 
Liège,  1785,  in^*"  (anonyme)  :  réplique  à  la  réfu- 
tation publiée  par  Tabbé  Ghesquière  sous  le  titre 
de  Lettres  historiques  et  critiques  pour  scT' 
vir  de  réponse  à  TEssai  historique  sur  l'origine 
des  dîmes;  Utrecht,  1784,  in-8»;  —  Des  em- 
pêchements dirimant  le  contrat  de  mariage 
dans  les  Pays-Bas  autrichiens  ^  selon  Cédit 
de  Vempereur  Joseph  II,  du  26  septembre 
1784  ;  Bruxelles,  1787,  in-8*.  Tous  ces  écrits  ont 
été  rois  à  l'index  par  le  clergé  belge.      E.  R. 

T)e  Becdell^Tre ,  Biographie  liégeoise. 

OUTRBPONT  (  Charles-Thomas  -  François 
n')  (2),  littérateur  français,  fils  du  précédent, 
né  à  Bruxelles,  le  26  juin  1777,  mort  à  Paris, 
le  4  avril  1840.  Il  entra  dans  les  droits-réunis , 
où  il  devint  sousHshef;  mais  après  la  mort  de  son 
père  il  se  démit  de  cet  emploi.  Une  lettre,  trouvée 
après  sa  mort  dans  ses  papiers,  annonçait  à  sa 
famille  qu'il  avait  penlu  sa  fortune  dans  des 
spéculations  de  bourse.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  Dialogues  des  mor/s,  suivis  d'une  Lettre 
deJ.'j,  Rousseau,  écrite  des  Champs-Elysées, 
à  M.  Castil-Blaze;  Paris,  1825,  in-8*;  d'après 
cette  lettre,  les  deux  tiers  à  peu  près  des  articles 
^^'Dictionnaire  de  musique  de  Castil-Blaze 
sont  empruntés  à  celui  de  J.-J.  Rousseau  ;  —  j 
La  Saint' Barthélémy,  drame  en  plusieurs  | 
scènes;  Paris,  1826,  in-8»;  —  La  Mort  de 
Benri  III,  ou  Les  Ligueurs,  drame  en  plu-  | 
sieurs  scènes  ;  Paris,  1826,  in-8*;  —  La  Mort  \ 

(1)  Le  10,  sulTant  !a  BiograpMe  liégeoise, 

9)  D'Outrepont.  qne  nous  ayons  connu,  n*a  Jamais   ■ 
porU;  le  titre  de  comte  qae  loi  donnent  quelques  bio- 
graphes. * 


de  Charles  /«^»  roi  d^ Angleterre ,  drame  en 
quarante-deux  scèn^;  Paris,  1827,  in-8^;— 
Promenades  <f un  solitaire; Paris,  1828, in-S**; 
—  Huascar,  ou  les/rères  ennemis,  drame  en 
cinq  actes;  Paris,  1829,  in-S**  :  le  sujet  est 
tiré  de  l'histoire  du  Pérou  ; — Mélanges  ou  suite 
des  Promenades  d'un  solitaire;  Paris,  1830» 
in-S'*;  —  Caius  Caligula,drame  en  cinq  actes; 
Paris,  1833,  io^*  ;  —  Discours  sur  les  rois  de 
Rome;  Paris ,  1833,  in-8°.  11  a  lais&é  manuscrits 
un  drame,  Jules  César ^  et  un  ouvrage  intitulé  : 
Morale  et  philosophie. 

Son  frère,  ThéodorcGustave  D'Oumzfom , 
né  à  Bruxelles,  en  1779,  mort  à  Paris,  le  7  avril 
1832,  était  capitaine  de  cavalerie  lorsque,  sous 
la  restauration ,  il  fut  mis  à  la  retraite.  Il  a 
laissé  :  Àlmanach  des  guerriers  français;  Pa- 
ris, 1819,  in-8*;  —  Observations  critiques  et 
raisonnées  sur  Vordonnance  provisoire  des 
exercices  et  des  manœuvres  de  ta  cavale* 
rie,  du  1^'  vendémiaire  an  XIII;  Paris,  1A24» 
in- 12. 

Son  fils,  Gustave-Charles- Léonard,  né  à 
Paris,  le  22  juillet  1811,  mort  à  Bougie,  le  18 
septembre  1842,  fit  comme  lieutenant  en  1831  la 
campagne  de  Belgique,  et  mourut  capitaine  dans 
le  2"  régà  de  la  légion  étrangère.  U  a  donné  au 
lÀvre  des  Cent-et-un  :  le  Gamin  de  Paris 
(t.  VIII),  et  La  Petite  Provence  (t  XIII);  il  a 
collaboré  au  Dictionnaire  dé  la  Conversation^ 
et  à  divers  journaux  de  province.  £.  R. 

Documents  partiaMert. 

ouvAROFF  (  Théodore  ),  général  russe',  né 
vers  1770,  mort  à  Saint-Pétersbourg,  en  1824. 
n  appartenait  à  une  ancienne  famille  de  Mos- 
covie.  Il  entra  fort  jeune  dans  la  carrière  des 
arme?,  et  était  aide-de-camp  de  Paul  I*'  lorsque 
ce  monarque  fut  assassiné.  Ouvarofl*  prit  une 
part  active  à  ce  crime.  On  dit  même  que  le 
czar,  déjà  frappé,  croyant  reconnaître  en  lui 
son  propre  fils,  le  grand-duc  Constantin,  cessa  de 
se  défendre  et  s'abandonna  aux  coups  des  meur- 
triers. Quoi  qu'il  en  soit,  Alexandre  I*'  attacha 
OùvarofT  à  sa  personne ,  et  lui  donna  le  com- 
maadement  d'une  division  de  sa  garde.  OùvarofT 
justifia  cette  confiance  par  son  courage,  et  se  dis- 
tingua surtout  à  la  Moskowa.  Plus  tard  il  fut 
promu  au  commandement  général  de  la  gftrde 
i^^>ériale ,  et  mourut  dans  ce^  fonctions. 
Oancersationi-MMxikon. 

OUTEARD  (  Gabriel  -  Julien  ) ,  financier 
français,  né  près  de  Clisson  (Loire-Inférieure), 
le  U  octobre  1770,  mort  à  Londres,  en  octobre 
1846.  Ce  financier,  auquel  on  ne  peut  refuser  une 
grande  habileté,  est  moins  connu  par  ses  talents 
que  par  ses  démélésavec  les  divers  gouvernements 
de  la  France.  Il  était  négociant  en  denrées  colo- 
niales à  Nantes  quand  la  révolution  éclata.  Doué 
d*un  esprit  fin  et  d'une  grande  hardiesse  dans 
ses  spéculations  commerciales,  il  comprit  de 
bonne  heure  comment  le  crédit  en  multipliant 
la  richesse  peut  accroître  à  U  fois  les  fortunes 


987 


OUVRARD 


parlicalîères  et  la  prospérité  du  pays  ;  aussi  en 
moins  de  quinze  années   parvint-il  à  l'apogée  du 
crédit  et  de  la  forttAie.  Chargé  en  1797  du  serrice 
,des  subsistances  de  la  marine  avec  le  titre  de  mu- 
nitionnaire  générai,  Ouvfard  gagna  ploa  de  quinze 
millions,  et  se  fit  pardonner  ses  richesses  par  Tu- 
sage  qu'il  sut  en  faire.  Pins  tard ,  il  présenta  an 
Directoire  on  plan  de  finances  et  de  crédit  t>aâé 
sur  la  nécessité  d'une  dette  publiqoe'coasidérable 
en  France,  limitée  cependant  au  quart  on  an  tiere 
de  son  revenu.  11  insistait  aussi  sur  l'organisa- 
tion d'une  caisse  d'amortissement  indépendante, 
richement  dotée  ;  mais  ce  système,  alors  incom- 
pris, ne  Alt  point  adopté,  et  ce  ne  fat  qu'en  I8i7 
qu'rt  triompha,  sous  Tinfluence  du  duc  de  Riche- 
lieu. Sa  fortune,  qui  continuait  de  s'accroître, 
porta  d'abord  ombrage  au  premier  consul,  qui 
le  considéra  comme  un  homme  à  craindre  et  se 
fit  une  arme  contre  lui  de  ses  traitée  avec  le  mi- 
nistère de  la  marine.  Bonaparte,  devenu  empereur, 
tout  en  usant  du  crédit  d'Ouvrard,  ne  le  ménagea 
pas  davantage,  et  l'opulent  financier  dot  déposer 
son  bilan,  le  31  décembre  f807,  et  suspendre  ses 
payements.  Un  concordat  lui  fut  accordé,  le  26  oc- 
tobre 1808,  et  les  créanciers  ne  perdirent  point 
an  centime.  De  nouvelles  riguairs  do  pouvoir 
rattetgnirent,  et  il  fut  arbitrairement  aiYêté  et 
détenu  longtemps  à  Sainte-Pélagie.  Sa  détenCioa 
ne  finit  qu'en  octobre  t6l3.  Lors  de  l'occupation 
de  la  France  en  1814,  Use  chargea  de  fournir 
des  vivres  aux  armée.s  alliéet».  £n  1817,  il  con- 
tribua à  fonder  le  crédit  public  en  rassurant  les 
créanciers  de  l'État ,  et  sans  diminuer  les  res- 
sources des  divers  services,  sans  avoir  recours 
à  de  nouvelles  charges,  il  trouva  le  moyen  de 
payer  l'indemnité  promise  aux  puissances  étran- 
gères. Le  talent  financier  dont  il  venait  de  donner 
des  preuves  ne   pouvait  manquer  d'augmenter 
son  inOuence.  En  1823  il  obtint  la  fourniture 
générale  de  l'armée  envoyée  en  Espagne;  mais  les 
marchés  qu'il  passa  en  cette  circonstance  furent 
signalés  comme  onéreux  au  trésor.  De^  ponr- 
suites  commencées  contre  lui  furent  phjs  tard 
suApendues  et  n'ont  jamais  été  reprises.  Ouvrard 
en  Espagne  avait  gagné  la  confiance  eu  roi  Fer- 
diaand  VU  en  lui  apprenant  le  secret  d'augmen- 
ter ses  revenus  sans  nuire  à  la  prospérité  de  ses 
sujets,  et  ce  prince  ne  l'oublia  point,  alors  qu'a- 
tirés  avohr  éprouvé  des    pertes  oensidératries 
et  contracté  des  obligations  qu'il  ne  put  pas 
remplir,  le  célèbre   financier  fut  de  nouveau 
incarcéré  poar  dettes  à  Sainte-Pélagie.  H  n'en 
sortit  qu'après  cinq  années  révolues,  vécut  de- 
puis dans  la  retraite,  etmoorat  i  Londres,  com- 
plètement oublié.    On   a  d'Ouvrard   quelques 
écrits  sur  les  finances,  dont  on  trouve  la  liste 
dans  la  France  littéraire  de  Quérard ,  et  de« 
Mémoires  sur  sa  vie  et  ses  diverses  opéra- 
tons  financières;  Paris,  1826,  3  vol.  in-8». 
Ces  mémoires  ont  eu  deux  autres  éditions ,  en 
1826  et  en  1827.  H.  Fisqoet. 

Ùiogr.  urUv.  et  port,  det  eontemp.,  t .  v.  »  g.  Sarrnt  cl 


—  OUWATER  nss 

SAint-Edme.  iHofr.  det  hommee  du  jour.  —   U<miteur 
mnversel.  ins  à  isn. 

; orvBiÉ  (  Pierre  Justin ) ,  peintre  f^ançaL*, 
Dé  à  Paris,  le  9  mai  1806.  Il  étndia  h  peintare 
sous  MM.  Taylor  et  Atwl  de  Pojol.  H  réo«ft 
d'abord  dans  la  lithographie,  puis  dans  Taquarvile 
et  bientôt  dans  la  peinture  à  l*huile,  en  ««toptant 
le  genre  du  paysage  et  des  vues  de  ville».  Il 
débuta  an^Salon  de  isil   par  nne  Vne  de  la 
porte  de  Moret,  près  de  Fontainebteau,  cf^e 
de  V Escalier  de  Véglise  de  Saint- Prix,  prts  de 
Montmorency,  et  entre  autres  aquarelles  cdt^, 
de  grande  dimension,  représentant  le  Poids  de 
ville,  à  Clermcnd'Ferrand.  Il   prit  part  en- 
suite  à  toutes  les  expositions  du  Louvre,  o* 
l'on  voyait  figurer  des  Vues^  d'après  les  de«?in« 
rapportés  de  ses  voyages  en  France,  en  Italie,  «i 
Allemagne,  en  Angleterre,  et  dans  les  Pajs- 
Bas.  Parmi  ses  nombreuses  productions,  remar- 
quables par  l'exactitude  et  la  finesse  do  desâu, 
nous  citerons  :  Le  grand  Canal  de  Venise\ 
VBospice  du  mont  Saint-Bernard;  Pont  de 
Pontoise  (  Salon  de  1833)  ;  —  Quai  des  Esrti- 
vons  à  Venise;  Place  du  Palais- Vieux ,  à 
Florence   (1834);  —  Intérieur  de   régli%e 
Saint  Laurent,  à  Nuremberg;  La  Vallée  du 
Mont-ùore  (Auvergne);  La  Vallée d* Aiguës- 
Mortes  {Languedoc)  ;  La  Vallée  de  Valnn 
(Vosges)  (1835);  —  Le  Château  et  la  Ville 
d'Heidelberg ; Chdtejiude Fontainebleau^  rue 
prise  du  jardin  anglais  (1842);  Château  de 
Chenonceaux;  Château  de  Saint- Cloîtd(i9^r; 

—  Le  Parlement,  VéglUe  de  Westminster  et 
la  chapelle  de  Lambeth,  à  Londres  (1850), 

—  Château  de  Windsor  (1852);  —  Vue  de 
Rotterdam;  Bords  du  Rhin  entre  Coblentzt! 
3f agence  ;  U  Mont-Blanc  et  la  voiler  de  CfiC- 
mouni  (1861).  M.  Oovrié  est  membre  de  II  Lé- 
gion d'honneur  depuis  le  30  décembre  1854. 

G.  DE  F. 

D9evm.  partie. 

otTVBiBR.BKLTLB  (fean- Claude  n*0- 
BREoa  ),  calHgraphe  français,  né  ï  Nancy,  mt^rt 
en  1807.  H  était  membre  de  TAcadémie  royale 
d'Écriture,  qui ,  fondée  en  1779, exista  iusqu'en 
1790,  et  fournissait  les  experts-jar^  écrivains 
aux  tribunaux.  Oovrier-Deliie  avait  un  rare  ta- 
lent pour  lire  les  anciennes  écritures  ;  Il  ooonats- 
sait  aussi  très-bien  certaines  branches  de  ma- 
tliématiques.  On  a  de  loi  :  L'Arithmétique 
méthodique  et  démontrée ,  appliquée  cm  com- 
merce, à  la  finance,  etc.  ;  Paris,  1761, 9'édil., 
1812,  in-8*;  Bruxelles,  1818,  in-8<';  de  nom- 
breux abrégés  de  cet  ouvrage  oat  été  paUiéf; 

—  Opérations  toutes  faites  sur  la  rigle  du 
cent;  Paris,  1763,  ln-16;  ibid.,  1779,  in.8*,avec 
changements  et  augmentations: —  roAnc/  des 
décimales,  appliqué  aux  différentes  opéret- 
lions  de  commerce,  de  banque  et  definan* 
ces  ;  Paris,  1765,  1798,  ia-8''. 

Qaérard,  La  Frtace  litt. 

ovwÀTRii  {Albert  tkv),  un  des  plus  an- 


989 


OUWATER  —  OVANDO 


0)0 


ciens  peiulrcs  Itoliandais^  né  à  Hailein,  en  1444» 
mort  dans  U  mèineviUe«  eo  iôiS.  Il  était  cod- 
tfiinporain  et  ami  des  frères  van  Eyck,  et  il  ap< 
prit  de  ces  grands  artistes  le  secret  de  peindre  à 
riiuUe.  11  peignit  p<mr  la  principale  église  de  sa 
Tille  natale  Saint  Pierre  et  Saint  Paul.  Ou- 
«ater  avait  tracé  au-dessous  de  «ce  tableau  un 
paysage,  aujourd'hui  eflÎMé,  oh  Ton  voyait  des 
pèieiins,  les  uns  se  livrant  an  repos,  les  autres 
faisant  un  repas  champêtre  :  ce  p«\8age  pas- 
sait pour  le  meilleur  du  temps.  Ouwater  avait 
aussi  peiut  la  Résurreetéon  de  Lazare^  chef- 
d'œuvre  que  les  £8()aguoIs  enlevèrent  4  la  prise 
de  Uarie».  Panni  les  élèves  d'Ouwater  on  doit 
citer  Guérard  de  Saint-Jeai. 

C»rie  van  Mander,  iJt4  tovm,  ete.  |  Amslerdan,  t<t7, 
lD>4°).  —  Descamps,  La  vie  des  peintre»  hollandais,  etc., 
1. 1,  p.  6.  —  Pllkington,  DtetionarM  qf  paitiUrs. 

ouzouN  haçân  BBT6  (^Abou-Nosr  Mo- 
dhqffer  ed  Dyn),  dit  vulgairement  Vzum  Cas- 
san^  qui  en  turc  signifie  Haçan  le  Lcng,  roi  de 
Perse,  né  en.  812  de  Tbégire  (  1408  j,  mort  le 
l"  chawal  882(7  janvier  1478).  Fondateur  de 
la  dynastie  turcomane  Âk-Koiounlu  (du  mou- 
ton blanc  ) ,  il  fit  périr  son  frère  Djihanghyr,  et 
dépouilla  la dynaatie des  Cara-Koiounlu  (du 
BQOuton  noir)  (1467-1469).  Ouzoun  Haçan, 
maître  de  Sehiraz  et  de  toute  la  Perse,  par  )a 
mort  d'Âbou-Youâouf,  dernier  prince  de  cette 
race,  cpousa  une  «œur  de  David  Comnèae,  em- 
pereur de  Trébisonde,  et  à  U  soilicitation  des 
chevaliers  de  Rhodes  et  des  Véoitiens»  tourna 
ses  armes  contre  llidiomet  Ut  eonquérant  de 
Constantinopie.  U  envahit  en  1472  fAsie  Mi- 
neure, y  obtint  d'abord  quelques  succès,  mais 
fut  vaincu  Tannée  suivante.  Quatre  ans  après, 
il  conquit  la  plus  grande  partie  de  la  Géorgie, 
et  partagea  le  butin  qu'il  eo  retira  avec  les  doc- 
teurs de  la  loi,  les  mollahs  et  les  gens  de  lettres 
qui  l'accompagnaient  dans  toutes  ses  expédi- 
tions. Les  longues  querelles  de  ses  descendants 
qui  se  disputèrent  sa  succession  facilitèrent  l'é» 
lévation  de  la  dynastie  des  Sofys  et  la  coa* 
quêlede  la  Perse.  H.  P. 

Joii.  Barbara,  FiaggifatU  4m  Feneaia  alla  Tana,  fti 
Persla^  tndia,  etc..  1W8,  In-S».  —  Ambr.  Cuntarini.  // 
naqQio ..,  al  gran.  signore  Uuwm  Cassan,  redi  P€r^ 
fia.lS4S.  ia-a». 

OVALLB  OU  OTAttLiB  {Alphonse  d'  ),  je- 
Boite  chilien,  né  «n  1601,  à  Santiago,  mort  à 
Lima,  le  11  mars  16SI.  D'une  fomille  riche  et 
noble,  originaire  d'Espagne,  il  fut  admis  dans  la 
Compagnie  de  Jésus  en  1618,  proCMsa  la  pliilo- 
Sophie,  devint  directeur  de  la  maison  du  novi- 
ciat de  Santiago  et  procureur  de  l*ordre  dans 
le  Ctiili.  Après  avoir  assisté  à  Rome  en  1640 
à  la  huitième  congré^tion  générale,  il  retourna 
au  Chili ,  et  entreprit  quelques  missions  dans 
le  Pérou.  On  a  d'OvaHe  s  Spisiota  ad  pnepô- 
sUum  generalem  S&cietatis  Jesu,  f^a  sta-- 
ium  in  provinda  Chilensi  exponU  ;  Madrid, 
1642,  in- fol.  ;  —  Hiilorica  relacion  delrefno 
de  Chile,  y  de  las  missiones  y  ministerios 


que  exercita  en  el  la  Compania  dfi  Jcms  ; 
Rome,  1646,  in-fol.,  avec  carte,  plans  et  figures  ; 
Rome,  1646,  in-4*,  en  italien  ;  et  traduite  en  an- 
glais, tome  III,  p.  1-146,  de  la  collection  de  Chur- 
cliill,  1704,  4  vol.  in.fol.  ou  1744-1746,  6  vol. 
in-fol.  Cette  histoire  du  Cliili  est  rare  et  recher- 
chée. H.  F. 

Baoàer.  BUMoth.  des  éerieaku  de  la  Compagnie  de 
Jésus,  1814,  %•  aérte,  p.  U\. 

evÂiioo  (  Don  Piicolas  ),  premier  gouver- 
neur générai  des  Indes  occidentales,  né  vers 
1460,  mort  en  1618.  11  appartenait  à  Tune  des 
familles  les  plus  distinguées  d'Espagne.  Favori 
de  Ferdhiand ,  U  était  grand  commandeur  de 
l'ordre  militaire  et  religieui  d'Alcantara  lorsqu'il 
fui,  en  1501,  nommé  par  les  rois  catholiques  (i) 
gouverneur  des  nouvelles  découvertes  faites  en 
Amérique,  en  remplacement  de  Francisco  de  Bo- 
vadilla»  dont  la  cupidité  et  la  mauvaise  admiais- 
tratioD  contribuaient  beaucoup  à  la  dépopulation 
des  pays  soumis.  Isabelle  donna  è  Qvando 
Tordre  de  réparer  toutes  les  injustices  commises 
par  Bovadilla,  et  surtout  d'améliorer  le  sort  des 
Indiens.  H  partit  de  San-Locar,  le  13  février  1502, 
avec  trente  navires  montés  par  dcu\  mille  cinq 
cents  hommes;  c'était  la  plus  nombreuse  Hotte 
qui  eût  encore  fait  voile  pour  le  Nouveau  Monde. 
Après  une  traversée  périlleuse  dans  iaqueUe  il 
perdit  beaucoup  de  ses  compagnons,  Ovando 
arriva  à  Santo-Ooraingo»  la  1&  avril, suivant.  Il 
rétablit  d'abord  l'ordre  daos  Tile,  fionda  plu- 
aieurs  villes,  aujourd'hui  importantes,  et  fit  em- 
barquer Bovadilla,  Roldan  et  leurs  cMiiplioes 
pour  TEspagne  ;  mais  il  eut  rinhumanité  de  fer- 
mer ses  ports  devant  Christophe  Colomb  au 
moment  oit  une  tempête  furieuse  exposait  à  un 
danger  imminent  la  (lottHle  que  commandait 
le  grand  navigateur  (  29  juin  1502  ).  Ovando 
montra  la  même  malveillance  envers  Coloml) 
lorsque  l'amirante  était  sans  ressources  à  La  Ja- 
maïque (  1503),  et  ne  le  secourut  que  pressé 
par  l'indignation  générale,  excitée  par  Las  Casas. 
Ovando  craignait  avec  raison  que  la  cour  d'Es- 
pagne, mieux  éclairée,  ne  rendit  aux  Colomb  le 
gouvernement  qu'ils  avaient  si  glorieusement  ac- 
quis. L'administration  d'Ovaudo  était  d'ailleurs 
loin  de  répondre  aux  vues  de  la  reine.  Au  lieu 
d'adoucir  la  position  des  naturels,  il  exerçasureux 
des  cruautés  plus  atroces  que  celles  reprochées  à 
Bovadilla,  et  les  soumit  à  de  tels  travaux  qu*en 
moins  de  deux  années  deux  cent  mille  de  ces 
malheureux  périrent  victimes  de  Pinsatiable  cu- 
pidité des  conquérants.  Cn  seul  trait ,  exposé 
avec  détail  dans  les  sanglantes  annales  de  la 
conquête  du  Nouveau  Monde ,  suffira  pour  faire 
apprécier  Ovando.  Sur  un  simple  soupçon,  U  se 
rendit  avec  nne  nombreuse  escorta  dans  la  pro- 
vince de  Xuragua  (  aujourd'hui  Léogane  ),  gou- 
remée  par  la  belle  et  généreuse  Anacoana,  qui, 
quoique  veuve  du  brave  Caonabo  (  voy.  cvm 

(1)  Lea  CaaUUans  nomoMient  alDtl  Isabelle  I**,  reJDti 
de  CaatlUe,  et  t>'erdtoand,  son  mart,  roi  a'Aragoo. 


991 


OVANDO  —  OVERBECK 


nom),  s^était  toujours  montrée  la  protectrice  zélée 
des  Espagnols.  Il  invita  la  population  à  une  fête 
militaire  ;  sur  un  signal  il  rua  ses  soldats  sur 
les  Indiens  désarmés  ;  ce  fut  une  boucherie 
aveugle  et  féroce  dans  laquelle  ni  FAge  ni  le 
sexe  n'étaient  épargnés  :  quatre-vingt-quatre 
caciques  turent  enfermés  dans  la  maison  de 
Ânacoana  et  brûlés  vifs  sans  autre  forme  de 
procès.  Quelques  jours  après ,  la  princesse  fut 
pendue  avec  son  neveu  Gunora.  Ainsi  furent  dé- 
truits la  province  de  Xuragua  et  son  peuple  ai- 
mable et  hospitalier,  province  que  les  Ca^Uans 
appelaient  à  leur  débarquement  «  un  paradis  ». 
Ovando  porta  ensuite  la  destructibn  et  le 
meurtre  dans  l'Higuey  «  et  depuis  ce  moment, 
dit  Las-Gasas,  Hispaniola  ne  fut  plus  qu'une 
vaste  solitude  ».  Ces  cnmes  furent  enfin  connus  de 
la  cour  d'Espagne.  Ovando  fut  rappelé,  et  son  gou- 
vernement donné  à  Diego  Colomb.  Cependant,  le 
dévastateur  de  Saint-Domingue  mourut  riche 
et  honoré-  U  a  laissé  des  mémoires  que  le  gou- 
vernement espagnol  n'a  pas  jugé  convenable  de 
livrer  à  la  publicité.  ' 

Feroaod  Colomb ,  FOa  del  ^atirantê,  cap.  xxxv- 
cxu.  —  Las  Casas,  HiU.  Ind.,  Ilb.  Il,  cap.  x-xxxii.  — 
Herrera,  Novus  Orbù,  déc.  I,  Ub.  IV-V.  —  Mo&os,  Hi$U 
del  Mueto-Mundo,  —  Oviedo,  Croniea  de  las  Indias» 
Ub.  111. — CbarlcToix,  Uist.  de  Saint'Dominvue,  Ub.  XXI V. 

OVBKS  {Juriann)^  peintre  hollandais,  né 
en  1620,  mort  en  1695.  Un  des  meilleurs 
élèves  de  Rembrandt,  il  excellait  dans  les  scènes 
nocturnes  et  rendait  les  ténèbres  avec  vérité. 
L'hôtel  de  ville  d'Amsterdam  conserve  de  lui  un 
tableau  d'une  grande  beauté.  U  représente 
Claudins  CiviUs  rassemblant  les  principaux 
chefs  bataves  à  un^  banquet  dans  la  forêt  de 
Schaker-bosch  et  les  déterminant  à  secouer  le 
joug  des  Romains.  Ovens  peignait  bien  le  por- 
trait. En  I67ôf  il  se  rendit  à  la  oonr  du  duc  de 
Holstein,  et  y  termina  sa  carrière.      A.  ne  L. 

WeycriBan,  De  Sehilderkongt.  der  JHederlanderi , 
t  II,  p.  431. 

OTBRBBCR  (Jean- Daniel) ,  érudit  et  bio- 
graphe allemand,  né  en  1715,  à  Rethem,  mort 
à  Lubeck,  le  3  août  1802.  Fils  de  Gaspard  Ni- 
colas Overbeck,  auteur  d'un  grand  noml>re  de 
dissertations  exégétiques,  11  fut  depuis  1763  rec- 
teur du  gymnase  de  Lubeck.  Outre  des  notices 
biographiques  sur  Lipenius,  de  Carpzovius,  de 
G.-J.  Wolf,  de  François  Baron,  etc.,  on  a  de 
lui  :  Geschxchte  der  Stadt  Flensburg  (  His- 
toire de  la  ville  de  Flensbourg  )  ;  Lubeck,  1752, 
in-8"  ;  —  De  Jani  templo  non  clausoa  Consian- 
iino  ;  ib.,  1763,  in-fol.  ;  -*  De  cura  magistra' 
tuum  romanorum  circa  educandam  dvium 
soMem'f  ibid.,  1765,  in-4*.  O. 

ScbUcbtegroti ,  Nekroiog,  -  Baor,  HUtortsckeê  Hand- 
wôrterbueh,  L  Yll,  ^Ht\uei,C€UkrtetTevUchkmd, 

;ovBRBBCE  (Frédéric),  célèbre  peintre 
allemand,  né  à  Lubeck,  le  2  juillet  1789.  Fils 
d'un  fabuUste  estimé,  il  s'adonna  de  bonne  heure 
à  la  peinture,  et  fréquenta  depuis  1806  l'aca- 
démie des  beaux-arts  de  Vienne;  gagné  aux 
idées  romantiques  par  Eberhard  Wàchter»  il 


I  s'enthousiasma  pour  les  vieux  maîtres  du  moyen 
I  âge,  et  se  mit  tellement  en  opposition  avec  les 
•  principes  enseignés  par  ses  professeur»,  qQî  sui- 
vaient les  errements  de  Mengs  et  de  David, 
.  qu'il  fut  renvoyé  de  l'académie.  Il  partit  ea 
1810  avec  Yogel  et  Pforr  pour  Rome,  qu'il 
habita  depuis  constamment.  Rejoint  pen  de 
I  temps  après  par  Schadow,  Cornélius,  VeK  cl 
j  Schnorr,  il  s^étabiit  avec  eux  au  oonveot  de 
,  Saint-Isidore,  et  se  mit  à  se  pénétrer  de  l'esprit 
j  et  de  la  manière  des  peintres  mystiques  aslé- 
I  rieurs  à  Raphaël .  tels  qae  le  Pérugin  et  Fieaole. 
i  En  1814  il  se  convertit  au  cathoUoisme.  Signalé 
i  à  l'attention  publique  par  les  fresques  exécn- 
I  tées  dans  la  villa  du  consul  de  Prusse ,  Bar- 
tholdy  (  villa  oh  Overbeck  avait  représenté 
Joseph  vendu  par  ses  frères  et  Lu  sept  an- 
nées de  disette),  il  fut  chargé  en  1818  de  déco- 
rer, en  compagnie  de  Cornélius  et  de  Schnorr, 
la  villa  Massimi  ;  les  sujets  qu'il  peignit  sont  tirés 
de  la  Jérusalem  délivrée.  Dès  lors  il  était  en- 
tièrement revenu  de  son  imitation  première  de 
l'incorrection  et  de  la  dureté  de  dessin  de  Tan- 
cienne  école  allemande;  les  formes  qu'il  employa 
devinrent  de  plus  en  plus  suaves ,  elles  attirât 
par  leur  pureté  et  leur  douceur  ;  mais  les  œavRS 
d'Overbeck  ont  toujours  gardé  un  caractère  ar- 
i  chûque,  qu'il  croit  indispensable  à  l'expressioa  de 
sa  vive  piété ,  qui  lui  a  fait  constamment  pros- 
crire le  nu.  Il  est  depuis  plusieurs  années  di- 
recteur de  l'Académie  Saint-Luc.  Parmi  ses  cec- 
vres  nous  citerons  :  la  magnifique  fresque  de 
l'église  Sainte-Blarie-des-Anges  à  Assise,  repi\é- 
sentant  Le  Miracle  des  roses  de  saint  Fran- 
çois; Les  Fiançailles  de  la  Vierge  :  ta- 
bleau qui  appartient  au  comte  Raczynski;  U 
Christ  au  jardin  des  olives ,  à  l'hôpital  de 
Hambourg;  La  Sainte  Famille,  propriété  da 
comte  de  Schônbom;  Élie  montant  au  ciel; 
L'Entrée  du  Christ  à  Jérusaletn ,  k  l'église 
Sahite-Marie  de  Lubeck  ;  L' Influence  de  la  re- 
ligion sur  les  arts ,  an  musée  Staedel  à  Franc* 
fort;  La  Mort  de  saint  Joseph;  La  Mise  au 
tombeau  du  Christ ,  à  Lubeck  ;  V Italie  et  la 
Germanie,  au  château  de  Schlossbeim;  La 
Conversion  de  saint  Thomas;  Le  Sacrement 
deVordination;  La  Bésurrection  de  Lazare; 
Ruth  et  Boos,  etc.  Ces  tableaux,  ainsi  qne  les 
nombreux  dessins  d'Overbeck,  ont  été  souvent 
gravés  et  lithographies,  notamment  dans  les  pu* 
bUeations  suivantes  :  Heures  nouvelles  ^  par 
Dassame;  Paris,  1839;  Imitation  de  Jésus- 
Christ;  Paris,  18.S9,  in- 8*;  La  Passion  de 
Notre-Seigneur ;  Paris»  1840,  in-fol.;  Scènes 
des  Evangiles;  Dusseldorf,  1853-1854,  in-fol. 
Jean  Overbeck»  neven  du  précédent,  profes- 
seur d'archéotogie  à  Leipzig»  a  publié  entre  an- 
tres :  Kunstarchaelogische  Yorlesungen  (  Le- 
çons d'art  et  d'arrhéologie);  Brunswick,  1855» 
in-8";»  Pompeji;  Leipzig,  1855,  avec  gra- 
vures sur  bois;  —  Die  Bildwerke  sum  The- 
bischen  und  Troischen  Heldenkreise    Les 


993  OVERBECK  —  OVERWEG 

moniiineiits  de  Tart  se  rapportant  au  cycle  hé- 
roïque de  Thèbes  et  de  Troie);  Stuttgard,  1S57, 


994 


ÎQ-S**,  avec  planches;  —  GeschicMe  der 
çriechischen  Plasiik  (  Histoire  des  arts  plas- 
tiques chez  les  Grecs  )  ;  Leipzig,  1858,  !l  toI. 
in-8*». 

dmversatUnu-Lexikon.  —  Mânner  der  ZêU  { L«lp- 
zlS,  18M  ).  "  Nagler,  KûnsUer^Uxikon,  —  lUczynskt , 
Histoire  de  Vart  allemand  moderne. 

OTERBBBK  (Bonaventure  tam),  peintre 
hollandais,  né  à  Amsterdam,  en  1660,  mort  dans 
la  même  ville,  en  1706.  U  était  élève  de  Gérard 
de  Lairesse,  qui  Tinitia  à  son  art  et  lui  fit  prendre 
en  même  temps  des  habitudes  de  débauche 
qui  abrégèrent  de  moitié  sa  vie.  A  Rome  Over- 
beek  partagea  son  temps  entre  Pétude  et  les 
plaisirs.  Ardent  au  travail  comme  à  la  dissipa- 
tion, il  dessina  tout  ce  que  la  capitale  de  TI- 
talie  contenait  de  remarquable,  et  résolut  de 
former  une  collection  sans  pareille.  Reçu  en 
1685  membre  de  FAcadémie  de  peinture  de 
La  Haye,  il  se  fixa  dans  cette  ville.  Mais 
l>ieDtêt  La  Haye  loi  parut  un  séjour  trop  pro- 
pre à  le  distraire.  11  loua  une  chambre  à  Sche- 
▼eninge;  il  en  fit  enlever  Tescalier,  qu*il  rem- 
plaça par  une  échelle  quMl  retirait  après  lui 
lorsqu'il  voulait  rester  seul.  11  vécut  ainsi  plu- 
sieurs années  passant,  sans  transition,  de  l'excès 
du  travail  à  celui  de  la  débauche.  En  mourant 
il  laissa  sa  fortune  à  son  neveu  Michel  van  Over- 
1)6611,  à  la  charge  de  faire  imprimer  Touvrage 
^ui  avait  été  la  plus  grande  occupation  de  sa 
▼ie,  de  le  dédier  à  la  reine  Anne  d'Angleterre 
et  d*en  remettre  un  exemplaire  à  TAcadémie  de 
peinture  de  La  Haye.  L'ouvrage  d'Overbeek 
parut  en  effet  sous  ce  titre  :  Heliquix  antiqua 
urbis  Romx^  etc.  ;  Amsterdam,  1707-1709,  en 
trois  parties,  gr.  in-fol.  Malgré  son  titre  latin , 
ce  livre  est  écrit  en  français  et  dans  un  style 
|)ur  et  clair.  «  C'est  dommage,  dit  Deacamps, 
^u'un  homme  de  ce  mérite  ait  donné  dans  les 
excès  les  plus  crapuleux  ;  il  avait  une  érudition 
profonde,  et  l'esprit  le  plus  vif  et  le  plus  ca- 
pable d'application.  Il  ^  peint  avec  beaucoup 
de  succès  l'histoire;  il  dessinait  bien.  »  Ses  ta- 
bleaux sont  fort  rares,  même  dans  sa  patrie. 

Descamps,  La  Fie  det  PeintreB  hoUandaii,  etc.,  L III, 
p.  61^57.  —  Basan,  DIet.  det  Graveurt.  —  0.  Gori  Gan- 
delltnt,  JVe>«z(0  devt'  intagliatori. 

OTBRRVRT  (Sir  Thomas),  poète  anglais,  né 
en  1581,  à  Compton-Scorfen  (comté  de  War- 
ivick),mort  le  15  septembre  1613,  à  Londres. 
Après  avoir  pris  à  Oxford  le  degré  de  bachelier 
es  arts  (1598),  il  voyagea  sur  le  continent;  lors- 
qu'il revint  en  Angleterre,  on  le  citait  comme  un 
gentilhomme  accompli.  Vers  1601  il  entra  en 
grande  liaison  avec  Robert  Garr,  qui  étant  devenu, 
flous  le  nom  de  vicomte  de  Rochester,  favori  du 
roi  Jacques  1'',  obtint  en  1608  pour  son  ami  le 
titre  de  chevalier  du  Bain.  La  laveur  d'Overbury 
à  la  cour  ne  dura  pas  longtemps.  «  S'étant  aperçu, 
raconte  un  ancien  auteur,  de  la  vive  passion  que 
Rochester  avait  conçue  pour  Frances  Howard , 

Korv.  BiocR.  cÉxÉn,  —  T,  xxxvni. 


fille  de  Thomas,  comte  de  Siiffolk  et  femme  de 
Robert,  comte  d'Essex,  il  en  eut  tant  de  chagrin, 
connaissant  le  mauvais  caractère  de  cette  dame, 
qu'il  fit  tous  ses  efforts  pour  engager  son  ami  à 
renoncer  an  commerce  qu'il  avait  avec  elle  et 
au  dessein  de  l'épouser.  Le  vicomte  fut  mécontent 
de  ce  conseil  et  en  fit  part  à  la  comtesse,  qui 
résolut  la  perte  d'Overbury,  et  consulta  là-dessus 
son  oncle,  le  comte  de  Northampton,  qui  savait 
son  intrigue  avec  Rochester.  On  conclut  d'expé- 
dier Overbury  par  le  poison  ;  mais,  comme  fl 
n'était  pas  à  propos  de  le  faire  tandis  qu'il  serait 
en  liberté,  le  vicomte  et  le  comte  résolurent  d'ir-* 
riter  le  roi  contre  lui ,  afin  de  le  faire  mettre  en 
prison.  Il  arriva,  vers  ce  temps-U,  que  le  roi  vou- 
lut envoyer  un  ambassadeur  en  France;  Roches- 
ter lui  recommanda  Overbary  pour  cet  emploi; 
puis,  sous  apparence  d'amitié,  il  dissuada  ce  der- 
nier de  l'accepter.  Overbury  refusa  en  effet  de 
partir,  et  fut  envoyé  k  la  Tour,  le  21  avril  ^613. 
Il  y  demeura  fort  resserré,  jusqu'à  ce  qu'il  y 
mourut,  de  poison ,  le  15  septembre  de  la  même 
année.  »  Deux  ans  après  tonte  l'intrigue  se  décou- 
vrit, et  plusieurs  personnes,  convaincues  d'avoir  eu 
part  à  sa  mort,  furent  exécutées.  Quant  aux  prin* 
cipaux  coupables ,  Carr,  devenu  comte  de  So- 
merset, et  sa  femme,  Tex-comtesse  d'Essex,  on 
les  condamna  à  mort  en  1616  pour  avoir  tramé 
le  meurtre;  mais  le  roi  leur  fit  grâce,  et  se  con- 
tenta de  les  éloigner  de  la  cour.  Overbury  4tait 
un  homme  d'un  esprit  cultivé  et  du  plus  aimable 
caractère.  Aucun  de  ses  ouvrages  ne  parut  de 
son  vivant,  à  l'exception  du  poème  de  la  Femme. 
Les  plus  remarquables  sont  ;  The  Wife; 
Londres,  2*  édit,  1614,  in-4''  :  à  la  suite  de  ce 
poème  on  trouve  les  Characters,  suite  de  por- 
traits esquissés  avec  beaucoup  d'esprit  et  de 
verve;—  The  first  and  second  part  of  the 
Remedy  of  Love;  ibid.,  1620,  in-8°,  para- 
phrase d'Ovide;  —  Observations  on  the  se 
venteen  provinces;  ibid.,  1626-1651,  in<8*;  — 
Crumms  fallen  from  king  James  table  or 
Table-talk;  ibid.,    1715.  La  dernière  édition 

des  œuvres  de  cet  écrivain  date  de  1856. 

Andrew  A  moi,  Jhe  great  ojfer  of  poitoning  :  Thé 
trial  af  tAe  earl  of  Somenet  for  the  polioninç  of  tir 
7*A.  OMr6«ry;  LoDdrea ,  184S.  *  Wood,  /tthen,-Oxon, 
—  SUUe  triait.  —  Clbb«r,  lAve»  qfpoeti, 

OTBRWEG  (i4cfo/pAe),  voyagcur  allemand, 
né  le  24  juillet  1822,  à  Hamboui^,;mort  le  27  sep- 
tembre 1852,  à  Maduari,  sur  les  bords  du  lac 
Tchad.  Il  fit  ses  études  à  Bonn,  et  prit  ses  de- 
grés à  Beriin,  où  pendant  quelque  temps  il  s'oc- 
cupa surtout  de  géologie.  En  1849,  sur  la  pré- 
sentation de  plusieurs  savants,  il  fut  adjoint  à 
MM.  Richardson  et  Henri  Barth  pour  entre- 
prendre, aui^  frais  du  gouvernement  anglais ,  un 
voyage  d'exploration  au  lac  Tchad,  dans  1*A- 
frique  intérieure.  Il  se  rendit  à  Malte,  où  un  ba- 
teau fort  léger,  destiné  à  la  navigation  du  lac  et 
dont  chaque  pièce  se  démontait,  fut  construit 
sous  ses  yeux.  Après  avoir  quitte  Tripoli  (mars 
I  1850),  les  trofe  voyageurs  commencèrent  à  tr»- 

32 


^95 


OVF.RWEG  —  OVIDE 


Ters  le  désert  une  marebe  auMi  f^éiiible  foe 
dangereuse;  iU  exposèrent  inràitoft  foU  leur  Tîe 
•t  n'arrivèrent  au  bat  da  leur  voyage  qu'auiMin  de 
fatiguer  et  de  «ouffrancea  sans  noinbrt.  Le  chef 
de  l'expédition,  Richardsoo,  mourut  avant  d'at- 
teindre son  but.  Demeuré  seul  avec  M.  Bartb, 
Overweg  parvint  an  lac  Tchad  en  avril  1651,  mit 
deux  mois  après  le  bateau  4  flot,  visi|a  les  ties  ainsi 
qu'une  pa  rtie  des  rives,  et  remonta  quelques  cours 
d*eau.  Tandis  que  son  compagnon  explorait  la  ré- 
gion inconnue  qui  s'étend  au  sud-est  du  lac,  il 
b'«  Ventura  dans  le  snd-ouest  jusqu'à  une  distance 
k  de  160  milles.  Au  retour  de  ce  voyage,  il  fut  pris 
de  la  fièvre  à  Kuka,et  mourut  en  peu  de  jours.  Ce 
fut  le  docteur  Edward  Vogel  qui  le  remplaça. 

Pet«rinana,  Heogr^H.  nMtheitungen. 

OTiBB  {Pubtius-  Naso  Ovinios;,  Tun  des 
poêles  éminents  du  siècle  d*Augn!;te,  naquit  à  Su! - 
mone,  dans  lesAbrozes,  le  13  des  calendes  d'a- 
vril (20  mars  711  de  la  fondation  de  Home).  Déjà 
Lucrèce,  Catulle,  Properce,  Horace,  Yiiigile 
avaient  reproduit  chez  les  belliqueux  Romains  la 
poésie  des  Hellènes.  Mais  les  brillantes  impor- 
tations de  Tart  ne  conservèrent  pas  longtemps 
leur  éclat  primitif  *-  la  civilisation  même  du 
peuple-roi  ne  fut  que  passagère  ;  Rome  ne  garda 
de  ses  conquêtes  de  l'Orient  que  le  luxe  et  le 
goAt  des  plaisirs  :  ta  splendeur  des  lettres  s'é- 
teignit en  partie  avec  les  grands  maîtres  qui  l'a- 
vaient faite.  La  langue ,  perfectionnée  par  eux , 
perdit  à  la  fois  de  sa  concision  harmonieuse,  de 
sa  sévère  pureté  et  de  son  éloquente  précision. 
L'esprit  suppléa  au  sentiment,  et  son  luxe  étouiïa 
le  naturel.  Les  premiers  écrivains  avaient  presque 
tous  disparu  de  la  scène.  Ovide  dit  lui-même  : 
îaniiim  vïdi  Virgitium.  Les  plaisirs  régnaient 
en  tyrans  ;  Ovide  en  devint  le  poète.  Il  sentit  qui! 
est  impossible  au  plu.^  puissant  esprit  de  lutter 
contre  le  torrent  de  fopinion.  Dans  Tiotérêt  de  sa 
renommée,  il  essaya  donc  de. s'ouvrir  une  route 
inconnue  :  juvat  novos  decerpere  Jtores.  Des 
hommes  tels  que  loi  ont  la  conscience  de  leur 
force  ;  il  se  sentait  le  digne  émule  de  ses  devan- 
ciers ;  mais  il  comprit  que  s'il  ne  pouvait  tes  sur- 
passer, il  lui  fallait  faire  autrement  qu'eux.  Il 
firo^la  habilement  de  la  disposition  des  esprits  et 
du  goM,  et  prit  une  allure  plus  libre  que  celle  des 
maîtres.  Son  style  fût  moins  chfttié ,  mais  plus 
à  ta  portée  de  tous.  La  variété  de  sa  verve , 
le  choix  des  sujets,  Péloge  des  plai.sirs,  atti- 
rèrent Tattentlon  d'un  peuple  voloptneux,  ar- 
dent et  t^ger,  qnl  ne  permettait  pas  qu'on  lui 
donnât  le  temps  de  s'attendrir  sur  tes  malheurs 
racontés  |K>nr  lui  plaire.  Ovide  réussit  à  la  fois 
par  ses  défauts  et  ses  beautés.  Il  ne  demanda  point 
h  son  génie  ce  qu'il  en  aurait  obtaf  u  vingt  ans 
plus  tôt.  Formé  par  )<•«  grands  mattrcs,  il  ne  les 
suivit  qu'à  distance^  il  ne  voulut  pas  leur  dire  : 

FUa  pedum  pono  prrMl*  vesttgla  «tgnis. 

11  connaissait  ta  portée  de  ses  contemporains,  et 
satisfit  leur  goût-  ^iaturellement  abondant  et  va- 
rié, il  se  montra  tour  à  tour  grave  et  léger,  in* 


génieuxet  naif^  ^rohiptiieux  cC|)tthéliqpt;  regar- 
dant point  une  mesura  sévèfi,  il  on  laH  pu  teo- 
jours  s'arrêter  à  propos  «t  souvent  il  4épeeK  te 
but  U  s'évertue  «a  reeherdiei  d'etfoU  «I  d'anlT. 
thèses.  Eain.  €t  poêle  émiMftt,  il  fé^  le  dire, 
s'aventura  le  premier  sur  la  pente  de  la  déce- 
deooe.La  trace  preiande  ^11  e  laiaeée  daae  le 
demakie  poétique  trivene  des  régiooe  Mg^le- 
ment  fécondes.  A  son  époque  nul  ne  fut  pins  cé- 
lèbre qae  lui,  mais  il  offre  une  large  put  k  la 
critique  et  à  fadmiratlon. 

On  ignore  quels  ouvrage  oommenoèreiiiC  sa  ré- 
putation. Les  jeones  Romains  deatiiH^  aux  IH- 
tres  récitaient  en  pubKc  leurs  premiers  «sais. 
Ils  se  soumrttaient  à  une  espèce  de  noviciat  ;  et 
s'apprenaient  ainsi  à  bien  faire  et  à  bien  dire.  Ha 
adressaient  ces  paroles  à  la  foule  pre^iée  antovr 
d'eux  :  ptandUBf  cités ^  plamtlte  mamibms. 

Le  premier  ouvrage  connu  d'Ovide  est  saa» 
doute  le  recueil  qu'il  intitula  BéroUtes^  es- 
pèce de  reproduction  des  aventures  aaiea- 
reoses  àhi  dieux,  déesses ,  demt-dienx  et  hém». 
Dans  ce  poème,  Ovide  semble  tout  emprerat  de» 
sentiments  et  de  Pesprit  de  la  Grèce.  Il  n*est  pas 
encore  hii-même.  Bientôt  son  originalité  se  déve- 
loppera. Les  Métamorphoses  paraissent  an  wle 
et  ingénieux  assemblage  des  traditions  tnyttkologi- 
ques.  Ovide  les  revêt  de  couleurs  et  de  fonne» 
variées;  la  souplesse  de  son  talent  se  les  appro- 
prie; la  série  de  fables  reliipettaes  qui  depins 
vmgt  siècles  fait  jouir  le  monde  entier  des  pres- 
tiges sacrés  de  et  cutte  riant  est  deveooe  réter- 
nelle  religion  des  arts. 

C'est  en  chantant  l'origine  du  laoftde  qœ  k 
poète  commence  sa  vaste  entreprise.  Son  gMe 
philosophique  s'inspire  des  diverses  oosuMgo- 
nies  orientales.  Lucrèce  toi-même  a  pniaé  à  celle 
source;  mais  il  l'élargit  à  la  mesure  de  son 
génie.  C'est  après  avoir  fait  assister  tes  lec- 
teurs à  la  naissance  de  notre  univers  qoX>vide 
leur  déroule  tes  fiistes  religieux  dont  II  varie  les 
scènes  avec  une  dextérité  prodigieuse.  Les  cri- 
tiques ont  vanté  jusqu'ici  l'adresse  qaH  dé> 
ploie  à  tisser  les  lils  qui  rattachent  tant  de  su- 
jets différents  pour  en  former  on  easemb^e  par- 
fait, ce  fil  est  si  délié,  si  bien  conduit,  dit-oo» 
qo'on  ne  l'aperçoit  pas.  l'avoue  que  je  ae  Ta- 
per^tois  pas  non  plus.  Et  le  poêle  lui-même  ne 
songea  ni  à  le  rendre  iavisitile  ai  à  le  forraer; 
mais  il  a  dû  s'attacher  à  Tordre  dironologique 
indiqué  par  les  traditions ,  et  surtout  à  les  réu- 
nir ou  à  les  séparer  selon  qu'il  y  trouvait  das 
analogies  ou  d'heureux  contrastes.  Dans  ces 
petits  drames,  dans  ces  récits  U'gendaires,  le 
poète,  tour  à  tour  pathétique  et  riant,  ausièn  ou 
gracieux,  étend  un  vernis  poétique  sar  le»  ver- 
tus, Jes  faiblesses,  les  caprices  des  homaseset 
des  «lieux  ;  ses  tableaux  resteront  pour  dianner 
les  générations  futures,  et  les  personnages  <|u'il 
divinise  lui  devronttleur  immortalité. 

Le  succès  des  Métamorphoses  ilonna  on  grand 
éclat  à  la  renommée  d'Ovide.  Bientôt  il  lit  pa* 


997 


OVIDE 


998 


raltre  les  Fastes  ^  œa?re  poétiquement  liisto-  r 
i^qve,  cKtitée  en  douze  Kvre».  Les  Romxios 
Tirent  avec  intérêt  exiiOMT  sous  des  formes 
brillantes  roiigine,  les  triomphes  et  les  vicis- 
situdes des  antiques  peuples  ^Aosonie.  ÎH  re- 
trouvèrent avec  un  orgueil  de  famille  les  luttes, 
les  «ODrtfrinces  héroïques  da  long  enfante^ 
ment  de  la  grandeur  romaine.  Cependant  les 
noTntïreux  détails,  Pnniformité  du  récit,  Texae- 
titude  minutieuse  de  ceilains  faits  produisirent 
une I monotonie  que  Tadroite  élégance,  la  va- 
riété do  styte ,  Tesprit  piquant  du  narrateur  ne 
réussirent  pas  toujours  à  corriger.  La  moitié  de 
cet  ouvrage  s'est  perdue  dans  le  naurrage  des 
temps.  Nous  ne  possédons  que  les  six  premiers 
ïivres  de  tette  poétique  oompilalton.  Cette  lacune 
regrettable  est  plus  f&clieuse  pour  tes  érudîls  que 
pour  les  adeptes  de  ta  littérature. 

Ovide,  dansîa  plénitude  de  sa  verve,  com- 
po!(a  les  AmovrSf  recueil  élégiaque  ob  le  cœur 
du  )M>ëte  se  montre  tout  entier  ;  c^est  là  qu'il  a 
trouvé  ces  inspirations  touclianles,  ces  élans 
du  désir  et  ces  épanouissements  dlDefrable 
vohipté  qaî  élèvent  le  poète  au  milieu  de  ses 
émules.  S^il  n^st  pas  contioueTlement  a4issi 
tentire  que  TibuHe  et  Properce,  il  est  plus  vif, 
plus  varié,  plus  ingénieux  dans  ses  images  ;  il 
semlrie  écrire  sous  la  dictée  de  Vamour;  il  parle 
non  en  poète,  mais  en  amant,  et  les  efforts  de  son 
art  se  câdient  sous  un  naturel  exquis. 

Ovide,  admiré  pour  ses  talents,  se  faisait  ai- 
mer par  son  caractère.  Il  avait  désarmé  Tenvie, 
et  recevait  fencens  de  ses  nombreux  rivaux  de 
gloire.  Il  tes  ahna  tous,  et  se  plat  à  leur  rendre 
justice.  11  diérft  Ti bulle,  et  déplora  sa  perte 
prématurée,  dans  des  vers  que  deux  mille  ans 
ont  applaudis.  Lié  avec  tous  les  poètes  célèbres 
de  son  sièck,  Il  les  regardait,  disaîl-H,  comme 
de>i  êtres  divins  r  quoique  aderant  voles  rehar 
adesse  deos.  Applaudi  par  Borne  entière,  il  fut 
bientôt  remarqué  par  Auguste  lui-même.  Ce  sou- 
verain, passant  la  revue  des  chevaliers,  aborda 
le  poè^e  et  toi  fît  cadeau  d*un  superbe  coursier. 
Ovide,  dat»  Texll^  signale  ce  fait  comme  un  té- 
moignage de  Testimeque  lui  accordait  le  maître 
du  monde. 

VArt  cTaimer  fut  accueilli  avec  enthousiasme 
par  un  peuple  spirituel  et  voluptueux,  qui  rece- 
vait avidement  les  préceptes  de  la  galanterie 
offerts  avec  le  cbarme  du  talent.  Dans  ce  code 
de  Tamour,  le  poète  marche  adroitement  à 
travers  les  écncils.  A  force  d'art  et  d'esprit,  il 
couvre  la  nudité  des  images.  Son  expression 
vive  et  fine  fait  pardonner  les  doux  égarements 
de  la  pa<;sion  ;  certes,  Il  toiiebe  souvent  à  la  der- 
nière limite  de  la  décence;  s'il  alarme  la  pudeur, 
il  ne  l'outrage  jamais.  Dans  sa  gaieté  erotique»  il 
plaisante  parfois  les  unions  mal  assorties.  Les 
vieux  maris  sont  traités  sans  façon;  il  les  ridi- 
culise comme  l'ont  fait  depuis  nos  auteurs  co- 
miques ;  Cependant  il  se  garde  d'exciter  as  mé* 
pris  des  nœuds  légitimes.  Professeur  d'amour. 


il  en  proclame  les  lois,  en  dévoile  les  mys- 
tères et  les  ruses  ;  mais  sa  délicate  adresse,  son 
britlant  colotis  désarment  la  censure  rigoureuse. 
Plus  réservé  que  ses  contemporains,  il  se  res- 
pecte lai-même  et  ne  souifie point  ses  cbannantes 
fictions  par  la  peinture  d'un  vice  odieux,  perni- 
cieuse méprise  de  la  volupté,  qu'il  condamne  par 
son  silence; tandis  que  1c  dévot  et  sensible  Vir- 
gile ose  le  célébrer  en  beaux  vers. 

11  est  à  peu  près  impossible  de  préciser  Tordre 
chronologique  des  compositions  d'Ovide.  Le 
Hemède  de  raînaiir^  selon  les  apparences,  suc- 
céda kV  Art  d'aimer.  Ce  poème  manquede  gaieté. 
Ovide  s'efforce  en  vaîo  d'échauffer  sa  verve  ;  .ses 
plaisanteries  <onl  froides,  et  l'ensemble  de  l'œuvre 
n'est  pas  ingénieusementconçu;]e  style  spirituel 
et  facile  de  l'auteur  en  radièteÀ  peine  les  défauts. 

On  sait  par  le  témoignage  des  écrivains  ro- 
mains que  le  chantre  ées  Méta^norphoses 
composa  plusieurs  pièces  de  tbcàtro,  qui  jia- 
rurent  avec  un  grand  succès.  Aucune  n'est  Vi'nue 
jusqu'à  nous.  Médée,  suivant  les  traditions,  fut 
regardée  comme  le  chef-d'œuvre  tragique  du 
poète.  Les  passages  touchants  de 'plusieurs  |)e- 
tits  drames  des  Métamorphoses  fout  juger 
quel  dut  être  Tintérêt  et  le  jKithelique  des  tra- 
gédies d'iinliomme  doué  de  Péloqueuce  du  cœur 
et  «le  cette  délicatesse  exquise  qui  vivilic  le  senti- 
ment. 

O^ide  depuis  plus  de  vingt  années  marchait 
entouré  de  palmes  méritées  ;  ou  l'applaudissait 
au  théâtre,  on  récitait  ses  vers  dans  les  plus 
illustres  sociétés.  Les  femmes  vouaient  une  re- 
ligieuse admiration  au  chantre  de  la  volupté. 
Pailout  son  image  était  reproduite;  elle  se  tix>u- 
vait  gravée  sur  les  bagues  des  chevaHers  et  des 
sénateurs,  sur  hîs  bracelets  des  matrones.  Par 
la  piquaiUe  vivacité  de  son  esprit  ini^uisable 
et  la  hardiesse  gracieuse  de  sa  pensée,  Ovide 
s'ouvrit  une  route  hors  du  domaine  de  la  Mté- 
rature  ancienne.  Les  jeux  briUants  de  sa  riclie 
imoginatioo,  son  aJlure  libre,  son  examen  hardi 
des  vérités,  donnent  à  ce  poète  pliilosoplic  iMê 
ressemblance  de  famille  «vec  les  écrivains  fran* 
çais,  et  surtout  avec  i^rbitre  universel  de  noire 
dix-huitième  sièole. 

Admis  à  i'intiInMé  d'ANgusIe ,  iieureux  dau 
sa  propre  famille,  riclie  de  laveurs  et  de  .gloire, f 
Ovide  torol)e  tout  à  coup  dans  un  abtane  il'ia* 
fortunes  ilont  il  ne  sortira  point,  mais  qui  ju- 
tera à  sa  renommée  l'éolat  du  martyre. 

L'an  7<»l  de  Rome,  Auguste  oliassait  aa  pe* 
tite-iUle  Julie,  sœar  d' Agrippa  PosUiume,  et  re- 
léguait oe  jeune  prince  dans  ilie  de  Plaoade* 
Presqne  en  «nérae  icnifis,  Ovide,  Iwoni  de  Rome, 
est  transporté  sur  le  bord  «coidcntel  de  le  mer 
Noire.  Lr  prétexte  de  sa  oondanMiatioe  est  ion 
poème  de  VArt  d^^iwitty  qui  <d«pui*  dix  ans 
faisait  les  délices  de  Roim  et  de  la  oonr  d'Au- 
guste; lui-ménie  répétait,  en  les  levant,  les  pas- 
sages ks  plus  librœ  de  «oHe  «mvre.  Ce  prince , 
qui  se  piquait  de  poésie,  coiuposait  de  petits 

33. 


999 

poëmes  erotiques  qu'Ovide  aurait  rougi  de  pu- 
blier, quand  les  vers  eussent  été  moins  indignes 
du  grand  écrivain.  Les  nombreux  et  puissants 
amis  d*Ovide  sollicitèrent  sa  grâce  ;  leurs  instances 
ftirent  .vives.  Auguste  et  la  fière  Livie  restèrent 
inexorables. 

£n  proie  au  plus  violent  désespoir,  le  grand 
poète,  sans  l'intervention  de  sa  Temme  et  de  ses 
amis,  se.serait  donné  la  mort.  Résigné  à  vivre,  il 
s*arrachê  enfin  à  tout  ce  qui  lui  est  cher;  iî 
quitte  les  lieux  où  il  trouvait  ses  délices  et  sa 
gloire.  A  travers  les  périls  et  les  souffrances,  il 
aborde  la  ville  de  Tomes,  aujourd'hui  appelée 
du  nom  ttarbare  de  Kusiendjé,  Alxmdonné  sous 
on  ciel  rigoureux  et  insalubre,  Ovide  est  seul, 
parmi  les  hordes  scythes;  il  n'entend  pas  leur 
langage,  elles  n^entendent  pas  le  sien  : 

Barbanu  blc  ego  sum  qnla  non  IntelUgor  ilUt, 


dit-il.  Mais  dans  son  horrible  solitude  son  gé- 
nie le  soutient  :  il  chante  son  malheur;  il  souffre 
moins.  Les  peuplades  qui  l'entourent  apprennent 
qu'il  est  poète;  elles  le  plaignent  et  le  respectent. 
Leur  religion  leur  enseigne  à  consoler  le  malheur. 
Lui,  aimable,  généreux,  confiant,  gagne  leur  af- 
flBction;  sa  vive  intelligence  Ta  bientôt  initié  aux 
secrets  du  langage  gète;il  va  jusqu'à  composer 
des  vers  dans  ce  dialecte.  On  l'applaudit;  les  To- 
roitains  donnent  une  fête  en  l'honneur  du  poète. 
11  leur  lit  des  vers  en  l'honneur  d'Auguste;  les 
spectateurs  agitent  leurs  carquois  retentissants. 
L'un  d'eux  s'écrie  en  courroux  :  «  César,  que  tu 
chantes,  devrait  te  rappeler  dans  son  empire,  que 
tu  honores.  » 

Pendant  neuf  années  de  souffrances  et  de  per- 
plexités, Ovide  consola  son  douloureux  ennui  &i 
composant  des  élégies  et  desépttres,  expressions 
de  son  infortune  ;  il  nomma  ses  plaintes  poétiques 
les  Tristes f  les  Poniiques,  Dans  sa  touchante  ré- 
signation, il  exprime  en  grand  poète  ta  pureté  de 
ses  intentions,  ses  souvenirs  et  ses  regrets.  Cepen- 
dant aux  prières  adressées  à  son  persécuteur  im- 
placableil  mêle  un  sentiment  adulateur  qui  semble 
avilir  la  dignité  du  malheur.  On  ne  saurait  qui 
l'on  doit  blâmer  le  plus  du  génie  qui  se  dégrade 
on  delà  cruauté  qui  l'opprime.  Mais  Ovide,  époux 
et  père  tendre ,  avait  soif  de  la  patrie  alraente. 
Justement  fier  de  sa  renommée  et  de  son  inno- 
cence, il  devait  opposer  sa  fermeté  à  la  persé- 
cution. Dans  les  Pontiques ,  qui  sont  les  con- 
fessions de  sa  vie,  il  afîirme,  et  nul  contempo- 
rain ne  le  dément ,  quMl  n'a  commis  aucun  crime, 
aucun  acte  qui  porte  atteinte  à  l'honneur.  Il 
reconnaît  qu'il  a  été  léger,  imprudent,  indiscret; 
il  appelle  sa  faute  une  erreur  ;  il  craint  d'ofTenser 
le  maître  en  rappelant  les  circonstances  qui 
causèrent  sa  disgrftce.  Tout  en  se  justifiant  avec 
timidité,  il  contourne  tellement  ses  expressions 
que  sa  pensée  reste  enveloppée  d'un  voile  im- 
pénétrable, dont  il  ne  soulève  jamais  qu'une 
partiç,  et  le  fait  réel  est  demeuré  une  énigme  qui 
a  fatigué  en  vahi  tous  les  œdipes  de  l'érudition. 


OVIDE  1000 

Aussi  les  plus  doctes  investigateurs  n'ont-ils  tour 
à  tour  tenu  que  pour  le  briser  dans  leur  main  le 
fil  conducteur  d'un  labyrinthe  inextricable. 

Ses  derniers  chants  attestent  surtout  la  no- 
blesse  de  son  cœur.  Son  amour  pour  sa  femme, 
pour  ses  enfants,  pour  ses  amis  est  touchant.  11 
trouve,  dit-il,  un  allégement  à  ses  peines  eo 
songeant  que  son  père  et  sa  mère,  qui  vécareot 
nonagénaires ,  heureux  témoins  de  ses  triom- 
phes, n'aient  pas  connu  ses  infortunes. 

Après  la  mort  d'Auguste,  Ovide  cesse  de 
solliciter  ceux  qui  régnent  à  sa  place.  H  savait 
donc  que  Livie  et  Tibère  seraient  inexorables.  Une 
seule  fois,  peu  de  temps  avant  sa  fin,  il  conseille 
à  sa  femme  d'implorer  Livie  ;  mais  quelle  réserve 
il  recommande  d'employer  !  «  Aborde- la,  diit- 
il,  lorsque  Rome  et  la  famille  impériale  éproo- 
Teront  la  joie  d'une  fête  triomphale;  alors  perce 
la  foule  qui  remplira  le  palais;  prosternée,  gé- 
missante, inondée  de  larmes,  supplie  Jumom 
(c'est  le  surnom  que  l'adulation  donnait  à  Livie). 
Mais  garde- toi  de  justifier  ma  faute,  et  De  de- 
mande pour  moi  qu'un  exil  moins  rigoureux,  • 

Quoique,  dans  différents  passages  âes  Tristes 
et  des  Pontiques,  Ovide  ait  aflîrmé  que  ses  jem 
seuls  furent  coupables,  et  qu'il  compare  sa 
faute  à  celle  d'Acléon,  peut-on  croire  qu'on  re- 


gard involontaire,  déjà  cruellement  puni,  ait 
nourri  une  rancune  si  implacable ,  même  dans 
les  cœurs  les  plus  endurcis?  Quelquefois  sa 
faute  est  une  étourderie ,  une  méprise;  ailleurs 
il  avoue  que  s'il  avait  écouté  de  sages  avis ,  fl 
aurait  évité  sa  perte.  Il  écrit  à  Pompônius  Gne- 
cinus  :  «  Il  n'est  plus  temps  de  m'arertir  d<s 
écueils  quand  mon  vaisseau  a  fait  naufrage  ».  H 
dit  à  son  ami  Carus  :  «  Tu  étais  le  seul  déposi- 
taire de  mes  secrets ,  de  tous ,  excepté  du  secret 
qui  causa  ma  perte  ;  tes  sages  conseils  m'auraient 
sauvé.  »  Le  poète,  qui  avait  le  privilège  de  par- 
courir le  palais  impérial,  a  pu  surprendre  des 
scènes  offensantes  pour  la  pudeur  ou  pour  l'a- 
mour-propre  des  princes.  Mais  lié  intimement  i 
la  famille  souveraine,  n'a-t-il  pu  aussi  être  leconfi- 
dent,  le  conseiller  de  quelque  projet  en  faveur  du 
jeune  Agrippa  et  de  sa  sœur,  qui,  à  l'époque  pré- 
cise du  malheur  d'Ovide,  furent  chassés  de  Rome, 
oondampés  à  l'exil,  où  Julie  mourut  de  misère, 
où  son  frère  f\it  assassiné  ? 

Ovide,  après  neuf  ans  d'exil ,  touchant  à  sa 
soixantième  année,  mourut  à  Tomes,  près  des 
bouches  du  Danube.  Il  avait  demandé  que  sa 
cendre  fût  transportée  sur  les  bords  du  Tibre  ; 
son  dernier  vœu  ne  fut  pas  exaucé.  Les  Gètes 
payèrent  la  dette  des  Romains,  en  érigeant  avec 
pompe  un  tombeau  au  poète,  leur  hôte  immortel. 
De  PoNGEit VILLE  (  de  l'Institut  ). 

Les  titres  des  ouvrages  d'Ovide  sont  :  Amorum 
lihrî  III,  recueil  d'élégies  composées  à  difîé- 
r  rentes  époques  depuis  sa  jeunesse  jusqu'à  sa 
maturité.  Suivant  une  épigramroe  placée  entête 
de  cet  ouvrage  nous  n'en  possédons  qu'une  se- 
conde édition  ;  la  première  aurait  été  en  cinq 


1001 


OVIDE  —  OVIEDO 


1003 


livres;  Tauthenticité  de  répigramroe  n'est  pas 
certaine ,  mais  le  poète  lui-même  nous  apprend 
qu'il  a? aft  jeté  au  feu  beaucoup  d'élégies  k  Co- 
rinne. Cette  seconde  édition  parut  avant  VArt 
tTaimer  ;  —  Epistolx  keroidum  ;  au  nombre 
de  vingt  et  une  :  on  a  contesté,  mais  sans  mo- 
tifs suSisants,  l'authenticité  des  six  dernières. 
Un  contemporain  d*0\ide,  AulusSabinus,  écrivit 
des  réponses  à  plusieurs  des  Héroides  ;  savoir 
d'Ulysse  à  Pénélope,  d'Hippoly te  à  Phèdre, 
d'Énée  h  Didon,  de  Démophon  à  Philis,  de  Ja- 
son  à  Hypsipyle,  de  Phaon  à  Sapho.  Trois  de 
ces  réponses  sont  ordinairement  imprimées 
dans  les  OEuvres  d'Ovide  ;  mais  l'authenticité 
en  est  très-douteuse.  Une  traduction  des  EpU' 
tolx  heroidum,  en  grec,  par  Maxime  Planude, 
existe  en  manuscrit;  —  Ars  amatoria  ou  De 
Arie  amandif  en  trois  livres,  composé  vers  l'an  2 
avant  J.-C.  ;  —  Remédia  amoris,  en  on  livre  ; 
—  Nux,  élégie  sur  un  noyer  qui  se  plaint  de  la 
manière  dont  le  traitent  les  passants  ;  —  Me- 
tamorphoseon  libri  XV,  Dans  ce  grand  onvrage 
Ovide  paratt  avoir  imité  les  ËxcpotoOiava  de 
Nicandre.  Les  Métamorphoses  ont  été  tra- 
duites en  prose  grecque  par  Planude  ;  Boisso- 
nade  a  inséré  cette  élégante  version  à  la  suite 
des  Œuvres  d'Ovide,  dans  la  collection  Le- 
maire  ;  —  Fastorum  libri  :  cet  ouvrage  devait 
avoir  douze  livres;  il  n'en  existe  que  six,  soit 
que  les  autres  aient  été  perdus,  soit  que  Tau- 
teur  ait  laissé  son  œuvre  inachevée  ;  —  TriS' 
tium  libri  Z',  élégies  écrites  dans  les  cinq  pre- 
mières années  de  l'exil  da  poète  ;  —  EpistO' 
larum  ex  Ponto  libre iV;  —  Jbis^  l(»igae  sa- 
tire imitée  de  Callimaque,  dirigée  contre  un 
ennemi  dont  on  ignore  le  nom  ;  —  Consolatio 
ad  Liviam  Augustam^  poème  élégiaque  qui, 
sans  être  indigne  d'Ovide,  parait  ne  pas  lui  ap- 
partenii.  Les  Medieamina  Jaciei  et  les  Ha- 
lieulica  ne  sont  que  des  fragments  dont  Tau* 
thenticité  même  est  douteuse.  II  ne  reste  que 
deux  vers  de  sa  JUédée,  tragédie  qui,  suivant 
Quintilien,  montrait  ce  que  le  poète  aurait  pu 
faire  s'il  avait  mieux  aimé  conduire  son  génie 
qne  s'y  abandonner.  On  croit  qu'Ovide  avait 
écrit  d'autres  ouvrages,  aujourd'hui  perdus,  tels 
que:  Meiaphrasis  Phœnomenon  Arati;  Epi^ 
grammata;  Liber  in  malos  poetas;  Trium- 
phus  Tiberii  de  Illyriis;  de  Bello  JSliaeo 
ad  Tiberium^  etc.  On  lui  attribue  quelques 
pièces  apocryphes  :  Elegiaad  Philomelam^ 
de  Pnlice,  Priapeia,  Quant  à  ses  poèmes  en 
langue  gétiqoe,  la  perte  en  est  fort  regrettable, 
au  point  de  vue  de  la  philologie. 

Les  OEuvres  d'Ovide  furent  imprimées  pour 
la  première  fois  par  les  soins  de  François  de 
Pozzuolo  ;  Bologne  (  Balthazar  Azzognidi),  1471, 
î  vol.  in-fol.  ;  l'édition  prineeps  fut  suivie  im- 
médiatement par  celle  de  l'évèque  d'Âleria; 
Rome  (  Conrad  Sweynheym  et  Arnold  Pan- 
nartz),  1471,  2  vol.  In-fol.  La  première  édiUon 
aldine  est  de  Venise,   1503,  3  vol.  in-8^  A 


partir  de  cette  époque  les  éditions  d'Ovide  sont 
nombreuses  ;  les  pins  remarquables  sont  celles 
de  Bersmann,  Leipzig,  1582,  3  vol.  in-go;  de 
Daniel  Heinsios  (  Elzevier  )  ;  Leyde,  1629, 3  vol. 
in-i2;  l'édition  Variorum  (  Cnippongius }  » 
Leyde,  1670,  3  vol.  in-8*^;  l'édit  Inusum  Del' 
pMni,  Lyon,  1689,  4  vol.  in-4*;  de  Bunnann, 
qui  passa  pour  la  meilleure,  Amsterdam,  1727, 
4  vol.in-4°;  de  Mitscherlich ,  Gœttingue,  1798, 
2  vol.  gr.  in-8*'  ;  d'Amar,  dans  la  collection  Le- 
malre ,  Paris,  1820,  9  vol.  in-8*  ;  édition  Fa- 
riorufi»,  d'Oxford,  1825,  5  vol.  gr.  in-S**,  don- 
nant le  texte  de  Bnrmann  avec  les  corrections 
inédites  de  Bentley;  deJahn,  Leipzig,  1828, 
2  vol.  in-8*'.  Parmi  les  éditions  séparées  des  ou- 
vrages d'Ovide»  on  remarque  :  les  Métamor- 
phoses, parGierig,  Leipzig,  1784;  rééditées 
par  Jahn ,  Leipzig,  182 1 , 2  vol.  in-8*  ;  par  Baum- 
garten  Crusins,  Leipzig,  1834,  in-12;  ptf 
Lœrs,  Leipzig,  1843,  în-8';  les  Fastes  y  par 
Merkel,  Berlin,  1841,  in-8'';  les  Tristes,  par 
Oberiin,  Strasbourg,  1778,  in-8^;par  Lœrs, 
Trêves,  1839,  in-8'';  les  Tristes  et  VIbis,  par 
Merkel,  1837,  in-8*  ;  les  i4ma<oHa  (comprenant 
les  Héroides,  VArt  d'aimer,  etc.  ),  par  Wema- 
dorf,  Helmstœdt,  1788  et  1S02,  2  vol.  in-8o; 
les  tiéroïdes,  par  Lœrs,  Cologne,  1829-1830.; 
2  vol.  in-8^ 

Les  traductions  d'Ovide  sont  nombreuses  dans 
la  plupart  des  langues  de  l'Ënrope; -mais  elles 
sont  en  général  médiocres  ;  c'est  à  peine  si  on 
peut  citer  en  français  la  version  en  vers  de 
Saint-Ange  ;  la  traduction  en  prose  de  l'abbé  de 
Marolles  n'est  fameuse  qu'à  titre  d'œnvre  ridi- 
cule; la  version  en  vers  des  Héroides  par  Me- 
ziriac  ne  vaut  guère  mieux,  mais  elle  contient 
un  savant  commentaire.  La  meilleure  traduction 
d'Ovide  en  vers  anglais  est  Ovid's  Metamor^ 
phoses,  in  fifteen  books,  translated  by  thjf 
most  eminent  hands;  London,  1717,  in-fol.  : 
les  traducteurs  sont  :  Dryden,  Addison,  Con- 
greve,  Rowe,  Gay,  Ambroise  Plullips,  Garth, 
Cronall  et  Sev?ell.  On  cite  aussi  la  traduction 
des  Épitres  par  plusieurs  poètes  :  Otway,  Settle^ 
Dryden,  le  comte  Molgrave  et  antres  ;  Londres, 
1680.  Y. 

Masson.  ntu  PuN,  OvidU  Niuonii,  ordine  rArono- 
loçieo  sic  delineata  tU  poeUe  fata  et  opéra  veris  ad- 
tignentur  annit  :  Amsterdam.  1701,  ln-8».  -  C.  Ro»- 
mint.  fiia  di  Pubt.  Ovidio  Naao;  Ferrare,  178».  In-S». 
*  Vlllenave,  f^i»  dPOvide,  contenant  des  noUona  bii- 
toriques  et  littéraires  sur  le  siècle  d*Auguste:  Paris, 
1809,  in-4*.  —  Différentes  f^iet  d'Ovide  recaeUIies  dans 
le  IV*  vol.  de  l'édlL  de  Bnrmann.  -  Bayle,  DM,  — 
Merivale;   The  Romani  under  the  empire,  L  V. 

OTiBDQ  {GontalO'Fernandez  de)  y  Val- 
DE2,  voyageur  et  historien  espagnol ,  né  à  Ma- 
drid, en  1478,  mort  à  Valladolid,  en  1557. 11  fut, 
en  1490,  attaché  comme  page  à  l'infant  Juan,  fils 
unique  de  Ferdinand  Y  et  d'Isabelle ,  et  assista 
an  mémorable  siège  de  Grenade.  A  la  mort  de 
l'infant  son  maître,  en  1496,  il  entra  an  service 
de  Frédéric  d'Aragon,  roi  de  Naples.  En  1513  il 
fut  nommé  inspecteur  des  mines  dans  les  oolo- 


t003 


OVIEDO  —  OWEN 


1004 


nies  d*Amérîqu€.  I)  fit  alterner  son  séjour  daas 
l«Noii.T6aii  Monde  avec  f^URÎeiirs  Toya^ces  en 
£s(»^e,  où,  en  1526,  il  puMia  à  Madrid  son 
SMmario,  et  eD  1535  son  grand  ovvrage  irt«- 
ioria  ée  las  Indiaê  ^eccidMtaHs^,  Nommé 
œtte  même  année  alca'ide  d'Hifipaowla,  il  passa 
éuM  cette  Ile  dix  années  ,  poarsnivant  ses  re- 
cherche* liwtovi^e»  ;  pnis  il  vint  se  fixer  dans 
son  pays  mlal,  où<  il  rempKI  les  fonelienfi  de 
cbrom^oeiir  des  Mes. 

5o»  Misiorkt  gen^ûl  e  naiural  de  las  tn- 
éias  0€Cidental9s  est  le  plus  imporlant  de  ses 
oofrrages  :  il  est  dfvisé  e»  trois  p^iee,  La  ps e- 
miére  partie  Tut  imprimée  à  SéTilleen  153*i,  et 
Félmprimée  en  1547,  à  Satamanqae,  augmentée 
d^u»  via^tièine  Kvre,  eootenant  de»  relaftioos 
de  nanfraged.  Le  garpluo  de  Touvrage  existe  en 
manuscrit.  L'impression  en  fut  oomineneée  à 
Talladolid!  en  1567,  maî0  elle  fot  diseonliiiiiée 
après  In  mort  de  l'auteur.  On  ne  doit  pas  beau- 
coup  se  6er  à  Ovied»  pour  tout  ce  qui  regarde 
Colomb.  A  cet  égard  il  tombe  dan»  de  graves 
cnteurs ,  parce  qulft  s*ea  est  trop  rapporté  au 
récits  d'au  pilote  nommé  HermaB  Perex  aiaftlmo, 
déioué  aux  Pinion  et  conséquemment  ennemi 
de  l'anniral.  Son  Sumariê^ ,  dédié  4  k'empcreur 
Cliarles-Quint,  n'est  qu'une  deseription  des  Indes 
occidentales,  de  leur  géographie,  du  climat,,  des 
raoes  qui  peuplent  ces  eontréés,  et  de  leurs 
productions  animales  et  végétales  (t).  Inde- 
pendaroroeot  de  ces  écrits  bistoriqoee,  Oviedo 
»  laissé  un  ouvrage  en  six  volumes  sous  le  titre 
bîzafpre  de  QiÊibMuagenas  :  ce  sont  des  dinlo^ 
giwoimagHiâiree  entre  le^;  Espagnole  les  piu&  dio- 
tingnéade  (^époque,  sur  lenr  liistoire  pemnnQeUa^ 
leurs  femillea  et  leur  généalogie. 

Alvtrct  y  BaeiM ,  Uijos  de  Madrid  (  Madrid.  ST90  ), 
X.  Il,  p.  8Ur86i«  —  Prescott,  Uist.  de  la  conquête  du 
Meriqite.  t  Tol.,  H».  IV,  p.  tSfr  MO  -  Ttckner,  Uùtvrf 
^tkeSpaniêà  UUrOtur;  t.  t,  p.  W^Wl. 

i^VMGTON  (/oAa),  voyageur  anglais  dm 
dix- wptièmo  siècle,  il  embrassa  fort  jeune  Kéftat 
ecolésiastiqoe  II  étnit  chapelain  du  roi  Jscqjies  U 
lorsque  ce  monarqve ,  fuyant  dovaaf  le  prince 
d*Orange  (  Georges  1^  Louis  >,  s»  réftigja  en 
France  (  janvier  1889  ).  Ofington  crut  devoir 
s'expatrier  aussi,  et  s'embarqua,  le  1 1  avril  pour 
les  Indes  orientales.  Il  atterrit  à  Madrid ,  à  San- 
tiago (archipel  du  cap  Vert  ),à  Malemba  (Congo), 
a»  cap  de  Bonne-Espéraoee,  dan<>  les.  Comores, 
et  enfin  débarqua  à  ioraboy,  hr  29  mai  ie90; 
de  là  il  passa  à  Surate,  où  Aureng^Zeyb  régnait 
alors.  Des.  navires  indiens  ayant  été  pillés  i/ar 
des  pirates  européens  ^  Aureng  fil  arrêter  tous 
les  blancs  qui  se  trouvaient  dans  se»  États,  et 
Oviiigton  fut  interné  durant  trois  années.;  ee  qut 
lui  donna  le  loisir  d'étudier  les  mœurs  du  Mogol. 
Le  14  février  >693  il  put  enfin  quitter  yinde, 
apvèa  avoir  tonché  au  cap  et  à  l'Ascensioa;  il 
descendit  à  Kingsnle  (  Irlande  ),  le  i»  seplembve 

(I)  L*\cad4nite  roy«Je  de  Madrid  possède  daiw  set  ar- 
chives une  copte  complète  de  VUUlitrut  generctl^  qa'elie 


1C93.  Le  reste  de  sa  vie  est  peu  conno.  H  a 
puMfé  la  relation  de  son  voyage  sous  ce  titre  : 
Voynçe  to  Suratie  in  the  years  f  689- 1693, 
with  a  description  of  fke  Htands  Modéra 
ami  S.'Ifeèena^  the  aceount  of  the  lasi  re- 
V0luH(m  tfGolconâa,  a  description  o/  fhe 
hingâents  o/  Arrokan  and  Ptgu^  etc.;  Lon- 
dres, 1696,  fn-8";  trad.  en  français  par  ItSeeron, 
Pnrte,  17^,  1735,  et  1753.  ?  voK  in-lî. 

iHtroducHfm  i  t»  trad.  de  Ntoéron. 

oWBi«-«LKK»«WBft,  aventurier  g^ltoia,Bé 
en  t346,  mort  vers  1416.  Il  avait  étudié  les  lois 
dans  sa  jeunesse.  Lord  Grey  ayant  usmpé  me 
partKe  de  ^n  patrimoine ,  Owen  en  appela  au  roi 
Henri  TT,  qui  refîisa  de  lut  rendre  jostiee.  Le 
ressefltknenl  qull  conçut  de  cet  affront  le  porta 
à  se  déclarer  descendant  dies  aneiem  princes  dr 
Galles  et  à  soulever  une  séditioa.  Les  Gallois, 
dans  Tespoir  de  recouvrer  leur  indépeodnni-^, 
raeeepièrent  pour  chef  sans  examen.  Avec  leur 
aide  ri  baftH  et  ftt  pri^onmerle  lord  Grey  et  sir 
Henry  Mortimer,  et  ▼ainquit  dnne  trois  eomfcats 
les  torunpei^  du  roi  Henri  IV.  Le  roi  do  France 
Charles  YI  reçut  ses  ambassadeurs  et  lui  en- 
voya un  corps  d'armée.  Plus  tard  Mortim«T,  son 
prisomier,  n*}»yant  pao  obtenu  de  Henri  IV  li 
permtssiMi  de  se  racheter,  pa6.<a  an  eMé  di> 
Owen,  dont  il  époii«a  la  fille,  eé  ferma  une  Kgue 
puissante  e«tre  les  révokés  dl^<;se,  d* Angle 
terre  et  du  pays  de  Galle»;  leur  but  était  de 
renverser  du  ti<6ne  Henri  lY  el  d'y  placer 
Riebard  II,  oomme  héritier,  dn  conte  de 
Marche,  descendant  d'Edouard III.  LVnéea»> 
liée  lut  batUteà  Sbiewslitry  (140;^  Owen  ne  ^ 
soumit  poin*,  bien  qu>o  le  véritable  prince  de 
GaNe»,  fils  de  Henri  IV,  remportai  auriuide 
nouvelles  victoires.  Il  rétablit  quelque  lemi» 
se*  afTaires  avec  Taule  dee  Françni»  auxiliaires; 
mais  au  bout  do  quatre  année»,  le  and  de  pays 
de  Gallea  étant  soumia  enlièrenieol,  le  nord 
abandonna  Owen,  qui  se  retira  afvnc  aea  der- 
niers partisana  daon  des  moniagnes  iMocessilyles 
et  résista  tonta  se  vioi  On  veM  par  «Hlttffonts 
acteft  qu'il  c»istaiA  eneote  aprèe  l*hvénemnil  de 
Henri  V.  vers  1416.  Le  dernier  acte  qui  leoo»> 
iseme,  daèèdu.24filvrier  14^6,  eM  uneeommH> 
sion  donnée  à  sur  Talëot  pour  tvaitet  avec  Me- 
rodith,  fils  de61endo«er,  reiativemeDt  b  le  sou* 
Mission  du  son  père.  A.  Y^t. 

OWKH  {Han  ^  eu  ialln  AudoênnSj  poète  Min 
moderne,  né  à  Arrno%  dans  le  comté  de  i^ieroar* 
¥06,  ven»  1 560,  mort  ee  HIM.  Il  fit  see  eludea  au 
collège  de  Wincbester,  pui«  entra  dans  le  !few> 
Collée  d*OxGM^ ,  auquel  il  fut  agrégé  en  t5ft4. 
U  quitta  cette  pofiilMn  pour  la  place  dé  matre 
de  recelé  deTryleg^,  près  de  llonniout*>.  It  liit 
cboisi  en  1»94  pour  maître  de  Téc^e*  libre, 
fondée  à  Warwick  par  Henri  Vlîft.  SofI  pa- 
reese,  soH  imprévoyance^  il  vécut  toetfours  dans 
le  gftnoi.  U  ftvait  lieu  de  compter  sur  la  suoces- 
sion  de  son  oncle;  mais  il  ealiéoa  ee  parent»  qii 


lOM 


OWEN  —  OWtlN-GORO.XWY 


»006 


éî9iî  boa  catMIqDe,  f9x  ime  épigramniQ  eontre 
la  sknoate  il**  I»  oour  4» Rome;  ce  fulasMs pour 
1^  IMre  ëM^éiHer.  Tom  celle  épigraiiun»,  qui 
eoâU  au  poète  bM«eo«p  plus  ^'eHe  ■•  ?aUik  : 

Att  fuertt  PetriM  Rom»  tub  jutftce  lU  e«t  ^ 
Slnion«H  Bons  aemo  ful»t«  b^M 

(St  Pierre  alla  à  Rome  est  un  point  que  Ton  dfs- 
4;ute  encore.  —  Que  Simon  soit  allé  à  Rome,  nul 
Q«  le  nie). 

Owen  éprouva  souvent  la  bienveillance  de  son 
parent  et  compatriote  Wltbam,  évèque  de  Lin- 
cohi,  garde'du  grand  sceau,  lequel,  après  Tavotr 
soutenu  pendant  sa  vie,  lui  éleva  après  sa  mort 
un  mommient  dans  la  cathédrale  de  Saint-Paul. 
On  a  d*Owen  un  recoeil  d'épigrammes  imitées 
de  Martial  et  qui  en  ont  souvent  l'esprit  et  quel* 
<|ueroÎ8  la  licence.  Les  trots  premiers  livres  des 
épfgrammea  d*Owen  parurent  en  1606 ,  et  Airent 
augmentés  de  sept  autres  livres  dans  les  éditions 
suiiEantes.  Les  EUeviers  en  donnèrent  deux  édi- 
tions complètes;  Lejde,  1628,  in  24  ;  Amsterdam, 
1647,in-i2;  unede«  pîusiolies  éditions  est  celle 
4]eRenonard ,  Paris,  1794,  in- 18.  Quant  aux  tra- 
ductions et  imitations  en  anglais  et  en  français, 
«Ues  ne  méritent  pas  d'être  mentionnées.    Z. 

Athenae  Oxonient^s,  t  t.  -^BioçraphUi  britanntea.  — 
Banet,  Jugement»  éê»  mmniI».  -  Rtoero»,  vol.  IVI. 

OWBN  (  Thom*n  >,  Juriste  angtoia ,  mort  en 
décembre  1598. 11  Tut  avocat  de  la  reine  et  >Nge 
à  la  cour  des  plaids  oommans.  Sa  greade  repu- 
tatioB  de  magistral  intègre  et  de  proteelMr  de» 
lettres  hû  valut  l'honneur  d^re  enterré  dam 
TablMiye  de  Westmfnster.  Il  a  laissé  un  reeuei 
intitulé  Reports  in  the  King's  ëench  and  c(mh 
moft  pîeas  { Londres,  t6&6,  in-fèl.  >. 

owBfi  {l9wi$)^  tbéologicii  angfoia,  né  en  1579, 
dans  le  comté'  de  Merieaetb.  Après  avoir 
passé  quelque  temptf  chet  les  JéeuMes  d*Espagm, 
il  rentra  dans  le  monde,  et  cette  société  n*eat 
f>as  à  cette  époqne  dymwnrf  plus  aehanié  que 
lui,  comme  on  le  Toit  par  les  titres  de  ses  oo- 
▼ra^^  :  Thê  Running  refMer^  retorà^np  « 
trtie  relation  of  the  ttttêe  ^  %h^  enfUsk  coê" 
iegesf  seminarifs ,  tmé  e(ofs00rs  tif  ait  Je- 
rtign  parts  ;  Londres,  t6M  ;on  a  inséré  les  pins 
curieux  passages  dans  Hmhtuîtfy  t.  1,  p.  141  ; 
—  The  unmasking  o/  aU  pôpisk  mwnkSt  firian 
and  jesnits;  ibid.,  1628,  l»4*;^  S^octr/tn» 
jestttti€um,  ùr  ihejesuifs  lookfng  (^Aarv/'ibid , 
1629,  in-i'*f  et  dans  EuropœSpecwiumétMvfUFê 
Sandys. 

Chatm^Ti,  Centrai  biôçrapk,  Dtct. 

owBir  (John  ),  théologien  anglais,  né  m  1616, 
à  Stadham  (  eomié  d'Oxford  ),  nnort  le  24  ao#t 
1683,  à  Eallng.  It  prit  ses  degrés  à  Oxford  et  j 
reçut  les  ordres.  Lorsqne  les  trouble»  éelatèvent, 
il  se  déclara  avec  ehateur  partisan  do  parUement, 
et  prêclia  contre  les  évèques  et  contre  tes  céM- 
monies  qtt*H  regardait  comme  nn  reste  de  su- 
perstition de  fl^.gKse  romaine.  Après  avoir  ad- 
ministré les  paroisses  de  Fordbam  et  de  Gog* 


gei4iall,  situéet  dans  le  comté  d'Esaex,  il  suivit 
l*armee  en  Éeasse  (1050),  fnt  feil  dovan  de  l>- 
gtiae  du  Glirist  à  Oxford ,  puis  vioe-chanoctteff 
de  l^niifcrsilé  (I6fti)»  et  la  représenta'en  1654 
à  la  chamàra  des  communes,  tors  du  rétablis- 
sèment  de  Charles  11,  il  rentra  dans  la  vie  pci* 
vée  et  se  joignit  aux  non  «conformistes.  Owen 
jouit  d*uae  grande  inihience  80u«  It  république  : 
il  le  devait  à  U  dignité  de  son  caractère ,  è  sa 
modération  et  à  l'etendun  de  ses  connaissances. 
Ses  écrits  sont  très-nombrenx  ;  nous  citerons  les 
pKts  remarquables  :  Sa  lia  etêoterunk  Battrais 
JesUf  or  the  death  ^deatk  en  tké  death  ef 
Christ;  Londres,  1643;  —  ^Findteia;  Evange- 
Hex;  ibid.,  1656,  en  réponse  à  Diddle  et  anx 
tendances  sociniennes;  —  De  natura,  ûrtu, 
progressu  et  studio  verse  théologie;  il^d., 
ÎMI,  iU'é*  ; -^  BxposiHon  upon  theepisiieto 
the  Uebrews;  ibid.,  2a  édit.,  1664,  4  vol. 
in-fol.;  —  Dticovrse  eoncemHtg  the  Mofg 
Spirit;  ibid.,  1674;  ^On  ihe  doctrine ^f  jus- 
tification bff  fait  h;  HMd.,  t677.  Qnelqvea  roo« 
ments  avant  de  mourir,  il  fit ,  dit-on ,  porter 
à  nmprimerie  sei  dernières  Pensées  sur  ta 
gloire  du  Christ. 

Lifit  ^J.  Owmii  iTlt,  Itt-S*.  -  WtbM»  MUt,  oféis^ 
têrtimg  elmnke$. 

OWBB  {Benrg)^  savant  eecléslastiqne  an* 
glais,  né  en  t716«  près  Dolgelly  (  comté  de  Me- 
rioneth),  mort  le  14  octobre  1795,  ^Londres.  U 
abandonna  Tétude  des  mathématiques  pour  se 
livrer  à  eelle  de  la  médecine;  reçu  docteur  en 
1753,  H  pratiqua  pendant  trots  ans,  et  embrassa 
en  dernier  lieu  la  carrière  ecclésiastique.  11  eut 
quelques  bénéfloes,  cetof  entre  autres  de  Saint- 
Olaf  à  Londres.  On  a  do  lui  Uartnonéa  trigo* 
nometrica;  Londres,  t746v  in-t°,  en  anglais; 
—  Ohsereatioms  on  the  pospets;  ihid.,  i764, 
in-a^;  '—  The  intent  smd  proprieig  of  the 
Scriptttre  miroetisconsidered  amd  esplaineé; 
ibM.,1773,  »vol.  i»«*;-*-Cri<4raSa€ni;  1774» 
io>8* ,  «vee  ud  supplément  publié  l'année  s»- 
vante;— CrMiCtt/  dis^isitiens;  1784, ii^»;^ 
yiccotm/Ms^orieaiaMd  erit^cmttffthe  Sêptua^ 
gént  version  of  ihe  (Mtf  J^lamnAl;  17117, 
in-g».  H  aaosai  éditéiaAraiNim^tftta  deRow- 
land,  en  1766. 

Son  firère,  Edward  Ow»,  mort  en  1607, 
fpt  recteur  d»  Wartinglon  dans  le  Lancaslwre, 
et  composa  en  vers  angleia  une  traduction  des 
Smttres  de  Invénal  (1766,  2  vol.  in-12>. 
Cb>liB«rt,  Gmiermi  OtêgnÊpM.  Dtct, 

owm-sMHMHWT,  poête  galloio,  né  en  172t, 
mort  à  Saint- André  (  Virginie  ).  Sa  famille  étant 
trop  pauvre  pour  lui  faire  achever  ses  éludes , 
tm  étranger,  qui  avait  remarqué  son  inlelligenee, 
le  Ht  entrer  à  I\miver8ité  d*Oxford  en  se  char- 
geant des  fraîn.  Entré  é&mt  tet  ordres  en  174.5, 
il  tint  école  à  EfonbigCon ,  à  Wallon,  à  Londres, 
à  Iforthlton  (;Middlesex).  Il  aeeepta  en  17»7  la 
cnre  de  Saint-André  en  Virginie.  Marié  vers  1741, 
il  enl  plnsfenrs  enfants,  et  passa  nne  grande  par* 


lOOr  OWEN-GORONWY  —  OWEN 

tie  d«  8a  vie  dans  la  misère.  Il  connaissait  par- 
faitement les  langues  anciennes.  Ses  poésies  en 
langue  gaéiiqae  (Odes  morales  et  religieuses. 
Poème  sur  le  jour  du  jugement.  Sur  la  Pour- 
suite du  bonheur^  etc.)  sont  des  modèles  du 
genre.  Il  fit  aussi  des  yers  latins.     A.  H— t. 

Blttgltj,  Excursiout  in'O  IfortA  f^alet. 

OWBH  (John),  fondateur  de  la  Société  bi- 
blique, né  en  1765,  à  Londres,  mort  le  26  sep- 
tembre 1822,  k  Ramsgate.  Kn  sortant  de  i'uni- 
Tersité  de  Cambridge,  on  il  avait  fait  ses  cours 
de  tbéologîe ,  il  parcourut,  avec  un  jeune  bomme 
confié  à  ses  soms,  plusieurs  contrées  de  FEu- 
rope.  En  1793  il  entra  dans  les  ordres  et  s'a- 
donna avec  quelqtft  succès  à  la  prédication;  à 
la  même  date  il  fut  chargé  par  TéTéque  Porteus 
de  la  paroisse  de  Fulbam,  qu'il  desservit  jusqu'en 
1808,  et  depuis  il  remplit  les  fonctions  de  son 
ministère  dans  la  chapelle  du  parc  de  Cbelsea. 
Lors  de  la  première  assemblée  de  la  Société  bi- 
bUque  (7  mars  1804),  il  exposa  les  motifs  et  le 
plan  d'une  association,dont  lui-même  était  loin  de 
prévoiries  développements;  il  en  rédigea  les  rè- 
glen^ents  et  en  devint  le  principal  secrétaire. 
En  1818,  Owen  visita  la  France  et  la  Suisse 
pour  encourager  les  sociétés  bibliques  qui  s'y 
étaient  établis.  Ses  principaux  écrits  sont  :  Tra- 
vels  into  dij/erent  parts  ofBurope;  Londres, 
1796,  2  vol.  in-S*";^  JAe  Christian  monitor; 
ibid.,  1779,  1808,  in-8*';  —  The  Jashionable 
world  displayed;  ibid.,  1604,  in-12;  --.  His- 
tory  of  the  Briiish  and  foreign  Bible  So- 
ciety; ibid.,  1816-1820,  3  vol.  in-4<';  trad.  en 
français  (Paris,  1819,  2  yol.  in-4''). 

W.  Onne,  Memoirsof  the  Ufe  of  J,  Owen;  Lond:,  1810, 
In-S".  —  LaHoa-Ladebat,  ÉU>çe  de  J.  Owen,  daos  le 
IV*  rapport  de  ta  Soo.  bU>L  protestante  de  Parla  (  avril 
18»).  -  Mabal,  jinmuare  néeroi.,  l8fS. 

OWEN  (  Robert),  célèbre  réformateur  anglais, 
né  en  1771,  à  Newtown  (comté  de  Montgom- 
mery  ),  où  11  mourut,  le  17  novembre  1858.  Ses 
parents  étaient  pauvres,  mais  ils  le  mirent  ce- 
pendant à  même  d'acquérir  assez  d'édueaUon 
pour  quUI  pût  être  employé  jusqu'à  l'âge  de 
quatorze  ans  comme  sous-roattre  dans  l'éeole 
élémentaire  de  sa  ville  natale.  Après  ayoir  été 
ensuite  simple  commis  drapier  à  Newtown  et  à 
Stamford,  il  se  procura  un  emploi  à  Londres,  où 
son  habileté  pour  les  affaires  ne  tarda  pas  à  le 
faire  distinguer.  A  dix-huit  ans,  il  devint  l'associé 
d'un  filateur  de  Manchester  avec  lequel  il  entre- 
prit quelques  spéculations  qui  lui  réussirent 
parfaitement.  Un  manufacturier  de  Glascow, 
David  Date,  qui  devint  en  1801  son  beau-père, 
avait  créé,  en  1784.  près  Lanark,  sur  les  bords 
de  la  Clyde,  une  filature  de  coton.  Il  la  céd^  à 
Owen  au  moment  où»  tout  à  fait  tombée,  elle 
n'était  plus  qu'un  centre  de  désordre  et  d'immo- 
ralité. Les  soins  incessants  du  nouTeau  proprié- 
taire, son  administratbn  toute  paternelle  firent 
rapidement  changer  cet  état  de  choses.  La  pe- 
tite colonie  établie  à  Lanark  prospéra  an  point 
de  Tue  industriel  et  moral,  et  les  bénéfices  de* 


1008 

ses  propriétaires  s'élevèrent  à  plosieurs  millioiis. 
Une  école  d'enfants  qu^Owen  y  fonda,  et  de  la- 
quelle il  exclut  toute  idée  de  récompenses  et  de 
peines,  lui  inspira  tout  an  système  d'édoeatk» 
qui  donna  à  Lanark  une  célébrité  eoropéeaoe. 
Des  personnages  du  plus  haut  rang  et  da  plus 
grand  mérite  la  visitaient  chaque  année.  Les 
enfants  réunis  dans  cette  école  atteignirent  le 
nombre  de  six  cents  ;  mais  comme  c'était  là  moins 
une  association  philosophique  qu'une  spécnlatioa 
privée,  Oweo,  pour  mieux  propager  son  système, 
publia  en  1812  ses  Nouveaux  aperçus  de  la 
société,  ou  essais  sur  la  formation  du  carae- 
tare  de  Vhomme  (New  view  of  society,  or  es- 
says  on  the  formation  of  human  character;  Lui»- 
don,  1812,  in-8").  Daos  ce  livre,  qui  affecte  une 
forme  scientifique,  Owen  développa  la  théorie 
d'un  communisme  modifié.  Les  encouragements 
qu'il  reçut  du  cabinet  anglais  et  de  quelques 
souverains,  les  suffrages  des  classes  riches  oo 
populaires  excitèrent  chez  lui  une  sorte  d'en- 
t&ousiasme,  et,  se  croyant  fermement  appelé  à 
régénérer  les  hommes,  il  alla  jusqu'à  se  procla- 
mer lejavori  de  l'univers.  Il  faut  oependuC 
lui  rendre  cetteJusUce,  c'est  que  loin  de  profiter 
pour  lui-même  de  cet  engouement  général ,  il 
consacra  plus  d'un  million  de  francs  à  la  propa- 
gation de  sa  doctrine.  Brochures,  discours,  ar- 
ticles dans  les  journaux,  écrits  de  toutes  sortes, 
tout  lui  parut  convenable.  11  aida  aussi  à  réta- 
blissement des  écoles  d'enseignement  mutuel,  et 
afin  d'obTier  à  la  misère,  toii^ours  croissante,  des 
traTailleurs,  il  proposa  de  substituer  pea  à  pea 
aox  grands  centres  manufacturiers  de  petits 
bouiigs  industriels  et  agricoles  dirige  d'après 
ses  propres  vues.  Le  mauvais  accueil  que  le 
clergé  anglican  fit  à  son  système  détermina  Owen 
à  se  rendre,  en  1823,  aux  États-Unis,  où  il  achète 
un  domaine  considérable  situé  dans  l'Etat  d'In- 
diana,  sur  les  bords  du  Wabash.  Il  y  fonda  un 
établissement  qu'il  nomma  Nouvelle- Barmonie 
(New  Harmony),  et  pour  attirer  la  population 
adressa  un  triple  appel  au  talent,  au  capîlal  et 
au  travail.    Le  réformateur  français  Charies 
Fonrier  employa  cette  même  formule ,  tout  en 
déclarant  que  le  système  d'Owen  n'était  ipi'un 
véritable  charlatanisme.  La  colonie  nouvelle  fut 
loin  d'obtenir  le  sort  prospère  de  Lanark  ;  en 
grande  partie  composée  de  vagabonds  et  d'avoi- 
turiers  de  toutes  les  nations,  elle  tomba  rapide- 
ment comme  la  plupart  des  utopies  rêvées  par 
nos  socialistes  modernes,  et  son  fondateur  dut, 
en  1827,  se  rembarquer  pour  l'Angleterre,  à  peu 
près  ruiné,  et  après  avoir  vu  sa  proposition  de 
coloniser  le  Texas  rejetée  par  le  gooTeroeroent 
mexicain.  Un  pareil  essai  fut  tenté  par  lui  à  Or- 
biston,  paroisse  de  Bothwel,  comté  de  Lanark, 
et  ne  fut  pas  plus  heureux.  Le  même  sort  frappa 
une  colonie  semblable  tentée  à  Titherley,  dans 
le  Hampshire.  Malgré  tous  ses  insuccès,  Owen 
ne  perdit  rien  de  sa  prodigieuse  activité,  et  con- 
tinua ses  cours  de  propagande  sod&le.  Long- 


1009 


OWEN  —  OXENSTIERNA 


lOlO 


tempe  à  Londres,  il  présida  des  réonioiu  heb- 
domadaires, et  un  grand  nombre  de  meetings, 
où  il  prononça  pins  de  mille  discours.  II  écrivit 
plus  de  deux  mille  articles  de  journaux,  et  entre- 
prit de  nombreux  Toyages,  dont  quelques-uns 
en  France,  où  son  régime  rationnel  n'obtint 
pas  môme  un  succès  de  curiosité.  Une  banque 
d'échange,  qu'il  avait  contribué  à  fonder,  fit  fail- 
lite enl  832,  et  compromit  les  restes  de  sa  fortune. 
Une  audience  qu'Owen  obtint  en  1840  de  la 
reine  Victoria,  par  Tentremise  de  lord  Melbourne, 
provoqua  contre  lui,  au  sein  de  la  chambre  des 
lords,  les  discours  les  plus  outrageants.  Après 
avoir  échoué  en  1847  aux  élections  parlemen- 
taires de  Londres,  il  s'empressa  de  profiter  de 
la  révolution  de  février  1848,  pour  passer  en 
France  et  essayer  de  rallier  à  son  système,  que 
tant  de  chutes  avaient  condamné,  le  gouverne- 
ment provisoire  ou  quelqu'un  des  partis  socia- 
listes ;  mais  il  ne  parvint  pas  à  faire  entendre  sa 
voix.  Nous  n'essayerons  pas  de  donner  une  liste 
même  approximative  des  écrits  de  Robert  Owen, 
qui  mourut  à  peu  près  oublié  :  elle  est  presque 
impossible; mais  nous  rappellerons  cependant: 
The  hook  of  the  new  moral  world  (  Le  Livre  du 
nouveau  monde  moral),  où  il  fait  l'exposition 
dogmatique  de  tout  son  système.  L'un  de  ses 
fils,  Bohert  Date  Owbn,  né  à  Lanark,  en  1803, 
et  mort  en  1861,  avait  été,  en  1853,  nommé 
chargé  d'affaires  des  États-Unis  à  Naples.  H.  F. 

L.  Aeybaad .  Études  sur  la  réformateurs  contempor., 
t  L  —  Vapereaa ,  Dict.  des  eontemp,  —  The  sngUsh 
eifclopcedia. 

lovnoi  (Richard),  célèbre  naturaliste  an- 
glais, né  à  Lancastré,  en  t804. 11  commeoça  ses 
étndes,  en  1834,  à  Edimbourg,  et  les  acheva  à 
Londres,  où  il  devint,  en  1826,  membre  du  col- 
lège des  chirurgiens.  Il  entreprit  alors  de  com- 
pléter et  de  cataloguer  le  célèbre  musée  de 
Hunter,  tftché  qui  l'occupa  pendant  trente  ans. 
Ce  travail  lui  suggéra  des  idées  neuves  sur  la 
forme  et  la  structure  des  animaux,  en  partie 
consignées  dans  les  mémoires  des  Sociétés  zoo- 
logique et  géologique  de  Londres,  le  Magazine 
of  natural  history^  le  Cyclopœdia  of  ana- 
tomy  and  physiology^  et  les  Reports  of  the 
British  Associaiion.  L'anatomie  de  l'orang-ou- 
tang, du  chimpanzé,  des  marsupiaux,  des  éden- 
tés  comparés  aux  espèces  antédiluviennes,  du 
diornis  de  la  Nouvelle-HoUande,  des  reptiles, 
des  poissons,  des  mollusques  (céphalopodes  et 
brachiopodes) ,  etc.,  fixa  particulièrement  son 
attention.  M.  Owen  fit  l'un  des  premiers  servir  le 
microscope  à  l'étude  des  tissus  animaux,  et  con- 
tribua à  la  fondation  de  la  Société  microscopique. 
II  succéda,  en  1836,  au  Collège  des  chirurgiens, 
à  Charles  Bell  dans  la  chaire  de  physiologie  et  d'à- 
natomie.  Ses  leçons  embrassaient  tout  le  règne 
animal  ;  celles  qui  avaient  pour  objet  les  animaux 
invertébrés  et  les  poissons  ont  été  publiées  sous  le 
titre  de  Lectures  on  comparative  anatomy,  dont 
nne  2«  édit.  parut  en  1863.  La  paléontologie  lui 


I  doit  aussi  de  notables  progrès.  Cest  pour  com- 
bler les  lacunes  que  présente  la  classification 
des  animaux  actuels,  qu'il  résolut  d'étudier  à 
fond  les  espèces  éteintes.  Suivant  les  traces  de 
Cuvier,  il  reconnut,  entre  autres,  dans  les  em- 
preintes du  Cheirotherium,  remarquées  sur  le 
grès  rouge,  un  batracien  gigantesque.  Le  résultat 
de  l'examen  de  deux  édentés  gigantesques  de  l'A- 
mérique parut  sous  le  titre:  Description  o/the 
skeleton  of  an  çigantie  sloth  (mylodon  ro' 
bustus  ),  with  observations  on  the  osteology, 
natural  af/lnities  of  the  megatheroid  ani' 
mais  in  gênerai;  Londres,  1842.  Membre  de 
presque  toutes  les  sociétés  savantes,  il  dirige  le 
département  d'histoire  naturelle  au  Musée  bri- 
tannique. Parmi  ses  travaux,  aussi  estimés  que 
nombreux,  nous  citerons  encore  :  Odontogra" 
phy  (Sur  la  structure  microscopique  des  dents)  ; 
1840^  2  vol.;  —  History  of  british  fossil 
mammals  and  birds;  1846,  in-8*;  ^  History 
of  british  fotsil  reptiles;  1849-1851,  in-4*; 
—  Lectures  on  the  comparative  anatomy  of 
the  invertebrate  animais;  1843,  in-8*';  —  Id. 
0/  the  vertebrate  animais;  1846;  —  On  the 
archétype  and  homologies  of  the  vertebrate 
skeleton  ;  on  y  trouve  un  examen  approfondi 
de  l'idée  d'Oken  sur  le  développement  de  la 
vertèbre  comme  type  des  vertébrés  ;  1 848  ;  ^ 
On  parthenogenesis ,  or  the  successive  pro^ 
duetion  of  précreative  individuals  from  a 
single  ovum;  1849.  M.  Owen,  qu'on  a  sur- 
nommé le  Newton  de  Vhistoire  naturelle^  a 
adopté,  avec  de  légères  modifications,  les  vues  de 
l'illustre  Geoffroy  Saint-Hilaire  sur  l'unité  de 
composition  organique. 

English  cyeloptedia  {  btograpby  \. 

OWOIf.  Voy.ÂBk. 

oxBifSTiBiiNA,  une  des  plus  anciennes  fa- 
milles suédoises,  qu'on  fait  remonter  au  lagman 
Thargny,  qui  vivait  sous  OlafSkotkonung.  Le  fils 
de  Tamiral  Gabriel  Oxenstiema  (mort  en  1585) 
contribua  au  détrônement  du  roi  Sigismond.  De 
sa  femme,  Barbe  Bielke,  il  eut  Gabriel  (mort  en 
1640),  qui  fut  drost  du  royaume,  et  Axel,  dont 
l'article  suit. 

oxBSSTiBaRÂ  (Axel)y  célèbre  homme  d'É- 
tat suédois ,  né  à  Fanœ,  le  16  Juin  1583,  mort  à 
Stockholm,  le  28  aofit  1654.  Élevé  d'abord  pour 
l'Église,  sous  la  direction  de  Rothovius,  plus  tard 
évéque  d'Abœ,  il  étudia  à  léna  et  à  'Wittemberg 
la  théologie  ainsi  que  le  droit  public  et  privé. 
£n  1603 ,  il  fut  rappelé ,  comme  tous  les  jeunes 
nobles  qui  se  trouvaient  à  l'étranger,  à  la  cour 
du  roi  Charles  IX ,  qui,  appréciant  bientôt  ses 
facultés  éminentes ,  le  chargea  de  plusieurs  mis* 
sions  diplomatiques  et  le  nomma  sénateur  en 
1609.  Dans  son  testament  Charles  le  mit  au 
nombre  des  six  tuteurs  de  son  jeune  fils  Gus- 
tave-Adolphe; mais  à  la  diète  de  NykOping 
(1611)  Oxenstiema  contribua  à  ce  que  Gustave 
fût  immédiatement  déclaré  majeur.  En  récom- 
pense, il  fut  aussitôt  nommé  chancelier  do 


1011 


OXENSÏiERNA 


1619 


«0]f4iune,  ffoctioftqu'H  retoiplik  jusqu'à  s»  mort, 
«v«c  k  plus  grMd  éclat  Dès  lo»  une  tendre 
«initiié,  i^i  ne  m  démentit  jaioais»  unit  Gustave  et 
«on  sûnititre,  dooi  le  fiang^&oid  teopérait  heu- 
reusement.  le  careiière  bouilUiU  du  roi ,  et  mh 
4|uel  une  |kart  uttVable  4e  le  glnire  de  ce  rèigM 
dett  Atre  «ttrOwée.  «  €eqiieSaUy  (ut  àliuin  IV, 
dit  avec  raison  Lowlblnd,  Oaeostterna  VéUH 
à  Gu&Uf e-AdAl(ilK.  U)  rai  ne  furmait  pas  de 
|Nt>jet  «yi'il  ne  oooiiBMniquAt  à  soa  mioistce, 
dans  lequel  il  avait  souvent  plus  de  ooefianca 
^u'en  lui-uAne^  »Dèi  l'abord  Oibenstteian  Teio- 
porta  dans  les  oonseiU  do  roi  sor  iean  Skytt*s 
ancieo  précepteur  de  GustAf  e  et  cbef  du  parti 
démocratique;  il  fit  rendre  à  U  noblesse  1ns  pri- 
Tiléges<fui  lui  avaient  lUé  eiiLev«&  sons  le  r^fn^ 
préoédeuL  11  entreprit  de  remédiera  la  misère  du 
pays,  qui  Tobligea  à  signer  (!&  ianvier  IQI^ 
4ve&  le  Pauemark  un  traité  onéreux  pour  la 
Suàde.  Il  Teiiia  k  l'exercice  séi ère  de  la  justice, 
souvent  troublée  au  milieu  des  ora^  politiques 
des  années  précédentes»  Ayant  ainsi  rélabli  dans 
le;  pays  le  repos  et  quelque  prospérité*  il  négocia 
en  1617  une  paix  glorieuse  avec  la  Russie.  Il 
parvint»  aidé  par  la  reine  mère  »  à  erap{icber  le 
roi  d*épouser  la  belle  £bba  Brahe»  et  réussit 
ensuite,  malgré  lieaueoupd'inllueucee  contraires, 
à  conclure  le  mariage  de  Gustave  avec  la  prin- 
cesse Marie-Éléonore  de  firaodebourg.  En  1621, 
après  le  départ  du  roi  pour  la  guerre  de  Po- 
logne, il  fut  chargé  de  radministralion,  qu'il 
conduisit  avec  autant  d'énergie  que  d'habileté  et 
de  sollicitude  pour  le  bien  général.  Le  IG  sep- 
tembre IG'29  il  signa  avec  les  Polonais,  après  de 
longs  pourparlers,  une  trêve  de  six  ans  à  des 
conditions  très-favorables.  Désireux  de  voir  son 
maître  devenir  l'arbitre  de  tout  le  nord  de  l'Eu- 
rope, Il  lutta  pendant  quelque  temps  contre  le 
projet  du  roi  de  venir  au  secours  «les  protes- 
tants de  lïmpire,  prêts  à  être  écrasés  par  Les 
armes  de  Ferdinand  II  ;  nnats  une  fuis  qgll  cou* 
nut  la  fenne  résoIuUoo  de  Gustave,  il  mit  à  le 
seconder  toute  son  activité  dévorante ,  et  lui 
pruiura  les  troupes  et  l'argent  nécessaires  pour 
tenter  cette  dangereuse  entreprise,  tn  16a2  il 
quiita  la  Prusse,  qu'il  venait  de  gouverner  pen- 
dant quatre  ans  ainsi  que  les  autres  contrée^ 
conquises  sur  le»  Polonais ,  et  vint  rejoindre  en 
Allemagne  le  roi  victorieux.  Il  eut  à  conduire  lei 
négociations  nombreuses  et  compliquées  avec 
les  princes  de  ce  pays  et  les  ambassadeurs  étran- 
gers ;  il  prit  aassl  part  i  plusietirs  opérabons 
militaires,  et  contrfboa  entre  autres  à  la  délî- 
france  dé  Nuremberg. 

Survint  la  mort  du  roi.  Un  moment  accablé, 
Oxenstieraa  décida  de  continuer  avec  énergie 
l'œuvre  commencée,  dont  il  prit  en  main  la  dî- 
vection,  malgré  le  mauvais  vouloir  que  Télec- 
te«r  de  Saxe  et  plusieurs  autres  princes  protes- 
tants montrèrent  ouvertement  contre  ta  Suède. 
Il  envoya  à  Stockholm  le  testament  qu'il  avait 
rédigé  par  ordre  do  roi,  mais  que  celui-d  n'a- 


vait pan  eo  kl  temps  da  ratifier  par  sa  et|piaiiuc, 
ce  qui  n'empèciia  pas  Ins  étaU.de  conslituer  le 
gouvememnâi  selon   la  tenenr  de  cet  ncsio. 
dont  on  a  rois  en  doute  l'anUbenticité.  i*atinfc»> 
eratie  devint  entièrement  prépoodei^Ue;  r^mi- 
watialion  pendant  U  minorité  de  Chiistine  fui 
confiée  à  cinq  tnleurt.  Oxenatiema,  l'un  d'eux^ 
tmil  en  gardant  une  part  onosidérahie  dan*  H 
{aanvernenBent  k  l'iatérienr,  reçut  pleîA  pouwmr 
pour  la  poursuite  de  la  guerre.  Sa  tûn  éUii 
dea  plus  diflkiks.  Il  décida,  H  est  vrai,  le»  ^éy»- 
léa  des  cereiea  de  Sooabe,  da  Franconie  nt  da 
Uùn,  réunis  ^  Ueilbronn,  en  mars  1621,  à  ioî 
cwUier  la  direction  des  opérations  miiitaîre&; 
mais  kki  diamaodede  TamlKiâsadi  ur  français  Feu- 
quièren,  on  lui  adjoignit  un  conseil  de  onxemem- 
bre«,doat  U  devait  deoauider  i'avis«  Po«r  étntiiir 
son  autorité,  si  nécessaire  au  milieu  des  dinsea- 
timanta  graves  entre  les  généraux  suédoin  el 
allemands,  Oxen^tiema  fut  obligé  de  distriboer  en 
dotations  aux  officiers  mécontents  presque^toulcn 
les  possessions  conquises  sur  l'ennemL  S'il  ache- 
tait ainsi  la  docilité,  entre  autres  du  duc  Bernard 
de  SaxeWeimar,,  qui  reçut  le  duché  dn  Frnn- 
coiiie ,  il  se  créait  d'un  autre  côté  des  ennemis 
par  sa  hauteur,  parfois  blessante.  Wallenntein 
aurait  pu  profiter  de  tous  oes  tiraillemeiits  et 
frapper  un  grand  coup  ;  mais»  dégvAté  dès  lora 
du  servica  de  l'empereur,  il  ne  songeait  cyi'k 
ménager  les  Siié<iois,  et  il  se  mit  ànégooier  pour 
son  compte  avec  Oxenstierna;  mats  celui-d  D*eot 
aucune  confiance  dans  les  ouvertures  du  doc  de 
Friediand.  «  Qui  trahit  son  t>ays,  dit-il  à  ce  SU|Kt« 
trahira  tout  le  monde.  »  Les  pourparlers  n'abou- 
tirent pas.  Commença  l'année  1634,  qui  derait 
poi  ter  au  comble  les  embarras  d'Oxeostiema.  La 
raaiveillaucecroissaulede  a  Saxe,  la  rivalité  entra 
le  duc  de  Weimar  et  Horn  et  autres  circons- 
tances fâcheuses  amenèreat  la  perte  de  Ratxs- 
bonne  et  la  défaite  de  INordtingue.  Le  chancelier 
essaya  de  faire  face  è  Torage  ^  mais,  voyant  ses  ef- 
forts rendus  inutiles  par  la  jaloui^ie  des  Allemands 
excitée  encore  par  le.  cabinet  français,  il  reiuit 
la  conduite  de  la  guerre  au  duc  Bernard»  et  se 
décida  contre  son  gré  à  négoder  une  alliance  pins 
intime  avec  la  cour  de  France,  auprès  de  laquelle 
it  envoya, au  commencement  de  163S.  le  oeièbre 
Hugo  Grotius  (  voy.  ce  nom  ).  11  vint  peu  de 
temps  après  lul-mème  à  Paris,  et  régla  les  condî- 
tlons  d'un  nouveau    traité  contre  l'empereur. 
Maïs  de  retour  en  Allemague,  it  ne  se  liâta  |»as  d« 
le  faire  ratifier,  voyant  l'optoion  publique    en 
Suède  se  prononcer  en  faveur  de  la  paix,  sur- 
tout depuis  ladéf^tionde  la  Saxe.  Cependant  à 
la  nouvelle  des  conditions  humiliantes  que  lai 
offrait  Ferdinand,  il  courut  à  Magdeliourg,  pour 
relever  le  courage  de  l'armée  suédoise-,  mais  il 
la  trouva  en  pleine  mutinerie,  à  cause  des  retards 
apportés  au  payement  de  la  solde,  et  fut  &ur  le 
point  d^ètre  retenu  prisonnier.  Lorsque  la  ré- 
volte eut  été  apaisée  par  Baner,  il  assura  par 
des  mesures  rapides  les  conununications  avec  In 


1013 


OXENSilLaNA 


1014 


),  ^  aTaicot  été  sur  le  p9kÀ  d*êtfe  eoa- 
pées  par  1^  dluos  de  Luoeboitrg  et  de  Meckiem* 
boor^,  et  it  fît  mettre  la  Peméraaie  es  état  de 
rêskl^c  à  ralta<|iie  qne  préparait  réteeteor  de 
Braadebourg.  Il  ae  parvial  à  reoea^eler  ta  trêve 
»Tec  la  Polu^ae  qtt*ea  reêlMMat  les  conqvdtes 
i&Het  en  Prusse  ;  mais  il  oirtint  de  meillewee 
eoodilioiw  daD&  le  trailé  passé  le  20  mara  f  63« 
av^  Teairoyé  franc aig  Ctîaaiaoal.  Pen  d»  temps 
après,  laissant  k  oornmandeaaeat  mUitaire  à 
Baner,  ^ui  aUait  relewr  la  gtoire  de6  anones 
aaédoises,  et  la  cDodHite  éê»  afCaires^  dlploma- 
tiqHea  à  Salvios  et  k  Beo  Stielke,  il  retonroa  tm 
Suède,  ttù  il  fut  reça  ave»  te  plus  vif  eothoo- 
siasroe.  Daaa  la  première  séaaee  du  sénat  à 
lactnelie  il  tsmià ,  H  exprima  favis  qu'on  ne 
doiiDât  plus  dorénavant  à  un  particulier  des 
pouvoirs  anssi  étendis  ^ue  Taaaieat  été  les  siens, 
parce  qu^l  était  trop  feeile  d'en  aèuser.  En  effet  il 
avait  (aUu  toute  sa  loyauté  pour  résister  aux  iu- 
siiMiatietts  de  Bicl»tieu,(|iii  pour  le  reoike  docile 
à  seji  projets  y  avait  offert  d  amener  par  son  in- 
fluence un  mariage  en&re  la  reme  Clinstiae  et  le 
fils  du  chancelier.  Oiettstierna  apporta  les  plus 
grands  soins  à  Téducatun  de  cette  jeune  pria^ 
cesse,  qnïl  it  eafeever  à  la  reine  laèn»  Marie 
Éléonore,  et  Ini  dama  kH-Baftme  tons  lea  josrs 
des  leçons  de  politiqne  et  de  droit  puMie:  Gar< 
dani  la  hanta  main  dans  le  gouvernement  da 
pa^ ,  il  chercha  Aiéme  par  des  sacritices  impq»< 
ses  à  la  noblesse^  cfii*ii£&vorisaittant,  à  augmentef 
les  ressourcée  linanôères,  afin  d'entretenir  tes 
armées  d^Aiemagne,  qui  avaient  repris  l'avan- 
tage ;  il  négocia  avec  la  France  un  nouveau  traité, 
<pit  ariienn  (I(i40  )  le  conoMirs  actif  des  troupes 
i^aoçaiseac  ¥«  1643  it  fit  en  secret  des  prépa- 
ratifs po^r  venger  las  humilîation<i  que  la  Suède 
avait  depuis  le  aommencftment  du  siècle  éprou- 
vées de  la  part  du  Danemark.  Il  prit  si  hie»  ses 
mesures,  que  les  Danois,  pressés  de  (e«JteA  pafts 
par  tes  arinéea  suédoises,  iavo^rent  bientM  la 
médiatiettée  b  France,  et  sa  résigné? ent  k con- 
céder à  la  Suède  de  très  grands  avantages.  Dons 
l'intervalle,  Christine  avait  été  déclarée  majeure, 
le  6  décembre  1644.  Elle  sa  sentait  impaliente 
de  gouverner  par  eUe-roéme  et  de  secouer  le 
joug  de  son  sévère  mentor.  Aussi  se  mit^eUe  k 
né^Ôiiger  ouvertement  les  conseife»  d'0\enstit'rna 
et  à.  écouter  de  préférence  ceux  de  ses  favoris 
Magnusde  La  Gardie  et  l'aoBbasâi^d^urde  France 
Ckaaut.  Psoitaut  de  la  mésintelUgenae  existant 
e«tr»  les  deux  eavoyés  suédois  au  congrès  d'Os* 
nabrifetck,  iean  Oxeustîeraa»  fits  duchaakselier,  et 
Salvius ,  la*  reine  doaua  a  ce  dernier  des  ins- 
tructions secrètes  pour  hkter  la  coachMMon  de 
la  paix;  cela  était  contraire  à  l'avis  d'Oxens- 
tiema,  qui  «  au  moment  où*  les  troupes  suédoises 
avaient  partout  le  dessus,  deasandait  qu'où  pour- 
suivit avec  énergie  la  victoire.  En  apprenant  ces 
ijiÉrigues,Oxen$tierna,  profondément  blessé,  offrit 
sa  démission  ;  Christine  la  refusa,  n'osant  pas  affi- 
cher k  ce  point  son  peu  d'égards  pour  un  serviteur 


si  déTOUé  et  s»  uoner^aeilemenl  vénéré.  Mais  elle 
n'en  pressa  pas  moins  la  signature  de  lu  paii , 
qui  ne  rapporta  k  la  Suéde  que  des  territoires 
isolés  les  uns  des  autres  et  qu'elle  devait  perdre 
tôt  ou  tard ,  comme  le  prévoyait  le  ellaueeHer. 
Après  que  la  Gardie  fut  tombé  en  diegrAce,  la 
reine  se  rapprocha  d*CK«Mtieroa,  et  lui  montra 
plus  de  défôreuce.  Mais  sur  «»  point  important, 
hi  succession  au  tréue,  elie  heurta  de  front 
toutes  ses  sympathies,  e»  fii«anl  proetauner 
prniee  héréditaire  le  )eune  Charles  C^ustave, 
prîneepalati»,  qu'Onenstiema  détestait  nomme 
étranger.  De  phis,  le  chaucelier  notait  pas  éle^ 
gné  de  ridée  de  fairo  monter  son  fils  Éric  sur  le 
trône,  qn  allait  devenir  vacant  par  suHe  de  IV 
version  de  Christine  pour  I»  mariage,  vainement 
combattue  par  lui  ;  or,  vu  IIMustratiou  de  sa  1^ 
mille  et  les  aotéoédeuts  de  l*histetre  do  Suède, 
ce  désir  ne  témoignait  pas  d'uue  ambitio»  déme- 
surée. L'abdication  de  Christine  vînt  augmenter 
les  chagrins  du  chauceHer,  causés  moins  par  la 
diminution  dit  son  ioffocuee  que  par  les  iôdices 
réitérés  qui  lui  Ynootraient  que  rariatocrafiè 
perdrait  prochainement  sa  haule  position  dans 
le  gouvememeut  du  pays.  Bien  que  le  nouveau 
roi«  Ctiarlcs^Gustavet,  ne  voulût  pas  se  souvenir 
de  i'oppositbtt  qne  hii  avail  faite  le  chanceliar 
et  qu'il  mawtIM  à  ta  tête  des  affaires  oa  minislpe 
htanchi  <*ans  raccoasplissement  scrupuleux  de 
ses  deroirs,  néanmoins  Oxenstiena  un  put 
refouler  sa  douleur  el  mourut  peu  de  temps 
après  le  départ  de  Christine ,  datai  le  nom  étaft 
dans  sa  bouche  k  ses  derniers  moments. 

Parmi  les  actes  de  sou  admiuistratiofe,  il  tant 
citer  les  nombreux  encouragements  qu'il  fit  ae* 
corder  au  commerce,  en  taveur  duquel  il  con* 
chit  plusieurs  traités,  notamment  avec  le  Por* 
tugal,  et  les  mesures  par  lesquelles  il  accordante 
liberté  k  rindustrie.  Ses  vues  élevées  et  fécoudea 
en  matière  d'éronoroie  politique  août  exposéeu 
dans  un  Mémoire  adressé  par  lui  an  sénat  eu 
16^,  et  dont  Toriginal  so  trouve  k  la  hifafiotbèqtM 
d*IJpsal.  Kommé  en  iC4&  chancelier  dur  Pmévien- 
site  de  cette  viUc ,  il  s'kitacha  k  y  fura  fleurir  les 
sciunees  et  les  lettre»,  qu'il  protégea  couetanw 
ment,  témoin  les  cmq  gyaanases  liondés  de  ses 
propres  deniers.  U  était  dTon  rare  désintérea« 
sèment;  jamais  il  ne  prafila  de  êoa  iaflueucs 
toute  puissante  pour  aagwteuéer  sa  fortune  par 
des  moyens  dctournés;  bien  pins,  tas  fortce 
sommes  qull  avan^  à  plusieurs  reprises  pour 
les  besoins  de  FÉtat  furent  prêtées  par  hu  saus 
intérêts.  Simple  et  frugal  dans  son  intérieur,  H 
étalait  dans  les  cas  de  représentation  un  grand 
luxe,  pour  soutenir  Thonnenr  de  sou  pays, 
Conune  négociateur,  il  fiit  k  la  hauteur  des  plus 
célèbres  diplomates  de  son  éfioqiie,  y  compris 
Richelieu;  froid,  réservé,  connaissant  tes  hommes, 
observant  k  fond  les  moindres  détails  des  situa-* 
tiens,  H  conduisait  les  affaires  avec  une  grande 
sttreté  de  coupd'œiJ  ;  il  n'y  a  que  sa  hauteur, 
quelque  peu  excessiru,  quinuiait  parfois  k  ses 


1015 


OXENSTIERNA 


1016 


succès.  Il  se  délassait  du  poids  de  ses  occupa-  |  rapproche  de  ce  portrait  celui  (racé  par  Christine 
-,  .-  .  3-_  _..._,  ..        (dans  ses  W^ifiolre*,  t.  III,  p.  46),  on  aurm 

idée  exacte  des  qualités  de  ce  grand  homme, 
des  plus  beaux  caractères  du  dis-septième 
Oxenstiema  est  l'auteur  du  second  volttine  de 
VHUloria  belli  sueco-gemuiniei  ^  publiée  sous 
le  nom  dé  Cbemnitz,  qui  a  écrit  le  premier.  Oo 
lui  attribue  encore  les  pamphlets  :  De  orcajw 
Àustricicx  domus  et  De  ratione  siaius  /m- 
perii  »  qui  ont  paru  sous  le  pseudonyme  de  Hip- 
polyte  a  Lapide.  Un  morceau  de  Ini  sur  l'his- 
toire de  Pologne  a  été  publié  par  fiange;  Upsal, 
1750,  in-4®.  Son  Journal  a  paru  dans  le  Stoeà- 
holmisches  Magasin,  L  III.  E.  G. 


tioos  par  la  lecture  des  classiques  grecs  et  la 
tins,  de  la  Bible  et  des  Pères  de  TÉglise;  ses 
lettres  à  Grotius  nous  font  juger  de  ses  vastes 
connaissances. 

«  La  taille  de  Oxenstierna  était  un  peu  au- 
dessus  de  la  moyenne,  dit  Fryxell  dans  son 
Histoire,  de  Gustave-Adolphe;  sa  physionomie, 
son  esprit  et  ses  mœurs  avaient  toute  la  gravité 
suédoise;  c'est  le  plus  grand  politique,  le  plus 
grand  administrateur  que  la  Suède  ait  produit. 
Une  perspicacité  extraordinaire ,  un  calme  iné- 
branlable ,  présidaient  à  toutes  ses  détermina- 
tions, qu'il  exécutait  avec  énergie  et  persévérance; 
rien  n'était  remis  au  lendemain  et  encore  moins 
oublié;  cette  activité,  qui  embrassait  tout,  ne  se 
lassait  jamais.  Ses  facultés  sous  ce  rapport 
touchent  au  merveilleux.  Dans  toutes  les  affaires 
importantes,  négociations,  enquêtes,  diètes, 
guerres ,  on  trouve  l'iufluence  de  son  activité , 
de  sa  volonté,  de  sa  loyauté.  Il  n'e^t  pas  une 
seule  branche  de  l'administration  suédoise  qui  ne 
soit  redevable  à  Oxenstiema  de  quelques  amé- 
Uorattons....  Tous  les  deux  ou  trois  jours  il  écri- 
▼ait  au  roi  et  de  sa  main,  de  longues  lettres  sur 
la  situation  du  pays,  les  mouvements  militaires, 
les  n^ociations,  joignant  an  sujet  principal  des 
dissertations  historiques  et  politiques,  des 
comptes  sur  les  revenus  de  l'État,  etc.,  ce  qui 
ne  l'etnpéchait  pas  d'entretenir  une  correspon- 
dance étendue  avec  d'autres  personnes.  La  pos- 
térité est  stupéfaite  de  l'immense  quantité  de 
mémoires  qui  restent  de  sa  main  (1).  Une  acti- 
vité aussi  vaste  aurait  été  impossible  sans  la  sévère 
gravité  d'Oxenstiema,  sans  l'ordre  exact  auquel 
U  soumettait  les  autres  et  lui-même.  Une  santé, 
une  humeur  égales  allégeaient  pour  lui  le  fardeau 

du  travail  et  du  souci U  était  aristocrate 

dans  l'acceptation  la  plus  haute  et  la  plus  noble 
du  mot.  Entièrement  pénétré  des  idées  de  son 
époque,  il  ne  lui  vint  jamais  à  la  pensée  de  dou- 
ter des  droits  de  la  noblesse  à  posséder  exclusi- 
vement les  grandes  cliarges,  à  manier  les  re- 
venus et  le  gouvernement  du  royaume.  Mais  à 
côté  de  ces  droits ,  il  plaçait  des  devoirs  non 
moins  élevés.  Il  demandait  d'abord,  et  avant 
tout,  de  la  supériorité  dans  les  sciences ,  de  Hns- 
tnictioQ  et  se  plaignait  hautement  de  l'éduca- 
tion donnée  aux  nobles,  qui  se  bornait  le  plus  sou- 
vent «  à  la  danse  et  à  l'équitation,  aux  talents  de  la 
vie  de  cour  ».  Il  ne  pouvait  souffrir  d'orgueil 
de  naissance  sans  mérite  personnel,  et  disait  : 
melius  est  elarumfieri  quam  natci.  «  La  no- 
blesse, dans  son  opinion,  ne  devait  redouter  ni 
peines  ni  sacrifices  quand  il  s'agissait  de  la  pa- 
trie; c'était  à  elle  à  donner  l'exemple.  »  Si  l'on 


(I)  Les  archlres  royales  de  Stockholm  possèdent,  en 
sept  Tolaroes  tn-fol.,  les  lettres  écrites  par  Osenatlerna  de 
16S6  à  lest;  une  quantité  encore  bien  plus  considérable 
de  ses  papiers  ^e  trouvent  aax  archives  de  Ridderstolpe 
f*t  de  Falkenbersr.  Sa  Corrupondattce  arec  son  flis  Jean 
(I64t-1649)  a  été  publiée  par  GJOrwelt. 


Undblad,  piutar^ue  tuédM».  -  liaUenbefir.  Ct 
tavt  Âdolphs  UiMtoria.  —  Cbeninlts,  Dellnm  n» 
germanium.  —  Adier&parre,  Historista  Samlimgttr.  — 
P.  Brahe,  7anJceboik.  -  Grotius.  Epittolm.  -  RidieBeii, 
Mémoires.  -  Cbanut,  Mémoires.  —  ArctaenboU,  Mé- 
moires de  Christine.  —  Whltelocke,  tournai  {  Upail, 
1777).  —  rojc,  HoTiog  Bemhard  von  f^etwutr.  —  Feu- 
quléres.  Mémoires.  —  Purrendorf,  £B  rtAuà  «ueoieic  - 
Stieminann,  RHudâgars  ook  motÊta  beshU,  —  G«Ver, 
HisMTe  de  Suéde. 

oxBarsTiBRBiA  (Benoît)^  homme  d'ÉUt 
suédois,  cousin  du  précédent,  né  le  10  jiuliet 
1623,  mort  le  22  juillet  1702.  Après  avoir  assisté 
au  congrès  d'Osnabruck,  il  fut  nommé  gouver- 
neur de  la  haute  Pologne  ;  en  1660  il  fut  un  des 
n^ociateurs  de  la  paix  d'Oliva.  H  devint  séna- 
teur en  1673  ;  il  essaya  mais  en  vain  de  détourner 
le-jeune  roi  Charles  XI  d'une  alliance  avec  la 
France.  Les  défaites  des  armées  suédoises  pfvn- 
vèrent  bientôt  la  sage  prévoyance  de  ses  ooo- 
seils.  Député  en  1677  comme  ministre  piénipo- 
tentiah^  au  congrès  de  Nimègae ,  il  fut  nommé 
en  1681  premier  ministre  et  président  de  la  chan- 
cellerie; il  imprima  à  la  politique  extérieure  un 
caractère  entièrement  pacifique,  et  rétablit  la 
prospérité  du  pays.  Son  inlluence  déclina  à  Ta- 
vénement  de  Charles  XII,  dont  les  étonnantes 
victoires  ne  Téblouirent  pas;  en  1702,  pen  de 
temps  avant  sa  mort,  il  adressa  an  roi  un  Mémoire 
(inséré  entre  autres  dans  la  traduction  aOemande 
de  VOiêioire  de  Charles  XII  par  Mordberg , 
t.  ni),  oii  il  prédit  les  malheurs  qu'une  guerre 
proloi^e  devait  entraîner  pour  la  Suède. 

BioçrapMsk'LexUtoti.  ^Sehlùur,  Sekwedisck»  Bio-. 
graphie,  1. 1.  p.  48t-Bl8. 

OXBNSTIBRBIA  ( Gabriel- ThuresoM ,  comte 
D')f  homme  d'État  suédois,  petit-neveu  d'Axel, 
né  à  Stockholm,  en  1641,  mort  à  Deux-Ponts,  en 
1707,  Après  avoir  visité  plusieurs  contrées  de 
l'Europe,  il  prit  du  service  dans  Tannée,  et 
fit  quelques  campagnes  ;  il  fut  ensuite  employé 
dans  diverses  négociations  diplomatiques,  et  fut' 
entre  autres  ambassadeur  extraordinaire  au  con- 
grès de  Ryswick.  S'étant  converti  an  catboUctsme, 
il  tomba  en  une  complète  disgrâce.  Charl»  Xlî, 
pour  apporter  quelque  adoucissement  à  son  sort, 
aggravé  encore  par  son  malheureux  mariage  avec 
la  petite-fille  du  célèbre  chancelier  Oienatienia, 
le  nomma,  en  1699,  gouverneur  dn  duché  de 
Deux-Ponts.  A  la  fin  de  sa  vie,  il  écrivit  en  fraa« 


1017 


OXENSTIERNA  —  OZANAM 


1018 


çais  un  Recueil  de  pensées  (Francfort,  1725  et 
1754, 2  Tol.  in-12  ),  où  se  rencontrent  des  aper- 
ças très-remarquables  sur  l'homme  et  la  so- 
ciété. O. 
Stlerninami,  BMMMeca.-^  Biogretphitdi^tMHJUm. 

oiroRD  (  Comte  D*).  Voy,  Hablet. 

oxiiOLM  (Pierre- Lot haire),  écrîTain  mili- 
taire danois,  né  vers  1748,  à  Copenhague.  En- 
voyé en  1779,  à  Tlle  Sainte-Croix  (Antilles)  en 
qualité  de  lieutenant  du  génie,  il  rcTînt  en  1799 
dans  son  pays,  et  devint  successÎTement  colonel 
(ISOt)  et  mijor  général  (1805).  Nommé  goiiver- 
near  général  des  Antilles  danoises  en  1814,  il 
exerça  ces  fonctions  jusqu'en  1818,  ob  il  obtint 
Je  rang  de  Ueutcnaot  général.  On  a  de  lui  An- 
visning  til  Peltingenieurkonsten  (Introduc- 
tion à  l'art  de  l'ingénieur  de  campagne);  Co- 
|)enhague,  1777,  m-8*;—  De  danske  vesttin- 
diske  Œrs  (État  des  Antilles  danoises);  ibid., 
1798,  in-8*;— quelques  écrits  politiques. 
(  jiimtndeliat  LiteratUT'LexIeojiu 

OXTATBKBS.  Voy.  ClÉABQUB. 

OZiLN AM  (  Jacques  ) ,  mathématicien  français, 
né  en  1040,  à  Boulignenx  (  principauté  de  Dom- 
bes),  mort  à  Paris,  le  3  avril  1717.  Sa  famille 
était  d'origine  juive,  mats  convertie  au  christia- 
nisme depuis  longtemps.  On  le  destina  è  Télat  ec- 
clésiasque;  rebuté  par  la  théologie,  il  snivit  une 
autre  vocation.  Son  aptitude  était  si  grande  pour 
les  mathématiques ,  qu'il  les  apprit  è  peu  près 
sans  maître,  et  qu'à  quinze  ans  U  composa  un  on* 
vrage  dont  il  crut  devoir  utiliser  plus  tard  quel- 
ques pages.  Privé  de  tout  moyen  d'existence,  il 
se  rendit  à  Lyon,  et  y  vécnt  de  l'enseignement 
particalier  de  sa  science  favorite.  Il  publia  dans 
cette  Tille,  en  1870,  des  tables  des  sinus,  tangentes 
et  sécantes  d'un  usage  commode.  Un  service 
qu'il  rendit  à  des  étrangers  lui  permit  de  s'é- 
tablir h  Paris.  Sa  réputation  était  grande;  Ma- 
demoiselle, princesse  souveraine  de  Domines, 
l'appelait  V honneur  de  sa  Bombes,  U  éciivit 
beaucoup  sur  les  mathématiques;  ses  ouvrages , 
très-estimés,  ont  été  réimprimés  fréquemment 
Leibniz  faisait  grand  cas  du  traité  d'algèbre  d'O- 
zanam.  Malgré  le  succès  de  ses  livres,  ses  moyens 
d'existence  étaient  fort  précaires;  il  perdit  ses 
élèves,  et  tomba  dans  une  situation  voisine  du  dé- 
Dûment.  Il  fut  reçu  membre  de  l'Académie  des 
sciences  en  1701,  et  mourut  d'apoplexie.  On  a 
de  lui  :  Table  des  sinus^  tangentes  et  Jé- 
cantes;  Lyon,  1670,  in-S*";  —  Traité  de 
gnomonique;  Lyon,  1873,  in-t2;  —  Géomé- 
trie  pratique  :î*àr\9,  1884,  1689,  1736,  1763, 
in- 12;  »  Traité  des  lignes  du  premier 
genre;  Paris,  1667,  in-8'';  ^  De  Vusage  du 
compas;  Paris,  1688,  ln-8<';«  Dictionnaire 
mathématique;  Paris,  1691,  in-4'';  —  Cours 
de  mathématiques;  Paris,  1693  ;  Amsterdam , 
1699,  5  vol.  ln-8^;  —  Méthode  de  lever  les 
plans  et  les  cartes  de  terre  et  de  mer;  Paris , 
1693,  1750,  in-12;  ^  Traité  de  la  fortiftea- 
iion  régulière  et  irrégulière;  Paria,  1691, 


1720,  in-S*"  fig.;  —  Récréations  mathémati- 
ques et  physiques f  Paris,  1694,2  vol.  in>8''; 
édit.  revue  par  Grandin,  Paris,  1720, 1725, 1735, 
4  vol.  in-8°  ;  édit.  refondue  par  Montuda,  Paris, 
1778  et  1790,  4  vol.  in-8o,fig.  ;  —  Méthode  facile 
pour  arpenter  et  mesurer  toutes  sortes  de 
superficies;  Paris,  1699,  1725,  in-12;—  Nou- 
velle Trigonométrie;  Paris,  1698,  in-12;  — 
—  Nouveaux  Éléments  d'Algèbre;  Ams- 
terdam, 1702,  ln-8';—  La  Perspective  théo- 
rique et  pratique;  Paris,  1711,  1720,  in-8'', 
fig.  ;  —  La  Géographie  et  Cosmographie  qui 
traite  de  la  sphère;  Paris,  1711,  in-8o.  Ozanam 
a  laissé  en  manuscrit  un  traité  de  l'analyse  de 
Diophante.  U  a  donné  des  articles  et  mémoires 
au  Journal  des  Savants  et  au  recueil  de  Van- 
cienne  Académie  des  sciences  ;  on  lui  doit  enfin 
des  éditions  nouvelles  des  Éléments  d'Euclldc, 
avec  le  commentaire  du  P.  Millet  de  Chasse,  du 
TYaité  de  la  géométrie  pratique  et  du  Traité 
de  la  sphère  de  Boulanger.    J.  B.  Monfalcon. 

FoDtenelle ,  Éloçe  d^Ouuuun. 

OZANAM  (J.-A.-F.) ,  médecin  français,  de  la 
famille  du  précédent,  né  dans  un  village  de  la 
Bresse,  en  1772,  mort  à  Lyon,  en  1836.  Il  fit 
ses  études  au  collège  de  Bourg ,  et  entra  dans 
une  maison  de  commerce  de  Lyon,  où  le  sur- 
prit le  siège  de  cette  ville,  dont  il  fut  l'un  des 
défenseurs.  Il  alla  k  Paris,  puis  à  Livoume, 
et  n'eut  pas  à  s'applaudir  de  la  situation  de 
ses  affaires  commerciales.  Établi  à  Milan  en 
1809,  il  étudia  la  médecine,  et  fut  re^u  docteur 
à  Pavie.  Lors  de  la  chute  de  l'empire,  il  se  fixa 
à  L>on,  et  devint  médecin  de  l'hdtei-Dieu.  On  a 
de  lui  :  Histoire  des  maladies  épidémiques^ 
contagieuses  et  épizootiques  qui  ont  régné 
en  Europe  depuis  les  temps  les  plus  reculés  ; 
Lyon,  1817-1823,  5  vol.  in-8*;  —  Conseils  aux 
bonnes  mères  sur  la  grossesse  ;'Ljon,  1817, 
in-8*;  —  Mémoire  (  inédit  )  sur  le  Décreusage 
de  la  soie;  Lyon ,  1825  :  l'Académie  vota  une 
médaille  d'or  à  l'auteur;  —  Mémoire  statisti' 
que  pour  servir  à  Chistoire  de  rétablissement 
du  christianisme  à  Lyon,  depuis  le  second 
siècle  de  V Église  Jusqu'à  nos  Jours;  Lyon, 
1829,  m-8<'.  J.  B.  M. 

BemeigneMmits  partieuliên, 

ozAn km  lAntoinC'Frédéric),  écrivain  fran- 
çais, fils  du  précédent,  né  le  23  avril  1813,  à 
Milan,  mort  le  8  septembre  1853,  à  Marseille. 
Placé  comme  externe  au  collège  de  Lyon,  il  y 
montrables  dispositions  les  plus  heureuses,  et  fiit 
en  philosophie  un  des  plus  brillants  élèves  de 
l'abbé  Noirot.  A  seize  ans  il  entra  chez  un  no- 
taire; mais  ces  nouveaux  devoirs  ne  l'empêchè- 
rent pas  de  trouver  du  temps  pour  continuer  ses 
études,  qu'il  dirigeait  vers  l'histoire.  Outre  l'ita- 
lien ,  l'espagnol ,  l'anglais  et  l'allemand,  qnll  ap- 
prit avec  une  extrême  facilité,  il  s'occupa  d'hé- 
breu et  de  sanscrit ,  donna  des  articles  remar- 
quables à  V Abeille  et  au  Précurseur,  journaux 
de  Lyon,  prit  une  part  active  aux  œuvres  des 


1019 


OZAWAM  —  OZANEaUX 


1020 


Diis&ioDS  et  de  la  |>ro|Mi|[atioD  de  la  foi ,  et  pu- 
blia en  1631  des  Réflextons  sur  la  (Utclrtne 
de  Saini^hneH.  ,  L'année  juivante  U  vint  à 
l^aris  suivre  Jes  oours  de  ia  (acuUé  de  droit.  £a 
peu  de  temps  il  fut  mis  en  relation  avec  M«  Cha- 
teaubriand, Am()ère,  BaUanulte ,  MM.  de  Mon- 
talecnbert,  Laoordaii«  et  quelques  écrivains  qui 
ne  devAienf|»as  tarder  à  »e  faire  un  nom  dans  les 
lettres.  En  4833,  huit  étudiants,  parmi  lesquels 
se  trouvait  Ozaaam ,  formèrent  entre  eux  une 
espèce  de  ^mciété  pour  saionrir  ks  pauvres  à  do- 
micile dans  la  mesura  de  teurs  moyens  ;  diacun 
d'eux  prit  sous  son  patronage  «n  ecrtaia  nombre 
de  famiUes  indigentes,  qu'il  aidait  de  aecours  de 
tous  genres.  TeHe  fut  ta  RM>desle  origine  de  la 
société  de  Saint- Vincent  de  Paul.  L'cMivre  proo- 
|iéra  :  elle  avait  pris  ub  aooroisiMnent  considé- 
rable vingt  ans  plus  tard  lorsque  le  plus  aéié 
de  ses  fondateurs  prérida  à  Florence  une  «ssHsm- 
i)lée  des  membre^  en  qualité  de  vice-président 
du  conseil  général  dos  oonfiérenoes.  Après  avoir 
reçu  le  diplôme  de  docteur  en  droit  (1836), 
Ozanam  aoutint  avec  une  rare  éloquence  les 
épreuves  du  doctorat  es  lettres  (1838)^  sa  thèse 
latine  traitait  De  fre^uenU  a^ud  veleres poeias 
Jiêroum  ad  in  feras  dêtcemu;  quant  au  «i^et 
de  la  thèse  française,  il  le  tenait  <d*Am|père,  et 
il  en  fit  un  de  ses  plus  beaux  ouvrages,  JkuUê 
ei  la  philosophie  calhoUque  au  Iretotéme. 
siècle.  Rappelé  à  Lyoh  pour  y  occuperune<;haire 
de  droit  commercial  récemment  créée  (1839), 
il  y  prolongea  son  coura  jiisqu'4  la  fin  de  1840, 
et  retourna  4  Paria^  oii  il  fat  reçu  professeur 
agrégé  de  la  fiuollé  des  lettres.  Vers  cette  épo- 
que il  contracta  un  heureux  manoge  avec  la 
fille  d'un  ancien  rectear  de  l'Académie  de  Lyon, 
M.  Soulacroix,  et  fit  un  rapide  voyage  en  Si- 
cile. A  son  retour  il  sMppléa  Faurièl  dans  l'en- 
seignement de  ia  littérature  étrangère  à  la  Sor- 
bonne,  et  à  la  mort  àe  oe  savant  (1844)  il  lui 
succéda  comme  professeur  titulaire.  Cliargé  par 
M.  de  Salvaady  d'une  mission  en  Italiei  il  la  rem» 
pHt  avec  stèle  et  fit  une  longae  et  fructueuse  ex- 
ploration des  bibliothèques  publiques  et  privées. 
Pendant  l'insurrection  de  iuin  1848,  il  se  coa- 
duislt  an  citoyen  courageux  et  dévoué^  ce  Ait 
lui  qui  détermina  l'arclievâque  de  Paris  è  se 
rendre  auprès  des  insui^gés,  démarche  <|ui  de- 
vait avoir  un  m  fatal  résultat.  Mallieureusement 
le  travail  opiniAtre  auquel  il  se  livrait  altéra  bien 
vite  sa  santé,  déjà  cltancelante.  Chez  lui  l'Ame  le 
plus  énergique  était  servie  par  des  «i^nes  dé- 
bites, qu'elle  accablait  de  son  action,  et  le  corps 
flé<:liis8ait  sous  les  exigences  trop  grandes  de 
TespriL  Déjà  consumé  par  une  fièvre  lente,  il 
ne  pouvait  se  résoudre  à  se  séparer  de  son  au- 
ditoire, et  se  traînait  mourant  à  la  Sorhonne  pour 
s'y  faire  entendre  encore.  La  préparation  de  ses 
dernières  leçons  aciieva  de  l'épuiMr.  On  le  con- 
duisit aux  Eaux -Bonnes  et  à  Biarritz,  de  là  à 
Pian;  n'y  trouvant  pas  le  souiagemeat  qu'il  es- 
pérait, il  alla  s'installef  auprès  de  ia  mer,  dans  ui 


village  voisin  de  fiveime.  Son  état  pamt  sV 
méliorer  un  peu  ;  le  malade  visôta  Sieane  el  Fto- 
rence,  et  il  préparait  un  mémeira  «ur  les  on* 
gines  de  la  commune  de  Milan  lorsqu'il  biM 
le  ramener  k  Marseille,  eà  il  «NMmt,  à  lége 
de  quarante  aan.  Ses  obaèqvee  eumt  tteo  le 
24  septembre  1853^  à  Paris. 

Ozanam  liât  en  écriviûn  déslingoé  :  puCpMifl 
par  une  éducation  forteet  nourri  des  phasaiMs 
Iraditieos  Kttérairas ,  il  avait  mi  style  correct^ 
facile,  élégant  I  parfois  •ooleré.  Cenaie  prête»* 
aeur  îl  s*éleva  encera  plan  haut  :  il  exposait  nés 
idées  avec  un  rare  talent  ;  deué  4'ob  mma  di>ait 
et  d'une  raison  «upérieure^  il  nul  les  belles  fia- 
cultés  dottt  il  été  doué  au  servioe  4e  la  UMrale 
et  de  la  foi  ctirétienaes.  ttorame  de  loi  et  de 
bonnes  flEHivrea,  défenseur  lélé  du  aniol-sîége, 
il  enseignait  à  respecter  U  religion  pnr  sa  parole 
et  plus  encore  par  se^  exemples  ;  «a  dinrité  en- 
vers .les  pauvres  était  inépuii«ble.  Les  divers 
ouvrages  d'Ozanam  ont  été,  a|>rès  aa  mort, 
réunis  en  un  recueil  par  les  soins  de  ses  aaus 
et  admirateurs  (Paris,  18&&,  8  vok  in^8o^.  Neos 
citerons  les  suivants  :  Deux  chamceliers  d'Jn- 
gUttrre,  Bacon  de  Verulam  et  taiM  Thoma» 
de  CwMorbérifi  Paris,  1836,  HtV  et  In-U;  _ 
DanU  9l  la  PhUosopkie  calàoliqme  am  Irei- 
iUme  siècle;  Paris,  1839,  j84à,  in-go  :  ta  ee- 
aonde  édit.  est  corrigée ,  augmentée  et  auîvie  de 
rechei-ehea  nouvelles  sur  les  aourcee  poétiques 
de  La  divine  Comédie^  trad.  en  an^aie  et  en 
italien  ;  -^  Études  gertnouiques  pamr  servir 
à  rhistaire  dés  francs;  Parie,  1847*18«A, 

I  vol.  ÏA-V*  4  cet  ouvrage,  jugé  digne  em  1849 
du  yvttd  prix  Oobert,  eantient  des  rectaches 
savantes  sur  les  origiws,  les  tradilioM  et  les 
BStitntions  des  peuples  genaaniqoBs ,  eini  que 
sur  rhisloire  des  temps  mérovtâgiens  et  sdr  k 
règne  de  Charlemagne  ;  —  ilkieumen^a  i^iédàts 
p^vr  servir  ù  l'histoire  d'iéalie  depuis  le 
kuitiéme  JmequWtu  treisieme  siède;  Paris, 
18S0,  in«8<**,  ^  Us  Poètes  frandscaims  en 
liaUe  mi  #r»isième  atèofe;  Paris,  I8&2,  in-A». 
Otanam  «  ettC4>ra  fourni  des  aitieles  an  Ccrwm- 
pondant, à  LUnspersHétalàoUimelé  L'are 
nauveHe. 

iK  I*.  LMordalre ,  SMc*  <wr  i^tééL  Oai—m,  a  te 
ièlc  da  t.  I  ôaOKiwret  eomplétes.  —  AMpère,  JUatéet 
dans  le  Journal  d€s  Débali  de»  !»  rt  n  ocl.  iltss.  - 
liegny,  ÉUiàé  t/iêgr.  twOvitnam;  Parta,  !■«,  tm-^.  - 
à/8iC</rre»tMméant.  tBsc4>i.  IMS. 

o&AMEarx  (  Jean-Georges  ),  litlératenr  fran* 
çais,  né  le  6  a\Til  179&,  à  Paria,  où  il  estnaart. 
le  14  aoûft  I8à2,  Qn  îorlant  de  PÉcoleoûnnale,  il 
fut  attaché  «u  collège  Cbarleroagne;  après  t«dO. 
il  entra  dans  l'administration  universitaire  et 
fut  successivement  reoleurè  Bourges,  àCler- 
mont-Ferrand  et  à  Toulouse,  il  devint  en  1837 
inspecteur  général  des  études  et  «n  1848  foenalife 
da  conseil  supérieur  de  l'instmotion   putiliqne. 

II  se  délassa  de  l'enseignement  par  divers  tm- 
vaut  ttitéraires,  tels  <  que  Le  dernier  Jour  de 
Missolon^hi  (1828),  drame  dent  Herald  écrivit 


t02t  0Z4NEAUX 

la  AMMÎqiM;  —  La  PérousB  (  1829),  lr«gé<lie 
non  rcpréiMitée;  —  £e  Nèfrê  (1630),  drame 

Jiraiii»«  d'4rc,  cAroNiçiM  «»  tf «-5  (  16}S«  in^*  ). 
n  «cft  i^uvU  en  ia49  «ms  k  litre»  ln>p  modeste, 
d'Smnrt  poétéque»  (3  voL  li-B''}.  Dans  un 
g^r«  phij»  «érienx,  H  a  composé  :  Nouveau 
S^sièmê  d'éiudes  philosophiques  ;  Parts,  1830, 
ÎB-g-*;  ^  /^  RonkoinSfOH  éobleau  des  insU- 
tutions  politiques,  rolkgimses  et  sockiUs  de 
Uflitépt^k^m  romaine i  Paris»  1840,  1845, 
in-ë**;  ouvra^çe  su^rficiel;  -^  Uisloire  de 
Pranoi  ;  Paris,  1846, 1850,  a  YoK  îa-8*  et  in-12  : 
la  seconde  é<Ut  de  ce  précis,  couronné  |>ar  Va- 
cndéiaie  Iraoçaiae^  et  qui  est  habiJeroent  fait,  a 
été  OMiliwiée  jusqu'en  février  1848  ;  —  Nouveau 
diciionfiaàn/rançaù'§recs  Paii»,  1847,  in-8*, 
avec  MM.  Boger  «t  £i)liagr 

OZANJIE  (  iVtco^oj-ifai'ie),  gravear  fran- 
çais, né  à  Brest,  )e  12  janvier  1728,  mort  à  Paris, 
le  3  ianvier  1811.  Élève  de  Roblin,  maître  de 
dessin  des  gardes  des  pavillons  et  de  la  mariqe 
du  port  d«  kest,  il  loi  fui  adjoinl  en  i743«.  A 
la  mort  de  son  père  (1744),  il  se  trouva  le  seul 
soMtiOB  do  sa  uière,  de  trois  srRurs  et  d'un  jeune 
frèi«  âgé  de  sept  ans,  N*ayaat  d'autres  res- 
souroes  que  sOa  talent  et  les  300  livres  de  sa 
plaoe,  il  oui  Sm'e  lace  aux  difficultés  de  sa  po- 
sition ,  dirigea  son  Irère  «I  ses  deux  plus  ietioes 
sœurs  vers  las  arts ,  en  leur  enseignant  la  gra- 
vure, qui  lui  offrait  iniiuédiateroeot  des  moyens 
d'existonoe.  Bientôt  il  put  tirer  parti  lie  leur  sa- 
voir faire;  avec  leur  aide  il  fit  quelques  caltiers 
de  principes  de  dessin,  que  la  Vve  Cliereau  se 
chargea  de  publier.  En  1750  Roblin  étant  mort, 
il  fut  nommé  à  sa  place.  £n  1751  il  vint  à  Paris 
pour  aider  à  Texécution  des  dessins  faits  à  Toc- 
caslon  de  la  visite  du  roi  au  port  du  Havre  en 
17^1).  Appelé  à  Toulon  en  1756,  il  fut  ciiargé  d*y 
faire  quelques  dessins  relatifs  II  l'escadre  destinée 
à  Texpédition  de  Minorque.  Ces  travaux  lui  va- 
lurent le  brevet  de  dessinateur  de  la  marine. 
Nommé  constructeur  des  chaloupes  et  gondoles 
du  canal  de  Versailles ,  il  fut  remplacé  à  Brest 
dans  ses  fonctions  par  son  frère  Pierre,  qui  lui 
'était  adjoint  depuis  1750.  En  1762  Ozanne,  at- 
taché au  bureau  des  ingénieurs  géographes  de 
la  guerre,  fit  venir  à  Paris  ses  sœurs  Jeanne- 
Françoise  et  Marie-Jeanne ,  leur  fit  prendre  des 
leçons  du  graveur  Aliamet,  et  maria  bientôt  la 
cadette  à  son  compatriote  Le  Gouaz  {voy.  ce 
nom).  En  1766  il  fit  construire  au  Havre,  aux 
frais  de  M.  de  Courtenvdux,  une  frégate  destinée 
à  faire  à  la  mer  Tessai  des  montres  marines  que 
Pierre  Leroy  venait  d'inventer,  et  douna  à  cette 
éj>0({ue  les  pians  du  port  qu'on  avait  résolu  de 
construire  à  Ambleleuse.  Ozanne  fut  chargé  en 
1769  d'enseigner  aux  princes  de  la  famille  royale 
les  éléments  delà  construction  et  de  la  manœuvre 
des  vaisseaux.  Au  nombre  des  gravures  qu'il  a 
faites,  il  convient  de  distinguer  les  planches  d'un 


—  OZERAY 


1022 


Traité  df  Navigation  qu'il  dédia  à  M.  de  Choi- 
sejil  (1782)  les  vignettes  du  Traité  de  cons- 
truction et  de  tactique  navale  de  Duhamel  du 
Monceau  et  Bigot  de  Morogue  etc.  Germain, 
Prévost,  Masqudier,  Choffard  ont  gravé  d'après 
Ozanne.  H.  H— n. 

Huber  et  Ro< ,  Mmimbi  deê  Cnrieux.  —  Cb.  Mane , 
TYësor  de  la  CurioMë .  -  JMla  (  mt.)  ntt  K  Ozxnem , 
vmr  n^  V«e  Cdtny,  sa  «Mce  (cette  Mlle*  e«t  lolalêé 
l'flMvre  «le  M  pnvciir  aa  caUii«t  des    BsUBii)Cs  de 

Pari*). 

OZELL  {John),  Uttèraleur  anglais,  mort  le 
15  octobre  1743,  à  Londres.  Il  acquit  à  Phôpital 
do  Christ,  où  il  fut  éievé^  uDaconnaissanoe  suf- 
fisante de  la  littérature  amienne,  occupa  dans 
le  commerce  plusieurs  emptoia  lucratif«,  et  ap- 
prit seul,  à  Htt  heures  de  loisir,  les  langues  fran- 
çaise, espauDoleet  italienne.  Un  legs  considérable 
que  lui  Ât  «a  ^aliUMMiiaae,  qui  avait  des  ebliga- 
tions  A  aa  £Mrâl««  le  mit  à  mtose  de  t nener  une 
vie  indépendante.  Il  s'occupa  principalement  de 
tradwre  «n  vers  ang^iis  la  plupart  des  pièces  de 
Biolière>  de  Corneille  et  de  liacine,  le  Lutrin 
de  Boikeau«  la  Secchia  rapita  de  Tassoni,  el 
en  prose  Don  Quichotte ,  \is  Lettres  persanes^ 
les  H^vo^ii^ion^  romaines  de  Vertot,  la  Lo- 
gique ée  Nicole ,  etc.  Anean  de  ces  nuTragea 
n'a  survécu  à  l'époque  oé  ils  ont  paru  ^  les  ver- 
sions de  Cervantes  et  de  Ba bêlais^  qui  ont  joui 
d'una  certaine  vogue ,  sont  bien  pfties  à  côté  d«a 
(mvres  originales^  Le  seul  écrit  qui  appartient 
en  prupfe  è  OmU  est  une  aorte  de  critiqne  in- 
titulée Coffwnon  prayer  and  common  sefisê^ 
or/auUs  im  the  several  iranslaiions  o/  the 
êngliêh  liturgy  (Londres^  1722,  in-e**).  Ozell 
avait  été,  on  ne  sait  pourquoi ,  introdnit  dans 
La  Dunciade^  peut  être  parce  qu'en  anglais  son 
nom  rimait  avec  Corneille.  Irrité  d'une  sem- 
blable distinction,  il  publia  dans  le  Weekly 
Medley  du  20  septembre  1729  un  avis  où  il  ne 
craignit  pas  de  tracer  entre  Pope  et  lui-même  un 
parallèle  complètement  à  son  avantage.  Pope 
lui  infligea ,  pour  tout  châtiment ,  l'insertion  de 
cet  avis  dans  les  notes  de  son  poème.    P.  L. 

Gbber,  Ltcei  o/  pœts.  -'  Chslmers,  Central  Mog. 
dut 

OZBRAT  (Michel-Jean- François),  histo- 
rien français ,  né  le  24  décembre  1764,  à  Char- 
très,  mort  en  1859,  à  Bouillon.  Il  fut  pendant 
longtemps  juge  de  paix  dans  cette  dernière  ville. 
On  a  de  lui  :  Hecherches  sur  Buddou  ou 
BouddoUf  instituteur  religieux  de  l'Asie 
orientale;  Paris,  1817,  in  8»;  —  Histoire  de 
Vancien  duché  de  Bouillon  ;  Luxembourg  et 
Paris,  1827,  in-8";  —  Histoire  générale,  civile 
et  religieuse  de  la  cité  des  Carnutes  et  du 
pays  chartrain;  Chartres,  1834-1837,  2  vol. 
in-8»,  ouvrage  qui  excita  de  la  part  de  quelques 
érudits  une  polémique,  à  laquelle  il  mit  fin  par 
une  brochure  intitulée  :  Discussion  juste,  fran- 
che el  modérée  (1841,  in-8«  )  ;  —  Histoire  des 
doctrines  religieuses  ;  Paris,  1843,  in-8". 

Bulletin  de  la  Soe.  de  l'Mst.  de  France. 


1023 


OZERETZKOVSKO  —  OZEROF 


1024 


OZERBTZKOTSKO ,  savant  russe,  né  en 
VàO,  mort  Ters  1820.  Il  fit  ses  études  à  Stras- 
bourg et  à  Leyde,  où  il  reçut  le  diplôme  de  doc- 
teur en  médecine.  Chargé  par  TAcadémie  des 
sciences  de  Saint-Pétersbourg  d*explorer  les  lacs 
de  Ladoga  et  d'Onega,  en  1785,  il  publia  Tannée 
suivante  des  traductions  de  Salluste  et  de 
Y  Histoire  naturelle  de  Lecice,  outre  un  grand 
nombre  de  mémoires,  remplis  de  notions  pré- 
cieuses sur  la  zoologie ,  la  l>otantque,  la  miné- 
ralogie et  l'ethnographie  dei  contrées  qu'il  a  ▼!• 

sitées.  A.  G. 

Gretcb.  Estai  tur  ChUt,  4ê  ta  liitér.  rusH, 

ozEROF  (  Vladisla^  ),  poète  russe,  né  dans 
le  gonvernement  de  Tver,  le  29  septembre  177o, 
mort  en  1816. 11  embrassa  la  carrière  militaire, 
fut  aide>de-camp  du  comte  de  Balmen,  et  quitta 
le  senrice  en  1808,  avec  le  grade  de  général  ma- 
jor, n  est  considéré  comme  le  Téritable  créateur 
delà  tragédie  russe. Ck>mmeSoumarokof,  il  imita 
Racine.  Outre  un  grand  nombre  de  pièces  légères, 
il  a  laissé  les  tragédies  suivantM  :  La  Mort 
d*Oleg  (1798);  Œdipe  à  Athènes  (  1804); 
Fingal  (  1805);  DnUtri  honskoi  (  1807  ),  et 
Polyxène  (  1809  ).  Œdipe  est  son  chef-d'œu- 
vre; il  abonde  en  expressions  énergiques  et 
touchantes.  Tiré  de  cette  mythologie  Scandinave 
dont  la  mélancolie  a  tant  de  charmes,  Fingal 
est  supérieurement  écrit,  mais  n'a  pas  assez 
d'animation.  Dmitri  Bonskoi  est  une  pièce 
d'actualité  (1)  :  c'était  au  moment  où  la  Russie 
et  l'Europe  s'étaient  levées  contre  l'usurpation 
do  monde  qn'Ozerof  rappela  à  l'admiration  de 
ses  compatriotes  la  lutte  des  princes  rosses  et 

U)  ^oyes  le  Jogemml  que  porte  lar  cette  tragédie  ma- 
dame de  Staei.  daos  ses  iHx  Années  d'exil. 


des  hordes  tatares;  de  très-beanx  vers,  des  si- 
tuations dramatiques  donnèrent  une  valear 
réelle  à  des  allnsions  adroites,  k  des  rappro- 
chements heureux.  Dans  Polyxène  Ozerof  sot 
tirer  parti  d'Euripide;  mais  La  Mort  d'Oleg 
n'approche  pas  de  celle  de  Pompée.  «  Ce  poêle, 
dit  un  judideox  critique,  était  animé  d'oa 
souffle  puissant,  et  si  son  style  ne  satisfait  pu 
entièrement  la  critique  russe,  si  <»  le  tronve 
parfois  embarrassé  et  otMCur,  si  on  lui  reproche 
de  passer  à  côté  du  root  propre  et  d'avoir  trép 
de  la  rudesse  de  la  langue  de  Kniajnine,  on  est 
forcé  de  convenir  que,  dans  les  endroits  où 
Ozerof  a  secoué  toute  réminiscence,  tout  pen- 
cliant  k  l'imitation,  sa  mnse  devient  originale  et 
forle.  La  sensibilité  et  l'émotion  s'épanchent 
à  flots  de  son  àme,  et  ses  tableaux  font  revifre 
avec  bonhenr  le  souvenir  de  la  patrie-  D^nsson 
Dmitri  Donskoiy  par  exemple ,  le  Russe  volt 
avec  enthousiasme  l'évocation  d'une  des  plus 
héroïques  époques  de  son  histoire,  où  la  Rus- 
sie, l'étendard  du  Christ  en  tète,  Una  une  ba- 
taille de  géants  aux  hordes  mongoles  et  les  vain- 
quit (1).  »  Les  œuvres  d'Ozerof  ont  été  rassem- 
blées par  le  prince  P.  Yiazemski  (Saint-Péters- 
bourg, 1818,  2  vol.  ),  qui  les  a  ornées  d'une  ez< 
cellente  biographie  du  Baeine  russe^  Le  comte 
Alexis  de  Saint-Priest  a  traduit  son  Fingal  et 
son  Dmitri  et  lui  a  consacré  une  notice  dans 
les  ChefS'd'iBuvre  des  théâtres  étrangers 
(Paris,  1823).  P~  A.  G—»/ 

Gretch.  Essai  sur  rktst.  de  la  Uttér.  rtuie.  ^  CereM- 
lof.  Essai  sur  TAM,  de  ta  dvUisaltimi  ets  Russie,  t.  H, 

p.  17t. 

(1)  M.  Charles  de  Saint-Julien,  dans  la  B/Bwe  des  Déiste 
MondeSy  du  1*'  septembre  IMI. 


FIN  BU  TBBNTB-HUrriÀMB  YOLUMB. 


<*^^>-»^  .:^ 


3  6105  118  476  501