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NOUVELLE
BIOGRAPHIE GÉNÉRALE
«
DEPDIS
LES TEMPS LES PLUS RECULÉS
JUSQD'A NOS JOURS.
TOME TRENTE-HUITIÈME.
NicoUe. — Ozerof.
TtlH)ORAPinE LE H. FIRMfN DIDOT. — HESNIL (EVftE).
0
NOUVELLE
BIOGRAPHIE GÉNÉRALE
DEPUIS
LES TEMPS LES PLUS RECULÉS
JUSQU'A NOS JOURS,
>
AVEC LES RENSEIGNEMENTS BIBUOGRAPHIQUES
BT l'indication DBS 80UHCB8 A CONSULTBR;
PUBLIÉE PAR
HM. FIRHm DIDOT FRÈRES,
sous LA DlHBCnON
DE M. LE D' HOEFER.
Zomt '<^xenU=%mtième.
PARIS,
FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET C«, ÉDITEURS,
IMPRIIIKDRS-I.IBRAIRKS DB l'IHSTITUT DR FRANCK,
nuK JACOB, M
M DCCC LXU.
Les Mitenn se réseryent le droit de tradacUon et de reprodaction à l'étranger.
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Sas,
NOUVELLE
BIOGRAPHIE
GÉNÉRALE
DEPUIS I£S TEDS US PLUS RECDIÉS JUSOITA tOS JOOBS.
N
icicoLLB (Sire), actear et autear lorraio,
%ivait à Metz dans le quiozièine siède. Il était
curé de Tëgliae Saint- Victor de Metz, et malgré
ses fonctions il passait pour le meillear acteur de
révèché messin. Aussi lorsque , ea 1437, Coo-
rard Bayer, éTèque de Metz, fit exécuter dans
la semaine sainte les Mystères de la Passion,
le bon curé de Saint-Victor Ait charité non-sea-
lement d'arranger l'œuvre en patois lorrain, mais
aussi de la construction du théâtre, de la mise en
scène, des répétitions; il fit plus, il joua le rAle
du Christ à l'édification générale; un autre prêtre,
Jean de Hicey, chapelain de Métranges, fut non
moins applaudi dans la même pièce , où il repré-
sentait le personnage de Judas. La même année le
sire Nicolle arrangea pour ses compatriotes le
mystère de la Vengeance^ et y représàitalehéros
de la pièce»Titu8. Ajoutoos que Nicolle avant de
monter sur les tréteaux les sanctifiait par la célé-
bration d'une grande messe. On le voit, le spec-
tacle était alors considéré comme un acte reli-
gieux. Nicolle ne s'est pas borné à arranger les
cenTres des auteurs dramatiques du temps; il a
composé et représenté plusieurs mystères; mais
leurs manuscrits sont perdus on enfouis dans
quelque bibliothèque de la Lorraine. A. D^s.
Emile Horlee, Lu. mIm «n seine depuis te m^iiltértt
jHs^am Cid, dans la Retme de ParU» t. XX 111, n* »i
•an. lus. — Besln. Biog.,de la MouUt.
xicoLLB {fiharleS'Doiminique\ instituteur
français, né à Pissy-Poville (Seine-Inférieure), le
4 aoôt 1758, mort à Soisy-sous-Enghien (Seine-
et-Oise, le 2 septembre 1835. Il commença ses
études au collège de Rouen , et vint les terromer
à iParis, au collège de Salnte-Bart)e, où il était
professeur et préfet, lorsque la révolution éclata.
Chargé alors de l'éducation du fils de M. de
Cboiseal-Gouffier, il conduisit en 1790 cet élève
orès de son père, ambassadeur de France à Cous-
tantinople. Il l'accompagna trois ans après à
Saînt-Pétersboorg, où il fonda un pensionnat qui
ROCT. aiocR. céiféii. ^ t. xxxvm.
attira bientôt les enfants des premières familles
nobles de cette capitale et dans la direction du-
quel il fut secondé par d'autres ecclésiastiques
français, notamment par l'abbé Piene Nicolas
Calandre, mort vicaire général de Paris, le 18 juil-
iet 1839. Le due de Richelien, fondaleuf et
gouverneur d'Odessa, appela dans cette ville l'abbé
Nicolle, qui reçut de l'empereur Alexandre le
titre de visiteur de toutes les églises catholiques
de la Russie méridionale. Nicolle y devint le di-
recteur du lycée Richelien, et fit paraître un ad-
mirable dévouement pendant une peste alTreuse
qui désola Odessa en 1812. Quelques affaires le
ramenèrent ea 1817 à Paris, et Louis XVIII le
nomma l'un de ses aumôniers honoraires. De re-
tour en Russie, l'abbé Nicolle y éprouva tant de
tracasseries de la part du clergé russe, jaloux de
ses succès, qu'il donna sa démission, et revint
en France, où il reçut en 1820 le titre de mem-
bre du conseil royal de l'instroclion publique.
Le 27 février 1821 il devint recteur de l'Académie
de Paris, et coopéra avec son frère à restaurer
une maison d'éducation destinée à remplacer
l'ancien collège de Sainte-Barbe, et qui estdevenue
le collège RoUin. Au rectorat de l'abbé Nicolle se
rattache un fait curieux de rhistoirede rinstruo-
tion publique en France. Le 18 novembre 1822
il présidait pour la première fois la séance de
rentrée de la faculté de médecine, où Desgenettes
prononça l'éloge funèbre du docteur Halle, titu-
laire comme lui de la chaire d'hygiène. Les étu-
diants n'avaient jamais vu l'abbé Nicolle, qu'ils
connaissaient cependant de réputation, comme
l'ami particulier du duc de Ridhelieu , alors fort
impopulaire en sa qualité de ministre respon-
sable. Cette figure émne, ornée d'un franc rabat,
qu'on voyait an fauteuil présidentiel, au lieu de
la figure mAle et peu craintive de Cuvier, exciia
d'abord des chuchotements et des murmures.
Là où il fallait imprimer le respect à un audi-
toire hostile et quasi séditieux, l'abbé flatta par
MCOLLE — maymer
faiblesse , promettant sa bienyéSanoa à «ette
foule inrlisciplinée qui n^en voulait pas et qui ré-
pondait par des clameurs furibondes au discours
obséquieux que le recteur Hi débitait avec timi-
dité. Desgeneltes vint ensuHe, et, loindt les cal-
mer, ne fit qu*exaspérer les passions Inineuses
qui animaient rassemblée. Une phrase, où Pora-
teur faisait allusion à la fin chrétienne du profes-
seur Halle , fut maladroitement répétéa par lui
jusqu'à trois fois, et commentée par des gestea»
aux marques croissantes d*une improbation scan-
daleuse. Jamais mauvaise comédie n'avait mis en
jeu tant de sifflets. A. quelques jours de là, l'É-
cole de Médecine fut licenciée, et d'illustres pro-
fesseurs en furent exclus pour toujours, à Tex-
œptton de Desgenettes et d'Astoise Dubois, qui
y rentrèrent après la révolution de 1830. La
place de recteur ayant été supprimée en 1824,
l'abbé NicoUe conserva ses fonctions au Conseil
royal de Tlnstruction publique, et fut admis à la
retraite le 17 août 1830. Ofticier de la Légion
d*Hoaneor depuis mai 1625, il devint en 1827
ehiooine honoraire èe Paris et vicaire général de
ce diooèae. Rendu à k vie privée, il «'occupa
de rédiger ses idées sur i'éducatioa, et les publia
sous le titre de : Plan d'éducation, ou prejtt
d'un coUéifê nouveau; Paris, 1833, in-8*.
H. FlSQUET.
Fnpfpai. FU êB tûUbé Ificùlle: iSt7, lo-lt. — De
BcMreptlre» ilMiM tiar laMé JÙcoUei litl. 1ii-a*.
HICOL1.E {Gabriel- Henri) j jeumatisie fran-
tais, frère du précédent, né le 23 mars 1767, à
Fresquienne (Seine-Inférieure), mort à Paris, le
Savril lS29.0eiiime8on finèrealMé,flfit ses études
à Paris, an ootlége de Sainte- Bai4»e, et se destinait
à l'instruction publique, lorsque la lévolulim^
eu détruisant les étabKasements univeraitaires,
renversa également sesfnrojeCa. Il s^aasooU alors
avec quelques amis peur lutter oafttre les exoès
de J'anardiie, et deeelte eeatitien mquimtplu*
sieurs journaux, lous rédliQés dans le but de
leslaurcr la mogaarehie. Henri IlioQlle,que Lacrs-
telleplaceà cMé des Berlin, des Duasaull «l des
Fiévée, eoopéra aurtont à la rédaction du JounuU
/rançaUf ou tableau politique de ParUj qui
parut du l s novembre 1792 au 1" juin 1793« in-
caroéré en janvier comase contre- révolutionnaire,
puis mit en MKité par te Cooveatioo, qui recon-
nut, par un décret du l*« février 1793, que sa
détention était attentatoke à la Hbeité de la
presse, il prit part à la pubHcetion du Cemrier
universel^ et fonda «nsuile VÉelttèr^ jeurnal
<|o'il faisait parvenir à ses abonnés de province
par une voiture qui devançait le courrier ordi-
naire en transportent aussi des voyageurs. Les
opinions qu'il y professait le firent proscrire le
18 vendémiaire an nr (6 octobre 179&) et le 18
fructidor an V (4 septembre 1797). Un nom sup-
posé lui permit de ae soustraire anr mandata
d'arrêt lanoés contre lui, et les lois d'aannistie
le sauvèrent Redevenu libre, il ae fit libraire
Mtenr; mais le oommerce ne lui ftit pu bvo-
mbte. Eé tstl il songea à relever de ses
ruines une institution qu'avaient formée à Paris
d'anciens élèves de Sainte-Barbe , et qui, après
avoir été florissante, ae trauvaH bien déchue.
Secondé par l'abbé son frère, refenn de Russie,
Nicolte devint le directeur de cetle maison, à la-
quelle ils donnèrent le nom de Sainte- Bai be, en
mémoire de l'école où tous deux avaient étudié.
Vuniversité l'érigea plus tard en collège, et le
nom de Sainte-Barbe ayant été conservé à l'insti-
tution fondée par De Lanneau ( Voy, De Lan-
MEAo), celui de collège Rollin a été imposé à la
faodatton de Nioolle.
NicoUe n'a laissé aucun ouvrage ; mais comme
libraire éditeur il a donné une immense collection
de livRsdassiques, connus sous le nom d'éditions
stéréotypes, et remarquables alors par leur ex-
trême correction. Le premier il conçut le plan
de la Bibliothèque latine, ou réimpression des
commentaires allemands sur les auteurs clas-
siques latins; après la publication de quelques
volumes. Il lui fallut renoncer à cette entreprise,
pour éviter une concurrence fàcAieuse avec celie
de Lemaire. Les Dictiûnnairet français- latin
et lattn'françttis de Noël, le Dictionnaire greC'
: français de Planche, etc., forent imprimés pour
la première fois, en 1807, par les soins de Nicotte.
H. F.
JfMiet »ur C. i7. IfUoltê. ISA, in-v».
HIGOLLB DB UL GftOIX. Vof, jL*CROtX. '
RiGOLLeT (Joiepfi- Nicolas ) ^ astronome
français, né le 24 juillet 1 786, à Cluses, en Savc^e»
mort le 1 1 septembre 1843, à Washington. Dans
sa première «fifonoe il conduisait les vadies an pâ-
turage ou travaHlait à des ouvrages mécaniques.
A douse ans il commença d'apprendre à lire;
ses progrès furent si rapides qu^il ne tar^a pas
à être admis au coHége de Cluses. En 1806 il
ne Tendit à Cbambéry, et servit de tépétlteur et
de secrétaire au professeur de mathématiques.
Recommandé par ce dernier à Tochon et à Bou-
vard, ses compatriirtes fl partit pour Paris, où
il fit le meHleur usage des moyens d^nstrwAlon
mis à sa poiléc. Attadié à l'Obsetratoire comme
secrétaire bHiliolhécaire (1817), Il fut naturalisé
F^rançms en 1819, entra en 1823 au bureau
des longitudes, et reçut en 1825 la croix de
la Légion d'âonneur. Il renspKt également les
fonctions de professeur de mailiématiqoes au
collège Loois-le-Grand et d'examinateur des
ispirants aux écoles de marine. Mafhron^u-
•ement le désir de faire une prompte fortune
sVmpare de son esprit : il se mit à jouer à la
tiourse, ëty encouragé par le bonheur de ses pre-
mières tentatives, il hasarda dans les spéoola-
tions dé l'agio tout ce qu'il possédait. La révo-
lution de 1830, en déterminant une baisse soudaine
dans les fonds publics, le mina complètement.
Au mois de décembre 1831, il s'embarqua à
Brest pour les États-Unis. Bien accueilli du mi-
nistre de la guerre Poinsett, 11 se chargea d'une
miBSiott tdeâufiqne destinée à l'exploration des
I^IGOLLET — KICOLO
^utes ecmtrées qii «létendent à r^ooert do liit-
«ssipi et désignées générakincÉC sow lenani de
FoMgésL Après y a?^ csMscré plosiem aa-
■ées, il mettaiC en ordre les nalériaox de œ
«rand trafail, lon^D'i awaïut, à rage decm-
quaale-fl^ ans. Ob a de loi : Mémoire 9ur la
Mkratiom de la Lmme^ io ea iSld à l*Acad, des
sdeoœs «I ÎBiiré dans la Conaoïu. 4m tempe
de laaa; - £«<lre à Jf. On^regmôi, ftonycutfr,
4«r ie$ asMurwweê qui otU pour baee les pro-
ifatilUés de la durée délavée kmmaine; Pa-
m, iai6, in^; deax éditiODS daos la même
anaée;— (aveeleoaloael Broosseaad ), Mémioire
tmr la inejww <f «« are de paraUèie moffen
taire le pôle et Céqaaieur; Paris, 18M, io-S*,
pl.; — MéeMUne sur un nouveau calcul des
laUludas du wtoml Jeuy et de Barcelone^
pour eervir de eupplémemt am Traité de la
Base da système mélriqoe; Paris, 1«S8, in-b*;
— (avec Reyoaud ), Cours de mathémaUgues
à Vueage de la miorine ; Paris, lft30, 2 tel.
iii-8-; U a rédigé le t. II, ^traite de la géoBtté-
trie, de la tiigonocnétrie et d*applâoa(loiis di-
▼enes. JU passe pour Taotear de la brodiiire ane*
nyme qqi parai en 1836 sar tes décowertes
4aos la iuae finies par Herscbell au cap de
Bonae-Espéraoee. Il a aassi laissé de volmil-
oen naimscrîts» entre autres oo dictieiuiaire
•des dialeolea et «b neoail des chants notés des
tribus Miennes. P. L.
Tke jâmariemm mimamdt (1SU|. — Alton, Jmât.
Uofr. 4iti^ l<t7. — QuÊTJird, froÊCM iiUér.
9iCQhUi {Jasper ), général anglais, né vens
1780, BM>it k 4 mai 1849, près Beadiag. Inlvé
«a 1793 daas la earrièra des armes, il gagna ses
prawèra grades dans les Indes, où il assista k
Ja fasIaiUe d'Argain et an siège de Gawakmr.
Nommé major en ii/fx^ il revint en AngieteiTC^
aervitavec Gathcart à l'année dn Hanovre, et
aoconspa^sa à Bnenea-Ayres le général Craw-
iurdf qai le dmisit en U09 pour son principal
lientenaat. il prit eneore pari aux expéditions
de La Gorogne ea Espagne et de Walcberea. £n
1816, il lut renvoyé aux Indes. Ayant obtenu de
lord ICoira le oommandeasent d'un «orps de «ci-
payes, il s'empara d'Almorab, et se disliogna par
âes talents militaires daas la ipierre coatre les
Piadaris ( 1817 ); en tHi» Il eontritea à la prise
de Bliur^ur et en 1830 il devint msior géné-
ral. A4>rès«voir passé sept ans dans son pajs«
il gouverna, de 1838 à 1843, Ja présidence de
Madcaa. En 1841, il avait obtenu le giade de
lieutenant général. IL
iUmUrtUed Uméon wew», 1S49.
aiGOi4> {Piicolas Isooard, dit), composi-
teur dramatique fiançais, né à Malte, en 177ô, de
parents français, mort à Paris, le 23 mars 1818.
On l'cavoya tout jeune faire ses éludes à Paris,
où il passa les eiamens nécesbaires pour être
reçu aspirant de marine; mais les événements
de la révolution de 1789 ayant modifié les m-
tentioDs de son père, celui-ci le rappela à Malte,
I ea 1790, et le plaça dans «ne maison de oom-
I roeroe. Cette nouvelle carrière ne convenait
l guère au jeune Isouard qui, passionné pour la
musique, se sentait déjà entraîné vers cet art
par an penchant irrésistible. Un vienx mattie de
contrepoint et d^ocompagnement, nommé Mi-
chel-Ange VéNa, aya^ reconnn ses heureuses
dispositions aaturèlles, le prit ea affection et hd
enseigna les éléments de la composition. Azo-
pardi, maître de chapelle des chevalierB de
Tordre de Malte, lui fit ensuite travailler la fngne.
Le père d'Isouard s*aperoevant alors que son
fils consacrait la plus grande partie de son temps
à la musique, le sépara de ses maîtres, et fenvoya
à Palerme dans une autre maison de commerce;
mats Isouard troava dans cette ville le moyen
de continuer ses études, sous la direction d'A-
mendola, qui forma son goût en loi faisant ac-
compagner les œuvres des compositeurs les plus
célèbres. Ses parents, persistant à le diriger vers
le commerce, le firent partir pour Ifaples, où il
ftrt employé chez des tanquiers allemands. Son
n^nrdans la patrie de Léo, de Durante, de
Seariatti , de Pergolèse, de dmarosa, décida de
sa vocation. Résistant au désir de sa famille,
il termina son éducation amsicale sous la diree-
tioa de Sala, et abandoana le commerce pour se
lifiar enlièremeat à la culture de Tart qu'il avait
étudié avec tant de persévérance. Après avoir
reçu de Ouglieimi des eonseUs anr la coupe des
morceaux de muaiqae dramatique, il obtint pour
le théâtre de Fkcence le livret d'un opéra ioti-
talé ^MWfo ai maritatU et partit pour cette
ville, oè Pouvrd|K fut lapréseaté dans le oonnnt
de l'année 1794. Il avait signé sa partition .ie
son nom de baptême en italien, le nom de Ifieolo
lut paraissant plus masical qne celtti d* Isouard,
La pièee ne néusait pas. Le jeuoe eomposltear,
un instant découragé, sembla regretter d'avoir
quitté le nanuneree; cependant il se décida à
pounuivre la carrièia artistiqae, et se nndit
Tannée suivante è Livomve, où il écrivit ArtO'
seree, opéra ea trois actes, qui lut pins heureux.
Ce «ttocès lui. valut la protection de M. de Aohan,
^rand Goaltre de Tordre de Malte, qui. Tayaut
rappelé dans sa patrie, l'honora de la croix de
SainUDooat, le nomma organiste de la chapelle
de Saint-Jean de Jérusalem et lui confia ensuite
les {onctions de maître de chapelle de Tordra.
Cette nouvelle position fournit au musicien Toc-
casion d'écrire beaucoup de morceaux pour l'é-
glise. Après Toccupation de Tlle de Malte par
les Français, en 1798, Tordre des chevaliers de
Saint-Jean-de-Jérusalem ayant été supprimé,
Isouard se trouva sans empIoL Le théâtre qui
avait été établi à Malte lui ofirait une ressource.
11 écrivit pour cette scène la musique de phi-
sieum opéras traduits du français, tels que i2e-
naud d'Àst, Le Bca-bier de Séville, l'Im-
promptu à la campagne t Le Tonnelier, Les
Deux Avares, et de quelques autres sur des
Uvrets italiens. On cite parmi ces derniers ceux.
1.
N\CX)LO
ayant pour titre Ginevra di Seoxia,et // Barone
d'Alba Chiara. Le général Yauboîs, qni por-
tait de rintérêt à Isouard , lui conseilla d*aUer
s'établir à Paris, et lui proposa de remmener
avec lui. Isouard accepta, et suivit le général en
qualité de secrétaire. Dès son arrivée à Paris,
en 1799, il trouva dans la personne de Rodolphe
Kreutzer un ami dévoué, qui lui aplanit les dif-
/ieultés du début au théAtre, et dans le courant
de la même année il fit représenter Le Tonne-
lier, ancien opéra-comique dont il avait refait la
musique et que Deirieu avait parodié sur de
nouvelles paroles. La pièce ne réussit pas. Ni-
colo, que nous ne désignerons plus que par ce
nom, qu'il avait adopté et qu'il conserva dans
toutes ses autres productions musicales, n'eut
pas plus de bonheur avec La Statue, ou la
Femme avare, opérette en un acte, qu'il donna
Tannée suivante. 11 écrivit alors, en collabora-
tion avec Kreutzer, Le petit Page, ou la prison
d*État, opéra-comique en un acte, et Flaminius
à Corinthe, qui fut représenté au mois de février
1801, au grand Opéra. A ces deux ouvrages
succéda V Impromptu de campagne, traduit
de l'opéra comique italien qu'il avait fait jouer
précédemment à Malte et auquel il avait ajouté
de nouveaux morceaux. Dans le même temps
Il travailla, avec Méhul, Kreutzer et Berton, à
la partition du Baiser et la quittance, et com-
posa à l'occasion du traité de paix d'Amiens une
cantate qui fut exécutée au théâtre de POpéra-
Comique. Nioolo, dont le talent avait été peu
apprécié jusque-là, ne tarda pas cependant à se
faire une réputation. Plusieurs petits ouvrages
remarquables par le charme des mélodies, entre
autres Miehel'Ange, représenté en 1802, Le Mé"
decin turc, en 1803, et surtout L'Intrigue aux
fenêtres, en 1805, le placèrent au nombre des
compositeurs les plus aimés du public parisien.
Les circonstances d'ailleurs le favorisaient sin-
gulièrement. Cberul)ini depuis ses Deux Jour-
nées (1800) n'avait plus rien donné à l'Opéra-
Comique. La musique de Méhul avait une sévé-
rité de style qui ne convenait guère aux oreilles,
encore peu exercées, des habitués de ce tliéAtre;
aussi, malgré tout sqn talent, Méhul n'était-il
pas toujours heureux, et dans ses moments de
découragement il ne travaillait pins, fioiëldieu ,
après avoir écrit ses partitions de Zoraim et
Zulnare, de Beniowski, du Cali/e de Bagdad,
et de Ma Tante Aurore, avait quitté la France
pour 80 rendre en Russie, ou il allait faire un
long séjour. Kreutzer composait principalement
alors pour le grand Opéra. Berton se trouvait
donc à peu près le seul rival dont Nicoio eût à
redouter la concurrence active. Nicoio ne négli-
geait rien d'ailleurs de tout ce qni pouvait con-
tribuer à lui assurer des succès. Lié avec tes lit-
térateurs qni avaient le plus d'influence au
thé&fre, notamment avec Hoffmann et Etienne ,
passant pour ainsi dire sa vie au milieu des au-
teurs et des acteurs , cédant aux exigences des
uns et aux caprices des autres, il parvenait à se
faire donner pour les mettre en musique les
meilleurs livrets d'opéras-comiques dont les rMes
étaient confiés aux sujets les plus réputés de la
troupe. Son activité était telle qu'après avoir
donné L* Intrigue aux fenêtres, il composa, dans
l'espace de cinq ans, c'est-à-dire de t806 à 18 il,
treize autres ouvrages, parmi lesquels on re-
marque surtout Les Rendez • vous bourgeois^
Cendrillon et Le Billet de loterie. Ses parti-
tions se ressentaient, il est vrai , de la rapidité
avec laquelle il les écrivait; mais si les con-
naisseurs relevaient souvent dans ses ouvrages
d'impardonnables négligences, elles n'en pas-
saient pas moins inaperçues de la foule. Le suc»
ces des opéras en France dépendait bien plu»
alors de l'intérêt des pièces que de la musique^
qui n*était qu'un accessoire pour la plupart de»
spectateurs. Il fallait avant tout qu'un chanteur
fût acteur. Elleviou, Martin, Gavaudan, Huet,
Mnies Gavaudan et Saint-Aubin faisaient les dé-
lices du public de rOpéra-Ck>mique, et avec de
pareils interprètes Micolo ne pouvait manquer
de réussir.
Nicoio était en pleine possession de la faveur
publique, lorsqu'en 1812 Boiëldieu revint de
Russie. Le retour de ce compositeur, dont les
œuvres, restées à la scène depuis dix ans, n'a-
vaient cessé d^être entendues avec plaisir, chan-
gea la position de Nicoio. Celui-ci sentait qu'il
allait avoir à lutter contre un adversaire plus
fort que lui, et ne voulait point se laisser éclipser.
Tous deux étaient soutenus par des amis et des
partisans exclusifs, dont les critiques et les In^
trigues les excitaient sans cesse l'un contre
l'autre. Ils devinrent bientôt ennemis irréconci-
liables. A partir de ce moment le talent de Ni-
coio prit un caractère pins élevé. Joconde et
Jeannot et Colin, représentés dans le courant
de l'année 1814, furent les fruits de cette rivalité,
et quoique ces deux ouvrages n'aient pas eu à
l'époque de leur apparition la même vogue que
Cendrillon, ils n'en sont pas moins considérés
aujourd'hui comme les meilleures productions
du compositeur. Nicoio écrivit encore quelques
autres ouvrages; mais sa santé, altérée par l*abu»
des plaisirs, auxquels il s'était livré dans ces der-
nières années, l'obligea bientôt de suspendre
tout travail, et il expira, le 23 mars 1818, à l'Age
de quaranfe-deux ans. Dans ses derniers mo*
ments, il eut le diagrin d'apprendre la nomiAa-
tion de son rival, Boiëldieu, à l'Institut de France,
en remplacement de Méhul, alors qu'il s'était
présenté en même temps que lui comme candi-
dat. Nicoio laissait inachevée la partition d'Ala-
din, ou la lampe merveilleuse; cet opéra fut
terminé par Benincori et représenté ensuite, le
6 février 1822, à l'Académie rgyale de Musique (1).
En 1814, après la Reslauration, Nicoio avait re-
(1) Renlncorl n*eat pas non plus la satlsfactlbn de Tolr
exécntcr cette pièce ; Il mourut quelques Joun aTâOt la
première repreieaiallou.
9
T9IC0L0 — NICOLOPOULO
10
pris la croix de Saiot-Donat, que beaucoup de
pereoones ont coufoodue avec la décoration de
Tordre de Malte.
Si les Rende^wnu bourgeois ont dû leur
▼ogoe soutenue principalement au comique de la
pîtee d'HolTmann, Rioolo, dans plusieurs autres
onvraf^es, a fait preuve d'un mérite musical réel
et de plus de savoir qn*on ne lui en accorde gé-
néralement Ses œavres ne peuvent sans aucun
doute soutenir la comparaison avec celles de
DoiéldieUy qui brillent par plus de verve, de grâce
et d*élégance; mais on y trouve une fouie de
mélodies d'une allure francbe et séduisante, qui
les rendit promptement populaires. Pamfi les
morceaux les plus remarquables des meilleures
partitions de Nicoto, nous citerons : dans Cen-
driiiont le quatuor d'Introduction dans lequel
la chanson. Il était un p*tit homme^ vient se
marier au motif des deux sœurs, Arrangeons
nos dentelles, et à l'air de basse. Ma chère
enfant^ soyez tranquille; le duo, Aht quel
plaisir! ahî quel beau Jour; l'air. Conserves
bien cette bonté, et le duo, Vous Caimez donc
avec tendresse? Dans le Billet de loterie,
l'air devenu classique, Non, je ne veux pas
chanter. Dans Joeonde, l'air que chantait Mar-
tin, J*ai longtemps parcouru le monde; le
duo. Ah! monseigneur, je suis tremblante;
Jes couplets, Parmi les filles du canton; le
quatuor, Qtiand on attend sa belle; la ro-
mance. Dans un délire extrême, £nfin, dans
Jeannot et Colin, le duo, Tous mes plaisirs
étaient les siens; la romance, Oh! Jeannot
me délaisse, et l'air, J*ai perdu Vami de mon
Voici la liste des diverses productions musi-
cales de Nicolo : Musique d'églisb : Cinq messes
à voix seule, avec accompagnement d*orgue,
composées pour la chapelle des dievaliers de
Malle; — Des psaumes à quatre voix; — Des
motets i plusieurs voix, avec accompagnement
d'orgue ou d'orchestre; — Addition d'instru-
ments à vent au Requiem de Jomelli; — Mu-
sique roua LB TBiATaa : Awiso ai maritati^
opéra représenté à Florence (1794); — ArtO"
serce, id., en trois actes, à Livourne (179&) ; —
Minaldo d'Asti, id., à Malte; — // Barbiere
di SevigUa, id. ; — Llimprovisata in campa*
$na^ id.'," Il Barone dPAlba Chiara, id. ; —
Le Tonnelier, un acte, à ropéra-Comiquc, à
Paris (1799); — La Statue, ou la femme
avare, on acte, au même théAtre (1800) ; — Le
petit Page, ou la prison d'État, un acte, en
eollaboration avec Kreutzer, id. (1800) ; — Fis-
minius à Corinthe, en un acte, avec Kreuteer,
an grand Opéra (1801); — Vimpromptu de
campagne, un acte, refait avec des morceaux
Dooveanx, à rOpéraCoroiqoe ( 1 801) ; — Michel-
Ange, un acte, au même théAtre (1803); — Le
Baiser et la QuUtance, trois actes, en société
avccNéhuI, Kreutzer et Boiêldieu, id. (1807);
— Les Confidences, deux actes, id. (1803); —
\ Le Médecin turc, un acte, id. (1803) ; — Léonce,
ou le fils adoptif, deux actes, id. (1805) ; —
La Ruse inutile, deux actes, id. (l^^)» —
V Intrigue aux fenêtres, un acte, id. (1805);
— Idala, trois actes, id. (1806) ; ~ La Prise
de Passaw, deux actes, id. (1800); — Le Dé-
jeûner de garçons, un acte, id. (1806) ; — Les
Créanciers, ou le remède à la goutte, trois
actes, id. (1807); — Les Rendez-vous bouT"
geois, un acte, id. (1807); — Un Jour à Paris,
trois actes, id. (1808) ; — Cimarosa, deux actes,
id. (1808); ^ V Intrigue au sérail, trois actes,
id. (1809); — <7en</ri/toii,troisactes, id.(18t0);
— Le Magicien sans magie, deux actes, id.
(181 1) ; — i;a Victime des arts, deux actes, en
collaboration avec Soliéet Berton fils, id. (1811);
— U Billet de loterie, un acte, id. (181 1); —
La Fête du village, un acte, id. (1811); —
Lullgel Quinault, un acte, id. (1812); — Le
Prince de Catane, trois actes, id. (1813); ^
Les Français à Venise, un acte, id. (1813); —
Joeonde, trois actes, id. (1814); — Jeannot
et Colin, trois actes, id. (1814). — Le Siège de
Mézières, un acte, en collaboration avec Chera-
bini, Catel et Boiêldieu , id. (1814) ; — Les deux
Maris, un acte, id.. (1816); — Vune pour
l'autre, trois actes, id. (1816); — Aladin, ou
la lampe merveilleuse , grand opéra en cinq
actes, laissé inachevé par Nicolo, qui n'avait écrit
que la musique des deux première acte». L'ou-
vrage fut terminé par Benincori et représenté à
l'Opéra, le 6 février 1822.— Musique DEcnAMBRE :
ffébé, cantate, sur des paroles de M. de Rohan;
— Canzonettes avec accompagnement de piano;
— Duos dans la manière de Clari et de Steffani;
— Cantote pour la paix d'Amiens. Ces divere
morceaux n'ont point été publiés. Nioolo possé-
dait une bibliothèque lAnsicale bien choisie, dont
une partie a été acquise, après sa mort, pa^ le
Conservatoire de musique de Paris.
Dieudonné Denre-Babon.
FéUs, UoçrapkêÊ umiteraeUê de$ miuieient. — Pa-
trta, UUMre ée l'art mmieai §n FrwÊee. — L'Opéra»
Comique, $€$ progrès, wa trop ffrand» extmtton, par
M. L. Méocan, ouvrage pabUA dana le Joamal ia Mène»'
tret, aDDéea IBM et IMI.
NiGOLO (Gelatio), Vog. FBaa*BB (Sfe-
fano de).
NICOLOPOULO ( Constantin ) , philologue
grec, né à Sroyrne, en 1786, d'une famille origi-
naire d'Andritsena en Morée, mort à Paris,
le 15 juin 1841. U commença ses études à
Smyrne et les acheva à Bukarest sous l'habile
helléniste Lampros Photiades. Jeune il se fit
connaître par des poésies en grec moderne. Il
possédait très-bien aussi la littérature grecque
ancienne, et il donna plus d'une fois d'utiles con-
seils aux plus savant* philologues de son temps.
11 vint jeune en France et vécut du produit de
quelques leçons particulières; il enseigna en-
suite la littérature grecque à l'Athénée de Paris,
et finit par être attaché à la bibliothèque de
llnstitut. Patriote iélé,il servit la cause de l'in-
il NICOLOPOULO
dépendance graeqae et contriboa à la renai»-
laoce des lettre» heUéniques par plusieon pnbli-
catioos en proee et en Ten. Il aTait, à force d'é-
conomie et en s'imposant de dores prirationay
f^twi une riche collection de livres ; il les des-
tinait à U ville d'Andritsena; en 1840 U obtint
une pension de retraite. Il se disposa à partir
ponr la Grèce, et expédia dans ce pays plosiears
caii^ses de livres; mais en t)attant sor son bras
les volumes ponr en ôter la poossière, il se fit
une meortrissore qui s'agi^ava bientôt d'une
manière alarmante. Nicolopoolo transporté è
rii6tel-Dieu y socooinba à l'Age de cinquante-
cinq ans. Il n'avait pas Cut de testament et ne
laissait pas dliéritiers. Le Domaine iit vendre à
▼il prix le reste de m biUiolbèqM. « Comment»
disait à ce sujet le journal ia Presse, ne s'est-
il pas trouvé parmi les agents du Domaine
quelque employé ayant fait sa sixième et pou-
vant comprendre la suscrtption testamentaire
des livres de ce bienfaiteur de la Grèce : Pra*
priété sacrée d'Àndriisenùf don d^Agaiho»
phron ^Uolopoulo, • Le cbef-d'oenvre de Ni-
oopoolo est une Ode sur le printemps ( grec
avec la traduction française littérale en regard);
Paris, 1817, in-a*". Il fut le collaborateur de
plusieurs journaux littéraires et de la Eevue
encyclopédique 9 à laquelle il fournit entre
antres articles une Ifoiice sur la vie et les
éerUs de Rhigas, U entreprit lui-même une
revue périodique en grec moderne» intitulée
VAbeiUe,qm eut trois livraisons, 1819-21 ; plus
tard il publia à ses frais, et pour être distribuée
gratis aux étudiants d'Athènes et d'Égine, une
autre revue philologique, intitulée y upiler Pan'
hellénten; il en parut une livraison; Paris,
1835, in-S". Il a mis en tète du Dialogue sur
la révolulion grecque de Greg. Zaiyk, un IHs^
cours adressé à tous Us Jeunes Grecs sur
Vimportance de la lUiérature ei de la pM^
losophie grecques ( en grée ). Il revit le texte
grec de rsoclide de F. Peyimrd ; Paris, 1814-
1818 et de VAhnageste de Ptolémée poMié par
Pabbé Halma ; 1817. Amateur passionné de mu-
sique et élève de Fétis , Nicolopou W fut réditeur
de Ylntroductsên à la théorie ei à la pratique
de la musique ecclésiastique (EXwytàyii cU xà
QcAipy|ttaiÀv xeà npsmutèv ri|c inOniniacmauic |MV-
an^c) de Cbrysanthe de Bledyle, ci des Doxa^
liia, recueil d'hymnes notées derÉgKse grecque»
recueillies et mises en ordre par Grégoire Lam-
padariM» 1821, in-a'. Il était membre correfr»
pondant de l'Institut arcbéelogicpM de Bonoe.
L. J.
— NICOLSON
12
Lm Prtim^ te ta dteembre tMi. — Qaérvd,
JU<Mr.— FSUs, 5i«9rapJW« MAloerwite étt miuIcteiM.
■ic»M»6i ( Giooannà'Baitista ), géograpl»
italien» né le 14 octobre 1610» à Paterao (Sicile),
mnrt le I9 ianvier 1870, à Rome. U entra ùêsa
tes ordres eidevint docteur en théologie. Après
avoir passé quelques améee à la cour de l'em-
pereur Léopold !<% puis à eeUe de Ferdinand»
Maximilien , margrave de Bade, il vint se fixer
à Rome, oè il obtint, par le crédit des Borghèse^
d'être attaché comme chapelain à l'égKse Sainte-^
Marie-Majeure. De bonne heure il s'était ap.
pliqué à l'étude des maihématiqnes et de b
géojjprapfaîe, et il avait été chargé, dès 1682, par
la Congrégation de la Propagande de dresser un»
carte dn monde chrétien à l'usage des missioii-
naires. Il posaédait à fond plusieurs langwa
modernes, et il n'était pas moins rmarqoafale
par la variété de ses connaiasanees que par ses
éloqnence et la prudence de an conÂiite. On a
de lui : lii Teorica dsl gloào terrestre; Rome»
1642, ni>12; — Guida alla studio geogra^;
ibtd., 18612, in-4<*; — flereules SieuhsSf rim
studium geoqraphicum ; iftsd.« 1670-1671 ,
2 vol. in-fol., en italien. Ses ouvrages inédits
sont nombreux ; ilscomprennenl Orbie deserifH
tio in X magnas tabulas distrikmta; Eecl^
skutiesB ditionis descriptio; Regmi I9eapoli~
tani descriptio; Ragguaglio dei wiaggio im
Germania; Interessi d^ regnanti if J?mnoyM^
deir Asia et delT Africa; des oomédiet; de»
poèmes ; des traités de matMmaliqnes, de fort»*
fieation, de théologie, etc. P.
Moogittr*. J»f. SiaUtt.
1IIC9L8 ( Wilikm ), poète latin, né vers
1860, à Londres. Il fit ses études à l'université
d'Oxford, et y sut mériter l'affection du célèbre
Edward Pocoke. Sous le règne de Jacques II,
il eut è souffrir des persécutions dirigées contre
l*Église anglicane. L'évèque Norton lui donnn
la cnre de Stockport, dans le comté de Chester,
et ce ftat probablement là qull termina sen
jours. On a de lui un poème latin De inventis
litteris ( Londres, 1711, in-8*), divisé en six
livres et écrit en vers élégiaques pleins d'élé-
gance. Après avoir foit remonter l'origine de»
lettres alphabétiques à Dieu lui-même, qui ea
apprit l'usage aux hommes , il présente , dan»
des tableaux rapides et animés, la marche et
les progrèsde la littérature et des sciences èhes
les divers peuples. K.
Jeta grwManm Hptiauimm, m%, -> rreyttg. jêêpO'
ratm lUUr., 11, MU-issT.
iriG»L8. Foy. NiCBou.
HiGOLSOR OU nicBOLsoa ( WilUam}, s»>
vant prélat anglais, i^ en 1655, à Orton prèn
Cariisie, mort le 14 février 1727, à Denry, ea
Iriande. Fils d'un ecdésiastiqtte, il fat destiné
à suivre la même carrière. U venait de termfawr
son éducation à runiverallé d'Oxford lorsque rir
losepà ^illiamson, un des secrétaires d'État,
l'envoya à Leipilg pour y étndier à ees frais lea
iM^nes dki Nord ; à son retour il visiin In Franee.
Aussitôt qn'U eut reçu les ordres (1681), H de*
vint chapelaia de l'évèque de Garlisle, Edward
Bainb6w» qui hii donna presque en même tenpn
une préb«Bde à Garlisle et l'archidiaoBaat de cette
viHe, vacant par la asort de Thomas Musgrave
(166(2). Le 33 juin 1702 il succéda è son protcc^
teursar le siège deCailialn, et Gum^mI** Inchoi»
It KIGOLSON —
lit fA 17 1& pour grand amnAnier. Transféré m
1718 à l'é^èehé de Derry, U fui âevé le d fé-
▼rier 1727 à la dignité d'archev^iie de Caabel ;
mai» il moaratanbitemeDt, cinq JMiraa|iràsv On
a de loi : Mnglish kistorieai Hbraty; Le»-
drea» 1696-1699, 3 toI. in-S** ; — Scottsh àis-
tùrictti Hbraryimi., 1702, ia-8* ; -- BrisA Msr
tarieal librarjf ; ibid., 1724» ia-a*' Lcea racoeilB,
qui akeadeni cd pcécJeHX renseigiieineiits sar
rhiatûire et lea anliquités des treie leyeiMies,
oat été réwia et plnaieurs foia iéte(iriinéB; la
metUeuf e édilioa est celle qa*a donaée T. lùmm
i 1776, iii-4<>>. Hicûhen publiai ta 1702 uae
ItUre à Wbil» KeoMlt pe«r aerrlr de défense
à oet ouvrage centra^ Fr. AHeitary; ^ layes
marekiarunk, or Morder kmwA; ifaid., 1766^
1747,. ia-^*. U «ausai fiMirnidanx mémoirefi
MO. PkiUm^kual IronseclioM, et il a lédigé
ftmr Y£n$iuk àUom de PHt ( Oxiord, 168»-
168a^ 3 TOI. ÎA-fol. ) ka dcacripliao de la Pe^
logae» du Danemark et de ^'empire é'Alteniagae.
Son aeveu, Joêêpk Aieo/Aoa, a fait oeage poer
VHùiory of Cui^berlamd déa aombretUL maté-
nanx qu'il lai araii légués. F. L.
Wûoé^MMnm Olroik.ll. - Barrit cl Wara» /rttei^
L ~ Chalnecv Gourai kiovr^ DIcL
51GOL.SOA. Voy.NlCHOLâON.
KIGQ9IAQCB ( ]N(»6ii:xxo<:)* poëte tragîqiie
grec, né à Alexandrie en Xioade, vivait daoa le
cinquième siècle avant J.-€. Contemporain d'EO'
ripide et de. Théognia, U lutta contre ces deux
poètes et remporta la victoire contrairement à
l'atteate générale. On peut iplérer du langage
de Suidas que la pièce qui obtint le prix était
sur le Ai^et à*Œdipe. D'après Suiilas Nicomaque
composa douze tragédies ; mais il faut retrancher
de cette liste deux comédies; il reste les pièces
guivaates: Alexandre^ £riphyle, GewyoneSy
Aletides^ Né^plolème^ Les Mystens, Œdifiê,
la Desiraeikon. d'ilion ou PolyxàM^ Tyn-
dari^ Alcméou et Teucer. Ces trois dernières
tragédies fement une trUogie. Les deex au-
tres pièces mentionnées pai; Suidaa» EUiiduMi et
Mra>£at9MU(M& » appartiennent pretoMmaeDl;
aiaai qu'une antre cenédie^ intilalée NsuiMQtta,
â «a fiUoaamqae» poétede la comédili noikveil».
Il reslB ganlgaai iiragmeals de eea pièces.
11 existaU «a aatia CiieeiaeqMe» poêle éarao»
tienne comédie el ceateraponia de Ptiévéerale
(420aTaat J.-G^. y.
M Mttt KwéfuqeQC. "- MelMke, Frmamtmta
fr»eon0n,.ToL U p. IK cic., MO, efc ; V, p. W8^«ta*.
ptc — noV%e^ Fragm. poet, com. grae^ dans la
Btbnti/lèQU» Creeqmt &e M.-V. Didot, — Wagneri^^Togai.
afae. AnacëuM ■• mètm tfiK ».
jlMtOMa^iTB è$ Çéfti^iéu le n , mafnéiMitiGien
grée, aé à Gérasa, e» Araète, vivait dans le pre-
Brier siècle apvès J.-C. R éerrvit sur Varithmé-
tiqoe et la masHpie, et so» nom devint uaeex-
yrewioB eoeMaeiic peer désigner rnt savant
aaalNninHrf>n. « Tms comptez comme mt NI-
cmnaqae et Mrasa », est-il dit dans le Philo-
patrie, meeneqnea exercé indirectement par
NICOMAQUE 14
rinlermédiaire de Boêoe, son abréviatear, une
grande influence «ur les études seientifiques en
Europe, au qoinaième et au seizième siècle. U
appartenaH à l'école de P^thagore, et fl éerfvH
une v»e de ce philosophe ; elle n'existe plus. Le
grand envrage de Nieomaqiie sor rarHhmétiqne
est égaleroeat perdu ; H reste de lui 'ApiO{jLiiTixfïc
sifforfttriK P^^ ^ ( Pnir0(htett&ii à l'étude de
Vmrithmétitiue ea deux livres), puhfiéc par
Cbrisliifr Wecher; Parts, ld38, in-4<'; et réim-
primée par Ast à la suite des Thtûlogumena
ariiJtmeticx attribuéa à Jambtique; JUîpztg,
1817, inrâ**; — 'E^X^P'^^^^ ^l^'^^c ^âÀéap
( Manuel «i'AarvMmte en émt» iivre$ ), puMK
poQK la première fois per Meursras dans ses
itacforaetw^eri^mtMica», Leyde, 1616, fn-4^;
réimprimé par Meibomins avec une traduction
latiae dtea ses Awt^uv mttsieet aueiores sep-
twm; Amsterdam, 1632, ia-4^ Le père Lami
l^insére dans soa édition des Œuvres de Meur-
sim. Kkomaque avait aussi composé des ^oXo-
Yoû(ie>ra( àptO{nrnxij:'( Théohgoumènes (Tarithr
métique ), dana lesquels il recueillait les rapports
mystiques des naml»res. Cet ouvrage est perdu,
et il tt^a guère lieu d-ea regretter la perte, si Ton
en cralt Pliotias, qui le juge très^sévèrement.
Atliénée mentionne oa tnûté Ilepi éoptfiv Atfvir-
t{«»v ( Sur le» Fêles des Égyptiens), par un R i-
comaque qui eât peut-être le mdme que U Gé'
rménàên. Y.
PhoUiM^ Jttlioea«ea. - PMrlcina, BWMkeca Crmea,
TOI. V, p. 6». » UonoMiia, Miblé0ifr. Léxic«tu —
Montucla, Histoire des mathémaUçues, t. I, p. StS. —
Sinttb. DietUmary of oreêk and roman biographe .
1IIC9MAQVB, célèbre peintre grec, lils et dis-
ciple d'Aristodème, né à Thèbes, vivait dans fa
seconde moitié du quatrième siècle après J.-O.
Cieéron le place à c6té d*Apelle et de Protogène ;
Pioèarque eecnpare ses peintures aux vers d'Ho-
mère, et dit que, outre la force et la grâce, elles
avaient le mérite éa II feclHté et semblaient
avoir coûté peu die petne. Vitruve le mentionne
parmi les artistes qui eat manqué d'atteindre le
plus haut point de renommée, non par défaut
d'art et d'babileté, mats h cause de drconstaa-
oesaectdeateNes. Cependant, d'après mt curieux
récit de Pline, on peut croire que Hieomaqoe
aurait (tonné plus de perfitetSon à ses ouvrages
sit y avait consacré plas de temps. Cliargé par
le tyran Aristrate d^ peindra le monument
élevé au poêle Tétestès, il' tarda tellement à se
mettre à Toeuvre qoe fe tyran s*irrita dtt délai;
mais enfin, commençant son travail* quelques
jours avant le diemier terme qui* loi était ass^
gtté, n remplit ses engageroenta avec antaal
d'habileté que de promptitude. P!U»e ctte les
ouvrages suivants deNicomaque : rBnlèvemeni
(te Proserpine^ dan& le temple de Minerve au
capitule, au^essnsdtt sanctiiailre de ]a Jeonesaa;
une Yictotre sur un quadrige dédié par
PlancQs dma le Capitule ; Apollon et JHone;
Cybèle ta mère des VUur assise sur un
Hon ; des Bacchantes surprises par des Sa-
15 ISICO^UQUE
tyreâ ; une Scylla-^^m le temple de ta P«tx ;
00 tableau inaclieTé des Tyndarides^ et qui o'en
était pas vaoiuB regardé comme une des oeuvres
les plus admirables de Nîcomaque. Ce peintre
eut pour disciples son frère Aristide, son fils
Aristodès, Pbiloiène d*Érétrie et Nicophane.
Stobée rapporte un propos intéressant de Nioo-
maque. Un amateur remarquant quil ne pouvait
lien Toir de beau dans VHélène de Zeuxis.
« Prenez mes yeux, répondit Nicomaque, et
TOUS Terrez une déesse. » Z.
nine, Hist, nat.. XXXV, 7, lo. il. - Cieéron, Brut.,
18. — Plotarqoe, Timol.., t€. ^ Vllrttve, III. — Stobée,
Sermon., 81. — Junlot, Cmlalogu$ arti/leum, - SmlUi ,
iheUonurif oS çnek and roman Hograpkif,
NiooMàDB 1er (N(xo(ii^ ), roi de Bithynie,
Sli aîné de Zipoétès , régna depuis 278 avant
J.-C. jusqu*à 250 environ. 11 succéda à son père,
et, suivant la coutume des despotes orientaux, il
commença son règne en ordonnant de mettre
à mort ses frères. Deux furent tués; on troi-
sièroe» nommé Zipoétès, échappa anx meurtriers,
rassembla un grand nombre d'adhérents et- se
maintint indépendant dans une partie de la Bi-
thynie. Ainsi alTaibli à Tintérieur et menacé d'une
invasion par Antiochus Kr, roi de Syrie , Ni-
comède se fortifia par une alliance avec la ville
d'Héraclée et avec Antigène Gonatas. Il trouva
bientôt des auxiliaires plus puissants. Les Gau-
lois,dans leur marche rapide vers TOrient, avaient
atteint le Bosphore et assiégeaient Byzance. Mi-
eomède persuada à ces vaillants barbares de
Tenir en Asie se mettre à sa solde. Les Gaulois,
sous les ordres de dix-sept chefs, dont les deux
principaux étaient Léonnorius et Lutarius, Ira-
Tersèrent le Bosphore, défirent Zipoétès, qui fut
mis à mort, et forcèrent Antiochus à se retirer. Ni-
comède, devenu maître incontesté de la Bithynie,
eat le bonheur ou l'habileté de ne pas se brouiller
avec les redoutables auxiliaires qu'il avait intro-
duits en Asie, et il passa dans la paix et la prospé-
rité le reste de son règne, qui dura vingt-cinq
ans. Voulant, comme les antres rois grecs d'Asie,
perpétuer son nom par la fondation d'une nou-
velle capitale, il en choisit judicieusement l'em-
placement dans le voisinage de la colonie méga-
xienne d'Astacus. Nicomédie, fondée en 264, de-
vint rapidement et resta pendant plus de six
siècles une des villes les plus riches et les plus
florissantes d'Asie. La date de la mortdeNicomède
est inconnue ; mds fabbé Sévin la place avec vrai-
semblance vers Tannée 2&a. Nicomèdefut deoxfois
marié. De sa première femme, Ditizela (suivant
Tzeizès, qui rapporte sa mort tragique causée par
la morsured'nn chien},ouClonsingis d'après Pline,
Il eut deux fils, Prusias et Zielas^ et une fille, Ly-
sandra. Sa seconde femme, Etazeta, lui persuada
de mettre de c6té les droits des enfants du pre-
mier lit et de laisser le trône aux fils qu'il avait
d'elle. Ces fils étant encore enfants, Nicomède,
par un testament confia leur tutelle aux rois
Ptolémée et Antigone Gonatas et aux villes d'Hé-
raclée, Byzance et Cius. Toot cet arrangement
— NICOMÈDE
16
resta inutile, et Ziélas se mit paisiblement en
possession du trône. L. J.
Memnon, c. is, is— to, i>, dana les Fragmenta
hUtor. grmeorum (éd. DMot). t. III, p. sw, etc. -
«OAtln, XXV, t. - TxeUds, ChU., 111. MO» MO. > Strabon,
XII, p. US. « Élleone de Bjzaoce, au mot NtxopLiQdsMC.
— Bàsèbe. Chnm, - PaoMnlai, V, «. — PUne, Hitt.
nat.. VII, M; VlII,4«;XXXVI,*._Tlte-Uve.XXXVIII.
16. — SéTio , dans iea Mémoire* de r académie des int-
criptions, L XV. - Droyaen , HeltenUmut , vol II.
NIGOM&OB II, Épiphane, roi de Bithynie,
fils de Prusias U et quatrième descendant du
précédent, né vers 176 avant J.-C, mort vers
'91. Encore enfant, il accompagna son père à
Rome, et fut favorablement accueilli par le sénat
Quelques années plus tard ses talents et son
jimbition excitèrent la jalousie de Prusias, qui
l'envoya à Rome comme otage. Là encore il se
distingua, et se plaça très«haut dans la faveur da
sénat, devant lequel il défendit, en 155, les droits
de Prusias contre les prétentions d'Attale II, roi
de Pergame. Ces succès ne firent qu'accroître
les soupçons de Prusias, qui envoya Menas à
Rome, en 149, avec la mission secrète d'assas-
siner Nicomède. Menas, voyant le crédit dont le
jenne prince bithynien jouissait à Rome, pensa
que sa mort ne resterait pas impunie; Il préféra
tout révéler à Nicomède , et, d'accord avec An-
dronlcns, ambassadeur d'Attale , il le pressa de
détrôner son père, qui s'était rendu par aet vices
l'oiijet de la haine et du mépris des Bithyniene.
Nicomède prêta facilement l'oreille aux sugges-
tions de Menas et d'Andronicos. U quitta secrète-
ment Rome, débarqua en ÉpireyOÙ il prit ou-
Tertement le titre de roi et se rendit à la cour
d'Attale, qui lui promit de le soutenir par les
armes. Prusias, abandonné par tons ses sujets,
invoqua vainement l'appui du sénat. Les habi-
tants de Nicomédie ouvrirent les portes de leur
ville au jeune prince , et le Tieux roi, qui s'é-
tait réfugié près de Tautel de Jupiter, fut égorgé
par l'ordre exprès de son fils, en 149.
Le règne qui commença par ce parricide dura
cinquante-huit ans, et comme il fut tranquille,
il a légué peu d'événements à l'histoire. Nicomède,
qui avait vu les Romains de près, savait qu'il était
incapable de leur résister, et, quoique amUtieax,
il ne hasarda que rarement de leur déplaire par
des tentatives d'agrandissement. Ce conflit entre
l'ambition et la crainte se remarque dans tout
ce que nous connaissons de la conduite de Ni-
comède. En 131 il assista la république dans la
guerre contre Andronicus; mais en 103, voyant
Rome dans un imminent danger par suite/ de
l'invasion des Cimbres, il caisit cette occasion de
faire entendre des plaintes très-vives sur les
exactions des fermiers romains de Timpôt en
Asie, et refusa d'envoyer les secours que lui
demandait Marins, fin même temps il s'unit à
Mithridate VI pour s'emparer de la Paphlagonie,
et malgré les ordres du sénat il s'appropria ce
royaume, en ne donnant que la souveraineté nomi-
nale à un de ses fils. Quatre ou cinq ans plus tard.
17
NiœMËDE — NICOSTRATE
18
Tcre 96» il imagina de joindre la Cappadoce à set
États en épousant Laodicey Tea^e d'Aiiarathe VI.
Qooiqa'il eût an moins qaatr^vingts anSyil exécola
flooproietde mariage; mats il ne lai fctpas aussi
ladle de se mettre en possession de la Cappadoce,
qae Mithridatehii disputa .et loi enleva. Nioomède
s'adressa alors au sénat, et réclama la Cappa-
doce pour un jeune Imposteur qu'il faisait passer
pour le fils d'Ariarathe et de Laodioe. Cette prin-
cesse elle-même alla soutenir à Rome les droits
de son prétendu fils. Le séqat, sans s'arrêter à
cette imposture, déclara Nioomède et Mlthridafè
mai fondés dans leurs prétentions rivales sur
la Cappad6oe , et leur ordonna de laisser cette
province indépendante. Il prescrivit aussi à
Nicomède d'évacuer la Paphlagonie» qui ne lui
appartenait pas plus que la Cappadoce. Le vieux
roi de Bitiiynie céda , et termina son long règne
en paix avec la toute-puissante république. L. J.
Applen. JfiMrMoftf.^T. - Polybe. XXXII, M. —
JmUb, XXXIV, 4; XXXVII, 4; XXXVIII, 1, - S. •
ZoMns, IX, ts. ~ Tlte-Uve, ÊpU,j L — Straboo,
XIII, p. fS»; XIV. p. 6M. - Dlodore de Sicile^ JLXXII,
XXXVI, Excêrpta, — vucodU , lamoçraphU greevm,
▼»!. II. p. IH. — CUDton, FaHi keUmiei, vol. III, p. 41S.
HicoMàoB III , Philopator, roi de Bithynie,
fils du précédent et de sa femme Nysa, mort
en 74 avant J.-C. Mitliridate, d*abord l'allié puis
Vennemi de son père, voulait s'emparer de la
Bithynie. Il prétendit que Nioomède UI était
le fils d'une concubine, et sous ce prétexte il
poussa un autre fils de Nicomède lit, Socrate,
surnommé le Bon ( ô Xpn^o; ), h envahir la
Bithynie avec une armée qu'il lui fournit Nico-
mède, incapable de lutter contre ce redoutable
compétiteur, invoqua l'appui des Romains. Deux
légats du sénat, L. Cassius et M. Aquilius, vin-
rent le replacer sur son trône, en 90, sans que
Milhridate et Socrate osassent faire aucune ré-
sistance. Fiers de ce facile succès, les deux le-
dits poussèrent le pacifique Nicomède à envahir
et à mettre au pillage le royaume de son ad-
versaire. Nicomède se prêta malgré lui à des
représailles qui avaient pour but d'enrichir les
officiers romains aux dépens du Pont et contre
lesquelles Hithridate protesta vainement auprès
do sénat Poussé à bout, le roi du Pont prit vi-
IQonreuaement l'offensive en 88, et eut bientâl
contraint Nicomède à s'enfuir à Pergame et de
là en Italie. A la suite de ces événements s'en-
gagea la premièro grande lutte entra Mitbridate
et la république. Nicomède en fut le témoin
passif, et profita de la victoire des Romains.
SylU stipula avec Mithridate en 84 que le
royaume de Bithynie serait rendu à son légitime
sonveiain. Nicomède, rétabli sur le trAne, régna
encore près de dix ans , sans que rien troublit
la paix et la prospérité de ses États. C'est à peine
s'il est encore question de lui dans rhistoire. En
Hi un jeune Romain vint de la part du préteur
M. Minucius Thermus réclamer l'assistance de
la flotte bitfaynienne, et fut accueilli par Nico-
mède avec la plus grande faveur. Ce jeune
homme était Jules César; quand il fut devenu
plus tard le premier homme de l'État, ses en*
nemis rappelèrent avec les plus injurieuses im">
putations la faveur dont if avait été l'objet à la
cour de Bithynie ( voy. Césae ). Nioomède
mourut sans enfants, et légua son royaume au
peuple romain. Mithridate réclama l'héritage au
nom d'un imposteur qu'il donnait pour le fils du
roi de Bithynie; mais la guerre qu'il provoqua
par cette revendication se termina par sa ruin<\
complète ( roy. MmaiOATS ). L. J.
Memnon, e. M. tl. SI. — Joalla, XXX VIII. t. l. -
— Applen^ JUéfArM., 1, 10, 11, IS-IS. 60, 7t. — TIte-
Ute. BpU.» LXXIV, LXXVI, LXXXIIl, XCIII. - Plu-
Urqoe. Sulta, II, 14; £>«.. I. - BpUt. Mitkr. ad
ATMGt dias vaut, tfr SaUutte, IV. p. no, édit de Ger-
lach. -> befcbel. Doetrina Ifum,, II, p. 444, 441. — Vta-
eonU, IconographU grec^tu, val. Il, p. loi. — OrelU,
Onowuuticon TuU,, p. 4M. - CUnton, FaUi helieniei,
VOL III, p. 41S410.
HicoMfoiB (Georges de). Voy, Georges.
HIGON. Vof. Nixon.
MiGOpaaHBs, pemtre grec, vivait vers 300
avant J.-C. Il fut le contemporain ( plus jeune)
et le successeur d'Apële. Pline dit que pour l'é-
légance , l'agrément et la beauté, peu de peintres
peuvent lui être comparés {elegans et con"
cinnuSf Ua tU vemuitaie ei pauci comparent
tur)\ mais c'était une beauté molle, affectée.
Nicophanes corrompit l'art , plus pur et plus
noble, des anciens maîtres, et il mérita d'être
compté au nombre des pemtres obscènes ( xop-
voYpeiçoi }» Pline cependant lui attribue l'éléva-
tion et la gravité de l'art ( cothurntu H et gra^
vitas artis ) ; mais cette contradiction s'explique
ou par une altération do texte ou par un manque
de jugonent assez commun chex Pline. Il est
question dans Plotarque ( De aud. pœt. ) d'un
peintre licencieux nommé Cbacrephanes. Comme
il n'en est parlé nulle part ailleurs, Sillig suppose
que le texte de Plutarque est fautif et qu^il faut
lire Nicophanes. Y.
Plloe, Mit. NOt, XXXV, 10. >- AUénée, XIIJ, p.S6T.
— SlUlg, Catatogus afti/Uum,
KiGOPBO!! ( NixGçÂyv ) ( Suidas l'appelle
probablement par erreur NixéçpcDv, fîkophron),
poète comique athénien, vivait vers 400 avant
J.-C. H fut le contemporain d'Aristophane, vieux
et presque au terme de sa carrière. Bien qu'A-
théhée prétende qu'il^ appartenait à l'ancienne
comédie, il semble qu'il était plutôt uo poète
de la comédie moyenne. On connaît les titres
de six de ses pièces, qui, à part une seule, sont
sur dea sujets mythologiques; ce sont 'A8a»vic
(iâcroRti) ; — *El ?8ou &vite>v iVÉchappédes en-
/ers ) ; — 'AfpoôiTVK ywal ( Naissance d^Âphrth
dite)\— Uavdupa ( Pandore ) ; — Xtifoyàotopic
( Les Artisans ) ;.— ScipS}vi« ( Les Sirènes ). Y.
Mdoektf, Fraipm, poêi, eaimie., ?ol. I, p. IM. etc.,
vol. 11, p. S48. ete. — Bolhe, Fragm. eom, grme, ( édic.
A. F. Dtdot ).
NiGOSTftATB ( NixéorpOTOc ), poéto comiquo
athénien , le plus jeune des trois fils d'Aristo-
phane, vivait dans le quatrième siècle avant
J.-C. 11 appartenait à une période de transitioa
19
entre ta eomédie moyenne et la Doavelle. Plu-
sieurs de ses personiia^es sont de œ dernier
genre; ainsi il intit en scène un loldat fiinfaron,
un usurier, un cnisiiiier. Photius rapporte, on ne
sait d'après qocUe autorité , que Mioostrate, en-
flammé d'amour ponr nne certaine Tetti^idKa,
se précipita dn haet dn cap de Lsucade. On
eemnatt les titres de dbc^neuf des ooraédies de
Kioostrate. Trois de celles-ci, 'AvcuUo; (An^
t^Uus), Olvovtwy {JBmfèim)^ et BMçbvoç
(Pajidr9sus)f ont été attiihnées à nn antre fila
d'Aristopbase^ nommé PhUétérus. Les autres co-
médies de Nicoetrate sont : "ASpot ( £a Déliemte};
'AyxtçûmL ( L* Amante) ; *AirKXauv6(xevoc ( V£n^
itPé) ; BttotS^;; ( Les Bms); 4mi6oXoc (Le Co-
Imnniafewr); 'Exéni (Bécmte); 'Hated^ç
( Hésiode ) ; 'lepofâvtT]; ( VUiirophantt ) ;
KXtvTi ( Le Lit ) ; Mayeipo; {Le Cuisinier ) ;
*Opv(tttùrfiç ( VOïseUur); narpuMot ( Ln Pa-
iriotex) ; IDoOto; (Plutus) ; Svpoc {le Syrien) ;
ToMorJk ( V Usurier); ^audoonYiioiTiac ( Le
fmnx Esclave ), Suidas a confooda ce Micostrale
avec un acteur tragiqne qui fivait avant 420. Y.
Fabrtciua, BtbUaih, grttea, foU U, p. «71. — Mei^
neke, Historia critiea eom. graecor., p. S4«»e1c. — Bo-
tfie . Fragm. poet. corn. gnee. (éd. k.^¥. DMot). ~
Btdc. Ccira. â»r iMtm, SHeàUtunat, val. lU, p. 4I0l
HicoT ( Jean ), sieur de Yillimaui , diplo-
mate et éradit français, né à Nîmes, en 1630,
mort à Paris, le 5 mai 1600. il était fils d'un
notaire de Nlraea, qui ne lui laissa guère en
movraat qu*une bonne éducation. Nicot se sentit
à l'étroit dnns sa ^ille natale; il vint à Paris, j
perfectionna ses études et ses façons , fit con-
naissance avec quelques seigneurs lettrés, ou du
moins qui affichaient de Tétre , et, aidé par son
naturel insinuant, obtint d'être présenté à la
cour. Il sot si bien y plaire que Henri 11 lui
accorda une partie de sa confiance et Tadmit
dans son conseil. François il conserva à
Nicot la faveur dont il avait joui près du roi
Henri ; il le chargea même d'une ambassade au-
firès de Sébastien, roi de Portugal rl560). H
réussit dans sa mission ; mais ce qui lui assura
Fimmortalité ce ne (brentni ses talents diptoma-
tiqups, ni son esprit remarquable, ni ms con-
naissances sérieuses , oe fut d*avoir introduit en
France ta plante dont l'toiploi est universelle-
ment connu sous le nom de iabetc.
L*étymologie du mot iabac ou tabaca dérive,
selon toute probabHHé, dn nom de Ttièaeo (1),
(U Cette «UiMiloglc 9êK coQiailét. Lorsque Cbrktopbe
Golonb aborda pour la première foi» à Cuba, en octobre
lin, H ebargea denx boaiaea de mo équipage d>ipl«irFr
Ir paya^ • Ce* tm^^yéa utMWRèrfnt •• cneai», dit te «^
Mbire ■M%ileDr dana $mm >avnal. an RBan<l naoïbre
a*lndlens, hommes et femmes , qui teftalenl en main an
petit ll%on allumé , compose tfiterbra dont tN aupirateot
le parfum , aelotf leur cootume. m LIHèqoe de CMapa,
Bartbélemy de Las Casa*. eeatrroporalA de Colomb,
du, dans son HUMrw générale des Indes ■ q«r le tlsoo
ilfêBlÉ par Colomb cal •■eeapAee 4e mansqaalon ( pipe
probablement ) bourré d*unc (euUlc sécbe que les In-
diens allument par un bout , tandis qu'ils aiwent ou hn-
ment par fantre estrémtlé. Cca nMus^iieioos aoas ap-
pae ks tadicM «. C'est encore ce nom que
r^iœSTRATE — I9IC0U-CH0R0N
20
Tune des Antilles, dans laquelle ponr ta pre-
mière fois les iUpagnota en apprirent Tusage;
mais les indigènes nommaient généralement cette
plante petun (1). Quoi quUl en soit» le tabac»
dont Cbriâlophe Colomb et Las Casas avaient
eu connaissance» fui introduit en Europe au com-
mencement du sei4ième siècle. £a 16 1 8, Cortèa
envoya des graines de cette plante à Charles-
Quint; mais il ne parait pas que l'on ait donné
alors à sa culture ou à son emploi ta moindre
attention ; car un négocUnt flamand qui reve-
nait d'Amérique» rencontrant Nicot à Bordeaux,
erut lui Cure un présent de quelque valeur en
lui donnant des graines^ de pétun. Mict)t en en-
voya quelques-unes à Catherine de Médids et
lui offrit ta plante elle-même et ses produits lora
de son retour. 11 en offrit aussi au grand prieur»
d'où vint qu'elta fut nommée kerïke du grand
prteur, et herbe à la reine ou Médicée. Le
cardinal de Sainte- Croix, nonce en Portugal» et
Nicolas Tenabou, légat en France, ayant les
premiers introduit cette plante en Italie, don-
nèrent aussi leur nom au tabac qui fut appelé
kerbe sainie ou sacrée (3). La culture série«ise
en France n'en .commença qu'en 1626. Nicot
ne se doutait guère qu'un jour (1861) elle rap-
porterait à son pays cent cinquante millions de
contributions indireUfs! Les t)otanistes ont
donné à la plante importée par Nicot le nom de
nicaHana.
On a de Nicot deux ouvrages : Aimonii mo-
jfucAi» f lit anlea Ammtmii nomine circum-
ferebatur, hisCorix Francorum , lib. lY, etc. ;
Paris, 1566, isk'h" ; — Trésor de la langue
française, tant ancienne que moderne; au^
quel entre autres choses, sont les mois pro-
pres de marine , vénerie al fauconnerie » etc.»
ramassés par Aimar Ranconnet » suivi d'une
grammaire frauçoise et latine de J. Mas-
set, et du Recueil des vieux proverbes de
la France , ensemble le Nomenclator de Ju-
nius, mis par ordre alp/iabétique , et creu
d'une Table particulière de toutes les dic'
lions; Paris» 1606, in-foL ; Rouen* 1618, in-4^
L~z — B.
Ménard» Hist. de Nîmts , t. v.p. soe. ~ Goigct^ Itfém,
mss. — Raynal, Hitt. pKUOiophiqut des deux Indes- —
9, Hœfer, INet. dé èetîméqme prati§me.
l HiGOV-CNOROif ( Stephano-Lamie)^ ooaa-
positeur français, né k Paris, le sa avril laocu
A l'âge de huit ans , fl entra comme enfant de
chœur à PégKse de Chàtenay, près Paris, et reçut
les premières leçons de musique d'un vieux eh»>
rittte de l'Opéra, nommé DeUtois. Celni-ci, an
les babllaats de la Havane denucat mn. ctgaMm. Le
de taiae serait donc plus ancien chez les Indigènes qne
chez Ira Européens et antérieur à la déeoaverte de nie
deTalidlro.
(1) U'eà le noat de fcfMiia, donné par Jnaslen à nn
eenre de solanéea ortglaalrea du flr^U et ayant brau-
eoup d^ffinlté avec In l^ieotUma ( Laurent de Jassleu.
Centra PtasHarum >.
n» Toj. M. te D* F. Hoefer» HkÊknmaitré ê» èoCn-
niine, p. 473.
31
boot (Tdq an, le ooodoisU chez Ghoroo, qat,
diaimé des heureuses dispositions de Veabal,
Mmit aussitôt au nombre de ses élèves dans
réoole i|ii*il Tenait de fiMider sons la dénominn-
tkm d'École roffolé et spéciale de chani.
Après avoir termiaé se» études musicales, te
jeune artùle devint professeur dans eet établis-
lement, qui fut transfonné, en 1824, en inh'
tiiuiiaH rofiaU de muxique clauique etreli-
fieuse^ et y leniptit enl832, les fonctions d'ins-
pecleur igénéral des études. Il avait éponsé la
fille deCboron.Alamortde ce maître (1834)» il prit
la direction de aon école qui, malgré les éminents
aervices qo'eUe avait rendus, fut supprimée Tan-
née suivante. Plusieurs artistes qui s'y étaient
fimnés, entre antres MM. Duprez, Dietscb,
Adrien de La Page, Hlppolyte Monpou, Scnda,
Wartd, Mne Stolz, s'étaient déjà dirigea vers
les diverses branches de l'art où ils allaient bien-
tôt se Caire une réputation. De son côté, M. Mk
eon-Cboron se consacra au prolessorat et à la
compositMm appliquée particulièrement au genre
reltgieax et k celui qui convient aux maisons
d'éducation. Un oonconrs pour la composition
des chants religieux et historiques ayant été ou-
vert en 1847, il y obtint trois médailles d'or et
deux de bronze. Il a écrit on grand nombre
d'ouvrages, remarquables par la correction de
l'harmonie et par la pureté de la mélodie , les
parties vocales étant parfaitement renfermées
dans rétendue des voix et écrites avec beaucoup
de goât et de soin. Son instrumentation, claire et
étégantn , est toujours appropriée au siyet qu'il
traite. M. Nicou-CU>ron avait reçu des levons
d'harmonie de Reicba; mais c'est bien plutôt par
hii-méHie ^ en étudiant les grands maîtres et en
profitant dea excellents préceptes que Cheran
avait transmis à ses élèves, qu'il s'est acquis ,
comme compositeur et comme professeur, une
réputation justement méritée. Il professe depuis
de nombcenacs années dans plusieurs étahUsse-
mcnts, nais sans avoir une position oCScielle.
Parmi ans élèves particuliers, il faut signaler
GaveanirSabatier pour avoir obtenu leç
tes plus brillants.
lalîsle dea prindpanx ouvrages de M. Ni-
con^ChoTOA : Tnis messca solennelles, A tr^
et qnain voix, avec orchestra; — Xrois messes
brèvca, A deoxon trois, voios., avec argue; -^
Tiuis naeanis pour une seule vois, avec orgue,
Tane pomr soprano ou ténor, la seconde pour me»-
xosofMann an hirylon , et la troisième pour coo-
tnilo— basse; — MesMOQnMrtante,iktfoisvoix,
avecempe on oicliestm; — Messe de laNativité,
à trois Toix , arec orgue ou orchestre ; — Messe
de rorpbéon, à trois ou quatre voix ég^es, avec
ou sans accompagnement; — Mesae à l'unision,
aveecfgne; — Mesae de Dnmont, traîtéeencon*
trepoM, A trais voix et orgjae; — Messe des
Moila^ Aqnaire voix é^es et orchestre; >- Trois
oratufiue r de Roél, de Piqnes et de la Pente-
côte, chœurs et sûIûs avec orgue ou orchestre
NICOU-€HORON — KICQUET
23
— lu Prestiges de rAnrmofiie, cantate sacrée
à six Toix, sans aœompagnement ; — Quatre can-
tates à l'usage des maisons d'édncation, A deux et
trois voix avec piano ou orchestre ; ~ Recueil de
douze chœurs , poéslo» morales» à trots et quatre
Toix, sans accompagnement; — Trois chœurs,
poésies morales, k quatre voix sans accompagne-
ment; ^ Un très-grand nombre de motets pour
tous tes usages de l'église et pour tous les genres
de voix avec accompagnement d'orgue ; — Re-
cueil de 344 cantiques pour une seule voix avec
orgue; — Marche relîgieuse à grand orchestre,
composée sor le motif de VAdeste fidèles; —
Méthode combinée de solfège et de chant; ^
Douze grandes vocalises pour soprano et té-
nor, etc., etc. D. DENifs-BAnozi.
Documenta partietdiers^
NIGQVBT ( Honorât \ auteur ascétique fran-
çais, né le 29 août 1585, à Avignon, mort le 23
mai 1667, à Rouen. Admis en 1602 chez fes Jé-
suites, il professa la rhétorique et la philosophie
pendant plusieurs années; ses supérieurs, ins-
truits de son mérite « l'appelèrent à Rome, où
on Ini confia les doubles fonctions de censeur des
Hvres et de théologien du prévôt général. De
retour en France, il s'adonna à ta chaire, et cher-
cha moins à plaire qu'à toucher et édifier ses
auditeurs. Puis 0 dirigea successivement les coI«
léges de sa compagnie è Caen , à Bourges et A
Rouen. Dans cette dernière ville il établit, sous
le nom ^ Œuvre de ta Miséricorde^une société
charitable destinée à Tenir eh aide aux indigents
et aux malades. On a de hii : Le Combat de
Genève^ ou /alsifications faites pour Genève
eu la translation firançoise du Nouveau Tes-
tament ; Là Flèche^ 1621,in-8*; Alençon, 1638,
în-8*; — Apologie pour Jtordre de Fonte^
vrauld; Paris, 1641, in^S"; ^ Histoire de
tordre de Fontevrauld; Paris, 1642, in-4**;
Angers, 1642b 16^6, in-4*; elle fut composée à
la prière des religieuses de œt ordre et dédiée à
leur supérieure générale Jeanne • Baptiste de
Bourbon ; — Gloria Beati Roberti de Arbris-
selto; La Flèche, 1647, in-i2 : la vie ât ce per-
sonnage se trouve déjà en français dans l'ouvrage
précédent; — Titulus sanct» CrudSf seu /its-
toria et mysterium tituli Crueis ; Paris, 1648,
1675, in-8''; Anvers, 1670, in- 12; — PAysto-
gnomia humana lib, lVdisHncta;Ljùiï, 1648,
in-4*; — De sancto angelo Gabriele; Lyon,
1653, 10-8"; — La Vie de Nicolas Gilbert^
instituteur de Pordre de VAnnonciade ; Paris,
1655, inr8*; — La Vie de sainte Solange,
vierge et martyre; Bourges» 1655» in-8*; —
Le Serviteur de la Vierge, outraUé de la dé-
votion envers la mère de IHeu; Rouen, 1659,
1665, 1669, in-12 ; — Stimulus ingrati animi;
Rouen, 1 66 1 , in-8* ; ~ Nomenclator Marianus,
sine nomtna Virginie Maria; Rouen, 1664,
hi4*; — Iconohgim Manama; Ronen» 1667,
in-8*. II a laissé en manuscrit un recueU intitulé
Ctogia seu Nomeaeiàtee soMCteewm ei celé-
9S NICQUET — NICUESA
àriorum in Eeclesia scrlpiorum, et qne pos-
34
sédait la bibliothèque du nofidat de Rouen. P. L.
Sotwfll, BtbL MHpc Soe. /nu, no-3Sl. - Ulonir.
BiM. kUt. de ta France. - Acliard, Diet kUt. 4e la
Provence. — Barjavel, Bioffr, du f^aucUue.
AIGUBSA ( Diego de), l'un des premiers dé-
couvreurs de l'Amérique, né en 1464, dirparu en'
1510 ou 1511. Il possédait dans sa patrie un
riche patrimoine; mais, entraîné par Taroonr des
afentures, il suivit Aroerioo Vespucci et Alonzo de
Ojeda lors de leur voyage au golfe d'Urata, en
1501. Détaché sur un navire qui aborda à Puerto
del Retreie, qu'avait déjà découvert Rodrigo de
Bastidas» et où Christophe Colomb n*atterrit que
le 26 novembre 1503 (1), il revint à Cuba, et y
acquit de grandes propriétés. Il alla en Espagne
en 1508 pour se faire confirmer dans ses pos-
sessions et obtenir le droit de faire de nouvelles
découvertes. Il y retrouva Ojeda, qui sollicitait
dans le même but Ojeda (voy. ce nom) obtint
du roi de Castille la concession des terres qui
s'étendaient depuis le. cap La Vêla jusqu'à la
moitié du golfe deUraba (la Nueva-Àndalucia),
La partie située depuis Tautre moitié du golfe
jusqu'au cap de 6racias-à-Dios fut donnée à Diego
de Micuesa sous le nom de CasUlla del Oro,
La rivière de Darien séparait les possessions des
deux conquistadores. Ferdinand mit en même
temps à leur disposition 111e de Jamaîca d'où ils
devaient tirer les ressources qui leur seraient
nécessaires, à la charge par eux de verser au
trésor royal le quint de leurs bénéfices durant
dix années , le roi se réservant au bout de ce temps
de disposer à son gré des terres découvertes.
Les deux conquistadores partirent ensemble de
San-Lucar en 1509; mais arrivés à Espafiola
CHaïti), ils eurent des différends si graves qu'a-
près plusieurs provocations mutuelles, ils sépa-
rèrent leurs intérêts. Ojeda, qui avait tous les
torts, partit le premier, débarqua près de Carta-
gêna (nova) et vit périr presque tous ses gens
sous les coups des Indiens. 11 errait avec une
poignée des siens dans les mangliers {rhizophora
mangte) de lacOte, lorsqu'on signala l'arrivée
de Diego de Nicuesa avec sept caravelles portant
chacune cent hommes. Nicuesa oublia ses griefs
contre Ojeda, et tous deux ne pensèrent plus
qu'à venger la mort de leurs compatriotes. Leur
première action fut de cerner et brûler durant la
nuit le village de Yurbaco composé de plus de
cent cabanes; hommes, femmes, enfants, tons
périrent dans les flammes ou sous le fer des Cas-
tillans (2). Après cet exploit, les deux aventuriers
espagnols se séparèrent de nouveau. Diego de
Nicuesa s'embarqua à Cartagéoa pour se rendre
à Yeragua. Trahi par un de ses officiers, Lopé
de Olaôo, iî ne fut pas suivi par sa flottille, et
poussé par une tempête, dut échouer sur une lie
(1) Le srand navisitear, Ignorant lei déoooTcrles pré-
eédentet, doona à ee port le oon de Bseribanot. IHcKp
de Nlcuen lai doooa pliu tard celai de Nombrt'dt-Dtof,
qol prévalut longtemps.
(t) Seloa Berrera alz eafuits forent aanvés et.tapUtéa.
déserte où beaucoup de ses compagnons mou-
rurent. Olano, qui, débarqué à l'embouchure dn
Rio de fiélen (1) , avait aussi perdu ses navires
et quatre cents dès siens , n'était pas dans une
meilleure position que son chef. U lui envoya
pourtant un brigantîA pour le transporter en
terre ferme, et se confia à sa miséricorde. Ni-
cuesa lui fit grâce. Pressé par la faim et la ma-
ladie qui chaque jour lui enlevaient quelqu'un des
siens (2), Nicuesa résolut de s'avancer vers l'est
Il embarqua la plus grande partie de son monde
sur trois embarcations construites à la hftte, et
laissa le reste sous le commandement do capi-
taine Alonzo Nunez {vog. ce nom). Nicuesa fit
aiguade à Porto Bélo, où il retrouva une ancre
abandonnée par Christophe Colomb. Vingt Es-
pagnols s'étant aventurés dans nntérieor do pays
y furent tués par les indigènes. Nicuesa se porta
à sept lieues plus loin, dans un port des Indiens
Chuchureyes, qui paraissaient hospitaliers; il y
forma un établissement fortifié, qui fut appelé
Nombre-de-Diot (nom de Dieu) (3). Nicuesa prit
possession du pays au nom du roi d'Espagne ; mais
les naturels eurent peu d'égards pour cette forma-
lité banale, et bientôt le conquistador se vit bloqué
dans un étroit espacede terrain : deux cent quatre-
vingt-cinq de ses compagnons furent tués , et le
peu qui lui en restait, obligé de se tenir sans cesse
à l'abri des flèches empoisonnées des Indiens,
fut réduit à manger des crapauds, des gre-
nouilles, des^ézards et de Pécorce de palmier,
dont ils faisaient des gâteaux (palnUtos). Il
était dans le plus grand des dangers, lorsqu'un
certain nombre de soldats , reste de l'expédition
du bachelier Encisa, Rodriguez-Enriquez de Gol-
menarès, lui amena soixante hommes et dçox
bâtiments chargés de vivres ; mais ayant relàêhé
à Santa-Marta ( Gayra ), il se laissa surprendre
par les Indiens, qui lui tuèrent quarante-six
hommes. Il gagna Darien avec les survivants
(15 novembre 1510). Nunez de Balboa y fomenta
une révolte, et lorsque Nicuesa se présenta de-
vant Darien, on loi signifia qu'il n'eût pas à dé-
barquer. Mourant de faim et sans vêtements
ainsi que ses soixante compagnons , il offrit de
se rendre à discrétion, quoiqu'il fût dans les li-
mites de son gouvernement Ses sopplicatloiis
ne furent pas écoutées; descendu à terre clan-
destinement, il fut bientêt arrêté, et sans l'inter-
vention de Balboa il eût été rais à mort. Son sort
ne fut guère meilleur; on le jeta à bord d'un
mauvais brigantin avec dix-sept hommes qui lui
étaient restés fidèles. On n'en entendit plus
parler (4). 11 avait découvert deux cent soixante
(i) Rio de Bélen on de BethUem» alnat Dooiné par
Coloml», qui y mouilla le S Jaovier iMt.
(l| Trente d'entre eu «qui cberetaalent des Ttwes, ren-
contrant le cadavre d'un Indien te mangèrent, qooiqoll
fût d^ll corrompu: lia en muorarenK Rerrera).
(S) KicoeM ayant aperçu ce port et aea rivages, en-
chanté de leur beauté, s'écria : « Paremoa à qnl el wmkta
de Dios!m (Herrera).x
(4) Selon qnelqaea auteort espagnols. 11 pnt gagner Citta*
25 KICUESA -
milles de pays, à partir de Kombre-de-Dios jas-
qa'aux it>chers de Darien. Pedrarias Davila ▼en-
gea la mort de Nicuesa en infligeant , en juillet
]âl4, une amende de quelques millions castil-
lans à Nunez Balboa. A. de Lacazr.
Herrers, jfonu OrbU, etc.. déc. 1, llb. vu, cap. xiT"
XTi ; Ub. VllI, eap. i-vxu. — Le P. Caaila, HUtoria co-
ngra^ea de ta Nutca-Andalucia. — F.-L. de Goroera,
UiUoria gentral de tas Indiat, etr., Ub. Il, cap. LYin.
- P. Martyr, déc. 111, lib. VI. — WashtagSon Irviog,
Bist. de CàrMophe Colomb (trad. par Defaucoopret flls}
Paru, ta». 4 TOI. ln-8* ), t IV, p. 7M4.
KIDBB, HIBDBft OQ RTDBB (Jean), Ta-
meox théologien allemand, né à la fin du qua-
torùème siècle, mort en 1438 suivant Cave, ou
en 1440 suivant Écbard. Après avoir pris en
1400 l'habit de Saint-Dominique à Cohnar, il
aUa étudier la philosophie et la théologie à Vienne
en Autriche, et reçut la prêtrise à Cologne. En
1414 il assista au condie de Constance. Il re-
tooma ensuite ii Vienne, où il expliqua l'Écriture
sainte, et devint prieur des couvents de son
ordre à Nuremberg et à Bàle. En 1428 il accom-
pagna dans la Franconie le général des Domini-
cains, et le succès qu'il y obtint par ses prédica-
tions le fit députer au concile de Bàle (1431) ; il
en fut un des plus remarquables théologiens.
Choisi par cette assemblée pour travailler à la
conversion des hussites, il employa d'abord la
doocenr et la persuasion, leur écrivit des lettres
pleines d'encouragement et de conseils, se rendit
loi-même au milieu d'eux à Egra, et les déter-
mina à présenter leurs griefs an concile. Les
conférences qui s'ouvriren^ avec les députés de
la Bohème n'aboutirent à aucun bon résultat.
Dâos une seconde mission, à laquelle il prit part
ainsi que dix autres nonces, Nider fut loin de
déployer le même esprit de charité et de con-
dliatioD : il fut l'un des chefs spirituels de cette
croisade qui mit la Bohème à feu et à sang, qui
brûla les villes et les villages, dévasta les cam-
pagnes et extermina par milliers les taboristes.
De retoor à Bile, il finit par se séparer du con-
die, et alla jusqu'à loi refuser l'accès de son cou-
vent Parmi les nombreux écrits de Nider, on
remarque : Prxeeptarium divinx legis, seu de
decem pra9cep/i«; Cologne, 1472, in-ibl.; c'est,
an rapport de Brunet, le plus ancien livre, avec
date, qui ait des signatures; réimpr. à Strasbourg,
1476; à Paris, 1507, 1515, etc.; — itfantia/e
eonfessorum; Paris, 1478, in-fol.; ibid., 1489,
lSl3yin-4*; _ Tractaitu de lepra morali;
Paris, 1473, in-fol., et 1489, ^-4"*; 1514, in^"*;
— Contra perfidos Judœos; Essling, 1475,
In-fol.; — Consolaiorium timoratx conscien-
Ux; Paris, 1478, in-4'»; Rome, 1604, in-8*; —
Aurei sermonei (oiius anni ; Spire, 1479, hi-fo1.,
pluueors éditions;— Alphabetum divini amo-
rtj;Alost, 1487, in-8°; Paris, 1516, 1526, in-4«;
ce traité de l'élévation à Dieu est divisé en quinze
«A t1 nranratet oâ nn tombeaa Inl fat élevé. Herrera sle
«atte dovMe elrcooataDce.
KIEBUHR
26
tables, composées chacune de vingt-deox échelles,
dont chaque degré commence par une lettre de
l'alphabet ; il a été faussement attribué à Ger-
son; ^Sermones; Strasbourg, 1489, in-fol.;
— JHsposiiorium moriendi; s. 1. n. d., in-4'^;
— De modo bene vH>endi; Paris, 1494, in-l6;
— De re/ormaiione religiosorum; Paris,
1512, in-12; — De contracHbus mercatorum;
Paris, 1514, m-S''; — Formiearium, seu DUL'
logus ad vitam chrisiianam exemplo condi^
iionum formicjB incitativus ; Strasbourg, 1517,
io-4'';Paris, 1519,in-4<'; Douai, 1602, in-8%etc.
« Nider a recueilli dans ce dernier ouvrage, dit
Cbaudon, tous les contes, toutes les opinions ri-
dicules sur les revenants, les faotOmes, les in-
cubes et les succubes, la divination , les sorti-
lége^, les exorcismes, les diables et leurs ma-
lices , rapportés par les anciens et par ses con-
temporains. Il avoue iogéouement que tout ce
qu'il a dit des sorders et des magiciens dans le
dnquième et dernier livre du Formicariunif il
l'avait appris d'un juge de Berne et d'un moine
bénédictin qui , avant sa conversion , avait été
sorcier et très-babile baladin et escamoteur. »
Jacques Lenfant attribue à Nider un traité De
visionibus et revelationibus (Strasbourg,
1517), dont il parle comme d'un ouvrage rempli
de singularités. K.
BxoTliu, Annalêt êcelet. — Eehard et Qnétlf, BM.
êcriptor, ord. Prtedieat.^ I, iSî. — Touron, Hi$t. du
hommes Ul. d» l'ordre de SainUDominique. - Daplo.
516/. des avleurs eeetés.^ X^e sUcte. — J. Lenfant, /Tiff.
du concile de Coiulance, Ub. V. — Branet, JUamiel du
libraire, — Qulcherat. Procès de Jeanne d'Arc, IV, sot.
NIBBUBB ( Carsteiu), célèbre voyageur al-
lemand, né le 17 mars 1733,àLudwigswôrth, dans
le pays de Haroein (Hanovre),mort le 26 avril 1 815.
Fils d'un paysan aisé, il cultiva lui-naème pendant
quelque temps les terres qu'il avait héritées de
son père. En 1753 un ptocès survenu dans son
canton fit constater qu'il ne s'y trouvait pas un
seul arpenteur, ce qui donna au jeune Niebuhr
le désir d'apprendre cette proftrssion. Il se rendit
à Hambourg, et y apprit le latin et les matliéma-
tiques, qu'il alla ensuite étudier à Gœttiogue. Il
venait d'entrer dans le corps des ingénieur^ ha-
novriens, lorsqu'il reçut en 1758 l'offre de faire
partie, comme matbématiden , de l'expédition
que le gouvernement danois se proposait d'en-
.voyer en AraNe. Il employa les dix-huit mois
qui lui furent accordés pour s'instruire dans l'em-
ploi qu'il devait remplir, à se familiariser, sous
la direction de Tobie Mayer^ dans la méthode
d'observer les longitudes. Le 7 janvier 1761 il
partit de Copenhague sur une frégate royale, en
compagnie de l'orientaliste von Haven , du na-
turaliste Forskaal , du roédedn Cramer et du
peintre Baurenfeind; il avait refusé, comme ne
le méritant pas, le titre de professeur, qu'on lui
avait destiné, et n'avait voulu accepter que celui
de lieutenant du génie. Arrivés aux Dardandles,
les cinq voyageurs s'embarquèrent sur un navire
marchand pour Constantinople , et passèrent de
37
NIEBUHR
28
iàaa Caire, «è •» fanal naÊM te 10 noTemiire.
lis exammèreiK af«o «olo les nMqaMi île ocMe
v9/kB ainsi que le* Pyramides, gagnèrent eamite
Siiez en trafertaat te cUmIm do Sinan, et ptr*
tirent , en eeptemkre 17e%, pour Djedda. Le î9
décembre ils déterquèrent à Lolieia. De là ito
pénétrèrent dans riaténeiir de TArabie henreuse,
explorant te paya ehaani aèlon sa spécialité.
Leur santé souffrait iKaoeuap da climat; v<ob
HaTen succomba te ^S mai 1763, Ferskaal te 10
juillet. Après avoir reçu de llman de Moka on
excellent aoeueil, tes tron survivants s^embar-
«tuèrent, le 23 aoOt, pour tes Indes orientales;
Baurenfeind tnoarat en route. Miebahr et Othr-
ner arrivèrtntle 11 aeptemlira à Bon^y; ils
y firent on s^our protoogé et eiaminèrent les
curiosités des environs. Le 11 février 1764 Cra-
mer fut emporté par te matedie. Niebotir, resté
aeul de toute Texpédition , visita Surate et Kl as^
kat, et partit ensuite pour la Perse; débarqué
à Boocbir, te 4 février 1765, il visita Chiras «t
les ruines de Peraépolis, passa ensuite par Bas-
eora, Bagdad , Mosaoul et Alep, parcourut 111e
de Chypre, traversa te Palestine, gagna Damas,
puis Constentinople par TAnatolte, et arriva
«nfin à Copenhague en novembra 1767. GrAœ
4- sa déKcatesae scrupuleuse, ce long voyage
avait coAté à peine une centaine de mille franca.
En récompense de son désintéressement, il re-
çut do gouvernement danois Tautonsation de
pnblter à son profit la relation de Texpédition;
de plus le gouvernement se cbaiigea des frais
des planches. Nommé en 1768 capitaine du génie,
HietMihr devint dix ans après conseiller de justice
à Meldorf dans te pays de Ditraare. Les deveire
de son emploi, qn*il ranpttssait avec la cons-
cience qu'il mettait dans tout ce qu'il faisait,
l'éloignèrent pendant quelque tf mps de ses tra-
vaux sur tes pays qn'H avait paroooros ; mats
il parvint plus tard à les reprendre. Kln 1808 il
reçut te titra de consôller d*État; six ans au-
paravant il avait été nommé assedé étranger
de l'In&titut de France. On a de hii : Betekrei^
bung von Arahien (Description de TArabie);
Copenhague, 1772, in-4'*; traduite très-fautive-
ment en français par Mourier, ibid., 1773, in-4r*;
Amsterdam, 1774, et Paris, 1779 : un extrait en
a paru à Biel, 1790, <tt-8*; — Beisebesehrei'
bimg naeh AraMen une den umlktntwlfn Làn^
âf.rn (Voyage en Aralite et les pays voisins) ;
Copenhague, 1774-1778, ^ vol io-4*; un troi-
sième volume supplémentaire a fiara à Ham-
bourg, en 1837 : cet ouvrage, aussi remarquable
que le précédent, contient sur TOrient les détails
les plus exads et les plus précieux ; le dernier
volome contient une ditaine d^excelleots Mé-
moires géographiques , historiques, archéologi-
ques et autres, qui avaient paru précédemment
dans te Deuisches Jftiseicm. C^est encoce à
rfiebuhr qu'on doit l'édition des travaux de son
»mpagnon Forskad (voy. ce nom). O.
. B.-G. mebabr, Ubm Kanteni lifMnkr (Kld. isiT,
t»^). " Itaeler. Métnobretur C. MéMkr (tais lei Mé-
ém %\écmAémàM eu Im$erifUoiu, ■nnée 104).
HIBBCHB {Barthold'Georges ),c£^bre his-
torien allemand, (ils du précédent, né à Copen-
hague, te 77 août 1776, mort à Borni, le 2 jan-
vter 1831. Salimilte était originaire du pays de
Dithman, dans teHotstein. Ce fut dans ce dis-
trict du Dithmars à Meldorf que, deux ans «près
te nalsaance de Bartbold , son père aHa remplir
l'emploi judiciaire et administratif de land"
schreibtr ( greffier ). Le futur historien passa son
enfance et son adolescence dans cette petite ville,
loin des distractions et privé par te fîiUesse de
sa santé des bruyants amusemente de son âge.
Tout son temps appartenait % Pétude. Un litté-
rateur instruit, Botes, qui vint s'établir à Meldorf
en 1781 comme gouverneur (landvagt)^ lui fut
très-utile. W^ Botes loi enseigna te français.
Son père lui apprit Tangtais, la géographie, les
éléraents des mathématiques et do latin. Ses
progrès forent si rapides que Boîes le représen-
tait en 1783 comme un prodige de savoir jové>
nile.ffiebuhr ne fit que passera l'école publique
de Meldorf (1789-1790). Il reçut avec plus de
profit, pendant quatre ans (1790- 1794), les leçons
du phitelogae Jaeger. Cette période si fructueuse
de son éducation fut interrompue par un séjour
de trois mois à Hambourg (1792), dans une
sorte d'école commerciale, tenue par un ami de
son père, te professeur Biïsch; mats il revint
vite aux leçons de Jaeger. n passait d^à pour
nn excellent paléographe ; Fréd. Monter et Heyné
te prièrent de collalionner pour eux flivers ma-
nuscrits. Pour le sentiment et l'intelligence de
l'antiquité, il dut beaucoup aux entretiens de l'il-
lustre traducteur Voss, qui venait de temps en
temps visiter Carsten Ntehuhr. Des études pour-
suivies avec tent d'ardeur et de succès te prépa-
raient parfaitement à la tAcfae d'tnterpiète et
d'historien de l'antiquité. Son père aurait pré-
féré pour lui une carrière plus active; mais voyant
que le jeune homme, avec sa constitutîoQ débile
et nerveuse, était peu propre aux lointains voya-
ges, il te laissa libre de suivre ses inclinations.
11 fut cottvemi que Barttiold irait adiever ses
études à Kiel et à GeeAtîogue.
Hiebuhr pawa près de deux ansi l'université
de Kiel (1794-1796). Il se perfectionna dans
l'histoire et les langues anciennes, fit une étude
approfondie de la philosophie de Kant et du droit
romain, et forma des relations avec des hommes
de mérite, tels que Hegewisch, Jacobi, Schlos^er,
tes deux Stolberg, Cramer, Reinhold, Bagges-
sen, Thibaut et te comte Moltke. Le fait le plus
remarquable de son séjour à Kiel fut un ioddent
domestique qui mérite d'être noté parce qu'il eut
sur sa carrière une grande influence. Il connut
chez le docteur Henster, professeur de médecine,
une jeune dame du Dithmars , veuve d'un fils
du docteur, et cette connaissance devint bientôt
une amitié qui ne devait finir qu'avec sa vie. U
aurait désiré l'épouser ; mais te trouvant Iné-
mEBUHR
90
feraalable dans le ^foea qu*clie dmàH fait à la
woti de «OB mari de ne pas se remarier, il la
pria de loi désigner une femiBe. M"** Hensler,
afvè» qnelqiie hâitatioo, indiqua sa propre sœur,
Amâie Béhrena qni habitait Heydt, chef-lien
éa Dilhraars. Niebobr respecta religiemeBMnt
s ee choix ; mais le moment n'était pas Tcnn de
féaliaer son projet de mariage. Il n^aTait enoore
BEI fortune ni position. Kn janvier 1796 le comte
de SdnmmelmaBA, ministre des finances en Oa-
nemari, lui proposa la place de secrétaire parti-
cnfier. Son père se bâta d'accepter cet emploi
pour le jeune étudiant, qui entra en fonctions au
nois de mars 1796. Sa timidité et ses habitudes
stodieufles lui firent trouver désagréable sa po*
sitiott de secrétaire d*un ministre, et il T'échangea
bientôt contre celle de secrétaire de la biMio-
tbèque royale de Gopenhague, qu'il occupa de mai
1797 à anil 1798. Il donna vers ce temps une
preuve coriense de se^ connaissances dans la
bibiiograpfaie ancienne. Le général Bonaparte,
par le traité de Tolentino conclu avec le pape
Pie TI, avait stipulé la cession à la France de
cinq cents manuscrits de la bibliothèque du Ya-
ttcm. niebahr rencontrant chez M. de Schim-
melroann Groovelle, envoyé de la république
française à Copenhague, parla avec tant de sa-
Totr des manuscrits qu'il fallait cboisn*, que
Groavdie lui demanda un mémoire ii ce sujet Le
mémoire rédigé en trois jours fut aussitôt trans-
lus à Charles Delacroix, ministre des relations
extérieures en France; M. de Golbery Ta publié
dans le t. TU de sa tradodion de VHistoire
romaine. Niebobr pensait que les trésors de
Tantiquité hiutilement enfouis dans le YaticaQ
serment plus accessibles dans la bibliothèqoe
nationale de Paris; mais bien que dans o^
dreonstance il s'associAt par ses conseils à un
acte du gouvernement français , il n*éprouvait
aocane sympathie pour la politique et les vie-
toires de la république. Ses vœux étaient plotAt
pour la grande adversaire de la France, pour
l'Angleterre. 11 obtint un congé en avril 1798, et
après avoir visité en compagnie de Hensler et
de sa belle-fine les villes de Heydt et de Meldorf,
9 s'embarqua pour FAngleterre. 11 passa trois
mois 4 Londres, etserendit ensuite à Edimbourg,
00 il fat accueils avec empressement par un an*
ôen capitaine de vnssean, de la fimnlle des Scott
de Norfwnrgshire, qui avait, trente-dnq ans ao-
paraTant, reçu à son bord réebohr le voyageur.
ÏA pendant une année 11 se livra avec ardeur à
son goût pour l'étude , et l'on remarque qu'il
s'adonna de prélërence aux sciences naturelles et
à U diimie. En quittant Edimbourg, il consacra
enoore trois mois à visiter les priocipaleB villes
d'An^eterre, puisTcrsIa fin de 1797 il revint dans
le fioUtein. En avril 1800, il obtint à Copenha-
gue la place d^aasesseur au conseil du commerce
et de la banque et de secrétaire de la direction
do consolât «fricaio, et le mois suivant il épousa
BefareoB. Le jmne émdit» forcé de con-
sacrer loote son atlenVoi à des «ullières dn
finance et de commerce, s'aoqoMa de ses fonc-
tions avec «ne habileté , un nèle et on désintéres-
sement qui hii méritèrent reetirae et raffection
de ses eoHègues et deees sopérieurs etqm', suivant
ce quli rapporte dans tes lettres, lui gagnèrent
même les coboiv des joilii. Au printemps de
1803 11 remplit «ne importante mission fman-
cière en Allemagne et visita à cette occasion
Hambourg, Leîpsig, Francfort, Ca^sel. A son
retour, il fut nommé diredeor de la banque et du
bureau des Indes orientales. Malgré l'importance
de ses fenctioos, il trouvait quelques moments
de loisir pour l'étode. En 1804 il envoya à son
père la traduction d'un fragment de l'histoire
arabe de la conquête de TAsie sous les premiers
califes par Elwockidi. II ne négligeait pas l'his-
toire ancienne. Ce fut à cette époque qu'il ébau-
dia dans une dissertation sa théorie sur les km
agraires chez les Romains, qui occupa plaa tard
une place essentielle dans son grand ouvrage. En
se livrant k ces travaux, il regrettait vivement de
ne pouvoir consacrer à Pinvestigation des pro-
blèmes historiques que de rares moments dé-
robés aux détails minutieux de la comptabilité.
Il aurait ahné une société dliommes inetraita,
et presque toutes ses retations, noos dit-il, étaient
avec des marchands, des banquiers et des juifii.
Aussi quand Stein, ministre des finances en
Prusse, lui oRKt la place de directeur de la bon-
que de BerUn , il accepta la proposition, et se
démit de tous ses emplois à Copenhague. Un
des motifs qui le décidèrent était son antipathie
contre la politiqoe française (1). Il se rendit à
Beriin au mois d'octobre I806,au moment oè la
Prusse venait de déclarer la guerre à ta France,
quelques jours avant la bataille d^léna. A peine
était^ installé à la banque qu'U falhit fuir d'a-
bord à Stettin, puis à Dantzig, à Keenigsberg, à
Memd, à Riga. Au mUieu des épreuves de cette
Alite précipitée, voyant sa femme malade, ter-
rifié par la dmte de la cause k laquelle fl avait
fié sa destinée, I^buhr, avec son tempérament
nerveux et son caractère impressionnable, tomba
dans un désespoir prcfond. « Heureux, écrivait-
il, ceux qui n'ont pas d*enfants I Peut-être U
serait bon pour des nations entières de périr
avec cetle génération... Noos verrons bientât
comment les Français gouverneront le monde.
Ce qoe nous ne verrons pas dans sa consomma-
tion, mais ce que nous pouvons déjà apercevoir
dans son commencement, cTest la dégénération
de llntelligence , l'extinction du génie, de tous
les sentiments d'indépendance et de liberté ; le
règne do vice et de la sensualité sans même le
(I) n TeiMlt <reo dooncr k preove dMi ooe tndoe-
tloB de Is première PhUii^lque de Dénoethéne dddiee à
remperear Aleiandre ; Hambourg, ISOS, la-8*. Les notée
•ont rempnei d'alloaloos anx clrconatancn du momeiit
et contiennent des appela Indirects à une coalition contre
la France. Cette traduction reparut enr ISSI. avec qoel-
qaea noiet DooTeUcs» mala tou^mrt dînâtes cootre la
France.
81
NIEBUHR
19
déguisemeot de lliypoerUie, la décadence da
goût et des lettres. »
Niebnbr ne 8*arrachait à son accablement
qa*en se plongeant dans les travanx littéraires,
et il profitait de son séjour à Riga après la ba-
taille de Friedland ( join t807 ) pour étudier le
russe (1). Il ayait songé un moment à entrer au
service de la Russie. Le traité de Tilsitt, qui
laissait subsister une partie de la Prusse, et le
retour de son ami Stein aoi affaires le décidè-
rent à garder sa position dans les finances. Les
mesures hardies et habiles au moyen desquelles
Stein fit face à une situation presque déses-
pérée ne peuvent être exposées ici; il suffit
de remarquer que Niebuhr ne lea approuva
pas toutes. Conservateur timide et un peu trop
attaché aux choses anciennes, il fit des objec-
tions à la manière trop radicale suivant lui dont
fut elTectuée l'abolition du servage (octobre
1807 ) ; il en résulta quelque embarras dans les
rapports des deux amis. Il était difficile qu'un
homme d*État énergique et pratique, plein de con-
fiance et de ressources comme Stein, s*entendtt
parfaitement avec un grand érudit qui vivait trop
volontiers dans le passé et ne prévoyait que
malheurs dans Tavenir, bien que cet érudit fût
un excellent financier. Le premier ministre, pen-
sant que ses talents seraient plus utiles à i*é-
tranger qu*à Kœnigsberg, l'envoya négocier un
emprunt en Hollande. Niebuhr était parfaitement
propre à cette mission, qui dura plus d*un an
( jusqu'en avrff 1809), et qui aurait réussi sans
la défense faite par Napoléon au roi de Hollande
d'autoriser l'emprunt D'Amsterdam, où il con-
sumait son habiteté dans une négodationimpos-
sible, Niebuhr voyait avec elTroi Stein et Scbam-
horst disposés avec Taide de l'Autriche à re-
commencer la lutte contre la France (juillet
1808 ); il écrivit lettre sur lettre contre un pa-
reil projet. Phocion, disait-il, avait prudemment
averti les Athéniens de se soumettre à Philippe,
et Jérémie avait donné un admirable conseil
au petit nombre de rebelles qui doutaient de la
mission divine de Nebuchadnazzar et qui recher-
diaieot l'appui de l'Egypte. Les exemples de
Phocion et de Jérémie n'auraient pas arrêté
Stein ; mais ses projets furent révélés au gou-
vernement français, et il dut donner sa démis-
sion (décembre 1808) et s'éloigner de la Prusse.
Niebuhr, plus désolé que jamais et obligé de
quitter la Hollande, alla passer quelque temps
dans le Holstein. Là il apprit la téméraire ten-
tative de Schill, qui lui parut devoir décider du
sort de la Prusse. L'orage fut moins terrible
qu'il qe pensait, et la redoutable année d'Eck-
mûhl et de Wagrara n'apporta aucun nouveau
dommage à la monarchie de Frédéric-Guillaume.
Niebuhr, un peu rassuré, se rendit i Kœnigsberg,
et fut nommé, en décembre 1809, conseiller
(1) En décembre ISOT Cartlen Nlebohr éerIvaU qve
•on flU MvaU vlogt bogact, et U eit proknMe que celui-
cl i^outa encore à la liste.
privé, directeur de la dette nationale et de la
monfiaie. Mais s'il avait eu de la peine à s'en-
tendre avec Stein, il ne s'entendit pas du tout
avec Hardenberg, et voyant qu'il ne pouvait pas
faire adopter ses plans de finances , il donna sa
démission ( 1810 ), et reçut en échange de la di-
rection de la dette et de la monnaie la place
d'historiographe du roi , vacante par la mort de
Jean de MuUer. Vers la même époque il fut élu
membre de l'Académie de Berlin et nommé pro-
fesseur d'histoire ancienne à l'université nouvel-
lement créée dans cette ville. Il commença en
1810, et continua pendant près de trois ans le
cours qui a servi de base à l'immortel ouvrage
que nous apprécierons pins tard. Dès lors la
nouveauté de la méthode et la grandeur des
résultats annoncèrent une œuvre de Tordre le
plus élevé. Le succès de son cours redoubla
l'ardeur de l'illustre érudit, qui pour la première
fois pouvait s'appliquer sans réserve à ces re-
cherches, à ces spéculations auxquelles le dispo»
saient admirablement sa mémoire, son imagina-
tion et son immense savoir. Les philologues, les
jurisconsultes, les historiens les plus distingués
de la Jeune université, groupés autour de lui dans
une sorte de petite académie, l'assistaient de
leurs conseils. Il a proclamé étoqoemment dans
la préface de sa première édition tout ce qu'il
devait à Savigny, à Buttmann, à Heindorf, à
Spalding, qu'il perdit en 1811 (1). Ces trois an-
nées furent les plus belles et les plus fécondes de
sa vie. « Ce fut une bien belle époque, dit-il ,
que celle de rouverturé de l'université de Ber-
lin ; alors s'écoulèrent dans l'enthousiasme et la
félicité les mois pendant lesquels j'esquissai pour
mes leçons et j'achevai pour la publication ce
qu'embrassent les premiers volumes ^e cette
histoire : avoir joui de ce temps, avoir parti-
cipé aux événements de 1813, c'en est assez pour
rendre heureux la vie d'un homme quand même
elle n'est pas restée exempte de quelques tri&les
sensations. » (Pré face de l'édit. de 1827, trad.
de Golbéry). Les désastres de l'armée française
en Russie provoquèrent en tousse un mouvement
national auquel Niebuhr s'associa vivement. Lui,
le philosophe érudit, l'homme de la vie studieuse
et retirée, il prit le fusil et fit l'exercice comme
un jeune recrue. Le gouvernement pensa que ses
talents pouvaient être mieux employés, et Stein,
devenu le grand agent de l'alliance russe-prus-
sienne et dn soulèvement de l'Allemagne, l'appela
à partager ses fonctions. Mais Niebuhr, avec son
caractère peu pratique et irritable, ne comprit
rien aux ménagements de Stein pour la politique
ambitieuse de la Russie, et ne le trouvant pas
(1) « Il y a » dlt-ll, noe IniptratloD qui naît 4t la pré-
Bcnce et de la société de penonnet aiinéet ; une In-
fluence Immédiate par laquelle les Moset se rérélenl *
nous, réfetllenl le zèle et la force, éelalrdsaent notre
vue; c'est i cette Inspiration que, dans tonte ma Yie,
J'ai dft ce quMI y eut de mieux en mol. Ainsi Je dois aux
amU au milieu desquels )*al repris des travaux trop
longtemps abandonnés , on faiblement ponnulTls, k sue»
céa qulls penvent avoir obleno. •
33
assez bon Prassîen, il se sépara de lai aa bout de
deux oa trois mois. Pendant la grande crise de
1814- 181 S, qui changea la face de l'Europe, il n*eut
qu'on râle insignifiant. Une mission en Hollande
(férrier 1814), des leçons de finances et d'admi-
ustntion doonées au prince royal de Prusse,
une petite brochure intitulée : Droits de la
Prusse contre la cour de Saxe, un mémoire
sur la liberté de la presse, et une défense des
fiocié(é& secrète» qui avaient préparà en Alle-
migne le mouvement de Tindépendance sont les
seoles traces de sa participation aux aflaires
publiques. Dana aa vie privée il fut douloureu-
sement atteint en 1815 par la mort de son père
et par celle de sa femme. Dans cette même
année le gouvernement lui ofTrit Tambassadc de
Rome. Il partit pour l'Italie en 1816, après avoir
épousé Marguerite Hensler, nièce et fille adoptive
de M"*' Hensler. Sur sa route il s'arrêta à Vé-
rone, et exhuma de la bibliothèque de cette ville
les InsMutes de Gaïus, contenues dans un ma-
noscrit palimpseste qui avait été jusque-là à
peine signalé et imparfaitement examiné. Il ar-
ma à Rome en octobre 1816, et y séjourna pen-
dant près de sept ans. Il semblait qu'un poste
qui le plaçait sur le théâtre de l'histoire qu'il
avait entrepris de raconter devait lui convenir
parfaitement; il n'en fut rien. 11 trouva une
Aome qui n'était pas celle de ses études et de ses
rêves, et il ne pardonna jamais à la cité moderne
<le ressembler si peu à l'ancienne. Toute sa cor-
respondance de cette époque est empreinte d'une
maovaise humeur excessive à l'égard des Ro-
mains et des Italiens en général. Ses fonctions
diplomatiques, qui avaient pour principal objet la
coodusion d'un concordat avec la cour pontifi-
cal', ne contribuèrent pas à lui rendre le séjour
de Rome agréable , quoiqu'il fût en bons rap-
ports avec le cardinal Consalvi, secrétaire d'État.
D'abord il resta quatre ans sans recevoir de son
^Temement dlnstmctions définitives; puis
quand il eut à peu près mené les affaires à bon
terme, le premier ministrede Prusse, Hardenberg,
vint k point à Rome recueillir l'honneur de la
conclusion du concordat. Comme dédommage-
ment, Niebuhr reçut l'ordre de l'Aigle Youge de
seconde classe, auquel l'empereur d'Autriche
ajouta la décoration de première classe de l'ordre
deLéopold.
Sa mission n'avait pins d'objet; le climat de
Rome ne convenait pas à sa jeune femme; il sou-
pirait après ces sociétés savantes de TAllemagne,
qu'il regrettait amèrement de ne pas retrouver à
Rome ; il demanda son rappel, et obtint un congé
d'un an ( 1822 ). Il passa l'automne de cette an-
aée à Albano et à Tivoli, et au printemps de
1S23 il ne rendit à Maples pour visiter son ami
M. de Serre, l'illustre orateur français, alors
ambassadeur dans cette ville. Il partit ensuite
poor Berlin. En route il s'arrêta dans la vieille
^Uye de Saint-Gall, et y découvrit les poésies
latines de Merobaude.
KOCV. BfOCK. CÉNlvR. — T. XXWm.
NlEBLIia 84
De retour à Berlin , api^s une si longue ab-
sence, il s'y trouva dans une position assez diffi-
cile. Il n'avait aucun goût pour une place sub-
ordonnée , et le roi de Prusse ne songeait pas
à lui donner un poste important dans la direc-
tion des affaires. Lui-même, avec son caractère
et ses idées, était peu propre à occuper un grand
emploi politique. Dans la période précédente on
l'avait vn, quoique patriote, très-opposé aux
mesures qui pouvaient assurer le prompt triom-
phe de la cause de l'indépendance; maintenant,
quoique libéral en théorie, il était très-opposé aux
mesures qui auraient introduit la liberté dans
les institutions de l'Allemagne et de la Prusse.
Cette singulière contradiction entre les lumières
de son esprit et la timidité de son caractère le
condamnait dans la pratique à une sorte
d'inertie inquiète. Il blÂmait la politique inintel-
ligente et réactionnaire du gouvernement prus-
sien ; mais il ne voyait aucun moyen d'y remé-
dier, a J'ai , disait-il, la haine la plus décidée
pour le despotisme, mais je ne voudrais pas
pour le combattre évoquer le démon de la révo-
lution, et il vaut mieux se résigner au mal que
d'oqvrir les portes de Tenfer. » Avec de pareils
sentiments, n'espérant rien des hommes au pou-
voir et redoutant un mouvement qui les eût ren-
versés, il renonça tout à fait à la politique, et se
réfugia dans les lettres. Le roi se montra peu
empressé de le retenir, tout en lui offrant va-
guement un portefeuille de ministre (en 18?4) ;
maisil lui conserva son traitement d'ambassadeur.
Niebuhr se retira à Bonn, où une université
avait été récemment établie et où son ami et
premier secrétaire d'ambassade Brandis était pro-
fesseur. Il s'attacha à l'université comme pro-
fesseur libre, et fit un cours sur l'histoire ro-
maine et sur divers sujets d'histoire andenne.
Il ne négligea ancun moyen de contribuer aux
progrès de la philologie et de l'archéologie. Ce
fut dans ce but qu'il fonda avec Brandis et
Boeckh le recueil périodique intitulé Rheini-
sches Muséum ( 1827), et qu'il entreprit une
nouvelle édition, améliorée et augmentée, de !a
collection des historiens tïyzantins. En même
temps il poursuivait avec ardeur la révision ou
plutôt la refonte complète de son Histoire ro^
maine.
Le premier volume de la nouvelle édition
parut en 1827. La publication du second volume
fut retardée par un incendie (7 février 1830 ),
qui détruisit avec la maison de l'auteur le ma-
nuscrit de l'ouvrage, qui dut être refait de mé-
moire. Ce volume ne parut que vers la fin de
1830. La préface est empreinte du profond dé-
couragement, du sombre désespoir que causait
à l'auteur un événement récent, la révolution de
Juillet. R Je n'en étais, dit-il, qu'aux deux tiers
du travail (la préparation d'un nouveau manus-
crit pour l'impression ), quand la démence de la
cour de France brisa le talisman qui tenait en-
chaîné le démon des révolutions. En écrivant le
2
u
I7IEBUF1R
3&
reste <1u volume iioiquemcnt pour ne pat; laisser
imparCftit ce qui était commcticé , j'ai eu mas
cesse à hitter contre des SMâs et A» cmiiiies
toujours renaissantes : s«as cesse je me v«\iBis
menacé delà pei4e de ma fiftrtune, de mes» biens
)es plus précieux , de mes rapports les plus
intimes. J'avais écrit le premier volume dans la
plus grande jouissance du présent, ^ns la plus
parfaite quiétode de l'avenir. Désormais si Dieu
n'y porte un secours roiraenleux, none cnurons
à une époque de despotisme et de bartiaric ,
comme celle qui fimppa le raondn romain vers
le milieu du troisième siècle de notre ère; nous
sommes à la veille de voir nnéantir tout bien*
être y toute liberté, toute civiltsation , toute
science (1 ). » Sous Teroptre de cette obsession
morale, qu'aggrava la révolution de fielgiqae,
sa santé s'altéra rapidement. Les muveUes de
France le tenaient dans vue agitation perpé-
tuelle. Le jour de Noël il revint avec la fièivre
d'un salon de lecture où il avait lu le procès des
ministres de Charles X. Il s'aMta, et ne se ne-
leva plus. Il expira le 2 janvier .1931. M"" fiiie-
buhr ne lui survécut que de quelques jours. Il
laissait de sa seconde femme quatre enfants :
trois filles et un fils, Marcos, dont il est souvent
question dans ses lettres; ce fils est -arrivé à une
haute position en Prusse, dans le service civil.
Depuis la mort de Nielmhr diverses publica-
.tions ont éclairé tons les détails de sa vie et de
•on caractère. Un Allemand qu'il avait recueilli
à Rome, Frands Lieber» a poltiié les intéressants
souvenirs de leurs relations; sa belle-nanir et
son amie la plus dévouée. M"**. Hensler, a publié
sa Cmrespandanee. M. «de Bunsen, son «mi et
ton émule dans les badles é^es, a joint à une
traduction anglaise de cette colleotion de pré*
denses notes biographiques. Ces renseignements
si intimes n'olTrent rien que d'honorable pour
l'éminent émdit qni y parait quelqoefbie vif et
faritable, mais to^joura généreux, exempt de
petitesse et d'égoisoie , plein d'ardeur pour la
cause de la vérité. Comme homme public, il «nt
des défauts que la Vie de Stein, par M. Perta,
a clairement révélés ; mais on ne peut lui con-
tester ni le patriotisme, ni une parfaite inté-
grité, ai tttt zèle infatigable dans Taccomplisse-
ment de ses devoirs ofGciels.
(1) Il édrlvatt à !• même épo^e : « (?e«.t «a
conviction que ptrtlcuH^rcaii'nt rn Allemagne nous
marchons rapidement vers ta barbarie et f|ii'tl n>n est
IMS beaucoup mieux en France. Je aats désolé de le
4Ure; mais U est anMl clair pour mol que nous aonmea
mrnaeéi de dévnstaUona pareilK'fl à ctllcs d'il y a drua
cent! ans, et que hi On de tout cel:i arra le despo-
tisme régnant ao mlHru 4e b ruine untversctte. I>ans
cinquante ana, et probablemmi iians beaucoup «oins il
n'y aura plus trace d'ioaUtutions libres ou de Itbniéde
la prcMC au moins sur le continent. »> Dan^ la suite de
la lettre Nlebtihr explique en quoi il diffère des roya-
Hsleii, qui k'atlaekent à des tnstituUons d<ierèpttes «t
usées, t^ndU qn 11 voudrait régénérer ces Insllluttom et
leur infuser une vie nouvelle. Celle lettre^ r>t Leile,
bien quil soit tmpoislble d'en tirer des conclusions pra-
Vques.
Macaiilay a ilit de >'tehiilir « qu'il aurait Hé
le premier écrivain «le Kon temps ai son ta-
lent pour communiquer tes vérités avait étéien
pro|K>rtioa <le son talent pour les déeonvnr «^
( ê*tT/ace des Loys of ancmH Rime). En«fiet
ce quiimanqne à ^iobuhr, c*est l'art id'^Mpnrttinn,
et œ grare défaut, qui le rend iNIKcile'è cen»-
prendre, l*a souvent empêché d*MreMen ftiq^ «t
estimé 4i son v^rMaUe priK. Un antre «ndheiir
pmft' sa réputation, «'«st que son graml, sm'nm-
qne ouvrage, son Histwieromûime^ m resté
inachevé. « Je ne demande à'Dien, disnl*!!,
que 4^ m*ac«order une vie esses loagne ponr
que je finisse oh 'Gibbon ctmmenee. > Ce^vem
ne Mt pas exaneé. Bien loin d^tteindre 4e aiède
des Antooins, Niebulir ne dépassa pas la pre-
mière guerre punique , dans «es trais volâmes»
dont le troisièine n'a pas même reçu les der-
niers soins (le rantenr. Il n*a donc laissé qn*u»
fragment; mais ce fragment est Itnwvre «liisto-
riqne la plus origmale de notre époque. Pour
Tappréder a^'ec justice, il lant se leprtsealer ce
qu^était Thistoire romaine avant Mielmhr. Les
historiens ou plutM les eempilaten» modernes
qui avaient raconté IMiistoire romaine n'avaient
bit qu'abréger ou délayer Tite-Liive; les plus
^rudits avaient emprunté des notions aocessoirts
è Denys d'Halicamasse et à Plutarqoe. Tous
avaient accepté comme des faits historiques
sous la forme rationnelle que leur donnait Tite-
Live les fiables et les légendes des premiers
siècles ; ils n'avaient vu avec kri, dans l'histoire
romaine, que le développement de la cMnrnnne
de Rome, et n'avaient pas étendu leurs rocher-
dies jusqu'aux autres tribus italiennes qui, après
avoir disputé à la dté du Tibre l'hégémonie de
la Péninsule, l'aidèrent à conquérir le monde. ▲
oôté de ces hirtoriens, dont les meillenra sont
Catrou et Hook, des érwUts pU» pénétrants été»-
▼èrent des doutes sur les événements racontés
dans les cinq première livras de Tite-Live, évé-
nements que rhistorien lui-même décJare incer-
tains an début de son sixième livre. Dès le»
premières années du dix-septième siècle, da-
vier, signalant oe passage de Vite-Lrve, en oon»
dut que les auteurs latass n'ont pnooos trans-
mettre rien ou prasque rien d 'assuré sur les évé-
nements qui précédèranl la prise de Reine par
les Gaulois. 11 ajouta que l'histoire romnine n
été en parrtie fabriquée par des Grecs, qui l'ont
remplie de rêveries et de mensonges. Pimzonius,
reprenant l'idée ingénieuse ^deChàvier, démontra
avec beaucoup de savoir et de sagacité que les
récits des historiens romains se contredisent
souvent et sont toujours en ce qui cniceme les
premiers siècle^ dénués de preuves. Il supposa
que l'histoire romaine prévient en grande partie
de comimsitions poétiques anjourd'hiii perdues.
Cette belle hypothèse, ne trou\'ant pas les es-
prits pn'parés à la recevoir, resta stérile jus-
qu'tiu moment où Niebubr la recueillit et la fé-
couda. Sur d'autres points, le scepticisme de du-
17
NIEBOilR
fier et de PeriEonios {sa^n do teiTMi. Btyie le
gliasi dans «on Dictionnaire, Lévesqse de
PwùUy l'iAtrodaisIt daiiKies Mémoires de V.A-
eadémie d« û»ertf)lt(m«, 0t posant les Yéri*
taWes principeB de la critique flus oette ma-
tière, il difSiii(^ Irès-nerttenNnt te tradition
de rkifttoire. Bevifort ;poiMRa enore |ilaft loin
ïtê eondiraions oégiÉives de ^001%, et étendit
j«gq8*« l'eMpédition de «Pyritai «la période dou-
teuse de rhiâ&oiie(fo«i»e;41 «Maya nSmc^de
reconstruire «ette èiitfoire -snr des iMnes filn
cdlides; mais iln^aliootit A .atim résoitat «a-
tisfaisint. CtiarioB LévoBqoe, «fpii vint npifès
fieaufiDrt, n'ajoute fien aux ebjaotionâ ëe son
prédéce6Kei]r,eC fat «ncore «loinsilMniieox dana
sa tentative de reoonstaiction. Ainsi, no mo-
ment où parut Niebotir lliisloire soniaine se
trouvait ^placée entre «me «er^nUté oomplai-
saote et un sceptici^ime inotilo; l'illustre énidit
altemand lui ouvrit -une voie nouvelle et fé-
conde. S'il rejeta at»oIament la foi InDpIfdte de
Bollio et de Catrou, il n'eut janMÎs l'idée de se
renfermer dans les négations de Pooilly et d^
fiesufort Ceux qui ne voient dans son œuvre
ifue le scepUdsme moi^eot qu'ils n'y ont rien
compris. Détruire pour détruire répugnait è son
esprit sooveranneoiedt affinnatif et conserva-
teur. 11 ne songea pas même à se borner à de
timides tentatives de reconstniciion partielle : il
se proposa de retrouver la véritable histoire ror
maine mal comprise et défigurée par les écri-
vains du siècle d'Auguste. L'entrepiise était har-
die ; elle ne paraîtra présomptueuse qu'à ceux
qoi ne connaissent pas l'immensité de son sa-
voir ou ne ae wndent |Mis compte de l'efiica-
cilé de sa inéttiodi».. De son savoir il a^été assez
question dans aettenoUce pour qu'il soit inutile
d^nsi&ter sur ce «psdot. Un critique anglais a
dit dans lie i'kilological Muséum, t I, p. 271.:
« Tandis que l'horizon s'étendait de plus en
plus devant lui, il ne se rétrécissait jamais der-
rière lui; ce 'qu'il .possédait une fois il Je gardait
taujoors; œ qu'il avait .<^tpris une fois ilcvicnait
une partie de naa esprit À un instruoumt pear
i'acquf&ilioa de nouvelles oanBaJssanoes;4l eat
oa des Ivès^rares exemples d'un homme doué
d'une mémaine si tenace ffo'elle isemblait inca-
pable Ile rien oublier, «t<d'iin«sprtt si «igourevx
qnelaindjétreaecablépar:lets»votr, iUe domi-
nait et le Maiotenaît>e6BStammentau service de
l'énergiie xféalriee de ia pensée. » En effet pour
répondre à sa mélliodf, il faJJnit non-senlemeBA
qu'il eùl un savoir immenëe, mais -qu'il l'eût
coostanmoent tout «atiar ot dans tans «es dé-
tails, présent à sa pensée. W oaaaidère les an-
nales d€S|wi;|pteSy non comme une Buocf«!^ion de
faits rattaic&éa entre eux ptir l'ordre chronolo-
gique, mais comme un ensemble organisé et
vivant cil tout se tient, et dont toutes les parties
sont sobordoDoées k» unes -aux autres, et dé-
terminées les unes par les autres ; de sorte que
ai Ton possède avec certitude quelques-unes de
I crs parth», on fient par «ne tadocttou JégHime
retrouver les autres. On a justement comparé
nette méthode Àhi méttiade soienlKiqoe de On-
vier. De même qœle «aturaligte, au nom de la
correspondance motaeMet des /organes* et de leur
aaaoQurs nécessaire à la même aotion définitive
par 'ime réaction réciproque, reenastroit avec
des «fragments osseux le«queietle d*an animal
fossile, de mtme Miabuiff, afv«c des faits épars,
RNiUiés, dégmdés, nassnscile one époqoe. Un
detjp9emien résnltsts ile BB:méthode compara-
tive lot de restltncr aan'Aôte «leur véritable ca-
factkre 'et d'étaldir une distinction profonde
entre la légende et IHiiatoire. Oelle distinction,
que M. fQtotK a portée au detnier 'point de pré-
oiaioo, est •devenue ta tnse de te >criliqoe his^
toviqae; amot Niebubc, elle «tait éîé rare-
ment entrevue et if avait jamaÎB «été appliquée.
Lesprétendus récits hiatociqoes des premiers siè-
oleâ de la Grèce et de Rome nVtateot que des
légendes données pour de l'histaire, et, ce qui
est pire, déguisées en histoire an moyen de re-
tranchements et de falsiicatians. Un des plus
grands mérites de Niebuhr fot de faire cesser
cette confusion. Son étude particulière des lé-
gendes romaines le conduisit à penser qu'elles
provenaient en grande piirtie d'anciennes compo-
sitions poétiques perdues. Cette hypothèse est
très-vraisembloblo ; mais quand même on la re-
jetterait, le système de Niebulir subsisterait tou-
jours. Après avoir séparé dans la masse de faits
que lui présentaient les annales romaines les fic-
tions des faits authentiques, il entreprît avec ces
fhitSy roalheurensemenl peunorobroiix, de recons-
tituer une histoire très-difléreote ide celle de
Tite-Live. Pour la période royale il ne pré-
tendit pas (fbtenir plus qve des faits généranx ;
mais dès qu'il arriva à la république il souBnt
que l'on pouvait restituer une narration suivie
et véridiquc avec ses principales particularités.
Dans sa restitution, il tnsistasor deux -points que
Tlte«Live avait traités légèrement et que Denys
d'Halicamesse avait exposés sans critique et sans
ioteUrgenoe *. I histoine «des autres peuples de
l'ilaKe et jliistoine de la oonstHation romoine.
L'ethnograpliie dci'andenne Italie est si confuse,
si iraparfisitement connue qoe colle partie du
livue de Niebuhr laisse beaucoup à désirer ; mais
enfin il a ouvert la voie et forcé les historiens
qui l'ont suivi h s^oconper avec soin des divers
peuples italiens. Ses vues si neuves et si fécondes
snr ia constitution romaine sont sans doute sou-
vent oantestat>les; mais on ne les réfuterait pas
en montrant qu'elles sont contredites par Tite-
Live et Denys ; car ces deux auteurs jugeaient
^u passé ])ar>ce qu'ils voyaient de leur propre
iemps, lorsque tout avait prison aspect complè-
tement difTérent. Niebuhr a-t-il vu ce que Tite-
Live et Denys d'Halicamasse n*avaient pas
aperçu? A-t-il mieux connu l'ancienne consti-
tution romaine que deux historiens qui vi-
vaient sous Auguste.' Ce sont des questions dé-
39
NIEBUHR
40
licates; pour le» résoudre il faudrait discuter les
principales hypothèses de Niebuhr sur la dis-
tinctioQ des dients et des plébéiens, sur le sens
des mots populus et plels, sur les lois agrai-
Tes, etc. Ces controverses dépasseraient de beau-
coup les limites d*uDe biographie. Nous avons
iiù nous borner à donner une idée générale de
ion grand ouvrage. Quant à ses vues particu-
culières, on les trouvera supérieurement expo-
sées et quelquefois rectifiées dans VHistoire
loinaine d'Arnold ; M. Lewis a soumis toutes
ses théories à un contrôle extrêmement minu-
tieux et sévère. Ihne, Schwegler, Moromsen en
ont refuté plusieurs ; mais ces réfutations par-
tielles ne portent point atteinte à sa gloire ; car
ce qui est admirable chez lui, c'est plus encore
la méthode que les résultats ; et cette méthode
a pleinement triomphé. Au%si, quel que soit le
sort de ses hypothèses, la postérité confirmera
les éloges que lui a donnés le plus illustre de
ses successeurs dans l'histoire critique de l'an-
tiquité : « Aucun bOmme qui prend mtérèt aux
études historiques, dit M. Grote, ne peut pro-
noncer ce grand nom sans vénération et saus re-
connaissance. Si nous ne regardons dans Nie-
buhr que son érudition atx>ndante, exacte, effi-
cace, il occupe une place au premier rang et
peu d'auteurs peuvent être mis à côté de lui ;
mais quand noos considérons, en outre , son
étonnant génie pour combiner des faits épars,
sa perspicacité pour découvrir des analogies ca-
chées et pour séparer les points principaux d'é-
vidence de cette foule d'accessoires sous lesquels
ils sont souvent ensevelis, sa puissance de dé-
duction pour recomposer l'ancien monde avec
des fragments d'histoire; quand nous voyons
ces rares facultés opérant sur la Taste masse
de matériaux que son érudition leur offrait, il
nous semble unique même |)armi tant de com-
patriotes et contemporains éminents. »
Les ouvrages de Nietwihr sont : Hœmische
Geschiehte; Beriin; 1811, 2 Toi. in-a"*. Cette
élnuche de son histoire romaine, dans laquelle
l'auteur avançait plusieurs opinions quil aban-
donna plus tard, entre autres l'origine étrusque
des Romains, a été traduite en anglais par
M. Walter; Londres, 1827;— FrontonU re-
HqtUXf ab A. Maw primum editx, cum notis
variorum edidit B, G, Ntebuhriut ; accC'
dunt C Àurelii Sffmmachi octo orationum
fragmenta; Beritn, 1810, in-8°; — tieerOt
Pro Fonteio et Habïrlo; Rome, 1820, in-8^ ;
^*Flavii Merobaudts Cartnina; Saint-Gall,
1823 ; V édit, Bonn, 1824 ; ~ Ueber die Nach-
riehten von den Comitien der Centurien
im zweiten Bûche Ciceros de Republica (Sur
les renseignements sur les comices par cen-
turies dans les sept livres de fa République
de Cicéron ). Niebuhr avait cru trouver de
nombreux renseignements, sur la oon^tution
romaine dans le traité De Bepublica de Ci-
céron récemment découvert par Mai ; mais il
fut déçu dans son espérance , et ne tira de la
République que matière à une courte brochure
Svar les comices par centuries ; — Roemische
Geschiehte : c'est moins une seconde édition
de son Bistoire romaine qu'un nouvel ou-
vrage; le premier volume parut à Berlin, 1827;
le second à Berlin, 1830 ; le troisième fut publié
par M. Classen sur les papiers de Tauteor ; les
deux premiers volumes ont été traduits en anglais
par J.-C. Hare et Connop Thiriwall; 1828-1832;
le troisième a été traduit par W. Smith et
L. Schmitz. Niebuhr témoigna sa reconnaissance
à Hare et à Thiriwall en leur dédiant le premier
volume de sa collection des historiens byzan-
tins; leur traduction est d'une grande fidélité, et
Niebuhr a dit qu'elle était tout à fait telle qu'il
l'avait conçue et écrite; le même ouvrage a
été traduit en français par M. de Golbéry ; Stras-
bourg et Paris, 1830-1840, 7 vol. in-8«; six vo-
lumes répondent aux trois volumes de Nie-
tMihr; le septième est une sorte d'appendice
composé de diverses dissertations critiques de
Niebuhr ; du chapitre de Wachsmuth Sur les
sources de Vhistoire romaine, et de celui de
Huellmann sur les changements que subit l'or-
ganisation des comices au cinquième siècle de
Rome. Les leçons que Niebuhr fit à l'université
de Bonn, et qui sont en partie une introduction
et en partie un supplément de son grand ou-
vrage, ont été publiées sous le titre de Bisto-
rische und Philologische Vortraege (Leçons
d'histoire et de philologie) et comprenant les
sections suivantes : Roemische Geschiehte
(Histoire romaine, jusqu'à la chute de l'em-
pire d'Occident, publiée par M. Isler); Berlin,
1846-1848, 3 vol. iu-a*"; ~ Allé Geschiehte
(Histoire ancienne, publiée par Marcns Nie-
buhr); Berlin, 1847-1851, 3 vol. m''S<*; —Alte
Laender und Voelkerkunde (Géographie et
Ethnographie anciennes, publiées par M. Is-
ler); Berlin, 1851, in-8*. — Les Leçons sur
r Histoire romaine ont été traduites en anglais
par le d' Sclimitz; Londres, 1848-1852, 3 vol.
in-a**. Les Leçons de Niebuhr sur Vhistoire
romaine et Vhistoire grecque sont remar-
quables ; mais comme elles n'ont pas été rédi-
gées avec soin, elles laissent Toir à nu les
défauts de l'auteur, sa tendance excessive aux
hypothèses, ses assertions hasardées, son dédain
arbitraire pour ce qui contrarie ses théories, ses
jugements durs et mal motivés contre certains
hommes. C'est ainsi qu'il traite avec une Injuste
sévérité Alexandre et César. Niebuhr qui avait
TU Napoléon n'aimait pas les héros. Les disser-
tations critiques inséi^ par Niebuhr, dans les
Mémoires de V Académie de Berlin et dans
le Rhdnisches Muséum ont été recueillies avec
la Biographie de son père, publiée séparément
en 1815, et d'autres opuscules sous le titre de
Kleine historischê undphilologische Schriften
(Mélanges d'histoire et de philologie ) ; Bonn,
1828-1843 2 vol. in-8*. Quelques récits em-
41
r^lEBUUR — NIEDERMEYER
42
pniDlés aux âges héroïques et légendaires de la
Grèce et rédigés par Niebnhr poar Tamusement
et l'instruction de son fils Marcns, ont paru sons
«titre : Grieehische HerœngeschUhte {His-
toires héroiques de la Grèce); Hambourg,
1842, in-S*". Ce petit livre, destiné à un enfant,
nais remarquable par l'intelligence des légendes
grecques, a donné lieu à un admirable article de
Grote dans le WeUminster Review, Dans la
collection byzantine de Bonn, Niebubr a donné
Agathias Mffrinxus, 1 vul. in-S*" ; — Dexippus^
EunapitUf etc., avec Bekker. Léo Joubert.
Franx Lieber, Heminitcênees of em inUreourte with
Gmr§e Berthold niehukr; londres, 18S8, In-lS ; Ira-
doit en allemand par Thibaut; Heldelbcfff, 18S7. —
LebensMehrichten ikber B. G. Niebukr, aus Brtefen
dettObe» u. auê trinnerungen niner Freunde; Bain-
boorg, ia99-lW8, » vol. In-S*. — De Golbéry, Notieet
turjftebuhr, dans le Ul et le VU* vol.de latraducUon.
- G-. H. PerU, Das Uben de» JiRnUterê Frei/ierm vom
SMn, - Blaekwood'i Magasine, lanvler 1M9. *^<ir-
t€rl9 Review, ^ol XXVII. p. UO ; XXXIl, p. «7 i arti-
cles d'Arnold); LV , p. SU. — Edinburgh RevUw,
]olllet', 181t. — fFestminster Beoieuf, mal 1841 (ar-
ticle de Grote); décembre 1S43. — Dttbner, dana la
Revue de phUologie,' Parla, 1841, U I, p. 168 ( r«f u-
titton péremptoire et auez mde dea attaques ha-
sardées contre Nlebohr par M. Leclerc dana aon livre
laUtnlé : i>ef Journaux eke% le» Bomair,» ). — A.
Polnon, Examen de divers poM» du gomemement et
de radministratiùn de ta répubUqtu romaine et de
Touvrage de H. ffiebuhr; Parla, 1887. - W. Ihnf,
Fùrtchungen ouf dem Gebiete der BômUe^en VerJa$F-
$unç»gexhiehte { Becherckes sur la constitution ro-
autiiw); Francfort, 1847. - C. Uwls, yin Inquiry into
Uu eredibilitp o/ the earlg roman htstory .■ Londrei,
18U. ~ The natlonai Beeiewt octobre 18M.
siBDKK. Voy. BaOVERlOS.
BilBDBB. yày. NlDER.
HIBDRBBB (Jean), instituteur suisse, né en
1770, à Appenzell, mort en 1843. Il exerçait les
fteïtions pastorales lorsque, séduit par les idées
de Pestalozzi , il entra dans rétablissement de
ce 'dernier comme professeur de sciences. U a
laissé : Pestalozzis ^rzUhungsunternehmung
im Verhxltniss %ur ZeitcuUur{Là Méthode
de Pestalozzi dans ses rapports avec Tesprit du
siècle) ;Stattgard, 1812-1813, 2 vol. in-S*".
Sa femme. Rosette Nibobrer, née en 1779, à
Berne, fonda d'après les mêmes principes
one maison d'éducation pour les filles, et pu-
blia : Blieàe in das Wesen der weihlichen
Brziehutiç (Conp d'œil sur l'éducation des
femmes); Berlin, 1828, in-8*; — Dramatv-
iche Jugendspiele (Théâtre de la jeunesse);
Aarau, 1838, 2 vol. K.
Piercr. Untv. Lex., XI ( éd. 1860 ).
xiBDBBMBTBB {Louts), musicien compo-
siteur, né le 27 avril 1802, à Nyon, canton de
Vaod (Suisse), mort le 14 mars 1861, à Paris (l).
Son père, natif de Wurzbourg, s'était fixé et
marié en Suisse; doué lui-même de beaucoup de
talent naturel pour la musique, il fut le premier
(ï) Quoique né en Solasp, d'un père allemand, Nle-
dcrmryef, descendant par aa mère d*nne famille fran-
ç>tie et protestante qui fut obligée de quitter la France
lors de U révocation de l'édtt de N<intci, avait fait re-
eofloattre depuis Jongtempi ses droits à la nationalité
fiançalae.
maître de son fils. Celui-ci, à Têge de quinze ans,
fut envoyé par ses parents à Vienne, où il reçut
pendant daix ans des leçons de piano de Mos-
chelès et décomposition de Forsler. Après avoir
publié dans cette ville quelques-uns de ses
essais, consistant en morceaux pour le piano^
il se rendit à Rome» y coutinua Tétudc de
la composition, sous la direction de Fiora-
vanti, maître de la chapelle pontificale, et alla
ensuite à Naples, où Zingarelli se chargea de
compléter son éducation musicale. Co fut pen^
dant son séjour à Naples, que le jeune artiste
écrivit son premier opéra intitulé II Reo per
amore^ qui fut représenté au théâtre del
Fondo; il avait alors dix-huit ans. En 1821, il
était de retour en Suisse. C'est de cette époque
que date Tune des plus charmantes inspirations
de sa jeunesse et qu'un plein succès devait plus
tard couronner : nous voulons parler de la mu-
sique du Lae, qu'il composa sur les paroles de
M. de Lamartine, et dans laquelle le musicien
sut se montrer aussi rêveur, aussi coloriste que
le poète. L'année suivante, Niedermeyer vint
à Paris, où il se fit d'abord remarquer par plu-
sieurs bonnes compositions pour le piano , et
dut ensuite à l'amitié et à la protection de Ros-
slni, qui l'avait connu à Naples, de pouvoir faire
recevoir au Théâtre-Italien un opéra en deux
actes, Casa nel bosco^ dont le livret était tra-
duit de l'opéra-comique intitulé : Vne Nuit dans
lajorêt. Cet opéra fut représenté au mois de
juillet 1828. L'ouvrage était très-mélodique;
mais telle était alors la fureur du dilettantisme
qne les habitués du Théâtre-Italien ne voulurent
Jamais comprendre qu'un compositeur portant le
nom germanique de Niedermeyer pût faire autre
chose que de la musique savante. Rossini eut
beau chercher à étayer de son suffrage la par-
tition nouvelle, en affirmant qu'elle pouvait bien
être savante sans qu'il y parût, mais qu'avant
tout elle était chantante, sa voix ne fut pas
écoutée, et La Casa nel boseo n'eut que peu
de succès. Doux/ timide et modeste, NiedcF
meyer était peu fait pour ces luttes iocessantetf
auxquelles doit s'attendre tout compositeur dra^
matique à ses débuts dans la carrière. Il eut bien*
tôt en dégoût cette existence d'intrigue qui ré-
pugnait à sa dignité d'artiste, et, malgré la répu-
totion qu'il s*était déjà faite par la publication de
divers morceaux de musique instrumentale et
vocale, Il partit en 1833 pouf Bruxelles, où il prit
un intérêt dans llnstitution fondée par M. Gag-
gia, et y remplit pendant dix-huit mois les fonc-
tions <ie professeur de piano. Une semblable
position n'offrait guère de ressources à un com-
positeur; aussi Niedermeyer finit-il par com-
prendre qu'U dépensait ainsi sans profit pour sa
gloire les plus précieuses années de sa jeunesse,
et se décida-t-il à revenir à Paris tenter de nou-
veau les chances du théâtre. Le succès du lAïc
et de plusieurs autres morceaux de musique dra-
matique remarquables par Texpresiûon et la
43
PilEDERMKYEa
44
grâce de bi mélodie avait <Faillear» oempiéte-
ment justifié le mérite Hif^ngiaé de Taiilstie.
Enfin, les porte» de fAndémio royale éa mu-
aique s'ovvriren* pom Ricricimeyerv H, le- 3
mars 1837, il fit repréaenler suraette^aène Sirm-
delta, opéra en ciiu|aetea, parole» de MM. ÉmJe
Beschamps et Émiiien PacUiK Gettc prande par-
tition, sur laquette le compeaileur avaii fimilé do
légitimes eepéranees. Art d*alMni aeoaeiMitt amc
quelque fkoideup par le puUir, qoir sembla ee»
damner cette enivre oonetieBtieuse^ aouiéei de
mélodiea originales» eMpmaa par It fini» la M»-
catesse et Té égaaee d» la Ibraw, mais qui ne
flattait pas le ^ût marqué -de ITépoqve peur h»
effets bruyants de rinstivoMwlallaa». Plus lanii
en 1843, StradeHUj réàmà e» tnaia. acÉcs,. ift»
parut au théâtre, et 8oo».eetta- oMnrtlIe foniie
Touvrage obtiob un asees. grand noHifaretda fe>
présentationa. FiasieiM». maaeeau» dB'oM.opéra
ont eu et ont CKora beaaeoupi da suoeè» daos
les concerts. A« mais dk «àécenè» lfiA4v Nie-
derraeyer demia au mlnia tfaéitre avaa M. Théo-
dore Anne-, Mbrte Stmiart, c» cio^ aotesi,
dont la partitiett conticat, entae autres mor-
ceaux remarquables, une romaim* remplie de
charme et qui est devemift populaire. L'amaée
suivante, le goavememeoÉ lendit jvstiee au ta-
lent et au caractère de Taftiste en le nooMnaat
chevalier de la Légien d'Honneur. En 1846, il
ftat appelé par Rosslni à Bologne, pour travail-
ler sous sa directioB à ran-angemant pour la
scène française de La Donna del bago, qui« au
moi» de décembre de la même année, fui repréo
sentéean ^rand Opéra, soua le tttre de MoUrt
Bruce. Enfin, au mois de mai iftâa^.Mieder-
meyer donna k ce théâtre La Fronde, opéra
en cinq actes, parelea de MM. Maquet et Jules
Lacroix. Dans ee dernier ouvrage, le com-
positeur ajouta de nouvelles qualité» à caHes
qu'on lui connaissait déjà. Le pnorier acte
presque tout entitr, le final du quatrième acte
révélaient une vetve et use puissance drama-
tiques qu'on n'avait pas encore appréciées chez
cet artiste. Cependa«DleftrepréseDtaÉMiiis furent,
on ne sait pourquoi, bnuqucmealinfeerrompues.
Il est vrai de iHre que NiederraejFer dédaigna
ItRs ressorts dent en se sert toujorn^ pour pré-
parer des auooèa an théèlre eu réparer des
ehuteew La partition»de Lu FroMde n'en est pas
moins considérée CMome la meilleure qui) ait
écrite, et TesHme descoaQaisaeurs lui odrit itm
ample cempeneation dea i^iustieea de Ik foule.
Vers le même temps, Nfedermejer avait
conçu ridée de fonder, à Tinstar de l*iineienue
institution créée par Chorso sons la Eestau-
ratlon et supprimée h la suite de la révolu-
tion de 1830, une éeole de musique reUgpeuse,
destinée à fonacr par fétndedes chef»-d*<Bavre
des grands roattiics des aeiaième, dix-sep-
tième et dix - huitième sièdes , dm chanteurs,
des organistes , des maMrea de chsyiJk «i des
•compositeurs de musique sacrée. Avec l'appui
de FoFteul , alers auoistre de l'iaatruction pu»
blique et des ciilAes, il ebUut une subvention
de l'Éfcnt O^t. «k dK» le eeuMut de L'année
I8ôa il ouinÉ aan école,, an s'adjoignaot.
]ML Dietacht, cosMne inspecteur, dea éludes. Cei
étahiiscemeut» nlué » Paria.,, rue Naute-Fou-
taiiie*Saint-6aorges, el dana lequel L'éducaiiou
littéraire, poussée juaqu'en treiaième, marcha
de fiNMBl avec les étude» musicales, ne tard» pae
à.pHospérac et à produire de» sujets distingués
qui eut été placé». da«» dîvcne» aathédratoa oh
égtisee de Fnnce.
Constamment préoccupé dapui» lora dea soins
que réclame sou école, Riediermeyer ne négligea
rian de ce qiii pouvait contribuer à. améliorer
le» études» G'eal ainsi que,, peu aatisfait de la
manière tout à Ihit arbitraire dont^ le plain^hant
esl eénéraleraealacaomf»agii„ il se livra à. de
sérieux travauK sur ceUe iotéraaaanto partie de
Tact religieux, el^ qn'H publia eu 18^, en col-
IaiK>ralioa avec IL Jl. d'Ortigoe, un Traité
d^aecompaynement éupkùn^fmmê^ fondé sur
de nouveaux principes, qui n'eut pas tardé à se
répandra eu Franua ei à l'étranger» Ce fiit aussi
dans le but da> propager dana teutea^ lea classes
le gpftt de la bonne musique religiense, qu'il fonda»
en 185d, le journal La Maiirise^ dont il âuaa-
deona eu I86fi la direction, ocoiiée maintenant
èM. d*Ortigue. Il s'occupait de terminerun grand
ouvrage sur l'accompaipiement , pour orgue , du
plain-chant des offices de r«*glise., qui devait
paraître prochainement, lorsque la mort vint su-
bitement le frapper, dans sa ciaqoanhyaeu-
vième année.
Iliedermeyer a laissé un fils et deux filles,
auxquels il n'a légué pour toute fortune qu'on
nom sans tache.
Nous afven« indiqué pins haut les uovrages
que Miedermcyer a< donnés au théâtre. Ce oom-
poaiteur, dent lé talent a plo» d'un trait de
wsBcmblance avec odni de Schubert, ^ écrit eu
outre beaucoup, da morceaux de chant détachés,
entre autres des mélodies fort remarquahles. Les
prindpale» sont : Le Lae, Ltaolememi, Le Soir^
L'Àuionma, La Voix AnuMMie, sur dé»^ poésûes
de M. de Lamartine; la Ronde du Sabdai^
Oceami'noxj la Mer^ Puie^'iai^ba^, taule
dme, paroles de Victor Hui^o ; La i\9€ô de Léo-
note, l/ne Scène dans leo Apetmîns^ et plu-
sieurs autres morceaux sur de» paroles ne
M. Emile Deschamps. Il a mis eu musique l'ode
(i ) inie lubvenfton dr B.oeo tnom IM d'abord arcordée à
t'éUbito^camt pot le ninUlr* (Tkuit, mt i« cratUt ée.%
beaui-arts. Par uq décret, en. dale du IS novembre 18.3
trente-»li dcml-bour^A de 100 tranc* cbdciinr ( la pris
annart de la penaton étant de l,0o# IHnc»! lahetic en-
iditc (véées«ar ira tonds du badgef dea<«llei, et RtlAtt à
la dtipMlIloo desévéques. Plus taril, un «rrété lninlsl^•
riel, du !*■ JoUlet IwU, fofula trois premiers prfK pour
b compoaiUoB muatcaie , l'orgue et l'aocpmpairoeinent
du 9l»(D-cliaDt. Enfla, ma autre arrêté, en date du u
avrti ISST, décida qa«^ des diplômes de mjftre de cha-
pelle et d'orgaoistc seraient déitvr^^. après examen, aux.
élèves qui auraient acbcvé leurs éludes.
45
NIEDERMEYER — NIEL
4(S
de Minzoni It cinque mafgio , Le Poêle mou*
raH/, d(! Millevoye , el L^ Ame du PuryaUnre^
<ie Casimir Delavi^e. On a de ffiedermeyer plu-
sfMr» messes» dont une à grand' ordiestre, qui
aHéf;x^iitéedeax Ans à Saiot-Eustache et dans
d'autres église» , et tin grand nombre de mor»
eeani de musique religieuse' peur le chant et
psur l'orgue^ Dans la musique qull a écrite pemr
le piaoo, o* remarque parttburèrement' un ron^
derà brillant aff ee aooampa^^eiiiMit de quatuor^
des faolaisies^ des airs Tariez sm* des thème» de
Rossini, Web^r, Meyerbeer, BeKini , etc., ele.
D. DaiiNE-B\Roir.
MiA. Ito9ran*f» mdmnèHàntm mmsUtéttÊL — GMtO*-
Urûin, mu$ieale^ ete. — Vspcreau, Mctionuaire »u^
etnel (U$ Ondémporains. — Documents particuliers.
* MAL ( Adolphe ), RMféehal de PiMice, né
à Noret (Haole-Garonne), te 4 octobre I802i
Admis à l'Éeoie polytechnique en 162 1 , et à TÊcole
d'appiieaUok du génie- en I6'2ft , il hit ooimné
facotenaatcfi' 1827, et eapitame en 193 t. La part
qa il eut à la prise de Gonstantine, en* I8à7, Itd
vaiat legratle de chef de bataillon. Lieulenant-
«olaaal e» l^M), et oolunel en 1846, il fol atfeicbé
à l'eipéditimi de Rome, enqiiaUté de chef d'état-
flaajoi; d» génie. Laa senrices qu'il y rendit lui
méntèreat le grade de général de brigade, le
13 joillet 1849. Il avait' été chargé de porter les
dflfsde 9eme an pape Pie IX, à Gaète, et le
pape loi remit les insignes de commandeur de
I ordre de Saint • Grégoire. A son retour en
France «M. Niel prit la direction dn génie an
■ûaistère de la guerre, et entra en même
temps aii\ comités supérieuns du génie et des
&>rtifieatioM ainsi qn'àU' conseil d'Etat en ser-
vice extraordHtaim. Ptxmra au grade de gé-
nérai de division, le 30 avril t8&8, il fit* par^
^, ce 1864, cemme commandant en chef do
Snùt, do corps expéditionnaire envoyé dans la
BaMi^ie «ms les ordres du général Oaragney-
d'HflHnrs. Ai oeUe qualité il dirigea les opéra-
liyas do sié^e de Bomarsondv dent h» fortifica-
tÛM» 60 granit paraissaieol^à' Féprewve du boulet,
€l qui, promptenient démantelée,, se rendit le
16 août : les troupes étaient débarquées le 8. La
proinptitnde de ee résultat vahil an général Niel
ia croi!i degrand offftbier ^ U Lésion d'Hbnneor,
ieîsaoM 1854^, et le litre d^aide-de caiitp de
l'emperoar, le 8 janvier IS&St A la même époque
n « rendit en Grimée avee la mission <l'e%amt«
iMr la sitoatioa de l'armée et' de donner son
Mis sur hss opérations b suivre. Il se pitHionça
psor un Investissement pins complet de* la place
éesébastopol et l'attaque dn cdté de M^lâ^kolR
Cbai^ le 5 moi du commandement eo- chef du
9^ie à rarniée d'Orient, à la place du général
Hizst, qui venait d*étre tué, il dlrigea-les travaux
da siég« jusqu'à la prise do la ville. « Jamais,
^i^f dMB snn rapport sur la prise de Malakoff^
le corps du génie n'avait euà exécuter des tra-
^aoi aussi difficiles et aussi multipliés, et dans
40CUB siège U n'avait éprouvé d'aussi grandes
pertes. Nos cheminements, exécutés en grande
partie dans le roc au moyen de la poudre, pré-
sentent on développement de plus de 80 kilo-
mètres. On a employé 80,000 gabions, 60,000
fhscioes et près d'un million de sacs à teire.
Trente et un officiers du génie ont été tués,
trente truis ont été blessés. » Le s septembre,
Mttiakofr ftjt enlevé. Le général Niel obtint en
récompense le IStre de grandicioix de la Légion
d'Houneur et celui de clievalier commandeur de
l^irdre du Bain.
En 1857, il soutint, en qualité de commissaire
dhgouvemement; U discussion du code de justice
militaire au corps législatif, et repoussa l'intro-
dnction des circonstances atténuantes dans ce
eode. Le 9 juin il Ait créé sénateur. Chargé de
demander oHQcieltement la main de la princesse
GlotiMe de Savoie pour le prince Napoléon, il
accompa<;na ce prince à Torin, et fit un travail
sur la topographie militaire du Piémont qui dut
servir dans la campagne d'Italie. Api)eléau com-
mandement'du 4^ corps de l'armée des Alpes,
en avril 1859, ît entra en Italie. Son corps prit
part à la bataille de Magenta et surtout à la
bataille de Solferino. Placé à la droite de l'armée,
il devait marcher sur Guidizzolo , se reliant par
sa gauche au corps do maréchal Mac-Mahon ,
et par sa droite an maréchal Caurobert, envoyé
à Médole. Bientôt aux prii^es avec l'ennemi , il
enlève Ceresara, Rebecco, et déblaye la route de
Goito. Pendant que le premier et le deuxième coros
combattent à Soiferino et à Cavriana, le général
Nîel, pivotant sur la Casa-NoT^, conçoit le projet
de s'emparer de Guidizzolo pour couper la re-
traite, soit sur Goïto, soit $%ur Volta, aux corps en-
nemis qui occnpaienl la plaine; mais il n'a pas
assez de forces disponibles , et il en fait deman-
der au maréchal Canrobert. Celui-ci avait l'ordre
de surveiller un corps autrichien qui devait ar-
river de Mantoue, et qui ne parut pas ; il ne crut
pas pouvoir disposer de ses Ibrces ; mais il fit cou-
vrir ^intervalle qui le séparait du 4® corps. Soi-
ferino et Cavriana furent enlevées par le fet le
2* corps. Les divisions du corps du général
Niel, appuyées trop tant, ne parvinrent qu^après
une lutte de douze heures à 0(xuper définitive-
ment leurs positions. A quatre heures, le ma-
réchal Canrobert fit avancer une division sur Re-
becco et ponssa une brigade entre Casa^Nova et
Baèfe. Le général Niel put reprendre son mou-
vement ofTensir, et le généial Trocini arriva jus-
: qu'à demi distance de la Casa Nova à Guidizzolo.
Au moment où le général Niel allait essayer son
mouvement sur Tolta et Goito, malgré l'heure
avancée^ un orage, précédé de tourbillons de
poussière et accompagné d'une pluie torrentielle
et d^ëclaîrs, écluta au-dessus des deox armées,
Les Autrichiens en profHèrent pour opérer leur
retraite. Le plandn général Niel échoua ; mais le
champ de bataitlè restait à l'armée française, et
le général Niel, qni « s'était couvert de gloire »,
suivant les expressions de la dépèche envoyée à
NIEL — MELLY
43
Paris, fut élevé à la dif^ité de marécKal de
France à Cavriana, le 25 juin 1859. C'était le seul
chef des corps de l'armée d'Italie qui n'eût pas
encore ce titre. Le inarérhal Niel ayant dit dans
son rapport que le 3* corps n'avait donné son appui
au 4® que sur la tin de la journée, le maréchal
Canrobert crut devoir réclamer; des lettres
furent échangées et publiées, et l'empereur fit
insérer dans le Moniteur une note qui constate
que « dès son arrivée au village de Médole, le
général Canrobert envoya les premières troupes
de la division Renault sur la route de Ceresara,
avec la mission de couvrir la droite du 4* corps.
La présence de ces troupes a donc eu pour ré-
sultat, dès di\ Iteures du matin, d'enlever au
général Niel toute appréhension sur les attaques
qu'il pouvait avoir à craindre sur son flanc droit,
qui n'était gardé que par trois de ses bataillons.
Il est donc juste de reconnaître que le maréchal
Canrobert avait déjà donné un appui très-utile
au 4* corps avant l'heure où la division Renault
vint occuper le village de Rebecco pour permettre
an général Niel d'en retirer une partie de la di-
vision de huiy, en même temps que la première
brigade de la division Trocha venait combattre
au milieu des troupes du 4^ corps. » Après la
paix, le maréchal Niel rentra en France par Gênes.
Le 22 août 1859, il reçut le commandement du
6" arrondissement militaire formé des il", 12'
13* et 14«divisions militaires, et dont Toulouse est
le quartier général.
M. le maréchal Niel a publié, avec l'autorisation
du ministre de la guerre : Siège de Sébastopol;
journal des opérations du génie; Paris, !858,
in-8°. L. LocvET.
Baron de Bauneoart, Camp<tçnet de Crimée et d'I^
talUt. — Les Homme* du Jùur„ 18S9 tn 18. — H. CasUlle,
Portraits historiques. -MoniUur, l8Si, 185S, 18t9.
NiBLLT ( Joseph-Marie, baron ), amiral fran-
çais» né à Brest, le 9 septembre 1751, mort le
13 septembre 1833- II appartenait à une ancienne
famille de marins distingués. Il était à peine
&gé de huit ans que son père le prit avec lui
sur le vaisseau Le Formidable ; tous deux as-
sistèrent à la sanglante bataille que le comte de
Brienne-Conflans perdit si maladroitement dans
les eaux de Quit)eron (19 et 20 novembre 1759).
Ils échappèrent au désastre qui ndna pour
longtemps la marine française, et le jXne Nielly
continua l'apprentissage du rude métier de ma-
rin. £n 1771, après douze années de navigation,
il n'était encore que timonier. Dégoûté du service
royal, il passa dans la marine marchande et
dès 1774 était capitaine de L* Adélaïde^ sur la-
quelle il fit durant quatre années d'heureuses
campagnes; mais le 14 mars 1778 il fut pris par
les Anglais, et condait à Jersey. Avec sh de
ses campagnons, il réussit à s'emparer d'un bâti-
ment hollandais, et aborda à Bréhat. La har-
diesse de- son évasion fit du bruit : le ministre
Sartine crut devoir nommer Nielly lieutenant de
frégate ( 20 septembre 1778 ). Il fut chargé du
service dangereux de convoyer les bAliment^
qui approvisionnaient les ports du littoral, et ac-
complit cette mission avec tant d'habileté que
malgré le nombre des croiseurs anglais, il ne per-
dit pas uue seule de ses conserves. 11 était lieu-
tenant de vaisseau et chevalier de Saint Louis lors-
qu'éclata la rcvolution. En mai 1791, ilaocomplit
heureusement une mission importante à Saint-Do -
mingue. Capitaine de vaisseau (r' janvier 1793),.
il eut fréquemment à soutenir dans la Manche
des combats acharnés contre les Anglais , aux-
quels il enleva la frégate Tamise et le navire
Dublin. Le 16 novembre suivant, promu contre-
amiral, il partit de Brest avec cinq vaisseaux, trois
frégates et trois corvettes poar assurer Tarrivage
d'un immense convoi que le contre-amiral van
Stabel amenait des États-Unis. Chemin faisant il
prit la frégate anglaise Ca«<or (de 40), la corvette
Alerte ( de iO ) et trente-quatre bAtiroenls mar-
cliands richement chargés. Le 10 prairial an u
Nielly, qui venait de laire remorquer à Rochefort le
trois ponts Le Révolutionnaire, qu'il avait ren-
contré démâté et coulant bas après le comlMit de
la veille, livré par Villaret-Joyease à l'amiral
Howe, entendit une terrible canonnade dans le
(nord-ouest ;. C'était encore les deux flottes qui re-
commençaient la lutte engagée les jours précé-
dents. Cn brouillard épais sépara lescomlnUants.
Nielly reconnut bientôt qu'il était presqu'aa mi-
lieu des rangs anglais, qui comptaient trente-cinq
vaisseaux : toute résistance eût été inutile. Il se
borna à manœuvrer avec une telle précaution
qu'il traversa la flotte ennemie sans coup férir et
vint rallier Vil laret, qui lui confia aussitôt le com-
mandement de sa troisième division. Un troisième
combat, plus acharné qne les précédents, s'enga-
gea. Les pei tes des Français furent bientôt consi-
dérables; mais l'amiral Howe dut céder le ciiamp
de bataille, et deux jours après le convoi de
l'amiral van Stabel venait, sain et sauf, alléger
la disette qui désolait la t^rance. De l'aveu de
tous les hommes compétents , le courage et l'ha-
bileté des manœuvres de Nielly décidèrent des ré-
sultats de la journée mémorable du 13 prairial
an II (r^ juin 1794).
Chargé du commandement de la flotte qui
sortit, le 27 fructidor de la même année, du port
de Brest, et croisa à l'embouchure de la Manche
Jusqu'au 15 brumaire (6 novembre), Nielly s'em-
para du vaisseau Alexander ( de 74), monté par
l'amiral Bleing-Rodney, de trois autres bâtiments
de guerre et de onze navires de commerce. Le
Directoire lui confia en décembre 1796 la troi-
sième division de l'escadre destinée à afrranchir
l'Irlande. L'escadre était sous les ordres de Mo-
rard de Galles {vqy. ce nom ). Des tempêtes
continuelles firent manquer cette expédition, et
Nielly n'échappa aux plus grands dangers que par
une rare énergie. Il devint successivement com-
mandant d'armes â Brest, président du conseil de
révision pour la marine, commandant du port de
1 Lorient , préfet du premier arrondissement ma-
49
KIELLY — NIEMCEWICZ
60
ritiine ( i^ thermidor an yiii, —juillet 1800) ; il
reodit de grands services dans cet emploi ; mais
ayant déplu au ministre de la marine Decrès,
il fot brutalement mis à la retraite, en septem-
bre 1804. En janvier 1815 Louis XVIU le créa
baron et \ioe-amiral ; il mourut à quatre-vingt-
deux ans.
Son fils, Patriee-Joseph'Marie-Théodore, né
i Brest, le 30 novembre 1781, mort à Nantes, le
20 avril 1799, avait débuté par être mousse dès
l'âge de neuf ans. Quatre ans après il fut fait pri-
Mnnieraux combats des 10-13 prairial an u (juin
1794), où son père se distingua si brillamment.
Rendu à la liberté en mai 1795, le jeune Mielly
était parvenu au grade de lieutenant de vaisseau
lorsqu'il eut la jambe emportée, en mars 1799, à
bord de la frégate La Cornélie. Il mourut des
suites de sa blessure : il n'avait pas dix-huit
ans. A. DE L.
rtdoirti €t ConçuUes des Français, etc., t. IV, VII,
VIJI. " Gérard, A^tei des plu$ iUustret marins fran-
çais (Parte, lau, In-is), p. Sll-31t. - Le Bis, Diet.
tncfclopédiquê de la France. — i>. Lerot, Biof/raphie
àrttpsme. — Ogée, INcC Mst . de Bretaifue, 1. 1*', p. itl.
HiBH ( Thierry ), historien allemand, né à
Niem, dans le diocèse de Paderbom, dans le se-
cond qnart du quatorzième siècle, mort vers
1417. Après avoir obtenu en Italie le doctorat
en droit et en tliéologie, il reçut en 1381 une
prébende à Bonn ; en 1364 il fut nommé cha-
noine à Lucques. Appelé quelques années après
à la cour pontificale, il y obtint l'office de proto-
notaire apostolique, et fut chargé de plusieurs
négodations diplomatiques, entre autres près
la cour de Constantinople. En 1394 il fut
nonuné évèqoe de Verden, et en 1396 évéque
de Cambrai. Il fut un des membres les plus ac-
tifs du concile de Constance. On a de lui : De
tchismate M^ri III ; Nuremberg, 1532, in-fol. ;
les éditions suivantes de cet important ouvrage
contiennent an quatrième livre ; elles parurent
àBâle, 1560 et 1566, in-fol.; Nuremberg, 1592,
in^"*; Strasbourg, 1609 et 1619, in-8''; — His-
toria Johannis XXI II pontificis; Francfort,
1628, in-4®; reproduit dans les Seriptores
Muoniei de Meibom et dans VHist. condlH
Consiantiensis de Hardt; — Vitœ pontificum
rumanerum , a Nicolao IV tuque ad Urba-
num F, dans le t. L*^ de VHist. medii xvi, d'£o-
card; ~ Invectiva in Johannem XXI 11^ dans
VHist. de Hardt; ^ Le neeessitate rtforma»
tionis Bcelesias, dans le même ouvrage. O.
Pntjea, jitUt «ntf If eues aut dem Henagtkitm Bre»
n«n niitf yerden, t. vu, p. i7i. ~ BoUlo, CesekicAUdes
CmeUinm zu KostnUz,
xiEXANH ( Àuguste-Chrétien-HenH >» pu-
blidste allemand, né le 30 janvier 1761, à Ai-
toua, mort le 22 mai 1832, k Kiel. Il étudia les
lettres et le droit à léna, fut reçu docteur en
philosophie à Goettingue, entra eu 1785 dans
renseignement, et professa à Altona la philoso-
phîe, puis la statistique et Tadministration. On
ft de lui : Grundsœtze der Siaatstoirthschaft
( Principes d'économie politique}; Altona, 1796;
— et trois recueils périodiques : Schleswig'
hoisleinische Provinzialberiehte ( Altona,
1787-1800, 181 1-1818), Schleswig'htolsteinisehe
Vaterlandskunde ( ibid., 1801 ), et Vàterlxn-
dische WeltbericAte ( ibid., 1820-1822). K.
JHèuer J9ekroloç der Deutseken^ 188t,
NiBMARN ( Jean-Frédéric ), médedn alle-
mand, né en 1764, à Hadmersieben (Anhait*
Dcssau ), mort le 6 septembre 1846, à Merse-
bourg. Reçu docteur en 1787, à Halle, il prati-
qua d'abord la médecine k Halk)erstadl, puis à
Mersebourg, devint conseiller de santé en 1800,
et prit sa retraite en 1841. Il était membre de
plusieurs Académies du Nord et de l'Allemagne.
On a de lui : Taschenbueh /uer ffausthier-
«rztej jErzte und Œkonomen ( Guide des
vétérinaires, des médecins et des économes ) ;
Halberstadt, 1804-1805, et 1813, 2 vol.; —
Anleitung sur Visitation der Apotheken
(Instruction pour la visite des officines};
Leipzig, 1807, 1810, 1831, in-8''; — Hand^
buch der Siaatsarzneiwissenscha/t ( Ma-
nuel de médecine l^le); Leipzig, 1816,
2 Tol. gr. in-8*; — Symbiotikon ; Leipzig,
1818 in-8''; ^ Taschenbueh der Staatsarz-
neiwissenschq/t ( Guide de médecine légale ) ;
Leipzig, 1827-1829, 2 YoL 10-8**; — Taschen-
bueh der Veterinœrwissenscha/t ( Guide de
l'art vétérinaire) ; Leipzig, 1830, in-8<*. Il a édité
avec des notes Pharynacopœa batava (Leipzig,
1811, 1824, 2 vo1.gr. in-8''). P.
CaUtMik. Médian. Sckri/st.-Lex.
AiBMCBWicz ( Julien- Ursin ), homme d'É-
tat et littérateur polonais, né en 1757, Skoki , en
Lithuanie, mort à Montmorency, près Paris, le
21 mai 1841. Élevé au corps des cadets k Var-
sovie, il prit du service dans l'armée, qull
quitta en 1788 avec le grade de major. Élu en
1788 membre de la diète, il s'y fit le défenseur
de toutes les mesures qui pouvaient régénérer
son pays ; par sa parole éloquente , par ses ex-
cellents articles, publiés dans la Gaseta na^
rodowa, dont il était un des rédacteurs, Il
exerça bientôt une grande influence, qui fut
encore augmentée par le renom que lui valu-
rent ses Chants historiques^ où il célébrait les
héros de la Pologne. En 1794 il fit la campagne
contre les Russes, comme aide-de-camp de
Kosciusko; blessé et fait prisonnier à la bataille
de Macieîowicé, il recouvra sa liberté à l'avé-
nement de Paul P', et se retira aux États-Unis.
Il revint en Pologne en 1807, et fut nommé se-
crétaire du sénat et membre du conseil de l'ins-
truction publique ; malgré ses attaques satiri-
ques contre le gouvernement russe, dans ses
Lettres lithuaniennes, publiées pendant la
campagne de 1812, il fut jusqu'en 1821 main-
tenu dans ses fonctions par l'empereur Alexan-
dre, qui l'appela aussi à présider le comité de
constitution. Dans les années suivantes il fut
élu président de la Société des sciences de Yar-
4>1
MEMCEWICZ — NIEMOJOWSKI
52
f;ovie. A le rv.sohtWon de 1930 il entra dan» le
consefi Mipciieitr (iVdftiimstratfoii', et ivprH en
iitétnc temps soû eti»(»tei de secrétaire «ia se-
m^; en 1631 il qufttt» son' (lay», s^ovrna qeel^
<]tie teiRfis à Lomlfes , e4 vint enfln se fixer à
l'&ris. Nitmcewic^b est oi» des poètes polonais
les plus remarquaMe» ; ses comédies, comme ses
fîibles, sontrerapKes d^'espritet de sel. On a de
1m en polonais : Oétes écrite» en quittant V An-
gieterre en 1787 ; —Casimir le Grande drame;
— le Retour du nonce; Varsovie, 1791 , co-
médie ; — Odes à Varmée polonaise pendant
Ar campagne de 179?^*^ Notice sur Wa^
xhingtoH ; ~ f^iadistas, roi de Potogne, sous
Varna'; Varsovie, 1307 , tragédie; — Les ^a*
gef du roi Jean Sobiesfti; Varsovie, 1809, oo»
liiédie; — Lettres lithuaniennes, 7 vol. ; —
VÉgoiste, coméfiié; — Chants kistari^Hes de
ta Pologne ;V9rsoih^ 181 A, tcaduits en français
parForster, sous le titre: La vieille Pologne ;
Paris, 1833, ita-4*'; souvent réimprimé; une
traduction allemande^en a été donnée par Gaiidy ;
Leipzig, 1833 ; — le Règne de Slgismond Ili, roi
dé Po^o^ne; Varsovie, 1819; etBi*eslatt, 1836,
3vol. ; — Fables et Contes; iMd., 1820 et
1822,2 vol. in-8°; — Recueil de mémoires
historiques sur Vaneienne Pologne /Varsovie,
1H22, ô vol.; Berlin, t82&; — Les deux Sie^
cieck ; Varsovie, 1819, roman historique ainsi
que Jean de Tanezgn ; Varsovie , 1 325, 3 vol.
in- 12 ; dans nn autre roman, Lepba et Sivra,
Kicmcewicz a dé^jcint la situation mallieureuse
des juifs en Pologne; diverses traductions du
français et de Tanglais. Ses Œuvres littéraires
«ot été recueillies en 12 vol. ; Leipzig, 1840;
parmi les nombrem écrits qu'il a laissés en ma-
nuscrit, on n'a encore publié que ses Notes sur
ma captivité à Saint-Pétersbourg ; Paris, 1 843.
O.
Cùnvertatlong^Lexikon. — Bnglith C^cUipmdia.
KiBMfiTBR { Auguste- H ermann ), poète et
théologien protestant allemand, naquit let^^^Rep-
fembre 1754, à Halte, oii son père était (lastetir, et
mourut dans la même vill(% le 7 juin 1 828. Sa mère
«tait la petite- fille du célèbre Auguste-Hermann
Francke, le fondateur de la maison des Orptie-
lins et d'autres institutions de charité de la vttle
de Halle. Après avoir étudié la»théologie sous
Semler, Ndsselt et Griesbacli , il fut nommé en
1779 professeur- extraordinan^e de tHéolop^ie et
ea 1784 professeur onihiaire et inspecteur du*
aéminaire théologîque de sa ville natale. En-
1799 il fbt chargé <le la direction des étaMisse-
ments de charité fondés par Francke. Il apporta
le plus grand dévouement à leur administration,
«t quand, à l'époque de l'invasion de la Prusse
par les armées fhtnçaises, ces étaUissementa
furent menacés dans leurs intérêts et méttie daas
leur existence, le zèle avec teqoel il travailla k
les sauver lut poussé si loin qu'il devint suspect
scux vainqueurs. Niemeyer Ait déporté à Pont-à-
Moosson, en mai 1807, comme an bomme dan»
gcreux. Sa ca)itivité ne Ait cependant ni dnrsni
longue. Le 9 octobre de la même année i) étant
de retour dans sa ville natale. En 1809, il fbt
nommé chancelier et recteur perpétuel de Tuni-
versité de Halle.
Sans avoir ouvert des vues nouvelles dans les
sciences théologiques, il s'acquit une répntfttioo
méritée par la variété de ses coonaissaneea et
par le bon esprit dans lequel il maiatint son
enseignement. De ses nombreux ouvrages, H
ftmt -citer les suivants, comme les plus impôt'»
tanis : Chttrahteristik drr Bibel; HaRe,
1775-1782.5 vol. in-8"; 6* édit, 1830. Ow-
vrage intéressant et bien fait, mais dépassé de-
puis longtemps par les travaux postérieurs ; —
Gedichte; Halle, 1778, in-8"; — Banébueh
fur christ liche Religions lehrer ; HWle, 1790,
2 vol. ln-8"; 6* édît., 1827; — Grundsàtse der
Erzichung und des Unteirichts ; Halle, 1799,
3 vol. in-8*;9« édit., 1834-4839; — Leitfaden
der Pâdagçgik und Dldaclik; Halle. 1802,
in-8' ; -^Ansichten der deutschen Pàdaçogik
und ihrer Gesckiehle im 18 Jahrhxindert ;
Halle, 1801, in-8* ; — Ùrigtnaistellen Sriech,
und romisch. ClassikerUber die Théorie der
J^rsteftting; Halle et Berlin, 1813, in-S*"; —
Geistliche Lseder, Oratorien und vermiscbit
Gedichte ; Halle, 1814, in. 8*" ; • Beobachfun^
gen ouf Reisen in und ausser Deutschland ;
Halle, 1820-1826, 5 vol. in-8°. Le quatrièmn
contient le récit de sa déportation en Franco ;. —
Theotogische Sncyklopàdie und Melhodol, ;
Leipzig, 1830, in-8°. M. N.
Heraog, neai-SneifklêpdiUe fur prétest. Théologie.
KifeMOJowsKi ( Joseph ), général po4«MiaiSy
né vers 1760, dans la grande Pologne, tué en
1813, à Pololzk. Issu d'une famille ancienne et
starosté de Szrem, il fut un des patriotes éner-
giques qui en 1794 se mirent à la tête de leurs
(iaysaRs et obligèrent le roi de Prusse à lever le
siège de Varsovie. Après s'être emitaré de Szrem^
il fut confirmé par Kosciuszko dans la dignité
de général du palatinat de Posuanie, et s'avança
jusqu'aux por'es de Tliom. Lorsque rinsurrec^*
tion eut été comprimée par les trois puissanoés
alliées, il fttt emprisonné dans une forteresse, et
ne recouvra la liberté qu'en payant une forte
rançon. En 1808 il prit du service dansTarmée
frtinçaise^ commanda l'avant-garde au combat de
Dirsclien, et f«l tué à la bataille de Polotzk. K.
vtEHiQtmvnsiÈ ( Vincent), patriote polo-
nais, né e» 1784, à SUipia prèsKalisch, moit en
1834. H était de lafannille dn précédent. Après
avoir étudié le droit dans les universités d'Alle-
magne , il occupa un emploi dans t'administra-
tion du grand-duel lé de Varsovie (1806) et fut
député, par le choix de ses concitoyens, au con-
seil général de son district (1808). Élu nonce de
Kaltsch en 1818, il se rangea aussitôt du cêtéda
Topposition et plaida avec chaleur dans la diète
4e 1820 1& cause des institutions natlobales.
« La charte constitutionnelle, dit-Il alors, est
sz
KIEMOJOWSKI — NIEPCE
54
ont' propriété du peuple ; le souverais n*a le droit
ni iW to détruire ni de la changer. I9oas avons
perd» U liberté de la presse ; nous n'av<ms plos
i\e \\h&/ié individuelie, le droit de propriété est
violé, on Ttni nous priver encore de la respon-
sabilité de« ministres. Que non» restera4-il de
notre «harte? Renonçons plutôt à ces débris de
Bosi;aranlies ; qirils cessent de sArvirde pié^te à
eeu\ qui s'y fient de boBne Toi. » Ne s'en tenant
pas à CCS coiirageaiics paroles, il dressa Tacte
d'aecaaatiiMfc contre le» ministres ai^iiatairas des
•rdoonanoes nsurpatriees. Son iofliMBce sur les
disensaion» inquiétait le goovemement msse.
On loi istima l'ordre de ne plu» se présenter
devant le souverain et en néine temps de s'abs*
leair de paraître à la diète. Niemojowski, dé-
TOQé à la patrie et à la liberté, se rendit néan-
moittsà Varsovie, le 7 mai I82ô, pour rowrerlMra
de U session : à peine arrivé aux harrièreft de la
ville, il fut arrêté, reeendnit cliaa. lui el gifdé
à vue par on détaehement de soldat» entrele-
nas à ses frais. Cette séquestration dura plu» de
cinq années. En vain s'adressa-t-U à l!eiiipereur
et.Jin exposa- t-il avec énengie l'outrage fuit a«i
lois en sa personne ; la réponse qu'il en obtint
fut courte : « Le tsar sait oe-qni est airivé;. les
aatnrilé» ont agi confermémeot à. fii «atonie ;
il.itniKMe silence et ordonne am ministres de
reliieer tente plainte de la part du suppliant. »
La révolution du 19 novemface 1830; Ift rendit à
la btwrté. Ifiemojowski vint à Varao^ eempt
à diverse» reprises le ministèrade Tintérieur» et
fut, après le renversement de lu dictattîre, on
<les cinq membres dn gouvemement national.
Jeté de nouveau en prison, il fut condamné ea
1324 à la déportation en Sibérie; nat» sn santé,
éfMiisée par une maladie aignè, ne put suppor^
ter le» fatignes du transpert^ et il* maumt en
conte. C'était naUttérateur c^ talent; on connaît
de lui de» fables , des épif^rammes,, plusieurs
Messéniennes trad. de C. Deiavigee, et des ar-
ticle» polémiques dans le» jouniaua polonais. K.
si£aoJOWS&i iBQnavenèure)^ frère de
piéaéiieDt,néen 17S7, è Kaliscli, meri en IBâS^
à Parâ. Il débuta à la diète de 1S20, et se di»-
tiagon, comme son frère, par le défense des
droits do peuple et par sa fermeté, au roilieotdes
persécutions. En 182â on lui iotenla un procès
criminel, et le sénat, sans en attendre l'issue,
qui démontra son innecanoei^ »*erapi«SfSa de cas-
ser son élection. Il trouva le moyen d^re
encore uliJe dons la direction générale du crédit
territorial, fonction^ que se» concitoyen» lui coo-
tiereot deux Ibis, d'un vote unanime. Piendanl
la révAlution polonaise, il fut roiniâtre de la ju»'
tice et de Fintérieur, et présida tecomité insurrec-
tûmnel des provinoes russes; mais à la suite d'un
démêlé avec Malaaowski au sujet du servage, qu'il
vottLnl abolir en Lithuaoie, il donna sa» déna»-
sion et ne siégea plus à ta diète que comme rn-
préseatant de Kaliscli. Le 17 avril 1831, il devint
Tice-président de la république, et occupa oe poste
jusqii*ao moment oti le général Keukovrieckt
traita de ta capitulation de Varsovie ( 7 septen>>
bre ). Après avoir tenté encore quelques efforts
pour continuer la résistance, ii se réfugia en
Prusse et de là à Parisw On a de lui : Des der'->
nkers épéttementi de la réwltUion poêcnatie;
Pari», 1838, in-8^ K.
Mogr. wniv. et portât, dèi CoH*»np. — L. ChoMlo,
ùa Mnt'»9mK UiHâtrée* -^ Pierer. Vuimtjtmà'Lucl^Mk,
mwMmcm ( Jonepk'-NMpàowê ), chiaiisla
français, inwiratettr de II photographie , né le
7 mars 174I&V àChAlonS'-sup^aâne, mort le 5 joil;>
le^ tSJl.dans les environ» docette villes II appar»
tenait à une famille distiagufe dans la* magistrat
tnre, et son père, Clfeiide Nlepee, était conseiller
dn roi et receveur des consignations au>» baittiage
et chancellerie de CMAans. Sa^ jeunesse »*écoola
paisiblement auprès de ses parents. Doux , spi-
rituel, m peu caustique, m» peo peëte et par
conséquent asser iasoneteo?!, il* se laissait vivra
sans se demander o6 il aHaiL Loffsq«ie éclata la
révolution, il céda* àTentralnement-giviéni^ et sa
fit soMat; entré le lO mai 1793' comme soue-
lieutenant dans le 42* régiment d'tnàinlerie{ ci-
devant Limousin), il devint lieutenant, le a mai
1793, fit une campagne dans lltede Sar daigna
et prit part à* deux batailles en Halie. Le 18 v««*
tOeean n ( 8 mars 1794), il fut adjoint à radju*
dant général Frottier ; mais une maladie épidé^
mique dent il fut atteint, jointe à Tetitrèmefé»-
blesse de sa vue, le força de quitter I» car-
rière des armes. Le 30 Boven»bre 1795, il fbt
nommé adminiâtrateur du disirict de Nice, qui
appartenait alors à la Franee^ et garda ce» tone»
lions josqu'en- tèot. A cette- date Niepce revînt
avec sa femme et son fils au foyer paternel. Il
partagea d'abord les travaux de son fl-ère alaé,
qui s*occapait demécaniqne ; ensemble ils imagi-
nèrent plusieurs machines, fort' ingénieuse» dn
reste, mais dentii» ne tinèrent auoaii partit la
1808 ils prireot un brevel diniientioa (lour une
maebine ( le pyréotûphore ), qui lear valut les
compifHMBts de Caraot', puis ils construisirent
noe pompe bydrostatiqne. Quittant la méca-
nique pour la clùmie, ils a'apptiqoèrent à la ca\-
tuvedo pastel (tSfi), et parvinrent à en extraire
une fécule ooloranta d*uoe beanlé comparable à
oeife de nndlgo> Malgré le départ de soa frère,
il continua de se livrer aux recherche» scienti-
âqace. » LaHIbograpMe venait d*étre inventée,
dit M Kacao. IW le monde voulait' en faire :
Kiepee fit comme tout le monde. Mai» il hn
était difficile, dan» sa retraita, de se procurer des
pierres oonveaables , d'ailleurs très-coftteose».
En se promenant, il avait remarqué sur la ronte
des cailloiHL dfestiné» b être broyés et dont la
nature loi sendri»' se tapproeber de celie des
pierre» lithographiques. H raaaassa les phis gros
qa'il put trouver et coromanç^ à l'aide (te
nombreux vernis qu'il composa, une série d'es-
sais infructueux. L'homogénéité de ce» pierre»
étant imparfaite, il en résultait des inégalilé»
ûô
JSIEPCE
56
dans raction des acides. Mais Niepce n'était pas
homme à s'arrêter deTant ces difficultés : elles
le condaisirent seulement à chercher une sub-
stance plus homogène; alors il essaya de l'étain.
Puis, vers 1813, il lui prit fantaisie de remplacer
le crayon lithographique, comme il avait rem-
placé la pierre, et alors une idée étrange s'empara
de lui: il voulut que ce fût la lumière qui flt elle-
même le dessin. Dès ce moment il n'eut plus d'autre
pensée. Qu'on se figure maintenant cet homme
relégué au fond d'une province, loin de tons les
conseils et de tous les^enseignements, réduit k
ses propres moyens, livré à une idée sans cesse
présente, qui ressemblait à de la folie, voulant
fixer l'image syr le miroir, faire un dessin avec
un rayon de lumière! »
ïroublé par les événements de lgl4 au mî-
Ueu de ses travaux, Niepce en reprit le cours
avec une ardeur toujours croissante. Ses pro-
grès dès lors furent constants. En 1822 il ob-
tint sur étaîn poli ou sur verre des copies fidèles
de gravures à l'aide d'un Ternis bitumineux de
sa composition; en 1824 il réussit définitive-
ment à fixer sur des écrans préparés les images
de la chambre noire. Si les résultats étaient
imparfaits, on pouvait déjà déclarer le problème
résolu. Dans l'automne de 1827 , il se rendit en
Angleterre pour rendre visite à son frère atni.
Ayant fait à Kiew la connaissance d'un savant
distingué, Francis Bauer, il lui apprit qu'il avait
découvert le moyen de reproduire et de fixer
d'une manière permanente l'image de tout objet
par l'action spontanée de la lumière, et lui
montra plusieurs spécimens d'images fixées sur
étain poli et d'épreuves sur papier obtenues d'a-
près ces planches. A la prière de F. Bauer, il
adressa, le 8 décembre 1827, à la Société royale
de Londres un mémoire sur sa découverte en
même temps que des épreuves ; mais comme il
ne voulut pas donner son secret, on lui rendit
tout et la communication n'eut pas d'autres
suites. Au commencement de cette même année,
Niepce, songeant à faire aux aris l'application
de sa découverte , était entré en correspon-
dance avec un graveur habile, M. Lemaltre;
elle dura jusqu'à la fin de 1829. Dans ces let-
tres, insérées dans La Lumière (1851 , n°' 2 à 8)»
on le voit quitter l'étain pour le cuivre, revenir
à l'étain, dont la blancheur lui semblait plus con-
venable, et employer le plaqué d'argent dont on
se sert encore aujourd'hui. C'est là qu'on trouve
l'origine de ses relations avec l'un des inven-
teurs du Diorama^ Daguerre. « Cerooosieury
racontait en 1827 Niepce à M. Lemaltre, ayant
été informé, je ne sais comment,, de l'objet de
mes recherches, m'écrivit l'an passé, dans le
courant de janvier, pour me faire savoir qu'il
s'occupait du même objet et pour me demander
si j'avais été plus heureux que lui dans mes ré-
sultats. Cependant, à l'en croire, Il en aurait
déjà obtenu d'étonnants, et malgré cela il
me priait de lui dire d'abord si je croyais ia
chose possible. Je ne vous dissimulerai pas
qu'une pareille incohérence d'idées eut lieu deme
surprendre, pour ne rien dire de plus. «Au bout
d'une année, en 1827, Niepce reçut une seconde
lettre de Daguerre, qui, en lui demandant où il
en était, le priait de lui envoyer une épreuve.
Niepce fit alors un voyage à Paris, et eut une en-
trevue avec Daguerre ; celui-ci ne lui montra
aucun de ses essais, ce qui n'empêcha pas Niepce
de lui communiquer quelques-uns des siens.
Quelque temps après, Toyant ses progrès cons-
tamment entravés par le mauvais état de la
chambre noire, il proposa à Daguerre, qui avait
perfectionné cet appareil , d'associer leurs tra-
vaux. Un traité fut passéentre eux à Chàlons, le
14 décembre 1829. D'après cet acte, qui n'est
pas suffisamment connu, il est établi d'une ma-
nière incontestable que Niepce est Vinventeur de
la photographie. • M. Niepce, y est-il dit, a dé-
couvert le moyen de reproduire spontanément les
images reçues dans la chambre noire. » Après
la signature du traité, il s'était engagé à «confier
à Daguerre, sous le sceau du secret, qui de-
vait être conservé à peine de tous dépens, le
principe sur lequel reposait sa découverte et lui
fournir les documents les plus exacts et les
plus droonstanciés sur la nature, l'emploi et les
différents modes d'application des procédés
qui s'y rattachaient ( art. 3 ) ». Il apportait à
titre de mise en société « son invention, re-
présentant la valeur de la moitié des produits
dont elle était susceptible », et de son côté Da-
guerre apportait seulement « une nouvelle com-
binaison de chambre noire, ses talents et son
éducation » (art. 5).
A peu de temps de là rÇepce mourut, pauvre
et ignoré, dans une modeste maison de campa-
gne près de Chàlons. Le 7 janvier 1839 Daguerre
communiqua à l'Académie des sciences le résultat
des travaux qu'il avait continués ; la chambre
des députés lui accorda une pension,* et la dé-
couverte s'appela daguerréotype « Daguerre
est mort à son tour, dit M. Lacan. Nous serons
juste enrers lut comme envers son prédéces-
seur. H a perfectionné, simplifié, vulgarisé ce
que Niepce a inventé; mais il a recueilli tout
l'honneur de l'oeuvre commune.
Ernest Lacan, dans le Moniteur du i< Janvier itSS. -
Lu Lumière, 1881.
NIKPGB DB BAIRT-TIGTOB {Clatlde-Fétix-
Abet), neveu du précédent, a beaucoup contribué
par ses travaux au perfectionnement de la pho-
tographie. Né le 26 juillet 1805, à Saint-Cvr,
près Chàlons-sur-Sa6ne, il suivit la carrièri*
militaire, et sortit, en 1827, de l'école de Sau-
mur, avec le grade de maréchal-des-logis ins-
tructeur. Il eut de bonne heure un goût pro-
noncé pour les sciences, et s'attacha particulière-
ment à en saisir tous les points d'application.
En 1842, pendant qu'il était à MonUuban, il se
mit à étudier les matières colorantes sous 11 n-
fluence des acides: une tache de jus de citron.
ù7
NIEPCK
58
i]a'il essayait d'enlever sur son pantatoQ de ga-
rance» avait été ToccasioD de cette étude. Â la
même époque, le ministre de la guerre avait
déddé que les revers, les collets et les parements
de tretxe régiments de cavalerie seraient de cou-
leur orangée, de roses ou cramoisis qu'ils étaient.
En essayant à cet effet d'abord l'œillet dinde,
puis le bois de fustel, M. Niepce découvrit un
procédé très-économique , mentionné honorable-
ment dans le rapport du jury de CexposUion
des produits de Findustrie et des arts de
Poitiers ( août 1842 ). Le ministère l'adopta, à
la suite des expériences concluantes qui avaient
été faites devant une commission présidée par
M. Chevreul. H. Niepce céda son procédé avec
le désintéressement le plus complet. Lieutenant
depuis 1841, il fut, en 184S, incorporé avec son
grade dans la garde municipale. Il était à peine
depuis deux ans à Paris, lorsqu'il présenta , le
2& octobre 1847, à l'Académie des sciences son
beaa mémoire Sur Faction des vapeicr<,qui, sur
un rapport de M. Chevreul, fut insérédans le Be-
cueil des savants étrangers (1). Le même jour,
M. Niq)ce annonçait à l'Académie ses premiers
essais de photographie sur verre, obtenus à l'aide
d'une oooche d'amidon. Dans l'intervalle éclata
]a révolution de Février, qui, par le licenciement
de b garde municipale, le mit en non-acUvité.
11 ne reprit qa'avec plus d'ardeur ses études pho-
tographiques, et dès le 12 juin 1848 il communi-
qua à l'Académie ses procédés de photographie
sur verre, qui ont donné depuis de si beaux ré-
sultats. Quelques-unes de ces épreuves, qui mar-
quent une des grandes phases de l'mvention de
Nioépbore Niepce, ont figuré à l'exposition uni-
verselie. En juillet 1848 M. Niepce quitta mo-
mentanément Paris avec le 10^ régiment de dra-
gons, où il venait d'être réintégré comme lieute-
nant ffororoé capitaine, le 11 novembre suivant,
il revint, en avril 1849, À Paris servir avec le
même grade dans la garde républicaine. Depuis
iors tous ses moments de. loisir sont consacrés
à réiode si intéressante des phénomènes que
peuvent produire tous les corps de la nature sous
l'influence de la lumière. Pour mettre ce savant
et naodeste officier à même de poursuivre plus
librement ses travaux, l'empereur le nomma,
le 19 février 1854, commandant do Louvre,
(1) Ce rapport remarquable, précédé d'ane uTante Id-
tradvctlott, se termine, en prenant oecaslon do traTall.
de H. nirpce, poar appeler l'attention des sa? ants far
les potola aulvanta : l*> ■ rattractiun élective avec la-
<rncUe one mène rapenr peut être Oxée par dlfféreuts
e«rp» ; 1* raUracUon éleeUve de certaines ? apears qal
ae Iment an pépier bUoc de préférence ans parties
Botres d'une encre grasse, ainsi qne cela arrWe à la fa-
pmr de Tadde asotiqae ; t* la rapidité areebqiuile
peavcnt réaflr une vapeur et Sre corps solides auaal
compactes qne le aont les métanx, comme on l'observe
entre la vapeur de Tammonlaque et le cuivre ; k* la
distaDce à laquelle une vapeur qui a« dégage de la ma-
tière d'une Image est susceptible de reproduire cette
Image sur un plan où la vapeur . ylenl à se condenser ;
I' rtafluenoe très-diverse qne différents solides pour-
raient exercer sur Téconomle animale, après avoir été
ctpméa A bim oième vapeur. •
après loi avoir donné le grade de chef d'esca-
dron et, en 1849, la croix de chevalier de la Lé-
gion d'Honneur. Frappé des expériences de Bec-
querel et de John Herschel, qui avaient essayé
de reproduire les images avec les couleurs du
spectre solaire ( héliochromie), il entreprit une
série de recherches originales sur lesflammes co-
lorées et présenta successivement à l'Académie
trois mémoires sur l'héliochromie. Beaucoup de
savants et d'artistes ont pu admirer ces merveil-
leuses Images qui reproduisent les objets avec
leurs couleurs naturelles. Mais ces images sont
instables ; elles s'aflaiblisseot et disparaissent
peu à peu: la lumière reprend vjq qu'elle' avait
cédé. 11 reste donc un pas de plus à faire. Si
H. Niepce parvient à fixer et rendre ces images
permanentes, il aura résolu l'un des pi us grands
problèmes de la science. En attendant, cet émi-
nent esprit investigateur est parvenu,par ses étu-
des sur les résines, à perfectionner le procédé
de Nioéphore Niepce. En substituant an vernis de
bitume, jusqu'alors employé, un bitume de Judée,
dissous dans la tienzine additionnée . d'essence
d'amandes amères, il obtint un vernis non-seu-
lement très-focfle ii étendre, mais, au lieu de huit
heures d'exposition ^ la lumière, il suffit de vingt-
cinq minutes à une heure au plus dans une cham-
bre obscure pour recevoir l'image du modèle.
Puis, le bitume, altéré ou modifié parla lumière,
résiste assez aux acides qui mordent sur le
métal mis k nu pour qu'il soit possible de gra-
ver à l'eaa-forte une plaque métallique soumise
au procédé perfectionné (1). Si les planches
gravées jusqu'à présent par les procédés de
M. Niepce de Saint-Victor ont en général né-
cessité Tapplication intelligente de morsures ré-
pétées dans certaines parties, il n'en est pas
moins certain que la gravure héliographique
peut se prêter à toutes les applications de la
photographie. Il sera intéressant de donner
ici, pour la première fois , la liste complète des
travaux que M. Niepce de Saint-Victor a publiés
jusqu'à ce jour (1880) : Procédé de teinture
pour changer les couleurs rose , cramoisie ,
aurore et écarlate en couleur orangée :
donné au ministre de la guerre au mois 'de dé-
cembre 1841 ; appliqué dans l'armée en 1842;
— Mémoire sur Faction des vapeurs de cer-
tains corps, tels que Fiode, le soufre et le
phosphore, présenté à l'Académie des sciences
le 25 octobre 1847 : on y trouve la première
annonce (le la photographie sur verre ; le rapport
sur ce mémoire a été inséré dans le Recueil
des savants étrangers ; ^ Koie sur la pho'
tographie sur verrcy présentée à l'Académie
des Sciences , le 12 juin 1848 j — Note sur
des images du soleil et de la lune obtenues
parla Photographie sur verre, présentée à
l'Académie, le 3 juin 1850; * Note sur la Pho^
tographie sur verre et sur quelques faits
(t) Rapport de M. QievreuL
40
NIEPCK — NfEREMBERG
60
t I
nauvtamx («éance de T Académie du 19ao6t
1660); — IfMe smr %m mouteau procédé
pour okiêtiir des immçes phoingmpMqwei
^wr^klmqmé d^argtnit 9ani iode ni mercure
(Séasee de FAcadémie du 30 neptembre Ift&O);
— io" Mém9tresnrJ:*^béièoekromi€, eomnuHii-
«Bé 4e 2 jaiNi 16âl à TAcadéinie des tciew
*- .!« êiémaire^ur rkéUoekramiê y présanfé le
9^émsr 4tt2 à l'AiMidénie; ^^ Mémoire rar
rtkéUoohrrnnèe; id«, 4e « déoembretlSâS; ^
JVote j«ir ia reproituéUm des iwmges paria
sapeur d'iode; id., le M «wre iS53; —
1^ Méwnoire $ur la yiawine MtogmipfciTiie
9ur pionche d'aoèer ; id^ k 13 mai »8&3 ; —
Jiote Mir un mouoeau vernis kélio§raphhfue
pour la gravun smr ader ; id., le 30 œtotm
ilik; — rea avril 'ia&4 : I>éooui>erte tfun nou-
veau/n< grégooia (voir Too^rage da général ^
cot }; — - 3« Mémoire sur la gravure sur acier^
ivrésenté à l'AcadéaMe, le 2 octobre 18M:;*- Aio^e
«ur «ff notiMMi preo^^ de morsure pour
la gravure héiiôgrapàéqut^; id., 12 inarR
1856; — dfi Mémoire sur ta gramire héHogra*
phique; id., 8 oetobra 1855; —4e MémxÀre
sui la gravure héUographique; id., 2 no-
vembre 1858; — i^ Mémoire sur une mw-
velle aciUm de la lumière; id^ 18 novembre
1857^ . 3« Mémoire sur une nouvelleactUM
de la lumière; id., l«' mai* 1857 ;— 3*il#é-
mofre sur factiom de la lumière ; id., 29 no-
vembre 1858 ; — 4« ^moiresurVaclUm de la
lumière^ id., 20 déocnabre 1858 ;•— âfote sur
Vobteniion d'épreuves pkotogrophi^uesrouge^
vertOj vioêette ot èleue, et aor une i^hotogra-
phie obtenue avec un tube dans de la glace
(action de lumière conservée); id., 11 avril
1859 ; -^ Mémoire sur la thermographie^
id., 23 mai 1859; — Mémoire sur Vaetion
de la Iwmière sur Im matières amylacées, en
collaboration «vec M.Oorviaart, id., 3 «eptembre
1849 ; — I>fote sur VacHon delà Vumièresur Us
vins, id.,31 novembre 1959; — Note^ur Tce-
tion de la ktmière€t de^ékdrioité, id.,17 lé-
vrier f«60. X.
Klepec et SalBt- Victor, R»ek»rch0» pkotffntphi^m»,
nilTle* de ConsidératUmi par M. Cbevreul, avec oae
Préjacc biographique., par M. Ë. Lacan. — Documents
partievtiert.
NiBPPBiiG. Vog. Nc»raac.
RiEMniBBftS (Jean-Busibe ne), savant
jéaaite espagnol, né en 1595, à Madrid, où il est
mort, le 7 avril 1658. Son père était Tyrolien, sa
mère Bavaroise. Il étndiait le droit à Salamanque
lorsqu'il renonça au monde pour entrer dans la
Compagnie de Jésus ; un ordre du nonce apos-
tolique )e rendit à ses parents , qui, n'ayant pn
réttssir À le détoorner de sa vocation, le laissè-
rent libre de la suivre. A peine eut-il achevé
son noviciat qu'il fni chargé d'une mission dans
les montagnes de l'Algarria ( Castille nouvelle ).
Rappelé à Madrid, il proressa au collège impé-
rial l'histoire naturelle, puis rÉcritiire sainte.
£n 1C42 il renonça à renseignement par suite
d'nne attaque de^nralysle, qui le priva presque
entièrement de l'usage de la langue et des mains-
C'était m homme anatère, laborieux et d'nne
piété ardente; il consacrait ses journées à la
prière on à la confession, et rédigeait pendant la
nuit MB ouvrages. On a de lui : Ohms y dias ,
manual de senores y principes; Madrid,
1828, WM, ln-4*; — Sigalion,'sive de sapten-
Ha myf Mns M, Vfil; Madrid, 1629, in.8<» ; —
Vida de S. Ignatio ; Madrid, *f631 , in-8* : sou-
vent réimprimée; — - Deadoratione in spirHu
et veritate lib. îr; Anvers, 163! ; — De nrte
voiuniatis Hb. VI; Lyon, HI91, in 8* ; trad. en
françM {VArt de conduire la votonéé; Pari^,
1867, in4*) par Louis ¥idel, qui prétend, dnns la
préfoee, que le P. de Mieremherg amnit demeuré
pins de vingt années en France ; ^ Viéa divina y
eemino real para la perfection i MadfMl, 1633,
in-4<» ; trad. en latin par Martin Silienins ; * Wis^
toria naturx maxèma peregrina Hb. XV f;
Anvers, 1635,în4bl., fig. Getreité, dédiéMroolnlt^-
duc d'Olivarès, concerne su rtont l'hislaire na*
turdledes Indes. « On y remarque, selon Cn**
vier, t)eauooup de superstition et peu decriHqiie;
l'auteur y entre dans ées ^isenssions nélapiif-
siques, qui tiennent aux idées dn'noTea âge,
dominantes encore è nette épeqne, anrtoot dan
les collèges des jésuites. NéanoMiios il y a des
observations intéressantes sur les anisinnfx et
sur des plantes nouvelles. Ainsi on y ytA la sa-
rigue, leTisoache, lecoendon, le raton, le bison,
la vigogne, l'onistitl , des ^nseaux 4e paradis , le
casoar sans casque et le serpent à sonnettes.
Nieremberg n*^ pas seulement pris les figures
des auteurs .manuscrits, il a encore wnfauuté
celles de Clusius (L'Échise); mais je foapçeone
qne la plupart de .ces figures sont tii^s des
manuscrits d'Hemondez. » A la suite <ie ce re-
cneil on en trouve un antre, de moindre impar-
lanoe. De miris et miracuiosis naturis in Eu-
ropa, et qui renferme U description des mer-
veilhes naturelles qu'il avait obaervées <ians le
cours de ses Toyagas ; — Practica del cale-
dsmo romane y doctrina chrieiiama ; Madrid ,
1640, in-4<*, trad. en italien; «— rksopoUlicus,
sive brevis eluddatio et ratiomaledivimorum
operum atque providentia tiumanortem;Au-
vers, 1641, in^"^; ~ Prodigiodelmmor divino
y finesa de Dios con ios hombres; Madrid,
1641, in-4*'; — Stromata saerst Scripiurx;
Lyon, 1642, in-fol. : dictionnaire historique des
personnages de la Bible, suivi d'un recueil de
sentences morales intitulé Gnomogigphica; —
Corona virtuosa y virtud coronata , sive de
vèrtutibusin principe reguisitis ;'illaiûnd, 1643,
in-4° : ses exemples sont tous empruntés aux
yies des princes de TAntriche nu de TEspagne ;
— De la dêvocion y patrocinio de S. Miguel
protectorde Bspana; Madrid, 1643, in-4" ; —
Doctrinse asceticœ , sive instituiionitm spiri-
tualiumpandectx; Lyon, 1643, in-fol.,— Cau^a
y remedio de Ios maies pubUeos; Madrid,
61
KIEREMBERG — WIETO
6Î
1642, in-8»; — ha curiosa filosofia y tesoro
de maravillas de la naturalcza; Madrid,
1643, iB-4"; — Claros varones de la compa-
nia âeJesns; Madrid, 1643, 4 vol. in4ol.; ce
recueil biographique est très-estime; le P. Alonso
de Aadrada y a ajouté èo 1666 dem tuI. de
plus ; — Gloria de S. Ignacio y de S. Fran-
cisco Jùzrner; Madrid, 1645, in-fol;— Homi-
lix eaienatsty cum Brotematum euriosm lec-
awkis decadUms XXII; Lyon, 1646, in-rot. ; —
Traiado de la constancia en la virtud; Ma-
drid, 1647,îii-4<»; — Epistolx; Madrid, 1649,
éditioii faite par les soins d*Emmanuel de Fana
y Souxa ; — Imitaeion de Christo de Thomas
de Ketnjns; Anvers, 1650, mS°; — Vida del
B, Francisco de Borja, à la lête des œuvres de
œ saint, qu'il édita à Madrid, 1651, 3 vol. in fol. ;
*. J>e immaculata conceptione Virginis Ma^
r\9; Valence, 1653, in-4*; — Diferencia de,lo
temporal p etemo; Madrid, 1654, in-24; trad.
en arabe par le P. Fromage, qui a également
fait- passer dans cette langue quelques autres
traités deT^erembcrg; — Trophxa Mariana
lit. VI; Anvers, 1655. in fol; — Cielo estrel-
ladodf Maria; Madrid, 1655, in fol.;— Théo-
ria de solita veritate conceptx Deiparm abs-
que labe originali; Valence, 1656, in-8*; —
Exceptiones concilii Tridentini pro omni-
tnnda puritate Deiparx expensi; Anvers,
1656, in-8**; — Doctor Evangelicus; Lyon',
1659, in-fol; — Opéra part henica ;'Ly on, 1659,
in-fol. : collection de tout ce qu*il avait écrit sur
le dogme de Timmaculée conception de la Vierge ;
— Succus prudentix sacropoliticx ; Lyon,
1659, in- 12; — Hieromelissa bibliotheca de
dortrina Euangelii, imitatione Christi etpcT'
ffttione spirituali; Lyon, 1659, in-fol.; —Silva
catechistica; Lyon, 1659, in-4'; — Sylloge
axiomatum et institutionum spiritualium ;
Lyon, 1659, in-4*; ces quatre derniers ouvrages
reprodoiscBtySons des litres différents, plusieurs
des écrits ascétiques deTfieremberg. Le P. Boîl-
kit a extrait de cet auleor des Maximes chré-
tiennes et spiritvelles (Lyon, r7l4, 2 voL
in-i2). P.
Sotwdl. Bttl. seript. voc. Jêsu. — Fit du P. de Jfie"
rwmt\L I y. a la Uie de» Opéra ptirihemict^ — Antonio.
Nmei sm. Uîtpamu, 1, •». — Morérl. Grund Dta.
àist. (é*ilt. ns». ) — Franckenan, Bibi. Hispana, tl9. —
Covirr, HM. det scêenus naturetlet , II.
*iiiBmiTZ (Gustave), Kttératenr allemand,
né en 1795, à Dresde. Après avoir secondé son
père dans la. direction dHitie école gratuite, il lui
succéda en 1832, et fut chargé en 1841 de l'école
d'AotoDstadt, dans ta même ville. Ses premiers
essnis tittéraires parurent en 1830 dans le Mer-
evre de Philippi. En 1833 il commença une série
de cootes moraux à U manière du chanoine
Schmid, et depuis cette époque il n'a cessé de
consacrer sa plume à rinstmction de la jeun(*sse.
Noos dterottS de tut : Jttgendbibliothek (Biblio-
thèque des enfants); Bcriin, 1840-1860. 21 ca-
hier» par an; -— Jpgendschriften ; Leipzig,
1846-1852, 22 voL en detix séries;^- deuxakna-
nachs populaires , Sxchsiseher ^olkskalender
(Leipzig, 1842-1849) ; — et Deuùscher Volkaka-
lender ( ibid., 1850 et aim. suiv.). IL
nerer, Vniversai'Lexikom,
3UKTUXMMEM iFrédériC'Emmmnvel) , phi-
losophe alienand, jié«B I706,à fieilstein,diiiis
le Wurtemberiç, nnort en 1846. Nwnmé en 1793
professeur de philosophie etdeihéelo^àléMi,
il reçut en 1803 une ohaire à Wartzbouig, de»
vint en 1807 membre du conseil «ufiéritior de
l'imtructien publique à Monich, fui élu plus tard
■Mmtire de TAcadéroie des scienees de cette
ville et obtint en 1829 l'-empUM -de premier con-
seiller du eoosistoire supérieur. >U s'est signalé
par sa lutte contre rmtroduetion'des principes
exclusivement utilitaires en matière d éduoatii
On a de lui : Vtrsnch eéner AbleHung'ées
raUschen Gesetzes aus den Formeu der rvt-
nen Vernut{ft ( Essai d'iine déduction de ia loi
morale des principes delà raisoofiure); léna;' -
1793; ~ Ueber BêHgiM aU Wéssenschajf
( Ia Religion coasidérée corame sdenee) ; Nea-
streliu, i795; «— Versuch einer Begrûndung
des vernunftmassige» Offenbarungsgkmbens
( Essai de fonder, coofomiément à la raison, la
croyance i ta révélatioa ) ; Leipzig, 1798 ; — Der
Streit des Philanttiropismus und BumaniS'
I mus (La Lutte entre le pfailanthropisme et l'ha*
maoïsme) ; léna, 1 808 ; -— Philosophisckes Jour-
nal; léna, 1795-1800, 10 vol.; depuis le. do-
quième voL, en collaboration avec Fichte. O.
iiHiTO (David) , savant rabbin italien, né à
Veniae, en 1664, mort à Londres, en 1728. D'ori-
gine portugaise, il fut pendant quelques années
médecm à Livourne, oà ses coreligiannaires ,
en raison de ses profondes oonnaissanees de la
Bible et du Talmud, le nommèrent un de leurs
juges; en 1701 il fut appelé comme président
de la synagogue de Londres. 'On a de lui : Pa&-
calogia, overo discorso délia Pasca, in cui
si asseynanQ 4e ragioni délie dUcrepanze
circa il tempo di eelebrar la Pasca; Cologne
(Londres), 1702, in-8*; UvoniBe, 1765, in-<8«;
— Délia dioina Previdentia; Londres, 174)4,
in4% et 1716, in-8*; — Los trienfos de la po*
brevta; Londres, 1709, in-4*; — Matla Dan
(La Tribtt de Daa); Londres, 1714, in-4*; en
hébreu et eu espagnol, réimprimé à Metz en hë-
bren seulement; ouvrage ayant pour but de
prouver contre les Karaltes la valeur de la tra-
dition orale, déposée dans le Talmud, la Mis- ,
chna, etc. ; — Notitic reconditœ de processu
inquisitionum in Bispania et Lusitania ad-
versus Ulos gui carceribus illarum detinen'
tur; Londres, 1722, in-8«, en espagnol et en
portugais. Kieto a laiâsê en manuscrit quatre vo-
lumes d'une Concordance du Talmud. O.
Wotr, Bièliotheea Metraiea.- Rosii, bibUoteca gim-
dtHea àntlerittimm.
3IIETO ( Don Vicente), général espagnol, né
XrETO — NIEUHOFF
en 1769, fusillé à Suipaclia ( haut Pérou), le
15 décembre iSiO, Il prit fort jeune la carrière
des armes , et fit les campagnes des Pyrénées et
de Catalogne ( 17931 795 ) contre la république
française. Il était capitaine lorsque son régiment
fut envoyé dans les possessions espagnoles de
TAmérique du Sud. Il combattit sous les ordres
de don Santiago Liniers contre les Anglais , à la
Plaza del Retiro (12 août 1807 ), à Buenos-Ay-
res (juillet 1808 ) et contribua aux succès qui
précédèrent la reprise de Monte-Video et la ca-
pitulation du général Whitelocke (6 juillet
1808). Après Texpulsion des Anglais, Nieto fut
récompensé de ses services par le grade de co-
lonel. Lorsqu*en août ISOft on apprit en Amé-
rique Tabdication de Charles IV en faveur de son
fils Ferdinand VII, renvahissement de la pénin-
sule hispanique par l'armée française, et le des-
sein de Napoléon d'asseoir son frère Joseph sur
le trône d^pagne, en conservant néanmoins cette
monarchie dans toute son intégrité , trois partis
se trouvèrent en présence : le parti espagnol roya-
liste, qui s'empressa de jurer serment de fidélité
à Ferdinand VU ; le parti patriote, composé des
indigènes et qui voulut profiter des circonstances
pour s'affranchir du joug de la métropole ; enfin,
un troisième parti, à la tête duquel se trouvait Li-
niers, penchait pour reconnaître Joseph et éviter
ainsi la guerre civile. Ce dernier parti, composé
d'éléments divers, n'avait aucune racine dans la
oopulation américaine; il 8*absorba ïÀesaiùi dans
(es deux autres. Mieto avait pris rang parmi les
royalistes ; aussi lorsque le lieutenant général don
Baltazar Hidalgo de Cisneros débarqua à Monte-
Video en qualité de vice- roi nommé par la
junte centrale d'Espagne , Liniers fut-il mis à
récart, et Nieto, promu brigadier, reçut le gou>
▼emement de Monte- Video et peu après fut en-
voyé à la tète d'une expédition dans la province
de? Charcas. A son retour, il fut nommé maré-
chal de camp et président de l'audiencia de
Chuquisaea. Lorsqu'en mai 1810 la guerre civile
éclata, Mieto, privé de ses fonctions, joignit ses
troupes à celles du général don José de Cor-
dova et de don Francisco de Paulo-Sanz, inten-
dant de Potosi ; mais c^s trois chefs royalistes,
battus successivement par les indépendants à
Santiago, à Cotagoïta ( 17 octobre ), à Tupiaza,
( 17 novembre ) et enfin à Suipacha, tombèrent
entre les mains du général patriote don Anto-
nio Balcarce, et furent immédiatement fusillés
par les ordres du docteur Juan José Castelli,
membre de la ;un^a guhernativa (1).
(I) Cette Innte, qui Mégealt à Buenos- Ayres, avait pro-
noncé le ■(>rment d'allégeance à Ferdinand VU; elle ne
reprétentait que falbleiBeot l'élément patriote par, ef te
bornait A exiger des réfonnes el une constltntloa. Il est
étrange an sarplus qne le precier moaTement réTola-
tionnaire du Peron tire aon origine de la fidélité en-
tbooxlaste des habitants du cruel et Inepte Ferdi-
nand Vil. Ce qn'on désignait aussi alors sous le nom de
royalistes n'était que des foDctlonnalrea dépossédés «t
mécontents, qui soutenaient leurs propres Intérêts au
CI
iJon Gregorio Funés, Emayo de la /listoria rid:
dêi Paraguay, huenos-4yre» p Tueuman ( BaéiiuH
Ayres, I8i7, s toI. 1, llie vol. — W. B. Stevenson, ^v
historicai and dacriiaive narrative ofm years of rési-
dence in Soutà America, etc. ( Londres, 1815, S vul.
lo-S" ), t. III. - Frédéric UeroiK , Pérou et Bolivie
dans VVnioers pUtoresque^ p. 481. — Caldcleagh, Tra-
vett in South America, 1. 1, p. SSt.
RiBVHOFF (iean), voyageur allemand , né à
Usen (Westphalie), en 1630, perdu sur l'Ile de
Madagascar, le 29 septembre 1672. Il abandonna
sa patrie pour se mettre au service de la Com-
pagnie hollandaise des Indes occidentales. Il >
fut employé à bord de plusieurs navires comme
snbrécargue ( commis chargé de la partie com-
merciale d'une expédition ou même de la car-
gaison d'un seul bâtiment ). Les Hollandais s'é-
i tant emparés de la partie du Brésil comprise
I entre le Maranbam et le rio San-Francisco, Jean
i Nieuhoff passa dans cette partie de l'Amérique
I méridionale, fit quelques voyages dans les con-
I trées voisines, et y demeura jusqu'en 1649, épo-
j que oii les Portugais reprirent Rio-de-Janeiro.
Il entra alors dans la compagnie néerlandaise
I des Indes Orientales, qui le plaça au nombre de
ses princi|)aux agents et l'envoya à Batavia
(30 mai 16Ô4). Les administrateurs de la Com-
pagnie désiraient surtout s'ouvrir les ports delà
i Chine, que les Portugais fréquentaient seuls. Une
i ambassade auprès de l'empereur Chun-Chi fut
1 résolue : NieuhofT fut adjoint à Pieter van Goyer
1 et à Jakob de Kcyser pour remplir cette mission,
I qui mita la voile de Batavia, le 14 juin, et arriva à
I Kan-Tung(Can/oii)le 17 mars 1656. Les envoyés
' hollandais étaient à Nanking le 17 juillet suivant.
! Ils y furent arrêtés pac de nombreuses forma-
I lilés ; cependant, malgré l'opposition des PP. jé-
suites, qui, avec le rang de mandarins, étaient les
membres tout-puissants du tribunal des sciences,
ils purent parvenir jusqu'à Pé»King. Ils eurent
beaucoup de peine à détruire les préventions ré-
pandues par les Portugais et les missionnaires
catholiques. Le P. jésuite Adam Schaal se mon-
tra surtout leur adversaire, tout en leur servant
de truchement auprès des autorités chinoises;
ils furent enfin reçus par l'empereur en se con-
formant aux cérémonies absurdes et humiliantes
pratiquées à la Cour Céleste. Soumis à une
claustration complète pendant leur séjour à Pé-
King ils ne purent étudier que très-sommaire-
ment les mœurs chinoises. Ils obtinrent quel-
ques promesses , une armistice de huit ans ,
mais aucun traité sérieux. Ils durent quitter Pé-
King, le 16 octobre, dans des voitures fermées
et escortés par de nombreux cavaliers, qui les
cernaient à chaque station. On les reconduisit
de la sorte jusqu'à Canton (28 janvier 1657), et
on pressa leur embarquement. Le 31 mars ils
descendaient à Batavia. Nieuhoft fut chargé de
porter au grand conseil de la Compagnie le
mauvais résultat de la mission de ses ambassa-
nom de la couronne absolue, et la réiolutlon deréalaler
à l'Influence napoléonienne.
65
NIEUHOFF — NIEUPORT
6S
deors. Am'Té le 6 juillet 1658 à Amsterdam , il
reprit ses fonctions maritimes et commerciales,
et en 1659 H visila les comptoirs d'Amboine, de
Malaoca, de Samatra, et ime partie des ports de
rinde. En 1662 , il fut nommé gouverneur des
possessions néerlandaises dans Plie de Céylan,
d'où il fîit rappelé en 1667. Il eut à soutenir au
sujet de sa gestion de longues discussions avec
le conseil de Bâta? la, qoi le renvoya en Hol-
lande, le 17 décembre 1670. NieuhofTse disculpa
complètement devant les directeurs généraux
de sa Compagnie, et reçut une nouvelle mission
(décembre 1671)» spécialement destinée k orga-
niser des comptoirs pour la traite. Le 6 avril
1679, il relâcha au cap de Bonne-Espérance, et
le 29 septembre suivant il descendit à terre h Ta-
matave (lie Madagascar ) pour traiter avec quel-
ques chefs madécasses; mais il ne reparut plus
à son bord. On ignore quelle fut sa fin.
On a delfienhoft^une relation de sa mission en
Chine, publiée d'abord en hollandais, Amsterdam,
1666, in-fol. avec fig., et trad. en français par J.
Le Carpentier, sons le titre de Ambassade de la
Compagnie hollandaise des Indes orientales
au grand khan de Tartarie, empereur de la
Chine, avec la description de ce pay«;Leyde,,
1666, in-fol. avec fig.; trad. en allemand, 1666,
1669 et 1675, in-fol., fig. ; trad. en latin, par
G. Homius, Amsterdam, 1668; trad. anglaise
par Ogilvy, Londres, 1671. Cet ouvrage de
I9ieohofr eut un grand succès lors de sa pu-
blication; des extraits s'en rencontrent dans
presque toos les recueils de voyages. Thévenot
en dit Péloge; mais Macartney, qui fut amt>a8-
saJear anglais en Chine en 1792, le déclare
rempli d'erreurs. Ce livre est resté cnrieux, sur-
tout à cause des nombreuses gravures qui 111-
lostrent. On a encore de Nieuhoff (en hollan-
dais) : Vogage curieux au Brésil par mer et
par lerre; Amsterdam, 1682 , in-fol., fig.; —
Vcgages par mer et par terre à différents
lieux desindes orientales ^ avec une deserip-
tien de la ville de Batavia (en hollandais);
Amsterdam, 1682, 1693, in-fol., avec fig. Ces
deux ouvrages ont été trad. en diverses langues.
A. DE L/tCktE,
Tliévenot, Bfeueit de Fopûifet, t. II. — Macartnejr,
r^mœ dans nnd«, dans to Cktnê, elc., t. I, préfaee ,
p. vixx (tnû. de Castera ).
siEULARDT {Àdriaan)^ peintre belge» né à
Anvers, mort à Amsterdam, en 1601. Il se dis*
tingoa comme peintre de paysage et de marine.
Fuyant les cruautés que les Espagnols commet-
taient dans la Belgique , il emmena sa famille
à Amsterdam, où il se fiia. Deux de ses fils, Jean
et Willem, furent ses élèves ponr le dessin.
xiBULASiaT (/an), peintre belge, fils du
précédent, né à Anvers, en 1579. Après avoir ap-
pris le dessin avec son père, il suivit les leçons
de peinture de deux de ses compatriotes réfugiés
comme lui, Pierre Fransr et François Badens : il
devint fort habile, surtout dans la peinture en
Rouv. Bioca. cénfo. — t. xxxvni.
petit. II a laissé une série de sujets tirés de la
Bible et des paysages justement estimés ; on
ignore l'époque de sa mort.
ifiBULANDT (Gtill/am), frère du précédent,
né à Anvers, en 1584, mort à Amsterdam, en
1635, fut peintre et graveur. Il entra de bonne
heure dans Patelier de Roland Savery, qu'il quitta
pour faire le voyage d'Italie. 11 resta trois ans
à Rome, où il reçut les conseils de Paul Bril,
dont il prit ta manière. De retour à Amsterdam,
ses ouvrages y forent très- recherchés. Ils repré-
sentent des ruines d'anciens monuments, des
arcs de triomphe, des temples, des mausolées, etc.
Il gravait au burin et àTeau-forte avec beaucoup
d'intelligence et de légèreté. Il a laissé quelques
poésies, qui ne sont pas sans mérite. A. de L.
J.-C. Weyerman, De Sekilderkonst der Nedertan-
dersy 1. 1, p. tlS-SlS. — Deacamp* , La Fie deâ peintret
flamands , hoUandois , etc., t. I, p. tio , Sis.
NIBUPOORT {Guillaume-Henri) f historien
hollandais, né vers 1670, mort vers 1730, 'à
Utrecht. Il suivit à Nimègue les cours de Gérard
Noodt, prit le diplôme de docteur endroit, et oc-
cupa une chaire à l'académie d*Utredit. Il a pu-
blié : Rituum qui olim apud Bomanos obti-
nuerunt suceincta explicatio: Utrecht, 1712.,
1716, 1723, 10-8"* : cet abrégé des antiquités ro-
maines, destiné à l'éclaircissement des auteurs
classiques, eut pendant le dernier siècle beau-
coup de succès, et passa par un grand norobse
d'éditions, à Bantzen, Berlin, Strasbourg, Dres-
de, etc. Othon Reitzius l'accompagna d'im double
appendice (Utrecht, 1734, fai-S»). J.-D. Schœp-
flin y ajouta des figures et des notes (Strasbourg,
1738, in-8«). Haymann le traduisit en allemand
(1786), et l'abbé Desfontahies en français {ExpH-
cation -des cérémonies et coutumes des Ro*
mains: Paris, 1741, 1750, etLyon, 1829,in-12jt;
— Historia reipublicx et imperii BomanO'
rum, ab urbe condita ad imperium Augustin
contexta esC mionumeniis veterum; Utrecht,
1723, 2 vol. in -8°, avec une dissertation préli-
roinalre sur les anciens peuples de l'ItaHe et sur
l'établissement des Romains. K.
Sax. Onmnast,, VI. — Réteraond, Smppl. à JOcher.
NiBUPOBT ( Charles-François- Ferdinand'
Florent-Antoine de Preud'houmb d'Haillt, vi-
comte ob), mathématicien belge, né à Paris, ^e
1 S Janvier 1 746, mort à Bruxelles, le 20 août 1 827.
Il appartenait à une ancienne famille de Flandre,
et fut inscrit dès son enfance snr les contrôles
de l'ordre des Chevaliers de Saint-Jean-de-Jé-
rusalem. Ses études terminées au collège Louis*
le-Grand à Paris, il entra an service de TAu-
triche comme lieutenant du génie. Il se rendit
.plus«tard à Malte, tint la mer plusieurs années,
et obtint une commanderie dans la Brie. Déjà il
se livrait avec ardeur À l'étude des sciences sé-
rieuses, des mathématiques surtout. Il se lia
avec d'Alembert, Bossot, Condorcet et autres
savants distingués, et fit paraître plusieurs Mé'
m^eSf qui lui valurent d'être admis ( 14 cote-
67
NiEUPORT — NŒUWENTYT
es
bre 1777 ) paniii les premierg membres de TA-
cadémie de BnixeUes (fondée par Marie«Thé-
rèse), dont il devint directeur a|>rès U réana-
nisation de cette mciëté (1816). ¥m 1796 r«pdre
4e Malte le aommft 4on représentant près la
oourde BrnxeUes, et le transira à kcomanande-
lie de YaillaatiioAC, ^rès Nivelle». La révolotiûii,
en loi enlevant ses pensions , le réduisit i un
état voisin 4e la misère; cependant il ne solli-
cita rien des geaveraementa qui fivceessivemeat
administrèrent les Pays-Bas; H accepta seole-
nent, lors de la création de riiistitutde France,
le titre de correspondant dece corps savant. En
1815, un noovean royaume des Pays-Bas ayant
élé con$(titoé à ia suite des revers qui frappè-
rent la France, Nieuport prit place dans la se-
conde chambre des États généraux, et le roi Guil-
laume V rattacha à sa peraonne en qualité de
chambellan, le décora du Lion belgique et lui
accorda une pension bonoraUe. La vie sobre et
active do vicomte de Nieupert lui permit d'aï-
teindre sans infirmités l'âge de quatre» vingt-
im ans. D'une grande probité, mais d'un carac-
lère despotique, tranetaÎMrt, entier et qnetqoe peu
misanthrope, il se fit plus estimer <)n'aimer,
surtout des littérateurs et des artistes, dont il
contestait Tutilîté. Parmi les nombreux écrits
dé Nieuport , nous citerons : dans le t. n, des
Mémoires de VAceulêmiê (ancienne) de Bruxel"
les, 1777-1815 ; Essai analytique sur la mé-
canique des roules; Sur les €aurbes que dé-
erit un corps qui s*approche on s^éloiqne en
raison donnée d*un pîoinl qui parcourt une
Ugne droile; Sur la Manière de trouver le
facteur qui rendra une équation différen-
tieiie complète; — ^ans le tome X des mêmes
Jfémoires: Sur les co'développées des courbes,
avec quelques Béflexions sur la méthode or-
dinaire d'élimination ; Sur la Propriété pré-
tendue des voûtes en chaînette, etc. ; -> Mé-
langes mathématiques, ou mémoires star
différents sujets de mathématiques, tant pu-
res qu*appliquées ; Braxelles, 1794-1799, 2 vol.
in-4''; — Sur V Intégralité médiate des équo"
lions différentielles d'un ordre -quelconque,
et entre un nombre quelconque de variables
(suite aun Mélanges); Bruxelles, M02, in-4';
— Essai sur ia théorie ^ raisonnement;
Bruxelles, 1805, in- 12; — dans les Mémoires
de V institut des Pays-Bas : Sur la Mesure
des arcs elliptiques; trad. en hollandais, avec
noies, par van Alentove; -— dans les Mémoires
de r Institut de France : Sur V Équation gé-
nérale des polygones ; Sur un Problème pré-
senté par d*Alembert, etc.; — dans les Mé-
moires de V Académie (nouvelle) de Bruxelles :
1816-1827, tome 1" : Esquisses d*une mé'
ihode inverse des formules intégrales défi-
nies ; Sur une propriété générale des ellipses
et des hyperboles semblables; Sur VÉqui-
abre des corps qui se balancent librement
sur un fU flexible ; » Sur un cas de la théo-
rie des .probabHiiés au jeu; In Platonis
opem et Fidnianam inlerpretationem oni-
madversiones ; Mé/Uxione sur des su>tioms
fondamentales en géométrie; — dans Je t U
des mêmes Mémoires : Sur la Pression qu'um
même corps exerce sur pèusieurs appuis à la
fois ; Sur la Métaphysique du prisKipe de
djfféremiatian ; — dans tes nêaaes Mémoires^
t III : Sur une Question relative au calcui
des probabilités; la mort vint empêcher Kiea-
port 4*acfatver ce travail , qui fut terminé par
Pierre-Germinal Dandelin, l'un de ses collègues.
Le dernier ouvrage de Riaoï^rt est intitolé Um
peu de tout, ou Amusenentê d'un sexagénaire,
dédié à Guillaume T^ de Nassau, roi des Paya-
Bas; Bruxelles, 18IA, iu^\ Ce sont des dia-
cours intimes aor les raalhématii|nes, la phik^
Sophie, etc. ; U s'y tronve même ^etquesfiQéaies
grecques et latines. L-a b.
Le prliiM de Gavre, Étopa tOê fSLmHr, viéOMf» de
JUeuport. en t6te du t. IV 4t*Mém,d$ F^écad, ( nra-
Tellc) des Scieneet et Belics- Lettres de SruxéUes {pro-
noncé dans la séance do fi octolH'c IBffT). <— QoétiMl,
Correspondemee maM^matigas, ti V« — (G^eriê d€S
CtmUmporains (Mona, isstjl
NIBCWEHTTT {Bcrmard), mathéraaticieo
hollandais, né le lO août 1654, à Westgraafdyk,
village de Nord-HoUaade, mort le 30 mai 4718,
à Purmerende, près d'Amsterdam. Fils d'un paa-
teur, il fut destiné au ministère évang^ue;
mais comme il avait peu dlndination pour ia
théologie, on le laissa libre de se choisir one
autre carrière. Dès sa première jeunesse, il mon-
tra du goût pour les sciences; il «'attacha d'a-
bord à bien former son jugement et à raisonner
juste, suivant en cela les principes de Descsailes,
dont la philosophie lui plaisait beauooop. Puis il
étudia en même temps les matbématiques, la
médecine et le droit, et ses progrès furent très-
rapides. « IVatorellement fraid, dit Niceron» il
ne laissait pas d'être très-an^^éable en conversa-
tion; ses manières engageantes lui gagnaient
l'afTeolion de tout le nsonde, et il ramenait son-
vent parjà à Kon avis des personnes qui en
étaient fort éloignées. » Il s'était acquis une
grande estime dans la vîHe de Purmerende, où
il résidait, et il accepta de ses concitoyens les
emplois de conseiller et de bouiigmestre. Niea-
wentyt apporta plus de cèle qoe de talent véri-
table à soutenir les théories de Descartes, et ses
écrits sdentifiques, qnoiqoe aujourd'hui sans
valeur, obtinrent une renonimée passagère, parce
qoe leur auteur se déclara l^un des premiers
adversaires du calcul infinitésinsal ; ses objec-
tions, que Montuda assure n'être qu'un tissu
d'èbsurditSs, l'engagèrent dans une discussion
avec Leiimiz, BemouUi et Hennann, d'où il ne
sortit pas à son avantage. On a de lui . Consi-
derationes circa analysées ad quantitates
infinité panax appiicatx prinetpia et calculi
differentialis usum in resoivendis proble-
mafibus geometricis ; Amsterdam, 1694, in-8*;
— Anaiysis infinitorum seu eurvilineorwn.
NIÉUWENTYT
propriêiatés ex polygowmtm^aiura deduct»;
ibid., f695, in-4*; il s'y efforce de remédier aux
dlllieaUé« qu'il aTtil troavéee dans le eyslème
des infiniineote petHs; — Ccnnd^raiwnv M-
eundm eirea caleuli di/JéreniialU prineifHa;
ibid., 1696, iD-8'*. Dans les ourrages précédeoto
il avait taxé de fausseté le calcul infioitésiiBal»
«en ce qu*on y aonsidère coname 4gM^ 9 dit
MootuclQ, des grandeurs qui n'ootqnione difié^
reoce infiniment petite à la vérité, mais oéan-
moins réelle; il fallait, suivant liû, que ces diffé-
rences fussent abMiument nulles, et comme
alors il ne saurait plus y avoir entre elles au-
cun rapport, il rejetait entiàrenient. les secondes
différences et celles des ordres ultérieurs. Peu
après il prétendit consolider le calcul de Leib-
niz ; il employait pour cela un nouveau principe
mathématique, dont il tirait des conséquences
fort singulières et qui le menait à expliquer le
mystère de la création. » Leibniz répondit dans
les Acia emditorum (1695, p. 31 0 et 3A9 ) ; mais
Kîeuwentyt, peu satisfait des explications dugrand
philosoplie, écrivit lesOonjii/ero/ioAessec«n£te,
dissertation qui lui attira de vives attaques de
la part de Jean BemoolK {Acia erud'U., 1697,
p. 125) et de Jacques Hermann {Responaio ad
Ctmsiderationes; BAIe, 1700, in-8''); — un
traité «nr le nouvel usage des tables des sinns et
des tangentes, dans le Jmtm. lUtér, de La
Haye, \nk;^ Met regt Gebruik der Wereli^
beêehottwingen (Le véritable usage de la con-
templation de Tunivers); Amsterdam, 1715, 1720,
1727, iQ-4' ; trad. deux fois en allemand, quatie
fois en anglais, et en français par le médecin
Moguez sons ce titre : V Existence de Dieu dé-
montrée par les merveilleê de la nature, en
trois parties, où ton traite de la structure
du corps de V homme, des éléments, des
astres et de leurs divers effets (Paris, 1725, et
Amsterdam, 1760, in*4<* ). C'est un ouvrage excel-.
lent, mais que le style trop diffus et des répéti-
tions nombreuses rendent d'une lecture rebu-
tanle; Chateaubriand en a donné un extrait dans
ie Génie du Christianisme { r« part, liv. V) ;
— nne rélîitation de Spinosa, en hollandais;
Amsterdam, 1730, ln-4*. P. L.
VEtÊTopÊ ioratttet VIII, fH. — BibUoth. bremetuti,
II, sia. — Hieenm. Mémoin$» XUIet XX. - MraUMlA,
Jiist. d€» matMém., 11.
; Hi«i7WBnJKB»KB (Le eomtei4/>Ve</A'mi-
iien oe), statuaire français, né à Paris, le
16 avril 1611, issu d'une famille noble de la
Hollande. Api^ avoir (ait différents voyages ,
dans lesquels se développait son goût naturel
pour les arts, il revint à Paris où il se livra, en
amateur, à la sculpture. Il se fit connalire bien-
tôt par une statue équestre de GmUuume dit
le Taciturne, prince d* Orange, dont le modèle
en pJJAtre parut au salon de 1843; cette statue,
destinée au roi des Pays-Bas, et qui est à La
Baye, se fait remarquer par son élégante correc-
tion et par rbabileté avec laquelle tous les dé- .
— NIEUWLAND
70
tails sont rendus. M. da Nieuwerkerke exécuta
ensuite : une statue en marbre de Descartes,
exposée an salon de 1646, et destinée à la ville
de Tours; — une statue en bronxe du même pM-
losopbe, fondue sur le modèle de la première,
pour la ville de La Haye-Descartes en Toa-
raine,lieude sa naissance; — une statue équestre
d'i^aMle la Catholique entrant k Grenade
( salon de, 1647 ) ; .-- £a Rosée, gracieuse statoetlA
(même salon); — V empereur Napoléon lU,
statue équestre en bronze pour la ville de Lyon,
et une autre pour I<iapoléon- Vendée; -— nne sta<
toe^ en pierre» de Ça/t;ia< , pour le tombeau de
ce guerrier dans l'église de Saint- Gratien (Seine-
et^Oi^) ; — Plusieurs bustes en marbre, ieur
tr'autres les portraits du marquis de Mor"
temart, du docteur Leroy d'Étiolles^ de la
marquise de B..,, ôeM^^ M. de M., de la
princesse Murât, ôumaréchal Bosquet, etc.
M. le comte de NieuwerLerke a été nommé ,
le 25 décembre 1649, directeur f^énéral des nm-
séea nationaux, fonctions qu'il remplit encore
aqjourd'boi, ainsi que celles d'intendant des
beaux-arts de la maison de Tempereur. Le 19 dé-
oerabre 1653, l'Académie des l)eiauxarts de l'in»-
tittti l'a appelé à occuper la place d'académicien
libre, rendue vacante par la mort d'Aristide Du-
mont. U a reçu une médaille de troisième classe à
l!exposition uuiverselle de 1855. Chavalier de la
Légion d'Honneur depuis le 23 août 1848, il fut
promu au grade d'officier de l'ordre, le 4 juin
1851, et à celui de commandeur, le 30 décembre
1655. G. OE F.
Doa/mmti'iHMrtieuUtn,
iilBiJWLAiiD (Pierre), poète et mathémati-
cien hollandais, né le 5 novembre 1764, à Dim-
roermeer, hameau près d'Amsterdam, mort le
14 novembre 1794, à Leyde. Fils d'un charpen-
tier, il se fit remarquer à cause de son étonnante
précocité : à cinq ans il avait lu la Bible entière
et en récitait de loi^gs passages; à sept ans il
avait fait de nombreux extraits des livres de son
père, qui possédait quelques connaissances en
géométrie ; il composaitun poème £ur les insectes,
et démontrait le théorème du carré de l'hypo-
ténuse ainsi que le binême de Newton dès qu'on
l'eut mis sur la voie des premiers degrés. Le
professeur van Swioden lui ayant demandé s'il
lui serait possible de déterminer le contenu en
pouces cubes d'une figure en bois placée sur une
horloge, l'enfant . répondit : « Donnez-moi une
pièce du même bois , je la réduirai à un pouce
cube, dont je comparerai le poids à celui de la
statue. >• Il avait une faculté de compréhension
merveilleuse. Il lui suffisait de feuilleter un livre
pour en savoir le contenu ou de jeter les yeux
sur un sermon pour en rendre compte. Il cal-
culait sans tracer jamais un cliiffre; il composait
des poèmes entiers sans écrire un seul vers.
Doué d'un gt^nie universel, il n'apprit pas avec
moins de facilité le mécanisme des langues que
lui enseigna JérOme de Bosch ; outre les languea
3.
71
NIEUWLAND — NIFO
7^
anciennes, dans lesquelles il lui arritait soutent
de s'exprimer, il possédait à fond le français,
l'allemand, Tanglais et Titalien. Veuf d*une char-
mante femme, quMl perdit en 178K, et prîté peu
de jours après d'une fille, son unique enfant,
NIewIand résolut, pour calmer sa douleur, de
s'éloigner de son pays. Il refusa pourtant de
passer aux États-tJnis, où on lui offrait une place
avantageuse, et se rendit à Gotha auprès du ba-
ron de Zach, avec lequel il entreprit des ot)ser-
vations astronomiques. RoTenu à Amsterdam, il
fut nommé membre de la commission chargée
de déterminer les longitudes sur mer et de faire
construire les cartes hydrographiques. En 1789,
il enseigna dans cette ville l'astronomie et la na-
vigation, et il venait d'être appelé à Leyde pour
y remplir la triple chaire de physique, d'astro-
nomie et de mathématiques (1793), lorsqu'une
mort prématurée l'enleva au monde savant. On
a de lui : Dissertatio pMlosophicthcritica de
Musonio Rujo, philosopho stoieo; Amster-
dam, 1783, in-4*; — Poésies hollandaises;
ibid., 1788, in-80; la seconde édition (Harlem,
1797, in- 8*) est plus complète; on y remarque
le poëme d'Orion et Télégîe sur la mort de sa
femme; — (avec van Swinden), Dissertations
sur la construction des octants de Hadley
et sur la détermination des longitudes en
mer par les distances de la lune au soleil et
aux étoiles fixes; ibid., 1788, in-8% en hollan-
dais; « Discours sur les moyens d^accéUrer
les progrès de Vart nautique; ibid., 1789,
in-4*, en hoU. ; — De ratione desciplinarum
atm ratione elegantiorum qux vocantur H-
terarum comparata et ex utraque natura il-
lusirata; Leyde, 1793, in-4* ; — Zeevartkonde
(L'Art de la navigation) ; Amsterdam, 1 793, ^-8* ;
le 1. 1^ de ce traité a seul paru ; •— Traité de la
méthode de Comelis Douwes pour trouver
la latitude par deux hauteurs observées en
d'autres instants que celui de midi, inséré
en allemand dans VAstronomische Jahrbuch
de Bode (1793, in-8*'), et en hollandais dans les
Zeemanstn/elen de Douwes (1800, in-8*'); •—
un Almanach nautique, entn*pris par ordre
de l'amirauté hollandaise, et rédigé avec le con-
cours de van Swinden et de van Keulen. Nieuw-
land a communiqué au recueil de la Société de
La Haye un grand nombre de mémoires, entre
autres les suivants : De la Valeur relative des
différentes branches des connaissances hu-
maines; De VÉtat des sciences comparé à
celui des bdles-lettres ; Des Moyens d'éclai'
rer le peuple et de rendre plus communs le
Jugement, le bon esprit et le goût; De la
Sensibilité; idées des anciens sur Vétat de
Vdme après la mort, trad. en partie de Bosch
et de Wyttenbach; Du vrai et du faux Génie,
trad. de Hottinger; De VVtxlité générale des
mathématiques; De la Forme du globe; De
la Séléno'topographie de Schrater ; De Vor-
bUe des comètes; De VAugmentation et de
la Diminution périodique de la lumière de
quelques étoiles fixes; Du Système chimique
de Lavoisier» Dans la dernière année de sa vie
il avait entrepris des Recherches sur la cause
physique de VincUnaison des orbites plané-
taires, ainsi qu'une Méthode de ealctû pour
ramener ce phénomène au système de ta
force attractive; on en trouvera les premiers
résultats dans l'annuaire de Bode. K.
ffieuwt atçem. Konst en ijettfr-Boàe; Harlrni, 1T*4,
n« 4». — P. Mlcbell, lets ter WagedarkUnit von P. Aieuur-
kmd,' Amatrrdam, im, in-8», flg. — J.-H TanSwtr-
den, Ijskrtde op P. JVievwland; Ibid., 17M, In-S*. —
J. Lniac, De Socrate dve, 41-45, t08-tll. — D. Wyttcn-
tecb, nia AnAïUteiili, 1SS-1S4. — Watenaar, ContiniMf.
d€ rhUt. de Hollande, iwrt XLV.XLVll, L et LU. —
S»i, Onomaatieon, vili, 417.
NiFAiiiiTS ( Chrétien), théologien allemand,
né à Lelingen ( Dtthmarsie), le 11 mars 1629,
mort le 5 juin 1689. U fut successivement sur-
intendant des églises luthériennes de Corhach^
d'Eisenberget de Ravensberg. On a de lui : De
pneumatiees exisfentia ; ^of^ock, 1655, in-é**;
— De gentUium in Vetere Testamento ad
regnum cœlorum ooca/ione ; Rostock, 1653»
in-4° - ~ Centuria thesium pansophicarum ;
Giessen, 1658, in-4*; — Commentarius in
Joannem Anti-Grotianum; Giessen, 163S»
ic&9et 1684, in-4*' ;— Metaphysica contracta ;
Giessen, 1662, in-8o; — Oslensio quod Caro-
lus àtagnus in quam plurimis fidei articulis
formaliter non fuerit papista ; Francfort ^
1670, in8*'; — Carolus Magnus exhtbitus
eon/essor veritatis evangelicw in Augustana
eonfessione; ibid., 1679, in-8*^; — Justinus
philosophus exhtbitus veritatis evangelicx
testis et confesser; ibid., 1688, in-8<*; — un
grand nombre de dissertations théologiques. O.
Moller, cmtrta Uterata, t. II. — npptng, MemutrUt
theotoçorum.
RIPO (Augustin), en latin Niphus, philo-
sophe et commentateur italien, né vers 1473, à
Jopoli, dans la Calabre ( bien que lui-même signât
Seasanus, comme s'il était né à Sessa dans la
terre de Labour), mort vers |e milieu du seizième
siècle. A peine avait-il fait quelques études qu'il
fut forcé, pour échapper à de mauvais traitements»
de s'enfuir de la maison paternelle. A Naples il
rencontra un habitant de Sessa, qui l'amena
chez lui pour être précepteur de ses enfants. En
instruisant ses élèves il s'instruisit lui-même, et
plus tard il les accompagna à Padoue, où il suivit
un cours de philosophie. En quittant l'université
de Padoue, il se rendit à Sessa, puis à Naples, où
il devint professeur de philosophie. Sa célébrité
commença par un traité De intellectu et dx-
montôt», dans lequel il soutint, suivant le senti-
ment d'Averroès, qu'il n'y a qu'une Àme univer-
selle, une seule intelligence, etqn'il u'existe point
d'autres substances spirituelles, à l'exception de
celles qui président au mouvement des deux.
Ces doctrines, empreintes de ce vague néo-pla-
tonisme, de ce panthéisme alexandrin alors as-
rs NÏFO — NIGER
sez répandu, scandalisèrent à bon droit les théolo*
{iens; mais Tévèqae de Padoue intervint, et Nifo
en fut quitte pour promettre qu'il corrigerait son
livre. Il prouva plus tard son orthodoxie en écri-
vant contre le traité philosophique de Pompo-
nace. En loi 3, Léon X l'appela comme professeur
à l'Académie romaine. Nifo fut ensuite créé comte
palatin, et reçut la permission de porter le nom
et les armes de la maison de Médicis. Plusieurs
de ses ouvrages en effet sont signés Àttgtutintis
Niphu Mediees. Malgré ces faveurs, il ne resta
pas à Rome. Il alla professer à Pise, puis à Bo-
logne, et enfin, à partir de 1625, à Saleme, où il
passa le reste de sa vie. On ignore la date de sa
niort. Nifo avait peu de gravité dans ses mœurs,
et ses ouTrages contiennent des passages lieen-
cieoi auxquels Bayle a fait des emprunts oom-
plaisants dans la notice qu'il a consacrée à Nifo.
G. Naudet, Bayle et Niceron ont donné sur ce
philosophe érudit des détails amusants, que nous
ne reproduirons pas, nous contentant de citer
quelques lignes de Nteeron qui le caractérisent
asseï bien. « Niphus, dit-il, avait TairTort gros-
sier et assez mauvaise mine; il parlait cepen-
dant de bonne gr^ce, surtout quand il se mettait
k plaisanter; le talent qu'il avait d'amuser par
ses contes et ses bons mots lui avait procuré de
Paccès auprès des grands seigneurs et des dames
de considération , qui se faisaient un plaisir de
l'entendre. * Niceron mentionne de lui quarante-
<Tiiatre ouvrages, qui n'ont presque aucun intérêt
aajoord'hni; ils consistent en grande partie en
commentaires sur Aristote et sur Averroès. Les
traités originaux de Nifo n*out guère plus d'im-
portance que ses commentaires; il suffit d'en ci-
ter quelques-uns; savoir : De intellectu libri
sexet de Dxmonibus libri très; Venise^l503,
Iâ27, in-fol.; la première édition est de 1492;
— De immortalitate anima , advenus Pe^
trum Pomponàtium; Venise, 1518, 1524, in-
fol. Dans cet ouTrage , entrepris par l'ordre de
Léon X, Nifo s'est proposé de démontrer que,
solvant les principes d' Aristote, l'Ame est immor-
telle;— Opuscula moralia etpoiUica; Paris,
1645, in-4^ L. J.
Paal Jove, Eloçia, d« tt. - Toppl , BMUtthtca napo-
letana. — Nsudé , notice inr Nifo, en tête des OpuKula
monUu. <— Baylr, Dietkmnaire. — Nioeron, Mémoires
fi«r Mrrtr à ehUtoin du komwui UlUMtres, t. IVIII.
-TlnboMbl, Storia delta Utteratura italiana, t VU,
Ptft I, p. SM. - Gingaené. HiUotn tittéralre dfltalie.
xiGBL, évêque d'Ély, né en Normandie, mort
1<^ 30 mai 1169. Son oncle Roger fut évéque de
Salisbory et chancelier d'Angleterre : son frère,
Alexandre, évéque de Lincoln. On croit que
^ sa Jeunesse il eut pour maître Anselme de
1m. Devenu trésories du roi Henn 1*% il se
coadGa raflection de ce prince, qui, à la mort
<]'Hervey. le présenta lui-même pour évéque au
dergé d'Ely. Un^ telle présentation éUit un ordre
auquel on n'osait désobéir. Nigel fut élu. Mais 11
<e soocia peu de gouverner son évéché', et ne
<rûtta pas la cour. Les historiens de l'ï^gHae
74
! d'Angleterre ne Tantent pas ses moeurs. Pour
\ yivre dans l'opulence, il commit un grand nombre
d'usurpations sur le domaine des églises, des
abbayes; et son odieuse conduite ayant été dé-
i noncée à Thomas, archevêque de Cantorbéry,
I celui-ci lui adressa de sévères remontrances.
I Henri mort fut remplacé par Etienne. Le crédit
' de Nigel ne fut pas aussi grand près du nouveau
roi. Il se révolta contre sa disgrâce, et entra
dans les conspirations des seigneurs ligués contre
Etienne. Dépouillé de ses biens, Il fut alors
chassé du royaume, puis rétabli dans son église
pour être ensuite suspendu par Adrien IV, comme
coupable de nouvelles déprédations. Nigel avait
un fils naturel , nommé Richard , qui fut dans
la suite évêque de Londres. On sait qu'une des
grandes afTaires de Grégoire VII avait été la ré-
forme des mœurs de l'épiscopat anglais. Ce qu'on
nous raconte de Nigel prouve assez que cette
réforme n'avait pas été complète. B. H.
UiU. lut. de ta France, t, XIII, p. 408. ^ ^ngUa mo-
cru, t, I, p, 97. — jtngl. Mtt. scr^t.f u l, p, 166.
mCBLLIJS. Foy. ErII ENALD.
KIGBR (C. Pescennius) , empereur romain,
mis à mort en 194 après J.-C. Il appartenait à
une famille distinguée de l'ordre équestre. Son
père se nommait Annius Fuscus et sa mère
Lampridia. Il entra au service militaire, et resta
longtemps dans le grade de centurion. Sous
Marc Aurèle il obtint un avancement rapide; sous
Commode il fut élevé au consulat et nommé
commandant des armées de Syrie,grâce principale-
ment, dit-on, à la protection de Narcisse, l'athlète
favori de l'empereur. L'assassinat de Pertlnax
et la mise en vente de l'empire par ses meuF-
triers excitèrent dans les provinces et à Rome
une immense indignation ( voy, Dmius Jdlu-
Nvs). Le peuple romain fit un appel aux grands
commandants militaires. Les vœux se tournèrent
surtout vers Pescennius Niger. On savait qu'il
maintenait un excellent ordre parmi ses soldats
et qu'il les empêchait d'opprimer les liabitants.
Son élection par l'armée de Syrie, qui eut lieu à
la nouvelle de la mort de Pertinax, aurait obtenu
un assentiment facile si un formidable rival ne
l'avait devancé en Italie. Septime Sévère, pro-
clamé empereur par les légions d'Illyrie, profita
de sa position rapprochée du siège de l'empire pour
se saisir de la capitale et s'imposer à un sénat
mécontent, mais soumis. L'Orient et l'Occident se
trouvèrent donc encore une fois en lutte, et ce
fut l'Occident qui l'emporta. Tandis que Niger,
plongé dans une aveugle sécurité, perdait son
temps à Antioche, il apprit que Septime Sévère
s'avançait vers l'Asie à la tête d'une puissante
armée. Alors il se hâta d'occuper la Thrace et le
nord de la Grèce , de jeter de fortes garnisons
dans Byzance et dans les villes les plus impor-
tantes de l'Asie, et de fortifier les défilés du Tau-
rus. En même temps il ouvrit des négociations
pour un partage amiable de l'empire. Sévère re-
jeta durement ses offres. Une première rencontre
75
WIOER — WIGHTINGALE
76
eat lien à Cyzique entre les généraux des deux
empereurs et se termina par la défaite et la mort
d*Émiliea, principal lleatenant de Niger. Ce prince
livra en personne une seconde bataille près de
Nicée en Bithynie, et fut vaincu. Une troisième
bataille s'engagea sur le littoral du golfe d'Issus.
Niger, vaincu avec une perte de vingt mille hom-
mes, et hors d'état de continuer la. lotte, s'enfuit
vers TEuphrate. It fut arrêté et conduit à Sévère,
qui le fil mettre à mort, en 194. Sa femme, ses
fils et toute sa famille partagèrent son sort. Sa
tète, placée au bout d'une pique, fut promenée
sous les murs de Byzance, qui tenait pour Niger
et qui continua encore longtemps une résistance
désespérée. Septime Sévère, impitoyable pour la
famille du vaincu, ne traita pas mieux sa mé-
moire. Il l'accusa d'être avide de gloire , dissi-
mulé, dépravé dans ses mœurs. Mais ce juge-
ment est empreint de la haine d'un rival. Dion,
plus impartial, paile de Niger comme d'un homme
qui n'était très-remarqudble ni pour le bien ni
pour le mal, et qui ne méritait ni beaucoup de
blâme ni beaucoup d'éloge. Ses principales qua-
lités étaient militaires, et l'on dit qu'il avait pris
pour modèles Camille , Annibal et RTarius. Spar-
tien fait de lui le portrait suivant : « Pescennius,
dit-il, était d'une haute taille et d'une belle
figure. Ses cheveux étaient rejetés avec grâce
▼ers le sommet de sa tête. Il avait la voix si
sonore, qu'on Tentendait en plein air, à mille pas
de distance, lorsque le vent n'était pas con-
traire. 11 avait le Tisage modeste et toujours
Termeil , mais le cou si noir que fa plupart des
auteurs attribuent à cette particularité son sur-
nom de Niger ( noir). II était du reste fort blanc
et chargé d'embonpoint. Il aimait beaucoup le
vîn, mangeait peu, ne connaissait les plaisirs
de l'amour qu'autant qu'il le fallait pour avoir
des enfants... Il fut donc un excellent soldat, un
tribun parfait, un général éminent, un gouver-
neur plein de fermeté , un consul distfngué , un
homme illustre dans la guerre et dans la paix ,
on empf*reur malheureux. Il aurait servi utile-
ment l'État s'il avait consenti à la position de
subordonné sous Sévère. » Ces éloges parais-
sent mérités, et peut-être le reproche qui les
termine n'est pas exact Niger, élu empereur^ ne
pouvait pas rentrer avec sécurité dans une con-
dition privée ; en acceptant de redevenir citoyen
privé, il aurait ajourné son sort et n'y aurait pas
échappé. li. J.
Mon CiBSlos. LXXn. 8; ttXIII, IS, 14; LXXIV, 6, 8. -
8t»«rtieD. Juitanust 9 ; Hevérus. é-9 ; Peicenn. Niger, —
4arellaft Victor, De Cmêar., 10 ; fptt.. 10. — Eutrope»
VIII, 10. -^ Tliiemont. Histoire dn empereuri, 1. 111.
SI6BB (Brutidius) , historien latin, vivait
dans le premier siècle après J.-C. On n'a presque
aucun détail sur sa vie et ses ouvrages. Tacite
parle d'un Brutidius Niger, édile en 22 et un des
accusateurs de D. Silanus. Cet édile délateur
parait être le même que le Brutidius dont parle
Juvénal dans son récit de la chute de Séjan et
le même aussi que l'historien Brutidius Niger
dont Sénèque le rhéteur dte deux passages re^
latifs à la mort de Cicéron. y.
Tacite, y#nmites, III, 66. — Juvénal, X, Si. — Sénèqa«,
Suasoriay 7.
KI6BE. Voy. LBNOW, NeGRI, NfiRl, NfiBO, et
SCBWARTI.
NIGETTI ( Matteo), architecte et sculpteur
italien, né à Florence, vers 1560, mort en 16M.
Il fut élève de B. Buontalenti sous lequel il di-
rigea la coDStructiiNi du palais Stroui. £n t404,
sur les dessins de Jean de MMUlicis, il oommença
la fameuse chapelle sépulcrale des Médiois ((?a-
pella de' Prtncipi)^ dont il dessina aossi le»
splendides ornements destinés à être exécutés ea
pierre dure. En 1621, il éleva le premier cloître
de l'église de Santa-Mavia-degli-Aogiuli,.et bientôt
après la foçade de l'église d'Ognissanti , compo-
sition assez incorrecte qui lui fait peu d'honneur.
La ville de Pise iiû doit la décoration de la cha-
pelle de la Vieigia daiw l^église Saint- Nicolas.
Nigetti scuipt» avee takat les pierre précieuses
et les pierres dures, et en^cite parmi ses plu&
beaux ouvrages en ce genre le tabernacle de l'é-
glise San-Lorenzo de Florence. £. B— n.
MlUzia, Vemorle degU architetti atUichi e moderni,
— Faniozxl, Nuova Guida di Firenze. — Ticoul, Msio-
nario. — Baldlnuccl, JNotixie.
*2fi«HTiNGALB ( FMreMce )*, dame anglaise
qui s'est fait connaître, durant la dernière guerre
de Crimée, par son dévouement pour les blessés
anglais , née à Florence, en 1823. Elle descend
d^une vieille famille du Yorkshire. Son éduca-
tion ne fut pas restreinte aux arts d'agrément;
elfe étudia ranliquité classique , les sciences , la
littérature et apprit à parler plusieurs langues
vivantes. Ces études Carminées , elle fit , snîTant
l'usage des riches familles anglaises, un long
voyage sur le continent et pénétra même jus-
qu'en Egypte. Ce fut, paralt-il, durant ces voyages
qu'elle forma le projet de se vouer au service
des hospices. Quatre années après son retour,
elle alla s'établir à Kaiserswerth , sur le Rhin,
dans un hôpital où sont formées des sœurs de
charité protestantes ; elle y continua, pendant un
séjour de trois mois , des études de chirurgie et
de médecine. Elle s offrit ensuite pour diriger
l'hospice de Harley-Street à Londres, et consacra
une bonne partie de sa fortune à la réorganisa-
tion de cet établissement. En 1864 commença
pour elle un nouveau rôle; l'afHuence des ma.
lades et des blessés avait jeté le désordre dans
le service des hôpitaux de l'armée anglaise de
Crimée. Miss Nightingale , abandonnant pour la
troisième fois une position fortunée, offrit aussi-
tôt de s'embarquer pour l'Orient ; son exemple et
celui de nos sœurs de charité am*mèrent le zèle
de plusieurs dames anglaises , qui la suivirent.
Elle arriva à Constantinople , le 5 novembre , et
passa aussitôt à Scutari, où étaient établis les
liôpitaux anglais ; elle prit sur tous ces malades
une heureuse influence, releva leur courage, et
rétablit l'ordre par de sages conseils. L'arrivée
de miss Stanley et de cinquante nouvelles tn-
77
rïIGHTIlfGALE — lïIHUS
71
firmûfu (mirais) M pennit de passer è Ba-
laklata, où eHe «riva le 4 mai 185^. Elle s'oc*
cvpait de réorgaMser Je serTÎce de l'IiMpice,
yMBwt la fièvre de Cnnée vint interrampre sea
travaox et mettf» 84 vie en danger. Lorsqo'eUa
eut recoovré la saaté, les médecMia loi preseri-
nmH apt voyage <■ An|f;let«rte; maia (aie ne
voolut pas oatifnttr à quitter soa poste» el K-
prit le so«i de ses malades; ene oe Teviot qa^à
la fio de Ift56^ La fcine lai fit leraetlre, h son
fdemr, vue parore de diamants » et nne letlre
antographe qui contenait des éloges mérités.
Miss Nightiagale a publié en 1852 oo écrit sar
rinaëlatioo de Kaiserswerlb. A. H-^.
Men cf Xhè tfnw. '— Blïs. Jameson, SÎAvrt ofCkarieif.
— Bracebridgp, Àddretê to the Meeting at Mheratone.
MHSiDiiTS. Yoy, Figglqs(P.)l
9icni , poète latin du quinaièffle siècle, est
nnteor d'an oovrage sur la Rhétie^ intiÉulée Rhe^
tiùy $i9eéesitu etf muri^u^ Mheiorum; à la
suite sont des poésies et fables latines* A. F. D.
SI6USOL1 (etoranai-ilfarto), médtecia
ilaliai, né en 1648, à Ferrare, où il est mort, le
10 décembre 1727. Il était fils de Girolamo Ni-
grisiiH-, balHie médecin, mort en 1689, et dont
on a on recueil intitulé : Progymnamnaia
(Gnastalla, 1665). Après avoir été pendant
trois ans premier médecin de Comaechio, il re-
Tint à Ferrare , M chargé de foire les dissec-
tions anatomiqwes, et remplit successivement
les chaires de médecine ihéorique , de médecine
pratique et de pliilosoptaie. On a de lui ; DeiV
anaicmia ekirwrgïca deiie gtandttle ; Ferrare,
1681-1682, 2 vol. in-8", sous le nom de GUio
de Paearù; — Àd Anchoram sauctatorum
obgervaiiones ; ibid., 1687, ln-8** , sous le nom
de Jean Conrad Weber; — Febris China
ChifUB ejppugnata; ibid., t687, 1700, in-4* :
cet ouvrage se composa d'extraits ametés de
traités français sar la gaérison des fièvres par
le qainqniBft; — ÀnmofnU Tractatus varU de
wwrbis; ibid., 1690, in-8* l compilation sem-
biabie à la précédente; -^ Lettera séprw Pin-
mtaiane/atUi da topi neile campm§ne di Romm
Tanna 1090 ; ibid., 1693, in-é"*; comme eseap^e
de In fileondité cistnionlinaive des rats , raatenr
préiMd qn'avanl mène de naître ils enranteof
dan& le ventre de leur mère ; — Considéra^
sroni tnlorne alla ^enerasione de' viventi e
particoidurmente de' mosiri; ibid., 1712, inr4'';
la deoûème partie de ce livre, qui devait traiter
des monstres, n'a. point paru; — De Onoera-
foie; ibid., 1720. ia-4<>; — PbarmaeçpcBX
terrariensu prodromiL%i ibid., 1723, in-4*;
— Consigli medicii, ibid., 1726, 2 vol. in.4'. P.
Maaget, BM. meHea, m, 4u. ^ Vlceion, Mém^TUL,
Misnoni (6iu/to), émdit Malien, né en 1 553,
à Gènes» mort le 17 jaoviec 1625, àMilan. lie»-
tra. à dix-buit ans dans la Coiipagnie de Jéens^
prafosa la rbélorique, la piiilosepëie et la tbéo*
logie> et devint successivement préfet des études
au collège de Milan, recteor des collèges de Vé-
rone, de Crémone et de Gènes, et supérieur âe
la maison professe de G^es et de celle de Mi-
lan. On a de hii : Oraiiones XXV; Mtian, 1606,
in-4*; Mayeoee, 1610, in-8* ; — Sur la Manière
de bien gouverner Vétat; Milan, 1610, in-4**,
en italien; — ReguUt emnmmnes SocietaHe
Jesu^cemmeninriis asceticis illustratxi MUte,
1613, 1616,in-4<' ; Cologne, 1617, in-é*" ; — 2M^
sertatio suàeesiea de eaèéga ve/ertivt; Milan,
1617, in-12; 3^ édit., DiUSngen, 1621, io-8'' : die
peaferme des détails cnrieux sur la chaossore
d'où rempeteur Caligala tira son surnom , et a
été réimptimëe pla sieurs fois (Amsterdam,
1667, et Leipaig, 1733, in-12}y avec un travail
analogne, Cakme anHquus et nufshcus^ dn
Benoit Baèduin; — Tractatus OMcetici X;
Milaa, 1621, ia8<*; Cologne, 1624, in-4° : «es
traités avaient d'aèord paru isolément ; •— i>e
librerum amatorwrum lectiane, juniorUms
maxime vétanda; Milan, 1622, el Cologne,
1630, iB-12 ; ^ Pisser fcUéo de mUa et ait'
Uàsmi^/uga; Milan, 1626, in-S*", sous l'ana-
gramme de Livius Normgiu»;'— Historica
dissertatio de S. Jgnalio Lojola et B, Caj»-
tano Tkissneop institutore ord, elericarum
reguL; Cologne, 1630, et Naples, 1631, in-4'';
— Les Emblèmes de f académie part Aénienne
du collège romain de la Société de Jésus ^ en
italien, impr. à Rome, 1694, in-4°. * P.
Soiirel, De Script, ord. joc. Jêstu
Kl BUS (Barthold), savant controversiste
allemand, né en 1589, à Wolpe (duclié de
Brunswick), mort le 10 mars 1657, k £rfurt
Né de parents peavres, il entra, après avoûr ter-
miné ses études de collège, au service de Com.
Martin,, professeur de théologie à Helmstiedt, qui
lui fit obtenir une bourse qui lui permit de
suivre les cours de l'université. La vue des dis-
putes violentes auxquelles s'y livraient les théo-
logiens- protesttînts commença dès lors à lui
inspirer dn dégioM pour le luthéranisme. £n
1616 il accompagna deosL jeune» genlishommca
à l'université de léna, et devint quelque tentpa
après précepteur anpiia do due Bernhard de
Saxe-Weiroar. £n 1622 U: at rendit è Colegae,
embrassa hs catlioliciome,, et entra dans» les or-
dres ; après avoir dirigé dans cette ville le col-
If^ des prosélytes, ii fui en 1629' nommé abbé
d'Ilfeld. A l'approche de l'armée suédoise, il se
retira en Hollande; il devint plus, tard étè^pe
de My re et suffragani de l'asdievdquede Mayence.
On a de loi : DM/miationee io^scar pHehnstaedt,
1612, in-^^ ; — Ba retrumputHeoTum formés;
ibid., 1614^ in-4<'; — Mpisteia phUoiogiea
exeutiens narruHonem P&»ip^ Meim de naeé-
gatienef Hanauy 16^2, iB-4*^; — Ars Nava^
dicto Serwpturx unico hterandi e pontificiis
piurimaê in parie» tuthermsorum , détecta
mm niMH el snfpet^o theologis^ Beimstetem-
sibus Hilàesheinir, 1633 : oovrage qui entraîna
79
NIflUS — I9IR0N
80
Vaufteor dans une violente polémique avec Geor-
ges Calixte; — Epigrammata ; Cologne, 1642,
ia*l2; ^ Àntieriliau de fabrica cruei» do-
vUniCês; Cologne, 1644, in-8*; — De cruce
epistola ad Bartholintan ; Cologne,- 1047,
in-8' ; — hypodichma quo diluuniur nonnuUa
contra caiholicos dUputata in Corn. Mar-
tini tractatu de analffsi logica; Cologne,
16^, in-8o ; — Dractatus chorographictu de
nohnullU Àsix provincUs ad Tigrim^ Eu-
phratem et Mediterraneum et Ruàrum ma-
ria; Cologne, 1658, in-8*'. Nihus, qui a en-
core fMiblié quelques autres ouvrages de con-
troverse contre Wedel, Homejus, etc., a aussi
édité plusieurs écrits de Léon AUace (voy. ce
aom), auxquels il a joint des dissertations de sa
leçon, telles que : Adnotationes de commu'
nione Orientalium sub uniea tpede, etc. O.
Bayle, DM. - WItte, /Harlum. — Vouliu, Bpidoim.
« Aolermaod, Smppiément à JOcber.
NiKiTiN (Àthanase\ voyageur russe, mar-
chand de Tver, mort à Sraolensk , en 1472, est
auteur d'un des plus anciens voyages dans l'Inde.
U rentreprit en 1466, y consacra six anées , et
en a laissé une relation fort curieuse que Karam-
2in a découverte dans les archives do monastère
de Troitza et qu'il a publiée. « Nikitin, dit cetécri-
Tain, descendit le Volga depuis Tver jusqu'à Astra-
khan, passa devant les villes tatares d'OusIan et
ée Berekzane, se rendit d'Astrakhan à Derbent,
-visita Bokara, Mazandéran, Amol, Kachan, Or-
mue, Maskate, Guzurate, et fut ensuite par terre
jusqu'au Bender, où se trouvait la capitale du
sultan du Khorozan ; il vit la Jérusalem des In-
des, c*est^-dire, à ce qui parait, le célèbre temple
d*Élora. Il nomme des tilles qo*on ne trouve sur
aucune carte, n*omet rien de ce qui est remarqua-
ble , admire le contraste établi entre le luxe des
grands et la misère du peuple , blAme non-seo*
lement la superstitkm, mats encore les mauvaises
■MBurs des habitants, qui professent la religion
des brames, regrette toujours la Russie, et
^nt le sort de ses compatriotes qui, attirés
par le bruit des richesses de Tlnde, seraient
tentés d'aller, sur ses traces, dans ce prétendu
paradis du commerce, abondant , à la vérité, en
gingembre et en couleurs , mais pauvre en ob-
jets nécessaires à la Russie. Enfin, il retourna
à Ormuz, et se rendit, par Ispahan, Sultanieh et
Trébisonde dans la ville de Caffa, où il termina
yhistoire de son voyage, qui ne lui rapporta
sans doute d'autre avantage que le plaisir de
le décrire; car les pachas de Turquie lui enle-
vèrent la plus grande partie des marchandises
qu'il avait apportées. Cet intéressant voyage
prouve qu'au quinzième siècle la Russie avait
déjà ses Tavemier et ses Chardin, moins édai-
ses, il est vrai, mais aussi hardis et aussi entre-
]irenants qu'eux, et que les Indiens entendirent
parler d'elle avant de connaître les noms de
Portugal, de Hollande et d'Angleterre. Alors que
\asco de.Gama ne songeait encore qu'à la pos-
sibilité de se frayer une route autour de l'Afrique
pour parvenir jusqu'à Tlndoustan, un simple
négociant de Tver commerçait déjà sur la cdte
du Malabar, et s'entretenait avec les indigèoea
sur les dogmes de leur religion. »
Depuis Karamzin , le voyage ^e Mikitin a été
inséré dans le SoJitslUi Sbomik , le recueil des
Chroniques russes ( t. VI ), les légendes du peu-
ple russe par Sakharof et en l8à6 dans les Mé^
moires de V Académie des sciences de Saint' Pé-
ter shour g, Jazikof en a traduit quelques frag-
ments en allemand {Dorpater Jarbucher;
1835, IV, 481. 502). Pc« A. G— R.
BanUcb-Kameiuki, Diet, hUt. des hommes itlustrtt
de to Auuie, — Gretcb, tstai sur ChUt. de ta Utt:
russe,
nikolaI (Isaak)f peintre hollandais, né à
Leydeo, en 15S6,mortdans la même ville, en 1619.
Il fut élu bourgmestre de sa ville natale en 1576.
C'était l'époque où il peignit ses meilleurs ta-
bleaux qui ornent les principaux monuments de
Leyde. Celui qui décore la salle du tribunal est
cité comme fort remarquable. Les œuvres de ce
peintre se distinguent par un dessin pur et une
bonne composition. Il laissa trois (ils, qui furent
ses élèves et suivirent aussi avec succès la
carrière des arts. Leurs productions ont été
souvent confondues avec celles de leur père.
L'aîné, Jakob-liaakst, alla se |)erfectionner
en Italie. Il se maria à Naples, et revint dans
sa patrie en 1617. Après avoir longtemps tra-
vaillé à Leyde, il se relira à Utrecht, où il mourut
en I6S9.
Le second, Klaas-Isaaksz , se fixa à Ams-
terdam, où il a exécuté un grand nombre d'ou-
vrages.
Le troisième, Willem^Isaaksz, graveur es-
timé, mourut en 1612, à Délit, où il était capi-
taine d'arquebusiers. A. de L.
Dcacimps, Fie du peintres hoUandt^, 1 1*', p. 87.
NiKOLBr ( Pficolas - Pétrovitch ) , poète
russe, né en 1758, mort en 1816, avait été élevé
dans la maison de la célèbre princesse Dachkor.
Frappé de cécité à l'âge de vingt-sept ans , il
chercha dans la culture des lettres, dont celle-ci
lui avait inspiré l'amour, une consolation à son
malheur, et publia divers travaux, dont le meil-
leur est une tragédie en doq actes, intitulée So-
rena , jouée devant l'Impératrice Catherine en
1781. Pce A. G— H.
Greich, Estai eut rklst. de la UU. russe.
KiKON, patriarche russe, né en 1605, à Ye-
lemanof, près Nijni-Novgorod , mort à Jaroslaf,
le 17 août 1681. Il appartenait à une pauvre fa-
mille de paysans, et fut pendant dix ans prétro
à Moscou avant d'éknbrasser l'état monastique ,
dans lequel sa femme consentit à entrer en même
temps que lui. Après avoir vécu quelques an-
nées comme un ermite sur les bords de la mer
Blanche, il passa dans on monastère proche du
Béloozéro, .en fut élu igoumène ou prieur;
obligé par sa charge d'aller à Moscou, fl fut re-
81
ISIKON — NIL
83
marqué da tzar Alexis , qui le nomma archi-
maiidrile d'an roooastère de cette ville, et peu de
temps après métropolite de MoTgorod. A ce
po6te élevé Mikon eut occasion de montrer
toute la force de son caractère à Tépoque de
rémeute qui éclata à Novgorod. En 1653, il
fat nommé patriarche, et aborda la grande ré*
forine cléricale , si souvent tentée avant lui. Il
le procura la plus grande quantité possible
de manuscrits très^andens, d'après lesquels 0
se proposait de faire une vérification totale des
livres d'église : à sa demande, le patriarcbe de
CottstaDtînople loi fournit près de dniq cents textes
origioaux , dont quelques-uns remontaient aux
premiers siècles do christianisme. Nikon voolait
rendre à l'Église russe sa pureté et son indé-
pendacoe. Pour atteindre ce but, encore désiré,
il œ craignit pas d'entrer en lutte avec le tzar lui-
même (I). Quel était précisément l'obiet de ses
contestations avec le tzar ? C'est ce que l'histoire,
arrêtée par une rigoureuse censure» n'a pas en-
core parfaitement à^lairci.
Un moine de Tordre de Saint-Basile (2) pré«
tend que Nikon tendait à assimiler son autorité
à celle du pontife romain , opinion à laquelle
s'est récemment rangé un écrivain distingué.
• L'Église de la petite Russie s'étant intimement
rapprochée du patriarcat de Moscou , fait obser-
ver M. Gerebtzof (3) , après l'annexion de ces
prorioces à la Russie, l'académie de Kief devint
nne succursale des écoles de ce patriarcat. La
scolastiqae occidentale et la philosophl? défigurée
d'Ariittote (4) régnaient déjà à cette époque
dans tous les diocèses occidentaux^ et une polé-
mique ardente se faisait entre certains prélats
orthodoxes de ces provinces et les jésuites. Dans
les écrits de ces derniers, le pouvoir temporel et
sécolier du pape en particulier et la parfaite in-
dépendance de l'Église du pouvoir de FÉtat, en
général, étaient préconisés. Nikon était doué
d'une intelligence supérieure et d'une assurance
parfaitentent juste dans se.* propres talents; il
est clair qu'étant tra raillé par les écrits des jé^
mites, il a pu être un moment tenté d'ambition-
DO' un pouvoir pontifical avec tout ce qui s'en-
suit. » Selon Kulczynski , la véritable cause de
les démêlés avec le tzar et de sa disgrAce fut sa
conversion au catholicisme. Nikon, assore-t-il,
en visitant un jour des captifs polonais, trouva'
O leurs mains une image du bienheureux Jo-
siphat, la leur arracha, et la foula aux pieds en
proférant d'indignes paroles. Frappé incontinent
de paralysie , le patriarche reconnut sa laote en
Biéine temps que la vérité catholique, et , ayant
onbrassé ceUe^d, fut miraculeusement guéri (5).
(1) OiMirlalof. Biâtaind* IhiMie.
<» kalcxyukl. Spécimen EeeUiim Butheniae s Pa-
ris, I8S9.
(S) EM$ai mr rhUMn de la eivUiMotion en. imuief
Park, ina. II, 114.
(H Uéagûrée par ulnt Tbomaft d'Aqatai.
(1) Ce faK eit Dcntionaé, loiu le n* 149, dans les mi-
Cette version acceptée, on comprend le dé-
goût que Nikon éprouvait pour sa résidence
patriarcale, et il n'est pas invraisemblable qu'il
ait déclaré au simulacre de concile qui voulait
le juger en 1664 : «. Vous n'en avez pas le droit;
il n'y a que le pontife romain seul qui ait puis-
sance sur moi. »
Quoi qu'il en soit, il est certain que le concile,
convoqué et dirigé par le tzar Alexis, qui dé-
pouilla, en 1667, Nikon de sa dignité patriar-
cale, n'était pas apte à le faire et a montré une
insigne lâcheté en se pliant au caprice du souve-
rain irrité ; il est à remarquer, en outre, qu'un
des griefs qu'il lui a éfTectivement reprochés était
d'incliner vers les dogmes latins (i;.
Réduit à vivre dans un cachot au pitin et à
i'ey , Nikon demeura dans des monastères éloi-
gnes pendant les treize dernières années du
règne d'Alexis. A sa mort, son fils Théodore le
rappela de l'exil, et voulut le réinstaller sur son
siège patriarcal ; mais le noble vieillard expira
en chemin (2), et sa réhabilitation , que les pa-
triarches orientaux s'empressèrent d'envoyer,
avec la même facilité qu'ils avaient sanctionné
son inique déposition, n'eut lien qu'après le dé-
cès de cet prélat, qui était vraiment au-dessus
de son siècle.
Outre ses travaux sur la Bible et les livres li*
turgiques qu'il oollationna sur les originaux
grecs et hébreux, Nikon a laissé : une Chronique
qui renferme toutes les annales russes connues
jusqu'en 1630; elle a été publiée par l'Académie
des Sciences de Pétersbourg (1767-1792, 8 vol.
io-S"); — une Table (SkniàX) (Tétudes dog-
matiques; Moscou, 1656, in 4*; — des Sermons
ou plutôt des Mandements ; Moscou, a. d.
(1664) ; réimpr. par Novikof, dans son Ancienne
Biblioth. russe (2« éd., t. VI); — le Para-
dis intellectuel, qui contient la description des
monastères du MontAtiios et de Valdai ; Valdal ,
in-4* ; — une Épitre circulaire pour la fondation
d'un monastère sur le lac d'Onega, dans le t. IV
de VHistoire de la Hiérarchie russe; — un
Cccnon^ ou livre de prières, pour attirer les ras-
kolniks à l'Église; s. 1. n. d., in-4o. Sa corres-
pondance avec le tzar et les pièces relatives à
sa condamnation sont inédites. Pc« A. GALrrzin.
If an Choucberln. Fie du trés-êaint patriarche Ni-
kon; Saint-Pétertbonrg. 1817. — Apolloi. fie du po'
triarckê Nikon ; Moecou, 183». — Nikon, HM. de rÊgtise
russe, — Oreteh, Essai sur Phixt. de la UU. en Russie,
— Hiit. de Bussie de Taticblebef. Leclrrc et Levcsque.
— Gagarin, La Russie eera-t-eUe catholique ? — Études
polU.etrelig, mr la Russie, trad. de raUemand, p. lis.
— Revue enc^elopidique^ oct. istl, Xll, tM. — La Ras-
hal; Parla, iSS».
HIL ( Saint ) [ NctXo; ] , surnommé l'Ascète
et le Moine f' écrivain religieux, vivait dans
racle* prooTéa par la bteUficatlon de Josaphat, arche-
vêque de Polotik, martyrtsd à "Wltepsk, en I6t3.
(1) Diet. hist, des^éericahu ecclésiast. russes, par le
métropolite Eugène : Salnt-Péterabourg. ittT, II. itt.
(S) f^of. le rédt de ta dernière heure dans les Pii^
rinaçet aux lieux saints rutses.pài André UouraTUf.
KIL — PÏIMEEGEN
84
le cinquième siècle de Tère chréfienBe. Il ap-
parteaait à ane des plus nobles faniHles de
Cottttantiiiopte, et il fut élevé à la dignité â'é-
parqne, «o gooTerneor, été sa Tille natale. Mats
convaineii de la vanité <ffes cliosies humaines et
pénétré do sentiment des choses divioes, il
abandonna son rang, ses dignités, et se retira
avec son fils TMoébr/edans on monastère da
mont Sin»; tandis que sa femme et sa fille
s'enfermèrenl daas m convent d'Egypte. Son
fils péril dans une attaque du couvent par les
Ai'abes. Saint Nilédwpfn aux barbares, et vécut
jasqu'en 4&0oo45t.
Saint Nil est Tautrar de beamonp dTou-
vrages théologiques ; quelques- nns sont penftis
ou inédils, et ne sont connus qne par des ex-
traits de PIMioa; d*aatres ont eo plusieurs #1?-
tions séparée» ; mois c'est de nos jours seoTe-
ment qu'on en a formé un recueil qui n'est même
pas très-complet. La meilleure édition des Œu-
vrea mêlées de saint Nil est celle de Suarès
{Saneti Patfit n^êtri NUi abbaCis Tractatus,
sêu apuscula ex eodicibus manuscriptis Va-
tieanis, Cassinensibtu y Barberinis et Al-
txmpskmii entia, J. - itf. Suarttïva grasce
nune pwimwn eMit, iatine vertu ac notis
Ulustravit ) ; Rome, 1673, in-fol. Les plus im-
portants ouvrages de saint Nil sont ses Con-
sëits spirituels ( flapaivivetç ) sur la manière
de. vivre chrétiennement, c'est un abrégé de
théMogie pratique, et son Manuel cTÉpiciète
( 'EimcTTCbo iYx«p(?iov ), arrangé à l'usage des
chrétiens. Schweighsnser a donné ce Manuel
dans le cinquième volume de son édition d'Épic-
tète. I^es lettres de saint Nil, qui sont on de ses
plus précieux ouvrages, et qui traitent en général
des mêmes sujets que les Conseils spirituels^
furent publiées par Possinus, Paris, 1657, in-4°;
une meilfeinie édition, avec une traduction latine
par Léo Allatius, parut à Rome, 166S. in-fol.
Une édition des Œuvres complètes de saint
PHI ( 5. P, N. Nili abbatis Opéra quœ repe-
rtri potuervmt omnia, variorum curis olim^
nenipe Leonis Altatiiy Pétri Possini, etc.^
seorsim édita, ntmc prijnum in unum col-
lecta et ordinata ; curante J.-P. Migne)tà été
publfée à Paris, f 860, gr. in-S".
Plusieurs autres écriTains byzantins ont porté
le nom de Nil ( Nsi>oc} (1) ; mais coRwie ils ont
fort peu d'importance, nous renvoyons pour ce
qui les concerne à la dissertation de Léo Alla-
tius citée en soorceei à la Biblioikèqué grecque
de Fabrieius. L. J.
PhoUos, Cod., tT<. — Nlcéphore, m$t, eccles., XIV,
S4h — Le» AUflUoi, Diatribe éAjWitet «anum scriptU,
•
(1) Un IfiL môtropomatn de Rhodes vert 1360 a écrit
deni oitvrag^es, dont le plus Iniportant est une htstuire
det neuf eonetles «rcuméniqaM publies par Ju*tel,
comme un appendlre dn Nomoamon de Photiua, et par
Hardontn. dans le t. V de ses Concilia, Ce SU t«t anaal
auteur de quelques traités grammaitcaux, dont F.. P««^
mw a parlé dans sa dissertai Ion De llfUo ftrammmtitrf
ttdhue ignoto, eiusque inrammaiica a/tf«fii« ffrcunn*»^
ticU icrivtiSi Brelau. iSSt. Id-'*».
&9m» redit, des Uttret de salot AUl, et ddos Fatnfchts,
Mô/lolVcs grmea, vol X, p. t. tte.« «dit. «t Haricsii —
Cave, HUi. JM. - TUlenont , arda, pamr servir é
rhist cccles., t. XIV. - Dom Cellier, Hist. des auteurs
sacréseteectéHatt.,LXm.'~ Rtcbard et Glraod. BUOotlL
smeré». — HQttmewA, MtoUographisefèas Lue.
RiLSOii ( /enn-^joie ), peintre et giavcut
allemand, né h Augsbourg, en 1721, nort en
I78&. Fils d'André NUfon, habile pemtre en
miniatnre , il s'adonna à cette mène branche
de VWt sons In direction de son père, de L.
Blaid et de Spcrliog, et eut à faire les por-
traits de beaucoup de personnages de marque.
U cultîva |)ln8 tard avec succès Ift gravnve;
nommé en 1764 peintre de la cour de l'électeur
paMbi^ il fnt éln deux ans aprè^ membre de
l'Acoidémie des beanx-arts de Vienne. En 1769
il devint directeur de l'éoole de dessin de sa ville
naiale. Il a gravé sur ses propres dessins : les
portraits de Ferdtmamd^ marquis de Bade, de
Jean- Georges 111, électeur de Saxe, de Muuriee.
prince d'Anlialt, du pape Clément Jt///, dn czar
Pierre le Grand , de l'empereur François /«*,
de l'impératrice Marie-Thérèse, etc. ; Les Sai-
sons ; Les Mois; Les Éléments; Les Beures
du jour ; La Poésie et la Peinture ; Danton
et Ph^llis; L'invention de la Igvv; Vues de
jaréins ( 13 pi.), etc. O.
C-A. Nllson, Summlunç belekrtnder jévfsâtsm ( A^gs-
bourg» 1831 ). — Ilagirr, Aûnstler-Ijexieon»
*NiLsoB (Sven)^ naturaliste suédois, né à
Schonen, le 8 mars 1787. Agrégé dès 1812 à In
faculté des scieuces naturelles à Lnnd, il dasaa
la collection du mnsée zoologiqoe de cette villes
et plus tard celle de Stockholm , et devint en
183L proresXenr d'histoire naturelle à Lund.
On a de lui : Ornitkologia suecica; Stock-
holm, 1817-1821, 2 voL; — Skandima9isà
Fauna; ibid., 1820-1863, 4 vol.» comprenaoi
les Mammifères^ les Oiseaux, ks Avkphàhkee
et les Poissons; les deux premiers volume»
ont eu une seconde édition^ l'un en 1830, Tairtre
en 1836; à cet excelleiift ouvrage sont joints
vingt cahiers de planchea; — Historia wollus-
corum Sueciss; ibid.» 1822; ^ Petre/acêa
suecana formationis eretacex; ibid., 1827,
in-fol. ; — Prodromus ichthgolegise scanda^
nicx; ibid., 1832 -, — Skandiikaviska dforéema,
urinvanare ( Les Habitants primitifs da Btaed
de la Scandinavie); ibid., 1838-1843. Ou
ConveruUums-Lexiken.
NILOFER. Toy. HOLOPBIBA.
NiMEEGBM (Êliejk»), peiptre hollandais^
né à Niroègue, en 1667, mort vers 1787. Fils
d'un bon peintre, décédé en 1679, il reçut enauile
les leçons d'un frère aine, qui monriii fort jeune»
Privés de ce dernier appui, on vit Élie van Ni-
meegen et son frère Tobie continuer vaillam*
ment leurs études^ et bientôt lenrs ouvragea
parurent à côté de ceux des maîtres. Élie fut
fturtotti recherché pour U peinture ornementale.
11 ne pouvait suffire à ses travaux : fl a-'ns-
socia d'alwrd son neveu, dont il fit son gendre r
puis 800 fils ; et les oeuvres de ces trois artistes
85
restent confondaes : e'est à Rotterdam que s'en
tiroufe&t lu plus grand nombre, dans les galeries
Waditendonk^ Mtevelt, SohoonliOTen, Tan dtr
W«rr, Paets, Flink, etches les prlncipanx bour-
gtoie de la tille; — à La Haye, ite décorèrent
Im galeries des boinismestves Rnisoh et de
Bie. Élie van Nîmeegea pe^naH avec un égal
ifiérHe Thistoira, rarchiteature, le paysage et
la fleurs. Sa fiJle cadette & laissé d'excellente
tableaux de fleurs. A. de £..
DeMamps, fit dm PêMim* hottoMàoU,-^ Ut, p. ifi.
SUA, plus oonnoe sou» le nom de la Nina
du DanU, peèteese sicilienne» vivait vers la fin
du treiziènie siècle. On n'a pas sur eUededëtails
iNographique»; on ignore même si son nom de
ma est on dimiantif de Caêtêrina ou de i»-
toute. Les biograf)hes italiens, qui ne nous ap-
piennent rien de certain ni de proliable sur la F»-
Dille et la ville natale de Nina» nous disent
qa'eOe était très^beile». très-verUieoae, qu'elle
Kit la premièfe femme qui' écrivit dos vers en
langue vulg»ipe (itelîen). Gresdmbeni i^onte
qu'elle ne voulut que personne se vant&t de
800 aroeor» si ee n'est on po^. Danle de M»-
JUK) en Toscane» poète alors célèbre^ mai» qui a
«iéconiplétemeiiliédipeé par son gsad heroo-
lyme, sédoit par la réputation de beanlé et de
géfliede la jeune ^dlienne, loi adressa, sans se
faire connaître» une déelaraliond'amour en vers.
Sina y répondit par on sonnet atraable, gra«
eieut, simple, qni vaut mieux que la plupart des
poésies de ce temps, beaucoup mien surtout que
les sonnets pénibles et entorUilés de Dante de
Najdoo. Crescimbeni a cité ce sonnet; en void
le commencement :
Quai >etie yoi, il esn proferenn
Qie hte a nie mius ▼oI mostrare ?
Molto m'ageczerta ▼Mtra parvenu,
Percbe meo cor podesse dichiarare.
( Qui étes-vous » vous qui sans vous montrer
HK (aites une si chère déclaration? Beaucoup
m'agréerait votre présence, pour que mon cœur
pût se déclarer ). Dante de Majano répondit à
tette invitation par plusieurs poésies dans les-
«loeiies il célèbre en se nommant les charmes et
le savoir de Nina. Comme les deux poètes vi-
cient fidrtioin Ton de l'autre et qu'ils ne se virent
jvnaig, cet échange detendres déclarations n'a-
vait rien de compromettant pour la belle Sici-
iieDoe, et elle porta sans que son honneur en souf-
frit le nom de la Nina du Dante. L. J.
Creidmbenl, Storia délia volgar poe»ia, t. Iir. ~ Al-
Ivel, JUnv amtiçuA.— G. Mgusa, Elogia Sieula. —
Moniritorr, MMéothgcm SinlM. - Oitolanl» Biovtvfki
^» «omM UiHttri deUo 5<«iM«, t. I. — Tlratmiebl.
StÊrtmdetkt^ UUemtftrm UaUana^ t. IV, p. 861.16».—
filigomé, Ui$t9irm littéi^aêre ^UmUe. 1. 1, p. M8» MO^
Bisms ( ffenni)^ médeein français, né le
It février 1722 ». à Poix ( Champagne ), mort le
30 oelobre ISOO, k Paris. Reçu, docteur à Vnn-
^sHé de Rehns, H fit phieieurs' campagnes en
Allemagne et en Espagne», et occupa jusqu^en
t7ftft les fonctions de médecitt de rarlîllerie et
dlnspectenr des hApitlM]% mINtlires. fl Ait aussi
NIMEEGEN — NIKO 8»
l'un des méclecins consultants de Louis XT. On
lui doit une Traduction, des* ouvrages de Cehe
sur la médecine {l^ris, 1753, 2 vol. in-12 ).
Boalliot, Biogr. Àrdennaiu.
mâa de cvetara ( Don Juan ), peintre es-
pagnol, né à Madrid, le 8 février 1632, mort à
SCEilaga, le 8 décembre 1698. Son père, don Lui/.»
était capitaine des gardes du vice- roi d^Aragon,.
révéqoe de Bnilaga, don Antonio Henriquez. Cé^
prélat se chargea de la f)ïmille de son gentir-
liommé Avori, et l'emmena dans son diocèse. Ce
ftit donc à Malaga que le jeune Nino fiY,sea
études : dès lors il tenait plus souvent Te crayon
que ta plume. Parvenu en philosophie, il se
fivra avec tant d'ardeur au dessin que Tévé-
que » qui l'aimait comme son fils, ne voulant pas
contrarier sa vocation, le confia aux soin&
d'un capitaine flamand, que Quilliet nomme
n Manrique, peintre en crédit à Malaga et Ton
des meilleurs élèves de son compatriote Ru-
bens (1) ». Les progrès de Nino furent rapides.
En 1645 son protecteur le confia au marquis
de Montebelto, l'un des amateurs les plus dis-
tingués de Madrid, qui le mît bientôt en état de
suivre les leçons d'Alon/o Cano. Ce célèbre maître
fe prit en amitié, et travailla souvent avec lui.
Cano composait et ITiâo exécutait. C*est ainsf
qu'ils décorèrent les Augustins de Cordoue et de
Grenade (1652 1667). En 1676 Mino revint à
Malaga où il fit beaucoup de tableaux d'église et
de portraits, genre dans lequel fl réussissait fort
bien. Sa touche dénonce une certaine timidité;
mais ses compositions ont un caractère aimable
et son coloris a de la fraîcheur. Il est demeuré
on des meilleurs représentants de l'école his-
pano-flamande. Tous les monuments religieux
de Malaga» et quelques-uns de Cordoue, de
Grenade, de Madrid et de Séville» possèdent de
ses tableaux qui se rencontrent aussi dans les
galeries les plus complètes. On cite surtout de
ce maître trois chefs-d'œuvre admirés à Mar
taga : dans l'église de la Charité La Foi ou Le
Triomphe de la Croix, remarquable par l'ex-
pression des nombreuses figures qui y sont re-
présentées et par leur l)onne disposition, la
Charité entourée des persounages qui se sont
le plus distingués par cette vertu. Ce fablean
est le digne pendant (Tu précédent; — et à la
cathédrale le Saint Michel devenu populaire
par les nombreuses copies et la gravure. Séville
possède aussi un grand nombre de tableaux de
Nino, entre autres une Sainte Famille, attri-
buée quelquefois à Rubens. On a dé lui à Paris
une peinture allégorique représentant La Guerre
faisant place à la Paix et à V Étude, A. on L.
Raphaël Wcngs, Otroi ( Madrid, 17S0 ). — Fellppe de
Guevara, Im Commantariot de la pintura (Madrtd«
rrss ). - PoiR, nav« en e$patta. ^ Don Adltonht 0a-
lomlno de Velasco, El fifiaeo ftetarieo l Cordova, ms.
S Tol.}. — f^iage artUHeo d varUu putMlM i» Bp-
(1) 11 doit y avoir qQel<|ue errenr dans ee non de Mim-
rigue; car dam les biographies espagnoles oa flaoïaad»
on ne trouve aaeiio artiste ainsi nommé.
S7
Nmo
88
palUtt etc. { Madrid, tSM ). — Coio Beraudet, Diecio-
nario historico de las mai ilustret profetorei dM las
betluê arUt eu Etpalka, — Quilllet , Dictionnaire des
Peintres espaçnoln 1%19). — MarUno Lopes Agnado, El
real Mutto ( Madrid, 188S ) .
KiNO {Pedro-Àlonto), surDorainé el Negro
{ le Noir ), navigateur espagnol, né à Moguer
(Andalousie), en 1468, murt vers 1505. Il avait
déjà fait plusieurs expéditions à la c6te occiden-
tale d'Afrique lorsqu'il accompagna Christophe
Colomb dans son troisième voyage. Les naviga-
teurs découvrirent successivement les lies de
Trinidadt de Margarila, Coche ^ Cubagna,
les embouchures de t'Ortnoco, et abordèrent sur le
nouveau continent dans une contrée que Colomb
nomma tierra de Paria (l), du nom que lui
donnaient les indigènes. Ils côtoyèrent ensuite
Tespace de cinquante lieues jusqu'à la Punta de
Araya, et revinrent en Espagne (2). Voulant aller
chercher de l'or et des perles pour son propre
compte, AIonzoNino demanda et obtint du grand
conseil de Castille la permission d'aller à la dé-
couverte de nouveaux pays, « à condition qu'il ne
pénétrerait pas dans les contrées déjà reconnues
par Colomb, et qu'il n'en approcherait même
pas à la distance de cinquante lieues. » Luis
de La Guerra, riche marchand sévillan, et son
frère, le pilote Christobal de La Guerra, se joi-
gnirent à Nino. Ils armèrent une caravelle
montée par trente hommes, et mirent à la voile
de San-Lucar vers la fin de mai 1499. Après
une heureuse traversée de vingt-trois jours (3),
ils se trouvèrent en vue des côtes de Paria et
de Maracapana. Les indigènes leur ayant
montré des dispositions pacifiques, ils atterrirent,
nonobstant les ordres de la cour» et firent une
ample provision de bois de Brésil {palo Brasil).
De là ils visitèrent le golfe ( nommé par Ojeda )
de las Perlas, les Iles de Mai^rita, de Coche, et
de Cubagna. Reçus avec amitié par les Guai-
queries ( Caraïbes), ils recueillirent une grande
quantité de perles, qu'ils échangèrent contre
des miroirs, des couteaux, des chapelets et
autres babioles^ Nino poussa ensuite sa naviga-
tion jusqu'à la Punta de Araya, et aborda sur la
côte des Cumanagotas. Ces Indiens allaient nus.
Us se couvraient les parties naturelles seulement
avec nne espèce de calebasse retenue par un cor-
don à la ceinture. Ils portaient des peries en col-
liers et suspendues au nez et aux oreilles. Ils les
cédèrent avec empressement pour des sonnettes,
des bracelets et des épingles, dont ils parurent
faire grand cas. Nino continua sa route le long
de la côte jusqu'à l'endroit où est située main-
tenant la ville de Coro (province de Yéné-
tuéla). II mouilla dans une baie magnifique, où
il fut bien accueilli par les naturels, qui lui don-
(0 Connqe depvte aoua lea différente* d^nomloationa de
Tierra^$rmê, jmeva'CastiUa et CattUla dêl OrOi c'est
ai^oiird'hai la proviooe de véoéxuéla.
(% #^«y. pour lea détatls de ce premier Tojage de Nlfio
en Amérique Tartlcle Colomb ( Ckristopke)»
(I) Elle fat longtempi cUéc comme mlraculeiiae i cauae
de aa rapidité.
nèrent leurs perles en échange d'objets dépende
valeur. De là il cingla vers un gros village nommé
Cnriana ( ou Cumana), descendit à terre, et y
passa vingt jours. Pendant ce temps les Indiens
lui fournirent du gibier, du poisson, du mais
en abondance. Leurs terres étaient bien culti-
vées. Leurs moeurs simples annonçaient pour-
tant nne certaine civilisation. Ils possédaient
tous les vases, pots, plats, etc., utiles à la vie
ménagère, et portaient des ornements en ar re-
présentant des oiseaux, des grenonilles, et divers
insectes, qu'ils se procuraient dans la province
de CauehiétOf distante de six journées de na-
ligation. Niîk) s'y rendit. Les Caucliiétos vinrent
au-devant de lui dans des canots, et lui offrirent
de Tor, des ornements en coquillages et en plumes,
des singes,des perroquets, des vi vres,mais nervou-
lurent pas céder leurs perles. Les Espagnols re-
prirent la mer, et, s'avançant toujours à l'ouest,
tentèrent an nouveau débarquement; mais ils fu-
rent forcés de seretirer devant plus de deux mille
guerriers entièrement nus qui les assaillirent à
coups de flèches et de pierres et les poursui-
virent jusqu'à leur navire, dont l'artillerie put
seule repousser leurs ennemis. Ils retournèrent
alors à Cumana, où ils continuèrent pacifique-
ment leurs échanges. Ils y recueillirent plus
de cent cinquante marcs de belles perles, dont
quelques-unes étaient grosses comme des ave-
lines. Nino remonta à Boca-del-Drago, puisa
La Punta de Araya, où il découvrit la fameuse
saline qui porte ce nom. Il mit ensuite à la voile
pour l'Espagne, et après deux mois de traversée
entra dans un port de Galice, le 0 février 1500,
avec une riche cargaison d'or, de perles, de bois
de Brésil, etc. Mais à peine débarqué, il fut ac-
cusé, ainsi que son frère, d'avoir caché des perles
et par conséquent fraudé le ^iiin^ du roi (l).
Hernando de La Vega, gouverneur de Grajai, le
fit arrêter en vertu de l'édit qui avait défendu
à tout navire d'approcher à plus de cinquante
lieues des terres découvertes par Colomb. Kino
vit une partie de sa fortune confisquée, et mourut
avant que son procès ne fût jugé (2). Quoique le
voyage de Nino ait eu pour but un trafic lucratif
plutôt qu'un intérêt national, il servit à mieux
faire connaître les côtes de la Nouvelle-Cas-
tilie. Son succès et les richesses que Nino rap-
porta en Espagne excitèrent d'ailleurs chez ses
compatriotes le désir de faire des entreprises
semblables. A. db L.
(1) La part du tréaor royal a*6IeTBlt an dnqalème bmt
dea richemea proTenant du Nmiveao Monde.
(1) SU faut en croire WaabUigtoo Inrinf, qui l'appâte
anr Laa ctaaa, le motif de l'arreatatlon de Nlfto tôt toot
antre. Dèbarqaé ft Cadix, an lien de ae rendre à Madrid
pour rendre compte de aa mUalon, U alla Totr aa famille
à Huelva, te contentant d'écrire au roi qn'lt avait une
grande quantité d'or inr aea ? alaseaux. 1^ roi, en fnierre
avec la France, arait alors un beaoin preaaant d'arvent;
U lui ordonna donc de payer Immédiatement als mUitons
de maravedla que la conr d'Bapagne devait à Colomb ; ce
fut alora que l'on découvrit que lea prétendus monceaux
d'or n'étalent que dea prlaosnlera Indien*, dont la vente
devait produire lea béûéflcr a annoncés par NiAo.
89
NIPÎO
90
Miflburla de Redoaer, U ffouceëu iVoiute, etc. ( Parti,
If» ), cliap. CTifx-cxxui. — Lopei de Gomera, ffUf.
çenmU de bu Indttu (Medlna, 1U&. to-fol.). Itb. Il,
cap. LXXT. - Brnionl, L'UUt. du ffouveam Monde, etc.
Genève, 117», ln-«»), lib. 1. cap. x. — Mulloz. Hist.
éd Jfu€wâtMndo, Ikb. VH. - Pierre Martyr, Dé Ifavi-
fotkmé H Terra dé itoro repertU (1B8T, lii>4*) •
dér. I, Ub. IX. ^ IM Casas. HM. Ind,, llb. I,
cap. cxxtix. — Don José Oviedoy Banos l/tolorta de la
•mfvMa V pàbtoeiM de ta proMncéa de yemwela
(Madrid, 17»), part. 1». llb. I, eip. ir. — Antoolode Her-
ivrs, Hist. gênerai de lot kecàot de loi CoeÈeitano» en la*
istat y Tierra JIrme del wiar Oeeano (Madrid, nao,
4 TOI. tn-4*K dec I. llb. IV, cap. ▼. - Le P, Caulin, Hût.
eoroQrmÂea de la JVueva'jéndulueia |1TT9), llb. II.
cap. fii. — vraRhlngton Irring, HUt. de la tfie et des
roifaçes de CkriMtopke Coiomib { trad. de Detencoepret
ftlsi Parla, lltt. 4 vot. In»*), t. Il, p. r4, 180; t IM. p. It4.
- Van Teoae, HUt. çénérule de ta MarM, t. II. p. i M.
mîïo {Àndrèt)^ navigateur espagnol, né
vers 1475, mort après 1532. Les premiers évé-
nements de sa Tîe sont ignorés. On ne com-
mence à le connaître qn'en 1514 , iÉ Panama, où
il possédait déjà une réputation d*liabile marin.
Il avait navigué sous le pavillon portugais dans
les quatre parties du monde connu alors. Il
était à Panama en octobre 1515, et suivit don
Diego de AltHtez dans une e?[pédition que ce ca-
pitaine fit dans la province de Chagres ( à dix
lieues de Panama ) ; ils y firent un riche butin ;
mais à leur retour ils furent attaqués à Tuba-
namâ par une multitude d'Indiens ; ils perdirent
beaucoup des leurs, et durent faire un long dé-
tour pnar gagner Darien. Albitez résolut de
solliciter un gouvernement dans la mer du Sudé
A cet effet il envoya Nino en Espagne pour
suivra ses intérêts auprès du conseil royal, et
lui donna deux mille pesos d'or pour son
Toyage. Nino réussit dans sa mission, et obtint
pour Albitez le droit de construire une ville
dans la baie de Nombre-de-Dtos(l).
Le gouvernement espagnol avait un grand
désir de découvrir une nouvelle route pour aller
aa\ Moliiqnes. Niiko prétendit la connaître, et se
fit donner une commission royale en vertu de
laquelle il était autorisé à exécuter un voyage
de mille lieues vers l'ouest, avec licence de
s'éearter de deux cents lieues an sud , afid de
découvrir un détroit par leqnel il pôt péné-
trer dans la. mer du Nord et arriver aux Iles
des Épiceries (les Moluqiies), sans rencon-
trer les Portugais, et reconnaître alors celles de
ces Iles qui étaient dans les limites des posses-
sions espagnoles déterminées par le pape. 11 fut
convenu que la moitié des frais de Texpédl-
tion serait payée par le roi et l'autre par Ntôo ;
que la vingtième partie des profits serait affec-
tée à la rédemption des captifs et à des œu-
vres pies et le reste partagé entre le roi et
le pilote. Gil Gonzalez, d'Avila, trésorier d*His-
paôola, fut nommé capitaine général de Tar^
mada, qui se composait de quatre navires. Nino
mit à la voile de l'Ile de Tararéqiii dans la baie
de San- Miguel, le 21 janvier 1522. Les navig%-
(1) Cette ville acquit rapidenent une grande Impor-
tance; mab le climat y était «1 homide, si malsain, que
le» baMUou dorent ae réfugier à Porto-Bello eo lS4t.
leurs s'avancèrent à Touest l'espace de cent
lieues. Obligé de prendre terre pour radouber
ses navires, Gonzalez laissa à son pilote le soia
de cette opération, et s'aventnra dans l'intérieur
du pays. Aussitôt que Nino put reprendre lanavi*
galion, il parcourut près de cinq cent cinquante
lieues, espérant trouver un passage par lequel
il pût pénétrer dans la mer du Nord ( océan
Atlantique) et arriver aux Moluqnes; il s'é-
leva jusqu'au 17*' et demi de lat. nord sans ren-
contrer le canal qu'il cherchait. II revint alors
sur ses pas, après avoir cdtoyé plus de trois cent
dnquante lieues d'un pays jusqu'alors inconnu,
et, le 17 avril, retrouva Gonzalez pressé par
trois ou quatre mille Indiens, sur les bords de
la baie de Saint- Vincent. Les navigateurs disper-
sèrent leurs ennemis dans plusieurs combats, et
longeant ensuite la côte depuis le cabo Blaneo
jusqu'à Chorotega, ils reconnurent les haies des
Papagayos, de Nicaragua, le fleuve de la
Posesion, et le golfe de Fonséca, que Gonzalez
nomma ainsi en l'honneur de Juan-Rodriguez de
Fonseca, évéque de Burgos et président du Conseil
des Indes ; il découvrit aussi une lie de ce golfe à
laquelle il donna le nom de Petronilla, qui était
celui d'une de ses nièces. Les Espagnols se ren-
dirent par le port de Nicoya au grand lac de Nicara-
gua, lis reconnurent que ce lac, qui a environ cent
cinquante lieues de circonférence, et dont l'ex-
trémité méridionale n'était qu'à trois on quatre
lieues de la mer du Sud, communiquait avec
celle du Nord qui en était à plus de cent lieues
et que ses eaux avaient un flux et un reflux
comme l'Océan. Ils l'appelèrent Mare diUee, Le
volcan de Masala aussi excita vivement la cu-
riosité des Castillans, qui s'imaginèrent qu'il con-
tenait de l'or en fusioii. Jaloux de s'en assurer, le
P. Bia de Iniesta s'y fit descendre à l'aide de
sangles. Pour savoir quel métal il y bouillonnait,
il y plongea une cailler attachée à une chaîne ;
la eueiller et la chaîne furent fondues. Le F.
Iniesta fut forcé de passer la nuit sur la mar-
gelle du volcan, dont on voyait le feu vif à
cent cinquante toises de profondenr. On le re-
tira le lendemain à moitié rôti et non sans de
grandes difficultés. Après avoir pareoum la
• côte et l'intérieur du pays sur une étendue
de deux cent vingt-quatre lieues et baptisé
lrettte*deux mille deux cent soixante indivi-
dus , les voyageurs se dtrigSrent sur Panama ,
laissant à la contrée qu'ils venaient d'explorer le
nom de Paradis de Mahomet, à cause de l'a-
bondance et de la tranquillité^ qui y régnaient.
Ils débarquèrent vers ta fin de décembre 1522,
rapportant la valeur de 112,664 pièces de huit
tant en or qu'en perles. Nino, se trouvant sufli-
samment riche, retourna dans sa patrie; mais il
n'y jouit pas longtemps de ses richesses; il
mourut jeune encore, des suites de ses grandes
fatigw>s. Il a laissé sur ses voyages des notes
qui ont été recueillies par quelques historiens
ses contemporains. A. de L.
SI MKO —
Iwrqiieimida» Biotuvekia lnâ.i.]lh. XlX««flp. xar. *-
AdIobIo de Henren, MisL (Miserai de Iqs ■hiàhoi de /M
CtuUUanta en las islas y tierra firme dtl mar Oceano
(-Madrid. 17S0, k toL i»-^), d*c. I. 06. X.'cap. K, n,
SIC XM ; dée. II« .Ub. A. mp. os, •!▼« vi, m, Kiu ; Ub. Il,
ap. J, u. .u, jua auv; JU». Ul.c«p. ti;, fi ; Ub. iv,
«ap. V et TXi; d«c. Iir^ Ub. IV, cap. vi et vil
HIMOBI. VOU. LeNGLDS.
H IN 178 « le fondateur mythique du royaume
d*A5syrie oadeMinive, est placé tour-à-tour dans
le vingtième, vingt et unième et vingt-deuxième
siècle avant J.-G. 11 est au moins inutile de dis-
cuter la chronologie d*un prince dont la Fabuleuse
existence échappe à toutes les recherdies bis-
toriques. Sa vie est racontée tout au long par
Diodore de Sicile, qui n*a fait que copier Ctésias,
et Ctésias n'avait fait que transcrire, en les al-
térant, des traditions mythiques. Le résumé et
la discussion du récit de Ctésias concernant
Ninus, sa femme Sémirarois et son fils Ninus 11
iNi Ninyas seront mieux placés à l'article Séroira-
mis ( voy. ce nom). L. J.
Dlodore de Sicile, II, 1. ete.
Hiiras II ou iriHTAB. Voy, Séiiiiuhis.
HriocAU DB TOcaNAT { Matthieu- Jeonr
Baptiste ) , littérateur français, aé le âO dé-
cembre 1767, au Mans, mwci le 7 février 1644,
à Paris. 11 était fils d*un ancien inspecteur des
manufoctures, mort en 1816, au Mans, et qui,
•en sa qualité de secrétaire, avait rédigé pendant
plusieurs années les GompteSîreodns de la So-
ciété des Arts de la Sartlie. U entra dans ks
bureaux de la banque de Fisao^ sous Tempirc^
et devint chef de division. Kn ceilaboration avec
Desaugiers, Georges Duval„ Armand Goofifé,eM:^
il A écrit pluflieurs vaudeviUes, tels 'que L'abbé
Pellegrin {1601); Ze Congé iïSQZl, âiarmmi'
tel iAW%\,Ârl6quiB tyran dmuestique (1805),
Le vieux Ckasêeur (1806) et Monsieur ^ai&-
tOÊêr (1807). P.
H. ûeaportes., BibUggr. du nMtmt
Kiao ( Jneeph ) , honme pefitique frasçais ,
né à RodMfort, en 1751, mort •dans tla même
Tille, en 1828. H était ingénieur do la marine à
Rochefort lorsque éclata la révolution. Ji accepta
les nouveaux principes avec enHunisiasme , et
Alt élu maire de Rochefort, le 12 ioltiet t7«â. 11
déploya le plus grand zèle pour la mise en dé-
fense de cette place importante et pour Tnppro-
▼isionnementde ses aMenaux. Ses concitoyens
le dépotèrent à l'Asseiriblée législative (septembre
1791), puis à la Gonvention nationBle (2 sep-
tembre 1792). <c Jnsqnes-là, dit un de ses bio-
graphes, homme doux, de moMirs «ssentietle-
ment affables et sociales, il revêtit tout à coup
des formes terribles. » Se laissant dominer par
les dangers de la situation , il vota la mort de
Louis XVi sans sursis, et s'exprima ainsi sur
l'appel au peuple : m Si la Convention nationale, cé-
dant à quelques consciences timorées, fait un ap-
pel au peuple du jugement du scélérat Louis XVI,
le déchirement de la république sera assuré. »
£nvo:é en mission dans les départements
TffQUILLE 93
de rouest , et dans «en 'dn Nord et du ^w-de-
Calais, on uVut aucun acte d'ii^instiee ou de
ccuauté à lui reprocher. Il ne prit aucune part à
la grande -hitte entre les Girondina et les monta-
gnards. £n 1794, rassemblée, considérant qu*ea
sa qualité d*ingéu>eur constructeur Niou pouvait
êtae d*une;grande utilité dans le service .mari-
time , le chargea de tiMer, fwr ion» les mioyen»
possibles , la construction « le radoub, et l'ar-
mement dies bâtiments vde «l'État dans les ports
de Lorient, Nantes, Rochefort, Bordeaux,
Rayonne. Investi de pouvoirs illindtés, il sut,
8ana«mployer la violence, réoijganiaer en partie
la marine. R était à Toulon lors de l'insurrection
de cette ville, en mai 1793. H y courut les plus
grands dang(>rs, et, malgré son énergique oppo-
sition, ne put empêcher la trahison, qui livra la
flotte et les arsenaux français aux forces étran-
gères. Passé au Ck>nseil des Anciens en 1795, il y
siégea jusqu'au 20 mai 1798. Le Directoire rem-
ploya en qualité de commissaire à Londres pour
l'échange des prisonniers, et en 1800 le nomma
membre du conseil des prises. Il occupa cette
position jusqu'à la chute de Napoléon. Exilé par
la loi d'amm'stie du 12 janvier 1816, il se retira
à Bruxelles; mais dès 1818 il obtint de rentrer
dans .sa patrie, où il mourut loin des aiïaires pu-
bliques. H. L— R.
Ijê McnUtur univerul^KDL i*>- (1793), n*> 27, \ki\ an m,
n»« 141, 161, SU; an iv, n" », ï5; an v^ n» 1«; an vi,
D««^8S. sef : an tu, «• SSl. — Biographie mndeme
(Paris, MM). — Petiès BioçrupHêe conveuUotmeUe
( Paru, 1S19). — Galerie hùtûrigue deâ Contemporaint
{ Mons, I8t7). — J. Rainguer, Biographie saintonveaise.
RIPHON T , évoque de Novgorod , mort à
Kief, le 13 avril 1156. Il est considéré œroroe
un des continuateurs de la Chronique de JS'es-
tor, Hcrberstein a inséré dans ses Commen-
taires UDA&érïe de Questions, dont quelques-unes
sont des plus étranges., qui lui furent soumises
avec les réponses qu'il y a faites, réponses qui
servent jusqu'à présent de règle au clergé russe.
Le catalogue de la bibliothèque manuscrite du
isomte Tolstoï porte, sous les no* 204 et 2149deux
sermons attribués à cet évêque. P^^ A. Gn.
XaUchtcbef, Uist. de ausfie, t. U. — Dict. M$t. des
écrivains eceUs. russes.
HIFHUS. Voy. NlFO.
HiQOiLLB (F.), agent politique françai8,né
en Suisse, en 1742, mort à Sinamari, en 1804. U
était homme d'affaires dans sa patrie, lorsqu'en
1788 il vint prendre une part active aux trou-
blée de la France. Il eut Tart de se faire l'in-
termédiaire des manœuvres qu'employaient ré-
ciproquement la cour et les clubs. Les républi-
cams vantaient son activité et son courage an
10 août, lorsque Bertrand de Molleville le désignait
comme un agent royaliste des plus sûrs et des
plus dévoués. Après la chute de Louis XVI, il
fut chargé par la commune de Paris de la saisie
des biens mobiliers des émigrés. Sans se mon-
trer trop rigoureux , ifsut se faire une honnête
fortune, et cela sans devenir suspect. 11 eut
M NIQUILLE
pu vivre franqaiUe; mais le génie de Piotrigue
remportant, il accepta la place dinspecteur gié-
Déni de la police. Tantôt écarté, tantôt rappelé,
fl parut dévoué particulièrement au directeur
Barrafi, qui l'employa dans diverses affaires ae-
crètes. Ajprès le 18 brumaire an tui» il fut incar-
eéré momentanément à la Conciergerie , mais, à
ce que Ton crut, pour rendre compte des opi-
nions des républicains qui y étaient détenus;
cependant, à la suite de Texplosionde la machine
infernale ^3 nivôse an^ix, 7A décembre 1800),
il fol arrêté de nouveau et déporté à la Guyane»
où il mourut sans qu'on ait bien su quel parti il
avait servi rédlement. H. L— a.
Moniteur général , ann. 1791, n» US. — Bertrand de
Mollrfiile, JUém. - Biographie tnodeme ( Paris, 1806.).
J NISARD ( Jeati' Marie- Nicolas- Auguste ) ,
bunaniste français, né en 1805, à Châtillon*
sur-Seine. II fit ses études à Paris, au collège
Ste-Barbe, depuis collège Rollin, et embrassa
de bonne heure la carrière de Tensei^^nement.
Le 21 septembre 1832, il fut reçu agrégé pour
les classes supérieures des lettres. En 1838
il fat chargé provisoirement d'une des classes
de rhétorique au collège Bourbon, et an mois
de septembre 1 840 il devint professeur titulaire.
En 1S34 il fut nommé recteur de Tacadémie de
Grenoble, et- en 1857 Inspecteur de l'académie
et la Seine. Depuis 1847 il est doctenr es let-
tres et chevalier de la Légion d'Honneur. On a
de loi : £xamen des poétiques (VArUtote,
fBoraee et de Boileau; Paria, 1847, ro-8<»,
thèse de doctorat; — la traduction de VArt
poétique d^H^nee et celle des Œuvres de Tir-
gile, ians la Collection des auteurs latins po-
Uiée par son f rfere palné.
«RisamD (Jean^Marie-Napoléon' Désiré),
écrivain français, frère do précédent né le 30
narslSOe, ^ diAtillon-sur-Seine (Cdte-d'Or). Il
itsesétndes à Unstitotlon Satnte-Barbe, dirigée
par l'abbé NicoHe , et en Ait un des plus brillants
âives. En 1828 11 entra dans la rédaction du
Journal des Débats^ qui était alors un des
en^es les plus prononcées de l'opposition. En
juillet 1830 il défendit, le fusil à la main, la cause
delà liberté, « sans trop d*ardenr belliqueuse,
a-t-il dH lid-fnêroe, mais par nn simple sentiment
du devoir »; ses trois frères s'étaient joints à lui
uni qo*nn oncle, qui fut tué pendant l'action.
Partisan oonTaincu du nouvel ordre de choses,
H le soutmt aux Débais « d'abord avec ferveur,
dit M. Satnte-Beove, ensuite par la force de
rhabitnde et avec la verve 'du pupitre, h la Gn
arec an commencement de dégoût et d'impuis-
sance». Le doute lui vint sur bien des points,
pnocipalement sur la-politique étrangère, qu'il
aurait voulu plus hardie et plus digne de la
France. Las d'être « l'un des rhétoriciens du
Rouvemement de Juillet » et d'aiguiser • de
pénibles subtilités monarchiques », il prit part,
vers la fin de 1831, à la rédaction littéraire du
— NISA&D
M
\
National, que dirigeait Arnaud Carrel; il s'était
senti attiré vers lui par la sv^périorité de l'écri-
vain, par les grandes qualités de l'homme et par
la communauté des opinions littéraires. Ce fut
^ors qu'il conçut le dessein de se faire le champion
du passé et de la tradition en littératuFe. « Ce des-
sein il l'embrassa dans son étendue, il le poursu^
vit, dit M. Sainte-Beuve, avec instance, sur divers
points, y revenant sans eesse à propos de tout ».
Sa foi devint, selon sa propre expression, une
foi vive, inquiète, agressive, comme toute foi
disputée, il attaqua l'école romantique dans
le feuilleton du National et dans ses livres ,
et lança, en 1839, contre la littérature facile un
manifeste qui n'a rien perdu de son à-propos
et qui a fait passer dans la langue de la criti-
que le mot de littérature facile. M. Jules Janin
y (it une spirituelle réplique. Peu de temps après,
M. Nisard fut nommé par M. Guizot maître de
conférences de littérature française à l'École
normale (1835). Depuis, sa position grandissait
de jour en jour : il devint chef du secrétariat au
ministère de l'instruction publique (1836), maître
des requêtes au conseil d'État (juillet 1837),
chef de la division des sciences et des lettres (l 6 fé-
vrier 1838), dépoté pour l'arrondissement de
Châtillon (1842-1848), et professeur d'éloquence
latine au Collège de France à la place de Bur-
nouf (7 juillet 1844). Dans la chambre, il parut
rarement à la tribune, et ne fit aucune opposition
à la politique du gouvernement*
La révolution de Février ne laissa à M. ^-
sard que sa chaire au Collège de France. Peu
de temps après, il se présentait, en concur-
rence avec Alfred de Musset , aux suffrages de
l'Académie française: élu, le 28 novembre 185Û,
en remplacement de l'abbé de Feletz, il fut
reçu le 22 mai 1851 par M. Saint-Marc Girardin ,
qui le félicita surtout d^avoir apporté dans ses
devoirs de critique une raison fenne , un esprit
vif, un goAt sûr et délicat. Après être resté pen-
dant quatre ans à l'f eart des agitations politiques,
il reconquit, à la suite du coup d'État de 1851,
une haute position : nommé inspecteur général
de l'enseignement supérieur (9 mars. 1852),
puis secrétaire du conseil impérial de l'instruc-
tion publique , il eut une grande part à la réor*
ganisation de l'École normale, et le 23 no-
vembre suivant, il succéda à M. Villemain dans
la chaire d'éloquence française , à la Faculté des
lettres. Le nouveau professeur y défendit les
saines doctrines littéraires avec Fautorflé de la
conviction, du savoir et du talent. Des troublrs
éclatèrent à son cours en 1H55 et donnèrent lieu
à un procès qui prit devant ta police oorrection-
nelle les proportions d'un événement {lolitique. A
la fin de I857, M. Nisard fut appelé aux fonctions
de directeur de l'École normale, qu'il occupe en-
core. Il a été nommé commandeur de la Légion
d'Honneur, le 16 juin 1856. « M. Nisard, écri-
vait en 1836 M. Sainte-Beuve, parle au nom du
sens et du goût avec instruction , esprit et talent.
95
N ISARD — NrSSOLE
1] prebd intérêt à toutes sortes de choses, et y porte
une expression abondante, redondante quelque-
fois, mais facile, claire, sensée, une foule d'ob-
servations morales, qui plaisent à beaucoup
d^esprits modérés et distingués , qui enchantent
beaucoup d'esprits solides. Un académicien lui a
trouvé du nerf; les savants lui trouvent de la
grâce. »
On doit à M. Nisard : Études de mœurs et
de critique sur les poètes latins de la dé'
cadence; Paris, 1834, 2 vol. in-8*; V édil.,
suivie de jugements sur les quatre grands his-
toriens latins; ibid., 1849, 2 vol. in-s*. k On
y apprend, dit M. Sainte-Beuve, beaucoup de
détails piquants de mœurs et à connaître toute
cette poésie du second âge. Mais j'eusse mieux
aimé un livre plus historique, plus suivi , plus
astreint â son sujet » moins conjectural en induc-
tions sur le caractère des poètes, moins plein de
préoccupations très-modernes. » — « Tant de
savoir, d'esprit et de véritable talent, dit
M. Daunou dans le Journal des Savants, j^n-
Tier 1835, démentirait assez hautement toute
préoccupation et toute prédiction de décadence.
C'est à nos yeux l'un des meilleurs livres de
critique littéraire qu'on ait publiés depuis bien
des années : voilà pourquoi nous l'avons cru
capable de supporter lui-même une franche cri-
tique. 11 contribuera, nous n'en doutons point,
À retarder ou même à prévenir cette décadence
dont il signale les symptômes, ce qu'amèneraient
en effet les étranges doctrines qu'il repousse. 11
affaiblira de plus en plus leur iniluence, déjà fort
amoindrie, à ce qu'il semble, depuis qu'on a pu la
juger par leurs produits. » — n Rarement, dit
M. Viilemain, parlant du même ouvrage, on a
parmi nous cette critique savante, spirituelle, et
orthodoxe avec indépendance. Un intérêt vif, qui
naît de la sensibilité artistique de l'écrivain, re-
nouvelle sous sa plume bien des questions vieil-
lies. L'auteur des Éludes a de l'âme, du talent,
du caprice, qualité ou défaut fort utile pour ani-
mer les jugements littéraires... J'avoue que le
siècle est fort occupé, et il faut le curieux sa-
voir de M. Nisard, son style nerveux et piquant,
sa polémique spirituelle et amusante, même
contre les vieux livres, pour faire lire aujour-
d'hui deux volumes sur Stace, Sénèque, Lu-
cain, etc. Mais enGn le problème est résolu, et
l'ouvrage restera comme une œuvre de critique
sincère et de vrai talent. >• — Histoire et Des-
cription de la vilte de Nimes; Paris, 1835,
in-8'', pi. : ce livre devait faire partie d'un recueil
considérable, dont la publication a été abandon-
née; ^Hé/an^es; Paris, 1838, 2 vol. in-8*; sou-
venirs de voyages et études de critique et d'his-
toire littéraire ; — Précis de V histoire de la
littérature française depuis ses premiers
monuments jusqu*à nos jours; Paris, 1840,
in-12 : inséré en premier lieu dans la première
édition du Dictionnaire de la Conversation;^
V Éloge de la folie, trad. d'Érasme; Paris,
96
1842, in-18, précédé d'une longue et belle
étude sur la vie et les écrit» d'Érasme; — His-
toire de la littérature française; Paris, 1844-
1861, 4 vol. in-s» ; c'est le meilleur, le plus dis-
tingué d'exécution et le moins contestable de
ses ouvrages; — Études sur la renaissance;
Paris, 1855, in-f8 : réimpression des articles sur
Érasme, Thomas Morus et Mélanchthoo, qui
avaient déjà paru dans la Revue des Deux
Mondes;— Souvenirs de voyages; Paris, 1856,
iVi-18; — Études de critique littéraire ; P^-
ris, 1858, in-18 : on y retrouve le manifeste
de 1833; — Études d'histoire et litférature;
Paris. 1859, in-18. M. Nisard a dirigé la publica-
tion de la Collection des auteurs latins avec
la traduction en français ( Paris, 1839 et inn
suiv., 27 vol. gr. in.8° à 2 col. ). 11 a en outr<-
fourni des articles au Journal des Débats^ au
National, à la Revue de Paris, à la Reime
des Deux Mondes, aux Revues Contemporaine
et Européenne, etc. ; deux nouvelles : La Lai-
tière d'Arcueil, dans la Revue de Paris, et
Mary, dans Paris- Londres (183S), et la tra-
duction de Macbeth, dans \e Thédtie choisi de
Shakespare. P.
Salole-Beare, Écrivains eritiquet contempcraifft ,
dans la Hevue des Deux Mondr» (l^* dot. ISSO, crude
reproduite arec des addlt. dans Iri Portraits eontemp.
( t. II ), du même auteur. — Désiré Nisard , Lettre am
directeur de la Rrviie des Deux Mondes , IS nov. 183 :.
— Maurice Pellette , Les Critiques eontemp. M. Désire
fii$ard; Paris, iSit, ln-8«. - Bourquelot et Manry,
LiUér^ franc, eontemp. — Vapereau. Dict. unie, des
Contemp.
l NiSABD ( Marie Uonard-Charles ), litté-
rateur, frère des précédents, né le 10 janvier
1808, à Châtillon-sur-Seine. Après avoir été pen-
dant trois ans employé dans une maison de com-
merce, il se tourna du côté des lettres, et pu-
blia en 1829 une Épttre aux anti-romanti'
ques. De 1831 à 1848 il fut attaché à la maison
do roi Louis-Philippe, et en 1852 il entra au mi-
nistère de l'intérieur comme membre de la com-
mission du colportage. Il est chevalier de la Lé-
gion d'Honneur. On a de lui : Caméra lucida ,
portraits contemporains et tableaux de
genre; Paris, 1845, in- 8*; — Le Triumvirat
littéraire au seizième siècle; Paris, 1852,
in-S**, études sur J. Scaliger, Juste Lipse et
Casaubon; — Les Ennemis de Voltaire; Paris,
1853, in-8^, trad. do latin pour la première fois ;
— Histoire des livres populaires depuis le
quinzième siècle jusqu'en 1852; Paris, I85i,
2 vol. in-8" fig.; — Mémoires du P. Garasse;
Pari.s, 1861, in-18. Il a traduit pour les Clas-
siques latins de son frère les poèmes erotiques
d*Ovide, Martial , et une partie des œuvres de
Cieéron et de Tite-Live, et il a donné des articles
dans le Dictionnaire de la Conversation , la
Revue nouvelle, le Journal de rinstruction
publique, VAthenxum français, etc.
Vapereao ^ DicL tuiiv. des Contemp. — Uttér.fr, eon-
temp.
mssoLB ^Guillaume), botaniste français.
97
WSSOLE — NITHARD
9S
Dé le 19 avril 1647, à MootpeUier, où il moarut,
CD 1734. Élevé au collège des Jésuites de cette
Tille, il s'adoDoa à l'étude de la médecine, et
cultiva oarticolièrement la botanique. Ses heu-
reuses recherches et quelques écrits sur This-
loire naturelle lui acquirent une grande répu-
tatioB. Le grand nombre des plantes ^'il a
découvertes, et dont il a donné des descriptions
fort exactes, engagèrent Toumefort à lui dédier
quelques plantes, qUi depuis ont formé le genre
pelées Nisfotia. Membre de la Société royale
des Sctenoes de Montpellier dès 1706, il a publié :
ÉlabiiisemeHt de quelques nouveaux genres
de plantes ( ooriaria jasminoides, C. fiooidea et
partheniasirum) (1711); ^ Deserijftion du
BïeinoideSf plante qui sert à préparer le tour-
jKiol; — Description de Talypom monspe-
lianam (1713); ^ Dissertation botanique sur
torigine et la nature du kermès (1714).
NIsMle découvrit le premier que le kermès ou
graine d'écarlate provient d'un insecte qui se
fixe et meurt sur la feuille du quercw eocci»
fera (chêne à cocheniile), tandis qu'on l'attri-
huait à une sorte de gale ou excroissance que
l'on aperçoit sur cet arbre ; ^ Description de
i'araehidnoides americana (pistache de terre)
(1723); — Dissertation sur le phaseolus pe-
ngrious, et sur le phaseolus indiens (1730);
— Description du luCTa Ârabum. — Obser-
wtkons sur le coriaria myrtifolia ( redoul à
feoiUes de myrte). Nissole avait projeté de
donner un catalogue de toutes les plantes du
Languedoc, d*y ajouter toutes les curiosités na-
turelles de cette province, et de corriger les
descriptions mal rendues ou exagérées par les
auteurs qui ont écrit sur ces matières ; mais cet
ouvrage est resté faiachevé. Il a pour titre : Ap"
pendix ad Bctanieon Monspeliense Ma-
gnolU.
HI8SOLB ( Pierre), frère du précédent, né le
8 mars I6069 ^ Montpellier, où il mourut, le
i avril 1726, succéda àson père, en février 1681^
<Uns la plaoe d*anatomiste royal de la Cuïulté de
iDédecine de Montpellier. Il a inséré plusieurs
Observations chirurgicales dans les Mémoires
dt la Soeiélé royale des sciences de cette ville.
H. FisQuer.
BiograpkU (InédUe ) 40 FHéraulL
SITAKD, HITBARD OU NIDHARD ( Jean'
Sœrard ), cardinal et homme d'État allemand,
ué le 8 décembre 1607, nu chAteau de Falken-
stdD ea Autriche, mort à Rome, le 30 janvier 1 68 1 .
Katré dans Tordre des Jésuites, il enseigna la phi-
lûiophie et le droit canon à Graetz ; il fut plus
M appelé à la cour impériale, et devint confes-
lenr de rarcbiduchesse Marianne , qu'il suivit en
^ngne lorsqu'elle épousa le rot Philippe IV.
^kmmé faïqnisiteur gtoéral, après la mort de ce
pnnce il fut placé à la tète du gouvernement ;
«on incapacité lui valut l'animadversion publU
<iue- Aussi son ennemi, don Juan d'Autriche, en
^'approchant de Madrid avec un millier de sol-
IfOOV. BlOCa. 6ÉNÉB. ^ T. XXXTIII.
dats, obtint-il facilement en 1669 Texil de Ni-
thard. Ce dernier se retira à Rome; nommé
plus tard ambassadeur d'Espagne auprès de la
cour pontificale, il fut élevé au caitlinalat en
1672. 11 a publié plusieurs opuscules pour la dé-
fense du dogme de l'immaculée Conception;
une Instruttione politica rédigée par lui est
en manuscrit à la bibliothèque de Dresde. Si
Mitard s'est montré inférieur au poste élevé
que son ambition lui avait fait rechercher, il
Ait en revanche toujours plein de désintéresse-
ment. O. V.
Eggt, Purpura docta, t. III. — Bayle, Dietiannaire*
— Bonhonrs, Histoire de la iorttê du P. tfitard, —
Coie. Mémoir€ê. — ùt\Sz,Comp€iMo,
NiTHAED , historien français , mort , suivant
le P. Pétau , en 853. Il était fils du célèbre An-
gilbert, gouTemeur de toutes les côtes de la
France maritime, premier chapelain du palais ,
abbé de Saint-Riquier, et de Bertlie, fille de
Cliarlemâgne. A la mort de son père, Nithard
hérita de son gouvernement , et servit Charles
le Chauve dans les diverses entreprises qu'il
forma, dès le commencement de son rè^e,
pour repousser les assauts de ses frères Lothaire
et Louis. 11 s'employa dans la suite à les conci-
lier ; mais vainement : tous les traités de paix
conclus entre ces princes étalent de simples
trêves, auxquelles succédaient de promptes
ruptures. Voyant l'insuccès de ses laborieux ef-
forts, Nithard prit alors en dégoût le service
des princes, quitta la cour, et se confina dans
une retraite qui nous est inconnue. Le P. Pétau
et Baluze nous désignent Tabbaye de Prum, où,
disent-ils , Nithard fut reçu par l'abbé Marcward.
Mais cette conjecture est combattue par Ma-
billon, ainsi que par les auteurs de V Histoire
littéraire de la France. Estril plus vraisem-
blable qnll devint dans la suite abbé de Saint-
Riquier? Harinlfe, historien de cette abbaye,
l'affirme : un ancien ^nnotateur d'Hariulfe re-
produit cette assertion, en modifiant simple-
ment la date de l'événement. Les auteurs de
V Histoire littéraire prétendent qu'il ne fut ni
rooUie ni abbé, puisqu'on exhumant plus tard
son corps on acquit la preuve qu'il était mort
d'une blessure reçue dans les combats. Mais
au neuvième siècle presque tous les abbés de
noble race étaient en même temps ducs, comtes,
gouverneurs de province, et se servaient vail-
lamment de répée pour défendre leurs droits
ou violer ceux d'autrui. C'est ce que ne pou-
vaient ignorer les auteurs du Gallia Ckris^
tiana : aussi n'ont-ils pas cru devoh- refuser à
Nithard la place que les anciens chroniqueurs
avaient réclamée pour lui parmi les abbéa de
Saint-Riquier. .
Nithard doit surtout sa renommée à son écrit
qui a pour titre : De dissensionibus ftliorum
Ludovici Fii, écrit souvent publié, et notam-
ment dans le tome VU du Recueil des Histo^
riens des GatUes. B. Hauréau.
NITHARD — NITSCe
ICO
rua mutardi a P«lè«lo, a9aieU de$ aut. des Go»-
lei, t Vil. — Hist. litiir. de la France, l. V, p. tM.
— Gallia ChHsi., t. X.coi. itM.
NiTOcais { NCiwxpic)» reine de Babylone,
irivait vers la fia du septi^e siècle avant J.-€.
EUe a*e$t roentionoée qœ par Hérodote, qui lui
attribue la oonstraction de diver» monument»
à Babylooe et dans le voisinage. Suivant cet
tiistorien, elle changea le cours de l'Eupbraie au-
dessus de Babylone, jeU un pont sur ce
fleuve et garnit les deux rives dW quai en bri-
ques. Hérodote ajoute qu'elle Tut ensevelie au-
dessus d'une des portes de la ville et que Darius
fit ouvrir son tombeau. Les historiens modernes
ont beaucoup disputé sur Tidentité de cette Mi-
tocris dont l'existence participe à Tobscurité qui
enveloppe toute i'iùstoiro de Tantlque Orient;
mais comme Hérodote parle d'elle peu après la
prise de Ninive par les Mèdes (606) ; Topinion
la plus vraisemblable est que Nitocris était la
femme de Nebuchadnezzar, qui monta sur le
trâne< en 604; et la mère ou la grand 'mère de
Labynet ou Belshazzar ( Baltbasar ), dernier roi
de Babylone. Y.
Hérodote, I, isc-iM. - OlatoB, Foiti heUmM, I, ars.
''iiiTOGRis, refne myfliiqoe d'Egypte, régna,
suivant la chronologie d'Ératostliène, de Tan du
do monde 3570 à 3576. Nitocris veut dire Neiih
( que les Grecs identifiaient avec Minerve ) viC'
terieuse^ et plusieurs reines d'Egypte portèrent
ee ttom ; mais 11 en est une qui devint parti-
ealièrenieiit céMbre , bien qu'elle n'appartint pas
à l'époque historique. Hérodote rapporte qn'elle
était Égyptienne de naissance et la seule femme
sur une Kste de trois cent trente monarques égyp-
tiens que lui montrèrent les prêtres. « Cette
femme, qui régna en Egypte, continue l'histo-
rien , s'appelait Nitocris,. comme la reine de Ba-
bylone. Les prêtre!» racontent qu'elle vengea son
frère, qui avatt été tné parles Égyptiens, tandis
qu'il régnait sur eux. Ses sujets, après l'avoir
tué, placèrent ItHocris sur le trône. Pour le
venger, elle fit périr beaucoup d'Égyptiens : s'é-
tant fait faire une longue chambre souterraine,
sous prétexte d'inaugurer un édifice, elle invita à
dtner un grand nombre d'Égyptiens qu'elle savait
aomplices du crime, et les reçut dans cette salle;
an milieu do repas , elle fit Introduire l'eau du
fleuve par un grand canal secret. Voilà ce qu'Us
racontent, ajoutant qu'après son action , pour
échafTper à la vengeance de ses snjets, elle se
jeta dans une chambre pleine de cendres. » Ce
récit a tout le caractère d*nn mythe, lequel se
rattache 'probablennent à la période sothiaqiie,
base de la ehronologre égyptienne. En effet, Ni-
tocris, cette Neith victorieuRe» à la ftgnre d'une
rougeur éclatante, qui finit sa vie en se jetant sur
de la cendre, termine par sa mort, dans la \h\e
de Manéthon, le cycle sothiaque. Or, on sait que
dans la mythologie égyptienne, à la fin de cha-
que période sothiaque ou caniculaire , un oiseau
pourpre ( le phénix ) venait en Egypte et se brû-
lait sur un bAcber. Ces deux mythes offrent
une ressemUance frappante et rappellent les
mythes analogues d'Herôole et de Sardanapato.
On a de fioftes raisons de croire que Nitocris
n'est pas un personnage hisloriqne, qooiqne
M. de Bunsen ait essayé de la ratlnolîer à fhis-
toiro (1). Elle resta très-célèbr&dani les légendes
égyptiennes. Même du temps des «mpereors
Tomams, on voit son nom mentionné comme
eehii d'une des héreines de l'Orient Biott Cas-
sius et Tempereur Julien la placent à oêté de
Sémiramis. Jules l'Africain et Eusèbe la repré-
sentent, d'après Manéthon , comme une femme
d'un grand génie et d'une merveilleuse benuté,
et lui attribuent la construction de la troisiène
pyramide. L. J.
Hérvdetc, II, IW. — Dtoo Caulm, LXII, 6. - JnMca,
€>tat., p. iw, lar. - JnlM Africain et Eusèbe dans Sya-
celle, p. sa, 19. - C. MUUer, Eratoithenit Fragmenta
chromtoQica , à U suite d'Hérodote (éd. A. -F. Dldot }
— Bumen, j£gyT^en$ Stelle in der ff^eitçeseéMUe ,
vol. 11, p. M0-t4l.
RiTSGii ( Paul'FrédériC'Âchai ) , aichéo-
logoeaUeinandy né à Glaucba, le 16 Boni 17â4,
mort à Bibra, le 19 février 1794. Il étudia la
th<^ologieetia philologie à Leipzig, et il fut soc-
cessivement pasteur à Aber, Niederwensdi et
Bibra. On a de lui un grand nombre d'ouvrages
estimés sur l'antiquité; les principaux sont :
Einleitung in été cUusischen Sehri/tsteUer
der Griechen und Jtômer ( Introduction à la
connaissance àes auteurs classiques ) ; Leipzig,
1790-1791, 2 vol. in-8'» ;-* Gesehichte der Be-
rner zur Evklàrung ihrer cUutisehenSehrtfts-
ieiler (Histoire des Romains, pour rintelltgenoe
deleurs écrivains classiques); Leipiig, 1787-1790^
2 vol. in- 80; — Atsehreitntng der hauslicheA,
goUesdienstliehen j »Htlichen, politischen,
kriegriichen und wis$enscka/tliehen Zus^
iands der Griechen (Description de l'état do»
mestiqoe, religieux, moral, politique, militnire
et scientifique des Grecs); Erfurt^ 1791, in-8'';
édition refondue par Kopke et Hopfher , 1806 ,
2 vol. in-8«; — Beschreibung des Zustamde
der BOmer (Descriptfon de l'état domestique,
sd'entifique, etc., des Romains); Erfurt, 1794,
2 vol. in-8*; 3" édit, refondve par Kopke et
Ernesti ; Erfurt, 1807-181 1, 4 vol. in^*» ; — A'eues
mythologisches Wùrterbitch (Nouveau DictifNin.
de mythologie ), Leipzig, t793; 2« édît., rema-
niée par Klopfer, 1820 et 1821, 2 vol. in-S»; ^
Wôrierbuek der alten Géographie (Discours
de Géographie), continué et édité par HopfneT;
Halle, 1794, in 80 ; — BnifDur/der alten Geo-
graphie (Essai de Géographie ancienne);
11* édit., 1637; -^ Farieivn^en ufteréiecla^
sisehen JHcàter der Bômer (Leçons tnr les
(1) Bunsen bit de Hltoerto ta dernière souveraine de
la sixième dynastie, et prétend qu'elle régna pendant
six ans à la place iv. son inari, aflUMlné, et non pak
de son ft*re, comme le prt'tend H*rodrtle. Ce mari se
nommait Mentliuopis (le Mendcsnpbls de MsneUioo).
et Bunsen suppose qu'il était le fils 00 le peUt-flla du
Mcerls des Grecs et des Romains.
101
ISITSCH ~ ISIVELLE
102
poët«8 classiques de ftome); Leipug, 1792 et
1793, 2 vol, iQ-8*'; là partie relative à Horace
est Mule de Nitsch; le reste afifartient à £iclk-
ftUdt M. M.
SchUobUgrott,Jlttroio0. 1794, t.. Il, p. 1M-I9k - Con-
tirsatton» lAxîbm.
NITISCH {CharleS'Lovis), théologien pro-
teàtaot, né à Wiltemberg, le 6 août 17âl , mort
dans la même viUe. le 5 décembre 1831 . Son père
était pasteur^ et Je dirigea vers la même voca-
lioo. Après avoir achevé ses études k l'Acadé-
mie de sa viUe natale, il entra comme institu-
teur dans KM Camille qù habitatt près de Leipzig.
£o nSi il fut nommé prédicateur à Bencha,
puis sorintendant à Borna (178â) et à Zeitz
(1789) et eo 1789 surinlendiànt général et prs-
Tesseiir à WiUeroberg. En 1813 sa carrière aca-
liémique lot brisée. Mais en 1817 il fut nommé
directenr du séminiïire, des pré^cateurs, fondé à
WiUemberg. Il suivit d'abord en théologie la
t'^odance de Spaldiog et de ZoHikofer. La tliéo-
iugje de Kant ayant porté, selon lui, un coup
mortel à Tancienoe Uiéologie, il crut qu'il était
nécessaire d'ouvrir une nouvelle voie i^ la sdence
de la religion. Pendant quarante ans, il travailla
à jeter les tNises d*uDe nouvelle apologétique du
cliristianisme. Sans qu'on puisse attribuer uoe
très-grande valeur k ses vues, il faut recon-
naître cependant qu'il débarrassa la théologie du
littéralisme, en distinguant la forme historique
souslaquelle le christianisme est présenté, du fond
même de la religion clirétienne, et eo conduisant
/es IhéoIogicBS à faire jaillir des faits et des doc-
trines positives les idées qui y sont contenues.
Ses principaux écrits sont : De révélations re-
ligionU exUrna eademque puMica; Leipzig,
1818, in-g"*; — Veber dos Heilder Welt, des-
sen Beçrundttng und Forderung (Sur le SaUit
du monde, sa base et ses progrès); Wittem-
berg, 1817, io-8°; — Ueber dos heilder Kir-
eàe (Sot Je salut de 1 Église); Wittemberg, 1822,
in-&* ; -. Ueber dos Heil der Théologie durch
Vnlerscheidung der Of/enbarung und Aeli-
çion aU Miiiel und Zweck (Sur le Salut de la
théologie par la distinction de la révélation, qui
m le moyen, et de la religion, qui est le but) ;
Wittemberg, 1830, in 8"; — De Discrimina-
txone revetationis imptratorix eididacticœ;
Wittemberg, 1831 , 2 vol. in-8o. M. M.
Boppc Detikmmi NUuch*»i Halle, ISSX, ia-8>.
* xiTEScii (GewgeS'Guii.laume), philologue
allemand, fils du précédent, ué en 1790, à Wit-
temberg. Il fut nommé en 1814 co-rectenrdu
lycée de Wittemberg, et obtint en 1827 la cluiire
de littérature ancienne à ruoiversité de Kiel. H
a consacré sa vie à l'élude approiondie des qucs-
hODs qoi ae rattachent aux poésies homériques;
ses ingénieuses recherches ont sur beaucoup de
points rectifié les faypotlièses de Wolf. On a de
lui : Erklârende Anmerkungen zu Honiers
Odgnee (Remarques explicatives sur l'Odyssée
d'Honère); Hanovre 1826-1840, 3 vol. in-8*;
— Prxparatio indagandx per Homeri Odgt-
seam interpolationis ; Kiel, 182S ; — > Afeto-
temata de historia Homeri maximeque de
seriftorum carminum xtale; Hanovre, 1830-
1837, 2 vol. in^** ; — Die Sagenpoesie der
Griecken (La Poésie épique des Grecs ;) Bruns-
wick, 1862, 2 vol. in-8*; — plusieurs mémoires;
l'article Od^saée dans VEncyclopédif d'Erschet
Gruber, et une dissertation Sur les Traditions
héroifmes chez les Grecs dans les Kieler phi-
iiUogische Sludiem ( année 184 1 ). O.
ComienaUotU'LexikttR.
■ITBLLB (Jean ob MonraoïiEiicT, sire ne),
né en 1422, mort le 26 juin 1477. Il était Talné
des deux tils issus du premier mariage de Jean II
de Montmorency et de Jeanne de Fosseux. Avec
son frère Lonis de Fo»seax il eut part à l'expé-
dition que Charies VU conduisit en 1449 contre
les Anglais en Normandie. Le nouveau mariage
que leur père contracta avec Marguerite d'Orge-
raont (1454) changea tout à fait ses dispositions
à leor égard ; les cboses s'aigrirent à un tel point
que, par antipatliie pour leur belle-mère , ils se
jetèrent l'un et l'autre dans le parti du comte
de Cbarolais et portèrent à la bataille de MonC-
Ihéry les armes contre leur souverain légitime.
Montmorency fut si indigné de leor conduite
qu'après avoir bit mutilement sommer Talné de
ses fils, Jean de Nivelle, de rentrer dans le de-
voir, il letraita de « chien », et le priva de tous ses
biens pour les donner à Guillaunie, qu'il avait
eu de sa seconde femme. Cest de là , dit le
P. Anselme, qu'est venu le proverbe si connu :
« Il ressemble an chien de Jean de Nivelle, qui
fuit quand on l'appelle. » Ce seigneur se retira à
la cour du duc de Bourgogne, qui le combla de
biens et d'honneur. 11 devint le chef de la bran-
che des Montroorency-Nivelle , qui s'éteignit en
1070. P. L.
AMelme, Gronda <tff. ée la cotcrowie. — Art de vé-
ri/Ur tel datés.
tiiyfELi» {Gabriel'Ifieolas)t controversiste
français, né en 1687, à Paris, où il est mort , le
7 janvier 1761. 11 était fils d'un avocat. Jeune
encore, il fut nommé prieur oommcndatalre de
Saint-Géréon, dans le diooèse de Nantes. Après
avoir terminé l'étude de la Uiéologie au sémi-
naire de Saint Magloire, il continua d'y résider,
et devmt nn des agents les plus zélés du parti
des ofipelants ; il rédigea des mémoires, visita
les ecclésiastiques de Paris, et entretint d'activé»
relations dans les provinces. Forcé de quitter
Samt-Magloire, il se retira en 1723 dans le cloî-
tre extérieur du Val-de Grâce, et subit en 1730
quatre mois de détention à la Bastille, il conti-
nua néanmoins de s'occuper des mêmes mor
tières. On cite de lui : La ConstUulion Unige-
nitus déférée à V Église universelle ^ ou re-
cueil général des actes d'appel interjetés au
futur concile général de celle conslilulion
et des Lettres Pastoralis officii; Cologne, Pà?,
4 vol. in-foh ; il (^outa k cette coUectiony déjà
4.
103
NIVELLE — NIVERNAIS
104
toluminense, des préfaces historiques, des obser-
vations et des analyses d'onrrages considéra-
bles. Il a rédigé, d'après les mémoires de Tabbé
Bouclier, la Relation de ce gui ^esi passé
dans les assemblées de la faculté de théoUh
gie au sujet de la constitution Unigenitos
(7 vol. in- 12), et il a travaillé aux Hexaplesou
les six Colonnes sur la constitution Unige-
nltus (1714 et ann. suiv., 7 vol. in-4*}, au Cri
de la foi (1719, 3 vol. in-12). En outre, il a
édité deux ouvrages posthumes de Petitpied :
Examen pacifique de Vacceptation et du
fond de la constitution Unlgenitqs (1749,
3 vol. in- 12) et Traité de la liberté (17!>4,
2 vol. in- 12). P.L.
JHerohffe âtê d^fentêurt de ta vérité (SappU.
NITBLLR. Voy. HoBN {PhUipoe OB).
HITBLLB DB LA CBAIJMBB. F0|f. Lk
Cbausséb.
NiTBBHAit ( lauiS' Jules- Barbon-MkHcifUr
Màzarini, duc OB), ministre et pair de France,
né à Paris, le 16 décembre 1716, mort dans la
même ville, le 2& février 1798. H était petit-fils
de Philippe- Julien Mandni, duc de Nevers
(voy. Nevbbs). Le jeune duc était d'une com-
plexion très-faible, et cela rend plus surprenantes
dans sa vie trois circonstances en eflet remar-
quables : on le maria à Tflge de qoime ans; on
le destina au service militaire; et pourtant il a
vécu jusqu'à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
Quoique marié si jeune et dans un siècle si cor-
rompu, le duc de Nivernais offrit le modèle le
plus pur de la tendresse conjugale. Sa femme^
M}^ de Pontchartrain , sœur du comte de Mau-
repas, fut l'objet de son affection la plus vive.
Les vers qu'il lui adressa, sous le nom de Délie,
sont peut-être ce qu'il a composé de plus délh-
cat et de plus parfait. Il entra au service à dix-
huit ans, fit ses premières armes en Italie, sous
Villars, et devint colonel du régiment de Limosin,
à la tète duquel il se distingua dans les premières
campagnes de la guerre d'Allemagne (1741).
La faiblesse de sa santé ne lui permettant pas
de suivre la carrière des armes, il quitta le ser-
vice après la campagno de 1743, en Bavière,
reçut le titre de brigadier des années du roi, et
vfait prendre siège à l'Académie française. Cette
compagnie l'avait élu en son absence pour rem-
placer Massillon ; bientôt après, l'Académie des
inscriptions et beltes-lettres l'appela également
au nombre de ses membres. 11 avait vingt-sept
ans. Rendu aux douceurs de la vie privée, le
duc de Nivernais se proposa un antre but d'ap-
plication : il consacra aux études spéciales de la
carrière diplomatique les cinq années qui sui-
virent, entremêlant à ses travaux sérienx des
compositions littéraires, et beaucoup de poésies
dont s'enrichirent les recueils du temps.
Le duc de Nivernais fut désigné, en 1748,
pour aifer à Rome, en qualité d'ambassadeur
extraordinaire; il occupa ce poste jusqu'en
1752; il y fut le protecteur des arts, et eut l'hon-
neur d'empêcher la condamnation du livre de
Montesquieu , V Esprit des lois , dénoncé à la
congrégation de l'Index. Créé, à son retour,
chevalier des ordres du roi, il ne pamt échanger
qu'avec contrainte le rôle de serviteur de l'ait
contre celui d'homme de cour. Nul n'avait ce-
pendant à un plus haut point les qualités qui
d'ordinaire font la forhum des courtisans. Il ne
resta pas longtemps dans cette situation, trop faite
pour lui déplaire. La gravité de la situation po-
litique porta le gouvernement à faire choix da
duc de Nivernais pour l'ambassade de Berlin, ea
1755; mais déjà l'Angleterre avait pris les de-
vants, et il n'était plus temps de négocier contre
elle; Frédéric s'était décidé au parti le plus con-
forme à ses hitérêts, et le jour même de la ve-
nue du diplomate fkviçais à Berifai le traité d'al-
liance entre la Prosse et la Grande Bretagne se
signait à Londres (12 janvier 1756). La seule
utilité possible de ce voyage ne fut point négli-
gée; le duc de Nivernais enricliit les archives de
France de précieux documents sur l'état poli-
tique et physique de b Prusse.
De retour à Paris, il reprit avec activité ses
occupations littéraires, et il se montra fort as-
sidu aux séances de l'Académie, quil a souvent
représentée comme directeur. Après les malheurs
de la guerre de Sept Ans, le duc de Nivernais fut
chargé d'aller négocier à Londres les conditions
de la paix , qui au prix de mille efforts fut si-
gnée le 10 février 1763. Malgré les circonstances
défavorables, le diplomate firançais sut intéres-
ser le cabinet de Saint-James; et en partant il
laissa parmi les Anglais la plus hante idée de
sa moralité et de ses talents. On peut dire que
lord Chesterfield a exprimé l'opinion commune
de la haute société de Londres à cette époque
en proposant, dans une de ses Lettres à son
ftlSf le duc de Nivernais comme le modèle d'un
gentilhomme accompli. « Lorsque vous voyez,
dit-il, une pertonnê généralement reconnue pour
brillor par ses manières agréables eî sa bonne
édncaitioD, et regardée comme un gentilhonune
accompli, tel, par exemple, que le duc de Niver-
nais, qu'il soit l'otfet de votre attention, et qn'il
devienne pour vous un stget d'étuden. Remar-
quez de quelle manière il s'adresse à ses supé-
rieure, comme il vit avec ses égaux , et comme
il traite ses inférieure. Réfléchissez sor le tour
de sa conversation , lorsqu'il fait ses visites du
matin, durant le repas et dans les |daisira du
soir. Imitez-le sans en être le mime, pour re-
produire sa ressemblance élégante, et non sa co-
pie servile. Vous tronverez qu'il a soin de ne
rien dire et de ne faire jamais rien qu'on poisse
traiter de légèreté ni de négligence, rien qui
puisse en aucun degré mortifier l'amour-propre
ou blesser la vanité d'autrui. Vous apercevrez ,
au contraire, qu'il rend sa compagnie agréable
en faisant que les personnes qui l'approchent,
soient satisfaites d'elles-mêmes. U ténîoigne le
respect, les égards, l'estime et l'attention , sui-
105
MVERNAIS — MVERS
106
Tant qu'il convient de marquer chacun de ces
seotiments; il les sème avec soin et les recueille
eo abondance. »
La mort de son père, en 1769, appela le duc
de Nivernais à prendre oi main l^administration
des domaines de son duché : cet événement fut
dans la province une véritable solejinité, oon-
Mcrée par divers actes de sa haute munificence
i r^rd de plusieurs villes ou communes.
Étranger à la politique depuis sa dernière ambas-
sade, le duc de Nivernais prit parti contre le mi-
nistère dans sa lutte avec le parlement et une
^rtie de la pairie » en 1771, et se prononça avec
fermeté contre le pariemeni Maupeou. En 1787
il consentit à foire partie du conseil comme mi-
nistre d*État , et y si^ea pendant le ministère
de Brienne et de Nedier Jusqu'en juillet 1769.
Loin de se soustraire par T^igration aux pé-
rils qu'il vit fondre sur les siens • et qui allaient
l'atteindre loi-même, il Ibt du petit nombre des
amis de Loois XVI qui lui rntèreot dévoués;
et il expia sa fidélité sous les verrous de 1793,
eoosenrant dans sa captivité une sérénité d'Ame
qu'attestent sea stances touchantes à l'abbé Bar^
tbélemy, faititplées: AnaeharsU en prison, et
satraductiqn du. poème italien de Riehardet,
écrite à celte époque.
U perte de ses titres et de la plus grande
partie de sa fortune n'altéra pas sa douce philo-
Sophie; son courage civique ne reçut pas davan-
tage d'atteinte des périls quil avait courus. Sans
nncone contre son pays, il ne s'éloigna point
des affaires pqbliques :' devenu candidat à la
législature en 1795, il présida rassemblée élec-
torale du département de la Seine, sous le nom
de Hto^tn Maneini.
Il guda jusqu'à la fin l'aménité de ses ma-
lAktH, Six heures avant sa mort, ne pouvant
plus écrire, il dictait encore des vers pleins de
sentinients affectueux pour son médecin.
U doc de Nireniaîs avait été marié deux fois.
Sa première femme mourut en i782. Il épousa
en secondes noces Marie-Thérèse de Brancas,
reove du comte de Rochefort, qui mourut peu
de temps après leur union. 11 ne laissa pas de
fils, et survécut à ses deux gendres, le comte de
Gisor^ tué à la bataille de Crevelt, et le duc de
Briasac, massacré à Versailles en 1792. Les pro-
dections du doc de Rivemats ont été rassem-
1^ et publiées par lui-même, 1796 , 8 vol.
i&-8*, contenant : ses Fabtei, au nombre de
^x cent dnqoaajte; — traduction en vers fran-
(^ de r^saaé iur F homme, de Po|)e, des
1", î* et 15* livres des Métamorphoses d'O-
vide, du 4' chant du Paradis perdu, du Joseph
de Métastase, de l'épisode de Médor (de l'A-
rioste). du Riehardet de Forteguerri; — des
imitations de Virgile, de Properce etd'Anacréon ;
- des réflexions sur le génie d'Horace, de Dès-
Préaux et de J.-B. Rousseau; — un morceau
ettimé sur l'âégle; — des traductions de VA-
çricote de Tadte, et de VEssai de Walpole sur
les jardins anglais; — des Recherches sur
ta religion des premiers Chaldéens; — les
Vies de quelques troubadours, d'après les ma-
nuscrits de Sainte-Palaye; » divers mélanges
en prose. On a imprimé séparément les Fables,
en 2 vol. in-ô", plosiairs fois réimprimés. Les
Œuvres posthumes du duc de Nivernais, pu-
bliées par François de Neulchftteau, 1807, 2 vol.
in-S' , précédées d'un éloge de l'auteur, embras-
sent sa correspondance diplomatique, ses dis-
cours et dissertations académiques, et de petits
essais de drames. Dupik afné.
Praaçois de NeufchAteaa, Éloge du due de Mvrr-
naia ta tête de s» OSwm p0$tkume$, — Dopln, Élogo
du due de Mvemais vrononeé à rjéeaOémte /raneâùe,
te tl JwÊVier 1840. dans le Beeueit de FAcadémie. —
Salnle-Bcnfe, Causeries du hmdi, l. XIII.
HIVBK8 {Guillaume-Gabriel), prêtre et
musicien français, né en 1617, dans un village des
environs de Melun, mort dans les premières an-
nées du dix-huitième siècle. Il fut d'abord placé
comme enfant de choeur à Melun, et apprit la mu -
sique à la collégiale de cette ville. Il alla ensuite
faire ses études au collège de Meaux, pm's se ren-
dit à Paris, et entra au séminaire de Saint Sulpice
pour y suivre un cours de théologie. Entraîné
par son goftt pour la musique, il prit alors des
leçons de ciavedn de Chambonnlère, et parvint
en peu de temps à acquérir un talent qui lui
valut d'être nommé, à l'&gede vingt-trois ans,
organiste de Sahit-Sulpice. Deux ans après, il
entra en qualité de ténor à la cliapelle du roi.
Eo 1667, l'Une des places d'organiste de cette
chapelle, étant devenue vacante, fut donnée à
Nivers, qui n'en continua pas mohis de remplir
les mêmes fonctions àl'église Saint-Sutpice (1).
Quelques années plus tard, il fht nommé maître
de la musique de la reine et organiste de la
Maison royale des demoiselles de Saiot-Cyr,
lorsque, en 1686, M"* de Maintenon fonda cet
établissement. Ce fut Nivers qui tint le clave-
cin quand , pour la première fois , les demoi-
selles de cette institution représentèrent devant
lercrf ÏBsther (\t89) tiVÀthalie (1691) de
Racine, dont les chœurs avaient été mis en mu-
sique par Moreau ( voy. ce nom). On ignore
l'époque précise è laquelle Nivers cessa d'exis-
ter ; mais on a la preuve qu'il vivait encore en
1701, par une approbation quil donna dans la
même année h une nouvelle édition de son Gra-
duel et de son Antiplionaire romains, imprimés
chez Chr. Baliard. 11 avait alors quatre* vfaigt-
quatre ans. Ce savant et laborieux musicien a
laissé un grand nombre d'ouvrages. On con-
cis il f avait tona tea Jonn neiae et téprea A la cha-
pelle de Lonla IIV, oi» da moloa nne oaeaae baaae pen-
dant laquelle os duatalt on on deai noteta, et des
vêprea en mnalqne notna aoleonellca. Co aernoe était
trea-fatlgant } anaal y a? «11-11 quatre maltrea de eliapeUe
aenrant par qnarUer, et un nombre douille de clian-
tenra. Le nombre de cea demlera était de aolxante ,
dooac pour ebaqoe partie, la musique û'eg\he françalie à
eette époque étant éorifie i einq parties. Les organlatea
faisant par trimestre le service de la cliapelle étaient
J. Tomelln« G «G. Nivers, J. Buteme, et (1. Lcbégue.
107
NIVERS — NIZA
108
natt de lui : Za gamme du Si, nouvelle mé-
thode pour apprendre à solfier sans muaU'
ces ; Paris» 1646,10-8**. Ce livre, <kmt il a para
plusieurs éditions sous des titres diflàérenls» a
puissamment contribué, par son peu d'étendue
fli par la simplicité de sa méthode, à la réforme
de la solmisation par muancas qui é^t encore en
vogue du temps de Mivers, malgré les efforts
que, depuis la seconde moitié du seiiième siècle,
divers autres mosicteoa avaient faits pour Tabo-
lir ; — Méthode certaine pour apprendre U
plain-fihant de V Église i Paris, 1667 ; -^Traité
de la composifion de musique ; Paris, 1667,
in-8** ; — Dissertation sur le chant Grégorien ;
Paris , 1683 , in>8* : Nîvers a donné dans cette
dissertation, ainsi qoe dans les ouvrages soi*
vants, une preuve de sa parfaite connaisaame du
chant ecclésiastique; — Chants d*église à Vu-
sage dé la paroisse de Saint-Sulpiee ; Parisi
1656, in-12; ~ Graduale romanum, juxta
missale Pii Q^inU penlificis maximà auiho-
ritate ediium; eujus modulatio eoncinnê
disposita ; in usum et gratiam wionalivtm
ordinis Sancti'Àugustinif etc. i Paris, 1658,
in-i"; — Àntiphonarium romanum juxta
Breviarium Pii Quinti^ etc.; Paris, 1658,
in-4* ; — Passiones D. N. J, C. eum benedie-
tione cerei paschalis; Paris, 1670, in-4*; --
Leçons de Ténèbres selon Vusage romain\ Paris,
in-4*. Ce recueil et le précédent ont été réunis
en un seul livre ayant pour titre : Les Passions
avec TExuItet et les Leçons de Ténèbres de
M. Pfivers; Paris , 1689, in-4*; ^ C fiants et
Motets à Vusage de Véglise et communauté
des Dames de la rogaie makson de Saint-
Louis, à Saini-Cgri Paris, 1692» inc4^ Une
seconde édition de cet ouvrage, mis en ordre et
augmenté de quelques motets par Clérem-
baiilt, aété publiée à Paris, en 1723, 2 vol.
in-4*'; — lit;re d*orgue^ contenant cent pièces
de tous les tons de Véglise; Paria, ]666»iD-4*';
— Deuxième Livre d'orgue , etc.; Paris, 1671,
in-4* ;— Troisième Livre d^orgue\ etc. ; Paris,
1675, in-4*. D'autres livres de pièces d'orgue du
même auteur ont paru àdes époques plus récentes.
Ces pièces, correctement écrites, dans oa style
qui rappelle celui des oi^ganistes allemands du
dix-septième siècle, justifient la réputation dont
Nivers a joui de aoa teasps comme compositeur.
D. Denns-Baron.
Boordelot, HUMn d» ia Mutiquê. — De U Horde,
Buoi nar la Musique. — ( horon et Fayolle. Dietion-^
naire hi$toHiti4 4et âhitMens. — Patrta, HUtoire de
rart wuuieal en fnmta. - WtUà, Biofr. min. des lSt^.
mUL ( Mareos mt), missioniiaire italien,
découvreur do Sonora, vécut entre 1510 et
1570. 11 étaU à Nice et apparteuat à l'ordre
des Pranciscaîna tersqu'il fot envoyé en miasion
dans la Nouvelle-Espagne, que gouvernait alors
don Antonio de Heudoia. Ce vice-roi, cédant
aax instances de son ami, le vénérable évèqae
de Chîapa, Bartolomé de La j Casas, consentit à
envoyer quelques religieux dans la I9ouveUe-Ga-
lice pour assurer les indigènes que les Espagnol
ne voulaient ni leur faire la guerre ni les réduire
à l'esclavage, mais seulement les convertir à la
religion catholique. Marcoe de Niza fut nommé
chef de cette mission toute pacifique, qui d'ail-
leurs avait été bien accueillie par les Indiens.
Il partit de Mexioe le 7 mars 1539, en compa-
gnie du P. Uonoralo; et de Estevanico de Oran-
tes (1). Il s'arrêta à Pétallan, où il laissa malade
le P. Honorato, qui bientôt ne put résister à la
faligue et mourut. Il se fit alors précéder par
Estevanico et une centaine d'I^ens convertis,
chargés de Ini préparer nnt réception bienveil-
lante. Après avoir, dnrant sept joars, traversé
une vaate plaine (2), bordée d*an côté par les
Gonlillèrea et de l'aolre par la mer, il séjourna
quelque temps à Vaeapa^ • ^le^oat, selon loi,
les haiilanÉs avaient de U vaisselle d'or et se
paraient d'omemtnAa de ce métal au nei ei aux
oreilles». Ce fut là qu'i reçut un messtagede
Estevanico, qui TinvilaitàvenirprtslKrrÉvan-
giledans un pays nommé Cibola ou Céùoia (3),
oè il y avait sept grandes villas bâties en pier-
res (4) et dont les maisons étaient doréea et or-
nées de turquoises. MiKa se mit en marche, et
traversa le territoire dès Pintados, dont il re-
laarqiia les conuatssanoes en agriculture et
dans la fabrication des étoffes. U continua à
marcher vers Test durent vingt jours, au milieu
de déserts immenses. Il approchait enfin de Ci-
bola lorsqu'il apprit qu'Eatevanico et tous ses
prosélytes avaient été massacrés. Nita gravit
une hauteur d'où il découvrit Cibola, qui lui
sembla plus grande que Mexico et bâtie fort ré-
gulièrement en maisons de pierre de deux et
trois étages. Aidé de ses Indiens, il âeva une
espèce de pyramide sur laquelle il planta une
croix et prit possession, pour le roi d'Espagne,
du pays environnant et des royaumes de Ton*
téac, d'Acùs et de Matala, dont ë avait ea-
tendu parler dans la grande vallée. U ravini
alors sur ses pas, et, après une longue et pé-
nible marché, arriva à Àbra, au débouché des
Cordillères, où latraditiondesaept villes se renou-
vela pour Ini d'après le récit des Indiens^ at dout
il prit encore possession en élavnnl deux croix.
De là il gagna Compostela, et envoya an viea'roi
un récit merveilleux de ses déoouyertca». Il
vanta la fertilité et les richesses des pays qnll
avait parcourus ainsi que ladvilhalion de leurs
(I) Ce dernier était ■» noir qui éuit psnrena à l'a-
Awpper «Trc Atraro NoRei, nwnommé Cabega «le Vaea,
de la déaaatreuae expddlUoo btte par doD PanQIo Rar-
▼acs en Floride. Il avait prix le noin de aon maître de
Omitea. Aprèa avoir reço à Mciloo une certaine UlalVDe-
tloa, Batevao ou lalcvanico te SI recevoir rbei les
Frandacatim, et te montra fort dévoué * la rcUsion chré-
tl«one, poor laqvielle 11 anccomba. It avjlc été qoeiUon
de le placer ao nonbre dea bleShewcQt; mda sa conteur
y Mltrobitacle.
(1) La vallée de Sonora.
(19 AuJoord*t)Dl Crenadt.
(%( l.a province de TtesyM.
109
MIZA
110
habitant^. 11 eidta ainrt rainbitk» et la co-
pMité de Coiièg et celle ée Menëeca, qui en ré-
solareiit la oeaqaêfe; maie chacon voulait se
l'ippropner à l'exclustoo de Tautre. Mendoza
fut le piM dâUgepI : iaodia q«e Certes aoUicilaît
esEspigne, il dons» Terdreà dun Francisco
Vaiqett de Coroaado (1), gouverneur de la
Xenvelle-Galice, de marcher sur Cibola à la
tête de enl daquante cavaliers, deux centa fou-
tMeins et quelques pièces de campaf^e (2).
Marne de Sfiaa gaida cette expédition, qui partit
deCaliacaa en avril 1^40. Après avoir frandii
iee ries de Petatlan, de CiaaiM, de Les Gedroa
et de Los Coraçone» (3), les explorateurs ar-
rivèrent paisiblement jusqu'à la vallée de So>
non. Là les indigènes lenr tuèrent plusieurs
hoames avec des flèches empoisonnées. Nica
setnxnpa de roule, et TexpédMeo erra pinaieors
jours eor des déserts de saUe avant d*arriver à
imniisseaQ, nomiié Nexpa. Elle gravit ensnite
une chaîne de montagnes et ce ne ftit que le
24 juin qu'elle put s^oumer sur les bords d'une
beHe rivière, qui reçut le nom de rio de San*
Juan. Deux jours après les Espagnols traver-
sèrent sur des radeaux le Rio de tas Brisas,
puis à gué VArroiû del Pinar (ruisseau des
Pins) ; mais leore provisions étaient épuisées : il
leor fannt vivre «t'herbes et des cadavres détruis
de leurs compagnons. Le 30 juin, ils trouvè-
rent an nouvel obstacle dans le Rio Vermejo ( ri-
vière Vermeille). Céntimiant à se diriger au nord-
est, ils parvinrent enfin à Cibola. fis trouvè-
rent rette vlHe beaucoup moins importante que
de !(iza ne l'avait affirmé. Vasques Coronado dft
positivement qae c'était on assemblage de
àiaamièm. Huit cents guerriers en rorroaient
sariement la garnison; aussi les Espagnols
pwent-ils l'enlever aasex Mlement. Coronado
lut doana le nom de ennada, en Phonneur
de Antonio de Hkndoza^qui était né dans hi
viHe de ce nom, en fSspagne. Les conquérants
^'emparèrent aussi de cinq autres villes, eons-
tniitss en pierre, il est vrai, mais qui ne com^
taieat pas pins de deux cents haletions ch»*
<^e. Il y avait loin de là aux merveiliea annon-
ces perde Iliaa. Coronado pénétra alors dans
le Tueayàn, et reconnut les sept. viRee dont le
Franciscain avait parlé. Les haMtants en étaient
prvsqoe civilisés ; mais ils se montrèrent hostiles.
U capitaine espognol fbt obNgé d'en prendre
oiw d'assaut, Penatajada, assez régulièrement
fortiHée et devant laquelle il fut blessé. Ntza eût
Toohi s'arrêter là ; mais ce ne fut pas l'avis de
^^oroaado, et ^expédition remonta, vers lenord, le
^ de Huex, éooft les rives étaient très-fertiles.
^ indigènes y cultivaient surtout te coton.
Apr^ avoir visité quinte TiHes, les Espagnols,
(t) Torqoemada écrit atec raison Corwado; oato Il6r>
'm appelle ee capitaine Comadà.
:i| Torqnemada porte le nombre des Etpagnols à plut
w»Ute
(I. Aiail appelée parce qu'à crt endroit lea aaUuela
«ilrtrentaoi BapagnoU des cœurs d'animaux.
arrtlés par la neige, campèrent à Acnoo, où ils
soulTrirent beaucoup du froid. Ils sedirii^èrettt en-
suite sur TigueiL, cité importante^ qu'ils incendiè-
rent etdoat ilaextenninèrentles haMtantaaprèS'Ua
siège de quarante-cinq jours. Coronado y fut blessé
à la tète. Jusqui^^là les eonquMoéore^ n'a-
vaient pas trouvé d'or et lea Franciscains ne compt>
taient que de rares oonvertis, d'une foi douteuse.
Usne se découragèrent pourtant pas, et franche-
rente v*douze jours les quatre-vingtHlix lienea de
plaines sablonneuses qui séparent Ciquiqne de
Qurrira. Abandonnés par teoin guides, Nîz^s'ar*
réta là avec la plupart de* antres explorateura,
tandis que rintrépMe Coronado, suivi de trente
cavaUers^ voulant découvrir ÏEl*Dwraéo an-
noncé si souvent par les Indiens, s*avaoça encore
durant un mois vers le nord, traversa le Rio de
Sa»l¥dro»3r-SaD4*jd>lo, pénétra dans la pro-
vince d*Jlarae, vers le 40* de lat. Il y trouva on
riche pays d'habitants belliqueux qui adoraient
le soleil et ne vivaient que dn produit de lenr
chasse. On était à la fin d'àoèt; le clief espagnol
crut devoir rejoindre ses compaguons, qui, quoi-
que fort diminués en nombre, voulaient rester
dans le pays et y former un établissement. Bn
effet dix-seipt y restèrent, entre autres deux Fran-
ciscains, Juan de Padllla et Luis de Escalona ;
mais le P. de Kiza suivit (I) Coronado, et revint
à Coliacan, après un voyage estimé par Gomara
à trois mille mHles. Selon la relation de Ntza, « fl
avait vu le long de la côte des vaisseaux dont
la proue était ornée de figures d'or et d'argent,
et dont les capitaines donnèrent à entendre par
des signes qu'ils avaient été trente jours sur
mer; ce qui fit croire, afoute-t-il, qu'ils venaient
de Chine et connaissaient l'Amérique depuis
longtemps (2) ».
L'année suivante le P. Marcoa et un autre cor-
deKer firent un noùvean voyage dans le Sonora ;
mais ils n'ont laissé aucun détail sur cette troi-
sième excursion. Les expéditions de Niaa et de
Coronado, tout en reoviant lea limites eonnuea
au nord-est de la nauvette-Kapegne, ne prodni-
sirent aucun résultat sérieux et ne détruistreat
pas les fables qui eîrautaient sur les pays si-
tués entre le Rio Glla et le Cokirada Les récita
mensongers de ces voyagemf*B sur l'existence dn
grand royaume de 'Diiarra«, de l'immense viMe
de Quivira sur les bores dn lac fantastique de
Teguayo trouvèrent rapidement créance. On ne
douta même plus de l'existence de l'EI-DoradOy
que l'on plaça même sous le 4 le degré de lati-
tnde. Aussr d'autres aventurière se preesèreal»
ifs de reprendre les tentatives de Ntza. De nom-
breases catastrophes purent seules les décoann
ger. On trouve la lîelatione dtl révérende
Prad. Marcos da Nitza dans le recueil de Ra-
mu8io,t. ni, p. 298 etsuiv. Hackloyt, dam ses
•
(1) Ce fut prudent de sa part, car qoelqnt teapa apris
aea collègues foiant égocipài
(t) Gomara, Ul». vi, cap. xvu-us;« et Galvaao. aoao'
1542.
111
NIZA — MZAMl
112
Voyages, etc., t. Ilf, p. 366-373, a aussi publié
A Relation of the rev. faiher friar Mar-
cosdeNiça^ Umehing hi$ dUecvery of thé
Kingdome of Cevola , or Civola , sUuated
aboui 30** oflaL io the If, of Pi.Spain, Ra-
mnsio a donné aussi la Relatione ehe mando
Franceseo D. Vasqun di Coronado, capUano
générale délia gente,che fu mandata in nome
di sua maestà al paese novamente seoperto,
quel chesuecesse nel viaggio dalli ventidue
d^Aprile di questo anno MDXL, que parti da
Culiacan per innanzi et di quel ehe trovo
nel paese dove andava ( Viaggi, etc., Venise,
1606, 3 Tol. ÎQ-fol., t. III, p. 301-303 ). Avant de
se rendre à la Nouvelle-Espagne, Niza avait ha-
bité le Pérou ; aussi a-t-il écrit plusieurs ou-
vrages sur ce pays; nous citerons encore de lui
les ouvrages suivants, qui n'ont jamais été pu-
bliés : Mtosffceremonias de los Indios ; --Las
dos Cineas de los incas y de làs Scyris en las
provincias d$l Perû y de Quito; — Car tas
informativas de to obrado en ias provindas
del Perû y de Quito. — Relation de Jrère
Marcos de iVisa : trad. en français ; Paris, 1838 ,
in-8*. A. ne L.
p. de CMtafleda de Nagefa , Relatkm du f^cpage dé
Ctbola {Collection de donmaU» tnédtU nw rhu-
toire ancienne de l'Amérique, pub. par M. Henri Ter-
nam-Compans). Hçrrera. Historia gengnU de lai Indins^
décVl, lib. VII, XI et XII. - Qomara, La Historia de
las Indios, Ub. vi, eap. xxn-xix (édlt. de Médina dci
Canpo, 1U9, golh.). — Antonio Galvam, Traetado
dos dêseobriwtentos antigos e modemos, etc., anno
IMt. — Torqaeaada, Monarqtiia Indiana, Ub. IV.
cap. XI (Sértlle, i«u, S vol. In-fol.). - Jean Laec, No-
vus orMf. etc. ( Leyde, 1693, In-lol. ). — De La Renan-
éitrt, Mexique, dan« Y Univers ptttoresquet p. IM. —
W. Presoolt. /list. de la conquêie du Mexiçuâ (trad.
d'Am. Plchot ; Rpria, 1S46, Svot In-S»),!. 111, p. tU.
Hizim ( ÀboU'Mohammed ben^Yousouf
Cheikh Nizam ed JHn Djemal ed Din Motar-
razi GAencl/eu'i), poète persan de premier ordre,
né h Ghendjé, dans la province d'Arran , vers
1100, mort en 1180, dans la même ville. Après
avoir mené pendant quelque temps une vie con-
templative avec son frère, Nizàmi se voua à la
poésie, n vécut à la cour de divers princes
seidjoukides, à Ispalian, Hamadan , etc. A la fin
de sa vie, il se retira dans sa ville natale, et ce
ne fut que sur les instances du prince atabek d*Ad-
zerbéidjsn , Kizil Arslan, qn*il faisait quelques
rares visites à la cour de ce souverain. Nizâmi
est le fondateur de Tépopée romantique persane.
Il a écrit un JHvan^ on recueil de poésies ly-
riques, par ordre alphabétique. Ce divan, comp-
tant plus de vingt mille vers, n*a pas encore été
imprimé; — une épopée romantique, intitulée
Histoire de Wéissé et RanUn, et qui est per
due. On Ta du reste attribuée aussi à un autre
NizÂmi, surnommé Arousi Samarcandi^ qui a
vécu près de cinquante ans avant le nôtre. Après
ces deux ouvrages, d'importance secondaire, Ni-
/àmi a composé cinq poèmes hors ligne, qui ont
tbndé sa renommée, et qui après sa mort ont été
réunis en une collection, sous le titre arabe de
Khamseh (le Cinq), tandis que les Persans lui
donnent le nom de Pendeh Kendj ( les Cinq
Trésors ). C'est d'abord le Makheen-out errdr,
ou Magasin des secrets, poème didactiqne,
dans lequel des doctrines morales alternent
svec des anecdotes, des MAe», et d'autres con-
tes à l'appui des enseignements de l'auteur.
Tout le texte persan du Makbsen a été poWiè
par Bland , Londres, 1844. Une vingtaine d'apo-
logues et d'anecdotes en ont été extraits et
imprimés avec une traduction anglaise dans
le vol. II des Asiatie Miscellanies ; Calcutta,
1786, in-8". Un autre choix a été faH sons le
titre : Abou Mohammed Nisami poetm Narra-
tiones et fabulx, persicee codice manuscripto
nunc primum editm, subjuneta versione la-
tina et indice verborum; Leipzig, 1802, in-4^
L'auteur de ce choix, qui a gardé l'anonyme, est
L.*Fr. H. HaîD. Le second poème, qui fait par-
tie de la collection dii Khamseh, est le « Khos-
rou et Chirin », poème romantique. Il a pour
objet l'amour du roi persan Khosronlfouchirvan
le Grand avec la chrétienne Clûrin, qu'on croit
; une princesse byiantine, dont le nom véritable,
i altéré en persan, était Ir^e. Niz&mi l'avait com-
posé pour l'atabek Ohems ed Din Moliammed
, d'Azerbéidjan. Ce poème n'a pas encore été
I imprimé. M. HammerPurgstall l'a tradnit li-
I brement en allemand; Vienne, 1812, 2 vol.
' in- 12. 11 y a fondu les traits les plus remarqua-
bles d'autres poèmes romantiques persans et
turcs du même genre, tels que ceux de Ferhad
et Chirin, Yousoufet Zouléika, ainsi que les
scènes les plus importantes de Léila et Med'
jnoun, seconde épopée romantique de Nîzàmi.
Léila et Medjnoun, le troisième poème de la
collection, traite de l'amour de Medjnoun, en-
fant du désert d'Arabie, avec la belle Léila.
Il a été dédié au prince de Chirvan, Djelal ed
Din Abonl Modhdffer. JI. Hammer le compare
à VOrlando Furioso d'Ariosle. Le texte persan
de ce poème n'a pas été non plus imprimé ;
mais nous en avons une tradoetion anglaise
de James Atkinson, sous le titre : Leila and
Mtnjnun, a poem, from the original qf ffi-
zarni; Londres, 1836, in-8*. Une espèce de
Heptaméron, qui a po donner IMdée do Déca-
méron de Boccace, et de Vffeptaméron de Msr»
guérite de Navarre, est le Htft-Peigher, ou
les Sept Figures de beautés de Nizâmi. 11 oon>
tient l'histoire du prince persan Behranghoar
et celle de sept princesses ses maltresses. Ce
forent nne Indienne, uiieTartare,nne Russe,
une Mauritanienne, nne Grecque, une Kliorasa-
nienne et nne Persane. Behranghourleiir bâtit un
palais, dans lequel chacune d'elles eut son pa-
villon particulier. Le principal de ces contes est
le quatrième, que M. François d'Erdmann a pu-
blié en persan et en allemand sons le titre : Die
Schœne vom Schlosse, Mohammed Nisamed-
din dem Gentscher nachgebidet ; Kasan, 1 832 ,
10-4**. Un autre conte a été publié par lui sous
113
NIZAMI — KOAH
114
le titre : Behramgur und die Russische fïir-
MteiUoehter^ durcà kritUch phiMagUch» An-
merkungen erlxuterS; Kasan, 1S36. Le tioi-
sième de un contes a formé le sujet d*aiie co-
médie Halieime de Gozziy que ScbiUer a imitée
sous le nom de Tintramdoehter, princesse de
Chine» conte tragi-comique. Le comte de Caylos
a également emprunté plusieurs contes aux Beft»
Peigher de NizAmi. Il se rattaclie un intérêt
historique au cinquième ouTrage du Klumaèli,
qui est VIskender^Nameh, ou histoire fabo-
leose d'Alexandre le Grand, d'après la rédaction
dn Pseodo-CalNStbène. Ce poème, appelé aussi
Chara/'Nameh, sedifiseen deux parties, parmi
lesquelles ia première, épique, porte le nom
de Khired*Nawuh, tandis qu'on donne le nom
A'Ikbal' ffameh à la seconde partie, plus di-
dactique dans la princesse Roucheng. Nous re-
ounnaitsons Roxane, fille de Darius, et épouse
d'Alexandre. A l'expédition indienne d'Alexan-
dre le Grand Niaâmi en a rattadié nue autre, di-
ri^ée en Chine, dont il fait disserter les man-
darins STec les philosophes grecs. Ce qu'il y a
de remarquable dans Ylskendar Nameh, c'est la
mention des Russes, de leurs incursions en
Arménie et dans le nord de la Perse , d'où ils
furent repousses par Alexandre le Grand. Il y
a là toute une réyélation historique sur les re-
lations des Russes avec les Perses depuis Je on-
xième on douzième siècle. Le texte persan de
la première partie de VIskender Nameh a été
poMié, aTcc un choix de ses commentateurs,
par Bedr Ali et Mir Haséin Ali; Calcutta,
1819, in-4*, et 3* édit. 1835. Des fragments
en ont été donnés en allemand par Frédéric
Ruckert; Eriangen, 1828. Sons le nom d*Bxpé*
dition d^ Alexandre le Grand contre les
RusseSf Louis Spitznagel a donné cet extrait
historique, dont nous avons signalé l'impor-
tance. Cet extrait a été refondu et augmenté de
quelques antres morceaux par J.-R. Charmoy,
tom. I*'; Pétersbourg, 1829, in-8*>. A cet extrait
se ratladie la contre-partie, intHulée : De BxpC' ^
ditione Sassùrum in Berdaam (Armeniam )
versus^ amiùre JVlsmnio, etc., par Fr. Rrd-
mann, part. F*; Kazan, 1836, in-8*; part. II,
ibid., 1838, in-8*; et part. III, ibid., 1833, Hi-8^
Qnaot à Vlkbal Namehf ou 3* part, de l'/s-
kender Nameh^ le texte persan a été publié
par Sprenger; Calcutta, 1852. Ch. R.
novletctoli, rêêi àêi poëUt ptrsmu, pabnéet psr
WertcafeM. * Bammer, tHêUHrê dm bMêi'UUrm «n
Hrm {en aOeiMMl). — ïFlentr Jakrbûeker. —Jeta
OWnmttof l« KaumUfuU,
mzzoLi ( Mario\ plus connu sons le nom
latinisé de Nizolius, philologue et phîlosoplie
HahcD, né è Rrescello, dans le duché de M odène,
en 1496, mort dans la même Tille, en 1566. Sue-
cesstremeot professeur à Bresda (1522), oh l'a-
▼ait appelé le comte de J.-P. Gambara ; à Parme
(1547), età SaUonetta (1562), Nizzoli fut un des
émdit^ qoi par leur savoir et leurs idées con-
tribuerait à ta renaissanee des lettres. Comme
philologue son meilleur ouvrage est un Lexi*
que deCicéron, qui parut d'abord sons le titre
de Observaiiones in M. TulltumCieeronem;
Pratalboino ( terre du comte Gambara ), 1535,
in-fol. : ouvrage excellent pour le temps, malgré
des défauts que Henri Estienne a relevés avec
sévérité. Aide Manuce en donna une édition sons
le titre de Thésaurus Ciceronianus , Venise,
1570, in-fol. ; beaucoup d'antres éditions suivi-
rent, panni lesquelles on remarque celle de Jac-
ques Cellarius, Francfort, 1613, in-fol., et celle
de Facciolati, Padooe, 1734. Comme philo-
sophe Nizzoli est connu par un ouvrage contre 1»
scolastique, qui parut sous le titre de De veris
principiis et vera raiione pMlosophandi
contra pseudo-philosophos libri quatuor;
Parme, 1553, in-4o, et que Leibniz fit réim-
primer à Francfort, 1670, in-4o. « Lesfanxphi-
fosophes, dit Fontendle, étaient tous les scolas-
tiques passés et présents, et Nizolius s'élève avec
la dernière hardiesse contre leurs idées mons-
trueuses et leur langage barbare, jusque-là qu'il
traite saint Thomas lui-même de borgne entre
des aveugles. La longue et constante admira-
tion qu'on avait eue pour Aristote ne prouvait,
disaitril, qne la multitude des sots et la durée
de la sottise. » Les éloges que Fonteoelle ac-
corde h Nizzoli seraient suspects s'ils n'étaient
confirmés par M. B. Hauréau, un des écrivains
de notre temps qui connaissent le mieux la sco-
lastique. Nizzoli parmi les philosophes du moyen
âge n'approuve que les nominalisies ; 11 vent
ramener toute la philosophie à la définition des
mots et, comme on l'a dit, à une grammaire
bien faite. Cette doctrine est étroite, mais elle
était bonne à imposer soit aux dialecticiens de
la scolastique , soit aux néoplatoniciens de la
renaissance. L. J.
TIraboMhl , BibtMkêea ModcMM. — Pontenelle ,
Étoffe é€ LetbmU». * B. Haaréaa, dans le DMUmnairt
dêi tdmees pkUoÊO^iqmet.
HOka (Mordecai'Manuel) , journaliste amé-
ricain, né le 19 juillet 1785, à Philadelphie, mort
le 22 mars 1851, à New-York. Il appartenait à la
religion juive. Dans sa jeunesse il s'occupa dln-
dustrie et de commerce; puis 11 étudia le droit,
et fit jouer quelques pièces de théâtre à Char-
lestoB. Nommé consul au Maroc en 1813, il
revint aux États-Unis en 1819, et s'établit à
New-York, od il fonda successivement The
national advocate^ The New- York enquirer
(1826), The evening star i\Mk) f The Union
(1842), The Times and Messenger (1843),
journaux de l'opinion démocratique, et qui ob-
tinrent tous une large circulation. Il a publié
dans les derniers temps de sa vie un recueil de
ses meilleurs articles sous le titre de Gleamings
from a gathered harvest. On a encore de loi :
Travels in Bngland , France , Spain and the
Barbary states front 1813 to 1815; New-York,
1820, in-8^ P. L.
Cfehp. of ameriean Uteraturt, 11.
115
WOAILLE — NOAILLES
116
HOA.ILLB ( Jacqnes'Barikélemy » cbevalnr
•c ) , ItoBtfii» poUk^ue et nagistjal Iraoçais , aé
à Beaoeaire, le 14 af ril I7â8, mort à GMiioble,
le 37 octobre liS38. 11 était avaab la ré^ulion
avocat an parlemeat de TouloMe, ioge de la
iiiattriae4ies poiila^e BeaucaaKi et meratMV des
dtata du LaoguedM» JKoaille Ait asses bearenx
peur échapper aàs prosmptniw de la terreur.
£b oatabre 17d6, ii fat élu député du Gard an
GoaseH é» Ciii^oCenls : il »'y laontra nadea
^ÊÊ^NÊi les pkis emportés des jacobias et du
ûirectoûre. Le 8 jasTier 1796, il parla avec force
«■ finveiir des pareata des émigréfi. Le 19 août
y lot éla secrétaÎK, et le 2& proposa une am-
nistie pour tous les délits politiques. Le 3 dé-
cembre il s'opposa avec véhémence k un projet
tendant à réprimer la licence de la presse
périodi<|oe. Persuadé que la création d'uBJoumaA
privilégié ( U TacÂygrapke ) était ua moyeo
<ioe le Directoire devait employer pour com-
primer redprit public, Moaille iocHlpa vivement
les « officieusL menins qui voulaient établir le
régime des despotes », et chercha à populariser
son opinion en rappelant les services qu'avait
rendus la presse à la révolution, il attaqua sur-
tout Chénier et Louvet, qu'il nomma des apoS'
iats de la liberté. Le 1 9 mai 1797, il dénonça
Tagiotage qui avait dilapidé les biens nationaux
et menaçait de s'étendre à oeux de Belgique.
Il prit part avec la même chaleur à tontes les
discussions importantes qui avaient pour but d'en*
traver la marche da pouvoir directorial ; aussi
fut-il compris dans la proscription du 18 fruc-
tidor an V (4 septftmbfie 1797) et déporté à
Oléron (janvier 1798 ;. Âmoistîé en décembre
1799« les consuls le nammèrent juge au tribunal
«ivil de Nîmes (L80(>); il y siégea jua%u'en 1807.
Le département du Gard l'élut alors député au
Corps législatif où il fit partie de la commission
de législation. En cette qualité il lit, en 1810, le
rapport sur le projet du troiaièBie livre dn nou-
veau Code pénal, En 1814, ii se mUia au parti
monarchique : Louis XYIU f anoblii ( 1 1 oc-
tobre 1814) et le cenfima dans lee fonc-
tions de président de la cour royale de NUnes,
qn'il remplissait depuis loeglanps. £n 18I^ il
passa au même titre à ta cour d'Angers, y de-
vint procureur générai » et en 1823 fut nonMné
premier président de la cour royale de Grenoble.
Il était officier de la LégMMi d'honneur depuis
1813. On a de ce nagtstnl qnelques opuscules
sur des questions judiciairea» H. L— b.
Jlopr«pAte miodwrm ( Ptrtt« IMS^. Arnratt.. Jay, Joay
et NonriD», Biogr. tiouv. Aa uMtnap. — ^ Biographie
nuMUmt ( Paris , 1818 ). ^ Le Moniteur untvertel,
an nr. n«* fU. SM, Sil; an ▼, n*" tb. ISI, 181, 9H,
!••; ana. t8l^ d«* lU, m^no; aDD. MiS^ ■• ift; aea.
iSlt, p. inS;aBa. 181 1, ■• 9S; ana. iMS» p. 1170.
n^AiLLiB, nom d'une illustre maison ori-
ginaire du Limousin, et qui dès ie onzième
siècle possédait la terre et le château de Noailles,
situés entre Brives et Turenne. La filiation de
cette famille est authenliquement prouvée par
un arrêt du parieraent de Paria rendu en 1628.
La tige pnocipele , fondée au douzième siècle
par Pierre de NoaiUes, s'éteignît en 1479, en la
personne de Jean n , qui inetitaa' pour héritier
son neveu Aienr, chef de la sfcende branche,
divisée plus tard en deux rameaux et arrivée
directement jusqu'à notre époque; Celle maieon
a fourni on grand noaabge. et personnege» ie«
marquaUes , surtout dans la carrière des armes.
MOAILLBB ( AntomB UB ) , amiral de Franee^
né le 4 seplembre 1&04, mort le 1 1 mara 1662, à
Bordeaux. Il était Tahié des dix-neuf enfants de
Louis de NeaiUes, mort en l&i9, et de Cathe*
rine de Pierre- Buflière. En lâSO il accompagaa
en Espagne le vicomte de Turenne, son parent,
qui allait épouser, au nom de François ]«r, u
princesse Êléooore d'Antioebe , sœur de Charles-
Quint, il fut ensuite obaaèeHaa des enfants de
France, et leur aurait servi de gonvemenr s'il
n'avait prétéré de suivre la carrière de» aines;
on lut donna la chasge d'amiral dea mers de
Guienne. Après avoir pris part à la seconde ex-
pédition d'Ualie et eombattu à Cérisoles, il fut
en 1547 nonuné amtml de France à la pUce de
Claude d'Annebeut, tombé en disgrâce auprès
du nouveau roi Henri II. Envoyé en ambaasade
en Angleterre à la lin de 1 5â3, il se mêla acti-
vement aux complets ourdis contre Blarie Tudor
qui préparèrent, quoique d'une manière oc*
enite, l'avéoement de la princesse Elisabeth;
il fut remplacé à la cour de Londres par son
frère Fnaçoia de Moailles, et couronna sa car-
rière diplomatique par la négociation de la
trêve de Vaucelles ( 5 lévrier 1&56), qui mé-
nagea pour cinq années la paix entre l'empereur
et la Franee. A son retour il chassa les hugue-
nots de le ville de Bordeaux qu'ils avaient prise
et dont il était depuis longtemps gouverneur.
Sa mort fut» dit-on» h&lée par le poiaon. La
rciatiea de son ambassade en Angleterre a été
imprimée avec celle de son frère (oof. ci«apiès>.
P. L— V.
HnM , Grand Diet. àisL •* MoaiSac,, Cùmmmtmiru,
IHr. s. — AwkbtusaOes é» MM. d« NoaUiés.
B^AiLLBS ( FrançoU un ), dipkMaate fran-
çaiB, frère du préoédeni, né à BfoaiUes ( Li-
meusâa), le 2 juillet 1519, mort à Bayonne, le
19 septembre 1M5. Voué aux autels , il obtint
d'abord quelques bénéfices, et fui pourvu de l'é»
véché de Da\ en décembre 1555. Appréciant ses
talents et son habiU»té dans les affinres , Henri II
l'attira à la cour, l'admit dans ses conseils cl hii
confia diverses négociations. Il renvoya en Ait
pierre en 1558 penr succéder comme amiias-
sadeur à son frère Antoine , et Noaillea, à son
relanr de cette ambassade, conseilla au roi de
faire le siège de Calais, dont le duc de Guise
s'empara en effet, le 8 janfier 155a. Cette même
année, il fut nommé ambassadeur à Yeaise, où,
sachant faire respecter le nom et la puissance
du roi son maître, il fit juger contre l'ambassa-
deur de Phil^pe 11 en faveur de ta France in
117
rCOAILLES
118
préséance sar r^spa^iae. Quelques aimées après
(lô72), il passa au même titre à Constaoti-
nople, et durant son ambassade près la Porte
Ottomane, il visita les lieux saints, parcourut
la Syrie, et explora TÉgypte. Ses courses profi-
tèrent à la France. Ses libéralités » Jointes à une
conduite noble et ferme, réreillèrent parmi les
populations chrétiennes qu'il traversa les sym-
patliies pour le nom français, qu'avaient lait
naître les croisades. Pour donner d'ailleurs une
idée de la considération dont François de NoaiUes
jouissait chez les étrangers , il nous suffira de
dire qne lorsque Sélim II, après une ruptofe
avec les Vénitiens, vint mettre le siège devant
Candie, les deux puissances acceptèrent comme
médiateur l'ambassadeur français, qui rétablit la
paix entre elles. Ces services étaient trop éclà-
tants pour, ne pas appeler ta calom^'ie. On ac-
cusa son orthodoxie auprès du souverain pon-
tife; mais François n'eut pas de peine à se jus-
tifier et à prouver qu'il avait toujours cherché k
prémunir ses diocésains contre les erreurs nou-
velles. En apprenant que Bfontgommery s'était
emparé d'Orthez ( 13 août I !;69), il avait quitté son
arat)assade et était venu se fixer pendant quelque
temps au milieu de son troupeau, auquel il sut
prodiguer tous les soins d'un pasteur actif et vigi-
lant. Il n'en continua pas moins à être consulté
par Catherine de Médids, par Charles IX et par
Hrari III dans toutes les occasions importantes.
Ce fut lui qui leur donna le conseil de déclarer la
goerre à l'Espagne , comme im moyen de calmer
les dissensions politiques et religieuses qui dé-
solaient la France. Lorsqu'on lô84. après la mort
de Guillaume d'Orange, les états des Pays-Bas,
pour se garantir de Toppresslon des Espagnols,
qui leur avaient enlevé déjà Bruges et Gand , en-
voyèrent des députés supplier Henri III de les
accepter pour sujets , François de Noailles n'hé-
sita point à engager ce prince à profiter d'une
proposition aussi avantageuse ; mais malheureu-
sement il ne parvint point à le persuader, et
les Espagnols , pour déjouer un tel projet, ré-
pandirent l'or à pleines mains et pressèrent la
doc de Guise de se déclarer pour la ligue. A
cette époque, une maladie, dont François de
noailles portait le germe depuis longtemps , se
développa soudain. Sentant approcher sa fin , il
le fit tiansporter de Canbo à Bayonne, et y
monnit, avec la réputatloD d'un des pins grands
bummes de son siècle. Recueillies par Pabbé de
Tertot, ses négociations ont été imprimées (Pa-
ns, 1763, 3 ^K ia^n). H. F.
Gallia eàristiana, 1 1. — Monlezon, Histoire de la
Caieogne,t. V.
loaiLLBS ( GHlet db ), frère da précédent ,né
^ Noailles, en 1524, mort à Bordeaux, le i*^ sep-
trmbre 1597. Conseiller au parlement de Bor-
deaux, CB 1547, il devint quelques années après
maître des requêtes, et suivit, comme son
frère, la carrière diplomatique. Il fut successi-
vemeat ambassadeur en Angleterre, en Pologne,
pour l'élection du duc d'Anjou, et à Constanti-
nople. La cour récompensa ses services en lui
donnant le prieuré de La Réole, rarchiprêtrà de
Gignac, les abbayes de Saint- Amand de Coii et
de rUe-en-Mcdoc , et enfin en lô62 la coadjn-
torerie de Dax. Il devint en 1585 titulaire de ce
siège. Ses emplois et ses Voyages ne lui per-
mirent pas de se montrer dans ce diocèse; il né-
gligea même de se faire sacrer, se démit en 1597»
et se retira à Bordeaux. H. F.
Citilia christiana, t. J. — H. 4o tempi, Le Clergé de
France ^ 1. 1 et II. — Moolezun , Hlst dt la Gatgogne,
t. V.
R«Mt,LBS (Benri ne), fils d'Antoine de
NeaiMes, né le 5 joillet 1554, à Lowlres, mort
en mai 1623. t> tettemi s«r les fonts baptismaux
par la reine Marie Tudor et l'évêqoe Gardtner.
Pendant le» trembles de la Ligne, il servit la
cau<«> rivale dans l'Asvergne et le Roiiergue,
placés sons son ge«v«rnement. Il fbt pourvu
des tiharges de gentilhomme de la ehambreet de
conseiller d'État. '£n cansidératton des services
qu'il avait rendas à Henri IV, ce prinee érigea la
terre d'Ayen en comté an mois de mars 1593.
Son fils, François, né le 19 juin 1584. mort
le 15 <1éeenibre 1645, à Paris, commanda égale-
ment dans le Roneigne et dans le haat et tias
pays d'Auvergne; il remplit une ambassade à
Rome et se distingna pendant les guerres de re-
ligion.
Amelme. HitL généàt. de» gr. e^fMert de la cou-
ronne, IV et IX.
HOAILLES ( iinne, comte, puis duc de),
fils de François de Noailles, mort le 15 février
1678, à Paris. Sons le r^ede Louis XIV, il fut
pourvu de différentes charges , celles entre au-
tres de gouverneur du RoussiUon , lieutenant
général d'Auvergne, sénéchal de Rouei^gne et
premier capitaine des gardes du corps (1648).
Au mois de décembre 1663, il obtint rérection
du comté d'Ayen en duché-pairie. Il avait épousé,
en 1646, Louise Boyer, dame d'atours de la
reine Anne d'Autriche, morte en 1697, « très-
saintement, comme elle atait vécu » , selon Tex-
pression de Saint-Simon. De ce mariage sont
issus Anne-Jules et Louis^Antoine { voy, ei-
après); Jacques , né en 1653, et mort en 1712,
chevalier et bailU de Hal^; Gaston-Jean-Bofi-
liste-Louis ( vop. ci-après); Jean*François ,
né en 1658 et mort en 1696, maréchal-do eaanp.
Morérl, Grand J>ict, Met, — Satot-Simom iUeiteire»,U
NOAILLES (Anne-Jules, duc 0£ >, maréchal
de France, fils du précédent, né le 5 février
1650, à Paris , mort le 2 octobre 1708, k Ver-
sailles. Connu d'abord sous le nom de cornue
d'Ayen, il fut nommé, en 1661, capitaine des
gardes écossaises du roi en survivance de son
père ; en 1667 il avait déjà fait trois campagnes, et
en 1668, dans la conquête de la Franche-Comté ,
il commanda les quatre compagnies des gardes
du corps. Aide-de-camp de Louis XIV en 1672,
il donna les plus grandes preuves de courage
aux sièges dUtrecht et Maestricht; on le cnit
119
NOAILLES
120
tué, et le roi le regretta publiquement. «Après
s'être trouvé à la prise de Besançon ainsi qu'à
la iMitatlIe de Senef (1674), il Tenait d^ètre créé
roaréchal-de-camp lorsque « au siège de Valen-
clennes, il sauva peut-être la vie au roi en le
conjurant de s'éloigner d'un lien trop exposé au
canon ; un boulet passa an même instant que
Louis changeait de place , à l'endroit même où
il s'était trouvé (1) ». Un peu avant la mort de
son père , il devint, par démission de celui-d,
duc de Noailles, pair de France et gouver-
neur du RoussUkm. Lorsqu'on voulut détruire
le calvinisme, on lui confia le commande-
ment en chef du Languedoc avec tous les hon-
neurs et privilèges des gouTemenrs de cette
province ( 39 mai 1682 ). Dès son arrivée il
fut accueilli avec toutes les marques de l'es-
time publique. Dévoué au roi , mais ahnant le
peuple, très-l)on catholique, mais avec des
principes déchanté etde moMdéralion, il se fit un
devoir d'exécuter les ordres de la cour et de ména-
ger les sijjets. An milieu des circonstances les plus
difficiles, il se montre sage, bienfaisant, affable,
s'efTorçant de calmer les justes appréhensions des
religionnalres. On ne lui laissa pas le choix des
moyens d'exécution. L'exercice du cuKe interdit à
Montpellier, plusieurs temples démolis, des pas-
teurs emprisonnés, les enfantsen bas âge arrachés
à leurs parents, des conversions obtenues par la
crainte, le commerce de Nîmes inquiété, tels
furent les premiers actes qu'il fit exécuter, par-
fois de vive force, et qui eq pleine paix trou-
blèrent la provmce. Cette persécution systéma-
tique exaspéra les protestants et leur mit, en
quelques endroits du Languedoc, les armes à
la main. Noailles suspendit de tout son pouvoir
les effets de la répression : il promit une am-
nistie aux rebelles du Vtvarais qu'il aurait, sui-
vant son expression, préféré d'envoyer aux pe-
tites maisons que dans les citadelles. L'impi-
toyable Louvois lui dicta, dans sa lettre du
1" octobre 1683, un autre plan de conduite.
Après avoir écarté l'idée d'une amnistie, il lui or-
donnait « d'établie des troupes dans tous les
lieux quil jugerait à propos , de faire subsister
lesdites troupes aux dépens du pays , de se saisir
des coupables pour leur faire leur procès , de
raser les maisons de ceux qui avalent été tués
les armes à la main et de ceux qui ne revien-
draient pas chez eux après qu'il aurait été pu-
blié une ordonnance, de raser les dix principaux
temples du Vivarals , et en un mot de causer
une telle désolation dans ledit pays que l'exemple
qui s'y ferait contint les autres religionnalres
et leur apprit combien il était dangereux de se
soulever contre son roi. » Ce fut sur les ins-
tances de Noailles que la cour, suspendant pour
quelques mois l'effet de ces iniques représailles,
consentit à envoyer Tabbé Hervé avec douze
missionnaires pour suppléer en Languedoc à la
(DMlUot, Mém. poKt. a mUlt., rh. !•'.
disette d'ecclésiastiques zâés et suffisamment ins>
tmits. Bientôt, soit pour ménager son crédit,
soit par déconragement ou faiblesse , il se borna
à mettre simplement en pratique le système de
la cour pour la destruction du calvinisme. « On
ne voulait plus rien ménager, dit l'abbé Millot;
OD voulait forcer les huguenots à devenir catho-
liques ; on voulait que la terreur déddftt et mnl-
tipliAt les conversions. Enfin on avait résolu d'en-
voyer les troupes, au lieu de missionnaires,
partout où il restait des partisans de l'hérésie et
de loger chez eux les soldats jnsqu*à ce que de
tels hdtes les fissent obéir aux pieuses volontés
du roi. » La correspondance de Noailles avec
Louvois ne fut plus dès lors que le' journal de
ses opérations militaires; il s*y conforme au lan-
gage du ministre , et loin de l'éclairer avec fer-
meté sur le véritable état des choses, on le
-voit, lui si Judicieux et si passionné pour le bien
pulilie, ignorer en grande partie les violences
auxquelles donna lieu la dragonnade qu'il était
chargé de diriger. Après la révocation de Tédit
de Nantes , Il fit exécuter avec autant de fer-
meté que de prudence les ordres terribles de la
cour (1).
Rappelé en 1689, le duc reçut, en récom-
pense de ses services, le cordon bleu, la com-
mission de lever un régiment de cavalerie qui
porterait le nom de Noailles, et le commande-
ment de l'armée destinée à opérer contre l'Es-
pagne; son brevet portait que, par la connais-
saiice particulière qu'il avait acquise du pays^
il pouvait y servir plus utilement qu'un autre.
Dès le 25 juin 1682 il avait pris rang de lieute-
nant général, et en 1684 il avait secondé le doc
de Créquy dans le siège de Luxembourg. Les
contrariétés qu'il eut à essuyer de la part de
Louvois et le peu de troupes que l'on mit à sa
disposition l'empêchèrent d'abord de rien entic-
prendrede remarquable. D'après ses instructions
il se contenta , autant ponr aguerrif ses soldats
que pour tenir l'ennemi en haleine, de pousser»
an retour de la belle saison, une incursion ou
deux en Catalogne, tantôt vers le Lampourdan,
tantôt vers la Cerdagne^ de se ravitailler aux
dépens des habitants , de ruiner les campagnes
et de raser les petites places. Peu de faits d'ar-
(1) Volel la toManoe de en ordres.* Lt moitié des bleos
des raUgloooalret qnl forUraleiit da royaoae devait être
donnée au& dénonelateun ( 17 notcmbre i€Si }. — Les
eabnlB dea reNgtonnalrea. depuis lige de cinq au fus-
qoTa edot de nelie acoomirtls, devaient être enlevés à lenrs
pères ptinr être élevés dans la religion eatlwllque (lt Jan-
vier 1686). — Défense aux religionnalres d*avotr des do-
meiillqnes antres que catholiques, à prine de flétrissare
et dfs galêrea ( OBême d«te). — Coodamnniion aux ga-
lérea pcrpétaellrs, avec eonaacalloo de biens, des noo-
veaut convertis qnl , en état de aMtadIe , auraient refusé
de recevoir les sacrements de rÉgllse ( M m^l idM ). ^
Les nooveaai catholiques, qui seraient pria sortant da
rojwonM sana penobston, seraient condamnés, les
hommes ant galèrei perpétnelles , les femmrs a être
rasées et recloaes pour le reste de leurs Jonrs , avec con-
flscatinn dea biens ; mêmes peine* pour ceox qnl directe-
ment on indlrectenent auraient contribué a Tévaslon
( même date ). ■ .
tn
NOAILLES
132
mes dam cette guerre méritent d*ô(re signalés ,
si ce n*est la prise de Campredon ( 1689) et
d^'n^ (1091). Le 27 mai 1693, il fut un des
sept généraux qui obtinrent le bftton de mare*
chai. Aussitôt il ouvrit, conjointement avec la
flotte du comte d'Estrées, le siège de Roses,
Tîlle bien fortifiée, dont la prise avait coûté en
1645 près de huit mille hommes; il s'en empara
en qiielques jonrs^ et ne perdit qu'une soixan-
taine de soldats. La campagne de 1694 mit le
sceau h sa réputation militaire : il battit le duc
d'Escalone au passage du Ter (27 mai), et oc*
copa successivement Palamos, Girone, Ostal-
Tkh et Castel-FoUit; le manque de renforts et
de subsides Tempécha d'achever la conquête de
U Catalogne par le siège de Barcelone ou de
Lerida, ainsi que l'y engageait le roi.
Malheoreusement les succès du duc furent
eumprorais par la situation désastreuse où le
pla^ rincurie des ministres. Le mécontente-
ment et le désordre se glissèrent parmi ses
tronpes; dénuées de tout, elles se livrèrent au
pillage, aux profanations, à des exactions de
toutes sortes. Le duc manda au roi avec douleur
qu'elles avaient mis à sac vingt-deui églises;
Louis ne pourvut pas à leurs besoins, mais il
s'empressa d'indemniser les églises dévastées.
La ficence effrénée des vainqueurs provoqua
un soulèvement général parmi les Catalans,
^foailles , las de présenter des plans qu'on n'a-
doptait pas, désobéi de ses propres lieutenants,
malade d'ailleurs, redoutant surtout de perdre
les Ikveurs du maître, demanda son rappel, et
résigna, en Juin 169&, le commandement entre
les mains du duc de Voidôme. En 1700, lors-
que le doc d'Anjou alla prendre possession du
trône d'Espagne, il fut désigné , ainsi que le duc
de Beauvilliers pour l'accompagner jusqu'à la
frontière. Ce fut le dernier acte public de sa vie;
La vive douleur que lui causaient les désastres
de la France abr^ea ses jours, suivant l'abbé
Millot, ainsi que le chagrin de voir son frère, Tar-
dierAque de Paris, en butte à la persécution pour
le lîTre de Quesnel. Il ressentit le contre-coup
des préventions du roi contre ce prélat, comme il
le marquait à son fils dans sa correspondance.
« Je suis ici, disait-il » dans la foute, avec nulle
dtttinction ni marque de longs services rendus;
mais je n'ai pas manqué de zèle ni d'attaclie-
ment. » Saint-Simon, le représente comme un
courtisan achevé,^ qui mourut de gras fondu ».
n Jamais homme plus renfermé , plus mysté-
rieux , ni plus profondément occupé de la cour;
poini d'homme si bas pour tous les gens en
place, point d'homme si haut dès qu'il le pou-
vait, et avec cela fort brutal... Le roi, qui
était l'idole à qui il offrait tout son encens,
dant devenu dévot, le jeta dans la dévotion la
plus afflchée. H communiait Ions les huit jours
et quelquefois plus souvent... Avec tout cela
ce n*étaK ni un méchant homme ni un malhon-
nête homme» ety quoique très-avare de crédit.
il n'a pas laissé de faire des plaisirs et de rendre
des services. Il plaisait au roi par son extrême
servitude et par un esprit fort au-dessous du
sien, à Mniede Maintenon aussi, an contraire
de sa femme, qu'ils n'aimaient point et dont ils
craignaient l'esprit , les menées , la hardiesse. »
La duchesse de Noaillbs , née Morie-Fran-
çoùe de BournonvilUf née le 15 août 1654 et
morte le 16 juillet 1748, parvint jusqu'à l'extrême
vieillesse; c'était une femme d'un rare mérite,
magnifique , libérale , l>onne et douce, qui compta
beaucoup d'amis , Fénekm entre autres , et qui ,
à force d'esprit et d'adresse , gouverna à son
gré tous les ministres et tous les gens en place »
« et tout cela sans bassesses ». De ce mariage
sont issus vingt et un enfants, parmi lesquels
on renuurque Àdrien'Maurice ( Vof. ci-aprts. )
P. L— T.
MorérI , Grand DIet. kM, — Pioard. Ckrùnol. mlM.,
Itl. — De QalDcy. Hitt. tnUUaire, — Satnl^mon, Mé-
moiraf , I, Il et iV { MU. Cliéruel |. - Millot , Jftfmoim
polUiqwM et miUtahres pour server à FkM, de Lauù Xir
et de Louis X^ , llv. I à VIll. - De Conrcdiei, Diei.
hUt dee çénéramx frtmçaU. — Ch. de La Rue, Oraieon
funèbre d'Mnne^ules de NoaUleSi Parte, iTOt, tn-4«.
ROâiLLBS { Adrien ' Maurice f duc db),
mar«k:hal de France, fils du précédent, né le
39 septembre 1676, à Paris , où il est mort, le
24 juin 1766. Dans sa jeunesse il porta le titre
de comte d'Ayen. Il avait à petue quatorze ans
lorsqu'il entra dans la carrière des armes : ad-
mis en 1692 dans les mousquetaires, il devint
en 1693 cornette, puis capitaine dans le régiment
de Noailles (cavalerie), et fit sa première cam-
pagne sous les yeux de son père, en Catalogne,
où il assista au siège de Roses, à !a bataille du
Ter, à la prise de Palamos et de Girone. A la fin
de 1694 il fut nommé colonel, conduisit son régi-
ment en Flandre et servit sons le maréchal de
Boufllers jusqu'à la paix de Ryswick (septembre
1697 ). L'année suivante il épousa une nièce de
M*"* de Maintenon, Françoise d'Aubigné, fille
du comte Chartes d'Aubigné, et dont la main
était un objet d'ambition pour les premières
maisons dn royaume. Le roi avait eu grande
envie de la donner au prince de Marslllac, petit-
fils du duc de La Rochefoucauld ; mais la mar«
quise, déjà liée d'amitié avec le maréchal et le
cardinal de Noailles , proposa le comte d^Ayen,
et, après quelques difficultés , ce choix fut a(^.
Le mariage fut conclu à Versailles, le l«r avril
1698. Une lettre de Mn^de Mahitenon àM>n«de
Saint-Géran peint la satisfaction qu'elle ressen-
tait de cette alUancer : « J'établis ma nièce ; la
chose est faite : ainsi dépêehezrvous ; il me faut
▼ite un compliment. Il en coûte à mon frère
cent mille livres, à mol ma terre, au roi huit
cent miUe lirres. Vous voyex que la gradation
est a»ser bien observée (1)... Voilà une belle
alliance': îe maréchal en mourra de joie. Son fils
est sage; il aime le roi et en est aimé; il craint
(1) Oatre ces lUwralitéi, le eomte d'Ayea reçut encpre
dn roi les gou? erneneoti du Bouullloo et da BeirL
123
NOAILLKS
124
Dicn, et fi en sera béni ; il a on beaa régiment,
et 00 y joindra des pensions ; il aime son métier,
et il 8*y dîRtingoera. Enfin je suis fort contente
de cette affaire. » Elle n*eut pas lieu de s'en
repentir, et trouva dans le comte d*Ayen les soins
et rafTection d*un fils; aussi pour prix de ses
sentiments lui montra-t-elle les routes secrètes de
la oonr et fit-elle valoir à propos les services
qu'elle le mit à portée de rendre à l*État. Au
mois de décembre 1700, il accompagna jusqu'à
Madrid le duc d'Anjou, qui allait prendre pos-
session du trône d'Espagne , et rejoignit en
1701 les drapeaux de Villeroi dans le Luxem-
bourg. Nommébrigadier en janvier 1 702, il marcha
avec l'armée d'Allemagne et combattit à Frede-
lingen, à la prise de Brisach et de Landau, et k
Hochstedt. U devint maréchal de camp le 36 oc*
tobre 1704.
Un brevet du 21 janvier 1704 lui avait permis
de porter, sur la démisaioD de son père, le titre
de duc de Noailles. Envoyé l'année suivante à
l'armée d'Espagne, il y servit durant sept cam-
pagnes consécutives, et gagna péniblement, dans
cette guerre de montagnes, remplie de marches
et de contre-marches, de siège» et d'engagements
partiels, la réputation d'un capitaine prévoyant,
sage et résolu è la fois. Comme son père, il eut
sans oesae à lutter contre le mauvais vouloir et
l'incurie des ministres, l'indiscipline de ses
troupes , les pilleries des fournisseurs, l'antago-
nisme des cours de Madrid et de Versailles ;
tantôt général, tantôt diplomate, il commença,
manqua et reprît encore des opérations mili-
taires ou des négodaftions, dont on motif misé-
rable, la jalousie, le besoin d'argent ou l'intrigue,
éloignait sans cesse rbeureiise issne. Dana cette
lutte sans gtoire, où la France épuisa ses der-
nières ressoopees , il ent le mérite de servir le
roi avec un entier dévouement et de l'éclairer
plus d*niie IoIb sur ses véritables intérêts. H
serait trop fastidîeox d'entrer dans les détails
de la conduite guerrière et diplomatique du duc
4e Noailles, dont l'abbé Miiloe, son biographe, a
bissé d'ailleora des mémoires si complets; on
résnroé rapide caffira à en f^lre apprécier les
traits pHneipaax. Après avoir dès 1705 ravr>
taillé Roses, il joignit en 1706 le maréchal âe
Tessé, remporta qoelqoes avantages sur les
partisans de l'archiduc et fit rentrer dans l'ô*
béisfiance une partie de la Catalogne; la levée
du siège de Baroèlooeet la retraite des Français,
pendant laquelle il combattit avec vafeur à PSar-
rière-garde , mirent à néant les promesjtes de
celte campagne, si bien commencée. On reconnut
néanmoins les talents qu'il y avait déployés par
le grade de liealenant général { 39 mai 1706), et
on lui donna le commandement d'une armée de
réserve, dite du fioussillon, dont les cadres, plss
d'à moitié dégarnis, ne lui permirent d'entre-
prendre aucune diversion utile. Ses plus redou-
tables ennemis, suivant une expression du duc
d'Oriéans, c'étaient la faim et la misère. Aussi
passa-til les deux années suivantes à couvrir la
rrontière, à lever des contributions sur les vil-
lages sans défense, à fortifier des postes isolés,
et à envoyer à Torcy et à Chamillard des plans
que la détresse du trésor rendait impraticables.
En 1709 il tailla en pièces la garnison de Fi-
guières et lui enleva cinq cents prisonniers ; puis,
par une manœuvre hardie, déjà exécutée avec
succès en 1640 pardon Juan d'Autriche, il par-
vint jusques sous les murs de Girone, dont il se
disposait à faire Te siège lorsque la cour le rap-
pela dans le Roussillon. On l'y retrouve en 1710
fort occupé de réparer les désastres causés par
le rigoureux hiver qui venait de s'éoouler. Comnoe
il campait au Boulon au delà de Perpignan, il
reçut le 25 juillet du duc de Roquelaure, com-
mandant en Languedoc, la nouvelle du dôbar-
quement d'une flotte de vingt-quatre vaisseaux
anglais dans cette province ; un seul jour avait
sufii à l'ennemi (KHir s'emparer sans résistance
des ports de Cette et d'Agde et pour menacer
Béziers. Le duc de Noailles, frappé de rimmi-
nence du danger, n'attendit aucun ordre, et
amena, par une marche forcée , au secours de
Béziers, neuf cents chevaux, mille grenadiers et
un train d'artillerie; après s'être concerté avec
Roquelaure, il occupa Agde, tomba à l'impro-
viste sur les Anglais, qui s'étaient retranchés à
Cette et les chargea avec tant d'impétuosité qu^l
les força en quelques heures de se rembarquer
et de mettre au ()lus vite à la voile. On ne p^-
dit qu'un soldat dans ce coup de main, conduit
avec une diligence rare à cette époque. « Le
peuple de Paris, écrivit à son neveu M<nede
Maintenon, dit que si vous êtes arrivé le jour
que Ton marque, le diable voud a porté. » Le
roi de son côté, meilleur juge en ces matières,
lui adressa de grands éloges. « Votre sèle et
votre bonne volonté, dit-il, vous ont tait vaincre
des difficultés qui auraient paru insurmontables
à beaucoup d'autres. Jamais marche de troupes
n'a été faite avec plus d'activité et de vigjlanne,
et il n'est presque pas croyable que voua ayez
pu arriver du camp où vous étiez ap-delà de
Perpignan en moins de trois joure» surtoot
conduisant avec l'infanterie douze pièces de
canon. »
De retour en Roussillon (6 août 1710), Noailles,
ayant appris que les conférences de Gertruydem-
bêrg étaient rompues, insista plus que jamais
auprès de la cour de Versailles pour taire ap-
précier l'importance de la possession de Gi-
rone. La déroute de Saragosse ajourna toute
reprise d'hostilités. LauIs XIV, dc^cidé à obtenir
la paix à tout prix, chargea le duc d 'amener son
petit-fils à ses vues (septembre }710). La mis-
sion était délicate et tout à (ùi contraire aox
sentiments personnels de Noailles. D'après ses
instructions il devait presser PhiUppe V de sa-
crifier sa couronne, s'il n'était plus en état de la
soutenir, et de se contenter en échange d'Un
fiûbleapanag0y tel que la Sicile et la Sardaigne;
125
EGAILLES
12&
ée hii déclaier rabMdon fomd de ta France,
de diftstper ses iUaMoiia, de laisser entrevoir
enfin èk possibilité d'une gnerre entre raïeol et
le pHit-às si ee dernier ne renonçait à aucune
de ses prétentions. Le doc rejoignit la oonr
d'Espagne an OBoment oti , diassée de Madrid
par Tarcbiduc d'Autriche Tiotoricoit , elle venait
eherdier un asile à Valladolid. Ce teC en vain
qa'il plaida la eanse de ia pai\ : en dépit des
laisoas qn'il pot allégneret des meilkeûfs qu'il
fit pressentir, Philippe V ne Tonint jimais s'a-
vouer vaincu; il persista à comhaCtre, assurant
qne l'opinion publique était pour lui et qu'avec
cinqiianèe mille soldats fidèles rien n'était dé-
aespéré. La senle chose déoisive quli put tirer de
lui fut la promesse de fafa^ tout ce qu'on vou-
drait pourvu qu'on lui laissât l'Espagne et les
Indes.
Pour se oonformer au désir de Philippe,
Noailles rapporta Ini-mème à Louis XIV la ré-
ponse de ce prince et Kinforma au naturel de
de l'état des choMS. Il ranima les espérances, il
inspira des résolutions vigonreuses, et le siège
de Girone fut de nouveau décidé. Au début de
riitYer, et lorsque Yendôme reprenait l'ofTensive
dans la Castille.il pénétra en Catalogne (15 no-
vernlHY 17 10) ; mais, par sinte do mauvais temps,
il n'arriva devant Girone que le 15 décembre.
Les phiies continuelles, te débordement des ri-
Tières, la défense opiniâtre des aesiégés, la ri-
goeur de la saison , rien ne la découragea : it sur-
monta tous les obstacles, et reçut le 25 janvier
l'tt la capitulation de cette place, où son père
éUàt entré en maître dix-sept ans auparavant.
Cette expédition, qui fut aussi utile au rélablis-
nement de la paix que la victsire de Villaviciosa,
lui valut la grandesse d'Espagne, que le roi lui
peniiit d'accepter. De concert avec Vendôme, il
dressa le plan de la campagne suivante. En
même temps il reçut de son gouvernement l'ordre
de S€ rendre une seconde fbis auprès de Ph^-
lippe V et de le décider à la poix. Sa- négociation
dura plus de six mois, et eut peu d'effet; il de«
mamte son rappel, et fit donner au marquis de
Boonaee le titre d'ambassadeur qu'on lui avaft
oflert D'après Saint-Simon, qui ne l'aimait pas,
il eut « on ordre sec et précis » de revenir, et Ait
très> froidement reçu par le roi, M^^de Mainte-
non et la Danphine. Ltntrigoe suivante aurait,
dit-on , suffi à motvver celte prompte disgrftoe.
Pmdant son séjour à la cour d'Espagne, Iloailles
avait afp de concert avec le marquis d'Aguillir
pour donner une mattresse à Philippe Y, qui
s'éloignait de plus en plus de sa femme, attaquée
depuis longtemps des écroucAes, qui la condui-
sireot au tondwan ; ils espéraient par cette fulfe
de jouer eux-mêmes dans la monarchie le rôle
de la princesse des Ursins. « Ils prirent le roi »
raeonte Saint-Simon, par le foible qu'ils lui
connaissaient sur sa santé et lui firent peur de
gagner le mal de la reine. Ce soin pour sa cou-
servatioo iat aasec bien reçu pour leur donner
espérance ; Ils continuèrent', elle augmenta ; ils
plaignirent le roi sur ses ttesotos , ils battirent
la campagne sur la force et les raisons de né-
cessité; en on mot, ils loi proposèrent une mat-
tresse. Tout allait bien jusque-là , mais le mot
de mattresse eff&roncha ia piété du roi , et les
perdit. • Quoi qoli en soit de la véracité de
cette intrigue, 5oaHtes, frappé d'une sorte de
défsTair, ne fnt plus employé qu'à la mort de
Louis XIV, et noua dès lors des relations ac-
tives avec le doc d'Orléans et son parti.
Après la mort du roi , le duc de Noailles entra
dans le conseil général que le régent avait ins-
titué de sa propre autorité pour veiller à la di-
rection suprême des affaires. Cette haute faveur
lui permit de déployer dans tout son jour l'apti-
tude adnrinistvative dont il avait donné maintes
prei rves au milieu des opérations de guerre et de
cabinet. Appelé à présider, sous le maréchal de
Yilleroi , te conseil des finances (74 septembre
1715), il supporta à peu près seul le fardeau de
ce ministère , le plus lourd et le plus dangereux
de tous. Passionné pour le bien public, il s'ap-
pliqua à juger de tout par lui-même, examina
les détails sans perdre les prinripes de vue, et
ne sépara point les intérêts de la couronne de
ceux de la nation. La pénurie du trésor royal
était telle que Ton constata tout d'abord on dé-
ficit de 77 millions pour les dépenses courantes »
une quantité énorme de dettes exigibles, et le
revenu de deux années consomé d'avance. Sur
la proposition ou avec le concours de Noailles ,
on réduisit l'intérêt des rentes , on supprima une
foule d'offices privilégiés , on régla les pensions,
on ordonna la révision des comptes, on diminua
les tailles , on réforma les troupes et la maison
du roi, on autorisa l'exportation des grains.
Une mesure mauvaise en soi, mais qui parut né-
cessaire, fut l'altération des monnaies; l'État en
retira enriron 72 millions de bénéfice. En 1716,
le doc eut la pins grande part à la conversion
des bons royaux, tombés dans te discrédit, en
billets de l'État, et h l'établissement d'une
chambre de justice chargée de sévir contre les
traitants et de rechercher l'origine des fortunes
mal acquises (1). Dans le conseil du commerce,
qu'il présida également et qui fut de création
postérieure, il parvint à foire supprimer plu-
sieurs prohibitions onéreuses ainsi que l'ImpOt
des t sois pour livre. L'esprit d'ordre et de sa-
gesse dont ii était animé (2) l'éclaîra de bonae
(1) Ce rlgonreai mojen n*étatt pas aiHiveaii, puisque
Salljr et Coibert Pavaient déjà Mnpiojé avec anccéa. La
etiaobre siégea de mars 1716 à Jiila 1717 t eUe taas
4,iT0 penonikps, ia plupart sans palrimoioe et sans oala-
aaner, et sur la totaJIte de leurs biens estimés i près de
800 mUllons. elle leur en M%%» its, toutes dettes payées.
Les frats de juitloe s'elrTéreiit sealemeat a 1,tOO mlUe
livres. Ceai du tribunal établi eo 1661 par Coibert avaient
été de 16 millions en bnit années.
(1) Le Mémoire <fn*il lut en Juin 1717 an conseil det
finances est la meilleure prenve qu'on peut donner de sa
capacité et'de la droiture de ses vues. An nombre des
moyens qu'il croyait propres à rétablir les finances , U
127
KOAILLES
128
heoi'e sor réxtréine péril où les opérations har-
dies de Law allaient jeter TÉCat; après avoir
applaudi à la création de la banque générale pro-
posée en mai 1716 par le financier écossais, il
a'unit au chancelier Daguesseau pour le com-
battre et partagea son honorable dingrAce : forcé
de résigner ses fonctions de président, il de-
meura simple membre du conseil de régence
(28 janvier 1718). Biais le crédit dont il jouissait
toujoure auprès du duc d'Orléans inspira de
l'ombrage au cardinal Dubois, qui finit en 1722
par le faire exiler dans ses terres. Il ne fut
rappelé qu'en novembre 1723, après la mort de
ce personnage (1).
Pendant dix ans, Noailles ne revint point anx
affaires; la confiance et l'estime qa*avait placées
en lui le cardinal de Fleury lui permirent néan-
mohis de s'y mêler dans une certaine mesure. Le
cardinal était dévoué à sa famille, et tons deux
paraissaient cordialement unis. Lorsque la guerre
éclata contre l'empereur (1733), il offrit ses ser-
vices, et fut attaché k l'armée d'Allemagne sous
les ordres du maréchal de Berwick. Cliargé en
1734 de l'attaque des lignes d'EttUngen, il les
força aisément, et rejoignit Tarmée sous les rem*
parts dePhilipsbourg. Après la mort de Berwick,
on lui remit la conduite des opérations ainsi qu'à
d'Âsfeld ; l'un et l'autre reçurent le même jour
le bftton de maréchal et le commandement en
chef (14 juin 1734). Philipsbourg capitula au bout
de cinq semaines ; mais cette campagne n'abou-
tit à aucun résultat important Le partage de
l'autorité n'avait produit que jalousie et impuis-
sance. D'Âsfeld, défiant et entêté, affectait de
ne point consulter son collègue; Noailles,qui
devait lui obéir et le redresser à la fois, se plai-
gnait sans cesse. Sa correspondance à celte
époque prouve qu'il n'avait rien perdu de son
activité. « Jamais, dit Millot, général n'écrivit
plus au milieu des camps; sa tente pouvait se
comparer au cabinet d'un ministre et quelque*
fois d'un homme de lettres. » La retraite du ma-
réchal d'Asfeld lui permit enfin d'agir seul; il
propote, dans les cm de DéecMlté, une ImpodUon gé-
nérale tnr toat le eorpa de l'État, et en teospa ordinaire
la taille proportionnelle. Ce rapport remarquable a été
Inaéré loat entier par ForbonnaU dana lea iUekerekêi
sur têt jlnoncea de France (BSle, 17IS, l vol. In-4*).
(I) Dubois raceosa vagnement de n'avoir pas été étran-
ger aai Intrlgnea de la dneheiae du Maine; aa bante
poalUon et ion tnfluenee étalent dea molUi auMsanta d'é-
lolgnement Lors de l'entrée de Dobob an conseil de
régence, presque tons lea nenbrca a'abatlnrent tout
d'abord d'7 stéger avee lui; une dlapnte s'éleva qui se
termina par dea lettrée de caebeL Le Jonr même qu'elle
commença, Moallles ayant rencontré le nonvean mi-
nistre au Louvre, lui dit : « Cette Jonmée sera fameuae
dans l'histoire, Monalenr : on n'oubliera pas d'j mai^
qner que votre entrée dana le eonaell en a lait déserter
les grands dA rojaume. ■ Lorsque la majorité du roi fut
déclarée, TetU de MoalUea eesa. Dés quil reparut à là
eour, le régent rembraïaa tendrement, et lui protesta
qve tt dlsgrâee éUlt le fait de ce ewnfUm de eardinnU.
m Bé bien, que dlrona^nonsf » aJonts-t-U avee une
sorte d'embarraa. Noallles répondit en homme d'esprit :
Pqx virti, r«v»<es d^funeiis. Le lendemain de cette cn-
tfcvoe, le régent mourut d'apoplexie.
. ramena ks troupes dans l'Alsace, et y passa
l'hiver. Au moment où il espérait recueillir au-
delà du Rhin le fruK de ses travaux, on jugea
qu'il servnnit plus utilement en Italie sous les
ordres du roi de Sardaigne , à qui les traités
donnaient le pouvoir de généralissime (34 fé-
vrier 1735). Arrivé à Turin le 9 mara, il reçat
les marques de distinction les plus flatteoses,
et, plus adroit ou plus heureux que Coigny et
Broglie, ses prédécesseun , il parvint à voir ses
plans approuvés du roi. Dans l'espace de quel-
ques semaines , il occupa les chAteaux de Goa-
zagne et de Regglolo, gagna le tombal de Ré-
vère, traversa le Mincio et prépara le blocus de
Mantoue, le dernier refuge des Impériaux en
Italie. L'armistice conclu directement par le car-
dinal de Fleury avee l'empereur, et sans le con-
cours des alliés , l'obligea de suspendre les hosti-
lités. On eut recoon à lui pour négocier les ar-
rangements nécessaires à la conclusion delà paix,
mifision qui, selon ses expressions, n'était ni
facile ni agréable, puisqu'il lui fallut des ména-
gements infinis et autant de prudence qœ de
fermeté non -seulement pour amener l'évacuation
de l'Italie , mais pour satisfaire les intérêts et
l'orgueil blessé des rois de Sardaigne et d'Es-
pagne, que l'on avait gagnés par des promesses.
La mort de l'empereur Charles VI alluma une
guerre aussi furieuse que celle qui avait suivi la
mort de Charies II , roi d'Espagne. Dès que la
France y prit part, le due de Noallles, dont
TAge ne ralentissait pu l'ardeur, fut envoyé sur
les frontières du noitl (21 août 1743) et mit tous
ses soins à les garantir de l'invasion dont elles
étaient menacées. Il commença dès lora avec
Louis XV et continua pendant quelques années
une correspondace particulière, pleine de zèle et
de franchise , et dans laquelle il traita d'une fa-
çon exacte, quoique un pen diffuse, les matières
les plus importantes de la guerre et de l'admi-
nistraUon. Il lui conseilla même, dans un long
mémoire, de ne point donner de successeur au
cardinal de Fleury, de ne jamais prendre ni fa-
vori ni premier ministre, et de gouverner au-
tant que possible par lui-même. Le roi goûta les
raisons du maréchal, et voulut qu'il eût entrée
au conseil avec le rang de ministre d'État ( 10
mare 1743). Appelé le i*' avril suivant an com-
mandement de l'armée d'Allemagne, il prit ses
mesures avec beaucoup d'habileté : paf les di-
vers postes quil occupa, il resserra et «fTama
tellement les alliés dana leur camp que Geor-
ges II, roi d'Angleterre, ayant entrepris dans
une marche nocturne de se rapprocher de Franc-
fort, se trouva bientôt enfermé dans la plaine
étroite de Dettingen, ayant d'un cêté des colline»,
des bois et des marais et de l'autre le Mein dé*
fendu par des batteries. On pouvait regarder la
victoire comme infaillible ; l'intempestive bra-
voure du duc de Graramont, neveu du mare-
chai, fit échouer le projet le mieux concerté et
occasionna un combat sanglant, oh la perte fut
139
NOAILLES
130
égaJe et qui ne décida rien (27 juin 1743).
Noailles laissa cinq mille hommes sar le champ
de bataille, repassa le Mein, et se tint à portée
de soutenir le maréchal de Coigny. Ce fut à
cette époque que, frappé de la position critique
des années françaises. Il demanda au roi, pour
le seconder, le comte de Saxe, dont il avait ap-
précié le génie militaire an siège de Philipsbourg;
mais le roi désapprouva momentanément ce
choix, en reprochant au comte son humeur légère
et peu souciante, son amlntion d'être souverain
et surtout sa qualité de huguenot.
Une suite d^opérations malheureuses isola la
France, et faillit l'exposer à supporter seule
tout relTort de la coalition. Noailles, qui avait
toqjours Toreille du roi, lui remontra vivement
combien l'on devait avoir de sujets d'alarmes :
la désorganisation et le petit nombre des trou-
pes, rabsence d'hommes capables dans les af-
faires, le peu de crédit dans les cours, les fron-
tières menacées d'une invasion. D'après les
conseils da maréchal, Louis XV résolut de raf-
fermir les courages ébranlés en se montrant
enfin à la tète des armées ; comme l'année 1743
était déjà avancée, il ajourna son projet à la
campagne prochaine. En attendant, et pour que
la guerre offrit des chances de succès, Noailles
travailla activement à recruter des alliés parmi
les princes d'Allemagne. Non-seulement il eut
la principale part à toutes les négociations dont
Cbavigny fut chargé i Francfort, mais il saisit
avidement Toccasion de renouer avec le roi de
Prusse une alliance qu'il eut le bonheur de
voir réussir, en dépit des intrigues de la cour.
Après le renvoi d'Amelot (26 avril 1744),
Louis XV avait déclaré qu'il tiendrait lui-même
le portefeuille des affaires étrangères ; il per-
sista six mois dans cette résolution, on plutôt il
en laissa tout aussi iougtemps la direction an
maréchal (1). Ce dernier, sans cesser de con-
duire les grandes négociations qui étaient sur
le tapis, avait pris dès le f avril le comman-
dement de l'armée de Flandre ; il occupa Menin
et ladlita au roi, qui vint au camp dans le mois
de juin, la prise d'Ypres et de Fumes. A la fin
de juillet, il se rendit dans l'Alsace, province
qw le prince Charles de Lorraine venait d'en*»
vahir, se concerta avec les ducs de Belle- Isle et
de Coigny, atteignit les Autrichiens dans les en-
virons de Haguenan et leur livra un sanglant
comlnt, qui dura toute une journée ( 23 août ) ;
le lendemain, lorsqu'il se remit en marche, il ap-
prit qoe Vennemi était en sûreté au delà du
Rhin. Cette opération, dont on avait espéré un
grand effet, lui attira beaucoup de critiques et
(f) D^âprèc Mlllot, toate la eorreipondanee de ce dé-
parteaicRt paisatt par w» maint; tl remettait lea dépé-
cliea ft va premier eomate, da ThHt, qol répoDdatI ani
■lalstTea. Le eonste d'ArgeBson, ministre de la guerre,
e»«dtalt ce qal demandait la algnalare d'un aeerétaire
d'Ebi. eo même temps II écrivait * Pemperenr Char-
les vit, A LoolB XV, à Frédéric II, ans généraiix llranfabi,
des ktlres et des mémoires iert decalUés.
«OUV. tlOCK. QiaxfM, — T. XXXVIII.
de désagréments; il soumit sa conduite au ju-
gement des rois Louis XV et Frédéric II, qui
parurent y donner leur approbation, et insista
beaucoup sur la nécessité d'être déchargé du
fardeau des aCTaires étrangères. On lui donna
pour successeur le marquis d'Argenson , frère
atné du ministre de la guerre ( 18 novembre
1744).
Après avoir suivi le roi au siège de Fribourg,
Noailles se trouva également è se^ eûtes à la
bataille de Fontenoy (1745) : tout occupé du
salut de l'État, il consentit à seconder le comte
de Saxe, et lui servit même de premier aide de
camp. Le 1*' avril 1746 il se rendit à Madrid avec
le titre d'ambassadeur extraordinaire; cbaiigé de
regagner la confiance de Philippe Y, qui avait lien
d'être mécontent de la politique française à l'égard
de la Sardaigne, il parvint à l'apaiser, et régla en
même temps les mesures à prendre pour l'éta-
blissement destiné à l'infant don Pliilippe en
Italie. Il prit congé, le 7 juin suivant, de la cour
d'Espagne , après avoir reçu la Toison d'or
pour le comte de Noailles, son fils, qui l'avait
accompagné. Il rejoignit ensuite Louis XV en
Flandre, et contribua par ses conseils aux succès
militaires, faisant moins office de général que de
ministre et continuant de rédiger des plans de
campagne pour les maréchaux de Belle-Isle, de
Saxe et de Lowendahl ou des mémoires étendus
pour la réforme du gouvernement. Depuis la
paix d'Aix-la-Chapelle (1748), il ne donna plus
son attention qu'aux affaires du conseil, où il
siégeait toujours, en sa qualité de ministre d'É-
tat. Les avis qu'il y donna n'y furent plus que
rarement suivis ; ce fut pourtant lui qui proposa
l'expédition do Minorque, par laquelle on dé-
buta si heureusement dans la guerre de 1756.
Voyant diminuer son influence, succombant
d'ailleurs sons le poids de l'âge et des infir-
mités, il demanda sa retraite dans une lettre
touchante adressée au roi (38 mars 1756).
« Mes forces, dit-il, ne répondent plus à mon
sèle. Je sens tous les avant-coureurs de la dé-
crépitude, qui m'annoncent que je ne dois plus
m'occuper que du dernier avem'r et du soin de
m'y piîSparer. » Il termina sa longue carrière à
l'Ag^ de quatre-vingt*huit ans.
Le maréchal de Noailles a été l'un des hom-
mes les plus remarquables de son siècle. A une
belle, âme et à un esprit supérieur, il joignait
beaucoup d'amabilité et de culture, l'amour du
roi et de la patrie, le zèle du bien public, une
ardeur prodigieuse pour le travail. H est rare de
rencontrer cher un seul homme tant de talents
et de connaissances. Saint-Simon, l'ennemi par-
ticulier de sa famille, a tracé deux fois de lui
un portrait où il donne carrière à ses ressenti-
ments et à sa verve caustique. Nous préférons
citer le passage suivant extrait des Màmoires
secrets de Duclos, et qui dans sa malignité
même offrira on correctif nécessaire aux louan-
ges souvent exagérées de l'abbé MiUot. « A l'é-
5
izt
NOAïm.ES
132
gard du dac de Noaitles, en le décoin|x>8aat ,
ou en aurait fait plusieurs hommes, dont quel-
t|lie9^uns auraient eu leur prix. Il a boawcoiip
He tontes -fioHes d'esprit, une éloquence natureite,
fiexfMe et aftfortie aux différentes matières; sé-
duisant dans la conversation, prenant* le ton de
tous' ceux à qui il parle, et souvent par là leur
faisant adopter ses idées, quand ils croient lui
communiquer les leurs; une imaginâtiDn vive et
fertHe, toutefois plus féconde en projets qu'en
moyens. Il n'a de suite que pour son intérêt
IMersonnel, qu'il 'ne 'perd jamais de vue. Ses
eonnaissances «ont étendues , variées et peu
profondes. Il «ccueillefort les 'gens de lettres
let s'en est servi utilement pour rfes mémoires.
Dévot- ou libertin, suivait les oiroonitances, il
Be fit disi^paoier en Espagne^n^ proposant une
maîtresse à Philippe V. Il suivit ensuite Bl™^ de
Mairttcnon à Pëglise et entretint une fille d*Opéra
au oonomencement de la régence 'pour être un
ton régnant. Le désir de plaire à tous les partis
lui a fait jouer des rôles emDarrassants , sou-
vent ridicules et quelquefois humiliants. Citoyen
lélé' quand son intérêt propre le )ui peratet, il
ft'apfyKqua à rétablir les finances, et y serait
peut-iètre parvenu si te régent F«ût laissé^ cou-
HDuer ses opérations. » On doit nu duc de
NoaiHes la conservation d'une partie âe ce que
Louis XIV «vait'écrit' lui-même sur divers évé-
nements de son règne (t). Oe iot dans iesiAer-
Mères aiittées 4e sa «vieillesse, loin du tumnite
6t lies affaires, qu'il fit sa principale occnpaliuo
de mettre en ordre cette prodigiciise quantité
de'tnanuscrits, formant envi ion tOO vol. in-fol.
et d'où rabbé lllllot a extmit'ses Mémoires j>9-
ItHqnes et >m*iU€ùres. ' Cet ouvrage, dans lequel
Tédtteur a conservé dans toulelear intégritéies
pièces les plus curieuses , -parut -pour la pre-
mière fois en 1777 (6 vol. iD-;l2 ) et 6it réim-
primé dans lACoHection-déBMiémoires pour
jervir à VMsMre de Fmnee, de Mièkand et
Poujoulat.
De Françoise d'Aublgné, sa femme, le duc de
Mouilles eut six enfiiUts : L99tis ( voy. ei-aprèi^,
Philippe (voy, 'Moogrt'), Froniçoise-Adé»
taïde , comtesse d^Aimagnoc; >Amaàte-Ga-
brielle, mariée au fils du' maréchal de Villars ;
Marie-Louise^ duchesse de^Oauinolit^ et A/ari^
Ànne-Prançoise, comtesse de La ■>farck.
P. bouiST. .
MniOt, Minuant. - Morért. Cirand Dict AW. -
La Cbcinaye Deabote, Dictionnaire de -ta ' nable$se. '-
VulUire, SiécU de Louit XI y et SUcU de iMuis XV.
(1) M Un ftoir, en liu, raconte Millot, LouU Tenroya
dans son cbinet chercher des papiers écrit» de sa
main , qull voolatt Jfter aa fea. II en farAta d'ubord
ploalcurs. qui IntércMatent la réputation de différentcc
personne»; il allait brAler tout le reste, noies, nié-
moires, morceaux de sa composition sur la guerre ou
la politique : le due le pria Instamment de les lui
donner, et II obtint eette KcSee. » Il endépOf^a le^ ort»
gliiaux en 1749 k la Bibliothèque du Roi. Votuire. au-
quel il les avait comniuniqués en partie, en In.séra des
Iriigments dans le cfa. xxviii du Siicle de louU XIF.
— Salnt-<Mnion . Mémêtrti, -« Duetoa , 'Mémeirtt se-
crets. — CourceUca, Dict. du généraux français. ->-
Mlgnet, ^Négociations relatives d ta succeuton d'Es^a-
pne. - De laines, Utm.
NOAii.L«5 ('/.oNij-vliffoJne de), 'uandinéi
français, frère du précédent, né le 27 iroti 1651,
au château de Teissières, près d*Aurili«c, mo^t
à Paris, le 4 'mai 1729. Il fut de'bmme heure
destiné à la «arrière ecdésiastiqve etr^Hnirvu de
la domene d'Aubrac, diocèse de Rodez, où il
introduisit plus tard la règle de Chancelade.
Docteur de Sorlxmnele 14 mars 1676, après
avoir fait avec 'distinction sa licence, '11 devait,
par sa naissance et par le crédit de sa famille,
«rriver promptement aux premières dignités de
TÉgiise. £n mars 1679 le roi le nomma à repê-
ché de Cahors, et le transféra en juin f660 à
celui de Chftlons^sur 'Marne, une des - pairies ec>
olésiastiques. « M. de^otiilles, dit Saint-Simon,
porta à Chàlons son ianocence baptisméle, et y
garda une résidence exacte, uniquement' appli-
qué aux visites, au gouvernement de son dfooèse
et à toutes sortes de bonnes cenvres.» ll^ssi^la
à rassemblée générale du clergé tenue en 16Si,
au sujet de la régale, et à celle où furent adoptés
les quatre fameux articles du 19 Tuars 1682. il
avait contré dans ces deux diocèses une piété
si exemplaire et une si grande attention à faire
fleurir dans le clergé la science, la régularité et
les bonnes mœurs, qu'à la mort de M. de Harlay,
Louis Xrv n'hésita point à l'appeler, te 19 août
1695, è l'archevêché de Parfis. Au sujet de cette
nomination, « il nrrrva ,'pour la première fois,
que le 'P. 'de La Chaise ne Ait point consulté.
W"^ de Maintenon osa, peut-être aussi pour la
première foh, en faire son nflalre. Elle montra
au roi des lettres pressantes de MM. Thrberge et
Brfsacier, supérieurs des missions étrangères,
que, pour contrecarrer les Jésulte^^, dont le crédit
la gênait, elle avait mis à la mode auprès du
roi. 'Il lui Importait que rarchevéque de Paris
ne fût point à eux, pour qu'il fût à elle. M. de
Noailies lui était un bon garant; en un mot, elle
remporta, et M. de Chilons fut nommé à son
insu et à Ilnsu du P. de La' Chaise. Le camou-
flet était violent; aussi les Uésoltes ne Tont-ils
jamais pardonné à ce prélat, il était pourtant si
éloigné d'y avoir part, que malgré les mesures
qu'il avait prises pour s*en éloigner, lorsqu'il se
vit nommé, il ne put se résoudre à accepter, et
qu*il ne baissa la tête sons ce qull jugeait être
un joug trop pesant qu'à force d'ordres réitérés,
auxquels enfin il ne put résister. » M. deNodilles
accepta donc; mais, comme il Favait prévu, il
perdit dans ce nouveau diocèse la tranquillité
dont il avait Jusqu'alois joui. "Étant évêque de
Châlons, il avait cette même année renouvelé
Tapprobation que Félix Vialart, son prédéc^-
seur, aivait donnce, le 9 novembrel671, aux Hé-
flexions morales sur le Piooveau Testament du
P. Quesuel de TOratoire. Devenu archevêque
de Paris, il censura, lo 60 août 1696, un livre de
i*abbé de Barcos, intitulé : Exposition de ta
fS3 NOAILLES
foi de r Église romaine iauekmit la grâce et
la prédestination. Mais après avofr, dans la
première partie de cette ordonnance, oondaniBé
les errears da iivre de Jansénios, il s'étetfdit
kwsaemettt dana la seconde partie pour prou-
ver la grAce «Ifieaee par-ede-méme et la prédes-
tlkiatioi» gratdle, et il y fit défense de donner à
qui q«e ee fût le nom isf^ et janséniste, si œ
n*est à ceux qui seraient convaincns d'avoir ensei-
pié quelqu'une des dnq propositions dans le sens
aatarel, selon les nouveaux brefs d'Innocent XII.
dès ee moment la guerre s'alluma entre lui et
les jésuites, et en 1698 parut une-sorte de libelle
sous le titre de : Probtème eeclésiastifine, con-
sistant à savoir auquel il ràllalt croire ou \de
M. de NoaiUes, «rchevèqae de -Paris, eondam-
liant VBsposition de fo>bl, tomme 'renouve-
lant les dogmes de Jan^énius, ou de "M. de
Noailles, évéque de CbAlons, approuvadt les
Réflexions morales du P. Quesnel qui oontien-
«eut toftt le venin de ces dograts. Cbmrae cette
brochirre était anonyme, fes Jésuites forent tout
ffabonl soupçonnés d'en être les ailleurs; on
assurait d'ailleurs qu'à la lectore de Toiidon-
nanee archiépiscopale, le P. de la Gtiaise s'était
pris à dire : « Qu'il ferait tmlre à M. de Noailles
jusqu'à la lie le vase de la colère de la'Socîélé. «
La paternité du Problème Hit même attribuée
an P. Doncin; mais on 'apprit fort longtemps
après que sou véritable -auteur était un bénédic-
tin, dom Thierri de Vlaixnes, janséniste des
plus outrés ^JdM le chancelier d'Aguesseau. Ti-
vemeùt .piqué, M. de Noailles obtint, le' 16 jan-
vier 1699, un arrêt du parlement qui condam-
aaSt ce HbéHe à être lacéré et brûlé, et un arrêt
serabMble ftit rendu à Rome, te'9 juillet 1700.
Dans Pintervalle, il avait, 'le 9 mai 1696, pris
séance au parlement comme duc de Saint-^oud
et pair de France, et, le !•• Janvier 1698, le roi
Vavait normné prélat commandeur de l'ordre du
Saint-Esprit. Il voulut, dans l^afTaire 'du qùié-
tisme, se .porter médiateur entre Bossuet et
Fénelon qui avait été son condisciple au collège
du Plessis;matsirfut bientôt subjugué, par l'as-
cendant du premier. Celoi-ci fait bien connaître
quelles étaient les dispositions de i'archrvéque
de Paris, quand il écrivait à son neveu, le' 10 juin
1697 : «« M. de Paris craint M. de Cambrai et
me craint également. Je le contrains, car sans
moi tout irait à l'abandon, et M. de'Caihbrai
l'emporterait.... MM. de Paris et de Chartres
scmt faiMes, et n'agiront qu'autant qu'ils seront
poussés. » Aussi M. de ^loailles et Fénelon de-
meurèrent-ils toujours depuis en froideur. Dans
l'assemblée de 1700, qu'il présida et où sa fa-
veur, sa piété et son savoir lui acquirent beau-
coup de réputation ,'il donna de nouveatix sujets
de noécootentement aux jésuites , en admettant
la dénonciation <lu livre du canlinal Sfondrati,
Sodus prxdestinationis, et en faisant condam-
ner cent vingt -sept propositions extraites de dif-
férents casuistes, parmi lesquels étaient plusieurs
134
jésoites. La pourpre qu'il reçût d'Innocent XII,
le 2t juin f700, à la nomination de Louis XIV,
loin de désarmer l'envie, ne fit que l'exciter.
Lorsque ce prince lui remit la barrette, le Ti juil-
let suivant, il lui adressa les profMs les plus
obligeants ; mais bientôt, dominé par Tinflueiice
des jésuites, |1 se montra fort indisposé contre
lui. M. de Noailles alla, cette même année, à
Rome, au conclave où Ait élu Clément XI qui, le
18 décembre, lui donna le èhapeau avec le titre «le
Sainte-Marie sur la Minerve. Peu après son re-
tour, en 1701, on proposa un problème théolo-
gique qu'on appela le Cas de conscience par
excellence. « Pouvait-on donner les sacrements
à un homme qui aurait signé te formulaire en
croyant dans ie fond du cœur que te pape 'et
même l^lise peuvent «e tromper sur le fait ?•»
Quarante docteurs se* prononcèrent pour rifflr-
mative. 'Le cardinal de Noailles ordonna qu'on
ctùi le droit d'une foi divine, et le fait d'une foi
humatBP;'ies autres é^éques et notamment Fé-
nelon exigèrent la foi divine pour le fait. Clé-
ment XI crut terminer la querelle en publiant
(16 juillet 1705) la bulle Vineam DominiSa-
baôthy par laquelle il ordonna de croire le fhit
sans expliquer si c'était d'une foi divine ou d'une
foi humaine. X'assemblée du clergé reçut cette
biille, mais avec la clause « que les évêques l'ac-
cej^tdieiit par voie de jugement ». Suggérée par
le cardinal qui présidait l'assemblée, et insérée
le 3 août au . procès-verbal d'acceptation, cette
clause hidlsposa contre lui Clément XI. Quoique
ni le pape ni le clergé de France n'eussent or-
donné de signercette bulle, le cardinal crut néan-
moins devoir exiger la signature des commu-
nautés religieuses de son diocèse. Toutes se sou-
mirent; mais les religieuses de Port- Royal ajou-
tèrent seulement cette réserve : « Sans déroger
à ce qui s'e^t passé à notre égard, à la paix da
l'Église, sons Clément IX. » Mal interprétée à
la cour de France, cette restriction ne fut point
désapprouvée à Rome;^roàis, au défaot lies fou-
dres de l'Église, on edt recours aux coups d'au-
torité. Le cardinal avait dit souvent que Port-
Royal-des-Champs était le séjour de Tinnocence
et de la piété ; il avait assuré aux religieuses qu'il
ne contribuerait jamais à leur destruction; mais
il ne stit point leur tenir parole, et prétendit alors
que Port-Royal n'était plus que le séjour de l'o-
piniâtreté. Le décret de suppression fut rendu
le 11 juillet 1709, et un arrêt du conseil (22 jan-
vier 1710), dont l'exécution fut prompte, or-
donna la démolition d^ Cantique monastère où
reposaient les dépouilles des Lemaistre, des
Arnauld, des Racine et de tant d'illustres person-
nages, (c Après la destruction de Port-Royal, la
cardinal n'en fut pas mieux avec les molinistes,
mais beaucoup plus mal avec les jansénistes,
ainsi que les Jésuites se l'étaient proposé. »
Cette même année (17 mars), il fut nommé pro-
viseur de Sorbonne. Clément XI avait rendu
(13 juillet 1708} un décret contre lellvreduP. Quea-
5.
185
NOAILLES
1S6
nel, mais qui, de l'avis da parlement, ne fut point
reça en France. Les fond res lancés contre Quesnel
ne produisirent leur effet qu'en 1713, après la pu-
blication de la bulle Unigenitus^ sollicitée en
partie par le P. Letellier, confesseur du roi.
Antagoniste déclaré des Réflexions morales ^
ce jésuite était mal personnellement avec le car-
dinal, et il chercha à soulever le corps épiscopal
contre lui à l'occasion d'un mandement du pré-
lat. Une lettre de Tabbé Bochart de Saron rendit
publique l'intrigue du P. Letellier, qui avait en-
voyé aux évèques des lettres toutes faites contre
le cardinal, avec ordre de les lai renvoyer si-
gnées, pour être remises au roi. Le cardinal, au
désespoir, en demande justice an roi, an duc de
Bourgogne, à MJ*^ de Maintenon, son alliée (1),
et n*est écouté de personne. Opprimé par un jé-
auite, M. de Noailles s'en prit à la Société tout
entière, et lui ôta le pouvoir de prêcher et de
confesser dans le diocèse de Paris. Sur ces en-
trefaites parut la bulle Unigenitus (8 septembre
1713), qui proscrivait, sous YÎngt-quatre quali-
fications respectives , cent une propositions du
livre du P. Quesnel. La guerre n'en fut dès lors
que plus acharnée. Une partie de la nation ac-
cueillit d'abortl peu favorablement le décret pon-
tifical, et une assemblée d'évêques fut convoquée
à Paris. Le 23 janvier 1714, quarante d'entre em
furent d'avis de l'accepter; sept, à la tête des-
quels se mit le cardinal de Noailles , président de
l'assemblée, ne voulurent ni de la bulle ni des
correctifs que l'on proposait. Louis XIY, croyant
alors que sa conscience l'obligeait à écouter son
confesseur contre son archevêque, défendit à
celui-ci de paraître à la cour, et reoToya dans
leurs diocèses les évêques ses adhérents. Le
cardinal, exilé de Versailles, n'en eut que plus de
partisans à Paris. Beaucoup de personnages des
grands corps de l'État se joignirent à lui contre
Rome et la cour; la Inille rencontra nne forte
opposition au parlement et n'obtint pas d'abord
la pluralité des suffrages. La 91^ proposition
condamnée paraissait surtout si vraie aux n»a-
gtstrats que la proposition contraire aurait été,
à leur avis, une hérésie politique dans tous les
gouvernements : « La crainte d'une excommu-
nication injuste, disait Quesnel, ne doit pas nous
empêcher de faire notre devoir. » Le parlement
pensait que si cette maxime était fausse , aucun
souverain ne serait en sûreté contre un suget fk-
natique. La bulle fut cependant enregistrée le 16
février 1714, mais avec des modifications qui
déplurent fort à la cour de Rome et aux moli-
nistes. Dix jours après (25 février 1714), le car-
dinal publia un mandement, par lequel, tout en
renouvelant la condamnation du P. Quesnel, il
défendait provisionnellement d'accepter la bnlle.
Quelque bizarre que fût cette démarche, elle
ne laissa pas que d'embarrasser un assez grand
nombre de docteurs de Sorbonnc, convoqués
(1)) Son neteo avilt époué M»* d'Aobigné, nièce de
M"* de NalQtenoo.
pour l'acceptaflon, et elle donna lieu à des scènes
tumultueuses, à des exclusions, à des lettres de
cachet, à des exils, à des enlèvements qui pen-
sèrent atteindre le cardinal lui-nême. Grâce à ces
moyens, l'enregistrement eut lieu à la Sorbonne
le 5 mars. Quant aux évêques auxquels le roi fit
expédier la bulle, cent dix l'acceptèrent purement
et simplement ; quinze suivirent Texerople da
cardinal on, du moins, ne l'acceptèrent qu'avec
des explications ; mais tous, à l'exception de Pierre
de la Broue, évêque de Mirepoix, condamnèrent
le P. Quesnel. Après avoir Tainement essayé de
ramener à l'unité par la donceor les évêques
récalcitrants et surtout le cardinal, Louis XIV
pensa aux votes de rigueur, et il fut question de
les déposer tous dans un concile national. Il avait
même envoyé à Rome le conseiller «V État Amelot
pour se concerter à cet égard avec le pape, lors*
que la mort, qui le surprit ( 1" septembre 1715),
changea complètement la face des alTaires. Le
roi avant de mourir fit appeler les cardinaux
de Bissy et de Rohan pour leur demander si
dans toutes ces disputes il n'était point entré
de passion, et s'ils ne lui avaient rien fait faire ao
delà des bornes. Us l'assurèrent que non, et que
c'était le pur zèle de la religion qui les avait
animés. M. de Noailles écrivit plusieurs lettre»
pour avoir la liberté de Toir le roi dans cet état;
mais ses ennemis l'en empêchèrent, et firent
mettre dans la lettre que le chancelier écrivit eo
réponse à celles du cardinal, que le roi serait
bien aise de le voir, pourvu qu'if acceptât U
Ckmstitution, condition que le roi n'avait poiot
imposée. L'un des premiers actes du duc d'Or-
léans, régent du royaume, fut d'exiler le P. Le-
tellier et de placer M. de Noailles à la tête da
conseil de conscience. « Un changement im-
mense, dit Saint-Simon, se fit en vingt- quatre
heures dans l'opinion publique contre la Cons-
titution ; quinze jours y mirent le comble. L'herbe
croissait à l'archevêché; il n'y paraissait que
quelques Nicodèmes tremblants sous Peffroi de
la synagogue. En un moment on s'en rappro-
cha, en un autre tout y courut. Les évêques
qui s'étaient le plus prostitués à la cour, cenx
du second ordre qui s'étaient le plus fourrés
pour faire leur fortune, les gens du monde qui
avaient eu le plus d'empresaement de plaire et
de s'appuyer sur des dictateurs ecclésiastiques
n'eurent pas honte de grossir la cour du cardi-
nal de Noailles, et il y en eut d'assez impudent»
pour essayer de lui vouloir persuader qu'ils l'a-
vaient toujours aimé et respecté, et que leur
conduite avait été innocenté. Il en eut lui-même
honte pour eux; il les- reçut tous en véritabk
père, et ne montra quelque froideur qu'à ceux
où la duperie aurait été trop manifeste , mais
sans aigreur et sans reproches, peu ému au reste
de ce subit changement qu'il voyait être la preuve
d'un autre contraire, si la cour venait à cesser
la faveur qu'elle lui montrait. » Les jésuites ce-
pendant continuaient à intriguer, à écrire, à par-
IS7
NOAILLES
138
1er plus TÎolemmeDt que jamais , en sorte que le
cardinal, qni avait laissé les pouvoirs à un petit
nombre d'entre eax, se trouva à twut de mena-
^ments avec eux et interdit tous ceux de son
diocèse, à l'exG^tion des PP. GaUlard, de La Rue,
Lignières et de Trévoux (12 novembre 1716).
Les évèqoes opposés à la bulle se décidèrent à
en appeler an futur concile (l'^mars 1717) ; le
cardinal en appela lui-même, le 3 avril suivant;
mais, comme il ne voulait point d'éclat, il tint
son appel secret et^ne le pobiia que le 24 sep-
tembre 1718. A cette époque, un revirement
complet s'était opéré dans le gouvernement,
quant anx affaires ecclésiastiques, et le conseil
de conscience .«présidé par Moailles venait d'être
supprimé. Le régent, qui détestait toutes ces que-
rf lies, ordonna le silence aux deux partis, et cette
ioi , tant recommandée et toujours violée, ne fut
obàcrrée par aucun. La cour de France et la cour
de Rome se consumaient inutilement en négo-
ciations, lorsque le système des finances calma
les esprits et tourna leur activité vers les espé-
rauces que donnait la fortune. Law fit lui seul
cje que Louis XIV, le pape et tant d'évêques n'a-
vaient pu faire. Ces moments favorables furent
<;mployés à réunir l'Église de France. Le cardinal
«le Noailles se prêta à tout; U rétracta son appel,
et son mandement de rétractation fut affiché, le
21 août 1720. Trois mois auparavant, il avait
refusé des dimissoires pour les ordres sacrés au
ministre Dubois, alors tout puissant, et dont il
connaissait les vices d'esprit et de cœur et les
mœurs si relâchées. Et l'on peut juger des fu-
reurs où ce refus fit entrer Dubois, qui de sa vie
ne le pardonna jamais au cardinal de Noailles.
Enfin, après bien des démarches et des négocia-
tions, il donna (il octobre 1728), un mande-
ment par lequel il accepta purement et simple-
ment la bulle. Tels furent les derniers sentiments
de ce prélat, qui laissa le diocèse de Paris agité
par dea discussions fâcheuses, qu'il regretta sans
doute d'avoir fomentées. Ses charités étaient
immenses, et sa fortune personnelle ainsi que
les revenus entiers de son siège étaient consa-
crés à soulager les misères de son diocèse et
aux embellissements de sa cathédrale. Théolo-
gien savant, il était plein de candeur, de fran-
chise et de modestie, et ses ennemis ne purent
refuser de lui reconnaître les meilleures inten-
tions. Le chancelier d'Aguesseau le représente
dans ses Sfémoires comme un homme accou-
tumé à se battre en fuyant, et qui, dans sa vie,
a plus fait de belles retraites que de belles dé-
fenses. On a de lui des Heures à l'usage du dio-
cèse de Paris, une Conduite pour la confession
et la communion, un grand nombre de Mand&-
ments et d^nstructions pastorales, et pin-
ceurs Écrits contre la boUe Unigenitus.
Son frère Noaijlles {Jean'Baptiste- Louis»
Gaston ns), né au château de Teissidres, le
7 juillet 1669, mourut à Chàlons- sur- Marne, le
17 septembre 1720. Sacre évoque de Chàlons
le 20 mai 1696, il prit séance au parlement
comme pair de France, le 30 jnillet suivant. Il
fut aussi successivement dont d'Aubrac, abbé de
Montiéramey et de Hautvilliers , et se signala pap
son opposition à la bulle Unigenitus, H. Fisquet.
GalUa chrMiana, 1. 1, VIII et IX. — Journal de Dor-
■anne. — D'Avrtgny , Mém. ckronoi. — Mut. dé Port'
Aoya/. — Salot'Stmoo , Mim, — VUlefore , Anfcdotet
mr la eonUit^Aion Uoigenltas. — De Bauaset, Hi$i. de
Fénttan. — Ctdendrier eccUt., pour ni7. — Picot. 3lem.
pour 98rvir à VhUt. ecclés. du dix-huUiéwie siéde.
NOA1LLB8 {Louis^ duc DE), msréchal de
France, fils du précédent, d'abord appelé comte,
puis duc d'Ayen, né le 21 avril 1713, mort à
Saint-6ermain-en-Laye, le 22 août 1793. Il entra
aux mousquetaires en 1729, fut nommé mestre
de camp du régiment de Noailles (cavalerie) ,
le 4 mars 1730, sur la démission de son père, et
capitaine en survivance de la compagnie écos-
saise des gardes du corps du rpi (23 décembre
1731). Kn 1733, il assisU au siège de Kehl, à
l'attaque des lignes d'EUlingen et au siège de
Philisbourg. U suivit son père, qui commandait
en chef l'armée d'Italie et fut présent à la prise
de Gonzague, de Reggiolo, et de Révéro ; il fut
créé, en février l937, duc d'Ayen, titre sous le-
quel il est plus généralement connu , parce qu'il
le porta longtemps, et devint brigadier des armées
le l*^"^ janvier 1740. En 1742, il servit dans l'ar-
mée ^e Bavière, sous les ordres des comtes
d'Harcourt et de Saxe, mais presque toujours
dans la réserve. Le 14 mai 1743, il fut envoyé à
l'armée du Rhin avec le grade de maréchal de
camp, et combattit à Dettingen. Aide de camp du
roi (!•' mai 1744), il prit part en Flandre aux
sièges de Menin, d'Ypres, de Fumes, et en Al-
sace au combat d'Haguenau, à la prise de Fri-
bourg, etc. En 1745. il combattit à Fontenoy et
devant Tournay et Oudenarde. En juillet 1747»
il était à la bataille de Lawfeld. Promu lieute-
nant général ( 20 décembre 1748 ), créé cheva-
lier du Saint-Esprit (1er janyier 1749), le duc
d'Ayen se démit de son régiment de cavalerie en
faveur de son fils, et entra en jouissance du gou-
vernement de Saint-Germain-en-Laye par la dé-
mission de son père (23 décembre 1754). Il
devint également capitaine titulaire de la com-
pagnie des gardes en 1756, et la conserva jus-
qu'en 1776.' En juillet 1757, il assistait à la ba-
taille d'Uastembeck , contribua à la conquête du
Hanovre, et gouverna Casse! jusqu'à la fin de la
campagne. Il était de service auprès de Louis XV
lorsque ce monarque fut légèrement blessé par
Damiens (5 janvier 1759). Heurté rudement par
ce malheureux au moment où il porta un conp
de canif au roi, le duc d'Ayen l'arrêta le premier,
et présida à son premier interrogatoire, qui fut
accompagné de tortures extra-judicalres.
Après la mort de son père (24 juin 1766),
il devint duc de Noailles et gouverneur gé-
néral du Roussilloo. Il reçut enfin le bâton de
maréchal de France, le 24 mars 1775; mais
aucun fait saillant ne vient légitimer la hanta
139
NOAILLES
140
fortaneimilitaire qu'il ne (levait qu'à la faveur
dont joaissait sa famille. S'il faui' en croire
lescbroaiqueartido Uwps» Louift XV.luijconfia
plttâenrs fois dea nïMioDS inlimei^iet fort déli-
cates pour racQomplisseo^at desquelles uamo*
narque se montre rarement ingrat. Louis de
Noailles, d'ailleurs^ avait toute la faveur* du roor
narque et lui parlait avee plus de liberté qu'au-
cun autre; il a laissé la répulation d'im homme
de bon goût et d'un esprit vif et mordant. Parmi
le^ nombreuses saillies que l'on cite de lui, la
suivante fera apprécier son caractère : <i IjOuisXV
lui disait un jour que les fermiers généraux sou-
tenaient l'État — Oui, sire, départit le maréclial,.
comme la corde soutient. le pendu! » On lui at-
tribue on opuscule satirique contre les jouîtes ,
intitulé : Uurmes de saint Ignace^ j\ar M. L.
D. d:.A, (M. le duc d'Ayen.); ^^f^^t in^l2. Le
maréchal de ^oaille» ne voulut point émigrer,et
se retira à Saint-Germain, eu le cliagrin delà
mort de Louis XVI attrista ses derniers jours.
En mourant il légua trente-six mille francs aux
pauvres de cette petite ville.
Sa veuve, Cai/ierine-FroaçaiserCharlotle
de Cossé-Briasac, née le la janvier 1724, fut
guillotinée à Paris, le 4 tlitTroidor an ii (22 jpiUet
1794). Sa belle-fiile, Henriette- Anne-Louise d'A-
guesseau« duchesse d^Ayen, née le 12 février
1737, et sa petite fille, Anne- Jeanne- Baptiste-
Adrienne- Pauline-Louise- Catherine-Dominique,
vicomtesse de Noailles, née le 1 1 novembre 1758,
partagèrent son malheureux sort sous « la pré-
vention d'avoir participé aux conspirations et
complots formés dans la maison d'aj:i*ét« du
Luxembourg ». Elles furent du nombro des der-
nières victimes de la terreur. A. i>'£---c.
Journal hittorique du rég/u œ LauU Xf^ ( Paris, J7M,
Sa-ll), p. 63, %• part. — Baroo d'Espagnac,,//iff. de
Maurice, comte de Saxe (Parts, ITTI, i toI. ifUit). t. I,
p.^aiS 300. -. Le Bas, DM^euetalopédlqmideiaJYmmee.
— U Moniteur univartel, du.7 au 9>(horml(lur an.ii,
n* SIO. — Voltaire , Précis du règne de Louis XV,
clMip. Lxvii. — Cfironoloçie militaite, t- V, p. 990. -
VTaroquier, TaMeau hittorèquê de la. nobUsêe- de
France, p. rri.
%OMiLhKS.{Jean-PatU'Frajtjçpis^ duc dr),
général français, fils. du. précédent,, né à Paris,
le 2j6 octobre 1239 ^ mon le 20 octobre I824, à.
Fontenay-Trésigoy (Seine-etfMarne). Pourvu en
175d du gouTerncment de Saint- Germain-en-
Laye, il devint la.mènie année, colonel .du ré-
giment de Moaillea-CAvalerie (dragons), et en
1769 ca(\itaine en survivance de la compagnie
écoAsaise.dea gardes du corps du roi, dont il ftit
titulaire en 177G. 11 lit à, la tète de ce corps les
quAtre dernières campagnes de la guerre de Sept
AaSf.et fut-promu brigadier de cavalerie le 15
juiltet 17G2^ mais la^ paix conclue Tannée sui-
vante le rendit à des. loisirs qu'au milieu d*tine
existence élevée il. savait consacrer à 1 étude
des scienca&. .Oivera mémoinc estimésy qyiUl pu-
blia sur la chimie el^ur la .physique expérimen-
tale, lui.o«vrireal.en.i777 le&,portes de TAca-
dénue.des aciencea Lié dès Jora avec la plupart
des littérateurs et des philosophes du dix-hui-
tième siècle, il fut Tun des seigneurs les pins
spirituels delacourdeLouis XV et de Louis XVI,
où il brilla^ comme son père, par dès mots heu-
reux, par des vers faciles et par le charme de
sa conversation. 11 devint successivement maré-
chal de. camp (3 janvier 1770), chevalier de la
Toison d*Or (23Avril 1780), inspecteur général
militaire, commandant en Flandre , et lieutenant
général {ï'' janvier 1784). Le marquis de Ségur
l'ayant nommé en 1781 membre du conseil de la
guerre qu'il forma à son entrée au ministère, K-
général lut dans ce conseil plusieurs mémoires qui
firent introduire diverses. améliorations dans le
régime militaire, notamment la réforme de faire
coucher trois soldats d'infanterie dans, un même
lit. Émigré en Suisse en 1791» il a'empressa de
revenir à Paris dès qu!il apprit que les joni>
du roi élaient menacés, ne quitta pointée prince
toute la semaine qui précéda le 10 août 1792,
et resta auprès de lui pendant cette journée.
Réfugié de nouveau en Suisse, il se choisit une re-
traite paisible à Rolle ( canton de Vaud; ; il y passa
trente années- au sein de IVtudeet environné de
la considération publique. La.mort de son père»
arrivée le 22 août 1793, le fit siKxéderan titre de
duc deNoailles, comme le 24 juin 1766, il lui aTait
déjà succédé dans celui de duc d'Ayen, et de duc
à brevet d'honneur. Rappelé dans sa patrie par
la. restauration, il fut compris, comme héritier
de l'un des anciena duchés pairies du royaume,
dans l'ordonnance du 4ju>n 1814, qui constituait
la nouvelle chambre des pairs; mais il n'y sié-
gea.que peu.de temps, et ses infirmités et ses
habitudes le ramenèrent bientôt dans sa retraite
de RoUe, La perte qu'il, fit en 1823 de sa.seeoode
femme» la comtease deGolofkin, dame russe»
le décida à venir lialuter auprès de ses enfants.
A. la réorganisation de Tlnstitut de France en
1816, il y futi inscrit avee le titre d'académicien
libre , comme ayant été dès 1777 honoraire de
l'ancienne Académie des sciences* On lui doit la
carie d'Allemagne, connue sous le nom de ChaU"
cAardy.la. meilleure qui existe» et la seule qii'on
ait. coasuUée. daui toutes les guerres dont ce
pays a été le tliéMre. De son premier mariage
avec la fille du chancelier d'Aguesseau» M. de
Noaillea eut cinq filles dont la seconde épousa le
général La Fayetb» et une autre le vicoiiUe de
Noailles, son cousin {votfez ci-après); de son
second mariage, il n'eut pas d*enfants, et son titre
pajssa à Paul deNoailles, son petit-neveu, qui
avait été substitué à sa pairie io 12 janWer 1823.
H. F.
Moniteur tiniv., Éloge du duc de Noallles pronnncé .i
la chsmbre dctt pain, par M. te prince de Poix (IVoailtei-
BtoMlir ), le s (errtrr ittS. '^Ot.CaoiCiii'OU HUÊuofné^,
desputruie FranCCt t. VJIt
NoaiLiJBS {Enunanuel'Marie-Louis, mar-
quis oEi), diidomale français, frère du précédent»
né à Paris, le 12 décembre 1743, mort au cliâ-
teaude Maintenon (Eure-et-Loir), enseptemlirc
1822. Entré de bonne heure au service» il fut
141
NOAILLES
I4S
fait en décembre 1762 gouverneur de Vannes et [ Néanmoins^ le 13 juin, il proposa par esprit de
d'Aiuray, et devint en 1768 ministre plénipoten-
tîaîK en basse Allemagne, et en 1770 ambassa-
dmr auprès des états généraux àei Provinces-
Unies. En 1776 il passa à Vambassade de Lon-
dred, et le 18 mars 177H notifia à Georges Ul
le traité dfainance défensive signé à Paris, le 6
février précédent, entre la France et les États-
Unis d'Amérique. Cette notification fit cesser ses
fôttotiûna À Londres. Hn 1 7^3, il fut nommé am-
bd£sadear auprès de l'empereur, roi de Hongrie
et de Bohême, et remplissait encore ces fonc-
tiOB»- lorsque la révolution éclata. Le 24 mars
1792, il.aeUicita son rappel, déclarant qpe sa
présence- à, Vienne lui semblait inutile. Sur le
rapport qui fut fait de sa conduite à TAssemblée
nationale, Briche» dépntédù. Bas-Rhin, proposa
de le mettre en état d'accusation comme traître.
Ln déenst.en ce sens fut rendu de 14 avril, mais
rapporté le 19 du. méine mois à la suite d'une
a&i^ez loogoe discussion. Q^ic^que temps après
son retour de Vienne, M. de Noailles, qui n'avait,
pa» jugé à propos de demeurer à l'étranger, fut
arrêté et tenu en prison jusqu'au 9 thermidor
ao II. A cette. époque, il se retira à Maintenon,
et mit toa&ses soins à embellir ce ch&teau, plein
de souvenirs chers à sa famille. Premier gen-
tilhomme de la chambre de Monsieur, depuis
Looi& XVIII, en janvier 1773, il avait été fait
brigadier de cavalerie le l'^' mars 1780, et ma-
ncfaal de camp le i" janvier 1784. M. le duc
di^ I<CoaiUes, actuellemeiit vivant, est son petit-
fils. H. F.
Jiomitf tmftu «Tiil iTtt et otlobre iStii ~ Udtcsnaje-
D.-ikboi*, ùictiùnn. de ta noblesse. — De Courccil«s« Oiet.
da pair* de tr., t. VIII.
NOAI LLES {Louis-Marie, vicomte ub), homme
politique et général français, cousin des précé-
dents (il était le second fils du maréchal de
Mouchy ) , né à Paris, le 17 avril 1756, blessé
mortellement devant. La Havane, le 9 janvier
1804 U entra fort jeune dans la carrière militaire,
et se distingua surtout par les améliorations qu'il
apfiorta dans l'instruction et Parmemeiit des di-
vers régûnenls d'infanterie dans iesquetsil servit.
1) était colonel des chasseurs d'Alsace et grand-
bailli d'éfiéft,. lorsque, déminé par son penchant,
pour le» prmoipei; libéraux, i^ demanda, et^ob^
tint Tautorisalion d'aller se battre en Amérique
poflr. réiBancipation . des* l^atsrUnis*. il brilla, à.
c^ de La Fayette» donti il> devinl l'ami et le
beatj-frfere, et \¥%shington fit plnsieur» fois l'é-
iuge de soB courage et. de son inlelUgence.. A
r«îpoqitc de^U.réwilntfen, il<en accepta le» prin»^
ripes avec chaleur et franchise^ et compta parmi-
les plus fervents défenseurs de la cause popu-
laire. Député par la noblesse du bailliage de
Nemoors aux états généraux ( mai 1789)^ il' se
montra d'klx>r(I partisan du vote par ordre et*
du re/o qui dbnnait à chaqpe ordre le pouvoit*
d*empteher la mise, à' exécution des mesures»
sflbptées par un on même deux d'entre eux.
concorde à le cbambre de la noblesse de se
réunir à'celle du tiers état, et n'attendit pas
l'invitation royale de réunion (27 juin^ pour ve-
nir prendre place dans les rangs dû tiers état et
d'une partie du clergé, déjà constitués en Assem-
blée nationale, It y siégea sur -les bancs de
la gauche parmi les progressistes. Ce fut Itii
qui, au 14 juillet, vint annoncer à TAsseniblëe,
séant alors à Versailles, le soulèvement d^. Paris,
et la prise de la Bastille. Dans là nuit du 4 août ,
rendue si mémorable par rabolttion.dès.dtoits
féodaux, au. moment où l'Assemblée venait,
sur le rapport de Target, de confiiTner, d'une
façon assez pâle,. les luis protectrices de la sû-
reté des personnes- et des propriétés, le vicomte
de Noailles s'élança à la tribune, et s'écria que
cette mesure était complètement insufllsante
pour faire cesser l'effervescence générale, calmer
les esprits, et arrêter les insurrections qui déso-
laient le pays ; que le seul moyen de pacifier le
peuple était de satisfaire enfin à ses l)esoins et
d'alléger les charges de toutes natures qui l'é-
crasaient. Il proposa en conséquence de voter
« 1° que l'impôt sera payé par tous les indi-
vidus du royaume, dans la proportion de leur
revenu ; 2? que toutes les charges publiques se-
ront à l'avenir également supportées par tous;
3** que tous les droits féodaux seront rache-
tables par leâ communautés en argent, ou échan-
gés sur le prix d'une juste estimation; 4^ qne
les corvées seigneoriaIe.s, les mainmortes et
autres servitudes personnelles seront réduites
sans rachat ». Appuyée énergiquement par le duc
d'Aiguillon, cette proposition fut votée avec en-
thousiasme, et grâce à la généreuse initiative dé
M. de NoailIes,<^n quelques heures des abus et
des privilèges de toutes espèces furent al)oHs; le
vieil arbre féodal fut ainsi déraciné, et cette
révolution était bien autrement utile que la prise
de la Bastille (l),
Le vicomte de If ûailTes rendit de grands services
dans le comité militaire. Le 16 septembre it
présenta un rapport sur la reorganisatlon.de
l'armée. Dans le courant de mai 1790, à la suite
d*une discussion politique de peu d'importance,
mais dans laquelle il avait apporté toute la cha-
leur de son caractère, il se battit au pistolet avec
Bftmave, dont il estimait d'ailleurs la personne
(f) Le Tlcomle de Roaillfs ne rtt^pas applaudi de tout.
La génâraUU'ileU nvMtmë et) <ki)clrrgé'Iob repraelia'
a d*avolndéinoU ri6dlAceAV.-«l. d'dtffolr fQKmé le plao de
reeonstrucUon ; d'avoir fait de U popularité aux, dépens,
de la majorKé de^a caste ; d'avoir provoqué une Salott-
BmAMIcoit du- prapalelts» el)df*dcoU»iftétuMee% elo. ».
La cour DonuBi* Ut nuit dii.4.iioAl,.Ja nMit. liet. d«pe«.
(M"* Campan , Membres, t. Il, p. 6S). Quelques parti-
san» des anciens abns ont ansat contesté Is genéroalte
de M. dtoH«.iMI<»cn ■ ppeifu^wirt ltiik»tnictlon. des-prK
Tllég«s.ct« d«K drolta>réodniu;i. atepîe.'cnlct.de fanUlle,
son sacrifice, disrnt-ll9,. était hien léger auprès de celui
des seigneurs optilents qae sa nwtlon frappait. Nûailles
ne4h qne-reacdMenà Iftaunrtraneo do lai Heakpante fé-
néralA do U Gî^j«an«« oliarget enraro œcutftt par soa,
père.
143
et partageait les opinions; aussi, après avoir es-
suyé le feu de son adversaire, Noailles tira en
l'air, et on les réconcilia. Le 5 juin 1790 il fit à
la Société des Jacobins, dont il était membre as-
sidu , la motion de défendre à tous tes membres
de ce club de porter des étoffes étrangères, ce
qui fut adopté. Le 19 du même mois il contri-
bua à faire supprimer les titres et qualités nobi-
liaires ainsi que les livrées. En juillet il fit un
nouveau rappoK sur la force et l'organisation de
l'armée, et quelques jours après, en parlant des
projets bostiles des puissances étrangères et des
moyens qu'on avait à leur opposer, il démontra,
avec éloquence, que la France serait invincible
si elle demeurait unie. En septembre, il dénonça
des manœuvres pour agiter les gardes suisses
et fit interdire à toute corporation ou association
de correspondre avec les régiments français ou
au service de la France. Cependant plus tard il
fit rapporter ce décret, dans le but d'inspirer aux
militaires l'amour de la constitution. En no-
vembre, dans un discours vébément au sujet des
événements de ^ancy, il s'éleva contre la con-
duite du marquis de Bouille et blâma La Fayette
de s'y être associé en invitant les gardes natio-
nales de la Meurtlie et de la Moselle h marcher
contre les insurgés. 11 prit ensuite la parole
oontre le privilège de la Compagnie des Indes.
Le 22 décembre, il fit décréter l'organisation de
la gendarmerie nationale. Le 26 février 1791 ,
l'Assemblée le choisit pour son président. En-
voyé en mission en Alsace, à son retour, le
6 avril, il parut à la tribune du club des Amis de
la Constitution (les Jacobins) et rassura cette
société sur l'esprit politique des contrées qu'il
Tenait de visiter. Le 19, il accusa M. de Mont-
morin, ministre des affaires étrangères à Tocca-
sion des mouvements de troupes des puissances
▼oisines dont ce fonctionnaire paraissait mal ins-
truit. A A quoi servent donc, s'écria-t-il, les
agents, les espions, les ambassadeurs, si ce n'est
pour savoir ce qui se passe sous leurs yeux et
en informer leur gouvernement? > Le ô mai il lut
un discours long et raisonné sur la création des
assignats de cinq livres. Le 29 du même mois,
il fut envoyé à Colmar pour y étouffer nne in-
surrection : il y réussit. Arrivé à Paris, le lende-
main de la fuite de Louis XVI (21 juin 1791) , il
prêta avec un grand empressement le serment de
fidélité à la nation. Lors du retour de la famille
royale, une foule exaspérée ayant entonré les fugi-
tifs à leur descente de voiture, la reine se trouva
séparée brusquement de son escorte ; elle courait
un véritable dangnr, lorsque le vicomte de Noail-
les, aidé de son ami, le duc d'Aiguillon, l'enleva
dans ses bras et la mit à l'abri des insultes. Le
5 septembre, il parla longtemps sur la situation
politique et militaire de la France, prouva qu'on
ne prenait pas assez de précautions contre une
attaque spontanée, et indiqua un plan pour as-
surer la sûreté de l'État et ramener la confiance
intérieure, qu'il désigna, avec tant de raison,
NOAILLES 144
comme l'arme la plus sûre contre toute agres-
sion étrangère. A la fin de la session, il se ren-
dit aux armées, et fut nommé maréchal de camp
le 28 novembre 1791. A cette époque, il écrivit
de Sedan une lettre très-sage et tràs-modérée à
l'occasion du droit dont Louis XVI avait fait
usage en refusant de sanctionner le décret oontre
les émigrants. En mai 1792, il commandait sous
La Fayette la chaîne des avant-postes du camp
de Valenciennes; mais après la déroute de BIron
à Quiévrain et l'assassinat de Dillon à Tournay,
il fut attaqué par le duc de Saxe-Teschen avec
des forces supérieures, et fut battu à Gliswel.
Attristé par les assassinats et les déroutes, sans
combats, qui ensanglantaient et déshonoraient le
drapeau français; voyant la trahison et la dé-
sertion dans les rang?, les dut» anarcbisant
l'armée, les volontaires ne se levant pas, un mi-
nistère nul , l'entourage du roi soupçonné de
correspondre avec les puissances étrangères,
la dénonciation érigée en système, nne assem-
blée divisée et hostile au gouvernement, des
municipalités factieuses agitant un peuple om-
brageux et affamé, il désespéra de sa patrie,
donna sa démission, et passa en Angleterre et
de là aux États-Unis. Après la tourmente révo-
lutionnaire, il sollicita et obtint sa radiation de
la liste des émigrés, et reprit du service. En 1 803,
il fut envoyé à Saint-Domingue avec le grade de
général de brigade. 11 défendit avec un grand
courage le môle Saint-Nicolas contre les Anglais,
et réussit malgré la croisière ennemie à gagner
avec sa garnison l'Ile de CuIm. En se rendant à
La Havane, il rencontra une corvette anglaise
qu'il enleva à l'abordage; mais il fut frappé mor-
tellement, et mourut quelques jours plus tard.
Ses soldats enfermèrent son cœur dans une
botte d'argent qu'ils attachèrent à leur drapeau.
Le vicomte de Noailles fut vivement regretté
de tous ceux qui l'avaient connu.
De sa femme, née en 1760 et guillotinée à
Paris, le 4 thermidor an ii (22 juillet 1794), il
laissa un fils, le comte Alexis de Noailles, et
une fille, qui épousa le marquis de Vérac
A. D'E— c.
Rabaot, Précis hiMtoriçuê de la BétoliAUm fnuiiÇaUt,
p. IM. — BaUly, Mémoires, t. Il, p. tl7, tlt. — Fcirié-
rea, Mém. L I. p. 18t. — DuUure, Eequtstes kut. de la
Révotutionfrançaiie (ParU s vol. ln-«*}. C !•'. chap. VI,
p. tsi-tlt. — LoaU Blaoç, Histoire de la RévoltUitm
française, t. Il, chap. xv, p. 4S4-489. — Alezandrt de
Laneth, Uiêt. de VJssemblée eontUtuanUt 1. 1. p. m-
07. — Barâre, JUém., p. tSS. — Thiera, Hist. de la Bero-
Imtion française. X l«r, Uv. II, p. tOI-lM; IW. IV. p. mt.
— BerU-and de MolicvUle, HM. de la Révolution'françaiie
{ Paris, tsoo-lios, 14 voL iii-8«).-Le même, Mem. particf»-
Herspowr servir dr hist. dela/tndmrégnsdeiAmisXf^l
(Loadre«, nn, t voL la-S*).
NOAILLES (Louis 'Joseph 'Alexis, comte
ob), homme politique français, fils du précédent,
né le 1*' juin 1783, à Paris, où il mourut» le
14 mai 1S3S. 11 fut, après la mort de sa mère,
qui périt sur l'échafaud avec une partie de sa
famille, élevé avec soin par la duchesse de Do-
ras , sa tante. £lle lui inspira les sentiments les
U3
ISOAlLLES
146
plus religieux et les plus monarchiques; aussi
lorsqu'en 1809 la fortune de Napoléon éprouva
ses premières atteintes en Espagne , et que ses
démêlés avec le pape Pie Vil vinrent aider les
eoDemis du gouvernement impérial dans une
guerre de sacristie et de salon qu'ils lui faisaient
sans trop de mystère, Alexis de Noailles fut arrêté
et jeté en prison, comme accusé d'avoirrépandu
la bulle d'excommunication que Pie VU avait
folminée, le 1 1 juin 1809, contre les auteurs, fau-
teurs et complices de Tusurpation de ses Etats,
balle qui s'appliquait implicitement à Napoléon.
Croyant servir les Intentions de son maître en
cherchant à rallier à sa cause un gentilhomme de
vieille race, le ministre Fouché lui offrit alors
la liberté, s'il Toulait prendre du service dans
i'araiée et se rendre à Vienne, comme aide de
camp de l'empereur. Le ptisonnier refusa, et l'on
assure même que, sur la menace d'y être con-
duit par la gendarmerie, il répondit au ministre
de la police : « Faites plus, ordonnez qu'on m'y
mène la corde au cou. » Il demeura sept mois
en prison, et s'y lia d'une manière intime avec le
général Malet, qui, dans la prévision de la réus-
site de son audacieuse conspiration en 1812, le
porta sur la liste des membres de son gouverne-
ment provisoire. Rendu à la liberté par le crédit
de son frère Alfred, il n'était plus alors en France,
et avait été forcé de s'expatrier en 131 1. il
s'était réfugié d'abord en Suisse, auprès du duc de
Noaillet, son parent. Napoléon, apprenant que le
comte tramait le rétablissement des Bourbons ,
demanda son extradition à l'autorité spéciale
<iu canton de Vaud , et le mit dans la nécessité
<ie quitter ce pays. Après avoir sondé les dispo-
âtioas de la cour de Vienne, et celles de fem-
pereur Alexandre, il se rendit à Stockholm en
avril 1812, et y reçut le plus bienveillant accueil
da prince royal Bemadotte. Il passa de là en
Angleterre, et vint à Hartwell offrir ses services
i Louis XVI II, qui le chargea d'une mission im-
portante à la cour de Russie, avec des pouvoirs
trèiétendus. Après un séjour de quatre mois h
Saint-Pétershoarg, il rapporta à Hartwell des
lettres d'Alexandre sur les événements militaires
àt 1812. Un ao après, il était sur le continent,
et faisait la campagne de l'Elbe contre les armées
françaises, comme aide de camp d'un autre
Français , Bemadotte, qui avait aussi le malheur
àe eomlMttre sous des drapeaux ennemis de la
France. Il fut ensuite enToyé en Bohême, auprès
des empereurs d'Autriche et de Russie, après la
bataille de Grossbeeren (août 1813), puis vers
le maréchal BIQcher, pendant sa marche sur
Halle. Sa conduite valeureuse à la bataille de
Iieiptûck, si désastreuse pour la France , lui va-
lot de nombreux témoignages de gratitude de
^ part des souTerains étrangers, qui le déco-
f^t de leurs principaux ordres. Bemadotte
l'envoya oe jour-là à Blilcher pour lui deman-
<ier des renforts; ce maréchal semblait hésiter
à les loi aoconleri quand un boulet passa au mi-
lieu d'eux : « Voici, dit M. de NoalUes, un par-
lementaire qui sera sans doute plus éloquent que
moi. » Le marédial sourit, et détacha deux bri-
gades. Franchissant le Rhin avec les alliés, le
comte revit en 1814 son pays pour prendre part
à son invasion, et combattit à Brienne et à
Fère-Champenoise. Le comte d'Artois le lit venir,
à Vesoul j auprès de lui , et le choisit pour aide
de camp. M. de Noaiiles accompagna ce prince
à Nancy, et le précéda de quelques jours à Paris,
tombé au pouvoir de la coalition. Le 22 avril
1814, il fut nommé commissaire du roi dans la
19* division militaire, d'où on le fit passer à
Vienne pour y seconder le prince de Talleyrand
dans ses travaux diplomatiques : il figura au
congrès comme l'un des ministres plénipoten-
tiaires de la France. Dans cette mission , il sut
mériter l'estime des princes étrangers , et reçut
d'eux de nouveaux témoignages de gratitude et de
bienveillance. Les événements de 18 1 5 l'ayant sur-
pris à Vienne, il fut chargé au mois d'avril d'aller
porter à Gand à Louis XVI II la déclaration des
puissances européennes contre Napoléon, qui, par
un décret rendu le 12 marsà Lyon, l'avait nomina-
tivement excepté de l'amnistie des Cent-Jour$,avec
son collègue le prince de Talleyrand, le duc de
Raguse, MM. de Vitrolles, Lyncli et quelques au-
tres. Rentré en France avec la famille royale, en
juillet 1815, il fut immédiatement nommé président
du collège électoral de l'Oise, et ce département et
celui du Rhône l'élurent député. Nommé ministre
d'État et membre du conseil privé (19 septembre
1815), M. de Noallles vota constamment avec
la fameuse majorité de cette chambre , et pré-
sida en 1818 et en 1824 le collège électoral de la
Corréze, et sept foiit le conseil général de ce dé-
partement, qui l'élut député à la chambre septen-
nale de 1824. A cette époque, attaché d'abord
au char de M. de Villèle , il montra parfois quel-
ques Telléités d'indépendance, et finit par rendre
son opinion insaisissable et son classement im-
possible dans cette chambre. Breveté colonel
d'état-major, il fut à l'avènement de Charles X
nommé aide de camp de ce prince , bien qu'il eât
fait opposition au ministère. Pendant la session
de 1827, il exprima ses sympathies pour la cause
des Grecs; en flétrissant, dans un discours véhé-
ment la politique des hommes d'État <urcopAi/ef,
il se fit applaudir an dedans et au deliors de la
chambre. Cette attaque générale lui valut au mois
de novembre d'être réélu par les suffrages des
constitutionnels. Ses premiers actes, àl'ouvertnre
de la session de 1828, désabusèrent bientôt les li-
béraux. Membres de la commission de l'adresse,
M. de Noaiiles s'opposa de toutes ses forces à l'épi-
thète de déplorable, si justement infligée à l'an-
cienne administration, qu'il avait lui*mêmefrap«
pée naguère d'une réprobation éloquente ; et ce
fut à cette occasion qu'Augustin Périer, député
de l'Isère, lui adressa cette vive apostrophe :
« Allons, monsieur, il faut opter entre les fonc-
tions die député et le rôle de courtisan. Souve-
U7
NOAILLES
nez-vous qu'il y a six. mois à |ieine noufi rimes
ensemble un voya^ daas le DaupbiDé, et que
TOUS m'ubligeÀte» souvent de calmer votre irri-
tation contre le ministèrt; que vous craignez au?
jourd'hui de qualifier trop^ dur^mMit. » M» de
Noailles ne tint aucaQ.ooinpte de oes iiaroloâ^et
.se rallia de plas4>n plu» A PanoieMe miy^rilÀ.
Le 7 août 1830 il prêta serment au nouié^u.
gOUTcrnemeat, en annonçant quMl ne le faisait
que par dévouement et pour édiapper à l'anar-
cliie ; mais il ne fut pas réélu aux élections qui
suivirent, et rentra dans la vie privée, où il con-
sacra sa. fortune àja pratique des bonnes œu-
vres.
Le comte Alexis de Noailles se distinguait par
des connaissances étendues sur la littérature an^
cienue et sur celle de plusieurs-nations de Tfiur
rope, dont il pariait très-bien les langues* U
avait épousé Cécile de Boisgelin ,. veuve de Ga^
briel Raymond, comte de Bérenger, tué à Dresde,
la 30 avril. 18 13, et a laissé deux enfants de ce
mariage. H. Fisquest.
De CourceUes, Hitt. Qénial. de* pairs de France,
t. Vlll. -. Rioçr. des dépvtés de la chambre septennale»
— Utoçr. univ. et port, des Contemporains. — Moniteur
tinte.. 1909» 1811^ isat*.
HOAJLL£S {Alfred' iJDuU'Dominiçti&'Vin''
cent de Paul ne)» frère du. précédent, né à
Paris, en 17&6, tué le 28 novembre 1812, au pas-
sage de la Bérésina. Attaché en 1804 à la mis-
sion de Portails fils à> Ratisbonnov il quitta via
diplomatie pour, la carfière militaire. Aide de
camp du maréchal Bertliier,. H le suivit en Es-
pagne,, et fui. fait prisonnier pires de Girone.
Échangé six, mois après, il reprit ses fonction»
à Tarmée d'Allemagne, et fut k cette éfwque
chargé de plusieurs missions iinportanles. Le
grade de colonel allait lui être donné, qoandiil
périt dans la retraite de Aucsie^
ROAJILLES ( Rosalie Gàartolte-AnioiMU»*
Léoniine orMouchy ne),. femme du précédent;,
née à Paris, le 22 juillet 1791» morte à Mouchy-
le-Châtel (Oise), le 1 2 septembre 18âtl. Mariéeà
son cousin, le 15 avrU 1609, elle reeta veuve Mec
une seule fille, et ne reparut. dans le monde
qu'après avoûriaalievé r.é4uoalàonidcK>ettB eoOint;
Aax> charmes, d'uni es^irit avssii fin; qws . déh'cat
ell«i joigotit des couiais8aooes< vanias^ eè une
instivction plusétendoeetraieuK réOéQhi^n&Mi.
nelâitnove.ondiQaiMiQeat obeziltefiknnea Un^
detses onoks^ M. de Poix^quisfub tonte sfti vie*
uBibibliophileaiiflsi ardent qo'éelairé, loiini^in»
le*goAI des bonfr et beani.liFrea. A aftonrl; ar<
rivée-inapinéouMit, le* ifT" aeût lata^ M?^' de-
NoaiUea pritt lacplMw qoliUoesuiaiti dans .la^ 5o..
ciééé dÈibtUiophàlaSifrmnçaiâx Ge-fbb eHe<qui»
rédUgea \m.IfùUeû néanolègiqpe consacrée* è aon
ORfiBipat'oakle.aoeiété» et elle iil.auMii lantltt
lutt NaiiOê'aÊêûz IttigiM' sopHteie' Adélaïde v.
denhaase de Bouiigt9ie,.dmiptainedeRrencev
si aioiéo de* Louià- MW, et qui lui fui si^ vite en*-
le«^i Gette*notiee servait d'jntvodufilioa à. des
lettres de cette princesse que possédait M***" de
148
Noaillcs, et qM*el!e |NibUa dans* les Mélanges de
la société des bibliophiles françAis. H. F.
De Courcelles. Mût, géneuL d£s pairs de Fr„ U VIU.
— Docum. partie.
;iiroAiLLEs {Paul, duc he), historien fran-
çais, né le 4 janvier 1802, à Paris, Après avoir
complété son éducation par un assez long voyage
à travers les principales contrées de l'Europe,
il fut appelé par ordonnance royale de 12 jan-
vier 1823 au droit de succession des titres et de
la pairie de son grand-oncle Jean-Paul-François;
il prit séance au Luxembourg le â février 1827,
seulement avec voix consultative ; mais il n'y
parut presque point pendant les courtes sessions
qui précédèrent la révolution de Juillet. De cette
époque date sa carrière politique. N'ayant oc-
cupé sous la restauration ni emploi ni charge
à la cour, il accepta les faits accomplis en 1830
et prêta serment à la dynastie nouvelle (i). Le
19 avril 1831 il aborda pour la première fols la
tribune, à Toccasion du projet de loi relatifau
bannissement de Charles X et de sa fàmillt», et dé-
clara qu'il jugeait cette proposition aussi dange-
reuse qu'impolitique. J!)ans la session suivante
il protesta en faveur de l'hérédité de la pairie au
nom du principe aristocratique, sans lequel à ses
yeux la société tom1)erait en ruines (23.décembre
1831), et s'éleva avec force contre le bannisse-
ment des Bourbons de la branche aînée ( 1 2 jaur
vier 1832). Sans renier aucun de ses anciens
sentiments, qu'il ne croyait pas, disait-il, » ior
compatibles avec ses devoirs nouveaux », il
traita la plupart des grandes questions politiqueji
avec une remarquable ind(^pendance. Il blAma
l'état de siège, faisant appel au respect de la li-
berté individuelle (février 1833), se prononça
contre la résolution du ministère de traduire les
insurgés de Paris et de Lyon devant la chambre
des pairs (22 janvier 1835), s'abstint d*y siéger
durant le cours du procès, combattit la loi sur.
les fortifications de Paris (^5 mars 1841), et.
préconisa, dans ses discours sur là politique
étrangère , l'alliance russe comme préférable à
l'alliance anglaise, x M. de Moaillès a le double
mérite, écrivait en 1842 M. de Ce5:ena,,de ne pas
s'effacer dans une couleur politique^ indécise
et de n'empnmter sa. force ni -à la violence dû
langage ni à l'exagération des doctrines. E&prit:
prudent, réfléchi,. observateur, il s'est attaché,
au principe de la légitimité comme à la t>arrière
la plus puissante et la plus logique à opposer
aux théories révolutionnaires. ». Rendu à la Tift
privée par les événements de 1848, M. de
Noailles n'en est plus sorti et s',est. consacré tout.
entier à Tétude des lettres. ÉUi^.le U janTîer
t849, membre de l'Académie française en rem-
placement de GhÂteauhriand^ il fut admis le 6
décembre suivant etteçp par' M. Patin. Marié ea
(1) U&4 août liao u WMI' à Ghwtat Xs «iH n* so tro>« •
valt» nittt ok »âret6 ^ RMriiMiikkK un- asile* daos» smm •
cbiUau. de M«inteoai\,.sttué à quelques ilcufi5 deo-LlQ
TlUr. Le vJrux roi y p-tsm la milr, et ce fui de Ià.qvi*il se
mit eanarche pour Cherbourff.
U9
NOAILLES — KOBILl
150
1 S23 avec Alice de Rochechouiirt-Mortemart, filld
du duc de Morteinart , mort eu 18 12,. il a deux
fiU, Jules, duc cHAyen, né ea 1826, et Henri
deJSoailleSf né en 1830. Od a de M. de Noailies :
Saini'Cyr, Histoire de. la maison royale de
Saint' Louis établie à Saint-Cyr. pour Véduca-
{ion des demoiselles, nobles, du royaume;
Paris, lS43,in-80y pU 2* édit., augnientée, 18ô6,
ÎQ.g»; — JSloge de Scifâon, de Dreux ^ mar-
quis de Brézéf prononcé à la Chambre des
Pairs : Paris, 1846, ia^8* ; rauteur avait lu dans
la même assemblée en 1837 ua éloge de M. de
Chabrol,, qui n'a pas .été réiropncné;.— Histoire
de M^^ de Maintenon et des principaux évé-
nements du règne de Louis. XI V:.Pm$f 1848
et ann. suiv.» t. 1 à IV, io-8*^. n Dans un cadre
de plua en plus élargi,.dit M. Patin, la biographie
de M»e de Maintenon est devenue une histoire,
et une histoire « en certains points importants,
très- approfondie du r^ede Louis XJV. »
CL Sanut etjSalot-Edait* Biof/r» des hcmmai du four,
II, 1'* part. — A. de Ceaena, JVotiùe dans le Biograpfie
vnticrMi, mal 184t. —- Vapere**, DUt. unit. deiOantemp.
noAiLLKS. Voy. Moçcht.
* HORACE { Charles- Auguste) , économiste
allemand; né à K(£lledlt, le 18 juin 1810. Après
avoir étudié lès mathématfqnes et les sciences
physiques, il exerça les fODCtions de professeur
à i'école de commerce établie à Effnrt par son
père; en 1843 il fonda à Berlin arec son frère
Frédéric-Edouard une institution analogue , qui
ces9a en 1848. En 185? il fût nommé secrétaire
de la cbaml>re de commerce à Budwetss. On a
de lui : Der Handel in Compagnie (Des Asso-
ciations commerciales) ; Weimar, 1842 ; — Die
LHn^industriê in Deutschland (L'Industrie
linière en Allemagne); Hambourg, 1850; —
Gewerbs-und Bandelstatistik des Kreises
Jfuiweiss (Statistique industrielle et' commer^
dale du cercle de Budweiss), 1853.
;'HOBAC& {Frédéric Edouard ), économiste
allemand, frère du précédent, né à Grefeld, le 28
février 1815. Aprè& avoir pendant cinq ans dirigé
avec son frère Técole de commerce qu'ils
avaient ouverte à Berlin, il fut en 1849 placé à
la tête de Pécole industrielle de Ghemnitz. On a
de lui : Der Kaufmann als Lehrlîng, Commis
une Chef (Le Commerçant apprenti, commis
et dTef9 ; Leipzig, 1842-1844, 2 vol.; — Ueber
Weehsel und' Wechsélrecht ( Les Lettres de
change et la législation qui les régit); Berlin,
1845; — Systematisches Lehrffuch der Han-
déUwissenschaft (Manuel systématique de la
•science dta commerce); Berlin, l{r48^1849,
2 vol. Il a aussi donné une édiflon- augmen-
tée de romrrage de son père : VollStxndlges
Tasthenbuch der Afiinz-Mùns-und'Gewichts-
rerhxltnisse aller Lscnder ( Manuel' complct'des
monnaies, des poids et' mesnres de tous les
pajs); 183^ etlWl, 2-voL C
CùAttriaiiQ9S Irxicon.
aoEâXAH (Ibn). Voy..Zt\w>m.
NOBiLi (Le P. Roberlo de*), en latin de No-
BiLwus, missionnaire toscan, aé à Monte-Pul-
ciane, en septembre 1577, mort à Meliapour
(côte de Cororoandel), le 16 janvier 1656. il
élait parent du pape Marcel II et neveu du ce:
lèbre cardinal Bellarmin. Il fil ses études à Rome
et à. Naples, et dès r&ge de vingt ans fit profes-
sion chez les Jésuites, qui renvoyèrent en mis*
sion dans lés Iodes. Aussitôt son arrivée en Asie,,
il s'appliqua à l'étude des langues sémitiques et
apprit en très-peu de temps le badaga , le ben-
gali , le maJabare , le tamoul , idiomes les plus
répandus dans l'Inde. Il alla ensuite prêcher
la foi, catholique dans les royaumes de Maduré,
de Macava, de Maîssour, de.Tanjaour et autres
nababies de llnde méridionale en deçà du
Gange. Entraîné par son zèle et remarquant l'in-
fluence que les brahmanes exercent sur les autres
castes indiennes, il ne craignit pas de se faire
brahmane lui-même (1). Il en prit le costume,
la marque, et en afferta le régime, les pénitences-
et les usages. Il réussit de la sorte à convertir
au christianisme un certain nombre d'indigènes;
mais plusieurs de ses collègues l'accusèrent de
se prêter, lui et ses disciples, à des pratiques qui
se rapprochaient .fort de ridolâtrie. L'affaire fut
(1) De tootca Its^mUsiont qii\>n aéiairt es dans ces par*
tic» éiclgnée» dt l*BiiroHf Mlon Maalieiii^ aucune n'a été-
plus coiis<awio«nt et piiu gtoériOenieiit appUudle oac
celle de Robert de* Kobili, parce que c'e«t elle qui a
produit les (ruIL^ les plus abonda oLn et iea plus durables.
«•Gej^nlte Italien laia id/une- méièode slutulière pour
readrc soa JViDliilére eUlMtfe.- AyacKobsorv^que- les Ja-^
dlons avalent une averstun extrême pour. les Européens,
et une-Ténératlan extraordinaire pour les brahmanes,
qu'ils crojctenli descendre des dieu» et'.aux<|«elsilh ren-
dolent iineobébsaacf aveugle». il Xcignlt d'être nn.bracb-
mane étraagcr.; ilse.pelysgyu^ Je vl^iigci U Imlla'la tU* aiu*
tèrc dt'S taniaiis ( péulteols ), et vint en effet a .bout de
persuader li ce peuple crédule qu'il élolt rn effet an
roeiubre de cet ordce vénàré, IL convcrill par ce stra>-
tagèoie douze brahmanes célèbres au ehrlslUinbroe»
dont l'exemple engagea un nombre prodigieux d'Indiens
d'éCôuter les InsCru^ltons^et/ û'mï^fiitf la» doctrtfte que
Itor asaonçatt cecelèbM mlss^mniocek. *» Apcè-t la mort
de de' NobUi on négligea pondant quelque temp^ cette
pratique ; mais elle fot reprise plus tard par quelques
missionoatrrs fMsi«atset'port«ftals.Ce8<hnM b»abint««S'
priUquentao surpbistles' terrtUestausiédtéttqnt'S'Isapo-.
sait la caste qulls veuknl imitée. Ils nient hardiment
qu'Us soient Européens, et se donnent seulement jiOfxr
des habnantsdcspays-du Iford^l).
A^MSddélsitat . Norbaiti, . 4a#)»» scst AÊèmt Als*srif«r# »
ajimte les solvants ::« NobUk^q^e les Jésuites xegardent,.
après François-Xavier, comme le plus grand apôtre des
I»dea^ s»dOttra ^es peines incrAyaMc» poor «'Instruire de
l»ireUaÉoB( de» coutafliQSiekiletlailsnflttrida' Materez H
fil plus, 11 imposa sUence iiceuxjqol. s'oppnsoleni * sa-
mission, et surtout i ceux qui regardolent son caractère
de brahmane comme une- Impostarn) en leur>mon<nnt'
un vieu titrai eoipairliMUa^ d«a»leiiifi ll'avolt parlai-
temeol iwlié les. carjcUre». du ii^js,, lequel pprtell que
les brahmanes de Rome éteiept be.iiicoup plus ancieat
que ceux 'de riDde, et que^o»- Jésuites descendofent en
droite .ligne dudisii llrama« »'Le<l\ Jouveeciidens 1 //•»
foire qu'il a dénuée, de MnjoftUo^ nipRortc..r la luiKinse
de son confrère** qqe quelques Imtieii.H <*i>-<inl disputé à>
Robert de* NoWn rsulbentictté» de- son- titre enfnmé. U
déclara avea,sarntat<s, duvoDt -les JuKimanesidé •Madasé^s
qu'il descendott«rlu..dlcu nrdOfw '•LeJBl.Pj.clte^çfiUie cpib
duite « comme un trait dVsprli »
(l) vrbano llrrri , État prci*nt lUi'ljgliM rp«WM«« p, 17^
151
NOBIL! — NOBLE
152
f>ortée à Rome ; le P. Nobili s'y fit appuyer par
les inquisiteurs de Goa et par Parchevèqae de
Crangaoor. Il gagna sa cause : le pape Gré-
);oire XV autorisa les brahmanes convertis à
«continuer de porter leurs signes et vêtements
diKtinctifs de caste. Cette tolérance eut un bon
•eiïet, et augmenta considérablement le nombre
des néophytes. Le P. Nobili , accablé par les fa>
ligues, plus encore que par l'Age, se retira, en
1651, dans le collège de Meliapour, où il mourut.
Il a écrit, selon Sotwell, dans les diverses
tangues Indiennes, quil connaissait si bien : Ca-
techismus ad Gentilium conversionem in
partem V divUtu; — Sdentia animxi liber
4n quOf prxter eatholicx fidei veritates ad
4inimam pertinentes, omnes Orientis errores,
circa fatum et transmigrationem animarum,
confutantur ; — Àpologia contra probra qux
cdversus legem Dei ab ethnicis objiciuniury
ubi eadem objecta in eorum sectas apte re-
iorquentur; — JÀber de Signis verx legis
utilisiimus; — Lucerna spiritualis; — De
Vita xterna; — De Fide pro instituendis
pueris; — Compendium catechismi; — Dia-
logus in quo transtnigratio animarum im-
pugnatwr;-^ Regul» perfectionis ; — Vita
B, V. Marix venu tamulico , qwe in omni-
bus locis et ab omni hominum génère can-
tari sotetf pro consolatione animarum sua-
rum; — des Opuscula et des Conciones
varix^ etc. M. Weiss attribue au P. Nobiii
VJSzourvédam^ d'après l'opinion des Hindous de
Pondichéry. VEiourvédam est une imitation
moderne des Yédas. A. db L.
Sothwell, BibUotkeea Soeietatit Jetu, p. 7tv-7ii. -
Fraocit ElIU, daos le* jéskMe HeieorcAei, t. XI V.- Jou-
Tcncjr, HiU. des Jésuitei. - Lettre* éd^/lantetf t. X,
p. 71 («dit. de 1781). " Hotbeim, HUt, ecclésiastique,
t. VII, p. IS. — Le P. Norbert, Mémoires historiques sur
Us mtofloiu du Malabar, t. II, p. I4l.
MOBLB ou HOBBL ( Constantin), navigateur
hollandais, né vers 1616, mort après 1674. Sa
famille était originaire de la Provence; et avait
émigré en Hollande à la suite des guerres de re-
ligion. Noble voulut suivre la carrière qu'avaient
parcourue sec ancêtres, et entra très-jeune dans la
marine néerlandaise. Embarqué comme mouf^se,
après de nombreuses et pénitiles campagnes dans
toutes les parties du globe, il était arrivé de
grade en grade à celui de contre-amiral, et se
trouvait en rade de Batavia sous les ordres de
Tantiral Ballhazar Sort ( vog, ce nom ), lorsque
Jan Maatzuiker, gouverneur général de la Com-
pagnie hollandaise des Iodes orientales, résolut
de mettre un terme à la piraterie qui d^lait les
mers de Chine et du Japon ( 1661 ). Déjà le fa-
meux Coxinga ( en chinois, Tching-Tchin-Kong)
avait enlevé aux Hollandais la magnifique lie de
Tai-wan (Formose), après un siège de neuf
mois ( 21 avril 1661, — 30 janvier 1662 ), malgré
la présence d'une flotte commandée par van
Caenw, qui, méprisant les conseils et les proies-
ations de Nol)el, s'était enfui à ^iam sans avoir
combattu. L'amiral avait été destitué et Mobd
récompensé ; mais Tai-wan avait succombé et la
puissance hollandaise avait reçu un grave échec
Coxinga, partisan desMing, expulsé de sa patrie
parles Tartares'Mant choux (Ta-Tsin ), auxquels
il faisait avec succès une guerre maritime, n'était
pas au surplus un ennemi à dédaigner; il con-
duisait plusieurs centaines de jonques bien ar-
. mées et montées par vingt-cinq mille soldats.
Nobel proposa donc, avant d'entreprendre une
ex|)édition tardive et douteuse, de s'assurer de
l'aide des nouveaux conquérants du Céleste Em-
pire. Son avis fut adopté par le grand conseil ,
qui lui donna plein pouvoir pour engager une
négociation. Nobel s'adressa k Sin la-Moug, gou-
verneur tartare de la province de Fo-kien : il
lui offrit de mettre à sa disposition les forces
de la Compagnie pour exterminer les Chinois
rebelles, à la condition toutefois que les Hollan-
dais auraientle droit de trafiquer etde posséder un
comptoir dans les ports de Canton, Sing-tchéoa,
Hok-Siéou (Tchang-Chéou-Fou), Hing-po et
Hing-Syéou. Sin-la-Mong accepta la première
partie de la proposition ; quant â la seconde, il
déclara qu^il devait en référer à l'empereur lui-
même, mais qu'il espérait une solution favora-
ble. Nobel fit part de cette réponse à sa Compa-
gnie, qui résolut de brusquer les événements.
Bort reçut l'ordre de mettre à la voile le 29 juin
1662 avec douze b&timeuts de guerre, et attaqua
avec succès les pirates dans plusieurs de leurs
repaires. Il remonta ensuite le Tcliang jusqu'à
Hok-Syéou, et envoya prévenir le gouverneur
de Fo-Kien de son arrivée et de ses opératioaa^
Ce mandarin i^nvita à venir le trouver en per-
sonne. Bort ne crnt pas convenable de quitter
sa flotte ; il chargea son vice-amiral, Jan van
Kampen, d'accompagner Nobel et de traiter pour
le mieux. Us s'embarquèrent le 18 septembre
avec une suite nombreuse sur deux riches jon*-
ques, que le gouverneur mit à leur disposition,
reçurent partout de grands honneurs, et le 4 oc-
tobre eurent une entrevue avec le gouverneur,
qui les accueillit d'abord fort bien ; mais ce haut
fonctionnaire ayant appris le lendemain que
Bort s'était éloigné de Hok-Siéou sans l'avertir,
il en témoigna un vif mécontentement, prit
prétexte de ce manque d'égards pour rompre les
conférences, et dès le 8 il congédia les deux en-
voyés, avec des présents, il est vrai, mais sans
réponse positive. Nobel demeura à HokSiéon,
pour y surveiller les intérêts de ses compatrio-
tes; il y fut arrêté, le 6 janvier 1663. Bort et
Kampen, qui combattaient durant ce temps les
insurgés avec des succès variés, se plaignirent
vivement de cet attentat au droit des gens, et
menacèrent d'employer la force pour obtenir la
liberté de leur représentant ; mais la mauvaise
saison les empêcha d'agir immédiatement, et
ils dorent regagner Batavia. Us se présentèrent de
nouveau devant Hok-Siéou, le 26 juillet suivant,
avec des forces imposantes* Au même instant le
153
WOBLE
fS4
successeordeCoxingaleurfitofTrir de joindre leurs
armes aai siennes pour chasser les Mandclioux,
leur promettant la restitution de Formose et des
conditions de commerce magnifiques. Le gou-
Temeur de Fo-Kien, craignant cette alliance, se
hâta de renouer des relations avec les Hollandais
et derelâcher Nobel, dont, au sorphis, la captivité
ayait été fort douce. Il s*embarqua le t*' jnSirg
1664, et descendit à Batavia le 21. Il avait pris
pari aux attaques inutiles de Lou-Loy et de For-
mose, à la prise de l'Ile d*Émouî et à la déraite
de la flotte des pirates; mais ces opérations n'é-
taient profitables que pour les Mandchoux, qui
laissaient aux Néerlandais tout le poids de la
guerre. Les membres du conseil de la Compa-
gnie, dégoûtés de la duplicité de la cour de Pé*
king, avaient résolu de cesser toute démarche
pour l'amener à de meilleurs sentiments; mais
Nobel les fit clianger d'avis. Malgré le pea de
succès de la mission de NieuhofT ( voy, ce nom ),
une nouvelle ambassade extraordinaire fut dé-
cidée. Cette fois elle devait chercher à tout prix
à obtenir une audience de Tempereur lui-même :
il s'appelait Khang-hi, et n'avait que seize ans.
Pieter van Hoorn, conseiller intime et tréso-
rier général de la Compagnie, fut choisi pour
remplir cette importante mission, ^obel, qui avait
été nommé directeur des relations commerciales
arec la Chine, lui fut adjoint comme premier
conseiller. Un nombreux personnel les accom-
pagnait avec de riches présents. Le grand
conseil n'avait rien négligé pour donner à son
ambassade un caractère solennel, propre à la
faire dignement accueillir; néanmoins à peine ar-
rirés à Hok-Siéou (5 août 1665), les Hollan-
dais eurent à subir plusieurs avanies, et ce ne
fat qu*à force de cadeaux qu'ils purent obtenir
de continuer leur route (22 octobre). Ils ren-
contrèrent tant de malveillance et de difficultés
sur leur passage que ce fut seulement le
20 juin 1669 qu'ils entrèrent dans Péking. Con-
sentant à se soumettre au kéon-léou et à toutes
les cérémonies ridicules et humiliantes en usage
à la cour du Céleste Empire , ils furent reçus par
Khang-hi dès le lendemain de leur arrivée.
L'emperear accepta leurs présents, leur en fit
d'autres et les invita à plusieurs ffttes données
dans son palais ; mais quant à la demande de
libre commerce , ils ne furent pas plus heureux
que Nîeuhoff et durent se retirer, le 5 août, em-
portant seulement une lettre pour le gouverneur
général de la Compagnie, lettre qui contenait des
conditions si dérisoires, si inacceptables, qu'elle
était plus outrageante qu'un refus. La diploma-
tie chinoise avait encore une fois triomphé de
l'insistance européenne. Les Hollandais accu-
sèrent avec quelque vraisemblance les mission-
naires jésuites du peu de succès de leurs démar-
ches. Quoi qnll en soit, les ambassadeurs eurent
i subir de nouveaux affronts durant leur retour.
Ils n'arrivèrent à Hok-Siéou que le 2 novembre,
s'y embarquèrent le 28, relàcll^rc^t à Poulo-Ti-
mon, près Malacca, le t4 décembre, et débar-
quèrent enfin à Batavia , après un voyage de
quatre ans et demi. La fin de la carrière de No-
bel est restée inconnue. La relation de ses am-
bassades a été recueillie par Arnold Montands
et publiée par Olfert Dapper, sous ce titre : Ge-
denkwaerdig Bedrifder Aederlandsche Maets-
chappife op de Kusie en in het Keiserryk
van Taising of Sina (Expédition mémorable
des Néerlandais sur l'empire et dans l'empire de
Taising ou de Chine), suivie de Beschryving
van het Keiserryk van Taising of Sina ( Des-
cription de l'empire de Taising on de Chine);
Amsterdam, 1670, 2 vol. in-fol. Cet ouvrage
contient des détails très-intéressants; il ent dn
succès et fut traduit en allemand , puis en an-
glais par Ogilly, sous le titre suivant, plus
approprié au sujet : Atlas Sinensis, on Rela-
tion de deux ambassades de la Compa-
gnie des Indes orientales au vice-roi Sin-la-
Mong et au général Tay^Sing-Lipo-Vi et à
Kan-chi, empereur de la Chine et de la Tar-
tarie orientale, avec le récit des secours que
les Hollandais donnèren t aux Tartares contre
Coxinga et la flotte chinoise, et une descrip-
tion géographique plus exacte qu'on n'en a
jamais vue^ de rempire chinois en général et
de chacune de ses principales provinces;
Londres, 1671, infol., fig. Des extraits des Am-
bassades de Nobel» van Tampen et van Hoorn
ont été publiés dans plusieurs recueils français
et étrangers. L'amiral Balthasar Bort a aussi
écrit sur le même sujet dans son Voyage naer
de Kuste van China en Formosa, by cen
gestelt en berymt door Matthias Cramer;
Amsterdam, 1670. A. de L.
Becueil desvoffoeei qvi ont servi à rétabUuement de
la compagnie des Indes orientales (Rouen, I7ss, JO toi.
In-lt, avec cartes, plans et fif. ), t IX, Formote
négli^ , p. srT-8î8. — Prétest , Histoire des voyagts,
L v. — On Boys, Fies des ffouvemeurs hollandais. —
Ungtet-Dtifresnoy, Méthode povr étudier ^histoire. —
Pauthler, la Chine, dîna r Univers pittoresque.
NOBLE DE LALAVZIÈRB (Jean-François),
littérateur français, né le 24 août 1718, à Mar-
seille, ou il est mort, le 16 décembre 1806. Après
avoir achevé ses études à Paris, il obtint une
sous - lieutenance dans les gardes françaises
( 1740), et prit part aux campagnes de Flandre;
ayant perdu un œil à Fontenoy, il quitta le ser-
vice ( 1746). Il fut élu en 1763 premier consul
d'Aries, et revint en 1 788 se fixer à Marseille. On
a de lui : Mémoire sur cette question : Quels
sont les moyens de détruire les obstacles qui
s'opposent à la navigation de Fembouchure
du Rhône? inséré en 1780 dans le recueil de
Tacad. de Marseille ; — Abrégé chronologique
de C histoire d'Arles, jusqu*à la mort de
! Louis XIV; Marseille, 1807, in-4'' pi. P.
Quérard, France tittér.
NOBLE (Mark), biographe anglais, mort le
26 mai 1827, à Banning (Kent), li fut recteur
^e Barming, bénéfice que Geoi^es III lui avait
155
NOBLE — NOCEY
156
accordé en 1784. Parmi ses nombreux ouvrages,
vous citerons ceux qui ont un intérêt historique,
teis que : Memoirs ùf the prôtectorate honse
ofCromwell ; Birmingham, 1784, 2 toI. in-8*;
i*édît., Londres, 1787; — Memoirs <ff the
illustrions hovse of Mediei, with genealo-
gical tables; Londres, (797, in-8*; ^- T/re
Lî9es tff the mglish régicides; ihid., 1798,
'2 -viôl; \niè^ ; — Bistary o/the collège ofarms ;
tbKI., 1805, 1n'4* ; — Va continoaiion de la Bio-
^apMcal hiilory of Bngland de'Granger;
f 80ô, 3 ^1. '\û'%'°. Il était membre des s«K)iétés
des 'Antiquaires de' Londres «t d'Edimbourg, et
lia travailté pendant longtemps k VArefueo-
'logia. K.
Centtemun'i MagattiMf ittTs
NOBL'B (Li). Fby. Le Nobls.
-lffOBi.BTZ (Le). Vay, Le Nobletz.
'ROBLirVILLB(OE). Voy. KKUtKVVT,
NOBLOT ( Charles) f géographe 'français, né
le 17 mai 1668, au Tîllaged'Aisy (Bourgogne). On
ne connaît rien de sa vie; on sait seulement, par
une note de Lenglet-Dufresnoy, quMl travaillait à
Paris et qu'il y demeurait encore en 1742. Nous
citerons de lui : Géographie universelle, MstO'
rique et ckronologiqutf anïsienneet moderne;
Paris, 1725,5 vol. tn-12, avec cartes : nL^ouvrage
est sagement et sensément écrit, dit Lenglet-Du-
fresnoy ; il contient même des remarques assez
curieuses. ^ Jl y ade nombreui* renseignements
sur la géographie ecclésiastique , d'après Vabl>é
€ommanTllle; une seoontie édition, corrigée, était
8008 presse en 1742; la mort de Taoteur en ar-
rêta la publication; ^ Les Tablettes chrono-
logiques fte "Marcel , réduites en ordre alpha-
bétique et continuées jusqu^à 'nos jours; Pa-
ris, 1729, in-12; '^ Tûtbleauthivnonde ancien
et moderne en trois parties; Paris, 1730,
in- 12; la troisième renfeune, aous ie litre de
Bemarques curieuses, unelénlede notes com-
pilées par ordre alphabétique sur toutes sortes de
sujets; — Bibliothèque des poêles latins et
français; Paris, 1731, in-12 ; compilation en-
nuyeuse, interrompue au milieu de la lettre £ ;
— L'Origine et les progrès des atts et des
sciences; Paris, 1740, in-i2; il en attribue
Thonneuc, non aux Égyptiens, mais aux Hé-
breux, .p.
Lengtet-DAfrcinoj, Méthode pour étudier la géo-
graphie, I, 846.^ Qaérard, Traneelittér,
ifocBTi ( Giovanni - Bernardino ) , littéra-
teur italien, né le 22 juin 1625, à Messine. Il
descendait de l'ancien ne-' famille florentine des
comtes Noceti. Reçu docteur en droit à Rome
(1653), il fut quelque temps vicaire général de
son oncle, Tévèque de Teano , puis archidiacre
de Messine (1670). Innocent XII lui donna le
titre de prélat domestique. On a de lui : Rime;
Naples, 1670, in-4°;— In honorem sancti Phi-
lippi Nerii rhylhmus ; Rome, 1703, in-fol. et
in-4° : ce poème, imprimé avec un grand Inxe
typographique, a été publié de nouveau à Pa-
ïenne ( 1705, in-fol. ) et trad. en vers Italiens
(Rome, 1706 ) ; — Dogmi di'amore e di dolore,
meditazione poeW«ï;'Wlenne, 1707, in-4'. Il
a laissé en Tnanoscrit des poésies latines et ita-
liennes, des sermons, Astronomie^ observa'
iiones^ etc.
Un autre Sicilien, 'îfoccTi (Çhenxrdo), s'est
distingué vers la flndu quinzième siècle par la
connaissance des plantes et la composition des
médicaments. Pascal et Boceone ont dtéavet
éloge son Bxpositio super libro simplieium
medicinarum (Naples, 1511, in-4*') . *P.
M«ag1tore. BM iteula, 1. - f9Mca.l,Bibl:mêdiea, tu.
ifoCBTi (Carlo), Httérateor italien, né vers
1695, à Pontremoli, mort en 1759, à Rome. Admis
chez les Jésuites, 11 enseigna la théologie an
collège Romain, et devint en 1756 coadjateor
du P. Turano dans les fonctions de pénitencier
de Saint- Pierre et d'examinateur des évêques.
Il cultiva avec succès la poésie latine et entre-
tint des relations avec, plusieurs savants et lit-
térateurs de son temps. On a 4e lui : Eclogx,
impr. avec celles' de Rapin; Rome, 1741, in-S»;
— De Iride etÀurora boreali carmina ; Rome,
1747, in-40 : cette édition, donnée par Boscovicb,
a été reproduite sans les notes dans les Poemata
didascalica du P. Oudin ; Honcher, dans ses
MoiSj a imité le second de ces poèmes ; — Ve-
ritas vindicata ;'Kome etXucqoes, 1753,2vol.;
c'est une critique de la Theologia christiana
du P. Concina, moine dominicain, qui avait dé-
claré la guerre an probabilisrae et au relâche-
ment des doctrines des Jésuites.; — àe» polies
latines et italiennes dans un • recoèil de l'aca-
démie des Arcades. P-
Budlk, HUt. det poètes latins dêpuU la ResuOstanee. -
TlrabAKhl . Storia 'deUa Ittter. liai
NOCBT OU imck ( Claude se), seigneur de
F0NTEW4T, né en 1627, mort le 4 mars 1714, à
Paris. Il était d'une bonne famille de Normandie.
Son éducation avait été fort négligée. « Il est
Traî,dit-il,quedans la suite j'ai passé une partie
de ma vie dans la cour, ou j'ai trotnré des gou-
verneurs qui ont aidé à mlnstruîre : ce sont les
moqueurs qui, sans aucune bonne Intention,
m'ont donné quelque counaissance de ce qm
rendait les tommes ridicules. » Il servit quelque
temps à l'armée de Flandre etftit mis en q«sli»
de soos-gonvcrocor auprès du duc de Chartres,
depuis duc d'Ortéans et régent de France. On
a dehii : Lettres sur l'éducation des princes;
Edimbourg (Parts), 1746, in-12.
Son fils, maître de la garde-robe du régeût et
l'iin des favoris de ce prince, mourut à soixante-
qumze ans, en 1739. C'était un homme de beau-
coup d'esprit, plein de feu et d'imagination,
très enclin à la raillerie. Il avait. plu au doc
d'Orléans, dit Saint-Simon, « par la haine Je
tonte contrainte , par sa philosophie todt éptcii-
rtenne, par une brusquerie qui, quand elle n al-
lait pas à la brutalité , ce qui arrivait ass«2
souvent, était quelquefois plaisante sous le
j
157
NOCEY — NODAL
lâS
masque de franchise et de liberté ; d'ailleurs
on assez boonAte mondain. » ^près avoir été
intinienieat lié avec le cardinal Dubois, il lui
inspira de Fombrage, et fot exilé en iT22, à Blois ;
l'année suivante le régent le rappela et lui donna,
en dédommagement de cette passagère disgrâce,
dnqaaéfe mille livre» d^argentet cinq mille écus
de pension. M. de Noce 'épousa M"*^ de La
Mësangère/lttle de la célèbre marquise de La
Sablière. 'P. L.
Moréri. Grand Met. AtoT. — Salnt^Steon. 'iMmolTM.
H««BBT (./(Mn ), peintre et graveur français,
né à ffaney, en 16t2, mert à Paris, 4e vi oo-
verobre 1672. il M élève de>son compatriote
Jean Leclerc (1), et passa piosienrs aimées
en Italie. !Les lettres ide Poussm nous le mon-
trent en 1643 et 1644 occupé à faire des «opies
pourlkL^Chanteloo. Poo8siii.'4oo)eurs mécon-
tent de la négligence et des frétenttons des
jfQDeft«ftistes qu'ihftâsâit travailler, écrivait h.
propos de ces copies, 4 «oût 16i3 : « Oe qui est
extrêmement fâcbcux, c'est qu'il (Nocret) s'est
mis en tête de ne pas finir les portraits qu'il a
commencés, n'alléguant pas d'eutre excuse' si-
non qu*il a' trouvé à gabier daivntage ^en les
faisant à moins de to et 70 écus.* Quant émoi,
je demaire muet^quaid -Je <vois des gens de ce
calibre prétendre A de si grandes réeeropenses
pour ee qu'ils «ont. * -^Aevenuem France, Mo-
cret s'y flt rapidement «ve répolation, iurtout
comme peintre de fortiait. Le 21 janvier 1645
il est rais en possession d^n logement au ' Lou*
vie. Le 10 décembre 1649 U^ ut nonsmé peintre
et vntet de cliambre du roi. » Il obtint enceve
trois brevets de M. le duc d'Orléans, l'un do
fantre, Itautre dcTalet de<ehambre et le troi-
«ème dr oonthyieùr de la maison xle feu madame
'Hennetlevi^Angléterre (2). Yxl l057ii4icoompa->
goatni Portugal l'arobassadeur de France M. de
Commiases, et y ât les portraits du roi Al-
phonse VI, de lIoAmt don Pedro et de l'infimle
Catheene.
A son retoar^il fut chargé d'importants tra-
vaux de'idéceralien.ponT les palais de Saint-
Clood et 4es Tuileries. L'Académie le reçot au
nombre de ses membres le 3 ro^rs 1063, et le
désigna ta.inÉm&\année pour faire partie de la
déptttation> de tieife de ses membres chargés de
(1). Dm GMaet,. Jé6M»lM9««^rr«(iM,6S4-«êl, etid'«-
pTéfl lui Miln.dm».lrtM«9rAp*4« rfe te MosrJJk, NI,
I<«1. M3,4onoti»t SétaïUco Le Glere «pottr •arittrcS
Aocret, dont Us écriftot le oom NavcrcL Ltor afir
matlcn e«t éfidemneot erronée. SébMUon Le Qerc . le
P^re, Bé à Met/, vers 16S7, reçu académicien le 16 août
irrt, rnoamt le fs octobre* 1714. II avait donc lingt-
doq ant de iBoliu que Nocret {voir U Uste ehrom^
loçiçHe des membre* de F Académie de peinture et de
seu/pture depifiM boh oriulne, le' février 1«*8, }u$qu*a
«o nrpprefKo», S août 1TT8. dans les Archivée de F Art
/runfmU,lUïh
m GoBlet de Saint -Of orges, ntémofre hMorique
detprineipena emjrraget de M. Hocret te pire, dans
*4 M*m, inédits fur la vie et les ouvraçet des mem-
'"'^ de VAe^d, rùfuU de pHnture et Oe sculpture.
solliciter du parlement l'enregistrement iiei
statuts et lettres patentes de 1663, qui mirent fin
aux querelles de l'Académie et des maîtres ju-
rés (1). Elle le nomma professeur le '29 jtnii
1664 et adjoint à recteur le 3 septembre 1067.
Gniliet de ^aint-Oeorges nous a conservé l'a-
nalyse de l'un des cinq disceurs académiques
faits par ^'ocret en sa qualité de professeur de
l'Académie, a 11 a été , dit-il , le premier des
professeurs qui dans son mois il'exercice ait
laissé un dessra au crayon posrr'Siervir à l^strue-
tion des étudiants. » — Pèllbien vante le savoir
et ta rare sagacité deNocnet scnrtoutes'Ies paities
de son art.
M. Bobert Dnmesnila signalé une estamrpe
signée /. Nocret inv. et fecit qui , jusqu'à lui ,
avait échappé aux recherches des cbalcograpiies.
Dom Bernardin Pitrron a consacré quelques
vers à Nocret dans son Tetnplum Veiense SO"
crum^ 142, 143. Enfin, de Marelles le cite en
ces termes dans le Livre des peintres et gra-
veurs :
Jean Nocret nepf ut être avec Faultre et Grandiiomvr,
Sans être distingué' eormoie un pefntre fsedlettt t
11 fait paraître en tout on cartalualr gtlant.
Qui veut que dans Parla parUmt on le foaoaiaa.
Le musée de Versailles possMe de J. Nœret «n
tableau représentant la famille deLouis XIV^
qui était laBeiennement placé au palais de Saint-
Cloud.
aoem^ (N.....)> pelntEe de portrait, fils
' 4n.préeédent , né it> Paris, \en 1667, mort* dans la
même vIMe, le Sdéœmtrre 1719, fut reçu à rAaa-
demie, le 31 mars 1674,'6ar la présentation d'an
portrait de son père. 11 fot 'premier valet de
chambre de Idonsieor, dnc d'Orléans. Les ât*
chites de l*Àrt français, en 'reproduisant te
billet de >logemeikt au Louvre, qu'il obtiat le
27 jnfai 1668, le -nomment J>aeques; la Liste
chron9loçiqfie des memùrës de l^Âemiêmie^
publiée également dans les Arch^es de VArt
français, lui donne les 'noms de (^karles^Jean.
Nagler entfin, t. 1X,'250, l'appelle Oharles. 1>èl9
sont «les 00Éis renseigntneflts que nous ayons
sur oet«rtiSte "'H. 'H--tî.
MémfHres midUt ttn' 'tgs 'Wiemlfns de VAntdemie
ro^mie de peinture et de sculpture. «* L. Ouaaleax, Xas
AriiUes français à ettrançer. — Aobert Oamcsol^ te
Peintre- graveur franc. — Magler, KûnsUer~Lex.
novkh {Gonialoei Bartàhmé Garcia nç),
navigateurs espagnols, nésà'Ponte-'Vedra ( Gali-
ce). Ils étaient frères et vivaient dans la première
partie du dix-septième siècle. Lorsque Jacques Le
Maire et Villem Cornelisz Schouten ( to^. ces
noms) eurent découvert, par 65* 36 lat. sud
(24 janvier 1616), le canal qui sépare la Terre de
Feu ( Tierra del Fuoco ) de celle des Ëtats
.{Staien-island) eiqui porte le nom de détroit
de Le Maire, les Espagnols virent avec une
grande appréhension que les Hollandais ( qui ,
maigre les difQcultés sans nombre du détroit de
(1) Dict, de VAcad, des beaux-arts.
159
NODAL — NODIER
KO
Magellan, inquiétaient chaque jour davantage leur
commerce dans la mer du Sud, ) allaient pouvoir,
en moins de vingt-quatre heures, passer d'un
Océan dans l'autre, lis résolurent d'examiner s'il
ne serait pas possible de fermelrce nouveau pas-
sage au moyen de forteresses construites sur les
deux rives. Philippe UI fit équipera cet effet
deux caravelles, la Nuestra-Senora-de-Atocha
et la JSuestra'Senora'del'Buen-Suceso, de
quatre-vingts tonneaux chacune et portant qua-
rante hommes et quatre canons, avec des vivres
pour dix mois. Les frères Nodal, marins habiles
de Galice, en reçurent le commandement. Dans
leurs équipages étaient plusieurs navigateurs
hollandais expérimentés , entre autres Jan van
Moore qui avait servi sous Schouten; Di^o
Ramirez de Arellano les accompagnait comme
premier pilote et cosmographe. L'expédition mit
à la voile de Lisbonne, le 27 septembre 1618;
elle séjourna à Rio-de-Janeiro do 15 novembre
an 6 décembre, et longea ensuite la c6te orien-
tale de TAmériquedu sud. Garcia de Modal re-
connut lé premier, par des sondes réitérées, Té-
lévation progressive et régulière du fond de l'o-
céan Atlantique austral, entre les 35* et 44* de
lat. sud, à partir de quarante lieues en mer jusqu'à
la côte. A cette distance il ne trouvait encore que
quatre-vingt-quinze brasses. Le 6 janvier 1619 il
découvrit près du port Désiré une lie qu'il nomma
de Los Reyes (1). Continuant sa route, il faillit se
perdre sur un dangereux banc de rochers à fleur
d'eau, los baxos de Bttevan^ qui s'étend à cinq
lieues de la côte entre 48^' 39' et 48^ 50 . Le 19
janvier les Nodal arrivèrent près do détroit de
San-Sebastian, et le 22 au détroit de Le Maire,
qu'ils nommèrent San'Vicente parce qu'ils y
étaient entrés le jour de la fôte de ce saint (2).
Ils relAchèrent dans une baie qui reçut le nom
de bahia del Buen Sueeso, et s'y procurèrent de
l'eau, du bois et du poisson en abondance. Après
avoir déterminé la lat. du cap Hom (par 56** 9* sud),
dont ils changèrent le nom en celui de Sem-Il-
defonsOf ils découvrirent le 10 février, par 56°
40* sud-ouest de ce cap, un groupe de petites
lies rocailleuses, auxquelles Us donnèrent le nom
de leur pilote en chef Diego- Ramirez. <( La dé-
couverte de ces lies, dit le capitaine Bumey, est
l'événement le plus remarquable du voyage des
Nodal, attendu qu'elles furent, durant un siècle
et demi, la terre la plus méridionale connue qui
fût marquée sur les cartes (3). » .
Les navigateurs espagnols suivirent la côte
(I) Ile dês itoff, à cause da Jour de n découverte. Elle
a étv débaptisée par leaAoglala qui l^ppelleot Penguin'S'
island.
(t) La posMrUé loi rfaUtaa le nom de soo déconvrenr
Le Maire; celai de Saint- f^incfiU n'a étéconsenré qne
pour désigner l'un des caps septentrlonaui slfoés sur
la côte ouest de la Terre de Feu.
(9) Snlrant VMlas espagnol rùgal^ publié en IIM, 111e
du milieu, la pins grande» est située par §6* M' lat. sud,
et par 1* 1» longitude ooest du cap Horn. Selon les ob-
srrraUons plus récentes du eap^ Colnctl. eUe aérait par
S6P M* sDd et k Tlngt-dcn lleaet ouest du cap.
occidentale de la Terre de Feu , cl entrcrent 1;*
25 février dans le détroit de Magellan , d'oà ils
débouqoèrent le 13 mars, ayant fait ainsi le tour
de la Terre de Feu. Leurs relations avec les na-
turels qui habitaient les rivages des deox dé-
troits furent des plus amicales. Ils firent alors
voile pour l'Europe , et atterrirent le 9 juillet 1619
à San-Lucar, sans avoir perdu un seul homme
durant une traversée de neuf mois douze joars
accomplie sous des climats ïÀea dilTérents, ce
qui fait l'éloge de Tintelligence et de l'hamani é
des deux capitaines galiciens. Ce voyage acbera
la découverte de l'Ainériqne du Sud. Le projet
qni avait été conçu d'ouvrir par cette route , an
détriment des autres nations, un commerce di-
rect entre l'Espagne et les Philippines fut
at>andonné, sur l'opposition des administrateors
du commerce de Panama, qui représentèrent la
voie de llsthme de DaAen comme plus sûre et
plus commode. Les frères Nodal ont publié ud
récit de leur voyage : Reladon del viage qw
hizieron los capitanes BarL Garda de Nodal
y Gonzalo de Nodal, hermanos, naturales
de Ponte» Vedra^ al descubrimiento del tstre-
cho nuevo; Madrid , 1621 , in-4*', avec carte.
C'est un véritable journal de bord. On y trooTe,
à côté de bonnes remarques sur les veots,
les courants, les fonds, les marées, etc., beau-
coup d'erreurs dans les estimes, qui la plu-
part ne sont données qu'approximativement. On
doit croire que les frères Nodal ne possédaient
que des instruments imparfaits. Il a paru en
1632 à Amsterdam une contrefaçon fort inour-
recte de leur ouvrage ; elle est vraisemblablement
de Jan van Moore, qui s'y donne le principal
r61e, et n'y nomme même pas seâ chefs. £b
voici le singulier titré d'après De Brosses : Re-
lation des deusC caravelles que le roi d^Es-
pagne envoya de lÀsbonne, Fan 1618, au mis
d'octobre, sous la conduite du capitaine don
Jean Moore, pour vUiter et découvrir le
passage de Le Maire, devers le sud, lesquelles
retournèrent en Séville au mois d'août 1619,
et firent (sic) le rapport aU roi de tout ce
qui leur était advenu : Beaucoup de faits con-
tenus dan» cette relation tiennent du roerreil-
leux plutôt que de la vérité.
A. ni Lagaxe.
Jan Uet, NmmM er^, ele. (Leyde,l6S8» lo^ToL). Ub. Vin.
cap. XII.- Herrera, Novut or&U, p. TS. - Fraactooo m
Sellas 7 Lovera. DescHpelon çtograâca f àerrottfioilf
la regim anttral maçalUmiea ( Madrid, 16M, m XVli),
dêl Passage del Magre. — De Broaoca, Histoire des ne-
vlgatlems aux terres australes (iTSa, t vol ln-4*), cbap.
Mègeltanlfi. - Fréd. Ucrolx. PataganU , Terre de Feu
et Iles Mahuines, dans VUnivers p<M.,p.M.
NODiBft ( CAar/ei), littérateur français, né à
Besançon , le 29 avril 1783 (1) , mort à Paris, ie
(i) Il y a loeerUtode snr la date de la naUsanee de
Charles Nodier. Soif ant M. Salnte-Reure, qui tenait mo
rensetgneaaent de Nodtcrlal-n)éme,doQtla nemoifeéUB
pea précise, U naqnU à Besaocou, le tt avrU 17M, cCeetie
date a ét^aceeptée par M. Mérimée. M. Wdss, son sm
d*enfaiic«, le fatt naître en i7Si. Nooi aTou adopté, m»»
Wi
NODIER
163
27 janvier 1844. Son père, avocat distingué,
ancien professeur k l'Oratoire, fut longtemps son
seal professeur. L'éducation de reofantfut assez
libre. Les auteurs français du seizième siècle
forent^ dit-OD« l'objet de ses premières prédilec-
tions, et l'on prétend qu'à huit ans il lisait Mon-
taigne. Les vieux livres et les éditions rares de-
vaient être un de ses goûts les plus décidés. En
1790 son père fut nommé maire oonstitution-
Del de Besançon, et l'année suivante président
do tribiraal criminel : « fonctions terribles , dit
M. Mérimée, qu'il accepta sans les connaître, et
qu'il o'eut pas le courage d'abdiquer quand il les
eAt comprises ». — « Associé à toutes les pensées
de son père, ajoute le même écrivain, vivant au
miliea d'un cercle d'bommes^instrnits, que cbar-
maient son inteUigence et sa vivacité, traité par
«u\ comme un égal , Charles Nodier admettait
toutes les tbéories nouvelles avec la candeur
de son âge. A douze ans il haïssait la tyrannie
comme un Caton d'Utique; il discourait sur les
droits do peuple comme l'un des Gracques. C'é-
tait ainsi qu'on lui faisait repasser son histoire
romaine. Malgré son Age, par une exception
singulière, il fut élu, en 1792, membre d'une des
pins fougueuses sociétés populaires, eelledes Amis
de la Constitution, qui venait de s'établir dans
sa ville natale. J'ai retrouvé son discours de ré-
ception, qui fut imprimé alors, et ce n'est pas
sans surprise que je l'ai lu... Ma surprise ne fut
pas à voir un enfant de douze ans donner des con-
cis à la nation, au roi, à Dieu même. Mais, ce
qu'on ne s'attendrait pas à trouver dans une
<envre semblable , c'est un style travaillé, de
Fart dans le choix et l'agencement des mots, une
entente de la période, enfin une manière d'écrire
où déjà se devine l'auteur original. » Pour cette
époque de la vie de Charles Nodier, nous avons
dans ses Souvenirs une source abondante mais
fort trouble. L'auteur nous raconte qu'au mois
d'octobre son père l'envoya à Strasbourg pour y
recevoir des leçons de grec d'Euloge Schneider,
plus connu comme terroriste que comme hellé-
niste, et qui était alors accusateur public près le
tribunal criminel du Bas-Rhin. Schneider le reçut
très-bien, mais il fut arrêté peu après, et l'enfant
partagea même son sort. Remis en liberté par
l'ordre de Saint-Just et de Le Bas, il se rendit au-
près de Pichegru, qui le prit aussitôt pour sécré-
tant, pour confident et pour aide de camp ( ou
plutôt secrétaire ). Qu'y a-tril de vrai dans ces ré-
miniscences, et dans bien d'autres qu'il est inutile
de rapporter ? Nous l'ignoronset probablement No-
dier ne le savait pas bien lui-même. Tout se con-
fondait dans son esprit ; toutdevenait romain. •« Je
ne sais, dit M. Mérimée, si toutes les fictions de
l'homme de lettres furent volontaires, si, en s'a-
bnndonnant à son imagination , il ne crut pas
qaelqoefbt& consulter sa mémoire. Tels que ces
preneurs d'opium de l'Asie, moins sensibles aux
co la regardant encore comme doutcuie, une troisième
<3aie« duanée par M\ Quérard.
MOT. nOCft. CÉNÉK. — T. XXXVUI.
impressions extérieures qu'aux hallucinations du
breuvage enivi^nt, il s'était accoutumé, dans la
solitude, à vivre parmi les créations de sa fan-
taisie comme au milieu des réalités. Souvent ses
brillantes rêveries se confondirent à son insu
avec les souvenirs moins attachants des scènes
du monde qu'il avait traversées. Poète , il ne
pouvait comprendre le travail ingrat du chroni-
queur. » Cette excuse des innombrables erreurs
reprochées à Charles Nodier est un peu trop in*
dulgente, et même, en l'acceptant, il est certain
que les Souvenirs de l'auteur ne peuvent servir en
rien à sa biographie. Il parait que vers 1796 il
passa quelques mois à la campagne avec un vieux
gentilhomme nommé M. de Chantrans, ancien
officier du génie, homme d'esprit et de savoir. Il
s'occupa d'histoire naturelle et surtout d'ento-
mologie; il lut aussi quelques volumes de Sha-
kespeare, et l'on assure que cette lecture eut
sur lui une influence durable. Nodier, avec son
imagination vive, légère, recevait très- vite les
impressions et les oubliait non moin» vife. Son
savoir assez étendu ne forma jamais dans son
esprit un ensemble organisé et fécond , et resta à
l'état de notions éparses ou de mélange confus
et mobile. Au sortir de l'école centrale de Be-
sançon , où il avait eu Droz pour professeur,
Nodier fut nommé bibliothécaire adjoint de la
bibliothèque de cette ville. Deux ou trois ans
plus tard, il perdit sa place, et se rendit à Paris.
Là il publia des ouvrages très-divers : c'étaient,
d'abord Les Proscrits et Le Peintre de Salti»
bourg , imitations du Werther de Gœthe, très-
faibles comme invention, très-factices comme
expression de sentiment , mais qui contiennent
de jolies pages descriptives; puis, une BiàtUh
thèque enfomologique , qui, ditH>n, fut re-
marquée comme un modèle de méthode. Vers
le même temps il écrivit dans Le Citoyen fran*
eaiSy journal bientôt supprimé, à raison d'une
sorte d'opposition , tenant à quelques restes d'o-
pinion républicaine. Le jeune écrivain, usant avec
l'ardeur de son. âge des nombreuses distractions
que Paris lui offrait, se trouva lié avec quelques
jeunes gens républicains ou royalistes que réu-
nissait une haine commune contre le premier
consul. Comme plusieurs d'entre eux il composa
des vers contre Napoléon. Une pièce de lui, fntl-
titulée la IS'apoléone , circula manuscrite et ano-
nyme, et obtint un grand succès dans les sociétés
où l'on n'aimait pas le gouvernement Cette Napo-
léone, mélange incohérent de royalisme et de
républicanisme, contient des vers assez éner-
giques, comme les suivants, par exemple :
Qu'one foule paalUantree
BrAle aax pieds de« tyrans son encens odlenx»
Biempt de la (avenr du crime,
Je marche taas coatratnte et ne crains qae les dieux*.
On ne me verra point mendier l'esclavage
Et pa3rer«d*aa coupable hommage
Une Intime célébrité.
Quand le peuple gémit sous sa chaîne nouvelle,
Je m*lndigne d'un maître, et mon âme fidèle
Aesplre cneor la liberté.
6
S68
NODIER
164
La Napoléone se termine |>ar ces rers :
ATant que tes t^gaux dCTlennent trs fscUvet,
Il fant. Napoléon, que l'éUte des bra^ea
Monte à Téchafaud de Sldney.
Lt pièce s'imprima, et le libraire Dabia, qai la
mit en vente avec d'autres écrits du même f^nre,
fut arrêté. Nodier se hftta de se nommer, pour
détoomer de dessus la tète du libraire compro-
mis les rigueurs du pouvoir. Heureusement
Fouché, ancien oratoriâ comme le père de No-
dier, ne traita pas en conspirateur sérieux un
jeune imprudent; il se borna à une réprimande,
et le fit partir immédiatement pour Besançon. Il
parait qu'il ne fut pas même arrêté, et que tout
ce qu'il a raconté de sa captivité en 1803 est un
roman. De retour à Besancon, et nullement cor-
rigé, Nodier se lia avec des jeunes gens qui
avaient les opinions de ses amis de Paris. La
police surveillait ces sociétés peu dangereuses,
et de temps en temps arrêtait comme avertisse-
ment un des jeunes gens suspects. Un soir No-
dier apprit Tarrestation d'un de ses amis , et se
croyant menacé lui-même, il s'enfuit dans les
montagnes. Là il passa plusieurs mois , herbo*
risant, ramassant des insectes , trouvant facile-
ment l'hospitalité qu'il payait en récits amusants
et t*n leçons d'histoire naturelle, et rédigeant, au
milieu de toutes ces courses, un Dictionnair9
d€i onomatopées. Cette vie errante et la manie
de se croire proscrit finirent par attirer l'atten-
tion de l'autorité. La police saisit ses papiers et
les remit au préfet du Doubs, Jean de Bry. Le
préfet n'y trouva que des vers, des chapitres de
roman, des observations d'entomologie et de
grammaire. Il se hâta de faire prévenir le oons-
piratenr qu'il n'avait rien à craindre, lui fournit
même les moyens de revenir i Besançon, et lui
permit d'aller ouvrir un cours de littérature à
D6\e, Peu après son. arrivée dans cette ville, il
•e maria. Sous l'empire on le voit à Amiens se-
crétaire du chevalier Croft, philologue anglais ,
très-occupé de travaux sur les classiques fran-
çais, puis vers 1811 è Laybach, en lllyrie, bi-
bliothécaire, directeur du Télégraphe Ùlyrien,
qui se publiait en quatre langues, le français,
l'italien, l'allemand et le slave. Un peu avant son
départ pour l'Illyrie, il publia ses Questions de
littérature légale, petit traité fort agréable et
assez solide, où il examine les cas où l'imi^tion
d'un auteur est permise et ceux où elle doit être
flétrie comme un plagiat. L'évacuation des pro-
vinces illyriennes par les Français ramena No-
dier à Paris. Il reprit aussitôt ses travaux litté-
raires, et suppléa un moment au feuilleton du
Journal de V Empire GeofTroy mourant A la
chute de Napoléon, l'auteur de La Napoléone se
trouva très-royaliste, non sans quelques rémi-
niscences républicaines. 11 donna dans les Dé-
bats et La Quotidienne des articles violents, et
les fit valoir, non moins que ses prétendues per-
mutions sous l'empire, comme des titres à la
faveur du nouveau gouvernement. Il publia dans
le même but une Histoire des sociétés seerèleSf
amalgame confus de beaucoup de fictions et d'oa
|ieu de vérité. L'auteur raconte que pendant tonte
la durée de l'empire une société dite des Phi-
ladetpkes, composée de jacobins et de ohonans,
de royalistes et de républicains , et dirigée par le
colonei Oudrt, prépara le retour des Boorbons.
Le colonel Oudet, personnage mystérieux, dis^
parut mystérieusement en 1809, assassiné pro-
bablement par l'ordre de Napoléon. Malet, héri-
tier des projets «t des fonctions d'Ondet, périt en
1812. Quant aux autres chefa yivants des Pbila-
delphes, l'auteur ne les nomme pas, de peor de
les compromettre. Voilà ce que Nodier racontait
d'un ton sérieux en 1815, lorsque des milliers de
contemporains pouvaient attester le mcnsoo^
de ses récits. Ses services royalistes n'étaient
pas très-réels, et la Restauration mit peu d'enk
pressement à le récompenser. A cette époque il
multiplia ses publications, qui, malgré leuroombre
et leur succès, ne lui fournissaient que des res-
sources insuffisantes; car il avait des goàts
coûteux et fort peu d'ordre. Enfin, en décembre
1823, il fut placé avec le titre de bibliothécstre,
à la direction de la bibliothèque de Monsieur
( bibliothèque de l'Arsenal }. Sa vie dès lors, saB&
devenir tout à fait rangée, s'ordonna un peu. Son
salon è l'Arsenal devint le reudex-vous des
jeunes écrivains qui tentaient cette révolution
littéraire que l'on appelait le romantisme. So-
dier fut pour eux le patron le plus aimable et le
conseiller le plus indulgent L'excellent souvenir
que les écrivains les plus distingués de cette école,
Victor Hugo, Sainte-Beuve, Alfred de Blusset.
ont gardé de leur spirituel b6te de l'Arsenal, est
pour celui-ci un des titres les plus durables au-
près de la postérité. Nodier, avec son talent
flexible et superficiel, excellait à donner uoe
forme agréable anx tentatives hardies et étranges
des romantiques. Lui-même, vieil admirateur de
Shakspeare et de Gœthe, pouvait passer pour on
des précurseurs de cette école. Les œuvres quil
écrivit dans cette période littéraire de la restao-
ration et des premières années du gouvernement
de Juillet, Trilby, Smarra, Mademoiselle de
Marsan, La Fée aux miettes, Inès de las
Sierras , sont les produits d'une imagination peu
vigoureuse, incapable d'abontir h des créations
réelles, mais vive, délicate, saisissant avec une
facilité merveilleuse les couleurs et les nuances.
Son style excellent tient du dix-huitième siècle
pour la clarté, du dix-neuvième pour la couleur.
Sa plume habile,donnantderintérét et do charme
aux sujets les plus arides, à des discussions de
linguistique et de bil»liograpbie , k des cata-
logues de libraire, dissimulait tes lacunes et le
peu de solidité de son savoir. Aucun savant as-
surément n'adopta son système sur la formation
du langage, qu'il attribue à l'imitation des bruits
naturels, réduisant ainsi tous les mots à des ono-
matopées ; mais la spirituelle finesse avec laquelif
il développa ses théories leur concilia les sof-
16d
NODIER
166
Grages d'amatears disUogné». Da reste, si Nodier )
fut UD philologae peu profond et trop paradoxal, {
il faut reconnaître qu*il roèla à ses paradoxes
beaucoup d'aperçus ingénieux, exprimés avec une ;
âeganee dout les grammairiens ont eu rarement
le secret. De même en bibliographie, sMI n*est
pas un guide bien sûr, il est un guide très-at-
trayant. Aucun bibliophile n*a contribué autant
que lui h répandre parmi les gens du monde le
goôt libéral des vieux et beaux livres. Un homme
si bien doué du côté de I*esprit, et qui apportait
dans ses rapports litténiires une cordialité si facile,
devait aTOir de nombreux amis sous tous les
réginoes. Le gouvernement de Juillet conserva à
Nodier la place qu*il ayait reçue de la restaura-
tion, et y ajouta en 1843 la croix d'officier de la
Légion d'honneur. On oubliait sa ferveur royaliste
de 1815, qnll oubliait lui-même; cardans ses
Souvenirs et son Banquet des Girondins,
prodpctiotts intéressantes mais équivoques , qui
sont pkitdt de Thistoire falsifiée que du roman ,
Il re^nt avec hésitation et incohérence au répu-
Uicanisme de sa jeunesse. En 1833 il fut reçu
membre de TAcadémie française. Bien qu'il
n'eût jamais obtenu de ces grands et durables
succès qui placent et mamtiennent un écrirain au
premier rang, Il s'était fait, par la qualité quel-
quefois exquise et par la variété de ses livres,
une position élevée que tout le monde respec-
tait 11 était aimé de ses confrères. On n'i-
gnorait pas ses défeuts; mais on les excusait
Aussi sa mort prodoisi^elle une vive im-
preseioii. Les journaux d'opinions les plus con-
tnûrea forent d'accord pour le louer; M. Etienne
prononça sur sa tombe , au nom de l'Académie ,
desparolet de regret et d'admiration. Le conseil
municipal de la Seine donna gratuitement à per-
pétuité le terrain de sa sépulture. La ville de
Besançon lui Tota une statue. L'Académie de
cette Tille mit son éloge au concours. Enfin No-
dier eut rheureose fortune d'avoir pour succes-
seur à PAcadémie française M. Mérimée, dont le
discours de réception est une biographie aussi
indulgente que spirituelle. Ce discours se ter-
mine par ces mots. •< Si l'on se rappelte à quel
degré Nodier possédait la connaissance gramma-
ticale de notre langue, ses origines et ses trans-
formattons, on déplore amèrement qu'il n'ait pas
après lui quelqu'un de ces grands ou-
dans lesquels la science du passé devient
la règle du présent et le guide de l'avenir. Il ne
lofSt pas , a dit La Rochefoucauld , d'aroir de
grandes qualités , il faut en avoir l'économie.
Cette économie a manqué peut-être à Nodier :
esclave du caprice, pressé souvent par la né-
cessité, il travaillait au jour le jour» cédant sans
cesse aux sollicitations des libraires, qui osaient
tout demandei h un homme dont la bonté ne sa-
vait riea refuser... Modeste jusqu'à rhumilité,
sa seule faute fut de ne pas employer tous les
dons précieux qu'il avait reçus en partage. La
postérité, dont il ne s'est point assez occupé.
conservera sa mémoire; la^ faveur qni de nos
jours accuellit ses ouvrages ne les abandonnera
pas : le moyen d'être sévère pour celui qu'on ne
peut lire sans l'aimer ! » — Sans admettre tout à fait
cette bienveillante appréciation, sans croire que
la postérité s'occupera beaucoup de ses ouvrage^
nous pensons que son nom vivra, et que son ai^
mable et intéressante figure gardera une place
distincte et élevée dans l'histoh^ de la littéra-
ture française du dix-neuvième siècle.
Les ouvrages de Charles Nodier sont : DU-
sertalion sur Vusage des antennes dans les
insectes, et sur Vorgane de Vouie dans ces
mimes animaux; Besançon, 1798, in-4*; —
Pensées de Shakespeare^ extraites de ses ou-
vrages; Besançon, 1801, m-S**; —* BUfUogra''
phie entomologique , ou catalogue raisonné
des ouvrages relatifs à V entomologie et aux
insectes , avec des notes critiques et Vexpo"
sition des méthodes; Paris, 1801, in-8o; -.
Le dernier Chapitre de mon roman; Paris,
1803, in- 12, petit roman licencieux dans le
genrede Faublas ;— Le Peintre de Sallzbourg ;
journal des émotions d'un cœur souffrant,
suivi des Méditations du cloître; Paris, 1803,
in- 12; — Les Essais d'un Jeune harde; Paris,
1804, in- 12; — Les Tristes, ou mélanges tirés
des tablettes d'un suicidé; Paris, ISOd, hi-8*;
— Stella, ou les proscrits, suivie de la Lettre
d'un solitaire des Vosges , de la Filleule du
seigneur, de la Vision et de Fanchette;
Paris, 1808, in- 12; — Dic/tonncitre rai-
sonné des onomatopées françaises, adopté
par la Commission d'Instruction publique
pour les bibliothèques des lycées ; Paris, 1808,
in-8®; — Archéologie, ou système universel
et raisonné -des langues^ Prolégomènes ; Pa-
ris, 1810, in-8* : prospectus d^un ouvrage qui n'a
jamais été fait; — Questions de littérature lé"
gale : du plagiat; de la Supposition d'auteur;
des Supercheries qui ont rapport aux livres;
Paris, 1812, in-8®; seconde édition, augmentée;
1828, in-8^; « Dictionnaire de la langue
écrite; Paris, 1813, in-8* : c'est encore un
prospectus d'un ouvrage qui n'existe pas ; —
Histoire des sociétés secrètes de l'armée; Pa-
ris, 1815, in-S"; — Jean Sbogar; Paris, 1818,
in- 8*;— Thérèse Aubert ; Paris, 1819, in-12;
— Adèle; 1820, in-12 ; —Lord Ruthwen, ou les
vampires; 1820, 2 vol. m-12; — Le Vampire ^
mélodrame en trois actes et en prose; 1820,
in-8''; — Bertram, ou le chdteau de Saint-
Aldi^and, tragédie en cinq actes de Maturin,
traduite librement en prose; 1821 ; — Prome-
nade de Dieppe aux montagnes d'Ecosse;
1821, in-12; — Voyages pittoresques et ro-
mantiques dans l'ancienne France; Paris,
1820 et années suivantes, gr. in-fol., avec
J. Taylor et A. de Caillenx ; — Smarra, ou
les démons de la nuit, songes romantiques;
1821, in-12; — Tniby,oule lutin d'Argail ;
Paris, 1822, in-12;— Essai critique sur le
6.
167 NODIER <
fjaz hydrogène et les divers modes d'éclai-
rages artificiels; 1823, in-S* : ayec M. Amédée
^ۈoi\^ Dictionnaire universel de la langue
française; Paris, 1823, 2 ▼ol. în-8", a?ec
M. Verger. Quérard prétend que ce Diction-
naire est l'oavrage de M. Verger et que Nodier
n*a fourni qu'une préface; ^ Bibliothèque sa-
crée greeque'latine , comprenant le tableau
chronologique, biographique et bibUogra^
phique des auteurs inspirés et des cniteurs
ecclésiastiques, depuis Moise jusqu*à saint
Thomas d'Aquin^ ouvrage rédigé diaprés
Mauro Boni et Gamba i Paria, 1826, in-8o ..
compilation faite avec peu ffe soin, et où l'on a
relevé de singulières erreurs , une entre autres
sur ïtConviviumr Virginum de saint Methodius,
que Nodier prend pour un ouvrage en vers;. —
— Mélanges tirés d'une petite bibliothèque,
ou variétés littéraires et philosophiques;
Paris, 1829, ln-8*; — Histoire du roi de
Bohême et de ses septchdteauX\ Paris, 1830,
in-8'*;— Souvenirs, Épisodes et Portraits,
pour servir à rhistoire de la révolution
et de Vempire; 1831, 2 vol. in-8''; — La
Fée aux miettes , roman imaginaire; 1832,
in- 12; — Mademoiselle de Marsan; 1832,
in- 8®; — Souvenirs de jeunesse; 1832,
in-8''', — Le dernier Banquet des Girondins,
étude historique, suivie de Recherches sur
Véloquence révolutionnaire % 1833, in-8°; —
Inès de las Sierras; Paris, 1837, in-8'*;
— Les quatre Talismans, conte raisonnable;
tmri de La Légende desceur Béatrix; Paria,
1838, 2 Tol. in-8*'; — La Neuvaine de la
Chandeleur et Lgdie, nouvelles; 1839, in-8'';
— Description raisonnée d'une jolie colleC'
iion de livres (Nouveaux Mélanges tirés
d* une petite bibliothèque); iM3, in*8'*; —
Trésor des fèves et Fleur des pois ; Le Génie
Bonhomme; Histoire du chien de Brisquet;
Paris, 1844, in-8*; -^Journal de l'expédition
des Portes de Fer, rédigé par Charles Nodier
sur les notes du duc d'Orléans; 1844 , in*8^; —
Franciscuê Columna, nouvelle postluime ; 1844,
in-12. Pour compléter la bibliographie de No-
dier, il faudrait énumérer plusieurs publications
auxquelles il n'a fourni que son nom , plusieurs
éditions et une foule d'articles de jonmaux et de
revues; mais ces travaux sont plus nombreux
qu'importants. On en trouvera l'indication dans
La France littéraire de Quérard et dans La
Littérature française contemporaine, de
MM. Louandre et Bourquelot. Une partie de
ses ouTrages a été recueillie sous le titre peu
exact à'Œuvres complètes; Paris, 1832-1834,
12 Tol. in- 12. Ses Souvenirs et un choix de ses
romans ont été réimprimés. L. J.
Sainte-Benve, Portraitt tUtérairês, t. II. — Loraénle,
GaUrU tfet Contemporaine Ulmttns, t vil. ^ F. Wry,
Ifotiee en tète de la Description raisonnée. » J. Janln.
Notice en tête de FrancUeut Columna, — Gratel-Du.
pleasto. Notice bMéograpàiquê : lSi4, In-S*. - Mériinée,
XNmwrf dêréeeftêon à rjeadému/rançaUe, dans le
- ^'ODOT 168
neemeU de tjiead., iBM-lBis. — étlenae , ttipoMe k
M. Ménmée, dana le même RecaeU.
HODOT (François), littérateur français,
mort dans les premières années du dix-huitième
siècle. Attaché à l'administration militaire,! il
occupa l'emploi de commissaire des vivres pen-
dant les guerres du Piémont. Voilà à quoi se
bornent les renseignements sur sa vie. Il a pu-
blié : Le Munitionnaire des armées de France,
qui enseigne à fournir les vivres aux troupes
avec toute ^économie possible; Paris, 1697,
in-8° ; — Histoire de Mélusine, chef de la
maison de Lusignan, et de ses fils, tirée
des chroniques du PoUou; Paris, 1698,
in-12; — Histoire de Geoffroi, surnommé à
la Grand* Dent, sixième fils de Mélusine;
Paris, 1700, in-12 : c'est une suite du précédent
livre. L'histoire de Mélusine a été écrite au
quinzième siècle par Jehan d'Arras ; Nodot en a
maladroitement retouché le style, et a su rendre
par ses additions la fable moins attachante que
celle du naïf chroniqueur ; — La Rivale tra-
vestie, ouaventures arrivées au camp de Comr
piègne; Paris, 1699, in-12, — Relation de la
cour de Rome, ok Von voit le vrai caractère de
cettecour, ce qui concerne le pape, ce que c'est
que le conclave, etc. \ Paris, 1701, in-12; —
Nouveaux Mémoires, ou observations faites
sur les monuments de l'ancienne et de la
nouvelle Rome, avec les descriptions des
cartes et des figures ; Paris, 1706, 2 vol. |n-l2.
Nodot, qui avait fait de bonnes études et qui
avait quelque connaissance <]e la philologie, dé-
buta dans le monde savant par la pubUcatioa
de fragments inédita qui oompli^taient le Sa*
tiricon de Pétrone; il les imprima dans une édi-
tion latine qu'il donna de oe poète (Paris, 1693,
in-8'*; Rotterdam, 1693, itt-l2). Ces fragments
ou plutôt ces suppléments étaient extraits d'un
manuscrit qu'un officier français au service de
l'Autriche avait, dit-on, trouvé en 1686 à Bel-
grade. 11 s'éleva à ce sujet entre les savants une
controverse très-vive : tandis que Charpentier
déclarait les fragments authentiques, Leibniz,
Cramer, Bentley, Perizonius et d'antres critiqaes
n'y virent qu'un tissu de gallicismes et d'ex-
pressions barbares. Nodot , dont la bonne foi
dans cette circonstance n'a pu être bien établie,
répondit à ses nombreux adversaires dans un
écrit intitulé Contre-critique de Pétrone
(Paris, 1700, in-12 ). Dès 1694 il avait publié
une traduction entière, sinon élégante, de Pé-
trone, avec le texte latin ( Paris, 2 roi. in.i2,
et Cologne, 2 vol. in-6* ), traduction qui a été
plusieors foisréimpr. k Paris (1698, 1709, 1713,
1799, 2 vol. ) et à Amsterdam (1736, 1756,
2 ToL); les premières édit. ne portent pas le
nom de l'auteur, on plutôt elles le dissimulent
sous celte devise piaoîée sur le frontispice : Nodi
solvuntur a Nodo (vog, Pétronb). P. L.
HM. im. de la France, î. - Lenglet-Dufresuoj. BiM:
det romani.
169
NOÉ
170
soé, on plas exactement Noad, fils de La-
mecb, patriarche de TÉcriture, qui fut seul sauvé
avec sa ramille pour repeupler la terre. Il avait
trois fils, Sem, Cbam et Japhet ; après la sortie
de Tarclie, Dieu les bénit, et leur dit : « Croissez
et muUipliez, et remplissez la terre ! » Moé, qui
était laboureur, planta la vigne; mais te jus du
ralsia enivra le patriarche, qui, étendu au mi-
lieu de sa tente, ne songea plus à couvrir sa
nn^ité. Cbam, l'ayant vu en cet état, ne rougit
pas d*en rendre témoins ses frères ; mais ceux-
ci, plas respectueux, jetèrent un manteau sur
leur père, en s'approdiant de loi k reculons,
sans le regarder. Le patriarche,ayant appris après
son réveil ce qui s'était passé, bénit JSem et
Japbet, et maudit Canaan, le fils de Cbam, en le
TOiiaot k la servitude. Noé vécut, après le dé-
loge trois cent cinquante ans, dit la Bible ; et
toute sa carrière fut ainsi de neuT cent cin-
quante ans. Sa .postérité se répandit sur la
terre : les Sémites dominèrent en Asie, les des-
cendants de Japbet vinrent s*établir en Eu-
rope ; plusieurs peuplades issues de Cham furent,
iprès des guerres sanglantes, chassées par les
Sémites et forcées de se réfugier en Afrique, ce
qui a fait prendre les nègres pour la progéni-
ture do fils maudit de Noé. Mais cette terrible
malédiction ne se trouve évidemment dans TÉ^
criture que pour constater le droit que les
Israélites sémites, sous la conduite de Moyse, pré-
tendaient avoir sur la terre de Canaan. L'unité
d'origine des races humaines, qui résulte du
redt bibMqne, ne s*accorde pas facilement avec
les recherclies phfrsiologiqoes. La croyance au
délu^ universel se retrouve, il est vraf, dans
les traditions des peuples païens; mais il est
bfea difficile d'accorder les dates et les faits;
la science se refuse en outre à toute explica-
tioQ d'un pareil ptiénomène, et peut-être le récit
bihiique repose-t-il sur la tradition relative h
na cataclysme partiel grossi par l'imagination,
et tel qu'on en trouve mentionnés plusieurs dans
Hùstoire primitive. L. L—r.
Cenéw. VI. - Wlaer. Btbi, Beal-Lsxikon.
HoÉ 00 noTBftS ( Bugues ns ), conseiller
de Charles Vil, roi de France, né au quator-
zième siècle, mort vers 1448. 11 tirait son nom
de la terre de Moé, en Languedoc, près de
Muret (t). Hugues de Noyers, vers 1411, fut
Bommé gouverneur de Charles^ comte de Pou*
tlneq, qui depuis monta sur le trône, sous le
Mm de Charles VU. Attaché dès lors au parti
^ ce prince, il devint premier écuyer du corps
H maltav de l'écurie du dauphin. Pendant la ré-
goice de Charles, il fut continué dans cet emploi,
qui comptait parmi les grandes charges de la cou-
ronne. Hugues assista comme témoin à l'entrevue
<le Montereau (10 septembre 1419), mais il ne prit
point de part active à l'assassinat de Jean-Sans-
(f) Cinimi de Carbonne, •rrond. de Muret ( Haale-
^ronoe ). ii ne faut pn confondre celte famtUe avec
K»MlgBcun de Xfoyere etde Vendeovre en Cbampagne.
Peur.' II expia cette honnête abstention par la
perte de son office, qui fut dévolu à Pierre Fro-
tier, l'un des meurtriers. Peu après, le régent
lui donna en Languedoc deux emplois lucratif^
l'un , civil , visiteur général des gabelles , ad-
joint au lieutenant général des finances; et
l'autre, militaire, celui de capitaine châtelain de
Roquemaure. Hugues de Noie , non content de
ces deux charges , y réunit encore diyers émo-
luments, tirés des finances languedociennes. H
ne tarda point à reTenir à la cour, sans perdre
pour cela ses différentes places, quMI exerçait
par délégués. Il continua jusqu'au terme de sa
vie d'assister le roi son élève de ses conseils et
de son influence. V. Y.
VaUet de VlrlvlUe, Chranl^fUê de Jean Raoulet, k la
anlte de Jean Charller. HiU, de CharUt m (Blblloth.
Janet) , iss», ln-16 . t. III , p. 141 et snlv. {
Koé ( LouiS'Pantaléon, comte ne ), pair de
France, né en 1731, mort le 26 février 1^6, à
Paris, appartient à la même famille que le pré-
cédent. Il sniTit la carrière des armes, et par-
vint au grade de maréchal de camp; il prit sa
retraite à l'époque de la révolution. En 1811»
Louis XVIU l'éleva à la dignité de pair de
France.
Son fils, Louis- Pantttléon-Jude*Amédée, né
le 28 octobre 1777, au château de l'Isle de No^
(Gers ), émigra en 1791, et entra au service bri-
tannique de rinde. Il entra en 1818 à la cham-
bre des pairs par droit d'hérédité et y siégea
jusqu'à la chute de la dynastie d'Orléans. Il fut
gentilhomme de ta chambre (1821 ) et grand-offi-
cier de la Légion d'honneur (1845). 11 mourut
le 6 février 1858, â Paris. On a de lui des Mé"
moires relatifs à V expédition partie du Ben-
gale en 1800 pour aller combattre en Egypte
Varmée d'Orient; Paris, 1826, în-B^, avec grav.
et cartes.
Le fils atné de ce dernier, Guillaume, est co-
lonel de caTalerie; un autre fils, Amédée, s'est
fait la réputation d'un spirituel dessinateur, sous
le pseudonyme de Cham ( voy. ce nom ). P.
Biographie nouvelle de» Contauporain» { ISfo).
NOB { Marc- Antoine oe), prélat français,
né en avril 1724, au château de La Gremenau*
dière , aujourd'hui commune de Sainte-Soulle
(Charente-Inférieure), mort à Troyes, le
22 septembre 1802. Troisième fils de Marc-
Roger de Noé, baron de L'Isle, sénéchal des
quatre vallées d'Aure, et de Marie- Charlotte-
Colbert de Saint-Mars, il fit ses études à Paris,
sous le professeur Lebeau , et sa théologie en
Sorbome. Au sortir de sa licence, il devint
successivement grand vicaire d'AIbi ^ puis de
Rouen , sous M. de La Rochefoucauld , tour à
tour archevêque de ces diocèses, et en octol>re
1756, abbé commendataire de Simorre , au dio*
cèse d'Auch. Député en mai 1762 à l'assemblée
générale du clergé de France, M de Noé fut ap-
pelé, le 5 janvier 1763, à Tévéché de Le^car et
sacré le 12 juin suivant. Ce siège lui donnait la
171
préftirlencc des états de Béarn et le titre de
premier conseiller au parlement de Pau. Il en
regardait les revenus, qui étaient de 27^000 li-
vres, comme le patrimoine des malheureux ; on
le vit en faire la di&trikMition à des infortunés
réduits aux extrémités de l'indigence par TefTet
d'une terrible épixootie. U ouvrit alors deux
caisse^, Tune à celui qui pouvait donner, Tautre
à celui qui ne pouvait que prêter, versa 30,000
livres dans la première, et confia 15,000 li-
vres à la seconde. Son exemple fut suivi, et
des malheurs que toute la prudence humaine
n*aurait pu détourner furent réparés. Député
eo 1789 aux étals généraux iiar les états parti-
culiers de Béarn, il protesta contre la réunion des
trois ordres, se retira dans son diocèse dès
qtt*il crut que les instructions de ses commet-
tants étaient compromises et ne fit point partie
de l'Assemblée constituante. Bientôt le siège
de Leecar fut suptirimé, et un bénéilictin, ^r-
thélemi- Jean- Baptiste Sanadon, professeur de
littérature an collège de Pan, fut sacré évéque
des Basses- Pyrénées, où est placé Leaear, et l'é-
vèché fut fixé à Oleron. M. de Noé, qui n'avait
point quitté Lescar, protesta contre cette innova-
tion, et, cédant à la violence, passa en Espagne.
La guerre le contraignit de quitter Saint-Sébas-
tien, où il avait trouvé un asile, et de se réfugier
en Angleterre. En 1801, il donna sa démission
pour faciliter rexéeution du concordat, et de
retour en France fut nommé, le 9 avril 1802, à
l'évêchédeTroyeiv. Son esprit conciliateur avait
su déjà faire cesser toutes les dissidences et
nllier tous les cœurs dans ce diocèse, lorsque la
mort l'enleva, cinq mois après. Le sorlendennain
de son décè^, on apprit que Bonaparte l'avait
désigné à Pie VII pour le cardinalat L*éloge de
M. de Noé fut proposé au concourt par le musée
de l'Yonne et la Société académique de l'Aube
réunis, qui décernèrent le prix en 1^04 à Luce
de Lancival et l'accessit à M. Hombert Ce pré-
lat aimait les lettres et les avait cultivées avec
succès : il savait l'hébren et le grec, et avait
étudié k fond les grands modèles de l'antiquité.
C'était à eux qu'il devait cette élégance de style
et cette pureté qui font le charme du peu d'où-
TFBges qu'il a laissés. On a de M. de Noé :
Discours prononcé à Auch en 1781 pour la dis-
tribntion des guidons du régiment du roi dra-
gons, que M. de Viella, son neveu, commandait
en l'absence de M. de La Fayette, qui faisait alors
la guerre en Amérique. Ce discours, rempli de
patriotisme, est le chef-d'œuvre de Tauteur ; ^
DiMCoun sur tétat futur de V Église \ 1788,
in- 12, U avait été composé pour être prononcé
à l'assemblée générale du clergé de 1785 ; mais
oo sut qui! contenait, des idées singulières et
qu'il y était question d'un renouvellement de
la défection de la gentilité^ d'un nouveau
règne de Jésus^Christ. Cette doctrine, quoique
revêtue de couleurs séduisantes, se rapprochait
trop du millénarisme pour pouvoir élre soof-
NOÉ — NOEUD EN
172
ferte, et l'on invita M. de Noé à ne point pro-
noncer ce discours, que son frère fit imprimer
plus tard en le faisant suivre d'un Recueil de
passages sur l'avènement intermédiaire de Jé-
sus-Christ et de Remarques fourmes par le P.
Lambert , dominicain , défenseur ardent de ce
système ; — Traduction d'un discours de Pé'
riclès, conservé par Thucydide et inséré dans la
traduction d'Isocrate 4t l'abbé Auger; — di-
vers mandements. On a réuni les Œuvres de
M. de Noé ; Londres, 1801, in- 12, et M. Auguis
en a donné une édition nouvelle et plus com-
plète; Paris, 1818, in-8*. Cette dernière édition
contient notamment un Éloge d'Évagoras, par
Isocrate ; un Extrait de C Éloge des guerriers
morts dans la guerre du Péloponèse, et est
précédée d'une Notice historique sur M. de Noé.
On regrette de n'y point trouver V Oraison fu-
nèbre de don Philippe^ infant d* Espagne, due
de Parmet prononcée à Paris en 1766, un Pané^
gyrique de sainte Thérèse, prêché à Toulouse,
et un Sermon sur Vauméne. M. de Noé fut un
des quatre évèques qui en 1765 refusèrent leor
adhésion aux actes de l'assemblée du clergé, au
sujet de la bulle Vnigenitus; mais on ne voit
de sa part aucune démarche en faveur du jan-
sénisme. H. FiSQOET.
Loce de Lancival, Éioge de M. d* Noé ; Paris, 180S,
ln-8*. » Aagols, NoUcc kistor., en létc de aes œuvres. ->
France pontificale.
noé ( Jean de la ). Vof. Mékard.
MŒHDBN {{reorges -Henri), érudit anglais,
né le 23 janvier 1770, à Gœttingue, mort le 13
mars 1826, à Londres. Filsd'un médecin de Gœt-
tingue , il fit ses études à runiversité de cette
ville, et s'y appliqua surtout aux littératures an-
ciennes, sous la direction du savant Ueyne, qu'il
aida dans son édition d'Homère. En 1701 il de-
vint précepteur dans une famille anglaise, qu'il
suivit à Londres. En 1793 il entra au collège
d'Eton pour y surveiller l'éducation des fils de
sir W. Milner, el fit avec l'un d'eux un voyage
en Allemagne et en Prnsse. 11 continua de de-
meurer dans cette famille jusqu'en 1811, époque
où il obtint au concours une des places de bi-
bliothécaire du British Muséum. Peu de temps
après il fut appelé à Weimar pour y donner des
soins aux enfants du prince héréditaire (i818).
Noehden présida en 1823 la Société asiatique de
Londres; U était depuis 1796 docteur en philo-
sophie et en droit. U a laissé quelques écrits es-
timés, tels que : Asix Uerodotex difficUsora;
Gœttingue, 1792, iB-4"; — De Porphyru schi>^
liés in Homerum; Gœttingue, 1797, ln-4*; ^
SchHler*s Fiesco and Don Carlot; Londres,
1797; — German and English grammar;
Londres, 1800, in-8" ; le meilleur travail de ce
genre que l'on connaisse ; il a eu six ou sept
éditions; — German and English dictionary;
ibid., 1814, 2 vol. in-12 ; — Gœthé's Observa-
tions on the last supper of Leonardo da
Vinci t with a pre/atory essay and notes;
173
WOEHDEN
ibj(!l| IS2I, iii-8'; — Estay on the Pforthwick
coins; \tM., i livr.; la mort interrompit la po-
Mication de (%t onTrage , qui valut à l'auteur ta
ilirection du département des médailles au Bri*
tisli Mosenm. Il a laissé en manuscrit une tra-
duction partielle de Vffisto'tre des beaux-arts
de Winckelroann et une Introduction to ii«-
niismatoloçif, K.
Nau NekTotog éer Dn^wchm^ \m. — jtnmtai M«>
ÇTïïfkf. — Ztitgmossen, n* 17.
XOBL, abbé de Saint-Nicolas d'Angers, mort
«a 1096. Successeur de Tabbé Aimon, Noël
parait ravoir remplacé en lOSO. C'est durant son
gooTemement que le pape Urbain 11 vint à An-
fjtn, et consacra Téglise de Saint-Nicolas. Ce-
pendant Tabbé Noél touchait alors au terme de
sa Tîe : il mourut en efîet quelques jours après
avoir reçu la glorieuse visite du souverain poo-
tile. C'est ce que nous apprennent les titres de
i'abbaje, et quelques méchants vers de Bau-
drj de Boargveil. Les auteurs d^ V Histoire
littéraire de la France attribuent à Juhet
d'AHins, abbé de La Couture, au Mans , une
Histoire des miracles de saint Nicolas, é^^e
de Myre, dont an fragment considérable se
troQTe dans le num. 496 des manuscrits de
^t-Gemiain. Cette attribution est erronée, et
roQvrage doit être restitué à l'abbé Noël. Quel-
ques extraits du manuscrit de Saint-Germain,
publièi dans le Gallia christiana^ le démon-
trait clairement B. H.
fiiA m. de to France, t. VIII. — Callia chrUt.,
tXlv.eol. 418, «70,
50BL {Etienne), physicien français, né en
1^1, en Lorraine, moi*t vers 1660, à La Flèche.
H entra jeune chez les Jésuites , professa avec
distioclion à La Flèche, et fut recteur de divers
collèges de la Société , celui de Clerroont entre
autres ( aujourdlàui Louis-le-Grand ). Quoique
P^patéticien, il n'était pas fort éloigné des sen-
tiQents de Descartes, avec lequel il ne cessa
'^'«ïtreteair d'amicales relations. C'est ce qu'on
^«tpar divers mémoires qu'il a composés sur
^ rapports de la physique nouvelle avec Tan-
«oJDc, sur la comparaison de la pesanteur de
'«r avec la pesanteur du vif argent , sur le
P'«ia de la nature contre l'opinion du vide, etc.
^ 1M« il fit parvenir à Descartea, par llnter-
j>ï«yiaire du P. Mersennê, ses deux derniers
tfailés, Aphorismi physici eiSolJlamma.
^^^^ WlWâcçiie lorraine. — Bailiet, f to de Des-
■ORL {François}, jésaite missionnaire
«»ge,né en 1651, à Helstrud, village du Hai-
'""t, mort en 1729. Entré en 1670 au noviciat
^Toornsy, il fat en 1M4 envoyé en Chine, ou
•' pMsa une grande partie de sa vie. Il se rendit
J«i\ fois à Rome, pour y traiter au sujet des
ttremowîM chinoises. Il passa ses dernières
«wc« à Ulhs. On Si de lui î Offservationeg
^mematicx et physicx in Jndia et China
^ocac Qb anno ig84 usque ad anntm 1708 j
— WOEL 174
Prague, 1710, tn-4'*. Cet intéressant recueil con«
tient des oteervations sur les éclipses du so-
leil, de la lune et des satellites de Jupiter, les
latitudes et longitudes de beaucoup de lieux de
la Chine,* les ascensious et déclinaisons des
étoiles australes, des détails curieux sur l'as-
tronomie des Chinois, entre autres la liste des
déoommations qu'ils donnent aux étoiles ; elle a
été reproduite et présentée comme nouvelle par
de Guignes dans le t. X des Mémoires des sa-
vants étrangers (voy. Journal des savants^
juillet 1821); l'ouvrage du P. Noël renferme
encore un résumé de la métrologie chinoise;
— Sinentis imperii classici VI ^ nimiruni
adultorum schola immutahile médium , lÀ»
ber sententiarum^ Menctus, Filialis obset'
vantia et parvulorum schola e sinico in la-
tinum traducti; Prague, 1711, in-4^; Ploquet
a publié une version française de cette tra-
duction; Paris. 1784-4786, 7 vol. in-18, mais
sans les notes de Noël. Ce dernier s'est attaché
à rendre avec la plus grande exactitude le sens
de ces livres consacrés , que tous les lettrés
chinois doivent savoir par cœur; dans ce but il
a beaucoup trop délayé le texte original, qui
est extrèiriement concis; il y a intercalé très-
souvent les remarques et explications des com-
mentateurs; il a ainsi substitué aux sentences
brèves et aphoriatiques des moralistes chinois
des phrases longues et souvent diffuses; —
Philosophia sinica, cognitionem primi entis,
eeremonias circa defunetos et ethicam juxta
sinarum mentem complectens ; Prague, 1711,
10-4**; l'auteur a eu le tort de présenter les doc-
trines chinoises comme se rapprochant singulière-
ment des principes du christianisme ; «- Opus»
cula poetica ; FraticïoTt, il il, in-8«; compre*
nant ; Vita Jesu Christï; Epistolx Marions
( souvent réimprimées) ; Vita S, Ignatii de
Loyola, et Tragœdiœ; — Theologix P.
Francisci Suarez summa; Cologne, 1732,
in-fol. ; à cet abrégé des vingt-trois volumes de
Suare/, Noël a joint un résumé du traite de Les-
sius Dejustitia etjure,ei de celui de Sanchez
De matrimonio ; — Memoriale circa veH"
tatemjacti, cui innititur decretum Alexan-
dri vil, editum die 23 martii 1656; ce tableau
de l'état des missions en Chine, rédigé en commun
avec le P. Castner, a été traduit en français
dans les Lettres édifiantes; — Observations
astronomiques faites en ChinCy Insérées dans
les Observations physiques et mathémati'
gués envoyées des Indes et de la Chine à
V Académie des Sciences; Paris, 1692, in-4'';
— Responsio ad libros nuper editos super
controversias sinenses; ce mémoire, écrit en
collaboration avec le P. Castner, fut remis au
papo en (704; il se trouve en manuscrit à la
Bibliothèque impériale de Paris. O.
r.nethalA, Uetures. t. Ml. p fSl. - Bakn, BiMiOtk,
«fff érrirams de la Compagnie de Jetus.
KOKL {Jean- Baptiste )t homme politique
175
NOËL
f7e
français» né à Remiremont (l), le 24 juin 1727,
guillotiné à Paris, le 18 frimaire an ii (8 dé-
cembi« 1793) (2). Il était jurisconsulte et offi-
cier principal du chapitre noble de dianoi-
nesses de sa TÎtle natale, lorsqu'on 1788 il fut
député à rassemblée provinciale de Lorraine.
Nommé procureur-syndic de Remiremont en
1789, ses concitoyens le choisirent, en septembre
1792, pour représenter le département des Vosges
à la Convention nationale. Lors du jugement de
Louis X Vt, il fut un des sept membres de cette
assemblée qui se récusèrent. Noél, s'inspirant
d*nn sentiment dimpartialité dont on ne saurait
trop faire Téloge, « déclara que son fils venant
d*étre tué à l'armée, il ne pouvait juger l'homme
que l'on regardait comme la cause de la guerre ».
La conduite de Noël fut toujours celle d'un
bomme de bien, et dans une mission qu'il ac-
complit dans le centre de la France il fut assez
heureux pour arracher à la proscription plu-
sieurs membres de la municipalité de Tours
accusés d'indivisme par Léonard Bourdon. Ami
et partisan des girondins, il fut arrêté peu après
leur chute. Traduit devant le tribunal révolu-
tionnaire, le 18 frimaire an ii, il s'y vit condam-
ner à mort « comme coupable de conspiration
contre Kunité de la république ». Le même jour
il monta à l'échafaud avec un grand courage.
Sur la demande dePerrin (des Vosges), ses biens
confisqués furent rendus à sa famille ( 22 ger-
minal an m, 14 avril 179ô). H. L— r.
Biographie moderne (rarii* IMM}. -^ PetUe Biogra-
phie eonventionneUe (Paru, 1815). — Le Moniteur uni-
tel, an II U7WJ, n"* trr, St-, an m, n* tM.
MOEL (Nicolas), médecin français, né le
27 mai 1746, à Reims, où il est mort, le 11 mai
1832. n étudia la médecine à Paria, et il venait
de recevoir ses premiers grades lorsqu'à la fin
de 1776 il partit pour l'Amérique septentrionale
avec les Français qui allaient se ranger sous les
drapeaux de Washington. Nommé par le Con-
grès chirurgien major de l'armée, il servit en la
même qualité à bord du vaisseau de guerre
Bostofif et dirigea ensuite le service des hôpi-
taux de terre ei de mer qui furent établis à Phi-
ladelphie. Aussitôt que la paix eut été signée, il
retourna en France (1784), et devint chirurgien
en chef de l'hôtel-Dieu de Reims (1785). La
révolution, qu'il accueillit avec plaisir, lui rendit
cette vie active pour laquelle il semblait être né.
D'abord attaché à l'armée du nord (1792), il en-
tra, en 1793, au conseil de santé des armées, et
fut chargé de visiter comme inspecteur général
les hôpitaux militaires de la Belgique, de la Bre-
tagne et de la Vendée. £n 1795 il reprit Texer-
cice de ses anciennes fonctions, à Reims, et y
(1) Et non à jéimeront, comme écrit la Biographie mo-
dame (Paris, 1806).
(t) Cest k tort qne la Biographie Mlctiaud et le Dio-
iimma^re hi$torUim (édit. de isn) Indiquent son snp-
pUce an • octobre 1798. La Galerie historique des Can-
temporaint (Mons, 1817) lait également erretir en don-
nant à la mort de J.-B. NoM la date du 18 décembre 1788.
fonda à ses frais une école de médecine gratate,
qui subsista jusqu'en 1808, et un jardin bota-
nique. En 1881 il reçut la croix de la Légioa
dMionneur. Noël n'avait été reçu docteur eo
médecine qu'en 1805, à l'âge de soixante ans
environ. On a de lui : Traité historique eiprO'
tique de Vinoculation ; Reims, 1789, iu-S*; —
Analyse de la médecine et Parallèle de cette
prétendue science avec la chirurgie ; Rdma,
1790, in-8*; •.- JHssertcction sur la nécessité
de réunir les connaissances médicales et chi-
rurgicales; Paris, 1804, in-80; — Réfutation
(tun mémoire sur Vhygiène publique de
Reims; Reims, 18.., in-8^; — Noël à sa corn-
citoyens; ibid., 1826, in-8^;— Observations
et réflexions sur la réunion de la médecine
à la chirurgie; ibid., 1828, in-8*. P. L.
Henrton , Annuaire néerotogi^ue.
KO KL (François-Joseph- Michel), littératear
français, né en 1755, à Saint-Germain -en-Laye,
mort le 29 janvier 1841, à Paris. Il était 6U
d'un marchand fripier; grâce aux heureuses dis-
positions dont il était doué, il obtint, par la pro-
tection d'un personnage influent à la cour, une
bourse gratuite au collège des Grassms, d'oik il
passa dans celui de Louis-le-Grand. Ses étude»
furent excellentes, et il remporta plusieurs prix
dans les concours de Puniversité. Dans l'embtr-
ras du choix d'une profession , il prit les ordres
mineurs, et porta la soutane jusqu'à l'époque de
la révolution. Après avoir été maître de quartier
à Louis-le-Grand , oii il avait eu Robespierre
pour condisciple, il y fut cliargé, très-jeune en-
core, de la chaire de sixième, et occupa ensuite
celle de troisième, employant ses loisirs à des
travaux littéraires, dont quelques-uns attirèrent
l'attention de l'Académie française. Nous citerons
de lui : \ Éloge de Gresset (Paris, 1786, in -8*);
l'ode sur /a Mort du duc Léopold de Brunswick
(1787, in 8*), VÉloge de Louis ^7/(1788, In-So),
et VÉlogedu maréchalde Vauban (1790, in-8«) .
Lorsque la révolution éclata, Noël en adopta les
principes, et les défendit avec une certaine cha-
leur dans un journal du jour, intitulé La Chro-
nique. 11 cessa dès lors de porter le petit collet,
se démit de sa chaire et obtint, au mois d'avril
t792, une place de premier commis au départe-
ment des relations extérieures (1). Ses liaisons
avec les principaux chefs do mouvement le lan-
cèrent, un peu malgré lui peut-êtVe, dans U car-
rière politique. Après avoir été, à la suite du
(1) Bn 1781 , aprèa l'arrestaUon du rot k Varennea,
rAoemblée nationale, ayant décrété qu'elle ferait
choix d'un gouverneur pour le dauphin , procéda à la
formation d*une llate préparatoire de candldata. Elle 7
ompprit quatre-vingt-neuf penonnea, parmi leaqueUe*
Moél flgure avec Bernardin de Saint-Plerre, Bigot de
Préamcneu. Bougalnvllle , CemtU , Condorcet, Dader,
Duclii, Fleurleu, François (de Nenfebâtean), Gayton-
Mortcan, Hérault de Séchellea, Ueépéde, Ucretelle,
Malcsherbea.UoUlen, Monge, Morel-Vlodé, Necker, Pas'
toret, Quatremére de Qulocy, Boucher. Saint- Martin, de
Ségor, Servan, Vabb* SIcard . et de Vor^eon^. On a*it
qu'il ne tut paa donné de aulte à la nonUiatloa.
177
NOËL
178
10 Aoât, chargé d'anc mission diplomatique à
Londres, il 6t rendit k La Haye comme ministre
pléDÎpotentiaire, et y essuya, en février 1793, de
si graves iusultes qu'il (ut obligé de revenir à
Paris ainsi qu'un autre agent français, Tliain-
Tille. Aussitôt traduit devant les administrateurs
de police, il subit im interrogatoire minutieux ; on
examina ses papiers, et on finit par lui délivrer
on certiGcat de civisme , constatant qu'il était
a bon patriote, bon citoyen, et qu'il avait rem-
pli exactement les fonctions qui lui avaient été
délégua ». Cette incarcération dura un mois à
peine. Ce fut à Robespierre, son ancien condis-
ciple, dont il avait, dit-on, eu le courage de blA-
mer les actes, qu'il dut sa mise en liberté, et
peut-être faut-il attribuer à un excès de xèle
patriotique la publication , £ûte dans la même
année, de sa singulière Lettre sur ^antiquité
du bonnet rouge comme signe de liberté.
Rentré en grâce auprès du comité de salut pu-
blic, Noël partit te 11 mai 1793 pour Venise en
qualité de ministre plénipotentiaire ; il y resta
josqn'en janvier 1795, et remplacé par Lalle-
mand, il fut nommé, le 22 février suivant, membre
adjoint de la commission executive d'instruction
publique. Il retourna à La Haye comme ministre
(octobre 1791%). A peine arrivé, il déclara l'in-
tention formelle du J)irectoire de soutenir par
tous les moyens possibles la république des Pro-
vinces-Unies, félicita les États-Généranx de s*être
réunis en assemblée générale, et réclama l'ex-
pulsion des émigrés français du territoire batave.
Ensuite il demanda deux millions de florins à la
nouvelle république» dont la transformation d'État
lédératif en État unitaire était en grande partie son
ouvrage (octol)re 1796), présenta une note à
l'As8eml>lée nationale pour inviter le peuple à ac-
cepter la constitution (juillet 1797), dénonça à
son gouvernement les actives et secrètes menées
que Louis XVIII entretenait en France, et célébra
par des réjouissances publiques la journée du
18 fructidor. Au mois de mai 1797, il avait
é^Msé MUe Bogaërt, fille d'un riche banquier
de Rotterdam. Remplacé le 20 octobre 1797 par
Chartes de la Croix , il fut en 1798 chargé au
ministère de l'intérieur de la division importante
des prisons, hôpitaux, octrois et secours pn-
Uics. La révolution du 18 brumaire ne fut point
nuisible aux intérêts de Noél. D'abord appelé
•a Trtbunat, il en sortit presque aussitôt pour
accepter le poste de commissaire général de po*
ficeà Lyon (5 «lars 1800); il rétablit l'ordre et
la sécurité dans cette ville au milieu des cir-
constances les plus difficiles, et mérita de la part
du premier consul l'éloge d'avoir été celui des
préfets de police qui eût déployé le plus d'ac-
tivité dans un temps où elle était si nécessaire.
Ifommé préfet du Haut-Rhin (30 novembre
1801 ), il fut l'année suivante rendu à sa véri-
table carrière et désigné comme un des trois
Inspecteurs généraux de l'instruction publique
(il juillet 1802), titre qn'U échangea en 1808 i
contre celui d'inspecteur général de l'université.
En cette qualité, en 1809 il entra au conseil qui
existait alors, et qui fut supprimé en 1815. De-
puis il fut maintenu dans l'exercice de ses fonc-
tions d'inspecteur général par les gouvernements
de la restauratiob et de Juillet. Quelques mois
avant sa mort , il reçut, sur la proposition de
M. Yillemain, la croix d'officier de la Légion
d'iionneur.
Il y a peu d'écrivains français qui, au miliea
d'une vie agitée et dans Texercice de fonctions
importantes, aient composé, traduit, revu ou édité
un aussi grand nombre d'ouvrages que Noâ.
Quelques-uns sont estimés ; mais l)eaucoup d'an-
tres ne sont que des compilations, fréquemment
réimprimées il est vrai, parce que l'auteur avait,
grâce à une haute position , toutes les facilités
pour les faire mettre à l'usage des lycées et des
collèges. En voici la liste : Le nouveau Siècle
de Louis XIV^ avec des notes et des éclair'
cissements; Paris, 1793, 4 vol. in-8* : c'est un
choix curieux de chansons, d'épigrammes et de
vers satiriques sur Louis XIV et sa c/>ur ; Noèl
et ses collaborateurs Cantwel , Soulès et Sau-
treau de Marsy annonçaient dans la préface le
projet, resté sans exécution, de continuer ce re-
cueil pendant le règne suivant; — Éphémérides
politiques, littéraires et religieuses^ présen-
tant pour chaque jour de Vannée un tableau
des événements remarquables qui datent de
ce même jour dans V histoire de tous les siè-
cles et de tous les pays; Paris, 1796-1797,
4 vol. in-8°; 2« et 3* édit , corrigée» et augmen-
tées (avec Planche), 1803-1812, 12 vol. in-8*;
— Priapeia veterum etrecentiorum; Paris,
1798, in-8*' : recueil obscène, publié sans nom
d'éditeur; — (avec Planche) Dictionnaire de
la Fable , ou mythologie grecque , latine,
égyptienne, etc. ; Paris, 1801; 4* édit., 1823,
2 vol. in-8* ; toutes les mythologies se trouvent
rassemblées et comparées dans ce dictionnaire,
qui à l'époque de son apparition était le plus
complet des ouvrages de ce genre; — (avec de
la Mare) Àlmanach des prosateurs; Paris,
1802-1809, 7 vol. pet. in-12; — (avec Dela-
place) Conciones pœticsB, ou discours choisis
des poètes latins anciens, avec des arguments
latins, des analyses en français, la meilleure
traduction ou imitation en vers d'un certain
nombre de ces discours^ et des modèles
d'exercice de Rollin, La Rue, Binel, etc.;
Paris, 1803, 1819, in-12; recueil utile, qui fut
adopté par l'université à Tusag^ des classes de
seconde et de rhétorique; -> (avec le même)
Leçons Jrançaises de littérature et de mo-
rale; Paris, 1804, 2 voL fn-8« ; 27e édit., 1947,
2 vol. in-8^. C'est un choix, asser mal fait, en
prose et en vers, des meilleurs morceaux de la
tangue française dans la littérature des deux der-
niers siècles, avec des préceptes de genres et des
modèles d'exercices. Ce recueil, dont l'idée a été
avec raison revendiquée en faveur de l'abbé de
179
NOËL
Levizac, fu^ loitë sans regtrîciioa par DussauU
€td*autrei critiques, et deviot le plus populaire
des ouvrages de Noël ^ pendant prés d'un deini-
âièele le succès en a été aussi grand dans le
inonde qne dans les collèges. Noël s^empressa
d'exploiter une Teine aussi heureuse, et publia
successiTement sur le même plan et sous le
. même titre des Leçons latines anciennes
( 1808; 2 vol. in-S*; 4^ édit., 1836), avec Delar
place; des Leçons latines modernes (1818,
1836, 2 Tol. In-S^"), avec le même ; des Leçons
4jmglaises (1818-1819. 2 vol. in-8«; 2« édit,
1833), avec Cbapsai; des Uçons italiennes
{1854-1826, 2 vol. ioS' ), , avec sa fille; des
Leçons grecques (1825, 2 vol. m-8"), avec D^
laplace; des Leçons allemandes ( 1827, 3 vol.
m-8" ), avec Stceber, et des Leçons de phitûso*
paie morale ( I8J3, in-S*») ; — Abrégé de la
mythologie universelle^ ou dictionnaire de la
fable; Paris, 1804, iB.|2; 3» édit., 1816; —
Dictionnaire historique des personnages de
Vantiquitét des dieux^ héros de laFàble^ des
villes ^ fleuves^ montagnes, etc.; Paris, 1806,
1824, in-8* ; précédé d*un Essai sur les noms
propres chez les peuples anciens et modernes;
— Dictionarium laiino-gallicum ; Paris,
1807, in-8''; nottv. édit., 1834; comp<^ sur le
plan du Lexicon de Facciolati; ~ Nouveau
Dictionnaire français- latin; Paris, 1808,
1834, m-8»; — Gradus ad Parnassum, ou
nouveau dictionnaire poétique latin-Jran-
<rot«; Paris, 1810, 1826, 1843, in-8o. Ces trois
dictionnaires, stéréotypés clicz Le Normant, ont
eu de nombreux tiragei; depuis longtemps ils
ont été dépassés par les travaux, plus exacts et
plus complets, des auteurs modernes; — (avec
Delaplace) Manuel du rhétoricien, ou choix
de dUcours de Bossuet, Fléchier, Alassil"
Ion, etc. ; Paris, 1810, in-i2 ; — (avec Chapsal )
Nouvelle grammaire française; Paris, 1823,
2 vol. in-12; 46e édit., 1864 : cet ouvrage,
dont la- vogue n'est pas épaisée, a donné lieu à
de nombreuses critiques, la plupart justiliées par
les négligences et les erreurs dont il est rempli.
Noël a compilé, avec le même auteur, un Corrigé
des exercices français sur Vorthographe
(1824,in.l2; 46eédit, 1862), — un ilôréyé de
la Grammaire française (1826, in-l2; 35' édit.,
1864); — un Nouveau dii^ionnaire de la langue
française (1826, in-8^ 14e édit., 1852) ; — des
Leçons d'analyse grofumaticale ( 1827, in-12;
26e édit, 1 862); — des Leçons d'analgse logique
( 1827, in-12; 22e édit, 1854); - un Nouveau
traité des participes (\%29, in.l2; 14e édit,
1864};— etunCoiirsdemy^Ao%t«(1830, in-12;
13e édit, I8i4). Cesdivers ouvrages sont encore
en usage dans les éUblissements d'instructioii
élémenUire; — (avec L.- J. CarpenUer) Phi-
lologie française^ ou dictionnaire étymoUh-
giqne, crUujue, historique, anecdotique, etc.;
Paris, 1831, 1839, 2 vol. in-80; — (avec le
«Dérne) Nouveau dictionnaire des origines.
180
inventions et découvertes; Paris, 1827, 2 vol.
in-8«; one seconde édit, reyue et augroeiitéê
d« plus de 800 articles, en a été foite par Puis-
sant fils (1833 et ann. soiv., 4 vol. in-8*); on
en a publié en 1828 une contrefaçon en Belgique,
avec un supplément; -^ (ayec J.-B. Fellcns)
Nouvelle grammaire latine ;Paim, 1836, 1842,
in-12 ! les mêmes collaborateurs ont donné pour
complément à ce livre des Exercices latins
( 1842, in-12) et un Cours de thèmes ( 1842,
1*1-12). On doit à Noël un certain nombre de
traductions du latin et de l'anglais, qu'il a faites
seul ou en société, notamment Journal d^un
voyage fait dans Vintérieur de V Amérique
septentrionale d'Anbnrey ( 1793, 2 vol. !n-8o),
avec des notes; — Nouvelle géographie «n»-
iW5e//edeGuthrîe(I797, 3 vol. in-s» et aUas),
et Poésies de Catulle et de Gallus (I803,
2 vol. in-8« ). Il a aussi publié comme éditeur
Voyages et mémoires de BenUfwski (1791,
3 vol. in-8'» ); — Facetiarum Poggii libellns
(1799, 2 vol. in-8«); — Œuvres diverses de
Vabbé de Radonvilliers (1807, 3 vol. in-8*),
dans lesquelles il a inséré deux traductions qui
lui appartiennent, celle des trois premiers livres
àeV Enéide et celle de Comélina Népos ; — Je-
lémaque de Fénelon ( 18»2, 4 vol. in-l8); —
Œuvres de Boileau (1824, in-12); etc. Il a
aussi achevé la version de Tite-Live et de Ta-
cite, laissée incomplète par la mort do traduc-
teur Bureau de La Malle (18101824, 17 vol.
îii-8% et 1827, 6 vol. io-8» ), et il a revu le«
traductions faites par Binet àe» Œuvres de
Virgile ( 1823) et d? Horace ( 1827 ). Enfin, cet
infatigable écrivain a fourni des articles de litté-
rature et de politique à la Chronique de Paris,
au Magasin encyclopédique ( 1795 k 1806), à
la Nouvelle Bibliothèque des romans, etc.
Il a légué à son fils Charles Nocl de nombreux
manuscrits, parmi lesquels se trouve unetradnc-
tion de Dion Cassios. p. L.
Journal des Débota, S fé? rier 1841. — G. 8amit et
Saittt-Rdrae, Biofr. de» hommcM eu Jûur. — Miog. wtkt,
«i portât, des Contemp. - Qu«nrd, France lUtérmire,
NOBL i>B LA MO»i:«iËBB (Simon- Borthe"
lemy* Joseph), naturaliste et voyageur français,
né le 16 jain 1766, à Dieppe, mort le 22 février
1822, k Drontiietm (Norvège). La pèclie fut la
principale occupation de sa vie; dès sa plus
tendre enfance il ae livra avec une sorte de pas*
sion à la pratique de Tart dont itiicvait si doc-
tement formuler la théorie. Il ac<tuit aussi des
connaissances a^sez grandes en stati8tN|ae et en
histoire; il ealtiva même les lettres, et fat pen-
dant quelques années le principal rédacteur dn
Journal de Rouen, Mais depuis la révolution
il étudia la pêche, au double point de vue de l'his-
toire naturelle et de Téconomie maritime, et ses
consciencieux travaux, les plus exacts et les phw
complets qu'on possède en France sur semblable
matière, lui valurent les cmplofs d'inspecteur de
la navigation et d'inspecteur général des pêches
m
NOËL
182
mariUmes. Après avoir exploré» pendant l'au-
tomne de 1818, le littoral de la France, il fut
chargé d'entreprendre, aux frais dé l'État, un
Toyage sur les eûtes septentrionales de la Nor-
Tëge dans le bat d^obseryer les grandes pé-
cberies et d'étudier divers points dMiistoire
natareile. Il s*einharqua au mois de décembre
1819, passa l'hiver en Ecosse, visita en 1820
les Iles SbetlandyCt quitta en 1821 Drontheira
poor se rendre au cap Nord; au retour de
cette excursion, qui dura six mois, il éprouva, à
la suite d'une fièvre nerveuse des plus malignes,
un affaiblissement général, qui le conduisit en peu
de mois au tombeau. Il était membre des Acadé-
foies de Pétersbourg, de Turin, de New-York , etc.
On a de lui ; Prospectus de P histoire naturelte
du hareng et de sa pêche; Rouen, 1789, in-4*;
— Premier Essai sûr le département de la
Seine-In/érieure^ouvrage topographique, his»
tùrique et pittoresque; Second Essai, etc.;
Roaen, 1795-1797, 2 vol. in-8"; — Histoire
naturelle de Véperlan de la Seine- Inférieure;
fioaen, 179à, io-S**; — Examen comparatif
du pouvoir des Parques Scandinaves et grec-
qwsiurOdin et Jupiter; 1799, ln-8«; --. Tor
bleau historique de la pèche de la baleine;
Paris, an viii (1800), ln-8*; — Lettres sur
les avantages quHl y aurait à transporter
et à naturaliser dans les eaux des rivières,
des lacs et des étangs ceux des poissons qui
ne se trouvent que dans les unes ou dans les
a«/ref; Rouen, 1801, in-8<>;— - Tableau statis-
tipte de la navigation de la Seine depuis la
mer jusqu'à Rouen ^ contenant des vues sur
le système de son embouchure ancienne et
noderne; Rouen, 1803, în-8**; — Mémoire
nr les dij/érents bateaux et barques em-
ploifés à la pêche du hareng par les nations
turopéennes ; dans le Recueil des savants étran-
9frs (t 1, 1806); — Mémoire sur la motte de
Pougard ; dans les Mémoires de VAcad, cet-
tique (t. IV, 1809); — Histoire générale des
pèches anciennes et modernes dans les mers
^ Ut fleuves des deux continents; Paris,
Inpr. roy., 1815, t I, 2 part in-4'. Cet ou-
vnge forme le meilleur titre de la réputation
de Noël. Il devait former 10 vol. et contenir des
itcherches sur les pêcheries depuis les temps
^ens jusqu'à nos jours, lliistoire des phoques,
^ morses, des laroentins, des cétacés, des
poisMOH cartilagineux et osseux, avec les vues et
réOexioQs de l'auleur sur Tétat présent et futur
des pèches. Le seul volume qui a paru renferme
ln>is périodes qui embrassent un espace de plus
^ vingt siècles, sous les titres de Pêche an*
tienne (grecque et romaine), Pêche du moyen
dge et Pêche moderne. Il a été traduit en russe
par Oretskofski, aux frais de l'Académie des
«oeoces de Pétersbourg. Ce que Noél y avance
an sQjet de Tart de saler et d'encaquer le ha-
reng, dont il dispute la découverte au Flamand
Beuckels ponr l'attribuer à des marins français.
donna lieu à une discussion assez vive entre
lui et M. Raepsaet, membre de l'Académie de
Bruxelles, Il appuya son opinion de documents
authentiques dans trois longs et savants articles
imprimés dans les Annales maritimes (1816,
1817 et 1819). Les derniers écrits de Noël sont :
Observations sur la pêche du germon dans
la mer occidentale de France, dans les Ann.
marit. de 1817; — V Amérique espagnole ou
Lettres civiques à M, de Pradt; Paris, 1817,
in-8^; — Voyage dans le nord de VEurope^
dans les Annales des voyages (t. 1, 1832). II a
fourni des articles à V Histoire naturelle des
poissons de Lacépède, au Magasin encyclopé'
dique de Millin, des poésies légères au Journal
de Normandie, etc. Un Mémoire sur Vhistoire
ancienne de la Normandie, qnll avait envoyé
à TAcadémie de Rouen, obtint en 1823 une men-
tion honorable. P. L.
Jnnalet marit. tt eofontatet, 189, n* IV, p. V7S SSC
noBL DBS QrBBsonNiÈBBS {François-
Marie-Joseph), iioète et littérateur français, né
à Yalenciennes (Nord), le 28 février 1753 (1),
mort le 28 mars 1845. Son père était conseiller
do roi. A sa sortie du collège de Douai, il fut
nommé chef de bureau à la direction militaire de
Brest Plus tard il devint commissaire général
aux approvisionnements militaires. Il s'expa-
tria, et vint résider à Londres. La mort tragique
du duc d'£ngliien , qu'il connaissait depuis son
enfance et auquel il conservait un vif atta-
chement, lui inspira une élégie de plus de
deux cents vers, qu'il publia en Angleterre,
sous ce titre : La Vision, poème sur la mort
de S. A. R. Monseigneur le duc d*Bnghien;
1809, in-8»; réimprimée à Paris, 'en 1819.
Il revint en France, À l'époque de la seconde
restauration. Ayant conservé jusqu'à la fin de
sa longue carrière ses facultés intellectnelles, il
continuait k cultiver la poésie. A l'âge de quatre-
vingt-cinq ans, il adressa au duc d'Orléans des
vers sur le mariage de ce prince. Il avait publié,
en 1827 : Coup-d'œil sur la philosophie
éthique ou doctrine morale, in -8». G. de F^.
Notice histor. et bloçr. sur M. Nott des Querson-
niires, etc. . pM* ranlrar do Médecin de Vâçe de retour,
1844. — Calerie des eetUenairet oneiMu et moderms,
par Lejoacourt, 184t. la-8>. — Moniteur da S avril 1841.
MOËL {François-Jean- Baptiste), archéo-
logue français, né le 7 juillet 1783, à Nancy, où
il mourut, le 28 mars 1856. D'abord notaire
dans cette ville, puis avocat à la cour impériale,
il s'occupa sans cesse de l'étude de l'histoire
de sa province. 11 était correspondant de la So-
ciété des antiquaires de France. Noos citerons
de lui : J>es Domaines et de l'État constitu-
tionnel de la Lorraine; Nancy, 1830, in>8'' :
l'auteur a pour but de prouver que le domaine
était aliénable en Lorraine et inaliénable dans le
Barrois; — Recherches historiques sur tori'
(1) D'»prè« les registres de la parolMC de Saint-Géry à
Valeoclennes. et noa en lits, comme on Ta dit et répété.
183
jNOEL - ^OEL DES VERGERS
18i
gine du notariat dans le ci-devant duché de
Lorraine, et Réflexions sur les droits^ les de-
voirs et les prérogatives des notaires ac-
tuels, etc.; Nancy, 1831, io-8o. 11 fit paraître,
sous le titre oommon de Mémoires pour servir
à l'histoire de Lorraine, une série d'ouvrages,
numérotés de 1 à 6, ayant chacun un titre
particulier, et publiés à Nancy, 183S-1645, 7 toI.
in- 80. Il a?ait réuni de nombreux documents
relatifs à l'histoire de Lorraine, vendus en détail
depuis la mort du collecteur, et dont il donna
la description sons ce titre : Catalogue raisonné
des collections lorraines {livres, manuscrits,
tableaux, gravures, etc. ) de M. IS'oël, etc. ;
Nancy, 18&0-1853, 3 vol. in-S"* : le troisième
volume a eu une seconde édition, Nancy, 1866,
in-80, qui, outre des dissertations historiques et
des notes biographiques, contient une table des
auteurs, des lieux et des faits, et la Loi de Beau-
mont, avec sa traduction en français. On assure
que M. de Barante a utilisé dans son Histoire
des ducs de Bourgogne une partie des docu-
ments rassemblés par Noél. La liste complète
de ses écrits se trouve à la page 801 du tome II
du Catalogue. £. Regnàrd.
BenseiQnewuntt parUeuUart.
ÎNOBL (AUxiS'Nicolas), peintre et dessi-
nateur français, né à Clichy-la-Garenne , près
de Paris, le 2 octobre 1792. Joseph Noèl, son
père, et David furent ses maîtres. Sa carrière
d'artiste fut interrompue par six années passées
comme militaire dans le l*** régiment de ma-
rine, dans lequel il fit les campagnes de 1812,
1813 et 1814. Rentré dans la vie civile, il reprit
la peinture. Déjà, en 1808, 1810 et 1812, il avait
donné quelques tableaux aux expositions du
Louvre. Mais bientôt il se livra plus particu-
lièrement à la lithographie, et, mettant à profit
les matériaux qn'il avait amassés dans ses nom-
breux voyages comme marin, comme soldat et
comme artiste, il publia, en 1818, un Voyage
pittoresque et militaire en France et en Al-
lemagne; ln-8° obloflg, avec texte; en 1824,
des Souvenirs pittoresques de la Touraine;
grand in-S**, de cinquante vues lithographiées avec
cinq cents pages de texte; en 1828, des Souvenirs
pittoresques du Poitou et de V Anjou, texte
et vues; in-4**; — en 1834, les Papillons d^EU"
rope et de Vélranger; in-8*. M. Noël a fait en
outre plus de quarante dessins pour {'Histoire
des arbres forestiers de l'Amérique septen'
trionale, et un grand nombre de vues pour le
voyage de Duroont-d'Urville. Il est auteur d'un
Panorama de Paris, gravé par Salathé, et
de nombreux dessins et vignettes pour difTé-
rentes publications. Comme peintre, on a de
lui : Vue du chdteau d'Ussé, exposé au salon
de 1824 ; — Vue de la porte du chdteau d^Am-
boise, iâ.; — Tombeau de Roland, à Ronce»
vaux, salon de 1827 ; — Abbaye de Saint- Be-
noit , en Poitou, id. ; ^ Vue de Bernay, en
Poitou, id.; — Zes Bords de la Loire, id.; —
' Vue d'une ardoisière près d'Angers,»]oûA6
1831 ; — Baigneuses efjrayées par une meute
; poursuivant un sanglier, id.; des vues de
; V Abbaye de La Celle (Seine-et-Marne), da
\ fort Mingan dans la rade de Brest, des Ponts-
; de-Cé et du chdteau ( Maine-et-Loire), saloo
I de 1835; — Vue du couvent de VoscreMenski,
souvenir de Moscou, salon de 1834 ; — Vue
, de r hospice du grand Saint-Bernard, saloa
; de 1836; — iiitcten Cirque de Poitiers, salon
1 de 1839; — JPor^^ vierge^ id. ; — Passage de
I troupes dans une forêt, id. ; — Vue de Jéru-
I salem, id.; ~ Vue de la tour de César, à
Provins , id. ; — Vue du cratère de l^Etna,
salon de 1842; — Objets d^antiquité, salonde
1850; — un assez grand nombre d'aqoareiles
et de sépias. M. Noèl est membre de la LégioD
d^bonneor. G. de F.
Journal de» Beaux- Art», Il soAt 1B41.
l fcoBL DBS YBB6BRS { Joseph-Morin-
Adolphe), né à Paris, le 2 juin 1805. Son grand-
père avait été anobli par Louis XYI. Son père,
qui fut président de la chambre du commerce et
membre de la chambre des députés , lui fit faire
de fortes études, et il s^appliqua d'abord plus
particulièrement aux langues orientales, à b
géographie et à l'histoire. Membre du ooo^l
de la Société asiatique et secrétaire général delà
Société géographique, il a publié divers mémoires
dans les recueils de ces deux sociétés. Après
avoir voyagé en Orient et fait de nombreuses ex-
cursions en Italie, où il fut chargé par le mi*
nisire de l'instruction publique de l'organisatioa
du Corpus générale inseriplionum Latina-
rum, dont la publication, ordonnée par le gouver-
nement, était confiée à MM. Didot par M. Ville-
main, alors ministre de rinstruction publique, Il
étudia plus particulièrement Pépigraphie, soas
la direction de M. le comte Borghesi, le plus grand
épigraphiste de notre époque , et s'adonna plus
spécialement à cette science, alors peucultivéeen
France. Il a coopéré à la direction et à la rédac-
tion de la Nouvelle Revue encyclopédique et
de VAthensBum français, recueils très-estimés.
Les fouilles qu'il a fait exécuter en Étrurie ont
produit d'importants résultats pour Tbistoire
de l'art , et il en a donné connaissance à TAa-
démie des inscriptions et belles-lettres, dont il
fait partie comme correspondant. L'impression
de son ouvrage sur l'Êtrurie s'achève en ce
moment. En 1860 il a été appelé à laire partie
d'une commission chargée par ordre de l'en-
perenr de la publication complète des œuvres
épigraphiques de Borghesi.
M. Noél Des Vergers a publié pour l'explica-
tion du cours d'arabe au Collège de France : La
Vie deMaJiomet par Abuiféda, texte, traduc-
tion et notes, in-8«, 1837 ; V Histoire de V Afri-
que et de la Sicile par Ebn-Khatdoon, 1S41;
{^Histoire de l'Arabie, âmsV Univers pittores-
que; d'importantes notices dans V Encyclopédie
moderne, relatives à l'antiquité romaine et aux
m
NOËL DES VERGERS — NOGARET
186
langues orientales, et dAos la Nouvelle Bio-
graphie générale les Ties des principaax
empereurs romains. La Vie de Marc-Àurèle,
d*«prè8 les monameato épigraphiques, a été
Tâmprimée en I toI. in^S*, en 1860. — Cbera-
lier delà Légion d'honneur depuis 1845, M. Noèl
Des Vergers unit à une rare modestie on savoir
aosii solide que varié.
Doe. partie,
HOELTiHG {Jenn- Henri'Vinceni), érudit
allemand, né en 1735, à Schwarzenbeck , mort
a 1806w II enseigna depois 176t la philosophie
et réloqoence au gymnase de Hambourg. On a
de lui : Gedanken von dem Sinfiusse der
Yernunfilehre in der Ausleçungskunsi ( Idées
sur rinfluence de la philosophie sur Texég^se) ;
Hambourg, 1761, in-v ; — Memoria Joh.Chr.
ÏFo//fi;ibid., 1770, infol.; — Vita J, Kle-
feckeri;\ÏMâ., 1775, in-foL; — VolUtândige
Ciceronianitche Chrestomathie (Chrestoroa-
thie cicérunieone complète) ; Ibid., I780, in-8*;
- YitaJ.'Mart. Mulleri ; ïïnd., 1781, infol. ;
— J.-G. Bûsch ; ibid., 1 801 ; — on grand nombre
de sermons et de discours, plusieurs opuscules
tiiéologiques et philosophiques, etc. O.
nieu , Hamlmrçer CeUUrUn-Uxikon.
XOBSSBLT {Jean- Auguste), théologien aile-
nund, né à Halle, le 2 mai 1734, mort le 10 mars
1&07. Il enseigna depuis 1757 la philosophie et
ia théologie dans sa ville natale, et devint, en
1779, directeur du séminaire. On a de lui : De
tera state ac doetrina seripiorum Tertul-
'i««i;HalIc, 1757-1759 et 1768, in-4*; — Ver-
tkeidigung der Wahrheit tgid Gôttliehheit
der christlichen Religion (Défense de la vérité
«tde la divinité de la religion chrétienne) ; Halle,
1766, 17Ç7, 1769, 1774 et 1783, in-8» ; — Opus-
^la ad inlerpreialîonem Scriplurx; Halle,
17771787, 2 parties in-8*; — HUtoria Pa*
raphraseon Brasmi in Kovum Testamentum;
Berlin, 1780, in-4'*; » Ànweisung zur Kennt-
ffiu der besten Bûcher in allen Theilen der
Théologie ( Instruction pour la connaissance des
"ailleurs livres écrits sur toutes les branches
delà tbéologieh Leipzig, 1779, 1780, 1791 et
1800, in-8** ; — un grand nombre de disserta-
*wos et de programmes. O.
HicDieyer, Leben PfoessêU (Berlin, ISM}. - RoUr-
"BBd, Supplément à JOcber.
Korr, hérésiarque, né au commencement
do troisième siècle, à Sm)rne. d*après sahit Hip-
^Jie et Théodoret, ou à Éphèse, selon saint
£pipliane. 11 habiUit cette dernière ville lors-
<|oe, marchant sur les traces de Praxéas en Oc-
«dent, il enseigna que les trois personnes de la
Trinité n'étaient que les trois actions diverses
d'un même principe, qu'il n'y avait en Dieu
qu'une seule personne, qui prenait Untôt le nom
"Je père, tantôt celui de ais, selon les nécessités
et les drconslances. Interrogé par les prêtres
^ Itglise d*Éphèse s'il éUit vrai qu'il soutint
(iQe pareille doctrine, que personne n*avait en-
core avancée en Orient, il le nia formellement;
mais s'étant attiré quelques disciples, il devint
plus hardi et enseigna publiquement son hérésie.
Les prêtres le firent de nouveau comparaître
devant eux avec plusieurs de ses partisans; mais
cette fois Noet demeura obstiné dans ses er-
reurs, et persista à en faire l'apologîe. A l'impiété
il joignit l'extravagance; il prélendit être Moïse,
et donna h l'un de ses frères le nom d'Aaron.
Chassé de l'Églisecomme hérétique, il continua de
répandre ses erreurs, que le concile d'Alexandrie
condamna, en 261, en la personne de Sabellius,
J'nn de ses principaux disciples. Ses sectateurs
furent appelés JS'oétiens, et saint Hippolyte
écrivit on traité contre lui , sous le titre de :
£l< n^v afpcfftv Norrou ttvo;. H. F.
Dom CeUller. HM. çénér. det mUeun $aeréi et te-
eléf., t. If, p. Ml. - Fleory, Hist. ecelét.f Uv. s, cb. St.
— Ploquet . DictUmn. des Mrésies.
K06ABET ( Guillaume ne ), chancelier sous
Philippe le Bel, né vers 1260, à Saint-Félix de
Caraman. Il s'adonna dans sa jeunesse, avec
un égal succès, aux armes et à l'étude du droit;
car à cette époque les nobles qui désiraient
avoir accès au parlement devaient être avant
tout versés dans la jurisprudence. Mous le trou-
vons en 1291 docteur en drùU et professeur
es lois à l'université de Montpellier ; il y était
encore en 1293; mais en 1300 le roi l'anoblit;
deux ans après il le nomma chevalier de son
hôtel, et lui confia la charge de deux cents hom-
mes d'armes. Nogaret joua un rôle considérable
dans la querelle du roi de France avec Boni-
face vni. Ce pape, irrité de voir sa médiation
repoussée par Philippe IV, déclara à ce monar-
que, par la bulle Vnam sanctam^ que tout
homme est sujet du pontife romain , que toute
puissance sur la terre relève de sa suzeraineté.
Cette prétention n'obtint d'autre réponse que
la défense de faire sortir du royaume toute espèce
de valeurs et la saisie du temporel de tous les
bénéficiers qui étaient allés à Rome sans autori-
sation expresse du roi. A cette nouvelle, la
colère de Boniface ne connut plus de bornes :
il excommunia le roi de France , et trop faible
lui-même pour lui déclarer la guerre, il poussa
le comte de Flandre k la révolte. C'est alors
que Guillaume de Nogaret, avec Sciarra Co-
lonne, ennemi personnel du pape, partit pour
l'Italie, dans le dessein de surprendre le souve-
rain pontife et de l'arrêter. Parvenus en Tos-
cane, les deux chefs de l'expédition recrutent
des hommes d^annes, se ménagent à prix d'ar-
gent des intelligences dans Anagni , où s'était
retiré Boniface, s'introduisent bientôt dans cette
ville, et courent, avec le peuple soulevé, s'em-
parer du château. Le pape, revêtu de ses habits
pontificaux et assis sur son trône, essaya vaine-
ment de leur imposer: sa dignité fut méconnue;
Colonna, tout à son ressentiment, l'accabla d'in-
jures, s'emporta jusqu'à le souflleter, et l'eût tué
indubitablement sans l'intervention de Nogaret.
187
NOGARET
188
Cependant les habitants d*Anagni, honleax de
leur conduite, se tournèrent bientôt contre les
agents dn roi de France, les chassèrent de la
Tille ; ils tirèrent le pape de la prison où depnis
trois jours on PsTait laissé sans nourriture, et
le recondoisirent à Rome. C'est dans le courant
de cette même année 1304 que les seigneuries
de Vannages et de Calvisson furent données
à Nogaret, ainsi que la garde du sceau royal,
«Ion quelques auteurs ; mais le père Du Chesne
déclare formellement que cette charge ne lui
fut confiée qu'en 1307. La mort de Bontfiice VIIT,
arriTée onze mois après son emprisonnement à
Anagni, n'arrêta nullement les poursuites di-
rigées contre hii par Philippe le Bel. L'empres-
sement de Benoit XJ à casser la bulle d'excom-
munication de son prédécesseur et à le?er l'in-
terdit qui pesait sur la France ne fléchit point
ce monarque. Il demanda plus instamment que
jamais la condamnation de Boniface, et chargea
Nogaret d'exposer dans plusieurs mémoires la
conduite Tîolente de ce pape et l'hérésie de
sa doctrine. Cependant le pape Clément Y, qui
avait tout intérêt k ménager le roi de France,
n'osait flétrir la mémoire d'un de ses prédéces-
seurs ; il différa longtemps de se prononcer, fit
Intenrenir les puissances étrangères, et à force
de remontrances, de supplications et de conces-
sions, il obtint le désistement du roi. Nogaret fut
à son tour absous en 1309, par une bulle à la
condition de passer en Terre Sainte pour com-
battre les infidèles, et la même année Philippe
le Bel reconnut son zèle en le nommant chance-
lier, charge qu'il occupa jusqu'à sa mort, en
avril 1S13. Entièrement dévoué à Philippe le Bel,
Nogaret exécuta aveuglément ses ordres en toutes
droonstanoes. C'est ainsi que le 22 juillet 1306
il avait contribué dans le Languedoc à l'arresta-
tion des juifs qui forent dépouillés de leurs biens
an profit dn trésor royal et par la suite expulsés
du royaume; et en 1307, avec Réginald de Roye,
il avait arrêté les Templiers de la maison cen-
trale de Paris avec leur grand maître Jacques de
Molay, qui, snr l'invitation de Philippe lui-même,
était arrivé de Chypre.
Guillaume de Nogaret laissa deux fils, Ray-
tnond et Guillaume , que Louis le Hutin prit
sous sa protection. La maison d'Épemon pré-
tend descendre du frère de Nogaret. De Thon
cependant donne à entendre dans ses mémoires
que cette prétention est chimérique. S. Rollàkd.
Joan Vlllant, llv. S. « GuUlaame de Nangis. Mé-
moires. - Premei dm iijf. de Boolface Vlll, etc. —
Raynal, dnjui^ eecUs., panlna. — Dom Vatoselte, HiH.
du Languedoc, tome IV. — SlamondI, Uiaolr» du Fran-
çaU.
KOGARET {Jean de), seigneur de Là Yà-
LETTE, mort le 18 décembre 1575. Issu d'une
famille languedocienne qui complaît au quator-
zième siècle des capitouls à Toulouse, il devint
mestre de camp de la cavalerie légère , lieu-
tenant général an gouvernement de Guienne, et
assista aux batailles de Dreux i de Jaroac et de
Montcontour ; des intrigues de cour l'empêchè-
rent de servir en 1573, au siège de La Rochelle,
n avait épousé, en 1551, une sœur du maréchal
de Bellegarde.
HOGAKBT {Bernard de), marquis <1e La
Yalettb, amiral de France, fils dn précédent, né
en 1553, mort le 11 février 1592, au siège de Ro-
quebrune (Provence). Sa vie ne présente que des
faits militaires. Nommé mestre de camp général
de cavalerie ( 1578) et gouverneur de Saluces
( 1580 ) , il se signala dans les guerres du Pié-
mont, et obtint, par le crédit du duc d'Épemon,
son frère puîné , le gouvernement dn Dauphiné
( 1583 ), puis celui de la Provence ( 1587 ) , et la
charge d'amhtii de France ( 7 décembre 1588 ).
Pendant la Ligue , il resta fidèle au roi, oonchit
une alliance offensive et défensive avec Lesdi-
guières, battit en plusieurs rencontres le doc de
Savoie, qui avait franchi la frontière,et reprit snr
lui Digne, Beynes, les forts de Marseille et d'au-
tres petites places. Il assiégeait Roquebrane, dans
les environs de Fréjus ^ lorsqu'il fut tué d'un
coup d'arquebuse; il n'avait que trente neuf ans.
De Thon a fait de lui ce bel éloge : /n periculis
imperterriius, in advertis constans^ in pra-
speris moderatus. Sa fortune fit moins d'oi vieux
que celle de son frère, parce qu'il avait moins de
faste et d'ambition et phis d'ordre dans sa con-
duite. P. L.
Morérl, Grand Dtet hUt. — Bioçr. ToutouMinê. —
De Tlioo, Hist. sui tempori»* — GalcbeDon , Hùt ,deia
Savoie, II. — If oitrademua, Hitt. de la Provence, 8* part.
— Anselme, Grands officieri de la couronne. — Jean
Robelin , Discours en rkonneur de Bernard de JToça-
ret; 1S97, iD-9»i —«Honoré Uwnoj, Diseaun ée te oie
et des faiU héreHqptes de La f'aUttei MeU, icsi.
ln-4«, réimpr. i la salle des Mémoires de Secousse sur
le maréchal de Bellegarde (17«t. ln-ll|. — H. MarUa,
Histoire de Ftamee.
ROGAftBT {Jean^Louis nB),duc n'ÉFERROif,
frère du précédent, né en mai 1554, dans le Lan-
guedoc, mort le 13 janvier 1642, à Loches, près
d'Angouléme. Il fit ses premières armes daa<
TArmagnac, au combat de Mauvesin (1570), oà
n sauva la vie à son père. On le vit au siège de
La Rochelle (1573) parmi les seigneurs attachée
à la personne du duc d'Anjou ; puis il suivit le
roi de Navarre en Normandie; mais, se repentant
bientôt de cette fausse démarche , il reparut à
la cour, où 11 avait eu soin de se ménager des
protecteurs. Sa belle figure, ses manières hau-
taines et doucereuses h la fois,fixèrent Tatten-
tion de Henri III, qui lui fit partager l'indigne
faveur de Qnélus, de Maugiron et de Joyeuse.
La Valette (ce fut le nom quil porta jusqu'en
1581) entra l'un des premiers dans la Ligue,
dont l'anéantissement des protestants était le
prétexte. Il se distingua en 1577 à la prise de
Chartres et au siège d'Issoire, et devint en 1579
mestre de camp; envoyé eu ambassade au-
près d'Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, il né-
gocia avec tant d'adresse qu'il fil renoncer ce
prince à son dessein d'att&quer les Genevois. Ëo
1580 il fut blessé, au ?iége de La Fère. HiMiri Ilï
189
KOGAREÏ
190
le combla d'honoeort et de richesses, en cher-
ciuot DéanmoîDS à tenir la balance égale entre
loi et son autre fa?ori , Joyeuse. «^ Le mardi
n DOTembre 1581, dit L'Étoile, La Valette Tint
w pariement, oè ftirent en sa présence entéri-
lées les lettres d'érection de sa chatellenie d'É-
penon, que k* roi avoit achetée pour lai dn roi
de Navarre, en duché-pairie -. portoient, les-
dites lettres, qu'en considération de ce que La
Talette deroit être beau/rère du roi, il précé-
deroît tous antres ducs et pairs après les princes
«Ile duc de Joyeuse» (1). En eCfet, la main de
Christine de Lorraine, la dernière des sœurs de la
reine, était destinée au duc d'Épemon ; et cette
princesse étant trop jeune pour être mariée im-
médiatement, on domia d'avance au mignon les
300,000 écos qui lui étaient promis pour sa dot
Aq milieu de la désorganisation dn royaume ,
les deux favoris exercèrent tout ce qui restait
de pouvoir à Henri 111. Tous les revenus de la
couronne allaient s'engoofTrer dans de folles or-
fpes et dans de scandaleuses largesses. En peu
d'années, Tavide d'Épemon réunit an gouveme-
neot des Trois-Évéchés (1583) ceux do Boa-
tonnais ( 1583), de rAngoomois, de la Saintonge,
de l'Aunis, de la Touraine, de rAnjou et de la
Normandie (1587); enfin il avait succédé en
1&81 à Strozzi dans la charge importante de co-
lonel général de finfanterie, qui fut érigée pour
loi eo charge de la couronne (décembre 1584).
LorM|ue les projets de la Ligue commencèrent
à effrayer le parti des politiques et le roi, ce Ait
d'Épemon qui fut chargé de négocier une al-
NsBce avec le roi de Navarre. Vivement attaqué
loi«méme par les Guise et par la Ligue, il espé-
rait trouver dans ce prince un puissant alHé;
mais sa mission n'eut aucun succès, et il dut
marcher en 1588 contre les huguenots de la
Provence, h la tète d'une armée de 17,000
hommes. L'année suivante, il dispersa à Gien et
à Cfa&Ullon- sur-Loire un rassemblement de U-
punn. La mort ou la disgrAce de tous les an-
tres mignons de Henri m rendit, è cette époque,
le doc d'Épemon senl maître de la faveur de ee
prince, qui lui donna en 1587, à la mort du
ànc de Joyeuse, le gouvernement de Korroandie,
le plna considérable du royaume, et la charge d'a-
miral, qu'il fut bientôt obKgé de cédera son frère.
Xais s'il montrait les talents que l'on trouve
nrement dans un fevori, il usait des bienfaits
^ son maître avec une hauteur qui provoquait
^es ressentiments universels. Tous les efforts
<les ligueurs et de Guise se dirigèrent bientôt
contre loi (%), et ils réussirent enfin à le renver-
Kr.II avait d'ailleurs lui-même fatigué le roi par
son orgueil et par son avidité ; il lut avait fait
regretter de s'être exposé à tant d'impopularité
(1) Renri IV dérogea en IKW à cette dbposlUoa.
M Us llcoeort loi ■valent donné le non de Gaveaton,
Cmcoq coDse loi et favori d'Édooard II, roi d'Angle-
^ A direnea reprtsoi lia tentèrent de reolever, par
~ on par vlolinee.»
pour un homme dont il pouvait se passer. Peu
de semaines après l'eùtrée triomphale dn favori à
Rouen, Henri III lut retira une grande partie de
ses dignités et de ses gouvernements, et l'exila à
Loches, prèsd'Angooléroe (mal f5S8). Le due se
croyait en sûreté dans cette ville, quand, le 10 aoOt
1586, te maire, avec une troupe de fanatiques li-
gueurs, vint l'assiéger dans sonchftteau pour s'as-
surer de sa personne, et ce fut à grand'peine qn'ii
échappa à ce danger. L'année suivante, le roi,
qui venait de se détiarrasser par un assassinat
de la crainte que lui inspirait le doc de Guise,
se trouvait à Btois et semblait avoir oublié le
duc d'Épemon. Cependant , le premier renfort
qu'il reçut Ait un corps de quinie cents arque-
bnsiers k cheval, de six ceots fantassins et de
cent vingt gentilshommes que lui envoya son
^deo mignon , qui avait dans Kintervaile re-
poussé les propositions du roi de Navarre. Un
service aussi important remit le duc en grand
crédit. Placé avec Biron à la tète de l'armée
royale qui se dirigeait sor Paris, H investit Jar-
geau, emporta Montereau et força Pontoise à se
rendre.
Après la mort d'Henri III (1** août 1589)^
d'Épemon refusa de signer l'acte par lequel un
grand nombre de seigneurs promirent de re-
connaître Henri IV dès qu'il se serait converti
au catholicisme. Il s'en retourna dans son goo-
vemement d'Angoulême, enunenant un corps de
troupes considérable , an moment où le roi en
avait le plus grand besoin. Néanmoins le Béar-
nais lui pardonna, et lui laissa le gouvernement
de Provence. Mais le duc laissa bientôt deviner
qu'il songeait beaucoup moins à faire recoonat-
ire l'autorité d^ Henri IV dans cette province
qu'à s'y créer lui-même une souveraineté indépen-
dante. Cruel jusqu'à la férocité envers les vain-
cus , orgueilleux avec la noblesse , impitoyable
pour le peuple, il ne se maintint pas longtemps.
Lesdiguiîères, envoyé par le roi contre loi, orga-
nisa une révolte générale ; l'ambitieux seigneur fut
déclaré ennemi publie, et tous les partis se rén-
nirent contre lui. Il avait pourtant trouTé moyen
de réunir une armée et de eontmuer les hostilités
contre Lesdignières ; ei le jeune docdeGulse, ré-
concilié avec le roi, ayant été envoyé contre hii
(1 595) , avec la promesse que le gouvernement de
la province lui serait donné, d'Épemon, sonomé
de sortir de sa province, répondit à la menace
qu'on lui fit, que le roi viendrait l'en tirer loi-
même : « Avant d'abandonner une contrée
que j'ai défendue au prix du sang de mes amis,
de mes parents et du mien propre, je jouerai
quitte ou double ; je me jetterai entre les bras
du Savoyard^, de l'Espagnol , du diable même ,
et quand je n'en pourrai plus, sur mon épée...
Si le roi vient en personne , je lui servirai de
fourrier, non pour marquer, mais pour brûler
tous les logu de son passage. » Cette réponse du
duc n'était pas une vaine menace. Dévoué au
souvenir de Henri III, et zélé catholique, il avait
191
NOGARET
192
pea de oonsidération pour le roi, et ne se sen-
tait aacun scrupule de porter les armes contre
loi. En efTet, le 10 novembre 1595, il conclut un
traité avec Philippe II, roi d'Espagne, et s'enga-
gea à Taire pour le compte de ce prince la guerre
au roi et aux hérétiques de France; mais il était
tellement odieux à tout le pays quMl lui fallut
bientôt battre en retraite devant Guise. La sou-
mission de Marseille entraîna la sienne propre.
U sortit le 27 mai 1596 de la Provence pour n'y
phis rentrer, et il alla trouver le roi, qui lui ac^
corda en dédommagement une somme de 60,000
écus. Quelques années plus tard, le roi lui donna
le gouvernement du Limousin; mais comme il
voyait en lui un représentant du parti espagnol,
un serviteur qui ne s'était jamais soumis fran-
chement, il ne l'associa à aucun de ses grands
projets. 11 projetait même, lorsqu'il fut assas-
siné , de lui ôter sa charge de colonel général
4le l'infanterie.
Ici commence dans la vie de d'Épemon une
nouvelle période; sa puissance, fondée peut-être
sur un crime, va briller encore d'un grand éclat :
on sait qu'il était à côté de Henri IV lorsque
ce prince fut assassiné par Ravalllac. Dans ce
moment d'efTroi, d'Épemon couvrit le roi de
son manteau , en s'écriant qu'il était seulement
blessé, ferma la voiture, et fit ramener le corps
au Louvre. Aussitôt il s'empara de toute l'auto-
rité royale, et l'exerça comme sienne. Le lende-
main du meurtre (15 mai 1610), il fit assembler
le parlement, et entrant par une porte intérieure,
en pourpoint et la main sur son épée : « Elle est
encore dans le fourreau cette épée, dit-il, mais
'il faudra qu'elle en sorte si l'on n'accorde pas à
l'instant la régence à la reine mère. » Le duc
de Guise entra par la même porte, et fit une
demande semblable. Le parlement obéit, et, cé-
dant à une influence violente, prononça ainsi
sur une matière qui n'était pas de sa compé-
tence. Chacan était plein de terreur et de re-
gret; mais le soupçon se mêlait aussi à ces
sentiments. On se demanda si ceux qui profi-
taient du crime n'en avaient pas été les auteurs.
L'Espagne se trouvait délivrée d'un grand dan-
ger; Marie de Médicis était Espagnole de cœur,
et d*Épemon passait pour le représentant de la
politique espagnole ; il savait que sa personne
n'était pas agréable au roi, et que Henri parlait
souvent de lui avec irritation et avec mépris. Sa
mémoire n'a pu être justifiée du soupçon de com-
plicité du crime.
La reine reconnut l'important service que lui
avait rendu l'ancien mignon de Hmri III, en le
confirmant dans ses anciennes dignités et en lui
en accordant de nouvelles. Le doc allait ordinaire*
ment au Louvre accompagné de 7 à 8CK) gentils-
hommes. Comme le capitaine de la porte refu-
sait un jour de l'y laisser entrer en carrosse,
droit qui était réservé aux seuls enrants de
France ot au premier prince du sang, il fit don-
ner des coups de bftton à cet officier. Cette hu-
meur hautaine, irascible, qui entretenait la di-
vision à la cour, et perpétuait les intrigues, fit
enfin baisser son crédit. En 1618, il se trouvait
à Saint-Germain-l'Auxerrois le jour de PAques,
lorsque, voyant avec déplaisir le garde des sceaux
prendre place avant les ducs et pairs, il le saisit
rudement par le bras, et le contraignit à se reti-
rer. U en résulta une querelle, qui l'obligea enfin
de partir pour son gouvernement de Metz.
Il n'en continua pas moins ses menées contre
Luynes, le nouveau favori, et ce fut lui qui, en
personne, vint préparer l'évasion de Marie, exilée
à Blois (22 février 1619), et qui dicta les condi-
tions de la paix signée à Angoulême entre elle
et le roi. La haine qu'il portait à Richelieu l'em-
pêcha cependant de revenir ensuite à la cour;
mais en dédommagement de la dignité de con-
nétable qu'il espérait obtenir, et des gouverne-
ments de Saintonge et d'Angoumois, il reçut le
gouvernement de la Guienne (27 août 1622),
devenu vacant par la mort du duc de Mayenne
et qui jusqu'alors avait été réservé aux princes
du sang. Là il se fit de nouveaux ennemis do
parlement et de l'archevêque de Bordeaux, d'Es-
coubleau de Soordis. Ses longs démêlés avec le
parlement eurent pour cause la réception que
lui fit cette compagnie, qui, se fondant sur ce
qu'il n'était pas né prince, ne voulut pas, à son
entrée à Bordeaux, lui rendre les mêmes hon-
neurs qu'à ses prédécesseurs. Sa querelle avec
l'archevêque, tout aussi peu fondée en principe ,
fut poussée à un tel point qu'en 1632 ce prélat
eut à supporter le coup de canne que, dans on
moment de fureur, osa lui donner le gouverneur
sous le portail de son église, en présence de son
cleiigé et des nombreux spectateurs attirés par
l'éclat de cette scène scandaleuse. Après de tels
excès, on devine Cscllement de quelle nature dut
être l'administration du duc d'Epemon dans la
province de Guienne, jusqu'au moment où, fai-
sant droit aux plaintes nombreuses qu'on ne
cessait de lui adresser, Louis XllI l'exila à Cou-
tras(l63d)eti'obligea d'écrire une lettred'excuses
an prélat et d'écouter à genoux la réprimande
sévère qu'il lui fit avant de l'absoudre. Le duc
reprit alors l'exercice de sa charge, et sut con-
server son indépendance entre les partis en re-
fusant de se joindre aux ennemis de Richelieu.
Mais en 1638 il fut obligé d'accepter pour lieu-
tenants en Guienne le prince de Condé, et en
1641 il fut relégué à Loches, où il mourat, dans
sa quatre-vingt-huitième année, peu de jours
après le duc de Sully, dont il avait longtemps
été le rival. Son corps fut inhumé dans la cha-
pelle du château de Cadillac.
Le duc d'Épemon avait épousé, le 25 aoôt 1 6S7,
Marguerite de Foix, comtesse de Candale, qui
mourut en 1 593, en lui laissant trois fils. Henri^
comte OE Canoale et duc n'ÉPERifoif, tué le
U février 1639, devant Casai (voy. GAimALE);
Bernard, qui suit, puis Louis , qui fut cardinal
{voy. La Valette). 11 eut aussi plusieurs en-
J9S
rïOGARET
194
faDts natards, parmi lesquels on remarque Jean-
louis^ chevalier oe La Yalettb, lieutenant gé-
néral de l'armée navale des Vénitiens en 1645,
mort en 1650, en Guienne; et Louis de La Va-
lette, évèque de Carcassonne, mort le 10 sep-
tembre 1679.
Girard (Galil.1, n» du due d'EtpetTum,- Parli, ins.
la-fol. ; tTM, k vol. In-ll. — DeThou, Ultt, rai temp. —
Snlly, Éemumte» ro^aleâ, - Slinnondi, Uixt. des t'ran-
çsU, XX à XXllI. - Polraoo. Hist. duriffne de Henri IK
- M IcbelH, Hewri /^ et AieheUeu, — Buto, Hist. de
France semé Louit Xill. - Le Bas , Diet. enepel. de la
France, avec addit.
HO«ABBT {Bernard de), duc d-Épbrnon,
fils puîné du précédent, né en 1&93, mort le
35 juillet 1661 y à Paris. Il fut longtemps connu
sous le nom de doc de La Valette, et prit celui
de duc d'Épemon, en 1642, à la mort de son
père. Pourvu, dès 1610, de la charge de co-
iooel général de llnfanterie, en survivance
de son père, il servit aux sièges de Saint-Jean-
d'Angéli et de Royan (1621), à Tattaque du Pas*
de-Suze (1629), et en Picardie (1636). Â cette
dernière date il passa en Guienne, et s'efforça de
refouler les Espagnols au delà des Pyrénées. En
1638, il prit partà Tattaquede Fontarahie; mais
Condë ayant rejeté sur lui le mauvais succès de
cette entreprise, Richelieu, qui le haïssait, le fit
condamner à mort, pour crime de trahison
(24 mai 1639). Le Jugement fut exécuté en ef-
figie : La Valette s'était prudemment enfui en
Angleterre, où on lui donna les insignes de la
Jarretière. Aprfei la mort du roi, il rentra en
France, et ftit réhabilité par arrêt du parlement
(16 juillet 1643). Rétabli aussitôt dans le gouver-
nement de Guienne, il le conserva jusqu'à sa
mort, à l'exception d'une période d'environ six
ans (1654-1660), où il occupa celui de Bour-
gogne, qu'il rendit à Condé lors de la paix des
Pyrénées. Sa conduite comme gouverneur fut
en tons points conforme au modèle que lui offrait
en ce genre sa famtQe. H ne se signala guère que
par ses vices, sa liaoteur et sa rapacité. U avait
épousé, en 1622, Gabrielle fille légitimée de
Hoiri IV et de la marquise de Vemeuil ; avant
néme son mariage il l'avait battue devant toute
U cour, et, en 1627, il l'empoisonna. Sa seconde
femme, Marie du Camtwut, nièce du cardinal
de Ridielieu, ne fut pas moUis malheureuse avec
loi. Il s'était affolé d'une bourgeoise d'Agen,
Nanon de Lartigue, qui avait trouvé l'art de lui
plaire avec peu de beauté et un esprit fort mé-
diocre, en l'admirant tout le jour et en le traitant
de prince. Elle avait fait avec lui une fortune
de plus de deux millions de livres; il la menait
partout avec lui ; la reine même la recevait chez
.Hle. Il ne se distribuait de grâces dans l'in-
Cu)terie,dont d'Épemon était colonel général,
ni dana ses gouvernements, que par la volonté
de cette favorite. Il eut de son premier mariage
louis-CharUs-^aston^ mort sans postérité, le
28 janvier 1656 {vop. Canualb).
La laroille de La Valette «'éteignit dans la
ROOV. Blocs. CÉNÉB. — T. XXXVUI.
personne de la soeur deee dernier, Ànne*Louise'-
Christine, qui se retira, après la mort de son
amant le chevalier de Fiesque, dans le couvent
des Carmélites du faubourg Saint-Jacques; elle
y mourut, le 22 août 1701. P. L.
Anselme, Grands ttf/teiert de la couronne, — M"^ de
Motteville, Leiiet, de Retz, Mémotres.
NOGARBT ( FrançoiS'Félix) , littérateur
français, né le 4 novembre 1740, à Versailles,
mort le 2 juin 1831, à Paris. Fils d'un premier
commis du ministère de la maison du roi, il
entra en 1761 dans les mêmes bureaux, et cu-
mula plus tard son emploi avec celui de biblio-
thécaire de la comtesse d'Artois. A l'époque de
la révolution, il obtint, au bout de trente années
de services, une pension de 1,600 fr. (1791).
Après avoir dirigé en province des ateliers de
salpêtre, il fut attaché par le ministre Benezeoh
au département de llntérieur ( 1795) et nonuné
par Lucien Bonaparte seul et unique censeur
dramatique. Fooché le destitua en 1807, et sa
pension, réduite à 1,200 fr., devint son unique
ressource. Il se consola d'être pauvre, infirme et
oublié, en cultivant les lettres; jusqu'à sa mort il
conserva la mémoire, l'esprit et la galté, et dans
ses dernières années le seul titre dont il sem*
blait jaloux était celui de doyen de la littérature.
Né en quelque sorte à la cour, Félix Nogaret y
avait puisé cette légèreté de principes, ce liber*
tinage d'esprit qui caractérisent les hommes de
son temps. Il avait des connaissances variées ,
comme le prouvent ses relations avec BufToOy
Adanson et Montucla. Il écrivait avec aisance
sur des sujets frivoles ; son style est assez na-
turel et quelquefois piquant. Palissot , dans ses
Mémoires, lui accorde des éloges exagérés, et
le marquis de Langle se montre trop sévère en
l'accusant de ne travailler « que pour ses amis,
peu difficiles en fait de goût et de correction ».
Nous citerons de ce fécond écrivain : Lettre
d^un mendiant au public^ contenant quel'
ques'unes de ses aventures et des réflexions
morales; Paris, 1764, 1765, in-S*" : attribuée
à Nougaret ; ~ V Apologie de mon goût ; Paris,
1771, in-8* : cette épttre sur l'histoire naturelle,
dédiée à Buffon, obtint l'approbation de Vol-
taire en même temps que celle de Fréron et de La
Beaumelle; — Les Vœux des Cretois; Paris,
1776, in-S*', sous l'anagramme àeXan fer ligoté;
— Le Prodigue récompensé ^ comédie en
prose; Versailles, 1774, in-S*» ; — Fruit de ma
quéte^ ou Vouverture du sac; Paris, 1779,
{ii.8* ; — VAristénète français ; Paris, 1780,
in-18; Versailles, 1797, 2 vol. in-18; 4'' édit.,
Paris, 1807, 3 vol. m- 18. Aux lettres traduites
ou imitées du grec l'auteur en a ajouté plusieurs
de sa composition. Dans cet ouvrage, supé-
rieur à la version donnée par Lesage , il a su
respecter la pudeur des femmes. Le succès qu'il
obtint flatta tellement Félix Nogaret que dans
la suite il prit souvent le nom A^Aristénète k
la tête de ses productions. — Le Fond du sac,
7
tu
IVOGABET
196
ou rtttani det babMes dé M. JC***, membre
éveillé de V Académie des dormants; Venise,
(Paris), 1780, 2 vol. in- 18, fig.; la seconde édi-
tion de ce recaeU, qui contient des morceaux
en prose et en vers , et que Ton a attribué au
marquis de Ximenès, a été réimprimée sous ce
titre : Le Fond du sac renouvelé, ou bêgarru-
res et passe-temps critiques de VAristénète
français (Paris, 1806, 3 vol. pet in-12); —
Lettre et Monologue iun jaloux sur les opus-
cules de Parny ; Paris, 1782, in>12 ; — Fie-
iimu. Discours, Poèmes lyriques et autres
pièces adonhiiamiles ; Uemphis, 1787 (Paris,
1787 ), 2 part in-8* : la prenûère partie est com-
posée de onze petites pièces en un acte et en vers
libres, auxquelles l*auteiir donne le nom de poè-
mes lyriques; — Le Miroir des événements,
ou la belle au plus offrant, histoire à deux
visages ; Paris, 1790, in-8* : roman politique;
— Ode à la nation ; 1792, in-S** ; — La Terre
est un animal, opuscule philosophique;
Versailles, 1795, in-18 fig.;3« édit, Paris» 1805,
in- 12; réimprimée dans le t. III du Fond du
sac renouvelé; à la fin de ce petit écrit, Taoteur
reproche au publie de lui ayoïr souvent attri-
bué les médiocres compilations de Noogaret;
— VAme de Timoléon, ou principes républi-
cains, philosophiques et moraux; Paris, 1798,
în-8* ; — Contes en vers ; Paris, 1798, 2 vol.
ln-18 ; 5* édit, 1810 : quoique mis à llndex à
Vienne, ces contes ne sont pourtant pas licen-
cieux ; un des meilleurs. Le Sttbre, avait été
goMé par Louis XVI; ^ L* Antipode de Mar*
nwntel, ou nouvelles fictions, ruses d'amour
et espiègleries -de VAristénète français; Pa-
ris, 1800, 1801, 2 vol. in-18; réimpr. dans les
édit de VAristénète français de 1805 et de
1807 ; — Xe Danger des extrêmes j essai cH-
^i^iie sur quelques écrivains ensemble ; Paris,
1800, In- 12 fig. ; -" Podalire et Dirphée, ou
la couronne tient à la jarretière; Puis, 1801,
2 vol. in- 12 et in-8^, fig. ; ^ la Gorgé de Mirsa,
autore Corxbo Aristenete, cum notis et corn-
mentarîis; Paris, 1801, în-12; — Le Réveil
d^Adam, mélodrame; Marseille, 1804, in-12 ;
— .Sur les spectacles; Paris , 1604, in-6**; —
Aristénète au Vaudeville ; Paris, 1806, in-18 ;
— VBnfant posthume, contenant les Comr
pères et les Bambins ; Paris, 1807, in-12; —
ÉpUre à la lumière considérée comme
corps; Paris, 1808, in-12; — L'Oracle de
Delphes, pièce de vers pour la naissance
du roi de Rome, insérée dans les Hommages
poétiques d'Eckard et Locet; — Apologues
et nouveaux contes en vers; Orléans,
1814, inl8; — Bouquet au roi; Paria, 1824,
în-8*; — Derniers Soupirs d^un rimeur de
quatre-vingt-neuf ans, ou versiculets sur la
métaphgsico-néologo-romantieologie; Paris,
1829, in-8*; -* La Femme créée avant
Vhomme; Le Dîner de Vours et autres passe-
temps inédits iPnÎA, 1830, in-8*; — VŒuf
frais, ou Erato gallina puerper a, petit conte
en guise de préambule au dialogue ci-après :
Les Soleils éclipsés, prononcé du vieux clas-
sique Aristénète sur les productions téné-
breuses de Victor Hugo et les Ostroyolks
ennemis de la langue et du bon sens; Paris,
1830, in-8* : à la suite de sa signature il a ajouté
ces mots : « Scenicus olim censor, belligerator
adhnc, sed cœcus et snrdus, defectus annis et
desertus viribus ; » — Guerre à Morphée, ou
le triomphe de Vinsomnie, en vers libre$;
Paris, 1830, io-8*. Nogaret, comme on le voit,
mourut la plume à la main, et malgré le poids
de l'Age et des infirmités il retrouva quelque
verve pour se mêler activement à la lutte en-
gagée par les romantiques. À la liste de ses
écrits , déjà longue et qui n'est pas complète, H
faut i^outer plusieurs opuscules publiés sans
date, des articles littéraires et des vers insérés
dans les recueils du temps, et trois ou quatre
romans inédits. Peu de temps avant sa mort,
Nogaret s'occupait de faire un choix de ses pro-
ductions pour en former une édition en quinxe
volumes. On lui attribue encore La Capuci-
nade, histoire sans vraisemblance ( 1765,
in-12 ), roman graveleux de Noogaret, qui fit
mettre l'auteur à la Bastille, et les Mémoires
de Bacbaumont l'accusent d'avoir été l'un des
continuateurs de La Pucelle de Voltaire poor
l'édition obscène qui parut peu de temps après
en Hollande. P. L.
DiDtel, Biogr. de SeUiê-tt-Oise, — M«0r. tiniv. et por-
tât, des Conteai^, * Patluot, Mémoires littéraires. -
BachaolDont. Mémoires secrets — De Lanirle, Nécro-
loge des auteurs vtvants. — Debray, Tabietteeda écri-
vains français. — Barbier, DM. des Anontme*. -
Qoérard, La Framce Ittt
HOGABBT ( Jacques RiLMEL OE ) , homme
d'État français, né à Carcassonne, en 1760, mo<t
à Braxelles, le 31 mars 1819. U était avocat du
roi dans sa vUle natale en 1789. II accepta avec
eonviction les nouveaux principes et fut élu dé-
puté aux étaU généraux pour le tiers état de
la sénéchaussée de Carcassonne. Il s'y fit peu re-
marquer à la tribune, mais travailla beaucoup
dans le comité des finances. Il se montra op-
posé à la division de la France par départements,
craignant qu'elle n'apportât brusquement une
grande perturbation dans l'adtaninistration et
dans ta perception des hnpOta. Après la tenta-
tive de fuite de Louis XVI, Nogaret Ait envoyé
en mission dans la Bretagne» oîi des troubles
graves venaient d'édater Oûn 1791 ) ; U réussit
à les calmer sans employer ta rigueur. A son
retour l'Assemblée nationale le mit au nombre
de ses secrétaires. En septembre 1792, il tut
réélu à ta Convention par les électeurs de l'Aude.
Lors du jugement de Louis XVI, U vota en ces
termes : « Louis est convaincu de oonspinâon
contre la liberté. Dans tous les temp^ un paroi
crime mérite ta mort : je la pr«ionce ; mais je
veux que la nation sanctionne oe jugement »
11 se prononça pMulte contre le sursis. Il pnt
197
NOGAKET — NOGARI
198
une part asses adiré & U discusdoB de la eons-
titation de 1793, h la Tente des biens des émi-
grés, à la création des assignats , à la réparti-
tion des impdts H à d'antres importantes me-
sures financières. H combattit, mais rafinement,
la confiscation, le maiinram et la banqueroute.
Devenu membre du comité de salut public, il
s'opposa aux arrestations arbitraires, alors si
multipliées, et proposa d'Instituer une commission
paternelle de citoyens éclairés qui statuât en
dernier ressort sur la culpabilité des prévenus
amnt de les envoyer devant les tribunaux. Le
19 aoôt 1793, il fit le rapport sur l'emprunt
forcé d'un milliard, et plus tard dénonça Fabre
d^Êglantine comme coupable d'avoir fîdsifié un
décret concernant la Compagnie française des
Indes. Chargé en 1795 d'une mission en Hollande,
Kogaret tint l'assemblée an courant des succès
de Picbegm et de leurs conséquences. Il entra
à son retour au Conseil des Cinq Cents, où 11 s'oc-
cupa encore beanooop des eontribntions pobU-'
qoes et de mesures financières. En février 1 796, le
Directivire l'appela au ministère des finances. Ce
poste était diflîcile à remplir : les désordres pn>>
doits par la tourmente ^volutionnaire dans la
perception des revenus nationaux et dans les
dépenses publiques étaient loin d'être réparés :
il Callail subvenir aux besoins pressants et quo-
tidiens des nombreuses armées, et le passage des
assignats au nnméraîre vint encore compli*
qner la situation ; Nogaret, dans de telles cir-
constances, devait encourir la responsabilité de
t4Mt le mal qu'il ne pouvait empêcher, et il ne
manqua pas en effet de s'attirer de graves re»
procheB et de se faire de nerobreax ennemis. Thi-
baodeas, GenisKieo, Antonelle, Charles Duval et
antres l'attaquaieni avec une grande violence è
la tribone et dans la presse : ils l'aocosaleot
même d« s'entendre avec les fooniisseurs ; il n'en
était rien, car Nogaret se retira du ministère avec
oneaisance fort modeste, à la suite du renouvel-
lement partiel du Dhvetoire (30 prairial an vu,
18 juin 1799 ). On lui dut la première idée du
cadastre et une meilienre répartition des contri-
hitioBë. S'il ne put réparer tous les effets de
désordres qui avaient précédé son administm-
tioB, du moins, malgré la difficulté des temps,
U n'augmenta pas le déficit Remplacé par Robert
UDdet(lO juUlet 1799), il vécutdans l'obscurité
"^s le consulat et Tempire; il ne reparut sur
la Kène politique que pendant les CentJours, où
il Mcepla la préfecture du Calvados (mai 1815).
Destitué après la seconde restauration ( 8 juil-
let 1815 ), il fut forcé de s'exiler par suite de la
lot dite (Vamniatie ( 12 janvier 1816 ), et se ré-
fugia è Bruxelles, où il mourut. On a de lui :
i»et #^naiieet de la république française;
1801, in-s»; — Dm Change, du eour$ des ef-
fets jmbUe» et de Vtntirit de VargenS; 1807
et 1810, in-8%.^ plusieurs Mémoires, Rap-
porU et Opinions sur des questions financières
^ d'économie politique. H. L— a.
LBMomUeur mémnti, aoB. I7t»-i79t. — te Bu,
DUcionmairê encjfetcpédiptê de la fronce, — Biogra-
phie modems ( Paris, 181S). — Arnaiilt, Jay, Jouy et
IforrtDs, BUHfTopkiê nouvMe de» CorUemparatu ( Pa-
rte. ISM).
iiO€aRBT ( Pierre-Barthélemi' Joseph , ba-
ron de), homme politique (ïvnçais, né le 28 juiB
1762, à Marvejols (Loaère), mort le 1**^ septem-
bre 1841 , k Paris. Il étudia le drott, et fut ad-
mis au barreau dans la vue de succéder à soa
père, qui avait une charge de conseiller à la
cour des aides de Montpellier. Mais la révolu-
tion étant survenue, il en adopta les principes,
et devint un des administrateurs, puis procu-
reur général syndic du département de l'Avey-
ron, où résidait habituellement sa famille (1790).
L'année suivante, il siégea à l'Assemblée législa-
tive, et y vota avec le parti modéré. Il ne revint
aux afTaires que sous le Directoire. Élu mem-
) bre du Conseil des Cinq Cents en Tan vi, il en
fit partie Jusqu'au 18 brumaire, et accepta à cette
époque la préfecture de l'Hérault ; H la conserva
pendant quatorze ans, et lorsqull la quitta, en
janvier 1814, il reçut le titre de maître des re-
quêtes an conseil d'État Après avoir brigué
sans succès les suffrages des électeurs de l'Avey-
ron, il réussit à entrer à la chambre des députés,
en 1828; constamment réélu depuis lors, il la
présida comme doyen d'âge depuis 1837. II fut
créé baron sous Pempire. P.
Biogr. fumv. du ConUmp. — Biogr. wtodeme.— Biogr,
de» députa,
HOGARBT. Voy, CATOALB et La VALETTE.
ROGABi ( Paride ) , peintre de l'école ro-
maine, né à Rome, mort à l'âge de soixante-
cinq ans, sous le pontificat de Clément Vin
(1592-1605). Élève et imitateur de Raflaellino da
Reggio, il a surtout peint la fresque avec une
grande habileté de main. Ses ouvrages en ce
genre sont nombreux à Rome; les principanx
sont : Saint Sylvestre au mont Soracte et la
Construelion de saint Jean de latran dans
cette basilique, et diverses autres compositions à
Sainte-Marie-Majeore, à Sahite-Suzanne, à Saint-
Jérôme - des - £sclavons , à Santa - Maria - in-
Trastevere, et au Vatican, à la voûte de la
salle ducale, dans la Galerie des cartes, et à la
troisième loge de la cour des loges. A âainte-
Marie-Majeore , on voit un bon tableau de No-
gari, représentant Sainte iMde, £. B— n.
Unxl, SUnria pittwrlea. -^ Bi^Uone, ^lf« deT pil-
tori, ete„ dmi trs al tMt. — Tlcocil, DisUmario, ~
Pliioleti, Foticaïuf lUuttraio, - Pistulesl, i)e»eriUoim
dtRoma.
NOGARi ( Giuseppe ), peintre de l'école vé-
nitienne, né à Venise, en 1699, mort en 1763.
Il fut élève d'Antonio Balestra, et peignit avec
un égal talent le portrait, le tableau de genre
et l'histoire. Parmi ses ouvrages de grande pro-
portion, on cite le Saint Pierre qu'il peignit
pour la cathédrale de Bassano, tableau qui rap-
pelle à la fois le style du Balestra , et celui du
Piazzetta. Cet artiste fut longtemps employé à
la cour de Turin et à celle de Modène. Le mu-
109
JNOGARr - NOHEN
:eoo
fiée de Dresde possède de nombreux ouvrages
de Mogari , plusieurs tètes de TieiHard , une
Madone et un Saint Pierre, Ces tableaux sont
passés en Allemagne, lorsqu'en 174(i le duc de
Modène François III vendit la plus grande partie
de sa galerie à l'électeur de Saxe. A la même
époque Nogari exécuta une copie de la Nuit du
Corrége, destinée à remplacer l'original, que 11-
talie allait perdre. Cette copie, après être allée en
France orner la chapelle Fescti, est revenue à
Modène, où elle se trouve dans la galerie avec
un autre tableau de Nogari, un Homme tenant
une coupe, £. B— 5.
ZaaettI, JMla plUwra f^tn^iAona» — Unil, Storia
fUtoriea, — Camport, CU ÂrUitt nêçti staU esterut.
— OrlandI , Àbbecedario. — Catalogua de Drude.
ROGAROL* {Isottà), Italienne célèbre par son
savoir et son esprit, née à Vérone, vers 1420,
morte en 1466. Elle était fille de Léonard Noga-
rola et de Blanche Borromée. A cette époque, où
la renaissance des lettres se préparait, une ardeur
extraordinaire pour Tinsti uction s'était emparée
des classes les plus distinguées de la société.
. Isotta, qui appartenait à une des premières fa-
milles de Vérone, se fit remarquer par un savoir
qui sembla admirable aux contemporains, si on
en juge par les éloges dont elle fut comt>lée. Elle
assistait aux réunions de doctes personnages
qui se tenaient chez Louis Foscarini, patricien
de Venise et podestat de Vérone. Un jour on
débattit dans cette assemblée la question de sa-
Toir qui d*Adam on d'Eve avait été le plus cou-
pable ? Isotta plaida pour Eve, et déduisit ses
raisons dans nn dialogue qui parut près d'un
siècle après sa mort : Dialogus guo utrum
Adam vel Eva magis pexcaverit^ quxsthota-
tu noto, sed non adeo explieata continetur;
Venise (Aide), 1563, in 4*. C'est la seule pro-
duction d'Isotta Nogarola qui ait été publiée ;
plusieurs bibliothèques d'Italie contiennent d'elle
des liarangues et des lettres inédites. Elle ne se
"" maria pas, et mourut à un âge peu avancé, à
trente-huit ans, selon Philippe de Bergame ; mais
cette date parait fausse.
On a quelquefois confondu Isotta Nogarola
avec Isotta degli Atti, d'abord maîtresse, puis
femme de Sigismond-Pandolphe Malatesta, sei-
gneur de Rimini. Isotta degli Atti mourut en
1469. « Si l'on en croit les poètes de son temps,
dit Ginguené, elle avait autant d'esprit et de
talents que de beauté : c'était en poésie une au-
tre Sapho ; mais ils disent aussi qu'elle était en
Tertu et en sagesse une autre Pénélope, et le
premier rôle qu'elle avait joué auprès de Sigis-
mond Malatesta nous apprend à juger de l'une
de ces comparaisons par l'autre. » Z.
Marrd, rerona Uimtrata. - TtraboichU Storia délia
latteraêura Italiana, t. VI. part. II. p. lis. - Giaffaené.
autolra hUéraire de fltatU, t. III, p. UT, SIS
KOGBBRA (GiambatlUta), littérateur italien,
né en i7l9, à Berbeno(Valteline), où il est mort,
le 7 novembre 1784. Admis en 173& chez les
Jésuites» il prononça en 1763 ses vœux définitifs,
professa la rhétorique à Milan et l'éloquence sa-
crée à Vienne, et Ait employé par son ordre à
écrire contre ceux qui en provoquaient la des-
truction. Ses efforts devinrent l^tôt innttles;
on lui enjoignit de ne plus écrire, et affligé di*
se voir réduit au silence, il se retira en 178?.
dans sa ville natale. Ses principaux ouvrages
sont : De Véloquence sacrée moderne ; Milan,
1763; — Discours de Démosthène, traduits
et enrichis de notes; Milan, 1763; — De Vin-
faillilnlité de V Eglise chrétienne; Bassaoo,
1776; — Décousis eloquentix; Bassano, 1786;
— Réflexions s%ir les nouveaux sysièmts
d'enseigner les belles- lettres ; Bassano, 1787.
Tous les écrits de Noghera ont élé recueillis, en
17 vol. in-8* ( Bassano, 1790 ). P«
DizUmario iMtorieo bauameie,
iiOGUKZ {Pierre), médedn français, né vers
1685, k Sauveterre (Béam). Après avoir exercé
pendant plusieurs années son art dans Ille de
Saint-Domingue, il revint à Paris, et fut nommé
démonstrateur d'histoire naturelle au Jardin du
Roi. L'époque de sa mort n'est pas connue. On
a de lui : UAnatomie du corps de V homme en
abrégé; Paris, 1733, 1736, in-i3 : ouvrage oom*
pilé en grande partie d'après celui de James
Keill ; — Sanctorii a Sanctoriis De statica me-
dica aphorismorum sectionibus Vil distinc-
torttmexplanalio, nofis aucta; Paris, 1735,
3 vol. in-13. Il a traduit de l'anglais : Traité sur
Vopération de ta taille par U haut appareil
(1734, in-13), de Cheselden; — Relation du
succès de Vtnoculation de la petite vérole
dans la Grande-Bretagne (1735, in- 13)9 de
JavMêJann; — L'Existence de Dieu démontrée
par les merveilles de la nature ( 1735, 1740,
in-4*), de Nieuwentyt,qui avait écrit cet ouvrage
en hollandais; — Traité des vertus médicales
de Veau comintiiie (1736, in- 13), de Smiih, et
Géographie physique (1735, in-4<*) de Wood-
ward. P. L.
n«xelroerls, Dicl. kUt, de la tiÊédeeine.
nosvnm { Antoine) , historien français, né
à Toulouse, où il est mort, vers 1570. On ignore
les particularités de sa vie. Il a composé plu-
sieurs ouvrages médiocres , parmi lesquels nous
citerons : Eridographie en rimes; Toulouse,
1553, in-4*;— Histoire tolosaine ; \b»d., 1569,
pet in-fol.; elle s'arrête en 1333, à la mort de
Philippe-Auguste; malgré les formes ampoulées
du style, on 7 trouve beaucoup de détails inté-
ressants. Sans l'annoncer, Pfoguier a reproduit
servilement tout ce que «es devanciers Nicola»
Bernard et Etienne de Ganno avaient raconté
des annales de Toulouse. P. L.
Biogr. rotrloniaine. II.
HOBBif (Jean), historien allemand, ne à
Hirschfeld» vers le milieu du quinzième siède,
a écrit en allemand une Chronique de la Hesse
depuis Jules César fusqu'en 1630^ publiée en
1733 par Senkenlwrg, (ivi l'a reproduite dans ses
Seleeta juridicact Mstorica, t. V, ainsi qu'une
JOl
I90HEN —
Genealogia comitum hennebergensium , en
manuscrit à la bibliothèque de Dresde. O.
Feller, Mcmuatmita inedUa.
NOiilTBL {Charles- François Oubr, mar-
quis de), diplomate français, né dans la pre-
mière moitié du dix-septième siècle, mort le
31 mars 1685. Fils d'un magistrat, il suivit la
carrière de la robe, fut nommé conseiller au par-
lement de Metz, puis en 1661 à celui de Paris,
et reçut on peu plus tard le titre de conseiller
d'État. Il employait ses loisirs à Tëtode des
belles- lettres et des antiquités, goût qni lui
lit visiter l'Italie et TOrient. Lorsqo'en 1670
Louis XIV, après avoir été sur le point de décla-
rer la guerre à la Porte, se décida, sur les ins-
tances de Colbert , à envoyer à Constantinople
un nouvel arolNissadeur à la place de Delabaye,
intrigant incapable, il chargea Nointel de la
mission difficile d*aiter rétablir les rapports de
bonne harmonie entre la France et le Divan.
« Nointel, dit M. Th. Lavallée dans son article
sur les Relations de la France avec FOrient,
dans la Revue, indépendante ( novembre 1643),
reçut de Colbert les instructions les plus détaillées
et les plus sages. Il devait demander le renouvel-
lement des capitulations avec les changements
suivants : que le droit de douane fût réduit de
cinq à trois pour cent ; que les saints-lieux, occu-
pés par les Grecs, fussent rendus aux Latins ; que
les étrangers qui n'avaient pas d'ambassadeur à
la Porte ne pussent naviguer dans les mers ottoma-
nes que ious la bannière française; que les mar*
diandises françaises qni venaient des Indes eus-
sent libre passage par la mer Rouge età travers l'E-
gypte : il regardait TÉgypte comme la vraie route
des Indes, et voulait par là ruiner le commerce des
Anglais et des Hollandais en Asie. » Le 22 octobre
5ointel entra dans le port de Constantinople avec
trois vaisseaux de guerre ; il avait fait demander
si les iMtteriesdu sérail lui rendraient le salut;
$ur une réponse négative, il s'avança sans faire
Jai-inéme le salut habituel. Les Turcs specta-
teurs étaient dans l'exaspération; un coup
de mousquet partit et blessa un matelot fran-
çais. Le commandant de l'escadre, d'Aprémont,
allait engager le comliat, lorsque sur le c6nseil
de llnlerprète Fontaines, la sultane vralidé,
«'adressant à la galanterie des Français, demanda
le salut pour elle-même; aussitôt les navires
français se pavoisèrent de leurs plus riches
pavillons, et toutes leurs pièces détonnèrent en
honneur de la sultane , ce qui mit fin à ce fA*
cbeax incident Nointel ne devait, selon ses ins-
tructions, communiquer ses demandes qu'an
soKan en personne, pour lui faire connaître les
vexations que le grand vizir KupruU avait dans
ces derniers temps prodiguées aux envoyés de
la France ; mais il lui fut impossible d'obtenir
une audience du sultan avant d'avoir remis à
Kupnili les trente-deux articles dans lesquels
Haient formulées ses réclamations. Knpruli les
traita d'exorbitantes , et feignit de ne pas les
NOINTEL 20Î
croire émanées du gouvernement français;
Nointel fut obligé de s'engager à produire dans
six mois une lettre de son souverain conforme
aux demandes qu'il avait présentées. Ce ne fut
qu'alors qu'il obtint d'être reçu en audience so-
lennelle ; il fit au vizir une longue allocution ; Ku-
pruli ne lui répondit que par des épigrammcs.
Nointel fut ensuite amené en présence du sul-
tan ; les chambellans qui lïntroduisirent, trou-
vant qu'il n'inclinait pas la tête assez profonde-
ment, la lui courbèrent si brusquement, qu*il
fit nne chute par terre (1). Peu de jours après
il reçut du vizir la proposition de renouveler
simplement les anciennes capitulations ; il s'em-
porta alors en menaces; Kupruli lui répliqua
que les traités de commerce que la Porte accor-
dait à ses alliés étaient une grâce qu'il fallait
accepter comme elle était accordée, et qu'on ne
les avait jamais obtenus que par la douceur; que
du reste s'il n'était pas satisfait, il n'avait qu'à
retourner dans son pays. Ce langage insolent,
dicté au vizir par Panajoti, premier secrétaire
du Divan et vendu à l'Autriche, fut transmis k
Paris par le chevalier d'Arvieux ; il excita chez
Louis XIV un violent courroux. Bientôt il ne
fut question en Europe que de la guerre à ou-
trance que la France allait entreprendre contre
les Turcs (2). A la nouvelle qne des armements
se préparaient à Toulon , Kupruli se montra
plus traitable; mais voyant bientôt après la
France occupée de la guerre contre la Hollande,
il mit dans les négociations la plus grande len-
teur. Cependant ayant appris les succès écla-
tants des armées françaises, il s'alarma et signa
enfin, le 5 juin 1673, de nouvelles capitulations,
plus avantageuses pour la France que celles de
1604. Les droits de douane en effet étaient ré-
duits de cinq à trois pour cent ; les catholiques
redevenaient possesseurs des lieux -saints et
recevaient le droit d'y aller librement en pè-
lerinage. Quant au passage par la mer Rouge,
il ne put être obtenu à cause de l'opposition
persistante de l'iman de La Mecque. Trois
mois plus tard Nointel entreprit un long voyage
aux Echelles du Levant, pour y étudier com-
ment le commerce et l'influence de la France
pourraient encore y être étendus. Après avoir
visité les lies de l'archipel, Rhodes et Chypre,
il parcourut la Syrie, la Palestine, la Morée et
le reste de la Grèce. Il recueillit beaucoup de
bas-reliefs, de médailles, d^inscri plions, etc., qui
se trouvent aujourd'hui en grande partie dans
les collections publiques de Paris. Il fit aussi
prendre par le peintre Carrey (voy, ce nom),
qu'il avait emmené avec lui , un grand nombre
de dessins d'après les monuments de l'antiquité,
pUisdedeux cents, entre autres, dans le château
(1) Cette clrconslAnce . dont ne parlent pas les histo-
riens français, est rapportée dam la Beiation du résident
Impérial CaMoova.
:i) C'e&t a cette occasion que LeIbnU (roy. ce nom )
adresM à Lools XIV son Proftt tur la etUonUation de
t'Éçifpte par le» Européen»,
303
NOINTEL
d'Athènes (1). Signalons encore qu'il fit célébrer
avec grande pompe les fêtes de Noël (1673) dans
la fameuse grotte aux stalactites d'Antiparos, où
de mémoire d'homme personne n'avait osé se
hasarder. Rappelé à Constantinople au commen-
cement de 167Ô, pour y travailler à U paix entre
la Porte et la Pologne, Nointel ne put empêcher
que la garde du saint-sépulcre ne fût remise
aux Grecs. A l'avénemeut du nouTcau vizir
Kara Mustapha , il chercha à le pousser à la
guerre contre l'Autriche et lui fit à cet effet re-
mettre les plans des forteresses de Raab et de
Comom ; le vizir était assez disposé à écouter
ces suggestions, mais il se brouilla peu de
temps après avec l'ambassadeur français, qui,
deyant être reçu en audience solennelle, ne
Toulut pas accepter que son tabouret fût placé
au-dessous du sofa où le vizir Kara Mustaplia
allait prendre siège (2). Nointel quitta immédia-
tement Constantinople^ et alla habiter une mat-
son de campagne. Quelques mois plus tard, il
célébra, par de grandes réjouissances, les vic-
toires de Louis XIV en Flandre ; Kara Musta-
pha en prit prétexte pour se déclarer insulté par
ces démonstrations de joie, et ordonna à Noin-
tel de revenir dans son hôtel à Constantinople,
et de n'en point sortir. Cette défense fut levée
par la suite, bien que Nointel persistât jusqu'à
la fin dans ses prétentions au sujet du tabuuret.
En 1679 il fut rappelé, sur les plaintes des né-
gociants des Échelles, auxquels il avait emprunté
de fortes sommes, pour entretenir »on grand
train de maison et pour l'acquisition de beau-
coup d^objets d'antiquité et de curiosité. Ses
dettes furent payées par le gouvernement fran-
çais ; mais à son retour en France il se vit ac-
cueilli très-froidement et fut même, dit-on, exilé
pendant quelque temps. 11 mourut à Paris, d'une
attaque d'apoplexie. O.
Flauan, HUtoirB de ta diplomatie françaUê^ L I V. —
Chardin, f^OMoge. — D'ArviMii, Mémaireâ. — U GrolXt
Mémoires.
roiiItbl (De). Foy. Cholct (Jean).
iioimtillb(De). Voy. Dcrey.
ROI a (Jean Le), prêtre janséniste « né à
Alençon, en 1622, mort à Nantes, le 22 avril 1692.
Fiis d'un conseiller au présidial d'AIençon, il de*
vint en 1652 chanoine théologal de Séez, et se
livra avec succès au ministère de la chaire, tant
en Normandie qu'à Paris. Son caractère ardent
et emporté lui suscita de fâcheuses affaires.
Soupçonné avec quelque raison d'être favorable
(1) Le cabinet des estampes de la BlbUolbéqne Impé-
riale de Parla possède un prteleui recneU de dessins
pris par Carrey dsns le Partbénon avant la détériora-
tion de ce temple.
|t) Ld vlzlr ajaot malnteDa qne Nointel serait plaoé aa-
dessous de lui, l'ambassadeor déclara que Kara Musta-
pha pouvait disposer du tabouret, raats non de sa per-
sonne. Il fut alors »alsl par deni huissiers, qui le Jetè-
rent en bas de Testrade, en s'écriant : « Déeampe,
ghtaour 1 * Ce fait» omis par les hMorlcns françah, est
relaté dsns 1rs lîapporti un résident Impérial Klnds-
berg
— NOIR 204
au jansénisme, il prêchait le carême à Argentan^
lorsi|ue des catholiques exaltés s'avisèrent d'éle-
ver dans im carrefour de la ville une statue Ae
la Vierge foulant aux pieds un énorme serpent
qu'ils disaient être le théologal de Séez, et defant
laquelle ils allaient chaque soir chanter les lita-
nies où ils inséraient ces paroles : Virgo extir-
pairix jansemistaruvL. Quelques-uns se ren-
dirent même en procession itisqu'à Séez en tai-
sant entendre le même chant. De pareilles scènes
n'étaient que risibles ; mais l'abbé le Noir essuja
bientôt des affaires qui passèrent le ridicule.
Brouillé avec M. Ronxel de Médavy, évêque de
Séez, qui avait donné un mandement pour la po-
Irfication du Formulaire, il l'accusa de plu-
sieurs erreurs, notamment d'avoir laissé paraître
uo ouvrage intitulé : Lf. Chrétien champêtre,
dont un laïque était l'auteur, et où on lisait eo
termes exprès : « qu'il y avait quatre iier^nncs
divines qui devaient être l'objet de la dévotioD
des fidèles, savoir : Jèsas-Christ, saint Joseph,
sainte Anne et samt Joachim ; que Notre Seignt'or
était dans le saint-sacrement de l'autel, comme
un poulet dans la coque d'un œuf. » Le théolo-
gal présenta requête à Louis XIV, en raccom-
pagnant d'une dénonciation de plusieurs propo-
sitions qu'il croyait hérétiques, fl publia à ce
sujet des écrits ^ oii il franchissait toutes les
homes de la modération. M. de Médavy, nommé
archevêque de Rouen , ne fut pas à l'alni de U
plume mordante de i*abt)é, qui prit également à
partie M. de Hariay, devenu ai^evêf|ue de
Paris. Des commissaires, désignés pour le juger,
le condamnèrent, le 24 avril 1684, à faire amende
honorable devant l'église métropolitaine de Paris
et aux galères à perpétuité. Quelques jours
après , les jansénistes répandirent une sorte de
complainte latine dans laquelle on disait « qu'il
était >iotr de nom , mais blanc par ses 'vertu>
et par son caractère ». L'arrêt ne fut point exé-
cuté dans toute sa rigueur. Le pauvre abbé le
Noir fut conduit d'abord à Saint«Malo , puis en
1686 dans les prisons du château de Brest , et
enfin en 1690 au château de Nantes. On a de
loi : une traduction de V Échelle du cloître,
ouvrage attribué à «aint Bernard ; .» les At^n-
toges incontestables de f Église sur les cal-
vinistes; Paris et Sens, 1673, ln-12; — les
Nouvelles Lumières politiques, ou C Évangile
nouveau ; 1676 et 1687, în-12 : ouvrage qui ar-
rêta la publication d'une traduction française de
VHistoire du Concile de Trente, par le car-
dinal Pellavicini , et qui eut une troisième édi-
tion, sous le titre de : Politique et Intrigues de
la cour de Rome ; 1696, in-12 ; — V Évêque de
cour opposé à Vévêque apostolique; Cologne,
1682, 2 vol. in-12 ; — Lettre à M^ la duchesse
de Guise sur la domination épiscopalc et sur
l'usage des lettres de cachet surprises par quel-
ques évêques pour opprimer les ecclésiastiques
du second ordre; 1679, inl2; — plusieurs
antres brochures, remarquables surtout oar la
SOÔ
NOIR — NOISETTE
liardiesse avec laquelle il attaque non-seulemeiit
là doctrine , mais encore les mœore de ses su-
périeurs ecclésiasUqaes. Il y décide, entre autres,
qii*un évêque coupable de quelque crime est
ipso facto déchu de l'épiseopat^ quoiqu'il ne
Boit ni jugé, ni condamné, ni déposé canoniqoe-
nent. Un tel principe est très-dangereux et con-
traire à toutes les anciennes lois de l'Église.
H. FiSQUET.
^uppiém. aar Néerot, if« Pcrt'RofM, nss. — Dicttonn,
kùt, des auUurt teclét. — FcUer, DieL kUt.
KOIB (Le). Fojf. Lbroir.
KOIR.ET (Jean-Adolphe), calculateur fran-
çais, né en 1769^ mort en 1832, à Paris. Il fut
employé dans les inreaus de la Banque de France
et publia divers ouvrages utiles au commerce
et aux administrations, notamment : Tartfgé-'
nnal de la réduction des anciennes mon-
naies en francs ; Paris, 1810, in- 18 ; — Comptes
faHM de l'escompte à 4 0/0 par an depuis i
franc Jusqu'à 1 million; Paris, 1810, in-12;
— Tari/ ou CoMptes faits de multiplication
et de division en francs ; Paris, 1811, in-S";
ce barème , exécuté sur les principes du calcul
flérirnal, présente 126,000 comptes faits soit en
francs ou en foute autre espèce de monnaie,
*o\i en poids ou mesures nouveaux ou anciens,
français ou étrangers; — Aperçu d'une mé-
thode trèJ-abrégée de faire l'escompte ; Paris,
)83f., inS». K.
QncFard. Frante Uttér,
l n oiRViEV {Louis- François fiîk^Tîii oe),
écriTain ecclésiastique français, né à Sainte-Me-
nehoold (Marne), le 5 juin 1792. Après avoir
fait ses humanités au lycée de Reims, il vint à
Paris en 1810, et fut nommé Tannée suivante
professeur au séminaire de Saint-Nicolas-du-
Chardoanet, où il enseigna successivement les
classes de seconde et de rhétorique. En 1816
il se rendit & Rome, y reçut la prêtrise en mars
1816, et suivit avec surcès pendant quatre années
les cours de théologie à l'irniversité de la Sa-
piencc. A son retour en France, il devint aumô-
nier de l'Éooie polytechnique, et exerça ces fonc-
tions jusqu'en 1826. A cette époque, Charies X
l'appela auprès de son petit-fils, le duc de Bor-
deaux, en qualité de sons- précepteur. La révo-
lution de 1830 le surprit en Allemagne, oit il
voyageait pour des motifs de santé. Obligé, bien-
tH après, de chercher un climat plus doux, il
retourna à Rome, où pendant deux ans il con-
sacra ses loisirs à Tétude de la langue hébrûque
et de l*Écriture sainte. Revenu en France en
1833, il y vécut dans la retraite et prêcha quel-
ques stations dans différentes paroisses de Pa-
ns. En 1840, M. AITre, archevêque de Paris, le
nororaa curé de Saint-Jacques-do-Haut-Pas, et
à la fin de 1848 M. Sibour le fit passer à la cure
ch» Saiot-Lonis-d'Anlîn qu'il administre encore
Aujourd'hui. Ona de M. de Noiriieo : La Bible de
l'En/ance, ou histoire abrégée de ^Ancien et
du 1%'oupeau Testament; Paris, 1836, in-18, et
plusieurs autres éditions ; — - Histoire abrégée de
la religion chrétienne, depuis l'Ascension de
JésuS'Chrisl jusqu'au dix-neuvième siècle (P^
ris, 1837, in-18);' Souvenirs de Tusculum,
ou entretiens philosophiques près de la maison
de campagne de Cicéron (Paris, 1833, in-12);
— Le Consolateur des affligés et des malades
(Paris, 1836, in- 12); — Motifs de la conver-
sion d'un protestant (1837, in- 12); — expo-
sition abrégée et preuves de la doctrine chré"
tienne (Paris, 1842, in-18); refondu complète-
ment, sons le titre de : Exposition des dogmes
principaux du christianisme {Pans, 1853 et
1858, in-12); — Le Catéchisme expliqué aux
enfants de huit ans (Paris, 1858, in-12); —
Catéchisme philosophique, à l'usage des gens
du monde (Paris, 1860, in-12).M.deSacya fait
réloge de ce dernier ouvrage dans le Journal
des Débats du 30 avril 1861. H. F.
Docwn. partie.
jxoiROT (Joseph-Mathias , abbé), phflo-
sophe français, né à Latrecey ( Haute-Marne ),
le 24 février 1793. Fils d'un commissaire ter-
rier du duc de Penthièvre, il fit ses études au
collège de Langres, puis au grand séminaire de
Dijon. Ordonné prêtre en 1817, il professa aux
collège^ du Puy et de Mouliod, et occupa pendant
vingt-cinq ans la chaire de philosophie au collège
royal de Lyon. Son enseignement eut un grand
éclat. A la fois catholique et rationaliste, il place
la vérité révélée au-dessus des lumières na-
turelles ; mais admettant une autre source de
vérité que la tradition historique, il reconnaît
à la raison humaine le pouvoir de s'élever par
elle-même à la connaissance des principales
vérités morales et métaphysiques. On cite parmi
ses élèves MM. Ozanam, Ponsard, de Laprade,
de Parieu, H. Fortoul , Gourjn , etc. M. l'abbé
Noirot a été nommé 1[ 9 mars 1852) Inspecteur
général de renseignement primaire, puis inspec-
teur général de l'enseignement secondaire (1853)
et recteur de l'Académie de Lyon (22 aoftt 1854).
Retraité le 22 octobre 1856, il est depuis le
29 août 1850 officier de la Légion d'honneur.
Ses Leçons de philosophie, déjà publiées par
M. Gourju, l'ont été de nouveau par H.-J.-B.
Tissandier; Paris, et Lyon, 1352, in-8^ H. F.
Doamt. partie.
noiSETTB ( Louis-Claude), agronome iVan-
çais, né le 2 mai 1972, à Chfltillon, près Paris ,
mort le 9 janvier 1849, à Paris. 11 était fils d*un
jardinier, qui dirigea les cultures de Brunoy,
lorsque ce domaine fut acquis par le comte de
Provence. Atteint par la réquisition de 1793, il
fut incorporé dans on régiment d'infhnterie et
obtint son congé en 1795. Nommé aussitôt jar-
dinier du Val-de-Grâce, il donna ses soins au
jardin de botanique et aux serres de œt hôpital ;
mais sa place ayant été supprimée vers 1798, il
prit à loyer quelques terrains du faubourg Saint-
Jacques, et commença de travailler |)our son
propre compte. Vers 1806, il fonda un établisse-
aor
NOISETTE — NOLA
208
ment qui ft*enricliit bientôt de toutes les plantes
remarquables que possédait alors l^horticultare
française, entravée par le défaut de relations
inaritiines. Peu de temps après il suivit en Au-
tricbe le prince d'Ësterfaazy, qui l'avait chargé
des plantations de ses vastes domaioes. Sous la
restauration il fit un voyante en Angleterre, et ac-
quit à son retour à Fontenay-au\-Roses un ter-
rain destiné à une pépinière d'arbres fruitiers;
cet établissement fut transféré en 1836 à Mont-
xouge. A la même époque (1823), il s'occupa de
r^ve du bétail dans une ferme située dans les
environs de Coulange-la-Vineuse (Yonne). On
doit à Noisette l'introduction ou la première cul-
ture d*un grand nombre de plantes rares de l'A-
mérique ou des Indes. 11 faisait partie de plusieurs
sociétés agricoles et liorticoles de la France et
de rétrangfT ; plusieurs d'entre elles lui ont dé-
cerné des prix et des médailles. Le 8 mai 1840
il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur.
On a de lui : Le Jardin fruitier; Paris, 1813-
1821, in-4*, pi. : cet ouvrage , contenant l'his-
toire, la description et la culture des arbres
fruitiers , des f^sierset des meilleures espèces
de vignes d'Europe, a été rédigé par le docteur
L.-A. Gautier ; une 3* édition, considérablement
augmentée, a paru en 1832-1839, 2 vol. gr. in-s^*,
avec 159 pi. col.; — Manuel complet du Jar-
dinier maraîcher t pépiniériste , botaniste,
fleuriste et paysagiste; Paris, 1825-1827,
4 vol. in-S", avec un Supplément ( 1828, in-S»);
rédigé par Boitard le naturaliste ; ^ Catalogue
général des arbres, arbustes et plantes cul-
tivés par L. Noisette ; Paris, 1826, in-d"* ; —
Manuel du jardinier des primeurs, ou Fart
de forcer les plantes à donner leurs fruits
ou leurs fleurs dans toutes les saisons ; Pa-
ris, 1832, in- 18, fig. rédigé par BoiUrd; —
(avec Malepeyre, fiossio et Boitard ) V Agricul-
teur praticien, -ou revue progressive d^agri-
culture, de jardinage, d*économie rurale et
domestique ; Paris, 1839-1847, 8 vol. hi-8°. Il
a mis en ordre etpublié avec Boitard V Annuaire
populaire de la France (Paris, 1840-1841,
2 vol. in- 16), et avec Hocquart Le Jardinier
pratique ( 1846, in- 18), et il a fourni des notes
on des articles au Bon jardinier (depuis 1817),
an Dtc^toniiaire d'agriculture de François de
NenfchAteau ( 1827), an Journal des connais-
sances utiles, aux Annales .de Flore et Po-
mone, etc. P. L.
Roaiwlon, iVo(ie« ti^crolof . iw* L. NoUttU { Paris ,
1S4S, tn-8^, eitr. dct jinna lêt delà Soc. oantrate iFUor-
ticuUun de Pariii 1849.
jfOiZBT i Pierre), littérateur français, né
vers 1550, dans la Thiérache (Picardie). Il
était prêtre, docteur en droit cItII et canon, et
recteur de l'université de Reims, où il professa
longtemps la philosophie et la jurisprudence. On
a de lui : Antitopica {sive locorum contra*
rietates) de morali Artstotelis philosopMa;
Beims, 1589, in-8*; — La Christianopédie ;
Reims, 1612, in-t2, sorte de catéchisme appuyé
sur des passages tirés de l'Écriture. K.
Marlot, HUt. âê la métropole ào Rêlmi, II. ML -
BooUlot, Bioçr. ardennaUe.
R oiZBT- SAINT - 1»AI7L ( Jeott • Fraçnoii-
Gaspard) , écrivain militaire (Vançais , ne le 2
novembre 1749, a Hesdin ( Picardie )i nrartle
3 aoôt 1837. Élève de l'école de Méxières, il fit,
dans l'arme du génie, les premières campagnes de
la révolution. Nommé chef de brigade, le 8 ven-
tôse an i y ( février 1 796), il ftit, en l'an vil, appelé
au commandement de la place d'Arras, qu'il ooe-
serva jusqu'à la seconde rentrée des Bourbons; oo
lui donna alors le grade honorifique demaréebil
decamp(l*' aoôt 1815). Détachéen 1801 sons les
ordres, de ramval Latonche-Tréville , il avait
mis Boulogne en état de défense et s'était fait
remarquer dans les attaques dirigées par Nelson
contre cette ville. Hsk 1809 il entra au Corps lé-
gislatif comme député dn Pas-de-Calais. Oo a de
lui : TraiU complet de fortification ; Paris,
1792, in-8«; 3* édit., augmentée ; ibid., 1818,
2 vol. in-8*, pli : le marquis de Montalembert
publia sur oe traité deux mémoires insérés dans
son grand ouvrage VArt ito/eiis(/(tX,1793};
— Éléments de fortification à rusage des
é^a/s-majorsiiefonii^; Paris, 1812,in-8". P-
Fastes delà Ugloa d'homuar, lit. — QaCnrd, Fract
IttUr.
NOLA (Giovanni Màruano, dit GiovanntDà),
sculpteur et arcliitecte italien , né à Nola, près
de Naples, mourut octogénaire dans le coarant
du seizième siècle. Élève d'Agnolo Aniello Fiore,
maître très-renommé à Naples à la fin du quin-
zième siècle, il s'adonna d'abord à la sculpture
en bois» puis il se rendit à Rome, où il ne pot
obtenir de travaux de Michel- Ange. De retoor
à Naples, il y fut chargé de nombreux travaux
pour les églises, les places et les palais. Il prit part
aux décorations des fêtes splendides qui , soas la
direction du poêle Sannazar, eurent lieu à Naples
à l'occasion de l'entrée solennelle de Charles-
Quint. Une circonstance bien différente luiroarnit
l'occasion d'exécuter les tombeaux des trois mal-
heureux frères Giacomo, Ascanio et Slgismoado
Sanseverino, empoisonnés, le 5 novembre 1M3,
par la femme de leur oncle. On peut reprocher
un peu trop de symétrie à ces monuments, uni-
formément composés de la statue du jeune mort
assise sur un sarcophage; ils sont placés dans la
chapelle de leur famille, à droite du choeur àfi
l'église de San-Severino. Le mausolée de Pierre
de Tolède, commandé à Giovanni da Nola par le
vice-roi lui-même, et placé dans l'église Saiot-
Jaoqaes-des-Espagnols, est l'oauvre la plus ioi-
portante de cet artiste. Sur le soubassement le
vice-roi est agenouillé auprès de sa femme, dont
il est séparé par un casque posé à terre ; aoi
quatre oohks sont des statues des Vertus qui, par
leurs proportftms, leurs formes, leorb draperies,
leur expression, sont au nombre des plus belles
figures allégoriques qu'ait vues uaitrele seixièoie
209 NOLA — KOLl
«iède. £o t530, Giovanni avait exécuté dans
réglise Sainte-Claire le tombeau et la touchante
«tatoe d'Antonia Gandino, jeune fille ravie à Tâge
de quatorze ana à ses parents. E. B— n.
Oeogoara, Storia d«Ua Meuttmra. — Orlandl, dbbéct-
dario. " G. Galantl, tiavo^i • conUmi.
BOLAHT. VO^. FaTOUVILLB (De).
50LASQrB (Satn (-Pierre). Voy. Pierre.
ROLDB ( Adolphe-Frédéric) t médecin alle-
mand, né à Neubrandebourg, le 1*' mai 1764,
mort le 2 septembre 1813. Après avoir enseigné
pendant quinze ans la médecine à Rostock , il
devint en 1806 professeur au collège médical de
Bronswick et directeur de la maison d'accouche-
ment ainsi que médecin de la cour; en 1810 il
obtint une chaire à Halle, où il fut en même
temps nommé directeur de la clinique. On^a de
loi : Gallerie der alteren und neueren Gt-
sunriheitslehrer fur das schône Geschlecht
(Galerie des anciens et nouveaux conseillers
d'hygiène pour le beau sexe); Rostock, 1794-
1801, 2 vol. in-8*; — Semerkungen aus dem
Gebiele der ffeilkunde und Anthropologie^ in
Jiostock gesammeli (Observations médicales et
anthropologiques, recueillies à Rostock; ; Erfurt,
1807, îD S** ; — Die neuesten Système teuUcher
QthurUhelfer (Les Systèmes ies plus nouveaux
^is en Allemagne sur les accouchements);
ibid., 1808, in-8* ; — une quinzaine de mémoires
et dissertations. O.
Meiuel. GeWirUs TeuUchland. — Rotermund, Sup-
pkmMt i JAcher.
HOU (t) {Antonio Dà), connu dans les fastes
maritimes portugais sous les noms à*Antoniotto
Uso ni MàRB), navigateur génois, né vers 1419,
mort vers 1466. Il apJMrtenait à une famille pa-
tricienne, et reçut ane bonne éducation. Il se
trooTs compromis plusieurs fois dans des agi-
tations politiques, et dut enfin quitter sa patrie.
Il s'expatria en 1449, et, séduit par la réputa-
tion de l'infant don Henrique , duc de Viseu et
àt Cofilbam, qui par tous les moyens encoura-
geait les découvertes et attirait les meilleurs
nurins de l'I^urope, Noli se rendit en Portugal
arec trois bAtiments bien équipés. L'infant le
f^ avec honneur, et l'attacha même à sa per-
sonne. Reconnaissant son habileté, il ne tarda pas
^ l'emptoyer pour étendre et préciser la connais-
«tteedes côtea de l'Afrique occidentale. Noli fit
plDsieiirs expéditions dans ce bot; mais les ré-
nltats ne nous en sont pas connus. Ils devaient
^re satis&isants, puisqu'on mars 1455 il com-
nundait encore deux navires destinés à de nou-
velles explorations. Entre l'embouchure du Sé-
0^ et le cap Vert, près du rio Condamel, il
fit la rencontre do célèbre Vénitien Alvizio Cada-
Nosto, qoi cherchait aussi des terres nouvelles.
Il» unirent leurs fortunes, et continuèrent à s'a-
»«iicer ver» le and. Us doublèrent le cap Vert,
(J) Ce nom ae trovre souTent écrit da NoUe dans les
jwneik portogaU. maU celai ô'Dsodtmare a prévalu,
^mpoarqaol le» relation» dea Tovagra de Cada-Mottu
»« donnent paa le ooin de If oU à son compagnon.
no
découvrirent le golfe de Corée, lièrent des re-
lations amicales avec deux peuplades riveraines,
qu'ils nonlmèrent les Barbarins et les Serères,
et à soixante milles au delà du cap Vert ils firent
aiguade à l'embouchure d'un cours d'eau qui fut
appelé Barbasini: Les navigateurs entrèrent en«
suite dans un magnifique fleuve, le Gambra
(Gambie); mais ils trouvèrent les tribus voisines
très- hostiles. Us eurent plusieurs fois, malgré
leur artillerie, beaucoap de peine à repousser les
nombreuses ahuries (grandes pirogues) qui ve-
naient journellement assaillir leurs navires et
les couvrir de projectiles meurtriers ; toute des-
cente fut impossible. La fatigue , les maladies et
les combats avaient singulièrement diminué les
équipages portugais; leurs chefs crurent devoir
céder à leurs vœux, et mirent le cap ^ur le Por-
tugal , où ils débarquèrent, en juin 1455. Us y
reçurent les félidlations de don Henrique, qui
Tannée suivante mit sous leurs ordres trois ca-
ravelles afin de continuer leur entreprise. Ils
mouillèrent sous le cap Blanc, dans la baie do
Lévrier, et gagnant le large, découvrirent les iles
du cap Vert parmi lesquelles ils relevèrent
Buoria^Vista et Sant-Yago, Il ne parait pas
qu'ils aient visité le groupe de cet archipel qui
se trouve au nord -ouest. Revenant vers le con-
tinent, ils reconnurent la pointe des deux Pal-
mes (cap Lof), et remontèrent la Gamble l'espace
de soixante milles. Us furent assez bien accueil-
lis par le roi nègre et idolâtre Batti-Mansa ; mais
ies fièvres forcèrent les Portugais à reprendre
la mer. Ils s'arrêtèrent dans une grande et belle
rivière, qu'ils appelèrent Casa-Mansa ( du nom
du souverain du pays). A vingt milles plus loin
ils doublèrent le cap Rosso (t). La terre courait
alors au sud-est. Ck>nUnnant à la*c6toyer, ils re-
connurent le fleuve Santa-Anna (2), puis le
iXtastSanto- Domingo (3). Us s'avancèrent jus-
qu'à l'embouchure du Jeha ^4), qu'ils prirent pour
un golfe. Leurs équipages, épuisés et décimés, les
forcèrent à renoncer à toute découverte ulté-
rieure. A leur retour, à trente milles de la côte,
ils découvrirent l'archipel dea Bissagos, dont ils
ne décrivirent que les deux plus grandes lies
(Formosa et CarofAe); ils ne purent s'aboucher
avec les nègres qui habitent ce groupe. On ne
sait rien de plus sur Koli, auquel les historiens
et les géographes n'ont pas assez fait partager la
gloire dont ils ont environné CadaMosto. Ces
deux noms doivent être inséparables en ce qui
touche les découvertes faites sur la côte occiden-
tale africaine depuis le cap Vert jusqu'au Rio
Grande et celles des archipels do cap Vert et des
Bissagos, c'est4-dire dans l'espace compris entre
(I) Cap B<m9êt à canse de la eoaleur des rochers qol le
forment. C*eat anJoard*hnt le cap Roxo,
(î) Aujourd'hui Rio Cacken, qui a aur se* rives un éta-
hUaseonent portngata aimex Important. Il y a un antre Rio
Sanla-Anna an-detaoua do cap Santa-Marla.
(S| U iiio CataHna des cartes modernes, à en? Iroa
60 milles do cap Ruxo.
(4) U Ak> Graniiê.
su
JSOLl —
le« 15" et 11"* degrés de lat. nord. Il n'existe de
Noli qu^on Tragmeot de manascrit qae Grobei^
de Hemsoê a recueilli dans ses Annali di qeo-
grafia et di siaiistica (Gènes, 1802, 2 toI. in-8*,
avec cartes); encore ce fragment est-U sons le
nom û'Antonielio Usodimare. Raphaël So-
prani a découvert dans les archives de Gânes un
manuscrit intitulé Itinerarium Antonii Usus-
maris, civis januensis, 1455; mais Groberg,
Walkenaër et Malte-Bnm , après avoir scrupu-
leusement examiné ce manuscrit, n*y ont reconnu
aucun caractère d'authentidté; sauf quelques let-
tres du navigateur génois , le surplus n'est qu'une
compilation sans intelligence des relations pré-
cédentes. Il se pourrait néanmoins que cet itiné-
raire fût le récit des expéditions de Noii anté-
rieures à son association avec Cada-Mosto ^
1456 et alors qu'il n'avait fait encore que recon-
naître des plages déjà découvertes. La date 1455,
que porte le manuscrit de Gènes, rend cette sup-
position assez vraisemblable. MM. Alexandre de
Humboldt, de Santarem et Eyriès se sont livi^
à des recherches fort intéressantes pour prouver
que l'on doit identifier Antoniotto Usodimare
avec Antonio de Noli. Leurs savants travaux ont
complètement éclairci ce point. A. ne L.
LuiKi Cada-Mosto. La prima NavigazàOM per rO^
eeano aile terre de' negri delta bassa Etiopia (Vicence,
1M7, Jn-4«>, cl Mlljin. 1619) — f^mvaXo, Navigaxiane e
riaggii, t. l»'. - Crina:u4, Novus Orbis revimum ac
intularvm reUrtàut incognitarum, etc. (BAle, 1531,
iD-fol.). — Mathartn de Rcdouel, L« noureaii AJonde, tic.
(Paris 1R13). — J. Temporal, Deaeripfion Mstoriaie de
VAfriqw (1958}, i. Il, p. 87S-ST7.- WalkenaBr. AnnaUs
des voyages, ann. l«07, l vu, p. t«. — Le même, fJû-
toire (lénerate des voyaget, L L — Baron Alexandre de
Bamboldt. Hist. de la géographie du nouveau con-
tinent, t, 11, p. 161. - Raphaël Sopraal, Dieti. de» a»-
Uurt liguriens, - Zurla, Dei Fiaggi « deUe Scoperte
Afrieané di Cada-JUosto o eolse, isifi, ln-8»). — KUlb,
Cesehiehte der Entdeckvnffsreiren 'Msyence, 1841), t. I.
— vicomte de Santarem, Hecherchet sur ta priorité de
la découverte des pays situés sur Us côte occidentaie
^JfHvte, au delà du cap Boiador, etc. (Parla. 18«I,
In-S»). - VanTenac, UUl, générale de ta marifu, t. U.
p. 18S.
Bot<i0i (Denis), érudit français, né en 1648,
à Paris, où il est mort, le lo avril 1710.
Avocat au parlement de Paris, il quitta de bonne
heure le barreau, et tourna ses études vers Vin
ariture sainte. Il avait formé une riche collec-
tion d'éditions, de traductions et de oommen-
taires de la Bible ; le catalogue en fut imprimé,
et il la légua après sa mort aux pauvres de sa
paroisse. Sous ranagrarooie de TV. fndès ( De-
nis N.), théologien de Salamanqne, il a publié :
Lettre où Von propose la manière de corri-
ger la version grecque des Septante, avec des
éclaircissements sur quelques difficultés;
Paris, 1708, in-s^" : cet écrit donna lieu à des
Réflexions des PP. de Tourneminc et Souciet,
dans le Journal de Trévoux (juin, 1709), i
auxquels Noiin répondit par des Observations
(même recueil, janvier, 1710); — Deux Disser- \
talions, Vune sur les Bibles françaises, et '
Tautre sur féclaircisstment de la Disserta- '
tion anonyme de Vabbé de longuerue et des |
NOLÎJX 2,2
Lettres choisies de Simon touchant les anti-
quités des Chaldéens et des Égyptiens; Paris,
1710, in-8**; dans la première il ne lait guère
qu'abréger V Histoire des traductions fran-
cises de V Ecriture de Lallooette , et dans U
secoode il examine une question de plagiat; -
Lettres sur la nouvelle édition des Septanlef
par J,-Ern. Grabe, dans le /oum. des Sav.
(Suppl., décembre 1710). p. L.
MorérI, Grand Dict hist.
NOLiN (Jean-Baptiste), graveur fançais,Dé
«i 1657, à Paris, où il est mort, en 1725. U fiit
élève de Poilly, et fit quelque séjour à Rome
pour se perfectionner dans son art. Les princi-
pales productions qull a laissées sont : La Mul-
tiplication des pains de Raphaël, VAdorafion
des bergers de Poussin, Le Renouvellement
d'alliance avec les Suisses, tapisserie de Le
Brun, le Frontispice du Glossaire de Du Caoge
(1678), \b portrait d'Isaac LemaistredeSiKy
(1684), et une série de Vues du château de
Versailles pour le Cabinet du roi. Il se lim
au commerce d'estampes et ouvrit une boatiqoe
dans la rue Sainl-Jacques, à renseigne de la
place des Victoires, Il se mit aussi à vendre des
cartes géographiques , et il en grava un grand
nombre , qui sont encore recherchées des anna-
teurs pour leur netleté et les ornements dont il
les accompagnait ; on remarque notamment ceM
qui portent le nom de 71î//einon ( Nicolas de Tra-
lage), la carte de France en 6 feuilles (1692).
qui porte en encadrement les portraits en mé-
dailles de tous les rois jusqu'à Louis XIV ; celle
dn globe terrestre, en 7 feuilles, dont quatre
d'ornements , etc. NoIin prenait les titres de
« graveur dn roi et de géographe du duc d'Or-
léans, » titres usurpés ainsi qu'on le voit dans la
plainte portée contre lui, en 1 705, par Guillaume
Delisle, qui réussit à le faire condamner comme
plagiaire de ses ouvrages.
Son fils> Jean-Baptiste Nolin, né en 1086»
à Paris, mort le 1*'' juillet 1762, cootinoa le
même commerce. U publia des cartes et des
atlas, cités en partie par Lenglet-Dufresnoy,daDS
sa Méthode pour étudier la géographie.
Un écrivain du même nom , Tabbé Nouh, né
en Lorraineet chanoine de Saint-Marcel, à Paris,
se distingua dans le dernier siècle par son fpût
pour les plantes. C'est à lui que Ton doit, d'a-
près De Grâce et Ddaunay, antem*s do Bon
Jardinier, l'introduction dans nos jardins de
plusieurs arbustes étrangers. Delille parie de lai
dans le second chant des Géorgiques françaises.
Il fut le premier directeur de la pépinière fon-
dée, sur sa demande, à Paris dans le faubourg du
Roule , et destinée à la culture des arbres et t^
gétaux exotiques; il eut pour successeur le bo-
taniste Dupetit-Thooars. Nolin est en général
qualifié de décorateur des jardins du roi. On a
de lui : Essai sur Vagriculture moderne, dans
lequel il est traité des arbres, des arbris-
seaux, oignons de fleurs et arbres fruitiers'
2f3 WOLIN —
Paris, i7dâ, 10-12, publié «ousie Toilede l'ano-
Djme et en société avec Tabbé Blavet. P. L.
Ba»n, OI«t. des çravevrt. — l^nglet-l>oftre«»oy, AW-
tkodejKfHr étudier la çeùtrapMe. — De GrAre, ^ima-
Mc* d» Aph Jardinier, 17M-I79f .
soiXB (Henri), physideii allemand, tivait
ao eommenoeinent du seizième aiècle. 11 ensei'-
pa b phikMophie an gymnase de Steinfurt, puis
à runiversité de GieMen, et devint enlin pasteur
à Darmetadt. Tous ses loisirs étaient consacrés
i l'étude des sciences naturelles, sur lesquelles
fl écrivit plasieiirs ouvrages, remplis d'hypo-
tbèaes 6iDgnlière8,dan8 le goût des idées de Pa-
ncelse, qoHl re^rdait comme son mattre. On
a de loi : Verm pàysices compendium tiovum ;
Steinfurt, 16tft, iii-8*; — ir< €i perpropriam
indagalionem et per revelaiUniêm aliqtUd
ducendi; ibid., 1617 ; ^ TÂeoria pkilMopMM
ktmUicxi Hanau, 1617, in-8* ; — Sanclua-
ftttm naiur» quod est phgsica hermetica;
Francfort, 1619, in-ft* ; -^ Via sapienlix trina ;
Steinfurt, 1620, in-6«. O.
BdDmMiB, EinUitung in die Hitioria Uteraria^etc;
ftftie III, p. US.
ROLLEEKNS { JoMeph-Françùis) , peintre
flamand, né à Anvers, en 1688, mort à Londres,
k 21 janvier 1748. Il était élève de Cillemans,
et vint s*établir fort jeune en Angleterre, où le
eoiDte de Tilney et lord Cobham à Stowe l'occu-
pèrent beaucoup. Il avait surtout étudié les ou-
vrages de Watteau et de Panini, et peignit dans
le même genre des Paysages , des Scènes de
bergers, des Fêtes pastoxales, des Jeux d'en-
Mit etc.
KOLLBKBNS (Joseph), sculpteur anglais,
fiU du précédent, né le 11 août 1737, à Londres,
où il est mort, le 23 avril 1803. Son instruction
trait été bien négligée : on lui apprit à lire et à
écrire, et dans la suite il ne s*inquiéta jamais
d'en savoir davantage. Placé à treize ans chez
le sculpteur Scbeemakers , il gagna divers prix
aux concours de la Société des Arts. Ce fut en
1760 qu'il se rendit à Rome : il y exécuta quel-
ques beaux ouvrages, qui lui attirèrent les suf-
frages d'amateurs éclairés, notamment les bustes
de Garrick et de Sterne , et deux groupes en
narfore, Timoclée en présence d'Alexandre
et Mercure et Vénus gourmandant V Amour.
Tout en poursulTant ses études , il s'adonna à
no genre de travaux plus lucratifs, et où il se
distingua par une incroyable dextérité; nous
vonlops parier de la restauration des statues et
o^ets d*art; il transforma son atelier en une
véritable fobrique d'antiques, et nul ne fut plus
tdroH que lui à rajuster une tète , un torse ou
des membres. Une Minerve ainsi accommodée
ptr lai fot achetée au prix de 25,000 fr. pour
vnecoltectiondu Yorkshire. Après un séjour d'en-
^ron dix ans en Italie , séjour qui lui fut profi-
table de toutes les manières, il revint s'établir
• Londres, et fut élu membre de l'Académie des
I)<anx-art8. Peu d'artistes ont joui d'une vogue
si durable et si excessive. Ce fut pendant long-
NOLLET
214
temps une mode d'aller poser clinz ^'(>llekclis;
il avait parfois jusqu'à quatre séances par jour.
Les grands seigneurs se donnaient rendez -vous
dans son atelier pour s'y amuser de ses façons
brusques, de ses saillies, de ses grossièretés
même ; il ne manquait pourtant à l'occasion ni
de tact ni de finesse. NoUekens avait choisi, afin
de s'enrichir plus sûrement , les deux branches
productires de son art , les bustes et les tom-
beaux ; dans ce dernier genre, on dte ceux de
M"" Howard (à Corby Castle) et des capitaines
Manners, Bayne et Blatr (à Tabbaye de West-
minster). Travailleur infatigable, il n'a pas né-
gligé la grande sculpture, etc. ; outre les mor-
ceaux dont il a été questi^m, il a encore exécuté
le groupe Cupidon et Psyché, et la Vénvs de
Eockingham, qui passe pour son chef-d'œuvre.
Cet artiste, qui était d'une avarice sordide, avait
amassé une fortune prindère ( plus de cinq mil-
lions de fr. ) ; illa légua en mourant à deux de
ses amis. P. L— t. •
Thomas Smith, Noileken» ont Ml timet ; Lond.« ISN,
1 Toi. lo-a*.
ROLLCT ( Dominique)^ peintre belge, né li
Bruges, en 1640, mort à Paris, en 1738. On ne
connaît pas le nom de son maître; mais son
genre est celui de yan der Menlen, avec lequel
il hitta souvent avec suceès. Noilet fut reçu
dans la Société des peintres de sa ville natale,
le 19 juin 1687. MaximiKen, électeur de Bavière,
alors gouyemeur des Pay^-Bas, l'attacha à sa
personne avec une forte pension. Noilet suivit
ce prince dans sa fortnne, bonne ou mauvaise.
Tint avec lui à Paris, et l'accompagna ensuite
en Bavière et ne revint en France qu'après la
mort de son protecteur. Noilet peignait l'histoire
et les batailles; ce dernier genre est celui dans
lequel il a le mieux réussi. « Ses paysages, dit
Descamps, sont très-variés ; les arbres sont bien
toutfhés et de fort bonne couleur. Ses batailles,
ses campements, ses sièges de ville, ses marches
d'armées, sont traités avec feu et avec une
grande vérité. On ne peut avoir plus de facilité;
ti semble de près que quelques-uns de ses ta-
bleaux ne soient qu'à moitié faits. A peine la
toile ou le panneau est-il couvert de couleur;
mais à une certaine distance on est frappé de
l'harmonie et de la chaleur qui régnent partout.
Son dessin est correct et spirituel. » Quoique
NoHet ait demeuré longtemps à Paris, la plupart
de ses ouvrages sont en Allemagne, en BJavièra,
en Belgique. On dte particuKèrement de lui : à
Bruges, dans l'église Saint- Jacques , plusieurs
sujets tirés du Nouveau-Testament, et aux Carmes
de la même ville : Sa^t Louis reçu par tes
Cqrmes 9ur ta Terre Sainte. A. ne L.
Deseamps, La Fie des peMtrts ftmnanét.i. Il, p. iVf .
ifOLLBT (/ean-iin^oine), physicien français,,
né le la novembre 1700, à Pimpré, village du
diocèse de Noyon, mort le 25 avril 1770, à Paris.
Ses parents étaient de pauvres cultivateurs; à
déraiit des biens de la fortune, ils voulurent lu»
215
KOLLET
316
assarer TavanUge d'une bonne éducation , et » i
sur le conseil du curé de leur village, ils le pla-
cèrent au collège de Clemoont, puis à celui de
Beauvais. Lea succès qu'il eut dans le cours de
ses humanités le déterminèrent à l'envoyer à
Paris pour y éludier la plûlosophie. Destiné à
l'état ecclésiastique, le jeune Noilet obéit sans
répugnance à la volonté de sa Tamille, devint
Jicencié en théologie et fut chargé de surveiller
l'éducation des enfants de Taitbout, greffier de
1» ville. A peine eut-il reçu le diaconat qu'il sol-
licita une dispense pour prêcher*
Bientôt l'amour des sciences l'emporta chez
lui, et il se livra à l'étude de la physique avec
une ardeur d'autant plus exclusive qu'il en avait
été éloigné depuis^ longtemps. Conjointement avec
Dufay, il choisit l'électricité pour sujet de ses
recherclies, et ne tarda pas à se distinguer par
le nombre et la nouveauté de ses expériences
accomplies dans le laboratoire de Réaumur, qui
l'avait mis généreusement à même de disposer
<le ses machines et appareils. Il fut le premier à
reconnaître que les corps aignisés dégagent des
<»urants lumineux, mais ne manifestent pas à
d'autres égards cette puissance électrique tirée
•des corps émonssés; que la (ùœéede linge et de
bois brôlé ainsi que la vapeur d'eau étaient de
meilleurs conducteurs que la fumée de gomme,
de térébenthine ou de soufre ; qu'un tube excité
ne perdait rien de l'électricité, même en étant
placé au foyer d'un miroir concave qui réflédiis-
sait les feux du soleil; que le verre et d'antres
4x>rps non conducteurs étaient plus fortement in-
fluencés dans l'air que dans le vide; qu'un mor-
ceau de laine imbibé d'essence de térébenthine
dégageait le fluide électrique en abondance; enfin
que l'électricité accélère l'évaporation iiatu-
rêlle des fluides et que l'effet en est plus rapide
encore quand on enferme les fluide dans des
récipients non électriques. En répétant les ex-
périences de Boze sur le dégagement du fluide
électrique dans les tubes , Mollet constata qu'il
n*y avait pas d'accélération sensible lorsque le
calibre du tube excédait un pouce et demi de
diamètre; il observa pourtant que si le tube
était très-étroit, le fluide électrique se divisait
en plusieurs courants qui en augmentaient la vi-
tesse, et offrait un aspect brillant au milieu des
ténèbres. Il électrisa pendant plusieurs jours une
certaine quantité de terreau où l'on avait semé
des graines, et crut s'apercevoir que ces graines
giermaient plus vite qu'à l'ordinaire. Il soumit à
une semblable épreuve des chats, des pigeons,
des moineaux, et slmagina de même les avoir
rendus plus légers et plus agiles, concluant de
là que l'électricité active à un remarquable 'd^
gré la transpiration insensible de ces animaux.
On doit ajouter que ces expériences , fréquem-
ment renouvelées depuis, n'ont pas corrotwré
les inductions de Noilet, et qu'entre autres choses
les tentatives faites pour accroître au moyen
de l'électricité le développement des végétaux
ont manifestement échoué. Il ne fut pas plus
heureux dans l'hypothèse qu'il émit touchant la
nature du fluide électrique : selon lui ce fluide
possède un double mouvement d'afflux et d'ef-
flnx, en vertu duquel il attire on repousse
toute chose légère, et c'est afln de l'aspirer ou
de l'émettre plus aisément que chaque corps
est pourvu de denx différentes sortes de pores.
Celte hypothèse singulière n'a jamais été admise
par les savants.
Ces nombreux travaux acquirent bien vite i
l'abbé Noilet une célébrité qu'il n'ambitionnait
pas. £n 1734 il se rendit à Londres en compa-
gnie de Diifay, de Duhamel et de Jnssieo ; son
mérite le fit admettre dans la Société royale des
sdenoes sans quMl eOt brigué cet honneur. Deux
ans plus tard il passa en Hollande (1736), et se
lia avec Desaguliers, S' Gravesende et Musacheo-
broek,^ont l'amitié constante ne fit pas moins
l'éloge de son cœur que de ses connaissances.
De retour à Paris, il reprit le cours de physique
expérimentale qu'il avait ouvert en 1735 et qu'il
continua de faire Jusqu'en 1700. Cet enseigne-
ment particulier, entrepris aux frais de Kollet,
donna lieu dans la suite à d'autres cours du
même genre pour la chimie, l'anatomie, l'his-
toire naturelle, etc. £n 1738 ce savant fut, sur
la proposition du comte de Maurepas, nommé
par le cardinal de Fleury à une chaire publique
de physique expérimentale, créée ex près pour lui.
La voix publique l'avait déjà désigné pour occu-
per un siège à l'Académie des sciences. Au com-
mencement de 1 739, il fut jugé digne de suc-
céder à BufTon, qui venait de quitter la place
d'adjoint mécanicien pour celle d'adjoint bota-
niste ; il devint en 1742 associé après la mort de
Privât de Molières, et en novembre 1758 il
remplaça comme pensionnaire Réaumur, son
maître et son ami. Au mois d'avril 1739, Noilet,
appelé à la cour du roi de Sardaigne, donna des
leçons de physique au duc de Savoie^ et mêla
son nom à celui des fondateurs de l'université de
Turin. Après avoir donné des leçons publique^
à Bordeaux, il répéta en 1744, en présence du
dauphin, ses expériences les plus curieu.ses, aux-
quelles le roi et la famille royale assistèrent sou-
vent Le dauphin, qui. l'honorait de son amitié
et qui aurait désiré être utile à sa fortune,
l'engagea d'aller faire sa cour à un homme en
place. L'abbé Noilet trouva dans ce personnage
un protecteur des plus froids, qui, ayant jeté un
coup d'dsil distrait sur ses ouvrages, lui dit qu'il
ne lisait guère ces sortes de livres. « Monsieur,
répliqua l'abbé, voulez- vous permettre que je
les laisse dans votre antichambre? H s'y trou-
vera peut-être des gens d'esprit qui les liront
avec plaisir. »
En 1749 Noilet entreprit un second voyage en
Italie; l'électricité n'y fut pas le seiil objet de
ses recherches , H eut l'occasion de fùre sur les
arts et Tagriculture des observations remplies
d'intérêt. Appelé en 1753 à la chaire de pby-
217
NOU.ET — NOLTEN
21»
sique expérimentale qui venait d'être établie aa
collège de Navarre, il Toccupa avec tant d*éclat
et de capacité qu'en 1757 il obtint le titre de
maître de phy&iqoe et d'histoire naturelle dea
enfants de France. Quelques années après il fut
chargé d'enseigner ces sciences aux élèves de
récole du génie de Mézières ( 1761 ). « Ni TAge
ni Talsanee qu'il devait à ses talents, dit Grand-
Jean de Fouchy, ne ralentirent son goût pour le
travail... L'abbé Nollet avait celte simplicité de
UMPurs qui semble tenir aux sciences auxquelles
il s'était livré. Toujours calme, toujours tran-
quille, la physique seule avait le droit de l'ani-
mer ; il en parlait en homme passionné. Avec
les vertus de son état, il avait une bienfaisance
modeste, dont la mort seule a trahi le secret. On
connaissait sa tendresse pour sa famille : des
lettres trouvées dans ses papiers ont révélé le
bien qui! faisait à des étrangers. »
On a de l'abbé Nollet : Programme ou idée
générale d'un ciwr« de physique expérimen-
tale; Paris, 1738, in-12; — Uçont de phy-
sique expérimentale; Paris, 1743 et ann. suiv.,
6 vol. in 13; 4* édit., 1754, 6 vol. in-12. Cet
ouvrage a été souvent réimprimé : les éditions
de 17&9, et celles qui sont postérieures, sont
les plus estimées. « On y admire, dit Grandjean
lie Foochy, une méthode inconnue jusqu'alors,
une netteté singulière dans les idées et dans la
manière de les exprimer. Nollet eut l'art d'assu*
jettirtoat à l'expérience, de soumettre les véri-
tés intellectuelles au jugement des sens » Bien
qu'il soit regardé à tort comme le père de la
physique expérimentale en France, honneur qui
appartient à Pierre Polinière , il sut donner à
ses démonstrations plus de charme et d'intérêt,
et il fit faire à la science de véritables progrès ;
— Sssai sur Vélectricité des corps ; Paris,
1747* in- 12; en 1749 il publia une Réponse à
la critique de cet essai ; — Recherches sur les
causes particulières des phénomènes élec*
triques; Paris, 1749, 1754, in-12; — Lettres
sur rélectricUé; Pari», 1753, 17C0, 3 vol.in-12;
^ Discours sur les dispositions et sur les quo'
Hiés quHl faut avoir pourjaire du progrès
dans l'étude de la physique expérimentale;
Paris, 1751, in-4»; — VArt de faire les cha-
peaux; Paris, 1765, in-fol. pi., faisant partie de
redit in folio des Descriptions des arts et mé-
tiers faites ou approuvées par les membres de
l'Acadi^mie des sciences, et de Tédit. in-4*,tmpr.
à Neufchâtel ; — VÀrt des expériences, ou avis
aux amateurs de physique sur le c/ioix, la
construction et Vusage des instruments^ etc. ;
Paris, 1770,3 vol. in-12, fig.; 3» édit., 1784,
3 vol. in-12. On doit encore à l'abbé Nollet une
série d'importants mémoires sur différents su-
jets depliyMque, insérés de 1740 à 1767 dans le
rectidl de l'Académie des sciences ; nous citerons
lei suivants : Sur les instruments propres aux
expériences de Vair, en trois parties ( i740-
1741); Sur la manière dont se forment les
glaçons qui flottent sur les grandes rivières
(1743) ; Sur Vouie des poissons et sur latrans»
mission des sons dans Ceau (1743); Éclair-
cissements- sur plusieurs Jaits concernant
Vélectricité (1747-1748), en quatre parties; Ex-
périences de Vélectricité appliquée à des pa-
ralytiques (1749), avec Sauveur Morand ; Com-
paraison raisonnée des plus célèbres phé-
nomènes de Vélectricité (1753), tendant à faire
voir que les phénomènes connus alors pouvaient
se rapporter à un petit nombre de faits qui
étaient comme la source de tous les antres;
Nouvelles expériences faites avec les rayons
solaires rassemblés tant de réflexion que
par réfraction (1757) ; Sur les effets du ton*
nerre comparés à ceux de Vélectricité (1764),
et Expériences sur la poudre à canon em-
ployée en différents états (1767). Il y a aussi
quelques mémoires de ce savant dans les Phi-
losophical transactions de la Société royale
de Londres. P. L.
GrandloiD de Foochy, ÉlOffê de J^A, fMlet, dans lot
Mémoires de fjrad. de» «c., ITIO. — Néerologe de$
homwtet eélibret de France, 1771. — The EnçlUek cy-
elopmdia, édit. Kntght.
ROLPB (Pierre), graveur hollandais, né en
1601, à La Haye. On ne connaît aucune des cir»
constances de sa vie ; il travaillait à La Haye et
florissait de 1630 à 1670. Il cultiva d'abord la
peinture; mais ses ouvrages en ce genre, fort
m^liocres apparemment, sont tombés dans l'ou-
bli. Comme graveur il acquit l)eaucoup de ré-
putation ; ses planches, fort estimées encore au-
jourdliui , et exécutées soit à l'eau-forte soit au
burin avec une intelligence parfaite, attestent quMI
possédait le génie de son art. Son œuvre se com-
pose d'une centaine de pièces gravées d'après
Pierre Polter, Quast, Breenberg, Rubens, etc.
On remarque les suivants : V Adoration des
Mages , de Rubens ; Les Mois (8 pi.), de Polter;
La Rupture de la digue Saint-Antoine hors
d* Amsterdam de W. Schellinckx, qui passe
pour un véritable chef-d'œuvre; La Vie des
paysans ( 10 pi.) et Les Gueux (18 pi.) de
Quast; huit Paysages de Nieulandt. K.
BaMfi, DM, des graveuTtm — Aberedario de MarteUe.
— Huber et aost. Manuel de t amatemr, V.
2COLTR9I (Jean-Arnold) y en latin NoUe-
ntus, théologien allemand, né le 16 avril 1683»
àSparemberg(WeMphalie), mort le 2 mars 1740,
à Berlin. Il appartenait à une famille hollandaise
que les persécutions du duc d'Albe dispersèrent
dans le nord de l'Allemagne. Après avoir étudié
la théologie à Franeker et à Duysbourg, il fut
appelé par Télectrice douairière Sophie à exer-
cer les fonctions pastorales à Hanovre (1709).
Dix ans plus tard il vint occuper la cliaire de
théologie deFrancfort-sur-roder (1718). Nommé
chapelain do roi en 1720, il entra dans les con-
seils ecclésiastiques, et fut chargé de surveiller
l'éducation des jeunes princes. Nous citerons de
loi : De judiciis sanctorum in mundum et
angelos; Brème, 1718, in-4*; — Argumentun^
219 WOLTEN —
pro veritate religionU chrùtianee, ex mira'
^ulis desumtum; Francfort-snr-l'Oder, 17 1 S,
iii-4* ; — !n prophetiam Ziphanix; îbid., 17 19-
17Î0, fii-4o; — Miscellan-Predigten (Sermons
choisis); ibid., 1737, ia-4o; _ plosieors mor-
ceaux dans la Biblioth. Bremensis, entre au-
tres une corieuse leltrede 1734, où il rend compte
du miracle chimîqiie opéré à Berlin à IMmita*
Uon de celai de saint Janvier à Naples. K.
Heiinf , Beitr. iur r.eseh. d«r refcrm. Ktrehn in Bran-
denburç, I, eo. — Ckavfepié, Ncuvtau Dlet. hktt.
HeLTBif [Jean-Frédéric) , philologue alle-
Tnaad, né le 15 juin 1A94, à Eirobeck, mort le
15 juillet 1774. Fils de Paul Nolten, poëte latin
distingué, qui defint recteur à Scinmingen , il
fut nommé en 1747 recteur de Técote de cette
TiUe. On a de lui : De barbarie imminente;
1715, in^";— Ltxikon latin» lingux anti^
batbarum ; Helmstaedt, 1740, in-8* ; réimprimé
à Venise, en 1743; une Bouvelle édition, aug-
mentée, parut à Leipzig, 1744,in-8°; une seconde
partie fut publiée en 1768, d'aprèsles manuscrits
de l'auteur ; les deux réunies parurent à Berlin ,
1790, 2 Tul. in-8*, par les soins de Wichmann :
cet ouvrage est encore un excellent guide pour
ceux qui désirent écrire le latin avec pureté.
Son frère iRodolphe^Augiute), né le 28 jan-
irier 1703, à Scbœningen , mort le 16 septembre
1752, a publié plusieurs ouvrages de droit et
d*érudition, dont les principaux sont : Com-
pectus Ihesauriantiquitatum germanicarum;
Leipzig, 1738, in-4^; — Commercitim litera-
rium clarorum vtrontm, cum prxfatione de
potioribus epiitolarum coUeetionibus ; ibid.,
1737-1738, 2 vol. in-8"; — Degenuinis hista-
rim Rtusicx fontibus; Leipzig, 1739, in-4^.
f 1 a donné aussi une édition de la Chronique de
Wol/enbûltel de Woltereck; Helmstœd, 1747,
in-fol. ; enfin, il a aidé Gobel à publier les Œuvre*
de Conring. O.
Ballrnftad. Fita NoUeiiH (HelnsUedt ; 17M, lii-4«). *
SlToitmmn^ Jettttebende Celéhrten^ t. XI. — Meaiel,
ÊMcikon. — Cb. OcMOloB, Dui Meiferreckt, t. I, p. 4t.
NOHBRET (Saint- Laurent ), auteur drama-
tique français, mort à Boulogne, près Paris, au
mois d*août 1833. Il occupait une place impor-
faute dans Padministratiou des ponts et chaus-
sées, et il était jeune encore lorsqu'il termina
une carrière qu'il avait marquée par de nom-
breux succès sur les scènes de genre. H avait
un talent particulier pour la chanson. Parmi
ses vaudevilles, écrits en société avec Désan-
giers,Théau!on, WafQard, Dartois,Saintien, etc.,
et qu'il signait du nom Saint 'Laurent, nous
citerons le Coiffeur et le Perruquier, Les Cou-
êurièreSf Le Mardi gras^ Le Bandit, Bona-
parte lieutenant d'artillerie , Les Cartes de
visite, et Le Mari par intérim,
HcDrioD, jtnnuaire neero/O0., II. — > LUlér. franc.
€onUmp.
icoHiifoÉ, roi de Bretagne, né vers la fin du
huitième siècle, mort en 851 . Personne n'ignore
que les Bretons insulaires diassés de leur |)ays
NOMINOË
220
par les Angk>-Saxons, après plus d*un siècle de
luttes hénnques, s'en vinrent, par bandes succès
sives, chercher un refuge dans la presqulle ar-
moricaine, où leur nombre s'accrut tellement que
dès le sixième siècle le nom de Bretagne était
donné à leur nouvelle patrie. Cantonnés sur un
territoire dont faisaient partie les deux cités des
Osismes, des Curiosolites et une grande partie
de l'antique pagta Venetensis, les Bretons se
trouvèrent bientôt en contact avec les Francs,
qui depuis 497 avaient conclu avec les cités
armoricaines Talliance la plus étroite. As.si:ûcttis
à la suprématie des rois mérovingiens, les prin-
ces de la petite Bretagne réussirent, à force
de courage, et grftce aux moyens de défense de
toutes espèces qu'offrait leur pays, à conserver
jusqu'à la fin du huitième siècle une réelle in-
dépendance. Mais dans la dernière moitié du
règpe de Charlemagne les clioses changèrent
de face. En 786, Ândulf, grand-mattre de la
maison impériale, entra dans rArroorique, à la
tête d'une armée formidable , et battit successi-
vement les divers petits souverains du pays.
Toutefois, ce fut en 799 que , ;po«r to première
fbis , dit l'Annaliste de Metz , les Francs réus-
sirent à dompter les Bretons jusqu'alors invin-
cibles : tota Britannorum provincia, quod
nunquamantea fuerat,a Francis subjugala
est. Cette victoire si complète ne découragea
pas les vaincus : ils reprirent les armes eo 809,
puis en 81 1, et l'année même où mourut Char-
lemagne ils choisissaient pour chef de guerre
un tyern nommé Jamithin.
Louis le Débonnaire était à peine assis sur le
trdne, qu'il lui fallut à son tour marcher contre
les Bretons révoltés. Deux fois, en 818 et en
824, l'empereur fut obligé de conduire dans la
Bretagne toutes les forces de ses États. En 826
nouvelle révolte, et elle menaçait de devenir
générale, lorsque les Francs réussirent, par ruse,
à s'emparer du Pentyern Wlomarch, qu'ils tuè-
rent sur place. A la suite de cet événement, les
principaux chefs bretons furent conduits, par les
comtes préposés à la garde de leurs frontières,
& l'assemblée d'Ingelheim, où l'empereur reçut
leur serment de fidélité. Or, parmi les Bretons
qui venaient renouveler au fils de Chariemagne
des promesses tant de fois oubliées se trouvait
un jeune prince dont aucun fait d'armes n'a-
vait encore illustré le nom. Ce jeune homme
avait-il séduit le monarque par quelque qualité
extérieure, ou bien le haut rang de sa famille le
désignait-il à la bienveillance de Louis ? L'histoire
ne le dit pas ; mais elle nous apprend que No-
minoé (c'était le nom du tyern armoricain) fat
nommé duc des Bretons à ce même placite
dingelheim (826). L'emperenr, en leur don-
nant un chef national, se flattait sans doute de
rendre moins odieuse leur sujétion à l'empire. £t
en effet pendant quatorze ans, grftce à l'habile
fermeté de Nominoé, la Bretagne put être maio>
tenue dans le devoir. Mais Dieu, qui se joue des
•221
Taiiis desseins de rbomuie, réservait àNomÎAoé
de tout autres destinées : l'iodépendaaçe com-
plète qa*af tient en vain rêvée pour leur i>ay» lea
Warocb, les Morvan, les Wioroarch, lui»l'éla de
remperenr débonnaire , il la devait domiei* un
joDrà la Bretagne!
£a acceptant la mission de lieutenant de
rempereur dans son pays, Nominoé prenait en
maifl la tàcbe la plus diCadle. D'une part, il lui
ItUait faire accepter son autorité par on grand
nombre de petits diefs bretons à peu près in*
dépendants dans leurs domaines; d'autre part,
il devait mettre un frein à la brutale avidité
des seigneurs francs des comtés de Rennes et
de fiantes, lesquels depuis les campagnes de
799, 818 et 824 prétendaient traiter la Bretagne
en province conquise. Avec une babileté incom-
parable et une fermeté qui ne se démentit ja-
mais, Nominoé linit par atteindre ce double but.
Mais des deux c6tés de graves obstacles vin-
mt plus d'une fois À la traverse de sa poli-
tique. La généreuse confiance de l'empereur
appajait d'ordinaire les efforts de son iieute-
dsdL Une fois cependant, en l'an 830, le mo-
narque se laissa surprendre par Jés calomnieuses
attusalions de Bernard, comte de Barcelone,
que la reine Juditb avait fait nommer chambel-
lan do palais impérial. Le comte, qui voulait ob-
tenir pour l'une de ses créatures le gouvernement
de la Bretagne, mettait en avant je ne sais quelle
eonspiration tramée contre l'empereur, conspi-
ration où Nominoé devait jouer, disait-il, un rôle
important. Louis le Débonnaire, trompé par ces
faox rapports, partit d'Aix-la-Chapelle, le mer-
credi des Cendres, pour aller se mettre à la tAte
de ses troupes daias la marche de Bretagne. La
{^rre contre les tenaces Bretons, au milieu des
marécages et des broussailles de l'Arawrique,
o'arait jamais été en grande faveur parmi les
Francs. De plus, dans cette circonstance, l'ardeur
avec laquelle Bernard pressait son maître d'en-
trer en campagne fit supposer aux grands de
l'empire que le comte de Barcelone méditait
d'antres projets que ceux dont il entretenait le
nooarque. Les uns pensaient qu'il se flattait
d'arriver au trône d'Aquitaine; d'autres qu'il
poussait Tambitlon Jusqu'à vouloir usurper
l'empire. Quoi qu^U en seit^ les soupçons prirent
vie telle consistance, que tontes les troupes qui
accompagnaient l'empereur se débandèrent. Les
sûtes de cette désertion furent, on le sait, fa-
^à Louis le Débonnaire. Emprisonné par
set trois fils, Lothaire, Louis et Pépin , l'Infor-
toaé DHmarque ne reprit l'exercice de son au-
torité que pour subir, trois ans plus tard, l'af-
^t d'une nouvelle déposition ( 833 ). La fidé-
lité de Nominoé dans ces graves circonstances
ae se démentit pas un seul instant, et dans ses
actes de donation au monastère de Salnt-Sau*
venr-Redon , dont nous dirons quelques mots
tout à l'heure, il ne craignit pas de déclarer
qu'il faisait cette pieuse aumône en vue des
NOMmoÉ
223
tnbulaiions infligées à son souverain, et
dans Vespokr que ùieu^ se laissant fléchir
par les prières de saint Coniooion et de ses
moines y daignerait venir en aide à Vempe^
reur»
Que ces sentiments fussent sincères dans le
cœur de Nominoé , on est autorisé à le croire»
puisque le prince conserva jusqu*au bout la
fidélité qu'il avait jurée à son bienfaiteur. Toute-
fois, dans ces protestations de dévouement à la
personne de l'empereur se révèle clairement
la pensée arrêtée de ne point s'engager avec les
successeurs du monarque.
Cependant , encouragés par les troubles qui
désolaient l'empire^ les comtes des marches de
Bretagne entreprirent , en 834, une expédition
dans ces contrées, espérant sans doute entraîner
Nominoé à des représailles qui le perdraient
dans l'esprit de l'empereur. Mais le rusé Breton
ne se laissa pas prendre au piège. En 835, les
mêmes provocations s'étant renouvelées, le lieu-
tenant impérial réussit à faire rentrer sur leur
territoire un certain nombre de seigneurs qui
s'étaient laissés entraîner à repousser la vio-
lence par la violence. Cette modération obtint
un plein succès. L'empereur, auquel Nominoé
avait envoyé des ambassadeurs pour exposer les
faits, approuva hautement la conduite du prince;
et, malgré une irruption des Francs en Bre-
tagne vers. 837, et des représailles qui faillirent
faire éclater un nouvel orage sur l'Armorique,
ce pays put conserver la paix jusqu'à la mort
de Louis le Débonnaire, en 840.
A la première nouvelle de cet événement, No-
minoé, qui se pouvait croire dégagé de tous ses
anciens serments, eut sans doute la tentation d'exé-
cuter sans retard le projet qu'il méditait depuis
tant d'années. Mais, patient comme l'est tout vrai
politique, il crut devoir attendre, pour se dé-
clarer, que les circonstances se fussent plus
nettement dessinées. « Charles le Chauve, dit Ni-
thard, ayant fait demander au prince s'il avait
l'intention de le reconnaître pour roi, reçut une
réponse alBrmatiye. Le Breton alla même plus
loin : il envoya des présents au nouveau sou-
verain, et s'engagea par serment à lui demeurer
fidèle ( Carolo munera misit ac sacramento
fldem deinceps servastdam Uli firmavit).
Mais, quelques mois plus tard , la guerre civile
ayant éclaté entre Lothaire, Charles et leur neven
Pépin, Nominoé jugea que le moment était venu
de lever la bannière de l'indépendance. Allié à
Lantbert, auquel Charles le Chauve avait refusé
le comté de Nantes, le duc des Bretons envoya des
troupes soutenir les prétentions de son collègue,
et lui-même, peu de temps après, ravageait le
territoire de Rennes, où Charles s'était montré un
instant à la tête d^une armée ( 843). » L'année
suivante, les Bretons , commandés par leur vail-
lant chef, passaient la Loire, entraient dans le
Poitou , et mettaient à feu et à sang tout le
pays de Mauge. Le monastère de Sahit Flo-
223
rcDt de Glonne (depuis Saint-Florent-le-Yieil )
était alors en grande vénération parmi les Poi-
tevins. Nominoé y fit on pèlerinage, et se mon-
tra plein de vénération pour les moines. Tonte-
fois, comme il les savait tout dévoués aux princes
carlovingiens, il leur ordonna de placer sur le
lieu le plus élevé de Tédifice, sa statue, le visage
tourné vers Paris, eo signe de â^. Les moines
obéirent; mais quelques jours après ils étaient
obligés de jeter bas la statue du Breton pour
élever à sa place l'eftigie de Charles le Chauve,
tournée avec un geste menaçant vers la Breta-
gne. A cette nouvelle, Nominoé revint préci-
pitamment dans le pays de Mauge, et, oubliant
cette lois le respect dû aux choses saintes, il
pilla Saint-Florent et y fit mettre le feu.
' A peine de retour dans leur pays, les Bretons
apprirent que Charles le Chauve, k la tête d'une
arnnée formidable, marchait pour les combattre.
Ce fut près du monastère de Ballon, non loin du
confluent de TOust et de la Vilaine, que les
deux armées se rencontrèrent. La bataille dura
deux jours entiers, et malgré rinfériorité de
leurs forces, les Bretons remportèrent la plus
éclatante victoire. Charles le Chauve prit la
fuite, laissant derrière lui , sans chef pour la
commander, son année, à demi détruite.
Ce prince Tannée suivante fit mine de vou-
loir recommencer la lutte. Mais la défaite de
Ballon avait jeté la terreur parmi les Francs, et
le monarque, peu rassuré lui-même, jugea
plus prudent de faire la paix avec Nominoé.
Celui-d , reconnu pour chef de la Bretagne
indépendante, résolut de faire sanctionner
par une consécration religieuse les droits qu'il
avait acquis au trône en délivrant son pays. Il
y avait alors dans le pays des Vénètes un saint
homme, nommé Conwoïon, et qui sous Louis
le Débonnaire avait fondé, dans un lieu désert
nommé Roton ( Redon ), une abbaye dont l'em-
pereur, après de longues résistances , avait fini
par sanctionner les privilèges. Ce fut à ce véné-
rable personnage que le roi des Bretons confia
la mission d*Aller solliciter pour lui près du
pape Léon IV l'autorisation de poHer un cercle
d'or, n comme les autres chefs de la nation
bretonne en avaient usé avant l'oppression
des Francs. » Le pape accorda cette demande, et
Nominoé fut sacré roi des Bretons dans la ca-
tliédrale de Dol.
Les vœux de Nominoé étaient donc comblés.
Mais, comme il arrive souvent, l'habileté, la
sagesse dont le prince avait jusqu'alors donné
tant de preuves semblent tout à coup l'aban-
donner à l'apogée de sa fortune. L'abbé de Re-
don, dans SCS entretiens; avec le roi breton,
s'était plaint parfois de la conduite peu cano-
nique de quatre prélats, qui , conférant à prix
d'argent les ordres sacrés, se rendaient ainsi cou-
pal)les de simonie. Or, comme ces quatre prélats
appartenaient à la race franque et que Nominoé
comptait peu sur leur dévouement, il résolut
JNOMUNOÉ
224
de se débarrasser de ces évèques en les (aisaot
condamner par le saint-siége. Saint Conwoioo,
qui ne soupçonnait pas les intentions cachées de
son «ouverain, présenta au saint père la requête
dont il était chargé, et la culpabilité des i^nliR
évèques fut reconnue. Biais le souverain pontire
ayant déclaré que leur condamnation ne poo-
vait être prononcée que dans une assemblée de
douze évèques, Nominoé, exaspéré, se dédda à
recourir à la violence. Feignant de n'agir que
d'après les conseils de saint Conwoïon, il con-
voque une assemblée ecclésiastique à son châ-
teau de Coêtlou. Ses émissaires avaient, à l'a-
I vance, jeté la terreur dans Târoe des quatre
prélats simoniaques. Sous le coup de menaces
terribles, les accusés répétèrent en quelque
sorte les paroles qu*on leur avait dictées, et,
déposant les insignes de leur dignité ecclésias-
tique, ils sortirent de la salle. Délivré, de celte
façon expéditive , des prélats qui lui faisaient
ombrage, Nominoé les remplaça par quatre
évèques bretons; et comtaie Tarcbevèque de
Tours pouvait s'opposer à cette nomination , le
prince, de son autorité privée, érigea l'évèdié
de Dol en archevêché et en métropole. Ce n'est
pas tout : des deux territoires de Saint-Brieoc
et deTréguier, qui jusque-là avaient dépeodode
l'évèché de Dol, il fit deux diocèses disUncts.
Cette immixtion violente du pouvoir temporel
dans le spirituel se ^concilie dilBdlement arec
la sagesse et la modération dont Koroiooé
avait fait preuve jusqu'alors. Mais, je le ré-
pète, ayant atteint le but , le prince s'aban-
donnait sans scrupule à ses passions, et pré-
tendait tout courber sous sa volonté. L'expul-
sion d'Actard, évèque de Nantes, qui n'était
nullement simoniaque, mais auquel Nominoé
faisait un crime de n'avoir pas voulu assister à
son sacre; cette expulsion d'un prélat sans re-
proclie, qu'il avait remplacé par un prêtre in-
digne , épuisa enfin la patience du clen^é g^llo-
franc. Un concile réuni à Tours menaça des
foudres de l'Église l'audacieux contempteur dft>
lois ecclésiastiques, le sacrilège profanateur des
saints autels. « Réfléchissez, lui écrivaient les
pères du Concile, réfléchissez au compte terrible
que vous aurez à rendre à Dieu : les temples
dévastés, livrés aux flammes; le patrimoiDe
des églises, celui des pauvres, enlevé par votre
ordre; la pudeur des femmes indignement ou-
tragée; des familles entières dépouillées de leur
héritage, ce n'est là qu'un faible cnyon des
maux que vous avez accumulés! Vous avei
chassé de leurs sièges des évèques légitimes,
et à leur place vous avez mis des mercenaires,
pour ne pas dire des larrons ti àeslfrigands!»
Ces vigoureuses remontrances n'arrêtèrent
point Nominoé. Se roîdissanl contre les anathèroes
de PÉglise, il continua de se laisser emporter par
la colère ou par la haine, sans souci de la pru-
dence ni de la justice. Ce sont là des pages qu on
voudrait arracher de l'histoire d'un griw
335
homme. Au&si ai-je hftte de laisser de c6té cette
triste afTaire «les évèques simoniaqoes et de la
métropole de Dd, pour arriver aux glorieuses
expéditioDS pendant lesquelles devait s'achever
b carrière do héros breton.
La guerre de rindépendance terminée. No*
roinoé résolut de se faire conquérant et de joindre
à ses Etats les comtés de Nantes et de Rennes ,
qoi jusqu'alors avaient appartenu aux princes
francs. En 849 les Bretons envahissent l'Anjou,
et s'emparent de la ville d'Angers. Rennes et
Nantes, où Charies le Chauve avait placé de
nombreuses garnisons, tombent au pouvoir de
Nominoé, qui fait démanteler ces deux places. De
là le prince pénètre dans le Maine,, avec « une in-
didt)l6 furie » , dit la chronique de Fontenelle.
Qttdqoes mois plus tard , Tannée même de sa
mort, Noroinoé, toujours victorieux, s'avance
jusqu'au coeur de la Gaule. Laissant Vendi^me
derrière lui, il se mettait en marche pour le pays
chartrain , lorsque la mort vint le surprendre.
Cet événement , on le pense bien , excita une
Tive sensation et une joie universelle parmi les
France Le peuple y vit une punition dn ciel,
irrité contre le persécuteur des saints et le
spoliateur des églises. Cette croyance est consi-
gnée dans la plupart des chroniques contempo-
raines. Les uns prétendent que le héros breton
tomba sous le glaive d'un ange; d'autres racon-
tent qu'on jour le prince, se disposant à monter
à cheval, saint Maurille lui apparut, et qn'après
lui avoir reproché s^ crimes il le frappa à la
télé et rétendit sans vie. Ce qu'il y a de ceriain,
c'est que le libérateur de l'Armorique mourut
dans un moment où , plein d'énergie, il se pré-
parait à courir à de nouvelles conquêtes. Le
corps du prince, rapporté en Bretagne, fut en-
terré dans l'ubhaye de Saint-Sauveur de Redon,
(iont il avait été le fondateur.
Délivré du vainqueur de Ballon , Charles le
Chaove, ei^pérant faire oublier de nombreuses
défaites par une victoire , rassembla son armée
a toute hftte, et frandiit la frontière bretonne.
Mais Erispoé avait hérité, sinon du génie, du
nioins de la vaillance de son père. Les Francs
furent donc complètement l)attus , et les con-
qaéle& de Nominoé restèrent aux mains de son
successeur.
Dans un travail remarquable, un jeune écri-
nin faisait naguère remarquer que la Bretagne
<le 1789 avait conservé les limites conquises par
i'épée de Nominoé. H y a plus : la constitution
ecclésiastique des diocèses bretons était restée,
jusqu'à la révolution , ce que Nominoé l'avait
l^ite en 848. Aux seules créations du génie est
f^servé le privilège de durer si longtemps, c'et^t-
^ dire plus de neuf cents ans! A. or Cocrson.
f^itde saint Canwoion, dans le Recueil des histo-
riens de Franre^ t. VI, p. 818 et inlv. — CartuUtire de
/ktoi, dan» la collection des doeaments Inédits. — Nl-
Uant.dam le Hecueii des hiU. de France, t. VII, p. 18.
- CAroRigKe de Nantes . dans le l*' vol. des Prewes
de n. Mortcf, 1. 1, p. iss. — Annalci de Saint-'Bertln,
MKJV. uoca. céifta. — t. xxxviii.
I90MIN0Ë — NONIUS MARCELLUS
2M
dans les Monum. kist, Cerm. de Pertz, 1. 1, p. 440-444. <«
CAron. de Réglnon, dans l*crlz, t. I, p. 870. • Strmond,
Ccneil, Gall., 111. p. 69. — Chronique d^AçwUaine, dan
Pertz, t. il, p. 188. — ChrùRiquM de Fontenelle^ dant
Perts, 11. p. 808. — histoire des peuplée bretons par
M. Auréllen de Courson . Paris, 1848, t. I, p. sn à 844. ~
Arthur de la Borderie, ffuftofin de Pasiociatie^ bretonne,
isso. t. II. p. 81 à 80.
. NOMSZ {Jean)^ poète hollandais, né en
1738, à Amsterdam, où il est mort, le 25 août,
1803. Doué par la nature d'un véritable talent,
il se fit connaître par le poème épique ou plutôt
historique de Guillaume /«'' ou la FondiUion d€
laliberlé hollandaise (Amsterdam, 1779,in-4*%
ouvrage qui renferme des passages d'une grande
beauté , mais d'un intérêt exclusivement natio-
nal. Comme auteur dramatique, il a fait preuve
de hardiesse et d'originalité surtout dans les tra-
gédies de Cora, Zoroastxf , La Duchesse de
Coralli et iifarte de Lalam ; la dernière devint
très -populaire, et dut une longue suite de repré^
sentations à l'actrice (1) chargée d'interpréter le
rôle de l'héroïne. Le désordre de sa conduite et le
versatilité de ses opinions politiques le firent tom-
ber de bonne heure en discrÀlit. 11 passa ses
derniers jours dans un hôpital, et il y mourut fort
oublié de ses contemporains. On cite encore de
lui : Mélanges, Amsterdam, 1782, in-4^ où l'on
trouve des satires et des contes , dont le tsyle
ne manque pas de vivacité ; — Héroides patrUh
tiques; ibid., 1787, in-8« ; — les monographies
historiques de Mahomet, de Charles-Quint, de
Philippe II et du due d'Albe ; — Principes
pour Vacteur dramatique et pour le specta-
teur ; — des comédies , telles que L'Homme
de confiance. Le vieil Habit , etc. Il a traduit
du français Athalie, Soliman II, Le Cid, Ba-
iazet, Zaïre, Le Tartufe, les Fables de La
Fontaine ( 4 vol. in^*") ,'etc., et il a travaillé à
quelques feuilles littéraires. K.
De Vries. HUt. de la poésie holland^ll, SM M7.
NONivs MAftCELLUS, grammairien latin,
vivait probablement dans le quatrième ou dans
le cinquième siècle après J.-C. Son histoire per-
sonnelle est tout à fait inconnue. Il est imposa
sible de fixer la date et le lieu de sa naissance.
L'important ouvrage qui nous est parvenu sons
son nom porte le titre de Nonii Marcelli Péri-
patetici Tuburticensis de compendiosa doe-
trina per litteras ad filium. Cette épithèle
de Tuburticensis, que les manuscrits donnent
avec de fortes variantes, est insuffisante pour la
détermination de sa ville natale, car elle pour-
rait s'appliquer à un natif de Tibor en Italie, oe
de Tnbursicca en Niimidie, ou de Tubursicnra
' dans la province proconsulaire d'Afrique. La
date de sa vie ne peut être fixée qu'approxima-
tivement : il cite Apulée et Aulu-Gelle, qui vi-
vaient au deuxième siècle après J.-C. ; il est
cité par Priscien, qui vivait an sixiènne siècle;
c'est donc entre le second et le sixième siècle
(1) H» WalUer-Zièsenls. née le 18 avril 1761. à Rot-
terdam, morte le 88 avril 1817; elle passe pour une des
pltti remarquables tragédiennes de la Hollande.
8
fS7
NOJVIUS MARCELLUS — NONKOS
338
qu'il faut placer Pexisfence de Nonias Marcellus ;
tous les aiigumenls poor préciser cette vague
approYiraatioo sont peu coucluants et n^aboutis-
sent qu'à de douteuses proturbilités. Le traité
de Nonius Marcellus, auquel plusieurs éditions
donnent le titre inexact de De proprietate Ser*
moniSf se divise en dix-huit chapitres, dont les
dôme premiers sont en réalité des traités sépa-
rés, composés à différentes époques, et sans
liaison entre eux. Chaque chapitre est une com-
pBation confuse, formée de notes recueillies dans
dt^mrs livres. L'intknié et une courte analyse di s
ehapitres donneront une idée de ce tr^té utile,
quoique mal arrangé : chapitre 1*^ De projpne"
ieie sermonum , sorte de glossaire de vieux
mots rassemblés sans aucun ordre; — ch. II.
De konestis et noveveierum dieiiSf collection
par ordre alphabétique de mots que les anciens
écrivains employaient dans un sens différent de
l'acception admise du temps de Noniiis Mar-
cellus; — ch. III. De indiscreliâ ^enerl^ics,
rpcueil de mota, tels que finis, calx^ papaver,
AfMit le genre varie dans les meilleures autorités;
— ch. IV. De vera siçnificatione uerborum,
recueil par ordre alphabétique de mots, tels q«e
aquoTy condueere, Itutrare, qui s'offrent avec
des diversités de sens dans le même écrivain ou
dans des écrivains différents ; — cii. V. De dif*
fereniïïs verborum , recueil de synonymes, fels
que auêpicium et auguriuniy urbs et civiiaMf
tvperstUio eireligio ;—ch. YI. De improprUs,
recueil de mots qui ne sont pas employés dans
leur sens littéral, mais dans un sens fignré,comroe
par exemple (iber,fuciis,rottrum; ^ th. Vil.
De contrariis generibus verborvm , recueil
de verbes, ordinairement déponents, qui quelque-
fois prennent la forme acUve, et de verbes or-
dinairement actifs qui prennent quelquefois la
forme déponente (oagas pour vagaris, contem^
' pla pour conêempiare, pnssagtittr poorprap-
sngit >; — ch. Vin. De mutata deciimaiione,
recueil de noms qui ont plosiemrs formes dans
leur déclinaison ; comme t/iner, iter ; lacte^
iae; poema, poematum ; perviaa, perviemB;
wenati, senatuis, genatus peur le génitif de
senatus ; — di. IX. De generibtu et easibus,
recueil de passages dans lesquels un cas est
substitué à un autre, tels quefattidit mei^ non
ego sttm digntn saHUis ; -> ch. X. D« nrn-
tatiâ conjugatianibus , recueil de verbes qui
se conjuguent tantdt suivant une conjugaison ,
tantôt suivant une autre, tels que Servit et fer-
vet, eupiret et euperet , laiit et lavât ; —
ch. XI. De indUcretis adverbiis, recueil'
d'adverbes qui se présentent quelquefois sous
une forme différente de la forme usitée, comme
amiciteTf amplittr^ fidèle^ memoret pugni-
tuSf largitus; — ch. XII. Dedoctorum inda
glne, péle-méle confus de mots et d'explications
qui sert de supplément aux chapitres précé-
dents. Les six chapitres suivants : XIH-XVIII
forment on recueil dans le genre de ronomcu-
tUon de Jolîus Pollux, et contiennent cbacuo
une série spéciale de termes techoiqucB. Us sont
intitulés : De génère navigiomm. De génère
vettimkentortimj De génère vasorwn wipfh
culorum , De génère vel colore vettmenio-
rtcm. De génère eiborum vel pomorum, De
génère armorum^ De propinquitate. Ces
traités ou plutôt cette suite de recueils, qaoiqoe
rédigés sans beaucoup de savoir et de critique,
sont précieux , parce qu'ils contiennent nae
foule de fragments d'anciens poètes ou bisto-
riens latins aujourd'hui perdus, tels que Acdos,
Afrantus, L.>ndronieus, CscilUis, Ënnius, No-
nins, Paeuvi'os, Turpilius, Cak» et Varron.
L'édition princeps de Nonius Marcellus est,
suivant les meilleures autorités bibliograpbiqoes,
on volume in-foK, sans date, sans nom de lieu
ou d'imprimeur, mais qui a été imprimé à Rome
par Georges Laver, vers 1470- La première édi-
tion datée est de 1471, et, comme la précédente,
die ne porte de nom ni de lieu ni d'imprimeor.
La première édition critique fut celle de Janius,
Anvers, 1 ô65, itt-8°, suivie de celle de Godefroy,
Paris, 1586, m -8*", et des deux éditions de Mer-
der, Paris, 1583, 1614, in-8% dont la seconde,
qui contient une nouvelle récension du texte, a
été réimprimée à Leipzig, 1835, Ui-8*. Qoelqne
soit le mérite de cette seconde édition de Mer-
cier, elle a été surpassée par l'excellente édition
de Gerlach et Rotii , Bàle, 1643, in-8'. L. J.
JfotMa mtermria. en tête de Immonde Lrtpttf. !«•
— Préface de l'édition de Grriach et Rotli. — ÛMno, »l-
trige zttr CrUeh, Mnd Bôm. /Mteratnrçesekt^ p.Mi-
Vahlen, .^natecCarum JVonianorKm libri dmn; l^^V^»
«•6«L - SmtUi, DteUomrg of çre^k ami romt» bictn-
pAf , BU met MÊarmihu,
^•iiMira. Voy. NnHEz.
«•RS^B, poète grec, ilorissait à la fin da
quatrième siède ou au commencement da ris-
quième. Il était né à Panopolis ( auiourd'iiDt
AkMnm), sur les bords du Nil. C'est lui qo'
l'a dit, et il n'a dit de lui-mftme que cela. Sil
n'était trop téméraire de tirer des œuvres d'un
poète, et d'un poète héroïque surtout, des in-
ductions en faveur de sa biograpliie, oo pour-
rait deviner à certains épisodes des 0ioDSf5td-
ques que Nonnoe, élevé à Alexandrie, « où »
comme le dît Bessnet, « on guérissait de l'i-
gnorance » , avait étudié la jurispnidence à Bé-
ryle, qn'il avait visité Tyr, et vécu à Athènes,
poor laquelle éclate son penchant. Ces écoles
orientales, moittpliées sous l'influenoedes gnnds
écrivainn , et la domination de la belle Un^
qui virifialt les études, se peuplaient alors d'E-
gyptiens ; et sans doute quand Monnos revint à
Panopolis, centre de la Thébûdie, pour y pra-
tiquer et y enseigner peut-être le christianisa*/
il y porta une expérience acquise aux grands
foyers de8 lettres et de l'érudition. Quoi qu'»' ^
soit, on ne sait rien de certain sur sa vie; "
Ton ne connaît bien de lui que ses deux pro-
ductions poétiques.
D'abord , en raison de la dissemblance àes
239
IfQNNOS
280
sujets qalls tnitent , de siTintft philologiies ,
témoins de leur renaissance, avaient décidé
qu'eUes ne pouvaient appartenir no même éeri-
vaiD. Mieax lues esMiite , et mieax confronta,
leur style identique a servi de preave à Taffir-
matiun contraire, et elles sont reconnues aujour-
d'hui rceuvre incontestable d'un seul auteur, le
Psoupolitain Nonnoa.
Le premier de cea deux ouvragea ( Les DiO'
nifsiaques ) raooote, en quarante-huit chants,
les aventurea, lea matitutiona et les triompbea
de Baccfans, avant et depuia sa naiasanae, jus-
qu'à son apothéose. C'est une eonatante allé^rie
de la marche du génie civilisateur à travers le
monde antique. Nonnos t a déployé toute la
ficliesse de son imagination, sue grande éru-
dition mythologique , et Télégance et l'harmonie
d'un rbytbme qu'il avait perfectionné. Sur ce
dernier point il a été nommé, par le célèbre
God. Hermann* le cher de l'école métrique d'où
sont sorti» Cohitbos, Tryphiodore, Musée, Pro-
mus, et les plus illustres épigrammatiatea de
l'AnUiolc^ à cette même époque. « Si le vers
néroîque, dit le savant philologue, avait perdu
sa diçDtté originelle , Il retrouva du moioa avec
^Qooofi son rhytlime élégant et nombreux.
Ms lors il fut soumis à des règles ai sévères
qu'il fallut, avaat de s'attaquer à l'épopée, en
étudier sérieusement te science. » On reprocite,
il eit vrai, au poêle égyptien trop de minu-
tieux détails, quelques répétitiona, un excèa de
luie dans ses tableaux. Mais cette abondance
in^ jette un grand jour sur les cultes, lea
OMMrs et les coutumes de l'antiquité, et
^ent m aide aux sciences et aux arts, dont
il a célébré l'origine. Enfin, on y trouve l'a-
bu» do genre descriptif, qui s'est tant déve-
loppé de nos jours. Mais k c6té de certaines
l'êtes do maovais goût qui a signalé l'avant*
«leniier âge de la poésie hellénique, il fiuit re-
marquer le coloris merveilleux, la fécondité des
épithèlea , te pureté régulière de l'hexamètre, te
ncbesae du style et une constente harmonie,
<iui sont les qualités propres à ce réformateur.
Le second de ses ouvrages est te Pawophraêt
di rÉPQHQiie Melon saini Jean, aoasi digne
d'attention, pour sa fidélité à suivre pas à pas
le te&te inspiré , qne les Dionptiaçues se dis-
tinguent par les écarte de l'imagination, et, sur
un plan très-symétrique néanmoins, par le»
épisodes digresaite du chantre de Bacchus.
U Paraphroie n'est même, pour ainsi dire,
mi'iine mè/o^te (c'est son titre grec), répéti-
tion de l'Évangile, où éctete toute te ferveur du
^rétien. De cea deux compositions si diverses
<» a voulu conclure que l<Ionnos éteit païen
^oaod U écnvit Les DkonyMktques ^ et qu'il éteit
^verti an christianteme quand, plus fard
'««s sa vie, il mit en vers {'ÉvangiU selon
^int Jean,
Ce fut seulement dans la seconde moitié du
soaèmc siècle que le manuscrit des Dtonysia-
qtuSf rapporté de Tamite par Samtemn, te
voyageur bibliopliHe, fut livré aux presses de
Ptentin à Anvers par Falkenborg. AuasitM tes
émdite d'outre- Rhin s'occupèrent sérieueeroent
de ce poème. Scaliger, Cauter, Cunœns, Heîn-
snis, s'étudièrent successivement à en retrouver
tes véritables leçons; et ils en portèrent des jnr
gemeite sévères que justifiait en quelque sorte
l'ëtot de malilationdes mannserite. Il fut repn^
doit avec toutes ses obscurités et ses lacunea en
1605, et en 1610 accompagné de te traduction te-
tine, bien négligée^ de Labinus Eilbartus, suivi
lui«méineen 1625, ou plutétdéfignréypar Boitet,
qui semble n'avoir vu le texte grec qu'è travers
le latin si imparfait de son devaneter. Enfin, le
silence régnait dans la république des lettres
sur l'épopée de Nonnos, oubliée depuis phis
de cent cinquante ans, lorsque Dupute, dans
son étrange ouvrage sur VOrigine des Cultes ^
retova de nouveau la valeur méconmie des
IHonifSiaques, Bientôt, M. DievarolT, président
de l'Académie de Pétersboorg, et M. Gnefe,
professeur de belles-lettres dans la même rérd-
dence , réhabilitèrent la mémoire du Panopolt-
tain , le premier en publiant en allemand , sous
le titre de Supplément à Vhistoirede la poésie
grecque 9 quelques fragmente de son ceuvre, le
second par son édition du texte grec, donnée
à JLeipaig, ifil9 et 1826, 1 vol. m-8«. Ce fut
ahisi que de nombreuses corrediona, dues anx
conjectures du grammairien plus qu'à la colleo-
tion de rares manuscrite, commencèrent à
rendre plus facile te lecture du poème. Trente
ans plus lard, l'édition qui a paru aoos te
n'' XLV de la Bibliolhèque hellénique de
MM. Didot a fait le reste. L'auteur de cet articte
s'éteit chargé de cette publication, qn*il aciieva
en 1866. Occupé députe loqgleinps à interpréter
en français et à commenter cette denuère des
épopées grecques, il en expliqua et combla les
lacunes, coordonna te texte et en aplanit les
dificultés. U fit précéder son travail d'une in-
troduction déveteppée sur te vte de Nonnos,
comme sur te nature de son telent, et son in-
fluence sur son aiècle. Enfin, il a appliqué te
même système d'études et de recherches à te
Paraphrase de VEvangile selon saint Jean,
dont il vient de livrer^ à l'impression te tra-
duction française, suivte du texte grec et de ses
corrections.
Les éditions des Dionysiaques sont : X'* édi-
tion prtnc0p<, grand in-8<*, Anvers, 1569, cIme
Ptentin, donnée par Falkenburg, texte grec seul;
2* même texte, reproduit par Lectius dans son
édition des poêles grecs , 2 vol. in-fol. , Genève,
1606, accompagné de la traduction latine de La>
binus Eiltiartua en regard; 3^ même te\te et même
traduction, avec une préface de Cumeus ( Van
der Riihn ), petit in-8*, Hanau, 1606, et Leyde,
1610; 4^ le texte grec seul, parGrœfe,2 vol. in 8*,
Leipzig, 1819 1821. Les commentaires annon-
cés sur la vte de Taoteur et sur les variantes
8.
931
NONKOS — NONNOTTE
2»
du poëme n*oiit pas été terminés, et ii*ont ja-
mais para; &** Nonnos, La Dionfft laques oa
Bacchus^ poëme en XLVIU chants, grec et fran-
çais, précédé d'une introduction, suivi de notes
littéraires, géographiques et mythologiques,
d*un tableau raisonné des corrections et de ta-
bles et index complets, rétabli, traduit et com-
menté par le comte de M. , Paris, 1856 (Finnîn
Didot ), séparément, et en 6 vol. in* 32 sous le
titre de Baccfms, avec introduction, traduc-
ti«n et commentaires Trançais.
On compte vingt-cinq éditions de la Para-
phrase de VÉvangUe selon saint Jean dans
le seizième siècle, deux dans le dix-septième,
deux de nos joure. Les principales sont :
1"* princepSf Venise, 1!>11, Aide; 2* par He-' j
gendorpbinus, 1518; a' Bogardus, 1{>41-1542; <
4* Bordatus , Paris, 1561 ; 5*" Hedeneccius , 1571;
6* H. Stephanus, 1578; 7** Nausias, 1593;
S^ Sylburgius, 1596; 9* Nie. Abramus, 1623;
10* D. Heinsius, sous le titre â*Arisiarchus
Saeer , 1627 ; 11* Fr. Passovius, texte grec seul ,
Leipzig, 1834 ; 12* Nonnos, Paraphrase de l'E-
vangile selon saint Jean , traduite pour la pre-
mière fois en français par le comte de M., texte
grec, et traduction séparée, Paris, 1861.
C'c DE Marcellos.
Oawarofr, iW^niu de Panopotis, 1817, ln-4*.
NONif OTTB ( Donat ), peintre français , frère
du suivant, né à Besançon, le 10 janvier
1707, mort à Lyon, le 5 février 1785. A vingt
et un ans , il vint à Paris , entra dans l'atelier
de Lemolne, devint un de ses première élèves, et
le seconda dans plusieurs travaux hnportants,
entre autres dans les peintures de la chapelle
de la Vierge à Saint-Sulpice , et du plafond du
salon d'Hercule, au palais de Versailles. 11 ne
tarda pas à s*essayer dans quelques créations
importantes, et parmi les tableaux d'histoire
qu'il composa on remarqua la Surprise de
Besançon par les protestants en 1575. Mais
après la mort de Lemolne, privé d'appui. Il se
mit à peindre des portraits, qui plaisaient sur-
tout parle coloris En 1741 l'Académie royale
de peinture l'admit au nombre de ses membres.
Il alla s'établir à Lyon en 1754, et fut nommé
peintre de celle ville, qui lui doit l'établissement
de son importante école gratuite de dessin.
Malgré son peu de fortune, il soutint seul cette
école, pour laquelle il fut ensuite aidé |)ar Ma-
thon de Lacour, riche amateur. Parmi ses por-
traits, celui du sculpteur Le Lorrain fut gravé
par J.-N. Tardieu,etcelni àe Gentil Bernard
par Daullé. Nonnotte' cultiva iiussi les lettres :
il donna quelques notices aux Académies de
Lyon et de Rouen, dont il était membre. L'école
de Lyon conserve plusieurs de ses écrits , enlre
autres : un Traité complet de peinture , une
Vie du peintre Lemoine et un Discours sur
Vavantage des sciences et des arts. Plusinirs
de ses manuMsrits se trouvent aussi à la Biblio-
thèque de Besançon. G. db F.
MéWÊOiret de tAcad. de tifom, t II. * Journal iet
arts, avril 1788.
noNROTTB (Claude-Françoks ), littérateur
français, frère du précédent, né en 1711, à Be-
sançon, où il est mort, le 3 septembre 1793. Ait-
mis de bonne heure chez les Jésuites, il fit d'ex-
cellentes études , embrassa la carrière de la
chaire et prêcha successivement à Paris, à Ver-
sailles et à Turin. Il serait sans doute oublié si
Voltaire n'avait pris soin, en répondant à ses at-
taques, de lui donner quelque célébrité. Ce fut
Nonnotte qui en 1762 entreprit la lutte en pu-
bliant, sous le titra d'Erreurs de M. de Vol-
taire^ une critique inhabile et souvent sans por-
tée de y Essai sur l'esprit et les mœurs des
nations» On a prétendu que toute l'édition fut
proposée à Voltaire pour mille écus par le li-
braire Fez, qui craignait de ne pas s'en défaire,
et que ce dernier se moqua de la propositioa.
Cette assertion ne repose sur aucun fonde-
ment : le livre eut un grand débit et fut réiin-
primé plusieurs fois. Voltaire, dont on connail
rirriUbilité extrême, s'empressa de répondre cl
d'écraser son faible adversaire sous le poids du
ridicule. « Un ex-jésuite, nommé Nonnotte .
dit- il, savant comme un prédicateur et poli
comme un homme de collège, s'avisa d'imprimer
un gros livre; cette entreprise était d'aataot
plus admirable que ce Nonnotte n'avait jamai»
étudié l'histoire. Pour mieux vendre son livre,
il le farcit de sottises, les unes dévotes» 1^*^
autres calomnieuses , car il avait ouï dire que
ces deux choses réussissent. » Dans cette vio-
lente réplique, intitulée Éclaircissements his-
toriques ^ il n'épargne à son contradicteur ni
les imputations de nrauvaise foi et d'ignorance,
ni les épithètes injurieuses» et lui ailresse en
terminant cette apostrophe : « Si tu n'arab
été qu'un ignorant, nous aurions eu de la cha-
rité pour toi; mais tu as été un satirique in-
solent, nous t'avons puni. » Pendant près de
vingt ans Voltaire, enveloppant le malheureux
Nonnotte dans la haine qu'il avait vouée à Fré-
ron et à La Beaumelle, ne cessa de l'accabler de
plaisanteries et de sarcasmes, trop souvent por*
tés jusqu'à l'outrage. Après la suppression de
la Compagnie de Jésus, Nonnotte s'établit à Be-
sançon, continua d'écrire avec le même zèle en
faveur de la religion, et fut admis en 1781 dan»
l'Académie de sa ville natale, où il lut plusieurs
dissertations sur l'histoire de la Franclie-Comte
11 était extrêmement simple dans sa manière
de vivre, se plaisait dans la bonne compagnie,
et, quoi qu'en ait dit Voltaire, il possédait quel-
que bien et une maison à lui. Il a publié '•
Examen critique ou Réfutation du livre da
mceurs; Paris, 1757, in-12; c'est une ébauche
du livre suivant ; — Les Erreurs de Voltaire:
Avignon, 1762, 2 vol in-12; 5* édit., I7"0,
trad. en italien, en allemand et en espagnol ; en
1799 on y ajoute un nouveau volume contenant
V Esprit de Voltaire dans ses écrits et l'on-
33}
NONNOTTE — NOOMS
^34
vnge ainsi augmenté a été réiinpr. à Paria»
1833, 3 \oI. iD-12 ; — Lettre d'un ami à un
ami sur les honnêtetés littéraires ( de Vol-
taire) ; 1767, m-8* ; cette défense de Nonnotte
avait été précédée d'une Réponse aux ÉelaiT'
ossements Ais/oriTiiet» insérée dans ladeiixiènie
éHition des Erreurs de Voltaire; — Dic-
Oonnaire philosophique de la religion, oit
V<m élahUt tous les points de la doctrine
attaqués par les incrédules et où Von ré"
pond à toutes les objections; Avignon, 1772,
4 Tol. in-i); 2« édit., augmentée, Paris, 1834,
2 vol. in-8* ; trad. en italien et en allemand ;
oa a quelquefois confondu cet ouvrage avec
VAnti' Dictionnaire philosophique de Chan-
thn ; — L'Emploi de Vargent ; Avignon^ 1787,
i<i-l2;trad. de Mafiei; — Les Philosophes des
frais premiers siècles de V Église, Paris,
rstf, in-13; trad en allemand : c*est un al)régé
«le la vie cft des doctrines des Pères de l'Église.
Nonnotte est encore Taiiteur d'un écrit pos^
hume sur le Gouvernement des paroisses
( 1802, in-8<* ), et on lui attribue Principes de
critique sur Vépoque de V établissement de la
religion chrétienne dans les Gaules (Avignon,
1789, in-f2). Soos le titra &Œuvres de Non-
no/te ( Besançon, 1819, 8 vol. in-S*" ooin-12),
on a réuni les Erreurs de Voltaire, le Dtc-
tionnaire de la religion et les Philosophes
des premiers siècles, ses principaux ouvrages.
P. L.
L'^mi de la BeUfian, t. XXV, p. sas. - Mémoire
"if f académie é» Besamçan, lais. — SabaUer, Lu trois
sUcUi.
.soumis TBéOPBANBS ( Osofavi^c Nowoc ),
«vmalD médical grec, vivait dans le dixième
siècle après J.-C. 11 composa par Tordre de
Constantin Porpbyrogénète et dédia à ce prince
(me compilation médicale intitulée : *Eittto(ii^
:iic iatpixj}c &AâoTK '^ix^'K ( Abrégé de tout
l'art médical). Ses principales sources sont
Alexandre de Tralles, Aétius et Paul d'Égine.
N)n ouvrage, quoique étendu, ne contient pres-
<|ue rien de neuf. Sprengel n'y relève qu'une
t^rticularité remarquable, c'est que Tliéopbanes
Connus est le plus ancien écrivain grec qui fasse
(nention de l'eau de rose distillée. VAbrégé de
Nimnos fut publié pour la première fois en grec
avec traduction latine par Jérémias Martius;
Slnijvbourg, 1568, in-8°. La meilleure édition est
^^\k de J.-S. Bernard; Gotha et Amsterdam,
'"94, 1795, 2 vol. in-8«. Y.
Fabrldns, BiM. ortee«, toI. XII, p. aSB. - Raller,
l^meik.medica praeUea, toI. I. ~ Fretod, Hitiorp
•/ A*filtf , vol. I. — Sprengel, Histoire de la médecine ,
«ol II. -ChootootjUandft. der Bttcherkunde fur die
*ttert Medie.
ROODT ( Gérard ), Jorisconsnite hollandais,
né k Kiinègue, en 1647, mort près de Leyde, le
I j août 1725. Après avoir suivi lès cours de
i Dniversité de sa ville naUle, il renonça à la
ihiloiophie et aux mathématiques, pour s'a-
•ionner à la jurisprudence. Il se livra pendant
trois années à Nimègue à l'étude du droit, qu'il
alla continuer à Leyde, à Utrecht, et enfin
à Franeker, où, le 9 juin 1669, il fut reçu
docteur. De retour à Nimègue , il y obtint en
1671 une chaire de droit, puis il devint pro-
fesseur en 1679 à Franeker, en 1684 à Utrecht,
et deux ans plus tard à l'université de Leyde
dont il fut deux fois recteur. Au savoir du ju-
risconsulte il joignait la connaissance des anti-
quités romaines et des belles-lettres. Il mourut
d'apoplexie, dans une maison de campagne de
son gendre, après avoir reço les soins du cé-
lébra Boerhave, son ami. Ses principaux écrils
ont pour titres : Probabiliumjuris libri lU,
dont le premier fut puMié en 1674, et les deux
autres parurent en 1 679 ; — De jure summi im-
perii et lege regia; — De retigione ab im-
perio, jure gentium, libéra : ces deux opus-
cules, traduits par J. Barbey rac, sous ces ti-
tras: Des droits de la puissance souveraine^
et duvraisens de la loi royale du peuple ro*
main, et Discours sur la liberté de conscience,
oà Vonjait voir que, par le droit de la na»
tnre et des gens, la religion n'est point sou»
mise à ^autorité humaine, ont été publiés
en 1707, 2« édit, Amsterdam , 1714 , in-8*, et
insérés dans le Recueil de discours sur di'
verser matières importantes^ Amsterdam,
1731 , 2 vol. in-12; — Commentarius in
D. Justiniani Digesta sive Pandectas, juris
enucleati, exomni veteri jurecollecti ; Leyde,
1716, in-4^ Il donna de ses ouvrages un recueil
( Leyde, 1716, in-4'' ) qui contient deux traités
qui n'avaient pas encore vn le jour : De usu*
fructu libri duo, et De pactis et transactiO'
nibus ad edictum prxtoris, liber singularis.
Des éditions plus complètes ont paru à Leyde,
1724 et 1735, 2 vol. in-fol.; Naples, 1786, 4 vol.
in'4^ E. R.
J. Rarbcyrao, Hl^oriea vit» ameiorit namUlo, ea
tète des œuvret de Noodt, édlt. de 179B. — Cbaofeplé,
Nouceau Diet. hiU. et crU. - Terrauon , htsL de la
fwritp. rom.
KOOMS ( Rémi ) , surnommé Zeeman ( le
Marin), peintre et graveur hollandais, né à
Amsterdam, en 1612, mort dans la même ville,
vers 1672. Né de pauvres pécheurs, il s'em-
barqua comme mousse, et n'eut pas d'autre
maître que la nature dans l'ari de peindre. Ex-
cité par son goût pour le dessin , il consacra
tons ses loisirs à retracer les objets qui frap-
paient sa vue : il réussit ainsi à acquérir une
grande facilité et une certaine correction. 11 es-
saya ensuite de colorier ses croquis ; il y fit de
rapides progrès. Quelques amateure l'encoura*'
gèrent alo» et lui procurèrent les moyens de
se perfectionner, etNooms répondit si bien à leur
bienveillance qu'il devint biçntét un habile
peintre de marines. Sa réputaiion lui mérita
d'être appelé à la coor de Berlin, où il exécuta
de nombreux travaux, qui lui furent généreuse-
ment payés. De retour dans sa patrie, et sans
quitter la peinture, il s'exerça à la gravuraà
285
JVOOMS — WOOUT
286
reav-forte, et ne tarda pifl à y exceller. Il gra-
Tait d'après ses propres dessins et a créé ainsi
une fouie de scènes maritimes , de combats na-
-vais, de Tues de ports el de cotes, etc. Ses pay-
sages et ses lointains sont traités une ooe 6*
nesse et une transparence admirables. On cite
surtout de Nooms : Vue de la rMère de
VAnuiel; «ne Émeute de matelots; I7ii-
cendie de VMtH de ville d'Amiterdam ; le
Lataret de cette Tilie : ces estampes soat très-
recherchées des comnisaenrs. A. m L.
HOORT ( Olivier tan \, le premier nafigatenr
hollandais qoi fit le to«r do monde, naquit à
Utrecht, en 1568» et mourat après leil. 11 aTwC
fait déjà pluaicors foyages an long coors tore-
que quelques riches marchands le chargèrent
de tenter une expédition dans la mer du Sud en
passant par le détroit de Hagellan. Sa mission
n*élait |Nis simplement commerciale : il arait
ofdrede faire autant de mal mm Eepagnols et
am Portugais qn'H lui serait possible. Dans ce
double but on mit sons ses ordres deux TaiS'
seaux, le Mauritiuê et le Bendrick^Fredric
et deux yachts VEendraeht 4t l'Espémnce,
bien armés et montés par denx cent quamnte-
huit hommes. On lui donna pour Tice-amiral
Jacques Claaz, d'Ulpenda; on habile pilote en-
fuis, Melis, qoi aTait navigué nous Thomas Ca-
Tendish, devait le guider. 11 mit à la Toile de
Goérée, le 13 septembre 1698. Le 10 décembre
il relAoha sur l'Ile de Principe. Les Portugais
feignirent de bien aoooeilHrréquipe, qu'il envoya
à. terre, puis se jetant tout à coup sur les Hollan-
dais, ils en massacrèrent trcife des principaux,
parmi lesquels le pilote Melis, Corneille de
Noort, frère de l'amiral, et Daniel Gerritx,
commis de la flotte. OKTier van Noort tenta de
venger la mort des siens ; mais il trouva l'en-
nemi si bien retranché qu'il dot se rembarquer
après une perte de dix-sept trammes Le 9 fé-
vrier 1599 Noort mouilla dans la l»aie de
Rio^laneiro ; il chercha à s'y rafraîchir, mais
las Portugais lui mirent onze hommes hors de
combat et le forcèrent à s'éloigoer. Le 27 février
les Hollandais perdirent encore six des leurs,
que les Indiens leur enlevèrent sur la c6te du
Brésil. Contrariés par les vents, traqués par les
Portugais et les indigènes, ils durent se résigner
è hiverner sur une Ile déserte de Saftta-Clara.
Le 21 juin Noort reprit la mer, après avoir incen-
dié VSendrachl, n'ayant plus assen d'hommes
pour It manœurrer. Le 20 septembre il mouilla
an port du Désir, où son équipage prit en qnel-
qaea Jours, outre une grande quantité de cliiens
marins, pins dedoquanle mUle pinguins. Le 29
il découvrit prfes de la cite de Patagoniè une
Ile, qu'il nomma iU du Aoi ; il y répara ses na«
vires, et le 23 Borembn la.flotfb pénétra dam
le détroit de Magellan ,. aprèa trais tentatives
infnietQeoscft. Les Hollandoio débarquèrent sur
la.oMe «eptentrionala, mais ils tombèrent dans
une embuscade de Patagons, qoi en tuèrent trois^
et en blessèrent un. Le 7h ils reiftclièrent aux
Iles des Pîngnins, Santa-Marfti {Castemme ) et
Santa -Madaiena ( Jaleke ), où ils vengèrent la
mort de leurs camarades en exterminant toute
une tribu de sauvages Enoos. Une seule femme
éehnppa au massacre. Ces sauvages étaient d'une
taille ordinaire, d'un naturel farouche, et proha-
Uement anthropophages. Ils étaient sans cesse
en guerre oontre une autre peuplade nommée
Tirimenen, qoi habitait le pays de Coin, das
l'intérieur des terres. Les Tiriménens étaient
desgéantsdedixàonze pieds, au dire des Knoes;
mais Nbort n'en put voir aocim. Le 29 novembre
les Hollandais 6rent du bois dans le port Fa-
mhie; mais ils ne retrouvèrent aucune trace de
Pfailippeville, que les Espagnols y avaient oons-
tmite. Le 12 décembre ils mouillèrent sous le cap
Froward et ensuite dans une belle tiaie qui reçut
le nom d'0lini€r(1). Le 22 suivant Noort relAcha
dans une autre grande baie, qu'il appela Mawri-
tiui. Le 18 décembre il rencontra, à son granil
étonnement, deux navires hollandais osounan-
dés par Sebald de Weert ( oosr. ce nom ) qoi
avaient hiverné dans le détroit. Ils naviguèrent
quelque temps de conserve ; mais de Weeri
n'ayant pu doubler le cap Galant, ils sa séparé-
rent. Noort découvrit ensuite la baie ifienri ;
il n'y put pénétrer à cause dea glaoes qui
l'obstruaient, bien qu'on fût alore au milieu de
l'été dans ces parages ( 2 janvier 1600). Le 8 il
eut encore un combat à soutenir contre les sau-
vage$, qui lui t«ièrent deux hommes et en bles-
sèrent plusieurs. Les Patagons s'emparèrent
des mort$, qu'ils mangèrent sans doute. Noort
attribue le cannibalisme des indigènes à Taffreuse
détresse qui règne sur ces malheureuses côtes :
ils allaient à la chasse à l'homme, comme les
autres peuples vont chasser le gibier. Les Hol-
landais fbrent retenus plusieurs jours par une
tempête affreuse dans la baie Menniste, où ils
faillirent périr. Le 26 ils entrèrent dans la haie
Guesen ( des Gneux ). Noort y abandonna son
vice amiral Jacob Claaz, qui s'était rendu, à plu-
sieurs reprises, coupable d'Insubordination. En*
fin, le 29 février 1600, les navigateurs débooquè-
rent dans la mer du Sod,'après avoir mis qiutre-
vingt-dix-nenf jours pour traverser le détroit. Le
14 mars Noort eut la douleur de ^Msrdre de vue le
vaisseau Handriek^Frèdric, dont on n'entendit
plus parler. Resté avec un seul yacht, il relâcha
sur nie de la Mocha, où il fut bien accoeilli des
indigènes. Il longea ensuite les côtes du Chili et
celles du Pérou, qu'il ravagea, débarquant de
temps è autre et bridant ou coulant tous les
bâtiments espagnols qu'il pouvait joindre.
Le vice-roi don Luîa de Telaaoo envoya contre
Noort une escadre aux ordres de son frêne don
Juan de Velasco; mais l'amiral néeriandais , en
ayant en eonoaissanoe, cingla vers les Iles des
(t) C'est ta baie de Solano dei BipagnoIA, lor la eOir
oritntate ûa cap Hollande.
nt
NOORT — NOOT
238
LammB, où il atterrit le 16 Mptembre; il pot
oonctater à ses dépens que les insnlaires de oet
archipel méritaient bien leur ifofn. Le 14 octo-
bre suivant Noori était dans les Philippines, oh
fi incendia plusieurs villages et détrotsiC beau-
coup de navireft chinois, espag^nols et portugais,
mais sans faire grand butin. Le 14 décembre,
cniwant devant le détroit de Manille, il fiit
attaqvé par deux gros vaisseaux espagnols.
Apre» un combat qui dura tout le jour, il coula
an des bittinents ennemis ; mais il en hit très-
maitraité,et son yacht fut pris. I9oort alla ms ré-
parer à Palane ( lie Boniéo ), et de là passa à
Java, où il fit une riche cargaison d'épiées. Pre-*
oant la route du cap de Bonne -Eapérance, qoll
aperçât le 24 avril 1691 , il fit aigiiade do 26 au
30 k Saisie- Hélène, alors déserte, -et le 26 aoftt
détMurqna à Rotterdam, après on voyage de près
de trois années. Noort ne ramenait que son
seni vaissean et seulement quarante-ltnit hom-
mes d'équipage.
Les négociants qui avaient commandité van
Koort approuvèrent hautement sa conduite. Quoi-
que son voyage leur fût peu productif, ils con-
sidérèrent cette eotroprise comme fort avanta^
geuse à leur nation. En effet, les Hollandais ac-
quirent par elle la connaissance des mers du Sud.
C'est arec justice que van Noort a été placé par
les Bataves ao nombre de leurs premiers navi-
gateurs ; son habileté, son courage, sa persévé-
raiicejui méritent ce rang ; mais il est triste qne
rhistorien soit forcé d'ajouter que la conduite
de ce navigateur fut poussée jusqu'à la cruauté,
sa prudence jusqu*à l'inhumanité. Chaque fiage
de son journal contient le rédt .d'un drame san-
glant.
Il a été publié à Amsterdam et à Rotterdam
une relation du voyage de Olivier van Noort ( eil
hollandais), trad. depuis en diiïérentes langues.
Voici le titre de la traduction française: Des-
cripfion du pénible voyage fait autour de
Vunivers, eu globe terrestre, par Olivier van
yoorifOÛtonl déduitesses étranfes aventures
( Amsterdam, 1602, in-fol. ). A. de L.
Pnrehat, ffl0r<mi, t. P'.part. Il, p. 71. -^Hi$t. untrer-
uUg (Pwtt, 1781, SU TOL ln-8«), t LXXX. »f. XXXIV,
». 1 à isi — itÊCÊKii dn f^ofttifes gui ont Mrvt à. Vé*
toMissement de. la Compagnie des Indes orientâtes
'aoa«ii, ITM. 10 vol. In-it ) , t. II. p. Sn, SSt; t. Ht,
^ i-liS. — LaSt. iVoma Orbt», Ur. XIII, cap. ix — il«r->
nra, neaseii des markiatioH»idu détroit de ttavaHoH,
-Stnttago de TestHo, Cuerra de ChUe ( 1731), C^ull. 81.
— FrtdMe Lacroix, FaCo^onfe. Terre d» Feu, lies Ma-
Irminu^dat» VOnieer» pUtoreequOt p. M. — Vaa Tenae,
UisL tenérale de la Marine, t. Il, p. sts et an.
«••T ( H€mp'y'ekarles-Nicolas^ vm vbm )\
célèbre hennne poliliqne beige, né à Branelles,
le 7 janvier 173d, mort le 13 janvier t627, ao
village de Slroonboeck. Fils de l'ammon, ou
directeur de la police de Bru telles, if étudia
le droit à Lowain, et se fit recevoir avocat au
grand eooaeil de Blabant 11 se signala pour la
pranlèBe fob à rattealion publique par le Mé"
tnmre qn'ii remit en 1787 aon état» de Bm-
bant, et oh il démontratt l'inégalité des innova-
tions introduites dans les derniers temps par
reropereor Joseph H dans l'administration du
pay^. Cet écrit, rédigé d'un style déclamatoire
et diffus, fut, malgré son extrême violence, una-
nimement approuvé par les états, dans leur
séance du 26 avril. Encouragé par ce succès,
van der Noot ne s'occupa plus que d'activer
l'opposition provoquée par les mesnres du gou-
vernement autrichien. Menacé d'être arrêté, il
s'enfuit à Londres, où il chercha à gagner Pitt
et plusieurs autres hommes d'État anglais à la
cause de la délivrance de la Belgique. Après
avoir obtenu une procuration signée d'un grand
nombre de membres du tiers état , et qui le qua-
Iftiait d'agent plénipotentiaire du peuple bra-
bançon, il passa (mai 1789) à La Haye. H fut
très-bien accueilli par la princesse d'Orange,
qui le recommanda au grand pensionnaire van
Spiegel ; cet homme d'Etat , auquel il exposa
les projets des patriotes belges, envoya à ce
sujet un m^oire ao ministre de Prusse, le
comte de Herlzberg ; il y fil ressortir Tlmpor-
tance quil y avait pour la Prusse, la Hollande
et l'Angleterre, à accepter les ouvertures de
van der Noot, de peur quII ne s'adressât à la
France. Le comte entra dans ces vues, et fit
assurer à van der Noot que la Prusse sou-
tiendrait les Belges s'ils parvenaient à secouer
la domination autrichienne. Van der Noot ac-
courot à Berthi, et obtint aussitôt une audience
du ministre ; l'insuffisance de ses plans, sa for-
fanterie et sa crédulité forent bientôt démêlées
par nert2bei-g, qni cependant, pour ne pas le
rebuter, lui donna quelques promesses vagues.
Tan der Noot s'en autorisa pour annoncer aux
patriotes que, grâce à son habileté, les cabinets
anglais, pnissien et hollandais s^étaient dé-
cidés à aider les Beiges dans leur lutte contre
les autorités autrichiennes. 11 se rendit à Bréda,
et se mit avec l'abbé van Eui)en à la tête du co-
mité des émigrés belges constitué en ce lieu.
Dans l'intervalle l'avocat Yonck, chef dn parti
qui réclamait le renversement du gouvernement
autrichien an nom des idées libérales et démo-
cratiques, avait organisé la société secrète dé-
nommée pro aris etfocis, et avait rassemblé à
Hasselt un certain nombre de patriotes, qui se*
préparèrent à entrer en Belgique à main arnnée.
Il communiqua ses projets à van der Noot; qm,
se berçant du vain espoir d'bbtenirdes secours
actih des puissances étrangères, refusa d'agir
en commun avec Vonck, auquel il ne voulait
laisser pfeadre ancnneînfluence.Ckspendant le co-
mité de Bréda se vit forcé bientôt après d'accepter
le concours de Vonck , qui venait de charger le co-
lond van der MerscH de prendre le comman-
dement de la petite armée des patriotes. Le
24 octobre 1789 cet habile officier envahit
avec ses troupes le territoire belge ; le même
jour van der Noot lançait on manifeste enga-
geant le peuple brabançon à secouer ta domi-
339 ^'OOT —
nation deremperear,4(Qi était déclaré décliode
tous ses droits de souveraineté poor avoir violé
la constitution. L'adresse et le courage de van
der Mersch, joint aux fausses mesures du gou-
vernement autrichien, amenèrent en moins de
deux mois le triomphe complet des patriotes ; à
la tin de décembre les troupes impériales
avaient évacué presque toute la Belgique. Le
18 de ce mois van der Noot, à la tête du co*
mité de Bréda, fit, au milieu des applaudisse-
ments, son entrée solennelle à Bruxelles; bien
qu'il n'eût à revendiquer dans ces succès qu'une
part très-minime, il fut reçu avec des honneurs
tels qu'on les aurait rendus à un souverain. Porté
ainsi au faite du pouvoir, malgré son manque
complet de talents politiques et diplomatiques, il
exerça une influence prépondérante sur les déci-
sions des états confédérés des provinces belges,
qui se réunirent à Bruxelles, le 7 janvier 1790.
Aussi ne faut- il pas s*étonner si la constitution
YOtée par eux ne répondait en aucune façon
aux besoins du moment; parmi tous ses dé-
fauts un des principaux était que/ les états
s'étaient en même temps constitués en pouvoir
exécutif; lorsqu'ils si^eaient en cette qualité,
ils prenaient le nom de congrès. Van der Noot
seçut avec le titre d'agent plénipotentiaire une
autorité spéciale, mais mal définie; il la mit en-
tièrement à la disposition du parti de l'aristo-
cratie et do clergé, et combattit h outrance les
tendances démocratiques des adhérents de
Vonck , qui, après avoir contribué le plus à
ralTranchissement de leur patrie, se trouvèrent
bientôt en butte aux persécutions les plus odieu-
ses; van der Mersch, .qui les soutenait, fut, k la
demande de van der Koot, jeté en prison et
remplacé par te générai prussien Sciidnfeld.
Van der Noot provoqua ces mesures absurdes,
qui privaient le pays de ses plus braves défen-
seurs, bien que depuis longtemps il eût pu se
convaincre que la Belgique en était réduite à ses
propres forces et qu'elle n'avait rien k attendre
des puissances étrangères. Mais il continua à con-
server sur ce pohit ses illusions précédentes, ce
qui le conduisit à faire repousser les propositions
d'accommodement très-avantageuses que le nou-
vel empereur Léopold H soumit au congrès. Ce
prince fut ainsi obligé de faire au sujet de sa poli-
tique vis-à-vis de la Turquie les concessions de-
mandées par l'Angleterre et la Prusse; une fois
satisfaites sur ce point, ces deux puissances n'a-
vaient plus d'intérêt à soutenir l'indépendance
de la Belgique, et elles laissèrent à l'empereur
le cliamp libre pour réintégrer ce pays sons son
autorité;^ elles se contentèrent de stipuler dans
\k convention de Reichenbach ( 27 juillet 1790 )
que l'empereur ne changerait pas l'ancienne
constitution. Dans l'intervaUe l'incapacité de van
der Noot avait été cause en grande partie des
délaites presque continuelles que les troupes
btiffiê avaient essuyées de la part des armées
impériales. Celles-ci gagnaient de plus en plus
NORBANUS
940
du terrain. Cependant van der Noot refuu
d'accéder à un armistice proposé par les puis-
sances médiatrices, non pas qu'il ne reconnût
cette fois la nécessité de céder, mais parce que
la populace de Bruxelles, qu'il avait excitée
contre les vonckistes, avait pris goût aux af-
faires publiques, et menaçait de massacrer le
premier qui parlerait de négocier. Cette obs-
tination précipita les événements ; à la fin de
novembre, les Autrichiens n'étaient plus qu'à
quelques lieues de Bruxelies; les membres da
congrès se dispersèrent. Van der Noot se sauva
en Hollande , où il passa plusieura années. En
1796 il fut jeté en prison par ordre du Direc-
toire, qui le punissait ainsi d'avoir persécuté les
démocrates. Relâché en 1797, il revint dans son
pays; il passa les dernières années de sa vie
aux environs de Bruxelles, dans la plus i^rande
obscurité. Avant de mourir, il brûla les nom-
breux documents concernant la révolutioa bra-
bançonne qui étaient restés en sa possession. 0.
Dewtt, HUtoin de la Belgigme. •> MëUûçer éa
sciencet kUtoriquei dé Belgique ( anoéc isio. p. 178 )•
— .Ad. BorgoeC, Lettres iur la revobKUon brabamçenn»
( BrtttcUM, in4, t vol.) et tlist, dês Belge» a la Mm du
dix^uHiême siècle (Ibfd., ISU.tTol.). — Ferd Ea-
pédloB de Berg, MéaMiree et ÛocueteiUs pour servir à
fhlst, de la rév. brabançonne ( Bruielles, ts^l, S voL ).
— Van de Splegel, Résumé des négociations çul aecom-
pagnérent la rév. des Pa^s-Bas autrickiens ( amsier-
daio, 1S41, lD-8*). ~ Gaeiard, Doc. sur ta ré», beige de
ITIO. — Arendi, Die brabantische BevoluUon 1 dans le
Historisehet Tasehenbuchûe Raumer, aoo. 18(1).
NOP ( GerHt), peintre hollandais, né à Har-
lem, en 1570. 11 fut run des bons élèves d'Henry
Goltzios, et avait déjà donné de nombreuses
preuves de son talent lorsqu'il se rendit en
Italie. Il séjourna quelques années à Rome, et
de retour à Harlem y exécuta plusieurs ta-
bleaux dont van Mander, son contemporain, fait
un grand éloge. Nop mourut à la fleur de l'âge,
vers 1600. Les productions de Nop sont peu
connues hora de sa ville natale. A. de L.
Charles van MkDder, Het leven der modem <tft dees-
Igtscke doorluektigke Nederlandtsehe etc. ( Apiterdam,
1817, lii-4«). - DeMCampa, La ^ie des peintres hollan-
dais,^c, L I, p. lis.
NORBASius ( Caiiu ), un des chefs du parti
démocratique dans les guerres civiles de Marius
et de Sylla , mort en 81 avant J.-C. Tribun du
peuple en 96, il accusa Q. Servilius Csepfon de
crime d'État (majesitu) pour avoir pendant
son consulat ( 106 ) pillé le temple de Toulouse
et causé l'année suivante la défaite de l'armée
romaine par les Cimbres. Ces deux chefs d'ac-
cusation étaient moontestables ; et malgré l'appui
déclaré du sénat, malgré la puissante éloquence
de l'orateur L. Crassus , Ca^n fut condamné
par le peuple et envoyé en exil. Les troubles
arrivés pendant le jugement fournirent aux en-
nemis du tribun l'occasion de Vaocuser Ini-
méme de crime d'État, en 94. P. Snipîcius Bnfoa
dirigea l'accusation et le célèbre orateur Maroos
Anfonius présenta la défense. Norbanus fut ac-
quitté. Préteur en Sicile pendant la guerre So-
24t
NORBANUS — NORBERT
342
ciâie (90-88), fl maintint ta tranquillité dans
cette IJe. et, franchissant le liétroit du Piiare
eo 8S, il força les Samnites de lever le siège de
Rhegium. Lorsque la guerre civile édata entre
Marioset Sylla, Il se déclara pour le parti dé*
loocratiqiie; mais il resta étranger aux excès
qoi souillèrent le triomptie de Marins., Consul
co 83 avec Sdpion l'Asiatique, il eut pour pro-
vince ritaiie méridionale, menacée par Sylla, et
ooeopa une forte position sur le Vultume au
pied do mont Tifala, non loin de Capoue. Sylla
parot d*abord vouloir négocier, et envoya des
(lépalés an consul ; cette mission était une ten-
tative détournée pour gagner les soldats de
.^rbanos. Les ambassadeurs de Sylla furent
renTojés avec des insultes, et les deux armées
ea vinrent aux mains. Les nouvelles levées de
Norbaous, incapables de lutter contre les vété-
rans qui avaient vaincu Mitliridate, prirent la
faite, et ce fut seulement sous les murs de Ca-
pooe que le consul rallia son armée, qui, dimi-
nuée de sept raille hommes, était hors d*état de
tenir plus longtemps la campagne. La bataille
(la Vnitame livra aux vainqueurs Tltalie méri-
dionale; il restait au parti démocratique le nord
de ritalie. Norbanus joignit en 82 le consul Car-
bon dans la Gaule Cisalpine. Les deux généraux
livrèrent bataille à Métellus Pius, lieutenant de
Sylla, et essuyèrent une défaite complète, qui
porta le coup de mort au parti de Bibrius en
Italie. Les chefs de ce parti avaient encore des
forces oonsidéraliles; mais la défection et la
trahison se mirent dans leurs rangs. Albinovanus,
i^Mivemeur d*Ariroiniuro, invita à un tranquet
Norbanus et s^ principaux officiers; le gé-
■|âral, soupçonnant une perfidie , refusa Tinvita-
tioa;&es offiders, plus confiants, furent égorgés
pendant le repas. Kortwnus s'enfuit à Rhodes ;
mais Sylla réclama son extradition. Tandis que
iesRhodiens délibéraient sur la demande du dic-
t^l^iir, le consulaire proscrit se tua lui-même au
milieu de la place publique. L. J.
Clrirmi , De OraU, II, 4S, 49 j III. tl, M, M, 40 ; OraL
'Wt., M; yerr., V, 4. - Applen, Bel. Cio , I, SI, «4, U,
«1. - TileUve, EpUL, 8S. - Vclleliu P*tercoliu, II,
23. -piaiarqoe, Smit., 17. - Orose, V, M. - Floros,
Jll, H. - Meyer, Fragmenta roman, orator , p. M7,
i*Mit — OruiMao, CeseMeMU Bômt^ roU II. p 4M.
aoRBBR6(Ma^Ato5), savant orientaliste sué-
^, oé en 1747, en Angerroanie, mort à Upsal,
^ 1 1 janvier 1816. Reçu docteur en philosophie ,
il fut en 1776 adjoint à la faculté théologique
dX'psal; Vannée suivante il partit pour Té-
^^er, dans le but de compléter ses oonnais-
^fBoes des langues orientales. Après avoir vi-
^ TAllemagne, il fit un séjour prolongé à
^ris, et plus tard à Rome entreprit des re-
cbeithes dans les principales bibliothèques de
ces deux vHles. 11 se rendit ensuite à Cons-
taiitîDopie, où il devait être r^oint par Bjôms-
U» avec lequel il venait d*ëtre chargé, par le
iS^ivemement suédois, d*explorer les pays orien-
liui. La mort de Bjômstal ayant fait avorter ce
projet, Norberg continua à Constantinople l'é-
tude de Tarabe et d'autres idiomes de l'Orient,
et se procura aussi des renseignements sur les
doctrines des Sabéens. De retour en Suède à U
fin de 1781 , il obtint la chaire de langues
orientales à l'université de Lund ; lorsqu'il prit
sa retraite en 1820, il fit don à cet établisse-
ment d'un fonds de 34,000 francs, pour
l'entretien d*nn professeur de langues modernes.
On a de Norberg : De religione et lingua
5a6aM»rtfm;Gœttingne, 1780 ; — JHssertationes
aeademiex; Upsal et Lund, 1773-1814; — Co-
dex SffHaco' hexaplari$^ ambrosianO''mediO'
lanensiSf edilUM et latine verstu ; Lund ,
1787 ; ' Programmata ;UaÈâf 1793-1801 ; —
Codex Nazarxus, liber Adami appellatus,
Sffriaee transeriptus latineqtte redditus;
Lund, 1815-1816, 3vob;^ Leaneoneodicis Na-
zaraH; Lund, 1816, in-4'; suivi d'un Onomas-
tieùn codicia Nazarxi; Lund, I817 , in'4®
( voy, sur les travaux de Norberg au sujet des
Sabéens ou Nazaréens un article de Silvestre
de Sacy dans le Journal des savants de
1819); — Rudimenta etpmologix grœcas a
semUieissuis originibus petitœ;Lunà, 1816;
— Selecta opuscula aeademica ; Lund, 1817*
1819, 3 vol.; — Gihan Numa GeograpMa
orientalis^ e turcico in latinum oerta; Lund,
1818,2 vol.; — Annales de Vempire turc,
puiiées dans les actes du pays ; Cbristtans-
tadt et Lund. 1820-1822, 4 vol.; — Norberg a
encore traduit de l'aralie en suédois le Rapport
sur la révolution du royaume circassien de
Schil-Effendi, Stockholm, 1816; il a aussi tait
le Catalogue des manttscrits orientaux de la
bibliothèque d* Upsal, inséré dans les iicto
Sœielatisscientiarumupsaliensis. G. .
BlographUk' Lexikon,
NORBKET (Saint), archevêque de Magde-
bourg, né à Saoten (duché de Clèves), en
1080, mort le 6 juin 1134. Sa famille était une
des plus considérables de l'Allemagne, et, quoi-
que destiné dès sa jeunesse à l'état ecclésias-
tique, il eut d'abord les mœurs des gens de sa
condition. A proprement parler, suivant tous les
historiens de sa vie, c'était alors un franc libertin.
Nous le voyons commencer sa carrière ecclé-
siastique sous l'habit des chanoines séculiers,
dans l'église collégiale de Santen. 11 fut ensuite,
pendant quelques années, chapelain de Tem-
pereur Henri V, son parent ; mais plus grand
avait été le désordre de ses mœurs, plus sacon-
Tersion fut éclatante. Ayant subitement aban-
donné la cour, il se confina dans une étroite
retraite, fit une austère pénitence, et se rendit
ensuite auprès de l'archevêque de Cologne, qu'il
pria de lui conférer les ordres sacrés. Ordonné
diacre et prêtre le même jour il se mit à par-
courir les campagnes, et alla prêcher dans les
églises, sur les places, recherchant les mor-
tifications, conviant chacim à suivre son exem-
ple, et annonçant partout, avec l'dpreté des
243
«ORBERT — WORBLIN
241
anciens prophètes, Theure de Dieu, Tlieure
terrible aux pécheurs. On le prït pour un fou,
et il fut déféré sous l'accusation de fanatisme au
ooncilede Frixiar, en 1118. Mois il paraît qu'il
y confondit ses aoousatenrs. Cependant comme
il faisait dans son pays peu de prosélytes, il le
qnitta, traversa la France , et se rendit auprès
du pape Gélase, qui paroeuraii le Languedoc.
Gélase lui fît bon accueil, et lui permit de oon*
tinneren tous lienx ses pnédicatinns, jusqu'alors
à peu près infructueuses* Il obtint pins de
succès en fiainaut, daM ie Brabaot. On lui pro-
posa, dit-on, révèolié deCambray; mais il le
refusa, par mépris pour les dignités el les af-
faires roandaines. Quelqoe fenps après, en 1 120,
Barthélémy^ évéqoe dcLaon, l'attira près de loi,
et le changea de reformer les chanoÎDes réguliers
de cette Tîlle, dont les liabiludes étaient fort re-
lâotiées. C'était une commission di facile. Norbert
ne réussit pas à vaincre lenr indiscipline obsti-
née. Résister anx eonseils des gens de oe carac-
tère, c^est les pousser anx résolutions extrêmes.
On vit alors Norbert qottter la ville de Laon,
et se retirer dans les profbndeurs de la forêt de
Voas, loin d'une société qu'il estimait en proie
à d'incurables vices. Il avait bien choisi le lieu de
sa retraite. C'était un affreux désert; un sombre
marécage, que dominaient de grands bois et des
monts aux flancs escarpés. Il y vécut d'abord
seul. Mais comme il en sortait de temps en
temps peur aller à la ville Mvrer quelque as-
saut à l'irréligion, son triomphant ennemi, il
en4ratna bientôt un certain nombre de gens à
suivre son eicemple, et, les ayant associés à ses
pians de réforme, il établit leurs cellules près de
la- sienne, et leur dictar des lois. Telles furent les
commencements de l'institut célèbre de Pré-
montré. La difficulté principale avait été pour
Neihert de réunir quelques disciples» Dès qu'il
■e fut plus seul, on crut à sa mission, et celui
que la veille on fuyait comme un insensé, fut re-
oherclié comme un saint homme. Quatre ans
après Norbert avait soaa son gouvernement
neuf monastères où Ton observait «trictemeat
la règle qu'il avnit prescrite. H avait donc ,
pour enployier l'ancien langage, fondé une re-
ligion. A ce titre il était devenu dans l'Église, et
mAme dan» TÉtat, un personnage considérable.
La conte de Champagne l'ayaot chargé d'une
raiaaion. auprèa de rempereiir, il se rendit à
Spire SB lioa^ L'archevêché de Magdebouiig
était aiora vacant : en même temps que Nor-
t»eii se trouvaient akm à Spire les délégués
de l'Eglise de Mhgdehawig,. qiii venaient, sui-
vant l'usage, ooasulter r-enafiereur sur le choix
qu'ils devaieat faire. Norbert lear fut proposé.
On. raconte q«e celai-Gi manifesta la plus vive
résialanoa anx voeux de l'empereur et des dé-
léguée, et qu'on dut recourir à la violence pour
rempêoher de fuir du côté de Laon et l'en-
tralaer vecs Magdebourg. Enfin, de force ou de
gré, il quitta sa- robe de chanoine pour revêtir
le |)alliom, et parut dans son église métropoli-
taine; oependant il conserva quelque temps en-
core le titre d'abbé de Prêmontré, et ne se fit
remplacer au gouvernail de cette abbaye qu'en
1 1 28. Il assistait au concile de Reims en 1 131 , où
il eut plusieurs entretiens avec saint Bernard.
Animés de la même passion pour la réforme des
ordres, ils devaient s'entendre. Ils s'entendirent
en effet sur toutes les questions, hormis celle de
la venue de l'AntiH^hrist. Dans l'emportement de
son zèle, Norbert ne voyait autour de lui que des
impies, que des suppôts du noir abîme; et leur
nombre, lenr puissance l'effrayait au point qu'il
n'hésitait pas à croire que le mystère d'iniquité
allait prodiainement s'accomplir. Suivant lui,
l'Antéchrist était né ou allait naître. Tel n'é-
tait pas l'avis de saint Bernard. La dernière
année de la vie de Norbert fut employée au ser-
vice du parti qui, durant le schisme de l'Église,
avait favorisé la cause d'Innocent H. Il accom-
pagna l'empereur qui se rendait à Rome pour y
installer ce pape et l'y protéger contre ses enne-
mis. C'est au retour de oc voyage qu'il mourut
On a de saint Norbert un Sermon inséré dans
la Bibliotfièquedes Pères f édit. de Lyon, t. XXI,
p. lis, et quelques fragment» d'une moindre
importance. Le Paige, dan.<% sa BiMwth. prx-
monstr,, lui attribue plusieurs autres écrite;
mais s'ils ont existé, ils sont perdus, ou ils ont
été considérés comme appartenant à d'autres
auteurs. B. H.
Hiigo. rie Ot saint Norbert. - GaU. ekristUatm,
t. IX. cnl. 64t, 64S. - Bibtioth. Prsemonxtrat ., p. S04. —
Builandisloii, Juin, t. I, p. 809. - Saint Benumi, EpUL,
1S8. ' UM. littérairr de la f'rancr. t. XI, fi.sts.
HOEBBiiT (Le P.). Voy. Pabisot.
HORBUiSi DE La GouRD*iw(«feinii- Pierre),
peintre et graveur français, né le l^* juillet
1745, à Misy-Faut- Yonne, près Monterean, mort
à Paris, le 23 février 1830. Élève de Casanova,
il obtMit en 1771 le grand prix de peinture, et
s'adonna an genre qu'avait cultivé son inallre.
En 1774, il accompagna en Pologne le prince
Adam Czartoryski. Ses talents lui conquirent
bientôt une position brillante ; il prit la direc-
tion d'une école de peinture, d'où sont sortis
quelques artistes distingués, et fut chargé de
travaux important». Le roi Stani^Us•Augusle
lui conféra la noblesse, afin qu'il pût assister anx
assemblées de la diète et en reproduire exacte-
ment l'aapect. Il lui lit peindre la Hataiiie de
Zboraw sons Wladislas IV. Le prince Radrivill
lui commanda pour son palais un plafond repré-
sentant le char de C Aurore traîné par sept cbe*
vaux de dinMneion cotoaaale. Il fit en outre de
nombreux petits tableaux dans le genre de Wat-
teau et à la gouache. Malgré tous les efloria
qu'on fit |iour le retenir en Pologne, fforUin re-
vint se fixer en Franoe, en 1804. Admiraleor
passionné de Rembrandt, il exécuta, à Timitatîoo
de ce i^ipltre, quatre-vingt-treize gravures à
l'eau-forte, qui n'ont été publiées qu'après aà
mort H. H— M.
345
Catalofniê du ttfmyes f «i oompotrat tttwcv de
II: Hortfti», par P. nilmacber. 184*. — L. UuBsteiis,
Lr< Artistes Jf Tançait à rétrançer.
l X0BBL15 {Sébastien' Louis - Wilhelm),
peintre fraoçais, fils du précédent, né le 20 té*
Trier 1796, à Varsovie. Élève de Regnault el
de ilcole des Beaux-ArU, il obtint le seœnd
gnad prix en 1823 et le premier en 1825,
sur ce sujet : Antigone reconnaissani Po-
lynice. Ses principaux envois de Home furent
Cgparisse mourani sur son cer/^ tableau ex-
posé au salon de 1827, et La Mari de Phaiaris.
De retour à Paris, il exécuta sucoessiveraent : La
Mort d' Ugolin ; une Bacchante endormie ; Éri^
gone (1833) ; — une Baigneuse < 18^); — Vision
de saint Luc( 1836 ) ; — Jésus^Chrise guéris*
fantuM paraif tique (1839) ; ^ Jésus au jar-
din des OHviers ( 1841 ) ; ^ Saini Paul à
Athènes ( 1844 ) ; — i^ trois Parques ( 1846 ) ;
l'Etoile du maiin (1847) ;— Martyre de saint
Laurent ( 1848) ; — Rachel pleurani ses en*
/m/f (1849 }; — la Décollation de saint Jean
( 1860 ) ; — Jésus-Christ et les petits enfants
(1857); —deux cartons de la Vie de sainte Su-
Maac ( I8ô9 ). M. NorbKn a exécoté des peki-
tore; dans Téf^ise de Saiot>^Loui8-eB-l1le. H a
iait anMi, pour le musée de Y«rsaHles, une copie
de François /«r et Charies-Quini visitant
Saint-Denis, d*àprès Gros* Il est ohevalier de
la Légkm d'Honneur. 6. na F.
Junaaire des JrtUtes français, tSSS.
RORDALBiaGBiff ( Bernard de ). Foy. Bà-
ttDOW.
^OKhtLEMG (Georges-André )f historien sué-
({ois,né à Stockholm, le 3 septembre 1677, mort
le 14 mars 1744. Fils d*un n^odant aisé, il étn-
^ à Upsal la théologie , devint en 1703 aumô^
nier d'un r^iment d*artiilerie, alors employé an
^delhom, fut nommé Tannée suivante no-
taire du consistoire anlique, et en 1 705 aumônier
de la garde royale. Après avoir visité plusieurs
Qoirerntés de TAIIemagne, il fut promu en
l'07 i l'emploi d*aumônier dn roi Charles XII ,
<|o'il suivit à la gaerre. Fait prisonnier àia ba«
taille de PoItava,il Ait transféré successivement
dutt diverses villes de Tempiré russe, et nere-
^^onna sa liberté qu'en 1715. Deux ans après,
Q Ait nommé pasteur à Téglise Sainte-Claire à
Stockholm; chargé, aux diètes de 1719, de 1728
^ de 1731, de la direction des alTaires ecdésiafr»
tûipeg^ il refosa h plusieurs reprises la dignité
^sfiopale, par attachement pour ses ouailles.
^ a de lui : Berrattelse om det gamla
^' Clara llostri i Stockholm (Documents sur
l'soden couvent de Sainte-Claire à Stocktiolm);
Stockholm, 1727, in- fq!.;— Konung Caris Xli
Bhtoria (Histoira du roi Charles Xn); ibid.,
t^«0, 2 Toi. in-Cbl. ; tradniten français, La Haye,
I742.i74g^ 4 vol. in-4*; et en allemand, Ham-
»B% 1745-1751, 3 vol. in fol : fauteur y re-
Kva avec une certaine aigrenr les nombreuses
inexactitudes échappées à Voltaire dans son
NORBUN — NORDEN M6
Histoire de Charles Xîl, Voltaire, tirant part»
de ce que phisieurs de ces erreurs n'avaient au-
cune importance, poursuivit Nordberg de ses
mordantes épigrammes , et mit an jour les lon-
gueurs da style tourd et diffus de fauteur sué
dois. o. <
jécta kistcneo-eeelesiattlea (Letfntg, f7S4-ns8, (. IX}.
-> HlneiilDf , Bandbveh. — Mtooruphisk Uxikim,
ifoiiDBff (John), graveur anglais, né vers
1548, dans le Wiltshire, mort vers 1626. Admis
en 1564 à f université d'Oxford, il fbt reçu maître
es arts en 15T3; mais, n'ayant pas réussi à se
frayer un chemin par lès lettres, il s'adonna au
dessin et à la gravure , et acquit mtoie en ce
dernier genre une certaine réputation. Quelques
grands seigneurs, le ministre Cecil entre autres^
lui accordèrent leur patronage , ce qni ne f em-
pêcha point de vivre dans la ^e. Sa résidence
ordinaire était tantôt à Futtiam , tantôt à Hen-
don, paroisses voisines de Londres. Vers la fin
de sa vie il obtint, pour lui et pour son fRs, le
titre d'krpenteur (surveyor) du prince de Galles.
Il mesura le comté d'Essex en 1584, le Hertfonl-
shire et le Middiesex en 1593, et exécuta en
outre les cartes de la Coraonaifle, do Hlmipshire,
dn Surrey et dn Sossex , cartes reproduites avec
des additions dans le Théâtre de J. Speedet sur
lesquelles il fut le premier qui indiqua les voies
de communication. Nous citerons encore de Ini ^
England, an intended • guide for Bnglish
travellers; Londres, 1625,in-4^;— Spectiftim
Britanniœ, a topographical and historical
description ofCornwalt; 1728, in-4* : Impr.
d'après un vieux ms. du Brittsh Muséum, cet
ouvrage, cité comme un des meilleurs de Norden,
ne serait, selon le témoignage de Gough, qu'une
simple reproduction du recueil de RichanI Carew
snr la Cornooaille; — Spéculum Britannia', or
an historical and chorographical desciiption
of Middiesex and Hertfordshire ; 1573, ln-4%
réimpr. en 1637 et 1723 ; la seconde partie, qui
contient le tableau du lïorlhamptonsliire, parut
à Londres, 1720, in -8^; — The surveyor*s dia-
logue; Londres, 1607, in-4*' : c'est on bon traité
pratique d'arpentage. Quant aux dessins qu'il a
gravés, il est difficile d'en indiquer le nombres
Wood lui attribue quinze sujets religieux en ex-
primant des doutes sur leur authenticité.
P. L— Y.
Wood, Mhtnm Oxam^ I. ~ Qcnsfi^^JntedUeê •fbri-
tish tapoerapkf. — Stratt, DUt. qf ençraxmn,
NOEIIB0I (Frédéric-Louis), voyageur danois,,
né le 22 octobre 1708, à Glurkstadt, mort à Pa-
ris, le 22 septembre 1742. Fîls d'un, lieutenant-
colonel d'artillerie , il entra k f école des cadeta
de Oopenhagne ; il en sortit en 1732 avec le
grade de lieutenant de marine» et reçut en même
temps une pension pour aller à l'étranger s'ins-
truire plus complètement dans sa prolteion.
Après avoir séjourné deux ans en Hollande, H
visita Marseille et Livourne; il y dessina les
plans de construction des navires les plus
247 HORDEN
usage dans la Métiiterranée et les envoya à
Copenhague. Il parcourut ensuite Tltalie, et s*ar-
Jeta longtemps à Florence, où il se lia avec le
baron Stosch, qui le fit recevoir membre de i'A-
cadéroie de peinture. En 1737 il quitta cette ville
pour se rendre en Egypte, dont il venait d'être
chargé par son gouvernement de dessiner les
monuments. Après avoir exploré pendant quatre
mois Le Caire et ses environs, il visita les
pyramides, et remonta le Nil jusqu'à Déir en
Nut>ie ; le mauvais vouloir des gens du pays Tem-
pècha de pénétrer plus loin. De retour au Caire,
le 21 février 1738, il gagna Venise, et de là, à
travers TAllemagne, Copenhague. Très-bien ac-
cueilli par le roi, il fut nommé capitaine de
vaisseau et membre de la commission pour
les constructions navales. En 1740, lors de la
guerre entre TAngleterre et TEspagne, il entra
comme volontairedans la marine britannique, et
assista entre autres au siège de Carthagène. 11
revint à Londres en Tautomne 1741, et fut élu
membre de la Société des sciences. 11 partit
pour la France dans l'espoir d'y rétablir sa santé
aiïaiblle; mais il mourut bientôt après. On a
de lui : Ruins and colossal statues at Thebes;
Londres, 1741, avec quatre planches ; ^ Voyage
d* Egypte et de iViiM«; Copenhague, 1752- 1755,
2Tol.in-fo1., avec 159 planches: cet ouvrage, pu*
bliépar ordre du gouvernement danois, d'après
les papiers de Norden, fut traduit en anglais par
Tempelman, Londres, 1757, 2 vol. infol., et
1775, 2 Tol. in-S**; en allemand par StelTeos,
Breslau, 1779, 2 vol. in-S** ; le texte français fut
réimprimé à Paris, 179&*1798, 3 vol. in-i% par
les soins de Langlès, qui y introduisit de nom-
breuses corrections et additions. Avant l'expédi-
tion française en Egypte, le Voyage de Norden
était le seul ouvrage où fussent décrits les mo-
numents antiques de ce pays; c'est là où l'on
voit appliquer pour la première fois la méthode
de faire connaître les détails des grandes cons-
tructions par des élévations, des coupes, etc.
Les cartes du cours du Nil fournies par Norden
sont beaucoup moins exactes que le reste des
renseignements qu'il avait recueillis. O.
Hirnehing. Bundbuck. -^ Meaul, Bibliotheea Aiito-
rka, t m.— Vytrup, lÀUeratur'Lexikùn.
NORDBNANKAR (Jean DE), marin suédois,
né en 1722, mort près de Calmar, le 3 septembre
1804. Entré de bonne heure dans la marine, il
parvint au grade de vice-amiral ; il explora avec
soin les mers du nord et en fit faife des cartes
très-exactes. 11 était membre de l'Académie des
sciences de Stockholm, dont le recueil contient
plusieurs Mémoires de lui, un entre autres, Sur
tes courants de la Baltique, O.
IHoçraphUk'Lexikom.
MORDBNFLTCHT (Hedwige- Charlotte, ba-
ronne de), femme auteur suédoise, née le 20 no-
vembre 1718, morte le 29 juin 1763. Elle habita
longtemps Stockholm , et réunit dans sa maison
les littérateurs les plu& distingués de son pays.
- KOttES 248
Elle se retira pins tard à la campagne |>our s'a-
donner plus librement à la composition de ses
poésies, remarquables par l'élégance de la forme
et par la grâce et la tendresse des sentiments
qu'elles expriment. Ses principales productions
sont : Den sorjande Turturdufvan (Les
Plaintes de la tourterelle) ; Stockholm, 1743,
in-8«i — Taukar om Skaldekonslens ^ylta
( Idées sur l'emploi de la poésie) ; ibid., 1744,
in-4°; — Quinltgt Tankespel (Jeux dlmagi na-
tion d'une femme); ibid., 1745-1750, 5 parties,
in-4* ; — Den fraisa Swea ( La Suède affran-
chie); ibid., 1746, m'h"*; — Àndelige Skaldti-
quadem ( Poésies religieuses) ; ibid., 1758, in-S";
— Défense des femmes contre J,^J, Rousseau,
ibid., 1763; — Caractères des poètes suédois;
— un Choix des poésies de M"**" Nordenflycht
a été donné par Fischerstrôm ; Stockholm, 1774,
ln-8\ O.
Iltttas, Sckicktiiie der schôtun Bêéekûtute l» Sekwt-
den. — HOst, Vdsifft over den sventke Digtekioau
S^jeebw (Copenhague. 1804). — Atterbom, SvemU
Siare och Skatder. - Biograpkisk'LexUUm.
NORDIM (Charles-Gustave) j savant prélat
suédois, né à Stockholm, en 1749, mort le 14 mar»
1812. Reçu maître es arts à Upsal, il fut en 1775
nommé lecteur au gymnase d'Hemosand; il
étudia ensuite la théologie. Appelé à Stockholm
pour travailler à un recueil de diplômes sur Tbis-
toire du pays, il fut en 1786 élu membre de l'A-
cadémie suédoise et de l'Académie des belles-
lettres. 11 fut ensuite nommé prévôt de l'évèché
d'Hemosand, et député à la diète, où il soutint
la politique du gouvernement. En 1792 il entra
dans le conseil royal ; mais après l'assassinat de
Gustave III il fut destitué et reprit ses fonc-
tions de prévôt. Envoyé en 1S00 de nouveau
à la diète, il devint en 1805 évèqued*Hemosand.
En 1809 il fit partie du comité de constitution.
11 travailla beaucoup à répandre le christianisme
parmi les Lapons, dont il connaissait très bien
l'idiome, et fit terminer la traduction de ki Bible
en leur langue. Il avait rassemblé une ooliection
extrêmement précieuse de matériaux pour l'his-
toire de Suède ; elle formait près de deux mille
quatre cents Tolumes, et fut achetée pour l'uni-
versité d'Upsal. On a de Nordin : Monumenta
suio-gothica vetustioris xvi falso meritoque
suspecta; Upsal, 1773; — Remarques sur tes
variations du langage suédois, mémoire lu à
l'académie de Stockholm, et où l'auteur prétend
retrouver dans le suédois les traces, selon lui
nombreuses, de la langpe laponne. O.
Adlerbetb, imtee sur Nordin ( dans le t X des JTe-
moirei de t Académie det bellet-leUres de S^têde), —
BioçrapkUk- Ltxiktm,
If ORES (Giasone Denores ou de), littérateur
italien, né à Nicosie (lie deCliypre), mort en
1590, à Padoue. 11 disait appartenir à une fa-
mille originaire de la Normandie. Tout jeune il
fut conduit à l'université de Padoue, et y étudia
les sciences et les lettres sous la direction de
34S
KORES — KORFOLK
350
Trifone Gabrielli , célèbre par ses vertus et son
&AToir. A peine reçu docteur en philosophie , il
retoorna dans son tie, et y demeura jusqu'au
moment où Jes Tnrcs s*en rendirent maîtres
(ts70). Ayant perdu tous ses biens, il se réfu-
gia à Venise, où l'aida à vivre la munificence de
quelques familles patriciennes. En 1577, il ob-
tint du doge Sebastiano Yeniero rautortsation
pour ses compatriotes de s*établir à Pola avec
beaucoup de privilèges, et pour lui-même la chaire
de philosophie morale vacante à Padoue par la
mort de Robortello. Ce fut dans cette ville qu'il
composa presque tous ses ouvrages. L'affliction
que loi causa l'exil de Pietro, son fils unique,
qui fut banni pour avoir tué un noble vénitien
dana une querelle, le conduisit au tombeau, vers
l'Age de soixante ans. On a de lui : In episia-
lam Horatii de Arie poetiea ex quotidianis
TnfphonU GaàrUlU sermonibtu interpréta'
tw , eum summa prsBceptorum de Arte efi-
eendi ex Ili CiceranU lib. de ùratare col-
lecta; Venise, 1533, Id-8*; la seconde édition
(Paris, 1554, in-8*) ne contient pas l'extrait dea
trois livres de Cicéron ; — Brève trattato del
Mondo e délie sue parti, simplid e miste;
Venise, 1571, in-8* ; — In Ciceronis universam
philofophiam de vita et moribus; Padoue,
1576, 1581 , in-s**; — Brève instituzione delC
oltima republiea raecolta in gran parte da
tntla la filosofia humani di Aristotele; Ve-
nise, 1578, ln-4'; — Trattato delC oratore;
Padoue, 1579, in-4o; — Tavole del mondo e
delta ê/era; Padoue, 1582, in-4^; — Delta
rrttoriea lib, III; Venise, 1584, in-4o; vingt
discours , traduits des plus célèbres écrivains ,
MTvent d'exemples; — De conslitutione par-
Hum tmiversœ philosophi» Aristotelis ; Pa-
doue, 1584, in4*; — Poetiea, nella quai si
traita delta tragedia, det pœma eroico e
délia comedia; Padoue, 1588, in-8^ : c'est te
second ouvrage de ce genre publié en langue
italienne ; le premier était cehii d'Antonio Min-
tomo. L'auteur s'y élève avec force contre les
pastorales, et les traite de monstres produits
p«r ât» gens qui ignoraient lés règles de la poé-
ne ancienne. Guarini , qui se trouvait attaqué
personnellement, répondit dans // Verato ( 1 588} ;
— Discorso intorno alla geografia; Padoue,
1589, in-4*; — Panegirico in laude délia
republiea di Venezia; Padoue, 1590,in-4o; —
Apologia contro Vautore d'il Verato; Padoue,
1590. ia*4o : l'auteur mourut avant que Guarini
eôt fait paraître sa réplique {Il Verato secondo,
1593), -« réplique si sanglante, dit Bayle, qu'on
croit qu'elle aurait pu faire mourir le censeur
an pastorales >. On remarque dans tous ces
oavrai^es iMaucoup de méthode et de clarté, une
profonde éniditlon, des expressions heureu-
se, on style élevé, mais quelquefois empha-
tique.
Son fils, Pielro de Nores, s'établit à Rome
l<>raqu'il eut été banni de Venise et y devint le
secrétaire de plusieurs cardinaux. Il laissa plu-
sieurs ouvrages inédits, notamment une HiS"
toire des guerres de Paul IV ti une Vie de
ce pontife. P.
A. RIcooboDt. De (ffmnaiio Patavêno ecmmtmtarU,
7» et 96. — Gbillol, Teatro àThuornUti letterati. - De
Thoii, Éloge». — Zeno, Letten ai Fo}Uanini, — Mcrron,
Mémoiret. XL. — Bavie, Diet. critique. — TlratMsclil ,
SUnia delta leUer, ital^ VU, s« paru
NORFOLK [John Howard, duc de), maré-
chal d'Angleterre, tué le 22 août 1485, à Bos-
worth. Il descendait d'une des plus anciennes
familles de chevalerie de l'Angleterre et avait
pour trisaïeul John Howard, qui avait exercé la
charge d'amiral sous le règne d'IEdward 111 ; son
père, Robert Howard, avait épousé Margaret,
fille atnée de Thomas Mowbray, duc de Nor-
folk. Ce dernier, qui fut investi de l'office de
comte-maréchal, était arrière petit- fils, par les
femmes, de Thomas Plantagenet de Rrother-
ton, comie de Norfolk, fils du roi Edward I*'
et de Marguerite de France ; sa femme Cathe-
rine, duchesse douairière de Norfolk, épousa en
secondes noces, è l'âgede quatre-vingts ans, John
Wydevile, un des fVères d'Elisabeth, femme du
roi Edward IV. La famille des Howard, qui est
encore représentée de nos jours, a produit les
branches des ducs de Norfolk, des comtes de
Suffolk, des comtes de Berkshire, des barons
d'Escrick, des comtes de CarliMe , des vicomtes
de Bindon, et des barons d*£flingham.
John Howard prit part aux guerres de France
sous Henri VI ; en 1453 , à la bataille de CasHI-
Ion, où périt le célèbre Talbot, il fut fait prison-
nier et ne recouvra la liberté qu'au bout de plu-
sieurs années. En 1462 il commanda ime flotte
considérable, qui ravagea les c6tes de la Bretagne
et du Poitou. Admis dans l'intimité d'Edward IV,
il devint l'un des chefs de Tancienne noblesse
et fut nommé trésorier du roi (1468j, puis ca-
pitaine général des forces de terre et de mer
(1470). Après la mort du comte de Warwick ,
il lui succéda comme gouverneur de Calais
(1471), et conduisit diverses négociations, soit au-
près, du duc de Bourgogne, soit à la cour de
France. En 1475, après s'être opposé à la des-
cente do roi en France, il le décida à écouter
les propositions de Louis XI, qui récompensa
ce service par une forte somme d*argent. Peu de
temps après il devint chevalier de la Jarretière
et gouverneur de la Tour de Londres. Ce fut
peut-être la haine qu'il avait vouée au parti des
^ydevile qui le porta dans la suite à se joindre
aux ennemis d'Edward V. A peine Richard III
fut-il monté sur le trône qu'il lui donna le titre
de duc de Norfolk (Juillet i483), les charges de
comte-maréchal d'Angleterre et de lord grand
amiral, et une grande concession de terres. Le
nouveau duc ne jouit pas longtemps de ces avan-
tages : chdrgéde commander, avec le comte d'Ox-
ford, Tavant-garde de l'armée à Bosworth, il fut
tué au milieu de l'action. L'année suivante
(1486), à l'instigation d'Henri VII, le partement
-ssi
NORFOLK
252
4e comprit, quoique nitii , an nonibre des tral-
tras, et le coadanma à la praeeription. P. L— y.
ColUns. Pterofff,^ G»nlnes, i/diiw<r<i, J. VI.
NORFOLK ( Thomas Howard, duciiœ), Ato
atnéda précédent* mort le 22 mai lâ94, ao châ*
teaa de Framlinghaiii. Après la déroute de Bos-
worth, où il était À la tâte d'uo corps d*archers,
il fut enfermé à la Tour de JU)iidre8, et y resta
trois ans et demi. Lompi'il «n sortit (I4fi9), il
obtiDt d'Henri VU le titra de cmnêe de Sur-
rey, sous kupiel il est aussi dmiui dans fliis-
toire, et fiit chasgé de asettre les prowiMes
du nord à l'aim des incufsions coatiauelles
des Écosaata. IfQn-«ealement il les chassa da
NortliURiherlandy mais il s^enpara du fort d'Ay-
tam, et lavagae knra frontières; irrité de Tao-
dace de son adfeasaire, Jacques lY «*oiiUia
jusqu'à loi envoyer un cartel. Elevé en iôOl à
iadîgnité de lord trésorier, ilMnelat en 1502
ira traité de paix avec le roi d'Écoase, et^négocia
•avec fenperear Maximiyen un afiariagp entre
diarlee, prinoe d'Espagne, et la princesse Marie.
Son crédit ne At que grandir sous hs sucoessenr
d'Henri Vll,et malgré l'IioslUité déclarée de Wol-
sey, il ant cooserver les bonnes grloaa dn roi
par son empressement à l« livrer les revenus
dn trésor. Il lui vendit bientôt un plus glorieux
serviœ. Henri VIU ayant déclaré la gimvre à
Louis XII (I5U), ks roi d'Écosae saisit cetteoo-
casion favoraèle de rompre une paix qui loi pe-
aait, et yoiilot Cure nne poissante diversion en
Ikveur de la France, son aJ liée, en envahissant le
Northomberiand. Snivid*nBeiieaplva nombreuses
armées q<i*on eil jamais levées en Ecosse, il
passa la Tweed, prit d'assaut pinsienracbAtean
forts et vint carapvsur la ooiline de Floddeo,
le dernier des montsfCbeviot. Le comte de fiur-
ray, qui résidait à >Pootaflract , somma les gs»-
tilsbemmes des comtés du nord de rejoindre
l'étendard royal à Mevroaatia, et envoya, le 4 se^
teofibee, an rai un héraot d'armes qui lui ofbît
la balaiUe peur le vendredi suivant Ia 6 il a»-
sembla ses troopaa , en nombre de vingt-six
mille hommes , et ao joor dit, le 9 , après evoîr
tonrné ia position des Écossais , il les attendit
de pied ferme dans la plaine, où ilseurent l'in-
prodenoe de venir l'attaquer. Ao bout d*une
heurejeoombatfieehaiigeaan déroateconiplète:
les Éeoasais perdirent leur mi , qni tomba aux
pieds de finrrey, ia fleur de lear nobiesae, dix
mille soldats, tons lenrs chevaux et leoM ca-
nons. Le vainqueur dnt à ce triomphe HMspéré
sur nn ennemi séculaire la restitution du titre
de doc de Norfolk et l'addition dans son éeoa-
son dn lion rouge, tel qu'il se trouvait dans les
armes d'Ecosse. L'ann^ suivante il signa la
paix avec Louis XII, ^ accompagné d'un cor«
tége magnifique, il conduisit à ^bbeville la prin-
cesse Marie et la remit entre les mains du roi
de France (9 octobre i&i4). En 1521 il lut forcé
de présider, en qualité de grand sénéchal, le
tribunal des pairs qui condamna pour un crime
imaginaire le doc de Budiingham, bean-père de
son tUs aîné, à avoir la tète tranehée; en pro-
nonçant la sentence. Il ae pat s'empêcher de
verser des larmes. La doulenr qe'il éprouva de
oAte iniquité politique,. è taquelle l'avait mé-
chamment associé Wolsey, fol si vwlente qull
se démit en favenr de son fils de la charge de
«rand brésorier (1622) et qn^ii se retira dans un
de ses ehâteaox, où H moorut, vers TAge de
BoixanbMiib-ans.lîn t520ilavaHélé créé comte-
maréchal d'Angleterre. Marié deux ifoia, il ent
dix-sept enfentSy .parmi lesquels nous cîteroas
Vhomias, qui soit; Mdward, amiral d'Angie-
terre, chevalier deia «Mrretikre, mort en 1^13,
dansnn eombat naval iiecé aox 'français sar les
cMes de Bretagne; ^et 'WiUiamt chef de h
branche des Inrans dTffiagliam et comtes de
Ifottingbam, aminl^d'Angiebvre, mort le 11 jan-
vier 167a. Unede ses-pctltes-fiMes fut la céièfare
Catherine Howasin ifi<^* ce nom), mariée, es
f&40,èHenri Vllletdésapitéeen 1541. P. L— t.
GoOtas. Peermfe. — Ungud, Hittarn of Sn^tané,
NOBPeLK ( rAomos Howano, duc k),
Iwmme d'État anglais, fils aîné dn préeédent, aé
vers 1474, mort le 25aoât 1564. Se haute nais-
sance le porta vapidement à nn grade élevé. £a
lôil il commanda un des vaisacnox envoyés
contre la flotte éeossaise de sh* Andrevr Bartoo,
et prit une part brillante à la ktalaille oà périt ee
vnHIant amiral. Bientdt aprèa il accompagna
Thomas Grey, marquis de Dorset, qni oondoissit
nn corps anglais au aeeours de PEspagne contre
hii^ranee, et le< marquis étant tombé malade, il
eut le eommandemcnt des Iroapes anglaises.
En février 1513 il devint comte de Surre^, en
même temps qne aon père était réintégré dus
le dudié de Norfolk qui étdt sorti de la famiUe
Howard par suite de la proscription (aUainder)
de Jean 1**^, due 8e Norfolk. La mAnse année
il sneeéda à «on pins jeune frère Edouard dans
la place de lord -amiral d'Angleterre, et, sui-
vant l'expresKÎon hyperbolique d'un tiistorien do
tempe, il balaya si Jtden les mers que pas un ba-
teau de 'péchenr fsaoçais n'osa s*y montrer.
Après avoir forcé ta flotte françoMe de aeranfer*
nner dans Brest, il fit un débairqnensent sor ks
cdtes de l'Écosae, etoootribna à la vKtoire de
Flodden. En 152 1 il tut nommé k>rd député d'Ir-
lande. On prétend que le roi Henri VI II et le
cardinal Wolsey Téloignèrent pour éviter son
opposition aux poursuites qne le souverain et le
ministre avaient résoin d'exercer contre le duc de
Buokingbam, son beau-père« Sa oourleadminis-
tFBlNW fut rigdureuse pour les révoltés, mais
bienfaisante pour la partie paisible de la popu-
latkin. Bn janvier 152S il ^ilta l'Irtande, et dès
le mois de mai suivant il escorta en Espagne
l'empereur Charles^îuint. Il fut oonvemi quels
comte de Surrey commanderait les flottes réu-
nies des Pays-Bas et d'Angleterre; mais, faute
d'argent, l'armement fut peu considérable, et Sor-
rey se borna à ravager quelques points des c6tcs
NORFOLK
2h4
de Brettgne et de Picardk. £n riéoeinbre il suc-
céda à 8<m père dans la place de lord trésorier,
et le 6 février 1524 il fut nonunê général en cbeC
de rarmée envoyée contre TÉcosse. Le tnit de
cette expédition était plutôt politicpie que mili-
taire ;Surrey le remplit parfaitement en enlevant
le jeone roi d'Éoosse à la tutelle du duc d*Al-
bany et en le plaçant sous le contrôle de l'An-
gleterre. Le roi Henri Vill W récompensa de
ce suceàs en ajoolant de nonveanx donuiines à
•PS possesRioni» déjà iramenses. A la chute de
Wolsey, qui avait été l'ennemi de sa famille, Nor-
folk fot on des lords qui si^iènent les articles
d'accusation contre le cardioal, et il eut part aux
dépouiUes du ministre tombé. Serviteur zélé
d'un prince qui savait si bien récompenser, il
adhéra volontlera et contribua même aux actes
royaux qai amenèrent la rupture avec le saiut-
siége- Il te maintint bâillement dans la mesure
reli^ieiMe du roi , et en consentant à se séparer
de Rome il ne devint pas protestait. Quoique
oncle d'Anne Boleyn, il fit arrâter cette princesse
dès que le roi ea exprima le déiir, et présida .la
commisaioo qui la condamna à mort De nou-
vellen donations de terre et la dignité la plus
élevée dePÉtat, celle de maréchal d'Angleterre,
récompensèrent son dévouemeaL £n 1536, il
rendit nn service pins signalé en réprimant Tin-
sorrection que les mesures de Henri YIII contre
rÉglise romaine avaient provoquée. Les insurgés
do oanÉé d*York et des autres comtés du nord
ne LMwnptMsnt pas moins de quarante mille
bomniM »us les ordres de Robert Aske. Le
doc 4le Norfolk, général de la faible armée en-
voyée contre les rebelles, était au fond du cœur
favoiable è lears réclamations religieuses et p»-
litiqoes ; il recommanda ardemment la clémence:
Henri VIfl accorda une amnistie générale etien
insargéd se dispersèrent. Une antre insurrection
éclata dans le Cnmberland. Norfolk la réprima
promftement. Ce futpoar le roi une occasion de
sévir n^ec rigueur contre les rebelles, et même
de revenir sur la précédente amnistie. Quelque
temps après Henri YllI, amoureux de Catherine
Howard , nièce do duc de Norfolk et dévouée à
l*£glise romaine , songea à rompre son union
avec Anne deClèves. Cromwelly principal négo-
dilear de ce mariage, fit tons »es efforts pour en
empêdKr bi rupture. Norfolk, qui le détestait
OQoune un des. promoteurs de la réforme, s'irrita
de l'opposition qnll faisait 4 l'union du roi avec
Catherine et racensade haute trabison, le 13 juin
1S40. Cromvrell succomba, et Catherine Howard
deviat reine d'Angleterre. Ce mariage porta au
comlile la fortone des Howard ; mais leur chute
fut prompte. La reine, condamnée à mort pour
inconduite avant son mariage, entraîna dans son
mfortone beauoonp de ses parents. Norfolk
éd&appa à ta disgrâce par son infatigable con-
desorôdanoe, et garda son pouvoir jusqu'à la
dernière année du règne de Henri VIIl. Le roi,
vieilliasant, craignait que le duc et son fils Sur-
rey, tous deux catlioliques^^no fissent usasfi de
leur influence en faveur de Marie, fille de Cathe-
rine d'Aragpn« contre Edouard , fils de Jeanne
Seymour. il fut entretenu dans cette crainte par
Idchef delà maison de Seymour, lord Hertford,
ennemi de la puissante maison rivale des Ho-
ward. La lutte des d«ttx grandes familles se ter-
mina par l'arrestatien du duc de Norfelk et dn
comte de Surrey sous rincuipation de haute
tralH8on( décembre t&46)..Lafulititédes cliargea
produites contre les deux accusés n'empêcha pas
un jury intimidé d'envoyer Stfrrey à l'édialaiid,
et UB parlement servile de lancer contre Nor-
folk un bill tVatlainder (30 Janvier 1&47). Le
jour même où le parlement le frappaii de pros-
cription, le roi se trouva. très-mal, et* lordUert-
ford comprit qu'il (allait se hâter «'il ne voulait
pas que son ennemi lui échappât. Le lendemain
le chauceiiur informa les deux chambres que Sa
Majesté, dans l'intention de conférer, avant le
couronnement d'Edouard, les charges remplies
par Norfolk, avait désigné une commission de
lords pour signifier un assentiment au bill d'at-
tainder. La sanction royale fut donc signifiée
aux chambres, et l'on exi^édia au lieutenant de
la Tour l'ordre d'exécuter le prisonnier le m»>
tin suivant ; mais le roi mourut dans la nuit, et
le toul-puissant S^ymour n'osa pas ensangtooter
l'avéoement do jeune Edouard par l'exécution
d'un des plus grands seigneurs de l'Angleterre.
Le duc de Norfolk resta prisonnier à la Tour
pendant tout le règne d'Edouard. II fut mis en
liberté le 3 août 1653, jour de l'entrée solennelle
de la reine Marie à Londres, et remis par la
reine en possession de ses biens et dignités.
Bientêt après le parlement raf^rta le bill d'aï-
tainder lancé par les charobrea de 1 &07. Quinze
jours après sa mise en liberté, le duc de Norfolk
présida la commission qui condamna à mort le
chef du parti protestant, John Dudlc^, duc de
Nortbumberland, et ses principaux adhérents, il
moucut l'année suivante» à l'âge de pluaxle qua-
tre-vingts ans.
Le duc deNorfolk épousa, en premièraaaorea,
Anne, fille du roi Êdooard.IV, dont ileut un fils,
Thomas f qui mourut jeune, le 4 août 1508; sa
seconde femme fut Élisabetb» fiUe d'Edouard
StafTord, duc de Buckingham, dont il eut deux
filSy Henri, le célèbre comte de Surrey (noy. ce
nom ), et Thomas^ créé, sons Elisabeth, vicomte
Howaîrdd'e Bindon;etunefilley Marie^ mariée à
Henry Fitzroj, duc de Bichmond» ils naturel de
Henri YIH. X. J.
Soroel, ReetrOi. -- ilaf»-<rteCi. — Hetbrrt, £(^ mtd
rwiçn qf Htnri f^l/I. « Biiote, Hittam of Sttglaid. —
Coillns, Peerage. — Lodge, FortraUs, 1 1.
HOEFOLK {Thomas Howabd, due de), fils
du comte de Surrey, et petilrfils du précédent,
né vers 153«, décapité le 2 juin 1573. Il fut élevé
dans la religion protestante par sa tante la duchesse
de Bichmond, et l'on croit qu'il étudia à l'univer-
sité d'Oxford, où il prit le grade de maître es
3G5
NORFOLK
2S6
arts, le 19 avril 1568. Il 8e prononça avec toute
l'irrdear de son âge pour les droits d'Elisabeth à
Ja couronne, et reçut pour prix de son dé-
vouement l'ordredela Jarretière, en lôô8. Aucun
seigneur anglais, si Ton excepte Leîcestcr, n*eut
plus de part à la faveur royale. En 1667 Char-
les IX, roi de France, ayant rois à la disposition
d*Éltsabeth deux cordons de l'ordre de Saint-
Michel , la reine les accorda à Leicester et à
Norfolk. L*ann<^ suivante le duc de Norfolk fut
un des trois commissaires nommés par Eli-
sabeth pour examiner les accusations deMurray,
régent d'Ecosse, contre Marie Stuart ( octobre
1568). Cette mission engagea le duc dans une
entreprise qui le conduisit à sa perte. Beaucoup
de personnes éroinentes d'Angleterre et d'E-
cosse pensaient qu'un mariage entre Marie
Stuart et un grand seigneur anglais serait un
excellent moyen d'amener l'union des deux pays
et de faire cesser la funeste rivalité des deux
reines. Bien que Marie Stuart fût accusée du
meurtre de Darnley et que Norfolk eût précisé-
ment à se prononcer sur sa culpabilité, il ne
repoussa pas l'idée de l'épouser. Elisabeth en
fut avertie, et ce fut un des motifs qui la por-
tèrent à interrompre la procédure commencée
contre Marie Stuart Norfolk revenu à la cour y
trouva de la part de la reine un accueil sévère,
qui aurait dû lui servir d'avertissement; mais
les premiers nobles du royaume et Leicester
lui-même l'engagèrent à persister dans son pro-
jet, et Murray, le régent d'Ecosse, l'encoufagea
par des promesses positives. Une lettre fut écrite
à Marie Stuart (1*^ juin 1569)» au nom de Nor-
folk, d'Anindel, de Pembroke et de Leicester.
Ces seigneurs offraient à Marie de la replacer
surle trAne, etde lui faire obtenir la confirma-
tion de son droit au trône d'Angleterre, aux
con:litions suivantes : elle ne contesterait jamais
le droit d'Elisabeth ni d'aucun héritier de son sang;
elle conclurait une alliance perpétuelle, offensive et
défensive avec l'Angleterre; elle permettrait à la
réformation anglaise de s'établir en Ecosse; elle
accorderait une amnistie à ses sujets rebelles;
enfin elle épouserait le duc de Norfolk. Marie fit
à ces propositions une réponse satisfaisante, et
la négociation marcha rapidement. Bitihwell , le
mari delà reine d'Ecosse, ayant, par acte formel
daté du Danemark, signifié son consentement au
divorce , Norfolk s'engagea non moins formel-
lement avec Marie (l*** juillet). Jusque-là l'entre-
prise promettait de réussir ; mais il /ut bientôt
évident que Murray se souciait peu de revoir
Marie en Ecosse, et que Elisabeth se souciait
encore moins de voir un de ses sujets devenir
roi de ce pays. Elle sut qu'on avait essayé de
lui cacher une négociation importante, et elle en
connut tous les détails par Leicester ( septembre
1569). Elle témoigna un vif ressentiment à Nor-
folk, et lui défendit sous peine de trahison de
persister dans son projet. Le duc, eiïrayé, aban-
donna la cour ainsi que les comtes d'Arundel et
de Pembroke (15 septembre), et se retira i
Kenninghall, dans le comté de Norfolk. Aa&
yeux d'une reine hautaine et soupçooneuse celte
fausse démarche parut une révolte. Si réelle*
ment Norfolk avait pensé à prendre les armes,
il renonça vite à cette idée, et dès qu'il eut reçu
le message de la reine qui le rappelait auprès
d'elle, il partité Les amis de Marie Stoart l'ac-
cusèrent de faiblesse, et prétendirent que s'il
s'était arrêté quelques jours de plus à Kennins-
hall, il aurait été joint par toute la noblesse
du royaume, et aurait obtenu d'Élisabelb ef-
frayée la liberté de la reine d'Ecosse. Aussitôt
après son arrivée à la cour, il comparut defant
le conseil privé, et fit une confession fraoche
et entière de tout ce qui s'était passé. 11 fut en-
suite conduit à la Tour (11 octobre), et une
instruction très-sévère commença sur tonte cette
aiïaire. Comme il n'en résulta aucune charge
nouvelle contre l'accusé, il loi fut permis, au
bout d'un an de captivité, de sortir de la Toor
et de rester aux arrêts dans ^ maison son» b
garde désir Henri Neville. Le ministre Burghiey
lui rendit plusieurs Tisites, et lui conseilla de se
marier. C'était suivant lui le véritable moyen
de détruire les soupçons de la reine. Malheureu-
sement Norfolk persista dans son funeste projet.
A peine fut-il rendu à la liberté qu'il engagea
une correspondance suivie avec Marie Stuart,
et qu'il entra dans des desseins concertés avec
le pape et le roi d'Espagne et de natore à
bouleverser l'Angleterre. Il est difficile de dé-
terminer quelle fut l'étendue de sa culpabilité.
Il parait qu'il refusa de se prêter i toute entre-
prise contre Élisal>eth personnellement, et qu'il
ne prétendait que réclamer la mise en liberté de
Marie Stuart et la reconnaissance de ses droite
aux trônes d'Ecosse et d'Angleterre. Mais le fait
seul de correspondre secrètement avec la reinf
prisonnière et de faire parvenir de l'argent à ses
partisans était un crime aux yeux d'Elisabeth.
Convaincu de ce double délit, le duc de Norfolk
fut remis à la Tour, le 7 septembre 1571. Bien-
tôt après, le complot auquel il avait été plus ou
moins mêlé se découvrit par l'arrestation de
Rudolphi, qui en était le principal agent, et K'^
ministres résolurent de faire un exemple. Telle
était l'importance du duc de Norfolk qu'araDt
de le frapper la cour prit de grandes précautions.
Le précis des trahisons qu'on lui imputait fut
communiqué au lord-maire, et par celui-ci
aux habitants de Londres. Toutes les chaires
retentirent d'invectives contre lui. Le 11 janvier
1572 il comparut devant une commission de
vingt-cinq pairs présidée par Georges Tallwt,
comte de Shrewsbury. Il fut jugé d'après des
|)reuves écrites, sans pouvoir obtenir d'être con-
fronté avec les témoins à charge. £n vain H
invoqua le statut d'Edouard VI qui prescrivait
que personne ne pût être convaincu de haute
trahison si ce n'est par le témoignage parlé d'au
moins deux témoins qui devaient être confrontés
Î57
TVORFOLK
258
avec loi. Les juges passèrent outre, et le condam-
nèreot à roaanimité. 11 entendit sa sentence
aTee calme, protesta qu*il avait été toujours
tidèle à la reine et déclara qu'il ne demandait
pas grâce. « Je sois résigné à mourir, ajouta-
t-il ; je De demande qu'une chose, que la reine
soit bonne pour mes enfants et mes serviteurs,
et qu'elle ait soin que mes dettes soient payées. >
Elisabeth hésita plusieurs mois à verser le plus
noble sang de l'Angleterre. Deux fois, le U fé-
vrier et le 7 avril.' elle signa Tordre d'exécution
«t deux fois elle le retira; mais sur la mo-
tion de la chambre des communes, qui déclarait
Texisteoce de Norfolk incompatible avec la sûreté
de la reine, l'ordre fut signé une troisième fois,
le 31 mai, et mis à exécution, le 2 juin. Norfolk
sor Péchafaud protesta qu'il était innocent du
crime de haute trahison et qu'il mourait atta-
ché à la religion réformée. Thomas, quatrième
duc de Norfolk, fut trois fois marié. Sa pre-
mière femme, Marie, fille de Henri Fitz-Âlan, qua-
lorzième comte d'Arundel , mourut en couches,
le 26 août 1557, à l'âge de dix-sept ans, lais-
sant un fils, Philippe f depuis comte d'Arundel.
Sa seconde femme, Marguerite, fille de Tho-
mas lord Audley de Walden, eut deux fils, les
ancêtres des comtes de Suffolk et Carlisle, et
deux fillesy dont l'une, Elisabeth, mourut jeune,
et l'autre, Marguerite^ épousa Richard Sack ville,
troisième comte de Dorset. La troisième femme
do duc était Elisabeth Leybume, veuve de
Thomas , quatrième lord Dacre Gillesland. L. J.
StaU trUUt. — Canderl, Annale». — Hume, Hittory
*ff Engtoiui. " LIngard, Historg qfEngland. — Mignct,
Histoire d9 Marie Stuart. - Lodge. PortraiU, t. II.
aoBFOLK (Charles Howard, doc de), pair
d'Angleterre , né le 13 mars 1746, mort le 16 dé-
cembre 1815. Son père, mort le 31 août 1786,
descendait de Philippe, comte d'Arundel^ fils de
Thomas Howard, quatrième duc de Norfolk,
qui fut décapité, en 1572. Il avait siégé au par-
lement y d'où son zèle pour la religion catho-
lique ravaît obligé de sortir; il était instruit et
avait écrit quelques ouvrages, notamment des
Anecdotes historiques de quelques-uns des
membres de sa famille. Il hérita en 1777 du
titre doot son grand-père était rentré en posses-
sion en 1664. Elevé dans la foi romaine, le jeune
Howard résida quelque temps en France, et fut
connu après 1777 sous le nom de lord Surrey. En
1780, afin de jouir de ses droits politiques, il
abjura publiquement sa religion , et fut élu dé-
puté de Carlisle, malgré les efforts de sir Wil-
liam Lowther, son concurrent, qui devint par
la ftuite son plus constant adversaire. Dès son
entrée à la chambre des communes il se ran-
j;ea du parti de l'opposition , et contribua, par
rioQoetice que lui donnaient son rang et sa
fortune , à la chute du ministère tory que pré-
sidait lord North. Sous l'administration du mar-
rjuis de Rockingham , il accepta les fonctions
de lord-lieutenant du Yorkshire et de colonel
MKJV. BlOCa. GÉNÉR. — T. XX \ VIII.
d'un régiment de milice; mais il refusa de sou-
tenir le ministère de lord Shelbume, et préféra
s'attacher au parti de Fox. Pendant quelques
mois de l'année 1783 il occupa l'emploi de com-
missaire de la trésorerie. A l'avènement de Pitt
au pouvoir, il rentra aussitôt dans l'opposition,
appuya la motion de'Dunning pour diminuer
l'influence de la cour, et se joignit à ceux qui
réclamaient la réforme du parlement. Devenu duc
de Norfolk à la mort de son père (1786), il
exerça dès lors l'office, héréditaire dans sa fa-
mille, de comte-maréclial d'Angleterre, et prit
place à la chambre haute, où il continua d'agir
avec la même indépendance. Lors du fameux
procès d'Hastings, qui dura près de dix années
(1786-1795, il déclara l'accusé coupable des
charges qui pesaient sur lui, et cessa de se
mêler aux débats lorsqu'il vit que la majorité
était résolue à l'absoudre. En 1798 il fut privé
des emplois de lord lieutenant et de colonel de
la milice pour avoir porté, avec Fox, Grey et
autres, un toast à la majesté du peuple, dans
le club des whigs, dont il était président Ce ne
fut qu'en 1806, sous le ministère de Fox, qu'il
fut rétabli dans ces deux dignités. Dans les an-
nées suivantes il vota avec l'opposition en faveur
de l'émancipation des catholiques, qu'il regar-
dait non-seulement comme un acte de justice,
mais comme un objet de sûreté pour l'État. On
le vit pourtant avec surprise en mai 1815, après
le retour de Napoléon, reconnaître avec les
ministres la nécessité de faire des préparatifs
de guerre et appuyer de son vote la propo*
sition du bill impopulaire sur la taxe des pro-
priétés. Quoique marié deux fois, il ne laissa
point d'enfants, et ses titres passèrent à un pa-
rent éloigné.
NORFOLK {Henry - Charles Howard, duc
de), pair d'Angleterre, né le 12 août 1791, à
Londres, mort le 18 février 1856. De 1829 à
1841 il fit partie, sous le nom de comte d'Arun-
del, de la chambre des communes, et entra en
1842 à la chambre des lords, où il compta
parmi les défenseurs des principes libéraux. Il
remplit à la cour de la reine Victoria les charges
de trésorier (1837), de grand écuyer (1846-
1852), et de grand maître des cérémonies (1854),
et reçut en 1848 les insignes rfe l'ordre de la
Jarretière. Il professait la religion catholique. De
son mariage avec une fille du duc de Suther-
land , il a eu deux enfants. P. L^y.
Gentleman*» .Vagailne, 1816. — Burke, Peêrage itf
England,
NORFOLK ( Henri - Granville - Fi/s -Alan
Howard, duc de ) , premier duc et pair d'An-
gleterre, fils du précédent, né le 7 novembre
1815, à Londres, où il est mort, le 25 novembre
1860. Après avoir étudié à l'école publique
d'Eton, puis à l'université de Cambridge, il
servit dans les gardes à cheval, et y obtint le
grade de capitaine. En 1837, il entra au parle-
ment comme représentant du bourg d'Arundel»
9
JNORFOLK — HORIS
26»
dépendance^! diâteaa féodal de iea pères, dont
j( prit le titre à la roort de son aïeul et qu'il a
|K>rté pendant la plus jurande, partie de sa vie
parlementaire. Bien qu'il lût Théritler de .la pre-
mière maison catholique d'Angleterre, il avait
été élevé par sa mère dans les prinqpes de TÉ-
4||i8e anglicane, et son père, qui ne voulait être
catholique qne de nom, avait fort ,peu veillé 1i
40O éducation TellKieuse. Un vqyageqoe le jeune
membre de la chambre des communes fit en
France vers cette époque lui facilita les moyens
d'entendre à Notro*Dame de Paris les prédica-
tions du P. Laoofdaire et du P. de Ravignan,
et snt^fugoé par ces,grands orateurs chrétiens, il
de'vint le catholique le plus fervent et le plus
aiaoère. Les devoirs de la vie publique prirent
alors à ses .yeux une tout 4iotre importance.
Son r6le i la chambre n'avait été qu'on rùle pas-
sif, maisbientôt, et quoiqu'il n'eût aucuu goût poor
les lottes de la parole, encoffom9inapour celles des
partis, il intervint aveo autant de fermeté que de
prudence dans louies les questions où les inté-
v4ts catholiques étaient enjeu, et la sincérité
de ses convictions, unie à la droiture et à Ta-
méoitédeson caractère, lui conquit one place
distinfluée dans la chambre des communes. Les
traditions de sa famille l'associaient aux whigs ;
il rompit avec eux lorsqu'ils présentèrent et
firent passer la loi dite des titres ecclésias-
tiques à roccasion de la bulle de Pie IX ( 24
septembre 1860 ) qui rétablissait une hiérarchie
épiscopale catholique en Angleterre. Il devait à
l'infiuence locale de son père sa place au parle-
ment, et celui-ci approuvait et appuyait à la
chambre des lords la loi, présentée par lord Pal-
mersion et lord John Bussell ; mais son honneur
et sa conscience parlèrent plus haut que la piété
filiale. Après avoir combattu le bill av«c autant
de décision que de persévérance, il donna sa
démission dès que la loi Ait votée. Les électeurs
catholiques du comté de Limerick en Irlande le
réélurent aussitôt; mais après la dissolution de
1652 il ne voulut plus de mandat électoral, et ne
reparut au parlement que pour aller siéger à la
chambre des lorda, comme duc de Norfolk, à la
roort de son .père (I8&6). Un seol événement
marqoe cette seconde partie de sa vie pu-
blique, œ fut le refus de l'ordre de ta Jarretière,
dont la reine Victoria, snr la proposition de lord
PalmerstoD, awiit voulu rûiveslir.' On interpréta
diversement ce refus. Les nns y virent un raflioe-
ment d'amour-propre; les autres crurent que,
catholique fervent le duc ne voulait point d^n
ordre qui , fondé d'abord à titre de confrérie re-
ligieuse, avait été détourné de sa destination
primitive. Le lait est qoe le duc de Norfolk
n'avait voulu donner qu'une preuve de son
indépendance politique en évitant de recevoir
même la fiveiir la plus enviée, par l'intermé-
diaire d'un ministre dont il désapprouvait la con-
duite. En 18&6 il dénonça à la chambre des lords
les procédés iniques de la commission chargée
de répartir les fonds de la sooscriptioo pour ler.
victimes de la guerre de Crimée, et qui avait
scandaleusement abusé de son mandat au détri-
ment de la foi des orphelins catholiques. Seooiule
par sa femme, fille de sir Edmond Lyons quil
avait convertie au catholicisme, il employât ooe
grande partie de sa fortune à des oeuvres detlia-
rité. il succomba à une douloureuse maladie, qui
le fit languir pendant deux -ans. Son titre est
passé à Hemrif son fils aîné, néen 1847.
H. Tbqoct.
Cftintie 4e MMtalembeii, U OêrrespcndOMt, dé-
oemltre iS80. - Barke. Peeraçe o/Ençtand.
HOB6ATB ( SdvDard \ enlumineur ngliift»
mort le 23 décembre 1650. De bonne heareil
Je distingua par un goût marqué poor le UisQB
et l'enluminore. La connaissance qoll avait ac-
quise de la peinture Je fit employer par le comte
d'Arundel à acheter poor sa galerie, des taUean
et des objets d'art en Italie. H devint par U
suite un des secrétaires du sceau, et occapa U
charge de héraut de Windsor. D'après Foller,il
fut un des plus habiles enlumineurs de sos
temps, et on l'occupa à faire les lettres initiales
des patentes des pairs et des comnussioiis des
ambassadeurs. On a trouvé one preuve cn-
rieuse de son habileté dans le titre origîBalde
la nomination de lord Alexandre Stiriing au
fonctions de commandant en chef de la Iloa-
velle-Écosse. Dans la lettre initiale de ce di-
plôme on voit le portrait du roi Charles 1*' snr
son trône délivrant an comte son brevet, et b
bordure représente en miniature les habille
ments, la manière de pécher et de chasser des
hatntants da pays, ainsi que ses productions,
pelota avec une élégance et une perfedioade
dessin dignes du pincean de van Dyck. K-
Ainer. ryoHkiet. - UojA, Jffnain. - Wil(«fc
^needoU» tifpuinting,
.MOBIS ( Henri ) , théologien et archéologoe
italien, né à Vérone, le 29 aolllt 1831, mort a
Rome, le 23 février 1704. II descendait d'noeb-
mille anglaise établie dans le Levant, pois ^^
la Yénétie. U reçut au liaptéme le .nom ^tU-
rôme, qu'il changea en celui de Benri lorsqu'il
entra ^ans Tordre de Saint -Augusdn. À^f^
avoir fiait ses premières études dans sa viOeDa-
talCy il alla suivre les cours de philosofUile et dr
théologie chez les Jésuites de Bimioi. Lslectiir^
de saint Augustin lui plut tellement qu'il résolot
d'entrer dans l'ordre qui porte le nom de ce pèf^*
de l'Église, et fit profession à Rimini dans te eoo-
vent des Ermites de Saint-AugusUn. 11 étett W
connu par son savoir et son talent; aussi le gé-
néral de l'ordre se hâta de l'appeler à Rome, et
lui donna toutes sortes de facilités pour poor-
suivre ses études. On dît que Horis trt«""»
régulièrement quatorze heures par jour. Cc'*^^
sidnité, qui n'éteit pas rare en Allemagne, re-
tatt bewicoupen IUlie, et valut au religieai w-
gustin une grande réputation. Il la méritait P»
l'étendue de son savoir, par un jogement sain »
301
NORIS — KORUANHY
262
des 4>pwMMm mbdését^ Il proftMsa isuceMsiiTe-
nentà Pesai», à Péraose 01 à Paitoc. &ts lé-
sailesr«tUqiièraat comme aaepeotdtiaméMftnie;
vais le frasd^oc de Toscane le olioisit poor md
tbéologico, et le a(aiBnia professear de ttiéolo-
«ie à rinvenilé de Pise. La rdoe de Soède
VaérnU au oorabre de^mMolires de irAeadéinie
ficelle venil de fimder À ftame. Le ç9pe Imio-
cent Xfi le Domasa caMenrataur de la biblio-
ttièi|iie du Vaticaaet ie «réa «acdioal «u 1695.
La iiouiyre fomalna'we Maila pas «oaAre tes
attaques des "Jfoidtes, qui ont ponreohrî jasqà*à
sa mémoire. L^nriMéet lal(iTeiird'an|wpe ré-
pondent assez à cesimpotatioïK. Les ooTragts de
Heori Noris sont : BUtofia petaglana, tVâk»-
urêaffn ée wfnado ¥ œtfmnanica inçtta^ Ori-
pénis dc Theadari MBpiueitenif Pelayiani
erraris ituctantm fusta ûamnatio ej^poni-
Itir, €t Af%âl>Bhem9e êckhma dnûrUâhtr', aë-
diHt Vindie^ ^/^mffUsHnianis , ffro libris a
S. Dùclcre 'oontra PHagiaiws ae Semipeia»
fiamoiserfpÊisi PjMoue, 1873, iii4el.; Leijpzig,
1677, in-lbl.; noofiélleédit., «ngmealéede cinq
dîaaerlatioRS Irâitoriqoes , Loavain , 1^2 , hi-foi.
Les PP. Macedo et'Hardouln attaquèrent «rec
vivadlé «m ouvrage ^, destiné à défendre les
docCrinesanguatiaieimes^sur la grâce, poavnitfe-
^voriaer le ianBéBi8BRe;Kori8 ré|Mnidit, mais 'sa
répodae, quoique approuvée par la oourdeRoane,
n*empèeha pas rinquisitien espagnole de mettre
son histoire à llndeSy en 1747, et de Yj mafn-
teuir plus de-dix ans malgré les réclamations du
pape Benoit XIV; — 1H$9ertatio duplex de
dwoburmimmis IHœUtknU et LieMi, eum
oftflmiîioeAnmotoyteo de votts deeoinatUms
imperaimwn et exsmrum; Pariooe, 1675,
in-é"; » Cemvlaphia Piitma CaH et MmcU
eseêantm dîuerlMianihu iiluetrattf; Yeniae,
1681, in4U. : cet-eiceellent tnvaîharchéologiqM
et •éfdgrapUqne a élé Inaéré dans te f^lesniems
mntwq. iiai, de Bnmutnn, t. VllI; — BpUMu
eamswêarig, in qua cêilefia LXX enmUwm^
ab anno tkristtmm'epoeàie'nt nêfuB'Od os-
219 1m wmlgatU fasiis àoetennê perpe-
deaenpta , eorri^n/w, wupptmitUT et
Uhatrantur; Bologne, 1663, in^*» : idnntu éi
Bpochm w^ro-mceedùnum^ veHutUmrèium
Syrix nummiMprmsertimkmœdéuiM ^epoiU» ;
mddUkB /oâtis omutUat^bam anonjrmi, om-
miumoptmiii Florence, 1669, io<4* : nçande
édilkm, augmentée des denx dissertations pa-
biiéeaen 1«9I : JDe JPnfeftnii iatUtarum tyolo
annonnaLlXXlY ; De Cyoio :patcbali rattn-
noie annoiwmXCV; Ftocenoe, 1692, in-ibl. Las
Œuvres eompièies do cardinal Henri Moris ont
été fMil)liées par Maffei, Pierre et /ér4me Bal-
teriai ; Vérone, 1729-1741 , 5 ¥oL in-6*. Le qua*
trième Toltfme contient une Histoire des d<h
naiistes, laissée par Noris. L. J.
Manchlol. f^ito degU AroaH^ 1. 1. — ItallFrlnl, FUda
Jfaruj e« fête do IV* vol des OBuvret eompUU».»^ Rl-
" u,x, ni. — QhmCpplé , DieU^ Paaroni. f Ito
U VI.
neftis {Mtittêù), poète italien, né vers 1640,
à Vettiae,oftil'e8t mort^en 1798. Peud'écriwiins
ont fiiit preuve d*nne llteondité égale à la sienne.
Par te noinkire deaes productions dramatiques,
il.peut être oompané à Ateaandre Hardy ou à
Lope de Vega. La ptenièee qai atti» sor kii
iVitAentiBn fut J?MioMa, jouée en 1866; dans
«eeUe de MaiJio il renonça àintrodoire des rôtes
boonnns, ninti que l'usage s*en>était répandu en
Ualte. U pasaate pinagBaade partie 4e sa vte à
tenoor àa .grand-duc de Toeoane, «t «Mmente
peeaque aenl te f^épertoiie du théêtie de te villa
dl Pratolteo. Pendant cinquante ans U écrivit
pqur te scène, et ont Tteaigne honneur d'être
presque toujours applaudi dans tes polndpates
viUea dltidfe;«ne«K dosas pièces ne lui a anr-
aéeo, et, oommeon ne tesm point reeueiUtes, il
est difficile de les •apprécier à teur juste valeur.
On représente Noris comme «n poète doué d'nn
l^nte vaste et hardi, mais d'une ImaginatiQn
extravagante et d'un godt dépravé, joignant à
beaucoup d'esprit et d'éradilion une tecilite pro-
digieuse .à mettre en jeu toutes aortes de rimes.
Ses écrite sont parsemés en abondance de
traits piquants et passionnés. D'après Quadrio,
il mourut en 1708; mais d'autres biographes
te font iffvre jusqu'en 1713, année où fut repré-
sente aon dernier opéra, U Passkmipertroppo
</temor0. P.
Qindrio , Starim a^synl ponts, III, •• paît. — Dlsêm.
igtorêeo àëuanM$,
l NORMAMBT (C<msiemtin''ffenry Pmtps,
marquis na), diplomate Mglais, né le 15 «nai
1797. Il fit ses étedes à Harnm>et à Cambridge.
Son pèie et sa laBoilte avaient toujours aontenu
les prtedpes des tories; mate nrrhié an parle-
ment, «omme membee penr flearborough , en
1818, il UBontra des «pintens Ubévales. Son pre-
mier disooors fut prononcé snr te question ca-
tholique et en faveur des catholiques, et fut
considéré comme très-vemarqoahte. Il seconda
tes propositions de lord Bossell pour te réforme
paiteaMntalre. iiai8fen.apnte, cédant à l'irapres-
sten pénilite qu*il éprouvait de eontsarier par
cette marche tes ^iies de son père, ancien
ami de PHt^il tentandans te vteprivée, t^ passa
aor te continent. Il réaida âeax ans en ItaKe,
occupé d'études politiques et UCtéraires. A son
retour «n Angleterre, il rentmè te chambce des
oomanones, comme aaemhre pour fligham Fer-
rera. Bien qu'il sepnéseatAt mn des4ioux les plus
insignifiante dn.pa^is, U fit tons ses efforts pour
procurer aux grandes vtHes maaufactnrières le
droit éleotoral. Ayant présenté une tnotten pour
abolir la place de second directeur général des
posteSy il lut vivement combattu par les mi-
nistres, ^ déclarèrent qne tes steécures étaient
nécessaires au maintien de rioflueace de la con-
ronne. Une drculairo fht mèoso «adressée par le
secrétaire d'Étatdo trésor aux memlM'es do parti
■unistériel ponr dénoncer sa conduite et œiîe de
dens de ses oolMgnes ( teed AMionp etM. GEoery)
9.
263
NOR^IATÏBY — NORMAND
364
comme factieuse. Lord Normanby Bai«t la
chambre de cette accusation, et fit passer une
adresse à la couronne sur ce sajet Peu après,
la sinécure qu'il STait attaquée fot supprimée.
En avril 1831 , il succéda à son père à (a chamt>re
des lords, sous le titre de cornue Mulgrave. En
1832, il fut envoyé comme gouverneur à la Ja-
maïque, où avaient éclaté des troubles sérieux
parmi les esclaves, impatients d'arriver à la li-
Iwrté. Peu après son arrivée, les soldats, excités
par des meneurs, s'étaient presque révoltés.
Lord Mulgrave parvint, par on mélange de con-
ciliation et de Termeté, à calmer l'etrervescencc
des noirs, et à faire rentrer les soldats dans J'o-
béissance. L'acte d'émancipation passa au par-
lement Le gouverneur montra beaucoup de
sagesse et de tact pour en accomplir les dispo-
sitions, et revint en Angleterre. Il accepta le
poste de lord du sceau privé, et l'occupa jusqu'à
la chute du premier cabinet Melbourne, en 1834.
L'année suivante , lord Melbourne étant xentré
au pouvoir, lord Mulgrave fut nommé lord lieu-
tenant d'Irlande. Il l'emplit ces fonctions de
1835 à 1839, et son administration fut marquée
par une justice si impartiale, qu'elle mérita les
éloges d*0' Connell lui-même. Les catholiques et
les protestants furent traités avec la même équité,
et appelés également aux places du gouvernement.
A l'avènement de la reine Victoria , il reçut le
titrede marquis de Normanby (l838).Deretour
en Angleterre, il remplit les fonctions de secrétaire
d'État pour les colonies pendant les derniers
mois de 1839, et passa au département de l'in-
térieur, qu'il occupa jusqu'en 1841. Il fut nommé
ambassadeur en France en 1846„ et conserva ce
poste jusqu'au coup d*État de 1 851 , époque où il
lut remplacé par lord Cowley. En 1854 il fut en-
voyé comme ministre à la cour de Toscane; sa santé
demandait des fonctions douces et tranquilles.
Dans sa jeunesse, lord Normanby a écrit plu-
sieurs romans, MatUda (1825), Yes and no, a
iaie of thé day (1827), Clarinda , The Con-
trasta etc. Ils fVirent bien accueillis du public, et
sont supérieurs à la plupart de» romans fasbio-
nables par le goût, la peinture vraie des caractères
et le jugement; mais ils manquent d'originalité et
de force. En 1857 il publia un ouvrage histo-
rique d'un intérêt plus vif, car il s^agit d'événe-
ments tout récents , Une Année de révolution
{À year ofrevolution^ from a journal kept in
Paris in tfiejyear 1848), deux volumes en an-
glais, qui ont été traduits par l'auteur en français.
Les journaux et les revues anglaises en rendirent
un compte très-bvorable. Il n'en fut pas de même
de ce cl^té du détroit II s'y trouvait, sur les
partis et les personnagesr marquants, beaucoup
d'anecdotes, d'appn^ciations et de révélations où
le not)le lord disait ce qu'il regardait comme
vrai, à la manière anglaise, c'est-à-dire, avec
franchise et indépendance. Les journaux, or-
ganes des partis qui se sentaient blessés, ou-
vrirent un feu très-vif sur l'ouvrage de l'ancien
ambassadeur. Nous avouons que noos l'avou
lu avec beaucoup d'intérêt, et que les attaques
et les réfutations un peu acrimonieuses des io«
téressés ne nous ont pas semblé avoir le doa
de persuasion. Pouitiuoi ne pas encourager les
diplomates, qui sont si habitués à la discré-
tion , et qui pourtant savent à fond tant de
choses, à enrichir par leurs révélatioDS sin-
cères l'histoire contemporaine? J. Cbanct.
Cyclopmdia, enoUtk biOQraphf, — Taylor, NaUonal
portrait gallârf. — Jtfm fit <A« Time, « Capefifiie, Di-
plomates européens» t IV. — Joumatu /rançaii de \9tt.
MORMANBT. Voy, SbEFFIBLO.
NORMAND (Claude-Joseph)^ médecin fran-
çais, né en 1704, à Clairvaux-lès-Vanx-Dain
(Franche-Comté), mort le 25 novembre 1761,
à Oêle. Après avoir étudié la médecine à Mont-
pellier et à Lyon, il prit ses degrés à l'université
de Besançon, et s'établit à Dôle, où il obtint, en
1726, le titre de médecin pensionné de la ville
et en 1741 celui de médecin en chef de l'hôpi-
tal général. On a de lui : Depestis MassUiensis
eontagione et remediis; Besançon, 1722, in-8^;
— Analyse des eaux minérales de Jouhe;
Dôle, 1740, In-I2;— Dissertation historique
et critique de Vantiquité de Déle^ avec un
Supplément; ibid., 1744-1746, 2 part, in-ll;
malgré de savantes recherches, il ne réussit pas
à prouver que D61e, bâti sur l'emplacement do
Didatium de Ptolémée, ait été la résidence or-
dinaire des comtes de Bourgogne : celte assertion
fut solidement réfutée par Dunod ; mais les D6-
lois, qui l'avaient accueillie avec enthousiasme,
décernèrent à l'auteur des lettres de bourgeoisie
ainsi qu'une médaille d'or; — Observations
sur les maladies épidémiques qui régnent
depuis quelques années en Franche-Comté;
Besançon, 1749, in-12; — iin dies critici de
morbis iidem numéro sini in nostra reyione
ae ubi eos observaverat Hippocrates, et cvr
jusnam sit ponderis in praxi medica eoru»
consideratio? 1752, in- 12; le prix sur cette
question, proposée par l'Académie de Dijon, ne
lui ayant pas été adjugé, l'auteur mécontent
défia cette compagnie de publier l'ouvrage qu'elle
avait couronné; — plusieurs Lettres et Obser'
valions dans le Mercure. P. L.
DezelmerU , DkU, hiit, de la Médectm.
NORMAN D ( Charles - Pierre - Joseph ), ar*
chitecte et graveur français, né à Goyeooourt,
près de Roye (Somme), ie 25 novembre 176^,
mort à Paris, le 13 février 1840. Il expo» an
Louvre, en 1800 et 1802, plusieurs projets d'ar-
chitecture, et se livra plus particulièrement à la
publication d'oovrages avec planclies, pour l'é-
tude de l'architecture. Les principaux sont :
Ornements, Arabesques, 3Ieubles,eic.; Par»*»
1800, infol.; — iVotipeatf Recueil de divcu
genres d^ ornements et autres objets propres
à la décoration; Paris, 1803, infol.; — i*«-
rallèle de diverses méthodes de la perspec-
tive; Paris, 1819, 1825, infol.; — lyoum»
265
NORMAND — NORMANT
266
ParaUèlê des ordres d'architecture des Grecs
et des Romains et des auteurs modernes;
Paris, 1819-^1825, fn-fol.; — Fragments d'or-
nements dans te styte antique (avec M. Beaa-
valel) ; Parja, 1820, 2 vol. in-fol. ; — Souvenirs
du Musée des Monuments français ^ collec-
tion de quarante dessins perspectifs gravés an
trait, etc. (avec un texte par Brès) ; Paris, 1821,
ta-fol. ; — Recueil varié de plans et de /a-
çadeSf motifs pour des maisons de ville et de
campagne^ etc. ; Paris, 1823, in-fol., planches
et texte; — Le Guide des ornemanistes ^ ou
de r Ornement pour la décoration des bâti-
ments; Paris, 1826, in-fol.; — Le Vignole
des architectes, nouvelle trad.; Pam , 1827-
1828, 2 part, in-4*, réimpr. en 1842; — Le Vi-
gnole des ouvriers; Paris, 1820-1831, 4 part.
in-4*, pi., plusieurs éditions; — Modèles dW"
jécrerie choisis aux expositions des pro^
duits de l'industrie (avec M. Normand fils);
in-fol., texte et pi.; — Les principaux Mo-
numents. Palais, Maisons de Paris (avec
BLM. Clémence et Normand fils); 100 pi. avec
texte.
jinnuaire des artistes de 18» €t S8S6. — Jattmal des
beanx-arts, vol. iSM.
^HORMAND iLouiS'Marie\ graveur fran-
çais, fib du précédent, né à Paris, le 18 mars
1789. Élève de Lafitte pour le dessin et de son
père pour la gravure, il a gravé quelques plan-
ches importantes, entre autres les lioces de Cana,
d'après Paul Véronèse, et publié les collections
suivantes : Bas^eliefs, Plan et Coupe de Varc
de triomphe de VÊtoile^ d'après les dessins
de Lafitte, avec un texte descriptif par Isi'
dore Guget; Paris, 1810-1811, in-4'' oblong;
— Entrée triomphale du duc d*Angouléme
à Paris, d'après les dessins de Lafitte; Paris,
1825, in-fol., 23 pi. avec texte; — • Galerie mé'
tallique des grands hommes français ; Paris,
J82&, in-4*; deux livraisons ont seules paru ; —
Monuments français choisis dans les colleC'
lions de Paris et dans les principales villes
de France, dessinés et gravés par Normand
ils; Paris, 1829, in-fol., 72 pi; 2* partie,
1830-1847, in-fol. de 12 pi.; — Cours de des-
sin industriel; Paris, 1833, in-8^, avec un
atlas in-fol. de 34 pi; 2< édit., 1842 (faite en
collaboration de MM. Doulliot et Krufll); «-
Paris moderne , ou choix de maisons cons-
truites dans les nouveaux quartiers de la
capitale et de ses environs; Paris, 1834-1838,
in-4*;2* partie, 1838-1 842; 3e partie, 184S-18â0;
— Manuel de géométrie, de dessin linéraire,
d'arpentage et de nivellement (avec K. Re-
bout); Paris, 1841, in- 8°, avec 24 pi., in-fol;
— Études d'ombres et de lavis appliquées
aux ordres d'architecture, ou Vignole ombré
(avec le même); Paris, lS45,gr. in-fol oblong.
il a travaillé, en outre, aux Souvenirs des mo-
numents français, ^n\ Modèles d^or/évrerie,
et aux Principaux monuments de Paris, pu-
bliés pat son père ; à la Galerie mythologique
deMillin (1811); à la collection sur les Fêtes
données à Voccasion du mariage de Marie»
Louise, aux Fontaines de Paris, par Moisy,
à la collection sur le palais Massimi, à Rome^
par Haudebourt et Siiys ; au Musée de sculpture
du comte de Clarac; à la collection du Baptême
du duc de Bordeaux par M. Hittorff; à la Si-
cile moderne, du même; à la Revue moderne,
par Letarouiily ; à Tonvrage de M. Blouet, sur
la Restauration des thermes d^Antonin Ca-
raealla ; à V École anglaise, publiée par Audot;
à la Galerie chronologique et pittoresque de
Vhistoire ancienne, par Perriu , qu'il a gravée
en entier ; à V Univers pittoresque, Enfin, M. Nor-
mand a donné des dessins de polytypages pour
l'imprimerie royale, pour celles de Ftrmin Didot
et de Thompson. G. de F.
Looandre, LUiératur* eonttmpor, — Annuaire Us
artistes^ 18S«.
NOBaïAifD (Le). Voy, Le Norm4nd.
RORMAXT {Alexis), avocat français, né en
1697, à Paris, où il est mort le 4 juin 1745. 1! était
fils d'un procureur au parlement de Paris, et y prit
lui-même une place remarquable parmi le barreau.
Dès le commencement de sa carrière il enleva les
suffrages de tous ceux qui l'entendirent. Anbry,
Jullien de Prunay, Terrasson , Laverdy, qui
furent ses contemporains et ses émules, n'effa-
cèrent point sa réputation ; Ckxïhin seul la par-
tagea. Normant, qui ne connais.«ait pas la ja-
lousie, fut des premiers à lui rendre justfce,' et
comme, au sortir d'une audience, il protestait
qu'il n'avait jamais rien entendu de plus élo-
quent : « On voit bien, répliqua son rival, que
vous n'êtes pas de ceux qui s'écoutent. » Avant
de se charger d'une cause, il l'examinait avec
sévérité, et n'aurait jamais consenti à la dé-
, fendre dès qu'il en avait senti l'injustice. Ayant
conseillé à une dame de ses clientes de placer
sur une certaine personne une somme de
20,000 livres, et quelques années après cette per-
sonne étant devenue insolvable, il se crut obligé
de restituer cette somme à sa cliente, et il la
lui légua par testament. Il devint le conseil des
maisons les plus illustres et l'arbitre des plus
grands différends. Ses plaidoyers n'ont pas été
publiés. « Normant, dit Lacretelle, avait beau-
coup plus pour mérite distinctif une discussion
ferme et judicieuse que cette vive sensibilité de
l'âme qui passionne toutes les idées et cette
richesse d'imagination qui les pare d'une grâce
toqjours variée ; tout le charme qu'on pourrait
désirer dans son talent se trouvait dans sa per-
iionne. Il couvrait la science de l'avocat de toutes
les grâces d'un homme du monde et de l'attrait,
bien plus puissant encore , des sentiments gé-
néreux. Bon et secourable à tous les hommes, il
ne se refusait pas à la société des grands, au
mîKen desquels il exerçait cet ascendant flatteur
qui appartiendra toujours à trois avantages qui
relevaient en lui le don de plaire : une l>eUe
2»7
KORMAfiT — PïOKRIS
Î^H
figure, ane gn&de réputation et un beau carac-
tère. » P. L.
MtTcate. de France, iulll. \l\tk — l^vooot. Met.
liUt, — Lacretelic, OEMPres-Judiciairts, L — Journal de
Vaoocat Barbier.
horouhjl (ilj(/bfuo de), capitaine portugais^
né au quinzième siècle, mort le 28 macs 1&40. Il
était neveu du. grand AUmquerque, et ce fut par
une faveur, pour ainsi dire anticipëe que le roi
Ëoamanuel lui aivait confié le oommandemeot en
chef de la forteresse de Socotora à réppqoeoù le
détroit de la mer Rouge se trouvait sous la do-
mination du chéick souverain do Goxem. No-
ronha arriva àSocotora^en 1508 ; iJ fut le premier
à s'élancer sur la. plage. La garnison musulmane
faisait résistaoee; malgré le. feu de la mousque-
terie et les pierres qui loi étaient lancées de
toutes pacis^ le hardi capitaine s'avança la lame
an poing,, renversa le gouverneur et entra
dans le château accompagné de six hommes seu->
lement. Les Maures étaient au norabrede quatre-
"^îps^r îls préfénèrent la mort à Pesclavagef et
succorobèreni tous. Ce fui Tristan da Guoha qui
remit solennellement le gouvernement de la for-
teresse À Morooluiy qui. le garda jusqu'il Tan-
née ISIQ. A oette époque il se rendit aux Indes,,
et il venait de s'emparer d'un navire musulman
richement chargé, lorsqu'il périt durant une
tempête, dans le détroit de Cambaya.
Il y a eu plusieucs^ autres capitaines du même
nom au seizième siècle. On cite principalement
I>, ^nto«<04feiVoroitA4i,vingt-denxième vice-roi
des. Indes. Ce fut lui qui triomphavd'Adel Khan
(Vidaleao des historiens portugais); il le battit
dana^une journée célèbie, et qui se prolongea au
delàde ce que durent les batailles ordinaires. 11 se
rendit maître également de la cité de Mangalor,
et il y constrwsit la forteresse de Saint- Sébastien,
qui mit désermais les Pontugais à l'abri des in-
vasions des Ganaraa. D. Antonio de Koronlia fut
dans l'Orient le i&éau des Turcs; il battit dans
l'Inde le Zamorin et d'autres chefs hindous,.etaut
se (aire redonlen partout. F. Ù,
Uêrrm, DaÂOa, — Fera. Lapes de Cwtanheda^ CAro-
niea da Indla. — Pedra Barreto de Rcxendr, Tratado
dos Hsof -reyt da iMdiafim. de la BIb. Iiup. de- Ptrta).
— Piffv y SoHsa, Mia pvrlHpiicui» in^M.
froMMVH (ffenri d«). ?bjr. Herbiques.
iKNiBts (Jokn), phitosophe et théologieR
anglais, né en 1657, à Cêllingbome-Kingston
(Wiltshire), mort en 1711,. à Bemerlen, près
Sarom. Fils d\m pasteur; il passa du coHége de
Winchester à l'taiversilé d*Oxford, y prit ses
degrés et eRiltparrlie, depuis 1680, à litre à*th
grégéL A peine aborda ^41 Tétode de la philoso-
phie qu'il montra ponr Platon- une prédilection
marquée ; peu à peu il- s» passionna k un tel point
pour le» béantes d« cet auteur tKvin, comme- il
l'appelait, qn'iV saisit de* èmine'lievre i'occarion
de les faire goûter an publie en traduisant en
ani^aifl VEfffffief anwrU, sous le tilke^e ThB-
PtctwTB ef lùve unveHed (Londreo, l«82,
in«i2}. Cet ouvrage servit è le mettra en rapport
avee Henry Mora, un'des pins oâèhr^ nlslODi-
ciens de son temps, ainsi qu'avec demi femnifs
d'un esprit orné et d'un canotera entheosiasif,
lady Maaham et mistrii» AsteU. Il y avait cinq
ans qa*iï était entré dans les ordres lorsqu'en
1689 il accepta la cura de NewtoO'A-Lo, dans
le Soraeraet; en 1 691 il fut transféré dans celie
de -BemertMi. Forcé de suppléer avec sa pliune
au faible revenu de sa paraisse* il fut, enqôelqBe
sorte, vietime de son assidoité an travail; des
infirmités préeooes l'assailURnt, et il y sneonnbi,
À rage densiaquenteMiuatve ana. La piété de IXor-
ris était aussi admirable qne son savoin Comme
théologien, il a cherché à fonder fut la raisenla
nécessité de la foi et d'une révélation sornato-
ralte. Comme philosophe, il a pris pour naître
Malebranche, « le<»aiilée4ki monde tntellectoel »,
suivant son expression. Deox ouvrages sorloat
le font coonallre dans cette double qualité. L'on,
écrit ponr'réfMer Le Ohriiiiantsme sans mift-
(èrei de Toland , a pour titre An Àceounl of
reason and faiik in relation te thefny$Uries
ofchrUtkimty (Londres, 1697, in-8>). « Il s'agit
de démontrer, dit M. Franck, non pas que la
raiso» noua trempe , car, s'il e» était ainsiv il n'y
aurait plus aucune différence entre- la vérité et
l'erreor, mais qu'elte ne peut noue aufllre dan» la
mesure où elle nous est départie, qu'elle n^
pas la même étendue que la vérité en soi ou les
vérités dont nous avons liesoin pour nous soo-
teoiret nous diriger, et qu'aux connaissances ins-
tÎDcfiveâet démonstratives dont nous loi sommes
redevables , il est nécessaire que nous ajootioDS
de^ connaissances révélées. Nous n'avons pas à
choisir entre la raison et quelque autre puissaoce
qui la contredit dans ses assertions ; il s'^t ses*
lement d'examiner si tel ou tel dogme proposé à
notre foi est révélé ou non , s'il doit être re-
gardé comme une ceuvre de l'intelligence i)ii-
maine ou s'il y a des preuves historiques qu'il
émane d'une source' divino et nous a été com-
muniqué par de» moyens surnaturels. » 1^ rai-
son pour Noms n^est pas autre chose que la
mesura exacte de la vérité^ c*eat-à-dire la raison
divine; celle-là ne diffère de cette-ci que par
retendue , non par l'essence. Dans son £^09
towardi the tkeorf of ths Ideaif or intêlli"
gibie wm-ld ( Londres, 1701-1704, 2 vol. in-8''),
il expoee le système complet de Blaiehraoche
dans on langage élevé, elair, élégant et consi-
dère tour à tour le monde intelligiMeen lui-même
et dans ses rapports a?ee renCendemeiit humain ;
il y combat aver beaucoup de foroe et de lo-
gique leaassertiona de Looiie et des aeasoaKstas.
Outre les ouvrage» cités, on a encore de llorris :
Hi^roéUs upên ihe goldem verte» 9/ ihe Pp
tkafwemm; Oxford. 1682, in-8*; -- An idea
0/ happinets-; Londres, 1683^ in-^" ; — A mur-
ni9ai ûf kna^ei, or wJ^g^ism plaénlp dis-
plBjftdand burietqueà; ibid», 1683, \n^^; —
Traetatus advenus reprobaiiffmH abêoMf
deerelwn; iMd., 1686^ itt-4<'; — Foemt and
269 NORRIS —
doeourset aceashnally writien; Ibid., 1684,
jQ^tt; — A eoUêcti^n of miseeUanies , eomis-
iinf <^pùemê^ «nayj» di»eowrse$itnd letUrt;
OiM^ 1«67, iB-fli!';.S* édit^refoe etoorrigéOi
Loadres, 1716^ i»8P; e'ett le plus populaire des
éofiti de Merris : -^ 7%e Thrortfond regtUatéon
ofUne, a moral efjoy; Oxford, i68S» m>4*;
-Arafon oMf reit^on» or the çrmmdâ imd
nuauret of dévotion cantidored Jrom ibo*
Mimre o/ God amd the mUwre of mon ; Loa^
dm, 1689, iB-8^; — UpoM theemdu€tof'/mh
mon Itft wUh riifsrençfi io tim stnéy qfdoar^
niMfmd km>wledgo;\ïiid., 1690, i6giyii»«8»;
ta réflnkMift forment la subilaBced'aBe- lettre
adiMiée à ladj MêMbim; ^ChrUtian bheatÊd-
Mtf ; ibid., 1680, iii*8* ; on trouve à !«>£■ des
«btenrationadèUcfaèee sur l'f saoé de Looke sur
reotendencat huniÉin ; en 1691 H pubKa une
4p9|6sie de eel ouTnige que les «éparattotee
araiait attaqué ;, — Praetkal dUcoitnoÊ upon
ienrroj dàome 9mbitet%; ibid., 169M696, 4
vol. in-8'' , réimpr. ploaienrs foift; ^ Two trea*
tm concerninç thé diomo light ; ibid., 1693,
io-8«; ces traités Yieonent à l'appui d'une con-
tmerse deNorrie avee laa qnakera^ -« 5pM-
tuoi eoiMff /, or the fmiher's adtneo to h'u
chiidreM ; im,, 1M4, in-»**; — Uiters coti^
ffrniof tho love o/God; ibid., 1696, 170S,
>n*^ : cet exposé de la doetrine mystique de l'a-
inoiir dJTia est le résultat- réel d'une correspon-
<laise échangée entre Tauteur et mistrisB Aiitell ;
on y foit que TaMur est un eheintn pins snr
pour arriver à la perfection, un moyen plus
efficace de s'unir à Diisa que toutes les autres fàr
cii^ ensemble ; — A pMloiophieal diseourso
cowernmç the natural immortalitf of tke
i(nU; ibid., 1706, tn^*. Dodwellfit une réponse
^ee discours à la fiai du livra intitulé Tho no*
<>rai mortoHtff of the htanan touls (1706) et
oô il prétend tirer de la Bible des preuves de la
l'Oftilité de l'âme; — TrealUe coneerninf-
^^tkm prudence; ibid., 1710, in»8"; —
Trtatise eoneerning humility; ibid., in^>«^.
P. L—r.
MimpAte kritmmm9ta. — Cîalmtrny Gênêrml btogr,
^* Paock, da0« U HM. dm êetmcm phUoi,, iV.
inaut ( Bobert), voyagenr anf^, né- à
l'iverfeol, mort en 1792. Pendant dix-huit ana
litlirigea le comptoir de /léda , près de Garegay»
^s une- des proviaeea maaitiaMs dn Dabomeyt.
^ 1772. il se rendit anprèa du roiide œ paifs ,
9f^ résidait à AJboney, el lui iii préseni dfoa
^"^ et d'une chaise i portenn. Il as8i6laȈi
Plusieors fiMca etdivertMseoMiikH o^ tee^nses
^^l«aaiaot avac les saaiifiees bamains, et vit.
j'^^^torprise la quantités d'étoffes de soie^ de^
i^nceleii et de oollien d'on, e|. d'ommento
P^^Qsux qu'on étala dan» cette oeeasion. Apsès
«)oir acheté des esclaves et de l'ivoire, U i»-
^ot à 8oa comptoir. Sur l'inaitatton du.vieax
^ > q« monmt ea 1774. et de son successeur,
KorrisTisito encore demiaîs le Dahomey. Lainr-
N0RRMÂNI7
270
lation de ses voyages, trèa-in(éf%ssanie et très-
exacte, quoique trop succincte, renferme d*im«
portantes obserTations sur le dioMt et les ani-
mena de TAlHqae oocidtotale'; eHea pour titre :
Mémoire ofthe reiçn qf Bos9 Ahadee, hing
qf Dahomfff an in Umd comitry qfOnlnefr,
fo whkh are added the author's joumeg to
Àtomey the capUal; Londres, 1789, in^ê^, avec-
une bonne carte; trâd^ en fhinçaie par Wad-
strœm (Voffage au pagode Dahomé; PwiSt
1790; io^). K.
Waietanaer, HiJt. générale det voyaoef, Xf.
SUMMUMS ( Mdwin-U pbiloloi^aBBlais» né la
24 odebre 1799, à Tâonton^ Après s'être livré
pendant dix ans aux soins d'une éducation paB«
ticulière, il obtint en 1^36 un emploi dans.l'ad-
ministration civile de la Compagnie des Indes, et
le résigna en 1836. Saconnaissanœ étendue det
langues orienlales le fit* admettre dans la méma
année à la Société asiatique de Londres avec le
tit£e de secrétaire. Depuis 1847 il est traducteur,
du département desvaflaices étrangères. On a de
lui ; Grammar c/ the Fulah language from
a ms. by thereo. Macbrair, wUh additions {
Londres, in-8*; — Grammar oj the Bomu
or Kapuri langufiçe ; ibid., i8â3, in-8*', d'a-
près une série de dialogues envoyés par le voya-
geur Ricliardson \ — plusieurs ménnoires insérés
dans les Transactions of the royal Asiat^ic
Society, el des articles dans le Penny Cydopx'
dia. et autres recueil» hebdomadaires. Il a en-
trepris en 1853, sous le iiive à* Ethnograpkical
library, un recneil de voyages à travers les cou.*
trées sauvages ou encore peu oonnnes, eti& a
publié, revu et augmenté, en 1855, Ja dernière
édition de Natural history of man de PricbanL
Th« Bnglisà Cftlopmdia ledUed bj Kalgtl.
MORBBiAiiN l Laurent )t savant prélat sué-
dois, né le 24 avril 1651, à Strengpaes, mort Je
21 mai 1703. Après avoir étudié dans diverses
universités de l'Âllemagne.et de la HoUande , il
devint en 1 680 secrétaire du comte de La Gardie»
fut nommé en 1681 à Upsal professeur de
langues orientales., et fbt. a{>pelé en 168a à.le&
enseigner à l'université de Lund. Kn.i664 iiM>^
tourna à Upsal , où il occupa successivement les
chaires de métaphysique, de langue grecque et
de.^ttiéologie. U parcourut enaaite le* Danemark*
et-FAUemagne, et fàt nommé conservateur de
lai faibliothèque d'Upsal ,. inspecteur des égtfsea
de cette ville et en: 1703 évéque de Gottienboorg.
U était legasdé avec raisoa oemme un des pkia
habies phildognee da>la Suède. 0%a4tt lui- v
De M^lemiêmo judaico; StbckMttty 1«96; —
-> itoioriptoe' coUegihtàectorun^ Imeperii get^
firanini; ibidi, t666; — Be Socrate; ibid.,
1666<3 — Dêoemore remano; ibid., 1666; — -
De «rtpine Qo^Aorum,- ibid., 1667; — Do
PoKéene àiUÊptàetypnieo ; ibid., 1666; — De
saatrdoêào romano* PiompUiano ; Upsal, 1686 ;
— De Scipione A/ricano; iMd., 1688; — - De
Alcibiade demoeratie»; Ibid., 1668;<— >JEIe6f*
271
KORRMAKN — NORTH
272
natii areopagiêieo ; ibid., 1689; —De cruce
veteruin; ibid., 1692 ; — De catuis deficientis
suadx romanœ ; ibid., 1702 ; — De typogra-
phia; HambcHirg, 1740, îd-S^; réimprimé daii.s
les Monumenla iypographica de Wolf; —
plusieurs autres dissertations recueillies avec
ses oraisons funèbres; Stoclcbolm, 1738, io-^".
Morrmann a aussi édité les Scholia rhetorica
de Phoebammon, te De figuris sententiœ et
elocutionis d'Alexandre, les Discours et let^
ires du moine Théodule; deux Discours d'A-
ristide, etc. O.
Plpplng* MemoHm theotogorum. — Manoria virontm
In Sueeia erudUiêHmorum (Leipzig. iTSi). — Biogrm^
phUk'LêTiMon. — A. Morrellus, f^ita jrormaniif (Stock-
bolm. 1TS8).
NORBMA!i<« - BflREiTFBLS ( Charles-Fré-
déric Lebrecbt, comte db), général allemand,
né à Stnttgard, le 14 septembre 1784, mort à
Missolonghi» le 3 novembre 1822. Son père, Phi-
lippe Chrétien , comte de Norrmann^Ehrenfels ,
descendant d'une ancienne famille de l'Ile de
Rugen (né en 1756, mort en 1817), avait rempli
plusieurs fonctions dans l'administration wur-
terobergeoise et était entré en 1803 dans le con-
seil des ministres (voy. Biographie universelle
de Rabbe, et Gradmann, Gelehries Schwaben ).
Charles- Frédéric prit du service dans l'armée
wurtembergeoise , et parvint en 1809 au grade
de colonel de cavalerie; en 1812 il commanda
un régiment de chevau-légers dans la campagne
de Russie. Devenu en 1813 général de brigade,
il prit une part active à la guerre contre les al-
liés; après la bataille de Leipzig, il conclut une
capitulation qui lui valut d*ètre destitué. Après
avoir pendant les années suivantes rempli l'em-
ploi de précepteur auprès des princes de Hesse-
Philippsthal, il alla en 1822 en Grèce, où il
forma un bataillon de philhellènes , avec lequel
il livra contre les Turcs plusieurs combats heu-
reux; nommé chef de l'état-major de Mauro-
cordato. Il fut emporté par une lièvre ner-
veuse. O.
Taçébûcher omu dem FtUxmçé der fFUrtembtrger
( Ladwigtboorg, itSO). — BoUmana, Der Hellenen FlrH-
fkeUikampf toi Jahre iBtt ( Berae, isiS). ~ Convtrta-
tUnuLexikon.
RORBT (Charles), architecte français, né
en 1756, à Bercy, près Paris, mort en juin 1832,
à Paris. Élève de Ronsset , il fit partie de l'ex-
pédition d'Egypte ainsi que de l'Institut qui fut
fondé au Caire; à son retour il fut nommé chef
du bureau des b&timents civils au ministère de
l'intérieur, et siégea au comité consultatif des
bAtiments de la couronne. Il était membre de la
Société philotecbniqae. On a de lui nne Rela-
tion de Vexpédition d^ Egypte, suivie de la
Description de plusieurs monuments de cette
contrée (Paris, 1799, in-g"*, fig.); — quelques
morceaux dans La Décade égyptienne (1799-
1800, 3 vol. in-4'') , et plusieurs des dessins de
la grande Description de V Egypte. P. L.
Ragler, iKmes Mlgem, KAntUer-Uxican.
NORTH (Sir Thomas ), érudit anglais, moit
vers la fin du seizième siècle. On ne possède
sur la vie de cet écrivain aucun reaseigM'
ment ; on sait seulement, d'après ses propres oik
vrages, qu'il était chevalier, qu'il avait une con-
naissance approfondie des langues aDdenoes et
modernes, et qu'étant déjà vieux, il fut obligé
de demander nne pension à la reine Éiissbelk
pour se tirer de la gène où l'avaient mis sen
voyages et ses travaux. On a de lui : The
Diall of princes, compiled by Anlhony of
Guevara and englyshed oui of the freneh;
Londres, 1557, 1558, in-fo)., et 1582, in-4";
cette dernière édition est augmentée d'un line
intitillé : The/avoured Courtier et traduit aussi
du français ; — The morall philosophie o)
Doni, drawne eut of the ancient writersand
englyshed out of the italian ; Londres, 1570,
ln.4*; — The lÀves of Piutarch; Londres,
1579, in-4°; cette version peu exacte est faite
d'après celle d'Amyot et dédiée à Elisabeth; le
traducteur y a ajouté les vies de plusieurs per-
sonnages, extraites d'anciens auteurs. K.
Watt, BUttiogr. briUmn.
RORTB (Dudley, baron ), poète anglais, oé
en 1581, mort le 16 janvier 1666. Descendant
d'une andenne famille du comté de Cambridge,
d'où sont sortis plusieurs magistrats émioents, il
hérita en 1600 des tiU*es de son grand-père. Si
l'on en croit son biographe, c'était un hoinine
plein d'esprit et de vivacité, qui, après avoir dis-
sipé la plus grande partie de ses biens à la ooar
du roi Jacques r% se retira à la campagne, et
y vécut d'une façon pins lionorable. D'autre
écrivains le représentent comme un ooartisan
raffiné, sans principes , despote , et d'Iiameur
fantasque. £n 1645 il se rallia au parti parle-
mentaire, et devint un des commissaires de l'a-
mirante. II a laissé un volume de mélanges in-
titulé : A Forest ofvarieiies ( 1645), en troi*
parties, et réimprimé en 1659 ; la prose en est
alTectée et obscure, les vers sont plus na-
turels.
noRTH ( Dudley, baron), fils du précédât,
né en 1604, mort le 24 juin 1677. Il reçut une
bonne éducation à Cambridge, fut nonunéen
1616 chevalier de l'ordre du Baio , aerrit avec le
grade de capitaine sous les ordres de sir Francis
Nere, et si^ea au parlement pendant plusiean
sessions. A la mort de Charles T' ( 1648 }, il
se retira dans le Suffblk, et s'occupa dereebercbes
historiques. Depuis 1666 , il fit partie de la
chambre des lords. On a de lai : Oàservaiion*
and advices œconomieal; Londres, i^^i
in-12; — Passages relating to the Long Par-
lement; — ffistory of the life of Edmrd,
lord North, the first baron ; — Light in tht
way to paradise, with other oceasionals;
Londres, 1682, in-8*, essais de morale et de
religion. De sa femme, Anne de Montagu, il ^^
dix enfants, dont quatre qui suivent et se sont
reodus célèbres à divers titres.
573
NORTIi
274
50RTH {Francis), baron de Guildford,
magistrat anglaîA, fils dp précédant, né ie 22 oc-
tobre 1637, mort le 5 septembre 168ô, à Wrox-
lon, près Banbury. De l'université de Cam-
bridge, il passa à la Société de Middie-Temple,
oii il se délassa de Kétiide des lois par celle des
sciences, de l'histoire et de la musique ; il di-
sait souvent que sans cette distraction il n'au-
rait jamais été jurisconsulte. Ses commence-
ments furent pénibles : quelques protecteurs,
l'attomey général Palmer entre autres, lui en
aplanirent les difficultés. Rien ne lui coûta
pour réussir, comme on peut le voir dans la en-
rieuse notice qu'un de ses frères lui a consacrée :
ses manœuvres tortueuses, sa duplicité, sa
couardise morale, son égoïsme, sa politique de
bascule, son empressement à servir les gens
en place, tout cela y est naïvement présenté
comme autant de prudentes vertus nécessaires
à quiconque aspire aux honneurs et à la ri-
chesse. Le talent avec lequel il plaida, dans un
procès politique, contre les prérogatives du par-
lement attira l'attention du duc d'York, qui le
fit admettre au nombre des avocats du roi.
Après avpir été attaché au circuit de Norfolk,
il devint solicitor gênerai (i671); en même
temps il fut créé chevalier et élu député de
Lynn à la chambre des communes. Dans l'es-
pace de quelques années il fut nommé atiarney
gênerai ( 1673) et président de la cour des
plaids communs (1674); comme tel il par-
ticipa à quelques-uns des assassinats juridiques
les plus odieux, et s'il s'apei*çut que Oates et
Bedloe étaient des imposteurs , il n'en continua
pas moins à condamner les malheureux catho-
liques quils accusaient. En 1679 il entra au
conseil privé, puis il présida la chambre des
lords en l'absence de lord Nottingham, auquel il
succéda comme cliancelier d'Angleterre ( 20 dé-
cembre 1682); en recevant le grand sceau,
il fut élevé à fa dignité de pair avec le titre de
baron de Guild(ford. Mais il n'eut aucun cré-
dit au conseil ; il sentait si bien son incapacité,
qu'il n'assistait jamais aux réunions dans les-
quelles ses collègues discotaient les affaires
étrangères, et même, dans les questions rela-
tives à sa profession, son avis avait moins de
poids que celui d'aucun homme qui ait jamais
tenu 1^ sceaux. A l'avènement de Jacques il,
lord North, qui voyait avec inquiétude l'in-
fluence croissante de ses ennemis, Sunderland et
Jefleries, voulut résigner ses fonctions ; mais on
le dissuada de ce projet, et comme sa santé
s'affaiblissait de jour en jour, il lur fut permis
de se retirer à la campagne, où il mourut bientôt,
à l'Age àe quarante-bult ans. « Guildford , dit
Macanlay, avait une intelligence lucide, une
grande dextérité, une érudition suffisante en
littérature, et une connaissance plus que suffi-
sante des lots. L'avarice, Tégoisme et la lâcheté
étaient ses vices principaux ; il n'était pas in-
sensible an pouvoir de la beauté ni ennemi des ;
plaisirs de la table... Quoique d'une famille
noble, il s'éleva dans sa carrière par une adula-
tion lionteuse pour tout ce qui avait de l'in-
fluence dans les cours de justice. • On a de lui ;
An alphabelical index of verbs neuier, Impr.
avec la Grammaire de Lilly ; — On the gra-
vUalion of fluide considered in the blad-
ders oj fishes^ dans VAbridgment of the phi-
los, Trans. (t II, p. 845) de Lowthorp; l'o-
pinion de l'auteur sur cette question parait
avoir été adoptée par Boy le et Ray; — An
Answer to a paper of sir Sam. Morland on
his static barometerj inédit; — A philoso*
phical essay on musie ; Londres, 1677, in-4° ;
c'est un petit traité de la génération des sons et
des proportions des intervalles. Lord Nortb
jouait fort bien de la Igra-viole^ sorte de basse
de viole montée de beaucoup de cordes pour y
faire des arpèges et des accords, et il a laissé
en manuscrit quelques sonates écrites à deux
parties.
Roger Noiib, IÀV0$ ùf tkê Nortki. — Campbell. Uve$
qf th» ektmceUors, 111. ~ Collins, Peerage.-^ Wnlpole,^
Bofoi and noble avthort. — Mauulay, Hist. of En-
0taiiil.,1l. - Biirnry, Historf qf Af hs<c.
NOETH (Sir Dudley ), frère du précédent,
né le 16 mai 1641, mort le 31 décembre 1691.
Tout enfant il s'échappa de la maison pater-
nelle, et resta quelque temps au pouvoir de
bohémiens qui l'avaient emmené avec eux. Son
goût pour le négoce lui inspira la passion des
voyages : il partit comme .subrécargue à bord
d'un l)Atiment marchand, et visita les cAtes de la
mer Blanche, puis celles de la Turquie et de
TAsie Mineure. A son retour è Londres, il tut
nommé sheriff et chevalier, et oblint, par le crédit
de son frère aîné, une place de commissaire è la
trésorerie. Sous le règne de Jacques II il devint
commissaire des douanes, et se rendit très-im-
populaire en suggérant le plan d'une taxe sur le
sucre et le tabac. Il siégea aussi an parlement, et
s'y fit remarquer par l'indépendance de ses opi-
nions. On a de lui : Voyage from Smyma,
wilh an aecount of Turkey, eontaining mai^
fers tuile known in Europe ^ relation cu-
rieuse, dont le biographe de sa famille a publié
des fragments.
RORTH (John), émdit anglais, frère des
précédents, né le 4 septembre 1645, à Londres,
mort en avril 1683, à Cambridge. Destiné à l'é-
tat ecclésiastique, il professa le grec à Cam-
bridge, où il avait pris tous ses degrés, et suc-
céda en 1677 au fameux Isaac Barrow, qui était
principal du collège de la Trinité ; pendant l'exer-
cice de ces fonctions, il continua la belle biblio-
thèque que son prédécesseur avait commencé à
former. U avait beaucoup de connaissances, et pro-
fessait pour Platon une admiration profonde;
aussi a-t-il donné une édition estimée decertains
écrits de ce philosophe (Cambridge, l673,in-8*).
Il a travaillé aux Fragmenta Pythagorica de
Gale.
NORTB ( Roger), historien anglais, frère dea
IVORTET
27^
frécédeafs, né ven MSO, noit em 1733. Il
«tiiiia la jumprodenee , et dtmt chef d* lai
cliaiicâllerie de VarcheTéque- Seldon ; mais H
OLtwBfÇBL' p89, eoiomeon 1'b> prétenduv les fooo»
iMM-d'atiornef gênerai Bm» lt« règne de Jac-
ques. IL Les deux mnrragfs qu'il a jaimés n'ont
pato qu'aprèe sa mort; œ sent i Bâsamm ùt
am Snfuirif in^ ihe^areM and'veraciip of
I €t pretendêd compMê hisl9ry , itnding te*
tibiiMeatê^the itonaur 0/ Ike ' laté- Xtn^ Ohmr»-
l» //; Loodresy 17<0} i»4o;t)^t uneTéfnta*-
tiM, àiu» poîntd»^ae très pailiri, de> la^ ODm*
pètl9' Méâtofif de Kènnet; — Th» Live9 of
HfmmU Kwtlk, banm GuUford, lord Keeper
cf^ tkB greaù MMt; $ir DuélBff* IVorlh and'
Jéfm-Novth'; Lewiees, 1740»-i743; ^ vol. in-4*;
i»vied»g^ide A^iflceau» «été réhnpnmée à
j)trt>( \BQèi 7 Tol. i»-«") eton adtaBéen* 1829
UM seeonde édition* d* l'omrfag» entier, en
.3 ?ol. in-8*. « Lee''portraM»4e*ces tfoiS'Ifènee^
dit Macaulay, ont été tracés mioutieusement
par Roger ffoTth,tory îniDiérant, écrrram af-
fecté et gédant, mais obeervateur. soigneux, de-
tous ces menus détails qui Répandent le jour
SUT' le caractère des liororaee. » Oocopé'sans
«esse' de reeherolies sur la nuiBlqiie^ il écrivit
sur les compositeurs et amateurs anglais les
plos célèbres depuis 1650 jusqu'en 1680 une*
â^ie de notices, qui ont serri aux docteurs
liumef et Hswkins. P. L— y.
CointM, Pêerage, — Roger Rortli, lÀve» of the Norlht.
-> Rau, CteltpmUa. — CtaaloMra, Cwmerml BèograpH.
ROATB ( Frédérie ), comte ne GoiLuvonn ,
tiomnft d'État anglais, né le 13 aTriil783, mort
165 août 1792. Une triste célébrité «st attachée
4iu> nom de lord Nnrth ; car il Ait premier ministre
àuneépoquecritiqaepour l'An^terre, ceUede la
gu6rfrd*Amériqpe» et il esCregasdé-comme seul
responsabte des fevens et des humiliations qui
en furent leTésiÉÉBt. U était le fils atoé de Frao-
•cis, comte de Quildford. Après afvoir fait d'excel*
lentes études d'abord à Elan, puis à l'uniwersité
d'Oxford, il passa taois ans à voyager, et résida
8ueoe«iveroenl en Attemagne, en Italie et en
France. Il apprit la lan^e de ces paysv et avec
beauconpide soin le ftMiçais, qu'il paéhiitafec
facilité et correetioo:. A oëaervm auMfli Je» llona-
mes et les moanrs^ detmanièip à aequériB œ'qo»
madame de StadI appelle V}Bsprii aarapésn,
c'est-à-dire- ees quaHtéeqiii ranrient un: hoonne
aussi agréableà Pkri8>àiNapleaetàT1«nDei|m
dans son propre: pays, ren apnée son retour^ il
•entMkan parktnent^ et dès lors il «e oonsaera en-
tièrement anx alfiiirea publiques, pour les-
qncllee il iMmtmfaiMÉfii une gpwide capacité. A
Tin8t*eeptans(inian58^ Il (àt nommé ondes oom»
mianiriea) die iai tiéaa»erie, elv à I» démission
de lord Bute) m 1766; if fut nris à>ls tête delà
«onraiesion^ilréBignaeeeronotionsà l'avènement
-de l'administratioD Rockingham; mais en juin
4766 il fui nommé peyenr général de rarmée,
et peo après membre du eonseil privé. La
mort dn oélêbra €)harie6 Tonvnsbend ayant
amené plusieurs changements importants dans
\w haute administration, lord North devint
chnaeelier de Téchiquier, poste auquel II arriva
pttr'llhffnenee du parti des Bedford (i767).Att
commencement de 1776, le due de Graflon,
premier ministre, ayant donné brasquement sa
démission*, dans des cireonstanoes de graves em-
haras, Georges 111, à cause des ambition» ri*>
vale», trouva trè»*diffioile de former un minis-
tère; Ce prince, imbu des idées les pins exe-
gMee*de- sa prorogative, et Menrésolo h IVxer-
cer dans toute sa plénitude, ne voyait qu'avec
angoisse^et terreur la domination dent* le m&>
nafaient les Bedford ^ le grand parti whtfc. D
oflHt à lord Nortb. alors chancelier- de l'échi-
quieret directeur de la chambre des communes,
le poste de premier lord de la trésorerie. Ce-
lui-ci accepta, fl semble qn^ilnYavait làqn'inn
acte ordinaire de courage 00 de dévonement
Mais Georges III le considéra eomme un im-
raenseservice, et delà rextrémeaffectiontiu'il eut
pour son ministre; pendant déaxe ans, jusqu'à la
fameuse coaliUon avee Fe«. Lerd Brougbâm en
cite un trait remarquable^ qui en même temps
peint le caractère do roi. « Ayant achevé de
payer l'arriéré de ma liste civile, dit le roi dans
une letbre'à son ministre ( septembre 1777 ), je
dois penser à vous. J*ai compris, d'après quel-
ques insinuations, que vous n*avec cessé d'être
en dettes depuis votre mariage. Je dois donc
, Insister pour que vous me laissiez venir à votre
aide avec 16,006, ou 15,006, ou même 20,000
livres sterling; si cela est nécessaire. Tons ne
connaitriez bien mal, si vous ne pensiez pas
que de tontes les lettres qne j'ar pu vims
écrire la présente est celle qui me donne le plus
de satisfaction, et je ne vous demande es retour
d'autre sentiment que d'être bien persuadé que
je vous aime autant comrtie bomme de mérite
que je vous estime comme Ininistre; Je ne pois
jamais oublier votre conduite dans un moment
critique. » Cette libéralité était sanadoote-ins-
pirée par l'aflectfon, mais il nous semUe-qo'll y
avait anssi de la partdn rel le désik* de ratta*
cher plus fbrtement encore im ministre puissant
à la chambre des comnranes, et qui plaisait
à ses idées favorites de prérogative et à la pdi»
tiqne ardente, obatinéeet aveugle avec-foqneHeil
poursuivait persennellement^es hoslillftés contre
les colonies d^Amériqne: OSMe guerre est 'le iFHt
importantdo miniàlèré dekirdNbrtll'.ll'ya relati-
vement à ce point deux* questions diflérentes à
considérer, la question de sa justice et' la question
de son avantage. Le ministre eti'bppositlon'en-
tamèrent la dispute sur ces deux questions.
L'opposillott renfermait alors les premiers ta-
lents du pays. Ses deux cheft, BUrKe* et Fox,
étaient' Secondés par des lieutenants dignes
d'eux. Barré, Dunning, Lee, et soutenus par
toute la phalange de raristecratie ivhi]^, le poids
277
M)aTH
97S^
imnoense qu'avait ropinion de lord Ghatam, et
parfois par sea discoars éloquents, qui prodai-'
saieot une aenMtioo profoode. L'oppisitioD
soutint d'abord que le parlement britannique
n'avait pas le droit de taxer les colonies, et
qo'aiasi une guerre qui avait pour but de les
eootraindre était injuste; et ensuite que, le
parlement eût-il ce droit, il n'était pas d*uoe
bonne politiqne de le faire triompher par la
guerre. Lord flortb défendait à la fois la.jasilee
et ràpropos de lagnerre. Les reven, Les.bvanH
liatioos el les désastres vinEent presque cliaque
aanée donner on démenti à la question d'à-poo-
pos et enflammer l'orgueil national ainsi que les
veogeanocs de Topinion publique. Si Georges III
conserva jusqu'au bout son obstination inflexi-
ble, il est probable que lond' Serth fut amené à
ilooter de iâ joslioe et de la justesse de ses Vues
et de ses mesures, et qu'il ne persévéra dans
cette guerre que par déférence amx délire do
roi. Nous avons sor ce point le témoignage de
^a fille, lady Charlotte Lindsay» qni, dans «ne
'ettre intéressante à lord Bronghara» dit : « Pen-
•laat les trois dernières annéeade son? ministère,
inoD père eut on ardent désir de sa retirer ; mais
il se laissagagner parles preasantcn et fréquentes
sollicitations de Georges UL Enfin, IfaJbtblisae-
inent croissant de la roiû<>rité à la cbambre des
(tjmoMinea rendit évidente te nécessité d'un
«haagement dans le ministère , et le roi fut
^'Uigié, bien à cuntre*eœur, d*acoepter sa dénris-
sioo. Ce fut on grand soulageroeot pour flonies-
prit; car, bien que je ne croie pas qna^on
r^re ait jamais ea des doutes surla justice ne la
pierre d'Amérique, cependant je sais d'une
manière certaine qu'il anrait vooln kàm ia faix
trois nna avant qu'elle prit fin. »
Au seîD du parlement, lord fiortb déploya près-
qoe toujours de grands talents de discussion plo-
t<U que de baute éloquence, et malgré les redou-
tables assauts qu'il avait à essuyer de la part de
^ éloquents adveisaireSk. il séiissit à conserver
«oa aseendant et à maintenir les fianga, un pea
ioecrtainn, de sa.ma|orité par on eacellent juge*
ioeot, qni ne l'abandonnait jamais, par son tact
natorel, qu'avaient encore perfectionné la fré-
<1Bentation et une profonde connaissance, des
iiommest I*' M»n courage froid et résolu^ sa
parole facile et ses reparties, spirituelles, enfin
nae donceor de caractère qne rien ne pouvait
troubler : menaces constantes d'accusation ,4iUa-
qnes véhémentes contre lui et ses partisans,,
iolprécations contre ses. mesures, invectives on*-
tnjeeantes contre sa capacité, furent épuisées-
contre Ini sans reUche^ et semblaient ne pro--
doire aoeon efletsur son calme babitnel et sursa
patieneeu Fardes réponses simples de forme et
justes, il émoossait les sai casraes les pbis tsan»
chanU , et par une plaisanâeriefine etèpropos.il
provoquait le f Ire contra ses adversaires. « liais
!|BeUes qne fussent ses qualités et comme c/eAa*
ter et comme homme, dit justement lord Bnaugi-
Inm , rien ne peut justifier sa politique à l'é-
gard de nos colonies. Sa conduite prouve qu'en
lui l'homme d'Étal était trèfr-inCérienr ; et s'il eût
jugé sainement ia folle obstfnation des vues de
Georges UI, il anrait dû saisir Toocasion do aa
déniettre plut6l que de servir d'ini^rament à des
mesures qu?il n'approuvait point » Du reste, si
l'on peut imputer en. grande partie ani minis*-
très les désastres et les humiliations qui mar-
qiient cette époqne^. 1* blâme doit retomber
ansaii snr le parlemcol^ qui sanctionnait iews
actea, sor la. majaritéi de 1% nation ,. qui s'était
prononcée d'abordt avecpaanion pour la guerre,
surtout sur les vnea étioites.dn roi^ qui ne vou.
lut jamais voir dans les Américains qne des su-
jets rebelles, qu'il Callaii k tout prix, réduire À l'o*
béissance. Nous insistons sur ce point; car le
principal but, ceramn l'aiantage de; l'histoire,
doit être de fournir, des leçons au tempe pré-
sent par le taUean des foutes et des sottises du
passé. La défaite de lord Cornwallis, en. oetofare
1781,. amena la crise décisive. Au parlement,
l'opitoaitiott, dont le» forces s'étaient augmen-
tées^ fil passer une adressD an rai pour demander
la paix avec l' Amérique; Les attaques contre Jes
ministraB devinrent incessantes et très-énergi-
qoes ; la maiorité mînistérieUa variaitet déclinait
de jour en jour. Cependant lord North ne se te-
nait pas pour battu. Il soutenait qu'il ne voyait pas
encora clairement que le pariement lui eût retiré
sa confiance. Pour juger la question^, lord Cst
vendisb présenta, le 8 mars 1782, une sério de
résolutions récapitulant les revers essuyés de^
puis 1T75, qu^il attribuait à l'Ineapadté et aux
fautes des ministres, et il conclut en deman-
dant formellement leor renvoi. Lord Novtb se
défendit avec talent, et para le coup par l'a-
dresse consommée avec laquelle il mit en jeu
les craintes et les passions des dilTérentes sec-
tions de la clumbra. Les voles se divisèrent ;
il y eut une faible majorité pour les ministres.
Biais ce fut un succès d'un jour. Une motioa
semblaMo ayant été présentée peu.dA temps
après^ lord Oîorth l'interrompit en annonçant
« qu'il n'y arait plus d'adminîstratÎQn » • Un
autre ministère fut formé, où BocJûngharo et
Shcébnme aa«ient la principale influence. Il
avait à clore une guerre désastreuse et à faire
le meilleur traité de paix possible. Lord.lTorthse
trouvait nutureUamentilana l'oppositàoniet chef
d'tme de ses- fractions. Lord Dookinghanir étant
mort ( juillet 1782 ), SHelburne s'appuya de l'al-
liance de Pitf , qui fut nommé chancelier da 1^
cbiqoier, malgré son extrême jeunesse». Toutes
les batteries de l'opposition/ conduite par Fox
et lord North, forent mises ea jeu contre l'ad-
ministration, et en pacUculier contre le traité
de 1783, où l'indépendance des ÉtatSrUnis fut
reeennne. Le ministère finit par sucoomber, et
lord Morth rentra victorieux au peuvoiiv ap-
puyé sur le bras de Fox. Il prit le département
de l'intérieur, et donna, à son collègue celui des
27D
NORTH — KORTHAIMPTON
280
affmres étrangères. Cette coalition, de scanda-
leuse célébrité, réunissait dans le même minis-
tère deux hommes politiques qui depuis douze
ans avaient épuisé Tun contre Tautre les accu-
sations et les outrages. L'opinion politique en fut
révoltée, et on Ta justement reprochée à Fox
comme une faute, qui devint funeste au parti
whig. Lord North conserva , dans sa position
nouvelle le calme et Tesprit de plaisanterie qu'il
avait eus dans son précédent ministère. Un
honnête membre de la chambre ayant un jour
proposé, comme conclusion à son discours,
d'entretenir, près du fauteuil du président,
un sansonnet qui aurait été instruit à répéter le
cri de « infâme coalition », lord North remar-
qua avec beaucoup de sang-froid que tant que
le digne membre leur serait conservé cette dé-
pense aux frais de l'État était inutile, puisque
les fonctions du sansonnet pouvaient très-bien
être remplies par un subdélégué. Pendant cette
malheureuse coalition, lord North et Fox firent
des efforts pour mettre un frein aux prétentions
du roi en fait de prérogative. Ce prince, à l'oc-
casion du fameux bill de Fox sur l'Inde , qui avait
passé à la chambre des communes, usa de son
influence pour le faire échouer à la chambre des
lords. Fox s'étant élevé contre ces menées se-
crètes et inconstitutionnelles, le roi invita les mi-
nistres à' lui envoyer leurs démissions (18 dé^
cembre 1783 ), et ainsi après sept mois de règne
fut brisé le ministère de la coaiiiion, Pitt fut
mis à la tête du nouveau ministère, et en 1784
commença cette longue et mémorable adminis-
tration qui ne finit qu'avec sa vie. Une fois hors
du pouvoir, lord North prit peu de 'part aux
discussions du parlement. Cependant, à l'époque
de la maladie du roi ( 1789 ), il sortit de sa re-
traite, malgré la perte de la Tue et plusieurs
infirmités, et combattit le projet ministériel sur
Iri régence avec le talent et l'esprit de ses meil-
leures années. 11 succéda à la pairie, lorsque le
comte de Guilford, son père, mourut, en 1790;
mais il contfnua à vivre retiré au sein de sa fa-
mille jusqu'à la tin de ses jours. 11 laissa quatre
fils et trois filles. J. Chanut.
Taylor, Nattoftal porinM Gallerv, U II. — Cpeto-
ptedia, ençlUh bioffraphg. — May ( Tbom. Enkine ),
ConUitviknu^ hàiiorg of Engiand , ftom 1760 to 18*J0,
(t vol. 1861). — Xjotù Brougbam, Statetmen qf the tinte
of Georçe lll, — Lord Mahon, Uistorff of Europe. —
Lodge, IllustrUntÊ pertonaçeu — MnnoriaU and cor-
retpondênee «/ CkarUi Jawtes Fo* , edUed bjr lord
Joho Rusaell, 8 vol. 1858. — Macaolay, Eisa^s, article
Chatam. — Revue det Deux Mondes, f^ décembre 1884
et !•' janvier 1886.
HORTH ( Francis ), comte pe Gcildfoiid,
fils du précédent, né le 75 décembre 1761,
mort en 1810. Il suivit la carrière des armes, et
|)arvint au grade de lieutenant-colonel. A la
mort de son frère atné, Georges-Auguste (20 avril
1802 ), il lui succéda dans la pairie, soutint
constamment le parti de l'opposition , et attaqua
plusieurs fois avec vigueur la politique du mi-
nistère. Il occupa quelque temps les fonctions
de contrôleur examinateur des douanes. Od a de
lui une tragédie lyrique, The KentUh barons,
jouée en I79i.
Son frère, Frédéric- Augxate, prit sa place à
la chambre des lords et mourut en 1827. 11 a eu
pour héritier de ses dignités son cousin le ré?é-
rend Francis North, né en 1772. K.
Barke, Peerage of Ençland.
HOBTH ( George ), antiquaire anglais, né en
1710, mort le 17 juin 1772, à Codioote. Il prit
ses degrés à Cambridge, fut admis en I729()aib
\ les ordres,et obtint en 1743 dans le Herisie
rectorat de Codicote, où il passa la plus graatie
partie de sa vie. Il avait étudié à fond Tliistnire
des monnaies anglaises, et ses écrits surcetteina-
tière le firent admettre dans la Société des Aoti-
quaires. Oncitede lui : AnAnswer toascandQ-
tous libel intitledlbe Impertinenceand iinpos*
ture of modem antiquaries displayed, durév.
W. Asplin ; Londres, 1741 , în-4' ; cette répom,
fort bien faite, fixa l'attention des savants doot il
avait pris la défense; — Bemarkson iome m-
jectUTPS relative to a very ancienijHece of twh
ney;\b\à., 1752, in-4'» : c'est une réfutation dfe
conjectures émises par le docteur Charles
Ciarke. En 1742 et en 1765 il dressa les catalo-
gues du médaillier du comte d'Oxford et de ce-
lui du docteur Mead. Parmi ses ouvrages inèlits,
on remarque une tal)le de toutes les moDuaies
d'argent d'Angleterre depuis la conquae josqu'^
la république et une Histoire de la Société dt^
Antiauatres, Il légua au docteur Askew i» M-
blio^^*'^^ ^ collection numismatique.
P.Ir-ï.
Cbalmen, General Biograph. dietUmarff.
MORTHAMPTOif ( Beury HovrABD, comte
DE ), pair d'Angleterre, né en 1539, à Sbottis-
ham (comté de Norfolk), mort le 15juial6ii
Son père, le comte de Sorrey,et son frèi-ealoé,
Thomas, duc de Norfolk, périrent sur l'édia-
faud, l'un en 1547 et l'autre en 1572, et sa fa-
mille fut déclarée déchue de ses biens et digni-
tés. Ce malheur immérité aigrit son caractère;
obligé de se débattre contre les atteintes de !>
pauvreté, sans amis, ne faisant à la cour auc^oe
ligure , il contracta de bonne heure unebunioir
hiquiète et morose, qui enveloppa sa vie de»
plus fausses apparences. Il fit d'excellentes «^tu-
dés à Cambridge, demeura quelques aon^ ^
l'étranger, et quoique vivant dans l'intimité de
puissants personnages, tels que le comte dls-
sex et ces deux Cecil, il ne put jamais rien
obtenir de la' reine Elisabeth; il est vrai de
dire qu'il professait la religion catholique et qu'oa
le soupçonnait d'avoir été Tun des partisans se-
crets de Marie Stuart. Il trouva sous JacqaesT'
un ample dédommagement à ses infortunes. I>e<
son arrivée au trône, ce prinee le fit entrer au
conseil privé (1603); puis il le créa successive-
ment en 1604 lord gardien des cinq ports, coov
table du château de Douvres, tMirondeMam-
hiU et comte de Northaropton ; en 1605, chera-
381
NORTHAMPTON — NORTBCOTE
282
lier delà Jarretière; en 1608, lord du sceau
privé, charge importante, qu'il conserva jusqu'à
l'époque de sa mort 11 fut aussi chancelier de
l'aoiTernté de Cambridge. Ce seigneur fit, à
l'exemple de ses ancêtres , le plus honorable
auge de sa fortune; un lui doit la fondation de
trais hôpitaux. Quelques auteurs Tont accusé,
mi fournir de preuves convaincantes, d'avoir
iooé à la cour d'Elisabeth le rôle d'un vil flat-
tear, d'avoir trahi Cecil pour Essex, et récipro-
quement ; oifin, d'avoir été l'un des complices
de rempoisonnement de sir Thomas Overbury,
crime dont la comtesse de Somerset, sa petite-
oièce, fut reconnue coupable. Lord Northamp-
tooa laissé quelques ouvrages; un seul a été
imprimé mus ce titre : À Defensaiive againsi
the pogton o/ supposed prophecies , not
hitkerto confuted by the penne of any mun :
Londres, 1583, in-4°, et 1620, in-fol. : ce re-
cueil, rempli d'énidiUon et de bon sens, abonde
en laits intéressants, relatifs aux rêves, aux ap-
piritions, aux prédictions, au commerce des
esprits, à Tastrologie judiciaire, à toute cette
branche de prétendues connaissances de/utu-
ns coR/tn^en^i^fif, comme dit l'auteur. Parmi
ses ouvrages manuscrits, on remarque An
^pology for the government C(f women et
<UK collection volumineuse de lettres, de dis-
coors politiques, de pensées détachées, de poé-
sies, etc., qui se trouve au British Muséum.
P. L— V.
CoUbu, Peeraife. ^ Uoji, IFùrtkUs. — Oxford,
Aoyai and noble authors. - OIdys. BrltUh Hbrarlan,
" ^tawooâ, Memorials. - Lodge, PortraUs o/Uiui-
*^*oti ptr$on9oei, III.
'OBTHAMPTON. Voy. Co>PTOK.
'OtTiGOTB (James), peintre et littérateur
«Bgl^,oéle32 octobre 1746, à Plymouth , mort
ie 13 juillet 1831, à Londres. Bien qu'il prétendit
descendre d'une très-ancienne famille du De-
foosbire, il n'était que le fils d'un modeste hor-
loger, et lui-même passa sa première jeunesse à
^ des montres. A l'âge de vingt-cinq ans il
« rendit k Londres pour étudier la peinture, et,
^r l'insistance d'un ami intime, le docteur
Jobn Modge, il obtint la faveur d'être admis
Pintii les élèves de Joshua Re>nolds (1771). Il
iréqneota en même temps TAcadémie, où il des-
^ait d'après la statuaire et le modèle vivanL
1^ d'une obetination extraordinaire, iltravail-
wImos relâche ; mais jamais il n'eut d'abondance
^ de facilité dans l'exécution. « Parfois, dit
^Borger, il avait une certaine sincérité, qui
^^it à sa peinture une appareqpe très-natu^
^ Il paraît qu'un jour d'une des servantes
<« Reynolds il fit un portrait si ressemblant
^'no perroquet la reconnut. Ce perroquet, af-
wiooné de Reynolds et qu'il a souvent intro-
duit dans ses tableaux, n'aimait point la jeune
^^^f et lorsqu'il vit le portrait il battit
«» ailes et s'élança avec fureur contre la toile.
Cest Northcote lui-même qui raconte cette
^''^««dotc. » Au bout de dnq ans il quitta l'ate-
lier de son maître, retourna dans sa province
natale, et, après avoir amassé une somme suf-
fisante en peignant des portraits, il partit pour
l'Italie avec le projet,- comme il le conseilla plus
tard aux jeunes artistes, de voler ce qu'il pour-
rait aux maîtres italiens. Il ne s'eafitpas faute,
et s'attacha surtout à Titien, Corrége et Raphaël.
De retour en 1780 à Londres , il attendit encore
quelque temps avant de se produire, redoutant
avec raison la concurrence d'artistes aimés du
public, tels que Gainsborough, West, Romney,
Fuseli, Barry et Opie. Un de ses premiers ou-
vrages, Le Naufrage du vaisseau le Centaure
(1784) eut du succès. 11 exposa en pgs La Cha-
rité et La jeune FUie aux fruits; en 1786 La
Mort du prince Léopold de Brunswich et La
Mort des en fants d' Edouard f qm firent sen-
sation; en 1787 La Mort de Wat Tyler, im-
mense composition historique, et VEnterre^
ment des enfants 4^ Edouard, Dans ces deux
dernières années, il reçut de l'Académie les titres
de membre associé et de membre titulaire. Sa
réputation était alors si bien faite que l'éditeur
Boydell s'empressa de lui demander son con-
cours pour La Galerie de Shakespeare. Dan^
la suite Norlhcote, qui s'était de plus en plus
adonné au portrait, produisit aux expositions do
l'académie Le Débarquement du prince d^O-
range à Torbay ; Jacob bénissant les fils de
Joseph ; Le Duc d'Argyll endormi dans sa
prison ; Jael et Sisara ; Mortimer et Richard
Plantagenet ; Miranda et Caliban ; plusieuiA
Chasses t Le Jugement de Salomon ; Le Mariage
de Richard, frère d^ Edouard V, et une Pèche
miraculeuse, une de ses dernières productions
(1823). De lui-même il a laissé plusieurs portrait!^,
dont un se trouve à la galerie de Florence. Il tra-
vailla jusque dans l'Age le plus avancé, et l'on
peut dire que la mort le surprit le pinceau à la
main. Ce labeur continu lui fit gagner une foi-
tune qu*oh n'estime pas à moips d'un million de
francs. Cet artiste possédait assez d'habileté et
de vigueur dans la composition ; mais son in-
vention était pénible et confuse; il manquait
d'ardeur et de poésie; ses derniers tableaux
n'ont plus même l'apparence de la vie. De bonne
heure il s'était fait connaître comme écrivain
par des articles de critique sur l'originalité en
peinture, sur les imitateurs et sur les collection-
neurs, sur les désappointements du génie, par
des études sur Reynolds et sur Opie, et même
par des vers. Mais il n'avait guère attiré l'atten-
tion du public lorsqu'il publia en 1813, sous le
titre de Memoirs of sir Joshua Reynolds,
with an analysis o/his discourses ( Londres,
in-4'*, avec supplém. ), une notice précieuse en
ce qu'elle renferme beaucoup de renseignements
sur ce grand peintre. Plus tard il profita de sa
Uaison avec Willam Haziitt pour s'aider de sa
plume et de ses conseils dans la rédaction de
ses deux, derniers ouvrages, One hundred fa-
bles original and selected (1828, 1832, iurS*'),
^2S3
rtOKTHGOTE— KemrraUMfiERLAKD
%4
ornés lie tlMTOiadlM «vipiettes , «t Ufe of Ti-
fkca (l«9e,iii-6'>),diiit4fr4o]id«stJAUx ba-
nU rfoMhcoie>a«idl dM tebitndM aimpitfs, Am-
gttlesy piroinionieoBM même; il M Be flMria
pemt.et légoa 1ms ms tieiis à une «oear qui
▼fvrit a^ec lei. P. ~
— nr. Bttisef, éMii.A0 fii*itr« i* loUu ttes 4eolu«
.Ut. ai9k.
s^MrriMV ( hnékd. «e )„ «hroniquar aUe-
inaiid,.iié le 21 janvier llîi, dane le comté de
4a Mawk, mort vers U60. U apparteMÎt i au»
famille «noble. D'abord prëeepleur des fils do
•eemie KagribeK île la Marck, il aliaétodier la
ithéelo^eià -AvigMo» embrassa l'état acdésiaa-
tiqoe et .fiit.poorm àt «divem béaéficeatdaaale
dieeèae*^ Iiiége. Om \loi delt «ne obronique
4)es 4Mttte3 «de Ja Marck., kaprinée par Heari
MeibomiiiB laenôen ( Or^im» Jâarcanx; Ha-
nau, iOJ3,Bi«>rci.) et biiéfée;ppar fl. Meibaouas
le JesBe-^aM Ic't. l^^iles Berum germon^
p. 37'7«4il9, et son eatalagae 4es.4Mcbefiftqoes 4le
GoloBBef(m«nM reeuél. H» 4-10 ). La obront-
qne oamnMBee au< tempsiAe l'empesenr Olban III
etinitiii%Bl358. -K.
iHniTWMiiBiitAiiii (gfwry PawcY, eowite
de), waréohal d'Angleterre, mort 4e 26'iévrler
14 es, près Tadcaster. Isau d'une anoteonefe-
mille danoise établie «n^ormandie, et qui acoom-
pagna Gidllaame le Conquérant en Angleterre,
il possédait on grand nombue de seignenries dans
les oomtés de Lincdln et d*York ; c'était, avec le
doc de Laneastre, on 'des plus redoutables et des
phis poissants Tassaox du rojaome. Après avoir
pris part aux guerres d'Édooard lit en France,
il reçut de ce prince fcIBce de marédial d'An-
gleterre. Gagné par les prédications de WyoNffe,
il ne permit pas que les inqoisitoore on la popu-
lace de Londres loi fissent le moindro outrage, et
Taocompagn au parlement torsqn'en 1376 H fut
sommédevenirjostifiersacoDdiiite. A l'avènement
deRichard 11 (1377), il devint comte de Hotfbom-
berland, avec cette faveur partioaHèrequetootes
les terres dont il étaft en possession ou^qu^l ae-
qnerrait dans la suite, il les tiendrait ss^Aonore
comitof i , comme des dépendances de ce comté.
En 1378 il «ntra en Ecosse avec 4e -comte de
Notlingbam et prifBenrtek.'SixvnsiaprèB 11382),
les Écossais étant rentrés dans celte ville par
surprise, il fut accusé de trdhison-par 4e dnc de
Lancastre, qui était wa ennemi- : le partemert
le condamna à mort et flédara'ses biens confis-
qués; Boais k: roi ayant cassé cette sentence ar-
bitraire, Percj conrat mettre le siège devant
Berwicl{,et s'en-empara encore. Lorsqu'il vitltî-
chard distribuer avec «ne prodigailltë scanda-
leuse les revenus de l'État è ses fiivoris, il fîit
des plus ardents à dénoncer an conseil «lenrsdi-
laiddations, et, de concert avec l*'Sdiics d*York
et de Glooester, ondes dnroi, il demanda qu'on
leorlItraDdregoiigeavantd^pofler^DonTelies |
•chargea^ au peuple. Cette conduite haotaÎBe io-
dispaaa la oasr contre hii. il «e rapprochais
lors du naanifu duc de Lanoastie, et veiaixlé
«nivre le noi dans l'expédition prépvée eostie
l'irtande. Il iat banni, et s'enlîiit enÉcosss. Dn»
la a(ième*aniife 'il se joignit à Henri delaMH-
tra, <fni iwait de débiNt|ner à Raveaspam, ém
es comté ^Ifiark (jasUet 1399), et daviattep»-
■tipal oomplicede ses ambitieux desseins. Clw|é
d'attirer le roi bore de lafortensse de Convif
«t de le fUse pasoanier, il lui parla kscoaA-
tiaes «l'an prétendu .aoDonnaodenMat, taoub
jasqv'à Flint, elle remit entre les snains dadsc,
qni le iteiienner A la Toar. Ao mois d'oebibfe
aniaanl, ce dernier mit la couronne sor la IMe
«t prit iemrn 4*Bettri lY (1). Il réoempean ie^
aervicoade son puissant aMié en Inidaaauit b
cbaige de connétable pour la vie, et lUe de
Man, «qui «fait appartenu à WUliam Scroop, à
titroide «ef héidditaire; il lui remit en eutrela
-dlreotionnde la guerre contre l'Éoosie, et m m
il lechoisft pour traiterda mariage de Huche.
sa flUe «taée, avec Lonis, d«c de Batière. U
140f,aya»t sons ses ordres son iUs Hotspsr (t
le comte de Harcb, Percy remporta à HoniklM*
fiill me sanglante bataille sur les Éoonatf, d
Ht prisomiers le eamCe de Douglas, lest die(,
le lils dn r^^ent, quatve^'nngls cbevalien d »
-grand naanbre degenlrlolmnnnes (lIseflteaAre)-
Malgré l'édaC de cette victoire, ne^sealeinflit il
ne lui fut pas permis de disposer de ses prûoo-
nier9,^ul, suivant les lois féodales, loi appart^
naient, maie il ne put obteairdu roi leradntde
sir Edouard Mortirner, beau-fk^re de mb il» d
retenu en ot^ge dans le pays de Galles |arl'*-
ventarier Owen Glendower. L'amitié eolre ^
roi et «Me paissante famUle était depiisk^'
temps sur ton déclin. Les Perey le reprltieit
-oamme devant la couronne aux secoars ^"^
kA avaient prMésdanssa détresse. Laarivii^
était Insatiable, lenr orgoeil sansfMn; iisréda;
maient 'sans cesse des sommes consiti^nb'^
qui leur 'étaient dues j)oar la garde des fnlrth^
et les frais de la -guerre dHÊcosse, et le roi œ
les payait que rarement et à tardives éehésooes.
Lear mécontentement s'aigrit jusqu'à larébdliai
ouverte. Irrité des refus d'Henri IV, Peitf ►
déclara déHé<de ses serments, attira dam ««
parti Owen Glendower, rendit la liberté à Dm*
■glas et aux principaux selgnenre écossais, el^
ganisa oae confédération dans le bot ostaisiMj
•de oonqoérir la couronne pour le roi Rich«nï j'
«u, si ce prince -élail mort, pour le wirte *
Mareb, <8on véritable héritier (2). AnnMin^tde
(Il II nnti «roclle d'admettre qnll *t rBneoatrt»'
«e point quelqae opportMon de ta part <êcae§9om9«^
lu reroy ; «^radast an témsin «mos dlfoe de ^^
rannrr. Mais ceui-ci, par leur perfidie oiêtnCtf^Uieo
donné on maître; tenrtf hommes d'armcf éialeot mor
diei $ lia n'avalent drae d*a«tre paHI qoe^e «e t"*^
et de arcoader lea deaaeliiacde I^MicaaOw (Ungard,aHi'
(I) D*«pret ane ancienne etaronlqne, le V^f^ "^
NORTHUUBEflLAMD
28(>
te mettre à U tète ùes reMles, Il tomba ma-
lade à fierwick, et ftit «Uigé de laiaser le eom-
nmdemeBt à aoo 'fils Botepor, qui passait éù
nAe'iMHir un des die^aliere les plus aecempKs
de VEarepe, Ce deniier se dirigea è niardhCB
fareées Ters le pays ée Galles; mais Tannée
leyate-aeliii donna pa#4e temps de regoindieeMi
alilé Gleml<yw«r, loi «oopala rente 4 HastldieM,
près de Sbrewsbnry, et le fonça de eerdlMiilpe
aeol. 'On engigeades dean^rts Kaelion arec
VI înoroyable acbamement (21 jnfHet H03).
floispnr, atteint d'une flèche dans la poitrine,
cnooonifaa bientôt, et dès cpie les rebeUesrooram-
f ent la 'mort de leur ctief, Ils se débanderait en
laissant èinq mille des lenrs sar la place.
CepoidaDt le irieox ^eomte s'aTançoH, è la
lile de ses tenanciers, à travers le comté de
Durbam; mais, ayant appris la ^destruction de
non parti, il congédia ses troupes, et se rendit à
*Fork, où te roi le reçnt avec des marqnes éri-
doites de mécontentement On le retint en pri-
son jnaqn'à la réunion dn prodiain parlement.
Traduit en^ésence des terds, dorft plosienrs
avaient secrètement trempé dans ses projets,
il ne fut reconnu conpalile ni de trahison ni de
féloiite, mais seolement de méfaits pour lesquels
il devait payer une amende (février 1404). 5a
aottfflission ne fut qu'apparente. L'année suivante
il «a^u lord Mowbrey et Scroop , archevêque
d^ork, s^aasora l'appui des . Écossais en leur
livrant Berwick et chercha même à intéresser
te eoor de France en sa Ikveur. Ce soolèvement,
qui coûta la vie à Tarclievèque, eut la roalhen-
sensé tesae de loua etvx qui avaient tronblé te
règne d'Henri IV, et Perey, hors d*état de résis-
ter, passa en Ecosse.' Pendant pins de deox on-
il crm nveeiens compagnons d'exil lantét
eepnyn.'tantAt -dans les montagnes de
«ailes. ZailéeS'llenviliit le Morfhuroberiand,
-et snrptit flosteurs éhlteanx ; attaqué è Fim-
l»r««iste<fBr Themas iKokeby, sHeriff^Itt comté
d'Yoft, il 'ftit fimniptenient mte en déroute «t
périt sorte okamp de bataille. 9e Marguerite,
«lle«de te«d Navil, il eut trois fils, Smri, Tho-
mmiet aaon/.Xlalné,'pliio«onntt sons te^snr-
jMKn d^il«tfsp«r (qifi signifto'i^jperon énr-ùiant),
jcrrit^anos ttabard II oontfmles "ÉoMsaitt-et les
Français; il se oonvrit de uteipe à HomildoB-
ffili, at fot tué en oosabaCteart contre Henri rv,
doat 41 avait reltisé le paadno. Son >ils, qvi s'ap-
pelait «nssi Bmry, fnt rétabli dans ses lion-
neors et dans ses biens par Henri V ; lui et ses
snccensenrs jouirent des faveurs delà cour jus-
qu'au' i^ie d'.ÉIisat>etli. V. L— y.
voaiacttUHUMÂAWD ( ifenrsr PBKCY,neo.
vième OQmtr«>B),pnir d'Angleterre, né en f563,
nort le & novembre W31, (tens leÂnsex. Dans
royaavM nnlt «té itlpoié ««ire Cleotfvwer, ffoMm-
feerland rt Morliawr « dans le cm «A lU aaritent St» ral-
a«m de te croire tes penonnct prétlltet dana les propbè-
!• Merttfr ». ^09. U. mUs, Stcunda teries, l, 17.
Tannée mème^ù son père, soupçonné d'être on
des partisans de Marie Stuart, était affermé à
te'Tonr «t trouvé mort dan» sa prison (1986), i\
fteolut, afin de donner une preuve de sa loyauté,
de Rembarquer comme volontaireavec te comll^
deXiCieester, qui allait servir dans tes Paj^ltas.
Dans le mème^esprit d*ndroito<puliiique, il te^«f»
1*S8 l'unies idus emprasséstpann tes jeunes^
■ohtes à équipera «es *ai8«tes bOteMote daii •
•ÉBià-neconder la (flotte nwyate'^onftseite'nadou-
4abte mmada «te^PhUippa IL «e «annntè.l^-
aartdesafbires et tout cÉMeriàViMIe, il pur
^rint à regagner tes bonnaaugr tues «Ae*laa«te(^
iilisnbeth, qui .ted donna itevDilter dette ffam
dièae (1908). In 1001 il assisirin «iéiod'OB-
teude. Vers oelto époqnotl 'noua, par yerti inrini?
4e Tbonaa Vewy, son parentéteipié^taon îalan-
tdant è la'teis, de secrètes teiolUgoncas dtvec 4«'
TOI d'Écosae aortea moyens d'aaaurer èutéwhi
te auccesHÎon dn tféno'é^Angtaterre. inssi dès
^qne Jacquaa iîit nsooonu roi (i<60a), acooellM-il
Jeioamte à bras ooverte: il te 'fit admetli^-uu
«onaeil privé et Flmrestît de la plaoctrès-racher-
4Shéeète cour de-capitaine dos gsntilalMmmes
-pensionnaires. Sa teveur 4upn peu : un itemble
vevers «de fintune y mit bientôt terme. La oous-
pnvtion des poudres Ait déoouveife (ltO&), et
le ealboKque Thoanss ^rcy, 4pii en «était un
des>orgaDisatoors, entnlna dans aa porte son
cousin, connu pour un zélé protestant. La pa-
renté ^ni exialait «ntre aux pamt une vaison
suffisante pour mettre Northumberland aux ar-
rêts -dans 'le palais de Vardievéqne de Canter-
bnry ; de'lè tt fut envoyé à te Tonr et oorapnrat,
après on délai de sept mon, devant lu diambre
étoilée ( jain lfiON5). Bien qu^l ne s'élevât con-
tre loi aucune rtiargepoiAive, il Yot ^condamné,
pour avoir voulu être te âief des papistes et ol>-
tenir te tolérance, è une amende de 300,000 fi-
bres etàla- prison perpétuelle. On ne peut attri-
buer un chtitiment ai sévère qu^ te haine dn
ministre Oecfl, qui 'voyalt'avec jnlousicl'iifflnenoe
croissante dont jouissait te comte sur Pesprit
faible et ehangeaUt dunri.'DanslaTour Ilor-
thnmberiamd i^bcoiipa uniquement de sctence et
de Hitérature ; te norelire de matllématictetts qui
formaient sa compagnie orflteaire , Iflll , Alten,
Dee, Warner, etc., hii avait fait donner le sur*
nom de Oenry le Soreier. ^n r6Tl il eut en-
core à BdUr tes persécutions de'Ceâl : accusé
d'un nouveau complot , il trompa l'adresse et
'te méchanceté de son ennemi. En 1621 il sortit
de prison par rintercession îles mignons de
Jacques le**, et se retira dans son cli&teau de
Petworth,ooll momut, à Page de soixante -neuf
ans. De la fille du comte d*Essex il edt quatre
fils et deux fiiles, dont l'une, Dorothée, épousa
*en ItrfS Robert Sidney, comte de Lpicester. La
cadette, Zucy, née en J6D0, célèbre par sa
beauté et par son esprit, détint, contre le gré
de son père, la leioiiie de lord Hay, depuis
comte de Carfiste (1617); tous les poètes dn
287
NORTHUMBERLAND — NORTON
288
temps, Waller et Voiture entre autres, chanté- .
rent ses louanges , et elle eut une grande part
aux intrigues ainsi qu'aux galanteries de la cour
de Charles T'. Elle mourut en 1660. P. L— t.
Collins, Peerage, 11. — Windwood, JUemoln. — Phi-
llp Warwick, Memoirt. — Cbrendon. Hist. o/ tke ré-
bellion. — Lloffard, Hisi, ef England. — Lodge, Por-
traits 0/ UhutrUrtu pertonaots, 111 et V.
RORTBUMBBRLAND ( Algcrnon Perct,
dixième comte ue ), fils du précédent , né en
1602, mort Id 13 octobre 1668. Dans Tintention
de réparer les malheurs qu'avait éprouvés sa
<kmille, Charles l*',dès son avènement au trône,
le fit entrer au conseil privé et à la chambre
des lords, sous le titre de baron Percy (1625).
En 1635 il reçut l'ordre de la Jarretière et en
1636 il commanda une Ootte destinée à opérer
contre les Hollandais; cette expédition, d'où il
se tira ayec bonheur, lui valut, en 1637, la
charge de grand amiral d'Angleterre. Peu de
temps après, sans abandonner tout à fait le
parti de la couronne, il se rapprocha des parle-
mentaires, prit part aux conférences d'Oxford,
et ce fut entre ses mains qu'en 1645 on remit
les enfants du roi. Après la mort de Charles 1er,
il renonça à la vie publique et ne voulut rien
accepter de la restauration, il passait pour un
homme sage, intègre et prudent. Son fils,/o«-
.9€/ii?, lui succéda, et mourut en 1670; avec lui
s'éteignit cette famille, une des plus considéra-
bles d'Angleterre. P. L *y.
Clarendon. Hitiorg ef tke rébellion. — Lodge, Par-
traité, v.
MORTHUMBBRLARD (^tt^A Percy, deuxième
ducoB), pair d'Angleterre, né le 14 août 1742, mort
Je 10 juillet 1817, à Londres. Il descendait par sa
mère de l'ancienne famille des Percy, dont son
père, sirHugh Sroithson, fut autorisé, en 1766, à
prendre le nom et les armes. Pendant la pre-
mière moitié de sa vie, il porta le titre de comte
Percy. Tout jeune il embrassa la carrière des
armes, et prit part à la guerre de Sept ans en
Allemagne. Lors de la révolte des colonies d'A-
mérique, il commanda un corps de troupes, avec
lequel il assista aux batailles de Lexington et de
Bucker's Hilly ainsi qu'à la prise du fort Wa-
Hbingtun. Après avoir siégé à la chambre basse,
il hérita de sa mère plusieurs baronnies, qui lui
donnèrent le droit d'entrer à la chambre hante
(5 décembre 1776). Peu de temps après il de-
vint lieutenant général et colonel du cinquième
régiment d'infanterie. A la mort de son père il lui
succéda dans le titre de duc de Northumberiand
(6 décembre 1786). Sous l'administration de Pitt
(ît de ses successeurs, il figura plus d'une fois
parmi les membres de l'opposition. Il était con-
seiller privé, chevalier de la Jarretière et mem-
bre de la Société royale de Londres. Il fut marié
deux fois; son premier mariage, contracté en
1764 avec Anne Stuart, fille du comte de Bute ,
fut dissous par aiTétdu parlement en mars 1779,
et deux mois plus tard il épousa la troisième
fille d'un simple particulier. Peter Hurrell.
MORTHUMBEBLA5D (Hugh PcRCY, troi-
sième duc ob), fils du précédent, né le 20 avril
1785, mort le 12 février 1847, à Alnwick-Caslie
(comté de Northumberiand). Héritier des titres de
son père en 1817, il soutint en politique les prin-
cipes du parti tory* Il fut chargé de représenter
l'Angletenre comme ambassadeur extraordiniire
au sacre de Charles X, et déploya dans cette oc-
casion une grande magnificence. Sous le minis-
tère de lord Wellington, il exeiça les fooctioDS
de lord lieutenant d'Irlande. Après 1830 il se
retira tout à fait de la vie publique; la goutte,
qui le tourmenta dans sa vieillesse, lui fit perdre
presque entièrement IHisage de ses jaihbes. Il
avait épousé Charlotte Clive, seconde fille de
lord Powis; ce fut à cette dame que l'on confia
le soin de surveiller l'éducation de la princesse
Victoria, aujourd'hui reine.
Son frère, Algernon, né le 15 décembre 1793,
lui succéda dans ses titres; il siégeait depuis
1816 à la chambre des lords sous le nom de bs-
ron Prudhoe. Entré de bonne heure dans la ma-
rine royale, il fut nommé en iSàO contre-amiral,
et présida en 1852, sous le premier ministère
Derby, le conseil de l'amirauté. En 18'»3 il a
reçu les insignes de la Jarretière. La brancfae
cadette de sa famille est également en posses-
sion d'une pairie, sous le titre de comte de 6e-
verley. P. L— ï.
Centleman^s JUaçaiiw, isn. - Tke Clùbe, férr. iW?»
— Barkc, Peerage.
2VORTHUMBEBLAMD ( DuCOE). VOf/. DCD-
LCY.
NORTON ( Thomas ), littérateur anglais, mort
Ters 1584. Il pratiqua le barreau, et ftitavocatde
la corporation des papetiers de Londres. Vers la
fin de sa vie il habitait Sharpenhoe, dans le comté
deBedford.Contemporain de SteroholdetdeHop-
kins, il travailla à la version notée qu'ils donnè-
rent des psaumes. On a de lui des traductions da
latin, plusieurs traités religieux ( 1569, iD-8')f
qui témoignent de son zèle pour le calvinisme,
et les trois premiers actes d'une tragédie intitu-
lée Fcrrca? and Porrtx (1571), écrite en so-
ciété avec son camarade d'études Thomas Sack-
ville, depuis comte de Dorset; cetie œuvre,
réimprimée avec des changements considérables,
sous le titre de Gorboduc, passe pour wt des
premières pièces régulières du théâtre anglais. K.
Wharton, UUtorg o/ poeCry. - Baker, Biographie
dramatiea. — BUU, Speelmeru of anelent poUril, i>i
186. — Strjrpe. Jà/\b of Parker, 96i, S7I.
NOBTOH (Joi^n), grammairien anglais, TH
vait dans le dix-septième siècle. Il est auteur
d'un livre, U Vade-mecum des gens de Uttrtiy
ou traduction du latin en anglais de Bi.'A. f^'
minius^ avec^ des changements et des notes ,
où il pro(K)se une réforme de Torthographe d >
près l'étymologie; ainsi il voulait qu'on écrivit
pour ( pauper) au lieu de poor, inlmie (in»-
miens ) pour enemy , nome ( nomen ) l*"^
name, etc. Cette tentative, qu'il tf avait pas»-
289
NORTON
2M
sez d'éraciHioa pour eotreprendre, passa tout à
fait inaperçae. K.
Gruiger, Biograph. dleUamuTf.
mouton ( France* Frckbs , lady ), femme
auteur anglaise, morte eo 1720. D*oDe ancienne
famille dii comté de Dorset, elle reçut une édu-
cation soignée, et épousa sir Georges Norton, du
Somerset Elle composa sur ta mort d*une Olle,
qoi mourut peu de temps après être mariée, les
deux ouvrages suiTants : Les Eloges delà vertu,
in-4*y et Mémento mori, ou Méditations sur la
mori, K.
Prodbovne, Blogr, dei fftnme» eélébret.
l HORTOSi ( Caroline-Élizabetàf mistress ),
dame poète anglaise, née en 1808. Petite-6lle
par son père do célèbre Richard Brinsley She-
ridan, eUe est en quelque sorte un autre anneau
dans cette chaîne de talents héréditaires qui de-
pois un siècle a été associée avec le nom de Sbe-
ndan. La mort de son père la laissa fort jeune,
ainsi que ses deux sœurs (dc|)nis duchesse de
Somerset , et lady Dufferin ), sous l'unique direc-
tion et les soins de sa mère, qui était d'origine
écossaise et fille du colonel Callender de Craig-
forth. Résidant tantôt à Hamptoncourt, tantôt
eo Ecosse, les trois sœurs reçurent tous les
avantages d*une éducation soignée. De très-
bonne heure, le génie poétique, ou plutdt un
SOût très-TÎf pour écrire des vers, s*éTeilla chez
Mrs Norton. Encore dans l'adolescence, c'était
elle qoi composait les Ters et les pièces qui ser-
vaient k amuser les soirées de la famille. Ayant
nçu en présent, de lady Westmoreland , on
livre intitulé : The Dandies* Bail ( le Bal des
dandys ), sorte d'ouvrage alors à la mode parmi
les jeunes lecteurs, elle résolut de composer
qoelqoe chose en ce genre, et bien qu'elle con-
nût fort peu les mœurs et les ridicules qu'elle
avait à peindre, elle écrivit une satire légère et
piqnante sons le titre de The Dandies* Roui ,
y joignit des dessins comme illtstrations, et en-
Toya le tout, en grand secret, à un éditeur, ne
K réservant que cinquante exemplaires pour ses
jeanes amies. Elle voulut ensuite publier un vo-
lame de poésies, auxquelles sa sœur avait con-
tribué ;.mais, hélas! aucun éditeur n'osa risquer
les dépenses de publication. Sans se décourager,
miss Sheridan continua ses compositions poé-
tiques. En juillet 1827, elle épousa Thon. Georges
Cfadpple Norton , frère de lord Grantley, main-
tenant recorder de Guildford et magistrat de
police à Londres. Ce mariage ne fut pas heureux,
et Alt en partie dissous en 1840, à la suite d'un
procès, d'une nature très-délicate et très pénible,
et qni dans le temps fit beaucoup de bruit. Ce
fat après son mariage que le nom de Mrs Norton
commença à être connu eu littérature. Cependant
die publia sons le voile de l'anonyme on poème
composé deux ans auparavant : The Sorrows
0/ Rosalie (Les Chagrins de Rosalie), avec
qodqnes autres poésies, et les lecteurs de goût
forent frappés de l'éléganca exquise de la versi-
ikh;v. nogr. ctoÉR. '— t. xxxthi.
fication, ainsi que du sentiment et de la beauté
des pièces lyriques (1839). Cet ouvrage fut bien-
tôt suivi d'un antre volume, où le principal
poème a pour titre The Undying one (L'Im-
mortel), fondé sur la légende du Juif Errant
(1831). Elle raconte elle-même qu'elle Ait poissée
à entreprendre ce poème par son oncle Chartes
Brinsley Sheridan, qoi avait encouragé ses pre-
miers efforts et voulait qu'elle prit un essor plus
élevé. Cet ouvrage lui donna un rang parmi les
poètes de l'époque, et la Quarterlg Review la
compara à Byron. En 183S elle publia un ro-
man, The u)\fe ond woman's Rewetrd; m
1840, The Dream, and other poems; eo
1845, The Child of the islands (L'Enfant des
lies), poëme qui a pour objet de peindre ki con-
dition sociale de l'Angleterre, et qui fut composé
pour attirer Tattention do prince de Galles,
« quand il serait à l'Age de s'occuper des ques-
tions sociales, sur la condition du peuple dans un
pays et un temps où il y a trop peu de commu-
nication entre les classes, et trop peu de témoi-
gnages de sympathie de la part du riche envers
le pauvre •. Ce n'était pas pour l'antcnr um
sujet nouveau, ou choisi légèrement. Quelques
années auparavant elle avait adressé au Journal
The Times plusieurs lettres, qui, comme ce
poème, font Clément honneur à son talent et
à ses sentiments élevés. A Noèl de 1846, elle
publia deux contes en vers, sons le litre de
Àunt Carrff*s Ballads for Children, destinés
aux enfants, et qui charment également par l'i-
magination gracieuse et les courtes esquisses
des oiseaux, des bois et des fleurs. Elle s'essaya
de nouveau dans le roman (1861), et publia en
trois volumes Stuart of Dun leaih , a story of
modem times. Elle y déploie le talent et la
sensibilité qui la caractérisent ; seulement il est
à regretter que ce talent, qui a jeté tant de poésie
et de grftce sur les incidents ordinaires de la vie
et en a reproduit les cx>ntrastes d'ombre et de
lumière avec une touche si artistique, se soit
exercé. sur un tableau trop complètement triste
pour être vrai, et que son habileté même à le
peindre rend doublement pénible. Dans plusieurs
de ses ouvrages, elle paraît dominée par un sen-
timent profond des injustices et des anomalies
sociales, particulièrement en ce qui regarde la
position des femmes. Récemment elle a consacré
son temps à deux publications où elle a mis one
grantle force d'éloquence : English Laws for
women in the 19*^ century, 1854 (Lois an-
glaises pour les femmes au dix-neuvième siècle ) ,
et Lettre à la Reine sur le bill de mariage
et divorce du lord chancelier Cramworth^
1855. C'est à ses plaidoyers éfoquents et à ses
efforts incessants qu'on peut surtout attribuer
les améliorations récentes de la loi anglaise sur
le mariage. Terminons par quelques lignes de la
Quarterly Review sur le trait saillant de son
imagination : « Cette dame, dit le critique, est
le Byron des fejpmes poètes de notre époqpe.
10
m
NORTON - NORWOOD
292
Ette a iMaseosp et c«tle '«»▼• paMiMi ^enom- ^
oeOe qui distingue la poésie ée ByroD deodia '
•K se lévèlent la vue fim large et rîatinillé phis
prtfiMKle avec Ttiomne et la aators de Wai^
^nortli. £Me a ausà 4e B]nroii les heaax passages
4et«Bdresee, la peMéef6rleel|^aliqiie, t'expres-
lioii pldna d'énergie. Ce a'est pas «se imita-
tien artificielle, iMHUBeresBenibtaMeRatDfelie. >
■faremenent Mrs ITorlon n'a riea de la misaii-
toefie ou d« déscspaïf gladal de Byron. Cham-
ben cite comone admira blea, cl pour le seali- !
ment et paor lu paésîe, les Ters adietsés à ta |
duchesse deSuAhertaid, à ^ Tailleur avait dé- ;
dié ses paemes. - j. Cbawot.
Mm ^ftJke Umû. — En^ith Cfetopatdtm { BiognÊfÊig )
n«iiTtJi» (Jaeqmeê MAR^oiTy luiron bc
MofraBSEioN ac), bisloriei fiançait, né k Paris,
Je IS juin 1769, mort à Pan, le 30 jailiet 1954.
Destiné à la nnagistratore, il envoya sa démis-
sion de eenseilkar do ChAtelet lers do praoès de
Favras, dont il voulait racqotttemenL 11 éiaigra
ensuite, et prit dn service dans le régimeul atte-
mand du corote Ertack. A Tiasoe de la campagne,
il s'en alli en Suisse, eii il resta cinq ans. H ren-
tra en Pmnoi deux mois avant les journées de
fradidor. Une lot enjoignit aua aneiena émigrés
de sortir du pays : comme il nVSIait pas porté sur
la liste des émigrés, ii resta, (M arrêté et tradml
devant une eomnussion miKtairs. If«« de Staél
obtint pour kà on snniis,et enfn le 18 ërnmaire
it il mettre en Kberlé. Il voua dès lors un colle
de reconnaissance et d'admiration à Napoléon.
Ilonnné chef d« secrétariat partientierdu piéfet
de la Seine Frochot, et attaché peu de temps
après an général Leelcre, il soivH «elni-cf à
Saint-Domiogne osnsine secrétaire général. H
fit cette campagne, échappa à trois attaques de
ièvre jaune, ferona les yeux à san général, et
revint mourant en France. Josépliine loi olilint
l'aulorisatiOB d'entrer dans l^saséo avec le grade
de premier ficulenaiil au corps des gendarmes
d'ordonnance à liayence. Il se distingua b Ma-
ricnwerder, où il Ait décoré. A la formation dn
royaume de WestpbaKe, il passa an service dn
noovean roi, et fonda le MmtUtKr Weitphatien^
dont, il devint rédacteur en chef, puis il organisa
le conseil d*État, dont il fut nommé secrétaire
général* Aptes avoir élé snoeeasivenent secré-
lairo général dn iiiiniatèic de la guerre de West-
pbalie^ introducteur des ambassadeurs, cham-
beUan de la reine et chargé d'affaires à la oour
de Bade, il rentra es France en 1810, et fot
mmwdé directeur général, chargé de la police des
États rorouns, où il resta jusqu'à roceupation
militahie de Rome par Murât. Il parvint à y dé-
truire te brigandage et la mendicHé. Chateau-
briand hii reproche d'avoir refusé h grflce d'un
pécheur à M** Récamier. Norvtns quitta Rome
te 21 janvier 1814. Pendant les Cent jours Tem-
perenr fot plein d'attention pour lui, et lui desti-
norit, dit-on, les fonctions d'intendant général des
pays à conquérir. La restauratioD l'éloigna des
affaires. H fut même cuèé à Slsaabouig pour la
publication d'une brochure intitulée : Do ki guerre
actuelle et de ses résultat». De retour à Paris
en 1816, il consacra sa pfaime à la défenoe de
lagloive impériale, et attacha son nom b la Ato-
graphU nomelie ém Ctmttmspt/rmws avec
Ariûmlt, Jay et Iduy. Les articles Bonaparte
et Napoléon <ie cette publication aoot notam-
ment de hii. Chargé, en août 1690, de la préfec-
tore de la Dordugne, il passa à «Mode la Loire
en mai 1831, et rentra défittîlivcmcnt dans la
vie privée en septembre 1832. La fin de sa vie
fut éprouvée par des revers de Coiluna qu'il sup-
porta avec courage. 11 a husné un tils, qui s'est
disliqgné en Afrique parmi les nauaoes, parti-
culièrement à Zaatcha et à LagbonnL On a de
Norrins: £os JltfiiBeaef te JÉbasniieftlk, poème;
Parla, 181 b» in-8*; — Tabkam de te révolu-
tion française^ àepuH ton orifine j9tqn*en
1814; F^s, 1819, in-t2 ; — Vlmmorialité de
rdme, poème, 1822; ^ Partefemlie de mil
kuit cent treize; Paris, 182&, î voL in-S»; —
ExtrnHs de^ ménwvres relatifs à rhistoére de
France depwis f année 1787 jufqn^à lit révo-
ittnon; Pam, 1825, 2 Tcd. in-r; — HUMrt
de Bapoléan; Paris, 1817, et ann. saiv., 4 voL
hi-r ; 9* éditiaa, Paris, 1839, 4 vol. m-8*; -
Histoire de la campagne de I8I3; Paris, 1830,
2 vol. Hi-8"; — Essai sur la Rétfoluikm fran-
çaise depiâs 1799 fuspi'é ravinement mt
trône de i/mU' Philippe; ParK I8S2, 2 vol.
in-8*; — Histoire de France pendant la ré-
pubUqve^ le consulat^ Venipire et la restait-
ration Jusqu'à la révolution de tS39, suite
à VHistoire de France d'Anquetil; Firis,
18391, hi-8» ; — Poèmes ; Pans, r839, in-r ; -
Tranetation des cendres de Napoléon ; Paris,
1840, hi-8*; — Napoléon et IHe fX, poème
dithyramilique en deux chanll; Pan, IS4S,
itt-8*. lia trayaiNé an Nainjaune^ k la JUimerve,
à Vftalie pittoresque et au Die^i^iMEirv de
la Conversation. Il a laissé des Mémoires né-
dits. L. IjOUTBt.
Notice néerolbgique $tw M. U banm de MamthrttM
d€ Norvtnt, ^Sarritt et SAtot-Sdine, M^r*. de» homma
dujmtr, L U. i"* rarttp, p. ISD.
!fORWOO« (iffcAorrf), mathéraafîcten ffl-
gtais, vivait dans la première moitié dn dîx-sep
tième siède. On ne sait aucune des partScula-
rites de sa vie. H est principalement connn
pour avoir l'un des premiers mesuré en An-
gleterre un degré du méridien avec quelque
exactitude. En 1635, il eut la patiemse de me-
surer la distance de Londres à York, c'est-à dire
plus de soixante lieues, la chaîne à la main.
« Voici, dit Montucla, quelle était sa m<^tbo<lc.
Il mesurait la longueur des chemins en cooser-
vaot autant qu'il pouvait la même direction ; H
avait soin de déterminer en même temps par le
moyen de la boussole l'angle du ciiemfn ou àe
la ligne mesurée avec le méiidien, aussi Uen
que les angles d^mdinaison à l'boriaoa à chaque
M
NORWOOD — NOTA
fois qvll montait oa desceorfait; après quoi il
réduisait les longueors trouvées au plan borizoA-
Met au méridte. Il «Mura eniUi, taitiiK joars
de soMlee d*été, les hairteiirs do soleil k Loadrea
et à Itofk avec no secteur de cinq pieds de
rajoD^et iltroura qoe ces deux villes différaient
eu latitude de 7* 2^, d'où il conclut que le degré
était de 367,176 pieds anglais, qni font 57,300
de Boe piede. » Norwood ne s*étatt pas dissimolë
les dUBcnltés de Tentreprise, et il avoue lui-
même qnll n'est pas arrivé à Texaete vérité. Il
est l'aotenr d'oavrages estimés, entre autres :
Trig0nmneity^ or the deetrint of friangla;
Londres. 1631, f 685, iB-4% et 1651, 1667, 1669,
m-lt^; — VoriifeatUm^ or architecture mili-
iar^ ; Ibid., 1699, in-4*; — The Seaman's
praciicêt eontaining the mensuration of a
âeçreeo/tke earth; IMd., 1637, 1655, 1667,
1668, 1679, iii-4* : on de ses meilleurs ouvrages ;
— BpUomt being the application of the doc*
trine of triançies in certain problems con-'
cerning the use of the plain sea chart; ibid.,
1674, in-6*; — Logarithmic tables; s. d.,
iB-12. Il a aussi fait insérer dans les Philoso-
plaçai transactions des lettres et mémoires sur
les marées, la mesure de Tare da méridien, etc.
P. L-T.
Hattott, SSaiktatmt. éiÊtkm&rf. — Montoeli, ffiaf.
VOBU (Snlomoa ), Bavant rabMi itailcB, né
dans Ji seconde moitié dn aeîiième siècle, à
Hantone, mort après 1696. Il eansacri tonte sa
vie à rétflda et à l'épuration du texte de la Bibl^
aila daM anbuteonsnlter Menabem de Leoaao,
et eotrepvit pinateurs longs voyages pour raa-
semfalar d'anciens mannscrits de l'Aiicien Tes*
tamenf et de la Massore. Le résuMat de ses pa-
tientes recherches fnt publié à Mantooe, 1742,
2 vol., iii-4% aoos le titre de : Minchad uai
(OMation généreuse). La préface queNonI avait
plaoée en tète de ee commentaire sur l'Ancien
Testament ne fot pas imprimée ; le manuscrit en
passa dans ta possession de Ross! (vog. le Co-
talogo ragionato de ce savant). Le travail de
îlorzi a ftiit fkîre de grands progrès k Veié^bse
bibHqne; mais il n^i ^os aujourd'hui de valeur.
On a encore deeet antenr : Consultations lé'
gales ; Mantooe, t686. O.
etabhoni, EinteittmQ M dat ^iHê TesUmmit. - Rotni-
«aucr. UoHëtmh fêr Mb iJUratmr dir HUiie/têm
ExKsesii.
909918, poétesse grecque, née à Locreit, dans
ntalie méridioDale, vivait vers 310 avant J.-G.
Il reste d'elle douze épigraromes dans VAnthO'
logée grecque. Ces petites productions ont
beaocoop de grâce et de poésie ; elles nous ap-
prennent que sa mère se nommait Theophila, et
que IVossis avait une fille nommée Melinna.
Trois des épigraromes de Nossis furent publiées
pour la première fois par Bentley ; Wolf donna
les douze dans ses Pœtriarum octo frag-
menta; Hambourg, 1734. On Ips troove dans
les Poe^rkirinn grxcarum fragmenta de
Schneider, Giesaen, 1602; dans les jlnalfeia
de Bnincà, woH, I, et dans ÏAmêhologéa gnsea
do Jaeobs, t. k T.
FabrMui, MNiêShMVfffWMi, vol. Il, p. tSS, «• aiBlity,
OkmwtaOon upm tkê MpùUss af PimiarU.
mMnz ( GoiHob^Adolphe-EriÊest db ), lit-
térateur aUamand, né le 21 avril 1763» dans un
château de la Lusace aupérieuie, mort le lâ-aa^
tobn 1836. Après avoir, pendant plasiears aA-
aéoB, exploité ses domaines, il remplit plusienis
fonetiona éèsvéea dans l'administration de la
Hauta-Lnsaoe ; «a 1606» il fnt cbaigé avec Rein-
hard et Kind de k réviaioa des stataU de l'na^
versité de Lsipsig. Peu de temps après, il entra
dans le conseil secret du roi de Saxe, qu'il (M, ,
par la saite, appelé à piésider ; en cette qnalitéil
fit prendre plusieurs mesorea exœllentea. U fat
enfb nommé président da ceaseil d^État Oa a
de Itû : Valeria^ poème rommsêique ; Dresde,
1803, imMié ainsi que ses autres poésies soos
le pseudonyme d'Arthur de Nordstem; -^
Georges; Leipzig : roman fhit sur donse mata
doaaés à l'auteur; — làederkreis i%t FteAr
maurer (Cliaate pour les francs- mafons);'
Dresde, 18f^t826, S vol.; — Irène; Leipzig,
1818 : te premier poéma allemand éerit en oo-
taves; — Gemmen; Leipzig, 1818;axpttcatiaa
de seùee pierres gravées antiques ; ^ SànnàU'
der der Chrieien ( EmUâmes chrétieaa) ; Leip-
zig, tâl8 : recaeil de poésies rcligleaaea; -^
Kreie sûehsischer àhnfrauem ( Les Aïeules de
la maison de Saxe^ Dresde, 1819, poème; •*
Brimnerungsblâtier eines Msenden (Souve-
nirs d'un voyageur); Leipzig, 1624; — .fia-
schreibung der Meilan^tail Sonnensckein
( Description de la maison de santé de Soaaen-
slehi); Dresde, 1829, 3 vol. ; rautear avait ooa-
tribué, pluaque toutaatre, à la loailatîoa de cette
maison, destinée au traitement des aliénéK; —
Geistliche Gedichte (Poésies rettgicosefr) ; Leip-
zig, 1840. O.
CoHoenatioiu •iNrUon.
ll09TRA»AiaV8. Vog, TÏOTBVnJkaC.
nera ( Baron Alberto^ poète dramalîqtie ita>
Ken, neveu du botaniste Carlo Allioni, né à Turin,
le 16 novembre 1775, mort dans la même ville,
le 18 avril 1847. Il étudia son» le père Vincent
Zailetti, dominieaiia; à Page de dix ans il
avait kl Molière et Goldoni, et composait des ca-
nevas de comédies qu'il faisait jouer par ses
camarades. Il fnt reçu à dix-hoitans docteur en
droit civil et canon. La perte d'une grande par-
tie de sa fortune le contraignit d'ootuper pen-
dant huit années un emploi subalterne près la
cour criminelle de Turin. I!fomméen 1811 sub-
stitut du procureur impérial àTerceil, Il se démit
en 1814, à la restauration, mais se vit forcé peu
après d'accepter la place de substitut-avocat des
pauvres au sénat de Turin. Le prince de Cari-
gnan ( Charles-Albert ) l'appela auprès de lui
en qualité de secrétaire ; mais accusé d'im libé-
ralisme outré, il dut quitter la cour, et perdit en
10.
995
NOTA — NOTHNAGEL
996
même temps l'emploi qu'il occupait dans ia
magistrature. On lui confia cependant l'admi-
nistration du district de Robbio (1820), et suc-
cessif ement celle des districts de San-Remo
( 1823}, de Pignerol, de Casai (1833) et de Coni
(1840). Il administra ce dernier district jusqu'à
sa mort. Nota a dans sa patrie , comme dans le
reste de l'Europe, la réputation méritée d'un
des restaurateurs de l'art dramatique en Italie-
La comédie italienne, florissante au dix-sep-
tième siècle , abandonna vers cette époque ses
règles ordinaires pour la méthode diffuse et exa-
gérée du théAtre espagnol , et commença à dé-
générer. Carlo Goldoni essaya le premier de
faire revivre la bonne comédie, mais ne put faire
triompher complètement son école , qui conti-
nua de se développer à côté de l'école espagnole,
mais sans pouvoir la remplacer. Alberto Nota
peut être regardé comme le plus brillant écri-
vain de l'école de Goldoni ; ses premiers essais,
qui parurent en 1802, furent assez mal accueil-
lis du public, mais lui méritèrent les encoura-
gements de deux littérateurs distingués, Parachosi
etMonti. Depuis cette époque jusqu'à sa mort il
a donné au théâtre plus de quarante comédies;
on reproche aux premières ( La Marchesa di
Gange, Il PrimogeniUoêilCadeiio, VOr/ana,
VAtrabiliare, etc. ) d'être écrites avec peu
d'élégance et de manquer de cette chaleur et de
ce naturel qui font le véritable style comique.
En général ses comédies ont un plan régulier ;
à l'exemple de Molière et de Goldoni, il cherche
à faire naître l'intérêt des caractères plutôt que
des situations ; du resté, il imita souvent ces
deux maîtres {llnuovo Ricco, L*Ammalaio per
immaginazionef II Filoso/o celebe ), non point
servilement, mais en créant d'après les mêmes
caractères une pièce souvent toute nouvelle. Il
aborda avec autant de bonheur la comédie histo-
rique (£a Duchessa delta VaUière,Peirarca et
Laura^ Ludovico Àriosto, Torquato Tasso ).
Ses dernières pièces ( La Natalesia, La Creola
délia Luigiana, H Diademo) sont écrites avec
une correction devenue rare parmi les Italiens,
mais elles manquent de verve. Les comédies de
Nota que les Italiens admirent de préférence et
qui ont été le plus souvent traduites sont les
suivantes : I Primi passi al mal costume
( une des premières qu'il ait écrites) ; — // Pro-
getlista ; — La Vedova in solUtidine; — La
Costanza rara; — La Fiera \ — Le Révolu»
zioni in amore ; — La Pace domestica ; —
I Dilettanti comici;— L'Amor iimido, etc.
Ses œuvres ont eu, de 1816 à 1826, dix éditions
successives; elles ont été traduites en français,
en allemand, en russe, en espagnol, en suédois.
Charles- Albert lui donna le titre de baron et la
décoration de Saint - Maurice. Marie- Louise,
Louis-Philippe, Frédéric- Guillaume de Prusse,
Othon, roi de Grèce , Charles duc de Lucques ,
et d'antres souverains lui ont envoyé des déco-
rations et des récompenses. Ch. N.
Sfllfl Sagglo, Storieo dtilacommeâht italUmafim.'
- It Mondo Uluitrato, de Turin, 1847, p. tl7. — tibluh
theca Ualkma di JUUano, toI. XIV, p. S.- l'ItaiU
contemporaine, — Reouo enepeUrpédique, t XXXVi,
p. SM. ~ ^to d^Mberto Itota, ea tête de Ia dUltee édt-
Ifon de ses œafres.
MOTARA8 ( Chrysantke ), patriarche de Jé-
rusalem , né en Morée, vers le milieo da dix-
septième siècle, mort à Constantinople, en 1732.
Descendant d'une noble famille byzantine et
neveu de Dosithée, patriarche do Jérusalem,
il fut destiné aux hantes fonctions de l'Église
grecque. Il reçut une instruction assez forte, qn'il
perfectionna par un voyage en Italie et en France.
A Paris il suivit les leçons de l'astronome Cas-
sini, et se lia avec plusieurs savants théolo-
giens. De retour à Constantinople, il fut nommé
archevêque de Césarée, et le 8 février 1707
patriarche de Jérusalem. Quoique résidant
rarement dans son diocèse, Notaras futonévé-
que zélé , et on lui dut la reconstruction du temple
du Saint-Sépulcre en 1719. Il monnil laissant U
réputation d'un des prélats les plus pieux, le»
plus bienfaisants et les plus instruits qui aient
bonoré l'Église grecque. Son principal ouvrage
est on recueil de traités en grec moderne Sta-
tes Rites et les Dogmes de V Église orientale r
publié à Tergovisk en Vabchie, en 1715 : on y
remarque d'excellents traités Sur les DigniUi
de l'Église orientaU; Sur r Origine et la Pro-
pagation du christianisnse en Russie; Sw
les quatre patriarches grecs de VEmpire Ot-
toman et sur les patriarches de Russie. On a
encore de lui une géographie en grec moderne,
intitulée : El(iay(ùjii cl; ta fttùy^OLsità x»l o^'
ptxà ( Introduction à la géographie et à /«
sphère); Paris, 1716,in.fol. Notaras publia en
1715 VBistoire des patriarches de Jérusa-
lem, par son onde Dosithée. ^ •
Jaurnal det lavantt , ann. 1716. — jochcr, C«te*t<»-
Lexikon.
NOTGHBR, abbé de Hautvilliers, au dioc^
de Reims < mort vers 1099. On ignore en quel <-
année le gouvernement de l'abbaye de HaulTu-
liers fut confié par les suffrages des moines au
docte Nolcher i il parait pour la première m
avec le titre d'abbé, en 1093, au concile de
Soissons, où fut condamné Roscelin. En 1095»
assiste an sacre de Phlli|)pe , évèque de Chàlons-
sur-Marne. On a de lui : Translatio corpons
sanctœ ffclenas. Il s'agit do sainte Hélène, mwe
de Constantin, dont l'abbaye de Hautvilliers pré-
tendait posséder les reliques. Pour soutewr
cette prétention, Notcher a composé un véritawe
traité, en dix- neuf chapitres, dont Mabillon»
les auteurs du Gallia christiana et les Boi-
landistes ont irabllé des fragmenU plu^ od momt
étendus. B. H.
Catlia ekrULt t IX. - MaMIloo, Annal., "J.J*»^
et ^cfa» t. VL - BolliDd., 18 angusU. - «'»• '»'•
de ta France, t. Vlll, p. ssi.
NOTHXAUEL ( Jean-André - Benjamin) ,
peintre et graveur allemand, né en 1"^^»^^^
( principauté de Saxe-Cobourg ), mort vers im-
397
^OTHNAGEL — NOTHOMB
208
H Tint en 1747 se fixer à Francrort, fat pendant
pliisiears années employé comme dessinateur
dans la fabrique de papiers peints de Lenzner,
dont II épousa plus tard la veuve et dont il con-
tioiia le commerce. Il a peint dans le genre de
Téniers plusieurs petits tableaux d'intérieor,
assez estimés. Comme graveur à l'eau-forte, il
s^est acqniâ^la réputation d'un des plus habiles
hnitateors de Rembrandt. Parmi les soixante-
six planches qu'il a laissées et dont Hugen a
donné la liste dans son Ariistisches Magazin
( Francfort, 1790 ), nous citerons : VAnge ap-
paraissant à saini Pierre; Saint Pierre dé-
livré de prison; La Résurrection de Lazare;
Bélisaire aveugle; Un vieux Savant instrui-
sant un jeune homme; V Enfant de troupe
tenant un petU fiacon ; V Avare auprès de
ses sacs d'argent; Un Ermite lisant dans
une caverne; Un Mendiant demandant Vau-
mâne chez des paysans ; Une Paysanne avec
une hotte; Une Paysanne donnant à manger
à son enjant; Un Paysan tenant danssa main
une pipe et un pot à bière; U Intérieur d'une
chambre de paysans; Vieille Femme por-
tant des lunettes; Mendiants autour d^un
feu; Le Savetier et sa femme; Portraits du
peintre Grimmer^ du docteur Seukenberg^
du jfuif Béer, d'Aly-Êcy, pacha d'Egypte, du
prince Madzivil; Y Artiste dessinant; une
vingtaine de Têtes de Turcs, d*homroes bar-
bus, etc., quelques Paysages, etc. O.
Katicr. KenstUr-LexUum. — Heiler, Lexikon der
vûne§tieMit€n Mup/tnteeher.
* HOTBoaiB (Jean- Baptiste), homme po-
litique belge, né le 3 juillet I80ô, à Messancy»
village da Luxembourg. Après avoir achevé son
éducation à l'athénée de Luxembourg, il étudia
la jurisprudence h l'uniTersité de Uége, où il
fut reçu docteur en 1826 ; sa thèse latine, con-
sacrée à l'hiétoire du droit emphytéotique chez
les Romains, fut tellement remarquée qu'un sa-
vant professeur de Tubingue , M. Ztromem, la
jugea digne d'un compte-rendu spécial dans la
Kritisehe Zeitschrtft fur Rechtwissenschqft
( Revue critique de la science du droit ). Il s'é-
tablit d'abord comme avocate Luxembourg, puis
à Bruxelles, et consacra dès 187.8 sa plume à
la défense de l'indépendance belge : il prit une
part active à la polémique du Courrier des
PajfS'Bas, feuille libérale qui comptait alors
neuf mille abonnés. Lors de l'Insurrection du
viagt-dnq août 1830, il se trouvait dans sa pro-
vince natale; à la nouvelle du combat livré aux
troupes du prince Frédéric , il revint à Bruxelles
( 28 septembre ) , et fut désigné par le gouver-
nemeot provisoire pour remplir les fonctions
de secrétaire du comité chargé de préparer un
projet de constitution. Dans le plan qu'il rédigea
oonjointement avec M. Devaux, il parvint à faire
abaisser à vingt- cinq ans la condition d'éligibi-
lité des futurs représentants du congrès national.
Cette danse lui permit de briguer ladéputation ;
il se mit sur les rangs, et fut élu par trois dis-
tricts du Luxembourg ( novembre 1830); il opta
pour celui d'Arlon, que , par reconnaissance, il
fit dc^tacher en 1831 de l'Allemagne pour être
annexé à la Belgique. A l'ouverture de la ses-
sion, M. Nothomb, le pins jeune membre de
l'assemblée, en fut un des secrétaires; en
même temps il fit partie de la commission qui
dirigeait le département des affaires étrangères.
Fort opposé au parti qui demandait la réunion
à la France de même qu'à celui qui désirait la
république , il soutint avec éloquence la monar-
chie représentative, rinstitution de deux cham-
bres électives , la séparation absolue de la so-
ci^ civile et de la société religieuse, la liberté
de la presse, et vota pour l'élection du duc de
Nemours. Après la dissolution du gouvernement
provisoire (23 février 1831 ), il entra dans le
premier ministère du régent Surlet de Chokier
en qualité de secrétaire général aux affaires
étrangères, poste qu'il conserva jusqu'en 1838.
Dans la discussion élevée an congrès sur l'a-
doption du traité des dix-huit articles , il établit
l'identité qui existait entre la question du terri-
toire et la question des finances : il démontra
que la Hollande devait reprendre à la fois ses
limites et ses dettes de 1790, et que lui imposer
ses anciennes dettes c'était la renfermer dans ses
anciennes limites. Adjoint à M. Devaox pour
des négociations secrètes à poursuivre à Lon-
dres auprès de la conférence , il contribua puis-
samment à aplanir les difficultés qui retardaient
encore l'arrivée du prince Léopold de Saxe-Co-
bourg. Après la campagne de 1831, la conférence
insista pour l'adoption des vingt'qtuitre at'
ticles : c'était le second traité qui stipulait des
arrangements définitifs. Quand ce traité fut pré-
senté à Paeceptation des cliambres, M. Nothomb,
convaincu que la Belgique étaitmenacée d'un par-
tage, s'abstint de voter, « ne voulant, pas comme
Luxembourgeois, accepter un traité qui démem-
brait son pays natal et ne pouvant pas, comme
Belge repousser un acte qui constituait la Bel-
gique ». En 1833 il fit paraître V Essai hUto-
rique et politique sur la révolution belge,
ouvrage remarquable, traduit en itatien et en
allemand et réimprimé trois fois dans la même
année. « Cette production si distinguée d'un
homme d'État de vingt- sept ans, dit M. de Lo-
ménie, ne se recommande pas seulement par la
science des faits, la perspicacité des vues et la
logique des déductions, c'est encore une œuvre
de style à la hauteur de ce que nous possédons
de mieux en ce genre. Les détails de diplomatie
les plus arides prennent sous la plume de
M. Nothomb une physionomie attrayante et
vive; le récit des négociations et des faits y est
habilement mêlé de considérations générales
pleines d'élévation, de pages éloquentes et cha-
leureuses sur le passé, le présent et l'avenir de
la Belgique, u
£n 1836 M. Nothomb donna sa démission des
aa»
NOTHOMB — jSOTKEa
300
foBctioas de secpétaîre général an département
des «ffoires étrangères, dont il ayait deux fois
seuteott le bodget devant les chambres. Le
13 janvier 1837, à ravéneraent de l'administra-
tMn cattMAique dirigée far M. ée Tbenx, il fut
appelé an ministère des traTanx pabMcs qui ^w-
nait d'être créé. Aussitôt il porta toute son at-
tention Mf les chemins de fer, fit arrêter ■■
plan définitif pour le réseaa dont la Belgique de*
^il être ODUverle, et présida à Tinanguration des
sections de LouTftin, Tirlemont, Gand, Bruges,
Ostende, Conrtrai, et Saint-Trond. Lorsqu'il
quitta le ministère ( 18 arril 1840 ), on avait
construit plus de 330 kilomètres de Toies fer-
rées et nn grand nomlire de travaux prëlinù*
■airss étaient en «Mirs d'exécution oo à Tétude.
la même temps qn'il s-occopait avec une acti-
vité extrême <]e6 Intérêts matériels du pays , il
prit part en 1838 à la dtscnssion du traité des
winfj^'çuatre artéoies : grâce A kii peut-être,
la séparation des parties cédées du Limbomig
et du Luxembourg lut eonso«Miée, et il rallnt
qnll assistât lui-même à Londres à la ceadu»
sioQ définitive de ce traité, qu'il ne pouvait a'em-
pteber de déploiw. Benvensé pnr le parti iibénal»
il reçut ime mission extraerdinaine asprès de la
confédération geitnanique. Hais il ne demeura
pM longtemps k FnancfiMiy et accepta, dans le
cabinet formé par H. de fifuelnaere , le porte-
fenille de llntérienret du commerce ( 13 avril
1 841 ) ; après la retraite de ce dernier ( 1 84t), il loi
Mocéda comme président do conseil , et dirigeirleB
aMsires jo$qu*aa 15 juin 1845. A cette date
H. Nothomb et tous les ministres doanèrent leur
démission; une coalition parlementaire amena
an pouvoir M. Rogier et les libéraux , et M. No-
thomb déclara qu'il ne voulait pins faire partie
d'aucnne combinaison ministérielle. Pendant sa
demiène administration, il s'ofTorça de Mre
prévaloir nne sorte de poKtiqoe nmle en te-
nant la balance exarte entre les prétentions ri-
vales du parti libéral et dn parti catholique. Sa
longue lutte avec M. Lebean et ses amis, qm
Faceosaient de défection à leurs principes , eut
à cette époque iMBiicoup de retentissement.
Depuis cette époqoe M. Nothomb s'est ren-
fermé dans la carrière diplomatique. Nommé
nîiristpe plénipetentiaire à Beriin ( S aoftt 1845),
il a opté pour ces fonctions lors de la promol-
gstion de la loi sur les incompatibilités. Deimis
1840 H «st membre de rAcadémie royale «le
Belgique.
HVTH^KB (iéfM^Ae), frèns do précédent,
né«nt815,aeonnavancementrapide'daBs la ma-
l$lstrature. Il était procureur général près h cour
d'appel de Bruxelles iomqu'll fut appelé, le
30 mars 1855, an mHristèreée la justfce. L'année
suivante il fM chaiigé de souteHn- la loi d'ex-
tradition en matière d'attentat contre tes souve-
rains étrangers.
Uvn dTor de lordn dé léopofL - BibUosr. acadé-
aii«Mv. — 43. Stttmt et 9tlBt-lidme , Blogr, de» homme»
du jour, t. VI, !'• partie, - Loménle, GaieHe de» kom-
mes Wu»tre»y V. — Conversation»- LextJton. — Vape-
mu , Met. mUv. de» eantemp.
NOTKBR ( Saint ) , surnommé Balbclus ( le
Bègue ), savant moine allemand, né vers sdOi^ à
Elgan, en Thnrgovie , mort le 16 avril Wl. H
appartenait à l'ancienne et noMe femille des
Reiligow. Entré de très-bonne faenre an mo-
nastère de Saint'Gall , il y étndhi sous la direc-
tion dison et de Marcellus les belles- tettrei et
les sciences profanes et sacrées, n eut pour con-
disciples Ratpert, Tutilon, Salomon, pinstttd
évêque de Constance, et d'autres hommes dis-
tingués, qui lui gardèrent toujonn la phis tendre
affection. En revanche, il eut à soufVnr des per-
sécutions d*nn moine ignorant et envienx do
nom de SIndolphe. Modèle de toutes les rertnn ,
il possédait toute l'estime de l'cmperenr Charles
le Gros, qui lui offrit plusieurs évéeliés, que
Notker refusa, par humilité. Son temps était
partagé entre l'exercice des devoirs monastiqnes,
les Œurres de charité et l'étude. Il était en re-
lation ayee tes hommes tes plus lettrés de son
époque, entre autres avec Liotward, évêque de
Verceil , duquel il obtînt un exemplaire des let-
tres canoniques en grec, qu'il copia avec le
plus grand soin. Oh a de lui : Liber de inter-
pretibus divinenrum Scripturamm ; Ham-
bourg, 1736, in-8» , et dans le 1 1 du Tftesmnrus
timecdotomm de Pez; — Uber sfgvenïiàrum^
dans le même recueil; — Notatio rfe illustri-
bus viris , même recueil ; — Marfffrofcyium ,
dans les AnUqtae lectiones de Cani^iios; —
S. Fridolini historia, dans les ScripCorn/
Atimannici de Goldast; — des Hymnes, dans
les leeUones de Cantsras; des fragments de
son poème sur Saint-GaH se trouvent dans le
recudi prédté deGoldast; — nn petit Traité sur
la valeur des lettres en musique , dans le»
Scriptûres de Gertjert. On a attribué à tort à
Noticer les Gesta Ûaroli MagnL 0.
£kkphard, Cfffwj S. Calli.^ Âcta Sanctomm (avrf J.
— OadiD , Seriptore» «eelerioaflel.
NOTKBS, surnommé lé Physicien , savant
moine allemand , mort le 12 novembre 975.
Neveu d'Ekkehard, doyen du monastère^ de
Saint-GatI , il entra de bonne heure dans ce
oooventr et il y resta toute sa vie. Il étudia par-
ticulièrement la médecine, et la Chronignêile
Saint-Gall loi attribue un grand nombre de
cures mémorables. II était aussi peintre; H dé-
cora de fresques l'église de son couvent, et orna
de nnniatores pMisienrs manoscrits. fi a composé
pinsieurs poésies reK^enses, entrenntrcs I1i]^e
Jtecfor metuende sxcnH , qui se finmie encore
ai^ourd'faui. Son xèle pour le roainHea Révère
de la diecipKne monastique loi TOlot le serand
somom de Piperis-yranum. O.
Ekbehartf , Catm Smtet^<;mllL
1MTKBK, savant prélat allemand^ tnnrt en
fM7. Fils d'nn comte d'Œttingen et d'une aosu*
de l'empereur Otiion I^, il entra au convant
de Saint-Gall, dont il devint pius tard do^en.
Ml
Il 6it enarile plaoéila tête d» récato da
Mstère de Sta^ot Appelé tn 972 à révéché
de UégB, il étaUit Me biMiolfaèqae dan le
dellM de Saéot-Lanbcrt , et f fooda aosêi «ne
fetle, d'oè iortiraot ptatlean hemmes ve-
BM(|«ihl>i feifle%ilile éêOB tes «eatimeali de
jKtiœ.il M mer le cbAtaM de CMweinoet,
dMt le prapriétMre iafntait les caftireM par
m briydeye, de même qu'il refosa de re*
CMDiAre m ceacilfi de Hfoiinm la lépalilé d«
râectiao m «ége de Beima de Gerbert, bicB
qo'U Ml aoD ao^ Il it reeooatraire la catli^
dnie de Liège. Oa liii attribue la fondation des
ésfaes SMt-âHisehM et Sainte-Ciwi. Il ttt-
hMrade fértificatioM la ville de lÀé^ N «em-
Maniqoa à Hériger ( voy. œ nom ) «ne grande
^rtie de» docnnea!» ^ ent aemt et base à
17/iai0irtf ifes évéqmei dt lAége^ €.
&aMlRNw« fiUfftri vtta | dMw le L I io neiicll de
Cfaapeaa«tik ). — Jtla mnOorum (Itsrier )^— £Mta
chriUtana.
SOTRKR, surnoimné I.abgo ( le Lippu ),
ou TErrositcc!», savant moine allemand , né vers
if milieu du dixième siècle, mort le 29 juin
ion. 11 était neveu d*Ekkehard l*', qui para-
phrasa en latin le poème gcrmaoîqae du Wai-
tliarrus. 11 entra encore jeune dans le monastère
(le&iint-Gatl, et s^y fit bientôt remarquer par
M sdeoce peu commune; il connaissait à fond
le trivium et le qutuiriviim ; la langue grec-
qoe même ne lui était pas étrangère. 11 fut placé
à ta tète de IVcole du couvent; on conserre en-
core aiijonrd^bni fes notes et corrections qu^il
fit sur un poème latin ^ composé |)ar un de ses
élèves ( voy. Pertz, Monumenta, t. U ). Dans
s*)!! enf^eignement fl se servait souvent de la langue
iiermanique, usage qu'il chcrdia, mais en vain»
a propager ( voy. sa lettre à T'évèquc de Sion
publiée par Grimro dans les GÔtlinger gelehrU
An^igen , année 183o). Son zèle pour sa langue
maternelle le conduisit à Tidée, alors entièrement
DfOTe, de traduire et d*e\pliquer en allemand
non pas seulement diverses parties de la Bible ,
w qoi avait 'déjà été tenté avant lui , mais aussi
les écrits des anciens. Plusieurs de ses travaux
^e ce genre nous ont été conservés ; ils sont
<le la plus haute importance pour fliistoire des
îiiiomes germaniques (1). Ce sont : Les Psau-
^s , dans les Deukmàler de Hattemer et dans
W Windberger Psaimen de GralT; Qucdlim-
bwrg, 1839; — La Consolation de Boëce;
lleriio, ig37y publiée par GralT; — De nuptiis
Mercurii et Philologiœ de Martianns Capella ;
^rlin, 1&47, publiée parle m^me; — Le^ Ca*
téyùhes et C Herméneutique d'Aristote ; Berlin,
1S37, aussi par les soins de GrafT. — Kotker
a anssi écrit en latin une Rhétorique dans la
ZHfscftrift de Haupt , t. IV. — Parmi ses tra-
dvctions perdues nous cHcrons celles du livre
fl) Qo«lqaes naruiU lUeniods •ni pr^tcnda i lort
qn ta phipart des traductions de Notker «Taicnt éU
bM» f«'4'a«ton Moa aa dlrectlM.
NOTKER — NOTREDAME
SOS
de Job, des Bucoliques de Virgile, de f*An-
{frtenne de Térence, des Disfiçues de CatoUyetc.
On hii attribue nn petit TraUé de musique,
dans les SeHp/ores de Gerbeit et dans les DfuJt-
fnaUr de Hagcn, ainsi qu'une Logique dans
les Aideutseke Biâtter de Haupt , t. II. O.
Kart Gceddte. Deutteke Dtektvng fm MitteJatter
( nandvre, iSi* }, p. la.
v^RB i%E), Vof. Le Botrb.
ffOTBmttikJiB ( Michel DB), dit nosntA-
B«H», célèbre astrologue francs, né à Smot-
Rémi , €n Provence, le 14 décembre 1503, mort
à Salon, le 2 juillet 1566. Le père de Tlostra-
damus élatc notaire, et ses deux grands-pères
Médecins; Pnn Tel attaché an due de Calabre,
rantve au roi Bené. Tons deux appartenaient à
une Aimitle jnive, qui se convertît an oommen-
eeinenC do sefr-ième siècle; Midiel prétenditt
qu^ille lirait son origine de la trftn d*lssachar,
et aimait à rappeler que le don de pfO(4)étie
avat longtemps été attadié à celle Iribn ( voy,
Pttmlipomènes, liv. I*, ch. 12, v. 32). Son
grand-père maternel fut son premier maître; k
sa mort, on l'envoya an cetlége d*Avignoa, où il
montra «les diaposîtions exceptlonncMes poor les
sciences. Ses études achevées, il entra a Fécolc
de «sédeoine de Montpellier. Il y était en I5f25,
quand une épidémie désola la ville et étendit ses
ravages sur toutes les provinces environnantes.
Les médecins manquaient; Noilradamos, qui
avivait encore qae vingt-deux ans, quitta l'école,
et alla soigner les malades, notamment à Rar-
bome , ToiîilMise et Bordeaux. Il revint ensuite
à Mkmtpellier, oA H passa *<se6 examens de doc-
torat avec nn succès qoi lui vatat bientôt la
place de professeur. Juief-César Scaliger, qui
habitait Agen, le détermina è venir s'étatHir
avec lui dans celte viUe; il y épousa une Ceamne
dont le nom ne nous a pas été conservé , et de
laquelle U eut deux enfants. H les perdit bientôt
ainsi que leur mère , et espérant trouver dans
un voyage des consolations à sa douleur, il par-
courut la Guyenne, le Languedoc, Tltalie et la
Provence, on vers 1544 il se remaria, avec Pons
Jumel, qui appartenait à une famille riche et très-
considérée ; U s'établit alors k Salon, petit bourg
sitné dans les environs d'Aix. Une peste terrîUe
se déclara Tannée suivante dans cette province,
et MostradarnnsfK, preuve en cette circonstance
d'une science et «rnn dévouement qui lui méri-
tèecnC des reroerdmeiRS e€ des tionneurs pnlNics.
La même épidémie ayant échAé à Lyon , ?iostra-
dnmus y fat appelé, à la snîle d'une délibération
solennelle des autorités ; H rendit encore dans
cotte vine d'immenses services et , s^ faut en
croire les chroniqueurs , employa avec nn très-
grand succès oontre le fléau un remède dont il
éHdt fioTenteur, et dunt il a donné la composition
dans non lYaité des fardemenis, fl avait com-
mencé d^ à écrire 1ns Prophètes qui ont rendu
son nom si femenx , mais il hésitait à les mcftre
au jour. Il s'y déâda enfin en 1 555 ( Lyon, in-lT);
S03
NOTREDAME
804
en Uie de ce Tolume, qui ne contient encore
que sept centuries, se trou? e une épttre dédica-
toire adressée à César son fils. Ce recueil eut
aussitôt une vogue immense. Les uns regardèrent
Nostradamuscommeunfouou un imposteur; les
autres, et c'est le plus grand nombre, crurent
très-réellement qu'il avait le don de prophé-
tie, et considérèrent chacune de ses centuries
comme autant d'oracles dont ils s'eflbrçaient de
découvrir le sens caché. Cette opinion, qui a
été récemment soutenue par M. £. Bareste, ne
Taut pas la peine d'être discutée. D'un autre
côté, les détails que nous possédons sur la
▼ie de Nostradamus ne permettent pas de sup-
poser que son esprit fût vraiment exalté ou
dérangé au point de se figurer qu'il était appelé
à prédire l'avenir ; nous avons pour cela des té-
moignages trop irrécusables de son érudition et
de son intelligence. 11 est donc beaucoup plus
{probable que , comprenant bien son époque , il
aura cru, au moyen d'une supercherie assez par-
donnable, pouvoir appeler sur lui l'attention
publique et parvenir ainsi aux honneurs ; c'est
avec cette restriction qu^on peut le regarder
oomme prophète. En effet Catherine 4e Médicis,
qui joignait à tous ses vices une confiance sans
homes dans l'astrologie , fit venir Nostradamus
à Paris , le combla de cadeaux et de distinctions
flatteuses, et l'envoya à Blois tirer l'horoscope
des jeunes princes. Nostradamus s'acquitta de
cette embarrassante mission en homme d'esprit;
et, encouragé par le succès, publia en jô58 une
nouvelle édition, de son recueil auquel il ajouta
trois centuries. La mort d'Henri II, arrivée l'année
suivante, augmenta encore son crédit et sa ré-
putation; Nostradamus avait écrit dans sa pre-
mière centurie (35* quatrain), ces mauvais vers :
Le lyon kune le vieux surnoateri
£a champ belllqne par singulier doeile,
Deu calge (Tor let yeux Uiy creoera :
Deux eUssee umt, pub aworir, mort croelle.
Et on crut y trouver très-clairement prédit l'é-
irénement qui enleva la vie au roi. L'astrologue
jrencontrait pourtant encore plus d'un incrédule,
et tout le monde connaît ce distique qui fut suc-
cessivement attribué à Jodelle et à Bèu :
Boetra damai eum falia damos, nam fallere noatram eat;
Cqb fataa damna, Dtl nUl Bostra damna.
Nostradamus prit le parti de retourner à Salon.
Charles IX, visitant la Provence en 1564 , Tint l'y
Toir, lui prodigua de grands honneurs, le nomma
son médecin ordinaire , et lui donna deux cents
écus d'or, cadeau qui fut doublé par la reine
mère. Tout cela n'empêchait pas Nostradamus
d'être regardé, à Salon même, comme un im-
posteur; et nul n'éprouva plus que lui la vérité
de cette commode maxime : « Nul n'est pro-
phète en son pays •. Il fut enterré dans l'église
des frères mineurs de Salon ; on plaça sur son
tombeau on buste exécuté par César son fils et
l'épttaphe suivante : Clarissivi ossa Michaeus
BOSTRADAMl CMIUS OMMICH MORTAMCH JDUICIO
I DlClfl, CUIOS KNB niTllIO CALAMO, TOTIDS OfiBIS,
I EX ASTROni» IMFLEXD PfJTCRI EVBIITC5 COK8CU-
BBIUEIfTUR. Vixrr ARMOS LXII, MERSES TI,
DIES XVn. QUIETEK POSTEU lirVIDERB. ARHA
PoKTiA Geheixa Salonia conjogi. On répandit
presque aussitôt le bruit que Nostradamus s'é-
tait fait enfermer tout .vivant dans ce caveau, et
qu'il continuait de là à écrire des'prophéties^ Les
libraires profitèrent de cette circonstance pour
^uter aux éditions des anciens quatrains un
certain nombre de centuries nouvelles se rap-
portant dès lors tout naturellement à des éréne-
ments récemment accomplis. On prétend que
Nostradamus dormait quatre ou cinq heures
seulement, et qu'il passait une partie de ses
nuits à observer les étoiles; s'il a trouvé au
reste de nombreux contradicteurs comme as-
trologue, personne n'a nié ni son inteUigenee ni
la pureté de ses moeurs. Nostradamus a ren-
contré récemment dans M. E. Bareste un pa-
négyriste plus éloquent qu'éclairé , et ses pro-
phéties ont été l'objet d'un nombre immense de
publications ; parmi les plus importantes nous
citerons : La Concordance des prophéties
de Nostradamus avec Vhistoire depuis
Henry II jusqu'à Louis le Grand, parGuy-
naud ; Paris, 1693, in- 13 ; — La Clef de Nos-
tradamus isagoge, ou Introduction au véri-
table sens des prophéties de ce fameux au-
leur, par un solitaire (Jean Leroux); Paris,
1710, in- 12; — Commentaires du sieur de
Chavigny sur les centuries et prognoâtica-
tions de feu M, Nostradamus ; Paris, 1596,
in- 13; — Jani Gallid fades prior, historiam
Mlarumcivilium quxper tôt annos in Gallia
grassata sunt breoiter ab anno 1534 usque
ad annum 1589, auctore Michatle Nostra-
damOf cum notis Amali Chavigney; Lyon,
1704, in-4«> ; — Petit Discours ou Commentaire
sur les centuries de M, Nostradamus; 1610,
in-8"; — Nouvelles Considérations sur les si-
byles et les prophètes et particuliirement
sur Nostradamus, par Th. Bouys; Paris,
1806, in-8*'; — Les Contredits du seigneur de
Pavillon, ou faulses et abusives prophéties
de Nostradamus; 1560, in-12. Les prophéties
de Nostradamus ont été trè>-souvent réimpri-
mées; outre les deux éditions que nous nvons
citées, on ne recherche guère que celles de
Lyon, 1605, in-12; de Leyde, 1650, in-8*; et
d'Amsterdam, 1667, in- 16. On attribue encore
à Nostradamus : Traité des /ardements; Lyoo,
1552, fai 12; réimprimé en 1556, k Poitiers,
sous le titre : Singulières Receptes pour en-
tretenir la santé du corps; — Le Bemède
très-utile- contre la peste et toutes fièvres
pestilentielles; Paris, 1561, in-B"*;— Opuî-
cule de plusieurs exquises receptes divisé en
deux parties; Lyon, 1572, in-16. Ces traités
ont été réimprimés et publiés psr César Nos-
tradamus, sous le titre : Bastimeni de plU'
sieurs receptes pour faire diverses senteurs
f
SOS
NOTREDAME
806
ef lavwienU pour VembéHUtemeni de la
fàee^ et conservation du corps en son en-
tier : aussi dé plusieurs confitures liquides^
et autres receptes secrètes non encore veues;
iD«8*; on en a extmit l'ouvrage aoivant : VEm-
àeWssement de la /ace et conservation du
corps en son entier; ensemble pour /aire di-
vers lavements, par/ums et senteurs, re-
cueUlU des teuvres de M. Nostradamus
par messieurs les docteurs en la faculté
de Basic: Paris, ia-32. Enfin, Paraphrase
de Gatien sur V exhortation de Menodote aux
estudes des bonnes artz, mesmement médi-
ane, traduict de latin en /rançoffs par
M, Nostradamus; Lyon, 1557, in*i2. Noa-
tradamna avait déboté dans l*astn>logie par la
publication d'nn Almanach, qui «ervit de mo-
dèle à tons eeni qui depuis portèrent le titre
à^ Almanach de Liégt, et à tous les autres qui
jusqu'à nos jours se chargent de prédire les évé-
nements et les saisons. La Bibliothèque impé-
riale possède dans ses manuscrits un grand
nombre de lettres inédites de Nostradamus ; elles
se trouvent mêlées à la correspondance de Pei-
n»c : supplément français , n** 98C, et /onds
latin , n"* 8589. Alfred Frarkuh.
E. Jaabert, ^U de M, Nostradamui , apoloçie «f
hisMrt , H Us éloges que plusieurs personnes lui ont
domnèi: AmftlrrdaiD, 16M, In-li. — Le BionUre d*a^lM,
l^ri«,lSlê, lo-t*. — Mercure 4e France, UTralsonc d'aoAt
et^e novembre 1*7». — Fr. Menettrler. La Philùsophie
des images éniçtnatiques ,• Lyon, i9H, In-lt. — P.*J. de
Haltze, rie de M. Nostradamus; iTlt. In-lt. — U
Ooli du MalM et Du Verdier. DibUothifues françotses ;
fuis, s voL la.4*. - ntton , Histoire de la ville d'jUac,-
tCTC, In- fol. — J. Attrac , 9Iémoirts pour servir à fhis-
toirs de la faculté de MontpellUr; l*jrU, 1767. ln-4*.
— Trooe de Cundoolet , Aitrétié de la vie de Michel
Nostradamus^ ln-4«, lan* date. — Ijo Fie et le Testa-
ment de M. Noetradamus, dorteiir en médecine, as-
tropkile, eonseUler médecin ordinaire du roi; Parb,
rtl, In-a». — Booehe, Histoire de ^Provence i laav,
t «uL iD-foL — C Moatradamus, L'Histoire et Ckro-
Mifile de Provence; Ljroo. leii, ln;rol. — Bordelon, De
rÀstrotoffie Judiciaire; Parla, 1«8», in-lt. ~ AdeloDg.
Histoire dé la folie humaine; Ulpzlg. 178>, lo-S*. -
£. Barcate, JVostra<iam<u; ParU, ISVS, In-tt. — ITAr-
URoy , Mémoires d'histoire, de critique et de litiérar
tare: Parte. I74t,7 vol. In-lt. — Leclcrc, Bibliothèque
universaiie et historique; Amsterdam , 16S7. In-lS. —
9,-Q. Morboff. PotghUtor; 1708,4 vol. ïak», - Bulletin
du bibliophile, u» de décembre 1860. — G. Naudé, apo-
logie poetr les grands hommes soupçonnés de wsagie;
Parla, ISM, ln-t«.
VOTRBVAMB {Jean os), frère putné du
précédent , procureur au parlement d*Âix , mort
en 1590. Jean de Notredame se livra de bonne
heure à la poésie, et composa un grand nombre
de chansons. Amateur trè»-zélé de la littérature
provençale, U avait réuni une riche collection de
fivres relatifs à cette matière; et c*est avec leur
secoara qn*il exécuta les deux ouvrages qui exis^*
teot sons son nom. Le premier est intitulé : Les
vies des plus célèbres et anciens poètes pro»
vençaux qui ont ftoury du temps des comtes
de Provence; Lyon, 1675, in-d**. C'est une
compilation sana grand mérite et que Millot re-
garde comme « un recueil de fables aussi dé-
fectueux par le fond que par la forme «. 11 a
été traduit en italien sous ce titre : Le vite de
pin celebripœti proveniali,scrittein lingua
franzeze da Giov. di Nosiradama, e trad.
da G.'M. Crescimbeni, ornate di copiosean»
notazioni, e accresciute di moltissimi poeti;
Lyon , 1575, in-8» ; et Rome, 1722, in-4''. On a
enfin de Jean de Notredame un manuscrit in-folio
intitulé : Mémoires de Jean de Nostradamus,
procureur au parlement de Provence^ depuis
Van 1080 Jusqu'en 1494. Ces mémoires, qui
faisaient partie de la bibliotlièque de Carpen-
tras, ont été retoucliéa par César de Notredame,
neveu de Tauteur. A. F.
MlUot, Bist. littéraire des troubadours; ParU, 1774,
S vol. In* 11; t. !«', Introd., p. I»U. - La Croix da
Maine et Du VerdIer. Bibltothiques françaises; t. iv,
p. 481. - Lelonff et Fontette, Bibliot. hist. de la France;
Paru, 176S, I vol. lo-(oL ; t. III. p. S4», n« S8066. — Branet,
Maïuiel du Libraire; Péris, l voL Ib-s»; t. 111, p. HO.
NOTABDAiiE ( César de), littérateur, fils de
Michel, né à Salon, en 1555, mort en 1629. Il
fit son droit à Avignon, cultiva ensuite la pein-
ture, puis s*occupa de poésie et d*histoire, et
obtint assez de succès pour que Louis XIII ait
cru devoir récompenser ses efforts en lui con-
férant le brevet de gentilhomme ordinaire de la
chambre. Il prend lui-même en tète d'un de
ses ouvrages les titres de gentilhomme et de
premier consul de la ville de Salon. Déjà âgé, il
épouM Claire de Grignan , dont il n*eut point
d*enfants , et mourut de la peste à Saint-Remy
près d'Arles. C'est à lui que Michel dédia ses
premières centuries. Il a publié : Discours sur
les ruines et misères de la ville de Salon ;
1598, in-12;-> Pièces héroïques et diverses
poésies; Toulouse, 1608, in-t2 : on y joint or-
dinairement : Rimes spirituelles; les Perles
ou les Larmes de la sainte JUagdelaine; 1606,
in-12; — Dymas,ou le bon Larron; 1606,
in-l2 ; — La Marie dolente; — Le Tableau de
Narcisse; — Le Songe de Scipion, poème
héroïque; — Vers /unèbres sur la mort de
Ch, du Verdier, très-excellent joueur de
luth; 1607. -^ V Histoire et Chroniques de
Provence , où passent de temps en temps et
en bel ordre les anciens poètes, personnages
et familles illustres qui y ont fleurg depuis
600 ans ; oultre plusiettrs races de France,
d^ Italie , Hespagne , etc. , comme aussi les
plus signalés combats et faits d'armes qui
s'y sont passés; Lyon, 1614,in-fol. Cet ouvrage,
le principal Utre littéraire de Notredame , a été
très-diversement jugé ; suivant Bouchi^, « le lan-
gage de l'auteur est ennuyeux, les redites super-
flues, le style poétique ; il n'observe point d'ordre
et rapporte bien des clioses inutiles ». Pitton dit
au contraire : « Si nona retrandions de cette his-
toire plusieurs généalogies, auxquelles Nostra-
damus a trop facilement cru, on ne trouvera
pas de quoi tant blâmer. On reconnaîtra surtout
qu'il est véritable et circonspect dans lliistoire
de son siècle ». La bibliothèque de Carpentras
a possédé un manuscrit de César de Notredame,
307
^OTREDA^lre — nouailher
intitulé : Nëtêvième partie mt suite de VkU"
toire et chronique de Provence, êefmis te
commencement de (601 jmsqu'en 1618; ce to-
lome, écrk en entier de la main et César, fiot
envoyé par kii à Peiresc en 1629. A. F.
Beiiche. /MM. #e ^roiienev;4ii-rol. -> Goulet, BibliÊih,
fi-attçoéÊe; l»arli, 17(3, ln-4i>;t. XV, p. lu. — PlUao,
Hist. de ta ville dAix; 1676. In-ioL - E. Bareste, Ht-
tradamau; Paris, 18U, tn-is. — Leiong et Fontette,
BMtath. hUt. d9 la Frcno»; t. fli, p. 4M8, dm WMH et
asiM.
JWTEBOAiiB (Michel de), dit le jeune^
pour le dirtiiigiHir de Micliel aoa père, mounit
en 1574. H voulut marcher sur les traoea de aoa
pèi>e, et diercha, conMne lui, à prédire laveiiir.
Mais le succès fût loin de oourooner ses tenta-
tives, car ses prophéties se trouvèrent toujours
contredites par les événements. Sa persévérance
dam cette voie hii fat fatale. Au siège de Pouain,
dans le Vrvarais, Saint-Luc, qin oonunaodait
les troupes royales, désira savoir quel sort élaii
réservé à œtte cité. Michel répoodif qu'elle pé-
rirait par te feu ; et «près ta prise de la ville, on
le surprit incendiant ltti-uié«ie différttites mai-
sons. Le lendemaio Saint-Luc le fit venir, et lui
demanda s'il ne pensait pas qu'un accident dût
kN aiTÎver k jour même ; Notredame ayant sou-
tenu que non , Saint-Luc lança son cAieval sur
loi et le tua. Michel avait publié en 1563 m
TrfUté d'astrologie, in- 12. A. F.
DAiablgBé, Hia^in Hnivenellê; 4insterdam, i«t6,
f voL kn (ol. — Lamolbe Le Viyer, Discours dé rint-
tritctlon de monseiçnettr le Dauphin. — (.eclerc , m-
blMh* unlwnelle et kisL ; Amsterdim, levr, in-is.
N#TT {John ), Kttérateur anglais, ne le 24 di^-
cembre 1751, à Worcester, mort en 1826, à Clif-
ton , près Bristol. Il étudia la chirurgie à Bir-
mingham et à Paris , et s'embarqna pour la Chine
à bord d^on vaisseau de la Compagnie des Indes.
Il visita diverses contrées de l'Orient, se fami-
liarisa principalement avec la littérature persane,
et se fit connaître, à s«n retour en v Europe,
par quelques élégantes traductions en vits des
poésies dUafiz. En 178S ti prit le di^tdme de doc-
teur, et bientôt après U accompagna la duciiesse
de Devonshire dans ses voyages sur le conti-
nent. £■ 1793 il s'étaUK dans les environs de
Bri««tol. Ses principaux «ovrages sont : Alonzo,
a poetic taie; 1772, to -4*; — la traduction des
Baisfrx de ^eaa Second ; 1775, iu-a**; en 1797
il traduisit Les Baisers de Jean Bonfons, d*An-
vein^; — Lemora, en ekfg; 1775, «in.4*; —
Pocms fram Ihe itaiian éf Petrarch ; 1777,
nHT ;— Oripiaa/ pièces antf <r«ncIis^io»j ; 1 780,
in-8*; — The CintMa, of Propertim -, 1782,
n-8*; — Chemical disseriatiou mi the springe
ef Pisa and Asctane ; 1793, in-8* ; — On the
hQtrwells ^ Bristol ; 1793, In-S" ; — CahUlus
in engîish verse, with daasical notes; 1794,
2 ToL «-»•-, — Tke Jbni baok of lucretius;
1:%», in-r-, — The Odes 0/ Horace; I803i
2 v«l. in -8»; — Sappko , afier o greek ro-
maneei IB03, »-t2; — Section from Pe-
iravck, wilM nat^; 1888, iB-8'*; — Se^acf
poems /ram the Oetperides •/ fferrick ; l^ 0,
in^*'; ^ A Ifotolofieal Campanicn io ihe
Londonpbasrmaeopœiu; 1811, in-12. K.
JnntÊalbÈ09rti^f,mm.
I HOTT ( Sir Wiliiam ) , Réoéral aagbis , mé «a
I 1782, èCannaartiwn, où il estanort, lei*"' jnvser
, 164Â. En 1880 il ^rlU pour l'Inde <« quriilé
de cadet, et, malpré tes talents mililnres et ta
bravoure dont il fit preuve dans plusieurs caas-
pannes, il Be parvint qu'au grade de wajor. Dé-
goûté du service, il donna si démission en 1826,
et revint dans son pays natal. Ayant perdu par
suite de Ja déconfiture de la iianque de Calcutta
la plus^^nmde partie «de sa flortime, il retourna
au% Indes, et reprit soi épéd à Tâge de cinqua-Ue
ans (iS3i). On rendit plus de justice qu'autre-
fois à son exfiérience et surtout à son activité
infaUgable, e! «n peu de temps il ofartint le grade
de major général ; sa conduite dans le Candaliar
et durant la guerre des A%hans fut au-dessus de
tout éloge et lui Ta! ut la complète approbation
d'un juge difficile, lord WeHington. Le parle-
ment lui décerna des remerdmente publics, et
la reine lui accorda la grand'croix ée Tordre
du Bain. f^.
UfUis49ervice gm^He, Janvier I8i3.
nOTTIKGHASi. Toy. FIRCH et HOWAW»
( Charles ).
XOTTA A«EL ( Christophe ) , maHiéinatiGien
allemand, né en 1607, à Hilpersfaausen en Fran-
conie, mort en 1666. H enseigna depuis 1634
les mathémathiques à Funiversité de Witt^m-
l)erg. On a de lui : Inslïtutiones mathematicx;
Wiltemberg, 1645, in-8°; — Monnaie forti^-
calorium ; Lubeck, 1659, in-8», avec pi. ; — De
htfpothesibus astronomicis ; ^ De inesperato
salis exorlu qui Bollandis conVgit in Aova-
Zembla anno 1 597 ; Wiltemberg, 1644. O.
Wltten , Jttemorim philosophomm.
norAiLHEE (Jacques ), ^^maHleur Irançais,
né i Limoges, en 1605. Un chandelier «n éina.1
ayant des amours et des arabe.*«ques en relief,
couleur or, porte cette inscription : Fait par
Jacques Noalher, rue Magninie ( Manigne ).
« Cet artiste eut an commencement de la déca-
dence, dit M. de Laborde, l'idée de modeler en
relief d'émail des sujets de piété; fl dépensa
quelque talent , mais sans doute pins de tempf;
et d'argent à tselte ingrate besogne. » H vivait
eneore en 1-670.
novAiLam ( Pierre) , émaiilenr français, né
en Hi57, mort à Limoges en 1717. D' Accourt
a cité de lui nu Saint Jearh- Baptiste comme
étant « un des plus anciens érnau^ et de^ plas
beaux qu'on poisse voir ». L^émaillerie renx>n-
tait d^à À plusieurs siècles, et t^dmiraTfon de
d'Agincoort va en outre fieaucoup trop loin.
Pierre NeualHMf signait PN. On a de lui des
émaux datés de 1666. M. de La Borde le juge
en ces termes: « Médiocre, comme les émailleurs
de sa famille, il appliquait son art aux objets
osnels et ordinaires de la vie privée. »
m
KOUAlLffEa — I90UET
310
wvAiunB (Jeem* Baptiste), peintre et
MMwr fraaça», né en 1742, mort à LimogfeSy
le 2 Dorembre 1<04. Sous plus d'utf rappost,
il rasemMa à Scarron, et il ne fiit pa» le fiavoiî
de ia fortune. On a de lui : Jéstu portant sa
cmx, émail de onae centimètres de hanlenr
nr boit de lar§eor. Le fonél do taUeea eat mie
Mde craix avec de» inscriptions de ce genre :
Maladies, proeèif jeiûnes, martyre , elc^..
Sor OD antre émail , pour nne confrérie cle pé-
ntents, il a peint le Néamt de œ manée, Seèam
i'eipFesoon de M. de La Borde , ses éoiawi ont
ne a|>parence de Terre 4e laiAerne nagiciae. H
eboiut lootefeis des sogeta moins diagraeienx
qaeaatMedemort, La Vierge à ta CMiae eat-
treaotres. Enappsédant les Nonaillier, M. l'abbé
Teueradft: « Jean Baptiste, Bematd, Jean
rt Jowpb desoendent une pente qoi «tmiUit
a l'eitiDctien totale de Tart. On reconoatt au
trait {noertani et tonjonis fortement accusé du
plsB ipind nombre de leum «amposiCians <)n*il8
ont dlqné des gravures au moyen d'un carton
pméà l'aigDile, sur lequel ils ont promené na
otfrfe de 1er. Feot-être au reste ce dessin né*
gtigén'aceo8e-(*41 qu'une précipitation exeeasi^
et le désir de suppléer par ta quantité de lenn
prodHits à la qoiâité des grandes pièces, mal
pajée* et peu redrercbées. Le portrait de Tni^
D'»t pas sans mérke. Lorsqu'ils le maniaient,
^ dfnriers Nouaitlier savaient peindre correc-
tement. Oablions d'aUlenrs leur inkabileté; Us
étaient avant tout des peintres populaires «t
^ pinoBceaux nombreux sortis de lenn mains
<^biii9fiit qu'ils se consacrèrent les derners
ao service des confréries, à l'exemple de lenrs
horion prédécesseurs du seizième aiècla.»
M. Aunom (de LinaKes).
^Phémétâti U ta généralMdê Umoçet^ ncs. —
Tnicr EtaU sur ie» émaUteun. — Maoïlor Ardant,
^"Ri/Jrtin et Bmaitlerie de Limoges. — Texler onrlcr,
^'«fiifiçw ife la H atUe- Vienne , p. 4rt. - l)e1.«borde,
^^*^ en éwttaa 4m Lntvrê.
SOOALAB LA mwMiATB ( Àleasomdre bb),
)|]rhéologBe français, né à Rennes, le 1 1 novembre
t^S inoit dans In même ville, le ^5 mai 1812.
H fit m étsdes dans sa vflle natale, et s'y fit se-
«Toir avocat, mais sa santé ne W permettant
pn déborder le barreau, il obtbit la place de
^ ^ bateau lie la jnsliee «riminelle an mi-
^^ du grand -juge. Ses forces s'épuisèrent
'^mient, et il sncoomba avant d'avoir atteint
» tmie^Qataième année. Il élait membre de
rAcadénrie Gnltfqiie. On a de lui : Étoçe ée
^<n, eannanné par fAeadémio <ie Rennes;
7j*9«90 •« mont Saint- Sliehet , au mont
!^^à ga Anobe-omn-Fées ,* Paris, 1811,
2^^; — de savantea DieeerlaNtms insérées
^ les JMnsoéreff de ia Société royale des
^^iqmai^its de Pranee^ entre antres celles Sur
f^^neuU et les emhaeolMes; Sm La êoehs-
2[f-^^i «MRMBent druidique pen esann;
^ les «ntff^Ms ées em>irone de Bol;
m memhir dm eM^ran* de Sainte
Sar
r Brieuc appelé La Roehe-longue ; des Notices
nécrologiques sur Bernard ^ inspecteur gé-
néral des ponts et chaussées i sur Toudic^.
antre membre de VAcadémie celtique , etc. ;
les Statistiques des départements d'IUe-et-
Vilaine et de la Loire-injérieurey etc., etc.
Il a laissé en mansserit un ouvrage considérable
sur lliistoife et la statistique des provinces rou-
natnes, pays dont il s'était particulièrement oc>
CHpéet aur toquel il a feumi des articles intéres-
sants à piusieura recueils littéraires. L^z— Ew
Paaiioel, £iofê de Moval de Lu Hmtumee, duâ le»
Mem. de ta SoeiOé des jéntiquaires de France, t. n,
p. 4S-St. — Qnérartf, Ln France iHt, <- Mlorcec de K«r-
diaet. JIWiMf ntr tet éerimUne d» Im BmUitme,
H«PB ( U). Fof . La Noce et SavvA.
■OUST {Jaeques)^ jésuite français, né ma
Mans, en IMA» awrt en l«8a, à Paris. Il evaîl
foit profession à l'Age ée di^-bnit ans. Ses études
achevées, il enseifpM les humanités; mais^ pré-
férant ensuite la ^prédication , il obtint de ses
chefs la peimissioD de monter en chaire; se»
oraisons fuaèbres ainsi que ses sermons forent
applaudift. Mais, ébloui par ces applaudissements.
Il osa dénoncer en chairr, comme un ouvrage
peaBdeux, le livre de La fréquente commu^
mon , d'Antoine AmaukL ft fut d'abord réduit
au silence par une réponse excessivement dure
d'Amauld. Puis, cité devant l'assemblée des
évèques, i fut condamné è demander pardon
publiquement et è genoux aux prélats qu'il avait
oOe^aés. U subit sa pébilence dans une des
salles de Sainte-Genesiève. Après cette mes»-
venture, Nouet, abandonnant, mais un peu tard,
le théâtre de ses premiers suocès, devint succès*
sivement recteur des collèges d'Alençon etd'Ar*
vas. Il occupait ces fonctions quand il composa
la phis grande partie de ses ouvrages. D'abord
il écrivit un ybelle conAre le turbulent théologal
de Séez, l'abbé Lenoir. Noos Ji'aveas pu retrou-
ver cet opuscule ^ dont voici le titre : ilemerci-
wunisduconsistoiredeU. aux théologiens d'A--
ien^em^ disciples de saint Augustin. Ensuite il
publia csaftra les protestants : La présence tit
Jésus'Christ dans le très-saint sacrement ^
pour sertir de réponse ass min^tre qui a
écrit contre ta perpétuité de ta foi; Pans,
Muguet, 1667, in-18. C'est la seconde édition de
ce livre qne nous mentionnons loi : la date de
ia première est inconnue. Ce tnûlé a lait assez
de bruit four qu'on lui ait attribué la conver-
sion de Turenne, •oomaoe nous l'apprend le doc-
teur Meqpit, dans ses lettres à ta marquise de
Sablé. Cependant Bfonet doit surtout sa v^tai-
tion è ses écrits ascétiques, La premier pa-
rut sons le titre de : Draité de la dévoiien à
Van^e gardien^ Pana, 1661, ia-12. Une Ira-
ductian italienne de ce traité parai A Bologne.
Le plus important des ouvrages de Nouet est
intitnié i VM^nems <;t'4>mijan. C'est sans ce
titpe camanuD qu'il publia suocesslMmeat une
série de Mvmb spiriHiels, qui leorent tuusun
grand saocès dans le vioade dévot, sinon «dans le
311
NOUET — nOUGARÉDE DE FAYET
inonde littéraire. Le premier qui pamt est
V Homme cTOraUont sa conduite dans la vole
de Dieu , contenant toute Véconomie de la
méditation, de l'oraison effective et de la
contemplation; Pari», Muguet, 1674, 2 vol.
in*8*. Nouet publia le second sous ce titre :
V Homme d'Oraison, ses méditations et en-
tretiens pour tous les Jours de Vannée, Le
libraire Muguet donna plus tard cinq autres
Ingments du môme ouvrage en 1677, en 1678
«t en 1683, in-8'*. Hérissant les réunit tous en
10 volumes in-8*, en 1765. On les vit reparaître
sous cette dernière forme, à Paris, diez Laporte,
en 1780 ; à Lyon, chez Périsse, en 1830 et 1845,
in-12. Nonet ajouta à cette série : L Homme d^O'
raison^ ses lectures spirituelles pendant tout
le cours de Vannée. Une des premières éditions
de ce dernier ouvrage porte cet autre titre : Dé'
votions vers notre Seigneur Jésus^Christ
pour servir de lecture spirituelle à V homme
d'oraixon; Paris, Muguet, 1679, in-4^ £nfin
les libraires Hérissant, en 1765, Laporte «en
1780, Périsse en 1830 et 1845, Sauvaignat en
1834, donnèrent en 6 volumes une dernière par-
tie de L' Homme d!* Oraison, intitulée : L'Homme
à^ Oraison, ses retraites. On a encore du père
Nouet : Méditations et Entretiens sur le bon
usage des indulgences et sur les préparations
nécessaires pour gagner le jubilé; Paris, Mu-
guet; 1677 et 1701, in-4'* : ouvrage dont ne
parle aucun bibliographe, mais qui porte le nom
du père Nouet, et qui ne nous semble pas in-
digne de lui ; — Retraite pour se préparer à
la mort: Paris, Muguet, 1679, in-8* : ouvrage
également peu connu; — Méditations spiri'
iuelles à Vusage des personnes qui veulent
avancer dans la perfection; Paris, Vaton,
1839, in-12« Nous complétons enfin la liste
des CBUvres du père Nouet en mentionnant une
lettre qui se trouve dans le troisième volume de
Bussy-Rabutin et un opuscule inédit dont void
le titre : Solitude de huit jours du révérend
père Jacques Nouet, à la Bibliothèque impé-
rial<>, Suppl. français, n** 3920. B. H.
ji9erUi$ement tur queiqua ierwtons priekét d Parit,
daitt les OBuvreê 4'Araaul4. L XXVll. . N. Desporles,
BW. du Ma*tu. " B. lUttréaa, UM. UUér. du Maine,
t. IV, p. IfT.
BTOUBT (NicolaS'Àntoine), astronome fran-
çais, né le 30 août 1740, à Pompey en Lorraine,
mort le 24 avril 181!^ à Chambéry. Après avoir
passé plusieurs années dans l'ordre de Cfteaux,
il vint habiter Paris, et fut admis en 1782 à TOb-
servatoire, où, sous la direction de Cas&ini, il
s'occupa assidûment de calculs astronomiques.
En 1784, il fut envoyé à Safait-Domingue pour
y dresser la carte des débouquements et de la
cote fkvnçaise. Lorsque la CkMivention donna à
l'Observatoire uneadministration nouvelle, il fut,
avec Pemy, Rnelle et Bouvard, un des profes-
seurs de cet éUblissement (1793). De 1795 à
1796, il fit snr le Rhin, puis dans les Alpes, une
campagne pénible, mais très-utile à la science :
SIS
aidé de l'ingénieur igéographe Cardinet, il forma
en Savoie de grands triaugics qui oompmaieit
tout l'espace renfermé entre Tbonon, Saint-Jeao
de Maurienne, le mont Blanc et le mont Colom-
bier. Choisi, en 1798, |K>ur faire partie de Teipé-
dition d'Éorpte, il commença, aussitèt qa*il fut
possible d'opérer, la triangulation qui dmit
servir de base à la carte de cette contrée, il mal
connue ; on lui avait adjoint dans ces difficiles
travaux Quenot et Méchain fils. 11 remonta le Ml
jusqu'à Syène, et détermina les longitudes et la-
titudes de trente-six villes ou liens remarquables,
malgré le climat, les dangers et les fatigues qni
accompagnent de semblables observations. D'a-
près les premiers résultats, un penhypotbétiqoes,
de ses calculs, il estimait la valeur du degré à
56,880 toises, le stade égyptien à 711 pieds, U
coudée égyptienne à 21 pouces 23 centièmes, le
stade grec à 487 pieds 543 millièmes, et la ooo-
dée grecque à 19,5017 pouces. De retour eo
France (1802), il continua d'être attaché ooffline
ingénieur au bureau à€ la guerre et reprit ses
travaux topographiques dans la Savoie. Nooet
mourut d'une altaque d*apoplexie, à Ctiambérj.
On a de lui : Exposé des résultats des obier-
valions astronomiques faites en Egypte de-
puis U l*' juillet 1798 jusqu'au ^août 1800,
impr. dans U Description de VÈgypU, t. V*\
— - plusieure Mémoires et Observations, dans
la Décade égyptienne (1799-1800), et dans U
Connaissance des temps, P- ^'
Lalande, Bilbtio^r, oâtronomique.
NOUGABBDB DE VAr ET {André' J^an-Sir
mon, baron), magistrat français, né à Montpel-
lier, le 20 septembre 1765, mort k Paris, le
20 août 1845. Issn d'une honorable famille do
Rouergue, il avait été depuis peu de temps nomne
conseiller è la cour des aides et finances de
Montpellier lorsque la révolution vint cbangef
sa carrière et lui faire quitter la toge pour l'<^
Il entra dans le génie, et y obtint le grade de lieu-
tenant; mais dès les premières années dueoD-
sulat il avait repris la magUtrature et fonplis-
sait les fonctions d'amliteur au conseil d'tiat.
Député au corps législatif par le département de
l'Hérault (20 août 1804), il y devint WesWi
questeur et membre de la commission de wgiS'
lation civile et criminelle. Il fut ensuite snce^
vement nommé conseiller à vie de l'unifersiK
de France ( 16 septembre 1808 ). baron (ï^JJ^
1809), président de chambre à la cour impenaie
de Paris (8 décembre 1810), et maître desre-
quéles (14 avril 1813). Réélu an corps 1^'
ttf (10 août 1810), il fut le rapporteur de»
commission changée de l'examen du qiiatn«Q«
livre du Code pâial. Son adhésion, le e afrii
1814, à la déchéance de Napoléon loi fit cou-
ver à peu près tous ses emplois par Louis XVIii-
Une ordonnance du 17 février 1815 le nomma
conseiller honoraire de l'université, n«« "
30 mare suivant nn décret impérial lui restiu»
le titre de consettler titulaire. U s«»nde tes-
NOUGARÊDE DE FAYET — KOUGARET
313
Uaration le reodit à la ¥Îe privée. On a de Nou*
g»rède : Traduction de VOrateur de Cicéron ;
Psris, 1787, iii-i2 (en société avec P. Dam);
— Essai iur Vhistoire de la puissance pa-
ternelle; Paris, 1801, in- 12; nooTelle édition,
aagroentée d'an Essai ittr la filiation légifime ,
Puis, 1814, in-8'*; — De la législation sur
le mariage et sur le divorce; Paris, 1802,
iD-80; — Histoire des lois sur le mariage et
sur le divorce depuis leur origine dans le
droit civil et coutumieff jusqu'à la fin du
dix-huitième siècle; Paris, 1803, 3 toI. in-8%
et 1816, in-8<*; — Jurisprudence du ma»
riagef conférée avec le droit romain, le droit
canonique et le droit français, antérieur au
Code civil, et aperçu du changement qu'elle
doit éprouver par Vabolition du divorce;
Paris, 1817, in-S®; — Histoire de la révolu-
tion qui renversa la république romaine et
qui amena Vètablissement de l'empire;
Paris, 1820, 2 ¥01. in-8* ; — Histoire du siè-
cle d'Auguste et de Vétablissement de ffm-
ptre romain ; Paris, 1840, in-8«. H. F— t.
lOUGAlÈDB DB FATBT (AugUStC), pu-
blidste fraoçais, fils du précédent, né à Paris,
le 6 a?ril 1811, mort à Montpellier, en avril
1853. Admis à l'École polytechnique, le 23 oc-
tobre 1831, il devint en mars 1852 député an
corps législatif pour lo département de l'A-
Tejron. On a de lui : Du Duel sous le rap-
port de la législation et des mceurs ; Paris,
1838, ln-8*; — De V Électricité dans ses
rapports avec la lumière, la chaleur -et la
constitution des corps; Paris, 1839, in-8«; —
Mions générales sur les sciences mathéma-
tiques et physiques; Paris, 1848, in-18; —
Essai sur la Constitution romaine et sur
les rioolutions qu'elle a éprouvées jusqu'à
l^étûblissement du despotisme militaire des
«ipcreurj; Paris, 1842, in-8'; — Des an-
ciens peuples de l'Europe et de leurs pre-
mières migrations; Paris, 1842, in-8^, a?ec
ttpt cartes; — De la Conquête et de Clovis;
1*43, in-s» ; — Des systèmes en histoire, et
itotamment du système émis par M. de Bâ-
tante dans la préface de son Histoire des
<)acsde Bourgogne; Paris, 1843, in-8*; — No-
tice sur la vie et les travaux de M. le
(mte Bi§ot de Préameneu; Paris, 1843,
io^. Mottgarède de Fayet était, par sa mère,
r<rtit-fils de cet ancien ministre des cultes, sous
•« premier empire; — Recherches historiques
^r le procès et la condamnation du duc
^'Enghien; Paris. 1844, 2 vol. in-8' ; — Let-
tres sur C Angleterre et la France; Paris,
1847-1848, 3 vol. in-8*'; — Essai sur les
*««*« mécaniques de la circulation du
w»9; 1842, 10.8"; — Des Hypothèses sur la
Imière et de- l'Êther; 1843, in-8«; — /Yon-
telles bases d'une théorie physique et chi-
mique. Constitution intime des Corps, réu-
n>o» en un même agent de l'électricité, de
314
la lumière et de la chaleur; Paris, 1848»
ia-fV^ ; ^ De la Constitution républicaine à
donner à la France et du danger d'une as-
semblée unique; Paris, 1848, in-S" ;-^ DusO'
dalisme et des associations entre ouvriers ;
1849, in-8®. Et quelques antres brochures poli-
tiques. H. F— T.
^Avr. (Inédite) d» i'Hérmttt, - Doçum. paHIcuUêrs,
ifOiJ6ABBT (Pierre- Jean-Baptiste), litté-
rateur et agent politique français, né à La Ro-
chelle, le 16 décembre 1742, mort à Paris, en
juin 1823. Il ne reçut qu'une éducation fort or-
dinaire, mais il était doué d'une mémoire pro-
digieuse; cette faculté naturelle explique la
grande quantité d'ouvragea en toi^s genres qu'il
a fait publier. Se trouvant à Toulouse chez nn
de ses parents, il débuta dès l'Age de dix-huit
ans dans la littérature en fisisant représenter sur
le théâtre de cette ville une petite comédie en
vers : L'incertain (Toofoose et Avignon, 1760,
in-8* ) , parodie de Zulica, imitée de L* Irrésolu
de De«touches, et qui eut du succès. £n 1763 il
vint à Paris, et publia un supplément à JLa Pu-
celle (de Voltaire ). Il fut emprisonné quelque
temps à l'occasion de cet écrit ; mais cela le mit
en vogue auprès des libraires, qui, exploitant sa
misère , lui firent, pour de très-médiocres som-
mes , composer tMm nombre d'obcénités. Quel-
que temps après Nougaret adressa à Voltaire
une héroïde : VOmbre de Calas le suicide
à sa famille et à son ami, dans les fers
(Amsterdam et Paris, 1765, in-8*). Le grand
critique accueillit favorablement cet hommage,
et encouragea l'auteur « à suivre une carrière
qu'il commençait si bien ». 11 n'en fallait pas
tant pour y déterminer le jeune Bocbellois;
mais il est probable que la bienveillance de
Voltaire a beaucoup contribué à faire inonder
la librairie parisienne des cent et quelques livres
que Nougaret a fait paraître durant sa longue
existence. Il avait déjà considérablement écrit,
et sans s'être enrichi, lorsque éclata la révolution.
Ce n'était plus la saison des pastorales ni des
romans erotiques. Nougaret le comprit, et fut
assez heureux pour obtenir une place dans les
bureaux de la commune de Paris. Nous disons
heureux,-CAT sa position lui permit de sauver la
vie à' plusieurs suspects. Il fut chargé de mis-
sions secrètes en province, et devint chef du bu-
reau de surveillance. Il dévoila quelques com-
plot» royalistes assez dangereux; cependant
Pache le congédia comme modéré. Depuis cette
époque il ne quitta plus la plume. Sa fécondité
fut surprenante; « mais, dit avec raison un
critique contemporain, si dauf ses innombrables
écrits Nougaret a déployé on certain esprit de
métier ou de vogue, la négligence de son style,
l'absence d'études et de pensées profondes , sa
malheureuse versatilité de principes, ses écarts
en ont fait un écrivain fort médiocre, souvent
dangereux et dont les oravres ne passeront pas
à la postérité/»» Quoi qu'il en soit, les ouvrages
1315
1I006ARET
3i$
«le Noitgaret •ni en presqoe tous piorienre édî-
tioas. Or cite de cet tnfatigible eompHateur: La
Mort de Vopéra comique , élégie pomr rire et
jmwr pêeurer ; ITin, iii-8^ ; — Apollon, poème ;
1791, m-%''; — La Berbère de» Alpes, pasf»-
rate; Lyoa, 1763, in-r'; «- Les ÉoHsses^ ba-
dioage; 1763 ; — £« Méchant démasqué; 1763 ;
— Lweette, ou les pwo§résâu Hbertmage; Ge-
•ève et Paria, 1763 ou 1765,3 val. te 16; suite,
f766, 3 vol. 11-16. Cet ouvrage a élé reproduit
«euB lea titica de La Pmffoanne perwerUê, eu
LesMœmm des gremdm «Utoi; Loodh^aeel Pi-
tîa, f777 et 1797, 4 vol. iu-ia; (oe roma» a
été «QofoBdu à tort avec le roBMm de Rétif de
de La Brelone) ; -* Suzette et Perrin; 1796,
a vol. in 13 ; ~ Les ikmffers de la eéâuctUm
€t lès femx'pci de ta beauté , ou aventures
^une viêiageoiee -et de son amant; 1799,
ia-6*^; — Juiietie, ou les malkeurs d*une
9ée coupabie; Parla. 1921, 3 toI. iii-12; ^ La
Capuctnade, hialoire aana vraisenfibiaBce ,
1765, ou 1762 iB-t2 : œ romaii Keeneiein va-
4ut à MD aulcor quelques nnois de Bastille ; néaa-
molM, il co 6t panritre me aoovelle édifloo, sous
«e titre : Àffentures gâtantes de Jérdwm, frère
eapmeèn; 1797, i0'19; — Lettre é*un ma»-
dkmt aupmblte (atlribuéeaoasi à llDgaret>;t76S»
i»-r2 ; — Les Passkms des d^fHrens â^es,
€u tableau des folies du siècle; UtrechI et
Pari», 1766, iii-8**; — Lettre à M. Poisènet
surlacomédlûdu Cerele;i7S,.„; -^ Ainsi oa
l^monde,ou les foOs péchés d'une marchande
de modes; Amsterdam et Paris, 1769, I77t,
1779, fSOl, ete., tn-t2: succès de seaodale; —
DeVArtdu Thédtre en général ;t79» (on iTesij,
2ToI. iD-t2;-. La Bibliothèque du Théâtre;
1769, 4 Tol. in-12; — Aes Mitle et une Folies,
«oBtes français ; Amsterdam et Paris, 177 1 , 4 Toi.
in-12 ; ^ Le Béton, 4* ebant ajouté à La Dun*
ciade ât PaNasot (Lyon 1771 ^, et <|oi amemi
eutre PaHssot et NougareC une vive querelle. —
Âlmanach/orain, ou les différents spectacles
des boulevards et des /êtres de Paris et des
principales villes de fEurope:l773-'i79», 8 vol.
m-24; — Les Caprices de la fortune , ou his-
totre du prince Mentiko/f, sahrie d'une tra-
gédie sur le néroe suict; i77$,in-9*; — Anec-
dotes du règne de Louis XVI, depuis 1774
jusqu'en avril 1776, ii»-l2; réimprimé es
1791,ea6vol. iB-12; — Anecdoctes des beaua>-
arts; 1776, 2 Toi. in-f8; 1761, 3 vol. in-8*
(anoRynte); — Les Astuces de Paris, anec-
dotes parisieniies; Londres et Paris, 1776, deux
parties, în-i2, réimprimées et continuées sous
difTérents titres j — Voyages intéressants dans
dijférentes colonies françaises, anglaises, etc.,
réfiigés d*après les manuscrits de M. Bourgeois;
1788, 2 vol. in-8*; — Les Dangers des cir-
constances, ou les nouvelles Liaisons dan-
gereuses; 1789, 4 vol. in-12 ; — ffistoire des
prisons de Paris et des départements, con-
tenant des mémoires rares et précieux pour ser-
vir à l'histoire de h révolotfott fraaçalae ; 1797,
4 vol. în-t2; — Voyage à la Guiane et è
Cagenne ; 1798. in-6* ; — if iieed^f es de Corn-
tantinople on du Bas-Empkre depuis le régne
de Constantin Jusqu*à la prise de Constan-
tinople par Mahomet ii; 1799, 5 vol. iB-12;
réimprimé sous le titre de Beautés de Vhistokre
du Bas^Bmpire; 1811 et 1814, in-12; — Con-
trat social des Répnbliquék, et Bssed sur les
abus religieux, politiques, civils ^ ete., parmi
toutes les nat^ns, et principalement en
France; 1800, in - 12 ;— J'ara//èie de la ré-
volution iT Angleterre en 1642 et de cette de
France, sulvî de Poésies satiriques relatives
à la révolution françaUe,d^Épigreunmes et
de Confef; 1801, in-g**; — çluels sont les
mègens les plus propres à extirper findigenee
du sol de la république? 1802 , Iii-18; —
L'Amant coupable sans le savoir; 1802, 2vol.
ltt-12; — Le Plaisir et P Illusion, ou mrm'irfs
et aventures de Volsange; 1802,2 vol in 13;
'^Les Mœurs du temps, ou mémoires de Ro-
salie de Tervttf; 1802, 4 vol. in- 12 ; -^ Les
Enfants abandonnés; 1803 et 1805; — His-
toire de la guerre civile en France et drs
malheurs qu*elle a occasionnés, depuis l'épo-
que de la formation des états généraux en
1189, jusqu'au 18 brumaire de Van F///(9do-
Tembre 1799), etc.; Paris, 1803, 3 vol. în-8*; —
Les i>esiinées de la France sous la 4« djrmu-
tie; 1806, io-8* ;— ffistoire du donjon et (ht
château de Vincennes; Paris, 1807, 3 vol.
in- 8" ; — Anecdotes militaires, anciennes et
modernes, de tous les peuples; 1808, 4 vol.
in-8'j — Beautés de f histoire d'Angleterre ;
1811, ln-12; — Les Enfants célèbres chez les
peuples anciens et modernes; Paris, 18(6,
1834, 2 vol. in-12, fig.; _ Les Beautés de
Chistoired^ Allemagne, etc., jusqu*au règne
de Joseph 11 ; Paris, 1812 et 1817, in-f2, avec
16 ftg.; — ffistoire abrégée de Russie; Paris,
1813, in-i2 ; <* Précis de V histoire des empe^
reurs romains, depuis Auguste jusqu'à la
translation de l'empire à Constantinople,é.t,\
Paris, 1813, tn-12; — Beautés de Vhistoin de
Pologne, depuis le sixième siècle jusque» et y
compris te règne de Stanislas- Auguste ; Paris,
1814 et 1817, fn-12; trad. en polonais; —
Beautés de l'histoire d'Espagne et de Por-
tugal; Paris, 1814, 10-12 ;— Les eis Foifes
de Buonaparte , g compris la dernière ^ qui
sauva la Fnmcv; Paris, 1815, in -8^; — Beau-
tés et Merveilles du Christianisme, offrant
ce qu'il y a de plus intéressant dans la vie des
Apôtres, des Pères du désert, des martyrs, àti
souverains pontiiies , depuis la naissance <ie Jé-
sus-Christ jusqu^à nos jours; Paris, 1816, 1820
et 1825, 2 vol. in-12 ; — Beautés de thistoire
des États-Unis de V Amérique septentrio-
nale, eic, jusqu'à la paix de 1815, avec des
détails sur les Indiens de ces vas (es contrées ;
Paris, I8l6et 1824, m-n,^ Beautés de Vhis-
817 NOUGARBT —
toind^Snèétf etc., 8iiî^e»d*iiiie ifis»^le» Jkit-
iar^e nir les viiies an$ém(iqu€9;. Faris,
Igl7, ÎB-tî; — Bemi^éi </« Fhiëtoire de S»-
die «< (rf« Aop/«, ele. ; P»rta, fil 8», m-fî; —
Jeoirj^ ite VhkiMrt de la Savoie, de ^
ff^tf, du Piémont, de la Sardaigne et de
Ginet, ete.; Paris, 1S18, m-12;Doavell« édît,
augmentée d'an Aperçu de la révohttien de
1821, aTeehoit pi.; Pari», 1821, in-tî; —
Betmx tnUts de dévouement y d'attathement
CMju^al^ de piété filiale, etc., gui ont eu
Iku pendant la réeolutton françaiee, jusqu'à
près le 18 rr«etidor(4 septerrfbre 1797), avee
la Diteours les pPus reta/arquablee pr^noft-
ces en diverses eirconsMneee, fes Pfaido^en
en faveur de Louis XVI y le Testament du
roi martyr, la Lettre de Marie- Antoinette à
Madame Elisabeth, et vn grand nombre d^a-
ntcdotes peu connues; Paris, 1819 et 18î8,
î toi. \n 12 , avec 8 pl.i — Beautés de TAis-
lûire de Paris, etc.; Paris, 1820, ÎH-H; —
Aventures les plus remarquables dea BÊOr
Tint, ou précis des nat^firage^ et des aeeidemts
snrnter les pius extraordinaires, depuis te
quinzième siècle fwsqu'é n5s jours ; Paris,
1820, ■i-!2,ai!ee 4 pt.; — Le naynal de la
jeunesse, ou précis de V histoire in téretsan te de
l'Hablissement des Européens dans les devx
Inde$,acec la description des principales pro-
dvtUfïns du Ntntveau monde, etc.; Paris, 192*1,
in* 12, arec 6 gravares; — Beautés de this-
taire de Prusse, etc., et des diverses contrées
qui fimnent la monarchie prussienne, etc.;
Paris, itn, in-i2 ; — Beautés de rkistoire
eu règne des Bourbons , et Sentiments de
vertu et de bienfaisance de cette auguste
énnastie, avec les pri ndpaux faits concernant
tous les rois qui ont occupé le trône de France,
ourragê destiné à former te cœur de lajeu-
9eue; Paris, 1822, in- 12 , tig; — Beautés de
fkistcire ecclésiastique ^ etc.; Paris, 1822,
i&l2, avec 10 pi. ; ^ Beautés de Vhistoire
(T Egypte ancienne et moderne,t\c, Noogaret
^été réditetir^s Contes et Poésies erotiques
^ Vergier, dégagés des longoeurs qui les défigu-
niat, corrigés et mis djuis nn meiUear ordre,
.^?is d'un choix de ses Chansons bachiques
ft gcdanteSf et des plus jolis Contes de 6. de
La Monnojre ; Paris, 1801, 2 vol. in-18. On a
tarent confondu quelques ouvrages de J.-B.
•^ongaret avec ceux de Félix Npgaret ( voffi ce
nom ). , E. D— §.
f'tXonUeur universel , ann. 179S. n« 147 ^aa T,n* ffTi.
- Erscli et Quérard, La France littéraire. — Plgoreaa,
^((K« Biographie romatu-Ure. — Mahiil , Annuaire
*^troloçifue, anu. SSfS. — Journal de tu IMfrairie^
^in. - Ralngoct, BiographU} Saintongeaite. — Bar-
^r,OM des anonf/met. — Biographie moderne {iSW).
^Cekrie hi$t9rigm» des dontemporaim (laiT).
NOUR DJIHAN
9r8
(François), Wstorien français,
>é en 1625, à Avignon , oh il est mort. Après
être entré dans les ordres, il accompagna Henri
de Suarès à Rome, et obiint à son retour on des
bénéfiees de ta cathédrale d'Avignon. V a laissé
une Histoire chronologique de Féglise, éves"
ques et arehevesques d'Asignon (Avignon,
1600, in-4*), qu'il dédia i là vierge Hiarie. Cet
ounay, eiiireîpris à h solKcitation de F.-D. de
Marinf, prélat qui siégeait de sok temps, est
une compilation écrite avec simpRcîté, mais dé-
pourvue de toute critique. P.
BarJaTel, OfoCAisf du raveUue.
ROiTLLBAir ( Jean-Baptiste), écrivafn ascé-
tique français, né le 24 juin 1604, à Saint- Brieuc,
oà fl est mort, en 1672. Issu d'une fauiflle
de robe, il fit ses études à Rennes et â Mantes,
et entra k Page de vingt ans dans la congréga-
tion de roratoire. Il prit possession en 1639 de
Farchidfanoné de Saiift-Brieoc et en 1640 de la
théotogale, quH conserva jusque sa mort. Ce-
lait un homme pieux , savant et de mœurs aus-
tères, un vrai modèle de pénitence, mais d'un
caractère ardent et inqufct, emporté* par un zèle
réformateur que n'arrêtait aucune considération.
Il rendK à M. de Yillazel, son évèque, des ser-
vices réels dans les missions de la Bretagne^
maÎ9 if ne trouva pas dans son successeur,
M. de La Barde,, un protecteur aussi Wenveil-
tant. A ift requête 'en ehaaceller Booeliefift, it
Ait interdit de In prédicaHou, et sppela'ett vain de
cette sentence. If se mil alars à pi êcher dans les
eafrefoora et sur les diemins. Exclu en 1654 des
feacUoBS eeelésiastîqnes dans ses diocèse, H
se retim dÉns un lieu sauvage, et cierça sur son
corps, die tongues macérations. Le jeAne presque
centimi , la fatigue et les austérftés excessives
atirégèrent ses jours. Neulleao a iseniposé sur h
morale, la tbéologîe et la réferae du elergé un
grand nombre d'teîts^ dent iea prfncipaoi sont :
Conjuratkm csmtre tes blasphémateurs ; Pa-
ria, 1845, ln-4*; — Pratiques de Voraison;
Salot-Brieuc, 1645; --V Esprit du christia-
nisme, tiré de cent paroles choisies de Jésus-
CAr«if;Pariii, N64 ; — LTfdée du iraiekrétien ;
Paris, 168'*; — Politique chrétienne dans les
exercices de piété de monseigneur te Dioii-
phin;. Paris, f865, iB-f>; -* De qratia Bd et
Ckristi; Paris, 166&, in 4''; — Û Amiable
composition des différends du temps, où il
maltraite les partisans d'Araauld et de Jansenius;
— Yelitationes contra Amedeum Gueme-
nseum, doacam, sterquilinium, lalrinam ea*
suistarum; 1666, iB-4'*; — Diverses pièees
tatines et françaises sur les libertés de VÉ-
glise gallicane; 1666, in-4^ P. L.
Le LoNis. BM. hist, de la Pranee. — Prller, met. hist,
HOfTB lUtBAfi OU HOOB MAHAL, impéra-
trice mogoie dellnde, née en Tkirtarie,en 1595,
morle à Lahore, en 1645. Elle était Irtle d'un offi-
cier tartare qui était parvenu jusqu'à la charge
de grand trésorier de l*eii»pereur Akhbar. D'a-
bord maîtresse de l'empereur Djiliaoghyr, elle
fut élevée au rang de sultane, en 161 1 , et prit sur
son époux on ascendant dont elle ne IH us^ge
que pour le bonheur de ses sujets. Son pouvoir
819
NOUR DJIHAN — NOUR ED DIN
320
était tel que son nom et le litre de pddichak (im-
pératrice ) furent ajoutés sur les monnaies à ce-
lui de l'empereur, qui, à son honneur, érigea de
magnifiques palais et d'autres constructions dans
les deux capitales, Agra et Delhi. Après la mort
de Djihanghyr, elle Tut reléguée à Lahore, où
elle passa le reste de ses jours. On lui attribue
la découverte de l'essence de roses%
L'Inde. û»n» VUniven pittore«fltt«.
NOUB BD DIS ( Ahmied)^ géographe arabe. On
ne sait rien de sa vie, si ce n*est qu'il était doc-
teur charéite, et fils de Hassan Ali Zenbel Al-
moali. Le manuscrit de la bibliothèque bod-
leyeone» coté 892, contient un grand ouTrage
géographique de sa composition, dirisé en dix
livres, et intitulé : Présent offert aux rois.
L'auteur traite de la terre, de ses dirisions, des
différents pays du monde, avec leur faune et
leur Uore, des religidtas, etc. H R.
M. Relniad, Introdmctkm à la trad. d* AUmlfida, •
1I017B BD DIX MAHMOUD ( mt\k ti Àdel),
sultan de Syrie et d'Egypte, de la dynastie des
Atabecks Zengbides , né le 21 février lil6 de
J.-C, à Damas, où il mourut, le 15 mai 1174.
Fils d'Omad ed Din Zenghi (qui, du pays de
Mossoul, dont il était le gouTemeur, se rendit
prince indépendant à force de talent et de ▼!&-
toires sur les chrétiens , et étendit son pouvoir
Jusqu'à Hems, Hamahet Alep), il luisuccéda, le
25 septembre 1145, et hûssa son frère aîné, Séif
edDIn Ghazy, régner paisiblement à Mossoul,
tandis que lui , prêt à continuer rœuvre pater-
nelle pour augmenter son héritage, s'établissait
k Alep, où il se trouvait plus rapproché des fron-
tières de ses perpétuels ennemis. Doué de toutes
les qualités de son père, jointes encore à une
plus haute intelligence de l'antagonisme de l'O-
rient contre l'Occident, Nour ed Din avait fait
ses premières armes au siège d'Edesse. Profitant
de quelques troubl^ causés dans le pays par
l'assassinat d'Omad ed Din Zenghi , ' Joaselin »
comte d'Edesse, qui depuis la perte de sa capitale,
qu'il n'avait pas même tenté de défendre, rési-
dait à Tell-Bascher, réussit à la reprendre, grâce
à la faible garnison turque qu'on y avait laissée,
et grAce aussi à l'aide des habitants, qui lui ten-
dirent des échelles pour escalader les remparts
pendant la nuit. A cette nouvelle, Kour ed Din
partit d'Alep, et arriva subitement 80us les murs
d'Edesse, qu'il investit de toutes parts. Les chré-
tienity ne se croyant pas de force à lutter contre
un pareil adversaire, résolurent de sortir de la
ville et de se frayer un passage par le fer en
cherchant à enfoncer les bataillons ennemis.
Cette résolution désespérée leur parut préférable
aux horreurs d'un siège, mais elle fut pour eux la
cause d'une déroute complète. Les deux partis
en vinrent aux mains à l'une des portes même
de la ville , et les chrétiens, à la fois presiiés par
les soldats de Nour ed Din et par la garnison que
Josselin n'avait pu débusquer de la citadelle ^
furent égorgés en masse , poursuivis dans dif-
férentes directions, et presque tous extermroés,
à l'exception d'un millier environ, qui parent at-
teindre Samosate. Indigné de la conduite des
habitants à son égard , Nour ed Dia abattit les
remparts et les tours d'Edesst*, détruisit sa
citadelle, et incendia les églises.
La prise d'Edesse remplit d'effroi toute la chré-
tienté, et ce fut surtout dlms le but de l'arracher
aux musulmans que saint Bernard prêcha la se-
conde croisade, qui eut ponr chefs prindpaui
Louis Vif, roi de France, et Conrad III, empe-
reur d'Allemagne. Les croisés menaçaient la
puissance de Noor ed Din, et avaient rois le siège
devant Damas ; il se réconcilie alors avec Séi
ed Din, son frère, et tous deux, à la tète d'une
nombreuse armée, parviennent k faire abandon-
ner au bout de qpelques jours une entreprise
dont les préparatifs avaient occupé l'Europe et
l'Asie. ^Peu après la levée du si^e de Damas,
Nour ed Din s'empara de plusieurs places im-
portantes de la principauté d'Antioche, et con-
duit par ta fortune de ses armes jusqu'aux ri-
vages de la mer, qu'il n'avait jamais vue , il se
baigna dans ses flots , comme pour en prendre
possession. En 1148, il rasa le château d'Arima,
dans le comté de Tripoli, puis, ayant snrpria une
troupe de Francs à Yagra, il en massacra un
bon nombre, fit le reste prisonnier, et envoya de»
captifs et une part du butin en présent à son
frère le sultan de Mossoul, au khalife de Bagdad,
et au sultan seldjoukide. C'était là moins un
hommage qu'il voulait rendre qu'une preuve de
ses exploits qu'il voulait donner. Du comté Je
Tripolf , il passa sur le territoire d'Antiodie. Le
château de Harem couvrait la frontière de cette
principauté du côté d'Alep. Nour ed Din l'atta-
qua, et mit les environs à feu et à sang. Il se
tourna ensuite vers la place d'Anab, à l'autre
extrémité de la frontière fraoque. Raymond,
prince d'Antioche , courut alors au secours de
cette forteresse, mais dès qu'il eut joint son rival
redoutable, il fut battu par lui et tué dans on
lieu appelé la Fontaine-Murée, situé entre Apaméc
et Rugia (29 juin 1149). Pour mettre le comble
à sa gloire et pour célébrer une victoire signalée
par la mort de celui qu'il regardait comme le
plus terrible ennemi des musulmans, Nour ed Din
envoya la tète et le bras droit de Raymond au
khalife de Bagdad. Voyant la principauté d'An-
tioche presque laissée à » merci, il la parcourut
livrant aux flammes tout ce qui lui tombait soos
sa main De 1 149 à 1 lôl, il rasa ou prit toutes les
places chrétiennes de la Syrie septentrionale, et sa
puissance une fois consolidée dans la Syrie Liban!-
que, il commença de jeter les yeux sur l'Egypte,
où les khalifes fathimites, à l'exemple des kha-
lifes abassides n'étaient plus que des espèces de
grands prêtres sans action politique, sans au-
torité matérielle sur leur empire, et laissaient en
leur nom gouverner d'ambitieux vixirs, qui ne
reculaient devant aucun moyen pour accroître
leurs richesses et satisfaire leurs passions. Mais
ut
NOUR ED DIN
Z29
poor devenir maître de l'Egypte, U Ini fallait Da-
mas. Celte Tille» gouTemée par un simple émir
iodépendaiit, Modjir ed Din Abek , soaa la ré-
geDce d'Anar, qui devint bean - père de Nour
«d Dio, ne pourait, dans sa position ambiguë,
prendre une part active dans la grande lutte contre
les chrétiens^ et devenait ainsi an embarras pour
leTaleareoi promoteur de la guerre sainte. Da-
mas était d'ailleurs ja grande route d'Egypte, c'é-
tait Tareenal ftitnr que rêvait le sultan d'Alep;
il employa donc toute son habileté à enlever
^« partisans au maître impuissant de Damas, et
à force de finesse et de persévérance il fut aassi
vûoqDeor dans cette guerre d'intrigues. Quand
il rat isolé son rival, quand il se fut fait désirer
par presque tous les habitants de Damas, il jeta
iemasqae, et marcha sur la ville à la tête de
toQtes ses troupes. Modjir ed Din s'adressa aux
1 raocs poor implorer leur secours , et cetlf
faute détermina sa chute. Nour ed Din , plus
pnxnpt que les Francs, arriva devant Damas
avant eux, y entra en triomphe, et les chré-
tiens n'eurent plus qu'à rebrousser chemin,
tandis qae Témir se réfugiait à Bagdad. Ces
«Ténements se passaient en 551 de l'hégire, ou
1156 de J.-C. D^ Tannée suivante Nour ed Din
allait mettre à exécution ses grands projets,
<'e$t-à-dire la domination de l'Egypte et l'ex-
tiodion des colonies franques, lorsqu'un épou-
vaotatde tremblement de terre ébranla la Syrie
toot entière. Les fortifications d'Antioche, de
Tripoli, de Schizovr, de. Hamah , d'Hems » fu-
rent tKMilefersées , plusieurs citadelles croulè-
rent; presque toutes les villes se ressentirent du
^^re. Nour ed Din dut se hâter de réparer
1» malheurs de son pays, de relever ses forte-
resses, d'entourer ses places de nouvelles mu-
railles. II parvint aussi à s'emparer de Schizour
€t de Baalbeck. Une maladie dont il fut atlaqué
^1169 releva cependant le courage des princes
chrétiens, qui reconquirent sur lui Césarée et
HaraiD, et décida autour de lui quelques conspi-
rations. Miran Naser ed Din, son frère, vint mettre
l« aége devant le château d'Alep , et Chyrkouh,
HooTerneur d'Hémèse , oncle du célèbre Salah
^ Din , essaya de s*emparer de Damas , centa-
tije dont le détourna prudemment son frère
M\m ed Din Ayoob. Dès que la santé le lui
Permit, Moor ed Din recommença la campagne
<'^}Q(re les chrétiens; mais Baudouin III, roi de Je-
^>'4lem , le battit complètement près du lac de
<i<^nésarelh. Dans celte alTaire, Nour ed Din
'■^i^it tous ses bagages , et fut sur le point d'être
i'T'^dans sa tente, dont il eut tout juste le temps
^^M)rtiràdemi vêtu. Il ne put rallier ses troupes
'1°'^ quatre lieues de là , et appelant à son se-
«oors des renforts de toutes espèces, il parvint,
P^rla fierté de son attitude, à empêcher les
francs d'attaquer Hémèse, et refusa même
<)«ites leurs offres de trêve. La liberté qu'il
''«nna en même temps à plua dé six mille pri-
^«wiers , la plupart Français ou Allemands , dé-
WiCV. BIOGR. CÉKéR. — T. IXXVUI.
bris de la seconde croisade, Ini rendit favorable
l'emiiereur Manuel Comnëne, et ce prince en
recevant ces captifs s'éloigna d'Alep, dont il
venait de commencer le siège. Une' fois ce péril
conjuré, Mour ed Din attaqua avec des forces
considérables le sultan d'Iconium, à qui il en-
leva plusieurs villes^ nais pendant son absence
Baudouin III exerça les plus grands ravages dans
le royaume de Damas. Il s'en vengea en faisant
prisonnier en 1 163 Renaud de Châtillon, qui avait
dévasté le comté d'Édesse, et le retint captif à
Alep pendant seize ans.
Les choses allaient cependant de mal en pis
en Egypte, et cette situation de plus en plus dif-
ficile décida Nour ed Din à en tirer parti. Plu-
sieurs émirs , devenus forts par la faiblesse du
khalifatfathimite, se disputaient la prépondérance
avec plus d'ardeur que jamais. Ils combattaient
sans cesse, et par tous les moyens, la puissance
du vizir en titre. Chaver, qui au milieu de ces
révolutions s'était élevé de l'humble condition
d'esclave à ce dernier poste, avait été vaincu
et remplacé [)ar Dargham , un des principaux
officiers de la milice égyptienne. Obligé de fuir,
il alla chercher un asile à Damas , sollicita les
secours de Nour ed Dio, et lui promit des tributs
considérables si ce prince lui fournissait des
troupes pour protéger son retour en Egypte. Le
sultan de Damas se rendit aux prières de Chaver.
L'armée qu'il résolut d'envoyer sur les rives du
Nil eut pour chef Chyrkouh, gouverneur d'Hé-
mèse, qui s'étant toujours montré dur et fa-
rouche dans ses expéditions militaires devait
être sans pitié pour les vaincus et mettre à
profit pour la fortune de son maître les malheurs
d'une guerre civile. Chyrkouh, après avoir ré-
tabli Chaver dans sa dignité, et assuré son
triomphe, mit chaque jour un prix plus excessif
à ses services , et força ce dernier à placer son
espoir dans les chrétiens poor conjurer les me-
naces qui lui étaient faites. Assiégé dans Bil-
béis, il fut contraint d'en sortir, pendant que,
de son côté, son maître, Nour ed Din, d'abord
vaincu sur le territoire de Tripoli, fondait sur
celui d'Antioche , reprenait la forteresse d'Haram
et livrait près de ce lieu aux chrétiens une grande
bataille, où Raymond, comte de Tripoli, et Bohé-
mond III, prince d'Antioche, restèrent ses pri-
sonniers. A la suite de cette victoire, les musul-
mans s'emparèrent de Panéaa et firent plusieurs
incursions dans la Palestine. Tous ces revers
des chrétiens donnaient à Nour ed Din la faci-
lité de suivre sans péril ses entreprises contre
l'Égvpte. Chyrkouh avait reconnu la richesse de
ce pays et la faiblesse de sou gouvernement. De
retour à Damas , il n*eut pas de peine à faire
adopter au sultan le projet de réunir cette riche
contrée à son empire. Nour ed Din envoya des
ambassadeurs à Bagdad, non point pour de-
mander des secours au khalife, mais pour donner
un motif religieux à son entreprise (1165). Le
khalife ^6 Bagdad, à qui ses prédécesseurs avaient
11
323
JVOUR ED DIN -. JVOURRIT
m
légpé une baine implacable contre le khalife d'E-
gypte» parce que chacun d'eux prétendait au
titre de vicaire du proptiète, n'hésita point à ee
i«ndre. aux \œux de Nour ed Din, et, cédant à
Tambition de préaider seul à la religion mu-
giilmane, chargea les imans de prôcher la guerre
sainte contre les fathimites. Chyrkouh» à la tête
d'une puissante armée, traversa le désert pour
se rendre en Egypte ^ nais une effroyable tem-
pête lui fit perdre on grand nombre de ses sol-
dats. Ce qui lui restait suffit cependant pour
jeter reffroi dans toutes les villes de TÉgypte,
et détermina Chaver à promettre aux chrétiens
d'immenses ridiesses s'ils consentaient à venir
à son secours. Amaury, roi de Jérusalem, arriva
alors en tgypte» et livra bataille à Chyrkouh, qui
fut vaincu près du Caire et contraint de battre
en retraite (U67). Le général de IVour ed Din
reprit bientôt après sa revanche, et fit arborer
ses drapeaux sur les tours du Caire en 1 169, et
le vizir Chaver paya de sa vie les maux qu'il
avait attiràs sur son pays. Son autorité devint
le partage de Ghyrkouh, qui deux mois après
mourut àufaitement et fut remplacé par son ne-
veu Salah ed Din, le fameux Saladin, qui -alors
n'avait point encore de renommée, mais dont le
nom devait un jour occuper l'Orient et l'Occident.
Noos ne raconterons pas les pliases diverses de
la révolution qui mit fin à la dynastie des Fa-
thimites (voy* SkhKwn), nous dirons seulement
que 2<iour ed Din, secondé par le jeune vizir, fit
reconnaître seul et légitime khalife Mostadhî
l'Abbasside, dont le siège était à Bagdad. Ce kha-
life, en récompense de ce grand service, le
combla d'honneurs et de titres, en sorte que le
nom de Nour ed Din fut préconisé dans les mos-
quées, non-seulement dans la Syrie et dans l'E-
gypte, mais encore dans toute l'Arabie, avec ce-
lui do khalife et jusque dans les villes de La
Mekke et de Médtne. Cependant Salah ed Din,
craignant qu'après avoir abattu les chrétiens,
Mour ed Din ne voulût l'abattre lui-mêmn , mé-
nagea les ennemis de l'Ulamisme ; cette conduite,
qui cachait de plus ambitieux projets, indigna
le sultan de Syrie, qui, dans sa colère, manifesta
riotention d'aller renverser son lieutenant. Or-
donnant alors des levées considérables de troupes
dans la Mésopotamie pour laisser des garnisons
dans les places de Syrie, il se disposait h entrer
en É^pte, lorsqu'il mourut,d'oneesquînancie, à
l'ftge de cjnquantehuît ans, après en avoir régné
vingt-neuf. Son fils, âgé de onze ans, lui succéda ;
il s'appelait Ismael, et fut surnommé Al Malek
ai Saieh ; mais Salah ed Din lui enleva le royaume
de Damas, et Ismael mourut tout jeune , sans
pouvoir même assurer le trône d'Alep aux princes
de sa famille.
Le sultan Nour ed Din est une des plus
grandes figures de l'histoire des musulmans.
Élevé par des guerriers qni avaient juré de ver-
ser leur sang pour la cause du prophète, il rap-
pela l'austère simplicité des premiers khalifes.
« Il unissait, dit un poète arabe* rhéroisme le
plus noble à la plus profonde humilité. Qu«Dd il
priait dans le temple, ses si:gels croyaieot voir
un aanotuaire dans un autre sanctuaire. > D
encourageait les .sciences, cultivait les lettres,
et s'appliquait à tîaire fleurir la justice dans ta
Élats. Ses peuples admiraient sa démenoi et
sa modération; les chrétiens eux-mêmes ran-
taient son courage et son héroïsme profane. Goii-
laume de Tyr loue sa prudence, sa justice si «a
bonne foi. Religieux observateur du Coraivloia
d'imiter le faste des potentats de l'Orient, il bu-
nisaait de ses vêtements Tor, l'argent et la soie,
ne tmvait point de vin et ne souffrait pas qu'oo
en vendit dans ses États. A l'exempie de soo
père Zenghi, il devint l'idole des ffierriers par
ses libéralités et surtout par son zèle à combattre
les ennemis de l'islamisme. Au milieu des arméfs
qu'il avait formées lui-même, et qui le respec-
taient comme le vengeur du prophète, il contint
l'ambition des émirs et répandit la terreur parmi
ses rivaux. Faite' au nom de Mahomet, chaque
conquête ajoutait à sa renommée co(nroe à sa
puissance ; de toutes parts, les peuples, eatratoes
par le zèle de la religion et par l'asceodant de
la victoire, se précipitèrent au-devant de son aa-
torité. Enfin, l'Orient trembla devant lui; et le
despotisme, se relevant au milieu des mirn^
musulmanes avec la confiance et la crainte qu'il
inspire tour à tour à ses esclaves, fut rendu aos
disciples de l'Islamisme, qui semblaient Timplo-
rer comme un moyen de salut. Dès lors toutes
les passions et tous les efforts des peuples dr
la Syrie furent dirigés vers un même objet, le
triomphe du Coran et la destruction des colonies
chrétiennes. La politique de Nonr ed Din n'a pas
changé dans ce pays. H. Fisqcet.
Gnilliune de Tjr, HUt. deg eroHadet. - Mtchaoi
HUL dés crattades. t. II. — D'Herbelot, BMMk or^
talé, f. IV. - Hetnaud, ExtnUli tfn hiMortmfrtèa
reiati/H mêx fuerm des eraitadai, • Sgri* H Bnr*^
dans VVntrnn piitor.
NOURBiT ( Louis ), acteur lyrique français,
né à Montpellier, le 4 aoAt 1780, mort à Paris,
le 23 septembre 1831. Admis d'abord oonime
enftnt de cliœur à la cathédrale de sa ville na-
tale, il se fit bientôt remarquer par la beauté
de sa voix , et recueillit des applaudissements
dans les concerts de l'Atliénée deMontpellieriOii»
quoique bien jeune encore , il se fit plusieurs
fois entendre. Le maire de Montpellier, M. Gra-
nier, amateur éclairé et enthousiaste des beauv
arts, signala au comte Chaptal, alors ministre
de llnterieur, les dispositions peu ocdioalresdu
jeune chanteur, qui, sur les propositk>08 qui lo*
furent faites , se décida à venir à Paris pour y
compléter son éducation musicale. Méhal ayant
remarqué sa belle voix de ténor, le fit entrer
au Conservatoire le 20 mai t802. Confié au\
soins de Guichard , il devint ensuite un ^
meilleurs élèves de Garât, et le S mars iSOSil
débuta à l'Opéra par le rôle de Beoaiid , dans
VArmide de Gluck. Le succès qu'il obtint lui
us
NOURRIT
ohit iiBQiMMenMBt un eng^eaiait po«r te»
conèer Laaei «bas md emploi. La iralctiMr de
n Y«h, Ift pardé de sa méthade ne tardèreat
pas à laiasaBrer tans les sufrnfjea. G^étaitcbose
MawUt à fOpén qat cetCe manière lai^ el
cénacle, m Tesaenibianl eo rien aux cris ds»-
ankqaas de Laines , H wannnyiaf une «égéné»
niiso de Tart dnciMart, «pii ne devail aqwadaot
tteooiapiir que ripgt ans irtas tanL Biais an lai
Kfirocbait de nHBfaer quelquefois de chalcw
dans les silnalians fMilkétk|nes. Afcès la ntraite
et LiiasB, en 1811, Bioarrit devIoC chef <le IVm-
|4otds Maor, qn^fiarlagea enaaitoaTec Lavigoe,
clqu*!! aqirit aeoi en 1817. Les fôieB dans le»-
qaelsU a eu le pins de sneeès aanC ceux de Re-
saud dans Armiâe^ d'ùrpàée^ derEanoque
àa» Im €armfm»êf de Oalfn dans £c Depin
iu vUiage, de Lidains dtoas £0 Faatate, de
Denaly dans Les Bmfadères^ et d'Aladîn dans
U Lampe WkerveiUeuee, Jusq«*à fëyaqae de
sa relnite, en 18X, Naorrit conserva le tiiabre
par ^ ajngentin de son organe. Après avetr ob-
tean la peasian , qa*il avait gagnée par vingt-sii
aioées de aerviaeSy U se retira dans «ne maisan
àe campagne qaH possédait à quelques Henes
<fe Paris, renonçant à san art ainsi qu'au com-
nercede diaaaanftsaaqnel il s'était livré pendant
le cours de aa carrière théâtrale. II manrat à
rigede ciaqaaate et ou ans, laissaait deux IHs,
doat Kalné lut Tobiel de rarticle suivant
D. I>CZI!IB*BAmON.
Célêrié ôio^tvi^AigM de$ artUtn drmmaUqvm
ia ihéàtnt totaux t l*arls. late. - FéUs, Ihogr. Mirfn.
«' HvUeien». * CastllRIate, V Académie impériaU
fcnnifMB, hUtà*rm iméra^r» mwieafe, etc.
■•vuiT ( Adelphe }, célèbre ehsatenr fno-
Ç^i fils aîné àa précédent, né à Montpellier
(Hérault), le 3 mars 1802, mort à Naples, le
Inars 1839. Amené k Paris par ses parents,
ii Tut piseé an collège de Sainte* Barlie, d'où il
sortit, à Page de dix^sept ans, après y avoir
^Bamé aes études avec succès. Son père,
^ le destinait aa oonmeroe , le fit entrer alors
^ ia maison de MM. Mathaas frères, aég».
<iurts comniisaiennaires , à Paris. Adalphe
^^*vrit resta daoa cette maisan josqa*è la Im de
^>8, et entre aasaite dans les bureaux d>in6
^Mirçnie d'aaaurances. Tout en rempliaaantses
^oin avec exactitude , il ne se sentait aaeune
<^saltion pour la carrière qu*on voulait loi
^ embraaeer. Il avait oomniencé l*étude de
iamuiqne étant au coUéfçe. La joste célébrité
^ Mo père y les fréquentes occasions d'entendre
b chefs^aBiiTre de notre scène lyrique, ren^
P^WMient son Aaaa d'an enHiousiasme qui dé-
^ bieatdt de aa vocatloo. Comme robatination
^ tt (amille à l*âoigner du théêtie paiaisaait
^IJiacible^ fil s'adressa d'abard à on vleax psa-
j^tçar de chant, qui consenUt à lui donner des
'C'ÇOBs en secret. La rapidité de aes progrès
>7aat néeeidité un mailve plus habile, dont les
^||ueils pussent le diriger avec sécurité vers le
^ qa*il se proposait d'atteindre , il aUa trouver
Garcia, alors premier téaer du Hiéàtre-ltalien,
et se confia à hii. Bien que Garcm , qui était un
ancien ami de Nourrit, éprouvât quelque scru-
pule à contrarier les vues da père, l'ardeur eC
la persévérance du lils finirent par le déterminer
k accéder aux Tseux de celui-ci. Il lui donna
des leçons, et kirsque, par des exercices ha-
bilement gradués , il eut conduit sa belle voix
de ténor è an point où son développement j»
pouvait plus s'accroître que par le tempe et
l'expérience, il «voua au père de son élève œ
qoll amnt fait. Vaincu par les soNkitations de scn
fils , 9aufrit consentit è préparer kri-mème son
entrée dans la earrière théâtrale ; B lui fit donner
des leçons de déclamalîaa lyrique par Baptiste
alaé , acteur du Théfttre-Françals et profcssear
aa Oaoservatoire , et le 10 septembre 1821,
Adolphe nourrit débuta à l'Opéra par le réle de
Pyhde, dues Viphigénie en Taurktê, da
Gfawk. Il n'avait pas encore atteint sa riag-
tiènie année. La beauté de sa voix , son intelli-
gence de la scène , sa diction chaleureuse , lui
valurent d^unanfmes applaudissements. Un em-
bonpoint pi*éoaoe, les traits de son visage, sa
taille, sa démarche, sae organe, hir donnaient
une telle ressemblance avec son père qu'on les
prenait facilement l'un pour l'autre. Cette par-
faite ressemblance fit plus tard naître lldée de
l'opéra des Deux Smlem , qui fet représenté en
1824, et dans lequel le père et le fifo, paraiasant
ensemble sur la scène , pieduisiFent l'illusiota
la plus complète. Après Iphigénie en Tauride ,
Adolphe Nourrit avait continué ses débuts dans
leâ Buffadéres^ Orokée, Àrméde. Les rtHes
qu'il remplit snocesnvement dans ces ouvrage
À dans un grand nombre d'autres, tels qu'Œdipe
à Colimne, la VestaU, la Ator/ dtAbel^ Ut
Dane&des, Tarare, Pemand Cortez, ^/adia,
ou lu lampe mervMUeuse , Le Devin du vil'
lace. Le Bostifnol, furent pour lui roccasion
de nouveaux succès, et montrèrent tour à tour,
dans des genres aussi divers qu'oppoaés, la va-
riété d'an talent plein de charme et de goftt dans
la nanièie de phraser, de sensibilité et d'é-
nergie dans l'expresaion des sentiments drama-
tiques. Il possédait toutes les qualités qui font
le grand acteur de la scène lyrique française;
mais, magré les efforts de Garda, il hii man-
quait encore cette flexibilité d'oiigane Indispen-
sable à un chanteur pour l'interprétation des
ouvrages de Técole italienne. Le Siège de Cth
rintfii, de Hosainl, et les aiitres opéras de ce
maître, représentés à l'Académie royale de mu-
sique, exigeaient qu'un premier ténor possédât
le mécanisme d'une Tocalfsation hSgère. Adolptie
Nourrit ne recula pas devant ces difficultés, et
de nouvelles éludes le conduisirent premptement
à des résultats qnll n'espérait peut-être pas tal-
même.
Aprè« la retraite de son père , en 1826. Adetphe
Nourrit resta seul en possession de rempUoi #8
premier ténor. Le talent de l'artiste prit ahnv
11.
3S7
N0t3RKlT
328
un nouvel essor. Pendant les dix années sui-
Tantes, qui constituent une des plus remarqua-
bles périodes de l'histoire de Topera moderne,
parurent successivement au théâtre Moïse , La
Muette de Portici, Le comte Ory, Guillaume
Tell, Le Philtre, Robert le Diable, La Juive,
Lei huguenoti. Nourrit créa les principaux
rôles de ces chefs-d'œuvre de Rosstni , d'Auber,
d'flalevy et de Meyerbeer. La difTérence de
genre, la variété du style, lui offraient plus
d'un écueil. Il surmonta toutes les difficultés.
Sa rare intelligence lui faillit saisir avec rapi-
dité toutes les nuances et donner à chaque rivie
le véritable caractère dramatique, qui lui con-
Tenait. Les opéras de Robert le JHable et des
Huguenots, avec leurs gigantesques propor-
tions et leur formidable instrumentation, avaient
été pour lui la plus rude épreuve qu'un chan-
teur eût à subir. L'adresse avec laquelle il se
servait de la voix de tète, la puissance qu'il don-
nait aux sons de ce registre lui permettaient
d'interpréter ces admirables productions du
génie de Meyerbeer, avec moins de fatigue que
s'il eût fait constamment usage de la voix de
poitrine. Son dévouement à son art lui donnait
d'ailleurs les forces nécessaires pour soutenir une
pareille lutte.
Nourrit, dont le talent, comme chanteur et
comme acteur, acquéi-ait chaque jour plus d'im-
portance, avait à peine atteint sa trente-cin-
quième année, lorsqu'au milieu de ses triomphes
le directeur de l'Académie royale de musique,
prévoyant que les forces du seul ténor sur le-
quel reposait depuis seize années l'avenir de son
^léâtre, pouvaient s'épuiser, songea à se créer
d'autres ressources, et engaj^ea Dii{)rez, qui re-
Tehaît d'IUlie, où U s'était fait une brillante ré-
putation. Nourrit, accoutumé depuis lon^i^mps
à tenir sans partage le premier rang à l'Opéra,
le pouvait reconnaître l'opportunité de cette me-
sure. Blessé dans son amour- propre, il prit le
parti, malgré les sollicitatious de ses amis, d'a-
bandonner la place à son rival , et donna sa dé^
mission. Sa représentation de retraite eut lieu
le 1*' avril 1837. Cette soirée d'adieu fut pour
Adolphe Nourrit un triomphe éclatant ; le pu-
blic lui témoigna par des transports d'enthou-
siasme et d'affection tout le regret que la perte
d'im tel artiste lui faisait éprouver. Immédia-
tement après sa retraite , il quitta Paris pour
se rendre à Bruxelles. Son intention était de
voyager pendant une année en donnant des re-
présentations en Belgique et dans les principales
Tilles de France, puis <i^ rentrer dans la vie
privée et de s'y livrer à des occupations d'un
autre genre, auxquelles de bonnes études litté-
raires et des taleots variés l'avaient préparé. 11
avait beaucoup de goût pour l'art du dessin, qu'il
cultivait en amateur, et avait fait preuve d'un
jugement exerr^ et plein d'idées neuves dans des
feuilletons écrits pour le Journal de Paris, à
Poocasion d'un de nos salons de peinture. N'ou-
blions pas non plus qu'on Ini devait les livrets
des charmants ballets de La Sylphide et de la
Tempête. Ses économies , résultat de son es-
prit d'ordre et de la simplicité de ses goûts,
rendaient d'ailleurs facile la réalisation du
sage projet qu'il avait conçu. Mais Adolphe
Nourrit se faisait illusion ; après les succès qu'il
avait obtenus , il ne pouvait plus y avoir pour
lui d'existence possible qu'au théâtre. Une
sombre mélancolie s'était emparée de son âme.
Les applaudissements qu'il recueillit à Bruxelles
jetèrent un peu de baume sur son esprit ma-
lade. Malheureusement l'état anormal de sa voix
vint bientôt accroître son exaltation natorelle,qQi
prit alors le caractère du désespoir. A Marseille,
pendant une représentatioade La Juste, il fut
tout à coup saisi d'un enrouement. Après avoir
courageiisemenC lutté durant les trots premiers
actes , sa voix se trouva complètement paralysée
an moment de chanter le grand air Racket,
quand du seigneur, etc. Pâle et tremblant de
douleur, Nourrit se frappa le front avec l'accent
du désespoir, quitta la scène, et se retira daos
sa loge. Là, l'œil en feu, le visage égaré, et
marchant à grands pas sans reconnaître per-
sonne, il frappait les murs en poussant des san-
glots déchirants : « Ah I je suis perdu ! je saU
déshonoré! » s'écria-t-il; et au même instant il
s'élança veb la fenêtre. Ses amis se précipi-
tèrent sur lui, et l'entraînèrent vers on fantettil
sur lequel il tomba sans connaissance. Le po-
blic, instruit de ce qui se passait pendant l'eo-
tr'acte , demandait à tout moment des nouvelles
de l'artiste. Nourrit, ranimé par les soins du
docteur Forcade , était revenu à lui , et, avec la
candeur d'un enfant qui demande pardon i s'ex-
cusait auprès de chacun dece qui venait d^arriver.
On le décida à reparaître sur la scène, *oii son
retour fut salué par les applaudissements de la
salle entière. Ses amis , qui avaient diercbé à
le tranquilliser, se rendirent le lendemain matio
à son hôtel pour savoir comment 11 avait passé
la nuit : « Bien mal, leor dit-ii, je n'ai pas
dormi. La vie m'est insupportable ; mais j ai de
bons amis , une femme, des enfants qui me sont
cbers et à qui je me dois , et puis je crois à une
autre vie. Cette nuit , j'ai demandé à Dieu de
me donner le courage dont j'ai tant besoin, et
j'ai puisé des forces dans la lecture de ce livre. >
En prononçant ces mots , il leur montra de la
main un volume qui se trouvait sur «a table :
c'étoit V imitation de Jésus Christ. De Mar-
seille Nourrit alla à Lyon et à Toulouse , où tes
triomphes qu'il obtint amenèrent un peu de
mieux dans son état de surexcitation mentale ;
mais les émotions qu'il avait éprouvées lui avaient
fait des blessures trop profondes pour pouvoir
se fermer. Sa santé s'était tellement détériorée
qu'il était devenu d'une maigreur qui le rendait
méconnaissable. De retour à Paris, il réMlntde
faire un voyage en Italie, demanda un congé de
ses fonctions de professeur de chant dramatique
339
NOURRIT — NOVA
330
ao Conservatoire , et se mit en route au com-
iMooeineDt de l'année 1838. Après avoir suc*
ceMifement TÎsité Turin, Milan, Venise, Flo-
rence et Rome, il se rendit à Naples. Nourrit
avait apporté avec lui denx Ubretti d'opéras ita-
lieDs dont il avait lui-même tracé le plan. L'un
de ces ouvrages était c&lqué sur la tragédie de
Polfeuete , de Corneille. Nourrit le moutra à
Donizetti, qui se trouvait alors à Naples. Qe sujet
plut an célèbre compositeur, qui écrivit rapide-
Dfnt la partition qu'on a donnée plus tard à l'O-
péra de Paria, sous le titre français : Le» Mar^
tfTS. Mais an moment où Nourrit allait débuter
au théAtre de Sao-Cario, dans le r61e de Po-
lyeocte, la censure napolitaine s'opposa à la
représentation de la pièce , aitendu, disait-elle ,
qu'il ne convenait pas de mettre en scène des
personnages auxquels le catholicisme rendait un
coUe poMIc. Cette décision porta un coup ter-r
rible à l'artiste. Les symptômes de sa maladie
reparurent avec plus de force. Les applaudisse-
ments qui lui furent ensuite prodigués dans le
Giuramenfo, de Mercadante, et dans la Norma^
de Bellini , ne purent dissiper les rêves bizarres
de son imagination ; il allait jusqu'à croire que
ces applaudissements n'étaient qn*une dérision.
L'idée (i\e qui le poursuivait acheva de lui
faire perdre la raison. A la suite d'une repré-
sentation donnée au bénéfice d'un de ses cama-
rades et dans laquelle il avait chanté , il rentra
chez loi dans une agitation extrême, et fut pris
pendant la nuit d'un délire qui le porta à se
précipiter du haut de la terrasse de l'hêtel de
Barbaja dans la cour, où on le trouva mort, le
S mars 1839, è dnq heures du matin. Sa femme,
enceinte de son septième enfant, entendant le
brait de la chute, avait couru vers la chambre
de son mari ; mais il était trop tard , et elle fut
la première qui aperçut le corps de l'infortuné
Nourrit, gisant inanimé sur le pavé. Cette femme,
aussi difttingnée par les qualités de l'esprit que
par celles do cœur, eut encore assez de force
d'âme pour surmonter sa douleur jusqu'à ce
qu'elle eût mis au monde le dernier fruit de Ta-
mour de son mari ; mais bientôt après elle suc-
comba elle-même à tant d'épreuves. Les restes
mortels de Nourrit, embaumés avec soin, fu-
rent transpoHésà Paris et inhumés avec pompe,
après que le Requiem de Cherubini, pour trois
VOIT d'homme , eut été exécuté dans l'église
de Saint- Roeh par une nombreuse réunion d'ar-
tistes do Conservatoire et des principaux théâ-
tres de la capitale , qui s'étaient empressés de
venir payer un dernier tribut d'hommage à la
mémoire de l'artiste éminent et de l'homme de
bien qni avait su s'attirer toutes leurs sym^m-
tliies. ' Dieudonné Denuk-Baroii.
GatetU mcfioa/f de Parti , anoée iSSt. — Fétto, Blo-
graphie wHverteUê de» ^usMens. — Castll-Blaxe, L'^é'
mdéwUg imp. d« muêiqmt hia. tUtéraire, MMtoate, etc.
srorKRT ( Guillaume-Antalne)^ dit 6b41i-
■ORT, adenr et agent politique, né le 10 juin
17&0, àLa Rochelle, mort le 13 avril 1794, à
Paris. Après s'être exen:é en province, il débutn,
le S février 1779, au Thé&tre-Français, et obtint
quelques succès dans les rôles d'Orosmane,
de Alahomet et de Tancrède. « Après lui avoir
vu jouer Tendôroe dans Adélaïde , raconte
Grimm , le public a demandé Roselli ( nom
théâtral de Nourry ) avec des cris d'impatience si
furieux qu'on a été obligé de le faire paraître
sur le théâtre tel qu'il était dans sa loge , en
mauvaise redingote, en pantoufles, les cheveux
et les bas tout défaits ; c'est dans ce noble cos-
tume que son rival Larive l'a présenté à l'au-
guste assemblée,qui en a été ravie et qui a re-
doublé ses cris et ses applaudissements. » Ce-
pendant Nourry perdit bientôt par ses excentri-
cités la faveur du parterre; on l'accueillit avec
des sifllets et des huées, et il fut forcé de
quitter la scène (janvier 1782). Il rentra cepen-
dant au Théâtre-Français, où il joua quelques
années comme acteur pensionnaire. Il fit ensuite
parh'e de la troupe de la Montansier, établie dV
bord à Versailles, et en 1789 au Palais-Royal.
La révolution ayant éclaté, il en embrassa la
cause avec chaleur, et devin), m>us le nom de
Grammont, adjudant général de l'armée révolu-
tionnaire qui opérait en Vendée. Impliqué dans
le procès des hébertistes, il fut condamné à mort
en même temps que son fils flgé de dix-neuf ans;
tous deux montèrent à Téchafaud avec un grand
courage. P. L.
Grimm, Corrêtpondancê. — Raingact. Biographie
talntonçeaUe.
noriRT (LB).Foy. Le Nourry.
SIOUSCHIBVAM. VOff. KhOSROU Ilf.
NOVA ( Jodo da ), nsTigateur espagnol, né
au quinzième siècle , mort au seizième, il ap-
partenait à la noblesse de la Galice, et vint
prendre du service dans la marine en PoitogaL
Sa renommée comme marin le fit accueillir par
D. Manuel. Il était alcaïde en second de Lis-
bonne, lorsqu'il fut choisi en 1501 pour com-
mander quatre voiles en qualité de capîtom-mor.
Il partit de Belem, le 5 mars, ayant à son bord
le célèbre Amerigo Vcspucci (1). Durant cette
première pariie de son voyage, il découvrit l'Ile
de La Conception, puis il arriva à l'aiguade de
San-Braz, et là il trouva dans un seulier, qui
avait été mis à l'abri des autans, une lettre de
Pero de Taïde, qui annonçait le passage de Pe-
dralvarez dans ces parages, et qui conviait tous
les navires du roi de Portugal à se rendre aux
Indes en passant d'abord par Montbaça, où ils
trouveraient d'autres lettres. Après s'être rendu
à Mozambique, ce fut vers Cananor que se di-
rigea JoAo da Nova; en* se rendant vers cette
partie de la côte, il s'empare d'un navire, qu'A
livre au feu. A Cananor, Nova fut très-bien
(f) M. Ad. de Varabaffena publié dao» le Panorama de
ItU uae parUe de* InstracHoos qal forent donnée» à
JoSo da ROTa, et qui loi enjoignaient de faire de fcas
et dn bola a IIMa da Crut, autrenent dit le BréaiL
331
NOVA — NOVALIS
3»
accoeilH par le radjà, qui lut avom que le
lamorin de Caiicut armait contre hii oae ar-
mée navale de qtiaraute gréa nafim. 9ova
n*avait que trois cent cnquante buimnta à bord
de sa flottille; il n'en pairfit paa moiBa pour fe
port de Cktchia, allait de nonveao abonler la oôte,
lorsque ia flotte emMfnie se présenta pour lui
livrer le combat. L*»rtillerie européenne eat bon
marelle de ees Orienlaux, armés simptoment
d*arcs et d*arbalètea. Grâce à sa bravoure an»
dacieose, Nova fonda les prenières restions
conrnierciales des Portuf^is dans les Indes. Il
revenait en Europe ehargéde butin lorsque après
avoir dépassé le cap de Bonne-Espérance , « il
ent, dit Banros, one autre bonne fortune, qui hit
était réservée par Dteu : il renoonfaa une très-
petite Ile, à laquelle H imposa le nom de Snin^o-
Bétène. » 11 arriva à Lisbonne le tl septembre-
Nova retourna en Asie; mais, oompapion du
premier viee-roi, il était tvuf attaché à Francisco
d'AIroeïda pour aimer Alboquerque, et il eut de
▼ivesaltercations avec le vainqueur d*Ormoz, dont
il dédaigna les ordres et qui jamais ne lui par-
donna ce quMl regardait comme une rébellion ; le
grand capitaine en cette occasion ne snt pas se
modérer : il porta la main sur son inférieur, et
cet acte pensa lui aliéner l*amée. Tout s'a-
paisa néanmoins ; mais le vaisseau Flor de la
Mary que commandait Nova, se trouvant alors
dans un état déplorable, H fut permis au capt-
faine outragé de retourner aux Iodes. Il lava sa
honte momentanée par de nouveaux exploits ;
c'était lui qui commandait le vaisseau monté
par Almeida, lorsque celui-ci, voulant venger
son fils, livra son fameux combat naval aux
Roomes, À la suite duquel la ville de Dabool fut
détruite. Les grandes actions de Nova se con-
fondent ici avec celles d'Aimdda, et les chroni-
queurs ne font plus mention de lui.
En Portugal, ce hardi marin tvaft une renom>
mée vraiment populaire; on rappelait JoAo Gal-
legOf Jean le Galicien. H ne fout pas le confon-
dre avec un personnage portant le même nom
et dont les aventures merveilleuses reviennent
plus d*une fois dans. les chroniques du seizième
siècle. Ferd. Denis.
JoSo de Barron. Da Âtia, 1. 1, partie t««, et t. II. — An-
tonio Galvfio, Trutmdo dot dncubrimmtêi.
siotaIei* Voy, NowAÏKi.
1IOTALI8 ( Frédéric ne HAaneiareBC, dit ) ,
célèbre poète et philosophe allemand, né le2 mai
1772, à Widerstcdt, dans le comté de Mansfeld,
mort à Weissensfels, le 25 mars 180t. Il a rendu
célèbre le nom de Novalis, qui était cehri d'une
terre appartenant à sa fomille, en Tadoptant
pour ses compositions Ktlératres. Il était issu
d*une branche collatérale de l'ithistre maison
qui a donné à la Prusse on chancelier d'État,
le prince Charles-Auguste de Hardenberg. Les
premiers enseignements reKgieux qu'il reçut de
ses parents, entrés dans la communion des frères
Moraves, cette secte protestante dont l'exercice
offre certaines analogîes v^ec les aéwéiîtés de
la Tie momstique, la tendre piété de «a mère,
qui veAla d'une manière particulièpe à son
éducation, coulrihuèreflC de bonne heure à in-
cliner son esprit Ycrs le mystidame. Enfoui lè-
Teur et maladif, H composait dès l'âge de donae
ans des poésies que le aèle de sea anaâs nous
a conservée». Les hiatxsireB qu^ ranontail à
ses frères, plue jeunes que lui, revélaicHt d^
un caraclère symboKque ; et daâas fonrajevi ils
se plais»ent à représenter, sous sa dtreclian,
les génies du del, de la terre et des «an. Au
miKeu de sa fomiUe, el pfos tard au ùoM^ il
s^donna à l'étude avec une ardenr a» daflcns
de ses foraes. Aux nniverailés dléna, de
Leiprig, de Witicmberg, il suivit tes ooim de
jurisprudence, dans ie but de se préparer à une
carrière ; mois la scienoe da droit ne suffisait
pas à satisfoire «tte vive imaginatisB pailout
irrésiBlibtenent cafanlnée vers les tendances
noQveUesw II se lia nvec Ficbte et ScheUing,
qui ouvraicnl à la philosophie aae période bril-
lante de panthéfoine idéaliste» avec Tieck et
Frédéris Scblegel, qui retwaspèrent la poésie
allemande dans les sources tfop longtemps ou-
bliées du waafm à^ Comme en >éMioign<*nt les
ébauches psrvenues jusqu'à nous» les efforts
de NovaUs sur ces deux points eussent été di-
rigés dans le même sens que ceux de ses amis.
A l'âge oit Ton prend possession de la vie, U
rencontre d'une jeune tille de quatorae ans d'une
beauté^ tout idéale, Sophie de Kuhn, célébrée
dans la dédicace d'OAerdingen en des vers d'un
sentiment si profond, vint donner l'essor à soa
talent et remplir son eœor d'enivnates pro-
messes de bonheur. Mais le Iront de ces fiancés,
qui semblaient ciéés Tun pour l'autre, était
marqué du sesau fatal é^s morts prématurées.
Cette antre Béafcrix Radieuse sous le nimbe da
la pureté et de Tanour^ cette vision fogUivi!
montrée un moment à la terre, disparut bientôt
pour revivre dans l'œuvre du poète néo-plalo-
nicie» de rAUeaaagne. La perte de la jeune
fille, la Bsort d'Érasme de Itardenherg, le frère
chéri de Maivalis» apportèrent à son oiganisation
déheateoiébrairiement dont il ne devait plusse
relever. « 11 en vint, dit L. Tieck, aon biographe
et son ami, à csnsidérer le visible et l'invisible
eommeae formant qu'un seid monde. » Avaat
de s^éteindre, la flamme de sa vie ae ooMcntrait
dans une phis grande activité. Tout «écrivant
ses meillsnres compositions littéraires, tout en
étudiant la minéralogie avec succès, il remplU-
sait les fonctions d'assesseur et grand-hailli de
Tlmffînge. Cependant un an apnà la osort de
Sophie, en 1798, iise laissa fiancer avec Julie de
Charpentier, fille du directetir des mines de Frei^
berg, mais sans que l'amour, assore-t-oov quoi-
que suree siiyet délicat on soit réduit aux ooiiyec-
tures, ait participé â ce nouveau profet, qui u*élait
pas plus destiné à s'accomplir que le premier.
One phthisie pulmonaire, qui se révéla par des
339
WOVALIS
m
rtragrès ai npîdes-qa'il lut iropiMSÎUe de U oom-
b>lto«, wievi Ffédéric de Serdwberg à Tâge de
fingt-oeuf ans, âu moment où il allait devenir
célèbre et entrer dans lajBaturité de aon talent.
Ses écrite, publiée «près 8a mort par Twdk
et F. Scfalegel (NovaUi Sdir\/ten; Berlin,
t802, 2 vol. in-S*" ) ont été souvent réimprimés,
ds forment le commentaire direct de sa vie
«t reiétent les émotions religieuMS, les rêves
«hjmériqaes d'une imagination maladive, d'une
4ne tendre Itvrée 4 ia denlenr. Parmi les iMh
Tim, nens pteoerens au prcmier rang La Chré"
tiaUé ou VSurepe^ fragment de pbiloaophie
iMtocique écrit d'un Ay\% limpide et vigoa-
i«a , pea babituel ebez notre auteur, où il
edloie plue d'une fois Joseph de Maistke, De-
vançaot les jngements de toute une école mo-
<ierae, il «se proelamer, en dépit des pr^ugés
de son siècle, l'action civilisatrice et la valeur
artistique du catholicisme ; il montre l'unifica-
tion du monde moderne par TÉgiise, et déplore
U iMion faite à la grande fraternité chrétienne
fwr rétablissement de la réfiocme. Malgré cer-
taias passages, où le panthéisme ne cherche pas
à se cacher, ce morceau célèbre a passé long-
leaps, a«ix yeoi. d'eeprits prévenus, pour un
féfitable manifeste religieux, et a exercé jusque
daas la famille de l'auteur une soile de prosé-
lytisme, en contribuant très- probablement à la
conversion au catholicisme de son frère Charles
<le Hardeoberg, ce qui n'empêche pas queJNo-
nfis n'ait vécu et ne soit mort dans la' religion
protestante. Les dernières éditions que Tieck a
(losoees à Berlin, à partir de 1837, ne contien-
nmt plus ces magnifiques pages, qui ont excité
aotonr de la mémoire de Novalis tant d'ar-
deates sympathies et de colères aveugles, y
compris', dItTon, celle de Gœthe. Qoelques-
oaei des idées émises dans La Chrétienté ou
r^vrope ont reparu depuis dans les aperçus
itbtoriques du Globe et des saint-simoniens.
Le lyrisme passionné de Tinlini déborde dans
ks Chants spirituels^ adoptés cependant à leur
<iâte comme cantiques dans plusleinrs églises
protestantes; V Hymne û la Vierge surtout
peot être mis en parallèle avec les plus suaves
eflbaions dn mysticisme catholique. — Mais
U composition la plus vaste de Novalis, celle à
h<2aeUe il attachait le plus d'importance, est le
roman d'art inachevé, qui a pour héros le
uimiesii^er Henri d^Oflerdingen^ dont il
porte le nom. La scène se passe donc au «loo-
zième siècle, à l'époque de la lutte de la Wart-
boo^Le livre pourrait s1ntituler,à la façon de
certains traités de pbilosopliie de f ichte : « De
h destination do poète, w Le sqj^ n'est en
eCCet antre chose que l'initiation à la poésie par
la nature. Un symboliàme assez obscur, en
mime temps (pi'one mélancolique aspiration
vers la norl, enveloppe tout l'ouvrage; le
style est d'un éclat doux et voilé. On croirait
assister aux tournois des héros d'Ositian pour-
suivant leurs chasses ftmtastiqaes à travers des
brouillards étemels. Novalis s'est identifié avec
le personnage d'Ofterdingen. Sa première fian-
cée, dont le souvenir se retrouve dans toutes
ses œuvres, parait avoir été le type de Ma-
thilde fa bien aim^ du minnesinger. Mais l'om-
bre pâle de Sophie délaissée pour un autre
amour exauça mal l'invocation du poète. Ma-
thilde n'est qu'un masque manimé coulé sur
un front qui appartient déjà à ta tombe. Il y
manque te regard et la vie. Une antre femme est
venue se placer entre le jeune homme et sa
muse, et ne lui a plus permis de tracer que des
formes vagues, hidécises, sans indlvidnalifé. La
première partie, qui comprend les voyages et
les pressentiments d*H«nri, renferme des dé-
tails pleins d*une poésie délicate, des scènes qui
vous introduisent dans la vie secrète de la na-
ture, des chants d'une grande perfection de
rhythme et d'une extrême variété de tons. Tout
cela a quelque chose de mystérieux et de pé-
nétrant comme un accord sympathique, dont on
subit le charme, sans que le raisonnement et
l'analyse soient toujours complices de cet en-
traînement. Ce qui mérite plus d'attirer notre
attention que la fable du roman, ce sont les
données philosophique» qui s'ébauchent dans
Oflerdingen pour se développer ^ans Les DiS'
ciples-de Sais, œuvre d'une originalité étrange,
et se poursuivre dans les Fragments. Le sys-
tème de Novalis devait être une synthèse im-
mense destinée à embrasser Tensemble des
sciences et des aris humains et à les inter-
préter les uns par les autres. Il est bien permis de
douter que, même dans la maturité de son ta-
lent, il lui eût été accordé d*arriver à l'accom-
plissement d'un tel projet. Quoi qu^il en soit de
ce monument giganti^que et hardi, nous n'avons
sous les yeux que des fragments, véritables
ruines anticipées qui s'élèvent dans l'isolement,
et dont le sens échappe d'autant plus souvent à
notre pénétration qu'il n'achève peut-être pas
toujours de se préciser dans l'intelligence de
l'auteur. Ce qui se représente constamment
dans les diverses partiel de son œovre, ce q«
se dégage de plus évident sur ce fond un peu
obscur, c'est une sorte de naturalisme catho-
lique, un spinosisme idéalisé, anneau intermé-
diaire entre Fichte et Schelting. Il a pour base
le renonceiYfent du moi, son anéantissement
dans le principe de Pinfini; notre moi n'est
qu'un reflet : quelque chose de plus élevé que
lui se fait entendre au-dedans de nous et nous
conduit à l*tntuition de la vérité. On voit que
cette présence d'un être inconnu engagé avec
nous dans un dialogue, que cette tendance de
r&me à l'absorption finale dans la substance
suprême nous fait tomber par des points déli-
cats d'un côté au yogbîsme des Indiens, de
l'autre à l'abnégation surhumaine de l'ascétisme.
Mais les traits les plus ciiractéristiqnes de la
doctrine de Novalis se trouvent dans sa manièro
335
NOVALIS — KOVARINÎ
336
d'envisager la natare : selon son expression,
• tous les objets peuvent se convertir au pain et
au vin de laTîe étemelle (l)». La nature pos-
sède par conséquent une existence en dehors
de ses phénomènes visibles, une Ame en un
mot, mais une Ame et une existence subordon-
nées. Nous devons jouer à Tégard de la nature
Je rôle de civilisateurs. Elle est encore sous le
poids d'une déchéance pareille à celle qui mar-
que le front de Thomme biblique dans les
temps reculés, auxquels on est convenu de
donner le nom d'Age d^or ; une harmonie mys-
térieuse présidait à l'ensemble de l'univers : les
animaux , la terre , les eaux obéissaient à des
attractions qui aujourd'hui s'exercent à peine
sur l'humanité. L'intelligence de l'homme s'é-
tant obscurcie, une influence rude et grossière
s'est répandue sur le monde et a entretenu
l'hostilité entre les éléments qui le composent
C'est à nous à réconcilier la nature avec elle-
même, avec le moi humain, avec l'infini, à la
faire entrer dans sa part de révélation. Les
cataclysmes, les bouleversements primitifs, où
elle enfantait des races d'animaux gigantesques
aujourd'hui disparus de son sein ont été des
degrés d'initiation qu'elle a dû traverser avant
d^arriver à un état plus régulier, qui n'est à son
tour que le prélude d'un Age à venir, où elle
sera en communication plus immédiate avec
nous. Le poète doit recouvrer son pouvoir sur le
monde matériel. Le progrès des arts et des
sciences qui nous entraîne à des résultats in-
connus concourt an même but de pacification,
de transfigur&tion. La naïve et pieuse inspira-
tion du catholicisme avec son merveilleux sen-
timent de l'art, avec son Idéal mélancolique et
réellement intime, avec les joyaux inépuisables
de ses légendes, plutôt qu'avec la sévère unité
de son dogme, doit s'assimiler la vie universelle.
La nature et l'humanité marchent à leur déve-
loppement fuial. Les temps, les saisons, les Ages
de la vie disparaîtront; les distinctions du passé,
du présent, d'avenir tomberont comme des bar-
rières gênantes et inutiles pour laisser régner l'idée
pure, l'abstraction mathématique immatérielle.
Glorifié comme le prêtre de l'amour platoni-
que , Novalis brilla d^un éclat assez vif dans la
pléiade romantique des Schlegel. Ses œuvres
obtinrent le même genre de succès que les Mé-
ditations de Lamartine; il fut le poète des rê-
veurs et des Ames tendres, et une certaine m-
décision dans ses théories servit à lui concilier
des suffrages bien divers. On le lit moins au-
jourd'hui, et son influence a sensiblement baissée.
Mais cette philosophie, revêtue de couleurs sé-
duisantes, s'afQrmant plutôt qu'elle ne cherche à
se prouver, gardera toujours une place dont il
faut bien tenir compte, dans l'histoire de la vie
intellectuelle en Allemagne.
Anatole de Galuer.
11) la Chrétienté ou rEurope.
L. Tirck , Préface de la S» édU. de Xovafis Schriftev •
Berlin, iSlS) - M«»de StaSl, De PAUsmaç/k». ~ nu-
tcriKh-htroldiaekêê Hanièucà sum genealogitck»
Taschenfmch der çneflichen Hàuuèr; UoUm. iSâs. -
Comte de Montalembert, dans les Mélanges cathoiiqutt
eitraUs de L' devenir ; Parla, 18S1. — H. Heine, De fM-
lemagm. — Bartlfck Diê éeuUehe NatUmaHUtretvr
der iVeiuatt, Bniuoschwfllg ; iSiS. — GenrlAt, Ct-
tehichte der deuUchen Diehtung, — WCm, HuUnrt
dé la phitoiophie ailemande,
NO V ARA { Domenica'Maria)^ astroooiiie
italien, né en 1464, i Ferrare, mort en i5l4, à
Bologne. Il enseigna l'astronomie à Ferrare, à
Bologne, à Pérouse et à Rome; mais son pios
long séjonr fut à Bologne, où il eut pour étève
et pour associé dans ses observations le célèbre
Kopemik, qui était venu se perfectionner auprès
des savants italiens. Comme tous ses contempo-
rains, il mêla les hypothèses de l'astrologie aoi
calculs de la science ; dans l'inscription gravée
sur son tombeau, on remarque ces deux vers,
qui font de .son habileté un éloge exagéré :
Qal respooM dabat cœll Internoncius ore
Vcrklico, laU aidera aacra proèana.
Les écrits qu'il composa sont perdus on restés
inédits; mais il mérite d'être signalé, noo-sevle-
ment pour SToir été nn des maîtres de Kopervil;,
mais aussi pour avoir aTanoé que depuis répo>
que de Ptolémée les pèles de la terre avaient
changé de position, de sorte qne le pôle nord s'é-
tait rapproché de notre zénith. Cette opinioD,
dénuée d'arguments solides, a été réfutée par
Snellius. P.
BoraelM, BUt. pfmnaeU ferrarUtult, H. W. » Un-
boachi, 5<oria letteraria» XIV, tM.— Ilootacia, Au(.
dé$ mathém,t I. 549.
NOTAEiNi {Luiçi) , théologien italien, oê oa
1Ô94, à Vérone, où il est mort, le 14 janvier 1633.
11 avait reçu au baptême le prénom de Girc-
lamo, qu'il changea en celui de Luigi lorsqoM
prit en 1612 l'habit des théatins. Après avoir étu-
dié la théologie et reçu la prêtrise à Venise, a
revint dans sa ville natale, où il remplit difTe-
rents emplois de son ordre. « Sa vivacité oata-
relle, dit le P. Niceron, ne lui permettait pas de
polir ses productions : il mettait indistinctement
sur le papier tout ce qu'il trouvait dans ses re-
cueils sur le sujet qu'il avait à traiter, soit boo,
soit mauvais; l'envie même d'employer toatce
qu'il avait ramassé le jetait souTent dans des
écarts qui ne servaient qu'à enfler bes livres.
Aussi songeait-il plutôt à faire de gros et nom-
breux ouvrages qu'à en composer de bons. *
Nous citerons de lui : Electa sacra; Venise,
Lyon et Vérone, 1627-1645, 5 vol. in-fôl.; I'
t. II, qui, dans un style diffus et mystique, con-
tient un éloge de la Vierge, a eu trois éditions ; —
Risus sardonicuSf hoc est d^ta mvndi tr-
titia; Vérone, 1630, in-12; — ScHediasmata
sactO'pTofana ; Lyon, 1635, in-fol.; — Ada-
gia ex SS. Patrum ecclesiasticorumque scrifh
torwn monumentis prompta; Lyon, 1637, ?
tom. Infol.; — Mattxus^ Mfarcus, Lucas' ft
Joannes expensi; Lyon, 1642-1643, 3 vol.
in-fol. ; suite de commentaires moraux sur les
r
337
WOVARINI — NOVELLA
338
Kvangélîstes et les Actes des ap6tres; — Pau- (
lus expensut ; Véroae, 1644, in-fol.; — Omnium \
scieniiarum anima, hoc est axiomaiaphysio- \
iheologiea; Lyon, 1644, 3 tom. in-fol. ; — Mose»
txpensus; Vérone, 1646-1648, 2 toK in-fol. ; —
Encyclopxdia episColaris ; Venise, 1645, in-fol.;
— Admiranda orbis chrisliani; Venise, 1680,
2 tom. in-fol. : cette compilation, où Ton trouve
bien des choses fabuleuses, a été éditée par les
soins de J.-B. Bagatta, moine théatin. P.
Silos, Hitt. CUrieorum reyW., S" partie. — Nlceron,
MéWÊOires, XL.
NOTAT y hérésiarque, diacre de l'Église de
Cartbage, au troisième siècle. Il déshonora de
bonne heure le caractère sacré dont il était re-
¥ëtu. En même temps qu'il flattait \w grands
par de basses complaisances-, il s'appropriait les
revenus des pauvres ; il alla plus loin encore , il
laissa son père mourir de faim , et faillit tuer
d'un coup de pied sa femme, qui était enceinte.
Cyprien, évèque de Carthage, le cita (249) de-
vant un sjnode pour y faire rendre compte de sa
conduite; mais la persécution de Dèce, qui arriva
sur ces entrefaites^ fit abandonner les pour-
suites. La paii. ayant été rendue à l'Église , No-
vat s*nnit au laïc Felidssime, et, s'élevant
contre la sévérité déployée par Cyprien, ils sou-
tinrent que les lapsi, c'est-à-dire les clirétiens
qoe la crainte des supplices avait fait tomber
dans l'idolâtrie, devaient être admis dans la corn-
manion dès qu'ils en eiiprimaient le désir, et
sans être soumis à aucune pénitence. Cyprien fit
reprendre alors (251) les poursuites dirigées
contre Ifovat ; celui-ci refusa de comparaître de-
vant le synode, et s'enfuit à Rome. Les Pères
do ooncUe continuèrent en son absence l'instruc-
tion de la procédure, et le déclarèrent excom-
monié. Novat trouva à Rome Novatien , entra
dans son parti, et prêcha au sujet des lapsi
une doctrine diamétralement contraire > celle
qa'il avait précédemment soutenue (voyez Var^
tieie suivant). On croit que No^ât mourut en
Afrique. A. F.
Lrdere. BMMhique univerullê et AtotortfiM , andée
lise, page fT4. - TraTSM, SUrria crUiea dellê vUê degli
ertMiareAi de irtpfi'miuto^i Vcniae, iTil, S ?oL to-«*.
— Flearj, HUtoïrt ecel^siOMUque ; Bruiellei, 171S, M toI.
ID-IS : t. II, p. lis. — Macquer, abrégé chronotoçique
de r Histoire eedéstastique : Parts, llf7, i ?oL In-iS;
L |«% p. M. " B. Radne, Abrégé de Ihinotre eeelétiaS'
tiqysi Utrecht, 174S, ift toU la -il \ 1. 1, p. iw.
KOTATiBH, anti-pape, élu en 251, fut le
premier qui donna à l'Église chrétienne le scan-
dale de deux élections Opposées. Après le sup-
plice du pape Fabien, le saint-siége vaqua près
de quinze mois, au bout desquels Corneille fut
éln, le 2 juin 251. Le prêtre Novatien, qui par
son éloquence plutôt que par ses vertus avait
acquis une grande popularité, s'éleva aussitôt
oontre le nouveau pontife, déclara sa nonûna-
tion irrégulière, se fit élire lui-même, et fut sa-
cré par trois prélats, qui^ d'après Fleury (tome II,
page 220), étaient alors en état d'ivresse. Suivant |
Tneagie, il notifia son élection aux évêques des I
sièges les plus importants, Denis d'Alexandrie ,
Fabius d'Anlioche, et Cyprien de Carthage. Le
premier engagea Novatien à abandonner volon-
tairement l'évêché de Rome ; le second le fit ex-
communier dans un concile tenuà Antioche; le
troisième envoya à Rome des légats chargés de
recueillir tous les détails relatifs à la double
élection. Ceux-ci, de retour à Cartilage, ren-
dirent compte de leur mission à un concile natio-
nal, qui proclama seule canonique la nomination
de Corneille. Novatien, forcé de céder, se jeta
du schisme dans l'hérésie. Il s'associa à Novat,
et tous deux affectèrent les principes les plus
sévères. Pendant la cruelle persécution de Dèce»
plusieurs chrétiens, cédant à la crainte des sup-
plices , étaient tombés dans l'idol&trie. Dès que
la paix eut été rendue à l'Église, ces lapsi de-
mandèrent à rentrer dans le sein du cliristia-
nisme, et on les y admit, en les soumettant tou-
tefois à différents degrés de pénitence qui cor-
respondaient à l'éclat plus ou moins vif qu'avait
jeté leur abjuration. Novatien prétendit que l'É-
glise n'avait pas le droit d'absoudre un pareil
crime; puis» renouvelant l'iiérésie des monta-
nistes {voyez Montan), il voulut faire exclure
pour toujours de la communion chrétienne tous
ceux qui avaient commis des péchés pour les-
quels l'Église imposait la pénitence : l'adultère
et la fornication, par exemple; il condamnait
aussi les secondes noces. On suppose que Nova-
tien mourut en Afrique, mais on ne sait à quelle
époque. Il avait donné à ses disciples le nom
de cathares f c'est-à-dire purs; mais cette dé-
signation ne prévalut point. Le secte des nova-
tiens fit de rapides progrès en Afrique, et elle
n'était pas encore éteinte lors du concile de Ni-
cée. On attribue à Novatien le Traité de la Tri-
nité et le Livre des viandes qui se trouvent
dans les œuvres de Tertullien, et une lettre qui
est jointe à celle de Cyprien. Les ouvrages de
Novatien ont dn reste été publiés par John
Jackson, sous ce titre : Novatiani, preshyterï
romani, Opéra qux svpersuntomnia, ad an-
tiquiores editiones castigata, et a multis
mendis expurgata; Londres, 1728,in-8o. A.F.
Pluqnet, Met det kérèstes. — Fantln Deaodoarda,
INcf. raiMRRtf du gouvermwMnt» dei toit et det mtaget
de VÉglite, t IV, p. nr. - Perenoès, Diet, de Hogra-
phie cArétlenne et unttchréUeHHe, — AUetz, Uist. det
papet, I. l«S p. M. — Fleury. Hlst. ecclét., t II, p. il*.
— Leclere, Biblioth. unlo. et kUtorique , nnte 168»,
p. tlk. - Langlet-Dafrcanoy, TabtettM ehrenoioçitîiet,
L 11. p. Ml.
• NOVBLLA , femme italienne célèbre par son
savoir, fille du célèbre jurisconsulte Jean An-
dréa, née à Padoue, en 1312, morte à une date
inconnue, mais postérieure à 1348. On raconte
qu'elle était si savante que quand son père était
occupé ou malade il l'envoyait professer à sa
place. De peur que la beauté de la jeune fille ne
causât des distractions aux étudiants, elle faisait
sa leçon cachée derrière un rideau. Ce récit a été
traité de fable ; mais Christine de Pisan , qui le
rapporte, le tenait de son père, qui, né à Bologne,
389
KOVELLA — IVOVELU
340
«Tait été sans doute on des sodfteors deKovella.
Voici le (Rssage de Christine de Ptsan, td que
Oingaené \e cite d'après un manuscrit de la Bi-
bliothèque impériale. « Quant à sa belhe et noble
fille (de Jean André), que tant il ama, qui Oft
nom Nouvelle, fist apprendre lettres et si arant
es drois que quand il estoit occupez d'aucune
«nsoine, parquoy ne povoft vacquier à Ifre les
leçons à ses esooliers, il envoyoft Kon^eRe, sa
iHleyen son lieu ffre aux escoles endiaiere, et
afis que la beauté d'elle n'empescbàt la pensée
des oyans, elle stoH une petite courtine au de-
Tant d'elle, et par celle manière suppléoit et ah
légeoit aucune fois les occupactons de son père,
lequel Paroa tant , que pour mettre le nom d'elle
«n mémoire, fist une noctable lecture d*un lirre
de droit, que il iMmma du nom de sa fille la
Nouvelle. » On a prétendu que NoveHa épousa
Jean de Pofigno, mais le fait est fan ; on a dit
aussi, arec plus de vraisemblance, mais sans
preuves, qu'elle avait épousé Calderini, fils adopttf
de Jean Andréa. Quant au nom de Novetlaf qui
rappelle les Novelles du droit romain , on serait
tenté de croire que le inrofesseur de jurispru-
dence l'avait donné à sa fiRe en témoignage de
ses études de prédilection , à peu près comme
Héloîse et Abélard avaient donné à leur enfant le
nom d'Astrolabe; l'hypothèse ne serait pas fon-
dée , car la mère du jurisconsulte portait déjà ce-
nom, c'est Jean Andréa lui «même qui nous l'ap-
prend. « Cette nouvelle compilation de gloses ,
dh-jl en pariant de son commentaire sur les dé-
crétâtes {Novella in deeretales), s'appelle No-
vella, du nom de ma mère et de ma fille. ». Z.
ChristlBe Ae ristn, CU€ des dame*. - Wolf, RSmUê"
rmn grmcarum qtut m'oUomê prota mm iatnt/raih
memta et êlegim; QœUtnsac. 1789, hi-i». — Tiniboschl,
Starla dêtla UUeratura Ualiana, t. V, P. Il, c. L —
Giogiiené,. IHsMrt tUtéraire dritaUt, t 11, p. t99. -
fiftvifnj, CmekMUe det RitÊtUcAtn JOêdOi, im ilfltt*-
ralter, L VI, p. S7. etc.
NOVELL! { Giovanni' Bat tiita)t peintre de
l'école vénitienne, né en 1678, à Castel-Franco
( territoire de Venise )» mort en 1662. Bien qu'un
des meilleurs élèves de Palroa le jeune, il exerça
la peinture par plaisir, et il a laissé dans sa ville
natale des tableaux justement estimés. Il fut le
mattredesoneencitoyenPietroDamini. E. B— 4V.
Orlandt, ÀbàÊeeéario. — Lanii, Steria ptttoriea. — Tl-
«nil, DiUonarto.
■OTBLLi {^Pietro)f dit le Morrealese^ ar-
chitMte et peinÉve de l'éoole napolitaine, né à
Morreale, en 1608, mort à Palerme, en 1647. Il
•est peu d'artistes envers lesquels ta renommée
ait été plus injuste. N'ayant jamafs travaillé
bors de son lie, trop rarement visitée, Novelli,
le plus grand peintre qu*ait produit la Sicile, est
resté presque inconnu. Après avoir reçu le» pre-
mières notions de fart de son onde Antonio An-
tonelR, H entra dans TateKeB de Yllo Carrera,
font en cultivant en même temps les belles-lettres
•et les mathématiques. Dès l'âge de dh.-hultans,
41 donna les premiers gages de son habileté en
peignant à Morreale et dans Téglise de S. -Gio-
vanni dî Dio de Palerme des fresques, où parmi
de grands défauts on remarque des traits de
génie. Deux ans plus tar(l , il peignait à fresque
la première moitié de la voftte de l'église
S.-Francesco, et bientAt après, au numastère de *
Bénédictins de S.-Martino près Palerme, un
beau plafond représentant Vange du Seigneur
soutenant -par les cheveux le prophète fTo-
bacac. Il passa ensuite deux années à Rome oc-
cupé à dessiner les plus beaux morceaux an-
I tiques et modernes. De retour à Païenne, il
I acheva la voûte de S.-Francesco.
Depuis lors, les ouvrages que le Morrealese
exécuta à Palerme et dans le reste de la Sicile
sont presque innombrables. Ses plus célèbres
tableaux à l'huile sont ; à Palerme» à la confré-
rie du Rosaire» la Descente du Saint-Esprit ;
à Santa-Marla-di-Valverde^ Notre-Dame du
Moni-Carmel avec quatre saints ; à Santa.Zita,
la Communion de la Madeleine; à Sainte-
Marie-des-Anges , Saini Pierre d'Alcantara;
à Saint-Charles , la Vierge avec saint Menait
et ses compagnons, et une autre Madone avec
saint Benoit et saint Louis; à l'église de
Monte-Santo, Sainte Madeleine de' Pazzi ; k
Saint-Nicolas de Tolentino, Le saint tituloàre;
à Saint-François^Xavier, le saint; à Téglise des
Jésuites, Saint Philippe d'Argiro exorcisant
un possédée œuvre digoe>de Murillo, et un Saini
Paul I^r hermile^ qui rappelle la manière de
l'Espagnolet; à Sainte-Claire, une Descente de
croix; à la cathédrale. Saint François de
Paule; à Saint-François, \h Vocation de saint
François; à la Conception, la Vierge immacu-
lée ; à Saint-Antoiue-de-Padoue, une Madone ; Ala
sacristie de l'hospice des pauvres, une Naiiviié
de Jésus- Christ ; enfin au couvent de Saint Mar-
tin, le Martyre de saint Laurent, La Nativité^
V Annonciation^ la Madone avec sainte Scho-
lastique et saint Benoit, et ime vaste com-
position représentant les ordres reUgiettx et
mililaires soumis à la règle de Saint-Benoit,
Catane possède plusieurs peintures à l'huile
de Novelli : Trois hermites^ une Tête de sakU
Jean^ un Saint Christophe, et ToHe déUvré
par PAnge, l'une des plus merveilleuses pro-
ductions du maître, clief-d'cBovre qu'on admii«
dans le vestibule du couvent des Bénédictins.
Dans ces oeuvres si variées^ on ne sait ce qu'on
doit admirer le phis de la correction du dessin,
de la facilité du pinceai^ du parfait accord^ et de
la transparence des couleurs, de la scieoée de
la perspective, des connaissances anatomiqttes,de
IMiabile dégradation des lumières ou de l'expres-
sion des figures. On accuse, il est vrai, No-
velli d'avoir reproduit trop souvent les mêmes
types; mais ce défaut lui est commun avec les
plus grands maîtres, et on a adressé le même
reppodie è- Andréa del Sàrto, au Frafe, à Léo-
nard de Vmci lùi-jnêine Quelques critiques out
regretté aussi qu'il n'ait pas recherché davan-
tage la grftce et ta l)eauté idéale. Ce quil y a
341
KOVELLl
M9
peot-Mre de plos étonnant dans le talent de No-
rdfi, c*f8t qull ait pn exécuter on si grand
Bonilms d^ouvrages avec tant defioin, de fini et
d'amoor dans Tespace d*ane vie si courte. Pen-
dant les tronUes dvils de Palerroe en 1647, fl
parcourait les mes, en qualité dlngénieor royal,
<iaand une troupe de séditieux le blessa au
bras droity et trois jours après il succombait, à
l'âge de trente- neuf ans et demi. H arait déjà
fonné un grand nombre dVIères, dont les plus
connus sont sa propre fille Rosalia^ Jacopo lo
Terde, Vincenio Marchese, Francesco Gizelli,
et le prêtre Macri, de Gîrgentî.
Novelli était aosai habile arcbitede, et c*e8t en
cette qnatlté qu'il Ait employé plusieurs années
pir le sénat de Païenne , et qu'il arait été nommé
par Philippe IV à cette place d*ingénieur du
royaume de Sicile qui fut l'occasion de sa mort.
Palerme In! doit la façade de la maison des PP.
de l'Oratoire de l'OIrvella^ et aussi, dit-on, les
dessins de la Porta-Felioe. Enfin, il a laissé quel-
({ws eaux -fortes très-rares et fort recherchées
des amateure. E. Breton.
OrtolnL Bioçra0a deçH momini ithistri delta 5 «ctfte.
- Laail, Stmria pittorieu, » OriMtfl, AtUttéario. —
TkMil, /MséoiMyiOL - Mcctilèvo, Gukéa di PmUrma,
- Dueriziane di CatamtQ,
XOTBLLI {Antonio)^ sculpteur italien , né à
Caste! Franco (Toscane), en 1600, mort à Flo-
rence, en 1661. D'une hmille aisée , Il reçut une
bonne éducation , unissant l'étude des lettres à
celle de la musique, et entra à quinze ans dans
l'atelier de Gherardo Silvani , où II fit de rapides
progrès; en 1622 il passa sous la direction d*A-
pstino Bugiardini. Après la mort de ce maître,
il acheva le tombeau de la célèbre musicienne
ArcsogeU Paladini pour réglise de Santa-Feli-
dtk. Vers 1630, il sculpta pofar la TÎlla de Poggio-
hnperialeua colosse représentant nn Vent déchi-
ranl une vot/e,nn buste dupein tre Ptusignano,
nae Lucrèce , et plusieurs portraits. Il exécuta
CBsaite les ornements en stuc de la salle deila
slu/a an palais Pitti, et deux statues en pierre
destinées à décorer la fhçade du nouveau palais
Stnnzi. Sur la demande de Michel-Ange Buo-
■arroti le jeune , il fit pour la galerie que ce
h'itérateur distingué consacrait dans son palais
à la mémoire de son oncle la statue assise de
yfcheltAnge^ figure moins, bien réussie que ses
^res ouvrages, parce qu'il fut gêné par la di-
rection dn BoscÂii qui lui avait été hnposée.
Après quelques travaux de moindre împor-
bnce, il sculpta deux Mois^ statues colossales
commandées par la reine Marie de Médids, une
Vénus de grandeur naturelle pour Agndla Galli,
et ooe figure colossale de la £of,qui fut placée
<lans la cour dn palais Pitti. 11 6t pour les cha-
pelles de famille du Roaso et des Francesdii les
statues des apôtres Simon, André, Jean et Ma-
^A<eu; etnn Christ ressuscité pour le vestibule
de la sacristie de Saint-Marc. Une Madeleine en
^nart^re, qui passe pour son meilleur ouvrage,
fut achetée par un ministre de la reine de Suède.
En travaillant aux belles fontaines dn palais Rî-
dolfi, il gagna des rhumatismer^qui le privèrent
presque entièrement de Tusage de ses membres^
il fut forcé de passer douze ans à Castel-Franoo
dans une oisiveté absolue. Guéri par l'usage
des eaux minérales des environs dt PÙe^ il revint
à Florence, et y exécuta en 1661, à roocasion du
roaria^ du prince qui depuis fut Cosme III avec
MaigMeri&e 4'Orléans, «ne statue gigantesque
â*Atlas portant le dol mr scm épmUes,
GetarliaCe était presque onîverMl; il fournit
utt grand nombre de modèles de cire poiar des
travaux d'orfiévrerie, entre autres pour le graud
ciboire d'argent Àt l'église de la NuaniaU; il
sculpta le boas; il esaaya dlmiter les Jummbcs
de Luea délia Robbia, at il fit ea ce genre une
VisUaéiom bieaféussie, à partqudque iufériorité
dans oertaines couleurs; il eaéouta eu acier de
magnifiques gardes d'épée; «I, ne qui n'avait
guère de rapport avec ses anlpes ouvrages» il
fabriqua des télesoapes assez parCuts pour que
TorricceUi ait dit de lui : &i oisTescii GaUlmu
alter. Il fut boa musicien; jouait de presque
tous les iastrumentap et avait lui-même inventé
un instrument À &4 voix, une espèce d'orgue
portatif qu'il appelait sordellina. Enfin, il com-
posa des poésies dans le genre léger appelé en
Italie bornesque, tels que l'éloge du sifflet, ZU'
folo, et de l'écureuil, scojatotto, et la Dispute
de la Peinture et de la Sculpture. £. B— n.
Baldlnacci, JVotiiie. — Fanlozzl, Ifuova Guida di PI-
renié.
HOTBLLi (Pietro^Antonio), peintre et poète
italien, né en 1729, à Venise, où il est mort, le
13 janvier 1804. II fiit élève de Pfetro Toni,
maître plus habile dans la théorie que dans la
pratique de l*art , et demeura avec lui un assez
grand nombre d'années; il conserva toujours
pour lui la plus vive reconnaissance. H peignit
À fresque et à l'huile, et l'on trouve ses pro-
ductions, qui sont abondantes, dans les palais
et les égBses de la YénéSe et des États romains.
Mous citerons de lui : La Descente du Saint-
Esprit , une Madone , à tJdine; La Concep-
tion, à Cadore; Le prophète Elle, ponr le
couvent de Saint-ÉIte dans le mont Liban ; la
Cène, Saint Michel archange, La Vierge et
Ven/ant Jésus, à Venise. Cet artiste a gravé un
portrait et plusieurs vignettes pour les œuvres
poétiques de l^ibbé Vîcioi , son ami intime. En
1789 il restaura les ornements de l'escalier d'Or
du palais des Doges. Comme peintre II n*eut ja-
maisun talent bien remarquable. Il cultiva aussi
la poésie, récita quelques morceaux dans l'A-
cadémie des Arcades, et laissa inédit un recueil
de Fantasie pastorali.
Son fils et son élève, Novelli (fYancesco),
né en 1764, s'adonna à la gravure; Il travailla
à l'eau-forte et au burin d'après Titien , Mante-
gna, Raphaël, son père, etc.; on remarque dans
son œuvre Disegni del Manlegna, 48 pi. in-fol.,
V Œuvre de Rembrandt, suite de copies faites
343
KO VELU — JN'OVES
344
avec Cumano, des Groupes de figures de
femmes, etc. p.
Qaadrl, Olto Cforni In rênêita. - E. de Tipahlo»
Btogr. degti Italiani iUuUri, VI. — Campori. CH Ar*
(Mi fifgli Stati Ettensi.
novELLis {Jacques de). Voy. Benuit Xlf.
NOTELLO (Guido), Voy, GUIDO.
NOTBLLO DA sAiff-LCCANO , ardiîtecte
napolitain , né vers 1440, mort en 1510. On
ignore quel fut son maître ; mais en le voyant
l'un des premiers marcher vers la renaissance,
on doit supposer qn'il avait étudié à Rome dont
évidemment les monuments antiques avaient eu
sur son style la plus lieurense influence. On re-
garde comme la pins importante de ses entre-
prises la restauration de l'église de San-Dome-
nico Maggiore de Naples , qui avait été ren-
versée en partie par le tremblement déterre de
1456. Le goût dont il avait fait preuve engagea
le prince de Saleme, Robert San-Severino, à le
charger de la construction d*un vaste palais, qui
fut terminé en 1480. Il est hors de doute que
pendant les trente années qn*il vécut encore
Novello ne dut pas rester oisif; mais cepen-
dant on ne connaît à Naples aucun autre édi-
fice qui puisse lui être attribué avec certitude.
E. B-N.
0. Placenza. Giunta afto Notitie di BaUtinueet. —
L. Galantl, Napoli e eontomi. — NapoU e i luopM ce-
Mni dette sue vMnante.
NOVERRB (/eaii-Georpes), chorégraphe fran-
çais, né à Paris, le 29 avril 1727, mortà Saint-
Germain-en-Laye, le 19 novembre 1810. Fils
d*un adjudant au service de Charles XII et des-
tiné par son père à la profession des armes, son
goût passionné pour la danse l'entraîna vers le
thé&tre. Élève de Dupré, il débuta avec succès
devant la cour, à Fontainebleau , au mois d'oc-
tobre 1743. A l'Age de vingt et un ans, Noverre
se rendit à Berlin; mais quoiqu'il y eût été très-
bien accueilli par Frédéric II et par le prince
Henri de Prusse , il ne tarda pas à revenir à
Pari3, où il fut nommé maître de ballet à l'Opéra-
Comique. En 1755 il alla remplir les mêmes
fonctions à l'Opéra de Londres et ensuite à celui
de Lyon, en 1758. Peu de temps après, Il partit
pour Stultgard , et y dirigea jusqu'en 1 764 les
ballets de la cour du duc de Wurtemberg, qui
était alors l'une des plus brillantes de l'Europe.
Plus tard, en' 1770, il fut attaché, en qualité de
maître de ballet, au théâtre de Vienne, puis à
celui de Milan. De retour à Paris, il fut chargé
en 1776 de la direction de la danse à l'Acadé-
mie royale de musique, et occupa cette place
jusqu'en 1780, époque à laquelle il quitta défini-
tivement le théâtre. Ayant obtenu une pension
sur la cassette du roi, il se retira à Saint-Germain-
en-Laye, près Paris, où il mourut, à Tàge de
quatre-vingt-trois ans.
Noverre s'est acquis une certaine célébrité
comme chorégraphe. Profitant des ingénieuses
innovations précédemment introduites à l'Opéra
par m"' Salle et poursuivant la réforme dés cos-
tumes entreprise par cette virtuose delà ilanse,
n supprima le masque qui couvrait le visage des
danseurs, fit disparaître de la scène les pannier»,
les tonnelets et autres ridicules accoutrements,
et donna le premier au ballet pantomime uae
action dramatique en y introduisant TimitatloQ
vraie de la nature , autant que le comporte ce
genre de spectacle. Noverre et les Gardd ap-
portèrent dans leur art la même révolution qoi
fut ensuite opérée dans la musique française par
Gluck, Picdnni et Sacch'ini. On a de Koverre
un grand nombre de ballets qui ont obtenu de
brillants succès. Nous nous bornerons à indiquer
ici ceux qui ont été représentés à rAcadémie
royale de musique : Médée et Jason, ballet
pantomime, en trois actes (1775); — Xe5 Ca-
prices de Galathée, id. ( 1776); — Appelles
et Campaspe, id. (1776); —Les Borates,
id. (1777); — La FéU ehinoise/\^, (1778);
-- Annetle et Lubin, id. (1778); - l^
petits Riens, id. (1778); ^ La Toilette de
Véniu, id. (1779); — Médée, \d, (1780).-
Longtemps déjà avant l'apparition des ballets
que nous venons de citer sur la scène française,
Noverre avait exposé ses idées sur la régânéra-
tion de son art dans un ouvrage intitulé Lettres
sur la danse et tes ballets , qui fut publié à
Lyon, en 1760, un vol. in-8». Ce livre, dans le-
quel l'auteur traite de Topera français, offre des
vues aussi remarquables par leur justesse qoe
par leur nouveauté à cette époque. H eo a été
lait successivement plusieurs éditions en France
et à l'étranger; la dernière a paru h Paria, en
1807, sous le titre de Lettres sur les arts inù'
tateurs en général, et sur la danse en parti-
culier, 2 vol. in-8». On' a aussi de Noverre une
brochure ayant pour titre : Observations sw
la construction d^ftne nouvelle salle d^ Opéra;
Paris, 1781. D. DEimE-BABOK. ^,
De La Borde, Essai sur la Musique. — C*Ui Sla<^
De ta Danu et des Baiiets. — Le même. L'JcadémU im-
périale de musique, histoire iUtérairet musieaie, etc.
— Fetb. Biographie universelle des Mutieieru.
NOVES (Laure ns), et non pas de Sade,
plus connue sous le nom de la belle Laure,
néeàVaucluse ou à Lagnes, en avril. 1308, morte
le 6 avril 1348, au même Uen ou à Arignon.
Laure de Noves, tel est le nom donné par la plu-
part des biographes à la femme que les vers de
Pétrarque ont immortalisée. Ce n'est pourtant
là qu'une hypothèse, et il nous paraît plus trai-
serobtable que loin d^appartenir à la famille de
Noves et d'avoir pour père Audibert de Noves,
syndic (échevin) d^Avigooo, Laure était is^^ue
des seigneurs de Vaucluse, qui tenaient à la mai-
son d'Adhémar, d'où sont sortis les princes d'O-
range et les comtes de Grignan. Le système qui
la fait naître à Avignon , le 4 Juin 1314, nous
semble inadmissible, et son mariage avec un
certain Hugues de Sade, le 10 janvier 1325, doit
être mis au rang des fictions romanesques jus-
qu'à ce que des monuments authentiques et
des titres primordiaux irrccusables soient venus
345
NOVES — NOVI
i'attesier d*nne manière qoi dissipe tous les
doutes. La Laurc aimée du poète vécut et mou-
rut Tierge. C'est sur les rires de la Sorgue, et
Boo pas dans T^ise des religieuses de Sainte-
Claire à Avignon , le lundi 6 avril 1327, que
Pétrarque rencontra Lanre pour la première
fois, et conçut pour elle cette passion forte et
constante qui ne saurait aujourd'hui être mise
en doate , et qui fit en même temps le bon-
heur, le tourment et la gloire de la moitié de sa
w. Pétrarque {vop. cd nom), chassé avec sa
famille de la Toscane par les guerres des guelfes
et des gibelins, était venu chercher un asile dans
le comtat Yenaissin, et s'éteit fixé à Vaucluse.
11 avait alurs vingt-trois ans. La maison qu'il
habiUit était située vts-à^vis de la maison des
parents de Laore, et son rôFe à l'égard de cette
O^nie demaiselie se serait tocyours réduit à
celui de panégyriste de ses qualités estimables.
Laure, que Pétrarque vit pour la dernière fois
le 27 septembre 1347, mourut l'année suivante,
<l*ane maladie de langueur, six mois avant une
peste terrible qui désola ces contrées, et le 6
avril 1351 l'illustre poète, se rappelant que ce
jour luisait pour la troisième fois depuis qu'il
Tavait perdue, fixa ce funeste anniversaire dans
on sonnet qui se termine par ces mots si tou-
chants : <c Ah! qu'il était beau de mourir il y a
aujourd'hui trois ans ! » Suivant une note écrite,
dit-oD , de la propre main de Pétrarque sur un
Virgile manuscrit conservé à la bibliothèque
ambrosienne de Milan , Laure aurait été inhu-
mée dans l'église des Frères mineurs d'Avignon;
mais cette note est considérée par de savants
critiques comme entièrement apocryphe. On
prétend avoir, en 1533, découvert le tombeau
de Lanre, qui de Taveu général n'a fourni ni à
l'intérieur, ni à l'extérieur, aucune désignation
du Dom de la défunte ou de l'année de son dé-
cès. Sons une dalle sans inscription , mais sur
laquelle étaient sculptés deux écussons effacés
par le temps et surmontés d'une rose, on trouva
quelques petits ossements, et une mâchoire en-
tière, auprès de laquelle était déposée une botte
de plomb, fermée avec un fil de fer. Cette boite
contenait un parchemin plié et scellé de cire
verte, avec une médaille en bronze représentant
une femme qui se couvre^e sein, entourée d'une
légende qui consistait en ces quatre lettres :
M. L. M. J. On rinterpréta bizarrement : Ma-
donna Laura tnorta jace, ce qui ne saurait
être considéré comme une véritable découverte
épigraphique. Un sonnet italien, signé Pe/rarca,
était sur le parchemin; mais sa médiocrité, son
prosuame prouvent de reste que Pétrarque n'en
est point l'auteur. Au mois de septembre de cette
année, François l^', passant par ATîgnon, voulut
yoir le prétendu tombeau de Laure, à laquelle
il ordonna d'élever un mausolée, ce qni n'a
iamais été exécuté. Ce princû l'Iionora même de
i'épitaphe suivante, qui ne vaut pas celle que lui
ATait consacrée son Pétrarque :
346
En p«tU Ueu comprlf, vous pourez voir
Ce qui eoroprrnd l>eaucoup par renommée,
Plome, labear, U langue et le aavoir
Fureot vaincos par l'amant de Katmée.
O genUUe Ame l étant tant eitlrede,
Qui te pourra louer, qu'en se taisant?
Car la parole est toujours réprimée,
Quand le sujet surmonte le disant
L'église des Cordeliers et ce que l'on consi-
dérait comme le tombeau dç Laure ont été dé-
truits pendant la révolution , et il n'en reste
plus auctm vestige. Nous n'approfondirons pas
davantage la biographie de cette femme, qui de-
puis quatre siècles fait plus de bruit qu'elle n'en
a fait, à coup sûr, de son temps, et 4ont l'exis-
tence a même paru à certains auteurs quelque
peu problématique. H. F.
D'OUvler-ViUUfl, L'illustre châtelaine de raucluset
iWi. In-i». - J.-J.-F. CosUlng de Poslgnan, Im Muse
de Pétrarque dont Ut eoUines de raucluse,- 181 S, In-il.
— Oe S»ie , Mémoiret sur Pétrarque <!7U, 8 vol. In-4»J-
HO VI (Poûlo ns), doge de Gènes, décapité
à Gènes, le 5 juin 1507. En 1507 les Génois,
toujours inquiets et volages, résolurent de s'af-
franchir, du protectorat de la France et de se
donner à l'empereur Maximiiien. Comptant sur
l'appui de l'Allemagne, ils chassèrent Jean-Louis
Fieschi qui gouvernait pour la France. La no-
blesse ne prit aucune part à ce mouvement,
qu'elle regardait comme fort imprudent, et quitta
la ville ; les négociants imitèrent cet exemple.
Le peuple, abandonné à lui-même, nomma huit
tribuns, parmi lesquels Paul de Novi, riche tein-
turier, qui, selon Uberto Folieta, Bizarre, Guic-
oiardini et autres historiens génois « joignait à
beaucoup de force de caractère et d'intégrité une
aptitude aux affaires et un courage dignes de cir-
constances plus heureuses» . Louis XII invitales
Génois à ne pas persister dans leur rébellion. Ceux-
ci répondirent à ses propositions pacifiques en
mettant le siège devant Monaco et en persécutant
les nobles, restés pariisans de la France. Louis
se décida à passer les monts (3 avril 1507) pour
en finir avec les continuelles séditions qui agi-
taient Gênes et forçaient la France à entretenir
continuellement dins la Ligurie des forces con-
sidérables. Le 26 il attaquables défilés de la Pol-
devera avec une armée de deux mille trois cents
chevaux et douze mille hommes de pied. Les
Génois s'enfuirent presque sans combattre. Ils je-
tèrent l'épouvante dans la ville, qui ne pensa plus
qu'à se rendre à discrétion. Paul de Novi essaya
de défendre le poste de la Lanterne (27 avril);
il en fut délogé par l'artillerie française. II s'em-
barqua pour la Toscane, relâcha à Pise et de
là voulut gagner les États romains; une tem-
pête le jeta en Corse. Il fut livré aux Fran-
çais, et Louis Xir, en pardonnant à tous les Gé-
nois, l'excepta d'une amnistie, ainsi que Démé-
trius Giustittianl. Ces deux chefs furent décapités ;
leurs membres furent exposés sur les portes de
la ville. A. nE L.
Jaeob Nardl. I»f. Fior., t. IV, p. 19S. - Uberto Fo-
liota, /list., lib. XII, p. 6M-70I. — Petrl BIzarro, Hlst.
genuensû lit>. xviii, p. kn-hn. — Fr. Goicciardinl, atst^
347
NOVI — NOVIUS
llb. VII, p. 37S-87t. - Aff. Gluttloiaol» Storla di /;«-
nova, llb. VI, p. iss. - Shmondl, HUt. des répub. Ua-
Uermes du moyen âge, t. X1II« chap. ar, p. 86S>S70.
50VIDIUS (AMàroU€)^p9ète\9tin moderne.
Dé à Forenza (royaume demàples), vivait dans la
seconde moitié du seizième siècle. II passa la plus
grande partie de sa vie àftomet ^ îl s'adonna
à la culture de la poésie latine ; un de ses pro-
tecteurs fut Alexandre Faiîièse. Oo connaît de
loi deux poëmes^ intitulés Consoiaiio ad Eo-
manos (Rome, 1538, in-i2), et Saerorum
fastorum lia. XH (Revue, 1547, in-4"; An-
vers, 1Ô59, în-12); oo Uonve à la tète de ce
dernier ouvrage un calendrier curieux pour la
connaissance de certains usages de l'Église ro-
maine, p^
Rotermund, Suvplém. à Jôcher.
■«▼fKor (^(;o/a4-/vanoi?i/cil),nttér8tear
rosse» né à Tikhvenskoé, près de Btoacou, le
20 avril 1744, rooK au même ïim, le 31 juHlet
1SI8. Après avoir reçn dans la maison patenielle
i*é<lucation fort médk>cre que Iss gentilshoonnes
eampa^iafds donoaient alors à leurs Us, il alla
à PéCepsboarg, à l'ège de dhi-buit ans, servir
dans les gardes. Les leelorea q«*it y fit lui in»,
piraient une telle passion pour les lettres que,
pour e'y eonsacner entièrement; Il abandonna
bientâti» carrière mRilaire. Son premier es<^
Ait la création d*«n joumnl satirique et Mie Bim^
frapfUe lUiéraire russe, la première dans ce
geare, sans laquelle plos d'un rensel^wmeBl
serait maintenant intuonvable. Fixé à Mosooven
t769, il y publia, en 19 vol. in-a**, une Ancûnna
BibêMkéquê ruMie, précienx recnail de (fivera
deeuroeots historiques, dent anonn n'est sans
valeur; il y prit la d'ireeUen de k GtueUe de
Mosco/kf Ibnda plusieurs revnes, onvrit le pi^
mier cabinet de leeUure qu'il y eut à Jâmumm^
capitale qui en 1753 n'avait pas eneora une
seule Hbrairie, et se fit enfin hii^mtene inpii-
mear et libraire, il est difficile d'énomérer tout
œ qu'il pépandil en Russie de livras,, et fmn
bien pessortir le salutaiie élan qu'il iBqprnna à
r» société russe, pleine d'une wé^m netwelle
trop faiblement développée. En 1794, Novibor
commença dans la Gasette de Mokou une
MMoifêde tordre det Jéeuites. L'inpénalrioe
it arrêter celte publieatiavet soigneusement re-
chercher ee qui es avait paru. < Considérant»
perte son reserit à ce sujet, que neea avons ae-
cordé notre ppsteetioaà cet ordre, nous ne per-
mettons à qui qoeoe soit de lui porter atteinle. »
L'année suivante, le même souveraÎB ordonna au
métropolite de Kosooo, le célèbre Platon, d'exa-
miner sévèrement tous les Uvrea qui sortaient
des ateKers de Novikof. Platon les divisa en
trois catégories : 1* les livres Htfféraires (quW
ne saurait assez maltiplier ) ; ^ les livres mys-^
tiques ( pour ceux-ci , dlt^l, je n^y eomprênde
rien, et ne puis, par conséquent, les appri^'er);
3' les ouvrages des encyclopédistes, qu'il regar-
dait comme de dangereuses et mauvaises
àerèes; puis, ploa soucieux de bi sécurité de
848
Novikof que de l'intégrité de la doctrine dont il
était le gardien, il déètera à sa souveraine qne
« devant le trAne de Dieu et son thtaie 11 ras-
surait qu'il déaîrecait que non -seulement ses
ouailles, maisencore que tous les hommeasoient
aussi bons chrétiens que l'était Novikof ». Obli-
gée d'ajouter foi À oe témoignage, l'impératrice ne
continua pan moins à negarder ^(ovikor comme
un fanatique^ mit des entravée à aoo activité,
et finit, en 1791, sur des dénonciations mn
édairoies, par le faire arrêter, par mellra s«
biens sons séquestre et le jeter en prison i
Schiusselbourg. Il y demeura quatre aw. L'em-
pereur Paul, le jour même de son avènement an
trâne. rendit à Novikof sa liberté et son patri-
moine. Ce fui là qu'il termina ses Joaia» dann la
culture des lettres et la société de quelques amis
fidèles. Pc^AuGL— n.
Gretcb . Esioi iur fhUL de la HUér. russe. • Dêe-
nonnaires hist. de Baotlch-Kameiukl et du Dtftropoine
■■géoe. — te Messager russe, isrr, b»» is et si. ~ ite-
vif« des étudimtê de tuntfersUi 4e ^MÉrtrJMtfvdMvy.
l-l.^Us annales de ta pairie, itss, t. lu. — JnsuUes
tUbltoçr. de Moscou, 1818, n» 6.
NOTIOMACVS. Voff. BnONCHOBST.
woTiosr (Jean-Victor, comte i»b), officier
français, né en 1747, à Laon, oh il est mort, le
18 juillet 1825. Issu d'une famille de robe, il
suivit la carrière des armes, et était à répoqoe
de la révolution capitaine d'infanterie et chevalier
de Saint-Louis. Élu député suppléant de la no-
blesse du Yermandoîs aux états généraux, il
remplaça, en 1790, lecomtedeMîremont, et vota
constamment avec le côté droit. Vers la fita de
1791, il émigra, se rendît à Londres, puis à Lis-
bonne, et, grâce an crédit du ministre Rodrigue
de Souza, fit agréer an prince régent ses services
pour rorgaoisation d'un corps de |)olice urbaine.
Bi 1804, cette institntion préservatrice, dont
Lisbonne n'avait jamais été dotée, foncfiomiaft
d'une manière r^lîèi-e, après bien des eflforts
que le mauvais vouloir des grands seigneurs
rendit longtemps stériles. Lorsqu'on 1807 la
cour s'embarqua pour le Brésîf. Novion réussit
à maintenir la tranquillité par des mesures à hi
fois sages et énergiques, et pendant l'occupatta
française, il remplit les fonctions de commandant
d*arroes de la place. Le gouvernement portn^ib
le récompensa de ses services par le grade de
marédial de camp. Rentré en France en 1814,
il ftit nommé, en 1816, prévôt du déperfemeat
de l'Aisne. p. l,
Mumal 4s rSmpIre, S mars 1808. - TMéhaiiIt, JMto^
rim 4e retpéduiûn dTEspa^m ei de fiertugsd.
■•qrtesi. Foy. Ponm.
W^wm{Augusiirt nt), canonisie HaHea, né
en Lombantle, vivait an quinxièroe siède; il
peelessa le dhiil à Pavie, devioft chanoine J H
laissa entre autres écrits, un Scnsttmkm. M^
prniUum in fuatricojuuiium eonsiOum^ qui
lut imprimé à Ftovence en 1500, iliibL Gw Bl
Pabvldiis, MbUat^eaa latista medU ssH^ L 1, ». M».
HOTiiTS, poètfroomique latin, vivait aucune
mencement du l"' siècle avant J.-C. U étail
U9
WOVIUS — NOY
UO
d« dKtaleiv SyHa el dn poète
comique PonpooMu. Il se rendit célètee |Mr ses
ateUamêg^ q/m jomnal loog^empé chcx ks an;
ciess d'ooe grand» répolaCion el ^ne Honnot
MaroBUtts cite convent. U eonposa eusà des
(nnédies imtées da tbéàân grec. U mm de
KoTios esl rréqnenwMnt eonlioodn das les ne-
DQscrits nvee les noms de ttenoê et de Vetliis.
Us rragpienls qm nsicnl de hii sasltrap esarts
pour avoir quelque intérêt littéraire ; mais ils
soot précienx pour l*histoire de la langue latine,
Yoid les titres de ses pièces : Agrieoim^ ÉMành
macha^ iitatau^ Buàuieuâ Cefia, /Hiceii/a»
Colax^ tHevma, Depaiici, Dotata^ Duo Jk»-
senif £eulna^ Mniacâs^ SxodhtMt PMèoni^
eus, FuUuMM JMatit FtMus, ÇoUimaria^
Ganvù, MeUsra, làgnaria, i0aocê^ Maeau
Caupo, Maccus êxul, MaiemUa^ Monte ne*
dica^.MUUet Pùm»ttiuiuêê^ M4n'UM et uitm
judiciMtm^ Optio, Pappus prmterUùs^ Parcu»^
Panlus, Pwiius on Pmdimm, PtamUut^ Pir
eus, Prxto posierior^ QtimtiUK Swréus, Jo*
bellaria, Jofutaria, TripertiiOf Vimdtmèa»
tores f Virç9 prxgnans, Zçmtu Les/ropmenls
de Kofius ont été recueillis par Bolhe : Poêim
tceniei latiMonimf Fragaœnla^ t. IL Y.
Fabriciai, 8iNiotkeea tofiiia. - W«lflbnl, tSitimnm
iaUnorum..^ vite. p. SI.
howaUi {Chéhab ed Dg» AAmed)^ his-
torien et jnriseonsulte arabe, né à Taber, dans
la haute Egypte, Tors l2ao, mort en 1332. JLe
seul ouwage de lui que nous connaissions est
une sorte d'enejdopédie intitulée : iiîhagai al
arab/ijonùuu aladabj traitant de tout os qui
concerne les difTéreotes brandies des belles-let-
tres. Cet ouvrage, divisé en cinq livres» forme
10 Yoloines. La Bibliothèque impériale de Paris
et celle de TEscurial en possèdent quelques vo*
lûmes; dans celle de roniversité de Leyde se
trsnTeaaeoieroplaire conapiet. On n'en a josqu'id
ÎBBpriné que des extraits, lis sont innérés dans
Albert Scboltens, Mùnumenia vetustwra
Arabùf, sive specimina qtuedtim iliustria an*
tiquM memori» et lïnguœ^ êas mamueriptU
eodicilnu Mureirii, âfeMudii, etc., excêrpta ;
Leyde, 1740, in-4*; pois dans Eiebbom, M(h
mmenia antiquéêêima àietorUe Araèum poêt
Àiberium Sehultenêium colteetOy cum lafina
veniané; Gottia 1775, iU'^S*; dans J. L. BaMS-
DMiasen, Additamênta mi hàitorèam Ar&Jiwm
anie ItUmUsmwm, excerptmex tbn N^bathm,
yoveino, ttc»; Copenhague, 1891, i»4*; et
dans Annales islainismiy sive tééulm jyn-
chnmisiiex ' chronologies ehatijorum et rt-
911JB Orieniis et Occideniis^ etc. ; Copenhague,
I82&, in-4**. Quelques chapitres relatirs à l'his-
toire dt l'Afrique septentrionale ont été tradaits
par Mac GInkin Slane, qui les a aiootés comme
appendices à sa traduction de VHietokre des
Berbères d'Afrique, par Ibn-Klialdonn ; AJ^r,
1853 et s»jtT.,4 vol. in-8^ U partie de l'histoire
de Howaïri qui cooeema U Siciit mus Ingonver-
nement dea mnsnbnint a été pnbKée en arabe
et en latin par le chanoine Gwgario Roaario»
deas In CnJ^ss^one di cnat mmèê-êidUanêt
Palerme, 17M^ Cauasia en n donné une Iradnc-
tion tnnçaiae» p^ l£t2, à la suite du Kofnjt en
Sicito, de Riedtwel. M. Moêl D« Vsfisrs en n
es^trait les chapitres relalilii anx Agbl«hites
dana son iVtsIotre de la Sicile sems lus il^Ala-
Mes, en afibe et en français ( Paris, U« 1 , hhT).
la partie rriatire à U Syrie a été tradnîte, avec
un aperça de TonTrage entier, par Reisbe, qui
l'a publié à la auile de aa Descriptian ée la
Syrie par AhoQlftiln ; Leipa{g« 174A, hl-4^ R.
Ha411 kàaUlB^UsieimèMliotiraphèemm «c •wtyrtapMf-
emm. * Introduction des oavr»ffetd« lUMmoueiu Scknl'
têms EiehMom,
iiewBLL (Alexander)^ théologien anglais,
né en 1507 ou 1508, à Rendhall (comté de Lan-
eastre), mort le 13 lévrier 1«0Q, à Londres. Des»
tiné à l'état ecclésiastique, il lit ses étndm à
l'université d'Oxford, y enseigna U logique et
en fct un des ogrp^. Après areir été reçu
maître es arts, il vint i Londres, M attaché
eomme sous*mailra à l'école réceminent Amdée
de Westminster (1 S43|, etobtfnt, en 1 5f>0, hi per-
mission de prêcher en dilTérants endroits du
royanme. Il était chanoine lorsqu'on 1553 il fot
élu dépoté du bourg de Léo en Comouallle à tai
chambre des communes; mais l'électiQO Ait
cassée pour vice de forme. Obligié, dans la même
année, de se soustraire aux persécutions dirigées
contre les prolestants, il troitva on asile k Stras-
bourg, où s'étalent réftigiés les principaux cliefedo
l'Églii^e anglicane, Jewelt, Sandys, Grindal, etc.;
il ne retourna dans sa patrie que sous le règne
dtif subeth. D'abord chapelahi db l'évèqiie Grin-
dal (1550), il fut nommé en 1580 archidiacre
du Mlddlesex d doyen de Saint-Paul, et en 1594
clianoinc de Wbidsor. C'était un homme ins-
truit, charitable, d'une fdété exemplaire, et
grand ami des lettres ; une partie de ses revenus
fut employée à U fondation d'une école dans le
Lancashire et de trefoe bourses au eoltége Brasen-
nose, où il avait été élevé-. H fut un des eedé-
siastiques les plus zélés à propsger les principes
de la réforme, et prit une part influente aux Ira*
vaux de l'assemblée qui, en 1583, révisa les ar-
ticles de la communion anglicane. Outre des ser>
motts et des ttaftés de controverse contre l'ÉglIée
romaine, on a de lui deux CnfécAtsmef en latin,
dont Tun est faHrégé de Taotre, imprimés tous
deux en 1570 (in-4* et bi-8*), et qui ont été en
nsage pendant plus d'un ^ècle ; Ils ont été 1M-
duiis en anglais et en grec.
Son (Mre, Lawrence Novtvll, mort en 1576,
Alt archidiacre de Derby et doyen de Uchfield ;
savant arehéologue, il composa plusieurs ou-
vrages qui se trouvent en manuscrit au BritisI»
Bfoseum h Oxford, entre antres on VoeabU'
laire de la langfÊ0 saxonne, P. L— t.
Cbortoo, lÀfê 0/ jilgr. NomêU; Oitord, tSOt, In-S».
NOT ( IfilUam), jurisconsulte anglais, né en
1577, en Comouailles, mort le 6 août 1834, i
S51
NOY — NUCCI
tbi
Tunbridge Wells. £d Miiant du collège d'Eie*
ter, il 6*appliqaa, dans la société de LîoooId's*
Inn, à l'étude du droit^dans la connaissance du-
quel il se rendit fameux. Élu député vers la fin
<lu règne de Jacques I*', il siégea au parlement
durant plusieurs législatures consécutires, et s*y
montra Tun des plus ardents adversaires de la
prérogative royale. Il défendit les intérêts du
peuple, dit Fuller, jusqu'au moment où Char-
les l*' lui donna la place d^attomej général,
en 1631. Après sa défection, il conserva cette
humeur chagrine et cette indépendance apparente
de caractère qui favaient toujours distingué. On
pouvait Tacilement le gouverner en le flattant, et
les ministres, en vantant son savoir et son
adresse, l'amenèrent à découvrir une source
nouvelle et plus productive de revenus : \ie fut
lui qui rédigea rordonnance relative à la taxe
illégale sur la construction des vaisseaux (ship-
money); mais il ne vécut pas assez longtemps
pour en voir les désastreuses conséquences. Si
sa mort fut un sujet d'affliction pour la cour, elle
devint pour les libéraux le signal de réjouissances
publiques. Noy passait à bon droit pour un lé-
giste habile, comme le prouvent les ouvrages
qn*il a écrits et qui n'ont paru qu'après sa mort,
notamment : A treatite of ihe principal
grounds and maxinu of the laiws ofEngland ;
Londres, 1641, in 4'*; ^ Th$ perject con^
veyancer, or several sélect and choice précé-
dents; ibîd., 1655, in'4*; — Reports of cases
taken in the time of queen EUtabeth, hing
James and kind Charles ; iïÀd., 1056, 1669,
in-foL; — The complet Latoger^ or a treatise
concerning tenures and estâtes in land of
inheritance for life; ibid., 1661, 1674, in-8';
— A treatise on the rights oj the Crown,
declaring how the king of England may sup-
port and increase his annual revenues; ibid.,
1715, in-8». P. li— Y.
Clarendon, Utmoirs. — Lloyd, StaU tcorthiei. —
Faller, fforthiê». — Chatiners , General Bioçr. DleL
HOTDENS (Benito-Remigio), écrivain es-
pagnol, né en Aragon, vers 1630, mort en 1685.
Il se fit connaître par un ouvrage satirique in-
titulé : Historia moral del Dios Momo (Ma-
drid, 1666, in-4*'). Voici en quelques mots le
sujet de ce livre aujourd'hui peu connu. Momus,
banni du del, séjourne dans un grand nqmbre
de corps sur la terre; il est tantôt roi, tantôt
laboureur; il devient tour à tour militaire, ecclé-
siastique, médecin, homme de loi, et partout il
cause beaucoup de trouble et d'embarras. Cette
fiction est malheureusement traitée d'une façon
un peu lourde, et elle cessa bientôt d'avoir des
lecteurs. Noydens se livra ensuite à des travaux
philologiques plus utiles. Il donna une édition
(Madrid, 1674, In-fol.) du Tesoro de Covarro-
bia9,le plus ancien des dictionnaires espagnols,
dans lequel il introduisit des additions et des
améliorations nomlireuses. G. B.
Tickoor, HUtùrjf of spanith litcrature, t. III.
HOTBE (Do ). Voy. Do Noter et LocmcB.
NOTBBS (Guy de), prélat Trançais mort
le 21 décembre 1193. Son père était Milon de
Noyers, seigneur bourguignon. Après avoir
rempli les fonctions de prévôt d'Auxerre et
d'arcliidiacre de Sens, il fut confirmé arche-
vêque de Sens , par Alexandre III, en 1176. On
le trouve en il 79 au concile de Latran, et au
couronnement de Philippe-Auguste dans Téglise
de Reims. En 1180, le jour de l'Ascension, il
couronna lui-même, dans l'égKse de Saint-Denis,
Isabelle, femme de Philippe. En cette année,
pendant les fêtes de Noël, il se trouvait de nou-
veau près du roi dans la basilique de Saint-De-
nis, lorsqu'ils eurent ensemble un grand débat
Le concile de Latran ayant interdit aux juifs de
posséder des serfs chrétiens, Guy de Noyers pré-
tendit fkire lui-même exécuter ce décret : le roi,
de son côté, lui enjoignit de s'abstenir en cette
affaire , disant que toute question relative à l'é-
tat des personnes était de la compétence de la
cour civile. Mais l'archevêque ne voulut pas
comprendre les raisons donn^ par le roi , et la
discussion s'aigrit à ce point que Philippe, cour-
roucé l'exila. Cependant cet exil ne dura guère.
Nous voyons Guy de Noyers rétabli sur son
siège dès l'année 1181. On a des lettres d'A-
lexandre III, d'Urbain III et d'Etienne de Tour-
nay adressées à Guy de Noyers. M. Daonou ap-
pelle avec raison Guy de Noyers un àea plo^
savants prélats de son époque; mais il prétend
à tort que ce prélat n'a laissé que deux chartes
publiées dans le tome XII du Gallia christiana.
Les archives manuscrites de l'église de Sens nous
offrent plusieurs autres diplômes du rofme ar-
chevêque. G. H.
Gallia chriit., t. XII, col. 19. - Hiti, liU. de te
France, t. XV, p. eii.
NO¥BBS {Miles de), maréchal de France,
mort en septembre 1350. Il était arrière-petit-
neveu d'Hugues de Noyers, évêque d'Auxerre.
Pourvu en juillet 1302 de la cliaige de maréchal
de France, il la conserva jusqu'en 1315, époque
où il négocia, au nom de Ptiilippe le Bel, la paix
avec le fils atné du comte de Flandre. En 1316,
il fut un des exécuteurs testamentaires du roi
Louis le Hutin. Nommé porte-oriflamme en 1325,
il se trouva en 1328 à la bataille de Cassel; l'a-
vis opportun qu^il donna au roi de l'attaque des
Flamands décida du gain de cette journée. Il fut
aassi présent au désastre de Crécy (1346) et en-
gagea vainement Philippe Yi à différer le combat
jusqu*au lendemain. Il occupa l'office de grand
bouteiiler en 1336 et en 1343. — Cette famille,
originaire de la Bourgogne, s'éteignit en 1415.
dans la personhede Miles X de Noyers, comte
de Joigny. P. L.
Anselme, Grandi (ifêciert de la eouronne.
NOTEII8 {Gilles de). Voy. Gilles.
NOTBRS. Voy. Noé.
NCCGi {Benedet(o), peintre de l'école ro-
maine, né à Gubbio, vers 1520, mort en i587
3S3
WUCCI — NUGENT
854
( aiiiM que le proure son testament, fait en 1 S80).
n fut plutôt le GompagpoD et f imitateur que l'é-
lère de Bafbellino del Colle, avec lequel il pei-
gnit une Madone et plusieurs saints pour
Saint-Francesco de Cagli. H a laissé un grand
Bombre d*ouTrages dans les Bfarches, dans
rombrie et surtout dans sa Tille natale, où Ton
voit la Vierge et plusieurs saints, saint Tho-
mas (1577), un Crucifiement , le Baptême de
saint Augustin, la Descente du Saint»Esprif,
et une Cène, placée en face d*nne Descente de
croix copiée d'après Daniel de Volterre par son
élèîe YirgilioNucci. Ce dernier, que tous les his-
toriens font frère de Benedetto, était mn fils,
ainsi qu'il résulte des termes du testament que
DOQs arons déjà dté, et par lequel son père
Ilnttitae son héritier uniTersel. £. B~n.
RMgtaiMCl, Bitneo éé fn/Mteri 9MçuMni nMê am
M éiâtgna, — UbiI» SUnia fUUriea. -^ CoalaDdl,
Skmorie origimaU 44 bette artU
aVCIVl HICAHDRB (NCxfltvSpoç No<îxio;),
Tojageur grec, né à Corcyre, vivait dans la pre-
mière moitié du seizième siècle. Forcé, à la suite
de diverses aventures, de quitter son pays, il se
réfugia à Venise. Là U entra au service de Gé-
rard Yettwick, qui se rendait comme ambassa-
deor de l'empereur Charles V à la cour du sul-
tan Soliman, en 154&. Il l'accompagna non-seu-
lement à Constantlnople, mais dans plusieurs
autres parties de l'Europe, et écrivit un récit de
ses voyages plein de détails curieux et intéres-
sants. Un manuscrit do cette relation , mais in-
complet et ne contenant que deux livres, se trouve
dans la bibliothèque Bodleyenne à Oxford ; d'a-
près ce manuscrit M. Cramer a publié le 2* livre
du récit de Mucius (texte grec avec traduction
anglaise ) ; Londres, 1841, in-4**. La bibliothèque
Ambroifiienne de Milan contient un manuscrit
plus complet des Voyages de Nucius Nicandre,
qui forment trois livres. Y.
Préface de M. Cramer, en tête de loo édition. — Smltti,
OkUÔmarjf qffreek tmd rowum btoçrapkt.
nvcm ( Antoine) , anatomtste allemand., né
vers 1669, mort vers 1742. Après avoir étudié
Unédedne, il exerça son art à La Haye, et
ofatîot ensuite la chaire d'anatomie et de chi-
mipe è Leyde. Il est le premier qui ait aperçu
la manière dont se répare la perte de l'hu-
nwur aqueuse de l'œil. Disséqueur infati-
gable , il a encore découvert quelques glandes
i^iivaires inconnues jusqu'alors. On lui doit aussi
rtnventkm d'une machine pour redresser le cou
p^cé de traTers par la rétraction des muscles.
Il a publié : De vasis aquosis ceuH; Leyde,
1685; — De duetu salivati novo, ductibus
oquosis ei humore aqueo oculorum; ibid.,
188S, in -12; réimprimé sous, le titre de Sia/o-
çraphia et duetuum aquosorum anatome
nova; ibid., 1690 et 1695 , 'm-8^ Albinus s'est
plus tard approprié les observations ingénieuses
contenues dans cet* ouvrage; — Adenographia
curiasa et uieri fœminei anatome nova , ctim
tpistola de inventis novii; ibid., 1691, 1696
«OOV. BIOCR. QÈRÙL. — T. XXXVIH.
el 1723, in-8*; — Operationes et expéri-
menta cMrurgiea; ibid., 1692, 1696, 17 14 et
1733, in-8*; léna, 1698, în-8*; traduit en alle-
mand, Lubeck, 1709, et Halle, 1728, in 8^ —
Tous les ouTrages deNuck, sauf le premier, ont
été réimprimés ensemble; Lyon, 1722, 3 voL
en trois volumes in- 12. O.
Éloy, MetUmnaire âe la wtédeeHu.
HOBHAEIUS. Vog, NBUENAU.
If U6BST ( Thomas ), littérateur anglais , mort
le 17 avril 1772, à Londres. Sa famille était ori-
ginaire de ririande. Il passa la plus grande partie
de sa vie à Londres , où il mit sa plume au ser-
vice des libraires, principalement pour les tra-
ductions. C'était un homme actif et modeste,
qui possédait une instruction variée; la connais-
sance de la langue Drançaise, qu'il avait apprise
dans sa jeunesse, lui fut d'un grand secours
dans ses travaux. En 1765 il reçut de l'université
d'Aberdeen le titre honoraire de docteur es let-
tres. Ses principaux ouvrages sont : Traveis
tfirough Germany ; Londres, 1768, 2 vol. in«8*i;
— Observations on Italy and Us inhabitants;
ibid., 1769, 2 vol. in.8*; — History of Van-
dalia; ibid., 1776, 3 vol. in-4* : ouvrage estimé,
qui offre d'intéressantes recherches sur l'his-
toire ancienne de la Poméranie et des contrées
voisines. Son Nouveau Dictionnaire portai^
des langues française et anglaise ( Londres,
1774, in-B") a eu en France un très-grand nom-
bre d'éditions; il a été rem et corrigé par
Charrier (Lyon, 1788, 2 vol. in-12), par J. Oui-
seau (Paris, 38* édit., 1845, in-32), par Eib-
bins, etc. Nogent a traduit Prinelples of poU-
tical law (1752, in-8*), de Burlamaqui; Bssay
on the origin of human knowledge (1756,
in-8* ), de Condillac ; Chronologieal abridgmeiU
oj the roman history ( 1759, in-8*) , de Mao*
quer ; Chronologieal abridgvMnt of the hlê^
tory of France ( 1762, 2 vol. m-8*l| du prési-
dent Hénault ; Tour to London, de Grosley, etc.
Ces traductions sont en général estimées pour
l'exactitude et pour l'él^nce du style; celle
de V Emile de Rousseau, qui porte son nom, a
paru trop défectueuse pour qu'on l'en regardât
comme l'auteur.
On a quelquefois confondu cet écrivain avec
le médecin Christopher NccBy?, mort le 12 no-
vembre 1775, membre de la Société royale de
Londres et beau-père du célèbre Edmond Burke.
n pratiqua son art avec beaucoup de succès, et
publia en 1753 un Essay on the hydrophobia,
trad. en français par Cb. Alston ( Paris, 1754,
in-12;. P. L.
Gentleman'» Magazine, ITTS. — Cbalmen, General
biograph, dtd. — Qaérard , France lUtér.
RUGBHT {Robert Craggs, comte), poète
anglais, né en Irlande, mort le 13 octobre 1788.
Issu d'une ancienne famille du comté de West-
meath, il entra en 1741 à la chambre des com-
munes, et occupa dans le gouvernement les
charges de lord de la trésorerie (1764),dfl vice-
12
atf
I^UGfiNT -- mJMA,
366
trésorier d'Irlande (17^9) et de membre dn bu-
reau de comaiere» (1766), Il fat créé en 1767
baron Nugtnft et nifloiiile Ciare, et en 1776 il
reçut le titr» de comte. Sa premièra fiemmc^Aone
QmfSffK ^'iiavaU é^naée es f 736 , kailaisea, dea
biens considérables; elle éUût. l'arain de Pope
et d'iiddifion , et entretenait arec enx ne eera-
merce de lettres. LovdNugeat enltivaitla poésie
avec goût : Ses Odes and BpisiUs (Londres ,
1739, ia>8^) contiennent quelque» morceaux d'nn
stsle assez ferme; on trouve d'autres ver» de
lui dans la collection de Dod^lej» et il a publié
dans sa YieiUesse deux poèmes^ Yerseï to thê
quùeti (177^) et Faiih (L77&), d*uneyaleur plus
qne médiocre, tt avait TesprU brillant et facile ;
maia il erof loya toute sa me, selon Toxpression
de WalpoicL, à défaire le bonbeur de ses pre-
miers débuts; mam|oanide consistance dans les
idée» et dans les opinions» o& le vit passer tour
à tour des wbtgs aux torjs^ et renoncer avec
édat an catholicisme pour j revenir à son lit
de mort. P. L.
dut.
^mi^Biii (tomte Latac he WcsncATii),
fiBid-marréehal mtriehien, de la même famtRe que
le précédent, né en Irlande, en 1777. Entré de
bonne heure dans Tannée autrichienne, Il flrf en
MD9 nommé eoloneff et chef d'état-m^rde rar>
diMnc Jienn. Après avefr rempH en ]8fl une
nittion à Londres, !F ohtfht en 1613 le grade de
gâiâral major, Ait chargé de commander on
corps ât débarquement dans rilalie dli nord,,
mail M. repoussé par les troupes Arançains.
L'innée sitfnnCe if M plus henreux, pénétra
jueq«% POrif, et conclut avec Murât la conren»
tien qvt asaoraltè ce dernier son maintien sur
letvéne de flapler. H' prit ensuite part à plu*,
sienn opérationn centre les Francis, etf/se
troofva a* ^omfent dé Aeggio. Opposé |PHf de
temps après i Morat, avec le tKre <9e eomman-
<tel de Tarmée angle-sidiienne, il vainqoit en
plbatenrs rencontrée let troopes napoiftainea. n
fttLenenile appelé en Ftance, et reçut le oom-
mamlament militaire dkns le département dès
Bouches-du-Rbône. Nommé en tsto capitaine
général êiï royanroc db Nkples, H eotà réorga-
niser complètement l*krmée de ce pays. Après
la révoitttioa ât \9iO, il rentra au sert^ce de
TAnMche avec le grade de Md*maréchaMieiite-
nanfc tSnvoyé enis^d an secours die Itadetzltf,
il prit part, Tannée suivante, à la soumission de
1» Hongrie, et Ait peu de temps après nommé
feld-maréchal. * O.
MMTvtfM , ntft^fku dm tomUmpondnt. - MotHtÊmr
de 1011 et 1816. - OtfA^Msdk» MrtldfH/flMVtAvii^
ota.
XTOHBB.. Fa§f. NanaK.
nvMk PwHuia» aecood mi «oRome, régna
de 714 à 67i avant Jù^.. Ce prince appartient
k la période mythique de rhistoire romaine. Sa
lé0Nide, rapportée avec d^asseï fortes altéralions
par Tlto4iKe et Philnuqne» qui ont tenté delà
ramener à la vraisemblance, a été resÉiliiée avec
beaucoup d*art par^IielMbr. Nous dQ^nn>ici.k
beau récit de i'hietorien allflmand. « Àpcès la
mort de Bomulus le sénat sa refaaadUbord k
rélection d'un noovean roi :. cbaqne sénatenc
devait à son tour exerœr le ponvoîr nqral en
qualité d'tnferreoB. Une année sa paana de la
sorte. Le peuple, plus opprimé qu'auparavant, Ké>
clama avec force Télection d*un souvesain q«i le
protégerait. Quand enfin le sénat eut permia l'é*
lection, il s*éle«a entre lea Romaina et les Sa-
bine une disputa sur le point de savoir ibna la-
qneUe de» deux natiana on choierait le roL H
fut coawenu que leaRomains réUnîent parmi ka
Saliina,.et toutes: lea voix se réuaicentponr nom-
mer le sage et pieus liunMiPon9ilius,.de Qurea^
qui avait épousé la MIa de "Satina.... GMCaitchez
les anciens une opthion généralement accréditée
que Nuina était disciple dePytfiagpre; Polybeet
d'autres écrivafns essayèrent de montrer par des
raisons chronologiques que ce Riit était impoâ-
sible, puisque Pylbagore ne vint en Italie que
sous le rè^e de Servius TOllios; mats un cri-
tique iropartiaT, qui ne croit pas qfit le fils de
Mnésarque fut le seul Pytha^re» ni qu'il soit
nécessaire de placer Nuroa dans la ving;fième
olympiade» ni enfin que la personnantô histo-
rique de Pytbagore soit plus certaine que celle
Je BTuma, se contentera de la vieille opinioB
populaire et ne la sacrifiera pas à la chioaoTo^
Quand les augures eurent assuré Noma que les
dieux approuvaient son élection, les premiers
soins du pieux roi ne furent pas pour lea rites
des temples, mais pour les institutions humaines;
iT divisa lea terrea qne Bomulus avait conquises
et laissées sans occupants. U fonda le culte du
dieu Terme. Tous les législateurs et Moyse le
premier ont foodé sur la propriété du sol ou du
moins sur sa possession héréditaire en faveur do
plus grand noasbie dedtogrens possibla le suc-
cès et leurs instUntiona civiiasy ludidaâuBs et
moialcsi. Ca ne fut qpi'apièa avoir paaé cette
base qneNuma s'oompadalégialatioD'ieUgieuse.
On rhanorait comme rantaut dn riloel. romain.
Inettuit par hi oamène (1) Égério, qui, prenant
une forme visible. Tassait épousé^ el qui le con-
duisait aux aauMnhlées tie aea sceura dana le bois
sacré,, tt r$f^ lente U hiérarchie : lea pontifes,
qni pardM ynéoeplea el des châtimeuta, vdl-
raient à ao qim lea lois Nlatives. à- la. leiigioB
fbseent observées parles indtvidnaetpnrrâat;
les augures-, qui avaient miaaion ^ donner séeb*
rite aux conseils des hommes en pénétrant dons
les desseins- des dieux; les flamiaea, qui éloi<»t
ministres dea templaa dea diviBBlé& supeémes;
lea chastes liesyn de Veala; les Salians, qni so-
lennisaient le culte dea dieux par daa danses
militaires cl dea chanla. N preaaiivit lea riles
suivant lesquels un peupla peut offrir nn enite
ti) niTtirtié lattne, qui répontf «bk nsmulhe» et aux
3S7
NUMA -« NUHtlflUS
HéK prièrâ wpéMm aut ^tenv. A loi furent
nvëéti Im cooim^lieiM néeessâns peur œa^
tnadre le gnDd iopiler à maoHetler n ^oaté
ptrIeséeiairteC parkff^&m OMesm. H^^ratt
appris ce dnmtt de PmuuHi ig^ sur le aumH
dtgérie il anM ttHré et eaolialiié oemmeMMa»
avait euohalBé SllèiiediM le J^dhideB Itoeee. Le-
an MefTiit eeite TieleMe^ée la»piit da pmx
ni. A fai prière de Vmn&y il eienipla le peeple' de
llurribte oblîgatlmd^ofrrirde&sacrifioes humains.
Mm f iMod Veudacienx Tullus osa initer aon
pi^déeeeaeor, M f«t frappé de la foudre domt
sfiA ooi\jaratl6D8 dans te temple de Jupiter Ëfîcioa.
Les trente-neof ans du règne de Home, qui
t'éeoolèrent dans noe paisible fêficité, aana
^uemtni calamitée,ne doraièrent lieiiqv'lde
picQses l^geiides de ce genre. Afin <|ve litif ne*
tronbllt le paix de ses Jeurs, roneffe (fteir-
clier sacré J tomte d« àM qoaod le pajf» éMt'
imaeé de la peste, liqaeile dlipariit dès que
5iuna eot ordonné les oéréraoniee dite sellens.
5iima ne Ibl pas, eomme Romulns, He sejef de
dnts popttMres; H «fait piescrtt qnedeteutes
i« camèiics b pHis honorée serait Tàdta; 0^
pcmUnt on a conserré le nteit de ee repas pen*^
dant toqneff Égérie apparat et manifesta sa dhri-
ailé en tranibnnant(fc simples aKmente, aerm
sar des plats #argiVe, en meCs diriinr reolimnèi
dans des ^ases dV^r. Le temple de Janns , son
oorra^e, resta constamment f^rmé. La paix ré-
gna sar ntalie jusqu'à ce que IVtoma, comme les
ft^wh dies dirâx dans Vif/ç d'or, s'endbrmit
Pjemde jiforr. Êférie se llmdtt' ea larmes^ et d^
^ aœ softrte.
n serait imrtilè de chercher à extraire dlr cette
l^çeade <|Qeli|ne élément hiMbrApie postffT. SI
^oma exista TéeRenient on non, c'est nne ques-
tno (Nseose, puisqu'y^Ie est InsoRiUR!. ir repré^
^tait pour les Komaîns Perdre légal et reli-
ai, ta piété eoTers les dieux, le bonheor dans
''paix (1). Oe la traditibn nnirerselte qui attri-
iw à Noma nne origine sahtne et ràaUisse-
loeoldes faisHtittions reRgieoses, if est permis
^^coodure quefesysttmeTeligienx des Ronudns
ai fJUMtj— —fiiHMii aEtJee^«r«itaBM« piM
9gtame qm Siahahr : « Uêwétfig an coog^ai» s'éUkt
»vto«t «uiBte, dlt-U, car In Romains n'éCatent paa les
*^* lœ la dooeeiir et la Jiuttee de km rot eiMent
''*«cte et otennéa. Tratoa les vitlas vatotaM teisèlalaMl
'*«* respiré fteMM aaliiUlfia 4*lia «aat dam at par
^^^çnit da eOlé ëe Bone « et qnl, opérant dans leurs
*■•«> an càaateaKBt ■ensIMe, leor Insptrall an vtf d6-
^ fAre goaTcrnés par de sagea lois, de vivre ea paix
^caltivaat Icara tarret, d'élever paUUileaient leurs ea^
^^ et d'hoaarer ka dtaai : ca n'était daaa toate l'ita-
■'Qic lètea, qae daaMS et fesUaa, etc. »Slpoar le« aa-
tka» Raoa Malt la favori des dleax. taoaoré de lears
^oBselb et de teais r6vélatlvBa, Il fui poac plusleun
nrt% de r^gUaeuaa larta de sorcier. Salât Aagustla a
<u de IbL • rnmiar aacaa prof lièle de Dlea ai aacaa
>act ac fat cavoré à Rama» U eaC recours à riiydra-
^9Lit paar voir daaa l'eaa les Images dca dlel^ ou pla-
int les lllasioas dca déaoaa, et apprendre d'eux les ays*
i«res qaniSevalt etsMir. » Varroa dit que œ genre de dN
vinatioa a ét« troavé par les Pèrea, et qae la roi Numa
Çt après lai le pbUoMipke Pytltafore s'en soat servis. »
Ot CML D9Î, L riU C. U-U,
leur vint pMôl des SaMne que des ÉlrasqiMS*
Les Knee saerés qvi eontenaient les prescrip-»
tiens rcUgleases de Nnina ftirent, soioMiit aaa
tradition fi>rt ioeertaine^ ensereKe près de kù deas
m tombeau sépaié, et déoeaverts par basant
cinq oeate ane plus lard par oa certain Terai»»
tins, soBslecoasttlatdeConienuseIBsBMns, e»
taf araef ^.-C. Tereatios les porta a» préisai*
urhain Petilius. O» eonstala qu'ils se composaisol
de doiiae (ou sept ) livres ea latin sur le droU
pontiftcai ( De jnre penti^kum ) et de tout autant
de Ifrres en grec sur la philosophie; le sénat or*
donna de brûler ces ^inîers livres, mats* il M
garder avec soin les premiers. L*tiisloire de la
découverte dé ces oovrages est évidemment sa|^
posée. Les Rrres attribués à N uma et qa» eTiS'«
talent encore vers la ffnde larépublique n^étaieot
que de vieux rituels de la religion nmiaine. L. Ji
Frotarqae« Fferas et Retropr, Ifuauu — TRe^Urey r»
ISCR. •> Ctoéma, As Aipiifr., Il, ia*l8. » Oema-d'IiaBMi^
naaa% U»l»«s. * rUaa, ilUU iMir.,ttn, U. -« ValéM
Maxime. Uk — Nleèabr, iltfntisrAa CêiehicAtêt t. I.
-> BârtaBB, Dt» ilefffSm dkr AAMr, vol. 1.
womÈtnm (ifbvpiTMo;), philosophe grec»
né à Apanée, ea Syrie, vivait dans le deux^me
siècle aprèa J.-C. It Ait nn dès premiers phito*
sophes quî Centèrent de condlfer les grandea
écoles grecques a«ec les doctrines oriientales ; con-
citiAtion déjà essayée par Philon et que Plotin
reprît plus tard. Sa vfe est inconnue, mais it
parait quIU acquit, une grande réputation ; et on
le trouve souvent cité avec Croaius par les phi-
losophes aéopUlonicîens comme un dies chefh
de la nouvelle école. On ne sait rien de précis
sur les opinions de Cronfus ; celles de Ituménitis
sont mieux connues- Les ft^gments assez nom-
breux de sea ouvrage dtés par Origène, Tliéo-
doret,. Eusibe permettent de safsir les traits es-
sentiels de sa philosophie. Il professait beaucoup
de respect pour les religions et les doctrines
orientales, y compris le judaïsme et le chria-
tianiame. « Je sais, dit Origène, que le pytha»
goricien Numénins» qui a si bien explicyié Platon
et qui était si versé dans ta philosophie de Py-
tbagore, dte dans beaucoup d'endroits de ses
ouifragsfr des passades de Moysa et des pia-
phèles , et quil en déeenvre babilemenl le seaa
cacité. C'est ce qu'il ùH dans l'ouvrage qo'it a
iatitttlé EpopSf daaa aaa^ livra des Nombres «i
dans son traité dé V Espace* Bien ptas» dans soa
troiviènK fivre Du, mmmraàx bien , il dte oa
fragment de rhisteire de Jésoa^lhrist, dont il
chmhe le mm caehé. » Daaa son édeetisaas^
plus fervent qu'éclairé, Iftaménius s'efforçait de
ramener Platon, qu'il appelle on Hayse aUiqu€„
à Pythagore, et Pylhagore hii-mémeaax sa^os
de l'Orient, de sorte qne hi philosophie pleto-
nico-pythagoficieiiBe, la véritable philosophia
grecque , ramenée à sa pureté originelle et dé»
barrassée des interpolaûons d'Aristote et des
stoïciens, était identique avec les dogmes et lea
injsfèies dea brahmes, des juifs, des mages et
des Égyptiens. Il soutenait cette proposition
12.
869
dans un traite sur V Apostasie des Académiques
à regard de Platon ( Oipi Tij; xûv *Axfltii)|Miî«â»v
icp6c nXdTCiiva ^aurçéaifoç); H en reste des frag-
ments assez nombreux, et qui en donnent une
idée peu avantageuse; on y trouve une érudition
sans critique , beaucoup de contes et pas du tout
de discussions vraiment philosophiques. Son
traité Stir le souverain bien (Ilepl tAys^^û) va-
lait mieux. 11 tâchait d*y démontrer, par oppo-
sition aux stoïciens, que la vie ne peut pro-
venir ni des éléments qnt sont dans un perpétuel
état de changement et de transition , ni de la
matière* qui est mobile, inanimée, et qui n'est
pas en elle-même un objet de connaissance ; au
contraire la vie, pour être capable de résister au
principe de mort qui est dans la matière, doit
être incorporelle et iounuable, éternellement
présente, indépendante du temps , simple et ne
pouvant éprouver de modifieations ni par sa vo-
lonté ni par la volonté des autres êtres* La vie
est donc un principe spirituel ( voO< ) identique
avec le premier dieu, qui existe en lui-même et
par lui-même et qui est le souverain bien ( 16
ftY^Oôv ). Mais comme ce principe absolu et im-
muable ne peut pas être actif et créateur ( Sruuoup-
Yixoc), il faut admettre un second dieu procé-
dant do premier, lequel sert de lien et de motenr
à la matière, communique son énergie aux es-
sences intellectuelles, et infuse son esprit à
toutes les créatures. Ce second dieu contemple
le premier, et cVst sur les idées qu'il voit au
sein du souverain bien qu'il arrange le monde.
Le premier dieu commoniqiie ses idées au se-
cond, sans s'en priver, de même que nous com-
muniquons nos connaissances à un autre sans
en rien perdre. On voit que Numénius attribue
k son second dieu une double fonction : 1^ con-
templer l'idéal , 2** arranger le monde sur cet
idéal Cette dualité de fonctions conduisit le phi-
losophe à dédoubler son second dieu, et il obtint
ainsi une Trinité. Les rapports entre ces deux
dieux, qui sont à la fois deux et un, ne sont pas
clairement établis dans les fragments qui nous
restent de Numénius (1). Quant à ses théories
(t) Comme Nanéntat eut un des pldi' célèbrra méta-
pliytlelcM de récole d'Alexandrie et le TérfUbie pré-
coraear de Plot la, noiu croyons devoir IniiUter mr m
ilnimlière conception de U Trinité; m doctrine à cet
éfpird mt almit exposée par Rltter : « Le dicn premier
est le bien en sol , la raison , le principe prenfer de fea-
•ence eonnalssable par ta raison, de lldée; mais le se-
eond dira est Tlmaffe et rimltatlon do premier :et comme
les Images de rrasence sont cootlngentea , ce dieu est
aonl le premier principe de la contingence ; mala sa po-
altlon est double; d*ane part, appliqué à aon principe,
II forme ridée de sol-méfflc, la science, et la reçoit du
dieu premier; d'antre part, appliqué à la contingence. Il
forme le monde.... Le dieu formateur du monde , tenant
en rapport la diversité de la matière et l'ordonnant har-
nonlqneroent, contemple Dieu et emprunte de son
regard le Jiiirement, et de la tendance de la matière la
dlsptislUon an changement. Cette donble fonction du dieu
aecond porie donc encore Numénius a dlriser ce dieu en
an troisième. Tous deux, à b vérité , doivent n'en former
qu'un seul ; mais, parla réunion avec la matière, qnl est la
dualité , Us doivent , tout en communiquant Tunlté , en
vecevolr U dualité. Le dieu second est, d'un cOté, un
I^UMÉNIUS - NUMËRIECf
360
sur l'Ame, elles sont encore plus incertaines;
mais le peu que Ton en connaît montre que
dans sa psychologie comme dans sa métaphy-
sique If nnnénius confondait les théories de Platon
avec les théories orientales , accordait fort peu
de place à l'invesugation scientifique et se livrait
beaucoup trop à son imagination (1). .
Soldas, an aeU 'Opty^^vK* Nou|&in^oç. «- PorptiTTCr
yita PloUni. - Kusèbe, Prmparatlo ntmçeUiM. -
Origène . jédv. CêUmm, — Rlllcr. UUtotn de la. pkihh
Mopkie amcUnne ( traduite en françgli par M. Tlssot ;
t. IV, p. 417, etc. — Jules Simon, HiU. éB i'éeùlr
d^Âltxtmdrie, - Vaeherot, Jiid» de VéeoU d'JUxmn-
dfie. " ÊhetUmnaire dn jcimefs pkUoaùpkiquei.
HVMÉRIKH (yumerianus M. Aurelianvs ),
empereur romain, le plus jeune des deux fil»
de Carus, mort en 284 avant J.-C. Il montra.
de bonne heure d'excellentes qualités, qui forent
suHout remarquées lorsque son père Caros par-
vint à l'empire. L'historien Vopîscus loue son
affabilité, et il syoute : « Il avait en ontre une
telle éloquence qu'il déclama en public, et il
reste de lui des écrits fort estimés, qui pour-
tant se rapprochent plus du genre des déclama-
tions que du style de Cicéron. On dit aussi qu'il
faisait très-bien les vers et qu'il l'emporta sur
tous les poètes de son temps. Il disputa la palme
à Olympius Némésien, et éclipsa jusqu'à Auit-
lius Appolinaire, poète ïambique, qui avait écrit
des vers à la louange de Carus, aon père. U
discours qu'il envoya au sénat quand il fut
nommé césar était, dit-on, si éloquent, qo'oa
loi décerna une statue, non comme à un césar^
mais comme à un rhétenr, statue qui devait être
placée dans la bibliothèque Ulpienne avec cette
inscription : Au césàb NonéausR , us plus pus-
SAUT ORATEUR DE SON TEMPS. » Carus, CD partant
pour son expédition contre les Parthes en 2S3,
confia la déCèose de la Gaule à son fils aîné Cario,
et emmena Numérien. La campagne de Perse,
glorieusement commencée, fut brusquement in-
terrompue par la mort mystérieuse de Carus.
Les soldats ne firent aucune difficulté à recon-
naître Carin et Nurr.érien pour empereurs ; mais
ils montrèrent la plus grande répugnance à pour-
suivre le cours des conquêtes de Cams, et dé-
mandèrent que les limites de l'empire restassent
fixées au Tigre. Numérien, accablé par la peHe
subite qu'il venait de faire, ne se sentit pas la
force de vaincro lear résistance, et donna à son
armée victorieuse l'ordre de la retraite. Les Ro»
mains rétrogradèrent lentement depuis Ctésîpbon
dieu en sol < uni aux Idées, contemplant le snpra-^e*-
alble, et n'étant point lui-même un objet des sen».
mais, d'un autre côté, Il prend la nature de lamatlérr.
lonqiie, attschant ses rrR-miJi sur elle, U cherche a U
former en s'oiiblkint lulraéroe; Il est alors sensible',
ce dieu sensible n'est autre rhose qoe ce monde. »
(I) Il ne faut pas confondre le philosophe prihapor •
clen d*Apamée avec Numénius philosophe sceptrqu*-.
élève de Pjrrrhon V ( Diofféne Laerce , IX, 68, los, iu t,
ni atec le rhéteur Numénius qui vivait sous Adrira
et écrlvK divers traités de rhétorique, ainsi qnt de« ar-
guments pour les œuvres de Thucydide et de Dévot-
tbéne et fui le père du rhéteur Alexandre.
161
NOMÉRIEW — NOTES
363
JDaqo*aa Bosphore de Tbrace. Pendant cette
loBgae marche, qui ne dura pas moins de huit
mois, l*eniperear ne se montra jamais aux soldats.
Enfermé dans sa lente ou porté dans une litière
étroHententclose, il ne communiquait arec l'armée
que par llntermédiaire du préfet du prétoire Aper.
A tons ceux qui demandaient h le voir, le préfet
répondait que l'empereur souffrait d'une ophtlial-
mie qui oelui permettait pas de supporter le vent
et la lumière. A force de recevoir la même ré-
ponte, les soldats conçurent des soupçons; ils se
précipitèrent vers la litière impériale, et écartèrent
kâ Tideaax; mais ils ne trouvèrent plus qu'un
cadavre en décomposition. Numérien avait péri,
soit d'une mort naturelle qu'expliquent la fai-
Ueue de sa santé et son chagrin, soit par un
crime d'Aper. Les soldats s'arrêtèrent à cette
dernière supposition, et, se jetant sur le préfet
du prétoire le traînèrent à la tète du camp. Ils
délibérèrent ensuite sur le choix d'un empereur
et âurent Dioctétien. Le nouveau prince tua de
sa main Aper avant qu'il eût le temps, soit d'a-
Touerle crime qu'on lui imputait, soit de s'en
JQstifier. Cette scène tragique s'accomplit à Cbal-
eédoine, le 17 septembre 284. La mort de Nn-
mérien resta donc aussi mystérieuse que celle
de son père. Le jeune empereur laissa un ton-
riunt souvenir, dA aux belles espérances qu'il
donnait et surtout au contraste frappant qui exfs-
tut entre ses qualités aimables et les vices gros-
siers, la cruauté sauvage de son frère et collègue
Carin. L. J.
Vopiscaf, Hfwmerianui. — Aarellat Victor, VpU., SSj
De Cm., as. - Eatrope, IX, it. - ZonarM, XII, M.
aoiiTOR. Voy. RoHULvs.
xvvBS ( Pedro) , célèbre mathématicien por-
tugais, né vers 1492, au bourg d'Alcaçar de
Sal, mort en 1577. Il fit ses études d'abord à
Lisbonne, ou il se familiarisa avec l'étude des
langues anciennes, la philosophie et la médecine,
poisà Saiamanque, où il se livra à l'étude des ma-
thématiques, n alla aux Indes orientales vers
ii\9, pour 7 remplir le poste important d'ins-
pecteur des douanes (1). Sa réputation se fit
de bonne heure, et Jean III le rappela proba-
blement de Goa afin qu'il pût occuper à l'oni-
Tcrsité, qu'on réorganisait, une chaire. Le 6 no-
vembre 1529, il fut nommé cosmographe en
àid du royaume et l'année suivante professeur
de philosophie. Il fit des cours à Lisbonne dn-
not trois ans, jusqu'au moment où il se ren-
dit à Coîmbre, pour enseigner les mathéma-
fi) !> fait 11 euileaz daos la vie de l'émlnent emmo-
CnplK 4Ult ptMé loaperça Set nombreui écrlvaiiif
^Bi M «oot oecapéa de Pedro Nooe», lonqu'un beureas
bâtard a donné à M. Adolfo de Varahagen une prea? e ma-
t^rtelte do kit doot noas ooaa préoccapoot. iSeox tlgna-
tiiKs abaolniDent lemblablca, l'une da reeifor éUbll aux
todcs, raatre dn pffpfeiiear en renom, proa? ent lldea-
Ute qu'oa doit tlgnaler IcL ( roy. poor la comparsiaoo
^ CCS ilgnatgret antographea lei notn de VHUioria
Çtral do gnuil \. Caatinbeda et Barrot d'aUlcora avalent
44i eoDsuté la préteoce d'un pertonnag* Donné Pedro
«wtê »ux ladea ven le néme tenpt.
tiques transcendantes. Cette chaire, créée le
16 octobre 1544, fut occupée par notre savant
jusqu'en 1562. Depuis lors il parait avoir mené
une vie paisible en Portugal, à cela près de quel-
ques discussions assez acrimonieuses qu'il es-
suya avec divers savants étrangers et notam-
ment avec Oronce Fine. 11 était fort avant dans
la faveur royale, et il eut pour disciples non-
seulement les deux jeunes frères de D. Jofio,
l'infant D. Luiz et le cardinal D. Henrique;
mais plus tard il donna des leçons à D. Sébas-
tien , qui lut continua sa faveur et qui lui ac-
corda des traitements assez considérables pour
qu'il vécût dans l'aisance.
On a ainsi résumé les services rendus à la
science par le savant portugais. « Nunes fut le
premier qui traita de la loxodromie, ou des pro-
priétés des lignes courbes. Il s'occupa de plu*
sieurs problinlnes utiles et curieux, indiqua la
méthode pour déterminer la latitude par deux
hauteurs du soleil et la différence des azimuts
et celle pour trouver le jour de l'année dont le
crépuscule est le plus court; mais la principale
découverte à laquelle il dut sa réputation fut
l'ingénieuse division qu'il adopta pour les ms-
truments astronomiques. Tycho Brabé et le
ir Halley firent un grand usage de cette division,
qui , prenant le nom de son auteur, s'est con-
servée jusqu'à nos jours parmi les marins et les
astronomes. Son traité de navigation, quoiqn'im-
parfait et incomplet sur certains points, ren-
ferme toute la doctrine de l'astronomie nautique,
dont il dissipa les erreurs et dont il posa les
bases fondamentales. Cependant, ses principes
ne furent pas généralement admis et quelques-
uns d'eux furent l'objet d'une judicieuse cri-
tique de la part de mathématiciens distingués,
parmi lesquels nous devons signaler son compa-
triote Jacobo ou Diego de San, qui publia à Paris,
en 1549, son ouvrage latin De navigatione ii-
bri très (1). »
L'ouvrage le plus important de Noues est :
De arte aiguë ratione navigandi llbri duo ;
Coîmbre, 1546, in-fol. ; BAle, 1566, hi-fol.;
trad. en français dès le seizième siècle, con-
servé à la Bibliothèque imp. sous le n^ 1494.
Nous citerons ensuite : ÀnnotaçOes d Meeha-
nica de Aristoteles e d$ theoricat dos pla'
netas de Purbachio corn a arte de Aare-
gar; Cmmbre, 1578. Ce traité, joint à l'ouvrage
qui précède, a été traduit par Nunez et publié
séparément; — De erepuseuiis; Lisbonne,
1542, in-4*'; Coîmbre, 1571; puis, réuni aux
théories d'Albacen, Bâle, 1568 et 1592; —
De erratis Orontii Finei; Coîmbre, 1546,
in-fol.; — Tratado da sphera corn a theo-
rica do sol e da lua e o primeiro Hvro da
geographia de Claudio Ptolomeo Alexan"
(t) Beeherekes tmr 1er procréé de rcMCronomte et des
âcieHcei namUqueê en Btpagne, extrait dea ouTraget ea-
pagnola de Fernandes Navarrete, par M. Ou de Motoai
Parli,l8t9,ln-8».
S63
lîUNES —
drinOf acreseentada de muitas annotaçoes e
figuras; Lisboo^ie, 1537, in-fol. : les doutes
auxquels rendit P^unez, et qui marquent si
bien l*état de la science dans la première moiUé
du seizième siècle, aTÙent été exposés par Mar-
tim-AfTonso de iSouza, qui venait de porter la
guerre dans les Indes ; — Annotatïo in extrema
verba capitis de climalitms; Cologne, 1566,
in-8* : il y a des éditions de 1562 et 1565. CTesl
la traduction d'un livre de Nunes intitulé .*
Annoioffoes a Sphera de Sacro-Bosco lAînro
de algebra^ mathematica y geometria; An-
vers, 1567. Le P. Simon de Yasconcéllos at-
tribne au célébré géomètre un Roteiro do Bra-
iilf qui n'a jamais été publié.
I>e tous les ouvrages de Pedro I^unes , celui
gae les Kavants s^accordent h considérer comme
le plus fécond en vues réellement nenves est le
petit traité De Crepusculis. On a même été
jusqu'à affirmer que si on le soumettait à une
airieuse analyse, ks belles théories de Newton
sur les couleurs paraîtraient moins extraordi-
nnirea. Ferd. Denis.
terbosa BlMliado, BMloîkêoa luiUmna. — Varnha-
Sen, hUtaria do Brasil. — Montacla, Histoire des ma-
IMnafifuet. -• O ^atwrama^ Jorttal Uterttri^ !•• «érte,
•vee pmtnU. — Jia¥arrele, Jiittmplm id€ la .NmuUeu.
-• StooUec, Emaêo JMtCori4» .«otaw « « wigam m pro-
gressot das matheautticas em Portugal.
AUSBS {àmbrosio), médecin portugais, né
à Xisbonne, mort le 11 avril 1611. Fils du pre-
mier médecin de Jo&o III, il étudia À Coïmbre
la médecine^ et Ty enseigna dès Tannée 1555. H
quitta bientôt le Portugal pour se fixer à Sala-
wii!^^, puis à Madrid et à Séville. n acquit une
imneose répatation,.et de retoor en Portugal il
obtint ie titre de premier chiruiigpen d« roi.
On a de lui : Traiado repartido <«» ctnee
partet prineipaies^ que declaran mI mal
guM ^igniJUa este nombre pesiez (kûmbre^
j«01, in-4% et Madrid, 164&, in-^*"; -^ Enar-
rationes in III libros Aphorismorum Hippo-
erat'u$ cum par^tphrasi ad cammentar. Gor
ieni ; Coimbre, 1603^ in-fol. H avait fait égate-
jneat un traité De |Mf/ji&ii«. F. D.
DModiiiiu «ttu «AMiiea. * N. AOlonto. Sièttothêcm
muM. — Rarbou Machado, BibUotheca luiituna.
«VUES BAmmBTO {BélcJûor), mission-
naire portugais, né A Porto, en 1520, mort le
10 août i57l. Entré chez les Jésuites en 1543,
il partit bien jeune encore pour les Indes. Ce
Alt saint pFan(ois-Xavier qui le reçut à Goa.
Son mérite fut reconnu* et bientdt il devint sa-
périenr de la résidence de Baçaim. Un pea
plus tard, on le nomma provincial de son ordre
aux Indes : c'était pour lui le gage assuré de
nonveaux travaux et de noavelles soufTranoes.
11 se rendit successivement à Malacca, au Ja-
pon, puis revint à la côte de Coromandel. As-
sisté de quarante Portugais, il se rendit vers le
Aouvenin de Bu^go, £t il ent^prit fésohiroent
et «wvMtir an «élèbM évèqiie ■esÉiMien omumi
COQS le mm de Mar Joseph , it ijn vubi'iUb^
NUiN£Z 364
sait du bruit de sa doctrine les montagnes
du Malabar. On affirme que ses elTorts fareat
conronnés de succès. H y a peu de missioa-
naires qui aient jeté autant de lumières sur l'O-
rient que lui. La plupart de ses lettres sont
restées manoscrites, à PexcepUon de la Caria
escrita em 1554, à son arrivéie aux Indes, lettre
dans laquelle II rapporte les drconstances di-
verses qui accompagnèrent la mort de saînt
François-Xavier, ainsi que la cérémonie de ses
funérailles. Les lettres de Nunes Barrelo, tra-
duites dans toutes les langues de FEurope, or-
culaienl en manuscrit À cette époqoe et coo-
triboèrent singulîècement à répandre paraii
'SOUS quelque lumière sur Textréme Orient.
Le P. Leonardo ^one^, mort à la saite d'aï
naufrage, le' 30 juin t55&, est un autre missioo-
Jiaire fixé aux Indes, qu*il ne faut pas oonfoodie
avec celui-ci. Né à San-Yicente-da-Beira, il fut
un des cinq religieux qui accompagnèrent Tbomé
de Soiiza an Brésil en 1549 ; les saovi^es qa1l
catéchisait, voulant caractériser sa prodigiense
activité, Tavaient surnommé Iftaré B^fé (le pèn
qui vole). Il était on ne peutjplus versé dansH-
diome desTupis. F. D.
Sarboaa Machado. BibUotheca huUanm. — VaicDB*
cenos, ITotMa do Brmrtl.
iiv!Iêz, nom commun kphisieurs peintres
espagnols, dont voici les principaux, par ordie
chronologique :
miîhBZ {Juan ), ne pi^s de Sévîlle, vers I53ft,
fut un des meilleurs élèves de Juan Sanchez (k
Castro. 11 est considéré comme un des rénova-
teurs de fart en Espagne ; il a beanoDop tra-
vaillé, mais on doit lui re4)rocher des contours
trop secs, un coloris tranché et de singulières
bizarreries dans ses compositions. C'est ponr ce
dernier défaut que nous citerons un Saint Mi-
chel et un Saint Gabriel ( qui déoor»ent ta
cathédrale de Séville ) , tous deax affublés
d'allés de paon. Nunez excellait à bien rendre les
détails des draperies et surtout des twoderies.
Son chef-d*ceuvre est à la catbédrale de Sévitle :
jl représente La Vierge tenant le ChrUt mort
dans ses bras; Saint Michel et saâril Tm-
cent sont prosternés à ses côtés. « On ne san>
rait, dit Quilfiet, se figurer le brlfiant et la con-
servation des couleurs de ce tableau, qui semble
sortir de la main du maître. » On*admire
dans ta même basilique un beau $ain< Jean-
Bc^tiste.
NUNEZ ( Pedro), né li Madrid, en 1601 «mort
dans la même vTfie, en 1654. Il apprit la pein-
ture dans râtelier de Juan de Soto, fit oa
voyage «n Italie, «n jEeviat e&wUent 4Miin»-
Itslf.ll fut «ttacM par niiUppe IT à te cok
d'Espagne , dont H rq>roflnistt qne partie des
mis. Jl déaara en méiM temps k aaton dc^a-
méiie <ën «pfllate voyal ée Madrid et leeonvnt
âeXn aierâ ( 11135 ). « Ces travaux hà ont mé-
jplaec paoniies wallM»eiqpagBDk^ •
m «■tVt.VBML (Don JftfMeo),
965
NUIVËZ
■é à Cadix, m 1«U, nMct à Mtdrid, eo J660.
fl était bon Chesqniste. PMlippe IV le Domma
« doreur et directevr des peintures destinées à
trier ics vaisseaux foroMmt les eeeadies de
rooéau» les galères d'Espagne, les gaSions des
iMtos et les eaeiulras roirnles de la faetorerie ».
Qttoi^iit, à dire m^ «ntPCprcMur limages de
S.* Yago^ à^CmnepHimÊj ele^ etc., Niâez des-
liaiiC a¥ee«n grand laM, et fMàgnait avee b-
àlité. ■ compoBiit bien aassL Les taMeaox
fD'l a Mânes à Madild et à CadixpnMmHC qœ
«H l'eAt pas tantcberché lintMt, lIcttlnMrvé
fteiÉe gMre.
actBi OB 'niAA^^itMWOÊO (Don ), né à
Séride, en 163S, mnrt en 1700. Sn faniHI»dlatt
tK des ancitnnes d'AadMmHÎe ; fils eadel» il
fut inaBiit «nr les rôles de IVn^re de Malte. Son
ami Ksteboa Mniilo détint son nudtve^ct àé-
Yidsppa en lui des Çicultés aitisliqnfls nal»-
relles. Entraîné par ï'oblîptian ée ses «avn-
Tanes, l^aûez néglii^ea quelque temps ses dis-
positions; mais il les cnltiva à fiiaples eoas Ma-
Ihias Pretti le Calabrais , son collègue dans
Tordre de Malte. De vetoor en Espagne, il de-
Tinlr Je premier élève de Murilio, qui l'associa
dans plusieurs de ses tcavaux. Tous deux fon-
(!èMQt l'académie de SéTlUOt et œ fut dans les
bras delfunez que Munllo rendit l'Ame. JNuoez
avait pris de son ami le talent de rendre les
eatanU, les anges, etc. ; il a laissé de bons ta-
bleaux en ce genre; il fut aussi portraitiste dis»
tiogné. A. DE lu
Lu constUtÊtionet y aetas de ku Jeademiat de Ca-
dx et 4e Séante. — Fdlppe de Cnenrra. £oj eùmen-
tKrtméeU pCiiiimi(tUdrtd,i'na). — Cn« BeroM-
4rz. ûieaomeuioUstorioo éê !«• mat UvtU» fr^mret
et las belUu artes en Etpaiieu — > Sfariano Lopez
ifvMéa. El TttA Miueo (Madrid. itfU ).
avvnft {AtutJtm), surnommé Caheça de
Vaca^ décooTreor de la Floride et premier ode-
lantttdo^ Rio delà Ptata,inort à SéTÎIIe, en 1564.
n accompagna en qualité de trésorier Panfllo de
!<amez, qui, en 1526, ▼enaUd'obtenirlootes les
terres qa*fl pourrait découvrir depuis la rivière
des Pahnes jusqu'aux confins de la Floride. Us
partirait de Cnbn en nrare 1528» avec qoalre
ecots fantassins et quarante cavaliers sur quatre
Ufinents. Le 12 avril Ils virent le continent
arnéricân, et fllgbarquèient le t**' mai sur le cap
Corrientes. ils se mirent en route pour le pays
^ Apahdies, que les Indiens disaient rictîe «n
^'\jtTf juin ils arrivèrent Si Apaladie, dont ils
faussèrent les habitants après un léger combilt.
Us 7 restèrent vingt-cinq jours. Neuf jours plus
tard ils étaient à Aulé, où Ils subirent un échec,
ils calculaient avoir hit deux cent quatre-Tîngts
liiMes depuis la baie de Santa*Crnz, en sruivant la
ririèrc qu'ils avaient nommée THayâatena. Le
^am qn*il8 avaient parcouru était plat, salffon*
Bnn, stérile, rempn de marais (t). Ils y mangé-
U) aae«i eeilMKfeipriae aia« : « ,
ka«iflMH kuUaYeraot («îicandaB Ipsoroai caleaUMB J8i
''■'fitfaiD) ptema ent alq«e areaoauBi, jiiuUla stajinti
rent tons leurs chevaux. La litigue, la hmine et
les flèches des indiens diminuerait sensiblement
les «Dyn^enns. lis eoKtmishvnt cinq hntuaux, et,
sniwut le ooan du fleuve, débouquènnt «nfin
dansnn gellh qu'Us nownènnnt SttiMlfifiieL
£n novanhfe ilsi»tPOUV)èrcntremhoBihnse ^
Bie de ha Bdna«; mais «ne adTeense tempête
iiriaa ieureisaharcalioos. ^Nnrvnen et la pInpnsC
ides siens pédrant. ilvareE Munex fat «n des
qiMliy vingts nauft^a^fe qui huent Jetés ear nos
Ik qu'ils nenmèeent MAtkada. iJ^ réduite à te
dernière nisère, ils en mMgèrent les uut les an»
(ras jusqu'à ce qu'il n'en testa plus^oe quhiML
Us conelnâârent alors une espèoe de radeau, dt
g^gnèfent la âerre Cenne. Ils échouèrent è l\ciiMe
àaMio tUi JVorte, qu'ils mnonlèffent jnsqu^
P4JS des SHVMMOÊ (en espa^iol iPaf orsfrnyet ),
et QonwevIiraDt ees Indiens mi chrisUnnianie.
<talre aventuriers sorvénuimt seuàement : c'é-
taient àJiwt Binnez, OrnotR, maria , le pUots
.Domiiigo dei Gasfille et un nèg^e nommé Este»
vanioo <lj. Après>avoir errédnnnt six ans à tm-
vers la Louisiane «t la partie septentrionale du
Mexique» ils «rrieèrent le 16 nai l&a» snr la
«Me de (kdiaean, dans la Nuevn-Geflieia. De Sa»-
ilignel ils se rendirent à Compeslela,'OJile goop
vecneur KnneK de Gusman knr proouft les
■BO^ens de se rendra au Mexique. Ils y arrivèrent
le 22 juillet suvvant (2), et/ui«at'hien.aocueillb
par le vioe-roi don Antonio de Mendoca, qni,
ayant formé le pvojet de conquérir le paye de
Cibola{3), Ibnna une oolenne eipéditionnairede
trois cent cinquante Espagnols, qu'il pinça sous
le& ordres de Francisco Vasques de Gotonadn^
auquel 11 adjoignit Alvarez Nunea cenme lien-
tenant. Lesicon^ttii^aderes partirent de Cnliaean
en Sfvril 1&40. Le 27 mal ils arrivèrent daas la
vallée des Conunnes, que Nunex nomma ainsi
de l'espagnol coraxon («mur), parce que les ha-
bitants lui offrirent en présent des cœurs san-
glants. De là il se neadil dans la province de
lYieayan, traversa le pays de Cibola, et entra
dans celui de Quipmra^ après avoir parcouru
près de trois cents lieues. Il revint ensuite à
Caliacan (fin d'août iâAO]^ et retourna en Es-
pagne.
L'empereur Charies Y le créa adelantado du
rio de la Plata pour cinq ans, « avec ordre de
continuer les découvertes d^à commencées par
don Juan de Ayolas et de ne souffrir dans son
gouvernement ni avocats ni prooureurs, tout
niei
(1) Pannl les vtctlmec de la faim on rite, entre autres, Is
urand prëT6t, don Agoïlno, Moozo Bnrtquez. ndHcnr
royaU AUbso Ée Solis, commlasaire du rot, ir P. Giovani,
francUealn italien, et quatre autres religieux du méine
ordre.
t^ « 1.e«iTs aventorea, dDt Berren . surprinent tout 1b
monde, et onalla Jusqu^i dire qne IHeu, pour lesaao-
Ter, leur avaU donrië la Acuité de ressusciter les morts
( dee. V. 11b. Tlll ). Loin de ressusciter les mort», fait i^
narl^er nn ciSUque modenie, ib a? aient réoa dea le-
vants. »
rs) Appdé 2Kai par Ira indigteas.
S87
PiUIfEZ
368
derant s*y accomplir par la voie de la douceur
et de ta persaasioa ». Nunez partit de Cadix
le 2 noTembre 1540, avec trois navires et quatre
ceota hommes. Il relâcha, le 23 mars 164K à 111e
de Santa-Catalioa, dont il prit possession au nom
de la couronne de Gastilte ainsi que de la côte
du Brésil depuis Cananea. Il se dirigea ensuite
sur le Paraguay, en suivant la rivière liabuca
(8 novembre). Il franchit les provinces del
€ampo et de Vaea, et arriva toi*' décembre
sur les bords de Vlguatu^ où il reçut un bon ac-
cueil des Guaranis. Aidé de ces Indiens, il attei-
gnit la Plata, qu'il dépendit, et fit son entrée à
L'Ascendon, le 15 mars 1542. Il eut à combattre
lesCriiyocames et les yîapernes, qu'il soumit. Il
'envoya Domingo de Irala reconnaître le Paraguay
( 20 novembre 1 S42 ), tandis que Cîonzalo de Men^
doia devait reconstruire Buenos- Ayres. Cette
dernière mission ne réussit |^s, et le 4 février
1543 la ville de L'Ascension devint la proie des
flammes. L'incendie avait été allumé par les prê-
tres et les fonctionnaires royaux. Irrités contre
Nunez de ce qu^il avait soustrait les indigènes è
leur tyrannie. Vadelantado fit arrêter ces mal-
Teillants, et les expédia en Espagne pour y être
jugés. Ayant appris que Juan de Ayolas et quatre*
Tîngls des siens avaient été massacrés au Puerto de
la Candelaria par les Payagoaes, Nu&ez s'y rendit.
Il battit cette peuplade sur les bords d'un grand
lac qu'il nomma Rio Negro, remonta Viguazu
(bonne eau), et se fit reconnaître par les Xaoo^
Hès^ les Yagttessès et les Clanessèt, Après un
court séjour à Puerto de los Reyet, dans le pays
ôe^Guaxarapos, dontil prit possessionau moyen
de ses lieutenants Hector de Acuna, Antonio Cor-
Tea, Jean Romero et Heinando de Ribera, il sou-
mit les Xaraiès , les Arrianicociès , les PerO'
haeaèSf les Urtuèses, les Aburunes, les Tara-
pecodès et autres peuplades nombreuses et ri-
ches qui occupaient un grand espace Ters le \y
de latitude ; mais il reçut de graves échecs chez
les SocoHnes et les Agacés, qui loi tuèrent et
mangèrent soixante-trois soldats. Lui-même tomba
malade. Domingo de Irala profita de Tindisposi-
iion de Vadelantado pour conspirer contre ce
chef. II le saisit et l'embarqua de force avec les
officiers qui éUient restés fidèles (1544). Nunez
Ait rendu à la liberté en arrivant en Espagne;
cependant ses ennemis avalent une telle influence
quil ne fut acquitté par le conseil des Indes
qu'au bout de huit années. Le roi lui accorda
alors une pension de deux mille écus d'or, et
le nomma otdor de l'audience royale de Séville.
n mourut dans un âge avancé.
A. ne L4C1ZE.
Oardlinodela Vcga, HUlorta getuntl dei Peru (Cor-
doue, icie, lo-f*), llb. I. eap. m.— Herren, MM. ce-
mrat dt loi heeho» de las Catttttanoi en lot ttlas y
Uerra fertM del mar Oceano , décades IV-VII. — Gero-
mtno Befuont, L'UUt. du Nouveau Monde, ote. ( trad.
en fniiç., Oenève, 187S. lo 8* ), Itv. II,cbap. x. — Gomara.
Bi$t. çentraldê ku Indiat ( Medlna. ibSS, In-f* ), llv. Il,
eap. XLVi et lxxxxx. — Le même, AnnoUet ou Ckronaea
dettmpv^or Cartot r,dèc. Il, t* lo. -> Cbarlerof]^
HiBi. dm Paraçumii, t !•*. — Torqneiiada, JlfeiMrckto
Jn4éea, Ub. XIV, cap. xxiL — Jobo. MIera, Traoott ta
CkUâ and la Plata { Undrca, 18M, f voL In- 8* \ — Haftcz,
AioUeUu de las froHneiai untdoM del Bio de la Plata
(LoDdret isiS). — U Rcnaadière, Mexifue, 4aaa ViM-
ven ptteoreiçw» p. tkê et nr.
Huftu ( £o«ii), en latm tfonnius, savant
médecin flamand, né rers 15S5, à Anvers. Il
était fils d'un chirurgien portugais qui avait
suivi les armées espagnoles dans les Pays-Bas.
Les événements de sa vie sont restés inconnus.
Il étudia la philosophie et la médecine à Lou-
valn, revint à Anvers, et s'y livra avec succès k
Texerdce de sa profession. Il paratt néanmoins
qu'avant de s'établir dans cette ville U avait
voyagé en Italie et suivi les cours d'Horace Au-
genio. On ne connaît point la date de sa taoni;
mais il vivait encore en 1645, époque où il
soigna la seconde édition du Dissteticon. Uo
philologue belg^, J.-6. Gevart, composa pour
lui le distique suivant :
Hoe agit, Ht eomttet mena aana In eorpora aano,
Bt colat naque taoa, nltla Bjgda. larei.
Son érudition était peu commune, pnisqall
n'excella pas moins dans la poésie et dans Vhw-
toire que dans l'exercice de sa profesSlon.
Il enfrelenait une correspondance avec- pin-
sieurs savants. Juste Lipse entre aatres. On a
de Nunez : Hispania, sive populorttm, urMif m,
insulatrum ac fiuminum in ea aecwrtUwr
descriptio; Anvers, 1607, in-8<* : description
fort utile pour la connaissance de l'andenne Es-
pagne; — Ichlhyographia, iive de piscittm
esu ; ibid., 1616, in-8*; il y fait voir que, sdoo
les anciens médecins, le poisson est un alimeat
très- salutaire aux vieillards, aux nnalades et
aux personnes d'une constitution faible; ^
Dixteticon, sive de re cibraria Hb, iV; Ibid.,
1627, in-8% et 1645, ln.4<'; extrait fort bîeo
fait de tout ce que les anciens ont écrit sur la
matière alimentaire; — Commentarius in Bu-
berti GoUzii Graxlam, insulas et Asiam mi-
norem; ibid., 1644, in-fol.,pl. : c'est, d'après
Renauldin, un vrai commentaire perpétuel, com-
posé avec une richesse d'érudition peu com-
mune; presque tous les écrivains de l'antiquité
y sont passés en revue; — Commentatius in
nunUsmata imp, Julii , Augusti et Tiberii;
ibid., 1620, in fol., pi. ; édition nouvelle d'un
ouvrage de Goitzius publié en 1576, et aoqod
Nunez a ijouté la vie de César et celle de Ti-
bère d'après Suétone. Ce savant a encore hissé
des poésies et plusieurs mémoires sur les mala-
dies des reins et de la vessie.
D'autres médecins ont porté le même nom et
ont vécu dans la même époque; nous en cite-
rons deux : Ambroise NtKfix, natif de Lisbonne,
professa à Salamanque, pratiqua à Séville et à
Madrid et devint premier médecin delà cour de
Portugal. 11 a publié De peste ( Goimbre, 1601,
in-4^ ) et Mnarrationes in Apliorismùs Bip-
poeratU (itM., 1603, in-ful.). — François
NuKEz, né près de Tolède, joignit à une cer-
m
IVUNEZ — NURSIA
370
taiM habileté dutt son art le talent de composer
(Tasseï bons vers latios ; U a laissé ea ce genre
Lf/rx heroicx lib. XIV ( Salamaaqoe, 1581,
■hi«). P.
R. Antottlo, MibUalk. kUpana. - Vatère Aodré, Bi
Uietkeea beigtea. — Renaaldlco , Lu Aié4ecins numU"
matUtes.
suftBZ (Ferd,). Vop, Gczhan.
SIJtBX DBBALBOA. Voy, BaLBOA.
soIIbx dis tbla. Foy. Vêla.
avRBiiKG {Jodocus-Bermann ), antiquaire
aJlemand, né le 3 février 1675, àSchuttorp, dans
le comté de fientheim, mort le 3 mai 1753.
Après avoir étudié les belles-lettres et la juris-
prodenee, il parcourut dans Tespace de cinq
aosftoeeesslTementritalie, la France, les Pays-
Bas et la Hollande, visitant les monuments an-
ôaa, explorant les bibtiothèqnes et les musées
et fréquentant les hommes les plus savants de
ces contrées. De retour dans son pays, i| s'ap-
pliqua pendant quelque temps à apprendre la
pratique judîciaité, selon les désirs de son père,
qui voulait lui laisser sa charge de magistrat,
n se décida ensuite à embrasser Tétat eoclésias-
tique, aaqnel il se prépara sans cesser ses re-
eherebes historiques et archéologiques, dans Tin-
térét desquelles il visita l'Autriche et la Honf^e.
.^onuné en 1705 écolâtre à Yrède, il eut occa-
sion de mettre en ordre les archives de plusieurs
foodatioas religieuses, ce qui lui fit tirer de
l'oubli quantité de documenta intéressant This-
loire de son pays. U reçut par la suite les di-
gnités de protonotaire apostolique et de conseil-
ier ecdésîaatique de Tarchevèque de Cologne,
li légua sa belle bibliothèque à la ville de Muns-
ter. On a de lui : Sepulcreium Westphalico-
Jiimigardieo^entilêf in quo de urnis et de
lapidibuM ethnieontm sejmlcralibtu disseri^
tur; 1713; réimprimé à Osnabmck, 1714,
in-é*', avec VOisilegium hUtorico-physicum
de J.-H. Cohausen; — Diplomatie Candi
Magni de scholis greeeis et latinis anno
M eeeiesix Osnabrugensi eoncessi vindicata
Veritas; 1720, in.4% écrit contre Eccard; —
Monumentorum Monasteriensium decuria
prima^ toca diocewoe, ah A et B inchoantia,
inscriptionibus et exegesi topographica-his-
torica illustrons; Wesel, 1742,in-4*>;— Von
den OrdalOs der alten teutschen Vôlker (Des
Ordalies des anciens peuples germaniques), dans
les ffannOversche Anzeigen (année 1752); —
De jure bivangiatus, même recueil, année 1753 ;
— plusieurs Mémoires sur des sujeta d'histoire,
de numismatique, d'histoire naturelle, etc.,
dans le Commereium Ittterarium Nunningii
et J,'B. Cùimusen, Francfort, 1746, et dans
i«s Dissertationes epistolicx Pyladis et Ores-
^; ibid., 17^0, in-8«. Nuning a laissé en
mannacrit plusieurs ouvrages sur la vie de Char-
leraagne, sur l'histoire de Munster et sur les
iMïnunes remarquables nés dans cette ville. G.
Stmnmann, Jifnui Qtlehrtet Surcpa, t. IIl et V. —
Hincbbg, HmÊdHÊCk, - McomI, Usikom,
NUHZIAMTB ( Vito, marquis), général ita-
lien, né le 12 avril 1776, à Campagna ( royaume
de Naples ), mort le 22 septembre 1836, à Torre-
Annunciata. Ses parente étaient pauvres et d'o-
rigine obecore. En 1794 il s'enrOta dans un ré-
giment d'infanterie, a fut licencié à la fin de ta
campagne de 1798; il était alors simple fourrier.
Rentré dans son pays, il rassembla un millier
d'hommes de l'ancienne armée , se nomma lui-
même colonel de cette troupe improvisée, et la
mit À ta disposition du cardinal RulTo, qui s'em-
pressa de te confirmer dans son nouveau grade.
A ta tete de son régiment, il assista au siège de
Capooe H en 1800 au combat de Sienne, où il
s'échappa à grand' peine des mams des Français,
qui l'avaient fait prisonnier. En 1808 il donna le
conseil d'évacuer Naples sans résistance et de
se retirer dans tes Catabres ; Tarrière-garde qu'il
commandait ayant éte dispersée à Campotenese ,
il se jeta dans Reggio et partteipa, avec les dé-
bris du régiment des Reali Sanniti, à la défense
de cette ptace. La bravoure et la fidélite dont il
fit preuve lui valurent les grades de brigadier
(1807) et de maréchal de camp (1814). Après le
retour des Bourbons à Naples (1815), Nunziante,
nommé commandant supérieur des Catabres,
lut chargé de présider à l'exécution du roi Joa-
chim Murat, et il sut, dans cette pénible circons-
tance, concilier ses devoire avec le respect que
méritait une si haute infortune. Depuis cette
époque ta cour le combla de faveurs : outre des
pensions considérables, il obttat en 1815 le titra
de marquis, en 1819 le grade de lieutenant géné-
ral et la grand' croix de Samt-Georges, et en
1820 le commandement de Saleme. Lors du
soulèvement de Nota (juillet 1820), il reçut ordre
de mareher contre les insurgés ; mais, les soldata
l'ayant abandonné en route, il revint aussitôt à
Naples, rendit compte au roi du mauvais succès
de sa mission, et termina s6n rapport par cet
avis courageux : « Sire , la constitution est uni-
versellement désirée par vos sojete; nous essaye-
rions en vain de résister au vœu générai ; je prie
donc Votre Majesté de l'accorder. » Après avoir
commandé les divisions de Syracuse et de Pa-
lerme, od il eut à comprimer plus d'une révolte,
il devint inspecteur général de l'armée et quar-
tier matire général, occupa en 1830 les hautes
fonctions de vice-roi de la Sicile et fut créé en
1831 ministre d'État avec le commandement de
de toutes les troupes du royaume. G.
Fr. Palermo, Fita •faUidi Fito IfwuUmte; noreaee,
iSS», in-t*.
NcmBHiBBmG (Conrad nn ). Voy. Conrad,
miBsiA {Benedetto ok)^ médecin italien,
né à Nursia (duché de Spolèté), vivait dans ta
première moitié du quinzième siècle. Il apparte-
nait à Ta famille des Regardati; mais il fut plus
connu sous le nom du lieu de sa naissance. En
1426 il professait la médecine à Pérouse. Sa
grande réputation lui fit donner le titre d'archiA-
tre^ou premier médecin , du pape et ta dignite
471
jyURSIA — fUJTTS
S72
4e dievalier. Banai nous le pooCifleat de ffico- ]
las V, il se tendU à la oour da dnc Fnaceaao ',
âfona, qui rattacha à ta peraooae et le créa aé- [
Aaleur. 11 eat probable ^ue Nuraîa paaaa le leale
de sa Tïe à Milan ; eo sait qu'il &*y trasTait ea-
«ove en 14M. On â de lai : Cpus ud MonitaHi
amMtrpaiéotum; Rowe 147&, .f49a, io-i*; Bo-
logne, 1477 : la freanière édition eat fort rare:;
«Ue a été Mise au joar par PkHippe de Ligoa-
iniBe ; — Cêmftmbmm de pesiUentiui Mélai^
1479, Ib-4». p.
Maital, #t»ff mmàiatH poslHcf . — 5«CtS, flitf. f»-
1 2CU8 {BugènB)^ anteor dramatique ffWfais,
Bé en 1816, à CliiloBa<8ui«-Sadne. Élefé au eol-
lége de cette Tille, il wM à Paria en 18S7, et ae
livra à son goût pavr la IMtéralore. Il fat ad-
joint à la rédaction de L*ën€rœctB, et At jouer
quelques iwragea aux petits théâtres. Le pve*
niier drame qui le lit oonn^ftre fat représenté
an <liéâtre de la Galle, en 1844; il avait pour
titre Jaefua le Oontilrê. M. Nos oantiona à
faire représenter areo phn on moins desuacès,
seul ou en oollalMration : VJSnseignemeni nw-
iuêl (tM6), le jyéêw en fNmrr« (1847), U
Omie Oe 8min9ê^JSééim(i^% £e Ttstmnemt
<tun gar^cm (I85t), Lb Ynkie de demielie
<18&3), iJB Vitaire de Wake/ield (1854),
Stf snnne (1854), £a 7%cir de Londres {tSbb)^
La Servante (1868), Les Fauvres de Paris
<1850), Jeanne Greff (1856). En 1848 il était
no des prfaicipan fédacteors de La Démoeratie
pacifique, A. J^.
NVTOLOiTB lParifilo)f peintre de Vécole de
Crémone, né dans cette ville, mort très- Agé, en
1651. Élève de Trottî, dit le Jdalasso, W adopta
nn style plus vigpureux , mais moins gracieux
que celui de son maître, et vint fonder à Mîlan
une école d'où sortirent d'excellents élèves, tels
que ses deux fîls Giuseppe et Carlo- Franc sca.
Il avait peu d'imagination ; mais il rachetait ce
défaut par une composition sage et un fini pré-
cieux. 11 a cependant exécuté quelques grandes
œuvres du genre de celles que les Italiens nom-
ment macciùnote.
Parmi les nombreux tableaux d'autel dont il a
enridii les ^lîses de Milan, on remarque une
Résurreciion à Saota-Maria-delle-Grazie, La
Vierge et saint Jean- Baptiste à Santa-Maria-
del-Castello, La Madone et quelques saints à
San-Angelo, Sainte Thérèse % Saint- Barthé-
lémy, et Sainte-Anne avec la Vierge, à Saint-
Protaso-ad-MonaoDs. Le nuisée de Brera pos-
sède de 5uvolone nn buste d*lH>mme que Ton
croît étreaon propre portrait. Enfin nous cite-
rons encore parmi ses bons ouvrages, Saint
Vbalde guérissant un malade, à Saint Augus-
tin de Plaisance. £. B—n
JCaist, NùtiiU d^ fittari crewtanai, — Qrbodl, Ab-
becedmrio, «- Unil, StoriaptttorUa, — Flronno. GMda
lU Jtttei».
mvwou^nm (Cârft^-Fr«neueo),dlt P«ii/fla,
fila du précédent, peintre ilaficn, né k Miten,
en I608,flnert en 1661. Élève de son père, U
imita cependant de préférence J.C. Procnodai
et surtout le Guide, dont il fit une étnde toute
spéciale, qui lui mérita Thooneur d'être appelé •
le Guide de la Lombardie, U a beaaoonp ira-
vaille à Crémone, à Parme, à Plaisance, à C^me
et surtout à Milan. Les églises de catteileniière
ville sont remplies de ses ouvrages, parmi ies*
quels les plus remarquables sont : le Marthe
de saint Vito, Saint Jeam^Baptiste et saint
Jacques et on Miracle de saimi Pierres lie
musée de Brera possède six tableaux de luL A
Saint- Vital de Panne , il a peint une Madone,
dite de Caravaggio. Nuvolone pasaait pour le
premier peintre de portraits que Milan ^MSsédAt
de son temps, et à ce titre il fut choisi pour
faire celui de la reine d'Espagne lorsqu'elle paaaa
dans celte ville. £. B~ii.
OrlJindl, jébbeeêdario. — Lantl , Storta pUtoriea. —
TIcocxl, Dlzionario. — PlroTaDO, CuUa di Jfilono. —
Bertotoxzl, Guida ptr matrvarê fv fUinre 4i Pm% uwm.
HinrouniB (GiwiTipe) dit Pœufio, frèR
dn précédent, né à Milan, en 1619, mort en
1703. 0*un caractère font opposé à eeini de non
frère, il eut une Imagination ardente et foe^giienae
qui parfois nuisit à te correction de aen eewres
et au choix de ses types. On peut Ini reprocher
anssi d'avoir donné à ses ombres une vigueur
trop prononcée. Cet arlisle peignit jnsqu'à l'âge
de quatre-vingts ans ; aussi les viHea de la Lom-
tiardie et de la Yénéfie sont-elles rempHen de
ses ouvrages. On remarque plus particnlièfemeut
ses peintures à Santo-Domeraoo de Crénaone,
et surtout le grand tableau du Mari resstescité
par saint Dominique ^ composition remar-
rle par te vérité de l'expression et la ridiesse
rardiilectuie. lïuvolone ne réusait pns
moins bien le portrait. 11 fit ceux des rois d'En-
pagne Philippe ÏU et Philippe frpour Alphonse
deGonzagne, comtedeHoveHara. E. B— -n.
Onandi. ^ftèeeMtariD. — Und, Sforto f^amrêem.^
TicouV/>is«anaH«c - OcMMlM* Guida Moritm ■■ci»
di Cremona. — Offipori. Gli JtrUtti tUfU MuU£MUtui.
HVTTS (Peter), navigateur boUandaia, aé à
Amsterdam, vers 1600. Ses parentale destinèrent
au trafic, dima lequel ils avaient une belle posi-
tion. Après avoir étudié le commerce, il «'embar-
qua, et fit quelques voyages aux eûtes d'Afriiiae.
Batavia était alors le centre commercial de l'A-
sie. La famille de Ifnyts arma un navire immm-
cette destination , et lui en donna le conunande-
ment. Battu par les tempêtes, égaré sur une mer
inconnue, il aborda en 1627 sur cette ^ande
terre appelée aujourd'hui Austratke^ et connue
si longtemps sous le nom de Nouvelle- HollaDde,
du nom de la patrie des premiers navi^tetirs
qui 5 abordèvent. Kujts atterrit sur la c6tc qui
prit son nom : elle est située dans U partie naé-
ndionale de l'AustraKe. Looglen^s on l'a coo-
sidéré comme le découvreur de ce continent »
mus il est avéné que Carpenter en avait {ht «
373
JNUYTS — PiXaERfi
374
ooBDÛSMnoe quelques mois avant lui (i). Sans
chercber à étendre sa déoouTerte.Nuyts, aussitôt
qu'il eut réparé son navire, reprit la mer, et ar-
rivai Batavia sans encombre. Presque à son ar-
rivée n fut nommé, par le conseil de Batavia^
ambassadeor^an Japon. 11 j débarqua Tannée sui-
vante^ et fut asseKbieo acaieiUi. 5uyl0« pour se
^oner dé l'impoTtance, ae^préaenta comme am-
bassadeur du rm de Uoilande, Les Japonais loi
reuiireot des bonnenrs extraocflinaires ; mais les
jèiuiles portugais ne tardèrent pas à informer le
eabo ( souvemin politique et militaire) et \ed<àrà
I souverain religieux) que Nogr^ n'était que Ta-
gent d'une compagnie de marchands. Les Japo-
nais furent blessés de cette mystification, et con-
gédièrent le^ollandaissans lui accorder aucune
réponse. De retonr à Batavia « le conseil ne vit
dans la conduite de lïuyts qu'un excès de zèle,
et lui 4»nfia le gonvememeni de Timportante
Ile de Formosa. Tfuyts, plan de ressentiment
contre les JapoMaia, ne tarda pas à trouvar une
occasion de se yenger de rafTcont qu'il avait reçu
à Tédo. Deux ;grosses joncqnes venant de Ni-
pboo, et montées par plus de cinq cents hommes,
tinrent à la snite d'un typhon reUcher à For-
Boosi^, eo 1629. Ils alUient en Chine. Ifuyts se
nùtsn téte-de les désarmer, commeles Japonaisen
osaient à T^rd des navires de la compagnie. Les
c^itaines protestèrent; mais comme ils man-
quaient «d'ean, et que leurs joncques étaient hon
d'étatdeniprendre de«uite la mer,ils8esoumirent.
!^yts trouva plaisant de les amuser de belles
paroles jusqu'à ce que le temps de la mousson
Sù\ passé. Re pouvant plus passer en Chine, ils
iisistèrent pour retourner du moins chez eux;
nais le gouvernement hollandais refosa^sous di-
vers prétOLtea. Les Japonais» lassés, prirent une
résolutioB désespérée, qu'ils exécutèrent avec
saag-.froid et ooora^D. Les chefs renouvelèrent
leocs offres et leurs prières , et «yvès une au-
dience infructueuse, voyant qu'ils ne gagnaient
rien par les paroles, è un signal donné ils se
précipitèrent sur le ^uvemeur et la garrottèrent
ainsi que son jeone fils et son cdnseiller, qui se
trouvait présent. Aa même instant le corps de
gaide, ainsi qœ ioules les personnes de Ja suite
du gonvameor, les officiers , les marchands » les
damestiques, furent impitoyablement égorgés.
l'a garnison acconnit ansâft^t; mais les Japonais
boitèrent le gouverneur è lui ordonner de ces-
ser le feu, puis ils se barricadèrent dans le pa-
lais, et obtinrent de JNuyts un traité par lequel il
leur fit rendre leurs gréeeMnts «t leur artillerie
et leur donna un dédommagement pour le temps
qoH leur avait lait perdre. Cas conditions exé-
cutées (12aoâtl630XUslerendirentà1anbtfté,
mais en même temps ils déclarèrent ne rouloir
plus avoir de velatkm avec les Hollandais. Le
Président di le conseil de lacampa^iie^ désirant
à tout prix conlinaer son commerce^, livrèrent
<i)Xt9«itle «HMflBOaae fiitiléanvc
M*fltr Wlelunt(Miu oe mm,}.
Noyts aux Japonais en l'abandonnant à leurdis-
crétioD. Il n'eut lien àsouffrir dans sa captiviti^;
et deux ans plus tard il fut remis en liberté avec
indemnités; mais ses compatriotes ne voulurent
lui confier aucune fonction, et Je renToyèrent en
Hollande, où il mourut. .A. de L,
iM Hetuille, HMoire de SolUuuU, t. II, ili. \l^
ebap. ziL — CbardlB, ropagef t. IX, p. liS-lSS; t. X,
p. 1», IM. ISS, tH. 117. «- OMneralx, fMit. 4u laptm,
c. v.ttw. ap.a»iss,ses«iiA,a4iL - Miu,uwimiutm
(Fari% 17IS. lU taL Ut-So), t. XVU^ p. Ml, S8B, SUS;
notes f Jointes à cet osTnge ) , xxix-xzzni, p. ass-sss.
Ntzzi (Afarto), dit Mario de^ Piori, pemtre
de féoole romaine, né en 1603^ à La Penna (dio-
cèse de Fermo), mort à Rome, en 1673u tlève de
Tommaso Salini, et, an moins autant de son pèr^
grand amateur d*borticulturej il p^gnlt les
fleurs et les fruits avec une perfection qui lui
Talut les pins ^icands aœcès; malbenreosement
ses tableaux ne tardèrent pas à pousser au noii^
et la plupart ont perdu leur éclat. IBario était
veau se fixer à Borne, où il fut nommé membre
de L'Aaadémie de Saint-Luc en i6&7. La galerie
iconographique de Florence possède son portrait,
exécuté par lui-même. K. B^jn.
OrUndI, Tleozxl, Lanzl, PuooU, Fit» dei plttoriwuh-
demi.
Nczzi ( Ferdinand), cfeT^insl Italfen , nfi le
ID septembre 1665, à Oila (£tat8 de rt^liae),
mort à Orviète, le 30 novemlnre 17X7. H n^svait
encore que neitf ans loisque sa mère, devenue
veuve, renvoya à Rome pour 7 faire ses Aodes.
S'appUquaift à la jurisprudence, tant civile qne
canonique, il fut bientôt regardé comme un des
plus habiles jurisconsultes de lltalie. En lesis.
Innocent XI le nomma coimnissaire de la cham-
bre apostolique et chanoine de. Saint-Pierre;
Alexandre YUI eut souvent recours à ses con-
seils; Innocent XII le fit trésorier de la chambre
apostolique secrétaire de la coi^grégatlon du
concile, membre de celle des Rites. Au milieu
de tontes ses fonctions, Nuzzi conserva son
amonr pour les sciences, et sa maison était le
cendes-vons des savants qui y formaient une
sotte dTAcadémie oili se traitaient toutes sortes
de sujets. Clément XI le créa cardinal ( te dé-
cembre 1715) et évèqne d*0rv1ète. £tant préfet
de l'Annooe, il publia ; IHscorso ivtorno aXîa
colHvazione delta Campagna di Borna; Rome,
1702, in-fol. 11 y signale les tristes effets du dé-
faut de culture dans la campagne de J&ome^
mais son ouvrée n'eut pas le résultat qu'il s'en
promettaiL
Son neveu Nozzi (ZnnoceaQ, camêrier dHwn-
nenr de Benoit XfV, fit élever à sen onde un
magnifique mausolée dans la cathédrale d*Or-
idète, et .traduisit an Italien Vffbfoire de la
constiiutiàn Cnlgenitua, par Lafitau; Cologne
(Romç), 1757, in-4». H. F.
Dict. iet Cardinaux. ^ Morfil, Mctionii. Mstor:
dame), femme poète suédoise, née le 18 no-
I Tenb» 17AS^ àJ&kuUnna Cprov. de Westman-
875
irySERG — NYEÏRUP
S76
land). La mort de son père, Inspecteur d'une
usine du gouvemement, la laissa orpheline à
TAge de treize ans. EnToyée à Stockholm, elle
reçut une bonne éducation dans un pensionnat
que dirigeait une Française émigrée, la marquise
de Dariès. Mariée en 1809, à un marchand,
M. Asping, elle fit rompre cette union par un
divoree au bout de quelques années, et épousa
en 1822 M. Nyberg, a?ec lequel elle vit fort re-
tirée au milieu des montagnes de son pays na-
tal. Elle "visita Paris en 1843. Cette dame, qui
passe pour un des poètes les plus distingués de
l'école dite pho$phoriste , est connue dans le
monde littéraire sous le pseudonyme à*Euphnh
sine. On a d'elle : Dikter of Buphrosine (Poé-
sies d'Euphrosine); Stockholm» 1821; — K«-
blina, tragédie; ibid., 1821 ; — Nyare Dikter
(Nouvelles Poésies); ibid., 1828; elle a réuni
ees deux recueils de yers et les a publiés avec
des additions, sous le nouveau titre de Samlade
Dikter af Buphrosine; Œrebro, 1832-1842,
3 vol.; — Silfid^n (Les Sylphides); 1840, en
société avec Dahigren ; — des pièces de Ters
dans VÀlmanach poétique,
Convenat^-LexUon,
HTDjBB. Voy. Nmea.
MTB (PMlip)f théologien anglais, né yers
1596, dans le Sussex, mort le 27 septembre 1672,
à Londres. Il étudia à Oxford, et fit d'abord par-
tie du clergé de Saint- Michel à Londres; mais
ayant combattu les doctrines de l'Église établie,
il fut obligé de se réfugier pendant plusieurs an-
nées en Hollande. Nommé en 1640 ministre de
Kimbolton, il Ait un des ardents champions du
presliytérianisme, et s'en sépara pour se joindre
aux indépendants, quand ceux-ci eurent pris le
dessus. En décembre 1647 il fut, avec Marshall ,
chargé par les chefs de l'armée de se rendre an
château de Carisbrook et de communiquer au
roi, qui y était détenu , les quatre Totes du dé-
trônement. Après la restauration on lui fit grftce
de la vie et de la liberté; mais il fut exclu de
toute charge ecclésiastique. Wood et Calamy le
présentent comme un homme extrêmement
dangereux, un fauteur de sédition, préchant avec
audace l'indépendance politique, et dévoré de la
soif des richesses. Il a laissé quelques écrits de
controverse religieuse. K.
Wood, Jthtnm Oxùh. — Calaray, HUi, o/dittenUng
NTBRITP (Érasme), érudit danois, né le 12
mars 1759, à Œrstedt, dans l'Ile de Fionie, mort
à Copenhague, le 28 juin 1829. Employé dès 1778
à la bibliotbèque de Copenhague, il en devint le
secrétaire en 1790, après s'être fait recevoir
maître es arts en 1784. En 1796 il obtint la
chaire d'histoire littéraire à l'uniTersité de cette
ville, dont la bibliothèque fut un peu plus tard
confiée à ses soins. H reçut aussi successlyement
divers emplois dans l'administraiion des établfs-
sements dépendant de l'université, et il en fut
nommé prévét en 1814. Depuis 1807 il était se- |
orétaire de la commission royale poor les anti-
quités. On a de lui : De Lactantio ; Copen«
hague, 1781, in-8<'; — SpMlegii bibliogra'
phici specimina F, exhibentia ex àibliotkeca
regia BavnUnsi primitiarvm artis typogror
phicx Maittairio incognitarum decad^ quiH'
que; ibid., 1782^1783, {n-S""; — De libris
Biblia pauperùm et Spéculum humanw sol'
vationU dictis; ib., 1783, in-8*; . Lt^ro-
mm qui ante Reformationem in seholis Da-
niœ prxlegebantwnotitia; ibid., 1784-1785,
2 parties, ia-h''; ~ Symboles ad Htleraturam
Teutonicam; ibid., 1787, in-4«; suivi d'une
Lettre à J,'F,-G, Schlegel sur des monu*
ments inédits de (^ancienne littérature alle-
mande: ibid., 1788, in-4«; — Om skrivefrir
hedsanordningeme i Danmark ( Sur les lois
au sujet de la liberté de la presse en Danemark) ;
ibid., 1791; — Luxdorfiana; ibid., 1791; —
NySamXingertildendanske Historié (Nou-
veau Recueil de mémoires sur l*histoire da Da-
nemark); ibid., 1792 et sulv., 4 vol. in-4**; —
Langbtkiana; ibid., 1794 ; — Index librorum
prœstantissimorum bibliolhecx communi-
lotis regix; ibid., 1796; — SamUng af fort-
jente danske Jdaends PortroUter med biogrch
■ phiske E/terretninger (Recueil de portraits
des Danois, qui ont bien mérité de leur pays,
avec des notices biographiques); ibid., 1797-
1802, 3 Tol. in-4^ en collaboration avec Lahde;
Udsigt over Nordens xldsie Poésie (CImnx
des plus anciennes poésies du Nard ) ; ibid.,
1798 ; — Suhms Levnet qf Skrifter med Vaig
af hans Brevvenling ( La Vie et les Écrits de
Suhm, avec un choix de ses lettres); ibid.,
1798; — Suhmiana; ibid., 1799; *— Berne-
torf Eftermaele{K la mémoire de Bemstorf);
ibid., 1799-1800, 3 parties, in-8*; — Bidrag tU
den danske Digtekonst Historié ( Documents
relatifs à l'histoire de la poésie danoise); itnd.,
1800-1808, 4 vol. in-8* ; en collaboration avec
Rahbek; — BJobenhavns Beskrivelse (Des-
cription de Copenhague); ibid., 1800; — ifif-
torisi statistik Skildring af Tilstanden i
Danmark og Norge i xldre og nyere Tider
(Description historique et statistique de l'état du
Danemark et dg Nord dans les temps anciens
et modernes); ibid., 1802-1806, 4 vol. in-8**;
ouvrage savant et plem d'intérêt qui oontieni
entre autres de précieux détails sur la littéra-
ture et les écoles des pays du Nord) ; — Anti"
quarisk Fodrejse i Fyen (Voyage archéolo-
gique en Fionie); ibid., 1806; -^ Antiquariské
Rejser i Àarhus stijt (Voyage archéologique
dans le diocèse d'Aariius); ibid., 1808, Ui-8*; en
collaboration avec Abilgaard ; — Catalog ov«r
det norske Videnskabers selskabs Samlinger ;
Boger og ffaandskrifter (Catalogue des colleo-
tk>ns de la Société des sciences du Nord ; livres
et manuscrits); ibid., 1808, in-4*; — Udvalçie
danske Viser fra Âtiddelaldeinen (Choix de
chants danois du moyen âge); ibid., 1812-1814»
877
NYERUP
5 Tol. m-4'*: en collaboration avec Abrabmson et
Rahbeck; — AntiqiMrisM Rejse i Fyen (Voyage
ircbéologique en Fîonie); ibîd., 1814; ~ Ka^
rakterUtik af kong Christian IV (Caractère
da roi Chrétien IV); ibid., 1816, m-8<*; — Àl-
mindelig Morskabslaesning i Danmarh og
Norgê ig fennem Aaarhandreder ( Recueil gé-
néral des romana popalalres écrits dans les an-
dens temps en Danemark et dans le Nord);
ibU.y 1816, in-8*; — R^ser iU Stockholm i
Aame 1810 09 1812 (Voyages à Stockholm dans
les années 1810 et 1812); ibid., 1816, in-8''; —
Wàrierlmch der skandinavisehen Mgthola»
giê (Dictionnaire de la mythologie Scandinave ) ;
ifaid., 1816, in-8* ; — Sfterretninger om kong
Frederik Ili (Mémoires sur le roi Frédéric 111} ;
ibid., 1817, in^»; — Almindeligt Utteratur-
lexicon/or Danmarh, Norgeog Island (Dic-
tionnaire général des écrivains da Danemark,
daNord et de Ilslande ) ; ibid., 1819, 2 voL
in-4* : cet excellent ouvrage, publié en collabora-
tion avec Kraft, a été continué jusqu'à nos jours
par Erdev ; — beaucoup de savants mémoires,
artîàe» et comptes rendus dans la Minerva,
r/ris. Tes Skandinavuk litterarisk SelskabS'
Skriher^ le Ny danske Magazin, les Laesen-
des Aarbôger de Sejdelin et autres recueils. O.
Hyerup et Kraft, Atmtndetigt LitteraturUxikon,
vruàsn (Grégoire) f physiologiste allemand,
né k Vl^ttemberg, le 14 janvier 1594, mort le 29
jnin 1638. Reço docteur en médecine en 1618,
il enseigna Tanatomie et la botanique à l'univer-
sité de sa ville natale. On a de lui : De ap<h
plexia tractatus; Wittemberg, 1619 et 1670,
ia-4*; — De vila fœtus in utero, qua lucu-
lenter demonstratur infantem in utero non
anima matris sed sua ipsius vita vivere
propriasque suas vitales actiones etiam in
alvo materna exceret, matre exstincta, ssepe
vivum et incolumem ex ejus ventre eximi
posse, adeoque a magistratuin bene consti-
tuas rehus publics non concedendum, ut vel
uUagravida rébus humanis exempta sepelia-
tur priusquam ex ejus utero fœtus excisus
vel ad minimwm sectionCf an infans adhuc
vivenSf an vero mortuus sit, exploratum
fuerit; ibid., 1628, in-4<*; Leyde, 1644 et 1664,
in- 12, avec le traité de Plazzoni De partibus
generationis : Texcellent ouvrage de Nymann a
fixé les règles suivies depnis dans cette impor-
tante question de médecine légale. O.
Pretier, Theatrum. — WItte, DtaHum.
BTMPBis (Nuit^t;) , historien grec, fils de
Xénagoras, né à Héraclée du Pont, vivait vers
le milieu du troisième siècle avant J.*C. Il ap-
partenait à une famille distinguée, et Ton croit
qu'il dettcendait de ce Nymphis qui, malgré sa
parenté avec le tyran Cléarque, entra dans un
complot pour rendre la liberté à Héraclée. Nym-
phis fut envoyé en ambassade chez les Galates,
qui s'étaient irrités de l'appui donné par la ville
— NYSTFJÏ S78
d'Héradée à Mithridate. fiU d'Ariobanane. U
composa trois ouvrages historiques aujourd'hui
perdus : llcpl *AXi|àv8pou xot tOv A(at86x«>v xat
*£inYÔvuv (Sur Alexandre, ses successeurs et
leurs descendants), en vingl^iualre livres; cet ou-
vrage se terminait à l'avènement de Ptoléraée 111
( 247 avant J.-C.) ; — Depl 'HpaxXeiac ( Sur Hé-
raclée), en treize livres, contenant l'histoire
d'Héradée jusqu'au renversement de la tyrannie^
en 281 avant J.-C.; — HcpmXouc 'AoUn (Périple
ou Description de l'Asie). Les fragments peu
nombreux et peu importants deNympliisont été
recueillis par J.-C. Ordii, dans son édition de
Memnon, p. 95- 102, et par C. Mûller, dans lea
Fragmenta historieorum grxcorum(édiii, Di*
dot), t. III, p. 12. Y.
Voulus, De historien gnteU, p. IM. éd. WatenDann.
- CUntoD, Ftuti kelUniei, toL 111, p. 110.
MTON (Jean-Luc), libraire français, mort en
1799, à Paris. Il était versé dans la science bi-
bliographique, et on a de lui plusieurs catalogues
rédigés avec soin , notamment ceux de la triblio-
thèque du duc de La Vallière , 2' partie ( 1788,
6 vol. in-8''), et de la bibliothèque de Malesherbes
(1796, in-8"). On lui attribue aussi deux pièces
imitées de Goldoni , la Guerre et la Paix et
Les négociants ^ l'une et l'autre imprimées en
1807. P.
Qoérard, Xa France tUUralre,
2IT8TBM (Pierre- Hubert), médedn belge,
né à Liège, le 30 octobre 1771, mort à Paris, le 3
mars 1818. U s'occupa d'abord dans sa ville
natale, et pendant quelque temps à Strasbourg,
des sdences physiques, puis il vint étudier la
médedne à Paris, et obtint au concours, en 1798,
la place d'aide d'anatomie. Reço docteur en
1802, il fut adjoint à la commission médicale
envoyée en Espagne pour observer la fièvre jaune,
et en 1804, sur la présentation de Tdssier et de
Vauquelin, il fut chargé d'aller dans le midi de
la France rechercher les causes d'une épidémie
qui sévissait sur les vers k soie. De retour à
Paris, il se livra, sous la direction de Halle, à des
études. sérieuses sur les diverses branches de la
médecine, et fit, à partir de 1808, des coura de
matière médicale. Il était médedn de l'hôpital
des Enfants lorsqu*il mourut , d'une attaque d'a-
poplexie. On a de lui : Nouvelles Expériences
galvaniques faites sur les organes muscu'
laires de Vhomme et des animaux à sarig
rouge, dans lesquelles, en classant les di-
vers organes sous le rapport de la durée de
leur excitabilité galvanique, on prouve que
le cœur est celui qui conserve le plus long-
temps cette propriété: Paris, brumaire 1^ xi
(1803), in*8<' (dédié k Halle); — Recherches
sur les maladies des vers à soie et les moyens
de les prévenir ; suivies d'une instruction sur
l'éducation de ces insectes; Paris, Impr. imp.,
1808, in-8^; — Dictionnaire de médecine, chi-
rurgie, chimie,botaniquet artvétérinaire, etc.,
fTt
mrsTEN —
V âdNL; Fivl«i ISIO; 'vk-%* (Ca^mn est Pàu*
iMrdel» premiSithéMaii); 11* édHf.srerm^ar
Iilltré et ItoMn, fairis, 1868, grand ia>-8*. On a
«igoalé 4lB&le tMrriuf ctet dernienr éditeon dtt
ai4Mes oè Kto eiryjvit frouver dlcs opiolbiwiiui-
MriarwtiM; mais wttb critique ne panR pasto-
ét»y itt mrtière» de* ees aiiieles étant seule-
nmtr eonsidéiées «a fwint dé rue matomRiae
«I phytwIègiqQfr; — IM^etrAe^ éfe p/itpsiologte
tftéetkimk0 pathologique, pour fairt suite
è eeUm de Bicftat sur la vie et ta mort;
Paris, 1811, in-8^; — Manmet méâlcat; Paris,
1914, m-8*; 2*éd!t.. Paris, 1816, iii-8*: ouvrage
^stiBct da Manuel médical de Schwilgué, que
Nysten avait pnbHé avec des additions, Paris.
1809, 2 Tol. in-8o. Nysten a donné des articles
NYTHART 380
d%7g{iène et de physlqae' médicale an JEMtAoït-
neUre des 5Cft»icermélfltffta K. RBcaàan.
Cbmhalrc, Kttlee MfftriUM mr Mfttm^ dans le
PrêeéÊ-verfHtl de Im aêimu p^Ogm ée »ai Spùmé^Ê-^
anrffrttoMtf»XM9«/U«c»Jttt.l»«i^Biinuici «te»
troplHiê du ne^Mmêdâ» ffMgfflIfct
HTTAABT {jBwkif^ faa««Boia U Naranim^
vhnâtdMilaflaeiwlMniltié du fwnèraeaitete;
U s'est Wt couiitrr |Mr «te tratetbi» de
VEnstMqm de Tenant poMiéri UliSy m U«^
iB'fiolHK C'est la prsBîèn pièce da paiteconiqat
latin qui ait été ianiiinëa dans U? Gowane;
mais dès le aaailiae stàdeplasienn deaeaeaaid-
iipasaÉdaavli tangna MtaPMMta.a
IITS. —
, r. iM
affll
0
0 ( Franç(d$ Diart^aîaD*), seignenr DcFREsniE&
efDcHiiiLLEBOiSs financier français, né à Parin, ea
lS3à, mort dans fa même ville, le 24 octobre lâ94.
fl était fila de Jean d*0 , capitaine de b g^rde
écossaise du roi. Il prit d*abord le parti des
arraes, et obtint one charge de capitaine de cava-
lerie; maïs il abandonna cette carrière par la
raison, disait-il« qa'une plurae porte des coups
plus utiles qa*une épée. Ce fut donc aux afTaires
qull se Tona » et spécialement aux afRdres de fl-
aanoes. Ayant épousé, en 1573, GbarfoCteCSlthe-
rioe de Villequîer, fille de Tillequiery l'un des
fovoris du rot , il fot présenté à la cour pac son
beau-père, et ne tarda pas à se mettre furt avant
dans les bonnes grflœs do prince. Sans antre
titre qpe la faveur,, il remplaça, en 1ST8, Pbm-
poDDe de Bellièyrei oûmme sarintenifent des
fiuDoes du royaume. On ne Toit pas qu'if ait
apporté dans ces fonctions d*autre mobile que
de servir tes prodigalités du roi et aussi sa propre
cupidSé. Suivant Fui.. Tes pauvres étaient aussi
nécessaires dans un Etat que les ombres dans un
tabiciu. La taille lut doublée; 3 augmenta les
aides, les péages; fi créa de nooreanx offices,
de telle sorte que te reyenu pnbllc , qui était à
peu près de 20 raiIRons sous Charles IX, s'é-
leva à 32 minions. Le mécontentement devînt
général; les états de Bourgogne, assemblés
en 13J9, n*accordèrent pas sans une vive oppo-
sifioo la levée des nourelles taxes. D*0 soutînt
alors Te dtoK & b couronne par cette maxime
qne le rai étant le mettre abâoTta de la vie comme
de& biens dELses sojçts ,, on ne devait pas entrer
<n compte avec fui.
Ces Gomptaisances foi avaient gagné îa con.-
iianoe absolue de Henri III, qui lé nomma premier
gnitllbomme de la chambre, chevalier de Tordre
da Saint-Esprit, puis. Heutenant général de la
liasse Sformandie, enfin gouverneur de Fari^
«^de rne-de-France. En cette dernière qualité,
il s'occupa activement , lors de ta journée des
Barricades (12 mai 1588), de la défense de la ca-
pitale. On le Toit apporter au conseil de ville ,
aux colonels et aux quarteniers les ordres du
roi; pendant ta nuit, il introduit lui-mâme par
la porte Saint-Honoré fe régiment des gardes
françaises et quatre mflle SuiRseis appelés an se-
<^ours de la royauté. U quitta Paris le lende-
mûtt, en même temps qne son maître qui! suivit
à Chartres, puis à Blois, où s'assemblèrent les
<^tats généraux ( septembre 1&88). Là il vint dé-
clarer aux trois ordres que la dépense du trésor ne
pouvait être au-dessous de 27 millions par an'.
881
1 Toutefois les états ayant obtenn, maigre la résis-
tanœ da roi, une réduction de 8 mflnons, la
clamenr publique s*éleva si énergiqoeroent contre
le sunntendant que Henri IIT crut prudent de
loi raCirepson emploi. BlniB on le hii rewKI pres-
que anssitât, grice à quelques soomissioBs qu'il
fit au duc de Guise. Le lendemain de l'assassinat
du roi à Saint-^oud, dt) se trouvait avec
BSinoa, son frère, Dampierre et quelques au-
tres dans la chambre où le roi venait d'expirer.
Henri de Navarre pnt les entendre comploter à
voix haute de se rendre plutôt à toutes sortes d'en-
nemis que de souffrir un roi hug^aenot. On sait
<IDe telle fut Sabord la dédsibn. de la noblesse
cathofiqpe attachée à la cause royale ; mais le
duc de Longueville ayant reibsé de la notifier ft
Henri lY, ce liit d'à qui porta la parole pour
déclarer à œ prince qn'on ne le reoonnailrait
comme rof de France qne sll alqorait la reHgîoir
réfbrmée. H slaltacha cependant à bi fortune di»
Béamafs , cherchant par tous les moyens pos-
sibles à l'éloigner des huguenots pour le rap-
procher âa partr catholique. Sa pratique dès
affaires, ses relatiboK avec le^ financiers, le'
rendaient utile à Henri IT; qnf luF conserva la
direction des finances. ^^îques auteurs ont dit
que, d'accord avec Bym , d^ persuadt a*i roi
db ne pas entrer dans la capitale ap^ la ba-
taille (flvry. Le caractère Uen^coanude Henri IT
semble démentir cette aRégatibn.
Au mois d*avril 1393, le roi, résoHide se faire
instruire dans la religion cathoRque, chargea
d'O de s'entremettre à cet effet auprès dbs pré-
lats et de les assembler. L'année sofrante, en
rentrant dans Paris, il le réintégra duis soir
titre de gouverneur de œtle vilfe, et IVnvoya le
lendemain recevoir en son nom lé sermenit des
officiers municipaux à lliôtel de viRe.
D'O ne vécut guère après ces événements;
atteint dTune rétention dVfaie, il mourut verv
la fin de la même année, n'emportant aucuns re-
grets ; le rot» dont il avait souvent entravé fes pro-
jets, ne voulut le remplacer nf comme gonvemenr
de Paris nf comme surintendant des finances.
Surchargé de dettes malgré toutes Tes conçus*
sions dont on l'accusait, U expfaudSuis le dénft-
ment. Les legs de son testament, qui ne s'éle-
vaient pourtant qu'à 1,200 écus, ne purent être
aquittà qu'avec l'afde de son frère. Ses créan-
ciers, ses domestiques, avant mèkne qnif eût
rendu le dernier soupir, avaient mis son hôtel
au pillage et enlevé jusqu'aux meubles de sa
chambre. On rapporte que le célèbre Grillon ,
382
888
O —
apprenant la mort da finander» dit : « Si cliacon
doit rendre là-liant ses comptes, le paarre d'O
se trouTera fort empdché de foomir de tens
acquits. »
II fat enterré dans l*églide des Blancs-Mantean
à Paris. A la violence du caractère , à la dureté
des manières, il joignait une grande bizarrerie;
ainsi. Ton a de lui des signatures où manque la
particule, parce qu'il ne voulait pas doubler la
longueur de son nom par Tadjonction d'une lettre.
François d'O n'eut pas d'enfants légitimes;
il n'a laissé qu'une flUe naturelle , mariée à Ro-
bert Caillebot, seigneur de La SaUe. A. Vicqce.
D'AoTlfoy, lA Fié des ikamnef Wvitres dt Fmnea,
— L'Bstolle , Journal de Henri III. — Satifre MéMppée,
— ITAnblgné, Mémoires. — Sallj, Économiet rù^al»,
OATB8 ( Titus )i arenlurier anglais, né vers
1619, mort le 23 juillet 1705, à Londres. 11 était
fils d'un prédicant, fielTé bigot, fort en réputa-
tion cliez les baptistes. De l'école des Marchands
tailleurs, il passa dans TuniTersité de Cambridge
et renia la croyance de son père, qu'il avait par-
tagée, pour faire acte de soumission à l'Église
établie; dès qu'il eut reçu les ordres, il fut
placé comme vicaire dans le Kent et le Sussex.
En 1677, après avoir résidé quelque temps chez
le duc de Norfolk, il se convertit à la religion ca-
tholique. A cette époque une condamnation
pour faux témoignage, selon les uns, sa vie
désordonnée et ses doctrines hétérodoxes, selon
les autres, l'avaient obligé de renoncer à son
bénéfice. Il quitta l'Angleterre , et mena sur le
continent une vie vagabonde et désordonnée. En
traversant les Pays-Bas, il séjourna dans des
couvents de jésuites anglais, y entendit sans
doute parler des moyens de ramener l'Angle-
terre dans le giron de l'Église romaine et se
composa là-dessas un monstrueux roman, dont il
fit le plus abominable usage. De retour à Londres,
il redevint anglican, puis, aidé de deux miséra-
bles comme lui, Cartstalrs et Bedloe, il s'em-
pressa de dénoncer au parlement le grand com-
plot des papistes (1678). « Le pape, disait-il,
avait confié aux Jésuites le gouvernement de
l'Angleterre; ceux-ci, par des brevets scellés
du sceau de leur ordre, avaient nommé aux pre-
mières fonctions de l'État et de l'Église des ec-
clésiastiques et des nobles catholiques. Les pa-
pistes devaient brûler Londres ainsi que tous
les vaisseaux réunis dans la Tamise ; ils devaient
se lever à un moment donné et massacrer tous
leurs voisins protestants. Une armée française
devait en même temps débarquer en Irlande.
Trois ou quatre projets d'attentats à la vie du
roi Charles H avaient été formés : il devait périr
par le poignard , le poison ou des balles d'ar-
gent La reine elle-même avait consenti à l'as-
sassinat de son mari. » Ce complot, d'après
Oates, avait été ourdi par le pape Innocent XI
avec les conseils du cardinal Howard , de Jean-
Paul d'Oliva , général des Jésuites, de Corduba ,
provincial de cette société , de tous les prêtres
OATES 384
catholiques anglais, des lords Petre, Powis;
Bellasis, Arundèl de Wardour, StaRord et d'au-
tres personnages considérables. H semble à I
peine croyable qu'un tel édiafisudage de tables
eC d'impostures ait trouvé quelque crédit : le
vulgaire l'accueillit aisément, et ainsi firent,
sans prendre le temps de réfléchir, la cour, la |
noblesse, le parlement. « La nation entière,
selon l'expression de Macaulay, devint furibonde
de haine et de crainte. » Les prisons regorgèrent
de papistes ; Londres prit l'aspect d'une vSle en i
état de siège; les citoyens portèrent des armes
cacliées; on exclut des chambres les seigneurs
catholiques; on interdit au duc d'York l'entrée
du conseil privé , ^enfin on adopta des mesures |
de rigueur contre la reine. Quant anx magis-
trats, la plupart, corrompus, cruels et timides,
encourageaient l'erreur dominante, et les plas
éminents faisaient semblant d'y croire. En vain
les victimes de cette persécution en appelaient-
elles à la moralité de leur vie^passée : aux yeoi
du public, plus un papiste était con^iendeux,
plus il devait conspirer contre le gouvernement.
Un grand nombre d'innocents payèrent de lear
vie ou de leurs biens le crime d'être attachés à
une religion suspecte; le plus Illustre fut le
malheureux vicomte de Stafford ( voy. ee nom).
Pendant plusieurs années Oates joua le r6Ie
de sauveur de l'État ; il jouit d'une pension de
1,200 livres, eut un logement an palais de
Whitehall et ne sortit qu'avec une escorte de
soldats destinée à prol^er sa vie. Vers la fin
du règne de Charies II, il fut , sur la plainte
du duc d'York, condamné à une amende
exorbitante ( 100,000 liv. st ), et il se troo-
vait en prison pour dettes, sans espoir d'en
jamais sortir, lorsque ce prince monta sur le
trône (1685). De nouvelles accusations pour
faux témoignages le firent passer au mois de
mai devant les assises de Londres. Aucun té-
moin ne voulut déposer en sa faveur. Déclara
coupable, il fut condamné à être dépouillé de sa
robe cléricale, à être attaché au pilori, à être
promené autour de Wesminster ayant snr la
tête une inscription indiquant son infamie, à
être fouetté deux fois, l'une depuis Aldgate jus-
qu'à Newgate , l'autre depuis Newgate jusqu'à
Tîburn ; s'il survivait à cet horrible traitement , il
devait demeurer prisonnier pour le reste de sa vie
et subir, cinq fois par an , l'exposition publique
dans les difTérênts quartiers de Londres. On exé-
cuta rigousement cette rigoureuse sentence. II
reçut du bourreau, dit-on, plus de dix-sept cent»
coups de fouet. Il n'en mourut pas pourtant,
et resta pendant plusieurs mois enchaîné dan^
le trou le plus obscur de Newgate. « Ce fut ,
rapporte Macaulay, avec une grande joie qu'on
apprit sur le continent que la justice divine l'a-
vait atteint. Toute l'Europe fut inondée de gra-
vures qui le représentaient au pilori ou se tor-
dant derrière la charrette du bourreau , et il
i circula des épigrammes en plusieurs langtie^.
}S3
OATKS —
où 1*00 disait, cotre autres choses, qu*il était tout
nalorel qo'oo fît rougir soo dos puisque son froot
ne pouTait rougir. Quelque horrible qnll fût , le
supplice de Titos Oates D*ég;ftlait pas ses crimes. »
Après la réyolutioo de 1688, il recouvra la li-
berté, et fut rétabli daos sa pension. Jusqu'à la
fin de sa Tie il conserva des protecteurs puis-
sants et des partisans aveugles, qui lui vinrent
souvent en aide comme an libérateur de leur
pays et à un martyr de la communion protes-
tante. Il 7 a été attaqué dans une foule de pam-
phlets publiés en Angleterre ou à l'étranger.
P. L— T.
SiaU triafs, X, ]<r7»-nso. — BTeljn , Diarp. - North,
ExoMten, — Baroct, Own M«e<. t. I. — CronbT , Ui$'
loTf oftkê baptUtâ, — Ilume , Uogard, Maesulay, aut.
OBADiAil. Voy. Abdiâs.
OttADi AS, rabbin italien , né à Bologne, dans
la seconde moitié du quinzième siècle, mort en
(SjO. Il pratiqua la médecine dans sa ville na-
tale et à Césène , et enseigna ensuite Thébreu à
Rome ; Reuchlin fut un de ses élèves. On a de
loi : Lux populorum; Bologne, 1550 : traité
contre (es épicuriens et les païens ; — Lux Do-
mini; Venise, 1567, in-4'; commentaire sur le
Pentateoqne; — Commentarius in Psalmos;
Venise, 1586, io-4'*. O.
Wotf . BibL kebraica , t I, III et IV.
* OBBABirs {Samuel ), philologue allemand ,
né vers 1795, fit ses études à léna et à Gcet-
tingue, et fut dès 1820 attaché, comme profes-
seur, an gymnase de Rudolstadt II s'est fait con-
naître par une édition et des commentaires très-
estimés des épltres d'Horace : ff. Epistolx
commentariis uberrimis inatructa; Leipzig,
1837-1847, 2 vol. in-8*, travail qu'il publia en
eommon avec Th. Schmid
Son fils, Théodore OBBXRros, mort jeune, a
donné l'une des meilleures éditions de Prudence
( Prudentii Carmina , rec. et explic; Tubing.
1845, in-8* ).
Doatm. partie,
o'BBiRHB( Thomat' Lewis), prélat anglais,
né en 1748, dans le comté de Longford ( Irlande ),
mort le 15 février 1823, à Meath. Destiné à
l'état ecclésiastique, il fut envoyé avec son frère
John au séminaire de Saint-Omer pour y étu-
dier la théologie; les vœux de sa famille furent
exaucés : les deux frères se vouèrent au service
^es autels, mais dans des communions difTé-
rentes , et on pot les voir exercer dans le même
diocèse l'un les fonctions d'évéque anglican,
l'autre l'humble sacerdoce du prêtre catholique.
A son retoor en Irlande, Thomas se convertit
ao protestantisme, prit les ordres et accom-
pagna l'amiral Howe, an début de la guerre
d'Amérique , en qualité de chapelain d<$ la flotte
(1775). Lorsque la conduite de son protecteur
fut Tobiet d'une enquête pariementaire, il s'em-
pressa de le justifier dans quelques brochures
écrites avec autant de justesse que d'éloquence.
Ensuite SI s'attacha au duc de Portland, et le
Roov. mogh. cÉs^th, — T. xxxvtn.
OBCLRCIIO 386
suivit en Iriande en 1782; 11 ne fut pas moins
bien traité par lord Fitzwiliiam, le nouveau
vice-roi , qui le nomma son premier anmônier
et le présenta au siège épiscopal d'Ossory, d'où
il passa à celui de Meath , après la mort de
Maxwell. Ce prélat avait des vues larges , de
la générosité, l'amour de la justice; il était
fort aimé dans son diocèse. Outre des sermons
et des écrits religieux , il a publié : The Cruci-
fixion , a poem ; Londres , 1776, in-4o ; — The
9enerousimpostor;\\Ad., 1781, in-B" : comédie
jouée à Drury-Lane et imitée du Dissipateur
de Destouches, — A short History of the
last session of Parliament ; vers 1781, in-8°;
— Considérations on the late disturbances^
by a consistent wMg; in-8*; — Considéra^
tions on the prineiples of naval discipline
and courts-martial ; 178 1 , in-8*. K.
GaUleman's Magealne^im,
OBBLBBio , appelé par les anteors français,
WiLLÈR£ et WiLLERiN, ucu vièmc dogc de Venise,
né à Malamocco, vers 763, décapité k Vfgilia, en
831 . La cruauté et le despotisme du doge Giovanni
Galbaio et de son fils Mauricio, qu'il avait adjoint
au pouvoir ducal (796), ne connaissant plus^de
bornes, une conspiration se forma contre ces
deux tyrans. A la tête des conjurés se trouvaient
Obelerio, chef d'une famille patricienne et tribun
d'Héraclée, Fortunato, patriarche de Grado,
Démétrius Maimano et Georgio Foscaro. Leur
projet fut découvert, mais ils purent fuir. Fortu-
nato se rendit à la cour de Charlemagnc, afîo
d'exciter le grand monarque contre les Galhaio,
qui d'ailleurs étaient excommuniés (1); Obelerio
et ses amis restèrent à Trévise et dans les villes
voisines, afin d'entretenir des intelligences dans
Venise et de profiter des événements. Ces ma-
nœuvres furent secondées par tous les ennemis que
la république pouvait avoir à la cour de Pépin,
fils de Charlemagne et depuis peu sur le trône
des rois lombards. Le pape Adrien 1*' écrivit lui-
même à l'empereur pour appuyer les sollicitations
de Fortunato (2). L^empereur expulsa, à leur
grand détriment, de Ravenne et des États lom-
bards tous les Vénitiens, dont beaucoup y trafi-
quaient et y étaient établis depuis plus de deux
cents ans , et il se disposa à porter ses armes en
Vénétie. Il fut prévenu par Obelerio, qui souleva
le peuple , chassa les Galbaio, et se fit proclamer
à leur place (804). Son premier soin fut de se
faire donner pour collègue son frère Beato Obg-
LERio. Après avoir satifait aux exigences du sou-
verain pontife, il songea à calmer Charlemagne.
En janvier 806 les deux doges, accompagnés de
Paolo, duc de Zara, et de Donato, évêque de
(1) A caaae du meartre qa*Us avalenf commis sar
Giovanni, patriarche de Grado et oncle de Fortunato.
Ce prélat ayant refasé de consacrer évéqae nne des
créatures des Gaibalo , le père et le flis .s'emparèrent de
sa personne, et le pr^lpltèrent d'une haute tonr (801).
(1) L*abbé TentorI, dans son Euat iur Fkistoire eMlt
politiqtie et eeetéHoiUque de Fenlse, rapporte la lettre
do pape à Charlemagne, t. ll< disaert. XIX.
13
387
OBELERIO — OBENYRAUT
888
œtte Fille, dépotés de la Dalmatie, vinrent
tPow«r avec de magMfiqaes présents Pempcrear
d'Occident, alom à Thionville (I), ^ le prirent
poiir arixtre des querelles qni les séparaient
depuis pluiieurB années. L'emperenr lesaeeorda ;
nais Pépin, qui n'avait pris les armes contre les
GaKfaaio que dans le dessein d'agrandir ses États,
a^'efforça d'attiser le feu que son père cherchait
à éteindre. Obelerio orat conjurer le danger en
soumettant sa patrie à payer un tribut an rof
d'Italie. Mais cette mesure n'empAoba pas l'évé-
nement de s'accomplir : Pépin, après s'être rendu
maître de l'Istrie et du Frioul, voulut pousser
ses conquêtes vers la Dalmalie. Il réclama la
coopération des Vénitiens ; mais ceox-d , qui
étaient en pali avec les Dalmates, persistèrent
dans la neutralité malgré les oonseila de leurs
doges. Pépin, irrité dece reros, ravagea leur ter-
ritoire et incendia les villes d'Héraclée et d'É-
quilo (2). Ils implorèrent le secours de l'empereur
grec iiicépUore i*% qui tenr envoya une flotte
commandée par Ilicétas. Mais déjà Obelerio
avait obtenu que Péptn évacnerait la Lomfaardie;
une Iréve fut ooosentie entre Pépin et Nioétas,
qni ralouma à Conslantinopleavec le doge Bealo,
que Nicépbore créa consnl. La roéaK année
(808) les detn doges obtinrent du peuple que
leur troisième frère , Valentino Obblerio, leur
Tût associé. L'année suivante les hostilités re-
oommeneèrenL Nkétas et les Vénitiens essayè-
rent d'enlever ConMccliio; mais Hs furent re-
poussés avec perte, et Pépin se prépara à as-
siéger Venise par terre et par mer. Obelerio
engagea ses concitoyens de désarmer le roi d'I-
talie par de nouvelles soumiseions. Ses conseils
furent rejetés avec mépris, liss Vénitiens ne
Tirent plus en lui qu'un traître, dont l'arabîlion
avait attiré les' périls qui les menaçaient : ils le
déposèrent, et de peur qu'il n'allât encore les
desservir auprès de Pépin , on le conduisit à
Cionslantinople (3). Ses deux frères furent relé-
gués à Zara (809). Angela Parlicipatia fut au
doge à sa place.
On ignore oommeni Obelerio passa les longues
années de son exil ; on ignore aussi les rootilîiqtii
le déterminèrent à rompre tout à covp son ban
et à débarquer sur la côte de Vigigiia, oii il se
fortifia. Giovanni Participatio, qui régnait alors,
accourut pour arrêter ses progrès; mais il se vit
abandonné par une partie de ses tronpes levées
à Malamooeo, patrie des Obelerio. Il revint sar
aes pas, et pour punir les Malamoccaû de leur
trahison il réduisit leur ville en cendres. Après
ce terrible exemple, il roardbe de nouveau contre
(1) M» de l'abbaye de SatQt-Bertfn . etté par Man-
torl, tu.
çt) QHelqoes hlalortens dûanent une aatre caiwe à cette
gaenre : kb disent qti^belcrlo rhaasé par soo frère
Beato se ré(«sia A la cour de CharLcnia«ra<%doat 11 épeaw
ma lllle et dont U atUra la eolère »vr u patrie. Cette
venkHi eal irjetée par Dam.
(I] DaadoW, f al ptaee eel et éMaesi e» Sli» dR qae
Obcterlo fut truMporté à GooaianllBople pet ordre de
Cbarlemagne.
son riv.ii, le défait, s^empare de sa personne
et fait tomt)er8a lète sons la hache an bourreau.
Ce ne fat point assa pour satisfaire le ressenti-
ment populaire que Pancien doge s'était attiré :
son corps (Vit l'objet de mille insultes; on alla
jusqu'à lui déchirer les entrailles avec les dents.
A. DE Lacâze.
ADtoBlo Maria, Storia' civile e poftUea de^ ^em&-
stamiy L H, Ub. I, cap. xi. - Sabeitleo, Uist. eenaC»
dite. I» Ub. U. — Uam, UitUÉr* dm ^eaiM. t. i««« p^ «S-
IO;llT. Il, p. 61. — Huratorl, Rtrmm Itaiicarum Seh^
tùrei, t. II, !•• part., p. MS.
OBBNTBAITT {Jean^Michel o' ), général al-
lemand, né en 1574, dans le Palatinat, blessé
mortellement devant Kalemberg, en 1625. U en-
tra dans les troupes de son pays ; son avancement
y fut d'abord fort lent, car, malgré sa nais-
sance, il n'était encore en* 1610 que capitaine. Le
roi d'Espagne, PbHippe III» venait de faire adhé-
sion à la ligue catboiqne de WorUbourg, coq-
clne en opposition de l'Union évangélique de
Ha^le. L'électenr palatin Fi^éric V était à la tète
de cette union ; aussi son territoire fut-il le pre-
nier envahi par les fispagpols , qui venaient de
faire la paix avec les Hollandais. L'électeur con-
fia un corps de cavalerie à d'Obentraut; et ce
chef engagea aussitôt une vigoureuse guerre de
partisans contre les catholiques, et en enlevaift
leurs convois, leurs traînards, ou coupent leurs
communications, il oantritNM le plus à les expulser
dn Palatinat. Après la mort de l'eupereur Ma-
thias (ao mars 1619), les états de Boliême refu-
sèrent de reconnaître pour souverain le nouvel
empereur, l'archiduc Ferdinand. Le M août
ils offrirent la couronne à Frédéric V. Ce prince,
cédant au vœu de la plupart de ses oo*reli(sioa-
naires, accepta le trâne è la convocation de Rot-
tembourg, et le 4 novembre il se fit couronner à
Pragns. Obentrant l'accompagna à cette céré-
monie et se mit, avec abnégaAbn, sons les
ordtes du célèbre Ernest de Mansfeld, qui venait
de quitter le service espagnol et le catholicianie
pour offrir son épée aux protestants. Tons deux
défendirent vaillamment lenr parti ; mais enfin,
accablés par le nombre et surtout mal secondé»
par les princes peur lesquels ils oombaàtaienft,
ila ne purent empêcher la déCute décisive de
Weissenberg (8 novembre 16M). Ce revers en-
traîna la chute de Frédéric, qui reçut dès krs le
surnom de Wtaterkœnig et dont les ÉlaU héeé*
ditaires isrent donnés k M aximilien, dne de Ba-
vière. Mansfeld et Obentraut, slnqeiétanl médin-
cramentde l'abandon snccesstf de Belhlen0ibar,
qui se prétendait roi de Hongrie, des saésicnu »
d» Moraves et même de Georges-GuiUavrae de
Branddworg, continuèrent la guerre pluMA poiv
lenr propre causeque pour celledu Wnterfccmig -
ce fut aijiAi qn'aidés du seul Christian , due de
Bnmsvrick-Luneburg, ik battirent les Hessoîs, les
Bavarois, les Westpbaliena^ et vinrent lutter «a
Fkndre osntreles Espagnols. Les plus célèbres
généraux de la figne, Spinoia et Tilli, dnmi «^
Quler dneai* ManafcU et Oboalimt leilbrad»
OBENTllAUT — OBEREIT
par trois mille Éeo&sais et autant de Danois |
(162>), les deux cfacCi protestants reporkèreai la
guerre en Allemaene ; mais la déffûte de lear allié,
U*diic de Brunswick, les iarça à abandonner aux
catlioiiqiiea te nord de l'Jkllemagne. Obestrant
pana alors au sewke du roi de Danenait,
qai lui confia un corps d'vmée et l'cBTOja as^
siéger KâlembeiiB en Brmswick. Tiliy défendait ;
les abapdki de cette place. Dans une rencontre j
avec me divisiân bavaroise entre Neubourg et ;
Hanovre, Obeniraol fut frappé mortellement
Qaelqnes biographes se sont plu à en Taire on
çand général , on zélé religieanaire, etc.; ii fut
no brave et babile chef de partisans, qui aida
beaucoup Mansfeld dans ses savantes et haniies
combiaaisoos. Au point de vue religieux, on
peut croire que Obentraui rest» protestant paive
qu'il y avait plus à piller chci les callioliques^
en tout cas ii exerça contre eux en voleriesi, in-
cendies, meurtres, etc., de glorieuses mais
tristes représailles. A. n* E—r— c.
rrisler. Ludea, de , UigL de rMltma^nt. — CbristUo-
GotlUume 4e Koch, tableau des rérolutiont de !'£«•
rope, ete «dit. de F. Scbvll. S vol- In ••; t 11, p. m. *
CbruiUo-Frédérle Preffel, Jtrèfé têromoiofi^me dm thiê-
toire et du droit publie d'Mltwutgne — SebUlefr Hitt.
dt la guem de Trente ans. — Ench et Grubcr. Mlg.
Erc. ^ LIpowskI. Friédneh F Cburfûrtt von der PfaU
tmd Ea»îg vem Êmekmten.
OBBBBiT (Jacques- Bit mann)f alcbimiete
et mystique suisse, né en 172ft, à Arbon (canton
de TÎmrgovie ), mort le 2 février 1796, 4 léna.
h était fils d'un teneur de livres. Les premiers
ouvrages que ses parents, fort adonnés au mys^
tidsoM, lui mirent entre les mains fuient ceux
lie M^** BoBvignon ci de Mne Gnyon. A quinze
ans il fut placé chei un chirorgieB, et au bout
d'un apprentissage de quelques mois il visita
les provinces de rAllemagne méridionale. En
1746, il rencontra un ardiKecte polonais qui le
prit k son service; il se rendit avec lui en Italie
lorsque son maître le congédia en route. Reve-
nant alors sur ses pas,, il partit poor Berlin,
tailM faisant la barbe aux paysans, tantôt pra-
li^iiaiit des saignées; il n'avait gnère appris
antre chose, mais il avait l'âme bonnéte et
alerte. Sa figure candide , sa grande jen- *
, son îaèelligence intéressèrent à tel peint
les HBOgistrats de Lindau» qu'ils consentirent k
payer les frais de son éducation. Obereit fit de
boBnen études à Halle et à Berlin , et s'appUqoa
avec aèle à connattre la pbiloaopbie, la méd^
dne, la poésie et les langues andenoes; lors-
qu'il ea& reçu son diplôme» il lint s'établir à
Uodam (I7â0}, et fut pendant quelque temps le
méiterjn le plus recbercbé de cette ville. La
toorriure inquiète de son esprit, trop acces-
Mbie aux idées nouvelles ou bizarres, le rejeta
bîcBlAt daas la vie aventureuse. Il abandonna
la médecine pour L'alcbimie, et acheva de se dis-
créditer dans l'opinion publique. Après avoir
rédigé ua pcogramme sur les progoostics des
aeeomcbcMenÉs difficiles, il s'avisa de composer,
à, VîmititioB de lUopstocky une Mesdiadt prém-
damiie, espèce d'épopée des prémices âges^
dont il n'écrivit que le premier chant, puis il
s'occupa d'une panacée universelle et en pnUia
l'idée 8006 le titre de Disquitiiiû de univenaU
meihodi* medetidk amforlatina (Carlsrnba,
1767, in-4®). Deux ans pins tard, afin de venir
an secours de sa fanûMe, qui venait d'ètee ré-
duite à l'indigenoe, il ralloma ses fourneaux, et
chereka vainement ce que son père appdait
« l'art de perfectionner les métaux par la gfîice de
Dieu * ; mais on le força, ao nom do la sftreté
pobttqae, de fermer son laboratoire. £n 1777 il
se maria, dans ua chAtean en raines, avec une
dame d'un âge mûr, qn^l connaissait depuis dix-
huit ans et à laquelle il avait donné le nom de
de TheaniiSf bergère séraphique. « Notre ma-
riage, dit-il, n'était ni platonique ni épicurien;
c'était un état roitoYcn entre Tamitié et l'union
corporelle, état dont le monde n'a peut-être aa-
cane idée. » Sa femme mounit quelques se-
maines plus tard. A peine veuf^ Obereit recom-
mença sa vie errante. Ii résida à. Augsbourg, puis
A Winthertbur, et de là il sa rendit A Berne, où
un ami de ralchimie lui confia Tédacation de ses
enfants ; complètement dégpûté du métier de
précepteur, il alla s'établir diei un frère de La-
vater, qui pratiquait l'ait de guérir. En 1782 on
le retrouve à Hanovre ; il y fit connaissance de
Zimmermann, qu'il s'efforça de convertir k la
tbéosopbie; ce dernier se moqua de lui, elle li-
vra aux risées du public. Ua autre adepte, nommé
Mitscbe, qu'il qualifie de |kiniopAe en abrégé,
lui donna pendant deux ans Thospitalité en Lu-
sace. Toujours aussi pauvre«et aussi pen sou-
cieux de l'avenir, il vint en 1784 à Weimar, où
Wieland et ses amis ne le laissèrent manquer de
rien, et en 1785 il disputa avec une ardeur toute
juvénile contre les ptofiesseurs d'Iéna, qui
l'avaient accusé dllluminisme. £n 1786 le dac de
Saxe-Meiningen vint le trouver, et l'emmenaA sa
cour. Obereit y resta cloq ans. Voici en quels
termes ambigus il s'exprime sur son séjour dans
une lettre écrite en françaia i « Le dnc voulait
tenir autour de soi le Suisse paradoxe comme
nn philosoplie du cabinet ou de la cour, où pen-
dant cinq ans l'esprit transcendental et stmque
du Suisse et maçon intime s'est popularisé en
cosmopolite, où de bonne humeur il a montré
toujours l'équilibre parmi toutes les belles de la
cour et de la campagne , comme dans un ordre
innocent de la belle nature , sans peur et sans
espoir des belles pastourelles, n'ayant simple-
ment poor règle que la symétrie de l'équité en-
vers la beauté, autrice universelle,, envers soi-
même et envers tant le mande. VoilA tout le
mystère de l'ig^ d'ec arcadiqjue, raj^nnissant las
ans et les hommes antiques. » A cette prison
dorée il préféra l'indépendance,, et retourna vivre
seul et à sa gniseA léna, où il maarat, k l'âge de
soixante-treize ans. Outre les ouvrages cités, on a
encore d'Obereit : Défense dss msstieiême et
de la vie seiàUdfe\ Franafoct, 1775,in<8'> : i6>
18.
891 OBEREIT —
fatatioD au premier Bssai de ZimmermanD sur
la solitude; ^Dela Connexion originaire des
esprits et des corps, diaprés les principes de
Newton; Augsbourg, 1776, in-»"; — Prome^
nades de Gamaliel, juif philosophe ; 1780,
ia-8*, — La Solitude des conquérants du
monde, méditée par un philanthrope laco-
nique; Leipzig, 1781 : celle apologie de la vie
des anachorètes modifia, dit-on, les idées de Zim*
mermann sur ce siyet; — Pétition aux dames
philosophes pour adoucir Cauteur flam-
boyant, le nMecin Zimmermann; Leipzig,
1785 : en réponse aux critiqaes de ce dernier; ^
quelques opuscules en fsTeur du système pliilo>
sopîiique de Kant. P. L.
: SehlIchtegroU» Nekrotoç, 17M.
t OBBRHJMJSBB (Benoît), canoniste alle-
mand , né le 25 janvier 1719, à Waitienkirchen,
dans la haute Autriche, mort à Salzbourg, le
20 arril 1788. Entré dans Tordre des Bénédic-
tins, il enseigna la philosophie à TuniTersité de
Salzbourg, et ensuite le droit canon à Fulda ; les
désagréments que lui valurent ses opinions con-
traires à Tultramontanisme le firent retourner à
Salzhourg, où il fut nommé en 1776 conseiller
archiépiscopal pour les aflbires ecclésiastiques.
On a de loi : Prxlectiones eanonicœ juxta ti-
tulos librorum Decretalium ex monumentis,
auctoribus et controversiis ; Anvers , 1762-
1763,3 vol. in-4*; — Systema historico-criti-
eumdivisarum potestatumin legibus matri-
monialibus impedimentorum dirimentium ;
Francfort, 1771, in-8*: ouvrage où l'auteur con-
testi". à Tautorité ecclésiastique d'établir sans le
concours du pouvoir civil en matière de mariage
des empêchements dirimant8,<opinion qu'il dé-
fendit dans son Apologia historieo-critica ;
Francfort, 1771, et Vienne, 1776, in-8^; —
— Compendium prxlectionum eanonicarum
juxta libros T Decreto/ium; Francfort, 1773
et 1779, 2 vol. in-8"; — Thomassinus abbre»
viatus, seu velus et nova BceUsim disciplina
de benefieiis et ben^fldariis ; Salzbourg, 1775,
trois parties, in-4o; — Manuale selectiorum
eonciliorum et canonum Juxta abbatis de
Fleury Historiam ecdesiastieam; ibid., 1776,
ih-4'; — Spécimen cultioris jurisprudentix
eanonicae adjustas idecu divini primatusin
romana eeclesia evolvendas; ibid, 1777, in-8o;
— De dignitate utriusque cleri sxcularis et
regularis, ibid., 1786, deux parties. o.
Memoria B. Cberkmueri (Salzbourg, i7M, ln>8*). —
tnci, GeUkrtes Otàreieh, 1. 1.- Hirscblntr, Handbueh,
* OBBBH JMTSBB ( GeoTçes ) , quî a contribué
an perfectionnement da microscope, naquit à
Ansbach ( Bavière ), en 1798. Fils d'un fabricant
d'instruments physiques, il fit ses études au gym-
nase de sa ville natale, et vint à Paris en 1815.
H entra dans l'atelier de Gambey, et fut appelé
à faire des instruments de topographie pour le
dépôt général de la guerre ( service de la carte
OBERKAMPF 392
de France ). Ce fut là qu'il essaya d'abord , par
pure curiosité, de construire un microscope,
en commun avec un amateur d'histoire na-
turelle. Cet mstrument, présenté à l'Académie
des sciences par M. de BlainvilhS) contribua ra-
pidement, à raison de sa simplicité mécanique,
de son bon marché, de la pureté de ses effets
optiques, aux progrès des études microgra-
phiques. Ce fut là le point de départ de sa ré-
putation. Établi bientôt pour son propre compte,
il fabriqua depuis 1831 jusqu'en 1856. époque
de sa retraite, un nombre prodigieux de micros-
copes , qui ont été exportés dans tous les pays
civilisés du globe. Rien de plus curieux que la
statistique des États o(i l'emploi de cet instru-
ment, si précieux pour les travaux d'iûstoire na-
turelle , a commencé à se répandre , en suivant
un développement progressif. Il serait trop long
d'entrer dans les détails des perfectionnements
que M. Oberhieuser a apportés à la partie op-
tique et à la construction mécanique du mi-
croscope. Qu'il nous suffise de dire qu'il a été
l'objet de récompenses publiques et apprécié
par les juges les plus compétents.
Document* particuliert.
OBBBiLAiiiP { François-Joseph), médecin
allemand, né en 1710, à Amorbach (Bavière),
mort en 1763, à Heiddberg. Après avoir été
reçu docteur à Wurtzbou^g, il visita la France
et les Pays-Bas, et obtint la charge de médecin
de l'évèque de Spire. Appelé en 1742 à l'uni ver-
sitéde Wurtzbourg, il enseigna depuis 1748 la
médecine pratique et la botanique à celle de
Heidelberg. On a de lui : Systema physioUh
giam , pathologiam et therapiam jungens ;
Nuremberg, 1737, m-8*; — De Mutatione es-
eulentorum et poeulentorum ; Wurtzbourg,
1743,. m-4*; — De variolis; ibid., 1746; ^
Meehanismtu intestinorum tenuium; ibid.,
]747. . Collectio dissert. med, Lugd.Baia*
rortim; Francfort, 1767, in-4*.
Son fils, Oberkamp ( François-Philippe), né
le 23 février 1749, à Heidelberg, oii il est mort,
le 15 février 1793, professa dans cette ville Ta-
' natoroieet la chirurgie avec beaucoup de répu-
tation. Il a laissé un assez grand nombre de
dissertations et les ouvrages suivants : Semeio^
tices medie» generalia commenlata , Heidel-
berg, 1783, in-4'* ; — De medicorum neeessitaie
in republica; ibid., 1789, in-4*. K.
CtiUien. Uxikcn. — Bioçr. méd,
oumaLHAMPi^ (Guillaume- Philippe), in-
dustriel allemand, naturalisé français, né
le 11 juin 1738, à Weifienbach, dans le mar-
graviat d'Ansbach ( Bavière ) , mort à Jouy,
près Versailles, le 4 octobre 1815. Son père, lia-
bile manufacturier, avait vainement cherché à
réaliser en Allemagne de grands projets qu'il avût
conçus pour le perfectionnement de la fabricatioa
des toiles peintes. Il n'avait trouvé quelque encou-
ragement qu'à Aarau, en Suisse, où il s'était établi.
Il associa son fils à ses travaux, et lui comraa*
393
OBERKAMPF — OBERLIN
3^4
niqaa ses idée&de progrès; le jeooeOberkampr,
en les méditant, se mit à étudier arec une ex-
trême ardeur les difTérentes branches de son art.
A dix- neuf ans il se crut assez fort poar exécuter
ses grands projets. Mais il voulait un champ plus
Tssle, et jeta les yeux sur la France. l\ n'ignorait
pas, cependant, les préventions qu'on y avait
contre les toiles peintes de la Perse et de Tlnde ,
et que les inventions essayées dans quelques
États voisins étaient repoussées d'autant plus
sévèrement du royaume, que Ton craignait de
noire à nos produits de chanvre, de lin et de
soie. Sans s'arrêter à ces obstacles, il vint à
Paris, et, après avoir lutté avec courage contre
les premiers obstacles, Il parvint à obtenir, en
1759, on édit qui autorisait la fabrication inté-
rables. Plus tard , le conseil général de son dé-
partement voulait lui élever une statue. Mais le
modeste manufacturier refus» ces témoignages
d'estime. Il accepta seulement la médaille d'or
que le jury de l'exposition de 1806 lui décerna,
et ne put refuser la croix de la Légion d'hon-
neur : Bonaparte, étant allé visiter l'établisse-
ment du célèbre industriel , avait détaché de sa
boutonnière la croix quil portail, et l'avait obligé
ainsi de l'accepter. « Personne n'est plus digne
que vous de la porter, lui dit-il. Vous et moi
nous faisons la guerre aux Anglais; mais votre
guerre est la meilleure. « A cette époque, en
effet, Oberkampf, voulant contribuer à tarir
chez nos voisins nne source de richesse poor eux,
élevait à Essone une manufacture pour filer et
des toiles peintes. Mais un autre embar4^ltisser le coton, de manière à le recevoir en balle
nenre
ras l'attendait. Son avoir s'élevait à peine à
600 livres, etc^étalt avec ce modique capital qu'il
fallait créer une grande entreprise! Faute de
mieux, il alla établif sa fabrique dans une chau-
mière de la vallée de Jouy, près de Versailles,
lieu qui ne contenait alors que quelques pauvres
habitants. C'est dans cette étroite enceinte, et
avec de si foibles ressources, qu'il Tut obligé de
réunir les éléments de sa manufacture. 11 cons-
tmisit lui-même des métiers, se fit ouvrier,
contre-maître, fut dessinateur, graveur, impri-
meur, teinturier. Il put employer les deux pro-
cédés en osage chez son père, l'impression à la
planche, et pour certains genres l'impression
méctolqœ au rouleau.
Cependant, les préjugés, la routine, l'envie
s'élevaient de toutes parts pour paralyser ses
efforts et nuire à ses succès. Il trouva heureu-
sement un appui près de Morellet et de quel-
ques autres économistes, qui , voyant dans la li-
berté et dans les progrès de l'industrie une source
de prospérité pour les peuples, parvinrent à
décider l'autorité à protéger les travaux qu'O-
berfcampf poorsoivaft avec une si courageuse
persévérance. Un édit du conseil fit taire ses en-
nemis ; le roi se prononça , et l'on vit bientôt les
courtisans comme les citadins adopter ses pro-
duits, qui se répandirent en Angleterre et dans
les autres pays étrangers. Encouragé par ses
succès, Oberkampf redoubla d'activité : Il en-
voya des agents recueillir les meillears procédés
dans les grandes manufactures étrangères; Il
s'attacha à enlever à Tlnde et à la Perse le secret
de lenrs brillantes couleurs, en guidant des ar*
listes, qui surpassaient les dessins de ces étoffes,
n sot améliorer aussi les procédés matériels,
donnant ainsi l'essor à une industrie qui, en
multipliant les manufiictores rivales, en vint à
occoper vingt mille ouvriers, et procura à la
France un revenu annuel de 240 milUons, tout
en donnant un nouvel accroissement à d'autres
branches de commerce.
Louis XVI voulut récompenser de tels ser-
vices : il donna à Oberkampf des lettres de no-
blesse conçues llans les termes les plus hono-
et à ne le rendre qu'en toiles peintes.
En 1815, la commune de Jouy fut livrée aux
ravages des troupes étrangères. Oberkampf vit
ses ateliers détruits, ses ouvriers sans ouvrage et
dans la misère. Il ne pouvait plus soulager cette
population qu'il avait nourrie depuis soixante
ans. « Ce spectacle me tue,, » disait-il, et en effet,
quelques mois après il terminait sa vie labo-
rieuse, si lionorablement remplie. G. os F.
Mémorial tttUtersçl de rindtatrie, X. III. — Bioffraph,
dei Contemporains,' par Rabbe, etc. — Bappori du iurjf
de l'expotitUm de 18M.
OBBBLIK ( Jérëmie - Jacques ) , érudit et
philologue français, né à Strasbourg, le 7 août
1735, mort dans la même ville, le 10 octobre
1806. Il fit ses études à Strasbourg, d'abord dans
uu gymnase où son père Jean- Georges Oberim
était professeur, puis à l'université. Schœpflin,
un de ses maîtres, le remarquant comme un élève
des plus assidus et des plus intelligents, lui ou-
vrit sa bibliothèque et lui prodigua des conseils
et des encouragements. Cette protection fut très-
utile au jeune étudiant, qui se fit recevoir docteur
en philosophie en 1758, et, tout en suivant les
cours de théologie, vécut des répétitions que
lui procurait SchoepAin. En 1764 il fut nommé
bibliothécaire adjoint de l'oniversité, et obtint la
permission d'ouvrir on cours public de langue
latine. En 1770 il succéda à son père comme pro-
fesseur au gymnase, et reçut en même temps la
place de professeur adjoint d'éloquence latine à
l'université. En 1778 les magistrats de Stras-
bourg le chargèrent de foire un voyage archéo-
logique dans le midi de la France. Peu après
son retour il devint, en 1778, professeur extraor-
dinaire de philosophie à l'oniversité. Nommé en
1782 professeur de logique et de métaphysique, il
^joignit à tant de places, remplies avec beaucoup
' de zèle, celle de gymnasiarque ou de directeur du
gymnase de Strasbourg et un canonicat de Saint-
Thomas. Tant d'occupations ne suffisaient pas
à l'activité d'Oberlio» qui trouvait encore du
temps poor faire des thèses savantes , des compi-
lations faisfructives, de bonnes éditions, pour des
cours poirfics et des leçons particulières d'ar-
396
OBERUiV
S96
cfaéologie, de géographie, de diplomatique. La
réToluttoQ, dont il accaeiiiît les idées et ne par-
tagea fos leseiioès, l'enleva à ses travaux d'éru-'
dition et le jeta dans la f^iitiqoe. IVabord ad-
ministrateur de la TÎlle de Strasboarg, puis du
département (lu Bas-Rlmi, il fut arrêté en 179:s
avec presque Ions sesoailègues, suruaeaccafia-
tien cabmaieuie , et Inansféné dans leii pri-
sons de Mets. Sa •détention, d'abord rigeuieMfc
s'adoucît beanceup lorsqu'il fut receaou que
Tacousation lancée contre lui n'était pas fondée.
Il resta simpleneai interné à Mets iusq^'au 9
thermidor et obtint ensuite la pemissian de re-
venir à Strasbourg, où il raeomnieDça ses cours
d'archéuiogie eft de dipiomaliqne. A l'époqiie de
la fonâaliua des éoaks ce«lrales« Oberlin tut
nommé bibtiottiécaire de l'école du Bas-Bliin. Il
mit en ordre le dépôt de livres confié à ses soins
et provenant des couvents a«pKimés, et poiir
en rendre les richesses p\n& accessibles au pu-
blic, il ouvrit un cours de iiibliographie. U mou-
rut d'une attaque d'apopleiLie à l'âge de soixante
et onze ans.- il était depuis 1772 associé de TA-
cadémie des inscriptions.
Cet infatigable érudit n'était pas moins remar-
quable par ses qualités morales que par son savoir.
« Ses talents, disent MM. Haag, étaient rehaussés
par une humeur douce, gaie, serviable, une sim-
plicité patriarcale, une piété vraie, sans ostenta-
tion, une vie irrépnéhensible. • Son saToir, qui
embrassait presque toutes les branches de l'éru-
dition, était plus étendu que profond et original.
On estime ses éditions de César et de Tacite,
mains à cause de la nouveauté des recherches
que parce qu'elles offrent un choix intelligent
des notes des autres commentateurs ; son édi-
tion de Tacite doit son principal mérite à la réim-
ppession de l'exoellent commentaire de Juste
Upse. On a d^Oberlin.: DisseriaiiophUologica
dé 'Ëvraçioffiup , seu de vetêrum rilu cott-
dendi mortvoi; ibid., 1757, in-4'';— JuM^en'
dorum nuarHun fluviarumquê oauiks sévi mo-
limina; ibid., 1770- 1775, 4 part.; ibid., in-8'':
^MusasumSchapfiHU; ibid^ i770« 1773^ 177ô,
in-4*^; — Miaeellcmea lUleraria, maximom
pœrtem arçentoratensia\ ibid., 1770, in-4*';
— Orbis ûniiqui moHumeniis éuis ilius-
trati prodr&mm; Ibid^ 1772, in-4°; -< De
lingux UUifue mtdii a?n, mira àiurbarie;
Ibid., 1773, in-4"; — MUuumromanarum ta-
bulxin mum muUdontm; ibid., 1774, in-S**;
— ButA Êwr le patots lorraim des en»ir(ms
du comté du Bmn'ée-La-Socke; liM., I77ô,
in-8*; — Orhks OMtiqui mÈonumenlis stiù 4/-
Uuiraii primée Imeœ; ibid., i77&, in-«*;
manuel de géographie ancienne; ^ (Mâii Na-
sonif TrUimm iibri V; em ¥mt» Ub. IV
ei iMi; Md., I77«, in^"; — Viblm Se-
ptester^ de fiuminièms; ïM^ 1776, in-êo :
exoeUente édition^ qni confient un grand noatee
de notes fort mstroctives: — Aimiim ié/terate
nb CtUiê^ nmmawiÊ, Francis i ibid., 1782,
in-é** ; — Diatribe de Canrado herbipolitai
ibid., 1782, in-i"; ^ De J, Tauleri dictione
vernaculaet mj^tica; ibid., 1786, in-4*; —
Alsaiia Utterata sub Gertmanis stec. IXel X;
iUd., 1766, in-4^; — DeJ, Geileri CêBsoremon-
fam scriptis gerffèanicis ; ibid., 1 766, in-4*'; —
De vUio subrepitonis in omni humana vitA
obvia; ibid., 1780. in-4*;-> i«. Apuleius ySgyp-
tOsmygleriis initiatus ; ibid., 1 766, in- V* ; — >/M
p9eUs AlstUix eroticis medii «m; ibid., 1766,
m-4o;^BoraUi Carmina ; ibid., 1788, in 4**; —
Ariis diplomaties primx liitMe; ibid., 1768,
10-8"^ ; — Litlerarum omnis œvi fata tabultÂ
spèêpUeisexposita; ibid., 1 769, in-S** ;— Obser-
votions coHcernord le patois et les mœurs des
gens de laeampaçne ; ibid., 1 798, in-8* ; -> Es-
^itiis d^annales de la vie de Gutenberg; ibid.»
1601, in-4°. Oberlin revendique pour Stras-
boui^ rhesmeur de la découverte de l'imprima
rie; -- C. Tadti Opéra; Leipzig, 1801, 2 vol.
\n'B**; — €, J. Csesaris Commenlorii; Leipzig »
1605, in-6*. Oberlin était un des principaux ré-
dacteurs du Magasin encyclopédique àe Millin ;
il a publié un récit de aon voya;;e dans le midi
de la Fiance dans le Aeuer Britfvoechsel de
Schldaer ( part. IV et V } et une édiiion du Gloi-
sortvm ^ermanicuni medii xoi de Scherz,
avec des éclaircissements; ibid., 1780-1784^
2 voL i»>fol. L. J.
Sctawel«hcaier, ni$eourt aeadémi^m («•slaAinl sur
Jérém.-Jaaqum OberUm; Strasbourg, 1806, tn-e». - G.- F.
Wlnckler, Notice sur la rie et les êcrUs de J.-^J. Oberlin^
dans le Magasin encyclopédique, amr. 1807. Il, Ttdl». — >
Eh. Stoéber. Bingraphlsehe Ifatix ûber Jer.-^ «MtorlÉi.*
SUvabourg. ISOT, ioB*>. — MM. Haag, La France pr»-
testanie,
OBEftLiH (Jean- Frédéric)^ philanthrope
français, frère du précédent, né le 31 août 1740,
à Strasbourg, mort le 1*' Juin 1826, 4 Waldtiadi
( Bas- Rhin). Jl reçut son éducation k l'Académie
de sa viUe natale. Un caractère tendre et en-
thonsiaste joint à une piété vive le porta de
bonne heore vers le ministère évangélique ; il se
fit remarquer fMrmi ses «endisciples par son in-
telligenoe, et aussi par ime exaltation religpkuse
et par one pnreté de moBurs que Ton rencontre
rarement chea de jeunes hommes. Dès qu'il eut
achevé l'élude de la théologie , il entra en qualité
de précepteur chez un chirurgien protestant de
Strasbearg, eu il demeura trois année». Au bout
de ce temps il fut nommé pasteur du Ban-de-La-
Roche, et il y arriva Le 30 mars 1767. On apfte-
lait de ce nom «s canton montagneux, à denû
sauvage , à douie Keues environ de Strasbourg^
oompoaé de ciaq villages, sans conuDunicationa,
sans culture, et habité par une centaine de
pauvres lamiUes plongées dans un état voisin de
la hnrbMrift. Ce coin de terre partageait avec le
reste de TAlsace le privilège de jouir d*une eor
tière liberté de conscience. Quelques pasteurs ,
comme Jean Stuber, le préd(^:essettr d'Oberlio ,
1 y avaient commencé Tœuvre de la civilisatîoa ;
1 à M denier éteit réservée la ginire delà rendre
397
OBERLIN
39S
ï la fois morale, ulile et prospère. Il choisH pour
.iemeorc le vitta;;e de Waldbaclr, silaé acr centre
de la pai-oisse. En 176i) il se maria, et tn>u?a
r!iez sa femme , Madeietne-Satomé Witter, une
compagne (Idèlc et un aide précieoi pour les ré-
formeà qu'il projetait. Dès quil eut gagné t'af-
fecfkm des habitants par ses manières affables
et par son inépuisable charité, il leur fit sentir
la nécessité de mettre le canton en rapport airec
Strasbourg, en ouvrant une communication ré-
guOère jusqu'à I* grande route, et il surmonta
leur népugnanœ en prenant une pioche et en se
meftuit le preroief à TouTrage. Pais il leur fit
constniire un pont, pratiquer des chemins entre
tons les filla^ du canton, soutenir par des mu-
reillea kA terrains près de s'écrouler, régler le
cours des eaux, bfttir des maisons solides et com-
modes. Nulle part l'agricuNure n'était aussi ar-
riérée qu'au Bui-de^La-Rodie; ayant t709 on n*y
connaissait d'autres moyens de subsistance que
des fruits sauvages. Oberiin fit d*abord en pu-
blic divers essais de culture; puis il acheta un
grand nombre d'instruments aratoires, qu'il Ten-
dit an pifo coûtant ou même au-dessous de ce
prix, renouvela les plants de pommes de terre,
créa des engrais et des prairies artificielles,
planta des vergers et des pépinières , et intro-
duisit le lin, le trèfle et diverses espèces d'arbres
fruitiers, d'herbages productifs, de légumes et
de céréales, entièrement inconnus dans le pays.
Bientôt ce sol aride, fertilisé par ses soins, prit
un aspect pins riant et fournit non-seulement
am besoins des habitants, mais encore à des
exportations dont les produits servirent à des
anâéliorations nouvelles. £n même temps qu'il
instniisait les hommes faits , Oberiin apprenait
AUX jeunes adultes ce qui pouvait les intéresser
comtnt cultivateurs et comme chnétiens. Lors-
qaTû vit que ses paroissiens appréciaient l'utilité
de ses leçons, il voulut les associer d'une façon
plos difeete aux réformes dont il poursuivait l'ac-
oomplisscment avec tant de persévérance. A cet
efbt 11 fonda une petite société d'agriculture,
qu'il affilia à celle de Strasbourg, et encouragea
relève des bestiaux par la distrilMition des prix
ifnfjs Pour faciliter la transaction des af-
fiavesy il evganisa deux eaisses destinées, l'une
à prMer sans intérêts de petites sommes rem-
bonrsaUes à époque fixe, si Ton ne voulait être
privé pendant un certain temps de la faculté de
raioaveier les emprunts, et l'autre à liquider,
à ralde de outisations volontaires, les dettes
qui grevaient la propriété. Comme la plupart
«les métiers utHes n'étaient point exercés, et qu'il
CB réMllaft des privaitietis nomlyreoses ou un
«■ferait de dépense, il dioisit parmi les jeunes
gittr^otm eavx dont fl devinait l'habileté, les
iMMIla et les envoya à Strasbourg apprendre
les métiers de maçon ^ de menuisier, de vi-
trier, de maréchal et de charron. Il appela
3«isai dans la paroisse un médecin et des sages-
fcmaaes, wlgirisa la Gonnafissanee et l'emplof
I des plantes médicinales, et ouvrit une phar-
macie. Les services qu'Oberlio rendit pendant
plus d*nn demi-siède à l'agriculture lui firent
i décerner en 1818 une médaille d'or par laSo-
I ciété centrale de Paris. A cette occasion un des
membres, François (de Neufchftteau ) , qui à
I plusieurs reprises était venu sur les lieux , dé-
clara que lorsqu'on voudrait organiser des co-
lonies agricoles, la création de celle de Walbach
serait un des meilleurs modèles à suivre; il
ajouta que parmi les communes rurales déjà
existantes il n'en était aucune, même des plus
florissantes, où les perfectionnements ôet Técono-
mie sociale fussent aussi complets et où l'on ne
pût méditer avec Iriiit les Annales da Ban-de
la-Roche , commencées en 1770 par le bienfai-
teur du pays.
Peu à peu la populaGon î^'était considéral)le-
ment accrue; tandis que dans les commence-
ments elle ne se composait que de 80 à 100 i<i-
milles , elle en comptait quarante ans plus tard
5 à 600. Le travail des champs ne sufÀsant pas
à k soutenir la majorité des habitants, Tinfati-
gable pasteur diercba dans l'industrie de non-
veaux moyens d'existence : il établit une filature
de coton, et donna des prix aux meilleures
fileuses. En 1814 sa réputation attira au Ban-de^
la-Roche un ancien directeur de la république
helvétique, Legrand, qui forma une fabrique de
passementerie en rubans de soie.
Si Oberiin était plein de zèle pour propager
le bien-être matériel, il ne perdait pas non plus
l'occasion de développer l'instruction cliez la
jeunesse. Un de ses premiers soins fut de rebâtir
l'école de Waldbach , qui menaçait ruine. Loin
d'être en cette circonstance secondé par les
paysans, il éprouva de leur part une violente
opposition, et fut obligé, pour les apaiser, de
leur promettre que rentreticn de cette maison,
élevée dans l'intérêt générât, ne tomberait jamais
à leur charge. Il exposait beaucoup sa fortune
qui était mcNlioere (i); mais il comptait sur la
Providence, et l'événement justifia sa pieuse té-
mérité. Quelques années plus tard les paysans,
mieux Inspirés, lui vinrent en aide et construi-
sirent à frais communs une école dans chacun
des autres villages. Oberiin s'empressa alors d'é-
tablir entre les cinq maisons une noble émula-
tion : il forma à leur usage une bibliothèque
spéciale, fit réimprimer plusieurs ouvrages utiles,
{nA>lia on almanach dégagé de fables et de pré-
jugés» se procura des cartes géographiques, des
livres d'histoire naturelle, une machine électrique
et différents histruments de physique. C'est à
lui qu'on doit la première idée des salles d'asile.
Il réunit les petite enfants dans des chambres
(I) Ses mtovraes pSeonliftw «Vtaat fwt MfiMOtn à
exécuter m qa'U se propoMll. U •'«! procura tfc ooop
veUes en étabtlsuat i IWaldebacta une pensloo, où II eut
soofeoc hnqa'ft <lo«te éféTes; Il empToyait en ma)mre
portte le produit de eea leçons au profit de ta paroUat.
Ce ne fut que peu de temps avant m nort e^ic le traite-
ment d Oberiin fat porté au-delà de t.OOO fraoca.
809
OBERLU\
400
spacieuses, coDTenablement disposées, et les pl<<ça
sous l'iaspection de surveillantes, qu'ail forma
lui-même en les faisant passer par une sorte
d'apprentissage. Ces sunreillantes defaient di-
riger leurs jeui d'une manière utile , enseigner
aux plus grands 4 filer, à tricoter et k coudre,
et varier ces occupations en leur expliquant des
cartes de géographie ou des estampes coloriées
relatives à quelque sujet tiré de la Bible ou de
l'histoire naturelle.
L'influence bienfaisante d'Oberlin se manifesta
encore par des actes nombreux, qui mériteraient
fous d'être racontés. Voyant un jour un colpor-
teur juif accablé d'injures par les paysans , il
leur reprocha de se montrer eux-mêmes indignes
du nom de chrétiens, chargea sur ses épaules le
ballot de marchandises de l'étranger, le prit par
la main et le oonduitiit jusqu'à sa demeure. — De-
puis près d'un siècle le canton plaidait contre les
anciens seigneurs au sujet d'un droit de pro-
priété et d'usage dans les forêts qui couvraient
là montagne; la révolution même n'avait pas mis
fin à ces contestations mineuses. Après y avoir
préparé de loin ses paroissiens, tant dans la con-
Tersation que dans la chaire, il parvint à les
amener à un arrangement, qui fut signé chex
M. de Lezay-Mamesia, préfet du Bas-Rhin.
« Ami de la liberté et de la justice, disent
MM. Haag, il salua avec joie la révolution fran-
çaise, tout en détestant les excès qui furent com-
mis en son nom. Patriote sincère et partisan du
gouvernement républicain, il ne craignit pas de
braver les terroristes en sauvant le plus de pros-
crits qu'il put , sans distinction d'opinions ou de
culte; mais il ne crut pas devoir se mettre en
révolte contre la loi en violant ouvertement le
décret delà Convention qui ordonna de suspendre
l'exercice du culte; seulement, sons le nom d'o-
rateur de U Société populaire, il continua à prê-
cher l'Évangile avec autant de liberté qu'aupa-
ravant. On loue encore son désintéressement, sa
tolérance, sa philanthropie, qui embrassait tout
le genre humain; on raconte qu'il vendit son
argenterie pour contribuer à l'c^vre des mis-
sions, et qu'ému de compassion par le sort des
nègres esclaves, il renonça à l'usage du sucre et
du café qui lui semblaient arrosés du sang de ces
malheureux. »
Oberiin était un admirateur enthousiaste de
Lavater et de Gall. Pour exercer son talent
comme physionomiste, il avait recueilli un grand
nombre de silhouettes, au bas desquelles il écri-
Tait sonjugement, toi^ours Indulgent du reste;
il ayait aussi une. collection de pierres luisantes,
de toutes couleurs, dont il se servait pour tirer
des conjectures sur le caractère des personnes
d'après la préférence qu'elle» donnaient à l'une
on à l'autre. Sans cesser d'être d'accord avec
ses coreligionnaires sur les bases essentielles de
la foi, il s'était formé sur le monde invisible des
idées singulières, asses semblables à celles des
spiritualistes modernes et dont il prétendait re-
trouver la source dans l'Évangile. Ses sermons,
quoique fort simples, étaient rédigés avec grand
soin; après la Bible, il tirait volontiers ses sujets
d'instruction de la vie de personnes distinguées*
mortes ou vivantes ; la nature lui offrait aussi un
vaste champ de leçons, parce qu'il savait trouver
dans toutes ses opérations des images des choses
spirituelles. Dans les dernières années de sa
vie, il se repos^a de la plupart des fonctions pas-
torales sur son gendre. Les merveilles qu'il avait
opérées au Ban-de-la-Roche répandirent son nom
en France et à l'étranger. Plusieurs sociétés de
bienfaisance l'admirent dans leur sein; la Sodété
biblique de Londres le dioisit pour son prin-
cipal correspondant. Plusieurs princes lui en-
voyèrent des témoignages d'estime ou de riches
présents. Le 1er septembre 1819 il reçut la croix
de la Légion d'honneur. Cependant sa plus douce
récompense fut Tarnoor et la reconnaissance de
ses paroissiens, qui le nommaient tous leur père.
Oberiin jouit jusqu'à la fin de sa longue vie d'une
robuste santé; sa dernière maladie se déclara
tout à coup, et ne dura que quatre jours ; il
mourut à l'flge de quatre-vingt-six ans , dont
cinquante-neuf avaient été consacrés au minis-
tère ecdésiastiqne. Son corps fut enterré au
village de Fouday, au milieu d'un immense con-
cours de gens de toptes conditions.
Aucun des écrits d'Oberlin n'a été publié : il
a laissé en manuscrit des Seimons, les Annales
du Ban de la Roche depuis 1770, une sorte
d^Àuiobiograpkie, datée de 1784, et une réru-
tation du traité De Seneclute de Cicéron, ter-
minée en 1815. De. sa femme, morte en 1784, il
eut neuf enfants, dont l'un, Henri-Godefrui^ doc-
teur en médecine, a publié sous le titre de Pro^
potUions géologiques (Strasbourg, 1806, in-8^>
une description du Ban-de-Ia-Roche. P. Lomsi.
François (de Neafehâteau ), Rapport /aU à la Sœ»
roy. tTagiie. iur raçrie. et la eiviiisat. du Ban^^I^-la'
Boche; Paris. 1818, In-e». — Annakê protestantes,- ltl9.
— The êan-d^iO'Roehe and its àen^aetor, Jj'P, Ober-
iin; l4>adres, l8to, ln-S«. — Le pasteur Oberiin^ soute^
nir d: Alsace; Straiboarg. 18SS, Id-ll. — Paul Merllo,
Promenades alsaeiennet; Parti, 18S4, in-S*. — U"* Gui-
Eot, L'Ecolier, ou RoquI et Kietor, t. lll, cb. IT. —
Jl«/attof» des Junérailles de J^f. Oberiin; Straibourg*
inf. ln*8».— Pfotice sur le pasteur Oberiin; Parts, ss»,
1II-4B de ( p. — jt la [mémoire du pastewr OberUn;
Parta, 1816, la-8*. — Archiœs du chris'ieuUtme; lat,
t. IX, M* iiTr. — H. Latteroth. Notice sur /.-F. Ober^
lin; Paris, ISM. ln-8«; trad. en aUem. par C-W. Kraflt.
— A. -G. Rndelbach, /.-F. Oberllns Lnnet oç prtnteHffe
F'irksomhed: Copenhague. iSlS, In-S*. — IX-B. Stedbtr^
rie de J.-F. Oberiin ; Paria, iSIS, ln-8*. — 0.-iL tob
Schubert, Zuege aus dem Leben Oberlins: Nuremberr.
1SS4, lo-8*. - f te d^Oberlin; Parte, 18M, la-16. - Bug
frèreu, La France protestante,
OBBBI.IN ( Fic^or ), homme politique snisse,
né 4 Soleure, mort en novembre 1818, dans la
même ville. Il vivait dans la retraite lorsque les.
Français envahirent la Suisse. Partisan des
idées nouvelles, il remplit différentes fondioiis
publiques jusqu'au mois d'avril 1798, où il de*
vint l'un des directeurs de la république bel-
vétiqne. Il montra dons ce poste autant de cou-
rage que de sagesse, s'opposa autant que poa-
401
OBERLIN — OBET
402
sible aa\ prétentions du commissaire français
Rapinat, et protesta contre la mesure illégale
qui destituait PfeifTer et Bay, deux de ses col-
lègues. Après le 18 brumaire il tenta avec
La Harpe d'imiter ce coup d*État en Suisse;
mais son projet fut déjoué, et il fut écarté aussi-
tôt des atTaires publiques. K.
BtoffntpkiÊn&wêUêdei emdemporalm. - Bfotrapkiê
étrmiçér&.
ORERXDORFBR (CéUstin), théologien alle-
mand, néen 1 724 , à Landshut, mort en 1 765. Entré
dans Tordre des Bénédictins, il enseigna depuis
17!»6 an lycée de Freysing successÏTement la lo-
gique, la physique et la Uiéologie. On a de lui :
Scholx catholicorum, tum philosophia, tum
iheologia propter suam, guam in docendo
tuurpani^dialeciicam^anota pedaniismi con*
ira htUrodoxos nomknatim J, Bruckerum
vindicatmi Freysing, 1756, 2 parties, in>4<' ; ^
Mesoltiiiones ex psychotogia et iheologia no'
turali; ibid., 1758, in-4*'; — Brevis appa-
ratus erudiiionis de /ontibus theologix;
Augsbourg, 1760, 5 parties in-8*; — Theologia
dogmatico-hU (orico-tcholastica ; Fribourg ,
1762 1766, 5to1. in-8*; — Syttema tkeologiœ
dogmaiieo - hUtorico - criticum ; Freysing ,
1762-1765, ô Tol. in-8'*;sept autres volumes
furent ajoutés par Zacherl. O.
Baader, Luitan BaUneher SchrifstelUr. — Measel ,
Lertkon.
, OBERTO , historien génois du douzième
siècle, fut cliargé par les consuls d'écrire l'his-
toire de la république de Gènes^ ainsi qu'il nous
rapprend dans Texordc. Son histoire, qui em-
brasse une période de di\ ans, de 1163 à 1173,
n*est que la continuation de celle de CafTara,
écrite aussi par ordre de l'État; elle fut reprise
ensuite par Ottobuono jusqu'en 1196. Si la
forme n'en est pas élégante, elle a du moins le
mérite, rare à cette époque, d'être pare de toute
fiction popqlaire. Les faits y sont rapportés
clairement, an jour le jour, avec cette naïve
simplicité qui ne permet pas de douter de la
véracité da récit Muratori fut le premier à la
recueillir et à la publier. Ottobuono se donne le
titre de Bcrilie et Oberto celui de chancelier ; c'est
tout ce que nons savons snr ces denx historiens.
S. R— o.
Maritorl, Seript, rtrum Italie.
OBERTO ( François d' ), poète provençal ,
né en 1346, mort en 1408. Il était originaire de
Gènes, et descendait de l'illnstre maison de
Cyb6. Ses premières œuvres en rime provençale,
adressées à la dame de BauU, ne l'empêchèrent
point d'emt>rasser, jeune encore, la vie monas-
tique, à l'abbaje de Lérins, où il se livra à l'é-
tode des lettres et des beanx-arts. La char-
mante retraite oii il aimait à se retirer, dans
les lies d'Hières, loi fit donner le surnom de
Monge (moine) des îles d'or. C'est là que,
«'abandonnant è son goât pour la peinture et
l'enluminure, il exécuta pour la reine Yo-
lande d'Aragon, mère du roi René, un livre 1
à* Heures y « qu'if enrichit de toutes les plus
rares diversités en or, azur et autres belles
couleurs; * car en cet art il était <• souverain et
exquis ». Chargé de mettre en ordre la riche
t>ibliothèqne de l'abbaye, il y découvrit un vo-
lume d'Ermantère contenant un choix des œu-
vres de» poètes provençaux avec leur biographie;
il en envoya une copie au comte-roi Louis JI, et
sauva ainsi de l'oubli « ces souverains poètes ».
Oberto laissa plusieurs ouvrages, entre autres
lesF/eiirs de différentes sciences et doctrines,
un recueil de Vers provençaux, italiens^ gas-
cons et/rançois, dont on conserve une copie à
la bibliothèque du Vatican, les Victoires des
rois d'Aragon, comtes de Provence, et les
Vies des poètes provençaux^ où Jean de Nos-
tredame a puisé la plupart de ses renseigne-
ments dans l'ouvrage qu'il écrivit snr le même
sujet. S. Rollaho.
Jean de Nottredame, yUi dn poëie» provençaux, ^-^
Qrctclrabeol, Storia detta volgar poêiia. — TIrabosçblv
IstoriadéUa UUer. ffo/.
OBET ( YveS' Louis ) , marin français, né à
Bréhat, le 14 juillet 1738, mort à Morlaix, le
29 mars 1810. Dès l'âge de hnlt ans il fut em-
barqué sur le bAliment de commerce que com-
mandait son père, et donna dès lors des preuves
de sang- froid et de courage que Ton n'eût pu
attendre d'un enfant. Il grandit sur la mer, con-
sacrant à la théorie de son métier et aux scien-
ces qui s'y rattachent les loisirs que les guerres
contre les Anglais lui laissaient. En 1761, un
navire armé fut mis sous ses ordres, et il eut
mission d'escorter les convois d'un port à
l'autre. Il serait trop long de rapporter ici toutes
les ruses qu'il employa et tous les traits d'andace
qu'il accomplit pour tromper de nombreuses
croisières ennemies : il suffira de dire que durant
seize ans (1760-1778) d'hostilités presque con-
tinuelles il ne perdit jamais aucune de ses con-
serves. En 1778 il entra dans la marine royale
comme capitaine de brûlot, et en août 1779 fut
chargé du commandement maritime de Saint-
Malo, où l'on réunissait une flottille de plus de
quatre cents transports pour tenter une des-
cente en Angleterre. Ce projet échoua, par l^in-
capacité et les lenteurs du comte d'Orvilliers
( vog. ce nom ). Mais Obet avait tout préparé
pour le succès ; aussi fut-il récompensé par le
grade de lieutenant de vaisseau (1*' mai 1786)
et la croix de Saint-Louis. Le gouvernement lui
confia ensuite l'inspection de l'armement des
côtes de Bretagne, et accueillit favorablement ses
observations. A son retour. Il fut appelé à la
direction du port de Cherbourg, et contribua par
sa prudence et sa fermeté à comprimer l'esprit
d'insurrection qui désorganisa un instant la ma-
rine française. En 1792, après une campagne
aux Antilles, il reçut le grade de capitaine de
vaisseau , commandant la station de Quiberon.
Destitué le 21 nivOse an ii, il ne rentra au ser-
vice qu'en 1796 pour prendre le commande-
40Z
OBET — OBRECHT
404
tnent do Seévola, qui faisait partie de Texpédi-
tion d'Irlande. Malgré les tempêtes coalioualles
qui dispersèrent l'escadre et firent avorter l'en-
treprise» OI»et parrint jusi|ne dans la iNâe de
Bantrf, point de débarquement; mais un ooi»-
^an brisa ses amarres et >e rejoia «u large, où
il eut le bonheur d'être racueilii par La Âévotu-^
tion, capitaine Damanoir, au moment oè Le Seé»
vola s'englootissBit sous les flots. Commis-
siôre de marine, puis chef de division dans la
même administration, il prit sa retraite en 1803.
On a de lui quelques mémoires on rapporta sur
les moyens de défendre les cAtes bretonnes, sur
les levées de marins, Vorgaoisation des gardes
eûtes sédentaires, les examens au long cours, etc.
A. DsL.
JreMoei de te Martiu. — P. LevoC, M^graphte frw-
OBiczim ( Tommaso ), orientaliste italien,
né à Non, prte de Novare, mort vers 1634, à
Rome. Il entra dans Tordre des Frères mineurs,
et s^appllqua à l'étude des langues orientales.
Destiné aux missions du Levant, il se rendit à
Jérusalem en qnaifté de commissaire aposto-
lique et de gardien d'un couvent de son ordne.
Pendant son séjour dans la Terre Sainte, il par-
vint à rendre au cuTte chrétien denx églises dé-
diées à la Vierge et à saint Jean-Baptiste et dont
les Tores s'étaient emparées, et il présida, par
ordre do pape Paul Y, un synode qui condamna
les hérésies de Nestor et d'Eutychès, encore in-
iluentes en Orient. De retour à Rome, II en-
seigna plusieurs années Tarabe, le syriaque et le
cophte an monastère de Saint-Pierre in Moti"
4oriOf et forma on grand nombre de mission-
naires. C'est là que, d'api^YVading, il mourut,
en 16^8, dans un ftge assez avancé ; mais Achille
Tenerio, nn de ses disciples, dit expressément
dans l'éplltre dédicatoiredu Thesovrus, imprimé
«n 1630, qu'il n'existait plus à cette date depuis
quelque temps. Obizzmi est aussi connu sous
le nom de Thomas Novariensis ou a No-
varia. On a de lui : Isagoge id est brève tit-
iroduetorium arabicum in scieniiam lo-
giceSf cum versione latina, ac thèses sanetœ
Âdei; Rome, 16^5, 10-4*"; — * Grammatiea
arabica agrumia appelîata , cum versitme
lalina et dilucida exposittane; Rome, 1631,
in-8° ; c'est une édition estimée de la grammaire
arabe intitulée Djaroumia, et citée avec âoge
par SHvestre de Saci ; — îTiesaurus arabico»
sjro'latinus ; Rome, 1636, in-4° : rfmpression,
surveillée par Achille Tenerio, en est très-Aio-
tîve; cet ouvrage a été en grande partie com-
çoêé sur un vocabulaire syriaque qui a pour
auteur Élie Barsînée, métropolitain de Niaibe, an
onzième siècle. P.
Waddlag. Script, ori, Mtnorum, " Tlraboschl, Storia
dêUa Igtter. itat.. vni.
OBOLBKSKi ( Prince ivan ) , surnommé
Ovtehina ( peau de mouton ), né à la fln du
quinzième siècle, mort en 1 538, est le plus célèbre
ancêtre des princes Obolenski^ descendant de
Rorik, qui tirent leur nom de la ville d'Obo*
lensk, dans le gouvernement de Kalouga. Après
s'être distingué dans divers combats contre les
Lithuaniens et lesTatars, il gouverna la Russie,
non sans éclat, mais avec cmauté, durant les
quatre années de la régence de la grande^luchesse
Hélène, veuve de Baaile iV. S^ jours a|uès
l'emprisonnement de cette princesse ( 10 avril
1538 ), un prince Chouiski, jaloux ée son au-
torité, le jeta dans un cadiot, et l'y laissa mourir
d'inanition. De semMaMcs cruautés s'étaient
vnes sous l'adranntstmtkm d'Obolenski avec aoa
consentement on du mofais sans quil s'y fût op-
posé. Obolenski, sckm Karamzin, possédait oa
esprit vif, beaucoup d'activité, de nobles sen-
timents ; non content de féciat emprunté qui
résulte de la faveur, H eherdiait à acquérir par
de hauts faits cette illustration persooiielle que
les grâces des souverains ne sauraient procnrer.
P*' A. G-n.
Karainzin, Histoire de VBmplre de iheMie. t. VU et
Vlli. -> PoIcToi, Isteria rmutkaçQ naroda, t. VI, «->
Dtet. det Busses digmet. de tnemotre; par BanUcta-K»-
aienaCi. — le Pcc P. Uolgoroakow. ^oUce sur Us prUef-
palet familles de la Russie ; Bcrfin, isst.
OBRADOVICB {Démétritu-Dosithée), sa-
vant hongi'ois, né vers 1740, à Tchakows (ha-
nat de Temeswar), mort le 7 avril 1811, k Bel-
grade. Après avoir terminé son éducation en
Allemagne, il se mit à voyager, et parcourut la
Turquie, la Dalmatie, les États de Venise et
l'Angleterre. Nommé précepteur des enfants du
prince Czemy Georges , il s'établit en Servie,
et y dirigea l'instruction publique, puis les af-
faires ecclésiastiques «t étrangères. Ses ou-
vrages sont écrits en langue serbe ; les princi-
paux sont ; Histoire de sa vie et de ses
voyages; Leipsifc, 1785, in-S"; —Conseils dé
la saine raéson ; ibid., 178&, io-8® : choix àê
dissertatwns morales, de lettres et de poésies;
— géographie vanverseUe; Venise, I794«
K.
Eracta«t CSniber, Jt&g, ibMfUapsedie»
omrnmcMT ( Georges ) , jnrisconaulte alle-
mand, né à Strasbourg, le 23 mars 1547, BMirl
le 7 juin 1612. Fils du syndic Thonat Obrecbt,
il étudia le droit dans diverses universités
d'Allemagne et de France. Se trouvant k Or-
léans lors de la Saint-Barthélémy, il parvint
k sauver sa vie ; mais sa belle bîblidliièqae fut
mise au pillage. Reçu en 1674 docteur en droit
k Bàle, il fut l'année suivante diai^é &i
gner la jurisprudence dans su ville natale,
ploi qu'il remplit afvec aucnès jusqu'à sa mort.
De plus fl devint doyen du chapitre de Saint-
Thomas, redeur de l'université, avocat de la
ville, et Alt élevé en 1607 k la dignité de oo»le
palatin. On a de lui : Œcanomia WuH C»-
dicis et Pandectaruih : De transaetêonibws ;
Strasbourg, 1579, in-4*; — STercMum Ju-
ris antiqui romani; Francfort, 1582, în-lS;
Strasbourg, 1585, in-4<*; Hambourg, 1726; -*
405
OBRECHT —
De principUs beiH; Strasbourg, 1590, iD-4%
— De juritdictione H imper ïo; Mokbouse,
1602, iD-4";— DUputaiioneê de mriii civile
malertii; Unellei, 1«03, in-éo; StraâbouiiK.
1679, iiH4* : c'est dans ce recueil que se trooYe
n travail sur la F^etession^ on des meilkora
snr la matière avant celui de Savigay ; C^no'
smra juris /eudalH , Francfort, 1606, in*8* ; —
PoUHsche Bedenken wm Verbesserung van
Lamé und Leute { Réflexions paliliqnes sur i'ar
raélloratkm du pays ) ; ibid., 1606, in-8'»;— • Se-
crtèa politiea Mti AmsieUund und SrhaUvng
futer Polisey (Secrets politiques pour Tin-
tradoctioa et le maintien d'une bonne police);
ibia., 1617 et 1644, in-i*". De ffrincipUs Juris ;
Strasbourg, I61ft,in-I2; — Aniiikemmta ju-
rât no(é§ Uluâtrattu Obrecbt laissa en ma-
ttoscrit «n Mémoire star la manière de di'
Mimier les dépenses d*un État et d'augmenter
ses impôis ; cet écrit fut acheté deux cents du-
cats par le duc de Poméranie; vojr. Dahnert,
Pmnmersche Bibliotkek, t. Il, p. 2 1 1 . O.
Adami, ntm turiteonniltorMm, — CI. Slneeri». Fitm
SM^aoni» juriteousitUorum , L I- — Le$ frères Haag,
Lm Framee protestante,
OB^BCHT ( Georges ) , magistrat allemand,
6Ib du précédent, né à Strasbourg, décapité le
7 février 1672. Il exerça la profession d'avocat
dans sa ville natale, et devint ensuite procureur
du petit conseil. Pour satisfaire sa haine contre
Doui Dietrich , il diercha à livrer Strasbourg à
renpereur, qui lui en avait promis le gouver-
neneiit ; le projet fut découvert, et son auteur
siibit le dernier supplice. O.
Am trtÊfe» Hug, la ^mno9 pratef tonfe.
•BftBcpT ( Ulric ), savant jurisconsulte et
philologne français, fils du précédent, né à
Straaboorg, le 23 juillet 1646, mort le 6 aoOt
1701. Aprèft avoir étudié les bellesrlettres, This-
loire et le droit, il accompagna, en qualité de
préoepteor à Tienne et à Venise, le fils de l'am-
bassadeur laace Kelerman. De retour à Stras-
boarg, il épousa la tille du céièbre paWidste
r, auquel il succéda, en 1676, dans la
d*<éhM|Mnce et d'histoire; plus tard il
eacone celles de droit pnttUc et d'inslt-
tnlea. Apiès Tocoupation de la ville par les
Fnnçaia, il se convertit, en 16B4, au catboli-
ciéme, et fui noBuané l'amiée suivante préteur
royal à Strasbourg ; «n 1698, il fut envoyé à
FrMBJDit par Lonis XXV comme commissaire
pour leaafEairea de la sucoesaion échue à Biadame.
On a de lui : Sckediasma in Ciceronis Som-
JiisMi S«<pioai« ; Strasbourg, 1665, in-lS; —
De /uiei eornsnissorum restiiutione et impu-
ÉaHamt prseie^atorum in Quartam Trebel'
Hanam; ibid., 1669, in-8*; — C&nis smb fup^
iem MisM»; 166», {n-4** : réponse amx /sufi-
da de mnéssimis prudemhm eiwUis scrip^
fmribus de Sohurzfciaeh; — De Vexillo im-
periali; Strasbourg, 1678, in-4*; — Sorra
TerwUM; StiMboarg, 1674» ts-i» ; — Ite 4^
OBREGON 406
gibus agrarOs popuU romani^ ibid., 1674,
ln*4*; — De numm» DomHiani Isiaro ; ibid.,
1675, m-K^i — De ratione bellà ; ihid., f67S,
in-4''; — De emsm Augusti; ibid., iG7â,
in-4'* ; — DissertatiOTtum selectmntm guon^
damin aeademia ArgeNlinenti proposiiarum
liber; ibid., JG74i, in-4*»; — De extraordi-
narOs populi rotnami itnperiis; 1677, in-4'';
~ De hoste dedOitio; 1677, in-l*; — AlsO'
tieerum rerum prodromus; Strasbaui^,
1681, ioV;— Panegyricus Ludeviûo XIV
dictvs; ibi<L, 1682, in -fol.; — Exurpta lûs"
toriea et juridica de natura suceessionis in
moniuxhiam Bispenix ; 1700,in-4*'; — Z>iaser^
tationes et oratkones ;Slixwshomg^ 1704, in-4^
— Osa d*Ofarechtdeséditionades BUtorixAU'
gustx seriptores, eum notis ; Strasbourg, 1677,
in-S";-' de Qontiliea, Institution es ara torise ei
deelamaiiones ; 1696, 2 vol. in-4<* ; d'Hugo Gro*
tins. De jure belU et pacit, de Boeder la Ho^
titia Imperii germaniei, ^es poèmes de Dictys
cretensis el de Dores phrygius , etc. O.
Mém. de Tréowx ( anoée 1701 ). — Riccroa, JMm^
L XXXIV. — l«es fr«rei Hug, La France protêt-
tante.
OBRBcaT (Élie)^ historien allemand,
frère do précédent, né en 1654, à Strasbourg,
mort à Stockliolm, le 16 janvier 1698. Il en-
seigna l'histoire et l'éloquence à l'université
dljpsal, et occupa plus tard un emploi de se-
crétaire dans l'administration. On a de lui :
Pax Augustana; Upsal, 1690, in-8o; _ De
suppUcatione romana ; ibid., ir>90; — Ma-
cedoniess et romanjs potentix comparalio;
ibid., 1691 ; ^Justitia grmorum Alexandri
Magni; ibid., 1691; — De prxtenso Grse-
corum imperio in barbares; ibid., 1694 ; —
Patronus et cliens romanus; ibid., 1694; —
De donariis veterum gentilium; ibid., 1696;
De dictaloris romani potenlia ; ibid.» 1697 ;
^ De legitimo imperio C, J. Cxsaris; ibid.,
1697 ; — De justiUa FabrieU ; ibid., M97 ;
— De religione vetenun, Golhorum ; ibid.,
1697. O.
JOcher, G^àkrtenrLuBltam, avoe le Smpf^Ummt^t B».
temaad.
ORRBGON (Bernardin), fondalenrde l'ordre
espagnol des Frères in/irmiers Minimes^ voués
an soin des malades dans les hôpitaux, né à Las-
Hneigaa, près de Burgos, le 20 mai 1&40, mort
à Madrid, le 6 aoOt 1599. Resté orphelin dès son
bas Age, il fui recueilli par son onde, chantre
de la cathédrale de Siguenza, qui le confia à Fer-
dinand Niîîo de Goemra, évoque de cette ville.
Ce prélat lui fit commencer ses études, et l'eAt
sans doute avancé si la nori, qui le surprit en
1562, ne l'en avait empêché. Privé de son pro*
tectenr, fiemaidin prit le parti des armes et ser-
vit quelques amées contre la France, il passait
un jour en uniforme dans l'une des rues de Ma-
drid quand un bdaycnr l'ayant édahouseé, fl n«
fol pM iMltBe de sa colère, et hii appliqua ua
407
Tîgonreux soufflet. Bien loin d'user avec lui de
représailles, ce pauvre homme le remercia de
lut aroir fait souiïrir quelque chose pour l'amour
de Jésus-Christ, et lui demanda pardon de sa
faute involontaire. Un si bel exemple de vertu
toucha tellement Bernardin, qu'il résolut de re-
noncer au monde. Ce fut alors qu'il s'attacha
au service des pauvres malades dans l'hdpital
de la cour à Madrid. Instruites par ses exem-
ples autant que par ses discours, un grand nom-
bre de personnes pieuses se placèrent sous sa
direction, et ne tardèrent pas à former une con-
grégation, qui fut approuvée en 1569 par Decio
CarafTa, nonce en Kspagne. Plusieurs villes du
royaume demandèrent des frères infirmiers pour
le service des hôpitaux, et en 1587 l'adminis-
tration de l'hôpital général de Madrid leur fut
donnée. Deux ans après, le cardinal Gaspard
Qniroga, archevêque de Tolède, reçut leurs vceux
solennels de pauvreté, de chasteté, d'hospitalité
H d'obéissance, et leur donna les règles et l'ha-
bit du tiers ordre de Saint-François. En 1593,
Bernardin alla à Lislwnne, où il réforma d'assez
graves abus qui s'étaient glissés dans Padroinis-
tration des hôpitaux de cette ville, et y donna la
dernière forme à sa congrégation à laquelle il
voulut imposer des règles écrites. 11 acheva ses
constitutions en 1594. De retour à Madrid après
six ans d'absence, Bernardin donna ées soins
au roi Philippe H dans sa dernière maladie en
septembre 1598, et reprit ensuite la direction de
l'hôpital général. On a imprimé sous son nom :
Instruccion de enfermas^ y verdadera prac-
iica como $e hace de aplicar los remédias
que ensenan los medicos; Madrid, 1607, in-S**.
CTest un manuel à l'usage des infirmiers. Le peu-
ple espagnol appela Obregons les religieux éla-
blis par cet homme charitable. H. Fisqcet.
Fr. Herrera Maldonado, f^ida de Bernardino de Obre^
9on. — Dom. de Gubernatls, Orbig $eraphicus, t. il. *
BeJyot, Uist. det ùrdres numatUgue», t. Vil, p. 8S1-8S6.
OBRàROTiTca (Milosch), prince de la
Servie, né le 11 novembre 1780, mort à Bel-
grade, le 26 septembre 1860. Son père, Théo-
dore Mikûlovitch de Dobrinie, dans le dis-
trict deOuJitze, avait épousé Vichna, veuve d'O-
bren de Brousmtza, et mère d'un fils nommé
Milan. On a dit que Miloacb était d'une famille de
paysans : le fait est exact ; mais il faut ajouter qu'à
l'époque de sa naissance tous les chrétiens ou
rajahs de Servie pouvaient passer pour des pay-
sans. Gouvernés par lamiUce féodale des spahis,
opprimés par une horde de janissaires qui s'é-
taient emparés du pouvoir suprême, les Servlens,
quand ils ne se jetaient pas dans les montagnes
pour y mener la vie de bandits ( heiduks), ne
pouvaient être que laboureurs , pAtres ou mar-
cliands de bestiaux. Le futur prince commença
par garder les porcs ; il en vendit ensuite, et s'as-
socia pour faire ce commerce avec son frère
utérin Milan. Il était encore très-jeune lorsque
la vigoureuse population de Servie se souleva
OBREGON — OBRÉNOVITCH
408
contre la domination ottomane, énervée par la
faiblesse du sultan Sélim et ébranlée par les dis-
sensions des spahis et des janissaires ; aussi ne
joua-t-ll qu'un rôle secondaire dans ce premier
mouvement, dont Czemi-Georges fiit le héros et
Milan un des chefs. A la suite de l'expulsion des
Turcs, Milan eut sous son autorité les trois dis-
tricts de Oujitze, Roudnik, Poschiga, et délégua
une partie de son autorité à Milosch, qui, par re-
connaissance, prit le nom d'Obrénovitdi. Des dis-
sensions ne tardèrent pas à éclater entre les li-
bérateurs de la Servie. Milan fut un àw chefs
qui se prononcèrent contre Czemi-Geor^
(voy, Georges); il mourut en 1810. Milosch
hérita d'une partie de son autorité, et fit comme
lui de l'opposition à Georges, mais d'abord sans
résultat; il n'acquit une grande importance que
lorsque la Servie, réduite par le départ des Russes
à lutter seule contre tontes les forces de la Tur-
quie, succomba momentanément. Dans ces tristes
circonstances tous les principaux chefs serviens,
suivant l'exemple de Czemi-Georges, se réfugiè-
rent en Autriche (1813). Milo.sch seul eut le cou-
rage et l'habileté de rester. 11 se retira, avec
quelques milliers de soldats, dans les districts
placés sous ses ordres, et là il négocia avec les
Turcs, eml>arrassés de gouverner leur nouvelle
conquête, et disposés à confier aux chrétiens
les soins de l'administration. Pour prix de sa
soumission, il obtint le titre de grand knièse des
districts de Roudnik, Poschéga, Kragonjevalz.
Une réaction humiliante et sanguinaire suivit la
reprise de possession de la Servie par les Turcs.
Les habitants, exaspérés, tentèrent un soulève-
ment en 1814. Loin d'y prendre part, Miloecii
contrilNia à le réprimer. Les Turcs ne lui su-
rent aucun gré de sa prudence> et pensèrent
qu'il était temps de se défaire de ce chef influent,
qui pouvait devenir dangereux. Milosch s'était
ménagé des amis parmi les Ottomans. Prévenu
du danger qui le menaçait, il quitta Belgrade, et
se rendit à Roudnik, où s'étaient réfugiés les
Serviens les plus énergiques. Le jour âeê Ra-
meaux 1815, dans l'église de Takovo, il prodama
la guerre sainte, et commença immédiatement
la lutte. Audacieux et rusé, souvent terrible,
humain lorsqu'il le fallait, ne ménageant pas les
Turcs sur le champ de bataille, mais les épar-
gnant après le combat, il défit l'ennemi^ à Po-
lescb, à Lioubitch, à Pojaveratz, et dâirra 'ttmt
le pays, à l'exception des places fortes. Il restait
encore beaucoup à faire. Les Serviens, menacés
d'uncôté par l'armée de Rouroéliesous les ordres
de-Maraschli-Ali, de l'autre par l'armée de Bos-
nie que commandait Kourchid-Pacba, auraient
probablement succombé si de part et d'autre
on n'eût préféré un accommodement à une
guerre d'extermination. 11 fut convenu entre
Maraschll Ali et Milosch que les TUrcs garde-
raient les forteresses et auraient la souveraioelé
du pays, et que les Serviens garderaient leurs
armes et auraient le droit de s'administrer eux-
409
OBRENOVrrCH
410
mêmes. Les koièses réanis h Belgrade formaient
uo haut conseil qui servait d'intermédiaire entre
le pacha et les Serviens. Milosch, comme grand
knièse, ayait la principale autorité dans ce con-
seil et de plus il s'était ménagé Tappui du pacha ;
aussi parrint-il i se débarrasser des opposants,
entre autres de Peter-Moler, qui fut mis à mort.
On lui attribua aussi le meurtre de Tévéque Nich-
scfaicfa (juin 1816 ), comme on avait attribué à
Czemt-Georges la fin prématurée de Milan ; mais
cette imputation parait fausse. Il n'est pas aussi
(acile de l'absoudre de la part, trop réelle, qu'il
prit à l'assassinat de Czemi Georges. Cet ancien
liospodar de Servie, associé an grand projet d'tn*
surrection tramé par Thétairie grecque, était ren-
tré secrètement dans son pays pour concourir
à l'insurrection générale. L'ami chez lequel il se
cachait, Voultza, annonça son arrivée à Milosch,
qui s'empressa d'en faire part au pacha. Celui-ci
lui fit ladlement comprendre qu'il aurait tort de
s'aliéner les Turcs pour se donner un rival re=
doutable. Milosch envoya à Youitza Tordre de
faire tuer Czerni-Georges (juillet 1817). Débar-
rassé de ceux qui lui faisaient obsiacle, Milosch
se fit proclamer knièse suprême (novembre
1817 }, et poursuivit avec un singulier mélange
d'audace et de ruse, de ténacité et de flexibilité,
l'émancipation de la Servie. La Porte Ottomane,
qui voyait la révolte s'étendre dans toutes les
provinces européennes de l'empire, se laissa ar-
racher concession après concession ; enfin , en
182C, sur la demande de la Russie, elle reconnut
rantODomie de la Servie, sons la suzeraineté de
ia Turquie. Pour que cette promesse devint une
réalité, il fallut les campagnes victorieuses des
Russes sur le Danube et en Bulgarie. Le hrman
du 30 septembre 1829 et le hatti-schérif du mois
d'aoAt 1830 réglèrent les rapports de la puis-
sance vassale et de la puissance suzeraine. Les
Serviens durent payer un tribut annuel et souf-
frir une garnison turque dans la forteresse de
Belgrade ; mais ils eurent du reste le droit de se
gonvenier comme ils l'entendraient. Trois ans
pias tard le règlement définitif des frontières se
fit, au grand avantage des Serviens, qui y ga-
gnèrent une extension de fh>ntières considérable.
Milosch fut confirmé dans sa dignité de grand
fcnlèse, ou prince, qui à sa mort devait être trans-
uûse à son fils aîné, puis à son petit-fils. L'hé-
rédité était ainsi concédée en fait ; mais la Porte
ne l'accorda jamais formellement enr principe.
Milosch a'oocupa avec activité et intelligence de
rorgpnisatîon de sa principauté; il fit compiler
«a code de lois fondé en partie sur le code Na-
poléoo, et surtout il mit de l'ordre dans Tad-^
ministration. Malheureusement il mêla à des
actes fermes et sensés beaucoup de mesures ar-
bitraires. « Il s^emparait , dit un historien , de
tout ce qui était à sa convenance, terres, mai-
sons, moulins, et il fixait lui-même le prix qu'il
eo donnait. Un jour il fit brûler un des faubourgs
de Belgrade parce qu'il avait Tintention d'élever
dans ce quartier de nouvelles constructions. H
continua d'exiger du peuple des services qui
étaient de véritables corvées. Les paysans d'Ou-
jitza étaient tenus de se rendre à Krajoujévatz
pour l'aider à faire ses foins ; et plus d'une fois
les marchands de Belgrade durent fermer leurs
boutiques pour venir aider à rentrer les foins du
knièse. Les habitants logeaient et nourrissaient
les soldats sans avoir droit à aucune indem-
nité... Milosch ne reculait devant aucun moyen
pour s'assurer le monopole du commerce le plus
lucratif, celui qui avait fait la fortune de Czemi-
Georges et des personnages les plus considérables
du pays. Il fit enclore les forêts où paissaient
ses troupeaux de porcs, tandis qu'autrefois elles
étaient ouvertes à la commune pâture. Il rendit
un décret plus vexatoire encore : les transac-
tions à terme furent interdites, et comme il était
le plus riche capitaliste de la Servie, on crut
que cette mesure avait pour but de mettre dans
ses mains tous les intérêts du commerce, en
empêchant les associations, qui ne peuvent se
soutenir que par le crédit. Investi de l'autorité
par un bérat du sultan, il parut croire qu'il
était, au même titre que le Grand Seigneur, maî-
tre du sol, du peuple et de tout ce que ces su-
jets pouvaient posséder. » Malgré d'aussi graves
abus, l'administration de Miloscli fut en somme
un véritable progrès sur l'état antérieur *, mais
il n'est pas étonnant qu'elle ait excité beaucoup
de mécontentement, en partie fondé et en partie
injuste. Une conspiration où entrèrent les prin-
cipaux diefs serriens, Milosaf, Mileta, Avram
Pétroniévitch , Stoian Simitcli, Youtschitcli , se
forma au mois de janvier 1835; elle échoua de-
vant l'indifférence publique et devant la fermeté
de Milosch, qui ne punit pas les conjurés et fit
droit è leurs griefs dans une certaine mesure.
Le discours qu'il prononça à la skuptchina, ou
assemblée, le 2 février suivant, atteste une rare
hitelligence politique et contient la promesse de
réformes appropriées aux mceurs et è la condi-
tion iiolitique des Serviens. Milosch fit dans Tété
de la même année un voyage à Constantinople,
et en distribuant libéralement de l'argent entre
les membres du divan, il obtint ia confirmation
de son autorité. Cependant la Porte lui était con-
traire au fond, parce qu'elle craignait qu'il ne se
fit le centre d'une confédération des Slaves du
Danube contre l'Empire Ottoman, et elle prêtait
sous main appui aux mécontents. Ceux-ci , qui
avaient pour chef un liomme aussi intelligent
qu'énergique, Voutschîlch, firent parvenir leurs
plaintes à Constantinople, et obtinrent que le
(irman qui confirmait le pouvoir de Miloscli y
apportât en même temps de sévères limites. Le
luktti-scliérif du 24 décembre 1838, en maintenant
la dignité princière dans la famille Obrénovitch^
plaça le prince sous le contrêle d'un conseil
formé de dix-sept membres, établit l'indépen-
dance du pouvoir judiciaire et garantit la liberté
des persoDnes et la sécurité des propriétés. Il
411
est remarquable qoe la Turquie et la Russie
s'enteodireiit pour donner aiix Servieas cette
confititution libérale, taudis que TAngleterre et
la Fraoce aaraieut préféré qu'on laissai à Mtlosch
une autorité plus forte. Lesmécootent», anxqueki
s'étaitjoint Epbr«»mOtirénovitch, frère du prince,
l'eiupoitèrent, et armés du batti-sehérif réduisi-
rent à une véritable nuUilé Miloscb, qui se retin
à Semlin. Il comptait que son absence excite-
rait des trouble* et que pour les apaiser on se-
laift forcé de le rappeler. Une insurrection éclata
en eiliet, et Miioscli, n'attendant paa qu'on le
rappelât, revint offrir ses serrices ; mais les mé-
cocÂents Taocueittirent avec défiance et colère.
Voutscbitek se fit déléguer le commandement
nilitaivf, marcha eonire les insurgés, les dis-
persa^et, revenant victorieux à Belgrade» d'accord
avec le conseil, il signifia à Mtlosch que la nation
ne le reconnaissait plus pour chef. Miloscb ne
résista pas, et le 12 juin 1839 il déclara au con-
seil et^ rassemblée du peuple qu'il résignait sa
charge en faveur de Milan, son fiU atoé. Le ien-
demain il abdiqua officiellement^ et le 16 juin,
entouré du haut clergé, des sénateurs et des
principaux employés, il prit solennellemeut congé
de la nation serbe. Il s*embarquasur le Danube,
et se rendit dans une de ses terres eA Valaehie
avec son jeune fils Michel. Sa femme, la prin-
cesse Lioubitia, resta avec le prince Milan. L'ab-
dication de Milosch ne mit pas tin aux troubles
de la Servie, et laissa ce pays sans chef su-
prême; car Milan était par sa faible santé hois
d'état d'occuper le pouvoir. « Jamais, dit Ranke,
il n'exerça la dignité de prince; on crut même
par ménagement devoir Jui laisser ignorer l'ex-
pulsion de son père : on se contenta de lui dire
qne Mitosch, se voyant obligé de fii|re un voyage
hors du pays, l'avait chargé de le représenter
pendant son absence. Toutes les marques de
déférence et d'honneur qu'on loi donnait, û. les
interprétait comme s'adressent an lieutenant de
son père, et il expira le 8 juillet» sans savoir qn'il
était prince de Servie. » Sa mort laissait le
champ libre anx prétendants. VouL<ichitcb, Pé-
tronlévitch et Ephrem pouvaient se croire cha-
cun des droits au pouvoir suprême; mais leurs
prétentions rivales se seraient neulraliaée'^et ils
y renoncèrent sagement en finveur de Michel
Ohrénovitch qui se trouvait akirs près de son
père, dans le domaine de Miloschia-Pogana, en
Valaehie. Milosch vit avec peine ton fils occuper
une position qu'il regardait comme lui apparte-
nant à lu^roême, et par ses intrigues il contribua
singulièrement Ji rendre difficile le court règne
de MiclieL Son esprit hardi dépassait même de
beaucoup ks limites de la Servie; et embrassait
l'espoir de l'émancipatiott de tous les peuples
chrétiens de l'empire turc; il méditait nne ré*
voUe générale des peuples roumain», slaves,
bul^ea^ révolte dont il aurait été un des chefs,
peut-être même le chef principal, et dans U-
qpfêUe il n'aurait pas craint d'engiigee ses im-
OBlÉNOyiTOEI
4»
menses richesses. La crise de 1840 le pesnt b-
vorable è la réalisation de ce profet grandiose,
dont le consul de France è BnWest reçut ron^
fidence; mais cette crise alroulit au triomphe
diplomatique des qoatres puissances qui garan-
tissaient l'intégrité de la Torqnie; il fhllut re-
mettre à on autre temps le projet d'afRrancbir
les chrétiens de la donmiation ottomane. Le di-
van n'ignora pas les projets du chef de la famîDe
Ohrénovitch , et favorisa les ennemis du prince
Michel, qui fut renversé en août 1842. Alexandre-
Kangeorgevitcb, fils de Ciemi^Georges, lui soc-
céda, et régoa plus de seiee ans ; sa politique noo-
dérée, mais sans initiative, sans énergie et trop
assujettie à la Turqme et à l'Autriche, finit par
soulever le pays. La skuptchina, nénaie le 12 dé-
cembre 18&8, réclama le 23 l'aMfcati— d'A-
lexandre, et sur son refus ciie proclama a dé-
chéance le 23, et par le même acte elle rappela
an pouvoir Milosch, en déclarant que In dignité
deprinœ serait héréditaire dans la famille Ohré-
novitch. Le 2 janvier Alexandre signa son aii-
dtcation, et quitta la Servie. Milosch, avant de
partir de Bokarest pour aller prendre posseaoon
du pouvoir, fil demander llnvestîture à Céna-
tantinople. Le divan, qui voyait dans cette ré-
volution une menace contrôla Turquie, ne s'em-
pressa pas de reconnaître lenan vean prince ; mais
la ferme attitude de la population serlie et les
présents considérables du vieux kntèse trlooi-
phèrentdes scnipulea des mimstres ottomann.
Milosch fit son entrée daas Belgrade, le 6 (éTrin*
1859, et le 9 Sévfies le comniissiira ottnman
Kaboiili-Elfeudi bn remit le bérat dlnvesftiÉnre,
qui ne faisait pas mentasa de l'hârédilé; ceqni
donna lien à une protestation très-vive de la
sknptchina. Milosch prit le U février le titre de
Milosch ObrétHwUth /«-, et le 12 il ajoanM
TaseemUée; lorsqu'ette se réunit denonteao^ le
22 asplembre iSi», ïï lui présflita pinsiean lois
libérales et bien eonçves, celle entre antres
d'après laquelle tous lea cûojcns servko» osa
distinction de religionel de nationalité poo'vamst
faire toua les genres de commerce et se livrer à
toutes les iadustries. Resté fidèle à sa haine
contre les Turks et à ses projets d'émaBdpatioB,
il entra en rapport aven les Msatéoégriaa, ét-
frit un asile aux mécontents de k Bosnie «t de
la Bulgarie, et dans la prévision d'œ lotte pn>-
diaine, s'occupa activement de révgnniser l'ar-
mée et à mettre sur on bon pM de défeme les
forteresses de la Servie. Ce fut au milieu de sea
préparatifs belliqueux qnil mourut, à VÈ^ de
quatre-vingts ans, laissant le tréne à son fils
Michel. U avait eu de sn femme la princesse
Lioubitza, ou Louise (née en 1788), qu'il avait
épousée en 1817 et qui mournt le 14 mai 1843,
deux fittea, qui fm^nt mariées à de riches parti-
entiers, et deux fils, Milan, né le 12 octobre 1819,
mort le 26 juin 1839, et Michel, qui, après avoir
succédé à son frète, en 1839, a soccédé àsoa
père, en 1880. L. J.
413 OBBtJHOVrrCH
FMsart« Dm$ Itbm éêt FltnUn MUoieh uud MtiM
Kriege; Sluttgard, 1836, In i«. — Raokc, I>i« «er&iicAe
iNvotetton. — C.Tprlfn ftobert, i^sStaws de ta Turquie.
— A. fioaé, £a Tmnimta 4*£«r*fw. — Cbopin, Pnminem
tfAMiMRNMtf « daaa A'C7iiéiwr« piUoresqm.
ÎMWÉSOViTOi (Mieàel), princa de Servie,
fiJs du pffécédeal, aé le 4 septembre 1823. 11
leçut WÊMà édueafion asseï soifÇDée, et il était sur
le point de partir pour on wiyage dans l'Eu-
m{ie oœidenlaie (oraque éclata la révol«tkNi qvi
rcBvena llikMch. Il partagea d'abord Texil de
aoQ pèm em VaUcbies» et par suite de la mort de
llliiia, il fiit appelé la. même amiëe, metgré «on
extrême ienneese, àgouveraer la Servie. H alla à
GoaatantiBûpit prenére rioveatittire et reçut en
même tempe le titre de mcuschir. Cette fevear
■'avait rie» de réel. Michel , comme 51» de Mi-
loceb Obrénavitcb, resta suspect an divan, qui
«sa de tonte son influence peur maiBleiiir Tau-
torité entre le» mains de œux qni «valent ren-
versé BlHoseli. Cette intervention de la Turquie
froisea le sentiment national et provoqua une
réaction en fiivetir des Obrénovitch. MIcbel en
profita posr se débarrasser de I» tutelle gê-
nante de Totttsdûieh et de Pétroniéviich, qui fu-
rent forcés de se retirer d'abord dans la Torte-
reise tarque de Belgrade, puis k Ceestantinople.
La réaetMMa devint bicntêt menaçante pour le
prîace Miebel ; car tout un parti demandait le
rappel de Hilosch. Dans ime situation aussi em- |
barrasaante, le prince montra de bonnes inten*
tiens et prit même quelques bonnes mesores
pour répandre lln&troction parmi ses sujets.
Mais le» Servions étaient peu touchés de Téta- |
blissement des écoles et beaucoup plus sensibles |
k l'augmentetion des impôts. Le nombre de^ ,
mécontents s'accrut de plus en plus. Le re-
Umr de Tontsebiteli précipita la crise. Ce hardi ,
dMf servien rassemMa une troupe de roécon- i
tents, et dédara qu'il prenait les armes pour
rcnveveer le minrsière du prinoe Michel. Le jeune ,
prince, nssembhint à la hâte unedîzaine de mille i
hommes, marcha contre les insurgés, qui n*é* '
taient pas pkis de deux mille (20 août 1843); \
ma» ses soldats ne montrèrent aucune disposi-
tien à combattre , et se débandèrent au premier
coDp de canon parti du camp dé Youtschitch.
Michel n'eseaya pas de prolonger la lotte, et le 27
aoAf il se réfugia h Semlim en Autriche. Depuis
cette époque le prinoe Michel, dans ses voyages
et dans ses séjours à Vienne, à Berlin, à Paris,
pnmt phis occupé de littérature et de philoso-
phie que de politique ; cependant il ne resta pas
étranger anx affaires intérieures de la Servie, où
nu |»arti puissant faisait des vœux pour les Obré-
no^iteh. Ce parti l'emporta en décembre 1858, {
cl Michel rentra en Servie avec son père, en fé-
vrier i8à9. 1) lui succéda l'année suivante. Les \
quelques mois qui se sont écoulés depuis son
second avènement au trône n'ont pas été mar- !
qnés par des événements importants. Le prince ,
Midiel a persisté dans la politique anti-otto- :
mane <le son père, et on peut regarder la restau- 1
— OBSEQUENS 414
ration des C>l)réBovitch comme un dies nombreux
dangers qui menacent l'empire turc. L. J.
A. Boué. iM TUrquit drBur^ê. — BImi^, Fùyage en
BulforU. ~Raahe« Die stràlmke Retotutien. -- An-
nvuire des Deux JUande* p«ur Ifs anoéca 1889, 1860. —
jinnuaire ene^clopidiqne , 18C9. 1880.
OBRBSKOF ( Alexis- Mifthailovitch) , diplo-
mate russe, né en 1719, mort à Saint-Péters-
bourg, en 1787. Il est connu par la captivité que
lui fit subir, contre tout droit des gens, la Su-
blime Porte, près de laquelle il était accrédité,
lorsque, influencée par le cabinet de Versailles,,
elle déclara la guerre, en 1768, à Catherine II.
Jeté dans le château des Sept-Tours, puis traîné
à la suite de l'armée turque durant toute la cam-
pagne , il fut étroitement enfermé dans un fort
près d'ÂndrinopIe. L'impératrice le récompensa
généreusement de la fermeté de caractère qu'il y
soutint en refusant la paix que les Turcs lui pro-
posaient assez puérilement de signer dans sa
prison, et le chargea de représenter la Russie
aux congrès de Foksdiang (1772) et de Bukha-
rest (1773). Nommé sénateur en 1779, il mou-
rut conseiller privé, après avoir rendu plus d'un
service an cabinet russe par la connaissance des
affaires d'Orient qu^un séjour de trente ans À Cons-
tantinople lui avait acquise. A. G.
Zapisfcl Porochlaa , Mémoires de Poroehln. — Castrra,
rie de Catherine II. - Die Rtusisehe irto eniek TUr-
kàacàe Staats-^nnd KriêfsgescMehUt ; KraDcffirt, 1778. —
Graztonl. Observationi sopra ie patsate eampai/ne nUiU.
delta présent, guerra tra Bus$i et Ottotnant; Venczla,
17TS. — MQDch, Heerstûoe des chritttiehea Eur^pas
fftçen die Osmaueni tBtl.
OBRizics (ir^AerOy poëte latin moderne,
né vers 1520, à Hermaiiville, village de l'Aitois,
mort le 31 octobre 1&S4, à Arras. Il fut d'ahord
curé de la paroisse de la Madeleine à Arras,
pttis chanoine de l'église catliéirale de cette
ville. Il a laissé des ourrages de piété, des ser-
mons et des poésies latines. Il composa lui-
même sob épitaphe, qui commence par ce dis-
tique d'un style peu élégant :
Bit phis aex fistiis protrait sapin» afirran
Corpore lo alTccto per mite maica anlaïam.
Ses principaux écrits- sont : Eidillia sacra in
utrumque Tesiamentum in XI i lib. ; Douai,
1587, in-8*, avec l'éloge de l'anteur par Fran-
çois Mosch; — De Atrebatensis urbis libéra--
Hone a sectariorum factiosorum oppressions
anno 1578; Anvers, 1590, în-4»j — Ccemete-
ritim; Arras, 1592, itt-40, recueil d'épitaphes
des personnages illustres de l'Artois; — sept
fivres d'hymnes et deux livres &Épitres, en
latin. F. L.
vâlère André, Btbliot». belgiea.
OBSEQUCifS (Julitts), antenr d'un traité
Snr les Prodiges ( De Prodigiis ou Prodigio-
rtmi libeltus), vivait à une époque incertaine.
De Tauteur personnellement on ne sait absolu-
ment rien, ni son pays, ni son époque. Aucun
écrivain ancien ne le mentionne, et rien dans
son oeuvre ne peut donner Heu à des inductions
biographiqnes. Le style, généralement pur, n'ap-
415 OBSEQUENS
I»arlieDt certainement |»as au sièded'Auguste. Vo&-
sius suppose que Julius Obsequens vivait avant
Paul Orose, et Scaliger pense que saint Jérôme
< vers 380) lui a fait un emprunt; ce ne sont là
que des conjectures. Obsequens n'est pas un his-
torien, mais un compilateur. Le livre qui porte
son nom, et dont il ne reste qu'im fragment, est
un recueil de ces phénomènes que les Romains
désignaient sous le nom de Prodiyia ou OS'
tentOf et quils regardaient comme des mani-
festations miraculeuses du pouvoir divin et comme
des présages solennels des événements futurs.
Le fragment qui nous reste est distribué (comme
Tétait tout Touvrage) par ordre chronologique,
et s'étend depuis le consulat de Scipion et Lœlius,
en 190 avant J.C., jusqu'au consulat de Fabius
et iElius , en 11. L'auteur a généralement em-
prunté ses matériaux à Tite>Live, qu'il copie
même quelquefois textuellement; dans les pas-
sages où le texte du De Prodigiis s*éloigne de
l'historien romain, il y a lieu de supposer des
interpolations ou des fautes de copistes. Il
n'existe plus aucun manuscrit d'Obsequens; ce-
lui qui servit à la première édition appartenait à
Jodocus de Vérone; il a disparu depuis long-
temps» et on n'en a pas découvert de nouveau.
Vers le milieu du seizième siècle, Conrad ViToolf-
hard, professeur à BAle, plus connu sous le
nom de Conradus Lyoosthènes, publia le traité
d'Obsequens avec des suppléments. Son but, si
l'on s*en rapporte è sa préface, était des plus éle-
vés. « Les Romains, dit-il, attestaient leurs sen-
timents religieux par la grande attention qu'ils
donnaient aux phénomènes merveilleux et aux
présages, tandis que leur aveuglement se mani-
festait dans leur culte des fausses divinités; s'ils
avaient connu la vraie religion , ils auraient sur-
passé en zèle pienx leurs descendants qui sont
chrétiens de nom plutôt que de fait et ne tien-
nent pas compte des événements prédits par
Jésus-Christ comme devant arriver à l'approche
de la fin du monde. » Parmi les présages qui se
sont récemment manifestés, Lycostliènes men-
tionne trois ou quatre éclipses arrivées dans une
année, des étoiles chevelues (comètes), des
météores enflammés, des tremblements de terre
en Italie, tous signes redoutables, qui n'ont fait
aucune impression sur les gens du siècle, tant
est grande l'impiété à laquelle les hommes sont
arrivés. Les Cbnséquencesde ce mépris sont des
erreurs pernicieuses , un horrible aveuglement,
des blasphèmes obstinés; et la vengeance divine
s'est manifestée par des guerres civiles, des ma-
ladies étranges et la famine. Lycostliènes pensa
qu'une édition de Julius Obsequens convenait
dans de pareilles circonstances, qu'elle montre-
rait que des signes effrayants annonçaient tou-
jours du malhem aux hommes, et qu'elle don-
nerait ainsi un avertissement salutaire. 11 re-
cueillit comme supplément, dans Tite-Live,
Donys d'Halicamasse, Eutrope, Orose, les pro-
diges mentionnés depuis la fondation de Rome
— OBSOPi£US
416
jusqu'à la date où commence le fragment d*Ob-
sequens, et en même temps il fit d'après les
mêmes sources des additions au texte du com-
pilateur romain. Depuis l'édition de Lyoosthènes
I original et le supplément ont été ordinairement
imprimés ensemble, et il faut avoir soin de dis-
tinguer ces deux portions, qui n'ont pas une égale
autorité. L'édition prineeps de Julius Obse-
quens fut publiée par Aide; Venise, 1508, in-S"
(réimprimée en 1518 ), dans un volume qui con-
tenait aussi les Lettres de Pline le jeune; la
seconde édition est celle de Beatus Rhenanus,
Strasbourg, 1514, in-8^, dans un volume qui
contient aussi les Lettres de Pline^ le De viris
Ulustribus d^Aurelius Victor, et le Z>e ctarts
grammaticis et rhetoribus de Suétone; Robert
Estienne donna la troisième, Paris, 1529, in-ff*,
avec les Lettres de Pline. La première édition
avec les suppléments de Lycostliènes parui à
Bàle, 1558, in-8°. Parmi les éditions suivantes,
les meilleures sont celles de Scheffer, Amster-
dam, 1679, in-8°; d'Oudendorp, Leyde, 1720,
in-8''; de Hase, à la suite de Val^e Maxime
( dans la collection des cljissiques latins de Le-
maire), Paris, 1823, et contenant les commen-
taires de Scheffer et d'Oudendorp. Comme de-
puis Aide aucun éditeur n'a eu de manuscrit à
sa disposition, les changements introduits dans
le texte sont de simples conjectures. Le traité de
Julius Obsequens a été traduit en français par
Georges de la Bouthière; Lyon, 1558, ln-8**, et
par Victor Verger, Paris, 1825, in- 12, et en
italien parDamiano Maraffi, Lione, 1554, in-8*.
L. J.
Pr^ace» de Kapp, de Lycoftthènrs, de Scheffer, d'Ou-
dendorp. en tète de TédUlon de M. Hase.
OBSOPJSUS ( Vincent)^ philologue allemand,
né en Bavière, à la fin du quinzième siècle, mort
à Anspach, en 1539. Tl était le fils d'un cuisinier.
On n'a que très-peu de détails sur sa vie jus-
qu'en 1525. En celte année il commença à se
faire connaître par ses élégantes traductions la-
tines de plusieurs écrits allemands de Lutlier.
Après avoir passé quelques années à Nuremberg,
où il se lia avec Pirckhdmer, J. Camerarius,
Eobanus Hessns, Th. Venatorius et autres sa-
vaiits, il devint en 1529 recteur du gymnase
d'Anspach. On a de lui : Basiliï et Gregorii
Nazianzeni Epistolx numquam antea éditée;
Haguenau, 1528, in-8''; — Polybii Hislorix;
ib., 1530, in-fol.; — Xenophontis Symposium
et Compendiosa explicatio in errores Vlyssis ;
ib., 1531, in-S"*; — Castigationes in Demos-
thenis orolionef; Nuremberg, 1534; réimprimé
dans rédition de cet auteur donnée en 1547, à
BAle ; ^ ffeliodori Historia xthiopica, nttm-
quam ante édita; Bàle, 1534, in^**; — Ze-
nobii Compendium veterum proverbiorum ;
Haguenau, 1535, in-S"; — Diodori Siculi Bis-
torix ediUo grxca omnium prima; Bâle,
1535 et 1540, in-4«; — De arte bibendi'; Nu-
remberg, 1536, in- 4**; facétie réimorimêe en
417 OBSOPiîUS
1690, arec notes de Wendel, et qni parut aussi
STec VArs jocandi de Delius; Francfort, 1578
et 1582, m-8'», et Lcyde, 1648, in-Iî; — Epi-
frammata in eorruptos civitatis Onaldini
nuwei; — Luciani Opéra latine; Francfort,
1538, m-fol., et Bâle, 1563, in-8»; — Annota^
tïones in JVlibros grœcommepigrammatum;
Bâle, 1540, îii-8** ; réimprimées avec les Commen-
taires de Brodœus ; Francfort, 1600, in-fol. O.
WUI, mmberglseJ^Ê Gelêhrttn-Uxikon et le Su^
pUment te NopItMh. — RoternraBd, Sapplédieat à Jâ-
tker, — Bneh et Graber» Sneifklopâdiê.
oBSorAUS (Jean)t émdit et médecin islle*
maiid. né à Bretten, le 25 juillet 1556, mort à
HeidéHierg, le 4 juin 1596. Après avoir étudié
pendant quelques années au CoUegium sapt^n*
tix k Heidelbeiig, il fut obligé, en 1 576, de quitter
cet établissement parce qu'il professait le cal-
vinisme. Ses connaissances des langues anciennes
lui procurèrent alors un emploi decorrecteur dans
llmpriinerie de Wechel à Francfort. En 1579,
il se rendit è Paris, et y continua Tétude de la
philologie, en y joignant celle de la médecine. La
liberté de son langage en matière de religion lui
vaiol d'être deux fois incarcéré. Après avoir
ensuite visité l'Angleterre et les Pays-Bas, il
devint en 158? professeur de physique et de
botanique à Heidelberg. On a de lui : Hippo-
eratis Jtujurandum, Aphorismorum MecUo^
nés VUl, Prognoitieaj Prorrhetica, et coaea
prxêogia gr«ee et latine; Francfort, 1587, et
Leyde, 1628, in-12 ; de savantes notes accompa-
gnent le texte, que l'éditeur a corrigé d'une ma-
nière ingénieuse, mais parfois arbitraire; —
Sib^Uina oraeula^ notis Ulustraia; Paris,
1589» 1599 et 1607, in-8*; — Oracula me*
trita Jcvis, Apollinis, Becates^ Serapidit et
alionm Deorum et vatum; item Astram-
jutfchi OneirocrUieon, grâce et latine; Paris,
1599, in- 8^; ^ Oracula magica Zoroasiris,
cum Mcholiie Plethonis et Pselli; Paris, 1599,
0-8* ( sur ces trois recueils d'oracles, réédi*
tés ensemble» Amsterdam, 1689, in-4'', voyez
Freytag, Adparalu$^ t. III). Obsopsus, qui
«aussi écrit un traité De partibus corporis
hwnanif Heidelberg, 1595, in-4'*, a encore
donné les premières éditions des Commentarii
de açtueduetibus et eoloniis de Froutin (à la
sirile d'une édition de la Republica ronuma
d'Onuphrras Panvinus; Paris, 1588, in-8*), et
do Ubellus de differeniiis grteci latinique
verbi de Hacrobe, Paris, 1588, in-8*; des re-
marques de lui sur Sénèque se trouvent dans
J^édition de cet auteur publiée à Paris en 1 602. O.
Adan , fKc nedleomm, ele. - ZeHaer» Thêairum. —
Ouolepté, DMUmnairê, ~ Nlceion, Mémoire» ^
t. ^XXVIl. - Burekhard. Medieui graviisimut,
ocAMPO (ElùTian i>'), choniqueur espagnol,
né à Zamora, au commencement du seizième
si#*«le, mort en 1555. Après avoir fait ses études
ai rimiversité d'Atcala, où il eut pour maître An-
toîoe de Lebrina, il embrassa l'état ecclésiastique,
fut pourvu d'un canooicat et obtint le titre d'his-
«OUV. BIOCR. OtvfH, — T. IXXVItl.
— OCARITZ
4(8
toriographe de Charles-Quint. Pour remplir ses
fonctions, il entreprit l'histoire de ce prince, malt
il eut ridée ambitieuse de remonter jusqu'au dé-
luge. « Comme on pouvait le prévoir, dit Tick-
nor, il vécut juste assez pour terminer un petit
fragment d'une si vaste entreprise, à peine le
quart de la première de ses quatre grandes di-
visions; mais il alla assez loin pour montrer
que le temps de pareils écrits était passé. Non
que la crédulité loi fit défaut, il n'en avait que
trop; mais ce n'était pas la crédulité poétique
de ses prédécesseurs se fiant aux Tieilles tradi-
tions nationales, c'était une foi trop facile aux
fastidieuses impostures qui portent les noms de
Bérose et de Manéthon, œuvres discréditées de-
puis un demi- siècle déjà, et qu'il emploie cepen-
dant commodes autorités, sinon suffisantes du
moins probables, pour une suite interrompue de
rois espagnols depuis Tubal, petit-fils de Noé.
Une pareille crédulité n'aaucune sortede charme;
et en outre l'ouvrage d'Ocampo est dans sa forme
même sec et ennuyeux, et comme il est écrit dans
un style compassé et lourd. Il est presque impos-
sible à lire. On a peu à regretter qu'il n'ait con-
duit ses annales d'Espagne que jusqu'à l'époque
des Scipions. » La Chronique d'Ocarapo ( Coro-
nica gênerai de Espana) parut pour la pre-
mière fois à Zamora , 1544, in-fol. ; elle fut réim-
primée à Médina del Campo, 1553, in-fol. ; la
meilleure édition est celle de Madrid, 1791,
2 vol. in-4*, Z.
yu d^Oeampo es tète de l*édlttoa de iT9l. * Don Jo-
•ef de RegalMl y Ugarte, BiblMeea de tôt eicrUorn
çue ktm Mo individus de toi $eis eoteçiot maporet,
— Tlcknor, HUtorf of spanUk lUeratvre, t. I, p. 108.
OCARITZ {José, chevalier n'), diplomate es-
pagnol, né en 1750, dans la province de U
Rioxa, mort à Varna, en 1805. 11 fit ses éludes à
Madrid, entra fort jeune dans la carrière diplo-
matique, et fut successivement secrétaire d'am-
bassade à Turin, secrétaire de légation à Copen-
hague^ attaché au ministère des affaires étran-
gères à Madrid, consul général h Paris (décembre
1788 ), enfin chargé d'affaires dans cette capitale
après le iO août 1792, lorsque Chartes IV eut
rappelé son aml&assadeur, dom Thomas Iriarte.
Les hostiiTtés n'étaient pas commencées, mais
elles étaient imminentes. Chartes IV voulait à
tout prtx sauver son cousin : le chevalier d'Oca-
ri(z déploya le plus grand zèle pour arriver à se
résultat. Il écrivit au ministre des afTalres étran-
gères (28 décembre 1792) une lettre remplie
de sensibilité et de forts arguments. Il offrait,
si on laissait à Louis XVI la liberté de ce re-
tirer dans tel pays qu'il jugerait convenable,
non-seulement la neutralité de l'Espagne, mais
sa médiation pour faire cesser la guerre engagée
contre la Prusse et l'Autriche. Cette note exqja
un violent tumulte; elle fut renvoyée au comité
diplomatique^ Ocaritz ne se découragea pas : le
17 janvier 1793 il adressa un nouveau mémoire
dans lequel cette fois il ne demandait qu'un sur-
sis à l'exécution du roi. Les montagnards pré*
14
4)9
OCARITZ — OCCAM
420
teDdirent que c*était xm incident combiné pour
ftnre naître de nouveaux obstades. L'ordre do
joar répontnt dédaigneusement nux tentatives de
renv«]fé d'Espagne. Le 7 mars sutrant, la Con-
vention dédara la gueire à Charles lY , et Oca-
ntz Art quitter la France. Les Espagnols Sabord
victorieux forent bientôt rejetés au ddà des
Pyi^ées : ils sollicitèrent la paix. Ce fut Oca-
titt qui IM chargé en 1795 d'ouvrir des négocia-
tions dans ce but an quartier- général fonçais
à Tiguières. Plusieurs fois rompues, les coîfé-
rences aboutirent enfin aulraité de Bâle (^2 juillet
f795) et Ocaritz reprit à Paris son anden poste
de consul général. Il fut ensuite nommé nn-
nistre résident à Hanibouig, ministre plénipo-
tentiaire à Stockholm (1803) et en 1605 ambassa-
deur à Constanfinople; maïs tl monnrt en roirte.
Sa vBove, foiflie-Lucrèoe d*£stat, obtint de
Louis XVUl une pension de six mâle franco
pour récompenser le dévoq^ent que le dieva-
lier dX>earitz avait montré pour Louis XYI.
X. n'E— p— c.
âtograplhle moderne (farin, IBOS). — Woçrapkk:
étrmagin (farta, ISlS). — A. TMe», iHÉtoirede Uté-
voUdion /rmçaiêe, t, Jll. Ut. XI, p tlO, iiu — A. de
LamarCinr. Hist. des Girondins, t. V, llv. XXX IV, p. 80.
occAX 00 OCKAM {Guillaume n*), philo-
sophe anglais né au village d^Ockam , dans le
comté de Sorrey, mort, suivant Fàbricius et la
plupart des bibliographes, à Munich, le 7 avril
1347. On dit qu^il lit ses études au collège de Mer-
ton, à Oxford , et on ajoute qu'ayant fait preuve,
dans sa jeunesse, d'^ui rare mécite, il fnt|K>arvu
dès Uee de i'archkliacoBé deSUmilana le Lhi-
coln^liire, msùs qoll te refcsa. Plus tard, toute-
fois, il accepta divers autres "bénéfices. Cepen-
dant la vie facile d'un bénéfidaire ne pouvait
convenir longtemps à cet homme si bien doué,
dontresprit adif, impétueux, aspirait aux grandes
entreprises. Ayanft donc abdiqné ses prét>endes,
il déposa mëmeiniabit séculier, dt se fit admettre
dans un des ordres les plus austères. Tordre de
Saint-François. Il y eut, dit-on, Jean Dons Soot
pour maître en philosophie. Sî cela est exacte-
ment rapporté 4 ce fut un étfange disciple que
rencontra Jean Duns Scot dans son confrère
Guillaume , le plus vif, le plus ferme adversaire
de toute sa doctrine. Duns Scot est en effet un
réaliste à outrance. Jl n*y a pas de fiction qu*i]
n^accepte, pas d'abstraction qn^l ne range au
nombre des choses subsistantes, pas de distinc-
tion verbale qui ne soit prise par lui pour le
signe d'une réalité. Guillaume d'Ockàm est an
contraire le plus scrupiirteux observateur de la
nature vraie, le plus dédaigneux censeur de
toutes les chimères nées du funeste accouplement
de la logique et de la poésie. Comme le héros
des ballades écossaises, il s'est donné pour mis-
sion de pourfendre tous les fkntdmes qui s'offrent
à sa vue , et il en dissipe des légions entières.
On croit que Guillaume d'Ockara étudia, |)uis
professa quelque temps à Paris , et qu'il mérita^
même snr ce glorieux tlié&tre, d'fitre appelle le
Docteur invincible, Doetor invincibiUs ^ le
vénérable Initiateur, venerabilis Incceptw.
Quoi qu'il en soit, après avoir quelque temps
avec succès combattu la fausse philosophie,
Gofliaume d'Ockàm ne tarda pas à s'engager
dans une entreprise plus audacieuse peut-être,
assurément plus péiillense. Intervenant avec
l'ardeur et la générosité de son caradère dans
le conflit d'autorité qui divisait les rois et les
papes, il se prononça pour les rots, et maltraita
non-seulemeot les orateurs de la suprématie poa-
U&cale, Boais les ^apes eux-mêmes, anquels il
contesta le droit de prendre une «part quelconque
aux affaÎTegdes princes aéouliera. Jean XXII fnt
surtout l'abjet des invectives de4S«illaimie d'Oc*
kam. Une occasion fonraie,, Ters l^amée 1321,
par UB héiétiqQe pnétendu de Karbeone, vint
eneere envenimer ce débat €Mt honme ayant
piétends queJésas-Cbdst et ses^pdtres n'avaient
possédé rien en propre, rien en comiMun, «t que
toute passessiott ecdéâiastiqoeéteit on abus mo-
derne, (ai poursuivi par lei inquisiteurs, et dé-
fendu par «m oertnin fiéreoger Tahm, rdigieux
franciscaîa «de Perpignan. Cette apakigie de la
pauvreté apostolique ne paavait être approuvée
par ie pape. U se prononça donc contre Béreager.
BAais eelui-d fut appuyé par tout son orére. Il
le lut surftout par Midiel de Oésène, aupérienr
général, par Guillaume d'Ookam, par Bonoe-
Grftce de Bergame. Un manifeste de GuîHanme
fut transmis par le pape aux évèqnesde Ferrare
et de Bologne, chargés d'en faire i'eKamen. A
quelque temps de lA, Guillaame d'Ockàm et ses
complices étaient arrêtés comme fauteurs d'hé-
résie et retenascaptifs dans les mursd^Arif^non.
On instruisait leur procès. Les cardinaux ne les
auraient pas épargnés : attaquer tes posoessions
temporeites de l'Église c'était, en eflet, entre-
prendre fine révolution^ et la pire de lootes, an
jngement des canontslea. Mais tandis qu'on se
préparait à châtier cette audaoe , Michel de Ce-
aène et Guillaume d'Ockàm prirent la Mte, m
dirigèrent vers le part d'Aigues-Mortes, s> je-
tèranCdans ose barque qui tes attendait, et Carent
ensuite reçns il quelque distance ;de la oôte par
une galère du poi Louis et Baviève, partisan de
l'anli-pape Pierre de Corberie. Aèisi protégé par
na d^ princes les plus puinsm^fi de l'Europe
ehrétienne, Gnillanme fut conduit avec honneur
jusqu'à Munich , oii il put continuer en pleine
liberte son active propaj^uide centre les iMears
et les doctrines relftcbèes dea papes et des pa-
pistes. Il mourat dans cet aâte, après avoir été,
dorant près de trente années, te phis aignalé , le
plus redouté des agitateurs.
Nous voudrions connaître avec plus de détails
toutes les circonstances de sa vie. Hais quand il
fut dans l'exil^ la plupart de ses confrères en
religion l'abandonnèrent, ou, du moins, voulurent
paraître l'abandonner. Il leur Importait de se
réconcilier avec le pape. Aussi ne nous ont-ils
pas laissé de longs discours sur l'aventure de
421
occaw
4»
GuHiamne et de ses oemphces. Bile est même
très-sommairemeiit racontée i>ar l^storien <le
l'ordre, Lac Wadding.
Nous nens efforoerom du moiiis de dresser fd,
d'après divers catalognes, la nomenclatiire des
nombreux otivrages laissés par GaHIaame d*Oc-
kam. On rectifiera plus tard notre travail sur
qodques points. Comme nous nfatons pu Téri-
fier toutes les assertions des bibliographes, oa
sera certainement autorisé à nous reprocher
quelques inexactitudes. Cest pourquoi nous al-
lons an-derant de ces reproches. Les ouvrages
dtés sous le nom de GoUlaume d^ckam sont
les solTants :
Dialogus in trts partes dUtinetus, quantm
prima deHxreticîs, seeunda de erroribtu Joan-
nis XXII, tertia de Pûtestate papte, toneilUh
mm et imperatoris; Lyon, in-fol. La première
édition, suivant La Sema Santander, est de Paris,
1476, 2 vol. in -fol. La dernière est celle de Met-
chior Goldast, Monarchia saneti Imperil ilu-
manift. in,p. 392-957. Cet ouvrage, longtemps
fameux , si souvent dté parles adversaires des
prétentions romaines , nous fait bien connaître
quels étaient au quatorzième siècle -les senti-
ments des clercs réformateurs. Quds étalent les
clercs conservateurs de ce temps-là? On les ap-
pelait canonistes. Il ne faut jamais, suivant Gttf!-
laume d'Ockam, interroger les canonistes sur
les articles de la croyance chrétienne : ce sont
des présomptueux , des ignorants , et -des men-
teurs. C'est une de leurs sentences que le tiape
est infaillible; et contre cette 'sentence protestent
à la fois les témoignages derhistoire, U droite
raison , la conscience de l'É^se. Non-seulemeot
le "pape peut errer; mais teo^Hége des cardinaux
peut lui-même tomber dans 1a même erreur; et
l^ise romaine toutcntièrepeat se laisser irt>u-
ser de la même manière, véfllm Tomahie n'est
qu'un membre du Christ. Qtfélle s'égare, et eet
accident ne sera pas plus eictraordiiiafare, pae
|Aus grarre, que l'aeddent pareil «fiKgeant les
églises de Lyon, de Langres, de Ijuccpies ou de
Gênes. Xe privilège de finfaillibllilé i^appaiHenrt
qu'à rfiglise unSversdle, du «iv ooneil» général
qui la représente.
Ainsi, quoi qu'en pensent les canonistes/le pape
peut être hérétique. H peut l'être, et il l'est. Le
pape professe hautement, suivant notre docteur,
des opinions nouvelles , contraires à la (oi des
Pères , à la foi de l'Église. Qu'on le juge, qu'on
le condamue. Mais quel sera le juge du pape?
On soutient que ce doit être l'empereur. Guil-
laume d'Ockam n'y consent pas. Il n^y a pas
d'autre tribunal habile à statuer sur les affaires
de la religion que le concile secunénique. Que
le pape condamné pur le concile oppose à «es
arrêts une résistance ouverte, Tempereor sera
chargé de délivrer l'Église, c'est-à-dtre de chas-
r^er le rebelle; mais jusque-là point d'a|)pel aux
armes laïques. A TÉglise la décision : à Tempe-
rear, si cela est nécessaire, l'exéoutioB.
Tels sont les principes. Après les avoir ex-
posés, Guinaume d'Ockam aborde la question d^
fait. Jean XXtl a été coupable d'hérésie. Be-
noit Xn, moins infatué de visions théologiques»
ne se comporte pas avec beaucoup plus de sa-
gesse, lorsqu'il prétend maintenir une puissance
usurpée, lorsqu'il offense I^Église par le spectacle
d'une cour livrée à tous les genres de corrup-
tion, lorsqu'il forme contre les ordres religieux,
contre l'autorité civile de téméraires et coupdUes
entreprises. Toute r£urope est en proie à une
lamentable agitation. Qu'on en dierdie la cause,
on ne la trouvera pas d'ailleurs que dans l'am-
bitioD, dans la démence de quelques papes.
Toute la troisième parlle du JHalogue a pour
objet de Hétrir la conduite de Jean XXU.
Rien ne parait manquer à ce discours. Guil-
laume d'Ockam se montre à la fois résolu dans
la controverse sur la question de droit, vif et
même violent sur la question de fdt, puisqu'il
termine par un appel à rmaurrectlon de toute
l'Église contre son chef. Cependant la troisième
partie de son Dialogue n'est pas complète.
Melchior Goldast nous en prévioit. Il la donne
telle qu'il l'a rencontrée dans une édition anté-
rieure. Mais cette édition était tronquée : gditor
hoc opus maligne truncavit. La fin de la troi-
sième partie du Dialogue a été publiée à pari, sous
un autre titré. C'est VOpus nanaginta dierum,
Opus nonaginta dierum contra errores
Joannis XXU, de utili dominio rerum ee-
clesiasticarum et abdieatîone bonorum tem^
poratium in perfectione status monachorum
et clericorum; dans le recueil de Goldast,
t. m, p. 993. Éditions antérieures, sous un titre
plus bref : Lyon, Treschel, 1495 et 149«, in-fd.
Ce discours supplémentaire a été composé par
fauteur dans l'espace de quatre-Yîngt-dix jours.
C'est ce qu'exprime le titre principal. On ap-
pelle aujounfhni ces écrits improvisés des li-
belles , des pampblets. VOpus nonaginta die-
rum est donc un pamphlet révolutionnaire qu'on
ne peut lire an)ourd'hai même sans intérêt »
tant est puissante la verve de l'auteur, tant U
paratt ^faicère dans sa passion contre la papauté
corrompue, dans son zèle pour la réforme de
ÎÉglise, dans sa terreur des périls qui menaceitt
la foi. Malgré cette addition de VOpus nonaginta
dierum, le Dialogue 4e Guillaume d'Ockam
n'a peut-être pas encore étô intégralement publié,
les exemplaires manuscrits paraissent en effet
plus consiléraMes que les exemplaires impri-
més. Qui voudra faire entre les nns et les aubres
une utile collation ne négligera pas d'interroger
les roannscrits de la Bibliothèque Impériale,
n^ 8057 fonds du Roi, etO fonds de la Sorbonne,
195. et 846 de Saint-Victor. Ajoutons qu'un
abrégé du Dialogue se trouve dans quelques
manuscrits, notamment dans le numéro m
de itoittfr- Victor, sous le nom de Pierre d'Ailly*
Il commence par : Dialogus Doetorie Vene-
[ rabiUs, L^EgKse de Rome avait interdit la
H.
42t
OCGAM
434
iectore da Dialogue et de divers autres écrits
de Galllaome. Ils sont encore inentioonés dans
\lndex da concile de Trente. Mais rÉc;iise de
France, forteng9gée, dès le quatoraième siècle,
dans la défense des maximes opposées aox
maximes oltramontaines, lisait ces écrits malgré
le pape ; et les théologiens les plus considérables
de cette Église, Pierre d'AiUy, Jean Charlier de
Gerson, abrégeaient on commentaient encore,
an quinzième siècle, les plus acerbes manifestes
du Docteur vénérable.
Compendiumerrorum Joannispapx XXII;
Paris, 1470, à la suite du Dialogue; Lyon,
.Treschel, 1495 et 1496, in-fol. ; et dans Melchior
Goldast, Monarchiaf t. ni, p. 957. Cet abrégé
des erreurs de Jean XXII est un ouvrage plus
dogmatique, mais non moins Âpre, que le Dia-
logue. Wadding indique sur le même sujet un
autre traité, quil intitule : Errorum quos af-
finxit Joanni papœ liber unus, et dont il re-
produit ainsi les premiers mots : locuH $unt
adversum me. Mais par ces mots commence
le prologue du Compendium dans l'édition de
Goldast. Nous croyons que Wadding a distingué
ce qui doit être confondu.
Disputatio infer clet^ieum et tnilitem super
poUiiaie prdslalii Ecclesiœ aique principùnu
terrarum commissa, sub forma dialogi, Ac-
ceait ad calcem Compendium de Vita Ante-
ekristi; Paris, Gui Mercator, 1598, in-4''. Le
même ouvrage dans le recueil de Goldast , 1 1,
p. 13. U contient la même doctrine que les pré-
cédents. On peut le résumer ainsi : Guillaume ne
reconnaît aux papes aucune autorité sur les
choses temporelles. 11 soutient que Jésus-Christ
lui-même, in quantum homoy in quantum
viator mortalis, n'a jamais été institué juge et
censeur des rois. Il ose. donc conclure qu'il faut
chasser de PÉgliscf comme hérétiques tous les
fauteurs de l'omnipotence pontificale.
Decisionei octo quxstionum de potestate
tummi Pontificis; Lyon, Treschel, 1496, in-fol«
Cet ouvrage a été réimprimé par Melchior Gol-
dast, Monarchia, té 111, p. 314. Pour qu'on ne
le confonde pas avec d'autres que le même doc-
teur • publiés sur le même sujet, en voici l'tii-
cipit : Sanetum eanibu$ nullatenus esse dan-
dum.
De Jurisdictione imperatoris in causis mar
trimonialUfus traciatus; dans le recueil de
Goldast, 1. 1, p. 21. Luc Wadding ne paraît pas
avoir connu cet ouvrage. N'est-il pas fausse-
ment attribué à Guillaume d*Ockam ?
\Epistola defensoria; opuscule publié par
Ed. Brown dans son Appendix ad Faseieu^
lum rerum expetendarum et fugiendarum^
p. 436.
Wadding mentionne encore , sous des titres
peut-être inexacts , plusieurs autres opuscules
de Guillaume d'Ockam qui semblent appartenir
à la même controverse. Mais ces opuscules sont
lestés inédits ; nous n*en trouvons «ncon exem-
plaire mannscrit porté sur les catalogaes divers
de la Bibliothèque impériale, et d'ailleurs il est
permis de supposer que Luc Wadding, biblio-
graphe ordinairement peu scrupuleux, • pu dé-
signer comme des ouvrages inédits, des extraits,
des chapitres d'ouvrages imprimés. Nous ter-
minerons donc ici notre liste des écrits de Guil-
laume d^Ockam qui concernent les affaires de
l'Église.
Voici maintenant ses CBuvres théologiqttes.
GuUlelmi de Ockam, Anglici, ordinU Mi-
norum, super IV libros SeHteniiarum sub-
tilissimx queutiones earumque deeisiones;
Lyon, Treschel, 1495, in-fol. Ces questions, ou
pliitôt ces décisions sur les Sentences de Pierre
Lombard, nous offrent presque toute la doctrine
théolologique de Guillaume d'Ockam. Elles oot
été longtemps renommées. Au quinzième siècle
un ockamiste sagace et résolu , Gabriel Biel • en
a fait un l)on résumé. Hain daigne encore deux
autres éditions des Sentences commentées par
Guillaume d'Ockam; Lyon, 1496 et 1497. Une
éditton de 1483, mentionnée par le même bir
bliographe, ne contient, il parait, que le premier
livre.
Quodlibeta Sep^em; Paris, P. Rubens. 1467,
in-4*; Strasbourg, 1491, in-fol. La première de
ces éditions nous est donnée comme corrigée,
emendata, par un certain Corneille Oodendick.
Puisque Wadding distingue les Quodlibeta pu-
bliés d'un recueil plus considérable, qu'il intitule
Quodlibeta magna ^ et dont il désigne un
exemplaire manuscrit an Vatican, il serait utile
de conférer les deax textes. Un antre mannscrit
devrait être d'ailleurs comparé à celui du Vati-
can : c'est le numéro 1604 de la Sorbomie, à U
Bibliothèque Impériale.
De Sacramento altaris; Venise, 1516, sui-
vant Luc Wadding. Mais il existe plusieurs
éditHms antérieures de ce traité, n avait été
publié à Strasbourg, en 1491, avec les Quodli-
beta septem de Guillaume, et le catalogue de
la Bibliothèque impériale nous en offre deux
éditions de Paris, anciennes, mais sans date. Luc
Wadding le distingue d'an autre livre ayant le
même o^et, qu'il intitule De Corpore Christi^
Cette distinction est une erreur. Dansi'édiUon de
1491, telle qu'elle est décrite par Hain, le méroe
ou.vrage est appelé dans Vincipit : De Sacra-
mento altaris , et De Corpore Christi dao6
Vexplicit.
Guillelmi de Ockam Centilogium theolo-
gicum, omnem ferme theologiam spéculatif
vam subcetitum eonclusionibus compUctens ;
Lyon, Treschel, 1495, in-fol. Hain en Indique
une édition de U9i, chez le même libraire. On
appelle aussi le même ouvrage Centiloquium.
N'est-ce pas encore le même que Luc Wadding
nous signale parmi les manuscrits du Vatican,
sons ce titre corrompu : Compendium Théo-
logie.
De prsBdestinatione et futuris continçeM-
435
OGCAM
436
Uàus, WaddJDg 11*611 dte «oeiine éditioD. Il a
été cependant imprimé avec VExposUio super
artem veterem, à Bologne, en 1496. Le senl
fonds de Saint-Victor nous en offre d'ailleurs
trois exemplaires sous les numéros 100, llf,
717. Enfin Û en existe un abrégé anonyme dans
le numéro 442 du même fonds, avec cet inci-
pu : Cirea çiuam materiam. Ce traité n'offre
pas tout l'intérêt qu'on pourrait loi supposer lors-
qu'on en lit le titre. GnlUaume d'Ockam réduit
à des termes très<simples l'accord de la pre^dence
et de b prédestination, et se montre ici bon lo-
gideo. Hais c'est tin opuscule sur une question
qui a serri de matière à tant de gros volumes
qu'on en pourrait former une vaste bibliothèque.
Les ouvrages philosophiques de Guillaume
d'Ockam sont nombreux, importants. Nous vou-
drions en dresser un catalogue exact; mais, s'il
faut se fier à Luc Wadding, beaucoup de ces
traités sont perdus , ou enfouis sous la poussière
des MMiotiièques étrangères. Nous .signalerons
do moins ceux qui nous sont connus :
Sxpotitio aurea et admodum tUilU super
totam artem vêterem ; Bologne, 1496, in-fol.
L'ouvrage commence par : Quoniam omne
operans. Il contient une série de commentaires
sur Ylsagoge de Porphyre, les Catégories et
T interprétation d'Aristote, avec un traité spé-
cial qui a pour titre Tractatus communitatum
Porphfrii, et, comme nous Tavons dit, Topus-
cole tliéologiqne de Guillaume sur la prédestina-
tion. Toute la logique de notre docteur est dans
et recueil. Quelles sont les réalités subsistantes ?
Quelles sont les chimères de la raison humaine?
Quelles sont les vraies et les fausses idées?
Quelle est la sincère doctrine d'Aristote, de Por-
phyre , et par quels mélanges Ta-t-on corrom-
pue? Guillaume d'Ockam discote avec abon-
dance tous ces problèmes. Hésiterons-nous à dire
que personne ne les a, durant le moyen ftge,
mieux résoins? Nous sommes trop de notre parti
pour douter de rendre cet hommage à la logique
et au bon sons de Guiltaume. Dès qu'on lui pose
la formidable question des universaux in re,
cette question qui partage tous nos docteurs du
moyen âge en spinosistes inconséquente et en
sages critiques de la raison pure, il s'exprime
en des termes clairs, énergiques, qui ne laissent
aocune prise aux interprétations équivoques.
Tontes les choses, il Paffirroe, subsistent dans
la nature individuellement, mais unies par la
communauté de leur origine, régies par la même
loi» et d'ailleurs, aux plus haute degrés de l'é-
cfaelte des êtres, pourvues dlnstincte, de besoins
qm les associent et quelquefois même semblent
les confondre. Kt cependant il n'y a pas d'es*
sences universelles. D'où viennent tant d'erreurs
accréditées sur U réalité des choses qui nous
sont offertes par le spectacle du monde, sor la
manière d'être de l'intelligence humaUie, sur la
mystérieuse essence de Dieu? Toutes elles vien-
ne&tdn même sophisme. Noos raisonnons comme
I
s'il était prouvé que la nature des choses est
alMoIument conforme à toutes les conceptions
de notre esprit. Le plus ingénieux artisan de fri-
voles hypothèses, le logicien le pins tranchant,
le rêveur le plus enthousiaste , voilà nos inter-
prètes de U vérite. Plus sages, plus éclairés ,
nous serons aussi plus modestes ; nous recon-
naîtrons la limite de notre expérience et de notre
savoir; nous nous contenterons d'affirmer ce
qu'il nous est permis de connaître. Cette censure
de l'audace humaine est l'ol^et même de la lo-
gique. Ce n'est pas, il est vrai , ce qu'on pense
dans l'école. L'éoote a fait de la logique l'instru-
ment d'un supematoralisme téméraire. Mais elle
s'est en cela fort éloignée de l'intention d'Aris-
tote. On s'est égaré : qu'on revienne sur ses pas,
qu'on se remette dans la voie large et sûre dn
péripatétisme. C'est la méthode des modernes
qui a été la cause principale de toutes leurs er-
reurs : qu'on retourne à la méthode ancienne,
art vêtus; on rentrera par elle en possession de
U vérité.
Voilà ce que démontre Guillaume d'Ookam
dans ses commentaires sur Porphyre, sur Aris*
tote. Ou retrouve la même démonstration, avec
des développemente nouveaux, dans les ouvrages
suivante : Summa Logices ad Adaimum; ce
traité, qui commence par : Quam magnos oe-
ritatis seetatorihus ^ a éte souvent imprimé.
Nous Indiquerons les éditions de Paris, 1488 ; de
Bologne, 1498 ; de Venise, 1508 et 1591 ;d'Oxfoid,
1675. Presque toutes les éditions de ce traité
sont à la Bibliotbèque impériale, il tant le dis-
tinguer de la grande logique de Guillanroe :
J!fa;or SUMtna Logiees. Waddfaig n'en désigne
qu'une édition; Venise, 1521. Nous en- trouvons
trois exemplaires manuscrite dans l'ancien fonds
do roi, nnm. 6430, 6431, 6432. Ce dernier exem-
plaire est imparfait. Vineipit de cette Grande
Somme est, dans les manuscrite : Dudum me,
firater etamice carissime, tuis liiteris stude-
bas, Luc Wadding mentionne encore : D^ensO'
rium Logïees. Cet ouvrage, qui parait inédit, est
dans le fonds de Sorbonne, num. 958, où il est
intitulé : De successivis. 11 ne faut pas se laisser
tromper par la différence des titres : VincipU
rapporté par Wadding est en effet celui du ma-
nuscrit de Sorbonne : Deus potest faeere omne
quod fieri non incluait contradietionem.
Laissant enfin de côté un grand nombre d'oo-
vrages désignés par Wadding comme inédite,
et sur lesquels nous n'avons pas recoeilli d'autres
renseignements, nous terminerons cette liste
par les gloses d'Ockam sur ta physique d'Aria-
tote : Summulx in AristotelU Physieam;
Bologne, 1494; Venise, 1506; Rome, 1637; —
Quœstiones tn octo libros Phyiieorum; Stras-
bourg, 1491, 1506. Luc Wadding nous recom-
mande expressément de ne pas confondre ces
deux traités. B. HAuaéan.
Luc Wadding, Script. OrditOt Mnorum: SfUùmê
annatimn i)rd. Âiinonm, t I, paMla. — Cas. 0«-
4tff
dio. De Script, tecUs. — Guill. Cave, Script, eectei,
ItM, Utterària. — Fabrlclm, Bibliolh. média et in/.
IMm. — B. Haoréau , De la PhtfosopMe seolattiçue ,
t. If, p. M8. - /Meltanik Ocs iciencês pMot., au aot
Oekam.
OGCHUU ( GabrieU^ dbcu). Foy. Ferkan*
Tim.
OGCO (Adolphe I^r)^ tùéd&âa allemand , né
en 1447, k Osterhausen, mort en 1503. li fbt
ftocceaaivemént médecin de Tévéque d'An^
bourg et de rarehiduc Sigismond d'Autridie.
Habile latiDiate, il ccotribua aa renouvellement
dea études claasiquea en Allemagoe. QœlifMea
lettres de loi se trourent dans les reeaeils de
celles advessées à Reucblin.
OGCO l Adolphe II), médecin allemand, (ils
adofvUI d» précédent, né à Brixen, en I494y
mnrt en 1572. A étudia la médecine en Italie, et
devint médecin de la ville d^Augsbourg. Il eam*
mnniqHtt libéralement à plusieurs savants le»
précieux mannacrits que lui aivait laissés son
pèreadoptiC
occo (Adolphe ///), savant médecin et nu-
mismate allemand, Als du précédent, né à Augs-
bonrg, le 17 octobre 1524, mort le 28 septembre
1004. Reçu CB 1640 maître es arts et docteur
en médecine b Ferrara, il fut nommé e» 1604
physicien de la viUe d'Aogsboorg et plus taré
doyen du collège médical. Il perdit ceseroploia
en 1684, parce qu'H s'était opposé avec vio-
lence à rintvodoctioB dm calendrier gf^rien.
Il possédait des connaissances étendues et 'va-
riées , etil étaiten relation avec beaueonp d'bom-
mes remarquables de son temps , têts «pie Conrad
Gesner, Friscblin, OrteKus, Beosner, etc: On
a de bi : Pharmacopcea Au§tutanAs Augs*
bourg, 1564, bi-fol. : cet ouvrage, qui fut réim-
primé donie fois, la dernière en 1735, était
généralement adopté par tontes les pharmacies de
rAllemagoe, jusqu'à ce quPen 1062 i. Zvrelfifer
y aiisignalé ptusienrs lacoaes ( uoy. Haller, Bi-
bliotheca medicinm practicm, t III );- — Im-
peratorum RomoMfirum numàsmata a Potti^
peio Magne ad HeracUum; Anvers, 1679,
in-4*i Augsbourg, 1001, in-4°; MUan, 1683 et
1730, in-foL ; oe livre, bien plus exact que cebii
de Goitzius, a jusqu'à Eckhel servi de base à
tons les travaux sur cette matière; — Inscrip-
iioMêVêterês in HUpmia repertm; B&1«,
1592 ei 1600, In-foL; -^ ObservtUiones me-
diex; — Carmen in obUum Cmir. Gesneri;
— BpUtoia qrmea ad C Geenerum de a«y>
mc<U helUboraio, dana les EpûtoUe medicx
GsMeH^ — Kpésîola de rheubarbara^ dans
roavrago do Laurent Scbols; -^ Cammentatio
dA pondère at valore numUmaUm ad Ulu»-
tranda nonnulla hea Seripiurx eacrx, dans
les Untamina sacra de Steockard. Occo, qui
a aussi pnbKé quelques traductions du grec,^
entse antre» ceUe du Traiié dee vertue ei
des vioaa d^AMstote, a laissé en manuscrit «a
travail étendu sur les monnaies consulaires. G.
mm JéMpkênÊm09eommm. - TrtUi,.
OCCAM — OCELLUS LUCANUS
4»
j BibiMhâca ^ugutUma, - Bnsli et Crt^r, Bntmki»-
I pKdit. — Renauldta, Le* Médecins numUmattttêt,
OCELLUS LrCANUS ('OxcXXo; (1) Aeuxawïç)
philosophe grec d'une époque incertaine. Son
surnom nous apprend qu'il était Locanien, et le
traité qui porte son nom , qull appartenait à
recelé pythagoricienne. C'est tout ce que l'on sait
de lui. Philoii, qui vivait dans le premier siècle
de l'ère chrétienne, est le premier écrivain q^i
le mentionne ; car on ne saurait regarda comme
authentique Ja lettre d.*Archytas à Platon et la
réponse de Platon à Archytas , citées par Dio-
gène Laerce. Archytas écrit que sur la demande
de Platon il s'est rendu chez les. Lucaniens,
qu'il y a rencontré les descendants d'Oceilns
et qu'il a obtenu d'eux les traités Sut la Ui
( ncpî v6jAou ), Sur la Souveraineté ( Ilsfî ^
(riXyjCflu;), Sur la Sainteté (Ilepi ôtfiofijroc).
Sur la Nature de Vunivers (Ikpltf; toS nocnili
yevéaeoc), qu'il les envoie à Platon; qu'il n'a
pas pu trouver les autres traités et qu'il les en-
verra aussitôt qu'il les aura découverts. Platon
remercie Archytas de son envoi et déclare qu'il
a lu avec avec admiration les traités d'Ocellus;
il trouve que l'aoteor est tout à fait dione àè
ses ancêtres, c^està-dire de ces Troyens qui s'ex-
patrièrent avec Laomédon. II n'y a rien à con-
clure de ces documents apocryphes, sinon que da
temps de Diogène Laerce , ou de l'auteur des
deux fausses épttres, il existait sous le nom
d'Ocellus Lncanus, philosophe pythagoricien,
quatre traités , et qu'on le supposait auteur de
plusieurs autres traités perdus. De ces divers
ouvrages il ne reste que le traité, fort court. Sur
la Nature de Vunivers, Cet opuscule se di-
vise en quatre chapitres. Le premier traite de
Tunivers ou ensemble des choses (tô nèri on 6
x^a|jLoç ), le second de la composition de Tum'-
vers, le troisième de l'origine de l'homme» le
quatrième des devoirs des hommes principale-
ment dans le mariage. Ocellus soutient que l'u-
nivers n'a pas eu de commencement et n'aura
pas de fin, qu'il est formé d'une partie étemelle
et immuable , c'est le ciel ou l'ensemble des
corps célestes, et d'une partie variable dans ses
formes', mais immuable dans ses éléments; il
soutient aussi , conformément à cette théorie da
Cosmos, que les hommes ont toujours existé,
que mortels comnoe individus , ils sont étem<^U
comme espèce. De cette immortalité de L'espèce
combinée avec la mortalité des individus résulte
pour ces individus la nécessité de se' reproduire.
L'objet des rapports des sexes n'est donc pas le
plaisir, mais la procréation des entants et la per-
pétuité de la race humaine. Amsl dans le ana-
(1) Ce nom se trouve écrll de wptoa hott nranTéres dlf-
rérentet : 'OmXoç dant Stobée , 'QxeUoc daiM rMlo*«
OfxtXXoc dam qttetque* nranoseriis de Lorlen, OS-
xtXXoc daM drhfieteanM édnfoDs de Diogétie Uem;
"ffxcXo; daiur Settni empfrtctis, *EkxsXô< dans Sy-
rlaaaa , etc. ta forme gènénrefflenr adoptée, *Oxe>loCy
POTaft de b««i!fo«p fa mcminirr.
429
OCELLUS LUC ANUS — OCHEDA
4ao
jiagie il faut observer la déceoce el la modération,
ne pas avoir ég^rd uniqueineiit à la fortuna et
à la naiasaocey mais recherchar les totkvemuàdkg
d'âge , de goûU» d'esprit , entre le& deux époux ,
afin que leur uaion produise des entants bien
portants et une famille benreuse; car les fa-
milles eunposent l'État et du bon ordre des
uns résulte le bon ordre de l'antre. Tel eut le
petit traité d'Ocellus, très-fiûble au point de vue
scientifique, mais ingénieusement conçu et écrit
avec clarté. Cette courte analyse suffit pour
montrer qu'il n'appartient pas à l'ancienne école
pjtiiagoricieime (1), dont les idées étaient pins
ori^oaies et bien moins nettes; on y reconnaK
plu4)6t un roélan^ éclectique de la physique aris-
totélique, de la métaphysique des Éléat^ , et de
la morale des écoles de Pythagore. A cette
preuve intrinsèque de non-authenticité qui est
trè»-forie, se joint une autre preuve non moins
convaincante, c'est que ni dans Platon, ni dans
Aristote , ni dans aucnn philosophe antérieur à
Phiion,}! n'est question d'Ocellus et de son traité.
Cependant cet opuscule» quoiqu'il ne remonte
pa» aux premiers temps de la philosophie grec-
que, a une certaine importance. M. Mollach,
par une eonieebnn tràn-probable, suppose qu'il
fut écrib dans Ift premier siècle avant J.-€., à
une épo<fie marquée par une sorte de renais-
sance 4t& doctrines pythagarieiennes. La philo-
sophie grecque, après avoir traversé la période
féœnde de Técole socratique, avait abouti aux
doctrine» des académiciens, des stoïciens, des
épicuriens. On comprend que certains esprits,
trouvant ces doctrines insuffisantes, aient voulu
revenir au pythagorisme phn élevé dans ses
dogmes, et plus pur dans sa morale pratique.
Jal>a, roi de Mauritanie, favorisa la renaissance
pytliagoridenne en recueillant h grands frais,
dans la Grèce et l'Italie, les livres de Pytha-
fore et de ses disciples. Le lèle du royai hi*
bUophile donna lieu è bien des fraudes philoso-
phiques parmi lesquelles en peut ranger las oo-
vrages d'Ocellos et particulièrement le traité de
la AVi/iire de Vunivers. Au jugement de H» Mut-
lach , le (aossaire a élé aj^sas habile et a évité
les anachronismes de langage par trop cho-
quants; mais il n*en a pat moins emprunté sou-
vent des expressions textuelles aux philosophts
de l'école d*Èlée et d'Ariatots: Do reste nous ne
possédons pas le traité' tel qu'il fut rédigé d'a-
bord. Un fragment du livre Sur la Ici , cité par
Stobée et diverses inductions, font penser que
les opuHcules attribués à Ocellus Lucanns étaieiU
écrits dan» le dialecte dorien, tandis que le
texte actuel du traité Sur la nature de Tvni-
vers est écrit dans le dialecte attiqne, qui avait
(11 r.'feiilhentidté do traité d'Occnni Lucaous a été alla-
qii#r fomr la première fol» par Meftipra, Gesckiehte âer
f^im^tM CriÊck, «Ml liwm . t. I ; BantlH diM aea Epi>-
chm der votagHeh$ien.^kUQS9pMi9kên Bê§riJ!fê, lalle,
1T94, et dans lea Beitrxgt tur CesehieMe der Phito^
Mopàiê de l-IWpaoni ,p«rt. X« p. i-77, et RndoIpM dma
édlttoo caaayéreM vatasDent de la défoBdre.
fini par devenir le grec lifléraire généralement
usité. A quelle époque se fil cette transforma-
tion du dorien en atttqoe? M. Mullach pense que
ce fut dans la période byzantine, peut^tre au
nenvième siècle.
Le tiaité d'OeeUos Lucanns fet puUié peur
la prennèie fois par Conrad Néobar, Paris,
1539, in-^**, et traduit en latin par Fr. Chrétien,
médecin de François 1*', Lyon, 1541, in^S**.
L'édition et la traduction latine de Nogaroln,
Venise, 1569, in-B**, reproduites par Jérdnm
Comelitt en 1596, valent mieux. Em. Vînanius,
professeur è Padoue, réimprinaa ce traité ( Bo-
logne, 1046; Amsterdam, 1661, hi-4°>, avec
ime nouvelle version latine et wm oommentaire
utile quoique diffus. Gale, qui l'inséra dons ses
Opuscula myihologica f ethàca et phyeiea;
d'Ai|(ens, qui le pnMia avec une traductio» fran-
çaise et des Dieserlatwns sur la princi-
pales qttesitont de la mMtLphfsiqfia^ de la
physique et de la morale des anciens , Berlin,
1762, in-8<*, ne firent rien pour épurer le texte:
Bntteux tira au contraire on bon parti d'un des
manuscrits d'Ocellus qui se trouvent à la Bi-
bliothèque impériale , et son édition publiée avet
une traduction française d^abord dans le J?e-
cueil de V Académie des inscriptions f t. X]DX,
p. 249-294, était la meilleure avant celle de
A.-F.-W. Rudolphi, Leipxig, 1801, in-8*, la-
quelle a été surpassée k son tour par les deux
éditions de M. Mullach, la première dans l'oa-
vrage qui porte ce titre : Arislo4elis de Me^
lisso, 2Cenûpbane et Gorgia disputationes ,
eum Kleatieerum pkilosophorum/ragmentiSf
et OcelU iéUeanlf qui fertur, de universa
natwraWbelloi Berlin, 184C; la seconde dans
les Fragmenta pMlosophontm grxœrum
{Bi^ioikèque grecque de A.-P. Didot); Paria,
1860. Ocellus Lucanns n été traduit en angbiis
par Thoroa» Taylor; 1841, in-8«. L. J.
Dtoctee l.aeroe, VUI, SI. -> Le» aalRa téaioignagn
ancien» oat été raveiablés par M. Mollach dana la
préface de »aaeconde édlttoo ; Fraçm. philosoph. çnec^
p. S8S,eta.
•cuiBiiA ( Tommaso ]f,litléffalenr ilaKen:,. na
en 1757, à Tortooe,. mort le lA février 1831, A.
FlorenG«. Il appartenait à une fhmiHe noble osa-
ginaire d'EspagK. Il éindia le droa è II0I091B
et à Pavie, et pendant qv'il prenait ses gradnn
il composa plusieurs écnia Ifttécaifes, fun pat
modestie il s'abstint de mettre an jour, el parmi
lesquels on die 7A«orfo5éa , peêine en qwfco
chants, un tnâté sur la Philosepkke des am-
aens et un Essai sur la phUosopMe de Cé-
eéronu Ces travaux , qaoiqne inédit», lui pro»
curèrent quelque léputition, et servirent à le fahv
connaître de Ctevennn, le fouMux bibliophils
d'Amsterdam , qui le nonunn senaemutenr de si
bibliothèque (1785). ^ gpoasas pertes d'argent
ayant forcé son prainrteur h mettre sa piédrase
collection en vente,. Ocheda fui chargé d'en
dresser le catalogue^ qui parut en 5 vol. fai-8*;
, puis ilaocepin les fonctions de seerétaire à l'am»
481
OCHEDA -- OGHIMO
483
bassade do Piémont ( 1789). L'année suivante
il entra comme bibliothécaire chez lord Spencer,
et ne revint en Italie qu'en 1818, comblé de«
libéralités de ce généreux seigneur; il se fixa à
Florence, et y mena jusqu'à sa mort une exis-
tence retirée et studieuse. « Ocheda , dit M. Va-
léry, était un petit vieillard p&li par l'étude, mais
vert et vif encore, fort.méthodique dans ses ha*
bitudes; il travaillait régulièrement douze à
quatorze heures par Jour, commençait l'année
par la lecture d'Homère et finissait chaque
journée par celle d'un on de deux chapitres de
la Bible, en grec ou en hébreu. Aucune branche
du savoir humain ne lui était étrangère; mais il
s'était particnlièrement occupé de philosophie,
de philologie sacrée et d'histoire littéraire. »
11 avait rédigé un catalogue complet de la biblio-
thèque de lord Spencer, travail qui a certaine-
ment servi aux recherches de Dibdin sur le
même olijet, et dont il aurait dû faire mention.
Panni ses manuscrits , on remarque une no-
tice sur Crevenna et beaucoup de lettres écrites
en français, en italien et en latin. P.
jtfUhalogU de PtortM» ittl. — Tlpaldo, Biogr.
iegli italUmi tUustri, VKl. - Valéry, CnrUuUéi et
Jneedolet UaUennei,
OGHiffO ( Bemadino ) , un des premiers et
des plus célèbres protestants italiens, né à Sienne,
en 1487, mort de la peste, en 1&84, à Schiakow,
en Moravie. Un esprit vif et enthousiaste et un
ardent désir d'instruction le portèrent à prendre
l'habit demofaie; il entra dans l'ordre des Fran-
dscains de l'étroite observance; N*ayant pas
trouvé dans le doltre la vie studieuse qu'il était
allé y cliercher, il entra dans le monde, et se
livra à l'étude de la médecine. Peu satisfait de
ee genre d'études , il se repentit bientôt d'avoir
abandonné la vie monastique; il rentra dans
Fordre qu'il avait quitté, s'y distingua par son
zèle et sa piété, et en fat nommé définiteur gé-
néral. Une nouvelle subdivision s'étant formée
dans cet ordre en 1524, sous le nom de Capu-
dns , il se fit recevoir dans cette société, où
l'on prétendait à plus d'austérité. Ses sentiments
de dévotion et son talent dans la prédication le
firent nommer général de ce nouvel ordre en
1538, dans un chapitre général tenu à Florence.
Xn 1541 il fut réélu général des Capucins, dans
nn chapitre général tenu à Naples. Il parcourut
plusieurs fois, en cette qualité, toute lltalie,
Fréchant avec le plus grand succès et laissant
partout après lui la réputation d'un homme ex-
traordinaire, presque d'un saint. « Lorsqu'il
devait passer par quelque ville, dit Gratiani,
dans son histoire du cardinal Comendon (liv. II,
ch. IX }, une foule compacte allait au-devant de
lui , pour écouter ses instructions. »
Dans une de ces courses, Ochino rencontra à
Naples un savant jnrisconsulle espagnol, Jean
Vatdès, qui après avoir parcouru l'Allemagne, à la
suite de Charles-Quint, avait embrassé les prin-
cipes de la réforme. A la suite de fréquentes
' conférences avec lui , Ochino se rapprocha de
ces principes. Sa prédication se ressentit à^ o.
changement, sans qu'il osAt cependant faire pro-
fession ouverte de ses nouvelles opinions en
fait de religion. En 1542 il s'expliqua assez net-
tement dans ses sermons , pendant qu'il prêchait
le carême à Venise , pour exciter la défiance du
nonce du pape. Ochino tint peu de compte des
observations que celui-ci lui présenta; il poussa
même l'audace jusqu'à lui reproclier d'une ma-
nière assez claire , du haut de la chaire , d'a-
voir fait emprisonner Jules de Milan, son ami
et celui de Jean Vaidès, partisan avoué du pro-
testantisme. Le nonce pontificat lui interdit aus-
sitôt de reparaître en chaire ; mais telle était la
réputation du capucin et l'estime générale qu'il
s'était acquise, que la république de Venise in-
tervint et obtint do nonce la révocation de cette
interdiction. Ochino reprit le cours de ses prédi-
cations. A la fin du carême, il se rendit à Vérone,
convoqua ceux de son ordre qui se vouaient à la
prédication, et leur fit une espèce de cours sur
les épttres de saint Paul, d'après ses nouvelles
vues. Mais il était surveillé ; le pape le cita à
Rome, et il se rendait à cet appel quand , en
passant à Florence, il vit Pierre-Martyr VemaigK,
qui lui fit comprrâdre le danger quil y avait
pour loi à se livrer à la discrétion du pontife
romain. Le général des Capucins se dédda alors
à s'enfuir; le 22 août 1542, il partit secrète-
ment pour Genève. Deux jours après, Pierre-
Martyr Vermigli quitta de son côté Florence pour
se retirer à Zurich^
Ochino n'était pas un émdlt; il n'avait que
son talent de prédicateur. Genève, qui était de-
venue le refuge d'un grand nombre d'Italiens,
pouvait seule lui offrir le moyen de servir la
cause de la réformation. Pendant trois ans il
fut le prédicateur de cette communauté italienne.
Au commencement de 1545, il quitta Genève et
se dirigea vers Bâle, où il espérait trouver une
position moins précaire. Calvin lui avait donné
une lettre de recommandation pour Mioonius.
Cependant Ocliino ne resta à Bàle que jusqu'à
la fin de cette année; il se rendit alors à Aogs-
bourg, où il fut nommé prédicateur italien à
Téglise Sainte-Anne. En 1547, cette ville ayant
été obligée de se rendre à l'empereur, celui-d
exigea qu'on lui UvrÂt l'ancien général des Capu-
cins et un autre réfugié protestant, nommé Sé-^
bastien Schertlm. Averti en secret par quelques
membres du sénat du danger qui le menaçait ,
Ochino fut assez heureux pour se sauver à Cons-
tance , d'où il put gagner Bâle. Après un trè;»-
conrt séjour dans cette ville , il passa à Stras-
bourg. Il y rencontra Pierre-Martyr Vermigli,
qu'il n'avait pas revu depuis leur fuite d'Italie.
Ces deux hommes partirent la même année,
; 1547, pour l'Angleterre, sur l'invitation de Tho-
mas Cranmer, archevêque de Cantorbéry. Ver-
migli alla enseigner à Oxford ; Ochino resta à
Londres, en qualité de prédicateur italien.
483
OCHlNO
434
A Pavénement de Marie, OchîDO et Verniigli
regagaèreot leooDtinent (1553). Ocbioo se rendit
à Genève en passant par Strasbourg. Il y arriva
le lendemain même du supplice de Servet. 11
désapprouva hautement celte condamnation.
Cette hardiesse le rendit ëuspect à Calvin. C'est
sans doute cette circonstance qui l'engagea à
retourner à Bàle, où il resta jusqu'au printemps
de 1S5Ô. U partit alors pour Zurich , où il était
appelé pour être prédicateur d'une église Ita-
lienne, composée de soixante familles qui avaient
émigré de Lueomo pour cause de religion. Dans
cette Tille il retrouTa Bullinger, qui lui fut tou-
jours très-attaché, et son compatriote Lelio So-
duL Bientôt après, Vermigli vint y occuper la
place laissée vacante par U mort de Pelllcan.
Cependant, en 1561 il commença à se répandre
des préventions fâcheuses contre lui. Au lieu de
les laisser tomber par son silence , ou de les
faire disparaître par la prudence. Il donna à ses
détracteurs de nouvelles armes contre lui par
quelques-unes de ses publications. Ocbino était
un homme d'une Individualité très- prononcée;
il n*était nullement enclin à se ranger servile-
ment du côté d'un parti quelconque , et il était
tout aussi peu disposé à .supporter des attaques
ealomnieuses. On prit surtout prétexte pour le
perdre d*un de ses ouvrages, Dialogi XXX 9
dont le vingt et unième dialogue traite de la po-
lygamie sans conclure très-nettement contre elle.
On l'accusa de soutenir cette erreur. Théodore
de Bèze eut la faiblesse de se joindre à ses en-
nemis. On Instruisit contre lui une procédure,
à la «uite de laquelle il fut exilé de Zurich.
L'irritation était montée à cet excès, qu'on ne
voulut pas lui permettre d'attendre la fin des
rigueurs de l'hiver pour s'éloigner. Ochino avait
alors soixante-seize ans. Il se retira à BAIe,
où il arriva le 4 décembre 1563, avec ses quatre
enfants. On ne fut pas plus compatissant à son
égard qu'on ne l'avait été à Zuricli. Il fut obligé
de partir aussitôt pour Mulhouse. Il se rendit
de là à Nuremberg, où 11 passa le reste de
l'hiver. Au printemps suivant, il alla à Franc-
fort, et dès que ses enfants l'eurent rejoint, il
partit pour la Pologne ; il espérait y trouver
quelque tolérance; il se trompait II né lui fut
pas permis de s'y arrêter. £n se retirant, ce
malheureux vieillard eut la douleur de voir
mourir ses quatre enfants de la peste à Pinczow,
en Pologne. Il fut bientôt frappé lui-même par
le fléau, dans la Moravie, où il venait d'ar-
river.
On a beaucoup discuté sur ses principes re-
ligieux. Les uns l'ont accusé d'être tombé dans
l'athéisme; et dans cette opinion, on l'a supposé
l'auteur du fameux traité De trièus impostori-
bus, attribué successivement , avant même qu'il
existât un livre de ce titre , à tous les hommes ré-
prouvés par kl superstition populaire. D'autres,
Sbnler à leur tête, le tiennent pour un anabap-
tiste. Les antîlrinitaires le comptent dans leurs
rangs, et l'on a tout lieu de regarder cette opinion
comme la seule vraisemblable. Il est probable
que ce fut pour avoir laissé percer ses doutes sur
la doctrine de la Trinité que les Uiéologiens de
Zurich , et avec eux tous ceux de la Suisse^ se
déchaînèrent contre lui. Sa prétendue tolérance
pour la polygamie ne fut qu'un prétexte ou
peut-être une occasion de le décrier et de le
perdre. C'est un fait digne de remarque que
presque tous les Italiens qui, au seizième siècle,
embrassèrent la réforme finirent par devenir
unitaires. Ajoutons enfin que les Capucins n'ont
pu se résoudre à condamner un homme qui avait
honoré leur ordre naissant par ses vertus et
par ses talents. Afin de pouvoir en toute cons-
cience avoir sa mémoire en vénération, ils ont
imaginé qu'à la fin de sa vie II abjura ses é^
reurs et qu'il souffrit à Genève le martyre pour
là cause catholique.
Il est à peu près impossible de dresser une
liste complète des ouvrages d^Ochino. On ne
peut même guère se reconnaître au milieu des
indications souvent divergentes des bibliogra-
phes, et la rareté extrême de ces écrits ne per-
met que difficilement de les contrôler. On a
tout lieu de croire, avec Bayle, qu'Ochino n'é-
crivit jamais qu'en italien. Quelques^ns de
ses ouvrages ne se trouvent plus cependant
que dans les traductions latines, et un dans une
traduction anglaise. U est probable qu'il -y en
a dont la traduction , faite sur le manuscrit de
l'auteur, a seule été publiée ; c'est, selon toutes
les vraisemblances, le cas pour ce dernier;
mais d'autres ont été certaUiement publiés à la
fois dans langue originale et dans de$ traductions
latines. L'original italien, répandu surtout dans
des pays restés catholiques, a fini par dispa-
raître, tandis que les traductions se sont con-
servées dans les pays devenus protestants. C'est
ce qui se voit en particulier pour deux ou trois
ouvrages d'Ocliino traduits en allemand que die
J. Vogt et dontics originaux italiens ne se re-
trouvent plus nulle part. Nous ne ferons men-
tion que des écrits les plus connus de cet ancien
général des capucins , renvoyant pour de plus
détails à la. Biblioiheca aniUrinitaria, à
J. Vogt et à de Bure; — Dialogi sacri del re-
verendo padre fraie B. Ochino da Pierra,
générale dei/rati Cappuzjtini; Venise» 1542,
in-8^. Ce livre fut probablement publié pendant
qu'il prêchait le carême à Venise; — Eesponsio
qua rationem reddit discetsus ex ilalia;
Venise, 1542, m-go; Torlginal italien n'est pas
connu ; — Bpistola alU molto tnagnifici se-
nori di ItaUa délia eitià di Siena ; Genève ,
1543, in-S°. On a une traduction française de
cette épttre et de la précédente réunies en-
semble : Épttre de B, Ochin^ adressée aux
magnijlques seigneurs de Sienne, oà il rend
compte de sa doctrine , avec une autre épttre
à Mutio Justi Napolitain , par laquelle U
rend aussi raison de son département d^Italie
49&
OCHIINO — OCHOSIAS
436
et du changement de son estai, tramiatëê de
la langue italienne; l&U, ia-S^; — Eêposk-
timie sopra in epMota di son P&oiù alti Ro-
mani; Attgsbourg, t545, m*t3; trad. en laÉin
par CastalioB, et €a allenundy Au^., Ia46; ~
Sfpeeitionê âopra la efmtola di $an Paolù
alli Galati { ADgsbaurg), tô4«y ia-12 ; trad. ea
aklem. et poMiée en même temps qae PoiiTrage
original; — Riposta di messer B, Ochino da
Siena aile /aise ealmmnie e impie Moatemie
d9 frate ambr. Catar. PoUto ( Aogibi), lô4«,
ht*'. C'est une réponse ii mm petit Ihife d-Ambr.
Calar» Lanoelotfe» PoHW ; Rimedio a te pesli-
lente doetrina di B. Ockinû, Rome^ lâ44,
in^ê*, lequel n'élnt hii-nèiae qa'une céfatatieo
de la lettre d'OeMno aux magnifiques seigneurs
de Sienne; ^ Tragedff mr dialogme qf ihê
i^ffmât uswrped primarp 0/ tke biskop ot
Rome and of ail tke just mbeàskmg t^ the
same; Londre», 1-S49; in-4"; traduction an-
glaise faite par J^ Pmet, el dédiée a» voi
Edouard; d*m liive drait i'origÎDalitaiiea n'a Ja-
maia été impiimé ; — Sermoiees très ée o/ficio
pr^ncipis; Bùle, tdô(H in-ê'', trad. laliine £ûte
par Curion. L'originai italien fut publiée en
même lempe. Ces tams éiseours se retrooTent
dans les 5 yoL des sermons d'Ochim»^ — Àpo-
Ibgi nei qwUi se stuopramo gli abusi , er-
rori, ett. délia simagoga del Papa et ée smoi
preit, monaei efraH; Genève, 1654» în*8<>,
trad. en lat par Castateu Oo en a uœ trad.
ailem., 156ê, ii>4%et l&SOv «t me helland., Dor-
dreeht, ICO? ; — M>ialmgo del pwrgatorio;
Zwrich , 1555, in-8°, traduct. latine par Dumas
puMîée en même temps qfoe l'original. On a
awsi des traduct. allem., 1565 ; français, 1568 ;
an^^ais, 1667 ; et holland. ; — Sincerœ e$ verss
doetrinss de Cœna i>ominà de/ensio , contra
tiln'os très Joaeh. Westpkali ; Zurich , 165<S
ifi-8*. Joch. Westphales était prédicateur à
Haroboarg. On ne connaît pas roriginal italien;
^ Le Prediehe di messer B, Ochéno, nomate
LabyrintM, overo del servo arbitria, pre^
scienza, predesttnatione e tiàerta divina e
del modo perusar si; Bâie (L&60), in-8^ Il
en paml e» même temps ane traduct. latine.
J. Vogt en eite une traduct angi. ; _ Disputa
intomo cUîa presensa del corpo di Giesû
Christo net sûcrament&deUa Cena ; Bâie, 1 56! ,
in*e^ : publiée en même tempe en latfn, cette
traduction est suivie de cette des Labyrinthes ;
— It Cateehisma, owero ênstituzUme chris^
ttana in ferma di dialagm; Zurich, 1561,
\n'%** : cet ouvrage est loin d'Klirla production la
plus fWble d'Oehino , ainsi qu'on la prétendit ;
-- LeprediefiêdkmesBer B, Ockino daSiena;
Bêle, 1569, 5 iMi ii»-6^. Ptasieurs-de ees sermena
enraient d^à été imprimés. J. Vegt en dte va
premier teeueii de 1542, in-^ renfermant eeise
8ermon»,etmr autre de 1543, i»-l6, qui enreon-
tient viugl-si3ft. H ett probable que la ikâe l'56t
B'nuliqne KhnpraaoioD* que du deniier ve/hmier
les qnatre Tolumes précédeuta n*ont pas en
effet de date et parurent vraiscniblabftemenf au
tériearemenf. On a uue traduct. franc, des pre-
miers sermons seua ce titre : Serntonâ très»
utUes de Bernard Ochin; 1561, io*8*» Ces
sermona sont au nombre de vingt-deux. Ou a
aussi une traduct. allemande des sermona d^O^
chino de 1545,i»-4**; ee sont probaMemeot les
seiae de Pédition de 1S49; — ifwlogi XXX
in duoe libros divisi, quorum prinme eetde
Messia eantinetque dialogot XVt/i; seew^
dus est eum aliis de reàms varUs^ tum po*
tiêsvmum de triniiate; Bâte, 1563, 2 vol.
in-6^ Cette traduction tatine est de* Seb. Cas»
talion; mais on ^^lore si elle a été unie sur le^
manuscrit de l'auteur ou sur Touvraga origiBai
imprftné ; on ne aiie pas même s'il a été im-
primé eu italien; personne du moins n'en a en-
core vu d'exempraire. Th. de Bèze, après avoir
pris parti contre Ochino dans la poursuite di-
rigée contre lui pour le 91* de ces trente dialo-
gues, crut devoir réfuter dans un trailé spécial
les erreurs qui lui étaient attribuées tooebanl
la polygamie; ce traité est intitulé : Traetaius
de polt^amsat in qw> Oefdni argumenta re-
futaniur; Genève, 1587, in-t**. Om peut voir
dans Bayle ce* qu^étaient ces prétesdas argu-
ments d'Ochiflo. J. Vogt cite encore, sur les indi-
cations de Reimmau et de Decker, un antre ou-
vrage d'Oehino : Actu Piftatij mais sans donner
la date ni le lieu de {^impression; il indique en-
core quelques fradoctiens allemandes d'écrits
d'Oehino , dont les originaux italiens no seul
mentiOBnés nulle part ; os ne peut pas conclure
de \k qu'ils n'existent plus, ni encore moios
qu'ils n'ont jamais existé. Hais on a là une
preuve nouvelle de rotisoarité qui enveloppe
L'histoire des ouvrages de cet homme eél^rê.
Hieliel Nioous.
Bayte , Dtet. kOtar. - OSmorm lUwrjef , U lltvp. ns
et 7S1 ; t. IV, p I6S. — Marohand, DM, kÛL^ U I, p. 3ie.
— Musée des prolett. eéUbres — Saodius. JBibliot/L
antltrtnUarU>rmn. — J, yogt, Catatoçm historié»-
erUicus Ubror. rarlormn • p. UH W, — Ae Sun, È^
bUogriMphèe imtruct.^ 1. 1, p. 4M-41S.
OCHOSIÂ9, en hébreu prise ou posjessio»
du Seigneur f roi d'Israël, mort en 886 avant
J.-C. Il était fila d'Achab, auquel il succéda, en
888. Son père, quelque temps avant de mourir,
l'associa à la royauté. Dès les premiers jours de
son règne, Ocbosias eut à comluiUre contre les
Moabites, qui avaient secoué le joug des Israélites.
Il remporta qjaefques avantages sur eux ; mais
une chute qu'il fit du haut de la plate-forme de
son palais de Samarie l'empêcha de suivre ses
suceès. Il pratiquait la religion de ses parents;
il adorait Baal et La déesse Astarté, dont- Jéiahai,
sa mère, venait d'introduire la cuUe dans Israek
Inquiet sur les résultats de sa ctujte^ il envoja
consulter Bécheébub ^ le dieu d'fcron (1), pour
410 aMicn non d^tumamm^moB- daa daq «tpUaloi i»
PtiUitUn», aur la UmllaMiilda la trite daltanctàSattl
Hcue» de ta mer. Oa j adorait B^elzébub (le Dieu-m»»'
rtl€\
497 OCHOSIAS — OCHS
UToir s*il auHTTiTraît à sa malddie. Sur Tordre
d*«iaii|^, dit l'Écritare {,Rois, liv. IV), le pro-
phète Élie se porta à la rencooUe des gens d'O-
ciiwias, eilear dit : « Retminiez vers Totre maître,
et demaadei-liii de la part da Seigneur s'il n'y a
pas de Dieu en Israël^ qu'il envoie ainsi consul*
ter Béelzébob, le dieu d'Écvon? G*est pour eela
qu'il ne relèvera pas du lit ob il est , et qu'il
mourra certainement ■ Ochooias, reconnaissant
que cTétait ÉUe qui avait parlé à ses agents, en-
voya aussitôt vers le prophète nn capitaine et
dnquunte hommes d'armes. Ce capitaine monta
vers Elfe, qui était assis sut le haut d^lne mon-
tagne, et lui dit : « Homme de Dieu, le roi vous
oomoMnde de descendre. » Éiie lui répcadit :
« SI je suis boimne de DieH,>que le feu. descende
du ciel et vous dévore » arvec v«s cinquante
hoDMBes. • Ausssilôt le feu du ciel deseendityCi
dévora le capitaine arec les oîMiuante soldats
qoi étaient avec lui. Ochosias envoya encore un
antre capitané «vee les cinquante hofismes qui
étaient soMàai; il dH à Ëiie : «.Homme de
Dieu, le roi vous fait dire: HÂtes-voua de des-
cendre. » Élie lui répondit : « Si je suis homme de
Dieu, que leTeu du ciel descende et vous dévore
avec vos cinquante hommes. » £t aussitôt le feu
du ciel dnecendii,. et dévora le eapitalDe et les
CHiquanie hommes qoi étaient avec Uii. Ocho^
sian envoya encoM an troiaiènie capitaine et ses
ciD<piante hommes. Ce capitaÎBe étant venu de-
vant Élie, se mit à genoux, et loi fit cette prière:
• Homme de Diea, maves-aioi la vie ainsi qu'à
vos serviteurs qoi sont avec moi! Le feu est
d^à descemlu du ciel , et il a dévoré tes deux
premters capitainea et les cinquante hommes
que commandait chacun d'eux; mate je vous
supplie présentement d'avoir pitié de manâme. »
£t l'ange 4u Seigneur parla à Élie.et hii dit :
« Descendes avec tri, et no craignes points »
£ite se teva donc, et descendit afvec le capitaine
pour nlter vers le roi, auquel il dit : « Parce que
vous avez envoyé des gens poarconsuèter Béel-
zéhub, le dieu d*Éenm, comme sll ft'y avait
pas on Dieu en Israël que vous puisstee consul-
ter, voua ne relèverez point du Kt sur lequel
vous êtet; mnié vous mounnez certeinenieBl. »
Odweiaa mourut dene, selon te parote que te
Sei0ieor avait dite par Élie, et Joram, son frère,
régm en sa place, car Oehosiaa n'avait point do
fitew Aprèo ce rédl bibliqtte, si shnpte et si nuU;
il reste peu à a^onler au court li^ie d'Ocho-
ma. Un seul fait hitéressant s'y rattachât
J^osafiiiat,' roi de Jtda, ayant équipé une flottn
à Astengaher, en deitfnation d'Opfair, Ouhosias
le pria de recevoir sur ses vai8seao% quo^
qoes IsraélHes. Le roi de loda y oonsentil;
• nmte le Seigneur, irrité de cette altianeet P^*'
mil que cette flotte- fM brisée par tes vente eft
anéanCio par lea llois avec tout esun qn'dte
portoff. n Dans la crainte d'un pareil éëuulbn.
488
I
l£S Bois, Uv.lll,cha9. XXll, S 40, 49. SO, 8l-i4; H?, l\\
cïap. i«, t 1-18. - Flavius Joséplie, 'ïouocttjwi Aç>-
XOUoXoYÎa. - A. Torrieeltl, Annales saeri et prof a -
nos, etc, (Mltan, ICIO, s vol In-rol.). - Sallan, Ann. ecete-
siasîiei veUrit TestamenH, etc, ; Pïris^ 1641 , 6 vol. te-IoL
— Blehard et GiranS, BUUotMdfm sacrée.
OCHOSIJM, appelé ausai Joachax, et selon
quelques-uns Osà0ê et Àsarku, roi de Juda,.
parent du précédent, né en 907, mte à mort en
884 avant J.-G.. Dernier fils de Joram et d'Athn-
Ite, il suceédaà son père en Mo, tous ses frères
ayant éte taés par une troupe de voleurs arabes
qoi avaient fait irruption dans, te camp royal de»
Juitei n avait vingt- deux annlonsqn'il commençai
à bégner. «' Il marcha dans ies> «aies de la maison
d'Achab, et il fit te mai devant, le Seignear^ parce
fo'il était gendmdo te mMsond'Aehab^ » ( Re&^
libi. iV, cap, VHi). Il s^aiite avos Joram, ros
d'Israd, pour combattre Hazael, roi àe Syrie.
One bataille eut lieu devant Raraoth en Gaiaad.
Les Bébnsun eurent l'avantage; mate Joramayant
été grièvement btessé, lea deux rds revinrent à
JesraeL 8nv ces cntreteiÉes Jéhu, général deo
troupes de Joram , reçut on envoyé du propliète
Elysée, qoi lui ordonnait d'exiemmier la miaison
d'Adiab. Jéhn, devenaainsîL'élndu Seîgneur,sou-
leva seslrmipes. Joram prenant te fbite dit à> Ocho-
sias : « Nouo somme» trahte 1 » Et Jéhu tendit son
arc, et frappa Joram entre tesépauies ; te iteehe lui
traversa le cœur,^t il tomba mort dms son cha-
riot. Alors Jéhu dit à Badaccr, eapilaine de ses
ganles- : « Prenez-te et jotez-te dans le diamp de
2laèotii, sdon te parote du Seigneur. » Ga qu'ayant
vu, Ochosias, roi do Joda, s'enteit par le chûnin
de la maiaon du jardin; et Jéhu le poursuivit^ «t
dit : « Frappes aussi ceioHâ dana son chariot.
Ite le frappèrent donc aa lieu où Ton monte è
Gaver (ville de te dcrei-trib» O. de Blanasaé) qui
est près de Jéblsnm. £t s'étant enfui à Mageddo,
il y mourut. » (Fof. AnmuE, JAno, Jouah et
JOAS.) A. L<.
Lsê Rois, lU. IV, ebat< vnx, | S»-st ; ebai». ix, § K-ss.
— ParaiipomineSf lir. II, chap. xjui. — Dom Calmet,
Dictionnaire de tu Bible. - RfcAard et Gtraad. BMlo-
tM^iÊe Sucrée,
OGH6 (Pierre), homme d'État smcso, né eo
1749, à laite, mort te 19 juin 1821, danatemémo
ville. Lorsquii eut terminé ses éfendes^ il trouva
dans le pabUciate Isaac Iselte nn pvoteetenr
bienveiltant, qui te dirigea dana te carrière des
affairea publiques et qui demeura son ani jus-
qn'è f époque de sa mort, arrivée en 1782. Ses
aptitades natareles et un travail aasidu lui
firent acquérir de» comatesanceo étendues dans
rUsteh^ et te Jurisprudence, li étail docteur en
droit, et possait pour on des ptee sanranto juris-
consultes de te Suisse tersqnV hn appete par les
événemento h mettre set telento en temière.
Chois! par ses cMKiInyena pour élre f un deo
tetermédiairea du nppfochnmeat projeté entre
te roi do Piwwe et te république frinçaiae, il eut
part èla pah qui fut signée à Bftte, te 5 avril 1795»
Josaphat refusa de faire un nouvel armement, ' et concourut Clément aus traités oonctes avec
quoique Ochosias lui en garantit tes flrais. A. L. » fEspagneretrélccteurde Hesse-Oissel, le 22 juif*
489
OCHS — OCKEUSE
440
]et et le 5 août de la même année. Soo atta-
cliementaux principes démocratiques, dont il
avait donné des preures en des circonstances
difficiles, l'avait en quelque sorte désigné aux
fonctions de grand tribun de BAIe ; et il en était
encore investi lorsque le conseil souverain de
cette cite l'envoya à Paris (novembre 1797) pour
y conduire plusieurs négociatiouit relatives à des
échanges de territoire entre la Suisse et la France.
Un mois après éclata la révolution concertée
par le général La Harpe avec les mécontents du
pays de Vaud. Ocbs. qui s'était associé à leurs
menées et dont le but secret était d'établir dans
son pays un gouvernement unique et central ,
s'empressa alors d'envoyer à B&le un projet de
constitution rédigé en français, en alleniand et en
Italien, et calqoé en grande partie sur la consti-
tution française de 1795. Les démocrates suisses
souscrivirent ^ ce projet avec enthousiasme, et
le nouveau gouvernement fut installé au mois de
février 1796. Élu membre du sénat helvétique,
Ocbs fut le premier président de cette assemblée
réunie k Aarau (12 avril); mais n'ayant pu
réussir k entrer au directoire» il dirigea ses at«
laques contre cette autorité nouvelle, l'accusa
de s'être arrogé différents pouvoirs et de cons-
pirer avec les aristocrates bernois, et en provo-
qua le renversement. En plein sénat, il traita de
la façon la plus inyuriense le directeur Bay, et
rappela « coquin ■ ; il ne ménagea pas davan-
tage le grand conseil. Au mois de juin, Rapinat,
commissaire de la république française, outre-
passant ses pouvoirs, osa destituer Bay et
Pfetffer etlenr donner pour successeurs Ochs et
DoMer, ses amis. Ce coup d'État impolitique
causa des troubles en Suisse ; Rapinat fut rap-
pelé et envoyé à Mayence, et Ocbs se vit obligé
de résigner des fonctions si violemment impo-
sées. Toutefois au bout de quelques jours il fut
installé au pouvoir par le libre vote des deux
conseils législatifs. Partisan dévoué de l'influence
française, il excita contre lui Tanimadversion
publique, et fut entraîné dans la cliute de Mer-
lin, TreiUard et La Revellière-Lepeaux. A peine
les résultats de la journée du 30 prairial an vu
Airent-ils connus à Berne que dans la soh'ée du
7 messidor (IS juin 1799) ses collègues le for-
cèrent à donner sa démission» sous peine d'être
mis en jugement Afin de laisser aux esprits le
temps de se cahner, il se rendit en 1800 à Paris.
Deux ans plus tard il assista à la consulta
suisse, convoquée dans cette ville par le premier
consul, et prit part à la nouveUe constitution qui
régit son pays jusqu'à la fin de l'empire. Doué
de qualités supérieures, Ocbs aimait la liberté ; il
eutle tort, et il le reconnut lui-même, d'avoir
trop souvent cédé aux suggestions du gouverne-
ment français. Il faut accorder pea de confiance
au jugement passionné que Mallel-Dupan a porté
sur cet homme d'État. On a de lui : liitre
d'un ciioffen de Bdle à un de ses amis à
Nêti/chdlel\ 1781, in-8*; — GescMchte van
Baset ( Histoire de la Tille et du territoire de
Bàle); BAIe, 1785-1822, 6 vol. itt-8* : cet ou-
vrage, un peu prolixe, a été cité par Mûller ayee
éloge; -> Projet d^une constitution helvé»
tique; Paris, 1797, in*12; Merlin (de Douai),
alors directeur, a ai part à la rédaction de cette
pièce;— L'incascTOIoAii, tragédieiB^ 1807,
in-8*; — V Homme à Vheure^ comédie em.
profe; Paris, 1808, in-8'>; — Prométhéet
opéra; Paris, 1808, in-8*; aucune de ces pièces
n'a été représentée. P. L.
MonUemr «nlv., an tx et tu. — Hallel-Dupâo, £Ma4
sur la deiirueUon dé la ligw et delà Uberti helvëCiqme»
- Jiimmal det /Wteto, fToov. IMS. - Mahul, Mnmuttrê
néerolog^ lats.
* OGH8BIIBBIH ( T/fic), homme politique et
militaire suisse, né en 1811, près de Thun. FiU
d'un aubergiste, il étudia le droit à Berne, y de-
vint après la révolution de 1830 archiviste de
juge d'instruction, et se fit en 1834 inscrire au
barreau de cette Tille. Dans l'intervalle, il ayait
été nommé officier d'artillerie dani la milice, oe
qui lui donna l'idée de s'adonner entièrement à
la carrière militaire, où il espérait parrenir
plus Tite. Il entra dans l'état-major fédéral, et j
fut nommé en 1844 capitaine. L'année suivante
il organisa et dirigea les corps firancs, qui firent
invasion dans le canton de Luœme, sons le pré-
texte qu'on venait d'y appeler les Jésuites. Re-
poussé avec perte, il fut radié de l'état-major
pour cet acte d'agression. En février 1846 11
prit une part active aux manœuvres du parti ra-
dical, qui amenèrent la chute du gouvernement
de Berne; il fut nommé en récompense conseil-
ler d'Etat et membre de la diète. Devenu en 1 84 7
président de la confédération, il usa de tout soo
pouvoir pour provoquer la guerre contre les
sept cantons catholiques, qui , pour sauvegarder
leur autonomie, garantie par la constitutiott, s'é-
taient constitués en union séparée (connue soos
le nom de Ssmderbund); commandant hii-
même les dix-huit bataillons du contingent ber-
nois, il se signala par sa bravoure dans cette
lutte fratricide, M. Ochseobein devint ensuite
un des principaux auteun de la nouvelle oon»-
titntion de la Suisse, qui enlcTa aux cantons une
grande partie de leur indépendance , au profit
d'une autorité centrale, représentée par deux
chambres et le conseil fédéral , investi du poa-
voir exécutif. Appelé è siéger dans ce conseil,
M. Ochsenbein y fut chargé de la direction des
affaires militaires, qu'il réorgimisa avec beau-
coup de succès. En politique il tint depuis 1849
une conduite modérée, qui lui aliéna la faTeur
du parti radical ; aussi aceeptat-il avec emprea*
sèment en 1856 l'offre d'entrer aTec le grade de
général de brigade au service de la France; il
fut chargé de former deux régiments de Suisses,
qui devaient être employés en Crimée; après la
conclusion de la paixr de Paris, il fut mis en die-
ponibilité. E. 6.
MàMMer dvr ZHt (Ulpsif. 1SS9).
OGKBR8B (GuUlaume-Antoine)^ littérateur
441
OCRERSE — O'CONNELL
442
boHaodaU, né en 1700, à Vianen. H étudia la
théologie à Utrecht, et y prit le diplOine de
docteur. Après avoir été pendant plus de dix
ans pastear de» protestants réformés, il fut
obb'gé en 1795 de cesser Texereice de son minis-
tère, à cause de la faiblesse de sa santé, et s'établit
à Amsterdam. Nommé membre de la seconde
cooTention nationale (1797), il se distingua par
son patriotisme et ses talents, et prit part aux
trayaux de la commission chargée de rédiger
Pacte constitutionnel. A la suite de la contre-
révolution du 12 juin 1798, il subit une déten-
tion passagère. En 1810 il occupa de nouvelles
fonctions pastorales dans une paroisse du Mord-
Hollande, donna en 1818 sa démission et ac-
cepta la place de secrétaire de la société de bien-
faisance qui venait d'être formée à La Haye.
Ses principaux ouvrages sont : TraUé sur la
connaissance générale'des caractères ;Utrecht,
1788-1807, trois part.in-8'>; — Ganette écono-
mique^ ann. 1800 et 1802; — Lectures pour
les gens du monde; Amsterdam, 1809-1810,
dnq part, in-8^ ; — Discours napoléoniens;
ibid., 1814-1815, deux part, in-8'';— La Ba-
taille de Waterloo y à Vusage des petits en-
fants qui aiment la religion et la patrie;
ibid., 1817; — Lettres sur le Caucase et la
Géorgie; ibid., 1817, trad. de l'allemand. On
lui doit encore la traduction en hollandais de la
plopartdes écrits de Salzmann, des sermons et
beaucoup d'articles de critique et de littérature
insérés dans les recueils du temps. K.
Vas der Aa, Bioçraph. JF<Mrdenlbak9,
OCRLBT {Simon ), orientaliste anglais, né en
1678, à Eieter, mort le 9 août 1720, à Swave»
sej ( comté de Cambridge ). Il fit ses études à
l'université de Cambridge, et montra de bonne
heure beaucoup de zèle pour les langues de l'O-
rient Dès qu'il eut embrassé la carrière ecclésias-
tique, il obtint la petite cure de Swavesey par
rintermédiaire de Simon Patrick, évèqne d'Ely,
qui foirait de ses talents une estime particulière,
et en 1711 il devint professeur d'arabe à Cam-
bridge. Nul savant à cette époque ne pouvait
remplir cette chaire arec plus d'autorité que lui :
non-seulement il possédait à fond les langues
orientales , mais il s'efforça constamment d'en
étendre le goût dans son pays; il en faisait
comme la base des études théologiques, et dé-
clarait qu'à son avis on n'était pas un grand
théologien sans en avoir quelque teinture. Ockley,
dont la vie fut courte, eut souvent à lutter
contre la misère; il était chargé de famille, et.
Gomme il ne savait pas intriguer, ses protec-
teurs l'oublièrent. Dans son discours d'inaugura-
tion, prononcé en 1711, il se plaint de la for-
tune, qu'il traite d'em;»oifo;ineiMe et de mo-
rdtre^ et il parle de soucis cuisants comme de
choses qui lui étaient depuis longtemps fami-
litees. L'mtroduction du t. U de l'^t^loire des
Sarrasins, écrite dans l'hiver de 1717, est datée
de Cambridge castle, c'est-à-dire de la prison
pour dettes. On a de lui : Introduetio ad Un-
guas orientales in qua iis discendis via mu-
nitur et earum usus ostenditur, Cambridge,
1706, .in-8®; il y a un chapitre relatif à la fa-
mensa discussion qui s'éleva entre Buxtorf et
Cappell an sujet de l'origine et de l'antiquité des
points-voyelles de l'hébreu. Ockley, après avoir
partagé le sentiment du premier, se rangea dana
la suite de Taris dn second , bien qu'il n'eût pas
d'occasion de le foire connaître;— Theffistory
0/ the présent Jews throughout the world;
ibid., 1707, in-12, trad. de l'italien du rabbin
Léon de Modène et augmenté d'un Supplément
eonceming the Caraites and Samaritans,
d'après Richard Simon ; — The Improvement
ofhumanreason exhïbited in Ihe l\feofHei-
ehn- YokdhaWf written above 500 years ago
by Abu Jaafar-ebn'Tophail, ibid., 1708, in-d",
fig*; l'original avait été publié dès t650 par Po-
cocke; — An aecount of south-west barbarg
eontaining what is most remarkable in the
territories of the Hng of Fet and Marocco ,
ibid., 1713, in-8^ avec une carte; ^ TneMiS"
tory of the Saracens; Londres, 1708-1718,
2 vol. in-8''; 3* édit, Cambridge, 1757; 5"édit.,
augmentée, Londres, 1848, gr. in-8*; trad. en
allemand (1745), et en français par Jault (1748) :
cet ouvrage, le meilleur de l'auteur, atxMide en
éclaircissements curieux sur la religion, les
mœnrs, les coutumes et l'histoire des Sarrasins
depuis la mort de Mahomet (1632) jusqu'en
1705 ; pour le rédiger, Ockley mit à contribu-
tion un grand nombre d'écrivains arabes encore
peu connus, et il résida pendant longtemps à
Oxford, afin d'être plus à portée des manuscrits
orientaux que renferme la bibliothèque bod-
leyenne; — The second apocryphal book of
Esdras, trad. en 1716, d'après une version
arabe; — quelques sermons. P. L— y.
Cbalauen, General idoçrapk, DtetUmanf.i
o'gourbll {Daniel, comte), général û^
landais, né à Darrynane (comté de Kerry), en
août 1742,mortàMadon(LoiMst^her),te9juillet
1833, Après avoir appris les mathématiques, le
dessin et presque toutes les langues modernes, il
s'engagea dans le régiment iriandais de Clare,alors
au service de la France. Il se distingua durant
la guerre de Sept Ans» «t passa dans le corps dn
génie. Il contribua àlapri8edePort-.>fahon par
le duc de Richelieu (29 juin 1756) , et reçut plu-
sieurs graves blessures au siège infructueux de
Gibraltar (1782). Il devint successivement colo-
nel du régiment de Salm-Salm et inspecteur gé-
néral .On lui doit V Ordonnance pour l 'injanterie
qui fut appliquée en 1791. 11 refusa de servir
sous la république, éroigra, entra dans l'armée
des princes comme colonel, et après la défaite
de ce corps (1793) se réfugia en Angleterre.' Avec
l'agrément de Piit, il y recruta une brigade dite
irlandaise, composée en grande partie d'émi-
grés français. Cette brigade, d'abord destinée à
agir sur le continent, fût envoyée au Canada et
443
•OXÎONNELL
444
-éans les iodes. O' CkmDell donn' sa Aëinisfîra,
etf»rolHaot du trattéd'Aniîeiis (25 mare 1 802) veo-
tra ea France. BientM les hostilités reeemmen-
cèrent ; les Aogtaîs restés en Frapce forent dé-
>clarés prisomiiers defiierre et internés. O*€on-
■el |)artagea œ sort Les Boarbom à leur
relaur le aoimnèpent maréch^ de camp, fl fut
•am à laretnite «près juillet 1830.
A. DE L.
jéreMvet de la çuerre. — DocumefitM partiemiert.
o'coirNBLL (Daniel), patriote. et homme
VI* État irlandais, né à Carhen, dans le comté de
Kerry, le 6 août 1775, moit à Gênes, le 15 mai
1847. Son père, cadet d'une ancienne famille
déTOuée en tout temps au catholicisme et à
rirlande, araît dixlenfants : Toilà bien des rai-
sons pour n'être pas riche. Heureusement un
oncle célibataire, Maurice 0*Connell, adqpta le
jeune Daniel, se chargea de son éducation, et
(levait plus tard lui laisser, avec sa fortune^ la
terre patrimoniale de Darrynane. En attendant,
il était dans la destinée du futur libérateur de
rencontrer à chaque pas qu'il faisait dans la vie
•quelqu'une des entraves qd pesaient sur Tlr-
tande catholique. H avait vu son père, pour ar-
rondir ses modestes domaines, forcé de re-
courir à un préte>nom protestant, qui pouvait,
s'il lui en prenait envie, garder le bien sans
payer. Quand il s'agit de donner à l'enfant les
premiers éléments de rinstnicfion, il fallut, pour
échapper aux pénalités absurdes encore en vi-
gueur alors, l'envoyer A l'une de ces écoles de
village dandesfines qu'on appelait hedge
schooU : telle était la loi (1). Ce ne fut (ju'à
DSige de treize ans qu'il put, grftce àTabulitlun
partielle de ces prohibitions, entrer dans une
pension tenue à Âedington par un prêtre catho-
lique, la première , dit-on , qui ait été ouverte
publiquement en Irlande. Mais, jusqu'à l'éta-
blissement récent du collège de Maynooth. les
ressource^qne cette province pouvait olîrlr pour
rédueation des enfants de la religion romaine
restèrent extrêmement bornées, et l'oncle Mau-
rice se décida, sur la sollicitâtiun d'un de ses
ffères qui babftalt la France (2), & envoyer le
Jeune Daniel dans un des sémina'u'es catholiques
dn continent, sinon avec le dessein arrêté d'en
ûiire un prêtre^ au moins pour lui donner une
Instruction sérieuse, qu'on ne trouvait guère à
cette époque en dehors des maisons ecclésiasti-
ques. Dirigé d'atwrd vers Lîége« avec • un frère
plus jeune que lui , il se trouva qu'il n'avait pas
l'âge requis pour l'admission. Ce fut au com-
mencement de l'année X79i quMt entra au collège
catholique de Saint-Omer, pour passer un an
(1) rag. dans roaTrage d'O'Consell tok-meoie : JIM-
mntre sur Vlrlande, traduit par Ortalre Fournier, dau
la lonf ne Domf ndatiirr dex grfef» dont 11 poorautralt le
redreai enent, les articles : PropriéU, Èdmaituifi, p. M
et suif.
0} Le général Daniel O'CooDell, Qul moanat en ISSI
( f^oy. l'article précédent }.
apnès à celui de Houat. If ne tarda pas à se dis-
tinguer dans ses daases, et son supérienr, le
D' Stapytton, «dresse à l'onde (qnf'veillait arec
•elllcitude sur t^ucafioB de fts neveux) les li-
gnes sotvantes t « Quant à Daniel, je ne veos en
écrirai qukin mot, c'est que sMl ne joue pas un
rOle brillant dans le monde, jamais de ma vie je
n'aoTsi été aussi trompé. »
£n 1792 «ut lieu la diapersioii des élablis-
sements religieux ; mais les deux frères firent
obligés d'attendre à Douai pluaîeurs semaines
nne occasion et des fonds pour repasser en
Angl^erre. O'ComieH n'oublia iamais oe pénible
moment : les diants révolutionnaSres hurlés dans
les rues, le passage des soldats ipA se rendaient
à la frontière, et qui à la vue des élèves enoore
revêtus de leur costume clérical les appelaient :
« petits aristocrates, petHs calotins ». Enfin,
le 21 janvier 1793, le jour même oO Louis XTI
montait à l'écbafaud , O'ConBell se mettait en
route avec son frère pour Calais, ^ revenait dans
son pays « k demi tory au fond dn ccnir », comme
Il le déclarait lui-même, tant cette jeune intelli-
gence , ooiwrte déjà à tontes les aspirations li-
bérales, avait été frappée du spectede de nos
premiers excès 1
« O^ConneH, dit son compatriote Shell, dans
-un ouvrage que nous aurons plus dHme foîs oc-
casion de citer (1), sentit probablemeot qu'il y
avait trop de diahr et trop de sang en lui pour
farre un monte, eC la nouveanté de la carrière
légale le tenta. Le barrean venait font réeen-
ment d'être ouvert aux catholiques. 11 laissa
donc SainA-Omer, «es "vêpres et ses Jeftnes, et
ayant avalé le nombre requis de gigots démon-
ton À Middle-l^mple (t) fut admis dans le bar«
rean iriandals an terme de Pâques 1798. » Bien-
toi dans eeeorps.qtfi comptait alors des hom-
mes tels que Shefl, Curran, Phillips, Grattfl^
on disait de lui « qu'il n'y avait pas au l>arreaa
de 'Dublin ni aox assises fle Munster on liomme
qiiî eomtOt mieux son métier queDaniel 0*Con-
néll ».
Dans la même année 1798, le grand moore-
ment insm'rectionnel conduit parfassoctation des
lriandais-4]nis, et secondé par un déttarquement
de troupes françaises sous les ordres du gé-
néral Huml)ert, venait d^avorter, et servait de
prétexte à TAngleterre pour replacer l'Iriande
sous un régime de compression violente.
Ot^onnell, il faut le dire, et on le lui reprocha
souvent depnis, s'était montré peu favorable à
cette pri«e d'armes, soit par suite de la maxime
maîntvs fois professée par lut « qull repoussait
toute amélioration sociale achetée au prix d'une
sente goutte de sang », soit, comme il le disait
encore, parce quH ne pardonnait pas aux Irlan-
dais •unis d'avoir aidé Pitt à faire passer TU-
(1 ) Seéttfs populair&s en Mattde ; Parts. ISSO. ln^«.
(S) En ^angiitfcnrf « le siage «e constate par 4m Mrt«la
nombre de repas pria au Uku où se font im «oors 4k
Orolt.
445
0*€ONN£LL
4M
«on. £a effet, dtu& ns pinB tend, €d tSOO,
Ir iriem pBrlemnt irUiiMiRs, aprèe ciaq «ièclei
«TadsteBoe, ne soicidiit par «a voteqvi cofr-
saoreit l'anioa des deux lé^latures. 0*Goiiiielt,
lt|é akin -de viagUiuatre «bs, pranonç» àcette
oocanoa 8M premier diteiMBi poMic dans «le
aseemUée des catfidiqoes de DsUia Péwiie à la
Bonrsey et qui Caillit dtre dkperfiée par la fcvce
poUique. ^--
Mvié en 180), ayant tq t'awgwienter laisp-
tnae modeste que lui avait laissée son père et»
biens assez eonsidérablesde son onde, il avahva
aessi grandir sa vépotatioD et saclientèled'avoaal
Dès lors 11 coKsera à la «anse de Tirlande,
si cmellement déshéritée, «t ss parote^qoi était
deTenoeone puissance, et l^sdirité pfodigieoie
doot la natve l'avait dooé. Il écrivait à lord
Shnewsbnry • k Pendant 1œ vingt ans et pins
qui précédèrent le Mil d'émanciparion, toflt le
fiirdeaa de la nanse reposa sur nioi. Je dos or-
gmiser les ineetiqgs, préparer les résoluttsas,
dicter les réponses anx eorrespoodanls , exa*
miser le cas detont Jndividn sHégoant on grief
personnel, réveiller les apaltiiqoeSy aniiner les
lièdes, Qonlenir les violents, pîoénionir les nè-
tres, CaiMlA contre le danger de ne heurter sfox
pivacriptions de la loi, tantM contre les rpiégei
qD*on tendait de tontes parts contre now, enfin
eoniMIre en toot temps les attaques >de nos
poiflMnfs et nombreux enneans. »
SiRil n anssi dépeislt, avec sa manière vive et
pittoresque, la vie iqne menait OVonneil veesla
même époque <et la physioaomie variée qui vé-
snltait^e ses oecupations, n diverses. « C«st
dTahai^ la -veille studieuse et solitaire : dans nn
cabinet édlsfaé »des preaniers vayons dn
sn-desnsus dhm laMeau rapnésentant k
de la rédemptiaB^ wofet cette ferme tmniolMie,
Bclinée nor de «foInainesEx dossiers qui jon-
dwnft le bmean dans nn désordre pitknresque.
— QiKlqnes heores plus tard, le renlos a fait
place à f Avocat aMaiié qne soit à gp«nd'pein«
un gnmpe d'nvuoéi et de clients, tandis qnc^
d'an pas de meatagnard, il se dirige vers l'as-
dienne. — Vore le soir, •troisiàme traosforaïa-
tioD : voici Tagitateor haranguant un meeting
populaire, et Diisant vibrer avec on art mer*
veiUeox tantôt la fibre joyeuse de son audi-
toire, tanlM Jes eordes les pl«s intimes et les
plus iiathétiqiies du cceor humain, selon qu'il
vent immoler an ridicule les petits despotes du
joor, ou qu'il retrace avec une véhémence fou*
droyante les i^riefs, les noisères et Toppression
de son malheurenx pays, j» On pourrait encore
à ces pkysiooomies si variées en ajouter une
noavdie, que le tableau précédent ne lait qu'in-
diquer, et montrer dans O'Connell le gentil-
homme campagnard se reposant à Darrynane de
SCS campagnes judiciaires et pariementaires,
grand marcheur» pécheur patient^ chasseur in-
trépide, et Id qne «on fils nous le représedle,
" attendant le jonr à TaiTdt dans la bruyère ho-
mide et rosée , retenant ses «biens «npalienls<et
laisaiit lever >snr son passage tes ateoeltes moins
matinales que loi ».
Cette vie active et militante, dont les excBn-
ilons plaisaisirt k O'Gomefl, avait aussi «es
jours de deufl. En 1S15, il eut le maihenr de
tnei* en duel M. d'Csterre, raembf« de In muni-
cipalité de Dublin, qu^il avait traitée, dans «tt
de ses discoore, de « corporation mendiante »,
et peu s'en ieiUiit que «ette prenièpe affaire «e
(ùi suivie d'une antre, avec sir itobert Peel,
alors seorétanne du lord lieUtenantdlrlande. Mais
des amis sinterposèrent; fantorité elle-même
s'en mêla, et OTionBell,dansiadoolenr qnelnl
avait causée la mort de son premier adversaire,
fit vœu de ne jamais donner ni accepter on défi,
vœu auquel il resta fidèle, malgiré ks avives polé*
miques au milieu desquelles denit «epasaerte
reste de sa vie.
▲o CotueU catholique^ dissous en 1804, an
Ccmité aahoHguet dont la presse enregistrait
les délibérations depuis jsnvier tS't2, succéda,
en 1823, la limeose ààiâociatiou- à laquelle on
donna le même nom, Irien qu'ells ftt onwrte
à tons les protestants amis sineères de ia 11*
berté de conscience, association fondée par
O'Oonneil et fiheil, dont la pvemiàm réunion
comjltait à peine vingt membres dans la taveoM
de Dempsey à Dublin, «t qui, nx ans pUis
tari, en 1^29, emèmssait tonte l'irlande, avsét
son Iwdget, son trésor, ses avocate, «es jouma-
Kales, appuyait ses décrets de la «oèx^de èept
miflions d'honsmes 'Ct arrachait nn ainistèm
WeUingInn et Peel ia grande mennre de l'énM»-
ripation (*!).
L'^lectiondeClare (jnin4816) fut àla fins pour
l'Afliooiation catholique on essai «de nés forces
et nn tnoya'de parvenir à ce bcA «apnèniedo
aes efforts; fKwr O^ConneU, son -dieC, roooa-
sion d'«n triomphe vivement dispuUL Sô poser
eniaoeid'(Uo candidat qui avait à sadispositina
ranaée, la palioe «t le trésor, supplanter dans
la proniaee, siège de sa Cartune et de son in-
flnenoq, nniiomme tel ^ue 11. Vesey Fita-Gérald,
qui à sa consi^érsAion personnelle et à son dé-
vouement connu pour la cause de l'émand-
patioa joignait le prestige de sa récente promo-
tion an mîniâlère, luUnr -sur les hnstings d'faa-
bilfilé et d'éloquence avec uaorateur déjà «rompu
aux luttes parlementaires , ce n'était là que la
partie ia plus facile de la tâche assumée par
Û'ConneU. Moraroé le 5 juillet, è une msjorité
considérable, il lui restait encore à forcer la porte
de la chambre dee communes, dont IVttcès avait
été jusque-là fermé aux cailioliques par Jes
termes d'un serment ioscceptable pour eux.
Néanmoins il annonça hautement .rintention de
s'y présepter, et s'y présenta en effet le 15 mai
1829, offrant de prêter le serment d'allégeanoe,
tout en relusant celui de la si^rématie protcs-
(1) Fo^ t/Conmttjôaim laCaSvffdstCinfMijwyvlilt
iUustre*^ par uo bonne Aérien.
447
OCONIiELL
44S
tante. Comme les anciens triompbateorii, c'était
par une brèche qu'il prétendait entrer dans la
place. Mais dans rinterralle les ministres, ef-
frayés de son audace et des manifestations for-
midables qui l'appuyaient en Irlande, s'étaient
décidés, le 13 aTril précédent, à faire sanc-
tionner par le roi le bill d'émancipation catho-
lique. Il ne restait plus à vider qu'une question
de non-rétroadivité pour 0'Ck)nnell , élu avant
l'adoption définitive de la loi. 11 retourna donc
en Irlande pour solliciter une seconde fois le
suffrage des électeurs de Clare. Sa marche fut
un véritable triomphe, et sa réélection, qui n'é-
tait pas douteuse, vint consacrer à la fois les
droits politiques ae ses corelitponnaires qui lui
décernèrent le titre de Libérateur, ti le mandat
législatif, dans lequel le grand agitateur ne de-
vait pas trouver le repos.
En 1830, aux élections générales qui sui-
virent la mort de Georges IV, 0'Ck>nnell échan-
gea la représentation de Clare contre celle de
Kerry, son pays natal. De 1832 à 1841, sauf un
Gooit intervalle, il représenta la ville de Dublin,
où il avait passé la plus grande partie de sa vie
et dont il fut nommé lord maire, le 1*** novem-
bre de cette même année 1841. En dernier
Heu, il fut député du comté de Cork. Ainsi,
pendant l'espace de dix-huit ans, il siégea à la
chambre des communes dans sept parlements
et sous six législatures différentes. Pour se h-
Yrer tout entier à la propagande politique, il
avait été forcé d'abandonner la pratique du bar-
reau et les profits considérables qu'il en retirait,
ce qui donna lieu à ses partisans d'organiser en sa
faveur une souscription annuelle qu'on appellait
la rente ou le trUmi^ et qui en 1835 dépassa
le chiffre de 600,000 francs. Ses ennemis crurent
l'humilier en l'appelant « le roi mendiant » ; mais
O'ConneU, loin d'en rougir, s'en glorifiait, et il
a rarement trouvé de plus nobles accents que
dans sa Lettre à lord Shrewsbury, qni l'avait
attaqué à ce sujet Après un tableau éloquent
des efTorls et des sacrifices que pendant vmgt
ans il avait prodigués à la cause de son pays et
de sa religion, il terminait ainsi :
« Voilà ce que j'ai fait, voilà ce que j'ai souf-
fert pour l'Irlande. Et maintenant, qu'elle soit
reconnaissante ou ingrate, riche ou pauvre,
celai qui m'insnlte parce que j'accepte sa rétri-
bution manque des éléments de la moralité la
plus vulgaire, qui nous enseigne que tout tra-
vailleur a droit à son salaire; il manque aussi
de ce sens élevé sans lequel on ne comprendra
jamais qu'il y a des services dont on ne s'ac-
quitte pas avec de l'argent. Oui, je le dis bien
haut, je suis le serviteur salarié de Tlrlande, et
je me glorifie de ce titre ! «
Le retour au pouvoir de sir Robert Peel et
dn parti conservateur en 1841 avait été le si-
gnal do renouvellement de Tagîtation en Ir-
lande. Mais la première campagne d'O'Connell
avait eu on but bien défini: l'émancipation; elle
l'avait atteint; tandis que la seconde s'épuisa
en efforts souvent désordonnés pour un résultat
qui pouvait sembler chimérique. Dès 1834
O'Connell avait présenté à la chambre des com-
munes une motion pour le rappel de l'union lé-
gislative entre l'Angleterre et l'Iriande; mais il
avait consenti à l'ajourner fiendant six ans,
dans l'espoir, disait-il, d'obtenir « justice pour
l'Irlande dans un parlement anglais ». De I83ô
à 1841, le ministère Melbourne ne se soutint aux
affoires que grâce à l'appoint donné à la ma-
jorité par O'Connell et les quarante membres
qui votaient toujours avec loi, et qu'on appe-
lait, pour celte raison, la queue d'0*C(mnelL
Ses premières hostilités avaient été dirigées, dans
la session de 1840, contre lord Stanley, qu'il
avait snraommé le Scorpion, et qui fut MUs^
de retirer le bill présenté par lui pour l'enre-
gistrement des électeurs irlandais. Elles redou-
blèrent l'année suivante à la chute du ministère
whig. Mécontent du gouvernement, ne pou-
vant obtenir de lui ni l'abolition de la dîme ni
la réorganisation des corporations iriandaises,
il ressaisit cette arme du rappel, véritable épée
de Darooclès, qu'il ne cessa depuis d'agiter sons
les yeux de l'Angleterre, peut-être comme moyen
d'intimidation et pour obtenir d'elle des réformes
plus pratiques.
Dans les années 1842 et 1843, des meetings
monstres furent convoqtlés sur la royale colline
de Tara, à Kildare, à Muliaghmast et antres
lieux consacrés par les légendes et les traditions
nationales. On y compta, dit-on, jusqu'à un mil-
lion d'àmes suspendues à la parole paissante
do grand agitateur. Un autre encore plus gi-
guitesque devait se réunir à Clontarf, le 8 oc-
tobre de cette dernière année; mais la forée pu-
blique intervint pour le prévenir, et un procès
de hante trahison fut intenté à O'Connell et
aux autres chefs. Celui-ci fut déclaré coupable
de sédition, et condamné, le 30 mai 1844, à un
emprisonnement d'un an et à une amende de
2,000 livres steriing. Ce jogement avait déjà
reçu un commencement d'exécution lorsqu'il fut
infirmé sur l'appel qui en fut porté devant la
chambre des lords (1).
L'avènement du ministère whig en 1846 , et
l'adhésion que lui donna publiquement O'Con-
*nell amenèrent des dissentiments dans le parti sur
lequel il exerçait, depuis quarante ans, un as-
cendant incontesté. Sa santé , jusque-là si ro-
buste, commençait à laisser voir des symptômes
de décadence. Le vieil athlète semblait aigri par
l'opposition, et la famine qui menaçait l'Iriande
contristait le cœur du patriote. Au commence-
ment de Tannée 1847, il partit pour le contment»
avec l'intention de passer quelques mois en Ita-
lie et de faire un pèlerinage à Rome. Mais il ne
pot aller plus loin que Gênes, et le 15 mai il y
(1) Proeii (TO'ComMtt H éê m eo^eciuéi, p«r ÉHas
Regnault, Paris, is4S,liH8«, O^oonetl aralt ûé\k suîu
deui autres procès eo t8t4 et en I8SI.
449
O'CONNELL — O'CONKOR
450
rendit le dernier soupir après nne soudaine dé-
faillance et presque sans avoir souffert. Rome et
rirlande se partagèrent ses restes, comme elles
«'étaient partagé ses afTections. Conformément à
ses dernières volontés, son cœur fut embaumé
et porté an siège du catholicisme^ dans cette
Tille qui! ne lui avait pas été donné de voir
avant de mourir, tandis que son corps était
transféré h Dublin, où il repose.
Le Técit des derniers moments d*(y Connell,
des honneurs qui furent rendus à ses restes et
à sa mémoire dans diverses contrées de FEorope
H jusqu'en Amérique remplit à lui seul un vo-
lume (1). Son oraison funèbre fut prononcée à
Rome par le P. Ventura, à Dublin par le Rev.
John Miley, à Paris, par le P. Lacordaire.
E. J. B. Ràthert.
Haltch ( Robert ), Mêmoin prleatf and potUieeU o/
jD. (TCcnueU, eompUêd from ufficua docummUi;
Londres. 18M, iD-so. . n/e and Speeehei of DanM
aconnell, edited by tû» son, John (TConnell; Dublin,
ISM, 1 ToL IQ'S*. ~ Daraot ( WllUam J. O^Nell ), Per-
aonat rteoUtetiana of the laU DanUl (TConnêU:
Loadtt», 1M«, t voL In-S*. — Fagao, L^ê and timei ^
DanM (TConntU; Cork, 1848, i roi. In-li. — Schipper
( Ladirlf ), P^ie et Travaux d'Cr Connell, en allemand ;
Soert, ISU. In-a*. - VJgiUMon irlandaUê déduit
1619 : le Proeis» la Condamnation et eMequWement
de Daniel O'Connell : Paris, 1845, In-il. — Gondon
(Joies), Bioffirephie de DanM ffConnell; Parts, 1847,
o' GORHOB ( Twlogh), roi de Connaught,
né en 1088, mort le 13 juin 1166. A cette époque
<leox familles, celle des O' Meal et celle des
O' Brien, se disputaient la souvalneté nominale
4e l'Irlande. Turlogh, profitant de leurs divi-
siooi, étendît peu à peu son domaine, ftt recon-
naître sa domination aux Irlandais du centre;
mais aoi deux extrémités de 111e, TUlster et
le Munster résistèrent plus lon^emps. Les
O* Brien, qui possédaientle Munster, vinrent même
attaquer Turlogh jusque dans ses possessions du
Connaught , qui les poursuivit à son tour dans le
Munster, tailla en pièces, près de Morn Mor, Tar-
méede Hortogh O' Brîen, qui périt sur le champ
de bataflle, divisa le Munster en deux provinces,
et fit reconnaître sa suzeraineté. Les 0' Brien,
ligués cette fois avec les O' Real, rétablirent
pourtant leurs affoires, et forcèrent même tur-
logh à leur donner des otages ; ils le reconnu-
rcDt néanmoins pour suzerain. Il soutint une
^tre guerre contre Dermot, roi de Leinster,
qui avait enlevé Dervogil, femme de O' Ruarc ,
prince de Brefthy. Dermot; vaincu, fut obligé de
renvoyer Dervogil. Turlogli O* Connor favorisa
le commerce et les sciences, et fonda un grand
nombre d'églises. 11 fotpère de Roderich 0' Con-
nor, dernier roi de Flrlande. A. H— t.
O' Hallorao, General kittorg 4tf. tretand.
O* corhob (Roderick), roi de Connaught
et souverain nominal de llrlande, fils de Toriogh
O' Connor, né en 1116, mort en 1198. Lorsqu'il
monta sur le tr6no, Mortogh O' Neal, qui avait
(1) Thé Uut da^i 0/ QfCenuMU^ par WUllam Bernard;
DÔMlB, 1847, In-8*. 4 . _
MOUV. BlOCa. GÛfÉA. — T. IXXVIII.
longtemps résisté à la suprématie de Turlogh ,
profita du changement de règne pour s'emparer
de la souveraineté nominale de Tlrlande, et la
garda pendant dix ans. A sa mort (1166), Ro-
derick 0' Connor, suivant les vieilles Institutions
du pays , convoqua rassemblée des seigneurs et
des évéques dans la ville d'Atbboge, et fit recon-
naître sa suzeraineté. Tant que la maison des
O' Neal avait dominé, Dermot, ce roi de Leins-
ter, 'qui avait enlevé la femme de O' Ruarc et
qui avait été contraint par Turlogh à la restituer,
s'était relevé de sa défaite; mais à l'avènement
de Roderick, O* Ruarc, devenu plus hardi,
entra dans les États de son ennemi , brûla sa
capitale et le chassa du pays. Dermot, réAigié
en Angleterre, implora le secours du roi Henri If,
qui ne voulut pas lui donner de troupes , mais
permit aux seigneurs anglais de le suivre. Ri-
chard de Glare, comte de Pembroke, surnommé
Sirongbow (l'Arc fort), et deux frères utérins ,
Robert Fitz-Stephen et Maurice Fitz - Gérai d,
gentilshommes ruinés qui comptaient sur le pil-
lage pour rétablir leur fortune, acceptèrent ses
offres en y mettant pour condition que Strong-
bow deviendrait le gendre de Dermot et l'héri-
tier de son royaume. Ceiiendant le roi de Leins-
ter, devançant ses compagnons, aborda secrète-
ment en Irlande, et resta caché six mois dans
un couvent, occupé à nouer des intelligences et
à préparer l'entreprise; mais il fut découvert ,
dénoncé à O' Ruarc, puis à Roderick, qui eut la
faiblesse de lui rendre une partie de ses anciens
États. Le traître Dermot en profita pqur appeler
auprès de lui ses alliés étrangers; six cents An-
glais, commandés par FItz-Gerald et Fitz-Ste-
phen , débarquèrent auprès de Wexford , enle-
vèrent la ville et la livrèrent au roi de Leinster^
qui en partagea le territoire entre les deux frères.
Roderick, réunissant alors toutes le» forces de
son royaume, battit les étranger», réduisit Der-
mot à la dernière extrémité, et lui pardonna une
seconde fols, après avoir pris son fils en otage«
Dermot, profitant de cette faiblesse, aspirait à ht
souveraineté de Ttle. Le comte de Pembroke»
resté en Angleterre pour préparer les renforts «
arriva en personne (23 août 1 170), se mit à la
tète des troupes, et emporta Walerford après
trois assauts : la ville fut rasée et les habitants
passés au fil de l'épée. Après ce massacre, Pem*
broke épousa, selon les convention^, la fille du
roi de Leinster; Dermot mourut peu après, et
Pembroke s'empara de l'autorité. Les efforts des
Anglais et des indigènes se concentrèrent alors
autour de Dublin , dont Dermot s'était emparé
l'année précédente. Roderick, avec toutes les
foroes du Connaught et secondé par les anciens
habitants qui s'étaient écliappés de la ville, mit
le siège devant Dublin. Pembroke était réduit
aux derniers expédients; mettant à profit le dé-
sespoir de ses soldats, il fit une sortie furieuse;
surprit l'armée de Roderick et la détruisit con»-
pléiement. Cependant Henri II, jaloux des con-
15
451
O'CONNOR
452
quêtes de ses sujets, délendit à aucun Anglais de
passer en Irlande. Pembroke, pour le désarmer,
lut ftt boramage de tons les pays qnll avait
soumis; Henri, se souvenant alors d*une bulle
que le pape lui avait donnée trente ans au para-»
vaut pour Tantoriser à conquérir Ilriande, la
fit lire aux évêqoes du pays, qui le reconnurent
pour souverain dans un synode tenu h Casbel
(6 novembre 1172). Roderick tint à Toara un
synode qu'il opposa à celui de Cashet ; il eut
quelque temps après une entrevue inutile avec
le roi Henri II sur les bords du Sbannon ; mais '
l'année suivante (il 75} il signa un « traité de ;
concorde finale » par lequel il se reconnut vassal |
du roi d'Angleterre pour le Connaugbt tout en
conservant la suzeraineté sur les autres seigneurs
irlandais; il devait en outre payer tribut et don-
ner un de ses fils en otage. Délivré des Anglais,
il trouva dans sa famille une source de guerres
non moins dangereuses, qui firent le désespoir
de sa malheureuse Tieillesse; ses fils se révol-
tèrent tour à tour contre lui, et travaillèrent avec
le secours des Anglais à le chasser de son
royaume. Passant , comme tous les princes fai-
bles, d'nn excès de faiblesse à un excès de
cruanté, il fit crever les yeux à son fils Mor*
rough et le condamna à une prison perpétuelle;
puis, dégoûté du trône, il se retira, pour le reste
de ses jonrs, dans un couvent. Roderick 0*
Connorfut le dernier roi indépendant de l'Irlande.
Prince l^ble et maladroit politique, il a conservé
la réputation d'un vaillant guerrier et d'un excel-
lent roi. A. H — T.
O' Harorao, Centrai historji of Irelond. — Camp-
beli, Britmmio.
O* GOSiif«B (Arthur), général an service de
France, né à Bandoii, près de Cork (Irlande), le
4 juillet 1767 (t), mort au chftieau du Blgnon
(Loiret), le 25 ayril 1851. Issu de la famille des
préoééents, il exerça dès Page de vingt-einq ans
les fonetioR» de haut shérif, et en 1789 la vHfe
âe Pbilgistown le clioislt ponr député h la cham-
bre des Gommmies du parlement d'Irlaade. Il y
siégea pendant sept ans, et s'y distingua dans
tontes les questions d'économie politique. Quoi-
que protestant, il ne cessa die plaider la canse
des catholiques opprimés, et proaon^ (4 mai
1795 ) en favear de leur émancipation un dîs-
OMTs que VAnmtal register anglais signala
même oorame ie meiflettr et ie plus éloquent qui
eût jamais été pronorcé dans celte anaernblëe.
Ce discours lui fit perdre ftmitié de son oncle,
lord LoBgneville, pair d'Irlande,qiii l'avait im-
titué héritier de sa grande fortune, et il dot lui
résigner son siège an pariement, dont il lui étnit
redevable. Le» esprits étaient aVora vivement
agités en Irlande. Ce malheureux pays gémis-
sait sons Toppressionde l'Angleterre, et mainte-
nait avec une peine Infinie son indépendance de
la oooronne de la Grande-Bretagne. G* Connor
(I) nate portée snr r«rdOBMiiM r^jrate qol le naUirt-
lise FraDcais.
ayant à cette époque publié une brochure où ii
peignait le déploraWe état de sa patrie , tut ar-
rêté en veriu du bill adopté le 15 janvier 179&'
par la chambre de9 coiomuoes , et qui prokm-
geait la suspension de Vhabeas corptÂS, Pendant
six mois, on le retint conime prisonnier d*£tat à
la tour de Dublin, et le 31 aoCkt de cette amiée
il apprenait la condamnation à mort et l'exécu-
tion d'un de ses frères , qui s'était nia k la tête
des DeferhdsrSf etqoe Ton avait accusé d'avoir
cherché h favoriser une descente des Français.
Mis en liberté au commencement de 1796^ Ar-
thur 0' Connor entra avec son ami lord Edouard
Fitz-Gerald, fila du duc de Leloster dans la ao-
délc qui s'était organisée aoua le nom dirlan-
dais-uuis ilrish unUed)^ en se recrutant des
autres sociétés secrètes, telles que les Enfants
de la lumière et Icâ Defenders^ et cela sans
aucune distinctioA de culte. Tous deux reçurent
da directoire exécutif de cette ligue, qm eompCail
arec eux trois autres membres, le mandat de se
rendre sur le eontinent» pour voir qoelia asaia>
tance ils pourratenl trouver afin de souteotr l^in-
dépemlance de leur patrie. Ils se rendirent de
Hambourg à Bàle. Le gjéuérai Hadàe, parifica-.
tenr de ia Vendée, chargé par le govTenienenl
français du rôle de négociateur, ne voulut poinC
s'aboucher avec lord Fitz-Gerald, à cause de
ralliaaos qu'il avait i-éoemra^t feméa aree la
famille d'Orléans ea épousant la janne Paméla ^
l'élève ety selon quelques auteurs, la fille de Ma»
daooe de Genlis et de Pbiiippa-Égdllté. Aiilmr
O' Connor demeura seul chargé de Iraitoc aivoe
He générai républicain; mais en Bégocaanl le H^-
jet d'iavasion de l'iriande, il atipnto exf raasë-
ment son ind^ndanca. Un plan mal aançu et
fondé principalement sur la aoUon inexAcla qne
l'Ue tout entière était disposée à se soutever
contre la Grande-Bretagne, fit d'abord échouer
l'expé^iticA française, dont plusieurs circons-
tances contrarièrent ensuite le débarquement
En février t797, 0' Connor publia sucoessiva-
ment deux adressas aux électeurs du comtiéd'Aii-
trim ; il se chargea aussi d'un journal af^ielé la
Presse^ fondé par Tunion eatholiqua, ^ en le
refenaat dans }^ limites d'une politiqua nanax*
dusftva et dirigée dans l'intérêt de toutes ka
classes de la population irlandaise, il acquit sur
le pays une immense influenes. U marchait d'ail-
leurs avec les bomoes les plus éaunents de
l'oppositioa dans U parlemant anglais, Borlka,
Fox, Siteridan, Grey, Russelè, etc. 0' Coanerra-
tournait sur le continent lorsqu'il ûit arrêté, le
27 février 1798, à Margate «t impUqné dans un
procès de haute trahison intenté à un prêtre ca-
tholique, nommé 0' Coigly, sur lequel ea avait
trouvé une adrcsbe du comité secret dirlande
au Directoire de Franoe. La poursuite était di-
rigée par le célèbre Jean Seott , depuis chance*
lier d'Angleterre sous le nom da lord Eidon. Ce*
pendant , grâce à l'indépendance du jury angbii
et sur le témoignage de ses amis «t du jnrifcon-
4&3
O'CONNOR — OCTAVIE
454
ftttlte TboniM Erskine , il M acquitté» le 32 mai
de ia même aiyiée; mais êa 8ein nâme «le l'au-
dience, en préseace de aes jvges^ H fut Mis de
nouveau eo acreatatioD , en verUi d*uii warfant
délivré le 22 mara par k princifial secrétaire
d^Élat. Ses amis, cotre auirea lord TUaiiet, ea*
sayèreat alors de rarracher des matna dea
agents de police; nais ils n'y réussireiit paa, et
furent eux-mêmes traduits devant un jury el
condamné» à uo aa d'emprisonnement » malgré
les eflîivts d'Erskioe , qai prononça à cette occa-
sion run de ses plaidoyers les plus célèbres.
Cependant 0' Connor (ut transféré en Irlande et
interrogé an mois d'août par uo comité secret
de la chambre des lords. 11 protesta avec deux
de ses amis politiques contre l'inesiactitude de
la publication qui fiû faite de leur interrogatoire,
n fut ensuite avec quelques autres Irlandais
conduit au fort Georgies en Ecosse, où le gou-
vernement anglais lo retint pendant cinq ans.
Quoique prisonnier d'État, il publia, le 4 ntal
1799, nne lettre au vicomte de Casttereagb, se-
crétaire du gouvernement de llrlande, lettre
dans laquelle il plaidait ctiaudement pour ses
concitoyens opprimés : son pays était alors cou*
vert de sang ; une expédition française avait été
envoyée sur les cétes d'Irlande, et un corps de
troupes de neuf cents hommes, débarqué à Kil-
lala, le 32 août 1798 • avait été forcé de mettre
bas lea armes à Ballinainuck , le 8 septembre^
Le marquis ComwaUis, gouverneur de l'Irlande,
arait étouflé l'insurrection dans tout le pays.
Le gouvernement anglais, <|ai poursuivait l'in-
corpovatioa de cette fie à la Grande-Bretagne,
proposa on traité m prisonnier du fort Georges,
le seul survivant des chefs des Irlandais-um's.
Lord FitZ'Gerald avait péri le 4 juin 1798. des
suites des blessures qu'il avait reçues lors de
son arrestation à DubUn, pendant le procès de
son ami à Maidstone, au comté de Kent (An-
gleterre). Ce traité stipulait le bannissement
perpétuel d'O* Connor de sa patrie. Tous les ef-
forts des patriotes* irlandais étaient désormais
inotîlea ; O" Connor consentit atr traité, à condi-
tion qu'il serait mis un terme à rerbisâon du
saogy par une amnistie générale. Un bitt dn par*
lement anglais le sancKoma, et Tlriande fut dé-
finitivement incorporée à la Grande-Bretagne en
peidant son parieroeni (l juillet t8ao>. Ccpe»-
dani le gosnemement anglais n'observa pas fidè-
lement te traité bit avec O' Connor; il le retint
encore priaennier joaq«'en 1803^ sons le prétexte
de l'étal de gnerie arec la France. Ce n'est
qa*ao mois de jnin de cette année que 0' Connor
^ sortit du fort Geonges ef fM jfllé swr les côtes
de Helmde, éPoh il se rendit à Paris , en sep-
tembre. 11 avait perdu toute sa fortune-, et ses
biens persoMiols, assez eonsidérablcs, avaient été
uMRpéa et mal gérés pendant sa captivité par
on BHmdataire infidèle. Informé de sa situalJAn
précise» Bonaparte, premier consul, le nomma,
par arrêté Un 9 ventOse an xn (29 février 1804),
général de division au service de France, et l'en*
voya h l'armée des eétes d'Ecosse, où il Ait
mis à la tète de k brigade irlandaise, dont il prit
l'miilornie. De retour h Parisà répoqoedn sacre
de Kapoléon, O' Cmmor «.'infoitua des desseine
da gowvcraement impérial an snjet du rétablis-
sement de l'indépendanor de l'IrlandS^, qoi était
l'Ame de toute sa vie; aaais des diflicultè} «pii
s'élevèrent ne lui pernsirent pas de prendre pari
anx p«éparatifiB de l'expédition centre l'Angle-
terre. La fraadiise de son caractère et son nt-
tacheoMut inaHéraUe po«r ia caose de la liberté
le rendirent peu agréable à Napoléon, qui m
Ifemploya jamais.
En 1807, 0' Connor épousa Éllsn de Conder-
eet» fille unique du pblloBsphe. L'attiée snivanla
ilai^^it le domaîBe d« Bégnoo, qui avait appar*
tenu à k kmille de Hirabeau, et s'y fit agricut-
leur. Mis à la retraite en 1815, il fut naturalisé
Français la te avril 1811. On a ér(y Connor :
Titbieau éeê wexati^na dttt gouvernement an-
gUm en Irlande ; Dublin, 1795, vM""; — État
présent ée ta Grande^ Rwâtagne; 1804, in-8*;
— leiire au général Km FageUesur iescautet
^é ont privé la Framot des avantages de ta
résolution de 1830; Paris, 1831, in-S''; — /;^
Monopole eauêede to%u Us maux ; Paris, 1849-
1850, 3 voL in-s**. Ces deux derniers ouvrages ,
composés primitivement en anglais eomrae les
précédents^ 6irent traduits en français pour leur
publication par M. Osstan LareveUière-Lépeaux.
Le général O' Connor a collaboré de 1843 à i84é
au Journal de la Liberté religieuse et a donné
avec Arago «ne seconde édition des Œuvres
complètes de Condorcet (Paris, 1847-1849, il
vol. in-g*). Madame veave O' Connor a déposé
en 1853 à la bibliolbè^oe de l'Institut les ma-
nuscrits des œuvres matliémiatiqoes de son père
ainsi que sa correspondance avec les savants
françak et étrangers, formant 4 vol. in-fol.
H. Fbqukt.
Th. Moore, The Ufe and Dtatk qf lord Edwsrd FUm>-
Gerald; Londres, 1881, 1 toI. 1d-8*, — L'Jrt de vérifier
Um dates àepoU mo, 1. 1"*-. — Moniteur univtrtH, 18M
etanAlia5&.
•CTAViB, seconde fiJledu prêtent C. Oeta-
viua, et sœur de l'empereur Auguste, née vers
70 avant J.-C, morte en U avant J.-€^ Octa-
vius avait été d'abord marié avec Ancharia, et
avait eu d'elle une fille noromée aussi Octavie.
Plutarque a Uit de celle-ci k femme de Marcel-
lot et de Mar& Antoine. Dans ce cas k célèbre
Octavk n'aurait été que kdemi-aœnr d'Octave-
Auguste, fils d'Octavius et d'Atk; mais Suétone
prétend que la femme de MareeUns et du trimn-
vir était filk d'Atia et par canséqnent sœur d'An-
guste. Cette opinion, généralemeot adoptée, nons
paraît en effet la plus fondée, et c'est celle que
nous suivons. Octavie avait épousé Marceltas
avant Tannée 54, car à cette date Jules César,
son grand oncle, désirait qu'elle divorç&t d'avec
son mari pour épouser Pompée. Celui-ci dédina
la proposition, et le mari d'Octavic oontinna
15.
455
OCTAVIE
45%
d'être un des ploe vifs opposants de César,
Après la bataille de Pharsale, il sollicita et obtint
facilement le pardon du dictateur. Octavie perdit
ton premier mari en 41, et comme Fulvie, femme
d'Antoine, mourut Ters le même temps, les deux
triumvirs cimentèrent leur alliance par le ma-
riage d'Octavie et d'Antoine. Octavie était alors
enceinte, et 11 fallut un décret du sénat pour
autoriser une union que les Romains accueilKrent
avec joie, la regardant comme le gage d'une paix
durable. Cet espoir sembla d'abord se réaliser.
La beauté d'Octavie, sa vertu, qui paraissait une
cbose merveilleuse an milieu de la corruption
contemporaine ( XP^C^ Oautiooràv ywaxubôç, dit
Plutarque ) ne furent pas sans influence sur An-
toine, qui oublia quelque temps Cléopàtre. Mais
le chaone de la vertu ne devait pas avoir un
long empire sur un cœur babitoé aux charmes
voluptueux de la reine d'Egypte. Antoine, se
rendant en Orient en 36 pour l'expédition contre
les Parthes, ne permit pas à sa femme de l'ac-
compagner plus loin que Corcyre , et la renvoya
en Italie, sous prétexte de ne pas l'exposer aux
périls de la guerre; et dès lors il s'abandonna
tout entier à sa passion pour CléopAtre. L'année
toivante Octavie tenta un effort pour regagner
l'alTection de son mari, alors occupé à comt»attre
Artavasdes, roi d'Arménie; elle lui amena d'Ita-
lie des renforts d'hommes avec une somme
d'argent. Antoine ne la laissa pas venir jusqu'en
Asie, et lui fit donner à Athènes l'ordre de retour-
■er en Itali«*.. Octavie ce soumit à cette indigne
inijonction, et renvoya à son mari des secours
en hommes et en argent, qu'Antoine n'eut pas
honte d'accepter. Octave, qui était tendrement
attaché à sa sœur, montra la plus vive indigna-
tion de la conduite d'Antoine; il voulait même
qu'Octavie quittât immédiatement Ja maison de
son mari; mais elle s'y refusa, pour ne pas don-
ner le signal d'une rupture désormais inévitable
entre les deux triumvirs. £lle continua de vivre
sons le toit marital, élevant avec ses propres en-
fants le plus jeune fils d'Antoine et de Fui vie.
Cette noble conduite ne loucha pas le cœur du
triumvir, qui en 32 envoya à sa fenune une lettre
de divorce. Malgré ce dernier outrage, Octavie
resta fidèle à la mémoire d'Antoine; elle usa en
fiiveur de JuHns, fils de Fuivie, de son crédit tout
puissant sur Octave, et étendit sa tendresse ma-
ternelle jusque sur les enfants de Cléopàtre. Elle
vécut ainsi tout à ses devoirs domestiques et
jouissant auprès de son frère, devenn le maître du
monde, d'une faveur dont elle fit toujours le plus
noble usage. Elle mourut à l'âge de soixante ans
environ, et fut ensevelie dans le mausolée ou he-
rtmm de la maison de Jules. Auguste prononça
son oraison funèbre.
Octavie eut cinq enfants, trois de Maroellus,
un fils et deux filles , et deux filles d'Antoine.
Son fils M. Marcellus, adopté par Auguste et des-
tiné à lui succéder, mourut en 23 {voy. Marcel-
LFs). De ses deux filles par Marcellus, l'une n'a
pas laissé de traces dans l'histoire; l*antre épousa
successivement M. Agrippa, et Juins Antou'os,
fils du triumvir. Les descendants de ses deux
filles par Antoine gouvernèrent le monde romain.
L'aînée, mariée à L. Domitfus Ahenobarbus, fut
la grand'mère de l'empereur Néron ; la plus jeune
épousa Orusus, frère de Tibère, et tat la mère de
l'empereur Claude et la grand'mère de Cali-
gula (1). Y.
Appien, Bel. iCio., V, «4, Cl. 9S, 9S. 188. — DIoû Cattlos,
XLVII, 7 ; XLVUI, SI, §k ; XUX, 88; L, 8. M; Ll, 18; UV.
81. — PtaUrqne, ^nton., 81, 88, 8f. 17, si, 87. — Soé-
tone, de»., 17; jiug:, k, «1. — Dramann. Cttekiekte
Ràmi, ¥01. iV, p. 888 : T, t88-i4V.
OGTATiB (l'impératrice), fille de l'empereur
Claude par sa troisième femme, Messaline, et
femme de l'empereur Néron, née en 42 après
J.-C, morte en 62. Elle était arrière- petite-fille
d'Octavie, sceur d'Auguste. Dès 48 elle fut fian-
cée par Claude à L. Silanus, jeune homme d'une
famille distinguée et très-aimé du peuple; Tnais
Agrippine, qui s'était emparée du faible esprit de
l'empereur, s'opposa à un mariage contraire à
ses propres espérances , car elle avait conçu le
projet d'unir Octavie avec son fils Domitius, de-
puis l'empereur Néron. Elle n'eut pas de peine à
rendre Silanus suspect à Claude, et le malheu-
reux jeune homme se donna la mort, en 49, le
jour même du mariage de Claude avec Agrip-
pine. Octavie fut peu après fiancée à Domitius
Néron, et leur mariage eut lieu en 53. Néron,
devenu le fils adoptif de Claude et désigné au
trdne, ne témoigna aucun amour à sa jeune
femme, et dès qu'il fut en possessioh de l'erainre
il la délaissa tout à fait En 62 il la répudia, U
relégua dans la petite lie de Pandataria, et quel>
ques mois plus tard il la fit tuer. La mort de
cette innocente victime d'un lâche et féroce tyran
est un des plus beaux et des plus touchants ta-
bleaux de Tacite (voy. NinoN). Son triste sort
excita la pitié générale et fournit le sujet d'une
tragédie, insérée dans les œuvres de Sénèque,
(1) Dn des plus InportanU édlAœt publics éleféià
Rome Mua le règne d'Aogutle portait le nom de por(^
eus Oetavim, Il étall tltné entre le CiraiM FtamMus
et le tbéStre de Maraclloa* et ooeupalt le Béoe copia-
cément que le porllqoe bAU par Q. ^^»g«Hi?T Hetelliis
après sa victoire sur la Macédoine. U renfermait, comme
ce premier édifiée, les deax temples de Jnplter Stator et
de inBoa, et contenait une irtbUothèqoe paMIqoe, qui
serrait aooveot aua réonloos do sénat, ee ^ Ht don-
ner à eette salle le nom de Curia Octevia. LVpoqne
de la construction da portique d'Octavie est douteuse.
L'oplalOQ la pina commune, fondée sur l'autorité de Mou
Cassius, c'est qu'Octave le fit construire après sa victoire
sur les Dalmatcs, en M avant J.-C ; mais c'est ii proba-
blement une eiTcur, et dans tous les cas le portique d'Oc-
taTle ne fût dédM qu'après' la mort de Marcellus, m «3.
Il ne faut paa confiondre le portique d'Octavie Iportteus
Octavie) avec le portique Octavien {portleus Ottavia),
bâU par Cn. Octavius qui commanda la flotte dan» Li
guerre contre Pertée, roi de Macédoine. (VcUefas Pater-
culus, I, il. — Dion Cassius, XLIX, M. — Plnlarqne.
Harc, 10. — Tite-Uve, Bpitt^ 188. — Suétoae, ^av^ ».
" Pilne^ Biit. nat, XXXVI. h, -. Fettu*. p. 178. édir.
Millier. - Becker, Handbueh der Rômitekem MUrths-
mer, vol. I, p. 608. - Smith, DMionanf «/ ^resft ai.^
roman biographe. )
.
457
OCTAVIE — OCTAVIUS
459
mais qui appartient plus probablement à Curia-
tius Maternus. Y.
•meWe, jinn., XI. Il; XII, fl-0. 18; XIU, il; XIV. 60-
M. " Saétone, ClaudlMt, fT ; Itero, 7. 81. — Dion Cat-
•mt, LX. 81. 88; LXI. 7; LXII, 1». -> RItter, Octavêa
PrmUxtata eurtaiio imaUnto vindieataf Bonn, 1848.
ocTTATiBii, anti-pape, né à Rome, yen 1095,
mort à LucQoes» le 22 aTril 1164. issu de la fa-
mille des comtes de Frascati, il fut, en décembre
1 138y créé cardinal par Innocent 11. Eug^e m
le fit son légat en Allemagne, et le chargea au-
près de la diète de Ratist)onne d'une mission
qoe la mort de Tempereur Conrad III (1152)
l'empècluà de remplir. Dès le pontificat d'A-
drien IVyOctavien laissa Toir tonte retendue de
son ambition en cherchant à fomenter dans l'É-
glise des schismes et des divisions Intestines,
et ses conseils ne furent pas sans influence sur
Tempereor Frédéric I*' dans la querelle dos in-
vestilnres. Député par le souverain potttife pour
engager ce prince à se désister de ses entreprises
contre le saint- siège, il trahit les intérêts de
l'Église pour capter à son profit la faveur du
monarque. Après la mort d'Adrien IV, Octavien,
qni prétendait à la papauté, contesta l'élection
du cardinal Roland Rainncd, qni avait pris le
nom d'Alexandre III, et se fit élire, le 5 septembre
1159, par deux cardinaux opposants comme lui,
Jean de Mercone, archidiacre de Tyr, et Gui de
Crème, qu'il avait entraînés dans son parti. Il se
fit appeler Victor IV. Déjà Alexandre était re-
vêtu de la chape écarlate pour son intronisation,
quand Octavien la lui arracha; un des sénateurs
présents s'en saisit; mais, à l'aide de son cha-
pelain, il s'en empara de nouveau , et dans sa
précipitation à s'en revêtir, il la mit à l'envers,
ce qui fit dire qull avait été élu à rebours.
A ce moment, une troupe de gens armés fit ir-
ruption dans l'Église, pour prêter main forte à
Octavien et lui composer une espèce de garde.
Quelques jours après, son parti s'augmenta de
Raymond, cardinal, et de Simon Rorelli, abbé
de Subiaco. Enfin, grto au crédit de sa famille,
k l'or qu'elle répandit, il trouva le moyen de se
fah^e sacrer par Imar, cardinal fk'ançais, évêque
de Frascati ( 1" octobre 1159 ). Le 28 du même
mois , Octavien écrivit une lettre à l'empereur
Frédéric et aux seigneurs de sa cour pour les in-
viter à soutenir son élection, et Frédéric, con-
tent d'avoir une de ses créatures sur le saint-
siège, ne manqua pas de l'assurer de son appui.
Bien plus, il convoqua un concile qui s'ouvrit le
5 février 1160 à Pavie et le reconnut pour pape.
Octavien mourut ha! et méprisé. Sa mort n'é-
teignit point le schisme, et Frédéric lui fit donner
un successeur, Gui de Crème , qui prit le nom
de Pascal III. H. F— t.
OUI. de FrliiORen, De rebut fWderici. — Baronliu,
^imaltf, t. XII. - Fleary. Hist. eeeUê., 1. LXX,
cb. xxzTU et ttttT. — Aabery , Uitt. d€$ eardin; LI.
OGTATIO {Francesco)f surnommé Cleo-
phile^ IKtérateur italien, né en 1447, à Fano
(Étals de l'Église), mort le 26 décembre 1490, k
Cometo. Se trouvant à Rome, il y connut Pom-
poniuB Lœtus, qui lui fit prendre le nom de
CléopfUle, n enseigna pendant plusieurs années
les humanités à Vilerbe; quelques-uns de ses
élèves, irrités de sa sévérité excessive, lui ten-
dirent un guet-apens, et il y reçut une blessure
à la main, dont il demeura estropié. Il se retira
alors à Cometo, et s'y maria ; il allait se mettre
en route pour revenir à Fano, sa ville natale,
où on lui offrait une chaire, lorsqu'il mourut,
non sans des soupçons d'empoisonnement U
était fort aimé à la cour de Rome ainsi que den
princes de la maison de Médicis. On a de lui -.
BpUtolarum de amoribtu liber et carmina
nonnuila; Naples, 1478, in-4® ; — Libellus de
cœiu poetarum; Paris, 1503, in-4*; — Opéra
numquam alias împressa : anthrapoiheoma-
chia; historia de bello Fanensi; Fano, 1516,
in-s*". Ces divers ouvrages sont rares. P.
TtnboMlil, Simia deUû leUer, ttoj., VI, f« parL
TABUAU ofaiAXXMSlQCX SK LA OITO OCTAVU.
Cn. OctsTlii» Ruf us, qaesteor en >S0.
Cn. OcUvins , pr^tcw en 108.
Gn. OctavlQs. conml en 168.
I
Cn. OcItTlot,
consul en lis.
'Cn.OetavIurr
cooenl enfT.
I
I
M. OcteTlos.
trlbon dn oeaple
L. Ofltiilas, eoasal en 78.
M.OctaTlns.
tribon. dn peuple.
Cn. Ooâtfns.
eensnl en 76.
M. Oeuftns,
Mlle en 80.
os Octarlas , cheraller.
I
C OettTlns, tribun militaire en ti6.
C OctaTloB , chef aller romain.
I
G. OctaTlns . prétenr en 61 .
époose
I
Ancharia.
AiU.
OeUvte, minée. ÔcUtie, UJenne. Ociave-Augast^
OCTATIITS (OCTAVIA GEKS, malson DBS),
maison romaine, célèbre parce qu'elle compte
parmi ses membres l'empereur Auguste. Elle
était plébéienne et originaire de la ville volsque
de Vélitres. Suétone raconte qu'un membre de
cette maison reçut de Tarquin l'ancien le drott
de cité à Rome et fut admis parmi les patriciens
par Servins Tullius ; que la gens Oeiavia passa
ensuite dans l'ordre plébéien, et que, longtemps
après, César la réintégra dans l'ordre des patri-
ciens. Bien qu'il n'y ait rien d'impossible dans
ce récit, il a été fabriqué à une époque où U
469
OCTAYIUS
460
gens Cktavia, devenue «élfebre par sen alHaoec
avec la §ens Jnlia et par TéléTatkm d*Oetove
Augoste, diercliail à se donner une cététmlé ré-
trospecfTTe; ai Tite-Uve, fri Denys d'Haliear-
Disse n'ea font mention. Quei ^'fl en soit, le
premier membre de cette maison rîté dans lliis-
tolre est Cn. Octavfus Ru/tu, questeur en 190.
OctaTitts Rnfus laissa dea% fits : Cifeltfsr, cfoi fut
édile (206), prétear (205) et «n des lieutenants
de Scipion à lia tnrtaiUe de Zama (202), et €aha,
qui resta simple chevalier. Les descendants de
Cneias s^élevèrent mxx premières chaires de f É-
tat; les descendants de Gains restèrenit dans
l'ordre éqnestm, et le premier qni entra an sénat
fut le père de l'empereur Auguste.
SaiKh , Dictim» ^ fre€k mnd romam Uoampàit,
<iCTâvnrs (Cneius)^ petit-fils de Otaeim
Octavius Rufus {voy. plus haut), assassiné en
162 aTant 1 .-C. Eo 170, il alla en ambassade
en Grèee avec G. PopUius Lseaas , et à son Te*
tour à Rome, "eB f 69, il Ait élo déœmvir des
sacrîfioes. Préteur en 168, i( eut le commande^
ment de la flotte envoyée contre Fersée, roi dn
Macédoine, et oe fet à liii que Persée se rendit
prisonnier. Octarius revint à Rome l'année sui-
vante, avec un riche Initin, et obtint les bonneors
d*ni triomphe naval Les richesses rapportées
de cette campagne loi permirent de se faire bAtir
une magnifique maison sur le mont Palatin ëi
de vivre avec splendeur. Il fut consul en 165
avec Q. Manfine Torqnatus. Le sénat l'envoya
en 162 avec deirx coRègues pour rétablir Tordre
dans le royaume de Syrie, où phisienrs préten-
dants se disputaient k tutelle du jeune roi An-
fiochos y. Les ambassadeurs do sénat devaient
réclamer en même temps la stricte exécution do
traité qui interdisait aux rois de Syrie d'avoir
une flotte et des éléptiants de gnerre. €ette mis-
sfon coOta la vie à Octavius, qui fiit assassiné
dans le gymnase de Laodio^ par vn Grec de
Syrie, nommé Leptine, à ifnatl|^«i dn Lysias,
un des tuteurs du jeune roi. On lui éleva une
statue sur les rostres. Octavius fit l)&tir un por-
tique appelé porticus Octhvia ou portieus Co*
rinthia, parce qu*il était composé d'un double
rang de colonnes d'ordre corinthien. Ce portique,
reconstruit par Tordre d'Auguste, n*e\is(ait déjà
plus du temps de Pline. Y.
Titc-UTe, XMII, 17; XLIV, 17, 18, fl, 85. - XLV, ». «,
4S. - Polybe, XXVIII, S, 8 ; XXXf, It, tS, 1»-f 1. - Vellelus
Paterculas, I, S; U, I. — Plutarque, JSmii. Paul., tS. —
Applen, Syr., M. - PHiie, Uia. imM., XXXIV, 8, 6. -
FeatuR, au root OctaciKy et 0. MUIIer, PrsefoZ, aâ Fet-
tMm, p. JUUX. — Monummtium aneyrawtm, ^ n, «te.
édition de Franz; Berll», itW. — Bccker, RômUch. jiU'
terthûmêT, vol. 1, p. 617.
OCTATIUS {Cneius), petit-fils du précédent
et fils du consul Cn. Octavius, mis à mort en
87 avant J.-€- Dans lesdinensions «d viles q#
marquèrent le ommmeoocfnieDt éa prcnlier siècle
avant J.-C, Oetavioa fut un des plna fermoi
défensenrs du parli avistomtkyue. Déjà wê
M. Octavius, m» parent et prohaUeincnt aan
oncle, s'était signalé par son opposition, à Tibn-
nus Graochns (my. œ nom). Il M consul ea
87 avec L. Cornélius Cinna, un «1 après le
consulat de Sylla et le bannissement de Mariua
et de ses principaux partisans. SyUa était alors
occopé à «omlwttre Mithridate en Grèce, et tout
le pcâds de ta défense des intérêts du parti aris-
tocratique retomba sur Octavius, qoi semble
avoir été on honnête homme, mais sans initia-
tive et sans talents militaires. Sa droiture et son
éloquence furent insuffisantes dans ta crise qui
éclata aussitôt après le départ de Sylla. Chma
essaya de relever le parti de Marius en incorpo-
rant dans les trente-cinq tnlms les citoyens qui
avalent reçu récemment le droit de cité. Octa-
vius résista à cette mesure avec beaucoup d'é-
loquence ; mais le débat ne resta pas longtemps
dans des termes parlementaires. Une Intte ter-
rible éclata sur le forum et eut pour résultat
Texpulsfon de Cinna. Le sénat donna à la vic-
toire du parti aristocratique une oonsécration
légale en déposant Cinna de sa charge de consul,
quifVif donnée à L. Cornélius Merula. Le consul
déposé leva des troupes, marcha sur Rome, et
reçut ijientôt dans la personne du proscrit Ma-
rius an terrible auxiliaire. Les soldats ifOctaviffs,
n'ayant pas confiance en loi, demandèrent ponr
général Metef lus Pins ; mais celui-ci, dédinant
un commandement trop dangereux et regardant
la résistance comme Impossible, se hâta de quit-
ter Rome. Les amis d*Octavius Inf conseillèrent
vainement de suivre cet exemple; se confiant
aux promesses de China et aux prédictions des
devms qui lui annonçaient qu'il ne cotirait ancun
danger, il assista au défilé des troupes de Cinna,
et fiit ^rgé sur sa chaise comte. Les meurtriers
loi coupèrent la tétc et la suspendirent aux
rostres. Y.
Applen, Sel. civ.. I, 61, 68-71. ^ Plotarqae, Mariys,
41, 4t. — Valère Ma ilme, f , 6. — mon Casatas, Praetn^
117. Ita, édlt de Rrtaaarut. - THe-Uve, £jhC,7S, Ml -
Florus. lU, 11. — Clcàron, inCaU, lU. iO; de Burutf,
retp., 88 : PhUipp.y XIII, 1 ; X IV, 8 ; Tusevl , V, if ; pn
Sest.^ 86; de Divinatione, 1, 8; de /Vot. dcormm, II, 8.
OCTATIP8 (Jlfarci«), petit-neveu du pré-
cédent, vivait dans le premier siècle avant J.-O.
Il fut édfte curule en 50 avec M. Caelius, et
comme tous deux étaient les amis de Cicéron ,
ils demandèrent à Torateur, alors proconsul en
Cilide, de Teur envoyer de6 panthères pour les
|eox pnfafics. Lorsque édata lia guerre civile, en
49, Octavius, fidèle aux principes héréditaires de
sa famille, épousa bi teause du parti aristocra-
tique. Tl fut chargé avec L. Scribonius Ubondu
commandement des ilottes de Libiimie et d*A-
chaïe, et servit sous les ordresde M. Bibulus, qui
commandait en chef la flotte de Pompée. Son
escadre et celle de Libon défirent Dolabella sur
la t8te •d^fllyiie, et forcèrent €. Antorans de se
rendre prisonnier. Oetavtos seul fut moins heo-
reux, et après avoir essayé un grav<e échec il
ail«i«joiadre Pompée à Dyrrtiachfnm. La définfe
de son parti à Ptiannlle ne le déconragea pas. TI
fittoite pour l*Illyrie,et réussît d'abord à s'en
461
OCTAVIUS - OCTONVÏLLE
4G2
emparer; maisîl en Tut chassé en 47 par Cor-
nificius el Vatinhis. Il se réfugia en Arriqne, où
le parti pompéien tenait encore , et après la ba-
taille deThapsus (en 46), il demanda à partager
avec Caton le commandement des derniei's dé-
bris de Tarmée républicaine. A partir de cette
<époquè it disparait de Iliistoire pour ne repa-
raître qu*à la bataille d'Actium (31 avant J.-C),
où il commanda avec M. Insteius le centre dé ta
flotte dTAntoîne. 11 est curieux de voir le dernier
représentant de la branche aînée des Octavius lut-
ter JQsqu'an dernier moment contre la cause qui
avait pour ctief le membre le plus célèbre de la
branche cadette. Y.
dcér^n, ad Family III. 4; VIII, I; ad MtU., V. si;
VI. 1. ~ César. Bet, civ., III, S. — Dion CarisItM, X\.\,
XLlU ÏU M. — FloriM, IV» t.— OroM, V, ta. -^ Hlrtlus.
£el. jéUx., 41-M. — Platarqae, CaL mtn^ tt; jénL» M.
OGTATius (Caàus), arrière-petit-rils de Guus
Octavius^ le second âls 4« Cneiu4 Octavius Ru-
fus ( voff, le tableau généaleigique ) , el père de
Tempereur Auguste, mourut en 58 avant J.-C
Jusqu*à lui la brancbe cadette des Octavius avait
Técu dans Tobscurité, plus pressée d'acquérk
des richesses que d'exercer les grandes charges
de rÊtat. Son grand père avait été tribun mîA-
taire et peut-être propriétaire d'une noanufacture
èe cordages (Marc-Antoine reprochait a Auguste
â*avoir pour aïeul un affranchi et un cordier) ;
son père vécut tranquillement à Vélitres, content
des honneurs municipaux de sa ville natale ^ et
augmentant sa fortune en prêtante intérêt Caïus
Octavius eut plus d^ambition ; le t)remier de sa
famille^ il aspira aux grandes charges de TÉlat,
et grâce à sa fortune patrimoniale, il les obtint
sans pdne. Une inscription nous apprend qu'il
fut deux fois tribun des soldats, questeur, édile
plébéien, avec G. Torauius, juge des enquêtes
et préteur (1). Nous n^avons pas de détails sur sa
carrière politique jusqu'à la préture ; nous savons
seulement qu'il avait rempli les charges précé-
dentes avec beaucoup de droiture et de capacité.
Velleius Paterculus, suspect il est vrai de flat-
terie pour la famille d^Auguste, le qualifie de
gravis 9 sancttu, innocens , dives, et. ajoute
qu*n se fil assez estimer pour obtenir en mariage
Alla, fille de Julia, sœur de Jules César. 11 fut
él<vé à la préture en 6i , et en remplit les devoirs
d'une manière si exemplaire que Cicéron le re-
coonmanda comme un modèle à son frère Quin-
tns. L'année suivante il succéda h C. Antonius
dans le gouvernement de la Macédoine avec le
titre de proconsul. Sur son chemin, il tailla en
pièces, par l'ordre du sénat, dans le district de
Tharium, une troupe d'esclaves fugitifs qui avaient
fait partie des bandes de Spartacus et qui s'é-
taient rassemblés de nouveau à Tappel des com-
plices de Catitina. Son administration honnête et
énergique mérita que Cicéron la citât à son frère
<i) c ooracTtiM. e *. c ir. c. t. «(trrcsl. tatsh «tr*
CUftTI TmjB MOu. ats. Q. Afl». K. cuit. C TOa«iM»
4DDEX QUiBSTlOnUM PR- PROCOS. UlfERATOa AT-
rRLIATCt EX PROVIZtCtA «ACEDOITIA.
Quinlus comme un nouvel exemple à suivre. H
mit en déroute les Besses et quelques autres tri-
bus thraces, et reçut de ses sol^lats à cette occa-
sion le titre àHmperator. T\ revînt en Italie à la
fin de Tannée 59, et il avait l'espoir d'être nommé
consul aux prochaines élections, lorsqu'il mourut
subitement au commencement de Tan 58, à Nola
en Campaoie, dans la même chambre où^ soixante
douze ans plus tard, Auguste rendit le dernier
soupir. Octavius avait été marié deux fois. De sa
première femme, Anchaiia, il eut nue fille, Ocia'
vie l'atnée; de sa seconde femme, Atia, nièce de
Jules César, il eut une fille, Oclavie la jeune et
un fils, Octavius (Octave- Auguste). Sa seconde
femme et ses trois enfants lui survécurent Y.
Stiétoae, yiuo.. S, 4. — KIcûlas de Oainas, Fragmenta
t«lans tm Fragmenta Mst. grtteorum, éd. Otdot). — Pa-
toroBln» M, 9K ^Geètoa, ma jntte,. II, t ; M ÇmM,
/rtU^ 1, 14 U. ii Mtfipfw. ni, •, - Ta«ita, ^nii., i, t.
0CT««TiULii (RatnU o*)» meurtrier de Louis
duc d'Orléans, naquit au ^uaturziène siècle, et
mourut après 1412 (1). Son 4ière était ea 1M0
capiialae et garde des chàiel et viUe de Vire ,
qu'il défendit contre les Anglais, En 1389 sou fila
Raoulet appartenait comme 4»ficier à Técorie du
roi Chartes VI. U ambrasse «QSMte ta carrière
deafinanees. Garde de l'épargne du roi en 139A,
il devint, le 26 mai de la même année, oonieiUer
général fiour les aides de ta goerre. 11 fui aor
suite < 1307) coasciUer supérieur des finances^
avec Jean Chanteprime et l'arclievêque de fi»*
sançon, puis gouverneur général des finançai
en Languedoc et en Guyenne (iS décembre I3M).
Raould'OctonviUe jusque-là n'avait eatl^ete■■
avec ta cour« spécialement avec U reine et ta due
d'Orléans , que de boas rapports. Ainsi, en 1396
il avait fait {tartie du cortège pompeux de gen*
til&liommes et de Camiliera qui aecompagnèmit
jusqu'à Calais la jeune princesse Isabelle, fiUe
de Cliarles VI, fiancée au roi d'Angleterre. Mais
tersque Raoul d'OctonviUe eut obtenu l'Inten-
dance financière du Languedoc,* ces rapporta
prirent un autre caractère. La reine et le due
d'Orléans, toujoarsà court d'argent, exigeaient
des receveurs provinciaux des rentrées de de*
nicrs très* promptes et même souvent des ver-
sements anticipés. En U99 la reine réclamait de
Raoul une somme de sept mille livres, portée
plus tard à dix mille, que le financier niait avoir
reçue et dont il refusait de s'accuser redevalita»
Eu 1401 Octon ville, actionné judictairemeat par
la reine, fut cité devant le parlement. Poursuivi
sous le grief de malversation, il fut destitué 4e
son office par le duc d'Orléans. Victime de
Louis, Raoul d'Octoavilte trouva un protecteur
et un appui dans la personne de Philippe le
M Ce cenUlhomne, d'après todte ap|Mr«soe, tirait Ma
nom d'une localité appelée anjeiird'iiiil ^ncfovi/ie, et
située prés de GraovUle , dosa le départcDaent de la
Manche. Celte déoominatloa ae préaente, pannl lei
tex4ea andeoc, soua diveraea formes et varlanie^ teiies
I que JnquptotMle.jéwtuetanvUiê, et eaSa OcfonvUUt , dé-
. Dominatioo« qui a*appUqaeat égaleaaeiit M lica et au
i pcnonnaje qui npus occupe.
463
OCTONVILLE — ODASSl
464
Hardi , riyal du jeune duc d'Orléans. Le 3 aoAt
1402, le duc de Bourgogne convoqua dans 8on
propre h6(el,àParis, les gens des comptes,
auxquels il enjoignit d'avoir, en sa présence, k
reconnaître comme trésorier du roi Raoul d'Oc-
tonville. Mais le duc d'Orléans destitua de nou-
veau le financier, et le fit dépouiller, par voie de
saisie, de ses biens meubles. Wavrin de Forestel,
dironiqueur du temps , ajoute que le duc entre-
tenait avec la femme de Raoul des relations cri-
minelles, et que les plaintes du mari outragé
n'ab(yitirent qu'à la destitution du réclamant.
P. Ck>chon, autre chroniqueur contemporain,
affirme que Raoul balançait entre les sentiments
de gratitude qui le liaient à la fois à la maison
d'Orléans et à la maison de Bourgogne. Suivant
cet auteur, H. d'Octonville proposa d'abord au
duc d'Orléans d'assassiner le duc de Bourgogne.
Mais après avoir déjà reçu une avance sur le
prix du meurtre, il se sentit des scmpules.
Raoul en fit confidence au duc Jean sans Peur,
qui lui offrit « d'entreprendre l'opposite, à sça-
Toir de tuer Louis duc d'Orléans » ; ce que Raoul
accepta très-volontiers. Nous renvoyons au récit
très-connu de Monstrelet et d'autres auteurs,
pour les circonstances de ce crime mémorable,
qui eut lieu le 23 novembre 1407, dans la vieille
me du Temple, entre l'hôtel Barbette et le palais
de Saint-Paul. R. d'Octonville , pour accomplir
ce forfait, avait loué, plusieurs semaines d'a-
vance, une maison propre à servir de posteaux
assassins. Il aTait recruté et dressé dans cette
vue une triple brigade de sicaires, an nombre
de seize compagnons. Coiffé d'un chaperon rouge
à longue draperie, qui « embrunchait » son vi-
Bage, Raoul d'Octonville dirigea le coup. Quand
le meurtre fut accompli, il examina le cadavre
à la lueur d'une torche de paille, s'assura que
le duc était bien mort, et donna le signal de la
fuite. Il rallia ses hommes à l'hôtel d*Artois ,
cliezledocde Bourgogne. Peu de jours après il
suivit en Flandre Jean sans Peur, qui paya le
salaire de ses « libérateurs». Raoul d'Octonville
reçut pour sa part aoo francs d'or. 11 demeura de
plus attaché à la maison ducale, avec le titre qu'il
avait jadis porté auprès du rot, celui d'écuyer
d'écurie. Le 6 août 1408, par mandement donné
à Bruges, Jean sans Peur accorda à Raoulet
d'Octonville, son écuyer et conseiller, « pour les
agréables services par lui rendus », la somme
de 500 francs d'or. Le 5 janvier suivant, Raoul
reçut 210 écus d'or « |$our son monter et habil-
ler, tant de chevaux comme de robes ». En 1412
il figiTre pour la dernière fois sur les états delà
maison ducale au nombre des écuyers ordi»
flaires, A. V.— V.
Cabinet des tlU'es : OctonviUe. Comptes des rois de
France, K K4i, !•• 188, 160, etc. Re^Utres do parlement;
notes commantqQies par H. J. Plcbon. Maniuc cal-
gnlères, TTI, i» pages «9T; etc. Mémoires de Bauyn,
manuse. de IMnstUot, 371. — Labarre, Mémoires d€
Bourçofpu, nu, lo-*», p. 147-8. - Vallel de VlrlrUIe,
Auatsinatdn due d^Orléans, dans le 3Tagasln de li-
Prairie da il novembre 1819, p. I4i et aulv., etc.
OCTOUL (Etienne), astrononje français, né en
1589, à Ramatuelle,près Fréjufi,roort en 1 655, au
couvent de Pourrières (aujourd'hui dép. du Var).
Il entra en 1608 chez les minimes d'Avignon et
fit sa principale occupation de l'étude des roatlié-
matiques. On a de lui : Inventa astronomica,
primx mundi epochx a priori constructx, etc.;
Avignon, 1643, in-4*. 11 s'attache à démontrer à
quel jour, selon le calendrier Julien , le monde a
été créé et à déterminer en quel méridien et à
quel degré du zodiaque se trouvait alors le soleil.
« II propose, dit La Lande, un instrument pour
prendre la hauteur ; c'est un secteur à pinnules,
dont il faisait tourner le limbe dans une cooh'sse
circulaire concentrique placée dans le plan du
méridien. »
Aehard, DM. hM, de la Provence, — La Lande, Bi-
biiogr. astnm.
o^DALT (Daniel), religieux irlandais, né
en 1595, dans le comté de Kerry, mort le 30
juin 1662, à Lisbonne. Il fut élevé en Flandre et
y prononça des vœux dans Tordre de Saint-Do-
minique. Ayant été appelé à la cour d'Espagne,
il s'insinua si bien dans l'esprit de Philippe IV
qnece prince, qui était alors mattre du Portugal,
le chargea de surveiller la fondation d'un cou-
vent à Lisbonne pour les moines irlandais. 11 eo
devint le premier supérieur. A l'avènement du
duc de Bragance au trône, il vit augmenter son
crédit, et fut employé dans les affaires les plus
considérables du royaume. En 1655 il se rendit
auprès de Louis XIV en qualité d-ambassadeor,
afin de négocier un traité d'alliance et de com-
merce. Arrivé à Paris, il ne voulut point d'autre
logement que le couvent des dominicains de la
rue Sainte-Honoré, où il demeura pendant tout
le temps de son ambassade. « On lui donna ce
bel éloge, dit le P. Baron, que personne n'a
jamais su faire une union plus heureuse de la
piété avec la prudence, de la modestie et de
l'humilité religieuse avec la gravité et la sagesse
d'un ambassadeur. » Cette modestie cependant
ne l'empêcha d'exercer les charges de son ordre,
telles que celles de censeur de Tinquisition, de
visiteur général et de vicaire général du royaume.
On a de lui : Initium , incremen^ifm et exi-
ttts familix Giraldinorum Destnonix comi-
tum Kierria in Hibemia; Lisbonne, lC5ô,
in-8«. P.
V. Baron, Apologétique, :ltb. l, p. 4M; Uo. 4. p. t4i. -
Êchard et Quétl/, Script, ord. prwdieat. II, 617.
ODASSl (Tifi OEGLi), poëtc iUlicu , ne à
Padoue, vers le milieu du quinzième siècle Sa
famille était noble; on ne sait rien de loi sinon
qu'il est l'auteur d'un petit poëme intitulé Car-
men macaronicnm de quitmsdam Patatini^
arte magica delttsis, composition bizarre et
licencieuse, qui l'a fait regarder par quelques
écrivains comme l'inventeur de la poésie maca-
ronique. Au reste, ce poëme est devenu d'une si
grande rareté qu'au dire de Tiraboachi il n'en
existe que deux exemplaires conservés dans la
46-3 ODASSI
bibliothèque de Parme. D'après Scardeooe, il
aurait eu au moina une dizaine d'éditions. Dans
œ nombre l'abbé MoreUi en a décrit une seule,
de 10 feuiUeU in4<», sans chiffres , signatures ni
réclames, et qui parait avoir été imprimée vers
149a.
Son frère, Lodovico^ conseiller du doc d Ur-
bin et mort en 1510, a pubUé Cebetis tabulx;
Bologne, 1497, în-S» ; réiropr. en 1720, à Londres,
par Thomas Johnson ; et Orazion Juntbre del
duca dUrbino Guidubaldo d^ Mont^eltro;
Pesaro, 1508, in-4*. P»
TlraboKtal, SUaia délia lettêr. Ual. - Scardeone,
Antiq. mrbU Pa««i»«,M». — PapadopoU, HUt, nmnasli
patavini. — MorclU, Catalogue Pinelli, n« »m.
oooi ( Muzio)^ géomètre italien, né le 14 oc-
tobre 1569, à UrWn, mort le 15 décembre 1639,
dans la même ville. Sur les conseils de Fran-
cisco Barocd, qui lui enseigna le dessin, il s'ap-
pliqua à l'étude des mathématiques, et y fit de
remarquables progrès; cependant il embrassa la
carrière des armes, et commanda l'arlillerie dans
le corps d'armée qui fut envoyé au secours des
ligueurs français. Il jouissait d'un grand crédit
à la cour de François de LaRovère; mais, ac-
cusé de révéler à la duchesse ce qui se pas-
sait dans le conseil, il tomba en disgrâce, et
fat enfermé dans la forteresse de Pesaro (1600).
]] passa une année entière au secret le plus
alisolu. Ce fut dans cette retraite forcée qu'il
parvint à écrire plusieurs traités de mathéma-
tiques avec une encre composée de charbon
pile, d'eau et de noir de fumée; un roseau lui
servit de plume, et il raffermit son papier au
moyen d*nne colle légère. Ses manuscrits se
trouvent encore à Urbin, dans la bibliothèque
Yîncenzi. La captivité d'Oddi s'adoucit un peu
fn 1602, et il fut mis en liberté en 1609. Aussitôt
il se rendit à Milan, et y enseigna les mathéma-
tiqnes. En 1626 il fut invité par les magistrats de
Lncqaes à diriger les fortifications de cette ville.
Après avoir occupé la place d'ingénieur à Lorette,
il loi fut permis de revenir à XJrbin, où il mourut,
à l'âge de soixante-dix ans. On a de lui : Degli
Orologi solari nelle superficie piane; Milan,
16 1 4, în-4" ; — un autre ouvrage sur le même
sujet; Venise, 1638, in-4* : « ces deux traités
sont remarquables, ait Montucla, par diverses
pratiques ingénieuses et plus de géométrie pro-
fonde qu'on n'en trouve d'ordinaire dans les
livres de ce genre » ; dans la préface du second
traité l'auteur dénonce comme un eCHronté pla-
giat de ses propres travaux l'ouvrage du P. Jules
Fnligatti intitulé Degli horiuli a sole (Ferrare,
1616, hi-4*); — Dello Squadro; Milan, 1625,
in-4*; — Vella Jahrica e delV uso del com-
passo poltmetro; Milan, 1633,in-4r
Son frère, Matteo Onni, a publié trois cen-
turies de Precetii di archiiettura militare;
Milan, 1627, in-S». O.
HossU, PinaaAheea. p. 1, 17*. - Freher, TKeatrutn.^
Apofttolo Zeiio, WoU al FomUmlnU 11, SS7. -> Hootuda,
HM. Ut notAAn,, 1, 7S0.
— ODDI
466
ODDI (Odù DEGu), médecin italien, née Pa-
dooe, mort le 6 février 1559» dans la même Tille.
Il exerça d'abord la médecine à Venise, et devint
professeur à l'université de sa ville natale. 11 avait
heancooplu Galien, et il ne parlait ou n'agissait ja-
mais que d'après les principes de cet auteur ; aussi
l'appela-t-on Xdme de Goiien , surnom qu'il se
glorifiait d'avoir roé|ité. On ignore si les ou-
vrages qu'il a écrits ont vu le jour de son vivant;
les éditions connues sont toutes posthumes. Il
a laissé : De pesiis et pesHferorum omnium
t^ffecluum cousis, signu, prxcaulione et eu-
ratione Ub, IV; — Àpolagiss pro Galeno
lib. III; — De cœna et prandio lib, 11; Ve-
nise, 1570, in-4*; son fils, qui a Imprimé ces
traités avec nn des siens ( De fmtredine), a pris
soin d'en retrancher tout ce qui traite de l'in-
fluence des astres relativement aux maladies;
^ In Aphorismorum Bippocratis prioree
duos seetiones intepretatio ; Venise, 1572,
in-8*;Padoae, 1589, in.4»; — Ars parva;
Venise, 1574, in-4<*; — In primam totam
Few libH primi eanonis Avieennx; Venise,
1575, in-4''; — In librum Artis medidnalis
Galeni; Bresda, 1607, in-4'*.
Son fils, Onni (Marco degli), né en 1626, à
Padoue, où il est mort, le 25 juillet 1591, em-
brassa la même profession. U enseigna dans sa
vflle naUle la logique (1546), la philosophie
(1549) et la médecine (1583). On a de lui : De
pti/redine; Venise, 1570, in-4*; Padoue, 1585;
avec trois traités de son père; — MeditatUmee
in theriacam et mithridaticam antidotum;
Venise, 1576, in-4' ; — De componendis me-
dicamentis; Padoue, 1583, in-4«; — De morbi
natura et essentia; ibid., 1589, InA"*', ^ De
urinarum di/ferentiis ; ibid., 1591, in-fol. P.
MiDgtt, BUatoth, medlea. II. - Papadopoll, Hist,
çymn. patav; — Tomatlni , Blogkt,
ODDI (Sforza DECLi ), poète et jurisconsulte
italien, né en 1540. à Pérouse, mort en 1611 , à
Parme. Il fut un des jurisconsultes les plus es-
timés de son temps et tint successivement école
à Macerata, à Pise et à Pavie. En 1599 il fut
appelé à Padone pour occuper la chaire que la
mort du célèbre Panciroli venait de rendre va-
cante ; mais en 1600 il l'abandonna, et se rendit
à Parme , où le duc Ranuccio Famese le nomma
conseiller et premier lecteur de son noiversité.
Il forma d'habiles disciples, entre autres Albe-
rigo Gentilis. On a de Ini : De compendiosa
substitutione ; Pérome, 1581, in-fol.; — Con-
silia; Venise, 1593, ln-«bl.; — De fid^com-
missis; ibid., 1622, in-fol,; — De restitutione
in integrum; Francfort, 1672, in-fol. Ces divers
ouvrages ont eu plusieurs éditions. Oddi avait
dans sa jeunesse composé des comédies qui
eurent du succès, telles que VErofiU>machia
(Venise, 1572), / morti vivi (Pérouse, 1576).
et la Prigione d^amore (Florence, 1592). P.
TIraboMhi. Storia délia lêUer. Ual, - JacobUH, 1h^
blioth. UmbrUe^
467
ODDI —
ODM (JocofM DBCu), prélat iWicn, né lé 12
novembre M79, à Pérooae* floort en avril 177^,
à Viterbew U appartenait à la néme faraHie i}tie
lea pi^cédenls. Il vint de boaae bevra à Rame,
^ remplit arec sèàe péasieurs emplaia hono-
fiables; après avoir adnainistré les Tillei d'An»
<Ant, de Civita-Vecehia et de Macerata, il fbt
«barge de niaaiona polHiqyea à Panne et à Oo-
logniL £d 1739 il se rendit e» qualité de nonce
à la coar de Portugal- Nommé oardinal en 174&,
a devint légat de Ravenae (1746) et évèqoe de
Vjterbe (1749). On a de bii : ConsiUuti9ne$
^dUsR tu Vittrhktm*i synodo; Yiterbe, 1753,
A cette famille U liut égatement rattacher
lÂntgan-Ifntaào accuOnm, jésuite^ né en 16S5
«t mort en 1773. Oe religienK, qin passait ponr
trèS'fnstrait, donna ivequ^ea 1729 à âome des
le^ns sur l'isten^réCation des saintes Écnlures.
il a pobtié en italien des noticas sor plusiears
liersonnages de sa compagnie, notammeot «or
Loaia de Poot, François <de Geronimo, Jean
d'Avïa, ete. On die amsi de kri la Viia dH in-
fcMta d^MuMa MmrgherUa; ftome> 1733.
in-4«. P.
Banfl, GmMlo0, jérchitntriuÉ^ - AMoiMffe Marteo
BoMtantie.
ODEBERT ( Pierre) f ^oaglstrat Trançais, né
ea 1574, à Dijon, où il est mort, le 19 novembre
1661. Beçu en 1604 président aax requêtes du
parlement de Dijon, U exerça cette charge jus-
qu'en 164 6. II contribua à la formation de plu-
sieurs établissements charitables, restaura des
églises et des couvents, donna 80,000 livres
pour élever des jeunes filles pauvres dans l'IkV-
pital de Sainte- Anne de Dijon, et fonda ^ au col-
lège des Jésuites de cette ville, quatre chaires de
théologie, n est auteur d*un livre de piété inti-
tulé Û Académie des afflictions où setrouveni
les biens so/tofe^ (Dijon, 1666, in-4<^). P. L.
Peiry. PûeHs Pinâttrica; ISSS. — Paptfloo, MOeurs
de tKmrgogm»
ODBLBBfiai (^ Ernes^Olkon' Innocent t ba-
ron d'), officier et écrivain militaire aUennand ,
•é àRieiOB, le 13 mars 1777, mort à Dresde, le 2
novembro 1833. En 1813 il Oit attaché à Tétat-
major de Napoléon, qnll accompagna pendant
toute la «^pfipagiie de Sax«. il moarot colanel
<le caTâlerie et aide de camp du roi de Saxe.
On a de Itti : Der Feld%ug Napoiêons in
Sacksen im Jahre 1813 (La campagne de Na-
fMriéon en Saxe en 1813); Dresde, 1815 et 1810,
iB-8° : traduit en français « Piris, 1817, S vol.
i»-8°4 cet ouvrage erxeita les récriminatiotts des
«Mlmifateurs eKcUisifS'de Napoléon; -^ Die 6e-
^emd von Maulzeu mit eintm Commentar
Hber die Sehlaobt vom 20 amd 21 mai 1813
(La contrée de Bautaen, avec ua commen-
<aire sur la bataille des 20 et 21 mai 1813),
ibrd,; 1820, Avec ane exoallente carte; '^ Carte
topoqraphique de la Suisse saxonne; 1830. 0.
Cotufersationt.'Lexikou.
, ODELL (rAom(»), auteur dramatiqne anglais,
ODENATH 468
né dans Je ex>mfé de '^oekfn^iam , mort «n mai
1749. it entreprit d*éle!f«r dans Ooodman's
Fields on théâtre (1729), qui «ift benaecap
de toeeèa; mais, sor la plainte des akler-
men , il fut obKgé de le fcîrmer «ous prétexte,
qu'un tel établissement donnait lieu à la diesi-
patina des ouvriers et à là dimtnutioo dn tra-
vail. Quelques années plos tard, oe tbéAtre fvt
rouvert sarn opposition , et Garrick y fit ses pre^
miers débots. En 1738 Odell obtint une plaoe
dans les menqs plaisirs de la oour. Il est au-
teur de quatre pièces , dont denx mértteni d^re
signalées : Calmera (172!) et Prodifoi <1744),
comédies. K.
Baker, BiografMa dramaUca,
ODENATH, prince de Pahnyre et mari de
Zénobie, on de ces vaillants usurpateurs ou ty-
rans, comme les appellent les écrivains de
V Histoire auguste, qui, vers le milieu do troi-
sième siècle après J.-C, sauvèrent Tempire ro-
main d'une ruine imminente. Agathias dit qu'il était
d'une humble origine; Zosime le fait naître d'une
riche famille de Palmyre, et Procope prétend
qu'il était prince d'une tribu sarrasinc qui ha-
bitait aux bords de l'Euphrate. De ces témoi-
gnsges divers, mais non contradictoires p car la
noblesse d'un petit chef arabe pouvait paraître
médiocre et même basse pour un empereur ro-
main, il résulte qu'Odenatb était de race sar-
rasine et chef d'une des tribus qui habitaient U
région dont Palmyre était la capitale , région
vassale de Rome plutôt que partie tnf^ranle 6e
l'empire. Sa vie est très-peu connue. Trebd-
lius Poli ion, dans une courte biographie, nous
apprend que le jeune Arabe lit dans les rudes
exercices de la chasse l'apprentissage de la
guerre. « A jamais mémorable pas ses chasses ,
dit-il, il s'exerça dès son premier âge avec nne
m&le constance à prendre des lions et des léo-
pards, des ours et d'autres animaux sauvais,
vécut toujours dans les bois et sur les monta-
gnes, supportant la chaleur, la pluie et toutes
les fatigues que renferment les plaisirs de la
chasse; endurci par ces exercices, il supporta
le soleil et la poussière dans les expéditions de
Perse. » Ces détails ne nous apprennent pas
commuent il devint prince de Palmyre , ni quels
furent en cette qualité ses rapports avec les
empereurs romains. La défaite et la captivfié de
Valérien, la politique faible et cruelle de Gai-
lien semblaient devoir amener la dissolution de
Tempire; l'Orient surtout paraissait incapable
de résister à l'iovasion des Perses. Dans ces
circonstances, Odenath prit pour lui-même, pour
sa femme Zénobie, pour son fils aîné, Hérode,
pour ses deux autres fils, Herenniaous et Tinio-
laûs, le titre royal, et fit le plus vigoureux osa^
du pouvoir dont 11 venait de se sai&r. A la
tète d'une armée rassemblée it Ta Bàte,îl marcha
contre le victorieux Sapor, le chassa de la Syrie,
reprit Jiisibe et toute la Mésopotamie, et a'avaoça
jusque sous les mors de Olésipbon. Le bafem dé
4G9
ODENATH — ODERIC
470
Sapor «t d'îmmensêfi ricliwscs tombèrent en son
pouvoir. Aprè« avoir swvérorieat de finfBskm
éeê Perses, le roi de Pthnyre, sataé empereur
par ses soldatfi, résolot de préserver f unité de
l'empire en aidant Gallien à réprimer les osur-
fateurs de la pourpre impériale. Il tourna ses
armes contre Qoiétus, fils de Waericn , le força
de Renfermer dan« Émèse, s'empara de cette
ville et fit mettre à mort te prétendant. En ré-
compense de ses services, Gallien lui déeewa le
litre d'auguste, et le reconnut pour «on collègue.
Odenath ne jouît pas longtemps de cette dignité
bien méritée. Un de ses oouÂns ou de se* ne-
veux, Maconios, l'assassînn avec son fils Hérode,
qai portait aossi te litre d'empereur. Hérode éM
le fils d'une première femme d'Ode«atli, et té-
noUe, ^lî avait pour lui de* sentimeai» de ma-
râtre, fat, dit-on, compliee de ce dovhte meurtre,
accompli vers 266. Ainsi périt victime d'une
trahison domestique ce vaillant chef arabe, au-
quel il n'a manqué peut-être qu'un meinear
lijstorien pour être compté parmi les grands
princes romains. ï*- J*
Trcbeniu» Poinan, TrigMa tffrannt, xm-XVll,
XXn. — rr»eop«, P^niem, 11, ». - *«»tM«t, IV.
oosRVomr lpamt)^w\^skv€de^ Pomé-
ranie , était on pwtcur Mhérien cpii a aucces*
sivement habité Kovno , Riga et Milan, çle tM6
à 1389. On bii doitdenx ouvrages précieux pour
ITistoire de Rnsete, une Vte d'Ivan te Terribte :
Jokannii BaHlidi*, mngni Moêchmése éuds,
viia r WîtIemberg. 1585, in-4- et in-8* ), rélni.
primée pur Stavrctevrski ( HfsUffUf BulheniCM
seriptores exteH sseeuH XVI ) ; traduit enaMe-
maml, «t un laMern de la rèKglOn des Ruiset (foi
a pmir «Ire : De Kustmtm reHgUme^ ritUnu
nupei^rum.funerwm, victu, vesiitu et deque
Tartarûrvm nligione ae mori^t ; ». l., 1 561,
în-î*; également réédité par Starcxcwski ( Pélers-
bourg, î8«). P* A. G-w.
J.-0 BaMe. rtrjwA «lw«r Irtt. Hier, dtr JlnssMcAm
in Jtusnand bis 1100.
ODBRiG DE RORDBifOifE, frauciscaÎD et
voyageur italien, aé en 1286, l Cividale, dis-
trict de Pordenone (Frteol ), mort à Udine, le
14 jaarier 1331. Après avoir terminé ses études
à Udine, il se dévoua aux labeurs des missions
lointaines , et résolut d'aller porter ^Évangile en
Asie. Passant d'abord par Coastaotinopte, il
traversa U naer Noire, et, débarquant à Trébi-
zondc, fit route vers Ormuz par la grande Ar-
ménie, après avoir passé quelques jours à Ke-
résoun et dans les environs. Il vâl successive-
ment Enéroum , Kars^Tauris, Gom, Cbiraz et
quelques «itr«s TiUes de la Perse» aniKa à
Ommz, et s'y embarqua. Après vingt-buit jour»
^ navigation, Oderic parvint à TalU, où, au
mois d'avril 1321, quatre religieux de son ordre
avaient souflert te martyre. li enleva leurs corps,
et continua sa route pour la côte de Malabar.
II séjourna dans ce pays, visita Méiiapoor, 111e
^e Ceyian , et même, suivant son récit, les lies
de Sumatra, de Bornéo et de Java. Il est toute-
fois im{)Ossll»te de décider si Oderic a réelle-
ment abordé dans les Iles de la Sonde, mais la
côte de Malabar lui semble bien mteux eonnue.
Il s'y InstruisH des moBure^ des usages de Hnde,
et tes récits des Toyageurs modernes ont con-
firmé quelques-unes de ses obserrarttens. Se di-
rigeant ensuite -vers l'est, il se rendit sur tes
côtes de la CMneméridtenale, qu'il nomme Inde
supérieure, tranrersa cet empire da sud au nord»
parvint à une Tille l«|N)Ttante appelée Kamba-
leth, résidence du grand kban des Tartares, et y
passa quelques années. Il marcha ensuite à
Touest pendant cinquante jours, et entra dans le
paysdn Prètve-Jcnn, qu'il ne faut pas confondre
avec l'Abyssinte, dont fempereur porte aussi ee
non. Oderic revenait alors en Europe; mais il
est tiès-difiicite de te suivre dans cette partte
de son voyage , et surtout de détemdoer d'une
manière précise la route qu'il pairoornt. Sa re-
lation indfque cependant <^^ viafta te ftfus
grande partie du TWbet et 4s Ttoiitesten, que
l'on désignait alors Sous te nom <te nsyanme de
Kholtand , et même de 'Tartarie indépendante.
De retour en Eurepe api^ «ne «bsenen de
setce années, «ensaerées à te prédioatten de
rÉvangHe, Oderic dans son voyage avait donné
le baptême à plus de vingt milte in6d6tes.
Il arriva k Pordenone en 1830; mais tes souf-
frances de toutes sortes qn'il avait endwées le
rendirent méconnaissable, même à SM plus
procties parents. Son intention était d'atter à
Avignon auprès da pape Jean XXII pour lui
rendre compte de Tétat des missions orienteles
et solliciter de lui de nouveaux seconm pour
la conversion des Tartares; mais les troubles
qu'avait excités dans l'ordre des Franciscains
l'élection schismatiqne de Pierre de Corbière,
l'un d'entre eux, à la papaut(^ sous le nom de
Nicolas V, et une maladte qui «arpril Oderic
à Pîse l'empêchèrent de mettre ce projet à exé-
cution. Il vint à Padoue,ob, par ordre du provin-
cial, il dicta, quoîqtie malade, te reUHon de
son voyage à l'un de tes conH^ères appelé Guil-
teume de Solagna. H rentre peu après dans son
couvent h Udine, et y mourut avec ta réputa-
tion d'un saint, appuyée sur un grand nombre
de miracles rapportés par tes divers auteurs de
sa vie. Sa relation, précieuse à consulter pour
fa géographie de TAste au quatorrième siède,
bien que nous n'en possédions que cinq dis-
pitres, a été, selon Topteion commune, imprimée
pour la première fois dans la Baeeolta dellê
navigazioni et viaçgi, de Ramnusîo , édition
de 1563, t. H, p. 245; cependant TirtboscW
prétend qo'Apostolo Zeno fait mention dVmeédi»
tion antérieure, publiée en 15!3. Haym n'en parte
pas dans sa BiblMhêea Ualiana; mt^ il en
cite une traduction italienne par un anonyme;
Pesaro, 1573, in-4*'. Les BoMandisles l'ont
hisérée dans laTte d'Oderic. au 14 Janvier. En*n
quelques autres auteurs en ont donné des édi-
471 ODERIC —
tions à âiverses époques. On lui a aussi imposé
des titres difTérents ; les BoUandistes rappellent
B, Odorici Peregrinatio^ ab ipsomet de-
scripia; Waddiog, Hittoria peregrinatianU ^
et certains : De rébus incognitis, Oderic est
en outre auteur de divers sermons, d'un ouvrage
intitulé : De mirabilibus mundi, où il montre,
comme dans son voyage, un asseï grand esprit
d'observation, mais trop de crédulité, et enfin
d'une Chronique abrégée depuis le commence-
ment du monde jusqu'au pontificat de Jean XXII.
H. FiSQUBT.
WaddiBg €t Fonuea. Jtuu^es Minorum, t. VII,
p. lis-lte. — Jeta Sanctontm , Janrler, t I. p. 98S-M1.
— B. Asqalol, f^Ua et f^ioQçi dêl heato Odorico da
Vdine; 1717, in-8». - C. G. Uniltl. JMUiê dêUê vite
Ml «p«rt terttfc da? htUrati tfel FriuU, 1 1, p. ithwi.
— Venol, Blogio Utorico dêl t. Odorico; Venise, 1761,
lB.4*. . Jean de Salot-Aototne, BWioth. unlv-fran-
eUe., t. Il, p. 40». - TlnbMcbl, Histor. d«Ua Mtera-
tura tta/.. t III.
ODBRiGO l Gaspero-Luigi), antiquaire ita-
lien, né le 14 décembre*! 725, h Gènes, où il est
mort, le 10 décembre 1803. Il fut élevé au col-
lège de Prato et prit h sdieans l'habit des Jésuites.
Il s'adomia de bonne heure à on genre d'étude qui
exigeait beauoonp de patience, et dirigea surtout
ses recherches vers la numismatique. L'explica-
tion d'une ancienne inscription latine attira sur lui
l'attention du cardinal SpinelU , qui le fit entrer
an collège des Écossais pour y enseigner la
théologie. Pendant son séjour à Rome , il publia
plusieurs ouvrages, déterra un grand nombre
d'inscriptions et mit en ordre la collection de mé-
dailles dont le marquis Capponi venait d'enri-
chir le musée de Rircher. Lors de la suppres-
sion des Jésuites, il retourna à Gènes, et y ob-
tint la place de conservateur à la bibliothèque
publique. Après avoir passé six ans à la cour
de Turin, où son frère Giambattista était chargé
de suivre une importante négociation relative à
la délimitation des frontières , il s'établit de nou-
veau dans sa patrie, et reçut les titres de pro-
fesseur émérite et de membre de llnstitut ligu-
rien. On a de lui : Dissertaiione sopra un*
antica iterigione novellamente tcoperta;
Rome , 1756, in-4* ; — Disseriationes et adno-
taiionet în aliquot inedUas veierum inscrip'
tiones et nUmismata; ibid., 1765« ïn-A^; ces
mémoires sont au nombre de huit; — De ar-
gentée Orcitirigis nummo eonjecturx; ibid.,
1767, in-4* : il s'agit d'une médaille attribuée i
On^etorix, noble belvétien dont parie Césarj
— Ragionamento apologetieo in d\fesa delV
architettura Egizia e TMcana; ibid., 1769,
in-fol., trad. en français et en anglais , et placé
dans les Diverse manière di adornare i cam-
mini de Piranesi; ~ Numismata grxca non
ante vulgata , cum notis; Ibid., 1777, in-4°;
— De fnarmorea didasealia in Urbe reperta
epistoUB duo; ibid., 1777-1784; ~ Letiera
sopra una medagtia inedUa di Carausio;
Gènes, 1778; — Sopra una pretesa moneta
di Àmol/o^ duca di Spoleio; Bologne, 1786;
ODESCALCHI
472
— Letlere Ugusiiche^ ossia Osservazioni cri-
iiehe sullo stato geogrqfico delta Ligurio
fino ai tempi di Ottone il Grande, eon le Mt-
morie storiche di Caffa; Bassano, 17S2,
in-S** ; — quelques mémoires dans les Saggi de
TAcadémie étrusque de Cortone* Parmi ses ou-
vrages inédits on remarque Notizie istonche
sulta Taurica/ino al 1475, entreprises sur
l'invitation de Catlierine II, qui venait d'aciiever
la conquête delà Crimée; — Série cronologica
de* re del Bosforo Cimmerio^ et Lettera snl
pretesa epitaf/lo di san Felice li, épitapbe
découverte en 1787 et attribuée au pape Félix n
par P.-A. Paoli. Les écrits d*Oderioo contiennent
des renseignements précieux sur les monuments
épigraphiqnes; mais on loi a reproché de perdre
souvent de vue l'objet principal de ses recherches
et de se montrer plus occupé de détruire Tofii-
nion des autres que de justifier la sienne. P.
Fr. Carrega , Blogio itorieo di G.-U 'Oderieo{ Géaci,
1S04. -> Maçasin enqfclop,, 1M€.
ODBniGi DA GUBBio, peintre de l'écde
bolonaise, né à Gubbio, près Pérouse, mort vers
1299. D'après ce que Vasari dit qu'à Rome, è la fin
de sa carrière, Oderigi fut l'ami du jeune Giotto,
Baldinucci croit pouvoir ranger cet artiste parmi
les disciples du Cimabué et le rattacher ainsi à
l'école florentine; mais le Cimabné, habitoé à
pondre la fresque et les tableaux de grande di-
mension, e6t été un inattre assez mal choisi par
un miniaturiste, et il est infiniment plus pro-
bable que, comme le pense Lanzi, il apprit
son art de quelqu'un des miniaturistes si nom-
breux alors en Italie. Bien qn'Oderigi ait tra-
vaillé à la bibliothèque du Vatican, il passa la
plus grande partie de sa vie à Bologne, où ii
forma l'un des plus illustres parmi les ancieos
maîtres de son école, le Franco, qui ne tarda pas
à le surpasser. Oderigi , dont malheurèusemeot
aucunoovrage aotlientique n'est parvenu jusqu'à
nous, jouit de son vivant d'une grande renom-
mée, et les vers qne le Dante toi a consacrés
suffiraient seuls pour l'immortaliser :
Oh I ditti loi , non le* tii (MerUt
L'onor d'Agnbblo, et l'onor dl qneirirte
Che allamlnar è cMamiti a ParM f
« Oh ! lui dis-je , n'es-tu pas OderiSi , IlioDne'ir
de Gubbio et l'honneur de cet art qu'on ap-
pelle à Paris enluminer? »
Avec une louable modestie Oderigi, dans sa
réponse, reconnaît lui-même la supériorité de
son élève :
Pnte« dUs'egtl, plù rldon le carte
Che pennelleggia Frsaeo Boiofnesr :
L'onor é tiitto or cao, e nto In parte.
« Frère, dit-41, on trouve plus de dianne dans
les peintures du Bolonais Franco; aujourd'hui,
tout l'honneur est pour lui ; mais je pois aussi
en revendiquer ma part. » E. B— n.
VaMH, r<te. — Baldlnncd , iVotlsle. - UnxI. 5f«na
dêUa pittvra. " Orlândl, jébbeeêdario» — Tlcoul. Di-
Uotmrio.
ODBSCALGHi, famille italienne, originaire
^s
ODESCALCHl — ODETTE
474
de Cùme, qui depuis le fteizîème siècle a pro-
duit plusieurs hommes distingués dans les lettres
et dans TÉglise. Mous citerons les sui?ants :
Pierre-Georges t mort le 6 mai 1620, à Yi-
gcTano y se fit prêtre après la mort de sa femme.
Par le crédit de son frère Paul^ goatemeur de
Rome, il obtint du pape SUte-Quint les em-
plois de protonotaire participant et de préfet des
tirefs de justice. Sous le pontificat de Clé-
ment VUI, il s'acquitta atec honneur d'une am-
bassade en Suisse. Il fut évéque d^Alexandrie,
pois de Vigerano, et gouverna d*une manière
très-édifiante. On a de lui quelques ouvrages de
pié^et une Vie de Sixte V.
Marc-Antoine f frère du pape Innocent XI,
mort en 1670, à Rome, n'accepta aucune dignité
et consacra sa vie entière au soulagement des
malbeoreoi. Il convertit sa maison en hôpital ,
y plaça jusqu'à mille lits , chaque malade ayant
le sien en particulier, et légua par testament
tous ses biens à cet établissement , qui , rebAti
par Innocent XI avec beaucoup de magnificence,
fnt connu sous le nom d'hôpital de Sainte-Gale.
Livio , neveu du précédent, né en 1652, mort
le 7 septembre 1713, h Rome. Il acheta de la
maison d'Orsini le duché de Bracciano, et fut
élevé par le roi Charles II à la dignité de grand
d'Espagne. Il prit part aux guerres contre les
Turcs, et reçut en 1689 de l'empereur Léopold V
le titre de prince de l'empire. En 1697 il figura
parmi les compétiteurs au trône de Pologne.
N'ayant pas d'enfants, il adopta Baltfuuar Ebba,
fils de sa sœur Lucrèce, et lut laissa son héri-
tage à la condition de porter son nom. Ce der-
nier devint le chef d'une maison qui e}ûste en-
core en Autriche.
Benoit , neveu du précédent, né le 19 août
1679, à Milan, où il est mort, le 14 décembre 1740.
Aprè« avoir été vice-légat de Ferrare et de Bolo-
gne, il fut envoyé en 17 1 1 en Pologne et adminis-
tra ooronie archevêque le diocèse de Milan depuis
17 12 jusqu'en 1737, époque oà il donna sa démis-
sion. Clément XI le créa cardinal en 1713. P.
UgiielU. Italiataera. - Ghitlnl, Tkeatro d'Aifomitil Utt,
ODESCALCHl {Balthotùr)^ duc DE Ceri,
né le 23 juillet 1748, à Rome, où il est mort,
le 30 août 1810. Il appartenait è la famille des
précédents. Sa vie s'écoula paisiblement au sein
de la retraite et de l'étude. Il avait fondé dans
SCO palais une académie qui prit le nom des
Occulti. On a de lui : Lettere di if. Flaminio
a Setimioi Rome, 1794, 2 vol., trad. de l'an-
glais de miss C. Knijght; — Istoria delC aca-
demiade^ Uncei; ibid., 1806, in-8°; — des
poésies insérées dans différents recueils.
Un autre membre de cette famille, Charles
Odesgalcbi, né le 5 mars 1785 et mort en 1841,
fut en 1823 créé cardinal et archevêque de Fer-
rare; U devint ensuite préfet de la congrégation
des évéqoes et du clergé régulier» et mourut après
à'étre fait jésuite. P.
Tipaldo, Biogr. dêgU ItaiiatH iUtuM, V.
ODBSC4LCHI. Votf. IMKOCEZ^T XI.
ODETTE DE CH4HPDIVBR8, mattressc de
Charles VI, roi de France, née vers 1390,
morte après 1424. Odette n'était point, comme
on Ta dit, la fille d'un marchand de chevaux. Elle
appartenait à la famille sdgneoriale de Champ-
divers, qui tirait son nom d'un fief ainsi désigné,
sis près de Dôle et de Saint-Jean-de-Losne ,
dans le comté de Bourgogne. Son père, Oudin
de Champdivers, était vers 1387 écoyer d'é-
curie (en latin mareseallus equorum ) , à la
cour du roi Charles YI ; et cette expression ,
surchargée dans un manuscrit, en mercator
equorum (i),tsi devenue la source d'une tradition
erronée. Odette ou Odinette, fille d'Oudin, eut
pour frère Odinetde Champdivers, chevalier, qui,
l'an 1394 , suivit Philippe le Hardi, lors de son
voyage en Bretagne. Sa famille, née bourgui-
gnonne servit le parti des ducs Philippe et Jean
sans Peur. 11 parait vraisemblable qu'Odette fut
donnée par ce dernier prince à Charles VI, après
la mort de Louis, duc d'Orléans, comme un
nouveau «ooyen d'assurer auprès du roi l'in-
fluence bourguignonne. A cette époque (1407),
Isabelle de Bavière avait pourvu à la postérité
du roi de France en fournissant h la couronne
douze rejetons. Ses rapports avec son époux ,
malade et insensé, étaient accompagnés de sé-
vices et de coups , dont elle était victime. Isa-
belle condescendit, sans beaucoup de peine
ni de répugnance, à cette substitution. I>ouée
d'une grande beauté, la petite reine (c'est ainsi
dès lors qu'Odette fut désignée par ses con-
temporains), succéda de la sorte à la reine.
Marguerite de Valois, bâtarde de France,
naquit vers 1408, de cette liaison. Du vivant de
Charles YI, de riches dons servirent de récom-
pense au dévouement de la petite reine. Odette
fut gratifiée de deux beaux manoirs avec toutes
leurs dépendances, situés l'un à Créteil,prè8
Parié, et l'autre à Bagnolet. En 1418, le roi
(gouverné par le doc de Bourgogne) donne à
Odinette de Champdivers et i Marguerite de
Valois, sa fille, les produits du péage de Saint-
Jean-de-Losne, près Champdivers, et du rouage
deTroyes. £n 1422, d'avril à octobre, le gou-
vernement de Charles VI moribond alloue à la
mère et à la fille en survie, cinq cents livres de
revenu annuel sur le même péage. Mais après
la mort de Charies VI les revenus royaux furent
livrés à la discrétion des Anglais. Odinette, avec
sa fille, déjà grande, se trouva réduite h la mi-
sère par la suppression de ses émoluments.
Alors elle vint chercher un refuge dans son pays
natal, invoquant, pour subsister, la protection
dn doc de Bourgogne. Peu satisfaites des libéra-
lités fort mesurées de Philippe le Bon , les deux
princesses se souvinrent qu'elles avaient du sang
royal dans les veines. Ellett se tournèrent vers le
(1) Voir lar ce point aoe dIaaerUUoa InUtolée : Odetu,
était-elle AU« d'un marchand de chevaux r BWMkéque
* de eecole des Charte», isw, 4« lerte, 1. 1, p. ni et «iiv.
47.5
ODETTE — ODIER
476
dauphin, devenu Charles VU, et •robraasèreDt la
cause pottiiqoe dece pnaGe.£Q 1424» Odette et
saillie se fireai, ea Bourgogne, ràniedu parti
qui soutenait to prince Valois. Elles avertirent le
rùi de diverses transes ou projeta hostiles qui
se préparaienir contre hil OdeUe et Margue-
rite s'attirèrent ainsi TaniinadversioB et bia
poursuites judieiaûrea du goiiTeroement bour-
guignon. L'année suivante, Odette avait quitté
la Boui^ogise, avec sa fille, pour se retirer ea
Dauphiné, sur la terre de Charles VII. A partir
de ce laoioent, l'histoire ne noas a conservé
aucune trace d'Odette,, qui, probablement , maii-
rut vers cette époque, dans un complet état d'ar
bandoo.
Cliarles VU touchait alors à la période la plus
critique de sa carrière. Toutefois , dana sa 4é*
tresse, U se èouvint de sa sœur natureUe, qu'il
avait vue naître à ses cùtés. Marguerite de Va*
lois fut légHimU en 1428, et mariée par l«.roi h va
chevalier aouuné le sire de BeUevillê.
A, V.— V.
Meligi€ux dt S^-DtiiU, mwiwe. Ittin, s* m», f» 161. --
DlrecUoD générale det ArcbUcs : KK, tt; ^ 41. PP 118,
f» 91. - César LaTlrotte, Odette de Ckampdivert ; Diloo,
IS54. iii-S».' VaUetde VlrUtHe, HisMr^deChariuf^Ut
1861. ia-««,t r, tlvreiU^chaii. ii.
•DKYABBE {Jozeph-JHms), peintre bdge,
né à Bruges, le 2 octobre 1778, nort dans la
nuit du 8 an 9 février 1830. Après avoir bit de
boones études au GoUége de Bruges, il devait
suivre la carrière comnerciale; mais, entraîné
par son goût peur le dessin, il vint à Paris en
1798, et entra dans l'atelier de David, qui le
prit en afTectioa. il ooBCoamt pour te grand
prix de peinture, qû lui (ut déeemécn t8e4. A
Rome, il fit plusieurs travanx iroportaats, entre
autres deax grandes fresques pour >e palais
Quirinalf et le Martyre dé taini Lmurent ,
toile qui est dans une église de Bruges. En ISIO,
il envoya à rexposition du Louvre Letm Mli
prosterné devant ChatrUmagne, De retour à
Paris en 18 12, il expos» cette année-là : Le Rci
de Rùme au CapUolef m Christ mort^ sur les
genoux de la fierge, et l'i^rrin^e d^iphkgénie en
Aulide. Une médaille d'or de t'« classe lui Art
décernée. Après les événements de 1814, il re-
tourna dans son pays. Le prince d'Orange, de-
puis Goillanme I'', roi des Pays-Bas, le nomma
son peintre. Parmi les tableasx i\etii f t poor
loi, il en est nn, la Bataille de Waierho, qui,
assez médiocre, dn reste, le il injastemeot
accuser, ea France, d'avoir rmâa rappeler un
triste souvenir. Parmi les autres ouvtagM d'O-
devaère, nous citerons : le Courotmement dé
Guillaume 1*^; POminn d'Utreeht, un de ses.
meilleurs tableaox : la Bataille de Nieuport ,
en 1660; Les derniers Défenseurs de Mis-
«o^onpAi (exposition du Louvre, 1827).
Odevaère se délassait de la peinture ea écri-
vant sur les arts : outre des notices commnni-
qoées à quelques sociétés savantes dont il fai-
sait partie, il a laissé une Histoire des arts en
Itaiia, qo!!! se proposait et poMier, kirsqu^
mourut presque sobUement, ea revenant «Ki spec-
tacle. Le manuscrit, acheté par le gouvememenC
belge, est déposé à la blUiothèque de Boorgogine
avec une tradoetioB de la Kte ife BapJ^aei à
laquelle il a jomt des notes intéressaates. G. oa F.
Jmir^ées j<r4«lai, nârs isao. » DiAhUt.ées BHpm.
OMBR {Louis}, médedo suisse, né le 17 mars
1748, il Genève, où il est mort, le 13 avril 1S17. H
descendait d'une Tamille de protestants français,
originaire da Baophiné, et qui s'était réfa-
giée à Genève après la révocation de Tédit de
Nantes. Beçu docteur à Edimbourg, 9 fit en-
suite quelque séjour à Londres , i Ley^ at A
Paris ; de retour à Genève, il ouvrit on cours de
cbimieetfutun des premiers savants da continent
à faire coanaitre la tliéorie de la dialear latente
qa'il avait eetendn développer par le dfictear
Black. Ses connaissances médicales le portèrent
à iotrodairedans ta pratique quelques remèdes
nouveaux, tels que l'huile de ricin poor détraire
le Ter soHIatre et l'oxyde de bismuth dans les
crampes d*estomac. Dès 1798 il poMta dans la
Bibliothèque britannique la traduction do mé-
moire de Jenner sur la Taccine, mémoire qof
venait de parattre, et il fut probablement le
premier qui signala en France cette utile décou-
verte ; au reste, il travailla de tout son povroîrâ
en propager rapplleation. Odrer remplit à Genève
plusieurs fonctions puWques. Il fut correspon-
dant de rinstitot de FVance. On a de lai : Epis-
tola physiologica de elementaris musicapsett-
sationièfis; Édlmboorg, 1770, in-8*;— Phar-
maeopxa Genevensis; Genève, 1770, îa-8*; —
Réfiexiom sur ^inoculation de la vaccine;
ibid., 1800, in-8®; — Mémoire sur Hnocula-
twn de la vaccine ; îWd . , an ix, m-8» ; — fns-
truction sur les moyens de purifier Tarr et
d'arrêter les progrès de la contagion; tbid.,
1801, in-8*; — Observations sur la fièvre des
pristms; ibîd., 1801, in-H**, trad. de fanglais;
Principes d'hygiène; ibid., 1810, iS23, 1830,
ior8*' ; extrait du Code de santé de Sinclair; —
Manuel de médecine pratique; tbid., 1811»
1821, in-8**; — Grammaire anglaise; ibid.,
1817, in^l2. Il a laissé en entre on Diarium
clinicum, journal très-concis de sa pratfqoe et
il a inséré de nombreux mémoires dans la Bi-
bliothèque britannique, dont 11 était Punsque
rédacteur pour la médecine, dans le Journal de
Genève, le Journal de Médecine, etc. P.
Maiinotr, JVMire d9 ta vie et det écrits de L Odier;
GeaéTe. isit» In-t*.
ouiBR( ^aloiae), pair de France, nerea do
précédent, né en 1766, à Genève, mort ea aodt
1853, à Paris. Il vmt fort jenae habiter hi Ftanee,
et eatra comme associé Aaas la maison dVut de
ses parents qui se livrait an cooMneroe d'^xpor
talion. A l'époque de larévolotioo, il se trouvait
à Lorient, et fît partie de la raenidpallté de la
ville, par suite de la loi de 1790 qui avait reodo
leur qualité de Français anx descendants des ré-
477
ODIEH *- ODILOn
47»
fagiés. Ses relations avec le parti des girondins
le conkpromirdnt gravement en 1793» «t il subit
une assez longue détention. Dès qu'il «ut leeon-
Tré la liberlié, il se rendiià O^teoik^ puiftà Haoï-
bourg, et revint en France fonder, dans les pro-
mières années du consulat, une fabrique de
toiles peintes à Wasserling (Hani-Rkio). La
direction de cet étaUlasement» nn des plus ton-
sUéraliles de Tindustrie française, nArentpècba
point de participer aux fonctions puUiqucs. Suc*
cessivement juge au tribunal de cowuiecoe,
toembre de la chambre de oommerce de
Paris, qu'il présida pendant onze ans, et cen-
seur de la Banque de France, il fut appelé en
1SI9 aa conseil supérieur de cocmnerce et en
1831 au conseil ^néral de la Seine. £lu député
ea 1827, il siégea, quoique royaliste* dans les
rasas de Topposition , se rallia k la monarchie
de Juillet, et obtint la pairie en 1837. La. réYO-
lution de Février Tattrisla profondément Après
le coup d*État du 2 décembre 18^2, le nom
d'Odier flgura sur les listes de la coromisaioa
consultative, mais il H*]f si^a pomt
Parmi ses enfants» on remarque Omer (Jac-
ques'Antoine), né en 1799, régent de la Banque
de France, dont une fille, Ciaire^Zoïme, avait
«épousé, le 24 décembre Iftâl, le général Eugène
Cavaignac; et Omea { Édûmard-Àlexandre) ,
Dé en 1800, peintre'd'histoh'e , qui a exécuté
quelques tableaux pour le musée de Versailles.
Un des neveux d'Antoine , Oimga (GiritriU)^ né
le 23 mars 1796^ à Vevejf, a fondé avec son
cousin Jacques- Antoine une maison de banque à
Paris; U est au^ourd'bui régent de la Banque de
France. P.
ODiBR ( Pierre },. jurisconsulte suisse» de U
famille des précédents , né à Genève» le 29 mars
1803, DBort le 30 novembre l&â9» dans cette
ville. 11 occupa depuis 1836, à rAcadémie de sa
vUle natale, la chaire de droit civil moderne. On
a de lui: ÙksserlaUoniur VapplUtUion des loU
Hran^èreê qui repleut la capacité decontrac-
ier ; C^enève, 1828, gr. ia^ : q/sestion qui se rat-
tachée la théorie du conflit des lois de statut per-
sonnel v^Z>es SysUmsi bypoihécairei ; Genève»
1840, iar\2f travail substantiel qui contient un
exposé 0H)éral et abrég|6 des systèmes hypothé-
caires de tous les pays; «^ JYaiié du contrai
de mariage, ou du régime des biens entre
époux; Paris, l&48« 3 vol. in-tt''. Parai les articles
fournis par Odier è la Bibliothèque unàverselU
de Genève, nous citerons les Leçons d'oiirer-
ture d'un cours d'introduction au droit civil
(1840). U a laissé en manuscrit un volumineux
recueil» renfermant, sous forme de journal, Tbis*
toire détaillée des dix dernières de l'ancieiine
république de Genève (17891-1798). £. RccBunn.
HenuienemenU partictdiers.
ODisn ( Pierre-Àçathançe) t administrateur
militaire Craoçais, né A Saint BAarcellin (Dau-
phiné), en 1774, mort à l>aris, le 8 mars 1825.
Il fut oomnisBaire été gnema aux armées d'I-
talie, d'Allemagne, d'Espagne,et8etttrîBspecteur
aux levoes de la gsrde impériale. Élu dépnté en
1816,11 de vinÉ seus-itttendeiM militain et pro-
fesseur à l'école d'étal4ni^. On n de luji : Xto
la R4fonne dans radminiêiration miHta^e ;
Paris, 181S, in-8*;^ De l?AidanMsiraii9n dé
Varmée d^Bsfa§ma, et dn système des enire^
prisai; Paris, l&23»in-a<^;— Cimn d^Uudu smr
Vadminiêiratian mUUsdre; Pane, lS2A*18a$»
7 voL i»*ao ; c'est enoare le f ade-mecum des
jeunes ofliciers qui se deatincat àeette brandie
de la carrièce militaire. A. ne L.
RnuÊWtumd^diqm. t. XKVII, ».asi-l69. - Matoal,
jtnuwiin néePtOoQtqm. ists.
ODiLOH, moine français, mort vers 920. Tout
ce que l'on cannait des- circonstances de sa vie^
c'estqu'il avait d'étroitearelatioosavecHucbaldde
Saint>Amand et Ingranne, doyen de Saint-Médard»
qui fut dit évèque de Laon en 932. Les écrits
d*Odilon sont un récît de la translation des corps
de saint Sébastien et de saint Grég^e le Grand
de Rome è Saint-Médard de Soissons, publiée
par BoUanduset parMabillon,ilc<aSanc/. Ord^
5. Bened,^ t. Y, p. 383; — une autre histoire
de la translation des reliques de saint MarceUin,
saiut Pierre l'exorciste et autres ; dans le même
volume des Acta, p. 411*,^ une lettre è Huo-
bald, donnée au public par Martène , Ampliss,
Collect., 1 1. Les auteurs de l'£rif toire Uité"
raire parlent encore de quelques autres opus-
cules : mais ils ne sont attribués au moine Odi-
lon que par simple conjectaveii B. H.
SitL UOir. U to fronce, t VI, p. ITS.
ODiu)ii DB MBRCCBCR (Saint ), Cinquième
abbé de Chni, né en Auvergne, en 962, mert à
Souvigni , le 1'" Janvier 1049. On avait Wng-
tempe douté que saint Odilom tàt de l'illustre mai-
son de Mercœur; mais Balnze ayant justifié cette
généalogie dans son Histoire d* Auvergne, les
auteurs du Gallia Christiasia s^'eu «ont rappor-
tés sur ce point au témoignage de Baluae, et le
fait n'a plus élé coniesté. Odilea eut donc pour
père Béraud, sumomasté le Grand» et pour mère
Gerberg^. La tradition raconte qn'il fut élevé
dans l'église de Saint-JulicR, à Brionde, et que
saint MaienI , passant par cette ville, le couver»
tit è la vie monastique. Il est certain qu'étant
religieux à Cluni» il se vit appelé par le choix de
saint Maieol qui résignait sa chargée, et par les
Toeux des moines ses coafcères , au gouverne-
ment de celle abbaye, déjà femeuse. Sigebert,
Albéric de Trois- Fontaines et les auteur» de
l'ififtoîre littéraire ajournent à l'année 991
ré|HKiue de sa conversion. Mais les auteurs du
GaUia Ckristiana citent des pièces qui le dé-
clarent abbé de Cluni dès 990w £n 1027, Odiion
assiste, dans la ville de Reims» an couronnement
d'Henri, (ils du rei Robert. En 1032, la renom-
mée de son savoir et de ses Tertns ayant depuis
longjtemps franchi les Alpes^ Jean X1&» de son
propre mouvement, le nomme ardievèque de
479
ODILON — ODIOT
460
Lyon, et lui envoie le paUinm et Tanneau. Le
dergé régulier avait alors une très-haute opinion
des services qu^il rendait h TÉglise, et ne dissi-
mulait guère son dédain poar le clergé séculier.
Odilon ne pouvait donc déposer la robe de laine
et revêtir le pallium sans déserter son camp,
sans trahir son parti. Il refusa, comme le rap-
porte Raoul Glaber. Nous apprenons d'ailleurs
que le pape s'mdtgna de ce refus. Une lettre de
Jean XIX à Tadresse de l'abbé de Cluni, lettre
pleine d*honorables reproches, a été publiée par
le P. Labbe, au tome IX de ses Concile», p. 858.
« Que les Odilons, s'écrient à ce propos les au-
teurs de VHistoire littéraire, sont rares en
tous les temps! » Cette eiclaroation est un sar-
casme dirigé contre certains prélats du dix- hui-
tième aiède. 11 importe cependant de faire re-
marquer qu'au dixième siècle, au onzième,
et même au douzième , il n'était pas si rare de
voir des abbés s'obstiner à n'accepter aucune
charge dans l'Église séculière. En ne voulant
pas être archevêque de Lyon , Odilon ne fai-
sait qu'imiter son prédécesseur, saint Biaieul ,
qui avait dédaigné l'archevêché de Besançon.
Quand l'histoire de toutes les grandes abbayes
nous offre quelque exemple d'un semblable . re-
fus, il ne doit pas sembler extraordinaire qu'un
saint abbé, surnommé de son vivant le modèle,
Varchange des moines (c'est ainsi qu'Albéric
et Fulbeif de Chartres appellent Odilon) ait
scrupuleusement pratiqué ce devoir. Sous le gou-
vemement de l'abbé Odilon, que les papes Sil-
▼eshre II, Benoît Yin, Benoit IX, Jean XYIII,
Jean XIX et Clément II honorèrent successive-
ment de leur estime , Cluni devint une des plus
célèbres congrégations de toute l'Europe chré-
tienne. On raconte que trois évêques, Sanchez
de Pampelune, Gautier de MAcon et Letbald ,
dont on ignore le siège, abandonnèrent leurs
églises, et vinrent à Cluni vivre sous la disci-
pline d'Odilon. Cette triple abdication de la plus
haute chaige séculière est encore un plus écla-
tant hommage à la dignité de l'ordre monastique
que la résistance de Maieul, d'Odilon et tant
d'autres abbés aux vœux des clercs et des papes
leur offrant des évêchés. On ajoute que les em-
pereurs Othon 111, saint Henri, Conrad le Sa-
lique, Henri le Noir, son fils, l'impératrice Adé-
laïde, ainsi que les rois de France Hugues Capet
et Robert, et ceux d'Espagne, Sanchez, Ramir,
Garsias témoignèrent la même vénération au
noble et pieux aU)é. Dieu même lui accorda,
dit-on, le don des miracles. Il avait assez de
titres sans celui-là pour être inscrit au nombre
des saints. L'Église célèbre sa fête le 2 janvier,
et l'anniversaire de sa translation le 21 juin.
Baillet indique une autre fête au 12 avril, et une
autre translation au 13 novembre.
La liste des écrits qu'il nous a laissés n'est pas
considérable. On désigne d'abord une Vie de
sainte Adélaïde, femme de l'empereur Othon I*',
qui a été publiée pour la première fois par Cani-
sius, Lectkmes Antiqux, t. IIL Basnage pré-
tend, il est vrai, que cet ouvrage est faussement
attribué par Canistus à samt Odilon. Mais l'édi-
tion, accompagnée d'une préface, qu'en ont faîte
dans la suite Duchesne et Marner, Bibliotheca
Cluniacensis, p. 353 ^ parait confondre toutes
les objections de Basnage. Odilon a en outre
écrit la Vie de son prédécesseur saint Maleal.
On la trouve dans les recueils de Surius, des
Bollandistes, à la date du 11 mai, et dans la
Bibliothèque de Cluni, p. 279. Quatorze ser-
mons d'Odilon nous sont offerts par la Biblio-
thèque de Cluni, et deux autres par les Aneo-
dota de Martène, t Y, p. 621. La plupart de
ses lettres, car suivant Jotsaud, un de ses bio-
graphes , il en avait écrit beaucoup , paraissent
aujourd'hui perdues. On en possède quatre, une
publiée dans la Bibliothèque de Cluni, et les
trois autres dans le SpiciUgium de Luo d'A-
chery, t. II, p. 386. Enfin, nous lisons dans la
Bibliothèque de Cluni , sous le nom de saint
Odilon, quelques petits poëmes d'un mérite équi-
voque, un écrit intitulé Credulitas, une prière
adressée à la Sainte-Croix, et un Décret pour la
commémoration des trépassés. B. H.
GaUUi Christiana, L IV, coV il». - HM. Uttér,
de la France, X. vu, p. 4U. - FOa S. OdUonit, par Jatr
und, dans la Bibliotkeea Cluniaeeruit. — Ânctorwm
TesUmonia de eodem, dans le même recoelL — Mabii-
)0B, Jeta Sanetorum, L Vill, p. MO. — Bawage. édUioa
des lecUanes de Ctnistus, nu.
ODILON BARROT. Voy. BâBROT.
ODIOT (Jean- Baptiste -Claude), orfèvre
français, né le 8 juin 1763, à Paris, ot il est
mort, le 23 mai 18&0. Fils d*on orfèvre renommé,
il s'engagea comme dragon à l'âge de seize ans
dans le régiment de colonel général. Après avoir
servi pendant trente mois, il racheta son congé,
et rentra dans les ateliers de son père. La révo-
lution raviva ses idées militaires. En 1^89 il fit
partie de la garde nationale active, se trouva en
1792 comme lieutenant de grenadiers, dans la
campagne de Jemmapes et revint ensuite se li-
vrer de nouveau à son Industrie. Eh 1814 il com-
mandait la garde nationale qui se distingua
par sa belle défense à la barrière de Clichy.
Par ses travaux en orfèvrerie, Odiot s'acquit
une réputation européenne, et pendant vingt-
cinq ans il obtint constamment la médaille d'or
ou le rappel de médaille , dans toutes les ex-
positions des produits de l'industrie française.
En 1827, Odiot céda son établissement à son fils,
et se retira aux Champs-El^fséeSyOÙ il fit t»âtir
une délicieuse retraite que les arts embellirent
de tout leur luxe. On y voyait, entre autres,
trente pièces en bronze qui lui avaient servi
de modèles et un vase en argent qui démontre
l'effet que produisent les ornements adaptés avec
des vis non apparentes sur un fond bruni. Pour
en éviter la dispersion, il donna, le 5 mars 1835,
ces trente pièces et ce vase au musée du Luxem-
bourg, ainsi que le tableau d'Horace Vemet
représentant la barrière de Clichy, le 30 mars
481
ODIOT — ODOACRE
483
1814, doot il s'était rendu acquéreur. Pour tous
ses divers ouvrages, Odîot avait été secondé pour
les dessins par Prudlion, Moreau, Gameray et
CnviJlîer, et pour les modelages par Chaudet,
Dumont et Roguter. Pendant très-longtemps, il
fut aussi membre du conseil général des manu-
factures. H; FiSQUET.
Sarrat et Salnt-Edoe. Bioçr. du hommu <Im jour,
t IV, !• parUe. — MonUeur univerêtL
oiiOAGiBr06daxpoc)(i),rol d'italiede 476 à
493. Il était fils d'un Edecon que Gibbon aiden-
tilié,avec une probabilité qui équivaut presque à
ia certitude, avec Édecon, un des secrétaires
d'Attila et un de ses ambassadeurs k Constanti-
nople. Cet Édecon commandait une tribu de
Seyrres'qui formaient la garde du roi des Huns.
Après la mort d'Attila, il resta fidèle è la cause
de la famille de ce prince, et douze ans plus
lard il soutint contre lesOstrogoths une lutte iné-
gale, qui se termina parla défaite et la dispersion
des Scyrres (vers 463). Édecon périt dans ce
désastre, et laissa denx fils , Onuif et Odoacre.
Onnlf alla chercber fortunée Constantinople;
Odoacre erra quelque temps parmi les tribus de
la Nortque, puis il se décida à passer les Alpes et
i ne rendre en Italie, où affluaient les barbares
les plus aventureux. Avant sou départ il alla vi-
siter sur une colline non loin du Danube un er-
mite respecté de tout le pays, saint Séverin. La
porte de la cellule du saint était trop basse pour
la baote stature du jeune barbare; celui-ci se
courba. Saint Séverin discerna dans le jeune
bommeplié devant lui les signes de sa grandeur
future. « Poursuis ton entreprise, lui dit-il;
rends-toi en Italie; tu dépouilleras bientôt ce
grossier vêtement de peaux, et ta richesse éga-
lera la libéralité de ton cceur. » Encouragé par
eette prophétie, Odoacre poursuivit son chemin
et se lit admettre dans l'armée de l'empire d'Oc-
cident L'Italie, qai sous la république avait
fourni assex de soldats pour la conquête du
monde, ne possédait plus une seule légion na-
tionale. Ses défenseurs, recnités parmi \iBA bar-
bares d'origine diverse, Goths, Alains, Scyrres,
Rugicns, Hérules, Turcilinges, Gépides, n'ayant
aucun Intérêt commun, finirent |)ar former une
véritaMeoonfédération militaire qui reconnaissait
encore Tautorité impériale, mais à la condition
de disposer des empereurs. Pendant quelques
années la cohésion des bandes barbares fut im-
pariaite, et l'empire d'Occident subsista à la fa-
veur de leurs divisions. En 475 le patrice Oreste,
qui avait vécu longtemps à la cour d'Attila, qui
connaissait la force des tribus scythiqoes et
germaniques, et qui savait quel était le moyen de
(1) On écrit de bien des toçom le nom de ce prince, dit
Salat-HarttD. Oo le prtente aoos les romies OdùooQhar,
OdenaceTt Odobagar, Oiackar, Odaçriust Odaeer, tt
€}4/oaur. La dernière orthographe ett celle qui a été or-
dlnalreneot adoptée. Qool qnll en «oit, )e regarde ce
non coMine le même que celui é'Ottockar, que l'on
troavc lonf ent employé en Allemagne daot le moyen
minr. biogr. céki^r. •*- t. xxxviii.
rendre cette force irrésistible, rassembla les
principales troupes des auxiliaires barbares, et
dès qu'il les eut sous ses ordres, il leur fit pro-
clamer pour empereur son fils Romulus, qui re-
çut le titre d'Auguste et que la postérité ne con-
naît que sous le nom d'Augustnle. Odoacre, un
des meilleurs soldats de la garde, assi&ta à cette
révolution , et résolut d'en profiter. Il n'eut pas
de |)eine à persuader aux soldats qui venaient de
faire un empereur que l'Italie leur appartenait, et
il vint en leur nom demander à Oreste que le
tiers des terres de la Péninsule fût distribué à
ses défenseurs. Sur le refus du patrice, U déclara
qu'il arracherait de force ce qu'on ne lui accor-
dait pas volontairement. A la tête des barbares, il
marcha contre Pavie, où s'éteit réfugié Oreste,
prit la ville d'assaut, et fit tuer le patrice (28
août 476). Paul, frère d'Oreste, périt près de
Pavie, et le faible enfant qui portait la pourpre
fut heureux d'obtenir au prix d'une abdication
la vie sauve et une opulente retraite dans la
Campanie. Dès le 23 août Odoacre avait pris le
titre de loi, familier aux barbares , qui avait l'a-
vantage de ne pas mettre leur chef en compéti-
tion directe avec l'empereur d'Orient, et qui
rompaitavec la vieille et toujours imposante tradi-
tion romaine, tout en laissant subsister une ombre
d*amitié. Il donna à cette révolution une apparence
de légalité, en faisant intervenir le sénat. Cette
assemblée reçut la résignation d'Augustule, et
adressée Zenon, empereur d'Orient, une lettre
dans laquelle elle déclarait solennellement qu'il
n'était ni nécessaire ni désirable que la succes-
sion des empereurs se coutinuAt plus tongtemps
en Italie, qu'il suffisait d'un seul empereur pour
l'Orient et l'Occident En leur nom et au nom du
peuple les sénateurs consentaient à ce que le
siège de tout l'onpirefût transporté à Constan-
tinople, et ils renoncèrent à leur droit de choi-
sir les empereurs. « La république, disaient-ils,
pouvait se confier aux talenta civils et militaires
d'Odoacre, et ils imploraient l'empereur de lui
conférer,avec le titre de patrice, l'administration
du diocèse d'Italie. » Zenon accueillit les dépu-
tés du sénat avec hauteur, et parut d'abord dis-
posé è soutenir les prétentions de Népos, prédé-
cesseur de Romulus Augustule; mais il aban-
donna bientot cette idée. Des statues qui lui
furent élevées dans divers quartiers de Rome
touchèrent sa vanité. Il consentit à corres-
pondre avec le patrice Odoacre et è recevoir les
insignes impériaux, derniers vestiges du pou-
voir des césars qu'Odoacre avait hâte de sous-
traire aux regards des Italiens. Ce fut ainsi que
la décision hardie d'un aventurier barbare, sanc-
tionnée par le sénat , et reconnue par Tempereur
Zenon, mit fin à l'empire d'Occident Odoacre
établit sa résidence à Ravenne. Suivant sa pro-
messe, il distribua entre ses compagnons d'armes
le tiers des terres de l'Italie, mesure moins cruelle
qu'il ne semble d'abord , car la Péninsule était
dépeuplée et beaucoup de domaines restaient in-
16
4B3
ODOACRE — ODOÉVSKl
484
oaltes. « Depuis lelemps -de Tibève , M. Gibbfiii,
la<lécadenoe de ragrkxiltm s^éMMi lenlircii
Italie, et en se phûgHaitJQBtomerit ^«e^latie en
peuple TQÊÊxm dépendlt^es ▼eatS'etdn ^agoes.
Dans le partagent le décHo de rempire, les nia-
siens de l'Egypte et de rAliriqae oeBaènnt d^âbe
tithutaireft de Titalie, qn'époîBèreat iee paies
irréparables de te 'guerre, de te ûuidne et de te
peste. Saiiit Ambroîse iwalt 46çknt te vdne
d'an distriet v»palea% qa^ornaieot aatrefoia 'tes
Tilles florissiaites de Belogne, Modteie, Aeggio et
Pifflsanoe. 'Le pape ISélaae était sujet d*Odoaeve,
et fl affime avec «ne forte cfxagérafioii^e'dans
TÉnrilie et te Toacaoe Tespèèe kmaaie âtait
presque extirpée. -Les p^ëiiMm de Aone qui
étaient nonnis par te B»ia^ teurs an4(»s pé-
rirent ou disparoreolt dès que eétte 1il)écalité
cessa. » Dons cet étet de dépeoptenent Vaddi-
tion d'une population Jemie ^ énergique eût élé
un l»enrait; mate les barbares fltnent plus «ca-
pabtes de déyaster te soi que de le caltiver, et
il ne aerrtbte pasqu'ils ^uent firé gnad parti des
iromenses domaines quMte «Mnrent d'Odoacre.
£n somme oe premier des barbares qui prit
possession du trftne <df falie était un chef sage ,
bien disposé, énergique, ^ui s'entendait h mainte-
nir Tordre et te paix dans TlteHe, eft qui s'efforça
même de tirer «e pays du mieéraMe état dans
lequel il était tombé. 'Gibbon lui a rendn jus*
tice dans te page «uivadte : « Le roi d'Italte n'é-
teit pas tndii^ de te bante pesiiion li Jaquette
sa Talear et la (artane ra^raient élevé : ses mœurs
sauvages furent poKes par les babitndés de te
oonveisatioa ; «et il respecte, quoique «n conqué-
rant et un barbare, les m^titiîfieBS et mèase les
préjugés «de «es sujets. Apits un intervalle de
sept ans il rétablit te ceosulat d^Occident Par
medesHe ou par-orgnell, ildédbBiponr 4ui-fn«me
un honaeur qn'aooeptatentcnuoiie.tes cmpeneurs
d'Orient ; nais te âwise curute fut sweessive-
ment reinpiie par orne ée% plus ilbnlses séna-
naleurs ; «t te liste est ornée du nom respao-
tacte de «e Basilius qui mérite par sos vertus
Pamitié et les éloges nneamuaisaaBte de Sidoine,
son client. Les lote des ennperoDis furent shio-
tement «exécutées, et l'administralian «ivile<ée
riteHe fut enoore eiieroée par te préfet du paé-
toire et les offiders aous ses ordres. Odeacra
laissa aoK magistFats4XRnalttS te tAdie oditnae
et oppresstvedeTecoeiilir leTevenupuiriic;flQais
il réserva povr tei-même le méiile d'«ne indul-
gence opportune et populaire. Conne le reste
des bariteres, il avait été instmit dau l'héréste
arienne; mate il lèverait Tordue iwmaeliqne «t
Tépiscopat , ^ te •siteMse des oafttaaiiques atteste
te tolérance dooit ib jouissaient U paix de te
cité exigeait «TtetarventioB de son préfet Basiiios
dans te choix du poatlte romate; te décret qui
détendait an deqgé d'aliéner ses terres tourna
enfin de compte an profit do peupte, dont la dé-
votion aurait été taxée povr réparer les dilapi-
daUtns 4t J'ËpM. Litalie «itft 'protégée par tes
anses du oonqnérant, -et ses fronliènes furarit
reipedées par tes badMRs de te Gaule «t dete
Germanie, «qui «raient ji .teq^mps teanUé la
falUetenilte de théodosa. Oéaaere paaaa TA-
driali^ine pa«r diAier les assassiK de tanpe^
rcM- Hépos , et ponr anqaérir ia pratioGe aan-
tiroe de Oalmalie. 11 passa les Alpes pov déli-
vrcrdesrestesdeteMonqae dn îoug de Fava ou
Feletbeus, roi des Rugiens, qui avait sa résidence
au ddà du Damibe (487). Le roi fut vaineu dans
une bateille et emmené prisonnier; unenooH
breoae colonie de captifs et de «ôete fnt trans-
plantée en Itelie, et Rome, après une 'longoe pé-
riode de dâaîtes f^ d*bumiftation8^ put triom-
(flier, grAcft anx victoires de sop mi(Hre tiarbere. «
Les succès et la bonne administrafon d'O-
doacre avaientrafTerroisa pdissanœ ^en Rafie, et
il n'avait rien k redouter deshabitents delà Pë-
nmsule ni de Tempire dX^neoTt-; ma» H s^va
contre lui parmi les barbares un rival formidable.
Ibéodoric, roi des<Mtrogo(hs, secrètement ssn-
tenu et ouvertement encouragé par reDipereur
Zenon, résolut de s'emparer de Iftdlte. La pre-
mière bataille se livra «nr les bords de rfisonGas
(Isonco), non loin d'Aqoîlée C^ aoOt 4S9).
Odoacre, vaincu, badtit en retraite et hasarda une
seconde t)atailte à Vérone. Vaincu de nouveaa»
il se renOit à Rome en toute hflte afin de prêt*
ser les balntente dev^anner pour leur défense;
mais tes Homams se souciaient peu de prendre
parti pour un dief barinre, et ils ten femèroit
les portes de la vflle. Odoacre revint don test»
le nord, etrassembtedans Ravcnneles débrisde
ses troupes. Il raardia contre les Ostrogaths,.
batflt tenr awant-^arde, et les repomsa jusque
dans tes murs de Pavie. One IrotelèBie latefile
s>ngagea sur les borAs -de FAdda. Odoacre la
perdit, et n'eut pkisqae te lessonroe^ s*m-
fermer dans naveme. Théodorie, laissant à ses
Rei/tenanto te aom de conquérir te reste de M-
talie , rerta devaift Itavame, qui résiste pendant
trois ans; enfin Odoacre capitula, à te condifion
qoni partagerait avec Théodoric te royanrae 41-
telie. 'Ce traité fut confirmé .par des aerraents
nnrtuels te 77 février 493, et te 5 mars «anrvaat
Odoacre fut assassiné de te mm oup■r^^Bràle
de son cdn%gue. Ainsi périt «et bomme cxtraor-
/Hnaire qui mft fin à Itempirofondë par Angu^,
gouverna Italie avecaotaiftdemodér^lion etd'io-
téHigence que d'énergte, < t qui pnépara Tcwre
brillante et épliémère que devaH accom|Air son
heureux et plus grand rival Tfaéodoite. L. J.
lomnadi, DêBe^àrum tvêrêUm, p. W.eo; Mv'JMm
GothieU^p.tn,tn,iA;uu - tanlAiacre, As CêtUt
Lêiiffùbard., L, la. — GrégolK de Joun, HiML ^ramc^ U,
18, ete. » Procope. Bttt. Coth^ 1, 1; II , 6. — CnnoAus.
F\ta Epiphanii. — Cassiodore , Chron. ad on. ve. nr.-,
Epist^ i, IS. — iEf«srlus,4l, U. — U Beau, MUtotn A»,
Boi-lmpintt i. XXX V — Glt»teB, 7te éÊcUm mÂfaH
fif tkt JIOBum Emfiiref c. xxxrc.
; •»oÉ¥SKi ( Vladimir - J>^édaronfc*,
prince), littérateur russe, né vers 1800. Ifcmbre
de te première temilleprincière de Russie^ U se
voua, en 1824, comme Pouchkin, dont il éUit
ODOÉVSKI — ODOLANT.DILSÎÎOS
rani, JB coMe^es lettns, et réitsit paitieiUiè-
neutai à écart des eiMtee fantastiques daas ie
geone de 4xaii de HoffmaHi. Ses ceuvres «oit
été caflMmUétt ei iSM, à fiaint-PéteniNMi^
cn3 ToL iB-9°. Seséciils {aima iroprwiéft)« qui,
sans avoir passé far la ûensnre, cireuient «■
Auasie, dénatent an taleat ^ril «t Ubéral. lie
priace Oéoémaki oocape aiqouHI*iioi «ne place
in^poffiaale ckans Je mioiièàne de l^iiistnictiosi po-
«B«MiBMU, oélèbie jonaoaMuIte itÉUea,
aé à Bnlaye, mortdans cette ytfte, le:» déoemtNie
iUÂ. DViDB aBcienae ÊuniUe, «psi d'aboid pav^
tait le Bom de de BenaniB, puis celui ée de
ékMre^f ë ^tadia Ja iarispralcBoe sous Jao-
qwa BakUm, ThmoliniM ^ Aoeorae, s^urna
das JUIalie Biéndiuiiale et «d FraDee, ^et «xerça
daaa oea -deaK paya te profession d'avocat. De
retour dans aa villenatalè, il y deriat, ^^ers 122g,
preiéaaMir dedrolt; sea cours eureaft le phe grand
saooèa. £a 1138 il rempKt l'olflee d'aaseaseur
aaprèa en podestat de Fadoue, et TiBt«Muiile re-
piendre aaa enadgaeeMOt à Bologne. Dans les
annéen aoîTanées il fut chargé, dans IMérêt de
eetteTiièe,de phniiensa négoèiatiDns impodantes.
Les finianaiMitaiHPS lar le droit romain iqni por-
tent non noan ae anrt pour la plupart, cnasioe
Ta prouvé Snnigny, que les caiiiarsde ses ovors
écrits par ses andûenes ; ils sont etftaehés de
tons les défants qu'on Feoisaqoe dans les tra-
Taux des glaiintfni de la aeoande^poqae; asaie
ilsool «neIrèfrigraiMie importanee, parce qo'ila
renferment -les «enseignements les pins :prédeux
sur la ffennésaanoe de l'dtude du droM en Italie
et BUT la ^ des principanK junaoansulles dn
danaièoie et du treiaième sièote. On a d*Odofre-
dus ; Lecivr^éu OaeMcfm ; Ljron, i4m, in-fol.
Parie, tôO»; Xmle« 1 514 ; Lyon, ISSO et 1562
în^. ; ^ Ledw^in IMgestum veiui; Paris,
1604, in-fol.; Lyon, IMO «t l&ôO-l^S^, in-iol.
— Sumrna deiééelHs ^msdmdts; Strasbourg
fôlO, in-4*;Cnlo(9ne,1n5S, 1^S3, lS6S«t 11B2
io-9* ; ^vepradat daas le t. lU du Traeêatm
antoenncs furii; -* iLeeiurx in ir$s Mèras;
Variée, 4614, anfoL; Lyon, Ui7 et «&eo, in-
kL; — Ucturm ta infortiatnm; Lyo^, lâôO
et I5S), in-fdl.; — Leetwrx in IXpeadaifi mxh
vwm; Lyon, 1552, in4oL ; — Svmma dm jure
femdaU; .Borne et Madrid^ li>84, in-4*; —
GUitx ad Paœm CentUmtiensem^ en nsn-
miscrit à la BiMiotiièqae Impériale de (^ria ; —
Addiiimes ad Ézomis Summam,€a manuscrit
à lamèaae bibliettièqiie et à ceUede Beriin; ~
Qmjntigmes, «n mannscrit h la BiblieAbèqoe im-
périale de Paris; — ConsiUa, en manuscrit
dans les archives de Bologne; — De perernssio-
nibuM dans le t. X des Tractatus publiés à
Lyoo, et dans le t II des Tractatus rerum
crimînalium de Modius; — De petétUmàbus,
ouvrage perdu ainsi qu'un autre De eanfeesio^
RiAiK. On eilribae encore à Odofiredusplaaiears
486
opuacoles, tels que : De datis reslitutiane^ De
inttrdàctis^ etc.
Son ils Albert^ *mort en 1300, suivit «ussl la
carrière «de l'enseignement da droit ; 11 prit ane
part active dans te goini«mement de la répu-
bttqoe de Bolo^ae, et se sigviahi par m» titta-
cheoiant nos 'Geremei. Il a éerit plnsfears «n*
vrages détroit , qui poar la yftopart ne sorit pas
parvenus jusqu'à nous. E. G.
SarU, Dé «tevif 'OrdU^ymiMnU BWiiawfaiwto yro/fe»»
êoritut, partie C ^ L. ISÉMUotoal, Mimmm gtmiâàm
d£çU serUtOÊH ifigaU, i. I. - Savlgny, HiAoùm du-ânit
romain a» mopen àçe^ 1. 111 ri V.
ODouLWT-vBsnos { Piem-Joseph) , ém-
dit françMS, né le 21 novembre 1722, à Alen-
çon,mort1e 11 août 1801, dans la même ville.
H exerça d*abord la médecine dans sa viHe na-
tale , et piibKa dans le Saumul de médecine
deux mémoires, Tun Sur un cancer à Vesto-
maCf Vautre Sur le danger de manger la
ekair des animaux dont an ne connaît pas
le genre de mort, 11 fournit aussi plusieurs
articles à la Collection d'observations sur les
maladies êpidëmiques (1778, 3 vcA. in-4*J, de
Le Pecq de La Cldture. Dans la seconde moifié
de sa vie, Odolant-Desnos se livra presque exclu-
sivement à l'étude de lliistoire locale. On a de
loi : Dissertation sur Serlon, évëque de Sées^
et Raoul, mort archevêque de Cantorbérg;
Rome (AlençoD), 1785, in -8** ; — J)isser talion
sur les hérUiers de Bobert iV, comte d'Aléa-
çon ; — Mémoires historiques sur la ville
d*Alençvn et fur ses seigneurs ; Aleaçon, 1787,
2 vol. in-8^, Hg. ; nn grand nombre d'articles
fournis à la Chronologie des grands baillis
de Caen, au Dictionnaire du Maine , au Dic-
tionnaire de la noblesse^ à la i^hliothèque
htstorique de Fontetle, à TArt de versifier
les dates, au Dicfrominlre des hommes il"
lustres y ^ Bv^-Dictionnaire géographique de
fabbé d^xi^ly. « H avait rassemblé, dit M. Do-
bois, et il a lusse dans ses manuscrits, des ma-
térianx immenses, peu propres à être lus, mais
evsellents i eoasoMer, et d'autant pfos utiles
qo'une fouie de documents dont ils aont Ja co-
pie, la «pKiqQe on titrait, n'existent plus de-
puis longtemps. La oollecfien des porte-feuilles
de ce latiorieax écrivain offre une centaine de
rolnmes i»-4^ d'une écriture line et serrée, dans
lesqudls le défaut d'ordre se fait sentir trop
souvom, maîB qui n'en présentent pas moins
les renseignements les plus précieux sur This-
toire , les antiqnltés et les famiUes de la partie
de la Kormandie, du Haine et du Perche dont
Alençon est le centre. » T. L.
Lonli DdMb, .Yotfctf Mo^f. el Uttér, mr CUoZaitf-
Damùt,' Alençon, 18lO,>loS«.
oooLAïf T-4>BSifos ( Lcetuin • Louis ' €?(u-
pard), fils du précédent, né le 19 janvier 1768,
à Alençon, mort le 24 septembre 180T, près de
cette ville. Il fut membre dn Conseil des €inq
Cents et passa en l'an vni au Corps législatif.
On a de l<d : Redites sur IpMffets des tœres
16.
487
ODOLAIST*DESJVOS — ODON
488
arbitraires en France et en Angleterre par
rapport à leurs auteurs; 1808, in 8**; — uo
ooTrage manuscrit sur les Bizarreries ftistor
riques du catholicisme, P. L.
Jaji Joay et de NorrliM, Biogr. nouv, det Contenu.
l ODOLÂHT-DBSNOS ( /osepA ), satant fran-
çais, fils da précédent, né le 15 juin 1797, à
Alençon. Il a occupé remploi de payeur ad-
joint h l'armée d'Afrique. L'un des secrétaires
de l'Académie de l'industrie, il est correspondant
de plusieurs sociétés savantes. On a de lui :
Précis de minéralogie moderne; Paris, 1827,
1828, 2 Tol. in-32, pi.; — Tableau historique
de Vindustrie et du commerce; Paris, 1829,
gr. in-32 ou in-8^, pi. ; — Traité de la culture
des pommiers et poiriers et de la/abrieation
du cidre; Paris, 1829, in-8% pi.; —Possi-
bilité de coloniser Alger; Paris, 1831, in-8'';
— Description du département de' VOrne ;
Paris, 1834, in-8% faisant partie de l'ouvrage
intitulé La France et publié par M. Loriol; —
Promenades autour du monde : extraits des
voyages de Caillé, d^Urville, etc.; Paris, 1834,
în-12, fig. ; — Souvenirs d'un jeune voyageur;
Paris, 1834, inl2, fig.; — £e Littérateur des
collèges, ou morceaux choisis de littérature
contemporaine en prose et en vers; Paris,
1835, 2 vol. in-12 ; — Mythologie pittoresque,
ou histoire méthodique universelle des /aux
dieux, etc. ; Paris, 1835, in-S*", fig. ; — Expo-
sition des produits de V Académie de V In-
dustrie en 1836; Paris, 1836, in- 12. II a tra-
▼aillé à VÉcho du commerce et ^VEncydopé-
die d'éducation.
La tÀttér. franc, eonitmp,
ODOLRIG, abbé de Saint-Martial, mort Ters
1040. II commença ses études au monaâtère de
Saint-Martial, à Limoges, et les acheva i Fleuri-
sur-Loire. De retour à Saint-Martial , il fut élu
par les moines, en 1025, successeur de l'abbé
Hugues. On lui attritme la rédaction des Actes
du concile assemblé dans la ville de Limoges en
1031 ; Labbe, Concilia, t. IX, p. 870. La prin-
cipale question soumise à ce condie était de
savoir si saint Martial avait été l'un des disci-
ples de Jésus, envoyé par lui-même dans les
Gaules. La question fut décidée dans ce sens;
majs la critique historique n'a pas adopté cette
décision. 'B. H.
CalUa ekHttUaM, t 11, eoL SSS. - Ui$Mre Uaér. «fa
la France, t. Vil, p. US.
ODON ( Saint), abbé de Cluny, né, comme on
le suppose, dans le Maine, vers 879, mort à
Tours, le 18 novembre 943. $on père, nommé
Abbon, était un personnage considérable à la
cour de Guillaume le Fort, duc d'Aquitaine.
Ayant été longtemps sans enfants, il fit vœu
d'oflrir à saint Martin celui que le ciel voudrait
bien lui envoyer. Odbn était donc ofTert, obla-
tus, avant sa naissance. Pour remplir la pro-
messe paternelle, le jeune oblat se rendit lui-
même à Saint-Mlirtin de Tours, et fit son ap- I
prentissage de la vie religieuse sous la discipitae
du savant Odalric, écolAtre de cette illustre mai-
son. Foulques le Roux, comte d'Anjou, andea
compagnon d'armes d'Abbon, assista lui-même
à la cérémonie durant laquelle Odon fut admis
au nombre des clercs. Plus tard nous le voyons
à Paris, à l'école de Saint-Remi d'Anxerre, y
étudier les trois arts et les quatre sciences. Il
retourne ensuite à Saint- Martin, n'y trouve pas
la vie des chanoines assez austère, et se retire
alors dans Tabbaye cistercienne de Banme, an
comté de Bourgogne. Cette abbaye de Baume
avait été nouvdlement fondée ou restaurée par
l'illustre Bemon, qui la gouvernait en même
temps que diverses autres maisons de son ordre,
Cluny, Massai, Boorgdeols. A la mort de Bemon
son héritage fut partagé. Odon, que sa naissance
et sa piété, recommandaient égslement aux suf-
frages de ses frères, fut élu par eux, suivant le
voeu exprimé par Bemon lui-même, à l'heure
de sa mort, abbé de Cluny et de Bourgdeols.
Mous avons ainsi résumé les dernières années
de sa vie : « Odon, second abbé de Clony, de-
vient un gnnd réfomiateur. De nombreux di-
plômes nous parlent de son administration vigi-
lante, éclairée. Que des moines, ou des sdgieors
laïques osent enfreindre ses ordonnances ou
porter la main sur les biens de sa maison, il
s'arme de son droit, poursuit, atteint, frappe ses
ennemis. Sous le gouvernement du sage et sa-
vant Odon, l'école de Cluny, devenue la plus
célèbre des Gaules, envoie partout des moines,
des régents, des abbés. Il existait entre les mo-
nastères bénédictins des dissidences sur les pres-
criptions de lenr règle commune. Odon, donnant
k Cluny de nouveaux statuts, jette ainsi les fon-
dements de cette rigide observance qui fut pra-
tiquée bientôt aprà, non-seulement dans les
Gaules, mais encore en Espagpe, en Italie, à
Rome même, en diverses aùiayes de fondation
aodenne ou récente, dont Cluny devint et le
séminaire et la métropole. Bientôt il n'est plus
permis à l'abbé de Cluny de rester auprès de sea«
mornes. Des évêques le mandent avec InttaBoe,
imposant à son inCstigaUe lèle la restanretioQ
de monastères où s'est introduit le désordre.
Les papes l'appellent en Italie, réclamant sa mé-
diation dans leurs débats avec les rois. Les rois
eux-mêmes lui confient le rè^ement de leurs
propres affaires. 11 n'y a pas dans toute la chré-
tienié un nom plus vénéré que le sioi; Il n y a
pas une anforité plus considérable que la sienne
dans les consdls de l'Église et des prinoe« »
C'est en revenant d'un voyage à Rome qu'il
s'arrêta dans l'abbaye de Saint-Julien de Tours,
et y mourai, entre les bras de Tardievêqne
Théotolon, disant :
Mon nlbl quindo dator, reqolct non pœoa pontor.
Il n*avait pas en effet durant tout le cours de
sa vie, connu le repos.
Odon laissait, en mourant, de nombreux
4S9
ODOIf
490
écrits. Mais il n'est pas facile d'eq dresser la liste,
car pins grand est le nombre de ceux qu*on lui
afaussement attribués. Nous indiqueronsd'abord :
Sxeerpiio S. Odonîs in MoralilnuJob, extraits
des Morales de saint Grégoire sur Job; Paiis,
1617, in-8* : réimprimés dans la Bibliothèque
des Pèrts, éd. de Lyon, t XVII. Si Tolomineuse
que soit cette compilation, elle nous oiïre moins
d'intérêt que les antiennes, les hymnes d'Odon.
Douze antiennes d'Odon sur s^int Martin ont
été publiées tant dans la Bibliothèque de Clunp
que dans la Bibliothèque des Pères. 0e ses
hymnes trois se rencontrent dans la Biblio^
thèque de Cluny^ outre une pièce de vers sur
l'eucharistie; enfin une quatrième hymne. d'O-
don a été insérée par Mabillon parmi les pièces
jointen à ses AnnaleSy 1. 111, p. 712. On a cou-
tume d'attribuer à Odon de Cluny un Dialogue
sur la Musique, intitulé quelquefois Enchiri-
dion^ que nous présentent plusieurs manuscrits
de divers fonds, et que Martin Gerbert a publié
dans le tome I, p. 251, de son recueil, Scrijih
tores eceles, de musiea. Ce dialogue n'est pas
l'ouvrage de notre abbé, mais de quelque autre
Odon. Martm Gerbert Ta reconnu. Il {tarait néan-
moins incontestable que Odon de Cluny avait
écrit sur la musique. Aussi Martin Gerbert a-
t-il mis au jour sous son nom, d'après un manus-
crit du Mont-Cassin, un traité de musique sa-
crée, dont voici le titre barl)are : Tonora per
ordinem^ cum suis differentiis ; dans le recueil
d^à désigné, t. I, p. 247. U Bibliothèque de
Clunp nous offre, sous le nom de notre abbé,
une Vie de saint GérmUd^ comte iFAurUlac^
qui a été plusieurs fois traduite en français.
Quelle qu'ait été la confiance des hagiographes
dans le texte de cette Vie, nous n'hésitons pas
à dire qu'il est |deiu d'interpolations. La vie
authentique de saint Gérauld par Odon de Cluny
se trouve dans les manuscrits 5301, 3783 et,
3809 (A) de l'ancien fonds du Roi; mais le texte
beaucoup plus étendu, de la Bibliothèque de
Cluny est de la fabrique d'un faussaire. C'est
encore à un faussaire qu'il convient d'attribuer,
comme l'a bien prouvé Claude du Moulinet,
sieur des Thuilleries, un discours publié dans
la Bibliothèque de Cluny sous le nom de
notre Odon et sous ce titre : De ReversUme
B, Martini a Burgundia Traetatus, Ce dis-
cours n'est qu'un tissu de mensonges mal as-
sortis. Odon n'est pas l'auteur d'un pareil livre,
n importe de le dire pour son honneur. Nous
rcjetteroos avec moins d'assurance au nombre
des ouvrages faussement attribués à notre Odon
une Fie de saint Grégoire de Tours^ assez
souvent imprimée sous son nom, et notamment
en tète de l'édition de VHistoria Francomm
donnée par dom Thierri RuJnart : cependant
â est prouvé que cette attribution est purement
conjecAunile. Mais il est très-certain que Baro-
nius se trompe lorsqu'il désigne parmi les
oeuvres d'Odon, abbé de Cluny, une vie de ,
saint Maur, Miraeula S. Mauri^ qui est l'ou-
vrage d'Odon abbé de Glanfeoit. De même An-
toine de Yepez met improprement à son compta
une Exposition du canon de la messe^ qu'il
convient de restituer à Odon de Cambrai, et
Marrier décore aussi mal à propos de son nom
le traité Quod B, Mariinus par dicitur apos'
toliSf traité que, de son c6té, Martène a réim-
primé comme appartenant à Adam de Perseigne.
Le plus considérable des ouvrages authentiques
d'Odon de Cluny a été publié sous le titre de
Collationes (conférences), âen$]à Bibliothèque
de Cluny. Nous croyons devoir rappeler ici que
le ntéme ouvrage porte encore dans les cata-
logues et les manuscrits ces différents titres :
Occupationes , Traetatus de sacerdotio, De
virtutibus vitiisque animXf De perversitate
pravorum, De hujus vitx qualitale, De inS'-
titutione divina. De contemplu mundi, lAber
ad xdificationem sanctx Dei Bcclesix, In
Hieremiam Prophetam. Enfin quelques ser-
mons ont été imprimés soit par Marrier (fii-
blioth. de Cluny), soit par Martène (Thés.
Anecdot., t. V, p. 617), comme présentés par
les manuscrits sous le nom d'Odon de Cluny.
Mais le premier des sermons que nous lisons
dans l'édition de Marrier est du pape saint Léon.
On le trouve parmi les oeuvres de ce pspe, édi-
tion de Paschase Quesnel, p. 52. B. U.
Joaanes Trittiemliu, Dé vlrU illustr., Itb. II. - HUL
Uttér. de la France, t. V|. ~ f^éterum tnttmonia de
Odoiitf. dau la aiMloM. de Clwkf, p. M. — f'tta S, Odo-
dis a Joatme, wumoeho , Ibld. .- Mabillon, jéU. 55. ord.
5. Bened.f t«e., V. — B. Haaréao, HM. lUt. du Maine,
L 1. p. 1». - U même, SingutarUét Mtt, et Httér.,
p. liS-tTS. - Fiet des SS.de la Ftaneke-Cemié.
ODON (Saint) , prélat anglais, né dans la pro-
vince des Kst-Angles, vers 875, mort à Canter-
bury, le 4 juillet 961. Issu de parents danois
qui avaient suivi Ingar et Hubba dans leur ex*
pédition, il montra de bonne heure pour le
christianisme un penchant qui le fit chasser
de la maison paternelle. Athelm, un des princi-
paux seigneura de la cour d'Alfred , roi d'An-
gleterre, le prit sous sa protection et lui four-
nit les moyens de faire ses études et d'em-
brasser la carrière ecclésiastique. Il l'emmena à
Rome avec lui en 897, et ce fut là qu'Odon reçut
la prêtrise. De retour en Angleterre , il fut em*
ployé par Alfred et par Edouard, son fils et
son successeur, dans diverses négociations im«
portantes, dont il s'acquitta avec succès. Le
roi Athelstan le fit son chapelain, et vera 930
lui donna le siège épiscopal de V^ilton. Ed-
mond I**, qui en 94 1 succéda à son frère Athel-
slan, ne voulut jamais se priver des conseils
du prélat, qu'il tcansféra l'année suivante à Tar-
chevèché de Canterbury. Odon, avant d'être
installé sur ce nouveau siège, prit l'habit de
Saint- Benoit, car c'était Tusage de ne mettre à
la télé de ce grand diocèse que des hommes qui
avalent professé la vie monastique. En 955, H
sacra à Kingston, Edwy, l'alné des filsd'Edmondr
4S(1
OIXKf
4i»2
Ce fol k dette «paqie qw Toa vît paraître en
Aasileftem. les précuraMrt des sacmnenteifes
qp» Makat la ^r^seaee réelle do Jéfloft^^hrist
<kiaA Teuchiristie. Odoa fil tous ses efforts pear
rameiier ee» esfriU égané» à la fiai de l'Église
el paar gaianiir son dioeèsfr de celte DemeUer
hécésie. Il eieoBunonianème le roi Edw^, qo»,
partBfseant cette ernnir» m. livrait à la débanclie
la^pbia e(fréaée ei à.ia eaBHnefce ineiatMeiiii.
ajrec Elhelgive^ sa parente. Iadifi;néade laieon-
duite de ce pmce pour qui nen ifétalt pkia sa-
océ^ les Mensiens et les Sorthombrea se aeiitevè-
rent contre lui, le ehaasàrent et prodanÀreat roi
son frère Édeaard. CUni-ci honora partiaoHère*
ment Odoa, à qui Pan. altinÉiift la rédaction, de
laia sages et néites> qnâ lépaièRnt poor l'ibngte*
terre lei malheurs caiMéa-par la tyrannie d'Edwy^
On a d'Odon des Con$iUuliÊns^sffm)€Udês,^laBé'
réea par te P. Labb» dans sa CoUMCimm de»
ConcUeSi t IX ^ ainsi %n'nne lettre de ce po-élai
à ses suffragants. J. Pite hii attribue diven
autres écrits; mais iU ne nous aonft peint par-
venna; ce aont ruA livre aux moines de Fleuay,
où sa tcoaTait son neven Oswald, un Traité de
la^pcésenoe iéelte,jdea.letfra8 et quelques poésies.
La nom d'Odon est eéUhre dans tous les maa-
tyroiogea. anglais ;. sa yertn L'await de son invant
fait appeler Odon. se. Gode, ce qui signifie, en
langue saxonne, Odon te Boa. On rintennn daan
la cathédrale de Canterbory, oii ses reliques se
tiroosent encore. H. Fisqcst.
Bam CciUlec^ aM^dmmittmti «MRÉkr t. XX., p. «7 et
dêt, Péreâi dm mcfreyri,. ete MablUoD^ .^iuUm. or^
diaii^ Si. ^hmHcUw cln^Bième ilActe..
ODO», même dd Fabbagn de» Fosséa, près
Paris, mort aurèa 1A6&. tenesaife rien da aa. vie,
sitce n'est q|k'aprèa avoir passé sa jeunesse dans
i!abbagre desiEosséSa iL futkeoolramt de fiiic eeft
asile. Un seHl.de-seaéomtAnoasaséte eonservé:
<^est la. Fte dêMainl Swrebard^^camieide Melun^
publiée pat Jiacques da^ Basol» dans- um smplé-
mant.dès ÀntàquUés^ cLa Barië;,^M Pusjiegney
dans^ses BUiorwnê, de. Frcmœ.; par. les éditeurs
<te te BiUioiMqnê; de Clfud„^.^eXc^ Cette
Via oonttent,, dltetésessante détaitesac Tongine
de. l'abbaye des Fossés. Elle a. été traduite m
franfate par Sébastien Rouiliard ,. eb a tnNwé
plaee das son JKa^Mrecfe.iAftJuir, qtUiparutà
Pam en ie2lL IL. H..
BttbUntlUlaraire de la Pranee^t. V1|^i^48l.
oiMA.iiRCOif'BttvUiLB, prélattfranfi^s» né
emNoanandie, en 1032, niort;è PaiennaMen fé*
Trier loa?. Fils d'HerJote.,. comte de Coatesille,
et de; la. bette Ariette, qpi^ d'abord: maîtresse de
Robert da Normandte, était devenue mère de
Guillaume te Conquérant^ Odon setrooTait la
fcère oterin da co prince et. te propre frère de
Rûbèit^ comte de Mortate, et de Muciel^ com^
tesse d'Aumalë. Après aToir, en 1040,, contribué
à la. fondation de Tabbaye de Grestate,.Odon
fut éte?é: au diaconat, à Fécamp par Hugues
d'Eu, éféque de Lisieux, et, bien qu'encore
adolescent, nommé en 1049 à Tévèsbé deBayciuL
pat le duc de Normandte, son fr^re. Il &*oocupa
aiMsitét de (ermteer te constraêtioift de sa cat-
thédrate, à teqndte il donna de riches ^ases d*oa
et d.'aigent»et de lOÔd à 10â4 sonscriTit à di-
Terses chartes en teveor des abbayes de Saini-
Évroold, de Saint- WandriUe et du Monl^fiainl-
Michel. En 1055, il assiste au concile proiincial
de Booen, dédia l'église, abbatiate de Tcaam, ta
13 mai 1069,. fit reconstruire en lOSA Tabbayn
de Sami-Vigor et lui donna pour abbé Bobeil
à» Tombdaine, religieux dont te sdenœ égalait
la piéte. Ce choix est un des traite caractéris-
tiques de te vie d'OdoD,.qui se réserrait te ptea
grande liberté cl imposait aux autres te plus
sévère discipline^ Cette année il se fit reasarquei
aux étete généraux de UUebonne entre les ins-
tigateurs les ptes actife de Texpédîtion d'Ang^e-
teire. B fit conatmire sur te plage de Pont-en-
Besste une partie de son. contingent de naTÎres,.
et en fournit juaqa'à cent à la flotte de son
frère, avec « granx eaterz de cheTalters etd'altre
gent ». Le jour de la bataille d'Hastmg^ (14 oc*
tohre 1066), Odoa célébra la messeet béntt Les
troupes en équipage d'homme dn gnem : cnsnib^
moulé sur un grand cheval btenc. cl tenant en
guisB de crosse on bàten de.c«nu»andencnt„ il
diwpcsi la cavalerie pour l'attaque^ Après te con-
quête^ Odon reçut en récompense te vUte da
Douvres^ et distribua h ses guerriers ebè ses gens
tes maiaons^épar^iéca par Tincendte. Guillaume»
avant de Mvenir en Normandie, insrestitOdoada
gaovemeraent de son nouveaa Boyauma,.ettet
adjoignit GuiUaume d'Qsboca: teu&dcox, aussi
liens 4UC tfFranniques, formèrent teurs.oseilles à
la justioo comme teur cœur à. te pitié,, ci ce
fut contre Douvree qpese portèrent Isa premièrss
tentetives des- insu^és saxons. Armé des pou-
voirs- sonveraioside la. Ueutenaace en Angleterre,
Odout.à la bateilie. de Fagadoa, en» M)74» étouffa
dans le sang lai révolte des Ssnann et des Koi^
manda conjurés<cDntreGiuiiteume te Conquérant,
et ondonnede couper « le pied dtmt à tous, les
prisonniers, de quelque nation et de quelqoerang
qiL'ils fussent». Le 14 juillet 1077, iifitconsacwraa
oatliédEate avec un éctet extcanrdinaioa. Gnil-
laurae te Conquérant, qui éteit pnéscnt avec un
Vaad nombre dfévéques, d'abbés et de aeignearsii
luô doona^ora la baroanteet laibvétdlEUon. Le
U septembre suivant, Odon se ttouvaitA tedé*
dteaoe de SaintÉtieoae de Caeu, et te 23. oc>
tebne à celte deNotrorOMna-du-Bec^ A^ras^a^tir
asfiisiéf en mai 1080,. à une assemblée, tenue A
LUtebonne en présence du duc- soi,, noue vof ans
Cévèque de Bayeua parcourir aiee une: année
nomtereusaJe NortbuttberUnd^dontleebabitaate
se sont soulevés. Ce grand dampUur d'An"
glaiSy comme on Kappelte, sème partout te dé-
solatten- sur son. passage; toue cens, qu'il accase
ou soupçonna aont décapites on mutilés par son
ordre. Ëofin l'habileté dont il teit preuve, ses
services et son titre de firèn du mite teatsuc^
493
ODON
4d4
ci^Teinect élever an rang de comte ëe Kent et
irHerflbrd, et à la dignité de j^and justiner
(l'Angleterre, où il possède jusc^u'à deux eeot
Gis^uaBl«H|uatre iefs. ArriTé au faite du po«*
▼uir, Oden ma porter ses ▼oen sur 1» duire de
ttât S^erre, laissée vacaile pav Grégoire VIL
Après aToircheithéè^eononipie dnos Bemo, en
y semant l'or^ tons oew. qn'ifi eroyait. fOBwir
lui être nIHes eo cette cîNOBstaiee, Odbn, im-
patient des leitmi de 1» poltt^m; résolut d*al-
1er en personat en Italie tenter les cbaBees db
b fortnne, et pour «aotenir se» préteatiesBv le«n
en Aaglelenttdeft troopes énoA il coateleooni*
laandenMBlà liagnesirC«ntepd»€liestcr»]aitiait
de» projds de soir frère, le mt Guilhnnne sehâte
de repasser CB ijigleteFre; B. asscaMn sea bn-
rona ea consafl danar 111e de Wigbt (tOftS), et
lear proposa d*emprisonneE fafnogBmt Oinn. Las
tMrons ne ponvanl se décider de psrter Ibr. Miia
sar nft énêqoe, fteMsnnie Inassln la dittcnlte
enarritenC UnnièBe son frète. VaineiBCii Odun
é'écrie^-il- qn^an 8a.qaalilé de pr6tne*ii ne peut
éke.jog6que parle pape.. « Ce n'est point le clen
qw /anètOi. i^pond le ro% mais non eomte^res*
pensable de son adasteislmtloa. i» Il le fit aas^
sittt eondoira en Nosaundie, dansi la toor da
Tienx palai* de Boaea,, et Yj tint enfermé jaa-
qn'en septeaatepe ]aA7. Pressé à son lit de
mort de rendre la liberté à son frère, Guillaume
s'y Rfosa longtemps : « il eraignait, disait^ly
que ce méchant homme ne portât le trouble
partout >. Odon jintifiJa cette crainte ; i7 n^eut
pas plus tôt reoonrré ses dfgnit^s qn^ s'en ser-
irit pQor semer la discorde entre ses neveux ,
et osospira avec phisieurs* seigneurs normands
poqr amcher ta ceuronne d'Angleterre à Guil-
laume le Koux et la foire passer sur la tête du
fiiible BObert. A peine les coqjnrés sont-ils arri-
vés dans lenrs dftftteaux d'OntrevMsnche, qu'ils
eonniettenttootes sortes de viotences sur les su-
jets et Gnînaome le llonx ; man le roi d'Angle-
terre; prenant résolument les armes pour répri-
mer ees l^gandage^y appelle les Saxons sous la
baniêre normandei Assiégé dans Rocbester,
Odon est contraint de solliciter comme une gràre
K< libre sortie deb- vilfe, et de quitter en ftagitif
celle Angleterre oft il avait ré|piié en maltt^ De
retour en ^fomondie, il reprit son premier as-
cendant'sur l'esprit de Robert. Le d\ro étant me-
aacéde penftv le Maine, if rengagea à lever des
truopes pour défendre ses droits, en partSigea
le conunandement avec Guîllaame, comte d'É-
vreex, et entra à lenr tfite dtos la ville du liffans,
en 1089. A son instigation, Robert Courte-Hense
fitairèter son frère Henri, comta de Goittilin,
MUS le pcétexle qo'il entretenait de» ioteUigeneas
secDfeies avec les Talvaa» ennemie da d^c. ûdoo
Se charge mfime pendant qnelqpe teinps.d& la
ganieda prisonnier, déten%^Ji 109t,,daas le tb^
teao-foit de Bayemi. Henrir coosecva,. dit-on,
iuL profond ressenffineni de sa captif ité, et œfut
MIT vaagec ilaiiirada.eiaatede. Goteatiaque
le roi d'Angleterre incendia, tn 1106, la capitale
du Bessin. En 1092, Odon béait l'union in-
cestueuse de Philippe I*', toi. de France, avee
Bertradft,. eomtesae d'Anjou, et pour prix doi
cette complaisance il obtint les revenus der
églsea de Mantes. Il dut taotefsia aUer à Dijon
réclamer L'absokitioB. de cette faute auprès da
pape Urbàla III. Après avoir assisté, en 1095 , an
condle de Clermoat et, ea février 1096, à oelaî
de Rouen, Odon, toujours prêt à signaler son
humeur gpierrière, partit, pour la Terre Sainte
avee son asTea Robert CkHiite-Hense^ car il ae sa
souciait pas de demearei dans la duché de Not-
maodia sous le ganviernement da Goillauma le
Rooau U n'avait accompli qu# te moitié da son
pèlerinage lacaqne la nart le sarprit, à Palcrma^
oà Gilhert, év6que.dfÉvRax, le fit inhumer daae
la caibédralcL U aouâi Faste d'Odon deCoateffiUe
na monument ■ paéBieox,i la fiuneaaa tapisserie da
Bojeaob, ouvcage de te wiaaMnthilde, et <pû s»
présente les axpteite de.Gniltenme te Geaciaé*
rani. Cette tapiaaeric^ qn'ii. donna sans douta à
soA é^ise, atteste à.te fois soaigoât pour les arts
et sa vanité intereaaée.à canaecver le souvenir
de l'expédaion dTAn^etena. IL Fisqobt.
CW/te êkrkUmÊM, L XL — fMarik ^taii^HUiûrlaûo^
eteskutiea. — Prévost, HUt. da CuUlaÊUim U ConqjKt^
ranl; — BcrmaDt, HIA. «erf. de Ba^mx:
ODOK , évèque de Ctenhraf, né à Orléans,
vers te milieu du onzième sftcfe, mort te 19 jnte
1 1 13 , à l'abbaye d'Anchin. H fut d'îibord connn
sons le nom d'Oudbnf. Sa fhmilte s'était distf»
guée dbns les armes. Destiné dès son enfince à
la vie monastique, bientôt, après avoir d'abord
enseigné les tettres à Tonl, H Tuf appelé par
les chanoines de la cathédrale de Tournai à
la direction de leur école* Sa répntetion attira
bientôt à ses toçons une foule de disciples qui
s'y rendirent des provmoes enrirounantes et
môme de la Saxe et de Titelie. L'ioflnence ex-
traordinaire d'Odon fit de Tournai une nouvelle
Athènes. Il excellait surtout dans la dialectique;
sa méthode étaiC celte de Boéce, on plutôt des
r^Iistes. Le soir, di^o^, devant la porté de Té-
glise, il faisait è ses disciples une sorte de coors
d'astronomie, leur montrant les constellations
et Ifeni* expliquant te mouvement de la terre et
des astres, et te leçon élïdt assez attachante ponr
les mener souvent bien avant dtos la nmt. Aussi
les disciples, fort attachés & lenr maître, qui
ponrtent les traitait avec sévérité, lui marqué*
rent-ils leur reoonnahsance par divers présents ,
entre antres celui d'un annein d'or oii était
gravé ce verv latte:
AJonaliM 04oiitm decetaurciu AarelfenieaL
U y avait prèade ^aae fn'il dnigeait récote
de Tooraai lorsque tei tectma da trsîiM de saint
Augaitin sar le lit)i« ariiitre toi fit casser pca
i peu ses teQona< : il' fréqasate aasidAmeat l'é-
glise, dtetribaa ses épaignes auai pauvres et aa
livca aux raacératioBs les pioa rigoorensea. Suivi
1 da quatre on dnq conapagnoM, U se relfE»
495
ODON
496
la Yîeille abbaye de Saint-Harttn de Tournai,
et y suivit d'abord la règle de Saint-Augustin.
On place cet éTénement au mois de mai f092.
Sur les conseils d*Aimery, abbéd*Anchin,Odon
embrana l'état monastique en 1096, et malgré
sa répugnance II fut élu abbé. La communauté ,
composée alors d'une vingtaine de personnes,
s'accrut rapidement : Odon y introduisit les
usages de Cluni, et y maintint la règle la plus
austère. Il refusait les dtmes qu'on lui offrait,
employait l'argent au rachat des captifs ou an
soulagement des malheureux , imposait le travail
des mains k tous les religieux , et en exerçait un
petit nombre à copier l'Écriture et les ouvrages
des Pères de PÉglise. Le 2 juillet 1 105 le concile
de Reims, où il était présent, élit Odon pour
évéque de Cambrai, à la place de Gaucher. Ce
dernier, qui depuis dix ans avait été dépoisé pour
simonie, réussit encore, comme il l'avait Aiit
jusque-là, à conserver sa dignité par la protection
de l'empereur Henri lY. Mais après Pavénement
d'Henri V Odon prit possession de son siège
(1106). II ne resta pas longtemps en bons rap-
ports avec ce prince : ayant refusé de prendre
de lui l'investitare qu'il avait déjà reçue de son
métropolitmn, il fut exilé de Cambrai, et se réfu-
gia dans Pabbaye d'Anchin , où il s'occupa de
composer des ouvrages de piété. On croit tou-
tefois qu'il lui fut permis, vers la fin de sa vie,
de reprendre l'exercice de ses fonctions épisco-
pales. Ses contemporains n'hésitèrent point à le
qualifier de bienheuretix : comme tel il fut ho-
noré dans plusieurs églises des Pays-Bas, et
mérita de figurer dans le recueil des BoIIan-
distes.
Odon a été regardé comme nn des pins sa-
Tants hommes de son siècle; il était versé dans
la poésie, la théologie, les mathématiques et la
philosophie; si l'on en croit dom Rivet, il y a
même quelque apparence qu'il entendait le grec
et l'hébreu. II laissa après lui des disciples cé-
lèbres, notamment Herimann, abbé de Saint-
Martm;Galbert, évéque deChâlons-sur-Mame;
les Arères Hermann et Siger; Hugues, abbé de
Marchiennes, etc. Ses ouvrages imprimés sont :
Saeri canonis missse expositio; Paris, 1490,
149B, in-12; plusieurs éditions; — De peccato
originali lib. UT; Contra Judseum nomine
Leonem de adpentu Christi; De blaxphe-
mia in Spiritum sanctum ; In canones Evan-
geliorum; Homilia de villico iniquitatis;
cinq traités insérés dans le t. XY de la Bi-
blioih, de Schott (édit. de 1618); — EpUtola
Lamberio episcopp Atrebatensi, dans les Mis-
eellanea de Baluze (t. V, p. 345). Les écrits
d'Odon qui n'ont pas vu le jour sont plus nom-
breux ; mais il est fort difficile d'en établir l'an-
thenticité. On lui attribue un poème sur la
création, des paraboles^ une Introduction à la
théologie f plusieurs homélies, des conféren-
ces, etc- On place au nombre des ouvrages per-
dus de ce prélat un poème De bellis Trojanis, ï
cité et loué dans une élégie que Godefroi, écolltre
de Reims, fit à la louange d'Odon. P. L.
Amaod da Cbattei. rUa beati Odonis. te Âetb SS.
JunUy t. III. «11-916. - Tritbème, ScripUfm eectéL,
c. STO, p. »4 («d. Fabrtdttt). — Molaoos. JVatalei SS. Bet»
çii, foL Mt. — Sandera, BtbL belgtea, - Mabttton. >a-
nales, t v, «m-«I1. - GaUia chrUiima, lit, fs-n et
rrt. - Hitt. Uttér. de ta France, IX,-li»-60€.
ODON , abbé de Saint-Remi de Reims , mort
dans cette abbaye, le 10 juin 1 151 . Il fut d'abord
moine à Manrigni , pW^ d'Etampes , abbé de
Saint-Crépin-le-Grand , à Soissons, enfin abbé
de Saint-Remi , dans la ville de Reims. Ce der-
nier titre lui fut conféré en 11 18, sur bi rsoom-
mandation du légat Conon. Odon nous est si-
gnalé comme nn courageux défenseur des droit»
de ses moines. Ayant fait excommunier Guiter,
comte de Rhetel , il se rendit à Rome, et, dus
ce voyage, passa par la grande Chartreuse. Ayant
admiré le bon ordre de cette maison, il fonna
le dessein d'instituer lui-même une congrégitioo
du même ordre, sur ce modèle. Telle fut l'ori-
gine de la Chartreuse du Mont-Diea, oomniencép
par Odon en 1130, achevée en tl37. Cet abbé
de Saint-Remi , qui parait avoir eu du ciédil
auprès des papes et des empereurs d'Allemagne,
n'a laissé que deux lettres, l'une publiée par
Mabillon, dans le 1. 1 de ses Analecta, p. 334,
l'autre par Martène, Amplissima Collecth,
t. II, p. 280. B. H.
Uist. Mt. de la Franee, t. XII, p. MS. ^ Dorlasd,
ChronUon Carth.,p. SM.
ODON DE DBVIL, en latin de Dioçih, té
à Deuil , dans la vallée de Montmorend , mort
en 1162. Il était simple moine à l'abbaye de
Saint-Denys, quand l'abbé Suger le donna poar
secrétaire à Louis le Jeune partant pour la Pa-
lestine. Au retour, il fut nommé par Suger, abbé
de Saint-Corneille de Compiègne. A la mort
de Suger, en 1151, les moines de Saiat-De-
nys le rappellèrent et lui confièrent le goovene-
meot de leur congrégation. Son adkninistntkn
fut plusieurs fois troublée. 11 eut, en effet, de
vifs démêlés avec l'archevêque de Bourges et
révoque de Beauvais, qui lui disputaient la pos-
session de quelques domaines : œla était con-
forme k l'esprit du siècle, où la pnndpale occo-
palion d'un abbé était de susciter ou de soutenir
des procès de ce genre. Odon mourut avec la
réputation d'un abbé ferme et vigilant. Il a laissé
une bonne histoire de la seconde croisade. Cette
relation a été publiée pour la première fois par le
P. ChifOet, en tète de son ouvrage intitulé : SaneH
Bemardi genus illustre assertum, B. H.
GalUa chriUiana, t VII, ooU 177. - Histoire litt. i»
la France f t. Xlfl, p. Cl»..
ODON DB BOISSONS, abbé d'Ourcamp,
moH vers 1 170. Les bibliographes qui loi donnent
le titre de cardinal évéque de Tusculum le con-
fondent avec Odon de ChAteauroux, qui vécut
au treizième siècle. Ceux qui, avec M. Daunoo,
le font évéque de Préneste se trompent égale-
ment : il n'y a dans Vltalia Sacra dTgbeili
aucun évéque de Préneste nommé Odon. Le
497
ODON — ODON CLÉMENT
49»
seul ooTrage de cet Odon de Soissons qui nous
ait été coDserré a pour titre Qtuutiones. U en
existe un assez grand nombre de manuscrits.
Nous déftii^eroos ici le nom. 3244 de Tancien
fonds dn Roi et le numéro 140 de Troyes. Les
Questions qne s'adresse Odon de Soissons sont
toutes tbéologiqaes, et il les traite en disciple
fidèle de Pienre Lombard , avec une prudence
déliée. Ce recueil dogmatique est un livre peu
connu; il est cependant préférable à beaucoup
de compilations dn même genre composées au
treizième siède.
Quant aux deux Autres ouTrages inscrits par
M. Daunou au catalogue des œuvres d'Odon de
Soissons» un Ck)mmentaire sur Jérémie» et des
Sentences , le premier n'existe pas et le second
appartient à Hugues de Saint-Victor. B. H.
Histoire lUtér. éê la Frguee, t XIX.
ODOH de Kentt en latin Cantianus^ théo-
logien anglais , né dans le comté de Kent, mort
en mars 1200. IV embrassa la règle de Saint-Be-
nott. Son savoir et son éloquence le firent élever
au rang de prieur, puis à celui d*abbé dans les
monastères de Saint-Sauveur et de Battle-Abbey.
U fat lié d*amitié avec Thomas Becket,etson apo-
logie a été écrite par Jean de Salisbury. La plus
grande partie de ses ouvrages ne sont pas parvenus
jusqu'à nous , tels que des Commentaires sur le
livre des Rois et le Pentateuque,*des Réflexions
morales sur les psaumes, TAncien Testament et
l'Évangile, des traités De onere Philistini , De
moriifus eeclesiastieis et De vitiis et virtutibus
animx, etc. Il ne reste de cet ahbé que deux
Épftres^ l'une à son frère, qui était novice è
l'abbaye d'Igny (Soissounais), insérée dans le
t I des Analectes de Mabillon; l'autre sur les
miracles de saint Thomas de Cantorbéry, adres-
sée, en 1171, à Philippe, comte de Champagne,
et qui se trouve dans le t. I de la Collectio
amptissima de Martène et Durand.
Letand; De rébus Britmm. coUeetanea.
ODON , abbé de Morimond , mort le 31 août
1200, suivant son épitaphe.On suppose qu'avant
d'être abbé de Morimond, il l'avait été de Beau-
pré, antre abbaye dsterdenne; mais cela n'est
pas suffisamment prouvé. Presque toutes les
circonstances de sa vie sont obêcnres. Il n'est
pas non pins facile de discerner entre les ou«
Trages qui lui sont attribués ceux qu'il a réel-
lement composés de ceux qu'il vaut mieux res-
tituer à d'antres Odon. Parmi ses écrits certains
nous désignerons des Sermons ^ au nombre de
cinq , publiés par le P. Combefis, dans sa Bl-
bliothèquef 1 1, p. 25, 299,797. Odon en a d'ail-
leurs éoit beaucoup d'autres, qui probablement
se seront jamais imprimés. Les exemplaires
manuscrits n'en sont pas très-rares. H y en
a trois recueils à la Bibliothèque impériale,
sous les numéros 3010 du Roi, 80 des Corde-
liers et 839 de la Sorbonne. On voit anssi dans
les numéros 3352 B, 3352 C du Roi et 606 de
Saiot-Victor un traité De numerorum signi^
fteatione, qàt dans la plupart des catalogues
est inscrit an nom de notre abbé. Oodin et les
auteurs de Vffistoire littéraire supposent que
Guillaume , abbé d'Auberive, disciple d'Odon , a
rédigé cet ouvrage sous les inspirations de son
maître. Cela ne parait guère vraisemblable. U y
a dans le traKé De numerorum signifteatione
des mathématiques, de la théologie, quelque
philosophie et beaucoup de puérilités subtiles ;
mais au style concis de l'ouvrage, k la brièveté
des chapitres, malgré l'abondance des propositions
étranges qu'ils contiennent, on ne reconnaît pas
la manière d'un homme qui met en oeuvre les
opinions d'autrui. La bibliothèque de Troyes pos-
sède , sous le numéro 780, un exemplaire do
même ouvrage, «qui parait être le manuscrit ori-
ginal de l'auteur, et on lit à la première page de
cet exemplaire nne note de l'auteur, traetaior^
qui semble exclure toute idée d'un travail en
participation. Odon nous a laissé d'autres écrits
sur les mathématiques qui jportent expressément
son nom. Le numéro 868 de la bibliothèque de
Troyes est un recueil venu de Clairvaux, où se
trouve un opuscule intitulé : Odonis tracta-
tus de Analeticis ternarii, « Cet ouvrage, dit
M. Harmand, dans son excellent Catalogne, dif-
fère entièrement de celui qui est contenu sous
le numéro 780. » Les auteurs de VHisioire lii-
térakre ne l'ont pas connu. Enfin, il faut ajouter,
suivant M. Harmand, an catalogue des œuvres
inédites d'Odon on traité mystique sur les degrés
qui conduisent an salut : Très gradus quitms
pervenitur ad hxreditatem salutis; traité
qui nous est offert, à la suite des Sermons du
même docteur, par le numéro 450 de la biblio-
thèque de Troyes. B. H.
Hlst. lUiér, de la Franee^ t XII, p. Sto. — Heort-
quez. MtnolOQium Ctsterciense, p. Ktt. — CaUia ckrtS'
tkma, t IX, col. 881. — Oadto, De icript. eceles,, l. Il,
eol. ibiS. - De Vlseh. BibIMh. CisterciensU, p. lis. —
Catalogm des vumuser. des BibIMh. dtparieta.^ t II,
p. m. m, w».
ODOH GLtaRHT, OU fils de Clément, qne
l'on appdle quelquefois CouUer^ du nom cor-
rompu de sa famille, archevéqne de Rouen, né
en Angleterre, vers la fin du douzième siècle ,
mort le 5 mai 1247 (1). Il était religieux béné-
dictin et d^jà célèbro parmi ses confrères quand,
à la mort de Pierre d'Anteuil, il fht élu abbé de
Samt-Denis en France, le 10 février 1229. Le
cardhial Romain , légat du salnt-siége , le bénit
ce même jour, et le roi Louis l'investit des
droits régaJiens. Un des premiers sohis d'Odon
Clément fut de reconstraire le chevet et le
chœur de l'église de Saint-Denis : c'était une
entreprise andacfense. Persuadés, en effet, que
leur église avait été consacrée par Dieu lui-
même, les mobiles la laissaient tomber en raines,
(t) CHt MaUMea Pvli,a«tew eoatmporalB, qal le bit
Dâltic eo Angleterre, et ton téiD«|giMce peralt digne de
fol. De« auteors plus modernes le dltent fils de Henri
Clément, somommé Pettt, stear de Un eu GlUnalt et
d'Afgeotan en Normandie, maréchal de Franee.
ODON CLÉMEJNT — O'DOMIŒLL
et se g»nJaiant de la réparer, teole ré|MratMn
«levant fttre suivie d'une ooDsécrationi noafrellft.
niais. OdAO paraît avoir été peor sea tewyt^m
esprit fort. Il élait dfailleur» 4'Me gmule lit>
tiéralité pouc les Malheureux. Un de aea décrets
erdonne que ebaque ÎHir, dorant toaie Tannëe,
cinq* cents paunM» recevront me distribotion de
pain aa\ (vaiSr de l^bbaye de. Saint-Denis,; il
poescffit, en onlse, qiie cette distritwlient ena
ftite b mille canner la. YeiUn de Toussaint, le
jnnr anniMmwpe«d« sa^nnct, et le jour oannér
meratif des. funéraUles 4n rabbé Pierre. U> fout
enreyelser de lain décrets. Les auteurs dn Ga£-
iUi.tkviêtkUÊaÙMA intervenir If abbé Oden dans
eu gfBad< nembre de pmeèa et de oéiémonies
religiensesi eui civilna. lU. mentrant ainsi quelle
était seiL antocité, son influence* sa. renommée.
NoueMnppeilereMr simplement icL^n'en t244 le
toi saint Loois l»ehoieit poiir parrain. dneen fila.
NcMoraé amhsvâqns de Bonea an mois de mars
l266^Qd«n>a8siBisi la même, année an eimeiie de
Ikyon. Un prélat.qui jooità la cohb d'une si grande
favnor^etdans rÉglised'Qn si grand crédit ^qni
pat port. à. tant d*afifaire>, et se déclara poap nn
conlôe lani de prétentions rivales^ eut sans dénie
tm neari>rv ass» oonaidéiaUe d'ennemisi. Hal-
tèneu Pftria s*cst èêH icne interpuitr. ïk aceuR
«idon eiéineat de simonifty. d'ûigneit, d/amhè-
timu B. H.
MRtttlea farts, HUr. maj. irearteiïïf, ann. avr. ^
fimUia cIbrML, t. TN, cel. 3»r, et a. Xi, eol. tl»— aut,
htttr^ de la France, %, X viu^^ SK.
ODOWM'OHnmnvBOva, caïadinairrançaie,
mort à CWiU-Tecotaia, en t2r73: Il fbt d^aberd
«hanoioe de Puvsy puis chanoctter de cette éf^lise
dès 123S. Plus tard, suivant UgMliv ilîprit llM-
bii moaastiqoe et fut abbé de GranselfB; mais
cela nous paraît tanx : noos avons de fbrtes rai-
son»' poui croûsa qu'Q était encore cbancelier de
Paris qtiané, en 124d^ i^ fut nommé par Im»-
cent IV cardinal évêque de Tusculam. Eo r245
ii revient ta Fraece avec le titre de légal,, prêche
nv née» du pape une croisaAr^ di Rembarque
pour la Terre Sainte en même tanpe que. ks nu
Ibowe IX vers lai fin de raar 1248. Gottsame de
SangiS) JeiovHle,. et les autre» histoviens db saint
Lonia parlent tm», dans- les mêmes, terme», de
i*anlirar, dta courage d'Odon etdesen nobledé-
smlévesKementL En MS^ i^ avait qoltlié l'iisie
Mineuiie etse tiinnwaiêeni Italie. NooaJki mvnyeK
en France- vers 1214, j rempb'ssanl' eneem les
fanelien» de légat. Ses oovra^s , dsni M. Bsa'>
■OUI a fait an racensement evact, sont : Bp^
Ma aà Imt^tmêimm paptim^ lettre écvîte- en
1349 el pnbiiée par d*Acbery, ;liptetlesimir»
t. vm,. p« 212; — DMImclioner svpar PiaUe-
rtmm^ ouvra^méditv dont il e«Meà»flemb»enx
manuscrits, parmi lesquels il suflira de désigner
les aura. i«327, 1388 de kk Soihamn, el 8&7 de
Sainft.Yiietor; — Sermones , recneA également
ihédU^ Dum. 789 de la Sorbonne; — Lectio
mnn n4^niê éet €Mlre Âadtiiji, pMtmodum
500
iV'itcopt jMJCTiidEiii, qtÊtmd9 kmtepiâ en Théo-
%ia,.dans In même vohnne. B. H.
«M. mt. dé tu rrmÊBt, L. XtX. — Onrckêt Fvachet»
CftrofK9tM,daiu les mUmrUM * fïWMr, t. XSl» p. i.
- XolaviUé,iiriftoir« da uànt LauU, paitln.
ODOifAia (Bfue GoDni des ), née GBAaonAt-
son, était îssue d'une fomille française établie ï
Rio-Bamba. EITe s'est rendue célèbre enliravant les
pibs grands dangers poor rejoTodre son mari. Elle
avait épousé Gediny qui aocompagiia, en 1742,
If. de La Condamine à Quito. Après un voyance
des plus périlleux, elle rejoignit son mari apiÀ
vingtans de séparation. Les deux époux retour-
nèrent à Cayenne » et s^embarqpërent pour la
France, oOl ils abordèrent le 2ft mai 1773; ib
passèrent le resfe de. leuc vie à Sainl-Amanl,
dans le Berry.. A. H— t.
Lettre sur raverUure de Mme Cadln dmu mn vogeç*
de la province de ÇwM» d Ca^ewm-piarie fltwpe de»
Jmtttwmê {177», i»^*).
9fmaamL%. UmefMÊÊn9b)rtmÊitt étVA*
hiBbat, général espa^, né^ai» rAndaleasie,
en 1769; raertà Mo■^pellie^i0 tenaai t834. D'eri*
gioeirlamMae el soldai b quinze ans, iiaervildaas
b9Berrede't79»ooatre bi France et pios tard
dans celte de nadépendènee, ob un sacaès qu'A
remporta c» 19MI snr le- génétaft 9cbwarts, pi^
dovtMagedeKAMsba», loinérilalbgvadedeiBa-
récbal' de camp* et le titre de comte de l'Abisbal.
Bfenbredu conseil de régence (ISl^capitalDe
général, de TAndakHieie (f814), gowemearde
CadKi (18(9), it d#»uff en 1820 In conapôatioa
aMiilaire de lUe de Léon, eonspnratien dont oa
Faecusa dF»voir été d*abord complice, et s'imit
pen après an général Riego. Tourb tour royaliste
eteMBtilntiQBnel,.H indisposa ses troupe» eaolre
lui par 88» leigrversations et par quelques-uns
de ses actes» et se rendit également anspect soi
deux partis. Gontraint de donner sa ddmissieff ,
il fot asseï hevreux ponr pouvoir se réAigier a
France, se fixa àLimogesy et menrat à peu près
oublié en retouiuant en Kspai^. H. F.
met iMi9. il port Af CtofrtMqr.
; a^uoHnwLL Ç LêopoM)^ eomi» d^ BueoM,
<Nc de THwmn , homme d'État espagaol', né
en 1809w Déjà colonel â le mort de Feidl-
nanéTfP(oet»lhP0 1892^, il sa décibra partisn
de Ib nouvf^ Ibr de* successioD au'CrAie ef de h
régence de Mar*e<€llristlne, et combaUft avec
dbtinctioB dans tes rangs de* Parraée CQa8titl^
tlonaeite; Le 17 juiVet 1839; iflbr^ eabrerade
lever le fSê^ dl» Eucena, eC cetexpioîlf Ibi valut
en aoflt le gra^ de Ifeuttenanf gâidraf. Ion-
qae Espartbre, dont' il s*eflbrç8it db oontrebn-
hneep Tînfltoeiice, eol été* nommé réjgent dh
royaume, (KDonndf, ffdèlfl h Ib rehie mère,
même Ibrsquesa canse penissaît die phs en phis
compromise en Espagne, résigna son eommao*
dément*, et, après avoir protégé sa retrailè jos-
qn'b larpontSëre* de Flvoce, quitta hri-mêtne l'&r
pagne, et vinf ftxer q«ieb|oe temps se résideod
îr Orléans , «ans cesser ponr cehi de fomenter
l'agitatien eonttne Espartero. En octobre 1841,
501
0'fiO^^^'£LL
SOI
une iosuirection éclata en Navacre i O'DooiieU.
courut alor» se mettre à la tête des révolté&,.
s'empaia de la citadelle de Pampelone ; maiaf
bien que quelques autres placea sefiueest, àsaa
ap(iel, déclaiées pour la reine Marie-ChdftUae,.
iJ dut reprendra de nouveau la chemin de l'exil,,
où, sans se découragjsri, il continua toutea sea
démarcbe» contre le régent^ qjui tombai enfitt
(juillet 1843). Sommé à cette époqpie capitaine
général à la HaTane» il acquiidans cette lie uoo
foctune conaidéraUa,etàb sod retonren Eapagn»
fat appelé au sénat (iS août IM j)» où ilae raUfai
à L'oppoaitioB contre le ministèia Bnvo-Mia-
riUo. iSanraez ^ devenu présideM d«à coaeei^ kà
confia, le posta de difeetenc giéoéfal de rinJfM
taie, qu'ilcoMerfe lâisqu'ea iSâl» possaaà ano-
cesâToment du parti de Marie-Christine au pactii
lids modéflés, et se moaCnnâ à la feia l!adMiv*
riaire de la «ov et des di^seia miaiatères*. ait.
commencement de tô54„ il Ait impliqué daaa
une conspiration^ et ua décitt d'arrestaitton fa/k
même raulii eantre Ini ;.meiB il est: le bostiew
^y échapper,. en< ae tenaat caché pendant cpiel-
qpea moia, soit IkMadrid méDM, soit dane lesi
ennioiia^ à Caaa^iiis.EBfiBi» a» miliea des so»^
Inementa que suscita l'eaunni forcer, il se mit^
1« sa juin d». cette aaaée, à Itttètode dosa
ré^menta insorsés cpie hii amena la général Bf^r-
niagii- IhiJce^ Son biii éteiè d'attirée la garnisom
de Hadrid hoiB-de cette, ville ,» poor q|i'un.sour-*
lêvement populaire pût ^^éclaleo pendant aon.ab^
acnee. Cebut ne fïit pas atteint. Un décntt du>
29 juio le déclara déeba de ses emfiois^titoes.
et décomtioos.. O'Domwll aontial le lendamai».
contre les troiipe» lo^jales- «Oiconahat à.ViaaIh
varo ^ maia il fotiohligé dfogérer sa aetnaite iwa»
rEstramadeee ei le. PortugaL La 7 JMillolL il
adresaa aux Madrilèoea une prodamatioo qpii
traçait un programme poUtique au* mouvement
révolatiounaire, et réclamait le rétabli&semeafc
de la coBstitutioB de 1837, le hennissement pef*
pétnei de la reine mère, ra.iéduclioa dea impâto;,
la décentraliaalieo,. etc. La plupart daa aapitaiaes
généraux se miaeat avee leurs tEoapesi^ saidia^
positioo ;, de^ésneutes éciatèreni deitoaks.parl^^
et le 17 juillet le parti progressiste se readit
mattre de Madrid. Dana- cev eircoBStraices. te
nsoft donner l&^ présidence tlu coonciUaa daade
Bàraos éi deo» jeuvs a^a apptiaj lapanlanK ài
Madrid poav fermer ma aeaveBMBHmaefereL £a4Mr
roomant,, les nema d'Bspartam- a£ drtfOoMma
étaîeet unie daaa teulea tespMdammlioBft et tai
jenledh Madrid ;.aearii oadécaet.Ai< 1er aaèti
noaraaa 0'I>omMU an mioiatèitt de hi gnne,. efl
lecréa«atfitaMe«énéraldes»armée8. Peudejeuas
après, H leçjit leitraide- otnite dit loioena^ qni
aiipelaili t'a» d« sea brillante finla. d'araies.. E»-
partafiO'et O'DumeH s'eatsndlrcntd^afaord'pooB^
Mtwfairela révolaH^s el la OMtenir; mais Men»'
tdt les exigences du parti progressiste, an milieu
<l^aMeniali«a& de eaBcesanns et dv rétiistance,
anieuèienf entre cea dhvx boramea d*É12iit' une
lotte lateaifte. Lai lecture du pf^mbofe d*i
déaiet relatif k des meâoiea répvesslvea contre-
la psesae predoiait dbo vMenfei ariasioii an sein)
do. ooBseil. Daaa le teoule de- ce piémnbeie^
rédigé par Mb Palricio de la Escosura, arieiatre
de riitérieur,oe attrifaHait. les^ événeraenia de
Valladolid, Paèmoia el Rfoeeco', et Mules ks
teniaCivea secNiliBlha: qat' avaient agité nspegne
à l'iefleanee- uuÉtittairte dai deqsé etds partf
réMtluiiMiie. Of Denaell, qo» ppÉcédennenit,
daee ka eorito cni s'hppeyant ser dm tBit»
irrésnanUèe, anil êéAté tfm- ramrcbie qeir
aoril tfamaHédivciSKs prorincs»,élaiireBifira!
OMiMBiw die seeiattamcr,. proteste contre eea
appméaatieea. de failrdana uni <»ii— wat oi^
fieiet,. appréeiaiiina entièesMeat^ oaairairea t
celles qpi'il avait exposées à la Ihce dl!tl*Bspagner
et de l'EurofM. Oetle protesleliuii amena usa
discnssion' peraonneito enipe* lee deax Hnia-
tiea, et O^Dooaelè fmil pmr dédavn quTife n'ap^
paenait jemaia s» signituie. ser on docs-.
ment peUie aupaès de «Ile de M. BaonauBau
Teoleaks iitelaMiea qee V<m fit pour larappro»
GÉMr fuieet inetifes, et à le seièe d'bBaerise-de.
pUiaieues.joiMw et es IfbMrtnoMal de plosieom;
oambinaisens. le iwe aecept» lai démiasîeit d«
toua las. miaislresr, ai rewoeplioa de* aalle d»
(VDeBBett, qaâ (14 jeillet t86e) Mr nomaaé puer
sident. dn ona^etl* et chargé de lecoaslitner Iti
cablnaL Ge mêaae jonr une iaaornRtio» neo^*
vette» éclata à Madrid , el one fraction dRw cori*
tèa se fendit extmordinaiiieBMne pour éamUm
oaolre le nouveau, pré^adenli on vote dadéfianceL
CUas-cii,. sans être altattu>de catbe velléHé dnop-
position^ paifcen qoeiques jonra de promptes- me*
aevea pour étoufcv de» névolles Airmidiibley qui
ataienè égatemeal éehrté à. BanseioBev è So^
vagoseav ^ dane. qoelqueai. aetiss villea, et dv
l&aa 20 joiUet tout ébaie comprimé. Moitié li-
béral, moitié réaatiennaiffiv 1^ naaietèva formé
par Ch'DonaeUi ne pomuit. avoir ane bien kmfpie
exietenoe; aiism dès le l2'eclbbM!SBivant le
comte de LuBenaéuteédeit la place: ae BMeéchel
Qlarvaea»,et sa naetenter de son. siège a» séeat^
où. il adopta coolKe son sival une feaetiqpie attea»»
taofi que son. habileté égale soiii énergie. Le
2a jpiaia68|,le mioifitèee, complètement ear dé-
saccord aar la cpiestioe. de la dissoletloa doi
carlèa, oOritu aprèa bien, dea ehangemeetsi^ae
démission « et ce mémo jour. O'fioaaeH». ariM
denDuveauiau pouaoic, avec le tibiode poésie
dent do. conseil , ministre de la geerre et ém
ootoaies*. L'éaénCTwnti le .plus» impaet mt de son
ministère est la goene faite par TEspaipe an
Maroc. Nommé généaal evcheC de l'année expé^
ditionnaire, O'OoonelL opéra daeecer pa|is me
haucanae descente,^ etiaoiai bataiikB livréca aam
forces marocains (9 el là» décembie tSOè^
t^jaorier 186Q), ains» qoe la prise dt lléteua
(6 février) détermiaèreat remperaur àtsie^pe
UL traité qui* donnait tonte satbfactÎBn k ITKft»
pagne. Ce rapide succès a vafai ai» capitoiee^*
503
O'DONNELL — OECOLAMPADE
&04
néral O'Donnell' la grandesse d'Espagne de pire- ;
inière classe sous le titre de duc de Tétuan
(7 février 1860). Depuis le mois d'octobre 1856,
à est décoré du grand cordon de la Légion
d*Honneur. H. Fisqcet.
vapereaa, DteU dei Conteinp. — Zellcr. ixt France
kùtor. — UonUeur, anoées ISM et 1860.
odorâhiib, moine de Saint-Pierre-Ie-Yif à
Sens, né en 985, mort quelque temps après 1045.
Aujourd'hui peu connu , il a joui de son vivant
'd'une grande célébrité. Il cultiva les lettres avec
succès et excella même dans les arts mécaniques.
Il résidait encore dans l'abbaye de Saint-Pierre
quand il signala son habileté par deux ouvrages
dont il nous parle lui-même, un crucifix, travail
remarquable d'orfèvrerie , et un puits dont la
structure était, il parait, originale et singulière.
Fqt-il alors persécuté par des confrères envieux,
comme il l'assure? Ou bien, comme on peut le
supposer, osa4-il s'exprimer sur les dogmes con-
sacrés en des termes d'une nouveauté choquante?
On l'ignore. Obligé de fuir l'abbaye de Saint-
Pierre sur l'inculpation d'anthropomorphisme,
il se rendit à Saint-Denis, près de Paris. C'est
de là qu'il fut appelé par le roi Robert et la reine
Constance , qui le firent venir à Dreux, et- le
chargèrent d'exécuter plusieurs châsses d'un
grand prix. Nous ne pouvons apprécier ni l'expé-
rience ni le mérite de l'orfèvre ou de l'architecte.
Nous connaissons du moins quelques-uns de
ses écrits. Le principal est une Chronique qui
commence à Tannée 675 et finit à Tannée 1032.
On la trouve dans la grande collection des His*
toriens de France ^ t. YIII et t X. Elle avait
été déjà publiée par Du Chesne. Odoranne est
encore auteur d'une relation de la Translation
de saint Savinien , insérée par Mabillon dans
ses Acta, t VIII, p. 254, et d'une Histoire ma-
nuscrite de l'abbaye de Saint-Pierre. B. H.
HUt, mUr. ie la Frantê , t v, p. SM.
ODRT i Charles- Jacques ) f acteur français ,
né à Versailles, le 17 mai 1781, mort à Courbe-
voie, près Paris, le 28 avril 1853, était fils d'un
cordonnier. Il suivit d'abord l'état de son père;
nais sa vocation l'emporta : il débuta le 25 jan-
vier 1803, aux Délassements-Comiques, dans
le rôle principal de M. Rigoleti, ou je vais en
Russie, En 1805 il entra au théâtre de la
Porte-Saint-Martin. Là , placé dans ane excel-
lente troupe de comédie, Odry fut à peo près
effacé , jouant tous les emplois , Fans se faire
remarquer dans aucun. Lors de la suppres-
sion de ce théâtre, en 1807, Odry obtint un
petit engagement à celui des Variétés, pour
jouer la grande utilité. Pendant plusieurs an-
nées, il ne remplit que des rOles subalternes,
attirant plus l'attention des acteurs que celle du
public par le soin qu'il apportait dans leur exé-
cution. Un hasard heureux le tira enfin de son
ol>scurité. Le rôle du fermier Morin, dans
Quime Ans ^ absence ^ ayant été refusé par
Thiercelin, les auteurs, suivant le conseil de
Brunet, en chargèrent Odry. Ce rôle de paysan
balourd , que sa femme ne laissait jamais parler»
ne comptait pas dix lignes. L'acteur le joua
(13 avril 1811), et si bien, que sa tournure, sa
naïveté grotesque, l'originalité de son jea
muet, ne contribuèrent pas médiocrement au
succès qu'obtint ce vaudeville* Peu de temps
après il eut à créer Le Valet ventriloque ; et
dès ce moment, sorti de la foule, les bons rôles
et les succès ne lui firent pas faute. Dorant
vingt ans et plus, il partagea la faveur pu-
blique avec les excellents acteurs qui, jusqu'en
1830, composèrent la troupe des Variétés. La
génération actuelle n'a pas vu les création}», si
nombreuses, faites par Odry; mais elle n'est pas
sans avoir entendu parler de la Mère Giboo , de
Picpus, de Cagnard, et surtout du fameux
Bilboquet des Saltimbanques. En 1830 les Va-
riétés entrent utile à leurs intérêts de chan-
ger leur genre grivois et populaire, pour
exploiter un nouveau répertoire, pâle reQet de
celui de Marivaux. Odry, qui n'était rien mofms
qu'un comédien de boudoir, fut alors mis à la
retraite; et ce n'est qu'aprè^ s'être successive-
ment montré sur quelques scènes parisiennes,
entre autres de la Gatté et des Folies-Dramati-
ques, que cet acteur fut rappelé à son ancien
théâtre, qui n'eut qu'à se féliciter de son retour.
Enfin, survint le succès immense des SoUiM'
banques, pièce qui ramena ta foule à ce théâtre
délaissé, et dans laquelle Odry retrouva toute la
verdeur de son talent. Ce rôle fut son dernier
mot ; car depuis longtemps ce comédien n'aspirait
qu'à sa retraite, qu'il prit un an plus tard, en
1839. Il vécut encore quelques années, jooissant
avec sobriété du bien-être que ses économies lot
avaient assuré. On a publié plusieurs facéties,
dont il n'a été que le prête-nom. Ttois Messe-
niennes, enrichies de notes , etc., 1824, ind*
(par Montigny); — la Complainte de Clara
Wendal, 1826, in-8*' (par du Mersan); — Us
Cornichons; 1830, in-8'' (par A. d'Artois); —
Les Gendarmes, poème en deux chants; 1820,
in-12. Cette dernière pièce est la seule qni soit
véritablement d'Odry. Ed. de M.
Almanaeh de Spectaelet, — Qnénrd, La ftanea Ut-
tir, '- BenieignÊments partieuliert,
ŒCOLAMPÂDB {Jean) (1), célèbre réforma-
teur allemand , né en 1482, à Weinsberg, petite
ville du Wurtemberg, d'une famille originaire de
Bâie, mortà Bâle,le24 novembre 1531. On ledes-
tinait au commerce; mais sa mère, femme pleine
de piété, désira qu'il se livrât aux études, dans le
but deseconsacrer plus tard au service de TÉglise.
En conséquence, il fut envoyé au collège d'HeiJ-
bronn, où il se distingua autant par sa conduite
que par ses progrès. Il se rendit ensuite à Hei-
delberg. Après avoir pris, en 1496, le grade de
maître es arts, il alla à Bologne dans llntoation
(1) <«on véritable non était Hawtehetn, not allcaaaS
qui aliinUle Ittmtère domestique, et dont CBootanpadA
est une Mlle de traduction en langue grecque.
\
505
OECOLAMPADE
506
d*y étudier le droit. Six mois après ses idées
avaient changé, et il quittait Bologne pour Stutt-
gard, pour se livrer tout entier à Tétude du-
grec, de l*hébreu et delà théologie. En sortant
de l'université, Œcolampade fut recommandé à
rélecteur palatin Philippe, qui lui confia l'éduca-
tion de ses enfanU. En 1514, il fut placé à la
tête de la paroisse de sa ville natale. L'année
suivante, l'évèque de BAle, instruit de son mé-
rite par Capiton, rappela dans cette villecomme
prédicateur. Ces fonctions ne suffisant pas pour
lui donner de quoi vivre, U entra comme cor-
recteur d'épreuves dans ^imprimerie de Cra-
tander. En 1518 il fut nommé prédicateur de la
cathédrale à Augsbourg, où il resta jusqu'en
avril 1520. Cest pendant oe temps-là qu*il com-
mença à être travaillé par des doutes sur la va-
leur de l'Église catholique. Ne voulant pas céder
cependant sans une vive résistance, ou du
moins sans un examen plus approfondi, aux
principes de la réforme, qui avaient déjà exercé
quelque influence sur son esprit, il prit le parti
de se retirer dans un couvent, pour pouvoir,
dans le silence de la retraite, débattre et étudier
lesquestions agitées. En conséquence, le 23 avril
1520, il entra dans le monastère d'Altenmuns-
ter,de Tordre de Sainte-Brigitte, situé à deux
mUles d'Augsbourg . Ses amis, Pirckheimer,
Érasme et Capiton, désapprouvèrent hautement
cette démarclie. Il ne se rendit pas à leurs ob-
servations; il se réserva cependant le droit de
sortir dn couvent quand il le jugerait convenable.
Cest dans cette retraite qu'il commença à
connaître les écrits de Luther. Us produisirent
sur son esprit un effet extraordinaire. Dès ce
moment tous ses doutes furent dissipés; il prit
parti pour la réforme. La hardiesse avec laquelle
il s'éleva bientât contre les abus de l'Église ca-
tliolique et un traité qu'il publia contre la
confession auriculaire lui attirèrent de vifs re-
proches et même de mauvais traitements de la
part des moines et des supérieurs d'AItenmunster.
Il se réfugia à Mayence. La haine et les persé-
cutions l'y suivirent, et le forcèrent à chercher
un asile d'abord à Nuremberg et ensuite (avril
1522) auprès de François de Sickingen, dans son
château d'Etiembourg, sur les bords du Rhin, où
se trouvaient en ce moment Bucer, Agricola
d'Augsbourg^ Schwebel et Ulrich de Hutten.
Sickiogen ayant été, au commencement de 1523,
engagé dans une guerre qui devait lui être fatale ,
contre l'élecleur de Trêves, Œcolampade se
retira à Francfort-sur-le*Mein, où il prit un em-
ploi chez le libraire Guill. Nesenus. 11 alla bien-
tôt se fixer à Bàle. Arrivé dans cette ville à la
fin de 1523, il fut chargé par le sénat des fonc-
tions de professeur en théologie et de prédicateur
extraordinaire. Dès ce moment il se consacra
tout entier à la propagation et an triomphe de
la réformation à Bàle. Le clergé chercha en vain
à éloigner un si dangereux adversaire ; le nombre
de ceux qui adhéraient aux principes nouveaux
augmentait chaque Jour. Enfin, après de longs
tiraillements, le conseil de la ville, mis en de-
meure de se prononcer sur la question religieuse,
abrogea la messe, en 1525. Ce ne fut cependant
qu'en 1528 que la réforme fut consommée dans
le pays de Bàle. Pendant ce temps , GEcolam-
pade soutint diverses conférences, avec les ana-
baptistes à Bàle, le lundi de bi Pentecôte en 1 525 ;
avec Jean Eck et d'autres chefs du parti catho-
lique, à Baden, en mai 1526; avec d'autres théo-.
logiens catholiques, à Berne, en 1528. U prit part
l'année suivante au colloque de Marbourg, réuni
par le landgrave Philippe de Hesse, pour rap-
procher les protestants et les réformés. Œco-
lampade avait pris parti pour ceux-ci; il était
un de leurs principaux tliéologiens dans les pays
parlant allemand. Quatre ans auparavant, il
avait publié sur l'article de la Sainte-Cène, doc-
trine qui divisait les réfonnateurs en deux camps,
un des ouvrages les plus considérables de cette
époque; il y combattait le système de la pré-
sence réelle dans l'Eucharistie, entendue soit
dans le sens catholique, soit dans le sens luthé-
rien, pour soutenir le système qu'il n'y a dans
le sacrement de la sainte Cène qu'une présence
spirituelle de Jésus-Christ C^est à cette époque
(1529) qu'il se maria, ce qui donna lieu au bon
mot d'Erasme si souvent répété : « On appelle
Taffaire de Luther une tragédie; moi je dis que
c'est une comédie, car tout finit par un mariage. »
En mai 1531, le magistrat d'Ulm s'adressa à
Œcolampade pour fonder le nouveau culte dans
cette ville; ce quMI fit de concert avec Bucer de
Strasbourg et Blaarer de Constance. De retour
à Bàle, il s'occupa de la restauration de l'uni-
versité, qui avait été désorganisée en partie par
la retraite d'un certain nombre de professeurs
restés cathioliques. Cet établissement scientifique
ne perdit rien par la réforme, Comme le fit re-
marquer OScoIampade lui-même; on y^ appela
comme professeurs des hommes du plus haut
mérite dans des sphères différentes.
Apràs la bataille de Cappel (4 octobre 1531 ) ,
Zurich conçut le projet d*appeler Œcolampade
dans son sein, pour remplacer Zwingle. Léon
Judas fut chargé de lui apporter les vœux de la
ville. Le réformateur bàlois les repoussa, préfé-
rant consacrer le reste de ses jours au service
de l^ise où il avait établi la réforme. Mais il
ne survécut que de quelques semaines à son ami
Zwingle, dont la mort l'avait profondément
affligé. Son corps fut déposé dans la cathédrale
de Bàle, et une médaille fut frappée pour ho-
norer sa mémoire.
Œcolampade joua dans la Suisse un rôle assez
anatogue à celui de Mélanchthon dans l'Alle-
magne. Comme celui-ci, il était doué d'un ca-
ractère plein de douceur et de modération. « Les
hommes , écrivait-il à Farel , dont il voulait
modérer la véhémence , veulent être dirigés avec
douceur et non poussés avec rudesse; notre vo-
cation nous imposé le devoir de les conduire à
M7
DotK SeigMur Jétas-dnUt avec iootei
de.niônsgemedto. Mom nomiar prédieateors de
VÉMBàffUe povc béair «t Bon po«r maudire. •
ToHle fiOD ;tee raapim dais cet eonseili f»leini
de sa^BBM. iâb mêrae leafMrit iloniiie daw «a
tliéoJeeie, d«rt la taniaMe €Bt feitement Bfàtîr^
tuallste; «mis ce rapport M iBérite d^fllre piaaf
&«oté die joa anri Zmn^, ae^ avis ^doqàel H
attadiait ime igraade iBAportaBoe dt dodt*le np»
pooehait égirteBKaft mn cacaelèreiet aa manière
de canpreiidise laretigian. CemaR •toas l«i«»-
tma réferaMleiJfB, il était ^neraé dana 4a comuM-
saaee dea anteare de Pantiqnlté ekuaMiM aiissi
bî<>!a«queitoM B0iIede&Pèrefi>del'Égliae; il^taiC
■hfiBe phis humaniate i^e M pli^art d^entae
eui ; ^'eat Ià 4)e «^i lui ravait «ta l'amilié «a*É-
rasine, amitié que JeS'diOévenGeiS'dîopiiiioaa'v'é»
feigairent jaaoaîa catièaeaDenL
Ona d'ŒBoJampadedeirès-lxms OowtmenUA-
rjBt, éorits «Diatin, mw iwaïe; Bâte; .ti25, ia^*;
2* édit, 1567 ; — WT Jéfémm eties LamemUi-
Uons ; Strasbeurg, 1 53a,iB'4° ^-^Mur Sséchiel;
ilNd.,l&34, ifl-liiL, etfiâle, I&43; — Jur,M,
BÂle, lôS^l, in-fel. ; aÎK autres éditioBfi et-ooe In-
duct franc. , Geoève, 1662, ia-4* ; ^ êur Ikh
niel , Bâle, 1530, iii'4'*; t** édit. 1543, ia'4<'; -^
sur lespeéits pnphèteSf publiés d'abord chacaa
à part, à Oâle, à partir de 152â, et puis réiniiB
aux grandtf prophètes, GénèTe., 1558, 2 vol.
ia-fol. ;aalre édit., 1578;— ncr toiftf Jfatf/Aiea,
Bâle, 1536, m-BT^— mr saint J'ean; Bâle, 1532,
iB-8*4 — .fttr Véfitreftux Romains , Bâle, 1 526,
iD-8^ ;—tur Véplirt aux JT^AroBc^lStrasbontg,
1534, in-S**; 2« édit., BMe, 1596, in-S*. l>e ses
aotres écrits , lesfk» coddbs sont -. Varîi TraïC'
taims; Augsbonrg, 1520, 1ih4*; — Bpistola ad
ffcéUvnem, quod expédiai epistol^e et eean-
ffelii leeiUmes in missa vernaculo sermone
piebi promiilgàri; Cbernboorg, 1522, iiH8*;
trad. fldtem. de J. INepeAt; — /te genUina ver-
barwn Ë>mnini : Hoc est corpus neom , jwxia
vetustissimos auetarei, exposHione Hber ; Aâle,
1525, in-é*. Ce petit livre a été inséré depnis
dans ie reenéil de Pfuff, Aeia et scripta pubUca
Eeeiêsix vèrttmberçicw , Tubingue, 1 720, iB-4* ,
et traduit ea atlera. par L. NoBlzer, 1926, ia-S*.
Dès qae cet éerit parat , le séoat de fiâ)e , elTrayé
de la Boaveanté des idées , en arrêta d^bord la
vente et le somnlt à'l>eMn0nd%ne commiasion.
Érasme, qui en fit partie cft qn iot chai^ da
rapport , répondit au sénat qu*il y avait 4laRS
cet ouvrage de l^érudîtien , de rétoqaenoe , qu*!1
dirait même de la piété s'il poavait s'en trouver
dans ce qui ne s'accorde pas avec la doctrine
de I^ÉgSse; mais <tu'il regardait comme dange-
rem de se mettre en contradiction avec ce
qu'elle enseigne. Il écrivit en même temps à
qn^ues-mis de ses amis qnXEcolampade ve-
nait de publier nn petit livre composé avec tant
de soin et d*habileté, et dont les principes étaient
appuyés de si nombreuses citations, que sa
lectare serait capable d'entratner dans rerrenr
OECOLAMPADE — €E€UM£JSIUS
&08
iiiême4es dlns. Cependaiit , bif9lé -à le r^fnter,
il S'en eiQusa^ sons fe prétexte ipill ne Talait
pas ta peine île eoBSbaflre ane dodirine qai tom-
liendt d'-dle-même. Tfaritres écrivains se cliar-
gèfeilt de cette titibe, «I f ^ïrtt dXEooHamiiade
hd vivement tfltaqaë, prmcîpiOemcBt par les
fcéolagitns do parti de Lutber. Cebii-ci des-
tBendlt même •dans la lice; CEcdlampade se vit
oMgê , malgré son caractère pacJBque , de ré-
pondre à «es nttaqoes. Des différeafts écrits qnll
paMa dans cette ditcnamB, Il siAfin Ae dia
iessdvants : eoalie LdCber, Aont tfer BÊtsufers-
fond B. Mort, imthers anf dieewige bes-
êtamllye vmfe, Dea %ste meiH LéSb , rMd
besten mag, 'eine èilUge tmfwori ( Que le ma-
leUtenda del.iither sur oss mots t « Cod est moa
corps, ne peut sobsiëler : rt^penae raisonnablf )
BMe, '1926, Itt-g»; — Die mnêereWUfe anfwort
(Becéide réponse raisonuablej-; Bile, 1527, in-S*
— ootttreTIreikbeinier : Jlespcmsto de re Emdin
rMne ; Znricb , 1326, .in-«", et ad Bibt. Ptrdl
ketmerum de Budhofistîa responsio poste
rior;llâle, 1527,bi-8«; — eeifin, contre Ve
landbflion t Diafo^i» ^uSd de Bueheristia
tpeteres^ tufn çrteei , ^inn /offni , sensev'KU
Bêle, 1530, in-8*; phfsienrs fcis rfiroprimé
On a on autre éerit dKEoolampade sur le même
snjet : De âignltate Vucharittîx semumes
âuo; Vêle, 1526, in-8**. Il fnA menfiknmer
encore nn catécteinne quH écrivit enlafin, et qm
fat traduit en allemand par Osvr. Myconios,
Bêle, 1395, in^8«. Ce fat le premier catéditamc
en usage parmi les réfarmés allemands. Œco-
lampade traflaii3t«n latin divers écrits de Cbry-
sostOme, de Grégoire de Ifaziaiize et de Tliéo-
pfaylacte. Sa eorrespondance avec Zvringle s
été recndlUe dans ZwingRi et Œeoltrmpadn
EpistoUt; Base, 1028, ln-«*.
Michel KicoLAS.
WolTff.'Cafflto, rva Off^eisaipairii. - AtiaiB, Tha-
PaW «AtfM. -âiL Ucis, AiiwviRAte OBeokumpufêi
Zurich, nn, ln-8«. — Mméê âes pratettéiUs céièùnu
— Chattfepié , Diethm. kUtortq.
fEKnuKnns (Olxou(uvtee), écrivain eodé-
siasHque byzantin, vivait dans le dixième aiède.
Sa vie est tont à fait inceanae ; on n'en a fixé
la date qn'approxîmativement et par oonjectare.
Il composa des commentaires en grec snr di-
verses parties dé l'Évangile. Voici la Hâte des
ouvrages qui fni ont été <ra qni lai nont eneoie
attribués : Commeniaria in sacreeancta gus-
tmor Chrlsti Evangelia,... amcton quidem
(ut pinrimi senliunt) (EemneniOf inter-
preto vero Joanne Bentenio ; UMtvain, 1S43,
in-fal. Cent une traduction latine d'un cmamec-
taire généralement attribué mainlenaot à Butta}'
mios Zigabène; le texte grec a été pnblié par
C.-F. Matthsei , Leipzig, 1792, S vd. ln-8»; V-
prétentions de Zigabène ne sont pas beaoeoup
plus fondées qne cdles d'Œcumemus, et l'aoteor
de ce commentaire reste inoertabi ; — 'ËCTnr^<rsi;
elç Ti; rpaÇem tmv '.\'totcô).mv (CommentMTes
609
OfiCUMUENUIS -^ GEDE&
iie
fiirles Actes des ^ôlns), oo«i|iiléft d'a^rèê les
iDciens Pères grecs, pArticttKèrcmeat saint Chrf-
Mstâne; «— 'JI^&iY9Qatt;«2s wc DouI^iinircoXflc
«Mac (Camn. sur tontes ies JÊpttres de saiat
Paal); — 'E^y^^ssK ûi ne isaà m9okfmitç 3ls-
ro(i^ KitioToX^ ( ConiDL snr les sc|>t leUses
dites satli^aes ) ; — .Elc t^v 'iMévwu 'Ankà-
htftv (Ctoman. sur l'Apocidi^se de saint Jean^
Ces divers f ommenteirfls ail été {lubiiés ^ In-
liears fois; nne des meilleoses ikiitions est celle
de Paris, ld3i, 1 ¥ol. jii-fioi. Le ûunanea/nlre
sur VApoealyse a été réimprinié par Cramer;
ÛxfiBcd, ie4û, js<«*. Y.
HcDtealiu, /traqf. ad4Xeummi. Commemtar, <— MaK
Ihd Proleç, ad EmthmnU Commentar, in Quatuor
Evang, ~*9lBan, WiMrê critique det Trrtncipmmx
tomwumUttamn eu JMMDe«i Tulummt, c kxxii.—
Puneiln, ^pparatmt âaoar. - Cave* BiU. iiU., ad
ann. 190. ^ Fabrieins , BibUoth. gritca . vol. TIII, p. 343.
— Oopln , mblMki^iuenowodne'âe» auteun eeeiéiiusH-
ffMt (U«i siècle )L — CeltHer. jâutauntotorét . «vL XJK,
9' 741 - Owlia, Comseat. 4« SerUgHor. melés^ voL IJ,
ool. Ml. — Urdner, CredOUtty . 1. 1. - Cramer, Pré-
face de Mil éSltlm. — SbIIIi , DictUmarf of grêek amâ
«BEA < OeorgtM 'Louas % eaié^feto aMeniand,
né en 1 694, à •SrhsJaph , viUage en pays d'Ans-
fnch, mvrt en ITcei ApnèsaTOtr élé«n-raolBur«
pais reeleur da gymnase d^Anspach, il ;fut
Boromé en r736 •surintendant eeelésta^ique à
FenchtfmiigBn. On n de Mt OAsenu^innum
sacrûrmm sysitafinn; Wiasnndwufg, 1729,
is-S** : il «ontlent 4'«RpIieatkMi de denx eenta
passages dMfidIes de laiBiMe; — M>e nmut^phi-
hsopMx UUmi%a 9t Wsl^ In ikeotoçtmn
injuria jOafMbêdkf 1730;— Couieeimntmm
de difJteMorîÊms taerM ScHpturm iccig »n-
turia; E^ipcig, t733, in-«'';— AlUe Huokh
Çétche Btèimthêk (ïMiegraphle des annienB
«▼rages Ibéatogiqnes); Ftandbet, 1733-1714,
4 parties, în-8* ; — ^rfat/ferunçf cAiœrer Stel»
kn iter BeUigen Sdirift (Cnnnncntiife sur
des passages difficiles de rÊeritan eaiate)^
Onetabadi, 1739-1747, S <roL m^ i enos le
pseudonyme de Sineems E^tophilns , quU lem-
pleyaenenrefliisieontftiis; — Anénmdvefisionee
Mcr«; Brunswick, 1747, Jn-6*;— Frefe Om*
tertwckunff dier dte Cffenbmnmg iobannn
(Libre esanen de rApocaèyfee); Halle, 17G9,
in-8* ; — FtefB Ontenmekuugtn Hber eknige
Bûcher de» Aken TcêiameniM ( Uhre examoi
de qnejqaes Im-es de l'Aneien Testament);
Halle, 1771, ia-8*; — plnsieiirs 'Ouvrages de
controverse. (Eder a aussi donné unf «ddian
aiiootée du Catéebisme jooinécn dé Uadtau; i
Naremberg, 174)8, in-8*. O.
Guctceo, ZdtttUbmie» psif>ftfgt Ern^pa, 1. ilL —
Su, OnmnotfkMi, t VI, p. si» «t 6BS. — illnditm;,
Haudbueà. — Meusfel, LezUUm,
«OBR {Georget^CÂréliett) , célèbre natora-
liste et éawomiste allemand, liis du précédent,
Bé à Ansfiach, le 3 Hévrier 1728, mort le 28 jao-
Tier 1791 . A(>rès avoir étudié à Gicttingue la mé-
decine, 9n*il exerça ensaite pendant trois ans à
SJesw^ il fiut , jyr la recommandation de son
ancien professeur Haller, appelé en J7â2 A la
ebaire de botaniqne à Tuniversité de Coyenha*
gue. Il lit dans Jes années suivantes plusieurs
vi^agas en Danemarlc et «n Norvège, pour re-
cueillir tontes Jes plantes de ces pays; il profita
encore de ces excursions, ftour rassembler
beauooty de fenseigoements de atatistigue et
d •économie pslilii)«e. CeonaiBsnnt afinsi parfai-
tement Vétat cl les tesoHis du pays , il pnbKa «b
1769 un Mémoire sur rafTranchlssement des
paysans* qui lui valut la confiance dn comte
de Bemstorf. A Tavénement de 9troensée an
mnilsière , 11 fat nommé président de lat^hanAre
des finances de Iforvége. 11 perdit cet emploi â
la chnie de Stniensée; en 1773 , il reçot oélnl
de bafffi à QldenAHHirg. La vivacité cA la 6on«-
ptesse de son intiffigence le mirent sapidement
î même de remplir avec «ueoès ses nnsHFeBes
fonctions, auxquelles ses premières dtudes ne
FaTaient pas préparé. R dirigea dans ses der-
nières années le relevé du cadastre dn docbé
dX))dembourg. On a deini : De irritfÈtHHaîe;
Copenbagne, 1752, ln-4*; — /ndea^p^ontomm
in LinnàA SfBtemate; ibîd., 1761 , ia-S"; —
fïora Iktniea ; ibid., 1762-1772, 3 vol. in-fd.
Ce magnifique ouvrage de taxe , dont les plan-
ches sont remarquables d*exactitnde ^ d'exé-
cotion , fut plus Catd continué auooetsivement
par Otbo Fr. mûHer, WaW et Hornemann; te
neuvième et dernier volume parut en 1814; —
BitmtMa bôtaniae; Ibid., 1762-1764, 1 '««L
in-^'*; traduit en aHeroand et en danois; «et
omrrage servit pendant plusieurs années de base
aux oonrs de botaniqne dans les foonltés d^
dimbouiig ^ àe Montpdlîer; — ffoaunelat&r
èoteatctis; ibid., 1769, in-8* ; — rersetcAntif
der zn dcr Fhra Danica gekàrtyen Krteuter
( Liste des plantes contenues dans la Flora Da-
nica); ibid., 1770, in-8° : ce livre ne contient
que les cryptogames ; il parut nnsai «n latin^ —
Bedenkem uber die Frage wie éem MamtrmS'
tanâê FreyheU vnd Bigemtkmn 'venckaf/i
weréem kênne (ftéftenions sur fci .manière da
proaorer aux paysans la liberté «t les «Myeni
déposséder); Rancfoit, 17«9-1771,1! pvtiea,
ia-8*; AHana, 1786, in-S*;-* Aoisonnenwnls
ûber die Witufeniauen (Réflexions snr les
caisees des "veoves ) ; Copenbagne , 177 1 , in-'d' ;
traduit «n danois avec additions dans la HiMio-
tàek fer nftige Sferiiter, ibid., 1772 i des
établissements de ce genre furent fondéS'd'aprè»
les'idées dXEder à Hambourg et à Oldeiabonrg ;
— Pi'achricM von einer tondes vermenung tm
Oldenburgischen (Itotice sur Je «ada^tre du
paysd'Qldembourg) ; 01demboui;g, 1788» in-S'^ ;
-^ Ueber die Jnocu lotion der Morn vieh seutJie
( SiirrJnoculalion de i'épizoolie), dans le Teul-
scbes Btuseum, année 1776; — Hackrichten
vom Handel des Stifls Dronthùm (Notioe
sur le conunerce de l'évècbé de Oraotbeim),
même recueil, 1778 ; — Ueber leibrenien ( Sur
les rentes viagères), dans }b& Staatsoj^tUigen
511
OIDER — œHLENSCeLiEGER
SIS
fie Schlôzer, année, 1782;— Ueber Paplergeld
(Sur le papier-monnaie), même recueil, 1787
et 1790; — pluBieurs autres Mémoires d'éco-
nomie politique, rassemblés ainsi que les pré-
cédents en grande partie dans les CEderUma ;
SIeswiget Lei|)zig, 1792, in-8o.
Halem. Andtnhen tm Ύer (AltMia, 1798, IihI*).
— SchUchtegroU, tfekroiog (année, i7U. t. Il ). — Hir-
•chfng. Handtmeh, -> Mjrenip, LUUrutur Uinkon. —
Meuscl, LexiJton. — BOdul, Ctio,
œdmâR (Samuel), sàyani suédois, né le
25 décembre 1750, à Vi^ieslanda (Smalandie),
mort le 2 octobre 1829, à Upsal. Fils d'un pas-
teur, il embrassa Tétat ecclâiastique, et deTÎot
chapelain du général PfeifT. En 1776 11 fut mis
à la tète de Pécule de Pilbamn, petite commune
voisine de Stockholm. Nommé professeur de
théologie en 1799, il fut chargé en 1806 d'en-
seigner cette science au séminaire d'Upsal , qui
venait d'être créé et dont il fut en méoie temps
le premier directeur. Ses écrits les plus remar-
quables sont : Sermons de Jean Jérusalem ;
Upsal, 1784*1785, 2 vol. in-8** : trad. de Tal-
lemand; ^ Recueil de sujets ^concernant
V histoire naturelle pour écUUrcir la sainte
Bible; Upsal, 17851794, 4 vol. in•8^ Irad.
en allemand par G. Groning et corrigé par Mi-
chaëlis dans Tédit. de 1799; — Histoire de
la religion et de l'Église chrétiennes, avec des
observations :l]p9à\, 1792, in-8o: trad. de l'al-
lemand de J.-M. Schraeck; — Dictionnaire
géographique sur les écrits du Nouveau
Testament; Upsal, 1799, 1812, in-8''; — Essai
sur le Nouveau Testament; Linkœping, 4 vol.,
1799-1822 , — Essai sur V Apocalypse de saint
Jean; Upsal, 1803, in-8''; et Stockholm, 1805,
in-8* ; « L'Évangile de saint Matthieu» avec
des notes philologiques; Stockholm, 1814,
in-8«. K.
Gezcltiu, Bioçrapk, lêxikon,
ŒFBLB (André-Félix d*}, historien alle-
mand , né à Munich, le 17 mai 1706, mort le
24 février 1780. Bibliothécaire de la cour, et
membre de TAcadémie de Munich, et en 1769
censeur des livres historiques. Il a publié : De
Minerva, sapientix olim prxside , syntagma
mythologico-historicum, sous le pseudonyme
de Félix Evelius; « Rerum Boicarum scri-^
ptores nusquam antehac editi; Augsbourg,
1763, 2 vol.. m-fol. Apparatus Bavarix doctm
en manuscrit. O.
Baader, Lexikù» ventorbener baierisekir Schr^ftS'
teUer, — Bneh et Qruber, BneyklopœdUt. - Vauchlerj,
Lében O^eUt < Maolcli, mi. In-»* ).
ŒFBLB ( François-Ignace ) , peintre alle-
mand, cousin du précédent, né à Poseor, en 1^21 ,
mort en 1797. Elève de Gôtx et d'Albrecht, il
devint peintre de la cour de Bavière et profes-
seur k l'Académie des beaux-arts de Municli.
II fut un des meilleurs arthtes de l'Allemagne
au dix-huitième siècle. Parmi ses tableaux reli-
gieux nous citerons ceux qui se trouvent dans
réglise Saint-Cajetan à Munich et dans celle du
monastère de Polling, son Assomption de la
Vierge, gravée à l'eau-forte par Seidel, et une
Flagellation du Christ, gravée par Jungwirth.
Œfele a aussi peint beaucoup de portraits; il
a gravé quelques planches à l'eau-forte. O.
Nagler, KUntUer^Lexiam.
ŒHLBNSCHLJBGBR ( Adam-Gottlob), le
plus grand poète danois , né dans un faubourg
de Ck)penhague, le 14 novembre 1779, mort dans
cette ville, le 21 janvier 1850. Fils d'un or-
ganiste originaire de la partie allemande da
Schleswig, et qui, en 1780, fut nommé maître de
chapelle et en même temps régisseur dn diftteao
de Frédériksberg, 11 passa son enlance dans
cette royale demeure; la magnifique nature
qui l'entoure éveilla de bonne heure chez lui
une imagination des plus riches et toujours en
action. Il se racontait à lui-même de longues
histoires merveilleuses-, dès l'âge de dix ans,
il composait des drames, qu'il jouait ensuite avec
sa sœur et un de ses camarades. Il se glissait
souvent dans la chapelle quand elle était déserte,
et il y prononçait, monté dans la chaire, les
sermons les plus attendrissants ; le chapelain da
château assista un jour inaperçu à une de ces
homélies, et déclara que l'enfuit deviendrait
un célèbre prédicateur. Cela décida le père
d'Œhlenschlaeger à le placer dans un penskmnat,
où II apprit rapidement les langues anciennes»
ainsi que l'allemand et le français. Lorsqu'il eut
à choisir nne profession, il se décida d'abord
pour celle d'acteur, comme mieux en harmonie
avec ses goûts, de plus en plus prononcés pour
la littérature, et il débuta en 1799 dans le rôle
de HamIeL Son peu de succès le fit bieiitdt
quitter le théâtre. S'étant à cette époque lié in-
timement avec Anders Sandoe Œrstéd , il s'a-
donna comme son ami à l'étude du droit; mais
peu de temps après il devint amoureux de la
fille du conseiller Heger, qu'il épousa pins tard;
pendant plusieurs mois il passa tout son temps
à exprimer sa passion dans des élégies et autres
poésies, ce qui le ramena cette fois définitive-
ment à la littérature. Il fit alors la connaissance
d'un vieux savant du nom d'Amdt, exodknt
homme, mais complètement maniaque et qui,
étranger k tous les usages de la vie sociale, pour-
suivait comme but unique de sa vie l'étude de
l'histoire et des antiquités des pays Scandinaves.
Amdt se plut k communiquer sa sdfooe à son
jeune ami, qui se mit à lire avec ardeur VEdda^
les Sagas islandaises, et les antres tradîtioos
nationales de la Scandinavie du moyen âge.
S'inspirant à cette source, Œhlenschlœger pu-
blia en 1803 et en 1805 deux recueils de poé«ie
qui excitèrent au plus haut point l'attention pm^
bliqiie; pour la première fois on y ^pyait la
langue danoise domptée et assouplie pour le»
besoins de la vraie poésie. Les facultés éminentes
dont Œhlenschiaeger était doué venaient d*^
clore dans toute leur plénitude sous l'infloeace
de la philosophie de Schelling, à laquelle U
513
œHLENSCHLiEGER
514
avait élé ioUié par Steflens. Ayant reçu une t
pension du prince royal» Œblenschlaeger visita
en fS05 successivement Berlin, Dresde , Wei-
inar et quelques autres villes de TAIlemagne ;
il y fit la connaissance de Pichte , de Scbleier-
macher, de Wieland, de Jean Paul^deTieck,
et enfin de Gcethe, qui le reçut de la manière la
plus cordiale (1). Il vint ensuite à Paris, et il
y écrivit les drames de Palnatoke et d'Axel
et Walborg, qui représentés immédiatement en
Danemark, ainsi que celui de Hakon Jarl,
composé à Halle, forent unanimement applaudis,
comme inaugurant l'avènement d'un théAtre na-
tional. Après avoir en 1808 passé quelques mois
au ch&teau de Coppet, en Suisse, dans la société
de M»e de Staël, U parcourut l'Italie, où il
finit son drame du Corrige, De retour à Co-
penbague, en 1809, il y fut nommé peu de temps
après professeur d^estliétique à l'université. De-
puis lors sa vie s'écoula tranquillement dans un
bonheur presque constant; les témoignages
éclatants d'admiration que ses compatriotes lui
prodiguèrent le dédommagèrent amplement des
attaques injurieuses de son anden ami Baggesen.
Dans les années 1817 et 1818 il visita de nou-
veau l'Allemagne et l'Italie, et il revit la France
en 1844. Sa mort fut un deuil public, en Dane-
mark comme dans les autres pays Scandinaves.
On ne regrettait pas seulement en lui le créateur
de tant de de belles stropbes, que tout le monde
dans ces contrées sait par cœur, mais encore
l'homme qui accueillait avec une bonté char-
mante les jeunes talents, qui s'adressaient à loi
en foule, et leor aplanissait les difficultés de
la vie littéraire.
« Peu d'hommes , dit M. Marmier, dans son
Bistoire de la littérature danoise, ont été
doués d'un génie aussi fécond, aussi fadle
qo'ŒbleDSchlftger. Aussi s'est-il exercé dans
tous les genres, et presque toujours avec succès.
Il a composé des drames, des comédies, des
opéras , des romans, des poèmes épiques, lyri-
ques, et des poèmes mystiques. Ck)mme il trou-
vait son publie danois trop restreint, il s'est lui-
même traduit en allemand , et U a traduit dans
la même langue toutes les œuvres de Holberg. Ja-
mais il n'a connu ni l'effort ni la fatigue du tra-
vail. Les vers tombent de sa plume comme l'eau
coule d'une source. Us se suivent, se succèdent et
se renouvellent sans cesse. De là vient qu'il a un
style charmant de grAce, de flexibilité, d'a-
bandon , mais souvent très-négligé. De là vient
aussi qu'il entremêle à ses pins belles composi-
tions des pages inégales, qu'un goût plus sévère
aurait corrigées ou fait disparaître; car c'est on
eolant de génie qui s'ignore lui-même; c'est un
mnsîGieB que le charme de l'inspiration en-
traijie, et qui chante paribis sans s'apercevoir
que les cordes de sa harpe sont détàidue& et
que linstroment à baissé de ton. » GrAoe à cette
{i) Fins Uni «RTlnt ealre en deax grands poetM nn
léger refroldlMement ; naît il ne fol pas de tongne tf urée.
KOrV. BIOGR. GÉNÉR. — • T. XXXVIU.
précieuse naïveté d'esprit et de cœur, qu'il con-
serva toujours , Œhlenschlœger a pu se sous*
traire à l'influence anti-poétique de notre civi-
lisation raffinée et réfléchie , et il a pu composer
sans que son imagination fût entravée par des
arrière-pensées métaphysiques, ou autres, des
épopées qui, par leur caractère de force et de
spontanéité, par la grandeur et la fratcheur
des images, laissent bien loin derrière elles tout
ce que les littératures modernes offrent dans ce
genre. Ces admirables créations, moins connues
à l'étranger que les drames d'Œhlenschlaeger»
feront vivre éternellement son nom chez les
peuples du Nord , dont elles expriment toutes
les aspirations ; ce sont Belge ^ Hrolfkrake^
Ragnar Lonbrok, Les Dieux du Nord, les iSo-
gas de Waulundur, de Hroar et d^Œrvarrod.
Les drames d'Œhlenschlœger excitent chez le
spectateur, et même chez le lecteur, les émotions
les plus vives, bien que l'action n'y soit pas tou-
jours très-animée; en revanche, elle n'est jamais
glacée par des dissertations philosophiques*
si fréquentes dans les drames de l'école roman-
tique. Les caractères les plus sombres ainsi que
les figures les plus suaves y sont tracés avec
une ^ale vérité; le langage y est toujours
simple et approprié au degré de la passion.
Les principales de ces productions sont, outre
les quatre mentionnées plus haut : Stxrkodder^
Hagbarth et Signe, Erik et Abel, Les Nor^
mans à Byiûnce, CJiarlemagne , Les Lon^
bords , La reine Marguerite , Tordenskiold ,
Dina, Saint Olqf, Kiartan et Gudrun, et
enfin AnUeth : dans cette dernière pièce Œblen-
schlaeger s'est attaché à peindre le prince de
Danemark tel qne le présente le récit de Saxo
Grammaticns, c'est-à-dire comme un Scandmave
des anciens temps.
Ses poésies lyriques, extrêmement nom-
breuses, contiennent à cûté de plusieurs pièces
faibles des morceaux d'une beauté de premier
ordre; les sentiments les plus élevés comme
les plus touchants y sont exprimés dans ub
langage d'une hannonie et d'une douceur mélo-
dieuses, telles qu'aucun antre poète du Nohl
n'a pu encore y atteindre. « ŒNenschlseger,
dit M. Le Fèvre-Deumier, n'avait extérieure-
ment rien des races Scandinaves. Il était très-
brun ; il avait l'œil noir et brillant , le teint chau-
dement coloré , le rire complaisant , le geste vif
et rapide. C'était nn Napolitain venu par hasard
au monde en Danemark. Le contraste de cette
double nature se retrouvait au moral comme
au physique. Il écrivait au Nord, U pensait au
Midi, ou jetait le style émaillé du Mkli sur le
rude métal de ses pensées du Nord. Il nnissait
l'entrain méridional anx penchants rêveurs de
son pays. U y avait, avec beaucoup de finesse
et d'esprit, une extrême bonhomie dans sa
conversation. U se moquait sans aigreur des
défauts de ses confrères, et ne s'épargnait pas
dans l'occasion. >
17
615
OEHLENSCHLiEGER — OELSCHLiEGER
513
On a ô'Œhlensdihe^r : Anden April ( Le I
deux aTril); Copenhoj^e, 1802;',^ Digte
( Poésies); ibid., 1803; — PoeiUke Shr\fkr
( Œuvres poétiques ) ; ibid., 1805, 2 toL : ce
recueil contient entre autres le charmant conte
oriental à'Aladin , que l'autair traduisit Ini-
néme en ailemand ; Amsterdam , 1308 ; — Mbr-
dUkt Digse (Poésies du Nord); ibid., 1807;
— Palnatoke; ibid., iSÙ9 -, '- Axel et Vald-
borg ; ibid., 1810; — Corregio; ibid., 1811 ; —
J>igtninger; ibid., 1811-1813, 2 toI.; — Statr»
kodderi; ibid^ 1812 ; — jErlighed tarer Iseng^i
(La loyauté triomphe de tont); ibid., 1813,
idylle; -- Hugues de Rheinberg ; ibid., 1813;
— Helge; ibid^ 1814; ^ Bagbart et Signa;
ibid., 1814; — /Troars-So^a ; ibid., 1817; —
Rejsefortalt I Brève til mit Bjem (Voyage
raconté en lettres); ibid., 1817 1818, 2 vol.; —
Srklxring cm kans penonlige Forhold til
Baggesen ( Déclaration snr ses rapports per-
sonnels avec Baggesen); ibid., 1818; — Asr-
dens Guder(Us Dienx dn Nord ); ibid., 1819;
— T^agœdiêr (Drames); ibid., 1831-1838,
10 vol. ; — Digtervmrker (Œuvres poétiques ) ;
ibid., 1835 et suiv., 10- vol. ŒblenscMatger
a traduit lui-même en altemand ses Œuvres
complétée; Breslau, 1829 et 1839, 18 vol. E. G.
OEhUnsehUegert Levnet ( autobiographie, Copeaba-
gne, 1880- ISSI. I toL 1d>8*). — Le Pérre Deaailer.
OBhitnschlaeçer, te poëU national du Danemark
( Parla, 18S4 }. — Ampère, Littérature et voyage. <—
Marmler, HMotre de la littérature danoise. — Krsicw,
Forfatter-Uxitoh. — Dwmments partie., commoalqués
par M. P.PL. MOUer de Copeobague.
ŒLBiGHS {Jean-Charle^'Conrad comte),
saivant UsAorien et bibliographe allemand, né le
12 août 1722, à Berim, mort le 30 décembre 1798.
Fils d*nn pasteur protestant, il étudia la juris-
prudence à Francfort-'Sur- roder, et s'appliqua
dans aa ville natale à la pratique des affaires.
£a 1784 il accepta l'emploi de résident du duc
de Deux-Ponts à la cour de Prusse, et le
remplit jusqu'à sa mort. Dès 1755 II avait été
oéé oomte palatin. Parmi ses nombreux écrits,
Doaa citerons : Berlïnisehe Bibliothek; Berlin ,
1747-1750, 4 vol. in-8i*; recueil périodique
publié en commun avec le médecin Mochsen ;
— Bisteriscke Nahrieht ron den musikali"
schen Akademien (Notice historique sur les
académies de musique); Berlin, 1752, in-8*;
— De haUiotkeearum ac librorum fatiff
imi^riMii librii comestU; Stettin, 1757 : il
y est question, entre autres, des auteurs con-
damnés à manger leurs propres ouvrages; —
Bêytràge xur Gesehickte und Litteratur
(Mélanges historiques et littéraires); Berlin,
1760, in-8'; — Begtrôge zwr Brandtnbur^
gîMchen Geschichte ( Documents relatifs à l'hi»-
toire du Brandeboorg); ibid., 1761, h^-S**; —
Sntwurfeiner Bibliothekzur Gesçkiehte der
Gelahrtheit in Pommem ( Essai d^une bibiio-
graphie pour l'histoire littéraire de la Pomé-
ranie); ibid., 1765, in-8^; avec une suite, 1767-
1790; — Historisck-geographische Nachrich-
ten von Pommem und Riigen ( Notices his-
torlco-géographiqiies sur la Poméranie et de
nie de Rugen ) ; Berlin , 1771, in-r ; — beau-
coup de mémoires et d'articles dans divers re-
cueils, tels que les Hmnèmrgisthe gelehrte
Berïchtey le Bistariekes Magazin^ de Mea-
ael, etc.; et plusieurs ouvrages manuscrits, 0.
Melerotto, Fita OSlriehslt. - Weldllch« Bi^çnpki-
icke Ifackrichien^ t. Il, IV, et le Supplewtait, — De-
aloa, Prutie tiitératm, t. III. — Hlrseblng, Handbmch.
— Heusei. Lexitom.
OULBKBS ( Jean ) , savant allemand , né i
Brème, le 17 septembre 1724, mort te 22 rosi
1801 . H remplit depuis 1755 diverses fonctions ec>
clésiastiques dans sa ville natale, devint en 1773
premier pasteur à l'église Saint-Paul, et en 1773
recteur du gymnase. On a de lui : Colleetio opus-
eulonim histaricorumf philologicarumf theo-
logkorum aelecH argumenii^ imprimis in
Germania et Belgio separatim edUorum;
Brème, 1768, 2 vol. i^-s"*; — Germanix Me-
ratas opuseula philologiea, historfeaf theo-
logica, emendatius récusa; ibid., 1772-1774,
2 vol. in-8*; — BelgH literoH opuseula his-
toi^ica^ philologica^ ikeologiea; ibid., 1774,
in-8'* ; — Daniœ et Sueeiês litêratx opuseula
historiea, philologiea, theologica; ibid.,
1774-1776, 2 Vol. in-8''; Dissertatio anti-
qvuxriausui Cœnssprxvia; ibid., 1776, in-8*;
— Angelsâchsische Chrestoma^ie mit einer
deutschen re6er5e^zifii^(Cfhrestomatluean(3!lO'
saxonne avec une traduction allemande ) ; ibid.,
1798, in-4». O.
Son frère, mort à Brème, te 6 avril 17d9,
publia plusieurs écrits de jurispmdence aile-
mande et belge. «
Rittenouiul, Supplém«Ht à lôcher.
iBLSGBLAfiB» ( Adom), CD latin Olêorius,
célèlire voyageur et orientaliste allemand, né m
1 599 ou 1 600, à Aschersleben, dans la principauté
d'Anhalt, et mort à Gottorp, le 22 février 1671.
11 étudia la philosophie et les lettrts k Leipzig,
où il fut ensuite assesseur à la ftcnltéde philo-
sophie. Il entra plus tard an service de Frédé-
ric, duc de Holstein-Gottorp. Ce prince édairé
aurait voulu attirer dans ses États* une partie da
commerce do Levant, principalement cdui des
soies, on des plus hnportants et des plus avan-
tageux, enles faisant venir par terre de la Perse.
Il entreprit en conséquence de nouer des rela-
tions avec le roi de Perse et d'obtenir ds czar
de Moscovie le libre passage de set marchan-
dises. Dans ee dessein il envoya à ces deox sou»
verains une ambassade eomposée de Philippe
Crasios, jnriseonstiite,et d'Otton Bragnsnn,
négociant ; Orléarius leur fut adjoint comme se-
crétaire. Les connaissances de ce dernier dans
les langues, les mathématiques et la féographie
en firent nécessairement l'âme de cette défwta-
tion. L'ambassade partit de Gottorp* le 23oetobTe
1633, et n'arriva à Moscou que le 14 août de
l'année suivante. Après plusieurs audiences, elle
517
OËLSCHI.i£GER
5IS
obtînt du czar Miehel Fédorowitz le libre pas-
sage des marchandises entre la Perse et la prio-
cipaoté de Holstein-Gottorp. Les ambassadeur»
retournèrent alors, sur lln^itation du czar, ao*
près dn due pour fui faire ratifier le traité, et en
même temps ils envoyèrent à Nise-Novogorod,
lien où fOcca se réunit au Volga, sept bommes
de confiance pour Teîller k la construction lAes
moyens de transport doDt ils auraient besoin
plus tard pour descendre le Volga et traverser
la mer Caspienne. Partis de Moscou, le 14 dé-
cembre 1634, ils furent de retour à Gottorp le
7 avril de Taiinée suivante. Pendant qu'on fai-
sait tes préparatifs d'un nouveau voyage qu'on
devait pousser cette fois jusque dans la Perse,
Olearius fut chargé d'une mission par le duc de
Holsteiu auprès du gouverneur des Pays-Bas. A
peine de retour et souffrant d'une majadie qui
l'avait retenu à Hambourg, il se mit en route
pour la Mosoovie et la Perse avec l'ambassade,
qui, composée, comme la précédente, de Phii.
Cnisiu&et d'Otton Brugmann , fut chargée de
présents magnifiques pour le souverain avec le-
quel elle allait traiter. Le départ eut lieu de
Hambourg, le 22 octobre 1635. L'ambassade
arriva le 29 mars 1636 à Moscou, d'où elle
partit le 30 juin suivant. Elle s'embarqua sur la
rivière la Moscowa, passa sur celle d'Occa, et
arriva 4 Nise-Novogorod, où elle trouva le vais-
seau qu'elle avait eu soin de faire préparer. La
oavigatioa ne fut pas des plus heureuses. Le
vaisseau s'ensabla plusieurs fois sur le Volga,
et après être entré dans la mer Caspienne, il
échoua près de Derbent, le 14 novembre. Après
un voyage long et pénible, l'amtyassade arriva à
Chahmaky, où il lui fallut attendre pendant trois
mois les ordres du roi de Perse. Enfin, elle entra
à Ispaban, le 3 août 1637. Elle fut reçue le 16
da même mois par le scbah ; les négociations
traînèrent en longueur pendant quelques mois,
et elles n'eurent pas tout le succès dont on s'é-
tait flatté. Le 21 décembre les envoyés du duc
d'Holstein partirent dlspahan, et reprirent la
même route qu'ils avaient suivie. Dès qu'ils
furent arrivés à Revel, Olearius, qui avait de
graves si^ets de plainte contre Brugmann, homme
d*un caractère violent et déloyal, se sépara de
l'amliassade, et s'embarqua, le 16 avril 1639,
pour Lubeck, d'où il se rendit à Gottorp.
Quand il passa k Moscou , k son retour de la
Perse» le ocar avait voulu le retenir auprès de
lui en qualité d'astronome et de mathématicien.
Le motif qui faisait agi/ Michel Federowitz n'était
pas l'amour des sciences; mais il avait appris
qo'Oleartus avait fait un relevé du cours du
Voi|^ et il voulait empêcher que ce travail fût
conna à l'étranger* U parait qu'Olearius ne put
refuser les offres do czar; tl promit de revenir
auprès de lui, après avoir rendu compte de sa
mission au prince Frédéric; ilf se disposait même
à remplir sa. promesse, quand il en fut dissnadé
par Jean-Ad. Kielmaim, chancelier du duc. Il
prit alors le parti de s'attacher pour le reste de
ses jours au duc de Holstein-Gottorp. Celoi-cl
obtint son congé do czar, et le nomma son b^
UfoChécalre et conaervatenr de son cabinet de
curiositéfi» Olearius fil encore un autre voyage
à Moscou, où le duc de Holstein l'envoya pour
qoelque négociation. Le savant allemand avait
laissé dans cette ville la réputatieD d'an magi-
cien. L'expérienee de la chambre obscure qvH
fit devant plusieurs personnes confirma le»
bruits qui cenraient sur son compte, et il fnt
décidément regardé par le peuple comme xm
homme ayant cemmerce avec le diable.
Olearius enrichit la bil)liothèqtte do doc de
pinsienrs manuscrits orientaux qu'il awit acquis
pendant son voyage en Perse. Une fut pas moins
utile à l'accroissement et à l'embellissement dn
cabinet de curiosités confié à ses soins. Il y d^
posa un grand nombre d'objets rares qu'il avait
recueillis en Orient, et en 1651 il fit, dans un
voyage esHollande, l'acquisition, pour le compte
dn diic, de la magniflqoe collection d'objets d'art
de Beniard Palodanns, médecin d'Enchoysen.
Après avoir mis en ordre le cabinet do due
d'Holstein, il en publia on catalogue en allemMid,
qui parut à Schleswig, 1666, in^i** obiong, et
qui fut réimprimé k ta suite de sa elirodh|ue
abrégée du Holstein, 1644, io-4o. Ce fut sous sa
direction que forent exécutés le célèbre globe de
Gottorp et une sphère armillaiie non moins
remarquable. Ces ouvrages furent eonoMncés
en 1654, par ordre du duc Frédéric; intenrompns
par la guerre, ils ne furent achevés qn'en r664,
sons le doc Christian-Albert, son fils. Le glolto
dont Olearius dirigea la construction, et qui fut
fabriqué par André Busch, est de cuivre et a onze
pieds de diamètre. L'intérieur représente le fir-
mament et offre nn vrai globe céleste; la sar-
fàm extérieure est un globe terrestre. On peut,
dit-on, placer daçs l'intérieur nne tal>le, antonr
de laquelle dix personnes peuvent s'asseoir.
Christian-Aognste, petit-fils du doc Frédéric, en
fit présent en 1713 & Pierre 1*', emperair de
Russie, et l'année suivante cette cnrieuse pièce
fut transportée à Saint-Pétersbourg. La sphère
armillaire, de quatre pieds de diamètre, tôt
faite d'après le système de Copernic. Mollenn
donne nne description de ces deux ouvrages,
dans le tome I, p. 196, de ion Cimbria lU-
terata.
Olearius passe pour nn des meHIenrs écrîwins
de son temps. Il a laissé on grand nombre d'on*
vrages; on pent en voir le catalogue dans Chan*'
fepié. Le plus important est : Be$chrei&ting
der moteowitiscken und persiamitehem Jtey«e
(Description d'un voyage en Mosoovie el m
Perse); Schleswig, 1647, in«fsl., avec de nom*»
breoses planches. La seomide édition, qui est
de 1656, est considérablement augmentée; c'est
d'aprèi cette édition qu'ont été faites celles qni
ont suivi en 1663, 1671, et 1096, ainsi que les
diverses traductions de cet onvnge. La tradoo-
17.
519
OELSCHLiCGER — OENOPIDES
520
tîon française est d'Abraham de Wicqoefort :
Voy€Uf€s très-curieux et très-renommés faits
en Moscovie, Tartarie et Perse par le sieur
Adam Olearius; Paris, 1656, in-4<'. Plusieurs
éditions : celles de 1719 et de 1727 contiennent
de plus que les précédentes des additions de
Tauteur et les figures de l'ouvrage original. La
traduction anglaise est de Jean Davies ; Londres,
1666, in-fol. La traduction hollandaise est de
Dieterius yan Wageningen ; Utrecht, 1651, in- 12.
La partie qui contient les voyages en Moscovie a
été traduite en italien, sous ce titre i Viaggi di
Moscovia degli anni 1633, 1634, 1635 et 1636;
Viterbe (Rome), 1658, in-4°, avec quelques-
unes des figures de roriginal. Olearius se montre
dans cet ouvrage observateur judicieux et nar-
rateur sincère. Il a indiqué le premier la po-
sition de beaucoup de tieux. Il dessina lui-même
les figures, et il dressa les cartes qui accom-
pagnent sa relation. On joint d'ordinaire à cet
ouvrage le voyage de J.-AIb. de Mandelslo,
de la Perse aux Indes orientales. Olearius pu-
blia cette relation, qui a été traduite en français,
en anglais et en hollandais par les mêmes tra-
ducteurs qui ont donné celle d'Olearius. 11 tra-
duisit du persan en allemand le Gulistan de
Saadi, et de Tarabe les fables de Lockman; ces
• deux traductions, accompagnées de notes, furent
publiées en on vol. in-fot. à Schleswig, 1654,
et avec des additions en 1660, in-4^ 11 laissa
en mourant un Lexieon persicum et quelques
écrits sur la Perse; ces ouvrages n'ont pas été
imprimés. M. I^.
NIceroo, Mimoirts, t. XL, — dhaiifepl«, DMUm, Ut-
tor, ^ HoUorus, CinUrria Uterata.
ŒLSCHLBGBL (Jean-LoheUus), composi-
teur allemand, né le 31 décembre 1724, à Los-
chau ( Bohême), mort le 2 février 1788, à Prague,
laissa beaucoup de morceaux religieux, et une
Description du grand orgue de Vahbage de
Strahow ( Prague, 1786, in-8°), instrument dont
il avait entrepris seni la reconstruction com-
plète. K.
SehUIlng, UxHum.
ŒNOMAts (Olvépooc), pUlosophe c]^que
grec, né à Gadara, vivait dans le second siècle
après J.-C. Ck)mme la plupart des philosophes
cyniques de son temps, il se distingua moins par
Toriginalité de ses doctrines que par la grossiè-
reté de sa manière de vivre et la liberté de son
langage. L'empereur Julien l'accusé de sensua-
lité et d'impiété. Il n'épargnait même pas les
anciens philosophes cyniques, et ses sarcasmes
& leur sujet ont fait croire à quelques critiques
qn'il appartenait à une autre secte. Suidas cite
de lui les ouvrages suivants : Kipl xuv(a(ioû (Sur
le cynisme); — IloXinCa (Politique); — Ilapi
TJic xaO '0|&T)pov fiXoffOfCo^ (Sur la philosophie
dans Homère ) ; — Uepl Kp^Toç xal Âiorévou;
xal Tûv Xoiicâv (Sur Cratès, Diogène et les
autres). Cette liste ne oomprod pas l'ouvrage
le plus connu d'QSnomatks, et le seul dont il
reste des fragments. L'auteur s'était proposé
dans ce livre, intitulé Kaià tûv xp>;<rnip^ (Sur
les oracles), on rontii>v çcopa (Les prestiges dé-
voilés), de dévoiler la fausseté des oracles, iîu-
sèbe, qui en cite plusieurs passages, prétend
qu'GÉnomaûs l'avait écrit par colère d'avoir été
trompé par un oracle. Y.
^ SaldM, au mot OEtumaût» <— Jolleo, Orat.^ VI, VIL.
— Euaèbe. Pratparatio Epang., V, 18 ; VI, 7. — Socrate»
HUi. Evang.^ IV, ts.
ŒNOPIDES (OlvornSnc), astronome et ma-
thématicien grec, né à Chios, vivait dans le cin-
quième siècle avant J.-C. On ne sait rien de-
son histoire personnelle; mais l'on suppose, d'a-
près un passage de Platon, qu'il était contempo-
rain d'Anaxagoras. Quelques anciens le ratta-
chent à Pythagore et à ses disciples, et Ton croit
qu'il appartenait à la secte pythagoridenne.
Quoi qu'il en soit de ces conjectures, Œnopides
ap|)artient à la première période du développe-
ment scientifique chez les Grecs, à une époque
où la sdence commençait à pehie à se dégager
* de la mythologie et de la poésie. Les Grecs dans
leurs premiers efforts pour arriver à des notions
positives dorent beaucoup aux étrangers. Œno-
pides en particulier empnmta une grande partie
de son savoir astronomique aux prêtres et aux
astronomes égyptiens avec lesquels il vécut
quelque temps. Diodore dit qu^entre autres no-
tions il puisa à cette source sa connaissance de
l'obliquité de l'écllptique. Élien attribue k Œno-
pides l'invention que Censorinus rapporte à Phi-
lolaûs du cycle de cinquante-neuf ans pour faire
concorder l'année lunaire avec l'année solaire.
La longueur de Tannée solaire fut fixée à 365
jours et un peu moins de neuf heures (la 59^
partie de 22 jours). Œnopides plaça à Olympie
une tablette de bronze qui contenait une explica-
tion de son cycle. Proclus lui attribue la décou-
verte de la XX* et de la XXni* proposition du
premier livre d'Euclide et la quadrature du mé-
nisque, A ces découvertes et à ces théories, qui
attestent de la sagacité scientifique, Œnopides
avait mêlé beaucoup de rêveries mythologiques
et des hypothèses à peine dignes de Tenfance
de la science. Il pensait que la voie lactée était
la première route du soleil , el que cet a^tre»
épouvanté par le banquet d'Atrée, l'avait aban-
donnée pour prendre son chemin actuel. Il avait
aussi une singulière théorie pour expliquer la
crue et les inondations annuelles du Nil. Sui-
vant lui, les eaux souterraines sont froides en
été et chaudes en hiver, ce qui est prouvé par
la température des puits. De sorte qu'en hiver
la chaleur intérieure absorbe l'humidité exté-
rieure; en été l'humidité extérieure n'étant plu»
attirée dans l'intérieur de la terre se répand à
la surface et produit la crue du Nil. Diodore ob-
jecte à cette théorie que des fleuves placés dans
les mêmes conditions que le Mil ne présentent
pas le même phénomène. Y.
Diodore de Sidle, I. M, M. - Aehttlet Tattos. Itog. <n
Arat.t c. t4. — Scitua Boptrleiia, ffopot, 111, 4; ai».
%'2\
OENOPIDES — QERSTED
5S3
Math., p. 367. — FabrIelOA, BMM. grmca, toI. I, p. Mt.
— Ideler, Htmdtmeh der CkronotoçU, voL l> p. 301.
ŒBN (Nicolas) f aventurier lapon, né dans
ia seconde moitié du dix-septième siècle, mort
après 1715. Conduit trèfr-jeune à Stockholm, il
fut remarqué du roi Charles XI, qui loi fit étu-
dier la théologie à Wittemberg, et renvoya en-
suite prêcher rÉvangile aux Lapons. Après quel*
ques années, Œm se mit à parcourir plusieurs
États de TEurope, se donnant comme prince de
Laponie; présenté en 1706 À Louis XIV, il passa
«tt Allemagne; U était sur le point d*épouser
une princesse de ce pays, lorsque la découverte
4le sa véritable origine le fit chasser. Il se rendit
alors en Russie; il y mena une vie des plus
désordonnées, qui lui valut d'être enfermé en
1715 dans la prison d'Astracan. Selon les uns il
y serait mort; selon d'autres il aurait été relAché
à la demande du roi d'Angleterre et aurait couru
le monde encore pendant quelques [années. Il
avait une grande aptitude pour les langues; il
pariait le suédois, ralleroand, le français, le russe,
le persan et le mongol. On a de lui : Beschrei'
àung tfon Lapplaud (Description de la Lapo-
nie) ; 1707, in-12 ; ^ Lettres du fameux voya*
4feur et prince lapon N. (Brn^ écrites à ses
compatriotes (en allemand); 1708 , in-4^ O.
WannbolU, BibL kUtor, de Swéde.L XVII, vol. I. ->
Ballebeck, De Nicolas OEm te prineipem LaçonUe pro-
Seuo; Ltfnd, 1808, lo*4«.
ŒRNHiBLM (Claude-Àrrhenius d'), his-
torien suédoifl, né à Linkoping, en 1627, mort à
Stockholm, en 1695. Apràs avoir accompagné
commC' précepteur le jeune comte Oxenstiem
dans divers pays de l'Europe, H fut nommé en
1668 professeur d'histoire à Upsal et en 1679
historiographe de la maison royale de Suède;
en 1687 il devint bibliothécaire de Tuniversité
d'Upsal. Depuis 1669 il était memhrede la Société
royale des Antiquaires. On a de lui : De ori-
gine gentium novi orbis; Upsal, 1676; — ÀnS'
char a, primi Hamhurgensis arehiepiscopi,
vila gemina observationUnts illustra ta ; Stock-
holm, 1677, in-4*; -^ De strenis; ibid., 1680,
ÎQ.40. — 2^ monarchiis orbis; ibid., 1683;
— Sueonum Gothorumque historix ecelC'
siasticx libri IVpriores; ib., 1689, in- 4'; —
Vita herois Ponti de La Gardie; Leipzig,
1690, in-4*'. U a laissé en manuscrit : Bullarium
romanum, seu compages epistolarum quas
superioribus sxculis Pontifices romani ad
reges Suecix, proceres, atchiepiscopos , etc.
scripserunt, O.
F. Lagerior, Laiidoflo^. OBmhietm (Upsal, l«f6).
ŒKNSKCBLD [Pierre- Abraham, baron de),
agronome et administrateur suédois , né dans la
première moitié du dix-huitième siècle, mort à
HyLôping, en 1791. Nommé en 1762 gouverneur
du West-Norrland, il y prit une suite d'excel-
lentes mesures, qui au bout de quelques années
élevèrent au sextuple le produit des terres; il
fit dessécher beaucoup de marécages et défri-
cher nn grand nombre de terrains incultes. Il
propagea la culture de la pomme de terre, et
surtout celle du lin, et fit ensuite apprendre aux
paysans la fabrication de la toile, ce qui valut
bientêt au pays une économie de plusieurs mil-
lions. En 1769 Œmskœld devint gouverneur de
Suderroanie, emploi qu'il remplit jusqu'à sa
mort avec un égal succès. o.
notice ntr PadminUtratkm éCOEmtkatd dan» le
iP'tttnorrland (Heroœaaod. ISOS). — BioçrapMikfm
ŒRSTBD {Jean-Ckritien\ célèbre physideo
danois, qui a découvert l'électro-magnétisme, na-
quit à Rudkjœbing, dans l'Ile de Lengeland, le
14 août 1777, et mourut à Copenhague, le
9 mars 1851. Son père, Soeren-Christian Œr-
sted, mort en 1822, exerçait la pharmacie; soo
frère puîné était le procureur général Andréas
Sandoe Œrsted. Depuis 1794, Jean-Chrétien
«étudiait à Copenhague; en 1795 il entra comme
élève dans le collège d'Ellersen ; il devmt adjoint
de la faculté de médecine en 1800, et prit en
même temps la direction d'une pharmacie. A
partir de 1801 il ohtint une bourse appelée sti-
pendium Cappelianum, qui lui permit de voya-
ger pendant cinq ans pour s'instniire. Trois let-
tres qu'il adressa au professeur Manthey furent
publiées par le recueil Biblioth, for Physik^
Médian og Œconomie, en 1801, 1802 et 180S.
De retour à Copenhague , il fut nommé, en 1806,
professeur extraordinaire de physique à l'univer-
sité ; depuis 1810 il enseigna encore les sciences
naturelles à l'École militaire. En 1822 Œrsted
fit encore un voyag, dans lequel il visita Berlin ,
Munich, Paris, Londres et Edimbourg. En
1824 il fonda la société danoise pour la pro-
pagation des sciences naturelles. En 1828 il fut
créé conseiller d'État; depuis le 21 février 1829
il dirigea l'École polytechnique de Copenhague,
qui fut fondée à cette époque. Il était membre
ou correspondant d'un grand nombre d'académies
et de sociétés savantes; depuis 1815 secrétaire
perpétuel de la Société royale des sciences du
Danemark , il publia une revue des travaux de
cette académie (Oversigt ovor det KongU
Danske Videnshabernes Selskabs Forhand-
linger; Copenhague, 1814-1841, in-4*, et 1841-
1851, in-8*). Ce recueil contient un grand nom-
bre de mémoires d'Œrsted lui-même, que nous
citerons à leur place. L'Académie des sciences
de Paris l'élut son associé étranger, en 1842.
Œrsted débuta par une thèse destinée à lui
obtenir le grade de docteur en philosophie :
Dissertatio de forma metaphysices elemen-
taris natur» extern»; Hafniœ, 1799, in-8*.
Peu après il publia deux opuscules écrits en da-
nois et en allemand, où il poursuivait les idées
développées dans sa thèse de doctorat : Natur"
metaphysikens Orundtrakkene ; Copenhague »
1799, in-8^; — Ideen zu einer neuenArchitek-
tonik der Naturmetaphysik ^ herausgeg.
von M. H. Mendd; Berlin, 1802, in-8o. Deux
ouvrages, traitant des lois générales de la nature.
bSS
OERSTED
524
ont pour titres : Videnshaben om Naturens
aimimielige Love y 1 deel.; Copenhague, 1809;
JFiorste ittUUdni»g iil den almind. JSMturlare;
iM., 1 81 1 , m-4<' ; — Den almind. Platurlarens
Aamd og Vasi^ii; il).» 1847.
Paiwi les norobreax et importanfte travaux
d'Œrsted , ayant pour sujet U duiuie, nous
citerons d'abord les ouvrages qui ont paru sé-
parément ; Maiarialien zu einer Chimie des
19 Jahrhunderts ; Ratisbonne, 1803 : ouvrage
(QUi .d«ABe m abrégé du aystème présenté par
Wioterl dans ses JPro£t»iofie« in cAemiam se-
€aU dedmi-noni^ et qui a été analysé par
M. Cbeafivix; — Anskhi der chemiscÂenNa-
inryeeetze, durch dUneuere» Eutdeckungen
4imH>mien ; Berlin, 1812 : inséré dans Je Jour-
nal de Schweigger en I48I2; traduit en Xrançais
par Marcel de Serres; Paris, 1813; — Tenta-
men nomencUUuras cAemices omnilms lin-
iSfuis scandinavo'germanim conmiums; Co-
fiesok.^ 1614, kï-A^; ^ laresainUger a^ dm
nyere Chemie; ib., 1820; — Erindring&ord
iil FarelasTàitkgtr over Cbemàens Grundsat-
nin^er; Ib., 1826; 2'' éd., 1»26. Dans les re-
4»ieils périodiques on trouve encore de lui : Let-
tre sur la découverte de deux nouveaux alcalis
végétaux, la pépérine et un autre, innonuné,
trouvés dans le fruit du coftsàeum annuum
/Laskéttierie, Journ, de Phjfs., XLVII, 1820;
voir aussi : Vid. fiebik.Forb., 1820; Journ.de
SeAweigçert XXVIU) ; sur la décoction de poivre,
iioinreau succédané du quinquina (Àllg^ medic.
AMUèul,, 1809); «0r le chlorure d'aUuninium
iOverfigtf 1825; Pogg. 1827); observations
gal/vaoochimiques (Geblen, /oum. /. Chem.,
111, 1804); sur la série des acides et des bases
^ib., 11, 1806); réflexions sur Tbistoire delà
cUimie (ib.« lU, 1807) ; sur U question : Qu'est-
ce que la cbinie.(iVy^ BiU,^ U, 1605). Depuis
4|iie (GBrated ^it «n des rédacteurs du journal
Tiéikri/l for J^aùurviiea*kaberne (Copen-
hague, 1822- 1A28 )«4n y trouve de lui plusieurs
articles , entre aiutres sur les progrès de la chi-
mie depuis le isomaoencement du dix-buitjàme
siècle (vol. I), sur le pQintd'ébuUiUon^eres-
pnt-de-vin (ibid.), etc.
Avant de parler de ses tnvanx relatifs è Vé-
leotrioHé , nous citeeons eoGore ses eaLpénences
sur les lignes nodales de ChkàoUDamÂe Vid,
Selik. Skri/t, Ui, 5, i&lO; Geàlen Journ,^ UI,
1807 ) ; ses mémoires sur la oooaiM-essibUité des
liquides {B, V, B. £.« lY, 2,11820; Oversigi over
éet K. D. Vid. £. fkr,A.« I8t7-U18, 182MS22,
1824-1819, 1832-1833, 1M&; Schweigger, X}^,
I817;XXXVI, 1822;XLV^ \B25 i Pogffwdorff s
ànn., XXL, 182«; XXXI, 1834 ; Ann. de Ch. et
d€Phgt,,liXS, 1822; XXIi^ 1823« Brew^Xer,
Simm. ^Science, VI, I83l ); dans plusieurs de
eês unéiDoipes on tfouveiadesoriptioii du piéu)-
wkètre, instrunMi qu'il inventa en 1822, et qui
sert à mesurer la compression des liquides;
sartaeai^larité<«v0rM4?f/, i819-|8ie, 1840;
Forhandl. Skand. JVaiur/orskare , 1839;
Pogg. A»n,^ LUI, 1841 ) ; sa critique de Keudio-
métrie ( A>^ BtH. f. Phye.^ YIU, 1805; Cohlen,
y, 1805); quelques mémoires sur la lumière
( Oversift, etc., 1815-1816, et daaa son ouvrage:
Brindrinçsort iil Fofiasninger «ver Lyset;
Oopenbague, 1 835) ; sur la chaleur ( Schwdggery
V, 1812; Over$içiy etc., 1642 ) ; sur U fabricatioo
du vin {Ohtfsen's Nye oecon. Ann. UI, 1817);
et un grand nombre d'arti<SieB sur divenes
questions de physique, insérés dans VOversigt,
dsns le journal de la Société Scandinave , dans
les recueils' publiés par ^Schweigger, Poggea-
dorff, Gehlen, Sdiomacher, dans le IVfft Ji-
&{k}^Aeft,etc.,etc.
Voici rétat de la soieDoe avant la grmde dé-
couverte de rélectn>"«nagnétisme, qui de nos
jours est devenue une «vëritaUe scienee, si riche
en appUoations Trafment «erveiNenses.
Depuis que les .philesophes dynanistes s'é-
taient babitnés à voir dans la matièiie simple-
medt te résultat de quelques forees primitivei,
il leur importait de dàneatser que les matières
nopondérables n'étaient que les manifestalioas
imméditff es , et seulement un peu modifiées dsK
chaque cas partionlier, d'une même force lé-
pandoe dans tout Tunivers. La lumière, la cha-
leur, réiectricité, le magnétisme se oonfondaioit
ainsi dans leur nature intime; ce A*étaient plus
que des transformations successiTes,âes états
différents d'un même principe. L'électricité n'é-
tait autre chose que le feu primitif; l'aimant
était, dans ce système, une pyrite martiale sa-
turée de fiuide électrique; opinion que s'ef-
force de combattre Marat, dans ses EecAerches
pbssigues sur Pélectricité (1782). On ne. tarda
pas, d'ailleurs, à s'apercevoir des diflîcultés in-
surmontables créées par des analogies forcées,
que rien ne justifiait et qui étaient en con-
tradiction flagrante avec les eipénences. I^Iais
ce qui, de ces théories fantastiques, resta loag-
tennps enraciné dans les esprits, ce fUt ridentité
des attractions de l'aimant et de la machine élec-
trique, pliénomènes qui paraissaient natoreOcp
ment s'associer l'on à l'autre. Le B. P. Cotte,
dans son Ttvité de météorologie, p. 26, s'ex-
prime comme U suit : « Ces dilTérents traits
d'analo^e entre les matières électrique et ma-
gnétique me font soupçonner que ces deui ma-
tières n'en font qu'une, diversement modifiée et
susceptible de différents elTets dont on com-
mence à apercevoir l'unité de cause et de prin-
cipa. Ce n'est ici qu'une conjecture que fevpé-
rienoe et l'observation convertiront peat-êtrc un
jour en certitude ». Cigna établit une parfaite
ressemblance entre les causes des deux da-sses
de plkôBomèiies , mais il révoque en doute le&r
identité. Ceai aussi le sentiment du coiaie de
Uo^^t {Essai sur VéUctricité , XI, 37); il
remarque seulement un trèa -grand rapport eo-
tue leurs causes^ lesquelles^ mIou lui, pmdui-
1 sent leurs diéts d'après le même principe : l'é»
525
OERSTED
526
Tément da fea, combiné aree l'air, produit la la-
nière; combiné arvec Tcaii , le fluide électrique;
combiné avec la terre, le floide magnétiqoe. D'on
autre odté, van Swinden pnUta, en 1785, une
série de mémoires où il s'efforça de dérnooCrer
Tabsenoe complète d'une analogie entre les fkii-
des électriqoe cft magnétique, et de réfoter les
arguments qu'on avait tirés, pour la confirmer,
de rinfluence ^es aurores boréales et de la
foudre sor Paigoiile aimantée. La grande dé-
couTerte d^Alexandre Votta, au mois de mars
1800, donna un nourel «élan buk ttiéorie» des
unKaires. I^a pile, en fixant à se^ denx bouts
les deux électricités oppbsées, semblait offrir
le simulacre des pôles d'un aimant, et Tun
était plus que jamais porté à «le persuader l'iden-
tité de ces fhiides qui étaient d^ désignés par
une notation analogue i+fAdt-^My + Eti —
E. Oe fiit, avant tous, l.-W. Rifterqui établit
ce principe que la pile était un aimant réel, et
devait, comme tel, avoir un pôle positif et un
pôle négatif; que sa polarité éti^ une pola-
riié nagnéfique. Plosîears physiciens montrè-
rent par {'«expérience qu'un semblable elTet est
tout à fait étranger à la pile voltaîqne. On trouve,
par exemple, dans un programme 4'Ampère,
imprimé en 1802, le passage survaut : « Le pro-
fesseur démontrera que les phénomènes électri-
ques et magnétiques sont dus à deux fluides dif-
férents, et qui agissent indépendanmient l'un de
l'autre >'.Mai8 la verve Ot l'ima^nation si fé-
conde de liitter loi gagnaient chaque jour de
nouveaux partisans; ce qui ne saurait nous
étonner, puisqu'il esttoujonrs pAns facâle de rêver
que de raisaiiner, et «que de tout temps la joie
des amateurs a été d'imaginer des syalèuies du
monde «t de réiérmer la science par une bro-
chure. MuDCke* et Gruner, à Hanovre, ont fait
de grands cflorts pour obtenir des eflî^ analo-
gues à ceux de 4a pile de Volta , an moyen de
batteries maga^fiques d'une puissance extraor-
dinaire, on d'inibieneer par ces dernières des
piles trè»-pelites et excessivement mobiles; mais
toujours CB Tain. Peot-étre que la vérité se se-
rait £ut joor déjà «, au lieu de faire agir des ai-
mants très-forts aur des piles mimmes, on avait
essayé d'o|iérer avec des piles grandes sur des
aignilies petites et d'une nràbilité convenable. En
avril 1802, un cnrreGfendant du Monthly Mb-
gasiine dcrivit à ce journal « que le galv^sme
était pour le moment un objet d'occupation se*
rieoae pour tous les physiciens et chinustea al-
ienunds; ^'à Vienne on avait annoncé une
découverte importante, en ce sens qu'un aimant
artificiel , employé au lien de la pile de Volta ,
décomposait l'eau aussi bien que la pUe ou que
la machine éleetriqae : d'oii l'on oonduail que
les fluides électrique, galvanique et magnétique,
étaient les mêmes >. Ces b'gnes, dont il est dilfi-
(1) Analogie dé FéUetricité et du maçnetUme, Ae-
eueii de mémoires eouromné^ par i^ Académie -de Sa--
Tiére, par J. U. van Swiodcn, l voL IihS" ; U Uave« 178S.
die de comprendre ta signification et l'origine^
ne sont pas sans intérêt, parce qu'elles pourraient
sembler avoir quelque rapport avec les électro-
aimants. Mais il importe de signaler nn antre
tait qui contient en germe TimmorteUe décou-
verte dXErsted.
Le journal politique de Trente RistretU dei
Foglietti universali contient, dans son numéro
du 3 août 1802, l'article suivant aur le griva-
nisme. k M. le conseiller Gian-Domenice Aorna-
gnosi , demeurant \d , et connu k ia répubh'qne
des lettres par d'autres profiondes productions ,
se hâte de communiquer aux physiciens del'Ett-
rope une expérience relative au fluide galvanique
appliqué an magnétisme. Après avoir préparé Ja
pile de M. Volta, composée de disques de cuivre
et de zinc , entre lesquels U y avait des rondelles
de flanelle imprégnée d'une solution ammoniacale
étendue d'ean, l'auteur attacha à la pile elle-
même un ûl d'argent brisé en diflérents endroits
comme une chaîne. La dernière articulation de
cette chaîne passait par un tube de verre, de l'ex-
trémité extérieure duquel sortait un boulon éga-
lement d'argent , qui étaH fixé k la dite chaîne.
Ensuite il prit une aiguille aimantée ordinaire,
disposée k la manière d'nne boussole marine,
et encastrée dans on axe prismatique de bais ;
et après avoir Mé le couvercle en verre, il plaça
l'aiguille sor un isolateur de verre, près de la
pile. Âiorsj il saisit la chaînette, et la prenant
par le tube de Terre, en appliqua l'extrémité ou
bouton k l'aiguille aimantée. Après un contact
de quelques secondes, l'aiguille s'écarta de tplu-
sieurs degrés de sa position polaire. Quand la
chaîne fut soulevée, l'aiguiUe conserva la dévia-
tion qu'on loi aTaît imprimée. En appliquant de
nouveau la même chaîne, on vit l'aiguille dévier
encore un peu «t conserver toujours la position
dans iaquelie on la laiasait; dételle sorte que
sa polarité paraissait «ntièrement détruite. Pour
la rétablir «osnlte, voici coonment s'y prit M. Bo-
magnoà. il fvesaa des deux mains, entre Je
pouce et riades, ie bord de la boite en bois
isolée, mais «n évitant toute secousse, et Je tint
ainsi pendant quelques secondes. Alors on vît
l'aiguille se mouvorr lentement et Mf>rendre sa
polarité, pas tout d'un -coup, maie par pulsations
successives, à l'instar ^'nne aiguille de montre
indi<|oant les aeoondea. Cette expérience fut
faite an mois de mai, et répétée en présence de
pluaieurs spectateurs. Dans les mêmes droons-
tances l'auteur obtint aussi sans diflicolté l'at-
traction électrique à une distance très-eenaible.
Il employa on mince fil de chanvre baigné dans
de Tean ammoniacale, et susjiendu k un petit
bâton de Terre; ^pprodiant alors la chaîne d^ar-
gent' à ce fil , jusqu'à la distance d'une ligne en-
viron, il Ttt le fil entraîné rapidement, se coller
contre le boulon de la chaîne, et se tourner vers
en haut, comme dans les expériences éieotii-
qnes. — M. Romagnosi croit de son devoh", de
publier cette expérience, qui doit faire «orps
527
OERSTED
538
avec d*atttres dans ud mémoire qu'il est occupé
de composer, sur le galTanisroe et sur i'électri>
cité, et dans lequel il se réserve de domier ia
relation d'un phénomène atmosphérique , qui a
lieu tous les ans dahs un endroit du Tyrol voi-
sin du Brenner, afTecte fortement tonte une po-
pulation et qui lui fait éprouver tous les effets
du galvanisme. »
M. Zantedeschi, en publiant ce document
dans la Corrispondenza scieAtiftca in Roma
(n°42, 9 avril 18ô9 ), pour répondre à un ar-
ticle de M. Donna dans le Hondo Letierario
de Turin ( n* 8 , 1859 ) , essaya de démon-
trer que Romagoosi est le véritable auteur
de la découverte de l'électro-magnétisme. Mais
il a besoin, pour cela, d'altérer le texte de ia
déclaration de Tillustre Plaisantius; d*assurer
que celui-ci avait évidemment touché de sa main
le bouton de sa chaîne tout en appliquant à l'ai-
guille aimantée la dernière articulation, et qu'il
avait obtenu, de cette bçon , un courant fermé
par le corps de l'observateur et par le sol. C'est
là en effet la seule manière d'expliquer les expé-
riences de Romagnosi ; mais cette interprétation
a posteriori^ que M. Zantedeschi a trouvée en
répétant les expériences en question, ne sert qu'à
mieux faire ressortir Tobscurité des paroles de
l'auteur. La note de Romagnosi n*est que le
germe latent de la découverte d'Œrsted. Cepen-
dant, l'annonce du physicien de Trente ne fut
pas entièrement perdue. Jean Aldini , dans son
traité du galvanisme (1), s'exprime ainsi : « Mo-
jon a magnétisé des aiguilles à coudre de ia lon-
gueur de deux pouces, par un appareil à tasses
de cent verres. Cette nouvelle propriété du gaK
vanisme a été constatée par d'autres observa-
teurs, et dernièrement par M. Romanes! , qui a
reconnu que le galvanisme faisait décliner l'ai-
guille aimantée. i> « D'après les observations de
Romagnosi, rapporte Joseph Izam (2) (1804),
raiguiUedéjà aimantée, et que l'on soumet ainsi
au courant galvanique, éprouve une déclinaison ;
et d'après celles de M. Mojon, savant chimiste de
Gènes , les aiguilles non aimantées acquièrent
par ce moyen une sorte de polarité magnétique. »
Ainsi, bien avant 1820 l'action d'un courant
Toltaique sur l'aimant avait été déjà constatée;
mais l'observation était si imparfaite et si peu
explicite qu'elle resta inféconde jusqu'à l'é-
poque d'Œrsted , comme les idées émises de
Kepler sur la gravitation universelle sont restées,
pour ainsi dire , à l'état latent jusqu'à Tavéne-
meot de Newton (3).
(1) Essaithéorlijue et expérimentai sur le gaicanisme,
axec une iérie d'expériences faites encfirésence des com-
missaires de l'Institut national de France; Pirts, 1804,
tome I, p. 840.-
(1) Manuel du gab>anisme: Parte, 1804, page iso. Folr
anasl : Gilbert, LXVIII, p. 108.
(8) M. ZaotedeschI raconte encore qu'en 1848 il envoja
à OBrsted son traité de l'électrlcHé et du iDagoéttsne,
arec une lettre rempUe d'éloges pour le célèbre profes-
seur de Copenhague ; mais que ce dernier a gardé la lettre
et reoTojé le livre, apparemment parce que l'autear y
Quel que soit le mérite des observations de
Romagnosi, les titres d'Œrsted à la découverte
de la magnéto-électricité sont incontestables. Pea
avant lui il y avait encore bien des pbysideos
qui défendaient avec ardeur l'identité des deux
agents physiques proclamée par Ritter; tfnsi,
en 1818 von Yelin s'en fit le partisan dans un
discours prononcé en public; mais à l'exceptioB
de quelques faibles analogies, telles qu'on en
trouve entre deux substances données quelcon-
ques, il ne donne pas ime seule preuve à l'appoi
de sa thèse. Enfin, on peut donc affirmer qu'à
cette époque on ne savait guère sur l'action ré-
cipiH>que des deux agents en question qne œ
qui éûit connu depuis bien longtemps, c'est-à-
dire qne des coups de foudre et aussi de fortes
étincelles électriques sont capables d'aimanter
l'acier, d'y détruire ou d'y renverser la polarité
magnétique (1). Mais d'après les expériences de
Van Marum, on regardait tous ces phénomènes
comme produits par le choc et la secousse de la
décharge. Le P. Reccaria avait, en outre, parlé
de circuits électriques constants qui engendre-
raient le magnétisme dans les aiihants : la théo-
rie d'Ampère en germe (2) I Et Mojon aossi bien
que Romagnosi avaient vu se produire sons
leurs yeux des phénomènes électro-magoétiqaes;
mais aucun des deux n'a su mettre en lumière
cette branche si importante de la physique.
Ainsi donc, de tout ce qui était connu jusquà
la fin de l'année 1819, on ne pouvait pas dé-
duire les phénomènes magnéto-électriques qui
furent observés plus tard ; et il est constant
que la pile voltaîque n'est point un aimant,
que ses pôles ne sont pas des pôles magnéti-
ques, et que toute la base des raisonnements
de l'époque était fausse. Néanmoins ces raison-
nements ne cessèrent pas encore le jour où ap-
parut l'électro- magnétisme. Œrsted lui-même
conserva encore longtemps la vieille croyance
que Pélectricilé et le magnétisme sont de même
origine. Cette opinion qu'il avait professée dans
ses Réflexions stu- les lois de la chimie^ pu-
bliées en 1812, il essaya de la confirmer par des
faits et de montrer à ses auditeurs one influence
exercée sur les pôles d'un aimant par ceux d'une
pile galvanique; mais ses tentatives restèrent
toujours sans résultat. On ne pouvait alors at-
tribuer à la pile une polarité de ce genre que
lorsque ses pôles étaient libres, et le courant in-
terrompu; car du moment qu'il était fermé par
le fil oonjonctif, rien à celte époque ne pouvait
faire prévoir ime manifestation quelconque d'une
polarité du fluide qui traversait le drcnit; on
parle de Romagnosi, à qui 11 attrlbae non-seolement la
découverte de l'action des courants sur les aimants, mais
encore celle de rexisteoce du coorant ourert qui «e pro-
page par le terrain, et toot cela en vertn de rartlcle que
nous avons traduit plus haut
(i; Ueber MagnHismus und Bleetricitaet ait identir
tchê und Utkraeftt; Munich, 1818.
W Schwelger, Joum, N. J., XVI, i.
<8) Prteittey, Histoire da FtlÊCtrieité^ p. ni.
S39
annit dû, avec le même droit, douer de pro-
priétés poWres le fil conjonctif d'une batterie de
Leyde, puisque Tideutité de rélectricité par frot-
tement et de l'électridté par contact était déjà
reconnue et admise. Ainsi donc, en supposant
que le professeur de Copenhague élait conséquent
à lui-même dans ses déductions , U fout croire
que ce fut le hasard qui lui fit faire une de ces
découvertes qui impriment une direction nouTelle
à la sdenve et qui immortalisent les noms de
leurs auteurs.
Dans le cours de Thiver de 1819 à 1620» Œr-
sted était occupé à montrera ses auditeurs detf
expériencesgalTaniques. Par un heureux hasard,
un mince fil de platme étendu entre les deux
pôles d'une pile de Volta assez puissante, et
rendu incandescent par le courant intense qui le
traverfiait , passait au-dessus d'une aiguille ai-
mantée placée à peu de distance de la pile. C'est
alors qu'on Tit l'aiguille éprouver des oscillations
toutes particulières, qui firent l'étonnement des
assistants, puisque, suivant tout ce qu'on savait
alors , une attraction ou une répulsion émanant
du fil conjonctif devait paraître énigmatique.
Plus tard , cependant, Œrsted a voulu prouver
que ses vues.théoriques l'avaient conduit direc-
tement à sa découverte ; que c'étaient ses re-
cherches sur riufluence que les deux électricités,
au moment de leur compentaiion, auraient
exercée sur Paiguille magnétique qui lui auraient
fait entrevoir ce qu'il observa (1). Mais il est
très-probable qu'il n'avait alors songé qu*à une
polarité magnétique des pèles d'une pile à cou-
rant fermé. Et il semble presque , en y regar-
dant de près, que ni Œrsted ni ses auditeurs
n'ont saisi immédiatement toute la portée du
phénomène qui s'était révélé devant eux; car
autrement il serait difficile de comprendre pour-
quoi le public n'aurait pas été instruit de cette dé-
couverte avant que son auteur l'eût publiée dans
l'ouvrage qui a pour titre : Expérimenta cir-
cum e/fettum confiictus electrici in acum ma-
gneticum (Copenhague, 21 juillet 1820; traduit
en allemand dans Le Journal de Scliweigger,
XXIX, 1820, et dans les Annales de Gilbert,
LXVf , 1820 ; en français, dans les Ann.de efUm.
ei dephyi.^ XIV, 1820). Peu après cette publica-
tion, J. -T. Majer l'annonça dans les Gottinger
ûeiehrte An zeigen (a** 1 7 1 ), en ajoutant qu'il avait
lénssi à reproduire les expériences d'Œrsted;
le lundi 11 septembre 1820, dans la séance de
l'Académie des sciences de Paris, M. de La Rjve,
qui venait de Genève, répéta les mêmes expé-
riences devant le savant auditoire (2) ; et le lundi
suivant Ampère apporta déjà un fait plus gé-
néral que celui qu'on avait annoncé; depuis lors
la tliéorie de l'électro-magnétisme ne cessa plus
de faire des progrès. Mais après même que les
académies et les sociétés savantes avaient été ins-
truites de la grande nouvelle, le public resta
(1) Sehwdger, Joum. N. 5., tl. iw.
(1) Voir : nm. tmiv., Xiv, p. ssi.
OERSTED 530
encore quelque temps sans y faire attention. La
raison de cette circonstance doit être cherchée
d'abord dans la rédaction primitive d'Œrsted,
qui ne laisse pas que d'être un peu confuse et em-
barrassée, mais prindpalement dans une erreur
qui se liait à l'origine de la découverte , et qui
consbtait en ce que l'auteur lui-même et les
autres physiciens qui marchaient sur ses traces
exigeaient au commencement, pour la réussite
de ces expériences , une pile assez forte pour
porter au rouge le fil conjonctif. Il est certaine-
ment singulier qu'Œrsted, dansl'mtervalle assez
long qu^il laissa s'écouler entre sa découverte et
sa publication, n'ait pas remarqué qu'il suffit
d'employer deux disques de zinc et de cuivre
d'un diamètre un peu considérable pour pro-
duire non-seulement les mêmes phénomènes qu'il
avait observés avec la pile, mais encore des
effets plus sensibles que ceux de piles compo-
sées d'un grand nombre de couples plus petits.
Cette exigence d'un appareil tiès-puissant em-
pêcha bien des savants de répéter les expériences
électro-dynamiques; il s'en trouva même qui
doutaient de l'exactitude de ce qui avait été
avancé par le physicien danois, disant qu'un
courant énergique pouvait bien avoir occa-
sionné quelques oscillations de l'aiguille, si mo-
bile , sans qu'il y ait lieu de croire à des pro-
priétés magnétiques développées dans le courant
galvanique. Mais la vérité ne tarda pas à se fanre
jour à travers ces hésitations et ces incrédulités,
auxquelles fit place un enthousiasme général et
sans réserve.
Nous n'avons pas encore jusquMci défini en
quoi consiste l'électro-magnétisme ; il nous semble
pourtant nécessaire d'entrer à ce sujet dans quel-
ques explications, que nous emprunterons, en
les abrégeant , à l'illustre Arago , désespérant de
trouver mieux nous - même. Voici ce qu'il dit
dans sa notice biographique sur Ampère (vol. II,
page 60 des Œuvres de F. Arago) : « La pile
de Volta est terminée à ses extrémités, ou, si
l'on veut, à ses deux pôles . puisque l'expres-
sion est convenue, par deux métaux dissem-
blables. Supposons, pour fixer les idées, que
les éléments de cet admirable appareil soient du
cuivre et du zinc ; si le cuivre est à l'un des
pôles, le zinc sera inévitablement au pèle op-
posé. La pile, sauf quelques traces de tension,
est on du moins semble complètement inerte,
tant qu'en dehors des plaques qui la composent
ses pôles ne sont pas mis en communication à
l'aide d'une substance très-conductrice de l'élec-
tricité. Ordinairement on se sert d'un fil métal-
lique pour unir les deux pôles de la pile, ou, ce
qui revient au même, pour mettre l'instrument
en action. Ce fil prend alors le nom de fil con-
jonctif. Le fil conjonctif, le fil aboutissant aux
deux pôles, est traversé dans toute sa longueur
par un courant d^électrieité qui circule sans
cesse le long du circuit fermé résultant de la
réunion de ce fil et de la piie. SI la pile est
Siii
OERSTED
&33
très*foTte, le courant Test égaiement » Les
pttysiciens MTtient depuis loDgtemps inriiiber
un fil jnét»H)<|Be isolé d^ne forte qoanlilé d*é-
lectrioilé en repos, d'électricilé de tension,
comme on dit dans les traités de physi^oe; ils
nvaieiit -ausii Caire traverser les fib mélalli-
qnes non isolés par de très-gramiiet quan-
tités (VélecùrMié ; mais ators le passage était
înéTitablement bnjsqœ, instantané. Le pramier
moyen de i-éonir en ce genre l'intensité à ta
durée, c'est la pile qui Ta fourni. C'est avec la
pile qaVm «rrive à placer on fil pendant des
minutes, pendant des beores entières, dans Té-
tât que les décharges des plus puissanles ma-
chioes anciennes ne faisaient probablement dnrer
^'«n nDilliMuème de seceade. Le fil oonjoncttf
d'une file, le fil métalKqne à travers lequel se
metU jans cesse une certaine quantité d'ékxs-
Iricité, a-t41, en conséquence de oe mouvement,
acquis des propriétés nenvelles? L'expérience
dXErsted va répondre d'nne Dunière écla-
tante. « Plaçons une oertaÎBe étendue d'un long
fil roétaltique de cuivre , d'argent , de platine , ou
de tout autre métal sans action magnétique ap^
prédaUe , au-dessus d'une tioussole horizontale
et paralièlemmU à son aignilk. La présence
de ce fil sera sans nul effet. Ne changeons rien
à cette première disposition, mais faisons aboutir,
soit directement, soit par des intermédiaires
longs ou eonrts, les deux extrémités du fil aux
deux pdies d'une pile voltaiqne. Transformons le
fil isolé en fil oonjonctîf , en til que parcourt on
courant permanent d'électricité ; àfinstant ratee
Taiguilie de la bousaole «haofgera de direotien :
ai la pile est faiUe, la déviation sera peu consi-
démUe. Sopiiosez la pile très-foile, et malgré
l'action directrice de la teire, Taigiiille magné-
liqne formera un angle de pitès de 90 degrés avec
sa position naturelle. J'ai placé le fil coojoMlif
au-dessus de faigoille aimantée; s'il était en
desssuSf les phénomènes seraient les mêmes socs
le rapport des quantités, et précisément fopposé
quant au sens des déviations. Le fil oonfonotif
en dessus transporte-t-il le pôle nord de l'ai**
gui Ile vers Vauest^ ce sera vcn l'ei^ que la dé-
viation sWpérera -quand, (ont restant dans te
même état, le fil se treuvera en éessma. Re-
marquons encore que le fil ne conserve absolu-
ment rien de ses forces déviatrices dès qu'il cesse
d'être OMqQodif, 4è8 qne ses extrémités n'abon-
tissent fAus anx deux pôles de la pîle. • Il
faudrait manquer totalement du sens scien-
tifique pour ne pas oompmndre œ qu'il y a
d'extraordinaire, de capital dans les résultats
que je vfens d'énooeer, poorne pas s'étonner de
voir «m fluide impondérable communiquer pas-
sagèrement des propiiétés si énergiques au
mince (il qu'il parcourt. « Oes propriétés, étu-
diées dans leurs caractères apédfiques, ne sont
pas moins étonnantes. Les enfants eux-mêmes le
savent; on chercherait vainement à faire tourner
on levier horizontal autour du pivot sur lequel
il repose par son centre, en le poussant on eo
le tirant dans sa longueur, je veux dire suivant
une ligne aboutissant au centre de rotation; Tac-
tion doit être néoessairement transversale. La
peipendiculaireè la longueur du levier est même
de toutes les directions qu'on puisse adopler
celle qui exige le moins de force pour engendrer
on nnouvement donné. C'est exactement tout
l'opposé de ces règles élémentaires de la méca-
nique qne présente l'expérience d« M. CErsted. »
Qu'on veuille bien en effet se le rappeler :
quand les forces qne le passage du courant élec-
trique développe en chaque point du fil coojoao*
tif se trouvent «sorrespondre verticalement à
l'axie même de l'niguiUe, soit au-dessus, soitaB>
dessons, la déviation esta son maximvm. L'ai-
guille reste en repos, an contraire, lorsque le fi
se présente à «Ile dans une direction voisine de
la perpendiculaire. « Telle est l'étnngeté de ces
faits, que pour les expliquer divers pliysideas
eurent reconrs à on ftnx continu de matière
électrique cireulant autour dn fil oonjooetif et
prodmsant la déviation de l'aiguille par voie d'im-
pulsion. Ce n'était rien moins, en petit, qne i»
fameux tourbillons qu'avait imagnés Ikscnites
ponr rendre compte du mouvement général des
planètes autour dn soleil. Ainsi lai décooverte
d'Œrsted semblait devoir faire reculer les théo-
ries physiques -de plus de deux siècles. »
Œrsted lu}««nème essaya de donner une en-
plicalion théorique des pliéuomènes qu'il avait
observés : C'est lui qui imagina les
électriques oircnlant en hélices .
jonctif. D'après lui, l'électricité agit nvICB par-
ticules magnétiques, lesquelles opposent à nUe
action une ceitaine résistance, «it par là néoie
entrent en mouvement. Pour coiicHiereDsmtele
mouvement de propagation du courant électri-
que avec la tendance du pôle roagnétiqoe à te
mouvoir drcolairement autour du fil candndear
(tendance qui résulte de l'ensemble des phéno-
mènes électro-magnétiqoes forequ'on observe des
aiguilles mobiles horizontalement et verticale-
ment), pour concKîer ces deux modes de trans-
port, (Krsted ne trouva rien de mieux que ses
tourbillons hélicoïdaux ; les deux électricités op-
posées avaient chacune son héfice spéciale, à
spires très-serrées et presque ctroulaires. Qui-
que cette idée permette de rendre compte avec
une certaine facilité dHin grand nombre de phé-
nomènes observés, elle soulève cependant trop
d'objections pour qu'on puisse anionrdlMi Kii
attribuer la moindre réalité. L'électricité oïdi-
naire et le magnétisme n'offrent noenne trace
d'un mouvement de ce genre: ces deux principes
agissent toujours en figue dn^; l'inilueuoe du
fil conducteur s'étendant souvent & une assez
grande distance , il fendrait par la pensée éten-
dre aussi loin les tourbillons ambiants, oe qai
donnerait lieu à une vitesse de propagatien vrai-
ment efTrayante et inconcevable : et surtout l'é-
lectricilé isolée dans un fil de cuivre conveit de
533
soie ne saurait pins produire d'efTet en deliors
de nsolani. Ainsi donc, on s'est tu forcé d'aban-
doBoer la théorie dXErsted à nesure que les
faHs nouveaux relatifs à t'éledro-magnétisme se
multipliaient. Et tout bien considéré, il faut nous
avouer que la Maison qni existe entre le magné-
tisme et l'éledridté n*est pas encore expliquée
jusqu'à ce jour; même la fameuse théorie d'Am-
père qui compare les aimants aux aolénoïdes for-
més de counmts qui traversent un fil rçconvert
de soie et tourné en hélice; celte théorie tant
admirée, et qui sMnsinne de prime abord à l'es-
prit, n'est pas à l'abri de toute objection et
parait même 6treoontredite par plosieurs phéno-
mènes qa'eUe devrait expliquer. Nous ne eon-
naissons ^qne les lois qui président aux effeis
réeipvoqnes ayaat Heu entre aimants et oonrants,
ou entre courants «t oourants; et cela^ grftoe k
Ampère, à Biot, à Savart»^ Neomann. Mais la
véritable nature des agents tnysiérieux qui se
mamfestent dans ces phénomènes est encore
enveloppée 4'un voile épais. Homo, mâture tni-
nister et inierfnres, tantum facit tt intelli-
çii quantum de natur» ordine re vel mente
observaverit; nec ampHus sât aut pQtest :
rbomme, qui aide' et qni interprète la nature ne
fait et ne comprend que ce qu'il a observé de la
nature, par l'expérience ou par le raisonnement;
}1 ne sait ni ne peut rien an delà (1).
Dès que les Joomaux eurent coamencé à
s'ocGcper de la nouvelle branche de la pbysique
expérimentale, on vit non-seolemeot les hommes
du métier, mais bon nombre de nainralisles, de
médecins, d'amateurs de tons genres et des per-
sonnes qni ordinairement restent étrangères aux
sdenoes s'emparer avec une ardeur «xtrème de
la belle découverte. L'enthousiasme universel
qni l'accueillît peut se comparer à ceiai qu'exd-
tèreat les premiers aérostats, ces machines inso-
lites qd vinrent résoudre un prablème qui avait
été j«8qQe«là réputé impossible* Aussi lesaocié-
tés aavariles autant que les hommes privés cher-
cbèreat^ils à donner au célèbre Danois des té-
moignages éclatants de reconaaissance et de con-
sidération. Le roi de Danemark le nomma che-
valier de l'ordre do Danebrog;la Société royale
de Londies kn déoeraa sa grande médaille.
Cette faveur, générale dont la déoouverle d^CÈr-
sted devint béent6t 4'Qbjet s'expKqoe facilement
loisqp'on pense que dès lors eet agent mysté-
rieux cpi'oo appelaft magnétisme, et qqi^ en
dépit de tons les efforts tentés par les physfciens,
HaH tOD^onm resté isolé, et comme rivé à unsenl
des métaux, que cette force solîlalre qui habitait
les aimants se trouva tout à coup tirée de son
isoleroenft, et liée àTnn des agents les pkiscom-
monaeC les pins répasMlns, rééecCricité. £t en
mèo» temps il ne faut pas onbiier que le ilift
immense ^ se ré«éU ainsi an monde avait de-
^s iangtemps échappé ans redieiicbes de tant
(1) Bmo, JVov. Org, Jphor,, I.
OERSTED 5U
d'esprits agaces , et enfin que les phénomènes
principaux de ta nouvelle science étaient désor-
mais à la portée de tout le monde, au moyen
d'appareils très-simples et pen coMeux. En imi-
tant Œreted, les physiciens nieraient pas tardé à
s'apercevoir que des déviafians très-sensibles de
l'aiguille aimantée s'oblienneiit sans peine avec
quelques disqnesde trois à quatre pouces de côté,,
tandis que des piles d'nn grand nombre de cou-
ples dont les disques «'«nt -qu'un pouce de dia-
mètre ne donnent queues résmtals presqne in-
sensibles. 11 s'agit ici de l'action des piles snr
raiguHIe ordinaire; Taiguille statique d'Ampère,
qui a une disposition telle qne le magnétisme
terrestre n'exerce phis sur elle aucune ftctien di-
rectrice, se place toujours perpendienlairementau
fil conjoncHf, quelle qne soit d'alHenre l'ialensité
du courant. Au lieu de suivre dans toutes ses
péripéties le développement de la science électro-
magnétique, nous nous bornerons à citer tes faits
les plus saillants et les noms les plus dignes de
mémoire qui entrent dans l'histoire de cette bran-
che importante de la physique. Ampère, comme
nous l'avon» déjà dit, fut le législateur des phé»
nomènes magnéto-électriques, et en y ajoutant
l'action réciproque de deux coorants l'nn sur
l'autre, il fonda la sdence éledro^ynamique.
« Œrsted, dit M. Babi^et, avait été le Christophe
Colomb du magnétisme; Ampère en fut le Pizarre
et le Pemand Cortès. » Siot et Savart trouvè-
rent, expérimentalement, hi loi des distances,
c'est-è-dire que la force exercée par le fil con-
jonctif décroît dans un rapport proportionné! à
la distance. Laplaoe démontra que la loi indivi-
dnelle de la force élémentaire de chaque partie
du courant est néanmoins, comme la gravitation,
en raison inverse du carré de la distance. Enfin,
Nenmaon trouva que les composantes des forcés
d'un courant fermé ont un potentiel.
Arago et Tehn remarquèrent en même temps
qne le fil conducteur de l'électricité ordinaire
exerce, dans des oirconstanées favorables, sur
rader ordinaire la même action que le fil con-
jonctif d'une pile. MM. Schweigger et Poggen-
dorff, l'un après l'autre , découvrirent TisolatioD
facile du courant dans nn fil métallique , isola-
tion qm ne s'étend pas aux propriétés magnéti'
qnes dn courant, et cette remarque permit de
construire les bobines et les multiplicateurs qui
sont devenus depuisd'un si grand usage et d'une
si haute importance poo' toutes les mesures des
physiciens, pour la télégraphie électrique, etc.
Arago observa le premier le magnétisme par rota-
tion; Faraday décovnit l'inductien magnétique,
pressentie d^à par Ampère ; et depuis la décou-
verte d'Œrsted jusqu'à nos jours les fiùts se sont
nmttipKés, la théorie s'est constamment perfec-
tionnée, et l'électro-magnétisme est devenu le
principe le pins fécond et le jièns riche d'avenir
de la sdence medeme.
Outre le mémeére fondamental, Eperimen-^
ta, elc, Œnrted ena laissé unasaezgnmd non»-
53&
OERSTEO
136
bre, poar la plupart insérés dans les recueils
scientifiques, où il s'occupe d'électricité, de ma-
gnétisme, et d'électro-magnétisme. Noos en ci-
terons les plus importants , mais sans en trans-
crire les titres : sur rélectricité, sa propagation,
sa mesure, etc. (iVyt Bibl. for P^ysik, vol.
letlX; Scherer, Nord. Arch^ Il ; Gehlen, Journ,
f. Chem., VI et VIE, 1808 ; PoggendorfT, LIU,
1841 ; Forh. Shand, Nalurf, 1840) ; sur quel-
ques nouvelles expériences thermo^iectriques
]>ar MM. Fourier et Œrsted (Ann. de CfUm. et de
Phyt,, XXU, 1823; Oversigi^ etc., 1822-23);
éxkx la pile de Ritter ( Gehlen, VI, 1806); re-
marques galvano-chimiques (t^., UI, 1804); sur
l'électricité de contact ( Schweigger, XX, 1817 ) ;
sur la pile de Zamboni {ib,, XXXII, 1821 ) ; sur
Télectre-magnétisme, application des multiplica-
teurs, galvanoplastie, etc. {Oversigt^ etc.,
1821-22, 1823-24, 1826-35, 1840-42, 1848;
Tidskrijft for Naturvid., 1822; Ursitif Magat.
/. Kunstnere^ I et II; Sdiweigger, Journ. ^
XXIX,1820;XXXUetXXXIII,1821;LII,l828);
sur le diainagnétisme ( Oversigi, etc., 1847-49;
Poggendorf, LXXV, 1848; et dans un ouvrage
séparé : Précis d*une série d'expériences sur
le diamagnétisme ; Hambourg, 1848) ; sur les
figures électriques {Skand. Literat. Selsk. Skr.,
1, 1805).
Outre les ouvrages déjà cités, on a d'Œr-
sted : Beretning om en Undersegelse over
Bomholms MinercUrige (publ. en commun
avec L. Esmarcb) ; Copenh., 1819 et 1820 ;— Fo-
reldsninger, somSelskab forNaturl, Vdbred.
lader holde; ib., 1824-30; — Naturlxrens
mechaniske Deel ; ib., 1844 ; trad. en allemand,
Brunswick, 1851 ; .— To eapiller af det Sjoen-
nés Naturlare (Deux chapitres de la physique
du beau); ib., 1845; trad. en allemand par
M. Zeise, Hambourg, 1845 ; Lu/skibel ; et Digt
(L'Aéronaute, un poème ); ib., 1836; trad. en al-
lemand par Johannseo^ib., 1837; — Samlede
og efterladle Skrijter^d vol. in-8''; ib., 1850-52 ;
traduits en allem. par Kannegiesser, 6 vol. in-8* ;
4n»«éd., Leipsig, 1855. De ses œuvres choisies
on a extrait : Der Geist in der Natur { l'esprit
dans la nature), qui a été publié en allemand
à Munich, en 1850, et à Leipzig, de 1850 à 1851,
précédé d'une notice biographique par P.-L.
MôUer, puis traduit en français par M. Martin.
Tous ces écrits traitent des sujets pins ou moins
philosophiques ; ils se distinguent par une expo^
sition populaire et attrayante, un langage poé-
tique et choisi et une rare justesse de raison-
nement. Le sentiment religieux y domine , mais
en même temps on y trouve les préceptes d'une
philpsophie saine et éclairée, développés avec
une éloquence qui entraîne le lecteur et qui a
fait le succès extraordinaire que les ouvrages
d'Œrsted ont eu, surtout en Allemagne. En
somme , Œrsted a été non-seulement un physi-
cien tr^distingué , mais encore un éminent écri-
vain vulgarisateur. R. Raoac.
Fie d'OEnted, par Hauch et ForcbbaiDinrr, traduite
en allemand par Scbold ; Spandau, 18SS. — Poggendorfr,
Blogr. — IMer Htmdworter&ueh. iseo. " Calllsra, Me^
dieiniichêt SchryisUltêr-LexiSmif IISI.— Btogr. unie,
dsê CotOemp,: Parla, 18S«. — Fié d'GBnled. daaa
3ïeifer's rolksbibliothek, — Arago , FU d'ampère. -
Gehier, Phytik, fFùrterbuek, arlicle Elscteo-macre-
TiSMUs. — Pfaff . Der Bleetro-WMçnaismMs ; ttamb.,
1814, In-S*. — Dab, Der BUetromagnetttmiu ^ Ber-
lin, 1860. - Re$umé de F histoire de télectrieité et dm
maqnétiime^ par MM. Becquerel; Paris, 18M. — Zaat»>
deactd. TraUato di eUttrietta e maçneiiemo. -> Babtoet,
Études et lectures, vol. Vf; Paris, iteo.— Historteal
Sketch qf Blectromagnetism in Ànn, of PhU. New Ser.,
il, p. 19S, t74, et m, 107. - Historg qfJttaçaetism and
EleUrieUv, in, Ue Meekanie's Misçatlne, n* tc-o,
1860.
* ŒRSTED (Ànders'Sandae)9homme d'État
et jurisconsulte danois, frère du précédent, né
le 21 décembre 1778, à Rudkjœbing, dans TUe
de Langeland. Élevé avec son frère dans la maison
paternelle, il apprit les langues andennes, l'al-
lemand , l'anglais et le français. Il étudia ensuite
à Copenhague la philosophie et le droit; en
1801 il y fut nommé assesseur au tribunal an-
lique. En 1810 il devint assesseur à la haute
cour, auprès de laquelle il remplit, de 1825 à
1848, les fonctions de procureur général; en cette
qualité il rédigea les exposés des lois promul-
guées dans cet espace de temps. Depuis 1831
il fut à plusieurs reprises commissaire royal au-
près des états provinciaux des lies et du Jut-
lani) ; en 1842 il devint ministre d'État. Opposé
au mouvement libéral, il se démit en 1848 de
tous ses emplois; il fut en cette année éla dé-
puté à l'assemblée constituante. En I853 il fut
appelé À la présidence du ministère qui rem-
plaça celui de Bluhme ; il reçut les portefeuilles
du culte et de l'intérieur, qu'il échangea plus
tard contre celui de la justice. Une lutte à ou-
trance s'engagea entre le ministère et les cham-
bres; devant cette opposition le ministère décida
le roi à octroyer ( 26 juillet 1854 ) une nouvelle
constitution, mesure qui fut suivie de la disso-
lution de la chambre basse. Mais les nouvelles
élections furent encore plus défavorables au mi-
nistère, qui donna sa démission le 12 décembre.
Mis en accusation avec tous ses collègues,
Œrsted fut ainsi qu'eux acquitté en 1856. 11
vit depuis en simple particulier. Il a épousé une
sœur du célèbre poète Œhlenschittger. Con-
naissant à fond les législations des pays du
Nord, il jomt à une grande hauteur de vue
i|ne rare puissance dialectique. On a de lui :
Over Sammenhaengen mellem Dyds-og ReislX"
rens Princip ( Sur les rapports entre les prin-
cipes de morale et de droit ) ; Copentiague, 1798.
in-8*'; — Forsog til en rigtig Fortolkntng og
Bedœmmelse over Forordningen om Trykke
frihedens Grxndier ( Essai sur une juste inter-
prétation des ordonnances sur les limites de la li-
berté de la presse ) ; ib., 1801 ; — Supplément
til Nixrregard Forelœsningerjûver dJen danske
og norske private Ret ( Supplément aux coursde
Nœrregard sur le droit civil danois et norvégien) ;
ib., 1804-1812, 3 voL in-8<'; — Eunomtai
537 OERSTED
ib., 1815-1822, 4 Tol. în-S^ ; recueil de disserta-
tions sur des points de morale » de politique et
de législation; traduit en allemand, ib., 1S18-
1826, 3 yol. in-S"* ; — Hanâbog over den danske
og norske Lovkindighed (Manuel de jurispru-
dence danoise et noryégienne) ; ib., 1822- 1825,
6 Yol. in-8*; — For den danske Slaats Opre-
thùldelse i dens Heelhed (Maintien de l'inté-
grité de la monarchie danoise) ; ib., 1850 ; — Af
min Livs og min Tids Historié ( Ma Vie et THis-
toire de mon temps); ib., 1851-1856, 4 ?ol.
in-8* ; — Af den nyeste Tids skandinaviske
PolUik ( Sur la Politique Scandinave la plus ré-
cente) ; ib., 1857, in-S"*. Œrsted a aussi pu-
blié on grand npmbre d'articles sur des ma-
tières de droit et de politique, notamment dans
les recueils suivants, dont il a été le rédacteur
en chef ; Juridisk Archiv; Copenhague, 1804-
1811» 30 parties in-8'^, suivi du JV^e juridisk
Archiv; ib., 1812-1820, 30 parties, in-8°; —
Juridisk Tidskr\ft; ib., 1820-1830, 16 parties;
— CoUegial'Tidende; ib., 1815-1848. O.
£nlev, ForJatterLexikon, — Convw»aîUm*~Lextiuau
— Vapereau, Diet, des Contemporaint.
ŒRTEL OU ORTKLL {Abraham ) , en latin
Ortelius, savant géographe flamand, né en 1527,
à Anvers, mort le 28 juin 1598, dans la même
ville. Ses parents étaient originaires d'Augsbourg
et jouissaient d'une grande fortune. Dès qu'il
eut terminé ses études, il se mit à voyager : il
parcourut les Pays-Bas et une partie de l'Alle-
magne, suivit en Angleterre et en Irlande Em-
manud Meleren, son cousin, et visita lltalie jus-
qu'à trois fois. Dans ces différents pays, il s'oc-
cupa de relever exactement les inscriptions pour
reconnaître les anciens noms de lieu , et forma
avec les antiques , les bronzes et les médailles
qu'il recoelliit, nn des cabinets les plus intéres-
sants des Pays-Bas. Revenu à Anvers, il se con-
sacra tout entier à l'étude de la géographie, et
rivalisa dans cette science avec le célèbre Gérard
Mercator. Ce fut lui qui eut le premier l'idée
de réunir les cartes publiées jusqu'alors isolé-
ment par divers auteurs. Son Atlas lui fit don-
ner en 1575 le titre de géographe de Philippe II,
roi d'Espagne. « Cet ouvrage, dit M. de Macedo,
est un monument précieux pour l'histoire de la
géographie; il fera toujours époque dans les an-
nales de la science, parce qu'il a été Ui base de
tous les travaux géographiques entrepris depuis. »
Œrtel avait pour devise un globe terrestre avec
ces noots : Contemno et orna mente^ manu.
Il nKxirut sans avoir été marié ; sa sœur lui lit
élever dans l'église des Prémontrés d'Anvers un
tombeau dont Juste Lipse composa lui-même
l'épitaphe. Œrtel, surnommé \ePtolémée du sei-
zième siècle , a publié : Theatrum orbis ter--
ramm; Anvers, 1570, in-fol. : réimpr. un
grand nombre de fois, reproduit par fragments,
abrégé, corrigé et traduit en français, en italien
et eo espagnol, cet atlas est le premier travail
de ce genre qui ait paru dans le seizième liède;
— OERTEL
538
— Deorum Dearumgue capita e veteribus
numismatibus; Anvers, 1573, in-4°, et dans
le ThesauriLS antiq, Grxc, de Gronovius,
t. YII; — Synonfpnia geographica; Anvers,
1578, in-4o : excellent catalogue alphabétique
de tous les lieux cités dans les anciens au-
teurs, avec les noms diiïérents qu'ils ont portés;
selon M. de Macedo, on n'en aura peut-être
pas de longtemps un plus complet pour ce qui
concerne la géographie andenne. Avant de mou-
rir, Œrtel revit ce dictionnaire et en donna une
nouvelle édition, augmentée, sous le titre de Thé-
saurus geographicus (Anvers, 1796, in-fol.),
édition qui a servi de modèle aux réimpressions
de Hanau (1611) et d'Anvers (1624); on a publié
à part en 1666 les notes instructives qu'avait ré-
digées Luc Holstenius sur ce recueil; •— Itine^
rarium per nonnullas Gaîliie Belgicx partes;
Anvers, 1584, in-8° , fig. ; réimpr. soit avec le
Voyage dans la Frise de Godefroi Hegenitiua
(1630, 1661, 1667, in-12), soit avec quelques
Opuscules de Peutinger (1684). Jean Vivian»
négociant de Yalenciennes , qui accompagnait
Œrtel dans la Gaule Belgique, a pris part à la
relation de ce voyage; — Italia antiquœ spe*
cimen; Anvers, 1584, in-fol.; — Theatri orbis
terrarum parergon, sive veteris geographUs
tabul«; Anvers, 1595, in-40,. réimpr. plusieurs
fois et réuni à l'Atlas uiversel : on trouve dans cet
ouvrage, outre tout ce qui concerne la géographie
ancienne, sacrée et profane, quelques cartes de
pays imaginaires, comme les vallées de Teropé
et de Daphné; — Aurei sœculi imago; Anvers»
1598, in-4''i fig» - description des mœurs et de
la religion des Germains ; — Syntagma herba-
rum encomiasticum ; Levde, 1606, in-4<»; il est
plus vraisemblable d*attrtbuer cet ouvrage à
quelqu'un des nombreux homonymes d'Œrtel. K.
Fr. Sweert, Intlffnium ejus mai fKMtamm laerytMe in
oMtwnAhrah. Orte/M; Anvcn. 1601,1d-B«. — Foppens,
BMwih. belgieaf — Lorenso Cras!<o, Eloçii d^uomtnt
leUerati. — Bulhrt, Académie. — Macedo (De), Noiicê
sur Us travaux çéograph. d'Ortelius, dans les AnnaUw
des voyages de Malte-Bnio, II, iswm.
CBETBL {Jérâme ), historien allemand , né le
24 décembre 1543, à Augsbourg, mort à Nurem-
berg, le 14 mai 1614. Fils de François Œrtel ^
syndic d'Augsbourg, il reçut de bonne heure un
emploi à la cour de Vienne. En 1578 il fut chargé
par les protestants de réclamer auprès de l'em-
pereur Rodolphe le libre exercice de leur culte;
pour toute réponse on le jeta en prison et l'exila
ensuite. Il alla s'établir è Nuremberg, et s'adonna
entièrement k l'étude. On a de lui : Ungarische
Chronologie oder Besehreibung aller Bêla-
gerungen and Schlachten so in Vngam und
Siebenbûrgen mit den Tûrken von 1390 bis
1607 geschehen (Chronologitt hongroise, ou
description de tous les sièges et batailles qui ont
eu lieu en Hongrie et en Transylvanie dans les
guerres contre les Turcs de 1390 à 1607); Nu-
remberg, 1603-1613,4 parties, ln-4*, et 1665,
in-fol.; — Schone Bildnuss in Kupfer gesUh
539
OERTEL — OESTERREICH
ahen der hentmhtesien Weiber altes und
Neues Testaments mit jren Historien ( Beanx
Pertrait» grades gar cuiyre des plus célèbres
temme!( de FAncieB et du IfooTeau Testament,
.anpee leurs histoires); Nuremberg, 1610, et
1612, m-4''; Leipzig, 1636, in-S*; Hanovre, 1685,
în-24. O.
wm, ItQrtétrgittd^ GèlêhrtmihLnaom.
ŒRTBL ( Chrétien-Godefroi ) , publîciste aT-
lemand, né à Wittemberg, en 17i8, mort à Ra-
tisbonne, le 19 jain 1777. Il étndia le droit à
roniTersilé de sa Tflle natale, et devint en 1745
chancelier de la légation de la Saxe électorale
auprès de la diète de Ratisbonne. On a de lai :
Reichttags Diariumvon dem was unter Kai-
ser Franz I auf dem Meiehstag wn 1745 bis
1765 sick ergebm (Journal de la diète pendant le
règne de Temperear François 1*% de 1745 jusqu'en
1765); Ratisbonne, 1756-1766, 8 toI. in-4''; —
Sammlung der Aktensiûcke die Visitation des
kaiseriichen Kammergeriehts betreffend (Re-
cueil des documents relatifs k la Visitation de
la chambre impériale); ibid., 1763-1769, in-4^;
— Voilsiândiges C&rpvs gr&vamintÊm Evan-
ifeticorum ( Recueil complet des Gravamina
Evangelieorum) ; ibid., 1 771-1775, 8 vol. in-fol. ;
il avait d^'à publié en 1767 un Registre général
anr cette matière; — Sammhing der neuesten
Merkvnèrdigkeiten welehe in das deutsche
Staaisrechi einschtagen (Recneil des plus ré-
centes particularités cnrîeiises concernant le
droit public de rAllemagne); ibid., 1775-1776,
3 vol. in-4». 0.
WlU, Nûm^ergiiénet Gelehrtm Lexikon et le Supple-
mtnt de JNopitietb — KettseL, UxUi0u,
ŒSBR (Adam-Frédéric), peintre, monieur
et graveur allemand, né en 1717, k Presbour^,
mort à Leipsig, le 1» mars 1799. Après avoir
remporté à di&*liiii4 ans le grand prix de pei»*
ture à TAcadémie de Vienne, ii passa deux ans
dans Tatelier du sculpteur Raphaël Donner, ob
il acquit une grande habileté dans l'art de mo-
deler. Il accompagna ensuite cet artiste en Italie,
et vint en 1739 à Dresde pour se perfectionner
sous Dietrich et Mengs. En 1764 il devint direc-
leur de l'Académie des beaux-arts deLeipeig et
peintre de la coor de Saxe. Ses tableaux d'histoire
et paysages se distinguent par nne distribution
pleine d'effet des ombres et des lumières, et par
on emploi du clair^obscnr qui charme l*œil; il
ne participa que tvès-peu au goût maniéré de son
temps. Gœthe hii 're|Mt>che d*avoir trop fondu
ensemble les contours; mais il reconnaltrextrême
richesse de son talent, la grâce et la nûfeté de
son pinceau. Les principales toiles dXEser sont :
phisiemrs taMeaoi religieux placés à l'égilSe
Saint-If icola» è Leipcig; la Fythonisse d'En-
dor; Noé et ses fils; Le bon Samaritain;
Le Sacrifiée dt Abraham ; Les Pisdpies d'É-
maûs; isaac et ÊSait;^ La jeune Ceuseuse;
les portraUs de GêUert et de Jérusalem,
Œser a aussi peint k fresque phisieurs magnifi-
540
ques plafonds, la plupart à Leipzig; ses dessins
coloriés sont très-estimés. II a exécuté en plâtre
les modèles de la statue de Télecteur à l'Espla-
nade de Leipzig, dn monument de la reine Ma-
ttiilde de Danemark à Zelle, et de celui de Gel-
lert dans les jardina d*nn particulier à Leipzig,
œuvre qui lui vahit les éloges de Pigalle. Il s'a-
donna aussi à la gnvure à Teau-forte, et s'acquit
dans ce genre nne répntstion méritée. Ses prm-
cipales planches sont : La Cireoneision^ d'après
Eckoot; La Présentation au temple^ d'après
Rembrunit; La Famille de Jgano, d'après le
même; V Amour et Psyché; VBistoire con-
suttant la Vérité, Enfin, OSser a illostré de gra-
vures et de vignettes, conçues avec esprit et exé-
cutées avec une grande tnesse, plusieurs ou-
vrages, tels que la traduction allemande de GU
Btas,\e Cataloguedu cabinet de Winkler, etc.
Son fils, Jean-Frédéric-Lottis^ né à Dresde,
en 1751, mort le 15 mai 1792, a gravé à
Teau-forte une quinzaine de planches, parmi
lesquelles nous citerons : le Martyre de saint
Etienne, d'après Rubens; Lé Christ dans le
temple et La Cananéenne, diaprés Verdier;
L'Annonciation , la Présentation au temple
et Ze Magicien, d'après Rembrandt; La Garde
de nuit, d'après Salvator Rosa ; divers Monu-
ments funéraires, quatre feuilles de son faiven-
tiott. o.
Nigler, JUçem. Kûnstfer-LexiJbm, — Ersch et Grnber,
EnewctvpmdU. — Seume. Utber QEtêr (dans le Tmt-
tcher-Meratr, année 1791).
;œstsrlbt (Charles)i peintre d'hKtcnre
allemand, né à Gœttingne, en 1805. Après avoir
étudié l'histoire de l'art , il travailla à Dresde
dana l'atelier de Malthœy, et visita ensuite pen-
dant deux ans lltalie, et de retour à Gostti^jtte
en 1829^ il Ait nommé professeur d'esifaélique et
peintre de la ceur de Hanovre* Paimi ses ta-
bleaux , qui sont preaqve tous d'un giaad eflfet
et exécutés avec beaucoup d'habileté» ooos cr-
terona : L* Ascension du Christ, fresqar dans
l'égUse du château à Hanovre; — le Christ et
Ahasvérus; -^ Gotz de Berlàehit^en en pr^
son; — Départ dm jeune Tobie; — La Con-
versiom de Wittikind ; — La filU de Mphté;
— La Consécration de Samuetp — Le-
note; — - Le Christ bénissant les ei^/àists^ ele.
M. Ogsterley,. qui a publié avec Ottfriad MuUer
les iiroiifimeii<s de Vart ancien , a arnai exé-
cuté les cartons pour les vitraux de Tégiise du
château à Hanovtv; il s'est aoqnis une grande
réputation comme peintre de portnils. O.
ContermUtont-LfxUtim,
iB8TBRRBiGV(ilfafrAietf),graveur allemand,
né k Hambourg, en 1716, mort k Berim, ea
1778. Il fut sous'hispectenr de la garnie de
Dresde et en 1757 directeur de eelfo- de Saint*
Louis, dont il a publié nne description. Ita gravé
à l'eaii-ferte : Maecolta di XXIV caricature
disegnaêe per P. iLeofie Ghezzi ; Dresde, 1750,
et 1766; «. itecnei; de dessins tirés du ca-
541
OESTERREICH
binei du comte de Bruhl; Dresde, 1752,
40 planches, in-foi. ; — La Vierge avec V En-
fant Jésus f d'après An. Caracci; — Ptframe
et Thisbé; — la Sainte Famille^ d'après Pro-
caccini, etc. O.
Kagler, Kunstler» LexHUnu
CITINGBR i Frédéric- Chris tophe),ejiéç,ète
«t ecrifain mystique allemand, né à GœppingeD,
le 6 mai 17Q2, moKIe IQ février 1782. Ù exerça
depuis 1738 le ministère du saint Évangile» fut
surûotendant à Weinsberg, et devint prélat du
couvent de Murrhard. 11 fit une lecture atten-
tive des principaux mystiques, de Jacob Bœhme
sortout et de Swedenborg. Ses opinions, bizarre
mélange d'idées profondes et de divagations cbi-
loériqueSy eurent ua assez grand nombre d'ad-
hérents. II s'appliqua aussi longtemps à la re-
cherche de la pierre philosophai. Parmi ses
nombreux ouvrages , nous citerons : Die tiner-
forschlichen Wege der Herunterlassung Cot-
tes ( Les Voles inexplicables de la condescen-
dance de Dieu ) ; Leipzig, 1734 ; — Abriss der
evangeliêcken Ordnung zur f^iedergeburt
(Résumé des préceptes évangéligoes pour la ré-
ooration de l'homme ) ; Leipzig, 1735, in-S^; ~
Erklarung der Psalmen nach dem historis-
chen Wartversiande (£ipIjcation des psaumes
d'après le sens hiïvtorique}; Es^lîngen, 1748, et
Heilbronn, 1756, itt-8'*; — Inquisitio in sen-
sum communem et rationem pro judicandis
pkilosophorum theoriis ad normam Scrip-
tuTX sacrx ; Tubingue , 1753 , in-8» ; — Drey*
fâche SUtenlehre nach der Natur, nach der
hetligen Schri/t, nach Jesu Christo (Triple
Morale, selon la nature, selon l'Écriture, et
selon Jésus-Christ >; HeilbroDO» 1753, in-8'';
— Die BtUerische und Frickàschê Philoso-
phie ûber d$fi Musik { La Philosophie musi-
cale d*£uler et de Frick); Neuwied, 1761;
— Die Philo$0phie der Alten wiederkom-
mend tu der gûldenen Zeit (La Philosophie
des anciens reparaissant dans l'Age d'or ) ; Francr
fort, 1762, iii-8'' ; — Swedenborgê und*anderer
irdisehe wuC hàmmlische PhUoiophie (La
Philosophie de Swedenborg et de quelques an-
tres au siqet de la terre et du eiel) ; Francfèrt;
1766» inr8''; recueil de récits^ visionnaires; —
Theologia ex idem vitx dedmeta; ibid., 1765,
in-8'>; traduit en aUemadd» Stuttgftrd, 1852,
ia-8o : le meilleur ouvrage de l'auteur; —
BeurtheUung der Lehre von dmn Ztutande
nach dem Tode (Examen des doctrines sur 1'^
tat après la mort); 1771, ûi-8'*; — JU^ermireéB
caten» Homeri de transmutatUme metallO'
non s 1771, in-8<';— InbeçrVf der Grund"
weiâheit aus dsn Schriften Jakob Bœhme
(Résumé de la sagesse fondamentale, tiré des
éerits de Jacob Bsehiiie); Francfort, 1774,in-8«;
— Gedanken von den Fâhigkeiten zu emp'
findem und zu erkemnen (Idées sur les facul-
tés, de sentir et de connaître); ibid., 1775,in-8<>;
— Biàlisches und emblematieches Wôrter-
— œTTIiSGER 549
I buch dem Tellerischen entgegJtngesetzi ( Dic-
' tionnaire biblique et embléniatique, opposé h
\ celui de TeUer); 1776, iB-8<'; Shittgard» 1849;
— Œtinger a aussi traduit en aUemand et an-
noté le traité de Swedenborg Sur les Babïtants
de la terre f des planètes et des autres étoiles ;
1771, in-8*. Ses Œuvres compZè/cs se publient
en ce moment à Reutlingien. O»
Nemê gelehrUs ftiropo» t. XV. — Howr, /Fflrten-
tterçiscktt Celehrten-Lexikou, — Hinchlng, Ilandbueh,
— Mensel, Lezikon,
CBTTBR (Samuel-Guillaume, comte) , érudit
allemand, né le 25 décembre 1720, à (îoldcro-
nach, mort le 7 janvier 1792. IVommé en 1756
comte palatin et historiographe de la maison
d'Anspach , il consacrait à rétude approfondie de
l'histoire et de farchéologie tous les moments
qu'il pouvait dérober aux devoirs de son empky,
qu'il remplissait avec ta pins grande sollicitude.
Ses principaux écrits sont : — De poetis qui-
busdam medii xvi teutonieis^ tn primis de
Hugone Trienberga ejusque satgra vulgo
Renner dicta; ibid., 1747, in-4*; — Samm^
lung terschiedener Ifachrichten aus allen
Theklen der historischen Wissenscha}ten
( Recueil de notices diverses concernant toutes
les parties des sciences historiques); itM.,1747*
1749, 2 vol. in-8"; — Uistorische BlbliotheM;
Nuremberg, 1752-1753, 2 parties, in-8*; —
Wôchentliche Wappenbelustigangen ( Ré-
créations héraldiques hebctomadaires ) ; Augs-
bourg, 1762-1766, 8 parties in-4*; — Ueber
die Namen der Teutschen (Sur les noms pro-
pres germaniques) ; Schwabach , 1786, in-8* ; —
des articles et mémoires dans divers recueils ,
tels que les Wôchentliche Baireuthische his-
torisehe Ifachrichten , le Journal de Murr,
dans le Franhisches Àrchiv, etc. 0.
Fr.-G. OEtfer, Leben OEttert (Iforemberff, hm,
Iii-4I«). — F^cfecMCbeer. Gelehwtêi BOffmâh, t. VI. —
SchUebtegroU, IMarotog (aMéa 17n). - MeueU €•-
lehrUi Teutichland et Lexilunu — Hinchlng, Handbuch.
^ŒTTiaCiER (Edouard- Jfarie), journaliste,
littérateur et bibliographe allemand , né à Bres-
lau, le 19 novembre 1808. D'une famille juive,
il fit ses études à Tuniversité de Vienne, être-
dif^ depuis 1829 à BerUn, à Munich^ à Ham-
bourg, À Mannhelm, et enfin de 1841 à 1851 à
Leipzig phisieurs feuilles satiriques. Sa verve
mordante Uii valut ^n grand nombre de con-
damnations pour attaques contre les gouverne-
ments de l'Allemagne. Après avoir habité Paris
pendant 1852, il se fixa l'année suivante à
Bruxelles. On a de hii : EUlenspiegel ; Beriio,
1829-1830 : )0Hmal satirique , qui fut supprimé
par l'autorité prussienne^ à propos de quoi Œt-
tin^ écrivit : Der confiscirte Bulenspiegel
( La Saisie deV Bulenspiegel) ;ViambouTg, 1833^
2 parties, in-8'' ; — Dos schwarze Gespenst
(Le Spectre noir); Francfort, 1830 et 1836,
in-16 : recueil humoristique^ avec son pendant
DOÂ weisse Gespenst ( Le Spectre Ûanc ) ;
Leipzig» 1831 et 1836, in-8*; — ifarto; Berlm»
543
OETTINGER — O'FARRILL
544
1831, 10-12, poésies amoureuses; le Buch der
lÀebe (Le Livre derAmour); Berlin , 1833 et
1835, ml2; 1846 et 1850, m-16; et le Seue$
Buch dtr Liebe ( Nouveau Livre de TAmoar ) ;
Dresde, 1852, in-16; — Marabouts; Ham-
bourg,. 1835, in-S*; recueil humoristique; —
Bau de mille fleurs, roman parisien; Ham-
bourg, 1835, 2 vol. iii-8*; — Fashionable
Dummheîlen (Bèlises fashionables); Berlin,
1836, in-8^ ; — Panaché ^ nouvelles ; Hamboui^,
1837, 2 vol. in-8'*; — Bunte Karttnbilder
(Images bariolées); Grimma, 1838, in-8°;
— Der Ring der Noslradamus (L'Anneau
de Nostradamus ), nouvelles; Leipzig, 1838,
3 vol. in-8^ ; — Archives historiques conte-
nant une classification de seize mille ou-
vrages, pour servir à Vhistoire de toutes les
nations; Carlsruhe, 1840, in- 8'*; — Narrenal-
manaeh (Almanach des fous); Leipzig', 1843-
1849, 7 Tol. in-16; — Onkel Zébra, roman;
Leipzig, 1843, 7 vol.; — Ehstandsgramma'
iik (Grammaire du mariage); Leipzig, 1844;
— Bibliotheca Schahiladii; Leipzig, 1844; —
Venezianische Nàchte (Nuits vénitiennes);
Leipzig, 18i6 et 1851, 2 vol. in-8*; — Potsdam
und Sanssoud, roman; Leipzig, 1846, 3 vol.
in-8'' ; — Bossini; Leipzig , 1847 et 1851, 2 vol.
in-fio : ce livre, qui est plutôt un roman qu'une
biographie , a été traduit en français, Bruxelles,
1858, 2 Tol. in-16; — Sophie Àrnould, roman ;
Leipzig, 1847, 2 Tol. in-8o, — Teufeleien
(Diableries); Leipzig, 1847 et 1849, 2 toI.
jn.go; ^ Anleitung zur Kunst in vier und
zwttnzig Stunden ein vollendeter Gentleman
zu werden ( Instructions pour devenir en Tingt-
quatre heures un gentleman accompli); Leipzig,
1847 et 1852, in-S"* ;-- Dreissig Mittel sich
aiis allen Geldverlegenheiten zu heifen
(Trente Moyens pour sortir de tous les em-
barras d'argent ) ; Leipzig, i 848, in-1 6 ; — Biblio-
graphie biographique universelle ; Bnixtlles ,
1850 et 1854, 2 Tol. in-4* : cet ourrage, très-
précieux comme indication de sources, con-
tient la liste de tons les opuscules détachés qui
traitent de la Tîe des hommes remarquables;
— Clerodendron fragans ( Poésies amoureu-
ses ); Leipzig, 1850, in-16; — Kônig Jé-
rôme Napoléon und sein Capri{Le roi Jé-
rôme Napoléon et son Ile de Caprée ); Dresde,
1852, 3 vol. în-8«; — Iconographia Ma-
riana, lAteratur der vmnderthàtigen Ma-
rienbilder (Bibliographie concernant les Images
miraculeuses de la Vierge); Leipzig, 1852,
in-8*; — Mademoiselle Mars; Grimma, 1852,
2 vol. ln-8°; — Bacchus, recueil de chan.
sons à boire ; Leipzig , 1854, in-16; — Blu-
tende Lieder ( Chants de sang ) ; Leipzig, 1854,^
in-16 ; — Gesehichte des dànischen Bo/s von
Christian Y bis Friedrich VI r ( Histoire de
la cour danoise depuis Chrétien Y jusqu'à Fré-
déric VII); Hambourg, 1857-1859, 8 toI. in-8<».
O.
Conversatimu-Lexikon. •> OEttingtr aueh ein Zeit'
gmoue {Hambourg, 1B37).
ŒXMBLiif (Alexandre-Olivier), Toyageor
et historien français, né vers 1645, mort
après 1707. Dans son Histoire des flibustiers,
qui est la relation de ses propres aventures, il
se tait sur la première partie de sa Tîe. Il fot
embarqué le 2 mai 1666, sur unTaisseao delà
Compagnie (française ) ocddentale des Indes et
employé par La Vie , commis général de 111e de
La Tortue, aux travaux les plus pénibles. Ar-
raché à son maître par rintervenfioii du goa-
Temeur royal, M. d'Ogeron, il prit place soroa
navire d'aventuriers qui partaient en course.
Nous ne le suivrons pas dans ses nombreuses ex-
péditions, dont il a lui-môme donné les détails dans
son Histoire des aventuriers flibustiers qui
se sont signalés dans les Indes; contenant
ce qu'ils ont fait de remarquable, leurs
mœurs, leurs entreprises, avec la vie, les
mœurs et les coutumes des boucaniers et des
habitants de Saint-Domingue et de La Tor-
tue; une Description exaciede ces lieux, etc.,
ainsi que V Histoire de la chambre des comptes
des Indes Occidentales, etc.; Paris, 1686, et
Trévoux, t744,in-l2;LyoD, 1774, 3 vol. iû-12;
le t. I est terminé par une Histoire des Ani-
maux et des Plantes de V Amérique; le t. III
contient le Journal du voyage fait à la mer
du Sud, avec les flibustiers, en 1685-1687 par
Raveneau de Lussan; Trévoux, 1775, 4 vol.
in- 12, avec cartes et planches. Le t. IV de cette
édit. contient V Histoire des pirates anglais.
Aé DB L.
Préface et les deux premlen toI. de Vaut, des tnar
turters/UbuttUn, etc. (édlU de Lyon, 1774).
o'rARMLL(Don Gonzalo), général espa-
gnol, né le 22 janvier 1754, k La Havane, mort
k Paris, le 19 juin 1831. Il Ht ses études en
France, retourna en Espagne, et Gt ses pre-
mières armes en Afrique à la défense de Melilla
(7 décembre 1774-16 mars 1775 ) et à celle d'O-
ran ( 14 et 15 octobre 1780). Il assisU ensuiCe k
la prise de Minorque (4 février 1782) et au
siège de Gibraltar (juin à décembre 1783).
Il prit, en 1793, le commandement d'an corps
d'armée , repoussa les Français à l'attaque de la
Runa (26 mars 1794) et fut blessé aux joamées
deXecumberry et de Tolosa (9 août). En 1793,
nommé quartier-maître de l'armée de Catalogne,
il rejeta Augereau de l'autre côté de la Fluvia
(5 et 26 mai ), et se distingua h la bataillede Pootos
(14 juin). Le succès des journées de Benolas et do
col d'Oriol lui ouvrait le Rousslllon lorsque le
traité de BAIe vint ( 22 juillet ) arrêter sa marche.
O'Farrill , nommé commissaire général poar la
ûxation des limites entre les deux puissances
(cette délimination n'eut lien qu'en ISOO),
fut promu au grade de lieutenant général (S sep-
tembre 1796). En août 1798, il fut nommé am-
bassadeur à Berlin. Lors du traité de Fontai-
nebleau ( octobre 1807 ), il commandait en
Toscane une division de troapes eqMgnoles.
M5
O'FARRILL — OFFA
546
Le 10 avril 1808, il fat appelé par Ferdinand à
faire partie de la junte gouYemementale ; bientôt,
après quelques tentatives de résistance, il se
rallia à Joseph Bonaparte, et accepta de lui le
ministère de la guerre. Lorsqu'en 1814 Ferdinand
fut remonté sur le trOne, O'Farrill adressa à ce
monarque une lettre dans laquelle il cherchait à
expliquer sa conduite; Ferdinand se montra inexo-
rable : O'Farrill, déclaré traître à la religion , au
roi et à la patrie, fut condamné à mort et ses
biens furent confisqués. Il se réfugia à Paris, où il
Técut dans la retraite. On a de lui ( avec Miguel-
José Azanza ) : Memoria sobre loê ftechas que
jusHfLcan $u conducta polUica desde marzo
1808 àasta april 1814; Paris, 1815, in-8*',
trad. en français par Alex. Fendras; Paris,
1815, in-8^ A. n'E— p— c.
Andr«« Murlfl. NaUcê tur D. GomoIo OrFarrUl:
Paris. ISSl, to-8*. — R"* ( Bonrgolng ), Mém. ïïur ta der-
nière guerre entre la France et VEipagne dans les
Pfrenéei occidentalet (Parti, IMI, ln-8«).
OFELLA ( Q, Lueretius ) , général romain,
tué en 81 avant J.-C. U appartenait d'abord au
parti démocratique, qui après la mort de Ma-
rins essayait de tenir tète à Sylla, revenu victo-
rieux de son expédition contre Mithridate. Il
déserta du cOté de Sylla, et quoiqu'il n'eût {kis
encore donné de preuves de capacité militaire ,
il reçut de ce général le commandement du
Uocns dePréneste, on le jeune Marius s^était
réfugié, en 82. La ville de Préneste fut forcée de
se rendre, et le jeune Marius se donna la mort.
Fier de ce succès, Ofella aspira aux plus hautes
dignités de TÉtat, et fit même quelque tentative
ponr rallier autour de lui les débris du parti
démocratique. Sylla vit d*abord ce projet avec
dédain; mais quand Ofella, qui n'avait été ni
questeur ni pniteur, et qui était encore dans
l'ordre équestre, sollicita le consulat , malgré les
prescriptions de la loi De magistratibus, rendue
par le dictateur, Sylla le fit appeler, et lui repré-
senta qae sa candidature était illégale. Ofella
n'en persista pas moins dans son entreprise, et
le présenta an forum avec une suite nombreuse
de partisans. Sylla, irrité, le fit tuer sur-le-champ
par an centurion. La foule s'émut, et menaçait
le centurion. Alors le dictatenr déclara que tout
s'était fait par son ordre, et il ajouta cet apo-
logue : « Un campagnard qui labourait était in-
commodé par la vermine ; deux fois, il quitta la
charme, et secoua sa tunique ; mais se sentant
encore piqué et ne voulant pas se déranger plus
souvent, il jeta sa tunique au feu : je vous ai
deux fois abattus, prenez garde que la troisième
fois j'aie recours au feu. » Dans la réaction dé-
ou)cratique qui suivit la mort de Sylla, Beltienus,
le centurion qui avait tué Ofellà , fut traduit en
justice par Jules César, sous Tinculpation de
meurtre , et condamné. Y.
Appten. Bel. «io., I. as, 9k, m. — Platarqae, SulL,
», 33. - Tlle-Uve, £ptt., SS, 89. - Velleias Partcr-
cala». 11, 17. >• AtcoDlos, Schol. in Tog. eand., p. 9f,
édit. Oreill. — Lion Casstus, XXXIV, Pragm., m-,
XXXVII, 10.
KOCY. BtOCR. CÉNÉR. * T. XXXVIII.
OPFA, roi de Mercie,raort en 794. En 767,
après que le roi de Mercie Ethelbald eut été as-
sassiné , Offa , qui était de race royale , dis-
puta la couronne au than Beomred , et le défit
entièrement II employa les quatorze premières
années de son règne à consolider son autorité,
ce qui l'obligea, an dire d'Alcuin, à répandre
beaucoup de sang. En 771 il soumit les Hes-
tinges dans le Sussex et enleva deux ans après
le pays de Nottingliam aux Northumbriens. En
774 il attaqua le roi de Kent , le batUt à Olfort,
et lui fit reconnaître sa suzeraineté. En 777 il
se tourna contre Cynewulf , le puissant roi de
Wessex, letorçaè la cession d'Oxford, deGloce»-
ter et d'autres villes; U conquit sur les Bretons
le territoire compris entre la Sevem et la Wye,
et le peupla de colonies saxonnes; pour les ga-
rantir des Invasions des Bretons, il fit élever
entre l'embouchure de la Wye et celle de la Dee
un rempart muni d'un fossé long de plus de
cent milles, et qui servit pendant plusieurs
siècles de délimitation entre l'Angleterre et le
pays de Galles; des restes en subsistent encore
aujourd'hui. Ces conqaètes, sur lesquelles les his-
toriens ne nous ont pas laissé de détai Is, assuraient
à OITa la suprématie sur toute l'heptarchie anglo-
saxonne; aussi obttnt-il,au synode tenu «i 785
dans son royaume par les légats du pape, que
la ville de Lichûeld, qui lui appartenait, fût
érigée en métropole pour les é?échés entre la
Tamise et l'Humber ; à ce même synode il s'en-
gagea pour lui et ses successeurs à payer tous
les ans au saint-siége la somme de trois cent
soixante-cinq mancuses, redevance qui reçut
le nom de romescoi. En 787 il vit arriver à
sa cour Egbert, jeune prince de Wessex , qui
fuyait les persécutions deBrihtric, l'usurpateur
du trâne de ce pays; mais au lieu d'aider Eg-
bert à faire valoir ses droits, Oiïa ,' persuadé
qu'un souverain illégitime serait plus dans sa
dépendance, donna sa fille Eadborgeà Brihtric.
Dans l'intervalle, diverses fraudes employées par
les fabricants anglais avaient troublé les relations
commerciales, déjà très-actives, entre l'Angleterre
et le royaume franc. D'un autre côté, OfTa n'a-
vait pas encore pardonné à Charlemagne de n'a-
voir pas voulu lui livrer les thanes rebelles à son
autorité, et qui s'étaient réfugiés sur le continent.
Une entente cependant était sur le point d'être
conclue, lorsque la proposition que fit Oiïa d'un
mariage entre son fils et une fille de Charle-
magne blessa l'orgueil de ce prince , qui avait
pourtant admis jusqu'alors que le roi de Mercie.
traitât avec lui sur le pied de l'égalité (1). Cliar-
Icmagne cessa brusquement toute relation avec
Offa et interdit aux marchandises anglaises l'en-
trée dans ses ports. Mais en 790 Alcuin parvint
à réconcilier les deux princes. Peu de temps
après, Charlemagne s'engagea par traité à faire
(1) Dam wa lettrée à Offa Charlema^e rappelle * le
plas pQltsantdea roia chrétiens de rOoeat, ■ena'iDtUulaaC
tul-meme « le ploa pulaaant dea rola chrétiens de i*Bst *.
18
547
OFFA — OFTERDINGEN
54a
respecter dans son royaume la sécurité îles pè-
kitw et des négociants de Merde. En 791 Ofia
rc^t d'Ethdbert, le jeune rci d'Esl-Anglie, la
demande de la nutin de sa fHle Etheliide ; il
y répondit arec politesse, et invita Ethelbert à
Tenir assister aax fêtes de sa conr. Là il le fit
assassiner à la sortie d'an festin» el s'empara
inunédiatementde TEst-Anglie. 11 essaya en vain,
par de {grandes démonstrations de doolenr et
en faisant élever à Ethelbert un magnifique tom-
beau, de se disculper de ce meortre, qui loi avait
été conseillé par sa femme Cynédride (i). Peu
de tempe après il moumt, rongé de remords.
Son fils unique, Egferthy qui lai snecéda, ne lut
snrvécut que quatre mois; deux de ses ftlles
moururent dans le cloître; Eadburgê^ la troi-
sième, après une vie dissolne et crinsineNe, ter-
mina son existence à Pavie, dans la plus grande
misère. Ainsi fut puni le meortre d*£thelbert. 0.
Mooaclius Santilbensli , KUa Of/m. — Atser, 4n-
%aUi. — De ge^ii Et/reéi. -' Ckronicon saxonteam.
— Guillaume de Malmetbury. — Bède. — Hoveden. —
— Huntingdon. — Turner, Hiftorif of tht Anglo-Saxons.
OFFENSTKIR { Fratiçois-JosepH , baron),
général français, né le 27 jnîllet 1760, à Erstein
( Alsace ), mort le 27 septembre 1837. Après
avoir servi comme simple soldat pendant dix
ans, il devint, le 2 octobre 1791, chef du l"* ba-
taillon du Bas-Rhin , prit part aux campagnes
de la république, et fut nommé général de bri-
gade et général de division, le 23 août et le
25 septembre 1793. L'année suivante il se si-
gnala à la prise de la Montagne Verte, près de
Trêves, et, chassant devant lui les Autrichiens
fugitifs, il entra dans cette ville, qu'il préserva
du pillage \ les magistrats lui témoignèrent leur
reconnaissance en inscrivant son nom snr les
registres de la commune et en loi décernant
le titre de « sauveur de la cité ». Quelques jours
après il fut destitué par arrêté des représentants
Hentz et Goujon ( 24 juin 1794), arrêté an-
nulé par te comité de salut public ; mais il ne put,
le 27 août suivant, reprendre du service qu*avec
le grade d'adjudant général chef de brigade.
En 179911 pas.^a avec son gi%ide dans la cavalerie.
Dans sa dernière campagne, ft eut le bras gauche
fracassé, au combat d'Heilsl)erg. K.
JBiogr. nouv. des etmtemp. — Archivai de Phonnêur,
OFFERHACS ( Leonhard), historien hollan-
daiSj né le 36 décembre 1699, à Hamm, en West-
phalie, mort le 18 octobre 1779, à Groningue. Il
était fils de Christian-Gerhard Offerhaus , mort
en 1758, qui professa l'histoire et la théologie à
Hamm, et dont on a plusieurs ouvrages de piété.
Leonhard fut appelé en 1725 à enseigner l'histoire
et Péloquence au gymnase de Lingen. Trois ans
après il accf^pta une chaire du même genre à Gro-
ningue (1728), et y joignit en 1744 l'emploi de bi-
bliothécaire de l'université. Ses principaux écrits
sont : Compendium historiae universalis;
ff) UmohirdeStlntAIbflitest seul à nier la compUetté
d'OCfa, le Condtteor de cette célèbre abtoye.
Groningue, 1760, 1751, 1775, in-8o : c'est une
refonte du Eaiwnmriuni tempomm de Petaa,
dans le sens des doctrines religieuses des pr»-
iestants; — CompendiMm historié fœderati
BelgM; 1763, in-8«; ^ SpicUegiormn kUUh
ficorum Hb, III. K.
/•Mb do Rhœr, OntUo/tm. in oMtnm U OfferkmuUr
GcoDlnmie, ITSQ, lû-^, — Sax, OnoBMutiMn, VL -
Hciiael, UxkJboUé
o'FinBLT ( AfMirtce), prélat irkindais, nort
le 25 mai 1513, àGalway.ll fut connu sous le
nom de Maorice De /^or/v, du lieade sa naissance,
placé dans un port de l'Irlande, Down ou Galw^y
selon les uns, Baltimore selon les autres. Il fré-
quente l'université d'Oxfwd, et y prit l'habit de
Saint-François; puis il alla étudier la philosophie
et la théologie à Padooe. Vers 1480 on le retrouve
à Venise, où les imprimeurs Octavien Scbott et
LocatelR l'employaient en qualité de correcteur,
fonctions que les gens les plus instriiîts s'hono-
raient de remplir à cette époque. Après avoir
reçu le diplôme de docteur à Padone, où il en-
seigna les arts libéraux , il fut élevé par le pape
Jules II à la dignité d'archevêque de Toam
(1506); mais il ne se pressa guère de se rendre
à son poste, et continua de résider tantôt à Ve>
nise , |)lus occupé de scoUstique et de lettres
anciennes que des intérêts de ses ouailles. £b
1512 il assista aux deux premières sessi^uis du
concile de Latran, et en 1513 il se décidai
partir pour l'Irlande ; à peine était-il débarqné qu'il
mourut subitement, sans avoir mis le pied dans
son diocèse. Il touchait alors à sa cinquantième
année. Ce prélat, aussi savant qu'aimable, reçut le
surnom de Flos mwndi. On a de lui : Expo^t»
in quœsiiones dicUecticas Joannis Seoii t» Isa-
gogen Porphgrii ; Ferrare, 1499; Venise, 1512,
m-fol.; — Concordantix et castigaUonts ta
meiaphgiicalia docLSuàlilis; Venise, 1501,
in-fol. ; » CompêndiuM verUaâtim IV Mr,
Sententiarum; ibid., 150ô,in'-4" : en vers léo-
nins; — De rentm eomtingentia et dioiHm
pradestinatione ; ibid., 1505, in-4*; -^ Cem"
mentaria doctoris SubHlis /. ScoH in XII
lib, Metaphgshcœ ÀrisioUliês iïAà^ 1507,
in-ft>L; — Bnchiridion fidei; ibid., 1509.
in-4°; — ÈpUhemata in formalitatum i^ms
de mente docUnris SubtilU; ibid., 1514, m-fol. ;
c'est le même ouvrage que celui que Possevin
nomme Théorème» pour l'explication du sens
de Scot; ^ Dictionarium SacrêP Seripiurx:
ibid., 1603, in-foL; l'impression de œ diction-
naire fut intenron^nieao mot exêtinçuere; nais
il en existe, diton, une copie complète en ma-
noserit à la bibliothèque Bodleyenne ; — des 5er-
mone ; Paris, 1587, 1589, 1591, in-4\ P.
Wood , Athenm Oxom* — Poisprlii , Jpparaivfi
- Jean de Satot- Antoine, BiblMh, /ramiMtftatf* H.
OFTBftsiRGitK ( Henri n' ), minnesinger du
treizième siècle. Il naquit , selon toute appa«
rence, dans la haute Autriche, au chêteao d'Of-
terdingen, dont les ruines se voient encore sur
549
U roule d*EAerJiog à Ebdsberg, entre le Dar
Dobe el 1a Traoa. En tous eas , son origine aur
trichieone nous semble suffisamment démo»-
tfée jpar le rAJe qu'il joua dan» le combat poé-
tique de Waitbowg. 11 exalta les mérites de
LéopoM , doc d'Antriche, et le mit an-dessus
de tous lés princes de la terre , malgré la colère
el les nenaees de WoMram d'Eschenbach et des
antres dmntenrs. Nous ne voulons pas dire peur
cela que les strophes attribuées à Oflerdingen
dans le Wart^rger Krieg aient été récHe-
ment composées par lu»; mais Tantenr de ce
poème, dont nous avons apprécié ailleurs l'an-
tfaentlcité ( voy. Kungsor ), aora dû nécessaire-
ment se conformer à la tradition qui faisait de
notre mlnnesinger le champion du due d'Ao-
triehe. Henri d'Oflerdînger a joot an moyen âge
d\ifie grande et durable réputation : les meis-
tersœnger l'honoraient comme un des pins il*
lustres chefs de leor école; son nom seiêtrooTe
en tête de quelques lieder conservés dans le
manoscrit de Colmar, et snr le titre d*0B ma-
nuâcrit de la collection Ambrass on Usait : De
0/ierdingen poemm germanicuiti ammtoréum
et équestre. Mais le principal litre littéraire de
Henri , et celui qu'on peut moins lui contester,
c'est d'avoir composé Laurin; on trouve en
effet À la fin de ce dernier poème dans le ma-
nnaerit de Fribourg les vers smvantt :
ndnrich von (Kterdln^oi
DIese oAve gediehiet bac,
DMi lie so metaierUchen «tat.
Dm waren Im die Fûrsten boit
Und gabeo Im Silber and Gold.
nêtm POenaing ond retebe wat »
HtovU daa Baehiain Kadt bat.
De rétroîte parenté qui unit Laur^ aox autres
poëoiesdn cydegermanique, piiuneors critiques
ont conclu que Oflerdingen avait également com-
posé BUerolJ^ NiMungem Klage, ci roftme
répopée dont rAllemafpie est si fière , les liibe-
hmgen; mais les preuves sur lesquelles ils ont
appuyé leur hypothèse ne nous semblent point
décBiives ; boqb renvoyens du reste à lears tra-
vaux 9 notamment an nvont livre de M. de
SpaoD : ffeiHrieh «e» OHeréUngen und dos
Jnb9iumgmlied^ tin Venmk 4m Diekter
und dm Bpos/ûr Œsterreiek zu vindtziren
( Unr , 1840 ). Aleunére Pet«
Bèronim t. mtt, Vber din SëmçmrkrUig auf ïFmt-
bmrg: Wainar, I8S1, — Toscano del Barmer, IU« dent-
sche NattonaltiUratur der ffesavmten (ânder der OËs-
tgsrefft^ien Monarchie; Vienne, 19M. — Ragen, Mu-
f/im nltâ. lHêratur «Mt iCapul.y>Berila, isio.
ii { Vincent ), Tun des promoteurs de Tin-
Mirredien de Saint-Domingoe, où il était né, vers
1 7âO, et oè il fut roué» le 26 février 1791 . Qooi-
^e àe sang mêlé, il appartenait k une faroiile
Utore et reçut une assez bonneédacation. Il servit
d'abord à Télranger, et mérita le grade de liente-
nant-ookmeK De retour dans sa patrie « il profita
de Tesprit d'émancipation qui aji^ait la France
pour réclamer les droits que les colons refusaient
de couleur. Député à Paris auprès
OFTERDINGEN — OGÊE
3M
de TAsseroblée Constituante ( 1789), Ogé m lia
avec les principaux chefs de la Société de» aBiis<
des noirs, visita l'Angleterre et de xelour en
France, U vit Bara^ve , qui se fit son Mrocat el
supplia l'Assemblée de ne pa» rioler les lois di-
vines et naturelles en divisant K'bumaoité en deux
parts : les maîtres» les esclaves. U joutait ce
mot resté célttbce : « Périssent les colonies plutôt
qu'un principe. i»L' Assemblée rentoy a la pétition
des n^ophiles k un comité. Désespérant d'ob-
tenir on snccès par les voies pacifiques, Ogé ré-
solut d'employer la force. II se procura des armes
et des munitions aux États-Unis, et débarqua à
Saint-Domingue près du Cap , le 23 octobre 1790.
Dès le lendemain il leva l'étendard de l'insur-
rection, à la tète de deux cent cinquante à trois
cents baromea. En même temps il écrivit au pré-
sident de l'assemblée coloniale dite de Saint-
Mare et à M. de Vincent, commandant militaire
du Cap, leur offrant de déposer les armes s'ils
consentaient enfin li mettre à exécution le décret
de l'Assemblée nalioBale du S mars précédent,
donnant sans distinction, à tout citoyen libre le
droit d'être admis à toutes les^ charges. Le gou-
vernement répondit en mettant à prix la tète de
d'Ogé et en envoyant contre lui un corps de
troupes; Ogé le repoussa à Dondon, lieu de son
habitation, et marcha vers la Grande-Rivière. De
Saint -Vincent, à la tèie de six cents hommes avec
ciBq pièces decanon, vint l'y attaquer. Après une
héroîquerésistance, les mulâtres furent dispersés.
Ogé, son lieutenant Chavanne et quelques autres
chefs, réussirent à gagner la partie espagnole de
nie; mais, réclamés par VassemUée coloniale du
nord, ils furent arrêtés par les autorités espa-
gnoles, qui les livrèrent è M. Rouiel de Blancbe-
lande, gouverneur général de Saint-Domingne.
Ogé fut condamné à être roeapn vif. 11 s'indigna
vivement de cet arrêt, qui lui infligeait le sup-
plice réservé aux malfaiteurs de la pire espèce.
Chavanne partagea son supplice. Leurs têtes fti*
reot exposées sur des poteaux et leurs biens
confisqués. A. ne L»
Dtlfnas, névohato» de 5a4nt-l>onte0««, t. J, p. si.—
Le vicontc PamvbUe de Lacroix, Mémoires pour servir
à Chistoire de la révolution de Sinnt- Domingue ( Paris,
18Ï», ï Tol. In-S»), chap. IV. — Débats dans rttf/airet
des eoUndes (B&tratt de la proeédwe d'Ogé), t. I.p^ 17-co,
tlOlSK — Malenfant, Uisi. des eoloniss, etc., p. S^S. —
Mackensie, Notes on Haïti, t. It, note R. n<» i-4. — A. de
UmaillDe. HM. des Girondins, t. II, Uv. X, p. fS-M.
OGÉE {Jean), géographe français, né le
25 mars 1728, à Chaource , dans le diocèse de
Laon (1), mort le 6 janvier 1789, à Nantes. Fils
d'un capitaine au régiment de Montereau ( infan-
terie), il suivit aussi la carrière des armes, et fSt
dans la gendarmerie royale les campagnes de
Flandre. En 1748 il entra dans le service des
ponts et chaussées de Bretagne, où il fut ingé-
nieur géographe. Il s'occupait de rassembler
(1) M. MIorcec de Kerdanet le fait lutltre à Nantes;
celte assertion n*a pas été vériQée par les éditeurs de U
rélmpresilon du Oiet. de la Bretagne.
IS.
551
OGÉE — OGIER
les matériaux d*une Histoire de NaDtes, lors-
qu'il mourut, à soixante ans. On a de lui :
Atlas itinéraire de Bretagne^ contenant les
cartes particulières de tous les grands che-
mins de cette province avec totu les objets
remarquables qui se rencontrent aune demi-
lieue à droite et à gauche; Paris, 1769, in-4®
obi. ; — Dictionnaire historique et géographi-
que de ta province de Bretagne, dédié à la
nation bretonne; Nantes, 1778-1780, 4 toI.
in-4*;nouT. édit., revue et corrigée, ibid., 1840-
1844, 2 Yol. gr. in-8**. Cet ouvrage a été analysé
dans le Journal encyclop. (mars, aoôt et dé-
cembre 1779). « C*est celui, rappoite-t-on, qui
coûta le plus de soins et de veilles à son auteur;
car il Pavait commencé en même temps que ses
cartes. Toutes les notes historiques et d'intérêt
local furent prises en fixant les positions géomé-
triques. Gaymar, dans ses Annales nantaises ^
prétend que les états de Bretagne, dont plusieurs
membres ne se trouvaient pas flattés dans ce
dictionnaire, s'opposèrent à sa circulation. » A la
fin du t. rv, Ogée déclare que ce Dictionnaire
a été rédigé par un Jeune homme, nommé Gre-
lier, maître es arts de l'université de Nantes. On
doit encore à ce géograpAe les cartes du comté
nantais (1768) et de la Bretagne (1771); cette
dernière a été contrefaite en Angleterre, et on en
trouva plusieurs exemplaires sur les émigrés
lors de la descente à Quiberon, en 1795. P; L.
Journal encfclop., lœ. dt. — Mtoreec de Kerdanet,
Notices sur les écrivains de la Bretagne. — Bioifr, nottv.
d«s Contemp.
06BR0N DE LA BorÈRB {Bertrand h'),
marin français , né en Anjou, en 1615, mort à
Paris, en décembre 1675. Il entra dans le régi-
ment de la Marine, où il devint capitaine en
1641. En 1656 il organisa une expédition pour
coloniser Ouatinigo, territoire de l'Amérique mé-
ridionale; mais il dut renoncer à ce projet. Il ré-
solut de se fixer à La Martinique, et sollicita de
Jacques Diel du Parquet, qui en était lieutenant
général, la cession de ta partie sud-ouest de l'Ile
qui s'étend depuis la pointe des Salines jusqu'à la
baie aux Oiseaux ; mais la mort de du Parquet
(3 janvier 1658) empêcha cette transaction. Après
d'autres essais de colonisation infructaeux, il se
fit nommer, en 1667, gouverneur de l'Ile de La
Tortue, puis de Saint-Domingue, refuge de fli-
bustiers. L'Ile Saint-Domingue était alors le refuge
de nombreux chasseurs, surnommés boucaniers,
qui y vivaient presqu'à l'état sauvage. Plusieurs
d'entr'eux invitèrent d'Ogeron à venir fonder
dans leur Ile un élablisseroent qui put les mettre
à l'abri des attaques continuelles des Espagnols.
D'Ogeron accepta ; mais il fit naufrage en abor-
dant à Léogane. En 1673, il établit une colonie
dans la péninsule de Samana, sur la côte orien-
tale de rile et à vingt lieues de Saint-Domingue.
L'année suivante d'Ogeron passa en France pour
soumettre à la cour les moyens de conquérir
toute rile; mais il succomba à une afTection con-
553
tractée en Amérique. De Poincy, son neveu , lui
succéda comme gouverneur de La Tortue ( 1 6 mars
1676). A. dbL.
Le P. Datertre, HUtoIre générale des JntUles, 1. 1«.
— Moreto de Salnt-Méry, Description de la partie fraef
çaise de ScOnt-Domingue. — Lois et coiutitvtloiis des
colonies françaises, 1. 1*', p. 18, 100, ITS, 193. — Clurle-
▼olx, Hist. de Saint-Domingue, i. II, llv. VII et Vin. -
Rsynftl, Hist, pkilosopkique des deux Indes, Uv. Xltl,
cbap. xzziv, XXXV. — CBuneUn , HisL des aventuriert
fiUntstiers , 1. 1, chap. 1-7.
OGGiONB. Voy. Uggiokc ( Jforoo ).
OGiBR (Simon), en latin Ogerius, poète
latin moderne, né à Saint-Omer, mort vers 1610,
était docteur dans l'un et l'autre droit. « Les
titres de ses ouvrages, dit Paquot, dont quel-
ques-uns sont assez bizarres, font juger que
l'auteur savait le grec. » Mous citerons les mor-
ceaux suivants : Irène et Ares; Douai, 1588,
in-S"; Canlilenarum piarum enneades II;
ibid., 1592, in-8*; — EncomUorum liber; ibid.,
1597, in-8». P.L.
Pjquot, Méwtoires, 11, 4lS>4U. — Picn, Biogr. de
Saint-Omer,
OGIBR (Charles), littérateur français, né i
Paris, vers la fin de 1595, mort le 11 août 1654.
11 fut avocat au parlement de Paris. Devenu se-
crétaire de Claude de Mesmes, comte d'Avaux,
il accompagna ce seigneur dans ses ambassades
de Suède, de Danemark et de Pologne. Au retour
de ce voyage, il se retira alors cliez les chanoines
réguliers de Sainte-Geneviève. On a de lui : Ephe-
merideSf sive iter danicum, suedcum, poUni-
cum; Paris, 1656, in- 12. Cette relation est sou-
vent entremêlée de vers latins, et contient k la
fin quelques lettres de Nicolas Bourbon et du
comte d'Avaux.' P. L.
Gonjet, BiMiotk, françoiie. - UorM. Cretn* DkU
Mst,{éfLVI$9),
OGIBR (François), écrivain français, frère
cadet du précédent, né vers le commencement
du dix-septième siècle, mort à Paris, le 38 juin
1670. On ne connaît guère sa vie que par ses
écrits. Ses biograplies ^disent que dès sa jeu-
nesse il montra pour les lettres un goût pro-
noncé, dont son frère atné et son père, avocat au
pariement, hif donnaient Texemple. Il embrassa
l'état ecclésiastique, et ses talents ne tardèrent
pas à lui conquérir une certoine réputation de bel
esprit dans le monde et d'orateur dans la chaire.
Jeune encore, il eut le titre de prédicateur du
roi, et obtint quelques bénéfices, d'où la qualifi-
cation de prieur, sous laquelle il est le plus sou-
vent désigné. Malgré sa profession, Fr. Ogier
semble avoir été, du moins dans la première
partie de sa vie, un homme du monde, fort mêlé
à la société des jeunes seigneurs, avide de re-
nommée et de bruit, et peif tourmenté de scru-
pules dans sa passion pour la littérature. U dé-
buta par un coup d'édat. Le père Garasse ve-
nait de publier sa Doctrine curieuse (16^)>
où il attaquait, en un style violent et bouffon, les
beaux esprits de ce temps, la même année,
553
OGI£R
564
Fr. Ogier, quoiqae personneUement désintéressé
dans le débat, lança contre cet outrage son Ju-
gement et Censure de la Doctrine curieuse ,
où ii prenait les armes de son adversaire pour
les retourner contre lui. Fut*ce simplement,
comme il le voudrait faire croire , par le désir
de défendre des gens de bien et de mérite injus-
tement attaqués, et par l'indignation que lui ins-
pirait l'auteur, « mieux pourvu des conditions
nécessaires à un poète satirique et à un farceur
que non pas des qualités convenables à un doc-
teur catholique ; » ou, comme Tinsinue Garasse,
fut-ce par Tinfluence des fils de Pasquier, irrités
des attaques dirigées contre leur père par le jé-
snite, surtout dans ses Recherches des Recher-
ehes ? Garasse va même jusqu'à dire qne, « comme
ils estoient assez foibles des reins, ils avoient,..^
avec nne pièce d'argent, substitué à leur place
un homme d'assez IxMme mine pour un soldat,
assez mauvaise pour un ecclésiastique ». Mais il
est nécessaire de se défier des gentillesses de
Garasse ; d'antre part, il est prudent de ne pren-
dre que pour ce qu'elles valent les explications
d'Ogier loi-même, et on peut croire, sans juge-
ment téméraire, que le désir de se signaler d'une
façon retentissante en critiquant un auteur fa-
meux et un livre qui faisait tant de bruit, ne fut
pas étranger à sa détermination. Toutefois il avait
gardé Tanonyme, qui fut dévoilé par Garasse.
Ogier traite le jésuite sans aucun ménagement :
il incrimine son style, à la fois grotesque et pé-
dant, ses arguments ridicules, ses pointes, ses
lazzis, ses mensonges et ses calomnies, ses pro-
fanations de l'Écriture sainte, ses termes impu-
diques et obscènes, dont il tire même des insinua-
tions contre ses mœurs. Garasse répliqua par son
Apologie ( 1624), où il prenait l'offensive à son
toor sons prétexte de se défendre, mais où il an-
nonçait pourtant qu'il ne répondrait plus à Ta-
veniraux attaques personnelles. Après cet échange
de coups, des amis communs, croyant sans doute
l'honneur sati^fait^ s'interposèrent, et la même
année les deux ennemis rendaient publiques leurs
lettres de réconciliation. Depuis lors Fr. Ogier
ne s'occupa plus de Garasse, mais Garasse s'oc-
cn|>a encore d'Ogiqr» dans un ouvrage imprimé
Tannée suivante, en revenant sur les points prin-
cipaux de sa Doctrine curieuse, que celui-d
avait attaqués, et en avançant qu'il avait rétracté
sa censure.
Dans cette lutte contre Garasse, Balzac s'était
haotement déclaré pour Ogier, et quelques-uns
même assuraient qu'il était le véritable auteur
de son livre, hypothèse fort peu probable. L'at-
titude de Balzac dans le débat n'avait pu que
redoubler l'afTection que lui portait déjà le prieur;
aussi lorsqu'un peu plus tard un jeune religieux
ftRoillant, frère André, eut fait sa Cor{formité de
Véloquence de M. de Balzac avec celle des
plus grands personnages du temps passé et
du présent, où il voulait démontrer, par de
nombreux rapprochements, que celui-ci avait
emprunté partout ses pensées et ses phrases,
Ogier, indigné, écrivit VApologie de Balzac, où
il le vengeait des accusations portées contre son
style, et des stratagèmes à l'aide desquels on
voulait persuader qu'il n'était qu'un plagiaire sans
génie. L'ouvrage de frère André n'avait jusqu'a-
lors couru que manuscrit ; ce fut Ogier lui-même
qui le fit imprimer en compagnie de son Apo-
logie^ « comme un esclave enchaîné après le
char de son triomphe, » dit Sorel, dans sa Biblkh
thèque françoise. Un exemplaire de cette Apo-
logie, ayant été porté à dom Goulu, général dés
Feuillants, celui-ci fut pris du désir de venger
la cause de son subordonné frère André, et en
même temps celle des moines, plusieurs fois
raillés par Balzac; et il publia, sons le titre de
Lettres de Phyllargue à Ariste, un ouvrage où
il critiquait violemment le grand épistolier (voir
l'article Goulu ). Nous n'avons pas à suivre dans
tontes ses péripéties la longue bataille à laquelle
ces divers ouvrages servirent de point de départ;
nous devons dire seulement que Balzac futencore
soupçonné cette fois d'avoir composé lui-même
VApologie signée par le prieur Ogier, ou du
moins d'y avoir activement coopéré, hypothèse
moins improbable que la précédente, et que sem-
ble corroborer la réplique de don Goulu, qui s'en
prend directement è Balzac d'un bout à l'antre
de ses deux volumes, et non à Ogier. Quelques
biographes racontent , au contraire , que ce fut
Balzac qui voulut passer pour l'auteur de VApo-
logie, et que la résistance opposée par Ogier,
qui tenait à sa gloire, brouilla les deux amis.
Cette historiette invraisemblable n'a aucun fon-
dement sérieux.
En 1628 , Fr. Ogier écrivit en tête de Tyr et
Sidon, tragi-comédie en deux journées, de Jean
deSchelandre,une préface qui est le plus curieux
et le moins connu de ses ouvrages. Cette pièce
étrange, où la comédie se mêle franchement à
la tragédie, avait été publiée pour la première
fois vingt ans auparavant par l'auteur, sous le
pseudonyme anagrammatique de Daniel d'An-
chères; mais il l'augmenta du double dans la se-
conde édition. Schelandre était huguenot, et sa
tragi-comédie est extrêmement licencieuse : cette
doul>le considération n'arrêta pas le prieur Ogier,
qui décidément était un ecclésiastique fort tol6<
rant. Il se vante même d'avoir arraché par ses
instances la publication de cette pièce à la mo-
destie de son ami. Mais le cêté curieux de sa
préface n'est point là : Il est dans les idées litté-
raires, fort hardies pour le temps, qu'il y déve-
loppe. C'est la fameuse préface de Cromwell an-
ticipée, sur une échelle moindre. Ogier y pose
nettement la théorie du drame, et en démontre
la légitimité par le motif que ce mélange du co-
mique an sérieux, du noble au familier et même
au trivial, est conforme aux vicissitudes ordi-
naires de la vie, et offre limage fidèle du monde
tel qu'il est. Il prouve que la chose est ancienne,
si l« mot (iragi<omédie) est nouveau, et que
S65
OGIER — OGILBY
5S6
raotiqittfté Va connu. U attaque les unilés au nom
de la vraisemblance; il s^en prend à rtabitnde
de Ja tcagédie française de, tout mettre en récits;
il vent &id»tituer Taction k la narration , qui a
souvent le tort d*etre ^léplacée et de refroidir
llalérét ; U s'élève enfin contre l'esprit de tradi-
tion et de routine qni fait craindre de sortir des
voies tracées, et il indique la nécessité d'un art
nouveau pour des tem^ uouveaux. Cette ana-
lyse aommaire indique assez fimpoilaBoe de ce
morceau, qni a été iocouna ou o^igé de U plu-
part de ses bic^paphes. Fr. Ogiir aooompagna
en 1648 Claude de Mesmes » comte d'Avaux , qui
lui avait transféré la oonliaaoedont il iMiiorait au-
paravant soB frère alaé, au congrès de Munster,
où fut définitivement «ondu le traité de West-
pbalie. Revenu à Paris l'année wivaote, il y re-
prit son aacienne vie, toutefois avec plas de sa-
gesse et de natttrifté, en personnage qui avait
contracté des bafaitudes «diplomatiques et que
l'âge avait sevré de ses jeunes ardeurs. Il |ianit
encore avec succès dans les chaires de quelques
églises, puis renonça à la prédication pour se con-
sacrer exclusivement jusqu'à la fin de sa vie à la
culture des lettres et publier un certain nombre
d'ouvrages d'un genre moins agressif et moins
hardi que ses premiers ouvrages, qui sont bien
oubliés aujourd'hui, après avoir obtenu en leur
temps les suffrages des beaux esprits. Ogier avait
denx sœurs, connues parmi les PréeieuMes , que
Somalze a peintes sous le nom d'Oxaris, et
dont Tallemant Ji parié.
Voici la liste exacte de ses ouvrages : Jugement
et Censure de la Doctrine curieuse de Fran-
çois Garasse; Paris, 1623, in-S»; -— Apelfh
gie de M. de Balzac; Paris, 1637, in-S"; —
Pré/ace du Tyr et Sidonf tragi-comédie de Sche-
tondre; Paris (Robert Estienne)» 1623, in-S*";
— Lettres écrites pendant son voyage en Al-
lemagne (à la suite du Vopage de Munster^ par
Joly); — Actions publiques , c'est-à«dire re-
cueil de ses sermons, awecât» éloges et ormisans
funèbres f entre autres celle de Louis XllI;
Paris, 1G52-5&, 2 vol. tn-4''; — Inscription ^anti-
que de la vraie croix de Vabbaye de Grand'
monty avec un sennon de la Paseimn ; Paris,
1658» in-8'; — Préface de Ja tnducliott des
Héreides d'Ovide, par l'abbé Marolles, 1661,
in-S*" ; — Oraison funèbre 4e Philippe /F, roi
d'Espagne :Psins^ 1666, ia-4°; — Lettre cri-
tique êuvlà CUmène de Segrais(dan8 la Hegmi'
siaua et les ceuvres de Segnûa}; — Fr. Ogier a,
fait aussi des vers français, peu ranai^aUeSy
qui sont disséminés dans divers recueils de l'é-
poque. Victor FomNBL.
Sorel, BiblMh. franc, — JNctiOioMÉre hUtotigmê^
Bayie.
4MILBT {John ), lilléEatenr angtois, né en no-
vembre 1600, à Edimbourg ou dans les environs,
mort le 4 septembre 1676, à Londres. Il appar-
tenait aune ancienne famille d'Ecosse; son père,
après avoir dissipé son héritage, avait été en-
fermé, comme insolvable, dans to prison pour
dettes. Abandonné de bonne lieure à lui-même,
son éducation fut fort négligée, et si dans la
suite il sut se faire une position et racheter la
liberté de son père , il le dut moins à ce qu'on
lui avait enseigné qu'à ses talents naturels et à
son industrieuse activité. Ogilby était une espèce
de maître Jacques, aussi adroit de Tesprit qœ
des mains, d'nn caractère entreprenant et d'une
bonne humeur inaltérable. Loid Stadoni l'em-
ploya à tout ce qu'il voulait : il en £1 son secré-
taire et un de ses gardes à cheval; il le nomma
maître dos divertissements, et hii fournit les
moyens d'élever À DuhUn un petit tbé&tre. La
rébellion de 1641 jeU bas rédifice de m fortune
naissante, et pour mettre le oomUe à son infor-
tune, il perdit dans un naufrage, en revenant
d'Irlande, le peu qui lui restait. De Londres, il se
rendit à piedà Caioabridj^ , et trou^ chez quel-
ques étudiants de l'université les moyens de re-
commeooer à quarante-sept ans ses études clas-
siques. £n 1661, on le chargea de diriger la par-
tie poétique des fêtes pour la solennité du cou-
ronnement de Charles U, et ce prince fat si sa-
tisfait de lui quMl lui donna , au détriment do
poète 0avenant, la place de raattredes divertis-
sements en Iriande (t662). Ogilby retourna donc
à Dublin, et s'empressa d'y rebâtir son tliéàtre,
que l'on avait démoli au milieu des derniers
troubles. L'amour du changement le ramena k
Londres Y où, dans rinoendie de 1666, il perdit
une troi^me fois sa fortune; sa maison fat
brûlée , et il était réduit à quelques écos. Malgré
son âge déjà avancé, il ne se découragea point :
en peu de temps il parvint à reconstruire sa
maison; il y établit une imprimerie, et olitint du
roi le titre d'imprimeur oosmographe, titre qui
passa, après sa mort, à William Moiigan, son pe-
tit-fils et successeur. Tous les ouvrages qui sont
sortis de ses presses , ainsi que les siens propres,
ont été Cirés en grand papier, ornés de cartes et
d'intéressantes estampes par Holler et d*antres
bons artistes du temps, et publiés par voie de
souscription. On ad'Ogilby : TàeCkaracter o/a
trooper, facétie en vers ; — Works qf Virgil;
Londres, 1649-1650, gr. in-8o,<t 16S4, im-kL,
avec son portrait; — FaHes qf jSsop parm-
phrased in veree; Cambridge, 1651-1665,2 vol.
io^<>;2''édit, 1673-1674,2 iioL4o-8<'; «m trouf«
à la fin du t. II plusieurs fables de la eonposi-
tion du traducteur; il publia aussi de Vtrgfle
deux dditions latines, Pose «en 1*6&6, in-M., et
l'autre in-8*, avec desaotes; ~ Homer^ê Uimd
and0dffs$eg;ljsmdnsj 166(I^166&, 2 vol. i»4%
fig4 il fut aidé dans oe travail par son ami
James Sbiriey. Ce M en lisant r/léoded'Opiby
que Pope, eaeore enfant, sentit naître son goOt
pour la poésie ; plus tard il a prétendu que ee
traducteur était au-dessous de la critique (bien
qoll bri ait fait de nombreux emprunts), efil Ta
tourné en ridicule dans sa Duneiade; ->- The
BeiatUm of Bis Majestg'ê enteriainment pa$
4#7 OGILBY
wig thrmfh the eiiy oJLondon io kis coro-
nation; Londres, 1661, 1662, io-fol., fig.:on
& est servi de ce reciMii comme d'iu modèle à
suivre dans les oouroDDemenU suivants; —
Jfutoryo/Càiua;laoàniit 16e7-U71,3 vol.
ia4oLi oompUatioa faite d'après le Hollandais
Dapper; ^ Afnca^ or dacription of JSgyptt
JUurbary and Blkiopias Londres, 1670, ia-fol.;
«- DaeripiUm of America; Londres, 1671,
ÎB-foL; — A//<M, en plosieors vol. in-fol.; —
The TrawelUrà's Quide^ or a moit descrip-
tion of the roadst etc.; Londres, 1674, in-fol.;
féédilé par John Boweo, aovs le (itre de BrUan-
nia dèpieta{\72U «n-r); — Descriptio geo-
çrapkk» ei kùtorica regM AngUm tt prind-
paius WaUim; Londres, 1675, 1698, in-fol.;
Ù^ilby avait encore composé deux poèmes hé-
niques, Ephetiimk matron ei Roman Slave,
et ime épopée en donie chants en nionnear de
Charles 11, CaroUes, qni en 1666 devinrent la
proie des flammes. P. L — t.
OMer, IMftg 9/ tk» poeU. — CWnere. CetunU
bi9grmfih. dict.
OGILTIB {John), litférafeitr anglais, né en
1733, en Ecosse, mort «n 1814, à Midmar
(comté d'Aberdeen ). Il administra la paroisse de
Midmar depuis 1759 jusqu'à sa mort, et se fit
coonaitre par un talent remarquable en poésie ;
il a laissé dans ce genre : Poems on several
subfecU ; 1 762, in-4* ; — Providence ^ a pœm ;
1764, fa-4oj — SermMu; 1767, in-8*;— Para-
dise,apoem: 1769, in-4o; — PkUosopkical
and criiical obêervations on eomposUions;
1774, 2 vol. in-8«; — Rona^ a pœm; 1777,
ia-4" ; — An Inquiry in ta the causes of infe-
dUitg and scepticism; 1783, in-8«; — Theo'
logy of Plaio , compared with the principles
of oriental and grecian philosopfiers ; 179S,
ia-8''; — Britannia, an epic pœm; 1801,
ia-4**, précédé d'une dissertation sur le merveil-
leux dans l'épopée; — EsMminaiion cftfie
évidence of prophecy in behalf of f Ae ChriH"
tian religion ;\^Z, m-8<*. K.
Gorton, CênertA biograph. Met
OBLETHOArR (Jean -Edward) , général
anglais, né en 1698, à Londres, mort le 80 juin
178À, à Oranham. 11 servit en Allemagne, sous
les ordres du prmce Eugène et du duc de MarU
borough, dégea au parlement (de 1722 à 1747),
oô il oonooumt à faii^ adopter des règlements
ntHes poor le commerce et pour la réforme des
prisons. Il prit une grande part à la fondation de
la colonie agricole située au sud de la Caroline,
et appelée Géorgie, da nom do souverain qui en
autorisa rétabli&semeot Nommé l'un des pre-
miers directeurs de la compagnie, il s'erabar-
qna, à b im de 1732, avec une centaine de co-
Joofl de l'on et de l'aiitre sexe; il s'occupa d*a-
hord de visiter avec soin rintérieur.et le littoral,
condat ensuite plusieurs traités d'alliance ou de
pdix, soit avec les peuples indigènes, soit avec
te gooTemeur de la Floride, et repassa en 1734
— OGLIAKO
568
en Angleterre, après avoir jeté les fondations de
la ville de Savannah. Dans im second voyage
(1736), il amena trois cents nouveaux émigrants ,
et fit élever, sous sa direction, les villes de New«>
Ebenezer etd*Augusta. £n 1737 des difficultés sé-
rieuses, soiHevéei par la jalousie des Espagnol^
menacèrent d'entraver le progrès de la colonie
naissante. I«a guerre ayant été déclarée, Ogle-
thorpe, nommé colonel, leva un riment, et mit
la Caroline à l'abri de toute invasion étrangère;
mais il ne /ut pas aussi heureux dans l'expéditioa
qu*il entreprit pour s'emparer de Saint-Augustin,
dans la Floride. Rendu responsable de ce re-
vers, il fut traduit devant les tribunaux (1743),
et honorablement acquitté, à la suite d'une en-
quête mbiutiense. Il venait d'être promu au
grade de major général lorsque la rébellion de
1745 éclata en Ecosse : chargé de la poursuite
des jacobites, il ne parvint pas à les atteindre;
on l'accusa de nouveau de négligence dans ses
opérations : il fut encore mis en jugement et
absous, comme la première fois. Bien qu'il ne
trouvât d'emploi dans aucune des guerres sui-
vantes, il n'en eut pas moins en 1765 le rang de
lieutenant général. Dans sa vieillesse il éprouva
des revers de fortune. Sa bienfaisance et ses ta-
lents lui ont valu les éloges de Pope, de Thomson
et de Samuel Johnson. K.
European magazine, 1188.— Xanniag et flray, UiU, g$
Surref. — Cbâlmen, General btogr. dict.
OGLIANO ( Maurice ' Ignace Fbj^u, ha*
ron d' ), général français , né le l'** août 1 746, à
Saluées (Piémont), mort en novembre 1826, A
Paris. Il était fils cadet du comte d'Ogliano ,
président de la cour des comptes de Turin. Pen-
dant la guerre contre les Français , Il combattit
< avec valeur dans les rangs de l'armée piémoç-
taise, et continua de servir son pays jusqu'à la
paix de Cherasco; mais, après la retraite de
Charles-Emmanuel en Sardaigne (1798) , il passa «
au service de la république française et de l'empire*
En 1803 il organisa à Montpellier la légion du
Midi , composée de ses compatriotes. Après avoir
servi en Italie, sons les ordres de Massena, il
obtint le grade de général divisionnaire (3 juin
1807) , et commanda un corps de cavalerie
étrangère à la journée de Friediand. En 1808 il
passa en Espagne, fut attaclié au corps d'armée
du général Dupont, et subit les funestes consé^
quences de la capitulation de Baylen. De retour
en France, il reçut, avec le titre de baron, le
commandement de la 18* division militaire. Il
prit ensuite part à la campagne d'Autriche (1809)
et de Saxe (1813), mit en état de défense les
châteaux de Laybach et de Trieste, et fut chargé,
le 1** février 1814, de protéger la ville et la rivière
de Gènes; il prolongea la résistance jusqu'au 18
avril suivant, où il conclut avec l'amiral Bentlnck
une convention des plus honorables. Admis à la
retraite dans la même année, il fut naturalisé fran-
çais à la fin de 1 81 5, et fixa son séjour à Paris. P.
Biogr. unie, et port, des Contemp, — Ijb JUonit,
659 OGLIANO
tmirenet, noY. 18». - Fattet de la UçUm d'hon-
neur, III.
o'HBGUBBTT ( PUrre-André) (l), écono-
miste fraDçaîs, né àDinan (Bretagne), le 31 dé-
cembre 1700, mort à Plombières, le 12 jan-
vier 1763. Élevé dans le collège de» Jésuitea de
Caen , il s'engagea à Tâgc de quinze ans comme
volontaire dans la i>etite armée destinée à opérer
une descente en Ecosse pour rétablir le fils de
Jacques II sur le trône; mais cette eipédition
ayant écboué par la défaite du comte de Mar, il
revint à Caen suivre les cours de la faculté de
droit, et fut, en 1718, reçu avocat au parlement
de Normandie. Protégé parle cardinal de Fleury
et par Philibert Orry, contrôleur général des
finances, il obtint la place de procureur géné-
ral au conseil supérieur de l'Ile Bourbon et de
juge de police au quartier de Sainte-Suzanne.
Un mariage qu'il contracta, le 14 septembre
1738, avec Marie-Françoise de Verdière, alliée à
la principale noblesse de Bretagne, accrut sa
fortune , et lui permit d'acheter une assez grande
étendue de terres en friche, où il fit des planta-
tions de cafiers, qui les rendirent productives.
Nommé, le 26 mars 1741, premier conseiller de
rite, il profita de sa position pour recueillir de
nombreux documents sur les intérêts du com-
merce maritime et sur les ressources de la navi-
gation. De retour en France en 1745, 0'Heguerty,
devenu veuf, ne tarda pas à venir se fixer en
Lorrain», où le roi Stanislas le fit censeur royal
et membre honoraire de l'Académie des sciences
et belles-lettres de Nancy (1*' mars 1751 ). —
On a d'O'Hegiierty : Remarques sur plusieurs
branches decoMmerce et de navigation; 17 bl
et 1764 , 2 parties in-S** ( anonyme); — dans les
Mémoires de V Académie de Nancy, 1754 et
1755, une Relation de son voyage à l'Ile Bour-
bon et des Observations sur le volcan de cette
lie. H. F.
o'HBGUBRTT (Dominique) (2), comte de
Magnière, frère du précédent, né à Saint-
Germain-en-Laye, le 18 avril 1699, mort en
1790. Après avoir servi pendant quelque temps
dans le régiment de Dillon, il donna sa démis-
sion, et fit en Lorraine l'acquisition de la terre de
Magnière, près de Lunévllle, que le roi Stanislas
érigea en comté, le 29 avril 1765. Il s'occupa
dans ses domaines des moyens de perfectionner
l'agriculture, et composa à oe sujet divers mé-
moires. On a de lui : De la Nature des biens
des anciens Romains, et de leurs dijférentes
méthodes de procéder aux suffrages jusqu^à
Pempire d'Auguste; Paris, 1769, in- 12; — -
(1) H est Domroé Pierre leulement dans son extrait bap-
tlstalre, quoiqu'il ait pris les noms de Pierre-yindré dans
tons les actes qu'il a passés, notammeift dans son coo-
trat de narlare du 4 septembre 1718.
(t) Son extrait baptUtalre lui donne le nom de Denlt.
Comme le précédent, il était flls de Daniel O'Hbouerty
écuyer, dont la famille avait pendant plusieurs siècles
possédé la tcire de Brookhall , près de Londonderry,
en Irlande. 11* F>
— OHM
560
Essai sur la vie de Pline le Jeune; Nancy,
1776, in-8'. H. F.
La Cbesnaye des Bols, Dief ioim. de la nobkut. -
Mimoirts de TÂcadémU de Ifaneg.
ohlmCllbr {Joseph- Daniel)^ architecte
allemand, né à Bamberg,en 1791, mort k Mo-
nich, en 1839. C'est sur ses plans que forent
élevés, entre autres, la belle église gotbiqoe do
faubourg Au à Munich , le monument national
de la Bavière à Obenivitteisbadi. 11 a publié
en 17 planches un recueil de Momtments/mé-
rairesde son invention *, Munich, 1824 et 1839. 0.
JahreêberieM det hUUrUeken rereim von 06er-
tayern ( année 18S9 ). — Nagler, KOnsUer-UxOMn.
>OHM (Georges-Simon), cé\éhn physicien al-
lemand, auquel on doit la découverte des lois |
des courants électriques, naquit à Erlangen, k
16 mars 17S7, et mourut à Munich, le 7 juillet ,
1854. A seize ans il entra à l'université à'ïi-
langen; il obtint en 1817 la chaire de mathéma-
tiques an collège des Jésuites à Cologne. L'année
suivante , il publia ses Éléments de géométrie
( Grun dlinien zu einer zweckmaessigen Bekan-
dlung der Géométrie; Erlangen, 1818, in-S").
Il se livra avec ardeur aux recherches qui de-
vaient plus tard illustrer son nom. L'habitinle
des travaux manuels ( fils d'un serrurier, il de-
vait d*abord suivre la profession de son père) l'ai-
dait dans Tusage des appareils de physique au
moyen desquels il vérifiait ses idées théoriques
sur les propriétés des courants d'électricité gal-
vanique. Ce fût ainsi que, aidé à la fois par
l'expérience et par le calcul , Ohm parvint à dé-
couvrir les lois qui régissent les phénomènes
galvano-électriques, et c'e^t bien à tort que
M. Pouillet a revendiqué plus tard la priorité
de la démonstration eipériroentale des célèbres
lots d'Ohm, en disant (Comptes Rendus de
PAC. des se., XX, p. 210, 1845) : « C'est lui
qui a été le premier è poser la question, et,
sans savoir •qu'il Teât posée , j'ai été le premier
à la résoudre... 11 avait montfé le but d'ime ma-
nière .vague par le calcul, je l'ai vu, de mon
côté, d'une manière nette, et je l'ai toudié par
l'expérience. » Ohm avait réellement résolu la
question; il a même commencé par l'examiner
d'une façon empirique avant d'en entreprendre
la théorie, ainsi qu'on peut s'en convaincre par
la lecture de ses mémoires : Vorlaenfige An-
zeige des Geseties nach yoelchem die Metalle
die Contact-Electricitaetleiten (Schweigger*s
Journ ., XLIV, 1825, et Poggendor/fs A nn. IV,
1825); — Bestimmung dièses Gesetzes^ und
Entumrf einer Théorie der VoUaisehen Ap-
parâtes '{\h., XLVI, 1826, et Poggend, Ann.,
VI et VU, 1826). Ce dernier travail contient
déjà la théorie des courants qu'il puUiaen 1827,
pendant son séjour à Beriin , sons le titre : Dte
galvanische Kette mathematisch beerbeitet;
Beriin, 1827, in-8'' : cet ouvrage a été traduit en
anglais parM.Taylor (dans ses Scienti/ic >/«-
moirs, vol. 11, 1841 ) et en français par M. Gau-
661
OHM — OHMACHT
562
gain, qui a ajouté une préface et des notes très-
importantes {Théorie mathématique des cou*
rants électriques; Paris, 1860). Qnelcpies addi-
tions furent insérées par Ohm dans les Archives
de Kastner (XIV, 1828), et, dans les années
sniTantes, il publia encore on assez grand nombre
de mémoires sar Télectricité et le galvanisme,
dans le Journal de Schweigger (XLIX, 1827;
LV, 1829; LVIU, LIX et LX, 1830; JLXIII,
1831; LXIV et LXV, 1832; LXYII, 1833) et
dans les Archives de Kastner (XYI et XVII,
1829 ). Une lettre d'Ohm à Gilbert, rèlatire au
môroe sujet, se trouve dans les Annales de Gil-
bert (V, 1826, p. 117). Les lois qui servent de
base à l'analyse d'Ohm se rapportent à la dis*
tribotion de Télectricité dans Tintérieur d*on
môme corps, à sa dispersion dans l'air ambiant,
et à son développement au point de contact de
deui corps hétérogènes. Pour établir la première
de ces Ids, Ohm part de Thypothèse qu'une
molécule électrisée ne peut communiquer d'élec-
tricité qu'aux molécules contiguës, et il admet
que la grandeur du flux est proportionnelle à la
différence des tensions que possèdent deux mo-
lécules infiniment voisines l'une de l'autre; tout
comme dans la théorie de la chaleur on suppose
le flux de chaleur entre deux molécules propor-
tionel h la différence de leurs températures.
Cette analogie entre la théorie de la chaleur et
celle de rélectridté se retrouve toujours dans l'a-
nalyse qui conduit Ohm à l'explication des phé-
nomènes galvaniques. La seconde loi, relative
à la dispersion de Télectricité, est celle de Cùd-
lomb : la perte d'électricité e^ proportionnelle à
la tension et à un coefOcient qui dépend de l'état
atmosphérique; mais dans les expériences gal-
vaniques on a rarement besoin d'en tenir compte.
La troisième loi, enfin, qui regarde la force élec-
tromotrice, est contenue dans l'énoncé suivant :
« Au point de contact de deux corps dilTérents il
s'établit une différence constante entre leurs ten-
tions. » En partant de ces trois lois fonda-
mentales. Ohm arrive à une théorie simple et
complète des phénomènes que présentent les
courants constants et en particulier k la démons-
tration de cette loi : que l'action tPun circuit
est égale à la somme des forces électromo-
iriceSf divisée par la somme des résistances,
et que l'effet reste toujours le même quand ce
quotient reste le même, quelle que soit la nature
du courant, qu^il soit voltaîque ou thermo-élec-
trique. Ohm n'a d'abord vérifié les conséquences
de sa théorie que sur des piles thermo-électri-
ques, les seules à courant constant que l'on con-
nut alors; mais, en 1831, M. Techner est venu
confirmer la théorie d'Ohm par des expériences
sur les piles hydro«électriques, dont Ohm lui-
ruéme d'ailleurs s'était déjà occupé en 1831.
Enfin, plus tard, MM. Pouillet et DespretE ont
pu se servir d'appareils et de métlio<les perfec-
tionnées, et leurs résultats ont toujours donné
raison au physicien allemand. Cependant les
découvertes d'Ohm passèrent d'abord inaper-
çues, et, n'en recevant aucune récompense , il se
décida à donner sa démission de professeur du
collège des Jésuites. En 1833 il devint professeur
à l'École polytechnique de Nuremberg, et en 1 84 1
il reçutde la Société royalede Londres la médaille
de Gopley, récompense réservée aux travaux de
premier ordre. Ohm n'a jamais publié que la pre-
mière partie de l'ouvrage qu'il voulait publier
sous le titre de Documents pour la physique
moléculaire {Beitraege sur molecular Phy-
5tA) ; ce volume a pour titre spécial : Eléments
der analytischen Géométrie im Raume eines
chiefwinkligen Coordinaten System ; Nurem-
berg, 1849, in-4°. En 1852 il fit paraître nn tra-
vail sur les phénomènes d'Interférence dans les
cristaux è un seul axe (dans les Abhandl. der
Bayr, Acad. CL phys., VII, 1852 et 1853); un
autre mémoire sur l'interférence lumineuse se
trouve dans les Annales de Poggendorff, XLIX,
1840. On a encore de lui deux mémoires sur
l'acoustique ( Pogg., Ann., XLVII, 1839; LIX,
1843; LXII, 1844) , un mémoire de mécanique
( Crelle, /otirw., V, 1830), et un traité de
physique : GrundzUge der Physik, Nurem-
berg, 1854. Depuis 1852 Ohm était chargé de
la chaire de physique expérimentale à l'univer-
sité de Muoich.
Son frère, Martin Ohm, né à Erlangcn, le
6 mai 1792, après avoir fait, comme son frère,
l'apprentissage de serrurier, étudia à Erlangen,
est depuis 1824 professeur à Berlin, et s'est fait
connaître comme auteur de traités de mathéma-
tiques pures et appliquées. R. Radai).
Éloge de C.S. Okm^ par M.' Lamont ( Dénktckriften
der Mûnch. >/c., 1U5 ). — Poggendorff. Biogr. lAter.
Hatidwôrterbueh,
OHMACHT (Landelin)j sculpteur allemand,
né près de Rotweil (Wurtemberg), en 1761,
mort à Strasbourg, le 31 mars 1834. II entra
d'abord dans l'atelier du sculpteur Melchior de
Frankenthal. Pendant les séjours qu'il fit à Bâie
et à Mannheim, il exécuta un grand nombre de
portraits sculptés dans les cailloux d'albfttre à
teintes roses que contiennent quelques ruisseaux
de Suisse et d'Allemagne. En 1788 il résida chez
Lavater, qui, en témoignage d'amitié, ëorivit pour
lui un petit recueil de maximes. Grâce aux res-
sources que lui procura son talent, il put aller
étudier les chefs-d'œuvre de l'Italie, et pendant
un séjour de deux ans à Rome il s'initia près
de Canova à tous les secrets de la plastique. A
partir de 1792 il habita successivement Municlj,
Vienne, Dresde, Francfort, Hambourg, où il ren-
icontra dans le poète Klopstock un admirateur
et un ami. Dans toutes ces villes, il laissa des
œuvres de son ciseau. Au milieu de ses succès,
il n'avait pas oublié son premier bienfaiteur,
Gassner, le bourgmestre de Rottweil , qui avait
deviné en lui Tarbiste» et qui plus tard lui ac-
corda la main de sa fille. En 1801, après avoir
exécuté le monument élevé au général Desaix entre
663
OHMACHT — OICONOMOS
564
Kelli et Strasbourg, il vint s'établir lUns cette '
dernière Tille, qu'il ne quitta plus. U y <dU au
juur le groupe si remarquable du Jugement de
Paris , qui orne le palais de Munich ; une statue
colossale de Neptune, qutest dus Uii jarlins d« '
grand domaine de Munster \ Uébé MuppUmut Us
dieux de lui rendre la faveur de servir le nu-
<ar, qu'il envoya k l'expesition du Louvre^ 1 806» ;
«vec un buste de Klopstock, fait d'après nature;
Véntu sortant de la mer, encnarbre, un de aes
«IV^-d'œuvre, qu'il Tendit 30,000 fr. À un Por-
tugais en disant, avec la naïveté du génie : « Je
ne crois pas pouvoir jamais donner à une grande
figure tant d'âme, de vie et d'amoor » ; ie «i-
perbe mausolée de Vempereur Rodolphe^
dans la cathédrale de Spa; la gnuide figure de
Martin Luther^ quMl fit pour la ville de Wia-
.sembourg; un Christ, avec la foi et la Cha-
rité, demandés par le grand-duc de fiade , fi-
gures d*un grand style, qui décorent la chaire de
l'église protestante de Carlsrube; une statue en
marbre de Flore, qui fait partie du monument
^levé par le duc de Ckiigny à Reims au musicien
Castel; six Muses colossales, qui décorent la
façade du théâtre de Strasbourg; un buste de
JRaphael, d'après lui-même, et qui se trouve k
Paris ; une statue colossale de M^*^ de Lezai*
Marnezia, placée au Casino littéraire de Stras-
bourg; les bustes en marbre du peintre HolbHn
et de l'ardiitecte Ertin de Steinbach; les mo-
nnments ou bustes du publidste Koch, du grand
industriel alsacien ffaussmarm, du professeur
Oberlin, etc. Les qualités qui distinguent les
<K>uvres d'Ohmacht sont la grâce et la pureté
idf^ale : aussi David (d'Angers) l'appelatt-il le
Corrège de la sculpture. Dans ses portraits, il
saisissait les lignes heureuses et les beaux c6téa
du modèle, sans pourtant trahir la vérité ai sa-
crifier la fantaisie. Â ce talent élevé il joignait un
caraclère plein de bonté; simple et modeste^ il
refusa des lettres denoblesse qui lui furent offertes
par plusieurs princes allemands. Il a laissé : deux
Hébé en marbre, une Vénus sortant du bai»
et un Antinous, tous deux en marbre, une
Vierge avec Cenfant Jésus sur ses genoux, un
BermaphodUe et une Junon iMdotfici, tous
dcnx en albâtre ; deux hauts-reliefs de V Apollon
du Belvédère et &Àntinoûs. G. iie F.
Journ. de» htaus-miM» 10 «Uceabre M3i. — /tocv-
ments parUeuHen,
tmRSCHALL {Jean-Chrétien}, chimiste al-
lemand, né à Dresde, vivait dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. 11 apprit de J.-H.
Rudolph plusieurs préparations clumiques, no-
tamment l'art des amalgames; en 1684 il fut
nommé inspecteur des mines de Frankenberg;
il perdit sa place trois ans après, à cause de sa
vie désordonnée, et mourut, dit-on, dans un cou-
vent de Pologne. On a de lui : Sol sine veste ,
oder Expérimente dem Golde seinen Purpur
attszuziehen (Manière de tirer la pourpre de
l'or); Aogsbourg, 1684 et 1700, in-12 ; Cassel,
1 74 2, în- 1 2 ; un des premiers livres où l'aride faire
d u verre roogeest décrit en détail ; «ne traduction
française ae touive dana l'iir^ de la verrerie
du baron de HoUKich; — Wuftderdreg, das ist
Beaekrefkungdreger dem Ansehn nach unan-
ndmUeher Fartkeuiaràen der Chgmie (Trio
de merveiMes, on deaoription de trola faits da
domaine de ta eUmie,iDadmissibletàprBnMère
vne); 16S4-1666, 1 parties, m-12; Cassel,
1737, in-12; — àrs fusoria fundasMentalU;
Caasel, 1689, 17S0 et l7M>,iB-ll; tredoit en
français, Paris, 1761, in-«*. O.
Slriéer, Oêuéthe GtMHim-G^ÊCkkSâe, t. X.
oaTBft, voyafqenr norvégien, vivait an neo-
vième siècle. Natif de la partie septentrionaJe de
l'Helgoland , il poaaédaitde grandes rkheseea.^U
parcoanit à pÙenn repriacs les contrée» dn
Nord, pénétra jusqu'à Vexirémité ecptcntrionale
de la Norvège, et visita le pays des Knnois;
plus tard il longea les cMes de la Hnupégc et
du Danemark, et arriva josqn'àlfn^ie, dans le
Holatein. Alfred le Grand l'appela en Angleterre
pour entendre de aa boodie le védK de ses pé-
régrinaftionB; ce pnnoe« intercalé éans sn tra-
duction d'Orose la relation cflHeosedesvnynges
d'Ohter, dont les rcnseignemnAs, quoique suc-
cincts, sont extrêmement prédeax pour la oon-
naissanee de l'état géographique et social des
pays da Nord à cette époque. Sharon Tomer a
reproduit dans le t II de son Histoire des An*
glo-Saxons cette pièce intéressante , qui oon-
tient aussi plnaieurs détails sIm* la personne
, d'Ohter. O.
Muacli, Ariwnis FùOu lii<t.^f>ahliniSB, PTickw»'
oicoKOM^s ( Constantin ) , érodit grec , né
' en 1780, mort en 18&7. C'est certainement, avec
Ck>raï , le pins savant homme que la Grèce ait
- produit de notre temps. Il naquit à Tsaritsanit
' petite ville conmierçante de Thessatie. Son père,
I homme instruit, éoooone de Téglise de son pays
1 natal, lui enseigna le grec littéral et ie latin, iin
' certain Gavouras le fcançais. Il est curieux qu'à
i la fin du siècle dernier, dans nne ÉMwrgade thn»-
! salienae, il se ifiKwilia , parmi les indifitees,
I on inattrede français. L'enfant niantn de bonne
' heure one Tife ardeur pour l'étude. A doute
ans il était lecteur de l'égKse, à vingt et un il
était marié et prêtre, et par suite de htnoit do
son père il le remplaçait dans sa oiiaqpe d'^éoo-
nooae. A vingt<*cinq ansâl ^lait prédictinnr dio>
césain, et l'on conserva longtemps, en Itwsnlie
et en Macédoine, le souvenir des sennons qu'il
prononça au milieu d'une fcttle aorohrenoe no-
courue pour l'entendre, dans diOérentes villes
decette contrée. Kn 1806, quand éclatn en Thns-
salie le mouvement de Vlachaoa, Oicononioo,
déjà désigné par sa réputation à la soopçonneosn
attention d'Ali-Pactia, lut mis en prison à Jn-
nina,et eutgrand' peine à se radieterdesnMMnsdn
tyran. Bientôt après, en 1806, il fntappeléâSn-
Ionique, oomme coadjuteur de l'évêque qui
56i>
OICONOMOS — OmENART
dait alors à Constantinople , et il y resta jus-
qu'en 1809. A ce moment, ii fut appelé à Sroyriie,
pour y eoseigoer la langue et la Utlérature grec-
ques dans l'école que -de générdBX souscripteurs
venaient d'y fonder, sous le litre de Gymnaie
philologique. Un souffle de rénov^on à la fois
littéraire et politique semblait alors passer sur le
iDoode grec; à la voix enthousiaste de Corai,
partout mne jeunesse avide d'instructioa se re-
portait avec amour vers Thistoire ei les cbef»-
d'tnirre de ses aieox, vers cet» temps d'indé-
|)eo.'lance et de gloire; c'éiaient tous les jours
de ooaveanK livres d'éducation , des éditions des
oQtetirs anoicns, des traductions d'auteurs mo-
dernes, sorties des presses de Paris, de Venise
etsartoat de Vienne; les maîtres semuitipliaie&t
pour soflM-e à tous les besoins; ime généreuse
liiftiilé régnait entre les écoles de Constaoti-
Dople, de Ctiio, de Cydonie, de Bucbarest et de
Jaaofla ; partout la renaissaiioe préparait la ce-
vokitioo. L'enseignement d'Oiconomos jeta sur
l'école de Smyme «n éolat siaguliff. U y fut Je
collègoe de son propre Irère;, le médecin Etienne
Oiooionios , qui avait publié plusieurs ouvrages
sar les sciences physiques, et de Couraas, pby-
syden et malbématideB. Forcé, «après dix ans
de séjour à Smyme, de quitter cette viUe, par
suite d'intrignes dirigées contre lui , il fut mandé
à Constantinople par le patriarche, comme pré-
dicateur et économe de la grande église. Les
prédications et les cours qu'il fit au patriarchat,
pendant deax ans, attiraient tout ce qu'il y avait
à Constantinople de patriotes et «d'amis des
lettres.
En 1821, quand le patriavche fut saisi par les
Tares et mis à mort, Oioonomos réussil k s'é-
chapper et à gagner Odessa. Il y fut reçu avec
dUtioction par ordre de l'empereur de Russie.
Il y prononça nne oraison funèbre du patriarche
qui retentit dans tout l'Orient, et ce fut de là
aassi qu'il adressa une exhortation (icporpeaccc-
xôv) à ceox qui oombaUaient poar la croix et
Tiivlépeodattce. L'emperaur Alexandre, qai avait
oae haute idée de son mérite, ie fit venir à Saint-
Pétersbourg, et ce fut Jà .que, soutenu par les li-
béralités de l'empcrear, il composa denx ouvra-
ges importants, l'un Suria kauU mnUquUédt la
prononeiatUm grecque telle qu^olle est pratiquée
dans tout TOrient, l'autre sur VideniUé çrigU
noire, sur le fonds commun du grée et du ski'
von. Dans le sujet de ce dernier ouvrage, qui
fat demandé et récompensé par l'empereur, il
est fadle de reconnaître nne pensée poKtiqve.
Après avoir publié ces deux livres, il voyagea
«a Allemagne, où savants et princes lui firent le
netlieur accndl; oomUé de décoratioBS , il aUa
par Vienne et Trieste, en Italie, et s^urna ^^^1-
qw temps à Rome. Là, quoiqu'il fût un des
champions les plus fervents de ce qnVm appelle
en Orient l'orthodoxie, en Occident Je sobisme,
il K vit traiter avec les égards. les plus marqués
pv Je pape Grégoire XVI, par les cardinaux
Mai, MezKofanti et antres savants hommes. En
1834, il vint se fixer dans ie royaume de Grèce,
et résida d'abord, pendant quelque temps, A
Naiiplie; puis il se fixa à Athènes, où ii derneura
jusqu'à ^û Mort, enionré d'un profond respect.
La vieillesse ne ralenlit pas son activité. 21 prit
part aa% luttes eontemporainesipar de nombreux
écrits de controverse religiense qui looobatent
par Uendes points à la politique. Il était un des
chefs du parti qni voyait l'aveair de la Grèce
dans <une scmpolense fidélité aux traditions et
aux formes reUgieuses du moyen Age, dans «ne
alliance intime avec la Snssie. Aussi fitril une
guerre acharnée A M. Phacmakidis, qui cherobait
à faire connaître au clergé grec qooiques-nnes
des idées qu'a répandues dans TOccident, sur l'o-
rigine du christiansme et l'histoire des églisea ,
la critique moderne. Les deux rivaux se sont
suivis de près dans la tombe. Qoand Oioonoraoa
mourat, il était occupé depuis {dosienrs années
d'nn commentaire sur Photins, persomiage pour
ifû il professait une profonde adaairatinn. Érii-
dit et théologien, Oiconomos avait pourtant delà
gaieté dans Tesprit et le sentiment do «omiqoe.
Il le prouva par la traduction, on pIntM par Ti-
raitation que pendant son séjonr à Smyme il
donna de V Avare de Molière, sons ie>oom
d'SxindaveioniSt l'hoirane aux soixante ai-
ipiilles, l'homroequi ramasse Ate^re2e8aig^illes,
pour ne rien laisser perdre. Cette initation, où
il a habilement transporté la scène en Orient
et donné aux perâonnagea le costume, le langage
et les idées des Levantins » a été, dans ^3es der-
nières années , jouée avec le pins grand succès
sur le théAtre d'Athènes.
Voici les titres de ses principaux ouvrages :
7éXyr^frrttoouiif,Ç^€ktv. y', ouvtax&Évra imà Ka>v-
oTOEvtivov Olswvôpuou (Trois livres sur l'art de la
rhétorique par Constantiti Oioonomos) ; Vienne,
1813, in-8* ; ~ FpapLpLartxc&v^ EyxvxXCcov Daifieu-
liacTtov piêXta £' owtcxBéwa iasb Kwvvfarcivou
ITpevtfvxtfpoo «ai OUové|iou ( Quatre» livres d'en-
seignements généraux et grammaticaux, compo-
sés par Constantin, économe et prêtre); Vienne,
1817, in-S**, 1. 1". Le tome II n'a jamais paru ;
— Aent((MOv sepl tjJc it>Y]ato<rEd'n(K ouY^svetaç rijc
£Xa6»vop«09Ocxf}< ^Xi&owic Rpoç xit* ë^tjvixi^v ,
owraxdiv Oirô toû Olwovéfiou tqv olxopLevtxou
icdtip&opxKitoO 6pévou, KciwwToevttvou HpcoCvtépQV
(Essai sur la très-proolie parenté de la langue
slavo-russe et de la^rocqoe, composé par Téco-
nome du trdne patriarchaJ «Bcaonénique, par le
prêtre Constantin); Saint^éterabowig, .3 vol.
in-«o, 1828; ^Dspl rijc r^Mac npojpoplêc t»5;EX-
XovtxiS; T^^wooiK ^Skw (De U vraie prononcia-
tion de la langue grecque); Saint- Pétersbouiig,
1830, in-8*. G. PBBaoT.
OraUon funèbre pronomeée U S.incrf 1SS7 à Mkèms,
dam ta eathédraU de Saint-Irène, par Michel G. Schl-
UBs. — mémoire compàtp à ia hâte sur le vènéraNe prê-
tre CpnêtanSiH OkoaomM» par Sifflai: Trtttte. IMS,
In-a*
OIHEKJJIT (Âtmauld), historien et poète
567
OIUENART — OJEDA
668
français, né à Manléon, vivait dans le di\<sep-
tiènie siècle. Il Tut avocat au parlement de Na-
varre, et il consacra to'js ses loisirs à la recherche
de docuroenls historiques sur les provinces bas-
ques et béarnaises. On ignore la date et le lien de
sa mort. II a laissé.: Déclaraiion historique de
Vinjmte usurpation et rétention de la Na-
varre par les Espagnols; 1625, in-4**, et dans
le recueil intitulé A, B, C, etc., t. VII ou H; —
Notitia utriusque Yasconise tum Ibericx, tum
ÀquitanicXy qua prseter situm regionis et
alia scitu digna, Navarrx regum Vasconix
principum, cxterarumque in iis insignium
familiarum stemmata, ex probatis authori-
bus et vetustis monumentis exhibentur, etc.,
suivie, d'un Catalogus pontifieum VaseonisB
Aquitanicx ; Paris, 1637 et 1656, in-4^. Ce livre,
très*recherché aujourd'hui , est le meilleur que Ton
ait écrit sur cette partie du midi de la France et du
nord de l'Espagne. — Navarra injuste rea, sive
de Navarrxregno contra Jus fasqueoecupato;
il y en a un long extrait dans les Mémoires pour
Vhistotre de Navarre et de Flandre d'Au-
guste Galland, p. 107,etsuiv. ; — Proverbes bas-
ques recueillis par le sieur Oihenart, plus
les Poésies basques du même auteur; Paris,
1657, in-6*. Cet ouvrage est divisé en deux par-
ties; 1** Atsotisac edo refranae (Adages bas-
ques ), contenant cinq cent trente-sept proverbes
avec la traduction en regard et précédée d'une
espèce de grammaire basque; V 0<«", GaS'
taroa Nevrthizetan (La Jeunesse d'Oihenart),
contenant quinze diansons, un poème et trois
cantiques, le tout en vers basques, avec un peh't
traité de la versification basque et un vocabu-
laire des dialectes du Labour, de la Navarre et
de la Soûle. Germain de la Faille considère Oi-
Qehart « comme un des auteurs les plus éclai-
rés et les plus judicieux de son temps ».
L—x— E.
Le Long, Diet. hittorique de ia France. -> Le Bm,
DM, encifelopéUiquê de la France, — Lenglet, Méthode
pour étudier FhUMre, t. Il, p. tts. - BiblMh. Harlfp,
t. Il, p. 147. — LottTet, jibrégé de rhistoire d'jéquitalne.
AtIs an lectenr.
oiLLiAMSON {Harie-Gabriel-Éléonor^cùmie
n'), général français, né en mai 1738, à Falaise,
où il mourut, le 10 janvier 1830. En 1791 il
émigra, et fut adjudant général à Tannée des
princes. Il prit part aux expéditions de Quiberon
et de 111e Dieu , fut arrêté à Paris eir 1798 et
retenu prisonnier au Temple jusqu^à la paix d'A-
miens. A la restauration, il fut nommé lieute-
nant général. On a de lui : Réflexions sur les
émigrés rentrés en France; Paris, 1819, in-8°;
— Des émigrés et de leurs prétendus créan-
ciers dans la loi dHndemnité; Paris, 1826 et
1828, in-8«. H. F.
Moniteur vniv., 7 février t8W.
OI8BL ou orzftL ( Jacques ), érudit hol-
landais, né le 4 mai 1631, è Dantzig, mort le
20 juin 1686, è Groningne. Il descendait de l'an-
cienne et noble famille des Loisei, qui produisit
dans le seizième siècle le célèbre jurisconsalie
de ce nom. Après avoir commencé ses études
à Dantzig, Jacques Oisel vint les continuer €d
Hollande, sous la direction de Saumalse, de Go-
lius et de Daniel Heinsius. Il étudia aussi le dtoit
à Utrecht, prit en 1654 le grade de docteur, et
visita à deux reprises la France et l'Angleterre;
la peste qui régnait alors en Italie l'empèchs de
s'y rendre, et après quelque s^nr à Genève il
revint en Hollande (1657), et fut en 1667 appelé à
Groningne pour remplir la chaire de droit public.
On a de lui : Jf. MinutH Fellcis Octoritu, cm
integris omnium notis et commentariis; ae-
cedit liber J. Firmici Matemi de errore pro-
fanarum religionum; Leyde, 1652, in-4%et
1672, tn-8®. Oisel n'avait qoe vingt et un ans
lorsqu'il publia cet ouvrage, qui est dédié à b
reine Christine de Suède. Niceron et Morbof
Font tous deux taxé de plagiat sans indiquer lei
auteurs qu'il aurait pillés; d'un autre côté,
Chaufepié, qui dit avoir comparé ses remar-
ques avec celles des autres savants, assure qoe
cette accusation n'est aucunement fondée; —
De obligatUme; Leyde, 1654, in-4<': thèse
inaugurale; — Caii Institutionum frag-
menta, cum notis perpetuis ; aecedit Aniani
epitome; Leyde, 1658, in-S"*; les notes d'Oisel
ne sont, è ce qu'on prétend, qu'âne copie do
commentaire que Jér6me Aleander a donné, en
1600, sur Gaïus; —Auli GellH Noetes Attics,
cum variorum commentariis; Leyde, 16C6,
in-8* ; — Thésaurus selectorum numismainm
antiquorum a Julio Cxsare ad Constanti*
num Magnum ; Amsieréâm, 1677, 2 vol. ia-4*:
cet ouvrage, encore recherché, est accom-
pagné de planches qui avaient déjà servi ao
traité flamand de la Puissance romaine (1671)
de Joachim Oudaan. K.
Son neveu Philippe, né le 7 octobre 1671, à
Dantzig, mort le 12 avril 1764, à Francfort-sur-
roder, se fit connaître par ses travaux sur la
langue hébraïque, parmi lesquels on remarque :
Introductio in aecentuationem ffebrxoru»
metricam; Leyde, 1714, fai-4*; il y soalieat
que les points et les accents sont aossi andeos
que les livres de l'Écriture sainte. Selon Watt,
on conserve de ce savant au BriUsh Muséum on
manuscrit qui a pour titre Sncomêum tacitur-
nitatis, K.
NtceroQ, Mémoires, XUI. - Morbof, PDlf*itfor. I.
lu. ♦. - Chaufepié, Now. DM. hi$U -' BMUÀh. Ger-
maniea, XII. — Jofumat des Savanit, térr. nn. -
HMff, France protett.
OJBDA ( Don Alonio ne ), l'un des premiers
découvreurs de l'Amérique; il fut le lieutenant
de Colomb , le compagnon de VeR|Mice et i<^
chef de Pizarre et de Femand Cortès. Il naquit
à Cuença, vers 1465. Élevé dans la maison du
duc de Medina-Celi, il avait appris le métier
des armes dans les guerres contre les Maures.
Les historiens espagnols racontent raille mer-
veilles sur sa valeur et ses exploits. Il s'eor6la
parmi les aventuriers que Christophe Colomb
569
OJËDA
570
recratait pour son second voyagé (25 sept 1493).
A chaque descente Ojeda donna quelque preuve
de hardiesse, surîout à La Guadeloupe, où, du-
rant plusieurs jours, il chercha, à travers des
savanes inconnues, le capitaine Diego de Marque
et huit de ses compagnons.^ Le 22 novemhrc
l'expédition toucha à la pointe orientale d'His-
paniola, dans la haie de Samana et y apprit
le nnassacre des soldats que Colomb, lors de
son premier voyage, avait laissés à La Navidad
sous le commandement de Diego de Arana. Ce
fut pour Colomb un grand sujet de préoccupa-
tions. « Jusqu'alors, dit Herrera, il ne connais-
sût rien de l'intérieur de l*tle et son imagination
ardente la lui présentait comme remplie de
mines prédenses. Si c'était réellement Tlle de
Cipango , il devait s*y trouver des cités popu-
leuses derrière les hautes montagnes <)ui bor-
naient rhorizon. » Colomb résolut d'envoyer un
détachement dans Tintérieur de Tlle avant de
renvoyer sa flotte en Espagne. Il confia cette en-
treprise à Alonzo de Ojeda, qui l'accepta avec
joie et partit dans les premiers jours de janvier
avec qainze cavaliers déterminés. Après six
joors de marche vers le snd, il arriva à Cibao,
dont il tixmva les habitants occupés à recueillir
de l'or. Il les aida dans leurs recherches et re-
prit alors le chemin d'Isabella, emportant assez
do précieux métal pour ranimer le courage ou
plutôt Tavidité de ses compatriotes « que la faim
et les maladies commençaient à jeter dans un
mortel désespoir ». En avril 1694 Ojeda fit une
excursion dans la Vega reale et sur les bords
da Rio' del Oro; il châtia plusieurs caciques
qui avaient commis des hostilités contre les
Espagnols. Colomb le chargea ensuite de re-
pousser les attaques du redoutable Cannabo,
cacique de Magnana. Ojeda, enfermé dans la
forteresse de San-Tbomas avec quatre cents
soldats, se vit bientôt assiégé par dix mille
guerriers caraïbes et pressé par la famine. Les
Indiens déployèrent la patience, l'esprit de ruse
et le courage ol)stiné qui leur sont naturels.
Ojeda les lassa Xi)* Caonabo se retira plein
d'admiration pour le jeune chef européen, et
le reçat avec une sorte de courtdisie cheva-
leresque, lorsqu'il vint lui offrir la paix au
nom de Colomb (2). Cette paix n'était qu'un
piège. Ojeda avait offert à l'amiral de s'empa-
rer du cacique et de le lui livrer. Colomb avait
accepté. Le plan qu'Ojeda avait conçu était
hardi, romanesque, et porte bien le cachet de
celui qui l'accomplit 11 décida Caonabo à le
snivre à Isabella, et pendant leur voyage «
' (1) Voy. le récit de ce liége, dans Ovledo, Ub. III,
cap. !•».
fi) Qiarlevoix assure que poor tenter le caclqae«
0)eda im offrit la cloche de U chapelle d'Isabella,
doche qot faisait l'étoanement des Insalalrrs. Lorsqu'ils
cnlefuUleDt soo tlntemeat résooaer dans les foréU pour
appeler les EspagnoU aax ofOces et qalls Toyaient
eeox-cl se précipiter ensemble Ters la chapelle. Us s'I-
a>»glaalent que ce son exerçait un poarolr surhumain
arrivé sur les bords de l'Yegua, il montra
au cacique des menottes d'acier poli, lui disant
que c'étaient les ornem^ts royaux des mo-
narques de Castille; il lui offrit aussi de
monter sur son cheval et de paraître ainsi en
souverain européen. Caonabo, qid partageait le
goût des sauvages pour les hochets brillants, se
laissa enchaîner et 'après quelques passades,
Ojeda s'élança en croupe derrière lui, franchit
la rivière et gagnant HIspaniola remit son
prisonnier à Colomb (1). L'amiral envoya le
cadque en Espagne; mais le captif se laissa
mourir de faim dans la traversée. Ojeda sou-
mit ensuite les frères de Caonabo qui firent des
efforts désespérés pour obtenir la délivrance
de leur cacique. Plus tard ( mars 1495 ), il dé-
cida de la bataille de la Vega on fut anéantie la
confédération caraïbe.
On ne sait pas bien quelle cause amena une
rupture complète entre l'amiral et son lieute-
nant ; toujours est-il qu'Ojeda revint en Espagne
et y trouva l'évêque de Badajoz , Fonseca, son
protecteur, fort mal disposé pour les Colomb.
Ce prélat, qu'on pouvait alors nommer le mi-
nistre des Indes, parce qu'il était chargé de
tous les ordres qui regardaient les nouvelles co-
lonies, communiqua à son pupille les plans et
les mémoires de l'amiral. Les brillantes espé-
rances données par Christophe Colomb étaient
loin de s'être réalisées ; aussi le roi Ferdinand V,
naturellement ombrageux, avait-il conçu des soup-
çons défavoral)les sur la conduite de Colomb.
Ojeda résolut de profiter de cette circonstance
pour continuer à son profit l'œuvre de Colomb.
Grâce à l'appui du tout-puissant ministre (Fou-
seca), il trouva des fonds dans Séville pour
armer quatre vaisseaux ; il prit pour premier
pilote Juan de La Cosa, natif de Biscaye, marin
d'expérience et élève de Taroiral qu'il avait
accompagné dans ses deux premiers voyages;
le second pilote était Barthélémy Roldan qui
avait fait aussi avec Colomb le voyage de
Paria. Parmi les armateurs, il y en eut un qui
voulut accompagner Ojeda et partager ses dan-
gers ; ce fut Americo Vespuccio {voy. ce nom).
Ojeda mit à la voile le 20 mai 1499, et, se di-
rigeant à l'ouest'Sud, ne fut pas plus de vingt-
sept jours pour découvrir le continent améri-
cain à l'endroit qu'il nomma Venezuela {Pe-
tite-Venise ) (2) ; il en rangea la côte l'espace
de quatre-vingts lieues à l'est de l'Orénoque
jusqu'au golfe de Paria, où il mouilla dans une
et venait de (vrey ( les deux ). Caonabo crut que la pos-
session de la mystériease cloche loi donnerait ce pouvoir.
(1) Cet exploit d'OJéda , peu honorable pour lui et
pour Colomb, a été mis en doute par quelques écrivains
espagnols modernes ; mais U est rspporté tout au long
par Las Casas, Herrers, Fernando Pizarro, Charlevolx, etc.
' Pierre Bfartyr et don Femand Colomb ( dans la vie de
son père, l** part. cap. uui ), ae bornent A mentionner
la captivité de Coanabo , sans détails sur sa prise.
(*} Parce que les habitations étalent bStles sur pi-
lotis et ressemblaient à celles des lagunes de Ve-
nise.
571
OJEDA
67J
baie spaeieiue qo-M nomma de Las Perlas^
parce que tes rÎTenins m livraient à la poche
des perles et en échangèrent beaacoop avec les
Espagnols. Gnidé par les cartes de Colomb,
Ojèda traversa le gol£e de Paria et la Bocca del
Drago, et continuant sa. marche à l'ouest, attei-
gnit le cap de la Vêla. Il toucha ensuite dans
Tarchipel des Caraïbes» où Q soaliot plusieur»
eombats contre les naturels et fit de nombreux
prisonniers, qn'U se proposait d'aller vendre en
Espagne, lorsque le manque de vivres le força
d'atterrir à Yaquimo ( /acfuemfl}, le 5 sep-
tembre 1499. Christophe Colomb, connais-
sant le caractère entreprenant d'Ojeda, ne fot
pas médiocrement inquiet de la descente de
son ancien lieutenant. Il dépécha un de ses ca-
pitaines, Francisco Roldan, poar connaître les
motifs de sa venue et l'arrêter au beseîn. Qjeda,
surpris à Tiraproviste dans l'intérieur des terres,
protesta de ses bonnes intentions pour l'ami-
ral ; mais à peine fut-il en ^t de reprendre
la mer qu'il se rendit à Xaragna , souleva un
certain nombre de mécontents et leur ofirit
d'aller expulser Colomb de Sanlo -Domingo.
Mais Roldan et don Diego Esoobai vinrent dé-
jouer ses menées, et le forcèrent à s'éloigner
d'Hispaniola ( 5 février 1500), d'où, sai^ant le
récit de Las Casas, il emmena nne prodigieuse
cargaifioo d'esclaves, qu'il vendit sur le marché
de Cadix pour des sommes énormes (1). Son
voyage Avait doré cinq mois.
£o 1501 Ojeda et A. Vespoce partirent de
nouveau de Cadix, et dél»arquèrent dans le golfe
d'Uraba. Us résohirent d'y bAtir une forteresse;
mais les marins, mécontents de la distribution
des vivres et encoungés par Yespuce, se sai-
sirent d'Ojeda, lui mirent les fers aux pieds, et le
déposèrent à Yaguimo. Ce ne fut qu'en iâ08qu^Hl
le vit réapparaître; il obtint alors la eonees-
sion des terres formant la vaste province con-
nue depuis sous le nom de NttMva'AndaluciOf
et qui s'étendaient depuis le cap de la* Yela jus*
qu'à la moitié du golfe de Uruba (3). i.a partie
située depuis l'autre moitié du golfe jusqu'au cap
Gracias-a-Dios fot donnée à Diego de Nicuessa,
Juan de la Cosa fut nommé alguaUl major du
gouvernement d'Ojeda. Ce dernier s'embarqua
de rile de Beata avec trois cents hommes, parmi
lesquels se trouvait François Picarre. F. Cortez
s'était aussi engiBgé dans cette expédition ; nne
|I? Ce fat aa retour de ce Toyage qn'Amérlc Veipaee
eoamcBÇB S rvrendiqoer la (plolre (l*av«lr décoitrert te
nouveau continent. OJeda, plus lojal, convenait qae
Christophe Colomb avait eu conDatasaocc de la c6tc de
Paria avant lui. Il déclarait qu'il avait vu la carte du
pajs découvert que Colomb avait envoyée précédem-
ment au roi et à la reme et dont lul-nénc a'étalt
«érvl ; qa'll avait recoooa que tout ce qu'avait rapporté
l*aratrantc était eucl, etc., etc. {Procit 3is de D,
Diego Colon, prcgunta II). En tous cas OJeda, iMromo-
teur et chef de l'eipédlUon, avait plus de droit que Ves-
poce pour lifiposer un nom an Kouveau Monde.
(S) Cette contrée était connue des naturels sons le
nom de Cunana et des Espagnols sous celui de ta
Serpa.
tumeur au genou l'empêcha de suivre ses eana*
rades, qui descendirent à CaromoH (aujourd'hui
Carthagène) . Ojeda essaya de gagper h^ Gaaya>
oas par la douceur; mais ce peuple vaittant,
qui venait d'être pillé par les aventwien qui
s'étaient succédé sur ces côtes, rejeta toute com>
position. 11 fallut combattre. Les Espagnols fimnl
vainqueurs après us combat sanglant : ils poo^
suivirent les indigènes josqu'à Yurbeoo; dans
cet endroit montagpeiix, les Indiens teent tout
à coup volte-face, tombèrent sur lee avenlu-
riers dispersés, et en firent un berriUe canage.
Juan de la Cosa fut du nombre des OMMrts. Ojaila
échappa seul au carnage. Ses marina, tnquieb
de son sort, le découvrirent au bout de quel-
ques joom, caché parmi les mangliers de la céte.
Son armure portait les marques de plus de trois
cents flèches. Sur ces entrefaites arriva Nicuesa;
Ojeda, qui avait eu de très-vives disputes avee
ce capitaine au sujet de leurs limites si» le Da-
rien, hésitait à se confier à lui ; en cette eccaaon
Nicuessa se conduisit avec autant de générosité
que de bonne loi, et vengea la mortd^ Juan cie
lA Cosa. Ojede fonde eannite Sw-Sébastino
dans le gêlfe de Derien ; il avait trop pea de
monde pour garder sa conquête; il dot livrer
des combats continuels pour se preoorer des
vivres, el dans une sortie il eut la. cuÉsse percée
d'une flèche empoisonnée : il se gnérii hMiêae
en appliquant deux plaques de fer ronge av sa
pUiie ; mais 4 partir de ce jour il se crut aban-
donné de In Vierge. Désespérant de se naintoûr
dans sa triste position, il i^solut d'aller à His-
paoiola s'y procurer des secours et des vivres. Il
confia le commandement de sa forteresse à Fr. P^
zarre, et pf il la mer sur un bfigaotin apparie
nant à Bernadino de Talavero. Une fois en mer,
Talavero, qui,transfog|e d'Hispaniola» avait é«
raisons pour ne pas aborder dans cette lie, fil
jeter Qjeda dans les fers, et débarqua à Cubi.
Les Espagnols furent si vigoureusement assaillis
par les naturels qu'ils sentiaent le besoin de
mettre Ojeda à leur tête. Ils durent Taire oeoldix
lieues dans des marécages salés, ayant souvent
de Teau jusqu'au cou ; la moitié d'entre eux y
succomba; le reste arriva à Guyba, dont le ca-
cique les accueillit. Ojeda y éleva une chapelle,
dana laquelle il consacra sa fomeuae image de la
Vierge, et envoya demander des secours à La
Jamaïque, oA commandait alors don Jon dé
Esquirel, qot>jeda avait cruellemenf offensé.
Esquireir ne se souvint que de la gloire du vail-
lant cheî^ et le fit conduire àHispaniola; utfs
Ojeda ne put sorvivre à tant de travaux et de
déceptions. Il mourut si pauvre qu'il fallut pour-
voir aux fraie de ses funérailles : il fut inhoiiK^
sous le seuil des Franciscains de San-Domiogo.
A. DE Lac AXE.
Las Gssas^ IhaL Md.. llb. I. eip.cn. ^ Ferdiuod Ce-
tomb, HiiL del jtmUrwntêt ca|k xxrvL — Dc«r Q»wbê,
BpUt. - Pierre Maitn. De »etms QemmMr. dée. i".
Ub. 11. ' Heften, Hist. Iné , dée. I, llb. II, cap vu,
X, XVI ; bb. IV, capt. xn, ir, xl — Le mtmn, Ifên»
673
OJEDÀ — OKEGHEM
574
OrbiM^ cap, ^iix. — Pltavro» FarimBi iUuUrtSt etc.»
eip. vxxi. — OTledo, Cranica tic Uu IndiaSt 11b. III,
cap. I. — Mufios, mu. dei Nnevo-Mondo, mwa. -^ Ga-
Jcanl rVaplooe , Eêawkê ctitk» étl prim» viuçgio di
Amerieo feqwcci al ffuw- Mondo { Florence, 1810).
— Le P. CanUo» Oittoria «or»9ra/lra de la tfueva-
Andalueia. — Cbarlevoli, BUt. ëe SMnt^^)eaningue,
Ut. Il, p. ISI. ' Washington Irvlng. Hist. dé Chris-
tophe CoUmA [tnû. de Defaaeonppet fllt), 1. 1, p. 9n;
l. il, ebap. va. — WUIIm SMtiti, Cotieetion da voir«»
ges autour du monde, t. XII. p. S9-S4»
o'KBBFFB ( John ) , aoteor et auteur dra-
matique anglais, né le 24 juin 1747, à Dablin,
mort le 4 février 1833, à Southampton. La fai-
blesse de sa Tue lai fit abandonner l'état de
peintre, aaqoel il s'était destiné. En 1781 il vint
ft'établir à Londres, où il se bornait à composer
pour les tronpes d*Hay-Marfcet et de Covent-
Gardeo des drames et des comédies généralement
goûtés. £n 1798 il cessa d'écrire; bientôt il perdit
pr&sque complètement la vue, et tomba dans une
détresse si grande qu'on donna en juin 1800 une
représentation à son bénéfice à Covent-Garden.
Ce thé&lre lui servit jusqu^en 1826 une modique
pension, et en 1808 il en reçut une autre du
goaverBeroent.En 1828 il alla demeurer à South-
ampton , auprès de sa fille. Les ouvrages dra-
matiques d'O' Keefle , défectueux sous le rapport
de la fable et du style, mais empreints à la fois
de sensibilité et de bonne humeur, ont joui long-
temps d'une certaine popularité; ils sont au
nombre de cinquante , parmi lesquels nous cite-
rons Son in law (I7'79), The agreeable sur-
prise (1781), Toung quaker et The birth-day
(1783) , Ornai (1785) , Prisoner at large (1788),
World in a village et London hermil (1793) ,
Wild oats (1794), Lijé's vagaries et Irish
mimic (1795), The Castle in Andalusia, Bigh-
land réel et Poor soldier (1798). A celte der-
nière date, O' Keefle publia une partie de son
théâtre (21 pièces), en 4 vol. in-8*';la sous-
cription suffit à peine à couvrir les frais d'im-
pression. On a encore de lui : Recollection o/
the l\fe of John (f Kee/fe, written by him-
self; Londres, 1826, 2 ?ol. in-8*; ■— 0* Ketf-
fe*s Legacg to his daughter; ibid., 1834, in- 12 :
recneil de poésies accompagné d'une notice bio-
graphique.
Sa fiUe est auteur de quelques ouvrages ; deux
ont été traduits en français : Les Patriarches^
ou la terre de Chanaan, histoire en ta-
bleaux (Paris, 1818, 182I,'2vol. în-12), et
Jhidley et Claudy, roman ( ibid., 1824, 6 voL
in- 12). P. L-Y.
Beeolleetions. — Bâter, Elographia dranuuica.
OKBGHKS ( Jean) (l)f célèbre musicien
(1) LVrtliogvapbe du nom de eemoslden varie selon les
ntean. Glaréao, Hawkins , Barner, Forkel et plusleiirs
aotres écriveaS Oehenhein, Hermaon Flnek, dana sa
JhratUa musiea , a écrit Okehem, Ce nom a même snbl
chrz qoelques-ans des alléraUons qui le rendent roé-
coonatanble. Le mémoire de Ijàserna sur la MbttotMque
de Boargi^oe, par exemple, porte Oeàergan. Mais to
docoment anthenUque que nous citons plus loin, d'après
on des maonscrlts de la Bibliothèque Impériale de
Parte, donne lien de croire que Okeghem est la léritable
belge du quiasième siècle,, né vers 1430, dans
une des viUm du Hainaut et vriiaernUablement
à Bavay, mort à Tours, dans les preraières an-
nées du seizième siède. On ignore Técole à la-
quelle il a puisé son savoir en musiqHe ; mnis
il est à présumer qu'il eut pour maître Gilles
Bwehois, premier cbantfe do duc de Bout*
gogne, dont la cour résidait alors à Pérenne^ non
loin de Baray. Telles sont du moias les cod«>
closions que M. Félis a déduites d'uvpeaeagBdii
Traité de contrepoint de Tindoria, dans lequel
cet auteur contemporain cite Okeghem, J. Régis,
Ant. BuBWNs , Firmin Caron , Guiilaume Fao-
gues et phuieiipsauires compositeurs de la m6me
époque , qui se glorifiaient d'avoir été élèves de
J. Ounstaple , de Gilles Biocbois et de Guillaume
Dufaj. Quoi q«^il en soit, il paraîtrait queilc ta»
lentd'Okeghem n'avait pae tardé à être nsnarqué
et à mériter à ce ransidiBn d'être attaché' au
service de Charles VU en qualité de premier
chantre ou chapelain. On trouve la preuve de
ce fait dans va compte des officiers de la maison
de ce prince , qui reçurent des habillements de
deuil, à Toocasion de ses funérailles, en 14«1.
Ce document, extrait des mannserits de la Bi-
bliothèque impériale de Paris, F. 540 du sup-
plément, porte l'indicatwn suivante : Chapelle :
les XVI chapelains de la chapelle du dit
seigneur qui ont eu dix-huU robes longues
et autant de chaperons , les quatre premiers
à 3 escus Vamlne , et les autres à 2 esaa
l'aulme: i'*Jokannes Okeghem^ premier, etc.
Il est prohaUe qs'après la mort de Charles VU
Okeghem quitta la cour poor se rendre à l'ab-
baye de Saint-Martin de Tours, où l'on sait qu'il
reropKt plus tard les fonctions de chantre et de
trésorier. En eifet, son nom ne figure plus dans
le compte des gages des officiers de la maison
de Louis Xi, dressé par Jacques Le Camus,
commis au payement desdîLs gages, depuis le
Mob de janvier 1462 jusqu'au mois de septembre
1464 (manose. déjà cité de la Bii)liothèque im-
périale de Paris ) (1). Uir deuxième compte,
. dressé en 1466,, par Pierre Jobert , recerenr
général des finances , n'indique pas davantage
qu'Okeghem ait été attaché à la chapelle ôe ee
roi ; il lait seulement connaître le nombre des
chantres, sans indication de noms, à l'excep-
tion de celui do premier chapelain , Jelian Lar-
dois. Cependjuit Tincloris , dans le prologoe de
son traité intitulé Liber de natura et proprie-
tate tonorum, et daté du 6 novembre 1476,
a dédié cet ouvrage ^è Jean Okeghem, premier
chapelain du roi de France, et à Antoine Bus-
orthographe de ce nom, qnt est d'ailleurs écrit ainsi par
Tinctoris, WtlpbUnRaeéer, Faber, lleyden et Zarllno.
(i) On volt par ce compte que depuis Favénemeot du
nouveau roi au tr6ne la chapelle avait été réduite. Il ne
restait plus un seul des anciens chantres A déekant. Le
nombre des chantres et chapelains n'était pin?» que de
huit } TOld leurs noms : GalloU-fiourdin , premier
chapelain, Jehan Coupé, Raymond d'yéi/dée, Jehan
de Fougues, Jacob Uantier, GuUiaume^ clerc, Jehan
Beaufils, Id., Georges Hobinet, id.
575
OKEGHEM
DoU, chantre da duc de Boar|;ogne ( Prxstan-
tissimis ac eeleberrimis artis musicx pro-
fessoribus Domino Joanni Okeghem, ehris-
tianissimi régis Francorum proto-cappel'
lanOy etc). Il se poarrait que Tinctoris, qui
vivait alors à Naples, ait été mai informé de la
situaUon d'Okeghem à cette époque, quoique
depuis 1466 jusqu'à 14^0 aucun document ne
fournisse la preuve qu'au milieu des modifica-
tions successives qu'avait subies la chapelle de
Louis XI, ee savant music^icn n'ait pu y être
attaché. Mais il est certain qu'il n'en a pas
fait partie depuis 1480 jusqu'à la mort du roi.
C'est ce que constate un troisième compte des
gens de chapelle^ dressé le 1*' octobre 1480
au 31 t;«ptembre 1483, dans lequel il n'est pas
fait mention du nom d'Okeghem (l). S'il est
vraî, comme tout porte à le croire, qu'après la
mort de Charles VII Okeghem ait quitté la
chapelle royale pour passer au service de l'ab-
baye de Saint-Martin de Tours, il est peu vrai-
semblable qu'en 1467 il ait abandonné sa nou-
velle position pour être attaché à la cour de
Louis XI et qu1l ait quitté de nouveau la cha-
pelle royale avant 1480 pour revenir ensuite à
son abbaye, où l'on a la preuve qu'il a passé les
dernières années de sa vie. Jean Lemaire, poêle
et historien lielge, né à Bavay et contemporain
de la vieillesse d'Okeghem, nous apprend que
ce musicien existait encore en 1512 et qu'il éUit
trésorier de Saint-Martin de Tours. Voici com-
ment il s'exprime dans son épitre à François
Lerouge, datée de Blois, la même année, et qui
termine ses Illustrations de France : n En la
fin de mon troisième livre des Illustrations de
France, j'ai bien voulu, à la requeste et per-
suasiun d'aucuns mes bons amys, adjouter les
œuvres dessus escriptes, et mesmement les
communiquera la chose publique de France et
de Bretagne, adn de leur monstrer par espé-
ciaulté comment la langue gallicane est enrichie
et exaltée par les œuvres de monsieur le tréso-
rier du boys de Vincennes, maistre Guillaume
CreUn , tout aussi comme la musique fut enno-
blie par monsieur le trésorier de Sainct-Martin
de Tours, Okeghem, mon voisin et de nostre
même nation. » Okeghem devait avoir alors
quatre-vingt et un ou quatre-vingt-deux ans. La
date de sa mort n'est pas exactement connue.
Selon Kiesewetter, il aurait cessé de vivre en
1513. Ce maître, l'un des plus savants de son
temps, a foi-mé des élèves qui , à leur tour, sont
devenus les plus célèbres musiciens de la se-
conde moitié du quinzième siècle et du com-
mencement du seizième. Leurs noms nous ont
été transmis par deux déplorations en vers,
mkes en musique, l'une à cinq voix, par Jos-
(I» Vokl les noms des neuf penonnes Indiqaées dans
ce compte: Georgei de VÊclme, preaier chaatre. Bar-
de/ort de Rode, françots-Jehan Nervet, Jacquet de
y_aschveUe, Jacques de Gateoignotles , mcolas de
676
f
quîn Deprez , l'autre par Guillaume CrespeL Ob
lit dans la première :
Aocontrex-Toiu d'abUx de deuil
JosqaiD. Brumel, Plerchroa (ij, Gompére,
Et plorez grosses larmes d*œU :
PerJa avei votre bon père.
La liste de ces noms est plus éteodue dans les
vers suivants de la complainte de Creapd :
Agrleola, Verbonnet . Priorls,
Josqoin Deprez. Gaspard, Bramel. Compère,
JNe parlez plus de joyeox duiatz, ne ito ,
Mais composez un Ne reeorderis
Pour lamenter notre maistre et bon père.
Les éloges qui ont été donnés à Okeghem par
ses contemporains et par ses élèves Tont fart
considérer comme un dief d'école. Ce composi-
teur est en efTet un de ces hommes rares qui,
dans l'ordre d'idées où ils sont plaeés , impri-
ment à leur époque un mouvement de progrès.
On voit, par ce qui nous reste de ses oavra^
qu'il était bien supérieur à Dufay et à ses au-
tres prédécesseurs immédiats, dans Tart d'é-
crire : Les parties sont mieux contenues dans
leurs limites naturelles ; les croisements sont
plus habilement évités ; l'harmonie est mieux
remplie. Vimitation et le canon, dont on trouve
les premiers rudiments dans les œuvres des
musiciens de la fin du quatorzième siècle , pren-
nent entre ses mains plus de développement et
une forme plus régulière. Glaréon, dans son
Dodecachordon ^ rapporte un canon à trois
voix, composé par Okeghem, et qui est on
morceau très remarquable pour l'époque à b-
quelle il a été écrit. Okeghem paraît aussi avoir
été le premier ou du moins l'un des premiers
qui proposèrent ces combinaisons énigmati-
ques hérissées de toutes les subtilités du coo-
trepoinl et qui devinrent ensuite à la mode. Bien
que cette direction donnée à l'art tùi contraire
à son but naturel , elle ne contribua pas moins k
perfectionner les formes scientifiques.^ car lors-
que l'abus de ces formes eut disparu» il n'es
resta que' ce qui pouvait, sous le souffle fécon-
dant du génie, créer de nouvelles ressources
aux compositeurs. Le Dodécachoitdon de Gla-
réan contient aussi le Kyrie à quatre voix et le
Benedictus à deux voix de Di messe ild omnem
tonum d'Okeghem. Ces deux morceaux se trou-
vent en partition dans Bumey, Forkel, et dans
les planches du mémoire de Kiesewetter sur
les musiciens néeriandais. Kiesewetter a donné
dans ce mémoire le Kyrie de la messe Gau-
deamus du même compositeur, mis en parti-
tion par l'abbé Stadler, d'après un manuscrit
de la bibliothèque de Vienne; mais ce morceau
est rempli de fautes qui ont été corrigées en
partie dans les planches de V Histoire de la mu-
sique dans les contrées occidentales, du piême
auteur. Dans ce dernier ouvrage, on trouve à
la suite du Kyrie, le Chrisie de la même messe.
Plusieurs messes d'Okeghem sont conservées en
manuscrits dans les archives de la Chapelle pon-
(1) Pierre de U Rue.
577
OKEGUEM — OKSZI
676
tificale, à Rome. M. Fétis possède un manuscrit
du seixièroe siècle qui contient trois motets de
ce mosiden. Glaréan dit dans son Dodeeachor-
don , et d'autres «uteurs ont rapporté d'après
lui , qu'Okeghem écrivit une messe è trente-six
Toix , ce qui semblerait indiquer une division
de la musique en plusieurs chœurs. Mais, comme
le fait observer M. Fétis . il n*est guère probable
que ridée d'une pareille composition ait pu
naître èa quinzième siècle , où les morceaux
écrits k six voix étaient encore très-rares et le
personnel des chapelles royales peu nombreux.
D. Denhe-Baron.
Glaréan , Dodéeaehordon. — Fabcr, ErotewuUa nm-
tke$ praetiese. — WUpblInfiieder, BfvUmata prae'
UcM eiMtinentim prmeijnuu ejta artit jtraec^ftiones.
— HawUns , Hisfrif ûf tk» icienee and praeUeê of
Btifjfe. — Burney, Â gênerai hUtorif of musie» — For-
àel, Âtlçemelne GnekiehU â§r Musik. — Fétii, Mé-
moire par têt mtcilrifiu néerlandaig. — Le même. A*-
cAerckes narta musique des rois à» Prsmeê et de gtttUtmei
princss, depuis Philippe le Bel Jusqu'à la fin du réçne
de Louis XI F" { Revue musicale, t. XII. p. is» ). ~ Le
■éaie. Biographie universelle des MusleieHS, — Kie-
aewatcr. Die yerdienste der Nierldnder um die Ton*
kwut. — Le méoie, Ceschichte der Europseiich abend-
Uendischen oder unsrer heutiçer Musik.
OKVLT (Francis), savant théologien an-
glais, né en 1718, mort le 9 mai 1794, à Bed-
ford. 11 reçut les ordres mineurs, et demeura
pendant toute sa vie attaché à la secte.des Frères
moraves; comme il refusa d'en abjurer les prin-
cipes , il lui fut impossible d'être admis en qua-
lité de prèlre dans l'Église anglicane. Le tour
de son esprit le porta aux idées mystiques,
ainsi qu'en témoignent les titres de ses ouvrages :
The Nature and necessity of the new créa'
ture in Christ; 1772, ln-8*;trad. de Talle-
nuod; — The divine visions qf John En-
gld>recht; 1781, 2 vol. in-8® : l'ouvrage de ce
Tisionnaire allemand avait paru en 1658, plu-
sieurs années après sa mort; •— A Jaithful
narrative of God*s gracions dealings with
Hiel; 1781, in-8%etc. K.
Oialmcn, General Moqraph, didionarf.
OKBM (Laurent) 9 célèbre naturaliste alle-
mand , né le l*' août 1779, à Bohlsbach, en
Sonabé, mort le U aoftt 1851. Après avoir
étudié à Wurtzbourg et à Gcettingne, il fit pen-
dant plusieurs années des cours en qualité de
privat-docent ; en 1807 il devint professeur de
médecine à léna, où il obtint en 18 1 2 nne chairede
médecine. Les opimons libérales qu'il manifesta
dans VIsiSf revue dont il commença la publica-
tion en 1 816, lui valurent la perte de son emploi ;
il (ut aussi impliqué dans raCfaire de la fête de
la Wartbourg et mis en accusation comme dé-
magogue, mais bientôt après acquitté. Après
avoir vécu à léna plusieurs années, dans la re-
traite, il fut en 1828 nommé professeur à Mu-
nich; en 1832 il reçut une chaire à l'université
de Zurich, et il la garda jusqu'à sa mort. Ana-
tomiste et physiologiste Irè^istingné, Oken a
aussi voulu créer un système plUlosophique,
fortement entaché de panthéisme, et qui par son
ROC T. BIOGR. CBNÉn. — T. XXXVI U.
obscurité quelque peu prétentieuse tomba bientéC
dans le discrédit. On a de lui : Grundriss der
Natur philosophie ( Esquisse de la philosophie
de la nature ) ; Francfort , 1804 ; — Ahriss des
Sffstems der Biologie ( Esquisse d'un système
de biologie); Gœttingue, 1805, in-8*^; — Die
Zeugung (La Génération); Bambei^, 1805,
in-8* ; — Ueber die Bedeutung der Schxdel'
knochen ( Sur la valeur des os du crâne) ; Bam-
berg, 1807; — Ueber das Universum, Pgtha*
gorœisches Fragment (L'Univers; fragment
dans le goût de Pythagore); léna , 1808, in-4*,;
— Lehrbuch des Systems der NqturphUoso-
phie ( Manuel d'un système de la philosophie
de la nature); léna, 1809-1811 et 1831, 3 par-
ties, in-8*; Zurich, 1843; — Ueber Ucht und
Wàrm/e ( Sur la lumière et la chaleur); léna,
1809, in-4»; — Veber den Werth der Aa-
turgeschichte ( Sur l'importance des sciences
naturelles); léna, 1809, ln-4^; — Veber Bnt^
stehung und Heilung der Nabelbrûche ( Snr
l'origine et la guéiison des hernies ombili-
cales); Landshttt, 1810, in-8o; — Lehrbuch
der Naturgesehiehte ( Manuel d'histoire natu-
relle); Leipzig et léna, 1812-1816, 5 vol. in-8?;
— isiSy revue encyclopédique; Leipzig, 1817-
1848, 32 vol. in-4<*; — Esquisse du système
d*anatomie et de physiologie; Paris, 1821,
in-8^; >- Béitrxge sur vergleichenden Zoo-
logie, Anatomie und Physiologie (Mélanges
de zoologie, d!anatomie et de physiologie com-
parée); Bamberg, 1827, 2 parties, in-4^, eo
collaboration avec Kieser; — Ueber das Zah-
lengesetzin den Wirbeln des Menschen (Sur
la loi numérale dans les vertèbres humaines^;
Munich, 1828; — Allgemeine KaturgescM^
chte (Histoire naturelle générale); Stuttgard,
1833-1841, 13 vol. in-8*, avec un atlas de plan-
ches; ouvrage des plus remarquables. O.
CanversatUmS' Lexikon. — CalUsen, Lexikon,
OKOLSKi (Simon), historien polonais,
mort en 1654. Il fit paille de l'ordre de Saint-
Dominique, professa la théologie, fut prélet
des études à Lemberg, et dirigea comme prieur
les couvents de Kaminiek et de Tysmieniek. En
1649 il devint provincial de son ordre en Po-
logne. On a de lui : Orbis Polonus; Cracovie,
1641-1645, 3 vol. in-fol. flg. : cet ouvrage eA
plein de recherches snr l'origine des Sarmates
et sur celle des plus anciennes familles polo-
naises; — Russia fiorida rosis et lilOs, h, e. san-
guine, prxdicatUme, religione, vita; Léopol,
1646, hi-4*; — Prxco divini verbi Albertus
Magnus, episcopus Hatisponensis ; Cracovie,
1649, in-4». K.
écbard et Qaétiî ^ Seriptores ord.'Prsedieatorum, lU
MO. - Gœtie , BioUoth. Dresd., I, rre.
OKSZI (Stanislas), en latin OricAoi;iti£,
conlroversite polonais , né dans le diocèse dr
Premislaw, dans les premièresannées du seizième
siècle. Il étudia la théologie à Wittemberg, sous
Luther et Mélanchthon, puis à Venise, soos
19
579 OKSZl
Egnaliiis. De retour dans sa patrie, il eiMiras«a
vl^at eocléftiedtique, et détint chaooiiie de Pre-
niislaw. Soa attachement aax opinkmt de Lother
loi ayant attiré les réprimandeft du chapitre, il
reBimça à son tiéiiéfiee, et se maria. « Anatbé-
matisé par son prélat, dit Bayle, Il s^en souda
si peu que wm-seulement il prit la plume contre
les ecclésiastiques , mais qu*il les troubla aussi
dans la possession de Jears-biens et qu^il se mit
à la tète de leurs antagonistes; par Ja Tolubilité
de scm esprit et de sa tangue bien pendue, il
causa de très-grandes émoions. » Cependant il
rentra dans le giran de I^Église au synode tenu en
ISai à Varsovie, et depuis M témoigpn un grand
zèie contre les protestadta. La fofoe de son élo-
quence avait fait donner à OrioboviuB le surnom
de Démoitkène polonais. Les ouvrages 418*11 a
écrits sont en grand nombre; ceux qu'il fit
pour obtenir aux prêtres la liberté de se marier
sont les pins recherchés. Nous citon>ns de lui :
Oratio funebrû in funere Sigismmdi JagH-
ionii, PoUmiœ régis ; CraeoYie, 1548, iB-8*;
reproduite daas différents coqM d%istoire delà
Pologne; — De cœHbatui lege; Bâie, 1S5I,
in-8«; — Ora/io pro dignUate saeerdotalis
Oracovte, iSél, lo-8**; — De SUmcari seeUs;
Cologne, 1563, tn-B**; — De belle advenus
TurccLS ncjcipienifo ;Oracovie, 1583, In-B*-; —
Annales Polonimab exeessu Sigismundi, cum
vita Pétri Kniihx; Dabromii, 1611 ; Dantzig,
1843, in-ll. K.
Slarovdladm , Etoifia etrtUnn Pot&nortmi, 78-TS. —
1. Olaf on OlaOb, nom de trois rais dUpaal
ou de Suède :
OLAF, ou OLAdn 1^, vîTait au imlieu dujieu-
viéme siècle. En 853 il vit arriver à sa cour saint
Anschaire, arcbevéque de Brème, qui avait déjà,
en 829, es«ajé d*inlroduire en Suède le christia-
nisme; Il avait alors échoué, par suite des vio-
lentes persécutions eiercées contre les mission-
naires par les prêtres païens. Cette Tols, après
avoir disposé le roi en sa faveur par des présents,
il obtint de lui que le peuple^ qui se trouvait
justement réuni pour élever Tancien roi Erik au
rang des dieux, serait appelé à se prononcer sur
. la libre prédication de TEvangile (1). L'assemblée
décida que Je sort serait consulté sur la pro|x>si-
fion du roi ; il fut favorable à la demande d'Ans-
cbaire. Un Yiefllard se leva sRors^^et dit : « Vous
savons que le Dieu des chrétiens dde eeux qui
ont foi en lui. Crand nombre d'entre nous en ont
eu la preuve dans les hasards de la mer et au
milieu d*autres dangers. Pourquoi rejeter ce
qui peut nous être utile? Pourqudi Irions-nous
diercher ailleurs ce que Aoas avons aqjourd^hui
sous la maiu? Car plusieurs des nâtres, pour
connaître cette nouvelle religion, aont allés jus-
— OLAF
5S0
m sic qmigf9mfÊiâ9mwtorUê»t,
Mcoiv^gnatt altn uêêL AMchalrc,
negotium pubUeum wuiçU in jMtpvii
Cote, quam in régla eomittat potestate.
mt ^Modmwgiri
.qui
V0/UII-
qu*à Dorstadt. C'est pourquoi je tous conseille
de TeccToir les serviteurs de ce Dieu , qui est
plus puissant que tous les antres et dont il tti
bon d'avoir la proteclkm , au cas où nos dieai
vous deviendraient délbvorables. » Cet ■.▼!• Ait
«anctionné; et aprèa que le iing (atâenibléc)da
paya des Gotbs se fut déclaré dans le mèfse
sens, Ansdiaire sacra ErimbertéTêquede Suède;
<le retour à Brème, Il envoya dans ce |nys plu-
sieurs missionnaires, qui y firent «b gnnd
nombre de prosélytes, surtout depuis qnXMaf eut
fait presque miraouSeusement rentrer les habi-
tants de la Couriande sous sa domination. L^iis-
tolre se tait «or les autres événeuents du lè^
d'Olaf. a
aimherUs , rit* AntekmriL •- FUu SUaégrtL
OLAP II, mort Ters 967* Fils du roi Bjomle
Vjeux« U r^a depuis 935 envîTon sur la Suide,
en oenmon avac aon frère Erik le Violsneia.
On n'a pas d'antre détail sur sa vfe.
OLAF III 9 somoinmé Skôthouung (Le Roi
auvbevceatt),iié'ver8 980,BMMri€&10U. Urtiçst
étant encore enfant, et du vivant de son père,
Erik le Victorieux, les hommages du peuple; de
là son surnom. Monté sin* le tr6ne«n 994, après
la mort de son père , il rendit le royaunw de
Danemark (dont Erik 3*était emparé en 987) à
Sven , roi de ce pays, par oonsidératk» pour sa
mère Sigbrit, qui Tenait d'épouser Stcb. Il y mit
pour condition que ce prince y propagerait le
christianisme , qu'Olaf avait embrassé peu de
temps auparavant; il avait été baptisé pu-
saint Sigfrid, qu'il avait fait Tenfa* d'Aoï^eterre.
En l'an 1000, écoutant les suggeatkms de Sig-
frid, il se Hgua avec Sven contre le roi de Nor-
vège Olaf Trygwason; après la mort de « der-
nier, il reçut une partie de la Norvège, quil
remit k titre de fief à Sven, Itts d*Ilaquin le Bfaa-
Tais. Lorsque Olaf le Gros eut d^vré son pays
de la domination étrangère, IctoI de Soèd«
s'apprêta à le combattre k ontranœ; il reçot
avec mépris les proposifions de paix que le»
députés norvégiens lui irent, en 102S, devant
le (grand ting ( assemblée populaire) d*Upsal,
et interrompit brusquement le Jari desYlsigoths,
qui s*était prononcé pour ifli accoimuodcment.
Alors se lera le vieux lagman de Thmdaland ,
ThoriPT; reprochant au roi sa fkçon d^r hau-
taine, Il ajouta : « Nous, paysans^ mai vou-
lons que TOUS, roi Olaf, ftaeées la paii arec
le roi des norvégiens et Iri donniex co mariage
TOtre "fllle fngegeid. S! vous voulei recouvrer
les provinces è l'est qu'ont possédées tos an-
cêtres , nous sommes pnèts k vous suivre ; mais
si TOUS ne voulez pas écouter nos paroles , nous
tomberons sur vous pour tous massacrer, car
nous ne sommes pas ^disposés k souflKr tos
outrages. C'est «insi qa*en agissaient oos an-
cêtres, qnand 9s jelèredt k l'ean eiaq rois or-
gueilleux comme vona. » Les paymns coBUrme-
rent ces menaces en faisant retentir leurs an»fs.
Olaf céda , et accepta le traité apporté par les
581
OLAF
583
Nor?6gfens, en déclarant quSI ne faisait q«e
-suivre l'exemple 4e ses prédécesseurs, qui araient
toujours consulté rarris des paysans. Mais il ne
resta pas fidèle à ses engagements, et maria sa
fille Ingegerd an prince de Russie Jaroslaw ; le
jarl des Visigotha remit alors Astrid , une antre
fille d'Olaf, etftre les mams du roi de Nor-
vège, qni réponse. Cependant il se fécondlia
avec Oinf de llorfiège, «ree lequel il ent nne
entrevue à Kunghaell (1024). Il fut le premier
qni prit le titre de roi de Suède; ses prédéces-
seurs portiiant eehii de rois dtJpsal. Quoique
attaché au christianisme, il nfmnit à entendre
réciter par ses tMrdes les poésies des temps
païens. O.
teorro StartaKon, fMmtkrtn^im^ -* AdMO de Brène.
— Gcljer. Histoln'dê Smiâê.
n. Olab, nem de dnq rais de Ef orvèfik
OCâF I*', snnomné Trfgjmscn, roi de Hor-
fège, né en 956, mort en 1000. Son père Trygre,
petit-fils de Harald Haarf^ger, qui le pinmier
rénntt la Norrège sous le même sceptre , avait
pendant le règne d'Haqiiin le Bon gowTemé une
partie du pays. A TaTénement de ses cousins, les
fiU d*Eriii \ la Hache sanglante, il ftit attiré par
«oie dao8 un gnet-apens et mnsMcré. Astrid, sa
femme, se réfugia en SttMe,^)^ elle donna le jour
à Olaf ; poursuivie par les meurtriers de Trygve,
eHe a'apfMMa à alier rejoindre, i Kiew, son frère
Sigurd , on des principaux ministres dn prince
de Rvsaie. En route elle fut prise par un pirate
et séparée de son enfkit, qni M vendu è im
habitant de TEsthonie. Olaf, traité par son maître
comme os fils, fut en sa newième année reconnu
par non oncle Sigurd , qui l'emmena à la eonr
de Russie et le fit élever avec noîn. H gagna
la Citeiir dn prince , mais s'attira par là bean-
eonp d*ennemis jaloux, ce qni le décida, dit-on,
k se feire corsaire. Poussé par les flots snr les
oMea de la Poméranie, SI plut à 6<^a, fifle du
souverain de ce pays, et répoiiea. Ccftte prin-
cesse étant morte peu d'années après , Il reprit
sa vie d*avenlures , et ravagea les cfites de l'An-
gleterre et de la Franœ. Après -on entrelien qn51
«Ht avec «n ermite dans nne des Iles Sorling,.
4 se fit baptiser avec tuns ses compagnons. 11
se trooTait en 99» à IMblin, lorsquHI y fbt rqeint
par Thorer, émissaire de Hsqnin le Mauvais,
roi de Norvège, qni venait d'apprendre l'exis-
lenee d'un descendunt de Harald , et qni, pour
se défoire facilement de lof, le fit trattreuse-
ment engager à venir revendiquer son droit à
ia «onronne. Olaf snivit ce conseil, et se mit en
rvNite avec quelques vaisseaux ; à son débar-
qoMnent Haquin, depuis longtemps détesté, à
cause de ses actes de tyrannie, venait de met-
tre le comble à rindignation putilique en vou-
lant enlever de force nne des plus belles Cemmes
da pays. Olaf fut reçu comme im libérateur et
proclamé roi; un des esclaves de Haqnln lui
apporta la tête de son maître, qoll avait poi-
gnardé, dans l'espoir d'une forte récompense;
Oiaf le fit mettre à mort. Une fois quil eut
consolidé son aotorité , le nouveau roi s'attacha
à introduire en Norvège le christianisme, en-
treprise dans laquelle Haquin le Bon avait
échoué. Olaf fut plus heureux; la plus grande
partie des habitants de Wigen, de Rogaland, de
Hordaland et autres districts se laissèrent Im-
médiatement décider à adopter la nouvelle reli-
gion ; les récalcitrants furent condamnés à Fetil
on à des amendes. Mais Olaf rencontra nne
violente opposition dans les huit districts de
Drontheim , dont les habitants réunis autour de
lui au |4aid de Frosto le menacèrent de roert
8*tl continuait à cherdier è les convertir. Le roi
céda pour le moment , et leur annonça qn'il se trou-
verait an grand sacriAoe qui avait lieu tous les
ans à Moere. Quelque temps après il invita à un
festin beaucoup dîhahitants d» pays de Dron-
fhehn ; tout à coup il fit saisir onze des prind-
paifx d'entre eux , et déclara que puisqu'on le
forçait à retourner nu paganisme, H alHiit les
sacrifier aux dieux. Tons les assistants alors de-
mandèrent à être baptisés; Olaf exigea encore
d'eux quMIs lui remissent en étages leovs en-
fents. Dans une assemblée à Moere , il parvint
à faire embrasser le diristianisme an reste des
habitAits, et brisa les nombreuses idoles placées
en ee Keu par Haquin; dans les années sui-
vantes, il introduisît ta nouvelle religion en
Islande, aux tles Férné et jusqu'en Groenland.
En 999, Olaf, qui avaK abandonné Lade, l'an-
cienne résidence des rois païens, et s*étajK fait
construire nne nouvelle habitation i Ifidaros,
appelé plus tard Drontheim, épousa Thyra,
princesse dnnoise, qni avait quitté son mari
BuristuT, prince de Poméranie, auquel on Pa-
valt mariée de force. I>eux ans après 1! alla
prendre possession des domaines de Th^, dans
Plie de Hngen ; à son retour il fut attaqué par les
rois de Soè^ et de Danemark , excités contre
lui par les fils de ffaqnin ainsi qne par Sigrith,
reine de Danemark et qu'Olaf avait autrefois ou-
tragée (I). Malgré le nombre supérieur des rais-
seaux ennemis, il ae défendit ionglempe ; enfin,
sur le peint d'être frit prisonnier. Il se jsAa I la
mer avec le reste de ses compagnons, et trouva
la mort dans les flots. D^près une tradition po-
pulaire, il se serait sauvé à la nege, et serait
entré, après de longnes pérégrinations, dans un
couvent de Syrie. O.
taorre Stiirlatoo . HtknKkHmtlm. — Montei^ tOreheti-
çttohiBkU M» Dên&mmrk and Ihrwe^tm. - MttDch ,
Dêt J9or$ke Folks Historié, — Hanrer, Stkekrvnç du-
norwegiseken Stammêt Totm Ckristenthwm (Mnoleh»
iSIt. t voL ).
OLâr 11 (Saiint), surnommé le Qro$t roi
de nervège» né vers la fin dn dixième siècle ,
mort le 31 août i03a. Après la mort de son
(s) n avait 4'êtorû âtmtnté en mirtlage Cf tte femme
orgiwilleDae , qui atalt Bitt auuMBlnvr Harald, le pdre
ée aainc Otof , pour avelr eaS, lui «* pHtt roltctet », pré-
tendre Jk ta main. Bile «stéa la propoaltion d'Oïl r, qot
eitgea qu'elle le Ht ItapUser; elle refusa, ce qui lirlU
Olaf au point quil la fnppa de son gant au tiaage.
t9.
5S3
OLAF
584
père, Harald Grœnske, arrière-petit-fils de Ha-
rald Haarfager, et qui régna $ar une partie de
la Norvège, il fut élevé dans la maison du jarl
Sigurd Syr, que sa roère épousa, en 998. D*un
caractère aventureux , il obtint, à peine âgé
de quinze ans, de son beau-père, un navire de
guerre bien équipé, et il se mit à ravager les
côtes de la Suède, de l'Allemagne , de la France
et même de l'Espagne. Se (rouvant en i0i7
en Normandie, il y rencontra Édonard le Con-
fesseur, qui s'apprêtait à disputer à Canut, roi
de Danemark, la couronne d'Angleterre, et
qui promit à Olaf pour son concours le pays de
Northumberland. Olaf accepta, et prit part à
l'expédition contre les Danois. Elle fut 8^
résultat pour Edouard ; mais Olaf y fit un ric^e
butin , qui lui permit d'armer deux vaisseaux ,
avec lesquels il se dirigea vers la Norvège pour
se faire proclamer roi de ce pays, où régnaient
alors , sous la suzeraineté du Danemark et de
la Suède, Sven, fils d'Haquin le Mauvais, et
son neveu Haquin. A peine débarqué, il s'em-
para de ce dernier par surprise; après lui avoir
fait jurer de ne pins jamais rentrer en Nor-
vège, il lui rendit la liberté. Les habitants des
pays d'Upland et de Drontheim reconnurent
la plupart ses droits au trône; et après qu'il
eut yaincu Sven dans une bataille navale , il
reçut la soumission de tout le pays. Le nA de
Suède Olaf Schotkonung (voy. ce nom ) voulut
lui enlever la partie de la Norvège échue à
la Suède après la défaite d'Olaf Trygrason;
mais il en fut empêché par la ferme volonté de
ses 8oû^> <iui l'obligèrent à se réconcilier
avec Olaf et à lui donner en mariage sa fille As-
trid (i). Quant à Canut, il ne pouvait pour
le moment songer à faire valoir ses prétentions
sur la^ Norvège, ayant besoin de toutes ses
ressources pour se maintenue en .Angleterre ;
mais il resta sur le pied d'une inimitié déclarée
avec le nouveau roi de Norvège. Ce dernier,
une fois qu'il eut bien établi son autorité , prit
les mesures les plus énergiques pour détruire
le paganisme , qui avait repris l'ascendant pen-
dant les quinze dernières années. Il triompha de
toutes les résistances, et modifia de sa propre
autorité tout ce qui dans les lois n'était pas en
harmonie avec le christianisme; il enleva, entre
autres, aux parents le droit d'exposer leurs en-
fants nouveau-nés. Il Introduisit aussi le chris-
tianisme aux Orcades et aux Iles Féroé, qu'il
obligea à lui payer un tribut; il fut moins heu-
reux avec les Islandais, qui refusèrent de se
soumettre. Dans l'intervalle il avait fait b&tir à
Nidaix» un palais plus élégant et plus vaste que
ceux de ses prédécesseurs (2) ; il y établit une
(i) Dint M Jeone«ae Obf, revenant d'une expéditton de
piraterie en Suède, afalt failli être prit par le roi de ce
payi: enfermé avec ses narlres dans le lac de Malaren,
il n'avait pa a'écliapper qn'en ereosant le canal par le-
quel a'écoalent depuis lors lea eaoz de ce lac.
(SI Cette conatKuctIvn , toute en boU , contenait une
Mlle de festin dlwpoiée pour Irait cents conTi?es; au ml-
cour brillante, et régla, par une ordonnance qui
nous a été conservée, les droits des dignitaires,
au nombre de soixante , dont il s'entoura : elle
avait le nom de Hirdskraa^ et a été publiée par
Anchersen à Copenhague, en 1736 ; Olaf y pré-
cisa aussi les prérogatives de la royauté et d'autres
points de la constitution du pays. Cependant il
avait mécontenté beaucoup de ses sujets par
des actes de sévérité. Canut en profita pour le
sommer (1025) de reconnaître sa suzeraineté.
Olaf non-seulement repoussa cette proposition,
mais s'étant ligué avec Jacques Anund , roi de
Suède, il dévasta en 1027 plusieurs provinces
danoises, pendant que Canut était à Rome. Ca-
mit accourut avec une flotte considérable, et
vint cerner à l'embouchure de THelge celle de
ses adversaires. Olaf avait mis ce fleure en
communication avec plusieurs rivières des envi-
rons et Tavait barré par une digue, qu'il fit percer
à l'approche de Canut ; une masse d'eau énorme
se précipita sur les navires danois, et les mit
dans une grande confusion , qui fut encore aug-
mentée par l'attaque de l'ennemi. Canut cepen-
dant parvint à se retirer sans pertes notables.
Olaf n'osa pas passer le Simd gardé par les Da-
nois, et gagna son pays par terre. L'année suivante
il y vit arriver Canut, qui fut reçu par les Nor-
v^ens en libérateur. Abandonné des siens,
Olaf brOla sa flotte, sauf treize yaisseaux, avec
lesquels il se réfugia auprès de son beau-frère
Jaroslaw, prince de Russie. En 1029, à la mort
de Haquin , auquel Canut avait remis le goo-
vemement de la Norvège, il revint en Suède,
et rassembla environ trois mille soldats, sur le$
casques desquels il fit peindre des croix (l).
Il pénétra l'année suivante en Norvège avec sa
petite armée; le 31 août il rencontra à Stickle-
slad , près de Drontheim, les troupes danoises,
qui avec les Norvégiens rebelles formaient près
de donze mille hommes, n les attaqua résohi-
ment; il allait remporter la victoire lorsqa'aB
charpentier, qu'il avait offensé, lui donna im
coup de hache dans le genou; il tomba, et fot
massacré. Peu de temps après, les Norvégiens
regrettèrent sa mort; son oorpa fut porté à
Drontheim, et placé dans la cathédrale de cette
ville. Très-vénéré dans les pays Scandinaves et
en Russie, Olaf fut déclaré en 1164 patron de
la Norvège. O.
Snorro Stnrleson , HHmêMmQla, — Saga Otaifi ko-
nunçs Mns helça (dana les tomes 1 et II des Fonmm-
na-So'gur,' Copenha^e, I8t9, et publiée à part, Ibid.,
ittBino, 1 vol.; traduite en Utin; Ibid., iSSt). - Einar
Sknlason. Ola/s Saga IMga dana FonoMoina-^ôtnir et
avec traduction lattne dans les Scrifta hutarica Idap^
dttrum. — Brscb et Graber, Bnef/ktoptedie, article Ola/s-
Drapa tX Oloft-Saga Hetga (dans les Supplémaiis de
lien brAlalt Jonr et nuit nn Immense brasier, dont la
famée s'écbappalt par une ouverture pratiquée dans le
toit et par laquelle seule la lumière du Jour pénétrait â
l'Intérieur. Les cheminées ne furent eonnnes que sous
Oiaf Kjrres l'asaga des fenêtres date encore de pins
Uré.
(1) n refusa l'aide de beaucoup de vaillants gnerrien»
parce qu'ils étalent païens.
sss
OLAF — OLAFSEN
586
Il lettre O. . — MuDCb , Det Norke Folkt-Hittorle^ —
Hâorer, Die Békthntng det norwesitchen Stammet.
OLAF III, samommé Kyrre (le Pacifique),
roi de Norvège , mort le 22 septembre 1093.
£n 1066, aprâ la mort de son père,Haraid Har-
draade, qu'il avait accompagné dans nne ex-
pédition en Angleterre, il partagea avec son
frère Magnos les États de Harald, et en reçut la
partie située au sud-ouest. Deux ans aprè»,
Magnus mourutt et Olaf fut appelé à régner sur
toute la Norvège. Il entretenait des relations de
bonne amitié avec ses voisins, notamment avec
le roi de Danemark Svend Estrithson , dont il
épousa la fille Ingigerd. Au lieu d'accabler ses
fiojets de redevances, à l'exemple de son père,
il recherchait tous les moyens d'augmenter leur
prospérité, et donna de l'extension au commerce,
pour les besoins duquel il fonda en 1076 la ville
de Beiigen. Reçu un jour dans une de ses tour-
nées à une table couverte d'argenterie, il dit :
« Je me réjouis que mes sujets ne craignent pas
de me montrer leurs objets précieux ; leur bien-
être est mon bonheur, car c*est là la meilleure
garantie de la sûreté du pays. » Pour augmenter
Ja population des villes, alors peu considérable,
il ordonna que tous les ans la liberté serait
accordée à un esclave dans chaque district; le
prix en était payé au maître par la commune :
c'est ce qui fit cesser l'état de servitude en Nor-
vège bien plus tôt que dans le reste de TEurope.
Olaf s*efrorça encore d'adoucir les mœurs de ses
sujets. Amateur lui-même des fêtes, où il bril-
lait par sa joyeuse humeur, il détestait les excès,
et prit des mesures pour bannir toute rixe san-
glante des festins que se donnaient entre eux
les membres des gildes (corporations). Il abolit
l'usage des grandes cornes à boire , qui furent
remplacées par des coupes. En même temps qu'il
cherchait à propager l'industrie étrangère, il veil-
lait au maintien de la religion , et inspirait par
son exemple à ses sujets le respect pour le clergé ;
il lit bâtir plusieurs églises , notamment une en
pierre à Nidaros(Drontheim), en l'honneur de
tiaint Olaf. O.
Soorro Stnrlesan, Helnukrlngta. — Olafs Sagàkifrra
(dans le t. VII de* Fomumna-Sôçur ; KaupmannabOfn,
issi). .- P^B. Maller, Det IVorske Folkt-Hutorie.
OULF IT, roi de Norvège, né en 1098, mort
en 1 1 16. A la mort de son père Magnus III, ses
deax frères, Sigurd et Eystein, lui attribuèrent le
tiers du royaume, qu'ils administrèrent en son
nom; il mourut avant d'avoir atteint sa majorité.
OLAF T, roi de Norvège et de Danemark, né
en 1 37 1 , mort le 3 août 1387. Fils de Haquin VU
et de la célèbre reine Marguerite ( voy, ce nom),
il fut en 1376 élu roi de Danemark; en 1380, à
la mort de Haquin , il fut aussi appelé au trône
de Norvège. Il allait prendre en main le gou-
vernement, qui pendant sa minorité fut exercé
par sa mère , lorsqu'il mourut subitement. O.
SutUD, MUtoriê qfDanmark, t. XIV. - Haltfeld, Dan-
marikt riçe* Kroenike.
OLAF, surnommé Hunger (la Faim), roi de
Danemark, mort le 18 août 1095. Fils du ro!
Svend Estrithson , il fut, pendant le règne de ses
deux frères aînés Harald et Canut, diargé du
gouvernement du Jutland méridional. Lorsque
Canut rassembla en 1085 à Limfiord nne flotte
pour envahir l'Angleterre , Olaf s'y trouva avec
son contingent de vaisseaux; il fut bientôt après
député auprès du roi pour lui exprimer le mécon-
tentement des marins de ce que Canut, occupé à
négocier avec les Vendes, tardait à venir prendre
le commandement de la flotte. Le roi, soupçon-
nant son frère d'avoir été gagné par l'or de Guil-
laume le Conquérant, le fit arrêter, et l'envoya
en Flandre pour l'enfermer à perpétuité dans une
(our. Cette sévérité effraya les marins danois,
qui se dispersèrent avec leurs vaisseaux ; Canut
prononça contre eux des peines rigoureuses , ce
qui amena ( 1086 ) une révolte, pendant laquelle
le roi fut tué. Racheté de la captivité par les
Danois, Olaf fut par eux appelé an trône. Presque
toutes les années de son règne furent marquées
par des disettes qui dépeuplèrent les campagnes;
le pain manqua un jour même à la table du roi.
Olaf mourut sans enfants, et eut pour succes-
seur son frère Erik. O.
JElnoib, HUtoria S. Canuit. — Saio Gramnuttcas.
OLAFSEN (Afa^nu^), savant islandais, né en
1573, en Islande, mort en 1636. Il étudia à Co-
penhague les belles-lettres et la théologie, de-
vint en 1621 recteur à Noie et l'année suivante
pasteur à Laufaas. On a de lui : Spécimen
lexici runici; Copenhague, 1650, in-fol., publié
par les soins de 01. Wormius; — Depoesi Is-
landica, à hi suite de la Litteratura runica de
Wormius. Olafsen a laissé en manuscrit une
traduction latine de VEdda , qui a été très-utile
à Resen {voy, ce nom). Quelques lettres de lui
se trouvent dans les Epistolx de Wormius. O.
EInar, Historia literaria itianâica. — Nyerup, Daruk
lÀUeratur^leiikon.
OLAFSEN ( Etienne}, savant Islandais , néi
Mule-Syssel, au commencement du dix-septième
siècle, mort en 1688. Nommé en 1649 pasteur
à Valtenaès, il devint plus tard prévôt dans son
lieu natal. On a de lui : Voluspa, philosophia
antiquissima norvago-:danica, item ffavo"
mal; Copenhague, 1665, in-é"; — une traduc-
tion islandaise des Psaumes de Kingoë; Skal-
holt, 1646, et Holum, 1751 et 1772. O.
ElMT^Hlst. ta. Mandica.
OLAFsmf (Bggert)t savant islandais, né en
Islande, en 1726, mort le 30 mai 1768. Après
avoir terminé ses études à Copenhague, il fut
en 1752 chargé par l'Académie des sciences de
cette ville d^alter, en compagnie de Bieme Paul-
sen, explorer l'Islande au pomt de vuedes sciences
naturelles et de l'économie politique. De retour
à Copenhague en 1757, il fut, dix ans après,
nommé v'tce-lagman ( bailli) d'une partie de son
lie natale; il se noya par accident l'année sui-
vante. On a de lui : Ennarraiiones historien
de Islandix natura et constitutione; Copeo-
OLAFSEN -- OLAVIDÉ
587
hague, 1749, în-8°; — De ortu et progressu ,
superstitionis circa ignem Islandm subler-
raneum; ibid., 1751, in-4*;— Rejse igjennem
lêland (Voyage à travers Tlslande); Soroô,
1772, 2 vol. iii-4% avec gravures ; traduit en al-
lemand par GensSy Copenhague et Leipzig,
1774, 2 vol. io-4°, et en français par Gauthier
de La Peyronie, Paris, 1802, ô vol. in-8°; un
extrait de cet ouvrage, aussi intéressant qu'exact,
se trouve dans le t. XIX du Recueil de voyages
publié à Berlin ; — Lachanologia islandica;
Copenhague, 1774, in-S»; — Bunadarbalkr ;
Hrapsoe, 1783 r poème Islandais sur Tagricul-
ture, traduit en danois par Finn Magnusen, dans
le Musée Scandinave (année 1803). Olafsen
a laissé en manuscrit on Index veterum IS'
Umdorum , dont Thorkelln a publié un frag-
ment en 1780. O.
Sinar, HUtoria lUeraria Ftiandùe. ~ Minerva
(•BoéQ 1S03, ToL II). — Njerup. IMtêratur-Uiikim.
olafsbh (John), savant islandais, frère
do précédent, né en IsUnde, en 1731, mort à
Copenhague, le 18 juillet 18U. Il étudia les
belles-lettres et la théulogie à Copenliague , où
il passa la plus grande partie de sa vie dans
des occupations littéraires; il recevait une pcn«
sion du fonds légué par Ame Magnus. On a de
lui : Dispuiatio melaphysica de nihUo; Co-
penhague, 1758, in-4**; — De haptismo so-
ciisgue sacris rilibus in boreali quondam
ecclesia usitatis: ibid., 1770, in-4°; — De
cognatione spiriluali a nostris majoribus
observata; ibid., 1772, in-8''; -^ Ont den
garnie nordiske Digtekonst, dens grundre-
gler, Versarler^ Sprog og Foredrags waade
(L'ancienne Poésie des peuples du Nord, ses
règles fondamentales, les genres de vers et la
langue qu'elle employait, et la manière dont
on la déclamait); ibid., 1786, in-4o : cet excel-
lent ouvrage fut couronné par l'Académie des.
sciences de Copenhague. Olafsen, qui a pris une
gramle part à la nouvelle édition de VHeinu-
krinçla de Snorro Sturleson (Copenhague, t777-
1813, 4 vol. in-fol.), a aussi pendant de longues
années travaiUé à un Supplément au Giossa-
rium Suiogothicum d'Ihre; dix-huit feuilles de
ce supplément étaient déjà imprimées, lorsque
l'incendie de Copenhague de 1807 vint détruire
tout le fruit de ses labeurs. Il a laissé en ma*
nuscrit plusieurs ouvrages lexjeographiqoes sur
l'idiome de son pays; on en a profité lors de la
publication de la nouvelle édition' du Diotjoa-
ndire islandais. O.
DanU tdtteraturtidsèri/t (wnH 18U, n»a). - tkfh
tenDQOd , Supplément à JOcber.
OfcAS (mcolas) , savant prélaf hongrois , né
le 9 janvier 1493, à Hermanstadt, mort le 14
janvier 1569. Il passa sa jeunesse à la cour du
roi Ladi8la.% et devint (1524) secrétaire du roi
Louis, dont la veuve, Marie» l'emmena en 1530
dans tes Pays-Bas ; qu'elle venait d'être appelée
à gouverner. En 1543 il fut nommé évéque d'A-
grem et obanceHer du royaume. En 1547 il ac-
58»
compagna k la guerre de Schroalkalde le roi Fer-
dinand, dont il possédait la eonfiaace. tieveno
archevêque de Gran et primat de Hongrie, il
exerça la phis heureuse indueoce sur le rétablis-
sement de la discipHoe et sur ramélioratioii des
études ecclésiastiques. On a de hii : CalMkx
ac Christian^ religionis prmcipua capita.
Vienne, 1560, in-4*, et dans le t. Il des Coi^
cilia de Peteify; ou des meilleurs résumés de
la. doctrine cathotiqoe; — ITungaria, seu de
originitus genlis, regionis situ, dHHsione,
haàiiu et ùpfpcrlumxtibus, dans ï'Adparatus
de M. (id; -. Ccmpendiarmm suœ xtalis
cAronicojiydans le même recueil ; — Bpheme-
rides astroncmicx ab ann» 1552-1559, dqnsie
t. I des Scriptores minûres de Kovaehidi ; —
Atiilaf sive de rébus, belle paceçue ab eo ges-
tiSf à la suile de plusieurs éditions de Bonfinios;
— Processus universaHs, traité alchimique
publié sous le pscndon>mede Ificôlaus Melchior,
dans le Muaeum hermeticmn, imprimé à Franc-
fort en 1525. o.
HoraoTt, nUmtoria Ounçaroimm,, t. II. — U. Bd,
HungarianovacU4anubiatut,l. I.
olaOs. Voy. Olaf.
OLATiDH(Don Pablo-Antoni^Josi^^ comte
DE PijLOS, célèbre hooune d'État et écomn
miste espagnol, né à Lima, en 172S, mort en
Andalousie, en 1803. Nommé à vii^ mis audi-
teur de la province de Uosa^ \\ rendit dt grands
services lors du tremblement de terre qni dé-
truisit la plus grande partie de cette Tilfte (29 oc-
tobre 1746>. H fit pnomplement relever les mai-
sons, et donna lui-même l'exemple es faisant
construire une église et un théâtre. Les dévots
virent on acte d'impiété dans l'érection ammMa-
née de ces deux édifice»; ils accusèrent Olavidé
d'avoir dissipé les fonds destinés an sonl^ement
des victimes. Cette déuonciation le at appeler s
Madrid. Une enquête ouverte à son t^et aboutit^
une ordonnance de non-liaju JNémmé seerétair»
du comte de Aranda, qulserendiit en ambassade
à Paris, il adopta fadiemeni les usages de la eoor
de Versailles et les idées philosophiques alors à
la mode. De retour en Espagne, il forma sa mai-
son dans le genre français; il fit même construire
un théâtre sur lequel d*excellents artistes repré-
sentaient les chefii-d'œuvre de la scène française
traduits par lui-même. Tout en sacrifiant au
plaisir, il augmenta considérabfement sa fortiioe
par d'habiles spéculations commerciales. Sur ces
entrefiûtes, les Péruviens le chargèrar, sous le
titre de personero, de représenter leurs intérêts
près du roi Chartes IH, qui le créa oTmfe de Fi-
los. Son infioenofr et sa popularité croissaient
chaque jour ; il les fit contribuer à l'expubuon des
jésuites (en 1767). Nommé peu aptes intendant
des quatre royaumes d'Andalousie et assistente
de Séville (1), il fit défricher et peupler cette
(0 SévUtt don à OIfttfM ane partie de ses qvaii, »!■*
«leurs établlflsemeuts pablics et sa belle prenensde de
Trtana.
589
OLAVIDÉ
590
partie de la Sierra-HoreDa que traverse ta route de
Madrid à Cadix, et qui était alors eouterte de bols
et ktf<e$iét de brigands. Pour rendre ce désert à
l'agricuiture et an coimneree. il appela des cek>ns
de teas les pays» surtout d^Allemagne. Il créa
aofisi desmagnaneries, et fit Tenir de Lyon et de
la Provence dliabiles éleveurs, des fabricants,
des desajoateors et des ooTrIers en soierie, qu'il
attad» à leur nouvelle patrie par une protection
éclairée. Ctepeodaat il fit des mécontents , sar*
tout dans le clergé. 11 s'attira particulièrenient
la haine d'un certain père Ronoald, capucin
aUemand , qui , muai d'une patente de son gé-
néral, s*élart déclaré préfet de& nouvelles fond»-
tiens et prétendait à une antoritéDIf mitée sur tout
ce qui tenait à la rctigion. Croyant d'abord à la
bonhomie du moine, Olavidé se peimit quelque-
fois en sa présence de plaisanter sur le jeûne ,
la vente dea indulgences, les mystères , les sa*
cremeots» etc. Le P. Romoald recueillit ces im-
prudent» propos, les répéta avec commentaires;
et lorsque pendant une épidémie meurtrière
l'intendant eut interdit Pusage des ctocbes pour
ne 1*8» ébranler, par leur son réitéré, le moral
des colons non atteints, le capucin excita une
énieate ^pami ses nombreux compatriotes ca-
tholiques, et se servit d*eux pour discréditer le
Donvd établissement et son chef. Olavidé fut
mandé à Madrid, le I4f novembre 1776, et enfermé
dans les prisons do saint-oflice. An même ins-
tant on saisissait ses papiers, ses biens, ses livres.
Dorant àeax ans sa femme, ses parents, ses
amis ignorèrent quelle partie de l'univers H ha-
bitait ou 6*il vivait encore. Ce réveil de llnqui-
sitiott jeta la stupeur dans le public. Cependant,
^ons l'inspiration du P. Joachim d'Eta, recollet
et confesseur de Charles III, le procès de Oia-
^idé sinstntisait dans le plus profond secret.
Son sort fut enfin décidé : le 21 novembre 1778>
l'accusé fut amené dans l'hdtel de l'inquisition
H Levant une assemblée présidée par l*évêque de
Zaroora et composée d'une quarantaine de.moines,
de grands d'Espagne, de prêtres, d'olficiers gé>
néraus et même de magistraits. Il y parut vêtu de
jaune, tenant un cierge vert et accompagné de
deux familiers du saint-office. On y lot tous les
détails de la procédure. La pièce principale était
une relation circonstanciée de sa vie entière si-
IcBée de lui, relation qui loi avait été arrachée par
des moyens détournés. H y avouait que dans ses
voyages il avait fréquenté les esprits forts, nom-
mément Voltaire et Rousseau, avec lesquels il
avait continué de oorrespondre (1) ; qu'il était re-
venu en Espagne imbu de préventions contre le !
clergé et persuadé que ses privilèges et les opi- !
mous de l'Église romaine s'opposaient à la pros-
l>^rité des États ; que depuis qu'il s'était trouvé à
la tète des colonies de la Sierra-Morena, il s'était ;
ex pliqué témérairement et sans réflexions sur les \
0) Oo produisit une lettre datée de Femej dans la- '
quelle VoUilre écrivait A Olavidé : m U aérait à désirer
<iue l'Espagne eût quarante personnes comme vous. » i
obstacles qui retardaient leurs progrès , sur Tin-
failHbililé du pape, sur les tribunaux de l'inqui-
sition. On lui reprocha ensuite d'avoir rédigé |)our
sa colonie des statuts dans lesquels il excluait
toute communauté religieuse, déclarait nulles les
donations pieuses faites par testament et inter-
disait les rétributions pour messes et prières.
Soixante-huittémoins vmrent déposer de ces faits.
Olavidé déclara qu'en bannissant de sa colonie
les communautés religieuses, il n'avait eu qu'un
but, celui d'empêcher le célibat et la paresse, si
fatals dans un État naissant, et ajouta : « Quoi qu^en
dise le fiscal, je n'ai jamais perdu la foi I » Cette
exph'caHon fut peu goûtée du tribunal, qui le dé-
clara hérétique en forme, confisqua ses biens, le
condamna àêtre enfermé pendant huit ans dans
un monastère de la Manche, soumis à une disci-
pline rigoureuse, puis à être exilé le reste de ses
jours à vingt lieues de toute habitation royale, à
ne posséder à l'avenir aucun emploi ni titre ho-
norifique, à ne plus monter à dieval, à ne porter
que des habits de serge grossière, etc. Il dut
faire enfin une abjuration solennelle, suivie d'une
amende honorable. Sa ruine consommée et la
haine de ses ennemis satisfaite, les services d'O-
lavidé revinrent en mémoire. On le traita avec
moins de sévérité. Il obtint d*aller prendre les
eaux en Catalogne, et trompant ses gardiens, il se
réfugia en France{l780),o(i il Ait accueilU comme
un martyr de l'intolérance. Il y fut consolé par
la philosophie et célébré par les poètes (1). Le
roi d'Espagne, cédant aux instances de son con-
fesseur, fknatique atrabilaire, fit rédamer le fli-
gitif ; mais le cabinet de Versailles lui répondit
» que les délits de M. Olavidé, quelque graves
qu'ils parussent en Espagne, n'étaient pas de
ceux dont les États policés étaient convenus de se
livrer rédproquement les auteurs ». Charles Ul
n'insista pas.
Olavidé se retira d'abord à Toulouse, chez le
baron de Puymaurin , syndic général des états
de Languedoc. Une fausse alarme le fit fuir en
Suisse. U se fixa ensuite à Paris, où, sous le nom
de comte de Pilos, il mena an sein des arts et
de l'amHié, une vie heureuse et paisible. Devena
citoyen adoptif de la république française, et ca-
ché un instant à Orléans , eu 1794, il passa le
temps des troubles révolutionnaires sur les bords
de la Loire (2). Une religion mieux entendue que
celle dont il avait failli mourir victime (3) lui of-
frit ses consolations ; il en revint à professer fran-
(1) Cfliit de lai q«« BoMher dit à la fia deioa poCae
des 3i9it *
^ue de llMre oUIn la pleaae furie
Flétrissait un vieillard, l'honneur de M patrie.
Et solennellement replaçait aux autels
L'hydre avMe de l'or et du aaoïr des mortela.
BlamoDlel, dans aon Ditcamn mr Cnpênmet éê <e mr»
vivre, pralMta aMsl contre l'antét «il avalC (rappé
Olavidé.
(S) D'abord ebez M. Le Conlteoi do Mobjr * Mennff-
snr- Loire, puis à Cbevcrni, près Blola*
(3) Plusieurs de ses Juges avaient voté pour la peine de
morL
591
OLAVIDÉ — OLBERS
582
chement le catholicisme. Il employa même ses
loisirs à en eof reprendre Tapologie dans un long
ouvrage, qui publié en Espagne eut un très grand
succès et fit croire à la sincérité de sa conversion.
En 1798 il obtint la permission de rentrer dans
sa patrie. Mais Tambîtion était éteinte dans son
Ame , aussi bien que le ressentiment. « En moi,
se plaisait-il à dire, Tinquisition , pour la pre-
mière fois sans doute» a fait un sage et un heu-
reux. » Il se retira en Andalousie, auprès d*une
de ses parentes , le seul objet de sei^ anciennes
afTections qui eût survécu à son long exil, et y
termina doucement sa carrière h l'Age de soixante-
dix-huit ans (1). Il laissa une rente de 1,800 fr.
à rhôtel-Dieu d*Orléans. On a d'Olavidé : El
JBvangelio en triufi\fo. Cet ouvrage, qui a pour
but de défendre la religion contre TiDcrédulité,
eut huit éditions. Il est d'un esprit convaincu ;
mais le style en est diffus. Il a été traduit en
français parBuynand des Échelles; Lyon, 180ô,
4 vol. in-8'' ; et 1821, 3 vol. Quoique dégagée des
longueurs de Toriginal, cette traduction a eu peu
de succès en France. A. de L.
J.-Fr. Boargoing, Tableau de l'EtpaçHâ moderne
(Paru, 1807, 4*£dU, 3 foL ln-S«); t. I, p. 87fl-B87; t. Il,
p. 407 ; t. m, p. 83» 181, 888, <08« — L'^mf de la religion
4n 6 fcTrkr 193t, n« 78S, t. XX, p. 888.
OLATivs (Ola/)t économiste islandais, né
en 1741 , mort en 1788. Après avoir terminé ses
études, il fut chargé en 1775 par le gouverne-
ment d'explorer l'Islande au point de vue écono-
mique et statistique ; il remplit ensuite les fonc-
tions de percepteur à Skagen et à Manager. On
a de lui : Islendsh Urtegaardsbog ( Horticul-
ture islandaise); Copenhague, 1770, ln-8o; —
Œeonomisk Rejse igjennem de nordvestlige,
nordlige og ordostUge Kanter af Island
f Voyage économique à travers les contrées de
l^slande, situées au nord, au nord-ouest et au
nord-est) ; ibid., 1780, in-4'' ; traduiten allemand ,
Leipzig, 1787, in-4*; — Plusieurs opuscules et
mémoires sur des matières économiques et
d'histoire naturelle; Olavius a aussi publié, en
eommun avec Ketilson, le& Annales de Bjorno
de Skardsa; Hrapsoê, 1774, 2 vol. in-4*'. O.
Jeao Worm, Lexiàon over laerde Maend, t. Il(. —
Ifyerup, Uteratur-Ltxikon,
OLBBES (Henri-Guillaume-Mathias)^ célè-
bre astronome allemand, naquit le 1 1 octobre 1758,
dans la même maison que l'historien Heeren ,
au village d'Arbergen ( situé sur la rive droite
du Weser, à quelques lieues de Brème),et mou-
rut à Brème , le 2 mars 1840. Son père, Jean-
Georges , qui a laissé plusieurs écrits de théolo-
gie, et son grand-père, Caspar, étaient pasteurs
protestants, comme leurs aieux. Le jeune Olbers
avait quatorze ans quand il perdit son père; ce
fut à la même époque qu'il commença à s'occuper
sérieusement de la science qui devait illustrer
son nom; il se procura des cartes célestes et
(1) Cest donc à tort que la Biographie moderne le fait
■Bonrlr k Venlte, à l'âge de nAxante-einq anj, et la Bio^
graghie itrangire (Paris, 1819) A soixante-troie ans.
des livres d'astronomie, qu'il dévora avec une ar-
deur de néophyte, et acquit de bonne heore nae
connaissance complète du ciel étoile. De 1777 à
1780, il étudia la médecine à Funiversité de
Gœttingue, sans toutefois négliger sa sdenee
favorite, car il suivit presque tous les cours de
Ksestner, qui lui enseigna l'analyse rofinitésûmaleet
lui procura l'accès de l'observatoire royal. Dans
sa thèse de doctorat : De oculi mutaiionibuiin'
ternis (Gœttingue, 1780), Olbers explique Ta*
daptation de l'œil à toutes les distances par rhy«
pothèse que le diamètre de cet organe varie sous
rinfloence de la pression des muscles moteurs ,
de manière à rapprocher on à écarter ia rétine
du cristallin. Cette théorie est presque abandon-
née aujourd'hui depuis que Sturm et M. de Haldat
sont venus démontrer que la netteté des ima^^
ne varie pas dans l'œil pour des oliiets placés à
des distances fort inégales, et cela parce qu'au
lieu d'un simple foyer, il y a un intervalle focal
pour chaque faisceau lumineux. Olbers a peu
écrit sur la médecine ; il se trouve de lof une
notice relative au traitement magnétique, dans le
Teutsche Muséum (octobre 1787 et avril 1788),
une autre, sur l'usage des substances alcalines
et de l'opium, dans Struve, 'Triumph der Betl-
kunde (1803), enfin une observation sorl*hy-
drophobie, dans le journal de Hufeland ( 1816).
Ce fut à Gœttingue, en 1779, qu'il se révéla
comme astronome. En veillant une nuit au-
près d'un malade, il se mit à calculer l'orbite
de la comète qui venait d'être découverte par
Bode , et qu'il avait lui-même observée. Cette
détermination se trouva très-exacte , et Ksst-
ner, en la publiant, ajoute que peut-être jamais
comète ne fut calculée dans une situation pa-
reille. Olbers s'était épris d'une grande prédilec-
tion pour ces astres mystérieux, ces vagabonds do
système solaire sur lesquels la science est encore
loin d'avoir dit son dernier mot. Il en a découvert
plusieurs^ observé beaucoup, et appliqué à d'au-
tres sa belle méthode de calculer leurs orbites. Pen-
dant son séjour à Vienne, où il était allé pour visiter
les hôpitaux, en 1781, il retrouva le premier la
nouvelle planète Uranus, qu'on prenait encore,
avec Herschel lui-même, pour une comète, et que
les astronomes de l'Observatoire avaient cherchée
en vain dans le ciel. En 1787, il démontra que
la comète que l'on s'attendait à voir dans deux
ans ne viendrait pas, parce que les observations
anciennes sur lesquelles on se fondait avaient été
A tort attribuées A un même astre périodique; en
effet, la comète ne vint pas (1). En 1798, en 1802,
1804 et 1821, Olbers aperçut des comètes nou-
velles ; mais l'honnearde ces découvertes ne lui
resta pas, chacun de ces astres ayant été vn
quelques jours avant lui , A Paris , le premier
par Bouvard , les trois autres par l'infatigable
Pons. Cest la comète de 1815 qu'il a découverte
à lui tout seul, le 6 mars de la même année;
*
(1) yeir nindenbarg, Jiiagazin f. JUatkem^ 17S7.
593
OLBERS
594
«Ile est périodique, ayant une révolution de
soixante-quatorze ans : les astronomes rappel-
lent la comète d'Olbers. Un grand nombre d'ob-
servations, calculs ou notices relatives à diverses
comètes, et dont Olbers est Tauteur, se trouvent
dans VAnnuaire de Bode, depuis 1782 jusqu'à
1 S29, dans celui de M. Encke (1 833}, dans les trois
recueils publiés par le baron deZach, sous les titres
û*Éphémérides géographiques, de Correspon-
dance mensuelle, et de Correspondance astro-
nomique, enfin, dans les Astronomische Nach-
richten de Schumacher ( 1823, 24, 28, 31, 34
et 35 ). L'un de ces mémoires traite de la possi-
bilité d*upe rencontre entre la terre et une co-
mète; l'auteur y troure que l'un de ces astres
sera dans quatre-vingt-huit mille ans aussi près
de nous que la lune; que dans quatre millions
d'années notre globe est menacé de la visite
d'une autre comète, qui s'en rapproctiera jtisqu'à
une distance de deux mille cinq cent soixante-six
lieues, qu'enfin dans deux cent vingt millions
d'années un autre de ces corps célestes pourrait
venir choquer la terre (1). Mais ces prédictions
n'ont rien de trop inquiétant si l'on pense à l'ex-
trême ténuité de la masse comélaire; puis elles se
rapportent à un avenir très-lointain, qui est en de-
hors des prévisions de la science actuelle, comme
IVirigine des planètes est, en sens inverse, en de-
hors de nos calculs rétrospectifs.
La Méthode nouvelle pour calculer les or-
bites des comètes, seul livre qui ait paru sous
le nom d'Olbers, fit époque dans l'histoire de
Gastronomie. La détermination d'une orbite co-
métaire, au moyen d'un certain nombre d'ob-
servations géoeentriques, avait fait pendant long-
temps le désespoir des mathématiciens. Depuis
Newton, qui appelle ce problème longe difficil-
limum, il avait été traité successivement par
Lacaille, Euler, Lagrange, Lambert, Boscovich,
Bonguer, Laplace et d'autres. La méthode de
Laplace exigeait beaucoup de calculs préparatoires
et des tâtonnements fastidieux, qui entraînaient
une perte de terni» P^^ proportionnée au Init que
i*on se proposait. Quelquefois même les calcula-
teurs, à bout de patience, abandonnaient leur tra-
vail sans avoir rien obtenu qui ressemblât à l'or-
bite véritablede l'astre, qui se jouait de leur saga-
cité. Ce fut alors, en 1798, qu'Olbers annonça
à M. de Zach qu'il était en possession d'une mé-
thode infiniment supérieure à toutes celles que
l'on connaissait. Le 21 janvier 1797 , les Gœttin'
gische Ans^igen mentionnèrent un mémoire sur
cette question, présenté par Olbers à la Société
des sciences de Gœttingue, et Kaestner s'em-
pressa d'en faîte un extrait. Ce mémoire parut
dans le Landeslndustrie^omptoir de Weimar,
sous le titre : Abhandlung ûber die leichteste
und bequemste Methodedie Bahn eines Corne-
fenzubereehnen,yf^mar, 1797, in-8«; une nou-
velle édition, revue et augmentée par M. Encke, en
(1) Corrtipond. mensuêUe de Zach., XXil, 1810 ; et
Dibl. univ. de Genévf, mal 18S8.
a paru en 1 847. La méthode d'Olbers sert à calculer
l'orbite d'une comète au moyen de trois observa-
tions; elle est fondée sur llieureuse idée d'étendre
à l'orbite de la terre le principe que Lambert avait
déjà établi pour l'orbite comélaire et qui con-
siste en ce que le rayon vecteur moyen divise la
corde de l'orbite en porportion des temps écou-
lés entre les trois observations. On arrive ainsi
à déterminer en très-peu de temps tous les élé-
ments de l'astre avec une très-grande approxi-
mation; quelques interpolations faciles condui-
sent ensuite à la connaissance des éléments
exacts. Plus tard,G8uss a résolu le problème
des comètes et des planètes d'une manière ri-
goureuse et complète ; les lignes visuelles déter-
minées par les observations sont pour lui autant
de droites fixées dans l'espace, et par lesquelles
il s'agit de faire passer une section conique ayant
son foyer au soleil : auparavant on avait tou-
jours supposé que les lieux de la terre sont dans
une ellipse parfaite. La méthode de Gauss est
donc la plus générale de toutes, et la seule rigou*
reuse; elle pourrait avec une égale facilité s'ap-
pliquera trois observations dont l'une aurait été
faite sur la Terre, l'autre sur Jupiter, et la troi-
sième sur Vénus. Cependant, on se sert encore
aujourd'hui du beau procédé d'Olbers toutes les
fois qu'il s'agit d'obtenir une première orbite
propre à construire des éphémérides.
Si les travaux d'analyse d'Olbers suffisent pour
immortaliser son nom auprès des astronomes
calculateurs , il s'est fait connaître plus spécia-
lement au public par la découverte des deux
planètes Pallas et Vesta. Il les trouva le 28 mars
1802, et le 29 mars 1807, de son observatoire
situé sur le haut d'un vieux pan de mur de ville
attenant à sa maison. Il lui était Impossible d'é-
tablir chez lui des instruments fixes ; il devait
donc se borner aux observations moins réguliè-
res, comme les observations au moyen de mi-
cromètres, et aux recherches d*astres nouveaux,
que les astronomes sont ordinairement obligés
d'abandonner aux amateurs. Si Olbers réussît à
découvrir deux planètes , nous en sommes prin-
cipalement redevables à la grande connaissance
des groupes d'étoiles qu'il avait su acquérû*. Il
lui manquait tous ces moyens qui facilitent tant,
de nos jours, la recherche d'un astre dont on
connaît à peu près la position. Le nombre des
étoiles bien déterminées n'était pas à celte épo-
que la diuème partie de ce qu'il est aujourd'hui
et on n'avait pas encore de bons instruments
réfracteurs. Olbers a encore le mérite d'avoir
rappelé aux observateurs le micromètre annu-
laire, et d'en ayoir perfectionné la théorie et l'u-
sage à tel point que cet instruments! simple rend
aujourd'hui quelquefois les mêmes services que
les grandes lunettes fixes, surtout lorsqu'il s'agit
de comètes. Une description de son petit observa-
toire se trouve dans le vol. III de la Correspond,
mensuelle de Zach (1801 ) ; dans le même vo-
lume il propose une méthode de déterminer le
595 OLBERS —
tempB par Tobsenration d'étoiles qui disparais-
seiU derrière aa ol^et terrestre, méthode reoom-
mandalile par sa simplicité.
Presque tous les jours, Tersdix heures du soir,
l'habile médecia astronome se retirait h Tétage
supcrieur de sa maison, où se trouvaient sa riche
bibliothèque et ses instruments. Là il passait la
moitié da )a nuit à composer ses mémoires et à
calculer ses observations. De temps eu temps, il
s'approchait de la fienôtre , et une lunette à la
main passait en revue quelque région du ciel.
C'était pour kii une impérieuse nécessité d'eiber-
cer son esprit sans cesse tendu, de varier laa ob-
jets de ses méditations.
Les écrits d*OIbers se distîngueBt par la pro-
fondeur des pensées aussi bien que par Télégance
et par la dacté ; nous citerons encore de lui : Un
Mémoire âur La tramlucidiU ds* espaces ce"
lestes, dans V Annuaire de Bode pour 1826; un
sur les^aérotithes^anskli^ Correspondance men-
jti«/todeZBch,VII«1603; on autresur une manière
d« résoudre les triangles sans faire usage de lo*
l^arithmes; ib., XVI, 1807 ; une notice relative à
riafluence de la lune sur le temps , insérée dans
le joamal astronomique de Lindeaau.et Bohneo-
oerger (Y, i&i8),et reproduite dana V Annuaire
du Bureau dâs longitudes, ainsi que dans les
Annales dB cMmie et de physique, pour fé-
vrier 1821, n** XIX; deux notices sur les étoiles
filantes, dans V Annuaire de Schumacher,
années 1837 et 38 ; une autre sur l'inventeur des
lunettes , ib.» 1843 ; enfin, une lettre sur la dévia-
tion de la verticale des corps qui tombent, dans
l'ouvrage si oonnn de Benzenherg sur le même
siÛet (1804). A partir de 1824 il fut aussi l'un
des lédaciears des Arekiws pwBt Us scisnceê
naturelles , publiées par Kasstner.
Olber» avait an plus haut deiçré le don d'obser-
ver, et cette faculté le servait élément dans ses
recherches d'astronomie, dans sa pratique de
médecin, et dan^ le conuneroe journalier. Avec
une ranre sagacité, il devinait les jeunes talents,
et les stimulait par son eiemple et par se» con-
seils. Bessei et Gausa furent au neinbre de ses
élèves et amis.
Olbers était très-aimé de ses conoitoyens. H
jouissait d'une oonsidération générale. Pendant
l'occupation françaiso de Brème, il fut mem-
bre du corps législatif de cette ville. En 1830, à
l'oocasion de son jubilé mi-sécu)aire de docteur,
plusieurs univeisitéa allemandes le créèrent doc*
tear honoraire .en médecine et en philosophie ;
la société do Musée à Brème fit fra|^^ des
médailles, en son honneur. Sa. bibliothèque, qui
fut, après sa mort, acquise par rohservaitoire de
Poulcova, était l'une des plûa riches en ouméto-
grapliie.
Son fis unique, Georaes^Benri, a été conseiller
deiéfcalion desquatre villeslibres àFnancfort-sur-
Mein, puis membre da sénat de Brème. R . RanàiD.
Rarkhosen, Fnirnenti ttar ta vie d'Olben, dins BUh
çraphiichs StUzm vêrttorbfntr Bremkuktr JêTMtê
OLDCASTLE
596
und Katurforaeher ; Brème. 1844, IO'l«. » De Zack,
' jéllçem, geograph. éphemeriden, vol. IV, 17f9. — Sacbt,
3tedic. j/hnmnttfà. f, isii. - HtumHrger Côrrêspom-
; d0tU, n* m, u RMr» 1840. — Hewioger, Jttb^hckrift^
. L. VllI. S8IS. — Eacke. prébce de La 1«« édition de
la Méthode d'Olbcrs; 1847. — Po^rgendorfi; Biogr.-
Utêrar. ffMntwbmk. — BiOffrapkte «nirera. tt por-
Uttém 4e» emUemperuintf Paria, ina. — "BfocUMim
Cenv.'Lesikon, Des portraits d'OJbers se trouTcnc : au
frontispire de l'édltton nouvelle de sa Méthodr^ <hns Zicb,
jiUç. oeogr. Bph., vol. IV ; dsm TllhitTi, Pkil. JfopAS.,
XUI. 1801, etc. Vn portrait pcloc par Srkwara a ete
grafépar Ruck. cd 1808 {gt. 4aUetaa aatj% portrait
* par rflU2felder,eal80T(8*).
OLDGA8TLB ( Sîr John), appelé le bon lerd
' Cobfiam, sectaire anglais, né dans le quator-
zième siècle, brûlé en décembre 1417, à Londres.
C'e.4t à la fois le plus ancien écrivain et le pre-
mier martyr de la noblesse anglaise. Il avait
' obtenu la pairie en épousant l'héritière de ce
I lord Cofaham qui lutta avec tant de patriotisme
et d*énei:g^ contre la tyrannie de Richard IL En
succédant aui biens et aux titres de son beau-
père, il parut avoir également hérité de son goût
; pour l'indépendance. L'un des chefs du parti de
; la réforme, il s'éleva avec force contre la oor*
! ruption des mœurs du: dengié, ei la dénonça,
, sous forme de remontrances , à la chambre des
communefi. Imbu des opinions de WydiCf , H
rassembla ses écrits, en fit faire des milliers de
copies, qu'il lépandit à ses frais parmi le peuple,
et soudoya un grand, nombre d'émissaires char-
gés d'en expliquer le sens dans de& réunions pu-
bliques. Son château, de Gowling^devint bientôt
le quartier général des UUlards, ou partisans de
Wyclim Sous le règne de Henri lY , OUkasUe
avait guerroyé en France : ami inUme du prince
liérédilure, il avait eu un corps de troupes sons
ses ordres et avait finroé le due d'Orléans k le-
ver le siégé de Paris. A peine Henri V fnt-il
monté sur le trtee ( 1413) , que les poursuites
recommencèrent contre les loUarda, dont le»
prhicipes de niiKîlIement inspiraiei)t à l'aristo-
cratie de justes alarmes. Ceux-ci» entraînée par
l'enthousiasme ou enivrés par le succès, essayè-
rent d'intimider leurs adversaires en déclarant
que si l'on attaquait leur doctrine, ils pouvaient
réunir cent mille bommea prêts à la défendre
par les armes. Cette audacieuse menace provo-
qua une enquête : Oldcastle, dénonoé par le
synode comme le chef de ces dangereux sectai-
res, comparut devant lo rui, qui entreprit sa con-
version avec le zèle d'un apôtre. Loin de se jus-
tifier, ha lord persista dans sa croyance, protes-
tant de sa fidélité et de son dévouement an trAne.
n Après Dieu, ditnl, je deis obéissance an roi ;
maia quant au (Miuvoir temporel du pape, rien
ne pourrait m'appnendre sur quoi il se ftmde ni
si je loi dois obéissance. » Il alln même jusqu'à
traiter le pape d'anteehrist. Le roi, oITensé de
cette lurdiesse de langige, Tabandonna aux
censures ecclésiastiqMes. On arrêta aussitôt les
prédicnteurs ambulank» et jusqu'à leurs audi-
teurs. Oldcastle, sommé de comparaître devant
l'archevêque de Canterbury, refusa d'obéir, et fut
$97
OLDCASTLE — OLDENDORP
59S
fnppé d'excomoDonicatioD. £b vam eoMl re-
«wreatt Poi^cft piw^ Be toolot plus TeDiendre.
Arrêté par surprise et oondoit à la cour, ii fut,
aprèâ quelques délais, définitiTeDieat atteint d'hé-
résie. Peodaal le firocè», i exprima ftaalemeot
MO disacDti»ent d'avec b crojaMC établie :
aiasi û nniotiiit q«e TÉglise avait cessé d'en-
seigner la doctrine de TÉvangile du moment oà
elle avait été infectée da potson des ncheases
mondaines, et que cduMi seul était le ▼érilabie
successeur de saint Pierre qui pratiquait exac-
tement les Tertos de saint Pierre. « Méfier-rous,
s'écria-t-il en s^ndressant aux spectateurs, des
bommes qn siègent id comme mes juges; en
TOUS alNttaot, ils s'alMueut eux-mêmes et tous
mànerant en enfer. » Le primat ayant obtenu de
surseoir à rexécution du ingemeni, Oldscastle
tnwvn le mojéa de s'enfuir de la Tour. Il réu-
nit aussitôt ses partisans, les arma secrètement
et tenta deux fbis de s*emparer de la personne
dHenri Y, s'il faut en croire do moins les regis-
tres du pariement et les proclamations royales
(janvier 1414;. Le but des lollarda y est pré-
senté comme de« plus dangereux. LÛ Gommi>-
oes prétendirent, dans leur adresse, qu'ils avaient
dierché « à renverser la foi chrétienne, le roi,
les dignités spirituelles et temporelles» et toute
espèce de police et de loi >i. Henri fit de son
côté la même déclaration en ajoutant qu'ils vou-
laient « diviser le a>yaume en district» confédé-
\ es et nonaoser sir John OMcastle président de
la république ».Ce denier s'échappa eaeoieune
fuis, gagnu le pays de Galles, et, lien qu'oa eAt
mis su tète à prix , il parvint à ae soustraire
pendant quatre années aux recherches de ses
ennemis. £a 1417 1 il profita de féloignement
da roi pour quitter sa retraite et s'approcher de
Loodresy soua prétexte, dit-on, de combiner le
soulèveoieot d^ lollards avec le& cheCs écos-
sais qus venaient d'envahir la frontière. Arrêté
par les vassaux de sir Edward CharUon, il fiit
amenédevant les pairset condamné imoft, comme
traître ci hérétique è la fors; on le suspendit
avec dca chaînes k un gibet placé au-dessus d'un
bûcher aident, qui te consuma ( décembre 1417 ).
Au milieu de son sapphce, iJ montra la plus hé-
roiqae fomelé et protesta jusqu'au deniier m^
ment coolre te ctergé, la cour et le pape. Pen-
tlant longtemps te peiipte vâséra sa mémoire
comme celte d'un mvtyi.
On a de terd Cohbam un ouvrage intitulé :
Tw€i9c eoMclvMÎQtts oddresêêd to tkê parliOf
memi q^ Mngland, k te suite duqnei ae troo-
vent qiialque& hymnes tetines. F« L^i,
■Ue, A knfê t^nmgdm mmtm-m^mg» file «nn»faa*
rytm amâ tf0«U fl/ tke bUued maritr •f Ckrùt, $pr
JoAait OtdeeasUtt,Télmfr.cn n». - GUfiu,Uv€$o/ La-
timtr, irtekHffe^ ttc. — fV>t, Jets afid mcnuwuntt. —
^ «if«*», MÊ^mi amé moUâ autkon. — Mttucr, Ckmrck
»4<*irf»IV,cl».l«».
•i«»KUVB« ( Benrp), saivant altemand-, né
à Bcême,en IC26, mort en 167S, à CharMon prèa
<te Gfcavricb. De te familte des comtes d'Aï-
denburg, il occupa à Londres le poste de consul
de sa ville natale sous le long Parlement et
800^ Cremwell. It devint ensuite précepteur du
jeune Henri O* Bryan, qui] accompagna è Ox-
ford, et plus tard celui de IVilliam Cavendish.
Nommé membre de la Société royale des scien-
ces de Londres , dès sa fondation il en pobMa les
Mémoires { PhilosopMcaî iransacttom) jus-
qu'en 1«77. En cette qualité il eut à entretenir
une vaste correspondance, entre antres avec
Leibniz, Spinoza, Bayle, dont il traduisît en la-
tin phiàieurs ouvragen, elc Outre phisîears dis-
sertations adentifiques, insérées dans les Philo-
sophieal transaclions et dans les Àcta naturx
euriosorum^ il a publié quelques écrits tbéotogi-
ques. Ses lettres à Leibniz sont dans le Commer-
chim epUtBOeunif publié par la Soc- Royale de
Londres. O.
Martin, Btoçraphiea phiîùiopMca. ~ BMiothique
ttmtUÀUt I. XI. — Cbatairfs, Bêoçraphteml Didionnanf,
•L»Rf»imGBft (Philippe-André), publi-
ciste allemand, né dans te duché de Celle, mort
à Genève, en 1678. Après avoir étudié à Hélm-
staedt sous Conring, il parcourut une partie de
l'Europe, et se fixa enfin à Genève, où il enseigna
l'histoire et le droit pobUc. On a de lui : Itine-
rerium Germanixpelitieum,modernumprx-
cipuarwn aularum Imperii faeiem reprx-
tenions; Cosmopolis (Genève) , 1668, in- 13, sous
le pseudonyme de Con$tonlittns GermaMeus :
la manière libre dont il s'exprima sur plusieurs
princes allemands Kri causa t)eaooonp de désagré-
ments; l'on de ces princes, dft-on, dont 11 avait
raconté tes aventures fautes, te força à avaler
les pages qui en contenaient te récit; — Notx et
strtctwrxinSeMerinumde Moiambano (Puffen-
dorf); Genève, l€68,ia-9*;sous le pseudonyme
de Pocijfctts a Lapide ; -^Nùtilisi Imperii seu
DéKftrsus ad instrnméMum paeis Monaste-
riensi»; Freystadt, 1669 et 1670, în-4<*; soua
le pseudonyme de Pb. Andréas Burgondensis :ce
livre est remarquable par son rare esprit d'indé-
pendance ; — Coileginni juris publici romano'
germanici; 1670, in 4*^; sous le pseudonyme
de FtaneiicuM Ircnicus; — Pandectx juris
puàlici gtrmanMy sive Dimnxns enuelealus;
Genève, 1670, in -fol. ; — Thésaurus rerum pu-
blicarum tothts orkis; Genève, 1675, 4 vol.
in-8" : reeocN de statistique, faussement attri-
bué ^Conring. O.
Wla9f. Dtmrimm ttoçrapkieum. — RoteriBODd, Svp-
plÉÊKMt k JOebar.
•LowiDOttP (/ean) Jurisconsulte altemand»
né à Hambouffu vers 1480, moKà Marboorg, te
3 jute 1567. Il ftéquenta Vuniversité de Witlem-
bergy oà il s'attacha aov doctrines de Luther, et
fut successivement professeur de drfM è Greifs-
walde, à fiostods, à Cologne et à Marboorg. Il
gagna te confiance du landgrave PhHIppe de
Resse, qui te consulta sur beaucoup d'aflhires
importantes. Il (ht un des auteurs du projet sou-
mis à Tempereur Ferdinand, de remplacer les
5d9
OLDESDORP — OLDHAM
600
diverses législations de rAllemagne par an nou-
veau code unique. On a de lui : Commentarii
inutiles de privilegiis quœ personis et rébus
ecclesiasticis dantur; m-Vy sans lieu ni date;
— De emtione et venditione redituum; Franc-
fort, 1525, in-4''; — Wat billich und Recht ys
(Ce que sont l'équité et le droit); 1529, in-S"*;
<« Yom Rathschlagende f wo man gute PO'
litie in Stàdten und Landen erholden môge
(Conseils sur la manière de maintenir dans les
Tilles et les pays une bonne police); Rostock,
1530» in- 8*; une version en haut allemand pa-
rut dans cette ville, 1597, in-8"; ^^ Omnium
fere temporalium praseriptionum ex xquo et
bono enarratio; ibid., 1531, in-12; — Isa-
4foge seu elementaria introductio juris naturx
gentium et dvilis^ una cum expositione in
leges XII 7adii/ar«m; Cologne, 1549, in-S";
Clien, 1759, in-8''; reproduit dans les Varin^
lectiones : c*est là un des premiers essais d'un
système de droit naturel dans le sens moderne
de ce mot; ce passage résume les idées de l'au-
teur : « Quid est igiturjus gentium? Est mut-
iorumpopulorum auctoritas. Quid jus civile?
Est uniiLs populi jussus. Quid scies an
utrumque reeie sit receptum? Ex norma na-
tures seu fonte? Vbi est illa norma? In
corde et conscientia hominis a Deo insculpta.
Quid si multi dissentiant circa hanc nor-
mam née recte de eo judicent? Recurrendum
eU ad Tabulas divinas (le Décalogue) , iit
quibus renovatum est jus vel lex naturm tam
certo testimonio, ut variari non possit» » Le
recueil des fragments des lois des Douze Tables,
qui est joint à Ylsagoge, et le commentaire qui le
suit est un des meilleurs de l'époque (voy. Dirk-
sen, Uebersicht der Versuche sur Herstellung
der Zwôl/lafel/ragmentef p. Z2); — De copia
verborum et rerum injure civili , ex constan-
tissimis locorum sententiis, indices; Cologne,
1 j42, in- fol. ; — plusieurs Concilia et responsa»
Ka 1559, Oldendorp publia à Bàle, en 2 vol.
in -fol., le recueil des ouvrages écrits par lui jus-
qu'à cette époque. 0.
Adami, Vitm iuriwnuvUùrum. — MOiler, Cimbria
lUerata, 1. 1 et lU. ^ Strleder, Hnsiêcke Celehrtênge-
schlekte, t. X.
OLDENDORP ( Chrétien - Georges- André ),
missionnaire allemand , né le 8 mars 1721, à
GrossIafTert, village près de Hildesbeim, mort à
Ebersdorf, le 9 mars 1787. Fils d'un pasteur
protestant, il étudia la tbéologie à léna , entra
ensuite chez les Frères moraves, et enseigna pen-
dant plusieurs années dans leurs collèges. En
1767 il vislU les lies de Sainte-Croix, Saint-
Thomas et Saint- Jean, et s'arrêta en 1768 daUs
plusieurs villes de l'Amérique du Nord , où sa
communauté avait des établissements. De retour
en Europe en 1769, il remplit les fonctions de
prédicateur successivement à Marienbom, à Neu-
wied et à Ebersdorf. On a de lui : Qeschichte
der Mission der evanoelischen Brûder auf
den Caraïbischenlnseln S.-rAofneu, S.-Croù?
und S. -Jean (Histoire des missions des Frères
évangéliques aux lies Caraïbes Saint-Thomas,
Sainte-Croix et Saint-Jean); Barby, 1777, 2 vol.
in-8°; traduit en suédois, 1786-1788, in-8® : ex-
cellent ouvrage, où abondient les renseignements
les plus prédeui sur ces contrées lointaines. O.
Mraiel, LexOon, — Olto, LBxtkon, t, II.
OLDPIBLD (iiRne), actrice anglaise, née en
1683, à Londres, morte le 23 octobre 1730, dans
cette ville. L'amour que lu! inspira le jeune Ar-
thur Maynwaring contribua à développer ses ta-
lents, et depuis 1704 jusqu'à sa mort elle fut
une des actrices les plus accomplies de son
temps. Hors du théâtre elle avait su se concilier
l'estime et le respect par ses manières honnêtes
et généreuses; dès qu'elle connut l'extrême mi-
sère du poète Savage, elle s'empressa de lui of-
frir une pension annuelle de 50 livres. Après
la mort de Maynwaring, elle vécut dans Pinthmté
du général Charles Churchill; l'un et Pantre la
rendirent mère. Son corps fut enterré à l'abbaye
de Westnûnster, entre les tombeaux de Craggs
et de Congrève. A ses derniers moments elle pa-
rut tout occupée de sa toilette, a On ne peut,
disait-elle, soutenir l'idée d'être laide même après
sa mort ». Aussi, d'après sa volonté expresse,
fut-elle mise au cercueil dans les habits les pins
élégants. K.
I4fe qf jénne Oldfield ; Londres, iTti, ta-a». — 71e
roltor, 1. 104 ; IV, iBi.— Baker, Biôvr. dramaUea*
OLDHAM {John ), poète anglais, né le 9 août
1653, à Shipton près Tedbury (comté de Glo-
cester), mort le 9 décembre 1683, à Holme Pier-
point (comté de Nottingham) . Il était (ils d'un mi-
nistre non-conformiste, qui dirigea ses premières
études, et les acheva à l'universitéd'Oxford. Reçu
bachelier es arts, il devint sous-mattre de Técole
publique de Coyrdon, dans le Surrey. Ce fut là
que la réputation quMl s'était acquise par quelques
vers qui avaient circulé manuscrits lui attira la vi-
site de plusieurs personnes de marque. Le doc -
teur Lower, qui s'était pris d'une vive amitié
pour lui, l'encouragea à étudier la médecine;
Oldham s'y adonna à ses heures de loisir, et y
fit quelques progrès; maïs il ne tarda pas à la
quitter, dominé qu'il était par son génie poé-
tique. « En vain, écrivait-il à un ami, ai-je tenté
de m'appliquer à des sciences plus utile», je n'ai
pu réussir en aucune. Lors même que je m'oc-
cupe des objets tes plus sérieux, mes meilleures
pensées se ressentent toujours de ce goAt perni-
cieux. Que dis-je ? lors même que je dis mes
prières (Dieu mêle pardonne!), à pdnepnis-je
m'empêcher de les profaner en y fourrant des
vers. Il semble que je sois le revers de ce mal-
heureux de la fable, et que tout ce que je touche
se change en rime. » Avec une petite somme
d'argent qu'il avait épaiignée, il vînt s'établir à
Londres, et y détruisit sa santé en se livrant
aux plaisirs de la table en compagnie des grands
seigneurs qui lui faisaient fête. Aucun d'eux ne
GOI
OLDUAM — OLDOIKI
602
loi témoigna plas d'affectioii que le comte de
Kingston, dont il fat Tbâte pendant ses derniers
moments et qoi érigea on monument à son hon-
near. Oldham avait aotant d'érudition que d'es-
prit; il avait reçu de ses contemporains le sor-
nom de jMvénal anglais. Ses satires sont à la
▼érité Uen fortes et même violentes, mais il y
manqne du tour et de TexacUtode , de sorte qu'il
ne mérite pas d'être rangé parmi les poètes du
premier rang. Dryden avait pourtant conçu fle
loi une grande estime. Ses œuvres ont été réu-
nies à Londres, 1722, en 2 vol. in- 12, et souvent
réimprimées depuis. On y remarque les. satires
contre les Jésuites et contre la vertu, des- imi-
tations d'Horace, de Juvénal et de Boileau, des
épigramroes, etc.
Ud prélat du même nom, Oldham ( Hugh)^
mort en 1519, évêque d*Kxeter, fut un des bien-
faiteurs de l'université d'Oxford, où il contribua à
la fondation du collège Ck>rpus-Cbristi. P. L— t.
Wood, Jtkenm Qsron. — Seward, Ânêedotes^ U. — Li/e
rfj. Oldham, à là tète de h* Œuvres,
OLDiswoRTH (William), littérateur an-
glais, mort le 15 septembre 1734. Ce fut un
écrivain très-connu sous les règnes d'Anne et de
Georges P**; il ne Test aujourd'hui que par le
souvenir de qoelques-uns de ses ouvrages. On
ne connaît aucune des particularités de sa vie.
Son attacliement à la famille des Stuarts le fit
mettre au nombre des jacobites tués en 1715 à
Preston ; mais il est certain qu'il survécut long-
temps à cette bataille. Il fut un des fondateurs
de la feàille périodique The Examiner, et y in-
séra de nombreux articles. On dte de lui : H-
mothy and PhUatheus; Londres, 1709-1710,
3 vol. in-8* : dialogues où il établit les principes
et les droits de l'Église chrétienne; — State and
miscellany pœms; Londres, 1715, in-8^; —
Tke Life of Edmund Smith, à la tête des «eu-
vres de ce dernier (1719); — nne traduction
des Odes d'Horace, et nne autre, The Aecom-
plislied senaior, du latin de Goziiski; 1733,
in-4\ K.
1 Chalmers, Général Blograph.DietUmarif,
OLDHixoB (John), littérateor anglais, né en
1673, mort le 9 juillet 1742 , à Londres. Dans sa
jeunesse il écrivit pour le théâtre, et composa une
pastorale et un opéra, bien vite oubliés. Il se fit
ensuite connaître par la mauvaise foi de ses écrits
historiques et par sa critique violente et agressive.
Ennemi acharné des Stuarts, il s'attacha à pein-
dre cette famille sous des couleurs les plus odieu-
ses. Il attaqua avec aussi peu de ménagement plu-
sieurs écriyains célèbres, tels qu'Addison et Pope.
Ce dernier, en Tadmettant dans la Dunçiade, lui
assura l'immortalité de l'infamie. Le parti à la
solde duquel il était entré lui donna l'emploi de
collecteur des douanes à Bridgevrater. Quoique
sévère pour les autres, Oldmixon n'était pas
lui-même sans reprodie. Ayant été employé
par l'évêque Kennet à éditer sa Collection des
àistcriens, ii ne se fit aucun scrupule de cor-
rompre en différents endroits la Chronique de
Daniel, ce qui a de beaucoup diminué la va-
leur de cet ouvrage. Dans le Tatler, il est dé-
signé sous le nom &Omieron, thé unbom,
poet (le poète mort-né). On a de lui : British
empire in America, containing the history
of the discovery, settlement, progress and
présent state of the British colonies on the
continent and Islands of America; Lon-
dres, 1708, 1741, 2 vol. in-8% avec cartes;
frad. en allemand, — History oj the Stuarts;
ibid., 17.., in- fol.; — Refleciions on D^
SwifVs letter about the english language;
ibid., 1712, in-12; — Poems;\\Àà., 1714, in-12;
— The Uje of Arthur Maynwaring, à la tête
des Posthumous works de cet auteur, édités en
1715 par Oldmixon; — Prose essays on criti-
cism ; — Art of logic and rhetoric, écrit à l'i-
mitation du P. Boubours; c'est dans ces deux
ouvrages , ainsi que dans le recueil périodique
intitulé The fiying post, qu'il attaqua Pope et
ses amis; — The Li/e ofqueen Anne; — Court
taies, or a history qf the amours of the pré-
sent nobility; ibid., 2® édit., 1731, un des livres
les plus scandaleux dé l'époque ; *— History of
England during the reigns of William and
Mary, Anne and George /;ibid., 1735, in-fol.;
c'est une suite à son Histoire des Stuarts,
P. L-Y.
Clbber, lAves. - Baker, Bioçr, dramatiça, - Lysoos.
Environ!, II.
OLDOI5I (Agostino), biographe italien, né
en 1612, à La Spezzia (Etat de Gênes); la date
de sa mort n'est pas connue. Admis dans la
compagnie de Jésus, il prononça se< voeux à
Naples, et y professa les humanités. U séjourna
ensuite dans différents collèges , et fut appelé
rers 1668 à Rome, puis à Pérouse, où il publia
plusieurs ouvrages. Il vivait encore en 1680. On
a de lui : une Grammaire italienne; AncOne>
1637, in-8^; — Necrolçgium pontificum et
pseudo-ponti/icum Romanorum cum notis;
Rome, 1671, in-8"; — Clémentes titulo sanc»
titatis vel morum sanctimonia illustres, cum
animadversionibus ; Péronse , 1675, 10-4**; —
Athenxum Romanum, in quo pontificum et
cardinalium scripta exponuntur; ibid., 1676,
in-40. Mendosio a fait beaucoup d'emprunts à ce
recueil; — Athenxum Augustum, in quo Pe-
rusinorum scripta publiée exponuntur; ibid.,
1678, in-4o; — Athenacum lAgusticum, seu
syllabus scriptorum Ligurum; ibid., 1680,
in-40 : ces compilations , souvent inexactes, oot
été pourtant utiles aux biographes postérieurs, et
sont encore recherchées ; -^ Catalogus eorum
qui de Romanis pontifidbus scripserunt;
Francfort, 1732, in-4°, publié par Meuschen.
Oldoini a donné une édition augmentée des Vitœ
pontificum et cardinalium de Ciaoonius
(Rome, 1677, 4 vol. in-fol.), et il a laissé en
manuscrit Athenxum Pistoriense, que le
P. Zaccaria a inséré, après l'avoir complété,
«as
OLDOINI —
dans la Bihliotheea Piêtorientis {Turin, 1752,
io-fol. ); «t- Athengum ttaUcunif et d*aatres
ncueils hUtoriqaes.
Son frèrp, Bemardo Olboim, aéorit quelques
ouvrages de Kttératnre en HaKen. P.
Michèle GiusUaiaoi» ScriUoH J.iifuri. — Raffaello 80-
pranl, ScrtUori délia Ligurla, — Sax, OnomasUcon,
OLDTS ( William ), bibIio($ra|)he anglais, né
le 14 juillet 1696, mort le 15 août 1761, à Lon-
dres. II était fils naturel d*un savant docteur en
dn)it, William OIdys, qui prit part avec Dryden
et autres lettrés à une version anglaise des Vies
de Plutarque (1683, 5 vol.''in-8"), etq»ii per-
dit en 1693 sa charge d*avocat de l'amirauté
pour avoir refusé de poursuivre comme pirates
des marins munis de lettres de marque de Tex-
roi Jacques H. Son éducation première fut assez
négligée; il dissipa dans des folies de jeunesse le
modique héritage de son père, et fut de bonne heure
forcé de pourvoir à ses besoins. 11 se mit quelque
temps à la solde des libraires, et le duc de Norfolk
lui fit donner un des deux emplois de héraut d'ar-
mes de la couronne. Il mourut pauvre, laissante
peine de quoi suffire à payer ses dettes. Ses prin-
cipaux ouvrages sont : The Srilish librarian ,
exhibïtlng a compendious review 0/ ail un-
published and valuable baoks in ail sciences;
Londres, 1737, in-8» : recueil longtemps négligé,
<)uoique rempli de renseignements exacts et cu-
rieux; — Life of sir W aller Raleigh, à la tête
de YHlslory of the world de ce dernier. Il fut
Téditeur de The universal Spectator (1730-
1732), journal hebdomadaire, et d'un petit traité
de Moffelt, Health'simprovementin^tf în-12).
On a aussi de lut beaucoup d'articles insérés
dans Biographia Britannica sous la signature
G, dans General diclionary, The Scarborough
misceUanj/, etc. Oldys a consigné sur un exem-
plaire des îives of the english poets de Laog-
baine, conservé au Muséum britannique, une
foule de notes manuscrites , où il indique les
titres d^ouvrages qu*îl aurait composés et qui ont
été probablement perdus. Ce peu de mots sur son
propre nom s^y trouve écrit de sa main :
In Word and will i ax a frlead to 700
Aad one rrteod oldts worth an bundred new.
P. L-T.
Centleman't Magazine, UV etLT.— Coote, Catatogue
4f civiftaïu. — HuMe , Coihge •/ arwu, •* Chalners,
Cenêrmi Uegrtipk. éiet.
OLRâ M US , famiHe aliemande qui eeC «outte
par |)lo8ienrs générations de théologient et d'é-
rudits, dont les priodpaux sont :
aLKARius(y«i«), Ihéobgpei luftbérien, né
à W«sel (comté de Clèves), le 17 aeptembre
1546, mort à Halle, le 26 janner 163X U s'ap-
pelait Kup/èrmanti^ «t ctianifea ce nom poor
celui d*01eaffius, traduction latioe du mot aile-
aaand Œlschlxger ( pressear d'huik ), odib aovs
lequel était en général déaifpié son père qui était
fabrioat d'huile. A#rès avoir étudié à Duaael-
dorf, à Marbouf^ et à léna, il «ni vit, en 1573,
HediMHis, <|iie l'aedrar Je toa lèle aatHcalvI-
OLBARIUS 604
niste forçait à quitter cette denûère rifle et à se
retirer en Prusse. Il fut admis dans le corps
enseignant à Kfnnigsberg. En 1577, il passa à
H dmstavlt, et y fut nommé, en 1 579, profiessenr
d'hébreu ; à celte même époque il éponsa la liHe
de Hesbofiius. Appelé, en 1601, à Halle avec le
titre de surintendant. Il enseigna en même temps
l'hébren an gymoase de cette Tille. En 1603, il
se maria en secondes noces afvec la fille de rHc.
Nioander, un des pasteurs de Halle. Parmi tes
nombreox ouvrages, on cite d'ordinaire : Dispu-
tiUUmutntheologicarwn partes II; — Ferzéi-
chn^s 200 calvlnischer trthûmer in den
anhaltischen Biichem ( Indkaticii de 200 er-
reurs calvinistes dans les livres eodésiast d'An-
hait).
OLKAmvs {Gottfriêd), second fils du pré-
cédent, né le 1* janvier 1604, à Halle, mort
dans la même ville, le 20 février 16S5. Il faX suc-
cessivement professeur adjoint de pfiilosophie
4 Wfttemberg, pasteur à HaBe et surintendant
dans cette ville. Ses principaux écrits sont :
Erklàrung des Bûches Hiob in 55 Vrtdigten
(Explication do livre de Job en 55 sermon^);
Leipzig, 1033, 1645, 1672, In-é"; — Biblka
theoretico-practica adnotaia; Halle, 1676,
hi4'; — HomiXiarum catecheUcarum plus
guam 700 delineatio; Halle, 1680, In-S®. M. N.
OLKARivs [Jean), frère de Gottfried, né à
Halle, le 17 aeptembre I6I 1« mort à Weissenfels,
le 14 avril 1684. Il fut d*abord prédicateur à
Halle et plus fard surintendant général à Weis-
senfels. On a de lui un grand nombre d*ouvrage$,
dont les principaux sont : Oratorio ecclesias-
tica methodice adornaia; Halle, 1665, in-»'';
— Adsertionum philologiearum heptas ex
historia Magontm; Leipzig, 167 1,111-4"; —
Theologia exegelica; îbid., 1674, in-8*; —
Geisdiches Bandbuch der Kinder Gottes (Ma-
nuel spirituel des enfants de Dieu); Leipzig,
1674, in-8*; — Bibtïsche erklàrung (Explica-
tion biblique) ; Leipzig, 1678-16S1, 5 vol. info).
OLEARivs (Jean-GoUfiried)^ fils de Gott-
fried, né à Halle, le 28 septembre 1635, mort à
Arnstadt, le 20 mai 1711. Api'ès avoir été pas-
teur à Halle , il ftit nommé surintendant à Anh
stadt, où l'affection générale le retint et lui fit
refhser la chaire de premier prédicateur de la
cour de Gotha, qiH lui fht dYTorte en t689. Oalre
un grand nombre de dissertations, fl est auteur
de plusteurs ouvrages, dont le pTos remarquable
est : Àbacus patrolùgicus ; léna, 1673, in 9^]
2*é<lition, pabliée, avec des additions^ par Jeao-
Gottlieb Olearius, fils de l'auteur^ sous ce noo-
veau titre : Bibliotheca scriptorum ecck'
siasticorum; féna, 1711, 3 vol. in-4% avec une
préfacede J. Fr. Buddaeos. H. N.
Jeta eruditonm, ITII, p. 419-lt(. - JOeber, Mig-
Gêtek/tm-LerlemL — Hunntat, jiptÊê^iaS. C. Olfarii;
DrMë^ ITIT, in-»". - J.-O. W^bI^ aiMIat*. fAMto^.
oi^BâUirs (Jean), phiMogne et théologien,
frère du pcéoédent, né à Halle, le 5 mû 1639,
606
OLEARIUS
606
mort k Ldpxig, le 6aoài 1713. U i«t, k Uipxig,
profesMur de laagpe gTBoqiie depuiâ 1664 et de
théologie depuis 1677. Bian différent de son
graod-père, qoi avait élési andest à la polémique,
il ebercttt autant qii*il le piit à adoucir les que-
relles thëolûfiiqoeSt qui n'étaient pa^ rares de son
temps et qui troiiMèreot plus d'une fois l'unir
Tersité de Ldpxig. On a de lui plusieurs ouvragas
de tikMogte, dont les plus importants sont : SU-
mentm hermeneHlie» sacrm; Leipzig, 161M,
ifr-a*; — De iifflo A'ovi TesUmenti; ibid.,
i66Sa in-4*; quatre autnes éditions, idont la der-
nière flst de 1699; — £xercUatioHe$ phiUh-
hgiox prmemm episUUarum doniinu:aiium
i9xtum tomcemmUes; ibid., 1672, in-4*; —
Sffnapêis eontrowersiarum selectiorum; ibid.,
1710, in'8®; — DoUrina iheolofix maralxi;
ibid.» 1668, réimpr. à la suite de l'ouvrage sat-
vant; — introductiû in theolûgiam Ccutia-
Um; 'MA., 1703» infol. J. Olearius fut un des
pins aottii coUaboratears des Àcta JSruditwrum
pendant les pramèros années da cette publication.
M. HL
Slêgtmm JoiumU OlemrtU Smm jitta SrudUânm,
1719, p. iM et ralT.
«LKAmius {/fth-Christophe), savant nu-
mismate et historien allemand, fils de Jean
Gottfried, né le 17 septembre 1666, à Halle, mort
le 31 mars 1747. Il étudia à léna les belles-lettres
et la tbéolo^e, et alla, en 1693, s'étaMir à Am-
stadt,o(i il rut chargé de classer la précieoM col-
lectio» de médailles du prince Antoine Guntber
de Schwarzbourg. Depuis 1736, Il occupa à Am-
itadt remploi d'évêque protestant. Il faisait partie
derAcadéroiedes sciences Ue Berlin depuis 1714.
On a de loi : Jsagoge ad numophylacium brac-
tetUorum, addita centum et ampHu» eorum-
dem lUteris consignatorum sylloge; lénâ, 1 694,
io-fol. ; an des premiers essais sur ce genre de
monnaies ; — SpecifR^n universx rei numarix
sdeniifict tradendx; léna, 1698, in-8*; —
J.'W, Moyens Parentaiion mit rômitchen
Mûnzen illustrtrt ( Funérailles de J.-6. Mayen,
illustrées |>ar des monnaies romaines); Am-
stadt, 1099, in- fol.; — Kurzer Sntwurf aller
schwar&burgischen Mûnzen und Medaitlen
(&«al succinct sur toutes les monnaies et mé-
dailles deSchwartzbourg); Gotba, 1699, in-8*;
—Anastasis Agnesx, abbatUsx Quedlinbur-
gensii, nwnis X bracteatis iltustrata ; léna,
1699, in-6*; — Curiose Mân>Wissensck^t
(Les cnviodtés de la science des médailles);
léna, 1701, in-8®; — - Arnsiûdlische Feuerhis'
forie (HJëtoire des Incendies d'Arnstadt);ibid.,
1700, in-8*; — Historié der Stadt Amstadt
(Histoire de la ville d'Amstadt); léna, 1701,
in-g**; — SpiciUgia antiquHatis nuvMt brac-
ieatot illustrantia; lëoa, 1703-1703, 3 parties,
in-4**; — Clericatus Schwanburgieus ; léna,
1701, in- 12 : biographie des membres de la fta*
mille de Schwarzbourg, entrés dans la'clérica-
tnre;— Maïuoleum in museo' léna» 1701,
; in-4'' ; ce KvTe traite de diverses urnes romaines
I et de quelques antiquités trouvées à Cannstadt;
<— Lieder-bibliothek , darm wm den JM-
dem , detûn Au$oribm und commentariis
gehmndell wird (Bîbliotliàque des «antiques,
où Ton traite de leurs auteurs, et des commen-
taires auxquels ils ont donné lieu); Francfoit,
1702, in<13 : cet ouvrage, où Fauteur aborda Je
premier cette partie de rtilstoire de la littérature
allemande, fut suivi d'une quinzaine d'opuscules
sur le même si^et {vûy, Liebler, Hymnopœo-
grapMa Oleariana ; Eiseoberg, I7t7y in-8') ; —
Rerum Thuringicarwn syntagma; Erfurt,
1704-1706, 2 vol. in4''; ** Clericaius TAw
ringiss fnrodr^mus; léna, 1704, in-O"*; ^ Epi-
Urne /Mariai Arnstadiensis topographies;
1704, 1n*fol.; *- Evangelischer Uederschatz
(Trésor de canliqiies pour le culte évangélique) ;
léaa, 170&-1706, 4 parties, in-6® : contient beau-
coup de notices biogra|>biques, littéraires et bi-
bliographîqoes ; ^- Prodromus hagiologias nu-
nUsmaticm; Arnstadt, 1709, in-8®; rs|>roduit
dans le t. IX des Mûn%belustigungen de Kôh-
1er; — Aloedarium historicum; ib., 1713,
in-S® \'^DeJ, Croto veto Bpistolarum obs-
eurorym virorum aulare ;ib,, 1720, in-8®; —
Prmfamen de Johanua papiua; ib., 1722,
in-8*. Olearius a donné aussi plusieurs édi-
tions du ArnstadUsches Gesangbuch (Can-
tiques à Pusage d'Amsladt); Amstadt, 1701,
1703, 1706, in-12, et 1737, in^8o; il a DUS en
tête une notice bibliographique intéressante sur
les recneUfi de ce genre publiés depuis la ré-
forme. O.
J.C Otto, M ëntgum Ole^rU (J7l.^ to-foU). -
G<etteo, DcujetzUebende getehrte Europa, X. II. — Chn-
G. BcdSter, Sunâ Fragen au» der kirehenkUtorée (qoa-
trléne suite; léna, 1781. p. VISI ). — WelMl,/tfiuer<ii«ii«
theologitche BilMotMi, t. HJLXIU, — Htnchfng, Hmnd-
buck. - Upclu«. BiM, numtuia (Leipzig, tM^ t. 11). -
Encb et Gruber, EnentlopttdU-,
OLBARivs (/ean-(70f/fled), jurisconsulte
et bio^aphe altemand, frère du précédent, né
à Halle, le 22 juin 16S4, mort le 12 juillet 1734.
n fut professeur de droit à Kœnigsberg, et asses-
seur au tribunal criminel. On a de lui : De Julio
Cxsare Vanino;lénaL, 1709, in-4® ; ^Delu/ZiCT-o
exjuris studioso theologo et Zieglero ex iheo-
logo JurisconsuUo facto; léna, 1710; — De
varias atàeos conviacendi meihodis ; ib., 171 1 ;
— De utilitate rei literarix in j'urispruden'
Ha; KcNH^berg, 1713; — De biographie an-
tiquorum jurisconsultorum ; ib., 1714; —
jieses sniscellaneœ ; ib., 1714; — De histo-
riarum et antiguitatum scientia in Jure
summopere necesioria; ib., 1721. Olearius a
laissé en manuscrit : Vifx profesiorum jU"
ris académies Regiomontanx, ab ipsa funda-
tione ad nostra usque tempera, O.
Arnoldt, fristnrieder Kân(g»àerger Cniiu L II, -Ench
et Gruber. Encifktopâdte,
^iMMMWU (Gottfried)^ pbilol(^e et théo-
logien alieraand, fils de ^ean Oleaiius profiosseur
AntolDede Sienne, BM. Domin.-V, Antnnio, A<6/.
hUpawi nova. — Êchard, Seripiont ord, PrœdleaC
OLB6, prince de Russie, mort en 912. 11
607 OLEARIUS
de grec à Leipzig, né à Leipzig, le 23 juillet 1672,
mort dans la même ville, le 13 novembre 1715.
Après avoir étudié à Leipzig, il fit, en 1693, un
voyage en Hollande et en Angleterre, et occupa
depuis 1709 une chaire de théologie. Le catalogue
que Niceron donne de ses ouvrages est incomplet.
Les plus importants sont : Ànalysis logica épis-
tolm ad Ehrxos, cum observaiionibus philo-
to^krfj; Leipzig, 1706, in-é*»;— Observationes
sacrae in Evangelium Matthsei; ibid., 1713,
1734, ^-4"; — Collegium pastorale (en al-
lemand); ibid., 1718, in-4°; c*est une instruc-
tion pour les jeunes ministres. On a de lui une
traduction latine de Thistoire de la philosophie
de Stanley, à laquelle il ajouta une dissertation
Dephilosophiaeeleciica. On lui doit encore une
édition estimée de Philostrate (Leipzig, 1709,
in-rol.), avec une préface, des notes et une tra-
duction latine. Il a réuni dans ce volume tout
ce qui reste des écrivains grecs qui ont porté le
nom de Philostrate. M. N:
Chaafepié, Diction. hUt, — NIceroD, Mémoiret, VII.
OLEARirs (Jean- Frédéric), jurisconsulle,
frère du précédent, né à Leipzig, le 25 juin
1679, mort dans la même ville, le 4 octobre 1726.
Il fut professeur de droit à l'université de sa
Yille natale depuis 1708 jusqu'à sa mort. On a
de lui une édition annotée de Ant. Fabri qtiœs-
tionts foreuses Sabaudicte et un grand nombre
de dissertations sur des matières de droit.
Son frère Ole A Rius {Georges-Philippe), né
en 1681, à Leipzig, où il est mort, le 3 février
1741, enseigna à Leipzig le grec et le latin. On
cite de lui : De scripturis pro/anis, a Paulto
apostolo allegatis; Leipzig, 1701, in-4*»; — De
reverentia adversus angelos spurea et ge-
nuina; ibid., 1725, in-4''. M. N,
JOcher, jétlg. Celehrten'Ltxieon,
OLBARICS. Vog, ŒLSCHLiEGER.
OLEASTER ( Jérôme] , théologien portugais,
né à Lisbonne, mort en 1563. Quelques écrivains
portugais Pont appelé Jérôme de Azambuja, du
nom d'un bourg situé près du Tage. Vers 1520,
il fit profession dans Tordre de Saint-Dominique.
11 était philosophe et théologien très-versé dans
la dialectique, et habile dans l'intelligence
des langues hébraïque, grecque et latine. En
1545, il se rendit en Italie, et fut un des théolo-
giens que Jean Ilf, roi de Portugal, choisit pour
assister au concile de Trente; à son retour il fut
nommé évèqoe de Saint-Thomé en Afrique, mais
il refusa celte dignité afin de ne pas interrompre
le cours de ses travaux littéraires. U fut néan-
moins inquisiteur de la foi, et occupa différentes
charges de son ordre. On a de loi : Commen-
taria in Pentateuchum Moysi; Lisbonne,
1556, in-foL; Anvers, 1568, et Lyon, 1586,
1589, in-foi.; — Jn Esaiam commentaria ;
Paris, 1623, 1658, in-fol. p.
— OLEG
608
quitta, en 862, la ScandinaTie, sa pairie (1), et
aida Rurik, son parent, à fonder l'empire des
Varègues. En 879, Rurik mourant lui con6a la
tutelle de son fils mineur Igor. Investi du pon-
▼oir souverain, OIeg le garda pendant toote sa
vie. En 882, après s'être emparé de Smolensk et
de Lubetch, il s'approcha de Kiew, attira dans
un guet*apens ses compatriotes Dtr et AskoM,
qui régnaient <ur cette Tille, les fit massacrer,
et se rendit ensuite maître de Kiew, qu'il vou-
lut faire la capitale de son empire^ Les années
suivantes il s'empara de divers territoires , for-
mant la plus grande partie de la Podolie et de
Vothynie actuelles. Il fit bâtir plusieurs villes,
et distribua en fiefs ses possessions éloignées à
ses compagnons d'armes. Dans ses dernières
années il vit arriver dewiht Kiew les bordes
farouches des Magyares ; il les refoula vers le
Danube. Selon Nestor il aurait, en 907, envahi
l'empire grec avec une armée formidable, aorait
pénétré jusqu'à Constantinople et contraint les
Grecs à un traité humiliant, rapporté tout au
long par le chroniqueur. Mais plusieurs circons-
tances graves infirment l'authenticité de ce
récit. O.
Nestor, Ânnalu rusMe», — Kanoain, tfist de Jtiii5î#.
" Knue, ChronitiOn Nortmannoryan { Hamboirg. ilil|.
— Strahl et Hernoano, Ctteh, des nustseken Staats, l
OLEG, prince russe, mort en 977, à Ovrootch
( ville comprise actuellement dans le gonverne-
mentde Voihynie, où l'on montre encore rempla-
cement de sa tombe), avait reçu de son père, Sria-
toslaf, en 972, le pays des Drévliens* Son frère Ja-
ropolk, qui régnait à Kief, excité par le voîévode
Sveneld, forma le projet de réunir ce pays à son
apanage, et lui déclara la guerre. Vaincu, Oieg
fut renversé, en fuyant, dans un fasse et écrasé
par les hommes et les chevaux qui tombèrent
sur lui. Le yainqueur, à la vue do cadavre de
son frère, oublia son triomphe, Parrosa de larmes,
et dit à son conseiller : « Tiens, regarde, voilà
ce que tu désirais I » Mais le repentir de Jaro-
polk ne saurait empêcher l'historien de rap-
peler son fratricide qu'avec horreur.
pce A. G—if.
Karamzin, hUt. dé Ruuie,
OLEG, prince de Tmoutorokan, petit-fils du
grand Jaroslaf, né dans la seconde moitié du
onzième siècle, mort en 1124, s'est rendu cé-
lèbre par sa perfide ambition. De connivencpl
avec les Polovtzi, descendants des Petchénègaes
et ancêtres des Kirguis modernes, il enlefa,
en 1094, Tchemigof à Vladimir Monoreaqoe
(voyez ce nom), et désola longtemps la Russie
par ses brigandages et ses cruautéa. Ponr y
mettre un terme, Sviatopolk et Vladimir enga-
gèrent OIeg à venir à Kief consolider la sùrelé
de l'État dans un conseil formé par les chefii du
clergé , par les boyards les plus âgés et par les
plus illustres des citoyens. En franc annexio-
(1) Il ^rtatt dans son pays le noan d'OUf, transiarae
en Olcg par les Slarea.
609
OL^G — OLEN
610
oiste, Oleg leur répondit : « Je suis prince,
et ne suis pas fait pour prendre conseil, des
moines et de la popnlace. » — « S'il en est ainsi,
dirent Sfiatopolk et Vladimir, si tu ne veux
|)as Cure la guerre aux ennemis de la Russie,
Dî te réunir en conseil avec tes frères, nous te
considérons toi-même comme un ennemi de
la patrie, et Dieu sera notre juge. » Dieu aida
Vladimir à reprendre Tchernigof et à obliger
Oleg par serment de venir à Kief. Au lien de
s') rendre, celui-ci s'empara de Mourom, de.
Souzdal et de Rostof; forcé bientôt d'abandonner
ces deux dernières Tilies,il alla s'enfermer dans la
première, où Monomaque lui adressa une lettre
toncbante. Oleg feignit d'être sensible au tangage
deson neveu ; il conclut la paîxaveclui, etaussitdt
après il essaya encore, en 1 197, mais vainement,
de reprendre Souzdal à son fils Mstislaf. Quoi-
que yainqueur, celui-ci accorda à Oleg de ren-
trer dans la possession de son patrimoine lé-
gitime. Vaincu enfin par tant de générosité,
Oleg participa au congrès de Lubetch, où l'on
vit pour la première fois tous les princes russes
assis sur un même tapis. « Us sentirent, dit
Karamzin, quMi était temps d'éteindre tout res-
sentiment particulier; de se réunir d'Ame et de
ccrar pour dompter les PoloTtzi, leurs ennemis
extérieurs; de rendre enfin la tranquillité à l'É-
lat, et mériter l'amour do peuple. » Pce a. 6~m.
KaramilQ et LéveMiaf, Hitt, de Buuie.
OLBGGio •( Giovanni Viscoim), seigneur
de Bologne, puis marquis de Fermo, mort dans
cette Ttlle, le 8 octobre 1360. Quelques bisto-
riens le croient fils de Giovanni Visconti, ar-
chevêque de Milan, dont il tenait le fief d'O-
leggio sur le Tésin. Il fut l'un des meilleurs
capitaines gibelins, et soutint par les armes la
pn^pondérance de sa famille dans le nord de
l'Italie. Déjà maîtres de la Lombardie, de l'E-
milie et d'une partie du Piémont, les Visconti
résolurent de faire la guerre aux Florentins.
Oleggio fut chargé de faire le siège d'Imola,
pois marcha sur Pistoia à la tête de six mille
faoUssins et sept mille cavaliers. Il prit Campi,
Brozzi, Peretolo, et lança ses éclaireurs jus-
qu'aux portes de Florence. Il assiégea ensuite
Scarperia (20 août — 16 octobre 1351); mais
il en fot repoussé après un siège de deux mois,
et dot évacuer la Toscane. Il était gouvejTieur
de Bologne, lorsque ses concussions provo-
quèrent une terrible révolte , le 10 août 1354.
Il la comprima après un rude combat, et
Irente-denx citoyens les plus distingués de Bo-
logne payèrent de leur tête leur amour pour la
liberté. A la mort de l'archevêque ( 5 octobre
1354), les neveux de ce prélat, Matteo, Bemabos
et Galeaz, se partagèrent ses Étals et coofir-
nièrent Oleggio dans son commandement, avec
l'arrière pensée de s'en défaire. Après l'avoir
aifaibli par divers moyens, ils le firent sommer
«n avril 1355 d'avoir à leur livrer ^ places
fortes et à s'exiler. U parut disposé d'abord à
HODV. BIOGR. GÉNÉR. — T. XXXVIU.
l'obéissance, et livra quelques châteaux; mais
le 17 avril il rassembla les Bolonais, leur dé-
clara que sa conduite tyrannique n'avait été que
la conséquence des ordres qu'il recevait de sa
famille, et que s'ils voulaient le reconnaître pour
seigneur, il leur rendrait aussitôt leurs fran-
chises et leurs armes. Les Bolonais accep-
tèrent, quoiqu'avec répugnance, ce changement
de forme; mais Oleggio était fort aimé de ses
soldat^ydont il tolérait les brigandages : il appela
aussi à lui des chefo de bande (condottieri ) , si
nombreux à cette époque, et fit alliance avec les
ennemis des Visconti, Enfin, en 1358 les Vis-
conti le reconnurent comme souverain indé-
pendant du Bolonais. Oleggio fut un allié fidèle ;
il recueillit le fameux comte Lando, chef de la
grande compagnie, lorsque cette bande fut écra-
sée ( 24 juillet 1358) à La Scabella par les pay-
sans des Apennins; il seconda le cardinal légat
Egidio Allwmoz dans sa conquête de la Ro-
magne ; il avait même encore six cents gendarmes
dans le camp de ses cousins lorsque ceux-ci,
cessant tout-à-coup leur guerre contre le mar-
quis de Montferrat, vinrent inopinément atta-
quer Bologne (décembre 1359). Lando mar-
chait avec eux, et Oleggio vit ses propres soldats
se tourner contre lui. Il demanda vainement du
secours à tous ses alliés; ceux même qu'il avait
le mieux servis l'abandonnèrent. Hors d'état
de se défendre , et ne voulant pas que ses cou*
sins profitassent de ses dépouilles, il livra
Bologne au légat Albomoz , qui lui donna en
échange le marquisat de Fermo. Il dut, pour
échapper à la hame des Bolonais, s'enfuir dans
la nuit du 31 mars 1360. Il gouverna encore
six ans à Fermo, et mourut sans laisser d'hé-
ritier. Son marquisat fit retour à l'Église , qui
s'empara aussi des immenses richesses qu'il
avait amassées. A» ns L.
SlunoDdi, HUL des républiques italtênnes^ t VI,
Cfa. XXXXX, p. 6^ ; XLO, p. 1T7, SU ; XLVZ, p. 849-Sa7.
OLBN ( OX-fui ), un de ces personnages my-
thiques, comme Linus» Musée, Orphée, auxquels
les Grecs attribuaient la création de lenr poé-
sie, n était regardé comme le plus ancien poète
grec et le premier auteur d'hymnes sacrés en
vers hexamètres. Sa légende confuse et peu ex-
plicite est évidemment liée au culte d'Apollon.
Tantôt on le représente comme un Hyper-
boréen , qui vient établir en Grèce les oracles du
dieu, tantôt comme un Lycien , qui se rend à
Délos dans le même but. La légende contradic-
toire concorde cependant sur ce point qu'elle
tait venir Olen des extrémités du monde pétas-
gique pour fonder à Délos le culte d'Apollon. Il
faut remarquer de plus que le culte auquel se
lie la légende d'Olen est plutôt ionien que do-
rien. Welcker pense que le nom de ce |X)ête
mythique signifie simplement Jotietir de flûte.
Parmi les hymnes anciens qui lui étaient at-
tribués , Pausanias mentionne ceux à Héré,
à Achaia et à Bikithyia ; dans le dernier
20
611
OLEN — OLHAGARAY
613
Oleii oéiébrail la mrtHmieaâ^ilpolloaet d'Arles
miff. Y,
Héredote. IV. m -^^ PMiflaDMi^ l« if; H, s»} V. 7;
IX, M; X. 7. — Càmna^fie, H^nm. «» i)«<i« 8M. —
Creazer, J^ymto/iJt, toI. II, p. 116, 130^ IM. — Fsbrteius ,
ÉibUiùtheea ffrteca, vol. I, p. 1S4. — Jitinwn, «mefe
Oku, dans VEnefidapééU #ErMll «t Crafter.
0ist0 vWtitttvoé, né à PMUMBfoPt; l« fa* noTMibr»
t7il, mort dafDM c€Me viito^i 1^ 27 février 1778'
Après avoir «liff à Lelpzi|; le» cours d< Ma»'
eov, et s'être fait recevoir ttoeteffr en droit à
9&9A\jaw% il visita rUaHe-, et a^n» eMuite
aoprès de» prfocipalee ooor» de rAliemagne,
pour y olMerrer oomiiMiit se tniitaieat en pra*-
tfqoe les questions de droit publie. De retour
h FniDCfbrt^ îl entr* en- I74e daas le ososcil de
hi viHe, devint plo» tard éeheviii^ et' eiifia eon«
seiRer impérial. On » de lui : Orifkne* juris
publici imperii fwnan&'fêpmanUif ilhu^
tratx er rebuê imperatwttnv maûoMcomm;
LefpEig; 1732, \thk^ ; -^ Get9hl$Me d»t tn*
terregni nueh dem Ahsiërlfm dès MuOen
Karts ri (Htstofre de riirterrègiw après la
mort de Pempereor GharleS' Vl); Vraacfbrt!,
174«, in^'; — Von âên Vûnûg^ni desrB^
glerendm ffauté* bey (hn tenischew KaU^^
wahien ( De la préfërenee doouée lors* des
électfoDS* à l'Empire germoDiqne à' la maisoii
impériale actoeHement fiante); ibid., 1740,
!ti-ft>l. ; ^VntBTsuefmngdes Urtprungê dkss
fferzogs AtMdi von dtm Mafor^dùmus Er^
ehinwxldm, wie auch dtr wahrscheinUehen
Abhitnft Haiseri Berençarî* i umd der la-
litehen Kaiser au» dem alîm ELiàêtUehen
Jtaune { Examen de la question de sa^'oir si le
doc Atbicos deseend do maire du palais Erctii-
noald, et si Tempereur Béreoger V et les em-
pereurs saliem ne descendeiit pas proboWenseot
de l'aneienne maison d'Alsace ) ; 1747, in^. ;
«^ £rlû«(eneSiaai$9ex€hichted9$ rémieehen
Kaiser thums in der ersten Balftt des
iHerzehnten Juhrfiundertk ( Exposé de l'his-
toire poMliqoe de Fempire romain dms te* pre-
mière moitié du qoatorzfèm» siècle); Prano-
fort, f 753, io-4* ; — Nene' Erlûut^gmng der
gûldenen SixUe KaHers- CarU dei lY am
den dUeren detstschen Gesehichien uwd Ge-
setzen ( Nouvelle explication de la buffe d*or de
Charles IV d'après les anciens historiens' de
TAltemagne et d*apfès les lois antrelbis en v4-
goeur dansée pays); ibid., 1766, Ib^» : ex-
cellent ouvrage, écrit après une etploraiCion
consdencteose des meifleores sonrces; — Hif-
cours préliminaire sur les comltf palatins
du moyen dge, en V&te de VBistaire de la
maison palatine de Schannat Olensclilager
a encore écrit une m traduction à f histoire
des recès de VEmpire, insérée dans te Recueil
des recès publié en 1747 à Francfort'; il a en-
lin donn(^ une édition entièremrnt' refondoe, et
continuée Jusqu'en 1703, de V Introduction' à
thlstoire des principaux États de f^ttrope \
de PuiTeflidorf^ Ffaadiurty i74«-176i9. 6 vol.
Nmm» geïakrîn Bumpa, t. IX. — Pau«r. MMÊnOmr
du Ufituhen StatrtsreùkU, t. lU. — Hetuel, l*-nimnj
orcTA ( Sainte ), né à Miorsl , pièsr de PIkof,
à la fin du neuvième siècle, morte ft Kief , en
969 selon Nestor. MTariée enr 903 an fils de
Kurik, Igor, elle prit à sa mort, en 94S, le ffmoa
dé rÊtat, et le premier usage qu'elfe fit de son
autorité fut de venger l'assassinaf de soa
époox. Les chroniques russes loi prêtent de
singuliers et cruels stratagèmes pour punir le»
Dréviiens qui en avaient été coupables. Ce qui
fôt acquis à l'histoire , c'est qu*elle subjngo»
cette tribu, la plus sauvage, d'origine slavonne,
profita ensuite de la paix pour visiter ses Érats,
régler les impôts, élever de nombreuses cons-
tructions, et les remit, vers 9.55, dans une si-
tuation prospère à son fils Sviatoslaf ; pois, ton^
chée par la grâce divine, elle alla s'mstmire de
la religion chrétienne à Constantinople. Le trOor
impérial était alors occupé par Constantin Por-
phyrogénète et le trdne patriarcal par ropotant
Théophy lacté, qui avait dans son écorie, dît
Polevot (1), deux mifle chevaux, nourris avec
des amandes et du safran t Olga^ pompeuse-
ment accueillie, y fit un assez long séjour, el
Temperenr lui-même roulut, en 957* la tenir
sur les fonts baptismaux, où elle prit le nom
d'Hélène» Enflammée d'ardeur pour la nou-
velle religion , Olga s'efforça vainement d'y
convertir son fils. Elle mourut dana ua âge fort
avaneé ; l'Église grecque célèbre sa mémoire
le 11 iuillet. pee A. G— N.
Chronique de ffe)(tor. — Afscmant. Otiend, BeOa.
tm<9., f. IV. — KDtexynsIrl , Speeimeti keeUsUt JfBfit»
ntest, •• Annale* de Zonaris, t. It^ p» tsi» — Ckrêm,
nniMrâgiiê de Cedreaut, t. Il, p. 6». - BMtaar de
Mcrsebourg^ CAron.. L II. — Phlbrete, Mût, de TÊr-
0tiu russe, t. I. p. 10. - ATtcttre, Atf rotf. if* CAHttld-
«iMireN BImiê, p, IN. - DleU dm taM^de t-ÊfiSm
russet art Oloa. — Gcbberdl, GmbA. dee MHeÂm Ae^
gen, — HiU, de Bu*sie{eti riwie), par TailebtclMr,
Poletol, SotiiTlef, (fti (ftoçtlf ) par Leresqoe et LMtarc
enMttmtk, grand-prince de Litfananie, né
versr 1300<, morf en I377. H était fill de Gfié>
dlmin et père de JagafTo, connn sous le nom de
fagellon, qui réunit la Pdlogne à ses États hé-
réditaires. Quoique marié à la belte-safor du
grand -prince de Russie Siméon le Superbe, S
envatiit* ce pays jusqu'à trois fois , et profita des
querelles de ses voisins pour s'agrandfr à kars
dépens. p-e A. G — k.
Kolalowicz. //Mortm Uihûanim ttb. IT; Dutsic,
10SO. -«^meflffoseti, Bût. Pûton,, Itb. X.
«LBi«A»AT ( Pierre), historien firançafs,
né an quinzième siècle, dans le Béam, pfoln<
biement à Belloc, où son père exerçait les ftmt-
tions de pasteur. On ne sait ritn desa vie, si-
non qn'fl était lui-même pasteur et l*é^fw ré-
formée de Mazères, quand, en 1005, Henri IV
le nomma son bistortographe. C'est en celte
(f } tfiaorfa rsnTfikfrgô'niirodr, i. r, cb. 1
(H6
OLHAGAIVAY — OLID
614
qualité qQ'îf' publfe une Histoire des CttmtêS'
de FoiXj Béam et' Navarre (Paris, Î(l09,
irï*4»). Vf. N.
OLIBA, éTéqoe de Tic , mort' en 1047. Son
père, qui se nomniaît comme lui QKba oo
Oliva, était comte de Cerdagpe et de Bèsalu»
Abandomiant à ses frères atnés,, Bernard et
Goifroi, Théritage des comtés de Bcsalu et de
Cerdagne, le léuDe- Oliba se fil moine, et devint
en 1009 abbé de Ripool, ainsi que de Saint- ^fî-
chef de Cusan, an diocèse d'£Ine. En 1019 nous
le voyons à la fois abbé de Ripoot, de Losan
et évéqoe d'Aosone, on de Vie, dans U Marche
dïspagpe, alors sous la métropole de Nàrbonne..
On s'aecorde à louer sa conduite comme érd-
que et comme abbé. (Tétait un prélat puissant,
instrnil, discret, babile et vigilant administra-
teur. Quelques années avant sa mort il abdiqoa-
l'évèché de Vie. VBistoire IHtéraite, qui le
compte an nombre des écrivains français, si-
gnale quelques lettres d'Oliba, publiées par Eft-
luzedans son Appendice au Marca Hispanica^
des statuts et un traité sur le cycle pascal, qui
estfÂédit: B. H.
Caaia cArM, t Vf, col. 1098. - BUt. Httér. de la
Frtmte, t. V|T, p. SM.
WJTl» oa OLi {CfistovalDz), l*tm des prîiN
cipaox Keutenants de Cortex, oonquéranf do Mé-
cboaean et chi Honduras, né vers 1492, misa mort'
à Naco ( Honduras), en 1524. Il fot élevé dans la
maison dê'don Dfego Velasqnez, gouverneur dé
Cube, dbnrC ri était, en 151 8, l'un des officiers fa-
TOfis. Yelasqoez Penvoya à la recherche de
l'expédlAon commandée par Juan de Grqal va, qui
avait pMir mission d^acheverla reoomiaissance
àa Tncatan. Olid vit son navire désemparé par
une violente tempête, et dut retem-ner à Cuba'
sans aroirpn suivre les traces de'Grijafva. Lors-
que Cortex eut résoin- la conquête de la Nou-
-velle-ETspagne (novembre 1518), Olid fot un des
premiers et dès pMs Influents cavaiiers qur
Tinrent se ranger sons son étksndard; anssf
Ckyrtez lui confiait il aussitôt le commandement'
d*uima^re«t d'une compagnie ( 1 0 janvier 151^;
CIM prit une part importante aux nombreux-
combats qne rex|)édftfon eutà soutenir ; il con-
tribua beaucoup à maintenir l'autorité dé Con-
tez sur les soldats. Lorsque les Espagnols se
forent saisis de BfontMsuma IT, Olid montra
an respect et de rafTectiôn- ponr cet infbr-
toné monarque. Souvent même il' blâma ouver-
tement Cortez de ses violences envers Tem-
pereur aztèqve, et' ramena plusieurs fbis la
concorde entfe eux. Il ftit du petit nombre de
csivaiiers qui échappèrent au désastre de h re*
traite cte Mexico (la Noche triste, 1*' JHillet'
1520), et se distingua à la sanglante bataille
«TOtumbft (8 juillet). Il chassa ensuite les
firfexicafns ê^ QunuhqnechoTlan (en espagnol
Huacachnla ) , 06, selon Bernai Diaz , témoin
oculaire, « il attaqua Tennemi avec la Aireor
d!on tigre et avec dèmc cents Espagnols mit en
déroute trente mille AzIèqoesMtk A< Quauboar
boacil conwnandrtt la^ca^'erie, et déeida ja so»».
missiov déeTlàbnieaS', mentagnard^ trfes4ielK-
qoenx. An combat dé'XeohifBiko, oii'O0i4ee futr
démonté 'et mi instimt priaonnier des- indiens,
(MiH fnt-grièvement bie8sé<avrtI-lS2i). Le 20 man
Cdrtez le nomme* soi>roestfe-de-eamp, et Ifii
oonfia la dlvisiev destinée à> agir' contre Id
vilte de COjofanacaB av«o' ordre* db revenir en^
suite prendre le* position ' la» ph» fhvoraMe à'
l'investissement de Mexico. 11 réussit* dans sa*
mission ; mais un événenieBl iraprév vfailKtminer
les combinaisons de Cortez. Au moment où Olid
arrivait à Acolmao', il trouva cette halte oc-
cupée par la division d'Atvarado. Une querelfe.
s'éleva entre les soldats de& deux corps : la
sang ceuUi; les chefs échangèrent un cartel*, et
il ne falfut rien moins que les supplications de
Cortez pour apaiser ce différend. 11 y eut une
récondliation apparente. ITun caractère sombre-
et dissimulé, Olid notait pas homme à oublier-
facilement j)i à pardonner.; aussi lorsque, quel-
ques jours plua fard, les Espagnols attaquèrent:
la fameuse chaussée de Mexico, Olid seconda
si mal Alvarado que les assaillants durent se
replier avec perte. Olid rejeta. la faute sur son
rival , et se retira à Cojobuacan ; mais COrtez
l'appela à son quartier général de Xoloc, et tira
de ce capitaine les meillenrs services durant le-
reste du siège, qui se termina, le 13 aoCt 1521,
par la mine de Mexico et le massacre général de
ses habitants. OIM fut chargé ensuite de diverses
expéditions, pacmi lesquelles nous mentionnons.
ceHe du Honduras. Il toucha à La Havane pour,
prendre des chevaux et des provisions ; il y re-
noua ses anciennes relations avec lie gouverneur
de Cuba, Diego Velasquez,.rennemi implacable de
Cortez, et résolut de se rendre indépendant. Ar-
rivé dans le Honduras,, il y construisit, entre le
port de la Sal et la rivière de Tian, un fort qu'il aiv>
pela El Triunfo de la Cruz, Instruit de cette*
trahison,. Cortez envoya contre lui un de ses
ph-^rents, Francisco de Las Casas,. seigneur de*
TruxillOy qui bsttit d'abord Olid sur mer; mais:
une tempête brisa les navires dé Las Casas. Une.
partie de ses gens périt dans les flots ; l'autre
prêta serment de fidélité à Olid, mais à Taide
d*un audacieux coup de main Las Casas s'em-
para à son tour du chef rebelle et le fil déca-
piter à Kaco (1). On trouve dans Bernai Diaz,
qui (lit lé compagnon d'armes d'Olid, un. récif
détaillé et très-dramatiq|ie de la défection dé
ce capitaine et de sa fin tragique. A. de L..
Bernai Diaz, HUtoria verdadera de la eonguista d9
la Ntmra^spaliH, C9p. cxxn>-CL. — Gomara, fftnrantai
vtatplxi et«. (Mftflba^dfll Ottui», iSiS ). eapucxmx^ —
Franc. lj)renxaiia„M«t. dé la Kneca^EipatÈa^ elcu» p^4ttr
S39. — Torquemada , Monartiuia Indiana. — liiH xo-
chlli, Jfist. Chèeh., c«^. xcxxr, xciv. — iicmera,
(1) Suivant Rerrerd, GIT Gonzales d« AtU» et LaaOttas
provoqoèrcnt une ImurrrcUnn, prodanl laquelle il»
sassinércnt Olid et lui firent ensuite son proci».
20.
615
OLID — OLIEK
616
Novut Orblt. — Oviedo, UUt. de la» IndUu, llb. XXX III,
cap. xin-xx.vii. — Cla?lgero, Storia det Meuico, t. III.
» Vf. Prescott, C/mquitê du MexUpu, I-III. — La Re-
aftodlère, Mexique daot VOnivert pUtoresque, p. 16-138.
OLiEQUiST (Jean), historien suédois, né
à Strengnaes, mort en 1667. Fils de I*éTèqoe
Je^n-Matthien Oliequist , il fut page à la cour
de Suède, et devint en 1658 chanoine à Ham-
bourg. On a de lui : HUtoria .Caroli GuS'
iavi, régis Suecorum; Strengnaes, 1661,
in-S" ; Helmstsedt, 1663,in-4%a?ecla Descriptio
virtutum Chrittinx, Suecorum reginx, du
même auteur. 0.
MOller. Cimbria lUerata , t II. — Geiellot , Biogra-
plUsk^lexOton.
OUBII {Jean- Jacques) ( 1) , écrivain ecclé-
siastique français, né le 20 septembre 1608, à
Paris, où il mourut, le 2 avril 1657. Fils de
Jacques Olier de Verneuil , maître des requêtes,
il commença ses études à Paris, et alla les conti-
nuer au collège des Jésuites de Lyon. Son père,
promu conseiller d'État, le ramena à Paris, et le
plaça au collège d'Harcourt, qu'il ne quitta que
pour étudier en Sorbonne. Le jeune Olier, déjà
prieur de la Trinité de Clisson , au diocèse de
liantes, devint en 1626 abbé de Pébrac et cha-
noine-comte honoraire de Brioude, âifin prieur
de Bazainville, au diocèse de Chartres. De re-
tour à Paris, après un voyage à Rome, il se lia
très-étroitement avec Vincent de Paul. Ordonné
prêtre le 21 mars 1633, il s'associa quelques ec-
clésiastiques , et parcourut avec eux en mission-
naire l'Auvergne et le Vélay. Pendant quUI évan-
gélisait la Bretagne, Louis XIII, sur la demande
du cardinal de Richelieu, le désigna pour coadju-
feurde Henri Clau8se,évêque de ChAIons-sur-
Mame; mais l'abbé Olier ne put se résoudre à
accepter les charges de Tépiscopat, caril proje-
tait dès lors de fonder un séminaire pour dispo-
ser aux fonctions sacerdotales les jeunes gens qui
embrassaient l'état ecclésiastique. Animé par les
conseils du P. Condren, dont il avait été le dis-
ciple, il en fit les premiers essais à Vaugirard,en
janvier 1642, et s'adjoignit |H>ur cette œuvre des
prêtres pleins de zèle. La petite communauté, com-
posée d'abord de trois membres, ne tarda pas à
en compter plus de vingt. La paroisse de 5aint-
Sulpice à Paris, soumise à la juridiction de l'abbé
de Saint-Sermain-des-Prés, était alors un foyer
de libertinage et d'impiété. On jeta les yeux
sur Olier pour la réformer, et bien qu'il crût
cette tàclie au-dessus de ses forces, il prit pos-
session de la cure, le 10 août 1642, sans ces-
ser d'être supérieur du séminaire. De concert
avec quelques-uns de ses prêtres de Vaugirard, il
travailla k la réforme des mœurs avec autant
de succès que de zèle, et sa paroisse devint
bientôt une des plus régulières de Paris. On sait
combien les duels étaient alors fréquents. Il conçut
le projet hardi de former une association de gen-
(I) Le Dom ^c Jean est le tenl qoe lai attribnent les
ngbtres der^gUsede SaInt-PanI, oà II fat baptisé,
^aolqull ait porté aussi celui de Jacquet,
tilhommes éprouvés par leur valeur et de les
engager sous la foi du serment, et par un écrit
signé de leur main, à ne jamais donner m accep-
ter aucun appel , et à ne point servir de second
dans les duels qu'on leur proposerait. Le mare-
clial de Fabert et le marquis de Fénelon, qui
avaient à ce sujet tant de reproches k se faire,
furent ceux sur qui Olier jeta les yeux pour les
mettre à la tête de cette association d'un genre
si extraordinaire. Tous ces gentilshommes si-
gnèrent un jour de Pentecôte (1651) une dé-
claration publique de refuser toute sorte d'appd
et de ne se battre jamais en duel , pour quelque
cause que ce pût être. Cette protrâtation fit nn
grand 6clat, et les roarécliaux d'Estrées, Schom-
herg , de Plessis-Praslin et de Yilleroy l'approu-
vèrent et exhortèrent tous les gentilshommes du
royaume à la souscrire. Olier n'avait point
perdu de vue le projet de fonder un séminaire.
Ck>mme le nombre des prêtres de sa com-
munauté s'était très-multiplié, il crut trouver
une occasion favorable, et commença à les parta-
ger en deux associations. L^one, sous le nom de
Congrégation de Saint-Sulpice, demeura char^
gée de la direction du séminaire pour la fonda-
tion duquel il obtint des lettres patentes en no-
vembre 1645; l'autre, appelée la Communauté
des prêtres de laparoisse^ eut le gonTememenl
de l'église. Quoique partagés pour deux objets
différents , ces ecclésiastiques n'ont jamais formé
qu'un seul corps. En 1646, Olier fit poser la
première pierre de l'église de Saint-Sulpice;
mais le vaisseau n'étant point suffisant pour te
nombre des paroisàiens, il jeta en 1655, de con-
cert avec LeRagoisde Bretonvilliers, son succes-
seur dans la cure, les fondements delamagpiîfiqoe
église que l'on admire aujourd'hui. La ville de
Paris lui fut redevable d'associations charitables
pour le soulagement des pauvres et des malades,
d*écoIes pour les enfants, de malsons ponr les or-
phelins de toutes espèces. Après s'être démis, le
2 avril 1649, de son abbaye et du prieuré de
Bazainville, il se démit, en juin 1652, de la cure
de Saint-Sulpice, et continua cependant de dtri-
ger son séminaire. Déjà sa congrégation avait
formé des établissements semblables à Viviers,
à Rodez, à Limoges, au Puy, à Clermoot-rHé-
rault, à Mantes , etc., et même à Montréal, dans
le Canada. Cette colonie avait enflammé son
zèle, et il y envoya des missionnaires de sa oon>
grégation pour propager la foi chrétienne au mi-
lieu des peuplades sauvages de l'Amérique. Ses
travaux et ses austérités lui attirèrent des infir-
mités précoces, qui le conduisirent au tombeau
à l'Age de quarante-huit ans. Saint Vincent de
Paul le visita souvent dans sa dernière maladie.
L'abbé Olier était un prêtre d'une charité ar-
dente et d'une piété tendre ; Bossuet l'appelle
i;irtffii prxstantissimum ac sanctitalls cdore
florentem^ et dans une lettre au pape CUv
ment XII l'assemblée générale du clergé de
France de 1730 le qualifie eximiutn sacerdo"
6J7
OLIER — OLIVA
6;^
tem, insigne cleri nostri decus et ornamen-
tum, 11 méritait tous ces éloges par son désinté-
ressement, son humilité et la pratique de toutes
les vertus sacerdotales. On a de lui un grand
nombre d'écrits qui ont été souvent réimprimés ;
nous citerons : Traité des saints ordres; Pa-
ris, 1676, et 1834, in 12; — Lettres spiri-
tuelles f Paris, 1672, in-S" ; 1831, 2 toI. inl2;
— Introduction à la vie et aux vertus chré-
/leiinM; Paris, 1689, in-24; 1833, in-i8; —
Catéchisme chrétien pour la vie intérieure ;
Paris, 1650, in-12, et un très-grand nombre d'é-
ditions , bien que cet ouvrage ait attiré à son
auteur quelques reproches de mysticité ; — Jour-
née chrétienne; Paris, 1672, in-12; — Expli-
cation des cérémonies de la grand'messe de
paroisse, selon l'usage romain ; Paris, 1655,
in-12; — V Esprit directeur des âmes, ou
maximes et pratiques de M, Olier touchant
la direction; Paris, t831, 1834, in-13. C'est un
ouvrage recueilli par les supérieurs de Saint-
Sulpice d'après les entretiens et la conduite de
leur pieux fondateur. H. Fisqoet.
CalHachrittUima. t VII, p. iOiê.- U P. Giry. f^is de
M, OUkr, 1687, In-lt. — Simon de Deocourt, Remarquh
hUtoriqucM sur la paroUse de Sàint-StUpice ; ITTI, lo^lS.
— Nagot, Fie de M. Otieti 1818, ln-8*. - De BretooTll-
Iten. Mémoirts sur M. OHer ;\Ul,t vol.Ui-8*.
OLIBR. Voy, NOINTEL.
OLIVA ( Femand'Perez de ), moraliste es-
pagnol, né à Cordone, vers 1492, mort en 1530.
Son père, qui cultivait lui-même les lettres, Téleva
avec beaucoup de soin. A douze ans il était étu-
diant à l'université de Salamanque; de là il se
rendit à Alcala, puis à Paris, et enfin à Home,
où,grftc6 àla protection de son oncle, attaché à la
oour de Léon X, il jouit de tous les avantages lit-
téraires qu'offrait la capitale du monde chrétien.
A la moii de son oncle, on lui proposa d'occuper
ta place que celui-ci laissait vacante; mais il
aima mieux retourner à Paris, où il donna des
leçons publiques pondant trois ans. Le pape
Adrien VI, informé des succès universitaires
d'Oliva, essaya de l'attirer à Rome. L'amour de
la patrie l'emporta cbei le jeune Espagnol, qui
revint à Salamanque , et fut un des fondateurs
du collège de l'Archevêque , en 1528. U y ensei-
gna la morale, et en devint recteur. Peu après
avoir atteint cette place élevée, il mourut, jeune
encore, et sa mort prématurée parut une grande
perte pour les lettres. Oliva avait vu avec quel
snooès les écrivains italiens avaient , à l'imitation
des latins, composé des ouvrages en prose, et il
regrettait qu'en Espagne le latin fût encore la
langue des discussions morales et philoso-
phiques; il employa la langue castillane dans un
dialogue Sur la dignité de V homme. Il écrivit
aussi quelques antres discours didactiques Sur
Us facultés de Vesprit et leur usage. Sut un
projet de canalisation du Guadatguivir, et
un discours qu'il prononça à Salanvinque comme
candidat de la chaire de philosophie morale.
L'historien Morales, son neveu, nous assure que
dans tous ces traités Oliva eut pour but de don-
ner des modèles de la puissance et des res-
sources de la langue espagnole. Son exemple fut
proroptement suivi par des écrivains de mérite :
Sedeno, Salazar, Lois Mexia, Navarra; mais
aucun n'égala pour la force et l'expression la
première partie du Dialogue sur la dignité de
C homme. « Et pourtant, dit Ticknor, Oliva
n'était certainement pas un homme de génie.
Son imagination ne s'échauffe jamais jusqu'à la
poésie; son .invention ne suffit jamais à porter
dans un sujet des vues nouvelles et fortes ; et
son système d'imiter à la fois les maîtres la-
tins et italiens tendait plutôt ji énerver sa pen-
sée qu'à lui donner de la vigueur. Mais il y a, en
général, dans son style une raison et une sagesse
qui gagnent et satisfont le lecteur; cette qualité,
jointe à son style, qui, quoique parfois déclama-
toire, est en somme pur et ferme, et à son heu-
reuse idée de défendre et d'employer le castillan,
qui entrait alors en possession de ses droits
comme langue vivante, eut pour effet de lui pro-
curer une réputation* plus durable que celle
d'aucun autre prosateur espagnol du temps. »
Oliva traduisit du latin V Amphitryon de Plante,
dugrecl'i^^ec/re de Sophocle et r£fécti6e d'Eu-
ripide. Les ouvrages d'Oliva furent publiés pour
la première fois par son neveu Ambrosio de Mo-
rales; Cordoue, 1585, in^"*; ils ont été réimpri-
més à Madrid, 1787, 2 vol. in-12. L'inquisition
les mit à l'index jusqu'après correction. Z.
Ba^Unuangnto qiu hizû en Salamanea, dans les
Œuvres «fOtiva.^ - Rezabal y Ugarte , BUtUoteea de
tôt Btcrttûres. 9u« han sido indtviduoi de los teU Co-
legtoi Mavoretf Madrid , 1808, bi«4«. p. 889, etc. — Ni-
colas Antonio, BMiotAeea hispana nova. — Ticknor,
historjf df Spaniih Merature , t. i, p. 491.
OLIVA ( Jean), bibliographe français, né le
11 juillet 1689, à Rovigo (États de Venise)^
mort à Paris, le 19 mars 1757. Il reçut la prê-
trise à vingt-deux ans , et entra presque aussi-
têt comme professeur au collège d'AzoIo. Dans
les loisirs que lui laissaient ces fonctions , il ap-
profondit la langue française, et traduisit en ita-
lien le Traité des études de Fleury. Il fut appelé
à Rome en 1715, et honoré de l'amitié de Clé-
ment XI. A la mort de ce pape, il était secrétaire
du conclave, et cette position le mit en rapport avec
le cardinal de Rohan. Celui-ci avait acheté au
président de Ménars la célèbre bibliothèque de la
famille de Thon , et il cherchait un savant à qui
il pût en confier la direction. Oliva accepta ce
poste, vint à Paris en 1722, et passa les trente-
cinq dernières années de sa vie au milieu de
cette précieuse collection , qui devint, sous son
influence, un centre littéraire pour les érudits
français, et un inestimable secours pour les sa-
vants étrangers. Après avoir complété et régula-
risé les acqiHsitions nécessaires pour conserver
à cette bibliothèque son ancienne réputation , il
entreprit d'en rédiger le catalogue , œuvre im-
mense, qui forme vingt-cinq volumes in-fol. Le
cardinal de Rohan avait fait naturaliser Oliva,
619
OU VA — OLIVARES
620
afin de lui pennettrede posséder en France des
bénéfices ecdésiastiqees. On doit à ce savant et
laborieux écrrvain : De nummorum veterum
cognitione cvm historlajungenda oratio; Ve-
nise, Î716, in-8' ; — De onHqua in Romanis
scholis grammalicorum discipHna diiserta-
Ho; Venise, 17 i8, în-S»; — In marmor Isia-
ctan Homaenuper effossum exercilationes ;
RoDie, 1719, tn-S''. Ce marbre , dédié authenii-
qnêmeot à fsis, venait d'être découvert dans des
fottllles eiitreprises pi'ès de la bibliothèque de ia
Minerve, que Tonvottlait augmenter d*ane aite ;
Oliva chercha à étalAir que cette pierre avait
'figuré dans l'origine un aotel "votif. Ces trois ou<
vragesont^té' réunis sous ce litre: (Euvres di-
vents de Paèifé Oliva, ffihlïoihéetnre de M, U
•prince «te Soubise; Paris, f7!>8, in-S*»; —
Spistola de vifa *CamilU SilvestrU, en tète
de Vlnterpretatio in anqglyphum grstcum,
que ce savant avait laissé manuscrit; Rome,
1710, in-8*; — Poggii ^raceiolini florentini
fHstarix devarietcete/oriunm libri quatuor,
Paris, r72a,in-4f; — De 'morte' Landhiitre-
vis dissert a tio : ee Landsius -était tnéde cin de
Clément ICI; — Les Impostures de Chistoire
ancienne et pro/ane ;Xondres et Paris, 1770,
'2 vol. in- 12; traduction d'un ouvrage de Lan-
celotti , elle ne fut publiée qu'après ia mort
d^liva. A. Frareuv.
Cb'Ami. Lesalopler, Éloge de /. OUoa, «n tête «et
OEuvret dUtenes.^^ Monlfanoon, Antiquité expUqtiée,
siipplém., t. It, p. u. — Mémairei de Trévoux, aoilt.
nsB, p. 1^6. " Aeta erudUortan de Leipzig, rrto, p. 8*2.
OUTAJLEB ( Pedro i»fiGDai4Ny i"" comte o*),
général 'espagnol, né en 1502, mort en 1562. 11
était frère de don Juan de Guzman, quatrième
duc de Medina-Sidonia. Tout jeune encore , il
§e déclara pour la cause royale contre les Com-
'muneros, dans la guerre appelée Qerma-
nada. Au siège de Tolède, où s*était enfermée
dona Maria Pacheco, veuve de finfoftuné don
Jnan de Padilla, il tomba percé de coup? ans
mains de ses adversaires. L^héroîque venve prit
tous les soins que réclamait l^état du blessé :
après de vains efforts pour l'attacher à sa cause,
elle l'envoya sur parole traiter ^e l'échange des
prisonniers. Don Pedro prit part à rexpédftian
que Charles-Quint dirigeait en personne contre
Tunis, en Afrique, et fit preuve de la ptus grande
Taleurau siège de la Goulette, en 1535. L'empe-
reur, après l'avoir complimenté dervant l'élite de
ses chevaliers, le nomma comte d^Olicares, parce
qjat c'était dans un petit bois d'oliviers qu'il
s'était particulièrement distingué, et il l'admit
dans sa ganle, qui n'était composée que des plus
hauts titrés. Le nouveau comte fit ensuite ' les
campagnes de Flandre et de France, sous Plri-
lippe II, qui le prit ponr son majordome. C'est
len cette qualité qu*01ivares assista aux denx
premiers mariages de ce prince, qu'il accom-
pagna à cet efifet en ' Portugal fit en Angleterre,
en 1543 et en 1555.
Saadoval, Htttoria del impendor Carlo' f^.
OLIVARES (ffenri de GmMâN, fieuKiènie
comte D* ), vice- roi espagnol, né en 1530, mort en
1599. il fut d'abord gentilhomme deHnfantdan
PhiUppe, qu'il accompagna en Portugal, pour la cé-
lébration de son preraiermariage. La Flandre fiât
le théâtre de ses premières campagnes : «n 155S,
Il assista à la bataille deSaiort-Qnentin. A son re-
tour en Espagne , il présida la cour des comptes,
devintgrand trésorier de Castille, puis alcade du
palais ; en 1592, il remplaça son père auprès de
Philippe 11 en qualité de majordome. En 1574,
il fut envoyé à la tête d*un corps 'd'aimée
«outre les- révoltés de Flandre. Gomme ambas-
sadeur extraordinaire en Aranoe *ét ambassa-
deur ordinan*e à Borne, il se montra toujours
l'adversaire impétueux des protestants. A Rome
il contrecarrait les protestants français, en
usant de toute son influence pour empêcher la
réunion du consistoire où ils devaient dtre en-
tendus. 11 alla même, dans l'excès de son mdi-
gnation contre ces* hérétiques, jusqu'à menaeer
le pape, sll ne chassait M. de Luxembourg,
arobassadan' ^u roi de Navarre, des armes
de Philippe If , prêt , disaft-H , A convoquer
un concile «apagnai .pour Je laiie déclarer
incapable de son pontificat (1990). ^Siite^^Qûit
répondit à cette bravade en déclarant qu'il lan*
cerait une bulle d'excommmriaaftion et prê-
cherait unç croisade contre Taudacieux mo-
narque s'il tentait de donner suite à ses me-
naces. Ttce-'roi de Sicile, divares extennina
les bandits qui, sous les ordres de Bandazo , m-
festaient cette lie. L'année suivante, nommé à
la vice-royauté de Naples, il y transporta le
blé qu'il avait acheté à ses frais, et le fit distri-
buer an peuple. Pour activer le commerce de
cette ville, il y fit creuser un nouveau port; ce
travail avait absorbé 60,000 ducats lorsque le
gouverneur reçut ordre de le suspendre : le dé-
labrement des finances de l'Espagne nécessitait
un tel abandon. Laborieux et appliqué aux af-
faires, don Henri, qui maniait avec le mémo
bonheur la plume et l'épée, était plein de fran-
chise, et détestait l'addlîrtion : il n'en eut pa^;
moins des ennerais,qui le firent rappeler à favé-
nement de Philippe III, en 1598.
Berrera, Historia gênerai. — BotU, Hitiaria <ie
flMte.-''Glaoonf . HistoHa di'Vmpoti. — CoUecttMire-
'ttlot, Méwuirm reiat^ à tkàâtê^^ dêF*
OLITAKBS ( f3aspar ne t3miAK,'trairïèmn
comte d') , duc nE-SMf*Lucjai oe BAitiUvRiA,
célèbre homme d'État espagnol, né à Rome, le
6 janvier 1587, mort à Tofo, le 22 juillet 1643.
Cadet <de famille et destraé h l'état ecdésias-
liqoe, il alla, «n 1599, ooiltimier ses études a
Tuniversité de Salamanque. Devenu Tecteor de
cette cëlMyre* université, le jenne OHvares ob-
tint du roi la commandevie de'Yeteras, dans
l'ordre mHitarre de Calatniva. 'Après la mort
de MO frère ainéjJérdraedeOozman, Il viiirt à la
eonr ; héritier d'une riche anocession, après la
mort de son père, il put y paraître avec tout V^
>J21
OT.IVAttES
022
-dat de son rang. D'une ambition Mn$bonict«it
âe montra prodigue pour se faire des partiitans
saas 8'tii(}niéterd66 eafiem eCdes rivatix que lui
SttMîlaieiit soQ «mpresêenent à se prodnire et
MO kaWèBié k parvenir. Admil eourtisan, ^Ire-
«bercha Aulnes de 4bMiica 7 Velaseo, dame du
|»aUi#y eC s'aequit par ee mariage, contracté en
1607, toutes Aa^foveors de la reine. Philippe ill,
4|«i km ^ramit la grndesaey reAisée à son père,
.le nooHia, malgré sa jetinease, arobwsadeitr ex-
traordinaire à Rome. 'OUrares fediercha aossi
les iMHmes fiàoes de ilafadt don Phflippe^et as-
sista comme gentillwMiiie'de sa chambre aux
noces de ce prinoe avec Ûisab^ de France,
en 1613. Dès lors il de«fnt le rîral <ét fut coosU
déré«omme le (ntur suocessenr du duc de Lerme
{sPoy.cenMi). 'il capta surtout la favcHr do foCnr
tiéiâitr -de-la couronne, en flattant «es indina-
tioos et «en Taidanlde son argent à se itrocn-
«er les plaisirs qui étaient de son gaM.Toift «lia
ai hien «a gré de ses désirs qd'à r^r^nement de
Philippe IV (Mirares se trouve, en 1 621, com-
pMleaMnt>maflPe de la «Huatioa. Premier mi-
sistre, pnéëdeot da «onsef I de censure poiir la
fféiamie des âhos, grand ebambdUan, grand
ehaattlier lèes Indes, trésorier général de i'A-
nffmf membue do «onseil suprême d'État,
Wmd don]Fer, capitaioe général de la cayalerie
«d ^MiiiULur du Goipuscoa, il se chargea de
toiile l'administration intérieure, et laissa la
«UreetioD <des alTabes étrangères à son oncle
fiaàkazar de Zunica, le plus habile difdomate
4e MO temps. Arrivé ao faite du pouvoir, le
mavscna fiTori vouhits'en assurer la durée par
r«aéMiâisaement de toute ianoenoe rivide. Le
doc de Xenaefut déinltivementrenroyé, et
Ml ne truora giàce déviant Tombrageuse ambl-
lâaa 4a «nnweaa «linistie. lioois d'Alisga et le
diie4'Uoeda» «es bieMfaitettrs , furent, le pre-
mier exilé, let le seoundemprisonné, comme
«unaplicas de son «eodre doo Pedro , doc
d'OssoM, «ioMoi de ffaples, qui mourut dis-
gracié «t daos «a prison, sans pouvoir obtenir
justice. fCalderon, qui aussi rayait bien serri,
futaoGusé de crimes énormes et condamné, sans
preou«8« à mort et exéeoté.
Tootus tes «rtahires du pi^eédent règne fi-
■nt pèaae à celles du tout^oissant mHiistre.
Le talent, la v«rtn, l'indépeodanoe do carac-
lève» tout fie qui était <figBe d'appeler oo la
popolarilé 00 la faveor do roi fut exclu, per-
sécuté. Le sage Zoaiga devint sospect loi-
■aéUMS dte qu'U cassa d'être Mispensabie. Il fut
indignement sacrifié, et oa mort eutvft de trop
prèanadi^giâcepour qu'on ne l'imputât pas à son
«**■* ■•*«•. Le nouveau gouvernement avait
préindé par 4e «âges aMaures ; mas blent6t ses
projets dûmériqnes et «es prodigaKtés préci-
pHèranÉ te mine du pays qu'il s'était flatté de
^égénétuy. Le camte-duc avaK commencé par
«agagar aan maître à prendre le surnom de
OroMt^ que CharlaM^nint avait dédiné pendant
sa vie ( PMtipptht^rto et Grande ) ; il es-
pérait bien lé^timer ce surnom pompeux pur
les grandes ehoses qu'il se promettait de faire
dorant son ministère , tandis que le souverain
n'aurait pour passe-temps que ses fîtes brillantes
et ses courtisanes. Malgré la déchéance de l'Es-
pagne, les drconstances paraissaient favoriser
ses rêves de grandeur et de gloire. Après d'é-
datants revers, la guerre de Trente aas tour-
nait heureusement pour rAulriche ; le moment
semblait venu de ràlever Tancienne prépondé-
rance de TEspegne sur les ruines du protestan-
finne et par rhomiliation de la France. La
trêve avec les Pays-Bas touchait à sa fin ; Oli-
vares se hita de reprendre les hostilités contre
les Provinces-Unies et en Italie. Mais il rencontra
dans Richelieu un rival capable de déjouer ses
proj ets. L'Espagne cependant sembla, en 1 636, près
de reprendre le dessus. Ses armées envahissaient
la France au nord et au sud ; les Flamands s'é-
pttisaient et les Snédois faiblissaient en Alle-
magne. Mais le comte-duc, qui avait avancé des
sommes énormes à TAutriche et qui augmen-
tait toujours ses armements sans rien diminuer
du luxe de la cour, se vit tout à coup à bout
de ressources financières : ce fut Fécudl de son
administration, aossi entreprenante que peu éco-
nome. Ses armées, sans solde, se débandèrent»
et il n'éprouva Roère que des revers sur mer et sur
terre. Les Français, vainqueurs en Italie ( voy.
Louis XIII et Richelieu ) et dans le Roussilloq,
s'emparèrent de la Cerdagne. Encouragés par leur
approche, les Catalans se révoltèrent et s'érigèrent
en république sous la protection de la France. Au
même moment, le Portugal, proclamant son in-
dépendance, couronnait le duc de Bragance.
Dans une situaljon si grave, l'orgueilleux mi-
nistre n'en devint que. plus prodigue et plus dur,
comme s'il eût voulu voiler le v^le de ses
finances par le làste de sa représentation et son
inhabileté à diriger les affaires par la rigueur
outrée de son gouvernement. Il continuait de
dominer le roi et de le -retenir dans la retraite
|)ar le charme des plaisirs. Dans le délicieux
palais deBuen-Retiro, bàUen 1633. le roi, parmi
les poètes et les jolies femmes, oubliait les dé-
sastres de son royaume {voy. Philvpe IV ). L0
premier ministre «ffectait une sérénité qu'U
avait l'art de communiquer au maître. Toute
l'Europe connaissait la révolte du Portugal
quand le comte duc vint rannoncer au roi des
Espagnes en ces termes : « Le duc de Bragance
vient de se taire couronner roi ; c'est une folie
qui enlève à Votre Majesté douze millioos de
revenus, . mais qui lui rapportera plusieurs pro-
vinces. » ^ « C'est bien, répondit J'iodoleat mo-
aarcpie ; vous êtes te maltt e, arrangez cela. » Ce-
pendant les révoltes du dedans et les revers du
dehors se multiplaient : la monarchie était en
plaine déeadeMe. Le duc de Biedina-fiidonia»
gouverneur de TAndaloosie, essayait de se ren-
dre indépendant dans ce royaume. Encouragé
62S OLIVARES — OLIVE 624
par rcxemplc du duc de Bragance, son beau- ."f»'?'/ 'ïf^iJ»*; '"r**- ~ " OruijSaiiz,conve«-
frère, il ayail agi à l'instigalirde la duchesse , ^'^ ^' '« *''^'^ ^ ^^^«^«-
Anna de Gazmao (voy. ce nom), sa sœur : il
n'eut pas le même bonheur. OUvares de Guzman
épargna en lui un prince de son sang ; le marquis
de Vlllaréa! et le duc de Camino, son fils, payèrent
de leur tète ainsi que leurs nombreux complices
leur participation à ce mou?ement; mais tandis
que la réTolte de l'Andalousie était noyée dans
le sang des coupables, la révolution de Portugal
s'accomplissait^ Tout le reste allait en empirant.
Les provinces, celles du nord en particulier, ré-
clamaient contre la violation de leurs privil^es,
les grands contre le nivellement des classes
sous l'action de l'absolutisme royal; la souf-
france et la misère du peuple étaient extrê-
mes. Le roi s^aperçut enfin de toute l'étendue du
mal. Mais comment se séparer d'un ministre
qui lui rendait la vie si commode en se char-
geant de tout le poids des affaires, plus compli-
quées que jamais ? Ce n'est qu'à force d'instances
que Anne de Guevara, sa nourrice, et la reine
son épouse parvinrent à le décider à un com-
mencement de séparation. Philippe IV cnil pou-
voir apaiser la clameur populaire par l'exil
temporaire du comte-duc d'Olivares, qui fut en-
voyé à Luèches. Il allait le rappeler lorsque le
ministre mit le comble à sa disgrâce par la pu-
blication d'un mémoire, qu'il avait rédigé pour
sa Justification, mais en termes offensants pour
la reine et pour d'autres personnes influentes :
Olivares futdéfinitivement exilé à Toro. Les uns
disent qu^il se renferma dans un couvent, où le
roi continua de le consulter jusqu'à sa fin. I>e8
auteurs italiens, affirment, au contraire, qu'il
termina ses jours à Luèches ; ils l'y représen-
tent tout occupé de soins agricoles et se com-
parant à Denys de Syracuse. Homme aux vues
gigantesques, mais inhabile dans les moyens et
malheureux dans les résultats, le comte-duc
d'Olivares laissa en pleine d^dence l'Espagne,
qu'il avait reçue encore puissante. On lui ac-
cordait pourtant de l'esprit ; il était doué d'une
éloquence naturelle, et joignait à un style facile,
quoique un peu guindé , une élocuf ion brillante
et des connaissances étendues et variées à une
grande application aux aflaires. Mais il était
d'un orgueil et d'une ambition sans bornes, et
si vindicatif envers ceux qu'il abhorrait ou qu'il
redoutait, si ombrageux et ingrat, si parcimo-
nieux envers ceux qui le servaient et tellement
défiant et dur envers tous, qu'il n'eut pas un
ami, ne rencontra pas un dévouement et ne fut
regretté que de ceux dont sa chute ébranlait la
l)ositlon. B. y. Marty.
Comte de U Rocca, HM, du ministère du comtC'due
droiivaris; Cologne, lC7S,lii-lt. — MaUcizl. Ritratto de
eonte-âuea di San-Utiear: MlUn, lese, In-lt. — Carpos
contra el e(mde-duque,jniivad0 9utfmede la Uageitad
CatoUea de Felipe et Grande, por un min. retid. en su
Corte. — Deseargos, Que eserlve et mitmo in su favor,
bax0 el nombre de Nicandro o antidote^ etc.; Madrid,
1649. — Caduta del conte d'Olivares / Llun, 16W. •> Val-
OLITB { Pierre^ Jean)t théologien français,
né en 1247, à Sérignan, diocèse de Bëziers^
mortàMarbonne, le 16 mars 1298. Offert à l'âge
de douie ans par ses parents au couvent des
Frères mineurs de Béziers , il fut envoyé par ^e»
supérieurs à Paris , où, après avoir été reçu ba-
chelier en théologie, il redoubla de ferveur re-
ligieuse, et ne tarda pas à se faire dans son
ordre beaucoup d'ennemis à force de s'élever
contre le relâchement, de jour en Jour pins sen-
sible, de la discipline monastique. Son lèle té-
méraire déplut, et l'on examina de prè^^qoelques-
uns des éoits tliéologiqnes qu'il avait compo-
sés. Comme il est toujours facile en pareille
matière ,*on y trouva des propositioBS mal son-
nantes, suspectes d'hétérodoxie et sasceptibles
de censure. Jér6me d'AscoU, général des
Frandscains, depuis pape sous le nom de Ni-
colas IV, condamna, en 1278, on livre où le
frère Olive avait en quelque sorte divinisé la
Vierge Marie, et enjoignit à l'auteur de le brûtef
de ses propres mains. Pierre obéit ; maia il ne
parait pas que cette répression ait été longtemps
efUcace, car dans un chapitre général tara à
Strasbourg, en 1282, on recommença de l'ac-
cuser. Un grand nombre de franciscains parta-
geaient ses opinions, qui furent condamnées
comme dangereuses , non encore comme héré-
tiques, par quatre docteurs et trois bacheliers de
l'ordre, chargés par le général Bonagratia de les
examiner..Celui-ci se rendit même à Avignon, on la
doctrine du frère Olive comptait le plus de par-
tisans, et chercha à les désabuser. Olive acoDonit
aussitôt au chapitre convoqué contre lui, et il y
pérora si habilement qu'il en fut quitte poor une
simple admonestation d'être désormais plos cir-
conspect dans ses écrits et plus disposé à rétrac-
ter ses erreurs. Arlotto de Prato, qui, en 1285,
succéda à Bonagratia, obligea Olive de se rendre
, à Paris , où il se défendit encore avec tant d*é-
I clat que ses accusateurs, devenna ses juges, ne
I surent que lui répliquer. Enfin, en 1290, Nicolas IV
I donna au général Raymond-Ganfridi l'ordre de
procéder contre des sectateurs de Pierre-Jean
Olive, qui jetaient le trouble dans divers mo-
nastères delà province de^arbonne; maia on ne
voit pas qu'Olive ait été personnellement inquiété.
Il assista au contraire au chapitre général tcnn à
Paris en 1292 , et y donna des explications qui sa-
tisfirent l'assemblée. Échappant à toutes les ri-
gueurs que l'on continuait d'exercer contre quel-
ques-uns de ses partisans, il mourut tranquille,
après avoir reçu les sacrements de l'Église et dé-
claré ses derniers sentiments sur les observances
monastiques , disant qu'une condition essentielle
de la vie évangélique des momes mendiants était
de renoncer à tout droit temporel , à tout genre
de propriété et de se contentçr du simple usage
des choses, tenant pour coupables de péché mor-
dorj njouiaume de). Anecdotes du minist. du c. d. tTO- | tel tous cen« qui autorisaient les violatioos ne
635
OLIVE — OLIVEÏ
62e
la lègle, et spécialement du vœu de pauvreté,
s'afTligeant de voir des frères mineurs plaider
pour des frais de funérailles ou pour des legs
pieo%, procurer à leurs maisons des revenus ou
desapprovisionnementscertains par des inhuma-
tions dans leurs églises ou par des fondations de
messes , soutenant enfin qu'il ne leur était pas
permis d'être bien vétns, bien chaussés, ni d*al-
ler à cheval , ni de vivre aussi commodément
que des chanoines réguliers. Sa profession de
foi consistait dans l'expression de son attache-
ment à l'Ecriture sainte, et de sa soumission
aux décisions de l'Église catholique et romaine.
Les ennemis de ce hardi réformateur ne tardèrent
pas à s'acharner contre sa mémoire. Dès 1397
ils réussirent à la faire flétrir par Jean de Mur,
devenu général des Franciscains. Douze théolo-
giens l'accusèrent d'hérésie; sur leur parole, son
cadavre fut déterré et livré aux flammes par ses
confrères. Des analhèmes plus aotennels frap-
pèrent sa doctrine au concile de Vienne, en
1312; le paiHi Jean XXII la condamna encore
en 1320, et tous les historiens du moyen âge
qui ont parlé d'Olive l'ont en général représenté
coromfe hérétique. 11 professait cependant la plus
hnroble soumission à toutes les décisions de l'É-
glise , et la foi de ses accusateurs était peut-être
moins pure et certainement moins vive que la
sienne. Le crime qu'ils ne pouvaient lui pardon-
ner éUitde réclamer et, autant qu'il en avait le
moyen , de prescrire des réformes sévères, in-
dispensables selon lui, et qui, si elles eussent été
faites àcette^^ue, eussent épargné à l'Église
l'hérésie de Luther. A la fludii quatorzième siècle,
Barthélemi de Pise justifla lesopinions de Pierre-
Jean Olive. Saint Antonin lui donna des éloges,
le pape Sixte IV réhabilita sa mémoire ; enfin
les célèbres fkanciscains Bernardin de Bustis
et Luc Wadding se prévalurent de son auto-
rité et donnèrent sur son orthodoxie des éclair^
dasemenU pleins d'érudition. Il faut pourtant se
garder de penser que les ouvrages d'Olive soient
exempts d'erreurs plus ou moins graves; il avait
trop d'hnagination et de zèle , trop peu de juge-
ment et de véritable science pour n'être pas
exposé aux iUusions du mysticisme et de l'en-
thousiasme. Les ouvrages d'Olive sont an
nombre de plus de quarante; les uns con-
sistent en Commentaires sur plusieurs par-
ties de la Bible, sur le traité attribué à Denis
TAréopagite concernant la hiérarchie céleste,
sur le Maître des sentences, sur la règle de Saint-
François; les autres sont des ouvrages de con-
troverse, entrepris par lui pour la défense de
ses opinions , un Panégyrique de la Vierge
Marie, un Traité des vices et des vertus, des
traités Sur Us sacrements, sur les aehats,sur
Us ventes et sur Ttuttre, des questions sur V au-
torité du pape et du eondle. On ne connaît
dimprimé que : Expositio in regulam Sancti-
Franeisci; Venise, 1513, m-fol.; — Quodli-
^to; Venise» 1&09, infol. H. Fisqcct.
HUL lUtér. de la Franc», t XXI, p. 4t-K. — Waddloff,.
Seriptore* ord, Minorum. - DUt. hitt. des oufenri
ecclès., t. III. - Dom. de GabernaUs, Orbli teraphiau, I.
OLIVBIRA. Voy. GOMCZ.
OLIVER (Isaac), peintre anglais, né en
1S56, mort en 1617, à Londres. Il reçut de Hil-
liard les premiers éléments de son art ; mais ce
fut à Frédéric Zucchero qu'il dut ses plus grand»
progrès. Bien qu'il ait laissé des compositions
historiques, il a principalement traité le por-
trait, et il a reproduit avec succès les traits de»
personnages les plus distingués de son temps.
Son dessin était correct , sa touche franche et
délicate, sou faire presque toujours large. Outre
un grand nombre de copies de Parmesan , on
a conservé de cet artiste plusieurs belles mi-
niatures exécutées d'après nature, telles que
celles des reines Elisabeth et Marie Stuart, du
prince Henry, de Ben Johnson et de Philippe
Sidney. Dans la collection de la reine Caroline à
Kensington, il y a deux grands dessins d'O-
liver : l'un, original, a pour sujet Le Christ au
tombeau, et l'autre , Le Massacre des inno'
cents, est d'après Raphaël. On a aussi un traité
de sa composition sur la miniature, traité en
partie inséré dans le GrapMce de Sanderson.
OLITBK ( Peter), fils et élève du précédent,
né en 1601, mort vers 1654. Comme son père,
il cultiva la peinture en miniature et ne tarda
pas à le surpasser. Ses œuvres, plus nom-
breuses d'ailleurs et plus recherchées, étendi-
rent sa réputation jusqu'à l'étranger. La collec-
tion des rois Chartes I^' et Jacques II contenait
de lui treize compositions , dont sept se voient
encore à Kensington; mais la plus remarquable,
qui représente la femme d'Oliver, est en la pos-
session des ducs de Portiand.
Un troisième artiste de ce nom, Ouver
{John), appartient, à ce qu'on pense, à la
même famille. Il vécut à Londres , où il était
né en 1616, et peignit également le portrait Hvec
beaucoup d'habileté; on a encore de lui des
eaux- fortes gravées d'une pointe fine et spiri-
tuelle, et d'admirables vitraux pour l'église du
Christ à Oxford. K.
Ptlklngton , British pointers. — Walpole , JneedoUs
ttf painting»
OLiTKT ( Pierre-Joseph Thoulibr, abbé d'),
écrivain français, né à Salins, le 1" avril 1682,
mort à Paris, le 8 octobre 1768 (I). H appar-
tenait à une famille distinguée : son père,
conseiller au pariement de Besançon, dirigea
son éducation avec soin. L'enfant fit ses classes
d'une façon brillante, et au sortir du collège
il entra dans Compagnie de Jésus. Tant qu'il resta
chez les Jésuites, il y fut désigné sous le nom
de Père Thottlier, qu'il avait adopté sur le désir
d^un oncle maternel. U passa successivement
(I) Salrant les Mémoires secrets d«» Bacbanmont, c'est
le 8 qu'il aurait été enterré, ce qui reporterait «a iBcrt
à la vdlle ou i l'aTant-Teiile ; maU lea Mémoires se-
crets sont un peu sujeU * caiitioa . quoiqu'ils donnent
, jour par lour le réelt des talta.
fùu:
OLIVET
C28
dànê pkwienrs collèges de la compagaie, à Reims,
à Dijon, puis à Paris, «t dans eliacime de «es
Tîtles il se Ha avec des personnages célèbres :
à Reims , avec Maucroix , Faini de La Fon-
taine; à Dijon, avec le père Oudin et le prési-
dent Bouhier, qui devinrent, par la snKe, ses
<:orrespondants assidus et ses collaborateurs; à
Par^s enfin, avec Boileau, morose et vieillissant,
dont il se fit le disciple empressé et respectueux.
Une certaine confonnîté de caractère et d'esprit,
la même sévérité de goût, le même amour pour
la pureté et la correction du style, devaient res-
serrer les liens de ce commerce littéraire entre
le vieux poète et son admirateur. L^abbé d'O-
livet a parié plusieurs fois de ces relations dans
son Histoire de V Académie, et il se repré-
sente à nous « écoutant cfprantf maitre avec
une ardeur de jeune homme ». Cette liaison ne
rot pas inutile à Bolleau lui-même, ai le P. Thon-
lier trouva Toccasion de payer sa dette à ni-
lustre satirique , en s*entremettant pour lui dans
une circonstance délicate. Il avait paru contre
les Jésuites une satire violente^ que le T.Tel-
lier, confesseur du roi, attribuait obstiné-
ment à Boileaa, connu par ses liaisons avec
Port-Royal et sa causticité contre les révérends
pères. Il n'en fallait pas davantage pour perdre
celui-ci dans l'esprit de'Loais XIY. Maisie père
Thoulier se posa en médiateur, et parvint à jus-
tifier son ami , 4ont les dénégations n'avaient
obtenu jusqu'alors aucan succès, quoiqu'il se
montrât doublement indigné qu'on lai attnbu&t
une pièce si grossièrement injurieuse et de si
méchants vers.
Le P. Thoulier se lia également avec le savant
Huet, ancien évêque d'Âvranches, La Monnoye,
J.-B. .Rousseau, et nombre d'autres illustres.
Toutes ces amitiés le piquèrent d'émulation. Il
commença par se prendre d'un l)ean zèle pour la
poésie, et essaya pendant quelques années de
rimer malgré Minerve. Mais il eut le courage de
reconnaître qu'il s^était mépris sur sa vocation ,
et de jeter ses vers français au feu pour ne
plus s'adonner qu''à la muse latine , qu'il a cul-
tivée avec un incontestable succès. Persuadé,
comme Boileau , que les anciens sont les mo-
dèles ironuiables et que tout est en enx« Jors-
qu'll voulut se préparer à TéloqueDce de la
cheire , il ne ctut rien avoir de mieux à faire
que d'étudier l'éUiqiieiice des Pirateurs de l'anti-
quité, et particttlièremeal celle de Cicéron., qu'jl
lut et relut « et |>ottr 'lequel il se prit dès lors
d'une sorte d'amour exclusif et passiouoé, dont
il a Laissé le témoignage dans presque tojus ses
écrits. R Cet enthousiasme déclaré, cette pro-
fession de foi constante, dit d'Alembert, a été
parmi les gens de lettres comme l'écussoa ée
M. l'abbé d'Olivet... Il sembioit répéter sans
cesse à tout ce qui l'environnoit l'espèce de cri de
guerre qu'il a lait retentir dans une 4e sas ha-
rangues acadénmqnes : Li$ez Cicéron, lisez
Cicéron ! A peine pennettoit-ilaiu jeunes.geos
d'autres lectures, qui ne lui fiaroissoient guère
propres qu'à leur corroii»pre Je goàt » Il a
iiien prouvé encore jiw^''èià il poilait œtfe p£*-
sion littéraire par rwairhateque ^^ignphe ^u1l
Si «ii9pi!«B(éeà VeUcivs .PateiôaiiisfNinr ia mcître
an 4ète d'un rocueil de Penjées &» fi«A aufteur
favori : <iiiims in nutUlo ffenms Jiommum
qtsam laus jCUermiis oad^t. » Aussi TtiHâire,
idans ta corre^paudanoe, l'appeUe-t'il laroilière-
mentà pJusiturs reprises : « Mao cbar CioéroD »,
et«ssaye-t*«il ^^HU^<(fi>is de flatter >rtf ig06ls en
iui écrivant eo latin.
J^ 1713, Je P. Tbottlier M, envosié à Rame
•par ses jupérieora» qui •'vauLiient pteâktr et -son
fatont ^nr lui latre éarive l'histaine de Jafiooicté
de iéans. La masse de duconenis .fui lai lis-
FSBt remis à cette aoeaaiM , te loagueur et l'a-
.ridité Ha tnavaU qu'il «pitivosmit, L'afirayàrent
«i biaa <|ae, préfôraaA demeorer Ubre de«e û*
vner à swéiades tevioritea , il ae décida k n^mUùar
ia Société, au moment où il éteit sur le pajttt de
s'cDgBger (fiut des vœux définitifs. On essaya en
itaJn de le rateair par Tappât des honoe8rs,eB
loi offcaul les faaHtesfonelions de précepteur éa
frince des Asturies à la «our d'Espagne. JSavé-
aokition était ^ise, et rien ne put r^taiiter.
Mais, en raaonçattt à cet ordre célébra , il ne
iui garda-pas moins toute aa me une aorte d'at-
teobemeat filial , que d'Atemèert , en le oonste-
tant, s'éverlueà «xftiquer par des raiscos phi-
losophiques , pour jttsMer aa «lénaÉice d'une
telle iaiUesse ou d'un tel crime !
Dès «lors il se livra entièrement à IV^nte de
l'antiquité. J>éjà,*en 1710, filusiaurs traduetions
sorties de sa iplnne iwaient été -pobiièas
les «envres posthumes de Mancraix, ou dn^
ces tradueftioas »?aient éte telleraantTevnas et
corrigées par loi qu'elfes éteient plulOt aan ou-
vrage que celui du célèbre chanaine de Reims ;
mais il s? ait en cette drcanatance entièrement
sacrifié sa.gfeireÀ celte de son anu, et «an tn-
dudion de la I9atwn des Dèeux deCicéMHi lit
la première qui pamt sous sounnm. H I^aooaoï-
pagna de Itonor^ifec sur ia thMofieées
fMUttopkes freeSf rapportée dam ie rpre-
mker livre du traité de Cieëmn ; ces .Aauinr-
gues furent attaquées fnr te marquis d^Aiyns,
dans un Examen eràùqueplàoé à la soite de
sa Philoêop^ du bon sens; usais l'abbé d'O-
tovet dédaigna de lui Tépondre. Il n'nvait encore
publié que ce seul ouvrage quand il fut élu par
l'Aoadéniie française (1723); mais il avait dès
Urs si solidement étefali >sa répnCation «IVxcd-
lent traducteur, de savant et d^omme de goUt,
et il s'était si bien fait connaître par aes rela-
tions dans te mande destettrés, que, anr la «eole
parafe donnée par l'abbé Praguier ^11 aceapla-
rait cet honneur avec vecannaissanpe, l'ilca-
éâmte )n'hésila pas à le choisir uana soWri-
tation de sa |>art, dans le temps qu'il était jdlé
randte tes derniers davioirs A «aon père no fond
de sa .pcoffince, où il 4e trouvait depuis plus
G29
OLivKrr
«30
de six mois, ^ommé, le 20 juitlet, en remplace-
meoL de Jcaa de La Ctiapelle , il fut reçu le
2j noirerabre fMir son jiou, le «cil abbé de
Choisy. Fidèle en oeMe circooflanae à son donble
rMe de défenaenr du goût et d'amalenr de Tan-
tiquité , il diaisit fûar^Mqet de sou discours de
réceptioa la décadence dugeùtà Vtone^ «nais
oon sans foire entrer dans ce cadre rétroepedir
de nombreuses allusions contemporaines, dont
plusieurs semblèrent spécialement dirigées castre
qnelques-UDsde ses nouveaux confrères : on trou-
va le moment assez mal choisi [lour ces attaques,
et Topinton publique lui sut peu de gré d*ce pen-
chant à la satire et de cette conliaaoe en«oi deat
il devait donner bi«n<d'autretprenveeipar.la suik.
Après la Naéure^des Diftix, l'abbé 4'Qlivet
put»lia Mcœsarvement la traduction iies Tuâcm-
ianei ( avec le fM-éùdent dfeuhier ), «elle des
Pkilippiqmôs et dwCatàlùmires, pois les Pen-
sées de Cioéfoii, choix d'extraits de ses cbo-
Tres. Tontes ces irersions furent bien -raçues «t
ont conservé aujourdlbai même qnelqae eboae
de leur renomma. Leurs qualités principales
seot une fidélité socupuJeuse et one grande car-
Tection.gniiimattcale;'mais elkea manquent dié-
légaMe^ de gvioe,. de facilité , «de soMplnse , 4e
viefien'Wi cnot; et«ooore cette exacUtade iqoe
nous hii «vans Tceonnue est-eUe plutôt dans ia
repn>d«ciion idu «ans qae dans •celle des totnrs
de phrase , de laonanebe do style et dn foéoie
même de OieéroB.'il atteint quelqucAiis lestraMs
extérieurs de son modèle ; jamais, ou bien ra-
remeat, sa pliysieaamie et son air ; mais fianni
les tradoctioas 4lv * temps , ce sont peut-être les
meiilwoB, et leitr>mérite consciencieux >n'a pas
loajoars été é|pié par celles fai sont- venues
ensuite etii|oien>ant profité. L'abbé d'Olivet ae
bisait uae iiaate idée des difiicoMés et de la
valeur àHme bonne traduction : il y 'est revenu
pl8sieors4iois dans ses préfaces et aaa ifù/oire
de VMadémàe, Aussi paasa^t-iil^ipoonainsidife,
sa Tie eilière «à revoir et à 'pcafacÉionner les
, à>'obaqne édition aaiwelle,anrtoat au
dcvneide Hexactitudeet de la<préci8ioB. Jl
se se contenta pas de tnaduire Cicéron, il «b-
treprit queiqtiesivinées plus tard. (1740)^*Bn
donner one édition complète >avec ides noies :
c'était le miniatère anglais qui lui avait proposé
ce tmaail, BUT ée bruit de sa. reBomnée ; mais'ie
ganvemcnaent fnnfais, représenté par le car-
dinal de Fleury, vie voulut «pas laisser A mie
cour -étrangèee Tbonneur de cette lentiiepriae,
dont rabbé d'Mvet s'acquitta à raervetUe. L'é-
dition se recommande par la correction 4a texte,
la prédaion , k goftt et rémdition dea remar-
<pies, eadprwtécs anx meilleurs eoromentaleors
et aagmeiitécs du fruit de ses propres rectMV-
cbes, -par le savoir et le style de la prêiaee,
enfin parla beauté de l'exéentiaatypoKrapfaaqae.
Comme rdeompenae 4e ce beau travail, Tabbé
d*01îvet obtint «ur la easseUe une modeste 'pen-
sion de 1,500 livres.
Malgré l'attacbemeat constant et «noère qn^l
avait gardé ponr la Compagnie de Jésus, l'abbé
d'Olivet n'en eut pas nnoios à sautanimne polé-
mique assez vive avec quelques jésuites , c'edl-
à-dire les rédacteurs des Mémoires de Tré-
voux, et en particulier le père Ouaereeau( 1736).
Il avait commencé par les indisposer coativ Ini,
à cause du mépris avec lequel il avait mentionné,
dans la préface de sa traduction de la Nature
des Dieux , les oommenlaires de deux jésnites,
comnne d*ailleur« ceux de presqoetous ses pné-
déoesseurs. A ee premier motif de mécontente-
ment s'en joignit on second lonqn<il eut publié
l'ouvrage posthunw de Hoet : De Ui Paitlesee
de €tsprU kumaén. Les pédactenrs «des 'Mé-
moires de Trévoux prétandaient ^qne cet ou-
vrage conduit an scepitcîame, et qae fnne de
ees propositions prinoipales>ébraniait par la base
les ifondeniants même de la foi : lis aoonsalent
plus on Bsoins nettement fédltair d'avoir fal-
ailé ou pent-ètre même supposé Vomvrage.
L'afcbé d'Olivet répowllt 4'-abai4 véctorieose-
ment à cette 4eralève inainnation en produisant le
manuscrit original devant l'Académie, ce qui ne
l'empêcha pas 4'aocepter la^contiwerse sur les
(autres points et de téfotrikt direolaaaeot à ses
«dversaiiespar'aDe Apoiogiie,
•La même année il fit un «voyage en Angleterre ,
où il se lia avec Pope, le Boilaao:aiiglais. De re-
louren France,il songeaè net(Teà>exéoution'nn
proijet •qn'il nonrrissaH depuis quelqne temps
déjà,'oelni de revoir et de oantinoer K'^Uittoipe
de VAtadémàe , de BeUisaan. Pellisson nfavsait
pas été au delà de l'année tft5^; llabké 4^ifiet
Qommença pw enaicliir cette première partie
4'addilions et d.e remarquas ; paia>il la poursuivit
jusqu'à Tannée 1700. il avait 4)abord été jns-
qo^flo 171& ponr finir son Ustoife ^vec le règne
«le Laois XIV; 'mais il jeta an feu : la demière
partie de son manascrit. U a Cfapoaé les motifs
4e œtte résolution daaa lae de sas lettres au
'préaidMtuBouhier : le principal, ce M la diffi-
culté qu'il «Arouvait àiacooider les diaits de la
-vérité «vec«eux de la iprudenoe, en pariant de
eertans académiciens réoents qui prêtaient peu à
rél<^, «u do moins è on éloge Htléfaire. La
'peur 4e se eomf romettre et le dégoOt dVine
tftche aride f emportèrent smr le 4evoir de l%i»-
iorien. 11 faut bien4ire, dnaesle ,'H|ueson >iffo-
Mre a été-éerHe avec on imédiecre scrnptMe-:
tofite la partie ^puMique de l'existence de l'Aca-
démie a été négligée ; même dans le tableau de
4e sa vie privée , si l*«n peut ainsi dire, II y a
des lacunes assez considérables. Quelques no-
tices sont inexactes ou insuffisaoles ; d'autres
neeont que des reproductions «è H n^ rien mis
du sien. ' L^owrage -est écrit avec pureté et
simplicité, 'mais avec aécheresee, et quelque-
(feie«\ec toondenr; il n'a pas Icchanne aisé <St
naïf de eetai 4e Pellissoo. Néanmoins c'est on
recueil de Teoliei4hes trti»-préctso8es 4an8 «leur
enseaable,«t devenu- en •quiriqne aorte dassîqnfl
631
OLIVET
632
avec joste raison. Les erreors critiques qo*iI y
a commises lai furent Tertement reprociiées : il
8*était fait le censeur de La Bruyère, dont \e
style en effet devait inquiéter, dans la sévérité
exclusive de son goût, ce partisan outré des an-
ciens et de la forme classique : une épigramme
d'un avocat provincial dirigée contre lui À ce
propos futattribuée par quelqueS'Uus à J.-B. Rous-
seau, ami de Tabbé d'Olivet; mais, loin de le
croire, comme l'eussent voulu ceux qui désiraient
les brouiller, celui-ci , dans un voyage qu'il lit à
Bruxelles en 1730, pour se reposer des fatigues
de ses nombreux travaux , resserra les liens de
sa vieille amitié avec le célèbre exilé, et, à son
retour à Paris, entreprit publiquement sa dé-
fense, mais sans gagner une cause qui était défi-
nitivement perdue devant l'opinion.
A partir de ce moment, l'abbé d'Olivet se
consacra d'une façon à peu près absolue à ses
travaux de grammaire et à ses études sur la
langue. Il donna d'abord sa Prosodie, dont Vol-
taire a fait un grand éloge, et qui, malgré quel-
ques méprises , est assurément l'un de ses meil-
leurs ouvrages. Ce petit traité, écrit pour
combattre les théories de La Mothe contre la
poésie française , a pour Imt de développer toutes
les ressources prosodiques de notre langue et d'en
déterminer les lois, en démontrant qu'elle ne le
cède pas, ou presque pas, sur ce point à celles
des Grecs et des Latins. Puis vinrent des Essais
de grammaire , où il devait avoir pour colla-
borateurs deux de ses collègues de l'Académie,
qui le laissèrent seul accomplir la tAche. A ces
travaux succédèrent ses Remarques de gram»
maire sur Racine ^ remarques minutienses,
dont il faut se rappeler le but et la pensée pour
ne pas les trouver souvent m^'squines et tra-
cassières. L'abbé d'Olivet n'arait pas été guidé
par le désir de rabaisser la gloire de Racine; au
contraire, il voulait l'honorer et lui rendre hom-
mage , en le prenant , pour ainsi dire , comme
le type le plus parfait de la langue poétique , et
en notant sur ce type jusqu'aux fautes les plus
légères qui eussent pu , par l'autorité de son
exemple, égarer ses admirateurs, filais, en ren-
dant justice à son dessein, il faut bien recon-
naître qu'à force de scrupule grammatical il est
souvent injuste et même inintelligent, et qu'il lui
est arrivé de souligner comme des fautes d'heu-
reuses hardiesses et des tours originaux et poé-
tiques. 11 est probable que ^Racine n'eût pas
accepté la plupart de ces innombrables obser-
vations, qui furent d'ailleurs refutées, souvent
avec beaucoup de justesse et de force, dans le
Racine vengé de l'abbé Desfontaines. Mais le
nom de Desfontaines était plus propre à décrier
d'avance cette réponse qu'à l'accréditer : des
haines aveugles et violentes s'étaient amassées
contre lui, et tonte la république des lettres
le regardait avec les yeux de Voltaire. Il avait
dédié son Racine vengé à l'Académie, sans l'en
prévenir ; celle-ci déclara qu'elle se tenait d'antant
plusoffenséedecettedédicaceque sirantorisatioa
lui en eût été demandée, elle l'aurait refusée.
Aussi il faut voir en quels termes de soaverain
mépris d'Alembert s'exprime sur le compte de
ce forban littéraire , qui avait le tort de n'étrt
pas philosophe et même d'attaquer les encyclo-
pédistes. L'abhé d'OUtet se crut permi» de loi
répondre par nne épigramme latine assez gros-
sière, qui justifie une fois de plus le vers de
Boileau :
Le latin dans les mtfta brare l'honnêteté.
Tous ces travaux ne l'empêchaient pas de prendre
une part assidue aux occupations de rAcadéroie,
et particulièrement de coopérer an Dictionnaire
avec beaucoup de zèle. C'était racadémideo
modèle, exact aux séances, attentif el ardent
aux diseussions , passionné pour tous les inté-
rêts du docte corps , gourmandant les tièdes et
fusant de chaque décision et de chaque électioD
une grosse affaire d'État. Lorsque son ami le
président Bouhier mourut, ce fdt Voltaire qui
le remplaça, et l'abbé d'Olivet eut la ttehe de re-
cevoir l'illustre écrivain, dont il avait élé le maître
chez les Jésuites, et qui lui avait conservé une
véritable aflection. Voltaire lui rendit tiommay
dans son discours de réception , et oo trouve
dans sa correspondance un assez grand nombre
de lettres à son ancien maitre , lettres aflee-
tueuses, où l'on sent toutefois quelque réserve
et de fréquentes divergences d^opinion. Tool
en lui demandant ses conseils et en ayant re-
cours à son érudition. Voltaire ne laissa pas
souvent de critiquer ses ouvrages, de le goiir-
mander, de le redresser; quelquefoia même il
lui écrit sur ub ton assez singulier el avec une
liberté d'allure qui indique de sa part an mé-
diocre respect pour la condition et la robe de
l'abbé d'Olivet : « Nous menons une Yie agréaUe
et tranquille avec l'héritière du nom de Cor-
neille, lui dit-il dans une lettre du 27 novembre
1764y et un de vos jésuites défroqués, nommé
Adam , qui nous dit tous les dimanches la messe
que je n'entends jamais , et à laquelle il n'en-
tend rien , non plus que vous. Vivent Cioérott
et Virgile! Vive, vaie. » Dans sa vieillesse,
l'abbé d'Olivet renonça à l'étnde exclusive de
Cicéron pour se consacrera l'étude, moins pro-
fane, de la Bible. La force de sa constitntion et
le régime qu'il s'était imposé semblaient lui pro-
mettre encore une longue vie, lorsque, deox
mois avant sa mort, il eut nne atlaqoe d'apo-
plexie et devint paralytique. Le brait conrat alors
que cette attaque d'apoplexie avait été provo-
quée par la fatigue extrême d'une séance aca-
démique, où, ayant voulu lutter contre une pièce
de l'abbé de Langeac , proposée pour le prix
du concours annuel, il avait été rudement nnl-
mené par quelques-uns de ses confrères, et spé-
cialement par Duclos. 11 mourut le 8 octobre 1 76S,
dans sa quatre-vingt-septième année. Malgré In
modestie de sa vie, et quoiqu'il ne possédât
633
OLIVET
6S4
qu'un seol bénéfice, peu considérable, n*ayant
jamais touIq abuser de sa liaison intime ayec
le cardinal de Fleury et avec l'évéque de Mi-
repoix y qui tenait la feuille des ténéfices , il
laissa, dit-on, par testament à son neveu, prési-
dent à mortier au pariement de Franche-Comté,
quatre>Tingts actions des Fermes, cinquante mille
éco3 de terres , plus de trente mille fVancs d'ar-
rérages , /lenx cent cinquante louis en argent
comptant, trois cent cinquante marcs de vais-
selle d'argent , sans parler de ses meables , qni
avaient peu de valeur, et d'une très-belle biblio-
thèque.
Tant qu'il était resté parmi les Jésuites, l'abbé
d'Olivet avait été renommé pour son affabilité
et sa doaieur; mais son caractère se modifia
profondément par la suite , et il était devenu
on homme d'un abord difficile, de manières
brusques et rudes , qui loi avaient fait beau-
coup d'ennemis. Peut-être t'extrèroe sévérité
littéraire dont il faisait profession avait-elle re-
jailli sur son extérieur, en le marquant à limage
de son esprit. La roideur et l'âpreté de son goût
étaient grandes : il semble qu'il les ait emoruntées
au vieux Boileau, qui, sur la fin de ses jours, à-
l'époque oi^ l'abbé d'Olivet le fréquenta assi-
dûment, était devenu grondeur, morose et atra-
bilaire. L'abbé d'Olivet semble avoir voulu
toute sa vie continuer, selon son pouvoir, la
tâche qne s'était imposée Boileau. Attaché avec
une sorte de respect superstitieux aux anciennes
maximes littéraires, il repoussait obstinément
toute innovation , et parmi les productions mo-
dernes il s'en rencontrait bien peu qui eussent
rtieur de lui plaire. Ses confrères eurent besoin
plus d'une fois de lui rappeler indirectement
qu'ils étaient ses égaux et non ses élèves. Dans
sacorres|x>ndance, encore en partie inédite, avec
le président Bouhier, sa causticité s'exerce contre
les académiciens et même contre l'Académie :
il y traite assez mal Moncrif , Marivaux, Crébil-
lon, Montesquieu, etc. D'un autre côté. Des-
fontaines, Collé, Duclos et beau^up d'autres
ne le ménagèrent pas lui-même. Pirona fait contre
Ini une épigramme dont on a souvent dté ces
<ieux vers :
Da reste, »*il n*alma personne.
Personne aussi ne raima.
C'est one grosse hyperbole poétique ; car nous
avot» déjà mentionné dans cette notice plusieurs
de ses amis , qui lui restèrent toujours fidèles,
et nous pourrions y joindre encore Mabillon ,
l'abbé Fragoier, Boivin, Batteux , Gédoyn, Roi-
lin , etc. O'Alembert, qui ne parait pas avoir eu
pour lui une grande tendresse d'Ame, et qui a
semé son éloge de restrictions nombreuses, as-
sure que sous cette rude enveloppe il portait
un cœur bon , aimant à obliger, et qu'il a rendu
avec empressement des services nombreux à
beaucoup de gens qui l'ont payé d'ingratitude,
n parie aussi de sa tendresse pour sa famille
et des sacrifices considérables qu'il ne craignit
pas de faire pour eUe, et ce témoignage désin-
téressé est confirmé par plusieurs autres.
Voici les principaux ouvrages originaux de
l'abbé d'Olivet : DUcours de réception à
l'Académie française; Paris, 1723; —Apo-
logie de M, Vabbi d*Olivet en /orme de
commentaire tur deux articles des Mé-
moires de Trévoux; Paris, 1726, in-i2; —
Histoire de l* Académie française , avec une
dédicace à MM. de l'Académie; Paris, 1729,
2 vol. ln-4*; 1730, 2 vol. in-12. Le 1*' volume
contient l'ouvrage de Pellisson, revu et aug-
menté ; le second la suite de l'abbé d'Olivet. On
en a donné une édition récente', avec des éclair-
cissements et des notes ( Paris, 1858, 3 vol.
in-80 ) ; — Traité de la Prosodie française.
Il s'en est fait une multitude d'éditions, avec
des notes et dissertations de Dumarsais , Bat-
teux, Durand, etc.; — Essais de gram-
maire ; 1732, in-12. Ce sont des renuirques sur
quelques difQcuItés de notre langue, relative-
ment au nom, à l'article, au pronom, et spécia-
lement aux participes ; «^ Remarques de gram^
maire sur Racine; 1738, in-8''. Ces trois der-
niers ouvrages ont été réunis en un seul , sous
le titre de Remarques sur la langue fran-
çoise; Paris, 1767, in-12. On trouve aussi
ses observations sur les participes dans les
Optiscules sur la langue françoise, par
divers académiciens; t7S4, in-12; — Deux
lettres à M, le précident Bouhier (1737-
1738, in-12). /Plus tard, il en publia encore six,
roulant sur divers sujets , mais tous littéraires,
et qui ont été réimprimées avec d'autres ou-
vrages dans un Recueil d'opuscules ( Amster-
dam, 1767, in-12). H existe aussi à la Biblio-
thèque impériale (Manus., fonds Bouhier ) une
correspondance manuscrite assez volumineuse
de l'abbé d'Olivet avec le même personnage :
des extraits importants en ont été donnés dans
la dernière édition de son Histoire de V Aca-
démie; — Ort^o Salinarum Burgundix^
ecloga. Cette pi^ de vers latins , d'abord pu-
bliée séparément, fut reproduite dans le recueil
de poésies grecques et latines des membres de
l'Académie ( Pœtarum ex Academia gallica
qui latine aut grxce scripserunt carmina;
1738, 1740, et sous un titre différent, 1743 ),
qui contient aussi d'autres œuvres de l'abbé
d'Olivet. Ajoutons à ces ouvrages originaux les
Remarques sur la théologie des philosophes
grecs f jointes à sa traduction delà Nature des
Dieux, On Ini a attribué aussi, mais sans
preuve, une Vie de l'abbé de Choisy, publiée à
Lausanne en 1748, ln-12. Comme traducteur il
a donné Entretiens de Cicéron sur la nature
des Dieux; 1721, 3 voL in-12 , avec des remar-
ques de Bouhier. Il y eut plusieurs autres édi-
tion^postérieures , sans ces remarques, en 2 vol.
in-12. L'ouvrage est précédé d'une table chro-
nologique des philosophes grecs. Les Philip-
piques de Démosthène et les Catilinaires de
636
OLIVET — OLIVIER
636
Cicéron; Paris, 1727, in- 12. Diverses pièoes et
remarques du père Jouvency , de Nassieu , etc ,
ont été réanies aux Philippiques, On. sait qpe
Tabbé d^OHvet avait déjli publié dans les œuvres
posthumes de Maucroîx une traduction des
mêmes ouvrages, qui- Ibi appartient presque
tout entière; celle dont nous parlons mainte-
nant eit tout à fait diffôrente; — les Tusculanes
de Cicéron , traduites par MM. Bouhier et d'O-
liv«t> 2 vol. in -12; ^Vis- Pensées de Cicéron,
traduites^ pour servir à Véducalion de la
jeunesse ^ choix judieiewi,, très-souvent réim-
primé et longtemps classique. Comme éditeur,,
Tabbé d'ûiivet a donné une foule d'ouvrages ,
que nouS' devons nous borner à énumérer ra?
pidement,. sans entrer dans des détails biblio-
graphiques interminables et peu opportuns :
ffuetii Carmina ( il s'agtf de la ô* édit., 1709,
augmentée de pièces inédites et de vers latins
de Fraguier); — le Huetiana, imprimé en
1722, chez Jacq. Estiènne,.sur le majiu<%crit qui
lui avait été légué par Huetméme, et précédé
d'une notice sur Fauteur; — le Traité phi-
losophique de la faiblesse de V esprit hu-
main , par Huet; — Mémoires pour servir à
fhistoire de Louis XIV, par l'abbé de Clioisy,
et on Journal de quelques, discussions gram-
maticales des assemblées académi(4ues „ écrit
par lé même, et inséré par d'OIivet à la suite
de ses JSssais de grammaire^ — les Œu-
vres posthumes de Mancrotx; — les Let-
tres historiques de Peilison; — le Journal
de ffenri IV par L'Estoilé; — les Œuvres
diverses de Tabbé Gédoyn ;— quelques ouvrages
du père Hardouin ; — la grande édition de Ci-
céron dont nous avons parlé plus haut; — enfin
les Poemata. didascalia nunc primum vet
édita ^ vel collecta; Paris, 1*49, 3 vol. in-12.
Victor FovRNEL.
Élége de VabM d'Ollvet dsna le Néerotoge de I77a. -
■*Mèiiitterr, HUt, deitnembrtt tf« PAcad. françoUt;
t. VI. •» Mci»; jMrate de BeotaftaioMt. octobre tTM. —•
Malret, ÊU>g» hist. et liU. ée Vabbé d'Olivet,- 188».
OLiTBTAN {Pierre- Robert), un des pre-
miers traducteurs de la Bible en français , né à
Noyon, vers la fin du quinzième siècle, mort à
Ferrare, en 1538. On assure que ce fut lui qui^
en engageant Calvin, qui était son parent, à
eiaroiner les- questions contfoversées en ce
moment, le poussa, en quelque sorte, dans là
cause de la réforme. H' fut un des premiers i
répandre les nouvelles doctrines religieuses
à Genève,, où- on le voit, en 1533, précepteur
dans la maison de Jean Chanterops. Un jour
qu'il assistait au sermon d*un prédicateur qui
s'élevait avec force contre Luther et ses adhé-
rents, Olivetan l'interrompit, prétendant le ré-
futer immédiatement. Cette imprudence laiilit
lui coûter la vie; ses amis par\inrent à le sous-
traire aux fureurs du peuple; mais le conseil
le bannit du territoire de Genève. H se retira à
Neuchâtel , où il s'occupa de traduire la Bible
en français, prob:ib!eraent , à la soIUcitatron de
fFarcly. qui depuis longtemps témoigpait te désir
d'avoir une traduction, gfénérale, revue sur lee
textes originaux,, det livres de. rAiicie& H
du Nouveau Testament. Ollvetaa,,qvi comiaisp
sait moins bien. IJhébreu que. Théodore de
Bèze ne l'affirme, et qui n.*était. versé dans le
grec qne médiocremeiat, aurait dififidlement
' accompli sa tache , s'il n'avait trouvé uo guide
dans la traduction de LeCèvre d'EtapIes, qui
venait d'être imprimée à Anvers. Il est ceitain,
cependant,. qn'U a fait plus que remplacer par
des synonymes, quelques termes de la ttaiInrlioB
de Lefèvre d'Etaples; il la compara aTec les
textes- originaux, et il interpréta ploateors pas-
sages^ d'une manière différente. Il faut nioater
que dans, sa préface IL donne de foii. bonnes
règles dlkerméneutique. En général,, Bichard
Simon a été pour lui d'une sévérité exoesâve.
Le travail d'Olivetaa fut imprimé sons ce. titre;
La Bible qui est toute la saincle BsarUure;
Neuchâtel, 1535^2 vol. ini-fol. gotk. Cette édi-
tion fut faite aux frais, des Vaudois, suc une
copie écrits, dit-on, delà main de BonsLventnre
Des Perriers. Elle coûta quinze cents d'éous
d'or; elle n'est pas cependant un chef-d*cenTre
de typographie. Une seconde édition , iraqprimée
à Genève, fht retouchée par Calvin. OlÎTetan,
obligé de s'éloigner de la Suisse, passa en Italie,
où il mourut bientôt. Le bruit courut qu'il avait
été empoisonné à Rome pendant oa court sé-
jour qu'il avait fait dans cette vflle. Bf. N.
Riett. Simon, Bitt. eiit. du W, T., p. SU. — Lallooetlr.
HUt. dn tradmeU»tê /tamç. et rÉtrUhitrt MiiM», eh. s.
— Scoobicr; Hàti. Jittén dMGtmèm^ t J«^ tsx.— Ham,
La France proUti.
OLi'ViBR, cardinal, historien allemand, né en
Westphaiie, mort à Sabine, en Italie, eut 1227.
Ayant fait ses études ï Padèrbom, il devint cha-
noine dans l'église de cette ville, puis maître des
écoles à Cologne. En 1210 il était dans le midî de
la France, préchant la croisade contre les béné-
fiques albigeois. U retournait plus tard dans son
pays, natal, et prêchait dans la Westphalie, là
Frise, la Flandre, le Brabant, une autre cnx-
sade contre lès Sarrasins. Ses prédications pa-
raissent avoir eu un grand succès, et lui airoir
fait une renommée brillante. Entre les années
1214 et 1217 il partit lui-même pour la Terre
Sainte, à la tête des volontaires qu'il avait en-
régimentés sous l'étendard delà croix. ïa 1222,
de retour en Europe, il fut élu évéque de Par
derbom. Il était à Rome en 1225, qnand le pape,
qui l'avait en grande estime , le nomma car-
dinaJ'évéque de Sabine et le char^^ d'une mis-
sion près de l'empereur Frédéric; mais Olivier
mourut peu de temp» après, étant, toutefois,
revenu dans son évéché. Ses écrits sont : une
Lettre à Engelbert, archevêque de Cologne, son-
vent publiée, et notamment dans le recueil de
Bongars, Gesta DHper ftancos; — Bistoria
regum Terrx Sanctx , dans le Corpus histo-
ricum d'Eckard, t. Il, p. 1355; —Bistoria
Damiatina, que le docte Eckard a. aussi pn-
637
OLXTIEII
•3S
Miés-énsM eoUeoliioBvt-ir, p. ISOB. 9L Mi*
chaud» pvMié Hanl^te d« ces ÎMporltnls réeitk
ilMi'M Bièhùéhèqut d€s> Cntiêudm^ Pi 177.
^l,Pt^^aâe\,àànf^ VHUtoire littéraiméâ
la France, en » signalé le» p«B«a0m< k* pks
utiles aux historiens. B. Hî
ScbsleolOT, Jmai, FaâêrbomwMm — MMttariamdê
front:*, t«XVIII,.paftslm. — Ughrlll» ftoNa «acra, t. I,
p. 167. - matHre mtér. de la Vrance, C. XV Ml, p. 14.
o^iTiBB (Jacques), magistrat) français,
mort le 3D noTembre 1519. 11 éf^t te IHftatné
âe Jacques entier, natif de Bonrgneof , près
La KocheRe, cpA Tint s'établir i Ptiris. où ÎF
derint procureur an parlement, tibmmé par
Iionis XII avocat générât de cettle compagnie, îF
mérita par ses services d'être pourvu en fS07
d^un ofttoer de président En 1510 if fut créé
chancelier du duché de Milan , dont Gaston de
Foix était alors gonvemenr: En 1517 il fut élevé
par François I**" à la première dignité du parle-
ment de Paris. Ce maglsti-at tenait die son père
la seigneurie de Leuville, située dans les envi-
rons de Chartres^ P. L.
Horérl , Ctani DM, AMf.
o&iTtKB ( JèoH ) , pnélat; Itère da'précÉAsnl,
né à- Pari», roovtle- 12 avril 1540, pvèa^lUngers.
li emlif«Ka'«n>Poitdv la fègle «te'Saint-fienott,
et passa dans l'abtoye de Saint^Denis, oÉ il
rempUI les charges de grand aamiaier «t de
▼ieaive géaéral ^ éhiabM, U sacrifia^ œtledigntli
a« oardinltdé Boarbon par airditede Franniois 1**,
qui loi' doona en ré^ompenf e* TaÉtef» à» 9aiat<-
Médard ée Msaons. En 1532 il* résigna, par pes*
mntaitiDVT «9 kënéfloe àr Françoi:f* de Âobany et
devint évêqaa é' Angers. "B se distingua par la
poreAé da ses imBarS) par son applieailloD*i 1*^
tiMftB' de l'ÉKitnro et' eonzèle religfaox. 0» l^b
rangé , peul^re aven tvop dé pvéciprlBtlen',
parmi les sectattars êe la réforme : Ht fil, il eal
vrai , des rè^taments sévères poer .oonrigep les
mœnri dn f iuf é dans «on diocèse; et Crespin
aflOme «iirtl favoaisa la pfédicatioivderÉvaogile
à Aogem, Ce pnilat mourat près dis cette- ville ,
an chàteaa df£veatard. H écrivail bien e& latin^
eonuDe ett eni peut jager par sa propre épitaphe ,
celle deLeiris XII, rapportée par Papire Masson»
imr ode à Salmon Màorin et surteoC sur le
poene inMalé : Aiiuloro Mni OHver» Awdimm
hienpàantx (Pâna^ 1541, ia^n), Ge iwèmer
fort goûté dana le temps , fut édité par Etienne
Ixdet , qui en loue linventioii, le tour et le génie,
indikit la même année par Guinnume Sfkbel en
Tera français, et réinsprimé en* lei», à Keims,
in*r:
Un de ses frèiw, JeawOfetvtEW, dît^ lêjftme,
fat seerétaiie dn roi et fendU' la braneh» dea
migneurs de> Maney et de M<»rangis . P. L .
Seevota de 9«liilftvMartlie, Biovàa, Hv. il ^ CaMa
chrùtioMa, II, m. . Doobliel. UUt, de Vabùaite de
SaiHt'Denft. - Crcspln. VEstat detEçlUe. - Haag,
La Frunee protttt»
OLiTiEB (François) , chancelier de France.
né en 1497, à Paris, mort le 30 mars 1560, à
▲mbaise. Il était fils dn président Jacques Oli-
via (w^T* ei^desRss) el nevcn du précédent.
Ayant» embrassé la> carrière de bt nagistratnre ,
il fut dfabend ooBseittcrd& la oonr et aMltie des
nqaèteri puia^ il^ iteqaitia de plusieon ambas^
sades«iMpertaites^;ei.ebttni à.la reeomasnula^
tîMi d» Mangueiile', sasor de Fran^Ms i*', wuf
cbaige^ dè-présMul: à mortier an parlement de
WwtiBiiltimùiS^^). U avaitrdéjà été cbanfleUer
et eiNlidii eonseii' de la* même resaei posvrsen*
daehé dIAlençoiD,. et cB'fotrsaas auoni dbate à>
la eoordeoelta princesse qu?il. puisai sonipe»^-
cbant poer la réfMine. Aprèt aivoir été dnrgé
de la* garde dea smaooCyik fut désigné, par lettres
dU'18 «nril 154i&, peur snceédes enr qoaité de
chancelier- à- Foyel', qui venait d'être déposé
juridiqoenent Bfbgistret docte, étaïqoent, jodî-
devr, Olivier montra' d«ms l'exercice de ses
ibnctfeM ew courage inflexible et uve. terce*
d'Sssprit qui ne' se reiicfaait jamais <ie ce qv'il*
devait k l'État. Il fut le* scal des; ■Méatte^de
François*!*'' qttHenri II conserva en plocei « Il a
dû àson gutt pear lee lettres , dit Stanondi , ^
ramitié du chancelier de LHoeprtal et peut-être
à br défiance que ne tarda pas à lui montrer la
oonr, me réputation de talents et dfntégrtté qui
n*e9t guère justifiée par ce qne neoe connais»
sons â6 ses aetlona. fl acrait signalé 1» commen-
cement du règne é'Henri H par Isr pablicalfos
d'un gran^ nombre dVdonmniees, presque
tontes entachées d'eue extrftmeeruanlé. » Ainsi
en offrant dn travail aux hommes valides' et de»
seeonrs aux infirmes, il menaçaiH du feaet le»
femmes et dès galère» les hommes qui n^Mcep-»
terarent pas ce travail; il' prmissait tons \H
meurtriers du supplice de la roue; atvee la
même rigueur il essayait d'ialerdli^ le* port
d'armes, de réprimer le loxe, de ponîr le blas-
phème, et il multipliait lea chàiiments atroces
sans Corriger les mceurs. En 1558»* régla les
formes de procédure, tant civile que crimineile,
an parlement de Paris, et régnlsffiaa' les devoirs
dee geOKers et réeroodes prisonniers; mais cm
même temps, seus prêtent! de* rendre ploa
prompte bi jvriiiCcUon préviVIabi à Ifégaed des
maifaiteara^ des>aaoriléges-, des ftarv-monnayeum'
et des braoonnierS', il leur enleva josqa'âax der-
nières garanties , en leur étant tout recoura au»
parlementa; Sa réaislance opinifltre aux prodiffs-
lités de bi cour irrita Diane de Poitien et lesGai-
sea : une maladie ehroniqne de ses yeox fournit
un prétexte pour lui demander sa démissâMi'; et
comme il reAiaa de résigner une charge inamo-
vible, on lai en laissa le titre et on en confia
les fonctions à l*archevêqwe Bertrandi (2 ja»»-
vier 1551). H se retira alors dans la terre- de
LeuviHe, prèsMontIhéry, et se livra aux dCB^-
ceursdePétude. Dans ses lettres à L'Hospital, H
se ftattait de rester (oojonrs éloigné de la cour.
« J'ai jeté Tancre dans le port, écrivait-il , et
pour tous les trésors d'Allale, je ne renoncerais
point au calme dont je jouis. » En 1555, lors
des négociations entrcprisca avec l'Espagne,
639
OLIVIER
G40
îl rédigea, à la demande du connétable Montmo-
rency, un mémoire établissant comme incontea-
tables toutes les prétentions de la France sur
le royaume de Naples, le Milanais et la seigneurie
de Gènes. Rappelé sous François II (juillet 1559),
il consentit à reprendre les sceaoii,dans Tespoir,
dit-on, de modérer les persécutions religieuses.
Aussi, bien qu'il eût approuvé la condamnation
d'Anne da Bourg, Il promulgua Tédit d'amnistie
et de tolérance du 2 mars 1560, édit que ren-
dirent illusoire les réserves fort étendues que le
parlement fut secrètement invité à y faire. Quel-
ques jours plus tard la coD|oration d^Amboise
était découverte. Dominé par les Guises, Oli-
vier devint l'instrument de leurs vengeances, et
s'associa, malgré lut, à leurs actes les plus ty-
rannîques. Une mélancolie profonde s'empara
dii lui, et le conduisit dans le même mois au
tombeau, à Tàge de soixante-trois ans. « Il avait,
selon SismondI, le caractère des grands magis-
trats de cette époque. Il était stAidienu, ver-
tueux, austère; il désirait le rétablissement de
Tordre et de Téconomie; il éprouvait de la ja-
lousie contre le clergé, et il était choqué des abus
de l'Église; mais en même temps il professait
une obéissance sans bornes à l'autorité royale,
et il admettait les moyens les plus rigoureux
pour la Impression des délits.»
Son frère, Antoine Olivier, évèqne de Lom-
bcz, embrassa ouvertement la religion réformée,
et suivit Renée de France à Ferrare, puis à
Montai^, où il mourut, en 1571. Cette famille
s'éteignit en 1671, en la personne du fils unique
du lieutenant général Louis Olivier, marquis
de Leuville. P. L.
Moréri, Grand Diet. hUt. — Régaler de La Planche,
ffiiL dé France tout Françoit 11. — De Thon , ttitt,
suitemp. — Sternoodl, HUt. det Fronçait, XVII et
XTIli. — Haag frtret, France prottttante. — Isambert,
jéneiennet Lolt/rançattes, Xlli.
OLiviBft (Aubin), graveur en bols et gra-
veur «des monnaies de France, né à Roissy (1),
près Paris, dans la première moitié du seirième
siècle. Des lettres patentes de Henri H, datées du
3 mars 1S53, hii conférèrent l'office de « maître
et conducteur des engins de la monnaie au mou-
lin » , c'est-à-dire, directeur de la monnaie nou-
vellement établie k Paris dans l'Ile du Palais.
Piganiol de La Force, dans sa Description de
Paris (II, 84) , et Fantin des Odoards lui attri*
buent l'invention du monnayage an moulin, in-
vention qu'on a aussi attribuée à Abel Foulon.
Il est aujourd'hui prouvé qu'elle est due au cé-
lèbre Briot. On doit à Olivier des médailles
commémoratives de la Saint-Bartliélemy (2).
Il fit en collaboration avec Etienne Delaulne la
très-belle médaille de Henri II , inscrite sous le
n^ 11, dans le Catalogue du Musée monétaire
de France; et avec Jean Le Royer,son beau-
|i) Solvant Mariette i Roye , en Picardie.
(i) Catalogvé du mutée monétaire de France, 18SS,
l** lérie, n** 8S et se; Saavat, Bitt. et Recherchée det
uniiquitét de Parit, III, S89.
frère, les soixante figures en bois quiomeot le
Livre de perspective de Jean Cousin, Léonard
Gauthier a gravé en 1581 le portrait d'Aubin
Olivier. H. H— m.
Robert-Dametnll , Le Peintre graveur fronçait. —
Jrchtvêt de VJrt fronçait.
OLiTiBR {Séraphin), cardinal français, né
à Lyon, le 2 août 1 538 , mort à Rome, le 9 mars
1609. Fils posthume de Pierre Olivier, bourgeois
de Lyon et non fils naturel du chancelier Oli-
vier, comme l'a prétendu de Thon, il eut pour
mère une Italienne, qui se remaria à Jacques
Rozali , citoyen de Bologne. Après avoir com-
mencé ses études à Toumon, il les aciieva à
Bologne, où il fut reçu docteur en droit civil
et en droit canon; en 1562 il occupa une
chaire dans l'université, fut appelé à Rome par
le pape Pie IV et admis, en 1564 , comme aiûdi-
teur de rote pour la France. Pendant trente-six
ans, Olivier demeura attaché à ce tribunal, dont
il devint même le doyen. Grégoire XIH l'envoya
en France en 1573 pour complimenter le duc
d'Anjou , depuis Henri III, sur iMm avènement
an trône de Pologne, et Sixte Y en 1589 pour
t&cher d*apaiser les troubles qui anivirent la
mort de ce prince. Clément YIII le préposa à
la Daterie, bien que son zèle pour les intérêts
de la France lui eût attiré à cette époque la
haine des Espagnols, qui l'accusèrent d'aimer
avec excès la table et les femmes. Olivier, aind
que le constatent les lettres du cardinal d'Ossat ,
contribua beaucoup à obtenir, en septembre 1595,
l'absolution de Henri lY. Fort prévenu contre
ce prince. Clément YHI ne voulait point rece-
voir la lettre qu'il loi avait adressée à ce soyet,
et sur ce qu'il en dit à l'auditeur Olivier, cehii-
ci lui répondit plaisamment : « Pour moi, saint
père, si j'étais pape, je ne ferais pas comme
Votre Sainteté, car je donnerais audience au
diable Ini-mème si J'avais lieu de pouvoir espérer
sa conversion. » Peu de jours auparavant.
Clément YIII lui ayant demandé ce qu'on disait
de lui dans Rome : « On dit tout haut , avait-il
répondu , que Clément VH a perdu l'Angleterre
pour s'être trop hâté d'excommunier Henri VIU,
et que Clément VIII perdre la France pour avoir
trop différé d'absoudre Henri IV ». Sur la rési-
gnation du cardinal d'Ossat, Henri IV nomma
Olivier à l'évêché de Renne^en juin 1600;
mais il ne prit point possession de ce siège,
et s'en démit pour devenir, le 26 août 1602» pa-
triarehe d'Alexandrie. Enfin, le 9 juin 1604,
à la présenUtton du roi, il fut f»'t cardinal.
Séraphin Olivier a laissé un recueil de la juris-
prudence du tribunal qu'H avait si longtemps
éclairé de ses lumières ; il est intitulé : Ded-
siones rotx rotnanx mille quingentse (Rome,
1614, 2 vol. in-fol; Francfort, 1615 et 1661,
2 vol. in-fol., avec des notes et des additions).
En tête de cet ouvrage se trouve l'Oraison fu-
nèbre du cardinal, par Jean du Bois, qui avait
été imprimée à part (Rome, 1609, în-4»). H- F.
641
OUVIFR
642
Frttûn.CaUia purpurata, p. 68o. - SalDle-Marthe ,
Cottia ehrtstianat t. III. — Ainelot de La Roussaje,
Ldtret du card. d'Ouat , t 11. p. Tt, 816 el 440. - De
Tlioo, Hiitwr, im<v., 1, isi - Alby , HUU du eardin.
Uluttnt. " France PotUi/teale.
OL1T1BR (Pierre), humaniste français, né
vers 1622, à Poitiers, mort le 24 mars 1684.
Aâmhp en 1641, dans la société des Jésuites, il
professa les humanités et la rhétorique à Poi-
tiers, pais à Bordeaux. On a de lui : Lacrymo'
rum delicidB, »ive distertationes II de natura
et arte laerymarum; Cologne, 1665, in-i2;
oo trouve à la suite douze odes latines sacrées,
écrites avec beaucoup d*art et de feu; — Dis»
Mertationes X académies de cratùria^ histo-
ria et poeiica; Paris, 1672, in-t2; quelques
pièces de ce recueil avaient paru isolément P. L.
Dreux da Radier, IJiit. Mtér. du Poitou,
OLi¥iBB (Claude ' Matthieu)^ littérateur
français, né le 21 septembre 1701, à Marseille,
mort le 24 octobre 1736, dans la même Tille.
Après avoir étodié la théologie et le droit, il fut
reça avocat au parlement d'Alx» et B*établit à
Marseille, où son éloquence et ses talents pré-
coces ne tardèrent pas à lui attirer one clientèle
nombreuse. Ses plaidoyers, d'après le témoignage
de l'académiden de Saci, étaient marqués au bon
coin ; mais il se donnait rarement la peine de les
travailler. La perte de la pins grande partie de
son bien dans le temps du système de Law le
réduisit à un état voisin de la pauvreté. Ce fut
lui qui Gontriboa le plus à la fondation de TA*
cadÀnie de Marseille; il en fut on des membres
tes plus assidus, et il y communiqua beanooup
de dissertations critiques ou historiques et de
morceaux de poésie et d'éloquence, que sa né-
gligence fit presque tons disparaître. Vers 1730,
il obtint un emploi d^écrivain du roi sur les
gftières. Après avoir langui plusieurs années, il
inoarqt. Agé de trente-cinq ans. On a de lui :
ùiuertation sur le Critias de Platon, et
Discours sttr Cimitation, dans les t. 1 et IV
des Mémoires du P. Desmolets; ^ Discours
sur Vancienne académie de Marseille^ dans
le recueil de cette société (1727); — Histoire
de Philippe roi de Macédoine, et père d^A-
/exaii(/r«; Paris, 1740, 2 vol. in- 12 ; sa dernière
maMie l'empêcha de mettre la dernière main à
cet ouvrage. P. L*
U VlBclède, Èl09ê de C.-M. OKrter, ir U tête de
vam. dé Pkmppê. - Achard, Diet, de ta Proveiue.
OLiviBB (Jean), littérateur français, né en
1739, à Paris, mort dans cette ville, à ThApital
de la Charité, le 1'' février 1758. 11 étoit pro-
fesseur dans on pensionnat lorsque ses talents
pour la poésie le firent connaître du père d'un
de ses élèves, M. de Lavanx, qui lui fit obtenir,
«!n 1744, à l'armée d'Italie, un emploi, ass» peu
coi^enable pour un homme de lettres, dans les
i^pittein mtltUires. Olivier a}ant hérité quelque
temps apr^ d'une petite pension de sa famîlle«
revint è Paris h jj'y Uvra è son goAt pour l'étude
et rindépendance. Oii « de lui des épigramines,
ROUT. aiocR. ciriÉR. — t. xxxviii.
des odes adressées au prince de Conli et à M. de
Maupeou, etc., et deux ouvrages intitulés : JKssai
historique sur le Louvre (Pàm, 1758, in-12)t
tt La Métempsycose, discours prononcé par
Pythagore dans V École de Crotone (Paris,
1760,in-12). F. B. d'O.
Btrbier, Diet, dêt jémmifmes.
OL1VIBB { François- ffenri), inventeur fran-
çais, mort dans Tété de 1815. Il était imprimeur
à Paris. En 1801 il inventa de nouveaux pix>-
cédés pour imprimer la musique en caractères
mobiles, et obtint en 1803 une médaille de bronza
à l'exposition du Louvre. « Le procédé d'Olivier,
rappoite M. Fétls, consistait à graver en ader
les poinçons des notes sans fragments de por-
tée; puis ces poinçons étaient trempés et frappés
dans des matrices de cuivre rouge; après quoi
la portée était coupée an travers de la largeur
de la matrice au moyen d'une petite scie d'acier
à cinq lames. La forme des caractères de mu*
sique fondus dans ces matrices était belle; mais
les solutions de continuité de la portée se fai-
saient apercevoir dans l'impression comme par
les procédés ordinaires. >» Olivier s'associa avec
Godefroy, et publia jusqu'en 1812 plusieurs livres
de musique et un journal de chant; mais Teo-
treprise ne fut pas heureuse. Vers 1820, le jma*
tériel de la fonderie et de l'imprimerie fut vendu
à vil prix. P.
Fétls, Bioyr. univ. des Uutieiens. — Dkt, dês décou-
vertes et inveRtùnu (iSf i), t. Xll, p. 6MB.
OLiviBR ( Gabriel' Raimond'Jean-de-Dieu
François d'), magistrat et littérateur français,
né à Carpentras, en 1 753, mort à Malemort (Vau-
duse),le30 novembre 1823. Il professait le droit
à Avignon, où il avait été reçu docteur en 1778,
lorsqu'il succéda à son père dans la charge de
notaire de la cour suprême et chancelier de la
rectorie du comtat Venaissin. En 1790, il fut
envoyé auprès de l'Assemblée nationale en qua-
lité de député extraordinaire, et demanda au nom
de ses compatriotes à rester sous la domination
du pape. Cette demande, d'abord accueillie, fut
ensuite repoussée, et l'annexion fut prononcée le
14 septembre 1791. Pendant les massacres qui
affligèrent le comtat, d'Olivier s*était réfugié à
Nîmes; il y fut arrêté sous la Terreur et emprisonné
à Orange. Rendu à la liberté après le 9 thermidor,
il devint juge au tribunal d'appel de Ntmes, en
1800, puis conseiller à la cour impériale de cette
ville. Il fut mis à la retraite en 1818. On a de lui :
Principes du droit civil romain; Paris, 1776,
2 vol. in- 80 ; ^ Doctrins juris avilis analysis
philosophica; Rome, 1777, in-4*; — Essai sur
la dernière révolution de Cordre civil en
France ; Londres, 1 780, 3 vol. in*8* ;— Bssai sur
la vertu, ou abrégé de la morale propre à tous
les citoyens; 1783, in- 12; l'auteur y soutient
que la morale est inséparable de la religion; —
De la ré/orme des lois civiles; Paris, 1786,
2 vol. in-8® ; — Essai sur la conciliation des
coutumes françaises; Amsterdam et Parif,
21
643
OLIVIER
644
1787, in-8« : dans cet ouvrage et dans le précé-
dent d'Olivier s'élevait contre les privUégcs et
insistait snr ronirormité des lois dans fout le
royaume; — De la rédaction des lois dans les
monarchies i Anistcrdara (Paris), 1789, 1815,
in.g»; — Nouveau Code civil; 1789, in-8**; —
V Esprit d'Orphée, ou de Cinfluencerespeetive
de la musique^ de la morale, ed de la lé^U"
lation,'en trois études; Ptiris, 1798-1802- 1804,
in-S*; ^ Bssai sur Fart de lu législation ,
suivi d'un Plan abrégé de rédaction d'un
Code civi/;Carpentras et Parfit, 1800,10-12;
3e édit.y très-aogmentéeeC smvied'aAservii^ioMJ
touchant les moyens de réunir les églises
chrétiennes en une seule; ibid., 1815, 10-8*;
— />e la Réforme ultérieure des lois civiles ;
1806, in- 8*; — Lettre d*un ancien magistral
à M, le vicomte de Chateaubriand, ttmckant
Vahus de la représenfaiion nationale; Paris,
1820, in-8* ; — des Mémoires sur des 4|«eBtions
judiciaires; des écrits de droonstanoe, etc.; —
une traduction libre Deli* Origine et délie ré-
gale délia musica, eolta storia del suo pro^
gressOf decadènza et rinovasione, A. L.
Èpiémertêei Httérairu IRmw), t. rXXI, ^ aoAt
17», it et il mai tm — Jourmai des SavanU, iTTï. —
QuéraN, Im Frauc* UUértUre. — BaijaTcl , DUt. MU.
du VoHcluse.
OLiTiER D« pviMAWBL ( Victor-Cp^aque
d'), général anamite, frère du précédent, né à Car-
pentras, en 1767, mort A Hle San-Tago,près Ma-
lacca,en 1800. W fit ses études à Paris, au collège
Loiùs*le-Grand, et entra dans^la marine en 1787,
comme offider volontaire. H 8*embarqua sur la
frégate La Méduse^ commandée par le comte
Gui de Kersaint, qui était chai^ de reconduire
en Codiinchîne le fils de Ngoyen-Anb, roi d*An-
nam, envoyé pour solliciter Ilntervenfion de
la France eo faveur de son père. D'Olivier conçut
le projet d^offrir son épée au monarque anna-
mite. Il s*entenditavec plusieurs jeunes ofRdera,
et tous ensemble pi-ofitèrcnt d*ane reMcbe que
La Méduse fit sur une lie déserte fwnr aban-
donner leur bord. Après beaucoup de dangers,
ils atteignirent Saigon, où iU furent bien aocueitlis
de I^yen et surtout de son ministre, rfaabîle çt
courageux Pigneau de Béhaine, évèqne d'Adran.
Les connaissances étendues que d'Olivier possé-
dait dans les mathématiques furent d'un grand
secours pour son parti : tandis que ses «ama-
ndes disdplinaient les anamites à l'européenne,
il fit élever des fortifications, fondre des canons,
oi^nisa des arsenaux, etc. Nguyen fut si content
de ses services qull le nomma généralissime de
ses armées. H dut à d'Olivier de recouvrer Ta
plus grande partie de son royaume. La faveur
du roi souleva la jalousie des grands de la cour.
Les Angids fiirent loin d'être étrangers A toute
intrigue; ils suscitèrent tant d'ennuis an jeune
Français qull dut donner sa démission. T9guyen
M l'accepta qu'avec un grand regret (1795);
il lui fit cadeau d'un navire bien équipé sur le-
quel d'Olivier fit plusieurs années le commerce
pour son compte dans les mers de rinde et de
la Chine. II résidait d'ordinaire à Macao, et de là
visitait fréquemment l'Ile de France, Pomltchéry,
Seringapatoam et les comptoirs des natiofis en
paix avec la France. Il acquit ainsi une lortone
considérable» et se disposait à venir en jouir dans
sa patrie, lorsqu'il soocomba à une de ce» oia*
ladîes si fréquentes dans les régioiis tropicales.
Il avait à peine trente-trois ass. A. 0c L.
fiar)av«l , Diet. kitt. de f'mubttê,
OLiTiBR ( Guillaume'Antoinê), voyageur et
naturaliste français, né le 19 janvier 175A, aux
Ans, près Toulon, mort le 1*^ octobre 1814, è
Lyon. A dix-sept ans il fut reçu docteur en méde-
due à Montpellier. En 1783, sur la proposition de
Broussonnet, son condisciple, tt fat chargé d'un
important travail snr la statistique de la généra-
lité de Paris; il parcourut les environs de cette
ville, et remit à l'inteadant Bertfaier de Saavigay
diflérents mëmoires sur la «éofeogie, sur les
planles, sur les procédés de culture^ snr les ani-
maux de toutes espèces, tar ia méléorologie» anr
les produits des arts éeoooosiqoes, etc. lies ma-
tériaux de l'ouvrage qu'il préparait snr ce» ma-
tières furent détniits pendaaA la révoiotioii. A
cette époqvK il perdit sa place; l'impceasiMi de
ses ouvrages fut suspendue, et il se tromra à
peu pf^ sans aucuns moyens d'cKistenee. 11 ac-
cepta alors du ministre Roland nue miasiosi dn
gouvernement près ks shah de Perse. A in fin
d'octobre 1792, il quitta Paris m compagnie dn
aatoratiste Braguièfc. Dès tes premiers pas il se
vit abandonné è tuî-méme : après nn long séionr
à Constantinople, il parcourut quelques Iles de
la Grèce, le Httona de l'Asie Mineare, la basse
Egypte, reçut en 1795, avec rangeui néooaaîre»
de neuveltes instructions, et traversa» dans !'<
peeede dix mois, la Syrie, FArabie et la
potamîe. Quant à la Pers^, c'était un pays
par les dissensions civiles au moment •ù OKvicr
y pénétra : « n'arriva è Téhéran qu'après nveir
surmonté mille dîfBoUltés ; mais, doué d'une pcff^
sévérMce imperturbaMe, Il aocemptt IV*iet da
samîBsion, et obtint du premier ministre ka ré-
ponses les plus favorables. Blessé dans aae ren-
contre avec une horde de Kurdes, i kà nbijpéjie
suivre la caravane pour se rendre de Bagdad à
Alep, s'embarqua à Latakieh, et s'oœnpa de caa-
semMer à Constantinople les noanbneoses^ollecp»
lions d'histoire naturelle quTI avait ftirmées sur
sa route. Aprte avoir eo la douleur de voir périr
à AncOue Bmguière, «on eourageun eampagnoii,
il arriva à Pari» en décembre 1798. Homme
membre de l'InstituC (M Janvier 1980), pais
professeur de xoologie à Téoele vétérinaire d' Al-
fort, îl s'occopa de la rédactimi de son voyage,
compléta d'anciens travaux, et reprit avec
deor SCS recherdies enlanKrfegiqoes. W
de la rupture d'nn aoevrîsme. On a de hvz
tomologîe, ou histoire naiureUe *« ««•
coléoptères; Paiis, 17«9t80«r * w.gr-ln-€%
pi. col.; il avait pofcfié M ph» grande psrtie de
645
OLIVIER — OLIVIËRI
«46
cet ouvrage daps V Encyclopédie méthodique;
— Dieiionnaii'e ^histoire naturelle des In-
sectes, papillons^ crustacés, etc ; Paris, 1789-
1825, 7 Tol. et demi, ii^4*, avec 2 toI. de pi. t
les toines II à VI sait d'Olivier; — Toyage
doMs V Empire Ottoman, V Egypte et la Peru;
Parie, 18011807, 6 vol. in-8", oa 3 vol. in-4»
et atias; — plusfeiirs Mémoires sur l'entomo-
log|e« ragriciJlture et la botanique dans ie Jour-
nal de Physique^ les Mémoires de VInstitut,
ceux de la Société d'agriculture, le Journal
€Phis(. nat,f là Feuille du cultivateur, etc. P. L.
CuTier, Éloçes kistoriqueit U. — Silvestre, Motiee tur
C 'A, Olivier i P^rls, 1818, tn-S».
OUTIBB {Théodore)^ mathématicien fran-
çais, né à Lyon, où il est mort, le 5 août 1853.
Ancien élève de TÉcole polytechnique, il en de-
vînt on des répétiteurs, contribua à la fondation
<1eréoole des arts et manufactures, et fut nommé,
en 1839, professeur de géométrie descriptive au
Conservatoire des arts et métiers. On a de loi :
Théorie géométrique des engrenages destinés
à transmettre le mouvement de rotation
entre deux axes situés ou non dans un même
pion; Paris, 1842, in-4*', — Développements
d^géométrie descriptive; Paris, 1843, in- 4*,
avec atlas; — Cours de géométrie descriptive;
Paris. 184&, 2 vol. in-4* et atlas; les Compté'
mentj de cet ouvrage ont paru dans la même
année, in^4* ;^Dela cause du déraillement
des wagons sur Jet courbes des chemins de
fer; Paris, 1846, iB-8% » des articles dans le
DictUmnaire de Vindustrie manufacturière
etdana le/oicr. des ilfa^Aém. de Lion ville. P. L.
homanûte et Boorqnelot, lAUér. franc, contemp.
OUTiBA (mcolas^Théodore)^ prélat fran*
çaû, né le 28 avril 1798, à Paris, mort à Évreui,
le 21 octobre 1854. Issu d'une hoaorable £a-
raille de commerçastSy il fut préparé de bonne
heure à U carrière ecclésiastique sous la diree-
tîoB de ML Bouoher, cuié de Saint-Merry, i4
entra an séminaire de Saint-Sulpice. Ordonné
piètre eo 1822, il alla prêcher une mission dans
W Beauce, et fut ensuite nommé vicaire à Saint-
Denis, puis à Saint-ÉUenne^u Mo^. Nommé
curé de Saini- Pierre de ChaiUot { 2S mars 1827 ),
U revint avec le même titiie à SainWÉtienne-dn*
Mont (17 isnvier 1828), et paesa à la cure de
Saini-Roch (7 lévrier 1833)^ Oans oetie pa-
misée, qu'afliectionnalt la reine Marie- Amélie, il
troav« un vaste champ pour Texercice de sa fer-
"senr pastorale, et parmi ks jMmbreux sermons
qu'il y prononça, on distingua surtout son dis-
cours eo faveur des orphelins du choléra, qui
eut ée «erveilleun résultats. U fut nommé,
le 18 avril iMi, à révèché d'ivrea% et saer^ le
G aoOt suivant à Saint- Rodi par M. Aftre, arche-
vêque de Paris. Les réformes qu'il entreprit à son
arrivé» dans ce diocèse rencontrèrent certaines
résistances, et pendant son épiscopat il eut à
vaincre bien tes obstacles. Fidèle è ses précé-
dents, après avoir fait ««Hpenltre des abus aux-
quels les populations 8(*éta1ent peu à pen accootn*
mées^ il entreprit des travaux apostoliques bien
dignes d*éloges et fonda d'utiles institutions. Outre
de oombrenx prônes, sermons, mandements et
instructions pastorales, disséminés dans divers
recueils, on a de l'abbé Olivier : Oraison fu»
nèbre de M. Vabbé Philippe Jean-Louis DeS'
jardins, docteur de Sorbonne et vicaire gé-
néral de Paris; Paris, 1834, In 8"; — le Ca-
tholique à la sainte Table; Paris et Lyon,
1839, ln-t8; — Délices des âmes q/Jtigées, ou
lettres de consolation tirées des saints P^es;
Paris, 1840 et 1854, in-18; — Concordances
de rapport de la théologie de Bailly avec le
*Code civil, dans ie Traité de la Justice et de$
contrats;— Vn Sermon entre deux histoires;
Paris, 1836, in-i 8. H. F.
moffr. du cterçé eontemp., 1. 1. — L'évique d^Êvreux.
Dtttmméei et M, OUHêTi iUl, fn-i». -^ k,é€ BoucIm,
ÉtM 9€t9ttt ém 4éùe4n â êmrmr, m Imfppndie »éhté
tur M OlivUr: fSif, Ip-S*. - .4. <e Boucloa . HiOoirf
de Mgr Olivier, érêque (FÉvreux; tSSS, tn-li. — Fl»->
quct, Prmnee penliiUxièÊ.
•1.1 vififti ( Piètre- Petoid), architecte et soulp-
teur italien, né à Rome, en 1651, mort en 1699.
On croit qu'il ffit élève de Vignole, et II se mon-
tra digne de hil en donnant les dessins de 6an-
Andrea-della-yatle, l^one des ptuséléfiantes oamif
les églises modernes de Rome. La basM^M dt
Saint-lean-de-Latran doit è Olivferi le «lagni-
fiqne antel dn saint sacrement qu'il exécuta par
ordre de Clément VIII et qull orna de quatre
grandes colonnes antiques de broece doré que
l'on croit provenir du temple de Jupiter Capf*
toNn. L'lnflnence<!u mauvais goOt, qui commen-
çait à dominer de son temps, se feit peut-être
plus sentir dans les sculptures d'OHvIeH que
dans ses compositions aretiitecAnrales ; mais des
qualités réelles rachètent cette taclie dans «es
principaux ouvrages, tels que la statue colossale
de Grégoire Xffl au Capîtole; le lemèeair de
Grégoire Xth Sainte-Françoise Romaine, qu'orne
un tMis-relief estimé , le ffefetir du saint wiége
à Rome en 1877; Saint Antoine, sur le tom-
beau de Sixte Y à Sakite-Marie- Majeure ; une
Adoration des Mogesh Sainte-Pudentienne; et
à ta villa délie YMte près de Sienae, un antre
bas-relief représentant la Mort de César, Une
statue ^ r Amitié sous les traits d'une feune
fille est passée de la rlHa Mnttei au musée du
Louvre. Mort dans toute la ferce de l'Age et du
talent, Olivieri fut enterré à Rome,dans t'égjUM
delà Minerve. K. B^ff.
BagtlMe, rUê tfc* rMori, teuUm-i êd urekUêtH éet
isi» 4f 164t. -» MaMMl . Ds/ert»ion9 4U Borna. -' Tu
coxzi, ^tionario. - Orlaodl, jitbeeedario» — Aona*
guoti, Cenni Uorieth-artUtlet dl Siena. — Barbet île
iouf, Seuiptm^g mêéêrnm 4u idmurÉ.
OLITIRRI (Domenieo), peinire de Téeele
pîémontafee, né è Turin, en 1679, mort en 1766.
On ijsnore le nom de son maître; il étudia prin-
cipalement tes tableaux des petits maîtres fla-
mands, et surtout ceux de Pierre de Laar. Doué
d'un esprK vif et plaisant, il les imita avec une
21.
647
OLIVIERI - OLLIÈRES
perfection qui fit rechercher ses ouvrages ,
nombreux encore aujourd'hui dans les galeries
particulières du Piémont. Il se plaisait à repré-
senter des marchés , des charlatans, des lixes
de paysans , et autres scènes populaires. Il a
peint aussi quelques sujets historiques et reli*
gieux, tels qu'un Miracle, dans la sacristie du
Corpus- Domini de Tarin. E. B — n.
Delta Vatle, Correztoni e çimtte al Foiari, — Lanzi,
StùHa délia PtttMra. — Tlcoztl , Dizionario,
OLiTiERi DBGLi ABRATi (AnnibaU), m-
tiqnaire italien, né le 17 juin 1708, à Pesaro,
mort le 29 septembre 1789, dans la même ville.
Il était d'une ancienne famille, à laquelle appar-
tenait le cardinal Fabio Oltvieri, mort en 1738.
ÉlcTé an collège des Nobles à Bologne, il étudia
ensuite le droit à Pise, fut reçu docteur à Urbio,
et vint en 1727 à Rome, où il suivit entièrement
son penchant pour la numismatique et les anti-
quités. Bien loin d'embrasser l'état ecclésiastique,
comme l'ont prétendu certains auteurs, il se
maria en 1733, et ne quitta plus sa ville natale,
dont il devint le bienfaiteur : il y fonda plusieurs
établissements utiles, et lui légua par testament
sa collection de roéd^iilles et sa bibliotlièque. 11
mit aussi beaucoup de zèle à relever l'académie
de Pesaro, qui le choisit pour secrétaire, il fut en
comnl^rce de lettres avec les papes Benoit XiY
et Clément XIY, et ce dernier lui donna même
le titre honorifique de camérier. Olivieri mourut
à l'âge de quatre-vingt-un ans. On lui éleva
dans sa patrie un magnifique mausolée. Ses
principaux écrits sont : Spiegazione di alcuni
manumenti deçli antieài Petasgi, con al-
eune osservazioni ; Pesaro, 1735, in-4®, trad.
dn français de Louis Bouiiguet; — Mar-
mara PUaureMia notis illustrata; ibid.,
1737, In-fol. fig. : cet ouvrage, un des plus esti-
més de l'auteur, a été analysé et traité avec de
grands éloges dans les Nova acia erudUorum
de Leipzig, 1741;— DisierioMtoni sopra due
medaglie SanniHche, dans le t. II des Mé-
moires de l'Acad. de Cortoneet dans le t XVII
de la Raccolià de Calogerà ; — Diuertazionê
sulla fondaxione di Pesaro; Pesaro, 1767,
in-4*; on trouve à la suite une Lettre à Vabbé
Barthélémy sur les plus andennea médailles
de Rome et de l'Italie; — Comm/entariorum
Cffriaci Aneonitani nova fragmenta, notis il-
lustrata; ibid., 1763. in-fol.; _ Spiega%ione
di una délie antiche basi di marmo, seoperte
dal Domenico Bonamini; ibid., 177I, in-4**;
— Delta %ec€a di Pesaro e délie monete Pe»
saresi de* secoli bassi; Bologne, 1773, in-fol.
fig.; — Mémoire det porto di Pesaro; Pesaro,
1774, ln-4» fig.; — /H son Terenzio martire;
ibid., 1776, in-4*; — Memorie per la storia
délia chiesa Pesarese net Xill Mcofo; ibid.,
1779, în-4'; — Memorie delV uditor Q.-B.
Paueri; ibid., 1780, in-4o; — Délie ftgline
Pesaresi; ibid., 1780, In-i»; — Memorie di
Alessandro Sforza, signore di Pesaro; ibid..
C48
< 1784, in-4*. Ce savant a encore rédigé sur tes
antiquités de son pays natal une foule de disser-
tations et de lettres qui ont été insérées en
grande partie dans les recueils de Calogerà. I>.
F. Marignonl, Etoçio 4i Ann. Olivieri: Pnaro, 1T69.
ln-8». - Laizarinl. Opert, II, ni, - Colucci, JntieMta
Pieene, IV. - VccchlelU, BiblioUea Pieena, I. - nra-
boschl» dans le GiomaU dei Utterati di Modena. —
Nova aeta vmdUorum, 1741. - Tlpaido, Bioçr. degh
ItaliaîUUluHrl, IV.
OLiTiKRi (Augustin), prélat génois, né à
Génçs, en 17&8, mort k Naples, le 10 juin 1834.
Il fit profession chez les PP. de la Mère-de-Dîeu
et enseigna la philosophie à Naples. Le roi Fer-
dinand r' lui confia l'éducation de son fils (de-
puis François I*'). Olivieri suivit les Bourbons
en Sicile, et s'attacha à leur fortune. Il en fut ré-
compentié à leur restauration par Tévèché fit
partibus d'Arethnsa. On a de lui : Fiiosojia
morale, ossia H doveri delV uomo; Gènes,
1828, 2 vol. in-12. A. L.
IfotiMiê Rmnanê, - L'jimi de Im BeligiùH, ano. itSi.
OLiTiBBO (Antoine- François), poète ita-
lien, né à Vienne, vers 1520, mort en 1580. On
sait fort pen de choses sur sa yie. Il remplit
quelques fonctions honorables dans sa ville na-
tale et fut membre des académies de* Costa^i
et de* Secreti. On a de lui un poème épique en
vingt-quatre chants intitulé VAlamanna; Ve-
nise, 1567, in^"*. Ce poème a pour sujet la tic-
toire de Charles-Quint sur la ligue luthérienne
de Schmalcalde. Pour donner des proportions épi-
ques à un sujet contemporain, le poète a recoure
au merveilleux. Il montre le Père étemel mé-
ditant sur les destinées des mortels, et saint
Pierre alarmé des progrès des luthériens, im-
plorant en faveur de l'Église la Justice du Très-
Haut. Dieu promet la victoire à l'emperrnr chef
des catholiques , et envoie à son secours Pro-
noia (la Providence) et Pepromena (la Desti-
née). Après une longue lutte, Tempemir trt<Hn-
phe; la ligue de Schmalcalde est dissoute, et
l'hérésie terrassée, a II n'y avait guère, dit Gin-
guené, qu'un prince à qui ce poème pût plaire :
c'était Philippe II. L'auteur le lui a dédié. La
puissance de ce successeur de Charles- Quint
n'était pa^plus agréable k une grande partie de
l'Europe que la ligue des protestants qui voulait
balancer cette puissance. Ce poème avait donc
contre lui le malheur et la tristesse du sujet, la
pauvreté des inventions, la faiblesse du style; il
n'avait en sa faveur qu'une fort belle édition »
qui est l'unique et qui est devenue rare et chère.
VAlamanna de l'Oliviero est un poème mort-
né. M Z.
A. -G. dl Sadta-Marla*, Bibiiatk«eadi Fieensa, IV. 77-
81. — Deolna, Mémoire tur la poétiê épique, daos le
Rêemelt de rJeadémié de Berfin, an. iTSt, p. U4. -»
Olainené, Hittoire lUtéraire dT liait», u V. p. IM.
OLLi^BBS (Jacques- François o') (1), mi^
sionnaire français, né à Longoyon (dncb^ <le
(1) Tels sont les prenons qu'on tronve ^n* '^
très de la Compagnie de Jésn^; oepMMiant quelques blo-
grapbca l'appeUent Frtmçoi» smOmmi-Uariê,
649
Bar), le 30 novembre 1722, mort à Péking, ]e
24 décembre 1780. 11 fît ses; éludes aa collège
de Luxembourg, et entra, le iS octobre 1742,
dans la Compagnie de Jésus. Après avoir pro-
fessé les humanités dans plusieurs collèges, il
s'embarqua pour la Chine le 7 mars 1758, et
alla s'établir à Péking, où il passa les jours à
évangélLser les infidèles et les nuits à apprendre
la langue do pays. Non content d'annoncer la
foi chrétienne à Péking, il se hasarda plusieurs
fois, malgré la défense expresse de l'empereur,
à quarante ou cinquante lieues de cette capitale.
On a de ce missionnaire la Relation de son
voyage, insérée en très-grande partie dans le
tome XIV, p. 549-563, des Lettres édifiantes et
curieuses écrites des missions étrangères;
Lyon, 1819; — un Catéchisme chinois, imprimé
k Péking, è plus de cinquante mille exemplaires.
Le tome XIII des Lettres édifiantes , p« 306-
311, renferme aussi du P. d'Ollières une lettre
datée de Péking, le 8 octobre 1769, oti il rend
compte de ses difficultés pour apprendre la lan-
gue chinoise et pour se faire entendre des caté-
chumènes qui se montraient peu disposés à em-
brasser la religion chrétienne. H. F.
Catalofti personarmn et qfAciorum provincUe Fran-
eim Sùeieuau Jesu, annto nn et seq. — Feller, Diet.
kist,, éditloo Weisi.
oiA^iriEm {Biaise- Joseph) f constructeur de
Tais»seaux, né à Toulon, en 1701 «mort dans la
même ville, le 20 octobre 1746. Il entra fort jeune
au service de la marine, et débuta dès 1722 par
la construction et le lancement à Toulon du vais-
seau Le Saint-Louis. Nommé sous-constructeur,
il s'embarqua sur le vaisseau V Achille pour
mieux étudier en mer la pratique de son art ; il
à laissé le journal des expériences et des remar-
ques qu'il a faites dans cette campagne. Chargé
de^rorganisation des chantiers de Rochefort, puis
de ceux de Brest, il alla (9 mars 1737) étudier
en Angleterre et en Hollande les modes de cons-
truction de ces deux grandes puissances mari-
times. À son retour il obtint la direction géné-
rale du port de Brest. Ollivier possédait tous
les talents d'un ingénieur civil et militafre de
premier ordre. Il suffit pour s'en convaincre de
citer les nombreux et utiles travaux qu'il fit exé-
cuter à Brest. Il avait beaucoup écrit, beaucoup
dessiné; malheureusement l'incendie du magasin
général du port de Brest (30 janvier 1744)
anéantit ses manuscrits, ses modèles et une mort
prématurée fempécha de rien livrer à l'impres-
sion. Quelques copies , ou fragments d'ouvrages
sont seuls arrivés jusqu'à nous : une lettre sans
date (vers 1745), Sur les Baux armés; — des
Remarques sur la marine des Anglais et des
Hollandais faites sur les lieux en 1737, 292 p.
in-fol. (Bibliothèque de Brest); — fragments
'l'un Dictionnaire de marine y 800 p. in- fol.;
— Traité de construction (fragments); — Mé-
moire sur les bois propres à la construction
des vaisseaux; 16 p. in-4» ; — Projet sur la
OLLIÈRES — OLLIVIEU
650
/orme de Brest, 8 p. in-4*, etc. Le buste de
B.-J. Ollivier orne la salle du Musée maritime de
Brest. A. db L. -
Dtt Malt/ de Gcrtnpy, Traité de la eonstruetion de*
vaisseeuT. — Montoda, Histoire deê Math., L IV, p. 38S.
OLLiTiAR ( Rémi ) , littérateur français , né
le 26 février 1727, à Paris, mort le 25 décembre
1814, à Dijon. Après avoir rempli les fonctions
de secrétaire général des bureaux de la guerre
sous le marchai de Muy, le comte de Saint-
Germain et le prince deMontbarey, il fut nommé
en 1801 commissaire ordonnateur. On a de lui :
VEsprit de V Encyclopédie, ou choix des ar-
ticles les plus curieux de ce grand diction-
naJtre; Paris, 1798-1800, 12 vol. in-8o; l'abbé
Bourlet de Vauxcelles a eu part à cette compi-
lation , publiée sous le voile de l'anonyme et re-
maniée par Henneqnin (Paris, 1822, 15 vol.
in-8*»). P.
Arnaolt, etc., Now>. Dict. de» Contemp.
OLLiTiBR (François -Antoine - Joseph) ,
homme politique et magistrat français, né à Lo
riol (Dauphiné), le 21 juin 1762, mort à AUex,
près Crest (Drôme), le 10 septembre 1839.
Avocat à Grenoble, il assista en 1787 à l'as-
semblée de Yizille d'où, partit en quelque sorte
le signal de la révolution. Il n'accepta aucunes
fonctions publiques jusqu'en l'an iv (1795), où
il fut nommé procureur général syndic près le
directoire de la Drôme. Juge au tribunal civil
de Dié (1800), puis bientôt au tribunal criminel
de Valence, il fut, en 1804, élu au corps légis-
latif, dont il était l'un des secrétaires en 1810.
Nommé en 1811 avocat général près la cour
impériale de Grenoble , il fut appelé à la cour
de cassation (section criminelle) comme con-
seiller, en février 1815. En 1814 il fut plusieurs
fois chargé de rapports sur des projets de toi
importants, tels que la natnralisatton des habi-
tants des départements enlevés à la France;
l'impOt des boissons; la restitution des biens
des émigrés; la réduction du nombre des juges
à la cour de cassation, etc. Réélu en 1820, il
eut encore à rendre compte des projets sur la
circonscription des collèges électoraux et sur
la modification de l'art. 351 du Coded'instiuc-
tion criminelle. En 1827 il exerça quelque temps
les fonctions de censeur. Il prit sa retraite eo
1833. On a de lui des articles dans le Réper-
toire de jurisprudence de Favard de Lan-
glade; des Rapports, des Discours à la cham-
bre; des Opinions sur diverses questions judi-
ciaires, etc. Ollivier et Paul Didier, exécuté
en 1816, à Grenoble, avaient épousé les deux
sœurs. ' A. DE L.
J^otice HographiqHê sur r.-jé.-J.OtUvia' ( Paris, ISM).
OLLiYiBB(/u/e<), antiquaire français, fils
du précédent, né le 24 février 1804, à Valence
( Drôme), mort le 20 avril 1841, à Grenoble. Il
termina à Paris l'étude du droit qu'il avait com-
mencée à Grenoble. Nommé en 1829 substitut à
Largentière, il devint peu de temps après juge
661
OLLIVIER
6$S
ad tribnDal cîtII daValeDce, et petn en 1838,
avec les nêmes fenctioaa» à celui de Gvenoblc.
De bonne keure il prit pour objet de ses tra? aux
rbtstoire du Dauphiné^^ie tonveai il édaircit
arec aataat &e sagselté que d'éraditloa. Il ap-
parteMtt à la Société royale <ks Aati^aairea de
PftMe. On a de loi : Bâtais histûtigim tut la
tfUle 4e Valence , avte des notes ei ées piétés
iumi^aHves; Valence , 1831 , !■-•<»; — muee
sut «n monument /ânéraire eonnm s&us le
mm de pendentïf de Valence ; iMd., 1833, hH8* ;
-^ Basai sur Ver^f^ne oC lu formaiiùn des
dkdectes vul^ires du Dauphinéf Paris,
1830, in-8*; réimpr. en fSMf, ln-4%aTec «ne
âîMograpHie des patois de cette province, par
Colomèda de BaNnes; ^ MésMêre strr tes an^
eiens peuples gui hsi^Uùêent te iertitoire du
département de la DrâMê pendant t occupa-
tion des Gaules par les, Romains ; Valence,
1837, în-8''; — Êeeherches historiques sur le
passade de quelques r0is de Fiance à Va-
lence; Ibid., 1837, ift^4o; ^ (atee Colomb de
Ballnes ) Mélanges biographiques et tiHiogra-
piUques relam à l'histoire Httéraire dn
Daupkiné; iUd., t8«7-1840, In^*; — Notice
sur F.'A^J. OUiVier; 1839. il a encopre édité la
Correspondance littéraire eu fréûdent VaU
konnayt (Paria, 1839, în«f) ei TAnnuairede
f Isère pour 1838. On tronve de lui de nombreux
artidea dans Im France littéraire de Ch. Malo
8t dans la itemas du Dauphéné , dont il dirigea
lapuMlcatîoD de t836è 1839. Il a hissé en ma-
noscrit beaoosnp de BBafériaox pour une Bio»
gmpMe du I>auphiné, sflk devait former 4 vol.
in-8^ p. L.
•. Sami aiailoi'Bdas, Hommus eu Jour, t, i» yarIK
OLuvian {Charles-Prosper)f médecin
iranfais, né le 1 1 octobre 179êi, à Anf^s, mort
le 13 mors iMi^ à Paris. En sortant de i'Éoole
mUilaîrt, il fal nommé toas*iieatanant dans In
jtnne fpcràet et aaaista à la batoille de Hanan.
A la premièTt restanration il quitta le serriee, et
M mit à étudier la médcdne -, ri treiiva dans
Btfcknrd^ sen cocapatriote, un gnide et un ami à
In fois. Rofa docteur en 1823, il se distingna
par dca rechercliei intéressantes sur tes Maia-
diss ée In moelle épinière; pins tard, sons les
anspicns d'OrOb, il aborda la médecine légale,
et fat Booveni appelé à présenter des rapporta
dovant les tribonaux. Doué à\m omp d*œil snb^
tiiet possédant des coanaisunces variées, il j»*
geaitavcc prompHInde, «t révénemeat joatittaU
d'ordiasire ses prévisions. Il siégeait au conseK
de salubrité et à TAcadémie dn médecine. On a
de lui : Traité des maladies de la moelle épi-
niès9i Paris, tS24, in-8*; 3* édH., 1837, 2 toI.
iD-8'' , fig. ; -- Notice sur Bédurd ; Paris, 18)7,
in>8* ; ^ Histoire des bourses muqueuses chet
ehomme; Paris, 1838, in-a**} — Considéra-
tions sur Us morU subites; Paris, 1838, in^;
^ Essai sur le iraiiement de la descente de
tuiérus^ Paria, 1842^ ia-8*. Ce médecin a tra-
duit de IHalien trois oorrages de Scarpa; il a
en part à la publication du Dictionnaire kislO'
rique de la médecine de MM« Ratgé-Delorme
et Dezeimeris, et il a Ikit insérer de nombreux
mémoires de patlioleipe, de chimie et de toxi-
cologie daaa les Archives gén. de médecine,
les Annales (Fhggiène et les Mémoires de
VAcadémie,
Sarral «t •ilift-IMHHf, Biaor. dei ktmmei duj&tir, f,
V Hrt. — SsniHièt, Lu MédeeUu as PtÊfU.
;«LLiviBn (Démosfhène), homme poB-
ti(|ae français, né à Toulon, le 15 février 1799.
Négociant à Marseille, Il i^wcra, jeune eocore,
aux lottes do Toppoaitîen démocrafiqoe contre
le goweraement de la restaorstioD et la monar-
chie de juillet. Il fat dam celle ville Fan des
principaux fondateurs dn car^narisme, et se
trouva en 1815 impRiiné dans nn pvocès poH-
ti'fue <|Bi lat valut une condamuation à six mois
de prison. Anid'armand Carrel,il fonda en 1831
à MarseiUe un journal Intitulé : le Peuple son-
verain, et ptn apfts montra pendant l'inva-
sion du clmlérm un dévouement dont la ville de
MaraeiHe gardera longtemps le souvenir. Aprfcs
la révolattoo de février, M fut nommé représen-
tant des Bouches4a-RhAoe k TAssembléo nous-
tUuante^ où il vota constamment avec la Mon-
tagne. Arrêté lors dn coup d'État du 2 décem-
bre 1851, il fut expulsé de France, et^addta soc-
cessivemeat {^Belgique, Rioe et Floremse.
Son fils aîné. Ollivier (Aristide), né à Mar-
seille, en joln 1814 j suivit la carrière do jour-
nalisme, et poblia daaa le jovmal la Voix du
peuple y de Proodhon , ^fsel^oes artfdea remor-
qoablea sur la prison de Matas et sur les incon-
vénients do système orilulalm* Hédacteur en ch^
dn Suffrage universel , ^outcoA qui s'Imprimait
à Mont()elller, il fot tué en duel dan& cKte vifle,
le 21 juin 1861 , par M. Paol de Ginesfans, un
de seo adversaires poiiti(|oes. H. F.
;«ci.iviBn (Émile-Olivier), homme poK^
tique français, fils de Déroosthène, né * ^larsetltr,
le 2 juillet 1815. Inscrit en 1848 comme avocat
an barreau de Paris, viHe oh K avait failses étu(^,
il devint, le 27 février 1848, commiaiaire général
de la répoMiqne dans les fténches-do-Rbéne et
dans le Vdr, fût nommé, le 8 juin snivanf, pi^fcf
do premier de ces départements, et passa le 10
joillet à la préfoetore de la Haote^Marne, où it
demeura jusqu'en janvier 18é9. Il reprit alors 5a
phico au barreau de Paris, et tTf distfngna dan»
plusieurs procès importants; on remarqua se^
plaidoyera pour madame de Ooerry oMtro la
communauté de Piepos, pour tes étodiants ac-
cusés d'avoir troublé le cours de M. IVrsartf et
pom- tes médecins honwMpathes. Son reftis de
plaider devant le conseil de gperrer de Lyos,
en 1851, dans raffaire Oent M attira one sas-
pension de six mois, et te 3f 4éce\pbtt 1859,
en plaidant devant te Irihunal coim^tfonncf de la
Seine à l'occasion de la «Ksîc d'un Bvre pour
M. Vacherot, il fol oondanmé è trois moi»
659
OLLIVIER — OLOINNAIS
654
dlnterdiction poar s*ê(re, ditlejogernenf^ écarté
du respect dû à la jastice. Dans cette afTaire,
Tordre entier des avocats s'émut et épousa la
caose de M. Ém. Ollivier coirirne la sienne pro-
pre. Une exception d^incon^pétence proposée de-
vant la coor impériale fut rejetée te 12 janvier
1860, et Iç pourvoi sur cet arrêt fut également
rejeté le lO février suivant par la cour de cas-
sation, sur le réquisitoire de M. Dupin. Aux
élections générales de 1857, il a été nommé dé-
puté au corps législatif par la quatrième cir-
conscription électorale de Paris, où il l'emporta
sur MM. Garnier-Pagès et Vavin. Acceptant les
conséquences de ce mandat, If a pris part aus-
sitôt aux discussions les plus importantes, vo-
tant avec la minorité de cette assemblée. On Ta
vu combattre notamment la loi sur la sAreté
générale, sur Tusorpatton des titres de noblesse,
et la politique intérieure du gouvernement. L'un
des principaux fondateurs et collaborateurs de
la Revue pratique de droit français (1856),
H 9 pubKé avec M. Moorlon : Commentaire sur
la toi du 14 avril 1858 portant modification
des. articles du Code deprocéiure civile sur
les saisies immobilières et sur les ordres;
Parie, 1858, in-8°. H. F.
Documents particulUrt.
•LiMO {Joseph-Vincent bel), archéologue
espagnol, né à Yalence, en 1611 , mort le 1 1 août
1696. Dans sa jeunesse il cultiva les lettres et
les mattiématiqQes. H succéda à son père dans
les fonctions de secrétaire du tribunal de Pinqui-
sttioB. Son plus curieux ouvrage est me relation
do grand aifo da fé ou auto gênerai de 1680.
L'intime et imbécile roi d'Espagne Charles II,
qui ne eonservait un peu de force que pour ac-
complir des manifestations d'une superstition
puérile on d'on fanatisme atroce, avait désiré
assister avec sa jeune femme, une princesse
française, ao spectacle d'un auto-da-fé. La fêle
dora ciepuis le 30 juin à sept hetires du nrntin
JQsqu'ao lendemain à neaf heures. Le roi et la
reine ne restèrent pas moins de quatorze heures
à leur baleen. Quatre-vingt-cinq personnes des
plas grandes familles agirent comme/crm? /iarei
(serritears de llnquisition ), et le roi donna de
sa mam le premier fagot pour mettre le feu «u
bAcher. Cent vingt condamnés figurèrent sur Té-
cbafaod, et vingt et un furent livrés aux flammes.
Ohno a rapporté tous les déUils de la fête dans
un petit ln-4» de 308 pages imprimé en 1680,
et que Ticknor appelle « un des livres les phis
remarquables qui puissent être consultés pour
éclairer te caractère et les sentiments de toutes
les classes de la société en Espagne à la fin du
dîx-septièroe siède ». On a encore de lui : Utko-
iogia, o expticacion de las piedras y otras
antiguedades hatladas en las zanjas que se
abrieron para los fundamentos de la eapilla
de I^fuestra iienora de los desemparados ; Va-
lence, 1653, Ib-4«>; — Pfueva deseripeion del
orbe de la tierra ; Yalence, 1681, In-fol. Z
;
Xhoencfl, Bscritorês de yàUncia, — Tidnor, MUtory
of tpannh UttertUure^ t. III, p. isi.
OLM8TCD (£)(7ntfoit), f^vaut américain, né
à kast-Harlfud (État deConnectietit), le 18 juin
1791, nort le 13 mai 1669. Après avoir terminé
ses études à Yale-oollege, il y remplit quelque
temps les fonctions de répétiteor. En 1817, il
fut nommé professeur de chimie à riiaiversifé
de la Caroline dn Nord et occupa sept ans ces
fonctions. 11 fut chargé par la lègisialore de l'É-
tat d'examiner les ressources minérales du pays,
et son rapport mérite une mention spéciale,
comme ayant été le premier de ce genre. U pu-
blia, dans l'itMertcr/n Journal of science^ des
articles remarquables sur les noines d'or de la
Caroline, ei Thuile à éclah^ qu'on peut retirer
de la graine de ooton. £o 1835» il fut appelé 4
la chaire de mathématiques et de physique de
Yaie-college; il en remplit les devoirs jusqu'en
1836, où eut lieu une division d'enseignement. 11
resta ciiargé uniqueflQent de physique et d'as-
tronomie. Ces branches devinrent sa spécialité,
et lui donnèrent occasion de rédiger plusieurs
ouvrages qui eurent beaucoup de succès. Ces
travaux ne l'empêchèrent pas de fournir aux
journaux et am revues littéraires et scientifi-
ques de son temps plosieiirs articles remarqua-
bles, tels que Essais moraux. Biographies, Dit-
cours et Mémoires sur les sciences. Son rapport
sur l'apparition extraordinaire de météores on
bolides, en novembre 1833, attira une grande at-
tention , et donna à son non de la célébrité en
Amérique et en Europe. Ses prmcîpanx écrits
sont : Tkougfois on the Clérical pfùfeuion^
série d'essais; 1817; — Introduction ta Na»
tural phUjosopky ( physique); 1833; — Intro»
duction to Astroncmy; 1839 : ouvrage qu'il re-
fendit et publia sous le titre de Lettres sur
V Astronomie^ adressées à une dame; 1840;
— Rudiments of Natural PhUosophy and
Àslrommiy ; 1843 : livre où la science est expo-
sée avec tant de clarté et de simplicité, qu'il
fut publié en caractères en relief, pour l'usage
d'un asîle d'aveugles dans l'État de Massachu-
setts* et qu'il fut également choisi pour l'ins-
tnicUon des sourds et ranets. Le président
Wooiscy a retracé dtes nn Discours^ publié en
1859, la vie et les services dn professeur (Mm •
sted. On ne peut le placer parmi ces savants dont
le génie en la profonde science a fait de grandes
découvertes; dans le eours des siècles, cette
gloire n'appartient qu'à très peu de noms. Mais
il eut à un degré éminent le talenl de vulgariser
la science, de la rendre accessikde et profitable
pour les esprits carieux et intelligents; et ce
mérite, quelque modeste qu'il paraisse, donne
de justes titres à l'estime et à U réputation. J. G.
CtfetapÊtdia <if Ameriemu liiêratnrê, S toL ta-S*. —
jimerican /élmanacan4 ReposUorn t^f us^l MnùwledçB
for 1860. — New yimerican Bneyctopadia, en fole de
pttbUcaUon.
OLOXKAis (Jean-David Nav, sumoromé l%
tameux flibustier, né aux Sables d'Olonne , en
655
1630, mort aax iles Barou (golfe de Darien),
en 1671. Il a'embarqiia à La Rochelle en 1650,
avec un habitant des Antilles qui Tavait engagé
à son service poor trois années. Ce temps ex-
piré, il passa à Saint-Domingue, et devint bientôt
Tun des plus adroits boucaniers de cette Ile, Il
y vivait libre et tranquille, lorsque, sans raison
plausible, les Espagnols résolurent d'expulser les
xshasseurs étrangers de Tile entière. Après avoir
TU la plus grande partie de ses camarades assas-
sinés, 11 s'enfuit à Tlle de la Tortue, alors au pou-
voir des Français, jurant une haine éternelle à ses
persécuteurs. Il rassembla quelques désespérés
comme lui, et arma un petit bfttiment avec lequel
il fit plusieurs prises sur les Espagnols. Un nau-
frage lui enleva tout. Sa réputation de courage et
d'adresse était telle que de La Place, gouverneur
royal delà Tortue, lui donna un autre navire et
le pressa de reprendre la course. Ce fut alors
qu'il mérita le samom de Fléau des Espagnols,
Partout, en Amérique, on parlait de ses exploits.
Ses expéditions, toujours marquées par des traits
d'une audace inouïe, lui procurèrent les plus
riches prises. Une fois son étoile l'abandonna :
une tempête jeta son vaisseau sur la côte de
Campèche. Les flibustiers gagnèrent le rivage;
mais les Espagnols fondirent sur eux, et en tuè-
rent la pins grande partie. L'Olonnais lui-même
fut blessé. Une ruse lui sauva la vie. Il se bar-
bouilla de sang et se laisst tomber parmi les
morts. Lorsque les vainqueurs furent éloignés,
U se pansa comme il put, prit les habits d'un des
Espagnols restés sur le champ de bataille et
poussa l'audace jusqu'à entrer dans la ville, où
l'on fêtait sa mort. Il trouva le moyen d'y rester
inconnu et de gagner quelques esclaves, qui lui
procurèrent une turque sur laquelle il s'échappa
avec eux, et regagna la Tortue. U ne songea plus
qu'à se venger de la cruauté des Espagnols; mais
comme il était redevenu pauvre, il ne put armer
que deux canots portant ensemble vingt et un
hommes (l ). Il alla croiser devant la Havane, et ne
tarda pas à signaler sa présence. Grand fut l'éton-
nement des Espagnols, qui le croyaient mort; ce-
pendant le gouverneur, don Francisco Davila Oro-
jon y Gaston, envoya contre lui une corvette de
dix canons, montée par quatre-vingts volontaires
recrutés parmi l'élite de la jeunesse havanaise*
Loin d'éviter un combat aussi inégal, L'Olonnais
attaqua la corvette, et s'en empara. Tout ce qui
résistait fut passé au fil de l'épée et le reste jeté à
fond de cale. Un nègre vint se jeter aux pieds de
L'Olonnais, et lui déclara c que Davila Orejon dou-
tait si peu de la victoire qu'il Tavait fait embar-
quer poor servir de IxMirreau et pendre tous les
flibustiers afin d'intimider de telle sorte les Fran-
çais qu'ils n'osassent plus approcher de Cuba ».
A cette révélation L'Olonnais devint furieux : il
fit grâce à l'esclave; mais, ouvrant l'écoutille et
(1) ORimelin, qat s*est hit l'historien des flibottiers fit
partie de celte eip^dltlon en qualité de chirurgtea
(el»p.Vl,p 16SJ.
OLONNAIS 656
faisant monter ses prisonniers l'un après l'autre,
il leur trancha Imnôoême la tête,ne faisant quar-
tier qu'au dernier, pour l'envoyer dire à Da-
vila qu'il avait fait de ses gens ce qu'il avait or-
donné qu'on fit de lui et des siens; qull étut
fort aise que cet ordre vint de sa part, car dé-
sormais il ne ferait grâce à aucun Espagnol ». Le
gouverneur répondit en donnant l'ordre de pen-
dre immédiatement tous les prisonniers fran-
çais qui se trouvaient en Amérique.
L'Olonnais conçut dès lors de plus vastes pro-
jets. Il s'associa avec un ancien officier français,
Basco ( plus connu sous le nom de Michel le
Basque, et fameux par ses actions bardies^lls réu-
nirent quatre cent quarante hommef, et formèrent
une flottille de huit bâtiments bien armés* Ils en-
levèrent au cap de Léogane (côte orientale de
Saint-Domingue ) deux forts bâtiments espagnols
chargés de fusils, de munitions et de 230,000
piastres, et firent ensuite voile vers Maracaibo,
ville au fond d'un grand lac, bien fortifiée et
comptant plus de six mille habitants et huit cent
cinquante hommes de garnison ; elle lut prise et
pillée ( 1 666). Quinze jours après, San-Antonio-de»
Gibraltar eut le même sort, malgré sa position
élevée, à laquelle on ne pouvait parvenir qu'en
franchissant un marais que trois retranchements
garnis de soixante pièces d'artillerie foudroyaient
en tous sens. Le butin de ces deux villes s'éleva
à 1,560,000 écus, sans le produit de la vente
des prisonniers. Les flibustiers dans ces deux
expéditions n'eurent qu'une centaine d'hommes
tant tués que blessés. A leur retour ils firent
bâtir une chapelle dans l'Ile de la Tortue et For-
nèrent des tableaux, des reliques et même des
cloches enlevées aux églises de Maracûlm , al-
liant, sans façon , les idées religieuses avec k
meurtre et le pillage. « L'Olonnais, dit Œxmefin,
après un si grand butin, devoit être satisfait
et penser enfin à une honnête retriûte. » fl
n'en fut rien : sa soif de vengeance n'était pas
éteinte. Il résolut cette fois de dévaster les
côtes de la l)aie de Honduras. Il mit le cap sur
Puerto*Cavallo, qu'il pilla et incendia après
s'être emparé d'un bâtiroent espagnol de vingt-
quatre canons soutenus par doute barges dont la
moindre était aussi forte que le plus grand na-
vire des flibustiers. « Les tourmenta qu'il fit
souffrir à ses prisonniers, dit Œxmelin, sont les
plus cruels qui se puissent imaginer. S'ils ne loi
enseignoient pas le chemin à son gré, oo let en-
droits où les plus riches s'étoient réfugiés, U les
fendoit avec son sabre. <» U alla ensuite attaquer
et prendre San-Pedro, après avoir perdu un cer*
tain nombre des siens dans deux emtmacades et
un oomlNit sous les murs de cette place. Le bn^
tin qu'il y fit était peu considérabte II incendia
San-Pedro, et reprit la mer dans l'intentiov de
s'emparer de la hourqiie, gros navire d^^ept k
huit cents tonneaux et de cinquante^fx canons,
qui venait d'Espagne au Guatemala chaque aa-
née. Il y réussit;. mais son attente fut trompée :
657
OLONiSAIS — OLTMANNS
6S8
le chargement était de pea de valeur pour des
gens qui ne prisaient qa& Tor et l'argent, il pro-
posa alors à ses gens de marcher sur Guatemala.
Cette fois les flibustiers reculèrent : ils n'étaient
qve cinq cents, et sans compter la longueur et la
difficulté du chemin, cette ville contenait plus
Je quatre mille combattants. Ce fut le signal
d'une discorde générale, Pierre Le Picard et Moy se
van Vin quittèrent leur chef, qui resta avec trois
cents des siens, mais sans vivres. Il croisa quel-
que temps sans succès; enfin, son vaisseau fut
brisé près de la petite Ue de Las Perlas. Les
flibustiers construisirent un radeau, et gagnèrent
la presqu'île du Yucalan, où ils demeurèrent dix
mois, vivant de chasse, de pèche et même de'la
culture de la terre. Ils construisirent une grande
barque et gagnèrent la rivière San-Juan ( Deta-
gtiadera ) ; assaillis à la fois par les Espa-
gnols et les Indiens, et la poudre leur manquant,
ils durent se rembarquer avec perte de bedu-
ooap des leurs et sans avoir pu faire de vivres.
Pressés par la faim, ils débarquèrent dans les
bayes Barou; mais les naturels, une dés nations
les plus féroces de l'Amérique ( Indios bravos),
les attaquèrent, et il n'en échappa qu'un petit
nombre. L'01onnais,fait prisonnier, fut haché par
quartiers, rôti et mangé. Telle fut la fin de ce fa-
meux chef qu'on plaindrait s'il n'eût déshonoré sa
valeur par sa cruauté. A. de L.
OExmetin, HUtoif dei jétenturlert fiibtutien, etc..
(Lyon, 1T7*, 8 tqI. to-iS ), t. I. cbap. vi-ix, p. 166-t94;
t 11, cfaap. V(, p. 147. — Rayûal, HUt. pkUotophique des
deux Indes ( Londrei, 17M, 17 toL in-t4); t. IX, p. isif,
•~ Vao Tcnac. HUL çénéraie de la Marine, t. lil, p. S8-
». ^ Du Tertre. HUt. génératt det jénJtUUs habitée*
par le* Français (ie«7, 4 vol. in-4«, U !•'). - Charle-
TO(z« ma. de Saint'Dcminguef t. H. — De Rochcfort.
Hiât. det AntiUe*, etc., Uv. !•' et 11.
OLOBTMB {Jean-Marie n'), hébnûisant fran-
çaisy né à Toulon, dans les premières années do
dix-huitième siècle. C'était un carme déchaussé
de la province d'Avignon, et qui appartenait pro-
bablement k l'ancienne famille TUlia d^Olonnê^
qui subsiste encore à Carpentras. On a de lui :
Lexicon hebraicochaldaico'UUino - biblicum;
Avignon, 1765, 2 vol. in-fol.; let. m, qui avait
été promis, n*a pas été publié. Cet ouvrage, sans
nom d'auleur, a été placé sous les auspices du
cardinal Dominique Passionei. P.
Achard, Dict. de la Provence. — BarJaTcl, DM, Mit,
du Faucluie.
OLSHACSBR {Hermonn)^ théologien alle-
mand, né à Oldeslohe, dans le Holstein, le 21 août
1796, mort le 4 septembre 1839. Il enseigna la
théologie depuis 1821 à l'université deKœnigs-
berg, et dans ses cinq dernières années à £r-
Jangen. On a de lui : Historix ecclesiasticx
veteris monumenta prxcipua, Berlin, 1820-
1M2, 2 vol. in-8** ; — Die yEchtheit der vier
canonuehen Evangelien ( L'anlbenticité des
quatreÉvangiles canoniques) ; Koenigsberg, 1823,
in-8*; —Bibliicher Commentar ûber sdmmt'
lèche Schriften des Neuen Testaments. (Com-
mentaire biblique sur tous les écrits du Nouveau
Testament}; ibid., 1830-1840, 4 vol. in-8°; les
difTérents tomes de cet excellent ouvrage, au-
quel Ëbrard et Wiesenger «goûtèrent encore
trois volumes, furent plusieurs fois publiés à
part; — ApostoHca Svangelii Maithxi origo
dejenditur; Erlangioi, 1 835- 1 837, 3 parties, in-4^';
— Opuscula iheologica ad interpréta tionem
ISovi Tesiamenti] Berlin, 1834, in-8*; — di-
vers autres petits écrits théologiques et exégé-
tiques. o.
CoHvenationt'Lexiion.
l OL8HAiTSB!r(rA^odore), homme politique
allemand, frère du précédent, né à Gluckstadt,
le 19 juin 1802. Après avoir étudié le droit à
Kiel et à léna, il fut en 1824 obligé de s'expa-
trier pour avoir pris part à des démonstrations
contre le gouvernement danois. 11 s^uma en
France et en Suisse, retourna en 1828 dans son
pays, et reçut quelque temps après un emploi
dans l'administration municipale de ta ville de
Kiel. 11 fonda en 1830 un journal , Le Carres^
pondant de Kiel, dans lequel il combattit le
projet du roi Christian VIII d'incorporer le
Holstein dans l'ensemble de la monarchie da-
noise. Député en mars 1848 à Copenhague
pour traiter avec le gouvernement au sujet de
l'indépendance des duchés de SIesvig-Holstein, il
devint, lorsque les négociations eurent échoué,
membre du gouvernement provisoire établi à
Rendsbour^ Quelques mois après il donna sa
démission; élu à la diète d'Itzehoê, il y fut le chef
de la gauche pendant toute la durée de cette
assemblée. En ISâl il se rendit en Amérique, et
se retira à Saint-Louis, où il s'occupe de tra-
vaux scientifiques. On a de lui : Dos âiississipi
Thal^ geographiseh und statistisch be-
schrieben ( Description géographique et statis-
tique de la vallée du Mississipi); Kiel, 18SS-
1855, 2 vol. in-8®; — Geschichte der Mw*
monen (Histoire des Mormons); Gcettingue,
18â6. O.
ConoersatUm* -Lexilton.
OLTMAHRS (Jabbo), géomètre allemand,
naquit le 18 mai 1783, à Wittmnnd, en Ost-
Frise, et mourut à Berlin, le 27 novembre 1833.11
vécut longtemps, tour à tour à Berlin et à Paris,
de Ta vie d'écrivain scientifique; plus tard, il de-
vint maître des comptes des domaines et profes-
seur à Emdem , en 1824 professeur à l'université
de Berlin et membre de l'Académie des sciences
de cette ville. Sa réputation date de la publication
du voyageen Amérique d'Alexandre de Humboldt,
dont il fut le collaborateur pour la partie astrono-
mique; on lui doit les premières tables hypsomé-
triques, toujours reproduites depuis lors dans
l'Annuaire du Bureau des longitudes. Le vo-
lume du voyage de Humboldt, qui est signé par
OItmanns, a pour titre spécial : Recueil des ob»
servations Mtronom., d'opérat. trigon. et de
mesures barométriques ^ faites pendant le
cours d'un voyage aux régions équinoxiales ;
Paris, 1808-1810, in-4'^. Le tableau des positions
659
OLTiMAINNS —
calculées a éié piibUé sëporémoit soas le titre
àQ : Con»peciu$ Ungitutlinum H laiHudi-
num, par decursum «, 1799-1804 aà A. de
iiwnàol(itoàiervai0rvm;Pvi&^ i809.ia-4*.Le
même ouvrage a para en allemaiid, à Paris, et
1 809 à 1 810, e» 2 volumes iii>8*, sous ce titre : Vfh
Ursuebungen ûber die Geogr^ dts Mtw» Coït-
Unenls. Ob a encore (POMmaoos : Niweikfnent
barométrique^ ete.,/Mir 1. de BumMâi^ col*
culépar J OUmanns; Paris, 1809; — Tables
hypsom^triques ; ibid., I809yii^4''. VAnwmùre
metfonemique de Bode, lia Cûvma^swwe des
tempSf la Cerrespemdatttetneneaelle de Zach,
•t les Mémotres de t^Aesdémle de BcrKii coo-
tiemmt an grand aotnbre de méiMircB Impor^
laaU do Même anteur, sur dhrerses ^ueilioos de
géodésie^ d'aStrofMNnieel de séograpinc^ R. R.
Po^gBOdorO, Bi9fr, LiL ammUeérttr&uek,
•LTBRius jiNiGiV8,'«fnpcrear romain m
472. 11 desœndaH de rancienneet iliostrc famille
des Anidns. UvéeotàRMMjo8qfl^eB456, etne
i|uitta cette vileqn'après qu'elle eut été prise et
dévastée par Genséric. U m rendit à Constant!-
nople, et ftil très-bien accueilli à la oour de Fenripe^
reur d'Orient, qui le nomma oonsnl em 464. La
Même année, on même impea pluo tôt,il ëpoosa
Plaeidia, veove de remperevr Valcntimen Ifl, la
même princesse qui avait été captive de Gensé-
ric. Oly brios avait, on ne sait à ifuelle occasion
ni par qvels moyens, gagné la confiance do re*
doutable roi des Vandates. En 472, pemiant les
Ironbles occasiomiés par la querelle de l'emp»
Ror d'Oœldent Aothémius et du tout-p<Msanl
patrice Ricîmer, il fut envoyé en Italie sow pré-
testte d^aller an secours d'Anihémlos ; nnais son
véritable motif était de a'cmpnrer ds l'empire
d'Occident Sa candidatore était fortemcat ap-
puyée par Genséric, et avant son départ il s'é^
tait probablement assuré de la protection de Ri-
cimer. 11 débarqua sans obstacle en Italie, et se
rendit aussitôt à Rome dans le camp du patrice^
qui ie reçut avec les bonneore dus au rang im-
périal. Rkimer était déjà mallre des denx qoar-
tiers situés an ddà du Tibre ( Vatican et Jani-
cnle). GUiban pewe qu'un certain nombre de sé-
nateurs réunis dans ion camp donnèrent une
forme légale à félection d'OlybriosL U viHe, fmt»-
ment attachée au parti d'AnUiéniius et défendue
par un corps d'aoxiKBiresgothSv résista pendant
longtemps an«borreiind'on«iége aggravées parla
peste et la tome. Enfin, «ne faneuse attaque de
RIcimer sur le pont dUadrien ( oa Saint-Ange)
rénstsil, et Rome prise d'amant fut saccagée. Le
palricelttner Antbémius(ll>iinet472). Olybrios
se trouva en possesêion do titre cTemperenr, et
bientél même H eut le pouvoir attaché à cette di-
gnité; car le patrice Ricimer, qui avait réduH quatre
empereurs à n*avoir que l'apparence du pouvoir
suprême, mourot quelques semaines après le
sac fie Rome. Il ne jooK pas longtemps de sa
grandeur, et on ne cite de lui qn'on seul acte, la
nomination de Gundobald, neveu de Ridmer, à
OLYMPUS 660
la dignité de patrice. H moonil de sa mort na-
turelle, le 33 octobre do la même année, trots
mois et douze joursaprès Anthémins, laissant de
sa femme Pladdie nne fille notmnée AiUenne. U
eut pour saccessesr Gfycerius. L. i.
UcflwceMM^ma, Cknm. ^ CsMIbdore, Chram. -
Vlntor. CAron, — Chrm, ÂlêammA. - Cknn. ^atekuli,
* BoBodlui, f^ita EplphauàL — Evagriux 11, M- — Pro-
eopr, ett. ttmd. I, &7. ~ Zonana, vot. I, p. 40. ~ Nat-
fltau, p. M— Mko^, dam te« Exotrptm Ii9«r., v "*• —
niéaplMOC, p. lOt^MIU. (ta Uitfrc^ * i<iMi«Me*, D»
rebut çoihieii. — Gibbon. HUtor$ of dêctint amd JmtX
•/ Boman Empire, c. XXXTI. — Le Beau, Histoire àm
Bu tmrire, I. mXT.
OfliV»PiA«, rdne d^re, vivait dans te
freisième siècle avant J.-C. Elfe était filKs de
Fyrrtws P*, roi dtptre (lue en 272), et elle
épousa non propre frhv Alexandre IL Après la
mort de ce prince, elle fot régente Ai royaume
d^pire pour sesdéox fils,Pyrrhos et Plolémée,
et pour se fortifier contre tes attaques des Éto-
tiens elte donna sa Aie Phtliia en mariage à Dé-
métrius II, roi de Macédoine. Grâce à cette al-
liance, die se maintînt en paisible possession do
pouvoir josqql la majorité de ses fils; elle ré-
signa alors le pouvoir entre les mains de Pyr-
rtins; mafs la mort de ce prince et celle de son
frère Plolémée suivirent de près» et Olympus
moonit de cbagrrn de celie double perte Telle
est la narration de Justin. Suivant un antre ré-
cit, Olympias avait empoiaonné une jeune fille
leocadfemM nommée Tfgriit, qnf était aimée de
Pyrrhus. Celui-ci veng» sa maîtresse en empoi-
sonnant Olympias. Y.
JusUn. XXVni. s. - AtMoée.xm, p; ISf. - BcUa-
ifaM, dans HmIIi:», p. SM.
OLYHriAS, reine de macédoine, UMrle tn 306
avant J.-C, mère d'Afexandre le Grand. Elle
était du de Sièoptolème, roi d Épire, et descen-
dait des anciens rois molosses, qui sa vantaient
de tirer lenr origine d'Achille. Philippe l'avait
vue anx mystères de Saroothrace, oè il était
veau se faire initier en même temps qu'elle. En
356 elle lui donna no fils, qui M Ale&attdre le
Grand. Efie perdit ponrtant l'aaectioR de Pfa«-
tippc, à cause sans doute de l'extrême Tiolenee de
son caractère ; par i'empafteaMnt de ses passions,
par son humeur jalouse^ vindicative et cmelle,
Olympias rappelle ces reines de Perne que Pin-
tarque nous a peintes d'une monière si intéres-
sante , Amestris et Parysatis. Malgré sa pi^ten-
doe généalogie belléniqne, c'était tnen ptatM une
barbare qu'une Grecque. Les feasmes epiiotes ,
eonmie les Thraces , étaient très-adoooécs aux
rites orgiaqnes du colle de Bacdius, qn'cllm
céléhraieat, dans une faronche extase, sur ks
monbignes et dans les forêts désertes. Olympias
était particnièrenaent accessible à «tu sorte
de délire religieox. Elle aimait, raconte-t oo, à
jooer avec des serpents apprivoisés, à pmdre
part à des cérémonies de magie et à de noc-
turnes enchantements. De bonne heure détaché
d'elle, Philippe finit même, à ce qu'il semUe»
par la répudier, après son mariage avec Cleo-
661 OLYMPIAS —
pfttre; cMe se retira alors cbez son frère
Alexandre, roi d'Éfitre , eooduile par soa fils
Aie%aadra, qui avait épovsé sa cause, et à eanse
^(•lle s'était fortement brouillé avec son père.
QnoiquNiae apfMreate réconettiatk» eût rappro-
cHé le père et le fils . ii parait ti*s^pn>l«ble que
Pa*iMimas , Faasasrfn de Htiilippe, fat eacouraiçé
et powisé par Olympias. yépoase aotragée élait
femme k ne recoler deva«t aucone yeageaaee.
AussitM Alrxaadfeasattre du pouToir, Ol^mpias
rentra en Maeédolne, et se Mta de ferire périr
d'onemort croeUe sa rivale Ckéopfttre et le ils,
encore an beicean, qp'eHe venait de donner à
Philippe* Elle ne craignit même pas de rendre
oovertcarient deslionneors fnnèbrea à Pansaniaa»
le menrlrier de son mari. Pendant qu'Alexandre
était en Asie , elle troubla la Macédoine par
ses violents démêlé» avec AnHpatar, régent
d» royaume; tant en n'accueillant pas ses
pIsMleSf Alexandre ne cessa de témoigner à sa
mère une vive affection et un profond respect 11
semMe qne ce fnl avrtout Ol^mpias et ses èmrs
qui aecnsèrent les fils d'Anlipater d'avoir em-
poisonné Alexandre et qui accréditèrent ces bruits
cakxnniein. Aussi Caseandre voua- t^il dès ce mo-
mefrt à Olympias une haine ioiplacaMe. Forcée
par Anfipaterdeseretirerdans fÉpfre, qu'elle goo*
vemaK à titre de récente depois ia mort de son
frtre, arrivée peu de temps après la bataille d'Is-
«wft, elle en revint, après la mort d'Antîpatcr, af-
famée de vengeance, et, malgré les conseils d'En-
mène,ne profita des circonstances que pour mettre
à niort un grand nombre de partisans de son
enneaii, 317 avant J.-C., et pour faire périr deux
des membres survivants de la fiimine d'A*
leiandre, le roi Philippe Arriddée et sa femme
Kiirydice. C'était travailler pour le» généraux.
Olymplas, par ses cruautés s'étant rendue
odieuse i la nation, ne tronva pas de défen-
iewrs qnand, au printemps, Caseandre envahit
la Maeédafaie. Il la Moqua dans Pydna, pisqu'à
ce que la famroe la força de se rendre, sons con-
dition d'avoir la vie sanre. Il ne suffiiwl pas à
Cweandrede tenlrsen ennemie entre ms mains;
il poussa les parents de ceux qu'elle avait fait
périr à l'accuser derant nne assemblée macédo-
nienne, dont il ne fui pas difficile d'obtenir une
condamnation à mori. Mais tels étaient les sen-
tiixireDts de respect presque rHlgienx qirmspi-
rait encore la mère d'Aleian<ire qu'on ne put
trouver, pew exécater la sentence, d'autres
bourreaux qne les fils même des victimes. Elle
mourut avee on courage digne de sa naissance
et de son fils , 30fi av. i.-€. G. Pcnaor.
nuuvqiic, P^Ua jélermndri, — arrtes, JMitatu, t9,
io, vu. 11. .. Jinila,IX, B}XiV. s. - Dtodore de SI*
ctir, XVll; tl; XIX, SI. — Pausanlas, I, 11; |V, U; iX^T.
— Pollen.' rv. Jt. - Etlen, ^<tr /*«., XII, t; XIII, 38.
OLTaiPi«0OfiB, Mstorten grec, né à Thèbes,
en ^jpte, vivait dans le cinquième stècfe après
J.-C. Il alla en tialîe, et obtint la confiance de
la eonr d*Ocddent, qni remploya dans diverses
chex les barbares. Il rendit d^impor-
OLYMPIODORE
66)
tants services, que le sénat romain récompensa
par les phis grands lionneors de fÉlat. Soos
Honorius fl fut envoyé en ambassade auprès
d'Attila. Après la mort d'Hunorrns if passa au
«ervice de la coar de Byzance, et continua sans
doute de remplir des fonctions ifipfomatiques ;
mais il n'est plus cité dans l'histoire. Il composa
on ouvrage en vrngf-denx livres, fiititufél<rro(.txal
X&^9i ( Discovrs famtoriques ), qui contenait l'itia-
toire de l'empire d'Occident soos le règne d'Ho-
norins depuis 407 josqn'en octobre 425. Il com-
mençait son récit an pafnt oA Ennape s'était ar-
rêté. L'cpovre d'Olympiodore est perdue. Pho-
finSy qui en a fait un extrait, dit que le style en
est clair, mais sans force, dtffns, et descendant
& des détails mlgal res indignes de l'histoire. Sui-
vant Photius , l*aoteor lui-même avait la cons-
cience de aa faiblesse, et il ne donnait pas son
livre comme une histoire, mais comme des ma-
tériaux pour l'histoire (<1Xyi 9\rrtçwf9ii), Cet
oovrage était dédié à l'empereur Théodose II.
Photius dft qoXHympiodore était on 'icoiviti/i; ,
c'est-à-dire un alchimiste; assertion que l'on a
contestée,mais qui semble fondée d'après l'examen
des manuscrits grecs alchimiques donné par F.
Hoefer. Il paratf aussi d'après Vextrait de Pho-
tius qn'Olynipiodore était païen. Cetej;fraif a été
pnblié par Phit. Labbeus, dans ses Eelog» histor.
de Reims byzantinis; par Sylburg, dans sa Cot-
lectio teripL hist. rom, tninorum; par André
Schottydans ses Eclogae hUtoricnrum de rebut
byzantinis, niebuhr l'a publié à la suite de
Dexippe etd'Eunape; Bonn, 1829. Y.
Pliotlot, 6'«tf.. su. — Fabdoliis, BiblMheea çrmoa,
vol. X, p. Mt, TM. — F. Hoefer. HUt. de la Oline, t L
OLTHPlODORB, philosophe grec, vivait dans
la première moitié du sixième siècle après J.-C.
Il fut le dernier philosophe de l'école néo-plato-
nicienne. Le peu que Ton sait de sa vie se trouve
dans ses ouvrages. La préférence qu'il montre en
chaque occasion pour Damascius» qu'il place
ntème an-dessns de Produs, fait penser qu'il
était le disciple de ce philoso|rfie. II est probat>le
qu'il professa à Alexandrie. On lit dans son
Commentaire sur le premier Atcibiade que
Platon n'ayant voulu aucon salaire pour ses W-
çons, « ses successeurs ont conservé cet usage
même jusqn'A cette époque, quoiqu'il y ait dé> i
eu beaucoup de confiscations des biens dont l(\>
écoles étaient dotées ». Ce passage atteste qa'0>
lympiodore a écrit son Commeniaire au temps
où Justinien avait commencé la spoliation des
écoles, et avant répoq>je où ce même Jnstlnien,
sous te consulat de Décios, fit fermer toutes les
écoles et même Técole d'Attiènes. Ce mémorable
décret, qui poria le dernier coup à ta philosophie
et i la dvilisaiion anciennes,est de l'année 520,
L'ouvrage d'Olympiodore est donc un peu anté-
rieur à cette date. H faut ajouter qne dans J;-
▼ers passages il parle de Proclna et de Damas-
dus comme encore vivants. Olympiodore dai>s
ses productions se montre on pen!«eur pénétrant^
4563 OLYMPIODORE
concevant avecnetteté et s'expliquant avec clarté.
Il n^est pas original sans doute; car à cette pé-
riode extrême de la philosophie grecqae Ton-
ginalité était h peu près impossible; mais il n'est
pas non plus un simple copiste, bien qu'il suive
de près Damascius. Il est Tinterprète savant et
intelligent de ces philosophes perdus en partie
ou en totalité, Jambliqiie, Syrianus, Damascius,
et il rassemble, outre un grand noml^ de no-
tions historiques et mythologiques, des opinions
qui sont le dernier mot du néo-pratonisme sur
la religion et la philosophie. Considéré en par-
ticulier comme interprète de Platon, il est très-
estimable. Il explique très-bien le plan général
•et l'objet des dialogues de Platon, leur construc-
tion dramatique et les personnages qui y figu-
rent; ses analyses des expressions philosophi-
ques , ses explications verbales , quoique trop
«ubtiles, sont souvent excellentes. A ces divers
titres ses Commentaires oa scholia méritent
d'être étudiés avec soin. On regrette qu'ils lais-
sent beaucoup à désirer pour la forme. Il ne faut
pas oublier que ce ne sont pas des ouvrages
écrits à loisir, mais des leçons rédigées soit par
le professeur lui-même, soit par un de ses élèves,
comme l'indique le titre : IxoXia.... àirà 9«ov9ic
*OXu(jLinoS(dpou xqQ (UyoXov çiXocréçou (Scholies
recueillies de la bouclie du grand philosophe
Oiympiodore ). « Quant à son style, il ne peut
entrer d'aucune manière, dit M. Cousin, en com-
paraison avec celui de Proclus. L'un est cons-
tamment sain, correct, élégant même, et tout
pénétré de l'imitation des auteurs attiques ; il a
même encore quelque chose de l'aisance de l'an-
cienne langue, sans parler du caractère mâle et
élevé que lui communique souvent le génie de
Proclus, tandis que le style d'Oiympiodore , ne
recevant aucune empreinte particulière de l'es-
prit de ce philosophe, est tel que le temps devait
l'avoir fait, incorrect dans les instructions , déjà
iMfbare dans les expressions, et dans l'ensemble
presque sans aucune trace de mouvement et de
vie. 11 est vrai qu'il ne faut pas juger les cahiers
d*un professeur comme un livre destiné au pu-
blic et que l'on soigne davantage; cependant il
est impossible de ne pas reconnaître dans cette
manière lâche et décolorée lé signe de la dé-
crépitude générale de la langue grecque au sixième
siècle ; on sent que le moment n'est pas loin où
la langue ainsi que la civilisation de la Grèce
vont périr à la fols et faire place à un monde
nouveau, qui aura son nouveau langage, comme
ses destinées nouvelles. Mais en général l'époque
où une littérature succombe a cela de bon en-
GC4
core, que l'érudition qui commente, remplaçant
alors en tous genres l'originalité qui produit, ras-
semble, à défaut de richesses qui lui soient pro-
pres, celles des âges écoulés , et conserve ainsi
une foule de choses, qui plus tard donnent un
prix singulier aux monuments de ces siècles
de décadence. » Les ouvrages qui nous restent
d'Oiympiodore sont : un Commentaire êtw le
Phédon : Forster, Fischer et Wy ttenbach en ont
inséré quelques extraits dans les notes des édi-
tions qu'ils ont données de ce dialogue; Sainte-
Croix a essayé de le faire connaître dans le
Magasin Encyclopédique de Millin.t I, 3* an-
née; Mustorides et Schinas en ont publié de nou-
veaux fragments dans leur ZvXXoyio 'fXkt^%Sn
àvexddrcdv; Venise, 1817 ; enfin, M. Ffock l'a
publié en entier; Heilbronn, 1847, in-8*; — oo
Commentaire sur le Gorgias, encore inédit, à
l'exception de l'introduction que Routh a publiée
à la suite de son édition du Crorgias d'après l'ex-
cellent manuscrit de la Bibliothèque impériale de
Paris, n* 1822. M. Cousin en a analysé use
partie dans ses Nouveaux Fragments philoso-
phiques ; — un Commentaire sur le PhUèbi,
que Stalbaum a publié à la suite de son édition
du Philèbe ; Leipzig, 1821 ; — un Commentairt
sur le premier Alcibiade, puUié par Creuzer
avec le Commentaire de Proclus sur le mêsoe
dialogue; Francfort, 1820, in-8®; — une Vie de
Platon, publiée dans l'édition deDiog^ Laeice
de Wetstein ,1692, d'après les papiers tle Ca-
saubon ; réimprimée par Etwall, dans son édition
de trois dialogues de Platon, Londres, 1771;
par Pisdier, dans son édition de quelques dialo-
gues de Platon, Leipzig, 1783 ; dans les Biôrfpa-
çot de Westermann, Brunswick, 1845; et i la
suite de Diogène Laerce (édit. Didot); — oa
écrit contre Strabon le péripatétlcien à la hibàt^
thèque royale de Munich ( CataLcod, Bibl. reç,
Bav.f t. II, p. 528); — le catalogue de la bi-
bliothèque de Leyde mentionne un écrit d'Oiym-
piodore sur l'état de l'âme séparée du corps, et
on autre, intitulé Problèmes sur le mythe; ~
Lambecus, dans son catalogue de la bibliothèqoe
de Vienne, cite des Prolégomènes d'Oiympio-
dore sur toute la philosophie de Platon ( cod. ^7,
n^ 3). Le catalogue des manuscrits grecs de la
Bibliothèque impériale de Paris fait mention, soos
le n* 2016, d'un Commentotr6 d'Olympiddoie
sur le second Alcibiade ; mais c'est une erreor,
le manuscrit indiqué contient le Commentaire
sur le premier Alcibiade, dont il a été question
plus haut L. JF.
Fabrlclut, BtblMheea gr^ca^ p. 6S1. «- Cousla, Ho»-
veoMx fraametdtphilotopMqut» pour servir à tMs^re
de ta philosophie ancienne. - Diettonnaire éa $eieneti
philosophiquei.
OLYSIPIODOBB, philosophe grec, vivait vers
le milieu do sixième siècle avant J.-C. Lni-mêne
nous apprend qu'il résidait à Alexandrie, et il
mentionne la comète qui apparut dans la 28 1* an-
née de l'ère de Dioclélien (565 après J.-C). Il
appartenait à l'école aristotélicienne , et il com-
posa un Commentaire, qui existe encore, sur les
Météorologiques d'Aristote. Cet ouvrage e^t di-
visé en irpa^K, ou leçons ; ce qui semble attester
que le péripatétisroe continua d'être enseigpé i
Alexandrie même après l'extinction de l'école
néo-platonicienne. Comme Simplidas auquel il
est fort inférieur, il essaya de réconcilier Platon
avec Aristote. Il parle de Proclus avec admira-
665
OLYMPIODORE
tion et l'appelle le divin ( 6 Oeloc ) ; mais sa prin-
cipale aotonté est Arntnoiiius. Son Commentaire
fut publié par les (ils d'Aide; Venise, là51.
Tl ne faut pas confondre cet Olympiodore avec
un philosophe péripatéticien qui vivait dans le
siècle précédent, et qui fut le profëssear de Pro-
dus (Marinus, VHa ihocli, c. 9.) Y.
Suida*, au mot 'OXufiiciô&upoc, — Fattrldos» BUtlio-
ikêta graeea^ voL X, p tm.
0LTMP10STHB!fB ( '0>upiinoo6tVT); }, SCUlp-
teur grec, vivait dans le quatrième siècle avant
J.-C. On ne sait rien de sa vie; on ignore même
quel était son pays. 11 fit trois des statues de
Muses placées sur le mont Hélicon ; les six autres
forent faites par Céphisodote et Strongyllon. Ces
trois artistes étaient sans doute contemporains,
et Ton a des raisons de croire que Strongylion
vivait du temps de Praxitèle; c*est d'après ^cette
double conjecture que Ton place Olyropiosthène
vers 370 avant J.-C. Y.
Piusanlâs, IX, SD.
OLTMprs, célèbre musicien phrygien, un des
créateurs de la musique grecque, vivait dans le
septième siècle avant J.«C. Il appartenait à une
famille de musiciens qui prétendait descendre
d*an Olympus beaucoup plus ancien, et avec le-
quel 00 Ta quelquefois confondu. Ce premier
Olympus est, comme Hyagnis et Marsyas, un des
rpprésf'ntants mythiques de la lutte de la mu-
sique aulétique (flûte) des Phrygiens et de la
musique citharé<fique (lyre) des Grecs. On lui
attribuait, comme aux deux autres musiciens, Tin-
vention de la ilAte. Les traditions contradictoires
à son sujet le représentaient quelquefois comme
le père, quelquefois comme le fils ou le disciple
favori de Marsyas. On racontait aussi qu'il était
natif de Mysie et qu'il avait vécu avant la guerre
de^Troie. On lui attribuait des nomes sur les
dieux (v6(ioi tlç toùç Oeovç) ; c'étaient de vieilles
mélodies dont on ne connaissait pas l'origine et
qoe Ton avait appropriées au culte de certaines
divinités. Dans les œuvres d'art, il est souvent
représenté comme un enfant qui reçoit les leçons
de Marsyas ou qui assiste à sa mort tragique
et la déplore. Il serait au moins inutile de dis-
cuter si cet Olympus mythique a réellement existé.
Mais une question plus curieuse, quoique à peu
près insoluble, c'est si les légendes qui le con-
cernent remontent plus hant que l'Olympus his-
torique, ou si elles se formèrent à son sujet.
Ot. Millier suppose qu'il y avait une famille de
joueurs de flûte qui prétendaient descendre du
mythique 01ympu.')| et qui participaient aux fêtes
de la mère des dieux. Le personnage historique
du même nom était l'un des membres de cette
famille. Plutarque le place à la tête de la mu-
sique aulétique, comme Terpandre était placé à
la tête de la musique cithar^iqne, et même, eu
égard à ses inventions artistiques, il lui assigne,
de préférence à Terpandre, Thonneur d'avoir créé
la musique grecque (*pxtîYiç -rijc 'EXXïjvix^; xal
MXiJc iMuoixiic ). La date de sa vie est incertaine.
— OLZOFSKl 6€e
Suidas le met sous le roi Midas, fils de Gordius,
indication inutile, car Midas est le nom de tous
les rois phrygiens jusqu'au temps de Crésus.
Ot. Mûller le place pour des raisons satisfaisautes
après Terpandre et avant Thaletas , c'est-à-dire
entre la 30^ et la 40* olymp. ( 660-620 avant J.-C).
Qnoiquoi Phrygien d'origme, il doit être compté
parmi les musiciens grecs, car, d'après tous les
récits, il traita des sujets grecs, exerça son art
en Grèce, et eut pour disciples des Grecs tels
que Cratès et Hierax. 11 naturalisa en Grèce la
musique de la flûte, et comme cette musique était
bien plus variée que celle de la lyre, on attribua
à Olympus beaucoup d'inventions ; la plus célè-
bre était le système musical que l'onappelaf n^ar-
monique,Des modes particuliers qu'on lui attri*
bue le plus important était le mode armaùien
(à^yÂxtoç vô{io;), modulation plaintive et pas-
sionnée, dont un passage de VOresle d'Euripide
peut donner une idée. On dit anssi qu'il chanta,
à Delphes, la mort de Python, sur la flûte dans
le style lydien. Aristophane mentionne encore
sous le nom d'Olympus un mode plaintif sur plu-
sieurs flûtes. Il n'est pas probable que la musi-
que d'Olympus fût toute plaintive, et son nome
en l'honneur d'Athénée devait avoir nn caractère
différent. Quelques anciens écrivains lui attrilHient*
le nome orlhien, qu'Hérodote rapporte à Arion.
Olympus ne fut pas moins inventeur dans le
rhythme que dans la musique. Aux deux espèces
existantes de rhythme Végal ((aov), dans lequel
Varsis et la thesis sont égales, comme dans le
dactyle et l'anapeste, et le double (8iic).iatov),
dans lequel l'arsis a deux fois la longueur de la
thesis (comme l'iamhe et le trochée) , il en ajouta
nn troisième l'i^t&iôXov (le plus grand de moitié),
dans lequel la longueur de l'arsis est égale à
deux syllabes courtes, et cellede la thesis à trois^
comme dans le pied crétique (-^v^-), le péon
(luvAj ), et le pied bachique {^^), 11 n'est fait
mention d'aucun poème composé par Olympus;
mais comme l'ancienne musique était toujours
liée à la poésie, il est probable qu'il ne composa
pas de musique sans paroles. Sans entrer dans
la discussion de cette question difficile , il est
permis d'affirmer que si des paroles furent ori-
ginairement attachées à sa musique, elles furent
remplacées par les compositions de poètes pos-
térieurs. Dos poètes lyriques qui adaptèrent leurs
compositions aux nomes d'Olympus, le principal
était Stésichore d'Himère. Y.
Plutarqap,d«Jirii(<ra.-> MBIlcr, Htstory ofçreek lUe-
raitire. — Ulriet, Cefchlehte der heUenlsehen Diehtkmitt.
— Bode, CetrMehte der helleniscken DieMJtuntt. —
RAtehl, dans \'BftqfciOpd4te d'Bracti et Graber. — Smith,
DtctUmofTf ùfffreekmnd roman bioçrapfip.
OLZorsKi (André), prélat polonais, né vers
1618, mort en 1678, à Dantzig. Issu d'une an-
cienne famille, il fit ses études à Kalisch et à
Varsovie, fit un voyage en Italie et reçut à Rome
le diplôme de docteur en droit. Étant venu en*
suite en France, il eut zçfiès dans la maison de
la princesse Louise-Marie de Gonzague, qui de-
667 OLZOFSKl
Tait btentdl épooser ¥riadL<la3 TU, roi île Polo-
gne. De retour dans «m pays, il devint ciunoine
(le la cathédrale de Giiesne. Appelé à h ooor, il
y fut diargé de conduire plusieurs affaires im-
portantes et de rédiger toutes les expéditions qo«
Ton devait écrire eu latin , langue dans laquelle
il s'exprimait ayec autant d'élégance que âm fa-
dHté. A la mort de Wladlslas ( 1648), il encourut
la disgrâce de ia reine pour s^être opposé an des-
sein qu'elle avait d'appeler au trône un prince
français ; mais il n*en fut ])as moins életé à le
double dignité d*évéque de Cnlan et de vice-
diancelier de la couronne. En 1657, H avait
rofiine assisté en qualité d'ambassadeur à l'élec-
tion de l'empereur Léopold I". fl ne négligea
rien pour dissuader Jean-Casimir de son projet
tralxlication ( 1667), et écrivit un pamphlet vio-
lent intitulé : Censura candidafwum , di-
rigé surtout contre te fils du tzar Aïeuls 1".
T^ri;qu*â la suite d'un interrègne de deux ans
Michel Koributb eut été choisi pour roi, Olaofski
80 rendit à Vienne pour y négocier le mariage
de ce prince avec Éléonore d'Autriche, sorar de
l'empereur Léopold t", et obtint la charge de
grand -chancelier, une des pins imporlantea de
l'État. En 1674, il eut beaucoup de part à Félec-
tion de. Sobieski , qui le nomma arclievéqae de
Gnesnc et primat de ta Polegne. Il mourut à
Dantzig, où l'avait ap|)elé le soin de régler les
différends qui s^étaient élevés entre le aéntt et le
peuple de cette tHIo. On a de tul des écrits poli-
tiques, et nn ouvrage, auquel il ne mit pas son
nom (Stnguiaria furis patrontUus regni Piy
Ionise)^ pour fdire eonnattre le droit que les rots
de Pologne avaient de nommer aux abbayes. K.
Ungnich, Polniteke Biàtêotkek, t
;;oHALius D'BALLOT {Jean- Baptiste-
Julien D*), géologue belge, né à Liège, le 16
février 1783, est petH-nevea du jurisconsulte
Omallus. Maire de Skenvre en 1807, et de Brai-
bant en 1611, il fut nommé, à la création dv
royaume des Pays-Bas, sons-Hitendant de l'ar-
rondissement de Dînant, secrétaire général de
la province de Liège, piris en 18 15 gouverneur
de ta province de Ifamur, et plus tard conseiller
d'État. Il est entré en 1848 au sénat, dont il est
\ice* président dépôts plusieurs années. Entraîné
par un penchant irrésfstîMe vers l'étude des
sciences naturelles, il arralt inséré <tè» 1806 dans
le Jortmal des Mnes une Description géolo^
gique des pays situés entre le Pas-de-Calais
et le ithin, qui fut si remarquée des savants ,
que le baron Coquebert de Mootbret, alors di-
rectcul de la statiatique as miniilère de l'inté-
rieur, engagea Tauteor à entreprendre un sem-
blable travail fionr les autres parties de l'emph^
français. M. d^Omatios est membre de ^Académie
royale de Belgique, et correspondant de l'Insti-
tut royal des Pays-Bas et de l'Académie des
sdenees de France. Parmi ses autres ouvrages
nous dterpns : Mémoiêes pour servir à ta des-
cription géologique des Pays-Bas, de la
— OMAR
668
France et de quelques contrées voisUies ; Ra-
raur, 18t8, in- 8*, réunion de mémoires foor*
nis à des recneils sdentifiques français ; — Élé-
ments de géologie ; Paris, 1831, ^1-8" ; 3^ édlt,
fioua le titre ^Éléments de géologie ^ ou se-
conde partie des Éléments d*Mstoire natu-
relle inorganique; Paris, 1839, in-8*; — In-
troduction à la géologie f ou première partie
desÉlémentsd histoire naturelle inorganiquet
contenant des notions d'astronomie, de mé-
téorologie et de minéralogie ; Parie, 1833,
in-h" ;~ Notions élémentaires de statistiqiu;
Paris, 1840, in-8" ; — Des roches conMérées
minéraBogiquement ; Paris, 1641, in-S*; —
Coup d'oeil sur la géologie de la Belgique;
Bnixdies, 1842, in-8» ; — Précis élémentatrs
de géologie; Paris, 1843, fn-8*; — Abrégé de
géologie; Bruxdies, 1853, in- 12; — de nouk
breux travaux dans les Mémoires de la Socitté
géologique de France, le Journal des BHnes,
le Journal de physique, les Annales des
Mines, et les Bulletins de VAeadémie royak
de Belgique. Il a extraH de ee dernier recoefl :
Des races humaines, ou éléments d'etknogr^
/lAie; Paris, 1645, iB<6''; nouT.édit., Bruxelles,
1850, in-12. E. RiiOMAao.
BMiOffrapkie oeaMmS^uêi Bmello, ISSS, HMt. *
servir é la dneriptitm geolaçifue d4s Paf»-êm$^ de. -
ÊjB iJvre ê'or de forân de iAvpolà, — DocommU 9«^
Uetdierà.
OMAR 1*^ ( Ahou-ffafssah Ibn-at-Khaitaà),
successeur d'Abou-Bekr et seeond ktialife des
musulmans, né vers Ml , ré^n depuis 634 jnsqu'a
644 . 11 appartenait k la tribu des Benoo-Adietétait
coosm au troisième degré d'Abdallali , père de
Mahomet Les événements de sa ^ie antérieurs
à sa conversion à llslaraisme spot peu eooaus
et ont été amplifiés par la légende. Corosne
le grand apètre dirétien saint Paul, il eonmeaça
par perséenter la fol dont il devait être le pl«
ardent propagateur. On raconte qu'te retcior
d'une expédition qui rayait retenu pinstenrs an-
nées dans l'Yéraen, il apprit les prédications de
Mahomet, et jnra de tner rinfidèle qui outrageait
les dieux de la Caaba. Il se rendR d*abonl cbet
sa sœur Amena , nonrellement convertie, et la
trouva lisant les chapitres do Coran féeemment
révélés. Transporté de fureur. Il la frappa de son
sabre et lut fit une légère blesaure. La vue dn
sang lui rendit un peu de calme ; il demanda les
tablettes que tenait la jeune femme. A pcsne les
ent-H lues qu'une révolution complète se lit dans
son esprit. Il s'informa de b demeure de Maho-
met; on hti dft que pour se soustraire aax per-
sécutions des koréischites il s'était retk^ avec
quelques fidèles au cbâteau de la Safa. Il y cou-
rut, et demanda à entrer. Les amie du prepWi»
voulaient refuser ; mais Mahomet s'avança v«^
la grande porte, l'ouvrit, et se présenta siwl Vi-
vant Omar. Geiui-d, étonné, restait ftnmtiWle.
« Fils de Kettab, lui dfl Mahomet, a?.tu le d^>
sdn de rester sous ce portique jusqu'à m v"
«69
OMAR
i70
te toaée sur la tète ? — Je viens, rf^pon^it Omar,
eraire en Dieu et ea soo prophète. » Maiionet
lui préseata la mais en disant : « Dieu eâlgraod ».
Celte oonversioB miraeuleuse coavenait bien h
l*iaél>ranlabie cro^fantipii, aprèe avoir assisté à
la Mort de Mahomet, s'écriait qu'il ferait sauter
la tèle de quicoDqae osenût Mk que le profiièke
était mortel.
Depuis sa ceavenieft, qnei'oa place vers 61 S,
Omar fut «a des partisaoB les plus défvwiés et
les plus utiles 4e Mahomet ; il l'acoorapagna dans
toutes ses e%péditi«ns militaires, ei contribua
iN^ueoup à ses aoooès. Après ïà moii du pr»-
ptièie (^2) , il fil désigner pMir lui succéder
Aèou-Bekr, et Ait Ae hnjeà ou prindpal nintstne
du preaater isbalileu L'oniTre de Mahomet, me-
ttioée par lUndifVëreoce et les diafieiwieas des
ra«iMilmMs, semblait près de s'écrouler. Ahou*
Bekr, saivast ks eonsfàls d*Ofnar, la raflermit en
oomprimant les inécoatesls et eo lançant oanlfie
les en^tces raisins de Bycance ait régnait llé-
raditts, «t de la iVerse, affsiblie par sa lutte
centre les Grecs, les Arabes que les prédicar
tioBS du prophète avaient mis en mouvement
Lorsque «aanrwt, aprèsdeux ans de règne, il dé-
signa non baiel) paar kâ succéder. Omar eom*
mnaça «onadmimatcation par enlever le eomasan*
dément des arméos de Syrie au célfh» Kbaied
Ihs-WaM, sanommé l'Épéede fMetf, qniparsa
rapacité et sa cmaulé envers les laincus com-
prooelUit la caase de IMamisme; il le rempàaça
par Abou-Obéidad, brave i9énéral,qiii s'était
distingué dans les guerses contre les Gnos. Kfaa-
led «e oenlanlade la seconde plaoe,et pounnsvit
avec te nouveau général ia eou^éÂt de la Syrie.
Damas, lacapitaleiie cettegnande provinee, tomba
an pouvoir des Aiabes dans le mois de pedjeb de
la quatorzième année de l'hégire (aont-aeptem-
bre 635) (1). Après la prise de Danans les Arabes
s'ensparëmnt <fCasèse, flanab, et Kimesrin;
is remportèrent, en 636, sur les Grecs la victoire
Récidive de Yennaok. Un mois après ta débile
des soiddts dlléraclibs, Obéida reçat l'ordre
d'assiéger Jérasalera. Deux généraux «xpéri-
meoléa, Ampao et Snrjilyforent cbai|^ det'expé-
ditioo. La ville se défendit vaillamment, et ne se
ceadit qn'è ia condition qn'Omar hiinnéme vien»
dralt recevoir ta capitulation. Le khaMe y con-
sentit, et partit en toute liftte. L'historien Tabari
raconle ainsi le voyage d'Omar. « il montait un
chameau de oo^feur sombre et se couvrait d'un
vieux vêtement usé; il portait avec lu! « dans
danx sacs, ses pravisioas , eonsiatant en Iroils
secs, «rge, riz, Troment bonitli, et de phis une
outre pleine d'eau. Chaque fois qu^fl s'arrêtait
poar faire nn Mpaa, il permettait b coêk qui l'i
H) Ha» adopiMW ftmr U ^rtte Se BamMl»aale dVl-
OMln, ff«ni«i« la piiu probaUe, Èàem faVlfe «e i*aec«rtf«
p»« awe l'katCTtltto ^quelqttM Matortem ortniMx, f<a
prétendant «ae Daaaa bit priae le >our dm la iiiort4*A*
baa-acfcr taoâSStl). U caocardaMe ave féii a «auto
étaMir entre ces 4eBi événemeaU aoat penlt Ngeii-
oompagnatent d^ prendre part, et mangerit avec
eux an même plat de bois ; s'il prenait du repos,
U terre était sa couche. Sar sa route il rendit
JQstice à tous ceux qui s'adressèrent à lui; dans
plasieors«freonsta&cesil eorrîi^ea le reLàehement
des mœnrs , el réforma des abus, particulière-
ment parmi les nouveaax convertis, abolissant
anssi certaines liabilodes de Inxe qm s'étaient
introduites parmi les «usalmaBS, tek que de
beire d« vin, de porter des habits de soie.....
A son arrivée an «amp il ordonna de saisir et
de Iratner dans la booedes mu«iilmans qui, con-
trairement à se*; ordres, s'étaient vêlas de toni-'
ques de «oie enlevéï^s aux Grecs. » Une courte
conlérence eotre Sopbronins, patriardie de Jéru-
salem, et ie khatife suffit pour arrêter les termes
de la capitulation , et les clefs de la vHle sainte
furent remises À Omar. On trsuvo dans les his-
toriens orientaux , et d'après eux 4ans Le Bean
et dans les Minet d'Orient^ t. V, cette célèbre
fapituialion; on en a eonteslé t^thenticilé, et
qoelqoes détails en sont évidemment apocryphes;
mais comme elle est en général eonlsrrae à la
réaKIé, et qn'eNe servit de modèle aux mmid-
mans an sniel des villes conquises sur les chré-
tiens, nous en rapporterons les principaux ar-
ticles. « Les habitants consewennl la vie et les
biens; ils anrast seuls U joaissanee de leurs
églises ; amis ds n'ea bfttinmt pas de aonveUes;
86 n'y élèfveronl pas de «roix à rcUérIsur, 4à
l'entrée en eera permise nuit et jour aax masal»
mans ; Us ae aoaaeront point les doebas el se
eonlenÉeront de les tinter; an ae les fomra pas
d'easeîgBer le Ooraa à lears eaibnts, mais ils aa
dMrcheroat pas à faire des prosélytes païasi les
musulmans : ils leur témoigneront du respect,
leur céderoat parlout le pas , et porteront des
tarbans, des cfaaussuras et des noms diflerenis.
Ils iront à cheval sans sdle et sans armes, ae
quitteront |aroais leurs ceialunes , ae vendront
point de vin, reoonnnltront le fcludife poar son-
Teraia , et lui payeront tribut. » Omar fit son
entrée triomphante dans Jérusalem vers le miiien
de U seizième aanée de Ptiégine (637). M visita en
compagnie du patriarche fégUae de la Résurrec-
tbn et fit ses prières sous le portique de t'égfisa
de Constantin; il se rendit ensnite è Bsthléem,
entra dans l'église bâtie sar le lieu même oà étaM
né le Sauveur, et y lit sa prière. De setoor à
lérnsslem , il ordonna de bAtir une magni-
Oqae mosquée sur Templacemeaft du temple de
Saiomoa. Ces pieusesoocapatîons, sieonveoaMes
aa chef des croyants, ne lui firent pas ouMier les
soins de ^administration et de la guerre. La
prise de Jérusalem fat snirie de !a réduction des
principales villes de Palestine , tandis que Kha-
jed et Attra-Obéidad se rendaient maîtres de
Laodîcée, Antiûcbe,AlepetBalbek.
Omar, mattre de la Si^rie , se prépara à envahir
la Perse, alors gouvernée par Yzdejerd. Les
succès des Arabes Tarent rapides. Saad Ibn^Abi
\Vakkas, leur chef» passa i'Ëêphrate, défit è Kn*
671
OMAR
672
derizzah l'armée persane commandée par Riis-
tain, et occupa Bahr-Thir, quartier occidental de
Maciayin, l*ancienneCtésiplion. L'année suivante,
638, les Arabes fondèrent la Tille de Koiifati
(Bas$ora),près deTËuplirate, Tranchirent le Tigre
et s'emparèrent de Ctésiphon, conquête qui an-
nonçait la fin de l'empire perse. Si l'empire
byzantin échappa à une ruine complète, Il subit
d'énormes démembrements. Après la Syrie, l'E-
gypte eut son tour. Amroa se jeta avec quelques
milliers de Sarrasins sur cette grande province,
qui fut déplorablement défendue par les lieute-
nants d'Héraclius. Un pays qui comptait plus de
six millions d'habitants ne coûta pas un combat.
Amrou n'eut qu'à faire deux sièges, celui de
Misr (639) et celui d'Alexandrie. Cette ville fut
prise le 22 décembre 640, et un butin immense
tomba entre les mains des vainqueurs. En gé-
néral les Arabes se conduisirent avec modération
(voy. Amhod) et ne commirent pas de dégâts
inutiles. Sur un seul point ils firent au fanatisme
religieux un sacrifice qui a laissé sur le nom
d'Omar une tache ineffaçable. Alexandrie pos-
sédait une bibliothèque, non pas la fameuse bi-
bliotbèqne des Lagides, détruite pendant lagoerre
d'Alexandrie sous Jules César, mais un dépôt de
livres formé dans le Sérapéon, et qui passe pour
avoir été aussi riche que le précédent. Les chré-
tiens, qui détruisirent le Sérapéon sous Théo-
dose, n'épargnèrent pas» les livres. Cependant ils
ne brûlèrent pas tous les volumes, et il en resta
de quoi reconstituer une bibliothèque dont il est
impossible aujourd'hui d'apprécier la composi-
tion et la richesse. Les œuvres de l'antiquité
païenne s'y trouvaient-elles en majorité, ou était-
elle composée en grande pariie des ouvrages des
Pères de l'Église et des théologiens grecs? Qn
l'ignore ; mais il nous paraît certain qu'il exis-
tait à Alexandrie tin dépôt de livres, et que ce
dépôt fut détroit par les Arabes. Aboulfaradge
rapporte qu'Amrou écrivit au khalife ponr savoir
ce qu'il devait faire de la bibliothèque. Omar lui
répondit : « Tu me parles de livres : s'ils ne con-
tiennent que ce qui est déjà dans le livre de
Dieu, ils sont inutiles; s'ils ne s'accordent pas
aVec loi, ils sont pernicieux. Ainsi , fais-les brû-
ler. » Amrou, quoique à regret, obéit à l'ordre du
khalife; il fit distribuer aux établissements de
bains la bibliothèque, qui suffit à les chauffer
pendant six mois. Cette dernière circonstance est
évidemment fabuleuse; mais le fond du récit,
confirmé par l'écrivain arabe Abd-Allatif, nous
paraît exact, quoique Gibbon et d'autres modernes
l'aient révoqué en doute pour des raisons spé^
cieuses (i). Le vainqueur de l'Egypte poussa ses
(1) Reinhard a réonU aprêa beaucoup d'antres, toalea
les raisons qat peuvent faire douter du fait, dam une dit-
•ertaUoQ allemande publiée i Gœitingue, eo ITM. Sainte-
Croli a rasacmblé in mémt»Jémolga»gn daoa dd arilele
du Maçiuin mcfciopédi^ue^, an. v, t. IV. p. iss. (^og. la
Retalion de l'Éçifpte par Abd-AUaUf. traduite par SU-
Teatre de Sacy. isio. In-i» ; et ScboeU, UUMre delaiU'
téruturt grtcque, t. Vf, p. il, etc.)
conquêtes jusque dans les déserts de Tripoli ei
de Barca. D'un autre côté, l'Arménie ftit soumise
parMugheyrah (641) et le Khorassan papAhiisf>
Ibn-Kays. Dans la même année se livra la ba-
taille de Nehâvend, qui ilédda du sort de la Perse.
Le général des Perses Firooz fut tué et le mo-
narque forcé de chercher un asile à Farghanah,
parmi les Turcs, oh il mourut bientôt; Les suc-
cès militaires d'Omar, sa sévérité à l'égard des
vaincus qui ne voulaient pas embrasser la rd igloo
du prophète et surtout la justice inexorable qoll
exerçait parmi ses sujets, lui suscitèrent beao-
coup d'ennemis, qui, dés^iérant de le vaiocfc,
formèrent des projets contre sa vie. labalah Ibo-
Aliyam, chef de la tribu arabe de Gliosan, qoi
avait tour à tour abjuré le christianisme posr
l'islamisme et l'islamisme pour le christinnisnei
et s'était réfugié près de l'empereur grec Héra*
dius, détestait mortellement le khalife (1). Il fit
part de sa haine à un jeune esclave, Walhek Ibo-
Musafer, et lui promit la liberté s'il parrenait à
tuer Omar. Walhek partit dans ce dessein; mais,
arrivé devant le khalife, il fut frappé d*un tel res-
pect qu'il s'agenouilla, baisa la main du chef des
croyants, et confessa son projet criminel. 11 re-
çut son pardon, et embrassa rislaroisnie. Cet
événement se passa en 638. Quelques années plos '
tard Omarlomba victime d'une haine plus im-
placable. Un esclave perse de U secte des mages,
nommé Abou-Loulou Firoq^, avait été, coiifor'
mément à la coutume musulmane, forcé par son
maître Almougheyrah à lui payer deux dtrhems
(draclimes) par jour. Trouvant la taxe trop
lourde, il s'en plaignit à Omar, et demanda wt
diminution. Le khalife refuse, et Firoux jura de
se venger. Quelques jours api^, tandis qu'Onor
faisait ses dévolions du matin dans la mosquée
de Médine, Firouz le perça de trois coups de
poignard dans la poitrine. Les assistants se je-
tèrent sur le meurtrier, qui se défendit ivec la
fureur du désespoir, blessa treize personnes, dont
sept mortellement, et finit par s'enfoncer le poi-
gnard dans le cœur.
Omar languit encore cinq jours. Ses plus io*
times serviteurs le pressaient de laisser le kba>
(1) D'Herbelot raconte ainsi, d'après les éertvalos
taoi, l'orif me de la haine de Jabalab. • Clabalab, Sii
d'Alhem, vint trouver Omar pour le reoooaaltre eo qv
Uté de khalife et pour embrasser sa reUftloo. O^ le
reçut fort bien, et le mena afee loi au pelrrlnafe de La
Mecque. Glabalab, en a'acqolttaot avecjtal des derotn
dn pétcrlnaffe, el faisant le tonr du temple^e La Mecque,
un homme da commun le prit par la maorhe. eC le S(
sortir de son rang. Glabalah, orfemé de llnclvUlié de ert
homme, lui donna un soufflet, et le maltraita de paroles
en loi reprochant l'Insolence dont 11 avait naé avee une
personne de sa qualité. Omar, considérant que ee prtnce
eooilnaalt dlnjnrler et de menacer celui qui rarolt Mt
retirer, loi dit : • Apal»ex-Toos , autrement )e vous ferai
rendre par cet homme le soufOet que tuo» loi avez
donné; car vous de*ei savoir que la rellfton ausiilmaiie
TOUS a rendus tous deux égaui, le prince el I «sdave,
quant i l'eserclce et i la pratiqae de^ foocUoo* de piété
et de religion, et principalement dans celle «tu (élc-
rinage». Utabalab. piqué au vif des paroles du kballfr, en
oooçnt va al grand dépit, qu'il le qnltta, et aPen alla à
ConslaoUoople, où il se lit chrétien^ «
673
OMAR — (TMEARA
674
lifaf à son fils Abdalah. « Non répondit-il ; c'est
assez pour les enfants de Khattab, qu*un d'eux
ait été chargé de rendre compte à Dieu du gou-
Temeraent des croyants. » Il se contenta de nom-
mer SIX commissaires, et les chargea de choisir
on khalife parmi eux. Après avoir fait ces dis-
positions, il mourut, à Tftgede soixante-trois ans,
Je vendredi do mois de dhoul hajjah , 23* de
rhégire, qui correspondait à novembre 644. Il fut
enseveli près du prophète et d'Abou-fiekr dans la
mosquée <]e Médine; sa tombe est encore visitée
avec respect par les musulmans.
L'historien persan Khondemir résume ainsi les
actions d'Omar : « Il prit aox infldèles 36,000
\ille8 ou châteaux, détruisit 4,000 temples ou
églises, et fonda ou aagroenta 1,400 mosquées. »
Ce n*est pas seulement par ses conquêtes et ses
consti^ictions qu'Omar est fameux , c'est aussi
par ses institutions. Sous son règne l'ère de l'hé-
gire,ou fuite de Mahomet, par laquelle toutes les
nations mahométanes comptent leurs années,
fut étatilie et son commencement fut fixé au 16
juillet 622. Omar le premier assigna une paye
aux soldats et des pensions aux offiders; il ins-
titua une sorte de police de nuit pour la £écu-
rite des citoyens ; il fit aussi d'excellents règle-
ments sur les rapports des mattres avec leurs
esclaves. I! prit le titre de emir-almomenim
(commandant des fidèles) , au lien de khalifah-ra-
iouli-llahi (vicaire du messager de Dieu), qu'em-
ployait son prédécesseur Abou-Bekr. La mémoire
d'Omar est l'objet de la plus grande vénération
parmi les musulmans sunnites on orthodoxes ;
il n'en est pas de même des shiites, on partisans
d'Ali , qui regardent les trois premiers khalifes,
Âbou-Bekr, Omar, Othman, comme des usurpa-
teurs au préjudice d'Ali, auquel , selon eux , le
khalifat appartenait, comme an plus proche pa-
r^t du prophète. Comme législateur religieux
et politique, comme conquérant, Omar est,plus
peut-être que Mahomet lui-même, le fondateur de
Vislamisme. Il possédait des qualités qu'on trouve
rarement réunies, la foi ardente d'un apAtre, la
prévoyance et la calme énergie d^un chef d'État.
L.J.
AtMmtf iïiIa, Annale» moslemiei, trad. par Reiske ; Co-
pealiague, 1T90. — AI-MaklB, Bittoria Saraeeniea, par
Erpenlus ; Lejde, 1615. " Ibn-al-K}iattib, Historia Ca^
Upharwn, dans Caslri, Bibl. Arab. Uitp.^ vo!. 11. » Si-
mon Ocklejr, The historjf of tAe Saraeent. -> D^erbelot,
BUfl» orient., aux mot» Omar, Khaleâ^ Damashk, IS'
kandrlah. - Gibbon, Hlttorff o/ the décline and faH of
the Rowian Empire. — Le Beau, Hittoire du Bas-Em-
pire, t. XI (édlt. de Saltit-Marlla). — Cauuln de Perce-
val, Histoire des Arabes. — G. Vfe\\t,Ceschichte der
Kalif-n. - Plateo. CetehicMe der Tôdtitng des Khalifen
Omar aus der Chronik des Dijarbekri ; Berlin, 1817.
o'MBAR4 (Barrtf'Edvoard), chirurgien de
la marine anglaise, né en Irlande,, en 1786, mort
en jmn 1836. Son nom est associé aox souvenirs
de la captivité de Sainte-Hélène. Pendant trois
ans, il fut le médecin assidu de Napoléon I*', et
brusquement renvoyé en Europe par le gouver-
neur sir Uudson Lowe, il publia, le premier, une
relation anthentiqne de ce qui se passait à Sainte-
Roov. wocR. ctfxÉR. — T. xxxvni.
. Hélène et des entretiens fréquents qu'il a?ait
eus avec l'illustre captif, relation qui excita eft
Europe la plus vive curiosité et produisit une
immense sensation. Tout l'intérêt de sa biogra-
phie est en quelque sorte concentré dans cette
phase de sa vie. H était entré à dix-huit ao^
dans l'armée comme aide-chimrgien. Se trouvant
en 1808 à Messine (Sicile) avec aon régiment,
il servit de témoin dans un dnel, fut jugé par
une cour martiale et destitué. Quelque temps
après, il parvint à être admis dans la marine
royale comme chirurgien^ Il y remplit ses de-
voirs avec zèle , de manière à mériter la satis-
faction de ses supérieurs. Il servit successive-
ment sur trois navires différents, commandée
parle capitaine Maitland, qui, en 1815, reçut Na-
poléon à bord da BelUrophon, Cet officier,
dans une lettre rendue publk]ue, parle avec
éloge du docteur. ■ Depuis quinze ans que j*ai
commandé des navires de guerre, je n'ai pas,
dit-il, rencontré d'officier qui ait aussi bien ré-
pondu à mon attente par son zèle et ses qualités. «
O'Meara était chirurgien-major du Bellérophon
lorsque Napoléon prit le parti de s'y rendre. Dans
la traversée de Rochefort à Plymouth, il evA
occasion de donner des soins à plusieurs offi-
ciers français qui accompagnaient l*emperenr. H
lui fut présenté, et se rendit très-agréable par
ses manières, sa conversation et sa connais-
sance de la langue italienne. Le duc de Rovige
proposa à O'Meara d'accompagner Napoléon -à
Sainte-Hélène en qualité de chirurgien.Le docteur
accepta, après avoir obtenu le consentement de
capitaine Maitland et l'autorisation de ramiral
Keith. Il stipula toutefois qu'il conserverait son
grade et son rang dans la marine, et qu'il pour*
rait quitter Sainte -Hélène quand il le voudrait
On sait que Napoléon débarqua dans l'tle vers le
milieu d'octobre. Dans les cinq mois qui suivirent,
le docteur remplit ses fonctions près de lui,
sans éprouver aucune tracasserie des autorités
anglaises , et à l'entière satisfaction de l'empe-
reur et de ses compagnons de captivité. Presque
tous les jours il voyait l'empereur, qui causait
familièrement avec lui des événements remar-
quables de son règne et des personnages qui y
avaient joué le principal rôle. O'Meara avait
pris l'habitude , dès le départ pour Sainte-Hé-
lène, de prendre note de ces entretiens , et
comme ils étaient devenus plus intimes, les
feuillets de son manuscrit augmentèrent chaque
jour d'intérêt et d'importance. Par mesure de
prudence, il les fit passer en Angleterre à me-
sure qu'ils étaient mis an net. Ce sont là les pre-
miers matériaux du Journal que le docteur pu-
blia après la mort de Napoléon, et avec Tantori-
sation de ses exécuteurs testamentaires : «Le
désir des ministres de S. M. britannique, dît-il,
était d'ensevelir l'esprit de Napoléon avec son
corps dans le tombeau de son exil. Mais per-
suadé que les moindres étincelles d'un génie tel
que le sien doivent être conservées pour l'histoire,
22
ei 1)1 avant le despoUsme qui Toadtak emprison-»
luii: rioteUigeoce raétne, j'ai regardé comuoe un
d«?oir de contrarier ce de«s6ifl« » L'arrivée du
gouverneur sir Hud«on . Loivve {mir ce nom)
cornmooça uaenouveUeet odieusd^ p)mse*dans la
captivité de Saiofe'iiélène. Le gouverDCUC vou-
fut, aKiCBer O'JVleara. à. lui rendre comi^ des
inoiodres act«y de Napoléon , à répéter ses ré^
flexions et ses entretiens confidentiels^ à. faire
servir en un mot ses relationa et ses devoirs
comme médecin à un bas espionnage. O^Meara
s'y refusa, et alors oommeoebrent à son égard
des tracasseries et diverse»' persécutions, ayant
pour but de rendre son séjour dans l'Ile impos*
sible et de Iiii faire dbaoer sa démission. Le doc-
teur continua à remplir ses fonctions avec zèle
et.lojButéw Le gouverneur n'osait le frappei*
ouvertement ; car les motifs otanquaient, et il eût
été trop odieux d'enlever à Tillostre captif le
seul médecia qui eût sa confiance. Sir Hudson
Lowe souffrit donc, dit l'éditeur de ses Mé-
moires, que le docteur continuât à exercer ses
fonctions, attendu que dans plusieurs circons-
tances il donnait des renseignements utiles, et
qfie d'ailleurs il était agréable au généraL Vers
le DuUieude 1818, les relations changèrent brus-
qttement Des bulletins sur la santé de l'empe-
reur, signés par le docteur Barter, médecin en
chef de Tile, et que Hudson Lowe prétendait
faussement avoir été rédigés d'après le rapport
verbal d'O'Meara, anenècent une scène violente
entra celui-ci et le gouverneur. Le docteur fut
aussitiôt misiaux arrêts dans l'enceiote de Long-
weod,, avec défense de voir qui que ce fût, à
moinadejcas ur^ot de nâladic. L'empereur, en
ayant été informé, autorisa le docteur, à donner
sa: démission , comme n'ayant plus Tindépen-
danee qu'exigeaient ses fonctions. Le gouverneur
înfiMrma olTieielkraient O'&Seara qu'<;n . vertu des
instructions reçues de lord Bathurst, en; date
d»j4.mai IftlB, il avait reçu ocdredeJe dest^
tuer.de ses fonctions près du «général Bona-
parte >', et de lui iot^^e toute relation avec
lenthabitaots de Longwood. O'Meara déaot>éit à
celte deroike ii^Nietioii, et se, présenta chez.
remp<*reur, qui le reçut trèe-afiectueusement et
lui donna des témoignages > de sa< confianee
(Z5 .juillet 1818). De retour en Europei, il jugea
nécessaire de se justifier de&accusatieas ou ioû-
naations faites oontre lui an ministre des color
nies par Hudson. Loive, et «d'exposer avec une
mâle frandiise tous les faits relatifs à' sea fone*
tiens. et à son séjour à SainteHélèae^ A cet effet;,
il adressa à l'amirauté une lettre célèbre, qui n'a
paa moins de 38 pages lUfS*'. C'est, un exposé
énargiifue de tous leai)rocédés de sif Hudson
Lowe à son égard et envers le captif qu'il
surveillait. Dans sa traversée en Europe, il avait
însinué que la vie de Napoléon n'était pas en sû-
reté entre les mains de Hudson Lowe, et que
loiy en sa qualité de médecin, avait reçu di-
verâtts- insinuations et même plus pour aider k
— OMBIS
G76
l'accoroplissoment d'un dessein oonti'e ses jours.
Ces paroles avaient été rapportées au gpuvcme-
meoL La lettre à l'amiranté repfrodoisaii cette
accusation en termes mesurés (28 octebre 1818}.
Peu de jours après , le secrétaire doi l'amirauté,
Croker, fut chai^ d'adresser la réponse» .et dans
cette lettre très-sévère^ les lords de TaroirauirN
s'attathantàà ce seul passage et laUsant de côté
tout le reste » lui. signifiaient son renvoi du ser-
vice. Ainsi, aprèaviogH ans de servicei O'Meara
fut privé de tout emploL et même de pension.
Son ouvrage r^apoléon en exil , , qu'il publia
e» t822, fut partout lu avec uni» extrême
avidité. O'élail le premier livre q«i fatsaii con-
naître d'une manière authentique y. en les flétris-
sant, les odieux procédés désir Hudson /Lowe à
l'égard, de. son prisonnier, et montrait que ce
n'était pas. sa. reapoasabiliti qu'il avait voolo
mettre à couvert par.^es mesures de prévoyance,
mais qn'it avait cherché à satisEsire la liaiae de
ses commettants et à saooader ainsi un cUoiat
meurtrier.. L'ex-gouvemeur sentit toute la por-
tée de cea accusations, et s'adressa aax tribu-
naux. Mais les formalités et les preuves de ca-
lomnie imposées par la loi anglaise l'arrètèreat
dans le cours de sa procédure, et les tribonaai
ne rendirent aucun arrêt contre le docteur
O'Mearaé Hudson. liowe continua à garder le si-
lence. Ce n'est que longtemps aprà sa raoït,
en 1853, que M« William Forsyth a publiés d'a-
près les papiers, offîciela et la correspondance de
i'e\-gouvemenryj'i7is<otre de lacapiUnUde
j\apoléou à.'Sûinterliéiène, dans le but d« ré-
futer les accusationa ou calomnies accréditée
en Europe par les Mèoioires parue depuis treott:
ana. Dans le» cours de cet ouvrage, le docteur
O'Meara est traité^ jp^ l'ex^gouverneur et psi
l'éditeur, âvecunc. se vérité souvent oatrag^anlË.
Heureusement œs attaques vinrent à une époq»
oà l'opinioift. pobliqne eut le temps derecaeiliir
dea renseigiiementSt d'arriver à une appréeialiaa
consciencieuse et indépendante. Xlans ses der-
nières annéeSf O'Meara vécut; dans la retraite,
aux environs de Londres^ et c'est là qu'd mourut,
le 3 jiiin 1836. Outre son livre principal, dont h
meilleure traducttoi» fut publiée par A. Roy en
1823, 2 vol. in-S", on doA à O'Meara : htitrts
du cap de Bonne- Espérance ; 1SI9; — Docir-
fMntÈ^hUtoriqnts^ur i»maladieei ta mort de
Napoléon Bonaparte; iS7i ; — Lettre»adTeuée
à.VMiieur du. Moming-CUroxu'cle; 182L
J. CSAliCT.
Histoire de la captinàté de Napoldonà Sminte-ffeUv,
d'après les lettres et le journal de sir UutUon Lfive, e;
documents officiels non publiés, par Wttliam Forsy^iï.
8 vol. lD-t«, Londfes« 1883 (traduit en tSU). — ffeeur des
deux mottdw. 18 Janvier isssi — Las Caaîea, Mimormi
de Sainte-Uélèm,
on^tM-iMagnus-DùMelU poêle eitmnhst^
allemandyAéà Nuremberg, le 6 sefiteabre la^c,
mort le 22 novembre ilOS* fils d'un ecelésiaatiqae
protestant, il fit ses études à Altor^ oùJl devint,
en 1674,profe6«eHr. Nommées i6M comte pi-
€77
latin pour un poème écrit en l'honneur de l'em-
]v<>reur Lëopold , il Ait, en 1697, élu président de
l( société littéraire de l'Ordre dés Fleurs, dont
il faisait partie depui&tfnute ans. Parmi ses nom*
hreux écrits^ nous citerons : Deqwtéuorpara-
ilfsi flumfttibus^ prœfiaca est oratm- de fonte
efoquentUe quatuor in rivos distincte ; Attorf,
ir,76, iii-4*; — De eOaeWia et adrapxefa, t)ir-
iutihus ab'Àristotele omissiSy commendatis
tûfnen aà apastolo Paulo; ibid., 1681; —
Thcaimm vïrtutum et vitiorum ab ArisUtele
in JSicomaeho omissorum ; Attorf, 1682, ïnA*;
— De erudUis Qermanix muléerïbusj ib.,
1088, in-4**; —- De errorilms^ quUmsdam qui
philosophis veteribus falso aut dubie ad»
scribi soient; ïb., 1691; — Destoieorum philo*
sophia morali\ ib., 1699;— Deexpiatîonibus
<:pîid veteres gentiles usitatis ; ib., 1700, in-4" ;
— De ofjiciis erga bruta; ib., 1702 ; — Grûnd-
Itche Anweisung zur teutschen Dichtkunst
i Instruction approfondie pour la poésie aile*
mande); ib., 1704 et 1712, in-8'';^ Geistliche
JJeder (Cantiques); Nuremberg, 1706, in-6'*; —
JJ6 numéro- septenario hufusque sanctitate;
Altorf, 1707, in-4* ; — De Claris J^orimbergen"
MfbuSf ib., 1708» 4 parties, in»4'';— Di^ptito-
fnneâ in Otceronis lUbras III Deo/j^is; ib.,
] 695-1 708, 26 parties, in-4'' , etc. O.
.eplDus, Fitas profmtwvm AUarlhionm^ — Pftoe»
Kiano, LebeitiHithrtibungm geMtrter LasU. — WiU et
\<>ptUcli, JfûrnbergiÉchet Gelehrten'Lexikon,, t. III et
^:L — Sai; Onouuuticon, t.V, p. 618. - HIncbtDg,
J.:tt. Handlmek.
OMEa ( saint )fAudmnaru$. prélat français^
1: * Ters 595, à Onraï on Goldenthar, près de
i 'jnstanoe, mort à Térouenne, le 9 septembre.
i^oS. I/une famille noble et ricbe, ili reçut une
cIucatioD distinguée, et sa mère,Domitille,étant
Kiorte, il persuada à Friulfe,' son père, d€ donner
M'S biens 4ui\ .pauvres et de se retirer ^dansTab-
hiye de Luxeuil. Les vertus et les talents d'O-
iiier lui acquirent bientôt parmi ses frères une
réputation qui arriva jusqu'à Dageb#rt'I^. Sur
}:i proposition de isaint Achaire, alori>év6qae'de<
Xoyon et TMmai^: Dagobert choisit Orner pour
lui confier le gouvernement dé l'église de Té-
rooenne (637) , . sans pasteur depuis plus de
<{uatre»vingt8ans. Toutaussitôt> TévéquetravaBla
à réformer les roorarscovromiNies-derson penptoi
Il eut pour aider son zèle trois «xcellentacoo-
pératenn, Bertin , Mnmmolin et Ebertran, qu'il
fit venir de Tabbaye de Luxeuil. Un gentilhomme
nommé Adroald, sans enfants, lui ayant donné
sa terre de Sithio âar l'Aa, Orner y fit bâtir tine
église, quU/dédia en'648 à saint Martin, et éta-
blit tout auprès un- monastère dont - il nomma
abbé Munnnolin. Celni^si ayant été élu évêque
de NoyoDi et Tournai. « Omer le remplaça par
Bertin, qui plus tard donna son nom à l'abbaye,
autour do'iaqoelle se forma depuis une ville au-i
jourd'hurrime^es plus importantes de TArtoîs ,
et qui a été appelée Satnt-Omer. Il la donna
avec toutes ses dépendances à Bertin par une
OMEIS — OMER-PACHA. ^ * 675
charte do 18 mai 662, pour < la aîgnatore de la-
quelle 'OU fut obligé de lui conduire la main,
parce qu'il était depuis quelque* temps devenu
aVeogle* Omer fut inhumé dans l'église qu'il
avait' fait construine^ et le martyrologe romain
mentionne sa fêteaa-Q septembre. H. F*-t.
Atta Samtorttm^ 9 Bep<embi. — MibHlon, Attnmle»
Ordinis S,*3eHédicti, IX mcc. — BaiUet, Fies des SainU^
t. m. — Breviarium parisiense. — France pontificale.
<— LOngoeral, Hist, de l'eytiie gaUio.^ t. IV:
* OM«B-PAGBA, général ottoman, né au
commencement de- 1806, à Plaski, village delà
Croatie autrichienne. Avant d'abjurer la religion
grecque orthodoxe, que professait sa famille, il
se nommait Michel Laitas. Son père étaitliente-
nant administrateur du cercle d-Ogulini. Lejeone
Lattas fut enrôlé comme cadet au régiment d'Ogn»
lini, passa bientôt dans les ponts et chaussées, et
devint secrétaire d'un des principaux ingénieurs,
qui le prit en affection, l'emmena en Dalmatie
dans ses tournées d'inspection, et le fit nommer eo
1826 sous-ùispecteinr des poni^etchausséesèZara.
S'étant rendu coupable d'un acte d'indiscipline,
il échappa à la rigueur :des lois militaires en se
réfugiant en Bosnie, où .il Ait réduit pour vivre à
tenir lacomptabilitéd'nu' commerçant tare et à
erobraseer l'ialamismet Lefoevemeor-de Wid-
din, Husséin-Paoha, l'exterminateur des janis-
saires, lui confia l'éducation. de ses enfants, et
renvoya en 1834, sous le nom d'Omer«ECfendf, à
Constantinople, où il sut se créer des relations
utiles. Admis «omme professeur d'éeritnre< dans
une école militaire, il fut pris en amitié par le
vieux sérakierKosrew-Paoha, et présenté au sul-
tan Mahmoud,qui le nomma professenrd'écriture
de son fils AbdoKMedjid, lui procura pour femme
une riche héritière, et le chargea de divers travaux
topogrspbiqiies en l'élevant au grade de capi-
taine dans rarmée< turquei En 1839, à Pavéne-
ment d'Abdul-Medjld, il fut nommé colonel et
envoyé en Syrie, où il reçut en 1842 le com-
mandement militaire du Liban. La dureté qu'il
apporta dans «l'exercice- de ses fonctions n'em-
pêcha point les Maronites de le souhaiter. pour
chef de la Montagne; mais l'année sniirante
il dut pasaer en Albanie avec Rescbid-Paoha
pour dompter rinsorrection et opérer lO' recru-
tement; Omer, qui après les affaires do Syrie
était devenu pacha, soumit en 1846 leiKJiurdis-
tan révolté^ devint chef militaire de la Valachie
lors de la révolution qui éclata en juin 1848 à
Bocbaresly et conseilla > au sultan, pour relever
la raoralde la Turquie de déclarer la guerre à la
Rossûe. Appelé au commandement de l'armée de
Roumélie, il entreprit de la former à la discipline
européenne^ et exerça dans les principautés la
justice d*unemanière asseaarbitraire. L'Autriche,
blessée de l'empressement atec lequel Omer-
Padia avait accueilli dans son armée les réfugiés
hongrois, souleva la Bosnie. La Porte-Ottomane,
selon le conseil de l'Angleterre, résolut de prendre
l'offensive, et chargea Orner-Pacha de soumettre
les insurgés et d'introduire le tanûmat dans leur
22.
679
OMER-PAGUA — OMMEGANCR
680
pro?ince, qni jusqu'alors avait conaerTéane sorte
d*iodépeDdaace. Le général, re?6tu de pouvoirs
étendus, comprima en trois semaines l'insurrec-
tion de Nissa, et fit son entrée à Sérajévo. Les
chefs musulmans se retirèrent humiliés, prirent de
nouveau les armes et furent battus en plusieurs
rencontres (1850). Omer-Pacha poursuivit ses
succès dans l'Herzégovine, et pénétra lui-même
déguiité en paysan, dans le Monténégro pour étu-
dier la topographie du pays. Rappelé par une nou-
velle révolte des Bosniaques en 1851, il les vain-
quit de nouveau, et réussit à s'emparer des nou-
veaux chefs à Bihatch. Il transféra le siège du
gouvernement de Bosnie à Tranik, où il demeura
jusqu'au mois d'avril 1852, fit occuper militaire-
ment tous les districts, et se déclara hostile à
l'Autriche, en prohitiant toute exportation en ce
pays. En 1853, pendant que le prince Gorlchakof
perdait un temps précieux à s'emparer de la
Valachie , Omer-Pacha rassemblait à Choumia
une armée de soixante mille hommes, qui lui
barra le chemin de Constantino|)le. Le général
turc déploya une incroyable activité dans tout
le cours de cette guerre, où il eut à lutter
autant contre les membres du divan que contre
l'armée rosse. Après avoir sommé, le 8 octobre,
le prince Gortchakof d'évacuer les provinces da-
nubiennes, il fit avancer deux corps de .quinze
mille hommes sur Routschook et sur Widdin,
fortifia Silistrie, et y laissa une garnison de huit
mille hommes commandée par Moussa-Pacha.
Le 2 novembre il fit occuper sur le Danube l'Ile
située en face de Turtukaï par un régiment d'in-
fanterie et la rive gauche du Danube au pied du
village d'Oltenitza par trois mille hommes avec
plusieurs batteries. Un corps de neuf mille
Russes s'avança pour s'emparer de cette position.
Les Turcs les laissèrent approcher à soixante
pas sans brûler une amorce et firent tout à coup
plusieurs décharges d'artillerie et de mousque-
terie, qui forcèrent l'ennemi à se retirer précipi-
tammentaprès avoir perdu quatre raille hommes
et presque tous leurs officie». C'est à la suite
du combat d'Oltenitza que les officiers russes
endossèrent la capote de soldat les jours de ba-
taille. Satisfait de ce premier succès, Omer-Pacha
retira ses troupes de ce poste, et fit occuper
l'Ile de Mokan, qui devint tout l'hiver le théâtre
de continuelles escarmouches. Pendant que les
Russe&étaient occupés devant Turtukai, le corps
dlsmail-Padia passait le Danube à Widdin et se
retranchait à Kalafat,où il se maintint malgré les
forces nombreuses envoyées |)our Peu chasser.
Il arrivait cependant an camp de Choumia des
troupes Indisciplinées de tous les points de l'em-
pire; sans provisions, sans vêtements, elles étaient
plutôt on obstacle au général, qui ne pouvait les
empêcher de piller les contrées où elles se trou-
vaient. Omer-Pacha se plaignit au sultan, qui, sans
consulter le divan, le nomma généralissime et lui
envoya sur sa cassette particulière 60 millions
de piastres pour payer une partie de la solde ar-
riérée. Le 22 mars 1854, les Russes envahirent
la Bulgarie sur deux points différents et mirent
le siège devant Silistrie, le poussèrent avec vi-
gueur, firent sauter une partie des fortificatioo^
è rétablissement desquelles Omer-Paclia avait
présidé lui-même, et s'élancèrent plusieurs fois a
l'assaut sans succès. Cependant les troupes an-
glo-françaises débarquaient à Varna ; un conseil
de guerre se tint dans cette ville ; c'est là qne,
pour la première fois , Omer-Pacha exposa sa
véritable position, qu'il avait réussi à cacher
non -seulement aux RushCS, mais aux mem-
bres du divan, tant il craignait i'indiscrétk»
de ses rivaux. Le 25 mai, le prince Gort-
chakof commanda un assaut général; trente
mille hommes s'élancèrent sur trois colonnes, et
furent encore repoussés avec huit mille homme»
tués ou blessés. Néanmoins, la ville était à l'extré-
mité, quand Omer-Paclia réussit à y faire passer
des renforts, et il se disposait lui-même à
marchera son secours et à livrer un comliataox
assiégeants, quand ceux-ci levèrent le siège e(
se hâtèrent de repasser le Danube, dans la nuit
du 20 au 21 juin. Omer-Pacha, après avoir fut
massacrer dans l'tle de Ramadan ses bachi-
bouzouks les plus indisciplinés , fit une entrée
triomphale à Bucharest ; mais il dut abandonner
l'occupation des principautés aux Autrichiens en
vertu du traité signé à Vienne, le 2 décembre
1854, et passa en Crimée avec ses troupes, d'où
il fut envoyé mais trop tard pour empêdier la
prise de la ville de Kars. La paix qui suivit la
prise de Sébastopol arrêta momentanément la car-
rière militaire d'Omer-Pacha.En 1861 ilfutehsrgé
d'apaiser les troubles de la Bosnie et de l'Herzé-
govine. Nommé grand-croix de la Légion d'hon-
neur par Napoléon IH et décoré de l'ordre de
Sainte- Anne de Russie, il doit prendre le com-
mandement de la Syrie. F. Rollârd.
L. Poujadf , dans la Rcpue éet Deux-Mondes, il dé-
eembre isu et 18 avril tsse.
OMMBCANCK { BaltkasaT'Paul), peintre
belge, né en 1755, à Anvers, mort dans cette
même ville, le 18 janvier 1826. Une vocalûn
naturelle l'entraîna vers la peinture, qu'il étudia
chez H.-J. Antonissen et en observant avec
soin la nature. Il s'adonna particulièrement an
paysage avec animaux, et se fit dans ce genre
une grande réputation. Il envoya un grand
nombre de ses tableaux aux expositions do
Louvre jusqu'à celle de 1817. L'Académie de>
beaux-arts de l'Institut de France l'admit aa
nombre de ses correspondants; il fut con-
seiller à l'académie d'Anvers et membre de
l'Institut des Pays-Bas. Ses tableaux se distin-
guent par une ordonnance simple , par on Ion
chaud et agréable -, ses animaux , et principale-
ment ses moutons , sont d'une grande vérité :
on l'appela le Racine des moutons. Cependant,
c'est surtout après sa mort que ses fsMéaux fu-
rent recherchés et se vendirent à des prix très-
élevés. On en voit aux musées de Bruxelles et
i^St
OMMËGANCK — ONATAS
683
de La Haye et au musée du Louvre. Omme-
ganck a laissé aussi quelques écrits sur les arts
do dessin. G. de F.
Journal det arUstes, iSSS. — Slret , Diet. dMt petU"
tra. - lÀvrets de V Exposition du Louvre.
OMMBREK' ( Rkheus TAN ) , humaniste hol-
landais, né en 1 758, à Amsterdam, mort le 6 jan-
rier 1796, dans cette ville. 11 était recteur de
l'école latine d'Amsterdam. II joignait un goût
pur à une connaissance approfondie des au-
teurs classiques , et composait en latin avec élé-
gance. Ses principaux écrits sont : Sylvia^ car"
men; Amsterdam, 1778, in-8»; — Mémoires sur
Horace; ibid., 1789, in-8^; » Ode ad Gallos;
Paris, 1790, in-8'; — Ànthologia poetica;
Amsterdam, 1793, in- 12. K.
AUgem. UtertUur Zeitung, 1796, p. 186.
OMODBi ( Leonardo ), savant littérateur ita-
lien, né à Palerme, où il est mort, le 8 janvier
1680. 11 jouit d'une certaine réputation comme
poète et se rendit familière l'étude de l'astronomie.
Un de ses pieux compatriotes l'envoya à Tunis
pour y racheter les chrétiens de l'esclavage.
On a de lui plusieurs ouvrages, tels que des
tragédies, des comédies, des discours acadé-
miques, des chansons siciliennes, la relation
àt son voyage ( // governo di Tanisi ) , des
observations d'éclipsés et d^ traités d'astro-
logie. P.
Nongitore, BiblMh. tietOa, II.
o' .noRABf (Joseph), général français d'o-
Tîgine irlandaise, né à Delphin, en 1745, guil-
totiné à Paris, le 16 ventôse an ii(o mars 1794).
11 entra au service de la France dans le régiment
Irlimdais de Dillon, dont il devint colonel à la
révolution. Nommé maréchal de camp. Il fit sous
Dumouriez les cam|)agnes de Champagne et de
Kelgiqae. En 1792, il était général de division, et
commanda Condé. En août 1793 il prit Toumay,
^ occupa Cassel. Accusé d'ineptie par la division
^u général Ferrières , qu'il n^avait pas appuyée
^t dont il avait compromis la sûreté , il fut mis
^ état d'arrestation le 16 par les ordres des
représentants Levasseur et Delbret et envoyé à
Paris , où il fat condamné à mort par le tribu-
nal révolutionnaire.
^MoniUur unieenel, an !•', an s. — BUHfroP^^
OiirrBDA ( r^Jerry-JSTenri-XoutJ, baron de),
Pnbliciste aUemand, né le 5 mai 1746, au cbâ-
^ de Welmsdorf,dans le comté d'Huya, mort
*Ratisbonne, le 18 mai 1803. Nommé en 1767
^ssesseur au tribunal pour le pays de Calenberg
* Hanovre, il y fut en 1778 promu à l'emploi
^^ luge, et devint en 1783 délégué de la Grande-
Bretagne et du duché de Brunswick auprès de
*^ diète de Ratisbonne. On a de lui : Literaiur
l^g^anuen natûrlichen und posUiven Val-
^echu ( Bibliographie de l'ensemble du droit
^<»gen8 naturel et positif); Ratisbonne, 1785,
".^y'**>"8o; un volume supplémentaire a été
Clouté par Kamptz; Berlin, 1817; — Geschichte
*'* Reichs - kammer - gericht^ - vUitationen
( Histoire des visitations de la chambre impé-
riale ) ; ibid., 1792, in-4« . O.
Meniel , Celehrtet Deutsehland, t, V.
OUATAS ( 'OvdTo^ ), peintre et statuaire grec,
né à Égine, vivait dans la première partie du
cinquième siède avant J.-C. 11 fut le contem-
porain de Polygnote, Ageladas et Hegias. Il
florissait vers la 80^ olymp. ( 460 avant J.-€. ),
c'est-à-dire dans la période immédiatement an-
térieure à Phidias. Son père se nommait Micon;
mais on ignore si c'était le grand peintre de ce
nom. Ouatas semble avoir été un artiste de
grand mérife; cependant, à part une épigramme
de V Anthologie grecque , Pausanias est le seul
auteur ancien qui le mentionne. Il dit que quoi-
que Éginète, Onatas ne le cédait à aucun artiste
de l'école d'Athènes ; il cite de lui les ouvrages
suivants : une statue en bronze d'Hercule sur
base de bronze, dédiée à Olympie par les Tha-
siens; cette statue avait dix coudées de haut; de
la main droite elle tenait une massne , et de la
main gauche un arc, et portait pour inscription
deux vers grecs qui signifient : « Onatas, fils
de Micon, m'a faite, habitant lui-même dans
l^lle d'Égine » ; — un Apollon à Pergame , éga-
lement remarquable par ses hautes dimensions
et sa beauté ; — un Hermès vêtu du manteau
et de la chlamyde, avec un casque sur la tète
et portant un bélier sous son aile. Cette statue
fht dédiée à Olympie par les habitants de Phérée
en Arcadie, et l'inscription indiquait qu'elle
éuit l'oeuvre d'Onatas d'Égme et de CaUitélès
que Pausanias regarde comme son fils ou son
disciple; — une statue en bronze de la Noire
Déméter, Cette statue se rapportait à une cu-
rieuse légende racontée dans Pausanias. La place
de la légende était près de Phigalée, une ca»
veme du mont Élée, que les Phigaliens avaient
consacrée à la déesse, et dans laquelle ilsaTaient
placé une image de bois semblable à une femme,
excepté qu'elle avait la tête et la crinière d'une
cavale-; autour de sa tête se tordaient des dra-
gons et d'antres bêtes sauvages ; la déesse vêtue
d'une tunique, qui descendait jusqu'aux pieds,
portait un dauphin sur la main droite et une
colombe sur la main gauche. Cette statue ayant
été brûlée à une époque inconnue, ne fut pas
remplacée ; les Phigaliens négligèrent même le
culte de la déesse; mais enfin, avertis par Je
manque de leurs récoltes et par l'oracle py-
thien , ils employèrent Onatas à faire une statue
en bronze conforme à la monstrueuse image en
bois qui avait péri ; — les statues en bronze des
héros grecs tirant au sort celui gui combattra
Hector, Ce groupe avait été dédié à Olympie
par tous les Achéens ; il consistait d*abord en
dix figures; mais du temps de Pausanias il n'en
restait que neuf, la statue d'Ulysse ayant été
emportée à Rome par Néron. Les héros armés
de javelots et de boucliers étaient placés en-
semble près du grand temple; en face d'eux
se tenait Nestor portant le casque où les sorts
687
ONGARO — ON! AS
6S8
tion reprodaite et augmentée à Bologne, 1644,
3 part. 10-12. On rencontre encore cli?ers mor-
ceaux, inédits de cet élégant écrivain dans le t. II
des Rime scelle de Gobbi et dans la Storia
délia poesia volgare de Crescimbeni (t. V,
337). P.
Gresclmbf dI , ouvr, cité, — Notice à la tète de Tëdtt.
de VAleto , t7M. — A. Zeno , IVoUs sur la BibL de Fon-
miM. - TlratwscW, Storia délia Utter. HaL
ON lAS on oziAS I'' ( en hébreo Force du
Seigneur) t grand -prêtre des Juifs depuis l'an
da monde 368? jusqu'à celui 3703. Il était fils
de Jeddoa ou Jaddus, auquel il succéda. Son rè-
gne fut prospère; il laissa deux fils, Simon 1er
dit le Jusle, qui lui succéda, et Sléaiar, qui
gouverna ensuite.
01I1A8 II, grand-prêtre des Juifs depuis Tan
du monde 377 1 jusqu'à celui de 3785. Petit-fils du
précédent et fils de Simon l*' le Juste, il succéda
dans la suprême sacrificature à son grand oncle
Manassé. Son règne, assez long (26 ans), est
dépourvu d'événements importants. Son ava-
rice faillit amener la ruine de sa patrie pour
kToir refusé à Ptolémée Ëvergète d'acquitter
le tribut que les Hébreux devaient aux rois
d'Egypte et que les grands-prêtres avaient cou-
tume de payer de leurs propres deniers. Ptolé-
mée s'apprêtait à entrer en Judée avec une puis-
santé armée, et déjà les Juifs parlaient de con-
jurer la guerre en déposant leur premier magis-
trat, lorsque Joseph, neveu d'Onias, se rendit
près de Ptolémée, et calma ce monarque en
prenant à ferme, pour un prix élevé, les tri*
buts que TÉgypte percevait en Syrie et en
Palestine. Quelques historiens anciens préten-
dent que dans cette affaire Joseph ne fut que
lié prête-nom de son. onde, qui trouva de la
sorte le moyen de faire peser sur tous ses con-
citoyens le tribut que le souverain pontife avait
seul payé jusqu'alors. Simon i/, fils d'Onias II,
succéda à son père.
ONiAS III, grand-prêtre des Juifs depuis l'an
du monde S805, assassiné à Daphné près Antio-
che, l'an du monde 3838. Il était petit-fils du
précédentet succéda à son père Simon II. Sa piété
et sa justice le rendirent un objet de vénération
pour ses sujets et les rois ses voisins, qui le pri-
lent plusieurs fois pour arbitre dans leurs diffé-
rends. Séleucus Philopator, roi de Syrie, se plai-
sait même à fournir à ses frais toute la dépense
du temple et du culte hél>reu. Néanmoins, les
▼ertus d'Onias 111 ne le mirent pas à l'abri de
la haine et de l'envie que lui portaient quelques-
uns de ses proches. Un certain Simon, de la
tribu de Benjamin, et qui commandait la garde
du temple, alla trouver Appollonius ( fils de Thar-
sée ) , qui gouvernait en Phénicie pour Séleucus,
et lui déclara que le roi de Syrie avait bien tort
de payer à Onias des sommes considérables pour
l'entretien do cnlte, alors que ce grand-pittre
possédait des sommes immenses, enfouies dans
un lieu du temple qu'il désigna. Séleucus, averti
de ce rapport, envoya aussitôt à Jérusalem soo
premier ministre Héliodore avec ordre de saisir
le trésor caché. Vainement Onias lui représenta-
t-il que ces sommes étaient la propriété et le
dépôt de chaque citoyen. Héliodore se fit con-
duire au trésor; mais au moment oh il se dis-
posait à y entrer, tous ceux qui l'accompagnaient
tombèrent frappés de terreur ; « car ils vireat
paraître un cheval , sur lequel était nsonté m
homme terrible, magnifiquement hatrillé, et
qui, fondant avec impétuosité sur Héliodore, ié
frappa plusieurs coups. Deux autres jeunes hom-
mes parurent en même temps , pleins de force
et de beauté, brillants de gloire et richement
vêtus, qui, se tenant à la droite et à la gauche
d'Héliodore , le fouettaient chacun de son côté
et le frappaient sans relèche. Héliodore tontM
par terre, tout enveloppé de ténèbres et d'oU-
curité, et ayant été mis dans une chaise, on rem-
porta hors du temple sans que personne le pAt
secourir. Et par la Teho divine il demeura cou-
ché par terre , sans voix et sans aucune espé-
rance de Tie. » Mais Onias , considérant que
Séleucus pourrait venger sur les Juifs la mort
de son ministre, se mit aussitôt en prière, etolfrH
pour la guérison du Syrien une hostie salutaire.
« Durant ce temps les jeunes hommes , revêtus
des mêmes habits, se présentèrent à Héliodore,
et lui dirent : Rendes grâces au grand-prêtre
Onias ; car le Seigneur vous a donné la vie i
cause de lui. Ayant donc été ainsi châtié de
Dieu , annoncez à tout le monde ces merveilles
et sa puissance, et ils disparurent. » Ce rédt a
trouvé beaucoup d'incrédules; toujours est-il
qu'Héliodore ne recx>mroença pas sa tentative.
Il rendit grâce à Onias fi alla raconter à Séleo-
eus sa mésaventure. « Et le roi lui demandant
qui lui paraissait propre pour être encore envoyé
à Jérusalem , il lui répondit : Si vous avez qoel-
qu'ennemi , chargez-le de cette mission, et vous
le verrez revenir déchiré et meurtri de coq|Is ,
si toutefois il en revient. > Séleucus n'insista
plus; cependant Onias crut prudent d'aller vi-
siter le roi lui-même pour se justifier; niais
lorsqu*il arriva à Antioche, Séleucus venait
d'être assassiné par Héliodore, qui essaya raine-
ment de s'emparer de la couronne. Eumène d
Attale, rois^ Pergame, chassèrent l'nsurpatear,
et établirent Antiochus Épipbane sur le trène
de Syrie ( 175 avant J.-C). Jason, frère d'Onias,
se rendit auprès du nouveau monarque, lui pro-
mettant un tribut de 590 talents d'argent (le
talent valait 5,000) s'il voulait lui accorder la
sacrificature : il lui oflrit en coême temps d'io-
troduire les mœurs syriennes en Judée. Antio-
chus accepta : Jason fut installé dans le temple,
et Onias dut se réfugier dans un asile sacré près
de Daphné, faubourg d'Antiocbe. Jason tint pa-
role autant qu'il lui fut possible ; il ouvrit des
gymnases, des académies, fonda des jeux publies
et « méprisant, disent les auteurs des Machabées,
tout ce qui avait été en honneur chei ses ancè*
€89
ONIAS — ONOMACRITE
690
ires , ne croyait riea de plas grand qae d'exceller
en tout ce qui était en estime chez les Grecs ».
Jasoo ne gouverna que trois années. }\ envoya
Méoéians (frère de Simon le 3enjamite, déjà
cilé) porter à Antiochus une partie du tribut
aqquei la Judée était soumise ; ce Ménélaus sut
acquérir la bienveillance du roi de Syrie, et
lui proposa, sans ambages, trois cents talents
de plus que le tribut consenti par Jason. Le roi
accepta : Ménélaûs fot installé dans le Temple,
et Jason dut, à son tour, se réfugier dans le pays
des Ammonites. Ménélaûs , n'ayant pu remplir
ses promesses, fut destitué, et sa charge passa à
son frère Lysimaque. 11 conserva néanmoins une
^nde influence dans Jérusalem; il en profita
pour dérober, de connivence avec son frère , une
partie des trésors du Temple. Onias fut Informé
de ce Tol : il en avertit Androoicns, lieutenant
d'Antiochus et qui gouvernait à Antioche en
l'absence du roi , alors en Cllide. Ménélaûs ne
trouva pas de meilleur moyen d'échapper an
châtiment que de rendre le yice-roi son com-
plice. Il lui envoya la moitié du produit de son
larcin; mais il y mit pour condition la mort
d'Ooias, qui serait resté un révélateur dange-
reux. Andronicus le comprit; il attira sons la
foi du serment Onias hors de son asile, et le
tua. Antiochus, de retour, confisqua les biens de
l'assassin, et le fit périr sur le lieu du crime,
tysiraaque fut massacré par les Juifs révoltés,
et plus tard Ménélaûs fut précipité |jar les or-
dres d'Antiochus Eupator. Ainsi furent punis les
meurtriers d'Onias 111. A. L.
lei Maeka!bée»t Ut. H, ehap.'ni, xv.T et xia. — FU-
vbu Josèphe, 'lov^'ixVj 'ApxaioXoYfa. — Applen,
i|rr.. 4S. ~ Dom Calmet, DieL tU la BibU.
OHKBLOS, auteur d'un ]targum ou para-
phrase chaldaïque du Peotateuque. On Ignore
Tépoque précise à laquelle il vécut: on le croit
communément contemporain de Jésus-Christ et
des apôtres. Des écrivains juifs ont prétendu
qu'il avait été disciple de Gamaliel, qui fut aussi
le maître de saint Paul. D'autres le confondent
avec Aquila, prosélyte juif, qui , rers la fin du
premier siècle, traduisit l'Ancien Testament en
9rec. Dans tous les cas, d'après le Talmud,
Onkelos auraii été également un prosélyte. La
langue de cett« traduction est un indice presque
<^^rta(Q qu'Onkelos ne peut être de beaucoup
postérieur à Tavénement du christianisme; eJle
^ rapproche par sa pureté du chaldéen dn Livre
^^ Daniel , et l'on sait que cette langue dégé-
néra bieutôt et fut envahie par une foule de
^ts étrangers. On trouve une autre présomp-
°on en faveur de cette opinion dans la nature
^ème de la version d'Onkelos; elle est en gé-
^ral simple, littérale et n'est pas surchargée
^ explications légendaires qui sont si fré-
fentes dans les paraphrases chaldaiques posté-
fj€ures. On prétend qu'il la composa de diverses
«» î^^'P'^tetions recueillies de la bouche de ses
•nailres, Hîllel, Schammai et Gamaliel l'ancien.
On serait peut-être plus près de la vérité en
supposant qu'il se servit , dans sa composition,
de paraphrases, ou écrites ou orales, usitées
dans les synagogues de son temps, qu'il com-
para et qu'il fondit ensemble , après les avoir
revues. On n'expliquerait mieux encore par
cette hypothèse la pureté de sa langue. Ce
Targum a été inséré dans toutes les poly-
glottes. La ponctuation adoptée dans ces édi-
tions est très-vicieuse. Buxtorf le père travailla
à la corriger ; mais il ne l'a pas ramenée à une
parfaite exactitude. Oh a en outre bien d'autres
éditions de cette paraphrase chaldaïque. Les
Juifs, qui l'ont en grande estime, l'ont fait impri-
mer souvent, avec ou sans le texte hébreu. La
plus ancienne des éditions connues est celle de Bo«
logne, 1482 , avec le texte hébren et les com-
mentaires de Sal. Jarchi ; la dernière est celle
de Jer. Heinemann, Berlin, 1831-1835, 3 par-
ties Id-8", aTec le texte hébreu du Pentatenque
et les commentaires de Sal. Jarchi et laTersion
allemande de Mendel. Il en existe au moins trois
traductions : celle d'Alphonse de Zaroora, qui se
trouve dans les polyglottes d'Alcala , d'Anvers,
de Paris et de Londres , à la suite de la Vulgate
de l'éditipn de Venise, 1609, hi-fol., et dans celle
d'Anvers, 1616, in fol., et qni a été imprhnée
séparément, Anvers, 1539, in-8«; celle de<>Paul
Fagius : Paraphrasia Onkeli ehaldaica, ex
chaldxo in latinum ftdelisHme versa ^ Stras-
bourg, 1546, in-fol.; et celle de Bernardin Baldl,
qui est restée inédite et se trouve dans la biblio-
thèque AJbani. Les manuscrits du Targum d'On-
kelos ne sont pas rares : de Rossi en possédait
dnquant^hoit, et Wolf en donne un long catalogne
dans sa JHbliotheca hebrxa, t. IL S'il faut
en croire Richard Simon, les exemplaires , soit
manuscrits soit imprimés, de cette version
chaldaïque diffèrent fort entre eux , principale-
ment par la ponctuation. M. N.
0.-B. de Rossl , Ditionario ttorieo ifepii antori elMret.
— RIch. Simon . HUt. crUlg, du Fieux TeiUan., Uf. II,
cb. xviii. — Blclihorn , Einteitwng in» AtU Testament ,
l«édit, 1 1. p. 169 et SUIT., 100-416. — Wolf, Biblioth,
hébrma, t. Il, Ub. VI, cap. t.
ONOMAGRITB ( 'Ovotioxpitoc ), poëte grec,
vivait dans le sixième siècle arant J.-C. Bien
qn^l ne reste rien de ses ouvrages et qu'il n'en
ait peut-être composé aucun sous son nom, H
occupe une place importante dans l'histoire de
l'ancienne poésie religieuse des Grecs. Au
sixième siècle, il se fit à Athènes, sous les aus-
pices des Pisistratides, une tentative très- remar-
quable pour rassembler en un tout les chants
poétiques et religieux épars chez les divers
peuples hellém'ques. Le but de cette entreprise
n'était pas simplement littéraire. Les Pisistra-
tides en recueillant l'héritage poétique et sacré
du passé voulaient en faire la base ou l'auxi-
liaire d'une organisation religieuse mieux or-
donnée, plus vaste et pinar puissante que le
culte des Achéens et des Doriens; leur entre-
prise, quoique restée inachevée, eut d'Immenses
691
OxNO.VlAClUTî':
résultats poar la Mécalure, qui lui dut la col-
Jeclioa «des poëmcs d'Homère, et d'assez
grands résultats pour U religion, à laquelle elle
donna plus 4le gravité, plus de profondeur mys-
tique, plus de pureté morale. Les effets de la
tentative des fils de Pisistitale sont exposés aux
articles . Homère et Ormée; nous ne rappor-
terons ici que les faits peu nombreux qui sont
ftersonnels à Onomacrite. Hérodote l'appelle un
. propliète et Itarrangev des prophéties «de Mu-
sée ( xp')o{'^><ÔYQv inaX '-âiaSIniv XV^¥^ ^*^^
Mou<7(uou). Selon cet hÎEWriea, Omwiiacrite
jouit du patronage dliipparqne, iils de Pisis-
trate, lequel le chargea ^e recoeilUr et de mettre
en ordre les oracles qui oinnlaient sous le
.oom 4e Musée; mais il interpola des vers de
lui parmi ceux ^e r^antique poëte,et futiMimii
pour cette infidélité. ^La iamttle de Pisistrate
fut à son toar expulflée d'Aibèoes. Onomacrite
rejoigeitles Pi&isftnattdes, et rentracagcftceaiiprès
d^eux; ils l'emmanèreat ^i Sase,Mei «e servirett
4e ilui pour, persuader à Xersès^ d'entreprendre
une expédition contre la Grèce. Le prophète
récita au roi de Perse tous les oradei» qui pré-
disaient. un henreux succès à l'entreprise, et
omit ceux .qui étaient dé&vosables. On ne sait
ce qne devint Onomacrite après œtte nonvelle
Iraude religienge. Suivant le récit d'Hérodote,
il vivait de .&20 à 485, et c'est à tort que quel-
ques crâtiques anciens Toat recnlé jusqu'à ta
dnqnafttiàtte olympiade ( 5S0 avant J.*C. ).
Pansanias donne sur Onomacrite assez de dé-
tails, mois en èerues feu excites, et il con-
fisme les assections d'Héiwlote sans y beaucoup
i^uter. Plusicurstipassap^-de Pausanias sem-
blent indiquer qu'il -existait' de son temps des
poëmes' d!Onoroaaaite ; mais il n'en résnlie pas
que Le prophète les ait composés sous son
nom ; :c*étaient apparemment de prétendus livres
de Mbiséeet d'Orphée dent Fauteur ou «le compi-
lateur avait^té reoannn. Au nombre des poèmes
composés ou plutôt interpolés par Onoma-
crite, faut-il placer les hymnes orpliiques^ ce qui
donnerait à ces poésies une antiquité relative
assez respectable?. Nous ne ie {xnsons pas; sur
cette que6tion,vvoy. Oarnix. :L. J.
BéMdole, \II( 6. — FMsaotaa,' f, n ; V1I« Et, 57 ; LX,
». — Ot. Mttller, Sistortf of thê grêekmterainrê »• Pré-
leg. %u eifur fplssenscha/tlichtn Mythologie, — Lo-
bf ck , Jgtaophamut. — Bcrnhardy , Grundrltt der
9riecfi.,IMterat. - 9oAt^ GtuhicMe «kfr hêliatUoken
Dichtkunst. * Ulrid, Getch. -éer kelL DtckU <* mctolil
dans TEnqfklopâdiâ d*Brsch et Crober. — Nltzacb,
Erkiârunâs AtnmerkKngen x« HimiBt^tOâfttee, vol. 11 r,
p. MM^elc.
ONOMâii^fje ('Ové(jLCfr/oç), général grec,
chef des Pbeddiens dans Ja guerre sacrée, mort
en 352 avant. Ji<-G. UéUit frère de Philomèle
et iils detRidiotinie. Il commandait une division
de yarmée plioddienne dans la betaîHe de Ti-
lhorée,>«ù périt le général en chef. Il rallia les
débiis des forces phocidiemes et opéra sa Te-
tiaitft snr Delphes. Une assemblée ent lieu. Otao-
marqpie y soutint^ contre l'avis des hommes
— O^OMARQUE 602
modérés, la nécessité de pousser la guerre aTtc
une extnèmeviguenr, et obtint lasuoceséion de
Pluhmèle dans le commandement en cHef de
l'armée de Pliocide. Cet état avût «gagé
contre le oaiseii anplitctyonique one intte qui
durait depuis plusieors < années et dont ifsene
restait douteuse à la mtMrt ^iu premier 'géaéral
en chef. Phiiamèle s'était oonduit avec autant
de modéralion que de femttté, et il avnit soi-
gneusement évité dfr soaétver contre la Pkneide
le sentiment reUgicox des Grecs, en mettant la
main sur >«6 trésors sacrés du temple de Del-
phes. Onemarque n'imita pas <la poKàqne de eon
frère; il confisqua ies propriétés de tons ses ad-
versaires, et'tinyant à sa disposition des li-
cbesses imnenses, il s'en empara, et s'en aenit
pour lever une nombreuse armée de meree-
naires. Il ent soin aussi d'adieter avec i'aigeot
du temple les personnes les plus tnihienlesdes
États ennemis. Les ressources entons g^res que
lui fournit cette spoliation donnèrent aux Pbo-
oidirns nn ascendant momentané. Onemarque
«nvahitia Locride , prit la vliie de Thrommo,
* força ÂmfMssa à la soumission, ravagea la Té-
trapole dorieane, et tourna ensuite ses armes
contre la fiéotie où il s'empara dt>rehomène,
et mit le siège devant Chérenée. Mais ià- s'arrê-
tèrent ses succès, et l'arrivée d'une armée thé*
twine le déeMa à revenir à Delphes. Cette eani-
pagne heureuse engagea Onomarque à étendre
ses opérations; Il envoya son frère Ptiayllos,
avec un corps de sept mille hommes, au secours
de Lycophron, tyran de Phères en Thessalie, at-
taqué, par Philippe, roi de Macédoine. Phayllus
fot battu. Onomarque marcha alors avec toutes
ses forces contre Philippe, le vainquît en deux
rencontres, et le chassa de Thessalie; il se re-
jeta ensuite sur la Béetic, et s'empara de Clié
ronée. Dans l'intervalle Philippe reatiu en Thes-
salie avec une nouvelle armée, qne grossit la
cavalerie thessalienne. Onomarque courut à sa
rencontre avec vingt mille fantassins et cinq
cents cavaliers. La supériorité du nombre et
l'excellence de la cavalerie thessaffenne don-
nèrent la victoire au roi de Maoédolne.'Les fu-
gitifs cherchèrent à se ssrover à la nage sur la
flotte athénienne, qui se trouvait prà dn ri-
vage où se 'livra ia bataille, mais très-peu y
parvinrent. Onomarque périt dans les flots. Phi-
lippe fit redierbher son caôdavre, et le fit atta-
cher à une croix, en punition de son saciilésr.
Les historiens grecs représentent Onomarque
comme un homme violent, déréglé, et qui ?t
servnit pour ses plaisirs de l'argent consacra au
dieu de Delphes ; ces imputations peuvent être
fondées; mais elles sont suspectes, car iechefdi's
Phocidiens avait on double titre à la détaveor de
l'histoire; il était sacrHége et vaincu. L. J.
DWdore de Slctte, XVI,31-3S, 8», S6, ei. - Paiwania*.
X,it. - Jasiln, VIII. 1, 1. - Prily«n, II, W. - fipbwc
daos ht* Ftag. Aist. grwcorum ( éxtit. Oldol ). -> Orotf.
III. iS. - DéinosUiftne, Defaita <09«C.— TUrlwiU,tf'«-
torg ofCructt toL V.
C93
O.NOSANDRE —
OHOSAH DKB ( *Ovo9avSpoc ), écrivain mili-
taire grec, vivait ^ans le premier sièale «de l'ère
chrétieone. Il a laissé qd (mrnige aar iartac-
tiqae, inUltDlé £tpatiiri)i6c Xéyoç^ dédié à Q. Ve-
ranios, le même probablement qee Q. VeraBias
'Nepos,€onsitl en 49 après J.-G. Onosandre re-
marque dans sa préface que son livre a été
écrit en temps de («ix, ^ee qni convient à la pé-
riode comprise entre 49> et S9.' Cet éeiivirin ap-
partenait à l'éoole platonieiemie, et, suivant Sui-
das, il composa, outre san traité ^e tactique,
un traité' 9nT<4es stratagèntes (Dsfl orponnm-
(m'j»v), 'qui pantt être ^le même ouvrage que
!e précédent, et un commentaire sur* la iVél^-
blique de Platon. Le traité de la' tactique ouart
militaire est senl veno jusqu'à- «uns; c'est on
excellent manoel, rédigé par vn observateur
instruit et judiûieux, à une époque où les inatU
totioBS militaires de Pantiquité avaient atteint
le plus'hant point de perfection. Le slyle est
assez 'heureusement imité* de Xénopban. Ce
petit livre a servi de modèle wax écrivaina grecs
et latins qui traitèrent le même* sujet. Les em-
pereurs Maurice et Léon ne firent guère que
mettre en mauvais langage' byzantin les remar-
ques 6t les préceptes d'Onesaridre; le comte
Maurice de Saxe, qui l'avait lu d^ une traduc-
tion, en faisait graiM cas et. dédarait en avoir
tiré profit»
Le STpsTT]Yix6c Xdyoc fut d^àbord connu par
la traduction latine qu'en publia Nicolas Sagun-
dino, à la suHe des Institutions militaires de
Végèce ; Rome, 1493. Jehan Charrier en donna
nne traduction française, Paris, 1346; Fabio
Cotta une traduction italienne, Yemse, 1546;
et Joachrm Camcrarrus une nouvelle traduction
latine, en lô95. Lete;!cte grec fot publié pour la
première fois par Bigault; Paris, 1599. L'édi-
tion la plus complète est celle de Nie. Schwe-
bel : Onosandri Strategicus, sive de impera-
torts instiiutione, liber ad codd, mss. /idem
expressus et ex antiquorum taetic&rum po-
tissimum collatione notis perpetuis crit.
cmendatus , nec non figuris ssri incisis il-
lustratus; fiuremberg, 1762, in-fol. .Scbwebel
s'est servi pour son édition des notes ma-
noscrites de Joseph^ Sealiger M Is.'Yossius, et il
a fait suivre le texte grecd^one traduction fran-
çaise par le baron de Zar-Lauben. On cite en-
core l'édition de Ooray ; Paris, t8î2, in-S". Le
texte grec a été publié avec beaucoup de soin
par M. Koechly, dans la coHecâon Tetibner;
I^Piig, 1800, in-12. L. J.
FabrldQf, BibUotbeca grœea, vol. IV, p. 836. —
Scheell, Histoire de la tittérature greequê, t. II. »
Boltauiiiii, BtbUograpUsekêê LexOmi, t. llf.
ovs^eh-biiat ( OmiS'Lém Pajot, comte
^)i mécanicien français, né à Paris, le 25
«iars 1678, mort à Bercy, le 22 février 1744.
Fils d'un klirectenr général des poètes, il it ses
Inimanités au coUége des Jéatfites de Paris;
mais pendant sa rhétorique !t fot «attaqué d'an
. ONS-EN-BRAY 694
mal d*yeax si intense* qu'on fut obligé dek rap-
peler à la maison patcmeUe. ' Cet accident, qui
semblait (irlevarr sBlerrMiprele cours ^rie ses
études, fat au contraire trè»favoral)le.au déve-
loppement de SCS diapositiona. Au lieu de la phi-
losophie alors enseignée .«lans ies> eoHéges, Je
professeur qu'on mit auprès de lui occupa ses
loisirs forcés àéoonter la iecture de U\ pUlosophie
de Jî)esaarte8 et de» ouvrages qu'elle avait ^l^jà
profMs. Dès que- sa vue se fut rétablie, il alla
«cryager en Hollande,» -et aucun voyage n'était
piaa propre à dé«ek>pper xles idées et^ les pria-
eipe» qu'il, venait d'«acquérir.Jl>s'y Jia avec Huy-
geas , . Ruysch , BoeNisare, etc. De retour à
Paris, on 1^698, il commença à s'inatmire des
' fonctions de directeur général des . postes sous
(4es yeux de^son père, ^«auquel il succéda définiti-
venefet en 1708,' et au milieu des occupations
doioeMe place il trouva le moyenne se jné-
nager quelques momeots puur sedonaervaux re-
cherches idfhistoire \ naturelle et 4le mécanique.
LêuisJUV'k chaigeadeplusieursalluMs secrètes
etdélieates, et lui donna ime marque certaine de
sa confiance en^le faisant appeler dans aa dernière
•maladie pour cacheter son testaraentavaatde le
déposer au patilesMUt.. AJamortdece pnioee,
il devintintcndjmtidesptales. Ayant héiitédewn
père d'une magnifique .maison de campagne , à
Bercy, il la destina k un lien d'études sérieuses ^ il
yéfablitdes laboratoires de physique, de chimie,
do mécanique, et y transporta 6onsabinet,.qui
chaque année s'acovoisaait d'objets rares et
précieux, pour lesquels il n'épargna ni soins ni
dépenses. 11 entretenait dans cette maison un
secrétaire, un chimiste, un dessinateur et tous
les ouvriers que nécessitait Texéoutian des ma-
cliinas qu'il faisait reproduire -ou qu'il inventait
hn^mème. Il * y attinait des hommes de mérite,
et le P. Sébastien y passa dix années avec lui.
Le comte d'Ons-ea-Bray obtint en 1716 une des
dix places d'académicien honoraire, et l'Aca-
démie J'adjoignit à la oonmission chargée de
l'examen des difTércntes machines- soumises à
son jugement. Mais le principal «liiet de ses oc-
cupations était la perfeotion de son cabinet, à
laquelle il travaillait sans reUi-he. Peu de
grands seigneurs étrangers venaient -en France
sans 4e visiter, et l'on peut citer dans ce
nombte le ezar Pierre le Grand, qui, de retour
dans ses Étals^ eaiHoya à M. d'Oos^en-Bray des
ouvrages de tour travaillés de sa propre main
et le tour sur lequel II les avait exécutés.
Louis XV.,. le régent et beaacoup de princes
aUeraands visitèrent aoovent il Bercy le savant
académicien. Ce qui rendait •aon cabinet plutôt
unique que le premier en son genre, c'é-
tait rûnmense collection de)'fièoes de méca-
nique ^qu'il y avait formée. 11 n'y avait aucune
machine • singulière, aucune pièce nouvelle
ul'horiogerie, • d'hydtaulique^. etc., dont il n'eût
au moins -un axidèle , et il s'y en trouvait un
grand ■iumbce.d& sa oompoôtion. Par «n eodi-
695
ONS-EN-BRAY — ONSLOW
G96
cile da 1*' décembre 1753, après avoir obtenu
l'agrément du roi, il légua toutes ses collec-
tions à l'Académie des Sciences, à des condi-
tions qui devaient en assurer la jouissance an
public. Les Mémoires qu'on a de M. d'Ons-en-
Bray, dans les Recueils de rAcadéihie des
Sciences, sont : Machine pour connaître sur
mer Vangle de la ligne du vent et de la
quille du vaisseau, comme aussi Vang le du
méridien de la boussole avec la ligne du
vent ( 1731 ) ; — Description et usage d^un
métromètre, ou macMne pour battre les me-
sures et les temps de toutes sortes d*airs
(1732); tiré à part, Paris, in-4» (s. d. ); —
Anémomètre qui marque de lui-même sur le
papier non-seulement les vents quHl a fait
pendant les - vingt-quatre heures , et à
quelle heure chacun a commencé et fini ,
mais aussi leurs différentes vitesses ou for-
ces relatives ( 1734 ) : cet instniment est peut-
être ce que M. d'Ons-en-Bray a construit de
plus singulier et de plus ingénieux ; — Des
moyens que Von propose pour remédier aux
abus qui se sont glissés dans l'usage des^
différentes mesures (1738). Cette construc-
tion de mesures pour les liquides lui avait été
demandée par le corp^de ville de Paris; —
Description d*une râpe à râper le tabac
( 1745); — Méthode facile pour faire tels
carrés magiques que Von voudra (1750)*
11 a aussi donné une Description des difTérentes
machines de son invention. H. F. '
Grandjetn de Fouchy, Éloge» de* jteadémiciens de
V Académie rofcUe des Sciences morts, depuis Pan 17H«
1. 1. p. t7t-fl99. — RecueUs de l'Académie des Sciences,
1731 à 1750.
OMSBKOOKT { Antoine-Gérard van), chi-
rurgien hollandais, né le 27 octobre 1782, à
Utrecht, mort le 23 décembre 1841, dans cette
ville. A l'âge de neuf ans il perdit son père, qui
exerçait la chirurgie, et fut admis dans l'hospice
des Orphelins protestants , où on lui apprit l'état
de menuisier. Son désir d'acquérir de j'instruc-
tion lui fit accorder l'autorisation d'étudier la
diirui^îe. Placé en apprentissage chez un prati-
cien distingué, J.-A. van de Water, il passa en-
suite trois années à Amsterdam, et fut attaché
à l'un des hôpitaux militaires de cette ville.
Nommé chirurgien principal des possessions
hollandaises aux Indes (1806), il s'embarqua
deux fois pour Batavia, et tomba deux fois entre
les mains des Anglais. De retour en Hollande
(1809), il assista à Taiïaire de Walcheren,
servit ensuite aux armées de Portugal et d'Es-
pagne et donna sa démission, le 31 août 1814,
pour rentrer dans son pays, qui avait cessé tl'ap-
partenlr à la France. Il dirigea en 1818 l'hô-
pital d'instruction de Louvain, et depuis 1822
celui d'Utrecht. Les travaux de van Onse-
noort sur l'oculistique sont nombreux et juste-
ment estimés. Ses compatriotes ont revendiqué
pour lui Pinventiun de la trotuse-giberne, qui
fait partie de la tenue des chirui^ens militaires.
On a de lui : De cataraeta (en hollandais);
Aihsterdam, 1818,gr. m-8^; — Operative Heel-
kunde (Médecine opératoire); ibid., 1822*
1824, 2 vol. in-8-; le t. III, qui était annoncé,
n'a point paru; — Gneêskundige Seelkunde;
ibid., 1825, in-8* : cet ouvrage et le précédent
ont été refondus ; ibid., 1835-1837, 3 vol. in-8*,
pi. ; — Description de Vappareil chirurgical
de campagne ; Bruxelles, 1828, in-8*; rédition
originale en hollandais avait paru à Gorcutn,
même année ; — Bijdragen tôt de Geschie-
dénis der vorming van cenen Kunstigen Oo-
gappel in het algemeen, etc. ( Histoire de la
pupille artificielle); Utrecht, 1829, gr. in-8',
pi.; — De Kunst om de oogen, etc. (De
l'hygiène oculaire); ibid., 1829, in-8°; -> Gt'
schiedenis der Oogheelkunde ( Histoire de
rophthalmologie); ibid., 1838, in-8% trad. ea
allemand ; -. Genees en Heelkundig Oandbotk
(Manuel d'ophthalmologie ) ; Amsterdam, 1839-
1840,2vol.in-8°,pl. K.
Nedertandseh i.anc«i, mal iS%l. — Florent Cnnlcrf
Notice tur A.-G» van Onsenoort ; Braxelles, isis , tn-l*.
ONSLOW ( Sir Richard y, amiral anglais, né
en 1741, mort à Southampton, le 27 décembre
1817. Entré fort jeune dans la marine militaire,
ses talents ^son courage le firent rapidement
parvenir aux grades supérieurs. Il se distingua,
et fut blessé dans' plusieurs combats contre les
Français. En 1797, il servait comme vice-
amiral dans la mer dn Nord, sous les ordres de
lord Adam Duncan, croisa sur les côtes de Hol-
lande, et bloqua le Texel. Les Hollandais ajant
profité de l'éloignement momentané de la (kA\6
anglaise pour prendre la mer, Duncan les joi-
gnit le 11 octobre, entre Camperdoyn et Egmont*
op-Zée. Onslow rompit la flotte ennemie, et con-
tribua beaucoup au succès de la journée , daos
laquelle les Hollandais perdirent dix b&timeots.
Onslow fut créé t)aronnet, et la cité de Londres
lui donna une épée de la valeur de cent gai-
nées. En 1801 il fut appelé au commandement
de l'escadre blanche, et quitta le service actif vers
1805. A. D£ L.
Attnmal biographt^ t'tY*
OHSLOW {Georges), compositeur français,
né le 27 juillet 1 784, à Clermont ( Puy-de-Dôme),
mort dans la même ville, le 3 octobre 18S2. En-
voyé à faondres pour y faire ses études, la mu-
sique n'entra d'abord dans son éducation que
comme l'accessoireagréable du savoir d'un gentiê'
Vian. On' lui donna pour maître de piano Hull-
mandel, puis Dussek, et après que celui-ci eut
quitté l'Angleterre, ii fut confié aux soins de
Cramer. 11 ne comprenait de la musique que la
partie mécanique de l'exécution, et restait insen-
sible aux sublimes inspirations du génie. Un
séjour de dei^x années qu'il fit en Allemagne ne
changea point ses dispositions. Onslow avait
appris à jouer du violoncelle afin de pouvoir exé-
cuter avec quelques amateurs de ses amis les qua-
tuors et les quintettes de Haydn, de Mozart et
697
ONSLOW — OOMS
69»
de Beethoven. Il se prit bientôt d'une telle pas-
sion pour les œuvres de ces maîtres que, pour
mieux en apprécier la facture, il mettait en par-
tition les morceaux qui lui semblaient les plus
remarquables. C'est ainsi qnVn jetant un regard
curieux sur ces partitions , il acquit seul quel-
ques notions pratiques d'harmonie et se prépara
à l'art de développer sa pensée. Peu de temps
après, prenant pour modèle un quintette de Mo-
zart, il essaya d'écrire un semblable morceau,
puis il en fit un second et un troisième. Pendant
une de ses visites dans la capitale, on exécuta
chez Pleyel les trois quintettes qu'il avait compo-
sés pour deux violons , alto et deux violoncelles ;
ils furent jugés dignes d'être publiés, et parurent
vers la fin de 1807. D'après le conseil d'un de
ses amis, il suivit un cours d'harmonie et de
composition sous la direction de Reicha. Quel-
ques mois suffirent à Oqslow pour acquérir la
connaissance des procédés pratiques de l'art d'é-
crire. Dès lors il marcha seul , et entraîné par
un penctiant irrésistible vers la musique Instru-
roentale, il composa successivement un grand
nombre de quintettes , de quatuors et de trios,
qui furent publiés en France, en Allemagne^ en
Angleterre , et qui ont valu a leur auteur une
juste renommée partout où la musique de cham-
bre est en honneur.
Onslow était sur le point d'atteindre sa qua-
rantième année lorsque, cédant aux instances de
tes amis, qui le pressaient d'appliquer son talent
à la scène, il écmit VAieade de la Véga, drame
en trois actes , qui fut représenté au mois d'août
1824, à ropéra-Comique. L'ouvrage ne put se
i^utenir au théâtre. Onslow fut plus heureux
dans Le Colporteur, en trois actes , qu'il donna
eo 1827 au même théâtre. Dix ans plus tard ,
c'est-à-dire en 1837, il fit représenter également
à rOpéra-Comiqne son troisième ouvrage, Le
Duc de Guise f drame en trois actes. Mais
cette partition fournit la preuve que des mor-
ceaux bien faits ne suffisent pas toujours pour
assurer aux œuvres théâtrales des succès du-
rables. Après cette dernière excursion sur la
scène dramatique, Onslow rentra dans le do-
n»ine de la musique instrumentale, et écrivit
quelques symphonies, qui furent exécutées dans
les concerts du Conservatoire. Il a intercalé dans
l'ane d'elles son entr'acte du Duc de Guise, mor-
ceau qui peignait de la manière la plus vraie et
id plus pittoresque une nuit orageuse avec ac-
coini)agnemont de grêle. Ces symphonies se re-
commandent par la sage ordomianoe du plan et
par les qualités d'une bonne facture. Comme
H^y<ln, Mozart et Beethoven, Onslow dévelop-
pait son œuvre sur une idée principale; mais
un ne trouve pas chez lui ces heureuses péri-
Pfties, ces élans du génie, qu'on rencontre à
chaque instant dans les productions des illustres
roattres qu'il avait pris pour modèles. Son or-
chestre a en général peu de sonorité. Ses quin-
tettes pour instruments à cordes, dont les ada-
gios surtout contiennent de grandes beautés, sont
considérés par les connaisseurs comme ses
meilleurs ouvrages. Ce sont principalement ces
quintettes qui ont valu à leur auteur son ad-
mission à l'Académie des beaux-arts, dont il fut
nommé membre, en 1842, en remplacement de
Cherubini (1).
L'existence d'Onslow se serait écoulée tout
entière calme et paisible, au milieu des travaux,
si un accident cruel ne fût venu faire craindre
un instant pour les jours du compositeur. £n
1829, étant à la chasse au sanglier dans la terre
d'un de ses amis, il entra dans un bois et
s'assit près d'un arbre pour écrire une pensée
musicale qu'il avait trouvée. Un des autres chas-
seurs, qui ne le voyait plus, fît feu; la balle vint
frapper Onslow à l'oreille et pénétra dans le
col d'où on ne put jamais l'extraire. La maladie
fut longue et douloureuse. Depuis peu il avait
tracé l'ébauche de son quinzième quintette lors-
que cet accident lui arriva. Pour tromper ses-
souffrances et les. inquiétudes de sa famille, il
se fit donner sa partition, et continua son travail
^ donnant aux différentes parties de cette com-
position des noms qui les caractérisent et rap-
pellent les phases de sa maladie : l'un des mor-
ceaux s'appelle la Douleur^ un autre la Fièvre
et le Délire, l'andante la Convalescence, le
dernier final la Guérison, Ce quintette est une
de ses meilleures productions en ce genre. A
part ce déplorable événement, qui ne lui laissa
néanmoins qu'un peu de surdité à l'oreille droite ,
rien ne vint troubler un bonheur que, dans son
domaine d'Auvergne, il avait su trouver dans
l'affection de sa femme et de ses enfants ainsi
que dans la culture de l'art qu'il aimait avec
passion. Onslow vint une dernière fois à Paris»
dans Tété de 1852, et retourna à Clermont, mais
pour y mourir, à l'Age de soixante-huit ans.
Dieudonné Derne-Bârom.
Fétto, Biographie untocneOe des Musiciens. - Georges
OnslotP, eiqobce par Angnste Gatby. — Scodo, Cri-
tique et LUtérature musicates; Paris, 1880. — Notice kiâ'
toriguê sur la vie et les travaux de Georges Onslow,
par F. Halëry , lue dana b séance de l'Académie des
Beaux^Arts de llnstltut de France , du 6 octobre 1688.
OOMS (Jean'Baptiste)p écrivain mystique
belge, né à Ghéle (Brabant), mort dans la
même bourgade, le 24 juillet i710. Il acheva ses
études au collège du Faucon à Louvain, et pro-
fessa la théologie à Gand. Il devînt dans cette
ville arcliiprètre du doyenné (18 juin 1694) et
confesseur des religieuses capucines. On a de lui :
Leven van de edele jou/frouw Francisca
Tajfin (La Vie de madame Françoise Taflin,
fondatrice des religieuses pénitentes dites Ca-
ptictnes); Gand, 1717, in-12; ^Yetclxringhe
(1) 19oas ferons remarqoer tel que les œuTres de rou-
siqne Instrumentale d'Onslow, malgré leur répoUUon
européennf, n'auraient pu ouvrir S ce composlieur les
portes de l*lnstUut s'il n'avait en pour appuyer «a can-
didature les opéras que nous avons diés. On sait que
pour être membre de llnsUtut un musicien doit avoir
bit représenter lo molna on opéra en nn acte.
699'
OOMS — OOST
700
van hei Leven ende MptterUn van de aider-
heyUghUe Maget ende Moeder godes Ma-
ritfy et& (Explication' de. la TÎe et des myftlères
de la très-sainte Vierge Marie, mère de Dieu);
Gand, 1703, 1706,. iQ-J2;.— Godtvruchtighe
Eecleskattfke TheoUgie van de Deughden, ete*
{Pieuse théologie ecclésiastique des vertus);
Gand, 1708*1712, 3 voL.ift^''.
SMuiec, Flandria illustr^Ul^ p.- 141. - SvcerV A«-
crol., p» 90. — Paqiio!, Mém. pour l^hUt. des Pats-Bas^
i.\\U p- srr-ss^.
OOKS1SLL (Gnillaume vaic), sermonnaire
flamand , né le 9 wM' 1 571 , à Anrer? , mort le
3 septembre 1630, à Oand. Après avoir terminé
ses études en I^pagne, il revint dans les Pays-
Bas, et prit en 1593 lliabit de Saint-DominiqDe, à
Gand. Chargé d*abord d^enseigner la théologie,
à Anvers , il remplît successivement dans son
ordre les emplois de sous-prieur à Macstricht,
do prieur à Gand et à Bruges, et de déftntteur
de sa province. II joignit à ces diverses fonctions
Ir ministère de la prédication, qu'il exerça pen-
dant longtemps avec beaucoup de zèle. Le joor
même où il rentrait an couvent de Gand, il ex-
pira subitement, aux piedf de son prieur. On a
de lui : Clavis cellùrii dUinœ et humanx
sapientiœ; Anvers, 1613, itt-12; Gand, 1627,
in- (2. Oonsell s'est trompé en atfribvant au
P. Michel Franchois ce recueil de sermons , dont
il n'avait été que rediteur; — Pratum florin
dissimum concionttm dfi tempore; Anvers,
1617, 4 part, in 12 (i); — Enchiridion concio-
natorum, ex Roseto aureo Sïlvestri Priera-
tis; ibid;, 1619*, in-12; — Syntaœis instructis-
simaS. Sùripturx; Anversj 1622, 1627, in-12;
Paris, 1682, 2 vpt. in 12, édit. fort étendue de
P. Goussenville ; — Officina sacra Biblica ;
Douai, 1624, in- 12: ce recueil, partagé en huit
alphabets, a été fort utile aux prédicateurs ; —
J/ieroglfjphica sacra; Anvers, 162^, in-12. K.
Rcliard et Qoétif, Sertptorer ord. PrudUaU^ I, Ul,
«67-S} lï^i, », ««»4. — P»«aot« MéHÊOim, ,X« .
oemT'(il(fam yak), peintre flimand, né à
Anvers, en 1557, mort dans la même ville, en
1641. Il était 'fils et élève de Lambrecht van
Oort, né à Amersfoort, en 1520, qui se distingua
dnns la peintare et l'archilectore et vint se fixer
-à Anvers, où il fut reçn membre de l'Académie
de peintare en '1547. « -Deué de graadea facet-
tés naturelles, Adam van- Oort, disait Rfnbens,
qui fut son élève, eût surpassé tout ses contem-
porains s*ii avait ' vu ilOme et s'il avait cherché
à se perfectionner sur les bons modèles. « U
n'en fut rien : dessinateur correct , bon coloriste,
compositeur facile et heureux, il amoindrit son
talent par des excès de tous genres. L'amour
de son art diminua à mesure qu'il s'abrutit dans
(I) L'auteur de ce rceodl, Hu^mm d» Pmto, aiort
nomma du lleo de u nalSMnrc, qui est en T«8eane«iie
fit dominicain en 1176 et mourut le 4 décembre lIM. d»n«
le coQvnit de Prato, i l'erectton duquel 11 avait coDtrl-
bud Ses SermornSf \mprUuE» pour la première foèaeo
1484, et plaaieor» fote depuU, ont été rcebcrcMi pour la
méthode et poor la Mlidite qu^o y troute.
la débauche; il ne regarda plus là. peintare que
comme un métier; il né^i^» la natnre, et ne
chercha plus qu'à faire vite. Après soo mariage,
changeant tout à coup d'allure»^ il devint avare,
morose et d'une brutalité insapporlahle» qui éloi-
gna ses parents , ses amis* ses élèves. Malgré son
inoottdoite, il attei8nitràgeda<]uatTe-vingt-4]Qatre
ans; jusqu'à son dernier jour, il ne ceésa de
travailler, maiala- dernière période de sa vie ne
produisît que des oeoirrea- maniérées. Oependaat
il moumt avec une réputation considénbleyet
ses tableaux fnrent recherchés. On en voit de
très-reiBArqBabies dans les prindpak» égimrs de
Flandre^ Les élèves que» forma. Adam.- van Ooit
sofliraifint d'ailleors pour faire passer soo nom
à la postérité; outre Tilhistre Paul Rubens, U
compta parmi eux Jacques Jordaéns, qui devint
son gendre; Sébastian Franek, Henry van Ba-
len, etc. ^ A. db L.
Karel vao Mander, Bti town. dêr mûdemm^ etc.,
( Amlerdam. 1617, ia-4<>). — Descamps, l/i Fie dms pein-
tres flamands, etc., 1. 1. p. 71. — PUklagtnii, Mrfionanr
oj painter9. — Weyennan, ûé SeMitderkmui der /Te-
deriamdtrit 1. 1 . p. lit,
OOST (Jacques yam), snnooHné le Vieus,
peintre flamand , né en 1600, à Bmgea, .mort
dans la même ville, en lft71. Issu d'une lamille
riche et ancienne, il reçut une édocatioikooBiplètey
et s'adonna de préférence au dessin. IL arrivai
copier Rubans et van Dyck avec tant d'nrt qœ
see imitations trompent encore lea-amateork
Ce fut sur de pareils modèles qu'il prit sa belle
touche et sa coaleur fondue. Il partit pour l'it»»
lie, où la manière d'Annibai Canaobn le fiu.
De retour à Bruges,^ qu'iLna quitta f)|ua: (1630),
il y fut chaîné de travaux considérablea^ et quoi-
que sa vie fut longue et laborievM oaeat sas-
pris da nombre de< tableaux qu'il a produits.
Les plus remarquables sent à Brages ; dans- la
cathédrale, La Réturrectéon^dH Clufiat;àu&
la cirflégiale de Notre-Dana, Saint Éio^ dans-
SaintrSaoveor, Jje* Ba^iéma de^Jéengi la Mm-
iyre de sainêe^G0deÀW€t Saint Btêbm^cûÊh
sacré évéque par la Vierge et- sainte Aaa«,
Saint Joseph et V Enfant ^ésme dame un aêe*-
lier de charpentier , Jju Anges offrant à la
Vierge les instruments dSf la» JPetâSkm» Le'
Christ quittant sa mère poeur monta an Cal*
vaire; Scùnt Jeanti Sainl Pierre^ %natre
petits tableaux représentant -lea ouvres de Mi^
séricordCf etc. ; à Saint- Jaaquaa» uaa.Présenta'
tion au Temple; à Saint-GUIes, JA Sainte
Trinité; dans l'abbaye «uxn Dunes» un Omitoa-
nement d*épines ; Xa Pentecôte i Saint Jean-
Baptiste et saint Jean rÉvangeliste d'après
Antoine .van Dyck ; chei les Jésuites^ une Dee»
cente de Croisp, le dief-d'œnvre de van Oost :
la disposition des •personnages» Texpreiision dea
ligures, le^assîn, la couleur et rentente du clair
obscur font de ce tableau un des plus beaux da
de la Belgique; chez les Jacobins, L' En fasse Jé^
sus dans une gloire, adoré par Usprinckpaus
saints de r Ordre; chez les Jacobins, Le Christ
701
OOST — OPFERGELB
703
en crnîr entre la Vierge et stimi Je&n; chez
les R<^M>llet9^ La CirconeUion, VAscension de
.^aivt Antoine de Padoue, Saint FrançoH
recevant les stigmates, d'après Robeoi»; chez
les sœurs noires, un aatre Christ en croix
(1630) : la Vierge, saint Jean et la Maddeina
sont à ses pied»; dans Té^'se Notre-Dame-
Ter-Poorterie , La Nativité » taUewi admiraUe
dans 60Q ensemble et par les détails que le
peintre a>sii y introduite; cheB.les^OIarissesi nne
autre Nativité,. où àe& bergers et les- animaux
sont reaplaoés par des Anges et des Ohémbins;
chez les Augostins^ Le Mystère dela-Samte
Trinité; dansThOpital SainI Jean, lA Vierge,
V Enfant Jésus et plusieure saints, La Mère
de Douleur ; dans l'abbaye de Saijit^Tron z Saini
Martin partageant son manteau avec un
pauvre; Sainte Gertrude : c'est le portrait de
la fille de van Oost; Saint Tron faisant cons-
truire Vabbage; e^fin une gigantesque compo-
sition tenant tout le fond de l'église de l'abbaye
et laissant Toif par un rideau entr'ouvert un
autre temple enriehâ de colonnes de mart)re
blanc et noir d'une profondeur et d'une richesse
inouïea. Au mUieu des- flots de lumière qui l'i-
noadent on* aperçoit dans la leintaJA le Saint-
Eépril desoendantsur la Vierge et sur les apdtres.
Une des salleA delà juridiction de Bruits possède
encore de van Oost. on taMeau d'une grande
bcaoté. Tens les nagifttrate. composant k tribu-
nal criiMM^ide celte ville en 16&9 y- sent assem-
blés et placée seloD-fleors rangs» IÎ& viennent de
condamner à mort un meurtrier à qui on lit sa
sentencev A Ypves oit veit aussi une belle toile
da mâme maitte; Isâ.Naiions adorani le Sei*
gnewr.
Le Catalogne des onviages de van.OMt. sérail
interminabltetsi Ton voulait mentioBner lesaem-
breu\ portaraits qui 4ynmA lea galeries et lessar
Ions defamitte de sa patrie, ainst qneles saUes
<le confréiie«. da corporationa, de eempa^
gaies, elcw Descempt' en trace, ainsi l'éloge :
« Ses mipesitiope eont sioplee et ' réfléchies ; il •
y iotrodnisii peu de. figures; toutes y sont né-
^sairesi et l'oBJi'enrdéairt paedavaniage; mai*
il les posattavec noMeaaa. Ingénieur et simple
dans leurs ornements» illee drapait bien. Comme »
il n'aimaii point à pdndre le paysafl^^. il ornait',
^ fonds avec de reicbilecUHre, qu'iL. entendait!,
très-bitik- ainsi que. la perspeetive. Son destûn.
e.^ defort>bon.go6t, moins chargé que celui dui<
Carrache; tout ce qn>ii a fait est oependanâ dans
la manière de ce* maître. Sa couleur dans les
<^baira est fraîche et naturelle; U n'en est pas
ainsi de ses- dftperies: des oouleois p^u ron^
puesdeanent souvent de la crudité àses^toKet;. p
^^ derniers oatrages sont les meilleurs*.
^^••«•«P»» La fié de» pHntrês ftamands, etc. t. I,.
P M», î«Kttt. ^ PUktBgton, DUttionaryqfpaUUtrs.
OQST.( Joog^es VA»), dit te. Jaune, peintre
tUmand.fils duprécétlent^néàBrugeSi en io;C,
inort dans la môme ville, le 29 décembre 1713.
Élève de son père, il vinl ' à Pftvis^ oè il ' resta
deex années , pots se rendit à Rorae, où il sé-
journa pli» longtemps. Paris loi semblait le seul
théâtre digne de son talent; il y revenait donc
lorsq^t'iMrouva à Lille quelques amis qui, l'ar-
rêtant aa passage, lui procurèrent de nombreux
f ravanxi II se maria, et»renençant h tout voyage,
demtnra garante et'nnans àLIHl», d^où il ne
sortit qn'apfès la mort de sa femme. Van Oo^t le
jeune était le meilleur portraitiste de son {lays à
son époque. H n'a jamais aimé les-taWeaox de
cheviûel. On ne trouve de ses ouvrages que
dans l«& églises ou les grandes -gialeries. Les plus
remarquables sont à Lille : Le Martyre de
sainte Barbe^ regardé comme* le chef-Kl^'oRuvre
du peintre; une Ttansfiguratiom; la Résur-
rection de Lazare; la Vie de saint Jean^de-
la-Croix, céXe de saiwte Thérèse; uiifn Sainte
Famille; V Enfant Jésus à qui on présente
les instruments de la Passion. On admire à
Bruges, aux Réoollets : Suinte Marguerite en-
chaînant le dragon ; et à TAbhaye-aux-Dunes
lin très-beav portrait d'abbé tableau, de sapre»
mière jeunesse'. A. de L.
Oetoamps, Lu Vie de$ pHtdm fieunand*.
OOSTBBwrK ( Maria van ), peintre<hollaa»
daise.nëc à.MSootdorp près de Deift, le 20 aoât
1630,' mode en 1696/ à.EiAdam. Son père, mi*
nistrede r$gUse réformée, lot donm uœ bonne
éducalio» : ayant rcranrqné la vive inclination
de sa fiile pour la peinture, il l'envoya à^ Utrechi.
preodve le» leçons de Jean*- David de Jkero.
Riche et spirituelle. Maria eàt p» aiséoMnl se
livrer à unee&istenoe brillante; maie elle pré-
féra tooioarB une vie modeste et laborieuse, et
pour la. suivre ainsi, elfe sa retira près de son
grand-pèreà DelfL Maffia finit ses^jours chez son
nevettJaàob van Assendetflt, prédicateur à Eut-
dam, auquel elle laissa sa fortune. Le^ tableaux
de Maria Oosterwyk soni très-rares»à cause du
temps qn'ellepasaait à les finir. Elle est justement
mise a» pwmier rang des peintres de flesrs.
Elle avait un rare go(tt pour les grouper, en va-
rier* les couleurs, et en formerun ensemble liar-
mooienx. Ai c«i L.
()«Mamp9, IM vu detpHrâft» hêUamdai», etc., t. IL,
p ice^ios. — PlUlortoa^ IHctUmary 0/ painters.
OPERA {Giovanni dell'). Foy. Bakoimi
(Giovanni).
OPFERfiSdLa (Frédéric) f théologien, alle-
mand, né à BreslaUy en 1668, mort en 1740.
Après avoir été pasteur à Festenberg et à Nauen,
il devint, en 1721, prévôt du couvent de Notre-
Dame à Magidebourg. On a de lui : Sonderbare
Feste (Fêtes singulières); Brug, 1606, iB-12;
— Biblioiheca sacra ; Magdebourg» 1728, in-8** ;
— Nachricht von den jûdischen Lehrern
und von ikren sur Exégèse gehorigen Schrif-
ten ( Notices sur les rabbins et sur leurs écrits
qui peuvent servir à l'exégèse); HaUe,,l738,
inT8\ O.
Moacr. LexiJion der jttsthbendm Theoioçen, et U
Continuation de Neubaoer.
703
OPHÉUON — OPIE
OPBfiLiON (*Û9eX((0v), poète comique atiié-»
nien, yivait dans le quatrième siècle a?ant J.-C.
Les témoignages des anciens à son égard sont
fort incertains, et Ton n'est même pas sûr qu'il
appartenait à la comédie moyenne ; cette opinion
est cependant la plus probable, et paraît justifiée
par les titres suivants, que mentionnent Athénée
et Suidas : AevxaXîa>v ( Deucalion), KaXXaioxpoc
(Calleschrus), KévTaupo;(/« Centaure)^ Lol-
Tupot {les Satyres), MoOcai (les Muses), Mo-
voTpoicoi ou Movorponoç (le Solitaire), Y.
Atbénée, II. - Suidas, au mot 'OfeXiwv. — Melocke,
FragwMuta com. grêecorum, vol. I, p. 41t; III, p. 880;
Prxf. ad Menandnun, p. 10, 11.
OPB BLLAS ( 'O^éXXac ), roi on chef de Cyrène,
né à Pella, en Macédoine, mort en 308 avant
J.-C. Son père se nommait Silène. H accompa-
gna Alexandre dans Texpédilion d*Asie, et son
nom figure parmi ceux des commandants de la
flotte de rindua en 377. Après la mort du roi
de Macédoine, il s'attacha à la fortune de Pto-
lémée,qui l'envoya, en 322, à la tête d'une armée
considérable pour s'emparer de la Cyrénaïque,
alors déchirée par la guerre civile. Ophellas
réussit dans cette missidn, et après des événe-
ments peu connus, qui nécessitèrent la présence
de Ptolémée, il obtint le gouvernement de Cyrène,
qu'il garda jusqu'en 313. A cette époque éclata
dans la Cyrénaïque une révolte qui fut compri-
mée par Agis, général* de Ptolémée, mais qui
laissa les habitants irrités et préparés à une
nouvelle insurrection. Ophellas profita de ces
dispositions pour pousser la Cyrénaïque à for-
mer sous son autorité une principauté indépen-
dante ; et à la faveur des guerres qui attirèrent
en Asie les armées de Ptolémée, il maintint et
fortifia son pouvoir. Agatliocle, sur le point d'en-
treprendre son expédition contre Carthage, pensa
que rallianœ d'Ophellas lui serait du plus grand
avantage^et pour se l'assurer il s'engagea à cé-
der à Ophellas toutes les conquêtes que leurs
troupes réunies feraient en Afrique, ne se réser^^
vant que la Sicile. A ces conditions Ophellas
consentit à marcher contre Carthage à la tête
d'une puissante armée de mercenaires. Après
une longue et périlleuse route de deux mois à
travers le désert, il atteignit le camp d'Aga-
ttiocle, qui Taccueillit avec de grandes démons-
trations d'amitié. Les deux princes agirent quel-
ques jours de concert; mais le Sicilien calcula
que les conditions du traité étaient onéreuses
pour lui, et qu'il lui serait plus avantageux d'a-
voir les mercenaires sans le général. Il tomba à
l'improviste sur le camp des Cyrénéens, et fit
tuer Ophellas à la faveur du tumulte. Les mer-
cemaires, restés sans chef, entrèrent dans l'ar-
mée d'AgathocIe. La carrière et la fin tragique
de ce soldat d'Alexandre sont de curieux épi-
sodes de la période agitée qui suivit la mort du
conquérant macédonien. Justin l'appelle roi de
Cyrène; cependant il est douteux que ce vaiU
lant aventurier ait pris le titre royal, il avait
704
épousé une AthénienBc, Eurydice, fille de Mil-
tiade, et il semble avoir entretenu coostamnieni
des relations amicales avec les Athéniens. L. J.
Arrien, Ind., 18. - DIodere de Sicile. XVIi|,«i,Tt;
XX, 40-41. — PauMotas, I. 6. — JusUn, XXII, 7. -
Orose, IV, 6. — Polyen, V, 8. — Suidas, 'OféUo;. —
Pliitarqne, Démit., 14. — Droyaeo. Hellenltwms, toL I^
p. 414, 417. — Grote, HUUtry of Creêce, U XU.
091E (AtnHia Aldemok, M"*^), romancière
anglaise, née à Norwich, le 12 novembre 1769,
morte le 2 décembre 1853. Fille umqoe d'an
médecin distingué. Miss AMerson épousa, en
1798, le peintre qui lui donna son nom. Kentêt
elle se trouva lancée dans le monde littéraire et
artistique de la capitale : encouragée par son mari,
elle publia des poésies, des contes, des noavelles
(Àdeline Mowbray, 1804 ; Simple taies ,1805;
Taies qf real l\fe, 1816, etc. ), qui lai ont valo
une place honorable dans la plâade, iissex dodi-
breose, des femmes auteurs de la Grande-Bre-
tagne au commencement de ce siècle. BArss Opie
affectionna les sujets moraux et pathétiques.
L'un de ses premiers romans. Le Père et la Fitltf
a fourni le sujet de l'^l^nese. Ses ballades, qu'elle
chantait elle-même dans le monde, obtinrent un
véritable succès d'attendrissement : quelques-
unes, ttiies que V Orphelin^ Ne m*oubliez pas,
sont de petits chefs-d'œuvre qui feront ^ivre le
nom de leur auteur. Cependant des liaisons déjà
anciennes avec plusieurs familles appartenant à
la secte des quakers amenèrent, en 1825, l'affi-
liation de Mrss Opie à cctie communauté. Elle
adopta leur costume et leurs formules, sans
renoncer toutefois aux relations du oMsûde et
à la littérature. Les tendances un peu mystiques,
déjà sensibles dans ses romans ^ Valentine's
Eve, Taies of the heart, MadeUne, definrat
plus marquées dans ses derniers ouvrages : Il-
lustrations of lying, 1825, et surtout ijays
/or the dead, 1833, poésies où l'idée de la
mort est mise en oeuvre avec un seatilnent
très^pathétique et très-élcré. L'aimable quatre-
resse entretenait une correspondance suivie avec
Mackintosh, Walter Scott, Sheridan, HnmboMt,
Sidney-Smilh, Wilkie. Yeuve au bout de neuf
ans de mariage, elle était retournée vivre au-
près de son père à Morwich; mais die fiiisait
d'assez fréquents voyages à Londres et même
sur le continent. Des fragments qui nous ont
été conservés de sa correspondance et de 8e^
journaux renferment de piquants détails sur la
présence des souverains alliés à Londres en
1814, sur un voyage des bords do Rhin en 183à.
et sur trois excursions qu'elle fil en France en
1802, 1829 et 1830. A cette dernière époque,
Mrss Opie vit à Paris la famille H'Orléans, h*
général Lafayette, David d'Angers, qui l'a re-
présentée dans un médailton avec son bonnet
de quakeresse, etc. La plupart des romans de
Mrss Opie ont été traduits en français. M°^ la
comtesse Mole a donné une tradottion anonyme
de ses Histoires du ccmr, K. RATSfRT.
Mlas BrfghtweU, MemoriaU of IA« W^ ^ jtmêUa
705
OPIE —
Opif, selêcUd énd arrançtdfrmn ker UtUn^ IHariet
and othêT mam/teripU; London, lM4,ln-8».
OPiLirs AuaBLiiJS, grammairiea et so-
phiste latin, Tirait au oomroencement du pre-
mier siècle avant J.-C. Il fut l'esclave d'un phi-
iosophe épicorien , qui loi donna la litterté. Il
enseigna d*abord la philosophie, puis la rhéto-
rique et enfin la grammaire. Remarquable comme
un des plus adciens professeurs de bellesriettres
à Rome, il se 'distingua encore plus par son at-
tachement à Rutilius Rufos. Lorsque cet homme
d'État fut iiûnstem^t condamné à l'exil» en 92,
Opflitts renonça à son école pour l'accompagner.
Les deux amis vieillirent ensemble à Smyme.
Opijius composa quelques ouvrages sur divers
^iujeti d'érudition. Le plus important comprenait
neuf livres et portait le titre de Muses {âiusx};
îl était consacré à la grammaire; Âulu-Gelle lui
a emprunté l'étymologie du mot Inducïx^ la-
quelle fait peu d'honneur au savoir d'Opilius.
Ce grammairien, en tête d'un autre de ses traités
intitulé Pinan^ avait mis un acrostiche snr son
nom, et Suétone remarque qoll l'avait ortho-
graphié OpUlius, Y.
SnétoDe, De Wmtribut çrammatieit, 6. - Lcrsch,
SpraéhphUoiopkie der MUwn, III, p. iSO.
OPiMics (Iiidifs), homme d'État romain,
mort vers 100 avant J.*C. Il appartenait à une
maison plébéienne, la gens Opimia, qui est men-
tionnée pour la première fois do temps des
guerres samnîtes, et il était fils de Q. Opimius,
le premier membre de cette gens qui obtint le
consulat en 154. Loinnèroe fut préteur en 135,
et marcha contre la ville de Fregelles, qui s'était
révoltée pour obtenir le droit de cité. Il 's'en
«mpara par la trahison d'an des citoyens, Numi-
torins Pullus, et la punit avec une rigueur impi-
toyable. Sa sévérité le signala à la faveur du
I^rti aristocratique et conservateur dont il de-
Tînt un des plus violents défenseurs. Caîus Grac-
chus, chef do parti contraire, employa toute son
influence pour l'empêcher d'arriver au consulat;
mais s'il réussit à l'écarter de cette magistra-
ture et è lui faire préférer Fannins en 122, il ne
pot pas prévenir son élection pour l'année sui-
vante. Opimius, consul en 121, eut pour collègue
Q. Fabius Maximus Allohrogicus. La lutte re-
tardée d'un an éclata avec violence dès que le
consul conservateur et le tribun démocratique
se trouvèrent ensemlile au pouvoir. Au fond le
bon droit était du côté de Gains Gracchus ; mais
Opimius avait pour lui la légalité stricte, et il en
profita pour pousser son adversaire aux résolil-
tions extrêmes et illégales. Enfin, il obtint ce
qu'il désirait; Caîus Gracchus dbnna à regret et
^vec une singulière hésitation le signal de la
résistance armée. Aussitôt le sénat investit le
consul de pleins pouvoirs pour maintenir la
sûreté publique. Armé de ce décret, Opimius
di{(persa les adhérents «de Caiua Gracchus, et
après cette facile victoire, il se montra aussi Im-
pitoyable pour les Romains qu'il l'avait été pour
les habitants de Fregelles. Plus de trois mille
Momr. Bioca. gèhèêl. — t. xxxvin.
OPIMIUS 70«
personnes furent massacrées. Un aussi féroce
abus de la victoire était sans exemple dans l'his-
toire romaine et ne fut imité que par Marias ,
Syllaet les triumvire.
Malgré la consternation dans laquelle le san*
glant triomphe du sénat avait jeté le parti dé-
mocratique, Q. Decins, tribun du peuple, acensa
l'année suivante (120) Opimius d'avoir mis à
mort des citoyens romains sans jugement. Le
consul C. Paptrius Carbon, ancien partisan de
C. Gracchus, qui avait passé au parti vainqueur,
le défendit, et les juges de l'ordre équestre, qui
devaient leur pouvoir à une loi de C. Graodras,
Tacquittèrent. Mais le châtiment qu'il évita cette
fois l'atteignit plus tard d'une manière plus infa-
mante. En 112, il présida la commission envoyée
en Afrique pour partager les domaines de Mi-
cipsa entre Jogortha et Adberbal. Jngurtha, qui
le comptait déjà au nombre de ses amis, ne né-
gligea rien pour aciiever de le gagner. Des dons
et des promesses amenèrent le consulaire à sa-
crifier son devoir, sa probité, sa réputation aux
intérêts du prince numide. Les autres commis-
saires ne furent pas plos^que lui è l'épreuve de
la corruption, et il en résulta que Jugurtha eut
de beaucoup la roeitleure part de l'héritage de
Micipsa. Cette honteuse transaction passa d'a-
bord maperçue. Mais la défaite de l'armée ro-
maine sous Albmus rappeU aux Romains qoe la
commission de 112 était la cause de ce désastre,
et le tribun du peuple C. Mamilius Limetanus
demanda une enquête. Les résultats en furent
accablants pour Opimius et plusienn des chefs
de raristocratie. Opimius se retira en exil à
Dyrrhacliinm, en Épire, où il vécut plusienn an-
nées, haï et insulté par le peuple, et où il mon-
rut, dans une grande pauvreté. L'enquête et la
sentence de 109 furent une véritable revanche
de la sanglante répression de 121, et il est pro-
bable qu'il s'y mêla des excès comme à toutes
les réactions, et que la justice ne fut pas à l'abri
des passions politiques. Le féroce consul de 1 21 ,
le commissaire vénal de il 2, méritait son sort;
mats le parti aristocratique ne l'en regarda pas
moins comme une victime innocente des fnreure
populaires. Cicéron, qui avait trop comptaisam-
ment adopté les intérêts et les idées de l'aristo-
cratie, a déploré plus d'une fois la destinée d'O-
pimius, et s'est plaint de la cruauté montrée à
l'égard d'un homme qui avait rendu à son pays
des services aussi signalés que la conquête de
Fregelles et la destruction de Gracchus. Il l'ap-
pelle le sauveur de la république et regarde sa
condamnation comme un malheur et une tache
pour le peuple romam.
L'année du consulat d'Opimius en 121 fht
remarquable par l'extrême chaleur de l'automne
et donna du vin d'une qualité extraordûiaire. Ce
vin, célèbre sous le nom de Vintim Opïvàanum^
fut conservé pendant une espace de temps pres-
que incroyable. Il en restait encore lorsque Ci-
céron écrivit son Brutus^ quatre-vingt-cmq ans
23
WHT
OPIMIUS — OPMEER
ÎOS
pbis tord; VeDekis Patercakia, ^i éemaii soas
le rè|me de Tibère, prétead qii^il n'en existait
pkia'; mats PIbm, sous YespasieD, e'c8t*à-dtre
deux cents ans après le consulat d'Opinûas,
prétend qn'tt eu restaût encore» el qu'il avait la
coBsislaace du miel; qu'il était d'aiiieara si fort,
ai dur, si araoTy qu'oo ne pourait le boire qu'en
le dékyaiit dans beaucoup d*eao. L. J.
Vite-lire, BpU., W, tl. — Qoéron, De fiment^ II, M;
de OrûLr 11» ts f pra Plameo, » } Mrut^ U ; te Pimtu^
39 : pro ^«51., 67. — Plutarqne, C. Gracchus^ 8, il, IS.
— Sattaste, JugurthOt 16, 40. » VcUeiaa Paterculus, II,
T. - PliM. ffkt, mat^ XIV, 4^ — SalUi, MetiON. o/
^nC, aa mtt yiemm^
091VI ( jr«r<to ),. célèbre poète aHtmMd^ né
le 23 déonsbee t597, à Bunzlao en SMéMe, mort
le 70 aoét ttt3% à Dantaick. Fils d'rai conseiller,
il fit ses éteins* claaaiqnes à Bunzlan , h Breelaa
et à BcntbcB et fréqncnU depuis; Ht» à Vmà-
versité de Ffancfort, oè il ne tarde pas à aban-
donner Tétude du droit. Depuis cette époqne, il
laèoe une vie de nomade. On le voit successif
venant à Hddelberg^ Strasbourg, Leyd«'( ino),
ou ranitié de Daniel Heinsitts le eonduMè Imiter
la poé»e antique aussi bien qne la raideur et le
pédantismc des Bedtryker bollandais ; on le ren-
oontre ensuite dann le Holstein, cbez son ami Ha-
milton,, à LiegnUx» à Wetssenbourg en Transyl-
vanie, eèii fut appelé comme professeur de phr-
losopbie par le prince Bethlen Gabor (1622).
Dégoûté bientôt de vivre dans ce pnys incnlte^ il
revient à Liegniti, ci se rend à Tienne en 1626,
ak rcmpereor VMinaod II hri confère la oon-
renne d» lanrier dn poète. Peu après M devient
secrétaire dn bnrggrave de Dohna; f empereur
ulteamontaitt aaoblit le poète protestent en loi
donnant le titre de Boherfeld. En 163*, il (H,
à Paris , te connaissance de Hngo Gmlius. Après
lamort^ du comte de Dobne, il vécut à Dantaick,
on iA flrt, depuis 1636, secrélaire et bistoriograplie
dik voi de Poio^e, Ladislns IV. C'est là qu'il est
mort, victime d'une épidémie. Opilz jouissait au-
près de ses contemporains de b. même aoterite
qpe Gflstbe de nos jours. S'il n'est pins hi aujour-
d'hui , c'est qne son mérite comme |)Oëte a éte
exagéré. On chctclM' en vain dans ses pvodactioos
im tengage poétique, l'élévatio» de la pensée^ la
richesse (te l'imagination, la naïveté d» senti-
ment, enftn tout ce qui constitue te véritebte
poète. Si en fa surnommé te père et restaura^
ieur de ia poésie^ si en est allé joaqs'à appeler
Ofiéisinne te musc: allemande, c'est parce qa'il •
beaucoup contribué i te purete de te tengue al-
lemande et qn'il y n mtfodnit une nowfelte pnv*
80^e.< U est vrai que son petit livre sur te versi-
fication allemande (/?âcA/eiai vander deuUchen
Pteierei; 1624, 10" éd., 166») a marqué une
noovelteère. Jusqo'alore en s'éteit borné à comp-
ter les s^dtebes des vers oensne le faisait encore
Hans Sachs ; Opite exigea te premier q«*ea tint
compte de l'accent des mots, an défaut des syl-
labes longues on brèves des anciens. Il arriva
ainsi è pmctemer comme vers modèle falexaii-
drin, qui domine dans toute Tépoque suivante.
Opitz excelle surtout dans le genre didactique.
Ou a de lui : Poésie didactique : Consolation dans
Usadversités de la guerre (Trostgedicht in Wi-
derwartigkdten des Kriegs); 1621 ; — Zlotna^
ou de la tranquillité de Came ( Von der Robe
des Gemùths); 1622; — Vilgut, ou du tnrai
bonheur ( Vom wabren Gliick ) ; 1633 ; — Éloge
du dieu de la guerre (Lob des Krîegsgptts);
1627. — Poésie descriptive : Veswfius, 1633^ le
premier poème dans ce genre. — Poéste drama-
tique : Daphné; 1627. — PdSésie Ijrique *. SU»
poéfiçoe (PoetisclieWalder), collection de piè-
ces proflames ou spirituelles; ~ des Traductions
de l'hébreu et du grec (lesp5iit(flies, VAuii§au
de Sophocle, etc.). Nous dterons enfin ; ScMaJ-
tereif vu der Nimphin HercinUt pièce d'ua
genre mixte. Il existe douze éditions de ses œn-
vrés : la première : Martin Opitzens deutaeke
Poemata^ fut publiée par J.-W. Zmcgrcf (Stris-
bouri^ 1 6314, in -4* ) ; la plus complète est te 10*
(Breslais 1690, et Francfort^ 1724.) l, Uxtl
Ersch et Grnber, jiUg. Enejf.
OPITZ ( Henri) f savant orientaliste altemaad,
né à Âltembourg, te 94 févrter 1 642, mort te 31 |a>
vter 1712. 11 fut professeur à Kîel, et poliDa, nitre
antres : ^friism lingux sanctm; Hamboori;,
1671 , in-4^; — Biblia parva kebnBthlatvnû;
Hambourg, 1673;LeipBrig, 1682, I689,ete.,te-I3;
SgnopsU linguss ûhaléaHœ; lâin, tC74,n-4*;
— Atrium aecentuatienissaiptmréB keèrmkx;
léna, 1674; Hambourg, I7»t et 1710, iD-4*; —
€rxcismms faeiHtati suw restituhn meikodo
nova; Ktel, 1676; Leipiig, 1687 et 1897, m-«^:
cet ouvrage, où Tamteur essajie #étabfir oae
gvanée analogie entre le grec et le» iangnes oneo-
tetes, Ibt suivi di*nne tengue poHmiqne; — i>*
5«mnrttonamn» Hierarum sptsria nn^f^ia-
tate; Klel, 1689, fe-4<*; ^ Pi&vum leneon
kebrXQ-ekalâeo'Mièeum ; Lelpzig^, 1691;
Hambourg, 170S et i7M, ln-4* ; — . De tte-
turo et xtate remrgentimn; Kvd, 1707,
ii^* : Mlia he^ntieaevmoptimis impressis
eêmanmseriptis etjnxta Maeoramemenieta;
Klel, 1709, et Leipzig, 1719, i»-4*; celte éditioa,
à teqneMe il travailte trente ans, et dépassa ea
exattiiude tontes les précédentes.
Son ftls, PutO^rrédér^, né ft Ktel, en 1684,
mort en 1747, enseigna depnis 1721 le grec,
les tengnss orientâtes et la tbéologteà Funiver-
site <te sa ville nalate. On a de ini : JPe tusto-
dks tempii MÊierosolfmiiani noetunta ; IDel,
1704 et 1710, te-4% et dans le Theaenêrus dT-
9olino, t. IX; — De Haârimni Hnperatmis in-
dole, vèrtutibms et vUHs; ibid., 17221723.
2 partteo, ia-4P. O.
Tbien, GUtkHen §mtMetU dir vmmrm& MiH^tl
— CUateplé el BotSDaillItf, MéUidhiek/tU-éiÊ UUn^
fur der bibliscben Krttik, t. l). - BlnctilBS, 0»^*-
bîêeh. — HeCcd, CadkieMe der hebrriseken Sprae^-
•PHÉEii (Pierre van), historien hollan-
das, né le 13^ septembre 1525, à Amsterdam,
mort te 9 novembre 1595, à Deift. Après s'élre
709
OPMEER —
adoooé k la médecine, il avait alwrdé la j»rit> f
prudence el il allait prendre ses degrés à Lou-
Tain lorsque, témoin des grands progrès de la
réformation, il se jeta, par attachement poor la
fui romaine, dans rétudc de la théologie et ne
fut plus occupé que de la lecture des Pères.
Son principal ouvrage a pour titre : — Opus
chronogrophictaa orkis «laioersi, a mimdt
exordio usgue ad ann. MDCXl; Anvers, 1*1 1 ,
in-fol. fig. ; il est écrit d*un style net, quelque-
fois trop oratoire. La chromqne U'OfOieer con-
dult jusqu'en 1569 ; elle a été coolimiée paj le
chanoine Laurent BeyerHnck. A la fin de ce re-
cueil on trouve encore d'Opmeer : Ift^/oHa mat-
iyrum batavicorum^ trad. en flamand avec des
additions. K.
Mclchior Adan, Film pkUawpê, §trmtmoruwL. — M-
quot, J/emoiTM, IV.
opoix (Christophe), savant français, né à
Provins, le 2a février 1746, mort dans la même
ville, le 12 août 1840. Hélait apothicaire lors de
la révolution, fut député par les électeurs de
Seine-et-Marne à la Convention natienele, ei prit
place parmi les modérés. Après 181 5 il obtinl la
place de g^rde général des eanx et forêts qu'il
échangea contre celle d'inspecteur des eaux mi*
nérales. On a de lui : Dissertation âur les
eaux communes; Paris, 1770, in-12; — 06-
nervations physico-chimiques sur Us ceif-
leurs; 1784, in- 8*; — Bematgues erUiques
sur la nouvelle théorie chimique^ dans le
Journal de Physique^ jsjisiet 1789; — AÊoyen
de suppléer la potasse pour la fabrication
de la poudre; Paris» au u (1793), iii-8°; —
— Théorie des couleurs et des corps inflam^
nobles, et de leurs principes constituants :
la lumière et le feu, etc.; Paris, 1808, in-l^*";
— Des Eaux minérales de Promus;. Paris,
1816, în'13;— V ancien Provins : tmtiqwtés
et origine de la haute ville de Provins ; Pn>-
Tins, 1818, iii-12; réimprimé en 1819, avec un
Supplément; — VAme dans la veille et dans
le sommeil; PariSy 1821, in-U;^ Histoire et
J)('icription de Provins; Provins, 1828, ia-8*,
avfc carte et potU ; deux suppléments ont été
publiés en 1823 et 1829;— U Siège deProvins
par Henri IV , pièce draroalique; Provins, 1824,
in-8* ; — Les Bâorts soustraits à la corruftion;
Provins, s. d., in-8*. L— «—c
^Acqnrr^JomTuU de$ Savant»^ aou. XTlt. — Is Mcmf-
fc»r universel, ann. 1799, n» f i. — Arnautt, Jay, Jouy et
B«it lus, Bi9§raphie Ttowvelle des Contmporains (Pu-
rin, tsu]. ~ hwnm^ltmieê tmr CkrU9. OpoU,- Pravfau,
i^'*i, in-so. ~ Ch.- Akid. OpoU, Hfottce «ur ma père, en
W»e de l7/ii«. de Provins (»• éd., 18V«).
opOEix (Jean), Imprimeur et philologue
allemand , né à Bàle, le 25 janvier 1607 , mort
<^<ins la mérne ville, le 25 janvier 1568. Son nom
<le famille était Herbst, qui en allemand signifie
automne. Suivant un usage asses fréquent parmi
les érudits de la Renaissance, il traduisit son
mu\tn grec, et c'est sous la forme gréco-latine
d'Opofinus quH est connu. On a remarqué
opo&hm 710
comme une eonri!deMe eiiriense qie poar le
commerce de livres il s'assoeia avec on Robert
Wrater, dont le nom si^iifiait hiver, et que cet
associé adopta aussi le synonyme grec de Chi-
merinus (1). Son père, Jean Herbst, peintre sans
fortune, ne pouvant pas lui domer dès maîtres,
lui enseigna lu^^nuènie les éléments de la langue
latine. Muni de ce premier fonds dlnstmction,
et slmiiilé par la gène domestique, Oporin se
rtndit i SIrasbewg, où, tenr à tour étudiant et
répétitenr, H augmenta son savoir et gagna de
qnoi vivre. On le voit %m peu plus tard profes-
seur à l'abhaye de Saint-Urbam , chins le canton
de Lneerae. Là il se Kn d'amifié STee le cha-
noine Xylotecte, qui cmhrassa la "réforme et se
maria. Oporin soivit Xylotecte à Mie, et vécut
de l'atgenl qu^il gagnait en copiant des^ manns-
erits grecs poor Froben. Xyloteete étant mort, il
ëponsa sa veuve, en 1527, et bientôt, si oo l'en
croit, y eut à se repentir d'avoir éponsé une
femme acaHAtre et de mauvaise humeur. Cepen-
dant sa position s'améliora; en 1530 il obtint la
direction de l'école de Bâle; mais soit Insuffi-
sance de savoir, soit noanstance de goèts, il
quitta cette place poor miivre les leçons de Fa-
racelse, qni lui promit de le rendre habile méde-
cin en on an. Oporin fut pendant près de trois
ans assidn aoprà de Pamcelse, le suivit en Al-
sace et eut beauceup è sonlTrif de ses caprices ;
mais an boni de ee temps il ne se trouva pas
plus atvancé qu'en commençant. Dans finter-
vaile sa femme était morte, et .dporm se flatta
d'avoir une riche snoeession; il n'hérita que
d'un procès, qu1l perdit. Les magistrats de BAle
le dédommagèrent en lui donnant la chaire de
grec, et le nouveau professeur s'empressa de se
remarier. Malheureusement sa seconde femme
était aussi dépensière qne U première était aen-
rifttre, et kiinlme, faute du grade de mallre
ès-arlsy fui forcé de se démettre de sa place. Il
se fit alors hoprimeor, et s'associa avec son pa-
rent Robert Wmter. Il apporta dans sa nouvelle
ptofession beaucoup d'ardeur, et en tira peu de
profit; sa carrière d'imprimeur fut me lutte
prasque continuelle contre les créanciers. Il per-
dit sa seconde femme en 1564, et se remaria en
troisième noces. Elisabeth Holzach, sa troisième
femme, était, à la difTcrence de» deux autres, une
personne sans défaut ; mais elle mourut au bout
de quatre mois de mariage. Oporin tftcha de se
consoler de cette perte par un quatrième mariage,
et épousa Faustine Amerbach, femese distinguée,
qni, voyant son mari avancé en âge, loi conseilla
de vendre sou imprimerie, et qui lui donna un
fils. Oporin survécut à peine sii mois à ceti»
joie domestique, et mourut à l'âge de soixante et
un ans. U fut enseveli dans la grande église de
(1) Par une rencontre qui fterait tlngnlKrc si elle éUit
fortuite, les noms des deux Imprimeurs se troutent dtns
iM dbtiqne de Martial :
51 dareC ratannos nribl nonco, 6icu»p(vôc esMin,
Horrlda si brune lrl(ora, XRH<P<voc.
23.
7tl
OPORIN — OPPÉDE
711
Bâie auprès d'Érasme, de Grynaeas, d'Œcolam-
pade et de Munster. Il méritait cet honneur,
moins par les ouvrages qu'il avait composés ,
que par ceux quMl avait publiés. Il fut certaine-
ment un des imprimeurs qui contribuèrent le
plus à répandre les auteurs anciens. Ses édi-
tions sont remarquables par leur excellente exé-
ctttion ; aussi ses presses étaient-elles très-re-
cherchées par les savants; André Vesale fit im-
primer chez lui son traité d*anatomie, et Érasme
plusieurs de ses écrit». Mais avec toutes ses qua-
lités Oporin manquait d'ordre; il gardait quelque-
fois des années entières, an grand mécontente-
ment des auteurs, les ouvrages qu'on lui envoyait
à imprimer, et ne s'entendait pas à ménager ses
affaires. « Outre qu'il entretenait un grand nom-
bre d'ouvriers, diiChaufepié, qu'il les nourris-
sait et les payait largement, an delà de ses foi^
ces, par une générosité mal entendue, il recueil-
lait ceux qui avaient été congédiés par d'autres
libraires, de sorte quMl n'était pas rare de lui
en voir une cinquantaine sur les bras. D'ail-
leurs il était fort négligent à écrire sa recette et
sa dépense, et k marquer les noms de ceux qui
loi devaient ; facile h cautionner pour ses amis,
il avait souvent affaire à des créanciers durs,
qui lui faisaient payer vingt et trente pour cent
d'interét. 11 prêteit aussi assez indiscrètement.
Aussi quand il mourut ses affaires se trouvè-
rent fort en désordre; mais la générosite de di-
verses personnes soulagea sa famille. On a de
Jean Oporin : Scholia in priora aliguoi CO"
pUa C, Juin Solini PolyMstorU^ dans une édi-
tion de Solln et de Pomponius Mêla , publiée à
BAle chez Robert Winter; — Scholia in Ciee-
ronis JUsculanarum Quaestionum libros V;
BAle, 1544, in-4^, — Ànnotationes in qu«4am
Demosthenis loca^ dans l'édition de Démos-
thène; Bàle, 1533, in-fol. ; — Bucolieorum ttu-
tores recentiores 38, qui a VirgilU tempore
ad nostra (empora eo pœmatis génère sunt
f»i;Bftle, 1546, in-8*; — Darii TiberH epi-
tome Vitarum Plutarchi ab innumeris meU'
dis repurgata; B&le, in-12. Le catalogue des
ouvrages imprimés par Oporin a été publié sons
ce titre : Joannis Oporini, typographi btui-
ieensis exuoix^ hoc est bibliotheca librorum
imprefjorutn; Bàle, 1571, in-8^ Z.
Nelchlor Adam, FtUt Cermanorum phUotophorum.
-> Teissier, Éloges des h(nnm«M iowtnU, t. II. - Uelnzel,
De ortu, vita et obitu Oporini, — Chaufeplé. Nou-
veau Diet. hitior. el erUtque, — A. Jockiscb, Oratio de
ortu vita 0t oMtu Joh. Oporini. ReiArodalC daoc les
Fitm seleeUe ênidUUsimorum virorum de Grypliius,
1711, ln-8«, p. 601. — De PonteDay, DMionnaire des ar-
tiste», t. II, p. 117. — Nlceron, Mémoires pour servir d
irkist,deskommesUlusires, t. XXVII, p t7t.
OPPÂDB (Jean ns Matnier, baron d'), ma-
gistrat français, né le lO septembre 1495, à Aix,
où il mourut, le 29 juillet 1558. Fils d'Accurse
de Maynier, ambassadeur de France è Venise, il
fut conseiller au parlement d'Aix en 1532, pr&>
mier président (20 décembre 1.S43) et lieutenant
général de Provence (26 février 1544). Ce ma-
gistrat s'est tcqnis une triste eélâirité par son
atroce conduite envers les Vaudois. Depoîs le
treizième siècle, quelques restes de ces sectaires
s'étaient conservés dans les vallées des Alpes,
entre le Dauphiné et la Savoie, où, se livrant à
l'agriculture, ils enrichissaient les seigneurs de
cette contrée qui les avalent aocueîlUs et qui
leur avaient distribué des terres. Malgré quel-
ques procédures que leur avait intentées le par-
lement de Grenoble, ils s'étaient multipliés et
professaient paisiblement leur hérésie lorsque
les prédications de Luther en Allemagne et en
Suisse les enhardirent et les portèrent iinpro-
demment à la propager autour d'eux. Cabrières,
dans le comtat Venaissin, Mérindol et une tren-
taine de villages en Provence leur servaient de
retraite. Leur conduite ayant décidé François l"*
à rendre contre eux, en 1 535, un édit rigonrenr,
ils prirent les armes, et après avoir ravagé la
plaine, s'emparèrent dans les montagnes de quel-
ques châteaux, où ils se fortifièrent pour se dé-
fendre contre les gens de justice, si l'on essayait
de mettre l'édit royal à exécution. Des ordres
réiterés du roi pour exterminer ces sectaires
restèrent sans eiïet, ou ne firent que les exas»
pérer. Enfin, en 1 54 5, François V ex pédia de nou-
velles lettres patentes, pour en purger la Pro-
vence. Ce fut d'Oppède qui se chargea de cette
commfssion : il se mit en relation avec le ca-
pitaine Paulin, si fameux sous le nom de baron
de La Garde , qui mit à sa disposition deux
mille hommes de vieilles bandes quil avait
amenées du Piémont. Le pariement, toutes
chambres réunies , nomma ensuite pour l'as-
sister le président de La Fonds , les conseil-
lers Badet et de Tributs et l'avocat général Guîl-
lauroe Guérin. Le premier président, en Tabjenoe
du comte de Grignan, prend en personne le com-
mandement des troupes, et envahit le terril<»re
des Vaudois, qui se retirèrent dans des bols
Inaccessibles. Ils ne laissent dans les villages que
les vieillards , les malades , les femmes et les
enfante ; le farouche président les fait passer
impitoyablement au fil de l'épée, et leur^ maisons
furent livrées aux flammes. Mérindol, compiéfe-
ment désert, fut pillé et brûle ; puis reoforoée de
troupes expédiées par le vice- légat d'Avigpon,
avecdu canon, l'armée se dirige sur Cabrières . Les
Vaudois, retranchés dans ce village, se rendirent
dès le second jour du siège, et une trentaine d'entre
eux furent mis à mort. En se retirant à Ca-
vaillon, d'Oppède donna l'ordre à quelques ge*»^
tilshorames de sa suite de retirer d'entre les
femmes et les enfante qu'on avait enfermés dans
l'église tous ceux qu'ils pourraient disposa
à embrasser le catholicisme; mais, au mépris
de la capitulation, le commandant des trou-
pes avignonnaises fit massacrer sans pitié non-
seulement les ho!iiroes qu'on avait entassés dans
le chAtean , mais tout ce qui resteit de femmes
dans l'église , après avoir assouvi sur celles-ci
leurs brateles jouissances. Les restes des mal-
713
OPFÈDE — OPPERT
714
beoreax Vaudois qai sMUieot réfugiés dam»
les bois y moururent presque tous de faim, à
Texception des plus robustes, qui réussirent
à gagner Genève et les cantons protestants. La
France s'en troura débarrassée; mais elle apprit
avec stupeur les atrocités auxquelles avait pré-
sidé d'Oppèdc. La secte hérétique était exter-
minée; toute la cour applaudit ani triomphes
de d'Oppède, et le pape Paul in fut si charmé
de Teitirpation de cette hérésie, qu'il lui adressa
on bref flatteur par lequel il le créa cheva-
lier de l'Éperon d'or et comte palatin. Cependant
sur la plainte de Françoise de Bouliers, dame
deCental^ le roi 'commença par donner des
juges aux parties. Après que Taffaire eut traîné
près de quatre ans avant de pouvoir être plai-
dée au fond , il ordonna par lettres patentes du
17 mars 155t qu'elle serait jugée par la grande
chambre du parlement de Paris. La cause oc-
cupa cinquante audiences successives. Le premier
président d'Oppède, les quatre commissaires pour
l'expédition de Mérindol, le haron de La Garde,
et la dame de Cental eurent chacun son avocat.
Mais celui qui sans contredit paria le mieux de
tous fut d'Oppède lui-même, qui se défendit avec
une merveilleuse force de logique par un plai-
doyer écrit, commençant par ce texte du psau-
me 42 : Judica me, Deus, et discerne eausam
meam de génie non sancCa. 11 y prouve qu'il
n'a fait qu'ei^écuter les ordres précis du roi , et
compare sa situation à celle de Saûl, k qui Dieu
avait ordonné d'exterminer les Amalécites. La
jastilication de d'Oppède suivit de près son plai-
doyer. Lui et ses co-accusés furent renvoyés
absous et réintégrés dans leurs fonctions, à l'ex-
ception de l'avocat général Guério, qui Ait con-
vaincu de faux , et eut la tête tranchée sur la
place de Grève. On a de d'Oppède une traduc-
tion en vers de six TriompJies de Pétrarque;
Paris, 1538, in-8**, avec gravures sur bois.
H. FiSQCET.
Gauffrldl, Ilist. de la Prwence. - Pllhon-Cart, fftst,
((0 fa floè/ciM ducomtat f^enaifHn, t II, p- U^* —
Méirray, ^bréQé ehron, de rkia,de Fr-, t. iV, l« partie,
p. 6Si et 6W. ' Dict. de la Provence et du eomtat Ve-
naifiin.
oppBXHEiMER {^Davïd ben Àbraham)y
savant rabhin allemand, né à Worms, en 1667,
mort à Prague, en 1737. Après avoir dirigé l'é-
cole juive de Nicoisbourg en Moravie, o6 il
aTait fait ses études, il remplit en Lithuanieles
fonctions de rabbin, fit un voyage en Palestine,
et devint enfin chef de la synagogue de Prague.
Il réunit une précieuse bibliothèque de livres et
de manuscrits hébraïques et talmudiques; il en
livra le libre accès à Wolf, qui fut ainsi mis à
même de donner à ses travaux une plus grande
perfection (roy. Wolf , Bibliotheca hebrxa,
t. iV). Cette riche collection, estimée alors &
cent cinquante mille francs, passa plus tard en
la possession disaac Scligman Berend-Salomon
de Hambourg, qui en fit publier le Catalogue ;
Hambourg, 1785, tai-4*. Oppenheimer a écrit
une longue Préface en tète du Pentateuque
imprimé à Beriin en 1705. Il a laissé en ma-
nuM*,rit plusieurs ouTrages pleins d'érudition,
entre autres un Commentaire sur la Bible et
le Talmud, une Explication de plusieurs
particularités du Talmud, en 5 vol. in-fol. 0.
Petzel , éitMidunçen bâhmiseher «met mà^rUekêr
GeUhrîen. 1. 1. ~ Mlcbaellt, QrlenUMiehe «tut exege^
tiicHe BibUotkek ( parUe XXI. p. 10 ).
oppbhord ( Gilles-Marie ) , architecte
français, né à Paris, en 1673, mort en 1742.
Fils d'un habile ébéniste, U fut d'abord destiné
à la profession paternelle ; mais, entraîné par sa
vocation, il devint élève de Jules Hardonin-
Mansard, et mérita bientôt d'être envoyé à
Rome avec le titre de pensionnaire du roi de
France. Il passa huit années en Italie, mais
malheureusement il préféra à l'étude de l'an-
tique celle des ouvrages du Bemin, du Bor-
romini et de leurs imitateurs, et sa manière »>■
ressentit au point qu'il a été surnommé le Bor»
romni français. A son retour à Paris, il donna
les dessins du maître autel de Saiat-Germain-
des-Prés, détruit à la Révolution, puis du poi^
tique méridional de Saint-Sulpice et du maître
autel de cette église, remplacé aujourd'hui. U
fut chargé de la décoration de la galerie du Pa-
lais-Royal et du salon qui la précède, de l'in-
térieur de l'autel du Grand-Prieur de France
au Temple, du choeur de l'église Sain^yictor, etc.
Le régent l'avait nommé directeur des jardins
et bâtiments royaux. Oppenord a laissé un
grand nombre de dessins, qui ont été en partie
publiés par Huquier, et dans lesquels on peut
trouver de bons motifs de décoration dans le
style dit rococo. Jacques-François Blondel est
le seul élève qu'on lui connaisse. £. B^k.
Quatremère de Qulncj, iHct. d:archUeeiure, — Du-
taure, IJist, de PaHt. — Tlcozzl, Diiionarto.
l OPPERT ( Jules ), orientaliste allemand ,
naturalisé français, né à Hambourg, le 9 juillet
1875. Après avoir terminé ses études classiques
et suivi les cours de droit à Heidelberg, en-
traîné par son goût pour la philologie, il se
rendit à l'université de Bonn, où il lut un des
disciples assidus de Frédéric Freytag*, pour
l'arabe^ et de Christian Lassen pour le sanscrit.
Il continoa sesétudes à Beriin et à Kiel; où il fut
reçu docteur en philosophie en soutenant une
thèse De Jure Tndorum erimlnali. Peu de
temps après, il publia à Berlin un ouvrage sur
le système vocal de l'ancien persan, intihilé
fMutsystem des altpersischen , 1847, ln-8».
Comme Israélite, il éteit privé en Allemagne d'une
partie des avantages que lui donnait son érudi-
tion : ainsi la carrière du professorat loi était
interdite. Recommandé à M. Letronne, il vint
on France et y obtint, en 1848, un emploi de
professeur d'allemand au lycée de Laval, et en-
suite à celui de Reims. Différents mémoires
qu'il publia dans la Revue archéologique et
dans le Journal Asiatique sur la langue perse
et sur l'écriture cunéiforme attirèrent sur lui
716
OPPERT — OPBiEN
716
TattentiOD de l*Iflstitut, qui le déaigaa pour faire
|Mrtie de l'expédition scientifique en Mésopota-
mie entreprise en 1851 par ordre du gouverne-
ment français. De retour en France, il reçut des
leilreB de naturalité et fut chaiigé par le ministre
de rinstniction publique d'aller étudier au
Musée britannique, à Londres, les inscriptions
et lea moonnienffl assyriens provenant des
fouilles de Khorsabad. C*est à ses soins que le
ministre d'État confia la rédaction du Toyage en
Mésopotamie. M. Oppert en commença la publi-
cation en 1857, sous ce titre : expédition
identifiée en Mésopotamie^ exécrttée par
erdre du gouvernement, de 1851 A 1854, por
MM. Fulgenee Fresnel, Félix Thomas et
Jules Oppert, L*onvrage, qui n*est encore
qn'à la 9* lirralson , ()ott former on atlas de
10 cartes ou plans, d'après les dessins de
M. Oppert, 12 planches de vues pittoresques,
éesstnëes d'après natqnre et lerarées à l'ean-fortc
par M. F. Thomas, et ^ volumes )n-4o de
texte eontenant , outre la relation dn voyage,
divers mémoires remarquables sor la chrono-
logie de l'histoire des Assyriens et des Babylo-
niens, sur les inscriptions cunéiformes et le dé-
chiffrement de plnsieurs de ces inscriptions au
point de vue de l'histoire. M. Oppert a publié
aussi im ouvrage sur les Inscriptions des
Aekéménides; Paris, 1852, in-B*. 11 a commu-
niqué à rinstitut quelques mémoires et une
carte de Tandemie Babylone. U a fait insérer
divers articles dans VAthenseum français, dans
les Annales de philosophie chrétienne et
dans quelques autres recueils. G. de F.
Deeum. pearticulters.
ornsgr COictctavéç ), poète grec, vivait dans
Je second siècle après J.-C. On Ini attribne gé-
néralement deux poèmes, qui existent encore»
Sur la Pèche ( Halieutica ) et 5t4r la Chasse
( Cynegetica ) et un troisième poème Sur la
Chasse aux oiseaux ( Jxeutica ), avgourd'hai
perdu, mais dont il subsiste une paraphrase en
prose; Schneider, un des meilleurs éditeurs
d'Oppien, s'est efforcé de pixwver que ces trois
poèmes ne peuvent pas être du même auteur.
Son opinion tend â prévaloir parmi les érudits,
et mérite un examen attentif. Avant d'«ntrer
dans celte discussion, nous résumerons une Vie
d'Oppi«i écrite en grec par nn auteur anonyme.
D'après cette notice biographique, Oppien était
né à Aaazarba ou k Corycus en Cilicie : son père
se nommait Agésilas et sa mère Zénodota. 11
reçut une excellente éducaiGon dans toutes les
branches des arta libéraux, particulièrenent la
géométrie, la musique et la graroroaine, sons la
torveillance de son père. Agésilas oocopait une
des premiènes places dans aa cité de Cilicie; il
était tellement ahsoièé par ses études de phi-
losophie qu'un J4iiar que Tenopereur Sévère visita
cette ville, il oublia d'aller avec les antres na-
içlstrats présenter ses hommages au chef de
r«Dipire. Clioqué de aoa absence. Sévère le re-
légua dans nie de Melita.' Oppien accompagna
son père en exil, et composa ses poècncs à
Méiita. U les porta k Rome après la noort de
Sévère, et les présenta à Antonin (Caracalia),
fils et successeur de ce prince. L'empereur,
charmé de ces ouvrages, accorda A Oppien U
grAce de aon père et une pièce d'or ( vrmxi^
Xpu(roûç , v6|Uffjia xp^coûv, près de 20 f. ), par
vers. Peu après son retour dans son pays natal,
Oppien monrut, de la pesie, à l'âge de trente ana.
Ses contemporains loi élevèrent nn tembeau,
avec une inscription en vers, dans laquelle on
fait parler le poète kii-méme, et qui contient
avec une plainte sur sa mort piématorée, on
vague et pompeux éloge de son talent. Le
biograplie mentionne le» Cynegetica et ks
Ixeutica^ et ne dit rien des ffalieutica» A
cette Vie x>n peut ajouter queUpies notions ac-
cessoires, mais qui ne concordent pas toujours
avec l'anonyme. Syncelie {Chronog., p. 352| âà3)
et saint Jérôme {Chronic.) le placent aous
le règne de Maro-Aurèie Antonin. Soconoène
( Prxfat. ad Bis(. Eccles,)^ Suidas et d'an-
tres, d'accord en cela avec l'anonyme, le font
vivre du temps de Sévère ; seulement Soxomène
dit qu'il présenta ses poèmes à cet empereur, et
non à son fils Antonin. Ces contradictions ne
détruisent pas l'autorité de la notice anonyme ;
mais il faut remarquer que cette notice m^me
n'est nullement conduanfe sur la question de
l'identité d'auteur pour les trois poèmes. Schnei-
der, en 1776, dans sa première édition con-
jectura que les Halieutica et les Cynegetica
étaient de deux auteurs portant le même nom, et
qui ont toujours été confondus. On peut oIh
jecter k la conjecture de Schneider, qu'elle est
en contradiction avec des autorités anciennes,
et qu'il n'est fait nulle part mention de deux
poètes dn nom d'Oppten. Cependant, malgré les
difficultés de cette hypothèse, elle a d'incontes-
tables avantages, et s'appuie sur des fondements
assez solides. D'atwrd il résulte de passaiiçes
formels des deux poèmes que l'auteur des Ha"
lieutica n'était pas né dans le même endroit
que l'auteur des Cynegetica, A cette raison
s'en ajoute une autre, presque aussi forte, tirée
de l'extrême différence de mérite que Ton re-
marque entre les deux poèmes, difTérence telle
qu'il est pour ainsi dire moralement imposable
que l'auteur de l'un soit l'auteur de l'aulre, sur-
tout quand cet auteur n'a vécu que trente ans.
Dans une vie aussi <»Hirte^ il est difficile de
trouver place pour le très-sensible déclin de ta-
lent que l'on remarque entre le plus ancien des
poèmes, les Halieutica^ et le plus récent, les
Cynegetica,
L'auteur des Halieutica était né en Cilide,
mais on n'est pas d'accord sur sa ville natale.
La Vie anonyme d'Oppien le fait naître à Co-
rycus ou Anazarba; Suidas dit Coryeus, et son
témoignage semble confirmé par etn vers des
Halieutica ( UI, 205, etc.): « Apprends d'à-
717
boni la pèche habile 4es anthiei , teUc que
rexécuiest mt Je pranoatoire-ée Sarpéik)D iee
habiUats de Mira 9^nt. «eux «toi j^ewfkai ia
\ille d'Hermèa, la cité iUtuIrepar ses vaisseaax,
Goryeaa at Eleasa qD'entoareDt les floU. » La
liate d'Oj^pien est encore plus iaceitaine que le
non de sa wUe natale. Athénée dit que ce poëte
vivait un pea avant lui ; maÎB la date d'Athénée
B'«a pas «erlaine. Fahricittfl, Sobweiflliœnser
se WDt serHis ponr la fixer de la Vie anonyme
d Oppien. Cependant l'opinion la mieux établie,
c'est qu'Athénée vivait vors la fin du second
siècle apràs J.-C., ce qui s'accorde parfaite-
ment avec Euaèbe ( Ckr^n. «dans saint Jérdne,
^ol. Vm, p. 722, édlL de Vérone, iTas),
SjDceUe <CAroR0^., p. 3d&, 3&3, édiL -de
Paris, 1652 ), qui placent Oppien dans Tannée
171 (ou 173) et avecSttidas qui le Ihit vivre
^us le x^)0ae de Mar4>-Antonin (Blarc-Auréie»
161-J80}. Si la date assignée 4 Oppien est
exacte, Tempereur auquel les HaUetUica sont
<icdîés et qui est appelé « Antonin, force sn-
préme da men«îe ( I, 3) » est Marc-Aurèle; les
alUiftons À son fils (f, 66, 78; iU, 683; IV,
^; V, 45) se laipportent à Commode, et le
poenie a dû être écrit en 177, année de l'asso-
dation de Commode à Temptre. Si au contraire
oa soit la chronolc^e 4le la Vie anoHjfme, il
faut admettre que rAntoain de la dédicace est
Caracalla ( qui reçut en effet le titre d'Anrelius
Antonio us avifc la «dignité de césar en 196);
mais alors on ne sait comment expliquer les al-
lumions au fils d'Anleoin, car l'histoire ne men*
tioooe pas de fils <le Caracalla. La première
chronologie, celle qui place Oppien sous Marc-
Aurèle, nous parait donc de beaucoup pré-
férable.
I<es JBalieutéca contiennent 3,506 vers, divisés
en cinq livres, dont les deux premiers traitent de
Thistoire naturelle des poissons, et les trois
autres de l'art de la péohe. L'auteur fait preuve
de connaissances zoologiques étendues, quoiqu'il
inêie à des notions exactes beaucoup de fables
et d'absurdités. £n sdmme il n'est pas plus cré-
dule que la plupart de ses contemporains , et
beaucoep de ses erreurs furent copiées par ^Elien
et les écrivains postérieurs, rtous indiquons ici,
d'après l'article Oppien de VEnflità Cffclop»^
dta, les particularités xoologiques les pins remar-
<inab1es des Halieutica. Oppien mentionne dans
<ies vers pittoresques (I, 217, etc.) la merveille
de l'échéoéis ou rémora, qui arrête un vaisseau
lancé à pleines voiles, en s'attacliaat à la quille»
<^t l^làme l'incrédulité de ceux qui révoquent en
cloute cette histoire ; il connaît la particularité
du petit crabe (xapxivà;) qui, n'ayant pas de co-
n|i>ile naturelle, s'empare de la première coquille
vide quil rencontre (I, 320, etc.); H donne une
'''Ile et exacte description du nautile ( vauruoc)
(■> 338, etc.) ; il dit que la murène ou lamproie
^ î.ccouple avec les serpents de terre , qui pour
un temps dépoi^ent leur venin ( 1, âôi ; ; il signale
OPPIEN 71$
(U, 56»eto.; m, 149,«te.) reogourdisseracnt
caasé par le toucher de la torpille < ^âpaoi) et le
fhiide aoir lancé par la sépia, qui écbaMie «inai
aux peisseas qui la poursuivent (UI, 156, etc.) ;
il frétead qu'une «apèce àe poisson appelée tar»
gus a une afEection singulière pour les chèvres,
et i|ue le pécheur qui veut le prendre se revêt
d'une peau de chèvre; il mentionne phisienrs
kÂs le dauphin, et l'appelle, à cause 4e sa vélocité
et de sa beauté, le rot des poissons» «omme l'aigle
est le roi des oiseaux* le lion le rai des animaux,
et le serpent 4lea reptUes (II, 533 etc.) ; il raconte
(V, 448, etc.) une anecdote assez aemblable k
celle rapportée dans Pline (£f«s^ nai., IX, 8) et
que toute l'Ëolide, dit-il, ne rappeUe enoore : un
dauphin «'était pris d'affection pour un enfant;
il lui «béissait en tout, comme m chien à son
maître, et il mourut de douleur de la mort de
l'enfaoL Le style des Haiieutica est abondant
' et harmonieux ; l'auteur néte avec habileté lea
détails techniques, les préceptes et ks ornements
poétiques.
L'auteur dee Cfne^etàca était oé à Ap»-
mée on Pella en Syrie, eomme il nous l'ap-
prend clairement lui-même, dans le passage auH
vant, où al parle du fleuve Oronte (U, 125). « Le
iteuve, s'élançaat au milien des plaioea, groMit
toujours, et; s'approchant des murailles, baigM
à la fois le continent et Tlle, ma patiie. » Un
peu plus loin, «près avoir parlé du teof)le de
Bfemnon ^s ie .voisinage d'Apamée, il ajoate
(11, 156) : « ItouB chaolerona toutes ees^hœee
avec ralmafaàe chant piropléien pour la gloire àe
notre patrie. » £n vain, pour se soustraire à Vé'
vidence de ces passages, un critique a proposé
de faire diftfnraltre des Cynegetiea les mots qui
témoignent de aa nationalité ; le véritable texte
a été conservé par tous les bons éditeurs, et at-
teste que l'autenr des Cynegetiea était né à
Apamée en Syrie, et non pas à Coryeos en Gilide,
comme l'auteur des Halieutica , ce qui tranoiie
la question d'identité. La diatinction entre eux
est encore établie par ce qni sott. Nous avons va
que Tan vivait sous Marc-Aiirèle, auqael il dé-
dia son poème ; l'auteur des Cffnegttica adresse
aoneeuvve à Caracalla, qu'il appelle « Antooin que
la grande Domna enfanta pour le grand Sévère ».
Phisienre vers du poëme font pensa* que Tau-
teur le composa après l'association de Caracalla
k Tempire (198), et avant la mort de Septime Sé-
vère, en 211.
Les Cynegetiea contiennent 2,242 verf:, et se
divisent en quatre livres, dont le dernier n'est pas
venu complètement jusqu'à nous. JL'auteur con-
naissait certainement les Halieuticay et il se pro-
posa sans doute dans son poème d'en écrire la
suite et le complément. 11 parait au moins aussi
instruit que son devancier, et il môle comme lui
beaucoup de &bles à des notions exactes et à
d'excellentes descriptions. Voici d'aprè^i YEn*
glish Cydopœdia les particularités aoologiques
les plus curiftus«'s de ce poème. L'auteur dit ev
719
OPPIEN —
pressément qne len défenses de Téléphant ne
sont pas des dents, mais des cornes (II, 491, etc.)«
et mentionne un rapport d*après lequel ces ani-
maux sont capables de parier (II, 540) ; il pré-
tend qu'il n'y a pas de rhinocéros femcïle et que
tous ces animaux sont du sexe mâle (XI, 560) ;
que la lionne pleine met au jour la première fois
cinq lionceaax, quatre la seconde fois, trois la
troisième, puis deux, et euGn on (III, 58 etc.) ;
que loorse met au monde ses petits tout à fait
informes, et qu'elle leur donne une forme en les
léchant (III, 159, etc.) ; qu'il y a une si grande
inimitié entre le loup et l'agneau que si, après
leur mort, on fait des tambours avec leurs peaux,
la peau de loup fait taire la peau d'agneau (III,
282); que les hyènes changent de sexe tous
les ans (III, 288 ) ; que les dents du sanglier con-
tiennent du feu (lil, 379); que Tichneumon s'é-
lance dans la gorge du crocodile, qui dort la
bouche ouverte et lui dévore les entrailles (111,
407) ; il réfute l'opinion de ceux qui prétendent
qu'il n'y a pas de tigre mâle (III, 357); il donne
une description très-vive et remarquablement
exacte de la girafe (III, 461). Pour le style, la
diction, le mérite poétique, les Cynegetica sont
bien inférieurs aux Halieutica, Schneider dit
que c'est un poëme dur, mal composé et s'éloi-
gnant très-souvent du génie, de Tusage et de l'a-
nalogie de la langue grecque.
Le poëme intitulé *l^unx£ (Sur la chasse aux
oiseaux) est perdu ; il formait, dit-ou, cinq livres ;
mais la paraphrase en prose grecque par Eulec-
nius n'a que trois livres. Le premier traite des
oiseaux apprivoisés et des oiseaux de proie, le
second des volatiles aquatiques, le troisième des
différentes manières de chasser les oiseaux.
Quant au mérite poétique de l'œuvre, il est im-
possible d'en juger par la paraphrase en prose.
Après celte analyse, nous revenons à la ques-
tion d'anteur. Nous pensons que ce problème ne
peut pas être résolu d'une manière certaine, mais
que de tontes les hypothèses la plus probable est
celte qui attribue les Halieuiica à un Opplenné
à Coryeus enCilicieet vivant sous Marc- Aurèle,
les Cynegetica et peut-être les Jxeutica (que
Schneider réclame pour Démétrius ) à un Oppien
né à Apamée, qui vivait sous Septime Sévère et
Caracalla. L'auteur de la Vie anonyme confon-
dit les deux poètes, et cette confusion s'est per-
pétuée jusqu'à nos Jours. L'édition prihceps des
Halieutica fut publiée par Philippe Junte, Flo-
rence, 1515, in-8*'; elle esl précieuse par sa ra-
reté et sa correction, et il n'a pas été fait d'autre
édition séparée de ce poème. Une traduction
latine en vers hexamètres par Lippi fut publiée
à Florence, 1478, in^4'* ; il a été traduit en an-
glais par Diaper et J. Jones, Oxford, 1722,
in.8'; en français par J. -M. Limes, Paris, 1817,
iii-S% et en italien par Salvinj, Florence, 1728,
in-8*; — la plus ancienne édition des Cynege*
tica, à part des Balieutica, parut à Paris chez
Yâscosan , Paris, 1549, in-4'' ; ce poème fut publié
OPPIKOFER 720
! par Belin de Ballo, Strasbourg, 1786, graad
i in-8% grec et latin, avec de savantes noté^ trop
; souvent consacrées k une polémique personnelle
' avec Schneider; l'éditeur voulut donner les Jfth
j lieuiica dans un second volume, dont il n*a para
, que quarante pages. Les Cynegetica ont été
traduits en latin par Jean Bodin, Paris, 1555,
in-4**, et par David Pfeifer, dont la traduction, eom>
posée en 1555, parut pour la première Cens dan»
la seconde édition de Schneider, Leipzig, 1813;
en français par Florent Cbrestien, Paris, 1575,
in-4% et par Belin de Ballu, Strasbourg, 1787,
in-8^; en anglais (le premier livre) par J. Ha-
wer, Londres, 1736, in-8o, et en alleBiaiid par
S. H. bieberkûhn, Leipzig, 1755, in-8*. Une
liaraphrase anonyme grecque d'une partie do
poème (probablement la même que le CaUdogwt
de la bibliothèque de Vienne par Larobèce at-
tribue à Eutecnius ) fut publiée par Mustoxydis
et Dem. Scfainas dans leur recueil d'écrits grecs
inédits; Venise, 1817, in-8^ La plus ancienne
édition des deux poèmes est celle des Aide; V^
nise, 1517,10-8**, contenant le texte grec avec
la traduction latine des Halieutica , par Lan-.
Lippi. L'édition la plus complète est celle que
Schneider pnbKa à Strasbourg, 1776, iii-8*, gr.
et lat.,avec des notes étendues et savantes et
la paraphrase grecque des Ixeutiea qui avait été
publiée pour la première fois par Eras. Winding,
Copenhague, 1702, in-8°. Schneider donna qod-
ques additions à son commentaire dans ses Ana-
lecla critica; Francfort, 1777, in^*". Schneider
était fort jeune quand il publia cette première
édition, et il se peitnit avec Brunck, qui l'assista
pour les Cynegetica, des corrections téméraires,
qu'il effaça dans sa seconde édition, publiée à
Leipzig, 1813, iu-S*", et malheureusement inache-
vée. La dernière édition et la meilleure pour le
texte est celle de Lelirs, dans la Dibliothéqut
Grecque de A. -F. Didot; Paris, 1846. Dacs
la même Bibliothèque M. Bussemaker a donné,
en 1849, une bonne collection de Scholies grec-
ques sur Oppien. L. J.
Fabrlctut. Bibliatheea traeei, vol. V. p. Ht. éêtt. de
Ha ries. —> i.-G. Schneider, Pr^. et noies de «a première
idïiUm, et Pré/ace de sa aecoode édlUon. — F. IVter,
Comment, in qna enarratu viroruméoeL de OpiUanu
dtsceptatUme, in eorumdem vUam çrmee ieriptam in-
guirituri Zeltz, 1840. 1o-4*. — Hoffmann, BMioçra^ts^
ches LexikoH, t. III. — F. RtUer, arU Oppimma dans
VBne^clopsedte d'Hnch et Graber. — SlBiU^ Dt^ie-
narif of greeJt and roman biographe.
OPPiKOFsa (Jean), géomètre suisse, na-
quit en 1783, à Unteroppîkon, en Tbuigovie.
Avant 1837, il était au service du gonvememesl
de Berne, occupé à la correction des eaux du
: Jura, puis il revint en Thorgovie. En 1826, il
L inventa le planimètre, instrument destiné à la
I mesure directe des superGdes planes. Le gou-
vernement de Berne l'en récompensa, en 1830^
par un don de 1,600 fr., et la Société d^Encoura-
gement de Paris lui décerna , en 1836, une partie
do prix de mécanique. Ce planimètre a été plus '
tard perfectionné par l'ingénieur Wetli et pa-
72i
OPPiKOFER — OPPIUS
72»
M. Hansen, et le professeur Amsler lear rab-
stitua, en 1856, on insiroment plus simple, le
plaoimètre polaire. Du reste, linTention d^Op-
pikofer n'a pas été sans précédent ; Martin Herr-
mann, en 1814, et Tito GonnelUy en 1825, ont
eu des idées semblables.
Wolf) Sehwêiur BioçropMe, II. — Poggendorfr,
Bioçr, m, Hand,
OPPIC8 ( Cttiut ), nn des plus Intimes amis
de Jnles César, yi?ait ters le milieu du premier
siècle avant J.-C. Il appartenait à une maison
plébéienne, la gens Oppia, ancienne et importante
maisctn dont aucun membre ne fut élevé au con-
sulat ,. quoique les Oppius figurent plusieurs fois
dans lliistolre romaine depuis le second décem-
virat jusqu'à Teropire. C. Oppins,tribun du peuple
en 213 avant J.-C.,au milieu de la seconde guerre
punique , rendit une loi pour restreindre les dé-
penses et le luxe des femmes romaines. Cette
loi défendait aux femmes d*avoir plus d'une
demi-once d'or, de porter des vêtements de di-
verses couleurs , et de faire usage de voitures à
Aome, ou dans d'autres villes , on à un mille dé
leur enceinte, sauf le cas de sacrifices publics.
La loi Oppia fut abrogée en 195, malgré la véhé-
mente opposition de Caton Tancien ( Tite-Live «
XXXIV, I-8H Valère-Maxime, IX, 1 ; Tacite,
Annal., III, 33, 34). jQ. Oppius, un des gé-
néraux romains dans la guerre contre Mithri-
date en 88, tomba an pouvoir de ce prince, qui
ne lui fit essuyer aucun mauvais traitement ,
mais qui se plut à le promener dans ses diverses
expéditions et k le montrer comme nn trophée
anx peuples de l'Asie. Mithridate le remit en-
suite en liberté sur la demande de Sylla ( Tite-
Uve, £pit., 78; Athénée, V; Appien, Mithrid ,
17, 20, 112 ). Publius Oppius, questeur du
consul M. Aurelius Cotta en Bithynie, en 74 et
dans les trois années suivantes, fut accusé de
s'être approprié l'argent destiné aux troupes.
Il en résulta entre le questeur et Cotta une scène
si violente qu'Oppius tira l'épée contre son su-
périeur. Cotta le renvoya de la province, et
adressa an sénat une lettre dans laquelle il Tac-
casait de malversations et d'attentat contre la
vie de son général. Oppius fut mis en jugement
en A9 et défendu par Cicéron, dans un discours
aujourd'hui perdu ( Dion Cassius , XXXVI, 23 ;
Qnintilien, V, 10; Salluste, HisL^ III, p. 218,
«dit. Geriach ; Cicéron, Fragm., vol. IV, p. 444,
édit. Orelli).
Calus Oppius n'ajouta rien k l'illustration of-
ficielle de sa famille, car il n'occupa aucune
l^nde charge; mais il dut une certaine célé-
lirité à ses ouvrage^ et surtout à l'amitié de Jules
(^r. Avec Cornélius Bassus, dont le nom est
Kénéraicment associé au sien, il veilla sur les
affaires privées de César, et fut initié à tous ses
projets et à tons ses plans. Une anecdote^ rap-
portée parPlutarque et Suétone, montre avec
quels égards il était traité par son illustre et
tout puissant ami. Dans un voyage, César et sa
suite furent assaillis par une tempête et forcés
de se réfugier dans la cabane d'un paysan. Cette
pauvre maison ne contenait qu'une seule chambre,
si petite qu'une seule personne y pouvait tenir.
César voulut qu'Oppius, dont la santé était dé-
licate, dormît sous cet abri ; lui-même et ses
autres amis passèrent la nuit sous l'auvent de
la porte. La guerre dvile qui éclata en 49 donna
naturellement de l'importance aux deux confi-
dents du proconsul, qui entretenait avec eux une
correspondance en diiffres , et leurs noms sont
souvent cités dans les lettres de Cicéron. Oppius
et Balbus s'efToroèrent de calmer les craintes du
grand orateur louchant les desseins de César et
de le rattacher à sa cause. La correspondance
de Cicéron contient une lettre qu'Oppius et
Balbus lui écrivirent en commun à ce sujet, en
y joignant une lettre de César lui-même , dans
laquelle le proconsul , au début de la guerre ci-
vile, promet d'user de la victoire avec modéra-
tion et de triompher de ses ennemis par la clé-
mence. Jusqu'à la mort de César Oppius garda
la même place dans son intimité, et l'année même
qui précéda cet événement, en l'absence du dic-
tateur, alors en Espagne, il fut chargé avec Balbus
de la haute direction des affaires à Rome, quoi-
que cette ville fût placée sous l'autorité nomi-
nale de Marcus Lepidus, maître des cavaliers.
Après la mort du dictateur, Oppius épousa la
cause d'Octavie, et exhorta Cicéron à en faire
autant.
II ne reste plus rien des ouvrages d'Oppius.
C'était déjà une question chez les anciens si
les Guerres d* Alexandrie, d* Afrique et d*ES'
pagne étaient de lui ou d'Hirtius. Les meilleurs
critiques pensent que pour la Guerre d^Alexan*
drie il y a peu lieu de douter, et que la ressem-
blance de cette partie des C(nnmentaires avec
le huitième livre de la Guerre des Gaules,
montre qu'elle a le même auteur, c'est-à-dire
Hirtitts. Quant à la Guerre d* Afrique , elle peut
bien être d'Oppius. Niebuhr la lui attribue avec
son assurance ordinaire. « Cet ouvrage, dit-il ,
est très-instructif et très-digne de foi ; mais il
est pour le langage bien différent du récit de 1»
Guerre d'Alexandrie ; il offre quelque chose
de maniéré , et en somme il est moins beau. »
Oppius écrivit les Vies de plusieurs Romains cé-
lèbres, parmi lesquels on cite Scipion TAfricain
l'ancien, Cassius, Marius, Pompée, probable-
ment aussi César. Plutarqne dit avec raison
que lorsque Oppius parle des adversaires de
César, il ne faut accepter son témoignage qu'avec
beaucoup de précaution. Après la mort du dic-
tateur, Oppius écrivit un traité pour prouver
que Césarion n'était pas le fils de Jules César
comme le prétendait Cléopàtre sa mère (1). Y.
(1) Ua Marau Oppius, qnl appartenait A la même te-
intHe, mail non au même parti qae le précèdent, fat
prtMcrlt avec son père en 4S. Comme le vieillard était
incapable de te mouvoir et que lea moyeni de trans-
port manquaient. Opplac l'emporta bon de Rome tur
les épaules. Le père et le fils atteignirent la Sicile CD
723
OPPIUS — OPTAT
7:4
Qcéroo, jtd Mt.; ad Fam. {roj, VOnomaUieùn
TuiUanum d'OreUi). — Vossius, De Hlttorieis tatinit,
— Dramann , GeaekirlOe Bétnt, vol. V. — Smltli, Dio-
tionarif tff gredi ané nwi«M àéogr^lig,
o»POBTDNE(SaHite),.reUgi6aae françaMe,
née en Normandie, au diocèse de Séei., morte à
Montrewl» près d'^menèches , le 23 avril 770u
Iftgue de l'une des premières tauàHi» 4e Tliié-
mois ( aujoNBdMiiii pays d'Auge ), die fit piofei-
sûm dans lemenastère de Montrewl, dont elle
■e tarda point à éevtaûr abfaesae. Déjà ùêbêA-
liarisée avec les privations et les auslérilét , die
redoubla de ferveur dans ia retraite. Klle arrait
un Irère appelé Chrodegand, qui fui élu évéqne de
Sées en 756 etaaaaasinéqudques années afrèsfiar
son filleul, daas le boung de Nonant fiooouni eat
inséré dans le martyroiage romain, à U date du
22 avrit En 87S, HUdebraBd, évéque de Séet,
apporta à Moossy-Ae-Neuf, au diooèae de Meaux,
le corps de sainte Opportune, -qu'il traa«4éca
peu après A Paris. Les reliques de la sainte To-
rent ietées en 1797 dans runiaence ossuaire des
catacombes. Sa Vie a été écrite arant 888 par
Addhelflae, évoque de Séez. On la trouve dans les
BoilMdistes et d»is MaMttaB. H. F.
^(Ém sMcCom», itt ti ovrtl. — Mabiltoa. ^ta Mao*
torum ordinis S. Benedicti, part. U, sax, 8, p. fio. —
fialOa chritUana, t XI. — Breviartum paritiense,
âl arrll. — Le Ferre , Calendrier hist. et càranol. de
i'éyiUe de ParU; isn, iii.4», p. llS-ltl. — JHeidM
<«M«et, Fia d$ iainU Opportuat, l«s, In-it.
4M^SOPAUS. Véy. Obsop£US.
OPSTAL ( Gaspard-Jacques van), peintre
ilanand, né à Anvers, en 1660, mort y^rs 1724.
Il n'est guère connu que par ses ouvniges. On
sait seulement qu'il séjourna quelque temps en
France, où son onde Gérard van Opstal était
sculpteur, il composait avec goùL Correct dans
son dessin , il était un de ceusi de son temps
qui, suivant Descamps, peigpiaient avec le plus
de facilité et avaient la touche la plus briU
lante. Plusieurs églises de Flandre sout ornées
de ses tableaux^ La cathédrale de Saint-Omer
possède de ce maître un grand et beau ta-
bleau, représentant quatre Pèi'^s de r£fflise,
Opstal a peint aussi plusieurs sujets aliégo-
riqueâ 00 mythologiques, des nymphes^ des
çénies^ etc. Il réussissait très-bien dans le por-
trait : la galerie d'Anvers en conserve plusieurs
de sa main. 11 ^ laissé de bons élèves, entre
autres Jan Hytens et Jacques de Roore. A. ncL.
jAcob Cajnpo Wejrarman, De Schilderkomit der Né'
dertandert, t. IIL, p. 131-193. — Descamps, IM ne des
Fettttre$ fUunandt. etc., t. HI, p. S9. — PiUfagton, Bie-
MMiory ôfpainUrs.
4»i*TAT ( Saiat), évoque de Milève en Numidie
et-decteur de l'ÉgliM, né vers 315, en Afrique, où
il mourut, après 386. il nous est nnoios oorniu
par les eireonslanoes de sa vie que par ses écrits
et par les éloges qu'ont faits de sa vertu et de sa
5ûneté, et fnreot plat tard rappelés. Le peuple récon-
penca cet acte de piété filiale en nommant Opploa édUe
et en loi dénernaat apré* aa mort une sépulture daoi k
•Champ 4e Man ( Affplen, SeL c<p., I V, U ; Dion Caaiiaa,
\LVUI. SB].
science saint Augustin et saint Fulgence. Le pre-
mier dit de lui, comme de saint Amlireise, qu'il
poorrait être «ae preuve de la vérité de l'Église
calhoéiqoe si eHe s'appuyait sur la veitn de ses
ministres. Le second .Tassocie aux grands
hommes dont Dieu s'est aerti pour noun décou-
vrir les secrets de ses i4:ritures, et qui onl dé-
fendu comme il faut la pureté de Ja ioL Un pas-
sage de saint Augustin, dans aon ouvrage De
docùima thrUtianerum, t JI, ca^. 40, a** 60,
peut iaire eooiectuver <pi'Of»tat, né ^ |»arenls
païens, peu favorisés de la fortime, re9Mt«epeB-
daatune éducation brillante, et ^'apnès «voir
fréquenté tes plue «célèbres éooles de Garibpge, il
se rendit en Egypte pour y étudier la pialoaopt^
Doué d'un jugenent droit, il ne tarda pas à n-
connaître toute la fausseté des principea que de
prétendus sages étalaient dans leurs leçoas , et
pour mieuK atteindre la vérité il embcassa la
foi catliolique, dont il devait se montrer l'an de»
plus ardents défenseurs. U fut élevé an siège
épisoa|»l de Milève, ville de lïumidie, nu se
tinrent en 402 et en 416 deux conciles oélèbtes
dans l'histoim de l'Égtiee. Mens n'aiwna d'Op-
tat que l'ouvrage écrit pour défendre le ca-
tholidsBie contre les 4onatistes. Paimi/nifa ,
troisième évèque des donatistes de CarMiage,
ayant publié l'exposé apologétique des doc-
trines de son prédécesseur, saint Optât crat
devoir le i^futer, dans un ouvrage divisé en sept
livres. Les six premiers furent compoeés vers
368, sons le pontificat de saint Damase ; le sep-
tième ne fut écrit qo'en 364 , sous le pontificat
de saint Si ria'. Dans le premier livre, qui com-
mence par ime profession de foi tooGbant le
mystère de riocaraation, semblable à peu près
à celle du symbole des apôtres, il prouve que
les chefs des donatistM («'oy. Douât) ont livré
les saintes Écritures aux persécuteurs, et que
ce sont eux qui ont rompu les premiers avec
l'Église catholique. Bemontant jusqu'au oonôle
de Cirthe, tenu le 4 mars 30iî, il iwà. ntomber
sur les donatistes la honte d'avoir eu pour pre-
miers chefs des évèqnes qui s'étaient tous re-
connus coupables et qui étaient morta saasaruir
donné aucune marque 'de repentir. U raconte
ensuite comment s'est formé ee déptoahle
schisme, et déclare que le schisme est un crime
plus grand que le parricide et l'idoiAtrie. Les
donatistes neprochaient aux catholiques de
s'être adressés aux puissances temporelles pour
des alTaires <le religkm : saint Oi^iUt leur dé-
montre que ce sont eux-mêmes qui y ont en re-
cours les premiers, en s^adresssnt i Constantin.
Dans le second livre , il établit que l'Église ca-
tholique eat une, qu'elle n'est nokit chea les hé*
rétiques , ni chez les schisasatiques , ai wnier-
mée dans une pantie de l'Afrique, nomme le
prétendaient les donatisles. Son but, dans le
troisième livre, est de justifier les catholiques de
certaines violences qu'on les accusait d'avoir
commises pour procurer la rénnîon des douar
725 OPTAT —
ti&tes. Le quatrième livre est pour répondre à
ce que Parménien avait dit de Thuile et du sa-
crifice du pécheur, entendant sous ce dernier
nom les catholiques, dont il voulait qu'on évitât
les sacrifices. Le cinquième livre est sur le bap-
tême que les donatistes ne peuvent réitérer sans
profanation. Dans le sixième livre , saint Optât
montre la folie des disciples de Donat, qui bri-
saient, raclaient, et renversaient les autels
sur lesquels ils avaient eux-mêmes aupara-
vant offert des sacrifices. Dans le septième
livre, qui est comme le résumé et le corollaire
de tout Touvrage, il répond aux noiivelles objec-
tions des donatistes, qui disaient qu'étant les
enfants des tradlteors, on ne devait pas les
ohllger à rentrer dans Tnnitéy et que les catho-
liques, semblables à des mouches qui en mou-
rant gâtent les plus suaves parfums , corrom-
paient celui qui était consacré par le nom de
Jésus-Christ, c'est à-dire le saint-chrême. Quoi-
que dur et obscur en certains endroits , le style
de saint Optât a du feu, de Ténergie, de Ta-
grément. Il donne quelquefois aux passages de
l'Écriture un sens peu naturel et purement al-
légorique. Certains critiques ont accusé ce
Père d'avoir donné dans Terreur de la réitéra-
tion du baptême des hérétiques, parce qu*n
l'appelle baptême sacrilège, faux; mais en
lisant avec attention on sera convaincu que saint
Optât ne rejette que le baptême des hérétiques
({ni ne conféraient pa& ce sacrement au nom de
la Trinité. Le traité de saint Optât : De schis-
tnate donatistarum a été publié pour la pre-
mière fois par Jean Cochlée , chanoine de Bres-
lau, Mayence, 1549, in- fol.; mais cette édition
a été donnée d'après un manuscrit fort défec-
tueux, il en a été fait plusieurs autres, par
Fr. Baudouin, en 1569, par Gabriel de TAubespine,
évêque «TOrléans , par Méric Casaubon , par
Charies Paulia, jésuite, en 1631 , par PhtI. le
Prk^nr, en 1679; mais la meilleure et la plus
complèle de toutes est celle qu'a publiée du
pin, Paris, 170©, in-fol; Amsterdam, 1701,
«■•fol.-, Anvers , 17^, in fol. Ce savant Ta enri-
àûe d'une préface sur h vie, les œuvres et les
éditions d'oplat, et de deu\ dissertations , l'une
«or l'histoire des donatistes , l'autre sur la géo-
graphie sacrée d'Afrique, fl a tnis de courtes
notes au bas des pages avec les différentes le-
^ns, et y a ajouté ceties des pretnters éditeurs.
On y trouve enfin un recueil de tous les actes
*t des conférences épifcopales , des lettres des
év^ues , des édits des empereurs , des gestes
P«^«wo«ulaire« et des actes des mart^TS, qui ont
du rapport à Thistotre des dunatistes, disposés
par ordre fhronologique , depuis l'origine de ce
^isme justyu'au pontificat de saint Grégoire le
Oraod. Le martyrologe romain fixe au 4 jura la
^e*e saint 0|jttft, dont les (Btttjre* complètes
ont été publiées par l'abbé Migne, Montronge,
w-4VTec les Œuvres de saint Zenon. H. Fisqcet.
Dom CeflUer, ma. des auteurs eeeles., t. Vlj p. 6SS-
OPTAÏIEJS
726
70S. ~ Moréri, Dietionm. hUt. — E. da Pin, FU âesaiut
Optect, daa« r6dtUon de sfs œuvres. — Richard et Gl-
raod, BibHoL sacrée.
orTATiBN ( PicNiltuf - Porph0im-Opta'
<laniM), poêle latin, vivait dans la première moi-
tié du quatrième «iède a|ifès J.-C. Il était eon-
temporaîB de Constantin le Grand. Bon Pémé-
yyrique de cet emjpereur sous apprend qu'il
avait été banni pour quelque nHson qu'il ne dit
pas, et que Constantin, charmé de ees flatteries
poétiques, le rappela 4e l'exH et l'honora li'mie
leltne dans laquelle il fappelie très-efiier frère.
Saint léDÔme assigne au rappel du poète la date
4e 3M, mais c'est une enreur. Le Pamégjfriqite
qui en fait inentioii est an pins tavd 4e 396,
puisqu'U onatiflot l'élege 4e CrispoR, «s 4e
Contaotin, qui eetto aanée même fut mis à
naort ptr l'onlre 4e aon père; il est probable
qoe éet ouvrage fut composé en Slh poar les
fêtes 4e8 Vietnmalim (vwgliènie «nnée do nèf^),
eétél>rées l'année suivante; et il est probable
aussi quH)ptatien, après son retour, fut promu \
de hautes dignités; car on voit figurer Rvr une
Uste des préfets de la <oi(é on PnbHliaB Optitia-
nus, préfet en 3M et 339, leqad parait être le
même que raotenr du Ptméfifrifwe, C'est là
tout ce <fue l'on sait d'Oi)tafien. Onn eonjectoré
avec vraisemblaBee ^u'il était natif de la pro-
vince 4'Âfriqiie.
Les poésies d^Optatien sont des cenvres
d'extnème décadence, et oiïrent des 4éfai]rtt d'au-
tant plus choquants qu'ils tiennent pMdt à la
recherche qu'ao déiaot 4e talent. « fl lui en
eût beauceap moins coûté, dit Boissonade,
pour être un bon poète qne pour être si ridi-
cule. • Dans son Panégyrique en vers de Cons-
tantin , ii semble e'être proposé d'hêtre inintetfi-
giUe, en ajontant aux difficoltéfc natorelles de
la forme poétique toutes les complications ar-
tilieîdles de pensée et de style que son imagina-
tion a pu lui suggérer. Ce détestable spédmen
dVme poésie sénile a été puMîé par Pitfion, dans
ses Pœmaia vetera; Paris, 1590, in- 12, et
Genève, 1596, !*«•. Marc Velser en domra
une seconde édition, avec un commentaire,
Aogsbourg, 159S, in-fol., et on l'a réimprimé à
la suite des (Euvres de Velser, Nnremlierg,
1682, avec des remarques de Ch. Damn. Opta-
tien s'est sin^assé lui-même dans trois petites
pièces ii49Uia) mtltaiées l'ilii^ef Pftfiien
(Aa-a rythia), La SyrUix (Syrinx), VOrgueiOr-
ganmi). && composant avec art cet vers d'nn
plos ou moins grand nombre de lettres, Opta-
cien a 4lNmé à sa première pièee la ferme dNin
autel, k la «econde U forme d'nne syrinx, à la
troisième la foome d'un orgue hydrauKqne. Ces
pnérilH jeux d'esprit ont été imprimés dans les
Pœtx latini minores de Werwsdorf (vol. II,
p. 365^13). On a enrore d'Optatlen cinq épi-
^mnmei, dans VAwtbêtogie latine (um 136-
240,édit.Meyer). L. J.
Tinctnont, BUMre âes empereurs, ? ôl. IV, p. se». —
Wenndorf, DUsert, snr Optatleo, dans les PoeL laL
727 OPTATIEN
min, — BolMoaade. Disurtation »ur le$ vert figurét
daas les Jmusemadi phitoiogiques de Pdgnot.
OEASGB, aiicienne seignearie de Francf, qui
fait actuellement partie du département de Vaa-
cluse. Depuis le dixième siècle, elle eut ses
comtes et princes particuliers; après la mort de
Philibert de Cb&loos (1530), elle passa, par la
sœur de ce dernier, dans la branche de Oillem-
bourg, de la maison de Nassau. Mais cette branche
n'en eut ta paisible jouissance qu'en 1&70, et la
souveraineté ne lui en fut même définitivement
confirmée qu'à la paix de Ryswick ( 1697). En
1702 Guillaume HI, roi d'Angleterre, mourut
sans enfants, et de là cette longue suite de
querelles pour la succession d'Orange. Les prin-
cipaux prétendants étaient Frédéric i'% roi de
Prusse, qui avait pour lui le testament du princede
Nassau-Orange FrédéricHenri, son grand-père
maternel , et Jean-Guillaume de Nassau-Dietz ,
stathouder de Frise,qut s'appuyait sur le testament
du roi Guillaume. Les princes de Cooti et de
*Ma88au-Siegen élevaient aussi des prétentions.
Lors du traité d'Utrecht (1713), le roi de Prusse
céda cette principauté à la France, qui en a con-
servé la possession ; toutefois le prince de Nassau-
Dietz garda pour Ihi et pour les aînés de sa
race le titre de f»rince d^Orqnge^ titre aujour-
d'hui porté par l'héritier présomptif de la eoo-
ronne des Pays-Bas.
Le premier comte d'Orange que Ton connaisse
est Giraud'Adhémar^ dont les descendants s'at-
tribuèrent la souveraineté de Grignan et celle de
Monteil : on le fait vivre sous Charlemagne ;
mais cette tradition n'est pas certaine. Noos ci-
terons parmi ses successeurs : Raimbaud II ^
qui mourut en 1 121, dans la Terre Sainte, où il
avait suivi Raimond de Saint-Gilles; Gtci/-
laume III et Tibwrge II , qui se partagèrent le
comté et en donnèrent, è la lin du douzième
siècle, la plus grande partie aux hospitalière de
Jérusalem; Raimbaud III , • bon chevalier et
très-eâtimé dans la poésie provençale » , selon
Nostradamus, et à qui Ton attribue un livre in-
titulé la Maestria d*auu>r (1). Celui-ci n'ayant
point laissé de postérité , le comté passa à sa
sœur aînée, Tiburge III (1173), mariée en se-
condes noces à Bertrand des Baux.
Bertrand des Baux /^, assista en 1178 au
couronnement de l'empereur Frédéçc 1*', qui
lui accorda, dit-on, en cette circonstance le
titre de prince d*Orange. Blalgré cette distinc-
tion , il n'en demeura pas moins , lui et ses des-
cendants, le vassal des comtes de Toulouse, en
leur qualité de marquis de Provence. 11 fut as-
sassiné en 1181, le jour de PAques, par ordre
du comte de Toulouse Raimond Y , avec lequel
U s'était brouillé.
Guillaume IV, surnommé au Court nez, fils
du précédent, mort en juin 1218. Par lettres
(1) lyiprét PithoD-Cart, ee ^ne serait l'auTre d'un
ik de GnllUuiiie IV, noaioié lUtmtMiud, qui l^uralC
dédié à BUrgoerlle de Provence, femme de saint Louis.
— ORANGE 7»
f patentes du 19 janvier 1214, il obtint de reni-
{ pereur Frédéric II le vain titre de rot d'Arles, Il
prit une part active k la croisade contra les Al-
bigeois, et tomba entre les mains des habitants
d'Avignon , qui ré(x>rchèrent vif et le coopèrent
en morceaux. On l'a placé au nombre des troa-
badoura; mais il ne reste de lui que quelques
pièces insignifiantes, sous le nom d*Inglès.
Bertrand III, mort vere 1335, succéda à
Raimond 1er, son pèra, dans la portion du comté
d'Orange qui lui appartenait; il acquit en 1)89,
par édunge, la portion de son neveu Bertrand 11,
et reçut en 1308 de Charles II, roi de Naples,
la moitié de cette baronnie, qui était restée en
la possession des hospitaliers de Jérusalem et
que ceux-ci, Tannée précédente, avaient cédée
à ce prince.
Raimond /K, petit-fils du précédent, mi»rt
le 20 février 1393, à Avignon. Il posséda aosi
le comté d'Avdlino dans le royaume de Naples.
Afin de mettre ses sujets à Tabri de l'insuJte,
au milieu des guerres qui désolaient alors la
France, il fortifia la ville d'Orange; son goât
pour les lettres le porta à y fonder une univer-
sité ( 27 mai 1365), qui devint assez florissante.
Sa fille atnée, Marie des Baux, transmit la
principauté à une nouvelle famille par son ma-
riage avec Jean de ChAlons, sire d'Ariay, en
Bourgogne.
Jean /«** de Chdlons, mort le 4 décembre
1418, s'attacha au duc de Bourgogne, qui le
créa son lieutenant général ; les partisans de oe
prince le firent nommer, en 141 &, grand cbam-
brier de France, et en 1417 lieutenant général
de Languedoc.
Louis I^r, dit le Bon, fils du précédent, né en
1389, mort le 13 décembre 1463, eut le même
attachement que son père pour la maison de
Bourgogne. Il se trouva au siège de Neisa
(1420) avec le duc Philippe le Bon; mais il re-
fusa de prêter serment d'allégeance au roi d'Ao-
gleterre,qui l'exigeait en vertu du traité deTroyes.
Ayant pris le parti du duc de Savoie contre la
France, il fut battu à Anthon par Louis de Gao-
court, gouverneur du Dauphiné (1429). Ses terres
furent saisies, et il n'en obtint la restitution du
roi Chartes VU qu'à U coudition d'être sou fitlèle
allié. Il contribua puissamment à détacher le
duc de Bourgogne de ralliance anglaise.
Guillaume VII, fils du précédent, mort le
27 octobre 1475, fit le voyage de la Terre Sainte
après la mort de son père. Après avoir soiri
Charles le Téméraire au siège de Uëge, il aban-
donna le service de ce prince, qui , irrité de sa
retraite , s'empara des terres qu'il possédait dao»
les deux Bourgognes. Louis XI, profitant de
quelques troubles qui s'étaient élevés à Orange
au sujet de l'érection d'un parlement, et des io«
telligences que Guillaume avait renouées avec
le duc Chartes, le fit arrêter en 1473, et le reliât
plus de deux ans prisonnier, à Lyon. Pour ob-
tenir sa liberté, GuUlaumefut oUi^ de remetire
729
ORANGE
730
au roi» comme dauphin d6 Yiennois, Thommage
et la souveraineté de sa principauté, de con-
sentir à ce que les appels du parlement d'O-
range fussent portés à cdni de Grenoble, et
enfin de payer une rançon de 40,000 écns ; plus
tard, pour se libérer de cette somme y il reconnut
la suzeraineté de la couronne de France. Ce
traité onérenx, passé à Rouen, le 6 juin 1475,
lui laissa néanmoins le titre de prince souve-
rain, avec le droit de battre monnaie.
Jean II, fils unique du précédent, mort le
25 avril 1502, servit Louis XI après la mort de
Charles le Téméraire ; mais n'ayant pas reçu de
ce prince les récompenses auxquelles il s'atten-
dait, il se jeta dans le parti de Marie de Bour-
gogne, et fut; par arrêt du 7 septembre 1477, dé-
claré criminel de lèse-majesté et banni k perpé-
tuité. Il faisait cependant de grands progrès dans
le comté de Bourgogne : en 1477 il gagna sur
les Français la bataille d'Emâgny, dans TAuxois,
et continua la guerre jusqu'à la paix d'Arras
(1481). Plus tard il se joignit à la ligue du duc
d'Orléans contre la régente Anne de Beaujeu et
fut pris à Saint- Aubin-du-Cormier (1488). Il
accompagna Charles VIII et Louis XII dans leurs
expéditions d'Italie. Ce dernier lui remit Uhom-
nage de la principauté d'Orange et le rétablit
dans les droits d'une souveraineté libre et in-
dépendante.
Philibert , fils du précédent, né en 1502, fut
d'abord placé sons la tutelle de Philiberte de
Luxembourg, sa mère. La principauté d'Orange
ayant été de nouveau réunie à la France (15 15),
il réclama en vain auprès de François P', et
passa, de dépit, au service de Charles-Quint,
qui lui fit don , pour le dédommager, du comté
de Saint-Fol. Après s'être signalé au siège de
FoDtarabie , il tomba entre les mains des Fran-
çais, et demeura prisonnier jusqu'au traité de Ma-
drid. En 1,527, il prit part à la prise de Rome,
en qualité de lieutenant du connétable de Bour«
bon , et succéda à ce prince dans le comman-
dement de Varmée impériale : il chassa les
Français du royaume de Naples, et fut tué le
3 août 1530, dans un combat qui se livra devant
Florence, qu'il tenait assiégée. Comme il n'avait
point d'enfants , il légua en mourant ses biens à
son neveu René de Ifassau-lHlUmbourg à la
condition de porter son nom et ses armes. P. L.
^pon . Hist gén. de ProvêMe. — Art de vérifier les
ietes. — u Plw. Bisi, de ta wuUson ^Orange. — Ba-
raote, ma, des ducs de Bourgoçtie.
OKAKGB (Guillaume /"", surnommé le Ta-
ci/urne, prince d'), né à Dillembours, le 25
a^ril 1533, assassiné à Delft, le 10 juillet 1564.
11 était le fils afné de Guillaume de Nassau-Dil-
lemhourg, qni, ayant recueilli les biens de sa
niaison situés en Allemagne , y avait de bonne
neure introduit la réforme, et de Julienne de
Stolberg, femme distinguée par ses rares vertus.
Son grand-père Jean, frère d'Engelbert de Nas-
sau (voy, ce nom), avait hérité des Immenses
biens de ce dernier. Henri , fils atné de Jean, en
reçut la partie située dans les Pays-Bas; il
épousa Claudle de CbAkms, soeur de Pldlibert,
prince d'Orange. Son fils René succéda à Pliih-
bert; resté sans enfants légitimes, il laissa à sa
mort (1544) ses- riches domaines à son cousin
germain Guillaume, dont il est ici question , et
qui se trouvait ainsi appelé à être le plus puis-
sant seigneur des Pays-Bas. Élevé dans le ca-
tholicisme, à la cour de la reine Marie de Hon-
grie à Bruxelles, Guillaume entra à quinze ans,
comme page, dans la maison de l'empereur
Charles-Quint, qui devina bientôt les qualités
éminentes dont était doué le jeune prince, et
s'attacha à les développer avec une tendre sol-
licitude. Initié de bonne heure aux secrets
des grandes affaires politiques, il ne négligea
pas de s'instruire dans l'art de la guerre; à
l'Age de vingt-deux ans , il fut , de préférence
aux plus anciens officiers, choisi pour com-
mander rarmée impériale sur les frontières de
de Flandre, et justifia pleinement la confiance
de Charles. Il fut ensuite employé par ce prince
dans diverses négociations diplomatiques; il y
réussit également, grâce à sa vive intelligence,
à sa connaissance précoce des hommes et à ses
manières insinuantes, quoique toujours pleines
de dignité.
Vivement recommandé par Charles à Phi-
lippe II, il fut en 1559 un des négociateurs de
la paix avec la France, et ensuite un des quatre
otages choisis par le roi Henri II pour la fidèle
exécution du traité. Un jour, se trouvant seul à
la chasse avec Henri, il reçut de lui communica-
tion des négociations pendantes entre les cours
de France et d'Espagne pour une extermina-
tion en commun des sectaires des deux pays. II
écouta ces paroles sans manifester en rien l'hor-
reur profonde qu'elles lui causaient. Dès lors U
possédait le remarquable empire sur lui-même
qui lui permettait de réprimer ses sentiments,
et qui lui valut son surnom (1). Mais il prit le
parti de consacrer tous ses efforts à combattre
ces projets féroces; quoique rien encore ne rattirAt
vers la réforme, il se sentit pris de pitié pour tant
de malheureux voués à la mort. Dès quV fut de
retour dans les Pays-Bas, il commença à s'opposer
avec fermeté aux mesures par lesquelles Philippe
cherchaHè établir dans ces libres contrées le
pouvoir absolu. Cependant il avait pu prévoir
que cette lutte allait le priver des doux agré-
ments de son genre de vie fastueux. Il s'était
jusqu'ici adonné avec passion A tous les plaisirs;
ses revenus, très-considérables, accrus encore
par la riche dot que lui avait apportée sa femme,
Anne d'Egmont, fille du comte de Buren, ne
suffisaient pas A son luxe , qui éclipsait celui
du roi.
Invoquant hautement les franchises du pays,
(1) Loin d'«tre Ucltome dans raeception ordinaire de
ce mot, GaillaoBe éutt ao contraire on gai et ataiiMe
caoaear.
731
ORAKCE
33
il réclama le renToi dea troupes espagnoles, et
curobatfit rauginentatioa des évécbés décrétée
par Philippe; il rompit eDtièremeiit airec le car-
dinal de Granvelle, qui gpiiveraait les Paya-Bas
dans les yues absolutistes du roi ^ et avec lequel
il avait jusqu'alors entretenu les relations les plus
amicales (1). Distrait un iostant des afTaires
publiques par les difficultés que lui causa la
conclusion de son second mariage avec Anne, fille
du célèbre Maurice de Saxe (2), il adressa, le 11
mars 1*563, avec Bornes et Egmont, une lettre
énergique au roi, où ces trois seigneurs se dé-
claraient prêts à se retirer du conseil d'État, si
le cardinal continuait à administrer le pays ; ils
quittèrent en effet le conseil lorsque Philippe eut
refusé de leur donner satisfaction, lis n'y ren-
trèrent qu'après que la régente Marguerite de
Parme ( voy. ce nom) eut enfin obtenu le rappel
de GranveHe (mars 1664). Orange alors prit
pendant quelque temps une grande part aux ai-
(aires; il chercha à faire consentir \ê roi à la
convocation des états généraux , à radoucisse-
ment des édits cruels contre Vhétrésie et à la
suppression des conseils de justice et de fi-
nance, décrédités par les plus honteuses con-
cussions. Loin de concéder aucun de ces points ,
Philippe» même après avoir entendu les remon-
trances qui, inspirées par Orange, Lui furent
soumises par£gmont, k la fin de 1564, ordonna
rétablissement de finquisition. L'irritation des
populations allait croissant. Orange la dépeignit
avec énergie dans une lettre adressée, le 24 jan-
vier 1566, à marguerite, en réponse à celle où la
duchesse lui prescrivait de faire poursuivre les
hérétiques dans son 0)uvemement de Hollande
et de Zélande selon les injonctions du roi. Peu
de temps après fut signé le Compromis dea
nobles ; d'accord avec les tendances de cet acte.
Orange réprouyait la façon d'agir turbulente et
irréfléchie des auteurs du Compromis^, les tar
meux gueux. Quant à lui, il procédait plus sû-
rement ; dès lors il avait établi autour du roi un
servioe d'espionnage, qui pendant de longues an-
nées hri livra les secr^ de Philippe. En juillet ,
il se sendit à Anvers , dont il était bnrgrave,
pour y maintenir Vordre, sérieusement noenacép
ce quMl fit avec la plus grande loyauté; cela
n'empéeha pos Marguerite de raccuaer de vou-
loir Urer parti des troubles imminents^ pour par»
tager les Provinces* Unies entre lui et ses amis.
Abiscat de la ville pendant les excès des icono-
clastes, il y retourna à la hÂte, et y conclut un
accord entre les eaUMliques et les. réforn^ sur
leo bases d'une iatérance mutoelley, principe
(1) Granfellctqai awalft puaf piéeler Ut vatetur tf« prisse»
te tlgnaUiU dés lors au roi comme « ua homme d'un pro-
fond Rente, dTune vaste ambUloo, daogereax, pénétrant,
politique ».
(S) Stir les Bonhrtoae» »éf oclatioM qfxl frérédèicnt
ee mariage, voy. l'article de BOttlger dans le Histarlsches
TatçÀtuèuch de Rauiatr, t VII, a Backiiayzen, Hei
Huwél§k van ff'iUêm vmn Oroai* «wt Atiaa daji Saxtn
(Amsterdam, 18M).
dont il fut pendant toute sa vie le défeosenr I»*
plus ferme, presque le seul parmi ses coatempo-
rains. Cependant, après avoir reconnu l'inatilik
de la résistance paciiiquo «lull avait orgaiiis«f
contre la tyrannie de Philippe , il mgagjra fig-
mont et Homes à so liguer avec lui your re-
pousser même par la. force les mesoreo «Top-
pression que le roi préparait,, et dont sen a§|eBl^
secrets l'avaient prévenu. Maia ses avertisse-
ments ne convainquirent pas ce&deiix sei^neoc»,
sans le concours desquels il ne pouvait oom-
battre avec succès TinvasioD de k'arroée espa-
gnole» décidée par le rai. De retour à Aavers ea
février 1567, il eut à y étouffer une insorrei>
tion formidable des calvinistes ; il réussit à fecce
de sang-froid et dé coucage, et en tirant hobiie-
ment parti de l'antipalbie que lea calvinnles ins-
piraient aux luthériens , vers les dootônes des-
quels il penchait à cette époque. Peo de tenops
après, arverti des desseins perfides du loi contre
sa personne, il se démit de toutes sco cbargei,
et »'appr6taà quitter le pays. La régente depuis
auprès de lui pour le retenir lea comtes d'E^-
mont et de Mansfeld, avec, lesquels il eut à Wil*
lebrock une célèbre entrevue, où il essaya ea vain
de persuader Ëgmoot de la duplicilé 4a roi (i).
Il partit le 22 avril pour aes> donaints en Alk-
Doagne; qnatre mois après le duo d'Albe était à
Bruxelles, et toutes les prédictions du pnnoe
allaient se réaliser. £a janvier 156» Oia^ge fui
dté comme rebelle devant le conseil dea troebles;
en qualité de prince souverain et de ehevaiier de
la. Toison d'Or, il déclina la eoropétence de ce
tribenal sanguinaire; il fut néanmoins oondamoé
à la proscription^ ses> biens situés dans les Pnh
vinces furent confisqués, et son fils atné, le comte
de Buren, fut emmené en Espagne, oo«»eélage.
Auprès avoir répondu à ces inàq^uités par on osort
mais éloquent pamphlet (la /ftfX^/tcafian), il
comment à rassembler des tioupen à Dilka-
bouiig, où aUbiaient tous les réfugiés des Paya-
fiaSi. Aidé par son frère» le chevaleresque Louis
de Nassan , il noua des relations avec tes princes
protestants de l'Allemagne et avec les bu-
gioenots de France. Il vendit se» jojanx et s*
vaisselle, afin de se procurer les deux cent
mille couronnes nécessaires poifr oi;euttser l'ar-
mée avec laquelle il se proposait d'entrer dans
les Pays-Bas, tandis qia*U les faisait envabir par
ti'ois autres côtés en même temps (2). Les deo^
ri) Selon une anecdote enUêremeof apocryphe, Enuat
aurait dit i Guillaume en se séparant de liil : • Adieo.
prince san* terre », S ^oot Oraspot auraM. idfoidn .
« Adieu, comte san.4 létc %
(I) « L'aUilode qu'il pKt alon, dR M. Motley, s>»t rue
rarenent daoa fhUtotre. Ge défcnacar de la omék d«
peofle n'arborait paa i'éleodard revoioCtoMatre, da»
toutes ses publicatloi» , U afficlialt ic phu (rand respect
pour rautorllé du roi. Par une fiction qui ne masqoalt
paa dlkaMIeté, Il soppoaatt le Monarque ioeipaUc des
crime* qull repractwtt ait vlœ-rol. De ocUe façon S at
preuall pis le rôle d'un rebelle e» acoies cooire aoa
pridce ; mais en sa qunlRé de souTeraln loddpeftdaalr ^
en{r>lteait la guerre contre vm satrape <|a^ hil plaisait tfe
rcfanler eomaa traître aair ordres 4c aoa aalirt»
733 ORANGE
attaiiaes par TArtois et par le eamtA de Miers
éshouèranl eoroplétement. Louis de Nassaa par-
Tiolà s'élaMireA Frise penikMitifiielqaes mois;
mais te 12 jttiltel son armée lit détrsile à Jen-
oaiDgeD par le duc d'Aibe. Orange ne M froqbte
pas eo apprenant oea édiees, el justifia>8a derise
fiTorite : Sœvh iranqnUhu tm undis, Aprèa
avoir eofi» réoBî trente mille lioniinei,il Tint en
eclnbra se plaeer dans lè'fratMnt «■ lice ât
Farmée espagnole, forte lAe Tingl-dem miHr
boanme» Il eàerelia arec ardeur la Maille;
mais It duc d*A1be la refwa eonstamraenl. Lea
popalalièM, Uti'Mu par lacraauté du duc, se
se aootefèrent pae, et refueèrart même des
Titres aux troupes d'Orange< Apria on mois de
rnooTemenCa ftiotiles, le prince gagne la Flkindre
française. H Ueencia alors son armée, composée
de mercenaires allemands, après aiFoir essayé
en Tain de les décider à aller combattre a?ee luf
pour la canse des hoguenota ; douze cents «flentre
eux seulement acceptèrent ces propositions.
Au printemps de 1 569, il alla arec eux rejoindre
Tarmée de Condé ; de retour en Allemagne dans
rantonme , if s'occupa sans relftche à reprendre
la lutte contre les oppresseurs de son pays,
quoique amis comme ennemis le crussent dénué
de tout moyen de tenter quelque entreprise ef-
ficace. Avec une admirable souplessed'esprit dans
l'tnrention des expédients et arec une ténacité
inébranlable, il se remit, malgré une grande
pénurie d>rgent, à reconstituer une nouvelle ar*
mée. Il erait depuis quelque temps déBvré des
lettres de marque Irdes corsaires , les célèbres
gtteux de mer, qui ftirsaient un tort considé-
rable an commerce espagnol. En f 579 iU s'em-
parèrent de Brielle en Zélande, et peu de temps
après de Flessingue. Orange enroya une petite
troupe soutenir leurs efforts pour la conquête
de toute File de Walc^eren. Anssitdt la IM-
lande, la Mande, la Gueidre, fOreryssel et Té*'
réehé dTlrecht slnsor^enf et prâclamèrent
Orange comme siatftauder on gom^ernenr au
nom du roi , dont ces provinces ne déclinaient
pas la soQTeraineté , réclamant seulement le ré-
tablissement de leurs franchises. Orange ac-
cepta; appeM* par lesTceux de tous au pouvoir
dictatorial, il posa iu?-méme des limites k son
autorité, et laissa aux états une large part dans
la direction des afleires. Le 23 juillet 1572,
après avoir pnssé le Rhin arec vingt-cinq mine
bommes, il s'empara de Ruremon^e; gagnent
SQCcesBhremeBt t<ouvaln, MàNnes et Andenarde,
qui ainsi que phisienr» autres tIDcs se pronon-
cèrent en sa favenr, il arriva un mois après k
Nivelle, pour soutenir son frère Louis, qui avait
pris Mons pnr sofprfse. Il élait assuré du con-
cours prochain du rot de France, avec lequel
il avait, par Fintermédiaire de Coligny, i^odé
^e attaôrna coasmune contre le doc d'Albe.
784
'^ntfftnt tongtaapv la goerre de lluiépaidaMe fwda
ce eanctère d« ne pas être eiilreprlw an non de prlie
cip«9 r«tolaltoDnalre«.
Plein des pins grandes espérances, ïï fot, comme
il le dit, }eté sobitement à terre comme d'un
coup de massue par la Saint-Barthélémy. Forcé
de repasser la Meuse et de renvoyer ses soldats ,
qui n'étant pas intégralement pafés. Turent sur
le point de le massacrer, il regagna avecsoixanle-
dix cavaliers seulemenl, la Hollande, la seule pro-
vince qui hii fûtreslée fidèle. Il b'appr^fs h livrer,
arant de succomber, comme H s'y attendait, une
dernière bataîHe aux Espagnols, quf, partout
triomphants, étaient déjà entrés à Amsterdam et
assiégeaient Hariem. Bte» qofi n'eêt autour d^
luianeun officier expérimeffté, it fit avec des
ressources minimes des efforts inouis pour sau-
ver cette ville, qui, après s'être défendue avec on
eomge admirsMe, se rendK enfin, le 12 juillet
1573. Son activité dévorante fur permit de trou-
ver encore du temps peur négocier activement
avec presque toutes les puissances de l'Europe,
notamment awtc la Firanee, quf, par on traité
signé le 23 mars, s'engagea A secourir le prince
moyeanant le protectorat sur Is Hollande et la
Zékmdeet la souvcraiaeté snr les autres parties
des mys-Bas, qu'on viendrait i enlever aux Es-
pagnols. Ce Alt à cette époque qu'If embrassa
euverlonent le caMiisme, dlmt il répudia ce-
pendant toujours Fioteléraoce farouche; sans se
laisser troubler par les reproches de ses nou-
veaux eaujligia— aires , Manrii de Sainte-
▲Megonde entre autres, il ne permit jamais
qu'on hiqniétât en son no» ni tes. caAoRqocs nf
mime les anahaptistes, alors au ban de KEu^
rope. Vers la fih de l'année, sa position s'amé-
Kova on pen. Les Espagnols, effrayés de son pro-
jet arrêté dlnonder le pays par la rupture des
dignes, no s'avancèrent pas en avant; le duc
d'ARie ftat rappelé; Requesens, le nouveau gov-
vemeur, m Iteede la pénariedies finances, ne
reprit pas roffMsire. Les patriotes qui avaient
défait la flotte espagnole dan» le Zuydersée s'em>
pairèrent,en lévrier 1574, de Middelbottrg et fuient
ainsi complètement mattreode Itle èe Walcbe-
ren, hclé detoiitehi Zélaode. Louis de If assau
s'anrança avec dix ndUe hosMOMo pour rejoindre
Orange, qui en avait réuni shi mille à Bommel;
mais arrêté à Mooker-Heîde par les Espagnol»^
il M délhit entièrement le 14 arril, et pei^t la
vie ainsi que son frère Henri. fiBorensement
qu'une mutinerie des soldais espa^iels, atn-
quels on devait iiwsansde solde, rendit leur
victoire stérile; elte M da reste compensée par
les succès del'taniraè BOisot qui, sous les mors
d'Anvers, détruisit quinse vaisseaux espagnols.
Survint le fameuor siège de Le^ftlvange, après
avoir fait eonscntkr les étais à son projet de
nHopre les dignes, en dirigea In^mêmo rexécu-
tio»; le 3 octobre les Rots touchèrent les m^rs
de In ville ; l^enoeroi se retira h la bâte. Aussitôt
Orange fil réguliriser le mode degonvemement
ponr les provinces révoNées ; il fut investi du
pouvoir sourerain; la direction des opérations
militaires lui fot abandonnée ; le Tçte des impôts
715
ORANGE
7S6
et àatrefl prérogatîYes farent résenrës aux états,
qui allouèrent au prince quarante-cinq mille flo-
rins par mois pour les dépenses publiques.
Le 3 mars 1575, des eonrérences s'oaTrireat
è Bréda entre les parties belligérantes; elles
échouèrent malgcé les el forts de l'empereur
Maximilien en favcar de la paix« parce que Phi-
lippe ne voulut jamais céder sur la liberté de
conscience à accorder aux réformés. Le 13 juin
Orange, après avoir fait prononcer son divorce
avec Anne de Saxe, qui par son incondnite et
ses extravagances avait poussé sa patience è
bout, épousa Charlotte de Bourbon , fille du duc
de Montpensier et qui s*était convertie au calvi-
nisme. En octobre, les états de Hollande et de
2élande prononcèrent la déchéance de Philippe,
qoMls avaient jusqu'ici continué à reconnaître
nominalement comme leur souverain ; ils aban-
donnèrent an prince le clioix de la puissance
étrangère sons le protectorat de laquelle le pays
devait se placer. Des négociations à ce sujet
furent entamées avec Elisabeth d'Angleterre; la
conduite artificieuse et égoïste de la reine les
empêchèrent d'aboutir. La situation des pa-
triotes redevint très-précaire; leurs ressources
pécuniaires étaient presque nulles; les Espagnols
avaient pris nne position solide an milieu de la
Zélande. La mort de Requesens (mars 1576) vint
alléger les embarras des Hollandais; Jl ne fut
pas remplacé immédiatement Le conseil d'État,
composé presque entièrement de gens du pays,
prit en main le gouvernement, et l'exerça sans
énergie et sans activité. Orange tira habilement
parti de cet état de choses, qui devint encore
plus préjudiciable pour Philippe lorsque l'armée
espagnole tout entière, pour s'indemniser de
l'arriéré considérable de sa solde, se mit à piller
le Brabant et autres contrées, en commettant les
excès les plus effroyables*. Les quinze provinces,
restées fidèles au roi et en grande partie catho-
liques, en furent exaspérées, et, écoutant les ins-
tances du prince , envoyèrent à Gand ( octobre
1576) des députés, qui se constituèrent en étata
généraux et s'abouchèrent avec les envoyés d'O-
range. Le sac d'Anvers par la soldatesque espa-
gnole mit le comble à l'indignation publique, et
le 8 novembre les états généraux signèrent l'acte
<le la Pacification de Gand, qui établissait une
ligue entre toutes les provinces pour chasser les
troupes étrangères, suspendait provisoirement
tous les édita contre les hérétiques, et accordait
même aux Hollandais, presque tous calvinistes,
la pleine liberté de leur culte sur lenr territoire.
Orange montra la pins grande joie de ce succès
important; mais il ne s'abusa pas sur les diffi-
cultés qui restaient encore à vaincre, surtout
depuis l'arrivée du nouveau gouTemeur, le jeune
et brillant héros don Juan d'Autriche, qui pour
détruire la défiance générale excitée contre lui
par le prince, accorda par VÉdit perpétuel
(12 février 1577) presque tontes les demandes
«les Pays-Bas. Orange, qui avait connaissance de
la correspondance secrète de don Juan, savait
que ces concessioiis si laiges n^étaient qu'im
moyen de gagner du temps, et refusa d'aoeeptcr
VÉdit, Le gouverneur, convaincn que tool dé-
pendait du prince (1), essaya de le gagner en lui
promettant les avantages personnels les ^m
brillante; Orange repoossa toutes ces avances,
« aient, répondit-il , toujours mis dessoot» les
pieds mon regard particulier, ainsi que je tais
encore résolu de le faire, tant que la vie note de-
meurera ». Même lorsque les Espagnols farent
partis, il ne crut pas à la bonne foi de don
Juan, qui disposait encore de quinxe mille mer-
cenaires allemands, et grâce aux fausses dé-
marches du gouverneur, il parvint è faire par-
tager ses soupçons par les étata généraux. Invité
par ceux-ci à venir à Bruxelles les assister de
son expérience consommée, il se rendit dans
cette ville (23 septembre 1677), et Ait reça avec
un enthousiasme udicible par le peuple , qui ,
comme celui de Hollande, ne l'appelait q^e Va-
dcr Willem ( Guillaume notre père), llurêta
immédiatement les négociations avec don Juan
en lui faisant présenter comme ultimalnm de»
éfato ta demande de l'établissement d'un gouver-
nement représentatif, où Philippe ne devait plus
guère garder que le pouvoir exécutif. La guerre
fut de nouveau décUrée, selon le vœu du prince,
qui la préférait à ta paix pendant laquelle ta per-
lidiede Philippe avait meilleur jeu «Dans lin-
tervalle, la noblesse, jalouse de llnfluence souve-
raine d'Orange sur lé peuple, avait appelé Tar-
chiduc Mathtas comme gouTemeur générai. Le
prince qui venait d'être nommé aux fonctions de
Ruward ou gouTemeur du Brabant,aurait pu faire
renvoyer l'archiduc et s'emparer lui-même dn
pouvoir souverain. Mais fidèleà son système d'ab-
négation , Jl contribua lui-même à faire oonllr-
mer ta dignité de Mathias; cependant il eut soin
de ne laisser à ce jeune homme, taiUe et sans
expérience, que l'ombre de l'autorité; die resta
dévolue aux étata généraux et an prince, qui fut
nommé lieutenant général de l'archiduc. A ces
nouTelles don Juan prit roflensive, et viol atta-
quer près de Gembloox avec vingt mille vété-
rans, l'armée des étata, forte du mèmenomiRie
d'hommes, mais mal commandée par desnoUes,
envieux d'Orange et prêta à se rallier à Philippe.
Avec la seule avant-garde, Alexandre Famètt
mit en fuito les patriotes et leur tua plus de six
mille hommes (31 janvier 1578). Ensuite 4)00
Juan s'empare rapidement de Lonvain, Nivelle,
Tirlemont et autres villes ; en revanche, ta pais-
sante cité d'Amsterdam reconnut l'autorité d'O-
range. Celui-ci, aidé des subsides qu'Elisabeth se
décida enfin à loi fournir, fit enrôler douie mille
(1) et Je ne coonab d'antre vole, éertt Don Jaao an roi,
pour prévenir la ruine de l*état. qne la rédaction dé cet
homme qnl exeree tant ^InOuoMe avr la nntloo. » t Lei
gêna d'Ici lont ensorceléa par le prtooe d'Orange, dlt-U
encore ; Jla l'aloMit, le craignent et Tculent l'avoir pour
maître. Ils llnfomenl de toat, et ne décident rien saoa
le consnlter. »
737
ORANGE
738
Allemands, qui soiis la oondoite de Jean-Casi-
mir, prince palatin, vinrent rejoindre Tannée
patriote, qai avait déjà repoassé avec saccèa
ane nouvelle attaque de Tennemi. Pendant tout
ce tempe il avait eu beaucoup de peine à main-
tenir l'entente entre les deux religions; U avait
eu à réprimer les violences commises d'un côté
par les Wallons catholiques, de l'autre par les
réformés deGand. U ne parvint pas à imprimera
la guerre une direction plus vigoureuse; à la fin
de Tannée les troupes de Jean-Casimir ainsi que
celles amenées par le duc d'Anjou , frère du roi
de France, furent congédiées ; Orange, qui depuis
longtemps traitait avec le duc, Tavait, par un
accord conclu le 12 août, fait déclarer le défen-
seur des Provinces contre les Espagnols.
Malgré toute sa vigilance, il ne put empêcher
Famè^e, le nouveau gouverneur depuis la mort
de don Juan , de rattacher par ses habiles in-
trigues à la cause de Philippe les provinces wal-
lones d'Artois, de Hainaul^ de Douai, de Lille et
d'Orchies, et de s'emparer par trahison deMalines
et de Groningue ( mars 1 5«0). En compensation, il
obtint la signature àeV Union d'Vtrecht (23 jan-
vier 1 579), le premier fondement de la République
de Hollande; par cet acte les provinces de Hol-
lande, de Zélande, de Gueldre, de Zutphen, d'U-
trecht, de Frise, d'Overyssel. de Groningue et
de Drenthe , sans renoncer à la souveraineté de
Philippe, ni à leurs rapports avec les autres
provinces, déclaraient qu'elles formeraient tou-
jours un seul État fédératif, qu'eUes combat-
traient en commun toute attaque contre leurs li-
bertés et qu'elles établiraient partout chez elles
la paix religieuse.
Sur les conseils de Granvelle, Philippe , par
son fameux ban du 15 mars 1580, mit au prix
de vingt-cinq mille écus d'or la tète do prince,
qui répondit à cet acte infâme par son Apolo-
9i«t où il retraça dans son style énergique tous
les crimes du roi. (l)Le dernier acte de Philippe
prouva qu'aucun accord n'était po&ible avec lui ;
aussi les états prononcèrent-ils, le 26 juillet
1581, stt déchéance, fondée sur les violations
continuelles qu'il avait faites des libertés du
pays, garanties par des chartes (2). En même
temps Orange accepta , après avoir longtemps
résisté au vœu général, la dignité de comte sou-
verain de Hollande et de Zélande. Il aurait faci-
leraent pu se faire proclamer souverain des
Mitres provinces révoltées; mais il repoussa
(OCe rejAirqaable docament a été réimprimé arec la
JvtUfieation ; Bruxelles, 1S88, et 1861, In-lf. Dans le
coars des événements Orange avait publié plaslcurs pam-
phlets contre PblUpp«, tek que la Harançuê et l'ÉpUre
awrol.
0) Dans les considérations qui forent mises en tête de
^\ *cte, on trooTe exposé, d'ane manière très-nette,
qu 11 est loisible aux sujeu de secoaer la domination du
PnDce qui veut les asservir. « LescontraU que le roi a
^oies, dUaient les éUU, ne sont pas des inrentlons de
pédants ; ee sont des lots enracinées par la nature dans
K c«ur de tons les bommes et auxquels prince et people
ont formellement acquiescé. •
KOUV. BIOGR. Célféfl. — T. XXXVflf*
toutes les instances qui furent faites auprès de
lui dans ce sens. « U refuse uniquement par ce
motif, écrivait Jean de Nassau, qu'on ne puisse
pas supposer qu'au lieu de la liberté religieuse
pour le pays il a cherché un royaume pour lui-
même et pour son profit personnel. » Peut-être
aurait-il mieux valu , pour le bien du pays, qu'il
ne poussât pas si loin le désintéressement; in*
vesti de l'autorité suprême, il aurait été plus à
même de triompher de la lésinerie et de l'incurie
des diverses provinces, qui, au lieu de faire un
dernier effort pour chasser l'étranger, perdaient
un temps précieux à se quereller entre elles.
Faute d'argent les opérations militaires conti*
nuèrent à rester de part et d'autre insignifiantes^
même après l'arrivée des renforts amenés par
le duc d'Anjou, qui, sur les demandes pressantes
du prince , avait été élu souverain des Pays-
Bas, la Hollande et la Zélande exceptées ainsi
que les provinces ivallones. Arriva Tannée 1583 ;
le due, mécontent de n'être que le président
héréditaire d'une république représentative, es-
^ya, mais en vain, de s'emparer par violence
du pouvoir alMolu. Orange eut à employer tous
ses talents de persuasion pour prévenir une
complète rupture entre les états et le duc, laquelle
aurait attiré au pays l'inimitié de la France. Mais
il ne put empêcher Farnèse de profiter des per-
turbations nées dans les provinces de ce déplo-
rable état de choses. Dunkerque, Nieuport,
Zutphen, Bruges et Ypres tombèrent entre les
mains des Espagnols. Malgré ce succès, Far-
nèse restait convaincu que tant que le prince
vivrait la cause du roi ne pou «ait triompher que
momentanément; aussi continua-t-il à encou-
rager par de fortes sommes d'argent les spadas*
sins qui s'offraient à assassiner Orange, et dont
Ton, Jean Jaureguy, avait failli le tuer (18 mars
1582). Un ardent fanatique, Balthasar Gérard
( voyez ce nom ) , tenta aussi cette détestable
entreprise, et y réussit; frappé au cœur d'un coup
de pistolet. Orange expira quelques moments
après. « Mon Dieu, ayez pitié de mon âme,
ayez pitié de ce pauvre peuple », furent ses der^
nières paroles. Il laissa de son premier mariage
Philippe'GuUlaume, prince d'Orange ; du se»
coud, Maurice de Nassau; et du quatrième,
qu'il avait conclu, en 1583, avec Louise de Co-
ligny, veuve de Teligny, FrédériC'Henri, qui,
ainsi que Maurice, devint stathouder des Pay»-
Bas; il laissa en outre neuf filles.
m II fut le premier homme d'État de l'époque,
dit avec raison M. Motley. Rien n'égalait sa
perspicacité, sauf la prudence avec laquelle il
savait mûrir les résultats de ses observations.
Sa connaissance de la nature humaine était ad-
mirable. Il gouvernait les passions et les senti-
ments d'une grande nation comme s'il se fût agi
des clefs et des cordes de quelque immense ins-
trument , et sa main manquait rarement de faire
jaillir l'harmonie même au milieu des tempêtes
les plus sauvages.... Il déployait celte aptitude à
24
78»
ORA]SG£
r4a
conduire ses semblal)!^ sous toutes les formes
habituelles aux hommes d*État. Sa facile élo-
q^ience se montrait pasaionnée parfois, plus sua-
Yent raisonneuse, toujours sérieuse et noble. Les
annales de atax pays ou de aoa époque ne nous
roontreot rien qui puisse être comparé à Tia-
fluence qu'il sav^t exercer sur un auditoire;
toutefois, jamais il ne s'abaissa jusqu'à flatter le
peuple, jamais il ne sàivit la nalioo ; toujours il
la ^ida dans les sentiers du devoir et de l'hoa-
neur^ et fut plus porté à flageller les vices
qu'à servir les passions de ceux qui Técour
taient.... Ses discours, soit improvisés^ soit pré-
parés, ses messages écrits aux diverses autori-
tés , sa correspondance privée avec des gens de
(bus rangs» depuis les empereurs et les rois jus-
qu'aux plus bumblea secrétaires et même des en*
fonts, toutes ses œuvres montrent une aisance de
langage, une profondeur de pensée, une puissance
d'expression rares, à cette époque, un fiands d'al-
lusions historiques , une chaleur de sentiments ,
une largeur de vue, une netteté de plan , en un
mot une telle foule de qualités , qu'elles eussent
à elles seules suffi pour marquer à tous les yeux
Guillaume le Taciturne comme un des grands es-
prits de son siècle.^.. Profondément versé dans
les subtilités de la politique italienne, que tout
jeune il avait apprise h la cour impériale , il les
employa au service non de la tyrannie, mais de
la liberté. Il combattit l'inquisition avec ses
propres armes; iL rencontra Philippe sur le
même terrain. Tout ctûrassé que le roi fût de
ruses compliquées, il fut frappé au cœur par une
habileté plus grande encore que la sienne. »
Ernest Grégoiae.
Meaniiu, CuUlelmut Auriacui. - Gachard» Corret-
pondance de Philippe, Correspondance de Cuillowne
le TarOmmÊ. et Cùrreepondemeed» dued'jélbe. —Grava
va» Brtaaterer, Jwehêeei da la maiM» d:Orange, — ft«if-
fenbcrs, Comspoudanee de Marguerite d'Atutriche. '—
Papiers d'État du cardinal Cran^tle. — Hopper. Jte-
êrneU et Mémorial et BpisMm. — rtUt ngêU. — Pttn-
taft l^ayea, Be Us §uerre cinUe deà Pmf$'-Bas (BrascMca,
i96U. — Mendoza, Guerras de lot Pais Baxos. — TasAla,
Commentani, — Hjncii.% Annales. — Rejd, jinnales
JtBtçM, — Straili, De Betto Belgieo et le Supptémeni de
Foppeitti — BcnlivogUo, Cuerra di Fl»ndrm. -> De FImms
Histoire, — Grotlua, jâunales, — Van der Baer, De
tnitils tmnultuum Belçieormn. — Meteren, Historien
der BederUmdm». — Wagenaar. P^adêrlandmke JSN»-
toric. •> fiooft« Nederiansche Histéri». » Bor. JVMer-
landseke QorloQen. — Pontus Heuteraa, lies Justriacse,
— Rraodt, Historié der Rejtrmatie en Nederland. —
Cabrera, Feiipo Sevtndo, — Léo, Zwôlf BBeBer Nié"
' deriàndiicher Cesehichtê, — Mottoy, Tke Bise •/ tke
Dutch republie ; Ixmd., i8S6, 8 vol.} trad. en (raaçaU.
ORANGE (ifourtce deNas8\d, prince o'),
stathooder des Pays-Bas , fils du précédent , né
en lâ67, au ch&teau de Dillemboorg, mort le 23
avril 1625, à La Haye. Après avoir reçu une
éducation soignée, il fut envoyé à l'université de
Leyde, où il se trouvait en 1&84, lors de l'assas-
sinat de son père. Les qualités éminentes qu*on
devinait chez lui le firent, malgré sa grande jeu-
. nesse, placer à la tète du conseil suprême , qui
prit en main le gouvernement des Provinces-
Unies, alors si grandement menacées par les
victoires de Famèse» qui dans \& courant tU
l'année prit Gaad, Bruxelles et Anvers. Lorsque,
dans leur détresse, les états généraux eurent^ i
la fin de là85„ nommé statbouder général k
comte de Leicester, qui vint à leur secours avec
une armée anglaise , le pensionnaire de Bottcr-
dam Old Barneveldt » se méfiant de FambiUos
du comte, fit nommer Maurice ittathowfer par-
ticulier de Hollande et de Zélande. Le mauvais
succès des opérations militaires de Leicester
décida les états en 1587 à mettre &Iaurice i U
tête de l'armée. Il soutint Barneveldt contre les
entreprises de Leicester, qui, après avoir essayé
en vain d'usurper,, avec l'appui des calvinistes fa-
natiques et de la populace,^ le pouvoir sooveraio,
donna sa démission. Maurice s'attacha avant tout
à rétablir la discipline dans l'armée, désorganisée
par les derniers événements politiques, et s«
|>orna dans les années 1588 et 1589 à défend»
les frontières des provinces de Hollande et de
Zélande. Imbu des principes de Tart imUtaire
des anciens, il fit pendant ce temps faire à ses
soldats, quil avait armés d'une manière nouvelle
et meilleure, de rudes exercices et les rompit à
tout genre de fatigue. II insista auprès des étals
sur le payement exact de la sol le, et coupa court
par là aux désordres causés précédemment par
les retards apportés à ce sujiet. Appelé dans lla-
tervalle au stathoudérat des provinces d*Utrecbt
et d'Overyssel (en 1591 il reçut aussi celui de
la Gueidre), il parvint en 1590 à décider les états
à lui laisser prendre Toffensive, faisant valoir le
relâchement de la discipline dans l'armée espa-
gnole, qui de plus était affaiblie par les secourt
envoyés en France. Entré en campagne avec
vingt-deux mille homraues d'excellentes troupes,
Maurice s'empara de Bréda et de plusieurs forts
du Brabant. En 1591 il se jeta sur Zutpbea,
qui se rendît après dix jours de siège; ensuite
il marcha au secours de Knodsenbourg, fort
qu'il avait fait élever en face de Kimègiae et qui
était assiégé par Farnèse. Le général esitagnol
se retira, et mit son armée en quartiers d^hii^er;
Maurice fit semblant d'en faire autant, mais pen
de temps après il passa par mer en Flaiidre,
où il prit Hulst, revint ensuite, le 14 octobre,
avec dix mille hommes devant Simègoe, qui
capitula six jours après. Ces succès briUaotî ,
obtenus par des marclies savantes et rapides, et
par un emploi de rartilierie mieux entendu
qu'auparavant, excitèrent dans les Provinces'
Unies on enthousiasme général. En 1592 Maurice
prit Steenw)ck et Koevorden , après avoir battu
le général Verdugo, qui était accouru au secours
de cette dernière plaice avec un corps coosid^
rable de vieilles troupes espagnoles. En 1593 il
s'empara de Gertniydenberg et Tannée suivante
de Groningue.
Dans l'intervalle la constitution politique do
pays avait éprouvé des modifications importantes ;
le pouvoir s'était de plus en plus concentré dans
les mains des états généraux et prorinciaux, ibr-
741
ORANGE
742
rnés presque eiclnstveraent de Taristocratie ; les
attributions de Matirioe , pea étendues et mal dé-
finies en matière cHile , étaient restées intactes
(|uaDt au cooRDandement des armées de terre et
de mer. Les campagnes de 1595 et 1596 se pas-
sèrent sans succès notables de part et d'aytre.
En 1596 Ptifffppell rendit la Kberté à PhiKt>pe
Goillamne, prince d'€h*ange, le frère aîné de
Maurice, dans l'espoir de voir nattre entre Ites
«îeox frères ime rivalité dont il pourrait profiter;
mais les états interdirent au prince l'entrée sor
le territoire de la répoMtifne. Après avoir en
1597 remporté à TUmtiouX une victoire éclatante»
^laurice, profitant de ce que l'arekidac Albert
avait envoyé en Picardie une grande parto d»
ses troopes contre les Français, enleva aux Es-
pagnols toutes les places qu'ik tenaient encore
en deçà dn Rhiii. Ces revers engagèrent l'iiK
traitable Philippe II à olTrir la paix (1598);
pourvu qne le» états recoBnusaent de nouveau
sa souveraineté , il oonacatait an libre exeidce
du culte réformé , à laisser subsister le gouver-
nement de la république, tel qu'il était, et à
maintenir la dignité de stathoud^r à Maurice «
qa*il voulait même nommer son général en chef
contre les Turcs. Ces propositions ne fiirent pas
acceptées, et la guerre recommença sous des
conditions assez- défavorables aox Hollandais,
privés par le traité de Vervins de Taide de la
France. Pendant la seconde moitié de l'an 1599
Maurice fut occupé è empteher les progrès de
Mendoia dans les contrées du bas Rhin ; retrait
ché fortement dans Ttle de Bommei, il arrêta an
printemps de (599, avec qnatme miHe hommes
seolement, les forces, trois fois supérieures, de
romemi, qui essayait de s'^Taneer le long da
VVahal an cœur de la Hollande, et il 1 obligea» à la
rctfaite. Il obtint ce résultat par une défensive
aussi pmtfente qoe vaillanite , genre de guerre
où il excellait ainsi que dans Tart des sié^ss. Es-
prit réOéebi, initié de bonne henre aox mattliéma-
tiques par Stevin , il préférait m% grandes ba-
tailles, décidées si souvent par te hasard, ces
lottes, moins t)ri liantes , où le sang-froid et le
caienl décident de tont. Après atreir, au commen-
cement &e fan 1000, pris Grèvecœor et le fort
Saint- André, et mis ainsi son pays à Tabri de toute
attaque do cdté du Rhin, il fit transporter par
iner un corps de quinze miHe hommes, pour al-
ler s'emparer de Dookerque, dont les corsaires
<^a8aient tant de loprt au commerce hollandais,
^barque en Flandre, il investit avssitOt Ifien^
I^rt. Il y fut attaqné par Fennemî, fort de douze
iniHe hommes; pour inspirer pKis de courage à
ses soldats, H renvoya ses vnisseaux, et les priva
ainsi de tout moyen de retraite. La bataille com-
mença; par la disposition excellente de son ar-
tillerie, et par l'emploi opportun d'une réserve,
Maurice remporta une victoire complète, et prit
les canons et les bagages des Espagnols. H jugea
cependant sa position trop périlleuse pour faire
le siège de Dunkerqoe, et retourna en Hollande.
En leoi l'^rcbMbc Albert vînt investir Ostende,
qui dans les mams des Hollandais, maîtres de
la mer, leur fournissait un point d'appuf pour
leurs entreprises en Belgique, Maurice, qui avait
chargé sir Tere de la défense de la place , fit en
1602 une diversion dans le firabant septentrio
nal, et y prft Grave. En 1603 le célèbre Spinola
vhit presser les opérations du siège d'Ostende,
qui résistait avec un courage héroïque. Maurice
ne resta pas non plus inactrf; en août 1604 i!
s*enpara du fort de L'Ecluse; cependant il m
pot empéeher la chute d'Ostende, et fut re-
poussé dans nne tentative sur Anvers. Ensuite
Spinola se jeta sur les contrées dtt bas Rhin, et
prit Lingen, Grol et Rhanberg. Une trêve vint
arrêter les hoetflilée. Quoique désirant pour
ses intérèta ftt oentinuation de la guerre, Man-
Hce n^apporta anoan obstacle aux négociations
de paix, par défiSrence pour Bameveldt, qui, à
couse de Tétlt obéré âes finances, désirait la con***
clusion d'un accord. Cependant, lorsque les pré-
tentions, perr trop ooBtnùlictoires, des deux partis
prouvèrent qnMl n'était possible que de prolon-
ger la trêve, Manrioe s'y opposa, pensant que
l'esprit beHiqneux de Pâmée s'aflfotblirait, et
qu'elle ne serait plus à même de reprendre la
latte avec succès, fi cédli cependant, sur les ins-
tances du médSatenr français , le préskient Jean-
nin (voy. ee nom); le 9 avril ieo^on signa une
trêve de douae aas , maintenant les choses dans
le sCaiu qne,
Jeannin, qui venait d^apaleer ce premier an-
tagonisaae entre Maurice et Bameveldt, prévit
qu'il s'en présenterait bientôt d'antres , et que
les vices de la eonstitotmn empêclieraient de les
vider autrement que par la vkrfenee. Aussf es-
saya* t-H, mais en vain, de fhire modifier cette
coiKtitotioB de manière qu'ieHe pêt en cas de
difffirends offrir une solution paisible. Mlais il
fut plB^ hcurenx dans l^rrangement du litige
entre Maurice et son Mre Pliflippe d^Orange an
sujet de la socoessfen de leur père; le partage se
fit à l'amiaUe; l'acte dressé à ce propos témoigne
de la richesse de la maison d'Orange, «font les
vastes possessions forent réunies de nouveau
sor la tête de Manrice, en 1618, année oè mou-
rut sans enfonts le prince Philippe (1).
Pendant les années suivantes , les refatîons
av«c l'extérieur ne furent marquées d^aucun évé-
nement notable , sauf que Maurice entra en 1614
dans le duché de Clèves , pour y soutenir lés
prétenttons de Téleelear de Brandebourg, l'allié
de la république; mais SpinoN, avec une armée
8upéri<>ure, occupa la phis grande partie d^ pays
et mit à Wesel une garnison espagnole. A l'inté-
rieur la concorde, qui avait permis à ta république
de braver les foreurs de Philippe II, se rompit.
Depuis plusieurs années les états se donnaient
(I) Poar de pim «mplet détalb lar e& mtXhevrtnt
prfnce, dont Philippe II «valt cherché , tans y parreotr, à
Kiter complélemeni le cœur, voy. Capeile, FiUp mir
tem prins van Oranfê,- Harlem, 18X8.
24.
743
OUANGK
744
une peine inutile pour Taire Tivre en paix les
partis religieux des arminiens, ou remontrants,
et des gomaristes. Ces derniers, imbus des prin-
cipes les plus intolérants du calvinisme , avaient
gagné là faveur de la populace, qjaMls excitaient
contre leurs adversaires. Maurice vit ces démê-
lés avec plaisir, espérant y trouver Poccasion
d'abaisser la puissance de Bameyeldt et dVlever
par contre la sienne propre. Par pure politique,
et contrairement à ses convictions intimes et anx
principes de son père, il soutint dès 1617 les go-
maristes dans leur opposition violente aux mesu-
res de tolérance religieuse prescrites par les états de
Hollande ; il décida les états généraux à décréter
la convocation d'un synode , où les gomaristes
étaient assurés d'obtenir la majorité. Il avait
emporté cette décision par son influence sur les
petites provinces ; dès lors son projet fut arrêté
de concentrer le pouvoir souverain dans les
mains des états généraux, dociles à ses volontés,
afin de briser la résistance que les états provin-
ciaux de Hollande et d'Utrecht pourraient ap-
porter à sa prépondérance. Il commença par
casser les troupes que Bameveldt et ses amis
ayaient levées pour se garantir contre les excès
de la populace. H fit ensuite arrêter ce grand ci-
toyen , dont il avait été si longtemps Tami, ainsi
que Hogerbeet et Grotius (voy. ce nom). En-
hardi par le peu d'opposition que rencontra cet
acte inique, il se mit h destituer arbitrairement
les magistrats de Hollande qui lui étaient hos*
tiles. La commission qu'il avait fait nommer
pour juger les trois prisonniers condanma Bar-
neveldt à mort; Maurice^ qui avait le droit de
grâce, ne s'en servit pas, et laissa, par un sen-
timent de vengeance indigne de lui*, décapiter
cet homme, une des gloires du pays. Beaucoup
de partisans de Bameveldt furent exilés sans
jugement ; la presse fut placée sous la censure ;
bref, la république renia tous les principes qu'elle
avait invoqués pour légitimer sa résistance à
PhiKppe n. Attaché désormais au parti sangui-
naire des gomaristes, Maurice ne put s'opposer
à des mesures oppressives qu'il n'approuvait pas.
Il ne reçut même pas la récompense du concours
qu'il avait prêté à ces cruels fanatiques ; ils ne lui
accordèrent pas de subsides suffisants, pour sou-
tenir sa gloire militaire lors de la guerre recom-
mencée avec l'Espagne, en 1621. H ne put empê-
cher les progrès de Spinola dans le duché de
ClèveA. Ce ne fut qu'avec l'aide des troupes de
Mansfeld {voy. ce nom) qu'il parvint, en 1622, àdé-
livrer Berg-op-Zoom. En cette année on découvrit
une conspiration*ourdie contre sa vie par les fils
de Bameveldt. Inquiet des revers continuels que
la cause protestante éprouvait en Allemagne ,
Maurice négocia en 1624 des traités d'alliance
avec l'Angleterre et la France. H mourut peu de
temps après, plein de remords d'avoir sacrifié ses
amis, et profondément attristé de ne pas avoir
assez veillé à la défense de sa chère ville de
Brëda, qui, serrée de près par les Espagnols au
moment de sa mort, fut prise quelque temps
après. Regardé avec raison comme un des plus
grands capitaines de son époque, Maurice était
presque aussi habile politique que son père ; mais,
quoiqu'il posséd&t plusieurs qualités aimables,
il n'avait pas le même désintéressemeol ni la
même noblesse de cœur que Guillaume le Ta-
citurne; il avait hérité de son grand-père, le
célèbre Maurice de Saxe, un manque de scra-
pules qu'il est du devoir de l'historien de blâmer
sévèrement. E. G.
Wagenaar, raderlandteke Hittùrie, — H etereo, HU-
torien <Ur Nederlanden. — Bor, WêàtrXandache €>orl»'
gen, — Hoofd , Nederlandiehe moarien. — Strada.
Gmeira^Fiandra.— BentiTogIto, Cif«rmdi FiandrmtX
Rdationi. — Grotlut. Histwia. — Van Wyo, yaUùa-
gen op TFagencutr. — Brandt, Historié der rr/ormat*(
in de Nedertanâin. — Aubéry, Jïïémoirei. — Da M-->a-
rler, Ménudrei. — Jeanain, NégoetoUonu ^ Garictae,
Mémctrei. — AyUema, Zaken van StatU em Ooriog. —
Mémoires du prince d'Orange Frédéric- Henri. —
Stolker, Prlns Maurlts (Rotterdam, I8t7). — Motier,
mstory 0/ the VnUed^Netherlandt, /rmn thê éteatk eT
inuum the SiUnt to Svnod «/ Dort tUmdrcs, isn»
1 TOl. lD-8").
ORA91GE (Frédéric- Henri ns Nassau, prince
D^), stathouderde Hollande, frère du précédent^
né à Deift, le 28 février 1584, mort à La Haye, le
14 mars 1647. Il fut élevé sous la direction de
sa mère, Louise de Coligny, par le ministre armi-
nien Uitenbogaard. Appelé en 1625 à succéder
à Maurice dans la dignité de stathouder, il s'at-
tacha à calmer les troubles religieux suscités par
la querelle entre les gomaristes et les arminiens»
ou remontrants. Dans la crainte que Tempereur
Ferdinand II, victorieux des protestants, ne se joi-
gnit aux Espagnols contre la Hollande, il chercha
à conclure avec la France une alliance intime, et
envoya nue flotte soutenir les opérations de siège
commencées par Richelieu devant La Roditile;
mais sur les réclamations des prédicateurs en&-
yeur des huguenots, il se vit oldigé de rappeler ses
vaisseaux. Aprèsavoir pris Grol, en 1 637, il rédui-
sit, en 1629, BoisleDuc, à la suite d'un long siège,
qu'il conduisit avec habileté. Il appuya vivemait
les négociations qui devaient amener la paix entre
la république et l'Espagne. Après la mptiire de ces
négociations, il tenta en 163 f, mais sans succès,
de surprendre Brug^ ; ce revers fut compensé
par la victoire que la flotte hollandaise rem-
porta le 12 septembre sur celle des Espagnols.
Encouragé par les progrès de son allié Gustave-
Adolphe, roi de Suède, le stathouder s'empara
de Venlo, Stralen et Ruremonde, et entreprit
le siège de Maastricht (1632). Trois corps d'ar-
mée accourarent au secours de la place ; ceux
(\o Pappenheim et du marquis de Santa-Cix>^^
attaquèrent les Hollandais dans leurs retnnche-
ments ; le stathouder les repoussa , et obtint
peu de temps après la reddition de la ville. A
cette nouvelle l'infante Isabelle, gouvernante de.«^
Pays-Bas, demanda à traiter. Mais gagné peu à
peu aux projets de Richelieu , contre la maison
d'Autriche, le stathouder profita de la lenletir
que le gouvernement espagnol mit à ratifler
745 ORANGE
les conditions d*une trêve conclue pour doaxe
ans, rentra en campagne dès le printemps de
1633, etprit Rheinberg, le 2 juin. L'annéesoWante
fut marqnée par rallianoe intime de la répu-
blique et de la France contre TEspagne. Rejoint
par Tîngt-quatre mille Français , Frédéric s'em-
para, en 1635, deTirlemont, et s'apprêta à mar-
cher sur Bruxelles. Il en fut empêché par le
mauvais vouloir de Richelieu, et vint alors faire
le siège de Louvatn, qn'il fut forcé de lever pea
de temps après, par les manoeuvres habiles do
cardinal infant (I). Gratifié, en 1637, dh titre
d'altesse par Louis XIII et élu en même temps
à la dignité de premier membre de Tordre de la
noblesse de Hollande, le stathooder entreprit
daos la même année le siège de Bréda; en moins
de trois mois il s'empara de cette ville, que Spi-
Dola avait mis un an à rédoire. En revanche, il
échoua dans l'entreprise qu'il dirigea, en 1633,
contre Anvers. Des appréhensions politiques en-
gagèrent les états pendant les années suivantes
à refuser à leur généra] les moyens d'anéan-
tir comme il le désirait la puissance espa-
gnole en Belgique. Après la mort de son cou-
sin Henri-Casimir (1640), il reçut le stathoudé-
rat des provinces de Groningne et de Drentbe^
il obligea le fils d'Henri - Casimir à assu-
rer la survivance du stathoudérat de la Frise
à son fils Guillaume ; ce fut là le seul trait indé-
licat de sa vie. Peu de temps après il fiança ce
fils à la fille ahiée du roi d'Angleterre Charles 1*',
et rétablit ainsi des rapports de bonne harmonie
entre ce pays et la république. En 1642 il essaya,
mais en vain, de décider les états à soutenir
Charles contre son parlement; il ne put vaincre
sur ce point la résistance des provinces de Hol-
lande et de Zélande, qui redoutaient ponr leur
commerce la flotte anglaise soumise aux ordres
du pariement. A la fin de 1645, il parvint à ras-
sembler des troupes suffisantâi pour s'emparer
de Hulst, dont la possession complétait la forte
fronh'ère dont il avait doté le pays. Ce fut son
dernier fait d'armes. Lorsqu'il mourut les Pro-
^ces-Unies et l'Espagne s'étaient déjà enten-
dues sur presque tous les points de la paix, qui
fut enfin signée à Munster en 1648. Les avan-
tages si importants qui y furent accordés à la
république étaient dus à Frédéric-Henri plus qu'à
tout autre; par ses talents militaires et politiques,
psr sa sagesse et son esprit conciliant, il avait
porté son pays au point culminant de la prospérité,
l^n de ses officiers supérieurs a écrit sous sa
dictée des Mémoires pleins d'intérêt sur les cam-
pagnes des Pays-Bas de 1621 à 1646; le manus-
<^rit, qui fut revu et corrigé par le prince, passa en
les mainsdesa fille, dont le fils, le prince d'Anlialt-
Dessauje fit publier (Amsterdam, 1723,in-4<>).
. De sa femme, Emilie de Solms, il eut trois en-
74Û
(1) C'est à tort que d'Anbery, dans ict Mémoire*^ atlri-
tiD« riQftoccès de cette campagne au ressenUmeot que
frédèrlc aurait «prouvé de ce que Richelieu t'était op-
PU6« A ce qa*ll recouTrit sa principauté d'Orange.
fants, Guillaume, qui lui succéda; Louise-
Henriette, électrice de Brandebourg; et Hen»
riette-Catherine. O.
Ueowe Tan Altzema, Zoàm van Staat en Oorlog. —
Wa|{eoaar,f7ulerte)ubca« Historié, —Van der Capellen.
Cedenkschri^ten. — Van l^yn, ^^alei^ngen et Byvœg-
telen op f^agenaar. — D'Aubéry* Mémoires,— Estradea*
Mimoiirts. — Commelin , Levtn vcm Frederlk-fiendrik
vanJVoisauw (Amsterdam, i6Sl-l659« s toI. tn-fol.). —
Zcemao, Levm van Fr,-Hendrik priiu van Oranje
{ A msterdam, isst, in-8 • ).
ORANGB (Guillaume II, prince n'), sta-
thooder de Hollande, fils du précédent, né en
1626, mort le 6 novembre 1650. Ayant succédé,
le 23 janvier 1648, à toutes les charges de son
père, il se brouilla presque immédiatement avec
les états de Hollande, qui Tempèchèrent de faire
accorder des secours à son beau-père, Char*
les r'', roi d'Angleterre. Cette mésintelligence
s'accrut lorsque ces états eurent licencié la plus
grande partie de leurs troupes, bien que le prince
ttX insisté auprès d'eux d'une manière pres-
sante sur les dangers d'affaiblir ainsi démesuré-
ment les garnisons des cinquante et quelques pla.
ces fortes qu'on avait à garder. Il obtint alors des
états généraux uu décret (daté du 5 juin 1650),
qui l'autorisait à prendre , dans ces graves cir-
constances, toutes les mesures qu'il jugerait con-
venables pour sauvegarder la sécurité du pays.
Il fit jeter en prison (le 30 juillet 1650 ) six mem-
bres de ces états , qui s'étaient montrés le plus
hostiles envers lui. En même temps il chargea
son cousin Guillaume-Frédéric, stathouder de
Frise, d'occuper militairement la ville d'Ams-
terdam. Cette entreprise échoua ; noais les états
de Hollande, intimidés, consentirent à ce que le
licenciement des troupes serait dorénavant de la
compétence exclusive des états générau)(. En-
couragé par ce succès, Guillaume conclut, sans
consulter les états , un traité avec la France, par
leqiftl il s'engageait à envahir avec quinze mille
hommes les Pay»-Bas espagnols, qui devaient
être partagés selon la convention de 1635. Atta-
qué de la petite vérole au milieu de ces ^projets
ambitieux, il succomba en peu de semaines,
avant d'avoir pu mettre au jour les heureuses
qualités dont il était doué. O.
Aitzema, Zaken van Seaat en Oorlog, — Van der Ca-
pellen, Cedenkicàri/ten. — D'Bstrades, Lettres et Jfigo-
dations.
ORANGB (Guillaume ///, prince d'), sta-
thouder des Pays-Bas. Voy. Guillaohb Ilf, roi
d'Angleterre.
- ORANGB (Jean-Guillaume-Frison, prince n*),
parent du précédent, né en 1687, mort en 1711.
Fils de Henri-Casimir de Nassau- Dietz, stathouder
des provinces de Frise et deGroningue, il hérita,
en 1696, des dignités de son père. Élevé avec soin
sons les yeux de Guillaume III, il reçut, par le
testament de ce dernier, mort sans enfants
(1702), le titre ôeprince d'Orange et les posses-
sions qui y étaient attachées (1); c'est en vain
(I) Ces biens loi furent longtemps disputés par le roi
de Prusse Frédéric !«', qui était flU de la Olle alDée de
Frédérle-Henri, prince d'Orange.
747
ORANGE
748
qne Gnîllaome avait esaajé de le Ihire nommer
ao stathoudérat de toutes les Provinces-Uoies;
saaf les deux 8U8-mentioonées, elles atxklireBt cet
office, qui ne fut rétaUi qu'en 1747. Le jeune
Jean -Guillaume, initié au métier des armes par
Onwerkerk» prit une part active à/ la guerre
contre «ta France, et se signala par son briUant
courage, notamment aux batailles d*OndeBarde
et de Malplaquet. Après être sorti sain et sauf
4es combats les plus meurtriers, il se noya près
idu Ifoerdyk, un coup de vent «yant renversé la
petite embarcationtur laquelle il se trouvait. O.
Ariwidt, GeioMehêt éar OranieU'iltUÈamkiûkgn Lan-
4er und ihrer Hegtnta^ ilM-lsi», 3 ?oL In4«.
ORANCB {Guiàknme-<;karlsS'ffenri»Fn'
JOfi), ditGui/tottine/r^statliMderdes Pays-Bas,
éls|K»sthome du précédent, aé le l"^' septembre
1711, mort le 22 octobre 17M. Reconnu dès sa
luissancecommestetbouilerdela Fri8e,il fut dans
4es années soi vantes sf^ielé 4 la môme dignité
4ana les pravinoes ée Grooingoe «t Drentke ,
ainsi que dans oelle de Gueklre, mais U avec
despoavairs très-restreints. Eo 1732, à l'époque
4e sa majorité, il signa avec la maison de Bran-
•debowig, aueojet de Tbéritage de Guillaume UI,
«a accord ^iii lut ottfibnait presque tontes les
•possessions de la maison d'Orange situées dans
tes Pays-Bas, entre antres les margraviats de
Vaere et de Flessingue «a Kélaftde ; immédiate-
ment les états de cette province abolirent toutes
les prérogatives attachées à cette seigneurie, de
même que ceux de HoUande interdirent au jeune
f^rince l^enlrée du conseil d'État, cela malgré lé
peasknnajre Stingelaodt et le greOier des états
généraux Fagel, q«ia prévoyaient que l'aristocra-
tie ne ponrrait exercer utilement pour le pays
le gouvernement qoVUe cherchait ainsi À con-
«erver en entier dans ses mains, et que cela amè-
nerait dans la république des luttes inteidlnes.
En effet un parti nombreux, dirigé par les frères
CkJilaume et Osmo Zwier van Haren (wy. oes
Mms), se gronpa bientôt autour de GniManme,
dans le tnit de faire rétablir en sa faveur le star
liMMidérat général. Ce parti parvint è faire (1744)
déclarer la guerre à la ftance; mais il n'attei-
gnit pas le but qu'il s'était par là proposé, la
nomination de Guillaume au commandement de
J'armée. Mal secondés par leurs alliés, les Hoi-
.landais éprouvèrent une suite de revers, et au
printemps de 1747 les Français avaient déjà en-
vahi une partie de la Zélande. Cet événement mit
k comble au mécontentement du pe«iple, qui
m souleva et força les états iqénéiaux (3 mai 1747)
à appeler Guillaume au statlioadérat de la répu-
blique, dignité qui fut déclarée héréditaire en sa
femiile ; le prince fut de plus placé à la lête des
fofoes militaires de terreetde mer. D luianraitété
fadle, comme le remarque lord Cbesterield , de
se faire attribuer TenUère souveraineté; mais,
modéré dans ses désirs et plein de respect pour
la liberté, il ne fit aucune tentative dans ce sens ;
il montra la même générosité en défendant l'a-
ristocratie, qui lui avait été si hostile, contre le»
excès du parti populaire , auquel il ne refusa
cependaBf pas l'abolition des nombreux abus in-
troduits dans l'administration et le reA^aoencBÉ
de la plupart des magistrats des villes par d»
hommes plus intègres (1). Me se sentant pas dir
talents militaires, il travailla à faire canciore la
paix, qui fut signée à Aix-la^hapdle, en 17K.
Après avoir, par sa sagesse» apaisé peu à peu Vét-
fiorvescence causée parie mauvais gouveracaent
de raristoenitie, et avoir rendu le repoa à boa
pays , il se préparait à Caire prendre ploaieBis
mesures importantes, qui auraient ranimé le
commerce et l'induatrie, lorsqu'il succomba aoi
atteintes que sâ santé faible avait reçues des fati-
gues que lui avait «oAtées le maintien de rordie.
Il avait épousé en 1734 la princesse Anne, fiUe
de Geoi^ges II, roi d'Angleterre. O.
Wagenaar, f^aierlandteke ilMorù. — P. Le Cia%,
FerwOg ap Blomhert. — Mejrer, Ferheud der nedif'
iandscken GesehiedenUsen. '— Van Wyn, ByvœgtHÊn.
ORANGE {Guillaume V, prince d'), st>-
tbouder des Pays-Bas, fils du précèdent, né le
8 mars 1748, mort à Brunswick, en avril 1806.
A la mort de son père, il fut placé sous la tutelle
de sa mère, Anne d'Angleterre. Investi en 1766 da
stathoudérat, il insista vainement surraogmeota-
liondes forces militaires. Aussi, lors delà guerre
survenue en 1778 entre la France et PAngleterre,
le pays se trouva-til de nouveau hors d*état de
rési&ter à la tyrannie des Anglais, qui apportèrent
au commerce maritime de la république une
foulé d'entraves. Les Hollandais s'apprêtaieot à
se joindre à la Russie et aux puissances do
Nord, qui venaient de conclure la ligue des neu-
tres armés , lorsque l'Angleterre les prévint
(décembre 1780 ) par une déclaration de guerre.
Avant que la nouvelle ne s'en fût répandue, les
Anglais capturèrent plus de deux cents navire»
hollandais; ils s'emparèrent d'une grande partie
des colonies hollandaises^ et y pillèrent les biens
de l'État comme ceux des particuKers. On se
mit à la hâte à construire des vai&^eaux; mais
dans l'état de délabrement où étaient les ar-
senaux, les résultats étalent beanooop trop
lents pour l'impatience du peuple, irrité de voir
les côtes insultées à tout moment par la flotte
ennemie. Guillaume fut bien à tort accosé d'être
cause de ces retards. Cependant telle était l'opi-
nion générale dans le pays. Si rhonneor des
armes hollandaises fut rétabli par le eomt»!
naval de Doggersbank (août 1781 ) , la froideur
marquée avec laquelle ce glorieux ûiit d'armes
fut accueilli par le prince et sa cour, et qu'on
attribuait à ses sympathies pour rAngieterrr,
produisit le plus fAcheux effet D'autre part,
(1) Dans les écrits pnbnés «a millea de oes troubles cm
remarque arec étonnement un laniragv enUèrement trv-
blable à ceint des réTolatlonnaires français de I7M. li >
est qteitiM dca «rotUdc llmuM, da dMU A rimw-
rectlon, qui appartient aoM nln perte quelle can^totlM
au pmple siouverein, dés que le gownnnieaent dcrleat
infidèle A ses devoirs, etc.
749
ORANGE — ORBICIUS
750
le oommerce eoDUnaa à éprouver des pertes
ënonBes; la Oêmpagak des Indes orientales
fet obligée dinipiorer TassisUiiioe lintuicière
de rÉtaU La paix liit enfin achetée en 1784
par la cession de I9egap8ln«n, le principal
établissement sur ta cdte de CÔniniaDdel. En
cette année Temperear Joseph fl menaça d'une
guerre la répaMiqae si elle ne consentait è la
libre navigation de Tliscant; sârs de l'iappiti de
la France, les IlolUndais 8*«p(>f6tèrent à lui ré-
sista*. L'examen i|u'ea fit ilora des places
fortes amena la déoonverte de la grande négK-
genœ dn due de Bnmswiok, chargé de les
maintenir en état; Tantmad version pubKqne le
força de quitter Je pays. Devant cette attilnde
ferme, l'emperenr atandonna «es prétentions
contre ane senune de dix millioas de Herins.
Dans riotervaUe te parti aristoeratiqiie était
parrenn a raUier à sa politique ia nMJorilé des
classes nmyennes et roéme d-enleverà 6<ril-
iaome rafTection d'une partie dn peuple, qui s^
tait jusqu'ici montré le plus grand soutien de
la maison d'Orange. Dès ilM une laite, mêlée
d'émeules sanglantes, s'engagea eiître le sta-
thouder et les ennemis de son pouvoir, qui, en-
traînés par Texiempie de l'Amérique, récla*
Riaient une révision de ia constitution sur des
bases pins libérales. Gnlllaonie, qui natofelle-
ment Immi et affable, n'avait pédié qne par son
nanqoe d'énergie, fut comparé à Ménon et à Phi-
lippe II, dans èeé jonmaux et pamphlets dn
parti deApatn9teSy nom adopté par ses adver-
saires. Parmi eux les états de la provinoe de
Hollande se fiMsaient remarquer par lenr anî-
moNté. La guerre civile était sur le point d'é-
dater, lorsqu'un corps de ymgt mille hommes,
envoyéa par le roi de Prasse Frédenc- Guil-
laume II, dont Guillaume avait épousé la sœur,
entra (septembre 1787) sur le territoire de
ia république; oette petite armée snIHt pour
ramener la tranquillité. Après quelques se-
maines, Guillaume , qui avait passé ces der-
nières années priaeipatement à Nimègue, revint
è La Haye, et fut rétabli dans tous ses droits et
prérogatives. La princesse sa femme, qui, d\m
caractère beaucoup pins ferme que lui, avait
une griode part à la direotien des «f&ires, lit
nommer grandiptnsiomiaire Pierre Vaniie Spie-
^, homme des plus capables, qui oondut en
17S8 on traité d'aUianoe inthne entre la répu-
blique, la Prusse et l'Angleterre. L'appui secret
qu'elle fit doutera Vas der Voot ( voy, ce nom )
«I anx antres émigrés belges peimit à ces dei>>
■ùrs de renversermomentanément dans teorpays
l&dominaiion autrichienne. Qrftceairx mesures
^les de Van deSpiegel, la'vépublique commen-
çait à le releverdes désastres deadermers temps,
torsque, malgré tons les «ffarts de cet hennne
àutx pour rester en paix avec la république
^Çeise, oette dernière déclara (1793) la
W^nt aux Provinces-Unies, comme alh'ées à
l'Angtetem. Guillaame-FMdéric, fils aîné dn
stathottder, fut mis à la léte de l'armée hollan-
daise, qui après quelques succès fut obligée de
battre en retraite devant les attaqnes de Jourdan
et de Pichegm (vop. ces noms). Les troupes
françaises arrivèrent sur le Wahal (Ihi de
1794); les Hollandais, dont la minorité seule-
ment sympathisait avec la révolution, s'apprê-
taient à inonder lenr pays, lorsque le froid ri-
goureux fit geler tons les fleuves ëL canaux et
peimit acni Français d*envahir IHe ées fiataves,
ee qui mettait tout le pays en leur pouvoir. Gufl-
lanme se retira en Angleterre (janvier 1795) ; la
digmlé de statbouder fut abolie, et les Provinces-
Unies se constituèrent en république batavu,
avec une ferme de gouvemeraeat eembbiMe à W
république françuïAe.
En 1802 Guillaume reçut,enoompenaatioude
tont ce qu'il avait perdu, Fulda, Weingarten et
Corvey avec leors territoires. H prit alors le
titre de prince d'Omnge-Fulda. Sou fils uiné de-
vint plus terd roi des Pays*6as, sous le non de
€^iHaume 1*^ ( vof . ce nevi ). O.
Stuart, P'avolff op tFmgtnmar. «- Uo^es, Ou mkl-
delfik F'ervolff ofi l^agenaar. — SchlOoer, iMdwig
Enut Herzog zu Bratmschwvig - f^ol/enbuttel. —
Rendorp, MemorUn. — ToUius, StoatsJbuHatç» Cet'
ckrt/un. - Ptou, Ge$ckieJUê àe$ prenulÊckm fêld-
zuçe» in HoUand. — Van de Splcgel, Tkbàeuking van
eenen Staattmann et Brieven en JNèçotUUien. — Van
der A», Het Leven van ff^Ulem F ( Iraueier, isio,
iii-«« ), . Vas der Bol, Lofrtéemp WWtm n flieda,
J8i8 }.
oftMBSsjJi ( Aiine-Jfarie i>'Aioii4M , baron
u'), magislvat français, né le 16 février 1709,
k Toulouse, mort en 1801, près d'Auch. En
1736 il succéda à son père dans la chaiige de
président à mortier au parlement de Toulouse.
£tt 1749 il fit nn voyage en Italie» Il refusa le
poste de premier président que le chancelier
de Maupou lui avait oflert. Retiré dans sa
terre d'Orbessan^ il employa ses loisirs à cul-
tiver les lettres et à perfisctionner les méthodes
agricoles. Ce fut À lui que la Société des Sciences
de Toulouse dut les lettres pateules quiJ'é-
rigèrent eu académie royale. Ses principaux
écrits sent : Mélange» historiques et cri'
tiques; Tonieuse, 1768, 3 voL in-8% fig. ; —
Variélé» UUérmres; Auch, 1778 , 2 vol. in-fi*.
•RBKTTO. Vêy. ToncBi (AUuandro).
•Miicios, écrivain militaire grec, d'une épo-
que incertaine. On ne sait rien de son histoire per-
se^elle, et on ne peut pas fixer même approxi-
mativement la date de sa vie. Cependant, comme
nn extrait de ses écrits figure duns l'i^^ymofo-
^«m magnum^ et que cet euvrago a été ré-
digé au douaième siècle, il est certain quK>dbi-
cius vivait avant cette date. Dans VEtymeUth
gieum magnum, an met lTparr6(, on trouve un
article eur les noms domés aux dillArentes sub-
divisions d'une armée et aux commandants de
œa subdivisions. Cet article est intitulé *Op8ixCou
Tûv nepl t6 <rcpévcv|i« xôl^fiutt ( De Tordonnance
de Tannée, par Orbidus ), et occupe à peu près
Tâl
ORBICIUS — ORBIGNY
752
une deini-Golonne des premières éditions, in-fol.
de VElifmologicum^ Venise, 1499 et liM9, et
celle de Fréd. Syiburg, 1549; il a été donné à
la suite du Victionarium Grxcum d'Aide et
Asolano, Venise, 1524, in-fol., et à la fin do
JHctionarium Grsecum de Sessa et de Rayanis ,
Venise, 1525, in-fol. Y.
Smltli, DicUonarw ofgreek and roman biographw,
ORBIGRT ( Charles-Marie Dessaijues d'),
chirorgien français, né le 2 janvier 1770, en mer,
mort le 21 octobre 1856, à La Rochelle. Sa
mère lui donna le jour en faisant la traversée
d'Amérique en France. Destiné à la carrière
Îirurgîcale, il fit en qualité de volontaire deux
mpagnes sur la frégate VAriel et le vaisseau
Le Réfléchit suivit ensuite la clinique des hôpi-
taux de Brest, et continua d'être employé
comme aide-major, soit dans cette ville, soit à
Lorientet à Paimbœuf. Nommé médecin de pre-
mière classe, il prit parten l'an vi (1798) à l'expé-
dition d'Irlande, et inspecta en l'an Yir, avec le
titre de médecin principal, les hi^pitaux des pri-
sonniers de guerre français en Angleterre. Lors-
cfu^en 1799 il se maria, il s'établit à Nantes,
puis à La Rochelle, où il put se livrer avec
toute facilité à l'étude des sciences naturelles,
sans cesser néanmoins de pratiquer la méde-
cine. On a de lui : Avis sur les qualités nui-
sibles de la colchique d'automne; Nantes,
1803, in-S"; — A'o^ice sur un chêne gigan-
tesque observé à Monir avait, près Saintes;
lA Roclielle, 1834, in-8°; — Mémoire sur la
géologie du département de la Charente-
Inférieure; ibid., 1836, in-8% pi. ; — iRj(otre
des parcs ou bouchots à moules des côtes de
l'arrondissement de la Rochelle ;'ûné., 1846,
hi.8o. P. L.
, L$ Courrier Bûchetais, u octobre i8S6.
ORBiGNT {Alcide Dbssalinbs d'), natura-
liste français, fils aîné du précédent, né le 6
septembre 1802, àCoueron (Loire-Inférieure),
mort le 30 juin 1857, à Pierrefitte, près Saint-
Denis (Seine). 11 fit ses études classiques à La
Rochelle, et montra dès son plus jeune Age on
goût marqué |H)ur les sciences naturelles. A peine
â$(é de vingt ans , il envoya à la Société d'His-
toire naturelle de Paris son premier mémoire ,
qui Irritait d*un nouveau genre de mollusques
gastéropodes. Il étudia ensaite les céphalopodes,
et présenta en 1625 à l'Académie des sciences
un travail fort étendu ayant pour objet la clas-
sification et rétudedes forarainifères, animaux
fossiles microscopiques , à peine observés avant
lui et dont l'importance est grande en géologie,
puisqu'ils constituent par leur agglomération des
couches puissantes, particulièrement dans les
terrains des environs de Paris. Ce travail fit dire
à deux illustres zoologistes, Geoffroy Saint-Hi-
laire et Latreille : « L'ordre des foramioifères
est une création de M. d'Orbigny. Il a jeté une
Tive lumière sur Tune des partie» les plus téné-
breuses du domaine de la zoologie. » En 1826 il
fut chargé par radroioistration du Mnséani d*
treprendre, dans l'Amérique méridionale, on
voyage destiné à des recherches relatives à This-
toire naturelle et à ses applications. Il employa
huit années à explorer flifférentes provinces da
Brésil, l'Uruguay, la république ArgenUiie, la
Patagonie, le Chili , la Bolivie et le Pérou ; ses
observations personnelles s'étendirent sur na
espace de 775 lieues du nord au sud et de 900
lieues de Test à l'ouest. « Un tel voyage, rap-
porte M. Damour, poursuivi dans des contrées
si diverses par leurs productions , par leur cli-
mat , par la nature de leur sol et par les mœurs
de leurs habitants, présente à diaqoe pas de
nombreux périls : d'Orbigny, doué d'une forte
constitution et d'une ardeur infatigable, sarmonta
des obstacles qui eussent rebuté bien des voya-
geurs. Arrivé dans les froides régions de la Pà-
tagonie, au milieu de peuplades sauvages cons-
tamment en guerre, il 86 vit contraint de prendre
parti et de combattre dans les rangs d'une de
tribus qui lui avait donné l'hospitalité. Heureu-
sement pour l'intrépide savant, la victoire s'é-
tant déclarée de son côté lui rendit le loisir de
continuer sa route. » A son retour en France
(mars 1834), il reçut le grand prix annuel delà
Société de géographie et obtint le patronage da
gouvernement pour mettre au jour les nombreux
documents qu'il avait rapportés. Cet important
ouvrage (Voyage dans P Amérique méridiû'
nale ), qui exigea de lui treize années d'un fra-
vail assidu , présente dans un cadre presque en»
cyclopédique une des monographies les plus con-
sidérables qui aient paru d'aucune ré^n de la
terre; l'auteur y aborde les plus intéressantes
questions d'histoire, d'archéologie , de géologie,
de géographie, de zoologie, de botanique, et il
fait preuve d'un savoir aussi profond que varié.
En 1840 d'Orbigny commença la publleatioo
d'un recueil encore pins considérable, et qui est
son plus beau titre scientiOque, nous voulons
parler de la Paléontologie française ; il a pour
but de faire connaître l'immense collection des
espèces fossiles contenues dans les diverses
couches du sol de la France, de pénétrer dans
l'étude de leur organisation, d'en montrer la
figure sous divers aspects, et de tirer de cette
étude des conclusions sur la succession des pé-
riodes géologiques ainsi que sur Ite déltmilatioos
anciennes des mers et des continents. Pour en-
courager cette publication, purement française, la
Société géologique de Londres décerna deux fois
à l'auteur les 4bnds de Wollaston. Appliquant à
la paléontologie ses Instincts de voyageur et son
talent d'exploration, il fit dans la plupart des
départements de noiAbreux voyages, et parriat
ainsi à former une collection d'environ cent mille
pièces, acquise en 1858 par le gouvernement, aa
prix de 55,0<K) fr. Apr^ avoir, dans un Ctnm
élémentaire, présenté le résumé de la paléontolo-
gie, d'Orbigny publia, pour y faire suite, le Prth
drome de cette science, tableau de toutes les es*
753
ORBIGNY — ORBILÏUS
754
pèces fossiles de moHasques et de rayonnes rangés
dans chaqae étage de terrains et suivant i'ordre
£Oologiqoe ; parmi la quantité de matériaux ( plus
de 200,000 1 qu'il recueillit pour en discuter la
▼alenr, il réduisit et fixa, au nombre d^environ
18,000, les espèces qui lui paraissaient dignes
d'être conservas. L'importance qn'avait acquise
daus ces dernières années Tétude des corps or-
ganisés fossiles ayant justifié la création d'une
chaire nouvelle an Jardin des plantes, Aldde
d'Orbigny fut désigné, par décret dif 6 juillet
1853, pour inaugurer renseignement d'une science
à laquelle il avait consacré tant de veilles et de
travaux. Pendant quelque temps il continua avec
ardeur ses recherches, et enrichit le cabinet dliis-
toire naturelle de 34 suites distinctes de fossiles,
contenant 10,000 pièces. 11 était membre de la So-
ci^ géologique, qu'il présida plusieurs fois.
Le^ principaux ouvrages d'Alcide d'Orbigny
sont ." Tableau méthodique de la classe des
céphalopodes , dans les Annales des se, nat.,
janv. 1S26; — Voyage dans V Amérique mé-
ridionale; Paris, 1834-1847, 9 Tol. in-4'', avec
âOO pi. col. : les plus importantes divisions de cet
ouvrage sontxelles qui comprennent VBomme
américain (in-4* et 2 vol. in-8^), ejijposé des
faits recueil lis sur les caractères physiologiques,
les mœurs ^ les coutumes, les langues, la reli-
gion des peuples de l'Amérique; les Oiseaux ,
les Insectes (plus de 4,000 espèces), les Mol-
lusques, \a Paléontologie, la Géologie, et la
Partie historique (3 vol. in-4^); un grand
nombre de cartes et coupes géologiques relatives
à diverses contrées de rAmérique méridionale
accompagnent ce recueil ; — Galerie ornitho-
logique des oiseaux d^ Europe; Paris, 1836-
1838, in-4% pi. col.; ^ Mémoire sur la distri-
bution géographique des oiseaiue passereaux,
lu en 1837 à l'Acad. des sciencito et trad. en an-
glais et en allem^d ; — Monographie des cé-
phalopodes cryptodibranches ; Paris, 1839-
184S, in-4", pi. col.; — Histoire générale et
particulière des crinotdes vivants et fossiles;
l'aris, 1840, gr. in-8°, pi.; — Paléontologie
française; Paris, 1840-1854, 14 vol. in-8*, avec
1430 pi. : cet ouvrage, malheureusement ina-
chevé, se diyise en deux parties, les terrains
crétacés et les terrains jurassiques ; — Mollus-
ques vivants et fossiles, ou description de
toutes les espèces de coquilles et de mol-
lusques; Paris, t. I, in-8*, pi. col.; — Fora*
nini/ères fossiles du bassin de Vienne en
Autriche; Paris, 1846, in-4'', pi., publié aux
frais du gouvernement autrichien ; — Cours élé-
mentaire de paléontologie et de géologie stror
iigraphiques ; Paris, 1849-1852, 3 vol. in- 18,
iivec plus de 600 fig.; — Prodrome de paléon-
^ologie stratigraphique universelle des* ani-
maux mollusques et rayonnes ; Paris» 1849-
1850, 3 vol. in-18, pi.; l'auteur s'est efforcé d'y
ramener tous les matériaux paléontologiques à
l'unité pour les éUges , les genres , les espèces et
' les noms d*espèces; — Recherches zoologiques
sur la marche successive de ranimalisation
à la surface du globe, dans les Mém. de
VAcad. des Se., 1850 : il estime la quantité des
animaux fossiles connus aujourd'hui à Ténorme
chiffre de ^,000 espèces contenues dans 1,600
genres différents appartenant aux vertébrés, an-
nelés , mollusques et rayonnes. Ce savant a en
outre rédigé, pour V Histoire de Cuba de Ramon
de la Sagra, V Ornithologie, ]es Foraminifères
et les Mollusques (4 vol. in-8*, pi.), et commu-
niqué beaucoup d'articles au Magasin de zoo-
logie, au Bulletin de la Société géologique,
aux Annales des sciences naturelles, ^a Jour-
nal de conchyliologie, et au Dictionnaire
universel <rhistoire naturelle, dirigé par son
frère.
Ifottee analft. sur tes travaux d'Àldde ^Orbigny {
f SM, ln-4«. — Damour, Discours prononce aux funé-
ruiUei d'Aï. d'Or%ny. — Doeum, particuliers.
Jl ORBIGNY (Charles Dbssàliiies o'), géo-
logue, frère du précédent, né le 2 décembre 1806,.
h Coueron (Loire-Inférieure). Après avoir ter-
miné ses études à La Rochelle, il suivit à Paris
les cours de la faculté de médecine, et devint
secrétaire de l'ingénieur Brochant de Yilliefs.
En 1835, il fut attaché au Muséum d'histoire
naturelle en qualité d'aide de M. Cordier, pro-
fesseur de géologie. On a de lui : Tableau
synoptique du règne végétal appliqué à la
médecine; Paris, 1834, 1835, in-8*; — Descrip-
tion géologique des environs de Paris; Paris,
1838, in-8*' ; — Dictionnaire universel d'his-
toire naturelle; Paris, 1839-1849, 24 vol. în-8%
pi., un des recueils les plus complets de ce
genre, rédigé avec le concours d'Arago, Becque*
rel, Brongniart, Cordier, Decaisne, Delafosse,
Dumas, Afilne-Edwards, de Jussieu, etc.; le
discours préliminaire, consacré au développe-
ment des sciences naturelles à travers les Ages,
a été l'objet d'une mention honorable à l'Acadé-
mie des sciences; — Keepsake des mammi-
fères; Paris, 4842j^. in- 8", pi. ; — Dic/ton-
naire abrégé d* histoire naturelle; Paris ,
1844, 2 vol. 10-8", avec BL de Wegmann; «
Tableau général des terrains et des princi-
pales couches gui constituent le sol pari-
sien; Paris, 1849; -~ Géologie appliquée aux
arts et à Vagriculture; Paris, 1851, in-8*, pi.,
avec M. Gente ; — Manuel de géologie; Paris,
1852, in-18; — des articles imprimés dans le
Bulletin de la Soc. géologique, le Dict. d'hist.
nat, de Guérin-Menneville, le Dict. de la Con-
versation , VEncyclop. du dix - neuvième
siècle, la Patrie, etc.
Documents partieuUert.
ORBILI V8 ( Pupillus ), grammairien et maître
d'école romain, vivait dans le premier siècle
avant J.-C. 11 est surtout connu comme le pro-
fesseur d'Horace qui lui donne l'épithète de pla»
gosus aa souvenir des rudes corrections que
* recevaient ses disciples. Orbiltus était né à Bé*
755
ORBILIUS —
DeTent, et tvait dès sa jeunesse consacré son
temps à Tétude des lettres ; mais la mort de son
père et de sa mère, qui périrent tous deux le
même jour sous les coups de leurs ennemis, le
laissa sans ressources. Pour gagner sa vie, il
devint appariteur ou serviteur des magistrats, et
servit ensuite comme simple soldat en Macédoine.
A son retour en Italie, il reprit ses études Ittté-
xaires, et après avoir longtemps professé dans sa
ville natale, il se rendit à Rome à rage de cinquante
ans, sous le consulat de Cicéron, en 63 (avant
J.-C. ). Là il ouvrit une école qui fut aases fré-
quentée; mais, malgré son succès, il gagna peu
d'argent, et fut réduit à vi?re dans un grenier.
On comprend que cette situation donnât au vieux
roattre une mauvaise humeur qui retombait sur
les élèves en coups de férule et de fouet. Horace
n'est pas le seul qui parle de la manière dont
Orbilins inculquait à ses écoliers les vers de Li-
vius Andronicus. On Kt dans Domitius Marans
ce vers, qui fait allasion à la même méthode
d'ensdgMDNttt :
Si qua OdiWas teraU «e«tleatiiw oeddtt
Du reste, oe redoutable professeur ne réservait
pas sa mauvaise humeur pour ses élèves; il la
déployait Irès-largement à fégard des grammai-
riens ses eoncarrents, et même des premières
persomes de TÉtat. Suétone et Macrobe rap-
portent un exemple curieux de son flpreté sar-
castiqoe; ils diffèrent, il est vrai, sur le nom du
noble personnage qui en ftit Tobjet, le premier
rap))«laDt Varron Murena et le second Galba;
mais ils sont d*accord sur le fait. Voilà tout ce
qne Ton sait de sa kmgue existence, qui remplit
près d'un siècle (113 il avant J.-C). Dans ses
demières années il avait perdu la mémoire. On
ini éleva une statue à Bénevent, dans le Capitole.
Il laissa un fHs, OrtHliua, qui suivit la môme pro-
fession. Un de ses esclaves et 4e ses élèves, Scri-
bonhis, acquit aossi de la réputation comme
grammairien. Orbilins composa un traité que
Snétone ci^e sous le titrei évidemment fautif» de
^erimlogos : on a proposé de lire Psedaçogus
ou Periantologos. Y.
llorac«, eplst., It, 1. 71. » Snétone , De Uhut. grwn-
maLt 9, is. *• Maoroke , «crfur., Il, S.
•JICM»?(4 (>.jufrflaCf»«E,«lit),|raëte, sculp-
teur, architecte et peintre de l'école florentine,
né à Florence, en i329, ntiort en 1389(1). Fils
d'Andréa Cione, qui dirigen en 1360 les travaux
de mosaïque de la façade de la cathédrale d'Or-
vieto, il étudia d'abord la sculpture sous Andréa
Pisano; mais bientôt il chercha dans la peinture
un champ plus vaste, où il pût librement déployer
son génie. Il avait un fi-ère aîné , Bernardo Or-
eagna , qui, peintre habile, J'aida de ses conseils
et facilita ses progrès en le faisant participer à
ses travaux. C'est ainsi que les deux frères exé-
entèrent^ dans le chœur de Sainte Marie-Nouvelle
(I) Ctet i tort que Vnort 1« nomme Orgagna; son Té-
fttable sornom flit Oreaffna, et c'eit alul que te déligne
Fnwoo SacGbeti ( NovM, ItS )
ORCAGNA 756
de Florence, des mjets de la Vie de In Tierce,
qui peu d'années après fbrcnt détruits par acci-
dent et repeints par Domenico GhiriandiyOy qd
ne se fit pas faole de profiter de leurs composi-
tions.^ Les fresques qu'ils peignirent plus teH à
celte même église, dans la.chiqpeUeStnazxî, n'ont
heureusement pas éprouvé le néaae nort. Ces
vastes pages, rsprésentant V£m/er et la Pmradist
sont des inspirations de Dante ; on y remar^
an véritable progrès dans l'art, en dépit d'an co-
loris gris et vnifisrnie; elles ont, la première
surtout, la chalenr, le mouveoDent et tes su-
blimes bizarreries du poâte« D'Agincoort, qui,
dans son BisMm et Fart par les monssairfi/^,
a publié le premier oette singulière oompositioB,
a rapproché de chaqne groupe lea vers de Daate
qni ont inspiré les Orcagna. Les freaqoesdes
deux Orcagna à VÀMnmmiuta et à Samt-Apol-
Imaire de FWrenoe n'existent phn, et e*e4t à
Pise qu'il faat aller oherdier les nôtres nuvrapes
importants de ces maîtres. Andréa tnC appelé
par les Pisans au CampoSanto, Les peiotom
qu'il y exécuta accusent autant de fécÔMliléyde
soin, d'intelligence, nais moins d'ordre dans ta
composition, de ré^^ilarité dans les monveaMnls,
de pureté dans les formes, de rirliesse
qoe chex les élèves du Giotto. Parmi ces
tares nous citerons le Triomphe de te mor^
composition bizarre, ij est vrai, mais Men Mn
d'être ridicule, comme l'ont dit des jaifi^ préve-
nus. On y remarque une expression satirique, qoi
se retrouveaossi dans le fugememt c&rater;dans
oe dernier on voit Saloason sortant de son lombeaa
et ne sachant trop de quel cOté il doit se placer;
ailleurs, c'est un moine hypocrite qui oherchait
à se faufiler parmi les élus et qu'un ange saisit
par les cheveux pour le rejeter parmi les da»*
nés, tandis qu'un autre ange guide au ciel m
jeune et joyeux* mondain. Cette oompositioa,
i*une des mieux conservées du Canyto-SantOj
est sans aacun doute moins poétique qoe le
Triomphe de la mort, et pourtant Blichel-Aoge
n'a pas dédaigné de l'imiter d'une manièie
presque servile. Andréa abandonna à son frère
Bernardo l'exécution de la partie droite de la
fresque représentant VEn/er, partteqni en ibi9
fut restaurée par le SollaEziao , qui a même re-
fait entièrement tout le bas et s'est permis pte-
fiieurs changements. C'est peut-être à eetle rei-
taucation que VEn/er doit d'être mférieor an
Triomphe de la mort et au Jugement dernier.
Pour la figure de Satan, Orcagna 8*est éfidea-
ment inspiré de la terrible peintare de ]>a^
qni représente,
L'impmaor del deloraM regno
avec une triple tête et qid
Da offnt bocca dtrompeâ col tfenU
Ua peecatore a m^M dl maetolla,
SI rite tre ne faœa omI dolentl,
iinfem., CXXXIV, t. M-ï5.)
A partir du moment où furent terminées ks
peintures du Campo-Santo, Andréa Oraa^ia ne
757
ORCAGNA — ORDÀZ
75»
fat plas guère occupé qoe des grands travaux
d'architecture et de scalptare qu'il exécuta à
Florence ; c'est pourtant encore à cette époque
qu'il peignit à Santa-Croce une grande freaque
qui n'existe plus, mais dont Vasari nous a con-
serYé la mémoire.
Les tableaux de ce maître sont peu nomlirenx ;
cependant à Florence on Toit de lui à TAcadémie
des Beaux-Arts une Annonciation provenant de
l'église de Santo-Remîgio, et un Couronnement
de la Vierge à S.-GioTannina de' CavaKeri.
Orcagna peut être regardé comme l'un des
pères de la renaissance de rarchitectoreen Italie;
l'un des premiers, en effet, H oat abandonner
Tare ogival pour le plein-cintre dans la construc-
tion de ta belle loge de la place do Palazzo Yec"
chio, entreprise dont, en 1355, il ftit chargé, son
projet ayaint été préféré à ceux de tous ses con-
currents. Kntre les retombées des arcades, il
a sculpté sept figures de Vertus en demi-wlicf.
Après la cessation de la mortalité qui avait
désolé Florence en 1348, la confirérie d'Orsam-
niichMe ayant résolu d'élever dans son église
un tabernacle magnifique en l'honneur de la
Vierge, Orcagna fîitappdé à exécuter cette grande
entreprise, qui offrait un champ si large au dé-
ploiement de ses talents divers. 0«Me fois, U
adopta le style ogival, plus favorable à la richesse
d'ornementation, mais cependant dans plusieurs
parties, et notamment dans l'are pfincipal, il
employa le plein-cintre. Le monument est com-
posé de marbre blanc, de mosaïque et de
bronze. Malgré une prodigieuse profMM d'or-
nements, l'ensemble présente nn cachet de
grandeur, de gravité, d'éléganœ «évère qu'An-
dréa a su imprimer à toutes ses oeuvres d'ar-
chitecture, comme à ses peintures ei à ses sculp-
tures. L'omemeatatiOB fut exécutée par ààSé-
rents artistes ; mais Andréa ee réserva toutes les
figures. Bans le grand bas-relief de la face oiien-
tale, il s'est représenlé hii-mème soos les traits
d^ifu apétre, la barbe rase, la tète couverte d'un
chaperon, et le visage large et expressif. Sur le
marbre soiil grevés oes mots : Andréas Cimn$^
pietor fiorentinus^waiorn airchAmagitier^ ex-
étiéH hMjus MCGCLUL On ranarqoera que sur
cette eenvre de scnlptore et d'arcfaitocture An-
dréa prend le titre de peintre; par compensation
SMS doute, U avait coutume d'écrire au bas de
ses peintures : Fece Andréa di CiÊfne,$cuitore.
Bemardo et Andréa eurent un frère nommé
Jacopo, qui n'est guère connu que comme sculp-
teur; on a cependant de lui dans la salle de la
liibliotlièqve de Voiterre une Annonciation eivec
foint Jutt, saint Octavim , saint Costne et
saini Dumien, Cette fresque, qu'il exécuta de
1382 à 1383, avec l'aide d'un artiste peu connu,
M. ITkooIo Lambert!, est bien inférieure à celles
des deux autres Orcagna.
Andréa Orcagna eut aussi pour élève un neven
Aommé Muriotto Orcagna, et ce fat de son école
qne «nlkent Tommaso di Marco, Bemardo di
Nello, et FYancesco Trainl, le plus célèbre de
ses disciples. £. Breton.
Vanrl, f^ttê. — Orlaodi, .ébàmêdarto, — Baldtnucct,
JVotUiê. — Roftnl, Campo-Santo di Piio. — Morrona,
Pi$a iUmtratai — Unxl, Storia deile jHttura. - Tl-
cozzl, Dfstonarfo. — D'Aglncoart, Histoire de tort
par tes numMmeiOt. <— rjco«nara, St9Hm deOa ieulturm. '
— Qnatremèrc éts QutacjK, P'ie ds$ plus iilmtrti arcM-
tectes. — FanUixzt, Guida di Pihmne. * Guide de FoU
terre.
ORCHAMPS {Claude n')» général des Mi-
nimes, né en 1 595, à Besançon, mort à Madrid,
le U juin 1658. Issu d'une famille noble, il en-
tra daîns Tordre des Minimes, dont il devint, en
1655, correcteur général après avoir exercé avec
succès le ministère de la prédication, tant en
France qu'en Italie. Il mourut en faisant la vi-
site des maisons de l'ordre en Espagne, et Phi- *
lippe III, dérogeant en sa Atvenr à toutes les
règles de l'étiquette, suivit, une torche à la main,
les funérailles de l'humble religieux. On a de lut
un excellent ouvrage, intitulé : Les Perfections
royales (Ttm jeune prince; Lyon, 1651,in-4*. Il
ftit aussi l'éditeur d\in livre laissé par le P. Lalle-
maodet, 9on compatriote, sous le titre de : Cur^
sîis théologiens; Lyon, 1656, in-fol. H. F.
Catttte de France, 1<S8. — Feller, Mef. hist.
«RBAE (Don Diego), Keutenant de Femancl
Cortez et découvreur d'une partie de la Colom-
bie, né à Castro* Verde (Léon), mort à Paria
(Nuara-Andalucia), en 1533. 11 était oflcier de
don Diego Velasqoez, gouverneur de Cuba, lors-
que Femand Cortex entreprit son expéditioD
vers le nouveau continent. Avec l'agrément de
Velasquez, il se mit sous les ordres de Cortec,
auquel il fournit un navire. Cortez loi confia le
commandement de «en infanterie et de l'artille-
rie : il dot à ce capitaine une bonne part du
succès de la bataille de Ceutla (25 mars 1519).
Le premier des Européens, il escalada le Po-
pocatepeti , volcan situé À boit lieues de Tlas-
cala et à treize de Biexico (âevé à 17,716 pieds
au-dessus du niveau de l'Océan). peUe entre-
prise, accomplie an milieu de difécoltés santi
nombre, fit uue grande impression snr les naturels.
Charles-Quiut en ayant eu connaissance autorisa
Ordaz, en mémoire de cet exploit, à porter pour
•rmes un volcan enflammé (22 octobre 1523).
Onlaz aoWH partout Cortex dans la oonqn^ du
Mexique etde la Nouvelle-Espagne. Il partagea ses
revers et ses succès . oombattant sans cesse à
ses cOlés ( voy . Gourez ). Par ses ordres il explore
la province de GMuraca, située à quatre-vingts
lieues sud de Mexico. Ordaz y pénétra en remon-
tant la rivière de Qiioaitzacualco, et y forma un
établissemert. il fut blessé dans la terrible nuit
de Mexico ( 30 juin 1 520 ) et ne dut la vie qu'à la
vigueur de son cheval. Cortez renvoya peu api^
en Espagne pour faire à l'empereur Charles-
Quint le récit de la conquête du Mexique. Bien
Mçn pereoDueléement, Ondaa ne rapporta pas à
s«a chef é'aulurisation positive qn'il sollicitait;
aussi Cortez le diargea-t-iJ d'une nouveUe mis-
sion pour la métropole, vers la lin de 1521. U
759
ORDAZ — ORDELAFFl
760
lui adjoignit deux autres de ses ofBciers intimes,
Alonso d^Avila et Antonio de Quinones. Les ea-
^oyéè {procuradores ) de Cortez s'embarquèrent
à La Vera-Cniz, sur trois caravelles. Ils accom-
pagnaient le cinquième (quint real) do batin
fait au Mexique. Ils touchèrent aux Açores
après une heureuse traversée. Là Juan Rodri-'
guez de Fonseca, évêque de Borgos, les somma
(25 janvier lô22), en sa qualité de président
du conseil des Indes, de comparaître devant
lui dans l'intervalle de trente jours et de four-
nir un cautionnement de 30,000 ducats ; en at-
tendant il fit saisir leurs cargaisons. Les pro-
xîuradores ripostèrent (16 juillet 1522) par la
demande de mise en accusation de l'êvèque de
Burgos. Le roi ordonna au prélat de ne plus
s'ingérer dans tes afTaires du Mexique et fit lever
les scellés mis sur les caravelles, qui purent
reprendre la mer. Mais à dix lieues du cap Saint-
Vincent elles furent attaquées par six navires
•de La Rochelle aux ordres du capitaine protes-
tant Florin. Quinones périt dans l'action ; d'Avila,
lait prisonnier, fut conduit en France, où il de-
meura trois années. Ordaz seul s'échappa, et
gagna l'tle Santa- Maria , d'où il put se rendre en
Espagne. La plus grande partie da butin fut per-
due : les riches dépooilles des Aztèques allèrent
grossir te trésor de sa majesté très-chrétienne,
qui les accepta en demandant « à voir la
clause du testament d'Adam qui octroyait à ses
frères de Castille et de Portugal le droit de se
partager le Non veau-Monde? — <c£n tous cas,
ajoota-t -il, je sois leur frère aîné ».
Ordaz obtint pour Cortez le titre de capitaine
ISénéral etgouvemeorde la Nouvelle-Espagne, avec
la permission de diviser le pays eomme il le ju-
gerait convenable; les droits souverains lui étaient
concédés à l'exclusion de tout antre ( 15 octobre
1522). Ordaz retourna annoncer ces nouvelles à
Cortez, puis revint eo Espagne, il obtint de
Charles-Quipt de soumettre toot le pays entre
le cap de la Yéla et la baie de yenezoela. Il
partit de San-Lucar en 1531 , relâcha aox Cana-
ries, et de là fit voile pour les Bocasde los Dragos ;
côtoyant ensuite le Paria, il pénétra le premier
dans les embouchures de POrénoque, et remonta
ce fleuve josqu'à ceit soixante lieues. Là les coo-
rants et les Indiens annés de flèches empoisonnées
lui rendirent la navigation impossible. Il descen-
dit alors le fleuve, et relâcha à Paria. Il ftit rap-
pelé en Espagne pour rendre compte de ses
découvertes. Mais il mourut avant sonjretour, et
Geronimo de Ortal continua ses découvertes.
Lat Cauft, Hist. de las IndUu, Itb. III, CXIY-CXXII.
— Herrera, HM. général, dcc. Il, Ub. IV, V|; dcc III,
llb. iïI-V;— Pizarro y Orellaoa, baronet Ulustres, '
p. TS. — Oviedo, sut. de las IndUss, Ub. XXXIII, cap. v.
— Prescott, Ctmqtiête du Mexique , t. I, II?. II, p. ifi».
U3; t. II, Ut. III- V, p. S7.t9S.
4IEDBLAFFI, nom d'une famille souveraine
d'Italie qui régna à Forli (Romagne) do treizième
ao seizième siècle. Les principaux membres de
cette famille sont :
ScARPETTA, PiNo ct Bartolomveo , troîs frèi-es
qui embrassèrent la cause gibeline et servirent
vaillamment sous le comte Guido de Monte-Fd-
troy sdgneur de Pise et d'Urbino (1272-1296),
contre les Génois, les Florentins, les Lucqoois
et les troupes papales, qu'ils battirent dans plu-
sieurs rencontres. Us possédaient d'importants
châteaux aux environs de Forli : les habitants
de cette ville , résolus de secouer le joug do
saint-siége, les placèrent à la tête de leur ma-
gistrature. Us gouvernèrent heureusement jus-
qu'en 1310, où le pape (Bertrand de Goth ) Clé-
ment Y céda la Romagne à Robert, roi de Ka-
pies. Ce monarque vint assiéger Forli , et s*ea
empara malgré une vigoureuse défense. 11 en
expulsa les gibelins, et jeta les trois Oïdelaffi
dans les fers : on n'en entendit pins parler.
Francesco prit en 1341 part à la guerre dite
de Lucques , qui se termina à l'avantage de$
Plsans ( 14 octobre 1342). Il eot ensuite de vio-
lents démêlés avec Clément YI. Une excommo-
nicaGon et one croisade forant publiées contre
lui; il les brava. Lorsque les habitants de Forli
lui représentèrent qu'une résistance serait vaioe^
il leur répondit qu*il défendrait jusqu'à la mort
la dernière pierre de ses États plot(yt que de
souffrir aucune spoliation. II confia la défense de
Cesena à sa femme Cia (on Marzia ) de' Ubaldini,
Allé de Yanni, seigneur de Susinana , loi ecuoi-
gnant de résister jusqu'à la dernière extrémité :
ce qu'elle fit. Quant à Francesoo , il soutenait
un rude siège dans Forli , et força deux fois Tar-
mée papale à s'éloigner (aux automnes de 1367
et de 1358 ) ; enfin, le 4 juillet 1359, il dot se ren-
dre, sans conditions.
PiMO II et Cecco m furent d'abord cfaeis
de condottieri. Cecco se mit au service des Yé-
nitiens, et leur rendit de grands services. Blessé
le 19 octobre 1453, à la prise de Ponte- Yioo, H
tomba entre les mains de Francesco Sforza, duc de
Milan. U paix de Lodi (9 aviil 1454) le rendit
à la liberté ; mais le reste de sa vie ne fut qu'one
longue souflrance. Pino, reconnu dans la souve-
raineté de Forii par le pape Paul U (1466), se
maintint paisiblementdans ses États, qo^i einbel-
lit fort. Il reconstruisit Foriimpopoli, Satursoo,
Rocca d'£rmice et même Forii. Sa cour était
splendide : il y attira les poètes et les artistes
les plus disthigués de l'Italie, et les y entretint
magnifiquement. Dès 1473 fl associa au pouvoir
son fils illégitime Siniraloo II , et le fit recon-
naître par le peuple et par le pape Sixte lY.
Cette précaution n'empêcha point les deux fils
de Pino II, soutenus par leur oncle maternel Ga-
leotto Manfredt , seigneur de Faenza,et par Fer-
dinand 1*% roi de Rapies, d'attaquer leur coosin.
Le comte Geronimo Riario, neven de Siite lY,
profita de cette guerre civile, et sons le prétexte
de mettre les rivaux d'accord , introduisit les
troupes pontificales dans Forii. Maître de la ci-
tadelle, il chassa tous les Ordelaffi, et se fit ad-
juger leur patrimoine par son oncle. Les princes
761
ORDELAFFI — ORDERIC VITAL
dépossédés se retirèrent à Venise, dont ils de-
vinrent citoyens, et Forli demeura depuis à
762
rÉglise.
Pogglo Bracclolloo , Bitt., Mb. ▼, p. SW-MS. - Re^Mj»
de Qucro, ChrmiMn TarvMnum, p. isi. - Kcrl de
GIDO CapponI, Commentar, p. ll«î. - annotes Forojl-
$ientes, t. XXIX, p. 18WH9. - awnondl, HUtoirê (foi
républi^MS itaUennci.
ORDENBR iMickel), général français, né le
2 septembre 1755, à Saint-Avold ( Moselle ), mort
à Compiègne, le 30 aoM 1811. Entré au service
dans les dragonsde la légion de Condé, le 1«' jan-
▼ier 1773, il devint brigadier (7 novembre 1770),
maréchal des logis chef (1"' septembre 1785),
adjudant (23 mai 1787), sous-lieutenant (25 jan-
vier 1 792 ), lieutenant ( 23 mai ), capitaine ( l«r mai
1793), chef d'escadron (27 juillet 1794), et chef
de brigade ( 16 septembre 1798). Il fit arec hon-
neur les campagnes de la révolution aux diverses
années de la république, fut nommé chef de bri-
gade de la garde des consuls ( 18 juillet 1800)
et^général de brigade (29 août 1803). Une expé-
dition dont il fut peu après chargé lui acquit une
certaine célébrité. Le 11 mars 1804, Alex. Ber-
thier, ministre de la guerre, lui adressa l'ordre
de se porter de Schelesladt sur la ville d'Et-
tcnheim pour y opérer l'arrestation du duc d'En-
ghien. L'arrestation accomplie, Ordener en ren-
dit compte immédiatement au premier consul;
mais il ne prit aucune part directe ou indirecte
à Féxécution du prince. Nommé commandant de
la Légion d'honneur ( 14 juin 1804 ),il fit la cam-
pagne de 1805 sur les côtes de TOcéau, passa en
octobre à la grande armée, soutint sa réputation
dans la campagne d'Autriche, et se distingua sur-
tout à Austerlitz, ce qui lui valut le grade de gé-
néral de division (25 décembre 1805). Couvert
de blessures^ et ne pouvant plus servir son pays
sur les champs de bataille, le général Ordener,
appelé an sénat le 19 mai 1806, obtint sa retraite
le. 25 octobre suivant. Enfin Napoléon le créa,
en 1808, comte de Tempire, premier écuyer de
l'impératrice et gouverneur du palais de Ck>m-
piègne. H. F.
Fastes de la Légion d'Aonii««r, t. III. — Thier», MiU.
dtt eontulat rt de Cêmpire. — Rabbc , Biogr. port, et
wiv. des contemporains, t. V.
; ORDENER (Michel), général et sénateur
français, fils du précédent, né à Huningue ( Haut-
Rhin), le 3 avril 1787. Engagé volontaire au
11« r^iment de chasseurs à cheval (23 septem-
bre 1802), il fut admis la même année à l'école
d'application de Metz, qu'il quitta pour 'entrer
comme sous-lieutenant au 24^ dragons (8 dé-
cembre 1803 ). Il devint peu après lieutenant
an 2e des grenadiers à chevaH servit, avec ce
grade, d'aide de camp à son père , puis an gé-
néral Duroc, et fit auprès d'eux les campagnes
de Pologne, d'fispagne et de Portugal pendaitt
lesquelles sa conduite lui mérita d'être nommé
chevalier de la Légion d'honneur ( 14 mars 1806),
et capitaine (7 août 1807). Promu chef d'esca-
dron (30 mars 1809), il passa à la grande ar-
mée, fit avec elle les campagnes de Russie, de
Saxe et de France, devint- colonel du 30^ I^égi-
ment de dragons (1812), et prit une part active
à la bataille de Waterloo. Renvoyé avec demi-
solde en octobre 1815, M. Ordener ne con-
sentit à reprendre du service qu'après la révo-
lution de juillet. 11 fut alors nommé, le 2 avril
1831, maréchal de camp et chargé du comman-
dement du département de Maine-et-Loire, puis,
à différentes reprises, d'inspections générales de
la cavalerie, et obtint enfin le grade de lieute-
nant-général (22 avril 1846). Après avoir com-
mandé la 19* division militaire (Bourges), il passa
(4 mars 1848) à celui dQ.la 16^ division ( Caen),
fut fait grand officier de la Légion d'honneur
(24 octobre 1848), et admis en 1852 dans le
'cadre de réserve. Le 26 janvier de cette année,
Louis-Napoléon l'avait appelé au nouveau sénat.
H. F.
Vaperetn, Dict, des Contemp. — Doom, partie.
ORDBRIG TITAL, chroniqueur français^ né le
16 février 1075, à Atcham sur la Saverne. Il
eut pour père Odelerius d'Orléans , qui avait
suivi Roger de Montgommeri à la conquête d'An-
gleterre, en 1066. A l'âge de cinq ans , il fut en-
voyé à l'école à Schrewsbury. Son maître , le
prêtre Siguard, lui apprit à lire et à remplir les
fonctions d'enfant de chœur dans l'église Saint-
Pierre-et-Sainl-Paul. En 1085, Odelerius, vou-
lant consacrer son fils au service du Seigneur,
l'envoya, avec une dot de 30 marcs d'argent,
dans le monastère de Saint-Évroul , Tune des
abbayes qui jetaient alors le plus d'éclat dans la
Normandie. L'enfant n'avait alors que dix ans. Ce
ne fut pas sans peine qu'il prit les habitudes d'un
pays où il ne connaissait'personne et dont il igno-
rait la langue. Le 21 octobre 1085 il fut tonsuré
et admis au nombre des moipes de Saint-Evroul ;
il prit alors le nom de Vital, parce que celui
d'Orderic sonnait mal à l'oreille des Normands.
Partageant son temps entre la prière et l'étude,
Orderic se concilia bientôt l'edtime et l'affection
des religieux qui l'entouraient. Sa vie s'écoula
dans un calme profond, et les solennités dans
lesquelles il reçut les ordres sont à peu près les
seuls événements auxquels, à notre connais-
sance, il ait pris part. Ordonné sous-diacre, le
15 mars 1091, et diacre le 26 mars 1093, il reçut
l'ordre de la prêtrise à Rouen , le 21 décembre
1107. En 1141, la vieillesse et les infirmités le
forcèrent à mettre un terme à ses travaux. Il
était alors âgé de soixante-six ans. On ignore
s'il vécut encore longtemps après cette époque.
Si nous avons peu de renseignements sur la vie
d'Oderic Vital, nous trouvons dans l'ouvrage
qull nous a laissé nombre de traits qui peignent
son caractère et nous révèlent ses penchants ,
ses habitudes et ses connaissances.
Orderic avait un goût prononcé pour les
voyages; mais les exigences de la règle monas-
tique ne lui permettaient guère de le satisfaire.
En 1105 il était en France. Vers 1115 il passa
763
ORDERIC VITAL
764
cinq semaioes daim Tabkaye de Croilmd. Dans
un autre Toyage ea Angleterre, U vit à Wor-
cester un manascrit de la chroniqae de Marianus
Sootus, continuée par Florent de Worcester.
Nom» ignorons à quelle époque on Im naontra dans
le monastère du Saiot-Sépolere, à Caïubrai, un
manuscrit de Sigebert Peut-être alla-t-il» au
mois d'octobre liid, au eoncîie de Reiras. U
est certain que le 20 mars 1132 il aieiata» daoa
la baaUique de Cluu, à une réunion de douze
cest douze relit^eox de osi crdn fannei». Le
9 août 1134 il se troorait m Merleraiid» quand
un violent oraçe éclata. : le tendenaén ià se train»-
porta au TÎUage de Plancbea , pour constater
lui^méine les singuliers effets de la loadre, qu'il
a décrits dans le dernier livre d* son. histoire.
Tels sont les voyages d'Orderic dont noua avons
pQ recueillir tes traces. Mais si cet auteur a ra-
rement va les événements qu'il raconte et les
lieux qui en furent le ttiéâtre, ii a du moins en-
tendu beaucoap de témoins oenlairesw De son
temps, en effet, l'abbaye de Saint-Ëvroul offrit
un asile à la vieillesse de plusieurs chevaliers
qui nvaient pris part, aoàt anx expéditions des
Normands en Italie, soit aux croisades» soit mt
guerres de Guillaume le Conquérante! de ses lils.
Cette abbaye était constamment en rapport, d'une
part , avec l'ItaUc» oà elle avait envoyé des co-
lonies peupler les torois monastères de Sainte-
Euphémie, de Venose et de Melito ; d'antre part,
avec l'Angleterre, d'oè elte tirait des revenns
considérables. Au retour des missions qu'ils al-
laient remptir, soit dans ces deux pays , soit à
la cour des soMrvevains pontifes , les moines s'ea»-
pressaient de raconter ce qu'ils avaient observé
dans leurs voyages. SonvenI aussi, l'abbaye
donnait l'hospitaHlé k des religieux étranfers,
qu'Orderic savait mettre à contribution. Un
' joor, on moine de Wincliester lui montre en
passant une vi^ d» saint Guillamne , dont les
copies étaient exoessivenenl rares en Normandie.
Le voyageur était pressé de partir et le froid en-
{çonrdUsait les doigta d'Oaderic II ne laissera
cependant pas Poeeasion échapper : il prend i U
bAle des notes qoi, plus tard , lui pemettronl
de composer à loisir ta vie do fondatenr de i'aë»
baye de GelloBe. D'autres fois , c'étaient des pè-
lerins et des craisés qnt revenaient d'Espagne nu
de Palestine. Corove Gtnllaume VU, conte de
Boiten, htanoMp d'entre eirx aimaient à donner
une forme poétii|ue et romanesque au récit de
leurs aventures. Orderic les écoutait avec un
pienx entlHMistaanie , et c'est sons leur inspira-
t«oo qu'il a raconté » en prose rimée et cadencée,
phisienrs épisodes de la croisade , dans lesquels
In fable est souvent mêlée à la vérité. Dans son
anour dn merveillenx , Il ne négligeait pas les
traditions populaires, il leur demandât tantôt
Tétymnlogie des noms locaux , tantôt l'origine
des débris d'antiquités qui jonchaient le sol. Il
s'en servait pour compléter les données que les
documents écrits fournissaient sur la vie des
saints. C'est encore à ces traditions quil tant
rattacher la chevauchée infernale, si pittores-
quement décrite dans le huitième livre de l'âris-
toire ecclésiastique. 11 n'est pas jusqu'aux, poèmes
de chevalerie dont l'édio n'ait pénétré dans le
cloître de Saint-Evroiil. Orderic foit des allusions
formelles au roman de Guillaume au Court-nez,
aux chansons satiriques de Luc de la Barre et
à la fable du géant Boémond. Ces goOts pour
une littérature que les mattres du douzième
siècle devaient trouver bien frivole, s'alliaient,
chez Orderic Tital , k me véHtable instruction
classique. Il était famlUer non-seulement avec
les pères de TEglise, mais eneore avec pln-
sieurs auteurs de l'antiquité païenne. II don-
nait les plus sympathiques applaudissements
aux efforts des grands hommes pour déve-
lopper la culture intellectuelle dans les diffé-
rentes classes de la société féodale. S'élevant
au-dessus des jalousies qui divisaient tant d*é-
gUses rivales , il a rendu le plus éclatant hom-
mage à la célébrité dont jouissaient alors les
écoles du Becy et a parfaitement caractérisé l'im-
pression que tit sur les contemporains le génie
des Lanfranc , des saint Anselme , des Baudri
et des HtldeberL Comme tous les beaux esprits
de son siècle , il se plaisait à composer des ven
latins. Il parait même que ses talents poétiques
furent remarqués de ses compatriotes. On sV
dressait souvent à lui pour avoir des épitaphes,
et l'on voit qu'il attache un certain prix aux
pièces de vers qu'il a composées. Les hommes
distingués qui se succédèrent dans l'adminis-
tration de l'abbaye de Saint-Evroat reconnurent
les singulières dispositions dont Orderic était
doué pour écrire l'histoire. Roger du Sap et
Guérin des Essarta n^eurcnt point de peine k
le décider à se mettre à Pœuvre. Dans te
principe, il ne s'agissait guère que d'une his-
toire du monastère de Saint- Evroul, Histcria
Ulicensis, Animé par un sentiment de reooa-
naiaaanoe , Orderic voohit faire passer à la pos-
térité la mémoire des abbés, des moines et<1es
bienfaiteurs de la maison qui était le plus cher
objet de ses affections sur la terre. Biais il ne
tarda pas à élargir son hariaon , ci non con-
tent de raconter les événements qui a'aocom-
piisaaient de ann temps, il copia on abrég/ea les
éoritA àè 9» devanciers, les fit entrer dans sa
compihition» et finlA par transfbfner son envrage
en «ne histoire générale , qui coninience à la
prédication de l'Évangile pour ne s'arrâter qa'a
l'année 1141 ; mais il n'est guère entré dam des
détails circonstanciés que poar les événea«nii
de ià seconde moitié dn onaième siècle et de la
première moitié du douzième. Uniqneneut oc-
cupé d'augmenter la masse de ses rmaeii^ie-
roents , Orderic n'a point eu le loisir de les oaor-
donner entre eux et de les disposer d'aprè» on
plan régulier et méthodique. Aussi son his^
toire se présente-t-elle dans un désordre dont
M. Guiaol a donné en ces termes une idée iort
7C5
ORDERIC VITAL — ORDINAIRE
766
«xacte : « Les matériaux semblent jetés pèle-
méle et sekui h» hasard qui les a fait tomber
sous Ja main de l'auteur : tantôt il coupe en
plusieurs portions séparées par de longs inter-
valles te récit do même événement; tanidt il re-
paie plusicnrs fois le même récit; le lecteur est
souvent surpris dn bizarre rapprochement des
temps, ded lieux ^ des sujets les plus divers;
ancun art, aucune méthode ne se laisse entrevoir
dans ce nombre immense de faits , et quand on
considère Touvrage d'une seule vue et dans son
ensemMe, il est impossible de ne pas être sur-
toat kvppé de cette prodif^se confusion. »
Telle que nous la possédons , Y Histoire ec-
clésùtftiqu^ d'Orderic Vital se divise en trois
livres, qui ont été écrits dans la période com-
prise entre les années 1123 et 1142. Une lacune
est à regretter dans le septième Frrre. Les
défauts qui viennent d*étre signalés dans la
disposition générate de V Histoire eeetésiasti'
que sont rachetés par d^éminentes qnaRtés. Au
lieu de ces notes arides dont se composent la plu-
part des chroniques du douzième siècle , Orderic
nous offre des narrations , des tableaux , des
portraits , des discours, en nn root de Fhistonv
telle qa'on l'a comprise dans l'antiquité et dans
les tempe modernes. Parfois même la chaleur
de la compoeillon fait dépasser le hnt. L'écri-
vain se laisse entrahier par rimaginatton ; il
confond alors ce qui s'est fait avec ce qui s'est
pu faire; if sacrifie tout au désir de plaire et
d'intéresser, au besoin de remplir ses périodes
•t de faire ce qu'on appelferait aujourd'hui de la
couleur locale ou du roman historique. On ne
saurait cependant contester qu'il n'y ait un grand
fonds de vérité , même dans les morceaux qui
portent la plus profonde empreinte de l'art et
du travail.
Orderic ne se fait pas seulement remarquer
par rentettte de la composition littéraire; il n'a
pas pour but unique de raconter ; arant tout ,
il juge et enseigne. Du Tond de son monastère,
« où il n'attend rien dn vainqueur ni du vaincu »,
ii blàrae oe qui loi semble blâmable, même chez
ses héros de prédilection ; it prend en pitié les
Malheurs des opprimés , se moque des ridicules
de la mode et trouve toujours un sens moral et
migwmaux événements qui s'accompRssent au-
tour <le lui. Mais le genre de mérite qui distingue
^ ph»s baut degré rjETiJi^oire ecclésiastique
d'Orderic Vital et en foit l'un des ouvrages les
Phis orighiaux de la littérature dn moyen âge ,
c^est le soin minutieux avec lequel l'auteur a re-
cueilli des faits qui au premier aspect pouvaient
pwattre insignifiants, des détails que dédaignent
la plupart des chroniqueurs. Aussi M. Guizot a
po dire sans exagération i|ue « aucnn livre ne
cootient sur l'histoire des onzième et douzième
siècles, sur l'état politique, civil et religieux de
la société en Occident, sur les mœurs féodales,
monastiques et populaires, tant et de si précieux
renseignements ». La meiHenre partie de l'exem-
plaive original de V Histoire ecclésiastique nous
est parvenue. Ce précieux manuscrit est conservé
k la Bibliothèqne impériale en trois volumes, dont
deux forment le n* 5506 du fonds latin , et le
troisième le n. 11 35 du supplément hitin. 0e cet
exemplaire paraissent avoir été détachés 49 feuil-
lets qui sont au Vatican sous le n. 70S du fonds de
la reine de Suède. La main qui a tracé ce manus-
crit se reconnaît dans plusieurs articles do ma-
nuscrit des Annalos de Saint-Ëvroul (Bibl. imp.,
soppl. lat., n. 801 ), dans les manuscrits 6 et
14 de la bibliothèque d'Afençon et dans les der-
niers cahiers dn manuscrit latfn GS03 de 1^
Bibliothèque impériale. H ne serait pas içipos-
sible que plusieurs des pieuses compositions
contenues dans ces manuscrits fussent l'œuvre
d'Orderic.
Au seizième sîècfe , Guillaume VïdKn, moine
de Saint- Evroul , et La Croix du Maine eurent
Pintention de fiûre imprimer V Histoire ecclésias-
tique d'Orderic Yltal. Leur projet ne fut pas
réalisé. La première édition de l'ouvrage ne
parut qu'en 1619, dans le recueil de Duchesne
intitulé Historiœ Normannorum scrip tores.
Une notable portion def^isfoire ecclésiastique
est entrée dans les tomes IX, X, XI et XII de
la collection des historiens de France. Des frag-
ments moins étendus furent compris dans l'ex-
trait do recueil de Duchesne que Fr. Maseres
publia à Londres, en 1807. Une excellente édi-
tion de V Histoire ecclésiastique , revue sur le
manuscrit original , accompagnée d'une notice ^
de notes et de tables, a été donnée par M. Au-
guste Le Prévost, sous tes auspices et aux fVais de
la société de l'Histoire de France (Paris, 1838-
1855, cinq vol. in-8«). Le tome CLXXXYIII
de la Patrologie de l'abbé Hlgne est rempli par
l'ouvrage d'Orderic; l'éditeur anuooce avoir
suivi les éditions de Duchesne et des conti-
nnateors de D. Bouquet M. Louis Dubois a
donné, en 1825, une traduction française de
rhistoire d'Orderic Tital dans la Collection des
mémoires relatifs à rhistoire de France ^
publiée par M. Guizot. ^ En 1833 et 1854,
M. Thomas Forester a fait paraître les trois pre-
miers volumes d*one version anglaise du même
ouvrage (Londres, Bohn, in-i2 )•
L. Dblislb (de llnsfitnt).
Vofr la JHàtice qui aceompagac rédlliood'Oréerlc Vital
publiée par H. Le Prévost pour la Société de l'HiitoIre
de France»
ORDiffAiRB (Claude-Nicolas) , natnralfste
français, né en 1736, à Salins, mort le 15 août
1808, à Clermont-Ferrand.' Admis dans la con-
grégation de l'Oratoire, il se livra d'abord k
renseignement ; pourvu ensuite d'un canonicat
à Riom , 11 suivit son goût pour les sciences
naturelles et rapporta de ses excursions dans les
campagnes de l'Auvergne une riche collection
de plantes et de produits volcaniques. H fut
chargé de montrer à mesdames, filles de Louis XV,
les éléments de l'histoire naturelle. Déporté en
767
ORDINAIRE — OREGIO
76S
1793 poar refus de serment k la constitution ;
civile du clergé, il parcourut la Suisse, TAlle-
magne et l'Angleterre, rentra en Eranceen 1803,
et fut nommé bibliothécaire de Clermont-Fer-
rand. On a de lui un ouvrage très-estimé sur
Vffistoire naturelle des Volcans; Paris, 1802,
in-8«>, 6g.
Ordinaire a laissé deux neveux qui ont embrassé
la carrière de l'enseignement. L'un , Ordinaire
(Jean» Jacques ), né en 1770, à Besançon, mort
en 1843, a été proviseur du Lycée, puis recteur
de l'Académie de cette ville, et a créé un nou-
Teau système pour l'étude des langues {Méthode;
Paris, 1820, in-12}. L'autre, Ordinaire ( Z>e-
siré)\ né en 1773, à Besançon, mort en 1847, y
a professé l'histoire naturelle ; recteur de l'aca-
démie de Strasbourg en 1824, inspecteur général
de l'université, il est devenu en 1831 ou 1832
directeur de l'Institut royal des sourds-muets,
place qu'il occupa pendant huit ans environ. Il
est auteur d'un bon Essaï sur Véducation du
sourd-muet (Paris, 1836, in-8°).
Biographie nouv. des Contemp» — lAtter. franc,
eontemp.
ORDOGNO 1*', roi des Asturies, mort le
17 mai 866, à Oviedo,fut proclamé en 847 ool-
*lègue de Ramire I^^, son père , et lui succéda
en 850. Presque tout son règne fut troublé par
la lutte qu'il soutint oontre les Maures. D'abord
battu par eux, il fortifia les villes de Léon et
d'Astorga, où il institua des évéques, s^empara
d'Albaîda , et tailla en pièces l'armée de Mousa,
général du sultan de Cordoue. La conquête qu'il
fit en 862 de Salamanque fut un de ses plus glo-
rieux exploits. Alfonse III, son fils, lui succéda.
Ordogno II, roi de Léon et des Asturies ,
mort en septembre 923, à Léon. Fils d'Alfonse III
et successeur deGarcie I" (913), il quitta Oviedo
pour établir sa résidence à Léon. Il combattit
aussi contre les musulmans, leur prit Talaveira-
de-la-Reyna, et les défit en 916, près de Saint-
Étienne-deGormaz. Allié des Navarrais, il par-
tagea l'échec qu'ils essuyèrent dans la funeste
journée du Val de Jonquera (921). Troïla 11 lui
succéda.
Oruogno III, mort en août 955, fut proclamée
Zamora, en 930, roi de Léon et des Asturies à la
mort de son père, Ramire II. Trois ans, après il
se rendit maître de Lisbonne, et en rasa k» mu-
railles. Sanche T', son frère, lui succéda.;
Ordogno IV, fils d'Alfonse IV, contesta la
couronne de Léon à Sanohe 1"', et eut assez de
partisans pour le forcer à se retirer en Navarre
(955). Ce dernier, ayant été rétabli en 960 avec
le secours d'Abdérame, roi de Cordoue, l'usur-
patenr s'enfuit lûchement, et mourut bientôt
dans un village de l'Andalousie. 11 avait été sur-
nommé le Mauvais.
jirt de vérifier let dates.
ORDRE ( D' ), nom d'nne famille originaire de
Picardie, et qui a produit quelques personnages
distingués, entre autres : Claude-Guillaume'
Victor -Jean 'Baptiste dv Wicqlet, naroa
d'Ordre, né en 1752, près Boulogne-sar-Mer.
mort le 8 décembre 1809, k Aire; il était capitaine
d'infanterie à l'époque de la révolution ; après
avoir émigré, il rentra en France, et fut en 1793
enfermé dans les prisons d'AbbeviUe, ooBune
suspect Mis à en liberté après le 9 therraidor,
il devint l'un des agents les plus actifs du comte
de Provence, qui lui donna le grade de maréchal
de camp.
Louis-Alexandre d'Ordre, capitaine au ré-
giment de Picardie, a publié quelques aouvelles
en prose et un Àlmanach des fabulistes ( Pa-
ris, 1814-1815, 2 vol. in-18 fig.).
Antotne-Marie-Guitlain^Vicùaïtt d'Ordre,
né en 1751, à Calais, mort en 1832, à Boulogne,
suivit aussi le métier des armes. Outre pla-
sieurs ouvrages inédits, il a écrit : Notice kis-
torique sur la ville de Desvres ; 1811, in-i2;
— Philosophie du cœur^ Paris, 1811, in-lg;
— Quatrains; Boulogne, 1829, in-8^.
Soff fils, né en 1780, à Waben, près Hoo-
treuil-sur-Mer, fut nommé sous l'empire inspec-
teur des eaux et forêts du Pas-de-Calais , et
garda cet emploi jusqu'en 1830. On a de lui:
Les Exilés de Parya, poème, Paris, 1820,
in-8*'; — Le Siège de Boulogne en 1544,
poëme; Boulogne, 1825, in- 8'', fig.; — Chants
d'amour et de fidélité , Paiis, 1835, in-r*; ^
Les dernières Inspirations du barde, Paris,
1838, in-12; — Souvenirs du forestier; Paris,
1840, in-8''. — Sa femme, Sophie d'OaDRE, est
auteur de plusieurs ouvrages littéraires doot
les sujets sont tirés des annales de la Snisse,
sa patrie.
Qoérard . La Pranee littéraire.
ORBGio ( Agostino ),'tevant prélat italien, né
en 1 577, à Santa-Sofia, bourg de la Toscane, moK
le 12 juillet 1635, à Bénévent. Envoyé à Route
pour y faire ses études, il courut le même daa-
ger que Joseph dans la maison de Putiphar, et
eut, comme lui, la force de s'y dérober par la
fuite. Ce trait de vertu toucha vivement le car-
dinal BoUarmin; il prit le jeune écolier en af-
fection, et le fit élever à ses frais dans un col-
lège noble. On dit qu'il apprit le grec à force
de voir et d'entendre son patron écrirejet disputer
dans cette langue. Après avoir été théologien do
pape Urbain VIII, il devint le 18 novembre
1633 cardinal et archevêque de Bénéveot Le
recueil de ses œuvres a été publié par son ne-
veu (Rome, 1637, in-fol. ); on y remarque uot
dissertation (Aristotelis vera de rationalis
animx immortatitate sententia , Bologne,
1621, in-4°), écrite par ordre du cardinal Bar-
berini (depuis Urbain VIII), et dans laquelle
il s'efforce de justifier Aristote du reproche de
matérialisme. D'autres traités du même prélat,
De Deo^Ve Trinitate, De Incarnatione,.I>f
Angelis, De peccatis, etc., réimprimés fré-
quemment, ont été pçndant longtemps en usage
dans les séminaires dUtalie.
769
OREGIO — ORELLANA
770
Oldoial, yum ponti/lcum H cardinaUaMi. — RotsI ,
PinacolÂeca, 4o. -> Journal dé TrivouXt julU. 1718.
o'RBiLLT (Alexander^ comte), général es-
pagnol, d'origine irlandaise, né en 1725, mort
dans un village près Cbinchilla (Morde), le
23 mars 1794. Sa famille était fort ancienne. Il
entra an serrice de l'Espagne comme sous-lieu-
tenant dans le régiment irlandais d'Hibemie, et
combattit en Italie durant la guerre de la suc-
cession à l'Empire. Il y reçut une blessure qui
le rendit boiteux le reste de sa vie. En 1757, il
passa au service d'Autriche, et, sous les ordres
du comte de Lascy,il se distingua contre les Prus-
siens à Hochkirch (1758). L'année suivante il en-
tra dans l'armée française, et assista à la bataille
de Berghen (13 avril 1759), à la prise de Minden
(9 juillet 1759), de Corbach (10 juillet 1760). La
guerre ayant éclaté entre l'Espagne, l'Angleterre et
le Portugal, O'Reilly obtint sa réintégration dans
les rangs espagnols avec le grade de lieutenant-
colonel. Nommé brigadier, H battit les Portugais
devant Chaves et s'empara de cette ville (2 juin
1762 ). L'arrivée d'une aimée anglaise aux
ordres de Burgoyne arrêta les succès des Espa-
gnols, et la paix de Paris ( 10 février 1763) vint
rendre O'Reilly aux loisirs de la vie de garni-
son ; il les employa à Introduire dans les troupes
espagnoles les manœuvres allemandes. Promu
maréchal de camp, O'Reilly fut envoyé à La Ha-
vane comme commandant en second. 11 prit
possession de la Louisiane (Juin 1768), qui ve-
nait d'être cédée à l'Espagne par la France. De
retour en Espagne, il devint gouverneur de Ma-
drid et inspecteur général de l'infanterie. II re-
çut Le commandement supérieur de l'expédition
dirigée contre Alger. Le choix de cet Irlandais
excita la jalousie et le mécontentement d'une
grande partie des officiers espagnols, et fut une
des causes du mauvais succès de l'entreprise.
Charles IIT, n'osant pas lui rendre le gouverne-
ment de Madrid, le nomma gouverneur de Cadix
et capitaine général de l'Andalousie. An mois
d'aTril 1786, O'Reilly fut destitué de tous ses
emplois et relégué en Galioe avec une faible
pension.
Bibgrapkiê modenkê; Paris, 1806. — P.-N. Chanlreao,
Latrt* écrite* de Bareei&ne à un zéleUevr de ta H'
berté, etc.; Paris, 1791 el 17M, lo-tf*. — Bourgoing, Ta'
bieau de f Espagne modem»; P«rlii, s vul. 1d-8*; 1. 1,
p.8t9;t.II, p. 106 ; tlll, p. 1S9. — G. Uynadler et G.Uaa-
wl, jttgérie; Parts, 1849, p. lu. — Ch. Guyaré, Eseal
Mitorique iur la Louisiane, 1. 1, chap. tiix. — Le che-
▼aUer de Champ^Dj, État de ta Louisiane { La Haye,
irre. — Ch. Paquis et Dochez, HUt. d'Sspa§He» t 11,
Uf. IV, cliap II, I 8, p. iOS.
O'REILLY (Andréa comte), feld- maréchal
autrichien, né en Irlande, en 1 740, mort à Vienne,
en 1832. Il prit fort jeune le parti des armes, et
s'engagea dans Tarmée autrichienne, oh il ne
tarda pas à se faire distinguer. Il fit sous le
règne de Marie-Thérèse la guerre de Sept ans
(1756-1763) et sous celui de Joseph H les cam-
pagnes contre les Tares. Il étnit major iorsiqiie
éclata la guerre entre l'Autriche et la France
(20 avril 1792); il se signala à l'afTaire de Mar-
NOCV. BIOGR. GÉ^ÉR. — T. XIXVUI.
diiennes (31 octobre 1793), fut nommé officier
général, et montra de nouveau sa valeur à la
bataille d'Aroberg (23 août 1796), au combat
d'Ulm (24 septembre 1796), etc. Lorsque les
Français, commandés par Morean, passèrent le
Rhinà Kehl (20 avril 1797), et mU^nt en dé-
route les Autrichiens, le comte d'O' Reilly tomba
blessé entre les mains des vainqueurs; mais il
ne tarda pas à être échangé, et remplit plusieurs
commandements à l'hitérieiu'. Il combattit à
Austerlitz (2 décembre 1805) à la tète d'un
corps de cavalerie, et parvut à opérer sa retraite
sans être entamé. En i809 il servit sous les
ordres de l'archiduc Maximilien, et fut investi du
oommandement de Vienne lorsque les Français
se présentèrent devant cette capitale. Après un
bombardement de quatre heures, voyant que
toute résistance ne pouvait que compromettre le
salut de la ville, il capitula le 12 mai 1809. De-
puis cette époque il ne servit plus activement.
II mourut à l'âge de quatre-vingt-douze ans,
feld -maréchal et commandeur de l'ordre de
Marie-Thérèse.
Le Moniteur universel, ann. 1808, p. 818. — BiogrOf
phie étrangère i Part», 1819.
ORELLANA (fyancûco), conçulstador, qui
descendit le premier le fleuve des Amazones,
né à Truxillo, mort dans la Guyane brésilienne,
en 1550. Ami d'enfance des Pizarre, il s'attacha
à leur fortune et les suivit dans leurs aventures.
11 prit une part active à la conquête du Pérou.
Genxalo Pizarro partit de Quito le 25 décembre
1539, avec trois cents Espagnols et quatre mille
Indiens ; il fut rejoint dans la vallée de Znraaxa
par Orellana, qui lui amena cinquante cavaliers
et qu'il nomma son lieutenant général. Les deux
aventuriers s'avancèrent dans la direction de
l'est, et atteignirent le pays de Coca, oii ils sé-
journèrent un mois et demi à Zumaco. Gonzalo
et Orellana, se mettant À la tète de leur cavale-
rie, suivirent le cours de la rivière durant qua-
rante-trois jours. Ils avaient ramassé environ
cent mille livres d'or, lorsque, manquant de tout,
ils s'arrêtèrent dans le pays de Guema. Ils cons-
truisirent un brigantin, et Orellana, avec cin-
quante hommes des plus valides, s'embarqua
pour aller chercher des vivres. Il descendit la
Coca plus de cent lieues. Il reucoutra alors le
Napo (31 décembre 1540), et s'abandonna à
ce nouveau cours d'eau : dès lors il conçut
Fespoir de se rendre souverain du pays qu'il
parcourait. Ses principaux compagnons , le do-
minicain frà Gaspar de Carjaval, et Heruando
Sanchez de Vargas, gentilhomme de Badajoz,
l'accusèrent d'outrepasser les ordres de Pi-
zarro. Il s'en inquiéta peu : sûr de ses fM)ldats,
il abandonna les mécontents sur la rive du
fleuve, oii ils furent recueillis, bien longtemps
après par Gonzalvo Pizarro, et passa outre. Ses
compagnons donnèrent le nom â^Orellana au
fleuve qu'ils descendaient. Le 8 janvier ils s'ar-
rêtèrent chez une tribu où ils reçurent un fra«
25
771
OBELLANA ^ ORELLI
772
ternel atuïucil ; fls deftcaidirent encore deux caats
lieues jusqu^à Âparia^ où le cacique les reçut
avec bien veil lance et leur recoiDroanda, eo les
quittant, de prendre ^arde aux Coniapaymra
( Amazones }, dans le pays desquelles Us allaicot
entrer. OrellanacoaUnuasou voyage (24 avril) ^«1
pendant une aiaTJgatioo de quatre-viqgis lieues
il ne put que débarquer parement, tant les jîves
du fleuve étaient escarpées. Les naturels, f ud-
que bien armés et d'un aspect belliqueux, lui
furent secourables. Le 12 mai, il .parvint dans
la province de Mach^paro. Il y fut attaqué par
environ douze mille Indiens, qui durant deux
jours «t deux nuits le poursuivirent sans relâche.
Toujours nageant et combattant, K érjiappa à ses
ennemis. U traversa ensuite un pays inhabité
Tespacede deux cents lieues, let «!arrôta au con-
Auejit d'un rivière qu^il nomma Rio de la Trini-
dafi. Cent lieues plus bas. il entra sur le territoire
des Paguanaêf où il eut dirCérents combats à sou-
tenir contre les indigènes. iLe 7 juin il était chez
les Picotas f qu'il nomma ainsi parce qu'il remar-
qua sur les rives des têtes humaines tioliées sur
des piques. Emporté par sa fougue de décou-
Tertes, le 22 il arrivait dans un pays tributaire
des Coniapayara. Dix ou douze de CfS Amazone^
y commandaient. Elles étaient grandes, robustes
et blondes , portaient leurs cheveux en tresses,
allaient nues, étaient armées d'arcs et de flèches
et semblaient descendre , par leurs traits et
leurs aHures, d*une race septentrionale. Les Es-
pagnols en tuèrent sept ou huit. Malgré sa vic-
toire, Orellana ne crut pas prudent d'attendre
une nouvelle attaque; il se rembarqua. Il cal-
culait alors avoir parcouru plus de quatorze
cents lieues. Cent cinquante lieues plus bas, il
abordait, le 24 juin, à im pays bien peuplé, qu'il
nomma San-Juan. Il passa ensuite auprès de
plusieurs Iles, d'où sortirent plus de deux cents
pirogues, montées chacune de trente à quarante
Indiens Lés Espagnols les rei)Ouss(^'eoL, .naais uon
sans perte. Ces Mes considéralUes et fertiles
obéissaient k un chef nommé Caripuna. Orel-
lana donna ce nom à tout l'arcliipel : il remar-
qua, dans le fleuve qu'il suivait ,|ioar la i|»re-
mière fois, le flux de la marée. Il eut un nou-
Teau combat à soutenir <lans le pays de Chipayo ,
où il débarqua pour réparer son b&timent. 11
remit k la voile le 8 août, et après de nouveaux
dangers débouqua par le golfe de Paria, dans
l'océan Atlantique équinoxial (26 août)»8ans sa-
Toir où il était. Suivant Acui^a, il doubla un cap
(celui du ^'ord ), à deux cents Itoues de la Tri-
nidad, et le 11 septembre il mouilla siu* llle de
Cnbaiia. La navigation d'Orellana dura huit mois,
et iïuivant son estimation il avait fait dix -huit
cents lieues depuis l'endroit où il s'était embar-
qué sur l'Amazone ju.<iqu'à I Océan, bien que le
cours de ce fleuve en ligne directe n'ait pas plus
de sept cents lieues.
On^llana partit alors pour l'Espagne, où il ap-
porta 200^000 marcs d'or «t quantité d'émAcaudes
qoe GoonlD-Pizarro 4uî «vait ooniiés. Il sottieita
le gouvernement de 1*innnen8e pays quH Tenait
de découvrir. Le roi Charles-Qnint liù accorda
sa demande, et donna le nom de Nueva-Andû-
Itteia à la nouviille découTerte. Quatre navires
forent mis 'k la disposition dn conquistador, qui
réunit qnirtre cents hommes, presque tons noblfê,
et s^emtnrqua, le il mai 1544, àSaa-Lucar. Ar-
Tiré aux Canaries après une navigation longue
^ pén!f>Ie, il y perdit un navire et cent qua-
rante-huit âes siens, il séjourna trois mois à
TénérfiTe et deux antres au Cap- Vert. La uÀi
décima son mondes une tempête lui enleva oa
second navire et soixante-dix hommes. Il arriu
enfin à l'embouchure du Maragnon, et reDioBta&
fleuve l'espace de cent lieues. Il prit terre puer
construire un brigantin des débris d*an de te*
navires : cinquante sept de ses gens moururat
de faim à cet endroit. Trente lieues plus haut
smi dernier bàtmient échoua, et il dut attendre
dix semaines avant de reprendre sa navlgatioa.
Après avoir durant nn mois diercbé le coumt
principal de l'Amazone et vu encore dix-sept àe
«es compagnons tomber sous les coups des m^
rains, Orellana mourut de douleur et de fatiguf,
dans les environs de Montatègre et sur le terri-
torre des Manoas. Sa veuve et le reste de re\pe-
dition redescendirent le flenve, et après avoir été
jetés sur la côte de Caracas, gagnèrent enfin n!e
de Margarida.
Alexandre de Hamboldt, f^Qi/açe$ aux rgçêans tqn-
noitaies du nouveau tanUmnt: Pirii, iM»>tUi, ) vei.
ORBLUB ( nigaud d*), négociateur françûs,
né vers 1450, àVffleneoved'Afribrmi (Auvergne).
D'abord (ftiambeHan et maitre^Miôfe} de Dhms XI«
il suivit Oharies'Vin à fa eonqifête «te 9aples, «t
'obtrirt pour récompense de ses services tdï-
taires le ôomté de "Nogarola. *Créë dtw!fà\kT en
1495, il fut en même temps diargé de rtt^xkï
la im\ avec les princes do nord de l'Italie.
Louis XII IV*nvoya en lôOB en ambassade ao-
près de l'empereur MaxmiiKen, qui le garda
plusieurs années à sa coar. 'Le 16 juillet 1633.
il reçut François V dans le magntlique ciiÉteau
qu'il avait fait construire à Vtfleneuve, et lui
adressa une pièce de vers asaaz piquante.
ORiSLLi {Jean-Gasparâh*), philoloinesoisse,
né è Zurid), 4e 13 février 1787, mari daw^ U
même xiile, en 1849. Il appailenalt à une noble
famille italienne réfugiée en Suisse à l'époque d
la réforme. Il Ut ses études au CuroiinuM oj
gymnase de «a ville natale, od il eut'pour pre-
l'esseurs Brerai et Hottin:^, et passa fosuil-'
quelques mois dans Tinstitut pedago^qoe ^
Pestalo/'/i, à Yverdun. Il accepta à dix^nrof aa-s
les (onctions dr pasieur dans la oommone Ttkr-
inéede Ikr^ame. Il savait tràs-peu l'italien; oa
raconte qu'il Tappri? avec tant de rapidité, qo'au
bout de six semaines il pot préchar dans c«tt^
langue a?ec le i^us.giiand succès. <La liths^lnre
r73
ORELLl
774
Haiiennc Toceu^tait beauoMip afors;1l «iiM l'ob-
jot (le <tfu\ pDl:Aicff1i<ms alleinandes kitftalceR z
Suppléments à Fhistoire et là poés^ ita-
Kewne, Zurich , !S10,iiv-ir*; et Bio^rap^iit d»
Victorin de Felfre , lariéh, l-Sl?, iiy^*. "PluB
tard les traranx classiques qni lai valumit qm
réputation si dtstm^ée ne, le détoamèrent pas
entièrement des auteurs itaKens. Il piiMia • Sagfé
di eloquenza «aîiflrwfl ; Ziirîdi, 1SI7, ni-«o ; —
Cronichetle d'IttkHn, Vi ^Aggiw^e. lUvitméU
Dante Alighitri; Cotre, 1«22, 2 wl. in-12; —
une édition des /Vresfo 'fiioso/kfke de Thomas
Caropaoella; Lngano, 1838, in-8«; — ime édi-
tion de ta Gerusaleme libêrata do Tasse. Qoal
que soit le inérftc de oes pi](bKca(k)ua, c'est à
ses éditions ^atiteora ^ees «t latins qaK)relK
doit sa célébrité. Kn 1814, Il fut appelé à Coire,
poar 5 occuper une chaire à l'école cantonale des
Grisons, etdevinten 1819proreMe«rd>1ofi|tieMe
an Carotimtm de Zurich. Ea iSia il prit uœ
^stnât part à la fondation de rmiiversité de oette
ville, et reçut le titre de professeur ex.traonli-
naire de littérattive ancienne, tant en oonaervaat
ses functfons au gjFmnase. Il occupa cette double
place jusqu'à sa mort. 11 étaât aussi bibliothé*
caire de la ftle de flarioh. OveUi a été de noire
époque an des meHleiira éditeurs de tentes an-
ciens*; te n'est pas qn'il «M à un beat de^ le
géiTie de la critique ferbale, ni qv'JI possédAt un'
savoir bfstoriqne et archéoiotsique supérieur; on
ne saurait «n» ces denx rapports i'éffaler aux
grandis jAiilologiies allemanKls Walt, HermanD,
B«mHcIi ; mais il ai«it un savoir précis, un esprit
net, tm goflt excellent. Ses textes sont bien «éta-
^f ses variantes jadicieusement dboisies, aas
commentaires amples , inrtriiolifs, sons trop 4e
diffasionnide digressiionB. tdàn si ses travaux
M soat pas sentant originaux, ils soat toi^aufs
ti*^s-bien fafh, et on les appellerait ëlégants ai ce
terme pouvait cowrenir nx oovmges d'énMK-
tîon. Yoid la liste des pubttcations d'OrelK :
hocratix Oratto de permwùatioite^ -ex >eùdd,
9ks. suppléa ab Andréa Afui^osyife; JUn-ioh,
1^14, iB.8« : publiée d'toprta l'édMaB pmns^
^e Mttstox^dis, hrcc six laitw» phJtdfogiques mt
divers aofeura grecs dt latina et'S«r Oaate; —
Ectogss poetaf^ian latim)f*vm,., Insuru A, *¥r-
Hi Flacci Satyr» sex inXegrx; Zori(ih, 18î5,
^^^^ : ufte seconde édition, très-^uf^mentée et
*f^élh)nfe, a parn en ï83S; mais Orelli €»« te-
^^^thé le commentaire itilet^H^tflRiraurqtarse;
^ ^icncrrtis iypiern qnm s^t/nuÂt 'tornnia;
Zuridi, Ig^ô-l-ss?, 8 Tdl. en quataive parties,
gr m-8« ; les qotiti-rpremiers v^kitne»oaiitienneat
re t»«\te avec Aes notes crftlques, inais aans aoin-
[j^pmîïircexplicaftîf;!ccinquièmocontientleRaoho-
"a^t^sîathis sut Cfcéwn ; enfin, les trois derniers
comprennent, sous le titre d'0»<miwWowi ^f-
"û/ittni, la V<c de €lcéron, nnenotice WWIogaa-
Pnique sur les éditions de cet auteur, un index
S^o^phique et historique , un index des lois et
^^ loi-motes de droit, un dicHoanah-e dasaoms
propres et na lexîqoe des mots gmes employé*
par Tarateur, eatii les listes oaasuiaires. Cet
OnamoBtiotn, <fai avec tes sohoiies peut ienir
lieu d'un commentaire sur Cioéron, est un tra-
vail du ploB f^and prix pour Thialoife de la pé-
riode ipe remplit la viede Tiittustra aratewr. ÛknUli
fut assisté dans la rédaction de «es tuais derniers
vokimes par M. Baiter, un de ses disciples. Le
texte de cette remarquable ^tioa « été i^éicu-
primé aens la aurvaillaiioa d'OrelU, et après sa
osort ipar les sains de MM. fiaiter et Uaim;
3 vat ont paru, Zurich, •l«45-tJ56. Avant aa
grande édHion OreHi avait publié les discours Pro
Ptando, Leipxig, 1825; Pro.Mitone, 1826» avec
des Cammentanvs; Il dama postérieurement des
éditions séparées des.PAt/t/)pir/iif!s ,£anoh, 1637»
in-é°; des Académ^nes^ du érailé J)e Jini^
ims bonarum tt fimiomiUf £arich, 1827»
avec les Academica 'àt Petrus Vateatia, auvraga
rare; Ae» Tuatmlmnes , Kiirioh. 1 829, in^*, avec
un commentaire inédit en allemand , aeoueiUi au
cours de F.- A. Wotf; — des traités intttalés
Orator, Bruius, TopicOy ÀXe optîmo geuere
oraiorum, Znrich, l«30, iD-8* , avec une lettre
critique adressée à M. Madvig, et ^pii contient
entre autres -choses une diaseKation sur la co-
médie anonyme intitalée 'Querolus, OreUi «
aussi doaaé des édUioBs, avec oommenlaiKa
oriftiques et explicatifs, dlu-diseaurs .Ae utfipU'
cira, Leipzig, 1«3<1 , in-<8^; dee di^^oura Pro
M, Cœlio Rw^ et /W Sestéo, Zurich, J8a2,
iB-4* ; et de Quinze éUcoun cAaitf j de Cicé-
ron , Zurich, 1836, m 8«; — Insaipiionum la-
iinmrum seiectarum ampiissétfui coUecUo ud
Ultuùrandam roman» 'OM/igtiitatis discipli-
nom accammodtkitk, ac ma^uarum coUectio-
num fuppltmentii compara emendationes-
que^xhièem; cum intditiêJ, C, Hagenbu-
dtki suisque udnotaHonièus edidit. Insunt
lapides Helvetimomnes ; acceduntprxter Fog^
qmii Kalendoriaaniiqna, Hofeabuchii, Maf»
^0f, e/c^ Bpistolm uliquot ^pigrapUêcx^ ttunc
prtmmm eiifttfa;;2urioh, 1828, 2 vol. in-8% avec
an supplément, intilulé InsortplionêshelvAtic»
^Iketseet eaptieatx^ZwàoU^ l&4«,in-8'' i c'^i
uaedesooilectionsépi^rapliiquf» tes pluaeitimées
^existent ; •— Pkmdri FabulK mopUs. Prima
edUio cfilica,.,. Aûcedunt Oêaris Germanid
Aratea^,,, PervUigium Vtneris , Zurich, \^3!^j
jtt^so. ^ ^MH Pat&rouU C^um supermint
ex hMorisB romanes Ubris dnohu. Ex iMiice
amm'bacMeute adéàta »vri64ais lecUonis,
Âcoad, CCrispi SaiiusiU OreUionessl JSpis-
■toi» tex ideperditii hietôriarum libris , ex-
pressée vx ^aéèce vatwane; dLeipvig, 1835,
in-S^ ; — -C, Salusii, Caiilina et Jugurikm,
^aitones et MpistcleB ex Hisloriarum libris
deperdiêie , cum inleqra varietaU^ etc. ; Zu-
rich, 1840, iii-16;«-. Plalonis Opéra guic Je-
mntttr omnia^ accedunt intégra varietas
iecHtmis Utephaniane&t Sekèeriafh-e, Stalbau-
mianmj seholia emendatiora et cMCtiora^ Ti-
25.
775 OREIXI
nuH lexicon ad eodieem Sangermanensem
denuo recognitum ; glossx platonias ex lexi'
eographis çrxcis excerptx,nominum index
in Platonem et scholia; Zurich, 1842, 2 vol.
iii-4*, avec Baiter et Winkelmann. Orelli a
donné avec les mêmes collaborateurs une édi-
tion de Platon pour l'usage des écoles; Zurich,
1S39-41, 4 vol. in-16; — Horatitu, Q, Flaecus^
recensuitetinterpreiaius ei/; Zurich, 1843-44,
2 vol. in-S**. Cette excellente édition, faite avec
autant de savoir que de goût , a été réimpiimée
par les soins de H. Baiter, 1850-52, 2 vol in-8*;
— Babrii Fabuîx iambicœ; Zurich, 1844,
in-16, avec BIM. Baiter et Sanppe; * TacituSy
rectn$. et inlerp,; Zurich, 1846-48, 2 vol.
iB-8* : c'est la meilleure édition de Tacite; elle
laisse cependant à désirer pour le commentaire;
mais pour le texte elle constitue un progrès con-
sidérable; elle s'est épuisée promptemenf, et
M. Baiter en a commencé la réimpression. L. J.
àdert. Estai iur ta vie et tes ouvrages de J,'C. OrelU,
dans la BlblMhèque de Genève^ iS4t. ~ L. de Sloner, No-
tue biblioçraphique sur J.-C. Orelli^ dans la Revue de
PkilologU, t. U p. t8t> — C»nver»ationS'Uxikon.
ORBNS OU ORiBAT ( Saint), évéqued'Auch
et poète latin, né à Huesca, shria frontière d'A-
ragon, mort à Auch, le 1*' mai 439. Son père
était comte on gouverneur d'Uigel. Après avoir
perdu ses parents, il vendit ses biens pour en
distribuer le prix aux pauvres, et se retira dans
la vallée de Lavedan, où il mena quelque temps
la vie érémitiqoe. Sa haute vertu le fit bientôt
connaître et élever sur le siège épiscopal d'Auch,
vers 410. Il travailla dès lors à abolir dans son
diocèse les derniers débris du paganisme. Ce
ftat ainsi qu'il fit abattre aux portes d'Auch un
temple célèbre dédié à Apollon et éleva sur ses
ruines une église. Théodoric 1*% roi des Goths
et arien, apprenant que ses évéques n'avaient
point été écoutés par Aétins, général des Bo-
mains , à qui 11 faisait humblement demander
la paix, hii députa Orens,qu'Aétius reçut avec
la distiuction due à son mérite. LIttorius, son
lieutenant, qui assiégeait Toulouse, méprisa
an contraire rév6qued*Auch, et confiant dans les
promesses des aruspices, repoussa toutes les
propositions d'accommodement. « Dieu, dit Sal-
vien, confondit l'orgneil et l'impiété de Littorius,
car ce présomptueux fut pris dans la bataille et
conduit prisonnier à Toulouse, le même jour
qu'il s'était vanté d'y entrer en triomphe. » Cette
ambassade, d'autant plus honorable qn'Orens la
devait à un prince hérétique, couronna la vie du
saint prélat, qui, déjà fort avancé en âge, mou-
rut peu après son retour à Anch. Une des pa-
roisses d'Auch porte aujourd'hui le nom de
Saint-Orens, et une partie de ses reliques fut,
le 16 septembre 1609, transférée à Huesca. On
a de ce prélat nn poème latin en deux livres ,
dont parle Fortuuat de Poitiers. Il est intitulé :
Commonitorium ^ qu'on peut traduire Mé-
tnoire ou Averiissementf et écrit en vers élé-
giaqaes. C'est une peinture des divers obstacles
— ORESME
776
qui s'opposent à notre salut et une sorte de
guide vers le ciel. Quoique le style n'ait pas l'é-
lévation de quelques antres poésies du oom-
mencement du cinquième siècle, il est néan-
moins serré et nerveux, et n'offre rien de lan-
guissant ni de barbare. Le premier livre do
CommonUorium parut à Anvers, 1599 oo 1600,
in-12, avec des notea du jésuite Martin Delrio,
qui l'avait découvert dans un manuscrit de l'âb-
baye d'Ancbin, à Salamanque, 1604 et 16M,
fai-4*, àLdpiig, 1651, in*8*, avec des n«)t«s
d'André Rivmus, à Cologne, en 1618, dans la
Bibliothèque des Pères, puis à Lyon et k Paris ,
dans les antres recueils de ce genre. Dom Mar-
tène ayant découvert l'ouvrage entier dans oa
manuscrit de la collégiale de Saint-Martin de
Tours, ancien d'environ huit cents ans, le fit
imprimer à la tète de la nouvelle collection de>
anciens écrivains, publiée à Rouen, 1700, in-é%
et du cinquième volume de son Trésor d'Anecdo-
torutn , 1717, in-fol. Ce bénédictin a donné à h
suite du Commonitorium quelques aotn» pe>
tites piècesde poésie, de saint Oreos, qui s'é-
taient trouvées dans le même manuscrit. Elte
sont sur des sujets pieux et dignes de roccaps-
tion d'un saint ; mais il semble qu'on ne les a
pas toutes, car le manuscrit en promet vingt-
quatre, et il n'en contient que deux. Les Mé-
moires de Trévoux, juillet et septembre 1701,
renferment des remarques et des corrections du
P. Commtre sur les poésies de saint Oreos.
H.-L. Schurtzfleisch en a publié une nouvelle
édition; Wittemberg, 1706, in-4'*, précédée de
recherches sur l'auteur. On doit y joindre le
supplément imprimé à Weiraar en 1716, conte-
nant les variantes tirées d'un manuscrit de ia
bibliothèque d'Oxford. Enfin, le Commomio-
rium a été publié sous le titre de : Commxaàr
toirey poème en deux livres, traduit en taar
çais avec le texte latin en regard, et one vie de
de l'auteur, empruntée aux Bollandistes, par
Z. Collomhet; Lyon, 1839, in-8*'. Trompés par
la ressemblance da nom, quelques historiens
ont faussement attribué cet ouvrage à Orèie,
évéque d'Urgel, connu par les leltres que loi
adressa Sidoine Apollinaire. H* F-^.
Bolland. JttmSa:netorum, !•» mal, p. Si el tt. — Z^
ru du çlorumx saint Orens, évesqme €Âutk tempeset
mr 1rs mémoires ttre% des anctefutes légendes H des
plusUdéies historiins: Toiu«e (a. d. ). — GaMa Chris-
tiana, 1. 1, p. STl. - HUt. littir, de te Ft„ t II, r m-»*.
OKBSIIB {McqUu), érudit français, néà Caen,
mort le 11 juillet 1382, à Lisieux. 11 fit ses
études dans l'université de Paris, et fut éln eo
1355 grand-maître du collège de Navarre. Suc-
cessivement archidiacre de Bayenx, doyen delà
métropole de Rouen et trésorier de la Sainte-
Chapelle, il devint précepteur du dauphin, de
puis Chartes VI. Chartes V le pUça en 1377 sur
le siège épiscopal de Usieux, et lui accorda des
sommes considérables ; il prenait même dass
ses afTaires les avis d'Oresme : « le conseil et
adndnistration duquel, comme l'atteste du Til-
777
ORESME - ORESTE
776
let, il oyoit et suivoit moult volontiers m. Dis-
puté tu 1363, à Avignon, vers le pape Urtiain V,
il avait prononcé en présence du sacré collège
on discours très-hardi contre les dérèglements
de la haute Église. Ce prélat fut Tun des plus
célèbres écrivains de son temps : il avait un sa-
voir fort étendu et jouissait d'une grande répu-
tation comme théologien et comme humaniste.
On a de lui : Les Éthiques, ou morale d'Aris--
tote; Paris, 1488, in -fol., traduction entreprise
par l'ordre de Charles V; — La Politique d' A-
ristole; Paris, 1489, 2 vol. in-fol.; ^ Des Re-
mèdes de l'une et de Vautre fortune , trad. de
Pétrarque; Paris, 1535; — Liber de Anti»
Christo ejusque ministris ac de ejusdem
adventUt signis propinquit timul ac remotiSt
IV continens particulas , écrit singulier inséré
dans le t. IX de la Collectio velerum script,
des PP. Martène et Durand. Il a encore laissé
une centaine de Sermons , des traités sur Tim-
maculée oonception de la Vierge, sur la commu-
nication des idiomes, sur la sphère, contre les
astrologues, etc. Launoy, Dupin, Uuet et
d'autres anlears font aussi honneur à Oresme
d'une version delà Bible en langue vulgaire qu'il
aurait oomposée à la prière de Charles V, afin
de prévenir les altérations introduites par les
Vaudois dans les livres sacrés. Rien n'autorise
k accepter cette assertion. La Bible conservée à
la bibliothèque impériale de Paris ne porte au-
cun nom, et on Ptttribue avec quelque vraisem-
blance à Raoul de Preste. D'un autre côté, Simon
est d'avis qu'on a bien pu mettre sur le compte
de l'évdque deLisieux une traduction (aile cent
ans auparavant par Guyart des Moulins, chanoine
d'Aire (00 jf cenom)^ P. L.
Haet, Origines d« Cota, — On Fin, êibl. des atUeurs
tecUt, du (ptéUorziime siècle, — Du TlUet, Chroniçue. -
Rlcbard Simon, Hist. des versions du [Nouveau Testtt-
vteni, eh. SS. -> Moréri , Grand dict. hist.
0RB5TR, secrétaire d'Attila et régent d'Italie,
mis à mort, le 28 aoOt 476. 11 était Romain d'o-
rigine et né dans la Pannonie, aux environs de
Petavium (Pettau), sur la Drave. Son père se
nommait Tatulus. Lors de l'invasion des Hims
m Pannonie, le père et le (ils entrèrent au
service des barbares. Le roi des Huns AUila,
prince aussi rusé que violent, et qui avait aussi
souvent recours aux négedations qu'à la force
ouverte, appréda le mérite du jeune Pannonien
et le choisit pour secrétaire, vers 446. Dès lors
Oreste fut plus ou moins inélé à tous les rap>
ports du chef des Huns avec les empires d'O-
rient et d'Occident. En 449, il alla porter au
faible Théodose II les dures conditions d'Attila.
Ao retour de cette mission, il eut de fréquentes
conférences avec les ambassadeurs venus de
CoQfltantinople, et avec ceux qu'envoya l'empe-
reur Valentinieu III. On remarque, au su-
jet de cette dernière légation, une particularité
qoi montre quelle était Hufluence d'Oreste. La
ooor de Ravenne avait choisi pour cette mission
le comte Romulus, beau-père d'Oreste; son
père Tatilius en faisait aussi partie à titre offi-
cieux. Ces négociations, que Priscus a racontées
d'une manière si intéressante, n'aboutirent qu'à
de nouvelles humiliations pour les Romains, et
Oreste alla de nouveau à Constaotiuople de-
mander au nom de son maître la tête .de Chry-
saphlus, le premier mmistre de Théodose. Dans
les années suivantes, qui furent remplies par les
invasions des Huns dans la Gaule et l'Italie, le
secrétaire Oreste n'eut point de rôle important.
Il resta auprès d'Attila jusqu'à la mort de ce
prince , et retourna ensuite en Italie avec de
grandes richesses. Il profita de sa familiarité
avec les nombreuses tribus barbares qu'il avait
vues réunies dans le camp d'Attila, pour entre-
tenir des relations avec les confédérés qui for-
maient alors presque toute l'armée romaine.
L'empire d'Occident touchait à sa fin ; menacé
en Italie par les Vandales de Oenseric, ne pos-
sédant au delà des Alpes que des dépendances
onéreuses, il était réduit à confier sa défense à
des barbares avides et capricieux, qui recon-
naissaient encore nominalement l'autorité des
empereurs, mais qui, en réalité, n'obéissaient
qu'à leurs propres chefs, barbares comme eux.
La chancellerie impériale ne parvenait même
pas toujours à lui imposer un général en clief
romain. Dans ces circonstances , Oreste, à la
fois romain et barbare, pouvait ébre très-utile à
l'empire. Aussi, à son retour en Italie, il s'éleva
vite aux honneurs, et reçut le titre de patrice.
En 475, il reçut de l'empereur Julius Nepos
l'ordre de rassembler une armée et de se rendre
dans les possessions romaines de la Gaule, que
menaçaient les Wisigotbs; il obéit; mais à
peine fut-il arrivé au fried des Alpes, qu'il réso-
lut de s'emparer de l'empire , et n*eut pas de
peine à décider ses soldats à favoriser son entre-
prise, n marcha sur Ravenne, d'où Nepos s'en-
fuit à son approche (28 août 475), et le 29 aoM
il conféra le titre d'empereur à son filsRomuhis
Auguslule, encore enfant. Il garda l'autorité so-
préme avec le titre de régent. Si singulière que
fût la manière dont il s'empara du pouvoir, ob
peut à peine l'appeler un usurpateur ; car dans
l'état de misérable décadence où l'empire était
tombé, l'empereur légitime était celui qui aurait
donné à l'Italie de la sécurité. Dans son règne,
très-court, Oreste ne se montra pas indigne du
pouvoir. Il conclut la paix avec Genseric, et
bien qu'on n'ait que très-peu de détails sur son
administration, il est probable qu'il songeait à
modifier l'organisation des fédérés, afin qu'elle
fût mdins redoutable à l'empire. Les soldats bar-
iMures ne ^ui en laissèrent pas le temps, et, con-
duits par Odoacre, ils vinrent demander au ré-
gent le tiers des terres de lltalie. L'ancien se-
crétaire du roi des Huns avait l'àme romaine; H
refusa . et avec l'aide des garnisons italiennes
restées fidèles il essaya de tenir tète aux barbares.
Son courage fut inutile. Odoacre s'empara de
Pavie, et fit trancher la tête à Oreste. On re>
779
ORESÏE — ORFILA
'80
marque que cette exécution eat lieu le 28 août
47fi» juste un an après la fuite de JuUns Nepos.
(Pour plus de détails sur cette réroLution, voy,
RoMLLus Ajugd&tvlb, Glxcbbics, Jcuds Nepos y
Qboagjle)» L. J.
FrtiCQs, Exûtrpta iBQiMMium. — Jonundes, De rt-
gnor.tueeeû.; DêretK goth. — Ennodlus, Fita F.pi-
phecnii. — AmMèe Thierry, Bittmre ^Attila; Méeits 4e
la ehut» de ifffknyint Jton«riii dfOot^ext. — GtM>oo,
Hèstor§ fit tht deelim and /ail of tàe Moman Emi-
pire.
OftFANKL (Byacinihe), doraiaicain espa-
gool, né le 8 novembre lâ78, à Jana, près de
Poniscola (royaume de Valence), martyrisé au
Jap«n, eu 1622« Jeune encore, U fit profession
dans le couyeat de Tordre de Saint-Dominique à
fiarceione , et es t605 demanda à ses supérieurs
Tautorisatioa de passer aux lies Philippines,
puis la fayeur d'aller au Japon prêcher la fo».
]1 s'y trouYait dèj^ ea 1607. Le P. Qrfanel s'at-
tacha, à rinstruction- des pauvres et des habi-
ttnls. de la campagne, et évangéUsait depuis
quinze ans le pays htcc des fatigues inouïes ,'
quand il fut arrôté et condamné à être brAlé vif;
nais pendant qu'il était en prison il eut le
tetops de mettre la dernière main à un ouvrage
imprimé sous le titre de : Hisloria ecclesias-
iica de loi successos de la christiandad de
Japon, desde el ana de 1602 que enlro en el
la orden de Predicadores hasta el de 162L;
Madrid, 1 633, in-4^. Cette histoire passe pour
fort exacte, et le P. Diego CoUado, qui en sur-
veilla llmpression, l'a continuée jusqu'à la fm
dft 1622. H. F.
Femandcz, HlOoria eceleâ. de nuestros tiempt»,
p. »9. — Melchlor Mançano de Haro, nistoria del in-
signe mmrt^rie que ditz y siete reliçi&$M d9 lu orden
de Sante-JJjemiitç» padecleron en el Jcif«R, du xiuct.
foW S*. — ÉclMrd , Scriptor. td. Prsedie^ t. Il, p. iu,
OftrKLiN (ZacharU\ savant esclavon» b6
en 1726, ^ Yal^^-Var, mort à la fia du dixhui-
tiènse siècle. Né sans fortune „ il se forma tout
acMiA, acqpiit des conoaifisanGes étendues en his-
totfe et en belles-lettres, et devint membre do
l'AMâérniedea arts libéraux de Vienne; il passa
U plus grande partis de sa vie à Carlowilz. On
a de lui : Viia Pttri Magni, Bussorum auio-
ctaUirU; Venise, 1762, in-4«; — Slavonico-
Strbieum ywompiuarium ; ibid., 1767, in*8«;
7- écraiMRowre esciavomu ;ii).,. 1776, in-^\ etc.
Ou
Horvngrl» Mnnori» Hmtçtkvrvmt L \k
ORTBUikLB (C^aWes-/:otté£*J^arie,.oomte
d'), Françaisi, aé le 7 juillet 1 756, à Sawt-Maixeni
( Poitou )> mort le 3 février 1»42, à Paris. Entïé,
en 1778y comme voleataire au réf^iment d» Pot-
tou, il devint^ en 1782, lieutenant au bataiHeii
de SainloBga. Auprès avoir subi unec déteiUton
passagère sous laTerreur, il servit dans les bandes
royalistes de Gharetie. Seus ]>mpire il fut
prolesseur au coUége de Tliouars. On a de lor :
DUurtaiion sur Vdositience des dra^om;
Ssint'Maixent, an ni, in-8*. Parmi ses ouvrages
maïuscrits, on remarque une Histoire du P»i^
(ou en 6 vol. in-12, et une Notice sur les Mé^
moires inédits de Guillaume et Michel Xe-
riche, en 2 vol. in- 4°. K.
A. de L»«tloSaint-Jal, SuppUwi, àVB\»L mtte. te
Poiion, III.
ORFBIJILLE(D'). Voy, DORFEUILLE.
oaFFTué {Jean-Ernest'Élie'^ mécaniden
allemand, né en 1680, k Zittau» mort à Furstem-
berg, en I74ô- Son véritable nom était Bessler,
FH& d'un paysan, il mena une vie trèsavaUn-
reuse, et habita successivement l'Autriche» l'K^
lie, la Uollafide et TAngleterre; Il fut to«r » tew
soldat, eiiipîrique, horloger, fabricant d'or-
gnes, etc. Ayant guéri la fille du riche bourg-
mestre d'Annaberg, il répeusa ; ee qui lut permit
de s'adonner à la ooofection d'iuie ma^hiBe à
mouvement perpétuel, dont l'idée le préoecopait
depuis longtemps. Il la. teroiin* en 1712, et
l'exposa publiquement ài Géra. Regardé par les
ims comme soraier, par les autres eunaie im-
posteur, il construisit encore plusimis autres
machines de ce genre, une entre aatrea punr k
landgrave de Hesse-Cafisei.; il publia ta deecrip-
tion de cette dernière à> Cassel, 17 19». ii^\ 0.
Strider. Hestiteke GetebrtmgascMàM». — CMta, Uxi-
kOH.— Rotermund y Supplément ii JOdier.
ORFILA {M€UthieM'Joiêph'B0na0eniure)j
oélë)re chimiste français „ né le 24 avril 1787,
à Mahon (lie de MJnorqiie), mort le lil man
I8ô3, k Paris. Soo éduGalion futaMex MÎ|siée
pour le temps et pour le pays. Destiné dV
bord au commerce par sa Camille, il fit u
voyage snr les côtes ds' la Mëditerranée à bocd
d'un vaisseau marchand en qualité de seeend pi-
lote, eU de retour dans sai patrie (I^â), il oom-
mença à Valence ses études médicales avec as*
sez de succès, surtout dans les seieuces phy-
siques, pour quMl tût envoyé en France coaime
pensionnaire du gouvernement, afin, de se per-
fectioaner et de revenir occuper une chaire de
chimie. U arriva à Parrs^le 9 juillet 1807. Bientôt
la guerre d'Espagne écbta : les sohaides mas-
quèrent, et un parent , qui habitiiit Marsetlie, se
chargea de soutenir le jeime étudiant jusqu'au
moment oîi il serait reçu doeteor. Lùnqa*H enC
passéses derniers exameas (27 décembre 161 1),
il Id fhHut prendre le parti de nmir itoit à
Mahon, oà le rappelail soo père, soit à Madrid,
saivaat sa proonesse. Les circoniitaMss s'bppe*
santà ce qu'il remplit er dernier engagement,
Orfila, d^à fixé par des liens de tous genres,
résolut de se consaere^r tout eiitif*r à sa pa-
trie d'adoption. Afin de se créer des ressoorees,
il enseigna la chimie, et compta parmi ses
élèves MM. Béclard, Gloqoet, Chomel, Ros-
tan , etc. Bientôt il OQvjhi des cours parliîniliers
sur la botanique, la p.bysique et la médesine lé-
gale, en même temps qu'il rédigeail des mé-
moires et qu'il se livrait è des redierdles expé-
rimenlalps. Un oemmeaeement de o#lébril^
couronna tant d'efforts. Mais, la guerre ayant
cessé (1814), Orfila, ne te croyaul pas dégagé
7«l
ORFILA
782
par le» eiroonstanoM qui ravalent priTé de la
pMisim du goBvernement espagnol, se mil à la
riispositioo de la junte de BarceloDe*, qni lui ren-
dit la liberté en lut votant des remercieinents.
Pra de tempe aprè^ il nsftnia d^accepterè Tuniver*
&\té de Madrid la eheire laiiseée vacante par le
«himiste Prooat» parce qu'on ne voulut point
aiopter ïe plan d'études qu*il avait proposé.
NaturaNsé français en IS'lS, il tat nommé le
i"' mam l819profcesear de médecine légale* à
la faculté de médecine de Paris-. Lors de la réor^
fQBnisatlon de Péeole (1923), il prit possession de
la chaire de- chimie, et^ il l'bcnupa saw* iiKef^
raptien pendant fiante années josqo^u 4 mar»
t853; jour où il fit sa- dernière leçoOt
De bonne heure, Orfila'svsifrdébtité cemmeéerK
vain par te traité de T^toùlégiegéméralv (1813),
oavrage apprsavé |ifr llnstitnt et rem«x|uable
par f exposition, rexnctltudé des expériences ef
la jttsttese des eenciusions; plwieurs éditions
en fiirent Mtes^, et ptu^ tard tt se fonM dans le
liTÈtté de vtééecine lésaie , don» ik n'était' es
afd'i qu'une partie très-dévefoppée. La Chimie
mMiealtf, qui parut en I8t7 pour lat première
r«>s, est une- œuvre qui n'a rien d'orif^nnl; en
l'tvrîTant panr ses élèrfes^, Fauteur n^vnit
<faatre but que de s'y montrer vnifsarisateur ia-
tcittgent comme il l'était dans ses leçon» orales,
dont raflhience des auditeurs, qni alKa toujours
croissant, fait assurément le phis bt\ éloge. Mais
Im travaux d'Orfila qur font le plus* dMion*
Dfnr è sa mémoire, ce sont ceux de médecine
l^'^ale, à savoir snn l^atié de» exlmmaiions'
jnridiques et ses mémoines sur les empoi*
sonnements par les substances minérales, Tar-
semc, l'antimoine, etc., dans lesquels il flt
pnmve d'une sagacité, d^un esprit d'expérimen-^
tatran et d'analyse qui Ini^ rainrent la ronftince
pubKqiie en ces matières, autrefois si épineuses
et n obscuresw H traita avec le même succès les
antres parties de In médecine légale , dégageant
toujours le feit fondamental avec me merveil»
leuse luciffîté, et fournissant à la justvee une
exacte appréciation des conditions matérielles
P^ lesquelles cependant elle ne doit par se iais-
ser exclusivement diriger.
€ea recherches laborieuses, Usa ohlîjptioas
reii^usement remplies du professorat ne suf-
firent pas à factivfté extrême et quasf ll^rife
d'Orflh. Des reiatwns puissantes , oonqnfses par
on talent musical de premier ordre, Târvaienf
inît à même, dès h; temps de la Bestauration,
^^ se faire rendre une justice que des travaux
simplement utiles n'obtkonentpas toujoun. La
révokiiMB de Juillet le plaiça de manièie à faim
<^Qaltre ses tatents d^on autre genre. La fiienHé
<}e médecine de Paru, dont il fut le cbyen de
1830 k 1848, doit k son active kifluenr-a de
f^raB<les améHomtions matérielle» et une vi-
goureuse Uopolsion donnée aux études. Au con-
seil rayai de rinstructian paUiqiiey.il provoqua
d'utiles mesures, et entre autres la décentraK^
sation de renseignement par lacréatfm d*écoIes
secondaires de médecine , en même temps que •
robbgatiott de produire le diplôme de bachelier
es sciences rendait plus difficile l'abord de hi
carrière médicale, que Tes examens, devenus
plus sévères , imposaient aux élèves la nécessité
d'un travail plus consciencieux, et que les
moyens dlnslrnction en tous genres étaient nuil*-
tipliés autour d^eux par l&sollicUudeéeiaiiéedu
gouvernement. Une des institutions (^ui font le
plus d'tu»nneur. à Orûla est l'association de |)ré*
voyance des roédecias de Paris, jéunion qu'iL &
fondée et soutenue.
Infatigable au travail,, persévérant jusqu'à
l'opiniAtrcté, doué d'une sagacité peu commune,
et d'une habileté qui le fit réussir dans tout ce
qp'il entreprit, OrfiJa sut traverser des périodes
difKciles sans succomber aux attaques violentes
dont il a été l'objet. Le 5 mars 1863, surpris par
un temps, de pluie baitanle,. il éprouva un refroi-
dissement qui t)f.ragiana- 1& pécipoeumaaie aig^é
à laquelle il succomba, a» bout deâix jours. Les
le|^ qu'il lai£;>a dans son testaineBt.témoigpèreut
du vif intérêt que ce savant portait au perfec-
tionnement de û science raédittMe. 11 légua à L'A*
cadémie de médecina , à Técola da pharmacie et
enAo à l'État une sdimm de 130,00^ fr», dn^tiné^
à des fondations de prix , et. voulut qiie soaca»
binet d'anatomie comparée, quiporl^ le nomide
musée Orfila, fât achevé à. ses frais; enfii^ il
prescrivit à son exéeutsur testamentairo de iaise
ouvrir son oorps, afin de oontribusc une des-
nière fois, si eela. était poasiUe» aux prog^ ^^
la science.
Voici la liste ées^ovrrages d'OifiU : Trente
des poisons tirés desrègMS'minéral,wégétaM
animal, ou toxicologie générale ;,V.àm^ IHka-
1815^ 4< part, iorlio; k"" édit. entièreoMOt sa-
fondue « t843, 2. vol. iii*8<'; ^ Éiémenis dû
chimie ajfpliquée à la médecine et ««as artâ;
Paris, 1817, 7" édiL,.li843^ 3.voL iBr8i% ffii ^
Secours à> donner aua personnes empoisen^
nées et aipAyjri^es;. Paris, 18t8,.1839^in*13;
— Ltçons de wUdociue ié^le; Paria , I82t»
1823, 3 paru, in-8*; la 4<Ȏdit., qui porte le titan
de ; Sraii^ de médeoim làçut» (1847, 4 vol.
in-80), a été corrigée el aunmentée d'une bir
bliogiaiîhie spéciale; — IraOé des exàuma'
tions juridiques; Paris ^ 1830, 2 vol. i»8%.pl.,
en société aveo NL Lesueur, son beai»- frère; —
I^'ouveau DictionMaire des termes de méde^
ctae,, ohiârurgàer pharmaeie, pbffeigue^ehà^
mie^ elc^ Paris, 1833, 3 vol. i»*0e et supplémi,
avec MM.. Bédard, Gbomel^ Hif^». et Jules CUh
\)uet; — Mémoires sur plusieurs questions
médHo-légales; Paris, 1839, in-8*; — Re^
cherches sur Vempoisonnement par Paeide
arsémmasy précédées tff une Histoire de Var^
sente métailique : Paris, 1841, in-8*; — M-
moire sur Vabsorption du sublimé corrosif;
Paris^ 1842, in«8*. Orfila a eu part au Nouveau
Journal de médecine (1818-), à la Revue en-
783
ORFILA —
cyclopédique (1 819), aa Nouveau Dictionnaire
de chirurgie (1821, 2 vol. in-s*"), au Diction-
naire de médecine usuelle, au Journal de
chimie médicale, %mi Annales d'hygiène, hu\
Mémoires de VAcad. de médecine, etc. [P. R^-
TiEB, dans VSnc. des G. du M., avec addit. ]
G. Sarrat et Satnte-Bdme, Bioçr, dês hommut du
jour, t 1. 1** p. — Sachaile, 'Us Médeeim de Paris. —
P. Meoière, OrJUa, dans le MoniUur univ.» iws. p. MO.
OBFOED (Comte d'). Voy. Walpolb.
ORGBMONT, en làéa Bordei ' mon$ (mont
d*orge), nom d'âne ancienne fomille française
qui joua un rôle aux quatorzième et quinzième
âèdes. Elle remontait à
Pierre I" d'ORcnioiiT, riche bourgeois de La-
goy-sor-Manie, « auquel, dit le père Anselme,
le roi Louis HuUn, par son testament de 1316,
ordonna que « tout ce qui lui ayoîtété pris contre
droit et raison lui seroit rendu ».
Pierre II, son fils, mort le 3 juinl389,
devint seigneur de Méry-sur-Oise et de Chan-
tilly, conseiller au parlement, maître des re-
quêtes et chancelier de France du temps de
Charles Y. Ce fut lui qut, sous les auspices de
ce prince, mit en ordre et continua jusqu'à son
époque le grand recueil historique connu sous
le nom de Chroniques de Saint-Denis (1).
. Amaury d'Orguomt, mort à Paris, le 1 1 juil-
let 1400, fils de Pierre II, seigneur de Chantilly
et de Motttjay, maître des requêtes en 13S0,
fut chancelier de Louis duc d'Orléans. Il signa,
comme tel, le contrat de mariage de Louis avec
Valentine, ftat député, en 1396, pour accompa-
gner en Angleterre la jeune reme ou fiancée du
roi anglais (Isahelle de France).
Nicolas D*OftGSHONT, dit le Boiteux, né vers
1360, mort le 16 juillet 1416, était, comme le
précédent, fils de Pierre II d'Orgemont et de
Marguerite de Voisines. Celui-ci embrassa la
carrière de l'Église, sans renoncer à jouer dans
le monde un rôle actif. Le boiteux d'Oiigeroont
prit parti pour le duc de Boniigogne. Jean sans
Peur, en 1412, fut poursuivi par ses adversaires
devant la juridiction ecclésiastique de Paris, à
raison de la doctrine du Tyrannicide de Jean
Petit et du meurtre de Louis duc d'Orléans. Le
doc de Bourgogne cherchait à se créer des adhé-
rents parmi les clercs ou docteurs notables de
la capitale. Il fit adresser en son nom à Nicolas
d'Orgemont une queue de vin de Beanne, à titre
de présent. £n 1416, nous retrouvons ce person-
nage gravement compromis dans une célèbre
conspiration bourguignonne. Nicolas d'Orgemont
était alors chanoine de Paris, maître des requêtes,
président de la cour des comptes, archidiacre
(1) Le portrait do duneelier d'Orgemont a été repro-
duit par D. Bernard de Montrancon, AiontmenU de ta
tHonarekie /rançoise, L III, pu zi. d'après on manoa-
crtt df 1S80. Plusienri Utrea nanuacrtu qat In! ont ap-
partenu sont ornés de aea arme» (d'ator. à Irola épts
d^orge d'or), et se conaerrent an dépôt de la rae Rlebe-
Ileu, fonda de Notre-Dame , n* 7W , aToc les aouschlffres,
10, u, le, 17, etc. (^of. P. Parts, ManwerUs français, •
taJdea, m mot Orçemoia).
ORGEMONT 784
d'Amiens, doyen de Marmoutlers de Tottn« D
passait pour le clerc le plus riche du royaume.
Sous prétexte des tailles et de la misera pu-
blique, un complot s'ourdit an sein de la capitale,
pour déposséder du pouvoir le connétable d'Ar-
magnac et rendre l'autorité au duc de Boari^ogiK.
Le 19 avril 1416, jour de Pâques, à un sigui
donné, l(^ conjurés devaient s'emparer do roi,
de la reine, du chancelier, etc. , faire main bas»
sur le prévêt de Paris, le tuer en cas de rés»-
tanoe, et procéder à un massacre général d»
Armagnacs. Le boiteux d'Orgenrant était rêne
dn complot. Mais le secret de cette trame fâ
révélé an prévôt de Paris, T. Dochâtel. Celoi-â
dès qu'il tint dans sa main tous les fils de la
trame, sévit avec vigueur; tes conjurés foml
saisis tout armés, an moment où ils eotraiot
eo scène, et le complet avorta compléteBieiL
Robert du Belioy et d'autres laïques, traduits a
justice et condamnés à mort par la cour do par-
lement, furent décollés aux balles. Nicolu dKir
gemont, appartenant à la joridictioo épisoopafe,
fut condamné par arrêt du parlement (30 avri
1416), à perdre tous ses offices, à payer une
amende de 80,000 écus d V, enfin à être trataé
dans un tombereau jusqu'aux halles, pour assis-
ter k l'exécution de ses complices. D'Orgemeol
fut en outre renvoyé devant la justice ecdësias-
tique, qui le dégrada, le déclara déchu de fo»
ses bénéfices, le condamna à être mené dans ua
tombereau, en certains carrefours de Paris,
mitre, mis à TécheUe (pilori) et k garder
une prison perpétuelle, au pain et à l'eaa.
Gomme on craignait les puissantes infloeoces
que le condamné avait pu conserver dans la ca-
pitale, Nicolas d'Orgemont fut éloigné de Paris.
Le chapitre de Tours transporta son canooicat
à un noovean titulaire. Livré ensuite à l'évéqu
d'Orléans, il eut pour asile la geôle épiseopale
de Meung-sur-Loire (célébrée depuis par les
plaintes de Villon), et y mourut peu de teibps
après sa condamnation. « On trouva < dit le
chroniqueur Juvénal des Ursms) dans un tas
d'avoine, en son hôtel , seize mille vieils escui,
et estlmoit-on ses biens meubles» bien de 60 è
60,000 écus. Le roy eut tout. »
Amaury d'Obguort, frère dn précédent, eut
pour fils Pierre III, seigneur de ChantîUy,
Montjay, etc., chevalier (1), mort le 10 mai 1492,
sans enfants de Marie de Roye» son épouse.
Après eux,
Màrgueriie d'Orgemont, scaor de FferrelU,
(1) Fog. 1» aon portrait peint daoa aoo livre d'henra
de mariage en ItM; reproduit dana Qelffoléres, Mois et
Jfelnet, etc., uei-isil, foL 71; gravé dans le» Mmmmmtt
de la wumarehiefrançoise, t. lit, planelie uv, flgarf i.
avec sa femme, nouvelle époaaée ( Ignre 1) ; f* Sa statue
snr son tombeau de marbre, Jadis placé dans ts ebapelle
de la Vlerfe aux Cordellers de SenUs Galgnlères «SMok.
fol. 74 ; Menwaeids dé la wtonaraUe fimmç., lam. i^',
planche vu, ûgunk}} Musée de FersaiUee^iétie XI,
section f*, dtagrapbe Oavard, pièce 70 , attribuée te-
ttvement dans lea premiers livrets de cette gaiolc S
Pierre II le ebanoetler.
785
ORGEMONT — ORIBASE
78&
ayant épousé Jean, baron do Montmorency, en
1455, la terre de Chantilly, par suite de cette
ailiaxioe, passa dans la maison de Montmorency.
A. V. V.
Cabinet des titres, dossier OrgemonL Bittoin de Mar-
moutUrif ms Balaie. 77, fol. Zkï; vas. Dupuj, 26e, fol. SS
et ». RegUtrê du ComeU, z. x., n» uso, i la date de
1416. — Mémoirtt de iSanim. ms. de rinstttut, d*» 679, A
la date de l4is. — Labbe. JUianee ehronoiogiqtu, eic,
1644, lD-4«. t. II, p. 70^, 705. - JiibUothiqM de rÉcole
dêi Ckartes, t. Il, p. 66 et suIt. '- Anselme, aui Chan-
eeUtn de France. — Urslns» dJiM Oodefroy* Chariet r/,
I6n« iQ-rol., p. SSt, ISS. — Monstrelet, édltloo d'Arcq,
t. III, p. 140. — Vallet de VlrifiUe . Chronique dé Cou-
einot, etc., p. 4i, 160. — Itabeau de BtnHère, 1869, ln-8*,
p. 11, etc.
ORiANi {Barnaba, comte), astronome ita-
lien, né le 17 juillet 1752, au village de Gare-
gnano, près Milan, mort le 12 novembre 1832, à
Milan. Ses parents, qui étaient de pauvres pay-
sans, l'avaient placé en apprentissage cbei un
maître maçon. Des moines chartreux, frappés de
son hiteUîgence, Tattirèrent dans leur couvent,
et après lui avoir enseigné les premiers élé-
ments renvoyèrent achever son éducation à fili-
ian» chez les Bamahites. Lorsqu'il prit les ordres,
Oriani possédait des sciences exactes tout ce
qu'on en connaissait alors, et il avait même fait
de tels progrès dans Tétude de Fastronomie qu'il
était entré en qualité d*élève à l'observatoire de
Brera, où il ent pour maîtres Reggio et de Ce-
saris. Deux ans plus tard ( 1777 }, il prenait rang
d'astronome, et en i778 il commençait dans les
Éphéméfides de Milan une série de mémoires
sur la lune pour corriger les tables de Mayer et
d'Euler. En 1786 il fut chargé par l'empereur
Joseph 11 de faire construire à Londres par Raros-
den un cercle mural de sept pieds et demi et plu-
sieurs autres instruments ; il connut à cette épo-
que Maskelyne et W. Herschel, et entretint avec
ce dernier une correspopdance très-suivie. A son
retour il travailla à la mesure d'uu arc du mé-
ridien et exécuta la triangulation nécessaire pour
la construction d'une nouvelle carte de la Lom-
bardie. Pendant les troubles qui suivirent l'Inva-
sion française, il sut se rendre respectable à
tous les partis, et n'interrompit pas un instant
le cours de wa^ travaux. Après la victoire de
Marengo, il eot mission de réorganiser les uni-
versité de Pavie et de Bologne, et présida la
commission formée pour régler le sy4(tème des
poids et mesures. Le célèbre Piazxi ayant dé-
couvert, le IV janvier 1801, la planète Gérés, qull
prit d'abord pour une comète, Oriani trouva, en
en calculant l'orbite, que c'était une planète, dont
il marqua la place entre Mars et Jupiter. Lors
de la création de l'Institut d'Italie, il en devint
un des trente premiers membres et reçut bien-
tôt de Napoléon la diieotion de Tobservatoire de
Milan, la dignité de comte et celle de sénateur,
les insignes de la Couronne de fer et de la Lé-
gion d^Honneur; mais, pour ne pas abandonner
ses études favorites, il refusa l'évèché de Vige-
vano et le portefeuille de l'instruction publique.
Le gouvernement autrichien rendit justice au
mérite éminent d 'Oriani en le laissant jusqu'à
sa mort à la tête de l'observatoire. Il eut part à
Tachèvement de la grande carte d'Italie, com-
mencée souy la domination française. Presque
tous les écrits de ce savant ont été insérés dans
les Éphémérides : de 1778 à 1831, on en compte
cent six, la plupart en lalin; les plus remarqua-
bles sont : De interpolatione longitudinum et
laiiiudinum Lunx ( 1778) ; Observationes JIl
Lan» cum tabulis Mayeranis et Bulerianis
eomparata (1780); De reduetione loci medii
stellarum ftxarum ad verum et veri ad ap-
parentem (1781); De matu duorum haroUh
giùrum pendulis ef/ectum ealoris per se cor*
rigentilms instructorum (1782); De média
perceptUme xquinoetiorum ex veterumastro-
nomorum observiUionibuê collecta ( 1783), où
il fixe la quotité annuelle de la diminution de
Tobliquitéde l'écliptique à l'équateur ; Observa^
tio et tabulx noviplanetm (1785), où le pre-
mier il détermine l'orbite dlJranus ainsi que les
perturbations des petites planètes; De TejTQC-
tionilnu astronomicis (1788), De emenda-
tione tabttlarum Mercurii (1797); Formate
analitiehe délia perturbasione dei pianeti
(1803), etc. Ces dissertations se distinguent
toutes par une méthode rigoureuse, et renferment
d'excellents préceptes pour l'astronomie pratique.
Quelques ouvrages d*Oriani ont été publiés è
part, tels que : De horologio Solarî italieo;
(iilan, 1786; — Theoria planètes Urani; ibid.,
1789, fai'4''; — Theoria planeta Mercurii;
ibid., 1798, in-8^; — Elementi di trigonome-
tria s/erpidica; Bologne, 1806, in-8*: traité de-
venu classique; — Opuscules astronomiques;
Milan, 1806, in*8''; — Traité d* astronomie et
de sphère; ibid., 1824, m-S**; ^ jlfantie/ cfof-
tronomie; ibM., 1826, in-32. Oriani appartenait
à l'Académie des sciences comme assodé étran-
ger, à la Société royale de Londres et à l'Acadé-
mie de Berlin. Deux statues lui ont été élevées,
l'une à Milan, l'autre à Bresda.
A. Gabba, Blovio di Oriant; MUao, 18S4, In-S".
OR1BA8B (*Opei6dtatoç on "Optédwioc), cé-
lèbre médecin grec, né vers 325 après J.-C,
mort vers 400. Suidas et Philostorge le font
naître à Sardes en Lydie ; mais Eonape, son bio-
graphe et son ami, dit qu*ll naquit à Pergame en
Mysie, ville natale de Galien. Suivant le même
écrivain, Oribase appartenait à une famille rtt-
peetable, et après avoir reçu une bomie éduca-
tion il étudia la médecine sous Zenon de Cypre,
et eut pour compagnons d'étode Jonicus et Ma-
gma». 11 acquit de bonne heure une grande ré-
putation dans Texercice de son ari. Le prince
Julien, depuis si célèbre comme empereur, con-
finé en Orient par la jalousie de Constance, y fit
la connaissanoe du jeune médecin, et l'admit
dans sa plus intime confidence. Oribase fût un
des très-rates confidents auxquels il révéla le
secret de son apostasie. Devenu césar et envoyé
en Gaule en déconbre 355, il l'emmena avec lui»
787 ORIBASE
et Tannéf suivante, à Toccasion d'une absenee
temporaire, il iiii adressa une lettre qui témoigne
à. la fois de K?ur intimité et de leurs sentiments
pjnens. Pendant ce séjour en Gauie, Julien de*
manda à Oribase de lui faire un abrégé des écrits
de Galieu. Cet ouvrage lui jfini tdiement qu*il
pria, réorïvain d'exécuter le mâme travail sur
iea autivsx écnivains» médicaux- Oriiiase accon»-
piit celte tAohe, mais senlememi apiè» Pavënc-
ment, de iiities» à l'emfNre, en 361 , en aoisMite
ou soiiante-douM livres ,. dont itfciii^te; mm Raf'-
tia sooa la titre de Siimcy»t^I *laaçKmi {GoUee^
tiens médioiles^)* Un. passade trèaobsciur d'£tt^
nape (.(}aiatX£a xàv 'Ibu^uonqv àics&t^.) a fmt'
croire qu^Oribase avait centribué à l^élévution
de Julie» à Fempine; mais cette sup|Minttioit-eflt
fort douteuse; il eaicertaÎB ^n'Onibase eonserva.
auprès* éè reapereiir tout le erédit dont, il avait
joui auprès doi oésar. Julien tenevima. qomteuc
de Genstantînopie, ekKeDvnQra à^Delphea peur
qn*ii rendit àr l'oranle de Delphes son andienne
splendeur et autorité. Sa mission, fut stérile, ci.
il an rapporta de Delphes qu*un»senl*répQntnv.
c^eat que Toraele n'emtait plus» eelte- réponaa
formaR troiff Yera> ailés* par Gedranus, et iùot
TeiaL le sens : « Dites an roi que \^ hnllant
paBKia est en ruineib. Phébua n!a piua de é»r
meure, ni de laurief prophétique,.» fontaine par-
lante ; l-ea« pariante est tarte. » Oribase aoeonapa-
gna Julien dans son expédilioB contre la Perse»
et se trouvait avec kit à l'épuqac de sa mort, le ,
2S juin^ 363. Le^ g^aad ceédit d'Oribase auprès
d'un. eraperenrapostatoA pou vait 1« reoomraandep
aux snocesseora chrétieBada oe priacc; Ennape
rapporte en termes vagnea et déclamatairts qae
Ie«^ empereurs» Vatenftinien et Vaiens eontisqiiè-
rent ses bien» et Ten^oyèrenl en exil chen des
bariMcea- ( pentrétrt des Gotha ). Dans son euh
Oriiiase donna des preuves de sa force d^àme
et Ae san habileté' daoB aon art. Sa scianoe mé-
dicale lui mérita If estime et la confiance des rois
barbares et le fil admirer du peuple, qm le re^
gardait caaoroa uu dieu. U panatt qvur sonr bai»'
nis&ement ne fut pas de longue dures et finit
avant Tannée 309; Ses biens lui ftirent nestitués»*
Après aon retour il- é\)oasA una personne riobie
et de banne fomiile, dent il eut quatre enJantei
On ignore ta date de sa mort; mais on sait qu'il-
vivait encore lorsque Eunape lui oensacra une
notice dan6.sea bio^paphies des PttiJesopheSy
vers 386. Oa eonaalt tcès-pei i le earaetère d'ih-
ribase, car le pompeux pân^gynguie d'Ëanapa
masque à. la fois de précision. H d'autorité^ mais
on ne peut douter qu'Ui ait prâs une part aetive,
sioflère^ passionnée à la résîclioa paicnae entn»-
prise par iutieii. U est souvent cité par itétiasy
Paul d*Égiae^. Rhasès». etc. .Quelqaes-nn» da ses
ouviagaa furent taaAnit» tm arabe, etHhéopbane
en fit nnabfégé» à.la demande de l!enpereiHrr
Constantin PorphyrogénèfiBi
On» pusaède trois ou vragea d'Oribase^ qn^snt
regardés oomaie authentiques. Le premiev est
78S
intitulé £uvaYfliTa: 1«r?tx«f ( Colttsctions ntédi"
caies ), ou 'HMopaixovrai^^oc ( Les soixante- f(îx
livns) : c'est? une compilation qni ne contient
d'original que la préface , mais qui est précieuse à
canse des nombreux extraits (fourrages aujour-
d'hui perdus ; elle était déjà^. k cauw de son vo-
lume, devenue rare do temps de Pant d'É^m^ ;
elle fut tradnite en syriaque dans le neuvième
siècle par Eonùn Ibn-Ishak et Isarlbn-Yatnp»;
mais eue ne tarda pas à devenir encore pins ran^
sous k» fbrme syriaque que sons la forme grr«.
que^et Haly Abbas.qui en. parie au dixième siè-
cle , dit qu'il n'en a vu qu'un seul livn ssr
sov)oante-dix. JSne très-grandb partie de cet ou-
vrageest actoetlement perdue. On' possède les li-
vre» 1-15, et. un très-court fr^amra^cHv 16*, tes
livre» :»», 22) 24, 25, 44-49,. avec de» fraf^ents
dn 50* eft du 5t*, et 45 chapitres^ pullMés par
MM. Dbremberg et Busmaker, sonsia rahnqoe
lit>r&9 ineeriaim». Les* quinze premiem- IfWea
a^^ee le 24*' eMe 26*^ ftveni puMiés, tradanfer en
latin par J.-B« Rasari, Yemsi^Csana daèe, mais
avant 1 555), i»8^: C-F. MhttlMBv le» donna c»
grec et en hitfw, roaiseoemetlant tiNisla9.«KlrBitr
de Gafien, de Rvfns, d!Ëpllèsr el^de Dlosaaiide.
Catte édition, qui est tr^^raae, est intiittiëe
XXI tvterum et darortimi MMbcortim. ^w^
corum varia opmeula; Moscou^ IS09, ivh4^:
Lasr icr et 2«' livres avaient âcjk été pablié» en
grec et en latin par C.-G. Gniner; léna, 1782,
in^*; Les livre.^ 2f et 22 et les livres inear-
tains*' ont; été découverts par M. Wetr.. Les li-
vres 24 et 25 traitent de Kanatomie; KaRari les
donna en Uth» ai«c les qninsr premiers. G. MarH
les publia en grec sons le titre de Colteeùane»'
rnwtirtis mediex liber; Pans, 156$, in>^*, et
Vf . Bundass en grec et en latfn, avec le lilre de
Otrtèaâii antitmnka exliàris Goleni; Le^pie,
1795, in-4^ Le'44« livre a été pabKé en grec et
en latin, avee des notas étandaes par U.-O. Bas-
seinaker; Groniague, nQ», m^; Uiapfsftdéfà
paru avec les livre» 45« ^\ 49 et des parties
des livras 50 et 51 (mais mons les cslraiCB de
Gaticn et d'Hippoerale) dans tea crassiti atiD-
ions e vatheaniK eodiàèws^ eéiii d'Aipèa
Mai*; Rame, 1881, in-8f, MVw Ees lirres< 4CP
et.47«'furent publiés parAnt. Coodii à Floveace,
1764, hi^fol. grée et latin, sous ce tHre G#a«o-
rtum ckurîÊrgi€i Hffri. Une édition, enitiqae et
aunai compléta que le. permet l'état.dn manascrit
était désirée; eUe a été entreptôBe: par MM^ Ba-
rembcrg el Buseemaher.
Le second oumraïQS d'Oiiibase M, uni abrégé
du premier, et M écrit ennaen treaÉe ans ptos
tar<^ à la demande et paar KUaage de sen- fils
Euataths^ anquet il' 9Sà éièmiett aieé^É, m
Xuvolfiç, en neuf Irwesi,. ftiÉ traduit enhanbe
par HoaaM» fim-bbak; Roeaii en. a daané aae
tradacUaakitine, Vaniae^ UMyin*8*. LetSKle
grée dfe ce traité et des snivantb paaallm dîna
Des tomes T cl ¥1 de rédkiomqut vicnl d'être
citée.
789
ORIBASE —
Le troisième ouvrage d'Oribase est iatilolé
EùirôptoTci {Les Remèdes faeiUs à préparer) tt
Gonipreod qu^re livres; Spreogelea a révoqué eo
doute l'autheuticité, mais saos motifs siiffisaots :
c est un petit manuel de médecioe pratique, extitût
ca partie de !a graade collectioa. Le texte grec n'a
jamais été publié; mais il en a paru plusieurs
traductions latines, l'un» par J» Sidiard, à la fia
de s«n édition de Caslius Aiirelianus, lUIe, 1529,
in>roI. ; Tautne par J^Bapt..BasaEi, Venise, lô5«,
ins\ Suidaa aAtribue à Odbase 4|tiflquea ou-
vrages aui«urd'lu4i perdus; savoir Hepl fkoMv-
/.oo; {Sur la Bayautéyi — llepl noûâv (Sur tes
A/feclions), U^ tOMç. &safMûvxa< xùv iaxp6«>
titre douteux, qui parait signifier Sur les mééer
dus hesilants ouStif* UsinestttlwUs^dBs tué-
decws. Oulre ce» œuvres , «a ik sous le nom
d'Orikiase un Commentaire sur les Àphmrismu
dliippocrale : cet ouvrage* écrit en latin et qui
n*a probablement jamais existé en grée, fat p»*
blié par i. Guinterius Andemaeus , Paris,, iâa3,
in-s"; il est évidemment supiiôsé, mais on a
«Mâture à tort qu'il avait été composé vers le
conmenoeroeot du quatorzième siècle, par un
laédeoin de l'école de Saieme» poisqu'ii en eiiste
des manuserila^ do diaième siècle. Y.
Boirape. FUmphitêê. H loph. " ftuttàM, BWiotà^
cn<l. SIT. — FrelDd, Uistonf of phgsie, toI. 1. — Hallrr,
BMiot anat,t Btbl cAirwr., Biàt frofon., BiM. med.
prmet.— 9^rtngti^Ht$toirêd0lmwtedecHu. ''J^h'.-Q. Hé-
ckrr, /ittteror. Annat. éer otmmunim AMMmvde .• MSB,
voL L - FabrtclD*. Btbl. Grmca, to(. IX. p. 4ftl ; XU, SM;
X111, S5S — Choalant, HOnftb. der BUeherkunde, ett.
— Daivmbflrii, Bapport au miittêtr» dé OnstrucUén jmi-
M41M/ ei iirfrtd. a l« «oftertton tes wtéd^int grta»
•RIBHT (Joseph)^ peintre Iwagroifr, mé à
Bttrindi, en 1677, mort ài Vienne, en 1737. Élève
de Faistenberger, il pei^iitnn grand nomèrnde
paysagcsy. ferès-eatinés et d'im grand effet; il
était très-babiknà reproduire sur In toile les dié*
féreots tons de Tair. là fut vice*dircetcnr de \ûi
galerie impériale de. Vienne. Leichsenring et Ao-
sel ont gravé piusieun de ses taMeau. O.
Mea«eK Dtutiek^ EûÊÊtler-lêJUkon. •» Nagltr, JOêê^
ORioftsB ( t)piYt«iK }» un des piua célèbre»
écrivains do christianisme primitif, naquit vers
186, à Alexandrie» et mourut à Tyr, en 253. IJ
IHirtait, entne autres, le sutnou dU(/atn«Mltn.y
<iw faisait , dit-on , alhisfmi à la force de ses ar-
S^^>MBte. U seçnt de son père,. Léonides, aélé
ciHéliai , une éducalioB soiguéft, et on vappeiie
<iu1i exerçait de bonne heure sa mémoire à ap-
prendre par cœur une grande partie de la
Bible. Il eut pour maîtres Clément d'Alexandrie,
Amraonins Saccas et Pantène, et pour condfs-
<^*ple et ami Alexandre , plus tard évéque d'A-
'exandrie. Au rapport de Porpbyre, il Usait sou-
i;eDt Platon, Longin, Modérât, Mwomaqne,.
^rénion le stmeîen et Comntus. Contre In
centume d'alors , il apprit aussi Fhébreu» et
">"te la Grèce admira, dit £usèbe» In connais^
?»"î quMI avait de cette langue. A dix-sept ans
" perdit son père : ce fut une des victimes de
ORIGENE TiHl
la persécution qui commença dans la dixième
année du règne de l'empereur Sévère. Sa mère,
dont le nom ne nous a pas été conservé, enl
beaucoup de peine à le dissuader de parta^^er la
gloire du mortyre. Ne pouvant suivre son père
en prison, il Texhorta è persévérer dans la loi
eUrétieone : « Matcbe en avant, lui écrivik-il :
ne t'inquiète pas de nous. » A la mort de Léo«
nidea, dont tou^ les biens avaient été confis-
qués, Origène se trouva, réduit à l'indinjence
avec s& mère et six frères. XI fut aiora aceneilli
dans la maison d^une riebe veuv^, cpii avail
adopté pour fils Paul d'Antioclie. Ce Panl,
prohableaeni de la secte des gnostii|nea , aUI«-
■ait» par sen pcédicalion^ un grand cnneours
d*andi|ettrs. Mais, dit Ëuaà)e, Origèae refusait
de s'unir à lui dans la prière, parce qu'il détes*»
tait les doctrines bérétique&% Il eatrttp^U dès
lors de se rendre indépendant par l'étude et
renseignement de ce qu'on afipciait le saviûr
grammatical, comprenant la grammaire, la
rbétorique, la dialectîqae ou logique, la>géMBé-
trie, l'aritbmétîque , la musique.
Peur éobapper à la persécution , saint Clé-
ment avait cbercbé un refuge en Cappadoee, et
Iç christianisme était réduit au silence. C'est à
ce nMxnent qu'apparut Origène : k la pavole du
maître anccéda celle dii disciple, anx applau-
dissements de la foule. De nombreuses conver-
sions, dont quelques-unes furent glorifiées par
le mairtyre (l), le recommandèrent bientM à TÉp
glise. Assis, comme pn^dicateur, sur la.cbairedn
saint Ciéntent et dn saiot Paoiène, il se voyait» à
vingt ans, à la tète de l'enseignement des néopliy*
tes d'Alexandrie, imbu de& idées platontoo-cbré*
tiennes sur In réprobation. du corps, il donnait à
ses catéchumène» Pexemple de la sobriété et de
la pureté des mœurs. Il vendit pour quelques
oboles s» bibliothèque d'auteurs, profeaes, et se
priva, de tout ce qui peut alimenter les passione.
Aai rapport d'EJusèbe, « il travaillait et jeûnait
tout le jour; il employait la. phis grande partie
de* la nuit à lire TÉcrilnre sainte^ et couchait snc
la duie. Suivant à la. lettre letaxte de i'Évanffile,
il n'avait qu'un manteau , allait pieds nue et ne
s'inquiétait pns du lendemain. U s'absl<naU (k;
tous les aliments qui ne sont pas abiolmneut
nécessaires à la conservalioik de la santé (2) ».
Considérant le corps eemma la prison ou le <« pé-
nilentiaire de Tème » , il s'écriait souvent avec
saint Pauh : « Qui me délivrera de ce misérable » !
Prenant h la letlfe ces paroles, de Jé»u»<l{ifis
saint Matthien : « Il y i (tes bommeè qui sont
eunuques dès le sein de leur mère; il y en a
d'antres qui sont faits ennuqnes par les hom-
mes; il y en a enfin qui se sont faits eunuques
en-mémes en vue du royaume dn ciel : que
ceint qui l'entend le comprenne v, Origène
(1) Parmi les dbclple» 4'Origèoe qat monniidol niar-
tjn, BHsàbe oite PloUrque , Seréniia^ UracMde, Ucru»,
PoUatéDC et tf'auU^es.
m Eoaèbe. HUt. cceUi., VI, S.;
791
ORIGENE
799
porta sur lui-même une main téméraire, et
mutila son corps , « pour converser, dit Eusèbe,
plus librement non-seulemenl avec les hommes,
mais avec les femmes qu'il instruisait ». A juger
par son commentaire sur saint Matthieu, Ori-
gène se repentit plus tard de son égarement, et
reconnaît lui-même avoir pris la parole de Jésus
trop à la lettre. D'aiHeurs, n'est-ce pas un blas-
phème de vouloir corriger Tœuvre du Créateur?
C'est à nous de nous préserver des entraîne-
ments dangereux du corps ; c'est à nous d'em-
ployer l'esprit à dominer la chair.
Suivant le témoignage d'Eusèbe, l'évAque
d'Alexandrie, Démétrius, étonné do la castra-
tion volontaire d'Origtne, admh^t d'abord cet
excès de zèle; mais plus tard, jaloux des talents
du jeune prédicatear, qui avait été consacré
prêtre par les évêques de Césarée et d« Jéru-
salem, il le fit interdire publiquement* « Ori-
gène, rapporte Eusèbe, avait été jugé digne
des premières charges de l'Église ; et comme sa
réputation de sagesse et de vertu se répandait
partout, Démétrius, qui ne lui pouvait faire aucun
autre reproche, rechercha cette action de sa
jeunesse pour le décrier, et alla jusqu'à blAmer
ceax qui lui avaient conféré le sacéixioce (1). y
Dans deux conciles consécutifs, composés de
tons' les évêques d'Egypte, Démétrius était par-
Tenu à faire casser l'ordination d'Origène, ex-
communier sa personne et l'exiler d'Alexandrie.
Cette condamnation tùi loin d'être approuvée
par tous les évêques de l'Orient : elle partagea ,
selon l'expression de saint Jérôme, le monde
en deux, et fit parfaitement ressortir la diffé-
renoe qu'il y avait entre le christianisme plato-
nique, systématisé par Origène, et le christia-
nisme juif de l'école d6 saint Mare, représenté
par Démétrius (2). Ce dernier, non contait d'a-
Toir frappé Orig^e dans sa personne, le fit con-
damner dans sês doctrines. A juger des f raipients
d'une lettre de l'iliusti'e exilé à ses amis d'Alexan-
drie , ce fut la doetfine de la réhabilitation de
Satan qui avait surtout attiré les anatlièmes de
Démétrius. Pour être conséquent avec lui-même,
il devait en effet aTOir enseigné que « si nous
sommes tous sous le coup fl'ime déchéance per-
sonnelle, tous précipités do del par suite de nos
propres crimes, il est logiquement nécessaire d'é-
tendre jusqu'aux mauvais anges, nos firères d'en-
fer, la réhabilitation opérée à notre égard par la
charité tonte-pnissante et uniTerselle du Christ » .
Après un séjour de courte durée à Athènes,
Origène passa la fin de la vie en Asie, particu-
lièrement à Césarée et à Tyr. N'ayant plus d'é-
cole, il continua d'ensdgner par ses écrits et ses
(1) M. Jeao Beyniiad , dan* on exedlcnt arttele rar
OrigHê (dans l^BncjfelopédiB nouvelle^ l'est atUcM
k démontrer que l'inierdlctton do célèbre doetenr chré-
tien n'aralt en réellement d'autre moM qne la mutUa-
tk» Tolontalre aicoalée par Eoièbe.
W Un tlècle plus tard , le eonclle de Nleée rédigea on
eanon tpédai ponr déclarer rintésrtté texoeUa
aalre à rexerdee des foncitoBa sacerdoUki.
sermons. Son autorité se ré|)andit rapidement ; il
était l'oracle de la Palestine, de la Phénicte, àt
fà Cappadoce et de PArabie. 11 résidait en Pa-
lestine quand la persécution de Déeius y édata.
Jeté dans un cachot, il eut le cou et les pieds
fixés à des instruments de torture; on essaya
vainement de le vaincre par la longueur Au sup-
plice. L'avènement de Gallus mit fin aox mf-
frances du vieillard. Mais il sortit estropié de sa
prison, et mourut prolMblement dans l'année
même de sa délivrance , à Tége de soixante-dn-
sept ans. Au treizième siècle on montrait eoeoit
à Tyr le tombeau d'Origène : c'était une eoiome
de marbre grec, enrichie d'or et de pierre* pré-
cieuses.
Ouvrages, Origène n'ayant pour ainsi dirr
cessé d'écrire ou de dicter pendant pins de qua-
rante ans, le nombre de ses ouvrages devait être
trèsGonsidéraWe ; saint Épiphane, d'aoeord avec
Rofin , révaluait à plus de six mille ; maJbei-
reuseœent la plupart sont perdus. An rappMt
d'Eusèbe, il avait sept secârétairea occupés, à
tour de r61e , à recueillir ses paroles , et sept
écrivains, aidés par déjeunes filles, pour les trans-
crire et mettre au net. Les écrits d'Orig^ ont
toujours été plus ou moins suspect» d'héréae
dans le clergé grec et romani. Il existe mêae
encore dans l'Oise grecque un oanon qni dé>
fend, sous peine d'anathème, d'en faire de»
copies. Parmi ces écrits, on dte en première
làffkt les deux éditions qu'il avait préparées de
l'Ancien Testament, dont l'une s'appelait Tetra-
pla ( à quatre) et l'autre Hexapla, ikaaù& (à six
• colonnes) ; la dernière porte quelquefois aussi
le titre à'Octapla on A^Ennéapla. Les repro-
ches que les Juifs adressaient sans cesse an
chrétiens de citer inexactement l'Ancien Tes-
tament donnèrent lien À la Tersion greeqpe
alexandrine, dite des Septante. Pour discré-
diter cette Tersion, les Juifs signalèrent de nom-
breuses discordances entre le texte hébreu et
le texte grec (l). C'est ponr montrer ce qu'il
y avait de fondé dans ces discordances qv'Ori-
gène entreprit les Hexaplu : la prenûère co-
(1) Les débats entre lea Jailli et laa fireoi (dréOena)
afalent été ramenés i on détail asacs eaileu, aals 4é-
e«atr;Ce détail, le vold. L'blaloirc de SmaBncncaetrovre
point dans le Daniel des Juifo; ce n'aat qa*uw Intcftali-
Uon frauduleuse des Aleiandrlns. Ce qui le pnmve, f ert
que llaateur, par une alngnllère maUdrease , y Ml raolcr
lea réponaea des propbètes au dc«i vlelllaras av dcui
Jeux de Bots exdnalveaient grecs. Ataal, le ^nmta
vieillard dit qne Suianne était sona an boai. en grec
itpTvoc {Oex) : anr quoi Daniel le eondamae * être kU.
en frec icpCeo. Le second dit qu'elle était son un lea-
tlaque, irfJiMQ^ : Daniel le condamne à être pendu (en
grec oi^X,fù ). ComiBe les nots béiirenx oorrespoodaats
ne se prêtent a aueon d« ces )eu> de asots , U bot que
toute cette btotoire aK été Inventée en grec OrlRése ,
sentant tonia la force de l'attaque , retoaine bardlaeat
contre les Juifs racoosoUon de faux. Il reproche ra
corps sacerdotal de Jérusalem d'avoir été le dépositaire
Inadéle de hi Bible, au point d^ avoir eflacd tout ce
qui pouvait aux yeux du peuple Jeter quelque défavesr
sur les prêtres ; et c'est k ce motif qu'il attribue paztt-
collètenent la sonstraetion de l'bistoire de
79S
ORIGÈNE
794
lonne donnait les moU du texte hébreu en ca-
ractères hébreux; U seconde, les mêmes mots
en caractères grecs; la troisième, la version lit-
térale d'Aqaila; la quatrième, la Tersion, plus
libre, de Symmaqne; la cinquième, celle des
Septante, et la sixième, celle de Théodotion,
aorte de rajustement des Septante à l'hébreu.
Ce grand travail ne nous est parvenu qu'extrê-
mement tronqué. Il était tombé en défaveur
depuis que l'Eglise avait adopté un texte de
convention. L'original, qui devait exister dans la
bibliothèque de Césarée, fut probablement dé-
truit par les Arabes. Ses copies disparurent ra-
pidement. Les fragments en ont été recueillis
par Monfaucon (Pari», 1714, 2 vol. in-fol., et il
s'en est conservé quelque chose de plus complet
dans le sein même de l'Église ; car la traduis
tion de saint Jérôme, connue sous le nom de VtU-
gâte, a été faite d'après les Hexaples, et l'édition
alexandrine d'Eusèbe n'était que la transcription
exacte de la cinquième colonne de l'oeuvre d'O-
rigène.
La critique du Nouveau Testament avait éga-
lement fixé l'attention d'Origène. Il s'était aperçu
qu'en multipliant les copia des Évangiles on
n'avait été guère scrupuleux au sujet des va-
riantes. Il s'en exprime clairement dans un pas-
iage de ses commentaires sur saint Matthieu.
< Il s'est introduit, dit-Il, de grandes diversités
entre les divers textes, soit à cause de la né-
gligenoe de certains écrivains, soit à cause de
la détestable audace de certains autres, qui corri-
gent le texte, et dans ces corrections ajoutent
ou élaguent à leur gré. » Pois, il rappelle ses
travaux sur l'Ancien Testament, et ajoute qu'il
en faudrait de semblables sur le Nouveau. Aucun
écrivain avant lui n'avait fait preuve dans l'in-
terprétation de l'Écriture d'une aussi grande indé-
pendance d'esprit Les mensonges, les félonies,
les vols, les adultères des patriarches le scanda-
lisent, et il s'en exprime fhinchement. « Quelle
édification, demande-t*il,pouvonsHaous éprou-
ver lorsque nous venons k lire qu'Abraham,
^ se contenter de mentir au roi Ablroelech ,
>lla jusqu'à lui livrer sa femme? Et de quelle
oianfère serons-nous édifiés par la femme du
patriarche quand nous voyons que, de con-
nivence avec son époux, elle s'est prosti-
uiée (1) ? ». Ce qu'il dit de la barbarie des lois
de Moyse n'a pas été dépassé par l'esprit critique
^e notre époque. « Si l'on s'attachait strictement
^Q texte, dit il , et que l'on acceptât, comme le
«>nt les Juifs et le vulgaire des fidèles, tout ce qui
^1 écrit dans la Thora, je rougirais d'avouer que
l^ieu aitjamais pu dicter de pareilles lois. Eu effet,
^ lois humaines» par exemple oellei de Rome,
j< Athènes et de Lacédémoce, me paraîtraient à
* fois cl plus raisonnables et moins bar-
^^ (a). » Enfin, son appréciation de l'Ancien
^stament , il la résume en ces termes : « Toutes
(1) Bomli. VI, m Cènes, .
« Bomli. vif, in IJBVU, 1
ces choses, si on ne leur trouve un autre sens
que oelui de la lettre, seront bien moins un
soutien et un moyen d'édification pour le chris-
tianisme qu'un obstacle et une cause de renver-
sement. » La discordance des évangélistes dans
le récit de la vie de Jésus , discordance qui a
fourni tant d'armes contre la théologie romaine,
Origène s'en sert pour mettre en lumière le ca-
ractère mythique du Nouveau Testament. « De
deux choses l'une , dit-il : ou l'on confessera
qu'il n'y a de vérité que dans le sens spirituel ;
ou bien, tant que les discordances ne seront
pas levéM, on refusera créance aux Évangiles,
comme n'étant ni dictés par le Saint-Esprit ni
rédigés de la même manière. » — Nous ijoute-
roas que c'est de l'interprétation trop littérale
de l'Écriture que sont nées toutes les hérésies
qui ont alBigé l'Église dès son origine. A l'ex-
ception d'Origène, on a trop oublié que la doc-
trine du Christ, telle qu'elle résulte de la concor-
dance des quatre évangélistes, était une réaction
manifeste contre le judaïsme ( phariséisme), qui
laissait de cOté l'esprit de la loi pour ne s'attacher
qu'à des pratiques, pleines d'ostentation. Ce
phariséisme continue de trôner, et le vrai chris-
tianisme est encore à s'établir.
Tout ce qui nous reste des Commentaires d'O-
rigène sur l'Ancien et le Nouveau Testament a
été recueilli par Huet {Origenis Opéra exege»
tica)i Rouen, 2 vol. in-fol. L'édition Delarue,
Paris, 4 vol. in-fol., 1733-1759, a été réimprimée
sans les notes, par Oberthler ; Wurzbourg, 1 785.
De^ additions à ces fragments se trouveut dans
Ckusieomm Àtictorum e Vatie. Cod, edit,
d'Angelo Mai (t. IX, Rouen, 1837), et dans
Script, vet, nova Collectio , t. X.
Le côté vraiment original de ce grand théolo-
gien n'est pas dans ses doctrines sur la Trinité, de
la Gr5ce et de l'Incarnation de Jésus- Christ; il est
dans son dogme de la chute personnelle, c'est-à-
dire dans son sentiment sur la préexistence des
âmes incamées. C'est contre ce dogme que ton-
nait surtout saint Jérôme , en même temps qu'il
nous le fait connaître : « Des mondes innom-
brables se succéilant durant une série de siècles
hifinie; les anges changés en flmes humaines;...
la résurrection de la chair s'effectuent de ma-
nière que les corps n'aient plus les mêmes vaexor
bres, parce que, leurs fonctions cessant, ils
seraient inutiles; à la restitution finale, l'heure
de l'indulgence plénière étant arrivée, les anges,
les démons, les Ames de tous les hommes, chré-
tiens, juifs, païens, acquérant tous la même
condition et la même valeur; cette réintégra-
tion des créatures raisonnables à l'état d'égalité
et d'afFranchissement de la souillure corporelle,
formant un spectacle semblableàcehiid'un peuple
délivré de son exil dans le monde et regagnant
sa patrie priniitive. > Cette grande question, qui
n'a jamais été décidée dans aucun concile, reste
tout entière debout encore aujourd'hui, après
tant de controverses théologiques.
795
ORIGÊNE
C'est dans le IraiM Ilepl kç/yOrt ( De PrrncipHs)^
qirOrigëne a exposé ses doctrines Itiéologieo-
pl^iilosophiqiies. Ce traita, composé à Ahexantlrte,
arait suscité h son aotenr le phjs d^adTersetres,
et foomîssftitlespiincrpaox textes nox reprodies
d'hérésie. 11 était divisé eo quatre livres : le pre-
mier traita de Dieu , du Clirist et do Sahrt-
Esprit, de lathute de lliomme, deif natures ration,
nelies et de leur retour au bouhenr, des êtres oer-
poreiset incorporels, et des anges ; le second avait
pour objet le inonde et les«hoscsqui s*y trouvent,
rincarnation do Christ, la résvrrectioB «t ta pu-
nition des mécharitts; le troisième livre, le Hbve
arbitre , Tiidluence de Satan , les tentations de
rhomme, le commencement et la fin dn monde ;
le quatrième , la vraie manière d'étodicr VÉ-
crttinrc. Origène fut accusé d'avoir contribué à
la naissance de l^arianismc; accusafîon que Di-
dyme d^Âlexandrie cherche à réfuter dans «es
scholies sur le De ^rindpiis , livre que nous ne
connaissons que par la traduction latine deHûfin
dn quatrième siècle. Beauitoup de passages incri-
miiiés ont été adoucis dans cette tmdudtion : elle
se trouve dans le 1. 1, p. 42-195, de Pédit. dX)-
Tigène de Delaroe.
L'Église enseigne qu'il existe des anges et
puissances célestes, qui sont les ministres de
Dien pour les afl^oiires relatives au salut des
hommes. «Or, à quel moment, demande Ori-
l»ène, ces êtres oifl-ils été créés? Quds sont-ils?
Comment sont-ils? » Comme rÉcriturc rt l'É-
lise gardent à ce sujet on silence absdio, le cé-
lèbre docteur croit devoir y suppléer en établis-
sant « que tous les êtres ont été cré^s ensenible,
instantanément à Forigine même du temps ».
Bien qu'il donne aux êtres, dans leur état pri-
mordial , le nom à'esprits , il n^admet notle part
catégoriquement le dogme des esprits sans corps,
« La nature de Dieu est , dit-il , la seule à qui 11
appartienne de vivre indépendammedt de toiite
matière corporelle (1). » f 1 xïomiilètesa pensée en
ajoutant » que l'Ame, Tavisft51e et incorporelle de
sa natan^, ne peut exister dans aucun lieu ma-
tériel sans avoir besoin d'un corps approprié à
la nature de ce lieu... Tantôt Tâme revêt son
corps après s'être dépouillée d'un premier corp3,
qui lui était d'abord nécessaire et qui lui de-
vient ensuite inutile; tantôt elle revêt sealemedt
par*dessus le corps qu'elle avait déjà on atltre
corps , meilleur, afin de s'élever à des régions
célestes plus pores que celles dans 'lesquelles
c'ie résidait au para^Tint. C'est ainsi que l'homme
qui arrive dans cette vie se débarrasse des niera-
hraues dont il devaft être enveloppé dans Te
sein de sa mère, durant la vie intra-utérine; mais
avant de s'en débarrasser il s'est revêtu d'un
corps dont Î1 avaît besoin pour vivre sur cette
terre (2). » Ainsi, cette doctrine, pour être con-
séquente avec elle-même, doit admettre qoc
(1) llÊpt àpxûv. i, 6.
(S) Advenus Celtum, cap. vu.
796
rame , en quittant et monde, conserve une ea-
yeloppe qui , pour être impalpable , n'en est p:^^
moins réelle. Sn effet , toute la tliéorie en ptr-
feotionnement des Ames «st, suivant Ori^ae,
proporHoDuelle à l'atténuation progressive de>
corps : phis une âme est parfaite , plus son e&-
"véloppe est légère, étbérée. « 'Entin,de perf«^-
tîonnemefft en pérfecftionneTnent  arrivtTB.
ajoute l'anteur, que la nature matérielle aym:
cessé peu à peu, la mort mên» fiera «bserfart.
et alors roniversaHté des dliofles corporelles m-
trera dans le néant , et si posfêiîeoremevit la ip-
oessité le demande, à caose de la èbote ')f^
créflltares raisonnables, cette natoresem de m»
veau rappelée t l'existence. » C'était 1è évidem-
ment pousser trop loin le inrindpe d'osé doctrisc
bien connue deâ néoptatoniciens. 'C'est oe qo^
rigène semble nverr -connrpris 'hii-mênie qsa»'
il se résume «i ces termes : « Il y aora tof^œr^
desnatirres intettigentes, ipri oilttiesoin d'un vê-
lement corporel ; de même qne rédproqneiBect
il y aura toujours des natures corporelles pour
servir (Iheimiappes an natures iMeltif^eBtes, à
nvoms qoe quelqu'on ne pense, oe quiparafttien
difiioile, pouvoir d<émontrer qne les nâluies je-
téllq;entes peuvi^nt vivne sams corps. «
Cette doctrine d'Origène a été reprise de bd»
jours par une nouvelle'écdlede spiritualisfes, qai
iiftre une grande analogie avec fécole platonioe-
ehrétienne d'Alexandrie, el qui est encore loio
d'avoir dit son denricr mot.
Mentionnons enlHi tm ou vrage «fttifboé kOrigètt.
'En 1940, Mynoide Mynas avait décoovert, artn-
Mtres manuscrits grecs inéd?ts, un votane con-
tenant une rté/tttcttion de fmUBs Ua Mnstei-
M. Miller, de son côté, trouva peu de temps apiès,
dans les biblioThèqvrés de VËspagne , d*Butn^
parties dn même ouvrage ; il dt paraître le tout,
•d'après un véHn dn quatorïîèmesiicle, sous k tili^
de : *i>otf07ou^/a; Oxfbrd, l«51, in-«',en Tal-
tribnarit à origène; ma^ d'antres rsitriNnest
an bienheureux ffrppolyte, tm è Caius, prêlfe
romain, de la ménne époque Cl). Cjlthi, IVtii^r
le p/Ius réceut de cet ouvrage , 'le savant Mé
Cniice, qoe son mérite vietrt d>élevef an ^fége
^piscopal de Mamellle , semble laisser la ques-
tion indécise, ff^f Cruioe a saigiueasniert
Tcvu le texte sur un manuscrit de Ta ftibftjlh-
impériale de Paris , rt Ta accompagné dVmever-
sion latine aussi exaete qu'élégante, ainsi que
de notes , de prolégomènes et d'Index ; î«a édi-
fion a pour titre : Vhilosophumena, siw fcrre-
shim omnium confutatto, opus Origeni ad-
soriptum; Paris (Imprimerie imp.), 1860, gr.
m -8". Qucînt à l'ouvrage hii-mftme, il est divi»
en dix livres, dont les 2« et S* sotft perdus ; ^
1*' contient des notions précieuses sur les doc-
trines des philosophes precs , tels que Ttialès,
Pylhagore, Enipédocle, B<?raclite, ^axiroandre,
11) f ojf., sur ces savantes coDtrorerse&, les Proiéfo-
méîtes (it M. l'abbc Cruicc, ea léte 4ê soo édWœi
p. IX et salr.
797 ORIGÈKE —
Anaiimène, AiiaxagOTe, ArcUelatîg, PaiwcBfdf , i
Leiicipfie, Démocrlte, PWon, Aristote, etc.
Le 4* ^ivre lT«ite des astrologues et surtout des
Chaïdéens , de quelques données de I ^tronomie ,
des «orabinaisoBS divmateiras des noiMires, de
la Divination d'après la phjfêiûnomie, wiê»ée
à des oemidératioDS astrologiques; eaân, des
maf^icneiSfOÙ se troevent plusieurs «xpérionoes
physiques «t ohimiques, fort corieuieB. Le
s* HTre«ompTeind les dortrines des Naassénians,
des Pérateins, des Setbimiens et de Justin. -Le
6* expose ics hérésieê de Simon, de Valentsu, de
HénfMoa , de Oolartiasas, >de Marc «t d'autres.
Les r, «• «t 9* comprennent les hérésies de
Bastlides, de Saturnin, de Meoandre, de Mar-
cion, de.CarpocralB,deGéfinthe, des Docétiens,
de Tatien, de Noéttus, de Callistus/etc- U 10* et
dernier «st une sorte de véca|)itulaition de l'ou*
vrage, qui, oomMe l'on voit, est très-ftédeux
à consulter four Tbistieiffe des premierH siècles
deTiLglise. ' • K Ho»m.
Ouôio. He tcPipt. êeeUs.f vrt. I, col. m, - D. OtWter.
AMtûwsMetés, vol. II. - FabricfcHs, Bibl. grac.^ vol. VII.
- Tillcinonl, .Vém , vol. 111 - Néander, Hist de CE-
glise, - J. Reynaud, dans VBneifelopédlf. noucêtle —
Wr Crulee, Proie^mnèna, en léie de »0Q<édlt. dw PW-
losophumena.
OMiGNT {Pierre n*), peëte français, lé à
Reims, mort en 1587, à Sedan. Il fut attadié au
service de François il, et emlirassa la religion
protestante. Goujet, qui fait peu de cas de ses
vers, le qualifie d'bomme sage et vertueux, il a
écrit s Le Temple de Mars tout ipuiesant,
poème; Reims, Uô9, in-b», et Le Heremlt die la
noblesêeée. France ;i^mj 1578, 1679, in««*,
en prose.
Ooiigat, Bitl.s/runffois«,
OMiairv (Pièrre-Aéam d'), historieB ftw-
çais, né en 1697, à Reims, mort le 9 septembre
1774, à Paris. Après avoir servi au régiment de
Champagne, où il obtint le grade de eapitahie, il
se retira »vec 'la >croix de Saint-Loiris, «t cheroba
des distractions dans l'étude de ahistoire. an-
cienne. On a dalui : Mémoires sur laWmiUe
des d'Ori^ntfj établie à Heitns ven le eommm-
cernent du seizième siècle ; Paris , 1757, i»-12,
publié par Anquelil; — VÉg^p^ ancienne, ou
mémùiree histûnqties et critiques sur les ob-
jets importants de Phistoire du grand em-
pire des Égyptiens ; Paris, 1762. 2 vol. in-12,
ouvrage viveaient critiqué pur Pa«w, dans st:s
Becfwrehes ; ^-'Chronologi^fy4es rois du grastd
empire des Égyptiens.; iHiris, 1765, 2 -vol.
in-12.
Aifraham-Jean - ibapliste'À'ntoine n'OmoiLT,
parent du précédent, né en I7ai, <à Rehns, mort
en 1798, acheta une chaige de cooseillei à la cour
des monnaies; il cultiva les lettre.» et fit partie
d'un grand nombre d'académies. On a de lui :
Dictionnaire des origines; Paris, 1776-1778,
6 vol in-ô** ; Tahbé SaUatier a pwnlié avec Pré-
fort un abrégé de cette compilation utile; — An-
nales du Thédtt^'IlaUeniV&n&, 1788, 3 vol.
ORLAISDI 78»
in^^ On lui doit aussi le t. IV de V Abrégé de
l'hist. du Théâtre-Français du ebevaber de
Nouhy.
DesefisarU, Trnit Siècles Ittt. — Haag, France protest.
OBICXY. Voy. DORIGNI.
OMiOL. V£iy, Adbiol.
^aïojf (*;ûpi*)v}, leibioographe grec, «é à
Thèbes en Ég3rpte, vivait vers le milieu dn'cin-
4]uième siècle «près J.^C U composa «m 'AvOo-
Xôytov (recueil de morosoux choisis), en trois
livres, adressé à Ëudocia, femme de Théodoso,
lequel existe encoie, mais d'à Jamais été public,
et un Lexique étymologique (Mymologicum],
qui a été publié par Storz dans le recoeil dp<
Etymologica, doiU il forme le 3^ vol.; Leipzig,
iSao, in-4°. Cet Orioa, Thébain, a été souveui
confondu far les lexioograpbes postérieurs avec
un Orion d'Alexandrie, auquel Suidas attribue un
Anthologion, un recueil de mots jdtiques, un
ouvrage sur rélymologie, «et un panégyrique *V'.
l'empereur Adrien. Il est très probable 4|ue dao.s
cette liste d'ouvrages -Suidas a lui-même i»n-
fundu les deux Orion, et qu'il a nKribué à l'au-
teur du panégyrique d'Adrien, contemporain «de
cet empereur, un Btymologtcum qui appartient
ao contemporain de Tàéodosell. Si on a-coofondu
les deux Orion ensemble, «on les a confondus
avec un ou .plutôt deux Orus souvent mcbtien-
nés dans les Btymologiaa. ht premier de ces
Orus était un Milésien qni ^vivait dans le second
siècle après. J -G. 11 ooniposa -wpt ou huit Ir&llés
grammaticaux, auioordtiui >perdos, mais dont il
(reste des fragments dispersée dans «les leniqnes
anciens. Le «econd Orus «était un grammairien
d'Alexandrie, qui vivait vi»rs le milien du qua-
trième Biède, «t dont.il ine reste rien. H esttrès-
pffobable «foe le fje^iqtie d Oros Milésien o été
lengament mis à profit par Orion et par les au-
(tres lexicograplies. L. J.
«labrMIa», '0<M4<#. (wwffli, v«l. VI. p 198, «74,^01, Hi,
*- illtécid, 'J?9 iifO él Ortêm C9mmant.r Brestaia, 18M; «t
un article aur Orion dans VEncpclopàdie d'Enich et Cru-
Der. - SciroeWctrln , Conj^eiatiea chitica, Inswït Orio-
mèfth9b. mmthâtoçH&tnici Ht. r7/i,>ln<|o.
tyftTiAKDt ( PeUegrfno Antonio ) , biographe
it3rHen,néen f6eo,à Butogne, où il ei;t mort^le
S novenlbre 1727. Il fit prorcssion chez les Car-
mes de la congréftation de Mantoue, et consacra
«ûYie entière à Téluile. Les ouvrages qu'il a pu-
bliés témoignpiit de patientes recheréhes, et sont
encore con^llltés aujourd'hui, bien qu'Hs man-
quent parfois d'exactîtudc et de méfliodc ; nons
citerons de lui : Abbeoedario piUorico d€ pro-
fesiori piit ttlustri in pittura , scultura ed
architettura ; Bologne, 1704, in 4°*; les édit.
de 1709 et 1731 contiennent d«>K «iddilions de
l'auteirr : ce recueil a été Pobjet de plusieurs
réimp.-essioas , celles entre autres données par
Guarini (Venise., 1753 ), et par Fuga (Plorence,
1776), et il a été trad. en anglais; — ^'ûti%iu
degli scrilfori boloçnesi e delV opère loro
stampate e manoscrilte; Bologne, 17 14, itt4»;
799 ORLAiNDI -
— Origine e progressi délia slampa dal 1475
/S/io al 1500; ibid., 1722, in-4*.
Fantuul, NoUtie tUgli Serittori Bolognesif V|.
OMLANDiifi {Niccolo), historien italien , né
en 1 554, à Florence, mort le 27 mai 1.606, à Rome.
D'une famille patricienne, il entra en 1572 dans
ta société des Jésuites, dirigea le collège de Nola,
puis le noviciat à Naples , et fat appelé à Rome
pour être employé à la secrétairèrie générale.
On a de lui ; Annum lUUrm Sùc, JesUf ann.
1583-1585; Rome, 1585-1587, 3 vol. in-8*; —
Historia Soc, Jesu, pars /, sive Fgnatius ; ibid.,
1615, in-fol.; Ck»logne, 1615, 1621, în-4*; Colo-
gne, 1620, in-fol. Ce volume, qui contient la vie
de saint Ignace, en seize livres, eut pour éditeur le
P. Saochini. L'ouvrage a été continué par d'au-
tres membres de la Société et conduit jusqu'au
milieu du dix-septième siècle; le t. VU et der-
nier parut en 1750; — Vita Peiri Fabri, qui
primus fuit e decem sociis S. Ignatii; Lyon,
1617, iB-8o; cette vie du P. Favre a été traduite
en français ( 1618) et en italien. 0.
P. Saccbàai, Notice, en t6te de i'HUt. Soc. Jetu,
OHLÉAK8 (Louis de France ou de Valois,
duc d' ), né le 13 mars 1372, mort le 23 novembre
1407. Ce prince, frère putné de Charles VI, était
fils du roi de France Charles V et de la reine
Jeanne de Bourbon. Il naquit le samedi 13 mars ,
en rhOlel de Saint-Paul , et fut baptisé en grande
pompe, le lundi suivant, dans l'église royale et
paroissiale de Saint-Paul. 11 eut pour parrain
l'illnstre Bertrand du Guesclin, qui, tenant sur
les fonts baptismaux le nouveau-né , lui mit en
main son épée de connétable, et lui dit : «* Je
« prie Dieu qu'il vous doint autel et si bon ooBur
« que vous soyez aussi preux et anssi bon cbe-
« valier comme lut oncqnes roy de France qui
« portast espée (1). » Le jeune prince en nais-
sant fut fait, par Charles V, comte de Beaumont
et de Valois. Le 27 novembre 1382, il aocom*
pagnait son frère, Charies VI, à la bataille de Ro-
sesbecque. Le comte de Valois fut d'abord fiancé
ou marié par procuration, en 1385, à Marie de
Hongrie, et prit le titre de roi de Hongrie. Mais
Sigismond l'obligea de renoncer à ce double des-
sein. Sigismond épousa lui-même la princesse
héritière, et devfait roi de Hongrie. On voit que
dès cette époque le rot de France ou ses con-
seillers projetaient en faveur du prince Louis
un établissement royal. Charles VI, pour indem-
niser son frère, lui fit épouser, par contrat passé
en 1386 et consommé en 1389, Valentine, fille
de Galeas Visconti, vicomte de Milan. Cette
princesse apportait en dot à son jeune fiancé
(1) LoolH, dnc d'Orléans, honora la mémoire de un
parrain . de ce capitaine qui fut la plus grande renom-
mée dexon temps. Les xtatueA des new/ prev jr décuralent
Tune des Mlles du château de Coucy, acheté par Loula
dacd'Orléant. Ce prince y fit ajouter une dl&ième figure,
ou diitéme preux, qui représentait Du Guenclln. ( Poi!me
d'Antoine Aateaan vof, ce nom . reproduit par M. de
L'ÉplnoiB, Histoire de la ville et det siret de Coucjf,
itsv, lD-8", p. 86t. Viollet-Ledoc, DeseripUon de Coueg,
iiet, etc.)
ORLÉANS
800
450,000 écus d'or et des droits, prélentioDs, ou
espérances de quelque possession souveraine en
Lonibardie. Peu d'années après, Louis, d'accord
avec le gouvernement de son frère, envoya
une ambassade au delà des monts. L'amliassa-
deur, Ettguerrand de Coucy, dut nouer avec
le saint- père des négociations tendant à créer
dans le nord de l'Italie un nouveau royaume.
Ce domaine devait être conquis par les armes
du prince Louis, sur diverses marches et
cités, comme Ravenne, Spolète et d'autres.
Une fois le royaume constitué, il devait ètit
inféodé k Louis de France par le pape, de même
que le loyaume de Naples l'avait été, ao tret-
zième siècle, pour Cliarles d'Anjou, iréw dt
saint Louis. Ce projet fut suivi de tentatives, taot
militaires que diplomatiques, de 1393 à 140»
environ, mais sans obtenir de succès complet d
immédiat. Toutefois, la seigneurie de Gênes fut
un peu plus tard soumise au roi de France.
heu ducs d'Orléans devinrent comtes d'Ast m
Piémont, et lorsque cette branche de la fleur de
lis fit souche à son tour, parmi les rois de Ftanre
en la personne de Louis XII, ces droits ou pré-
tentions sur l'Italie furent revendiqués énergi-
quement.
Louis de France, en t386, avait été créé 'lue
(le Touraine. Par lettres royales do 4 juin 13iH,
il échangea cet apanage contre le duché d'Or-
léans, bien plus considérable et plus productif.
Le jeune duc d'Orléans, plein de fougue et d'an:-
bition, fut pour ainsi dire contraint d'emp'o)^^
son activité à l'intérieur du royaume. Le m
Charles VI, dans sa générosité naturdle, a\s.'t
pour son frère une aveugle tendresse. Mai<
bientôt il tomba en démence, et Loois ne tanfa
pas à convoiter le pouvoir tout entier. Phi-
lippe le Hardi, duc de Bourgogne, aratt de
le tuteur du jeune prince. Il aspira, lorsque le
roi tomba malade, à le suppléer. En 1402 , le
roi envoya à Avignon, vers le pape, une nabàs-
sade oh figuraient, entre autres princes ses pa-
rents, les ducs d'Orléans et de Bourgogne. U
préséance fut donnée au frère du roi. Le vieuv
duc éprouva un pénible ressentiment de cette
préférence. Telle fut l'origine et le commence-
ment de cette rivalité des deux maisons, si fé-
conde en désastres dans l'histoire du quiozièrn**
siècle.
Philippe le Hardi mourut le 4 avril 1404. Mais
la jalousie se réveilla» plus vivace que jamai>,
quoique voilée, entre Louis d'Orléans et le
nouveau duc de Bourgogne , Jean sans Peur.
Louis duc d*Oriéans était doué de brillant»
avantages, tant du cOté physique (1) que sous
11) Kn IMS, Thomas, marquis de Salnces, ?lslta li conr
de France. Voici ce qu'il rapporte, dans aes neniolrcs ii*
voyape, en parlant de U)dIs, duc d'Orléans. Celait, dit il.
an beau cbcvalifT Agé de flngt-guatre ans, * rooalt vifv
(Instruit) et bien taillé à suy faire nog lv»nll pnnce -.
{Notice dee manuicrUs, ln-4». t. V, p. J7a-/ Divers me-
numentâ nous ont conservé l'effigie de Louis, duc à'Of-
i léans. l« Son portrait gravé dans Ttaevet, Les vrais por-
SOL
]e rapport des qualités morales. Il avait un cœor
fmnc, ouvert, généreux. Mais ce prince ofTre
an mémorable exemple de ce que peuvent les
passions dans Vâme des grands, sous Tabri du
privilège et de l'impunité. Louis, duc d'Or-
léans, aveuglé par l'ambition, méprisa tous les
devoirs, et se fit un jeu de ce que la morale a de
plus sacré.
Louis était à peu près du même âge que la
reine Isabeau de Bavière, sa belle-sœur. I)epuis
le jour où cette jeune princesse avait mis le pied
sar le sol de la France, elle rencontra, sous un
toit commun et pour ainsi dire à «hacun de ses
pas, dans le duc d'Orléans, son beau-frère, un
compagnon assidu, un inséparable témoin de ses
chagrins, de ses douleurs et de ses faiblesses.
Le jeune duc, andadeux , exempt de scrupules,
fut un des premiers corrupteurs d'Isabeau. Leur
liaison, à quelque degré qu*elle ait pu ou non
aboutir, devint bientôt intime, absolue, du moins
quant à la communauté des vues, de la conduite
€t des volontés. EHe fut la fable et le scandale
public du royaume. La reine et le duc, sans au-
cun souci pour la chose publique, pour Tappau-
Trissement du royaume, pour les périls qui le
menaçaient, pour ses intérêts les plus sérieux
et les pins chers, ne songeaient qu'aux plaisirs
d'une vie opulente et dissolue. Louis d'Orléans
faisait de ses jours et de ses nuits une perpé-
tuelle orgie. Les chAteaux ou palais qu'il habi-
tait, notamment l'hôtel du Petit-Musc ou Pute-
y-muee à Paris, et celui de Boissy près Gouloro-
miers, furent 'les principaux théâtres de ses dé-
bauches. Au mépris de son union avec la belle
et ieune duchesse, Valentine de Milan, toute
femme, engagée ou non dans le mariage, une
fois. convoitée par 'lui devenait «la proie de ses
déairs.
Charles VI, entre autres libéralités, fit don k
son frère, en im seul présent, de 55,000 francs
poar une fois, et de 12,000 livres de pension;
Mmmes qu'il conviendrait de multiplier par 40,
pour les représenter en valeur actuelle. Les
palais ou hôtels que le roi possédait à Paris
étaient ceux de Louis d'Orléans. Il reçut en
tfaitt des kommêi iUmim, etc., 15»4, fn-foL, p. flvr.
Celte Image mérite par aon Intérêt le premier rang. Elle
parait avoir été gravée d'après un tableau original ^n{
n'existe plu*, mala qui aob«l8talt encore an dli-«eptléme
«iécle dans la cbapelie d'Orléans, aux Célesllns. André
Favyn a laliaé de visu one description fort cnrlenae de
U petntore originale : Théâtre d'homiêur et de eMetO'
lerfe. 16M. In-V», t. i, p. 714. l» Sa sUtue placée exté-
rieurement an c6té nord- est de la cathédrale d'Amiens,
^oyez UévuHre» de te Société des antiquaires de Ptear-
d<«, texte, t. nu p. ki9, et MUu, planche 81. n* 74.
^ Sa statue eoncbée (marbre blanc ) fadia aox Céleatlns,
aoloQrd'bnlà Saint-Denis, œoTreexqnlse, mais poatbume,
ttalienne ( exécutée en 1104) et sans reasemblanoe. 4« VI-
tnil des CétestlBs (1840). ^oy. MUHn, JntUptitéi nàUo-
^^et, planche 1», case 1. B*, c*. 7«, trois autres monn-
neots contemporains du prince, mais iQcertalns et défl-
Kurés. lia «ont gravés ttaos Dom Valssctte, Oistoire du
Larmedoe, In-fol., U IV, p. S96. 897; Ménestrier, iVte-
toirt de ijgen, lo-foU» p. 888 : D. Bernard de Montrao-
«^on. MonumenU de la monarchie /tanççise, tome III,
PUnches 8 et 11.
MOUT. BIOGR. GétrÉR. •» T. XXX VIII.
ORLÉANS 802
outre des mains royales, et à titre de possessions
propres, diverses autres résidences ( 1 ). Charles \î
lui donna les terres et seigneuries de Pierrefonds
et de la Ferté-Milon. Louis acquit d'autre part
le château de Lnzarches et la terre de Nogent.
Guy de Châtillon lui vendit les comtés de Blois,
Dunois, avec Chàteaudno, Romorantin et autres
châtellenies. Il devint encore possesseur de la
Fère en Tardenois, de la vidamie de ChÂlonSy
des terres de Fromenteau, Bonneval, Jonville,
du comté de Porcien, de la baronnie de Coucy,
Gandelus, Saint-Gobin, Ham en Vermandois;
Brie-comte-Robert, Sézanne, Ëcouen, Chante-
merle, et autres sans nombre. II faut y joindre
les comtés de Vertus, du Périgord, de Dreux,
les duchés de Valois et enfin de Luxembourg.
Les revenus de toutes ces seigneuries ne lui suf-
fisaient pas, à raison du luxe déréglé qu'il y
entretenait. Tout imp6t extraordinaire ou taille
levé soit par le roi, soit par les seigneurs, sur
leurs sujets, sans une visible nécessité, était con-
sidéré, au moyen Age, comme on acte tyran-
nique. Immoral, et impie. Louis, doc d'Oriéans
et la reine exeroèrent le pouvoir royal en dé-
crétant des tailles énormes et sans cesse renou-
velées. Ils s'attirèrent par là une immense im-
popularité et une sort0 d'exécration.
Jean sans Peur, duc de Bourgogne, était k la
fois le rival et le contraste de Louis, duc d'Or-
léans. Sombre, taciturne, disisimulé, violent,
plein de fiel, de rancune, d'hypocrisie, non moins
ambitieux que son cousin, ni plus respectueux
que lui du devoir et de la morale, il rendait du
moins au devoir et à la morale des hommages
habiles, extérieurs et calculés. Il s*était fait au
conseil et sur la place publique le cliampion du
peuple; de ses droits, qu'il défendait à Paris
avec les bouchers, et qu'il noyait dans le sang
des Liégeois, avec son autre cousin Jean sans
Pitié, évéque de Liège. A Paris, Jean sans Peur
prenait le contrepied de tous les actes de Louis,
duc d'Orléans, profitait de ses fautes, et lui
disfxitait le pouvoir absolu, but de leur com-
mune ambition, par une guerre sourde et inces-
sante. En 1405, le doc d'Orléans, qui avait d^à
▼oulu se faire adjuger, par surcroît, le duché
de Guyenne, prétendit mettre la main sur le
gouvernement de la Normandie. Le prince
échoua dans cette tentative et dans plusieurs
autres. Au mois d'aoOt de la même années.- la
reine résidait à Melun avec le duc d'Orléans. Le
dauphin, fils atoédn roi, habitait Paris. Dans
l'état de santé où se trouvait Charles VI, la pré-
sence ou la possession du jeune dauphin équi-
valait en quelque sorte au gage de l'autorité so-
(1) Le due d'Orléans possédait à Parts l'hôtel de la Po-
terne prés Satnt-Paul ; le séjour d'Orléans roc Salnt-Ao*
drè-dea-Arca; l'hôtel de Bebalgnc ou de Bobéme, depuis
hOtel de Solasons, prés U porte Salnt-Honoré; lliôUl
d'Orléans, au faubourg Selnt-Majrcel ; on hôtel A Cball-
lot, qu'il acheta du sdgnenr de Coucy, etc. rof. Saurai,
^ntiqtUtéi de Paris, et le batlcUn bibUographlqae A la
salte de cet arUcle.
26
SOS
ORLÉANS
préme. Louis, duc d'Orléans , de concert avec
la reine, manda de par le roi à Lovis de Bavière,
frère d^Isabelte, de faire sortir de Paris et de loi
amener le dauphin. Mais le duc de Bourgogne,
instruit de ce fait, monte k cheval, s'élance à la
poursuite dn cortège royal , et malgré la Caible
résistance du frère de la reine, il rainène, d'au-
torité, le dauphin dans la capitale. Cet affront
porté à LouiSyduc d'Orléans , valut à Jean sans
Peur un redoublement de popolarité.
Louis, duc d'Orléans, ne sVrêta point à cette
injure. II avait pris récemment popr devise un
symbole, anssi insolent que téméraire, dans eon
allusion tacite à Jean sans Peur ; c'était un gourdin
ou b&ton noueux, avec ce root : je Venmtie (i). Le
doc de Bourgogne y répondit en prenant de son
cAté pour emblèmei un rabot, destiné, comme il
Ajt dit plus tard explicitement, à planer le bA-
ton noueux. Il y joignit cette devise, en flamand,
dont le sens peut-être n'est point sans rapport
avec de sombres desseins, que le duc Jean nour-
rissait dès cette époque : Jch houd (je le tiens).
Peu de temps après, en juillet 1406, le duc
d'Orléans mariait son fils Charles à la jeune
renie d'Angleterre, Isabelle de France, veuve
et tierge tout ensemble. Des fêtes magnifiques
célébrèrent ces noces à Compiè^pne/en présence
de toute la conr. Louis, duc d'Orléans, oubliant
les qnerelles de la politique, y oonvia Jean sans
Peur. Les deux émules se rencontrèrent dans
cette fête, mais pour y faire assaut de Inxe et
do coartoisie. Tous denx échangèrent lenrs
ordres et devises; tons denx y parurent, succès-
sivement et alternativement, parés du bâton
noueux et du rabot, peint, brodé, en lames d'or
cC d'argent sur lenrs robes de soie et de yelours,
tontes reluisantes d'orfèvrerie. Une année cepen-
dant s'était à peine écoulée , lorsque Jean sans
Penr machina, contre Lonis,doc d'Oriéans, une
trame aussi atroce qne perfide. Décidé à en finir
pnr le meurtre avec son cousin, le duc de ik)ur-
gogne renouvela, jusqu'au dernier jour, les té-
moignages les plus solennels et les plus expres-
sifs de sa réconciliation avec Louis et de son
amitié fraternelle; mais dans le même temps il
concertait et préfMtrait avec Raoul d'Oclonville,
le guet-apens dans lequel Louis, duc d'Orléans,
devait terminer sa vie. Le 23 novembre 1407,
tout étdit préparé. Louis, duc d'Orléans, ce soir-
là soupait chez la reine, à l'hôtel Barbette. Vers
huitheuresetdemie, par unenuit noire, nnécnyer
du roi pénètre anprfes du prioce, et lui annonce
qne son frère le mande sans retard au palais
royal de Saint-Paul. Aussitôt, le prince fait sel-
(1) Innoceo UUf verbe qui, dans le français da quin-
zième aiècle, s'écrivait souvent avec un seul n : je fénuie,
Louis, duc d'Orléans, plein de rstult* plutôt que de Ja-
lousie balneiue, frère et fils 4e vol, au comMe des bnn.
«fora et de la polssanoc, n'enriaif pas le dnc de Bf>or-
gogne ; ce senUmeot n'était ni dans la attoation ni dans
le earaetère de Louis. C'est donc par nne véritable mé-
prise, et au prti d'un contreaens, qne nos modernes
lilstorlens ont traduit la devise du duc d'Orkana par œs
mois : Je fenvie, I
804
1er sa mule, prend congé de la rrine, ef 8« dirige
vers rhôtel du roi par la vieille rue da Temple.
Une faible suite, composée sartoot de vmleti
portant des torches pour éelairer le dnc, Facoon-
pagnait. Ce petH cortège arriva ainsî entn
l*hâtel de Rieux et la maison de Notre-Duac:
Lottî9, qui avait, selon sa coutume, fait gaienfit
sa cour à la reine, jouait sur sa mule avec hn
de ses gants et chatotait
Ibnt à coup, des hommes apostés et armés
jusqu'aux dents sortent de la maison YMtn-
Dame (1), où ils se tenaient aux aguets. Les
assassins étaient an nombre de dix-hant, eon-
mandéset dirigés par Raoul d'Oetonville (1). £i
un instant, le due est assailli, frappé malgré se
protestations et ses phiinles , renversé de'cbe*
val, et martelé de nouveau, à f-oupe redoublés,
de haches, épées et autres armes. Son bras droit
était coupé, sa figure horriblement matilée;ëe
son crâne ouvert, la ceriFeile se répandit dai»
le ruisseau et sur le pavé. Ainsi périt, Louis, ^inc
d'Orléans, dans le cours de sa trente-sixièaie
année.
Ce prioce avait Ait, en 1403, son testamcat,
qui nous est resté. Les sentmients lioDiaiDi,
généreux, bienveillants, même pour son rird
Philippe, duc de Bourgogne, et d'antres faits ^k
l'on pourrait citer, montrent que Lonis, doc àbt-
léans, si loin qu'il se laissât entraîner par ta
passions, n'étail point une Ame perverse. Ilavàt
l'esprit et le oenr ouverts à des iantiartn éleTés.
Il aima les Kvres, en réunit «n grand nemlve,
et forma le noyau de la taîliltatlièqoe i|ai , pv
Charles d'Oriéans et ses sucoessenra, devint h
bibliothèque de BMSy l'un des gnads aCBuest»
de notre immense collection natioaale. Luk
même cultiva Tétode et les lettres. Oa cite de
lui quelques ballades , premier exemple où pat
se complaire son jeune fils, Charies d'Orléans,
le duc poète, il s'exprimait avec bsm grâce et
une (Mlité admirables. Sa faeoade. Jointe à des
connaissances positives, qu'il avait- puisées dans
l'étude, contriboèreBt à lui acquérir la réputa*
tion de soroier. Son Jardin de Sant^Maroei, où
logeait, avec le titre de eoneierfe, soa piemier
médecin» renfermait des plantes niédicînales et
d'ornement. Ces essais préoédArent chex nous
le Muséum dldstoire naturelle. Les menaroeats
des arts que nous a laissés Lonis, duc dH>riéanSy
ainsi que les vestiges de son opulente existence
oflnrent de précieux documenls aut recherches
arriiéologiques. YALLET-ViarviLLE.
Cartons d'Orléans-Valuls et Bannscriu de Saignièrcs
snrta généalogie de la maison d'Orléans; comptes des
éploes ou«onfltures dectosnibre de 1884 140B; cMaet des
titres. Compte des revenus de Louis doc d'OrléJW Cli«4)
en Chaïupagne j ms. s. tr. n* IISS. — > Aoaeinie, HiUotM
généaioffiqu» de la maéson d« Fraue aux éwa ttOt"
(1) Vls-l-vls do point oeoopé aai)onrd'hnl par la aaai-
son n» vr.
fi) Foif ee nom. Kn iSftt et ISM, Fam^wes éHcwoK-
TCLLK était serréCaire de Louis, duc d'Orléans, et pfK
part i ses Ubéralttés. (Catalogne Jnonn'ivaait, L I,
n«« tts et I4S. )
805
team. — Cataloçut Jbunawautt, 1. 1, pauln. — Aimé
alampoHioo-Fig^.1c Louis «t Chartes, dite» drOrtéam;
1SV3, tn-8«. - RHtgieaz de. Saint-Denis édition Bellaguei ;
6 TOI. Ui-4^, à la table. — Godefroy, Histoirt de Char-
les FI; I6ja, in-fol. — Uande Uormoy, Uistair» de ta titte
de Soissons ; l6Ca. in-i»; t. Il, p. su. — Barna de Gtrar-
dot. Proeis de Benée de France, dame de Montargi»;
Nantes, 1888, lo-6«, p. 18 et siilv. - Vallet de VirlTlIle,
iMletin de Ut Soeiéié de CMiMrê de Fnmeot 18ST-8,
p. 179 et e.f 1899-40, p. m et ••; Jsabeau de Bavière,
1SS9. in- 8», p. 9 et 8. ; Chronique de Coiainot^ etc., lo-l6,
à la table ; Magasin de LUfrairie^ 1859, tn-8<>, p. 140 et s.
OBLÀifCs (Charles, doc o*), poète français,
fiJs du précédent, Dé le ?6 mai 1391 , mort le
4 janvier 1465. Il naqoîtaa palais royal de Saint-
Paul , ail ses parents partageaient la demeure de
son oncle Charles VI, et reçut d'abord le titre
dp camte d^Àngouléme. Louis, duc d'Orléans,
pour célébrer to naissance de ce fUs , institua
l'ordre dn Porc-Épic, emblème qui se conserva
dans la famille d'Orléans jusqu'à Louis Xlt, roi
de France. Isabelle de France , douairière d'An-
giflterre, qu'il avait épousée, le 29 juin 1406,
rnourat en condies, à Blois, le 13 septembre
1409. Louis, doc d'Orléans , périt assassiné, te
23 novembre 1407. Yalentinc de Milan ne loi
survécut guère plus d'une année, et mourut à
Blois, le 4 décembre U08. Charies, comte d'Au-
goulême, &gé de dix-sept ans, se trouva l'atné de
cinq orphelins et èhef de famille. H fut éman-
cipé par le roi, et snccéda comme duc d'Orléans
^ son père.
Charles, duc d'Orléans, quoique richement
doué soDS le rapport de l'esprit, n'avait auctme
des qualités nécessaires pour se tirer avantageu-
sement des circonstances difficiles où sa nais-
sance l'avait placé. Le ressort, l'énergie du po-
^que , dti grand baron , dn guerrier, lui man-
quaient totalement (1). Après avoir vainement
imploré la justice du roi contre le meurtrier de
son père, il subit, en 1409, le traité de paix de
Chartres. Mais cette paix fourrée n'était qu'une
Irère ou un entr'acte de guerre df ile. Les hos-
tilités se rallumèrent entre les ducs d'Orléans et
de Bourgogne : Charles et Jean sans Peur.
CJwrles d'Oriéans s'allia d'abord avec le comte
d'Aimagnac, dont il épousa la fille, Bonne
«'Armagnac, ea 1410. Dès 1408 il avait armé
^ vassaux et ses fo<1eresses; mais il ne pré-
^lua qtie comme prince à ces préparatifs de
Stierr^, s'en reposant, pour le soin de les diriger
^tWement, sur son frère Philippe, comte de
>«rtus, qu'il nomma son Ueotenant général.
Y^ parties belligérantes se rencontrèrent en
'^ll| aux portes de la capitale. An mois de no-
^^mbre, le duc se rendit à Saint-Denis, où les
onéanistes s'emparèrent des biens de l'abbaye,
^* f'it pinée par les soldats. Parmi ces biens
*? ^fOBvaient des joyanx qne te reine y avait
««ndcstinemcnt déposés. Parmi ces objets prt-
^) ▼ilenttne de MUan. éetatrée par son InfUnct «tipé-
kbà J*!! ïi ■*P'** P*»*"^ A «on Ut *« »ort eM« déaigna
•en! M ?,"'**•"• ( DlfHOis, vi»y. ce oom ) connue étant
liiJ y*^^^* parmi Its enfants que blasait le duc assas-
'"« . « renger la mort de éon père.
ORLËAIVS
8C6
cienx (au rapport d'une chronique nouvellement
découverte) était une couronne royale. Bernard
d'Armagnac , suivant le même auteur, prit cette
couronne et la posa sur la tète de Charles , duc
d'Orléans, en le proclamant roi de France, et il pro-
mît de le faire sacrer à Reims (1). Déclaré re-
*belle et ennemi de l'État , Charles d'Orléans ne
tarda pas de rentrer en grâce, à la faveur de
la poUtiqne louvoyante et incertaine que sui-
vaient la reine et les antres conseillers on lieute-
nants de Charles VI. Le 29 janvier 1414 le duc
d'Orléans et Isaheaa de Bavière signaient en-
semble un traité d'alKance olTensive et défen-
sive. Lorsque le roi d'Angleterre envahit la
France, Charles se rendit au mandement royal,
avec on contmgent de cinq cents lances on bas-
sinets , qu'il conduisit en personne à la bataille
d'AzTncoort(25 octobre 1415). Le duc fut fait
chevalier sur le champ du corolat, la veille de
cette action mémorable. Le jour même il com-
mandait l'avaut-garde, avec le duc de Bourbon,
sous les ordres do connétable. Le corps que gui-
dait le prince Charles fut des premiers culbuté»
dans ce désastre. Le prince , tombé au pouvoir
de Tennemi, se vit emmener peu de jours après
en Angleterre.
De 141 S à 1440, Charles d'Orléans dut passer
les plus belles années de sa vie dans une déso-
lante captivité. A peine eut-il mis le pied sur le
sol de l'exil, qu'il perdit sa seconde femme.
DéjÀ le duc Charles avait été précédé en Angle-
terre par son frère Jean (2), comte d'Angoulème,
otage des Anglais depuis 1412. Son autre frère,
Philippe d'Oriéans, comte de Vertus, mourut à
Baugency, le 1*' septembre 1420. Henri Y, roi
d'Angleterre, veillait à retenir le doc Charles
dans une étroite captivité. La possession de ce
prince était pour lui le gage de la faiblesse du
pouvoir royal en France. Par ses ordres. Chartes
fut donc traîné de prison en prison, aucune
geôle à cet effet ne lui semblent assez sûre.
C'est ainsi que le duc habita successivement le
palais de Londres, le château de ^^dsor, oe-
iuî de Bolinbroke (3) et enfin celui de Pontefract
ou Pomfret, à Textrémité septentrionale de l'An-
gleterre. Henri V en mourant recommanda à
ses héritiers de conserver précieusement les
princes captifs , et de repousser tout traité de
libération avant la cooquèle inK^le de 11
France.
Henri Y monrot en 1422. Charles, duc d'Or-
léana, eut alors pour demeures la tour de Lon-
dres, les châteaux de Amptbill (4), Wingfield (S)
et autres lieux. Le sort du captif roçat quelques
adoucissements; mais il demeuia toujours privé
(1) ChrMé^ue de lÀlte, n* 18. Voy. BuUeiin ée ta So-
eUU de Fhistoire de Franee, 18S7, p. iS4.
(I) Voyei ce nom.
(8) LincolQshlre, cent vlngt-«ept milles an nord de^Lon-
«rea.
(«) Bedfordshire, qnarante-diiq' mUlea novd^^oneal it
Londres.
(8) En Snfrolk,prè« E.re.
26.
807
ORLÉANS
de la liberté. Durant ces Tiogt-dnq années ,
Charles ne cessa de correspondre avec ses [états
en. France et aTec les princes ses parents. Il
s'efforça sans relàdie de négocier, da fond de sa
prison, aToe le doc de Bourgogne, avec les sei-
gneurs anglais, le duc de Bretagne et autres po-
tentats. Ses constants efforts avaient poii/buf
de rétablir la paix entre les royaumes de France
et d'Angleterre , condition préliminaire sans la-
quelle lui et son frère Jean, comte d'Angoulème,
ne pouvaient songer à leur affranchissement.
£n 1436, après la paix d*Arras, le duc d'Or-
léans, dont le père avait péri victime de Jean
sans Peur, rechercha les bonnes grâces de Phi-
lippe le Bon. Isabelle de Portugal, duchesse de
Bourgogne, épousa la cause du proscrit. En
1439, après bien des tentatives infructueuses,
Charles, duc d'Orléans, fat amené à Calais, et,
d'accord avec la duchesse Isabelle, il figura en
qualité d'ambassadeur français, pour le réta-
blissement final de la paix. Le 17 avril 1439,
Charles YII avait donné les pouvoirs néces-
saires pour obtenir la délivrance du duc. Le
21 mai, un traité préliminaire à cet effet fut si-
gné à Londres. Le 24 juillet Charles d'Orléans
traitait comme ambassadeur à Calais. Le 6 no-
vembre 1440 il signait à Saint-Omer son con-
trat de mariage avec sa troisième épouse, Marie
de Clèves {voy, ce nom), nièce du duc de
Bourgogne. Ce mariage fut célébré dans la môme
ville avec magnificence, le 26 du même mois.
Enfin des lettres patentes, données le 30 novem-
bre 1440, au nom d'Henri VI, roi d'Angleterre,
rendirent la liberté à Cliarles, duc d'Orléans,
moyennant une énorme rançon.
Après son mariage à Saint-Omer, Charles, duc
d'Oriéans, fut décoré par Philippe le Bon de
l'ordre de la Toison d'or. Il prit part immédia-
tement au chapitre de Tordre, qui décerna deux
colliers vacants aux ducs d'Alençon et de Bre-
tagne. De là il suivit à Bruges et à Gand le
duc de Bourgogne , qui lui prodigua toutes les
marques d'ime étroite amitié. Les Bourguignons,
à l'exemple de leur duc, témoignèrent au prince
français le zèle le plus chaleureux. Les familles
du premier rang lui donnaient leurs fils comme
pages. Chacun briguait Thonnetir de se ranger
sous sa bannière, espérant que l'astre politique
du prince allait se lever. A Toumay, le duc
ruiné, qui la veille n'avait pas un soldat sous
ses ordres, comptait une suite de trois cents clie-
vaux et autant de serviteurs , officiers ou clients,
de sa retenue. Dans cet équipage, il se dirigea
vers la France, pour aller saluer Charles VII.
En ce moment (décembre 1440-janvier 1441),
le roi de France venait d'étouffer à grand'peine
la ligue princière connue dans l'histoire sous le
nom de Praguerie, Charles iVII, méfiant par
nature (et celte leçon récente l'eût instruit à
le devenir), ne vit pas sans ombrage l'attitude
hautaine et le pompeux équipage de son parent.
Ses conseillers se crurent menacés jusque dans
leur existence politique. Le roi ^i donc savoir
au duc qu'il le recevrait volontiers, mais axec on
train moins nombreux et « à privée mégnie >.
Charles, duc d'Oriéans, blessé d'an tel avis,
qu'il prit pour un affront, rompit sa route. Aa
lieu d'aller à Chartres faire hommage au roi , îl
prit son chemin par Saint-Quentin, Noyon, Com-
piègue, Senlis, Paris, Orléans; puis vînt fixer
sa demeure en son chîteau de Blois. Ua an s'é-
coula sans quil rendit ses devoirs au souvenis
du royaume. Pendant que les défenseurs di
pays combattaient de nouveau, à Creil et i
Maubuisson contre les Anglais, Charles d'Or-
léans voyagea dans le Perche et en Bretagne.
De concert entre lui et les ducs de Bretagne é
d'Alençon , les deux nouveaux compagnoos de U
Toison d'or ou alliés de Philippe le Bon« il (bnaa
des conciliabules avec les différents priaces mé-
contents. Le duc de Bourgogne était l'àme et k
centre de celte Praguerie mal dissoute. Cliaiki,
duc d'Oriéans, prit part à l'assemblée de Ne-
vers. Au mois de, mai 1442, il envoya ses ^dd-
bassadeurs au roi, qui résidait à Limoge, d
comparut enfin peu de jours après devant le
'chef de sa famille. Cliarles d'Oriéans se fit Por-
gane des mécontents. Ces princes téodaleot i
renouveler les scènes politiques dont Charles TI,
pendant son règne, avait été le témoin et la VC'
lime; ils voulurent dicter des conditions à U
monarcliie. Mais le roi de France s'était éman-
cipé. Le duc fut éconduifi et renonça an rdle,
trop lourd pour ses forces, qu'il avait impru-
demment accepté. Charles, duc d'Oriéans, avait
souscrit envers l'Anglais une rançon de 400,060
écus, sans compter celle de son frère. Le roi
Charles YII, après l'avoir vaincu moralement d
désarmé, l'enchaîna par ses bienfaits. Il lui fit
don de 160,000 livres comptant, et lui assigna
une pension annuelle de 10,000 livres tournois,
qui fut bientôt portée à 18,000.
Charles , duc d'Orléans, se désista désonnais
de toute prétention, de tout acte, soit guerrier,
soit politique. Ami du luxe, du blen-étre, da
repos, il était né pour les douceurs de ia vie
privée, pour le/ar nienie d'une existence d'ar-
tiste et les calmes spéculations de la pensée.
Charles s'effaça complètement de la scène où
s'agitaient les graves événements de œtte pé-
riode. Le dernier effort de la France ponr triom-
pher de l'Angleterre s'accomplit sans la moindre
narticipation de ce prince français , qui après le
roi personnifiait dans tous les esprits la cause
française. Quand ses propres États du Milanais
turent menacés et entamés par Ludovic Siorze,
à peine se décida-t-ii , par procuration , à tirer
du fourreau son épée. Il ne figura dès lors que
dans les cérémonies publiques. L*àge s'appesan-
tissait de plus en plus sur cette organisation,
que l'exil et le malheur avaient prématurément af-
faissée. Le 18 décembre 1464, il prit part aot
états généraux réunis dans la ville de Tours, et
voulut faue entendre au roi quelques remoo-
809
ORLÉANS
810
trances. Louis XI, sans reApect poar son onde
et pour ses cbeTeax blancs , apostropha de telle
sorte le débile vieillard qae celni-ci , brisé par
eette atteinte, expira quelques jours plus tard, à
Amboise (1).
Les écrits de Cliarles d'Orléans sont le prin-
cipal titre qui le fasse Tîvre dans l'histoire; ils
se composent, T d'actes, instructions, discours,
pièces de correspondance, etc., en français et en
latin. Cette première catégorie de documents,
très-dispersés et en désordre, mériterait d'être
attentiTement réunie et classée : elle importe sur-
tout à l'histoire (2). 2** Ses œuvres poétiques, qui
forment un recueil de 102 ballades^ 131 chan-
sons, caroleSf ou chants à danser, 7 eom-
plaintes f ou Jeux-partis^ et 400 rondeaux.
Elles témoignent de son activité littéraire, et
marquent chronologiquement le cours entier de
sa carrière virile. Sauf quelques pièces, dont la
date ou l'authenticité ne nous parait pas démon-
trée, ces poésie» ne remontent qu'à la captivité
du prince après la bataille d'Azincourt, et se
continuent jusqu'à Textrème vieillesse de l'au-
teur. On y trouve mêlées diverses pièces dea
collaborateurs ou interlocuteurs poétiques , que
comportait, par son essence même, ce genre
littéraire. Ces poésies sont écrites parfois en an-
glais, en latin, en roacaronique, mêlé d'italien
et de provençal, etc. (3). La plupart, conçues en
(I) Les traita de Charles d'Orléans sont reprodalts avec
talent dans uo nianoscrit décoré de ses armes, et qui
appartenait à Marie de Clérta , sa troisième femioe. Cette
effigie . trèa-préclense et trés-matllée , se tr euTe en tête
da mannscrlt français tes de U Bibliothèque Impériale,
ctécuté ters l4ii. Le dac y parait en effet âgé d'enviroD
soixante ans. CeUe miolature a été très-Imparfaitement
Imitée, ou graTée au burin, par G, S. Gaucher, vers 1780.
Une lithographie, pire encore, de Ruiaunn, a reproduit,
P'>nt réeemmeot , la précédente estampe. Le manuserlt
r&yat n> le du Britlsb Mnseum offre plusieurs images
du duc poète. >P07. lUmtration, iMS, t. 6, p. l». On peut
consulter encore les sources sulTantea à titre de rensel-
Soemeots Iconographiques. Armoriai de Berry le héraalt,
°Moosc. 96M, 8,8, ^ 16, veno. Le due Charles y est re-
présenté (vers l'an 14S4) dans son appareil héraldique.
An musée de Versatiles, n* 1716, portrait (?) de Charles,
due d'Orléans, tout armé, d'après la collection possédée
A.Bcnure gsrd, près Bloi». par M. le comte de Chollet. Sa
•tatue aux CélesUns, en ISO» : voir MUIln, jttaïqvUés
"a'iona/ei, t. I, planebe t; GuUhermy. Monographie
f*Salnt'DtnU, p. Wi ; Lcnoir, Statistique monumen-
»*le de Parité Célestios, planche VI. Vitrail de iSiO. aux
^Kitins : Uiinn, (Hd., planche IS, eaae 8. Voyez encore
J'^gnières, manusc. 884, ^ 87 : CataloçMe dee por-
^* Wi sont au ehéUeau Saint-jénçe.
(•)D'aprè« un« découverte toute récente, due à M.Ker-
^yn de Lettenhove, Charles, due d*Orléaii«j serait Tau-
tnr d'une traduction ITançalae de La Contolatian de
. Bocce, tiédlëe à Charles VU, vers Utt. ( Voy. Étudeg smr
Froittartf 18S7, ln-l«, 1 1, p. S4S. )
(>' L'une de ces pièces, le rondel ici, édition Champol-
"^1 p. 888, a pour premier couplet :
Contre fenoches et noxbnxe
Peut sertir nng tantost de France
l>a ly parolles de plaisance
Au plus saperé l'en cabuxe.
^|le langue est une espèce d*argot dont les poètes au
^uiène siècle, et noumment VUlon, etc., ont fait
^ae > aussi bleu que des prosateurs. ^Ofet la Ckroniqm
^ P- Cochon dans Cooslnot, 1888. bh-ie, p. 881 e^ note;
waiaoD Tayior. toems, etc., p. 188.
français, constituent un notable monument de
la langue et de la poésie nationales. Ce sont, comme
on le voit par leurs dénominations, des produc-
tions d'un genre léger, intime, familier, ap-
propriées aux pensées et sentiments de cet ordre.
Aussi, en abordant les poésies de Charles d'Or-
léans, convient -il d*étre prévenu contre une
sorte de désappointement presque inévitable.
Cliarles, duc d'Oriéans, par son nom seul Joua
un r61e moral très-notable et historique au quin-
zième siècle. On s'attend donc à trouver dans
ses vers une sorte de miroir poétique, grandiose,
ou du moins réduit et concentré, des événementa.
Il n'en est rien , ou peu de diose. Charles et
ses conseillers furent de ceux qui, en 1410,
pour venger la mort de son père, appelèrent
et introduisirent les Anglais en France. Le duc
devint la première victime de cette témérité, si
coupable aux yeux d'un juge moderne. Vingt-
cinq ans de captivité finirent par amortir et par
étoiifler le peu de zèle, d'énergie morale et pa-
triotique , en un mot de véritable dévouement
dont il était doué. Il adopta de force , mais a«
moins pour la moitié, la langue et les idées de
ceux dont il était entouré et maîtrisé. Chartes
tenta, au prix ou au risque des ooncessioDs les
plus extrêmes et les plus onéreuses pour la
France, ime réconciliation des deux couronne^
qui devait lui rendre à lui-même la liberté. Eo
1433, ce fut lui qui suggéra aux Anglais l'idée
d'armer les paysans de la Normandie pour ré-
tablir Tordre et l'autorité de leur gouvernement,
compromis dans cette province (1). Tels étaient
les sentiments politiques ou moraux qui ani-
maient Charles d'Orléans. Excepté dans deux on
trois morceaux des plus faibles et des plus in-
colores, il s'abstient en général de toute allusion
aux affaires sérieuses et aux événements histo-
riques de son temps. Charles d'Orléans, pour
rappeler l'expression d'un grand poète de nos
jours, a n'ajouta pas à sa lyre une corde d'airain »«
Les sensations intérieures de l'àme, le spec-
tacle de la nature, toujours grande, belle, harmo-
nieuse, même à traven les barreaux d'une prison,
même sous le ^e\ inclément de la brumeuse
Angleterre, sont ses sujets de prédilection. Ces
chanta ne reflètent pas l'histoire d'une époque,
mais l'histoire d'une &me et d'un poète. Sa vie
s'y déroule tout entière, de saison eu saison,
et dans une suite de charmants tableaux. Bei-
Accueil, Dangier, Gracieux-Désir, Confort, Doux-
Espoir, Beauté, Amours, etc., en un mot toute la
mythologie galante, consacrée par la littéra-
ture du moyen âge, y figure successivement. Il a
peint a son four ces mille riens qui défrayent
les créations de ses nombreux émules. Mais il a
rajeuni oe fonds commun par une grâce simple,
naïve , originale et pat un talent qui lui est es-
(i) lot encore l'événement tourna contre les prévisions
de Charles, doc d'Orléans, et contre le résultat qu'on s'en
proraeltalt. Cantepie prit la dlreeUon de ce mouvement,
qui lut le préiode de rémandpaUoo de la Normandie.
81 i ORLEANS
sentiellement propre. Charles d'Orléans s'est ac-
quis de la sorte uq ran^ à part entre ses rivaux
et conteroporaios. L'histoire littéraire a défini-
tlvement sanctionné en sa faveur cette distinc-
tion. Pour légitimer ce jugement, il suffira de
rappeler le rondeau suivant, devenu à bon droit
célèbre :
St
Le temps a lalMté soa manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et t'est véta de broderie
De tolell rdjrant, cler et besa.
Ji o'j a bêle ne olteaa
Qu'en son Jargon ne chante et crie:
Le temps a lalstié son manleaa
De vent, de froidure et ée pluie.
Jllylère, feoutoe et rnlMcau
Portent en livrée jolie
Gouttes d'argent d'orfèvrerie }
Cbacon s'IiablUe de nouveau;
Le temps- a lataslé son maoteeu
De ventf de froidure et de pluie (t).
LtA bibliothèques de Paris, de Londres, de Gre^
noble, de Garpentras, contiennent une vingtaine
de manoscrils, presque toos ori^^aux, qui ren-
fennent les poésies de Chartes d'Orléans. Ces
nanoscrits, qui n'ont jamais été consnltés et
rapprochés par un roêtne éditeur, pourraient tous
fournir à une nouvelle publication de ce |)oéle
des lumières utiles et nécessaires. Les deux
textes qui paraissent les plus importants eont
an département des manuacrits de la Bibliothèque
impériale. Tous deux ont été à l'usage personnel
du poète, et portent ses armes. Le premier, ou
le plus ancien (2), parait avoir été exécuté sous
les yeux du prince en Angleterre, avant son re-
tour de captivité. Il est divisé par séries : bal-
lades, complaintes , chansons , rondels. Des
blancs , ménagés de page en page et par cahiers
entiers, ont permis de le compléter progressif
vement, Jusqu'au déclin de la vie de l'auteur.
Le second (3) est un livre d'apparat et d'un for-
mat plus grand , exécuté d'aoe seule main , vers
1458, avec luxe et pour décorer la demeure du
prince.
L*abbé Sallier, en 1734, a le premier rappelé
l'attention sur les œuvres poétiques de Charles,
duc d'Orléans, dans «m mémoire In à l'Académie
des inscriptions et belles-lettres. De nos jours
après la publication, très-imparfaite, de Chalvet,
deux nouveaux éditeurs, MM. A. Champollion-
Figeac et J. Marie Guichard, ont donné, concur-
remment , un texte à peu près complet de ce
poète remarquable. Vallet-Virîville.
Doeumenti VMmuscrUs^ Direction générale des ar-
chives, J, sm, B* 1. K, 17, ES, n, 64. M; ÎTS, Î71, ITlj
L,sw, n» ts. P,]U9, f« xjxx. Cabinet des Utrea : Or^
•eans-yaloit. Mta. Bréquignj, 80, 81 ; Doat, t. », p. S»J ;
Btrlaj. n« 17. pièce 17; toc Colbert, volume 90S. f* S4;
volume I, f* 147. Gaigntères, «M, etc., etc. - Imprimés :
Monstrelet. Fealo. Godcfroy, Ckarlet f /et CharUs f //.
— Dormoj, HUtoire des comtes de Soissons, 1. 1, p. «1.
O. Plancber, t. IV, p. 168, 17». Rjrmer (141S-1441). - LotUn,
(i) Un de nos compositeurs les plus délicats et les pins
distingués, M. de Vaueorbell, a brodé sur ce thème poé-
tique ane mélodie dlirne de rortgtnal.
(f) Ms. LavalHère 188, petit format.
W BU. Fr., 1104.
Reekerdus sur Orléans, i. I. — Harrb NlchoU;^. /fc*
àattle of Jçincourt ; Lon6n% i9i., ln-8*, —^temturesé^
Pjteademte des FmseripUont, t Xtll, p. HO et s. ~
Cbaivet. Poésies de Ckmrtes dPOrUanâ; ifOS, fa..». -
A. ChampoUion-Figeac. Poésies de Charles éPOrUoM;
184t. in8« et in -18. Ixmis H Charles d[X}rleeuts; 18i3«
io-S*. — J. Marie Gulcbard. Poésies de Chartes éVr-
team; 1811, ln-16. - Fr. Michel, RmpporU a M. U vt-
nistrede l'instruction publique; 1838, ln-««, p. 61 cti,
874 et S. - Valiet de VirUille. P'iiUô du British musrttm
Notice du ms. Reg. 16, contenant Us poésies de Chcriei
drOrléemSi extrait du HuUeiisi du MHufpkéi^, iSiS ; Jna
Càarller, COuslnor, ln-16. — C. BeauSU. Étude sur ia tv
€i Us poésies de Charles, due tC Orléans i 1861, \a-»".
ORLÉANS [Gaston Jean 'Baptiste de Frâncc.
dac d'), 61s puîné de Henri IV et frère de
Louis Xni, né le 25 avril 1608, mort le 2 féTner
1460. Parmi tous les personnages hhUoriqiies
ées tempe moderaes, il n'y en eut peut-être pas
de pins remuant, de plus faibte, de plus es-
clave de son entourage, que le ducGastoa d'Or-
léans. Nous nous étendrons peu sur ce prince.
Sa biographie se oonlbnd avec celle de Ridl^
lieu, dont tout le miaistère fut employé à sur-
veiller, à déjouer et à punir les complots de»
grands , à la tête desquels on était toujours sAr
de trouver Gaston, sinon comme chef, da moins
comme drapeau. Il commence à résister, parke»
conseils de son gouverneur, d'Ornano, an pro-
jet de sa mère et du cardhialde Richeti<w, qui
veulent le marier avec mademoiselle de Moot-
pensier, la plus riche héritière de l'Europe.
Bientôt, irrité contre Richelieu , qui avait fiit
enfermer Omano à Vincennes , il entre dans \i
conspiration de Chalais; mais, efTrayé do supplice
de œ jeune fou, qm pour mériter les bonnes
j^âces de la duchesse de Chevreuse, dont il est
épris, nnédite d'assassiner le cardinal , il fait u
soumission et consent à. épouser Diademotseile
de Montpensier. Ce mariage fut célébré à Nantes,
au milieu des apprêts du supplice de Cbaiais.
Après la mort de ea première femme, arrivée
en 1627, il voulut encore, malgré sa mère, ^'o-
nir avec Marie de Gonzague, Glle de Charte V'^
duc de Mantoue; n*ayant pu y réussir, il recom-
mença à intriguer contre le cardinal; enfin, im
jour, après une suite de réconciliations et de rup-
tures avec le ministre , à rinstigatjon de per-
fides conseillers , Il va trouTer Richciien dans
son hôtel , avec ime nombreuse suite de gentils-
hommes, le menace brutalement de sa colère,
et lui déclare en face qu'il est son ennemi mor-
tel. Après cette équipée, U s'enfuît en Lorraine,
sous prétexte d'échapper à la tyrannie du car-
dinal, s'y tnarie avec la sœur da duc Charies IV,
et fait des préparatifs de guerre contre le lui-
nistre. Maiscelui-d déconcerte ces complots, entre
en Lorraine , humilie Charles IV, et force Gas-
ton à se séparer de sa nouvelle épouse, Margue-
rite de Lorraine, et à s'enfuira Bruxelles, auprès
de sa mère , qui s'y est, elle aussi, réfugii^. ^
là , Gaston entretient des correspoflidanoei avec
les mécontents de FYance, et cherche à pousser
les grands à la révolte ; il y entraîne le duc de
Montmorency ; bientôt il entre en France à U
SIZ
ORLEANS
814
tête d'un ramaft de deux ou trois mille brigands,
traverse le royaume en le pillant , arrif e en Lan-
guedoc, et s'y fait battre avec son complice, près
de Casteloaudary (1632). La victoire est encore
indécise, quand on vient représenter à Gaston
que le succès dépend de son courage. Pour toute
l'cpaase, il jette ses amies à terre, dit qu'il ne
s'y joue plus et fait sonner la retraite. Réfugié
à Béziers , il s'empresse de désarmer le roi et
le ministre par des actes de repentir et de nou-
veaux serments de fîdëiité. Il signe un traité
d'accommodement qu'oo lui présente, par lequel
a iJ s'engage à aimer tous les ministres du roi,
et en particulier monsieur le cardinal », et
abandonne à la vengeance du ministre son mal-
heureux complice, lait prisonnier à Castelnau-
(lary, ou du moins il ne fiiit que d'inaigniliants
eflbrts pour le sauver : Montmorency est déca-
pité. Ce terrible exemple ne corrige pas Gaston ;
il se sauve de nouveau à Bruxelles, signe un
traité coupable avec l'Espagnol , qui lui fait une
pension de 30,000 florins par mois, et déclare
son second mariagt, demeuré secret jusqu'a-
lors. Cette nouvelle incartade ne flt qu'attirer de
nouvelles rigueurs sur ses amis et sur son bean-
frère, le duc de Lorraine» qui se vit dépouillé
de ses États. Pour Gaston, entraîné par son in-
constance naturelle, il abandonna tout à coup
sa mère et les Espagnols, demanda de nouveau
pardon au roi, et obtint de rentrer en France.
11 y était à peine arrivé, qu'il ourdit, avec le
comte de Soissons un nouveau complot contre
le cardinal. 11 s'agissait cette /ois de l'assassi-
ner à Amiens. Deux gentilshommes devaient le
frapper de leurs poignards au sortir du conseil;
ils n'attendaient que le signa] , mais le cœur
faillit à Gaston pour le donner. Le coup étant
manqué, le comte de Soissons fut forcé de sor-
tir du royaume, et s'allia aux Ëspa^iols; quant
à Gaston, à force de bassesses^ il obtint encore
une fois son pardon , ce qui ne l'empêcha pas
UQ l)eo plus tard d'entrer dans la conspiration
<le Cinq-Blars et de traiter de nouveau avec
l'£spagne. Celte fois, quand ses complices fu-
rent tombés entre les mains de l'implacable mi-
nistre ( 1642 ), Gaston ne se contenta pas, comme
» son ordinaire , de les abandoouer, il alla pour
obteuir sa grâce jusqu'à les charger, et contribua
ainsi à leur condamnation. Avili par celte infâme
conduite , avili par le flétrissant pardon du mi-
nistre , qui , tout en faisant grftoe au frère du
roi| déclarait qu'il méritait la mort et l'exilait
^ Blois, où il devait vivre en simple particulier,
^ns gardes et sans honneurs. Gaston alla ea-
^er sa honte au lieu dés^né pour son bannis-
^^ent, et il y resta jusqu'à la mort du roi.
~>omnné alors lieutenant général du royaume, il
^ réhabilita quelque peu par ses trois campa-
^^nes de 1644, 1645 et 1646, pmidant lesquelles
I prit aux Espagnols plusieurs places impor-
l^ntes; mais il joua un râle déplorable pendant
8«cn« de la Fronde, où U fut constamment,
I comme sous le règne précédent, le misérable
jouet des partis, qui tous vonhn*ent s'appuyer
de son nom. Le cardinal de Ricfielicu a tracé en
peu de mots le portrait de Gaston : « Il entra,
dit-il, dans toutes les affaires , parce qu'il n'a-
vait pas la force de résister à ceux qui l'y en-
traînaient; et il en sortit toujours avec honte,
parce qu'il n'avait pas le courage de les soute-
nir, u Quand Louis XI¥ fut rentré à Paris, le
duc d'Oriéans, dont la pitoyable carrière poli-
tique était terminée, se retira à Blois, où il était
exilé pour la seconde fois ; et il y vécut dans la
retraite jusqu'à sa mort, arrivée en 1660, au
moment où le graad roi allait prendre en mains
les rênes de l'État.
Gaston laissait dç son premier mariage une
(ille, la fameuse MademoitelU, duchesse de
Montpeniier, [Lebas, IHct, encycl. de la
France.]
un* de Mootpensler« Mémoires. — Rfebetleu, idem. —
Retz, Mem.
OBiiiARS (Philippe y duc d'), fils puîné de
Louis XIII et d'Anne d'Autriche, fière unique
de Louis XrV, né en 1640. il épousa en premières
noces (1661) Henriette d'Angleterre, plus con-
nue sous le nom de Madame, qui monnit su-
bitement (29 juin 1670), peu de jours après son
retour d'une mission dont l'avait chargée
Louis XIV auprès de son frère Charles II, et
' dont Bossuet prononça l'oraison funèbre; il se re-
maria l'année suivante à Charlotte-Elisabeth de
Bavière, fit les campagnes de Flandre en 1667,
de Hollande en 1672, et, en 1677, eut une grande
part aux succès glorieux des armées françaises
dans les Pays-Bas. II mit le siège devant Saint-
Omer, ayant sons ses ordres les maréchaux,
d'Humières et de Luxembourg, marcha contre
le prince d'Orange , qui accourait au secours de
la place, remporta sur lui uAe victoire complète,
entre Cassel et Saint-Omer, et revint au siège
de cette dernière ville , qu'il força de capituler.
Ses talents militaires et sa valeur inspirèrent,
dit-on, quelque jalousie à Louis XIV. Ce qu'il y
a de vrai , c'est que depuis cette campagne le
1*01 ne donna plus de commandement à son frère.
Philippe d'Orléans mourut en 1701, après avoir
protesté contre le testament de Charles H d'Es-
pagne, en faveur du dfie d'Anjou, petit-fils de
Louis XrV, comme descendant par les femmes,
aussi bien que son frère, de la maison d'Autriche
espagnole. Il avait eu sept enfants de ses deux
femmes : du premier lit, Marie-Louise d'Or-
léans, mariée à Charles II, roi d'Espagne, et
morte en 1689, empoisonnée, dît-on; Anne'
Marie, mariée à Victor-Amédée II, roi de Sar-
dalgne; et dn second lit, Philippe , qui fut ré-
gent de Franee sous la minorité de Louis XV.
Éiisabeth'Charlotie, mariée au duc Charles de
Lorraine. [Lebas, Dict. encycl, de la France.]
Saiot Sfnioo, Mimoiret. — YoUaIre, SUde de
Louis XI r.
OELéAKS (Philippe, dnc n*), régent de
815
ORÎ.ÉAjSS
816
France, fils du précédent, né à Saînt-Clond, le
2 août 1674, mort à Versailles, le 2 décem-
bre 1723. H reçut en naissant le titre de duc de
Chartres, et montra dans son enfance les plus
heureuses dispositions. Malheureusement, si son
instruction fut très- soignée, il n'en fut pas de
même de son éducation morale; son père ne sVn
occupait pas ; sa mère s'en occupait à peine. Un
hasard singulier lui enleva tous ses gouTerneors
etsontrès-honnéte précepteur, Saint-Laurent, et
il resta sous ladirection de Tabbé Dubois, homme
d'esprit, mais de principes très-reiftchés. A dix-
sept ans il fit ses premières armes au siège de
Mons. L'année suivante (janvier 1692), il épousa
M'^* de Blois, fille naturelle de Louis XIV et de
M*"* de Montespan. Ce mariage d'un petil-fils
de France avec une fille Illégitime était une mé-
salliance. Monsieur, mené par ses indignes favo-
ris, les princes lorrains, y consentit ; le jeune duc
de Chartres, disposé par Fabbé Dubois^ n'osa
pus résister à la volonté du roi. Madame , sa
mère, déconcertée par ce double consentement,
donna aussi le sien, mais sans dissimuler sa
fureur. Saint-Simon assure que lorsque son fils
s'approcha pour lui baiser la main « elle lui
appliqua un soufDet si sonore qu'il fut entendu
de quelques pas, et qui, en présence de toute
la cour, couvrit de confusion ce pauvre prince,
et combla les infinis spectateurs d'un prodigieux
étonnement ».
Le duc de Chartres espérait que sa complai-
sance lui vaudrait ce que son père n'avait presque
jamais obtenu, le droit d'aller à l'armée. Cette per-
mission lui fut 9B effet accordée; il combattit à
Steinkerque ( 1692 ), et à Nerwinde ( 1693), sous
le duc de Luxembourg, et montra dans ces deux
circonstances beaucoup de courage et d'habileté.
L'éclat même de son début lui nuisit auprès du
roi, qui n'aimait pas qu'un prince rapproché du
trône se distinguât ainsi. Éloigné du service
pendant plusieurs années, il se Jeta avec ardeur
dans les plaisirs de son âge, et parut chercher
un scandale qui tranchait avec l'austérité mise
à la mode par M"** de Maintenon. Le roi, qui
avait le sentiment de l'injustice qu'il lui avait faite,
le traita avec beaucoup de faveur k la mort de
son père , en 1701, et l'envoya commander l'ar-
mée d'Italie en 1706. Malheureusement il le plaça
ions la tutelle de La Feuillade «t Marsin, qui lui
étaient très-inférieurs en mérite. Ses connais-
sances militaires et son bon sens lui furent inu-
tiles, il ne put pas faire écouter ses avis; et
forcé par ses deux lieutenants d'attendre l'attaque
du prince Eugène dans une mauvaise position ,
il essuya, le 7 septembre 1706, une défaite com-
plète, sous les niurs de Turin. 11 reçut dans le
combat deux blessures , et vint se rétablir en
France. Louis XIV l'accueillit aussi bien et peut-
être mieux que s'il avait été vainqueur, et l'en-
voya l'année suivante commander l'armée fran-
çaise d'Espagne. Malgré toute sa diligence, le duc
d'Orléans n'arriva que le lendemain de la ba-
taille d'Almanza, gagnée par Berwick sur le pt
néral anglais Galloway (25 avril 1707); il iut
du moins tirer parti de cet avantage , soumit le
royaumes de Valence et d'Aragon . prit les places
*de Xativa et d'Alcaraz , pénétra eu tTatalogne et
termina cette belle campagne par la conquête àt
Lerida, ville devant laquelle Coudé avait échoué.
La campagne suivante (1708) fut encore heu-
reuse, mais non pas aussi décisive qu'elle l'au-
rait été si la cour d'Espagne avait montré \Ak
d'activité et de meilleures dispositions. Quoique
traversé dans ses opérations et ne recevant &i-
cun secours, le duc d'Orléans s'empara de Dénia,
d'Alioante et de Tortose. Jusque-là sa conduite
avait été irréprochable ; mais son esprit entrepl^
nant, son peu de confiance dans les dispoutionsde
Louis XIV à son égard, son mépris pour le faible
roi d'Espagne Philippe V, le jetèrent dans une in-
trigue qui lui fit le plus grand tort. Par sa nabsaDoe
il avait des droits, assez éloignés, il est Tral, loi
trênes d'Angleterre et d'Espagne, et plua d'oie
fois il avait annoncé d'une manière vagne et
plutôt pour inquiéter le roi que sérieosemest,
l'intention de les faire valoir. En Espagne il aHa
plus loin, et fit des ouvertures positives aux gé-
néraux anglais pour savoir si leur pays fiiTori-
serait un changement qui substituerait un priace
tout à fait indépendant de la France au faible
monarque qui annonçait devoir n'être sur le
trône que le lieutenant de Louis XIV. De pa-
reilles menées étaient dangereuses pour Tamiée,
et ne pouvaient avoir aucun résultat utile pour
le duc La cour d'Espagne en fut avertie, et en
prévint Louis XIV, qui se hâta de rappeler soa
neveu (décembre 1708). Il fut question de le
mettre en jugement ; mais le roi ne voulut pas
transformer une intrigue (&oheuse en crime
d'État, et ne donna même que pen d'éclat k la
disgrâce du duc. Saint-Simon, qui fut initié aui
détaHs de toute cette alTaire, en coostafe ainsi les
résultats : « Le roi se laissa entendre en des
* demi-particuliers pour être répandu qo'il aroit
vu clair en cette affaire, qu'il étoit surpris qu'on
en eût fait tant de bmit, et qu'il trou voit fort
étrange qu'on en tint de si maavats propos.
Cela fit taire en put>lic, non en particalier, où on
s'en entretint encore longtemps. Chacon en ciut
ce qu'il voulut, suivant ses affections et ses idées.
Le roi en demeura ék>igné de son neTcn ; et Moo-
seignenr ( le grand dauphin ), qni'^n'eo rerinl ja-
mais, le lui fit sentir non-senlement en tonte occa-
sion , mais jusque dans la vie ordinaire, d'une
façon très-mortifiante. La cour en étoit tén)oio â
tous moments, et voyoit le roi sec ^vec son oevco
et l'air contraint avec lui. Cela ne rapprocha pas
le monde de ce prince, dont le malaise et la con-
trainte, après quelque temps d'une conduite on
peu plus mesurée, l'entraîna plus qXie jamaii i
Paris, par la liberté qu'il ne trouvoit point ail-
leurs, et pour s'étourdir par la débauche. » L«s
bruits exagérés de cette affaire d'Espagne se joi-
gnant à une conduite déréglée firent au duc d'Or-
817
ORLÉANS
818
léaos une mauvaise réputation dans le public;
on prétendit qu'il aspirait au trône, et que pour
y arriver les crimes ne lui coûteraient rien. En
Tain Louis XIV, en mariant son petit-fils, le duc
de Berry, avec la fille aînée du duc d'Orléans,
témoigna qu'il ne croyait point à ces rumeurs;
elles persistèrent, et ce mariage même les aug-
menta. Le duc d'Orléans aimitit tendrement sa
fille, qui avait à peu près les mêmes défauts que
lui. Cette amitié donna lieu à des calomnies que le
public accueillit avec un empressement cruel et
auxquelles le duc de Berry parut croire. Le duc
d'Orléans ne s'inquiéta pas de les repousser par
une conduite plus réservée ; loin de là : « L'en-
nui, l'habitude, la mauvaise compagnie qu'il
voyait dans ses voyages de Paris, l'entraînèrent ;
il se rembarqua dans la débauche et dans l'im-
piété.... C'étoit entre le père et la fille à qui em-
porteroit le plus ridiculement la pièce sur les
mœurs et sur la religion, et souvent devant
M. le duc de Berry , qui en avoit beaucoup et qui
trouvait ces propos fort étranges. » Une con-
duite aussi folle flit promptement punie. Lorsque
la duchesse et le duc de Bourgogne moururent,
à quelques jours de distance (février 1712), il
se fit une explosion terrible contre le duc d'Or-
léans, que Ton soupçonna de les avoir empoi-
sonnés. 11 avait intérêt à leur mort, et on savait
qu'il s'occupait beaucoup d'expériences' scientifi-
ques avec le chimiste Homberg;cefut assez pour
accréditer les plus atroces imputations. « Le cri
public était affreux, dit Voltaire; on ne peut s'en
faire une idée sans en avoir été témoin (1). La
mort du fils atné du duc de Bourgogne, survenue
au bout de quelques jours, augmenta cette agita-
tion. » Le duc d'Orléans, désespéré, demanda
(1) Vnicl ce qae raconte Salnt-SIraon :« Dès le n fé-
vrier, que M. le due d'Orléans fat avec Hadane donner
de l'eau bdoite à lai dau^bine, la foule du peuple dit tout
baut toutes aortes de sottises contre Int tout le long de
leor passige... il y eut même Ueu de craindre pis d'nne
populace eidlée et crédule, lonqne, le ti férvler, II alla
seul donner l'ean bénite an danpblo. Aussi essuya -t-U sur
son passage les Insultes les plus atroces d'un peuple qui
ne se contenolt pas, qui lançolt tout- haut les discours
les plus énormes, qui le montrolt an doigt avec les. épi-
Ihètes ]M plus grossières, que personne n'arrètolt, et qui
croyolt lut faire grAce de ne pas se jeter sur lui et le
mettre en pièces. Ce fot la même chose an convoi. Les
chemins reteotiasolent de cris, plus d'Indignation et dln-
Jures que de douleur. On ne lals-ta pas de prendre sans
brutt quelques précautions dans Parl^ pour empêcher la
fureur publlqae dont les boalllons se firent craindre en
divers moments. BUe s'en dédommagea par les gestes,
les cris, et par tout ce qui se peut d'atroce , vomi contre
H. le duc d'Orléans. Vers le Palals-Royal , devant lequel
le convoi passa, le redoublement de hoées, de cris, d'in-
Jnres fut si violent, qn*lt y ent lien de tout craindre
pendant quelques minutes. » A la cour Vémotlon moins
bruyante fut tout aussi Impbcable. « M. le duc d'Orléans
tat non-seulement shandonné de tout le* monde, mata H
se fabolt pUce nette devant loi ches le roi et dans le sa-
lon ; et s'il y approcholt d'un groupe de courtisans, cha-
cun, »ans le plus léger ménagemeat, fal5oit dcml-lonr à
droite ou a gauche, et s'alloli rassembler a l'autre bout,
•ans qu'il lui fût possible d'aborder personne que par
snrprbe, et même aussitôt après U étolt laissé seul avec
rlndécence la plus marquée. » Dans cette crise Saint-
Simon resta seal fidèle au prince.
qu'on le mit à la Bastille et qu'une cour de jusr
tice examinât les faits qu'on lui imputait.
Louis XIV refusa sèchement, comme s'il eût
voulu éviter le scandale, sans être sûr que les
soupçon$ fussent injustes. Deux ans après (mai
17 14), la mort do duc de Berry, qui réduisait la
branche aînée des Bourbons de France à un en-
fant en bas Age, donna lieu à de nouvelles ru-
meurs, mais elles éclatèrent avec moins de
violence. Le doc d'Orléans devait bientôt don*
ner par sa conduite à l'égard de cet enfadt le
plus formel démenti h tbotes ces calomnies.
Louis XIV, malgré ses préventions contre son
neveu, ne put s'empêcher en mourant (septem-
bre 1715) de Inl laisser la régence. Il est vrai
que par son testament il réduisit cette grande
charge presque à un titre nominal. Il sépara de
la régence la tutelle du jeune roi, laquelle fut
confiée au duc du Maine avec le commandement
de la maison militaire ; un conseil de régence»
où le duc d'Orléans n'aurait eu que voix délibé-
rative, devait exercer la plénitude de l'autorité
souveraine. Le duc d'Orléans n'admit pas ces
restrictions, qu'il regardait comme contraires à
ses droits et injurieuses pour son caractère.
Dès le lendemain de la mort du roi (2 sep-
tembre), il se rendit au parlement accompagné
des princes, des pairs du royaume, d'un nom-
breux cortège de courtisans et de grands officiers,
fatigués du dernier règne, et qui espéraient beau-
coup de la régence; il avait fait connaître à cette
compagnie qu'il loi rendrait le droit de remon-
trances; le parlement, favorablement disposé, et
d*aceord d'ailleurs avec l'opinion publique, cassa
le testament de Louis XIV et conféra au duc d'Or-
léans la plénitude du pouvoir royal jusqu'à la roa-
jodté deLooisXV. Lerégent trouva la France dans
une triste situation : au dehors, aucune alliance,
et avec l'Angleterre des rapports de pins en plus
difficiles, qui menaçaient d'aboutir à la guerre;
au dedans, des finances ruinées, ime administra-
tion tracassière et sans vigueur, une persécution
religieuse qui avait rempli les prisons de jansé-
nistes. Le régent arriva au pouvoir avec d'ex-
cellentes intentions, une rare intelligence, un
caractère capable de résolution, mais malheu-
rensement compromis par la licence de sa vie
privée. Il opéra quelques réformes utiles et d'au-
tres qui n'étaient que spédeuses; beaucoup de
prisonniers pour cause de religion furent rendus
à la liberté; l'armée fut diminuée; des mesures
violentes, mats que le public accueillit avec fa-
veur parce qu'elles frappaient sur des financiers,
réduisirent considérablement les dettes de l'État.
Leduc d'Orléans dès le délmt de la régence avait
substitué aux ministères des conseiisr délibéra-
tifs, composés en générai de grands seigneurs.
Si ces conseils avaient été réellement indépen-
dants, et s'ils avaient compris leur tftche, ils au-
raient introduit cm élément représentatif dans la
monarchie absolue; mais ils eurent peu d'impor-
, tance véritable» et n'apportèrent pas dans la
619
ORLÉANS
S19
marche des aflaires un contrôle qui eut été d'au-
tant pins nécessaire que le régent inanquait de
prudence, et que son principal conseiller, Tabbé
Dobob, manquait d'honnêteté. Aussi la politique
de la régence fut trop souvent une politique d'a-
ventures et d'expédients. Deux grands Faits la
-caractérisèrent : le système de Law et l'aHiaDce
arec Tàngleterre ; nous n'avons pas à entrer dans
les détails de ces deux actes, qui ont été racontés
anx articles Law et Dubois; il sufiU d'en cons-
tater le» ré&ultats. L'établissement de la banque
de Law, les eneonragements accordés à la Com-
pagnie des Indes produisirent dans le pays un
uieuvemeM financier et industriel , donnèrent à
k marine et an commerce no essor qui survécu-
rent aux folies et an désastre du système. Le
traité de la triple alliance entre l'Angleterre, la
Hollande et la France, signé à La Haye» le 14 jan-
vier 1717, jeta les bases d'une politique pacifique
qui profita aux deux grandes puissances. On a
reproehé au régent d'avoir fait en cette occasion
bon marché de l'honneur de la France ; mais le
reproche parait injuste. Le duc d'Orléans, qui
voulait la paix, et qui était persuadé que le gou-
vernement anglais la voulait aussi , évita tout
ce qui pouvait ranimer les hostilités entre les
deux peuples. Un des motifs de cette alliance
fut le besoin qu'éprouva le régent de prendre
des précautions contre la cour d'Espague, qui
était en correspondance avec le duc du Maine et
tous les mécontents du royaume (vay. Albe-
ROM et Cellâmare). Ces intrigues vraiment
coupables, car elles n'avaient- pas pour mobile
l'intérêt public, produisirent une conspiration
mal conduite, et quelques-uns des plus violents
et des plus inCtoies pamphlets qui aient jamais
été écrits en français ( voy, La Gramge-Cban-
€El). Le parlement même, d'abord favorable,
«ommençait à se montrer hoM&tile. Le régent, bien
secondé par Dubois, surmonta ces divers obsta-
cles -par une série de mesures énergiques, lia-
biles, mais qui eurent le tort de détruire jusqu'à
l'apparence de contrôle qui avait existé dans
les premières anoccs de la régence. Les princes
légitimés furent ramenés à leur rang de pairie
( 1718). Le régent fit arrêter Cellamare, puis le
^nc et la dncliessedu Maine (décembre 1718),
et déclara la guerre à l'Espagne (janvier 1719).
Philippe V, effrayé des succès des Français, plus
effrayé encore de voir une insurrection tentée
par la noblesse de Bvetagne avorter et se termi-
na' par le supplice de quatre gentUshorames,
renvoya Alberoni, et adhéra à la triple alliance
(février 1720). L'année suivante un projet de
mariage entre l'infante d'Espagne et Louis XV, et
le mariage conclu entre le prince des Asturies et
mademoiselle de Montpensier, quatrième fille du
régent, rassurèrent complètement le ducd'Orléans
du cOté de l'Espagne. A llotérieur les aflJaires
allaient moins bien. La peste de Marseille avait
tout à fait impopulaire. Cette impopularité était
en partie méritée. Le duc d'Orléans, pour se
distraire des ennuis des alTairef^dont it s*oecu-
pait plus activement qu'on ne l'a dit, consacrait
ses soirées et presque toutes ses nuits à des or-
gies dégradantes. Ses mauvaises moïurs débor-
dèrent de la cour sur la ville, et produisirent no
mal moral qui alla toujours s'aggravani sons le
règne de Louis XV.
Le duc d'Orléans, qni ne cherchait dans les
plaisirs qu'une distmction, finit par s'ennuyer
des plaisirs et tomba dans une sorte de décoa-
ragement et de tristesse. Dans cet état, il ne te-
nait pas au pouvoir, et bâtait le moment où à
le remettrait au jeune roi -, en attendant il le
laissait entre les mains de Dubois ; il poussa la
faiblesse jusqu'à sacrifier à oe ministre le duc de
Noailles, un de ceux qni l'avaient le mieux
servi, et le marquis de Noce, un de ses amis in-
times, un de ses roués ^ comme on les appelait
Le roi fiit sacré à Reims, le 22 octobre 1723, d
dès qu'il eut atteint sa majorité ( février 1723),
il prit nominalement la direction des affaires,
qui continuèrent d'ètie conduites par Dubois,
premier ministre. Gehû-ci mourut an mois
d'août, et le dnc d'Orléans consentit à Ini suc-
céder. 11 ne porta pas longtemps le poids du
pouvoir. Malgré l'avis de ses médecins, il conti-
nnait son même genre de vie pIntM par habi-
tude que par goût. Tous les eourUsans pié-
voyaient sa mort, et fai»aîent leurs dispositions
en conséquence. L'événement prévu se réalisa
bientôt. Le 2 décembre le doc d'Orléans était
seul dans son cabhiet avec la ducbesse de
Phalaris, jeune et belle aventnrière devenue
récemment sa favorite. Tout à coup il laissa
tomber sa tête sur les genoux de cette femme,
et expira, frappé d'apoplexie foudroyante. H
n'avait pas encore cinquante ans. Saint-Si*
mon, qui aimait le dnc d^Oriéans, mais qui oe
flattait pas même ses amis, le peint ainsi :
a Rien ne lui manquait poor le phis excelleBt
gouvernement : connaissances de itoutes sortes,
connaissance des hommes, expérience person-
nelle et kKigoe, tandis quil ne fut que parfico-
lier; réflexions sur le gouvernement des dif-
férents pays, et surtout sur le ndtre; mémoire
qui n'oubliait et ne confondait jamais; lumières
infinies ; discernement exquis ; facilité surpre-
nante dé travail ; compréhension vive; nae élo-
quence naturelle et noble, avec une justesse et
une facilité incomparable de parler en tous
genres ; infiniment d'esprit, et un sens ai droit et
si juste, qu'il ne se serait jantais trompé, si
en chaque affaire il avait suivi son premier
mouvement.. • Voltaire, qui n'avail pas eu à
se louer du régent, a dit de lui : « De tonte la
race de Henri IV, Philippe d'Orléans fîit celui
qui lui ressembla le plus ; il en avait la valeur,
la bonté, Tindolgence, la gaieté, ta facilité, la
attristé les esprits; la chute du système ruina j franchise, avec un esprit cultivé. Sa physio-
une infinité de personnes , et le régent devint ! nomie, incomparablement plus gracieuse, était
821
ORLEAISS
822
cependant celle de Henri IV. H se plaisait quel-
(|uerois à mettre une fraise, et c'était alors
Henri lY accompli. » On ne peut trop regretter
que tant de grandes et d'aimables qualités
aient ^té temies par le scandale des mœurs et
Pabsence de principes ; mais il est juste de re-
connaître que les TÎces de sa vie privée exercèrent
peu d'inHuence sur sa conduite politique, et
que ses nombreuses maltresses, dont le« plus
connues sdht M">e de Parabère et M^^ de Sa-
bran, n'eurent aucun pouvoir dans TÉtat.
Le rluc d^Orléans eut de son mariage avec
M"* de Blois, fille de Louis XIV et de M"* de
Montespan, un fîls, Louis duc d'Orléans, et
plusieurs filles : savoir Marie^Louise-'ÉlUa'
beth , duchettede Berrf ( voyez ce nom) ; Louise'
Adélaïde ^nïibesse dcChclles; Cknrhfff-Anfné,
duchesse de Modène; Louise- Elisabeth ^ reine
d'Espagne; ^/'« de Beaujolais^ Philippine-
Elisabeth, ei Louise-Diane^ princesse de Contî*
Il eut deux fils naturels, qui entrèrent dans les
ordres, et dont fun devint grand-prieur de
France et l'autre archevêque de Cambrai. L. J.
SalDt-SImoitf MéuHiiret. — Mémoires de la Régence,
par le ahcTAttcr de PioMea, édUloa de Lenglet-Dufres-
aoy, I74a« • ToL \a-Vk. — U Moite, Fi» Au due 4'Or^
leant^ t vol, in-ll (oavraKe iiuspcct et qui contient f
beaucoup de fauxiietés ). -• Barbier, Journal. — Cor^ .
retpondmnce tomplèU éê Madame^ mère du rèoerUf .
(->)ttioa de G. BruncL — Uuclos, Mémoires sur ie
règne de Ijouis X!F, et ta régence. — Aoquctil ,
litnls XlF, sa cour et te régent. «- Mormontel, //ta-
toire de la régence. — LacneteUe, HMoW» 4* Us ré»
çaice pendant le diX'àuUUme sUcie. -^ Capelleue«
lUst. de Philippe d'Orléans, régent de France.
ORLEANS ( £otif5, duc D* ), premlei prince
du sang, fils du précédent, né à Versailles, le
4 août 1703. mort à Paris, le 4 février 1752. \
Il reçut de la nature un esprit .pénétrant et
beaucoup d*mtelKgence pour les lettres et les
i^ciences, surtout pour la physique et pour
l'histoire naturelle. Quand il eut atteînt Page de
sept ans, son père confia son éducation à l'abbé
deMongault, qui cultiva sagement ses heureuses
dispositions, mais fut sou vent -obligé de mo-
dérer son ardeur pour Tétude, à cause de la
faiblesse de son tempérament et des fréquentes
maladies auxquelles il était sujet. Les séduc-
tions de la cour fascinèrent pendant quelques
années ce jeune prince ; mais Téblonissement
ne fui pas de longue du]^ée, au milieu des dé-
bauches de tons genres dont il fut témoin. Lors-
<nie son père devint régent do royaume, Louis,
<!«» portait le titre de duc de Chartres, prit
s^nce au parlement, le 12 août 1717, entra au
conseil de régence, le 30 janvier 1718, et le len-
demain à celui de la guerre. Par une déclara-
tion enregistrée au parlement, le 24 janvier 1719,
Louis XV hri accorda voix délibérative dans le
premier de ces conseils, le nomma le 27 août
suivant gouverneur du Dauphiné, et le 12 sep-
tembre 1720 grand maître des ordres de Notre-
Damc-du-Mont Carmel et de Saint-Lazare. Le
une de Chartres fut en outre pourvu, le 11 mai
1721, de la charge de colonel général de l'infan-
terie française et étrangère, rétablie en sa fa»
veur, et fait chevalier des ordres le 27 octobra
1722, dans l'église métropolitaiae de Reims, la
lendemain du sacre de Louis XV, où H avait
représenté le duc de Normandie. Après la mort
de son père (2 décembre 1723), il prit le titre de
duc d'Orléans, elle roi lui accorda une maison
en qualité de premier prince du sang. 11 siégeait
an conseil d'État (ou des ministres) en qualité
de chef de ce conseil, et oe cessa d'y asi^sister que
vers 1742. Louis I*% roi d'Espagne, devenu £oq
beau-frère, lui envoya en avrÛ 1724 le collier d^
la Toison d^or. Le duc d'Orléans épousa le 1 8 juin
suivant Auguste-Marie- Jeanne , princesae da
Bade, née le le novembre 1704, et fat chargé
( 16 août 1725 ) d'épouser au nom de Louis XV
Àfarie Leczinska, fille du roi Stanislas. Après
deux ans d'une union que rien n'avait troublée,
il eut le malheur de perdre sa femme, qui mourut
au Paiâig-Royal, le 8 août 1726, des suites de
couches de son second enfant. Une mort si pré-
maturée, si imprévue, jointe aux réflexions que
lui avait in^^pirées la mort, plus soudaine en-
core, du régent, son père, kii fit dès lors sentir
toute la vanité des grandeurs humaines; et, pre-
nant la résolution de renoncer aux plaisirs da
monde, il ne parut plus à la cour 4|ue lorsque
son devoir ou ses fonctions Ty appelaient Le
29 décembre 1730, il se démit de sa charge
de colonel général de l'infanterie, el, poursuivre
le nouveau plan de vie qu'il se proposait, il prit
un logement à Tabbaye de Sainte- Geneviève, od
il se fixa défi uitivement en 1742, n'allant pins
au Palais-Royal que |K>ur assister à son conseil,
aux séances duquel il manquait rarement. De-
puis sa conversion ( c'est ainsi qu'il appelait son
ehangement de vie ), il ne voulut plus partager
son temps qu'entre les devoirs particuliers de
son rang , les exercices de piété , l'étude des
sciences naturelles et la culture des lettres. Q
laissa l'administration de ses affaires à la du-
chesse douairière d'Orléans, sa mère, et se ré^
serva sur ses revenus une somme de dix-huit
cent mille francs, dont il consacra la majeure
partie à des œuvres de bienfaisance et de piété.
Pratiquant les austérités les plus mortifiantes,
il ne couchait que sur use simple paillasse, se
levait à quatre heures du matin, donnait plu-
sieurs heures à la méditation, ne buvait que de
l'eau, jeûnait rigoureusement, se privait pres-
que toujours de feu, même pendant les hivers
les plus rudes, et aimait k être confondu dans
les églises avec les hommes du peuple, dont
ses habits, extrêmement simples et négligés, ne
le distinguaient pas. Quel contraste avec la vie
de son père et celle de ses sœurs I Ses charités
envers les pauvres étaient immenses, et peu
content de leur donner audience presque tous
les jours, il les allait souvent chercher jusque
dauF les greniers, suivi d'un seul domestique. Il
étendit ses aumônes dans la Silésie, dans les
Indes, dans l'Amérique et jusqu'aux extrémités
ORLÉANS
823
du monde par les seooura qu'il donna aux mis- i
sions étrangères. Marier des filles, doter des |
religieuses^ procurer une éducation à des en- <
fants, leur faire apprendre des métiers, fonder ;
des collèges» des maisons pour les orphelins, \
des refuges pour les vieillards, répandre ses
bienfaits sur les pauvres, fournir aax hommes
habiles les moyens de perfectionner la méde-
cine, l'agriculture, les arts, les manufactures,
Yoilà les œuvres qui remplirent tous les ins-
tants de la vie du duc d*Oriéans , jusqu'à sa
mort; ce qui faisait dire à la reine « que
c'était un bienheureux qui laisserait après lui
beaucoup de malheureux ». Ce prince cultiva
toutes les sciences : l'hébreu, le grec, l'histoire,
les Pères de l'Église, la géographie, la phy-
sique, et s'occupa même de peinture. 11 avait
toujours près de lui des savants, qui trouvaient
dans sa générosité les moyens de tenter d'u-
tiles expériences ou de continuer celles quils
avaient commencées. Ce prince avait toujours
eu de la bizarrerie d^esprit et un caractère un
peu sauvage. Ces'dispositions naturelles accrues
par son austérité finirent par afTaiblir ses fa-
cultés inteJlectueUes. Il légua aux Domini-
cains de Paris sa riche bibliothèque , son mé-
daillier à l'abbaye de Sainte-Geneviève,' et au
naturaliste Gnettard, qu'il s'était attaché en
1748, son cabinet d'histoire naturelle. On a du
duc d'Orléans un grand nombre d'ouvrages, que,
par modestie, il> ne voulut jamais faire impri-
mer. Les principaux sont des Traductions lit-
térales, des Paraphrases et des Commen-
taires sur une partie de l'Ancien Testament ;
— une Traduction littérale des Psaumes,
faite sur l'hébreu, avec une paraphrase et des
notes. On y trouve un grand nombre de Dis-
sertations curieuses et pleines d'érudition,
dans Tune desquelles il prouve clairement que
les notes grecques sur les psAuroes insérées
dans le recueil du P. Balt. Corder, intitulé :
Expositio Patrum grxcorum in psalmos , et
qui portent le nom de Théodore d'HéracIée,
sont de Théodore de Mopsueste. C'est là une
découverte que le duc d'Orléans a faite le pre-
mier; — plusieurs pissertations contre les
Juifs pour servir de réfutation au fameux Uvre
hébreu, intitulé : Kisouch emouna , c'est-à-
dire bouclier de la foi; — une Traduction
littérale des Épttres de samt Paul, faite sur le
grec, avec une paraphrase, des notes et des ré-
fiexions de piété; — un Traité contre les
spectacles; — une réfutation solide du livre
des Hexaples. C'est dans cet ouvrage que le
duc d'Orléans donne des preuves bien précises
de son attachement à la doctrine de l'Église ;
toutefois, au moment de sa mort, l'abbé Bouet-
tin, curé de Samt-Étienne-du-Mont, lui refusa
la communion, sous le prétexte de quelques
opinions suspectes de jansénisme que le prince
ne voulut point rétracter; Le duc supporta cet
affront avec une patience et une résignation
8U
toute chrétiennes ; et après avoir dflmandé que
l'on nlnquiétftt point le curé à cause de ce re-
fus, il se fit administrer les derniers sacrement»
par son propre aumônier. On trouve dans les
Œuvres de J.-J. Rousseau une Oraison/unèbre
de ce prince. Le philosophe de Genève la com>
posa à .la prière de madame Dupin, et Pabbé
d*Arty , neveu de cette dame, pour lequel, a
1749, Voltaire avait aussi composé un Pané-
gyrique de saint Louis^ qu'il débita comme
étant de lui devant l'Académie française, devait
prononcer cette Oraison funèbre^ ce qui n'est
pas lieu. H. Fisqvet.
Norérl. Dkt. hUtorique. - L.-B. Néel, Hist. àt
Loultt due d'OrléanSt fiU du régent, ». I. n. d. ( ParU^
nis, In-is }. ^ Ucretelle, Hist. du dtxkuiUèwe tMdf.
t. IH, p. 194. — Acbalntre, tÊiaU 4e lu maUmt ropate. de
Bourbon, — La Cbeuiaye des Bols, Diet, de la Kfobleiv.
ORLEANS {Louise- Elisabeth n'), reine d'Es-
pagne, quatrième fille du régent, connue d'abord
sous le nom de mademoiselle de Montpensier,
née à Versailles^ le 1 1 décembre 1709, morte à Pa-
ris, le 16 juin 1742. Par contrat signé à Paris, k
16 novembre 1721, elle fut accordée à l'infant don
Louis, prince des Asturies, qu^elle épousa à Lerma,
le 20 janvier 1722, en présence du caustique due
de Saint-Simon» ndmmé à cet effet amt>as5adeiir
de France en Espagne. Elle n'avait ni la beauté
ni l'esprit de ses sœurs; son éducation avait été
extrêmement négligée, ou plutôt, elle n'avait
pas même reçu les premières notions de la lao-
gue française. Si du moins par les charmes de
sa vie intérieure elle avait subjugué l'âme de
son époux, elle se serait fait pardonner sestorU;
mais elle ne parut jamais avoir aucune idée dt
ses devoirs et de ses intérêts. Nul soin, nolk
complaisance, nulle délicatesse ; ses goAts, ses
appétits, ses manières portaient une teinte de
crapule populaire ; elle se laissait aller à ne
porter ni bas ni jupes, habitude que favorisa k
chaleur du climat d'Espagne; souvent uitaie
elle se montrait complètement dépouillée aox
yeux de ses femmes. Reine d'Espagne (i s jan-
vier 1724 ) par l'avènement au trftne de son
époux, sous le nom de Louis I", après l'abdi-
cation volontaire de son père Philippe v, die
devint veuve le 31 août de cette même année,
et tennina dans sa seizième année le rêve
incohérent de sa royauté. Demandant alo»
à sa mère , la duchesse d'Orléans , à refcnir
en France, elle perdit ainsi la pension de six
cent mille livres qu'elle recevait comme reine
douairière , et que depuis son départ de Ma-
drid l'Espagne refusa de lui payer. Il ne loi
resta donc que l'ennui d'une dignité sans pou-
voir. De retour en France, elle habita succes-
sivement Vincennes, le palais du Luxembourg,
vécut très-retirée, dans une extrême dévotion,
et mourut à peine âgée de trente^eux ans,
sans axoir été' ni aimée ni heureuse. On Ha-
humadans l'église de Saint-Sulpice. Sa réputa-
tion équivoque fut plutôt la peine d'une enfance
mal dirigée que de vices réels. H. F— t.
825
Salnl-Slmon, Mémûires. t, XII. - Rauft, Hist. du
régné de Lwl* d^Espagw. - Roaeuw«Salnt-Hllaire,
HUt. d^Espagne. — LeiDODtéy, nevuê rétrapeetive,
1«» octobre, décembre 1888, p. toi. - Achalntrc, HisU
de la maison royale é^ Bourbon.
ORLÉASis (Jean- Philippe, chevalier d'),
fils naturel du régent, né en 170?, à Paris, mort
le 16 juin 174S, dans cette ville. Sa mère, M"« de
Serri, depuis comtesse d'Argenton, était demoi-
selle d'honneur de la princesse palatine. Légi-
timé en 1706, il fut pourvu en 1716 de la charge
de général des galères et en 1719 de celle de
jçrand-pricur, sur la démission du chevalier de
Vendôme; il fit ses vœnx à Malte, dans la même
année. L'abbaye d'Hautvilliers, dans le diocèse
de Reims, lui fut donnée en 1721.
Le régent eut un antre fils nature), Charles
DE SàWT-ALBiN, non légitimé, mais reconnu.
yé le 5 avril 1698, et destiné à l'étet ecclésias-
tique, il devint successivement abbé de Saint-
Ouen (1716), prieur de Saint-Martin-des^Champs,
abbé de Saint-Kvroul , et fut, le 3 octobre 1721,
nommé à Vévéché de Laon. Le 17 octobre 1723,
il succéda au cardinal Dubois en qualité d'arche-
Téqne de Cambrai, et mourut à Paris , le 9 mai
1764.
Uorért , Grand DietUmnalre hUtorique { éd. 1789).
ORLÉANS (Louiê'Philippe, duc n'), fil»
du duc Louis, né à Paris, le 12 mal 1725, mort
le 18 novembre 1785. Il reçut en naissant le titre
de due de Chartre$, qu'il quitta à la mort de
son père. Il obtint du roi Louis XY un régi-
ment d*infanterie, qui porta son nom, et fit ses
premières armes en 1742, sous le maréchal de
Noailles. Il se distingua par une grande valeur,
et devint successivement maréchal de camp et
lieutenant général. H fit les différentes campagnes
de 1742 à 1757, assista aux sièges de plusieurs
villes de Flandre et aux batailles de Dettingen,
l^ontenoi , Raucoux, Lawfeld et Hastenbeck. Le
duc succéda à son père dans le gouvernement
du Dauphiné, et passa les dernières années de
sa vie dans sa délicieuse résidence de Bagnolet.
Il s'y entoura d'artistes et dliommes de lettres,
fit construire un théfttre dont Collé composait
les pièces, et sur leqnel le prince ne dédaignait
pas de paraître lui-roéme. Jouer la comédie était
chez lui une véritable passion , et si dans ses
plaisirs la décence n'était pas toujours assez res-
pectée, du moins l'intelligence y avait plus de part
que dans les amusements de la plupiart des sei-
gneurs du même temps. Il t^t d'ailleurs un gé-
néreux protecteur des lettres, et sa charité était
telle qu'il donnait cliaque année plus de deux
cent cinquante mille francs aux indigents. Vers
la fin du règne de Louis XV, on s'efforça de
mettre le duc d'Orléans à la tète de l'opposi-
tion que la noblesse faisait au chancelier Man-
peou ; mais il aimait trop le monarque et sa propre
tranquillité pour devenir un chef de parti : il ne
tarda pas à se réconcilier avec la cour. Il avait
épousé, le 16 décembre 1743, Louise-Henriette
de Bourbon-Conti, morte le 9 février 1769. Cette
ORLÉANS 826
union ne fut pas heureuse; cependant il en na-
quit deux enfants , Louis- Philippe- Joseph ( dont
l'article suit) et Louise- Marie-Thérèse - Ba-
thilde (l). Leur père les fit inoculer pàrTronchin,
et cet exemple assura en France le succès de
cette importante découverte. Le duc d'Orléans
se remaria secrètement ( 23^ avril 1773 ) avec
Charlotte-Jeanne Beraod de La Haie de Riou,
veuve du marquis de Montesson, lieutenant gé-
néral, et femme de beaucoup d'esprit (2). Ce
second mariage fut stérile.
Journal hUtoHque du règne de Loful» XV (Parlf,
1766). — Abbés Boorlet de Vauxelles, Paachet et Maary,
ÇhakMxmfunébrtt de Louiê-PhiUppe, due d'Orléans, -
Gtimm, Correspondance, i778i»l781. — M"* de QenUs,
Mémoires. — Collé, Journal, - Dnc de Uvia, Souve-
nAn ei PortraUs,
oniAkM (touiS'PhUippe-Joseph, due o'),
surnommé Égalité, fils du précédent, né à
Saint-Cloud, le 13 avril 1747, guillotiné à Paris,
le 16 brumaire an ii ( 6 novembre 1793 ). Il
reçut en* naissant le titre de duc de Montpen-
sier^ qu'il porta jusqu'au 4 février 1762, où il
prit celui de duc de Chartres^ à la mort de
son aieul. Il fut élevé avec beaucoup de soins
par le comte de Pons-Saii^Maurice, et de bonne
heure il manifesta un penchant prononcé pour
tout ce qui était nouveau : ce penchant décida
de sa vie. Il tenait de son aieul le régent un
goût irrésistible pour le plaisir, et de son père
un grand laisser-aller dans ses habitudes. II
épousa, le 5 avril 1769, Louise-Marie-Adélaïde
de Bourbon, fille du duc de Penthièvre ; ce joor-
là même il scandalisa la cour par son étour-
derie (3). On le vit bientôt se faire initier à la
franc-maçonnerie, emprunter à l'Angleterre ses
jockeys, ses courses de chevaux, ses modes, et
à l'Amérique ses théories d'émancipation univer-
selle. Amoureux, outre mesure de popularité, il
manifesta en janvier 1771 son esprit d'indépen-
dance en s'opposant au coup d'État du chance-
lier Maupeou contre les parlements, et refusa
de siéger dans la nouvelle compagnie formée
par le ministre. Cette opposition le fit exiler mo-
mentanément dans ses terres. Aussitôt après son
avènement, Louis XVI s'empressa de rétablir les
pariements : les princes et les pairs y reprirent
leurs places. Le duc de Chartres revint à la
cour, et tout parut calmé. Lorsque la gperre
éclata entre la France et l'Angleterre, il solli-
cita vainement la survivance de la charge de
grand-amiral de France occupée par le duc de
Penthièvre, son beau-père; mais la cour adoucit
ce refus en lui créant un commandement d'bon-
(1) Cette prtocctse, née à SalDt-aoud, le 9 Joiilet ITSO,
épouM en ino le duc de Bourbon ( voff. Coudb et Bn-
OBiur ). Elle mourut subitement A Paris le 10 janirter
18», au milieu d'une procession qui se faisait à Salnte-
GencTlëTe.
J^) Née en .1787, morte le 6 lérrier 1806.
(8) Il ne s'était pas pUcé au côté de l'autel où 11 derslt
être : on en lui fit l'observation ; anssllôt il sauU légère-
ment par-dessus la queue de la robe de la mariée pour se
mettre de Tautre côlé ; les vieux conrllxans mun&arè-
reot contre cet attenut ftux lois de Tétlquette.
827
ORLÉANS
828
neur sur la flotte du comte d'Orrilliers. Au
combat d'Ouessant (27 juillet 1778), il com-
mandait l'arrière-garde ( escadre bleue ) , soqs
la 8ur?eillaoce du brave contre-amiral Lamotte-
Picquet, qni montait avec lui le vaisseau le
Saint-Esprit. La conduite du prince dans cette
occasion donna liev aux versions les plus contra-
dictoires, À joger par les documents qni noas en
restent. Voici les termes dans lesquels le mi-
nistre de la marine écrivit au duc de Pentbièvre :
n M. d'Orviliiers a donné les preuves de la plus
grande habileté; M. le duc de Chart]*es d'un
courage froid et tranquille et d'une présence
d'esprit étonnante. Sept gros vaisseaux, dont un
À trois ponts, ont successivement combattu celui
de M. le duc de Chartres, qui a répondu avec
Ja plus grande Tigaeur , quoique privé de sa bat-
terie basse; un vaisseau de notre armée à dé-
gagé le Saint-Esprit dans le moment le plus
vif, et a essuyé on feu si terrible qu'il a été ab-
solument désemparé, etc. » Mal^ ce témoi-
gnage officiel, les suites de ce combat , où la vic-
toire resta sans résultat par une fausse manoravie,
furent imputées, par des personnes tenant à la
cour, ik la lâcheté du doc de Chartres, qni , pré-
tendait-on, se serait, duraot l'actioa, caché à
fond de cale et aurait ensuite arrêté la poursuite
de l'ennemi. On oubliait que le jeune prince,
n'exerçait qu'un commandement fictif, sans res*
ponsabiiité, et que sa conduite particnfière n'eût
gêné en rien l'action de son collègue Lamotte-Pic-
quet, si les fautes de d'Orvilliers n'étaient venues
paralyser la victoire. Le roi partagea cette opi*
Bion, car il aeoepta la démission de d'OrvilKers,
et laissa an duc de Chartres la désignation des
officiers et des marins des trois escadres qoi
avaient mérité des récompenses. La flotte étant
rentrée à Brest, le duc vint à Paris (2 aoÉt ),
et f«t reçn avec un enthousiasme si général et si
bruyant que la cour en fut émue. Peu après il re-
tourna à son bord, et fit une croisière vers les Sor-
Kngues. Ses ennemis mirent à profit son absence
pour répandre dans le public des libelles diffama*
totres. Us cherchèrent anssi à indisposer le duc
de Pentbièvre contre son gendre, en lui persua-
dant que le duc de Chartres voulait fe supplanter
dans sa charge, dont il désimit seulement la sur-
vivance ; en sorte que lorsque le prince revint
de sa croisière, il trouva le public refroidi, son
beau-père aigri, et ia conr résolue à lui refuser
la survivance qu'il sollicitait. Quoique froissé
par cette injustice, il voulut continuer à servir
sur mer; mais ia reine se chargea de lui inti-
mer l'ordre formel de quitter le service mari-
time (1). 11 dut se contenter de la charge de oo-
t\) Volot le texte de «a lettre : « Le tojDtlIet \jt roi est
Infornié et mécontent, Moosleor, de la disposition où
TOUK êtn de vous Joindre à son armée. Le refus coastairt
qu il a cru devoir Mire aux instances les plus vives, ée
ce qui le touche de plus près, les suites qu'aura votre
eirmple, ne me latespol que trop voir qu'il n'admettra
ni excuse ni Indulgence La peine que J>n al m'a déter-
minée à accepter la commission de vous faire conaatire
lonel général des hussards, que le roi ctéa pnur
lui, par une prétendue fiivenr, qui fut ooiisîclefef
comme une sanglante ironie» Depuis lors (1779)
le prince s'éloigna de plus en plus de la cour, quoi-
que l'irrésolution de son caractère ait lon^tanps
retardé une rupture ouverte. Mais de cetle^wqne
date son opposition systématique, qoi devint
bientôt le centre et le point de ralliement de tous
les mécontents. Le roi le traitait sévèremeot mais
sans prévention. Le comte d'Artois le prenait
pour compagnon assidu de ses plaisirs. « Ln reine,
dit Lamartine , qui aimait le comte d'Artois ,
craignait pour son beau -frère la conta^on àt&
désordres et des aoraors du duc d'Orléans. Elle
redoutait à la fois dans ce jeune prince le favori
du peuple de Paris et le corrupteur du comte
d'Artois. Elle fit acheter au roi le château et
Sain t-Cloud, séjour préféré du duc d'Orléans, et
qu'il ne céda qu'avec beaucoup de regrets. D lo-
fâmes insinuations contre les mœurs da doc
transpiraient sans cesse des demi-confidences
des courtisans. On l'accusa d'dvoir fait empoi-
sonner par des prostituées le sang du prince de
Lamballe, son beau-frère, et de l'avoir énervé de
débauches pour hériter seul de l'immense apaoape
de la maison de Penthièvre. Ce crime n'était
que le crime de la haine qui l'inventait. » IUi>
la reine y croyait et en ledoutait un pareil contre
le comte d'Artois (!)• Repoussé de la cour, le dor
d'Orléans s'aigrit jusqu'à la liaine, et, changpaat
dénature, il ne craignit pas d'engager ce territile
duel qui pour tous les combattants se termina
sur l'éohafaud.
Dans la première assemblée des notables, il
fut l'un des chefs de Topposition, plus par Tia-
fluence de son rang que par celle de sa capa-
cité et de sa considération personnelles; car ses
ennemis avaient habilement profité des dérè-
glements de sa vie privée pour jeter de la delà-
veur sur sa conduite politique. Le 19 novembit
i787p le roi étant venu au parlement présoiter
deux édits portant la création d'un droit de
timbre et d'un emprunt graduel de 440 militons,
le duc d'Orléans seioa hardiment, ets'adressant
ses lotenRoos, <fal «ont trèa- positivée. Il a pnaé fiiVa
vous épargnant la forme sévère d'an ordre, tl diarinoe-
ralt le cbagrln de sa contradiction, sans retarder votre
loamtsslon. Le temps prouvera que Je n'ai oaosaltéqoc
fOtre propre intérêt, et qu'en cette oecaaloo, coagae ea
loateMti«,Je chorcberal toqjonrs, Momlev. à voas
prouver mon sincère attachement. HABU^Azrn»-
HETTE » {Cûrretpcndanet de UmU^PhU^pe'^meph
itOrtéan»^ pabltée pac L-C-n. *, Parla. Lerouie,l9W.
pu. 1( et IS de l'Introduetton ). Queli|«e aola qne prit
Marle-Antotnrtte de paraître favorable au duc de Char-
tres, relal-cl n'Ignorait pas qne la résolatioa du roi no-
tait que le résultat de llalBitié personarlle ^.ta reine,
et dés lors U lui voua une iialne implacable.
(li À cette époque le duc d'Ork^aoa, occupé de répanr O
fortune obérée.contruisll les galeries du Palais-Royal, c'est*
a-d1re qiill changea tes beaux )srdinfS «e son palais eo ou
e^èee de baiaf,qQl dcvlai le loraai de t'olslvclé, do les*
et des débauches. Cette opération rapporta des sommes
immenses i son propriétaire; mah la cour fut on «eabb
indignée d'une telle spéculation. Louhi XVI alla Jnsqn*»
dire :« Maintenant, duc, que vous tenecdea bootU;pMS,oo
ne vous verra plus que le dimanche f a
829
ORLÉANS
830
au monarque, lai demanda si la séance était un
lit de justice ou une délibération libre. « C'est
une séance royale n, répondit Louis XVI. « S'il
en est «insi , dit le due, je proteste contre cette
mesure; je déclare que le droit de Toter des
impôts n'appartient qu'aux états généraux. En
tous cas, pour la décharge des membres qui sont
censés participer à l'enregistrement des nou-
Teaux édits, je demande qu'on ajoute ces mots :
Par commandement expriès du roi 1 v> Les con-
seillers Freteao de Saint-Just, Sabaticr de Cabre,
d'Eprémesnîl appuyèrent cette motion. L'enre-
gistrement fut aussttdt forcé. Fretean et Sabatier
furent exilés aux lies d'Hyère» et le duc d'Orléans
à Yillers-Cotcrèts. Cette disgrftce ne fit qu'ac-
croître sa popularité, n s'ennuya bientôt de
n'avoir d'autre passe-temps que la diasse à
courre (1), et, dit M. Thiers , « dépourvu à fe
fois de la dignité d^Bl prince et de la fermeté
d'un tribun, il ne sut pas supporter une peine
aussi légère, et pour obtenir son rappel 11 des-
cendit jusqu'aux sollicitations, même envers la
reine, son ennemie personnelle. » Il reparut dans
la capitale le 23 mars 17 S8 (2), et un mois plus
tard à la cour.
Dans la deuxième assemblée des notables, le
doc présida le troisième bureau, et combattit
avec véhémence les projets ministériels. Bientôt
après les états généraux furent convoqués. Il
brigua le mandat de député. Élu par la no-
blesse à Paris, à Crespy, à Villers-Coterèts, Il
choisit Crespy parce que les cahiers de ce bail-
liage demandaient le plus de réformes. Déjà son
nom était devenu un espèce de signe de rallie-
ment pour les partisans des innovations. On
commençait à parler du parti d*Orléant , et ce
prince, flatté d'un avenir confus , laissait agir
ses nombreux clients ; lui-même secondait leurs
manoeavres. A la procession solennelle qui eut
lieu à Versailles, la veille de l'ouverture des
états (4 mai 1789), l'on remarqua l'afTectatioB
avec laquelle le prince se confondait dans les
rangs des députés du tiers. La foule le salua « de
cris si furieux, rapporte M«e de Caropan, qu'il
Cillut soutenir ia reine prête ii s'évaiottir de co-
lère et de douleur u. Dès les premières séan-
ces le duc se prononça éneiigiqueroent contre la
majorité de Rassemblée et pour la réunion des
ordres. Le 25 juin il vint avec quarante-six au-
(1*1 II ne dniMit plus à tir depnts <|a*lt v?a1t en le
DMlbeor d« blnser nn de m g est d^n coup de foetl.
(Si l.e parlement i'étilt emprené de rMimer m li-
berté et oeHe des deui coaselUcri Frcteau et Sabatier.
De son côté la reine tint bon, et le roi repoussa cette
demande ; alors le parlement aéreMa au roi des remofl>
tranccs où U lai fit obtrrver n qu'il n'avait p.-)s le droit
de punir, puiitqu'tl n'avatt pas le droit de juger; qu'il
n'avait que le pina b«am droit de tous, celui de faire
grâce; quM fallait par conséquent accorder des Juges
aux membres de la cour qui m trouvaient frappés par
une slmole condamnation mloUtérlelle m. Le gouverne-
rarnt, ne voulant paa avoir Talr de faiblir, nalnUni les
mesures de rigueur qu'il avutt prlaes« et le rappel du duc
d'Orléans fut différé.
très membres de la noblesse se réunir au tiers (1),
devenu Assemblée nationale. Le 3 juillet l'As-
semblée , procédant à sa constitution définitive,
le nomma son président. H rrfujw cet lion-
neor. Le 1*2 juillet, le peuple, exaspéré par le
renvoi de Necker, s*empara du buste de ce mi-
nistre, et le promena dans Paris avec celui du
duc d'Orléans. Ce ftit du jardin du Pala^^-Royal
que partirent deux jours après les colonnes qui
allaient pt^endre la Bastille. Dans un grand
nombre de groupes on désignait l^otement lo
duc comme lieutenant général <hi royaume, avec
Necker pour premier ministre. En cet iùstant
cette combinaison avait de grandes chances de
succès; mais soit défaut d'audace, soit défont
d'ambition, le duc d'Orléans ne prit jamais l'atti-
tude du rdie que l'opinion loi assignait. Il agis>
sait assez pour se compromettre, pas assez pour
réussir; et si ses partisans avaient en effet des
projets, il dot les désespérer plus d'une fois par
ses hésitations. Il ne parut pas alors pousser
les choses au delà de la conquête d'une consti-
tution pour son pays et le titre de grand ci-
toyen pour lui-même. U continua à siéger à l'ex-
trême gauche, prenant rarement la parole. Cest
de cette époque que quelques écrivains ont foit
dater la prétendue alliance entre Mirabeau et
le duc d'Orléans. « Elle n'exista jamais, dit
M. Thiers. On a pu y croire parce que Mirabeau
traitait familièrement avec le duc et que tous
deux, étant supposés avoir une grande ambi-
tion, l'on comme prince, l'autre comme tribun»
paraissaient devoir s'allier. La détresse de Mi-
rabean et la fortune du duc d'Orléans semblaient
aussi nn motif d'alliance. Néanmoins Mirabeau
resta pauvre jusqu'à ses liaisons avec la cour. »
Suivant M. de Lamartine « Mirabeau, qui cher-
chait un prétendant pour personnifier la révolte»
avait eu des entrevues avec le duc d'Orléans;
il avait t&té son ambition pour juger si elle irait
jusqu'au trône. U s'était retiré mécontent; il
avait trahi sa déception par des mots injurieux.)»
U appelait les scrupules du prince la lâcheté
d'un ambitieux. Ce qui put faire croire sur-
tout que Mirabeau défendait les intérêts du duc,
c'est l'insistance qu'il apporta, le 21 septembre,
lors de la question de régence, pour faire dé-
clarer que la régence ne pourrait appartenir qu'à
un prince français (2). Ce ne fut qu'une ma-
(!) Suivant Ferrléres, il avait la veille promis le con-
traire am FoHgnae. En loua cas cette dcfflarcbe exaspéra
teUemeolla «onr qne d'après dea Indlsa-étlons du baron
de Breteoll, Inl-méme , t 11 fut alors quesUen dans les
conclUabules de la liante ar1<«tocralie de se débarrasser
du prince patriote et de bnll ou dis membres des plus
teOuenta de raasemblée. La faveur pnbttqœ pour le
duc était telle que l'on pot craindre un instant que k»
états généraux de Versailles ne se terminassent romnie
ceox de Blols par un aa«asslnat on par une usurpation p.
|i) t«es frères do roi ne pouvaient être totennde leur
neveu, dont ils étalent hcrliiers, et la maison d'Espagne
se trouvait au même degré de parentr que celle d'Or-
léans. Malgré les efforts de Mirabeau, qui accusait ses
advetsaircs de vouloir amener en France une doailaa-
^ tlon étrangère, l'assemblée passa ù l'ordre du Jour.
«31
ORLÉANS
833
nœuYre de Mirabeau ponr apprécier la force des
différenU partis» ce qu'il appelait « la géogra-
phie de TAasemblée »•
Si le duc d^Orléaus compta quelque tempe de
nombreux partisans dans les couches inférieures
du peuple , en n»vanche une grande partie de la
bourgeoisie lui était hostile et s'était faite Tauxi-
liaire de la cour. £flaroochée d*abord par les
écarts de jeunesse du prince, maintenant elle
l'accusait de causer tous les malheurs qui affli-
geaient la capitale : sa bienfaisance même lui
était imputée à crime. On l'accusait d'avoir, en
1787, accaparé les grains et de les avoir fait en-
suite distribuer gratuitement aux Yictimes de
cette famine factice pour gagner leurs suffrages.
Dans le même but, pendant l'hiver de 1 788 à
1 789, il aurait fait allumer des feux publics, servir
des tables banales et distribuer des sommes
considérables aux pauvres. C'était encore lui qui
soudoyait (cette accusation était plus fondée)
les libellistes qui attaquaient le roi , la reine,
la noblesse, le clergé, les privilèges, les maî-
trises, etc., etc. C'était lui qui avait exdté l'insur*
rection du faubourg Saint- Antoine les 27 et 28 avril
1789, causé le pillage et l'incendie delà fabrique
de papiers des Réveillon frères ; c'était lui qui,
devançant Camille Desmoulins, le 13 juillet, avait
le premier crié aux armes ! dans le Palais*Royal.
Ce fut surtout après les déplorables journées
des ô et 6 octobre que les accusations 8*élevèrent
si violentes que La Fayette crut devoir s'en faire
l'écho. Il exigea du roi l'éloignement du duc, et
dans un rendez-vous qu'il eut avec le prince
chez la marquise de Coigny , il l'intimida par sa
fermeté et le décida à partir pour Londres avec
une mission fictive. La contrainte exercée par
La Fayette envers le duc d'Orléans indisposa le
parti populaire et surtout les amis'du prince, qui
s'irritèrent de sa faiblesse et invitèrent Mirabeau
à dénoncer cet actearbitraire à la tribone.Mirabeau
y cons^tit; mais une nouvelle sommation de
La Fayette décida le départ du prince (14 octobre
1789). En apprenant cette nouvelle, Mirabeau s'é-
cria, faisant allusion au zèle inutile des amis du
duc : M Ce j«.. f..... ne mérite pas la peine qu'on
se donne pour lui ! » Il ajouta : « Tout le monde est
de son parti, excepté lui-même !.. » Aussitôt son
départ, le Châtelet , obéissant aux ordres de la
cour, commença une procédure destinée à faire
peser sur d'Orléans et sur Mirabeau la respon-
sabilité des événements d'octobre. Le prince re-
vint à Paris sans ordre, le 7 juillet 1790, et pro-
nonça le 11 à l'Assemblée nationale un discours
apologétique de sa conduite, qui fut écouté avec
favear. Peu de temps après le (7 août), le Châtelet
rendit compte de l'instruction dirigée contre Mi-
rabeau et d'Oriéans, et conclut à leur mise en
accusation. On prétendait les avoir vus mêlés
aux insurgés et les excitant à forcer le chAteau.
Le duc était prévenu d'avoir eu le projet de faire
interdire Louis XVI, de mettre en jugement la
reine, de se faire nommer lieutenant général du
royaume, etc. Mirabeau se défendit en renvoyant
l'accusation à ses accusateurs. Il dit peu de inot^
sur le duc, et s'écria en finissant: « Oui, Le secret
de cette infernale procédure est suspendu b. D'Or-
léans prouva par de nombreux et irrécosabie-^
témoignages que du 3 au 6 octobre il n'avait pas
quitté son château de Monceaux. « Un assassinat,
ajoutait-il , en tuant le roi ou la reine, laissait
vivre la monarchie, les lois du royaume et les
princes héritiers du trône. Je ne pouvais y mon-
ter que sur cinq cadavres placés entre mon am-
bition et lui. Ces échelons de crime ne m'aoraieut
conduit qu'à l'exécration de la nation et aoraiot
hissé même les assassins. » L'assemblée, sur le
rapport de Chabroud, décida (û. octobre) qu'il
n'y avait pas lieu à suivre.
Après la fuite de Louis XVI, en juin 1791,
le trOne était vacant de fait et de droit (1). La
couronne semblait aux pieds du duc; il ne
voulut pas la ramasser. Il demeura dans Fes-
pectative. Cependant, on lui attribua la fa-
meuse pétition qui déclarait le roi déchu comme
perfide et traître à ses serments. Cette pétitfoo ,
rédigée aux Jacobins et signée au Champ de
Mars (juillet 1791), était, a-t-on dit, l'œuvre de
Laclos, secrétaire du prince, et de Brissot, pro-
tégé de Mm« de Genlis, qui faisait l'éducatioB
des fils du prince. Le sang versé à cette occastoo
fut «donc imputé à d'Orléans* Le mois suivant,
lorsqu'à la révision de la constitution , il fut dé-
cidé que les princes français ne pourraient éfre
élus à des fonctions par les suflVâges do peuple,
d'Orléans fit connaître par une déclaration pu-
blique qu'il renonçait aux prérogatives attribuées
à son rang de prince et particulièrement au droit
de la régencei Dans ce moment, on peu après,
il y eut un rapprochement qui semblait sincère
entre le roi et le duc. Le mmistre de la marine
Thévenard l'avait ménagé en comprenant le duc
d*Orléans comme un des vice-amiraux dans le
travail de réorganisation de l'état-major de b
flotte. Bertrand de Molleville^ qui remplaça Thé-
venard , présenta la signature à Louis XVI. Le
duc se montra très-reconnaissant de cette fa-
veur, et sentant d'ailleurs combien i\ était dé-
placé dans le parti populaire, il eut, par rinterroé-
diafre de Bertrand de Molleville, un entretien
secret du roi, et tous deux se séparèrent satis-
faits l'un de l'antre (3). Le dimanche suivant
( janvier 1792 ) , le nouvel amiral se présenta
pour faire sa cour au roi. Le couvert de la
reine était mis, et tous les courtîMns s'y trou-
vaient en grand nombre. A peine l'eut-on aperçu,
que les mots les plus outrageants furent pro-
férés. « Prenez-garde aux plats » , s'écriait-on
de toutes parts, comme si l'on eût redouté quil
(1) L'assemblée avaU prononcé U anspenaloa dn
narque Jusqu'à la reeonsUtuUon da pouvoir royal.
(t) • Je croU comme vous, me dit le roi lont aUendrI,
que le duc d'Orléans revient de bonne fol , et qu'il /«ra
tout ce qat dépendra de lot pour réparer le mal qu'il a
fait et auquel II est pouible oulln'aU pas autant de part
que noua l'avons cru. • ( Benrand de Molleville. iV#Bi. |
838
ORLEANS
8M
j jetât da poison. On le poussait, on lui inar>
chait sur led pieds , et on l'obligea de se retirer.
Eo descendant rescalier il reçut plusieurs cra-
chats sur la tète et sur ses habits. 11 sortit jus-
tement indigné et plus irrité que jamais, croyant
que le roi et la reine lui avaient préparé cette
scène humiliante. Le roi n*y était pour rien ; mais
il ne fit non plus rien pour en réparer l'eflet. La
reine arait la fareur légère et la haine impru-
dente ; elle fut secrètement flattée de l'approbation
de ses familiers, de l'aTilissement de son ennemi.
Dès lors le duc d'Orléans s'abandonna au tour-
billon révolutionnaire et se jeta dans le parti de
Danton, dont 11 devint le banquier. Après la clôture
de l'Assemblée constituante, il avait Ikit un
voyage sur les côtes de l'ouest, mafi il ne put
obtenir aucun commandement. 11 renouvela aes
instances ; le roi répondit avec mépris : « Qu'il
aille où il voudra ! » Le duc ae rendit à l'armée
du nord, où servaient déjà ses deux fils, Chartres
et Montpensier. 11 assista aux combats de Mé-
nin et de Courtray ; mais il fut bientôt rappelé
à Paris , la cour craignant qu'il ne se fit un
parti dans l'armée. Ce nouvel affront loi valut
d'être nommé député de Paris à la Convention
nationale (septeml>re 1792). Depuis l'abolition des
titres nobiliaires on ne l'appelait qu$ M. d'Or-
léans ^ ou le ftinet LouiS" Philippe- Joseph ;
il accepta ensuite le nom de Philippe Égalité que
lui conféra la commune de Paria ( l s septembre ).
Il continua à siéger à l'extrême gauche, mais ne
prit guère la parole que dans des questions pour
ainsi dire personnelles. C'est ainsi qu'en dé-
cembre il protesta contre la motion de Lanjni-
nais, Buzot, Louvet, qui proposaient le bannisse-
ment des Bourbons sans exception. Cette mesure,
dirigée contre lui et qui l'eût peut-être sanvé,
fut décrétée par acclamation , mais ajournée
podr lui seul par l'opposition de la MontagnCé
Le procès du roi s'ouvrit bientôt : Égalité, comme
l'a. dit Robespierre, était peut-être le seul membre
qui pût se récuser ; mais obligé de se rendre sup-
portable aux Jacobins ou de périr, il crut sauver
sa tête en faisant tomber celle de son parent.
A l'appel de son nom, il répondit : « Uniquement
occupé de mon devoir, convaincu que tous ceux
qni ont attenté ou attenteraient par la suite à la
souveraineté du peuple méritent la mort, je vote
pour la mort ! « Ce vote, dicté par la peur encore
pl'jtôt que par la vengeance, ne produisit pas
reiïet que l'auteur en attendait. 11 souleva chex
les uns le mépris, chez les autres l'indignation.
Le 6 avril la Convention ordonna que tous les
Diembres de la fanriille des Bourbons fussent
délenus pour servir d'otage à la république. Ar-
rêté le 7, U (ut transféré aussitôt à Marseille. Il
adi|ssa à la Convention plusieurs pétitions qui
res%ent sans résultat Miaen accusation par dé-
cret du 3 octobre avec environ quarante députés
du parti de la Gironde, au bout de six mois son
procès fut repris. Il fut ramené k Paris, enfermé
à la Conciergerie, puis traduit devant le tribunal
MOUV. BIOGR. QÈntU, — T. XXXVIII.
révolutionnaire. Accusé d'aroir aspiré à la
royauté et de relations avec Mirabeau et Dumon-
riez. Il se défendit avec autant d'adresse que de
sang- froid ; mais il était condamné d'avance. U
entendit son arrêt avec le plus grand calme , et
demanda à être exécuté le plus tôt possible. Le
même jour ( 6 novembre 1 793) , vers quatre heures
de relevée, il fut conduit au lieu de l'exécution
avec CoQStard , dépota compria comme lui dans
la mise en accusation des représentants giron-
dins, et les nommés Gondier, Labrousse et La-
roqne, condamnés les jours précédents. Passant
le long de la rue Saint-Honoré, il jeta un re-
gard sec sur son ancienne demeure, et répondit
aux huées de la populace par un geste de mé-
pris, en disant : « lia m'applaudissaient autre-
fois !... » n ne démentit pas un seul mstant son
dégoût des hommes et de la vie. Descendu de la
charrette et monté sur le plancher de la guillotine,
les valets du bourreau voulurent tirer ses bottes,
étroites et serrées à ses jambes. « Non, non, leur
dit-il, arec sang<froid, vous les tirerez plus ai-
sément après : dépêchons-nous! dépêchons-
nous!.. » Ce furent sex demièrea paroles.
Sa femme, LovUse-Marie-Adélalde bb Boua-
BOR-PENTBiÈvaB, née à Paris, le 13 mars 1753,
morte à Ivry-sur-Seioe, le 23 juin 1821, était la
fille du vertueux duc de Penthièvre et de Marie-
Thérèse-Félicité d'Esté. Mariée à seize ans, elle
se montra avec arantage à la cour, où elle ne
cessa de paraître que lorsque son époux fut
brouillé avec le roi et les princes* Cette princesse,
qui n'avait point quitté la France à l'époque la
plus désastreuse de la révolution, fut empri-
sonnée en 1793 au Luxembourg; elle atteignit
le 9 thermidor avant que l'on se fût occupé de
son sort, fut placée jusqu'au 12 septembre 1797
dans la maison de santé du docteur Beliiomme,
et déportée ensuite en Espagne. ï>k% la première
restauration, elle revmt à Paris, qu'elle ne quitta
pas pendant les Cent Jours, par suite d'un acci-
dent qui lui était survenu, et reçot même de
l'empereur une pension de trois cent mille francs.
L'exercice des verius chrétiennes, et particu-
lièrement de la charité, remplit aes derniers jours.
De son mariage, elle eut trois fils, Louis-Phi-
lippe, roi des Français en 1830, le duc de Mont-
pensier et le comte de Beaiiyolais, auxquels elle
avait survécu. A. os L.
MonUnr général, an. l7IS-t7M. — B¥imin du tri-
buTuU révoimtkmtuOrtf daiu PAM. parlmteiUaire de la
révoiution, t XXXI.— Ferrlèret, iHéwudre*. — Bouille,
Mém. — M"* Campan , Mém. — Bertrand de Molle-
villa. Mém. — Malouct, Foifogt et Contpiratiom de
devx tnconnms^ etc.; farts, ITM, id-S*. — Thlm. Out. de
la HévohÊtUm /nmçaUe. 1. 1 à IV. — A. de LamarUae«
hUt, dei Cénméimt, t. I * VII. ~ B. et A. de Ooa-
eoort, fie de Marie^JntoineiU, chap. II.
OBLiAMS ( Ferdinand - Philippe - Louis*
Charles- Henri , duc b' ) , prince royal français,
fils aîné du roi Louis-Philippe, né à Païenne,
le 3 septembre 1810, mort le 13 juillet 1842.
Son père, qui partageait l'exil des Bourbons,
appelé en ce moment par la junte de SéviUe an
27
83Ô
OaLbj\]SS
8^G
secoure; de la Câia]«gne , ne fut pas présent k
la Aaissance de son fUs aîné. Vers la fin d*aoûi
lSi4, quand ses parents rentrèrent en France,
)e duc de Chartres ( on lui donnait alors ca
titre, suivant Tusage de sa maison) n*avait
pas encore quatre ans, mais savait d^ notre
langue. « Que ferons-noas de ce garçon? » dit le
nM Louis XVIII, quand il lui fut présenté à Pa-
ris. — Vous en ferez un soldat comme papa, »
répondit Tenfant Cependant sa famiUe, fixée
définitivement sur le sol français, qu'elle avait
dû quitter encore une fois pendant les Cent
Jours, songeait à élever dignement rhéritier de
ton nom. Le père, au grand scandale de la cour,
aux vifs applaudissements du public, décida
qu'il entrerait au collège Henri IV (33 octobre
1819). Ce parti, conforme anx idées libérales
du doc d'Orléans et à son expérience person-
nelle de la vie, n'était pas abssoîument sans pré-
cédents, même dans les familles princières de
Tancienne monarchie; mais cette éducation d'un
prince au collège n'avait jamais été prise an sé-
rieux , comme elle le fut i)our le jeune duc de
Chartres. Travaux, plaisirs, punitions, récom-
penses, tout était commua entre lui et ses ca-
marades, et plus d'une liaison née en ces jours
d'égalité rapprocha plus tard la distance des
rangs. Bientôt son nom prit place parmi ceux
des élèves couronnés aux distributions du col-
lège ou du concours général, et les applaudisse-
ments de ses émules attestaient aux yenx de
tous que ces succès étaient loyalement et légiti-
mement acquis. Plus tard, il suivit les cours, et
subit avec distinction les examens difficiles de
l'École polytechnique. L*étude des langues vi-
vantes et les éléments de Ls stratégie complé-
tèient cette éducation, non point pédantesque ni
purement scientifique, mais substantielle et po-
sitive, ainsi qu'il convient à un prince. D'ail-
leurs il disait qu'il aimait mieux apprendre dans
le monde que dans les livres. Ilommé, le 30 sep-
tembre 1824, colonel du f régiment de hus-
sards (1), il se livra tout entier à la pratique da
commandement et à la théorie de Tart militaire.
En 1829, il aDa visiter avec son père l'Angleterre
et rÊcosse, accompagna ensuite son régiment à
Lunévîlle, puis à Joigny, où la révolution de juillet
1830 le trouva. Dès le 1*^ août il fit prendre
à ses soldats fe cocarde tricolore, les ramena
( le 3 ) à pans, et, devenu duc d'Orléans et prince
royal par l'élévation de Looîs-Pbilippe au trône,
il partit pour ioaugnrer dans les provinces les
couleurs nationales qne, le premier de Tarmée»
son régiment avait arborées anx yt^nx de la ca*
pitalc (2). Un an après, il commandait la pre-
(0 Les éUU de «erirtee offlirïelB da iirlnce que nous
avoM eut MM» les yeui, portent en tête It «mitloa sol-
?ante : 7* réfrltoeot éeiiosA«rds (c^alt ranclen naméro
àe ce reRiment),soaft-lteuleoant, octobre I8U.
(1) Ce fait, dont les particularités a-t-ll dit lal-méme,
deralent tronier place daaa sa biographie, pronvalt à la
fois « la bonne dtscfpilae dn corps et une conAaace dana
ton Jeune cbef, qui m'a Tlvement touché et qui porta le
mière brigade détachée à l'armée du non! , lors
de la première campagne de Belgique, qui ne
lut, comme on sait, qu^uoe promenade militaire.
Le 29 novembre 1831, lors de l'insurrection de
Lyon, il fut envoyé en mission extraordinaire
dans cette ville avec le maréchal Soult, et U
expliquait lui -mène la nature de celle missioo,
lorsqu'il disait dans un de ses discoucs : « Je
suis venu comme pacificateur... Les coupables
appartiennent à la justice, mais les mallieareux
sont de mon domaine. » De fortes sommes, en-
voyées depuis aux ouvriers lyonnais, à diverses
époques, prouvèrent que ce n'étaient point Ui de
vaines paroles. Lors de l'invasion do cholén
(mars 1832), il fit mieux que de cootritmer de
sa bourse au soulagenient de tant d'infortunes :
il paya de sa personne, et sa visite à l'bôtel-
Dieu, au moment où le fléau sévissait arec le
plus de force, fut à la fois un acte de courage,
de politique et d'humanité. La médaille qui lui
fut décernée à cette occasion par le conseil mu-
nicipal de la viliede Paris (latta plus son amour-
propre que toutes les distinctions honorifiques
dont il fut revêtu.
Cependant c'étaient là pour le courage <ia
jeune prince de trop pénibles épreuves pour
qu'il n'attendit pas avec impatience roocasion
de gagner ses éperons devant l'ennemi. Cet!?
occasion s'offrit k lui dans la nouvelle expéditioa
de Belgique. Le 4 novembre 1832, il prenait k
commandement de la brigade d'avant garde et
l'armée du nord, et le 20 D était devant la
citadelle d'Anvers. Dans la nuit do 29 au 30, il
demanda k commander la tranchée, bien que sa
qualité de général de la cavalerie le dispensât dt
cette mission périlleuse, et il s'en acquitta >!e
manière à mériter non- seulement les élof^es o^
ficiels du maréchal Gérard ( bulletin du 30 no-
vembre), mais l'approbation de' fermée. ATat*
taque de la lunette Saint-Laurent, on le vit moa-
ter sur le parapet au milieu d'une grêle de baUes,
pour encourager les troupes, et son testament,
daté de la veille de l'assaut (23 déoembi«), est
venu plus tard révéler comment il comprenait
ses devoirs de prince et de soldat Trots nos
après, l'Afrique voyait à son tour le prince s'as-
socier aux fatigues et aux exploits de l'armée,
dans la cami^agne signalée par le combat de
THalirah et la prise de Mascara (novembre et
décembre 1836). Une contusion de balle reçue
dans la première de ces affaires et nue malulie
assez grave, suite des fatigues supportées sous
un climat brûlant, attestèrent qu'il ne s'était pas
épargné dans cette courte mais brillante expé-
dition. A la suite d'un voyage qu'il fit à Berlin
et à Vienne, avec son frère M. le doc de Ne-
mours, dans le courant de 1836, le prince royal
féglmcnt à ae laoear avce mol < m màthn é'Une crise
dont le déooâment était loecrtala et Imwoou) dao« k
parti national , auquel nous Mmes len preanlers d^ Tar-
■ée à now joindre ». ( Lettre do doc d'Orléans s M. de
Oooy, ooJonelda !•■' debuaaardSfpaMMèdsnala.
nai itet DéàaU du 9 août is«t.)
837
ORLÊAKS
838
épousa la princesse Hélène de Meckkmboiirg.
Ce roariji^e ( 30 mai 1837 ) paraissait un nou-
veati gage de sécurité poar l'afenir. Le duc, au
iniiieu des premières joies de l'hyineo, n'oubliaii
pas qu*il avait promis de retourner en Afrique.
Une nouTeUe campagne se préparait : il tint à
iKNineur d'en faire partie; mais cette fois il eut
à lutter contre les résistances du oottseil des
ministres et contre les répugnances de sa fa-
mille. Il remporta enfin, et se hâta de partir,
« de peur, dilil, qu'on ne revint sur cette déci-
sion (1) ». Le résultat de cette expédition (sep-
tembre et octokire 1839), où Ton ne rencontra
guère d'autres ennemis qu'un soleil de plomb
et des obstacles matériels, fut la reconnaissance
de la grande voie de communication destinée è
réunir Alger k Constantine ; mais elle eut un cMé
pittoresque et saisissant qui la distinguent des
autres : le passage des Portes^de-Per, ces bar-
rières réputées jusqu'alors infranchissables. Cette
|)alme cueillie par les soldats et offerte à leur
jeune général, cet arc de triomplie romain ren-
contré au milieu du désert { à Djimilah), et que
Paris devait voir un jour, d'aprèsle vœu du prince,
transporté oorome par encliantcment dans ses
raNfs, tout cela parlait fortement à Timagination
des soldats, et rappelait la poésie lointaine de
la campagne d'Egypte. Au mois de mars 1840,
ie duc d'Orléans s'embarqaail de nouveau pour
TAfrique; naais cette fois il n'était pas seul :
il emmenait son jeune frère le doc d'Aumale,
iie«ireni d'y faire sons lui sen premières armes.
Jamais il ne montra pins d'élan que dans cette
campagne, qui devait être ponr lui la dernière.
Les rapports officiels du marécbal Valée le citent
^ plusieurs reprises pour sa Mît comluite aux
combats de rAffroun, de l'Oued' Ger, du bois
des Oliviers, à la prise de Bfédéak, et suHout à
celle du teniah de Mousaia, où il dirigea les dis-
Partions d'attaque, et ooromanda en personne
la colonne qui attaquait la position de front. Mo-
ntent solennel pour le prince, celui où, rejoint
P>r les bra?es Ouvîvier, Lamoricière, Cliangar-
lùer, par son jeune frère, qui venait de «barger à
la tète des grenadiers du 23*, il prit possession
*^ ces hauteurs. — « £n cessant d'être votre chef
etle compagnon de vm tiavam, je resterai l'ar*
^t défeosenr de von droits. » Ces parole» du
prince lorsqu'il prit oeogé de l'armée d'Afrique
(lisent assez quelles étaient ses occupations dans
intervalle de ses campagnes. C'est ainsi que
•m «ieux années 1841 et 1842 furent presque ex-
(^lusivement consacrées à l'organisation, à Tins-
pection on à la manoeuvre des troupes. C'est
;>i08i qn'il organisa à Salot-Omer les chasseurs
^ pied de Vincennes» depuis dénommés cAos-
Wttrs d'Orféans, ('on des meilleurs corps de
' 8"née, destiné h en modifier profondément la
^ottiposition. On sait aussi qu'il s'occupait de
nistohe des réghnents, entreprise par ordre da
WrV5"j*^ ■*"*''! Wtang.p. tis, du PHncaHoyo/,
ministre de la guerre, et il a laissé des frag-
ments pleins d'intérêt sur celle du 2' léger et
du l"" hussards, qu'il avait commandés (1). Le
jour même de l'accident «léplurable qui le ravit
A la France, le 13 juillet 1842, le duc d'Orléans,
à peine Ue retour des eaux de Plombières, oh
Il avait conduit sa femme, devait partir pour
Saini-Omer, inspecter plusieurs des régiments
désignés pour le corps d'armée d'opération sur
la Marne, dont le commandement en chef lui
était déféré. Il se rendait k Neuilly pour faire en-
core une fois ses adieux k sa famille, lorsqu'en
voulant sauter de sa calèche, dont les chevaux
s'étaient emportés, ou» suivant une autre ver-
sion, lancé à terre par une brusque secousse au
moment où il se tenait debout, il eut la colonne
vertébrale brisée, et mourut quelques heures
après^sana avoir repris connaissance* Nous n'es-
sayerons point de peindre le deuil de la famille
royale, les cérémonies funèbres de Notre-Dame
et de Dreux. Constatons seulement que, même
dans ses jours d'indifférence et de luttes, la France
trouva des regrets sincères, unaoimeSf pour cette
existence de prince si bien employée et si subi-
tement tranchée.
Dans cette vie consacrée à l'accomplissement
de tous les devoirs, la politi<|ue proprement dite
a tenu peu de place. Sans affecti-r l'opposition
banale des héritiers présomptifs, on entendit le
duc d'Orléans dire : « Mon père a sa mission;
moi, j'aurai la mienne. » A la* cliambre des
pairs, où il siégeait depnis 1830, il prit quel-
qoelbis la parole avec convenance et dignité,
le plus souvent pour des faits personnels, et il
considérait aussi comme telles leaattaqaes contre
la révolution de Juillet et les institutions qu'elle
avait fondées. 1! n'Intervenait dans les luttes
(le partis que dans «n intérêt de démence et
d'humanité, ce qui ne l'empêcha pas d'être en
botte aux outrages des pamphlétaires. Il Ihi-
sait le plus noble usage de sa dotation prineière,
si amèrement critiquée. I! e» employait nue
partie à des actes de bienfaisance, qu'on esT tenté
de regarder chez les princes comme one né-
cessité de position, mais qui se distinguaient par
la forme heureuse qn'il savait leur donner.
L'autre pariie était eonsacrée au patrotuge InteN
Irgent de tous les talents , parmi lesqnels H ai-
mait k choisir les pins jeunes ou les plus ooo-
testés. Parmi les artistes et les hommes de lettres
contemporains, Il en est peu qui n'aient été ses
obligés ou ses amia. Les fêtes élégsnies du pa-
villon de Marsan, par le mouvement qu'elles don-
naient aux arts et à llndiislrie , les courses de
ChantfMy et du Champ^de-Mars , par l'influence
qu'elles exerçaient sur famétloration de la race
dés chevaux, témoignaient que le prinee se pro
posait un but d'utilité jusque dans s(Bs plaisirs.
Terminons par ces paroles d'une i)onche élo-
(4) MM. Jtilc^ Jaaln rt Adrien Pascal ont publié quel-
ques-uns drofs fragments danslranin«Uees. f^o§. aussi
la lettre du prlace citée dam une noie précédente.
27.
839
ORLÉANS
quente, qoî résumaient avec bonheur les qualités
du prioee que la France Tenait de perdre : « Fils
de Henri IV par le sang, par la bravoure, par Ta-
ménité cordiale et charmante de sa personne ;
fiis de la révolution par le respect de tout droit
et l'amour de toute liberté; entratné vers la
gloire militaire par l'instinct de sa race; ramené
vers les travaux de la paix par les besoins de
son esprit ; capable et avide de grandesM^oses ;
populaire au dedans, national au dehors, rien
ne lui a manqué, excepté le temps (i),»
Le duc d'Orléans eut deux fils de son mariage
avec la princesse Hélène : Louiê-PhUippe'Al-
bert, comte de Pari s, né à Paris, le 14 août i 838 ;
Bobert' Philippe' Louis - Eugène-Ferdinand ,
duc de Cbartres, néà Paris, le 9 novembre 1840.
[M. Ràtheiiy, dans VEnctfcl. des gens du m.]
Adrirn Pa«ral, Fie mUitaire dm eue d'Orléantf Pa-
rte, 1841, tn-lS. ^ J. Janln , /e Prince royai; Ibtd.
ORLÂAics ( H élène-Umise- Elisabeth db
MEcxLEMBouâG-ScHWEitiN, dochessc n' ), femme
du précédent, née le 24 janvier 1814, À Lud-
wi{;8lust, morte à Richmond, le 18 mai 1868.
Fille de Frédéric-Louis, grand-duc héréditaire
de Mecklembourg-Schwerin , et de la princesse
Caroline de Weimar, sa seconde femme , elle
avait un frère du même lit , le prince Albert ,
né en 1812 et mort à vingt ans environ. Elle
le regretta beaucoup. Elle perdit sa mère à
l'âge de deux ans ( 1816) ; son père épousa en
troisième noces la princesse Auguste de Hom-
bourg, qui, restée yeove bientôt après (1819),
servit de mère à la jeune orpheline et dirigea
son éducation. La princesse Hélène fut élevée
dans une retraite presque absolue. Au printemps
de 1827, lorsque la grande-duchesse la con-
duisit pour la première fois à la cour de Wei-
mar, elle ne connaissait guère, outre les mem-
bres de sa famille, que ses professeurs ; cepen-
dant elle ne parut ni contrainte ni surprise par
ses nouvelles impressions. La vie sérieuse
qu'elle avait menée jusqu'alors avait peut-être
développé sa sensibilité; mais elle avait aussi
formé son esprit aux plaisirs de l'intelligence,
et malgré sa jeunesse elle possédait déjà le
goût de la poésie et des I)eaux-art8, dont elle a
toujours fait preuve. La grande-duchesse étant
tombée malade en 1830, sa belle-fille t'accom-
pagna aux ean\ de Tœplitz. Ce séjour eut une
grande influence sur la destinée de la prmcesse
Hélène; c*est à Tœplitz qu'elle fut présentée an
roi de Prusse, qui, charmé de sa distinction et
de l'égalité de son humeur, lui voua une sincère
amitié. En 1836, le duc d'Orléans fit un voyage
en Allemagne. Lors de son passage à Berlin,
le vieux roi de Prusse, se prenant pour lui d'une
affection toute paternelle, lui exprima le regret
de n^avoir plus de fille dont il pût lui confier
le bonheur; le souvenir de la princesse Hélène se
présentante son esprit, il fit de l'union du duc avec
(1) Dtaconn de M. Victor Hi'RO en prvsrntanl au roi
i'adreuede l'Institut.
840
cette princesse sa préoccupation la pins Tîve, ee
dépit de la résistance qu'il rencontra dans sa
propre famille. Le ministre de France, M. Bra»-
son, fut chargé de ki demande ollicieile. Le
grand-duc Paul-Frédéric, son frère d\in pre-
mier lit, Taocueillit avec une certaine froideor,
et il ne fallut pas moins que rinterrealiûo
directe du prince royal pour lever toutes les^
objections. Le contrat M mariage fut «gné le
5 avril 1837, et le 15 mai la jeune fiancée quitta
Ludwigslu^t avec sa belle-mère, qui voulut la
présenter elle-même k la reine. Le 26 mai elle fit
son entrée en France. De Forbach à Fontiûie-
bleau, partout elle reçut sur son passage Taocoeil
le plus bienveillant (l).Le 30 mai les époux re-
çurent la bénédiction nuptiale à Fontain«falean,
selon les rites des deux communions, aprr« la
cérémonie civile, faite par le chancelier Pasquier.
Les fêtes magnifiques célébrées à Paris 4 Focca-
sion de ce mariage furent attristées par uo fn-
neste accident, qui coûta ki vie à un gnai
nombre de personnes. Quatre années a'^roa-
lèrent pour la duchesse au milieu des joies de
la vie intime , de l'éclat du rang et des es-
pérances les plus riantes. La naissance de ne»
deux fils, le comte de Paris ( 24 août 1838 ) et
le duc de Chartres (9 novembre 1840), mai \t
comble à son bonlienr.
Le 14 juillet 1842 la duchesse se trouvait aox
eaux de Plombières qnand un mallieur aussi
grand qu'imprévu vint la frapper. La mwvette
de la triste fin du duc d'Oriéans fut eovoyée
au général Baudrand; M"* de Montesqniou,
chargée de préparer la duchesse à cette ter-
rible révélation, lui dit que le prince était dan-
gereusement malade. Elle voulut partir anasitêC
pour Paris. Dans la nuit, sa voitore rencontra
celle de M. Chomel , iM^dta de la famille
royale. Croyant la princesse instruite de la vé-
rité, il la lui apprit involontairement»* Ce n'est
pas possible, disait-elle, je ne vons crois pas ; »
et elle demeura plus d'une heure sur la route
k sanglotter. Le 16 juillet elle arriva à Keoiliy ;
mais elle n'y trouva plus que le cercueil , dé/à
refermé, de celui qui, selon se» propres exprès*
sions « avait tout son cœur •. A partir de ce
jour elle habita aux Tuileries l'appartement de
son mari. Là, au milieu des souvenirs à la fin»
amers et doux d un passé lieureux, elle se eon*
sacra entièrement à Téducation de ses enfants ;
(1) L'aotenr anonjme de ia FU de la dmeMettê £Or'
léan» traee atnal son portrait : « En effet, ledianne
Inriprtmable de aa physlonomte plataalt dét l'abord. Si
aacoD de aca traita en parttcuUer n'attirau l'atteattoa.
Il y avait tant d'harmonie et de noblesse dans toute sa
personne qoe les yeux se flialent sur elle avec on vif
Intérêt Son regard, dooi et pénétrants la fats, sem-
blait cbereher la pensée de cens qnl inl parlaient. S«n
sourire fin et bienveillant, une eipressloo lanl6t bril-
lante, tantôt alTeclueaae et émue, réSétafent son âme et
rendaient vivement rimpresslon qa'éveUialt en elle
chaque parole qui lui était dite. Bien qn'ane dlatinc
tion peu commune rappelât M>n ranir, dont elle- mène
n'cuit Jamais préoccupée , Ton peut dire que le aeotl-
mcnt qu'elle Inspirait élaU celai de la sympathie. «
841
ORLEANS — OKIXY
S43
comme ils devaient être élevés dans la religion
de lear père, la princesse, bien qu'elle fût
protestante, assistait régulièrement à leur ins-
truction religieuse comme à leurs autres le-
çons.
La révolution deFévrier la frappa moinsdans ses
principes que dans ses affTections; depuis longtemps
elle prévo^fait une crise, sinon la chute de la dy-
nastie. Le 24 février, quand le roi eut abdiqué en'
fkveur du comte de Paris, la princesse se rendit à
la chambre des députés, accompagnée de ses deux
fils et du duc de Nemours. A son arrivée quelques
cris de « Vive la duchesse d'Orléans ! Vive le
comte de Paris ! » se 6rent entendre, auxquels ré-
pondirent les cris de « Pas de princes I Nous ne
voulons pas de princes ici !» La duchesse prit
cependant place au pied de la tribune, et y resta
delwut avec ses deux enfants. M. Dupin proposa,
avec instance, de consigner au procès-verbal les
acclamations qui avaient accueilli la duchesse
d'Orléans comme régente. Le tumulte deve-
nant extrême, le président engagea la princesse
à se retirer. « Monsieur, répondit-elle, ceci est
une séance royale. » Puis elle ajouta : « Si je
sors d'ici, mon fils n'y rentrera plus. >• On la fit
monter jusqu'aux gradins placés en face de la
tribune; elle s*y usit à côté du duc de Ne-
mours. M. Crémieux, combattant le projet d'une
simple modification de la loi de régence, fit
passer à la duchesse la déclaration suivante :
« C'est de la volonté nationale que mon fils et
moi nous voulons tenir nos pouvoirs. J'élè-
verai mon fils dans les sentiments les plus vifs
de l'amour de la patrie et de la liberté 1 >• A ce
moment, des gens armés envahirent la salle; le
désordre fut à son comble, et la duchesse dut
s'éloigner précipitamment, sous la protection de
M. Jules de Lasteyrie. Séparée de ses enfants
par la foule, elle retrouva presque aussitôt le
comte de Paris, mais le duc de Chartres ne put
lui être rendu que le lendemain. MM. de Mont-
9iyon et de Moroay l'accompagnèrent à l'hôtel
des luvalides, où le duc de Nemours vint la re-
joindre. Sur les instances de ce prince, elle
consentit à quitter Paris; mais au moment de
partir eUe dit à ceux qui l'avaient suivie : « Sur
ua mot, demain ou dans dix ans, je reviens
ici. » £||e arriva dans la nuit au château de Bli-
gny, puis de là elle passa en Belgique (1), et se
rendit à Cologne. Au mois de mai 1848 la du-
chesse d'Orléans s'établit k Eisenacb, et fit
de fréquents voyages en Angleterre , accompa-
gnée de ses enfants. Elle vint même se fixer à
Rlchmond après la mort de Louis-Philippe.
I^s émotions trop vives qu'elle avait éprou-
vées depub longtemps usèrent sa vie, tout en
lui laissant une force factice qui dissimulait sa
(1) En passant ta lirooilère, la dncbesae d*Orléaas
Pieureft amèrement. « Je pleure. dlsatt-eOe, de doalear
^ qaitirr cette France, sur qal J'epprlle toolcs les bé-
oMictloRs da cirl. En quelque Uen que Je meore, qu'tUa
^che bien que Ira dcrnlen battemeaU de mon c«ar ic*
font pour elle. »
fin procliaine. Le 18 mai 1858 ellembunit sans
agonie, après une légère Indisposition de quel-
ques jours. Sans nulle ambition personnelle, la
duchesse d'Orléans a cependant refusé cons-
tamment d'engager l'avenir de ses fils en re-
connaissant les droits de la branche aînée des
Bourbons au trône de France. Son testament
est dicté, en ce qui concerne ses enfants, par
une visible tendresse maternelle. Tous ses bi-
joux et obji*ts précieux, soit par leur valeur, soit
comme souvenir, y sont partagés entre le comte
de Paris et son frère avec une grande impar-
tialité. H. L-T.
Madame ia dmtMtêê d'Orléam g Parts, iiBS. In-lS.
OBLftARS (Jean n'), peintre français, né
vers 13S0, mort après 1408. 11 tirait vraisembla-
blement son nom de la ville où il était né. On
le voit dès 1371 , sous Charles V, figurer dans
les comptes comme peintre et valet de chambre
du roi. Il lui fut payé alors 80 francs pour avoir
peint et décoré le bers ou berceau, qui reçut à
sa naissance Jean sans Peur, due de Bourgogne.
Jean d'Orléans continua son office sous le règne*
de Charles VI. En 1385» lors des joules de Cam-
brai, il toucha douze livres « pour avoir peint
et contrefait neuf plumes de faisan d'Inde » ,
qui furent placées sur les heaumes du roi et de
Pierre de Navarre. En 1393 il peignit une iân-
nonciaiion pour la chambre du dauphin Charles
(mort en 1401.) En 1408 il recevait encore,
avec le titre de peintre du roi, ses gages ordi-
naires, qui s'élevaient à six sous parisis par jour.
Il avait alors son fils François pour associé k
ses travaux avec future succession. Ce dernier,
valet de chambre et peintre du roi Chartes VI, se
retrouve aussi mentionné dans un comple, comme
peintre de Louis, daupliio, duc de Guyenne de
1414 à 1415. V.
Mannicrtt*, tapplément français, tl40. foUo 616. — I . de
Laborde. Durs de Bourgogne { preuveg, t I, p. M9. —
A. de Montalgnon. Jrektve» de tart JramçmU^ itit.
- DœumenU, f. 111. p. S4S-«U;- Vallet de virlvUle,
iMd,. L V, lyget 17V et s.
ORLiâAiis. Voy. AuHALB, Bbaciolais, Bbbkv,
Charlottb- ELISABETH, Chkm (Morie bb),
JoiifviLLE , LoDis xn, Loois-PhilÎppb, Longcb-
viLLE, LociSE, Marie, MoiiTPEiisiEa et Nemours.
ORLÉANS. Voyt Dorléaus et La Mottb.
ORLBT (Van), famille de peintres flamands,
dont les principaux sont :
Bernard van Orlev, plus connu sous le
nom de Barend van Brussel (Barent de
Bruxelles), né k Bruxelles, en 1490, mort vers
IdOO. 11 reçut les premières notions de la pein-
ture de son père, assez bon peintre de genre,
qui envoya son fils fort jeune en Italie, où il
fut élève de Raphaël. Ce maître illustre exerça
son disciple à de vastes compositions, où il per-
fectionna son talent et acquit la belle ma-
nière. De retour en Brabant, Bernard van Orjey
s'attacha k peindre de grandes chasses, que
Cbarles V aimait beaucoup et payait largement.
11 fit entre antres une suite de vues chÀies do
1B4S
ORLEY — omjor
84 <
la forêt de Sofgnfes, où le monarqne et les prin-
cipaux seigifeurs de sa cour sont représentés
prenant part à dirférents épisodeis <te cliasse.
C'est d'après ces tableeux et quel(]iies eartons
du môme artiste qu'ont été e^écutéos les belles
collections de tapisseries feites pour TeAipemir,
les princes de la maison d'Autriche et la ddchesse
de Parme. Vers la même époque Bernard peignit
à AnTers son magnifique Jugement dernier, si
remarquable par les beaux «transparents <yni
éclairent son ciel. Pour les obtenir, il fit dorer
son panneau « et c*est de ce fonds qu*il a su tirer
les tons chauds et brillants que Ton admire dane
ce chef-d'aurre. Bernard (H depais pour le
prince de ïïassan-Orauge seize cartons coloriés
qui ont été exécotés en tapisserie pour le ehàleao
de Bréda. Chaque carton contenait denx per-
sonnages à ciie^l , un catalier et une dame re-
présentant tous les ancêtres des Nassau. Les cos-
tumes en étaient fidèlement reproduits : Tor,
Targent, la soie s'y mêlaient artistiquement arec
la laine. Le dessin était d'une grande corteetion,
et les attitudes tontes irariées sans eTTorL Le
prince fit copier à l*huile ces cartons i>ar Hans
Jordaens. Outre ces prodiiotions.on cite de Ber-
nard van Orley : à l'Académie de peinture de Ma-
tines, Saint Lfte faisant le portrait de la
tetinte Vierge; Michel Coxcis a peint les Tolets
qui recourrent œ tableau. A Texposition de
Manchester (18&7) OB?ôyaft aussi 8i\ tableaux
de ce maître, entre autres nn petit portrait
de femme; La Madone avec sainte Cathe-
rine et sainte Barbara ; Le Saweur appa-
raissant à ta Madeleine; vue trè^bdile Vierge
h mf*oorps vmc un fond de paysage et des figu-
rines. On ignore Tépoqne exacte de la mort de
Bernard yan Orley; sa devise éiait : Chacun
son temps. Son meilleur élève fut Peter
Kooc.
Richard vmOfiLtT, né à Bruxelles, en 1651,
mort dans la même vitte» le 26 juin \TS2* Il était
fils et élève de Pierre van Orfey, resereur des
rentes de Bruxelles et paysagiste méd?ocre, qui le
confia bientôt à son frère Réoollet van Oriey,
qui avait mi peu plus de mérite, mais fws assez
fioar gnider Un taleat comme celiii de son
nevea. Le jeone BTichard surpassa rapidement
«es deux maîtres. A KAge de seize ans , il s'ap-
pliqua k la miniature, genre fléduisantet pro-
ductif pour ceux qui réussissent à bien peindre
le portrait. Henreus€ffnent Richard ne se laissa
pas entraîner par l'amour du gain; il se perfte-
tionna dans le deasfai et produisit bientôt des
compositions pleines d'esprit et de talent. Son
dessin est correct. A juger par ses œuvres on
est tenté de croire qu'il a passé sa vie en Italie.
Tantôt il a composé dans le goût de l'Albane, de
Pierre de Cortone, tantôt dans celui du Poussin.
Ses ibnds sont d'une belle architectore; il enten-
dait très-bien la perspective et ses plans sont
gradués sans confusion. Quoiqu'il consacrât une
partie de ses loishv à fétnde de l'histoire et des
t>eUes-lettres et que ses fondions de contrôleur
des fiaances de sa ville natale lui prissent beau
coup de temps, il était tellement lahorieira *j^
le nombre de tableaux et dessins sortis de sa
main est incroyable. Parmi les derniers on re-
marque un volume de. quatre-vingt-six «fessin^
à la plume et à l'encre de Clmie representast d^
siijets variés; V Accroissement de Rome en
soixante-hiiitdefisiBS, gravés par Bernanl Picai4;
Le Pontificat romain, gravé par Berban;
V Histoire de la guerre du Juifs de Plavios
Josèphe, gravée par le même (Amitterdam, I7l€.
2 vol^ in fol.), etc. Bichard van Orley gravait
aussi fort bien à Tean-forte : outre beaucoup àt
norceaux de sacom|)osition, entPautreis les doeie
estampes qui oinent le Pastor Fida Ae J.-B.
Guarîni ( Amsterdam, EIzevier, 1678, in-94), «t
Les Amours de Vertumne et de Pomane, <n
cite de lui : La Chute des anges, d'après Robiem ;
Bacchus ivre, d'après le même; Le Mariage
de la Vierge, d'après Luea GiordanOyCtc, etc.
Richard van Orley, mort octogénaire, hiyait le
monde et vécut dans le célibat. Il fut eatciie ca
grande pompe à l'église de Samt-Gangere de
Bmxellos daâs la tomlie de soo ancêtre Bernard,
qui précède.
Jan van Orlet, flrère dn précédent, se dMn-
gua aussi dans les arts. On Toit plusieurs ta-
bleaux de lui dans les égfises de Bmelles <t
une Sainte Pamille h Vienne. H était tMRi gra-
veur, et a laissé nne suite de vingt-Iwit tojrtf
tirés du Nouveau Testament. Excellent dessina-
tsar, il .composa plusieurs sujets, que son frèrr
reproduisit à l'eauforte. A. ns L.
WeyenmD. De SeMlâerkmut éer lhé»Hamâtn, t. \\\
et IV. -. nikln{;ton, DietlivMn of paMtmru — Smm:.
IMrfionnalfic dM qrateurt. — Oeaaiaips, i« Fiaérs
peintre» flamands, etc., L I, p. 9t, U; 1 11. p. 3se-9C7 >
W. Burger, BrfUbUiûA âr tréstjrs d'art à Manchet^.
dani U Siècle Su «S Jukllel tsrr.
ORLOF, nom d'Une famille russe qvi a m le
plus grand retentissement dans toute la seronde
moitié du dix-huitième siècle, par sa fortune ra-
pide. AiijonrdHiuijil n^existe plus de cette hmff^
de rejetons mâles, si ce n'est dans une ligne indi-
recte. « A l'époqae de l'exécotiondesstrétitr, sous
Pierre 1^, dit le prince Dulgorookow, un jeune
strelitz, nommé ff an et somonmié Orell (l'aigle),
appelé à poser sa tête sur le billot , et trouvant
8Uf son chemin la fête d'un camarade... , la re-
jeta du pied, en dHant : « Il font pouriaat que
je me fasse place W! » Pierre !•*, qui $e troo-
vait Ik, frappé du calme de ce jeune hcmme,
lui acconla sa grâce, et le plaça comme srMat
dans un régiment de ligne. Le crmragem
strelitz conquît par sa valeur le grade d*oftiei«'.
et par conséquent le titre de gentîlhomnie. >
Telle ftil, en 1698, h premFère apparîtton Hans
l'histoire de celte femille, destinée à y jo«rr un
si grand rôle et qui prit alors le nom d*Oriof
Le fils dtan, Gsécotrg, s'éleva an grade de ^
néral , et le gouvernement de Nov^rod loi fot
confié. Il fut père de cinq fils , célèt)res à des
Ub
ORLOr
84C
titres différents. Cependant la fortune d'aoeun
dVu\ ne &it plus brillante que celle dn second,
nommé GrÉgouk comme son père. Peu s*€n
fallut qu'il ne s'assit sar le trône de Russie à
côté de Catherine II.
Né en 1734, Grigor-Griçoriév'tich Orlop
(c'est U forme russe du nom), en sortant dn
corps des cadets, entra lieutenant dans la ^arde,
d'oii il passa dans rartillerie, et devint aide de
camp de Cfaouvalof. Uneintri^e amoureuse qui
fit l»eauoottp de bruit attira sur loi l'attention de
Cathi'rine. Frappée de sa tK>nne mine , de sa toi-
kttp élégante et de son air martial , non-seule-
ment elle le préserva de la vengeance de Chou-
valof, mais elle l'admit dans son intimité. Xa
position de Catherine à l'égard de son époux
Pierre III était déjà intolérable. Elleeoosolta son
favori <^ur les moyens de s'en affranchir, et la
révolution qui précipita du trône ce malheureux
prince fut décidée. Aidé par ses frères , Orlof
réussit k placer la couronne sur la tête de Ca-
tlierioe, service qui lui valut les premières di-
gnités de l'eiripire ainsi que le titre de comte,
conféré aux cinq frères, le 22 septembre 17629 ^t
auquel celui de prince du Saint-Empire vint se
joiiMlre fMMir lui seul dix ans après. Comblé de
ricliesses et de dignités « consulté dans toutes
les circonstances importantes par l*impératrice|
qui ne se dirigeait que par ses conseils, il ambi-
tionnait un titre plus élevé; mais l'opposition
de Tchernychef, àe Rasoumofski, de Vorontzof,
de Panine, et plus encore pentétrc certaioes
susceptibilités de Catherine, firent échouer toutes
ses tentatives. Obligé île renoncer à cette per-
spective, il voulut se créer un rojaiime suc les
bords de la mer Caspienne , puis reconstituer à
son profit la Grèce en état iufl^'pendant, et à cet
effet il tourna C4)otre la Turquie tous les eJTorts
de la politique russe. Mais la légèreté de sa ton-
duite, ses propos plus qu'indiscrets, son incons:
tance, affoiblirent l'attacliement de Catlieriae,
qui ne songea plus dès lors qu'à trouver un
prétexte pour l'éloigner. La peste qui ravagea
Moscou en 1771 lui fournit l'occasion qu'elle
attendait. £lle chargea Orlof de se rendre dana
cette ville et de prendre toutes les mesures né-
cessaires pour arrêter le fléau. Orlof s'acquitta
de cette tache «vec auUnt d'habileté et de pnr-
dence que de couraga et de dévouement. A seo
retour à Saint-Pétersbourg, il reçut l'accueil le
plus tlatteufi il rétablit son ascendant sur l'im-
pératrice et se livrait de nouveau aux ^lus té-
méraires espérances. Mais son envoi en Valacbie
(1772), comme négoeiateur de la paix avec les
"^urcs, h\i l'effet d'une nowelle disgrâce. Pen-
^ttt son absence, Catherine çliolsit un autre
favori, et Ortof, en route pour Saint-Pétersbourg,
tprès avoir rempli son importante mission, reçut
tordre de se retirer dans son chAteau de Gat-
china. Il se dédda à obéir, et l'impératrice, pour
Pf»5t de sa soumission, hii conféra le titre
<l« prince, augmente considérablement ses de*
maines , et lui rendit même ses bonnes (grâces
avant la fin de l'année. Cependant, de nouvelles
difficttlt*^ s'étant élevées, Orlof fut envoyé à
Revel, où il ne terda pas à s'ennuyer. 11 se mit
alors à voyager, parcoonit rXllcmagne et la
France ; mais , toujours inquiet , toujours a^tté,
il ne put rester longtemps éloigné <!(' la rési-
dence impériale. Lorsqu'il y revint , il fut ac-
cueilli avec une joie apparente; mars lo séjour ne
lui en devint pas moms lùentAt insupportable. 11
prit le parti de se remettre en voyage , emme-
nant avec lui une jeune épouse qn'ii perdit bien-
tôt après à Lausanne (1). Le chagrin que hil
causa sa mort , joint à la jalousie qu'excita en
hii la fafveur de Potemkin , accrut eneore son
agitation mentale, et il monrat k Moscou, oft il
était de retour depuis nn an , en 1783.
Son frère puîné, Alexis Orlof, qui était entré
avec lui dans le corps des cadets et en était sorti
sous-officier d'en réghnent de la garde, se dis-
tingua plus que tous ses frères , lors de la révo-
lution de t762, par son esprit entreprenant et
son andaoe. Il fut le premier à proclamer Ca-
tlierine impératrice, et le souverain détrôné ayant
été confié à sa garde, on assure qu'il fut l'au^
tenr de sa mort. Catherine ne parait pas avoir
eu connaissance de ce crime avant sa perpétra-
tion; mais elle devait tout aux Orh>f, et Alexis,
comme son frère Grégoire, parcourut rapide-
ment une carrière brillante. Il arriva en peu de
temps aux premières tlignités militaires; mais
comme il ne possé<lait ni les connaissances ni
l'expérience nécessaires pour diriger un corps
d'armée, Catherine le nomma amiral de la flotte
qu'elle envoya en i ^68 combattre les Turcs dans
l'Archipel. Oriof n'avait jamais non phis com-
mandé une chaloupe ; cependant it eut le bon esprit
de se montrer docile aux conseils d'un officier an-
glait, nommé John Elphinstone (vop, ce nom), et
son expédition, à laquelle prit part son frère Fœ-
dor, réussit audelè de tonte attente. II acquit sur-
tout beaaooupde gloire par rincendie de la flotte
turque dans leport de Tchesmé, le 7 juillet 1770.
Lorsque son frère atné tomba en disgrâce, l'im-
pératrice, qui connaissait l'esprit entreprenant
d'Alexis , hii fit délendre , teot en lui accordant
les distinctions les phis flatteuses, et entre autres
le surnom de Tchtsmenshii , de qiiiiter l'Archi-
pel sans sa permission expresse. Orlof n'obéit
qu'à moitié; car il se rendit k Livoume, où un
perfide abus de confiance mit en son pouvoir
une fille de l'impératrice Elisabeth (princesse
Tarakanof ) , qui fut emmenée en Russie et en-*
fermée dans une prison od elle termina ses jours.
Cette trahison consommée, Alexis Orlof remit à
la voile, en 1771, avec l'intention de forcer les
Dardanelles; mais son expédition échoua. La
campagne de 1773 eot encore moins d'importance.
(t^ne ce irarlage aree m jemie ptmtc, Gréffoire OttoT
n'eul pas dV nfants. Dès Taonée I7«t, il avait dénué le
Jour à un flisqui, nommé d'abord Aomanof par sa mère,
fcçttl de rempcreuf Paul le nn^ de comte Bobrlnskl.
SI7
ORLOF — ORME
S48
Cependant lorsque, après la conclusion de la paix,
le comte revint à Saint- Péterst>ourg, il fut acca-
blé de richesses et d'honneurs. Il en jouit jusqu'à
Tavénement de Tempereur Paul. Depuis 1791
il Tivait retiré à Moscou, lorsque ce fils de
Pierre III, à peine monté sur le trône, le man<la
dans sa résidence avec Baratinsky, un de ses
auxiliaires , et les força Tun et Tautre à porter
les coins du poêle recouvrant le corps du mal-
heureux souverain auquel on rendit tardivement
les honneurs de la sépulture impériale. Rentré
chez lui , Orlof trouva un ordre qui lui interdi-
sait le séjour de Saint-Pétersbourg. Il obtint,
non sans peine, la permission de voyager, et se
rendit en Allemagne, d'où il retourna en Russie
après la mort de l'empereur Paul. 11 termina ses
jours à Moscou, en 1808, laissant son tilre de
Tchesroenskii à sa fille unique, la comtesse Anna
Alexéîevna, héritière de Tune des fortunes les
plus considérables de Russie, et qui ne s'est point
mariée.
Alexis Orlof avait été accompagné dans son
expédition de l'Archipel de son frère Fœdor
Orlof, qui, sans se distinguer comme lui
par une taille herculéenne et une audace ex-
trême, lui était supérieur par les connais-
sances et l'éducation. La révolution de 1762 l'a-
vait porté au grade de capitaine d'un régiment
de la garde; la campagne de Morée Téleva à
celui de lieutenant général , malgré le peu de
succès qu'elle avait eu. Chargé du commande-
ment des troupes débarquées dans la pres-
qu'île, il avait obtenu d'abord quelques avan-
tages; mais arrêté par les forteresses de Coron,
de Modon, de Tripolitza, et défait en plusieurs
rencontres, il avait été obligé de remonter sur
les vaisseaux russes, en abandonnant les Grecs
insurgés aux terribles vengeances des Turcs. Il
laissa plusieurs enfants naturels, sur lesquels nous
reviendrons plus bas.
L'ainé des cinq fils du général Grégoire Orlof,
Ivarif était d'un caractère tout opposé à celui de
ses frères, qui l'appelaient par raillerie le phi'
losophe, surnom qui lui est resté. Il fût nommé
sénateur à l'avènement de Catherine au trône.
Le plus jeune enfin, nommé Vladimir^ fit ses
études à Leipzig, obtint le grade de lieutenant-
ooloncl dans la garde, et devint, en 1766, prési-
dent de l'Académie des Sciences de Saint-Péters-
bourg. Sa fille Catherine passa pour une sainte, et
Catherine II filMtir une église en son honneur h
Moscou. Il laissa aussi un fils, à qui les lettres et
ks arts firent une réputation honorable.
Ce fils, le comte Grégoire-VladimiroviichOBr
U)F, naquit à Samt-Pétersbourg, en 1777, et mou-
rut dans cette ville, le 4 juillet 1826. Il remplit
diverses fonctions, et devint conseiller privé,
sénateur, etc. Membre de différentes sociétés sa-
Tantes, non-seulement de sa patrie, mais de l'é-
tranger, il cultiva avec ardeur les beaux-arts pen-
dant le séjour que la faiblesse de sa santé l'obligea
à faire en France et en Italie, et ne retourna en
I Russie que peu de temps avant sa mort, qui arriva
aubitement. Aidé de divers oollaborateors, oe
! comte Orlof a publié des Mémoires hUtoriquei,
I politiques et littéraires sur le royaunu de
I NapleSf avec des notes et des additions de
I M. Amaury Du val (2" éd,, Paris, 1826, 5 vol.
in-8«), ouvrage important pour Tbistoire dentafie
méridionale ; — un Essai sur V histoire de ta nui-
sique en Halie (Paris, 1 821, 2 vol. ia-8*) ; — un
Essai sur Vhistoire de la peinture en Italie
(Paris, 1823, 2 vol. in-8*;, Tun et l'autre asses
médiocres; — un Voyage dans une partie de
la France (Paria, 1834, 3 vol. in-8**), où il se
montre observateur intelligent et instruit ; des
Fables russes^ traduites de Krylof, en français
et en italien ( Paris, 1825, 2 Toi. in-8** ).
Des quatre fils naturels du comte Foedor Gri-
goriéTitch Orlof nous citerons : le gén^fal
major Michel-Fœdorovitch ^ qui fut lia des
signataires de la capitulation de Paris, ea 1814.
Grand partisan du gouvernement coostitotion-
nel, il engagea plusieurs fois, dit-on, rcmperenr
Alexandre à octroyer une charte à ses sujets;
mais son insistance finit par lui attirer une es-
pèce de disgrâce. Envoyé à l'armée, il s'efforça
d'y propager ses opinions et fut compromis dans
les troubles de 1825. Appelé à Saint- Péterstxtors
pour rendre compte de sa conduite , il persisti
dans ses sentiments , au risque d'exciter le mé-
contentement de son «ouverain, qui se oooteota
de l'exiler dans ses terres, avec défense de pa-
raître ni à Saint-Wlen^bourg ni à Mosohl
2* Le général AlexiS'Fadorovitch Orlot, aé
le 8 octobre 1788 , « l'un des hommes les piu
honorables de la Russie, « dit le prince Dol*
goroukow, fut créé comte le 25 décembre 181S,
à l'ayénement die l'empereur Nicolas. Ltenteoaot
général, adjudant-général de l'empereur, joais-
sant de sa confiance, et membre du conseil de
l'empire, ce fut lui qui rétablit les relatioM di-
plomatiques entre son souverain et la Porte Otto-
mane et qui présida à l'envoi à Constantinopie,
et au départ de l'escadre que l'appel de Mah-
moud Il y fit paraître comme par encbanteroent
en 1833. Le fanerai OrlofT fut le premier pléoi-
potentiaiie russe au congi-ès de Paris (I85S), et
devint l'année suivante président du eonsël de
l'empire* Il mourut à Saint-Pétersbouiig, le
20 mai 1861. [M. ScHmTZLEA, dans VBne^*
des G. du M.].
Prince p. Dolgorookow, HtograpMs de» prbtetpt^
famillei rvtseê. - Freedenrelcb, la FamdU d^OtW. -
Dict. biographique ruue,
m
ORME ( Robert )t historien anglais, né le 25
décembre 1728, à Anjengo, sur la c6te du Mala-
bar, mort le 14 janvier 1801 , à Ealing (.Middle*
sex). 11 était fils d'un chirurgien. Après avoir été
élevé à l'école d'Harrow, il fut attaché en 1742
à la Compagnie des Indes, y remplit les foncUoni
de comptable général, et eut une part importante
à toutes les mesures administratives qui assa-
rèrent aux Anglais la ranqoête de ce pays. Ea
849
ORME — ORMESSON
^50
I7ô9, ayant fait fortane, il repassa en Angle-
terre. La cour des directeurs le nomma histo-
riographe de la compagnie. Le principal ouvrage
d'Orme, et celai pour lequel il avait amassé des
matériaax précieux , est intitulé The Bis tory
of ihe miliiary irantactions of the British
nation in Indostan from 1745 fo 17C3 ( Lon-
dres, 1763-1776, a Tol. mrk?^ avec cartes et
plans), et a été traduit en français (1765, 2 vol.,
et 1791, 3 vol. ) et en alleroaod. On a encore de
lui : Historical fragments qf the Mogul em-
pire of the Marattoe^ ; Londres , i782, in-S**,
réimpr. in-4o. K.
JslatiemnmuUregister, IV. '^CentUman't MaçaUne,
LXXllI.
ORME A {Charles-Françoiî-Fincent FfiR-
REKO, marquis d*), homme d'État piémontats,
né à Hondovi, mort à Turin, le 29 mai 1745.
D*une famille assez obscure, il était juge à Car-
magnole, lorsque Victor Amédée II eut occasion
de le connaître. Il ne tarda pas k relever aux
fonctions de surintendant des finances, puis à
celles de ministre de l'intérieur. Les réformes
quMl entreprit indisposèrent contre lui la no-
blesse; mais les murmures des grands seigneurs
ne reffrayèrent pas et ne l'empêchèrent point de
poursuivre ses desseins. Réunissant à un génie
prompt et hardi, toujours fécond en ressources,
des talents peu ordinaires, il en donna la preuve
dans deux légations à Rome et dans la conclu-
sion d*un concordat qui mit fin aux longues dis-
cussions de la cour de Turin avee le saint-siége
(20 février 1728). Conservé ministre sous Char-
les-Emmanuel m, à qui Victor- Amédée l'avait
recommandé en abdiquant, le marquis d'Ormea
sentit croître chaque jour son crédit ; mais, poor
ne pas avoir plus longtemps à ménager deux
maîtres, il fit éclater bientôt une rupture entre
les deux rois. La chose n'était pas difficile, avec
l'impatience de Victor-Amédée, accoutumé à
traiter rudement son fils. Quelques roots échap-
pés au vieux roi firent soupçonner au marquis
qu'il avait dessein de reprendre le sceptre dont
le jeune roi ne pouvait se résoudre à se dessaisir.
Il arracha à ce dernier l'ordre d'arrestation de
Victor-Amédée, et ne perdit pas un instant pour
mettre à exécution cettç mesure, qui épargnait
au Piémont bien des secousses politiques. Lui-
même, dans la nuit du 27 au 28 septembre 1730,
présida, dans le château de Moncalier, à l'arresta-
tion de ce prince et de la marquise de Spino, que
celui-ci avait épousée morganatiquemcnt , et les
conduisit au château de Rivoli. I>ès ce moment
le marquis devint après le roi le premier per-
sonnage de l'État. Charles-Emmanuel , sans lui
enlever le ministère de l'intérieun lui donna, en
1732, celui des affaires étrangères, le décora de
Tordre de l'Annonciade, et en 1742 le créa grand
chancelier de robe et d'épée. D'Orraea avait
(5 juin 1741) conclu avec Benoit XIV un nou-
veau concordat, qui étendait à perpétuité en fa-
veur de la maison de Savoie le droit de nomi-
nation aux bénéfices consistoriaux dans plusieurs
provinces, et concédait au roi de Sardaigne le
titre de vicaire perpétuel du saint-siége dans le
Verceillais. Le 1*' février 1742, il signa avec
Marie-Thérèse, reine de Hongrie, un traité pro-
visionnel pour la défense du Milanais contre les
Espagnols. Son génie pénétrant lui faisait pré-
voir que les princes d'Allemagne ne tarderaient
pas à se déclarer contre les Bourbons, que le roi
de Prusse adopterait les mêmes principes et que
l'Angleterre, si fort intéressée à ne pas laisser
prendre trop d'accroissements à la France, con-
courrait aux efforts des antres puissances pour
la restreindre dans de certaines limites. Le mar-
quis d'Ormea , qui avait assisté à côté du roi à
la bataille de Guastalia, prit part aux opérations
de la campagne contre les Français. Ceux-ci
avaient ouvert la tranchée devant Coni (13 sep-
tembre 1744) et poussaient vigoureusement lésine
de cette place, qui aurait succombé peut-être sans
la détermination prise par Charles- Emmanuel de
livrer bataille aux assiégeants, quoique avec des
forces inférieures. Le ministre prouva dans un
mémoire rempli d'arguments solides que dans la
circonstance il fallait courir le risque d'une ba-
taille. Le roi de Sardaigne la livra en effet, et fut
battu k la Madona del' Olmo (29 septembre);
mais pendant la bataille le marquis présida en
personne à l'introduction d'un convoi de vivres
et d'un renfort de troupes dans Coni, et à l'éva-
cuation de ses hôpitaux, ce qui procura la levée
du siège (22 octobre 1744). Il mourut l'année
suivante, avec le regret de ne pouvoir conjurer
les revers qui accablaient le Piémont.
H. FiSQUET.
Coita d« Bcaoregard, Mémotrei hlstor. utr la vuriMm
roff. de Savoie, t. 111. - Cazette de Fr., 1741-174S. -
Voltaire, SUclê de Louis Xr, cb. III.
OBMESSOX, nom d'une famille distinguée
dans la magistrature parisienne et dans l'admi-
nistration; ses principaux membres furent:
0RMBSS09I d'bauboune (Olivier J^Le
FÈVRE d'), né en 1525, mort le 26 mai 1600. Il
était fils d'un commis au greffe nommé Jean
LeFèvre. Il s'éleva dans la magistrature, fut ap-
pelé au conseil de Charles IX par le chancelier
L'HOpital, et devint quelques années après tré-
sorier général des finances de Picardie. Il
quitta cette place en 1577 pour la charge de
président à la chambre des comptes. Il fut
un des premiers magistrats de cette cour. C'est
lui qui commença la fortune et Tillustration de
sa famille, qui reconnut Henri IV. Il avait
épousé, le 18 juillet 1559, Anne d'Alesso (morte
les novembre 1600), petite-nièce de saint Fran-
çois de Paule. Depuis lors les d'Oimesson proté-
gèrent l'ordre des Minimes et prirent la couleur
brune pour livrée.
ORMESSON ( O/fvier //), fils atné du précé-
dent. Tut comme son père président des comptes.
OKHBsson (André 1*^ Le Fàvas o'), frèredu
précédent et second fils d'Olivier 1*^, né en 1576,
851
ORMESSON
8^;:
moii en 1665, fat successivement conseiller au
parlement de Paris ei conseiller d'État. Ses ta-
lents et sa probité Ini araieut attiré Testimc gé-
névale.
ORMESSOK ( Olivier III Le Fèvre d'), fils
du («recèdent, mort le 4 novembre 1686. Il fut
regardé comme un des mrgistrats les plus intè-
gres de la cour de Louis XIV. « Il résista avec
fermeté, dit te président Hénault, aux ministres
qui Toulolent faire périr le surintendant Fou-
quet , dont il étoit chargé de rapporter le pro-
cès » Ni les menaces ni les promesses de la
place de chancelier ne purent lui faire suivre
d'autre avis que celui que sa conscience lui die
fait. Louis XIV n^ooblia jamais cette belle action,
et quand on lui présenta son petit-fils, il lui dit :
« .Te vous exhorte è être aussi honnête homme
que le rapporteur de M- Fouquet. » Olivier U
fût un des rédacteurs des fameuses ordonnances
de 1666 et années suivantes. Il mourut conseiller
d'État.
ORMESSON {André II Le Fèyrb d'), fils du
précédent, né en 1644, mort en 16B4. U eut
pour précepteur le célèbre abbé Fleury. Il fat
successivement avocat du roi au Châtelet, con-
seiller au grand conseil , maître des requêtes, et
mourut intendant de Lyon.
ORMESSON ( Henri' François de Paule Le
FèvBE d'), fils du précédent, né en 1681, mort
en 1756. Maître des requêtes, il fit partie du con-
seil des finances établi sous la régence , et fut
nommé plénipotentiaire du roi potir régler les
limites de la Lorraine. II devint ensuite conseil-
ler d'État, intendant des finances, et l'un descon-
seil1er>( du conseil royal des finances.
ORMBSSON ( Marie- François de Paule Le
FÈVRE, marquis d*), fils du préci^dent, né le 18 oc-
tobre 1710, mort en 1774. Successivement con-
seiller au parlement (1731), maître des requêtes
( 1733 ), présidebt au grand conseil ( 1738 ), oon-
seiilor d'Etat (1744), il occupa, à la mort de son
père, la charge d'intendant des finances et obtint
en 1758 le titre de marquis.
ORMESSON (Louis-FrançoU-de-Paule Le
FàvRB n'), frère du précédent, né le 27 juillet
1718, mort le 26 janvier 1789. à Paris. U fut
élevé sous les yeux du ciiancelier d'Agnesseau ,
son oncle maternel . D'abord avocat du roi au
Cb41elet (1739), ii devint en 1741 avocat gfénéral
au grand conseil (mars), puis au parlement
(décembre), et succéda à M. de Ctiauvelin dans
la place de président à mortier ( 1755). Aussi
intègre que laborieux et éclairé, il ae ftorU sou-
vent médiateur entre la cour et le parlement :
ainsi ce fut à ses négociations que cette compa-
gnie dot deux fois sa rentrée dans Paris; il n'en
soutint pas moins avec fermeté ses prérogatives,
et s'associa au système de résistance qu'eUe avait
adopté. Louis XV avait pour lai la plus grande
estime (1). Louis XVI, à qui il donna le conseil de
(I) Vm wal fait •■fllre pour faire apprécier le earae-
tère de ce maRlslnit. Un Jour Louii XV lui écrlirli pour
ne point convoquer les états généraux, le noauna
premier président (12 novembre 1786), h)rs de
la retraite de M. d'Aligre. Ce magistrat était
membre honoraire de l'Académie dca inacriih
tions. P. L.
G iaberi^ ÉJoge hist. de L-F. d^Ormestami Paris. ITS.
In-B*. — niiheniult, Éloge funèbre du prêt. «TOraM»-
««n; Paris llt9,lii-S* (en IsUo;. — Salllcr, jgmmaia
françaises,
osHB$soN (Henri-François de Paule li
Fèvred'), fils du précédent, né le 6 mai loi,
mort en 1607, à Paris. Il fut d'abord conseiller H
intendant des finances. Cbargé, après la mort et
son père, de l'administration de la maison de Saint-
Cyr, il était obligé de travailler avec Loiiis XVI,
qui conçut pour lui une estime partiooUère. Ap-
pelé en 1783 an contrôle général des finaaon,
il témoigna en vain la défiance que lui iB<»pîrat
son 4ge. « Je suis pWis jeune que vous, répliqoa
le roi, et j'occupe une plus grande place que oeMe
je vous donne. » Étranger à toutes les eomai»-
sances qu'exigeait im poste si périlleax, il
opéra dans l*admiDistrattoa de^ ctnageroemts qoi
jetèrent une grave atteinte au crédit public • Il
avait la tête étroite, dit Montjos, et il voyait les
affaires sous les plus petits rapporta. > Un de
ses premiers actes fut son refus de payer les
dettes des frères du roi avec les deniers de l'État;
mais ensuite U perdit la tète au nulieu do détaS
infini qui accablait son inexpérience. « Ses der-
niers actes, rapporte M. Renée, furent marqaés
d'un caractère de témérité qui approdiait de h
démence. Il obligea la caisse d'esoonpie è verser
six millions au trésor, et il rautorisaè suspendre
le payement en aq^ent des billets aa-dcsnis de
300 livres. Il donna pour pendant à celle mesure
hb autre arrêt aussi iinpiî^vo^aassi impradeat:
il cassa le bail des fermes en vue de l'étabfisie-
nsest d'une régie, ce qui souleva contra loi m^
de ces oppoeitioos que les grandes fontes exci-
tent de méroe que les grands taknta. » Ren-
placé au bout de quelques mois par M. de Oi-
lonne, il laissa le déficit plus considérabie qiH
n'avait jamais élé. An début de la révolatioo, il
fut élu président d'un des tribunaux de Paris.
et en 1792 on le nomma maire de cette ville,
mais il déclina cet honneur, et se nlira à la cam-
pagne, où il vécnt oÉwcur et tranquille. P. L.
Morérl. Gmé Diet. hUt. — Mratjoa, Mmktrtt 40
flHances. ~ A. Beoée , tint, du rèyme tfe ùMtis XA7.
ORMBSSON DE 2«ovsEau (itase-Iosis-
Françoisde Paule Ls FÈvas d'), frère duitré-
cèdent, né le 26 février 1753» guillotiné le i^ flo-
réal an u (20 avril 1794), U fut succesoivemeat
I Ini recommander raffalre d*aa lelgneur de sa com, Coe
prompte audience cac accordée à une recoumafidxtlon
al polsaaate. L'aflàlre est appelée, ptoMée et pcrdM.
Quelque temps upréa le rnl a occasion de voir d'4)r>
mrsson :n Monsieur/ lui dU-U, tous a*e« doncU:'
perdre la cause S mon protépé? — Sire, elle élalt ln*«-
Unakle soua U)na les rapporta. — le m*Mi étais btta
douté, reprit le roi; oo ne m'eût paa tant poussé ^
elle eût été Bonne. Vous n^aves pas répondu i ma soIQ-
cltsllon , mate vous avez répondu i non attente : Je
voua en catlme davantage, m
saz
ORMËSSON — ORMOND
O'A"}
coiKu^lUer au parlement (6 septembre 1770), pré-
sident à mortier ( ta mars 1779), bibliothécaire
du roi Louis XVI (en remplacement de Lenoir,
1790). Élu député par la prévôté de Paris (txtra
mwoe) âtti états généraux de 1789« il s'y mooira
opposé aux innovations, et pkis taiti .signa la prp*
tffitatioa (7u lô septembre 1791. Il était membre
de la (commission ^ts mooomentR publics, lors-
qu'il Tut arrêté avec Bochard de Saron et plu-
sieurs autres anciens membres du parlement
(1793). Traduit de?ant le tribunal réTolution-
oaire , il fut condamné à mort. D'Ormesaott de
Noys<^aii était un helléniste distingué; en 179S,
l'AcMléoBie des Inscriptions Tafait admis daas
son seio.
L— z— E.
L'BstofIr. Mém. pentr servir à rhM. de Ftaneê, t. Il,
p. M. - L0 .W«nttr«rr universel, 1791, o* ts ; 1799, n* 171,
9f%; ITSa, 118. - Le Ban. DUU hisi. de la France,
ORMOND (James BortEm. duc o"), homme
d*ÉUit anglais, né à Londres, le 19 octobre 1610,
mort le 31 juillet IMS. Il descendait d.'une ao-
ctenne famille qui se rattachait, dit-on, à la mai-
SÂm ducale de Normandie, et qui depuis le trei-
zième siècle tenait en Irlande roffice hérédi-
taire de grand bonteiller, d'où hii venait son
nom de Butler. Malgré oes précédents, sa jeu-
nesse eut il lutter contre des drconstancea défth
YorubleSyqui auraient pu décourager une flme
moins énergique. Il était bien jeune encore lur»-
que son père mourut, par accident, le laissant
aux soins d*un aïeul qui fut lui-même privé de
sa liberté pendant piu-sieurs années, pour aroir
Toula résister à l'arbitraire du roi Jacques V.
Après bi mort de ce prince, le jeune Ormtnd,
dont rédocation arait été confiée à raicbevêque
Abtiott, parut enfin à la cour avec le titre de vi-
comte Tfiurles et ayec le rang qui oonrenait à
sa naissance. En t6M, il se maria, et prit du
serrice militaire en Irlande, où se truuraiènt les
terres de sa famille. Vers lé même temps, Il de-
vint, par la mort de son aient, duc d*Omond
et pair irlandais. On assure que le célèbre comte
de SIrafford, alors lard Weniwarth, quïrenait
fl*ètre nommé au gouvernement de l'Irlande,
dit, en le voyant pour la première fols : « Ou je
ne connais rien en physionomie, on ce jeune
homme deviendra le plus grand de sa fhnrille. 4
Lorsque éclata la rétiellion iHandaise de 1640,
le duc d'Ormond fut nommé par le roi Char-
les l*' fieotenant général, et mis à la tète d^an
corps d'armée de trois mille hommes. Pendant
la désastreose période qui suivit, il continua, an
milieu de U fureur dea factions animées les unes
eontre les antres de hahies politiques et reli*
(penses, à suivre, avec une modératiott inalté-
îabie, la ligne de conduite qui lui était dictée
par un patriotisme sincère, par une fidélité à
toute épreuve. Qnoique disposant de forces très-
inférieures, il battit plusieurs fois les rebeHes,!
Brogheda, à Kilrush et à Ro«s. Mars malgré ces
services, qui lui valurent des dignités de la part
<hi roi et même des remerdements publics du
long parlement, il fut $i mal soutenu de part et
d'autre que bientôt il lui devint impossible de
proloRgier la lutte inégale dans laquelle il se. trou-
vait en%àgé. Ses efforts furent paralysés par la
division des partis, et en 1643 il se vit forcé de
conclure un armi.stice qui excita beaucoup de
mécontentement en Angleterre.
Pendant les quatue années suivantes, oetlesoii
la guerre civile atteignit dans ce dernier i^ys
son plus haut degré de violence, Ormond , qui
venait d'être investi par son souverain du titre,,
presque purement nominal, de lord lieutenant
d'Irlande, parvint, dans nae eertaine mesure, à
retenir ce royaume dans Tobéissanco, et même
à détacher de sa faible armée quelques renforts
qu'il envoya au roi. Mais quand le malheureux
Charles fat tombé entre lea mains de ses enne-
mis, et que la position du lord lieutenant d'Ir-
lande ne fut plus tenable, il résigpa ses pouvoirs
entre les mains des coomissairea du parlement,
et alla rendre oampte de sa conduite à son roi
prisonnier. Il se retira ensuite en France (1647),
mais sans perdre un instant de vue son souve-
rain ni son pays. Dès l'année suivante, il débar-
qua de nouveau en Irlande, et rénssil nn mo-
ment à rattadier à la cause royale le parti ca-
tlioliqie et celui des vieux Iriandais, conduit par
O'Neil. If! la nouvelle de rexécufion du roi ni
le refus de nnsonciant Charles II de venir rele-
ver le parti royaliste par sa présence ne purent
décourager le dévouement du doc d'Omiond.
Avec les laiMes ressources dont il disposait,
sans ai^nt, sans munitions degoefre, H entre-
prit d'enlever DubKn anx pariemenlaires par un
coup de main hardi , qui allait réossir peut-être
si ladéCiction d'O'Neil et l'arrivée de Cromvrell
lui-même à la tête de forces imposantes n'avait
forcé l'mtrépide champion d'abandonner la par-
tie et l'Irinde, en 16&0. Dans Texil qu'il partagea
dès lera avec son souverain, celui-ci n'eut pas
de conseiller plus sage ni d'agent plus actif. A la
reslairation, le duc d'Ormond rentra en Angle-
terre avec Charles II, et obtint enfin les honneurs
et les réeonf^nses si bien dos à son dévoue-
ment.
Le reste de sa vie, bien qu'entouré de consi-
dération et exempt des agitations qui en avaient
rempli la première période, ne se passa pas sans
quelques épreuves. Sa réputation sans tache ne
le défendit pas toojours contre les caprices du
souverain et les intrigues des conrtisans. Deux
fois encore, sous les règnes de Charles fl et de
Jacques II, il fbt investi et dépouillé du gonver-
nement de l'Irlande, qu'il administra dn reste
pendant «n certain nombre d'années, avrc une
sagesse et une modération auxquelles ce mal-
heureux pays était peu habitué. Vers l'époque
du complot papiste, on voulut desservir auprès
du roi lord Ormond , alors lieutenant d friande
pour la troisième fois, en l'accusant de ménage-
ments pour les catholiques ; mais le prince se
contenta de répondre : « J*ai un de mes royan-
Sâ5 . ORMOND
mes en bonnes mains, et je Vy laisse. » U ne Tut
pas toujours aussi sage, et prêta quelquefois l'o-
reille aux ennemis de ce serviteur fidèle, mais
sincère , qui ne savait ménager ni les maltresses
ni les favoris. Ce fut dans un de ces intervalles
que celui-ci , se trouvant à Londres, fut l'objet
d'un guet-apens odieux de la part du colonel
Blood, aventurier qui voulait se venger de la
juste punition infligée par le duc à ses complices,
(lour un complot tendant à s'emparer du châ-
teau de Dublin. Prié , de la part du roi , d'ou-
blier cet attentat, et faisant allusion à une autre
«tentative de Blood pour enlever de la Tour de
Londres les insignes royaux {regalia)^ Or-
mond répondit : » Si le roi pardonne À celui qui
a voulu lui voler la couronne, je pense bien par-
donner à cet homme une entreprise sur ma vie. »
Tel fut celui que ses compatriotes ont sur-
nommé « le grand duc d'Ormond ». Général
distingué, homme d'État éminent, habile et in-
tègre administrateur, il eut, dans des temps dif-
ficiles, le mérite bien rare de servir son roi sans
le flatter, et d'être estimé des républicains qu'il
combattait. C'est une des gloires les plus pures
de l'Angleterre. E. J. B. Rathery.
Tbonai farte, HUtom 9f Cite lift of Jamei dvkê ttf
•Ormende; Londres, 17M, S vol. tn-foL Le dernier volome
renferme ta correspondance. Le mémn auteur a ausal pu-
blié : OrigintU Mtert/ound amang tke àuke c/ Ormon-
difs papersf Lundoo, iTSf , t voL tii-6*. On j trouve, t. II,
p. Hi et salv., de* lettre* dn cardinal de Reti qui n'ont
pas été recaeUllea par les éditeurs de set Memotret,
OmMOT (D'). Voy, MÉRàRDDBSAUrr-jDST.
omnANO , famille des anciens comtes sou-
veialnsde Corse, ducs de Mittiliano, princes de
Montlaor et de Cistria. Elle descend du préfet du
prétoire le prince Ugo Colonna, que Léon 111
chargea de conquérir la Corse sur les Sarrasins,
et qui , d'après Alcuin , Ait investi par Charle-
tnagne de la souveraineté de cette lie sous le
titre de comte. Alliée aux maisons impériales
de Julia, de Paléologue, de Lascaris, de Lor-
raine, de Bragance et de Bonaparte; aux mai-
sons royales d'Aragon et de Bavière, et à un
l^rand nombre d'autres maison^ souveraines,
princières et illustres, la famille d'Omanoa donné
À l'Église romaine un cardinal et plusieurs autres
prélats, trois maréchaux à la France, et à la
Corse et à l'Italie une foule de guerriers renom-
més.
ORSAHO (D'), célèbre sous le nom de San-
MEBJto, né en 1497, de Guillaume d'Omano ,
seigneur de Sampierro sur leTibre,et deCinar-
chèse de Banzali, mort le 17 janvier 1567. Il fut
élevé à Rome, dans la maison du cardinal Hippo •
lytede Médicis, qui le fit enrOler dans les bandes
noires, que soudoyait sa famille. Il s'y acquit
une grande renommée de bravoure et de loyauté;
mais, en 1533, il passa an service de la France
comme colonel d'une compagnie d'Italiens. II se
distingua en maintes circonstances, notam-
ment dans le Piémont (1536) , au siège de Per-
pignan (1542), où François I** lui octroya depor-
— ORNA NO
856
I ter dans ses armes deux baniies (Vazur à la
fleur de lyt d'or pour avoir sauvé la vie an
dauphin, depuis Henri II ; à Landrecies, en se
jetant dans cette place, à travers l'arroéa impé-
riale, avec trois compagnies italiennes (1&43),
et enfin à Vitry-le-Fraoçois en sauvant la cava-
lerie de Brissac (1544). Étant passé en Corse
après la paix de Crépy, il épousa Yanina, fille
unique de François d'Omano, un des plus
riches seigneurs de llle et des plus influents, et
fut quelque temps après jeté en prison par le
gouverneur génois qui l'eOt fait mourir voloa-
tiers, tant il redoutait son influence sur sei
compatriotes. Mais Henri 11, averti de cette ar-
restation arbitraire, le réclama sur-le-champ
comme un de ses officiers. Sampierro revint en
France avec le dessein bien arrêté de se venger
des Génois et de soustraire ses compatriotes à
leur domination. Aussi fut-il le promoteur et
l'Ame de l'expédition de l'armée française m
Corse (1563). La prise de Bastia, de Cortë,
d'Ajaccio, due principalement à son inflaeoce,
entraîna la soumission du reste de rtle, à l'exoep-
tionde Calvi. Il sut pendant six ans résister aoi
forces considérables que Gènes envoya contre
lui, en les écrasant dans plusieurs renoontres,«o
passage du Golo et surtout au col de Teoda ; il
présida, le 1 5 septembre 1557, une oonsalte géné-
rale de la nation assemblée pour accueillir lliea-
reuse nouvelle de fannexion de la Corse à la
couronne de France. Cependant, moins de deux
ans après cet engagement solennel, Henri II ^^
mit aux Génois les places fortes de cette fle,et
retira ses troupes, ainsi qu'il s'y était engafçé par
un article du traité de Câteau-Cambrésis. Doo-
loureusement affecté de voir, après tant d'efforts
héroïques, ses compatriotes retomber sons le
I joug d'une puissance haineuse et vindicatÎTe,
Sampierro demanda des secours à Catherine île
M édicis, ennemie personnelle des Génois, au roi
de Navarre, au bey d'Alger, dont la puissance
alors était considérable, et au sultan de Cooslao-
tinople. Partout il fut accueilli favorablement;
mais toutes les promesses quMI reçut demeu-
rèrent sans résultat De retour à MaraeiJIe, il
s'enferma dans sa maison avec Vanina, sa femme,
qu'il était allé prendre à Aix, où elle demeurait
sous la protection de l'archevêque et du parle-
ment, lui reprocha vivement sa conduite io-
oonsidérée en tentant de se réfugier dba ses
ennemis mortels, è l'instigation d'un prêtre
vendu aux Génois, lui dit froidement de se pré-
parer à la mort, et l'étrangla lui-même ave&&on
écharpe. Après l'avoir fait ensevelir dans l'église
des Franciscains avec les honneurs dus à son rang,
il se rendit près de Catherine de Médicis, qui, moins
susceptible que les courtisans , ferma les yeux
sur l'atrocité de sa vengeance et le retint encore
un an à la cour pour aviser aux moyens d'as-
surer l'affhinchissement de son pays. Las d'at-
tendre des secours qui n'arrivaient point, Sam-
pierro résolut avec ses propres forces d'exécuter
sr^r
ORNANO
SU9
ce projet. En juin 1564,11 débarqua au golfe de
Vailinco, avec dooze Corses et YÎngt-cinq Frao-
çais sealement ;niai$ sa petite troope augmeataît
à mesure qo*il s'a Tançait Ters Ck>rté; il fut bien-
tôt en état derepousser les ennemis à Veseovato,
et de les battre dans plusieurs rencontres soe-
cessives dans le nord deTUe. Gênes, effrayée,
leya des troupes , en demanda de nonvelles à ses
alliés, et les envoya sous le ooromandement
d'Etienne Doria pour s'opposer aux profrès de
rinsurrection. Elles forent encore battues ( atril
1565), et les nationaux, certains de ne pas 6tre
inquiétés, se réunirent en consulte pour établir
les bases du gooTernement et pour demander
des renforts à la France contre les Génois, qui
n'avaient point observé les articles du traité de
CAteau-Cambrésift. Ils ne reçurent de Charles IX
que des secours d'argent insuffisants, avec
treize drapeaux où était inscrite cette devise :
Pugna.pro patria. Ce témoignage de Tinté-
rCt que la France portait aux Corses ranima
leur courage. Us détruisirent encore une fois
l'armée génoise, en la forçant de se retirer à
Saint-Florent par des chemins afTreu^, oà elle
perdit ses bagages , ses munitions et un grand
nombre de prisonniers. L'année 1566 se passa
sans événements^marquables : Vivoldi, succes-
ceur de Doria, n'avait pas l'humeur guerrière de
ce dernier. Mais la république de Gènes, voyant
ses trésors épuisés , et n'ayant plus de troupes à
opposer à Sampierro, résoluld'en finir, n'importe
par quel moyen , avec cet infatigable ennemi.
Dans l'armée génoise on comptait des transfuges
et des seigneurs corses , parmi lesquels se trou-
vaient trois frères, Antoine, François et Micliel^
Anged'Omano, cousins germains de Yanina. Ils
n'eurent pas besoin de la magnifique promesse
que leur fit la république du fief d'Omano pour
exciter leur ressentiment et leur faire jurer la
nK>rt de Sampierro. Us gagnèrent à cet effet deux
personnes qui jouissaieht de toute sa confiance,
un moine et son écuyer. Le faux bruit d'une ré-
volte parmi ses partisans attira dans la Rocca
Sampierro, qui se trouvait à Vioo ; et les conju-
rés, instruits par leurs complices du chemin
qu'il devait suivre, l'attendirent, à la tète
d'hommes résolus , dans un endroit difficile et
^resserré. Sampierro, reconnaissant les d'Oniano,
se douta du danger. 11 crie à son fils Alpnonse
de se sauver, et s'élance sur Antoine, qu'il
blesse à la gorge d'un coup de pistolet; mais
il n'a que le temps de mettre l'épée à la main ;
il tombe de cheval atteint mortellement d'un
<^up d*arquebuse, que lui tire Michel-Ange.
Sa tête fut portée en triomphe à AJACcio» et
présentée au gouverneur génois, qui célébra
^ événement par des salves d'artillerie et en
laisant jeter, des fenêtres de son palais, de l'ar-
Rcnt au peuple. Ainsi mourut Sampierro, à l'ège
<le soixante-neuf ans.
ORaiANo {Alphonse d'), maréchal de France,
fit& du précédent, né en 1548, mort en 1610. Il
Alt admis au nombre des enfants d'honneur du
dauphin, depuis François H, prit part en 1565 à
la lutte héroïque que soutenait son père contre
les Génois, et la continua deux ans encore aprè»
la mort de ce dernier; mais, voyant sa patrie
épuisée , les bmilles les plus influentes partagée»
en deux factions, une grande partie de ses ca-
pitaines et de la population disposés à faire leur
soumission à Ul république, n'espérant plus d'ail-
leurs aucun secours des puissances étrangères ,
il conclut avec Georges Doria un traité dont il
dicta lui-même les conditions^ et se rendit en
France avec trois cent cinquante de ses compa»
triotes qui ne purent se résoudre à reconnaître
l'autorité de Gènes. Catherine de Médicis lui fit
l'accueil le plus flatteur, et Cliarles IX reconnut
ses titres de noblesse, le nomma colonel général
des Corses, gouverneur de la ville <^e Valence,
et lui fournit en outre le moyen de venir san»
cesse en aide k ses compatriotes, en lui accor-
dant, pour lui et les siens, des lettres de natu-
ralisation, enregistrées è Aix, en 1572, confir-
mées par Henri III en 1582, et par Henri IV en
1599. Fort de Tappui du roi, d'Ornano força la
république k lui rendre la jouissance de ses do-
maines et à élargir ceux de ses partisans qu'elle
tenait en prison contre les traités. Nommé gou-
verneur k Pont-Saint-Esprit, il se trouva mêlé
aux luttes hitestines qui, sous le nom de guerre
de religion, désolèrent si longtemps le royaume,
et s'y fit remarquer, non point , comme tant
d'autres , par une violente animosité, mais par
une grande fermeté et un rare esprit de justice»
qui lui attirèrent l'estime de toijs les partis. La
victoire signalée qu'il remporta, le 10 août 1587,
sur quatre mille Suisses qui venaient opérer leur
jonction avec les réformés db Dauphiné, lui va-
lut le titre de consdller d'État et la lieiitenance
du roi dans cette province. H lut un dn pre-
miers à reconnaître Henri IV, et r^KHissa les
magnifiques propositions que lui fit le duc de
Mayenne. Disposant , après s'être assuré de»
villes du Dauphiné et du Lyonnais, de forces
plus considérables, il chassa le duc de Nemours,
battit les Espagnols commandés par Jean Vé-
lasquez, eonnétable de Castille, et s'empara de
La Fère. En récompense de ces nouveaux ser-
vices, Henri IV lui donna, à Lyon , le béton de
maréclial , lui cooléra à Rouen l'ordre du Saint-
Esprit et lui fil accepter quelque temps après la
lieutenance générale de Guyenne, qui ne se don-
naît qu'à un prince du sang. Mais ce qui suffit
à la gloire du maréchal, c'est le dévouement
qu'il montra durant Thivasion de la peste : on
le voyait, lui, grand seigneur, sortir à cheval
pour visiter deux fois par semaine les hôpi-
taux qu'il avait fait constraire , et s'assurer par
lui-même si les malades indigents avaient les
secours nécessaires. Il écoutait leurs demandes,
et ne les quittait jamais qu'il n'efit vidé sa bourse.
Maire de Bordeaux par ordre exprès du roi , il
fit dessécher les marais dont le voisinage était si
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fiuieste, et préf iot atasi le retour de répidémie.
Son admirable condtite, en lui méritant après
coup les suffra^çes des habitants, kii coocilia
telleinent leur affection que sa inéinoire est en-
core vivante en cette ville. Le peuple, qui garde
longtemps le souvenir de ses bienfaîte«r«, vient
de donner le nom d'Omano à Tnne des plu»
belles rues de Bordeaux. Le maréchal revint à
la cour à la fin de Tannée 1609, alors qu'il était
question du fameux voyage de Juliera. Poar
suivre le roi dans cette expédition, il voolot se
faire opérer de la taille, car depuis longtemps
d^ il était incoraoBodé de In pierre. Cette opé-
ration, si simple aiqourd'hui, loi fut fatale : la
gangrène se mit dans les chairs, et trois ioors
apiiès il mourut, à TAge de soixante-deux ans. Le
roi. qui lui témoignait une afTection particnlière,
ainsi qu'on le voit dans les nombreuses lettres
qu'il lui adl^'essa, en ressentit une vive douleur ;
la Guyenne le pleura , et le royaume le regretta
longtemps. D'Ornano était grand de taille; sa
fleure martiale était pourtant sans rudesse ; d'un
facile «ccès pour tons , il traitait le peuple avec
bonté, et les seigneurs avec distinction et sur un
ton d'égalité parfaite; mais en même temps il sa-
vait tenir son rang, et pour toot ce qui était du
service do roi, jama'« on ne le vH transiger;
aussi lui arriva-t-il de blesser la susoeptibflfté
de hauts personnages comme Sully ^t le duc d'É-
pemoo, et de donner Heu à de!> dtffi^rends que le
bon roi s'empressait d'étouffer. Il avait épousé
Marguerite de FUssans, d'une ancienne maison
de Provence ; il en eut quatre fils.
Son frère i4n^oi>ie Françait fut traltreosement
asâossiné dans rampbithèâtre de la Rotonde, à
Borne, par douze seigneurs fVan^is, au moment
où il allait f^ battre en duel avec Ton d'eux
nommé de la Regia. Son tombeau se voit encore
à l'église Samt^Loois des Françafs.
OBKAR^ {Jtan-ÈapiHte n'), comte de
Montlonr, maréchal de France, né en 1583, fils
du précédent, mort le 16 septembre 1626. Il fut
(Hevé à la cour de France, et fit ses premières
armes sons les yeux de son père. Sa belle con-
duite au siège de La Fère lui valot le comman-
dement des compagnies corses avec le titre de
colonel. A son retour de Savoie, o(i il avait suivi
le roi , il eut le douloureux privHége d*as«i8ter
son père à ses derniers moments , de conduire
sa dépooille mortelle à Bordeaux et de la dépo-
ser dans l'église des religieux de la Merci. Le
maréchal n'avait point laissé de fortune à ses
enfants, mais la faveur d» roi leur en tint lieu.
D'Omano eut le gouvernement de Château-
Trompette et plus tard celui de Pont-Esprit, où
la nouvelle de la mort de Henri IV vint le sur-
prendre, au milieu des préparatifs qull thisait
l)our passer en Italie an printemps suivant. Il
retourna en hâte en Guyenne, et maintint toute
une année sous l'obéissance du roi cette pro-
vince et la Gascogne, dont la lientenance était
alors l'acante. La reine mère, Marie de Médicis,
Taocueillit GivoraUement, et daigna contriliaer à
son mariage avec la comtesse b^tière de Moat>
laur* Sous de Luynes il fot nommé Keotenaot
général du roi en Nonnandte, et en octobre I6i9
gouverneur du doc d'Orléans, frère du roi. Cette
charge , en augmentant singulièrement son pou-
voir et son influence, lai attira beaucoup d'en-
vieux parmi les coortisans, qui, par toutes
sortes d*iiitrignes, ébranlèrent la confiance que
Louis XJII avait en Kii. Il Ini fut enfoini de àe
démettre de sa charge et de se retirer dans soo
gouvernement de Pool-SaiotEsprit Obéfr, c'ett
été ponr d'Omano se reconnaître coupable; il
aima mieux seconetitoer luf^néme prisonnier à la
Bastille, d'où il fut transféré au château de Caeo.
Cette fière conduite confondit ses adversaires et
éclaira le roi, qui loi rendit bientôt sa eliarge el
réleva i la dignité de maréchal de France. Mats
autant d'Omano était bon et loyal serviteur, au-
tant il était nMQvais cooilisan : il refnaa d'aller
faire â Richelieu des remerrtments, qu'il ne
croyait dus qu'au roi ; il eut le tort, pNin grare,
de représentera Lmiis XIII que son élève était
d'âge â prendre part aux affaires de l^tat. Le
cardinal, jaloux de cooceotrer entre ses roaio$
rautorité suprême, le fit enfermer au château de
Vincennes, où, pour arrêter tofite démordte en
sa faveur, il le fit empoisonner, ainoi que le
prouvent les écrits anonymes pubfiés» à cette
occasion. Le maréchal mourut â peine âgé de
quarante- trois anfiy saas baisser de postérité. Cette
' brandie, dite des maréchaux ftomano^ $*é"
teignit en 1698, dans la personne d^Amne d'Or-
nano, première fille d'iMoneur de la ifuchesse
d'Orléans 9. Rollam».
Pllipplnl, BMoirvdêia Cone.-^ DeTùoo. Mtmcins.
— L'Hermlte ae Soutien , ùe» Corp» français, - U-
iMUt. f^i9 d£j,-B. d'dmMno iMantuc de it BibliotMqne
' Impériale). — L'abbe Rossi, (UfservatUms AicfoHflMi
(HanuM. de la Blbliottiêqae Intpérlaie}.
OKNâNO {Jean- Baptiste, comte »'), offi-
cier général, né en t742/mort en Janvier 1794.
II servit sous Louis XV comme eolond et
comme brigadier d^nUmt^rie avec une grande
distinction , devint maréchal de camp, et fut
nommé par Louis XTI gouverneur de Bayonne.
Il Alt chaiigé en qualité <le plénipotentiaire, avec
dom Louis de Caro, de la délimitatioa des froa-
tières^e France et d'Espagne. Cette Hgoe perte
le nom d'Ornano , ce qui est nn bel hicMiinisge
rendre à sa mémoire. Il fut le tuteur de lll*i<^ Ca*
barrus, devenue si célèbre sons le nom 4e ma-
dame Tallien et de princesse de Cbhnay,e( périt
victime de la révolution. 11 était de la mène
famille que les précédents, maia d'one autre
branche.
;| ORXâico (PhWppè- Antoine, comte d'),
maréchal de France,fll9 de Looisd'Oniano,rofonel
de la garde nationale d'Ajaccio, et d'IsabeJk* Bo-
naparte, naqnità Ajaccio, le i 7 janvier 1784. Il par-
lit (lès Tâgc (le seize ans comme soo6-lieut4>n<nt
au 9^ régiment de dragons, fit les campa^Ties
(Htaliedcs ans vu, vin et ii, et prit l'aria
86 (
ORNAm
863
Texp^ition de Saint-DomiagueeD qoalHé d'aide
de camp du général Leclerc, dont il ramena le
corps en France. Le général Bertbier, roiDiatre
de la guerre, Kadmit alor» dans sob état-majof et
lai confirma le grade de capitaine. Nommé par
l'empereur commandant des chasseurs corses»
il s'empara de plusieurs pièces de canon à Aus-
terlilz (2 décemlire 1805), et pénétra le pre-
mier dans Lubeck après s'être faillam ment com-
porté, le 1 i octobre 1 806, à léna. Sa belle conduite
lui valut le grade de cokonel et le commandement
du 25' régûmeot de dragons, qu'il conduisit en
Prusse et en Pologne, et plus tard en Espagne et en
Portugal, où il fut cité^u vent avec honncor dans
les rapports des généraux en dief. Il força (26
juin 1809) le passage de la Navia, s'empara an
combat d'Alba-de-Tormès de quatre pièces d'ar-
tillerie, et se distingua au siège de Ciiidad- Ro-
drigo et surtout à la brillante affaire de Fuentes
de OuorOy en chargeant la cavalerie avec tant
d'ardeur et dtntrépidiCé que le jour même (5 mai
1811) il fut nommé général de brigade. Dans
l'expédition de Russie, le comte d'Ornano,
qui avait dans le 4* corps de la grande ar-
mée le commandement d'une brigade de ca-
valerie légère , se fit remarquer au passage dn
Niémen (25 juin 1812), et le mois suivant à Mo-
hilow et à Ostrowno ; il fut nommé général de
division cinq jours avant la bataille de la Mos-
kowa, où, commandant sept régiments de cava-
lerie, il soutint le choc de i'hetman Platow et
réussit à le rejeter, lui et ses dix mille horameft,
au delà de la Kologha. Ce brillant fait d'armes,
en dégageant l'aile gauche, eut les plus heureux
résultats. Placé à Tarrière-ganle, sous les ordres
du maréchal Ney, il rendit les plus grands ser^
vices , notamment à Malo-Jaroslavetz, où dix-
sept mille hommes soutinrent les effoits d'une
armée forte de quatre-viugl mille hommes avec
une telle énergie que Napoléon en marqua de
rétonnement en parcourant le lendemain le
champ de bataille, et nliésita pas à attribuer
l'honneur de la journée au prince Eugène et au
comte d*Omano. Ce dernier, laissé poar mort sur
le cliamp de bataille de Krasnoê, dut au dévoue-
ment de ses compagnons d^armes et à la généreuse
sollicitude de l'empereur d'être conservé à la vie
et de revoir son pays. Le 21 janvier 1S13, appelé
an commandement des dragons de l'impératrice,
il partit à leur tête en Saxe contre les Russes et les
Prussiens coalisés. A la mort de Bassières, l'em-
pereur lui confia toute la cavalerie de li garde,
à la tête de laquelle II assista aux! célèbres ba-
tailles de Dresde , de Bautzen, de Leipzig et de
Hanau. Investi, le 24 janvier 1814, du comman-
dement en chef de toutes les troupes de la garde
impériale (infanterie, cavalerie, artiilerieX con-
centrées k Paris, ïl concourut avec elles à la dé-
fense de la capitale; mais son dévouement et
les mesures qui furent encore prises à Fon-
tainebleau ne purent arrêter ta chute de l'em-
pire. Sous la première restauration le général
conserva le commandement dn régiment de dra-
gons de la garde, qu'il conserva sous le titre de
corps l'Oyat de dragons, et reprit son service
pendant les Cent Jours ; mais une blessure grave
rempêchad'assisterà la bataille de Waterloo. Ar-
rêté pendant la secomfe restauration et conduit h
Kabba je tors do procès du maréchal Ney, il fut mii
en lit)erté|iende tempseprès, avec ordi^ de quitter
la France en raison de sa parenté avec la famille
impériale. H séjourna en Belgique envimn deux
ans, au bout desquels il fot autorisé à rentrer en
France, où il se tint à l'écart jusqu'en 1828. Nommé
à cette époque inspecteur de cavalerie , président
du jury d'admission po«ir Téeole de Saint-Cjr
l'année suivante, il fut appelé en 1830 au com-
mandement de la 4* division militaire. Par sa sa-
gesse e( son énergie, il contribua àétonffer en 1 832
rinsurreetiondes départements de rouent, placés
sons f>eâ ordres. Louis- Philippe l'éleva ensuite h
la pairie; après hi révolution de 1848, refu-
sant le commandement de la 14* division mili-
taire, il rentra volontairement dans la vie privée.
Mais il n'y resta pas longtemps : le département
dMndre-el-Loire l'envoya si^er aux deux as-
semblées constituante et législative. Napo-
léon ill l'éleva à la dignité de sénateur (20 jan-
vier \ 851) , l'appela au poste éminent de grand
chancelier de la Légion d'honneur ( f 3 aodt) , lu
nomma gouverneur de l'hôtel impérial des In-
valides (24 mars i85S),et lui confia la prési-
dence de Id commission cittrgée de mettre à exé-
cution le testament de Napoléon V. Le comte
d'Ornano, grand croix de la Légion d'honneur et
de l'ordre impérial de la Réunion , était le plus
ancien général de division de Parmée française,
puisqu'il oomptait près d'un demi-siècle de
grade, quand l'emperenr eooronna une carrière
militaire aussi bien remplie, par la dignité de
maréchal de France, qa'il lui confiera, h 2 avril
1861, aux Invalides, à l'occasion de la transla-
tion des cejDilres de Napoléon de la chapelle
Saint- Jérôme au tombeau de granit dont la garde
reste à jamais confiée aux vétérans de nos ar-
mées. Le comte d'Ornano avait épousé, en 1816 ,
la comtesse polonaise Marie Laozynslia ( i ), veuve
en premières noees du comte Anastase de Co-
lonna Walewski. Elle ne Ini donna qu'un fils, et
mourut prématurément, le I7 décembre 1817.
S. R.
Xonittur de Varmét. — DocuwtmiB pmttieuliera.
l omNkMQ {Rodolphe- Auguste, comte o'),
premier mafttre des cérémonies de l'empereor et
député de l'Yonne, fils dn précédent, et né è
Uége,le 9 juin 1817. Élève du collège Lon!s-le-
Grand et de l'École préparatoire militaire de
SaJnt-Cyr , il fut dès l'âge de dis-huit ans atta-
ché à la légation de France à Dresde, puis à l'am-
bassade de France à Londres, oà ses relations
avec le prince Louis-Napoléon, dont il embrassait
ardemment le parti, le forcèrent bientôt à quitter
(1} Mêrc de M. te comte Culoana Walewtki, miaUlre
d'ÉUt
66a
ORIMANO —
la carrière diplomatique en éTeillant la suscepti-
bilité du goaTemement de Louis-Philippe. Retiré
cbez son père en Touraine, il publia successi-
Tement plusieurs recueils de poésies patriotiques
{Les Tourangelles, Us Napoléonienpes , Les
Échos d'Espagne, etc.)» concourut à la rédaction
des Français peints par eu3p-mémes^ et fut reçu
membre de plusieurs sociétés savantes. Dans les
voyages qu'il fît à cette époque en Corse , en
Italie, en Suisse, il séjourna au ch&teau d'Arenen-
berg, où l'illustre proscrit ne cessait de se prépa-
rer au rôle important auquel il se sentait destiné.
Le comte d*Omano épousa, en 1845, la fille du
marquis de Yoyer d'Argenson , et fut appelé en
18ôt à la préfecture de l'Yonne, où son énergie
maintint la tranquillité, un instant ébranlée' par
le coup d*État du 2 décembre, et où son esprit de
justice lui conquit toutes les sympathies. Aussi
ce département le choisit-il pour le représen-
ter au corps législatif. Il s'y éleva Tiyement, en
1857, contre les scandales de l'agiotage. Le comte
d'Ornano est chambellan et premier maître des
cérémonies de l'empereur, officief de la Légion
d'honneur et commandeur de plusieurs ordres. Il
a publié une histoire estimée de VOrdre de Malte
et une remarquable Élude sur Vadministra*
tion de V empire (Paris, 1800), dont les vues
Tiennent d'être tout récemment prises en consi-
dération par le corps législatif*
Son cousin Napoléon d'OanAMOy né à Ajaccîo,
en 1806, était officier au 3* régiment de dragons
quand il rejoignit Louis-Napoléon en Angleterre.
Après l'expédition de Boulogne, il fut jugé par
la cour des Pairs et enfermé à Doullens ; mais
àTayénement de Napoléon III il fût nommé ins-
pecteur des palais impériaux, et mourut le 2 dé-
cembre 1859, è Yic-sur-Aisne. 'S. R.
DocvmenU particuliers,
OENBTAL ( U' ). Voy. DORNETAL.
OBODB8 1"^, roi des Parthes, quatorzième
prince de la famille des Arsacides, vivait dans
le premier siècle avant J.-C. Son règne, dont il
est impossible de fixer avec certitude Jes limites
chronologiques, parait s'être étendu depilts 56
environ jusqu'en 36. Il était fils de Phraates UI
( le Xir Arsaeide ) et frère de Mithridate III. Ce
dernier prince, à son retour d'Arménie, s'étant
rendu odieux par sa cruauté, fut renversé par les
Parthes et remplacé par son frère. Orodes semble
avoir donné la Médie à Mithridate et la lui avoir
retirée ensuite. Mithridate invoqua alors les se-
cours des Romains, et ce fut l'origine de la guerre
qui aboutit à la défaite et à la mort de Crassus
( vogez ce nom ). La destruction de l'armée du
triumvir répandit une alarme universelle à tra-
vers les provinces orientales de la république
romaine; et si Orodes avait poursuivi ses succès
avec vigueur, il aurait probablement enlevé la
Syrie aux Romains ; mais il devint jaloux de
Surena, le général vainqueur de Crassus , le fit
mettre à mort, et donna le commandement de
l'armée parthe à son fils Paconis, encore jeune.
ORODES 664
Les Paifhes, après avoir occupé tonte la con-
trée à l'est de l'Kuphrate, entrèrent en Syrie
avec un petit corps de troupes, en 51. Les Ro-
mains, remis de leur défaite et commandés par
Cassios, les rejetèrent au delà du fleuve. Ils re-
vinrent l'année suivante, toujours schis Tairto-
rité nominale de Pacoms, mais commandés a
réalité par Osaoès, général expérimenté. Ils s'a-
vancèrent jusqu'à Antioche, dont ils ne parent
pas s'emparer, et marchèrent ensuite sur Anti-
gonée; mais ils furent battus près de cette place
par Cassius. Osacès périt dans l'actioa , et Pa-
coms repassa l'Euphrate. Bibulus, suocesseor
de Cassius, persuada au satrape parthe Or-
nodapantes de se révolter, et de proclamer
Pacoms roi. Bien que le jeune prince fût
étranger à cette rébellion, elle le rendit soâped
à son père, qui lui retira le commandement de
l'armée. Orodes ne profita pas de la guerre d-
viie qui déchira bientôt la république romaine.
Sollicité par Pompée, il mit ses secours au prix
de la cession de la Syrie, et voyant que le gé-
néral romain ^n'accédait pas à cette honteuse
condition, il garda la neutralité. César, vaio-
queur du parti de Pompée, était sur le point de
s'engager dans une expédition contre les Par-
thes lorsqu'il fut assassiné, en 44. Dans la nou-
velle guerre civile qui éclata peu après, Brafi»
et Cassius envoyèrent Labienus, fils de T. Labie-
nus, l'ancien lieutenant de César, à Orodes poor
solliciter son assistance. Le roi des Partliei U
promit; mais Bratus et Cassius livrèrent et per-
dirent la bataille de Pbilippes ( 42 avant J.-C),
avant que Labienus eOt eu le temps de leor
amener des renforts. Les vainqueurs se parts-
gèrent l'empire romain, et Antoine eut pour sa
part l'orient avec la conduite de la guerre contre
les Parthes; mais au lieu de s'occuper de cette
expédition, il se rendit en Egypte avec Cléopâtre.
Labienus pressa Orodes de profiler de l'occa-
sion, et obtint qo'nne grande armée serait en-
voyée en Syrie sous son commandement et
sous celui de Pacoms. Les deux généraux pas-
sèrent l'Euphrate en 40, et défirent Saxa, que*-
leur d'Antoine ; puis, tandis que Labienus tra-
versait la Cilicie et pénétrait dans l'Asie Mi-
neure, Pacoms envahit la Syrie, la Phénicie et
la Palestine. Réveillé de son indolence par le
bmit des succès des Parthes, il envoya oootre
eux le plus habile de ses lieutenants, Venfidios,.
qui chsfpgea bientôt la face des affaires. La-
bienus fut vaincu an mont Tanrus (39 ), fait
prisonnier et mis à mort ; Pharoapates, un des
généraux parthes eut le même sort, et les Par-
thes évacuèrent prédpitamment la Cilicie et U
Syrie. Pacoms, ne se laissant pas décourager,
franchit encore une fois l'Euphrate, en 38; mai»
il fut complètement vaincu dans le district de
Cyrrhestioe, et périt dans la bataille. On re-
marque que le combat se livra le 9 juin, joor
anniversaire de la défaite de Crassus. La ba-
taille de Cyrrbestice et la mort de Pacoros
J
8GS
OKODES —
portèrent un coup très-grave k la paissance
parthique; le Tieil Orodes en fut accablé. Pea-
daot plusieurs jours il refusa toute nourriture,
et ne prononça aucune parole, et quand enfin
il rompit le silence, ce fut pour répéter le nom
de son cher fils Pacorus. Incapable de sup-
;>orter plus longtemps le poids de la couronne,
il s'en démit en faTeur de son fils Phraates IV.
Un des premiers actes du nouveau roi fut de
faire tuer son père. Les médailles d*Orodes por-
tent cette inscription grecque : BASIAEÛS
UASIAEÛN APSAKOr ETEPPETOr £III«A-
NOr£ <t'lAAEAHNO£ ( Du roi des rois, Ar-
sace, bienfaisant, illustre, philheliène).
OMODBa 11, dix-septième prince de la fa-
mille des Arsaddes, virait vers 15 avant J.-C.
Les nobles parthes, après avoir chassé Phraa-
tes, élurent Orodes, qui appartenait à la
même famille royale; mais ils se dégoûtèrent
bientôt de loi , et le tuèrent A sa mort les Par-
thes demandèrent aux Romains Yonones, un des
fils de Phraate. Y.
Dion Caialot. XL, 18, IS, »>: XLl, II; XLVIII, U-»l ;
XLIX, 1», M, tS. - Clc«ron, Jd MUe^ V, 18, Il ; jtd
/amU.\ XV, 1. - Justin. XLII, ». — Velleios Palereo-
Im, II, 18. — Tlte-LIve, EpUomê, 117, iSSl— Floras.
IV, •. — Platarqii«, Jntw,» M, M. — Applen, ItûU civ.,
V, 15. - Orose, VI, 18. - Josèphe, ^nti^ult., XVUI,
t. .- Taclif, jinnaleSt U, 1. — VaiiUnt, itegman Arto-
eidartun, t. I. — Dn Tonr de Longuerae. ÂnnaUi Ar»
saddarum, — Rlctiter, HitHor. Krit. Fertueh ûber
dié Artaciden vmd Sauaniden-Dfnastien. — Saint-
Martin , MimoirtM hlstoHques et géographiques tur
fArméniet vol. I. — Vlscontl, /oono^ropAle grecque,
OROSB (Paul), historien et théologien la-
tin, né à Tarragone, en Espagne, vivait dans la
première moitié du cinquième siècle après J.-C.
Ayant conçu une chaude admiration pour le carac-
tète et les talents de saint Augustin, il se rendit
en Afrique, vers 413, afin de consulter le saint
sur quelques doctrines des priscillianistes , qui
causaient alors de grandes dissensions dans les
élises de la péninsule hispanique. L'évéqne
d'Hippone, touché de ce témoignage d'estime,
reçut Orose avec beaucoup de bienveillance, lui
donna toutes les instructions nécessaires, et l'en-
voya en Syrie, en 414 ou 41 5, ostensiblement
pour qu'il y complét&t son éducation auprès de
Mint Jérôme, qui habitait Bethléem, mais en réa-
lité pour qu'il combattit les principes de Pelage,
qui avalent fait des progrès eu Palestine, où
l'hérésiarque avait résidé. Orose trouva dans
saint Jérôme un ami ardent, et s'acquitta de sa
nûssion avec un zèle habile. Il commença par
annoncer que le synode de Carthage avait con-
damné l'hérésiarque Cselestius : c'était inviter
>e synode de Jérusalem à condamner Pelage, qui
professait des doctrines analogues. La cause du
j^lagianisrae fut en effet portée devant le tri-
bunal de Jean, évèque de Jérusalem, et Paul
^rose remplit les fonctions d'accusateur ; mais
>| se laissa emporter par sa vivacité, et prononça
<ies paroles que l'évéque Jean, favorable au
fond
aux pélagiens, regarda comme blasphé-
tnatoires. Orose fut forcé de passer de l'ofTensive
"OUT. UOOn. CÉRÉA. ^ T. XXXVIII.
OROSE 866
à ha défensive, et sa mission, après d'heureux dé-
buts, finit par échouer. Il resta en Orient jusqu'à ce
qu'il eût appris le résultat défavorable de l'appel
fait au concile de Diospolis. Il partit ensuite après
avoir obtenu les reliques récemment décou-
vertes de saint Etienne, et retourna en Afrique,
où il resta jusqu'à sa mort, arrivée à une date
mconnue. 11 reste de lui les ouvrages suivants :
Bistùriarum advenus paganoê libri VII :
cette histoire est dédiée à saint Augustin, à la
suggestion duquel elle avait été entreprise. Les
païens de cette époque se plaignaient que la
honte et la ruine qui depuis si longtemps me-
naçaient Teropire, et que venait de consommer la
prise de Rome par Alaric, étaient dues à la co-
lère des dieux , dont les sectateurs de la foi
nouvelle avaient abandonné et profané les au-
tels. Orose entreprit, à son retour de Palestine,
de répondre à ces acousations, en montrant que
depuis les temps les plus anciens le inonde
avait été le théâtre de désastres encore pires
que ceux dont se plaignaient les païens; que U
guerre, la peste, les tremblements de terre, les
volcans et la fureur des éléments avaient causé
aux hommes des maux encore plus intolérables,
qui n'avaient pas pour contrepoids et consola-
tion l'espérance du bonheur dans l'autre monde.
C'est donc une histoire des calamités humaines
que le pieux Espagnol prétend écrire, par or-
dre de dates depuis la création du monde jus-
qu'à l'année 417. Il recueille dans Justin, £u-
trope, et dans d'autres annalistes et compila-
teurs de seconde mam, tous les faits qui peu-
vent servir à son dessein ; et il les met à la
suite les uns des autres sans en vérifier l'exac-
titude, sans en remarquer ni en concilier les
contradictions : il n^ ajoute que Tomement d'un
style qui ne manque ni d'élégance ni d'éclat, et
qui est évidemment formé sur le modèle de
Tertullien et de sahit Cyprien. Cette chronique
déclamatoire avait tout ce qu'il fallait pour
plaire au moyen Age ; mais dès le seizième
siècle Sigonius, Juste Lipse, Casaubon, remar-
quèrent qu'elle manquait absolument de cri-
tique , que l'auteur n'était jamais remonté jus-
qu'aux Téritables sources, que , soit ignorance,
soit indiflérence, il avait négligé les auteurs
grecs, et que son œuvre abondait en erreurs
grossières. Cette opinion défavorable a été plei-
nement confirmée par l'érodition modefne, et il
faut reconnaître qu'au point de vue historique
la compilation d'Orose n'a aucune valeur, mais
elle reste un monument curieux de la langue et
de réioquence latines au cinquième siècle (1).
(1) Parmi lei rtirTérenti Utrea foarnla iMr 1«* oianua-
ciiti, teh que Hiitoria adrertus paçanormn catum^-
niuti de eladibus et mieeriU mimtfi, etc.. Il a'en
trouve un Incompréhensible, et qnl a donné lieu à
beaucoup de eoojrctnrea, cTeat eelnl de Harmesta, oa
Orwusta on Ormuta^ qnelqaefola avec l'addition de kf
eu mUeriarwn chrittUad temporif Dea tflveraca aoln*
llona de eea problèmes la plus planalble est celle qui sup-
pose que OrmUta est In vérUable orthographe, et que
28
867
OIXOSR — ORPHÉE
V Histoire d*Orosc fut publiée pour la pre-
TYiière fois par i. Schiissier, Vîetme, 1471,
hi-fol. ; eette édition, fhite sur un excellent ma-
iniscrK» est rare et recherchée ; la ptos ancienoe
édition après celle-ci est celle de Vicence (sans
date), petit. In-fol., par Herm. de Colonia, et j
d'après laquelle ont été faites celtes de Venise,
1483, 1484, 1499, 1500; la meilleure édition est
c>elle d*Havercamp, Leydc, 1738. in-4*,8oi-
frnée pour le texte et précieuse surtout à cause
de son commentaire. V Histoire d'Oro*e a été
traduite dans la plupart des langues modernes.
Une vieille traduction française, Paris (Vcrard),
1491, in-fol., attribuée h Claude de Seissel, est
assez recherchée ; il y a aussi de vieilles tra-
ductions en allemand et en italien, par Hiéro-
nyme Boner, Colmar, 1689, et par Giov. Gue-
rfni da Lanctza, sans date ni lieu d'impression ;
mais rien en oe genre n'est aussi curieux que la
traduction d'Orosepar Alfftd le Grand, roi d'An-
gleterre : cette version, dont il existe un manus-
crit à la bibliothèque Cottonienne, a été publiée
par Daines Barrington : The anglo-saxon ver-
sion from thê histùTian Orosius, bg jEl-
fred thê Greal ; togefher with an english
translation; Londres, 1773, in-8*». Une édi-
tion beaucoup plus soignée de cette version,
avec une traduction littérale en anglais, a été pu-
bliée par le D' Bosworth, en 1855. Une traduc-
tion de la version d^Alfred forme un volume de
YAnUquarian hbrary de Bohn, 1847. Cette
version nVst pas seulement précieuse comme
monument de la vieille langue anglaise, elle
renferme des additions très-intéressantes , qai
contiennent la seiile géographie de l'Europe à
cette époque par un cooteniporam , et indiquait
la position et Tétat politique des nations ger-
ipaniques au neuvième siècle.
On a encore de Paal Orose : Liber apologe-
Hctis de arbitra libertate, écrit en Palestine,
en 415. Orose avait été anathéroatisé par Jean
de Jérusalem comme coupable d'avoir soutenu
que riiomme ne peut pas, même avec l'aide de
Dieu, accomplir la lui divine; il écrivit ce tnité
pour dt^montrer que Taccusatton était fausse et
pour justifier ses propres attaqui^s contre le^
doctrines de Pelage. Par une singulière erreur
de copiste, dix-sept chapitres du traité De na-
tura el gratia de saint Augustin ont été in-
sérés dans le Liber apologeticus d'Orose; ce
qui a produit une grave confusion. VÀpologe-
ticus fut publié pour la première fois à Lon*
vain, 1558, in-8*, avec l'épttre de saint Jérôme
Contre Pelage, et se trouve dans la Bibliotheca
Patrum max,, Lyon, i677, infol. , vol. VI, à
la suite de Tédition de V Histoire par Ha ver-
camp, et dans la collection des conciles de Har-
dooin, vol. I, p. 200; — Commoniiorium ad
Augustinnm, le ploa ancien des ouvrages d'O-
rose, composé peu après sa frenuère arrivée en
ce mot étnoge se compof e de Or. m, Uta, âbbréTlatioiM
4ie OrosU mundi ittorla.
Afrique, daaa le but d'ex^iiiquer l'état des partis
religieux en E«|)agne, iiarlicuUèicmeot cnoe
qui toochait ies priaciiliaiiitites d Ict or^
nistes : cet «pMscale est ordinaireniéDt attache à
la réplique de saint Aq;;ustia intitulée Couire
PriscillianisiaM ei Oriçetitotas liber, ad Or^
ilum. 11 n'existe pas d'édition eomplèle des oeo-
vres de Paul Orose* L. J.
Siiat AuguAllD, Db ration9 animm, md Hwmmt-
mwn, — Gcnoadlos De viri$ iUustrilnts, 99, 16. -
Trttkéinr, De icript. eeclet.. itl. -^ SlcoUs AnloeJo^
SibUotà, àispana weàu. — G.-!. VottItM. Dm MÊÊtonm
latinU, U, U. * ScMaernann, BUtl. Patrum M<M-
rum, vol. Il, 10. — Doiu LcUJker, Histoire de» auUmn
eeelésUaiiqua. — Mlir, Gtschirkte drr Mmdtcken IM-
terat.^ Ul-G. MoMer, Diaurtmtm de PmÊim Orem;
Altorf,lsas. i»-4*. - Vot^ i/4jl#r. l*eiag^U n.~Si-
gonlus. De historicii rwnanUt S. — S, Llp«e, Ctfmp-
ment, in Tacitt Annaiei. — CaMubon, De rtbms ttttrii.
-* MSraer, Be Oroiéi «Ha «^ItufM àittmiimmm mm
tgptem aéoermu Paganm i Bertka« iêU.
omPKUAx* Voy Éikiinb.
OBFMte{'0p(pev0,undescréatef8ia>1hi|if
de la poésie grecque. On |ilace am eustcaee
vers le treizième ou le quatorzième aiède avaat
J.-C Orptiée ligure dans U Biographie, aaa
peur sa personnalité, évidemment fafaolense,
mais à oipse du système tltéologiqoe et pbiiofio-
phiqoe qui se rattache à son nom etdea ouvnfet
qu'on lui attribue. La théologie et la poésie or-
phiques soulèvent des problèmes nombreai,
complexes et qui méritent d'être étudiés avec
attention. La première question à résoudre est
celle-ci : à quelle date et de quels éléments s'est
formée la légende d'Oirpbée. L'bialoire deli lit-
térature grecque commence avec ies poèmes
homériques ; mais U est manifeste qne le pcepie
même le mieux doué n'a pas pu débuter par uae
épopée aussi fortement conçue que V Iliade,
par un poème anssi habilenoent oonatniit qm
VOdyssée. Les œavrea homériques supposcal
l'existence de toute uae poésie antérieure soe>
oessivement perieetionnée par un grand nombre
de poètes , dont les ouvragaa el lea nom» BoèKe
ont péri, ou du moins den les nona ne sont
coDserf es que par des traditiooa aana autorité
historique. Les fables des Grecs nous parient
de ces prédécesseurs d'tioinère qui ooosacrèreut
l'art de ia musique au culte des dieux et à la
civilisation des hommes. En tète de la série dt*»
aèdes inspirés figurent Hermès, Tinventev de
la lyre, Apollon, qui perfectioÎMia Pinveulion
d'Hermès et devint le patron auprèma des poè-
tes, puis viennent les Musea e( cnhn les chan-
teurs, divms enfants ou élèves immédiats d'A-
pollon et des Musea, lesquels servent de tarami-
tion entre Tèga mythologique et l'âge d'Homère.
Les principaux de eea chanteun mythiques qui
replantent certaines périodes et certains gntr»
de la poésie anléhomérlque, sont Olen. Liws.
Orphée, Musée, Enmolpe, Pamphus, Thamyri^
et Pbiiammon ; Orphée est de beaucoup le pltt>
important Son mxn ne parait pas dans les (»•-
vres d'Homère et d'Hésiode; le premier écrinin
1 grec qui en lasse mention eat Ibyeos (ver» ie
869
ORPHÉE
870
miHea da sixtème sièele arant J.-€. ), qui rap-
pelle le célèbre Orpliée( ôvo^uucXvràv "Opfviv ). Au
corameocement au cinquième siècle , Ptedafe le
Domme TilUistre joueur de harpe, le père de la
poésie lyrique envoyé par Apollon, et le compte
au nombre des Argonaotes ; il TappeUe aussi
fils à'Œèffim. Les anciens historiens HeHanicns
et Pbérécyde ne l'omettent pas ; te premier fait
de lui rancètr« d'Homère et d*Hésiode; le se-
cond dit que ce n'était pas Orpbée mais Phi-
Jammon qui hit le barde des Argonaiites, tra-
dition suivie par Apollonius de Rhodes. Les
poètes dramatiques mentionnent plusieurs Or-
pliée. Eschyle ^Muasoa Àgamemnon fait allnsiuD
à la puissance merveilleuse de l'aède qui par les
«ons de sa lyre attirait les arbre». Dans ses BassO'
ri</cf y aujourd'hui perdues, il parlait enoorede lui,
si l'on s'en rapporte à un fragment peu explicile
d'Ératostbène : « Orpbée, dit cet écrivain, n'Iio-
Dorait pas Dionysos; il croyait que le soleil, qu'il
appelait aussi ApoUon, était le plue grand des
dieux ; se levant dans la nuit, il monta avant
l'aurore sur le mont Pangée alin de voir le so-
leil le .premier, de quoi Dionysus irrité envoya
contre lui les Bassarides, qui, comme le dit le
poète Eschyle, le mirent en pièces et dispersè-
rent ses membres; mais les Muses les recueilM-
rent et les ensevelirent en un Keu appelé Leibe-
thra. » Si tonta cette citation était tirée d'Es-
chyle, elle serait très-importante; mais il sem-
ble qu'un seul détail appartienne à ce poète, c'est
le meurtre d'Orptiée par les Bassarldes. Dans
ce qui reste de Sophocle on ne trouve pas trace
d'Orphée. Euripide, au contraire, en parle sou-
vent, et d'une manière neuve; le premier il lait
allusion aux rapports d'Orphée avec Dionysus,
et à sa descente aux Enfers; il parle de sa pa-
renté avec les Muses { Rhésus , 944, 946), du
pouvoir de ses chansons sur les rochers, les
arbres et les animaux sauvages (Mêd.f 543;
Iphig.in AuLt 1211 ; Baccà., 561 ), du diarme
quMt exerçait sur les puissances infernales ( Al-
cest.^ 357); il le rattache aux orgies sacrées des
bacchanales ( ffippol^ 953), lui attribue Unsti-
tution des mystères, et place dans les forêts de
l'Olympe ( Bacch,^ 501 ) le théifttre de ses mira-
cles. Aristophane, dans un passage de sa comé-
die des Grenouilles (Aan., 1032),énumérant les
anciens poètes (Orphée, Musée, Hésiode et le
divin Homère) qui ont donné aux hommes les
meilleurs enseignements, nomme Orphée le pre-
mier, et dit « qu'il nous apprit les initiations
(teXET^;) et à nous abstenir des meurtres ».
C'est aussi en ce sens que Piatun eh parle. U le
mentionne souvent ainsi que ses sectateurs et
ses ouvrages; il le cite en général avec respect;
cependant il donne de sa descente dans l'hadès
une version singulière et peu favorable (Sympos.,
179). « Les dieux , dit-il , renvoyèrent Orphée
inexaiicé' de l'hadès , lui ayant montré le fan-
tôme de la femme pour laquelle il était venu ,
BQais ne la lui rendant pas elle-même, parce
qu'il s'était conduit mollement, comme un joueur
de cithare qu'i^ était, et n'avait pas osé mourir
par amour, comme Alceste, mais avait réussi à
pénétrer vivant dans l'hadès; c'est pourquoi ils
loi infligèrent cette peine, et firent qu'il mourut
par la main des femmes. « Il nous semble que
ce passage est ironique, et n'exprime pas le vé-
ritable jugement de Platon sur le poète théolo-
gien. Le philosophe athénien s'était beaucoup
occupé d'Orphée et des doctrines qu'on lui at-
tribnaît. Il mentionfie dans le Cratyle l'opinion
des orphiques, qui soutenaient qne l'Ame est em-
prisonnée dans le corps en punition de ses pé-
chés intérieurs ; il fait plnsieers citations d'a-
près les écrits attribués à Orphée et une fois au
moins d'après sa théogpnie, qu'il regarde comme
authentique. Quant à la coHeclion de rituels re-
ligieux qui circulait sous le nom d'Orphée et de
Musée, il en parle aussi, mais en termes qui
prouvent qu'il la considérait comme apocryphe.
Ses doutes ne s'étendaient pas jusqa^è l'existence
même du poète, à laquelle il croyait 11 n'en
était pas de même d'Aristote, qui pensait qu'Or-
phée n'avait jamais existé et que les ouvrages
qu'on lui attribuait étaient l'œuvre de Cercops
et d'Onomacrite.
Tels sont les principaux témoignages que nous
fournissent sur Orpbée les deux siècles classi-
ques de la Grèce (Y* et IV») ; il en résulte q«e
le nom du poète était dès lors célèbre, que' ses
prétendaea doctrines étaient répandues, mais
qne sa feégende n'était pas encore complètement
formée. Si l'en descend aux mythographes et
aux poètes depuis le quatrième siècle jusquli
l'extinction des lettres classique^, on trouve que
cette légende s'amplifia de détails nombreux et
souvent oontradictoÎTes, qu'il serait trop long d'^
Bumérer ici ; nous ne rappellerons que les plus
importants. Orpliée, fils d'Œagrins et de Calliope,
vivait du temps des Argonautes, qu'il accompa-
gna dans leur expédition. Instruit par les Muses
à jouer de la lyre qu'il avait reçue d'Apollon, 41
encliantait et entraînait après lui, par le charme
de sa musiqae, les bêtes sauvages et même les
arbres^t les roctiers do mont Olympe. Aux sons
de sa lyre le vaisseau Argo fendit les flots, les
Argonautes s'arradièrent aux dangereuses sé-
ductions deLemnos; les symplégades on rodiers
mouvants se fixèrent, le dragon de Colchos,
gaidien de la toison d'or, fut vaincu par le som»
meO. Après son retour de rexpédition des Ar-
gonautes, Orphée fixa sa demeure dans une chh
verne de la Thrace , et s'occupa de civiliser Je»
sauvages habitants de ce pays. On raconte aussi
qu'il visita l'Egypte. Les récits de la mort de
sa femme, de sa tentative pour la recouvrer et
de sa propre mort sont très-divers. Sa femme
était une nymphe nommée Agriope ou Eurydice.
Les plus anciens récits ne parient pas de la cadlte
de sa mort. Cependant la légende suivie par
Virgile et Ovide, d'après laquelle Eurydice périt
de la morsure d'un serpent, est sans doute d'une
28.
871
ORPHÉE
sn
haute antiquité ; mais avant Virgile on ne trouve
pas trace du rôle que ce poète assigne à Aristée
(Diodore, IV, 2ô;Conon, 45; Pausanias, IX,
?0; Hygin, JFaô., 1 64; Virgile, Georg.^ 1. IV).
Orphée descendit à la recherche de sa femme
dans les demeures de l'hadès. Là les sons de sa
lyre suspendirent les tourments des réprouvés
et obtinrent de la plos inexorable des divinités
que sa femme lui serait rendue. Une seule con-
dition lui fut imposée, c'est qoll ne se retourne-
rait pas pour regarder Eurydice avant d'être ar-
rivé avec elle dans le monde supérieur. Au mo-
ment où il franchissait les bornes fatales , le
poète, cédant à l'anxiété de son amour, regarda
derrière lui pour s'assurer que sa femme le sui-
vait, il la vit entraînée à jamais dans les régions
infernales. Nous avons dit que Platon expliquait
la mort d'Orphée comme une punition divine.
Des écrivains plus récents, rabaissant cette lé-
gende religieuse à des conditions humaines, sup-
posè^nt que le poète, dans son désespoir, mé-
prisa les femmes thraces, qui se vengèrent de
ses dédains en le mettant en pièces aii milieu
des fureurs des bacchanales. Malgré cette expli-
eation rationaliste , la mort d'O'rphée conserva '
nne empreinte religieuse. On l'attribua tantôt à
la colère d'Aphrodite, tantôt à celle de Zeus.
Ainsi dans une inscription placée sur le pré-
tendu tombeau d'Orphée k Dinnî près de Pydna,
en Macédoine , on lisait : « Les Muses enseveli-
rent ici le Xhrace Orphée à la lyre d'or, que le
tout*puissant Zeus frappa d'un trait enflammé. »
(Diogène Laerce, ProcemiunifS; Pausanias, IX,
30; Brunck, Analecla, t. lil, p. 253). Après
sa mort, suivant la tradition la plus géniale, les
Muses recueillirent les lamtieaux de son corps,
et les ensevelirent à Leibethra, au pied de l'O-
lympe, et snr son tombeau les rossignols chan-
taient mélodieusement. Sa tète jetée dans THèbre
Ciit entraînée dans la mer, qui la porta jusqu'à
Lesbos ; là elle fut recueillie et ehsevelie à An-
tissa. Dans la même Ile les flots portèrent aussi
sa lyre. Ces deux traditions expriment poéti-
quement ce fait historique que Lesbos fut le
premier grand siège de la poésie lyrique. Ter-
pandre, le plus ancien musicien historique, était
natif d'Antissa. D'après les légendes astronomie
ques, Zeus, à la prière d'Apollon et des Muses,
plaça la lyre d^Orphée parmi les étoiles (;Pha-
nocles, dans Stobée, Florileg.^ LXU: Eratos-
tbène,24; Hygin, Astron., il, 7; Manilius»
Astron.^lf 324).
Jelle est dans son ensemble et ses principaux
détails la légende orphique. Comme elle s'est
formée successivement d'éléments divers et
eontradictoires, elle n'est pas susceptible d'une
interprétation générale, et comporte plusieurs
explications partielles. Dans ses traits les plus
sifhples et le^ plus anciens , elle n'est que l'ex-
position mythique des progrès de la poésie ly-
rique depuis son origine, en Thrace, jusqu'à l'é-
poque où elle fut perfectionnée et reçut une
forme définitive par les soins des poêles de Les-
tas; mais beaucoup de détails dépassent œ sys-
tème d'interprétation. Le malheur d'Orphée,
privé d'Eurydice et déçu dans son espoir de
l'arracher aux enfers, appartient à un autre or-
dre d'idées, et semble se rattacher à cette
croyance dont le mythe de Prométbée est la plus
sublime expression, que les dieux voyaient avec
Jalousie les progrès des hommes et ponissaieBt
sévèrement les mortels qui transgressaient lei
limites assignées à l'hamanité. La mort d*Or-
phée par les mains des Ménades est une allnsioo
à la lutte entre le culte d'Apollon et celui de
Dionysus. Ici se présente une grave dinficnlté.
Comment Orphée, le représentant des idées re-
ligieuses et poétiques placées sous l'invocatioa
d'Apollon, devint-il le patron de sociétés dont
les rapports avec le culte dionysiaque sont in-
contestables ? Cette question ne saurait être
complètement résolue. Entre le polythéisme
d'Homère et d'Hésiode, et le polythéisme tel qu'on
le trouve constitué au sixième ^lècle , il existe
une lacune impossible à combler, à cause de la
perte do cycle épique et des poètes lyriques.
En l'absence de renseignements précis, il faut se
borner à constater des faits généraux. Le poly-
théisme d'Homère, simple, tiean et grand, n'é-
tait ni profond ni mystique; il ne répondait que
très-imparfaitement à quelques-unes des plss
nobles aspirations de l'âme; aussi parut-il de
plus en plus insuffisant à mesure que l'espnl
grec se développait, et s'il subsista, ce fut à la
condition de se surcharger de croyances non-
velles. Les Grecs se trouvant en rapport avec tes
peuples de l'Asie Mineure et de la Syrie, avec les
Phrygiens, les Lydiens, les Phénideos , leur em-
pruntèrent des dogmes et des rites qui étaient
bien loin delà beauté simple des mythes homé-
riques , mais qui par leur complication et leur
obscurité même répondaient à ce sentiment da
mystérieux qui est si puissant fhez l'homme. U
croyance à l'immortalité de l'âme e€ les croyan-
ces qui en découlent, la punition des roédiants,
la rémunération des hommes pieux, le pouvoir
qu'ont les mortels de racheter leurs péchés par
des expiations et des purifications, trè»-faible>
ment indiquées ou tout à fait omises dans Ho-
mère, acquirent une invportance majeure soiii
l'influence des idées orientales, et devinrent la
base de toute une théologie nouvelle, qui se ré-
pandit au moyen de certaines sociétés, où les
néophytes n'entraient qu'après des initiaticns
assez longues. Ces associations mystiques avaient
toutes pour but de révéler aux initiés les secrets
de ce monde intérieur caché aux regards des
mortels, et de les préparer à la félicité dans une
autre vie , en les mettant dès celle-ci en commu-
nication avec les divinités du monde invisible,
divinités que l'on appelait ckthoniennçs, parce
que l'on pensait que ce monde invisible était
situé au centre de la terre. La plus renommée
des sociétés mystiques étoit celle des Eomolpide^,
873
ORPHEE
874
qui célébrait à Eleusis les mystères de Demeter.
Les orphiques, ou disciples d'Orphée, sans avoir
la même célébrité exercèrent plus d'influence,
du moms sur la littérature. Tandis que les
liymmes chantés et les prières récitées par les
hiérophantes d'Eleusis restaient enrermés dans
le sanctuaire, les orphiques publiaient leurs doc-
trines Ihéogoniques et leurs formules de puri-
fication. Ils n'étaient pas attachés à un temple
particulier, ni astreinte à des rites uniformes. Le
culte auquel ils se consacraient était celui de
Bacchus ou Dionysos; mais ce Dionysos était,
au moyen d*un mythe étrange, identifié avec
Zagreus et devenait une divinité chthonienne
étroitement liée avec Demeter et Cora. Loin de
porter dans le culte de Dionysos-Zagreus la li-
cence eiïiénée, l'ivrease furieuse des vulgaires
adorateurs de Bacchus, ils menaient une vie an-
céÙqne. Après avoir goûté dans un repas mys-
tique la chair crue du taureau de Dionydus, Us
s'abstenaient de toute autre viande. Avec leurs
blancs vêtements de lin, ils rappelaient les prê-
tres orientaux et égyptiens, et Hérodote pensait
que c'éUit aux ^ptiens que les orphiques
avaient emprunté une grande pattie de leur ri-
tuel. Le même philosophe signale des rapports
frappants entre les orphiques et les pythagori-
ciens. Ofte ressemblance s'explique par ce fait
que les pythagoriciens, proscrits dans la grande
Grèce et forcés de se réfugier dans la mère pa-
trie, entrèrent dans les sociétés orphiques. L'or-
phisme, qui acceptait tous les dieux helléniques
et qui les enveloppait dans une théogonie plus
vaste, empruntée soit aux Orientaux, soit aux
spéculations des premiers philosophes grecs,
n'avait rien de contraire au culte national, et
avait de quoi plaire aux esprits que ne conten-
tait pas le polythéisme d'Homère et d'Hésiode.
Au dernier degré des sectes orphiques étaient
les orpAéo^^/e«/es, mystagogues vulgaires, qui se
rendaient devant les portes des riches et offraient
de les purifier de leurs péchés et de ceux de
leurs pères par des rites et des chants expia-
toires. Les orphéotélestes fondaient leurs céré-
monies sur de prétendus livres d'Orphée et de
Musée. Les sectes orphiques les plus élevées
produisaient aussi certains livres dont elles fai-
saient remonter la rédaction ou Tiospiration jus-
qu'à Orphée.
Les livres orphiques étaient rédigés en vers;
les philosophes d'Athènes et d'Alexandrie, qui
les citent souvent, en ont conservé de nombreux
fragments, dont aucun sans doute n'appartient à
nne haute antiquité , mais dont plusieurs sont
do sixième siècle avant J.-C, et ont peut-être
poor auteur Onomacrite ( voy. ce nom ). Dans
le siècle suivant la littérature orphique prit beau*
coup d'extension et se mélangea avec les doc-
trines pythagoriciennes. « Plusieurs écrivains,
dit Ot. Mâller, que Fou appelle pythagoriciens,
et qui sont connus comme les auteurs de poèmes
orphiques, appartiennent à cette période; tels
sont Cercops, Brontinus, et Avignote. A Cercops
on attribuait le grand poëme intitulé les Légen»
de$ sacrées ('lepot Xo^ot ), système complet de
théologie orphique en vingt quatre parties ou
rhapsodies, et probablement l'œuvre de plusieurs
personnes puisqu'on l'attribuait aussi à un cer-
tain Diognote. Brontinus, également un pytha-
goricien, était, dit-on, l'auteur d'un poëme or-
phique sur la Nature ( 4»vot«eK), et d'un poëme
intitulé Le Manteau et U FUetiJïiKkoa xal dîx-
Tiov), expressions symboliques de la création
chez les orphiques. Arignote, qui passe pour
l'élève et même poor la fille de Py thagore, écrivit
un poëme intitulé : Baechica, On cite encore
d'autres poètes orphiques, Persinusde Milet, Ti*
modes de Syracuse, Zopyrus d'Uéraclée ou de
Tarente. » Les fragments qui subsistent déri-
vent en partie de ces nombreux ouvrages; mais
il en est beaucoup qui proviennent de compo-
sitions écrites k l'époque du déclin du paga-
nisme; il n'est pas facile de séparer la littérature
orphique authentique ( Yl* et Ve siècles avant
J.-O. ) de la littérature orphique apocryphe
( P% Ue, nie siècles après J.-C. ) ; et même en
s'en tenant aux fragments qui paraissent les
plus anciens, il est difficile d'en tirer des in-
dications complètes et concordantes sur la théo-
gonie orphique. Nous ne rappellerons ici que les
traits essentiels de cette théogonie. Dans la my-
thologie d'Homère, Zeus est le Dieu par excel-
lence, le père des dieux et des hommes; mais
comme l'idée d'un être absolu existant par lui-
même était au-dessus des simples intelligences
de l'êge héroïque, le poète donna un pèro à
Zeus, ce fut Kronos, divinité obscure, reléguée
dans les ténèbres du Tartare. Hésiode, s'avan-
çant dans cette voie, remonta de Kronos à .
Onranos ( le Ciel ) et Gsea ( la Terre ), d'Oura-
nos et Gœa à Chaos, c'est à-dire à la matière
confuse d'oà sont sortis tous les êtres. Les or>
phiques prétendirent remonter encore plus loin
et arriver à une plus haute abstraction que
Chaos. Au sommet de toutes choses ils placè-
rent Chronos (le Temps). Chronos produisit ,
spontanément par sa puissance créatrice ^ther
et Chaos, desquels il forma un immense œuf
cosmique d'une éclatante blancheur. Toute l'es-
sence du monde était contenue dans cet œuf, et
il en sortit par la suite des temps le premier né
des dieux, Phanès, ou Métis, ou Herikepnus
( identifié quelquefois avec l*£ros d^Hésiode),
divinité mâle et femelle, qui avait en soi le germe
des dieux et qui engendra d'abord le Cosmos
ou le monde. Suivant la remarque d'Otfried
Mûller, les poètes orphiques concevaient Éros-
Pbanès comme un être panthéistique. Les par-
ties du monde formaient les membres de son
corps. Le ciel était sa tête, la terra ses pieds ,
le soleil et la lune étaient ses yeux, le lever et
le coucher des corps célestes étaient ses cornes.
Un poète s'adresse en ces termes à Phanès s
« Tes larmes sont la noalhenreuse race des
87;
liorames; par tua sourire ta as fait Daltre la
race sacrée des (iieux ». Cette conception pan-
tbf istique appartient probableineiit à qba époque
ultérksiire , et la première tbéogooie orpèû^e
paratt un simple remaniement de la nytholoî^
«l'Hésio<ie. Pliaoès engendra Nyx (la Nuit), dehh
queUe il eut Oaraoos et Gœa. D*Oufano» et
G«a naquirent les trois Mieres { les Parques ) »
Ie.s trois géants au\ cent mains et les Cyclopes ;
ceux-ci furent enfermés par leur père dans te
Tartare. Pour venger l'injure de ses enfants, Gcsa
produisit d'elle-même quatoneTit«A,sept méies
et sept femmes. Kronos, le pèos piussant de ces
TitanSy détrôna Ouranos, et le mutila ; il prit en-
suite le gouvernement du monde; et régna snr
l'Olympe. Kronos et Hheia ( une des femmes
titans ) donnèrent naissance à Zens, à ses frères
et à sa sœur. Le Kronos «rphique comme celui
d'Hésiode veut détruire ses enfiints. Zeus est
cadié dans la caverne de Nyx, oè réside Ptianès
lui-même. Quand il eut grandi^ il eni?re son
père avec du raid, et l'ayant pkmgé dans le
sommeil, il l'enelialna et le mutila. Détenu ainsi
le maltpe suprèroe du monde, il avala et absorba
Métis nu Pbanès avec tous les éléments préexis-
tants des cbosos; puis il réengendra les dioses
de sa propre Mèstance et confiHrménipnt à ses
propres idées divines. Parmi les enftints de' Zens
était Zagrens , l'enfant nu front oreé de eomet,
né do lui et de sa (iUe Persephoné. Zagreus est
le fisTori de Zem, un enfont de magnilique pro-
messe, destâoé s'il atteint i'ège môr à succédera
son père dans le goâvememcnt du monde. Assis
près dn trânede Zeu», il est gardé par Apollon
et les Gnrétes ; mais la jaloose Hévé arme contre
lui les Titans, qni le tuent, le ooopent en pièces
et le font bouUlir dans nn chaudron. Zeus punit
les Titans en les précipitant dans le Tartare.
Apollon reeueiHe les membres de Zagreus, et les
ensevelit an pied d« mntt Parnasse; Aliiéné
ramasse son eœnr et le porte * Zens; le dieo le
donne k Semelé , et Zagrens vieni sons forme de
Dionysos.
A cOlé de beaucoup dfnvmtions étranger , la
théogonie orphique contient des notions d^nn
ordre élevé. Ainsi l'idée d'on Dira créant le
monde étèit neuve cbea les Grecs et d'une grande
valeur ; le mythe de Zagreus mourant ponr ro-
naître sons la forme de Dionysos est d'une pro-
fondeur mystique capable de frapper non- seu-
lement le peuple, mais les esprits les plus sé-
rievx. On eomprend que les Alexandrins, qiii
tentaient de concilier les données de la mytho-
logie avec les résultats de l'investigation philo-
sophique, aient étudié athintivement une théo-
gonie qni avait aussi pour bot de concîtier deoT
ordres de conceptions différents, la mythologie
qui explique le monde par un ensemble d'êtres
surnaturels, et la philosophie qni l'explique par
un enchaînement de casses naturelles. Les (i-n^-
racntfl des poèmes orpiriques , recueiiiis discutés
et interprétés, par Lobcck dans sou Aglaopha-
ORPHÊE S76
mus avec une critiqne sévère et une admirable
sagacité, ont été publiés avec beaucoup de soin
par M. Muller dans ses Fragmenta phUtnO'
pkorum graBC^rum, 1. 1 ( édition Dîdot ).
Outre les fragments qui constituent la littéra-
ture orphique autlientique , il existe trois ou-
vrages qui ont longtemps passé, sinon pour
des œuvres d'Orpliéc Ini-méme, dn moins poar
des productions pins anciennes que les épopées
d'Homère; il est reconnu anjourdliiri que res
ouvrages sont tons postérieurs à l'ère- chré-
tienne , et appartiennent à cette classe de poèmrs
religieux, didactiques et descriptifs, composés
dans les derniers temps du paganisme, comme
les DMJi^aca de Nonmis. Toute discussion à
ce sujet serait superflue; nous nous bemenjos
è de courtes indications. Ces poèmes sont : Vi^
yovavnxd, ou l'expédition des Aiigonnot«,cn
1384 vera; — Tiivot; ces hymnes, au nombri;
de 87 ou 88 , sont des productions évidentes de
IMeole néo-platonidenne; ils «mt curieux à lire,
parce qu'ils indiquent la manière dont les Aleian-
drtns comprenaient l'orphisme ; — *AtdtKd, peéfoe
didactique , qui traite des pierres précteoscs oa
communes et de lenr usage dans la divinatios;
c'est le ?Aeillcur des poèmes- orphique.<e. Les
Argo9iauies et les Mymnes ftirent publiés poer
la première fois à Florence ( Jnete ), 1 500, in-4*;
rédition de Venise f Aide), I5l7, 10-8*", contieot
de plus les lAihica, Ces deux premières édi-
tions furent suivies de celle de Florence ; f 6i9,
in-8*« et de celle de BÂIe ( Cratander), 1523,
in-S". Henri Estienne les inséra après en avoir
beaucoup amélioré le texfe dans ses Poetx frxà
principes Meroici earminis; 1588. Gesner prit
la récension de Henri Ësttenne pour base de fe-
ditiott qu'H prépara, et qui parut par les soins
de Hamberger, Leipzig, 1764, in-8**. G. Her
mann réimprima l'édition de Gesner, avec i\n
améliorations considérables, qui en ftjut une êtii*
tion toute nouvelle et définitive, Leipzig, iSOâ,
? vol. in-8'; il y ajouta une traduction des Ar-
gonaudques en vere latins par CritteUi , et noe
traduction des ffymnes (en vers latins) par
J. Scaliger. Parmi les éditions séparées Q liutfit
de citer celle des Lithica par Tyrwhitt, et celle
des Argonautica par Schneider. Les Byihnes
ont été traduits en anglais par Thomas Tabler
( The mysUcal hymns of Orpheits, iransiated
front the greeh and demonstrated to be the
invocations which were used in the BUu-
sinian mysteries); Chiswick, f82l, in- 12
( 2« édft.). Tay lor manque absolument de critique ;
il croit que ces hymnes ont été écrits par Or-
phée , qu'ils étaient chantés aux mystères d*É-
ieusis; maip, avec tonte sa crédulité, il connaît
bien la philosophie néo-platooioienne, et son com-
mentaire n'est pas sans iutéFét. L. J.
Fal>rictas, Bibliolheai grteca, vol. I, p. lU^ etc. —
Brucker. Htitana crUita phitoiopkiae , t. I. - Kireb-
baeh, De Orphei tk^oloçta; Wtttenbn*, i«», »M°-
— A. C Eftchenbaeb, ipigtsnts é« poeêi ^r^Uemt»
prlseeu orphieerum earminum numorUu ,- Naremliers.
«77
ORPBEE — ORRY
878
rof , ln-&*. — irauptmann , Prog. tistens dé (hrpàeo fa-
(mltim; ^ t^off. eonsift. Orphei doctrinenn. — Tlede-
mana, GrittktmUamd'» ersft PhUùtnpkm oânr lAhen.
«luf Ststeaie d*s Orpheut, Phereeyde», T/uUes tind
Puihagoras ; Leipzig, 17S0, ia-8°. — tycke, DeOrpheo
mt^wntftterHs .€otjptlorum; Coprnh.ngue , 1786, In-t*.
— Bodr . Orpbfuif poetarum ^rmeorum anti^uitêimut;
<*iiettiaf;ao, lUS, tn-4«. — CeseMcMe der heltmêtchen
Dlchtkimtt^ t. I, vol. 11. — DInci, (ieschichte der bel-
hniaekên liWhtfi,, vol. f, il. ~ Bernb^my, Grundriu
der frieehiieh. Litcratur. — Lobeek, jé^Utôphamiu. '—
Gtsutt^Proleçomftna Orpkica. -- Tynvbltt, Pntfatioad
Ltthtca. pn r«t" deréditlon d'Hennann. — G Mennaan,
De rnUtt» êtriptariê Arymumticnmm, dai» ion édition,
p. «T8, etc. — BraodlB , Handbuek der f;eKhiehte d«r
Crieschich-tiômisch, Philosophie, c. xvii, XTllf. —
Z«>csa jAtàhandlungtm, p. Sll-i6S. — Ot. Millier, Pro^
lêpom. xu»»iner tPiMen$. Mttkùtogie { p STMM ). —
Historv i^ke greek Meratttn, c xvk — Grote, Kiê»
ior^ of f^rtêce^ 1. 1, ck. l.
oR&iuiTE ( Pedro), peiatre espagiio], né
à BIonte-Alègre ( Murcie ), ea l&56> mort à To-
lède, en 1644. C'est par erreur que bcaoMup
de biographes le foui élève du Ba&sano^ dont il
ne fit qii'imiter la numière; il étudia à Tolède,
sous le Greoo. Sou premier ouvra^^e connu est
un tableau plein de franchise^ d'énergie, de faci-
lité, qu*il fil pour le chapitre de Tolède et qui
représente un trait de la vie de saint ildefonse.
De retour à Murcîe, Orrente y fut chargé de
beaucoup d*ouvrages publics. U peignit, entre
autres, huit sujets tirés de la Genèse^ qu'il signa
4~ P* O. F. et qui font partie de la galerie des
vicomtes de Hucrtas. En 1616, Tacadémie de
Valence .('adroit dans son sein, et il peignit pour
morceau de réception un magnifique Saint Sé-
bastien, qui se voit encore dans la cathédrale
de cette ville. Il se rendit ensuite à Cuença, «ù
il ouvrit une école d'où sortirent de bons éiè^es,
entre autres Christophe- Garcia Salmeron. La
réputation d'Orrente le fit appeler à ia cour d'Es-
pagne, et on lui confia une grande partie de la
<léceration du Buen-Aetiro. Francisco Pacbeco
i*emmena à Sévi fie, où ils travaillèrent longtemps
i'usemble. Dans un âge très -avancé, Orrente
vint se fixer à Tolède, oi'i il mourut, pour ainsi
^re, le pinceau à la main. Quoiqu'il ait diangé
plusieurs fois de manière, son dessin est tou-
jours resté bon. Son coloris appartient à l'école
vénitienne, et il «ut employer toutes les res-
sources du clair-ol>scur ; mais il visait trop k
''effet, et son extrême fécondité nuisit souvent
«m fini de ses tableaux, f! excella surtout dans
'^ l'eprésentation dtes animaux de tous genres.
Aussi tons jies fableanx, soit d'histoire soit de
iîPnre, en contfennent-lls un grand nombre. U
^«rîift trop long de citer ses muvres, qui se trou-
vant dans toutes les galeries d'Espagne, princi-
palement à Tolède. Murcie, Murta, Val-de-
^«to , Valence, Cuença. Villa -rejo-de-Sal-
"^^«nes, MMlrid, Badajoz, LaGuardla, Cordoue,
«Ma la chartreuse de Porta-Co-li, etc. A. de L.
(mI^ "***' ^ ^■"*» ^0^" mtnaacrlte» ^ la Blblio-
nûruTA *"*'*'«o<«» * ftn&rU. - Don Antunfo Pslo-
3 î«i .* ^*^*«». « «*««» PMorieô { CM-dava . «i»^
nermll " ****"*' ^^* artistUo en Eipaha. - Cem
iftiM*?^' '^^^**^rio hivoricù de lat beUa» artes eu
•^n» « Q«HUct, DtctUmMUre ée% pelntrrt espa-
gnols. — Th. Delamrre, dana Xa Faîrit da 13 aoAt
18S8.
ORRSET. Voy. BOTLE.
OR«tT {Eugène)^ poète français, n^ m
1817. mort le 3 juin 1843. II était correcteur
d'imprimerie. On a de loi : Us Soirs (forage;
Paris, 1841, in-H»; — Œuvres posthumes,'
recueillies par Sébastien Rbéal; Paris, 1S45,
in-12; ces- fragments indiquent un talent gisa-
eietit et mélanooliqns.
Séb. RMai , flottée È 11 tête des Œuvres posthumes,
'éRRT ( Philibert ), comte de Vignori, finan-
cier et ministre français, né à Troyes, le 22 janviet
1689 (1), mort an château de La Chapelle, près
Nogent-sur Seine, Te 9 novembre 1747. Il des-
cendait de Marc Orry, qui avait été libraire à
Paris et duquel il avait empmnté ses amioiries :
de pourpre à un lion d'or, rampant et grim-
pant sur un rocher d'argent. Son père était Jean
Orry, directenr général des finances espa-
gnoh?S'(2). Sa mère, d'une famifle bourgeoise de
Beaune, se nommait Jeanne Ksmonyn. PhiliBèrt
Orry entra d'abord comme cornette dans un
régimeat de cavalerie; mais H quitta bientôt le
service pour acheter une charge de conseiller
an parlement de Pans , et H devint maître des,
reqnèlesea 1715. Diy ans après, il obtint Tin-'
tendance de Seissens, d'où il passa à celle de
Perpignan en 1727, et en 1730 k celle âe Lille.
Presque aessitAt ( le 20 mars), le roi l'appela
à l'emploi de eaoCnMear général des finances ,
que laissait facant Le Peletier des Forts. Le
cardinal de Fleory cherchait k rétabKr l'ordre
dans lea finances par des économies ; il redou-
tait les hommes k projets, à expédients. Sous
ce douUe rapport, Orry devait complètement
remptir ses vues; on volt pen d'exemples
d'nne administnition oO les dépenses inntiles
aient été eombattoe» avec autant de persévé-
rance. Le contnéleiir général allait sur ce point
jusqu'à ieller contre le poi lui-même, «r Sire,
dit-il un jour k Louis XV, peiidant la guerre
de 1701, j'ai fiiit l'anmOne, tous les mnii» de
VersaïUes, à des hoasmes portnnt la livrée
royale, et je ne voudrais pas qu'il en arrivât
autant sou» mon administration. « Cependant,
les guerres des successions de Petogne et d'Av*
triche oUigèrent le gtmfernenMni français à
recourir aux empnnita, anx créaâions d'offi-
ces, etc. On compte qne sons Orry tes diargea
(T) L'acte (te tnteMnee d'Orry t été enlevé des re-
gistres de la parolMe ; naSi aoui «vomi cenblé cette
lacune d'après «on épltaphe.
(S) Jean Orry^ seigneur de Flgnorg, baptisé i Sainte
Gnrmttfi-^Mtfierrols, à Parb, le k septcnabre lest, mort
le tf septembre !710. ConsetHer secréUIrs da roi (M Jaa-
vltrlTOI), cheTaller de Satnt-Mlcbel (1706). président A.
mortier sa partemeat de HeU {tr julo ITOS), il est
ordre eif iTOr de se rendre en Espagne pour prendra
connaissance de l'étst des llnanees de ce pays : et sur
le compu qn'li en rendll, U Ibt nommé Tannée sut
vante enToyé extraordinaire, et le rel d'Espagne Wr
confia eoceesitfement ridmlnlstration de ses finances et
la smrtotendance générale de ses troupes, qnll consrrra
Josqu'ca I708w Ginq ans sprè», H reçut ditrei dliapagne
la place de vecdor, et revint en France en 17 is. H. F.
879
ORRY — ORSATO
880
annuelles dn trésor furent augmentées de 18 mil-
lions. Ce ministre ayant projeté d'abolir certains
droits d'exportation, il amena les fermiers gé-
néraux à en faire d'eux-mêmes la remise un
an a?ant l'expiration de leur bail ( 1744). Il eut
aussi, dit-on, l'idée d'établir la taille d'après les
plans de l'abbé de Saint-Pierre; mais la diffi-
culté des circonstances l'y fit renoncer.
Orry ne s'était pas marié ; il habitait avec son
frère, Orry de Fulvy, auquel il atait fait obtenir
une place d'intendant des finances, l'hôtel de
Beauvais, rue Saint- Antoine, à Paris, qu'H avait
hérité de son père. Tout entier à ses fonctions, il
n'imposait aucune contrainte à la rudesse de ses
manières. Mne d'ÉUoles (depuis de Pompa-
dour ), qui , d'après les bruits de la eour, était
depuis peu de temps la maîtresse du roi , Tint
lui demander une ferme générale pour son mari.
« Si ce qu'on dit est vrai , lui répondit le contrô-
leur général, tous n'aYez pas besoin de moi;
si ce n'est pas vrai, tous n'aurez point la place. »
lUutnomméconseillerd'ÉtatàTieen décembre
1730, ministre d'État en 1736, et, la même
année, le roi lui donna la direction générale des
bâtiments, arts et manufactures. En cette der-
nière qualité , il fit rétablir an Louvre les expo-
sitions annuelles de peinture . et de sculpture ,
suspendues depuis 1704. il accorda des pensions
à plusieurs artistes, au peintre Natoire, entre
autres et au poète Gresset. qui lui adressa une
épf tre.de remerciements. Pourtant, les musi-
ciens de la reine étant venus réclamer le paye-
ment arriéré de leurs gages, Orry les reçut fort
mal : « Qu'ils me laissent en repos, s'écria-t-il ,
j'ai sur les bras, en Bohême, une musique qui
presse bien davantage. ^ Ses compatriotes eurent
aussi à subir ses boutades. Lors d'une famine
qui désola Troyes en 1740, cette ville députa
deux de ses conseillers vers le contrôleur gé-
néral pour en obtenir des secours. Le ministre
les accueillit bien d*abord ; mais, s'étant mis à
énuraérer les moyens de leur venir en aide, H se
lève hrnsquement,et leur tourne le dos en disant:
•c Êtes-vous donc faits, vous autres, pour enten*
dre ces matières-là! »
Orry fut.disgrAcié par Pinfloence de M*"* de
Pompadour. Macbault lui succéda au contrôle
général des finances, 6 déoembre.1745, et Le Nor-
mand de Tournehem, parent de la favorite,. le
remplaça comme directear général des bâti-
ments. Il se retira dans sa terre patrimoniale de
La Chapelle en Champagne, où il mourut, deux
ans après. A. Vicqdb.
BaUly, HUMn /inanelérê de ta Ftanéê, I vol. In-S*;
Pirt». — Bajol, Chronique nUnUtirUlle, l vol. ln-8«;
Pirte, 18»», - Oroftlej. Hisi. dê$ Tro^ms ceiibret.
Parts 18H-ISH. « Tol. ln-§». - ^irmorial général dé
France,' » vol. 1738. - Joumai historique dm réme
de LomU XF, t toI. to-18, 17M.
ORRT DB FULVY {Jean-ffenti-Louis),
frère du précédent, né le 24 janvier 1703, à
Paris, où il mourut, le 3 mai 1751. Reçu con-
seiller au pariement de Paris (13 mars 1723),
maître des requêtes (23 juin 1731), puis con-
seiller d'État et intendant des finances ( 1'*^ mars
1737), il établit en 1738 à Yincennes, el de se»
propres deniers, une manufacture de porcelaine,
qui prit bientôt une grande importance. Les fer-
miers généraux l'achetèrent en 1750, et la tnn».
férèrent à Sèvres, où furent élevés de vastes bé-
timeuts , que Louis XV acquit en 17S9 et plaça
sous la surveillance de Berlin, ministre d'État,
sous lequel cette manufacture prit d'imraenso
développements. Orry s'était par son iooooduite
attire le mépris public.
ORRT {Philibert'Louii), marquis ueFitlvt,
fils du précédent, né k Paris, le 4 février 1736,
mort à Londres, le 18 janvier 1823. Outre no
recueil de Fables, Madrid, 1798, in-l2,doot on
ne connaît que quelques exemplaires, le marquis
de Fulvy, qui émigra dès les premiers joura de
la révolution, a publié des Poésies imprinnées en
tète et à la suite d'une édition de la Kelalum
d'un voyage de Paris à Bruxelles et Coàlenfz,
par Louis XVIII , Paris, 1823, in-18. Dans cett**
édition, la première pièce. Sur un Éventail^ est
de Lemierre; toutes celles qui soiveat appar-
tiennent au marquis de Fulvy, sauf les dcuxMer-
nières, la Boutade improvisée pour la fête de
Madame et i;e«ifotfcAoiri blancs^ anecdote his-
torique, qui sont de Louis XVIII. La dernière
pièce est tirée du Moniteur tfc Gand^ où die a
été imprimée, numéro du 23 mai 1815. H. F.
Collé, Jaumal histor. — > La Gfaeintye des Bols . Dic^
Uomi..de la Nebleu; — Qaérard, France Htteraire,
ORSATO (Sertorio, comte), en latin Vrsatus,
antiquaire italien, né le l" février 1617, à Pa-
doue, mort le 3 juillet 1678, dans ceUe ville. Sa
famille était noble et ancienne. Reçu, ^163»,
docteur en philosophie, il fit sa principale ooca-
pation de la recherehe des antiquités, et entreprit
plusieure voyages dans différentes régions de
l'Italie afin de recueillir des inscriptions qui ne
fussent point encore connues. U s'appliquait aussi
aux sciences nata relies, et trouva dans la cul-
ture de la poésie un délassement agréaUe. U
était déjà assez avancé en Age lorsqu'il fut choisi,
en 1670, pour enseigner la physique (pro/essor
délie météore) dans Tuniversité de Padone.
Orsato appartenait à TAcadémie des Ricovrati.
Ses principaux écrits sont : Serium phitoso-
phUnmé esp variis scientiss naturalis fiaribus
consertum; Padone, 1635, in-é»; — jromf-
menta Paiavina; ibid., 1652, in-foL, fig.; —
Le Grandesse di san Antonio di Padooa;
ibid., 1653, in-4''; -^ Poésie 9eniaH;iHâ,,\tb7,
in-12 ; ~ / marmi eruditi ; ibid., 1669, in-4* :
ce recueil estimé, réimpr. avec des additions
(ibid., 1719, in-4* ), par le P. Jean-Antoine Or-
sato, petit-fils de Tauteur, a été Tobjet de quel-
ques critiques. Insérées dans le Muséum Vero-
nense par Maffei;--' De notis Romavwmm;
ibid., 1672, infol. : travail utile et tris-rare, qui
sert à expliquer les abréviations usitées dans les
bacriptions ou les médailles romaines; il a été
881 ORSATO —
i^tmpr. dus le t XI des Antiq. Roman, de
Grsvius, et J.-£t Bernard en a publié an Abrégé
(Paris, 1736, in-S»); — lUoria di Padova;
ibid., 1678, in-fol. : elle s'arrête à Tannée 1173.
Un autre antiquaire de la même famille, Oh-
8\T0 ( Giamàaitista), néen 1673, à Padoue,raort
le 21 janvier 1720, professa la médecine dans sa
Tiile natale. 'On a de lui quelques savantes dis-
sertations , entre antres Délie antiche luceme
(Venise, 1709, ln-8'), où il cherche à prouver
que les anciens employaient le phosphore dans
les lampes sépulcrales. P.
J.-A. Volp^, Fié de Sertorio Onato, à la tête d*/ marmi
eruditi^ édit. de 1719. — I^tl, italïa rt^natOê, 111 , 45.
- Fabrool, nUe Italorum, XllI. - Ciomalê de' Utte-
ratl, t. XXXV.
ORSBOLO OU UMSROLO (Pierre /«'*), vingt-
quatrième doge de Venise , mort an couvent de
Saint-Michel-de-Cuxa (Roussillon), eo987, et
non en 997. La tyrannie du doge Pietro Gan-
diano IV avait suscité une révolte. Assiégé dans
son palais par le peuple, il était vaillamment dé-
fendu par ses mercenaires lorsque Orseoto con-
seilla d'employer le feu pour le réduire. En peu
d'instants le palais ducal et l'église S.-Marc furent
en flammes. Candiano fut massacré et Orseoto
élu à sa place ( 12 août 976). Son premier soin
fut de rebâtir, à ses frais, le palais ducal et Téglise
Saint-Marc. Quelque temps après il marcha en
personne au secours des habitants de la Pouille,
envahie par les Sarrasins, et remporta une vic-
toire éclatante sur les mahométans. Le parti des
Candiani était resté puissant, et Orseolo dut plus
d'une fois reconnaître que malgré son courage
et la sagesse de son gouvernement il n'avait
pu rallier tous les esprits de ses concitoyens. 11
en fut fortement affecté, et d'ailleurs pénétré du
repentir d'avoir contrilmé à la mort de son pré-
décesseur, il pensa sérieusement à abdiquer. II
était dans ces dispositions lorsque Guérin , abbé
de Samt-Michel-de-Cuxa près Perpignan, étant
venu à Venise, acheva de le déterminer à aban-
donner sa femme Felida, son fils Piero et les
intérêts de sa patrie pour embrasser la vie mo-
nastique. Dans la nuit du 1*'' septembre Orseolo
s'évada furtivement de son palais, accompagné
de l'abbé Guérin, de saint Romuald et de trois
autres personnes. II se rendit directement à
Saint-Michel-de-Cuxa, où il linit ses jours.sons
l'habit des bénédictins. Il mourut en odeur de
sainteté. Il eut pour successeur au dogat Vitale
Candiano, fils de sa victime. Ce fut à Piero Or-
seolo I*' que Venise dut l'établissement d'un
système financier régulier ; jusqu'à lui les impôts
avaient varié suivant les circonstances. II les
rendit permanents, et prépara ainsi un trésor pu-
blic sans cesse alimenté par le produit des
douanes , des droits de port , de ceux perçus
sur la vente du sel , des confiscations et des
amendes judiciaires, mais surtout par l'impôt
annuel du dixième du revenu déclaré par le con-
tribuable sous la foi du serment. Des peines très-
sévères étaient édictées contre les fraudeurs.
ORSEOLO
882
OBSBOLO on VRSBOLÔ (jPi^TO //), vingt-
septième doge de Venise, fils du précédent,
mort en mars 1009. Il fut appelé au dogat en 991,
pour remplacer le faible Tribune Memmo, qui
venait de finir volontairement ses jours dans un
clottre. II signala son entrée au pouvoir par une
loi qui condamnait Tauteur de tout acte de vio-
lence dans une assemblée publique à une amende
de vingt livres d'or ou à la mort s'il n'avait pas
de quoi payer. Homme d'État autant qu'habile
guerrier, il traita avec tous les États de l'Italie
pour aftsurer des avantages aux vaisseaux et aux
marchandises des Vénitiens; il obtint des empe-
reurs d'Orient Basile II et Constantin IX une bulle
d'or qui déclarait les sujets de la république
exempts de tons droits dans l^tendue de l'em-
pire grec ; enfin, il s'assura par une ambassade
et par des présents la bienveillance des soudans
d'Egypte et de Syrie. En 993 , il rebâtit et for-
tifia la ville de Grade. Après la mort de Tirpt-
mir, roi de Croatie, il reçut une ambassade des
villes maritimes de Dalmatie, qui offraient de se
ranger sous la domination de Venise si cette ré-
publique les délivrait des pirates de Marenta,
qui ruinaient leur commerce depuis cent cin-
quante an$ et auxquels les Vénitiens eux-mêmes
payaient un tribut annuel. Orseolo II s'empressa
d'équiper une flotte considérable, et se mit en
mer au printemps de 997. Il n'eut qu'à se pré-
senter pour recevoir les serments de fidélité de
plusieurs yilles, parmi lesquelles On cite Trieste.
Mulcimir, roi de Croatie , inquiet de l'approche
d'Orseolo, lui envoya demander son amitié : la
négociation se termina par le mariage de la fille
du doge avec Etienne, fils de Mulcimir. Deux
Iles seulement, Corcyre la noire (Curzola) et
Lésina, refusèrent de se soumettre. Le doge
n'hésita pas à les assiéger. Corcyre fut facile-
ment réduite | mais Lésina, qui était le repaire
des Narentins et passait pour imprenable, offrit
de grandes difficultés (i). Il ne fallut pas moins
que le courage et le talent d'Orseolo pour l'en-
lever d'assaut. Cette victoire amena la soumis-
sion de Raguse. La Dalmatie conquise , le doge
mit à feu et à sang le pays de Narenta; ce qui
échappa au fer des vainqueurs reçut la Tie aux
plus dures conditions. Orseolo rentra à Venise
au milieu des acclamations gt^nérales, et le sénat
lui décerna le titre de duc de Dalmatie, que ses
successeurs continuèrent de porter. La considéra*
tion d'Orseolo était telle que l'empereur Olhon III
voulut être le parrain de son fils ( 998 ) , et à
cette occasion vint incognito passer trois jours
à Venise. Le doge mit à profit ce séjour pour
rendre de nouveaux services à ses concitoyens.
II existait encore un usage, reste de l'ancien vas-
selage de Venise à l'égard des empereurs d'Oc-
(1) Cétalt de cette place que mille ans anparaTtot Vatl-
nlu» éciivalt * Clcéron : « J'ai forcé qoatre enceintes, es-
caladé quatre tours, emporté une citadelle, et Je me suis
TU contraint d'abandonner ma oooqaéie. » {EpUioUe ad
/amllktret^ llb. V« cap. X J
S83
OUSEOLO — ORSI
SS4
cident : tous les ans k répnbKqiie leur envoyait
un inanipau de drap d'or. Otlion, defena rhM«
^e& VéoitifBB à leur insu, voulut bien, à la prière
eu do^, abotir cette deraière marqve de rede-
vance icodale. il obtint eneorederempereur, pour
le ceromerce de Vesise, l'exemptioB des droits de
péaftedansrétenduederËmpired'AtWaugotetde
yim la libre jouissance des porta de Trévîse, San*
Miclieie-det -Quarto et de GampaHo, qui ctabUs-
saieut la coninunicatten la plus directe entre
l'Italie et la Germanie. Orseolo employa les loi-
airs de la paix et ses richesses particulière» è
construire ou réparer des édifices publics : il fit
relever la métropole de Grade et une partie de
«ette TÎUe; Héradée, par ses soin»», sortit aussi
de ses ruines» Les Vénitiens reconnaissants Uù
adjoignirent au dugat sea fils aîné, Giovanni,
qui, en 99i), épousa Marie, nièce de l'empereur
Basile II {l)i un an plus tard il maria son se-
cond fils, (M/o, avec Gisèle, sœur d'Étieone I",
roi de Hongrie. Il se trouvait ainsi allié à» deux
empereurs et de deux rois* La pesta et la ûi^
miûe vinrent affliger la fin du lègne d*ûrseolo,
et il vit succomber une partie de sa famille. U
laissa en mourant lea deux tiers de ton imnense
«brtune à s.i patrie.
OKSEOLO (O^/o), vingt-huitJène doge de
Venise, fils du précédent, mort en 10^2. Il de*-
Tait être tort jeune lonN|nMl succéda è son père
(1009), auquel il avait été associé vers 1006^
Lte commencementa de son règne fiurent heu"
reux. L'évèque d'Adria ayant envahi le Loré*
dan, Otto marcha contre lui, le défit, prit sa viHe
«t la ruina pour totijours. Le prélat et les pria-
dyan\ Adriotes foreilt transportés à Venise. Sur
«es entrefoites, Blnlcimir, roi des Croates, mit le
ùéffi devant Zara. Otto y courut, et força son
beui-frère à demander la paix. En 102A, Otto
ayant refusé d'investir Domenico Gradenigo le
jeune de l'évèché de Venise, les partisans de ce
prélat, à la tête desquels était Domenico Flabe-
nigi»k accusèrent le doge de tyrannie, le surpri-
rent dans son palaia, lui rasèrent la t)arbe, et
renvoyèrent en exil à Constantinople. ^i cet at-
tentat ne rencontra pas immédiatement une op-
position armée parmi les citoyens, il ne profita
pas du moins à ses auteurs. Les suffrages pu-
blics décernèrent la couronne ducale à Pietro
Centranigo, de la famille des Barbolani. Son mérite
et sa fermeté ne purent l\ii concilier les esprits.
La masse ne voyait en lui qu'un usurpateur. Urso
Orseolo, patriarche de Grado et frère d*Otto, par-
vint à exciter une sédition, et à son tour Centranigo
fut déposé, rasé» revêtu (Tun froc et jeté dans un
monastère. Flabenigo fut déclaré traître à la patrie
et OKo rappelé d'une commune voix. En attendant
son retour, Urso fut investi par intérim du pou-
voir, n gouvernait avec sagesse deiHiis quatorze
mois, lorsque les ambassadeurs qui avaient été
chargés de ramener Otto de Constantinople vin-
W Mort tous 4cax de it peite.
rent annoacer sa mort. A cette aoaveiie Uno
doBDa sa démission. Otta ne lais» qo*ua fils,
Pierre àii VAtlemand, qui régaaaiir la llonçrie.
easB^lkO {Domenico) y trèm de» précé-
dents, mort à Ravenne, en 1043. Af rèa là. inort
d'Otto et la retraite d'Urso on allait procéder à
une nonveHe élection lorsque Doimnie», aaos
daigner solliciter ou i^igner lea saflrage^ b*«ïib*
para du pouvoir et du palaîadacal, alléguaBlscttle>
mcat sa (pialité de fils et de frère de» deux der-
» niers dogea lé|ptimes. Cet ade «Mita Tindigaation
générale et lui fit perdre les aomfareuaes
, qu'il avait d'être ékr régnlièrencnt es
dératfon des services de sa famille. Le pn>p>
se souleva. Domenico essaya de se défendre;
. mais, contraint à la fuite, il alla mourir à Ba-
venne. Sua uaurpation devint l'arrêt de proocrip-
\ tion de sa famille. Pour la faute d'un acul elle
fut bannie è perpétuité, et nul Orseolo n'a jamais
! depuis lora trouvé an asile doaa cette capitale
' ingrate, que ses aaoétres avaieat ornée de tant de
{furieux monuroeata, ni dans ces villes qu'ils
avaient rebâties, ai sur ce» rivagies qpi'ils avaient
soumis. La haiaa da factieux Flabenigo coatre
les Orseoli devint un aiérite. Il fut rappelé de
l'exil ponr oecuper le tiOae ducaL A. de L.
autfKft DaBtfnl», Ckrêirtta, L IX, eapw i, p.tn,if7.
, >Carl»-àJilontoM*rtii«. .Storiaoîoélctf^iljc*^^^
nezUni, t. Il, Ub. 111, cap. m, ■▼, vti. ix. — SabeUico,
' Hist, renet.^ âtc I. Ilb. fV. — Le P. irénée ddta Croce,
Itturiaamttem ^WÊOdemmdi TrUgf (VtoUe,MM,te-l>).
Ilb VIU, oap. Tix.— Huralort. ilaniM italkiormm senp-
torut L XIV. ~ U même, Ânnatet éTItalia, t. VI. ^ «.
— Le mène, .tntlqultatet Uaheaf audit tevi, dlnert v.
p. ut. > Abb* ii.-a. Laofrier, mu. 4# ta Hpubm^
de ytnHC i Parla, iTiS — Dani. UUt. dm Fnim, t. i». -
Si»inoa<ii. Hiii. des répub, Uolienna, 1. 1*.
oasi ( Lelio)^ dit Ulio da /Vo9e/tera,.peifltre
de l'école de Nodène, né à Reg^ de Modèae,
en iâl 1, mort en lâfi7. Banni de sa patrie poor
une cause restée inconnue. U se relira à Rorel-
lara, et c'est au long séjour qu'il fit dans cette
ville qu*il dut le surnom sou» lequel il est sou-
vent désigné. On a prétendu, mais sans preuve,
qu'il fut élève du Corréfis; il est certain seule-
ment qu'il fit une longue et conscîeacieuse élude
des oeuvres de ce maître et (|u*il copia plusieurs
fois la fismeose Ntùt du Corrége qui (ait aqjnor-
d'hm' l'ornement du musée de Dresde. U ne
reste presque rien des nombreuses fresques de
Lelio Oi*si ; on en voit cependant quelques^uDes
au palais ducal de Modène, oii elles ont été trans-
portées de la citadelle de Novellaia, par ordre du
duc François JII. Heureusement les tableaux du
maître sont plus nombreux et peavent aousdan-
ner la mesure de son talent, qui, dans une cer-
taine mesure, sut associer le dessin éneri^**
de Michel Ange à la grAce et au clair-obscur
du Corrége. Parmi ces tableaax, les prinàpans
sont ; à Florence, une Sainte famt/iéà la ga*
lerie publique, et une Crèche à la galerie Pitti;
à Bologne, la Madone et trois saints dans la
sacristie de S.-Martino-Maggiore^ au Musée
do Vienne, La Douceur, sous les tnits d'une
885 ORS! —
jeune fiUc ; à celui de Berlin, le Christ sur la
croiX; enlin, àla Pinacothèque de Munich, deux
portraits et une Madeleine repentante.
Leiio Orsi compta parmi tes élèves Jacopo
Borboue, Orazio Pcrucci, et plusieurs autres ai^
listes do talent; mais le ploscélèhre est Raflaello
Motta, connu so«js le nom de RalTaeUiBo da Reg-
gio. E. B — s.
TIraboichI, Notixie degli arteMi ModengsL — Unit,
Stfirta delta pittura. — Orldndl, Àbbecedario. — Sosnal,
Hêdena dneritia. -» Paatuul, Guidu di Pinnte.
ORSI {Giovanni'Ghueppe, manpiis), értidit
italien, né le 1» jirin 1652, à Bologne, mort le
20 septembre 1733, à Modèoe. Sa mère, qui sur-
veitia avec soin son éducation, kiî donna les
meillrors maîtres, et pendant quekpie temps 11
s'a<Ionna, avec Montanari, è l'étude des malhé^
natiques ; mais son goût l'ajant porté vers les
lettres, il se mit à composer des vers et des co-
médies, et établit dans sa maison une espèce
d'académie. En ie8«, il passa en France; pois il
s*arréta à Tarin, où il Ka use étroite amitié ànt
le P Valu, et à MHaa, où il coomit parttcaliè-
rement le oélèbre Maggi. En 1712 il se 6xa tout
à fait à Modène, et se nontra souvent à la cour
du duc d*Este. Il a putilié divers ouvrages» re-
commaodâbles par la clarté et le naturel; nous
citerons : Contideraziomi sopra il librointiiQ-
luto : La Manière de bien penser ( du P . Bouhoam );
Bolo,!ne, 1703, în-4''; Tédit de 1707 contient
plusieurs lettres adressées à M™* Dacier sur le
même ouvrage ; — De moralibus criticx re-
cuits monita; Cologne, 1706, in-4°; il y prend
le |>arti du médecin SbaragUa contre IVIaipighi.
Le marquis Orsi a mis un discoors étendu à la
t6te de la 3* édit de Mèrope de Maiïei (1714,
10-4**), et il a traduit en italien la Vie du comte
Ifiuis de Sales du P. Buffier (Bologne, 1711 ,
etpadoue, 1720, in-8").
.tfimotres de Trévoux. 173^ p. lia. — KIceron, Mé-
mctnst IXXV.
OBsi ( Giuseppe'Àgoslino), prélat italien, né
le 9 mai 1692, à Florence, mûri le 13 juin t76t,
à Rome. En 1708, il prit I*habit de Saint-Domi-
nique, et enseigna la philosophie et la théologie
^u couvent de Saint-Marc à Florence. Appelé à
Rome comme théologien du cardinal Neri Ck)r-
^ioi ( 1732), il montra beaucoup de zèle dans la
défense des droits du saînt*siége, fut associé à
plusieurs congrégations, et reçut de Clément XIII
le chapeau de cardinal (24 septembre 1759). Ses
principaux écrits sont : U&er apologeticut pro
Pétri a Sota doctrina; Rome, 1734, in 4» ; —
^Ua in/alUMità e delV autorttà det Ro-
mano pontefice sopra i conrj/t; ibid., 1741,
">' vol. ln-4'* ; il en a donné aussi une version
latine; — Storia ecctesiastîca ; Femre^ 1746
^t suiv., 21 vol. in-8°. Cet ouvrage, qui est une
perpétuelle apologie des papes, fut entrepris par
l*auteor pour l'opposer à celui- de Flcury ; mal-
&^ son étendue, il ne dépasse pas les premières
années do septième siècle; leP. Becchetli en a
publié une continuation.
ORSO
886
Roi un, rie de J.-J. Ortt, i la t«tc du t XXI de la
Storia eccles., l'es. - FubronI, f^itx Ilalorum, V|.
aRsiNi ( Baldassare ), antiquaire italien, né
en 1732, à Pérouse, où il est mort, en 1810.
Après avoir fait un assez long séjour à Rome, où
il étudia la peinture, dans l'atelier <ie Massucci,
il revint dans sa ville natale, et y dirigea depuis
1790 Tacadémie de dessin. Les tableaux dont
il a décoré les églises et les palais de Pérouse
sont de médiocre valeur. Il était néaimoînë ins-
truit et avait sur les sdenœs et les arts des oon-
oaissaDccs étendues. On cite de lui : Çeometha
e prospeitàM praitica ; Rome, 177&, 3 vol.; —
Guida per ta città di Perugia; Pérouse,
1784, iD-8° ; — Guida di ÀseoU; ibid., 1790,
in*8**; — Vitadi Pietro Perugino e de? siioi
scolari; ibid., 1804, in-8*: — Memorie de* pit-
toriperugini d€l seeolo XYIU; ibid., 1806,
in-S". Il s'est fait anssi l'éditeur de plusieurs
ouvrages de Yitmve, d'Alberti, de Frontino, d«
Léonard de Viad, etc.
Vernilvlioll, Bkigr. degli terUtaTi pengiM.
onniii. yoif. BrnoIt XTU et Ursins.
OESO t 00 vnsB, troisième doge de Tenise,
né à Iféraelée, massacré dans ta même ville, en
737. Il succéda en 728 à Marcello Tegallano, et
rétablit Entychios, gouvemenr grec, à Ravenne,
d'où favait chassé Loitprandt, roi des Lombaixls.
Ce service tut valut te titre de hypate^ que lui
confiera rempercor d*Orient. Orso fut égorgé
dans une éinente. Son successeur, I>omenlco
Leonf, porta le titre de maitre de la milice,
au Heu de doge, devenu odieux.
eBSOiiooVB8B( Tfieoda to ) , quatrième doge
de Venise, ûh du précédent, gouverna de 742 à
755. Après le meurtre de Orso I*' la famille
des Ursi avait conservé de nombreux partl«:ans,
qui en 739 rappelèrent Theodato de Texil et
lui conférèrent la magistrature de la milice;
contrairement aux lois, ils prolongèrent même,
cette magistrature d*une autre année : c'était un
premier pas vers le rétablissement du dogat ;
cependant, en 740, Theodato crut devoir céder le
pourvoira Joviamis Cepario, qui avait été nommé
consul par Tempereur. Cepario ayant terminé
son année de règne , Giovanni Fabriciaco (Vit ap-
pelé à le remplacer. Excité par les Ursi, le peuple,
on ne sait sons quel prétexte , se souleva contre
lui, le déposa, et lui creva les yeux. Les Véni-
tiens, s'apercevant des inconvénients d^une ma-
gistrature suprême annuelle, résolurent de réta-
blir le dogat. Après bien des intrigues, Theodato
remporta. Il ne voulut point rester à Héraclée,
qui avait été le théâtre de Tassassinat de son
père, et transporta le siège du gouvernement à
Malamocco. Les Lombards, profitant des dis-
cordes des Vénitiens, avaient repris Raveane; le
nouveau doge ne jugea à propos de stwvre la
politique dé son père, et fit un traité avec Ve roi
des Lombards Astolphi^ qui loi c^da quelques
c6tes jusqu'à l'Adige. Theoilat» trouva prudent
de faire élever une citadelle sur Hle de firândoloy
887
ORSO —
à l'embonchiire de ce fleuve. Un nommé Galla
répandit le bruit que ces fortifications n'a?aleaf
d'antre but que la tyrannie, et un jour où le doge
revenait de visiter ses travaux il se précipita
sur lui avec une troupe de furieux, et lui fit subir
le sort de son prédécesseur Fabriciaco. Galla
s'empara aussitôt du pouvoir. A. de L.
Sabelllco, HUt. renet^ déc. I, Mb. I.- Dandolo,
CAron, rer. liai,, t. XII. - Dam, Mist. de Fenise.u !•'.
chap. I*', p. S7-41.
ORTA (Garcia dâ), en latin, Garcia ab
BortOf célèbre naturaliste portugais, vivait au
seizième siècle. Il étudia à Salamanque et à Al -
cala, et vînt occuper une chaire de mathémati-
ques à l'université de Lisbonne avant qu'elle ne
fût transférée à Coïmbre. En 1534 il s'embarqua
pour les Indes orientales, avec le titre de méde-
cin en chef ( physico mor) du roi. La flotte
dont faisait partie le bâtiment où il avait pris
passage était commandée par Martin Affonso de
Souza, à la maison duquel Orta était attkché. Il
assista à la fondation de la forteresse de Din,
ainsi qu'il l'indique dans le dialogue 35. Sa ré-
putation comme médecin ne tarda pas à se ré-
pandre dans l'extrême Orient, et les princes al-.
liés du Portugal réclamèrent ses secours en
maintes occasions. Ortadécrivitle premier lecho-
léra asiatique, et donna des renseignements assez
exacts, sur les magnifiques monuments d'EI-
lora (1), débris de temples souterrains qu'il
avait visités. Camoens, durant son séjour
prolongé aux Indes, s'était vivement attaché à
Orta, et il lui a consacré quelques beaux
vers. La capitale des Indes portugaises pos-
sédait une imprimerie; malgré l'inhabileté de
««« typographes , Orta se décida k lui confier
Ilmpression d'un livre qui était le résulUt de
plus de trente ans d'observations assidues, et
il le publia sous le titre : Cohquios dos sim-
ples, e drogas he (sic) amsas medicinais,
e assi daignas frutas achadas nella onde
se tratam algumas cousas tocantes a medi-
cina, pratica, e outrascousas boas para sa-
ber, etc. ; Goa, avril J 563, in-4» (2). Ce livre, pri-
mitivement écrit en latin, fut publié par l'auteur
en portugais, à la prière de quelques amis. Quel-
ques exemplaires de ce précieux traité étaient
parvenus dans la Péninsule, lorsque Charles de
L'Écluse se vit contraint à s'ari^ter dans une
chambre d'auberge en Espagne. Le livre du sa-
vant portugais lui tomba entre les mains; il fut
fi) Apre» avoir prévenu le leetear que ces roonumenU
îïnA^'!?*?**. " "**"*"" •' '■*'« P°"' '"*» polsqn'on l'y
vendre, il ajoute -. « ^ casa A« tam grande como hvm mo-
nastflfro, ha grandes imaçens eteutpidoi dEtffantes
de Liâmes e tigres a ovtras muyUu ymagens humanû
como sao Àmaumas e de outras feiçoes bem figuradas
eeerto qvehecousamuUo deyér.m. Voy. p lit
(t) Coaime toui les oarrages impriinéB d'ans riôde, ce
livre est tr«s-rare ; on n'en connaît même que aU exem-
plalrM^ur lesquels plusieurs sont dans an fftcheux état
de détérioration. U Bibliothèque impériale de Paris
possède un exemplslre complet, que iJsbonne nous envie.
Cl qui fait certes plus d*honnear an savoir incontestable
de Orta qu'aux presses de Jean de Endem.
ORTIGUE 833
I frappé du nombre d'observations complétemeat
neuves qu'il y rencontrait. Il en fit une traduc-
tion; mais il lui enleva sa forme primitive, et
ne garda que les dissertations, en écartant tonte
division par dialogue ; c'est travesti de cette façon
que le livre d'Orta fut connu en Europe durant le
seizième siècle. Voici les titres divers soos ks-
quels parut alors l'œuvre de celui qn'on appe-
I lait Garcie du Jardin : Aromatum et sim-
plicium et atiqtiot medicamentorum aptd
Indos nascentium historia (autore Garcia ab
Horto); Anvers (Christ Plantin), 1567; 1574;
1582; 1584; ibid., chez la veuve de J. Moreti,
1593; il faut encore citer lesédits de Lisbonne,
156S;etunedemière sans indication de lien, 1595.
Bontius en a donné une àLeyde, 1642, in- 12 ; —
Dell* historia de i simplici aromaii, e aUre
cose che vengono portate deW Indie orioh
tali, pertenend ai uso de la medicina; Veoi-
i se, par Francesco Zlletti, 1582, in-8«( et ooa
1 «n-4*, comme le dit Barbosa ) ; — Garde du Jar-
din (sic). Histoire des drogues espisceries et de
certains medicamens simples, qui nsùssenl
es Indes et en l'Amérique, translaté de lai.
de Ch, VEsclusepar Ant, Colin: Lyon, 1619,
pet. in-8°, fig. F. Dons.
Barbosa Maebodo, BibUothoea lusitana. - IsBoeensb
da Sylva, Dtecionario bibliogriifiro portugun. . Ferdi-
nand benls. Bulletin Ou BibltophiU, — Léon PInele, Ji-
btiotrcu oriental y oeciOentat.
ORTEGA (Raymundo), théologien antiquaire
espagnol, né à Beja, an neuvième siècle, mort
après 878. Ce personnage, appartenant A la race
des Goths, passe pour le confesseur de D. Bo-
drigue. On lui attribue un livre apocryphe inti-
tulé : De Antiquitatibus Lusitanise, qu'on af-
firme avoir été écrit en 878. Bemardo da Brilo.
d'après Tinspeclion des caractères paléographi.*
ques, le croit authentique. Cependant, d'après
Machado et d'autres, ce livre paraît ayoïr une
date bien postérieure. p. D.
Barbosa Macbado, BtbHotkoea lutitana. - Bcmrtfo
de BrUo, Monarehia lusitana.
OBTEttA {Francisco de), peintre espagnol,
né à Andujar, en 1695, mort à Bladrid, vef«
1741. Fils et élève d*un bon fresquiste de Séville
(Pedro de Ortega), son talent était déjà très-
distingué lorsqu'en 1725 le conseil de CasIiUe
le nomma taxateur des objets d'art et le cliaigea
de nombreuses acquisitions à Tétranger. En
1731 il peigm't à fresque la voûte du choenr et
une grande partie de la nef de la Merced à Ma
drid. On cite surtout de lui dans la même église
un tableau représentent la NaUsanee de saint
Pierre de Nolasco. a. de L.
Cean Bemradex. Dieeionario historieo de las wms Ulu^
très pro/esores de las bella* artes en Bspana.
ORTELIVS. Voy. (Èrtel.
OBTBB. Voy, ASPREMOKT.
OETiGVB (Annibal n'), poète français, né
en 1570, à Api, où il est mort, en 1630. D des-
cendait d'une famille connue en Provence dès le
quinzième siècle et qui avait fourni à Apt un
889
ORTIGTJE
890
évéqae du nom de Jean u^Ortigoe. Il suivit la
carrière des annes, et Toyagea en Europe pen-
dant quatorze ans. On a de lui : Poésies; Paris,
1617, in-1^; — Mon désert; Paris, 1637, in-S",
poème en douze livres.
Son fils, Ortigdb ( Pierre d*), sieur de Van-
morière, né en 1610 , à Apt , mort en septembre
1693, à Paris, se fixa de twnne heure dans
cette dernière ville, et s'y fit quelque réputation
dans le genre littéraire qui était alors à la mode.
MUe de Scodéry disait de lui qu'il était encore
plus honnête homme qu'homme de lettres. La
passion du jeu l'avait ruiné de bonne heure; il
la partageait avec sa femme, une des précieuses
du temps , qui a un article dans le Diction^
noire de Somaize, sous le nom de Narsamine,
D'Ortigue fréquentait Pacadémie qui s'assem-
blait chez l'abbé d'Aubignac. Il était au reste un
des admirateurs du fécond Scodéry, et on lui
prête le dessein bizarre, qu'il n'eut pas le loisir
d'exécuter, de mettre l'histoire de France en
dialogues. 11 vécut pauvre, et même, s'il faut
en croire Richelet, il subit une détention pas-
sagère au Chêtelet. On a de lui des romans, tels
qneLegrandScipion (Paris, i658;4 vol. in-8o);
— Diane de France (1674, in-12); — M"« de
î^umon (1679, iu-n); — Agiatis^ reine de
Sparte (1685, 2 vol. in-12 ) ; quelques-uns de ces
ouvrages ont été réimpr. mai à propos dans les
Œuvres de M^ de ViUedieu; — Histoire de
la galanterie des anciens; Paris, 1671, 2to1.
in-12 : ouvrage devenu très-rare; — VArt de
plaire dans la conversation; 1688, 1698,
1701, 1711, in-12; nul ne posséda mieux que lui,
selon les auteurs contemporains, l'art dont il
écrivit, les principes; c'est par erreur qu'on a
inséré ce livre dans les Œuvres de l'abbé de
Betlegarde; -— Harangues sur toutes sortes de
sujets, avec Part de les composer ; Paris, 1688,
1693, 1713, in-4** ; d'après Goojet, il est peu de
ces harangues où l'on ne trouve de l'esprit, du
goût et un style assez pur; — Lettres sur
toutes sortes de sujets^ avec des avis sur la
manière de les écrire; Paris, 1689, 1695, 1714,
2 vol. in-12. On lui doit encore les cinq der-
niers volumes du Pharamond de La Calprenède.
P. L.
I« Mercure, dot. l$9i.--Gon\et^Bibl. françoite^ XIV.
<7>- — PapoD, HUt. de Provence, IV. — ArtcfeuU, UM.
tfe la nobiêite de Provence , II. -^ NIcéroD, Mém, XXXV.
l OETiGVB {Joseph-Louis d') , littérateur et
musicien français, né le 22 mai 1802, à CavaiU
ion (Yaucluse ), trouva dans sa famille des ama-
teurs distinguéjB qui développèrent en lui le goût
de cet art, dont ils lui enseignèrent les premiers
éléments. Destiné à la magistrature par ses pa-
'^ts, il étudia le droit à Aix. Tout en suivant
les cours de la faculté, il se livrait à la culture
des lettres et des arts, vers lesquels il se sentait
entraUié. En' 1827, sous prétexte de faire son
^^e, il obtint de se rendre à Paris, et donna
bientôt après quelques articles de musique dans
le Mémorial catholique. Pendant ce temps sa
famille faisai^des démarches pour le placer dans
la magistrature, et ce ne fut pas sans un vif re-
gret qu'un beau jour il apprit qu'il venait d'être
nommé juge auditeur è Apt. Il fallut partir. Le
jeune magistrat revit le del de la Provence.
Mais, dominé par son go6t , il ne tarda pas à
abandonner ses nouvelles fonctions pour revenir
tenter la fortune à Paris, où 11 publia, en 1829,
une piquante brochure intitulée : De la guerre
des dilettanti et de la révolution opérée par
M. Rossini dans la musique française. Au
commencement de 1830 , il se rendit à La Che-
naye, en Bretagne, auprès de l'abbé de La Men-
nais, et travailla sous la direction de ce célèbre
écrivain, auquel il fournit les matériaux néces-
saires à la rédaction du beau chapitre qu'il a
consacré à la musique dans le second volume de
VBsquisse d'une philosophie. L'année suivante,
M. J. D'Ortigue prit part, comme rédacteur, à
la fondation du journal V Avenir^ et a donné
depuis lors une foule d'articles, soit de littéra-
ture, soit de critique musicale dans beaucoup
d'autres JoumauTT et revues : La Quotidienne^
Le Temps ^ la Gatelte musicale, La France mu"
skaUy la Bévue de Paris, la Revue des deux
Mondes, le Journal de Paris, Le National, L' U'
nivers, L* Université catholique^ L'Ère nou-
velle, VOpinion publique, et en dernier lieu le
Journal des Débats. Nommé, en 1 839, professeur
de chant en chœur au collège de Henri IV, il a
été attaché, à plusieurs reprises, aux travaux
historiques du gouvernement, et a pris rang, par
ses livres et ses brochures sur la musique, parmi
les critiques les plus instruits et les plus compé-
taots. Voici l'indication des ouvrages qu'il a pu-
bliés; plusieurs sont étrangers à la musique :
Delà guerre des dilettanti; Paris, 1829,
in- 8®. — Pèlerinage de deux Provençaux au
couvent de la Trappe de la Sainte- Baume ;
Paris, 1830, in-8®. ^ Le Balcon de V Opéra ,
recueil de divers articles de critique miusicale ;
Paris, 1833, in-8'' ; — deux écrits politiques :
l*' une préface à une brochure intitulée : Révé^
lations d'un militaire français sur les agra-
viados d*Bspaçne; Paris, 1829, in-8'' ; — 2** De
la position des partis après, la révolution de
1830; Nantes, 1831 ; — La sainte Baume, ro-
man; Paris, 1834 ; — Nouvelles chrétiennes,
suivies delà légende de saint-Véran , évéque
de Cavaillon; Paris, 1837, in-12; — De Vécole
musicale italienne et de V administration de
V Académie royale de musique, à Voccasion
de Vopéra de M. H, Berlioz; Paris, 1839,
ia-8*'. Ce livre, sauf des retranchements que
l'auteur y a faits, est le même que le suivant :
Du Thédtre-Italien et de son influence sur le
goût musical français ; Paris, 1840, in 8*"; —
Palingénésie musicale, brochure in-8<^; — De
la mémoire chez les musiciens, lettre à
Mme S. de B*** ; inr8* ; — La Bruyère et
M, Walhenaêr, critique de l'édition de La
\
891
ORTIGUK — OR\ ILLE
8»
Bru\ère publiée ptr WaHieuacr; — Diction-
naire liturgique, hiêtorique et Ihéorkfm de
plain-chant et de musique d'église dans le
tnoyen-dge et les temps mwiernes; Paris, 18S4,
gr. ÎB-S** ; — Introduction à Petude compa-
rée des tonalités et principalement du chtmt
grégorien et de la mu$ique modernt ; Paris,
1853, in- 16; — Traité théorique et pratique
de V accompagnement du plaim-ckan 2, par Nie-
denneyer et J. dX>rtigDe4 I^aris, 18&&, un vol.
in-fi^ — M. Je d'Ortigue a été on des oollabo-
ratears du Dictionnaire de la Conversation.
En 1856, il a fondé aTecNiedermeyerle jeumal
La Maîtrise, dont il a pris seul la difedioii de-
puis 1858. On a de lui on oflertoire pour Torgoe,
<|ui a été publié dans le Répertoire de fOrga-
niste, de M. Dietach. D. DiniiE*BAiioii.
Vapercao, Diettoumalrê 4e$ Omlmnptirmimi Parti,
1SS8. — Docuwêgnts partieMlien.
OETIS (iéfoitto), théologien et historien es-
pagnol, né à Tolède, vifait dans la première par-
tie du seizième siècle. Nonmé cbanome de To-
lède, il fut employé par le cardinal Ximénès à
Ja révision de la liturgie mozaraliique. Il légua
«a faiUiotlièqoe à l'uniTersité de Salamanqoe. On
a de lui six opuscnles réunis en un volume in-
tJtulé : De la berida dH rey don Fernando
et Caiholico , consolatorio a êa princesa de
Portugal; Vna oraeion a los regescathoUeoi
(en espagnol et en latin); Dos cartas mensa-
géras a los reges, una que eeeribio la du-
dad, la otra ti cabildo de la iglesia de 7b-
ledo; Contra la carta del protonotario Lu-
eena; Séville, 1493, in-fol. Les pins importants
de ces opuscules sont on traité, en vfaigt^sept
chapitres, adressée la prnoesse de Portugal, (Ule
d'Isabelle, sur la mort de loo mari, et un dis-
cours adresjté à Ferdmand et Isabelle après la
prise de Grenade, en 1492, dans lequel l'auteur
se réjouit de ce grand événement et glorifie avec
une égale satisfaction la cruelle extiulsion des
juifs et des hérétiques. « Ces deux discoors,
dit Tkknor, sont écrits dans un style de rlié-
teur; mais ils ne manquent pas de mérite, et
dans le second il y a un ou deux passages bean
et même touchants, sur ta tranquillité dont jouis-
sait l'Espagne depuis qu'un ennemi otHeux avait
été expulsé, passages qui sortent évidemment
do cœur de Técrivain et qui trouvèrent un écho
parmi tous les Espagnols. » Outre ces deux
traités, ce volume contient un récit de la bles-
sure reçue par Ferdinand le Catholique de la
main d*un assassin à Barcelonne, le 7 décembre
1472 ; deux lettres de la ville et de la cathédrale
de Tolède demandant que le nom de Grenade
nouvellement conquise ne figure pas avant To-
lède parmi les titres de roi ; et une attaque contre
le protonotaire Juan de Locena, qui avait osé
bl&mer les rigueurs de Tinqnisition. Ortiz justi-
fie ce tribunal d*une manière qui ne fait honneur
ni à j^es lumières ni à son humanité. On a en-
core de lui : Missale mixtum , secundum re-
gulam beati Isêdori^ dictum 3to%arabe$i
Tolède, 1500, in>ioi., avec une préface; — Bre-
viarium mixtum secundum regutam beatt
lêidori^ dictum Mosarabes; Tolède, 1502,
In- fol. : ce missel et ce bréviaife mouratmiues
sont prédeiix, àcaite des savantes pvéfaces de
fédilear et à litre de raretés faâhliograplMqMi. Z.
BlcolM AniMl», BiUioiàem mspam» norm. — Tkfc-
Bor,' Hàstorf nf tfaoMk UUvratun» 1. 1, p. »S.
•ans (Maiae), archéologDe eapapiol, né â
ViUarobledo, dans le foyaune de Tolède , vmil
dans leaeÎEièmeaièele. Attaché an cardinal AdrieD
Florent (depuis le pape Adrien VI^ il deviat
chanoine de Tolède et vicaire général ée rarcbe-
véquede cette ville. On a de lui : Siiount temftx
Toèetani graphita deseriptio; Tolède, 1544.
in-8«; ^ itinerarium Àdriani F/« P. M. eb
ffupania: Tolède, 1548, in-8«; réûnpnoaé
les Miscellanea de Baloze, t. lU. Z.
Nltolat Antonio, BIètMfun kUpamm mm.
•KTLOP, naturaliste allemand, né à Megin
berg, vivait dans la seconde moitié du quiurièBie
siècle. 11 exerça son art à Wurtzboorg, et pnblli :
Àrttneybuch ( Livre de remèdes); Narembai^
1477, in-fbl. ; Augsbourg, 1479, 1482, in-foi., et
1488, in^"; — Bock van der Mature éer
Kruder (livre de la nature des plantes); U-
beck, 1484. O.
RolanDimtf, SuffMmm/t A /Seher.
•mTièTB(L^]i n'). Foy. Uon.
OBViLLÊ (JacquêS'PhiUppe o*), pfaii>-
logne néeriandais, d'orlg'uie françaiae, Dé à Ami-
terdam , le 28 juillet lf98 , mort le 14 se|>-
tembm 1751. Sn fluniile était prateslaote. Sod
grand-père avait quitté la Proveaee et s'dail
étahM à Hambourg. Son père, Jean d'OrriBe,
passa en Hollande, et acquit une grande forfait
dans le commerce. Quoique destiné an négoce,
Philippe d'OrvIile reçut une excellente éduca-
tion et s'appliqua particulièrement à raudedo
grec et du latin sons l'exceHeat professear
Hoogstraaten. Hemsterhais et P. Bumana loi
donnèrent aussi des leçons. Enfin son pèrehripef
mit de suivre les cours de runiversttéde Leyde,
où 11 se fit recevoir docteur en droit, le S février
1721. Le jeune Philippe pratiqua mène quelque
temps, à son grand ennui, la profession d*avocat;
mais dèsqu'il en eut la permission, il Tabandonaa,
et se livra à son gottt pour les Mtres. Lc5
voyages étaient selon loi le meilleur et le phis
agréable moyen de s'instruire. Il consacra donc
plusieurs années(l 723- 1729) à visiter la France,
l'Angleterre, lltalie, rAlleroagne, fouillant k»
bibliothèques , ooUationnant les manuscrits ,
examinant les cabinets d'antiquités et de mé-
dailles, nouant des relations avec les érudits e'
les archéologues les plus distingués, enfin ne né*
gligeant rien de ce qui pouvait oontribaer â
augmenter sa connaissance des lettres an-
ciennes. De retour en Hollande, il songeait à sr
retirer à la campagne pour y mettre en ceuvrr
les précieux matériaux rapportés de ses voya-
8dS
ORVIIXE — ORVILliERS
894
ges, lorsque les magistrats <]*Amsterdara lui of-
hveièt la phifle de preCcMenr d'hittoire, d'do-
queaee et de iàuffue grecque à l'Aibénée qui
portait k nom û*lUuitre « naie qui était alors
bJeo déelw. D*OmUe aeeepta 4)ette ehaire, «1 en
prit ptsseaaioB te 311 nm 1730, par ua diaooors
ifltilulé : De VkeuÊWue MtêoeémiioH dé Mer-
enre avec foi Jfutef ( De /eUci Mereurii
cum Musis contub€rmo). Après Tavoir oo-
aifMie pendant douze aas aveeéciat, il s'ea dé-
mit pour se livier à Tétude. Une santé foible,
un sfidX délicat, un trop grand désir de la per-
fection reo^ïéchèrent de donner ju polilic les
cpoTnes qu'on attendait de lui. Il ne publia ni
une édition de VAutholo^ie^ pourlaqMeUe il avait
recueilli des matériaux du plus grand prix , ni
une édition de Théocrite, poète qui était l'objet
de ses études les plus assidues; il se contenta
de ooBMnuniquer libéralement aux antres éra-
dits les richesses qu'il avait rassemblées. « n a
fourni, dit diaufepié, des notes et des collations
de manuscrits sur Josèpbe, Lucien, Libaniiis,
Diotiore de Sicile, Aristophane» les fragments
de Sappho, Musaeus, Ckitutlius, Tite Live, Ju-
les Ccsar, Virgile, Lucain, Suétone, Ptièdre,
Frontin, les pœtœ minores , tes Lettres de
Pline et presque sur tous les auteurs qui ont
été réimprimés dans notre siècle. » D'Orville
mourut à un âge encore peu avancé, laissant la
réputation d'un des premiers philologues du
dîn-huitième siècle. On a de D'Orville : DiS'
putntio ad legem 65 de acquirendo rerum
dominio; Leyde, 17îl. in-h"; — Oratio in
ceniesimrtm natalem Ulustris Âmstelod,
Athenxii Amsterdam, 1732, in fol. ; — Mis-
eellaneœ Observatlones in auctores veteres
et recentiores a Britçnnis captx, in Ba-
tavis etmtlnuatx, eum notis et auctario va-
riomm virorum doctorum ; Londres, et Ams-
terdam, 1732-1739, tO vol. in-8*- Ce recueil
d^observations critiques, ou journal philologi-
que, fut commencé, en Angleterre, par Jortin ;
Bnrmann le continua en s'adjoignant d'Orville,
et celui-d, resté seul rédacteur en 1741, y
ajouta une suite sons le titre de Miscellaneœ
observationes et criticx novx in auctores
veteres et recentiores^ in Belgio collectœ et
proditx; Amsterdam, 1740-1751, 12 toih.
in-8* ; les articles qui appartiennent à d^Orville
sont ordinairement signés de la lettre B; les
plus imporianta sont une dissertation sur les
inscriptione de Delos ( i*' Rec., t. TU ) et une
diflsertatioa sur dhwses inscriptions (f* Rec.,
t. III ) ; — CHiiea vannus in inanes J^-C.
Pavonis paêeat ; Amsterdam, 1737, in-8^ : sorte
de pamphlet émdlt contre Corneille de Pauw
et qui mérite encore d'être lu à cause des nom-
breuses observations philologiques qu'il contient;
— Peiri iPOrvièle , jurisconstUti , pœmata ;
Amsterdam, 1740, in-8», magnifique édition des
poésies latines de Pierre d'Orvitle, frère de
Philippe, mort en 1738; — Xapâdivoc A^poii-
«réwc tAv nspt Xaipccv xal Ka^t^ôip 'Efi«oTtxûv
dniYiq|iatrwv Xorot, J. P, d^Orvilh pubhcetvit,
animadvereionesqite adjeeit ; Amsterdam ^
1750, ni-4''; léimp.parBecX , Leipzig, i783,in-8^.
Le commentaire très-étendo qui accompagne
cette édition se recommande par une émdîtior
îmraense et neuve ( voy, Chahhon ) ; — Si
cula^ qnilms Sieiliêc veteris rudera ilius
trantur ; AmiAerdam, 1761-1764, 2 vol. in-fol.
airec fig., ouvrage posthume dont nmpressioE
ftift achevée par les soins de Burmann. On
trouve quelques lettres de d'Orville dans la
Syllofe nova efàstolarum varH argumenti.
Les mamncrits de d'Orville y eompris les K-
vnss annotés de sa main se trouvent dans la bi-
ttiotb^qne bodleyenue à Oxford ; en en a public
le catalogue «eus ce titre : Codiees manu-
tcriti et impreesi eun^ 7U>tis mannscripiis ,
oUtn DorvilHani, qui in Hbliotheca Bod-
ieianaapHd Oxoniensee adstrvantur; 1806,
Ib-4». L. J.
CtiiafepM , DM. kU<. -> Cof . et En. Haaff, La Franc*,
«RTILLISKS (Z;0ICtsGciLL0U1!T, COmtC U' ),
amiral français, né à Moulins, en 1708, mort
après 1791. Son père était gouverneur de la
Guyane française. Il entra très-jeune dans les
troupes qui oecopaient cette colonie, et devint
rapidement Keotenant d Infanterie. Il passa en
1728 dans la marine comme garde du pavillon.
Jusqu'en 1754, il fit plusieurs campagnes à
SaiDtrDomiague, à Québec, aux Antilles, à Us-
iwnne, etc., et fut nommé successivement en-
seigne des gardes-na vires (1741), dievatter
de Saint-Louis ( 1746), capitaine des gardes-
marine et capitaine de vaisseau (1754). Il
croisa sous les ordres de La GaHssonnière dans
la Méditerranée , et prit une part active à la
victoire que cet amiral remporta sur Byng de-
vant Mahon (20 mal 1756), et fit plusieurs
heureuses eipéditiom k bord des vaisseaux Le
Belliqueux^ Le Guerrier et L'Aiexanére. U en
fut récompensé par les grades de elief d'escadre
(1764) et de commandeur de Tordre de Saint-
Loms. La guerre avec l'Angleterre venait de se
rallumer. Nommé lieutenant général en janvier
1777, d'Orvilliers lut appelé au commandement
supérieur de la magnifique flotte qui sortait de
Brest le 92 juillet 177S; elle comptait trente-
deux vaisaeanx de liçie, quinze frégates et un
grand nombne de bâtiments d'un rang inférieur;
dix -neuf cent trente- quatre bouches à feu la
garnissaient Depuis longtemps la France n'avait
réuni une telle année navale : c'était le premier
effort de la marine ressuscitée par les soins de
Louis XVI ; mais les états-majors et les équi-
pages étaient aussi neufs dans le métier que
leurs b&timents; aussi ne fut-ce pas sans une
certaine émotion que dès le lendemain d'Orvil-
liers se trouva en vue de la flotte anglaise, forte
de tr«nte vaisseaux bien essayés et. parés ,.
montée par des officiers et des marins habitués
J
895
ORVILLIERS — ORZECHOWSKI
896
aa feu et à la manœuvre et | résentant deux I
mille deux cent quatre-vingt-huit canons ; Kep-
pel la commandait. Durant quatre jours les
deux armées s'épièrent, chacune cherchant à
attaquer mu adversaire avec avantage ; elles oc-
cupaient une ligne de trois lieues. Enfin, le 27, à
quatre heures du matin, le terrible duel s'en-
gagea dans les eaux d'Ouessant : on se battit à
outrance la journée entière, et à la nuit les deux
flottes furent obligées de regagner leurs côtes
respectives pour se réparer : Il n'y eut aucune
perte de navire, ni d'un c6té ni de l'autre, mais
cette lutte opiniâtre fut |>our les Français l'é-
quivalentd'une victoire, par la confiance qu'elle
leur rendit contre un ennemi habile et brave.
Les Anglais regardèrent si bien ce long engage-
ment comme une défaite, que sur l'accusation
de sir Hiigh Palisser, qui commandait la gauche
de leur flotte, l'amiral Keppel fut mis en juge-
ment (1). Le 3 juin 1779, d'Orvilliers reprit la
mer avec trente-deux vaisseaux ; il devait se
joindre à l'amiral espagnol don Luis de Cor-
dova, qui bloquait Gibraltar avec trente-quatre
vaisseaux. Remontant alors l'Océan, les flottes
combinées devaient appuyer trois cents bâ-
timents de transport montés par quarante
mille hommes, rassemblés sur les ofttes de
Bretagne et de Normandie, sous les ordres du
maréchal de Vaux. D'Orvilliers rencontra l'amiral
anglais Hardy, qui, quoique fort de trente-huit
vaisseaux, n'osa l'attaquer; mais au lieu de se
rendre à Cadix, il attendit à La Corogne
trois mois l'arrivée des Espagnols. Pendant ce
temps l'épidémie décimait les équipages. Le filé
de Tamiral, qui était lieutenant de vaisseau, fut
une des victimes. Enfin Cordova parut, et d'Or^
villiers put s'avancer vers la Manche; mais les
disputes de préséance, qui avaient tant relardé
la jonction des flottes, vinrent faire avorter le
but. La flotte combinée, à la suite d'une croisière
de quinze jours, après s'être approchée de Ply-
mottth, où elle se borna à jeter la terreur, donna
inutilement la chasse à la flotte de Charles
Hardy, qui esquiva le combat, et rentra à Brest
( octobre 1779 ), fort avariée. Elle avait perdu
cinq mille hommes sans tirer un coup de canon.
« Depuis la construction du premier radeau
de sauvage, dit Sismondi, rien de plus honteux
ne s'était vu pour des hommes de guerrp.
D'Orvilliers, qui n'avait voulu partager le
commandement avec personne, eut le déshon-
(1) Dans cette Importaote atraire dX)rvllUeri eomman-
dait la droite de rarmée française ( escadre blanche), le
comte de Gulchen le secondait ; Je brave comte du Chaf-
fault de Besné commandait le centre ( escadre blanche et
blene), et le duc de Chartres (Lonls-Phillppe- Joseph, depnlt
«lac d*Orléans)la ganchc (escadre biene). Du Chaffault fut
blrské tris- gravement. Le doc, assiste par le coolre-amiral
La Mothe-Plqnet, montait /> Saint-Esprit, et, selon les
témoins de l'action, montra do courage et du saof froid.
Néanmoins, la cour loi trouvant peu d'aptitude pour le
■«crvice de mer, lui retira son commandement et loi donna
t^n dédommagement la charge de colonel général des
Uassards (f'oy. ORLiAva).
neur tout entier. En Angleterre, on Teût c-té
devant un conseil de guerre et peut-être dégradé.
En France le gouvernement le laissa sons le
poids de son cordon rouge (1) et de ses épanleltes
d'amiral; mais averti par l'opinion, il se jugea
mieux lui-même, et alla mourir dans on cou-
vent » £n effets d'Orvilliers donna aossitM sa
démission, et fut envoyé à Rochefort En 17S3,
atteint d'une grave maladie, il obtint sâ retraite
définitive et quelques mois après, ayant perdu
son épouse, il se retira au séminaire de Samt-
Magloire à Paris. £n 1790, il émigra, et Ton
n'entendit plus parler de lui. On ignore le beo et
l'époque de sa mort. A. de L.
Le prince de Montbarrey, Mémoires. — Le prince de
Ugne. OEmvfM ekoisies, p. S. — Soniavle, Mewtoim
de LouU XVL — Le comte de Tlltj, Jfdmoirw ( eJit.
de itSO, ln-S« ), t. III, p. is. — J^remies As Im marùu
pour 1180. — Van Tenae. UitMrt générale dé la Ma-
rine, t III. - SlsmondU Histoire de» tretnçàkê, L XXX,
p. 16S-174, iSS-i86, IM, lt«.
OR¥lLLIBBS {Jeûn-LOUiS TOURTBAD-Toa-
TOREL, marquis o'), pair de France , mort à
Paris, en mai 1S32, à l'âge de soixante-dix ans.
Il était maître des requêtes de l'hôtel lorsqu'il
émigra. Nommé pair le 17 aoOt U15, il hit
souvent à la chambre des rapports importants
sur les questions de finances. En 1SI6 il est
rang de conseiller d'État honoraire.
Heorlon, Jnnuaire nécrelôg,
ORT ( François }, jurisconsulte français, né
au Mans, mort en 1067. Il fut successivemeot
avocat au parlement de Paris, t»aiUi de Boisle-
Yicomte et de Montrouge, près Paris, docteur-
régent en droit à Orléans, et mourut ayant
amassé centdnquante mille livres, ce qui prMve
le succès de ses plaidoiries et de ses leçons. On
a de lui : Primus apparatu» jurispruden"
tias; 1654, in-16; — Pacttan renuntiatioms,
dissertaiio de pacto dotalibtu iJif Inimenfts
adjecio; Orléans, l644,Jln-4o : ouvrage réim-
primé dans le Thésaurus juris civUis et ca-
nonici de Gérard Meermaa; — IHspmMctar
ad Merillium de variantibus CuiacH ; Or-
léans, 1642, in-4o. Il voulut être appelé en latin
Osius, et devant les étrangers il se disait, au
rapport de Ménage, de la famille du célèbre
cardinal. Orgueilleuse prétention, qui n'avait
rien de fondé. Son père, Jean Ory, drapier au
Mans, et sa mère, Marie Nepveo, étaient Ton
et Tautre d'une naissance obscure. B. H.
Narc. Desportea, BiMiographie du Maine. — Menor
glana, t. IV, p. W. — G. Ménage. Hitt. de SabU^sec
parUe. — B. Haoréan, Hist. Iltt, dm Malm, 1. 1. p. SN.
ORZBCHOW8K1 00 ORlCBO¥ID8 ( StOMÙ'
las ), historien et orateur polonais, né au com-
mencement du seizième siècle , d'une ancienne
familledu district de Premislao ; il étudia la thés-
logie à Wittembeigysous Luther et Melancbiboo,
visita ensuite l'Italie, et suivit à Venise les leçons
d'éloquence d'Egnatius. De retour dans son pays,
il devint doyen à la cathédrale de Premislao;
(I) Il avait été nommé grand-croix de l'ordre de Saint-
Louis en 1T7S.
897
ORZECHOWSKI -- OSBORNE
son attachement au proteétantisnie lai Talat
beanooap de désagréments. Il revint plus tard
complètement an catliolicisme. Il fut surnommé
le Démosthène de la Pologne, On a de lui :
Ad Sigiêfnundum, Polonix regem ; Cracovie,
1544 : — Oraiio in funere Sigiimundi, PO'
lonix régis; iUd., IM8, in-S*"; ce discours,
généralement admiré, fut reproduit dans divers
recueils, entre autres dans le Corpus histori-
eomm Polonorum de Pistorius (vop. Janoczki,
Nachriehien von der Zaluskisehen Biblio-
thek^ t. II )^— Oratio in Warzaviensi tyn-
odo; ibid., 1561; •- 2>e bello adversus Tur-
cas suscipiendo; Ibid., 15&3, in-S**; — Pa-
neyyrici nuptiales Slgismundi Augusti;
ibid., 1605» in-4* ; — Annales Polonia', ab eX'
cessu Sigismundi, eum viia Pétri Knithœ;
Dabrom, 1611, et Dantzlck, 1643, in-i2; avec
Dugloss, Leipzig, 1712, in-fol.; — institutio
principis; — De prmstanlia legum polo-
nicarufn ; — Spistolx fanUliares. O.
StaraTolflcInt , 5cri|i(orrf Folami. " Chodynkftlego,
osAifif { FrédériC'Gotthel/), philologue
allemand, né à Weimar, le 32 août 1794, mort
le 30 norembre 1858. Élèye d'£icbstndt et de
Boeckh, Il Tisita l'IUlie, la France etrAngleterre,
et mourut directeur du séminaire philologique à
Giessen. Parmi ses travaux, tons très-remar-
quables, nous citerons : Analeeia criiica pot'
sis romanx seeniese reliquias illuitranlia;
Berlin, 1816; — Sylloge inserîptionum an-
tiquarum grtecarum et latinarum; Darm-
stadt, 1822-1834, 10 parties, in-fol. ; — ÀUC"
iarhim lexicorum grsBeorum\ ibid., 1824,
in-4*; — De eselUmm eonditione apud ve-
teres; Giessen, 1827; ^Midas; Darrostadt,
1830, in-4o : commentaire sur la plus ancienne
description grecque ; — Deitràge zur Geschi"
chte der griechisehen und rômUehen Lite»
ratur (Mélanges concernant rbistoire de la
littératore grecque et romaine); Darmstadt,
1 835- 1839,2 vol. in-8*. Osann adonné des édi- ■
lions estimées des grammairiens : Philémon
( Bertin, 1824 ) ; d'Apulée ( Fragmenta de or-
thographia) ; Darmstadt, 1826'; de Comuti {De
natura l>eorttm);G<Kttingne,1844. O.
Mânner der Zêtt ( Lelpi Ig, tSM ).
OSBBCK ( Pierre ), voyageur et naturaliste
suédois, né le 9 mai 1723, près de Goltembourg,
mort à Haslôef (Halland), le 23 décembre 1805.
Élève de Linné , il fut nommé aumônier sur un
b&Ument de la Compagnie des Indes, et lit un
voyage en Chine (1750-1752). Il devint prévOt
ecclésiastique de Hasidef (1760) et membre de
TAcadémie des sciences de Stockholm. Il a laissé
Dagbok of wer en Ostindish Resa ( Journal
d'un voyage aux Indes orientales^ Jait
dans le^ années 1750, 1751, 1752, etc.); Stock-
holm, 1757, ln-8*, fig. ; trad. en allemand par
Georges et Daniel Schreber, Rostock, 1765, ln-8%
avec des additions de Tantenr; trad. en anglais |
ROOT. nOGR. Qitfhi, — T. XXTTIII.
par J.-R. Forster, Londres, 1772, 2 vol. in-8*.
Le Journal d*Osbeck contient des observationt
intéressantes sur les langues, les mœurs, Té-
couomie domestique des peuples qu'il a visités;
mais c'est surtout pour les naturalistes que le
livre d'Osbeck est précieox. 11 y a joint une
relation du voyage de son compatriote To-
rée, mort à Surate, et le Kurzer Bericht von
der Chinesischen Landwirthschqfl (Rapide
Compte rendu de Téconomie agricole chez las
Chinois), de Charles-Gustave Ekebeig, qui con-
tient, entre autres, une description fort détaillée
de nie de Femand de Noronha. On trouve plu-
sieurs Mémoires d'Osbeck dans le Recueil de
VAcadémie des sciences de Stockholm, Ils
ont rapport à plusieurs espèces de plantes tex-
tiles on alimentaires originaires de Chine, et
dont il conseille racclimatationen Europe. Linné
a nommé Osbeckia nn genre d'arbrisseaux de la
famille des mélastomacées.
Adelong. Sopplén. i J6cber. -^Attgem. Gêl,-LexUL ->
Gezellut, diogr.^Lexteon,
08B0BSB (FrancU), publidste anglais, né
vers 1589, mort le 1 1 férrier 1650, près d'Oxford*
D'une bonne famille du Bedfordsbire, il s'attacha
à William, comte de Pembroke, qui lui donna
le titre d'écuyer. Lorsque la guerre civile éclata,
il prit parti ponr le parlement, et occupa sous
Cromwell divers emplois publics. U passa À
Oxford les dernières années de sa vie* Non6
dtecons de lui : Advice to a son; Oxford, 1656-
1658, 2 part, in-80; la première partie eut diiq
éditions de suite ; l'auteur fut accusé d'inspirer dea
sentiments d'athéisme aux étudiants d'Oxford,
et l'ouvrage fut interdit ; — ffistorical mémoire
of the reigns of qtteen Slizabeth and king
James; Londres, 1658, 2 vol. in-8*; — Miscetr
ïàny of sundry essays; Londres, 1659, in-8*.
Les écrits d'Osbome ont été réunis deux fois,
en 1689 (in-8*) et en 1722 (2 yoL in-12).
Vood , Jtkenm Oton., 1, MS.
OSBORSB ( Thomas), comte de Darbt, mar-
quis de Caerharthbn, duc de Leeds, célèbre
homme d'État anglais, né en 1631 , mort le 26 juil-
let 1712é La fortune de sa famille commença dans
le commerce. Son arrière-grand-père, Edouard
Osbome, avait été employé chez William Hewet,
un des plus riches marchands de Londres. On
raconte que le jeune commis sauva la fille de
son patron, qui était tombée dans la Tamise, et
que le père reconnaissant la -lui donna en ma-
riage avec tonte sa fortune. Le petit-fiLs de cet
Edouard Osbome, sir Edouard Osbome, baro-
net et vice-président du nord sous le comte de
Straflbrd, embrassa avec ardeur la cause royale
dans la guerre civile, et entraîna dans le même
parti son fils Thomas Osborne. Celui-ci passa
ohscurément le temps de la république et du
protectorat; mais sous la restauration il fut pro-
duit à la cour par le duc de Buckingham, un
des favoris du roi et un des membres les plus
influents du gonvemeoient. Peu de temps après
29
OSBORIfE
90t
il entra dans la diambre des comniaiies, et
grâce à la protertioiv de Backinghain, grâce aassi
an talent qu'il déploya e» défendant la poUtique
de la couronne, il »*ék!va rapidement aux piw
haiitca dignités de FÉtat. Il fut nomraé, enlft71,
trésorier de la marine, membre du conseil priré,
le 3 moi 1671, grand trésorier, te 19 juin f673,
el le 15 août de la même anaée H fut créé baron
Osbome de KWeCon, dans le Yorkshire, et Tf-
oomte Latimer. Le 27 juin de Pannée survante,
le roi releva à fo dignité de comte de Dnnby.
C^e élévatioè surprenante' s*explit(ue par lea
circonstances oè se- trouvait Vindolent Cbarks II.
Ce prince avait toissé longtemps la direction
(les affaires entre les maint du cabinet vénal et
enrupteur si conno sous le nom de cabale;
mais ce cabinet M, renversé par la chambre des
eonmunes, et deu« des membres de la cabatef
Shaflesbnry et Bncktngbamy passèrent dans Top»
position. Privé de quelques-uns de ses conseil-
ters, attaqué par K« autres, Cliaries fut faenrenic
de trouver un ministre habile, entreprenant, qui
s'entendait à conduire et à corrompre le parie*
ment, qui n'était ni trop moral ni trop patriote,
■lais qui avait cependant plus de morefilé et de
patriotisme que tes ministres de la eaèaie, « Le
nouveau ministre, dit Biacanlay, n*était pas dé^
pourvu de tout sentiment anglais et protestant,
et les soins de sa fortune personnelle ne loi
firent jamais ■complètement oublier les interCte
de son pays et de sa religion. D voulait Mes
avssi étendre le domaine des prérogatives rayâtes,
mais par des moyens toot difTérents de ceux
auxquels Arlington et ClHIbrd voulaient avoir
recom^. Jamais il n'ent lldée d'étabHr l'arbi-
traire à Taide des armes étrangères et en rabais-
sant le royaume an rang de principanlé dépen-
dante. Son idée était de rallier autour de la
monarchie ces classes qui avaient été ses fermes
appuis pendant les troubles de la génération pré-
cédente, et que les feutes et les crimes de la
eoor awient éloignés d'elle. Avec le sontien de
ffenden parti des cavaliers, des nobles, des go^
tHBhommes campagnards, do ctergé et dm nnî*
verntés, il crayait poovoir faire de son mtf tra
MB vn souverain absolii, mais mi souverain prea*
que aussi puissant qa'Éllsebetb Twait été. »
Dans ce but Dnnby présorta à la chambre des
lords , en t675» un bill qui déclorafl tecapaUe
d'oocuper m poste pvMic, oo de siéger daoa
Knne ou Kaotre chambre, quieenque n'aurait paa
an préatoble reosnno, sena sermert, qu'il osn-
sidérait comme criminelle tonte résistance an
pouTOÎr royal , et qn*n s^engsgeeit à ne jamais
essayer de rien changer dans la oenstilnlioB de
rtlat ou de l'Église. L'opposition, conduite par
Bockinghara et Shafllesbnry', M avorter ee ÛU,
que l'on peut regarder comme le programme de
l'andcn torysme. Tbite éteit ta pelMqnede Deaby
k l'inttrieor; è rextérienr, il aurait veohi relever
fAngleterre de sa positmn de vamaKlé dégra-
dante vSs-à^vis dto la France, et M appelait de
I tons ses vœnx une gnerre contre cette paîssanoe.
. Charles II, ridiement psMtonné par Louis XIV,
; résistait autant que le M permettait son indo-
lence aux projeti belliqueux de son ministre. U
consentit au mariage de la princesse Marie, filk
aînée du duc d'York, avec Guillaorae d*Orange,
ennemi mortel de la France, cl envoya même
qoelqoes troupes au secours des HoHaadais;
mais lÀ s'arrêtèrent ses ooncessiona. Le lord tré-
sorier fut obligé à son tour de fermer les yeoi
sur de scandaleuses transactions d'argeut eotn
son mettre et la cour de Versailles, et il dut même
à contre-cour devenir L'agent de ces négocâ-
tiens. Lotti» XIV,averti des sentiments de Danby.
excite sous main contm lui Topposition de k
chambre <lea commença et fournit aux chefs ds
parti whig le moyen de perdre le miniatre tûry.
A son msUgation Ralph, plus tard lord Jto-
tegu, ancien ambasaadenr de l'Angleterre à b
cour de France, produisit deux lettres <lans les-
quelles Danby le chargeait d'assurer Louis XIV
que Chartes H maintieudrait la paix à oondiboo
qu'on lui payerait trois cent mille livrcn sterhaK
par an. Le ministre jutait que ce suhaide dis-
penserait le roi de rassembler le pariemcftl» et il
recommandait à Montagn de cacher cette traa»-
action au secrétaire d'État chai^ des affnra
diplomatiqoef. A le suite de la ceaanHiaieatiaa
de ces pièces, la chambre des comaanues aoeosa
Danby de crime de hante trahiaoA, le a& déeenUt
1678. Pour arrêter cette penranite Charte» 0
prononça te disselutien du parlement (février
1679). Le nouveau parienMmt se rassembla «a
man, et lea communes se montièrent diaposées
à repreiidre raoonsation. En vain le lei décUn
que lea tettrea incriminées avaieal éte écrites
par aou ordre, qi^ll avait aeoordé ha plein par-
don à Danby, et qu'il était prèl à hii retirer
toutes ses chargea. Gea assucances nesufinat
peint anx cemmunesv qui asanaoérent de laoccr
contre Dnnby un art» de pcuacri^tion (6i// iCat-
toinder). Le miniitie alors se eanstitua prison-
nier ; mais «vent qneson jngeuMnt eût oomineneé,
te rai mit fin à la procédure par nne nouvelle
dhaotation du parieroanl. Eu prenant cette ré-
aeiotien Chartes II avait consulté la sécurité de
sa couronne et aon llnléréi de Danbv» qu'il n'ai-
mait pas, et qui éteit encore mom* en bvenr
nnprèa de l'héritier psésomptif; te duc d'Yoric,
depuis- Jacques il. Le priaonniec Mste donc ou-
blié à te Tour pendant àa% ans, et il n'ebtiat sa
liberté seuacnutiou qu'en 1664. Sous le rtgse
de Jacquea II» dent toute te politique a^ait pour
e^ l'éteUiaaemeot du pouvoir absolu et de U
rtliffon eatheUqun, et qui pour atteindre ce
dmiblu but était teraé de subir U protectioa de
teFnuee, DenhyrAdversaire de la. puissance de
i«na XIV et défenseur de l'Église anglicaoe,
rert» sanaemplat, mate non pas sana influence,
ear il était foeore puûaant sur te parti tor),d
ce parti teuali enteç aaa mniun te sort de la
dynaOte dea Stuarte. SI te vieux parti cavalier
901
re&tait attaché aa fils de Charles I«', Jacques II
poovait poursuivre «es entreprisea contre la li-
berté et la reli^on dé soa i»euple; si ce parti
s'unissait au parti whig» et obteoait ainsi le con-
cours du prince d'Orange, une révolution était
certaine. Danby» qui avait présenté le bill de non-
résistance et qui avait failli pajer de sa tète
l'indignation du parti wlûg, ne s'arrêta ni à ses
scrupules de cavalier ni à la haine des whig^,
et il se ieta avec ardeur dans le parti de la ré-
sistance. Au mois de juin 1688, H signa avec
Sltfewsbory, Devonshire, Lnmley, Comptoik
Russell et Sidney l'invitation secrète adressée à
Guillaume d'Orange pour qu'il passât avec une
armée en Angleterre et défendit les libertés de
ce pays. Dans les mois suivants tout se prépara
pour cette grande entreprise. Tandis que Shrews-
bury et Russell allaient rejoindre le prince d'O-
range, Danby, resté en AngleWre, s'engagea à
prendre les armes dès que le prince aurait mis
le pied sur le sol anglais. Guillaume d'Orange
débarqua à Torbay, le 6 novembre, et le 22 du
même mois Danby occupa York aux cjis : « A
bas le papisme 1 un parlement libre I » Ce fut le
signal d'une insurrection générale dans le nord.
La révolution s'accomplit, et ses principaux au-
teurs eurent à discuter sur le gouvernement qui
devait remplacer Jacques II. Contrairement aux
whigs» qui voulaient décerner immédiatement
le titre de roi à Guillaume, et à une partie des
torys, qui voulaient une régence, Danby proposa
de proclamer Marie, femme de Guillaume» reine
d'Angleterre en la laissant libre de donner à
Guillaume Te titre de roi. Ce projet échoua, et
Guillaume en garda un flkcheux souvenir; mais
les services de Danby dans cette crise avaient
été si manifestes, et il conservait tant d'influence
sur le parti tory, qu'il eût été imprudent de la
part du nouveau roi de le mettre de c6té. Il fut
nommé président du conseil, ce qui en ce moment
équivalait à premier ministre, et élevé, le 20 avril
1689, à la dignité de marquiide Caermarthen.
Dans les trois années suivantes il garda un grand
pouvoir,, et il parvint même à se débarrasser de
son rival , le marquis d'Halifax ; cependant sa
position déclina, à cause de l'ascendant des
-whigs. Le 4 mai 1694 il fut créé duc de Leedi.
Ce fut la dernière fayenr quil reçut du roi, et
elle ne précéda que de quelques mois aa, chute
définitive. En 1695, une enquête, faite sur rem-
ploi des fonds secrets de la Compagnie des Indes
orientales, prouva que le duc de Leeds avait
reçu, par l'intermédiaire de Bâtes, agent de ta
Compagnie, et de son propre homme d'affaires
Robert, 5,500 guinées. Les whigs se serrirent de
cette découverte pour penlre le ministre, et ol»-
tmrent de la chambre de» comimmes sa mite
en accusation. La Alite de Robert rendit hi pro-
cédure dîfllcile, et la An de la session l'inter-
rompit ; mais c'en était fait de sa grandeur po-
litique. S'il garda quelque temps. encore le titre
de lord président iï n'assisU pins au conseil.
OSBORNE — OSÉE
9C2
« Il se rendit en tonte hAte à la campagne, dit
Macaulay, et s'y cacha quelques mois aux yeux
du public. Cependant, quand le parlement s'as-
sembla de nouveau, il sortit de la retraite. Quoî-
' que avancé en âge, et cruellement tourmenté
par la maladie, son ambition était aussi ardente
que jamais. Avec une énergie infatigable, il conh-
mença une troisième fois à gravir vers ce som-
met vertigineux qu'il avait deux fois atteint et
d'où il était tombé deux fois. 11 prit une part
proéminente dans les débats ; mais quoique son
éloquence et son savoir lui assurassenirattention
de ses auditeur», il ne fut jamais de nouveau,
même quand le parti tory avait le pouvoir, ad-
mis à la plus petite part dans la direction de»
affaires. » Il publia en 1710 un volume intitulé :
Mémoire relating (o the impeachement qf
Thomas, §arl of Danbif, new duke of Lteds^
et un autre volume de sa correspondance avec
quelques hommes d'Éiat, sur le même sujet. 11
mourut à quatre- vingt et un ans, laissant la répu-
tation d'un homme d'État éminent qui ternit par
trop d'avidité des qualités supérieures, et qui,
quoique trop attaché aux mtérêts d*un parti,
avait rendu de grands services à sod pays dans
une crise décisive. Lord Orford a dit : « Si le
comte de Danby élak très-inférieur en intégrité
à Clarendon et Southampl»!, il étail fort sapé-
rieur à Shaltesbury et à Lauderdale. »
Le duc de Leeds eut de sa femme, Brid^ se-
conde fille de Montagu Bertr», comte de LiadsCT,
trois flls et six filles. Ses deux premiers n\s
moururent avant lui ; le troisième, nommé Pe-
regrine, succéda à »es titres et à sa grande for-
tune. L. J.
RsrMby , Memolrt, — Maeaulay, HUtort qf Snglamâ.
» tod^, FortraiU, L Vil, p. tS. édlL de Bohn.
os£b, le premier des petits prophètes, en
hébreu ffosea^ qui signifie sauveur. FIlsdeBéerf,
il prophétisa vers le temps où les rois Ozias ou
Azarias, Joathan, Achaz et Ezéchias régnaient
dans le royaume de Juda (81 1 -699 ayant J.-C.),
et ob Jéroboam If était roidlsrael (826-784
av. JAi. ). Il paraît certain qu'il ne prolongea
pas sa vie au deliMe la sixième année do rè^
de ce prince; car 11 ne fait aucune mention de
la destruction du royaume d'Israël par Salma-
nazar, roi d'Assyrie, laquelle tombe vers cette
année-là (722 av. J.-C.) et que par conséquent
il Vxerça son ministère pendant un intervalle de
cinquante- six ans. Le contenu de» prophéties
d'Osée regarde ridolÂtrie, la corruption du
royaume d'Israël et les châtiments dont 2 est
menacé. Le style de ce prophète est à la fois
pathétique et obscur. Les Grecs célèbrent la fête
de ce prophète le 17 octobre, et les Latins le
4 juillet, mais seulement depuis le milieu du
neuvième siècle. H. F.
ailloli, CommmUmtrts ntr la BMé, - VlniMr, BtU.
HM'Ut, ' Dom Calmet, DIetiaim. de la Mlèlê,
08ÉB, dix-neuvième et dernier roi dlsrad,
fils d'Éla, régna de 739 à 730 avant J.-C. Il
39.
903
OSÉE — OSIANDER
conspira contre Tasurpateur Phacëe, (ils de
Roniélie, le tua, et se fit proclamer à Samarie
Toi d'Israël. Dès son arrivée au pouToIr, il
oon^noa la guerre engagée sons son prédéces-
seur contre les AsByriens. Vaincu par Sal-
manas&r, il dut Ini payer un foit tribut , dont
il ne tarda pas à chercher à s'affranchir. Il
conclut dans ce but un traité avec Sna , roi d'E-
gypte; mais Salmanasar, informé de cette al-
liance, en prévint refTet en battant Osée» qu'il fit
prisonnier et qu'il envoya chai^ de chaînes à
Babylone. Samarie, quoique privée de son roi,
soutint un siège de trois années, mais dut se
rendre (721 av. J.-C), après avoir subi toutes
les hgrrears de la Taroine. Le vainqueur rassem-
bla alors les Israélites comme des troupeaux ,
et, accomplissant les menaces des prophètes
Osée, Michée, etc., transporta les dix tribus
dans Hala et dans Habor, sur les rives du
fletive de Gof an, en Mésopotamie (le Chaboras).
C'est ainsi que finit le royaume d'Israël, deux
cent cinquante ans après qu'il se fut séparé de
celui de Juda. Osée termina ses jouis dans l'es-
clavage sans qu'on ait pu savoir le lien ni la date
de sa mort. A.
tM Rois, Ht. IV, ehap. xv, % 80; chap. irn, fS 1-e. —
Jo«èphe. — nom Calnet, DUitUmnaire ûê la Btbte. » Bt-
diard et Glraad. BMMhiqué sacrée.
OSELLO. Foy. Avons (ab).
osiAiTDBB, en allemand Hosemann\ fiiraille
dont plusieurs membres ont joué un ceriain rôle
dans l'Église protestante. Les plus connus sont :
08IAHDKB (ilndr^),né le 18 décembre 1498,
à Guntzhausen, près de Nuremberg, et mort à
Kœnigjsberg, le 17 octobre 1562. II étudia à In-
golstadt et à Wittemberg. Nommé professeur
d'hébreu et prédicateur à Nuremberg, il com-
mença, en 1522, à porter dans la chaire les prin-
cipes de la réformation et à les défendre dans
des conférences publiques avec le clergé catho-
lique. Ses talents pour la chaire lui acquirent
bientôt une grande réputation, et le placèrent
au premier rang iiarmi les partisans de Luther.
En 1529, il fut député au colloque de Marbourg,
réunf dans Tintention de ra^rocher les théolo-
giens luthériens et les théol^|ens suisses, prin-
dpalement sur la doctrine de l'eucharistie. Il
paraît que déjà à cette époque il avait sur ce
point des idées particulières, mais pas assez dif-
férentes cependant de celles des luthériens pour
qu'il crût devoir rompre avec eux. En 1539 il
fut au noml>fe des théologiens protestants qui
comparurent devant la diète (TAugsboufg pour
plaider la cause de la réformation. Il prit une
part très- active aux assemt>lée8 où furent dis-
cutés et arrêtés les articles de la profession de
foi connue sous le nom de Con/èssion d'Augs-
bourg. Après la publication de V Intérim (15 mai
1548) , le séjonr de Nuremberg lui devint im-
possible. Il se réfugia, en 1 549, auprès dn duc
Albert, qui avait été autrefois vivement impres-
sionné par sa prédicatio^. Il avait, à ce qu'on
904
assure, le projet de passer en Angleterre, comp-
tant sur le crédit de Cranmer, marié depuis pen
avec sa sceur; mais on prétend que Cranmer
Alt détourné par Calvin d'appeler auprès de lot
un collaborateur si remuant. Ce qui est certain,
c'est que le margrave Albert lui proposa une
chaire de théologie à l'université de KoraigiS-
beiig, qui venait d'être fondée. Osiander acoepis
cette position, qui lui donnait une facile ocei-
sion de répandre ses opinions. C'est princi-
palement sur la doctrine de la justification qulf
se séparait des réformateurs. D'après Ostande-.
le chrétien est justifié non par un acte extérîeor
et indépendant de lui-même, mais par le rooo-
vement propre de sa conscience recherehaat
la sainteté; non par quelque applicatioa foetici'
des mérites du Christ, mais par te désir et IW-
fort de l'homme de se rendre digne de l'applica-
tion de ces mérites. De ce point de vue, la jas*
tification doit être considérée non pas oonn^
un acte juridique en Dieu, ainsi que l'admettaient
les réformateurs, qui avaient tous adopté sur et
point la théorie de saint Anselme , mais oomne
quelque chose de subjectif, comme une oommo-
nication d'une justice intérieure, agissant direc-
tement sur la conscience. Cette doctrine fnt vi-
vement attaquée par les luthériens, sans qu*0-
siander y renonçât jamais. On le déféra an synode
de Wittemberg, qui ne voulut pas cependant
prononcer son interdiction. La discossioa coo-
tlnua après la mort d'Osiander jusqu'en 1566,
époque à laquelle les osiandristes furent tous
déposés.
Osiander était versé dans les sdenoes mathé-
matiques, astronomiques et physiques. Il était
distingué par son éloquence; mais il avait loate
la grossièrete de son temps; il n'épargnait i se^
adversaires ni les injures, ni les quolibets indé-
cents, ni les plaisanteries cyniques. Ses nom-
breux ouvrages sont toml>é8 dans un profond oa*
bli; les plus imporiants sont : Conjtcturx de
ultimis temporibus ac de fine mundi; Nurem-
berg, 1544, in-4''; — Barmonix evançeliac
libri iV, grxce et latine; BAle, 1537, hi-fol.;
BAIe, 1561 , grec et latin, et Paris, Bob. £s-
tienne, 1545, latin seulement; trad. allem.
par J. Schweinzer, Francfort, 1540, iih8*; —
Biblia sacra f quXy prxter antiqum lafinx
versionis necesiariam emendationem^ et dif-
ficiliorum locorum succinctam expUeatio-
nem, multoi insuper utitissimas obtervatiO'
nés, coR<iiie^;TntMogue, 1600, in-fol.; quatre
autres éditions. Il publia pour la première fob
V Astronomie de Kopemic, qull fit précéder
d'une préface; Nuremberg, 1543, in-4**. M. K.
Adam. yiUt theolopcrum çermanongm, — Teiisler.
Êtoçês dts hom. sa»., 1. 1, p. 110 et III. - JAcbrr, ARg
Getehrten-IjBxiii9it, — Âfu»ie des pmasUmU CÊtéttrs. -
Mttrtiniis, Uistoria rktentfHf.-WUken, ^né.OsiaKdtr'i
Leben, Lehre vnd Sehriften; Slraiboarf . ISU, In-s*-
osiANDBB ( Lucas), dit francien, filsdu pré-
cédent, né à Nuremberg, le 16 décembre 1534, et
mort A Stnttgaord, le 17 septembre 1604. Il fut
906
OSIAMDER — OSIAS
906
diacre à Gceppingen en 1555, et deax ans après
suptfintendaot spécial à Blaubeuern; en 1560 il
l^assa avec le même titre à Stnttgard, où il fut
nommé prédicateur de la cour en 1567 et enfiii
superintendant général des églises de Wurtem-
berg en 1596. Il était possédé de la mante de la
controverse, si commune à son époque. Il écri-
vit contre Sturm en faveur de la formule de con-
corde, contre Mentzer sur la nature humaine de
Jésns-Christ , contre Huber sur la doctrine de
l'élection, contre les réformés sur les points dé-
battus entre les deux confessions, contre les Jé-
suites, etc. Il s'en prit même aux croyances re-
ligieuses des Turcs, contre lesquelles II publia
un traité. Ses ouvrages les plus connus sont :
Biblia lalina ad fontes hebraici textus emen-
data , cum brevi acpenpicua expositione U-
lustrata; Tubingue, 1578-1580, 7 vol. in-4% et
qui a en plusieurs éditions ; trad. allem. par ÙàY.
Fdrster, StutSgard, 1609, plusieurs édit.; — De
ratUme concionandi ; Tubingue, 1582, in 8**;
deux autres édit. ; — Àdmonitio de etudiis
Verbi dinini ministrorum privatis reete éiu-
Htuendis; Tubingne, 1691, iB-8^ M. N.
JOehcr, JUg. (MtkrUn'LêxUum, -> J.-G. Waldi,
BibUotM, thtologiea ielêeta. -^.^iPi:
osi AH DBR ( André ), dit le jeune, fils du pré-
cédent , né le 26 mai 1562, à Blaubeuern ( Wur-
tembei^), mort à Tuhingue, le 21 avril 1617.
Il fut en 1587 pasteur à Gûgliogen, en 1590
prédicateur du duc de Wurtemberg, en 1598
.superintendant général et en 1606 chancelier de
l'université de Tubmgue. U a laissé des ser-
mons , des mémoires aoadémiqoes et divers ou-
vrages de théologie, dont le plus connu est :
Papa non papa, hoe est, papx et papic»'
larum de prmeipuit ehrietianx Jldei par-
tibus liUherana con/essio; Tubingne, 1599,
in-8<'; Francfort, 1610, in-i2. M. N.
osiAHDBB (Lucas), dit le jeune, frère du
précédent et fils de Lucas Osiander Vancien, né
à Stuttgard, le 6 mai 1571, et mort à Tubingue,
le 10 août 1638. Professeur de Uiéologie à Tu-
bingue depuis 1619, il ne fut pas moins ardent
controversiste que son frère; il combattit avec
une égale vivacité les Jésuites, les reformés, les
anabaptistes, les schwenckfeldiens , etc., et on
l'accnsa d'avoir soulevé les difficultés qui divi-
sèrent les théologiens de Tubingne et ceux de
Giessen ^nr le point de doctrine de rabaissement
du Christ. Les attaques pea modérées qu'il di-
rigea, en 1623, contre Tonvrage de J. Amd,
Das wahre Christentbum (Le vrai Christia-
nisme), loi valurent de nombreux désagréments.
On a de lui des sermons et de nombreux ou-
vrages de théologie, la plupart polémiques. M. N.
JOcber, Âllgem Gûfkrt -UxiMen.
OBiARDBE (Jean-Adam), d'une famille dif-
férente, né le 3 décembre 1626, à Yaihingen
(Wurtemberg), mort à Tubingue, le 26 octobre
1697, fut depuis 1680 chancelier de l'université
de Tubingne, et laissa, entre antres ouvrages
I théologiques : Commentarius in Pentateu"
chum; Tutiingne, 1676-1678, 5 vol. in-fol., qui
fut jusqu'à la fin du siècle dernier un des meil-
leurs commentaires sur le Pentateuque. On peut
porter le même jugement sur les autres commen-
taires : Jn Josuem; Tnbingue, 1681, in-fol.;
— In Judices; MA., 1682, in-fol.;- In lu
brum Ruih; ibid., 1682, hi-foi.; ^ In primum
et secundum librum Samuelis; Stuttgard,
1687, in-fol.; ^ Tractaius theologicus de ma»
gia; Tubingue, 1687, in-8*; — Primiti» evan*
gelieai, seu dispositiones in Evangelia fifomi-
ntca/ia e^/es/ipaiki ; Tubingue, 1665-1691, 14
fascicules in-4'' ; — De azylis Hebrseorum, gen»
tilium et christianorum ; Tubingue, 1673,
in-4*^. Gronovius a inséré dans le tome lY dn
Thésaurus antiquilatum grxcarum la partie
de ce traité qui concerne les asiles cliez les
Grecs et chex les Romains. M. N.
JOcacr, ^Ug, C0l§àrtm'UaHàaik
osiANDBm (Jean-Adam), philologne et théo-
logien, petit- fils du précédent, né à Tubingne, en
1701 , et mort dans la même ville, le 20 novembre
1756. U suivit la carrière de i'enseigneinent, et
fut professeur de grec à Tuniversité de Tubingue.
On lui doit un grand nombre de mémoires sur
des points de philosophie , de philologie et de
littérature. Le plus connu est celui De immor^
talitaie animée rationaiis, ex tumine ratUh
Jiii pro6a^a; Tubingue, 1732, in-4^ H. N.
J.-a Wiicblat, BtbHoth. tàeoloQiea têUetg,
OSIAS, oziAS 00 AZABUs, lôi de Juda, né
en 826 av. J.-C.,mort en 768 av. J.-G. Fils d'A-
masias et de Jéchélie, il succéda à son père, as-
sassiné en 810 av. J.-C. Après s'être affermi
sur le trOne, il marcha contre les Philistins, aux*
quels il enleva les villes d'Asot , Geth et Jabnie ;
il vainquit ensuite les Arabes de Gurbaal ( la Ge-
balène) et les Ammonites, qu'il força à payer
tribut. Il fit construire le port d'Élath (aaj#it«-
laà), au fond du golfe élanitique, fortifia Jérusa-
lem et fit bâtir de nombreuses toors sur les fron-
tières de ses États, afin de repousser plus aisément
les excursions de ses voisins. U protégea particu-
lièrement Tagriculture, creusa des citernes, traça
des routes, etc. ; s^sltroupeauxétaientimmenses.
Il fit le dénombrement de son armée, et y compta
trois cent sept mille doq cents hommes bien ar-
més, qui obéissaient à deux mille six cents chefs.
Il marcha dans les voies du Seigneur tant qu'il
était conseillé par Zacharie;4nais après la mort
de ce saint personnage, il voulut usurper sur les
fonctions sacerdotales et offrir lui-même l'encens
sur l'autel des parfums. Le pontife Azarias s'y
opposa ; mais Osias, persistant dans son dessein,
s'emporta jusqu'à le menacer. Au même Instant
il fut frappé de la lèpre. Il dut céder le gouver-
nement à son fils Joatham, et se retira dans une
habitation écartée, od il mourut; parce qu'il
était lépreux, il ne fut pas enterré avec les rois
ses aienx. Isaîe a écrit Jes fastes dn règne d'O-
' sias. A. L.
907
OSIAS — OSMOM
90S
r^sJlois, Ht. IV, cbap. xiv> S si, Sf; chap xt. § 1-8 ;
-^ ParaiipomeneSt Itv. il, chsp. SXTi.— Fiavlas Jo>èptie,
09io{Feliee), tilstorien ttalien, fié en 1587,
à Milan, moK le r» jniHet 1631 , à Paéoue. Doe-
tevr en (^ilosophie à Tîngt-deox ans, il em-
brassa Tétat ecclésiastique» et enseigna les hu-
manités à Milan et à Bergame. En 1621 il fut
appelé à la chaire de rhétorique de Padone.
Doué d*uue grande facilité à écrire, SI composa
beaucoup de poésies , de harangues on de pané-
gyriques, qui n'ont pas tq le jour; on a publié
ses Notes sur V Histoire de Mussato (Venise,
1630, inlol.)» sur la Chronique de Lodi des
Moreua (ibid., 1639, in-fol.) et sur les Histo-
riens de la marche TYévisane ( collection Mu-
ratori, t. VII).
Papadopolt, HIH. Gfmn. Mtovifri. — Tomashit . £10-
Pte-
08IIW. Voy. Hosisa.
OSMAIff. Voy. 0TMI4II.
4HiRios« <fi«Bt ), évéque d« SaUskurr, iM>rt
le 3 déoeoabre i«â9. Fiés du «ooite de Sées, m
Normandie, il lui anccéda, et distribua an ctergé
la pif» ^tanée partie de set reveBNft. £■ 1066,
il suivit le duc Guillaume k te conquMe de l'Aih
glaterre, et recul de lui le comté de Dorsetet U
diarigc de graod-obanoetter. La cooduite chr^
tienne qu'il teiait à ia cour fit apparemment
juger au roi que le Kouvememeoft d'Aine église
serait plus à ton goût quo le roaaicmeiit des
afTaires temponrllee , et vers 1078 , i la nort
d'Henwum, il lui d«mM l'évéohé de Salisbury.
On s'accocde à louer «bes ce prél it le désiolfé*
ressemeot, la purulé des. movira^t l'eKactifaide
de la nègle; mais il eut la fliiblesse d'abandouuer
les JDiéréts d'Autelnie, arobet^e 4e Cautiir-
béry^daot l^aeteiublée die Jlock«ighan.£D 4468
il lut cauonlaé par le pape CaUUe 111 et «Âs^u
raog «des êmîmis oMt/csNflurf. aiifl d'indroduir^
de fMuifbrmité dans le eei'viee 4livM , il «rait
CMuposé UD Jtailé de» ^affiofs eccléeùisiiqwêt
ci4é «divemumeot sous les «iiiies de iÀber orntf-
nadi$,4€C«9$uetÊÊ4inermm seeleksisc et ^U»-
rarœprecet; on y fit pluaieurs chaBgemeiit«,4Bt
illot en usage iusqu'au tenfie d'Henri VUi. K.
iVM. «Mflr.4« la nmm», «III, êih. - Bwllir, ùkm
iiftMSainU,
osMoan {René^SuUache^ marquia o'), di-
plomate français, oé i TUe de Saint-Domingue,
le 17 décembre 1751, mort à Paris, ie 2J Xévrjer
143a. D'uae famille originaire de Normandie, il
entra au service en 1767, et devint en i776 co-
lonel en aeeond du régiment d'Oriéans-caTale-
rie, puis«n 1784 colonel du régîBkeotde Bdr-
rois^fioroméenjoia 1788 amtaaadeur et mi-
ni«tr£ pLéBi|Mlénli4re de 1 rance k JUa Ha^e, il
ren^&sait ces foiicUons lorsque la révolutipa
éclata en l^r«nce« et fut appelé m avril 1791 k
rarnlwsaade de Saiot-Péterâboorg. Le« événe-
ments ne lui permirent |MIs de se rendre k aon
poslii, et ayant donné sa démission à la fin de
cette année, il quitta la*France, pour aller re-
joindre sa famille en Italie. Napoléon lui Ht inu-
tilement des ofTres avantageuses pour rattacher
à sa fortune; le marquis d*Osmond se conteuta
de revenir eu France. Louis XVIII le fit lieute-
nant géoéralle 22 juin 1814, et son ambassadeur
à Turin en octobre suivant; sa correspoodauce
diplomatique relative aux Cent Jours Tut iuter-
ceplée par les agents de Napoléon, qui en ur-
doniia la publication dans Le Moniteur du 18
avril 1816. Nommé pair de France le 7 aoftt
181Ô, et ambassadeur à Londres le 29 noTembre
de cette année , il se démit de ses fooctiaos le
2 janvier 1819, et ne prit plus de part aux af-
faires que comme membre de la chamtire des
pairs, où il siégea encore après la réYulutMNi de
1830. H. F.
De Barante^ Éloçedu marqitii d'Osviond — Moniteur
des 16 et 17 ivrll isas. » D« Cooreelles, OUL ^neA
et dératé, du pairs 4a Ff.
mmmoam {AnMme-Mvêtaebe, bai«u»*), psé-
lat français, frèra^u préoédist, né àSaiat Oo-
mtngue, le 6 lévrier 17S4,' OM^rt à Nuaey^k
27 septembre 1823. Af>rè6 avoir fait aea éludes
en 6orbonne, il deviut vicaire génétui de M. de
Biieune, arcbevèque de Toolouae, fut ou»éle
1^ mai ilèb ^v4que de Counsinges, pour oic-
céder à son oncle, et instatlé le 23 juillet survant
oonseStler-éréque au pariement de
Pendant la révolution, il émigra d'abord
pagne, puis en An^lelefre; déroissianMîre de
son si^e en 1601, il fut pourvu le 9 avril 1802
de celui de Nancy, et appelé le 22 octobre 1810
à rarchevèclié de Florence. On bref ptpri du
2 décembre suivant défendit aux vicaires gêné*
raux capitulaires de ce diocèse de le reeouualtre
comme arcbevêque, et en 1814 il dut rcpreuAne
PadiTiinistration de Tévêetié de Nancy, oà i Ht
l>eaucoup de bien. M. dt>smond fut aumônier
de Louis Bonaparte et promu commandeor de fa
Légion d*bonneiir le 1" mai 1821. H. F.
X.*/#iRl di la Rtligion et eu lloi, octobre ffis. ~
Franc* ptn^ifioaêe.
««M VU [M4Hrie'Jo9eph^Buêtmche^ «ioMute
n'), général français, frère des pwteéiiault, ae à
Saint-Domingue, le 6 mai i7ôé, moiti Fuuldbar-
train (Seine-et-Oise), en sepleraÉHie 1889. Colooel
eu second du régiment de €awdMéaii {VI awH
t781), il commandait en 1791 à SchrteiÉaai te
régiment de Neuetrie-infanierie qnand il ^nûgra.
Louia XVIII le aomnâ < mai tgi « ) commiualre
extraordinaire dans la 22f diyiaion mililuw« à
Tours, lieutenant général ( 22 juin snivint) et
commandeur de Saint-Louis, le 1^ ma t«%l.
Le vioemie dX)sm«id fut retraité le il «m
i%i^. M. F.
l»e OMiMdMM, ffbC géléml.HhêiiaMLéf9^n^
frunfie.
OS.UONT (JeaM'B€ipUti0-Umis)9 kàkUm-
gmpbe foançaia, né k Pari^ oà 11 «sA nuit, le
U jnars 1773. P*une Cunille connue depîut
lomttemps dans la librairie il exerça le méiut
eemoiarce, etpuinUa un I^ciionjuùrt tupoprû-
pàique^ histûnqwf et crUique des Uiru ra-
909
OSMONT — OSSAT
9f«
res, singuHers,estiméâ 9t recherchés CPari*,
17C8, 2 v«4. in-8'*), «uvrigc effacé aujourd'hui,
flnais qui lors dew» upparitioa eut du saccès.
Ducloz. Bict. HMooraph., I. - Uoattle, HM. 4e
tinpritn^ritm
OSSAT {àmand^*), cardinal et diptomalefraii
çaift, né le ^3 aoM 1 936, à Larroque enMagMac,
mort à Rome, le 13 mare 1604. Son père, mort en
Espa^e,danslami8^e. était, -éit-oDjintuéchali^
^^noaire, et sa mère, Bertfande Conté, était ori-
ginaire de Casaasnabère, diocèse de Commiages,
ce qui a sans doute induit en erreur lasiao^-
plM« qui ont indiqué ce village comme le lîmi de
naissance d'Arnaud. Il les perdit l'un et Tailre
ayant t'éfçe de neuf ans, et, abandonné dès ian
à la cliarité politique, il fut oUigé poor virre
d^entrer au serrice d'nu eentillieiiiBie, Thocnes
deMarca, qui le donna po.ar valet de chambra à
son nevra et pupille Jean de Manca, seigneur
de CasAehiaii-Mai^c. ÂssistoBt auK leçons daa-
née<^ à son jeune maître, il apprit bientôt asses
le latin pour renseigner à oelm qu'il serrait.
Arnaud fut tonsuré le 26 déceanbre 1556 , entra
dans la carrièpe eoelésiastique, «t accompagna
son jenne maltiie à Paris en qualité de préoep-
teor. Il jéenmn jusqu'au «ois de mai 1562
(enviran six aas), faisant avec soin Téducation
du jenne seigneur de Magnoac, de deux anires
enfants, consins genauins de ee dernier, et de
Jean Pérei, fils d'un marchand de LeotoHK ,
qu'il s'était engagé par un acte» écrit do sa main,
signé ée Osêat et 4>a8sé à Lecloare, le 22 avril
1ôj9. « & conduire à la ville et uaiversilé de Pa-
ris, et là t'entralenir do bonne Bourritare et
doctiine ipooT le lennps et espace de doux an-
nées mofennant la somme do cent dix M-
vres poor chaque année pour la noorriture et la
doctrine, sans on ce comprendre afiooutnensents,
livres ni antre dépensequïloonviendra faire...... »
Ses élèves étant retournés en Gaseofone en 1562,
d'OasatpuiaelivMrtont entier à l'étndo Pieme
Ramns enaeignail alors an Collège de Franoe Vé-
loqnenco et la philosophie. Arnaud s'attacha à
cet esprit iiaiNU, et devint son ami, sans parta-
ger cq>endant ses opinions religieuses. Le mé-
decin Charpentier, partisan d'Aristote, ayant
déCeoda avec passion la doctrine du Stagyrile
contre Bamus, il écrivit en îè/mat de aon snaltre
on ouvrage rempli de saillies piquantes, et dont
la dialectique serrée décenlenança tellement
Charpentier qn'à délaot de raisons H ne répon-
dit à son adversaire que par des injures.
Arnaud d'Ossat fut à eetle époqne choisi pov
professer la rhétorique, puis la pbilosophie<laas
î'oniTersiié de Fans; mais bienidt il alla à
Bourges aoivre nn conrs do droit» sons Cojas.
De retour à Paris» il fréquenta le borreBO et %'}f
fit admirer dans plusieurs causes par une élo-
quence pleine de force. Qnelqoes protecteurs Ini
firent alors obtenv du roi une charge de osn-
seiller au présidial de Melon, qu'il possédait en-
core en 1548. Le tapevat qnt le nomme à ootte
place Itd donne aussi le titre d*abbé de Tarennes
(diocèse de Bourges ), bénéfice dont il se dénrit
en 1S69. Paul de Foix, depuis archevêque de
Toulouse, était adors conseiller au fortement de
Paris; ami des lettres, il eat bienlM appr<k:ié le
modeste avocat, 0t malgré «on ^mthousiasme
pour Aristate, il recheniia d'Ossat , l'alUra aux
réunions des savar^s qn^il aoeoettlait dans son
h^tel «t apprit à l'estimer chaque jour davmi-
▼ange. Paul de Foix, nommé m 1574 ambassa-
deur de France à Rome, emmena avec lui son
protégé en qualité de secrétaire. L*orthodoxie
de l'ambassadeur ayant été mise en question à
la cour de Rome, Arnaud se chargea d'écrire
pour la défense de son ami un Mémoire apologé-
tique. Si Paul de Foix fut bien des années à at-
tendre llieureuse issue de son affaire, elle servit
à faire connal^e avantageusement d'Ossat à la
•eour pontificale. De Foix quitta Aoroe pour lais-
ser assoupir riastruction oommienoéc contre Im* ;
nuds son protégé y demeura , et fut peu après
ordonné prêtre. Rovenu dans celle Tille en 1 57t,
atin de solliciler ses bulles pour rarchevècbé de
Toulouse, Paul de Foix fut nommé, par Henri III»
andiassadear de France, et dès oe moment d'Os-
sat, son seopétaire intime, ne le quitta plus jusk
qu'à «a mort, aimée en mai l56i. Il ooaserva
ses fonctions» et acquit l'estime des «andinanx
Louis d'Esté, archevêque d'Auch, etde Joyeuse,
archevêque^le Toulouse, suecesstvement proteo-
teurs des affaires de France à Rome. La France
cependant était -désolée par la guerre civile et
par la guerre étrangère; les Ooise«t» après eux,
Henri III avaient péri par le fer -des assassins;
d'Ossat. sans autre mission que son patriotisme,
essaya de profiter de l'influence qu'il arait ao-
qoise à Rome pour travailler à hi réconciliation
d'Henri lY avec le saint-siége. Informé de la
droiture <le ses intentions et snitoot de sa hante
capacflé, ce prinoe te nomma l'un des •comnais-
«aires charge de cette négociation, et loi prêt-
orrvit de se csneeiter «rnec Louis de Gonragoe»
doc de Ne vers, k qui il avait donné les pouvoirs
les plus étendus. Plus faoliile gâiéral que bon
diplomate, te doc •dédaigna un tel auxHiairo;
-dans sa présomption il crut pouvoir agir seul, et
échoua ooroplétemenl. La négociation en effet
était déScate et épineuse, car les Espagnols
mettaient tout en œuvre pour rentraver. D*Os-
sat agissait toujours : «quand il eut levé tons les
obstacles, on lai adjoignit en 1595 Do Perron,
éTéqae nommé d'Évreox pour reoe^on*» 4e con-
•oeK af«e lui , TabsoMion au nom de Henri HT.
Clément Tfll ne demandait pas mieux que de vnfr
Henri IV nentrer sotennelleinent dans la commu-
nion ronalK; mais, jaloux dV^btenhr des condi-
tians avanlagenses pour te saint-siège, il von-
iali imposer paor pnemièpe condition anx deux
neprésentents dn rai de déposer la oonronne
anx pieds do trêne pontifical. D'Ossat et Dn Per-
ron déclarèrent avec fermeté qu'ils ne consenti-
nient jamais à aucune condition coatraâfe à
fil
OSSAT
912
llaflépendance de l'autorité royale. Ils rejetè-
vent égaleraeât toutes led clauses de nature à
coropromettre encore la tranquillité du royaume
en entretenant la défiance parmi les calvinistes.
Toutes les difScultés furent enfin levées , et le
16 septembre 1595 le pape donna Fabaolution
au roi. Pour récompenser d'Ossat, Henri IV le
nomma, en janvier 1596, à Tévéché de Rennes,
jpour lequel il fut sacré le 27 octobre suivant.
£n 1597 il reçut le titre de conseiller d'État.
Depuis ce temps il ne cessa d'être le plus liabtie
agent diplomatique de la France en Italie. Ce
fut lui qui décida le pape à dissoudre, le 17 dé-
cembre 1599, le mariage de Henri IV et de Mar-
guerite de France, sa première femme, et qui
entama les négociations, pour l'union de ce prince
avec Marie de Médtcis. Par ses soins, la cour de
Rome valida le mariage de Catherine de Bour-
bon avec le duc de Bar. D'Ossat prit aussi part
aux premières démarches qui eurent pour ré-
sultat le traité conclu à Lyon, le 17 janvier 1601,
aux termes duquel, en échange du marquisat de
Saluces, dont le maréchal de Beltegarde s'était
•mparé, le duc de Savoie abandonnait définiti-
Tement à la France les pays de Bresse, de Bngey
et de Valroroey. Il décida aussi Jean de Médi-
eis, frère du grand -duc de Toscane, à évacuer les
ibrts qu'il occupait dans les Iles d'If et de Po-
mègue, près de Marseille ; il prouva enfin dans
nn mémoire qu'il fit distribuer au sacré collège
que l'Espagne avait encore plus d'intérêt que la
France à faire la paix, et lorsque cette paix eut
été sigpée à Vervins (2 mai 1598),ee fut^'Ossat
que le roi chargea de l'annoncer au sénat de
Venise. Il eut tiesoin de toutes les ressources de
son génie diplomatique et de son caractère con-
ciliant pour rassurer Clément VIII sur le retard
qu'éprouvait en France la publication des canons
du concile de Trente, pour lui faire accepter ré>
dit de Nantes et les garanties qu'il accordait
aux protestants, et les mesures rigoureuses
prises contre les Jésuites. Une seule fois peut-
être, d'Ossat vit son expérience en défaut, et
ce fut pour avoir pris conseil de ses affections
personnelles au Heu de l'intérêt de son pays :
c'est lorsqu'il donna son assentiment au proiet
que le pape avait conçu d'élever au trône d'An-
^eterre Alexandre Farnèse, duc de Parme ou
k cardinal Odoard, son fils, au préjudice de Jac-
ques, fils de Marie Stuart. Tant de services mé-
ritaient une récompense. Au commencement de
1588, il avait obtenu le prieuré de Saint-Martin de
Bellême ; Henri IV demanda pour lui le chapeau
de cardinal, et à la prière de ce prince, Clé-
ment VIII rhonora de la pourpre, le 3 mai 1599,
sous le titre de Saint-Eusèbe. Peu après, d'Os-
sat devint abbé oommeodataire de Nant, au dio-
eèee de Vabres et de Saint-Nicolas de Verdun.
* 1£nfin^ sur la démission qu'il donna du siège de
Rennes, où iln'avait jamais résidé, il fut nomnu^,
le 26 juin 1600, à l'évéché de Bayeux. Toutefois
sa conscience ne lui permettant pas de percevoir
les revenus d'un bénéfice où le service de la
France Teiopêchait de réaider, il s*eo démit en
1603. A cette époque cependant il vîTait dans
nue sorte de gêne, et n'avait pour soutenir sa
dignité que d'insuffisants revenus. Ceux des bé-
néfices qu'il possédait lui étaient en grande par-
tie enlevés par quelques gentilshommes voisins, et
servaient à payer des pensions. Sully, qui haïssait
dans la personne de d'Ossat le protégé de Ville-
roi, son rival, suspendit d'abord, puis supprima
entièrement la pension qu'il tenait de Henri IV.
Heureusement, sur la fin de sa vie, les héritiersda
cardinal d'Esté lui délivrèrent un legs de doon
mille livres, exigible depuis dix années, et cette
somme le mit un peu à l'abri de la gtee. Bis
qu'il fût doué d'une grande pénétratioo d d'à
rare discernement, d'Ossat partageait les senti-
ments de Vilieroi sur la politique intérieure de
la France; il s'exagéra quelques désordres qu'a-
vait produits l'administration rigoureuse deSoOy,
et crut de son devoir d'écrire à Henri IV une
lettre dans laquelle il traçait un tableau un pea
rembruni des dangers dont à son avis l*£tat se
trouvait menacé. Plus irrité que jamais, après
avoir eu la coromonioation de celle missive,
Sully n'épargna point les plaintes contre le car-
dinal, et plusieurs passages de ses méoieires
contiennent de graves imputations dont il ne
craignait pas de charger un homme qui cepen-
dant avait, comme lui, sacrifié sa vie au service
du roi. Du reste, Sully n'était point fâché de m-
dre suspect à Henri IV un prince de l'Église ro-
maine. On peut cependant assurer, et Ions les
historiens sérieux sont d'accord sur ce pciot,
que le cardinal d'Ossat, homme d'aiHeers irré-
prochable sous tous les rapports, sut concilier
deux qualités assez rares, celle d'un habile poli-
tique et celle d'un véritable honnête hamne;
aussi, dit un contemporain « les gentîlshoniaies
français qui allaient en Italie faisaient plus d'é-
tat d'avoir vu le cardinal d'Ossat que toutes Its
antiques de Rome •. Ne se connaissant point de
parents, d'Ossat laissa son modique héritage à
ses deux secrétaires, Pierre Bossu, de Lyon, et
RénéCourtin, d'Angers, et aux pauvres. S'iliaut
en croire Dupleix. un neveu du cardinal, portant
le même nom que lui, occupait de son temp» la
cure de Ménil«Aul>ry, près 'Écouen, et Méieny,
qui l'avait connu, va jusqu'à dire que cet eeclé-
siastique était fils naturel de d'Ossat Tout con-
court à faire suspecter cette assertion, et pro-
bablement il n'y a de fondé qu'une Mentilé
de nom. LeP. TSrquin Galluoci, jésuite, ^pro-
nonça son oraison funèbre, qui a été imprimée.
On a du cardinal d'Ossat : Sxposiiio Amaldi
Otsati in disputationem Jacobi Carpentùrn
de methodo; Paris, 1564, in-8* : c'est l'ouvrage
en faveur de Ramus, dont nous avons parié
ci-dessus; -* un recueil de Lettres adressées ao
ministre Vilieroi, livre considéré comme clas-
sique en diplomatie, et qui dénote un boinme
sage, profond, mesuré, décidé dans ses principes
913
OSSAT — OSSEJSBEECK
914
et dans son langage. Lord Chesierfieldy dans ses
Lettrés à 80D flis, le lai recommande comme le
livre le plas propre à lai incalquer Teaprit des
affaires, et ce sont les lettres de d'Ossat qoe
WioqueTort parait avoir eues constamment en
vue dans son traité de L'Ambassadeur et ses
fondions, La première édition en fut publiée à
Paria, 1624, tn-foK; mais la meilleure est celle
qu*en a donnée Amelot de La Houssaye, Paris,
1697, 2 vol. in-4«, avec des notes, et qui a été re-
produite, augmentée de notes nouvelles , Ams- '
terdam, 1707, 1714, 1733, 5 vol. in-13. Ces di-
verses éditions sont précédées de la Vie du car-
dinal, et Touvrage entier a été traduit en ita-
lien, par Jérôme Canini; Venise, 1729, in-4*.
Madame d'Arconville a publié, sous le voile
de Tanonyme, une Vie du cardinal d^Osiat;
Paris, 1771, 2 vol. in-8". En tête de cet on-
vrage . écrit avec beaucoup de soin, elle a inséré
ta traduction d'un Mémoire remarquable sur
les effets de la Ligne en France, composé en ita-
lien par le cardinal, en 1590; la marche et les
résultats de la politique astucieuse de la maison
de Guise y sont développés d'une manière aussi
claire qu^attrayante. Les Lettres publiées sous
le nom dn cardinal de Joyeuse peuvent être
également considérées comme l'œuvre du car-
dinal d'Ossat. H. FiSQUET.
CalHa ChritUtuM, t. XI et XIV. - Frizon. Cailla
purpvrata. — Alby, HUt» da cardin. iUuttru, — Fie
du card. ÊTOtsat. — Mnréri, DM. hist. — France pon-
tiAcale. » Nlceron, Mémoiret. L XXXIV, p. si-40.
ossELin (Charles-Nicolas), liomme poli-
tique français, né à Paris, en 1754, guillotiné
dans la même ville, le 8 messidor an ii (26 juin
1794). Quelques écrits licencieux qu*il publia
dans sa jeunesse firent beaucoup de tort à sa
réputation. Il se fit recevoir avocat ; mais ayant
traité d*une charge de notaire, la compagnie lui
refusa son agrément. Osselin lui intenta un pro-
cès, plaida lui-même sa cause au Chàtelet, et la
perdit. Il continua à suivre le barreau avec
quelque succès. Il embrassa avec enthousiasme,
en 1789, la cause populaire, et fut successivement
membre de la municipalité de Paris du 14 juillet
1789 et du conseil de la commune du 10 aoAt
1792. Il fut ensuite élu* président dn tribunal
criminel (dit du 17 août), chargé dMostmire contre
les prétendus auteurs de cette journée, qu'on ac-
cusait 4e roi d'avoir provoquée , tandis que les
chefs dn parti républicain s*en disputaient la gloire
dans l'Assemblée nationale et à la tribune des
Jacobins. Élu en septembre député de Paris à la
Convention, il y vota la mort de Louis XYI,
sans appel ni sursis. Entré au comité de sûreté
générale, il dénonça, le 24 mai 1793, la commis-
sion des douze qui arrêtait les projets dea ultra-
révolutionnaires , et prit une part active k la
proscription des girondins (31 mai-2 juin 1793).
Le 13 septembre suivant, il fut lui-même dé-
noncé par Raisson aux Jacobins pour avoir fait
relaxer ploMleurs détenus accusés d'intrigues, tels
que Bonne-Carrère et autres. 11 cessa bientôt
de mériter ce ref)roche ; car ce fut lui qui proposa,
le 3 octobre, la mise en accusation en masse des
dépntés signataires de protestations contre les
événements . du 31 mai; mais Robespierre s*y
opposa. Ce fat encore Osselin qui, à l'instigation
de Fouquier-Tinville, proposa et fit adopter l'a-
bominable décret qui autorisait les juges du tri-
bunal révolutionnaire à abréger les débats eu se
déclarant assez instruits. Osselin fut aussi le ré-
dacteur de la plupart des lois rendues contre les
émigrés; cependintil viola bientêt lui-même les
lois qu'il avait provoquées, et Iç 2 frimaire an ii
le tribunal révolutionnaire de Paris le condamnait
à la déportation « comme ayant abusé de son
double caractère de dépoté et de membre dn
comité de sûreté générale pour extraire de prison
et cacher chez son frère, curé à Saint- Aubin, près
de Versailles, Charlotte- Félicité de Luppé, dame
de Charr}', émtgrée. » M"** de Cherry fut guillo-
tinée et le généreux curé condamné aux galères ;
quant à Osselin, on l'enferma à Bicêtre en atten-
dant son départ. Mais, le 8 messidor, il fut une
seconde fois traduit devant le tribunal révolu-
tionnaire, comme complice de la prétendue cons-
piration des prisons, inventée |)ar le comité de
salut public pour opérer plus vile la destruction
des détenus. A cette nouvelle, qu'il comprit bien
être l'arrêt de sa mort, Osselin, pour éviter l'é-
chafaud, arracha un clou du mur de sa cellule, et
se l'enfonça dans le flanc. Ayant eu le malheur
de survivre k sa blessure, il fut porté presque
mourant devant le tribunal ; il n'en fut pas moins
condamné et traîné au supplice. On a de lui ,
outre des Poésies légères ^ un Almanach du
juré Jrançais pour les années 1792 et 1793,
2 vol. in- 18. H. L~R.
Ijb Moniteur untverul, ann. 178S-17U. — CeUerie
nouvelle des Contemporaim [ Noos, 18S7 ). — Le Bas ,
M. encyclopédique de la France,
ossBRBBEGK (***), peintre et graveur hol-
landais, né k Rotterdam, en 1627, mort en
1678. Après avoir appris la peinture dans son
pays, sous Bernard Vaillant, il alla en Italie, où 11
séjourna longtemps et où le plus grand nombre
de ses ouvrages est resté. On en trouv<^ cepen-
dant quelques-uns dans les galeries de Hollande.
Sa manière approche de celle de Pierre van Laer,
dit Bamboche. Il peignait le paysage animé.
Les tableaux d'Ossenb^k ont toute la force des
Italiens et le fini des Flamands. Ses compatriotes
disaient « qu'il avait rapporté Rome dans les
Pays-Bas, » parce que, outre sa manière toute
italienne, il ne faisait jamais une composition
sans y introduire quelque réminiscence du pays
qu'il avait longtemps habité et où il avait perfec-
tionné son talent. Il gravait bien : on cite de hii
âenx paysages (rares) d'après Salvator Rosa et
diverses pièces d'après le Tintoret, le Basan , le
Féli, Polydore de Venise, etc.
Weycrmaa. De SchUderkonri der ffiderlanders ,
t. Il, p. tss. — PtlkiD^on , Dictlonary <tf fainUr*. —
Descamps, /.a Fie des peintres hollandais, etc., t. II,
p. 148.
SIS
OSSÏAK — OSTADE
9ie
ossiAK. Vcy. Macpiiersqm. ]
ossOLiNSKi (Georges), bomme politique
polonais, né en 1595, mort en août 1650, à Var-
sovie. Après avoir parcouru presque toute TEu-
rope, il prit part à la guerre contre les Busses, et
parut avec éclat à la cour de Sigismond Jll. Ce
prince Padmit dans ses bonnes grâces, et le cttar-
gea de plusieurs ambassades importantes. A Lon-
dres il prononça, en présence du roi Jacques 1^%
une harangue en latin , qui produisit une vive
soisation et fut traduite aussitôt en trois ou
quatre langues (1621) ; puis il travailla à la con-
clusion de TariAistice d'Almark avec Gustave-
Adolphe. £n 1633, il obtint du pape Urbain VIU
le règlement des différends qui s'étaient élevés
entre le clergé et la noblesse de Pologne. A son
retour il fil approuver à Wiadislas IV les sta-
tuts qu'il avait dressés d'un ordre militaire sous
le nom de la Conception de la Vierge , ordre
aboli par la diète de 1638. Devenu grand chan-
celier (1643), il employa toute son influence à
faire monter Jean-Casimir sur le trône (1643).
C'est k Ossolioski que la Pologne doit la com-
munication de la mer ^ire avec la mer Baltique
au moyen d'un canal exécuté plus tard par les
Oy^<^V^'^ aÎQsi qae rétablissement de la première
poste.
Thaddée MQstowsM, Bioçr, polonaise, III.
ossoLiNSiii {Jo&eph-Maxlmilien)^ biblio-
graphe polonais, né vers 1750, en Gallicie, mort
le 17 mars 1826, à Vienne. Il fut élevé sous les
yeax de Thistorien Naruszewicz. envoyé en
dépatation À Vienne par les états de Gallicie
(1793), il choisit cette ville pour sa résidence,
et commença dès lors d*y réunir une biblio-
thèque, qui devint surtout précieuse pour \^
idiomcâ slaves; en 1817, il en fit don à la ville
de Léopol. François I^r je nomma, en 1808, di-
recteur de la Biblioâhèque ioupériaie •d« Viean&
<hielqu<î temps avant sa mort, Ossolinfki ptr-
dit la vue, et pour occuper ses loi»rs il eaire-
prit la traduction en polonais de Tite-Live, de
Pliae le jeune et de Jii vénal, ^ii*il dictait, à ce
qa'4Ni prétead , de méiaoire. Son principal ou-
vra^ a pour titre EêsoU kkstoriqutt et cri-
tiques pour VkiêMre de la UUérature poio-
naise (Craocvie, 18iôl828, ô toI. in-8<' ). Le
savant Liodelui a dédié son IHciiomiairede la
langue polonaise, K.
■Moh et Gruber, Jttgsm. Bitevtiopm^ie,
OMOftY ( Tfiomai Borum^ comte d' ), géné-
ral anglais, né le 9 juillet 1634, à Kilkenny,
mort ie 30 juillet 1680. Il éiààA fils du i^einier
duc d'Ormêiid (voy. ce nom). Sen caî-actère
ÎBdépeMknt iuaf»ini 4e l'ombrage à Cromwell ,
qui le fit enfernier à la Tour. Sous ta restaora-
tioo, il f«jt nommé lieutenant général, puis ptw
d'Angleterre (U sepfennbpe 1666); dans cette
même année il avait pris part an mémorable
oomlMt naval aoulana sur les côtés du Suffolk
parte doc d'Aibemarie contre les Holhmdais. En
1673, il reçut le titre de contre-amiral et com-
manda toute la flotte en l'absence du prince Ru-
pert. Envoyé en 1677 en Flandre, il se distingiia
à la lôte des troupes aoiglaiites* dans la bataille
qui eut lien sous les remparts de Moqs, et con-
tribua k la retraite du maréchal de Luxembouis-
Son flls fut le second duc d'Ormond.
Ciiaroock , Biographia navaliSm
OSTAOE (Adriaan van), peintre aHeroand,
né à Lubeck, en 1610, mort à Amsterdam, ea
1685. 11 fut élève de Franz Hais, et reçnt q^-
ques leçons de Rembrandt. Suivant les coûeiU
de son ami et condisciple Adrien Brauwer, i
renonça à suivre les genres des peintree di^
connus, et se fit une manière qui lui resta parti-
culière. Comme Teniers, il reproduisit des scènes
grotesques, des paysanneries, des fêtes de vil-
lage, des écuries et des rixes de cattaret; mais
sans sortir du naturel, il trouva le moyen de taire
du réalisme. Plus vigoureux, meilleur dessi-
nateur que Teniers, il a mis dans ses tableioi
tant de vérité, tant d'entrain, tant d'action que
l'on en oublie les suiets, presque toujours ois-
cène» ou dégoûtants. £1 puis, comme il traite
bien les moindres détails ! Pour cela il se fit le
rival heureux de Mieris, de Gérard Dow, de
Quentin Metzu. Sa touche est légère, transpa-
rente, son coloris propre et fiai, et il a su tirer
du clair-obscur un admirable parti. Il dûtribue,
dans ses tableaux, la lumière avec un tel art que
les effets en sont aussi vrais que merv^lieui ;niais
ses compositions sont lourdement disposées ft
son dessin laisse souveut À désirer. £n un mot ,
chez van Ostade, la nature remporte sur l'art,
ce qui est loin d'être un défaut.
Char.sé d'Harlem par l'invasion des Français,
en 1672, il se retira à Amsterdam, d'où il ne
sortit plus. H a laissé beaucoup de tableaux, et le
soin qu'il apporta à chacun d'eux Tempteba d'ea
laisser de ooédiocres. Parmi les principaux oa
cite, à Amsterdam : une Poissonnerie ( véri-
table chef-d'ceuvre); un Pécheur; un Joueur
de violon et un Joueur de vielle (pendants);
une Vieille Fetwne, des Joueurs de quUles,
trois tableaux de Fumeurs et de Buveurs, des
Joueurs de tric-trac, trois intérieum, ^Ui,; —
à Dort : une Tabagie : contre la munûlle est
un écrileau sur lequel est écrit : « Afaiaon à
vendre; il faut s'adresser à van Osindf »;
— à G and : deux Tabagies (très-remarqBable&);
-«i La Haye : une 7eti»e mère et son estent;
un Paywn qui courtise de près sa maitresse;
Danse de paysans dans un cabaret; une Femme
lisant; une Dévideuse; nn Avocat dams me
Hude;àt\ai Intérieurs de cuisine ;àee Danim
villageoises ; des Retours de chasse, etc., de ;
— àMiddelbottiK : VExiàrieur i^um cabaret ;-
k Casse! : une Danse et une Hixe entre pnjsaais;
— à Rotterdam : V Extérieur d^usm ferme;
un Savant dams son cabinet ; nne ÂÊère de
famille éplucbant des mouies; une Vieille
FUeuse, des Paysans dansants, etc. ; .— à Pa-
ris : Ostade peignant dans son atelier ^ Tauteor
9À7
OSïàDL
91g
y est vu de dos : ce tableau est Irès-fui : Le
Grivois Jlaoxand; un Matelot; un Mailre d'é-
cole, deux tableaux de Joueurs de iric-trac,
<if'< Fumeurs, des Paysages 9ims\é9>\ une Scène
jfhwer, Êtc.y etc., cnân van Oslade iui-môme ,
1<-U4iit sa femme par la main et entouré de ses
huit enraata : il considérait ce tableau comme
son chef-d'œuvre.
Adrien van Oslade gravait fort bieu à l'eau-
forte. On connaît de lui cinquante-deux pièces
qui ont été publiées sous le tilre de Het Werk
von Adriaan von Ostade, etc., infol. Ce re-
cueil est hors de prix. Â. n£ L.
Weyerinjiii , D« sekUdertanst der tkderkmderi, t. II,
p. 91. — ncscAOïp», La y te des peintres holtandais, etc ,
t. II. — Pilklngton , Metionarff of pttiniers. - Htifocr
et Rost, Mmnmel des mMUeÊam é» Vmrt. -- Joubent,
MojBsuêl ^ Fommtwr d'éstampts. — Cbaries Blanc;, UU^
toire des peintres, iïr. 8-9, «cole hollandaise. ji« Sl-3t.
OSTADB ( Isaac TAM ), peintre allemand de
récole hoUandaise, Crère du précédent, né à Lu-
beck, en 1617, mort à Amsterdam, vers 1654. H
fiif l'élève de son frère. Il débuta comme lui par
faire des querelles de buveurs , des scènes de
tatiagie, dos conversations de paysans au coin
de l'Atre de la ferme. Quoiqu'il composât ses
tableaux, avec intelligence, il les peignait d*uo
ton dur, rembruni, qui le fit d'abord considérer
comme un artiste médiocre. Il se plut longtemps
à reproduire la grossière populatton flamande,
illustrée par le naturel de son frère et l'esprit
de ^Xeniers. Le vulgaire ou le Jaid, quand il est
reproduit naïvement ou interprété ave(c génie, ^
peut devenir un élément pittoresque; c^r tout '
ce qui a un caractère saillant doit ou peut trou-
ver place dans les diverses régions de Tart.
Or les Flamands de Isaac van Ostadfe semblent
plus civilisés que ceux de son frère, et sont <
par conséquent moins pittoresques. « Ce sont,
dit M. Charles Blanc, des laideurs an peu cor-
rigées, àtB monstres humanisés dont les jambes
ne sont pas si cagneuses et dont la trogne a
moins de bourgeons. Pour tout dire, enfin, ce
sont des magots bâtards, et c'est peut-être la pire
espèce. » Mais tout à coup le talent d'Jsaac van
Ostade se révéla dans un nouveau genre. Aban-
donnant les scènes d'intérieur^ il devint paysa-
giste et paysagiste si excellent que Claude Lop-
rain« van der Keer, Karel Dujardin , Ruysdaei
Hohbema, ne sont que ses ^gaux. Il se plaisait
surtout à représenter des rivières et des canaux
glacés couverts de traîneaux, de patineurs, et ses
tableaux, pleins d'observation, dejustesse et d'es-
prit, sont une image fidèle des plaisirs que se
donnent les Hollandais dans la plus triste des
saisons. Cependant, comme pour Hobbexna, il y
a peu d'années que Ton commence à rendre à
Isaac van Ostsde la Justice qui lui est si bien due.
Aucun de ses contemporains ne s^est enquis
des cvcoBsUinces de la vie de ce maître; aussi
man^nons-soiis complètement de détails biogra-
phiques sur Ini ; c'est à peine si l'on sait Tépoque
desajiaiftianee ; celle de sa mort est con^plétement
iguorée. Ce qu'il y a de certain, c est qu'il vécut
à Amsterdam et mourut jeune, car ayant une
rare facilité de pinceau^ il n'a laissé qu'un très-
petit nombre d'ouvrages, aujourd'hui fort cbers.
Plusieurs d'entr'eux ont été confondus avec ceux
de son frère, dont la rotation était beaucoup
plus r^andue. Cette confusion n'est due qu'à
l'amour-propre et à l'intérêt des possesseurs de
galeries et des graveurs (i) ; car quelque ressem-
blance qu'on ait voulu trouver entre les paysan»
ueries des' deux frères, elles sont pariaitement
reoonnaissables par les nuances de leur style. Si
Isaac, dans Ja pose et l'allure de ses personnages,
a montré une plus grande finesse de dessin que
son frère aîné, en revanche celui-ci a beaucoup
pkis de caractère , plus d'expression. Quant an
paysagie, tout rapprochement est impossible, tant
isaac s'y montre supérieur. Voici la désignation
et le pnx de quelques-uns de ses tableaux les
plus connus, et dont la plupart ont été admirés
à l'exposition de Mancliester. Au musée royal de
Londres : Une Halte de voyageurs devant
une auberge : c'e&t nn tableau remarquable, si-
non par la beauté de l'exécution, do moins par Ta-
nimation des figures ( acheté en 1600, 2,940 fr.};
Une FamUIe de paysans devant la porte de
leur maison écoutant un vienx jouenr de vio-
lon. Admirable pour la précision du dessin et
la beauté de la peinture; — galerie Bridgev?a-
ter : Halte de voyageurs avec bestiaux à l'en-
trée d'un village ; bien eii^taté et remarquable
par la perspective aérienne; Vue d^un village :
des paysans boivent et dansent devautun auberge ;
gravé par Finden; — galerie Lansdovrne: Vue
d'un canal de Hollande (en 17S4, 6,001 fr.};
— galerie Robert Peel, Entrée d'un village :
au ibnd un clocher. Cette peinture est estimée
un des chefs-d'œuvre du peintre. U s'est sur-
passé pour la transparence , l'éclat et la beauté de
l'exécution ( 10,600 fr«); Scène d'hiver, traU
neauXf patineurs, pont rustique etc.; ^ à
Vienne, galerie du Belvéder : Un Chirurgien de
village arrachant une dent à un paysan ; — AMu-
nicU« Pinacothèquei Canal glacé,palineurs, un
cabaret au premier plan : ce tablean est peint
sur bois; — à Paris, au Louvre: deux Vues
de canaux glacés ; Halte de voyageurs à la
porte d'une hôtellerie; la Halte, soleil cou-
chant. « Rien n'est plus étonnant, dit Deperthes,
pour la richesse de l'ordonnance et Tentente
de rharmonie que ces deux intérieurs de vil-
lage. On y admire l'agencement pittoresque des
arbres et des chamnièras ruetiqnes, la variélé
des détails, le nombre et la disposition éeê
figuras, des chevaux, des boeufs et des chariots,
qui cancnurent à rendre la vie et le mouve-
ment nu milieu de cette conception, une des
(1 ) Keot ctlfimw ealre •otna Mletfer, qui cran ^
ettampcR se (atsant pendant. La Colère et Les Plaisirs
des &tnewrt , et nlt au ba« le «om <l*Adrin, quelque les
oflflMas, «ppaiteMantMicottle 4e Voace, atenl toqjow»
ét飫toMlin)é» apmie ûwa de Iiaac.
919
plus importantes dMsaac Ostadc, et qui, fût-
elle seule, suffirait pour attacher une grande
célébrité à ses talents , trop longtemps mécon-
nus u ; — à Amsterdam, au Musée : un Buveur
de bière chantant ; des Voyageurs et un cheval
1)Ianc devant un cabaret ; — à Saint-Pétersbourg,
galerie de l*Ermttage : Paysans buvant et fu-
mant ^ trois Fumeurs; L'Été et V Hiver ^ pen-
dants; uneautrescène â* Hiver; — -che^ divers :
un Vïtlage avec chariots, cavaliers, etc. t tableau
capital sur bois ( 28 pouces sur 40 ; 31,000 fr.); il
appartenait à la duchesse de Berry ; — une Fl-
leuse, paysage ( 3,tKH) fr.) ; — une Auberge sur un
grand chemin avec musiciens et danse (3,645 Tr.) ;
— une Savonnette ; sur bois ; — une Femme
qui nettoie son enfant (i ,300 ft*.) ; — vm Pont :
scène d'hiver (an prince de Chimay, 2,OiO fr. ) ;
<-- un Voyageur demandant sa route (3, (40 fr.) ;
•^ un Relai (2,000 fr.) ; — on Intérieur de ferme
gravé par Daudet (4,000 fr.) ; — une Place de
villtige avec puits, joueur de boule, etc. : sur bois
(4,260 fr.); — une Ferme, beaucoup de person-
nages et d*animaux (10,375 fr.) ; — un Charretier
et sa voiture (13 p. sur 12, 2,000 fr.) ; — Mai-
sons rustiques, buveurs, Aimeurs et animaon
(5,905 fr.) ; — Paysage rustique : chef-d'umvre
( à M . de Rothschild, 35,000 fr. ) ; etc., etc. « Su-
périeur par la composition, la touche et le clair-
obscur, dit M. Charies Blanc, Isaac Ostade ne
saurait périr, parce que l'éloquence de ses ta-
bleaux suppléera au silence de l'histoire. Ses
peintures, tout imprégnées d'une agreste poésie,
feront renchantement des amateurs tant quil y
en aura de sensibles aux beautés de la nature.
Toujours ils admireront, ils aimeront cette lu-
mière tiède et caressante qui enveloppe ses sites
champêtres et va se dégradant jusqu'aux loin-
tains les plus profonds, douce lumière qui se
laisse deviner sans qu'elle éclate, et que l'on se
platt à suivre tantôt quand elle glisse sur l'eau
paresseuse d'un étang, tantôt lorsqu'elle pénètre
dans le fouillis des buissons, dans l'épaisseur des
feuillages, ou qu'elle va s^amortir sur les toits
entassés, contre les murs d'une maison rustique.
Heureux peintre, qui un beau jour, fatigué de
voir fumer des buveurs dans les calNurets d'A-
drien van Ostade, en sortit pour aller respirer l'air
des champs, et qui, tout en battant les boissons,
trouva le bonheur d'fttre ému et l'art de nous
plaire! i* A. db L.
Dcscampi, La Fie de* peintres alUmands et koiUfn-
Oafs. t. Il, p. f7-tl — Smith, Catûlogue, etc. - PaiUot
d9^Uontabert, TraUé eompiet de la peinture (Parti,
in»), L Vlll. p. SOS, SOS. — GenaiDt, Catalogne du ea-
Mnef de l/xrançére. — Lebrun, Galène des peintres
allemands, koUandaU, etc. - W. Bnrger, Axhibition
des trésors de Fart à Manchester, dans te Siècle du
SilttiUet 1IS7. - Deperthri, UUt. de Fart du pafsaçef
(Parts, isit ), p. itT. — Chartes Btauc , Collection de ta-
bUauT de M. de Rothschild, - Lbaries BLinc, Histoire
des petntres , liv. n«* IM. f tl, «oole boUandalae, n-* 4e, 4f .
osTBftMAïf!! (Jean-Éric), érndit allemand,
né en Ifti 1, à Zdrbig, mort en ift68. Il enseigna,
depuis 1637, le grec à l'université de Wittem-
OSTADE — OSTERMAIVN
9^0
berg, et publia : De veterum Romanttrum con-
»irenrfiri/idi«; Wittemberg, i«48, în-4*; —
De erroribus auctorum latinorum; ib., 164S,
in-4"; — De consultationibus velerum; ib.,
1649, in-4®, et dans le Thésaurus de Creiûis;
— Positiones philologicae grxcum /(iovi Tes-
tamenti contextum coneementes ; ib., 1660;
-^ Thèses philologicas ; ib., 1660; — De os-
trolatria; ib., 1663; — plusieurs poèmes en
grec. O.
Wllten , Memorim phUosophorum. décade IT. — Uie-
Uns, Biatoria poeSmnm grteeoram venNonoraon.
OSTBRMAHBi (Henri- Jean- Frédéric, comte
d'), appelé Andrei Ivanovitch, homme d'État
russe, né en 1686, mort le 25 mai 1747, à Bere-
sof. 11 éUit fils d'un pasteur luthérien de Bo-
chum, petite ville du comté de la Mark en West-
phalie. Un duel , dans lequel il eut le malheor
de tuer son adversaire, l'obligea à fuir de léna,
où il avait fait ses études. Ne sachant ooramest
^gnersa vie, il s'adressa, à /Amsterdam, an vice-
amiral Cruys , Hollandais an service de Pierre
le Grand , qui l'engagea d'abord comme pilote
( 1704 ), et en fit bientôt son secrétaire. Recom-
mandé au tsar par son protecteur, ce prnoe
s'attacha Ostermann en la même qualité,- ek ne
tarda pas à lui accorder toute sa confiance. Eni>
ployé dans la^chancellerte de l'empire, le jeane
A^llemand, qui avait appris le russe en très-pca
de temps, suivit le vice-chancelier Cliafirofdaiis
la campagne de Turquie ( 171 1 ), et il ent beau-
coup de part à la paix qui , sur le Prootb, pré-
serva le tsar d-'une ruine complète. La coodusicB
de celle de Nystadt (1721) lui valut le titre de ba-
ron et le rang de conseiller privé. En 1733, après
la chute de Cbafirof, Ostermann fut son suons-
seur naturel; cependant il ne fut investi du titre
de vice- chancelier que le 26 décembre 1735, sous
Catherine l^e, qui lui continua la faveur dont il
n'avait cessé de jouir près de Pierre le Grand,
et le décora do cordon de Saint-André. Elle le
désigna pour diriger l'éducation de Pierre II,
son successeur, et le nomma, par son testament,
membre du conseil de régence pendant la mi-
norité du jeune prince. Ostermann s'acquitta
avec un zèle éclairé de la tâche qui loi était con-
fiée, ainsi que l'atteste son plan d'études et d'é-
ducation qui nous ent parvenu. Pendant la ma-
ladie (la petite- vérole) qui enleva le jeune sou-
verain, Ostermann ne quitta pas un instant son
lit; mais après sa mort il feignit d'être lui-même
gravement malade, la prudence lui cooseniant
de se tenir à l'écart. Cependant, à peine l'éléva-
tion d'Anne Iwanovna fut-elle décidée, non sans
la participation du prétendu malade, à qui le
grand-chancelier Golovkine, embarrassé de çon
rôle et craignant pour sa tête , venait de taire
des ouvertures, qu'on vit Ostermann reparaître
et diriger de nouveau la politique extérieure de
la Russie. Anne, dont il acquit toute la confiance,
l'éleva, le jour de son couronnement, i la <£-
gnité de comte. Il conserva pendant tonte la du-
931
OSTERMANN — OSTOLOPOF
922
rée de ee règne la direction des affaires étran-
gères, et sat se maiDtenir en crédit sans alarmer
la jalooaie du favori tout-paissant de Timpéra-
trice, le fameux Bireo. Il fut de ceux qui déter-
mloèrent Anne à désigner ponr son successeur
le jeane Iwan» son petit- neveu, pendant la mi-
norité duquel Biren aurait la régence. Mais après
la mort de l'impératrice, en 1740, nn orage
éclata sur la tète du favori , et porta à la ré-
gence la duchesse de BransWfck Anne Carlos na,
mère de l'empereur au berceau. Ostermann sut
non-seulement échapper à tout danger, mais en-
core obtenir la dignité de grand-amiral et rui-
ner l'influence du feld*maréchal Munnich, prin-
cipal acteur de la révolution qui venait de s'ac-
complir. Confident plus intime du duc de Bruns-
wick que de la régente son épouse, Ostermann,
qui avait recouvré la direction des affaires étran-
gères, s'était déclaré pour le parti prussien contre
le parti autrichien, et luttait d'autorité contre le
grand -chancelier Golovkine, tout dévoué à la
régente. Mais la révolution subite qui, en 1741,
porta an trOne Elisabeth Pétrovna amena la
perte d'Ostermann. La nouvelle impératrice iit
arrêter cet homme d'Ëtat,et une commission ins-
tituée pour le condamner prononça son arrêt
de mort. Il devait subir le supplice de la roue , et
avait, quoique malade, déjà le pied sur l'écba-
faud lorsque arriva Sa grâce (27 janvier 1742).
Sa peine fut commuée en un bannissement per-
pétuel en Sibérie, et on le déporta à Bérésof,
dans le gouvernement de Tobolsk, où sa femme,
dame russe d'une famille très-distinguée, le sui-
vit. Ainsi queMunnich, il supporta son infortune
avec constance et dignité, et tous les deux pas-
sèrent leur temps d'exil à instruire les enfants
du gouverneur et d'autres notables. Peu de
temps après la mort d'Ostermann, sa veuve,
autorisée à revenir à Saint-Pétersbourg, fut re-
mise en possession de ses biens.
Le comte Ostermann avait laissé en Russie
deux fils et une fille. Ses fils arrivèrent aux plus
hautes dignités : Tun, Frédéric ( Fœdor An^
dréiéoitch)féenùi général en chef; l'antre, Jean
{Ivan AndréUvilch) , grand chancelier. Lenr
sœur, Anne Andréiévna^ après le malheur de
son père, épousa le général Tolstoï. Les frères
de cette dame , n'ayant pas en d'enfants , adop-
tèrent les siens, qui formèrent ainsi la branche
de Tolêtoi'Ottermann, [M. ScHKnzLER, dans
VEncycl. des G.du MJ\
• Heinpel. Ubtn uni Poil de$ StaarhminisUn Jnd.,
Cra/en von Oâtermann f Fraocfort, 1741, In^. •> Priaoe
P. Oolgoroukow , Notice sur A. QAermMin.
osTBRMAHH-TOLSToi {Alexandre-Ivano-
vlch Tolstoï, comte n' ), générai rosse , né vers
1770, à Saint-Pétersbonrg, mort le 12 février
1837, à Genève. Il était fils d'un officier qui
commandait l'école des cadets et petit>neveo par
sa grand'-mère deb fils du comte André Oster-
mann, qni l'instituèrent héritier de leurs biens
et titres. En qualité de lieutenant aux gardes, il
fit ses premières armes contre les Turcs à U
prise de Bender et au siège si meurtrier d'Ismaïl
( 1790). La favenr de CaUierine le rendit en peu
d'années nn des seigneurs les plus puissants et
les plus riches de la cour; en 1798, il était gé-
néral major. Après avoir quitté le service mi-
litaire, il y rentra et prit une part honorable à
l'occupation de la Poméranie et du Hanovre
(1805). Nommé lieutenant général (1&06), il se
rendit en Pologne, et combattit sous les ordres
de Bennigsen ; il assista aux batailles de Poltusk,
d^Eylau et de Friediand. L'état de sa santé, af-
faiblie par de nombreuses blessures, le força de
s'éloigner quelque temps de l'armée; mais en 1 8 1 2,
lorsqu'il vit sa patrie envahie, il accepta un com-
mandement, et lutta avec autant d'intrépidité que
d'acharnement contre les troupes du prince Eu-
gène; le quatrième corps, à la tète duquel il se
trouvait, ne compta plus, à la suite des batailles
d'Ostrowno, de Smolensk et de Borodino, qne
deux mille hommes en état de porter les armes ;
Ostermann lui-même n'échappa que par miracle
è tant de dangers. Après la retraite sur Malo-Ja-
roslawetz, il siégea dans le conseil des généraux
russes où, sous la présidence de Koutousof , on
résolut d'incendier Moscou. Dans la campagne
suivante, à peine remis d'une blessure grave qu'il
avait reçue è Bautzen, il se chargea, après la
défaite deDresde, de défendre la route de Tœplitz,
la seule retraite des alliés, dont la perte semblait
certaine. An prix de mille fatigues et par une suite
de stratagèmes habiles, il gagna les défilés de la
Bohême, poursuivi par Vandamme, et concentra
sa division dans la plaine de Kulm. Ce fut alors
qu'il apprit la positum dangereuse de l'armée russe
avec laquelle se trouvait l'empereur Alexandre,
cernée de tous odtés par les Français : le péril
de leur souverain anima les Russes d'un courage
invincible; ils se battirent avec une telle furie
qne, malgré la supériorité du nombre, Vandamme
ne parvint pas i les dék)ger. Cette rénstanœ
permit à SchwaHzemberg de venir à son seoonrs
et de gagner une bataille, dont l'issue funeste eut
pour Napoléon les pins fAchenses conséquences
(30 août ^181 3). Ostermann fnt surnommé le
héros de Kulm, Au moment du triomphe , Il
eut le bras gauche fracassé par nn boulet de
canon. La paix rétablie, il fut comblé de bien-
faits par Alexandre et nommé général en chef
dn génie. A l'avènement du tzar Nicolas ( 1825),
il s'éloigna de la cour, et vécut dans nn exil
volontaire, tantôt en Italie, tantôt en Allemagne.
En 1831 il partit de Munich en compagnie de
M. Fallmerayer pour un voyage en Orient, qui
ne dura pas moins de trois années. U venait de
s'établir à Genève lorsqu'il mourut an bout de
quelques jours, à l'Age de soixante-sept ans.
Journal de Cenéee^ ê avril ISST. - Bootoorlln, HM,
Milit de ta eamp. deitlt. - Thien, UUt. du eonnttat
et de réméré,
OSTOLOPOP (PficoUU'Feudoroviieh), lit-
térateur russe, né en 1782, prit une part active
923
OSTOLOPOr —
au mouvement liltéraîre du commencoment de
ce sfècle. Directeur d'un journal, V Amateur de
littérature^ on lui doit, outre des traductions du
Tasse et de Voltaire , un Recueil de poésies ,
Saint-Pétersbourg, 1816, un Dictionnaire de la
poésie ancienne et moderne ^ ib., 1821, 3 tom.,
et un roman intitulé Eugène, pce A. G— s.
Gretcb, Essai sur FAûtoire de la littérature russe.
08TB0WSKI {Thomas- Adam Rawicz,
comte), homme d'Étal polonais » né le 21 dé-
cembre 1739, à Ostrow, mort le b février 1817.
Issu d'une ancienne fumiile du palatinat de Lu-
blin, il fit ses études chez les jésuites, viàita
l'Europe occidentale, et embrassa hi carrière des
armes. Appelé en 1767 à la cour, il fut comblé
de faveurs par le roi Stanislas-Auguste. Pen-
dant la diète de quatre ans, il prit une part in-
fluente à la conslilution du a mai 1791 , et se
joignit à la minorité pour résister à la Russie,
en appuyant son opinion d'un versement de
100,000 florins dans le trésor public. Le 20 mai
suivant il fut chargé du ministère des finances;
mais lorsqu'en 1792 le roi eut accédé à la con-
fédération de Targowilz, Ostrowski fut exilé à
Kiow et rais en surveillance. Après le troisième
partagiB de la Pologne ( 1795), il se retira dans
ses terres de l'Ukraine, où il donna ses soins à
ramélioration de Tagriculture et de l'instruction
publique. Lors de la constitution du grandduché
de Varsovie, il devint grand maréclial de la diète
(9 mars 1809), et président du sénat tC décem-
bre 181 1 ). L'empereur Alexandre le plaça en 18 1&
à la télé d'un Gimiité qui avait mission de relbr-
mer sur de nonveUes bases le royaume de Po-
logne.
OSTROWSKI [Anli^e-Jean, comfe)„ fite
an, précédeni, né le 27 mai 1782, fit ses nre-
mières armes contre lea Roases. Daas le grand-
duelié de Varsovie il occupa, des postes impor-
tants , et ea tdia il s'eppoM avec, énergie à la
funeste dissolution de la GenCMratien réunie à
CKicovie sous la présideaee de Stanislas Zar
moyski. L'année suivante il siégea dans le co-
nité qui a'occu^ de U comptabilité eatre le»
tvoiaoMirs de Vienne, de Pétersboorg et de Ber-
lin. Ea 19(1%, il fonda sur la route de Cracovie
une colonie, qu'il nomma Tomasiow, et qui
devint une petite ville florissante. A la révoi«-
tioB. de 1830^ il accoimit^ malgré niUe diilkul-
^> à Vanovie , et acaepta. le commandement de
la garde naUonaie; peoilaot to«U la durée de
lat guerre, U donna, ainsi que son fi-ère Wladis»
lasy des preuves admirables de son dévouement»
Forcé de sfexpaUier, il cbcri;ha on reloge ea
France^, oè W publia quelques écrits politiqoes»
entre autraa on essai Sur le panslavisme mos-
covite (Versailles, 1842, in.8»),
au jour, Ill,ir«p;irt.
OSWALO (Saint), roi de Northiimbcrland,
né en 604^ mort ^ tfaserflelJ, le S aoftt 642. Son
père, EthelfriJ, ayant été tué, en 617, par Red- /
OSTMAI^blAS ^24
veald, rof desr Est-Angfes, ff fof coBbi^Dt rfe se
réfugier avec ses frèi'ês cftez les Scots, car Ed-
wîn, son oncle, s'était emparé du royaumi^ dès
Norlhumbres. Durant sa retraite , il fof instruit
de la religion chréffenne et reçut Fe baptême.
La mort de son oncle et le meurtre d*Eanfnd
et d'Oswy, ses frères, ordonné par Cadwalla, nrf
des Gallois, le rendit seuf maître de la couronne;
mais il dUt en revenant dans le lforthumt)erland
marcher contre ce dernier prince, qaî, à la fête
d'une armée nombreuse, y mettait tout à feu et
à sang. Avant de loi livrer t»faille dans on \m.
que Bède appelle Denis-Rurne (te niissean
de l>enfs), Oswald^fîl faire nne hante croii de
bois, qu'il planta de ses propres mains; puis 0
cria à ses soldats de se prosterner devant ce
signe sacré de la reRgion etdlmptorer le Dieu des
armées pour obtenir la victoire. Tons les soldats
obéirent, et 0«watd remporta nne victoire com-
plète sur Cadwafla, qui fut tué dans la iné!^
Le lieu où Ton avait élevé celte croix fut appelé
Hevenfellh (Champ dn ciel ), et cette croix, le
premier trophée érigé dans ces contrées en Hioo-
neur de la foi chrétienne, devint frès-oélèbre dans
la suite, au rapport de Bède et d'ATcurâ. Vain-
queur de ses ennemis, Oswald rendit grâces à
Dieu , s'appliqua ensuite à établir îe^lxMi ordre
dans ses États, et prit de sages mesnres pour y
étendre et faire fleurir la religion cbrétfenne.
Après huit ans d'une prospérité constante, Os-
wald se vit attaqué par Penda, roi de ATerde,
qui entra dans le Northumberland avec nne nom-
breuse armée. Oswald marclia contre son en-
nemi ; mais, inférieur en forces» fl fut défait, et
perdit la vie sur le champ de bataffle de Maser-
field. Son nom est indiqué à la date do s août
dans le martyrologe romain. B. F.
Bède,^U(oria«ci;/«gtoJtûa goMt Angtarum,— àX-
cato, Potma d» ponUfieibus et saneftg eeciesUe «forv-
etnsU. - A Builer, ^"toi étïïMtea^ ém mmt^tw, ête:
OSWALD (/ohn)\ IHténrtinir écossafc. né
vers 1760. H servit comme Renteiranf dkns les
Indes, revint en 17«3 en Angteteme, et s'occupa
dé travaux flttérafres erpolit^ue^. TT eoinMl!«saT%
dft-on, presque fontes tes langues de TEorope.
On rw doit : Kanae eomicsF evem^elitantes ;
Londîres, 1786, in>8*, pamphler df rij^é costre les
méthodistes; — Le Merenre 9fn$anniçue,
journal ; ibid., r787; — Bttpàrospie, ode; iliid.,
1788; — /^«ïW; iWd., l78f, far-U, sons le
nom de Sylvestre Otway. On le enrit Tauteor
d'bne IfèsMre imparHtUe de la eampegne
de I8f3, ouvrage peu favorable à Napoléon r*.
GortoD, Biographe DieUonar^.
osTMASDiAS, rof d'Egypte, d^one époque
incertaine. Il n'est connu que par le témo^naije
de Diodore de Sicilei Cet historien rapporte
qu'Osymandias envahit l'Asie à la tête d'une ar-
mée de quatre cent mille bororoes et porta ses
armes victerieuses dans la Bactriane; il lui al-
triboe la construction d'un grand nombre d'édi-
flces, et en paiticulier du Memmoniumy un des
9?5 OSYMANDIAS
prindpam nwmnneiito dé Thèbes. On ne sait où
Diodore a pofsé cm rraseigirements, que rien
0*a conffrmés dans le déchiffrement des hîéro-
gfyphes; mais if ts^i évident que son témoignage
a fort peu d'autorité, et ne suffit pas pour Taire
placer Osymandias au rang des personnages liis-
tbriques. Y.
Dlqdore de SteRe, r, 4t-4».
OTACiLiA (Severa-Mareia)^ impératrice
romaine, Tivait dans îe troisième siècle après J.-C.
Elleétaitla femme de t*emperenr Piiilippe ( M. Jo-
lius Pbilippus) qui obtint l'empire par l'aasas-
aînat du jeune Gordien , et la mère de l'enfant
que les prétoriens mirent à mort après fa ba-
taiffe de Vérone , en 249. 11 parait qu'elle avait
aussi nne fille, pufeque Zosfme parle d'un cer-
tain Sévérien comme le gendre de l'empereur.
On ne sait rien de cette princesse, sinon que
beaucoup d'anciens la regardaient comme chré-
tienne. La Chronique <V Alexandrie Taffîrme ,
ef Eusèbe mentionne une lettre qu*Origène,
dlt-i'f, lui avait adressée. T.
Zotlme, l, 19. — Buiiébe, Hiit. eeetes., Vl,86. >TUle-
nram, Histûirv ée$ em/teremn, roi lift, pw %9t.
«rrarRD , savant moine allemand , né en
Flranoonie, an commencement d'vttenvfèmestècle,
mort vers 870. Il entra de lioane heure an mo-
Aastère de Falde , où it eut poar maîtres Ha-
ban Maur, et Satoroon, plus tard évèqne de
Constance, et passa enrafle quelques années
âanà le monastère de Saint-Gall. Il se fixa enfin
au courent de Wissembourg, où il demeura jus«
qa*à sa mort.*Ver9 fan 850 il commença à
écrire en langue francique ne vers la vie de Jésns-
Cbrist; il entreprit cette paraphrase libre des
Évaaglies, entreaiAlée de réflextonamoraies» afio
que le peuple, peur salisfaire son goÉt poor la
poésie, ne fût pas obligé d'avoir recours aux
Cantui obseœnif qui selon son expression
avaient alors cours» II termina son ouvrage vers
865, et le dédia an roi Louis de Germaaie. Ce
Liber Evangeliorum n'ïi pas, sauf quelques
passages, une grande valeur poétique; mais écrit
avec une grande pureté de langage» il fournit'^
les éclaircissements les phis précieux pour This-
toire de la langue allemande et pour la connais*
sance des formes de versification usitées dans ces
temps reculés. 11 a été publié à Bâie, en 1571,
puis dans le tome F du Thesaurxu de ScMUer,
avec une traduction latine et des notes; une ex-
cdlente édition critique en a été donnée par GrafT
à Kœni(^berg, 1831, în-4'. O.
Lachmannysrttde /H/Hatt.daot l^EfWtciêpédie d'Eneb
et Grober. > Gêdete. DetUteMê Diektung im MiUelatter,
OTHSiBoi», abbé de S.-Bavon, h Gand, mort
en 1034. Nous le voyons abbé de S -Bavon dès
Paanée t0t9, éhi successeur d*Erembotde, mort
ea 1017. Mais il est BMin» eonaa conMaaabbé
que emame auteur d'un écrit intéressant sur
rhistoire de son monastère , éorit qu'Aubcrt Le
Mira a publié daas soa rmeil iatîtuié : Donm-
tionum Belgiearum iibri duo. B. H.
— OTHMAJN
930
Caltia Christ., L ▼, eoL l7f. - ttttt. lUtér. de la
ftmtteêj c vn, p. SML
OTHMAir ( rbn-Affan), troisième khalife des
musulmans après Mahomet, né vers 574, mort
en 656. Il descendait directement d'Abdaîmenaf,
nu des ancêtres do prophète, et était cousin ger-
main d'Abou-Sofian, le grand adversaire de Ma-
homet. Ohman adopta de bonne heure IMsIa-
misme , et se montra un des plus zélés ashab
(compagnons du prophète). D prit part à V hé-
gire de 622 (fuite de La Mecque 5 Médine), et
au retour il devint un des amis intimes et des
secrétaires de Mahomet, dont il épousa deux
filles, Rakiyyafh et Om*aI-Kohhoum, ce qui Ta fait
surnommer par les Arabes Dhounn-nouveyn
(PHomme des deux lumières). Oflmian fut un
des six commissaires que le khalife Omar, en
mourant . chargea de nommer son successeur.
Les commissakires, après une longue délibération,
choisirent Otliman , et le désignèrent pour kha-
life à condition quît régnerait suivant les pres-
criptions du Coran. Otliman en fit solennelle-
ment la promesse, et fut investi du pouvoir su-
prême vers la fin de l'an 23 de l'hégire (rlécembre
644). Malgré son serment et sa piété sincère , U
ne fut pas, comme Omar, le pur représentant du
prosélytisme religieux du prophète ; il représenta
plutôt les Intérêts politiques de Plslamisme, et
ces hitérêts dans sa pensée se liaient bien plus
étroitement à la fimille et aux adhérents d'Aboa-
Soflan qu^à la fimilfe et aux fidèles disciples de
Mahomet Le premier acte d'Othman fut d'en-
voyer un corps de troupes sous Al-Mugfieyrah
Ihn Shaabah pour compléter la soumission de
fHamaden (645), tandis qu'une armée aralie ex-
pulsait Jezdegerd de fa Perse (646/. Une autre
année réduisit toute la partie dii IChorassan qui
avait échappé aux premières invasions (047). En
même temps AbdalTah Itm-Sald envahit TAfrique
orientale /et après avoir défiiit et tué le patrice
Gr^oire , qui commandait les Grecs, il conquit
presque toute cette région. Quatre ans plus tard
(651) le même général pénétra en Nubie, et força
le souverain de cette contrée d*imp1orer la paix
et de payer tribut. Moarwyah, fib d'Abou-Sofian,
Inaugurant les excursions maritimes des Arabes,
dé^sfa les fies de Cypre et de Rhodes (648).
Pendant que l'empfre musulman s'agrandissait
ainsi de tous oltés , Othman poursuivait son im*
prudente réaction contre la politique des premiers
khalifes et prodiguait les emplois à sa famille au
détriment des phis ilhistres serviteors d)e l'islam.
Il enleva le gouvernement de TÉgypte i Amrou,
et fe remplaça par son propre beau frère Abdal-
lah TbD-Said. Cette mesure déplut également aux
Arabes et aux Egyptiens. Alexandrie se rév^ojta,
et pour comprimer cette iasurrection il lahut
veadre la osafwaaademcnt h Amroa. Deux des
fidèles ashab de Bhdiomet, Saad Ibn-Abi Wak-
kass et Abou*Moosa alshaari, fhrent privés de
lesrs emplois, et Hakem Ibn-Aass , que le pro-
phète avait t^amii, fut rappelé. Les zélés orasol-
927
OTHMAN
92a
roans gémissaient de pareils actes; ils s'indi-
gnaient de voir le cousin d'Aboa-Sofian occuper
en chaire la place de Mahomet, au lieu de s'as-
seoir deux degrés plus bas, comme l'avaient Tait
Abou-Bekre et Omar; ils lui reprochaient de
prodiguer à ses faToris la fortune publique ; enfin,
Us remarquaient comme un présage menaçant
qu'il avait perdu l'anneau du prophète. Le mé-
contentement allait toujours croissant : les an-
ciens des tribus aral>e8 et tes plus illustres com-
pagnons du prophète se rassemblèrent à Médine,
rédigèrent un mémoire où, après avoir énuméré
leurs griefs, au nombre de dix-neuf, ils som-
mèrent le kliatife d'y répondre d*une manière sa-
tisfaisante , sous peine de déposition immédiate.
Othman y répondit en faisant b&tonner par ses
esclaves Ammar, porteur du, mémoire. Cet acte
fut le signal d'une révolte générale. Othman, as-
siégé dans son palais, promit tout ce que les in-
surgés exigèrent de lui , et grftce à l'intervention
d'Ali, le plus pur représentant de Tislamisme, il
obtint le rélablissement de Tordre. Mais la tran-
quillité fut de courte durée. Ayescha, veuve du
prophète, détestait Othman et soutenait les pré-
tentions de Talhah au rang de khalife. Cette
femme ambitieuse et jouissant d'une grande au-
torité sur les tribus arabes disposa les esprits à
une nouvelle révolte; elle trouva ensuite un chef
aux mécontents; ce fut Mohammed, fils du kha-
life Abou-Bekre Merwan Ibn-Hakem, secrétaire
d'Othinan, gagné par Ayescha. OUiman envoyaau
gouTemeur de l'Egypte l'ordre de faire périr Mo-
hammed , qui résidait à Alexandrie. Cet ordre,
communiqué au fils d' Abou-Bekre, le remplit de
fureur; il rassembla une troupe de mécontents,
et marcha sur Médine, où il entra sans résistance.
Othman invoqua de nouveau l'assistance d'Ali;
mais le pieux musulman, quoique ennemi d'Ay ca-
cha et de Mohammed, élait mécontent d'Othman,
et l'abandonna à son sort. Le khalife, délaissé de
tous, plaça le Coran sur sa poitrine, et attendit la
mort avec calme. Mohammed, le saisissant par
la barbe, lui porta le premier coup; et ses com-
plices l'achevèrent. Son corps, livré pendant trois
jours aux outrages du peuple, fut ensuite jeté dans
un trou. Ainsi périt, à l'âge de quatre-vingt deux
ans (quelques historiens disent quatre- vingt^^lix
et même quatre-vingt-quinze), le troisième kha-
life. L'islamisme sembla triompher par la mort
d'Othroan, et Ali tut proclamé khalife ; mais cette
élection ne fut pas acceptée par les provinces;
Moawiah, montrant à ses soldats la robe sanglante
d'Othman, suspendue dans la mosquée de Damas,
éleva centre la dynastie orthodoxe de Médine la
dynastie, bientôt triomphante, des Ommaîades
( voy. Ali et Moawtah ). L. J.
Aboalféda, ^nnalet MoêUmleL - AbooUaradge. HUt,
DtnatU. trxl. par Pococke. - Oekiey, MUt. 0/ thê
Saraeen». — Priée, B0trùip9tt ef Mohetmmedan Atofory,
1. - CaoaUn de Pererval, £sMi sur f A.jt. tfM jérabeg,
OTBMABi I", surnommé Al Ghasi (le Con-
quérant), fondateur de la dynastie qui règne
encore à Constanllnople, né à Soukout, en Bi-
thynie, l'an de l'hégire 667 ( 1259 de Tèra chré-
tienne), mort eo 1326. Les historiens tores cl
les Arabes ne s'accordent pas sur ses ancêtres
et son origine; mais, suivant l'opinion la plus
accréditée, il était fils d'Ortliogrul, chef tureo-
man ou oguzien qui était entré au serTÎce da
sultan d'Iconium. Aladdin Caycobad a'étabUt
avec sa tribu à Sourgout sur les bords du San-
gar. OrtbogruI (1) rendit d'importants serVioes
à Aladdin et à ses successeurs, dans leurs
guerres contre les Tartares et les Grecs. Il laissa
en mourant (1280) le commandement de a
horde à Othman. Après la mort de Masoad U,
le dernier des Seidjoukides , ses États forent
partagés entre ses généraux, et une partie de la
province de Bithynie revînt à Othman, qnî se
trouva maître d'un petit territoire. Sa premièn:
campagne fut dirigée contre les Grecs. £a
juillet 1299 il força les passages, mal défendus»
de l'Olympe, envahit le territoire de Nioée, qu'il
occupa tout entier, t\ceçié la ville même, qui se
tomba en son pouvoir qu'en 1304. En 1307 il
soumit la province de Marmara. A roesore qœ
sa bande s'augmenta par l'adjonction de Tok»-
taires et de prisonniers de guerre, il étendit le
rayon de ses excursions et s'établit dans certains
points fortifiés. A la fin de son règne, il étaft
maître de toute la Bithynie. Quelques jours avant
sa mort il apprit que son fils Orkhan s'était em-
paré de Prusa (Brousse ). Othman tint sa coor
à Kara-Hissar, et frappa de la monnaie k soi
nom ; mais il ne prit jamais le titre de sultan.
C'est d'Othman ou Osman qoe dérivent les noms
d'0/Aomanj et à*Osmanliê. Z.
Abouiféda, Annales Mo$lem„ toI. V. - De OolfBe,
Histoire det Hun», — De Hanmer, Jt«lM tom Mùuttm-
tinopet noek dem Olpmpos f CêacMekU et» OnMDri-
uhen ReieMi. - iraoasoB, Tableau de rSmfln Olko-
man.
OTBMAH II, sultan ottoman , né le 4 no-
vembre 1604, assassiné, le 20 mai 1622, àCons-
tantinople. II était l'alné des sept fils d'Ah-
med I*'. A l'âge de treize ans il fut tiré da sé-
rail et présenté aux troupes comme souverain
après la déposition de son oncle Mustapha V
(26 février 1618). Les premiers événements
de son règne, si court, furent l'envoi d'one ambas-
sade à Louis XIIT, la guerre contre la Perse et
la destruction des repaires des Cosaques.
Malgré son humeur belliqueuse et son adresse
dans les exercices militaires, les soldats ne l'ai-
maient IMS, à cause de son avarice; il s'était
aussi aliéné les ulémas par diverses restrictions
de leurs privilèges. L'idée dominante d*Otbman
était de châtier la Pologne. Au printemps de
1621 il traversa le Danube k la tète d'one année
nombreuse, et mit le siège devant Ctioc»m;
après avoir donné six assauts , qui coAlèrent la
(1) SoltaaD. père d'Onbocral, qnttta eea atepK» ■>-
laie* dans le Mawarelnabr, au del* de rOtva. paan daaa
le Kboraitan A l'époque de l'mTaaIos de Oengbti-Ilias
( itis-ltif ), et t'éUbllt à Kelatk dans r Arménie. Aprteia
mort deSoUman, qui ae BOja dans rBapbnle»iMi ttOr-
thogim lui aooeéda.
929
OTHMAN — OTHON
93a
Tie à plus de cinqnaote mille hommes, il fut
obligé de baflre en retraite, et, dans soc mé-
contentement, il ne prit aucun soin de cacher
le mépris que lui inspiraient les janissaires ainsi
que le dessein de les remplacer par la milice
d'É^pte pour la garde de sa personne. En-
couragé par son précepteur, Omar-EfTendi, au-
quel ri accordait une confiance aveugle, il ré-
solut d'exécuter ses funestes projets durant son
pèlerinage à La Mekke. La Teille du jour de son
départ, la révolte éclata ( 18 mai 1622) : les
janissaires, ivres de foreur, pillèrent le sérail,
s'emparèrent du sultan et le traînèrent aux ca-
sernes en l'abreuvant d*humiliations ; trois fois
on tenta, sans y réussir, de Tétranglcr. On ren-
ferma dans le château des Sept-Tours ; le grand
vizir Daoud -Pacha et trois ofliciers commen-
cèrent alors leur office de bourreau. Oth-
man, jeune et vigoureux, se défendit longtemps
contre les quatre assaillants ; enfin, Tun d'eux
lui passa le lacet autour du cou ; un autre lui
écrasa les parties sexuelles avec les mains, et
un troisième lui coupa une oreille. Ainsi fut ac-
compli le premier meurtre de souverain qui ait
souillé l'histoire de TEmpire Ottoman. K.
Hammer. Htst. de VBmpire OUowum.
eTHMAR m, sultan ottoman, né en 1696,
mort le 30 octobre 1757, à Ck)nstantinople. Fils
de Mustapha II, il succéda à son frère aîné,
Mahmoud I*' (22 décembre 1764). Une trop
longue réclusion dans le harem avait aigri son
caractère ; il était indécis, ombrageux , d'une
humeur sombre et emportée. Aucun événement
marquant n'illustra son court règne. Changeant
sans cesse de visir et de kaimakan, il ne s'oc-
cupa des affaires que pour rendre des règlements
somptuaires. 11 mourut subitement, peu de
temps après le jeune prince Mohammed, qu'il
avait fait empoisonner. Mustapha 111 lui succéda.
K.
Hammer, HUtMrê Oê l'Empire OUomaà,
OTHO ( Georges ), hébraïsant allemand, né
en 1634, à Sattenliausen, village près de Cas-
se!, et mort à Marbourg, le 28 mai 1713. 11 fut
professeur et bibliothécaire de l'université de
MarkMorg. Outre une cinquantaine de discours
académiques et de dissertations latines sur di-
vers points de philosophie et d^exégèse biblique,
on a de lui : Oratio funebris in obitum Justi
Jungmannii ; Cassai, 1668, in-4'*;— />e accen-
tuaiione textus hebraid; Marbourg, 1 668, in-4*;
— De moniibtis i^mt'omé^ ; Marbourg, 1698,
in-4°; — Synopsis inslitutionum samarita'
narunif rabbinicarum, arabicarum^ «thiopi'
carum et persicarum^ ex optimis autoribtu
excerpta; Francfort, 1701, in-8o.Otho a adopté
dans ses diverses grammaires le plan et le système
de Jacques Alting ; aussi cet ouvrage est-il regardé
comme une suite des travaux de grammaire de
ce dernier, et il a été réimprimé en 1717 et en
1730 avec les deux ouvrages réunis de ce sa-
vant hébraisant; — Fundamenla punctua-
KOUV. BIOGR. cÉnÉa. ^ T. xxxvuu
tionis lingux sandre et Institutiones chald,
et syr, ; — Palxstra Unguarum orienta'
lium; Francfort, 1702, in-4" : ouvrage destiné par
Tauteur à faciliter l'étude comparée des langues
orientales. II contient les quatre premiers cha-
pitres de la Genèse, ^a'ns le texte hébreu, ac*
compagne de la version latine d'Arius Hon-
tanns, dans les Targums d'Onkelos, de Jona-
than et de Jérusalem, et dans les traductions
syriaque, samaritaine, arabe, éthiopienne et per-
sane, chacune avec sa traduction latine lit-
térale. On y trouve encore toute la partie de
la masore, autant U petite que la grande, sur
les quatre chapitres, ainsi que les Pérouschim
(Commentaires) de R. Saloroon, Aben Ezra, etc.,
sur ces mèines chapitres. Le tout est précédé
d'un modèle d'analyse grammaticale sur cha-
cune de ces langues et suivi de leurs glossaires ,
au nombre de huit, pour tous les mots qui se
présentent dans ces quatre chapitres ; — Virga
Aharonis 'polyglottos ; Marbourg, 1 692, io-4^ ,
spécimen dans le gepre du précédent , mais
beaucoup plus détaillé. Il est moins étendu ce-
pendant ; car il n'embrasse que les onze pre-
miers versets du chapitre XVII des Nombres.
-> On a une lettre d'Othon dans le Thésaurus
épis toi. de Lacroze, 1. 1, p. 31 1. M. N.
Supplén. à Jôcber. ÂUg. Gel.^Lex,
OTHON {M,-Salvius), empereur romain, né en
32 après J.-C, mort le 15 avril 69. Il descendait
d'une ancienne famille de Ferentinum en Étnjrie.
Son grand-père M. -S. Othon fils d'un simple che-
valier romain, et d'une femme de basse naissance,
devint sénateur et préteur par la protection de
l'impératrice Livie. Son père, L.-Salvius Othon,
vécut dans l'intime faveur de Tibère et de
Claude, fut consul substitué en 33 et proconsul
en Afrique. M. -S. Othon était le plus jeune des
deux fils de L.-S. Othon. Il eut une enfance
turbulente, une jeunesse prodigue et déréglée.
Suétone, qui aime les détails les plus minu-
tieux, rapporte que le futur empereur reçut sou-
vent le fouet,' qu'il aimait à courir les rues
pendant la nuit, et que quand il rencontrait des
hommes faibles ou ivres, il les mettait sur un
manteau et les bernait. Il s'insinua auprès de
quelques affranchis qui formaient la société
particulière de Néron. Le jeune prince, qui n'a-
vait pas encore l'audace de ses vices, fut charmé
de ce gai et hardi compagnon de plaisirs; il
s'habitua bientôt à le consulter sur les affaires
les plas graves et sur les crimes les plus odieux.
Othon fut initié au projet de la mort d'Agrip-
pine, et le jour marqué pour le parricide il
donna, afin d'écarter les soupçons , un somp-
tueux dhier au fils et à U mère. Une singu-
lière intrigue mit fin à ia faveur d'Othon, et
faillit amener sa perte. U avait reçu dans sa
maison, dit Suétone, et feint d'épouser Poppée
( Poppea Sabina ), que Néron avait enlevée à
son mari, et dont il avait fait sa maîtresse en
attendant qu'il en fit sa femme. Othon se laissa
80
d.'tt
OÏHON
M?
séduire par la beauté de Poppée, et, bradant le
danger, il ne craignit pas de devenir le rÎTa), et
le rivai jaloux , de Néron. H usa des droits que
lui donnait son prétendu mariage, et ferma la
porte à Tempereur (1). Celot-d prit le procédé
d'Othon plus doucement qu'on ne Taurail at-
tendu d'un tyran ; il se contenta de faire casser
l'union de Poppée et d'Othon, et envoya le mari
trop peu complaisant gouverner la Lusitanie. On
plaisanta sur cette disgrâce honorifique qui relé-
guait un des plus élégants débauchés de Rome
aux bords de Tocéan Atlantique, et on fit courir
ce distique : <« Vous therchez pourquoi Othon
est exilé sous le faux prétexte d'un emploi :
c'est qu'il commençait à être Tamant de sa
femme (2). »
Othon administra avec le titre de questeur la
Lusitanie peadant dix ans, de 58 à 6S, et se
conduisît avec une modération, un désmtéresse-
ment qui étonnèrent beaucoup. Mais tout en
faisant son devoir de son mieux, il s'ennuyait
dans son gouvernement, et attendait avec im-
patience un rappel qu'il n'espérait pas du vi-
vant de Néron. Aussi fut-il le premier à se dé-
clarer pour l'entreprise de Galba, qu'il accom-
pagna à Rome. Il espérait que ses services
seraient récompensés d'une manière éclatante et
que le nouveau prince le désignerait pcmr son
successeur. II ne négligeait rien pour se faire
des partisans parmi les soldats. Toutes les fois
qu'il recevait Galba à souper, il douiait une
pièce d'or à chacun des hommes de la cohorte
de garde. Il variait à l'infini ses moyens de sé-
duction. Ainsi un soldat l'ayant choisi pour ar-
bitre dans une contestation qu*il avait arec un
voisin pour les limites d'au champ, Othon
acheta le terrain en litige, et le donna au soldat.
De pareils moyens gagnèrent facilement le cœur
des prétoriens, qui disaient tout haut qu'un ci-
toyen si libéral était seul digne de succéder à
Tempire. Galba ne le pensa pas, et sans tenir
compte du sentiment des soldats, il adopta L.
Pison, le 10 janvier 69, et le désigna pour son
successeur. Othon, déçu dans son espoir, se
trouva daas une position très-dangereuse, et
n'eut pour ainsi dire ptais de ressource que
dans un coup désespéré. D'un côté il avait paru
si près du pouvoir suprême, qu'il ne pouvait phis
vivre avec sécurité dans une condition privée;
d'un autre côté, sa fortune était toute dépensée,
et, comme il le disait, il ne pouvait pkis exister
à moins d'être empereur, et il aimait autant
succomber dans un combat que d'être au forum
la proie de ses créanciers. Ses affiraschis , ses
esclaves de confiance connaissaiei^t ses sen-
timents, et l'excitaient è fout tenter; un astro-
logue, attaché à sa personne et qui dès long-
temps lui avait prédit l'empire, lui promettait
(1) Le récit de Tacite dlflàre beaacoup de celai de
Soétone | poy. Poppée ).
(1) Car Otbo mentlto sit, quxrltis, exsul honore ?
Diorb iDoediut ceeperat este su».
un prompt succès. Enfin d'anciennes créa-
tures de Néron s'agitaient en sa faveur et aclie>
valent d'ébranler la fidélité des troupes. Ces
menées s'accomplissaient presque aa gnud
jour, sans que le prélet de la ville, l'incapable
Lacon, y mit obstacle ou s'en aperçût. CeiieDdant
la conspiration en traînant en longueur ne pouvait
manquer d'être découverte ; de plus, les légions de
Germanie se prononçaientcontre Galba, et Othon,
s'il ne se hAtait, coorait risque d'êtce devancé dan»
ses projets d'usurpation. 11 prit son parti bardi-
ment. Il se fit amener par Onomaste, son affran-
chi, deux prétoriens d'un grade suhalterae, Bar-
bius Proculuset Véturiu8(l), leurremit loot Vas^
gent qu'il avait pu réunir, et les chargea de le
distribuer panoi leurs camarades. « Deux soAdats
i manipulares ) , dit Tacite avec une ironie
amère, entreprirent de transférer l'empire et le
tranféi^eot. » Us ne révélèrent tout le projet
qu'aux soldats les plus résolus ; mais ils inquié-
tèrent les autres, leur firent craindre la dissoio-
tion de la garde prétorienne, et les disposerait
à &voriser un changement La contagion gigaa
aussi les légions et les auxiliaires, d^à ébtmk^
par la nouvelle de la défection de Tarmée de
Germanie. La conspiration s'organisa si Tile que
tout était prêt pour la révolte, le 14 janvief.
Othon aurait été proclamé le soir même, an
sortir de souper, à ses complices n^avaiest
cramt que la nuit n'occasionn&t de Ûciiett.<es
méprises et peut-être dès rencontres sanglaote»
entre des soldats de corps dilTèrents. On remit
donc l'exécution du complot au lendemain. Ct
retard aurait été funeste aux conjurés, si Laeon,
qui se croyait sûr des soldats et qui ne voe-
lait pas que personne parût mieux instruit^
lui, n'eût opposé une dédaigneuse incréduMé
aux avis qui parvinrent k Galba. Le lendemain,
dans la matinée, Othon, pour écarter les smip-
çons, alla comme à l'ordinaire faire sa cour à
l'empereur, et assista au sacrifice ofiért par
Galba. Les présages parurent funestes à l'iùn-
pereur, et le prétendant en tira un prooostie ft-
vorable. Au milieu de la cérémonie, Onomaste
vint l'avertir que son architecte ratlendaii;
c'était le signal convenu pour annoncer que les
soldais étaient prêts. Aussitôt, sons priétexte
d'aller visiter une maison à vendre, Othon
quitte le palais, et appuyé sur son afTianchi, il
se rend aa Velabre et de là au Milliaire d'or
vis4-vis du palais de Saturne. Là il ne tieuve
que vingt-trois soldats, qui le saluent du titre
d'empereur. Étonné de ce petit nombre, 1 hé
site; mais les soldats le mettent dans une li-
tière, l'enlèvent et se dirigent vers le camp des
prétoriens. Ils recrutent en route une vingtaine
de camarades, et pénétrent dans le camp sans
que le tribun de service, Jalius Martialis, étonné
on peut-^tre complice, prenne aucune mesose.
(1^ Precttlos éUU Ussêrarimt^ et Veturtof a/UiK i^^
gradei qui correspondiient à peu prêt S fooitler et*
icrgent.
933
OTHON
0C4
Le mouveroeDt s^étendit ra(Hdeinent parmi les
soldats, gagna les officiers et envahit tout le
camp. L'audace de quelques soldats, appuyée sur
la complicité tacite d'un grand non>bre, en-
traîna tout. Galba et Pison, prorapt emeat aver-
tis, tâchèrent de s*as«urer des autres troupes
présentes à Rome, qui parurent indifférentes ou
mal disposées. Les soldats de marine, qui
avaient eu à se plaindre de GaU>a, se mon-
trèrent ouvertement hostiles, et allèrent se
joindre aux prétoriens. Le camp offrait en ce
moment un singulier spectacle. Lea soldats
avaient placé Othon sur Testrade od peu aupa-
ravant était la statue d*or de Galba; ilâ en
avaient écarté les tribuns et les centurion.s, et ils
Tenaient les uns après les antres prêter serment
à OthoD. « Lui , de son cdté, dit Tacite, leur
tendait les mains, s'inclinait devant eux , leur
envoyait des baisers, et se conduisait en' es-
clave pour devenir le maître {omniaserviliUr
pro dominatione ). » L'arrivée des soldats de
marine enhardit Othon, qui harangua les troupes
et donna l'ordre de marcher sur le forum. Galba
n'avaitpourluiquelesvœuxd'unefottledésarmée;
il fut massacré. Ses ministres et Pison périrent
avec lui. Tandis que les soldats, vainqueurs sans
combat, promenaient au bout de piques les têtes
des victimes, et distribuaient dans une élection
tumultueuse les grandes cluirges de l'État, Othon
allait faire reconnaître ton autorité par le sénat.
Il excusa en peu de mots la révolution qui ve-
nait de s'accomplir, et déclara que l'armée l'a-
Tait porté malgré lai an pouvoir suprême;
mais qu'il gouvernerait suivant la volonté gé*
nérale ( communi omnium arlntrio). Les sé-
nateurs n'avaient pas besoin d'entendre sa jus-
tification et «es promesses : il leur suffisait qu'il
fût le plus fort. Ils lui décrétèrent la puissance
tribunitienne , le nom d'Auguste et tous les
honneurs attachés ftk principat, et s'efforcèrent
de lui faire oublier par leurs adulations les in-
sultes dont ils l'avaientl accablé, en son absence
et tant que'le succès de son entreprise avait para
douteux. Othon dédaigna ces injures on remit
sa vengeance à un autre temps; il ne se sonda
pas non plus d'adulations dont il savait le prix,
et rentra au palais après une courte séance. Sur
son chemin, il fut acclamé par le peuple, et
quelques voix de la foule le saluèrent du nom
de Néron. 11 ne parut pas mécontent de ce titre,
qui le rattachait à la grande famille impériale
des Juin, des Claudii; cependant, dans ses
actes, il fut loin de se montrer l'imitateur d'un
princt qui avait laissé une mémoire odieuse. Il
ordonna même de mettre à mort Tigellinus, ce
détestable ministre de Néron, qui avait trouvé
grâce devant Galba.
Othon, devenu empereur par une émeute de
prétoriens, rencontra des obstacles qu'un prince
même plus énergique aurait dinicileraent sur-
montés. Le peuple était généralement indifférent;
le sénat, humilié, cachait son hostilité sous une
basse obséquosité; il était douteux que les armées
qui avaient juré fidélité à Galba reconnurent
son meurtrier, et il était certain que les années
de Geri«anie',dé|à révoltées contre Galba, ne ren-
treraient pas dans l'ordre à la nouvelle de sa mort.
Othon n'avait pour lui que deux avantages, la
possession de Rome et de l'Italie et le dévoue-
ment des soldats. Les pcétoriens et les troupes
de marine, qui l'avaient fait empereur, étaient
bien décidés à défendre leur ouvrage contre la
violenoe et la trahison. Non contents d'avoir
choisi eux-mêmes les deux préfets du prétoire,
Plotius Firmus et Licinius Proculus, et le préfet
de la ville, Sabinus, frère de Vespasien, ils étalent
ponssiés par leur zèle ombrageux à intervenir
dans les actes du gouvernement , sous prétexte
de protéger l'empereur contre la malveillance dn
sénat. Les armées proTinciales accueillirent la
nouvelle de l'avènement d'Othon mieux qu'on
ne. s'y attendait. Lucius Âlbinus, gouverneur de
Mauritanie, Carttiage et le reste de l'Afrique le
reconnurent. Les légions de Dalmatie, de Panr
nonie et de Mésie prêtèrent le serment de lidé-
lilé. Enfin deux compétiteurs redoutables, Mucien
en Syrie et Vespasien en Palestine, acceptèrent,
mais avec une arrière-pensée menaçante, l'cruvre
des prétoriens. Seules les légions de Germanie per-
sistèrent dans leur mouvement , et sans s'arrê-
ter à la nouvelle du meurtre de Galba, elles
s'avancèrent sur les Alpes en deux grandes
divisions, commandées par Cecina et Valens et
fortes de soixante-dix mille hommes. Vitellius
suivait avec une puissante réserve {voy, Vitel-
lius). Otlmn, n'ayant pas de forces suffisantes
pour défendre les passages des AJpes, ne fit rien
pour fermer aux légions de Germanie l'entrée
de l'Italie. Organisant en toute liâte les res-
sources, assez nombreuses, qui lui restaient, il
montra une énergie qu'on n'attendait pas d'un
volupteux et une clémence qui parut incroyable
chez un ami de Néron. Sa tionté ne gagna pas
le cœur des sénateurs, qui craignaient que sa
conduite, commandée par la politique, ne cachet
les yices et la cruauté do dernier césar. Othon
afifectait de ne pas s'apercevoir de ces mau-
vais sentiments; mais les soldats s'en aper-
cevaient et en étaient Tiolemment irrités. Un
soir, un tribun des prétoriens ayant fait enlever
du dépOt du camp les armes nécessaires pour
une oohorte arrivée d'Ostie, les soldats accu-
sèrent leurs tribuns et leurs centurions de
trahison, et prétendirent qu'on voulait armer les
esclaves des sénateurs pour assassiner Othon.
Remplis de fnreur à cette idée, ils tuèrent un
tribun et des centurions qui essayaient de les
retenir, et se précipitèrent vers le palais. Othon
donnait à ce moment un repas aux premières
personnes de Rome , hommes et femmes. Les
convives en entendant le tumulte s'imaginèrent
que l'empereur les avait fait rassembler pour les
faire égorger. La crainte qu'il montrait lui-même
ne les rassurait pas. Plus inquiet de la sûreté du
30.
935
OTHON
936
séoat que de la sienne propre, Othon envoya les
préfets du prétoire au-devant des soldats et fit
sortir promptement tous les conviTes. Tandis que
ces grands personnages , ces femmes , ces vieil-
lards couraient péle-méle dans les ténèbres, que
les magistrats jetaient les marques de leur di-
gnité, que très-peu osaient rentrer chez eux,
que les autres allaient se cacher chez quelque
client ignoré, les soldats forçaient les portes du
palais, et ne sachant à qui s*en prendre, mena-
çaient tous ceux qu'ils rencontraient et particu-
lièrement leurs officiers. A force de prières et de
larmes Othon obtint quils rentrassent au camp.
Le lendemain Rome avait l'aspect d'une ville
prise d'assaut. Les maisons étaient fermées, les
rues désertes, les soldats sombres et menaçants.
Pour mettre fin à cet état de choses, qui pou-
vait amener le pillage de Kome et le mas-
sacre d'une partie de la noblesse, Othon ordonna
de distribuer cinq mille sesterces à chaque sol-
dat. Comptant ensuite sur le bon effet de cette
libéralité, il se rendit au camp, et réprimanda
doucement les prétoriens de leur excès de z^e.
n leur représenta combien il était important de
respecter le sénat, dont la présence au milieu d'eux
était le plus sûr appui de leur cause. « Qu'au-
cune armée, dit-il, n'entende vos clameurs contre
le sénat ! Demander le supplice de ce sénat, la
tftte de l'empire, l'honneur des provinces, les
Germains même, que Viteliius précipite contre
nous, ne l'oseraient pas; et vous, que l'Italie a
nourris, vous, les véritables enfants de Rome,
vous dévoueriez au massacre un ordre dont la
splendeur et la gloire rejaillissent sur nous et
font ressortir l'obscurité et la bassesse do parti
de Viteliius. Viteltius a occupé quelques nations , il
aune sorte d'armée; mais le sénat est avec nous.
C'est ce qui fait que nous sommes la république,
tandis qu'ils sont les ennemis de la république.
£h quoi! croyez-vous que des maisons, des
toits , un tas de pierre constituent cette très-
belle cité? Ce sont là des choses muettes et ina-
nimées, qui peuvent Indifféremment être dé-
truites et se réparer; l'éternité de Rome, la paix
des nations , mon salut et le vôtre reposent sur
l'existence du sénat. Ce sénat, institué par le
père sacré et le fondateur de notre ville, main-
tenu depuis les rois jusqu'aux princes, toujours
indestructible et immortel, transmettons-le à
nos descendants tel que nous l'avons reçu de
nos ancêtres; car de vous proviennent les séna-
teurs , des sénateurs proviennent les princes. »
Ces généreuses paroles, précédées d'une ample
distribution d'argent, eurent l'effet qu'on en
pouvait attendre. Les soldats témoignèrent le
plus grand repentir, et demandèrent le châtiment
des factieux qui les avaient égarés. Othon se
contenta de punir deux coupables. Les soldats
admirèrent sa clémence; le sénat et le peuple
s'indignèrent de sa faiblesse. Placé entre l'en-
thousiasme compromettant des prétoriens et
l'hostilité secrète des autres corps de l'État,
l'empereur avait h&te de sortir d'une positioii
aussi fausse par une victoire éclatante ou par
une prompte défaite. 11 envoya sa flotte iaire
une diversion dans la Gaule; lui-même quitta
Rome le 14 mars, et marclia vers le nord de l'I-
talie. Il laissa dans la capitale son frère Titianos,
moins pour gouverner la ville que pour surveiHtf
le préfetde Rome, Flavius Sabinus, frère de Ves-
pa.Men. Il emmenait avec lui trois généraux re>
nommés, Suetonius Paultnus, Marius Celsus et
Annius Gallus , et de peur que les sénateurs n'in-
triguassent en son absence, il ordonna aux prin-
cipaux de ce corps de le suivre. Les généraux
qu'il employait n'avaient pas sa confiance , el il
les faisait surveiller par Licinîn^, un des préfets
du prétoire. Laissant de côté les mollesses de U
vie de Rome, il se montrait constamment à U
tête des soldats couvert d'une cuirasse de fer,
toujours à pied , supportant la fatigue et la pous-
sière de la route avec une patience qui éton-
nait les plus vieux généraux et charmait les
soldats. La guerre commença d'une manière fa-
vorable pour lui. La diversion opérée par sa Qotie
ralentit la marche de Valens, et lorsque Cecina
déboucha dans la vallée du Pô, il eut à sup-
porter le choc des othoniens et fut battu à Plai-
sance \wr Yestricius Spnrina. U se retira vers
Crémone, non sans courir de grands dangers; on
pense que si les généraux d'Othon avaient su ou
voulu profiter de leurs avantages, ils pouvaientin-
fliger au premier corps d'armée de Viteliius une
défaite qui aurait terminé la guerre. Othon le
pensa sans doute, et n'osant pas destituer ses
lieutenants , il les plaça sous la direction de son
frère Titianus, appelé en toute UMe de Rome.
Cette mesure aggrava le mal, au lieu d'y remé-
dier. Titianus, sans capacité et sans antécédents
militaires, ne fit que couvrir de sa responsabilité
les fautes, peut-être volontaires, des généraux.
Une seconde fois les othoniéts battirent Cecioa,
et Marius Celsus et Snetonius laissèrent encore
échapper l'occasion d'écraser l'ennemi. Cette fa-
veur de la fortune fut la dernière. Quelques
jours après, Vaiens et Cecina firent leur jonction
à Pavie. Les généraux d'Othon lui cooseiiJèreflt
d'éviter le combat, de traîner la gueire en lon-
gueur, d'attendre T^rrivée des troupes de Pan-
nonle, de Mésie, de Dalmatie, qui acoonraient
pleines d'ardeur et dont l'avant-garde avait déjà
atteint Aquilée. Othon,san8 nier la sagesse de ces
avis, refusa de les suivre, et pensa qu'il fallait
hâter le dénoûraent de la guerre civile, n or-
donna donc à ses lieutenants de livrer bataille ;
mais, pour les laisser plus libres de choisir le
moment, il consentit à s'éloigner du camp et à
se retirer à Brixellum( firesce/<i). Ce funeste dé-
part laissait le champ libre à l'inertie et à la
trahison des généraux. Les othoniens , fatigués
d'une longue marche où ils eurent beaucoup à
soufîTrir du manque d'eau, rencontrèrent les vî-
telliens à quelques milles de Bedriacum ; ils se
battirent avec acharnement, et malgré leur las-
937
OTHON
938
situde, malgré leur infériorité numérique et Tab-
itence de commandement, car leurs généraux
avaieiit disparu presque au début de l'action,
ils disputèrent longtemps le terrain; enfin ils
furent rompus et rejetés dans leur camp de
Bedriacum.où ils passèrent la nuit exaspérés
contre leurs chefs, mais nullement découragés,
demandant à recommencer la bataille le lende-
main et à mourir pour leur empereur. Le lende-
main Othon n*était plus. 11 avait attendu la non-
Telle de la bataille ayec la calme indifférence d*un
homme qui a pris son parti. Dans son horreur
pour la guerre dTile, il avait résolu de mettre fin
par sa mort à une plus longue effusion de sang.
D'ai)ord de fâcheuses rumeurs et bientôt Tarri-
Tée des fuyards lui annoncèrent son désastre.
Les prétoriens, semblant craindre TefTet que cette
nouvelle produirait sur lui, lui criaient d'être
tranquille, que cet accident pouvait se réparer,
qu'ils étaient déterminés à tout souffrir pour sa
cause; dans une sorte de délire, ils embras-
saient ses genoux en pleurant tant qu'il refusait
leurs offres, en poussant des cris de joie dès
qu'il semblait disposé à céder. Les détachements
de Mésie, qui avaient devancé leur corps d'ar-
mée, ne montraient pas moins d'ardeur que les
prétoriens. Othon se montra touché de leur dé-
vouement, mais déclara que c'était pour lui un
motif de plus de ne pas faire couler no sang gé-
néreux. Il leur ordonna de faire immédiatement
leur soumission aux vainqueurs. II pourvut en-
suite avec une calme prévoyance à la sécurité et
au départ des personnages importants qui se
trouvaient près de lai; il brûla aussi de ses pa-
piers,qui auraient pu compromettre quelqu'un.
Après avoir embrassé ses amis et distribué tout
son argent aux gens de sa maison, il écrivit deux
lettres. Tune à sa sœur pour la consoler, Tantre à
Messalioe, veuve de Néron,jqu'il devait épouser,
pour lui recommander sa mémohre et le soin de
ses funérailles. Au milieu de ces suprêmes pré-
paratifs, il fut Interrompu par des clameurs:
c'étaient les soldats qui menaçaient de tuer ceux
qui partiraient, les appelant déserteurs et traîtres.
Othon apaisa cette sédition, et de peur qu'elle ne
se renouvelât dans la nuit, H remit son suicide
au lendemain. U but un verre d'eau glacée, prit
deux poignards, dont il essaya la pointe, en
plaça un sous son oreiller, fil fermer les portes,
et se mit an lit. Suétone, qui tenait ces détails
de son père, tribun de la treizième légion, assure
qu'il dormit profondément. Au point du jour
ses esclaves entendirent un gémissement dans
sa chambre; ils entrèrent et trouvèrent l'empe-
reur expirant; il s'était frappé d'un seul coup
au dessous du sein gauche. On célébra aussitôt
ses funérailles, comme il Tavait ordonné instam-
ment, de peur que sa tète coupée ne servit de
jouet aux vitelliens. Ses prétoriens portèrent son
corps en pleurant et en couvrant de baisers ses
mains et sa blessure. Plusieurs se tuèrent au-
près du bûcher, et ce funèbre dévouement trouva
de nombreux imitateurs à Bedriacum , à Plai-
sance et dans d'autres camps othoniens. On éleva
à Othon un modeste tombeau, que les vainqueurs
respectèrent. Ainsi mourut, à l'âge de trente-se{4
ans et le quatre-vingt-diiième jour de son règne
(15 avril 69), ce voluptueux, qui avait cherdié
l'empire comme une suprême distraction , et qui
le rejeta avec un calme dédain dès qu'il en con-
nut le poids et les ennuis. Suétone, qui n'oublie
aucune pariicularité* trace ainsi son portrait.
« La taille et la manière d'être d'Othon ne s'ac-
cordaient pas avec tant de courage. On rap-
porte en effet qu'il était dé courte stature, mal fait
des pieds et des jambes. Il mettait à sa toilette
presque tous les soins d'une femme, et portait
sur sa tête, pour dissimuler la rareté de ses
cheveux, une perruque adaptée avec tant d'art
que personne ne s'en apercevait. II se rasait
tous les jours la figure avec beaucoup de soin,
et se la fh>tlait avec du pam humide... On le vit
souvent célébrer publiquement en robe de Un et
dans le costume sacerdotal les cérémonies du
culte d'Isis. » Tel parut Othon jusqu'à l'émeute
militaire qui le fit empereur, tel Juvénal, dans
son hyperbole satirique, s*est plu à le montrer
jusqu'au milieu des fatigues de la guerre civile;
mais tel il ne fut pas dans son court règne et
dans le suicide qui le termina. La tragique gran-
deur de sa mort a répandu sur sa mémoire une
sorte d'intérêt , et a presque fiait oublier à la pos-
térité les dérèglements et les crimes de sa vie.
L. J.
Soétone, Otko. — FlaUrqoe, Otho. — Dion Cauiiif,
LXIV. — Tacite, HM., I. II. - TUIemoDU BUtoirê des
empereun, t. I. — Hértvale» The Romans under thû
Empiret i. VI.
OTHON 1*', empereur d'Allemagne, né en 912,
mort le 7 mai 973. Appelé en 936 à succéder à
soupère, Henri V^V Oiseleur, roi de Germanie, il
annonça tout d'abord qu'il allait remettre en vi-
gueur les anciennes prérogatives royales, tombées
en désuétude par suite des orages politiques des
dernières années. Il célébra en effet avec grande
pompe la cérémonie du couronnement, dont Henri
avait cru devoir se dispenser. U commença
par enlever à Eberhard, duc de Franconle, plu-
sieurs fiefs, que celui-oi détenait indûment ; le
duc essaya de se faire justice par les armes , mais
il fut banni, et expia sa rébellion par une forte
amende. En 937, lorsque le duc Eberhard de Ba-
vière se montra disposé è se rendre complète-
ment indépendant, Othon l'attequa aussitôt, le
défit et donna le duché à Berthold, oncle d'Éber-
hard, en se réservant la régale sur les églises*
En 938 éclate une conspiration des plus puissants
seigneurs, inquiète de l'autorite croissante du
jeune roi. Avec célérite et énergie, il se jete sur
plusieurs d'entre eux, et les réduisit à l'obéis-
sance. A la Gn de Tannée U n'y avait plus que son
frère cadet, Henri Eberhard, duc de Fran-
conie, etGiselbrecht, ducde Lorraine, qui tins-
srat encore la campagne; ils avaient attiré dans
leurs Intérête le roi de France Louis d'Outremer,
939
OTHON
940
qui envahit TAlsace, et Frédéric, archeTfiqne de
Mayence, qai avait en vain tenté de faire con-
sentir le roi à ce qae les ehefs de la nation ens-
fieot une large part dans la conduite dn gourer-
Dément Othon avait de grands projets de con-
quète, et sentait qu'il lui fallait pour cela le pou-
voir absolu. En Tété 939 il se trouvait presque
abandonné de tous ; en ce moment critique Udon,
son général, détruisit -à Andemach Tarmée des
révoltés; Éberhard et Giselbrecht perdirent la
vie dans la mêlée; Henri se soumit, et la tran-
quillité fut pour quelque temps rétablie. En 941
se forma un vaste coniplot dans le but de faire
assassiner le roi ; mais il fnt découvert à temps :
les auteurs en furent sévèrement diàtirâ. Poni
prévenir ces menées, Otiion, après avoir sup-
primé la dignité de due de Franconie, pays qo*iI
fit administrer |>ar des comtes, donna sujccessi-
vement les pnocipaox dudiés à ses proches pa-
rents, la Lorraine à son gendre Conrad, la Sonabe
à son fils Lndolph, et la Bavière à son frère
Henri, qoi depuis lors se tint tranqulHe. Sur ces
eotrefoites, le margrave Géro avait par le pil-
la^ et re\termination étendu la domination
germanique sur les Obotrites et antres Slaves
de l'Elbe; pour les rattaeiier plus solidement à
son pouvoir, (Mlioo fonda dans lenr pays deax
évéchée. En 940 il fut k même de répondre en-
fin ao\ attaques de Louis d'Outremer; il entre-
prit contre lui une guerre, qui se teiminaen 942
par un traité, où Louis renonça i ses préten-
tions sur la Lorraine. Peu de temps après, le roi
de France, pressé par les exigences de ses grands
vassaux, le duc Huf(ues le Grand et Héribert,
comte de Vermandois, qui avait placé par la
Tiolence son fils Hugues sur le siège de Reims,
se jeta entièrement dans les bras d'Othon. En
946 ce dernier arrive en Gaole avec une (brt« ar-
mée, et rétablit à Reims l'archevêque légitime
Artold. De concert avec Louis, le différend au
sujet dece sié^e Ait ensuite porté devant le syn-
ode d'Ingelbeim, composé presque exclusive-
ment de prélats allemands, qui jugèrent en fa-
veur d 'Artold. Pour rendre manifeste son pou-
voir supérieur, Othoa exigea que la procédure
eit lieu en latin et en allemand, bien qu'il com-
prit le latin et sAt otênse le parler. L'année sui-
vante il força Hugues et Héribertà se soumettre
à Louis, dont il avait fait ainsi son obligé et
presque son vassal. Le roi de Bourgogne Cou-
nd se trouvait à peu près dans les mêmes rap-
ports vis-à-vis du puissant roi de Germanie. En
9ao ce dernier s'avança avee une fsvté armée
contre Boleslas, duc de Boliêroe, qui, api^ avoir
en 936 chassé les missionnaires allemands, lisait
presque tous les ans des incursions sur les pos-
sessions alleinaiides. H arriva en triomphateur
devant les murs de Prague; Boleslas se dé
Clara le tributaire dXXbo», accepta le christin
nisme.
Après avuir ainsi étaUi solidement son pou-
voir en deçà des monts, Othon songea à mettre
la dernière main à son dessein de restaurer Peno-
pire de Cliaricmagne : il entrepritdeconquérir l'I-
talie. En 951 il saisit le prétexte de vcuj^er les
violences faites par le roi de ce pays, Bérenger,
à Adélaïde de Bourgogne, veuve du roi Lothaire,
pour passer les Alpes avec une armée considérable.
Entré en Lomhardie sans éprouver de rési<lance.
il épousa Adélaïde, et se fit couronner roi à Pavie.
Cependant les prélats et les grands de TAlIc-
magne, qui, unis à la nation , avaient sous les
derniers Carioviogîens combattu avec vigueur
l'union des couronnes d'Allemagne et dltalîe,
comme nuisible à la prospérité des deux pays,
se montrèrent cette fois encore très-mécontents
de reiitreprise d'Othon. Ce dernier se vit obligé
de rendre en 952 le royaume d'Italie à Béren-
ger, sous la condition que celui-d se dédarerart
son vassal et qu'il céderait les marches d*Aqui-
lée et de Vérone. Mais la condescendance mo-
mentanée qu'Olhon venait de montrer envers
le vœu général nlnspira pas de confiance. Soa
fils Ltidolpb, et son gendre Conrad, unis à Fi^é-
rie, arclicvèque de Mayence, se mirent à la tête
des mécontents, et forcèrent (953) Othon A aban-
donner par un traité aux princes et prélats une
partie de l'autorité qu'il avait concentrée en ses
mains et à éloigner son frère Henri de Bavièrp,
qni s'était fait l'ennemi personnel de Ludolph.
Peu de semaines après, Otlion déclara la con-
vention nulle comme arrachée par la violence.
Un soulèvement général éclata contre lui; ua
moment son frère, saint Bruno, qn*î1 avait fait
archevêque de Cologne et duc de Lorraine, fot
snr le point de faire cause commune avec les ré-
voltés, qui pendaifl l'année 953 avalent oHnni
des succès importants sur les armées du ni.
Mais au même instant les Hongrois, appelés très-
probablement par Henri, firent irruption en Ba-
vière, dont tes habitants s'étaient prononcés con-
tre le roi. Ludolph s'apprêta à les comtnttre;
mais, attaqué immédiatement par une armée de
son père, il préféra traiter avec les barbares,
qni , moyennant une forte somme , s'engagèrent
à dévaster les contrées restées ficlèîes au roi , ta
Lorraine notamment, œ qu'ils firent en commet-
tant des excès inouïs. Cela indisposa au plus haut
point resprit pubHc contre Ludolph et Conrad, qui
avaient pactisé avec ces féroces brigands; une
réaction se fil en faveur d'Othon. Conrad, décou-
ragé, se soumit à la diète tenue h Zenn en juin
954. Ludolph continua la lutte encore pendant
quelque temps, mais sans succès; il se récon-
cilia enfin avec son père, qui le priva du ducbé
de Souabe : cela permit h Othon de faire éfoofîer
à la fin de l'an 954 une révolte menaçante des
Slaves. Après avoir, dans les premiers mois de
955, rétabli son autorité dans presque fout le
royaume, il rassembla une puissante armée, et
marcha contre les Hongrois, quf avaient fait une
nouvelle incursion en Bavière ; iT les rencontra
le 10 août snr le Lechfeld, près d'Aogsbourg, les
tailla en pièces, et mit ainsi fin aux invasions de
1)41
OTHON
942
<xs dangereux barbares. II se tourna aussitôt
«ontre les Slaves, de nouveau révoltés et leur fit
éprouver à Dosse une sanglante défaite. C*est en-
4kjre en cette aunéc qu'Othon envoya auprès
d'Abderrahman lil, calife de Cordoue, Jean,
moine de Tabbaye de Gorze ; après bien des
négociations, dont le récit extrêmement curieux
se trouve dans le t. IV de Monumenta de
Pertz, Jean décida Abderrahroan à autoriser le
rétablissement des rapports presque interrom-
pus entre rÉglise d'£.spagne et le Saint-Siège.
Plus puissant que jamais, Othon, poussé par
Luitprand {voy, œ nom), réfugié à sa cour,
peasa à reprendre ses projets sur l'Italie, déso-
lée par les cruautés de Bérenger. En 956 il y
envoya son fils Ludolph, qui, après 8*être emparé
de presque toute la Lombardie, mourut l'année
suivante, à Pioiabino, probablement empoisonné.
Cet événement releva le courage de Bérenger,
qni se mit à opprimer de nouveau le pays. En-
hardi par rimpanité de ses méfaits, il tenta de
soumettre entièrement à son 'pouvoir le pape
Jean XII. Appelé au secours par te pontife, Othon
passa en 961 de nouveau les Alpes, et fut partout
reçu en libérateur. Cependant il ne se fit pas
proclamer roi de Loml)ardie : cela aurait été
contraire à sa convention secrète avec le pape;
il avait promis à ce dernier, qu'en compensation
de la couronne impériale, qui lui serait conférée
par le souverain pontife, il laisserait le royaume
d'Italie à un tiers, de mènoe qu'il restituerait an
saint-siége les territoires qui lui avaient été
enlevés. Arrivé h Rome au commencement de
962, il y fut solennellement couronné empereur,
le 2 février. Le rétablissement de ce pouvoir
mal défini et inutile devait causer pour bien des
siècles des malheurs incalculables, amenés par
l'union contre nature des Italiens et des Alle-
mands, totalement différents de moenrs et d'es-
prit. Othon se mit ensuite à enlever à Bérenger
et à son fils Adalbert les dernières places qu'ils
détenaient et à se concilier par de grandes lar-
gesses la faveur des prélats et des seigneurs ita-
liens. Dans l'intervalle il se brouilla avec le
I)ape, qui, reconnaissant qu'il n'avait fait que
changer de maître, s'était rallié à Bérenger.
Othon accourut à Rome, et n'eut pas grande
difficulté à faire déposer par un synode le pape
fugitif, dont les merars dissolues avaient tant
scandalisé la chrétienté. Senlenient en se décla-
rant le vengeur de la morale outragée Othon joua
un rôle d'hypocrite. L'inconduite du pape lui
était connue depuis longtemps, néanmoins il
n'avait (las hésité à conclure une alliance avec
lui ; mais aussitôt qu'il se sentit gêné par les
ooRventiont qu'il avait passées avec Jean, il se
mit tout h coup à parler de l'indignité du pape.
Il fitélever sur le tréne de Saint-Pierre Lron VIII,
m laïqve et sa créature, et il lui arracha une
bulle qni conférait à l'empereur et à ses suc-
cesseurs le droit de nommer aux évècbés d'I-
talie et même de concourir d'iue manière pré-
pondérante à rélection du souverain pontife (1).
Othon repartit alors pour la Lombardie et parvint
à se rendre maître de la personne de Bérenger.
Mais , peu de temps après son départ , les Ro-
mains, mécontents de la domination étrangère,
chassèrent le pape qui leur avait été imposé et
rappelèrent Jean XII. Après la mort de ce pape
(mai 964), ils élurent Benoît V malgré l'opposi-
tioa de l'empereur, qui, tenant k avoir le saint-
siége sous sa dépendance, pour réaliser mieux ses
va.stes projets de conquête, vint immédiatement
faire le siège de Rome. Il s'empara de la ville, ety
rétablit le pape Léon. Dans les premiers jonrs de
965 il retourna en Allemagne; ce pays, gouverné
en son absence par son frère Bruno, avait joui
d'une complète tranquillité; il perdit pendant la
marche la plus grande partie de son armée par
une violente épidémie; ce qui fut considéré
comme une punition de ses attentats contre ie
saint-siége. Ce fut très- probablement en cette
aimée qu'il entreprit une expédilion victorieuse
contre les Danois, qui avaient recommencé leurs
invasions en Allemagne; il les défit entièrement;
leur roi Harold demanda la paix, et adopta le
christianisme. Le départ d'Othon avait été suivi
d'une révolte en Lombardie en faveur d'Adal-
bert; elle fut étouffée par le duc de Souabe Bur-
card. Lorsque le peuple de Route eut, en dé-
cembre 965, chassé le pape Jean Xin, nommé
par l'empereur après le décès de Léon YIII,
Othon reprit le chemin de Iltalie . Sans trouver
de résistance sérieuse, il arriva à Rome, et y fit
punir, avec la plus grande cruauté, ceux qui s'é-
taient soulevés contre sa tyrannie. Il continua à
demeurer en Italie , dont le climat hii plaisait,
et chercha à y établir un gouvernement stable.
Voulant s'attacher le pape, il lui restitua l'exar-
chat de Ravenne. A la fin de 967, il fit couron-
ner empereur son fils Othon , pour lequel il de-
manda la main de Théophanie , fille de l'empe-
reur grec Romain II. Luitprand, qu'il envoya
dans ce but à Constautinople , y fut reçu outra-
geusement par l'empereur Nicéphore. Pour se
venger, Othon dévasta en 969 les possessions qne
les Grecs avaient dans Iltalie méridionale; mais
ayant éclioné dans le siège de Ban, iJ oe put se
rendre maître de ces contrées. Sur ces entre-
faites Nicéphore avait été assassiné; Jean Zi-
miscès, son successeur et son meuririfr, se hâta
de conclure la paix avec Othon, et lui envoya la
princesse Théophanie, qui, pour le mallieur de
l'Allemagne, fut mariée en 972 an fils de l'erope-
leur, dont fa vanité était satisfaite de cette union
avec les possesseurs do plus ancien tréne de
TEurope. En août 972, Othon retourna en Alle-
magne, où le doc de Saxe, Hermana, avait eu à
repousser plusieurs invasions de Slaves. Il y tint
à PAques 973 une diète k QtiedKmbourg, qni fat
des plus brillantes, et oîi Boleslas de Bohême
et Mîecislas de Pologae vinrent lui rendre hom-
(1^ L*aiithent1clté <lc cette balle a été MUTCut contes»
tée, mais ù tort.
94Z
OTHON
'44
mage. Quelques semaines après il loonrut, à
Meraleben. La puissance foimidable qu'il aTait
acquise à sa maison avec tant de courage et
d'habileté devait bien vite s'écroaler. Aveuglé par
une ambition démesurée, il lui était impossible de
comprendre qu'en faisant verser des torrents de
sang il manquait du prétexte, souvent rais en
avant, de travailler au bonheur de l'humanité ou
du moins à la prospérité de son pays. Mais ses
torts ne doivent pas foire oubKer qu'il se montra
protecteur zélé de la civilisation et de l'Église, qui
la propageait. II favorisa la prospérité naissante
des villes, fonda de nombreuses écoles, et. veilla
à Texécution des lois. E. G.
Wittuklnd, JhnaUs. — Dletmar, Chronlcùn. — Lnlt-
priDd. — Continuator Reginonis. - Ekkrhardiu. De ca-
si^ta S. GulU. — jinnalista Saxo. — Hrotwltha, Pa-
neç^rU. <— Frodoard, ftta S. trunonis. — VUa
S, Udatriei — Chronieon QuedUmburçensê, — Vehtr,
Lèben Otto det Groisen, > RiDke, Jahrboehêr der deut-
9ehen Reietuunter den $àchiitehén Kaisem, t. I. —
Affljnaldai, Annales. - Boebmer, Regesta Ottenum.
OTHOif II, empereur d'Allemagne, Gis du
précédent, né en 955, mort à Rome, le 7 décem-
bre 983. Couronné comme empereur dès 967, il
prit en main le gouvernement à la mort de son
père. Il donna à son neveu Othon, le fils de Lu-
dolph, le duché de Souabe, convoité par Henri H,
duc de Bavière, son cousin germain. Ce dernier
se ligua avec Boleslas de Bohème et Miecislas
de Pologne contre le jeune empereur, que sa jeu-
nesse et son Inexpérience devaient faire supposer
incapable de lutter contre des ennemis aussi
dangereux. Mais Othon, prévenu des projets tra-
més contre lui , invita Henri à venir à la cour
pour les fêtes de P&ques (974), et le fit arrêter
et mettre en lieu sûr. En cette même année il
entreprit une expédition victorieuse contre le
Danemark, qui fut suivie d'une paix de plusieurs
années avec ce pays. Il chassa ensuite de Lor-
raine Laml)ert et Renier, fils du comte de Hai-
naut, dépossédé par Othon I", lesquels avaient
tenté avec l'aide secret du roi de France Lo-
thaire, de recouvrer par les armes les domaines
de leur père. En 976, Henri, échappé de sa pri-
son, lève l'étendard de la révolte; il est appuyé
par la plus grande partie de la Bavière; en juil-
let, Othon, après plusieurs combats, s'empare du
pays, qu'il donne à son neveu Othon , après en
avoir détaché deux marches, dont Tune prit le
nom à'Œêtereich (Autriche), ip^y s de l'est,
ainsi que le duché de Carinthie, dont H gratifia
Henri le jeune, petit-fils de l'ancien duc Amoul
de Bavière. Ensuite Othon se mit à poursuivre
Henri, qui s'était réfugié auprès du duc de
Bohême; après deux années de luttes sanglantes,
il parvint, secondé par son neveu Othon, à
étouffer la rébellion; Henri fut conduit en prison
à Utrecht ; Boleslas reconnut de nouveau la su-
zeraineté de l'Empire. En 978, Othon célébrait à
Aix-la-Chapelle la Saint-Jean, lorsqu'il apprit
l'approche soudaine d'une armée du roi Lothaire
(voy, ce nom), furieux de ce que l'empereur avait *
déjoué ses menées en Lorraine, en se réconciliant '
avec Lambert et Renier et en confiant hi Basse-
Lorraine À Charles, frère de Lothaire {vùf. Lo
thaire). Othon s'enfuit à la hâte à Cologne; Aix-
la-Chapelle fut pillée par les Français. Mais quel-
ques mois après, Othon, avec une armée de plus
de trente mille hommes, envahit la Franc, et vât
camper à Montmartre devant Paris; grâce an
efforts de Hugues Capet, il ne put prendre c«tle
ville. A la fin de novembre, il reprit le chemin
de l'Allemagne; les Français le suivirent, et dé-
truisirent son arrière-garde au passage de l'Aisne.
En 980 la paix fut conclue avec Lothaire, qoi
abandonna toute prétention sur la Lorraine. Jos>
qu'ici Othon, soutenu par le concours des popa-
laUons, avait triomphé de ses ennemis intérieurs
et extérieurs; il s'était laissé guider par les sages
conseils de l'archevêque de Mayence Wiliigis et
de saint Maîeul, abbé de Clugny (t). Mais lors-
qu'au lieu de continuer à veiller h la prospérité
de la Germanie, qu'il avait rendue puissante, il
se mit à tourner ses regards vers l'Italie, la Ba>
tion l'abandonnai et il échoua dans sesenUt^rises.
Pendant les années précédentes, il n'avait exeic^
dans oe pays qu'une autorité nominale. La mort
d'Othon i*' avait été suivie d'une réaction rio-
lente contre les Allemands; à Rome l'andeoDe
faction aristocratique, conduite par Cresoentios,
petit-fils de Theodora, avait pris le dessus et mi»
sur le trône de saint Pierre une de ses créatures;
lorsqu'elle eut succombé quelque temps après,
Benoit VII avait été .élu à la papauté, par soitf
d'un accord entre Othon et le comte de Tuscu-
lum. En novembre 980, Othon, accompagné du
duc Othon, son neveu, franchit les Alpes avec one
armée, qui ne dépassait pas dix mille hommes;
il arriva à Rome à Pâques 981, sans avoir ren-
contré de résistance: les Italiens, quoique détes-
tant les Allemands, étaient trop désunis pour
pouvoir les combattre. Quelques mois après, il
s'apprêta à chasser entièrement les Grecs de l'I-
talie, afin de couper court aux négociations qui
depuis quelque temps avaient été entamées
avec eux par les papes , désireux de se sous-
traire au pouvoir despotique des Allemands. II
fit alliance avec plusieurs princes de Tltalie mé-
ridionale, et commença aussitôt les hostilités.
11 combattit d'abord sans remporter des succès
marquants; ses troupes n'étaient pas asset con-
sidérables; parmi les prélats il n'y avait guère
que Giseler, évêque de Merselwurg, qui avait
consenti à lui amener un contingent de soldats (2).
Dans les premiers mois de 982, Othon prit Bari
et Tarente et quelques autres places, défit deux
•
(1) Lorsque, écoutant les suggestions de TMopluDle.
qa*ll avait épousée en tTt, Othon eut A plosleora reprises
manqaé d'égards envers son eiceUrnte.mère» sataite Adé-
laïde, ce fut saint Malriil qui les réconcilia.
(f) Loraqu'rn 9S1 le sMge de Magrieboiirg devint vacant,
Giseler le reçut en récompente de ses sfrvlee«; deplirc.d
obUnt que Tévéché de Meneboorg fût supprtaé et ca
grande partie attribué i celui de Magdeboorg. Otboa
consentit bien i regret i cette mesure, qui privait r Em-
pire d'an ferme boulevard sur la fTonUère slave; mali
U ne poaTatt se passer des seeoors de Giseler.
945
OTHON
946
armées ennemies, et arrita le 12 juillet sous les
murs de Squillace a? ec seize mille hommes, la
moitié Italiens. Le lendemain il attaque les Grecs,
et les met en déroute ; ses troupes croyant la
yictoire assurée se débandent; en oe moment
elles se voient assaillies par un corps de Sarrasins,
les alliés des Grecs; elles furent presque en-
tièrement détruites. L'empereur, échappé comme
par miracle, se réfugia à Capoue. L'ambitieuse
impératrice Théophanie le fit s'abuser sur la
portée de ce désastre, qui a? ait été suivi de la
perte de toutes ses conquêtes; il ne songea plus
qu'à réparer son échec. Il roulait que les Ita-
liens, qui l'abhorraient, l'aidassent à conquérir
l'Italie méridionale et même la Sicile, mainte-
nant qu'il n'avait plus de soldats pour les forcer
à obéir; aussi se moquaient- ils de lui et le trai-
taient-i!8 même d'ftne, comme nous l'apprennent
les lettres de Gerbert. Dacs l'été de 983, il con-
voqua à Vérone une diète de tout l'empire ; il y
fit sans difficulté proclamer son fils Othon comme
sou successeur; mais il ne put décider ni les
princes ni les prélats allemands aie seconder dans
ses projets contre les Grecs ; saint Maïeul le sup-
plia de revenir en Allemagne, où sa présence était
très-nécessaire. Après a? oir appris la défaite de
Squillace, les Danois et les Slaves avaient fait des
invasions victorieuses sur les terres de TEmpire;
ces derniers , il est vrai, avaient été repoussés ,
mais ils s'étaient maintenus dans plusieurs con-
trées, qu'OthonP' avait incorpora à l'empire.
Entraîné par Théophanie, Othon ne voulut écouter
aucune remontrance, et s'obstina à rester en
Italie. II alla d'abord à Milan apaiser les troubles
causés par l'élection simoniaque de l'archevêque
Landulphe, et se rendit ensuite à Rome, o(i il
éleva à la papauté Jean XTV, son ancien chan-
celier. U mourut peu de temps après, d'une hèvre
violente, ou de poison, selon quelques-uns.
£. G.
Dletiuar, Chranleon, — Lambert d'Aichaffembourg,
Annote», — Annale* hilduMmentet, » Annaiista
Saxo, — Balderlcua , Càrouicon eameracense, — Anna
tés weittenburgensêi, — f^Ua S. Udalriet. - SIgebert
de Qembioux , Ckronieon. « Annaiet quedlimlmrgen •
Mi, — FUa S. Maiott. — EfittapMum S. Adelaidœ. —
Chrcniecn cavense* — Ranke, Jakrbùeher de.» deut-
$ehmk Beichs, etc., l. II. — Boebmer, Begetta Ottwvm,
OTHOBi III, empereur d'Allemagne, fils du
précédent, né en 980, mort le 29 janvier 1002.
Reconnu comme soooesseur d'Othon II à la
diète de Vérone, il fut, peu de temps après la
mort de son père, confié par rarchefêque de
Cologne à Henri II de Bavière, qui, enfermé
comme rebelle sous le règne précédent, venait
de sortir de prison , et qui, sûr de l'appui de
plusieurs puissants prélats, voulait s'élever lui-
même à la dignité impériale. Mais sur les ins-
tances de Willigis, archevêque de Mayence, et
de filother, évêque de Liège, les principaux sei-
gneurs s'apprêtèrent à combattre les entreprises
de ifenri ; l'archevêque Adalbéron de Reims ,
ville alors plutôt impériale que française, se joi-
gnit à eux ; son secrétaire Gerbert, qui devint
1.
plus tard pape sous le nom de Silvestre II, joua
un rôle actif et important dans les négociations
qui s'engagèrent en faveur du jeune empereur^
Par son entremise, le roi dé France Lothaire
prit d'abord aussi la défense des droits d'Othon,
son cousin ; mais en 984 il s'entendit avec
Henri, qui lui céda la Lorraine, dont Lothaire
occupa immédiatement une grande partie. Peu
de temps après, Henri se fit couronner empereur
à Quedlimbourg ; il se concilia les ducs Mie-
cislas de Pologne, et Boleslas de Bohême, ainsi
que le prince des Obotrites, Mistni, en les dé-
gageant de leur vassalité à l'Empire. Cependant
Willigis continua à lutter avec énergie contre
Tusurpateur, ' et lui aliéna en peu de temps la
majeure partie de la nation ; privé du secours
de Lothaire, dont Hugues Capet avait empêclié
les progrès en Lorraine, Henri se vit obligé de
remettre Othon aux impératrices mères Adélaïde
et Théophanie; mats il ne ces^ toutes ses intri-
gues que lorsqu'on lui eut donné (985) le duché
de Bavière. En 986 les troubles furent entièren.eDt
apaisés; Boleslas reconnut de nouveau U suzerai-
neté de l'Empire; le duc de Pologne l'avait déjà
reconnue l'année précédente, après avoir con-
tribué à réprimer une révolte des Slaves.
La mort de Lotliaire ( mars 986 ) amena un
changement complet dans les relations entre
l'Empire et la France ; redoutant et son beau-
frère Charles de Lorraine et l'ambitieux Hugues
Capet, la reine Emme, qui gouvernait au nom
de son fils Louis V, se jeta entièrement dans
les bras de Théophanie, qui s'était fait attribuer
la régence à l'exclusion d'Adélaïde. A la mort
de Louis, Théophanie, désireuse de voir s'é-
lever en France des troubles, dont elle espérait
profiter, favorisa jusqu'à un certain point les en-
treprises de Hugues Capet, mais s'opposa à ce
qu'il triomphât complètement de ses ennemis
Charles de Lorraine et AmonI, archevêque de
Rbeims, qu'il ne |)arvint à réduire que lors-
qu'il se fut emparé d'eux par la trahison d'A-
dalbéron, évêque de Laon. Lorsqu'à la suite de
ces événements, Gerbert, qui, ne se trouvant
pas assez récompensé, avait abandonné le parti
impérial et s'était attaché à Hugues, eut été
placé par ce dernier sur le siège de Reims, à la
place de l'archevêque légitime Amool, Théo-
phanie se joignit au pape pour faire annuler
cette usurpation. Pour se maintenir, Gerbert
amena les évêques français à menacer le pape de
proclamer ^indépendance complète de l'Eglise
gallicane; il céda lorsqu'il eut été, en 994,
nommé précepteur d'Othon. L'éducation du
jeune empereur avait été précédemment confiée
au clerc Bemward, qui, en satisfaisant tous les
caprices de son élève, avait, après la mort de
Théophanie (991 ), obtenu la direction des af-
faires, et à un Calabrais du nom de Jean, plus
tard évêque de Plaisance, lequel s'était efforcé
dMnculquer à Othon le plus grand mépris pour
les Allemands et un respect presque supersli-
947
tieux poar les sciences et les mœui-s de By-
.zance. Dans rintervallc, Jes armées impériales
■aTaient eu à lutter contre les Slaves, qui,
malgré les efforts de Miécislas, Tallié de TAl-
lemagne, maintinreot à peu près intacte l'in-
dépendance qu'ils avaient reconquise en 983.
Ifin 995 Jean de Plaisance fnt envoyé à Cons-
. tantinople pour y denoander la main d'une prin-
cesse grecque pour Tempereur, qui , âgé de
quinze ans, venait de prendre en main le gou-
Temement. L'année suivante Otlion alla avec
une armée considérable "^au secours du pape
Jean XV, opprimé par la faction des Cresceo-
tius. Après avoir reçu à Pavie Hiommage des
Lombards, il arriva à Rome, où Jean venait de
mourir, il plaça sur le trône de saint Pierre,son
'Cousin et diapelain Bruno, qui prit le nom de
Grégoire Y. L'avéoement de cet bomme d'une
grande vertu fut acclamé par les moines de
Clugny, qui depuis plusieurs années s'efforçaient
de rétablir la discipline ecclésiastique et de
purger la cour de Rome des vices qui y putlu-
Jaient depuis un siècle. A près avoir obligé Cresceo*
tiufi de jurer obéissance au nouveau pape, Othon
retourna en Allemagne, et entreprit, en 997^ une
campagne victorieuse contre les Slaves. En cette
année éclata à Rome une révolte contre les repré-
sentants de l'empereur et contre le pape, qui
s'enfuit à Pavie, Crescentius, redevenu tout-puis-
sant grâce à l'aide de la cour de Constantinople,
^eya à la papauté Jean de Plaisance, qui s*é-
tait vendu à cette cour. A la fin de l'année Othon
vint rejoindre le pape ; en février 998 il s'em-
para de Rome, et fit mutiler l'antipape et dé-
capiter Crescentins. Cédant à l'influence que
Gerbert ayait acquise sur son esprit, il lui donna
le siège de Ravenne, dont le détenteur légi-
time fut dépossédé malgré le pape Grégoire, qui
mourut peu de temps après. Othon alors cei-
gnit de la tiare son ancien précepteur, qui prit
le nom de Silyestre H. Le nouveau pape s'at-
tacha à réparer les torts qu'il avait commis en-
vers l'Église, en préparant son affranchisse-
ment du pouvoir laïque, et fraya ainsi la voie
à Grégoire VIL 11 poussa le jeune empereur
inexpérimenté à une suite de fausses démar-
ches qui devaient affaiblir l'autorité impériale.
Sur ses conseils Othon, qui avait le projet ar-
rêté de résider pour toujours en Italie, élablit
dan«son palais à Rome l'étiquette formaliste de
la cotir de Byzance, où le souverain était traité
presque comme une idole. Il s'aliéna ainsi les sei-
gneurs allemands, qui détestaient ce cérémonial,
parce qu'il les empêchait d'approcher de l'em-
pweur aussi librement qu'autrefois. Plein de l'idée
chimérique de rétablir entièrement et dans toute
sa splendeur l'ancien empire romain, H s'intitula
auguste, et fit revivre les emplois de logothète,
^e protospathaire, etc. A côté de ces dignitaires,
qui n'avaient de pouvoir que dans l'enceinte du
palais, il plaça sept juges, tous clercs, qu'il în-
vestit des plus hautes prérogatives, au point
OTHON 94S
qu'il se dépouilla lui-même dn droit de dé-
créter quoi que ce soit d'important, sans leur
concours. Des documents irrécusables attestent
que cette nouvelle constitution , qu'Othon ap-
pela renova tio reipublicx^ lui fut suggérée
par Silvestre, qui, tenant en ses mains le
collège tout- puissant des sept juges, devenait
ainsi le noaltre réel de i'£mpire. Ces fonction-
naires ne devaient, il est vrai, exercer leur au-
torité que dans Rome ; mais Othon avait dé-
cidé de faire de cette ville te siège central Je
son gouvernement, d'où la Germanie devait
être administrée comme une simple provincefi;.
Après avoir pris tous ses arrangements, OUino
se rendit, au commencement de Tan lOOO, à
Gnèse, et éleva le duc de Pologne Bolcsins Cbo-
bry à la dignité royale, le dégageant de tout tribut
envers l'Empire; il consentit en même temps àoe
que l'église de Pologne fût désormais placée soiu
la métropole de Gnèse et devint ainsi todépen-
dante des prélats allemands, n fit tout celt en-
core k la demande de Silvestre» qui, pour déli-
vrer la papauté du despotisme imf^iai , cher-
chait à donner aux peuples jusqu'ici vassaux de
l'Empire une Église nationale et à en faire dâs
alliés du saint-siége.
Othon retourna à Rome, après s'être arrêté
k Aix-la-Chapelle, où il fit ouvrir le tombeau de
Charlemagne, qu'il avait follement pris pour mo-
dèle. Peu de temps après il accorda aussi au duc
de Hongrie la couronne royale et approova que
l'église de ce pays f^t mise sous la métropole de
Gran. Sans en avoir la conscience, il devînt a ns!
rinsrrument dont se servit Silvestn pour réalsâr
ridée admirable, poursuivie par ses succossearsi
de rendre tous les penples de l'Europe indépen-
dants les uns des autres; c'est principalemoit
à cette idée que notre civilisation doit sa su-
périorité sur celle des anciens. Mais tontes ces
mesures, funestes an pouvoir impérial, snsd-
tèrenl en Allemagne un grand mécontentement;
une menaçante conspiration se forma contre
l'empereur; si elle n'éclata pas, ce ne lut que
grâce à Pesprit conciliant de Henri, «foc de Ba-
vière, qui succéda plus tard à OUkmi. Les pré-
lats allemands, et k leur tète rmchevèqne de
Mayence Willlgis, furieux de voir les Pokmaiiel
les Hongiois échapper à leur dominatioB, et de
ce que le gouvernement delà Gemanie devait
passer entre les mains des Italiens, se pronon-
cèrent contre Silvestre et contre son docUe
élève, témoin leur opposition violente dans l'af*
faire de l'abbaye de Gandersheim. Les Italiens
eux-mêmes étaient irrités de ce que l'empereor
voulait s'étabh'r chez eux d'une manière du-
rable, et exercer ainsi pleinement sur eux une
autorité, qui sous ses prédécesseurs^ presque
toujours absents, sommeillait pour la plupart du
fi) Lfji détafl.1 de cette constiCaUon, qol n'eat qu'ooe
durée épti6mére, w trnarcnt dani un doeamrnt ûécoa-
»eft par l'ert* et Imprimé d»n< le tome II 4a Rftea^
sehes Muséum f&r Jurtsprudem,
949
OTHON
950
temps. Kn effet Otiion avaif leTé sur eux des '
impôts considérables et avait ordonné que les
codes de Justinien fussent de nouveau mis en
vigiiear. Au commencement de 1001 une révolte
eot lieo contre lui à Rome ; il parvint à l'apaiser
pour le moment, en représentant aux rebelles,
dans un discours qui nous a été conservé, quels
avantages il avait accordés aux Italiens sur les
autres peuples deTEmpirc. « N*ai-je pas, dit-il,
pourTOus abandonné patrie et parents? Ne vous
ai-je pas préférés anx Saxons et à tous les Ger-
mains? » Mais bientôt après une nouvelle émeute
éclata, Othon fut forcé de quitter Rome, qu'il \
fit assiéger en vain , ne disposant que de peu
de troapes. Délaissé des Allemands, il se trouva '
bientôt dans une situation déplorable , et tomba .
dans une grande tristesse. Saint Romuald de- ,
vint le confident de ses chagrins, et lui con- j
seilla d'abdiquer et d*entrer dans un monas- '
tère. Othon ne repoussa pas cet avis ; mais il
voulut auparavant reprendre Rome. Il s'appré- '
tait à pousser les opérations du siège de cette ,
ville, lorsqu'il fut emporté en quelques jours '
par une fièvre violente. Sa petite armée eut la |
plus grande peine à ramener en Allemagne son
corps , que les Italiens voulaient mettre en lam-
beaux, n fut le dernier des descendants mâles de
la maison de Saxe. E. G.
Dfetmar. Chronicon. — jinnalMa Saxo. — Ricber,
Caronéeofi. ~ jimudet ^tdamburaeiua. — Ger-
àerti £pittolte. .- TbaRgmar. fita Semtoardl. — H^l-
dorlc. Chrontcou. -^ Brniiik, ^ita AdalberU ( Prrti,
monumenU, t. IV ). - Fita Meinwerii ( dans le t. I
4l« StHpiorûi àrmnswieenta de Leibolz). — BChmer,
Megesta Ottonmm, — Hanke. JakrùUcker, ete. - Hork,
Cerhcri und sein JahrhMMdâri \ Vienne. 1SI7 ). - OfrArer,
jiUgrmelne Ktrchengeschichte, l. III.
OTHO?f IT, empereur d'Allemagne, né en 1 177,
mort le 19 mai 1218, à Harzbourg. Fils de Henri
ie Lion, duc de Bavière ( voy, ce nom ), et de Ma-
thildo d^Angletcrre, il se rendit, après la chute de
son père, auprès de son oncle * Richard Cœur de
Lion, qui lui donna le comté de Poitou et plus
tard le duché d'Aquitaine. En 1197, après la mort
de l'empereur Henri VI, il fut choisi ponr lui soc-
féder par les princes et prélats, surtout du nord
de l'Allemagne, tandis quo ceux du sud élurent
Philippe de Souabe, frère de Henri VI. Une
guerre civile éclata immédiatement; elle resta
longtemps sans résultats décisifs , quoique Phi-
lippe, le plus puissant dès le coinmencemcot, se
fût encore renforcé par une alliance avec Phi-
lippe-Auguste de France et Ottocar de Bohême.
Les grands vassaux mettaient tous leurs soins
a ce que la lutte se prolongeât ; elle alTaiblissait
le pouvoir impérial et leur permettait de se li-
vrer impunément à la rapine. En 1198 Otbou
gagna le landgrave Hermann de Thuringe, et con-
quit, avec l'aide de son frère Henri le palatin,
une partie de la Saxe. En revanche Philippe
força l'année suivante Tévêqne de Strasbourg à
se soumettre, et dévasta pour la seconde fois les
possessions d'Adolphe, archevêque de Cologne,
le principal soutien d'Otlion. £a 1201 le pape
Innocent IH, invoquant le droit de contrôler l'é-
lection à Fempire, se déclara en faveur d'Othon,
qui, par un acte daté deNeuss, s'engagea à fiiire
restituer au saint-stége tous les territoires qui
en avaient été distraits. En 1202 ,Ottokar de
Bohème se rania à Othon; il contribua à re-
pousser l'année sulrante l'invasion de la Thu-
ringe, entreprise par Phiiip|)e. Mais en 1204 ce
dernier renouvela son attaque, et obtint la sou-
mission du landgrave Hermann, et un peu plus
tard celle du palatin Henri. H s'en suivit nne
défection générale des partisans d*Othon , qui,
naturellement indolent, n'opposait pas assez
d'activité anx revers qni le frappaient à tout mo-
ment. Après-la perte de la fidèle vllfede Cologne,
causée en 1206 par la trahison du duc de Lim-
t>ourg, il passa l'année suiTante en Angleterre ,
pour solliciter le secours de son oncle, le roi
Jean sans Terre , qui ne loi donna que quelques
centaines de marcs d'argent. Dans l'intervalle le
pape avait relevé Philippe de Texcommunicalion
et chereiiait à mettre (in h Fétat déplorable de
FEmpIre par on accord entre les deux préten-
dants. Un armistice fnt concin, et des négociations
actives s'entamèrent d'abord en Allemagne et
ensuite à Rome; HIes n'aboutirent pas La trêve
allait expirer et Othon s*appretait h tenter, avec
Faide de Waldemar II de Danemark, de nouveau
la fortone des armes, lorsqull apprit que. Philippe
-venait de recevoir la mort de la main d'Othon
de Wîltelsbach ( 21 juin 1208).
Reconnu unanimetnent comme empereur à la
diète de Francfort, Othon se fiança à Béatrice,
la riche héritière de son rival. H fit édicter
contre les nombreux chevaliers brigands, qui
continuaient à commettre les plus grands ex-
cès, des mesures très -sévères, et il veilla lui-
même à leur exécution (1). En 1209 il passa
les Alpes avec une puissante armée ; reçu par-
tout avec enthousiasme, il fut solennellement
couronné à Rome par Innocent III. Il crut alors
poovon- se passer da concours du pape, et re-
fusa de remplir son serment de faire rendre h
FÉglise romaine le duché de Spolète, les biens de
la donation de Mathilde et autres possessions ,
dont il se mit à disposer librement. H s'en suivit
une rupture complèîte avec le pape, auqnel Othon
ne Yonlalt laisser que la pure autorité spiri-
tnelle. Ayant gagné par d'importantes conces-
sions les villes lombardes et toscanes, l'empe-
reur réussit à réduire le pape à la seule ville
de Rome. Enhardi par ses succès, il entreprit,
en l'automne 1210, la conquête du royaume des
Deux-Sicilea, où régnait le jeune Frédéric, le
dernier descendant mâle des Hohenstaafea. Avant
la fin de l'année, il prit Capoue, Salerne et Na-
ples, et s'empara dans l'été de 1211 de la Pouille
(1) « Omni temporê Othonii . dit no chrooIqQcar de
répoqne, p«rfotTim rt^num jiUwumnlK tumma pas
et seevrttas fuity ito «< omnei mirarentur quod etiam
in 9b»enam *}nt. dnm etset in Steilia, UmUa pax po»
fMtt «we in ttrra. •
f
Wl OTHON
et de la plas grande partie de la Calabre. En ce
moment il apprit qu*à l'instigation du pape un
grand Qombre de princes et de prélats de TâU
lemagne venaient de proclamer à Nuremberg sa
déchéance et avaient élu à Tempire Frédéric II
( voy. ce nom ), roi de Sicile. La guerre civile
recommença. Le palatin Henri et le duc de Bra-
bant. soutinrent d*abord avec snocès le parti
d'Othon, qui Tint les rejoindre au printemps de
1212 et soumit immédiatement Tarchevéque de
Magdebourg et le landgrave de Thuringe, Le
7 août de cette même anhée,,Othon célébra son
mariage avec Béatrice; quatre jours après, la
jeune épouse mourut subitement Cet événement
fut un coup terrible pour Othon, en rompant tout
lien entre lui et le parti des Hohenstaulen, qui
dès lors se rallia presque tout entier k Fré-
déric. Ce dernier parvint à travers mille dangers
à se frayer le chemin jusqu'à Constance , où il
arriva vers la mi-août avec soixante cavaliers.
Trois heures après , Othon atteignit les portes de
la ville , qni venait de se déclarer pour son rival;
s'il avait pu le prévenir, il triomphait; la plu-
part de ses ennemis n'avaient pas encore levé
l'étendard de la révolte. A peine si Frédéric au-
rait pu regagner l'Italie; maintenant il vit ac-
courir sous sa bannière une foule de princes et
de prélats , qu'il s'attacha entièrement par son
afiabilité, qui contrastait tant avec 4a hauteur
et l'orgueil d'Otbon. Ce dernier se rendit aus-
sitôt dans ses États héréditaires, et ne songea pour
le moment qu'à se maintenir dans le nord de
l'Allemagne. En 1214 il marcha au secours du
comte de Flandre, qui allait être attaqué par le
roi de France Philippe-Auguste, de tout temps
radversaire d'Othon, et qui venait de conclure
une alliance avec Frédéric, auquel il avait remis
vingt mille marcs d'argent. Avec trente miUe
hommes il rencontra à Bonvines les Français en
nombre égal ; poursuivant avec ardeur le roi de
France, qu'il fut sur le point de faire prisonm'er,
il s'avança trop en avant, ce qui permit aux
Français de rompre les rangs ennemis et de rem-
porter une victoire complète. Ce désastre , qui
fut suivi de la défection du duc de Brabant et
d'autres seigneurs des Pays-Bas, n'abattit pas le
coaraged'Otboo.Enl21ôiImarchaavec le mar-
grave de Brandebourg, le palatin Henri et l'arche-
vêque de Brtme contre le roi Waldemar de Dane-
mark, qui s'était ligué avec Frèléric moyennant la
cession des contrées au delà de l'Elbe et de l'Elde-
il s'empara immédiatement de Hambourg. Mais
la sentence d'excommunication lancée contre lui
par le concUe de Latran lui enleva les moyens
de continuer la lutte. Il se reUra dans le Bruns-
wick ; il ne déposa pas la couronne, mais il ne
s'occupa plus jusqu'à sa mort que de veiller à
la prospérité de ses États héréditaires, où son
heureox rival ne vml pas l'inquiéter. E. G.
Otbon de Salnt-Blalsc. - Arnold de Uibeck. - Gode-
S!^î' ^ï*^*; " C.*''<»»'«>» Drtpergense. - Albert de
stade, Chronteon MontU SerenL - Alberlcu». Chr^».
nieon. - Matthlea Parti. - Cesta H Epittoti Ikm-
952
eenta ni, — Boehmer* Regesta. — Eccani , ih-igitm
Gue(fica, t. III. — Raumer, Lu Hahetatav/en. — AbcL
KÔnif Phiiipp (Berlin. iWï) et Kaiser Otto Hh. lia*;.
OTHo?r DB FRISIN6UE, hlstonen allemand,
' mort à Morimond, le 21 ou le 22 septembre 115«.
: Il était fils de saint Léopold, marquis d'Antridie,
I et d'Agnès, fille de l'empereur Henri ÏV. A
cette illustre naissance joignez les dons de l'es-
prit, une instruction variée, une inclinatioa vive
pour toutes les nouveautés , tel fut Otboa de
Frisingue. Il aurait pu prétendre à toutes les di-
gnités civiles. Il se contenta d'abord do simple
titre de prévôt de Neubourg en Autriche, et,
l'ayant obtenu de son père, il se rendit en France,
à Paris, jaloux d'entendre les maîtres célèbres
qui enseignaient en ce Keu, avec tous les art»,
presque toutes les sciences. Nous le voyons en-
suite, en 1126, prendre l'habit cistercien daa^
l'abbaye de Morimond; puis revenir à Paris,
achever ses études en philosophie et en théo-
logie. En 1131 il est élu abbé de Morimond
Quelques années après il rentre en Allemagne,
où il va prendre possession de l'évêché de Fri-
singue. Il mourut durant un voyage qu'il iaisait
en France, se rendant à un chapitre général de
Tordre de Cfteaux.
La Chronique d'Othon de Frisingue, souvent
imprimée, finit à l'année 1146; elle a été con-
tinuée jusqu'en 1209 par Othon abbé de Saint-
Biaise, mort en 1223. Pour les temps an-
térieurs au onzième siècle^ elle n'offke rien qd
soit digne de remarque. Mais dès le ondème
siècle elle abonde en renseignements originaux.
Othon ne raconte pas simplement les entreprises
des princes, leurs guerres et les catastrophes
qui les accompagnent : il donne aussi d*mtéi«s-
sants détails sur tes écrivains de son temps, et
disserte lui-même, pour son compte personnel,
sur les questions qui paraissent le plus ag^
la conscience de ses contemporains. Ce n'est
pas seulement un chroniqueur, qui a In avec
fruit Justin, Suétone et s'efforce de les imiter:
c'est encore un théologien qui a lu les philoso-
phes, et qui tient à ce qu'on ne l'ignore pa8«
Un autre ouvrage historique d'Othon de Fri-
singue a pour titre : De Gestis Fnderici /,
eeesaris augusti. Comme le précédent, il a été
souvent imprimé. La première édition e$t de
l'année I6i5. Othon n'a pu achever cet ouvrage.
Les derniers chapitres sont de Radevic, cha-
noine de Frisingue.
Si l'on compare Othon aux historiens de l'an-
tiquité qu'il a pris pour modèles, on ne peut hé-
siter à reconnaître qu'il leur est bien inférieur;
mais si, comme il convient peut-être, on ne loi
demande que des particularités, des anecdotes^
racontées avec sincérité ; si on l'interroge comme
un témoin fidèle des faits qu'il rapporte, sans re-
garder à l'économie de ses livres, à son style,
et surtout à sa philosophie, c'est un des plus
utiles écrivains de son siècle. B. H.
Manrtqnez. Annal. Cistcrc, ad ann, MU, iitr et ansoa
seqoentet. - Huber, otto von Frêisingen (UoDieJi. isis;.
953
OTHON — OTTLEY
954
- Wattenbaeb, DeutiChland GesehiehUquetlen Un MU-
telaUer.
J onoN !•% roi de Grèce, né le l*"" juin
1815. Fîls da roi Loais de BaTÎère, il reçut,
80US la direction de Sclielling et de Tbierscii ,
une éducation distinguée. Le grand intérêt que
son père arait montré pour la cauM philliélène
le fit appeler en 1832 à la couronne du nouveau
royaume de Grèce. Le gouvernement fut confié
jusqu'à la majorité d'Otbon an comte d'Armans-
berg, dont le bon vouloir ne parvint pas àtriom-
pber complètement de l'anarchie du pays et des
intrigues de la diplomatie. Lorsque le roi eut
pris en main Tadministration (1835), il eut aussi
à lutter contre les difficultés que les Russes et les
Anglais ne cessèrent d'apporter au raffermisse-
ment du trône nouveau et à la prospérité du pays.
Le roi vit ses intentions excellentes méconnues;
le 15 septembre 1843 une conspiration militaire
éclata; elle fut apaisée parla promesse d'une
constitution, qui fut en effet promulguée le
30 mars 1844. Les nouTclles institutions ne se
consolidèrent que peu à peu au milieu d'un peuple
pas encore assez mûr pour les idées libérales;
elles servirent à abriter les menées les pluscon-
fraires au bonheur du pays. Une sonrde hos-
tilité fut entretenue avec soin contre le roi, qui,
malgré des embarras de toutes sortes, réussit ce-
pendant à introduire des améliorations notables,
à relever Tagriculturc, à répandre l'instruc-
tion, elc!; son pende popularité tient aussi, il est
Trai,àson esprit de minutie et à ses manières peu
expansives. Cependant, la violence du cabinet
anglais, qui en 1850, à propos des réclamations
peu fondées du juif Pacifico, bloqua les côtes de
la Grèce et paralysa le commerce du pays jus-
qu*à ce que ces exigences eussent été satis-
faites, rallia un insUnt tous les espriU autour
du roî, qui montra beaucoup de dignité vis-K-
vis cet abus de la force. Othon parvint à faire
prendre des mesures énergiques contre le bri-
gandage, qui infestait toujours le pays et à bri-
ser la résistance du sénat, qui avait jusqu'alors
empêché le vote régulier du budget. Il apaisa
aussi en 1852 les troubles provoqués par la sé-
paration de l'Église nationale du patriarche de
Constantinople. En cette même année il s'occupa
de faire régler la succession au trône; n'ayant
pas d'enfants de la princesse Amélie d'Oldem-
bourg, il désirait nommer lui-même son suc-
cesseur; mais la conférence de Londres statua
que la couronne serait donnée au prince de la
maison de Bavière qui embrasserait la religion
grecque. En 1854, Othon se vit obligé de céder
au mouvement général qui entraînait ses su-
jets à profiter de la guerre entre la Russie et la
Porte pour obtenir l'affranchissement de toutes
les populations grecques du joug ottoman; mais
l'occupation du Pirée par des troupes anglo-
françaises (mai 1855) lui permit de contenir cette
tentative prématurée, de même qu'il put dans
les aimées soivantes refréner en partie le bri-
gandage, qui avait recommencé plus fort que ja-
mais. Dans ces derniers temps la position du roi
Othon est devenue de nouveau très-difficile ; très-
mal secondé par des ministres peu capables, il
n'a pas encore pu amener la Grèce dans une voie
réguhère de progrès.
Téoienis, La Grée», — JUdnner der ZHt. — Conter'
saUon»-tM:kotL — Lesnr, Annttaire Maorique. — An-
nuaire de la Revue dte Deux Mondes,
OTBOif. Voy, Ratière, Brunswics, Euobs,
Hatto et Od m.
OTTBR (Jean), orientaliste français, né le
23 octobre 1707, à Christienstadt , mort le 26 sep-
tembre 1748, à Paris. Après avoir abjuré le lu-
théranisme, il vint en France, et occupa d'abord
un emploi dans les postes. Doué d'une rare ap-
titude pour la connaissance des langues, il avait
appris sans maître presque toutes celles de l'Eu-
rope et les pariait avec autant de facilité que sa
langue maternelle. Ces dispositions frappèrent
M. de Maurepas, qui était alors ministre : il en-
voya Otter dans le Levant avec le double but
d'y rétablir le commerce français et de s'instruire
dans l'histoire et les langues orientales. 6e der-
nier consacra dix années à son voyage ( 1734-
1744), fit un long séjour à fspahan et à Bassora,
et obtint, à son retour, les fonctions d'interprète
à la Bibliothèque du roi et de professeur d'arabe
au Collège de France. Le 19 mars 1748, il fut
admis dans l'Académie des mscriptions. On a de
hii : Voyage en Turquie et en Perse ^ avec
une relation des expéditions de Thanuts-KoU"
likan; Paris, 1748,2 vol. inl2, fig., trad. en al-
lemand.
Bougaintille, Éloge d^Otter, dans le» Mém de tAeaA.
des inser., XXIII. - Ooi^Jcl, Mém, sur U CoUéçe royal.
OTTH (Adolplte), voyageur suisse, né à
Berne, le 2 avril 1803, mort à Jérusalem, le
16 mai 1839. Il fit ses études dans sa patrie,
apprit les sciences naturelles à Genève sous Se-
ringe et de Decandolle, et se fit recevoir doc-
teur en médecine à Beriin (1837); il explora,
en 1837, le Dauphiné, la Provence, les lies Ba-
léares et l'Algérie, dont il rapporte de belles
collections d'insectes et de reptiles, parmi les-
quelles il signalait plusieurs espèces inconnues.
Après avoir publié , sous le titre de Esquisses
africaines, Berne, 1838-1839, une suite de
trente planches in-fol., avec texte, Otth repartit.
Cette fois il s'embarqua à Trieste, et visite An-
cône, Corfou, Alhènes,.l'Égyple, la Syrie, et se
trouvait à Jérusalem lorsqu'il fut mortellement
atteint par la peste. Ses observations, ses des-
sins , ses collections, si chèrement acquises, ont
été dispersées sans voir l'Europe.
Bibliothèque universelle de Genève, ann. 1839.
OTTLBT (William-Young ) , antiquaire en-
tais, né en 1771 , mort le 26 mal 1830, à
Londres. Il étudia d'abord la peinture, et ex-
po.sa en 1823 une grande composition religieuse,
qui avait pour sujet La Chute de Satan; c'est
à peu près lé seul de ses tebleaux qui mente
955
omuLY
d'être cité. En 1791 il se rendit en Italie, et
pendant on séjoor de dix années il y forma une
collection précieuse de dessins, de gravures
et d'objets d*art, qu'il Tendit dans la suite au
peintre Lawrence pour la somme de 200,000 fr.
(8,000 1. st.)- Eb 1833 il fut nommé conser-
vateur au British Muséum. Ses principaux ou-
vrages sont : The Itaiian sehool of design,
being a séries of facsimUes of original
drawings bg the most ênUnent pointers and
sculptors in Italg, with biographical notices
and observations; Londres, i808-1812-tli23,
3 ToU inrCbl.,fig. : un des recueils modernes les
plus consciencieux pour l'histoire des écoles i(a-
tiennes; — An Enquirg into the originand
early history oj engraning upon eopper and
on wood; ibid., 1816, 2 toI. in-8'>; — Sngra-
vings of the marquis of Staf/ord's collection
of pictures; ibid., 1818, 4 vol. in-fol; — St'
ries of plates engraved after the paintings
ofth^ masters ofihe early Florentine Sehool;
ibid., 1826, in-foL ; — FacsimUes (129) of
scarce prints by the early masters of the
Kalian, German and Flemish sehools ; ibid.,
1826-1828, iB-4'*; — Notices of engravers
and their works; ibid., 1831, in•4^
Cfclop, ofenoUsh Uterotur» iblogr./.
OTTO l André), Batvaiit aUenBand, né à Col-
berg, mort en 1670. H fut pendant quelque tempd
soldat, et occupa depuis 1641 diverses fonctions
ecclésiastiques à Kœni^çsberg et k Marienwerder.
Outre plusieurs traités tbéologiques , il a pubHé :
Anthroposcopia seu Judieium de homine ex
lineamentis corporls; Kœnigsberg, 1647,io-12;
Leipzig, 16«4 et lùG»- O.
Arnold, ffUt. der Mô'nUbergUehen Vniv. ,
OTTO (Everard), jurisconsulte allemand,
né le 3 septembre 1685, à Hamm, mort à Brème,
le 20 juillet 1756. Il fut depuis 1720 professeur
à Utrecbt, et putMia, entre autres : De yEdi-
libus coloniarum et municipiorum; (Jtrecht,
i7Z2; — De Diis vialibus plerorumque po-
pmlorum; HaHc, 1714, in 8«»; — /)e statu ju-
dœorum publico ; Utrecht, 1721; — De ju-
risprudentia symbolica; Utrecht, 1730, in-S»;
— Thésaurus juris romani ; Leyde, 1725- 1 729,
4 vol. in-fol. ; Utrecht, 1733-1735. 5 vol. in-fol.;
en tôte des traités rassemblés dans ce précieux
recueil, Otto a placé des préfaces contenant
souvent les biographies des auteurs. O.
Jnglw, Beitràge aur ivristUchen Bioyraphif, t. I
VbH' " ''"^'■» ^^aftton der jetttlrbtndm Rechtsçé-
leàrten. -- WeidUch, Ctithichte dêr iettUebenden
Rechtsgelehrttn
OTTO ( Henri- Frédéric ) , antiquaire alle-
mand , né en 1692, à OrdrulT, dans le comté de
Gleicben. Avocat des maisons de Hobenlohe et
de Saxe-Gotba, il a publié : De lingua germa-
nicœ origine; 1714;- Numismatis Lysimachi
expositio; Erfurt, 1715, in^»; _ De ingeniis,
mortàus et studiis prxcipuarum gentium
^tiropa?; Francfort, 1718;— Thuringia sacra ;
— OïTO 956
Leipzig, 1737, 2 vol. in*fo]., en collaboration
avec J.-M. Schamel. O.
Hist, bUflwtk. Fabrie. ( partie VI, p. lit ].
OTTO ( Gottlieb'Frédéric ), biagrapbe alle-
mand, né è Dresde, en 1751, mort en 1815. Pas-
teur à Lichtenberg et à Friedersdorf, il publia ;
Lexihon der seit dem fûnfzehuten Jahràun-
dert verstorbenden und jetztlebenden Oàer-
lausitzer Schri/tstcller und Kûnttler (Dic-
tionnaire des auteurs et artistes de la tiaafe Lo-
sace , morts depuis le quinzième siècle ou vivant
actuellement); Gœrlitz, I8OO-I8O39 3 toL iii-8*;
— plusieurs articles biographiques et hibiîogn-
phiques dans divers recueils. O.
liotermand , SuppUmeni à JôeMer.
OTTO (Louis-Guillaume), comte os Mo»-
LOY , diplomate français , né à York ( grand-
duché de Bade ), le 7 aoOt 1754, mort à Paris,
le 9 novembre 1817. H appartenait è une ho-
norable famille protestante. Son père et son
grand-père avaient rempli les places de chance-
lier et conseiller intime au service du landgrave
de Hesse-Darmstadt. Il fit d'excellentes études
à l'université de Strasbourg, et s'y livra sor>
tout à l'étude des langues étrangères ti. da droit
public et féodal. A vingt -deux ans, le gooreme-
ment l'attacha à la h^ation du marquis deLa Lo-
zeme,alors ministre plénipotentiaireà Manich,et
il l'accompagna aux États-Unis, où La Lmerae
était envoyé pour représenter la France ( 1779) ;
après son départ, il resta comme chargé d^af-
faires (1784;. Lié par des rapports d'estime et
d'amitié avec Washington et les prinripam
membres du congrès, il conserva la iMNuie ta-
telligencequi était dans le système de Louis XTI.
Otto resta en Amérique treize années; il re-
vint à Paris en décembre 1792. La répuiilique
avait été inaugurée, et se disposait à eorabattre
la moitié de l'Europe qui menaçait le territoire.
Alors les armées jouaient le rôle que remplit la
diplomatie dans les temps paisit4es. Mais son
mérite , connu et apprécié de quelqiies bonmes
influents, le fit nommer bientôt chef de la pre-
mière division politique des relations ex>
térieures. Il remplaça Maret ( depuis due de
Bassano ) , qui avait été chargé d'une nuasioo
à Londres ( février 1793 ). La révointUMi da
31 mai faillit l'entratoer dans la ruine des gi-
rondins, dont il partageait les principes, n fut
enfermé au Luxembourg, et ne dot son salut
qu'à la journée du 9 thermidor. Il vivait dana
la retraite lorsqu'en 1798. Sieyès fut nommé
ambassadeur à Berlin. Apprécié par cet homme
politique célèbre, il le suivit comme secré-
taire de légation. Sieyés ayant été aommé
directeur l'année suivante, Otto resta chargé
d'afTaires à Berlin. H s'y concilia la bienveillance
du souverain, et ce fut durant cette mission
que le gouvernement prussien suspendit les
préparatifs de guerre qu'il dirigeait contre la
France. Après la révolution du 18 brumaire, an
commencement de 1800, il fut envové à Loo-
tt7
OTIO
dâS
dres an sajet de rentretien el de rechange dea
prisonniers de guerre. Une connaissance par-
faite de l'anglais et des mœurs du pays, le
tact et Texpérience diplomatique lui firent
conférer le titre de ministre plénipotentiaire
pour entamer des négociations de paix avec le
cabinet anglais. Il surmonta bien des difficultés
ayant d^arriver à la signature des préliminaires
de paix; mais enfin, le l"*^ octobre 1801 au soir.
Teille du jour fixé comme terme fatal par le pre-
mier consul, n Otto eut la joie, dit M. Thiers, de si-
g^er ces préliminaires, joie profonde, sans égale,
car jamais négociateur n'avait eu le bonheur
d'assurer par sa signature tant de grandeurs à
sa patrie I » Cet événement produisit à Paris
les plus Tifs transports d'allégresse. La joie
et l'enthousiasme furent presque du délire à
Londres et en Angleterre. Après dix ans d'o-
rage et de soofTrances, Tarc-en-ciel de la paix
brillait enfin dans le del ! Le peuple détela les
chevaux de la voiture du ministre, quand 11 se
rendait chez les membres du cabinet, et tes té-
moignages d'un contentement extraordinaire
durèrent plusieurs jours. Pour signer le traité
définitif à Amiens, le cabinet anglais désigna
lord Comwallis, ancien gouverneur général de
rinde, un des hommes les plus éminents de la
Grande-Bretagne, et le premier consul , son
frère Joseph. Bien qu'Otto fût resté à Londres,
comme ministre, sans figurer aux conférences
d'Amiens, son nom est à jamais lié au souvenir
de cette paix célèbre. Dans les deux pays, il
reçut d'éclatants témoignages de la reconnais^
sance publique. A son retour en France, il fut
envoyé h MuoicU comme ministre plénipoten-
tiaire. Il fit de ce poste secondaire an poste
d'observation d'une haute importance. C'était
l'époque où les intrigues du cabinet anglais
avaient formé sur le conliaent une coalitioa
contre la France. L'Angleterre avait prodigua
son or et ses promesses ; l'Autriche et la Russie
fournissaient leurs armées. On fit toutes sortes
d'efforts ponr entraîner la Bavière. Otto avait
Suivi et combattu habilement toute cette in-
trigue. U parvint à déterminer l'électeur à
quitter sa capitale, et envoya son secrétaire de
légation, Bog»e de Faye, pour informer Tem-
pereur que les colonnes de l'Autriche s'ébran-
laient pour occuper la Bavière. On sait le mou-
vement rapide que fit Napoléon sur* le Rbin^ et
les événements de cette mémorable campagne,
terminée par le ooup de foudre d'Austerlitz
( 180Â ). L'ensf^reur témoigna hautement sa sa-
tisfaction à son ministre, le fit conseiller d'État,
et grand-officier de la Légion d'honneur, en lui
accordant le titre de comte de Mosloy. Otto
continua de résider à Mnnkh, entouré d'une
grande considération, jusqu'en 1809, où il fut
envoyé à Vienne comme ambassadeur. Il prit
une grande part aux négociations du mariage de
Napoléon avec l'arcbiduchesse Marie-Louise,
en échangea les conditions, et continua à re-
présenter l'empereur à Vienne jusqu'au com-
mencement de 1813. Les désastres de l'expédU
tioa de Russie avaient produit on profond
ébranlement dans toute l'Allemagne» Les pas-
sions belliqueuses s'étaient ranimées avec vio-
lence, et la poèitique tortueuse du cabinet au-
trichien voulait s'en faire un instrumeut pour
substituer sa suprématie à ce qu'elle appelait la
domination de la France. La situation était cri-
tique. « Napoléon ne jugeant pas son ambassa-
sadeur à Vienne ni assex influent ni assez clair-
voyant, lui donna comme snccessenr le comte
Louis de Narbonne (mars ), dont U adit plus
tard à Sainte-Hélène qu'il fût trop clairvoyant
et trop entreprenant, ce qui avait poussé trop
tôt l'Autriche à jeter le masque, ,et nous fut fu-
neste ( Thiers ). » A son retour, Otto fut fait
ministre d'État. A la fin de 1813, M fut envoyé
à Mayence, comme commissaire extraordi-
naire, pour tenter de réchauffer l'esprit public
en faveur de l'empereur, mais il ne put arriver
jusqu'à sa destination, n se montra dispsé à
servir le pays sous la première restauration.
Homme sage, modeste, plein de probité et d'ex-
périence, il pouvait rendre encore d'éminents
services dans l'administration. On dit qu'il fut
écarté du conseil d'État par l'influence de Tal-
leyrand, dont llnimitié remontait à 1801. On
raconta à cette époque du consulat , dans le.*i
cerclés politiques , qu'Otto, en homme probe,
avait refusé de se prêter à des projets de spécu-
lation sur les fonds publfcs que ce grand per-
sonnage avait formés en vue des préliminaires
de paix. Dans les Cent Jours , il accepta de Na-
poléon la place de sous-secrétaire d^État au
ministère des affaires étrangères. Après Wa-
terloo, il fut chargé d'une mission extraordinafre
auprès du gouvernement anglais, pour des me-
sures concernant la sûreté personnelle de Na-
poléon ; mais il ne put obtenir de passeport, et
n'alla pas au delà de Calais. A partir de cette
époque, il vécut dans la retraite jusqu'à sa mort.
Le comte Otto a laissé la réputation d'un
homme probe, désintéressé, bienveillant, et d'un
diplomate qui possédait des talents supérieurs.
Très- versé dans les littératures étrangères, ai-
mable dans le monde, il savait être érudît et
profond avec les savants. Marié à mademoiselle
Livingston, qui appartenait à une des familles
les plus considérables des États-Unis, il épousa
ensuite la fille de Saint-John de Crèvecœur,
consul de France à New-York. Il eut de ce
mariage une fille mariée à M. Pelet f de la Lo-
zère), ancien député et ministre sous Louîs-Phi-
fîppe. ' J. Chanut.
Biffnon, Histoire de France sous Napoléon. — TTifers,
Consulat et empire. — A. Lpfebvre, Hisiofre des cabi-
nets de i'Eurwpe pendatU le eontmiat et i'empire. —
Rabbe et BoliJnUn, Biogr. de* anUemp. — Moniteur,
16 novembre 1817.
J OTTO ( Frédéric-Jules ), chimiste alle-
mand, né le 8 janvier 1809, à Grossenham, en
Saxe. Après avoir été employé dans la fabrique
959 OTTO —
de porcelaine de Nathosios, il devint en 1835
professear extraordinaire et en 1842 professeur
ordinaire de chimie an Carolinutn de Brun&.
wick; il est aussi depuis de longues années
membre de la commission supérieure d*hy-
giène. On a de lui : Lehrbuch der C hernie
(Manuel de chimie); Brunswick, 1840-1843,
1844-1846 et 18Ô3-1855, 3 vol. in-8"; — Lehr-
huch der rationelUn Praxis der landwir-
thschafilichen Getoerfre (Manuel d'une pratique
raisonnée des industries rurales); ibid., 1849-
1850, et 1852-1855, 2 parties, ln-8*; excel-
lent ouvrage; — Lehrbuch der Essigfabri'
kation ( Manuel de la fabrication do vinaigre ) ;
ibid., 1857, in-S'; — Ànleitung zur Avs-
mittelung der Gifle ( Manière de reconnaître
la présence des poisons) ; ibid., 1857, in-8**. O.
OTTOCAR de Styrie, poète et historien al-
lemand, né en Styrie, vers le milieu du trei-
zième siècle, mort dans la première moitié
du quatorzième. On Ta jusque dans ces derniers
temps confondu avec un certain chevalier Ot-
tocar de Homeck, son contemporain, et Ton a
prétendu à tort qu*il prit part aux luttes san-
glantes qui s'engagèrent dans son pays après
l'avènement de Rodolphe de Habsbourg, dont il
aurait suivi le parti. Des recherches récentes ,
basées sur une étude attentive de ce qu'il rap-
porte lui*m6me au sujet de sa personne, ont
fourni les résultats suivants. Il appartenait par
sa naissance à la classe des ministeriales ^ per-
sonnes ne jouissant que d'une demi-Kberté et as-
treintes à certains services; ses fonctions coosis-
sistaient à égayer par ses vers et son talent de
musicien la cour de son seigneure, Othon de Lié-
tenstein , gouverneur de Styrie et fils du cé-
lèbre minnesinger Uiric de Lichtenstein. Il
passa la plus grande partie de sa vie dans les
châteaux d'Othon, et assista aussi à plusieurs
grandes fêtes et solennités célébrées à Vienne , à
Prague et à Presbourg. Il a écrit, dans l'inter-
valle de 1300' à 1316, une Chronique rimée
d*Âutriche et de Styrie, relatant les événe-
ments qui se sont passés depuis 1230 environ
jusqu'en 1309 dans ces deux pays et dans les
contrées avoisinantes, l'Italie, la Bohème et la
Hongrie. Ce poème, de pins de quatre-vingt
mille vers, est une des sources les plus impor-
tantes de l'histoire de cette époque , et contient
les détails les plus intéressants sur les mœurs
et coutumes d'alors; il a été imprimé dans les
Scriptores rerum austriaearum de Pez, dont
j| forme le troisième volume. On conserve en
manuscrit à la bibliothèque impériale de Vienne
une Chronique du monde rimée, composée
par Ottocar d'après des sources latines; elle s'é-
teud jusqu'à la mort de l'empereur Frédéric II ;
des fragments s'en trouvent dans les Deukmaler
<le Pischon. E. V.
Tb. Schacht , ^ut nnd ûber OUokart von Uorneck
Uemehronik (Mayeoce, ISIO}. - Ttuiacobl, De OUo-
OTWAY
caro eJkronico awrtrloeo ( Bretian, IBSS). — Toacaaa dd
Binnfr. DU deuUcke NationalUeratur der oestre^
chtschen Monarchie LVienne , tS49, 1. 1 }.
OTTORAR. Voy. PRZEMISLilS.
OTTONBLLi (Jean-Dominique) , jésuite
italien, né en 1584, àFanano(duché deModène},
mort à Florence, le 14 mars 1670, fut recteur des
collèges de Recanati et de Fermo. Entré chez les
jésuites à l'âge de dix-huit ans, il professa pen-
dant quelque temps les belles-lettres, et seretin
ensuite à Florence , où il passa la plus grande par-
tie de sa vie. On a de lui un grand nombre d'ou-
vrages , dont quelques-uns ont été publiés aous
l'anagramme d'Odomenigo Lelonati ; les princi-
paux sont : Memoriale agit spettatori délit
teatrali oscenita; Florence, 1640, in-24; —
Delta cristiana moderazione del teatro ; Flo-
rence, 1640, 1646 et 1652, 4 vol. in-i*»; — F/o-
riferium de multiptici conversationum gé-
nère; Florence, 1653, in-8* ; ^ Trattato delta
pittura e scuttura, uso ed abuso , toro corn-
postOy da un teologo ( le P. Ottonelli ) et da
un piltore (Pierre Berettini de Cortone) ;
Florence, 1652, in-4*'; — Responsio ad qturs-
tionem^ quid mali habet adiré domum per-
sonx parum modestœ ad conversationem ;
Florence, 1645 et 1646, in-4'*; cette dissertation
est fort curieuse ; — Parxnesis ad tusores char-
tis vet aleis ut abstineant-, Florence, 1659,
in-4^; — Magistero spirituale per gli eser-
cizi dis, /^nasio ; Florence, 1669, in-8*.
H. F— T.
TIrabowhI. Storta délia MUr. Ual., t, VIII, p. m.
— BibUùtk. teriptorum S, J.
OTWAT ( Thomas ) , poète dramatique an-
glais, né à Trotten, dans le comté de Sussex, le
3 mars 1651, mort le 14 avril 1685. Il reçut sa
première éducation à l'école de Wickeham, près
de Winchester, et entra ensuite au collège de
Christ-Church k Oxford , en 1669. 11 quitta l'u-
niversité sans avoir aucun grade, se rendit à
Londres et se fit acteur. Il réussit peu dans
cette carrière, mais eut plus de succès comme
auteur dramatique. Si ses premières pièces lai
rapportèrent à peine de quoi vivre, elles lui va-
lurent le patronage du comte de Piymootli, qui
lui procura une commission de cornette dans
l'armée de Flandre, en 1677. Promptement dé-
goûté de la carrière militaire, Otvf ay revînt 4
Londres plus pauvre qu'avant son départ» et se
remit à écrire pour le théâtre. Vùrphetim^ une
de ses pièces les plus intéressantes, attesta le
progrès de son talent, progrès qui se manifesta
d'une manière plus éclatante dans sa Venise
sauvée, drame pathétique et vigoureux, qui, mal-
gré de graves défauts, est une œovre de grand
mérite et qui promettait un poète de premier
ordre; malheureusement ses habitudes de dis-
sipation, qu'expliquent sans les excuser les menirs
du temps, le conduisirent et le retinrent dan»
l'indigence, et nne fin prématurée termina à
trente-quatre ans sa vie déréglée et infortunée.
On raconta diversement sa mort. Suivant quel-
961
OTWAY — OUDENAERDE
969
ques-uns, pressé par la faim et réduit à de-
mander raumôae, il reçut une guinée, avec la-
quelle il se hftta d'acheter du pain et le déYora
avec une avidité qui, succédant à une longue
abstinence, lui devint mortelle. D'après Pope,
le poète ayant poursuivi jusqu'à Douvres l'as-
sassio d'un de ses amis fut saisi d'une fièvre
Tioleote qui mit fin à ses jours. Otway, vivant
à une époque où le goût de la littérature fran-
çaise envahissait l'Angleterre, essaya de combi-
ner les qualités essentielles du drame de Shaks-
peare avec quelques-unes des qualités du
théâtre de Corneille, Racine et Molière. En gé-
néral ce mélange d'éléments contradictoires
n'a produit que des œuvres équivoques, mais
où abondent les beautés dramatiques. L'auteur
montre une exacte connaissance du cœur hu-
main , et excelle dans l'expression des senti-
ments tendres et émouvants. On regrette que
l'immoralité de son temps ait laissé tant de
traces dans ses ouvrages. On a de lui : Alci'
biades, tragédie; 1675, in-4<^; — Dont Carlos,
prince of Spaitif trag ; 1G76, in-4*' : d'après
une nouvelle de Saint-Réal ; — Titus and Be-
renice^ trag.; 1677, in-4^ : traduite de Racine;
-- Thecheatsof Scapin, farce; 1677, in-4*»:
traduite des Fourberies de Scapin de Mo-
lière; ^ Fiiendship tn fashion, comédie;
1678, in-4<*; ^ Caius Marins ^ trag.; 16S0,
in-4* ; — The orphan , trag. ; 1680, in-4'» ; —
T^e soldier's fortune ^ com.; 1681, in-4^; —
Venice preserved , trag. ; 1682, in-4** : d'après
l'histoire ou plutôt la nouvelle de Saint-Réal
intitulée Conjuration contre Venise ; — The
atheist ^ or the second part of The soldier's
fortune, com.; 1B84, in^**. Outre ces pièces,
Otway composa quelques traductions et écrivit
divers poèmes. Ses Œuvres complètes ont été
publiées en 1757, 2 vol. in-12, et en 1813, 4 vol.
in-8^ L. J.
Johnson, JJvet. — Cibber. lÀtet. — Spenee, JneC'
dotes. — Chalmen, GenenU biogn^kieai dietionarg.
— Fie d'Otwag, en tête de rédUtoade isit.
OUDBAC ( Joseph ), jésuite et prédicateur
français, né à Gray ( Ftanche-Comté), en 1607,
mort à Besançon, le 2ô octobre 1668. Admis à
Tftge de dix-neuf ans dans la Compagnie de
Jésus, il professa pendant sept ans les huma-
nités et la rhétorique, et se livra ensuite au
ministère de la prédication, à Paris et dans
plusieurs autres villes de France. Il fut l'un des
premiers prédicateurs qui cherchèrent à foire
disparaître de la chaire chrétienne les pointes
et les trivialités qu'y avaient apportées les
Maillard et. les Menol, ses devanders. On a de
lui : Panégyriques des instituteurs d'Or-
dres; Paris, 1664, in-8'; » Des peines infli-
gées par Dieu à V homme pécheur; Lyon,
1665, in-8<> : recudl de sermons pour l'Ave ot;
— Panégyriques de la sainte Vierge pour
toutes les fêtes de Vannée; Lyon, 1665,
in-8';— Le prédicateur évangélique, ou ser-
MOCY. MOtiR. CÉKÉK. — T. IIXTIU.
f mons pour tout le carême et Voetave du
saint Sacrement; Lyon, 1665, in-S**; et quel-
ques autres ouvrages de piété énumérés par
Sottwel. H. F.
Bicker, Bibliotk, dêt écriv. de la (Umpagnie de JV-
tus ; 18S9. 6* térle, p. Ml. '
OUDEAV (Françoise), religieuse française,
morte à Poissy, le 4 octobre 1644. Issue d'une
famille noble qui habitait Paris, elle entra dans
le couvent des dominicaines de Poissy, et s'y
distingua par ses talents autant que par sa piété.
Versée dans la connaissance des saintes Écri-
tures et des Pères de l'Église, elle entendait par-
faitement la langue latine, et a traduit en fran-
çais : Sermons méditatifs du dévot Père saint
Bernard, abbé de Clervaux, sur 1$ Canti-
que des cantiques; Paris, 1621, in-8*. Elle
dédia cet ouvrage à Jeanne de Gondi, prieure
de son monastère. H. F.
Hilarlon de Coste , Le* Élogu et les viet du reinêt,
des priMMiês et dei dames Uiustret, t. If. p. 7S1.
0€DB«HBR8T ( Pierre d* ), historien belge,
né à Lille » dans les premières années du sei-
zième siècle. Il acquit de la réputation par son
habileté dans la pratique du droit, et devint lienf>
tenant du bailli de Tournai ; ce fut pour quel-
que commission relative à cet emploi qu'il se
rendit, en 1569, à la cour de Maximilien II. Il fit
ensuite le voyage d'Espagne, et mourut à Ma-
drid peu de temps après l'année 1571. On a do
lui : Les chroniques et annales de Flandre;
Anvers, 1571, in-4*' : cette histoire, qui s'arrêta
à 1477, est rédigée sur des documents authen-
tiques et avec plus d'ordre que celle de Meyer. K.
Paqaot, Mém., 111.
OUDBNABRDB ( Robert VAN ) , peintre , gra-
veur et poète flamand, né à Gand, le 3 septembre
1663, mort dans la même ville, le 3 juin 1743.
U étudia la peinture chez François van Cuyck de
Mierop, puis, à Anvers , dans Tatelier des van
Cleef. En 1C85 il suivit à Rome les leçons de
Carlo-Maratto. Il essaya aussi de graver à l'eao-
forte , et débuta par reproduire une esquisse do
son maître représentant le Mariage de la
sainte Vierge, Lorsque Maratto aperçut chez
les marchands d'estampes l'œuvre d'Onde-
naerde. Il devin V<furieux de se voir aussi mal
gravé et chassa l'élève indiscret^ mais Oudenaerde
lui montra un si vif regret de sa faute que le
maître, désarmé, lui rendit toute son amitié et le
choisit même pour graver sous ses yenx ses
principaux ouvrages. Oudenaerde resta t|uinze *
aps avec Maratto. Au bout de ce temps le car-
dinal Barbarigo, évéque de Vérone, l'appela près
de lui pour exécuter un grand ouvrage sur sa
famille, composé de portraits et d'emblèmes
accompagnés de vers latins. Oudenaerde fut
chargé à la fois du dessin, do la gravure et du
texte; il s'acquitta si blende cette tâche que les
diverses académies d'Italie lui ouvrirent leurs
portes; le cardinal,après l'avoir gardé vingt-deux
ans auprès de lui, le fit entrer dans les ordres.
L'artiste, qui était depuis trente-sept ans en Ita-
31
9G3
OUDENAERDE — OUDIN
964
fie , Toiilut revoir sa patrie, et demanda uo congé
d'un an : on lui fit à Gand un accueil distingué.
II se disposait à partir lorsqall reçut la nouTelle
de la mort de Barbarigo. 11 se fixa dès lors à
Gand, où il fut accablé de travaux. Il termina sa
laborieuse existence à quatre- vingts ans, et fut en-
terré solenneUemeot dans la calbédrale Saint*
Bavon.
La manière de dessiner et de peindre d'Où-
denaerdc tient esseulidiement de celle de Ma-
ratto* Sa couleur est chaude et vigoureuse,
mais sans contrastes heurtés. Sa tuucbe est
franche et facile» sou pinceau agréable ei suave,
surtout dans le portrait, où il eut un grand soc-
ces. Son dessin est coiTect; ses compositions
belles, sévères, pleines d'action. La plus grande
partie de ses œuvres e.st restée en Italie ; cependant
beaucoup de monuments de Gand conservent de
beaux morceaux sortis de sa main; les princi-
paux sont : aux Bruines : Jésus au mUieu des
docteurs ; à Saint-Jacques : Sainte Catherine
conduite devant les idoles; à la chapelle des
BoiiclierK : un immense tableau représentant les
chefs de cette confrérie; aux Chartreux : Saint
Pierre apparaissant à ces religieux pour les
empêcher de quitter le cloître: véritable chef
d'oeuvre; à Pabliaye de Baudelos : les portraits
de grandeur naturelle des moines de ce temps.
Ces portraits se recommandent par la variété
des poses, l'expression et la vérité des figures.
Il a laissé beaucoup de magnifiques estampes,
gravées à Rome, surtout d'après Carlo Maratto,
et qui font, aujourd'hui encore Padmiration des
amateurs. Depuis son retour à Gand (1723)» il
ne grava plus que de petites planches, et encore
en petit nombre. Le grand ouvrage auquel il tra-
▼ailla vingt années, et que la mort du cardinal
Barbarigo vint interrompre, a été publié sous ce
titre : Numismata virorum illustrium ex
gente Barbariga; 1762, in-fol. : il contient cent
soixante- quinze planches. 11 ne parait pas que
les autres écrits d*Oudenaerde aient été i*ecaeil-
lis. On trouve quelques pièces de vers dans les
ouvrages d'autres littérateurs, auxquels elles
étaient adressées.
On ne connaît d'Oudenaerde qu'un seul élève,
François Pilsen, peintre et graveur, qui conser-
Tait l'œuvre complète de son maître, œuvre trop
rare et trop peu connue. A. de L.
I Oe«cainp«, LavU des peiiUr«t flamands^ etc., L UI,
9* SS-M. — PttktnfftoD. Dictionarg «/ painUrg.
ouoftNDomp ( François db), philologue hol-
landais, né à Leyde, le 31 juillet 1696, mort
dans la même ville, en 1761 . 11 étudia à PuDlver-
sité de Leyde, sous Perizonius, J. Gronovius et
Burmann , et devint professeur de troisième
classe à Puniversité de sa ville natale. Il quitta
cette position pour la place de recteur de l'i^Ie
de Nimègue en 1724. Deux ans plus tard il fut
appelé an même titre à Hariem, où II resta jus-
qu'en 1740, époque à laquelle l'université de
Leyde le rappela et lui confia la chaire d'élo-
quence et d'histoire. Philologue instruit ef judi-
cieux, mais peu original, Ondendorp a donoe
de bonnes éditions du De prodigiis de Juins
Obsequens, Leyde, 1720, in-8'; de /a Pharsale
de Lucain , 1728,' in -4* ; de^ Stratagematica de
Fronttn, 1731, in-8*; des Commentaires de
César, 1737, in-4"; de Suétone, 1751,iii-8*. Il
avait préparé une édition d'Apulée, qui parot par
les soins de Runkhen ; 17S6, in-4*. Outre ce^
éditions, on a d'Oudendorp diverses «fissertallons,
une entre autres intitulée : Oratio de literanii
C. Julii Cœsaris studiis ;Leydef 1740, in-4*. Z.
Saxe. Onomast. literarwm, — Rottruoiid, SmpfL a
Tjéttg. Gelkrt. Lexikon de JOcher.
OUDB^OORP. Voy. OLDEKOOaP.
OCiiET {Jacques-Joseph ), officier supérieur
français, né à Meynal, en 1773, blessé murtiîe-
ment à Wagram (7 juillet 1809). il servit dam
les armées républicaines d'abord contre les Ven-
déens, et parvint au grade de fieutenant-colood.
Patriote enthousiaste , il se montra opposé aa
coup d'État du 18 brumaire. Relégué à Besan-
çon par le premier consul, fl devint l'un de>
membres les plus actifs de la société des Pkilc-
delphes , qui souvent inquiéta le gouvernement
impérial. Elle se composait de républicains, de
royalistes, que l'on avait réunis par la prome&se
d'institutions libérales sous les Bourbons. Ondet
fut compromis lors du procès de Moreau. On
lui attribue plusieurs démarches auprès de Xa-
poléon, qui tiennent plus du roman qae de I*b:»-
toire. il rentra dans le service actif en 1807, fit
vaillamment son devoir, et tomba blessé mortel-
lement à Wagram. 11 mourut trois jours après.
Ch. Nudicr, HUtoire des iOcMéuecréUM (tsti). - Jh-
WMirei dfunê eonUmpùraine.
OUDIN ( César), littérateur français, mort le
1' octobre 1625. Fils de lïicolas Oudin, grand
prévôt du Bassigni , il fut élevé à la cour, et rem-
plit diverses négociations auprès des princes
d'Allemagne. En 1597, il devint secrétaire inter-
prète du roi pour les langues étrangères. On a
de lui des ouvrages traduits de l'espagnol et
deux grammaires. Tune italienne (Paris, 164 j,
ln-8*'), l'autre castillane (Rouen, 1675, in- 12;,
corrigées et augmentées par son fils. '
0€D1M (Antoine)^ fils du précédent, mort le
21 février 1653, le remplaça dans les fonctions
d'interprète. Louis Xlll l'envoya en Italie, oà il
séjourna assez longtemps, soit ^à Rome, soit à
Turin, et Louis XIY le prit en 1651 pour maître
d'italien. Oudin a publié : Grammuière fran-
çoise, rapportée au langage du temps; Pa-
ris, 1633, et Rouen, 1645, in-12 : ouvrage cité
avec éloges par les premiers académiciens; —
Histoire des guerres de Flandre ; Paris, 1634,
hi-4*, trad. de la I" part, de l'ouvrage du tard.
Bentivoglio; ^Recherches italiennes et/ran-
çoiseSf ou dictionnaire italien et françots;
Paris, 1640, 2 vol. in-4<'; l'édit de 1698 a été
revue par Teneroni; — lYésor des langues es-
pagnole et française^ ou dictionnaire, etc.;
965
OUDIN
9'(>
îbid., 1645^ in 4»; — Curiosités françaises,
ou recueil de plusieurs belles pi^opriéiés, avec
tme infinité de proterbes et de quolibets;
Rouen, 1649, 1656, ia-S"».
Un purent des préoédenU, Ocdin { Fran-
çois-César), qui fut attaché au fils de la mar-
quise de Sévigné, est autear d'un Nouveau Re-
cueil de divertissements comiques (Paris,
1670, in-12).
Mor^rl, GraM Diet. hist.
OCDIN ( Casimir), érnâiX français, né le 14 fé-
vrier 1638, à Mézières-STir-Meuse. mort en sep-
tembre 1717, à Leyde. Il était fils d'un tinae-
rand. Sa passion pour iei livres et le désir de
s'instruire le décidèrent, ses études terminées à
CharlevUle, à entrer dans Tordre de Prémontré,
où il eipérait trouver des moyens d'instruc-
tion de tous genres. En prenant l'habit religieux
(1656), il adopta le prénom de Casimir, au lieu
de celui de Bemi, qu'il avait reçu an baptême
L'histoire des auteurs ecclésiastiques attira d'a-
bord son attention , et il s'en occupait depuis
plusieurs années lorsqu'il devint professeur de
théologie à l'abbaye de Moreau (1669), dont il
fut nommé grand prieur l'année suivante. Après
avoir administré la cure d'Épinay sons Gamaches
(diocèse de Rouen ), il rentra dans le clottre, afin
de se livrer en paix à ses premiers travaux
(1677). n se trouvait au couvent de Budlly lors
du passage de Louis XlV, qui se rendait en
Flandre (!*' mars 1680). Au moment où le roi
entra dans le salon, le soleil brilla tout à coup ,
ce qui fournit à Ondin d'improviser ce distique
flatteur :
Solem vere DOTum nnne Sol «ntlqmt adorât.
Et MsriciD novam Martto prima dlea.
A la suite d'un voyage pendant lequel il vfsita
les abbayes que l'ordre possédait en Lorraine ,
en Bourgogne et dans les Pays-Bas, il obtint la
permission de se fixer à Paris (1683), et fut
admis dans Pintiraité des savants bénédictins de
Saint- Maur, qui mirent leurs nombreux maté*
riaux historiques à sa disposition. Il jouissait
d'une grande réputation de vertu et de science;
on le citait même comme nn modèle de piété et
de régularité. Mais ses supérieurs, alarmés de
l'étroite liaison quil avait formée avec te fameux
pasteur Jurieu, le reléguèrent à l'abbaye de
Ressons, près Beauvais (1692). Cet acte de sé-
vérité Tindigna : séparé de ses amis les plus
chers, n'ayant d'autre distraction que les exer-
cices de la vie monastique, dont il était dégoûté,
il tomba dans une mélancolie profonde. Les dures
pénitences qu'on lui imposa achevèrent de l'exas-
pérer; il réussit enfin à s'échapper, et passa en
Hollande (1692). Arrivé à Leyde, il abjura pu-
bliquement stoice et hitariter, suivant ses
propres expressions, et fut nommé sous-biblio-
thécaire de l'université. « Contre l'ordinaire des
transftiges, dit Tabbé Boulliot, il conserva tou-
jours l'estime générale de ses coreligionnaires,
et il la dut surtout à la pureté de ses ro(enrs. 11
répondit à ceux qui l'engageaient à se marier
qu'il avait embrassé le calvinisme par amour
pour la vérité, et non pour s'afTranchir du céli-
bat. » Les principaux ouvrages d'Oudin sont :
Supplemenium de seriptoribus vel de scripds
ecclesiasticis a Bellarmino omissis ad ann.
1460; Paris, 1686, in-8**, ce livre, qui est loin
de contenir tous les auteurs omis par Bellarmin,
fourmille d'erreurs grossières , s'il faut en croire
le savant Cave ; — Le Prémontré défroqué;
Leyde, 1692, in-i2; — Veterum aliquot Gal-
liœ et Belgii scriptorum opuscula sacra
nunquam édita ; ibid., 1692, in-S"; — Bistoria
abbatis Calvi- Montés, dans le t. III des Acta
sanctorum (1701);— DeCollectanea, dans te
t. VII et VIÏI de VHist. de la rép, des lettres
de Mason : critique sans portée, dirigée contre
dom Bandari; — Trias dissert, eriticarum;
Leyde, 1717, in S**; il prétend que le Codex
Alexandrinus n'est que du dixième siècle , et
que les questions Ad Antiochum principemoni
été faussement attribuées h saint Athanase; —
De seriptoribus Eeclesia antiquis; Leipzig,
1722, 3 vol. info!. « On y trouve, disent
MM. Haag, tout ce qu'on peut désirer dans un
travail de ce genre, sur la vie des auteurs
comme sur leurs ouvrages ; beaucoup d'erreurs
ont sans doute été commises par Oudin , mais
ceux qui se sont occupés des recherches ana-
logues se montreront indulgents pour des fautes
inévitables et le loueront grandement de la dili-
gence singulière avec laquelle il a recueilli une
immense quantité de matériaux. »
Niceron, JUémoirei, I et X. — • Morérl. Diet. hiit. —
Paqoot, Mtmoirei. — Hugo, Aimaka ord, Prmn., I,
col. U. - Boulllot, Biogr. ardentiaiêe. II. - Haag frè-
res, IM France prelett.
OUDIN {François), érudlt français, né le
t**^ novembre 1673, à Vignori (Champagne),
mort le 28 avril 1752, à Dijon. Après avoir fait
de bonnes études sous la direction de son oncle
Jean Oudin, chanoine à Langres, il entra en
1691 chez les jésuites, et fut chargé par eux
d'enseigner la rhétorique, puis la théol<^e. A
l'exception de deux voyages à Paris , tonte sa
vie se passa dans cette ville. Il écrivit très-pn-
rement en latin et savait fort bien l'espagnol , le
portugais, l'italien et l'anglais; aussi était-il fié
avec presque tous les savants de l'Europe, qui
s'accordaient à louer en lui une vaste érudition
jointe à un caractère doux et modeste et è un
zèle ardent pour le progrès des lettres. On a de
lui : Somnia, poème; Dijon, 1697, in-8^;
Langres, 1698, in- 12 ; — S. Francisco Xaverio
hymni IX et officium; Dijon , 1705, in-12; —
Biblwtheca Patri Ferreti; ibid., 1707, in-4*;
Silva distichorum moralium; ibid., 1719,
1720, uï'%^ ; — ffymni novi; ibid., 1720, in-12;
— Bemardi Monetx epicedium; ibid., 1729,
in*fol. et in- 4^. On doit aussi au même jésuite
beaucoup de pièces de vers insérées dans les
Poemata didascalica et de dissertations théo-
logique^ et historiques dans les Mémoires de
SI.
967
OUDIN — OUDINOT
968
Trévoux, le Journal des Savants et quelques
autres recueils.
Moréri, Grand diet. kUL
OUDIN BT( Marc- Antoine), numismate fran*
çais, né en 1643, à Reims, où il est mort, le
12 janvier 1712. Sa famille était originaire de
Cambrai. Au collège des Jésuites de Reims, où il
fit ses études, il brilla surtout par retendue de
sa mémoire, qui lui permit, dit-on , d'apprendre
par ccpur en une semaine les douze livres de
VÉnéide, Après avoir été reçu avocat à Paris, il
revint pratiquer le barreau dans se ville natale,
où le succès de ses plaidoyers Ini valut la pre-
mière chaire vacante de l'université. Invité par
Rainssant, son parent, à partager avec lui la
garde des médailles du cabinet du Roi, il accepta
cette offre, Taida dans la rédaction du catalogue
et lui succéda en 1689. Lors du renouvellement
de TAcadémie des inscriptions (1701), il en fut
nommé associé. On a de lui quelques Mé-
moires insérés dans le recueil de cette com-
pagnie et relatifs à des médailles anciennes.
mst. de tÂcad. dêt itueript., t III.
OUDINOT duc nE Reggio ( Charles-Ni-
colas )f maréchal de France, né à Bar-le-Dnc ,
le 25 avril 1767, mort à Paris, le 13 septembre
1847. Sa famille le destinait au commerce ; mais
il s'enrôla à dix-sept ans dans le régiment de
Médoc-infanterie, où il servit jusqu'en 1787,
époque où il revint à Bar, par déférence pour
son père. L'énergie qu'il déploya k la tétc de la
milice bourgeoise pour réprimer en 1790 une
émeute populaire, le fit, en 1792, nommer
liontenant-colonei du 3* bataillon des volontaires
de la Meuse, avec lequel il défendit le chAteau
de Bitche. Le 6 novembre 1793, il fut nommé
chef de brigade de la 4" de ligne, et placé sous
les ordres du général Aml>ert à Kayserslan-
tem. Attaqué, le 23 mai 1794, par dix mille en-
nemis qui avaient coupé son régiment du reste
de la division, Oudinot se battit pendant
huit heures près du village de Moriautem , ( t
parvint, en se faisant jour à la baïonnette, à opé-
rer sa retraite sans être entamé. Ambert le
proclama le sauveur de sa division, et le 2 juin
suivant, les représentants du peuple le firent
général de brigade. Le 6 août , une manœuvre
habile et hardie le rendit maître de Trêves, où il
eut la jambe cassée. Le 18 octobre 1795, il fut
blessé de cinq coups de sabre à l'afTaire de nuit de
Neckerau, devant Mannheim, et tomba au pou-
voir des Autrichiens. Échangé, le 7 janvier 1796,
après trois mois de captivité , il fut employé à
l'armée du Rhin et Moselle sous Moreau, fit les
campagnes de Souabe et de Bavière, et se trouva
au combat de Meubourg ( u septembre 1796 ),
où il reçut une balle et quatre coups de sabre.
Après le traité de Campo-Formio ( 1797), Ou-
dinot était désigné pour commander une bri-
gade à l'armée d'Angleterre; mais, en 1799, on
renvoya à l'armée d'Helvélie, où, malgré des pro-
diges de valeur, il ne parvint pas à s'ouvrir le
passage de Feldkirch, position formidable» qui
est la clef de cette partie do Yoralberg et do
Tyrol. Nommé général de division ( 12 avril 1799)
et blessé deux fois aux combats sanglants de
Wurmios et Schwitz, Oudinot succéda comme
chef d'état- major de l'armée au général Chérin ,
tué le 4 juin, et ce fut lui, qui à la bataille de
Zurich força l'entrée de la ville et en cliaasa
les Russes après un combat acharné. 11 suivit
Massena en ItaUe, et pendant le siège de Gènes
il traversa ( 16 mai ISOO ), sur une frêle embar-
cation, l'escadre anglaise qui bloquait ce port,
essuya son feu et débarqua heureusement à Fi-
nale pour communiquer au général Suchet les
intentions de Massena. Après la reddition de Gènes
( 2 juin ), il continua ses fonctions sons Bmne,
et le 26 décembre, à la tête de ses officiers el
et de quelques chasseurs du 14«, il enleva an
combat de Monzembano une liatterie qui, placée
sur une hauteur, foudroyait Tannée française
arrêtée au passage du Mincio, et prit lui-niéme
une des pièces de canon. Cette heureuse au-
dace contribua puissamment à changer en vic-
toire une défaite commencée ; aussi le premier
consul décerna à Oudinot ( 8 mars 1801 ) nn
sabre d'honneur et lui donna le canon qu'il avait
conquis. Employé en 1801 et 1802, comme
inspecteur général, commandant la première
division du camp de Bruges en 1803, grand*-
croix de la Légion d'honneur (6 ma» 1805),
Oudinot rer4it, le 5 février 1805, le com-
mandement de dix bataillons de la réserve
réunis à Arras ; ce corps fut depuis lors d<^
signé sous le nom de grenadiers Oudinot.
A la tête de cette phalange d'élite, il se
distingua aux combats de Wertingen , d'Am-
stetten, à Vienne, où il se porta sur le pont du
Danube et s'empara des batteries qui en défen-
daient le passage, enfin à Hollabruon il fut griève-
ment blessé d'une Italie à la cuisse, ce qui Totiligea
de remettre à Duroc le commandement. A peine
guéri, il assistait à la bataHie d'Austerlitz, et sa
division s'y couvrait de gloire. En 1806, il fut
chargé de prendre possession de NeufcbAtd et
de Valingen , et sut dans cette mission se ooo-
ciller si bien l'estime et raffection des habitants
de ces contrées qu'ils lui décernèrent à son dé-
part une épée d'honneur et le titre de bourgoois
de Nenfchàtel, quoique une vieille loi de ce canton
défendit d'en investir un catholique. Oudinot
entra à Berlin (25 octobre 1806 ) après la bataille
d'Téna , «t par ses savantes manœuvres il décida
en Pologne la victoU-e d'Ostrolenka (16 février
1807) , ce qui lui valut le titre de comte et une
dotation considérable. 11 se rendit ensuite à Dant-
zick pour renforcer l'armée du mareclial Letêvre,
qui assiégeait cette ville. Cette place capitula te
24 mai. Napoléon réorganisa l'armée : Oudinot,
avec ses grenadiers, forma l'avant-garde dans la
marche sur Friedland ; il y soutint (14 juin )
pendant douze heures les attaques de soixante
quinze milleRus3e8,etdonna ainsi le temps au reste
969
OUDINOT
97a
de l'année de gagner une hataille qui décida
la paix de Tilsitt. L'année suivante , il fat nommé
gouverneur d'Erfarth, et Napoléon le présenta à
l'empereur Alexandre en l'appelant le Bayard de
V armée, « Comme lui, ajouta-t-il, il est sans peur
et sans reproche. » En 1809, il marcha contre les
Autrichiens, et soutint sa réputation de bravoure à
Landshat, à Ried, à Ebersberg et devant Vienne.
Il fut atteint d'une balle au bras gauche dans
l'île de Lobau ; mais cette blessure ne Tempécha
point de fairç des prodiges de valeur à Wagrara,
dont il se rendit mattre (6 juillet), et dès lors
la victoire ne fut plus disputée. Le 12 du même
mois. Napoléon conférait à Oudioot la dignité de
maréchal de France, et le 15 août suivant le
titre héréditaire de duc de Ref^io.
En mars 18i0, le maréchal Oudinot fut chargé
d'occuper Utrecht et La Haye, et après Tabdication
du roi de Hollande d'administrer provisoirement
ce pays. Il sut alors concilier l'exécutTon des ordres
rigoureux qu'il reçut ayec les égards dus aux Hol-
landais, qui, pénétrés de reconnaissance , lui of-
frirent une épée d'honneur. En 1812, appelé
au commandement du 2* corps de la grande
année, et détaché sur la Dwma pour couvrir la
gauche de la ligne d'opérations de l'empereur et
combattre l'armée de Wittgenstein, il passa cette
rivière le 29 juillet, fit charger son infanterie à
la baïonnette sur une division ennemie qui l'a-
vait aussi déj<^ franchie , la culbuta , lui enleva
dix pièces de canon, et tout ce qui ne fut point
tué ou pris se trouva contraint de se jeter dans
la Dwina. Le 17 août, grièvement blessé d'un
biscaîen à Tépaule, il remit son commandement
à Saint'Cyr, et quitta Polofek pour se faire
transporter à Wilna. Il ne revint an 2* corps que
le 4 novembre, en apprenant que ce général
avait été également atteint d'une blessure grave
devant Polotsk; il connut en même temps le
commencement des désastres de l'armée. Le
2e corps avait alors opéré sa jonction avec le
9", sous les ordres du duc de Bellune; malheu-
reusement Oudinot et ce dernier différèrent de
vues sur la manière de couvrir la retraite, et les
opérations contre Wittgenstein se ressentirent
de leur manque d'entente, jusqu'à l'ai rivée de
l'empereur à Orcha. Chargé de se porter sur
Borizow pour assurer le passage de la Bérésina,
le maréchal, dont le corps était réduit à cinq
mille hommes, rencontra ( 23 novembre ) à Lach-
nitza la division du comte Pahlen, la battit,
lui fit neuf cents prisonniers, lui enleva tous
ses bagages , la força de repasser la Bérésina ,
occupa le 25 Studzianka, et le 27 prit position
dans les bois de Borizow. Le 28 il tomba blessé
d'une balle an côté. Transporté au village de
Plechnitsoui , et n'ayant trouvé asile que dans
une misérable grange, il fut attaqué le 30 par
l'avant-garde russe. Son escorte ne se composait
que d*une cinquantaine d'hommes ; le maréchal
ordonna de barricader sa demeure , et il y sou-
tint contre une brigade entière de hussards un
véritable siège, pendant lequel, à demi mourant,
il fut frappé d*un éclat de bois. Après une journée
de résistance, il fut enfin délivré par les troupes
westphaliennes du général Hammerstem. En
1813, à Lutzen, Il appuya le maréchal Ney
sans prendre une part directe à l'action, et à
Baotzen il contribua puissamment li la victoire
( 20 mai ). Des ordres pressants lui enjoigni-
rent peu après de pénétrer à tout prix dans
Berlin ; mais il fut battu par Bemadotte à Gross-
Beeren , et obligé d'opérer sa retraite sous Wit-
temberg ( 30 août). A la feuite de ce revers.
Napoléon lui retira son commandement en dief,
pour le donner au maréchal Ney, et lui pres-
crivit d*ètre concentré, le 4 septembre, à Bareuth
pour que l'attaque sur Berlin eût lieu le 9 ou
le 10. Cet ordre était absolu, et cependant inexé-
cutable dans un aussi court espace de temps.
Ney engagea le 6 devant luterbock une action
où les Français éprouvèrent une perte consi-
dérable, et Oudinot, à la t6te des divisions Pac-
thod et Gttilleminot , parvint à sauver l'artil-
lerie ^t à assurer la retraite sur Torgau. L'empe-
reur rappela le duc de Re^o à Dresde, et lui
confia le commandement de deux divisions de
la jeune garde, à la tète desquelles il défit, le
16 octobre, à ^achau, devant Leipzig, le corps
russe du prince de Wurtemberg. Lorsque l'ar-
mée évacua, trois jours après, cette dernière
ville, placé à l'arrière-garde , il protégea la re-
traite et battit le corps prussien du général
York à Frey bourg, au passage de l'Unstrutt.
Mais le 26 de ce mois, à Gotha, une violente at-
taque de typhus l'obligea de quitter l'armée, et
on le conduisit mourant à sa terre de Jean-
d'heures, près de Bar-le-Duc. Après quelques
mois de convalescence, il reçut encore le com-
mandeinent d'un corps d'armée qui se distingua
aux affaires de Brienne, de Nangis, de Bar-sur^
Aube et d'Arcis-$ur*Aube.
Napoléon ,dans ses appréciations de la campagne
de 1814, a approuvé pleinement les opérations
du maréchal* Oudinot. Après la capitulation de
Paris, le duc de Reggio fut un des maréchaux
qui, à Fontainebleau, adressèrent le 4 avril, des
observations à l'empereur sur la gravité de la
situation, à la suite desquelles s'ouvrirent des
négociations entre Napoléon et les princes
alliés. Il adhéra ensuite aux actes du sénat,
et lorsque , le 16 avril, le comte d'Artois ins-
titua un conseil provisoire de gouvernement , il
en fit partie et s'efforça constamment d'y faire
prévaloir les idées modérées et une sollicitude
éclairée pour les intérêts de l'armée. Louis XVHI
le nomma successivement ministre d'État, com-
mandant en chef du corps royal des grenadiers et
des chasseursà pied de France (20 mai 1814), pair
de France (4 juin), gouverneur de la 3« division
militaire, à Metz, commandeur de Saint-Lonis
(24 septembre 1814). En apprenant le retour de
Napoléon, Oudinot conduisit jusqu'à Troyes les
troupes sous ses ordres; mais il ne put, malgré
971
OUDINOT
973
les plas grands efforts , retenir ses soldats sous
les drapeaux royaux. Fidèle à ses serments, il
re? int presque seul à Metz, ordonna, le 23 mars
181 5| la mise en état de siège des places de la
3e division militaire , et cette mesure une fois
prise pour l'honneur et la sûreté du pays, il se
retira trois jours après dans sa terre, où l'exi-
lait un ordre impérial. Cet exil fut prorapteroent
levé, et le maréchal vint habiter Montmorency
sans y être inquiété pendant les Cent-Jours. A
son retour, Louis XVIII le nomma l'un des
majors généraux de la garde royale (8 sep-
tembre 1815), membre du conseil privé (1 9 sep-
tembre), commandant en chef de la garde
nationale de Paris ( 9 octobre ) » gouverneur
de la 3*' division militaire ( 10 janvier 1816 ),
grand*-croix de Saint-Louis ( 3 mai ) et chevalier
do Saint-Esprit ( 30 septembre 1830). £n 1823,
le maréchal eut le commandement du premier
corps de Tarmée d'Espagne , et après rentrée des
troupes françaises dans fiiadrid, il fut nonunégou-
▼erneur de cette capitale, où il s'appliqua avec
fermeté à contenir et réprimer les fureurs d'une
populace exaltée par le fonatisme religieux et
politiqoe. Tontes les infortunes trouvèrent à
s'abriter sous sa loyale épée. Lors du licendement
de la garde nationale ( 29 avril 1827 ) , il s'em-
ploya avec activité à prévenir les périls de Tir-
litation des habitants de Paris, et lorsque, en
janvier 1830, le comte d*Apponyi, ambassadeur
d'Autriche, imagina de refuser anx maréchaux
les qualifications ducales dont ils étaient revétns
et qui rappelaient soit nos victoires, soit nos con-
quêtes sur l'Autriche, le maréchal protesta le pre-
Bsier contre cette prétention étrange, non qu'il
trouvât son nom patronymique moins glorieux à
porter que celui de duc de Reggio, mais parce
qu'en se soumettant aux exigences autrichiennes,
on aurait blessé an vif rbooneur national et la
dignité de la France. Il était d'ailleurs personnel-
lement désintéressé dans la question, le duché
de Reggio, situé en Calabre, ne pouvait être
contesté par rAutriche. Après la rtivolution de
joiUet, le maréchal se retira à sa terre de Jean*
d'heurs , ne venant à Paris qu'à de rares In-
tervalles» et ne se présentant aux Tuileries ôa à
la chambre des pairs que dans les oecasioos où
son absence aurait été on toit ou i^oubli d'un
devoir. Cependant 11 fut nommé grand chance-
lier de la Légion d'Honnenr ( 17 mai 1839) et
gouverneur des Invalides (21 octobre 1842).
Cest dans ces fendions qu*il termina sa glo*
ffeuse carrière. Le maréchal Oudmot s'était
marié deux fois; le 16' septembre 1789, il avait
épousé Charlotte Derlin, et le 19 janvier 1812,
Marie-€liariott6'flngéni»Julienne de Ooucy, qui
lui a flmrécu, et qui fut dame d'honneur de
M*^ la duchesse de Berry. Une statne a été
élev^ an maréchal snr une des plKes de Bar, le
39 septembre 1860. G. on V.
* o-UMàtOT , duc DE Rbgoio ( Chorlei'Wi-
colaS''Victor)t général français, fils atoé du
précédent, né à Bar-Ie-Duc, le 3 novembre
1791. l^'emier page de Napoléon I*' à Erfurth
( 13 octobre 1808), il le suivit dans la cam-
pagne de 1809 contre l'Autriche; et pendant la
mémorable nuit qui précéda la bataiUe de Wa-
gram, il prêta l'appui de son bras à l'em-
pereur, qui, à pied et une lanterne à la main,
surveillait en personne, par on épouvantable
orage, le passage des troupes snr les pont:» dm
Danube. Satisfait de son courage, ?fapoléon
lui donna un brevet de lieutenant au &* de hus-
sards (17 août 1809), et Mansena le ctioisil
Tannée suivante pour aide de camp. Ce fot soa&
les ordres de ce maréchal qu'il fit ks deux
campagnes de Portugal et d'Espagne. Sa con-
duite lui mérita à cette époque d'être proposa
trois fois pour la croix d'Honneur ; mais trou
fois, l'empereur en regard de son nom mit :
trop jeune,' £n septembre 18 il, il le nomma
cependant lieutenant en premier aux chasseurs
à cheval de sa garde. Oudmot gsgna tes épau-
lettes de capitaine dans la campagne de Russii^,
où il prit part au combat héroïque que son pèro
blessé soutint le 30 novembre 1812 dans un
grange du village de Plechnitsoui contre la bri-
gade du général LandsKoy. Leipzig , où il fut
blessé au pied par un biscalen, Hanau, où U
prise d'une batterie d'artillerie lui valut d'être
promu officier de la Légion d'honneur, Moot-
mirail , où il fit mettre bas les armes à un ba-
taillon prussien, et enfin Craoone, où il fut en-
core grièvement blessé, furent successivement
témoins de sa valeur, qui fut récompensée psr
le grade de chef d'escadron (i** avril 1814).
Promu, peu de temps après, colonel du 8* rc^
ment de chasseurs, il fut le 27 du même mou
confirmé dans oe grade par le gouvernement
royal et appelé an commandement du 1*' régi-
ment de hussards ( hussards du roi ). En gar-
nison à Metz en mars 1815, Oudiuot demeura
fidèle aux Bourbons, et 5uivit la ligne de con-
duite et l'exemple du maréchal son père. A ^oa
retour, Louis XVill le cliargea d'organi-
ser les hussards du nord ( 4' hussards ) et le
nomma commandeur de la Léji^ dlionarur
( i«r juin 1820) et écnyer cavalcadoor (16 no*
vembre suivant). Ou'dinot reçut en 1812 le
commandement du !«' régiment de grenadii^rs
à cheval de la garde, et le grade de maréchal
do camp, le 12 juin 1822. Son aptitude s{té-
dale à rinstmctioa et au maniement des troop<«
lui fit confier, le 17 novembre 1824, la miv
sion de réorganiser l'école de cavalerie •'*
Saumur. « Plein de respect pour de hautes in-
fortunes, » comme il l'écrivit au mini>tre de
la 0Herre, le général Oodinot résigna ses fonr-
tionsà la révolution de juillet, et ne fut rappelé
à l'activité qu'en octobre 1836, où il reçut le
commandement du corps expéditionnaire des-
tiné à venger l'écliec éprouvé i la Macta. Sa
brigade formait Tavant-garde et se dtri^ait sur
973
OUDINOT
Maskara, quand il eut la cu'sse traversée d*une
balle au combat de THabra. Forcé de rentrer
en France, il fut promu au grade de lieutenant
ginéral(3l décembre 1B35). Député deSaunow
en 1842 et 1S46» le général Ondinot vota avec
l'opposition modérée et prit la parole dans les
questions relatives au\ intérêts de Tarmée, à
l'Algérie , aux baras et au code pénal militaire.
Après la révolution de février, son dévouement
aux iniéréii de l'armée le fit désigner comme
membre de la commission de défense nationale
instituée le 7 mars 1848. Élu représentant de
Maine-et-Loire à l'Assemblée constituante, 11
prit peu de part à ses travaux et s'associa à la
ligne politique de la fraction modérée de l'Âs-
seinblée. Dès que l'organisation de l'armée des
Alpes eut été résolue, il en reçut le comman-
dement en chef (avril 1848); mais il résigna
ce poste au maréchal Bugeaud (janvier 1849)
après avoir refusé le portefeuille de la guerre,
que lui Offrit le prince-président. A cette époque.
Borne, après avoir contraint Pie IX à se réfu-
gier à Gaèle, allait attirer sur elle les forces de
l'Autriche . ce qu'il fallait empèdier à tout prix.
Le 20 avril 1849, le général Oudinol fut nommé
commandant en chef du corps expéditionnaire
de la Méditerranée, destiné à occuper les États
de TÉglise. Chargé d'une mission à la fois di-
plomatique et militaire , il réunissait les meil-
leures conditions pour la remplir dignement.
Débarquée le 26 avril à Civita-Vecchia, l'armée
française parut le 30 devant Rome. Mais le siège
de la ville, pour lequel il falhit attendre des
renforts, ne commença régulièrement que le
4 juin. En faisant établir ses batteries, le général
avait donné l'ordre précis de ne faire usage ni
de bombesyii d'obus dans la crainte de dégrader
ou d'inccnSer les monuments de la ville éter-
nelle. Au milieu des difficultés que présentait ce
siège, et que de savantes combinaisons , jointes
à l'inébranlable dévouement du soldat, pouvaient
seules surmonter, le général Oudinot sut main-
tenir intact l'honneur de nos armes, et Rome
capitula sans conditions, le l«r juillet. Deux jours
après. Tannée française y faisait son entrée :
événement considérable dans la politique eu-
ropéenne et dans le monde catholique. Le 12 juil-
let, !e général fut élevé à* la dignité de grand'-
croix de la Légion dlionneur; la municipalité
romaine lui décerna sdnsi qu'à sa descendance
le titre de citoyen romain, arrêta que son buste
en marbre serait placé an Capitole et fit frapper
une magnifique médaille à son effigie. Les habi-
tants de Rome lui offrirent en outre par sous-
criplion une épée d^honneur et ceux de Lyon
imitèrent aussitôt cet exemple. Plein de respect
|)Our le saint-père, mais également éloigné de la
iaiblesâe et de la violence, le général reçut des
lettres de rappel, et vint au mois d'août prendre
i)lace à l'Assemblée législative, où l'avait nommé
ie département de la Meoae. Seul de tons les
généraux, il réunissait les conditions voulues
974
pour le marcchalaty et sa nomination était annon-
cée pour le 10 décembre 18âl ; mais le 2 de ce
mois, un vote unanime des deux cent vingt
membres réunis à la mairie du 10« arrondisse-
ment pour protester contre le coup d'État Pa-
vait investi du commandement des troupes de
la ire division militaire et de la garde nationale.
Après avoir inutilement enjoint aux soldats,
ainsi qu'au général Forey, de lui obéir^ il fut
arrêté avec ses collègues et conduit à la caserne
d^Orsay. I; était détenu depuis quelques jours an
Moot-Valérien, quand parut au Mon Heur un
décret qui élevait au maréchalat un général qui
avait été placé sous ses ordres. Le général Ou-
dinot protesta avec énergie contre les considé-
rants de ce décret Depuis , il vit dans la re-
traite, maintenu sur les cadres d'activité comme
g^éral commandant en chef.
On a du général Oudinot : Aperçu historique
sur la dignité de maréchal de France; Paris,
1833, in-8'*; — Considérations sur les ordres
de Saint' Louis et du Mérite militaire; Paris,
1833, in-8'*; — Considérations sur Vemploi
des troupes aux grands travaux d'utilité
publique; Paris, 1839, in-8°; — De la cavO"
lerie et du casernement des troupes à che*
val; Paris, 1840, in-S"; — De V Italie et
de ses Jorces militaires; 1835, in-8'; — Des
Remontes de V armée; 184^, in-8*'; — Précis
historique et militaire de Vexpédition fran-
çaise en Italie en 1849; MarsdUe, 1849, in•8^
G. oE V.
OCD1KOT DE Recgio (Àuguste), frère
cadet du précédent, né le 3 mars 1799, à Paris,
tué à Muley-Ismail , le 26 juin 1835. Officier
dans les dievau-légers de la maison du roi,
iPfut successivement aide de camp des maré-
chaux de Feltre, Gouvion-Saint-Cyr et Lauris-
ton, capitaine dans Içs chasseurs de l'Orne, chef
d'escadron au 14^ régiment de chasseurs, puis
dans les hussards de la garde, iieutenant-oo*
lonel au 2« hussards, et enfin colonel da 2' ré-
giment de chasseurs d'Afrique. Il commandait
l'avant-garde de la division Trézel, lorsque nos
troupes furent attaquées dans un défilé par
douze mille Arabes guidés par Abd-el-Kader.
Son dévouement sauva alors la division fran-
çaise, qui eût été exposée aux plus grands
revers.
OUDINOT DE Reggio ( Chorles-Joseph"
Gabriel ), troisième fils dn maréchal , né à
Paris, le iO mars 1819, mort à Coulogne près
Calais, le 10 décembre 18S8. A la suite de onze
campagnes consécutives, Û était lieutenaat-OK
lonel du 54* réginoent d'infanterie de ligne.
^OUBIKOT OE Rkcgio ( Yictor-Auçélique'
Henri)^ quatrième fils du maréchal» a fait avec
distinction plusiears campagnes en Afrique,
celle de Rome en 1849, celle d'IUlie, et est au-
jourd'hui lieutenant-colonel du 10* régiment de
chasseurs. G. de V.
Dict, des Contemp.
975
OUDOT —
OCDOT (CharleS'François) 9 homme poli-
tique français, né à Moite en Bourgogne, le 4 avril
t75ô, mort à Paris, le 12 avril 1841. Destiné à
là magistrature, il devint en 1777 substital da
pi'ocureor général au parlement de Dijon, et
après avoir été nommé en 1790 commissaire du
roi près le tribunal de Beaune, il Tut élu, en
1791, à l'Assemblée législative. Élu membre à
la Convention nationale , il vota la mort de
Louis XVI, sans appel et sans sursis.* Envoyé
en mission dans le Calvados, pour y rétablir la
tranquillité, il fut absent de Paris lors de la dis-
cussion et du vote de la loi du 17 septembre
contre les suspects, dont Tabbé de Montgaillard
le désigne pourtant comme l'un des promoteurs.
A son retour, il présenta comme rapporteur le
travail de révision de la loi contre les accapare-
mente, et vit consacrer par la loi du 2 avril
i794 les nouvelles dispositions qu'il proposait
Après la chute de Robespierre , il prit la défense
des anciens membres du comité de salut pu-
blic , et il demanda la création d'un tribunal in-
dépendant du corps législatif et qui connaîtrait
des accusations de crimes d'État portées contre
les représentants du peuple. Réélu an Conseil des
Cinq Cents, il fut chargé de divers rapporte, et
se prononça pour Tëxclusion des nobles de tous
les emplois publics. Nommé secrétaire, il intro-
duisit pour la fidèle reproduction des séances
l'emploi de la sténographie, améGoration qui fut
aussi bientôt définitivement adoptée. 11 sortit de
ce conseil en 1792, et l'année suivante le Direc-
toire le nomma juge au tribunal de cassation, en
remplacement de Gohier. Le sénat l'y appela
comme juge à vie, en 1800. Excln sous la res-
tauration au commencement de 1815, il reprit
son siège pendant les Cent-Jours. Atteint par la
loi du 12 janvier 1816, dite d'amnistie, il se
retira à Bruxelles (on nous l'avons vu quelques
fois, chez le jurisconsulte Merlin ), et ne revint en
France qu'après la révolution de 1830. On a de
lui : Opinion sur le procès de Louis XV i; 1792,
in-8*;— Projet d'organisation judiciaire ci-
tfiUf présenté au Conseil des Cinq Cents, au
nom delà Commission de la classification des
lois; Paris, Impr. nation., nivOse an t, In-S**;
— Théorie du Jury, ou observations sur le
jury etsur les institutions judiciaires erimï-
nelles, anciennes et modernes; Paris, 1843,
in*8^^ : Fauteur avait laissé à un ami le soin de
publier cet ouvrage, dont il avait donné deux
extraite assez étendus aux articles /ury et Pro-
cédure secrète de V Encyclopédie moderne de
Courtin, édition de Bruxelles. £. Regnaro.
JVoMctf tur la vie de Tauteur^ en (été de la Théorie du
furjt. " Camus, 0<6{io<A., eAoiite du tivre^ dé droU.
otTDRAADT (Jean), en latin Gerolndus,
théologien hollandais, né en 1540, à La Haye,
mort le 14 février 1606, à Utrecht. Admis en
Î566 au ministère, il fut pasteur en diverses
églises, notemment à Flessingue (1580) et à
Utrecht (1590). Il a composé divers ourragcs,
OUDRY 976
parmi lesquels nous citerons : Waaraglig ver-
haal van den staat der gereformeerde Kerie
(Histoire des églises réformées de la province
d'Utrecht); Utrecht, 1603, in-8*.
Van der Aa^Biograph, fFoordenboék der Ikderlamdak.
OUD&T ( Jean-Baptiste ), peintre et graveor
français, né à Paris, le 17 mars 1686, mort à
Beau vais, le 30 avril 1755. Son pèn;, Jacques
Oudry, mattre peintre et marchand de tableaax
étebli sur le pont Nof re*Danie, après loi SToir en-
seigné les premiers élémente de son art, l'en-
Toya à l'école de la maîtrise de la confrérie de
Saint-Luo. J.-B. Oudry passa de là dans l'ate-
lier de De Serre , peintre des galères du roi à
Marseille, et enfin dans fcelui du célèbre Laip}-
lière* L'assiduité au travail du jeune Oudry, les
dispositions qull montrait pour son art lui atti-
rèrent bientôt l'affection et toute la confiance
de son nouveau mattre. Celui-ci ^ le cbarBet
entièrement du détail de ses affaires domes-
tiques; il le logeait, le faisait manger>v6c lui,
et leurs entretiens étaient autent d'utiles et de
sages leçons. Si M. Largillière avait quelques
têtes intéressantes à peindre , pour loi manfoer
de plus eu plus son amitié, il le faisait tenir à
côté de lui, l'instruisait des motifs de ses |»t>-
cédés, dont chaque conp de pinceau deTeoait la
démonstration (1) <*.
Après trois années de ces études sérieuses,
Oudry se fit recevoir à la maîtrise de Saint-Loe,
dont son père était alors directeur, le même jour
(21 mal 1708) que deux de ses frères; par dé-
rogation aux usages de cette compagnie , il ne
présente son morceau d'admission que depx mois
après sa réception, le 19 juillet 1708. Reçu
maître peintre, il s^adonna d'abord à la peinture
des |)ortrait8. « Un jour qu'il avail peint un
chasseur avec un chien près de lui , M. Largil-
lière, à qui il montra son ouvrage, fit peu d'é-
loges du chasseur, mais il loua beaucoup le
chien : il lui conseilla en même temps de quitter
le genre du portrait pour se livrer aux genres
des animaux et des fruits, pour lesquels il parais-
sait avoir plus de dispositions (2). »
Du moment où il suivit ce conseil Oudry avait
trouvé sa voie. Ses oommenc«mente furoit nén-
moins très-pénibles; il s'était marié tort jeune
avec M"* Froissé, fille d*un miroitier, à laquelle
il avait donné des leçons et qui faisait des copies
avec quelque succès ; la jeune femme aidait son
mari dans ses travaux. « La première année le
travail réuni du mari et de la femme ne leur
produisit que 900 livres; ils doublèrent cette
somme Tannée snirante. Quand la répotatioo
de M. Oudry était faite, il gagnait jusqu'à 1 0,000
livres par an , sans compter le produit de ses
places et de ses logemente. Le tout réuni poo-
(1) Fie de M. Oudrg, pelDtre et profctteor de TAcadé*
mie royale de peinture, par Loals Gougenot, lue ca
•èaoee de l'Académie, le 10 férrier ITSI, Sutt lês
moires inédiU det Acadéwtieêent.
m U>ld.
977
OUDRY
vaîtlui pruciircrnn revenu de 18,000 livres (1). »
Mais auparavant H était réduit à travailler « pour
le .pont Notre-Dame » et à se charger de tout ce
qui se présentait à lui. C'est à cette époque qu'il
fit divers tableaux d'église. Au mois de mai 1714
il fût adjoint à la maîtrise et nommé professeur le
i*** juillet 1717 ; le 26 juin de la même année il fut
agréé à l'Académie royale, et deux ans plus tard,
IcaSS février 1719, reçu définitivement, sur la
présentation d'un tableau de V Abondance avec
ses attributs. Sa réputation ne s'étendait ce-
pendant pas à cette époque en dehors d*un cer-
tain cercle d'intimes et d'artistes. Son ami Massé,
habile peintre en miniature, lui procura la con-
naissance de M. de Beringhen, premier écoyer du
roi ; celui-ci le présenta au roi , et ainsi « le tira
de dessous le rideau sous lequel il avait été pour
ainsi dire caché jusqu'alors ». Oudry obtint aussi-
tôt diverses commandes du roi , un logement au
LouTre et un atelier aux Tuileries. Peu à peu
la fortune vint à lui. 11 fut chargé d'importants
travaux pour la maison que possédait à Fonte-
nay-aux- Roses Tintendant des finances Fagon.
Précédemment il avait eu à faire le portrait du
czar Pierre 1®'. Pierre fut tellement satisCiit de
cet ouvrage qu'il voulut en emmener l'auteur en
Russie. Plus tard celui-ci eut également à re-
pousser les offres qui lui furent faites de se fixer
en Danemark. En 1734, Oudry accepta l'entre-
prise de la manufacture de tapisseries de Beau-
vais, en association avec un sieur Besnier. Il di-
rigea ainsi pendant vingt ans le travail artistique
de cet établissement, et fit un grand nombre des
dessins de.« tapisseries qui furent exécutées pen-
dant ce temps. En 1736 il fut nommé inspecteur
des Gobelins ; on peut voir dans la Notice his-
toricité sur les manu/actures impériales des
tapisseries des Gobelins, etc., le récit d'un long
démêlé qu*il eut avec les entrepreneurs de cet éta-
blissement sur les principes de l'art du tapissier.
C'est dans l'appartement qu'il occupait pen-
dant ses visites à la manufacture de Beauvais
qn'Oudry fut frappé d'apoplexie, le 3 avril 17à5.
11 avait succédé à De Troy comme professeur à
l'Académie, le 28 décembre 1743, et en cette qua-
lité il fit deux conférences très-remarquables :
Tune, sur la manière d'étudier les couleuis, a
été publiée; l'autre, sur les soins qu'on doit ap-
porter en peignant, est restée inédite. Malgré les
grandes occupations que lui imposaient les fonc-
tions qn'il remplissait aux Gobelins et à Beau-
vais, il a exécuté une quantité considérable de
tableaux et de dessins ; Gougenot en porte le
nombre à 178, pins 36 dessins de tapisseries. Le
musée da Louvre possède 8 tableaux d'Oudry ;
il a exposé aux salons de 1737 à 1761. On lui
doit encore 275 dessins qui ont été gravés pour
l'édition des fables de La Fontaine (2), et 75
(i) FlBâe M. Oudry, etc.
(I) Paris, 1780, » TOl. in-fok Ces denios Tlennent'd'étre
compriii dans la vente de la belle blbUottièque de M. F.
Solir, novembre 1860.
— OUEN 978
estampes gravées à l'ean-forteavec infiniment de
goût et d'esprit. Sur ces 75 gravure^), 21 pièces
ont été faites pour le roman comique, 46 appar-
tiennent à l'ouvrage dont voici le titre : «< Rébus
ou Logoçriphes,déâ\é à S. A. R. M»® la duchesse
de Berry, se vend à Paris, chez l'auteur, sur le
pont Notre-Dame, au Soleil d'Or et rue Saint-
Jacques vis-à>TisIa rue des Mathurin$,au Mé-
cenas. »
Oudry avait formé dans l'atelier qu'il occupait
aux Tuileries, dans la cour des princes, une im-
portante collection de tableaux , vases et curio-
sités, dont la vente, faite après son décès avec
celle de ses dessins, produisit plus de 40,000
livres. Il eut treize enfants, de son mariage avec
M"* Froissé. Une de ses filles épousa M. Boizot,
peintre de l'Académie, dessinateur aux Gobelins ;
son fils atné fut architecte. Le second, Jacques-
Charles Oudry, né en 1720, mort à Lausanne, au
mois de septembre 1778, fut reçu membre de
l'Académie le 31 décembre 1748. 11 exposa aux
salons de 1748-1750 et 1751; il résida long-
temps à Bruxelles, où il remplit la charge de
premier peintre dn prince Charles. H. U— h.
Notice sur la v{« de M. Oudry ^ par Gougenot, dans
les Mémoire» iné^U des membres de Vdeademiê de
peinture et de sculpture. — F. VUlot, Notice sur les ta-
bleaux exposés dans les galeries du Musée du Louvre.
— Robert DumesnU, Le Peintre graveur français, etc., etc. .
OUBL. Voy, HOWEL.
OCBN (Saint), en latin Audoenus, prélat fran-
çais, né en 609, à Sancy, près de Soissons, mort
à Clichy-la-Garenne, le 24 août 683. Fils d'Au-
thaireet d'Aige, Ouen, que l'on connaît aussi sous
le nom de Dadon, passa son enfance à Ussy-sur-
Mame, dont ses parents possédaient la seigneurie ;
après avoir fait ses premières études dans le mo-
nastère de Saint-Médard, il trouva place à la cour
du roi Clotaîre II. Devenu référ^daire ou chan-
celier sous Dagot>ert 1'% il fit alors la connais-
sance de saint Éloi, et se lia avec lui d'une amitié
si étroite, qu'ils n'eurent plus «qu'un cœur et
qu'une âme ». Par son conseil, il fonda en 634
l'abbaye de Rebais, au diocèse de Meaux ; et cé-
dant lui-même à sa vocation religieuse, il entra
dans les qrdres, et Dieudonné, évéque de Maçon,
lui conféra la prêtrise. A son retour d'une mis-
sion en Espagne, il fut élu archevêque de Rouen,
et l'opinion la plus générale fixe son sacre au 21
mai 640. Ce jour-là même, saint Éloi était
sacré pour occuper le double siège de Noyon et
de Tournai. Le diocèse de Rouen, où se trouvaient
encore des cantons barbares , changea de face
sous l'administratfon de saint Ouen, qui déploya
le plus beau zèle à instruire son peuple, à em-
bellir, à orner les églises et à établir des mo-
nastères. Il assista au concile de Cbêloos-sur-
Saône (25 octobre 644). Le pape Martin V
ayant demandé en 651 au roi Clovis II quelques-
uns des plus savants évêques de ses États pour
les envoyer à Constantinople avec la qualité de
légats dans l'afTaire du monothélisme, saint Ouen
et saint Éloi furent désignés à cet effet; mais des
070
OITEN — OULTREMAN
9S0
(ibstacles, queThiâtoire n'a point révéléSy les em-
pêchèrent de faire ce voyage. Saint Ouen sous-
crivit à de nombreuses chartes en faveur des
églises et des abbayes. Après la mort d'Ébroîn,
le roi Tbierri 1'*^, à la suggestion de Warato,
nouveau maire du palais» envoya saint Ouen à
Ck>logne pour y négocier la paix a\ec Pépin, dac
d'Aastrasie : l'ambassadeur franck parvint à ré-
tablir la bonne intelligence entre les deux États;
mais k peine était-il arrivé à Ciichy» où le roi de
Neustrie tenait sa cour, pour rendre compte à ce
prince du résultat de sa négociation , qu'il y
mourut, épuisé par Tâge et par les fatigues. Son
coips fut transporté à Rouen, où onUubumadanâ
Téglise abbatiale de Saint-Pierre, qui prit dès lors
le nom da saint prélat On a de saint Ouen : la
Vie de saint Eloi , Tun des monoments histo-
riques les plus authentiques qui nous soient res-
tés du sepàème siècle. Écrite d*un style clair et
simple, renfermant divers traits qoi représentent
les coutumes et les anciennes mœurs de la na-
tion française, encore au berr<eau, cette œuvre
resta manuscrite dans un assez grand nombre
d'églises et de monastères jusqu'à ce que Surius
Teut publiée, en majeure partie dans son recueil,
mais avec de regrettables mutilations. Duclte^ine,
en son premier volume des historiens de France,
y a puisé ce qu'on y trouve sur saint Éloi. Dom
Luc d'Achery ayant découvert deux manuscrits,
l'un provenant de la bibliothèque abbatiale de
Corbie , l'autre de celle de Concties en Norman-
die, compara avec soin ces deux copies, et donna
en 1661 Tœuvre entière de saint Ouen, dans le
tome V de son Spicilége, Ghesquière {Acta
sanetorum Belçii, t. 111, p. 294 à 331 ) édita
en 1785 la Vie de saint ÉM, mais après l'avoir
coilationoée avec le plus grand soin au moyen
de divers maDuscrits qui faisaient partie de la
riche collectioa des fiollandistes, à Anvers. Cette
Vie a été traduite en français d'après ces diverses
éditions , par Louis de Montigny, archfdiacre de
Roy on, Paris, 1626, in-S**; par un auteur ano*
nyme ( Lévesqoe , prêtre attaché à la cliapdle
dés orfèvres), Paris, 1693, in-S** ; par M. Charles
deBartliélemy, Paris, l»47,in-8<', et par M. l'abbé
Parcnty, chanoine d'Arras , Arras , 1 851 , in- 1 2.
Ces deux dernières traductions sont accompa-
gnées de nombreuses notes, non moins curieuses
que savantes. — On attribue à saint Ouen la Vie
de saint Rémi^ conservée manuscrite dans l'ath
baye de Saibt-Gall. H. Fisquet.
Galléa christiam, t XI. - HW. littér. de la France,
t. m, p. 6lS-es8. — Pommeraye, Hist. de Fabbave de
Saitit-Oven. — Hitl. des archev. de ilowcn. — France
pontificale. — U Coin te, Ann. eecl. de France.
OUGHTRED (William), mathématicien an-
glais, né le 5 mars 1&74, à Eton, dans le comté
de Buckingham, mort \e 30 juin 1660. Ayant
étudié la ttiéolqgte en même temps que les
sciences exactes, il fut nommé, en 1610, ministre
d'Albury, près de Guiiford, dans le comté de
Surrey. Ses fonctions ne l'empêchèrent pas de
se livrer à reose^ement et de former des élèves
distingués. De ce nombre fut le jeune lord ^11.
liam Howard, fils du comte de Surrey, pour le-
quel Oogbtred écrivit un traité intitulé Arith-
mettes in nymeris et speciebus instituiio,
qux tum logisticWf tum analyUcx^ atqve
adeo totius matbematicx, quasi clavis tit
(Londres, 1631, in-8"). On y Irouve l'exposé dn
procédé de multiplication abrégée généralemeôt
connu souiile nom de règle d'Oughtred. Ultra-
royaliste, Oughtred mourut, dit-on, de rémotfon
qu'il éprouva en apprenant le rétablissemeat de
Charles II ; il avait alors plus de quatre-vingt-
six ans. L'ouvrage que noua venons de citer fat
traduit en anglais par son auteur sous ce titre :
The key of maiJtemalicks^ new forged and
filed : together with a treatise of the resolv-
tion oj ail kinde of affected xquations in
numbers ; with the rule of compound usury;
and démonstration of the rule oJ /aise po-
sition. And a most easie Art of delineating
ail manner of Plaine Sun-Dyalls. Geome-
trically tought by Will. Oughtred (Londres,
1647, in- 80). A la suite du titre de cette der-
nière partie, on lit : Invented by the au/hor,
beiween 22 and 23 yeares o/his âge. Le mente
ouvrage a été réédité plusieurs fois en latin sons
le nom de Clavis mathematica, etc. (Londres,
1648, in-8»; Oxford, 1652, in-8'*; Oxford, 1667,
in-S**). Les éditions d'Oxford contiennent de
nombreuses additions (l). Enfin un choix des
manuscrits d'Ougbtred a été imprimé après sa
mort, sous ce titre : Opuscula mathematica
hactenus inedita (2) (Oxford, 1677, in-8*). On
cite encore de lui quelques ouvrages purement
littéraires écrits dans un latin très-élégant. £. M.
MoDtferrier, Dictionnaire dei seiencet matkematiqnet.
orLTREMAïf (François- Henri n'), histo-
rien français, né le 22 août 1 546, à Valenciennes,
où il mourut, le f octobre 1 605. Originaire de
Gand et issu d'une famille dont le nom flamand
est Outermans on Woutcrmans, il fit ses études
à l'université de Louvain, et fut, jeune encore,
admis au conseil de ville de Valenciennes, où il
parvint à la place de prévôt. On a de lui : His-
toire de la ville et comté de Valentiennes ;
Douai, 1639, et 1640, in-fol.; Talenciennes,
1687, m-fol. : édité par Pierre d'Oultrcman, soo
fils; ^ Triumphus et specfacula serenissimis
Belgarum principibus Alberto et Isabella^
in dvitate Valentinianay édita; Anvers»
1602; -^diverses pièces de vers latins, notam-
(1) O sont lei traltéi iiil?ants t JSqnetionmm <^eo»
twm retoitUio : «M etiam nmlta de LofforttknHmum
usm tiiterferuntur. Eletnenti deeimi EuclUis dedama-
tlo. De soUdis regularWus tractatw. De anator%i»o
sive «fiera comporta. BeçnlafaUx poeUiania, Tàetre-
mutum Jrekimtdit, de tphstra et eifltnéro, âedmraiio.
Horoloqiographia Ceometrica.
(S) Cette publication comprend : inititmiones wt^h»-
niex. De varU§ eorperibue ffeneribmê çraitUatett wm-
çnitttdineeomparaUt. Âutomaîa. Qumttiones Diophanti
yélexandrtni lÀbri très. Detriannulis plants rectamvlts.
De éivisione super/Ictorum. Muricm &ememtm. He
Propvffnaadorum Wvnitionibus. De Se^Moiùèms an-
gularUms tractatus analgticus.
9S1
ment OB Chant funèbre but la mort d'Krama.
auel de Laliting, marquis de Renty. Son buste
en marbre, par Pierre de FranqueviUe, est au
musée de Vâlenciennes. H- F-
Valérc André, Biblioth. belçica, t. I, p. 4M et «•
orLTEBMAN {Philippe d'), fils du précé-
dent, né eu 1585, à Vâlenciennes, où il mourut,
le 16 mai 1652. Entré en 1607 dans la Compa-
gnie de^Jésus, il se Rvra pendant vingt-six ans
h la prédication, et a publié deux ouvrages ascé-
tiques, savoir : Le vrai chrétien catholique,
Saint-Omer, 1622, in-S"; traduit en anglais,
1623, in-S*»; — Le pédagogue chrétien, t. I;
Luxembourg, 1629, in-8«; t. Il et lïl. Mens,
lfr'«5 eVt650, in-8»; Rouen, 1704, in-4*», aug-
menté et retouché par le P. BrignoB, et en fla-
mand , ÂBTers, 1637, in-8<». Ce dernier ouvrage
a depuis été souvent réimprimé ; l'auteur pro-
mettait un quatrième volume, mais la mort
âVmpêcha de terminer ce travail , qui contient
beaucoup d^anecdotea historiques. H. F.
Valèrc- Andrd, Bibliot. belgiea, t. H, p. 10*1. — D«
B;irk.r, BUblioth. det écrivains de ta Cie de Jésus,
orLTRBMAiff (Pierre d'), historien français,
né en 1591, à Vâlenciennes, où il mourut, le
23 avril 1656. Le plus jeune des fils de François-
Henri , il entra chez les jésuites en 161 1, s'y fit es-
timer, et exerça d'abord avec succès le ministère
de ia prédication, que la faiblesse de sa santé le
força d^abaodonner pour se livrer à l'étude de
l'histoire. Outre la publication de V Histoire delà
ville et comté de Vâlenciennes, par son père,
et qu'il augmenta considérablement, on a de lui :
Tabulœ vitarum tum beaforum, tum illus-
trium virorum societatis Jesu; Douai, 1622,
in-go; — Vie de Pierre VBermite, ou brief
recueil des croisades et entreprises pour la dé-
livrance de la Terre Sainte ;Moni, 1632, ln-12 ;
Vâlenciennes, 1632, in-S"; Paris, 1645, in 12 :
édition contenant la Généalogie de Vancienne
maison de Cff ermite; — Constanfinopolisbel-
gica, sive de rébus gestis à Balduino et Benr
rico, imperatoribus Constanttnopolitanis,
ortu Valentianensibus Belgis, ab anno 1171
ad annum 1207, libri ^Min^we ; Tournai, 1643,
in-^". Cet ouvrage est fort i^tile à consulter,
bien que son auteur, tout en complétant et rec-
tifiant les récits de Viilehardonin, à Taide des
chroniqueurs contemporains, soit lui-même
tombé dans des erreurs assez graves; — Amùr
in creaturas effnsus ; tWle, 1651, fai-fol.; —
et quelques antres ouvrages ascétiques oobllés
aujourd'hui, et dont on trouvera les titres dans
la Bibliothèqtte des écrivains de la Compit-
gnie de Jésus^ par de Backer. H. F.
Sottwel, BibUoth. scripfor. S. /. - Valère Andté,
BUttioth. Belgica, t. Il, p. 99?.
OVRBT {E. -T. -Maurice), littératenr dra-
matique français, né en 1776, à Bruyère*le-
Châtcl , près d'Arpajon , mort à Paris, le 19 fé-
vrier 1843. Il débuta dans la carrière des let-
tres en donnant, avec Barré, en 1798, an théâtre
•lu Vaudeville, La Danse interrompue, qoî
OULTREMAN — OUTHIER
9S1
obtint un grand succès. Il y fit ensmte jouer :
Les deux Sourds; Arlequin charlatan; La
Ligue des/emmes ; Le Loupçarou ; Aes Époux
de trois jours; La Chevalière d'Bon; Le
Mari par hasard; Crispin financier; Quitte
à quitte, etc. il donna à l'Odéon, avec Cba-
zet, en 1805 : Le Mari juge et partie, comédie
en un acte et en vers, et, en 1809, Le Fils par
hasard, comédie en cinq actes et en prose. On
a encore de Ourry : Malesherbe à Saint- De-
nis, poème élégiaque, qui a remporté, en 1815»
le prix proposé par La Quotidienne pour le
meilleur éloge de Louis XVI, in* 12 ; *- Poèmes,
Poésies fugitives , Romans, Chansons, etc.;
1816, in-8"; — V Enfant lyrique du carno'-
val; 1816 à 1818, 3 vol. iB-18; — Soirées dra-
matiques de Jérôme le porteur d'eau ; 1817
et 1«18, iû-18; — La Peste de Barcelone,
ou le dévouement français y^mt, 1821, in-S**.
Un grand nombre de chansons dans les recueils
du Caveau et des Soupers de Mcmus, Il a été
longtemps le principal rédacteur du Journal de
Paris et a édité le liiouveau Caveau, 1818 à
1827,9vol.ln-18. G.n£F.
I>anlel, Biographie de SHne-^Oise,
OURS EL {Jean-Henri), littérateur français»
«né à Dieppe, en 1725, mort le 12 septembre
1814. Il remplissait la charge de proenreur du
roi à la maîtrise des eaux et forêts dans sa ville
natale lorsque la révolution vint le priver de
son emploi. U ne s'occupa le reste de sa vie
que de travaux littéraires. On a de lui : Dis-
cours sur les avantages que le mérite retire
de Venvie; 1760, in-4''; — Les talents sans
étude peuvent'ils produire le beau? 1751»
in^** : couronné par l'Académie de Pau; — Ré-
flexions sur V homme, ou examen raisonné du
discours de M, Rousseau (de Genève) sur l'O-
rigine et les fondements de VinégaHté parmi
les hommes (Amsterdam, 1755, in-8*'). Ces
Réflexions ont été publiées sous l'anagramme
de Jean -Henri Le Rous, conseiller du roi de
France; Genève (Bouen), 1758, in- 12;,— Es-
sais de géométrie, 1804, dans lesquels l'auteur
traite de la résolution de différents problèmes
avec la seule règle et le compas.
Jean Oorsel, de la même famille, libraire
à Rouen, a écrit Les Beautés de la /Normandie,
ou Vorigine de la ville de Rouen et deê
autres villes de la province; Aouen, 1700,
in- 12. A.
Uém. de F Académie âk AMmii (18M). — Qtràrard , lA
France mtérairê,
OVSEL. Voy. OiStL.
ovrmmR {Réginald on Regnauld), astro-
nome français, né le 16 ao6t 1694, à La Marre-
Jousserans (Jura), mort à Bayenx, le 12 avril
1774. Après avoir étudié à Poligny, à D<Me et à
Besançon, il embrassa la carrière ecclésiastique»
et fut nommé vican^ à Montai», près de Loos-
le-Saulnier, où il commença à se livrer avec un
tel sniacès à son goût pour les observations as-
983
OUTHIER —
troDomiqaes, que rAcadémie des sdenceR
de Paris le nomma ( 1*' décembre 1731 ) Tan de
ses correspondants. On le sollicita alors de ve-
nir à Paris et de présenter à l'Académie un
globe remarquable qu'il avait imaginé en 1726.
Ce globe mouvant fut exécuté par J. B. Ca-
tin, du Fort du Plasne, son compatriote, et est
figuré dans les machines de TAcadémie, sans
description ; il a cinq pouces de diamètre, et le
mouvement des nœuds de la lune y est exprimé.
Tbiout, dans son grand Traité d'horlogerie, fait
reloge de ce globe. Outhier vint donc à Paris
en 1732/ et fut chargé de lever des plans, de
calculer des triangles pour la grande carte de
France; mais M. de Luynes, évéque de Bayeux,
depuis cardinal, se l'attacha et le nomma son
secrétaire. En 1735« on le chaiigea d'accompa-
gner Manpertuis pour la mesure du degré au
cercle polaire, et au retour de cette expédition
scientifique , dont il rédigea le journal, il obtint
nue pension de douze cents livres. En 174S, il
devint chanoine de la cathédrale de Bayeax, et
résigna ce bénéfice en 1767, pour se livrer tout
entier à l'étude. Plusieurs académies l'associèrent
à leurs travaux. On a de cet astronome : Jour-
nal iVun voyage au Nord fait en 1736 et 1737;
Paris, 1744, in-4«, avec dix-huit cartes on plan-
ches, dessinées par l'auteur; Amsterdam, 1746,
in-12, fig. Cet ouvrage, connu de peu de per-
sonnes, est bien plus instructif que celui auquel
Maupertuis doit son plus beau titre à la célébrité,
quoiqu'il n'y ait contribué que pour un quart
tout au plus. Le journal d'Outhier renferme sur
les mœurs et les usages religieux des Lapons
des détails aussi curieux qu'intéressants. Le Re-
cueil des savants étrangers de V Académie des
sciences contient de lui les travaux suivants :
Sur une nouvelle quadrature par approxi-
mation (t. Il, année 1755); » Carte des
Pléiades dont la position de trente-cinq princi-
pales étoiles est déterminée par les observations
de M. Le Monnier, faites en 1744, 1745, 1746 et
1748. Les autres étoiles qui suivent ont été pla-
cées par estime dés distances et par des aligne-
ments tirés aux premières étoiles dont la posi-
tion était connue (même volume); — Ohser*
valions météorologiques faites à Bayeux en
1756 (t. IV, 1763); — Observation du pas-
sage de Vénus, faite è Bayeux, le 6 juin 1761,
avec une lunette de 36 pouces, garnie d'un mi-
cromètre, dont chaque tour de vis est divisé en
quarante-deux parties (t IV, 1774); — Obser-
vation de Véclipse de lune du 8 mai 1762, au
matin, faite à Bayeux (t. IV, 1774). — Cartes
iopographiques de tévéché de Bayeux, en deux
feuilles; — Cartes de Vévéché de Meaux et de
Varcheviché de Sens. H. F.
Ulande, BibUoçr. asiron., p. 41». - Méwwiret de
l'jtead. dei teienees. - Qaénrd » La Fntncê Uttératre,
OUTREMBUSE (Jean DBS Prex, dit d'),
chroniqueur belge, né à Liège, le 2 janvier 1338,
nK>rt vers 1399. Appartenant à une famille cé-
OUTREMEUSE 994
lèbre dans l'histoire de Liège au moyen âge (l),
il était notaire, audiencier à la cour de Liège et
comte palatin. Lors des dissensions qui écla-
tèrent dans cette ville entre les partisans dX'r-
baln VI et de Clément VII, il fut chaîné de faire
une enquête à ce siyet. Au dire de Fisen, dans
le complot formé par les ClémentiKs, il était
désigné comme l'un des personnages qui devaicot
être assassinés les premiers, ce qui doit faire
admettre qu'il avait alors une grande infloence.
L'évéque Amould de Home l'appelait Movent
près de lui, afin de le rendre témoin de &îb
dont il devait écrire le récit* Jean d'Ontremeiise
est auteur d'une chronique en vers, et dHuie
chronique en prose divisée en quatre Uvres,qni
s'étendent depuis la création du nxmde josqa'fn
1399 : le quatrième livre» qui comprend le temps
écoulé de 1341 à 1399, parait perdn. Ce travail
offre surtout de l'intérêt à dater du douzième
siècle, et les renseignements qu'il donne sur ks
événements dont la Flandre, l'Angleterre et la
France furent le théâtre sont d'autant plus pré-
cieux que l'auteur les puise dans les chroniques
de Hugues de Pierrepont et d'Enguerrand de
Bar, restées inconnues jusqu'à ce jour. La oooi-
mission royale d'histoire (de Belgique ) a chargé
de la publication ie l'œuvre du chroniqoeiir
liégeois l'un de ses membres, M. Ad. Borgnet,
qui doit d'abord mettre au jour avant la fin de
cette année (1861) la chronique de Jean de Sta-
velot (voy. ce nom), formant la continaation
de celle de Jean d'Outremeuse, et dont l'impres-
sion est achevée. La chronique en vers de Jean
d'Outremeuse, antérieure à sa chroniqne en
prose, mais qui conserve de l'intérêt pour l'his-
toire littéraire, sera imprimée comme appendice
à la partie correspondante de la chroniqne en
prose. Ces publications entreront dans le C017»
de chroniques liégeoises, compris dans la Col-
lection de chroniques belges inédites, éifitée
par ordre du gouvernement belge. Jean d'Oo-
tremeuse est auteur d'un autre ouvrage manus-
crit intitulé : La Schience des pierres pré-
cieuses. Le baron de Crassier, célèbre antiquaire
liégeois, en possédait un exemplaire ayant pour
titre : Le Trésorier de philosophie naturelle
des pierres précieuses, et qui se trouve au-
jourd'hui à la Bibliothèque impériale de Paris
(ms. suppl. franc., n*' 98'®). La Inbliothèque
royale de Belgique conserve deux manuscrits de
la chronique en prose de Jean d'Outremeuse, et
M. Ulysse Capitaine a donné dans le Bulletin
du Bibliophile belge (2e série, t. Ul, p. 169)
la liste des ouvrages de ce chroniqneor qui
depuis 1754 ont figuré dans les prindpales ventes
publiques de livres faites à Liège. E. Regaam).
Ptsen, BMoria Leodimsit: Uége, ICM. In-foL, M.
▼I» a« 18, p. lit. — M. L. Polatn, Jean «rOvfrenmw.
dâos les Mélanges kUtoriquet et UU,; IMffe. ISM, liM*
(I) Cette IkmIOe oeeapait dans cette vUle presque tMt
le quartier ^Outre-Meuâ»; ce qnt. «ans doote, aura Iktt
donner A ^ean des Près le suraoD aons leqbet U est
eonno.
985
OUTllEMRUSE — OUVRARD
986
-> Rapports de M. Ad. Boi^net. dans les SuUelins de la
commission royale ^hlgMrê { de Belgique ), i* a^rle,
t.vill. n*« 1 et 1.
OVTRBPONT (Charles-Lambert d'), juris-
consulte et homme politique belge, né à Henre
(Limbourg), le 16 (1) septembre 1746, mort à
Paris, le 4 mars 1809. Il était depuis 1771 avo-
cat au conseil souverain de Brabant, lorsque la
révolution brabançonne éclata ; il se montra fa-
vorable aux principes sur lesquels elle s'ap-
puyait; mais la direction que lui imprima bientôt
Tinfluence cléricale trouva dans d'Outrepont un
adversaire déclaré. Lors du rétablissement du
régime autrichien , d'Outrepont Reprit l'exercice
de sa profession. Après la seconde invasion
française , il devint membre de l'administration
centrale de la Belgique, et fit partie de plusieurs
commissions administratives. Après le 18 bru-
Riaire, il fut appelé par le sénat à siéger au tribu-
nal de cassation. On a de lui : Essai historique
sur Voriginedes dimes; 1780,in-8° (anonyme) ;
— Discours sur l'autorité du droit romain
dans les Pays-Bas , pour servir de réponse
à la question : Depuis quand le droit romain
est-il connu dans les Pays-Bas autrichiens , et de-
puis quandya-t-il force de loi? Bruxelles, 1783,
in-4* : travail auquel l'Académie de Bruxelles
avait accordé un accessit, en 1782; — Défense
de TEssai historique sur l'origine des dîmes;
Liège, 1785, in^*" (anonyme) : réplique à la réfu-
tation publiée par Tabbé Ghesquière sous le titre
de Lettres historiques et critiques pour scT'
vir de réponse à TEssai historique sur l'origine
des dîmes; Utrecht, 1784, in-8»; — Des em-
pêchements dirimant le contrat de mariage
dans les Pays-Bas autrichiens ^ selon Cédit
de Vempereur Joseph II, du 26 septembre
1784 ; Bruxelles, 1787, in-8*. Tous ces écrits ont
été rois à l'index par le clergé belge. E. R.
T)e Becdell^Tre , Biographie liégeoise.
OUTRBPONT ( Charles-Thomas - François
n') (2), littérateur français, fils du précédent,
né à Bruxelles, le 26 juin 1777, mort à Paris,
le 4 avril 1840. Il entra dans les droits-réunis ,
où il devint sousHshef; mais après la mort de son
père il se démit de cet emploi. Une lettre, trouvée
après sa mort dans ses papiers, annonçait à sa
famille qu'il avait penlu sa fortune dans des
spéculations de bourse. Ses principaux ouvrages
sont : Dialogues des mor/s, suivis d'une Lettre
deJ.'j, Rousseau, écrite des Champs-Elysées,
à M. Castil-Blaze; Paris, 1825, in-8*; d'après
cette lettre, les deux tiers à peu près des articles
^^'Dictionnaire de musique de Castil-Blaze
sont empruntés à celui de J.-J. Rousseau ; — j
La Saint' Barthélémy, drame en plusieurs |
scènes; Paris, 1826, in-8»; — La Mort de
Benri III, ou Les Ligueurs, drame en plu- |
sieurs scènes ; Paris, 1826, in-8*; — La Mort \
(1) Le 10, sulTant !a BiograpMe liégeoise,
9) D'Outrepont. qne nous ayons connu, n*a Jamais ■
porU; le titre de comte qae loi donnent quelques bio-
graphes. *
de Charles /«^» roi d^ Angleterre , drame en
quarante-deux scèn^; Paris, 1827, in-8^;—
Promenades <f un solitaire; Paris, 1828, in-S**;
— Huascar, ou les/rères ennemis, drame en
cinq actes; Paris, 1829, in-S** : le sujet est
tiré de l'histoire du Pérou ; — Mélanges ou suite
des Promenades d'un solitaire; Paris, 1830»
in-S'*; — Caius Caligula,drame en cinq actes;
Paris, 1833, io^* ; — Discours sur les rois de
Rome; Paris , 1833, in-8°. 11 a lais&é manuscrits
un drame, Jules César ^ et un ouvrage intitulé :
Morale et philosophie.
Son frère, ThéodorcGustave D'Oumzfom ,
né à Bruxelles, en 1779, mort à Paris, le 7 avril
1832, était capitaine de cavalerie lorsque, sous
la restauration , il fut mis à la retraite. Il a
laissé : Àlmanach des guerriers français; Pa-
ris, 1819, in-8*; — Observations critiques et
raisonnées sur Vordonnance provisoire des
exercices et des manœuvres de ta cavale*
rie, du 1^' vendémiaire an XIII; Paris, 1A24»
in- 12.
Son fils, Gustave-Charles- Léonard, né à
Paris, le 22 juillet 1811, mort à Bougie, le 18
septembre 1842, fit comme lieutenant en 1831 la
campagne de Belgique, et mourut capitaine dans
le 2" régà de la légion étrangère. U a donné au
lÀvre des Cent-et-un : le Gamin de Paris
(t. VIII), et La Petite Provence (t XIII); il a
collaboré au Dictionnaire dé la Conversation^
et à divers journaux de province. £. R.
Documents partiaMert.
ouvAROFF ( Théodore ), général russe', né
vers 1770, mort à Saint-Pétersbourg, en 1824.
n appartenait à une ancienne famille de Mos-
covie. Il entra fort jeune dans la carrière des
arme?, et était aide-de-camp de Paul I*' lorsque
ce monarque fut assassiné. Ouvarofl* prit une
part active à ce crime. On dit même que le
czar, déjà frappé, croyant reconnaître en lui
son propre fils, le grand-duc Constantin, cessa de
se défendre et s'abandonna aux coups des meur-
triers. Quoi qu'il en soit, Alexandre I*' attacha
OùvarofT à sa personne , et lui donna le com-
maadement d'une division de sa garde. OùvarofT
justifia cette confiance par son courage, et se dis-
tingua surtout à la Moskowa. Plus tard il fut
promu au commandement général de la gftrde
i^^>ériale , et mourut dans ce^ fonctions.
Oancersationi-MMxikon.
OUTEARD ( Gabriel - Julien ) , financier
français, né près de Clisson (Loire-Inférieure),
le U octobre 1770, mort à Londres, en octobre
1846. Ce financier, auquel on ne peut refuser une
grande habileté, est moins connu par ses talents
que par ses démélésavec les divers gouvernements
de la France. Il était négociant en denrées colo-
niales à Nantes quand la révolution éclata. Doué
d*un esprit fin et d'une grande hardiesse dans
ses spéculations commerciales, il comprit de
bonne heure comment le crédit en multipliant
la richesse peut accroître à U fois les fortunes
987
OUVRARD
parlicalîères et la prospérité du pays ; aussi en
moins de quinze années parvint-il à l'apogée du
crédit et de la forttAie. Chargé en 1797 du serrice
,des subsistances de la marine avec le titre de mu-
nitionnaire générai, Ouvfard gagna ploa de quinze
millions, et se fit pardonner ses richesses par Tu-
sage qu'il sut en faire. Pins tard , il présenta an
Directoire on plan de finances et de crédit t>aâé
sur la nécessité d'une dette publiqoe'coasidérable
en France, limitée cependant au quart on an tiere
de son revenu. 11 insistait aussi sur l'organisa-
tion d'une caisse d'amortissement indépendante,
richement dotée ; mais ce système, alors incom-
pris, ne Alt point adopté, et ce ne fat qu'en I8i7
qu'rt triompha, sous Tinfluence du duc de Riche-
lieu. Sa fortune, qui continuait de s'accroître,
porta d'abord ombrage au premier consul, qui
le considéra comme un homme à craindre et se
fit une arme contre lui de ses traitée avec le mi-
nistère de la marine. Bonaparte, devenu empereur,
tout en usant du crédit d'Ouvrard, ne le ménagea
pas davantage, et l'opulent financier dot déposer
son bilan, le 31 décembre f807, et suspendre ses
payements. Un concordat lui fut accordé, le 26 oc-
tobre 1808, et les créanciers ne perdirent point
an centime. De nouvelles riguairs do pouvoir
rattetgnirent, et il fut arbitrairement aiYêté et
détenu longtemps à Sainte-Pélagie. Sa détenCioa
ne finit qu'en octobre t6l3. Lors de l'occupation
de la France en 1814, Use chargea de fournir
des vivres aux armée.s alliéet». £n 1817, il con-
tribua à fonder le crédit public en rassurant les
créanciers de l'État , et sans diminuer les res-
sources des divers services, sans avoir recours
à de nouvelles charges, il trouva le moyen de
payer l'indemnité promise aux puissances étran-
gères. Le talent financier dont il venait de donner
des preuves ne pouvait manquer d'augmenter
son inOuence. En 1823 il obtint la fourniture
générale de l'armée envoyée en Espagne; mais les
marchés qu'il passa en cette circonstance furent
signalés comme onéreux au trésor. De^ ponr-
suites commencées contre lui furent phjs tard
suApendues et n'ont jamais été reprises. Ouvrard
en Espagne avait gagné la confiance eu roi Fer-
diaand VU en lui apprenant le secret d'augmen-
ter ses revenus sans nuire à la prospérité de ses
sujets, et ce prince ne l'oublia point, alors qu'a-
tirés avohr éprouvé des pertes oensidératries
et contracté des obligations qu'il ne put pas
remplir, le célèbre financier fut de nouveau
incarcéré poar dettes à Sainte-Pélagie. H n'en
sortit qu'après cinq années révolues, vécut de-
puis dans la retraite, etmoorat i Londres, com-
plètement oublié. On a d'Ouvrard quelques
écrits sur les finances, dont on trouve la liste
dans la France littéraire de Quérard , et de«
Mémoires sur sa vie et ses diverses opéra-
tons financières; Paris, 1826, 3 vol. in-8».
Ces mémoires ont eu deux autres éditions , en
1826 et en 1827. H. Fisqoet.
Ùiogr. urUv. et port, det eontemp., t . v. » g. Sarrnt cl
— OUWATER nss
SAint-Edme. iHofr. det hommee du jour. — U<miteur
mnversel. ins à isn.
; orvBiÉ ( Pierre Justin ) , peintre f^ançaL*,
Dé à Paris, le 9 mai 1806. Il étndia h peintare
sous MM. Taylor et Atwl de Pojol. H réo«ft
d'abord dans la lithographie, puis dans Taquarvile
et bientôt dans la peinture à l*huile, en ««toptant
le genre du paysage et des vues de ville». Il
débuta an^Salon de isil par nne Vne de la
porte de Moret, près de Fontainebteau, cf^e
de V Escalier de Véglise de Saint- Prix, prts de
Montmorency, et entre autres aquarelles cdt^,
de grande dimension, représentant le Poids de
ville, à Clermcnd'Ferrand. Il prit part en-
suite à toutes les expositions du Louvre, o*
l'on voyait figurer des Vues^ d'après les de«?in«
rapportés de ses voyages en France, en Italie, «i
Allemagne, en Angleterre, et dans les Pajs-
Bas. Parmi ses nombreuses productions, remar-
quables par l'exactitude et la finesse do desâu,
nous citerons : Le grand Canal de Venise\
VBospice du mont Saint-Bernard; Pont de
Pontoise ( Salon de 1833) ; — Quai des Esrti-
vons à Venise; Place du Palais- Vieux , à
Florence (1834); — Intérieur de régli%e
Saint Laurent, à Nuremberg; La Vallée du
Mont-ùore (Auvergne); La Vallée d* Aiguës-
Mortes {Languedoc) ; La Vallée de Valnn
(Vosges) (1835); — Le Château et la Ville
d'Heidelberg ; Chdtejiude Fontainebleau^ rue
prise du jardin anglais (1842); Château de
Chenonceaux; Château de Saint- Cloîtd(i9^r;
— Le Parlement, VéglUe de Westminster et
la chapelle de Lambeth, à Londres (1850),
— Château de Windsor (1852); — Vue de
Rotterdam; Bords du Rhin entre Coblentzt!
3f agence ; U Mont-Blanc et la voiler de CfiC-
mouni (1861). M. Oovrié est membre de II Lé-
gion d'honneur depuis le 30 décembre 1854.
G. DE F.
D9evm. partie.
otTVBiBR.BKLTLB (fean- Claude n*0-
BREoa ), calHgraphe français, né ï Nancy, mt^rt
en 1807. H était membre de TAcadémie royale
d'Écriture, qui , fondée en 1779, exista iusqu'en
1790, et fournissait les experts-jar^ écrivains
aux tribunaux. Oovrier-Deliie avait un rare ta-
lent pour lire les anciennes écritures ; Il ooonats-
sait aussi très-bien certaines branches de ma-
tliématiques. On a de loi : L'Arithmétique
méthodique et démontrée , appliquée cm com-
merce, à la finance, etc. ; Paris, 1761, 9'édil.,
1812, in-8*; Bruxelles, 1818, in-8<'; de nom-
breux abrégés de cet ouvrage oat été paUiéf;
— Opérations toutes faites sur la rigle du
cent; Paris, 1763, ln-16; ibid., 1779, in.8*,avec
changements et augmentations: — roAnc/ des
décimales, appliqué aux différentes opéret-
lions de commerce, de banque et definan*
ces ; Paris, 1765, 1798, ia-8''.
Qaérard, La Frtace litt.
ovwÀTRii {Albert tkv), un des plus an-
989
OUWATER — OVANDO
0)0
ciens peiulrcs Itoliandais^ né à Hailein, en 1444»
mort dans U mèineviUe« eo iôiS. Il était cod-
tfiinporain et ami des frères van Eyck, et il ap<
prit de ces grands artistes le secret de peindre à
riiuUe. 11 peignit p<mr la principale église de sa
Tille natale Saint Pierre et Saint Paul. Ou-
«ater avait tracé au-dessous de «ce tableau un
paysage, aujourd'hui eflÎMé, oh Ton voyait des
pèieiins, les uns se livrant an repos, les autres
faisant un repas champêtre : ce p«\8age pas-
sait pour le meilleur du temps. Ouwater avait
aussi peiut la Résurreetéon de Lazare^ chef-
d'œuvre que les £8()aguoIs enlevèrent 4 la prise
de Uarie». Panni les élèves d'Ouwater on doit
citer Guérard de Saint-Jeai.
C»rie van Mander, iJt4 tovm, ete. | Amslerdan, t<t7,
lD>4°). — Descamps, La vie des peintre» hollandais, etc.,
1. 1, p. 6. — Pllkington, DtetionarM qf paitiUrs.
ouzouN haçân BBT6 (^Abou-Nosr Mo-
dhqffer ed Dyn), dit vulgairement Vzum Cas-
san^ qui en turc signifie Haçan le Lcng, roi de
Perse, né en. 812 de Tbégire ( 1408 j, mort le
l" chawal 882(7 janvier 1478). Fondateur de
la dynastie turcomane Âk-Koiounlu (du mou-
ton blanc ) , il fit périr son frère Djihanghyr, et
dépouilla la dynaatie des Cara-Koiounlu (du
BQOuton noir) (1467-1469). Ouzoun Haçan,
maître de Sehiraz et de toute la Perse, par )a
mort d'Âbou-Youâouf, dernier prince de cette
race, cpousa une «œur de David Comnèae, em-
pereur de Trébisonde, et à U soilicitation des
chevaliers de Rhodes et des Véoitiens» tourna
ses armes contre llidiomet Ut eonquérant de
Constantinopie. U envahit en 1472 fAsie Mi-
neure, y obtint d'abord quelques succès, mais
fut vaincu Tannée suivante. Quatre ans après,
il conquit la plus grande partie de la Géorgie,
et partagea le butin qu'il eo retira avec les doc-
teurs de la loi, les mollahs et les gens de lettres
qui l'accompagnaient dans toutes ses expédi-
tions. Les longues querelles de ses descendants
qui se disputèrent sa succession facilitèrent l'é»
lévation de la dynastie des Sofys et la coa*
quêlede la Perse. H. P.
Joii. Barbara, FiaggifatU 4m Feneaia alla Tana, fti
Persla^ tndia, etc.. 1W8, In-S». — Ambr. Cuntarini. //
naqQio .., al gran. signore Uuwm Cassan, redi P€r^
fia.lS4S. ia-a».
OVALLB OU OTAttLiB {Alphonse d' ), je-
Boite chilien, né «n 1601, à Santiago, mort à
Lima, le 11 mars 16SI. D'une fomille riche et
noble, originaire d'Espagne, il fut admis dans la
Compagnie de Jésus en 1618, proCMsa la pliilo-
Sophie, devint directeur de la maison du novi-
ciat de Santiago et procureur de l*ordre dans
le Ctiili. Après avoir assisté à Rome en 1640
à la huitième congré^tion générale, il retourna
au Chili , et entreprit quelques missions dans
le Pérou. On a d'OvaHe s Spisiota ad pnepô-
sUum generalem S&cietatis Jesu, f^a sta--
ium in provinda Chilensi exponU ; Madrid,
1642, in- fol. ; — Hiilorica relacion delrefno
de Chile, y de las missiones y ministerios
que exercita en el la Compania dfi Jcms ;
Rome, 1646, in-fol., avec carte, plans et figures ;
Rome, 1646, in-4*, en italien ; et traduite en an-
glais, tome III, p. 1-146, de la collection de Chur-
cliill, 1704, 4 vol. in.fol. ou 1744-1746, 6 vol.
in-fol. Cette histoire du Cliili est rare et recher-
chée. H. F.
Baoàer. BUMoth. des éerieaku de la Compagnie de
Jésus, 1814, %• aérte, p. U\.
evÂiioo ( Don Piicolas ), premier gouver-
neur générai des Indes occidentales, né vers
1460, mort en 1618. 11 appartenait à Tune des
familles les plus distinguées d'Espagne. Favori
de Ferdhiand , U était grand commandeur de
l'ordre militaire et religieui d'Alcantara lorsqu'il
fui, en 1501, nommé par les rois catholiques (i)
gouverneur des nouvelles découvertes faites en
Amérique, en remplacement de Francisco de Bo-
vadilla» dont la cupidité et la mauvaise admiais-
tratioD contribuaient beaucoup à la dépopulation
des pays soumis. Isabelle donna è Qvando
Tordre de réparer toutes les injustices commises
par Bovadilla, et surtout d'améliorer le sort des
Indiens. H partit de San-Locar, le 13 février 1502,
avec trente navires montés par dcu\ mille cinq
cents hommes; c'était la plus nombreuse Hotte
qui eût encore fait voile pour le Nouveau Monde.
Après une traversée périlleuse dans iaqueUe il
perdit beaucoup de ses compagnons, Ovando
arriva à Santo-Ooraingo» la 1& avril, suivant. Il
rétablit d'abord l'ordre daos Tile, fionda plu-
aieurs villes, aujourd'hui importantes, et fit em-
barquer Bovadilla, Roldan et leurs cMiiplioes
pour TEspagne ; mais il eut rinhumanité de fer-
mer ses ports devant Christophe Colomb au
moment oit une tempête furieuse exposait à un
danger imminent la (lottHle que commandait
le grand navigateur ( 29 juin 1502 ). Ovando
montra la même malveillance envers Coloml)
lorsque l'amirante était sans ressources à La Ja-
maïque ( 1503), et ne le secourut que pressé
par l'indignation générale, excitée par Las Casas.
Ovando craignait avec raison que la cour d'Es-
pagne, mieux éclairée, ne rendit aux Colomb le
gouvernement qu'ils avaient si glorieusement ac-
quis. L'administration d'Ovaudo était d'ailleurs
loin de répondre aux vues de la reine. Au lieu
d'adoucir la position des naturels, il exerçasureux
des cruautés plus atroces que celles reprochées à
Bovadilla, et les soumit à de tels travaux qu*en
moins de deux années deux cent mille de ces
malheureux périrent victimes de Pinsatiable cu-
pidité des conquérants. Cn seul trait , exposé
avec détail dans les sanglantes annales de la
conquête du Nouveau Monde , suffira pour faire
apprécier Ovando. Sur un simple soupçon, U se
rendit avec nne nombreuse escorta dans la pro-
vince de Xuragua ( aujourd'hui Léogane ), gou-
remée par la belle et généreuse Anacoana, qui,
quoique veuve du brave Caonabo ( voy. cvm
(1) Lea CaaUUans nomoMient alDtl Isabelle I**, reJDti
de CaatlUe, et t>'erdtoand, son mart, roi a'Aragoo.
991
OVANDO — OVERBECK
nom), s^était toujours montrée la protectrice zélée
des Espagnols. Il invita la population à une fête
militaire ; sur un signal il rua ses soldats sur
les Indiens désarmés ; ce fut une boucherie
aveugle et féroce dans laquelle ni FAge ni le
sexe n'étaient épargnés : quatre-vingt-quatre
caciques turent enfermés dans la maison de
Ânacoana et brûlés vifs sans autre forme de
procès. Quelques jours après , la princesse fut
pendue avec son neveu Gunora. Ainsi furent dé-
truits la province de Xuragua et son peuple ai-
mable et hospitalier, province que les Ca^Uans
appelaient à leur débarquement « un paradis ».
Ovando porta ensuite la destructibn et le
meurtre dans l'Higuey « et depuis ce moment,
dit Las-Gasas, Hispaniola ne fut plus qu'une
vaste solitude ». Ces cnmes furent enfin connus de
la cour d'Espagne. Ovando fut rappelé, et son gou-
vernement donné à Diego Colomb. Cependant, le
dévastateur de Saint-Domingue mourut riche
et honoré- U a laissé des mémoires que le gou-
vernement espagnol n'a pas jugé convenable de
livrer à la publicité. '
Feroaod Colomb , FOa del ^atirantê, cap. xxxv-
cxu. — Las Casas, HiU. Ind., Ilb. Il, cap. x-xxxii. —
Herrera, Novus Orbù, déc. I, Ub. IV-V. — Mo&os, Hi$U
del Mueto-Mundo, — Oviedo, Croniea de las Indias»
Ub. 111. — CbarlcToix, Uist. de Saint'Dominvue, Ub. XXI V.
OVBKS {Juriann)^ peintre hollandais, né
en 1620, mort en 1695. Un des meilleurs
élèves de Rembrandt, il excellait dans les scènes
nocturnes et rendait les ténèbres avec vérité.
L'hôtel de ville d'Amsterdam conserve de lui un
tableau d'une grande beauté. U représente
Claudins CiviUs rassemblant les principaux
chefs bataves à un^ banquet dans la forêt de
Schaker-bosch et les déterminant à secouer le
joug des Romains. Ovens peignait bien le por-
trait. En I67ôf il se rendit à la oonr du duc de
Holstein, et y termina sa carrière. A. ne L.
WeycriBan, De Sehilderkongt. der JHederlanderi ,
t II, p. 431.
OTBRBBCR (Jean- Daniel) , érudit et bio-
graphe allemand, né en 1715, à Rethem, mort
à Lubeck, le 3 août 1802. Fils de Gaspard Ni-
colas Overbeck, auteur d'un grand noml>re de
dissertations exégétiques, 11 fut depuis 1763 rec-
teur du gymnase de Lubeck. Outre des notices
biographiques sur Lipenius, de Carpzovius, de
G.-J. Wolf, de François Baron, etc., on a de
lui : Geschxchte der Stadt Flensburg ( His-
toire de la ville de Flensbourg ) ; Lubeck, 1752,
in-8" ; — De Jani templo non clausoa Consian-
iino ; ib., 1763, in-fol. ; -* De cura magistra'
tuum romanorum circa educandam dvium
soMem'f ibid., 1765, in-4*. O.
ScbUcbtegroti , Nekroiog, - Baor, HUtortsckeê Hand-
wôrterbueh, L Yll, ^Ht\uei,C€UkrtetTevUchkmd,
;ovBRBBCE (Frédéric), célèbre peintre
allemand, né à Lubeck, le 2 juillet 1789. Fils
d'un fabuUste estimé, il s'adonna de bonne heure
à la peinture, et fréquenta depuis 1806 l'aca-
démie des beaux-arts de Vienne; gagné aux
idées romantiques par Eberhard Wàchter» il
I s'enthousiasma pour les vieux maîtres du moyen
I âge, et se mit tellement en opposition avec les
• principes enseignés par ses professeur», qQî sui-
vaient les errements de Mengs et de David,
. qu'il fut renvoyé de l'académie. Il partit ea
1810 avec Yogel et Pforr pour Rome, qu'il
habita depuis constamment. Rejoint pen de
I temps après par Schadow, Cornélius, VeK cl
j Schnorr, il s^étabiit avec eux au oonveot de
, Saint-Isidore, et se mit à se pénétrer de l'esprit
j et de la manière des peintres mystiques aslé-
I rieurs à Raphaël . tels qae le Pérugin et Fieaole.
i En 1814 il se convertit au cathoUoisme. Signalé
i à l'attention publique par les fresques exécn-
I tées dans la villa du consul de Prusse , Bar-
tholdy ( villa oh Overbeck avait représenté
Joseph vendu par ses frères et Lu sept an-
nées de disette), il fut chargé en 1818 de déco-
rer, en compagnie de Cornélius et de Schnorr,
la villa Massimi ; les sujets qu'il peignit sont tirés
de la Jérusalem délivrée. Dès lors il était en-
tièrement revenu de son imitation première de
l'incorrection et de la dureté de dessin de Tan-
cienne école allemande; les formes qu'il employa
devinrent de plus en plus suaves , elles attirât
par leur pureté et leur douceur ; mais les œavRS
d'Overbeck ont toujours gardé un caractère ar-
i chûque, qu'il croit indispensable à l'expressioa de
sa vive piété , qui lui a fait constamment pros-
crire le nu. Il est depuis plusieurs années di-
recteur de l'Académie Saint-Luc. Parmi ses cec-
vres nous citerons : la magnifique fresque de
l'église Sainte-Blarie-des-Anges à Assise, repi\é-
sentant Le Miracle des roses de saint Fran-
çois; Les Fiançailles de la Vierge : ta-
bleau qui appartient au comte Raczynski; U
Christ au jardin des olives , à l'hôpital de
Hambourg; La Sainte Famille, propriété da
comte de Schônbom; Élie montant au ciel;
L'Entrée du Christ à Jérusaletn , k l'église
Sahite-Marie de Lubeck ; L' Influence de la re-
ligion sur les arts , an musée Staedel à Franc*
fort; La Mort de saint Joseph; La Mise au
tombeau du Christ , à Lubeck ; V Italie et la
Germanie, au château de Schlossbeim; La
Conversion de saint Thomas; Le Sacrement
deVordination; La Bésurrection de Lazare;
Ruth et Boos, etc. Ces tableaux, ainsi qne les
nombreux dessins d'Overbeck, ont été souvent
gravés et lithographies, notamment dans les pu*
bUeations suivantes : Heures nouvelles ^ par
Dassame; Paris, 1839; Imitation de Jésus-
Christ; Paris, 18.S9, in- 8*; La Passion de
Notre-Seigneur ; Paris» 1840, in-fol.; Scènes
des Evangiles; Dusseldorf, 1853-1854, in-fol.
Jean Overbeck» neven du précédent, profes-
seur d'archéotogie à Leipzig» a publié entre an-
tres : Kunstarchaelogische Yorlesungen ( Le-
çons d'art et d'arrhéologie); Brunswick, 1855»
in-8";» Pompeji; Leipzig, 1855, avec gra-
vures sur bois; — Die Bildwerke sum The-
bischen und Troischen Heldenkreise Les
993 OVERBECK — OVERWEG
moniiineiits de Tart se rapportant au cycle hé-
roïque de Thèbes et de Troie); Stuttgard, 1S57,
994
ÎQ-S**, avec planches; — GeschicMe der
çriechischen Plasiik ( Histoire des arts plas-
tiques chez les Grecs ) ; Leipzig, 1858, !l toI.
in-8*».
dmversatUnu-Lexikon. — Mânner der ZêU { L«lp-
zlS, 18M ). " Nagler, KûnsUer^Uxikon, — lUczynskt ,
Histoire de Vart allemand moderne.
OTERBBBK (Bonaventure tam), peintre
hollandais, né à Amsterdam, en 1660, mort dans
la même ville, en 1706. U était élève de Gérard
de Lairesse, qui Tinitia à son art et lui fit prendre
en même temps des habitudes de débauche
qui abrégèrent de moitié sa vie. A Rome Over-
beek partagea son temps entre Pétude et les
plaisirs. Ardent au travail comme à la dissipa-
tion, il dessina tout ce que la capitale de TI-
talie contenait de remarquable, et résolut de
former une collection sans pareille. Reçu en
1685 membre de FAcadémie de peinture de
La Haye, il se fixa dans cette ville. Mais
l>ieDtêt La Haye loi parut un séjour trop pro-
pre à le distraire. 11 loua une chambre à Sche-
▼eninge; il en fit enlever Tescalier, qu*il rem-
plaça par une échelle quMl retirait après lui
lorsqu'il voulait rester seul. 11 vécut ainsi plu-
sieurs années passant, sans transition, de l'excès
du travail à celui de la débauche. En mourant
il laissa sa fortune à son neveu Michel van Over-
1)6611, à la charge de faire imprimer Touvrage
^ui avait été la plus grande occupation de sa
▼ie, de le dédier à la reine Anne d'Angleterre
et d*en remettre un exemplaire à TAcadémie de
peinture de La Haye. L'ouvrage d'Overbeek
parut en effet sous ce titre : Heliquix antiqua
urbis Romx^ etc. ; Amsterdam, 1707-1709, en
trois parties, gr. in-fol. Malgré son titre latin ,
ce livre est écrit en français et dans un style
|)ur et clair. « C'est dommage, dit Deacamps,
^u'un homme de ce mérite ait donné dans les
excès les plus crapuleux ; il avait une érudition
profonde, et l'esprit le plus vif et le plus ca-
pable d'application. Il ^ peint avec beaucoup
de succès l'histoire; il dessinait bien. » Ses ta-
bleaux sont fort rares, même dans sa patrie.
Descamps, La Fie det PeintreB hoUandaii, etc., L III,
p. 61^57. — Basan, DIet. det Graveurt. — 0. Gori Gan-
delltnt, JVe>«z(0 devt' intagliatori.
OTBRRVRT (Sir Thomas), poète anglais, né
en 1581, à Compton-Scorfen (comté de War-
ivick),mort le 15 septembre 1613, à Londres.
Après avoir pris à Oxford le degré de bachelier
es arts (1598), il voyagea sur le continent; lors-
qu'il revint en Angleterre, on le citait comme un
gentilhomme accompli. Vers 1601 il entra en
grande liaison avec Robert Garr, qui étant devenu,
flous le nom de vicomte de Rochester, favori du
roi Jacques 1'', obtint en 1608 pour son ami le
titre de chevalier du Bain. La laveur d'Overbury
à la cour ne dura pas longtemps. « S'étant aperçu,
raconte un ancien auteur, de la vive passion que
Rochester avait conçue pour Frances Howard ,
Korv. BiocR. cÉxÉn, — T, xxxvni.
fille de Thomas, comte de Siiffolk et femme de
Robert, comte d'Essex, il en eut tant de chagrin,
connaissant le mauvais caractère de cette dame,
qu'il fit tous ses efforts pour engager son ami à
renoncer an commerce qu'il avait avec elle et
au dessein de l'épouser. Le vicomte fut mécontent
de ce conseil et en fit part à la comtesse, qui
résolut la perte d'Overbury, et consulta là-dessus
son oncle, le comte de Northampton, qui savait
son intrigue avec Rochester. On conclut d'expé-
dier Overbury par le poison ; mais, comme fl
n'était pas à propos de le faire tandis qu'il serait
en liberté, le vicomte et le comte résolurent d'ir-*
riter le roi contre lui , afin de le faire mettre en
prison. Il arriva, vers ce temps-U, que le roi vou-
lut envoyer un ambassadeur en France; Roches-
ter lui recommanda Overbary pour cet emploi;
puis, sous apparence d'amitié, il dissuada ce der-
nier de l'accepter. Overbury refusa en effet de
partir, et fut envoyé k la Tour, le 21 avril ^613.
Il y demeura fort resserré, jusqu'à ce qu'il y
mourut, de poison , le 15 septembre de la même
année. » Deux ans après tonte l'intrigue se décou-
vrit, et plusieurs personnes, convaincues d'avoir eu
part à sa mort, furent exécutées. Quant aux prin*
cipaux coupables , Carr, devenu comte de So-
merset, et sa femme, Tex-comtesse d'Essex, on
les condamna à mort en 1616 pour avoir tramé
le meurtre; mais le roi leur fit grâce, et se con-
tenta de les éloigner de la cour. Overbury 4tait
un homme d'un esprit cultivé et du plus aimable
caractère. Aucun de ses ouvrages ne parut de
son vivant, à l'exception du poème de la Femme.
Les plus remarquables sont ; The Wife;
Londres, 2* édit, 1614, in-4'' : à la suite de ce
poème on trouve les Characters, suite de por-
traits esquissés avec beaucoup d'esprit et de
verve;— The first and second part of the
Remedy of Love; ibid., 1620, in-8°, para-
phrase d'Ovide; — Observations on the se
venteen provinces; ibid., 1626-1651, in<8*; —
Crumms fallen from king James table or
Table-talk; ibid., 1715. La dernière édition
des œuvres de cet écrivain date de 1856.
Andrew A moi, Jhe great ojfer of poitoning : Thé
trial af tAe earl of Somenet for the polioninç of tir
7*A. OMr6«ry; LoDdrea , 184S. * Wood, /tthen,-Oxon,
— SUUe triait. — Clbb«r, lAve» qfpoeti,
OTBRWEG (i4cfo/pAe), voyagcur allemand,
né le 24 juillet 1822, à Hamboui^,;mort le 27 sep-
tembre 1852, à Maduari, sur les bords du lac
Tchad. Il fit ses études à Bonn, et prit ses de-
grés à Beriin, où pendant quelque temps il s'oc-
cupa surtout de géologie. En 1849, sur la pré-
sentation de plusieurs savants, il fut adjoint à
MM. Richardson et Henri Barth pour entre-
prendre, aui^ frais du gouvernement anglais , un
voyage d'exploration au lac Tchad, dans 1*A-
frique intérieure. Il se rendit à Malte, où un ba-
teau fort léger, destiné à la navigation du lac et
dont chaque pièce se démontait, fut construit
sous ses yeux. Après avoir quitte Tripoli (mars
I 1850), les trofe voyageurs commencèrent à tr»-
32
^95
OVF.RWEG — OVIDE
Ters le désert une marebe auMi f^éiiible foe
dangereuse; iU exposèrent inràitoft foU leur Tîe
•t n'arrivèrent au bat da leur voyage qu'auiMin de
fatiguer et de «ouffrancea sans noinbrt. Le chef
de l'expédition, Richardsoo, mourut avant d'at-
teindre son but. Demeuré seul avec M. Bartb,
Overweg parvint an lac Tchad en avril 1651, mit
deux mois après le bateau 4 flot, visi|a les ties ainsi
qu'une pa rtie des rives, et remonta quelques cours
d*eau. Tandis que son compagnon explorait la ré-
gion inconnue qui s'étend au sud-est du lac, il
b'« Ventura dans le snd-ouest jusqu'à une distance
k de 160 milles. Au retour de ce voyage, il fut pris
de la fièvre à Kuka,et mourut en peu de jours. Ce
fut le docteur Edward Vogel qui le remplaça.
Pet«rinana, Heogr^H. nMtheitungen.
OTiBB {Pubtius- Naso Ovinios;, Tun des
poêles éminents du siècle d*Augn!;te, naquit à Su! -
mone, dans lesAbrozes, le 13 des calendes d'a-
vril (20 mars 711 de la fondation de Home). Déjà
Lucrèce, Catulle, Properce, Horace, Yiiigile
avaient reproduit chez les belliqueux Romains la
poésie des Hellènes. Mais les brillantes impor-
tations de Tart ne conservèrent pas longtemps
leur éclat primitif *- la civilisation même du
peuple-roi ne fut que passagère ; Rome ne garda
de ses conquêtes de l'Orient que le luxe et le
goAt des plaisirs : ta splendeur des lettres s'é-
teignit en partie avec les grands maîtres qui l'a-
vaient faite. La langue , perfectionnée par eux ,
perdit à la fois de sa concision harmonieuse, de
sa sévère pureté et de son éloquente précision.
L'esprit suppléa au sentiment, et son luxe étouiïa
le naturel. Les premiers écrivains avaient presque
tous disparu de la scène. Ovide dit lui-même :
îaniiim vïdi Virgitium. Les plaisirs régnaient
en tyrans ; Ovide en devint le poète. Il sentit qui!
est impossible au plu.^ puissant esprit de lutter
contre le torrent de fopinion. Dans Tiotérêt de sa
renommée, il essaya donc de. s'ouvrir une route
inconnue : juvat novos decerpere Jtores. Des
hommes tels que loi ont la conscience de leur
force ; il se sentait le digne émule de ses devan-
ciers ; mais il comprit que s'il ne pouvait tes sur-
passer, il lui fallait faire autrement qu'eux. Il
firo^la habilement de la disposition des esprits et
du goM, et prit une allure plus libre que celle des
maîtres. Son style fût moins chfttié , mais plus
à ta portée de tous. La variété de sa verve ,
le choix des sujets, Péloge des plai.sirs, atti-
rèrent Tattentlon d'un peuple voloptneux, ar-
dent et t^ger, qnl ne permettait pas qu'on lui
donnât le temps de s'attendrir sur tes malheurs
racontés |K>nr lui plaire. Ovide réussit à la fois
par ses défauts et ses beautés. Il ne demanda point
h son génie ce qu'il en aurait obtaf u vingt ans
plus tôt. Formé par )<•« grands mattrcs, il ne les
suivit qu'à distance^ il ne voulut pas leur dire :
FUa pedum pono prrMl* vesttgla «tgnis.
11 connaissait ta portée de ses contemporains, et
satisfit leur goût- ^iaturellement abondant et va-
rié, il se montra tour à tour grave et léger, in*
génieuxet naif^ ^rohiptiieux cC|)tthéliqpt; regar-
dant point une mesura sévèfi, il on laH pu teo-
jours s'arrêter à propos «t souvent il 4épeeK te
but U s'évertue «a reeherdiei d'etfoU «I d'anlT.
thèses. Eain. €t poêle émiMftt, il fé^ le dire,
s'aventura le premier sur la pente de la déce-
deooe.La trace preiande ^11 e laiaeée daae le
demakie poétique trivene des régiooe Mg^le-
ment fécondes. A son époque nul ne fut pins cé-
lèbre qae lui, mais il offre une large put k la
critique et à fadmiratlon.
On ignore quels ouvrage oommenoèreiiiC sa ré-
putation. Les jeones Romains deatiiH^ aux IH-
tres récitaient en pubKc leurs premiers «sais.
Ils se soumrttaient à une espèce de noviciat ; et
s'apprenaient ainsi à bien faire et à bien dire. Ha
adressaient ces paroles à la foule pre^iée antovr
d'eux : ptandUBf cités ^ plamtlte mamibms.
Le premier ouvrage connu d'Ovide est saa»
doute le recueil qu'il intitula BéroUtes^ es-
pèce de reproduction des aventures aaiea-
reoses àhi dieux, déesses , demt-dienx et hém».
Dans ce poème, Ovide semble tout emprerat de»
sentiments et de Pesprit de la Grèce. Il n*est pas
encore hii-même. Bientôt son originalité se déve-
loppera. Les Métamorphoses paraissent an wle
et ingénieux assemblage des traditions tnyttkologi-
ques. Ovide les revêt de couleurs et de fonne»
variées; la souplesse de son talent se les appro-
prie; la série de fables reliipettaes qui depins
vmgt siècles fait jouir le monde entier des pres-
tiges sacrés de et cutte riant est deveooe réter-
nelle religion des arts.
C'est en chantant l'origine du laoftde qœ k
poète commence sa vaste entreprise. Son gMe
philosophique s'inspire des diverses oosuMgo-
nies orientales. Lucrèce toi-même a pniaé à celle
source; mais il l'élargit à la mesure de son
génie. C'est après avoir fait assister tes lec-
teurs à la naissance de notre univers qoX>vide
leur déroule tes fiistes religieux dont II varie les
scènes avec une dextérité prodigieuse. Les cri-
tiques ont vanté jusqu'ici l'adresse qaH dé>
ploie à tisser les lils qui rattachent tant de su-
jets différents pour en former on easemb^e par-
fait, ce fil est si délié, si bien conduit, dit-oo»
qo'on ne l'aperçoit pas. l'avoue que je ae Ta-
per^tois pas non plus. Et le poêle lui-même ne
songea ni à le rendre iavisitile ai à le forraer;
mais il a dû s'attacher à Tordre dironologique
indiqué par les traditions , et surtout à les réu-
nir ou à les séparer selon qu'il y trouvait das
analogies ou d'heureux contrastes. Dans ces
petits drames, dans ces récits U'gendaires, le
poète, tour à tour pathétique et riant, ausièn ou
gracieux, étend un vernis poétique sar le» ver-
tus, Jes faiblesses, les caprices des homaseset
des «lieux ; ses tableaux resteront pour dianner
les générations futures, et les personnages <|u'il
divinise lui devronttleur immortalité.
Le succès des Métamorphoses ilonna on grand
éclat à la renommée d'Ovide. Bientôt il lit pa*
997
OVIDE
998
raltre les Fastes ^ œa?re poétiquement liisto- r
i^qve, cKtitée en douze Kvre». Les Romxios
Tirent avec intérêt exiiOMT sous des formes
brillantes roiigine, les triomphes et les vicis-
situdes des antiques peuples ^Aosonie. ÎH re-
trouvèrent avec un orgueil de famille les luttes,
les «ODrtfrinces héroïques da long enfante^
ment de la grandeur romaine. Cependant les
noTntïreux détails, Pnniformité du récit, Texae-
titude minutieuse de ceilains faits produisirent
une I monotonie que Tadroite élégance, la va-
riété do styte , Tesprit piquant du narrateur ne
réussirent pas toujours à corriger. La moitié de
cet ouvrage s'est perdue dans le naurrage des
temps. Nous ne possédons que les six premiers
ïivres de tette poétique oompilalton. Cette lacune
regrettable est plus f&clieuse pour tes érudîls que
pour les adeptes de ta littérature.
Ovide, dansîa plénitude de sa verve, com-
po!(a les AmovrSf recueil élégiaque ob le cœur
du )M>ëte se montre tout entier ; c^est là qu'il a
trouvé ces inspirations touclianles, ces élans
du désir et ces épanouissements dlDefrable
vohipté qaî élèvent le poète au milieu de ses
émules. S^il n^st pas contioueTlement a4issi
tentire que TibuHe et Properce, il est plus vif,
plus varié, plus ingénieux dans ses images ; il
semlrie écrire sous la dictée de Vamour; il parle
non en poète, mais en amant, et les efforts de son
art se câdient sous un naturel exquis.
Ovide, admiré pour ses talents, se faisait ai-
mer par son caractère. Il avait désarmé Tenvie,
et recevait fencens de ses nombreux rivaux de
gloire. Il tes ahna tous, et se plat à leur rendre
justice. 11 diérft Ti bulle, et déplora sa perte
prématurée, dans des vers que deux mille ans
ont applaudis. Lié avec tous les poètes célèbres
de son sièck, Il les regardait, disaîl-H, comme
de>i êtres divins r quoique aderant voles rehar
adesse deos. Applaudi par Borne entière, il fut
bientôt remarqué par Auguste lui-même. Ce sou-
verain, passant la revue des chevaliers, aborda
le poè^e et toi fît cadeau d*un superbe coursier.
Ovide, dat» Texll^ signale ce fait comme un té-
moignage de Testimeque lui accordait le maître
du monde.
VArt cTaimer fut accueilli avec enthousiasme
par un peuple spirituel et voluptueux, qui rece-
vait avidement les préceptes de la galanterie
offerts avec le cbarme du talent. Dans ce code
de Tamour, le poète marche adroitement à
travers les écncils. A force d'art et d'esprit, il
couvre la nudité des images. Son expression
vive et fine fait pardonner les doux égarements
de la pa<;sion ; certes, Il toiiebe souvent à la der-
nière limite de la décence; s'il alarme la pudeur,
il ne l'outrage jamais. Dans sa gaieté erotique» il
plaisante parfois les unions mal assorties. Les
vieux maris sont traités sans façon; il les ridi-
culise comme l'ont fait depuis nos auteurs co-
miques ; Cependant il se garde d'exciter as mé*
pris des nœuds légitimes. Professeur d'amour.
il en proclame les lois, en dévoile les mys-
tères et les ruses ; mais sa délicate adresse, son
britlant colotis désarment la censure rigoureuse.
Plus réservé que ses contemporains, il se res-
pecte lai-même et ne souifie point ses cbannantes
fictions par la peinture d'un vice odieux, perni-
cieuse méprise de la volupté, qu'il condamne par
son silence; tandis que 1c dévot et sensible Vir-
gile ose le célébrer en beaux vers.
11 est à peu près impossible de préciser Tordre
chronologique des compositions d'Ovide. Le
Hemède de raînaiir^ selon les apparences, suc-
céda kV Art d'aimer. Ce poème manquede gaieté.
Ovide s'efforce en vaîo d'échauffer sa verve ; .ses
plaisanteries <onl froides, et l'ensemble de l'œuvre
n'est pas ingénieusementconçu;]e style spirituel
et facile de l'auteur en radièteÀ peine les défauts.
On sait par le témoignage des écrivains ro-
mains que le chantre ées Méta^norphoses
composa plusieurs pièces de tbcàtro, qui jia-
rurent avec un grand succès. Aucune n'est Vi'nue
jusqu'à nous. Médée, suivant les traditions, fut
regardée comme le chef-d'œuvre tragique du
poète. Les passages touchants de 'plusieurs |)e-
tits drames des Métamorphoses fout juger
quel dut être Tintérêt et le jKithelique des tra-
gédies d'iinliomme doué de Péloqueuce du cœur
et «le cette délicatesse exquise qui vivilic le senti-
ment.
O^ide depuis plus de vingt années marchait
entouré de palmes méritées ; ou l'applaudissait
au théâtre, on récitait ses vers dans les plus
illustres sociétés. Les femmes vouaient une re-
ligieuse admiration au chantre de la volupté.
Pailout son image était reproduite; elle se tix>u-
vait gravée sur les bagues des chevaHers et des
sénateurs, sur hîs bracelets des matrones. Par
la piquaiUe vivacité de son esprit ini^uisable
et la hardiesse gracieuse de sa pensée, Ovide
s'ouvrit une route hors du domaine de la Mté-
rature ancienne. Les jeux briUants de sa riclie
imoginatioo, son aJlure libre, son examen hardi
des vérités, donnent à ce poète pliilosoplic iMê
ressemblance de famille «vec les écrivains fran*
çais, et surtout avec i^rbitre universel de noire
dix-huitième sièole.
Admis à i'intiInMé d'ANgusIe , iieureux dau
sa propre famille, riclie de laveurs et de .gloire, f
Ovide torol)e tout à coup dans un abtane il'ia*
fortunes ilont il ne sortira point, mais qui ju-
tera à sa renommée l'éolat du martyre.
L'an 7<»l de Rome, Auguste oliassait aa pe*
tite-iUle Julie, sœar d' Agrippa PosUiume, et re-
léguait oe jeune prince dans ilie de Plaoade*
Presqne en «nérae icnifis, Ovide, Iwoni de Rome,
est transporté sur le bord «coidcntel de le mer
Noire. Lr prétexte de sa oondanMiatioe est ion
poème de VArt d^^iwitty qui <d«pui* dix ans
faisait les délices de Roim et de la oonr d'Au-
guste; lui-ménie répétait, en les levant, les pas-
sages ks plus librœ de «oHe «mvre. Ce prince ,
qui se piquait de poésie, coiuposait de petits
33.
999
poëmes erotiques qu'Ovide aurait rougi de pu-
blier, quand les vers eussent été moins indignes
du grand écrivain. Les nombreux et puissants
amis d*Ovide sollicitèrent sa grâce ; leurs instances
ftirent .vives. Auguste et la fière Livie restèrent
inexorables.
£n proie au plus violent désespoir, le grand
poète, sans l'intervention de sa Temme et de ses
amis, se.serait donné la mort. Résigné à vivre, il
s*arrachê enfin à tout ce qui lui est cher; iî
quitte les lieux où il trouvait ses délices et sa
gloire. A travers les périls et les souffrances, il
aborde la ville de Tomes, aujourd'hui appelée
du nom ttarbare de Kusiendjé, Alxmdonné sous
on ciel rigoureux et insalubre, Ovide est seul,
parmi les hordes scythes; il n'entend pas leur
langage, elles n^entendent pas le sien :
Barbanu blc ego sum qnla non IntelUgor ilUt,
dit-il. Mais dans son horrible solitude son gé-
nie le soutient : il chante son malheur; il souffre
moins. Les peuplades qui l'entourent apprennent
qu'il est poète; elles le plaignent et le respectent.
Leur religion leur enseigne à consoler le malheur.
Lui, aimable, généreux, confiant, gagne leur af-
flBction; sa vive intelligence Ta bientôt initié aux
secrets du langage gète;il va jusqu'à composer
des vers dans ce dialecte. On l'applaudit; les To-
roitains donnent une fête en l'honneur du poète.
11 leur lit des vers en l'honneur d'Auguste; les
spectateurs agitent leurs carquois retentissants.
L'un d'eux s'écrie en courroux : « César, que tu
chantes, devrait te rappeler dans son empire, que
tu honores. »
Pendant neuf années de souffrances et de per-
plexités, Ovide consola son douloureux ennui &i
composant des élégies et desépttres, expressions
de son infortune ; il nomma ses plaintes poétiques
les Tristes f les Poniiques, Dans sa touchante ré-
signation, il exprime en grand poète ta pureté de
ses intentions, ses souvenirs et ses regrets. Cepen-
dant aux prières adressées à son persécuteur im-
placableil mêle un sentiment adulateur qui semble
avilir la dignité du malheur. On ne saurait qui
l'on doit blâmer le plus du génie qui se dégrade
on delà cruauté qui l'opprime. Mais Ovide, époux
et père tendre , avait soif de la patrie alraente.
Justement fier de sa renommée et de son inno-
cence, il devait opposer sa fermeté à la persé-
cution. Dans les Pontiques , qui sont les con-
fessions de sa vie, il afîirme, et nul contempo-
rain ne le dément , quMl n'a commis aucun crime,
aucun acte qui porte atteinte à l'honneur. Il
reconnaît qu'il a été léger, imprudent, indiscret;
il appelle sa faute une erreur ; il craint d'ofTenser
le maître en rappelant les circonstances qui
causèrent sa disgrftce. Tout en se justifiant avec
timidité, il contourne tellement ses expressions
que sa pensée reste enveloppée d'un voile im-
pénétrable, dont il ne soulève jamais qu'une
partiç, et le fait réel est demeuré une énigme qui
a fatigué en vahi tous les œdipes de l'érudition.
OVIDE 1000
Aussi les plus doctes investigateurs n'ont-ils tour
à tour tenu que pour le briser dans leur main le
fil conducteur d'un labyrinthe inextricable.
Ses derniers chants attestent surtout la no-
blesse de son cœur. Son amour pour sa femme,
pour ses enfants, pour ses amis est touchant. 11
trouve, dit-il, un allégement à ses peines eo
songeant que son père et sa mère, qui vécareot
nonagénaires , heureux témoins de ses triom-
phes, n'aient pas connu ses infortunes.
Après la mort d'Auguste, Ovide cesse de
solliciter ceux qui régnent à sa place. H savait
donc que Livie et Tibère seraient inexorables. Une
seule fois, peu de temps avant sa fin, il conseille
à sa femme d'implorer Livie ; mais quelle réserve
il recommande d'employer ! « Aborde- la, diit-
il, lorsque Rome et la famille impériale éproo-
Teront la joie d'une fête triomphale; alors perce
la foule qui remplira le palais; prosternée, gé-
missante, inondée de larmes, supplie Jumom
(c'est le surnom que l'adulation donnait à Livie).
Mais garde- toi de justifier ma faute, et De de-
mande pour moi qu'un exil moins rigoureux, •
Quoique, dans différents passages âes Tristes
et des Pontiques, Ovide ait aflîrmé que ses jem
seuls furent coupables, et qu'il compare sa
faute à celle d'Acléon, peut-on croire qu'on re-
gard involontaire, déjà cruellement puni, ait
nourri une rancune si implacable , même dans
les cœurs les plus endurcis? Quelquefois sa
faute est une étourderie , une méprise; ailleurs
il avoue que s'il avait écouté de sages avis , fl
aurait évité sa perte. Il écrit à Pompônius Gne-
cinus : « Il n'est plus temps de m'arertir d<s
écueils quand mon vaisseau a fait naufrage ». H
dit à son ami Carus : « Tu étais le seul déposi-
taire de mes secrets , de tous , excepté du secret
qui causa ma perte ; tes sages conseils m'auraient
sauvé. » Le poète, qui avait le privilège de par-
courir le palais impérial, a pu surprendre des
scènes offensantes pour la pudeur ou pour l'a-
mour-propre des princes. Mais lié intimement i
la famille souveraine, n'a-t-il pu aussi être leconfi-
dent, le conseiller de quelque projet en faveur du
jeune Agrippa et de sa sœur, qui, à l'époque pré-
cise du malheur d'Ovide, furent chassés de Rome,
oondampés à l'exil, où Julie mourut de misère,
où son frère f\it assassiné ?
Ovide, après neuf ans d'exil , touchant à sa
soixantième année, mourut à Tomes, près des
bouches du Danube. Il avait demandé que sa
cendre fût transportée sur les bords du Tibre ;
son dernier vœu ne fut pas exaucé. Les Gètes
payèrent la dette des Romains, en érigeant avec
pompe un tombeau au poète, leur hôte immortel.
De PoNGEit VILLE ( de l'Institut ).
Les titres des ouvrages d'Ovide sont : Amorum
lihrî III, recueil d'élégies composées à difîé-
r rentes époques depuis sa jeunesse jusqu'à sa
maturité. Suivant une épigramroe placée entête
de cet ouvrage nous n'en possédons qu'une se-
conde édition ; la première aurait été en cinq
1001
OVIDE — OVIEDO
1003
livres; Tauthenticité de répigramroe n'est pas
certaine , mais le poète lui-même nous apprend
qu'il a? aft jeté au feu beaucoup d'élégies k Co-
rinne. Cette seconde édition parut avant VArt
tTaimer ; — Epistolx keroidum ; au nombre
de vingt et une : on a contesté, mais sans mo-
tifs suSisants, l'authenticité des six dernières.
Un contemporain d*0\ide, AulusSabinus, écrivit
des réponses à plusieurs des Héroides ; savoir
d'Ulysse à Pénélope, d'Hippoly te à Phèdre,
d'Énée h Didon, de Démophon à Philis, de Ja-
son à Hypsipyle, de Phaon à Sapho. Trois de
ces réponses sont ordinairement imprimées
dans les OEuvres d'Ovide ; mais l'authenticité
en est très-douteuse. Une traduction des EpU'
tolx heroidum, en grec, par Maxime Planude,
existe en manuscrit; — Ars amatoria ou De
Arie amandif en trois livres, composé vers l'an 2
avant J.-C. ; — Remédia amoris, en on livre ;
— Nux, élégie sur un noyer qui se plaint de la
manière dont le traitent les passants ; — Me-
tamorphoseon libri XV, Dans ce grand onvrage
Ovide paratt avoir imité les ËxcpotoOiava de
Nicandre. Les Métamorphoses ont été tra-
duites en prose grecque par Planude ; Boisso-
nade a inséré cette élégante version à la suite
des Œuvres d'Ovide, dans la collection Le-
maire ; — Fastorum libri : cet ouvrage devait
avoir douze livres; il n'en existe que six, soit
que les autres aient été perdus, soit que Tau-
teur ait laissé son œuvre inachevée ; — TriS'
tium libri Z', élégies écrites dans les cinq pre-
mières années de l'exil da poète ; — EpistO'
larum ex Ponto libre iV; — Jbis^ l(»igae sa-
tire imitée de Callimaque, dirigée contre un
ennemi dont on ignore le nom ; — Consolatio
ad Liviam Augustam^ poème élégiaque qui,
sans être indigne d'Ovide, parait ne pas lui ap-
partenii. Les Medieamina Jaciei et les Ha-
lieulica ne sont que des fragments dont Tau*
thenticité même est douteuse. II ne reste que
deux vers de sa JUédée, tragédie qui, suivant
Quintilien, montrait ce que le poète aurait pu
faire s'il avait mieux aimé conduire son génie
qne s'y abandonner. On croit qu'Ovide avait
écrit d'autres ouvrages, aujourd'hui perdus, tels
que: Meiaphrasis Phœnomenon Arati; Epi^
grammata; Liber in malos poetas; Trium-
phus Tiberii de Illyriis; de Bello JSliaeo
ad Tiberium^ etc. On lui attribue quelques
pièces apocryphes : Elegiaad Philomelam^
de Pnlice, Priapeia, Quant à ses poèmes en
langue gétiqoe, la perte en est fort regrettable,
au point de vue de la philologie.
Les OEuvres d'Ovide furent imprimées pour
la première fois par les soins de François de
Pozzuolo ; Bologne ( Balthazar Azzognidi), 1471,
î vol. in-fol. ; l'édition prineeps fut suivie im-
médiatement par celle de l'évèque d'Âleria;
Rome ( Conrad Sweynheym et Arnold Pan-
nartz), 1471, 2 vol. In-fol. La première édiUon
aldine est de Venise, 1503, 3 vol. in-8^ A
partir de cette époque les éditions d'Ovide sont
nombreuses ; les pins remarquables sont celles
de Bersmann, Leipzig, 1582, 3 vol. in-go; de
Daniel Heinsios ( Elzevier ) ; Leyde, 1629, 3 vol.
in-i2; l'édition Variorum ( Cnippongius } »
Leyde, 1670, 3 vol. in-8*^; l'édit Inusum Del'
pMni, Lyon, 1689, 4 vol. in-4*; de Bunnann,
qui passa pour la meilleure, Amsterdam, 1727,
4 vol.in-4°; de Mitscherlich , Gœttingue, 1798,
2 vol. gr. in-8*' ; d'Amar, dans la collection Le-
malre , Paris, 1820, 9 vol. in-8* ; édition Fa-
riorufi», d'Oxford, 1825, 5 vol. gr. in-S**, don-
nant le texte de Bnrmann avec les corrections
inédites de Bentley; deJahn, Leipzig, 1828,
2 vol. in-8*'. Parmi les éditions séparées des ou-
vrages d'Ovide» on remarque : les Métamor-
phoses, parGierig, Leipzig, 1784; rééditées
par Jahn , Leipzig, 182 1 , 2 vol. in-8* ; par Baum-
garten Crusins, Leipzig, 1834, in-12; ptf
Lœrs, Leipzig, 1843, în-8'; les Fastes y par
Merkel, Berlin, 1841, in-8''; les Tristes, par
Oberiin, Strasbourg, 1778, in-8^;par Lœrs,
Trêves, 1839, in-8''; les Tristes et VIbis, par
Merkel, 1837, in-8* ; les i4ma<oHa (comprenant
les Héroides, VArt d'aimer, etc. ), par Wema-
dorf, Helmstœdt, 1788 et 1S02, 2 vol. in-8o;
les tiéroïdes, par Lœrs, Cologne, 1829-1830.;
2 vol. in-8^
Les traductions d'Ovide sont nombreuses dans
la plupart des langues de l'Ënrope; -mais elles
sont en général médiocres ; c'est à peine si on
peut citer en français la version en vers de
Saint-Ange ; la traduction en prose de l'abbé de
Marolles n'est fameuse qu'à titre d'œnvre ridi-
cule; la version en vers des Héroides par Me-
ziriac ne vaut guère mieux, mais elle contient
un savant commentaire. La meilleure traduction
d'Ovide en vers anglais est Ovid's Metamor^
phoses, in fifteen books, translated by thjf
most eminent hands; London, 1717, in-fol. :
les traducteurs sont : Dryden, Addison, Con-
greve, Rowe, Gay, Ambroise Plullips, Garth,
Cronall et Sev?ell. On cite aussi la traduction
des Épitres par plusieurs poètes : Otway, Settle^
Dryden, le comte Molgrave et antres ; Londres,
1680. Y.
Masson. ntu PuN, OvidU Niuonii, ordine rArono-
loçieo sic delineata tU poeUe fata et opéra veris ad-
tignentur annit : Amsterdam. 1701, ln-8». - C. Ro»-
mint. fiia di Pubt. Ovidio Naao; Ferrare, 178». In-S».
* Vlllenave, f^i» dPOvide, contenant des noUona bii-
toriques et littéraires sur le siècle d*Auguste: Paris,
1809, in-4*. — Différentes f^iet d'Ovide recaeUIies dans
le IV* vol. de l'édlL de Bnrmann. - Bayle, DM, —
Merivale; The Romani under the empire, L V.
OTiBDQ {GontalO'Fernandez de) y Val-
DE2, voyageur et historien espagnol , né à Ma-
drid, en 1478, mort à Valladolid, en 1557. 11 fut,
en 1490, attaché comme page à l'infant Juan, fils
unique de Ferdinand Y et d'Isabelle , et assista
an mémorable siège de Grenade. A la mort de
l'infant son maître, en 1496, il entra an service
de Frédéric d'Aragon, roi de Naples. En 1513 il
fut nommé inspecteur des mines dans les oolo-
t003
OVIEDO — OWEN
1004
nies d*Amérîqu€. I) fit alterner son séjour daas
l«Noii.T6aii Monde avec f^URÎeiirs Toya^ces en
£s(»^e, où, en 1526, il puMia à Madrid son
SMmario, et eD 1535 son grand ovvrage irt«-
ioria ée las Indiaê ^eccidMtaHs^, Nommé
œtte même année alca'ide d'Hifipaowla, il passa
éuM cette Ile dix années , poarsnivant ses re-
cherche* liwtovi^e» ; pnis il vint se fixer dans
son pays mlal, où< il rempKI les fonelienfi de
cbrom^oeiir des Mes.
5o» Misiorkt gen^ûl e naiural de las tn-
éias 0€Cidental9s est le plus imporlant de ses
oofrrages : il est dfvisé e» trois p^iee, La ps e-
miére partie Tut imprimée à SéTilleen 153*i, et
Félmprimée en 1547, à Satamanqae, augmentée
d^u» via^tièine Kvre, eootenant de» relaftioos
de nanfraged. Le garpluo de Touvrage existe en
manuscrit. L'impression en fut oomineneée à
Talladolid! en 1567, maî0 elle fot diseonliiiiiée
après In mort de l'auteur. On ne doit pas beau-
coup se 6er à Ovied» pour tout ce qui regarde
Colomb. A cet égard il tombe dan» de graves
cnteurs , parce qulft s*ea est trop rapporté au
récits d'au pilote nommé HermaB Perex aiaftlmo,
déioué aux Pinion et conséquemment ennemi
de l'anniral. Son Sumariê^ , dédié 4 k'empcreur
Cliarles-Quint, n'est qu'une deseription des Indes
occidentales, de leur géographie, du climat,, des
raoes qui peuplent ces eontréés, et de leurs
productions animales et végétales (t). Inde-
pendaroroeot de ces écrits bistoriqoee, Oviedo
» laissé un ouvrage en six volumes sous le titre
bîzafpre de QiÊibMuagenas : ce sont des dinlo^
giwoimagHiâiree entre le^; Espagnole les piu& dio-
tingnéade (^époque, sur lenr liistoire pemnnQeUa^
leurs femillea et leur généalogie.
Alvtrct y BaeiM , Uijos de Madrid ( Madrid. ST90 ),
X. Il, p. 8Ur86i« — Prescott, Uist. de la conquête du
Meriqite. t Tol., H». IV, p. tSfr MO - Ttckner, Uùtvrf
^tkeSpaniêà UUrOtur; t. t, p. W^Wl.
i^VMGTON (/oAa), voyageur anglais dm
dix- wptièmo siècle, il embrassa fort jeune Kéftat
ecolésiastiqoe II étnit chapelain du roi Jscqjies U
lorsque ce monarqve , fuyant dovaaf le prince
d*Orange ( Georges 1^ Louis >, s» réftigja en
France ( janvier 1889 ). Ofington crut devoir
s'expatrier aussi, et s'embarqua, le 1 1 avril pour
les Indes orientales. Il atterrit à Madrid , à San-
tiago (archipel du cap Vert ),à Malemba (Congo),
a» cap de Bonne-Espéraoee, dan<> les. Comores,
et enfin débarqua à ioraboy, hr 29 mai ie90;
de là il passa à Surate, où Aureng^Zeyb régnait
alors. Des. navires indiens ayant été pillés i/ar
des pirates européens ^ Aureng fil arrêter tous
les blancs qui se trouvaient dans se» États, et
Oviiigton fut interné durant trois années.; ee qut
lui donna le loisir d'étudier les mœurs du Mogol.
Le 14 février >693 il put enfin quitter yinde,
apvèa avoir tonché au cap et à l'Ascensioa; il
descendit à Kingsnle ( Irlande ), le i» seplembve
(I) L*\cad4nite roy«Je de Madrid possède daiw set ar-
chives une copte complète de VUUlitrut generctl^ qa'elie
1C93. Le reste de sa vie est peu conno. H a
puMfé la relation de son voyage sous ce titre :
Voynçe to Suratie in the years f 689- 1693,
with a description of fke Htands Modéra
ami S.'Ifeèena^ the aceount of the lasi re-
V0luH(m tfGolconâa, a description o/ fhe
hingâents o/ Arrokan and Ptgu^ etc.; Lon-
dres, 1696, fn-8"; trad. en français par ItSeeron,
Pnrte, 17^, 1735, et 1753. ? voK in-lî.
iHtroducHfm i t» trad. de Ntoéron.
oWBi«-«LKK»«WBft, aventurier g^ltoia,Bé
en t346, mort vers 1416. Il avait étudié les lois
dans sa jeunesse. Lord Grey ayant usmpé me
partKe de ^n patrimoine , Owen en appela au roi
Henri TT, qui refîisa de lut rendre jostiee. Le
ressefltknenl qull conçut de cet affront le porta
à se déclarer descendant dies aneiem princes dr
Galles et à soulever une séditioa. Les Gallois,
dans Tespoir de recouvrer leur indépeodnni-^,
raeeepièrent pour chef sans examen. Avec leur
aide ri baftH et ftt pri^onmerle lord Grey et sir
Henry Mortimer, et ▼ainquit dnne trois eomfcats
les torunpei^ du roi Henri IV. Le roi do France
Charles YI reçut ses ambassadeurs et lui en-
voya un corps d'armée. Plus tard Mortim«T, son
prisomier, n*}»yant pao obtenu de Henri IV li
permtssiMi de se racheter, pa6.<a an eMé di>
Owen, dont il époii«a la fille, eé ferma une Kgue
puissante e«tre les révokés dl^<;se, d* Angle
terre et du pays de Galle»; leur but était de
renverser du ti<6ne Henri lY el d'y placer
Riebard II, oomme héritier, dn conte de
Marche, descendant d'Edouard III. LVnéea»>
liée lut batUteà Sbiewslitry (140;^ Owen ne ^
soumit poin*, bien qu>o le véritable prince de
GaNe», fils de Henri IV, remportai auriuide
nouvelles victoires. Il rétablit quelque lemi»
se* afTaires avec Taule dee Françni» auxiliaires;
mais au bout do quatre année», le and de pays
de Gallea étant soumia enlièrenieol, le nord
abandonna Owen, qui se retira afvnc aea der-
niers partisana daon des moniagnes iMocessilyles
et résista tonta se vioi On veM par «Hlttffonts
acteft qu'il c»istaiA eneote aprèe l*hvénemnil de
Henri V. vers 1416. Le dernier acte qui leoo»>
iseme, daèèdu.24filvrier 14^6, eM uneeommH>
sion donnée à sur Talëot pour tvaitet avec Me-
rodith, fils de61endo«er, reiativemeDt b le sou*
Mission du son père. A. Y^t.
OWKH {Han ^ eu ialln AudoênnSj poète Min
moderne, né à Arrno% dans le comté de i^ieroar*
¥06, ven» 1 560, mort ee HIM. Il fit see eludea au
collège de Wincbester, pui« entra dans le !few>
Collée d*OxGM^ , auquel il fut agrégé en t5ft4.
U quitta cette pofiilMn pour la place dé matre
de recelé deTryleg^, près de llonniout*>. It liit
cboisi en 1»94 pour maître de Téc^e* libre,
fondée à Warwick par Henri Vlîft. SofI pa-
reese, soH imprévoyance^ il vécut toetfours dans
le gftnoi. U ftvait lieu de compter sur la suoces-
sion de son oncle; mais il ealiéoa ee parent» qii
lOM
OWEN — OWtlN-GORO.XWY
»006
éî9iî boa catMIqDe, f9x ime épigramniQ eontre
la sknoate il** I» oour 4» Rome; ce fulasMs pour
1^ IMre ëM^éiHer. Tom celle épigraiiun», qui
eoâU au poète bM«eo«p plus ^'eHe ■• ?aUik :
Att fuertt PetriM Rom» tub jutftce lU e«t ^
Slnion«H Bons aemo ful»t« b^M
(St Pierre alla à Rome est un point que Ton dfs-
4;ute encore. — Que Simon soit allé à Rome, nul
Q« le nie).
Owen éprouva souvent la bienveillance de son
parent et compatriote Wltbam, évèque de Lin-
cohi, garde'du grand sceau, lequel, après Tavotr
soutenu pendant sa vie, lui éleva après sa mort
un mommient dans la cathédrale de Saint-Paul.
On a d*Owen un recoeil d'épigrammes imitées
de Martial et qui en ont souvent l'esprit et quel*
<|ueroÎ8 la licence. Les trots premiers livres des
épfgrammea d*Owen parurent en 1606 , et Airent
augmentés de sept autres livres dans les éditions
suiiEantes. Les EUeviers en donnèrent deux édi-
tions complètes; Lejde, 1628, in 24 ; Amsterdam,
1647,in-i2; unede« pîusiolies éditions est celle
4]eRenonard , Paris, 1794, in- 18. Quant aux tra-
ductions et imitations en anglais et en français,
«Ues ne méritent pas d'être mentionnées. Z.
Athenae Oxonient^s, t t. -^BioçraphUi britanntea. —
Banet, Jugement» éê» mmniI». - Rtoero», vol. IVI.
OWBN ( Thom*n >, Juriste angtoia , mort en
décembre 1598. 11 Tut avocat de la reine et >Nge
à la cour des plaids oommans. Sa greade repu-
tatioB de magistral intègre et de proteelMr de»
lettres hû valut l'honneur d^re enterré dam
TablMiye de Westmfnster. Il a laissé un reeuei
intitulé Reports in the King's ëench and c(mh
moft pîeas { Londres, t6&6, in-fèl. >.
owBfi {l9wi$)^ tbéologicii angfoia, né en 1579,
dans le comté' de Merieaetb. Après avoir
passé quelque temptf chet les JéeuMes d*Espagm,
il rentra dans le monde, et cette société n*eat
f>as à cette époqne dymwnrf plus aehanié que
lui, comme on le Toit par les titres de ses oo-
▼ra^^ : Thê Running refMer^ retorà^np «
trtie relation of the ttttêe ^ %h^ enfUsk coê"
iegesf seminarifs , tmé e(ofs00rs tif ait Je-
rtign parts ; Londres, t6M ;on a inséré les pins
curieux passages dans Hmhtuîtfy t. 1, p. 141 ;
— The unmasking o/ aU pôpisk mwnkSt firian
and jesnits; ibid., 1628, l»4*;^ S^octr/tn»
jestttti€um, ùr ihejesuifs lookfng (^Aarv/'ibid ,
1629, in-i'*f et dans EuropœSpecwiumétMvfUFê
Sandys.
Chatm^Ti, Centrai biôçrapk, Dtct.
owBir (John ), théologien anglais, né m 1616,
à Stadham ( eomié d'Oxford ), nnort le 24 ao#t
1683, à Eallng. It prit ses degrés à Oxford et j
reçut les ordres. Lorsqne les trouble» éelatèvent,
il se déclara avec ehateur partisan do parUement,
et prêclia contre les évèques et contre tes céM-
monies qtt*H regardait comme nn reste de su-
perstition de fl^.gKse romaine. Après avoir ad-
ministré les paroisses de Fordbam et de Gog*
gei4iall, situéet dans le comté d'Esaex, il suivit
l*armee en Éeasse (1050), fnt feil dovan de l>-
gtiae du Glirist à Oxford , puis vioe-chanoctteff
de l^niifcrsilé (I6fti)» et la représenta'en 1654
à la chamàra des communes, tors du rétablis-
sèment de Charles 11, il rentra dans la vie pci*
vée et se joignit aux non «conformistes. Owen
jouit d*uae grande inihience 80u« It république :
il le devait à U dignité de son caractère , è sa
modération et à l'etendun de ses connaissances.
Ses écrits sont très-nombrenx ; nous citerons les
pKts remarquables : Sa lia etêoterunk Battrais
JesUf or the death ^deatk en tké death ef
Christ; Londres, 1643; — ^Findteia; Evange-
Hex; ibid., 1656, en réponse à Diddle et anx
tendances sociniennes; — De natura, ûrtu,
progressu et studio verse théologie; il^d.,
ÎMI, iU'é* ; -^ BxposiHon upon theepisiieto
the Uebrews; ibid., 2a édit., 1664, 4 vol.
in-fol.; — Dticovrse eoncemHtg the Mofg
Spirit; ibid., 1674; ^On ihe doctrine ^f jus-
tification bff fait h; HMd., t677. Qnelqvea roo«
ments avant de mourir, il fit , dit-on , porter
à nmprimerie sei dernières Pensées sur ta
gloire du Christ.
Lifit ^J. Owmii iTlt, Itt-S*. - WtbM» MUt, oféis^
têrtimg elmnke$.
OWBB {Benrg)^ savant eecléslastiqne an*
glais, né en t716« près Dolgelly ( comté de Me-
rioneth), mort le 14 octobre 1795, ^Londres. U
abandonna Tétude des mathématiques pour se
livrer à eelle de la médecine; reçu docteur en
1753, H pratiqua pendant trots ans, et embrassa
en dernier lieu la carrière ecclésiastique. 11 eut
quelques bénéfloes, cetof entre autres de Saint-
Olaf à Londres. On a do lui Uartnonéa trigo*
nometrica; Londres, t746v in-t°, en anglais;
— Ohsereatioms on the pospets; ihid., i764,
in-a^; '— The intent smd proprieig of the
Scriptttre miroetisconsidered amd esplaineé;
ibM.,1773, »vol. i»«*;-*-Cri<4raSa€ni; 1774»
io>8* , «vee ud supplément publié l'année s»-
vante;— CrMiCtt/ dis^isitiens; 1784, ii^»;^
yiccotm/Ms^orieaiaMd erit^cmttffthe Sêptua^
gént version of ihe (Mtf J^lamnAl; 17117,
in-g». H aaosai éditéiaAraiNim^tftta deRow-
land, en 1766.
Son firère, Edward Ow», mort en 1607,
fpt recteur d» Wartinglon dans le Lancaslwre,
et composa en vers angleia une traduction des
Smttres de Invénal (1766, 2 vol. in-12>.
Cb>liB«rt, Gmiermi OtêgnÊpM. Dtct,
owm-sMHMHWT, poête galloio, né en 172t,
mort à Saint- André ( Virginie ). Sa famille étant
trop pauvre pour lui faire achever ses éludes ,
tm étranger, qui avait remarqué son inlelligenee,
le Ht entrer à I\miver8ité d*Oxford en se char-
geant des fraîn. Entré é&mt tet ordres en 174.5,
il tint école à EfonbigCon , à Wallon, à Londres,
à Iforthlton (;Middlesex). Il aeeepta en 17»7 la
cnre de Saint-André en Virginie. Marié vers 1741,
il enl plnsfenrs enfants, et passa nne grande par*
lOOr OWEN-GORONWY — OWEN
tie d« 8a vie dans la misère. Il connaissait par-
faitement les langues anciennes. Ses poésies en
langue gaéiiqae (Odes morales et religieuses.
Poème sur le jour du jugement. Sur la Pour-
suite du bonheur^ etc.) sont des modèles du
genre. Il fit aussi des yers latins. A. H— t.
Blttgltj, Excursiout in'O IfortA f^alet.
OWBH (John), fondateur de la Société bi-
blique, né en 1765, à Londres, mort le 26 sep-
tembre 1822, k Ramsgate. Kn sortant de i'uni-
Tersité de Cambridge, on il avait fait ses cours
de tbéologîe , il parcourut, avec un jeune bomme
confié à ses soms, plusieurs contrées de FEu-
rope. En 1793 il entra dans les ordres et s'a-
donna avec quelqtft succès à la prédication; à
la même date il fut chargé par TéTéque Porteus
de la paroisse de Fulbam, qu'il desservit jusqu'en
1808, et depuis il remplit les fonctions de son
ministère dans la chapelle du parc de Cbelsea.
Lors de la première assemblée de la Société bi-
bUque (7 mars 1804), il exposa les motifs et le
plan d'une association,dont lui-même était loin de
prévoiries développements; il en rédigea les rè-
glen^ents et en devint le principal secrétaire.
En 1818, Owen visita la France et la Suisse
pour encourager les sociétés bibliques qui s'y
étaient établis. Ses principaux écrits sont : Tra-
vels into dij/erent parts ofBurope; Londres,
1796, 2 vol. in-S*";^ JAe Christian monitor;
ibid., 1779, 1808, in-8*'; — The Jashionable
world displayed; ibid., 1604, in-12; --. His-
tory of the Briiish and foreign Bible So-
ciety; ibid., 1816-1820, 3 vol. in-4<'; trad. en
français (Paris, 1819, 2 yol. in-4'').
W. Onne, Memoirsof the Ufe of J, Owen; Lond:, 1810,
In-S". — LaHoa-Ladebat, ÉU>çe de J. Owen, daos le
IV* rapport de ta Soo. bU>L protestante de Parla ( avril
18»). - Mabal, jinmuare néeroi., l8fS.
OWEN ( Robert), célèbre réformateur anglais,
né en 1771, à Newtown (comté de Montgom-
mery ), où 11 mourut, le 17 novembre 1858. Ses
parents étaient pauvres, mais ils le mirent ce-
pendant à même d'acquérir assez d'édueaUon
pour quUI pût être employé jusqu'à l'âge de
quatorze ans comme sous-roattre dans l'éeole
élémentaire de sa ville natale. Après ayoir été
ensuite simple commis drapier à Newtown et à
Stamford, il se procura un emploi à Londres, où
son habileté pour les affaires ne tarda pas à le
faire distinguer. A dix-huit ans, il devint l'associé
d'un filateur de Manchester avec lequel il entre-
prit quelques spéculations qui lui réussirent
parfaitement. Un manufacturier de Glascow,
David Date, qui devint en 1801 son beau-père,
avait créé, en 1784. près Lanark, sur les bords
de la Clyde, une filature de coton. Il la céd^ à
Owen au moment où» tout à fait tombée, elle
n'était plus qu'un centre de désordre et d'immo-
ralité. Les soins incessants du nouTeau proprié-
taire, son administratbn toute paternelle firent
rapidement changer cet état de choses. La pe-
tite colonie établie à Lanark prospéra an point
de Tue industriel et moral, et les bénéfices de*
1008
ses propriétaires s'élevèrent à plosieurs millioiis.
Une école d'enfants qu^Owen y fonda, et de la-
quelle il exclut toute idée de récompenses et de
peines, lui inspira tout an système d'édoeatk»
qui donna à Lanark une célébrité eoropéeaoe.
Des personnages du plus haut rang et da plus
grand mérite la visitaient chaque année. Les
enfants réunis dans cette école atteignirent le
nombre de six cents ; mais comme c'était là moins
une association philosophique qu'une spécnlatioa
privée, Oweo, pour mieux propager son système,
publia en 1812 ses Nouveaux aperçus de la
société, ou essais sur la formation du carae-
tare de Vhomme (New view of society, or es-
says on the formation of human character; Lui»-
don, 1812, in-8"). Daos ce livre, qui affecte une
forme scientifique, Owen développa la théorie
d'un communisme modifié. Les encouragements
qu'il reçut du cabinet anglais et de quelques
souverains, les suffrages des classes riches oo
populaires excitèrent chez lui une sorte d'en-
t&ousiasme, et, se croyant fermement appelé à
régénérer les hommes, il alla jusqu'à se procla-
mer lejavori de l'univers. Il faut oependuC
lui rendre cetteJusUce, c'est que loin de profiter
pour lui-même de cet engouement général , il
consacra plus d'un million de francs à la propa-
gation de sa doctrine. Brochures, discours, ar-
ticles dans les journaux, écrits de toutes sortes,
tout lui parut convenable. 11 aida aussi à réta-
blissement des écoles d'enseignement mutuel, et
afin d'obTier à la misère, toii^ours croissante, des
traTailleurs, il proposa de substituer pea à pea
aox grands centres manufacturiers de petits
bouiigs industriels et agricoles dirige d'après
ses propres vues. Le mauvais accueil que le
clergé anglican fit à son système détermina Owen
à se rendre, en 1823, aux États-Unis, où il achète
un domaine considérable situé dans l'Etat d'In-
diana, sur les bords du Wabash. Il y fonda un
établissement qu'il nomma Nouvelle- Barmonie
(New Harmony), et pour attirer la population
adressa un triple appel au talent, au capîlal et
au travail. Le réformateur français Charies
Fonrier employa cette même formule , tout en
déclarant que le système d'Owen n'était ipi'un
véritable charlatanisme. La colonie nouvelle fut
loin d'obtenir le sort prospère de Lanark ; en
grande partie composée de vagabonds et d'avoi-
turiers de toutes les nations, elle tomba rapide-
ment comme la plupart des utopies rêvées par
nos socialistes modernes, et son fondateur dut,
en 1827, se rembarquer pour l'Angleterre, à peu
près ruiné, et après avoir vu sa proposition de
coloniser le Texas rejetée par le gooTeroeroent
mexicain. Un pareil essai fut tenté par lui à Or-
biston, paroisse de Bothwel, comté de Lanark,
et ne fut pas plus heureux. Le même sort frappa
une colonie semblable tentée à Titherley, dans
le Hampshire. Malgré tous ses insuccès, Owen
ne perdit rien de sa prodigieuse activité, et con-
tinua ses cours de propagande sod&le. Long-
1009
OWEN — OXENSTIERNA
lOlO
tempe à Londres, il présida des réonioiu heb-
domadaires, et un grand nombre de meetings,
où il prononça pins de mille discours. II écrivit
plus de deux mille articles de journaux, et entre-
prit de nombreux Toyages, dont quelques-uns
en France, où son régime rationnel n'obtint
pas môme un succès de curiosité. Une banque
d'échange, qu'il avait contribué à fonder, fit fail-
lite enl 832, et compromit les restes de sa fortune.
Une audience qu'Owen obtint en 1840 de la
reine Victoria, par Tentremise de lord Melbourne,
provoqua contre lui, au sein de la chambre des
lords, les discours les plus outrageants. Après
avoir échoué en 1847 aux élections parlemen-
taires de Londres, il s'empressa de profiter de
la révolution de février 1848, pour passer en
France et essayer de rallier à son système, que
tant de chutes avaient condamné, le gouverne-
ment provisoire ou quelqu'un des partis socia-
listes ; mais il ne parvint pas à faire entendre sa
voix. Nous n'essayerons pas de donner une liste
même approximative des écrits de Robert Owen,
qui mourut à peu près oublié : elle est presque
impossible; mais nous rappellerons cependant:
The hook of the new moral world ( Le Livre du
nouveau monde moral), où il fait l'exposition
dogmatique de tout son système. L'un de ses
fils, Bohert Date Owbn, né à Lanark, en 1803,
et mort en 1861, avait été, en 1853, nommé
chargé d'affaires des États-Unis à Naples. H. F.
L. Aeybaad . Études sur la réformateurs contempor.,
t L — Vapereaa , Dict. des eontemp, — The sngUsh
eifclopcedia.
lovnoi (Richard), célèbre naturaliste an-
glais, né à Lancastré, en t804. 11 commeoça ses
étndes, en 1834, à Edimbourg, et les acheva à
Londres, où il devint, en 1826, membre du col-
lège des chirurgiens. Il entreprit alors de com-
pléter et de cataloguer le célèbre musée de
Hunter, tftché qui l'occupa pendant trente ans.
Ce travail lui suggéra des idées neuves sur la
forme et la structure des animaux, en partie
consignées dans les mémoires des Sociétés zoo-
logique et géologique de Londres, le Magazine
of natural history^ le Cyclopœdia of ana-
tomy and physiology^ et les Reports of the
British Associaiion. L'anatomie de l'orang-ou-
tang, du chimpanzé, des marsupiaux, des éden-
tés comparés aux espèces antédiluviennes, du
diornis de la Nouvelle-HoUande, des reptiles,
des poissons, des mollusques (céphalopodes et
brachiopodes) , etc., fixa particulièrement son
attention. M. Owen fit l'un des premiers servir le
microscope à l'étude des tissus animaux, et con-
tribua à la fondation de la Société microscopique.
II succéda, en 1836, au Collège des chirurgiens,
à Charles Bell dans la chaire de physiologie et d'à-
natomie. Ses leçons embrassaient tout le règne
animal ; celles qui avaient pour objet les animaux
invertébrés et les poissons ont été publiées sous le
titre de Lectures on comparative anatomy, dont
nne 2« édit. parut en 1863. La paléontologie lui
I doit aussi de notables progrès. Cest pour com-
bler les lacunes que présente la classification
des animaux actuels, qu'il résolut d'étudier à
fond les espèces éteintes. Suivant les traces de
Cuvier, il reconnut, entre autres, dans les em-
preintes du Cheirotherium, remarquées sur le
grès rouge, un batracien gigantesque. Le résultat
de l'examen de deux édentés gigantesques de l'A-
mérique parut sous le titre: Description o/the
skeleton of an çigantie sloth (mylodon ro'
bustus ), with observations on the osteology,
natural af/lnities of the megatheroid ani'
mais in gênerai; Londres, 1842. Membre de
presque toutes les sociétés savantes, il dirige le
département d'histoire naturelle au Musée bri-
tannique. Parmi ses travaux, aussi estimés que
nombreux, nous citerons encore : Odontogra"
phy (Sur la structure microscopique des dents) ;
1840^ 2 vol.; — History of british fossil
mammals and birds; 1846, in-8*; ^ History
of british fotsil reptiles; 1849-1851, in-4*;
— Lectures on the comparative anatomy of
the invertebrate animais; 1843, in-8*'; — Id.
0/ the vertebrate animais; 1846; — On the
archétype and homologies of the vertebrate
skeleton ; on y trouve un examen approfondi
de l'idée d'Oken sur le développement de la
vertèbre comme type des vertébrés ; 1 848 ; ^
On parthenogenesis , or the successive pro^
duetion of précreative individuals from a
single ovum; 1849. M. Owen, qu'on a sur-
nommé le Newton de Vhistoire naturelle^ a
adopté, avec de légères modifications, les vues de
l'illustre Geoffroy Saint-Hilaire sur l'unité de
composition organique.
English cyeloptedia { btograpby \.
OWOIf. Voy.ÂBk.
oxBifSTiBiiNA, une des plus anciennes fa-
milles suédoises, qu'on fait remonter au lagman
Thargny, qui vivait sous OlafSkotkonung. Le fils
de Tamiral Gabriel Oxenstiema (mort en 1585)
contribua au détrônement du roi Sigismond. De
sa femme, Barbe Bielke, il eut Gabriel (mort en
1640), qui fut drost du royaume, et Axel, dont
l'article suit.
oxBSSTiBaRÂ (Axel)y célèbre homme d'É-
tat suédois , né à Fanœ, le 16 Juin 1583, mort à
Stockholm, le 28 aofit 1654. Élevé d'abord pour
l'Église, sous la direction de Rothovius, plus tard
évéque d'Abœ, il étudia à léna et à 'Wittemberg
la théologie ainsi que le droit public et privé.
£n 1603 , il fut rappelé , comme tous les jeunes
nobles qui se trouvaient à l'étranger, à la cour
du roi Charles IX , qui, appréciant bientôt ses
facultés éminentes , le chargea de plusieurs mis*
sions diplomatiques et le nomma sénateur en
1609. Dans son testament Charles le mit au
nombre des six tuteurs de son jeune fils Gus-
tave-Adolphe; mais à la diète de NykOping
(1611) Oxenstiema contribua à ce que Gustave
fût immédiatement déclaré majeur. En récom-
pense, il fut aussitôt nommé chancelier do
1011
OXENSÏiERNA
1619
«0]f4iune, ffoctioftqu'H retoiplik jusqu'à s» mort,
«v«c k plus grMd éclat Dès lo» une tendre
«initiié, i^i ne m démentit jaioais» unit Gustave et
«on sûnititre, dooi le fiang^&oid teopérait heu-
reusement. le careiière bouilUiU du roi , et mh
4|uel une |kart uttVable 4e le glnire de ce rèigM
dett Atre «ttrOwée. « €eqiieSaUy (ut àliuin IV,
dit avec raison Lowlblnd, Oaeostterna VéUH
à Gu&Uf e-AdAl(ilK. U) rai ne furmait pas de
|Nt>jet «yi'il ne oooiiBMniquAt à soa mioistce,
dans lequel il avait souvent plus de ooefianca
^u'en lui-uAne^ »Dèi l'abord Oibenstteian Teio-
porta dans les oonseiU do roi sor iean Skytt*s
ancieo précepteur de GustAf e et cbef du parti
démocratique; il fit rendre à U noblesse 1ns pri-
Tiléges<fui lui avaient lUé eiiLev«& sons le r^fn^
préoédeuL 11 entreprit de remédiera la misère du
pays, qui Tobligea à signer (!& ianvier IQI^
4ve& le Pauemark un traité onéreux pour la
Suàde. Il Teiiia k l'exercice séi ère de la justice,
souvent troublée au milieu des ora^ politiques
des années précédentes» Ayant ainsi rélabli dans
le; pays le repos et quelque prospérité* il négocia
en 1617 une paix glorieuse avec la Russie. Il
parvint» aidé par la reine mère » à erap{icber le
roi d*épouser la belle £bba Brahe» et réussit
ensuite, malgré lieaueoupd'inllueucee contraires,
à conclure le mariage de Gustave avec la prin-
cesse Marie-Éléonore de firaodebourg. En 1621,
après le départ du roi pour la guerre de Po-
logne, il fut chargé de radministralion, qu'il
conduisit avec autant d'énergie que d'habileté et
de sollicitude pour le bien général. Le IG sep-
tembre IG'29 il signa avec les Polonais, après de
longs pourparlers, une trêve de six ans à des
conditions très-favorables. Désireux de voir son
maître devenir l'arbitre de tout le nord de l'Eu-
rope, Il lutta pendant quelque temps contre le
projet du roi de venir au secours «les protes-
tants de lïmpire, prêts à être écrasés par Les
armes de Ferdinand II ; nnats une fuis qgll cou*
nut la fenne résoIuUoo de Gustave, il mit à le
seconder toute son activité dévorante , et lui
pruiura les troupes et l'argent nécessaires pour
tenter cette dangereuse entreprise, tn 16a2 il
quiita la Prusse, qu'il venait de gouverner pen-
dant quatre ans ainsi que les autres contrée^
conquises sur le» Polonais , et vint rejoindre en
Allemagne le roi victorieux. Il eut à conduire lei
négociations nombreuses et compliquées avec
les princes de ce pays et les ambassadeurs étran-
gers ; il prit aassl part i plusietirs opérabons
militaires, et contrfboa entre autres à la délî-
france dé Nuremberg.
Survint la mort du roi. Un moment accablé,
Oxenstieraa décida de continuer avec énergie
l'œuvre commencée, dont il prit en main la dî-
vection, malgré le mauvais vouloir que Télec-
te«r de Saxe et plusieurs autres princes protes-
tants montrèrent ouvertement contre ta Suède.
Il envoya à Stockholm le testament qu'il avait
rédigé par ordre do roi, mais que celui-d n'a-
vait pan eo kl temps da ratifier par sa et|piaiiuc,
ce qui n'empèciia pas Ins étaU.de conslituer le
gouvememnâi selon la tenenr de cet ncsio.
dont on a rois en doute l'anUbenticité. i*atinfc»>
eratie devint entièrement prépoodei^Ue; r^mi-
watialion pendant U minorité de Chiistine fui
confiée à cinq tnleurt. Oxenatiema, l'un d'eux^
tmil en gardant une part onosidérahie dan* H
{aanvernenBent k l'iatérienr, reçut pleîA pouwmr
pour la poursuite de la guerre. Sa tûn éUii
dea plus diflkiks. Il décida, H est vrai, le» ^éy»-
léa des cereiea de Sooabe, da Franconie nt da
Uùn, réunis ^ Ueilbronn, en mars 1621, à ioî
cwUier la direction des opérations miiitaîre&;
mais kki diamaodede TamlKiâsadi ur français Feu-
quièren, on lui adjoignit un conseil de onxemem-
bre«,doat U devait deoauider i'avis« Po«r étntiiir
son autorité, si nécessaire au milieu des dinsea-
timanta graves entre les généraux suédoin el
allemands, Oxen^tiema fut obligé de distriboer en
dotations aux officiers mécontents presque^toulcn
les possessions conquises sur l'ennemL S'il ache-
tait ainsi la docilité, entre autres du duc Bernard
de SaxeWeimar,, qui reçut le duché dn Frnn-
coiiie , il se créait d'un autre côté des ennemis
par sa hauteur, parfois blessante. Wallenntein
aurait pu profiter de tous oes tiraillemeiits et
frapper un grand coup ; mais» dégvAté dès lora
du servica de l'empereur, il ne songeait cyi'k
ménager les Siié<iois, et il se mit ànégooier pour
son compte avec Oxenstierna; mats celui-d D*eot
aucune confiance dans les ouvertures du doc de
Friediand. « Qui trahit son t>ays, dit-il à ce SU|Kt«
trahira tout le monde. » Les pourparlers n'abou-
tirent pas. Commença l'année 1634, qui derait
poi ter au comble les embarras d'Oxeostiema. La
raaiveillaucecroissaulede a Saxe, la rivalité entra
le duc de Weimar et Horn et autres circons-
tances fâcheuses amenèreat la perte de Ratxs-
bonne et la défaite de INordtingue. Le chancelier
essaya de faire face è Torage ^ mais, voyant ses ef-
forts rendus inutiles par la jaloui^ie des Allemands
excitée encore par le. cabinet français, il reiuit
la conduite de la guerre au duc Bernard» et se
décida contre son gré à négoder une alliance pins
intime avec la cour de France, auprès de laquelle
it envoya, au commencement de 163S. le oeièbre
Hugo Grotius ( voy. ce nom ). 11 vint peu de
temps après lul-mème à Paris, et régla les condî-
tlons d'un nouveau traité contre l'empereur.
Maïs de retour en Allemague, it ne se liâta |»as d«
le faire ratifier, voyant l'optoion publique en
Suède se prononcer en faveur de la paix, sur-
tout depuis ladéf^tionde la Saxe. Cependant à
la nouvelle des conditions humiliantes que lai
offrait Ferdinand, il courut à Magdeliourg, pour
relever le courage de l'armée suédoise-, mais il
la trouva en pleine mutinerie, à cause des retards
apportés au payement de la solde, et fut &ur le
point d^ètre retenu prisonnier. Lorsque la ré-
volte eut été apaisée par Baner, il assura par
des mesures rapides les conununications avec In
1013
OXENSilLaNA
1014
), ^ aTaicot été sur le p9kÀ d*êtfe eoa-
pées par 1^ dluos de Luoeboitrg et de Meckiem*
boor^, et it fît mettre la Peméraaie es état de
rêskl^c à ralta<|iie qne préparait réteeteor de
Braadebourg. Il ae parvial à reoea^eler ta trêve
»Tec la Polu^ae qtt*ea reêlMMat les conqvdtes
i&Het en Prusse ; mais il oirtint de meillewee
eoodilioiw daD& le trailé passé le 20 mara f 63«
av^ Teairoyé franc aig Ctîaaiaoal. Pen d» temps
après, laissant k oornmandeaaeat mUitaire à
Baner, ^ui aUait relewr la gtoire de6 anones
aaédoises, et la cDodHite éê» afCaires^ dlploma-
tiqHea à Salvios et k Beo Stielke, il retonroa tm
Suède, ttù il fut reça ave» te plus vif eothoo-
siasroe. Daaa la première séaaee du sénat à
lactnelie il tsmià , H exprima favis qu'on ne
doiiDât plus dorénavant à un particulier des
pouvoirs anssi étendis ^ue Taaaieat été les siens,
parce qu^l était trop feeile d'en aèuser. En effet il
avait (aUu toute sa loyauté pour résister aux iu-
siiMiatietts de Bicl»tieu,(|iii pour le reoike docile
à seji projets y avait offert d amener par son in-
fluence un mariage en&re la reme Clinstiae et le
fils du chancelier. Oiettstierna apporta les plus
grands soins à Téducatun de cette jeune pria^
cesse, qnïl it eafeever à la reine laèn» Marie
Éléonore, et Ini dama kH-Baftme tons lea josrs
des leçons de politiqne et de droit puMie: Gar<
dani la hanta main dans le gouvernement da
pa^ , il chercha Aiéme par des sacritices impq»<
ses à la noblesse^ cfii*ii£&vorisaittant, à augmentef
les ressourcée linanôères, afin d'entretenir tes
armées d^Aiemagne, qui avaient repris l'avan-
tage ; il négocia avec la France un nouveau traité,
<pit ariienn (I(i40 ) le conoMirs actif des troupes
i^aoçaiseac ¥« 1643 it fit en secret des prépa-
ratifs po^r venger las humilîation<i que la Suède
avait depuis le aommencftment du siècle éprou-
vées de la part du Danemark. Il prit si hie» ses
mesures, que les Danois, pressés de (e«JteA pafts
par tes arinéea suédoises, iavo^rent bientM la
médiatiettée b France, et sa résigné? ent k con-
céder à la Suède de très grands avantages. Dons
l'intervalle, Christine avait été déclarée majeure,
le 6 décembre 1644. Elle sa sentait impaliente
de gouverner par eUe-roéme et de secouer le
joug de son sévère mentor. Aussi se mit^eUe k
né^Ôiiger ouvertement les conseife» d'0\enstit'rna
et à. écouter de préférence ceux de ses favoris
Magnusde La Gardie et l'aoBbasâi^d^urde France
Ckaaut. Psoitaut de la mésintelUgenae existant
e«tr» les deux eavoyés suédois au congrès d'Os*
nabrifetck, iean Oxeustîeraa» fits duchaakselier, et
Salvius , la* reine doaua a ce dernier des ins-
tructions secrètes pour hkter la coachMMon de
la paix; cela était contraire à l'avis d'Oxens-
tiema, qui « au moment où* les troupes suédoises
avaient partout le dessus, deasandait qu'où pour-
suivit avec énergie la victoire. En apprenant ces
ijiÉrigues,Oxen$tierna, profondément blessé, offrit
sa démission ; Christine la refusa, n'osant pas affi-
cher k ce point son peu d'égards pour un serviteur
si déTOUé et s» uoner^aeilemenl vénéré. Mais elle
n'en pressa pas moins la signature de lu paii ,
qui ne rapporta k la Suéde que des territoires
isolés les uns des autres et qu'elle devait perdre
tôt ou tard , comme le prévoyait le ellaueeHer.
Après que la Gardie fut tombé en diegrAce, la
reine se rapprocha d*CK«Mtieroa, et lui montra
plus de défôreuce. Mais sur «» point important,
hi succession au tréue, elie heurta de front
toutes ses sympathies, e» fii«anl proetauner
prniee héréditaire le )eune Charles C^ustave,
prîneepalati», qu'Onenstiema détestait nomme
étranger. De phis, le chaucelier notait pas éle^
gné de ridée de fairo monter son fils Éric sur le
trône, qn allait devenir vacant par suHe de IV
version de Christine pour I» mariage, vainement
combattue par lui ; or, vu IIMustratiou de sa 1^
mille et les aotéoédeuts de l*histetre do Suède,
ce désir ne témoignait pas d'uue ambitio» déme-
surée. L'abdication de Christine vînt augmenter
les chagrins du chauceHer, causés moins par la
diminution dit son ioffocuee que par les iôdices
réitérés qui lui Ynootraient que rariatocrafiè
perdrait prochainement sa haule position dans
le gouvememeut du pays. Bien que le nouveau
roi« Ctiarlcs^Gustavet, ne voulût pas se souvenir
de i'oppositbtt qne hii avail faite le chanceliar
et qu'il mawtIM à ta tête des affaires oa minislpe
htanchi <*ans raccoasplissement scrupuleux de
ses deroirs, néanmoins Oxenstiena un put
refouler sa douleur el mourut peu de temps
après le départ de Christine , datai le nom étaft
dans sa bouche k ses derniers moments.
Parmi les actes de sou admiuistratiofe, il tant
citer les nombreux encouragements qu'il fit ae*
corder au commerce, en taveur duquel il con*
chit plusieurs traités, notamment avec le Por*
tugal, et les mesures par lesquelles il accordante
liberté k rindustrie. Ses vues élevées et fécoudea
en matière d'éronoroie politique août exposéeu
dans un Mémoire adressé par lui an sénat eu
16^, et dont Toriginal so trouve k la hifafiotbèqtM
d*IJpsal. Kommé en iC4& chancelier dur Pmévien-
site de cette viUc , il s'kitacha k y fura fleurir les
sciunees et les lettre», qu'il protégea couetanw
ment, témoin les cmq gyaanases liondés de ses
propres deniers. U était dTon rare désintérea«
sèment; jamais il ne prafila de êoa iaflueucs
toute puissante pour aagwteuéer sa fortune par
des moyens dctournés; bien pins, tas fortce
sommes qull avan^ à plusieurs reprises pour
les besoins de FÉtat furent prêtées par hu saus
intérêts. Simple et frugal dans son intérieur, H
étalait dans les cas de représentation un grand
luxe, pour soutenir Thonnenr de sou pays,
Conune négociateur, il fiit k la hauteur des plus
célèbres diplomates de son éfioqiie, y compris
Richelieu; froid, réservé, connaissant tes hommes,
observant k fond les moindres détails des situa-*
tiens, H conduisait les affaires avec une grande
sttreté de coupd'œiJ ; il n'y a que sa hauteur,
quelque peu excessiru, quinuiait parfois k ses
1015
OXENSTIERNA
1016
succès. Il se délassait du poids de ses occupa- | rapproche de ce portrait celui (racé par Christine
-, .- . 3-_ _..._, .. (dans ses W^ifiolre*, t. III, p. 46), on aurm
idée exacte des qualités de ce grand homme,
des plus beaux caractères du dis-septième
Oxenstiema est l'auteur du second volttine de
VHUloria belli sueco-gemuiniei ^ publiée sous
le nom dé Cbemnitz, qui a écrit le premier. Oo
lui attribue encore les pamphlets : De orcajw
Àustricicx domus et De ratione siaius /m-
perii » qui ont paru sous le pseudonyme de Hip-
polyte a Lapide. Un morceau de Ini sur l'his-
toire de Pologne a été publié par fiange; Upsal,
1750, in-4®. Son Journal a paru dans le Stoeà-
holmisches Magasin, L III. E. G.
tioos par la lecture des classiques grecs et la
tins, de la Bible et des Pères de TÉglise; ses
lettres à Grotius nous font juger de ses vastes
connaissances.
« La taille de Oxenstierna était un peu au-
dessus de la moyenne, dit Fryxell dans son
Histoire, de Gustave-Adolphe; sa physionomie,
son esprit et ses mœurs avaient toute la gravité
suédoise; c'est le plus grand politique, le plus
grand administrateur que la Suède ait produit.
Une perspicacité extraordinaire , un calme iné-
branlable , présidaient à toutes ses détermina-
tions, qu'il exécutait avec énergie et persévérance;
rien n'était remis au lendemain et encore moins
oublié; cette activité, qui embrassait tout, ne se
lassait jamais. Ses facultés sous ce rapport
touchent au merveilleux. Dans toutes les affaires
importantes, négociations, enquêtes, diètes,
guerres , on trouve l'iufluence de son activité ,
de sa volonté, de sa loyauté. Il n'e^t pas une
seule branche de l'administration suédoise qui ne
soit redevable à Oxenstiema de quelques amé-
Uorattons.... Tous les deux ou trois jours il écri-
▼ait au roi et de sa main, de longues lettres sur
la situation du pays, les mouvements militaires,
les n^ociations, joignant an sujet principal des
dissertations historiques et politiques, des
comptes sur les revenus de l'État, etc., ce qui
ne l'etnpéchait pas d'entretenir une correspon-
dance étendue avec d'autres personnes. La pos-
térité est stupéfaite de l'immense quantité de
mémoires qui restent de sa main (1). Une acti-
vité aussi vaste aurait été impossible sans la sévère
gravité d'Oxenstiema, sans l'ordre exact auquel
U soumettait les autres et lui-même. Une santé,
une humeur égales allégeaient pour lui le fardeau
du travail et du souci U était aristocrate
dans l'acceptation la plus haute et la plus noble
du mot. Entièrement pénétré des idées de son
époque, il ne lui vint jamais à la pensée de dou-
ter des droits de la noblesse à posséder exclusi-
vement les grandes cliarges, à manier les re-
venus et le gouvernement du royaume. Mais à
côté de ces droits , il plaçait des devoirs non
moins élevés. Il demandait d'abord, et avant
tout, de la supériorité dans les sciences , de Hns-
tnictioQ et se plaignait hautement de l'éduca-
tion donnée aux nobles, qui se bornait le plus sou-
vent « à la danse et à l'équitation, aux talents de la
vie de cour ». Il ne pouvait souffrir d'orgueil
de naissance sans mérite personnel, et disait :
melius est elarumfieri quam natci. « La no-
blesse, dans son opinion, ne devait redouter ni
peines ni sacrifices quand il s'agissait de la pa-
trie; c'était à elle à donner l'exemple. » Si l'on
(I) Les archlres royales de Stockholm possèdent, en
sept Tolaroes tn-fol., les lettres écrites par Osenatlerna de
16S6 à lest; une quantité encore bien plus considérable
de ses papiers ^e trouvent aax archives de Ridderstolpe
f*t de Falkenbersr. Sa Corrupondattce arec son flis Jean
(I64t-1649) a été publiée par GJOrwelt.
Undblad, piutar^ue tuédM». - liaUenbefir. Ct
tavt Âdolphs UiMtoria. — Cbeninlts, Dellnm n»
germanium. — Adier&parre, Historista Samlimgttr. —
P. Brahe, 7anJceboik. - Grotius. Epittolm. - RidieBeii,
Mémoires. - Cbanut, Mémoires. — ArctaenboU, Mé-
moires de Christine. — Whltelocke, tournai { Upail,
1777). — rojc, HoTiog Bemhard von f^etwutr. — Feu-
quléres. Mémoires. — Purrendorf, £B rtAuà «ueoieic -
Stieminann, RHudâgars ook motÊta beshU, — G«Ver,
HisMTe de Suéde.
oxBarsTiBRBiA (Benoît)^ homme d'ÉUt
suédois, cousin du précédent, né le 10 jiuliet
1623, mort le 22 juillet 1702. Après avoir assisté
au congrès d'Osnabruck, il fut nommé gouver-
neur de la haute Pologne ; en 1660 il fut un des
n^ociateurs de la paix d'Oliva. H devint séna-
teur en 1673 ; il essaya mais en vain de détourner
le-jeune roi Charles XI d'une alliance avec la
France. Les défaites des armées suédoises pfvn-
vèrent bientôt la sage prévoyance de ses ooo-
seils. Député en 1677 comme ministre piénipo-
tentiah^ au congrès de Nimègae , il fut nommé
en 1681 premier ministre et président de la chan-
cellerie; il imprima à la politique extérieure un
caractère entièrement pacifique, et rétablit la
prospérité du pays. Son inlluence déclina à Ta-
vénement de Charles XII, dont les étonnantes
victoires ne Téblouirent pas; en 1702, pen de
temps avant sa mort, il adressa an roi un Mémoire
(inséré entre autres dans la traduction aOemande
de VOiêioire de Charles XII par Mordberg ,
t. ni), oii il prédit les malheurs qu'une guerre
proloi^e devait entraîner pour la Suède.
BioçrapMsk'LexUtoti. ^Sehlùur, Sekwedisck» Bio-.
graphie, 1. 1. p. 48t-Bl8.
OXBNSTIBRBIA ( Gabriel- ThuresoM , comte
D')f homme d'État suédois, petit-neveu d'Axel,
né à Stockholm, en 1641, mort à Deux-Ponts, en
1707, Après avoir visité plusieurs contrées de
l'Europe, il prit du service dans Tannée, et
fit quelques campagnes ; il fut ensuite employé
dans diverses négociations diplomatiques, et fut'
entre autres ambassadeur extraordinaire au con-
grès de Ryswick. S'étant converti an catboUctsme,
il tomba en une complète disgrâce. Charl» Xlî,
pour apporter quelque adoucissement à son sort,
aggravé encore par son malheureux mariage avec
la petite-fille du célèbre chancelier Oienatienia,
le nomma, en 1699, gouverneur dn duché de
Deux-Ponts. A la fin de sa vie, il écrivit en fraa«
1017
OXENSTIERNA — OZANAM
1018
çais un Recueil de pensées (Francfort, 1725 et
1754, 2 Tol. in-12 ), où se rencontrent des aper-
ças très-remarquables sur l'homme et la so-
ciété. O.
Stlerninami, BMMMeca.-^ Biogretphitdi^tMHJUm.
oiroRD ( Comte D*). Voy, Hablet.
oxiiOLM (Pierre- Lot haire), écrîTain mili-
taire danois, né vers 1748, à Copenhague. En-
voyé en 1779, à Tlle Sainte-Croix (Antilles) en
qualité de lieutenant du génie, il rcTînt en 1799
dans son pays, et devint successÎTement colonel
(ISOt) et mijor général (1805). Nommé goiiver-
near général des Antilles danoises en 1814, il
exerça ces fonctions jusqu'en 1818, ob il obtint
Je rang de Ueutcnaot général. On a de lui An-
visning til Peltingenieurkonsten (Introduc-
tion à l'art de l'ingénieur de campagne); Co-
|)enhague, 1777, m-8*;— De danske vesttin-
diske Œrs (État des Antilles danoises); ibid.,
1798, in-8*;— quelques écrits politiques.
( jiimtndeliat LiteratUT'LexIeojiu
OXTATBKBS. Voy. ClÉABQUB.
OZiLN AM ( Jacques ) , mathématicien français,
né en 1040, à Boulignenx ( principauté de Dom-
bes), mort à Paris, le 3 avril 1717. Sa famille
était d'origine juive, mats convertie au christia-
nisme depuis longtemps. On le destina è Télat ec-
clésiasque; rebuté par la théologie, il snivit une
autre vocation. Son aptitude était si grande pour
les mathématiques , qu'il les apprit è peu près
sans maître, et qu'à quinze ans U composa un on*
vrage dont il crut devoir utiliser plus tard quel-
ques pages. Privé de tout moyen d'existence, il
se rendit à Lyon, et y vécnt de l'enseignement
particalier de sa science favorite. Il publia dans
cette Tille, en 1870, des tables des sinus, tangentes
et sécantes d'un usage commode. Un service
qu'il rendit à des étrangers lui permit de s'é-
tablir h Paris. Sa réputation était grande; Ma-
demoiselle, princesse souveraine de Domines,
l'appelait V honneur de sa Bombes, U éciivit
beaucoup sur les mathématiques; ses ouvrages ,
très-estimés, ont été réimprimés fréquemment
Leibniz faisait grand cas du traité d'algèbre d'O-
zanam. Malgré le succès de ses livres, ses moyens
d'existence étaient fort précaires; il perdit ses
élèves, et tomba dans une situation voisine du dé-
Dûment. Il fut reçu membre de l'Académie des
sciences en 1701, et mourut d'apoplexie. On a
de lui : Table des sinus^ tangentes et Jé-
cantes; Lyon, 1670, in-S*"; — Traité de
gnomonique; Lyon, 1873, in-t2; — Géomé-
trie pratique :î*àr\9, 1884, 1689, 1736, 1763,
in- 12; » Traité des lignes du premier
genre; Paris, 1667, in-8''; ^ De Vusage du
compas; Paris, 1688, ln-8<';« Dictionnaire
mathématique; Paris, 1691, in-4''; — Cours
de mathématiques; Paris, 1693 ; Amsterdam ,
1699, 5 vol. ln-8^; — Méthode de lever les
plans et les cartes de terre et de mer; Paris ,
1693, 1750, in-12; ^ Traité de la fortiftea-
iion régulière et irrégulière; Paria, 1691,
1720, in-S*" fig.; — Récréations mathémati-
ques et physiques f Paris, 1694,2 vol. in>8'';
édit. revue par Grandin, Paris, 1720, 1725, 1735,
4 vol. in-8° ; édit. refondue par Montuda, Paris,
1778 et 1790, 4 vol. in-8o,fig. ; — Méthode facile
pour arpenter et mesurer toutes sortes de
superficies; Paris, 1699, 1725, in-12;— Nou-
velle Trigonométrie; Paris, 1698, in-12; —
— Nouveaux Éléments d'Algèbre; Ams-
terdam, 1702, ln-8';— La Perspective théo-
rique et pratique; Paris, 1711, 1720, in-8'',
fig. ; — La Géographie et Cosmographie qui
traite de la sphère; Paris, 1711, in-8o. Ozanam
a laissé en manuscrit un traité de l'analyse de
Diophante. U a donné des articles et mémoires
au Journal des Savants et au recueil de Van-
cienne Académie des sciences ; on lui doit enfin
des éditions nouvelles des Éléments d'Euclldc,
avec le commentaire du P. Millet de Chasse, du
TYaité de la géométrie pratique et du Traité
de la sphère de Boulanger. J. B. Monfalcon.
FoDtenelle , Éloçe d^Ouuuun.
OZANAM (J.-A.-F.) , médecin français, de la
famille du précédent, né dans un village de la
Bresse, en 1772, mort à Lyon, en 1836. Il fit
ses études au collège de Bourg , et entra dans
une maison de commerce de Lyon, où le sur-
prit le siège de cette ville, dont il fut l'un des
défenseurs. Il alla k Paris, puis à Livoume,
et n'eut pas à s'applaudir de la situation de
ses affaires commerciales. Établi à Milan en
1809, il étudia la médecine, et fut re^u docteur
à Pavie. Lors de la chute de l'empire, il se fixa
à L>on, et devint médecin de l'hdtei-Dieu. On a
de lui : Histoire des maladies épidémiques^
contagieuses et épizootiques qui ont régné
en Europe depuis les temps les plus reculés ;
Lyon, 1817-1823, 5 vol. in-8*; — Conseils aux
bonnes mères sur la grossesse ;'Ljon, 1817,
in-8*; — Mémoire ( inédit ) sur le Décreusage
de la soie; Lyon , 1825 : l'Académie vota une
médaille d'or à l'auteur; — Mémoire statisti'
que pour servir à Chistoire de rétablissement
du christianisme à Lyon, depuis le second
siècle de V Église Jusqu'à nos Jours; Lyon,
1829, m-8<'. J. B. M.
BemeigneMmits partieuliên,
ozAn km lAntoinC'Frédéric), écrivain fran-
çais, fils du précédent, né le 23 avril 1813, à
Milan, mort le 8 septembre 1853, à Marseille.
Placé comme externe au collège de Lyon, il y
montrables dispositions les plus heureuses, et fiit
en philosophie un des plus brillants élèves de
l'abbé Noirot. A seize ans il entra chez un no-
taire; mais ces nouveaux devoirs ne l'empêchè-
rent pas de trouver du temps pour continuer ses
études, qu'il dirigeait vers l'histoire. Outre l'ita-
lien , l'espagnol , l'anglais et l'allemand, qnll ap-
prit avec une extrême facilité, il s'occupa d'hé-
breu et de sanscrit , donna des articles remar-
quables à V Abeille et au Précurseur, journaux
de Lyon, prit une part active aux œuvres des
1019
OZAWAM — OZANEaUX
1020
Diis&ioDS et de la |>ro|Mi|[atioD de la foi , et pu-
blia en 1631 des Réflextons sur la (Utclrtne
de Saini^hneH. , L'année juivante U vint à
l^aris suivre Jes oours de ia (acuUé de droit. £a
peu de temps il fut mis en relation avec M« Cha-
teaubriand, Am()ère, BaUanulte , MM. de Mon-
talecnbert, Laoordaii« et quelques écrivains qui
ne devAienf|»as tarder à »e faire un nom dans les
lettres. En 4833, huit étudiants, parmi lesquels
se trouvait Ozaaam , formèrent entre eux une
espèce de ^mciété pour saionrir ks pauvres à do-
micile dans la mesura de teurs moyens ; diacun
d'eux prit sous son patronage «n ecrtaia nombre
de famiUes indigentes, qu'il aidait de aecours de
tous genres. TeHe fut ta RM>desle origine de la
société de Saint- Vincent de Paul. L'cMivre proo-
|iéra : elle avait pris ub aooroisiMnent considé-
rable vingt ans plus tard lorsque le plus aéié
de ses fondateurs prérida à Florence une «ssHsm-
i)lée des membre^ en qualité de vice-président
du conseil général dos oonfiérenoes. Après avoir
reçu le diplôme de docteur en droit (1836),
Ozanam aoutint avec une rare éloquence les
épreuves du doctorat es lettres (1838)^ sa thèse
latine traitait De fre^uenU a^ud veleres poeias
Jiêroum ad in feras dêtcemu; quant au «i^et
de la thèse française, il le tenait <d*Am|père, et
il en fit un de ses plus beaux ouvrages, JkuUê
ei la philosophie calhoUque au Iretotéme.
siècle. Rappelé à Lyoh pour y occuperune<;haire
de droit commercial récemment créée (1839),
il y prolongea son coura jiisqu'4 la fin de 1840,
et retourna 4 Paria^ oii il fat reçu professeur
agrégé de la fiuollé des lettres. Vers cette épo-
que il contracta un heureux manoge avec la
fille d'un ancien rectear de l'Académie de Lyon,
M. Soulacroix, et fit un rapide voyage en Si-
cile. A son retour il sMppléa Faurièl dans l'en-
seignement de ia littérature étrangère à la Sor-
bonne, et à la mort àe oe savant (1844) il lui
succéda comme professeur titulaire. Cliargé par
M. de Salvaady d'une mission en Italiei il la rem»
pHt avec stèle et fit une longae et fructueuse ex-
ploration des bibliothèques publiques et privées.
Pendant l'insurrection de iuin 1848, il se coa-
duislt an citoyen courageux et dévoué^ ce Ait
lui qui détermina l'arclievâque de Paris è se
rendre auprès des insui^gés, démarche <|ui de-
vait avoir un m fatal résultat. Mallieureusement
le travail opiniAtre auquel il se livrait altéra bien
vite sa santé, déjà cltancelante. Chez lui l'Ame le
plus énergique était servie par des «i^nes dé-
bites, qu'elle accablait de son action, et le corps
flé<:liis8ait sous les exigences trop grandes de
TespriL Déjà consumé par une fièvre lente, il
ne pouvait se résoudre à se séparer de son au-
ditoire, et se traînait mourant à la Sorhonne pour
s'y faire entendre encore. La préparation de ses
dernières leçons aciieva de l'épuiMr. On le con-
duisit aux Eaux -Bonnes et à Biarritz, de là à
Pian; n'y trouvant pas le souiagemeat qu'il es-
pérait, il alla s'installef auprès de ia mer, dans ui
village voisin de fiveime. Son état pamt sV
méliorer un peu ; le malade visôta Sieane el Fto-
rence, et il préparait un mémeira «ur les on*
gines de la commune de Milan lorsqu'il biM
le ramener k Marseille, eà il «NMmt, à lége
de quarante aan. Ses obaèqvee eumt tteo le
24 septembre 1853^ à Paris.
Ozanam liât en écriviûn déslingoé : puCpMifl
par une éducation forteet nourri des phasaiMs
Iraditieos Kttérairas , il avait mi style correct^
facile, élégant I parfois •ooleré. Cenaie prête»*
aeur îl s*éleva encera plan haut : il exposait nés
idées avec un rare talent ; deué 4'ob mma di>ait
et d'une raison «upérieure^ il nul les belles fia-
cultés dottt il été doué au servioe 4e la UMrale
et de la foi ctirétienaes. ttorame de loi et de
bonnes flEHivrea, défenseur lélé du aniol-sîége,
il enseignait à respecter U religion pnr sa parole
et plus encore par se^ exemples ; «a dinrité en-
vers .les pauvres était inépuii«ble. Les divers
ouvrages d'Ozanam ont été, a|>rès aa mort,
réunis en un recueil par les soins de ses aaus
et admirateurs (Paris, 18&&, 8 vok in^8o^. Neos
citerons les suivants : Deux chamceliers d'Jn-
gUttrre, Bacon de Verulam et taiM Thoma»
de CwMorbérifi Paris, 1836, HtV et In-U; _
DanU 9l la PhUosopkie calàoliqme am Irei-
iUme siècle; Paris, 1839, j84à, in-go : ta ee-
aonde édit. est corrigée , augmentée et auîvie de
rechei-ehea nouvelles sur les aourcee poétiques
de La divine Comédie^ trad. en an^aie et en
italien ; -^ Études gertnouiques pamr servir
à rhistaire dés francs; Parie, 1847*18«A,
I vol. ÏA-V* 4 cet ouvrage, jugé digne em 1849
du yvttd prix Oobert, eantient des rectaches
savantes sur les origiws, les tradilioM et les
BStitntions des peuples genaaniqoBs , eini que
sur rhisloire des temps mérovtâgiens et sdr k
règne de Charlemagne ; — ilkieumen^a i^iédàts
p^vr servir ù l'histoire d'iéalie depuis le
kuitiéme JmequWtu treisieme siède; Paris,
18S0, in«8<**, ^ Us Poètes frandscaims en
liaUe mi #r»isième atèofe; Paris, I8&2, in-A».
Otanam « ettC4>ra fourni des aitieles an Ccrwm-
pondant, à LUnspersHétalàoUimelé L'are
nauveHe.
iK I*. LMordalre , SMc* <wr i^tééL Oai—m, a te
ièlc da t. I ôaOKiwret eomplétes. — AMpère, JUatéet
dans le Journal d€s Débali de» !» rt n ocl. iltss. -
liegny, ÉUiàé t/iêgr. twOvitnam; Parta, !■«, tm-^. -
à/8iC</rre»tMméant. tBsc4>i. IMS.
o&AMEarx ( Jean-Georges ), litlératenr fran*
çais, né le 6 a\Til 179&, à Paria, où il estnaart.
le 14 aoûft I8à2, Qn îorlant de PÉcoleoûnnale, il
fut attaché «u collège Cbarleroagne; après t«dO.
il entra dans l'administration universitaire et
fut successivement reoleurè Bourges, àCler-
mont-Ferrand et à Toulouse, il devint en 1837
inspecteur général des études et «n 1848 foenalife
da conseil supérieur de l'instmotion putiliqne.
II se délassa de l'enseignement par divers tm-
vaut ttitéraires, tels < que Le dernier Jour de
Missolon^hi (1828), drame dent Herald écrivit
t02t 0Z4NEAUX
la AMMÎqiM; — La PérousB ( 1829), lr«gé<lie
non rcpréiMitée; — £e Nèfrê (1630), drame
Jiraiii»« d'4rc, cAroNiçiM «» tf «-5 ( 16}S« in^* ).
n «cft i^uvU en ia49 «ms k litre» ln>p modeste,
d'Smnrt poétéque» (3 voL li-B''}. Dans un
g^r« phij» «érienx, H a composé : Nouveau
S^sièmê d'éiudes philosophiques ; Parts, 1830,
ÎB-g-*; ^ /^ RonkoinSfOH éobleau des insU-
tutions politiques, rolkgimses et sockiUs de
Uflitépt^k^m romaine i Paris» 1840, 1845,
in-ë**; ouvra^çe su^rficiel; -^ Uisloire de
Pranoi ; Paris, 1846, 1850, a YoK îa-8* et in-12 :
la seconde é<Ut de ce précis, couronné |>ar Va-
cndéiaie Iraoçaiae^ et qui est habiJeroent fait, a
été OMiliwiée jusqu'en février 1848 ; — Nouveau
diciionfiaàn/rançaù'§recs Paii», 1847, in-8*,
avec MM. Boger «t £i)liagr
OZANJIE ( iVtco^oj-ifai'ie), gravear fran-
çais, né à Brest, )e 12 janvier 1728, mort à Paris,
le 3 ianvier 1811. Élève de Roblin, maître de
dessin des gardes des pavillons et de la mariqe
du port d« kest, il loi fui adjoinl en i743«. A
la mort de son père (1744), il se trouva le seul
soMtiOB do sa uière, de trois srRurs et d'un jeune
frèi« âgé de sept ans, N*ayaat d'autres res-
souroes que sOa talent et les 300 livres de sa
plaoe, il oui Sm'e lace aux difficultés de sa po-
sition , dirigea son Irère «I ses deux plus ietioes
sœurs vers las arts , en leur enseignant la gra-
vure, qui lui offrait iniiuédiateroeot des moyens
d'existonoe. Bientôt il put tirer parti lie leur sa-
voir faire; avec leur aide il fit quelques caltiers
de principes de dessin, que la Vve Cliereau se
chargea de publier. En 1750 Roblin étant mort,
il fut nommé à sa place. £n 1751 il vint à Paris
pour aider à Texécution des dessins faits à Toc-
caslon de la visite du roi au port du Havre en
17^1). Appelé à Toulon en 1756, il fut ciiargé d*y
faire quelques dessins relatifs II l'escadre destinée
à Texpédition de Minorque. Ces travaux lui va-
lurent le brevet de dessinateur de la marine.
Nommé constructeur des chaloupes et gondoles
du canal de Versailles , il fut remplacé à Brest
dans ses fonctions par son frère Pierre, qui lui
'était adjoint depuis 1750. En 1762 Ozanne, at-
taché au bureau des ingénieurs géographes de
la guerre, fit venir à Paris ses sœurs Jeanne-
Françoise et Marie-Jeanne , leur fit prendre des
leçons du graveur Aliamet, et maria bientôt la
cadette à son compatriote Le Gouaz {voy. ce
nom). En 1766 il fit construire au Havre, aux
frais de M. de Courtenvdux, une frégate destinée
à faire à la mer Tessai des montres marines que
Pierre Leroy venait d'inventer, et douna à cette
éj>0({ue les pians du port qu'on avait résolu de
construire à Ambleleuse. Ozanne fut chargé en
1769 d'enseigner aux princes de la famille royale
les éléments delà construction et de la manœuvre
des vaisseaux. Au nombre des gravures qu'il a
faites, il convient de distinguer les planches d'un
— OZERAY
1022
Traité df Navigation qu'il dédia à M. de Choi-
sejil (1782) les vignettes du Traité de cons-
truction et de tactique navale de Duhamel du
Monceau et Bigot de Morogue etc. Germain,
Prévost, Masqudier, Choffard ont gravé d'après
Ozanne. H. H— n.
Huber et Ro< , Mmimbi deê Cnrieux. — Cb. Mane ,
TYësor de la CurioMë . - JMla ( mt.) ntt K Ozxnem ,
vmr n^ V«e Cdtny, sa «Mce (cette Mlle* e«t lolalêé
l'flMvre «le M pnvciir aa caUii«t des BsUBii)Cs de
Pari*).
OZELL {John), Uttèraleur anglais, mort le
15 octobre 1743, à Londres. Il acquit à Phôpital
do Christ, où il fut éievé^ uDaconnaissanoe suf-
fisante de la littérature amienne, occupa dans
le commerce plusieurs emptoia lucratif«, et ap-
prit seul, à Htt heures de loisir, les langues fran-
çaise, espauDoleet italienne. Un legs considérable
que lui Ât «a ^aliUMMiiaae, qui avait des ebliga-
tions A aa £Mrâl«« le mit à mtose de t nener une
vie indépendante. Il s'occupa principalement de
tradwre «n vers ang^iis la plupart des pièces de
Biolière> de Corneille et de liacine, le Lutrin
de Boikeau« la Secchia rapita de Tassoni, el
en prose Don Quichotte , \is Lettres persanes^
les H^vo^ii^ion^ romaines de Vertot, la Lo-
gique ée Nicole , etc. Anean de ces nuTragea
n'a survécu à l'époque oé ils ont paru ^ les ver-
sions de Cervantes et de Ba bêlais^ qui ont joui
d'una certaine vogue , sont bien pfties à côté d«a
(mvres originales^ Le seul écrit qui appartient
en prupfe è OmU est une aorte de critiqne in-
titulée Coffwnon prayer and common sefisê^
or/auUs im the several iranslaiions o/ the
êngliêh liturgy (Londres^ 1722, in-e**). Ozell
avait été, on ne sait pourquoi , introdnit dans
La Dunciade^ peut être parce qu'en anglais son
nom rimait avec Corneille. Irrité d'une sem-
blable distinction, il publia dans le Weekly
Medley du 20 septembre 1729 un avis où il ne
craignit pas de tracer entre Pope et lui-même un
parallèle complètement à son avantage. Pope
lui infligea , pour tout châtiment , l'insertion de
cet avis dans les notes de son poème. P. L.
Gbber, Ltcei o/ pœts. -' Chslmers, Central Mog.
dut
OZBRAT (Michel-Jean- François), histo-
rien français , né le 24 décembre 1764, à Char-
très, mort en 1859, à Bouillon. Il fut pendant
longtemps juge de paix dans cette dernière ville.
On a de lui : Hecherches sur Buddou ou
BouddoUf instituteur religieux de l'Asie
orientale; Paris, 1817, in 8»; — Histoire de
Vancien duché de Bouillon ; Luxembourg et
Paris, 1827, in-8"; — Histoire générale, civile
et religieuse de la cité des Carnutes et du
pays chartrain; Chartres, 1834-1837, 2 vol.
in-8», ouvrage qui excita de la part de quelques
érudits une polémique, à laquelle il mit fin par
une brochure intitulée : Discussion juste, fran-
che el modérée (1841, in-8« ) ; — Histoire des
doctrines religieuses ; Paris, 1843, in-8".
Bulletin de la Soe. de l'Mst. de France.
1023
OZERETZKOVSKO — OZEROF
1024
OZERBTZKOTSKO , savant russe, né en
VàO, mort Ters 1820. Il fit ses études à Stras-
bourg et à Leyde, où il reçut le diplôme de doc-
teur en médecine. Chargé par TAcadémie des
sciences de Saint-Pétersbourg d*explorer les lacs
de Ladoga et d'Onega, en 1785, il publia Tannée
suivante des traductions de Salluste et de
Y Histoire naturelle de Lecice, outre un grand
nombre de mémoires, remplis de notions pré-
cieuses sur la zoologie , la l>otantque, la miné-
ralogie et l'ethnographie dei contrées qu'il a ▼!•
sitées. A. G.
Gretcb. Estai tur ChUt, 4ê ta liitér. rusH,
ozEROF ( Vladisla^ ), poète russe, né dans
le gonvernement de Tver, le 29 septembre 177o,
mort en 1816. 11 embrassa la carrière militaire,
fut aide>de-camp du comte de Balmen, et quitta
le senrice en 1808, avec le grade de général ma-
jor, n est considéré comme le Téritable créateur
delà tragédie russe. Ck>mmeSoumarokof, il imita
Racine. Outre un grand nombre de pièces légères,
il a laissé les tragédies suivantM : La Mort
d*Oleg (1798); Œdipe à Athènes ( 1804);
Fingal ( 1805); DnUtri honskoi ( 1807 ), et
Polyxène ( 1809 ). Œdipe est son chef-d'œu-
vre; il abonde en expressions énergiques et
touchantes. Tiré de cette mythologie Scandinave
dont la mélancolie a tant de charmes, Fingal
est supérieurement écrit, mais n'a pas assez
d'animation. Dmitri Bonskoi est une pièce
d'actualité (1) : c'était au moment où la Russie
et l'Europe s'étaient levées contre l'usurpation
do monde qn'Ozerof rappela à l'admiration de
ses compatriotes la lutte des princes rosses et
U) ^oyes le Jogemml que porte lar cette tragédie ma-
dame de Staei. daos ses iHx Années d'exil.
des hordes tatares; de très-beanx vers, des si-
tuations dramatiques donnèrent une valear
réelle à des allnsions adroites, k des rappro-
chements heureux. Dans Polyxène Ozerof sot
tirer parti d'Euripide; mais La Mort d'Oleg
n'approche pas de celle de Pompée. « Ce poêle,
dit un judideox critique, était animé d'oa
souffle puissant, et si son style ne satisfait pu
entièrement la critique russe, si <» le tronve
parfois embarrassé et otMCur, si on lui reproche
de passer à côté du root propre et d'avoir trép
de la rudesse de la langue de Kniajnine, on est
forcé de convenir que, dans les endroits où
Ozerof a secoué toute réminiscence, tout pen-
cliant k l'imitation, sa mnse devient originale et
forle. La sensibilité et l'émotion s'épanchent
à flots de son àme, et ses tableaux font revifre
avec bonhenr le souvenir de la patrie- D^nsson
Dmitri Donskoiy par exemple , le Russe volt
avec enthousiasme l'évocation d'une des plus
héroïques époques de son histoire, où la Rus-
sie, l'étendard du Christ en tète, Una une ba-
taille de géants aux hordes mongoles et les vain-
quit (1). » Les œuvres d'Ozerof ont été rassem-
blées par le prince P. Yiazemski (Saint-Péters-
bourg, 1818, 2 vol. ), qui les a ornées d'une ez<
cellente biographie du Baeine russe^ Le comte
Alexis de Saint-Priest a traduit son Fingal et
son Dmitri et lui a consacré une notice dans
les ChefS'd'iBuvre des théâtres étrangers
(Paris, 1823). P~ A. G—»/
Gretch. Essai sur rktst. de la Uttér. rtuie. ^ CereM-
lof. Essai sur TAM, de ta dvUisaltimi ets Russie, t. H,
p. 17t.
(1) M. Charles de Saint-Julien, dans la B/Bwe des Déiste
MondeSy du 1*' septembre IMI.
FIN BU TBBNTB-HUrriÀMB YOLUMB.
<*^^>-»^ .:^
3 6105 118 476 501